Dictionnaire critique de la langue française Dictionnaire critique de la langue française 1787 Français 2007-4-4 ARTFL Converted to TEI VILLACE


VILLACE, s. f. [Vilace: 3e e muet. _ L' analogie demanderait qu' on écrivît vilasse. Tous les noms augmentatifs se terminent en asse, homasse, savantasse, etc. Les Dictionaires écrivent Villace: je voudrais écrire Villasse.] Grande Ville mal peuplée et mal bâtie. "À~ bien des égards, Paris est encôre une Villasse.

VILLAGE


VILLAGE, s. m. VILLAGEOIS, OISE, adj. et subst. [Vilage, joâ, joâ-ze: 3e e muet au 1er, lon. au 2d et 3e.] Village, lieu non fermé de murâilles, composé de maisons de paysans. Acad. "En Provence, il y a peu de Villages, qui, outre les paysans, ne soient habités par des bourgeois. "Un homme, une femme, des gens de village. "Curé, noces, fête de Village. Voy. Coq, chien. _ Cet homme est bien de son village: il est bien mal instruit de ce qui se pâsse. St. famil. et proverbial. = Villageois, Habitant de village. "Un pauvre villageois. L' Acad. remarque qu' il est moins dénigrant, que paysan. _ Adj. Air villageois, manières villageoises. Comme adjectif, il ne se dit que par mépris, comme de village, dont il est synonyme. "Curé, Seigneur de village. = Rem. Suivant Mr Beauzée, la privation d' un marché distingue un village d' un bourg, comme la privation d' une Église paroissiale distingue un hameau d' un village. Si l' on élève l' une auprès de l' autre quelques maisons rustiques, voilà un hameau. Ajoutez à ce hameau une Église paroissiale, c' est un village. Faites tenir dans ce village un marché réglé, vous aurez un bourg.

VILLE


VILLE, s. f. VILLETTE, s. f. [Vile, lète: 2e e muet au 1er, è moy. au 2d.] Ville est 1°. l' assemblage d' un grand nombre de maisons disposées par rûes et fermées par une clotûre comune. "Grande ou petite ville, épiscopale, maritime, frontière. Ville de Guerre. Ville de comerce ou Marchande, etc. Aler par la ville, faire un tour de ville, ou, en ville. Il court un bruit par la ville. C' est un enfant de la ville. = 2°. Les Habitans. "Toute la ville parle de cette nouvelle. Toute la ville est alée au devant de lui. = 3°. On distingue être à la ville et être en ville. Le 1er signifie qu' on n' est point à la Campagne; et le 2d qu' on n' est pas au logis. On dit, dans ce dernier sens, diner, souper en ville, hors de chez soi. Mde de Sévigné dit à la ville, en quoi elle n' est pas à imiter. "Il est libertin: je sais même que souvent il couche à la ville. = On dit, proverbialement ce sera ville gâgnée j' aurai réussi; avoir ville gâgnée, avoir surmonté toute les dificultés. "M. T.... pourra m' être de quelque utilité. Si je puis avoir ses ardens consorts, ce sera ville gâgnée. Anon. * Pluche dit, en ce sens, ville prise. "Quand il a pu percer le lard et la chair de la baleine, c' est ville prise.
   Rem. 1°. Ville, joint à quelque nom propre de Royaume, d' État, de Province, prend indiféremment l' article défini ou l' indéfini. On dit, villes de l' Asie, de la France, de l' Italie, de la Normandie, du Languedoc ou d' Asie, etc. On dit toujours du Pérou, du Japon, de la Chine; et non pas de Pérou, de Japon, de Chine. = 2°. Quand il n' est question que de la demeure, on met à devant les noms de villes; et dans, quand il s' agit d' aûtre chôse. "Il est à Paris depuis deux ans. "Il y a dans Paris un million d' âmes. "Il a couru dans Paris un bruit étrange. = 3°. Les noms de villes, qui ont la terminaison masculine, sont masculins: mais ceux qui finissent en e muet sont tantôt masculins, tantôt féminins. L' on ne peut établir là dessus une règle générale. Paris est fort peuplé: Rome fut sacccagée par les Gaulois: Dresde a été pris et repris. Ceux de ces noms, qui portent l' article féminin, sont toujours féminins. La Rochelle fut assiégée par Louis XIII.
   VILLETTE, Três-petite ville. "Ce n' est qu' une villette. _ Villette et Villasse sont les deux extrêmes.

VIN


VIN, s. m. VINÉE, s. f. VINEUX, EûSE, adj. [Vein, viné-e, vi-neû, neû-ze: 2e e fer. au 2d, lon. aux 2 aûtres.] Vin, liqueur propre à boire, qu' on tire du raisin. "Vin blanc, rouge, clairet, rosé, pailler, etc. "On a fait de nouveaux vins, qu' on ne conaissait pas auparavant, tels que ceux de Champagne, auxquels on a su doner la couleur, la sève et la force de ceux de Bourgogne. Volt. "Cette augmentation des vins a produit celle des eaux de vie. Id. Un verre de vin. Prendre un doigt de vin. Faire, encaver, percer, tirer du vin, etc. Boire son vin pur, son vin sec, ou, tremper son vin. _ Aimer le vin, être sujèt au vin. = Porter bien le vin, ou son vin: boire beaucoup sans qu' il y paraisse. _ Être en pointe de vin, se dit d' un homme, que le vin comence à mettre en gaité; chaud de vin, de celui, qui comence à être ivre; pris de vin de celui, qui est déjà ivre: entre deux vins de celui, qui aproche de l' ivresse. = Mettre de l' eau dans son vin; se radoucir, changer de ton et de conduite. S' ennivrer de son vin, se faire illusion, s' entêter de ses propres idées. Voy. BOIRE, CUVER, JAMBE, POT. = Vin se prend quelquefois pour la force du vin même. Ainsi l' on dit du vin, qui a peu de force, qu' il a peu de vin; et d' un vin, qui a beaucoup de force, qu' il a beaucoup de vin.
   VINÉE; récolte de vin: nous aurons grande ou pleine vinée: nous n' aurons que demi-vinée.
   VINEUX, qui a beaucoup de force: ce vin est bien vineux. = Qui a un goût de vin; melon vineux, poire vineûse. = Qui est d' une couleur de vin rosé: rouge vineux; couleur vineûse. = Boileau~ le dit des terroirs, qui produisent beaucoup de vin.
   Des Bourguignons les campagnes vineûses.
       Lutrin.
L' Acad. ne le met point en ce sens. Le Rich. Port. le dit des lieux pleins de vignes, ce qui revient à peu prês au même.

VINAIGRE


VINAIGRE, s. m. VINAIGRER, v. act. VINAIGRETTE, s. f. VINAIGRIER, s. m. [Vinègre, gré, grète, grié: 2e è moy. 3e e muet au 1er, é fer. au 2d et 4e, è moy. au 3e.] Vinaigre est du vin rendu aigre par artifice. Quand il le devient naturellement, on doit dire du vin aigre; et non pas du vinaigre. = On apèle proverbialement, habit de vinaigre, un habit léger, que quelqu' un porte par un tems froid. = Vinaigrer, assaisoner avec du vinaigre. = Vinaigrette est 1°. Sauce froide, faite avec du vinaigre, de l' huile, du persil et de la ciboule. "Du beuf à la vinaigrette. = 2°. Sorte de brouette ou de petite Chaise à deux roûes, trainée par un homme. = Vinaigrier se dit et d' un Artisan, qui fait et vend du vinaigre et de la moutarde; et d' un petit vâse à mettre du vinaigre.

VINDâS


VINDâS, s. m. [Vein-dâs: l' s finale se prononce toujours.] Machine composée d' un treuil perpendiculaire à l' horison, sur lequel s' envelope un câble. On le fait tourner avec des léviers. En termes de Marine, on l' apèle Cabestan.

VINDICATIF


VINDICATIF, IVE, adj. [Vein-dikatif, tîve: 1re lon. 4e lon. aussi au 2d.] Qui est porté à la vengeance. "Homme vindicatif; esprit vindicatif. Femme vindicative.
   Ah! parbleu, l' amour propre est bien vindicatif.
       Palissot.
_ L' Acad. met aussi La Justice vindicative, sans dire à quel style apartient cette expression. Elle est tout au plus bone au~ Palais et dans les livres de Droit~. C' est un abus du terme. La Justice est la vengeresse des crimes; mais elle n' est pas, ou ne doit pas être vindicative. Voy. VENGEUR.

VINDICTE


VINDICTE, s. f. [Vein-dikte: 1re lon.] Terme de Palais. La poursuite du crime. " La vindicte publique. _ M. Moreau dit, la vindicte tout seul. "C' était mettre la vengeance de l' Homme à la place de la vindicte, dont les Lois étaient chargées.

VINÉE


VINÉE, VINEUX, Voy. VIN.

VINGT


VINGT, adj. numéral. VINGTAINE, s. f. VINGTIèME, adj. [Vein; vein-tène, tiè--me: 1re lon. 2e è moy. 3e e muet.] Ils expriment le nom de deux fois dix; le 1er comme adjectif, le 2d comme collectif; le 3e comme nombre d' ordre. "Vingt hommes, vingt chevaux. "Une vingtaine de persones, de Soldats, d' écus, de louis, d' arbres. "Le vingtième jour, la vingtième partie. "Il est héritier pour un vingtième. "Il est le vingtième dans la liste.
   Rem. 1°. On ne prononce jamais le g dans ces mots: il n' y est mis que pour l' étymologie. Le t ne se fait sentir que devant une voyelle. Vingt écus;vein-téku. En Franche-Comté, on le prononce quand vingt termine la phrâse: il y en a vint: c' est une mauvaise prononciation. = 2°. On dit, vingt et un et non pas vingt-un; mais c' est un gasconisme de dire vingt et deux, vingt et trois, etc. _ La Fontaine, qui n' était pas gascon, mais qui avait besoin d' une syllabe de plus, a dit:
   Quoiqu' ignorante à vingt et trois karats,
   Elle pâssoit pour un oracle.
Dans une édition de Boileau, (Genève 1724) on lit aussi, en plusieurs endroits, vingt et trois, vingt et quatre. = 3°. Vingt et cent, sont les seuls noms de nombre, qui prènent une s: quatre-vingts, six vingts; deux cens, trois cens. _ Remarquez que quatre-vingt et six vingt ne prènent cette s, que quand ils sont suivis d' un substantif. Quatre-vingts ans, six vingts écus. Ils quittent cette s, quand ils sont suivis d' un nom de nombre: quatre-vingt-dix persones. Wailly. _ L' s ne s' y prononce que devant une voyèle: quatre vingts écus, quatre-vingts louis: prononcez katre vein-zéku; katre-vein-Loui. _ Dans le Recueil des Lettres Édif. on lit presque toujours quatre-vingt ans, par la faûte des Auteurs, des Imprimeurs, ou des Éditeurs. = 4°. Six vingts vieillit: on dit plus ordinairement, cent vingt. On disait encôre, dans le siècle pâssé, sept vingts ans, huit vingts ans. "Depuis six ou sept vingts ans que l' Église Calvinienne a commencé~. Boss. "Des femmes enceintes au nombre de huit vingts et plus. _ L' Académie ne le condamnait pas aûtrefois, et en poussait l' usage jusqu' à dix-neuf-vingts, en excluant seulement, deux vingts, trois vingts, cinq vingts et dix vingts. Dans la dernière édit. elle aprouve encôre, sept vingts et huit vingts. On dit, cent quarante et cent soixante.

VIOL


VIOL, s. m. VIOLATEUR, TRICE, s. m. et f. VIOLATION, s. f. VIOLEMENT, s. m. VIOLER, v. act. [Vi-ol, vio-la--teur, trice, la-cion, leman, lé: 3ee muet au 5e, é fer. au 6e.] Violer, est 1°. Enfreindre, agir contre. "Violer les lois, le respect qu' on doit, etc.sa foi, son serment, sa promesse, les droits de l' amitié. etc. "Violer l' hospitalité, un voeu, les privilèges, les droits les plus sacrés, etc. = 2°. Faire violence à une fille, à une femme. _ Viol, se dit dans le 2d sens; violement et violation, dans le 1er. "Il a été acusé de viol: il a été condamné pour un viol. "Le violement des lois, d' une alliance, etc. Violation du serment. = * Vaugelas et Richelet voulaient qu' on dît toujours violement, et condamnaient viol, mais l' usage n' admet que celui-ci, et ne soufre l' aûtre que dans les Ordonances, où les anciens mots sont conservés. = L' Acad. n' avait pas dabord mis violation. Elle l' a inséré~ dans la dernière édit. mais elle le borne à l' action de violer un engagement. M. Beauzée dit qu' on s' en sert plus spécialement, quand il s' agit des chôses sacrées ou très-respectables, quand elles sont comme profanées. "C' était une violation manifeste des traités: mais ils ne sont presque jamais exécutés autrement. Volt. = Violateur ne se dit que de celui qui viole les droits, les lois, etc. "Violateur des lois, des droits les plus sacrés. On ne dit point, violateur d' une femme. Violatrice est peu usité.

VIOLAT


VIOLAT, s. m. VIOLET, ETTE, adj. VIOLETTE, s. f. VIOLIER, s. m. [Vio--la, lè, lète, lète, lié: 2e è moy. au 2d, 3e et 4eé fer. au 5e.] Violette, petite fleur printanière, d' une odeur agréable, de couleur d' un pourpre tirant sur un bleu foncé. "Bouquet de violettes. = En style fam. on dit au sing. de la violette, pour des violettes, au plur. "J' y ai cherché tout un jour de la violette, sans en trouver un seul brin. Th. d' Éduc. = Bois de violette, certain bois qui tire sur la couleur de la violette. = Violat se dit avec sirop et miel; et se dit d' un sirop fait avec des violettes et du miel, où l' on a fait infuser des violettes. _ On a dit aûtrefois violar; et l' Académie avait mis l' un et l' aûtre dans son Dictionaire. Dans les édit. suiv. elle n' a laissé que violat. = Violet, de couleur de la fleur apelée violette. "Drap, satin, ruban violet. Couleur violette: pêches violettes. = S. m. "Être vêtu de violet. "Le violet est une couleur noble et modeste. = Violier, plante qui porte des fleurs jaûnes ou blanches, d' une odeur douce et agréable. On l' apèle aussi giroflier.

VIOLE


VIOLE, s. f. VIOLON, s. m. VIOLONCELLE, s. m. [Vio-le, lon, loncèle; 2ee muet au 1er, 3e è moyen au 3e.] Viole ou bâsse de viole; instrument de musique à sept cordes de boyau, et dont on joûe avec un archet. = Violon, autre instrument, à quatre cordes. Violoncelle est la bâsse du violon. = On dit, en style fam. Doner les violons, doner une sérénade, ou payer les violons d' un bal. Delà, le proverbe: "Les aûtres ont dansé, et il a payé les violons; il a fait tous les frais d' une chôse, dont les aûtres ont eu tout l' honeur, tout le profit, ou tout le plaisir.

VIOLEMENT


VIOLEMENT. Voy. VIOL.

VIOLEMMENT


VIOLEMMENT, adv. VIOLENCE, s. f. VIOLENT, ENTE, adj. VIOLENTER, v. act. [Vi-olaman, lance, lan, lante, lanté: 3e lon. excepté au 1er; 4e e muet au 2d et au 4e, é fer. au 5e.] Violent, impétueux, qui agit avec impétuosité. Il se dit des chôses et des persones. "Vent, remède, mal, moûvement violent. _ "Tempête, douleur, fièvre violente. _ "Homme violent, discours violent; gouvernement violent et tyranique. "Humeur, passion, action violente.
   Je vous conais tous deux violens l' un et l' autre,
   Son coeur fier n' aura pas voulu céder au vôtre.
       Sémiramis.
"On est étoné de voir des hommes d' un flegme et d' un esprit également reconus tomber dans des égaremens, qui tiènent de l' extravagance; mais on ne fait pas atention que ces mêmes homes, malgré cet extérieur froid, sont des caractères violens. DUCLOS. "On est souvent três-violent sans être vif. Id. _ * Bossuet lui done deux sens que l' Usage n' autorise pas. "Il se faisoit acompager de gens violens; il veut dire de gens armés et capables de faire violence. Il apèle figures violentes, des métaphôres forcées; et il le dit aparemment par analogie, parce qu' on dit faire violence au sens d' un texte. "Luther ne put jamais se persuader que des paroles si simples (ceci est mon corps) fussent susceptibles de figures si violentes, c. à. d. des interprétations forcées que leur donent les Sacramentaires. = Violence, qualité de ce qui est violent. "La violence des vents, du mal, de la douleur, des passions, de l' humeur, d' un remède.
   Calmez de vos transports la violence extrême.
       Rhadamisthe.
= C' est aussi la force dont on ûse contre le droit comun. "User de violence; agir avec violence. "Il a tout enlevé de violence, ou par violence. Faire violence à quelqu' un. _ Faire violence à la Loi: lui doner un sens forcé. = Se faire violence, surmonter ses desirs, ses penchans criminels. On le dit toujours sans article. Voitûre dit: sans me faire de violence. Retranchez de.
   ......Tâchez de surmonter
   Votre goût pour la haine; et par reconnoissance,
   Faites-vous, pour Oronte, un peu de violence.
       Palissot.
= Violemment, avec violence. "Ce vent soufle violemment: Aimer, haïr violemment. Ce qu' elle veut, elle le veut violemment. = Violenter, contraindre; faire faire par force. "On ne veut point le violenter. Voy. CONTRAINDRE.
   On ne me verra point violenter persone:
   Et quand je perds un coeur, qui cherche à s' éloigner,
   Mon frère, je prétends moins perdre que gagner.
       Le Joueur.
_ L' Abé Sabatier (Trois Siècles) dit: violenter des faits pour les assujétir à son but. L' expression est nouvelle. Elle a raport à cet aûtre, faire violence à la loi.

VIOLER


VIOLER, voy. VIOL.

VIOLET


VIOLET, VIOLETTE, VIOLIER, voy. VIOLAT.

VIOLON


VIOLON, VIOLONCELLE, voy. VIOLE.

VIORNE


VIORNE, s. fém. Plante boiseûse, três-flexible, et qui s' entortille autour des arbres. "Un panier fait de viorne.

VIPèRE


VIPèRE, s. f. VIPÉREAU, s. m. [1re è moyen et long au 1er, é fer. au second.] Vipère, serpent, qui fait ses petis vivans, à la diférence de la plupart des autres, qui font des oeufs. "Être mordu d' une vipère. = FIG. Langue de vipère, persone fort médisante. = Vipéreau, le petit d' une vipère.
   REM. Lagrange fait ce mot masculin.
   Sa patrie, indulgente mère,
   Ouvre son sein à ce vipère.
Et un Traducteur de Richardson: "Je vous ai averti de ne pas vous fier à ce vipère insinuant.

VIRAGO


VIRAGO, s. fém. Latinisme reçu dans le st. famil. Fille ou Femme de grande tâille, qui a l' air d' un homme. Il ne se dit que par dérision. "C' est une grande virago.

VIREBREQUIN


VIREBREQUIN, ou VILEBREQUIN. Suivant La Touche on dit assez indiféremment l' un et l' aûtre. L' Acad. ne met que le 2d. Voy. VILEBREQUIN.

VIREMENT


VIREMENT, s. m. [Vireman: 2ee m.] Terme de Banque et de comerce. Virement de parties, le transport d' une dette active fait à un créancier, à qui l' on doit une somme de pareille valeur.

VIRER


VIRER, v. act. On l' a dit aûtrefois, et le peuple le dit encôre pour tourner. _ Il n' est plus en usage qu' en termes de Marine. Virer le cabestan; virer le cap au Nord. _ V. n. Virer de bord.

VIREVOLTE


VIREVOLTE, VIREVOUSSE, s. f. [2e et 4e e muet.] Virevolte, tour et retour fait avec vitesse. "Il a fait faire cent virevoltes à son cheval. On a dit aûtrefois virevoute; et l' on dit encôre par corruption, virevousses, dans le st. famil. "Cet homme fait bien des virevousses.

VIRGINAL


VIRGINAL, ALE, adj. VIRGINITÉ, s. fém. [Le Peuple, en certaines Provinces, prononce vierginal, vierginité.] Virginal, qui apartient; qui a raport à une persone vierge. "Pudeur, modestie virginale. = Virginité, état d' une persone vierge. "Il a encore sa virginité. Faire voeu de virginité. Garder la virginité.

VIRGOULEûSE


VIRGOULEûSE, s. f. [3e. lon. 4e e muet; vir-gou-leû-ze.] Trév. met virgoulaire; Ménage était pour virgouleuse, qui ne plaisait pas à la Quintinie, qui préférait virgoulée. Le sentiment de Ménage l' a emporté. = Sorte de poire fondante, qui se mange en hiver.

VIRGULE


VIRGULE, s. f. [et non pas viergule.] Petite marque faite en forme de c renversé, (,) dont on se sert dans la ponctuation du discours, pour séparer les mots ou les membres d' une période. = On dit, proverbialement, observer les points et les virgules; être exact jusqu' au scrupule.
   ..Il faut d' abord me livrer tes papiers.
   - - Les voilà. Serviteur. - - Atends. Sont-ils entiers?
   - - Oui, d' honeur. - - Beau serment. - - Je me ferais scrupule
   De t' avoir dérobé, Marton, une virgule.
       Palissot.

VIRIL


VIRIL, ILE, adj. VIRILEMENT, adv. VIRILITÉ, s. fém. [3ee muet au 2d et au 3e; en, dans celui-ci a le son d' an: viri--leman.] Ils se disent de ce qui convient à l' homme, en tant que mâle, Sexe viril. = Fig. Courage viril, action virile, digne d' un homme ferme. = L' âge viril, ou la virilité, l' âge d' un homme fait: il est parvenu à la virilité. _ Virilement se dit au figuré: d' une manière virile; avec vigueur. = Rollin dit virile au masculin. = Viril ne se dit guère des persones. Rousseau a pourtant dit, âme virile, et l' Acad. le met aussi, peut-être d' aprês l' exemple de ce grand Poète.
   Partez, volez, ames viriles,
   Allez lui soumettre les villes,
   Allez lui conquérir les coeurs.

VIROLE


VIROLE, s. f. [3e e muet.] Petit cercle de métal, qu' on met au bout du manche d' un couteau, au bout d' une canne, etc.

VIRTUALITÉ


VIRTUALITÉ, s. f. VIRTUEL, ELLE, adj. VIRTUELLEMENT, adv. [3e è moy. aux trois derniers: virtu-èl, èle, èleman; et non pas viertuel, etc.] Ils se disent de ce qui est seulement en puissance, et sont oposés à actuel, actuellement. "Chaleur virtuelle; intention virtuelle. "Le feu est virtuellement dans la pierre à fusil. _ Ce sont termes didactiques. Virtualité est le moins usité des trois.

VIRTUôSE


VIRTUôSE, s. m. et fém. [Virtu-ôze: 3e lon. 4e e muet.] Mot emprunté de l' italien. Homme ou Femme qui a des talens pour les beaux Arts, comme Musique, Peintûre, Poésie, etc. "C' est un ou une virtuose. = Ce mot est tout au plus du style médiocre.

VIRULENT


VIRULENT, ENTE, adj. VIRUS, s. m. [Virulan, lante, virus: 3e lon. aux deux premiers; l' s se prononce toujours au 3e.] Termes de Médecine et de Chirurgie, empruntés du latin. Virus, venin. Il n' est d' usage qu' en parlant des maladies honteûses. Virulent, qui a du virus. "Ulcère virulent; déjections virulentes. _ Diderot a dit, au figuré, satyre virulente; envenimée, et plusieurs l' ont répété d' aprês lui. * M. Linguet ensuite a hazardé virulence. "Cette matière ne seroit plus un objet de contestation, sans la virulence de quelques Déclamateurs qui ont alarmé l' Autorité. Ann. Polit., etc.

VIS


VIS, s. f. [L' s se prononce toujours.] Pièce ronde de bois ou de métal, canelée en ligne spirale, et qui entre dans un écrou, canelé de même. "Une vis de pressoir: les vis d' un lit, d' une serrûre. Escalier à vis.

VIS-À-VIS~


VIS-À-VIS~, adv. prép. et s. m. [Vizavi.] En face, à l' oposite. Il régit le génitif. "Vis-à-vis de l' Église, de l' Hôtel de, etc. Dans le st. famil. on retranche de ou du: on dit vis-à-vis l' Hôtel, l' Église. Vis-à-vis le Palais, le Pont, etc. Il se dit aussi sans régime; et alors il est adverbe: "Il demeûre vis-à-vis. = Rem. Ce n' est originairement qu' une préposition de lieu. Depuis le comencement du siècle, on lui fait signifier envers, à l' égard de, etc. _ Voltaire ne pouvait le soufrir en ce sens. "Y en a-t-il un seul, dit-il, parmi les Auteurs de ce grand siècle (de Louis XIV) qui ait dit ingrat vis-à-vis de moi, au lieu de, ingrat envers moi; il se ménageait vis-à-vis ses rivaux; au lieu de dire, avec ses rivaux: il était fier vis-à-vis de ses supérieurs, pour fier avec ses supérieurs, etc. Dès qu' une expression vicieûse s' introduit, la foule s' en empâre. Let. à M. d' Olivet. _ Quelques Auteurs ont comencé à l' écrire. "Un procédé révoltant, que l' on tient vis-à-vis le sexe. L' Ab. Hennebert. "S' il eût été, vis-à-vis Chilpéric, l' Ambassadeur d' une Puissance étrangère. Moreau. _ L' Acad. ne met pas vis-à-vis en ce sens.

VISA


VISA, s. m. [Viza.] Terme pris du latin. Formule, qui se met sur un acte, par laquelle on le vise, on l' aprouve. "Le chancelier, l' Évêque y a mis son visa, a refusé le visa.

VISAGE


VISAGE, s. m. [Vizage: 3e e muet.] 1°. La face de l' Homme, la partie antérieure de la tête, qui comprend le front, les yeux, le nez, les joûes, la bouche, le menton. "Un visage agréable, ou choquant; large, long, rond, étroit, etc. "Il a bon visage; un visage de santé, de prospérité. "Son visage ne m' est pas conu. Je ne le conais que de visage.
   Tel est mon caractère; et jamais mon visage
   N' a de mon coeur encor démenti le langage.
       Alzire.
  L' orgueil et le dédain sont peints sur son visage.
      Esther.
  Ah! le voici: les pleurs inondent son visage.
       Alzire.
Fig. Tourner visage aux énemis: se tourner vers les énemis pour les combatre. On dit aussi et plus ordinairement, tourner tête. "Alors, le victorieux tourne visage, reprend le chemin du Po, etc. MAIMBOURG. = 2°. L' air du visage. "Avoir un visage gai, riant, ouvert, serein, content; ou, triste, refrogné, rude, mécontent. _ Faire bon ou mauvais visage à quelqu' un; lui faire bone ou mauvaise mine. Il est du style familier. Corneille l' a employé dans une Tragédie.
   Si je l' entretins hier et lui fis bon visage.
       Horace.
Et Mr Moreau dans son Hist. de France. "Lothaire fait bon visage aux Ministres de Charles. _ Un Missionaire dit montrer, au lieu de faire, et celui là est tout à la fois et moins usité et plus noble. "Il sait mieux que persone ceux, qui viennent me consulter, sans leur en montrer plus mauvais visage. LET. ÉDIF. _ Se composer le visage; prendre un air sérieux. Changer de visage, de couleur. En changer comme on veut: prendre un air sérieux ou gai, selon les diverses ocasions. "Il change de visage comme il veut: il se démonte le visage: il prend le visage qu' il lui plait. _ Avoir le visage alongé, être mécontent. "Les sentimens sont divers chez Monsieur, (sur le retour du Chevalier de Lorraine) les uns ont un visage allongé d' un demi-pied; les aûtre l' ont racourci d' autant. On dit que celui du Chevalier de Beuvron est infini. Sév. = Avoir bon ou mauvais visage; c. à. d. l' air de la santé ou de la maladie. _ Homme à deux visages: Fourbe. _ Trouver visage de bois; la porte fermée. = * Comme on dit, payer de mine. Mr Linguet a cru pouvoir dire, payer de visage. "Un aûtre Atlas de l' Encyclopédie, plus capable de payer de visage, a entrepris ce pélérinage boréal; (de la Russie) il n' a doné et reçu que des dégoûts. Annales. = 3°. Visage se prend pour la persone même, en tant qu' on la conait par le visage. "Voilà bien des visages nouveaux; des visages, que je ne conais point. _ On dit, par mépris, voilà un plaisant visage!
   Du respect, du respect! oh! le plaisant visage!
       Regn.
   Mais je suis las, Monsieur, de cette vie errante,
   Toujours visages neufs, cela m' impatiente.
      Le Méchant.

VISCèRE


VISCèRE, s. m. [2e è moy. et long; 3e e muet.] Terme d' Anatomie. Une partie des entrâilles et des parties nobles. "Le Cerveau est un viscère: le coeur est un des viscères: il a les viscères gâtés.

VISCOSITÉ


VISCOSITÉ, s. f. VISQUEUX, EûSE, adj. [Viskozité, keû, keû-ze: 2e lon. aux 2 dern.] Visqueux, gluant. Celui-ci est le mot ordinaire: celui là est plus savant. Liqueur, humeur, épaisse et visqueûse. _ Viscosité, qualité de ce qui est visqueux. "Il y a de la viscosité dans ce sang.

VISÉE


VISÉE, s. f. VISER, v. n. et act. [Vizé--e, zé: 2e é fer. long au 1er.] Visée est la direction de la vûe à un certain point, pour y dresser un coup. "Prendre sa visée. "Vous n' avez pas pris votre visée assez haut. = Fig. St. famil. Changer de visée; de dessein.
   Votre, père Madame
   ...- - - - A changé de visée.
       Mol.
= Viser, v. n. Mirer, regarder un but, pour y adresser un coup. Il régit le datif. "Il visait à ce but: il n' y visoit pas. _ En st. prov. "Ce n' est pas mal visé pour un borgne, se dit d' un homme, qui a mieux réussi qu' on ne croyait. Et en se moquant, quand il n' a pas réussi: voilà bien visé pour un borgne. = Fig. Avoir en vûe. "Il ne vise pas à ce poste: il vise plus haut. = V. act. Mettre le visa. "Le Chancelier n' a pas encôre visé ces Lettres patentes, etc.

VISIBILITÉ


VISIBILITÉ, s. f. VISIBLE, adj. VISIBLEMENT, adv. [vizibilité, zible, bleman: 3e e muet au 2d et au 3e.] Ils se disent de ce qui peut être vu, de ce qui est l' objet de la vûe. "Les chôses, les objets visibles. Dieu s' est rendu visible aux hommes. "La visibilité est un des caractères distinctifs de l' Église Catholique. = Visible est aussi, évident, manifeste. "Fausseté, impostûre visible. "Il est visible que, etc.
   Mes esprits et mes sens n' ont plus le même cours.
   J' y trouve un changement, qui n' est que trop visible.
   Je me cherche en moi-même et je m' y perds toujours.
       La Chaussée.
= On dit, en st. famil. qu' un homme n' est pas visible, quand il ne veut pas recevoir une visite, ou qu' il n' est pas en état de la recevoir. = Visiblement: 1°. D' une manière visible. "La rivière baisse, la mer monte visiblement. = 2°. Manifestement, évidemment. "Cela est visiblement faux: il vous trompe visiblement.

VISIèRE


VISIèRE, s. f. [Vi-ziè-re: 2e è moy. et long; 3e e muet.] 1°. Anciènement, la pièce du casque, qui se haussait et se baissait, et à travers de laquelle le gendarme voyait et respirait. "Baisser, lever la visière: il reçut un coup de lance dans la visière. = Rompre en visière, c' était, au propre, rompre sa lance dans la visière de celui contre qui on combatait; et c' est aujourd'hui au figuré, dire en face quelque chôse d' injurieux, fièrement, incivilement. "Amorassan rompt en visière à son maître de la manière la plus extravagante. Ann. Litt.
   Je n' y puis plus tenir, j' enrage et mon dessein
   Est de rompre en visière à tout le genre humain.
       Le Misantrope.
  Et j' ai su disposer Gernance de manière,
  Qu' à monsieur Lisimon il doit rompre en visière.
       Palissot.
_ Doner dans la visière à (et non pas de) quelqu' un, lui doner de l' amour. St. famil. "Cette femme lui a doné dans la visière, et non pas a doné dans sa visière. "Elle avait doné dans la visière au Prince de; et non pas, elle avait doné dans la visière du Prince. = 2°. Petit bouton de métal, qui se met au bout d' un canon de fusil, pour diriger l' oeuil.

VISION


VISION, s. f. VISIONAIRE, s. m. [Vi--zion, zio-nère: 3e è moy. 4e e muet au 2d.] Vision, 1°. en Physique, est l' action de voir. "De quelle manière se fait la vision? En Théologie, vision intuitive, ou béatifique, celle par laquelle les Bienheureux voient Dieu. = 2°. Révélation faite aux Prophètes, aux Saints. "Les visions des Prophètes. = 3°. Fig. St. famil. idée folle, extravagante. "Ce dessein, cette assertion est une vision, une pure vision. "Il a des visions cornûes. Voy. CORNU; c' est un homme à visions. = Vision, Aparition (Synon.) La vision se pâsse dans les sens intérieurs; l' aparition frape de plus les sens extérieurs. Saint Joseph fut averti par une vision de fuir en Egipte avec sa Famille. La Magdelaine fut instruite de la Résurrection du Sauveur par une aparition. GIR. Synon. = Hors du langage de la Religion, vision se prend en mauvaise part, quand on n' y ajoute point quelque épithète, qui le rectifie. Quelle vision! c. à. d. quelle chimère!
   Mais quelle vision! Que venez-vous me dire?
       La Chaussée.
Cet homme a des visions. _ Avec une épithète, il se prend en bien ou en mal, suivant la nature de l' épithète qu' on lui done. Des visions agréables; de sotes visions. BOUH. = Visionaire ne se prend qu' en mauvaise part. Il se dit, au propre, de celui, qui croit faûssement avoir des visions, des révélations; et au figuré, qui a des idées extravagantes, des desseins chimériques. "Cet homme est visionaire: c' est un visionaire. "Il est dangereux d' avoir de si bons yeux (de l' àme,) on voit ce qu' on ne peut~ faire voir aux autres; et ils vous traitent de visionaire. L' Ab. Trublet. = Visionaire, chimérique: le 1er ne se dit que des persones, et le 2d des chôses: celui-ci n' est qu' adjectif; l' autre est aussi substantif. Le P. Rapin a mis l' un pour l' aûtre. "Ce calme d' esprit, que le Stoïcien affectait, était bien visionaire. Il avait dit plus haut: ce royaume du Sage... était le plus chimérique du monde. Il n' a pas voulu répéter ce mot: in vitium ducit culp‘ fuga. _ Les Stoïciens étaient des visionaires, et l' insensibilité qu' ils afectaient, était tout-à fait chimérique.

VISITATION


VISITATION, s. f. [Vizita-cion.] Il n' est en usage que dans ces phrâses: La Fête de la Visitation de la Ste Vierge: l' Ordre, les Monastères, les Religieuses (aûtrefois les Filles) de la Visitation, qu' on apèle vulgairement Les Maries, ou, Les Visitandines, et que D' Avrigni apèle, mais mal, Visitantines. = Même en parlant de la Visite que la Ste Vierge fit à Ste Élisabeth, on doit dire, visite et non pas visitation. On ne dit celui-ci que du Mistère et de la Fête. = Suivant Trév. on dit, au Palais, visitation, de la visite des Experts, només par le Juge. "Procês verbal de visitation. _ L' Acad. ne le met point en ce sens.

VISITE


VISITE, s. f. VISITER, v. act. VISITEUR, s. m. [Vizite, té, teur: 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Visite est 1°. l' action d' aller voir quelqu' un par civilité ou par devoir. Faire une visite, ou, des visites. Recevoir visite, ou la visite de, etc. ou, des visites. "Je lui ai rendu sa visite. "Aler en visite. "Visite de cérémonie. "Visite courte, ou longue, ennuyeûse. _ On dit, visite en robe détroussée, pour, visite de cérémonie. = Rendre visite à quelqu' un, c' est lui faire une visite; lui rendre la visite; c' est lui faire une visite, aprês en avoir reçu une de lui.
  ....Que voulez-vous, Monsieur?
   - - - - Ce que je veux? La mort que je mérite.
   - - - - Que vois-je, O Ciel! - - - Quelle étrange visite!
   C' est Euphémon: Grand Dieu! qu' il est changé!
       Volt.
= 2°. Il se dit d' un Médecin, d' un Chirurgien, qui va voir un malade. "Payer tant par visite, etc. "Il fait payer fort cher ses visites. = 3°. Perquisition; recherche. "Le Comissaire a fait la visite, ou sa visite dans cette maison. "Les Experts ont fait leur visite. "Procês verbal de visite. = 4°. Examen. La visite d' un bois, d' un bâtiment, faite ordinairement par des Experts només par la Justice. = On le dit sur--tout d' un Évêque, d' un Visiteur ou Provincial; d' un Archidiacre, d' un Comissaire éclésiastique ou Religieux, qui va examiner sur les lieux, si tout est dans l' ordre. "Visite pastorale. "Le Provincial a fait sa visite dans un tel Monastère. = 5°. Au Palais, La visite d' un procês, l' examen, que les Comissaires et le Raporteur font des pièces ensemble.
   REM. Molière dit non seulement faire visite sans article et sans régime.
   En un lieu, l' autre jour, où je faisois visite;
Mais aussi soufrir visite.
   Cette foule de gens, dont vous soufrez visite.
L' Acad. ne met sans article que rendre visite et recevoir visite. Je pense pourtant que faire visite peut se dire, mais que, soufrir visite est tout à-fait mauvais.
   Visite se dit quelquefois des persones même. "À~ peine cette visite fut-t' elle sortie que je dis à la Comtesse que je partirois le lendemain. Duclos.
   VISITER ne se dit dans le 1er sens de visite, qu' en parlant des Visites de cérémonie. "Visiter les Cardinaux; le Sacré Collège, etc. ACAD. = Aler voir par charité, par dévotion. C' est l' usage le plus ordinaire de ce mot. "Visiter les malades, les prisoniers, les Hopitaux; les Églises, les saints lieux. = Dans le sens du n° 4°. "Un Évêque doit visiter tout son Diocèse. "Les Jurés visitent les boutiques, les Magasins. "Les Comis visitent les malles, les marchandises. _ Le Chirurgien a visité la plaie, le corps (mort.) = On dit, en termes de l' Écritûre, que Dieu visite ses élus, pour dire, qu' il les éprouve par des tribulations, des adversités. = Hors de là on ne dit point visiter. On ne dit pas, j' ai été visiter Mr un tel, et encore moins; je suis allé visiter Madame de; ce qui ferait une équivoque ridicule; ni qu' un Médecin visite un malade plusieurs fois le jour. On dit, faire visite; plusieurs visites, etc.
   VISITEUR, ne se dit que de celui qui est commis dans des Congrégations Séculières ou Régulières, pour faire la visite d' un certain nombre de maisons, monastères ou couvents

VISQUEUX


VISQUEUX. Voy. VISCOSITÉ.

VISSER


VISSER, v. act. [Vicé: 1reé fer.] Atacher avec des vis. "Visser une serrûre, au lieu de la clouer.

VISUEL


VISUEL, adj. m. [Vizu-èl: 3eè moy.] Terme de Physique. Qui apartient à la vûe. "Rayon visuel.

VISUM VISU


*VISUM VISU, adv. [Vizon vizu;] style familier. "On disoit que M. de.... en vouloit à la maison visum visu. SÉV.

VITAL


VITAL, ALE, adj. Qui est nécessaire à la conservation de la vie: les esprits vitaux, les parties vitales.

VîTE


VîTE, adj. et adv. VîTEMENT, adv. VITESSE, s. f. [1re lon. aux deux prem. 2e e muet au 1er et au 2d, è moy. au 3e: vîte, teman, vitèce] Vîte, adj. Qui se meut, qui court avec célérité. "Moûvement, pouls vîte, trop vîte. "Ce Copiste a la main vîte. "Ce cheval est vîte comme le vent. = Adv. Avec vitesse. "Courez, alez vîte. "Il parle trop vîte. "Cette horloge va trop vîte~. _ Aler vîte en besogne, est du st. fam. Aler bien vîte, (c. à. d. trop vîte) dans une afaire: agir imprudemment et avec précipitation. = Vîtement, a le même sens que vîte, adv. mais son emploi est plus borné. On dit: alez, courez vîtement; mais on ne dit pas: il parle trop vîtement; cette horloge va trop vîtement, etc. Andry remarque que ce mot ne se disait que dans le st. fam. quand il était en usage. L' Académie alors le mettait sans remarque. Elle observa ensuite qu' il était bâs, et qu' il vieillissait. L. T. Dans la dernière édition, elle se contente de dire qu' il est familier. = Vitesse: célérité, grande promptitude. "La vitesse d' un moûvement; d' un cerf; d' un cheval; d' un trait d' arbalête, etc. "Acourir, prononcer, lire, écrire avec vitesse. Voy. GâGNER. Voy. PROMPTITUDE. = Vîte, Tôt, Promptement (synon.) Le premier parait plus propre pour exprimer le mouvement avec lequel on agit: son oposé est lentement. Le 2d regarde le moment où l' action se fait: son oposé est tard. Le 3e semble avoir plus de raport au tems qu' on emploie à la chôse: son oposé est long-tems: "Comence tôt, et travaille vîte, achève promptement. GIR. Synon. = Vîte! est aussi une espèce d' interjection. On la redouble ordinairement. Vîte! vîte. "Eh, vîte! vîte! on part: le Notaire arrive: la tête me tourne de la rapidité avec laquelle on y alloit. Mariv.
   REM. De vitesse ne se dit adverbialement qu' avec le verbe gâgner. "Il l' a gâgné de vitesse. On ne doit pas dire, comme MAIMBOURG: se sauver de vitesse. = Je ne voudrais pas même dire, se sauver avec vitesse: je dirais, se sauver promtement, ou, bien vîte.

VITRAGE


VITRAGE, s. m. VITRAUX, s. m. pl. VITRE, s. f. VITRER, v. act. VITRERIE, s. f. VITRIER, s. m. [2e lon. au 2d; vitrô; e muet au 3e et au 5e, é fer. au 4e et au 6e:vitré, vi-trié.] Vitre se dit et de l' assemblage de plusieurs pièces de verre, qui se met à une ouvertûre, pour doner du jour à un bâtiment, en garantissant de l' air. La grande vitre d' une Église; et de chacune des pièces qui composent la vitre. "Il manque là une vitre, un carreau de vitre. "Vitres claires ou troubles. "Il y a deux vitres cassées. Voy. CâSSER. = Vitrage est un terme collectif. Toutes les vitres d' un bâtiment. "Le vitrage de cette maison coûte extrêmement. = Vitraux ne se dit que des grandes vitres d' une Église. On dit vitrage, en parlant de tous les vitraux. "Le vitrage de cette Église est d' un grand entretien. = Vitrer; garnir de vitres. "Vitrer une fenêtre, une porte. = Vitrier, ouvrier qui travaille en vitres, qui vitre les fenêtres, etc. "Ce Vitrier fournit toutes les fenêtres du quartier. "Il y a plusieurs vitres câssées: il faut faire venir le vitrier. = Vitrerie; art et comerce du Vitrier.

VITRESCIBLE


VITRESCIBLE, VITRIFIABLE, adj. VITRIFICATION, s. f. VITRIFIER, v. act. [Vi-- trècible, trifi-able, fikacion, fi-é: 2e è moy. au 1er, dern. é fer. au dern.] Vitrifier, c' est fondre une matière, en sorte qu' elle deviène verre. Vitrification est l' action de vitrifier. Vitrescible ou vitrifiable, qui est propre à être changé en verre. _ Ce sont termes de Physique.

VITRIOL


VITRIOL, s. m. VITRIOLÉ, ÉE, adj. VITRIOLIQUE, adj. [Vitri-ol, olé, lée, like: 4e é fer. au 2d et au 3e, long au 2d.] Vitriol, sel astringent, formé par l' union d' un métal et d' un acide. Le vitriol blanc est celui qui est fait avec du zinc; Le vitriol bleu est fait avec du cuivre; et le vitriol verd est celui où il entre du fer. On le nomme aussi vitriol martial, ou couperôse. _ Vitriolé, ée, fait avec l' esprit de vitriol: eau vitriolée. = Vitriolique, qui tient de la natûre du vitriol. "Acide vitriolique: ces eaux sont vitrioliques.

VITUAILLE


VITUAILLE. Voy. VICTUâILLE.

VITUPÉRABLE


*VITUPÉRABLE, adj. VITUPèRE, s. m. Blamable; blâme, honte. Vieux mots, aujourd'hui hors d' usage. "Ils réputoient cet amour chôse vitupérable et infame. Amyot.
   De nos discords l' infame vitupère.
       MALHERBE
Vaugelas n' admettait le substantif que dans la raillerie et dans le style bâs. Ménage, au contraire, en avouant qu' il était vieux et presque décrépite, croyait qu' il pouvait trouver sa place dans le style sublime, et particulièrement lorsqu' il était relevé par quelque épithète, comme en ce vers de Malherbe. Il y a long-tems que ces mots sont proscrits par l' usage, aussi bien que vitupérer.

VIVACE


VIVACE, adj. VIVACITÉ, s. f. [Dern. e muet au 1er, é fer. au 2d.] Vivace, qui a en lui des principes d' une longue vie. Il se dit des hommes, des animaux et des plantes. "En tels pays, les hommes sont vivaces: cet enfant a l' air fort vivace. "Le cerf, le corbeau, sont des animaux vivaces. "Il y a des plantes qui sont fort vivaces. = Vivacité, activité, promptitude à agir, à se mouvoir. "Cet enfant a bien de la vivacité. "Il y a des gens qui, au moyen d' une grande vivacité, paroissent avoir beaucoup plus d' esprit, qu' ils n' en ont en effet. L' Abé Trublet. _ Figurément, la vivacité des Passions. La vivacité de l' esprit, de l' imagination. _ La vivacité (l' éclat) des couleurs. _ Avoir de la vivacité dans les yeux; les avoir brillans, pleins de feu. _ Vivacités, au plur. Emportemens légers et passagers. "Il est colère et emporté: ce ne sont que des vivacités. Il dit moins qu' emportemens. BOUH. = Vivacité, Promptitude, (synon.) La vivacité tient beaucoup de la sensibilité et de l' esprit; les moindres chôses piquent un homme vif. La promptitude tient davantage de l' humeur et de l' action: un homme prompt est plus sujet aux emportemens qu' un aûtre. L' indolence est l' oposé de la vivacité; et la lenteur, de la promptitude. GIR. Synon. = Suivant Bouhours, outre vivacité d' esprit, de teint, de couleur, on dit, avoir de la vivacité sur une chôse, ou pour une persone; y prendre un vif intérêt. "J' ai là dessus une vivacité incroyable: il avoit la même vivacité et les mêmes soins pour elle. Il ne parait pas que l' usage ait admis ces expressions.

VIVANDIER


VIVANDIER, IèRE, s. m. et f. [Vivan--dié, diè-re: 2e lon. 3e é fer. au 1er; è moy. et lon. au 2d.] Celui, celle qui suit un Corps de Troupes, et qui vend des vivres.

VIVANT


VIVANT, ANTE, adj. [2e lon.] Qui vit. "Il est encôre vivant. "Il a dix enfans tous vivans.
   Il n' est pas sûr que l' autre soit sans vie!
   - - - - Hélas! il faut; (quel funeste tourment)!
   Le pleurer mort, ou le haïr vivant.
       L' Enf. Prod.
= On dit, par excellence, le Dieu vivant, pour marquer qu' il n' y a que Dieu, qui existe par lui-même. = Vivant, a un sens particulier dans l' expression suivante: "Toutes les douleurs qu' homme vivant puisse ressentir: c. à. d. qu' aucun homme, que qui que ce soit puisse ressentir. Bossuet dit, un homme vivant. L' adj. un est de trop.Pluche dit, qui ait vêcu, changeant mal-à-propôs une expression consacrée par l' usage. "Il n' a jamais été doné à Philosophe qui ait vêcu, de pouvoir trouver le moindre grain de cette matière première. Hist. du Ciel. On ne pourrait pas même dire, à Philosophe vivant. En ce sens, vivant ne se dit qu' avec homme et âme. "Je n' ai trouvé âme vivante chez notre ami: je n' y ai trouvé persone. _ Cette expression, au reste, n' est pas du beau style. = On dit, figurément, que le Prince est la Loi vivante; qu' un homme três-sage, est une bibliothêque vivante; qu' un fils est le portrait vivant, la vivante image de son père. _ Langue vivante, que tout un peuple parle encôre. = S. m. Dieu viendra juger les vivans et les morts. Du vivant de: pendant la vie de. "Les inventeurs des chôses utiles recevoient de leur vivant, et après leur mort, de dignes récompenses de leurs travaux. Anon. = En style famil. Bon vivant; homme d' une humeur facile, et qui aime à se réjouir sans faire de la peine à persone. "C' est un bon vivant. = Vivre avec les vivans, s' acomoder aux gens avec qui l' on vit. "Je lui contai le détail de toutes nos misères... Voilà ce qui s' apèle vivre avec les vivans. SÉV.

VIVE


VIVE, s. f. [1re lon. 2e e muet.] Espèce de poisson de mer.

VIVE


VIVE, interjection. Voyez aprês, VIVRE.

VIVEMENT


VIVEMENT, adv. [Viveman: 1re lon, 2e e muet.] 1°. Avec ardeur; sans relâche: Poursuivre, ataquer, presser vîvement. = 2°. Sensiblement. "Sentir vivement les coups, le froid, une afliction; un bienfait, une injûre. "Être vîvement touché, piqué.

VIVIER


VIVIER, s. m. [Vi-vié: 2eé fer.] Pièce d' eau courante ou dormante, dans laquelle on nourrit, on conserve du poisson, pour l' usage journalier.

VIVIFIANT


VIVIFIANT, ANTE, adj. VIVIFICATION, s. f. VIVIFIER, v. act. [Vivifi-an, ante, kacion, fi-é; 4e lon. aux deux prem., é fer. au dern.] Ils expriment l' action de doner la vie, ou de doner de la force, de la vigueur. Le verbe et l' adjectif ont les deux sens. "C' est Dieu seul, qui vivifie toutes chôses. "La grâce vivifie. "Le Soleil vivifie les plantes. "Le Saint Esprit est l' esprit vivifiant. Grâce vivifiante. "Elixir vivifiant. = Le Subst. n' a que le 2d sens, et ne se dit qu' en Médecine et en Chimie. Le verbe n' est d' usage au propre, que dans ces deux Arts. Au figuré, il ne se dit qu' en matière de Religion.

VIVIFIQUE


VIVIFIQUE, adj. [Vivifike.] Qui a la propriété de vivifier. "Le suc vivifique des plantes. _ Ce mot n' est employé que par les Savans; et il est même parmi eux de peu d' usage.

VIVIPâRE


VIVIPâRE, s. m. [3e lon. 4ee muet.] Terme de Physique. Il se dit des animaux qui mettent au monde leurs petits tout vivans.

VIVOTER


VIVOTER, v. n. Vivre petitement; subsister avec peine. "Il vivote: il ne fait que vivoter. (St. fam.)

VIVRE


VIVRE, v. n. VïVRE, s. m. [1re lon. au 2d.] Vivre: Je vis, nous vivons; je vivois ou vivais; je vécus; j' ai vécu; je vivrai; je vivrois ou vivrais; que je vive, je vécusse, etc. = On disait aûtrefois, je vêquis, il vêquit, pour je vécus, il vécut. Un Auteur três-moderne a dit encôre tout récemment, survêquit. "Sa fille ne survêquit que quelques mois au Baron de Thorens son mari. L' Abé Du-Serre-Figon. Notes sur le Panégyrique de Ste. de Chantal. = Vivre, 1°. Être en vie. "Tous les hommes et tous les animaux qui vivent sur la terre. Il a cessé de vivre. St. Louis vivait au 13e siècle. = Fig. Ce n' est pas vivre que d' être toujours malade.
   Est-ce là vivre? Non: c' est à peine exister.
       La Chaussée.
Il ne vit que pour lui. = 2°. Plus figurément encôre: Durer, subsister. "Son nom, sa gloire, sa mémoire vivra jusqu' à la postérité la plus reculée. = 3°. Se nourrir. "Il ne vit que de racines, de légumes: il vit de peu, sobrement. "Il fait cher vivre dans cette ville. Voyez, VIVRE, TABLE. = Subsister: Vivre de son bien, de ses rentes, de son travail, de son métier, d' emprunt, d' aumône, de ménage, d' industrie, etc.
   S' il est quelque Joueur, qui vive de son gain,
   On en voit tous les jours mille mourir de faim.
       Le Joueur.
= 4°. Dépenser: Il vit splendidement, honorablement, en grand Seigneur, en Prince, en gueux: il ne vit point selon sa condition: il vit mesquinement, sordidement, etc. = Vivre noblement: mener un genre de vie où il n' y a rien qui déroge à la noblesse. = 5°. Pâsser sa vie: "Vivre dans le célibat, dans le mariage; dans le grand monde; dans l' obscurité; à la ville, à la campagne, à la cour, dans la joie, dans la tristesse. Vivre heureux, content, tranquile, ou malheureux.
   Sachez qu' à Paris même on peut vivre isolée:
   Dès que l' on fuit le monde, il nous fuit à son tour.
       La Chaussée.
  Pour vivre avec douceur, cher ami, croyez-moi,
  Le grand art est d' aprendre à bien vivre avec soi.
       Sidney.
"Venez aprendre à mourir; ou plutôt, venez aprendre à n' atendre pas la dernière heure pour comencer à bien vivre. BOSS. Oraison Funèbre du Prince de Condé. "Un Philosophe, lorsqu' il vit mal, est d' autant plus méprisable, que l' art, où il se done pour maître, c' est l' art de bien vivre. D' OLIVET. II. Tuscul. = 6°. Se conduire, se comporter. "Vivre bien avec quelqu' un. Il vit mal avec ses amis: on ne saurait vivre avec lui: il est d' une humeur incompatible. "Il est aisé à vivre: il est d' un comerce doux et facile. Voy. SAVOIR. = 7°. Être soumis à, sujet de: "Vivre sous les lois d' un Prince, etc. "Nous vivons sous un Gouvernement doux et équitable.
   REM. Vivre régit l' ablatif, mais l' article doit être indéfini.
   * La riche fiction est le charme des vers.
   Nous vivons du mensonge.
       L. Racine.
falait: nous~ vivons~ de~ mensonges: mais le pluriel n' acomodait pas le Poète. = Vivre de régime, parait au premier coup d' oeuil une expression ridicule; car le régime n' est pas un aliment; cependant l' usage autorise depuis long-tems cette façon de parler. "J' ai vêcu de régime, selon vos avis. Sév. On peut en dire autant de vivre de ménage, d' industrie, etc. = Vivre un tems, est une expression anciène, et même un peu vieille. "Le long espace de tems qu' il vêquit. MASC. "Le regret qu' ont les hommes, du mauvais emploi du tems qu' ils ont vêcu, ne les conduit pas toujours à faire de celui qui leur reste à vivre, un meilleur usage. La Bruy. = Vivre, est beau au figuré. "Cet esprit a toujours vêcu dans la Nation. Ling. "Que leur gloire vive éternellement dans le souvenir des Hommes. Jér. Déliv. "Les passions nobles ont cet avantage, qu' elles vivent d' elles-mêmes, et s' alimentent de leur propre ardeur. Necker. = Vivre avec soi, est aussi une expression belle et élégante.
   Retranchons nos desirs, n' atendons rien des hommes,
   Et vivons avec nous.
       L. Racine.
= Vivre d' espérance, c' est se soutenir par l' atente de quelque bien. _ Vivre de la grâce de Dieu, se dit d' un homme qui mange très-peu, et de celui à qui l' on ne conait aucun bien, aucune ressource pour subsister. _ Item il faut vivre: la nécessité de pourvoir à sa subsistance fait excuser beaucoup de chôses, que l' on fait, et qu' on ne ferait pas sans cela.
   Si l' on peut pardoner l' essor d' un mauvais Livre,
   Ce n' est qu' au malheureux, qui travaille pour vivre.
       Misantr.
_ Il faut que tout le monde vive, dit le proverbe: c. à. d. que chacun ait ses petits avantages. "Les États sont réservés pour M. de Lavardin. Il falait bien lui doner cette contenance, parce qu' il est juste que tout le monde vive. SÉV. Ame qui vive; persone. "Je suis ici dans une solitude, où je ne vois âme qui vive. Cic. à Atticus. Mongault.
   VIVE! interjection. "Vive Dieu, sorte d' afirmation, tirée de l' Écriture Sainte. "Vive le Roi! Aclamation pour témoigner qu' on souhaite longue vie et prospérité au Roi. _ Vive un tel, c' est un galant homme! Vive la Champagne et la Bourgogne, pour les bons vins.
   Le Sage dit, selon les gens:
   Vive le Roi, Vive la Ligue!
       La Font.
Maxime où il n' y a pas beaucoup de sagesse. "Vivent les gens, qui ont de l' industrie: Pluche. Et ironiquement.
   Il est charmant, ma foi: vivent les gens d' esprit!
       Paliss.
  Malgré tout le jargon de la Philosophie,
  Malgré tous les chagrins, ma foi, vive la vie!
       Sidney.
_ C' est l' imparfait du verbe vivre, par lequel on veut marquer le câs qu' on fait des persones ou des chôses.
   Qui-vive, est un terme, dont on se sert dans les Troupes, pour demander à quelqu' un qu' on rencontre, qui il est, de quel parti il est, etc. = FIG. Être sur le qui~ vive, être sur ses gardes; et dans un aûtre sens: être délicat sur les égards. Richelet dit, au qui vive, pour, sur le qui vive: celui-ci a prévalu.
   VIVRE, s. m. Nourritûre. On ne le dit plus qu' au pluriel: "Les vivres sont fort chers dans cette ville: "Les assiégés manquaient de vivres. = "Aûtrefois le singulier était fort en usage. On disait le vivre, pour, la manière de se nourrir. "Le changement dans le vivre. BOSS. "Cette frugalité dans le vivre, cette modestie dans les habits. P. Rapin. _ C' était l' infinitif du verbe employé substantivement.

VOCABLE


*VOCABLE, s. m. On a employé aûtrefois ce terme, au lieu de celui de Mot. "Ils n' usent point d' autre vocable, pour signifier abaïe. Chatain, cité par Richelet. M. l' Abé Sabatier l' a dit tout récemment. "Delà cette fureur de Ronsard de farcir ses poésies de vocables grecs, latins, italiens, Languedociens, normands et picards. Trois siècles, etc. Le mot est en italique; et l' Auteur y parle d' un vieux Poète, qui se servait de ce terme aujourd'hui surané. _ Actuellement, quelques auteurs l' emploient pour signifier le titulaire d' une Église. "L' Église Cathédrale, sous le vocable de St. Jean-Baptiste. L' Abé Richard. Ce mot est encôre barbâre.

VOCABULAIRE


VOCABULAIRE, s. m. [Vocabulère: 4e è moy. et long, 5e e muet.] Dictionaire; Recueuil alphabétique des mots d' une Langue. _ Suivant Richelet, on ne le disait aûtrefois que par mépris, et en râillant.
   Abandonnez votre grammaire,
   Laissez votre Vocabulaire.
       Menage, Requête des Dict.
On le dit aujourd'hui sérieusement: Le Vocabulaire François. Depuis long-tems l' Académie l' a admis dans le style serieux. "Il y a beaucoup de Vocabulaires dans cette Bibliothèque. = On dit, plus ordinairement Dictionaire, et Vocabulaire n' est réservé que pour certains livres de ce genre. Voy. Glossaire.

VOCAL


VOCAL, ALE, adj. Qui s' énonce, qui s' exprime par la voix. Il n' est d' usage qu' avec Prière, Oraison, Musique; on dit, prière, oraison vocale, par oposition à mentale, et musique vocale, par oposition à instrumentale. = S. m. pl. On apèle Vocaux, dans les Comunautés éclésiastiques, séculières ou régulières, ceux, qui ont droit de doner leur voix dans quelque élection.

VOCATIF


VOCATIF, s. m. Terme de Gramaire. Le 5e câs de la déclinaison des noms. On s' en sert pour apeler la persone à qui l' on parle, ou la chôse à laquelle on s' adresse. On l' exprime ordinairement par le nom sans article; ou quelquefois par le nom précédé de l' article ô.
   Rome! Si tu te plains que c' est là te trahir;
   Fais-toi des énemis, que je puisse haïr.
       Corn.
Ô mon Dieu; ô mon Sauveur, etc. = Il faut le placer de manière, qu' il ne paraisse pas régi par le mot, qui le précède. "C' est tellement soi qui soufre, que j' admire, ma chère enfant, et j' ai toujours admiré votre douceur et votre patience. Sév. Il semble par la construction, que c' est sa chère enfant que Mde de Sévigné admirait. = Si le vocatif a raport à un verbe, ce verbe ne peut être qu' à l' impératif, ou à quelque tems de l' indicatif; et toujours à la 2e persone. "Cieux, écoutez ma voix! Terre, faites silence. "Brâves Soldats, vous vous êtes aquis beaucoup de gloire.

VOCATION


VOCATION, s. f. [Voka-cion: en vers cion.] 1°. Moûvement intérieur, par lequel Dieu apèle une persone à quelque genre de vie. "Répondre, résister à sa vocation. "Avant que de choisir un état, il faut examiner sa vocation. Racine dit fort plaisamment à l' Auteur des Visionaires: "Jetez-vous souvent sur les injures, et presque toujours sur les antithèses. Vous êtes apelé à ce style. Chacun doit suivre sa vocation. = 2°. Il se dit quelquefois pour Mission. "Les Protestans n' ont point de vocation légitime. = 3°. La vocation des Juifs, des gentils; les moyens dont Dieu s' est servi pour apeler ces peuples à la Foi. = 4°. * Chez les Protestans, c' est un terme consacré pour exprimer la nomination aux places du ministère éclésiastique. M. Formey l' aplique aussi à la nomination aux chaires des Universités. C' est un latinisme germanique.

VOEU


VOEU, s. m. [pron. veu: l' o est muet et n' est mis là que pour l' étymologie.] 1°. Promesse faite à Dieu, par laquelle on s' engage à quelque oeûvre, qu' on croit devoir lui être agréable, et qui n' est point de précepte. "Voeu simple, ou solennel. Faire voeu de jeûner, d' aler en pélérinage, etc. = On dit, familièrement, j' ai fait voeu de le faire; je l' ai fortement résolu: "J' ai fait voeu de ne plus rien prêter. Je n' ai pas fait voeu de le faire; je ne m' y suis pas engagé. _ Rompre son voeu, manquer à ses résolutions, à ses promesses. = 2°. L' ofrande promise par un voeu. "Ce tableau est un voeu. = 3°. En certains lieux et en certaines élections, voix, sufrage: "Doner, refuser, écrire son voeu. = 4°. Au pluriel, il signifie aussi souhaits, desirs. "Faire, former des voeux pour quelqu' un. Exaucer, remplir, combler ses voeux. "Infortuné! Depuis que j' ai quité cette heureuse terre, elle a toujours été l' objet de mes voeux. L. F. Poème de S. Grég.

VOGUE


VOGUE, s. fém. [Voghe: 2ee muet: l' u voyèle est muet: il n' est là que pour doner au g un son fort qu' il n' a pas devant l' e.] Vogue est, au propre, un terme de Marine. Moûvement d' une galère, ou aûtre bâtiment semblable, causé par la force des rames: "Vogue lente, faible, ou, pressée et forte. = Au Fig. Crédit, réputation. "Avoir la vogue; être en vogue. "Cela l' a mis en vogue.
   C' est souvent du hasard que nait l' opinion;
   Et c' est l' opinion qui fait toujours la vogue.
       La Fontaine.
"MAIMBOURG eut d' abord trop de vogue, on l' a trop négligé ensuite. Il y a encore quelques unes de ses histoires qu' on lit avec plaisir. Volt. Comme on dit, pâsser de mode, l' Ab. Sabatier a cru pouvoir dire pâsser de vogue. "Des bagatelles qui pâssent bientôt de vogue. Trois Siècles. Je ne crois pas cette expression reçue.
   Mode, Vogue, (synon.) La mode est un usage régnant et passager, introduit dans la société par le goût, la fantaisie, le caprice. La vogue est un concours, excité par la réputation, l' estime, et par préférence aux aûtres objets du même genre. Une marchandise est à la mode: on en fait un grand usage. Un tel Marchand, qui la vend, a la vogue: on y court de toutes parts. On prend la coifure, le ton et jusqu' au remède, qui est à la mode: on prend le Médecin, l' Ouvrière, qui a la vogue. On suit la mode: la vogue entraîne, etc. Extr. des Synon. Fr. de M. l' Ab. Roubaud.

VOGUER


VOGUER, v. n. [Voghé: 2eé fermé.] Être poussé sur l' eau à force de rames. "Les galères començaient à voguer. = On le dit quelquefois des vaisseaux, qui vont à force de voiles. "Ils voguaient en pleine mer. = Ramer. "Ces forçats voguent bien ou mal. Voy. GALèRE.

VOGUEUR


VOGUEUR, s. m. [Vo-gheur.] Rameur. "Il avait de bons vogueurs. _ Rameur est plus usité.

VOICI


VOICI, VOILâ, prép. Le premier sert à montrer, à désigner un objet plus proche; et le second un objet plus éloigné "Voici mon livre, voilà le vôtre. _ Ils se disent aussi des chôses qui ne s' aperçoivent pas par les sens; et alors voici se dit de ce qu' on va dire; et voilà de ce qu' on vient de dire. "Voilà ce qu' on objecte: voici ce qu' on peut répondre. Ils régissent ordinairement l' acusatif, et quelquefois le génitif: "Voilà de mes gens: en voici bien d' une aûtre. On sous-entend aventûre. st. famil. = 1°. Les [C827b} pronoms personels doivent précéder ces prépositions et non pas les suivre. On ne dit point, voici moi, voici lui; mais on dit: me voici, le voilà. = 2°. Précédés de l' article le, la, les, ils doivent être suivis de qui, pronom relatif, indéclinable, et non pas de la conjonction que. On n' emploie cette conjonction que quand voici et voilà sont employés sans article. Ainsi l' on dira: le voici qui vient; et voici qu' il vient: le voilà qui arrive, et voilà qu' il arrive. "Le voilà qui se jette, ou voilà qu' il se jette. "Le voilà qui se jette aux pieds d' Hégésipe. Télém. = 3°. Aûtrefois on faisait régir à voici et à voilà l' infinitif sans préposition. "Voici venir ma soeur Corn. "Voilà savoir faire un digne usage de ses richesses. Roll. On dirait aujourd'hui: voici ma soeur, qui vient: c' est là savoir faire, etc. M. l' Ab. Monnier a encôre dit, tout récemment: voici venir Fuscus Aristius, mon ami. Traduct. d' Horace. = 4°. On met aussi le que entre des noms, et voici ou voilà. "Monsieur que voici; Madame que voilà. = Celui-ci régit quelquefois la prép. de: "Déesse curieuse et inquiéte, voilà toujours de vos soupçons. Mde Dacier, Iliade. = 5°. Voilà ne modifie point les verbes, sans être suivi de que: "Allez, enseignez, baptisez; et voilà je suis avec vous, jusqu' à la fin du monde. Bossuet. On en trouve mille exemples dans les anciènes traductions de la Bible; et l' éloquent Saurin le dit toujours ainsi. L' on dit aujourd'hui: voilà que je suis, etc. = 6°. Voilà est quelquefois précédé d' un ou de plusieurs infinitifs: "Abaisser l' orgueuil, soulager les malheureux, protéger l' inoncence et punir le crime, voilà leurs destins. Jér. Dél. Les infinitifs tiènent lieu de nominatif, et voilà de verbe. C' est comme si l' on disait: ce sont là leurs destins. Voy. NOMINATIF, IV. n°. 2°. = 7°. Nous y voici, c. à. d. voici ce que j' avais prévu que vous diriez.
   Comme te voilà fait! je t' ai vu si joli.
   Ah! vraiment nous y voici,
   Repris l' ours à sa manière.
   Comme me voilà fait! comme doit être un ours.
       La Font.
= 8°. Voici et voilà sont quelquefois redoublés.
  Voici, voici le tems, où, libres de contrainte,
  Nos voix peuvent pour lui signaler leurs accens.
       Rouss.
  Voilà, voilà le sort que je craignais pour vous.
      Anon.
= 9°. * Scudéry a dit aûtrefois si ne voilà pas, pour dire, si ce n' est pas là "Je vous laisse à juger, si ne voilà pas un jour bien employé. Observat. sur le Cid. = 10°. En plusieurs Provinces, le peuple dit, vela, pour, voilà. "V' la votre rouet, maman. Th. d' Éduc. = 11°. Avec voilà, dans la phrâse négative et interrogative, on retranche souvent ne, mais seulement dans le st. famil. On dit, voilà-t-il pas? pour ne voilà-t-il pas? "Voilà-t-il pas une bone raison, pour changer d' avis? De la Lindelle, à M. de Voltaire.

VOIE


VOIE, s. f. [Voa, monos.] 1°. Au propre, chemin, route. On ne s' en sert plus au propre qu' en parlant des anciens chemins des Romains. L. T. Acad. "La voie Appienne, Flaminienne, Aurélienne; et dans cette phrâse proverbiale: cet homme est toujours par voie et par chemin. _ Au Fig. La voie du Ciel, du Paradis, du salut: être dans la bone voie, ou dans la voie de perdition. _ La voie étroite, le chemin du salut: la voie large, le chemin de perdition. _ La voie des comandemens. _ Les voies du Seigneur; sa conduite à l' égard des Hommes. = 2°. En parlant des voitûres, voie est l' espace qui est entre les deux roûes: "La voie des voitûres d' Allemagne est plus étroite que celle des voitûres de France. = C' est aussi la trace que les voitûres font ou ont faite en marchant. "Suivre la voie, quitter la voie; s' ôter de la voie. = 3°. En termes de chasse, le chemin par où la bête a pâssé. = Fig. Mettre quelqu' un sur la voie, ou sur les voies, lui doner des lumières pour lui en faire découvrir davantage; ou des moyens qui l' aident à parvenir à l' exécution de son dessein. = 4°. Manière de transporter les persones ou les marchandises d' un lieu à un aûtre. "Prendre la voie du messager, du coche. "La voie de la poste; la voie d' un ami qui part: "C' est une voie sûre. _ Quelques uns disent en ce sens, la comodité; et celui-ci peut se dire aussi. = 5°. Charretée: "Voie de bois, de pierre, de sâble, de plâtre. = Voie d' eau, les deux seaux d' eau que porte un homme. = 6°. En termes de Marine, voie d' eau, ouvertûre qui se fait dans un vaisseau, et par où l' eau entre. = 7°. Voie, moyen, dont on se sert; conduite, que l' on tient pour arriver à quelque fin. "Prendre la bone voie pour réussir: servez-vous de cette voie. "Il n' est pas permis de se servir de mauvaises voies pour arriver à une bone fin. Voies obliques, souterraines. Voies canoniques. La basse et rampante ambition, qui marche aux honeurs par des voies dont rougit la vertu. Neuville. "Il est plus beau de perdre honorablement ce qu' on possède, que de le conserver par des voies honteuses. L. F. = Voie, moyen (synon.) On suit les voies: on se sert des moyens. (On dit aussi se servir de voies.) La voie est la manière de s' y prendre pour réussir: le moyen est ce qu' on met en oeuvre pour cet éfet. Le premier a un raport particulier aux moeurs, et le second aux énènemens. On a égard à ce raport, quand il s' agit de s' énoncer sur leur bonté: celle de la voie dépend de l' honeur et de la probité; celle du moyen consiste dans la conséquence et l' éfet. Ainsi la bone voie est celle qui est juste; et le bon moyen est celui qui est sûr. "La simonie est une très-mauvaise voie, mais un fort bon moyen pour avoir des bénéfices. GIR. Syn. = * Maimbourg se sert habituellement du mot voies, employé sans épithète, à la place de moyens. "Il tâcha de trouver les voies de faire sa paix. On dirait aujourd'hui les moyens. = Voies de droit, recours à la Justice. Voies de fait, actes de violence, par lesquels on se fait justice à soi-même. = Être en voie d' acomodement, de s' acomoder; de faire quelque chôse; y travailler; être prêt à, etc.
   REM. Ouvrir les voies régit deux datifs, l' un de la persone, l' aûtre de la chôse. "Ma crédulité lui a ouvert les voies à ma confiance Mde B... met le génitif pour régime de la chôse. "Le Régent tâcha de captiver la bienveillance de ce dernier, dont l' ambition lui ouvroit les voies. Hist. d' Angl. _ Si dont se raporte à bienveillance, c' est un faux régime; s' il se raporte à dernier, alors ouvrir les voies manque d' un régime nécessaire; et la phrâse est louche et obscûre.

VOILA


VOILA, voy. VOICI.

VOILE


VOILE, s. m. et fém. VOILER. v. a. VOILERIE, s. f. VOILIER, s. m. VOILûRE, s. fém. [Voa-le, lé, leri-e, lié, lûre: 2e e muet au 1er et au 3e, é fer. au 2d et au 4e, lon. au dernier.] Voile est s. m. quand il signifie un voile à voiler, à couvrir; s. f. quand il signifie la voile d' un vaisseau. = I. S. m. Pièce de toile ou d' étofe, destinée à cacher quelque chôse. "Les Religieûses portent des voiles. "Les femmes en orient ne sortent point qu' elles ne soient couvertes d' un voile. _ Prendre le voile, c' est, en parlant des Religieûses, entrer au Noviciat. "Les Novices portent le voile blanc. Les Professes portent le voile noir. = Voile est aussi l' étofe dont se font les voiles des Religieuses, et qu' on emploie à d' aûtres usages. Habit, soutane, manteau de voile; doublûre de voile. = Voile est beau au figuré, ou dans un sens plus raproché du sens propre; avoir un voile devant les yeux: être aveuglé par les préventions, les passions. Déchirer le voile, découvrir ce qu' on tenait caché.
   Vous m' aviez dit trop vrai, le voile se déchire:
   Je suis un furieux, que l' erreur a conduit,
   Que la terre condamne, et que le ciel poursuit.
       Sidney.
  Un précipice afreux devant eux se présente;
  Mais toujours leur raison, soumise et complaisante,
  Au devant de leurs yeux met un voile imposteur.
       Rouss.
Et en Poésie, les voiles, les ténèbres de la nuit; ou dans le sens de prétexte: couvrir son ambition du voile du bien public. "Ce scélérat se coûvre du voile de la piété; il faut lui arracher le voile dont il se coûvre.
   Cette austère vertu dont se paroit l' ingrat,
   Ne servoit que de voile au plus noir atentat.
       Créb. Sémir.
= Voiler, couvrir d' un voile. "Voiler une Religieûse. "St. Paul voulait que les femmes fussent voilées dans l' Église; qu' elles n' y parussent que voilées. = Fig. "Ils voilaient leur révolte du prétexte de la Religion. = On dit, poétiquement, le soleil voilé d' un nuage; obscurci, etc.
   II. VOILE, s. f. Plusieurs lés de toile forte, cousus ensemble, que l' on atache aux antennes et aux vergues, pour prendre, pour recevoir le vent. "Voile carrée, ou, latine et triangulaire. "Déployer, amener, plier, serrer les voiles. Aller à la voile; à voiles. "Les cordages font un bruit affreux sous le poids des voiles gonflées. Le Franc, Trad. de S. Greg. de Naz. "La Frégate, qui portait le Petit-Fils de Jacques II. échappait, et faisait force de voiles vers l' Écosse. Volt. = Au propre, on dit, faire voile vers, et non pas à ou en. "Alvare et quantité d' aûtres, faisant voile à Madère. H. des Voy. "Édouard fit voile en Flandre. Hist. d' Angl. "Surrey fit voile à Calais. Ibid. C' est dans des Traductions de livres anglais que se troûvent ces faux régimes. _ Mettre à la voile, partir du port ou de la rade, commncer la navigation. Faire force de voiles, tendre toutes ses voiles pour aler plus vite. On dit, dans le même sens, forcer de voiles. = On emploie ordinairement voile au pluriel, quand on parle indéfiniment et collectivement.
   Si vous voulez partir, la voile est préparée.
       Phèdre.
On peut croire que la mesûre du vers est la caûse qui a fait préférer voile au singulier; mais on peut penser aussi que la voile est plus poétique. = Au FIGURÉ, voile n' est pas du beau style dans le goût d' aujourd'hui. Aûtrefois on l' employait plus fréquemment. Dans une Harangue, un Historien peut déployer les voiles de son éloquence. Père Rapin. _ On disait aussi à pleines voiles; et Mde de Sévigné aplique singulièrement cette expression. "Si je ne trembloit sous la main de la Providence, je gouterois à pleines voiles les plaisirs de l' espérance. La métaphôre n' est pas fort juste. Elle dit ailleurs: "Je le souhaitois pour l' honeur du fils, afin de pouvoir l' estimer à pleines voiles. On dit, familièrement, doner dans un projet à pleines voiles. Cela est plus exact. _ M. Marmontel a dit dans le style badin: "Un nouveau venu excitoit l' émulation: le bel-esprit mit toutes les voiles. = Caler voile se dit, en style proverbial, baisser le ton, se radoucir. L' Acad. dit caler la voile avec l' article. = Mettre voiles bâs est une locution peu noble. Corneille l' a employé dans Pompée.
   Les trois vaisseaux en rade avoient mis voile bâs.
Le même Poète fait voile masculin, et le met au singulier: "Il venoit à plein voile. On dit à pleines voiles. = Aller à voiles et à rames dans une afaire: mettre tout en oeuvre pour réussir. St. fig. famil.
   VOILERIE; lieu où~ l' on fait et où l' on racomode les voiles = Voilier se dit avec bon ou mauvais, ou quelque adjectif équivalent, d' un vaisseau qui marche bien ou mal. "C' est un bon, un mauvais voilier. C' est le meilleur voilier de toute la flote: il est bon, il est méchant voilier. = Voilûre est un nom collectif. Il se dit de toutes les voiles d' un vaisseau. "Changer de voilûre, en mettre plus ou moins, suivant le vent et la route qu' on veut faire.

VOIR


VOIR, v. act. [Voar, monos.] Je vois, nous voyons; je voyois, ou voyais; nous voyions; j' ai vu, je vis, je verrai, je verrois ou verrais; vois, voyez, que je voie, nous voyions, je visse; voyant, vu. _ L' Acad. met au présent, je voi ou je vois. Brebeuf écrit void au présent, et veid au prétérit, que Bossuet écrit vid. Le P. Follard, qui avait adopté l' ortographe de Richelet, écrit voïant, voïois, nous voïons, voïez. C' est ainsi qu' il faudrait écrire, si, comme le veulent plusieurs, il faut prononcer vo-ian, vo-iè, vo-ion, vo-ié; mais si, comme je le crois, on prononce voa-ian, voa-iè, etc. l' y est nécessaire. Plusieurs écrivent, que je voye, et prononcent voa-ie. MOLIèRE prononçait aparemment de même puisqu' il fait voyent dissyllabe.
   Ce que voyent mes yeux franchement je m' y fie.
= L' imparfait de l' indicatif et le présent du subjonctif sont distingués, dans les 1res et 2des persones du pluriel du présent de l' indicatif, par un i ajouté à l' y: nous voyions, vous voyiez. Plusieurs Auteurs et Imprimeurs ne les distinguent point: ils écrivent toujours nous voyons, vous voyez. "Nous nous voyons à une lieue de l' endroit où nous devions débarquer. Let. Édif.. Il falait, nous nous voyions, etc. = Voir, 1°. apercevoir, conaitre par les yeux. "Je vois un homme qui vient: je l' ai vu de loin. _ Et, neutralement, voir clair ou trouble. "Je vois de loin; il ne voit que de prês, etc. = 2°. Faire visite. Aller voir quelqu' un: il n' a pas encôre vu le Roi depuis son retour. Voir ses Juges: c' est un tel Médecin qui voit ce malade. = 3°. Regarder, considérer avec atention. "Voyez ce tableau: c' est une chôse à voir: il mérite d' être vu.
   Vous avez mille amans. - Qui sont-ils? - Tout le monde.
   - - - Mais encore, il faudroit me nommer... _ Eh! ce sont
   Tous ceux qui vous ont vue, et ceux, qui vous verront.
       La Chaussée.
= 4°. Examiner. "Cette afaire a été vue par d' habiles gens. Le Raporteur n' a pas encôre vu mon procês. Je verrai, nous verrons, j' examinerai cela. = 5°. Observer, remarquer. "J' ai vu dans Vertot, dans Bougeant, que, etc. "Où avez-vous vu cette particularité, etc. = 6°. Observer en voyageant, en fréquentant le monde. "Il a beaucoup vu: il a vu beaucoup de pays: "Ce jeune homme n' a pas encôre vu le monde. = 7°. Fréquenter. "Qui voyez-vous dans cette Ville? Ce n' est pas un homme, une femme à voir.
   Après tout, je n' ai fait que rendre le récit
   De ceux qu' il voit beaucoup. Moi qui ne le vois guère
   Qu' en passant, j' ignorois le fond du caractère.
       Gress. Le Méchant.
_ On dit qu' un homme ne voit persone, qu' on ne le voit point, lorsqu' à sa porte on ne laisse point entrer ceux qui viènent pour le voir, pour lui faire compliment. _ Ces deux hommes ne se voient point: ils sont mal ensemble. = 8°. S' apercevoir que. "Il y a long-tems qu' on voit qu' il se ruine. "Ne voyez-vous pas qu' il vous trompe? Je vois bien quelle est son intention. = 9°. Conaitre par les sens. "Voyez si le vin est bon; si cela est chaud, si cet instrument est d' acord. = 10°. S' informer: voyez s' il est chez lui. = 11°. Avoir soin: voyez à nous faire souper: c' est à vous à voir qu' il ne manque rien à cet enfant, à cet homme.
   Rem. Voir se dit quelquefois pour entendre. "Je l' ai vu chanter; je l' ai vu haranguer. L' usage a autorisé ces façons de parler; et même, dit Andry, elles ne choquent point la Gramaire: on peut ajouter, ni la raison; car voir se raporte à la persone que l' on regarde, et non à la voix qu' on entend. Mais voir, au passif, n' a pas ce régime. "Elles ont été renversées sans être vues tomber. ANON. = Voir régit l' infinitif sans préposition, ou le que suivi de l' indicatif; ou le relatif qui, avec le même mode. "Je l' ai vu venir: j' ai vu qu' il venait: je l' ai vu qui venait. _ Bossuet met le subjonctif. "Il faudroit faire voir que cette condition convienne aux bouffoneries. Je crois qu' il faut dire, convient. Et Corneille:
   Je vois avec chagrin que l' amour me contraigne.
Il faut, me contraint. Dans les phrâses négatives ou interrogatives, le subjonctif est à sa place. "Je ne vois pas que vous vous en mettiez fort en peine. "Voyez-vous qu' il en ait beaucoup de regret? "Les peuples voient assez souvent que les Souverains peuvent se tromper; mais ils voient assez rârement qu' ils sachent se désabuser et convenir de leurs méprises. Massill. Dans cette phrâse, rârement équivaut à une négative: voir rârement, c' est, ne pas voir souvent. _ Quand la phrâse est tout à la fois négative et interrogative, on doit mettre l' indicatif: "Ne voyez-vous pas que je le puis par ce moyen? C' est que la négation, jointe à l' interrogation, équivaut à l' afirmation. _ Avec coment et avec les pronoms relatifs, on met toujours l' indicatif. "Je ne vois pas comment on puisse honorer, etc. "Je ne vois pas à quoi puisse servir, etc. Leibnitz. Dites, coment on peut; à quoi peut, etc. = Quand voir régit l' infinitif des verbes, plusieurs Auteurs lui font régir le datif des noms, comme par exemple: "Dans un âge plus mûr, vous lui voyez prendre des résolutions courageûses. Moreau. Ce régime me parait bon et meilleur que l' acusatif. Vous lui voyez prendre vaut mieux que vous le voyez prendre. Voy. LAISSER, qui est à peu prês dans le même câs. = Se voir régit l' infinitif: il se voit mourir; mais cet infinitif ne fait pas bien avec toute sorte de verbes. "Le Lecteur se voit épargner la peine de courir de l' un et l' autre Écrivain. L' Ab. Prévot. "Ce qui les rendoit si hardis, c' est qu' ils se voyoient balancer l' autorité du Sénat. Hist.~ d' Allem. L' actif, suivi de que, irait mieux dans ces phrâses. "Le Lecteur voit qu' on lui épargne: ils voyoient alors qu' ils balançoient, etc. = Se voir régit aussi des participes. "Il se voit abandoné de tout le monde. _ Remarquez, pour le choix entre ces deux régimes, l' infinitif et le participe, que dans se voir le pronom se peut être ou au datif, comme dans la phrâse de l' Abé Prévot: se voit épargner (à soi-même); ou à l' acusatif, comme dans le dern. exemple: se voit abandoné (soi-même) de tout le monde. Dans le premier câs, on doit mettre l' infinitif, ou employer voir, actif, suivi de que. Dans le 2d câs, il vaut mieux mettre le participe. Ainsi dans la phrâse suivante: "elles ont eu la douleur de se voir dépouiller par quelques voisins ambitieux. (Dict. de Phys. Paulian, art. comètes) Quoique je ne condamne pas l' infinitif dépouiller, j' aimerais mieux dire dépouillées, sur--tout parce que le sens anonce un pâssé: elles ont eu la douleur de se voir dépouiller; car au présent, l' infinitif est très-régulier. "Il se voit dépouiller: il voit qu' on le dépouille. Alors l' infinitif quoique actif a le sens du passif: il se voit être dépouillé. = Avec voir, comme avec trouver et quelques aûtres verbes, le participe, modifiant un substantif, le précède élegamment. "Nous verrons répétée, sous son règne, cette grande leçon de l' Histoire. = Voir et revoir s' emploient quelquefois sans régime: "il faut voir beaucoup et revoir souvent. Bufon. Depuis quelque tems, on l' emploie souvent de la sorte.
   ..Sur cette afaire entretenez Cléon.
   C' est un ami sensé, qui voit bien, qui vous aime.
   S' il aprouve ce choix, j' y souscrirai moi-même.
       Le Méchant.
"Cet homme a bien vu: cela est est bien vu. "L' évènement a prouvé que cette manière de voir était raisonable. Necker. _ On fait aussi un grand usage de voir actif ou réciproque: on l' emploie à tout propôs, et cela fait quelquefois des sens ridicules. M. Belloy, parlant de deux soldats emportés par une mine, dit:
   L' un et l' autre, à la fois, loin du Palais en poûdre,
   Ont vu leurs corps épars emportés par la foûdre.
Il faut être bien adroit, dit Fréron, pour voir ainsi son corps épars, sauter en l' air. "Ils se voient emportés serait aussi mal dit. = * Voyons-voir: expression baroque, comme en certaines Provinces. "Un~ M. Guilleminot, Curé de S. Michel de Dijon, ne manquait pas de dire dans ses prônes: or ça, Messieurs, voyons-voir. LA MONN. Dans le Mercûre, on fait Voir substantif. "C' est dans cette correspondance que Turenne découvre ses grandes ressources, son génie, sa science et le bien voir. _ C' est à l' usage à mettre son sceau à ce néologisme.

VOIRE


*VOIRE, VOIREMENT, adv. Vieux mots, Dans les derniers tems où voire était en usage, il se prononçait voare, mais plus anciènement on prononçait vère, puis qu' on le faisait rimer avec des noms en aire. Dans le roman de La Rose, la Natûre dit, en parlant de Dieu.
   Cettuy grand Sire tant me prise,
   Qu' il m' a pour sa Chambrière prise,
   Pour sa Chambrière certes, voire;
   Pour connestable ou pour vicaire.
On disait alors vraiment voire, voire mais, voire même. On le dit encôre dans le burlesque, le grivois et le poissard.
   .......Vraiment voire.
   Ils feroient, ces Messieurs là,
   Si l' on vouloit les en croire,
   Danser et Phèdre et Cinna.
       Les Comédiens Corsaires.
_ * Voirement, à la vérité. Il était encôre en usage au comencement du dernier Siècle. "Il y a voirement quelques articles, qui semblent n' avoir plus aucun usage. S. Fr. de Sales.

VOIRIE


VOIRIE, s. f. [Voa-ri-e: 2e lon. 3e e muet.] 1°. La Charge de Voyer. "La grande voirie. "Il a la voirie dans ce pays-là. = 2°. Aûtrefois, grand chemin. _ Aujourd'hui lieu, où l' on porte les boûes, les charognes, et les autres immondices. _ M. De Bufon écrit voierie et lui fait signifier les cadavres des animaux, qu' on jette à la voirie. "Le loup dévôre les voieries les plus infectes.

VOISIN


VOISIN, INE, adj. et subst. VOISINAGE, s. m. VOISINER, v. n. [Voa-zein, zine, zinage, né: dern. e muet au 2d et au 3e, é fer. au 4e.] Voisin, qui est proche; qui est, qui demeure auprês. "Les lieux voisins, la maison voisine: nous sommes voisins:
   Quel tems à mon exil, quel lieu prescrivez-vous?
   - - - - - Fusses-tu par delà les colonnes d' Alcide,
   Je me croirois encor trop voisin d' un perfide.
       Phèdre.
= Subst. mon voisin, ma voisine. "C' est un bon, ou, un mauvais voisin. Il faut bien vivre avec ses voisins. = Vaugelas pensait que voisin ne pouvait s' employer ni au comparatif, ni au superlatif. On dit pourtant nos maisons sont fort voisines. L' Acad. dit trop voisin, proche voisin. Le voisinage a ses dégrés. = Adjectif, il se plait à suivre. Ménage a repris les voisines Campagnes de Malherbe. Il s' emploie quelquefois au figuré. "Je ne sais quelle finesse voisine de la prudence, et qui est la force des foibles. L' Ab. Du-Serre-Figon. = Voisinage est 1°. un nom collectif. Les voisins. "Tout son voisinage l' aime, ou, le craint, le déteste. "Tout le voisinage acourut.
   Il est parbleu grand jour. Déjà de leur ramage,
   Les coqs ont éveillé tout notre voisinage.
       Regnard.
= 2°. Proximité. "Le voisinage de la forêt, des montagnes. *On a dit aûtrefois, dans le premier sens, le voisiné. = Voisiner, visiter familièrement ses voisins. Il se dit sans régime: elle aime beaucoup à voisiner. Un Auteur l' avait fait actif; La Touche a raison de le condamner. "Il y a deux Dames, près de chez nous, que nous voisinons rarement. Cette façon de parler ne doit pas être imitée. L. T. L' Acad. avait dabord dit que ce verbe était bâs: elle dit seulement dans les dern. Édit. qu' il est du style familier. = On dit, proverbialement, n' est pas voisin, ou, il n' est voisin, qui ne voisine; ce n' est pas être bon voisin, que de ne pas voir ses voisins.

VOITûRE


VOITûRE, s. f. VOITURER, v. act. VOITURIER, s. m. VOITURIN, s. m. [2e lon. au 1er, 3e e muet au 1er, é fer. au 2d et au 3e.] Voitûre, se dit 1°. de ce qui sert au transport des marchandises ou des persones. "La voitûre des rouliers est la moins chère des voitûres par terre. Cette voitûre est douce ou rude. "Le carrosse et le bateau, sont des voitûres fort comodes. = 2°. Les chôses ou les persones, qu' on transporte. "Le roulier s' en est retourné à vide: il n' a pu trouver voitûre. "Il n' a que demi-voitûre: il a voitûre complète. = 3°. Le port, l' action de transporter. "On a tant payé pour la voitûre de ces marchandises. _ On apèle lettre de voitûre, la lettre qui contient le dénombrement des chôses, dont un voiturier est chargé, et sur laquelle il doit en rendre compte pour recevoir le salaire, dont on est convenu. On dit, en plaisantant, qu' un homme est venu par la voitûre des Cordeliers; c. à. d. à pied. Cela était bon dans le tems où l' on apelait un bâton le cheval de St. François. Voy. ADIEU. = Voiturer, c' est 1°. transporter par voitûre, en parlant des denrées, des marchandises. = 2°. Mener quelqu' un dans son carrosse. "Voulez-vous me voiturer jusque là. St. famil. = Voiturier, qui fait le métier de voiturer. _ Voiturin, qui loûe des chaises à des voyageurs et qui les conduit. On ne le dit que de ceux d' Italie et des Provinces méridionales.

VOIX


VOIX, s. f. [Voâ, long.] 1°. Son, qui sort de la bouche de l' Homme. "Voix forte, ou faible, grêle, etc. "Cela fortifie la voix, ou gâte la voix, etc.
   Chantez le Dieu vivant, royaumes de la terre.
   Vous entendez ces bruits, ces éclats de tonerre:
   C' est le cri de sa voix.
       Le Franc.
  Quelle plaintive voix trouble en secret mes sens?
  Et peut former en moi de si tristes accens.
       Rhadamiste.
= Son de voix, Ton de voix (Synon.) Ils ne sont rien moins que synonymes. Le son de voix est déterminé par la constitution physique de l' organe: il est doux ou rude, agréable ou désagréable; grêle ou vigoureux: le ton de voix est une inflexion déterminée par les affections de l' âme qu' on veut peindre: il est, selon l' ocurrence, élevé ou bâs, impérieux ou soumis, fier, ou humble; sérieux ou ironique; grave ou badin; triste ou gai, etc. BEAUZ. Synon. = 2°. Chanteur ou chanteûse. "Il y avait à ce concert six voix et huit instrumens. = 3°. Voix se dit de certains animaux. "La voix du perroquet, des oiseaux, des chats huans. La voix des chiens, à la chasse, leur aboiment. = 4°. Fig. "La voix du sang de l' inocent crie vengeance. "Voix intérieure, les inspirations de Dieu. _ Poétiquement, la Déesse aux cent voix, la Renomée. = 5°. Sufrage, avis, opinion. "Doner sa voix. Aler aux voix. "Recueuillir, compter les voix. "Avoir la pluralité des voix. = Tout d' une voix, adv. "Cela a pâssé tout d' une voix. _ Fontenelle dit d' une voix sans tout; ce qui est moins conforme à l' usage. = Avoir sa voix, deux voix; droit de sufrage; droit de faire compter son sufrage pour deux. = 6°. Sentiment, jugement: la voix publique est pour lui. "Il a la voix publique pour lui; ou simplement: il a la voix publique. = Il n' y a qu' une voix sur son compte. "Il n' y a qu' une voix sur le compte de Mlle votre soeur. Th. d' Éduc. _ La Bruyère dit, dans le même sens; il n' y a pas deux voix diférentes sur ce personage; et âilleurs: Le Cid n' a eu qu' une~ voix pour lui à sa naissance, qui est celle de l' admiration. _ L' Acad. ne met aucune de ces trois dernières expressions: mais il est impossible de tout mettre; et son silence ne sufit pas pour croire qu' elle les condamne.

VOL


VOL, s. m. Il a deux diférens sens: 1°. Moûvement de l' oiseau, lorsqu' il fend l' air par le moyen de ses ailes. "Le vol de l' hirondelle est fort vif: le vol du pigeon est fort roide. = Au fig. "Il prend son vol un peu trop haut. "Lorsque le génie de l' Architectûre prenait un si grand vol, etc. Coyer. "Les financiers ont pris un vol si élevé, etc. Id.
   Je mesure mon vol à mon foible génie.        Boil.
J' ai le vol si rapide et si prodigieux,
Qu' à me suivre on se perd avec moi dans les Cieux.
       Piron, Metrom.
_ De plein vol, sans pâsser par les grades inférieurs. _ Avoir le vol pour une chôse, avoir de grands talens pour y réussir. "Il a le vol pour les, ou des grands Seigneurs; il a le talent de réussir auprês d' eux. = 2°. Dans les pièces de Théâtre, vol est l' action d' une machine, qui fait monter et descendre les personages, comme s' ils volaient. "Il y a dans cet Opéra des vols bien hardis. = Vol en ce sens a pour ses dérivés, voler, v. n. Volage, Volâille, Volant, ante; Volatile, volatille, volière, Volée.
   II. Vol, 1°. Action de celui, qui prend, qui dérobe. "Vol de grand chemin; vol domestique; Vol avec effraction. = 2°. La chôse volée. "On l' a trouvé saisi du vol. "Il avait caché son vol. J' ai recouvré mon vol. Ainsi avec les pronoms possessifs, il a tantôt le sens actif, comme dans les deux premiers exemples, et se dit de celui, qui a volé; tantôt le sens passif, comme dans le 3e et se dit de celui, qui a été volé. = Ses dérivés sont, Voler, v. act. Volerie, Voleter, Voleur, eûse.

VOLER


VOLER, v. n. [Volé; 2eé fer.] Se soutenir, se mouvoir en l' air par le moyen des ailes. "Oiseau, qui vole bâs ou haut. = Fig. et par exagération, courir avec grande vitesse. "Il ne court pas, il vole. "Le tems Vole: "voler au secours de.
   Je cours, Seigneur, je vole où mes devoirs l' ordonent....
   Je marche d' un pas ferme au signal de ta voix.
       Le Franc.
  Le noir pressentiment, le repentir, l' éfroi,
  Les présages fâcheux volent autour de moi.
       Piron.
  Un peuple entier voloit du baptême aux tourmens.
      Id.
= Par extension, on dit, que les flèches volent, que le vent fait voler~ les tuiles, la poussière, etc.
   REM. Voler en l' air parait être un pléonasme; mais ce pléonasme est reçu. Voy. UNIR = Quelques Auteurs font régir à voler l' infinitif sans préposition, comme le régissent les verbes aler, venir, courir, etc. "Mon coeur vole trop tôt habiter ce hameau. J. J. Rouss. "Condé vole reprendre le Comandement. Dict. Hist. "Vole chercher ton maître. Narcisse. "Il vole s' instruire des moyens d' arrêter le mal. Ann. Litt. "Volons exécuter ses ordres immortels. Vauvillier. _ Ce régime a encôre besoin du sceau de l' Usage.

VOLAGE


VOLAGE, adj. VOLANT, ANTE, adj. VOLANT, s. m. VOLATILE, s. m. VOLATILLE, s. f. VOLÉE, s. f. VOLETER, v. n. VOLIèRE, s. f. [2e lon. au 2d, 3e et 4e: mouillez les ll au 6e; 2e é fer. au 7e, e muet au 8e; è moy. et long au dern.] Volant, qui a la faculté de voler. Il ne se dit point des oiseaux; poisson, dragon volant; fusée volante. _ Camp volant, petit corps d' armée, qui tient la campagne pour faire des courses sur les Énemis, ou pour les observer. = Feuille volante, feuille d' écritûre détachée. = Assiète volante, que l' on sert entre des plats. = Volant, s. m. 1°. petit morceau de bois, d' or, ou d' ivoire, etc. garni de plumes, avec lequel on joûe en le poussant avec des raquettes. = 2°. Aile de moulin à vent. = 3°. Habit, ou surtout, sans doublûre. = VOLATILE se dit de tout oiseau. "Cet animal est du genre des volatiles. On ne le dit guère qu' au pluriel. = Volatille ne se dit que des oiseaux bons à manger. "On ne nous servit que de la volatille. =   VOLÉE; 1°. le vol d' un oiseau. "Prendre sa volée. "Tout d' une volée, de la première volée. = 2°. Bande d' oiseaux, qui volent tous ensemble. "Une volée de moineaux, de pigeons. = Fig. Une volée de jeunes gens, d' écoliers, etc. St. famil. Une volée de canons: une volée de coups de bâton. = 3°. Rang, qualité, force. "Persone de qualité de la plus haute, de la première volée: il n' est pas de sa volée. = 4°. En parlant des cloches, soner à toute volée, les soner toutes en branle. Soner une, deux, trois volées. = 5°. Pièce de bois de traverse, qui s' atache au timon d' un carrosse, etc. et à laquelle les chevaux du second rang sont atelés. = 6°. Fig. Avoir une chose entre bond et volée; saisir l' ocasion favorable pour l' obtenir. L' avoir tant de bond que de volée, moitié de gré, moitié de force. _ À~ la volée, précipitamment, inconsidérement. "Faire toutes chôses à la volée. Il parle à la volée. = Volière, lieu fermé de petits barreaux de bois, ou de fil d' archal, où l' on nourrit des oiseaux pour son plaisir. = Voleter, voler à plusieurs reprises, comme font les petits oiseaux.
   VOLAGE, léger, changeant, Voy. INCONSTANT. "Amant volage. "Coeur, esprit, humeur volage. La jeunesse est volage.

VOLATIL


VOLATIL, ILE, adj. VOLATILITÉ, s. f. VOLATILISATION, s. f. VOLATILISER, v. act. [L' s aux 2 dern. a le son du z: za--cion, zé.] Ils se disent, en Chimie, des substances, que l' action du feu fait élever et dissiper. "Sel, alcali volatil. L' arsenic est três-volatil. "La volatilité de l' esprit de vin. "L' arsenic se volatilise aisément: la volatilisation des sels fixes. = * Le Gendre dit sel volatile; et il dit au contraire volatil des oiseaux. Il faut restituer à celui-ci l' e que l' aûtre lui a mal-à-propôs enlevé.

VOLCAN


VOLCAN, s. m. VOLCANIQUE, adj. [Vol--kan, kanike.] Volcan, goufre, qui s' oûvre dans les montagnes; et dont il sort de tems en tems des tourbillons de feux et de matières embrasées. = Volcanique se dit des matières calcinées ou aûtrement dénaturées par les volcans. "Les matières volcaniques se trouvent quelquefois recouvertes par un terrein mélé de coquillages. L' Ab. Royou. _ L' adj. est un mot assez nouveau.

VOLE


VOLE, s. f. Il se dit à quelques jeux de cartes, quand l' un des joueurs fait toutes les mains.

VOLÉE


VOLÉE, Voy. VOLAGE.

VOLER


VOLER, v. act. VOLABLE, adj. VOLERIE, s. f. VOLEUR, EûSE, s. m. et f. [Volé, lable, leri-e, leur, leû-ze: 2e é fer. au 1er, e muet au 3e, lon. au dern.] Voler, prendre furtivement ou par force ce qui apartient à un aûtre. "Voler la bourse de quelqu' un; de l' argent, des hardes. _ Il régit aussi les persones. "Ce valet a volé son Maître; j' ai été volé cette nuit. = Fig. "Il a volé les pensées et jusqu' aux expressions de cet Auteur. = V. n. sans régime. "Voler sur les grands chemins. "On vole par-tout à la campagne. "Il volerait jusque sur l' Autel.
   REM. Brebeuf done à voler les régimes de Dérober, au figure.
   Ce qui vole ta tête à des coups légitimes.
= Cela ne se dit point aujourd'hui. = Volable, qui peut être volé. Il ne se dit que dans le style plaisant et avec la négative:ce n' est pas un homme volable. = Volerie, larcin, pillerie: c' est une vraie, une grande volerie. st. famil. = Voleur, eûse, celui, celle, qui dérobe. "Voleur de grands chemins, de nuit. Voleur domestique. = Qui est sujet à dérober: c' est un voleur, une voleûse. = Par exageration, qui exige plus qu' il ne lui apartient: ce Comis est un voleur, un franc voleur. = La Fontaine a dit Volereau, petit voleur.
   Mal prend aux volereaux de faire les voleurs.
= On dit burlesquement d' un habit usé, qu' il fait peur aux voleurs, parce qu' il montre la corde: c' est une turlupinade. = Au voleur, cri contre les voleurs pour apeler du secours. On le redouble ordinairement: au voleur, au voleur!
   Rem. Voleur est un terme peu noble; et l' on ne s' en servirait pas aujourd'hui dans une Tragédie, comme l' a fait autrefois Corneille et plus d' une fois.
   Allez perdre ce traitre et punir ce voleur.
       Andromède.

VOLèT


VOLèT, s. m. [Volè: 2eè moy.] 1°. Pigeonier. "Il ne lui est pas permis d' avoir un colombier à pied: il n' a qu' un petit volèt. = 2°. L' ais qui est à l' entrée de la volière. "Les pigeons se mettent au soleil sur le volèt. = 3°. Tablette, ou petit ais sur lequel on trie des chôses menûes. Delà l' expression proverbiale, trié sur le volèt, choisi avec soin. = 4°. Ouvrage de menuiserie, qui sert à couvrir un des paneaux de vitre d' une croisée.

VOLETER


VOLETER Voy. VOLAGE, au comencement et vers la fin.

VOLEUR


VOLEUR, EûSE, Voy. VOLER, v. act.

VOLIGE


VOLIGE, s. m. Planche mince de bois blanc.

VOLITION


VOLITION, s. f. [Voli-cion.] Terme de l' École. Acte par lequel la volonté se détermine à quelque chôse.

VOLONTAIRE


VOLONTAIRE, adj. VOLONTAIREMENT, adv. VOLONTÉ, s. f. VOLONTIERS, adv. [Volontère, tèreman, té, tié: 2e lon. 3e è moy. et long aux 2 prem. é fer. aux 2 dern.] Volonté, 1°. faculté de l' âme, par laquelle elle veut. "La volonté est souvent déterminée par la passion. = 2°. Acte de la volonté. "Un bon religieux n' a point de volonté. "Je n' ai pas d' aûtre volonté que la vôtre. = 3°. Ce qu' on veut qu' il soit fait. "Est ce là votre volonté? "Faites-en à votre volonté. "Vous avez beau dire: il~ n' en fera qu' à sa volonté. "Elle dispôse de tout à sa volonté. LET. ÉDIF. = Au plur. Faire ses volontés, tout ce qu' on a envie de faire, sans pouvoir soufrir qu' on y mette obstacle.
   Mes moindres volontés, dites-vous, sont vos lois?
       Dest. Le Glorieux.
_ Les dernières volontés. Le testament d' un homme. = 4°. Bone ou mauvaise volonté, ou, disposition à l' égard de quelqu' un. "Il a beaucoup de bone volonté pour vous. "J' ai reconu sa mauvaise volonté envers moi. = 5°. Ardeur pour les chôses de son état. "Il a une grande volonté; bien de la volonté: c' est un homme de grande volonté. = De bone volonté, Voy. De bon gré, au mot GRÉ. = À~ volonté, adv. Suivant qu' on le veut. "Les araignées ont toutes des mamelons, qu' elles élargissent ou resserrent à volonté. PLUCHE. "Le Droit est une barrière mobile, que l' on avance ou recule à volonté. LING. _ L' Acad. ne le dit que d' un billet, payable à volonté; quand celui, à qui il est dû, voudra être payé. = REM. Volonté régit de et l' infinitif. Avoir la volonté, ou être dans la volonté de faire, etc. = Volontaire, qui se fait sans contrainte, et de franche volonté. "Action, moûvement, acord, traité volontaire. = En parlant des persones; qui ne veut s' assujétir à rien; qui ne veut faire que sa volonté. On dit des enfans gâtés qu' ils sont volontaires. "Cet enfant est trop volontaire. On ne le dit guère que des enfans. M. l' Ab. Sabat. (Trois Siècles) parle de Poètes bisarres et volontaires. _ Le Dict. de Trév. le met comme substantif: c' est un volontaire. On ne le dit point absolument, en ce sens; on dit seulement d' un enfant; c' est un petit volontaire. = S. m. Il ne se dit que d' un homme de guerre, qui sert sans engagement, et sans tirer aucune paye. "Servir en qualité de volontaire: les volontaires de l' armée. = Volontairement signifie sans contrainte, et Volontiers, de bon coeur. On fait beaucoup de chôses volontairement, qu' on ne fait pas volontiers. = Ils aiment à se placer aprês le verbe, même dans les tems composés. "Je l' ai fait volontairement, je le ferai volontiers; j' y ai consenti volontiers, et non pas volontiers consenti. Cependant, dans la phrâse suivante, il précède le verbe élégamment. "Ah! que volontiers je céderois la place que j' ocupe à ces coeurs de père et de mère, qui sont ici présens. Mascar. Cette construction done en cet endroit plus d' énergie au Discours. = * Dans certaines Provinces, le peuple done à volontiers le sens d' aisément. "Je ferais volontiers ce chemin dans une heure, c. à. d. je le ferais aisément.
   REM. Marivaux emploie volontiers à la tête de la phrâse et fait marcher le pronom nominatif aprês le verbe. "Volontiers louons-nous les gens, qui ne vous valent pas. _ Cette construction n' est pas comune: elle ne me déplait pas; elle déplaira à d' autres.

VOLTE


VOLTE, s. f. VOLTER, v. n. [2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Le 1er est un terme de Manège. Moûvement, que le Cavalier fait faire au cheval en le mettant en rond. = Faire volte-face, tourner tête à l' énemi, qui poursuit. _ Celui-ci se dit dans le discours ordinaire; mais il est tout au plus du style médiocre. = Le 2d est un terme d' Escrime. Changer de place, pour éviter les coups de son adversaire.

VOLTIGEMENT


VOLTIGEMENT, s. m. VOLTIGER, v. n. VOLTIGEUR, s. m. [Voltigeman, gé, geur: 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Voltiger 1°. se dit au propre, des abeilles, des papillons et même des oiseaux, qui volent à petites reprises. _ Par extension, on le dit des cheveux, d' un étendard, etc. "Ses cheveux, son voile voltigeaient au gré du vent. = Fig. On dit d' un homme léger et inconstant, qu' il ne fait que voltiger. "Il voltige de maison en maison, de belle en belle; d' étude en étude, de travail en travail, sans s' atacher à rien, sans rien aprofondir, sans rien finir.
   Les Muses sont des abeilles volages,
   Leur goût voltige; il fuit les longs ouvrages;
   Et, ne prenant que la fleur d' un sujet,
   Vôlent bientôt sur un nouvel objet.
       Gresset.
= 2°. Faire diférentes sortes d' exercices sur le cheval de bois, pour s' acoutumer à monter à cheval sans étriers. = 3°. Faire des tours de souplesse et de force sur une corde élevée et atachée par les deux bouts; mais tendûe fort lâche. = 4°. Courir çà et là avec légèreté et vitesse. "Un parti de cavalerie vint voltiger autour du camp. = Voltigement, action de voltiger, d' un papillon, d' un rideau, etc. = Voltigeur ne se dit que dans le 2d et 3e sens, de celui qui voltige sur un cheval, ou sur la corde. "C' est un bon voltigeur.

VOLUBILITÉ


VOLUBILITÉ, s. f. 1°. Facilité de se mouvoir ou d' être mu en rond. "La volubilité des roûes d' une machine. "Elles tournaient avec une volubilité surprenante. = 2°. Articulation nette et rapide. "Ces vers demandent à être récités avec volubilité. = 3°. Volubilité de langue, grande habitude de parler trop et trop vîte. "Il a une grande volubilité de langue.

VOLUME


VOLUME, s. m. VOLUMINEUX, EûSE, adj. [4e lon. aux 2 dern. neû, neû-ze.] Volume est 1°. l' étendûe, la grosseur d' une masse, d' un corps. "Cela est d' un grand volume; de beaucoup de volume et de peu de poids. Serrer un paquet, afin qu' il ait moins de volume. 2°. Livre broché ou relié. "Cet ouvrage pourra faire un volume raisonable. "Il a fait relier les deux tomes en un seul volume. "Il a plus de dix mille volumes dans sa Bibliothèque. = Volumineux, qui est fort étendu, qui contient beaucoup de volumes. "Ouvrage volumineux, complitation volumineûse. = * Quelques-uns disent volumeux: c' est un barbarisme.

VOLUPTÉ


VOLUPTÉ, s. f. VOLUPTUEUX, EûSE, adj. VOLUPTUEûSEMENT, adv. [3e é fer. au 1er, 4e lon. aux 3 dern. tu-eû, eû-ze, ze-man.] Volupté; plaisir du corps et des sens. "Il y a de la volupté à boire quand on a soif. = Quelquefois, plaisirs de l' esprit: "Les savans troûvent de la volupté dans la rencontre des vérités. = Quand il est seul et sans adjectif ou aûtre circonstance du Discours, qui le modifie, il se prend en mauvaise part, pour les plaisirs défendus. "La volupté afaiblit l' esprit et corrompt le coeur. "Se plonger, languir dans les voluptés.
   L' ardente soif de l' or, l' amour des voluptés,
   Le desir des honeurs, ses penchans, ses caprices,
   Sont ses divinités.
       Le Franc.
"La Volupté est le plus terrible fléau du genre humain, puisque c' est la soif de la volupté, qui alume les plus violentes passions. D' OLIV. Pens. de Cic. * Aûtrefois on le disait indiféremment pour ce qui plait. "Les uns, trop amis, ce semble, de la volupté, veulent que le délectable soit le vrai but de la poésie. Sentim. sur le Cid. = Volupté, débaûche, crapule (Synon.) Le 1er supôse du choix dans les objets, et même de la modération dans la jouïssance, le 2d supôse le même choix, mais nulle modération; le 3e exclut l' un et l' aûtre. Encycl. BEAUZ. Synon. = Voluptueux, en parlant des persones: Qui aime, et qui cherche la volupté. "Homme éféminé et voluptueux. "Il est voluptueux dans ses repâs.
   Monstres voluptueux, dont la soif et la faim
   Dévorent sans pitié la veuve et l' orphelin.
       Le Franc.
= S. m. "C' est un voluptueux. "Le voluptueux ne pense guère à son salut.
   Tandis qu' en ces jardins, Épicure someille,
   Que de voluptueux répètent ses leçons!
       L. Rac.
"Pénibles voluptueux, nous faisons du bonheur une grande machine; et le bonheur n' est qu' un sentiment, Servan, Disc. sur les moeurs. = En parlant des chôses: qui caûse de la volupté, du plaisir. "Repâs voluptueux; mener une vie voluptueûse. = Voluptueûsement, avec volupté. "Boire, manger, vivre voluptueûsement.

VOLUTE


VOLUTE, s. f. Terme d' Architectûre. Ornement du chapiteau de la colone ïonique et de la composite, fait en forme de spirale. = Coquille univalve, tournée en cône pyramidal.

VOMIQUE


VOMIQUE, adj. et s. f. [Vomike: dern. e muet.] Adj. il se dit d' une espèce de noix, qui est un poison pour certains animaux. = S. m. Abcês, qui se forme ordinairement dans le poumon, et qui fait rendre du pus par la bouche.

VOMIR


VOMIR, v. act. VOMISSEMENT, s. m. VOMITIF, IVE, adj. et subst. VOMITOIRE, s. m. [Vomir, ceman, tif, tive, toâ-re: 3e e muet au 2d, lon. au dern.] Vomir, rejeter par la bouche et d' ordinaire avec éfort, quelque chôse, qui était dans l' estomac. "Vomir de la bile, le sang ou du sang. = V. n. sans régime. "Cette drogue provoque à vomir. "Il vomit à toute heure. = FIG. Vomir des injûres, des blasphêmes. "C' était le géant précipité par la foudre sous le mont Ethna, et qui, du fond des abîmes, vomir des torrens de flàmes et des tourbillons de fumée. Le Franc. traduct. de St. Grég. de Naz.
   L' onde aproche, se brise et vomit à nos yeux,
   Parmi des flots d' écume, un monstre furieux.
       Phèdre.
= Ces expressions sont fort bones. Cependant Vaugelas conseille de s' en abstenir devant les Dames, dont l' imagination délicate est choquée par les idées que donent ces mots là. Cette délicatesse n' a pas empêché cette expression de s' établir. L. T. = Vomissement, action de vomir. "L' eau tiède provoque le vomissement. "Il est sujet à de grands vomissemens. = Vomitif, qui fait vomir: remède vomitif, Drogue vomitive. = Il est plus ordinairement substantif. "Ordoner, prendre un vomitif. = Vomitoire s' est dit aûtrefois pour vomitif. On ne le dit plus aujourd'hui qu' en parlant des Théâtres des anciens Romains, qui donaient ce nom aux issûes par où le peuple sortait (et était en quelque sorte vomi) à la fin du spectacle.

VORACE


VORACE, adj. VORACITÉ, s. f. Ils expriment une grande avidité à manger. Ils se disent proprement, des animaux, et par extension, des hommes. "L' aigle est un oiseau; le loup, un animal; le brochet, un poisson vorace. "La voracité des loups, des oiseaux de proie. "Cet homme est vorace: il mange avec voracité.

VOTATION


VOTATION, s. f. VOTER, v. n. [Vota--cion, voté: 2e é fer. au 2d.] Voter, c' est doner sa voix, son voeu, son sufrage. Votation est l' action de voter.

VOTE


*VOTE, s. m. Mot anglais, que M. Targe a transporté tout uniment dans sa traduction de Smollet, et qu' il répète souvent. Boyer, dans son Dict. le traduit par le mot français résolution. "Les Comunes passèrent un vote préliminaire, portant qu' il seroit acordé des secours.

VOTIF


VOTIF, IVE, adj. Qui apartient au voeu. Bouclier votif, chez les Anciens. Tableau votif, chez les Catholiques. _ Messe votive, que l' on dit par dévotion pour quelque intention particulière, et qui n' est pas de l' ofice du jour.

VOTRE


VOTRE, pronom possessif de la 2de persone. Quand il est adjectif, il se met toujours devant le substantif, et il tient lieu d' article: votre livre, votre maison. Quand il est substantif, il est pronom relatif; alors l' o est long, et doit être marqué d' un accent circonflexe. "Voilà le mien, et voilà le vôtre. Quand il est adjectif, il a pour pluriel vos. quand il est substantif, son pluriel est, les vôtres. "Vos Livres sont en bon ordre. Les miens sont vieux: les vôtres sont tout neufs. = Les vôtres, c' est, ou vos parens et amis, ou ceux de votre compagnie, de votre parti. Je me moque de vous et des vôtres: Est-il des vôtres? "Je ne serai pas aujourd'hui des vôtres. "Tous les mécontens seront des vôtres. Voy. NOTRE.

VOUER


VOUER, v. act. [Vou-é: 2eé fer. l' ou est long devant l' e muet: il voûe, ils voûent: au futur, cet e muet ne se fait pas sentir: il vouera, il vouerait: prononcez~, oû-ra, oû-rè, en 2 syll. l' ou est long.] 1°. Consacrer à Dieu: "ses parens l' avaient voué, ou il s' était voue à Dieu dès l' enfance; ou aux Saints, par raport à Dieu; vouer sa fille à la Ste. Vierge; son fils à St. François. _ Se vouer au service des paûvres. = 2°. Promettre par voeu. "Il avait voué une lampe à la Ste. Vierge. = 3°. Promettre, consacrer d' une manière particulière, quoique non par voeu. "Vouer ses services à un Prince: Vouer à quelqu' un le plus fidèle atachement. = On dit, proverbialement: ne savoir à quel Saint se vouer, ne savoir comment se tirer d' une intrigue. Il est assez plaisant que J. J. Rousseau se soit servi de cette expression. Il dit, parlant des Ministres de Genève: "Acusés d' être Sociniens, ils s' assemblent, ils s' agitent, ils ne savent à quel Saint se vouer; et aprês force consultations, le tout aboutit à un amphigouri, où l' on ne dit ni oui, ni non.

VOULOIR


VOULOIR, v. act. et n. [Vou-loar.] Je veux, tu veux, il veut: nous voulons, vous voulez, ils veulent: je voulois ou voulais; je voulus; j' ai voulu; je voudrai; je voudrois ou voudrais; que je veuille; que nous voulions, vous vouliez, ils veuillent; que je voulusse; voulant; voulu. = Avoir la volonté de faire quelque chôse. Il régit l' infinitif sans préposition. "Il veut partir demain, quelque tems qu' il fasse; ou que avec le subjonctif: "le Roi veut que vous obéïssiez. Le premier régime s' emploie quand le verbe se raporte au sujèt: le 2d, quand il ne s' y raporte pas: il veut partir: il veut que vous partiez sur l' heure. Avec ce dernier régime, il signifie, comander, exiger avec autorité. _ Neutre, il signifie encôre, être de nature à demander, à exiger: et alors, il se dit même des chôses. "Cet enfant veut être traité rudement: cette afaire veut être conduite avec ménagement; ce tableau veut être vu dans son jour. Dans cet emploi, il a le sens et le régime de devoir, mais il est plus énergique:doit être traité, doit être vu, etc. = V. act. il signifie desirer, souhaiter: on vous donera tout ce que vous voudrez; ou consentir: oui, je le veux bien: si vous le voulez, il le voudra aussi. "César disoit de Brutus: il n' est pas indiférent que ce qu' il veut soit juste; car ce qu' il veut, il le veut fort. Cic. à Attic. MONGAULT. = On l' emploie encôre quelquefois neutralement sans régime: il veut, il ne veut pas.
   Nous ajusterons tout, et je n' ai qu' à vouloir.
       Le Flateur.
Il régit aussi l' ablatif. "Voulez-vous du grâs, du maigre? "Je n' en veux point.
   Vous trouverez fort peu de filles, croyez-moi,
   Avec tant d' agrémens et tant de bonne foi.
   - - - - Oui; mais je ne veux point de tant de gentillesse.
       Le Flateur.
Rem. 1°. Ce verbe, et celui de pouvoir, sont les seuls qui aient un x aux deux premières persones du présent: je veux, tu veux, je peux, tu peux. L' Ab. Girard conseillait d' y substituer une s, je veus, tu peus, etc. Voy. X. = 2°. La 2de persone du plur. du conditionel, vous voudriez, est de deux syll. en prôse, et de trois, en vers.
   C' est un état qu' en vain vous voudriez combatre.
       Gresset, SIDNEY.
= * On a dit aûtrefois, qu' il vousit, pour, qu' il voulut: "Le Supliant qu' il vousit pardoner, etc. Chron. = 4°. Pour marquer modestement son desir, on dit, je voudrais, au lieu de, je veux. "Je voudrais bien avoir l' honeur de vous voir. = 5°. Vouloir, régit quelquefois l' ablatif des chôses, et quelquefois même des persones. "Je veux de ceci: vous voulez de cela: je ne veux pas de vous. = 6°. En vouloir régit à: il a plusieurs sens: vouloir du mal: il en veut à tout le monde. "Cet homme lui en veut. = Demander, prétendre. "À~ qui en voulez-vous? Il en voulait à l' argent.
   Pensez-vous que ce soit l' intérêt qui m' engage
   Non, encore une fois, je n' en veux qu' à son coeur.
       Le Flateur.
_ Se plaindre de: "À~ qui en veut-il? = 7°. Vouloir dire, se dit des persones: que veut dire cet homme? que prétend-il? que veut-il me faire entendre? Et des mots, des chôses qu' on n' entend point: que veut dire ce mot? que veut dire ce procédé? c. à. d. que signifie, etc. = 8°. Si vous voulez bien, si vous me le permettez; formule de politesse. "Madame, je ne vous laisserai point-là, si vous le voulez bien. MARIV. = 9°. On dit quelquefois en conversation, si vous voulez, quand on ne convient pas des chôses. "Elle est aimable, elle est sage, si vous voulez. = Mde. de Sévigné dit, dans un aûtre sens: "C' est un mal fort sensible, que d' avoir une amygdale enflée: cela s' apelleroit une esquinancie, si l' on vouloit. = 10°. Dans le style badin et critique, on aplique fort bien vouloir aux chôses. "Ces beaux monologues, (des Opéra de Lulli) que tout le monde admire en bâillant. "Ils voudroient être tristes, et ne sont qu' ennuyeux: ils voudroient toucher le coeur, et ne font qu' afliger les oreilles. J. J. Rousseau. "Ces petites scènes à dialogue coupé, qui veulent hâter l' action, et ne font que l' embarrasser. Journ. de Par.
   VOULOIR, s. m. Il s' est dit aûtrefois pour volonté.
   Contre~ toute ta parenté,
   D' un malin vouloir emporté.
       La Font.
"Persuadées par mauvais vouloir et conseil. Édit. d' Henri II. _ "Il a entièrement vieilli, a dit, il y a long-tems, Th. Corneille; et on ne s' en sert plus, ni en vers, ni en prôse. L' Académie ne le condamnait point: cependant elle dit, dans ses Observations sur les Remarques, qu' il est entièrement banni de la prôse, et qu' il y a peu de persones qui s' en servent en poésie. Dans la dern. édition du Dict. elle le borne à quelques phrâses: C' est Dieu qui nous done le vouloir et le faire. S. Paul. "Il a témoigné son malin vouloir. "Il a un malin vouloir contre moi. style fam. = Les Poètes ont eu tort de laisser mourir ce mot: ils sont encôre à tems de le faire renaître. Piron l' a encôre employé avec succês.
   Si le vouloir céleste,
   Par un songe aux mortels souvent se manifeste.
       Gustave.
Rousseau avait dit aussi dans le Flateur:
Oh! bien, bien, tout cela sera le mieux du monde;
   Mais rien n' ira pourtant que selon mon vouloir.
   VOULU, ÛE, part. et adj. Être bien ou mal voulu; bien ou mal venu ou reçu. _ Il n' est adject. que dans cette expression.

VOUS


VOUS, pron. pers. pluriel de la 2de persone. Il sert aussi pour le singulier; avec cette diférence, que l' adjectif ou le participe suit le nombre des persones à qui l' on parle. On dit à un seul: vous êtes bien bon; et à plusieurs: vous êtes bien bons. _ Vous, de vous, à vous, vous, de vous. = Le génitif ne se dit que quand vous est au plur. et avec aûtres: c' est l' erreur de vous aûtres Gens de Letres de croire que, etc. Hors de là, on dit, votre et vos, et non pas de vous: = 2°. Le datif à vous se dit quelquefois, et c' est quand il précède le verbe; et alors il peut être répété après le verbe. "C' est à vous que je m' adresse dabord, à vous qui etc. "À~ vous le bouquet, à vous à faire. Ordinairement on se sert de vous: je vous le done, et non pas, je le vous done. _ Quelquefois on met vous et à vous dans la même phrâse. "Je vous le dis à vous en particulier: on vous donera à vous et à vos compagnons l' argent, etc. Voy. NOUS. Le pronom personel vous n' en difère que parce qu' il a un vocatif: ô vous! Voy. Aussi TOI. = 3°. Pour les titres de grandeur, come votre Majesté, votre Altesse, votre Éminence, etc. lorsqu' on écrit une Lettre, qui n' est pas longue, on dit toujours votre Majesté, ou Elle, jamais vous; et Elle doit être plus souvent répété que votre Majesté. Que si c' est une longue lettre ou un discours de longue haleine, on peut dire tantôt Vous, tantôt votre Majesté, mais plus souvent celui-ci. Il y a même des endroits où il faut absolument dire vous, comme: vous êtes, Sire, non seulement le plus grand des Rois, mais le plus grand des Hommes. On dira bien: votre Majesté est éclairée; mais on ne dira point: votre Majesté est le plus éclairé, ou, la plus éclairée de tous les Rois. Il faut alors se servir de vous, et dire, vous êtes, Sire, etc. _ Pour ce qui est des aûtres titres de grandeur, moindres que la royale, il ne faut faire aucune dificulté de méler l' un avec l' aûtre. Vaug. Corn. L. T. = 4°. On dit, en st. famil. De vous à moi; entre nous et sans que cela âille plus loin.

VOUSSOIRS


VOUSSOIRS, ou VOUSSEAUX, s. m. pl. VOUSSûRE, s. fém. [Vou-soâr, sô, sûre: 2e lon.] Les premiers se disent des pierres tâillées de manière à former une voûte par leur rèunion. = Le 2d se dit de la courbûre d' une voûte, et des portes et fenêtres en arc.

VOûTE


VOûTE, s. f. VOûTER, v. act. [Voû--te, té: 1re lon. 2ee muet au 1er é fer. au 2d.] Voûte est un ouvrage de maçonerie, faite en arc. Voûte en plein cintre, en anse de panier, etc. "Voilà une voûte bien hardie. = Fig. et poét. La voûte du Ciel, ou des Cieux: la voûte azurée ou étoilée; la voûte célèste: le Ciel.
   Si des airs, perçant les routes,
   Je monte aux célestes voûtes,
   Ce Dieu puissant s' offre à moi.
   Des régions du tonnerre,
   Si je descends sous la terre,
   C' est encor lui que j' y voi.
       Le Franc.
= Voûter, faire une voûte dans une pièce d' un bâtiment. "Voûter un salon; une Église. = Se voûter, se dit des persones, dont la tâille comence à se courber: "Il comence à se voûter. = Voûté. "Une Église voûtée. Avoir le dôs voûté.

VOYAGE


VOYAGE, s. m. VOYAGER, v. n. VOYAGEUR, EûSE, s. m. et fém. [Voa-iage, gé, geur, geû-ze: 3e e muet au 1er, é fer. au 2d, lon. au dern.] Voyage se dit proprement du chemin qu' on fait pour aler d' un lieu à un aûtre lieu, qui est éloigné. "Grand, long voyage. Faire un voyage en Italie, aux Indes. Être en voyage. Revenir de voyage, ou d' un voyage~. "Voyage par terre ou par mer. Faire voyage en carrosse, en poste, à cheval. Bon voyage! Il se dit sérieusement ou ironiquement. "Vous partez donc; bon voyage et promt retour.
   ....Bon voyage!
   Partez ou demeurez, cela m' est fort égal.
       Le Méchant.
= 2°. Relation d' un voyage. Voyage d' Italie, d' Égipte, etc. Recueuil de voyages. = 3°. Il se dit, par extension, de toute alée d' un lieu à un aûtre. "J' ai fait deux voyages à Versâilles. "J' ai fait vingt voyages chez lui sans le trouver. = 4°. Alée ou venûe, que quelqu' un fait pour notre service. "Ce Crocheteur, ce Charetier a fait tant de voyages pour moi: il faut payer ses voyages. = 5°. Séjour dans un lieu, où l' on ne fait pas sa demeure ordinaire. Il ne se dit en ce sens que du Roi et de sa Cour. "Le voyage de Fontainebleau, de Marli, etc. = M. Marmontel dit, se mettre en voyage: "Ils se mettent en voyage avec le bon homme. On dit ordinairement, se mettre en chemin, en route. = Voyager ne se dit que dans le 1er sens: faire voyage, aler dans un pays éloigné. Voyager en Italie, en Grèce, en Asie, etc. Voyager à pied, à cheval; par mer, par terre.
   Qui veut voyager loin, ménage sa monture.
   Buvez, mangez, dormez et faisons feu qui dure.
       Les Plaideurs.
= Voyageur, eûse, est trop proprement celui~, celle qui est actuellement en voyage. "Cette hôtellerie est fort comode pour les voyageurs. "Avez-vous des nouvelles de nos voyageurs, de nos voyageûses. = M. Roucher l' emploie adjectivement, et fait voyager les globes célestes, et même les rochers. La metaphôre est hardie.
   Ces globes voyageurs dans leurs détours divers...
   Ces rochers voyageurs jusqu' au ciel entassés.

VOYANT


VOYANT, ANTE, adj. [Voa-ian, iante: 2e lon.] Participe du verbe Voir, devenu par l' usage adjectif verbal. Il ne se dit que des couleurs. Eclatant: "Couleur três-voyante, trop voyante pour une persone de votre âge. "Cela est trop voyant pour lui, pour elle. = S. m. Le Voyant, pour, le Prophète. Style de l' Écritûre.

VOYELLE


VOYELLE, ou, VOYèLE, s. f. [Voa-iè--le: 2e è moyen, 3ee muet.] Lettre qui a un son parfait d' elle-même et sans être jointe à une aûtre lettre. "A, E, I, O, U, sont des voyèles simples. An, En, Em, In, On, etc. sont des voyèles nazales. Voy. N.

VOYER


VOYER, s. m. [Voa-ié: 2eé fer.] Oficier préposé aux voies, aux chemins. "Le Voyer d' un tel lieu. La charge de Grand Voyer a été suprimée: les Trésoriers~ de France en font les fonctions.

VRAI


VRAI, VRAIE, adj. VRAIMENT, adv. [Vrè, vrê: è moyen au 1er, ê ouv. et long au 2d. vrèman.] Vrai, 1°. Qui est conforme à la vérité. "Ce bruit est-il vrai? Il n' est pas vrai. "Cette proposition est vraie, sera toujours vraie. = 2°. Qui est tel qu' il doit être. En ce sens, il se place devant le substantif. "Du vrai marbre. Vrai diamant, vrai Capitaine, vrai Poète. = 3°. Aûtrefois on ne le disait point des persones dans le sens de sincère, qui aime et qui dit la vérité. Du tems de Mde de Sévigné, il était si peu employé, qu' elle s' en sert comme d' un mot heureux qu' elle hazarde. Elle écrit à sa fille: "Il y a longtemps que je dis que vous êtes vraie: Cette louange me plait; elle est nouvelle... Ah! qu' il y a peu de persones vraies! Révez un peu sur ce mot: vous l' aimerez. J' y trouve, comme je l' entends, une force au delà de sa signification ordinaire. = Vrai a diférens sens, suivant qu' il est placé devant ou aprês le substantif. Un vrai Savant est un homme, qui est réellement. savant: un Savant vrai, est un Savant qui a de la sincérité et de la droitûre On peut dire que la plupart de ceux qu' on nomme Philosophes, ne sont ni de vrais Philosophes, ni des Philosophes vrais. = 4°. Substantif abstrait. "Le vrai, la vérité. "Le vrai et le beau sont de tous les tems et de toutes les Nations. Du Mollard.
   Rien n' est beau que le vrai: le vrai seul est aimable.       Boil.
Vrai, adv. Parler vrai. = Il ne se dit guère qu' à l' impératif. "Ah ça, ma soeur, parlez-moi vrai, quel est votre pressentiment? Th. d' Éduc.
   À~ dire vrai, adv. À~ la vérité, véritablement. Bossuet et Patru ont dit, à vrai dire. On le troûve aussi dans l' Ann. Lit. Boileau dit tantôt à dire vrai, tantôt à vrai dire. L' Auteur d' un ancien Discours sur l' Éloquence, et plus récemment M. Formey, ont dit, à dire le vrai. L' Acad. dit à vous dire le vrai et à dire vrai. _ Bouhours pensait que toutes ces manières de parler sont fort bones, et que c' est à l' oreille à choisir l' une ou l' autre selon les ocasions. = Au vrai, adv. Selon la vérité. "Savoir au vrai. "Contez-nous cela au vrai. "Il faut que je rentre en moi-même et que j' examine au vrai ce que je suis. D' Olivet. = Il se met quelquefois à la tête de la phrâse. "Au vrai (c. à. d. Dans le fond, certainement) ce principe n' est pas recevable. On a dit aûtrefois de vrai. "Et de vrai (c. à. d. en éfet) ne voyons-nous pas que, etc. BOIL. Traduct. de Longin. = Il est vrai que régit l' indicatif. Il est vrai que je l' ai dit. Dans la phrâse négative, on met le subjonctif: il n' est pas vrai que vous l' ayiez dit. Avec l' interrogation, les uns mettent celui-là; les aûtres celui ci. Est-il vrai que vous l' avez dit, ou que vous l' ayiez dit. Quand la négation est jointe à l' interrogation, on ne doit mettre que le premier, parce qu' alors le sens est afirmatif. "N' est-il pas vrai que vous l' avez dit. = Aûtrefois, on disait, en afirmant, bien est-il vrai que. J' avoûe que je le regrette: il me semble qu' il donait plus de force à l' afirmation. = Il est vrai s' emploie aussi adverbialement; et il exige, au 2d membre de la phrâse, la conjonction mais. "Je l' ai dit, il est vrai; mais j' avais mes raisons pour le dire. Pour sa construction, voyez En vérité, à la vérité, au mot VÉRITÉ. = Il est vrai que, à la tête de la phrâse, exige aussi au 2d membre cette même conjonction. "Il est vrai que je vous ai ofensé, mais je vous suplie de me pardoner. Massillon, dans l' exorde du Sermon de la Purification, (petit carême) met un il est vrai à la tête d' un longue phrâse, et fait atendre vainement le mais qui doit le suivre. = Il est vrai régit encôre la prép. de et l' infinitif; mais non pas avec toute sorte de verbes. On dit bien, il est vrai de dire que; mais non pas, il est vrai de remarquer que, etc. comme on le dit dans le Journal de Lit. On dit avec vérité; on remarque avec raison. Je crois donc qu' il falait dire: on a raison de remarquer, etc. = On dit quelquefois à la fin d' une phrâse, n' est-il pas vrai? Le peuple à Paris et dans plusieurs Provinces, dit, par abréviation, pas vrai? "Vous avez du chagrin d' avoir tant médit de Mlle Aline, pas vrai? Dame, il ne faut pas être prest (preste) à mal penser de son prochain. Th. d' Éduc. = * M. Rétif dit vrai tout seul, pour, est-il vrai? "Vrai? Elle aime mieux que vous m' ayiez? "Vrai? Vous l' avez eûe cette idée. _ Cela est peut-être du bon ton dans~ certaines sociétés.
   VRAIMENT; véritablement, éfectivement. "Il est vraiment sage, vraiment orateur. = Oui vraiment se dit pour afirmer plus fortement. = On dit aussi ironiquement. Ah! vraiment oui. "Vraiment, vous êtes un homme de parole.

VRAISEMBLABLE


VRAISEMBLABLE, adj. VRAISEMBLABLEMENT, adv. VRAISEMBLANCE, s. f. [Vrèsanblable, bleman, blance: 1re è moy. 2e lon. 4ee muet aux deux premiers, lon. au 3e. _ L' s se prononce fortement, et comme un c doux, quoiqu' elle soit entre deux voyêles, et qu' elle dût se prononcer comme un z suivant l' analogie. Mallebranche et quelques autres Écrivains mettaient deux s à ces mots: vraissemblance, etc. On pourrait écrire avec un tiret, vrai-semblable, etc. On satisferait alors tout-à-la-fois la règle et l' usage.] Ils se disent de ce qui parait vrai; de ce qui a l' aparence de la vérité. "Opinion vraisemblable: la chôse est ou n' est pas vraisemblable: Ce qui n' est point vraisemblable ne doit point être cru, à moins que plusieurs contemporains dignes de foi ne déposent unanimement. Volt.
   L' histoire est toute simple et digne de Cléon.
   Plus le trait seroit noir, plus il est vraisemblable.
       Le Méchant.
"Vraisemblablement, il arrivera aujourd'hui: il y a aparence qu' il arrivera. "Il n' y a pas à cela de la vraisemblance: ce que vous dites choque la vraisemblance, est sans vraisemblance.
   Inspirez à ce jeune Roi,
   Avec l' amour de votre Loi,
   Et l' horreur de la violence,
   Cette clairvoyante Équité,
   Qui, de la fausse vraisemblance,
   Sait discerner la Vérité.
       Rouss.
Rem. 1°. Vraisemblable est quelquefois substantif. Préférer le vraisemblable au vrai, est toujours une faûte dans un historien et souvent un devoir pour les Poètes. "On doit garder le vraisemblable dans les poèmes, dans les romans. = 2°. Il est vraisemblable que a les mêmes régimes que, il est vrai que. Voyez plus haut au mot Vrai. Quelques Auteurs lui ont fait régir le subjonctif dans des phrâses afirmatives. "Il est vraisemblable que cette symphonie puisse (peut) produire l' éfet, etc. "Il est assez vraisemblable que les Tribocces aient (ont) changé de demeure. Hist. d' Allem. "Il est très vraisemblable que M. De Dangeau ait pu (a pu) éclairer beaucoup de faits, etc. "Alexandre ressentit un chagrin très-vif, lorsque Anaxarque lui fit conaître qu' il était possible et même vraisemblable qu' il y eut plusieurs Mondes. Le Gendre. Avec possible le subjonctif va bien, mais non pas avec vraisemblable. = 3°. Vraisemblable ne se dit que des chôses. Mde de Sévigné l' aplique joliment aux persones. "Vous savez comme Brancas m' aime: il y a trois jours que je n' ai pas apris de ses nouvelles. Cela n' est pas vraisemblable; mais lui, il n' est pas vraisemblable aussi. = 4°. Comme on dit aparemment que, M. Bernard, excellent Académicien de Marseille, a dit vraisemblablement qu' il a été produit par une amande, dont la fleur avait été fécondée par la poussière des étamines du Pêcher. Mém. sur l' Amandier. _ Il me semble que ce régime est une nouveauté; mais je suis bien éloigné de le condamner.

VREDER


VREDER, v. n. [Vredé: 1ree muet, 2e é fer. Devant la syll. fém. le 1er e devient moyen: il vrède, vrèdera, etc.] Aler et venir sans objet. "Ce enfant ne fait que vreder. Acad. st. famil.

VRILLE


VRILLE, s. f. [Vri-glie: 2ee muet: mouillez les ll.] Outil de fer, propre à percer, et assez semblable à un forèt. = Lien avec lequel la vigne s' atache aux corps, dont elle est voisine.

VU


VU, adj. prép. et subst. Adj. Il se dit au fém. dans cette expression, lettre de change payable à lettre vûe, ou à vûe. _ À~ boule vûe. Voy. Boule. _ Prép. _ Atendu, eu égard à. "La récompense est petite, vu ses grands services; vu son mérite. = Il est quelquefois suivi de que, et régit l' indicatif: alors il est conjonction. On emploie souvent indiféremment vu que et atendu que: "Il n' a garde de l' entreprendre, vu que, ou atendu qu' il lui est défendu. Mais on ne dira pas bien, par exemple: il ne part pas, vu qu' il n' a point d' argent: il faut dire, atendu qu' il n' a point d' argent. = S. m. On dit, au Palais, le vu d' un Arrêt, d' une sentence; ce qui y est exposé avant le dispositif. _ Dans le discours ordinaire, on dit qu' une chôse s' est faite au vu, ou mieux encôre, au vu et au su de tout le monde; que tout le monde l' a vûe, l' a sûe.

VûE


VûE, s. f. [1re lon. 2ee muet.] 1°. La faculté par laquelle on voit. Avoir la vûe bone, perçante, subtile, ou faible, mauvaise, etc. "Il n' a presque plus de vûe: il a perdu la vûe = 2°. Les yeux, les regards. "Jetez, tournez la vûe de ce côté. Baisser la vûe.
   Zémire, en s' éveillant, y portera la vûe.
       La Chaussée.
  Pour la dernière fois, ôte toi de ma vûe,
  Sors, traitre! N' atends pas qu' un père furieux
  Te fasse avec oprobre arracher de ces lieux.
       Phèdre.
= 3°. L' inspection des chôses qu' on voit. "Voyez ces étofes, la vûe ne vous en coûtera rien. _ Je donerai tant de cette marchandise, la vûe dessus; à condition que je verrai auparavant comme elle est. = 4°. La manière, dont on regarde un objet "Vûe de côté, de haut en bâs, de bâs en haut. _ À~ vûe d' oiseau, vu de haut en bâs. = 5°. Étendûe de ce qu' on peut voir du lieu où l' on est. "Cette maison n' a point de vûe; a une belle vûe; une vûe bornée. Elle a vûe (sans article) sur la rûe, sur la rivière. Vûe, qui plonge: vûe rasante. _ Point de vûe est ou le lieu qui borne la vûe et jusqu' où elle peut s' étendre. "Ce chateau a de beaux points de vûe; ou bien, l' endroit précis d' où il faut voir les objets, pour les bien voir: ce tableau n' est pas dans son point de vûe. = 6°. Tableau, ou estampe, qui représente un lieu, une ville, etc. regardés de loin. "Vûe de Rome, de Paris, d' Avignon, de Marseille. "Vûes du chateau de Versâilles. = 7°. Fenêtre, ouvertûre d' une maison, par laquelle on voit sur les lieux voisins. Faire boucher, faire condamner des vûes. "Vûe de servitude, de soufrance. = 8°. Conaissance de l' esprit. "Rien n' échape à la vûe de cet homme: il porte sa vûe bien loin dans l' avenir. "Il a de grandes vûes; des vûes bornées. = 9°. Dessein; but. "Cet homme a des vûes cachées;de grandes vûes; des vûes ambitieûses. Je n' ai d' aûtre vûe en cela que de faire mon devoir, d' être utile à mes semblables. "Il a en vûe un établissement: il l' a fait en vûe de gâgner cet homme; en vûe d' une réconciliation; dans la vûe d' accélérer la paix; dans la vûe de Dieu, de son salut. Entrer dans les vûes de quelqu' un. "Tout ce qui arrive de bien ou de mal, pour l' instruction des hommes, sert également à tes vûes, (ô mon Dieu) quoique nous n' en puissions pénétrer les motifs. L. F. Poème de S. Grég. = 10°. Vûe fournit à plusieurs expressions. _ Point de vûe, au figuré. "Le peuple est la partie la plus nombreûse et la plus nécessaire. de la Nation; et sous ce double point de vûe, il vaut bien la peine qu' on discute sa natûre. Coyer. = À~ la vûe de, à sa vûe: Elle demeuroit pleine de crainte et de défiance, à la vûe de cet inconu. Télém. = À~ perte de vûe; faire des Discours, des complimens à perte de vûe, fort longs et qui ne signifient pas grand chôse. "Depuis la révolution des Collèges... on raisone à perte de vûe sur l' Éducation. Anon. = À~ vûe d' oeuil, sensiblement. "Il croît, il diminûe; il engraisse, il maigrit à vûe d' oeuil. _ À~ vûe de pays, sans beaucoup examiner. = Perdre de vûe, ne plus voir. "Nous comencions à perdre de vûe les montagnes de Sicile. On ne le dit point au passif: "L' insolence de Gaston une fois perdue de vûe, échaufa moins l' indignation générale. Hist. d' Angl. "La chaloupe fut bientôt perdue de vûe. Hist. des Voy. "On lança un second ballon, qui fut bientôt perdu de vûe. La Maison fort, dans le Journ. Gén. Je crois qu' il faut dire; dès qu' on eut perdu de vûe l' insolence. etc. on perdit bientôt de vûe la chaloupe, le ballon, etc. _ On ne dit pas non plus, au réciproque, se perdre de vûe; car, il serait réciproque actif, et signifierait se perdre soi-même de vûe, ce qui ferait un sens ridicule; ou il serait réciproque passif, et signifierait être perdu de vûe, ce qui n' est pas une expression reçue, comme nous venons de le dire. Pluche, dit dans son Hist. du Ciel: "D' autres cérémonies, dont le sens se perdoit de vûe. Je crois qu' il devait dire, dont on perdait de vûe le sens. = Garder à vûe: l' on dona ordre de garder à vûe le jeune Prince. Rollin. = Doner dans la vûe, fraper, surprendre par un éclat agréable. _ Avoir vûe sur, avoir inspection. Avoir la vûe sur; veiller à, etc. _ Lettre payable à vûe, quand on la présente. = Vûe, Dessein, But (Synon.) Voy. BUT.

VUIDE


VUIDE, VUIDER, Voy. VIDE.

VULGAIRE


VULGAIRE, adj. VULGAIREMENT, adv. [Vul-ghè-re, reman: 2e è moy. et long. 3e e muet.] Ils se disent 1°. de ce qui est comun, reçu comunément. "Notion, croyance vulgaire. _ Langue vulgaire se dit par oposition à Langue savante. "Traduction de la Bible en langue vulgaire, en fançais, en italien, etc. "Le grec vulgaire; celui, qui se parle aujourd'hui dans le Levant, par oposition au grec litéral, qui n' existe plus que dans les livres. = 2°. Trivial. "Pensée, sentiment vulgaire. Voy. TRIVIAL. _ Homme, esprit vulgaire, qui ne se distingue en rien du comun. = 3°. S. m. Le peuple, ou ceux, qui sont peuple. "L' opinion, les erreurs du vulgaire.
   Il n' est pas de nos gens; mais il brigue l' honeur
   Que le Vulgaire atache au nom de raisoneur.
       Palissot.
= 4°. Quoiqu' il ait à peu prês le sens de comun, ordinaire, il ne peut pas toujours~ se mettre à la place de ces deux adjectifs On ne dit pas, par exemple, je crois, rendre vulgaire, comme on dit, rendre comun.
   Mais ces monstres, hélas! ne t' épouvantent guères
   La race de Laïus les a rendus vulgaires.
On dirait, dans une ocasion pareille, les a rendus comuns. = Boileau a dit des Conquérans:
   Entre les grands Héros ce sont les plus vulgaires.
On lit aussi dans la Tragédie de Cromvel du P. Marion.
   La mort et le tourment d' un scélérat vulgaire.
Tout cela est bon en vers et ne vaudrait rien en prôse. = Vulgaire peut quelquefois précéder.
   Assez et trop long-tems de vulgaires merveilles,
   Ont des peuples oisifs fatigué les oreilles.
       De Lille.
  VULGAIREMENT, Comunément. "Vulgairement parlant. On dit vulgairement que, etc.

VULGATE


VULGATE, s. f. Version latine de l' Écritûre-Sainte, qui est en usage dans l' Église Catholique. "La Vulgate a été déclarée authentique par le concile de Trente.

VULNÉRABLE


VULNÉRABLE, adj. Qui peut être blessé. _ Il est moins usité que son oposé Invulnérable.

VULNÉRAIRE


VULNÉRAIRE, adj. et subst. [Vulnérère: 1re é fer. 3e è moy. et long.] Il se dit en général des Médicamens propres à guérir les plaies. "Plante vulnéraire: les herbes vulnéraires de Suisse sont estimées. "Il se sert de vulnéraires: on lui a doné des vulnéraires.