Dictionnaire critique de la langue française Dictionnaire critique de la langue française 1787 Français 2007-4-4 ARTFL Converted to TEI


V



V


V, s. m. La 22e Lettre de l' Alphabet Français et la 17e des consones. _ On ne dit plus un u consone: on dit, un V, qu' on prononce, ve, e muet. Voy. ALPHABET. = Le V est une lettre labiale: elle correspond au B; et les Gascons, comme les Espagnols, substituent souvent l' un à l' aûtre. Ils disent la varve, une vrevis; pour la barbe, une brebis. = Les Anglais au contraire et les Allemands lui donent assez souvent le son du F. Ces deux Lettres ont, en éfet, beaucoup de raport: l' u est un f radouci, et le f un v prononcé fortement. Le mot allemand Weind, l' anglais vertu, l' italien vero et l' espagnol vago, sont des exemples de ce v consone.

VA


VA: 3e pers. de l' Indicatif et de l' Impératif du V. Aller. "Coment vous va? c. à. d. coment vous portez-vous? Comment va votre afaire? il va droit en besogne. Vas-y; va t' en. Devant y, il prend une s et devant en, un t. = Va, adv. Soit: j' y consens. "Partons-nous? _ Va! St. famil. Voy. ALLER.

VACANCE


VACANCE, s. f. VACANT, ANTE, adj. VACATION, s. f. [Vakan-ce, kan, kante, ka-cion: 2e lon. aux 3 prem.] Vacance est 1°. le temps pendant lequel un bénéfice, une dignité n' est pas remplie. L' Acad. le dit aussi d' une place: elle entend sans doute une place éclésiastique; mais ces sortes de places, quand elles sont inamovibles, sont des bénéfices; quand elles ne le sont pas, on ne leur aplique pas le nom de vacance: on dit seulement, qu' elles ne sont pas remplies. L' Acad. ne done en exemples que: Durant la vacance du Saint Siège: la vacance d' une Abaye, d' un Bénéfice, etc.. = Vacances, s. f. pl. Le tems, auquel les études cessent dans les Collèges, ce qui est ordinairement pendant l' Automne. Vacances se dit pour le Collège, et Vacations pour le Palais. L' Acad. dit l' un et l' autre pour celui-ci. = Vacances ne se dit ordinairement que d' une suite de jours; et quand on veut parler d' un seul jour, il faut se servir du mot congé. L' Acad. observe pourtant qu' on dit, au singulier, un jour de vacance. _ Suivant M. Beauzée, qui cite l' Acad. et Bouhours, on ne doit pas dire Vacations, en parlant des Études; mais on peut dire Vacances, en parlant des Séances des Gens de Justice; parce que dit-il, ils peuvent à leur gré employer ce tems à leurs afaires personelles, ou à leur récréation: dans le 1er sens, ils sont en vacations, dans le 2d sens, ils sont en vacances. = J' y trouve une autre diférence, qui me parait plus simple, c' est qu' en parlant du même tems et des mêmes persones (la cessation du service et les Gens de Justice.) on dit vacations, en langage du Palais; et vacances, dans le discours ordinaire. "Un Avocat dira, dans son plaidoyer, durant le tems des vacations, et il dira dans le monde: j' ai fait cet ouvrage pendant les vacances.
   VACANT, ANTE, qui n' est plus ocupé; qui est à remplir. "Bénéfice vacant par mort. Place vacante. "Cela a été fait, le Siège vacant. "Il y a une Compagnie vacante dans ce Régiment. = Vacant se dit de toute sorte de places: vacance ne se dit que des dignités et des bénéfices éclésiastiques. Voy. plus haut VACANCE, au comencement. = Vacant se dit aussi des maisons et aûtres chôses de cette natûre, quand elles sont à remplir. "Maison vacante: lit vacant dans un hôpital: apartement vacant dans une maison, etc. "Toutes les fois que je done une place vacante, je fais cent mécontens et un ingrat. Mot de Louis XIV.
   VACATION est 1°. Métier, profession. "De quelle vacation est-il? _ On ne le dit point des professions nobles et distinguées. _ Le peuple apèle un artisan, un homme de vacation. = 2°. Il se dit et de l' espace de tems que des persones publiques emploient à travailler à quelque afaire: on paye tant aux Experts pour chaque vacation: le raport de ce procès a duré tant de vacations; et des honoraires qu' on paye à ceux qui y ont travaillé. "Il lui faut tant pour ses salaires et vacations. = 3°. Au plur. la cessation des séances des Gens de Justice. Voy. plus haut, VACANCES. = Chambre des Vacations, qui administre la justice dans les Parlemens pendant les vacations.

VACARME


VACARME, s. m. [Dern. e muet.] Tumulte, grand bruit de gens, qui se querellent ou qui se batent. = Vacarme, Tumulte, (synon.) Le 1er emporte l' idée d' un plus grand bruit, et le 2d, celui d' un plus grand désordre. Une seule persone fait quelquefois du vacarme: mais le tumulte supose toujours qu' il y a un grand nombre de gens. Girard, Synon. _ On peut ajouter que vacarme n' est que du style familier, et que tumulte est de tous les styles.

VACATION


VACATION. Voy. VACANCES.

VACHE


VACHE, s. f. VACHER, ÈRE, s. m. et f. VACHERIE, s. f. [2e e muet au~ 1er et au dernier, é fer. au 2d, è moy. et long au 3e.] Vache est la femelle du taureau. Vacher, Vachère, celui, celle qui garde les vaches, qui les mène paître. Vacherie, lieu destiné à retirer les vaches. Celui-ci ne se dit qu' en certaines provinces. = On apèle, proverbialement, la terre, le plancher des vaches, par oposition à la mer et aux vaisseaux qui y naviguent. "M. de Revel trouvera M. de Seignelai dans son bord; M. le Maréchal d' Étrées sur le plancher des vaches. SÉV. Il ne devait pas comander la flote. = Vache à lait, persone dont on tire beaucoup de profit. "Mrs. les Médecins ont en vous une bone vache à lait. MOL. Malade Imaginaire. _ Manger de la vache enragée, avoir bien de la peine, et souvent pour avoir eu peu de conduite. On le dit sur-tout des jeunes gens. _ Le diable serait aux vaches; c. à. d. il y aurait bien du chagrin et du vacarme. "Ils n' auront point le dégoût de voir venir les troupes de Normandie à leur secours. Dieu veuille qu' ils n' en aient aucun besoin; car comme nous conoissons la femme et le mari, le diable seroit aux vaches. M. de Coul. Voy. GARDER, RUER. _ On dit d' une femme qui a trop d' embonpoint, que c' est une vache, une vraie, une grôsse vache.

VACILLANT


VACILLANT, ANTE, adj. VACILLATION, s. f. VACILLER, v. n. [Vacillan, cil-la-cion, cil-lé: on dit, dans le Dict. Gramm. qu' on mouille les ll: c' est une erreur; on les prononce toutes les deux sans les mouiller. Richelet pensait aparemment qu' on n' en prononçait qu' une, puisqu' il écrit, vacilant, vacilation, vaciler.] Ils expriment l' action de branler, chanceler. {C771a~} "La main lui a vacillé. "La langue vacille aux ivrognes. = Figurément, cet acusé a fort vacillé dans ses réponses: il a répondu tantôt d' une façon, tantôt d' une aûtre. "Pied vacillant, main, démarche vacillante. _ Fig. Esprit vacillant: témoins vacillans dans leurs dépositions. "Les hommes ne sont inconséquens dans leurs actions, que parce qu' ils sont vacillans dans leurs principes. Duclos. _ "La vacillation d' une barque. _ Fig. "Vacillation dans les sentimens, dans les projets. "La vacillation des témoins.
   Rem. Suivant l' Auteur des Réflexions (Andry) ces mots ne se disent guère dans le propre; mais ils sont assez usités dans le figuré: c' est un esprit vacillant: la doctrine des hérétiques est vacillante: ses résolutions ne vacillent plus. _ Selon l' Académie, ils se disent fort bien dans le propre: "La main lui a vacillé; la langue lui a vacillé. L. T.

VACQUER


VACQUER: vieille ortographe. Voyez, VAQUER.

VAGABOND


VAGABOND, ONDE, adj. et subst. [3e lon. le d final ne se pron. point au 1er. _ Plusieurs prononcent vacabond, mais mal.] Qui erre çà et là. "Homme vagabond; femme vagabonde.
   Je ne puis plus soufrir cette humeur vagabonde;
   Et vous ferez tout seul le voyage du monde.
       Le Méchant.
= Subst. "C' est un vagabond: les fainéans et les vagabonds. = On le dit, au figuré des chôses. "On s' est proposé de fixer l' imagination vagabonde des concurrens, de les asujétir tous à ne s' ocuper que d' un sujet déterminé. Linguet. "Des eaux la course vagabonde. L. RAC. = M. l' Abé de Lille a dit, des crins vagabonds, pour exprimer les crins flotans du cheval; mais des crins sont flotans, sans être vagabonds: la chevelure d' une Bergère peut être flotante: mais une chevelure vagabonde ferait rire. Journ. de Mons. = Vagabond, Libertin, Bandit (synon.) Le Libertin pèche contre les moeurs: le Vagabond manque par la conduite; le Bandit, par le coeur et par la probité. GIR. Syn.
   *VAGABONER, faire le vagabond, est une expression populaire.

VAGISSEMENT


VAGISSEMENT, s. m. [Vagiceman: 3e e muet.] Mot qui exprime le cri des enfans. = Rollin dit, dans une note de son Hist. Anc. "La Langue Latine a un mot propre pour exprimer le cri des enfans, vagitus; {C771b~} comme elle en a aussi pour marquer le cri des boeufs, vaches, taureaux, mugitus; et celui des lions en colère, rugitus. Notre Langue a adopté les deux derniers mots, mugissement, rugissement. Je ne sais pas pourquoi elle n' en feroit pas autant à l' égard du premier, et pourquoi elle ne diroit pas vagissement, qui est dans la même analogie. Ce mot choqueroit dabord par la nouveauté: on s' y acoutumeroit peut-être insensiblement, comme on s' est acoutumé aux aûtres. Pour moi, qui ne me sens pas assez d' autorité dans le Public, je n' ai pas osé le hazarder. = Voltaire a employé vagissement, et l' Académie l' a adopté, peut-être en conséquence de la remarque de Rollin. Il est dans Trév. et dans le Richelet Port.

VAGUE


VAGUE, adv. VAGUEMENT, adj. VAGUER, v. n. [Vaghe, gheman, ghé: 2e e muet aux deux prem., é fer. au 3e: l' u est muet: il n' est mis là que pour doner au g un son fort qu' il n' a pas devant l' e.] Vague, indéfini, indéterminé. "Lieux, espaces vagues. _ Terres vaines et vagues; incultes, et qui ne raportent rien. = Fig. Pensées, discours, raisonemens, propositions, promesses vagues; qui n' ont rien de fixe et de déterminé. = Vaguement ne se dit que dans le figuré: d' une manière vague. "Il n' en a parlé; il ne l' a promis que vaguement. = Vaguer, au contraire, ne se dit qu' au propre, et selon l' Académie, il est de peu d' usage. Errer çà et là; aller de côté et d' aûtre à l' aventûre: Vaquer par les champs. * Bossuet l' a employé au figuré: "Celui-ci laisse vaguer ses pensées, sans que vos discours arrêtent son esprit distrait. = M. Linguet a dit aussi: la Couronne d' Angleterre n' a cessé de vaguer de maison en maison. _ M. Demende (de Demandolx Acad. de Marseille)s' en est servi au propre. "Le premier (des moyens pour réprimer la mendicité) empêcher les mendians de vaguer. D' aûtres Écrivains modernes l' ont employé. Il parait que ce mot prend faveur, et qu' on l' emploiera bientôt sans dificulté.
   VAGUE, s. f. et masc. Il est fémin. quand il signfie l' eau de la mer, d' un lac, d' une rivière agitée par les vents. "Les vagues ont pensé les abimer. "Les vagues écumantes s' élevoient autour du vaisseau comme des montagnes. L. F. Poème de S. Grég.
   Ainsi que la vague rapide,
   D' un torrent, qui roule à grand bruit,
   Se dissipe et s' évanouit
   Dans le sein de la terre humide.
       Rouss.
= Vague, onde, flot (syn.) Les ondes sont l' éfet naturel de la fluidité d' une eau, qui coule: les flots viènent d' un moûvement accidentel: les vagues proviènent d' un moûvement plus violent. "Un terrein raboteux rend les ondes inégales; un grand vent fait enfler les flots, et excite des vagues. GIR. Synon. = Vague est s. m. dans cette locution poétique: le vague des airs.
   La Palestine enfin, après tant de ravages,
   Vit fuir ses énemis; comme on voit les nuages,
   Dans le vague des airs, fuir devant l' aquilon.
       Rouss.
= Il l' est aussi, comme substantif abstrait. "Dès qu' on se jette dans le vague, on déclame tant qu' on veut. Marm.

VAILLANCE


VAILLANCE, s. f. VAILLANT, ANTE, adj. VAILLANT, s. m. VAILLAMMENT, adv. VAILLANTISE, s. f. [Va-glian-ce, glian, glian-te, glian, glia-man, glian--tîze: mouillez les ll. 2e lon. excepté dans le 5e; 3e lon. au dern.] Vaillance et Vaillantise sont synon. Le 1er a vieilli, et valeur l' a remplacé. Cependant son harmonie et son nombre le fait encôre employer dans la Poésie. Encycl. _ Le 2d ne s' emploie plus que dans le burlesque. "Voilà une belle vaillantise: il raconte ses prouesses, ses vaillantises. = Vaillant, valeureux, courageux. "Vaillant Capitaine: Peuple vaillant: Nation vaillante. = Vaillance, Valeur, Vaillant, Valeureux: (synon.) Le vaillant a de la vaillance, et le valeureux a de la valeur. La vaillance anonce la grandeur du courage; et la valeur, la grandeur des exploits. Le Hérôs a une haute vaillance, et fait des prodiges de valeur. = La Bruyère observait que valeur aurait dû nous conserver valeureux, belle épithète que Bossuet ne craint pas d' apliquer au Grand Condé. Vaillant aurait dû de même nous conserver vaillance, beau mot, qui ne s' emploie guère, comme valeureux, que dans la Poésie. L' Abé Roubaud. = Aûtrefois on employait vaillant substantivement. "Ces vraies idées du bon et du beau, dont les vaillans du monde n' ont pour l' ordinaire que de fausses notions. Mascaron.
   Ce farouche vaillant, dont le coeur intrépide
   Devient sous la douleur, plus ferme et plus rapide.
       Brébeuf.
Les anciens Poètes employaient volontiers les adjectifs substantivement. Il en est quelques-uns que l' usage a consacrés; mais il n' est pas permis d' étendre cet usage aux aûtres. Voyez GÉNÉREUX et REDOUTABLE. = * Vaillant, qui est actif, est un gasconisme: Ce domestique n' est pas vaillant: ma servante est fort vaillante DESGR. = Vaillant est participe actif du verbe valoir, dans cette phrâse: Je n' ai vaillant que mon pauvre coeur. Mariv. "C' est une mine assez comune, et qui n' a vaillant que de la blancheur. _ L' Académie le met comme adverbe. "Il n' a plus bien vaillant: il a dix mille écus vaillant. _ Il est aussi s. m. "Il a mis tout son vaillant à cette terre, à cette charge. st. fam. = Vaillamment, avec valeur. Il a vaillamment combatu.

VAIN


VAIN, adj. VAINEMENT, adv. [Vein, vène, vèneman: 1re è moy. 2de e muet au 2d et au 3e.] Vain est, 1°. En parlant de chôses, inutile, qui ne produit rien: faire de vains éforts. "Toutes ses sollicitations ont été vaines. = Frivole, chimérique. "Espérance, prétention, pensée vaine. La gloire du monde est une chôse bien vaine. = 2°. En parlant des persones, orgueuilleux, superbe. "Homme fort vain, extrêmement vain: âme vaine.
   Il vous sied bien d' avoir l' impertinence
   De refuser un mari de ma main:
   Ce coeur si simple est devenu bien vain.
       Nanine.
"Vains, ils ont reçu une récompense aussi vaine que leurs desirs. S. Aug. cité par Bossuet. = L' Académie done un exemple, où il régit de. "Il est tout vain de l' honeur qu' il a reçu: on dit aussi, femme vaine de sa beauté. = Vaine gloire, orgueuil, sote gloire. "Il est rempli de vaine gloire.
   REM. Vain, dans le 1er sens, quand il n' est pas acompagné d' un aûtre adjectif, ou modifié par quelque adverbe, doit précéder le substantif.
   Ces riantes moissons, vains fruits de tant de peines.
       De Lille.
Le fém. peut marcher aprês, sur-tout en vers. Une défense vaine. ID. "Une espérance vaine. GRESS. Une aparence vaine. "La violence vaine. VOLT. En prôse, on dirait, vaine défense, vaine espérance, vaine aparence, vaine violence, plus régulièrement. = M. Palissot met le masc. aprês.
   Je m' embarrasse peu de ces scrupules vains
   Dont se laisse bercer le comun des humains.
   Et Voltaire:
   L' homme de bien, modeste avec courage,
   Et la beauté spirituelle, sage,
   Sans bien, sans nom, sans tous ces titres vains,
   Sont à mes yeux les premiers des humains.
On pâsse aux Poètes cette construction, que la rime nécessite. En prôse, il faudrait dire; ces vains scrupules, ces vains titres.
   EN VAIN, adv. Inutilement: il travaille en vain. _ Prendre le nom de Dieu en vain; l' employer dans un serment sans nécessité. _ Quand en vain est à la tête de la phrâse, on met le pronom personel aprês le verbe. "En vain le Chiring Bey voulut-il porter ses plaintes au Trône du Grand-Seigneur. Miss. du Lev. _ Les Poètes s' en dispensent, quand cela les acomode.
   En vain on fait briller la splendeur de son rang.
       Boil.
  En vain il a reçu l' encens de mille Auteurs.
      Idem.
Il me semble que, en vain fait-on briller; en vain a t-t' il reçu, seraient mieux, et pour la régularité et pour la mélodie. En vain on, sur-tout, est dur à prononcer, et la rencontre de ces deux voyèles nazales, ain, on, forme une cacophonie. = C' est en vain que, régit l' indicatif, même dans les phrâses interrogatives et négatives. "C' est en vain qu' il le prétend. "Sera-ce en vain que je l' aurai demandé si long-tems? "Ce n' est pas en vain qu' on vous a prescrit ces règles de conduite. "C' est donc en vain qu' on met la véritable gloire dans l' honeur et la probité mondaine. Mass.
   VAINEMENT, en vain, inutilement. "Il a travaillé vainement et sans fruit. = Ainsi qu' en vain, il fait marcher le pronom personel aprês le verbe. "Vainement voudroit-on se retrancher sur, etc. Voy. plus haut, en vain. = Vainement, Inutilement, En vain, (synon.) On a travaillé vainement, lorsqu' on n' est pas récompensé de son travail, ou qu' il n' est pas agréé. On a travaillé inutilement, lorsque l' ouvrage qu' on a fait ne sert à rien: on a travaillé en vain, lorsqu' on n' est pas venu à bout de ce qu' on voulait faire. GIR. Synon. = * Fénél. done un autre sens à vainement: il l' emploie pour signifier, avec vanité. Voy. au mot DÉVOUER.

VAINCRE


VAINCRE, v. act. VAINQUEUR, s. m. [Vein-kre, keur: 1re lon. 2e e muet au 1er.] Vaincre: je vaincs, nous vainquons, (il est peu usité au singulier du présent) je vainquois ou vainquais; je vainquis; j' ai vaincu; je vaincrai, je vaincrois ou vaincrais; vainquez; que je vainque, je vainquisse; vaincant, vaincu. = Au propre, remporter quelque grand avantage à la guerre. "Les Romains ont vaincu les nations les plus belliqueûses. = V. n. Vaincre par rûse, par finesse. "Il faut vaincre ou mourir. "Condé sut vaincre et profiter de la victoire. Volt. "Combatre et vaincre ne fut plus désormais pour lui qu' une même chôse. Bourdal. = Au figuré; remporter quelque avantage sur ses concurrens, sur ses compétiteurs. "Vaincre ses rivaux; les vaincre à la course, à la lute. Vaincre dans la dispute. = Surpâsser. Il régit la prép. en. "Vaincre les aûtres en politesse, en générosité. = Surmonter: vaincre les obstacles, les dificultés. "Vaincre ses passions, sa colère, son ambition: "Ma douleur est toujours aussi vive. Je ne l' entretiens point; mais aussi je ne cherche point à la vaincre. Cic. à Atticus, Mongault. = Se vaincre soi-même, ou simplement, se vaincre. "Que n' ai-je point fait pour me vaincre: vous en avez été vous-même témoin. Id. _ Se laisser vaincre régit à: "Se laisser vaincre à la pitié, à la douleur. = Vaincre, surmonter, (synon.) Le 1er supôse un combat contre un énemi, qu' on ataque et qui se défend: le 2d supôse seulement des éforts contre quelque obstacle qu' on rencontre et qui fait de la résistance. On se sert du mot de vaincre à l' égard des passions, et de celui de surmonter à l' égard des dificultés. GIR. Syn. L' Auteur veut dire seulement que l' un est plus propre que l' aûtre respectivement. = Vaincu, batu, défait (synon.) Une armée est vaincûe, quand elle perd le champ de batâille: elle est batue, quand elle le perd avec un échec considérable: elle est défaite, lorsque cet échec va au point que l' armée est entièrement dissipée, ou tellement afoiblie qu' elle ne puisse plus tenir la campagne. On a dit de plusieurs Généraux, qu' ils avoient été souvent vaincus, sans avoir été défaits. = Vaincu et défait ne s' apliquent qu' à des armées ou à de grands corps: on ne dit point d' un détachement, qu' il a été vaincu ou défait; on dit qu' il a été batu. ENCYCL. Beauz. Synon. = Vaincu est aussi s. m. "Il avoit défendu plusieurs fois qu' on répandît le sang des vaincus. Pastoret, Zoroastre, etc.
   VAINQUEUR, celui qui a vaincu. "Vainqueur généreux, ou inhumain. Cruel, barbare vainqueur. "Alexandre vainqueur des Perses. = Être vainqueur à la course, à la lute; aux jeux olympiques. Sortir vainqueur du combat, de la dispute. "Ils (les Arabes) s' adonoient sur-tout à la Poésie, pour laquelle il y avoit un concours solemnel, où le vainqueur étoit couroné, au milieu des aclamations publiques. Pastoret. _ Vainqueur des obstacles, des passions. = Adj. "Des charmes, des atraits vainqueurs.

VAINEMENT


VAINEMENT, Voy. VAIN.

VAIS


VAIS 1re pers. du prés. de l' indic. du verbe Aller. (Je vais) On dit aussi, je vas. Voy. ALLER

VAISSEAU


VAISSEAU, s. m. [Vè-so: 1re è moy. 2e lon. au plur. vaisseaux: pron. vè-sô.] 1°. Vâse, ustensile, destiné à contenir des liqueurs. "Vaisseau de terre, de bois, de métal, etc. = Fig. Dans l' Écritûre, vaisseau de colère, d' iniquité, d' élection. Vâse est plus usité aujourd'hui. = 2°. Bâtiment de bois, construit pour naviguer par mer et sur les grands fleûves. _ Bâtiment est plus générique, et se dit des petits comme des grands: vaisseau ne se dit que des grands bâtimens. "Vaisseau de guerre; vaisseau marchand. Armer, équiper, monter un vaisseau: calfater, radouber un vaisseau.
   Qu' ils chantent avec nous le Créateur du monde,
   Ces citoyens des mers, qu' une ardeur vagabonde
   Dès l' enfance enchaîna dans de frêles vaisseaux.
       Le Franc.
= 3°. Il se dit des veines, artères, et de tous les petits conduits qui contiènent quelque humeur dans le corps des animaux. "Il faut saigner, quand les vaisseaux sont trop pleins.

VAISSELLE


VAISSELLE, s.fém. [Vécèle: 1re é fer. 2e è moyen, 3e e muet.] Terme collectif, qui se dit de tout ce qui sert à l' usage ordinaire de la table, comme plats, assiètes, etc. "Vaisselle d' argent, de vermeil, de terre, de faïance, de porcelaine, etc. "Sabloner, écurer, laver, nétoyer la vaisselle. = Vaisselle montée, celle qui est composée de plusieurs pièces jointes ensemble avec de la soudûre. Vaisselle plate, celle où il n' y a point de soudûre. "C' est peut-être ainsi que s' expriment des Orphèvres; mais dans le monde, quand on dit qu' un homme a de la vaisselle montée, on fait entendre qu' il a non seulement la petite oie, mais encore des plats et des assiettes d' argent; et quand on dit servir en vaisselle plate, c' est servir en assiettes d' argent. Marin. = En st. prov. remuer la vaisselle à quelqu' un, c' est saisir et exécuter ses meubles.

VAL


VAL, s. m. Valée. _ Il ne se dit plus que dans les noms propres: le val de Grâce, le val des choux. = Son pluriel est vaux, qui est resté dans cette expression; aler par monts et par vaux; et dans quelques noms propres: les vaux de Cernai, etc.

VALABLE


VALABLE, adj. VALABLEMENT, adv. [3e e muet: en, dans le 2d, a le son d' an.] Valable, qui doit être reçu en Justice. "Acte, quitance valable: caution bone et valable. = Recevable: Excûse, raison, qui n' est pas valable. = Valablement, d' une manière valable. "Un mineur ne peut pas contracter valablement. "Il a été valablement déchargé.

VALèT


VALèT, s. m. [Valè: 2e è moy.] Domestique, Serviteur. "Bon ou méchant Valèt. "Valèt de chambre, de pied, de chiens, d' écurie, d' étable. = Maître-valèt, celui qui, dans une terre ou une ferme, a autorité sur les aûtres Valèts, ou qui dans une fabrique dirige l' ouvrage, et comande les Ouvriers. = Valèt, Laquais (synon.) Le premier a un sens général, qu' on aplique à tous ceux qui servent; le second a un sens particulier, qui ne convient qu' à une sorte de Domestiques. Le premier désigne proprement un homme de service, et le second un homme de suite. "Il est plus honorable d' avoir un Laquais, que d' avoir un Valèt; et l' on dit que le Laquais ne déroge point à la noblesse, au lieu que le Valèt de chambre y déroge, quoique la qualité et l' ofice de celui-ci soient au-dessus de l' aûtre. = Les Princes et les gens de basse condition n' ont point de Laquais; mais les premiers ont des Valets de pied, qui en font la fonction, et qui en portoient autrefois le nom; et les seconds ont des Valèts de labeur. GIR. Synon. = Au pluriel, il se dit de toute sorte de Domestiques.
   Et tel homme à la Cour, où l' on voit tant d' adresse,
   Fait tous les jours tomber son maître en ses filets,
   Qui tombe le premier dans ceux de ses valets.
       Le Flateur.
= Valèt, Serviteur. En termes de civilité et de compliment, on dit: je suis votre serviteur. Je suis votre valèt ne se dit qu' en riant, pour dire qu' on refûse de croire ou de dire quelque chôse. On dit aussi, en ce sens, je suis votre serviteur. = En style proverbial. Faire le bon valèt, le complaisant, l' empressé. Valèt de carreau, misérable. Recevoir quelqu' un comme un valèt de carreau; três-mal; avec le dernier mépris. _ Avoir une âme de valèt, une âme bâsse.
   Et, pour vous parler vrai, je trouve plus sensé
   Un homme sans projet, dans sa terre fixé,
   Qui n' est ni complaisant, ni valet de persone,
   Que tous ces gens brillans, qu' on mange, qu' on fripone.
       Le Méchant.
_ Valèt à louer, Domestique qui n' a plus de Maître. Fig. st. famil. Homme qui a perdu son emploi et qui en cherche un aûtre. Voy. DIABLE, MAîTRE. = Valèt se dit encôre d' un poids qui pend derrière une porte, pour qu' elle se ferme sans qu' on y touche; d' un instrument de fer qui sert à tenir le bois sur l' établi d' un Menuisier; et d' une petite pièce de bois, attachée derrière un miroir de toilette pour le soutenir.

VALETâILLE


VALETâILLE, s. f. VALETER, v. n. [Valetâ-glie, té: 2e e muet; 3e lon. au 1er, mouillez les ll, é fermé au second.] Valetâille, terme de mépris. Multitude de valèts. "Que faites-vous de cette valetâille? = Valeter, avoir une assiduité bâsse et servile auprès de quelqu' un par intérêt. "Il n' a fait que valeter toute sa vie. = Faire malgré soi des démarches pénibles et désagréables, pour obtenir ce qu' on souhaite. "Il a été obligé de valeter; on l' a fait valeter long--tems.

VALÉTUDINAIRE


VALÉTUDINAIRE, adj. [Valétudinère: 2e é fer. pénult. è moy. et long, dern. e m.] Qui est souvent malade. "Cet homme, cette femme est fort valétudinaire. = Valétudinaire, Maladif, Infirme, Cacochyme (synon.) Le valétudinaire est d' une santé chancelante: le maladif est sujet à être malade: l' infirme est afligé de quelque dérangement d' organes: le cacochyme est plein de mauvaises humeurs. _ Les femmes, par la constitution foible de leur sexe, sont naturellement plus valétudinaires que les hommes. Les gens mal-sains sont nécessairement maladifs: les vieillards sont infirmes par le dépérissement naturel de leurs organes. Il y a beaucoup d' enfans cacochymes par le vice de leur origine ou de leur nourriture. L' Ab. ROUBAUD, Synon.

VALEUR


VALEUR, s. fém. VALEUREUX, EûSE, VALEUREûSEMENT, adv. [Va-leur, leu--reû, reû-ze, zeman, 3e lon. 4e e muet.] Valeur a deux significations, qui n' ont qu' un raport fort éloigné l' une avec laûtre. I. Ce que vaut une chôse, suivant l' estimation qu' on en peut faire. "Je lui en ai payé la valeur. "Il en a pour la valeur d' une telle somme. "Ce sont des meubles de quelque, de beaucoup, de peu de valeur, etc. = Valeur n' est pas tout-à-fait synonyme de Prix. Le mérite des chôses en elles-mêmes en fait la valeur; et l' estimation en fait le prix. De deux chôses, celle qui est d' une plus grande valeur, vaut mieux; et celle qui est d' un plus grand prix, vaut plus. _ Il semble que le mot de prix supôse quelque raport à l' achat ou à la vente; ce qui ne se troûve pas dans le mot de valeur. Ainsi l' on dit que: "Ce n' est pas être connoisseur que de ne juger de la valeur des chôses que par le prix qu' elles coûtent. GIR. Synon. = Être en valeur se dit des chôses qui se vendent bien; et des terres qui sont cultivées et en état de raporter. = La valeur des termes; leur juste signification. = La valeur de: expression adverbiale: environ. "Nous avons fait la valeur de dix lieûes. "Je n' ai pas bu dans tout le repâs la valeur d' un verre de vin, etc.
   II. Valeur, Bravoûre, courage (synon.) Le courage est dans tous les Évènemens de la vie; la bravoûre n' est qu' à la guerre; la valeur est par-tout où il y a un péril à afronter, et de la gloire à aquérir, (mais ce n' est que dans le métier des armes). La bravoûre veut être guidée; le courage fait comander et obéïr, la valeur fait combatre. _ Ainsi la bravoûre est le devoir du Soldat, le courage la vertu du Sage et du Hérôs, et la valeur celle du vrai Chevalier. Extr. de l' Encycl. "La fortune ne seconde pas toujours la valeur. "Il avait une valeur héroïque: tout cédait à sa valeur.
   VALEUREUX et Valeureusement ne se disent que dans le second sens. Qui a de la valeur. Avec valeur. "Guillaume III était valeureux sans ostentation; ambitieux, mais énemi du faste. Volt. "Il a valeureûsement combatu. = Ces mots vieillissent depuis long-tems. L' adjectif ne s' emploie plus qu' en Poésie et dans le haut style. On fera bien de le conserver. Vaillant, qui est plus usité, n' est pas aussi sonôre, aussi mélodieux. = La Bruyère met Valeureux au nombre des mots qu' il regrettait. "valeur, dit-il, devoit aussi nous conserver valeureux; peine, peineux; pitié, piteux; vanterie, vantart, etc.

VALIDE


VALIDE, adj. VALIDEMENT, adv. VALIDER, v. act. VALIDATION, VALIDITÉ, s. fém. [3e e muet aux deux premiers, é fer. au 3e: ment dans le second a le son de man; et tion dans le 4e celui de cion.] Valide, apliqué aux chôses; valable, qui a les conditions requises par les Lois pour produire son éfet. "Acte, contrat valide. "Le Baptême qu' administrent plusieurs Hérétiques n' est pas valide, comme ceux qui baptisent simplement au nom de Christ. = En parlant des persones, sain, vigoureux; des mendians valides: il n' est d' usage que dans cette phrâse. = Validement, valablement, d' une manière valide. "On ne peut contracter validement avec un mineur. = Valider, rendre valide. "Le consentement du père a validé le mariage du Fils. "Il faut faire valider cet acte. = Validation est l' action de valider; et validité, l' état de ce qui est valide. "Arrêt de validation; qui valide, etc. "La validité d' un acte, qui est valide. Ainsi le premier a le sens actif, et le second le sens passif. Validité est du discours comun; valider et validation ne se disent qu' au Palais.

VALISE


VALISE, s. f. [Valîze; 2e lon. 3e e m.] Long sac de cuir, qui s' oûvre dans sa longueur; qui est propre à être porté sur la croupe d' un cheval, et dans lequel on met les hardes nécessaires ou utiles dans un voyage.

VALLÉE


VALLÉE, ou VALÉE, s. f. VALLON, ou VALON, s. m. [Valé-e, lon: 2e é fer. et long au 1er, 3e e muet.] Le 1er semble signifier un espace plus étendu, et le second en marquer un plus resserré. La valée est une espace entre deux ou plusieurs montagnes; le valon, une espace entre deux côteaux. Les Poètes ont rendu le mot de valon plus usité, parce qu' ils ont ajouté à la force de ce mot une idée de quelque chôse d' agréable et de champêtre, et que celui de valée n' a retenu que l' idée d' un lieu bâs, et situé entre d' aûtres lieux plus élevés. "La vallée de Josaphat, où le vulgaire pense que doit se faire le Jugement Universel: le Sacré vallon où la Fâble établit une demeure des Muses. GIR. Synon.
   On diroit qu' ils ont seuls l' oreille d' Apollon;
   Qu' ils disposent de tout dans le sacré vallon.
       Boileau.

VALOIR


VALOIR, v. act. [Va-loar.] Je vaux, tu vaux, il vaut; nous valons, je valois ou valais; je valus; j' ai valu; je vaudrai; je vaudrois ou vaudrais; que je vaille, tu vailles; il vaille, que nous valions, vous valiez, ils vaillent; que je valusse; valant, valu. = 1°. Être d' un certain prix. "Cette étofe vaut dix francs l' aûne: de ces deux chôses, l' une vaut l' aûtre; vaut mieux que l' aûtre. = En st. prov. "Cela vaut de l' argent, est d' un prix considérable. _ Chaque chôse, ou chacun, vaut son prix, a son mérite: il ne faut pas louer les uns pour rabaisser les aûtres. _ Cet homme en vaut bien un aûtre; il a autant de mérite que qui que ce soit. _ Monsieur vaut bien Madame: il est d' aussi bone maison qu' elle, etc.
   Ma fille vaut bien peu si l' on ne la demande.
       Dest. Le Glor.
"Cet homme ne vaut pas la peine qu' on lui réponde. "Cette afaire ne vaut pas la peine d' y penser: elle vaut bien la peine d' y penser, ou qu' on y pense. _ Cela ne vaut rien, n' est d' aucun prix, d' aucun usage, ou est hors d' état de servir, ou est mauvais, nuisible, ou ne signifie, ne présage rien de bon. = Bourdaloue dit du Grand Condé, dans l' Or. Fun. de son Père. "Vous savez ce qu' il vaut et ce qu' il a fait; et vous confessez tous les jours que ce qu' il a fait est encore moins que ce qu' il vaut. "Quand on dit à l' Homme, connois-toi, ce n' est pas seulement pour rabaisser son orgueil, c' est aussi pour lui faire sentir ce qu' il vaut. D' OLIV. Pens. de Cic. "Cet homme ne vaut rien, est un méchant homme. Voyez Aûne, Chandelle, Pesant, Soufflet. = Se faire valoir, faire conaître ce qu' on vaut. Il se prend en bone ou en mauvaise part. = Faire valoir une terre; la mettre en état de raporter. = Valoir s' emploie impersonellement avec mieux: alors il régit au premier membre de la phrâse l' infinitif sans préposition, et au second l' infinitif avec la prép. de. "Il vaut mieux se taire que de parler. * Molière lui fait régir le datif, et met de devant l' infinitif~ au premier membre: "Il me vaudroit bien mieux d' être au diable que d' être ici. Il falait: il vaudrait mieux pour moi être, etc. que d' être, etc. "Il vaut beaucoup mieux de marcher d' après les bons modèles, que de s' obstiner à créer des monstres bizares. Sabat. Trois Siècles. Je crois que le de est de trop devant marcher. "Il vaudroit mieux pour le lâche de n' être pas né. De Noé. J' aimerais mieux dire: pour le lâche, il vaudrait mieux n' être pas né. Voy. aimer mieux, au mot AIMER. Quelquefois il n' y a qu' un seul infinitif, ou la conjonction que et le subjonctif: il vaut mieux le lui doner: il vaut mieux qu' il le fasse. = 2°. Tenir lieu, avoir la force, la signification de: "En chifre romain, M. vaut mille, D vaut cinq cens: "En chifre arabe 1 devant 0 vaut dix: 10. "L' as au piquet vaut onze. = En st. prov. cela vaut fait, assurez-vous que cela ne manquera pas de se faire. = 3°. Procurer, faire obtenir. Il a pour 2d régime le datif. "Cette terre lui vaut dix mille livres de rente. "Ses succês inouïs lui avoient valu le surnom de Grand (à Louis XIV) Massill. = 4°. Vaille que vaille, adv. À~ tout hasard. "Donez votre placet, vaille que vaille. = Tout coup vaille; c' est-à-dire, en atendant la décision d' un coup, qui est en contestation, on ne laissera pas de jouer. "Je m' en vais jouer, tout coup vaille. = Autant vaut, peu s' en faut. "Es-tu revenu? _ Autant vaut: j' aurai bientôt fait. Marin.

VALûE


VALûE, s. f. [2e lon. 3e e muet.] Terme de Pratique. La plus valûe, la somme que vaut une chôse au delà de ce qu' on l' a prisée ou achetée.

VALVULE


VALVULE, s. f. Soupape; en parlant des vaisseaux du corps de l' animal.

VAMPIRE


VAMPIRE, s. m. [Vanpîre: 1re et 2e lon. 3e e muet.] Nom, qu' on done à des cadâvres, qui, suivant la superstition populaire, répandûe en Allemagne et en Hongrie, sucent le sang des persones, qu' on voit tomber en phthisie. = M. Linguet l' emploie au figuré. "Depuis long-tems on était porté à regarder en France les Libraires comme des espèces de Vampires, engraissés de toute la substance de la Littérature."

VAN


VAN, s. m. Instrument d' osier, fait en coquille et à deux anses, dont on se sert pour remuer le grain, en le jetant en l' air, afin de séparer la pâille et l' ordûre d' avec le bon grain.

VANITÉ


VANITÉ, s. f. VANITEUX, EûSE, adj. [3e é fer. au 1er, lon. aux deux aûtres; , teû, teû-ze.] Vanité, en parlant des chôses; inutilité; peu de solidité: tout n' est que vanité dans le monde. "Il est revenu des vanités du monde. = Il ne se dit au pluriel que du luxe, de la mondanité. * Passons sur ces vanités, dit Bossuet, en parlant de questions vaines et peu importantes. On pourrait dire peut-être: la vanité de ces questions est démontrée; mais on ne dirait pas aujourd'hui, ces vanités ne méritent pas de nous ocuper, en voulant parler de questions vaines et inutiles. = 2°. En parlant des persones; amour propre, qui vient des chôses frivoles ou étrangères à la persone qui s' en prévaut. "La vanité est une marque de petitesse d' esprit. "La vanité l' a perdu.
   Je vois qu' à ton penchant la vanité s' opose:
   Mais je veux la dompter. Redoute mon courroux,
   Ma malédiction, ou tombe à mes genoux.
       Dest. Le Glor.
  Je ne prends point, quoiqu' on en puisse croire,
  La vanité pour l' honeur et la gloire.  Volt.
= * On dit, assez constamment, ce me semble, faire gloire, parade, et tirer vanité de: ROLLIN dit, faire vanité avec des noms sans article: il fesoit vanité d' injustice, de fourberie, de trahison. L' Acad. met aussi faire vanité, mais non pas en lui faisant régir des noms pris indéfiniment: il fait vanité de sa naissance, de tout ce qu' il a. Je persiste à croire que tirer vanité vaut mieux; mais tirer vanité d' injustice, de trahison, ne vaudrait rien. = On dit, adverbialement, sans vanité; et on le dit ordinairement par vanité. "Sans vanité, je sais ces chôses là mieux que lui. Acad. "Sans vanité je crois que j' en viendrai à bout. Th. d' Éduc. = Vaniteux; qui a une vanité puérile et ridicule, soit en actions, soit en paroles. "C' est l' homme le plus sot et le plus vaniteux. Il n' est que du st. famil. On le dit en conversation, mais on ne l' écrit guère. Il peut pourtant être bon dans le style critique, où tout est bon. "Les plagiats de nos vaniteux Philosophes ont confondu leur mépris superbe (pour les Lettres Édifiantes et Curieuses, etc.) Journ. de Mons. = On le dit absolument et sans régime. Mde de G... lui fait régir de et l' infinitif, mais en faisant parler une paysane: "Je ne suis vaniteuse que d' être votre fille. La Rosière.
   ....Quel maussade métier!
   Disait le vaniteux coursier.
       Anon. dans le Mercure.

VANNE


VANNE, ou VANE, s. fém. VANEAU, s. m. VANER, v. act. VANERIE, s. fém. VANETTE, s. f. VANEUR, s. m. VANIER, s. m. [Vane, no, , nerie, nète, neur, nié: 2e e muet au 1er et au 4e, é fermé au 3e et au dern. è moyen au 5e.] Vane, espèce de porte de bois, dont on se sert aux moulins~, aux pertuis des rivières, etc. qui se hausse et se baisse, pour laisser aler l' eau, ou pour la retenir. "Lever, abaisser la vane. = Vaneau, oiseau de la grosseur d' un pluvier, et qui a une hupe noire sur la tête. = Vaner, nétoyer le grain, par le moyen du van: vaner du blé, de l' avoine, etc. = Vaneur, celui qui vane des grains. = Vanette, grand panier rond, plat et à petit bord, dont on se sert pour vaner l' avoine, avant que de la doner aux chevaux. = Vanier, qui travaille en osier, et fait des vans, des corbeilles, des hotes, des claies, etc. = Vanerie, Le métier, ou, la marchandise du Vanier.

VANTAIL


VANTAIL, s. m. [Van-tail: 1re long. mouillez l' l finale: ai n' a pas le son d' é, mais l' a y conserve son propre son.] Un des batans d' une porte, qui s' ouvre de deux côtés. "les vantaux d' une porte.

VANTARD


VANTARD, s. m. VANTER, v. act. VANTERIE, s. fém. [Van-tar, , terî-e: 1re lon. 2e é fermé au 2d, e muet au 3e; le d final ne se prononce jamais dans le premier.] Vantard, celui qui se vante. Il est familier, dit l' Acad. Il était déjà vieux au dernier siècle, et c' est un des mots que La Bruyère regrette. Il écrit vantart. Voy. VALEUREUX. = Vanter: louer extrêmement. "On ne sauroit trop vanter le mérite de cet homme. = Se vanter, ou se dit sans régime; se louer; il se vante trop; vous vous vantez beaucoup; ou il régit de devant les noms et les verbes: Se glorifier de: "Vous vous vantez d' une mauvaise action: "À~ dieu ne plaise, dit Xavier, que les Bonzes puissent se vanter de m' avoir contraint de leur céder le champ de batâille. Charlev. = Se faire fort de: "Il se vante de le faire consentir, etc. En ce dernier sens, il ne régit que les verbes. = Se Vanter, Se jacter (synon.) Le 1er signifie se louer indiscrètement; le 2d, se vanter avec arrogance. La vanité n' est que du vent: la jactance est le déchaînement de la vanité. Celui qui se vante, se loue comme quelqu' un, qui a peur d' être déprimé; et on le déprime, parce qu' il se vante: celui qui se jacte, s' exalte comme quelqu' un qui a peur d' être ravalé; et on le ravale, parce qu' il se jacte. ROUB. Synon.
   VANTERIE n' est que du st. famil. Vaine louange, qu' on se done à soi-même. "Il y a bien de la vanterie à tout ce qu' il dit. "On ne peut suporter ses vanteries.

VAPEUR


VAPEUR, s. f. VAPOREUX, EûSE, adj. [Va-peur, poreû, reû-ze: 3e lon. aux deux dern.] Vapeur est 1°. Fumée, qui s' élève des chôses humides. "Les vapeurs, qui s' élèvent des mers et des rivières. Vapeur grossière ou subtile; maligne, empestée, etc. Fig. "La vapeur de l' encens; des louanges. = C' est une vapeur, se dit des persones faibles et délicates; et des chôses légères et de peu de durée. St. famil.
   L' homme, en sa course passagère,
   N' est rien qu' une vapeur légère,
   Que le soleil fait dissiper.
       Rouss.
= 2°. Vapeurs, afections du corps humain, qu' on croyait causées par des fumées élevées de l' estomac dans le cerveau, et qu' on atribûe aujourd'hui, avec plus de raison, aux mouvemens spasmodiques des nerfs. "Vapeurs de rate, de mère, etc. "Les vapeurs du vin troublent la raison. = Vapeurs, pris absolument, espèce de maladie, dont l' éfet ordinaire est de rendre mélancolique, ou sans sujet, ou pour des sujets imaginaires. _ Ce mot a succédé à celui d' hypocondrie, qui était devenu odieux. Il a comencé à être en usage au milieu du dernier siècle. Mde de Sévigné dit à sa Fille: "Vous me paroissez racommodée avec le mot de vapeurs, que vous ne vouliez pas prononcer qu' on ne vous l' eût expliqué. "Ceux qui ont des vapeurs n' aiment pas qu' on prononce ce mot, même quand on le leur explique. = Bains de vapeurs, en Chimie, distilation, dans laquelle le vaisseau, où sont renfermées les matières, est échaufé par les vapeurs de l' eau bouillante. = Prendre les bains de vapeurs; recevoir sur son corps les vapeurs d' une eau minérale chaûde.
   VAPOREUX, qui caûse des vapeurs (n°. 2°.) "Le lait est vaporeux: la casse est vaporeûse. = Qui est sujet aux vapeurs. "Il est vaporeux. = S. m. "C' est un vaporeux.

VAQUER


VAQUER, v. n. [Vaké: 2e é fermé.] 1°. Être à remplir; être vacant. "Emploi, charge, qui vaque. "Cette Abaye, cet Évêque est venu à vaquer. "Le Saint Siège vaqua plus de trois ans. _ Il y a une maison qui vaque dans ce Chapitre. "Il doit avoir la première maison qui vaquera. Il y a un lit qui vaque dans cet Hôpital. = 2°. Cesser les fonctions ordinaires pendant quelque-tems. "Le Parlement vaque pendant un tel tems. = 3°. Vaquer à: s' apliquer, s' adoner à: "Vaquer à ses afaires, à l' étude, à l' oraison.

VARANGUE


VARANGUE, s. f. [Varan-ghe: 2e lon. 3e e muet: l' u ne~ se prononce pas: il n' est là que pour doner au g un son fort qu' il n' a pas devant l' e.] Membre d' un navire, qui se pôse sur la quille.

VARIABLE


VARIABLE, adj. VARIANT, ANTE, adj. VARIANTE, s. fém. VARIATION, s. fém. VARIER, v. act. et neut. VARIÉTÉ, s. f. [Vari-able, an, ante, ante, a-cion, é, été: 3e lon. au 2d, 3e et 4e é fer. au 6e et 7e.] Varier, c' est 1°. Diversifier. "Dans les tables délicates, on a soin de varier les entrées, les entremets. "Il faut varier son style, ses termes, ses expressions. _ En st. famil. varier la phrâse, dire la même chôse en d' aûtres termes. = 2°. V. n. Changer. "Cet homme varie sans cesse dans ses discours, dans sa conduite. "Les témoins ont varié. "Le tems a varié continuellement aujourd'hui. = L' aiguille aimantée varie quand elle s' écarte du Nord. = 3°. Varié, ée, adj. Ouvrage, style, spectacle varié. Descriptions variées. "Parterre varié de mille fleurs. = Variable, qui est sujèt à varier: variant, qui varie: "Tems, vent, saison, variable. "Esprit, homme variable: la fortune est variable. "Esprit variant, humeur variante. Il est peu d' usage. On dit plutôt variable, même dans ce sens. "Tout, dans l' homme, est variable et changeant, le mal comme le bien. L. F. Poème de S. Grég. = Variante, diverse leçon d' un même texte. Il se dit ordinairement au plur. "Dans cette édition de Virgile, on a mis les variantes au bas des pages. = Variation, changement: "La variation du tems, des vents, de la boussole. = Variété, diversité. "La variété d' un Parterre, d' un passage. "Tableau, ouvrage d' esprit, où il n' y a pas assez de variété. = Variation, changement (synon.) La 1re consiste à être tantôt d' une façon, tantôt de l' aûtre; le 2d consiste seulement à cesser d' être le même. = Variation, variété (synon.) Le 1er a le sens actif, et se dit de ce qui varie; le 2d a le sens passif, et se dit de ce qui est varié. _ Les changemens successifs dans le même sujet font la variation: la multitude des diférens objets fait la variété. L' on dit: la variation du tems, et la variété des couleurs. = M. l' Ab. Royou dit fort ingénieusement, en parlant des Ariettes des Opéra italiens: "Ces airs sont presque tous jetés dans le même moule, et les diférences qu' on y remarque, doivent pâsser pour des variations plutôt que pour des variétés. Journ. de Mons.
   REM. Saint-Évremont et Brumoi ont employé varier comme verbe réciproque. "Tout se varie dans le monde. S. Évr. "La Nature se varie dans l' Homme. Id. La Nature s' imite et se répète elle-même, lors même qu' elle paroit le plus se varier. Brum. _ L' usage a admis se diversifier: il n' a pas admis se varier.

VARLOPE


VARLOPE, s. f. Espèce de rabot.

VâSE


VâSE, s. m. et fém. [Vâze: 1re lon. 2e e muet.] 1°. Il est masc. lorsqu' il signifie une sorte d' ustensile, fait pour contenir quelque liqueur, ou des fleurs; ou qui sert pour ornement. "Vâse d' or, d' argent, de cristal, de porcelaine. Vâse antique, ou, à l' antique. Vâse pour mettre des fleurs. Voy. VAISSEAU. = On dit, proverbialement, d' un homme qui n' est bon à rien: c' est un pauvre vâse. = 2°. Il est fém. Quand il signifie la bourbe, qui est au fond de la mer, des étangs, des rivières. "Ce navire, ce bateau s' est enfoncé dans la vâse.

VASEUX


VASEUX, EûSE, adj. [Va-zeû, zeû-ze: 2e lon.] Qui a de la vâse. "Fond vaseux: terres vaseûses.

VASSAL


VASSAL, ALE, s. m. et fém. VASSELAGE, s. m. [Va-sal, sale, celage: 2e e muet au 3e] Vassal, ale, celui, celle qui relève d' un Seigneur, à cause d' un fief: il ou elle est vassal, ou vassale d' un tel Seigneur. "Les vasseaux d' un tel fief, d' une telle terre. = Vasselage est l' état, la condition du vassal. "Le vasselage engage à diférens devoirs. = Ce que le Seigneur a droit d' exiger du vassal. Payer le droit de vasselage.

VASTE


VASTE, adj. [2e e muet.] Qui est d' une fort grande étendûe. Vaste campagne, vaste mer, vaste mer, vastes déserts. = Fig. "Vaste ambition; vastes projets, vastes idées. = Vaste, grand (synon.) Suivant Saint-Évremont, le grand est une perfection dans les esprits; le vaste un vice; l' étendûe juste et réglée fait le grand, et la grandeur démesurée fait le vaste. Enfin la signification la plus ordinaire du vastus des Latins, c' est trop spacieux, trop étendu, démesuré. _ L' Acad. condamna dans le tems cette distinction: on l' aprouve dans l' Encyclopédie. _ Nous pensons que, quel que soit le sens de vastus en latin, l' épithète vaste ne se prend en français qu' en bone part, même dans le moral, et qu' esprit vaste, un vaste génie; une vaste érudtion, sont par eux-mêmes des éloges. = Vaste aime à précéder le substantif. "La vaste mer étoit couverte de navires. Télém.
   L' art divisa du ciel les vastes régions.
       De Lille.
Rousseau a dit des projets vastes, pour le faire rimer avec fastes, et l' on ne doit pas l' en blâmer: mais des prosateurs comme Le Gendre et Mde B... sont moins excusables d' avoir dit, des forêts vastes. On dit constamment, de vastes forêts.

VASTITUDE


*VASTITUDE, s. f. Néologisme. Grandeur. "La vastitude de l' objèt lui imprimera (à cet Écrivain) une manière grande. Mercier. _ Ce mot parait peu heureusement inventé.

VAUDEVILLE


VAUDEVILLE, s. m. [Vodeville: 2e et 4e e muet.] Chanson qui court par la ville, dont l' air est facile à chanter.

VAURIEN


VAURIEN, s. m. [Vo-rien; 1re dout.] Fainéant, vicieux, libertin. "C' est un vaurien, un franc, un grand vaurien.

VAUTOUR


VAUTOUR, s. m. [Vo-tour: 1re dout.] Grôs oiseau de proie, qui aime la charogne.
   Et dans ma crainte mortelle,
   Je suis comme l' hirondelle
   Sous la grife du vautour.
       Rousseau.

VAUTRER


VAUTRER (SE), v. réc. [Votré: 1re dout. 2e e muet. Devant l' e muet, l' au est long: il se vaûtre, se vaûtrera, etc.] S' étendre: se vautrer dans la boûe. "Le sanglier se vaûtre dans la fange. = Par extension, on dit, se vautrer sur un lit, sur l' herbe. = Figurément, se vautrer dans la débauche, dans les sales voluptés, dans le vice.

VEAU


VEAU, s. m. [Vo, dout. Au plur. veaux, pron. , long.] Le petit de la vache. "veau grâs: veau, qui est encôre sous la mère. _ "Longe, rouelle, poitrine, jarret, ris de veau. = On dit, proverbialement, faire le pied de veau à quelqu' un, lui faire de bâsses soumissions. _ Adorer le veau d' or (allusion aux Israélites dans le désert) faire sa cour à un Riche. _ Tuer le veau grâs (allusion à la parabole de l' Enfant prodigue), faire un régal extraordinaire, pour marquer la joie qu' on a du retour de quelqu' un. _ S' étendre comme un veau, faire le veau: s' étendre nonchalamment. _ Pleurer comme un veau; pleurer beaucoup pour peu de chôse. _ Bride à veau, ou à veaux, mauvaises raisons pour persuader les sots; ou nouvelles fabriquées à plaisir, pour amuser les simples.

VEAUTRER


VEAUTRER. C' est ainsi que plusieurs écrivent. Voy. VAUTRER.

VEDETTE


VEDETTE, s. f. [Vedète: 1re et 3e e muet, 2e è moyen.] 1°. Sentinelle à cheval. "Poser des vedettes. "Mettre en vedette, être en vedette: "La vedette s' endormit. = 2°. Tourillon, placé sur un rempart dans lequel la sentinelle peut se retirer.

VÉGÉTABLE


VÉGÉTABLE, VÉGÉTAL, VÉGÉTANT, VÉGÉTATIF, adj. VÉGÉTATION, s. f. VÉGÉTER, v. n. [1re et 2e é fer. 3e lon. au 3e, é fer. au dern. tion dans le 5e a le son de cion.] Végéter, croître, pousser par un principe interne et par le moyen des racines. "Les plantes végètent toujours jusqu' à ce qu' elles meurent. = Végétation; l' action de végéter. "La végétation des plantes. = Végétable, qui peut végéter. "Il n' y a plus rien de végétable dans cet arbre: il est sec, il est mort. = Végétant, qui végète. "Des mouches végétantes, phenomène intéressant. Ann. Lit. Ce mot est nouveau. = Végétal, qui apartient à ce qui végète: le genre végétal: le règne végétal: la vertu, la faculté végétale. = S. m. Ce qui végète. "Tout arbre est un végétal. "Les arbres, les plantes sont des végétaux. "Ne se nourrir que de végétaux, de fruits, d' herbages, etc.
   Ces végétaux puissans, qu' en Perse on voit éclore...
   Par les soins de Phradate, avec art préparés,
   Firent sortir la mort de vos flancs déchirés.
       Semiramis de Volt.
= Végétatif, qui a la faculté de végéter. "Les plantes n' ont qu' une vie végétative.
   REM. Depuis quelques années, on emploie beaucoup végéter au figuré. On dit d' un homme, qui n' a presque plus de raisonement ni de sentiment, qu' il ne fait plus que végéter. "Cet adolescent a végété vingt ans: le jeu, les Spectacles, des habits, des chiens, une maîtresse ont rempli toutes ses heures. Coyer. "Elle prit le parti de renoncer au monde et de s' ensévelir à la Campagne. Allons végéter, dit-elle: je ne suis plus bone qu' à cela. Marm.
   On ne vit qu' à Paris et l' on végète ailleurs.
       Gresset.
C' est un petit-maître qui parle.
  Mais à Paris tout rang est confondu,
  Un gentilhomme y végète inconu,
  Le moindre fat le tient sur le qui vive.
       Les Méprises.
  Nous végétions, hélas! dans l' oubli, la bassesse:
  Notre âme croupissoit sous l' empire des sens:
  C' est par vous que je pense et par vous que je sens.
       Marin, Fédéric.
"Les plaisirs peu vifs, mais tranquilles d' une douce végétation. MARM.

VÉHÉMENCE


VÉHÉMENCE, s. f. VÉHÉMENT, ENTE, adj. VÉHÉMENTEMENT, adv. [Vé--émance, man, mante, teman: 1re et 2e é fer. 3e lon. 4e e muet au 1er, au 3e, et au 4e.] Ces mots datent du dernier Siècle: ils sont bons, dit Bouhours, parlant du subst. et de l' adj. seulement; et ceux, qui font scrupule de s' en servir, ont la conscience trop délicate en matière de langue. "Un Orateur, un Discours véhément, des figures véhémentes: il tourna toute la véhémence de ses déclamations contre les françois. Bouh. Ils ne se disent que du Discours, de l' éloquence, des desirs, des passions. "Ton véhément; action, prononciation véhémente. "Esprit, naturel véhément: desirs véhémens; passion véhémente. "Parler, agir avec véhémence: il a de la véhémence dans la voix, dans la prononciation, dans les gestes. Cet Orateur a de la véhémence: il a une éloquence mâle, vigoureuse, acompagnée d' une action vive. Un Orateur, qui sera vraiment Orateur, aura encore plus de véhémence qu' un Comédien, mais sans passion et toujours de sang froid. D' OLIVET: IVe Tuscul. "La véhémence de ses desirs, de ses passions, de sa colère, de son amour. "Il veut avec véhémence tout ce qu' il veut.
   VÉHÉMENTEMENT; très fort. Il ne se dit qu' au Palais et dans cette phrâse. "Véhémentement suspect de, etc.

VÉHICULE


VÉHICULE, s. m. [Vé-ikule: 1re é fer. dern. e muet.] Au propre, ce qui sert à faire pâsser, à conduire plus facilement. "Le vin est un bon véhicule pour ce remède: ce bouillon servira de véhicule aux poûdres: que vous devez prendre. = Au figuré, ce qui prépâre l' esprit à quelque chôse. "Cela servira de véhicule à ma demande. _ Il n' est que du style simple.

VEILLE


VEILLE, s. f. VEILLÉE, s. f. VEILLER, v. act. et n. VEILLEUR, s. m. [Vè-glie, glié-e, glié, glieur: mouillez les ll: 1re è moy. 2e e muet au 1er, é fer. au 2d et au 3e.] Veille est 1°. Privation du someil. Courte ou longue veille. _ Il se dit sur--tout au pluriel. "Les grandes, les fréquentes veilles altèrent la santé. = Fig. Doctes, savantes veilles (étude, travaux litéraires) il a reçu le prix de ses veilles. L' Acad. dit aussi: "Le bonheur de l' Etat est le fruit des veilles du Prince (de son aplication aux afaires.) = 2°. Espace de tems pendant la nuit. "Les Anciens distribuoient la nuit en quatre veilles. "À~ la 1re, à la 2de veille. = 3°. Le jour précédent. "La veille de Pâques, de Noël, des Rois, etc. = Fig. Être à la veille de, sur le point de: "Il est à la veille d' entrer dans sa solitude. "À~ la veille de sa dernière désolation. Boss.
   VEILLÉE, Veille que plusieurs persones font ensemble. Il ne se dit que des gens de Villages ou des artisans, qui s' assemblent le soir pour causer ensemble en travaillant. Aler à la veillée. Cet ouvrage sera pour la veillée. "Les veillées sont longues en hiver.
   VEILLER, v. n. sans régime: s' abstenir de dormir. "J' ai veillé toute la nuit. "Veiller auprês d' un malade. = Fig. avec les prép. à ou sur; Prendre garde: veiller au salut de l' État: veiller sur soi, sur la conduite de quelqu' un. "Ce n' est pas le hazard; ce n' est pas une cause aveugle, qui nous a créés; mais nous devons l' être certainement par quelque puissance, qui veille sur le genre humain. D' OLIV. Pens. de Cic. = V. act. Avec le régime des persones, il a deux sens bien diférens. Veiller un malade, un mort; pâsser la nuit auprês de lui. Veiller une persone; prendre garde à ses déportemens. "Il faut le ou la veiller de prês.
   VEILLEUR, celui qui veille, ne se dit proprement que des Éclésiastiques, qui veillent auprês d' un mort, qui pâssent la nuit en prières auprês du corps. _ Je crois pourtant qu' on peut dire dans le Discours familier de ceux qui veillent un malade. "C' est un bon ou un mauvais veilleur.

VEINE


VEINE, s. f. VEINÉ, ÉE, ou VEINEUX, EûSE, adj. [Vène, , né-e, neû, neû-ze: 1re è moy. 2e e muet au 1er, é fer. au 2d et au 3e, lon. aux 2 dern.] Veine, 1°. vaisseau ou petit conduit qui contient le sang de l' animal, et qui le porte des extrémités~ du corps au coeur: ouvrir la veine, saigner. _ Dans la jeunesse, le sang bout dans les veines.
   Tant qu' un reste de sang coulera dans mes veines....
   Je défendrai mes droits, fondés sur des sermens.
       Iphigénie.
= En st. prov. le sang lui bout dans les veines (et non pas, bout dans ses veines) il est vif, impatient. "Il n' a veine, ou nulle veine qui y tende: il n' a nulle inclination à cela. = On dit familièrement et en plaisantant, la veine poètique, pour le talent de la poésie. L' Acad. le met sans remarque. "Elle est ravie, dit Mde de Sévigné à M. De Coulanges, de vous trouver avec toute votre belle humeur et votre veine poétique. = On dit plus élégamment, en ce sens, veine tout seul: la douceur de sa veine: il a une veine noble et féconde, etc. = 2°. Endroit long et étroit où la terre est d' une aûtre qualité que celle qui est auprês. "Veine de sable, de glaise, de tuf, etc. = Endroit, entre les terres, où se trouve le métal. "Veine d' or, d' argent, de soufre, de vitriol, etc. _ C' est dans ce sens que Mde de Sévigné a dit figurément: elle ne dort point; et elle est dans une mauvaise veine de santé; et qu' on dit, dans le même style fig. famil "Il est tombé sur une bone veine: il a rencontré heureusement. = 3°. Marque longue et étroite, qui va en serpentant dans les bois ou dans les pierres dûres. "Ce bois est plein de veines. "Le bois de noyer a de très-belles veines. "Le lapis a des veines d' or. = 4°. Veine d' eau, petite source d' eau, qui court sur terre.
   VEINÉ et Veineux sont synonymes, quand on parle des bois et des pierres. Qui est plein de veines. Bois, marbre, veiné ou veineux~: la racine de l' olivier est plus veineuse que le tronc. _ Mais on ne dit que veineux, quand on parle du corps de l' animal. "Les blessures sont à craindre dans les parties veineuses. = Il semble qu' il serait plus convenable de réserver veineux pour cet emploi, et de ne dire que veiné, en parlant des bois et des pierres.

VELA


*VELA, VECI. C' est ainsi qu' on disait anciènement pour, voilà, voici. _ Quelques uns, même aujourd'hui, écrivant voilà, prononcent pourtant vela, mais mal.

VÉLER


VÉLER, v. n. [Vélé: 2 é fermés.] Mettre bâs, en parlant d' une vache. "La vache vient de véler. "Cette vache n' a point encore vélé.

VÉLIN


VÉLIN, s. m. [Vé-lein: 1re é fer. _ L' Anc. Trév. écrivait velin sans accent; et on l' a suivi mal-à~-propôs dans le Dict. Gram.] Peau de veau préparée, plus délicate et plus unie que le parchemin. "Écrire, peindre en miniature sur du vélin. Relier des livres en vélin. Image de vélin.

VELLÉITÉ


VELLÉITÉ, s. f. [On prononce les deux ll sans les mouiller: 2e et dern. é fer.] Volonté faible et imparfaite, qui n' a point d' éfet. "Les belles résolutions, que font en certains momens les pécheurs, ne sont que des velléités.

VÉLOCITÉ


VÉLOCITÉ, s. f. [1re et dern. é fer.] Vitesse, rapidité. "La vélocité de son cours, de sa course; de la pensée, de la prononciation. _ Ce mot ne se dit guère que dans le~ style soutenu.

VELOURS


VELOURS, s. m. VELOUTÉ, ÉE, adj. et subst. [1re e muet: 3e é fer. aux 2 dern.] Velours, étofe de soie à poil, court et serré. "Velours à deux, à trois, à quatre poils. "Velours plein, figuré, ciselé; à fleurs, à ramage; à fond d' argent, de satin, etc. = Fig. Chemin de velours, chemin sur une pelouse: marcher sur le velours. _ Jouer sur le velours, sur son gain. St. famil. et prov. Voy. Patte.
   VELOUTÉ, ÉE, se dit des étofes, dont le fond n' est point de velours, mais, qui ont des fleurs, des ramages faits de velours. "Satin, pâssement velouté, étofe veloutée. = Fleurs veloutées, dont les feuilles ont quelque chôse, qui aproche du velours: "les pensées, les oeuillets d' Inde, les amarantes sont des fleurs veloutées. = Vin velouté, d' un beau rouge un peu foncé, et qui est délicat et moelleux. = S. m. Galon fabriqué comme du velours ou plein ou figuré. = Le velouté de l' estomac, des intestins, de la vessie: la surface intérieure de ces parties, qui est comme hérissée d' un nombre infini de petits filets, enduits d' une liqueur glaireuse, qui sert à défendre ces mêmes parties de l' impression trop vive des corps, qui les touchent. "Ce remède était trop fort: il lui a emporté le velouté de l' estomac.

VELU


VELU, ÛE, adj. [1re e muet; 2e lon. au 2d.] Plein de poil. "Homme velu: il est velu comme un ours, comme un sauvage. Il a l' estomac velu, les mains, les jambes velûes. = On ne le dit ni de la barbe, ni des cheveux.

VENAISON


VENAISON, s. f. [Venèzon: 1re e muet; 2e è moy.] Chair de bête faûve, comme Cerf, Sanglier, etc. = Être en venaison, en parlant des Cerfs, des Sangliers, être en graisse.

VÉNAL


VÉNAL, ALE, adj. VÉNALEMENT, adv. VÉNALITÉ, s. f. [1re é fer. 3e e muet au 2d et au 3e; dern. e fer. au 4e.] = Vénal n' a point de pluriel masculin. On ne dit ni vénals, ni vénaux. Ils ne se disent que des charges et des emplois, qui s' achètent à prix d' argent. Ofice vénal, charge vénale: la vénalité des charges fut une grande plaie à l' État. "Il exerce sa charge vénalement: aprês l' avoir achetée, il en tire tout ce qu' il peut. _ Cet adverbe est peu usité. = Fig. âme vénale, homme qui ne fait rien que par un intérêt sordide. _ Plume vénale, Auteur, qui, pour de l' argent écrit contre la vérité.
   En butte aux traits homicides
   D' un peuple obscur et vénal,
   Je n' ai point aux coeurs perfides,
   Rendu le mal pour le mal.
       Le Franc.
= On ne dit, ni la vénalité d' une âme, d' une plume; ni penser, agir, écrire vénalement.

VENANT


VENANT, adj. subst. et adv. [Venan: 1re e muet; 2e lon. Le t final ne se prononce jamais.] Il n' est adj. et subst. que dans ces phrâses: il se porte bien: je l' ai vu hier alant et venant, comme un aûtre. "Les rûes sont pleines d' alans et venans. _ À~ tout venant.
   Nuit et jour, à tout venant,
   Je chantois, ne vous déplaise.       La Font.
Bossuet s' en sert dans son éloquent Discours sur l' Hist. Univ. et l' emploie au pluriel. "Dans l' asyle que Romulus avait ouvert à tous venans. Il me semble que l' expression n' est pas assez noble pour le discours soutenu. _ "Quoi! Monsieur, votre porte ne sera pas ouverte? À~ mes amis, toujours! à tout venant jamais. Marm. = On dit, proverbialement, à tout venant beau jeu: on est prêt à tenir contre tous ceux, qui voudront ataquer soit au jeu, soit au combat, ou à la dispute. = Adv. "Il a dix mille livres de rente bien venant, dont il est payé sûrement et régulièrement. _ Mde de Sévigné l' emploie comme adjectif en ce sens: "Je le voyois avec vingt-huit mille livres de rente bien venantes. Et Marivaux: "Une honête et jolie femme avec quinze mille livres de rente bien venans. Mais venant, dans cet emploi, est indéclinable. Il faut donc bien venant; sur-tout dans le 2d exemple, où venant ne s' acorde pas avec livres.

VENDANGE


VENDANGE, s. f. VENDANGER, v. act. et n. VENDANGEUR, EêSE, s. m. et f. [Vandange, , geur, geû-ze: 1re et 2e lon. 3e e muet au 1er, é fer. au 2d, lon. au dern.] Vendange est la récolte des raisins, pour faire du vin. Vendanger, faire vendange. Vendangeur, eûse, qui cueuille, qui coupe les raisins; qui sert à faire les vendanges. "Belle, bone, pleine, ou, mauvaise vendange. "Porter la vendange au pressoir. "Il est ocupé à ses vendanges. Les vendanges ont été belles en Bourgogne. _ "On a tout vendangé: vous vendangerez ce clôs le dernier. = V. n. "On a vendangé de bone heure cette anée. _ "Il a besoin de beaucoup de vendangeurs, de vendangeûses. = REM. 1°. Vendange se dit aussi au pluriel du tems où se fait la récolte des raisins. "Aler passer les vendanges à la campagne: les vendanges ont été pluvieûses cette anée. = Précher sur la vendange, (St. prov.) ne parler que de vin et de boire. _ Adieu paniers, vendanges sont faites: tout est perdu, et les moyens sont inutiles. = 2°. Vendanger se dit fig. st. famil. pour ruiner, détruire. "La pluie, la grêle, les soldats ont tout vendangé. Il se dit proprement des vignes, et par extension du blé et des fruits. "Le frois a vendangé tous les abricots.

VENDEUR


VENDEUR, EûSE, DERESSE, s. m. et f. VENDRE, v. act. [Van-deur, deû-ze, de--rèce, vandre: 1re lon. 2e lon. au 2d, e muet au troisième et au quatrième.] Vendre se conjugue comme pendre, rendre, etc. = Aliéner, pour un certain prix, une chôse qu' on possède. Vendre une maison, une terre, une charge, un cheval, un meuble, des marchandises. = Il s' emploie quelquefois au figuré.
   Zamore.... Oui, je te dois des jours que je déteste,
   Tu m' as vendu bien cher un présent si funeste.
       Alzire.
  Et le vil intérêt, cet arbitre du sort,
  Vend toujours le plus faible aux crimes du plus fort.
       Mérope.
= Vendre, trahir; révéler un secret, par quelque raison d' intérêt. "C' est lui, qui nous a vendus: il vendrait son père pour cinq sous. Se vendre à un parti, s' y livrer par des vûes intéressées. = On dit, proverbialement, vendre bien ses coquilles, vendre cher. _ Vendre la ville, l' État se dit en riant de ceux, qui parlent bâs, ou à quartier, dans une compagnie. _ Vendre du vent, promettre ce qu' on ne peut tenir. _ On dit, d' un prodigue, qu' il vendrait jusqu' à sa chemise. _ Vendre son honeur se dit d' un homme, qui reçoit de l' argent, ou quelque aûtre récompense, pour faire une action lâche, et d' une femme, qui s' abandone par intérêt. De là le Proverbe, femme, qui prend, se vend. _ Ce n' est pas tout que de vendre, il faut livrer: il ne sufit pas d' entreprendre, ou de promettre, il faut trouver les moyens. = Vendu est beau au figuré: âme vendûe à l' iniquité: "Le monde ne manque jamais de ces hommes vendus à l' iniquité, dont l' unique emploi est de noircir auprês des Grands ceux, qui ont le malheur de leur déplaire. Massil.
   Lâches aux cabales vendus,
   Artisans de fraûdes obscûres.
       Rous.
  L' or qui les séduit tous, vient d' éblouir sa vûe,
  Sa foi, n' en doutez point, sa main vous est vendûe.
       Alzire.
  VENDEUR, EûSE, celui, celle, dont~ la profession est de vendre. "Vendeur d' eau de vie; vendeûse d' herbes. _ Sans régime, le vendeur, et l' aquéreur, ou l' acheteur. "Les boutiques des Libraires sont celles où il se trouve plus de mauvaises marchandises, et où le vendeur se conoît moins à ce qu' il vend. L' Ab. Trublet. = Au Palais, on dit, venderesse au fém. "La venderesse est garante. = En st. prov. on apèle vendeur d' allumettes, un homme, qui ne conte que des sornettes; vendeur d' orviétan, de mithridate; un Médecin, qui se vante de guérir toute sorte de maladies; et, en général, un hableur, un trompeur; vendeur de fumée, un homme, qui fait parade d' un crédit qu' il n' a point. _ On dit aussi, de celui qui est mal vétu et mal bâti, qu' il est fait comme un vendeur de cochons.
   Rem. Vendeur ne se dit guère que par mépris, ou de ceux, qui vendent de petites chôses. Hors delà, on dit Marchand.

VENDREDI


VENDREDI, s. m. [Vandredi: 1re lon. 2e e muet.] Le sixième jour de la semaine. "Il est parti; il arrivera vendredi. = Le Proverbe dit: tel qui rit le vendredi, pleure le Dimanche: bien souvent la tristesse succède promtement à la joie.
   Tel, qui rit vendredi, Dimanche pleurera.
       Les Plaideurs.

VÉNÉFICE


ÉNÉFICE, s. m. [1re et 2e é fer. dern. e muet.] Empoisonement. _ Il ne s' emploie que dans les procédures criminelles.

VENELLE


VENELLE, s. f. [Venèle: 1re et dern. e muet, 2e è moy.] Aûtrefois, petite rûe. _ Il n' est resté que dans cette phrâse proverbiale: enfiler la venelle, se sauver, s' enfuir.
   Et le cheval, qu' en l' herbe on avoit mis,
   Fut sur le point d' enfiler la venelle.
       La Font.

VÉNÉNEUX


VÉNÉNEUX, EûSE, adj [Vénéneûx, eûse: 1re et 2e é fer. 3e lon.] Venimeux, qui a du venin. Ménage ne voulait que le second et rejetait le premier. Suivant Bouhours, on dit l' un et l' aûtre. "Les scorpions et les vipères sont des bêtes vénéneuses ou venimeuses. _ Suivant l' Acad. dans son Dict. vénéneux ne se dit que des plantes et venimeux des animaux. "Le suc de la cigûe est vénéneux: Cette plante est vénéneûse. _ Venimeux, au contraire ne se dit proprement que des animaux. "Le scorpion est venimeux; la vipère est venimeûse.

VENER


VENER, v. act. [Vené: 1re e muet, 2e é fer. Devant l' e muet, le 1er e se change en è moy. Il vène, vènera.] Chasser, courre une bête, pour en atendrir la chair. "En Angleterre, on a coutume de vener les boeufs. = Faire vener de la viande; la mortifier. = Viande venée, qui comence à se gâter et à un peu sentir.

VÉNÉRABLE


VÉNÉRABLE, adj. VÉNÉRATION, s. f. VÉNÉRER, v. act. [1re et 2e é fer; 3e é aussi fermé au 3e: tion, dans le 2d a le sens de cion.] Vénération, 1°. respect qu' on a pour les chôses saintes. "La vénération des reliques. "On ne saurait avoir trop de vénération pour les chôses saintes. = 2°. Estime respectueuse qu' on a pour certaines persones: "Il s' atire la vénération de tout le monde. "J' ai beaucoup de vénération pour sa vertu. = Vénération, Respect (Synon.) Nous avons de la vénération pour les persones, en qui nous reconoissons des qualités éminentes; et du respect pour celles, qui sont fort au dessus de nous, ou par leur naissance, ou par leur fortune. GIR. Synon. Il faut ajouter que par qualités éminentes, on doit entendre les vertus et non pas les dons du génie et du savoir. Il serait ridicule de dire qu' on a de la vénération pour un Poète, pour un Géomètre, fut-il un Corneille ou un Neuton. = Vénérable, digne de vénération. _ Il a dans son emploi plus d' étendûe que le substantif. On le dit de l' âge, de l' air et du mérite, comme de la vertu. "Vieillard vénérable. "Il a l' air vénérable: il est vénérable par son âge et par son mérite. "Ses vertus le rendent vénérable à tout le monde. Assemblée vénérable.
   ..Et je n' ai point d' intérêt préférable,
   Au devoir, que m' impose un nom si vénérable.
   - - - Vénérable! Ce mot me plait infiniment.
       Les Aïeux Chimériques.
  j' aime de ces sombres bois le lugubre coup d' oeuil
  Et de ces noirs sapins le vénérable deuil.
       De Lille.
= Vénérer, porter honeur à; avoir de la vénération pour; révérer. _ Ce mot avait vieilli: il reprend faveur. "On les trompe cruellement, quand on leur persuade qu' ils ont besoin de cet apareil meurtrier pour être vénérés et obéïs. Linguet. _ L' Acad. se contente de dire, qu' il n' est guère en usage qu' en parlant des chôses saintes: vénérer les saints, les reliques, et que son plus grand usage est à l' infinitif.

VèNERIE


VèNERIE, s. f. [1re è moy. 2e e muet. 3 lon. 4e e muet.] L' art de chasser avec des chiens courans à toute sorte de bêtes et principalement aux bêtes faûves. = Il se dit aussi du corps des oficiers, qui servent chez le Roi à la Vènerie.

VÉNÉRIEN


VÉNÉRIEN, ENNE, adj. [1re et 2e é fer. 3e è moy. au 2d: ien n' a pas dans le 1er le son d' ian: rièn, riè-ne.] Ils ne le disent que des maladies honteûses, fruits d' un comerce impur. _ Ce mot est banni du langage des honêtes gens, des gens polis.

VENEUR


VENEUR, s. m. [Ve-neur: 1re e muet.] Celui, qui a le soin de faire chasser les chiens courans. Voy. VèNERIE.

VENGEANCE


VENGEANCE, s. f. VENGER, v. act. VENGEUR, GERESSE, subst. et adj. [Van--jance, , geur, gerèce: 1re lon. 2e lon. au 1er, é fer. au 2d, e muet au 4e, dont la 3e è moy. _ L' e, dans le 1er ne se prononce point: il n' est là que pour doner au g un son doux, qu' il n' a pas devant l' a. = Plusieurs écrivent vangeance, vanger, etc. C' était la manière d' écrire de Malherbe, de Ménage et d' autres Auteurs du dernier siècle: mais cette ortographe n' est pas la plus autorisée.] Venger; tirer satisfaction de quelque injûre. Il régit les chôses et les persones. "Venger une injûre, un afront. Venger son père, son ami. _ Se venger régit l' ablatif, et quelquefois il a pour 3e régime la prép. sur. "Se venger de ses énemis; d' un outrage: il m' a fait un mauvais tour; mais je m' en vengerai. "Se venger sur quelqu' un d' une injûre qu' on a reçûe. = Vengeance; action par laquelle on se venge: "Cruelle vengeance: courir à la vengeance: ne respirer que vengeance: c' est pousser, ou, porter trop loin la vengeance.
   Fermez les yeux sur mes ofenses,
   Et du livre de vos vengeances;
   Éfacez mes iniquités.
       Le Franc.
= Il se prend aussi quelquefois pour le desir de se venger. "Moûvement, sentiment, esprit de vengeance, etc. Tirer ou prendre vengeance de, se venger: le 1er est le plus usité.
   C' est par là que je puis prendre vengeance d' elle.
       Misantr.
= Vengeur, vengeresse, celui, qui punit, qui venge. Il ne se dit guère comme substantif qu' au masculin. "Dieu est le vengeur des crimes; il est le vengeur des inocens, des oprimés. "Souvent ici bas l' inocence oprimée ne troûve point de vengeur.
   Ah! je conois trop bien mon crime,
   Par-tout, il me suit, il m' oprime,
   Et lui-même il est son vengeur.
       Le Franc.
= Comme adjectif, il se dit dans les deux genres. "Le Dieu vengeur, sa justice vengeresse, sa main vengeresse. "Les remords vengeurs. "Le souvenir vengeur des cruautés et des injustices horribles, qu' il (Guillaume le Conquérant) avait commises pendant le cours de son règne, l' agita des remords les plus vifs: Hist. d' Angl. = Il se dit même des chôses inanimées, comme instrumens des vengeances divines: le tonerre vengeur, la foudre vengeresse. = Vengeur, Vindicatif. Il y a bien de la diférence entre un Dieu vengeur et un Dieu vindicatif. Le premier n' exprime qu' un Dieu juste, et, en ce sens, il dit: la vengeance m' apartient: Le second ne se dit qu' en mauvaise part: il désigne une passion injuste, qui est toujours une marque de foiblesse et qui ne peut convenir à Dieu. L' Ab. Bergier. Les détracteurs de la Religion afectent de confondre l' un avec l' aûtre.

VÉNIEL


VÉNIEL, ELLE, adj. VÉNIELLEMENT, adv. [Vé-nièl, niè-le; niè-leman: 1re é fer. 2e è moy. 3e e muet.] Ils ne se disent que des péchés légers, et qui ne font point perdre la Grâce, par oposition aux péchés mortels. Péchés véniels, faûtes vénielles: pécher véniellement.

VENIMEUX


VENIMEUX, EûSE, adj. VENIN, s. m. [Veni-meû, meû-ze; ve-nein: 1re e muet, 3e lon. aux 2 prem. _ Dans le Dict. Gram. on a mis, par erreur, un accent aigu sur le 1er e de venimeux, et l' on a averti que l' é était fermé. Outre que cela est contre l' usage, l' analogie y est contraire: car l' e de venin étant certainement muet, celui de venimeux doit l' être aussi. _ Je ne crois pas que cette raison soit bien bonne: ne dit-on pas Venise et Vénitien? MARIN. _ Oui; mais c' est une bisarrerie de l' usage, qu' il faut resserrer tant qu' on peut, au lieu de l' étendre.] Venin, Poison. Celui-ci se dit de tout ce qui ataque le principe de la vie par quelque qualité maligne; c' est le genre; celui-là ne se dit que de certains sucs ou de certaines liqueurs, qui sortent du corps de quelques animaux: c' est l' espèce. "On a doné du poison à cet homme: ce minéral est un poison: ce crapaud a jeté son venin. = On le dit aussi de certaines qualités, qui se troûvent dans quelques fièvres malignes. "Il y a du venin dans cette fièvre. "Ce venin se comunique. = Fig. Haine cachée, malignité. "Il a bien du venin contre moi: je ne sais pas pourquoi. "Il y a bien du venin à ce que vous dites; dans ce livre. "Langue dangereûse, qui répand par-tout son venin. _ "Cet homme a jeté tout son venin; il a dit tout ce qu' il avait sur le coeur contre cet aûtre. "C' est un homme sans venin, qui n' a point de venin. = En parlant de Doctrine; ce qu' il y a de contraire à celle de l' Église. "Le venin de l' hérésie se montre ouvertement dans ce livre: il y a du venin dans cette proposition. "Le venin de l' erreur, par une contagion funeste, avoit gâgné les parties les plus nobles de l' État: le sang de nos Rois en était infecté: l' héritier de la Courone l' avoit sucé avec le lait. Bourdal. = Venin est beau au figuré.
   Votre âme prévenûe,
   Répand sur mes discours le venin qui la tûe.
       Rac.
  Ah! Si de ce soupçon votre âme est prévenûe,
  Pourquoi nourrissez-vous le venin qui vous tûe?
       Id.
  Les langues ont toujours du venin à répandre.
      Mol.
  Et la morsure du Serpent,
  Est moins aigûe et moins subtile,
  Que le venin caché que sa langue répand.
       Rouss.
= Venimeux, qui a du venin. Il ne se dit proprement que des animaux. Voy. Vénéneux. = FIG. Langue venimeûse, persone médisante et maligne.

VENIR


VENIR, v. n. [1re e muet.] Je viens, nous venons; ils viennent, ou, viènent; je venois ou venais; je vins, je suis venu, je viendrai; je viendrois, ou, viendrais: viens, que je vienne ou viène; je vinsse; venant, venu. = 1°. Se transporter d' un lieu à un aûtre. Il se dit du lieu où l' on n' est pas à celui où l' on est; et aler du lieu où l' on est à celui où l' on n' est pas. Vaugelas dit, dans sa belle traduction de Quinte Curce. "Alexandre vint mettre le Siège devant Célène. Il semble qu' il falait dire: ala mettre le Siège, etc. Quinte Curce, qui parle, n' étant pas à Célène, lorsqu' il écrivait l' Histoire d' Alexandre. = Venir se dit pourtant au lieu d' aler, quand on y joint avec moi, ou avec nous. Un homme, qui est à Paris dira fort bien a un aûtre: Viendrez-vous avec moi à Versailles? Voulez-vous venir avec nous à Londres? Aler n' irait pas bien dans ces ocasions et aûtres semblables. = 2°. Venir se dit aussi des chôses, qui arrivent fortuitement: "Tout lui vient à souhait: cela lui vient bien à point. "Un malheur ne vient jamais seul. "Quand le tems en sera venu. _ Et comme verbe impersonel. "Il viendra un tems que vous vous en repentirez. "Il lui vint une ébullition de sang: il lui vient toujours beau jeu. = Fig. "Cela vint à ma conaissance: cette nouvelle est venûe jusqu' à moi: le bruit en est venu jusqu' ici. "Il m' est venu une pensée; il me vint en pensée, en tête, dans l' esprit, j' ai eu, ou j' eus la pensée, etc. = 3°. Échoir. "Aprês la mort du père et de la mère, les biens viènent aux enfans. "Cette terre lui est venûe du côté de sa mère. "À~ la loterie, il ne me vient que des billets blancs. = 4°. Être issu; Sortir. "Il vient de bon, ou, de bâs lieu. "Il vient de cette maison par les femmes. = Dériver. "Ce mot vient de celui-là. = Naître, croître: il ne vient point de blé dans ce pays-là. "On ne saurait faire venir de vin en cette Province. = Fig. "La raison lui viendra avec l' âge. = Le vin est au bâs: il vient trouble: le sang ne vint que goutte à goutte. = 5°. Procéder, émaner: "Cela vient de bone main; d' une persone que j' aime fort. De-vient que, etc. "Tous ces malheurs viènent de ce que, etc. = 6°. Parvenir. "Ce Prince vint jeune à la courone. = 7°. Croître, profiter. "Cet arbre vient bien. = Convenir Cet habit vient bien à la tâille: cette coifûre, cette perruque vient bien à l' air du visage. = 8°. S. m. "L' aller et le venir. = 9°. À~ venir, espèce d' adjectif. "Les tems, les siècles à venir.
   Rem. 1°. Venir régit l' infinitif sans prép. quand cet infinitif a raport au lieu où l' on arrive; et l' infinitif avec la prép. de quand il se raporte au lieu que l' on quite. "Je viens chercher mon livre. "Je viens de le porter à, etc. Avec ce dernier régime, il marque un tems pâssé depuis peu. Ainsi, je viens de porter signifie j' ai porté depuis peu. = Dans certaines ocasions, il régit la prép. à. "Il vint à passer par-là. = Souvent, il ne fait qu' ajouter plus de force au verbe qu' il régit: s' il venait à mourir, c. à. d. s' il mourait: si le secret venait à être découvert; s' il était découvert: nous vînmes à parler, nous parlâmes, etc. = 2°. En venir régit à devant les noms et les verbes. "Ils en vinrent aux mains, aux reproches, aux menaces, aux invectives, etc. "Nous en vînmes enfin à discuter la seconde question. = 3°. Venir entre dans beaucoup d' expressions, qui sont plus du sens figuré que du propre. _ Venir à bout d' une chôse, y réussir; d' une persone, la surmonter. "Il est venu à bout de son dessein: il viendra à bout de ses énemis. = Venir à rien, dépérir. "Cette terre vient à rien. SÉV. = Voir venir, attendre. "Ils nous menancent: nous les verrons venir. Il signifie aussi, deviner ce qu' un autre va dire. "Je vous vois venir: je vois ce que vous m' allez dire. "Quand il a voulu me tourner pour savoir le nom de celui que vous préfériez, je l' ai vu venir, et j' ai répondu que je n' étois pas instruit parfaitement. Th. d' Éduc. = Venir en pensée que: "Il me vint en pensée que vous pourriez le faire. _ Rien ne me vient: il ne se présente rien à mon esprit. "Je restai muet: rien ne me vint. Mariv. = D' où vient que, conoissant à fond ces deux méchans hommes, vous les gardez encore auprês de vous? Télém. = Plusieurs disent, en pareils câs, d' où vient les gardez-vous? On dit, selon l' usage: pourquoi les gardez-vous? ou bien: d' où vient que vous les gardez? Dans le Journ. de Mons. on critique avec raison ce vers de M. Léonard.
   Et d' où vient suis-je triste, inquiète, abatue?
Il falloit, y dit-on, d' où vient que je suis triste, etc. Piron emploie d' où vient avec l' infinitif.
   Que te veut-il? Pourquoi s' enfuit-il à ma vue?
   Quels étoient vos complots? D' où vient paroître émue?
C' est le régime de pourquoi; mais le Poète n' a pas peut-être voulu le répéter. = Venir précède quelquefois son nominatif. "Peu de jours après vint un ordre de la Cour, qui commettoit au Tribunal des Lettres le jugement de l' afaire des prisoniers. Lett. Édif. = * Aûtrefois on disait, quand ce vint à, pour, quand on vint à: "Quand ce vint à la promesse réciproque, il se trouva des dificultés, etc. = * Un Missionaire a employé venir pour devenir. "Ses ocupations vinrent enfin si grandes et si continuelles, que, etc. Dites, devinrent. * J' en viens, pour, je viens de faire, est un gasconisme. "Voulez vous boire _ J' en viens. "Voulez-vous prendre une tasse de café? J' en viens. Desgr. Gasc. Corr. = On dit, le mois qui vient, l' année qui vient, pour dire, le mois prochain, l' année prochaine. = On dit aussi, à ceux qui ne savent pas une nouvelle: D' où venez-vous? De quel pays venez-vous? Il semble que vous veniez de l' aûtre monde.
   Venu, ûe, partic. et adj. "Soyez le bien venu, la bien venûe, Termes de civilité. Ils se disent, dans le st. famil. lorsqu' on reçoit une persone chez soi, ou qu' on se troûve à son arrivée. _ Être bien venu par tout; c. à. d. bien reçu. _ Nouveau venu; nouvellement arrivé. "Il est nouveau venu. _ C' est un nouveau venu, se dit de celui qui vient d' être reçu dans une société. Le premier, le dernier venu; celui qui est arrivé le premier, qui arrive le dernier. _ Confier son secret premier venu, sans choix et sans discernement.

VENT


VENT, s. m. VENTER, v. n. VENTEUX, EûSE, adj. [Van, vanté, teû, teû-ze: 1re lon. 2e é fer. au 2d; lon. aux deux dern.] Vent, 1°. air poussé d' un lieu à un aûtre avec plus ou moins de violence. "Le vent du Nord, du Sud, etc. "Vent impétueux, froid, chaud, humide, ou, doux, frais, agréable. "Le vent soufle, se lève, change, tourne, cesse, est apaisé, est tombé, s' est abatu.
   Il foule aux pieds la nue et marche sur les vents.
       Le Franc.
"Être exposé au vent; à l' abri du vent. Cheval qui va comme le vent: oiseau qui fend le vent: vaisseau qui flote au gré du vent, à la merci du vent; cheveux qui flotent au gré du vent: esprit léger, qui tourne à tout vent. = Fig. Avoir le dessus du vent, l' avantage sur quelqu' un. Être au dessus du vent, en état de ne rien craindre. = Avoir le vent contraire, se dit, au figuré comme au propre: "Vous avez trouvé le vent contraire: je n' en suis guère surprise: vous y êtes assez sujette, soit sur le Rhône, soit sur la terre. Sév. Voilà les deux sens réunis. _ Avoir le vent en poupe, avoir du succês. Cette expression n' est que du st. famil. soit au propre, soit et encore plus au figuré. Corneille l' a employée dans une Tragédie, et il réunit les deux sens dans le même vers.
   Ayant le vent en poupe, ainsi que la fortune.
Ce langage n' est pas digne de Melpomène. Aller contre vent et marée; luter contre les obstacles. = Avoir le vent d' une chôse, en avoir quelque indice, quelque soupçon. "Il avoit eu le vent de la conjuration de Bessus. Vaug. Q. C. = On dit, en st. prov. Regarder d' où vient le vent; ne savoir où doner de la tête. _ Ecouter d' où vient le vent; baguenauder, s' amuser.
   Ayant du temps de reste pour brouter,
   Pour dormier et pour écouter
   D' où vient le vent, il laissa la tortue
   Aller son train de Sénateur.
       La Font.
= Plus vite que le vent, extrêmement vite. "Vains discours de la multitude, discours plus légers que les vents, perdez-vous avec eux dans les airs. L. F. Vie de S. Grég. de Naz. _ Doner ou tourner à tout vent, au moindre vent: être inconstant et léger.
   Ce n' est qu' un étourdi, cela tourne à tous vents.
       Piron.
_ Mettre flamberge au vent, tirer l' épée. _ Selon le vent la voile: il ne faut pas aller au delà de ses forces, de son revenu. _ Quel bon vent vous amène? quel bon dessein vous oblige à venir ici? _ Quelque vent qu' il vente, quoiqu' il arrive. _ Autant en emporte le vent: Cela n' aboutit à rien; les éforts sont inutiles.
   Son argus l' aperçoit, et d' abord, d' importance,
   Il le réprimande, il le tance:
   Autant en emporte le vent.
       L' Ab. Reyre.
_ Aler selon le vent, s' acomoder au tems, aux circonstances.
   REM. Brebeuf dit, les vents, pour l' air, l' atmosphère.
   Ce que l' Averne enfin exhale dans les vents
   Ne fait pas aux mortels des venins si présens,
   - - - Et le nombre des morts qui corrompent les vents,
   Augmente chaque jour le péril des vivans.
C' est la rime qui a produit cette impropriété d' expression, comme elle en a produit tant d' aûtres. = Il fait vent, il fait soleil. L' Acad. dit également ces deux expressions, quoique Vaugelas les ait condamnées, en quoi, dit La Touche, je crois qu' il avoit raison. _ Dans la dern. édit. l' Acad. ne met que, il fait grand vent, ce qui est aûtre chôse, et est une expression reçue.
   2°. Vent se prend pour l' air agité par artifice. "Faire du vent avec un chapeau, un éventail. _ Le vent d' un boulet de canon: "Le vent du boulet le jeta par terre. _ Instrumens à vent, dont le son est formé par l' air qu' on y introduit. "La trompette, le haut--bois, la flûte, etc. sont des instrumens à vent. = 3°. L' air retenu dans le corps de l' animal. "Il a des vents, il est plein de vents. "Cela caûse, done, engendre des vents. "Lâcher un vent, des vents. _ Doner vent au vin, à un muid de vin; faire une petite ouvertûre au muid, pour y faire entrer l' air, ou pour le faire sortir. = 4°. Populairement, respiration, haleine. "Prendre, reprendre, retenir, retirer son vent. = 5°. L' odeur qui vient d' une chôse. "Le sanglier a eu le vent du gland; les corbeaux ont eu le vent d' une bête morte: l' odeur en est parvenûe jusqu' à eux. = Fig. Avoir vent d' une chôse, en avoir quelque soupçon. N' en avoir ni vent ni nouvelle, ni vent ni voie. L' Acad. dit que le premier est populaire, et l' aûtre proverbial. Voy. plus haut, avoir le vent de. = Le vent du Bureau; ce qu' on présume des dispositions de ceux de qui dépend la décision d' une afaire, ou la distribution des grâces: "Il a le vent du bureau pour lui, ou, contre lui. "Le vent du bureau lui est, ou ne lui est pas favorable. = 6°. Vanité. "Il y a bien du vent dans cette tête.
   Des riens, des airs, du vent, en trois mots le voilà.
       Le Méchant.
_ Dans les trois derniers sens, il ne se dit qu' au singulier.
   VENTER, faire vent. Il est ordinairement impersonel. "Il a venté toute la nuit. "Qu' il pleuve, qu' il grêle, qu' il vente, peu m' importe, j' ai de quoi vivre. = Il est quelque--fois neutre, joint à vent. "Quelque vent qui vente: on ne peut pas empêcher le vent de venter. _ L' actif est éventer; et c' est un gasconisme que de dire, venter le feu: elle se vente continuellement. Le dernier fait même une équivoque avec le verbe se vanter, se glorifier.
   VENTEUX : 1°. Qui est sujet aux vents; (n°. 1°.) plage, saison venteûse. = 2°. Qui caûse des vents dans le corps. (n°. 3°.) Les pois sont venteux: les pommes sont venteûses. = Colique venteûse, caûsée par des vents.

VENTE


VENTE, s. f. [Vante; 1re lon. 2e e muet.] Aliénation à prix d' argent. "La vente d' une terre: contrat de vente. "Vente de meubles, de marchandises. Mettre, exposer en vente. Cette maison est en vente; cette marchandise est de vente, ou de bone vente: elle est de natûre à être bien vendûe. Elle est dûre à la vente: le débit n' en est pas aisé. Elles est hors de vente: elle n' est pas en état d' être vendûe. La vente de cette marchandise se pâsse: le tems de la bien vendre est pâssé. = Ventes; la redevance dûe au Seigneur du Fief, pour la vente d' un héritage, qui est dans sa censive. Il ne se dit qu' avec lods. "Devoir; payer les lods et ventes.

VENTER


VENTER, VENTEUX. Voyez, VENT, au comencement et à la fin.

VENTILATEUR


VENTILATEUR, s. m. Machine qui sert à renouveler l' air dans un lieu enfermé.

VENTILATION


VENTILATION, s. f. VENTILER, v. act. [Vantila-cion, : 1re lon. 3e é fer. au 2d.] Ventiler, c' est, en termes de Pratique, évaluer une ou plusieurs portions de, etc. "On ventile des héritages, relevans de diférens Seigneurs, pour fixer les droits dûs à chacun d' eux. = Ventilation, action de ventiler. "Ventilation de biens. = Suivant l' Académie, dans son Dictionaire, on dit ventiler une afaire, une question; la discuter, la débatre, avant que d' en délibérer en forme. Elle ne dit pas à quel style apartient cette locution. "Elle n' est guère d' usage, dit Richelet; cependant l' Acad. la raporte.

VENTOSITÉ


VENTOSITÉ, s. f. [Vantozité: 1re lon. dern. é fer.] Amâs de vents. (n°. 3°.) dans le corps de l' animal. "Ce n' est qu' une ventosité. = On l' emploie le plus souvent au pluriel: les légumes donent des ventosités.

VENTOûSE


VENTOûSE, s. f. VENTOUSER, v. act. [Van-toû-ze, touzé: 1re lon. sur-tout au 2d. 2e lon. au 1er, dont la 3e e muet; br. au 2d, dont la 3e e fer. Devent l' e muet, l' ou est long dans les tems du verbe où cet e muet se trouve: il ventoûse, ventoûsera, etc.] Ventoûse est, 1°. Vaisseau de verre ou de cuivre, qu' on aplique sur la peau d' un malade, avec de la bougie ou des filasses alumées, pour atirer avec violence les humeurs du dedans au dehors. Apliquer des ventoûses. = Ventoûses sèches, celles qu' on aplique, sans faire ensuite de scarification. = Ventouser; apliquer des ventoûses: "Il a falu le ventouser: il a été ventousé. = 2°. Ouvertûre pratiquée dans un conduit, pour doner passage à l' air, par le moyen d' un tuyau. "La ventoûse d' une fôsse d' aisance. Mettre des ventoûses à une cheminée, pour l' empêcher de fumer.

VENTRE


VENTRE, s. m. VENTRÉE, s. f. VENTRU, TRûE, adj. [Vantre, tré-e, tru , trû-e: 1re lon. 2e e muet au 1er, é fer. au 2d; lon. au 2d et au 4e.] Ventre est, 1°. la capacité du corps de l' animal, où sont renfermés les boyaux. On l' apèle ordinairement bâs ventre. "Avoir mal au ventre. Avoir le ventre libre, lâche, dur, paresseux. Avoir le flus, le cours de ventre. Décharger son ventre. "Il lui pâssa son épée dans le ventre, au travers du ventre. = Dans cette phrâse, se coucher, ou être couché sur le ventre, ce mot se prend pour tout le devant du corps. = Ventre à terre, avec soumission. "Demander pardon ventre à terre. Faire venir quelqu' un le ventre à terre. _ Aler ventre à terre; avec une extrême rapidité. "Ignorez-vous ce que c' est qu' un Cocher fougueux, qui vous meneroit ventre à terre. COYER. Pâsser sur le ventre, renverser, fouler aux piés. "Agamemnon pâsse sur le ventre à tout ce qui se trouve sur son chemin; et fait un carnage horrible. Madame Dacier, Iliade. _ On dit proverbialement: être sujet à son ventre; se laisser aler à la gourmandise. Se faire un Dieu de son ventre; préférer les plaisirs sensuels à toute aûtre chôse. C' est une expression de S. Paul: quorum Deus venter est. = N' être pas traitre à son ventre; aimer les bons morceaux. = Se dépiter, ou bouder contre son ventre; se dit d' un enfant qui se mutine, et ne veut pas manger; et par extension, d' un homme qui, par dépit, refuse quelque chôse d' avantageux qu' on lui ofre. = 2°. Petite ventre: estomac. "Henri III fut blessé au petit ventre. = 3°. La capacité qui est renfermée entre les côtes: "Il lui arracha le coeur du ventre. "Tant que le coeur me batra dans le ventre. Il est peu usité en ce sens, et ne se dit que dans ces deux phrâses proverbiales, et dans les suivantes. _ Je saurai ce qu' il a dans le ventre: je ferai épreuve de sa valeur; ou, je saurai ce qu' il a dans la pensée, ou, je saurai quelle est sa capacité. _ Remettre le coeur au ventre à quelqu' un; lui redoner du courage. Lui mettre le feu sous le ventre; l' irriter, l' aigrir. Lui faire rentrer les paroles dans le ventre; le faire repentir de ce qu' il a dit; ou, l' empêcher de continuer. _ Cet homme n' a pas six mois, un an dans le ventre; il ne saurait vivre encôre six mois, un an = 4°. En parlant des femmes et des femelles des animaux; le lieu où se forment les enfans, les petits. "Ses enfans ont tourné dans son ventre. Il y a des pays où le ventre anoblit; où les femmes nobles transmettent la noblesse à leurs enfans, lorsque le père n' est pas noble. = 5°. On dit d' une murâille, qu' elle fait ventre, qu' elle se déjette en dehors et menace ruine; d' une bouteille, d' un flacon, etc. qu' il a un grôs ventre; une grande capacité; d' un cheval, d' un homme, qu' il n' a pas de ventre, qu' il est serré des flancs, qu' il a le ventre plat.
   VENTRÉE, se dit dans le 4e sens de ventre. Portée. Tous les petits que les animaux font en une fois. "Cette brebis a fait deux agneaux d' une ventrée. "La truie fait quelquefois douze petits d' une seule ventrée.
   VENTRU, ÛE, adj. Qui a un grôs ventre. "Il est bien ventru. "Elle est extrêmement ventrûe. _ Subst. C' est un grôs ventru, une grôsse ventrûe.

VENTRICULE


VENTRICULE, s. m. VENTRIèRE, s. f. VENTRILOQUE, adj. [Vantrikule, triè--re, triloke: 1re lon. 2e è moy. et long] Ces trois mots sont des dérivés de ventre. _ Le 1er se dit, en Anatomie, de certaines capacités qui sont dans le corps de l' animal. "Les ventricules du cerveau, du coeur. _ Sganarelle, le Médecin malgré lui, parle des ventricules de l' omoplate: cela est burlesque. = L' estomac des animaux ruminans. "Les animaux ont plusieurs ventricules. = Le 2d signifie une longe de cuir, qu' on pâsse sous le ventre d' un cheval de carrosse, pour empêcher que le harnois ne tourne, etc. C' est aussi la sangle dont on se sert pour élever des chevaux, quand on les veut embarquer, ou les tenir suspendus. = Le 3e se dit d' une persone, qui a la voix sourde et ténébreuse, de sorte qu' on croirait qu' elle parle du ventre. "Il ou elle est ventriloque: c' est un ventriloque.

VENTRU


VENTRU. Voy. VENTRE.

VENûE


VENûE, s. f. [Venû-e: 1re et 3e e muet, 2e long.] Arrivée dans le lieu où est la persone qui parle. "Dès que j' apris sa venûe, votre venûe. En ce sens il vieillit. Académ. On dit arrivée. = Venûe n' est plus d' usage que dans les phrâses suivantes. = La venûe du Messie, son premier avènement. _ Alées et venûes; les pâs et les démarches que l' on fait pour une afaire. _ Arbre d' une belle venûe, qui vient bien, qui est grand et droit. = On le dit aussi d' un jeune homme grand et bien fait. _ Au contraire, homme tout d' une venûe, grand et mal fait. _ Jambe tout d' une venûe, qui n' a point de mollet. = Au jeu de quilles, venûe se dit par oposition à rabat. C' est le coup qu' on joûe dabord de l' endroit dont on est convenu.
   Rem. Ce mot, employé par Malherbe et Racan, n' est plus en usage, disait déja Ménage (il y a plus de cent ans), ni dans la belle Poésie, ni même dans la belle prôse.
   Ceux-ci, de qui vos yeux admirent la venûe.
       Malh.
  Et tous ces petits Écrivains,
  Qui faisoient naguère les vains,
  Disparoissent à sa venûe.
       Racan.

VêPRES


VêPRES, s. f. pl. [1re ê ouv. et long; 2e e muet.] Cette partie de l' Ofice Divin, qu' on disait autrefois sur le soir, (ce que signifie le vieux mot de vêpre) et qu' on dit à présent assez ordinairement à deux ou trois heures. "Dire, chanter, entendre vêpres; assister à vêpres. "Les premières vêpres se disent la veille de la fête. = * Vêpre, s. m. Autrefois, le soir, la fin du jour. Sur le vêpre. "Je vous souhaite le bon vêpre. = Le peuple le dit encore en quelques Provinces.

VER


VER, s. m. VERMISSEAU, s. m. VERMINE, s. f. SE VERMOULER, v. réc. VERMOULU, ÛE, adj. VERMOULûRE, s. f. [vêr, mi-so, mine, mou-lé, lu, lûe, lûre; 1re ê ouv. 3e e muet au 3e, é ferm. au 4e, lon. au 6e et au 7e.] Quelques Auteurs ou Imprimeurs mettent mal-à-propôs une s au singulier de ver: "L' endroit d' où le vers doit sortir. Let. Édif. "Le vers qui me ronge; Leibn. Il faut écrire, le ver, un ver. = Petit insecte long et rampant, qui n' a ni membre ni ôs. "Un grôs, un petit ver: un ver de terre. "Le bois de noyer est sujet aux vers. _ Ver-luisant, ver-à-soie. _ Ver Solitaire. = Fig. Le ver rongeur; les remords. Massillon dit, le ver dévorant. Celui-ci n' est pas usité. = En style proverbial: nud comme un ver. "Je l' écrâserai comme un ver; sote expression, que dicte la colère.
   VERMISSEAU, petit ver de terre. = Vermine se dit collectivement de toute sorte d' insectes incomodes, comme poux, puces, punaises, etc. = Fig. Gueux, mendians, filous.
   Comment nommer la rampante vermine
   Des chifoniers de la double colline.
       Rouss.
= Se vermouler: être piqué de vers. = Vermoulu, piqué en plusieurs endroits par les vers. Il ne se dit que du bois, du papier, des livres. = Vermoulûre, la trace que les vers laissent dans ce qu' ils ont rongé.

VÉRACITÉ


VÉRACITÉ, s. f. [1re et dern. é fer.] 1°. Atribut de Dieu, qui signifie qu' il ne peut pas tromper. "La véracité de Dieu. = 2°. En parlant des hommes, atachement constant à la vérité. "La véracité d' un Historien. "Cet homme est d' une grande véracité.
   REM. Véracité se dit des persones; et vérité des chôses. On doute de la véracité d' un homme, et de la vérité des faits qu' il raconte. "Comme il n' y a rien que de très-croyable dans ce raport, on ne doute pas ici de sa véracité. JOURNAL POLIT. Si le pronom sa pouvait se dire des chôses, on devrait dire: on ne doute point de sa vérité; mais comme l' usage ne permet pas cette association, dites: on n' en suspecte point ici la vérité. _ Mde. de G.... dit au contraire, vérité, pour véracité. "Prenant ainsi l' habitude de douter de votre vérité dans les petites chôses, vous me persuaderez moins facilement dans les grandes. Th. d' Éduc. "Je vois que vous doutez de sa vérité; cependant etc. IBID. Dans ces deux exemples, je crois qu' il falait dire véracité. Voyez VÉRITÉ.

VERBAL


VERBAL, ALE, adj. VERBALEMENT, adv. VERBALISER, v. n. [Vêrbal, bale, leman, lizé: 3e e muet au 2d et au 3e; la 4e é fer. au dern.] Verbal est , 1°. qui vient d' un verbe. "Adjectif verbal, comme rongeur, qui vient de ronger. "Substantif verbal, comme action, qui vient d' agir. = 2°. Qui n' est que de vive voix et non pas par écrit. "Ordre verbal; promesse verbale. = 3°. Procês-verbal; raport par écrit, que fait un Oficier de Justice. Dresser un procês-verbal. _ Plusieurs disent, un verbal; mais ils s' expriment fort mal. = Verbalement, de vive voix et non par écrit. "Il ne l' a promis que verbalement. = Verbaliser; dresser un procês-verbal. _ Fig. st. famil. Faire de grands discours inutiles. "Il y a long-tems qu' il ne fait que verbaliser.
   REM. Verbal est ce qui se dit de vive voix; verbeux ce qui se dit en beaucoup de paroles. M. Linguet les réunit dans la même phrâse. Il dit, en parlant des discussions parlementaires en Angleterre: "La Nation s' amûse de cette escrime verbale et verbeûse.

VERBE


VERBE, s. m. [1re ê ouv. 2e e muet.] I. La première persone de la Sainte Trinité. "Le Verbe éternel; le Verbe Incarné. "L' Incarnation du Verbe.
   II. En Gramaire, partie d' oraison, qui exprime l' action du sujet, ou produite par lui, ou reçûe dans lui; comme dans j' aime, je suis aimé; je bats; je suis batu.
   Je doute s' il distingue un nom d' avec un verbe,
   Et par-tout sa bétise est passée en proverbe.
       Palissot.
= 1°. On divise les verbes en actif, passif, neutre, réciproque, impersonel. Voy. tous ces mots. = 2°. Les verbes actifs régissent l' acusatif, qu' on apèle régime simple, ou direct, ou absolu. = Aucun verbe ne peut régir deux accusatifs, avoir deux régimes simples. Mr d' Olivet critique avec raison ce vers de Racine:
   Ne vous informez point ce que je deviendrai.
       Bajazet.
Dans ce vers, informer a deux régimes simples, vous et ce, etc. Il falloit, ne vous informez point de ce que je deviendrai. = Cette autre phrâse:
   Ne me demandez point ce que je deviendrai.
est correcte; car me est au datif: il est là pour, à moi; et il n' y a que ce, qui soit à l' acusatif. = 3°. Il ne faut point mettre deux verbes, qui aient des régimes diférens, avec le régime d' un seul; comme dans cette phrâse: "ayant embrassé et doné la bénédiction à son fils. Embrassé régit l' acusatif, doné le datif; le câs n' est pourtant qu' au datif: c' est une faûte. Il faut dire alors: ayant embrassé son fils et lui ayant doné sa bénédiction. _ On peut pardoner cette irrégularité aux Poètes, sur-tout quand la clarté du Discours n' en soufre pas. Je ne blâmerai point Racine d' avoir dit, en parlant du peuple:
   Sa haine, ou son amour sont-ce les premiers droits,
   Qui font monter au trône, ou descendre les Rois?
       Fr. Én.
Mais en prôse, il faudrait dire, qui font monter les Rois sur le trône, ou qui les en font descendre. = On en doit dire autant des adverbes et expressions adverbiales, que régissent certains verbes. Quand on réunit deux de ces expressions sous le même verbe, il faut que l' Usage le permette. "Cette fuite mit le Roi de Castille en fureur et le nouveau Prince en grand trouble. Révol. d' Esp. On dit bien, mettre en fureur, mais non pas mettre en trouble. = Malherbe avait dit:
   Et nous rends l' embonpoint, comme la guérison.
Mrs de l' Acad. ne trouvèrent rien à dire à ce vers; mais Pelisson remarqua fort bien que le verbe rends, qui devait convenir aux deux mots guérison et embonpoint ne convient qu' au dernier: on ne dit point rendre la guérison, comme on dit, rendre l' embonpoint, la vie, la santé. MÉN.
   Que doit faire un amant, qui tous les jours suporte
   Vos mépris, vos rigueurs, vos flammes et vos dards?
       Gombaud.
On dit, suporter des mépris et des rigueurs; mais on ne dit guère suporter des flammes; et l' on ne dit point du tout suporter des dards. ID. = Suivant Mr de Bois-regard, un verbe ne doit pas régir, dans la même phrâse, un substantif et un infinitif; un substantif et un que: "S. Louis aimait la Justice et à chanter les louanges du Seigneur. Dites; aimait à rendre la justice et à chanter, etc. "Si vous avez tous ce même coeur et cette même résolution, je vous réponds de votre liberté, et que vous n' aurez point à soufrir le faste et les fiers regards des Macédoniens. Dites; je vous réponds de votre liberté, et vous promets que, etc. _ Selon le P. Bouhours, ces divers régimes, bien loin d' être vicieux, ont de l' élégance; et je crois, comme Mr De Wailly, qu' il a raison. La diction serait souvent languissante et monotone, si l' on suivait le sentiment de Mr Andry (de Bois-regard) Les bons Auteurs ne font pas dificulté d' employer ces divers régimes. "Il faut pour la moitié de votre cavalerie un nombre sufisant d' aûtres navires, et que tout cela soit à portée de s' oposer aux irruptions soudaines. D' Oliv. De Wailly. = 4°. Il ne faut pas unir ensemble deux verbes neutres, dont l' un prend pour auxiliaire le verbe être et l' aûtre le V. avoir. "Les sciences et les Arts ont langui et entièrement tombé sous les Princes, qui les ont dédaignés. l' Ab. Des Font. Il faut dire, ont langui et sont entièrement tombés. Il y a aparence que l' Imprimeur avait oublié de mettre sont devant tombés. = 5°. Plusieurs de nos verbes ont à leur suite à et un infinitif: cherchez à rendre service: aimez à secourir les malheureux, etc. D' aûtres prennent de: Je vous conseille de partir; il a promis de travailler à votre ouvrage. D' autres enfin prennent de ou à, selon que l' oreille le demande. Tels sont comencer, continuer, contraindre, engager, exhorter, s' éforcer, forcer, manquer, obliger, tâcher. WAILLY. Voyez ces verbes à leur place. = 6°. Quand il y a plusieurs nominatifs, quoiqu' ils soient au singulier, on met ordinairement le verbe au pluriel: "La Cour, ni la prospérité n' ont pu le gâter. Bouh. Cependant, quand les substantifs singuliers ne sont pas liés par une conjonction, on peut mettre le verbe au singulier. "Il ne faut pas que l' Univers entier s' arme pour écraser l' Homme: une vapeur, une goutte d' eau sufit pour le tuer. Wailly. _ Cette Règle s' observe sur-tout, quand les substantifs sont presque synonymes: elle a même lieu alors, quoiqu' ils soient unis par la conjonction et: "L' indiférence et la résignation, dont nous venons de parler, doit s' étendre à tous les emplois. Regnier des Marais. Voy. NOMINATIF. = Quand on place le verbe devant plusieurs substantifs, on peut le mettre au singulier. "L' acâblement, où les mettoit une famille nombreûse, un procês, une méchante afaire. BOUH. = Quand le nominatif est au pluriel, il est clair, et il est presque inutile d' avertir que le verbe doit être mis aussi au pluriel. = 7°. Le nominatif, ou sujèt, précède ordinairement le verbe; mais quelquefois le verbe le précède élégamment.
   se perdent ces noms de Maîtres de la Terre.
       Malherbe.
"Craignez les Dieux, Télémaque! cette crainte est le plus grand trésor du coeur de l' Homme. Avec elle, vous viendront la sagesse, la justice, la paix, la joie, les plaisirs purs, la vraie liberté, la douce abondance et la gloire sans tache. Télém. "David veut jouïr de son crime: l' élite de son armée est bientôt sacrifiée et par là périt le seul témoin incomode à son incontinence. Massill. "Par eux croissent et s' animent les talens utiles à l' Église. Id. "Déjà s' ouvrent à nous de si douces espérances. Id. "Ainsi parle l' Impie. L. Rac. "Je vois ces autels où fuma si souvent l' encens de ses oraisons. = Cette construction a sur-tout lieu aprês le pronom relatif, comme dans le dernier exemple. "Pourquoi chercher sa colère où éclate son amour; et avec qui signifiant celui qui, "Ira au devant de vous, qui voudra. Sév.
   VERBE, parole, ton, Il ne se dit en ce sens que dans cette expression proverbiale: il a le verbe haut; ce qui se dit de quelqu' un, qui parle avec hauteur, et décide avec présomption.

VERBEUX


VERBEUX, EûSE, adj. VERBOSITÉ, s. f. VERBIAGE, s. m. VERBIAGER, v. n. VERBIAGEUR, EûSE, s. m. et f. [Verbeû, beû-ze, bozité; bi-age, , geur, geû-ze: 1re ê ouv. 2e lon. aux 2 prem; 4e e muet au 4e, é fer. au 5e, lon. au dern.] Verbeux et verbosité expriment le vice de ce qui abonde en paroles inutiles. "Homme verbeux; éloquence verbeûse. "La verbosité de cet Avocat, de ce Mémoire. "Les Écrivains de ce dernier genre sont difus et verbeux. "On est verbeux; on multiplie les épithètes; on entasse les synonymes, faute d' avoir le mot propre, ou de le conoître. L' Ab. Trublet. "On infecta les Édits de je ne sais quelle verbosité ridicule, qui sembloit inviter à la discussion bien plus qu' à l' obéïssance. Linguet. _ Cet Écrivains si éloquent, mais grand Néologue, a employé aussi verbeûsement. "Ces questions du Droit Public, si verbeusement, si ridiculement~ traitées par l' espèce d' Écrivains, qu' on veut apeler les Publicistes. Voy. VERBAL. = Verbiage et ses dérivés ont à peu prês le mème sens. Ils expriment une abondance de paroles, qui contiènent peu de sens. "Il n' y a que du verbiage dans ce livre, dans ce discours. "Tout ce qu' il y a de plus désagréable pour le lecteur et de plus déshonorant pour l' Auteur, c' est un verbiage inintelligible. L' Ab. Trublet. "Cet homme ne fait que verbiager. "C' est un verbiageur, une verbiageûse. = Ces mots ne sont pas anciens dans la Langue, excepté verbiage, qui était déjà en usage dans le Siècle dernier. "Un des souhaits que je vous fais au comencement de cette année, c' est que mes verbiages vous plaisent autant que les vôtres me sont agréables. Sév. = Ils sont tous du st. famil. et critique.

VERD


VERD ou VERT, VERTE, adj. VERDâTRE, VERDELET, ETTE, adj. VERDIR, v. n. VERDûRE, s. f. [Vêr: le d ou le t ne se prononce point au masc. Vêrte; vêrdâtre, delè, lète, di, dûre: 1re ê ouv. 2e e muet au 2d. au 4e et au 5e; lon. au 3e et au dern. L' Acad. écrit vert et cette ortographe parait plus raisonable, puisqu' on dit au fém. verte et non pas verde, comme disent plusieurs, dans les Provinces méridionales~. D' aûtres part, l' étimologie latine viridis, et encôre plus l' analogie Française des dérivés, verdâtre, verdoyant, verdûre, etc. semblent~ devoir faire préférer verd avec un d. D' âilleurs c' est l' ortographe la plus comune.] = Verd, au propre, 1°. qui est de la couleur des herbes et des feuilles des arbres. "Drap, Satin verd. Des arbres toujours verds: sous la verte feuillée. "Saûce verte. _ Cet arbre est encore verd: il n' est pas mort. = Fig. St. famil. On dit d' un homme âgé, qui a encôre de la vigueur, qu' il est encôre verd. = 2°. Qui n' a pas encôre la maturité requise. "Ces fruits sont trop verds pour les cueuillir. _ Vin, qui est encôre verd, qui n' est pas encôre assez mûr, assez fait. = En st. fig. famil. la verte jeunesse, les premiers tems de la jeunesse . Vieillesse~ encôre verte, saine et robuste. Tête verte, étourdi, évaporé. = 3°. S. m. La couleur verte. "Le verd réjouit la vûe: cela tire sur le verd. = St. prov. Employer le verd et le sec; toute sorte de moyens. = Prendre quelqu' un sans verd, au dépourvu. Manger son blé en verd, son revenu par avance. = 4°. Verd suit ordinairement le substantif: en vers, il peut le précéder:
   Là règne un verd gazon, qu' entretient la Nature.
       De Lille.
= On dit, dans la verte jeunesse. ROUSSEAU dit, en ce sens, dans ses jours les plus verds; expression assez bizarre et bone tout au plus pour le marotique: Un choix d' amis
   Lui fit braver, dans ses jours les plus verds,
   Tous les dangers à la jeunesse offerts.
c' est le mot offerts, qui a produit ces jours verds
   VERDâTRE, qui tire sur le verd. "Couleur verdâtre. _ Verdelet, qui est encôre un peu verd (n°. 2°.) Il se dit au propre du vin, et au figuré, d' un vieillard, qui a encôre un peu de vigueur. = Verdir, actif. Peindre en verd. Verdir des balustres, une porte, une fenêtre, etc. = V. n. Devenir verd. "Tout comence à verdir: "Ce cuivre verdit. = Verdûre; les herbes et les feuilles des arbres, quand elles sont vertes. "La verdûre est agréable au printemps. "Lit, Cabinet de verdûre. = Verdûre, ou Tapisserie de verdûre, tentûre de tapisserie, qui représente un paysage où il y a beaucoup d' arbres. Voy. VERDEUR.

VERDET


VERDET, s. m. VERDEUR, s. f. VERDOYANT, ANTE, adj. VERDOYER, v. n. [Verdè, deur, doa-ian, ian-te, doa-ié: 1re ê ouv. 2e è moy. au 1er, 3e lon. au 3e et 4e, é fer. au dern.] Verdet est une couleur verte, tirée du cuivre par le moyen du marc de raisin. "On fait beaucoup de verdet à Montpellier. = Verdeur est 1°. la Sève, qui est dans le bois lorsqu' il n' est pas mort, ou lorsqu' il n' est pas entièrement sec. "Ce bois a encôre de la verdeur. = 2°. Acidité du vin. "Ce vin a une verdeur agréable: il a trop de verdeur. = Fig. La verdeur de l' âge. "Il était alors dans sa verdeur. = Verdeur et Verdûre ont des sens diférens. Le 1er se dit sur-tout relativement au goût; le 2d relativement à la couleur. "Ce vin a de la verdeur. "La verdûre des prés. "La verdeur et la forme des feuilles des arbres de Sodome tiennent de celles du noyer. Miss. du Levant. Là il falait dire; le verd des feuilles, etc. _ La Touche remarque que selon l' ACAD. verdeur se dit aussi de la couleur verte. "La verdeur des arbres: la verdeur me réjouït. Elle ne le dit plus dans la dern. Édit. _ * Les Gascons disent, au contraire, verdûre pour verdeur. "Ce vin a un peu de verdûre. Gasc. Corr. = Verdoyer, Devenir verd. "Les bois començoient à verdoyer. _ Il était déjà vieux dès le tems de La Bruyère, et il parait le regretter. _ Le participe s' est mieux conservé, mais il est plus de la poésie que de la prôse. "Des arbres verdoyans; la compagne verdoyante.

VERDIER


VERDIER, s. m. [Vêr-dié: 1re ê ouv. 2e é fer.] Oiseau de la grosseur d' un moineau, et dont le plumage est verd. = En certaines Provinces on dit Quinson, Verdon, pour pinson et verdier. C' est fort mal parler.

VERDIR


VERDIR, Voy. VERD.

VERDOYANT


VERDOYANT, Voy. VERDET.

VERDûRE


VERDûRE, Voy. VERD.

VÉREUX


VÉREUX, EûSE, adj. [Vé-reû, reû-ze: 1re é fer. 2e lon.] Au propre, il se dit des fruits, dans lesquels s' engendrent des vers. "Fruit véreux. "Pomme, prune véreûse. = Fig. "Il y a quelque chôse de véreux (de mauvais) dans cette afaire. "Caution véreûse: votre caûse est véreûse. "Son câs est véreux: il a une mauvaise afaire.
   Rem. On a écrit aûtrefois vereux et verreux. L' Acad. et Danet étaient pour le premier; Richelet et Trévoux pour le 2d. La raison, dit La Touche, semble être pour verreux, puisque ce mot vient de ver; mais il peut venir de ver, et s' écrire avec plus de raison véreux; car verreux pourrait faire croire qu' il vient de verre.

VERGE


VERGE, s. f. [1re ê ouv. 2e e muet.] Verge est 1°. petite baguette longue et flexible. "Il n' avait qu' une verge à la main. "La verge de Moïse. = 2°. Baguette, que portent à la main les bedeaux et certains huissiers, qu' on apèle pour cela, Huissiers, ou Sergens à verge. = 3°. Tringle. Verge de fer, de cuivre. = Fig. "Prince, qui gouverne avec une verge de fer; avec dûreté, et une sévérité outrée. = 4°. Verges; menus brins de bouleau, de genêt, d' osier, avec lesquels on fouette les enfans, ou certains criminels. _ Fig. Peines et aflictions. "Les verges de la colère de Dieu. Cette expression n' est pas du beau style. = On dit, proverbialement, doner des verges pour se faire fouetter ou batre; fournir des armes contre soi-même. = 5°. Verge, anneau sans chaton. "Verge d' or, d' argent.

VERGER


VERGER, s. m. [Vêrgé: 1re ê ouv. 2e é fer.] Lieu clôs et planté d' arbres fruitiers.

VERGETER


VERGETER, v. act. VERGETTES, s. f. pl. [Vêrgeté, gète: 1re ê ouv. 2e e muet au 1er, è moy. au 2d. 3e é fer. au 1er, e muet au 2d.] Vergettes, brosse de soie de cochon, de sanglier, etc. servant à nétoyer les habits, etc. "Il faut doner deux ou trois coups de vergettes à cet habit, à ce chapeau, etc. = Vergeter, nétoyer avec des vergettes. "Vergeter un chapeau, un habit. = Teint vergeté, peau vergetée, où il parait des raies de diférentes couleurs. "Elle a la peau toute vergetée, le teint vergeté.

VERGLâS


VERGLâS, s. m. [Vêrglâ: 1re ê ouv. 2e lon.] Pluie, qui se glace en tombant, ou aussitôt qu' elle est tombée. "Il tombe du verglâs. "Le pavé était tout couvert de verglâs. = * Quelques-uns disent : il verglace; mais mal.

VERGOGNE


*VERGOGNE, s. f. Honte. "Quelle vergogne! "Il ou elle n' a ni honte, ni vergogne. = On a dit que ce mot vieillissait, dit La Monnoie: on pouvait dire qu' il a vieilli. Il est tombé malgré l' autorité de Malherbe.
   Quand un Roi fainéant la vergogne des Princes.
Ménage trouvait ce mot fort beau, et il souhaitait qu' on ne le laissât pas périr. L' Acad. examinant la stance de Malherbe où est ce vers, n' y trouva rien à redire; d' où Ménage conclut qu' elle n' avait pas désaprouvé le mot de vergogne; et c' est de quoi il lui savait bon gré. _ Il y a long-tems qu' elle dit qu' il vieillit; de sorte qu' il doit être bien vieux On l' emploie pourtant encore dans le style plaisant ou moqueur:
   ..C' est un coquin, qui sans nulle vergogne,
   S' échape.. Je suis donc un brutal, maître ivrogne.
       Le Flateur.

VERGUE


VERGUE, s. f. [Vêrghe: 1re ê ouv. 2e e muet.] Pièce de bois, longue et ronde, qui est atachée au mât d' un vaisseau, pour en soutenir la voile. "La grande vergue. "La vergue de hune, d' artimon, de perroquet. = L' Acad. dit: Vergue, Antenne, etc. Il y a pourtant de la diférence entre ces deux mots. Voy. ANTENNE.

VÉRIDICITÉ


VÉRIDICITÉ, s. f. VÉRIDIQUE, adj. [1re é fer. dern. é fer. au 1er, e muet au 2d.] Véridique, qui aime à dire la vérité. "C' est un homme véridique.
   Naturellement, moi, je suis très-véridique.
       Dest. Le Glorieux.
= Véridicité, caractère de vérité dans le discours. "la véridicité d' un témoin. _ L' adj. est plus usité que le subst.

VÉRIFICATEUR


VÉRIFICATEUR, s. m. VÉRIFICATION, s. f. VÉRIFIER, v. act. [Vérifika-teur, ka--cion, fi-é: 1re é fer. dern. é aussi fermé dans le 3e.] Vérifier, c' est 1°. Faire voir la vérité d' une chôse. "Vérifier par témoins; par de bones pièces, par des passages. "J. C. a vérifié les Prophéties. "L' évènement a vérifié ce que vous aviez prédit. = 2°. Vérifier des écritûres, les comparer, pour conaître si elles sont de la même main. = 3°. Vérifier un passage, une citation, s' assurer soi-même, ou faire voir aux aûtres qu' il est véritablement dans un Auteur, tel qu' on le raporte. = Vérifier des Édits, les enregistrer. = Vérification, action de vérifier. "La vérification d' un fait, des Écritures, d' un passage. = Vérificateur, celui, qui est nomé en Justice pour examiner si une écritûre est vraie ou faûsse.

VÉRISIMILITUDE


*VÉRISIMILITUDE, s. f. C' est un mot de Leibnitz, un latinisme. On dit, vraisemblance.

VÉRITABLE


VÉRITABLE, adj. VÉRITABLEMENT, adv. VÉRITÉ, s. f. [1re é fer. 3 é aussi fermé au 3e, 4e e muet aux 2 prem. en dans le 2d a le son d' an.] Véritable, 1°. vrai, conforme à la vérité. "Discours véritable; Histoire véritable. = 2°. Qui n' est pas falsifié. "De véritable or; de véritable vin de Madère. _ Fig. "Un véritable ami. = 3°. Bon, excellent en son genre: un véritable Orateur; qui n' en porte pas en vain le nom. = 4°. Qui dit toujours la vérité; il est véritable dans ses paroles. Qui tient ce qu' il promet; véritable dans ses promesses.
   VÉRITABLEMENT, conformément à la vérité. "Parlez-moi véritablement. = Réellement: J. C. est véritablement ressuscité. = À~ la tête de la phrâse, il a le même sens que l' adverbe, à la vérité. "Véritablement je vous dois cette somme, mais le terme n' est point échu; c. à. d. j' avoûe que, etc. mais, etc.
   VÉRITÉ, 1°. Conformité de l' idée avec son objet, d' un récit avec un fait, du discours avec la pensée. "Dire la vérité: déguiser, cacher; découvrir la vérité. = 2°. Ce qui est oposé à faûsse opinion, à erreur. "La vérité de la Religion chrétiène. Défenseur de la vérité. = 3°. Principe, axiome, maxime. Vérité importante, sensible, palpable. "Les vérités de la Religion. = 4°. En parlant des persones, sincérité, bone foi. "Homme plein de vérité. Acad. "Air de vérité, qui persuade. = Il ne s' unit point avec les pronoms possessifs. On ne dit point d' un homme; qu' on a lieu de douter de sa vérité: on doit dire, de sa véracité. = 5°. Dans les Arts d' imitation, expression parfaite, exacte et fidèle. "Il y a bien de la vérité dans ce paysage, dans cette peintûre des moeurs du Siècle.
   Rem. Ce mot au pluriel se prend souvent en mauvaise part. "Nous n' aimons pas qu' on nous dise nos vérités. L. T. "Grâces au privilêge d' Inconu, dont je jouïs auprès de vous, je m' en vais vous dire vos vérités tout à mon aise. Mde De La Fayette à Mde de Sévigné.
   Je ne plaisante point: je dis vos vérités.
       Dest. Le Glorieux~.
On dit ordinairement, dire la vérité. M. D. L. H. que l' article la embarrassait, l' a retranché:
   Avec un peu d' humeur il a dit vérité.
"Il lui a dit des vérités dûres, fâcheûses. _ La manière dont on se sert de ce mot en détermine le sens. = En vérité, à la vérité: Le 1er se met ordinairement au milieu d' un membre de phrâse, quelquefois au comencement: le 2d parait toujours à la tête. "Je suis, en vérité fort ocupée de toutes ces chôses. Sév. "En vérité, plus j' y pense, et plus je m' y perds. "À~ la vérité, il l' a dit d' un ton doux, mais, etc. = En vérité se dit en confirmation de ce qu' on vient de dire; à la vérité en oposition . Plusieurs Auteurs les confondent. "Joseph, Appion, Dion, Cassius, Procope sont de grands Discoureurs, aussi bien que Thucidide~ et Xenophon. À~ la vérité, quand on examine le fond de ses discours, on y trouve peu de vraisemblance. P. Rapin. Il falait en cet endroit, en vérité, parce qu' il n' y a pas d' oposition. Si l' Auteur avait dit. "Ces Historiens sont de grands Orateurs. À~ la vérité leurs discours ont peu de vraisemblance; mais leur éloquence empêche d' y faire atention: à la vérité aurait été employé à propôs. Voyez aussi un exemple de Fontenelle au mot composition, où en vérité ferait mieux. = À~ la vérité est toujours suivi de mais au 2d membre de la phrâse.

VERJUS


VERJUS, s. m. VERJUTÉ, TÉE, adj. [Vêrju, juté, té-e: 1re ê ouv. 3e é fer. aux 2 dern.] Verjus est 1°. Le suc acide, qu' on tire des raisins, qui ne sont pas mûrs. "Sauce au verjus.
   Sa femme était aigre comme verjus,
   Mais, entre nous, la vôtre l' est bien plus.
       Nanine.
= 2°. Raisin, qui n' est pas bon à faire du vin, et dont les grains sont grôs et longs, et ont la peau fort dûre. "Du verjus confit. = 3°. Vin trop verd. "C' est du verjus. = On dit, proverbialement, c' est jus verd, ou verjus, comme on dit blanc bonet et bonet blanc. = Verjuté, qui a une pointe d' acide comme le verjus.

VERMEIL


VERMEIL, EILLE, adj. VERMEIL, s. m. [Vêr-mèil, mè-glie, mèil: 1re ê ouv. 2e è moy. mouillez l' l finale du 1er et du 3e, et les 2 ll du 2d.] Vermeil, rouge un peu plus foncé que l' incarnat. Il ne se dit que des fleurs et du teint. "Rôse vermeille. Le teint frais et vermeil. "Bouche vermeille: lèvres vermeilles. = Vermeil, subst. Argent doré. "Bufet de vermeil. = Quelques-uns disent vermeil doré. "Quand ils veulent faire du vermeil doré; c' est-à-dire, dorer l' argent, etc. Pluche. Mde de Sévigné dit tantôt l' un, tantôt l' autre. L' Acad. ne dit que vermeil.

VERMICELLE


VERMICELLE, s. m. [On prononce vermichèle.] Mot emprunté de l' Italien, qui disent vermicelli et prononçent~ vermitcheli. Espèce de pâte faite en filamens menus et longs, qui ressemblent à des vers: on en fait des potages.

VERMIFUGE


VERMIFUGE, adj. se dit des remèdes propres à faire mourir, ou à chasser les vers, engendrés dans le corps humain.

VERMILLON


VERMILLON, s. m. [Vêrmi-glion: 1re ê ouv. mouillez les ll.] 1°. Minéral de couleur fort rouge, fort éclatante. = 2°. Cette couleur même, qui se retire, ou du vermillon de mine, ou d' un vermillon artificiel. = 3°. La couleur vermeille des joûes et des lèvres. "Il lui monta un vermillon au visage. "Le vermillon de ses lèvres.

VERMINE


VERMINE, VERMISSEAU, VERMOULU, etc. Voy. VER.

VERNIR


VERNIR, v. act. VERNIS, s. m. VERNISSER, v. act. VERNISSEUR, s. m. [Vêrnir, ni, nicé, ni-ceur: 1re ê ouvert, 3e é fermé au 3e.] Vernis est 1°. gomme qui sort du bois de genièvre. = 2°. Sorte de composition un peu gluante, qui done du lustre aux matières qui en sont enduites. "Vernis de la Chine, du Japon. Mettre du vernis, ou pâsser un vernis sur: doner un vernis à, etc. = Fig. st. famil. "La modestie est un excellent vernis sur l' esprit, les talens. "Cela lui a doné un vilain vernis. "Couvrir d' un vernis de procédé la laideur du vice. J. J. Rouss.
   Tout dépend, à Paris, de jeter sur son nom
   Un vernis imposant de réputation.
       Palissot.
"Par-tout un vernis de charlatanisme, qui décèle l' erreur et rend la vérité même suspecte. Ann. Lit. = Vernir et Vernisser ont le même sens. Enduire avec du vernis. Suivant La Touche, on dit indiféremment vernir ou vernisser une table. Suivant l' Acad. vernisser ne se dit que de la poterie; et cela est vrai. = Vernisseur, artisan qui fait des vernis, ou qui les emploie.

VEROLE


VEROLE, s. f. [1re é fer. dern. e muet.] Quand on le dit absolument; c' est une maladie honteûse, fruit d' un comerce impur. Les honêtes gens évitent de se servir de ce mot. = Petite vérole, maladie qui fait pousser des boutons au visage et par-tout le corps, lesquels laissent ordinairement des creux dans la peau, aprês la guérison. "Il est marqué de petite vérole.

VÉROLIQUE


VÉROLIQUE, adj. Apartenant à la vérole: pustule vérolique. Des Médecins disent variolique.

VERRAT


VERRAT, s. m. [Vêra: 1re ê ouv. l' r se prononce fortement.] Pourceau mâle. = En st. prov. "Cet homme écume comme un verrat; il écume de colère.

VERRE


VERRE, s. m. VERRÉE, s. fém. VERRERIE, s. f. VERRIER, s. m. [Vêre, ré-e, reri-e, rié: 1re ê ouv. r forte: 2e e muet au 1er et au 3e, é fer. au 2d et au dern.] Verre est 1°. corps transparent et fragile, produit par la fusion d' un mélange de sâble et de sel alcali. "Verre blanc ou noir, épais ou mince. Verre double; clair, net ou obscur. "Bouteille, cloche de verre. "Verre de lunette. "Il a un oeuil de verre, etc. = 2°. Verre fossile; pierre transparente et claire, qu' on troûve dans les mines. = Métal ou minéral, que le feu change en verre. "Verre de plomb, d' antimoine, de bismuth. = 4°. Vâse à boire, fait de verre. "Grand ou petit verre. "Verre de fougère: verre comun. "Verre de cristal. "Laver, rincer un verre. "Boire un plein verre, ou à plein verre. "Il a toujours le verre à la main. = En st. famil. choquer le verre; faire toucher un verre plein de vin contre un aûtre, en signe d' amitié. _ Entre les verres et les pots; à table; en buvant. _ Le Proverbe dit: qui câsse les verres les paye; qui fait du domage, doit le réparer. = 5°. Verre ou verrée: ce que contient ou peut contenir un verre ordinaire. Le 2d est de peu d' usage. On dit plutôt un verre, que une verrée de vin, de limonade, de tisane. Prendre une médecine en deux verres, et non pas en deux verrées. = Verrerie se dit et du lieu où l' on fait le verre, et de l' art de faire le verre, et de toute sorte d' ouvrages de verre. = Verrier, 1°. Ouvrier qui fait du verre. Le métier de Verrier ne déroge point à noblesse. Aussi, dit-on Gentilhomme Verrier. = 2°. Celui, qui vend des ouvrages de verre. = 3°. Celui, qui est chargé de les porter. _ De là l' expression proverbiale: il court, il va comme un Verrier déchargé. = 4°. Ustensile de ménage, fait d' osier, dans lequel on met les verres à boire, les carafes.

VERREUX


VERREUX, voy. VÉREUX.

VERROTERIE


VERROTERIE, s. f. [Vêroterie; 1re ê ouv. l' r se prononce fortement: 3e et dern. e muet.] Menûe marchandise de verre, comme grains, bagues, patenôtres, etc. qu' on porte aux Sauvages, et qu' on emploie sur-tout dans le comerce et la traite des Nègres.

VERROU


VERROU, s. m. VERROUILLER, v act. [Vê-rou, rou-glié: 1re ê ouv. r forte: mouillez les ll du 2d, dont la 3e é fer. _ On écrivait aûtrefois verrouil, d' où vient le V. verrouiller. Rich.] Verrou, pièce de fer, au milieu de laquelle tient un bouton ou une queûe recourbée, et qui va et vient entre deux crampons: on l' aplique à une porte pour la fermer par dedans. "Fermer une porte à deux verroux, ou au verrou: la verrouiller. "Se verrouiller, s' enfermer au verrou. = En st. prov. venir baiser le verrou: venir faire homage. _ Tirer les verroux sur soi, s' enfermer, se tenir dans la retraite. "Il y a de certaines persones dont on ne doit pas se consoler, et qui empêchent de recevoir le monde. Il faut tirer les verroux sur soi, comme disoit notre bon Cardinal (de Retz.) Sév.

VERRûE


VERRûE, s. fém. [Vêrû-e: 1re ê ouvert; l' r se prononce fortement: 2e lon. 3e e muet.] Excroissance de chair, qui vient d' ordinaire au visage et aux mains.

VERS


VERS, s. m. et prép. [Vêr devant une consone; vêrz devant une voyèle: l' e est ouvert.] Vers, subst. Paroles mesurées et cadencées selon certaines règles déterminées. Vers, grecs, latins, français, italiens, etc. "Vers héroïques, lyriques, burlesques, etc. "Faire, composer des vers. "Tourner bien un vers. "En comparaison de la bone prose, les meilleurs vers sont mal écrits; et voilà la véritable raison pour laquelle les meilleurs vers mis en prose, font de mauvaise prose. Trublet.
   On peut être honête homme et faire mal des vers.
       Misantr.
Ce vers est devenu proverbe. "Sa prose me fatique autant que ses vers. Molière. = On apèle ironiquement, vers à sa louange, des écrits ou des discours injurieux à quelqu' un. "On a fait des vers à sa louanges: il parait une satire contre lui; ou simplement, on a bien médit de lui.
   ...Ils content votre histoire,
   Et font de fort beaux vers à votre honeur et gloire.
       Le Flateur.
  VERS, prép. de lieu. Elle sert à désigner à peu prês un certain côté, un certain endroit. "Vers l' orient, vers le nord. "Tournez-vous vers moi, vers lui. = Il se dit aussi pour environ, et il est alors prép. de tems. Vers les quatre heures; vers le milieu d' un tel siècle. "Vers le comencement de la campagne; vers la fin de l' automne. = Rem. Il ne faut pas confondre vers et envers: l' un est le versùs, l' aûtre l' èrgà des latins: le 1er régit les chôses et les persones; mais celles-ci seulement relativement au lieu. Le 2d ne régit que les persones.
   César s' efforcera de s' aquitter vers vous.
       Corneille.
Il falait envers vous; mais il y aurait eu une syllabe de trop. Voy. ENVERS. = Vers régit quelques adverbes: tournez-vous un peu plus vers là: avancez davantage vers ici. _ Vaugelas condamne vers où dans cette phrâse. "Il se rendit en un tel lieu, vers où l' armée s' avança. Mais là, vers où est relatif. Quand il est employé sans relation, il n' est pas vicieux; comme lorsqu' on dit: vers où allez-vous? REGN.

VERSANT


VERSANT, ANTE, adj. *VERSEMENT, s. m. VERSER, v. act. et n. [Vêr-san, sante, ceman, cé; 1re ê ouv. 2e lon. aux 2 prem. e muet au 3e, é fermé au 4e.] Verser, 1°. répandre, transvaser. "Verser de l' eau dans une cruche, à terre; du vin dans un verre, etc. _ Voy. RÉPANDRE. _ Verser des larmes.
   Un moment d' imprudence a souvent fait verser
   Des larmes que le tems n' a pu faire cesser.
       La Chaussée.
  Songe au sang qu' a versé ta fureur meurtrière,
  Et considère après sur quoi tu peux fonder
  Et l' amour, et la foi que je t' ai pu garder.
       Rhadamisthe.
Verser son sang pour la Foi, pour l' État. _ Verser le sang inocent. = 2°. On le dit des grains qu' on répand d' un sac dans un aûtre, ou d' une aûtre manière: verser du blé, de l' avoine dans, etc. = 3°. Faire tomber, ou tomber sur le côté. Il se dit activement et neutralement, des voitûres et des persones qui sont dedans. "Ce Cocher a versé sa voitûre, nous a versés. "Ces sortes de carrosses sont sujets à verser. "Nous avons versé en tel endroit: c' est verser en beau chemin. = 4°. Coucher, ou être couché, en parlant des blés sur pied. "L' orage a versé les blés. "S' il pleut long-tems les blés verseront. "Le grand vent fait verser les blés. = 3°. Versé, adj. Exercé, expérimenté. "Versé dans les Finances, dans la Philosophie, dans la lectûre des Poètes. * J. J. Rousseau emploie dans le même sens l' actif verser. "Ceux qu' une longue expérience a versés dans les afaires. _ L' usage n' admet pas l' emploi de ce verbe dans ce goût là.
   REM. Verser est beau au figuré: "Il a versé le poison et l' amertume sur les jours, ou dans le coeur de ses parens.
   Et mes brûlans soupirs verseront dans leur âme
   Cette bouillante ardeur, qui m' anime et m' enflâme.
       Campistron.
  La noirceur masque en vain les poisons qu' elle verse;
  Tôt ou tard, tout se sait, et le vérité perce.
       Le Méchant.
"L' humanité est le premier sentiment qu' on verse dès l' enfance, dans l' âme des Rois. Massill. "Verser sur le genre humain non seulement des lumières agréables, mais aussi des instructions salutaires. J.J. Rous. _ * Un Auteur a dit: "Horace versa des fleurs sur le tombeau de Mécène. Au lieu de verser, qui ne se dit (au propre et en ce sens) que des chôses liquides; il fallait, répandit; terme plus général, qui se dit des chôses, qui ne sont pas liquides, comme de celles qui le sont. Wailly. = En st. famil. verser en beau chemin, (n°. 3°.) c' est manquer une afaire, lorsqu' elle était en bon train.
   VERSANT, ANTE, ne se dit que des voitûres. Sujet à verser. "Les carrosses haut suspendus sont versans. "Les berlines sont moins versantes que les aûtres voitûres.
   VERSEMENT, action de verser des fonds d' argent ou d' éfets de comerce dans, etc. M. Necker a employé ce mot, qui n' est pas dans les Dictionaires, mais qui est en usage parmi les Négocians: "En tems de paix, les Voyageurs étrangers ocasionent un versement en France de plus de trente millions par an.

VERSATILE


VERSATILE, adj. masc. et fém. [Quelques-uns disent versatil, au masc.] "Esprit versatil, ou versatile; sujet à tourner, à changer. * M. Linguet a hazardé versatilité. "Quelques Historiens ont atribué la prodigieûse fortune des Romains à cette souplesse d' esprit, à cette versatilité, qui leur faisoit prendre les armes, les usages, la tactique de leurs énemis. _ L' adjectif se prend en mauvaise part. M. Linguet emploie, comme on voit, en bone part, le substantif. Esprit souple est souvent un éloge; esprit versatil est un blâme.

VERSER


VERSER, voy. VERSANT.

VERSET


VERSET, s. m. [Vêrsè: 1re ê ouv. 2e è moy.] 1°. Petite section d' un discours, composée de deux ou trois lignes. "Les chapitres de l' Écritûre-Sainte sont divisés par versets. Dans les citations on dit chapitre tel, verset tel. _ On ne le dit qu' en parlant de l' Écritûre-Sainte. = 2°. Paroles qu' on chante dans certaines parties de l' Ofice divin. "Le verset est ordinairement suivi d' un répons.

VERSIFICATEUR


VERSIFICATEUR, s. m. VERSIFICATION, s. fém. VERSIFIER, v. n. [Vêrsifika-teur, cion, fi-é: 1re ê ouv. dern. é fer. au dern.] Ils expriment l' action de faire des vers; et ils se disent sur-tout de la facilité et de l' élégance de la construction, plutôt que du génie et de l' invention. "Bon versificateur, qui versifie bien; dont la versification est noble, aisée et coulante. "Bien des gens pensent que Voltaire est plus versificateur que Poète. = Pièce bien ou mal versifiée; dont les vers sont ou ne sont pas beaux.
   REM. Versifier, au futur et au conditionel n' est que de 4 syllabes; l' e y est muet: il versifiera, versifierait: pron. versifîra, fîré.
   Il versifira donc! Le beau genre de vie!
       Piron.

VERSION


VERSION, s. f. [Vêr-sion en vers si-on: 1re ê ouv.] Interprétation, traduction d' une langue en un aûtre. Voy. TRADUCTION. = Ce mot se dit aussi des traductions que les Écoliers font dans les Collèges. "Il a renporté le prix de la version. = On apèle diférentes versions d' une histoire, les diverses manières dont on la raconte; et c' est par allusion aux variantes, aux diverses manières dont est écrit dans diférens manuscrits, le texte de l' Écritûre, ou des Auteurs anciens. "Voici enfin la véritable version de cette nouvelle.

VERT


VERT, VERTE, voy. VERD.

VERTÉBRAL


VERTÉBRAL, ALE, adj. VERTèBRES, s. f. [1re ê ouv. 2e é fer. aux deux prem. è moy. au 3e, e muet à celui-ci.] On apèle vertèbres les ôs qui s'~ emboîtant~ les uns dans les aûtres, compôsent l' épine du dôs de l' animal. "La première, la seconde vertèbre; les vertèbres du cou, des lombes, etc. * Le Gendre le fait mal-à-propôs masc. "Des ôs ronds et creux atachés au dernier vertèbre de la queue. Il faut, à la dernière vertèbre. = Vertébral qui a raport aux vertèbres.

VERTEMENT


VERTEMENT, adv. [Vêrteman: 1re ê ouv. 2e e muet.] Il ne se dit point au propre. Il signifie, avec fermeté, avec vigueur. "Répondre vertement à quelqu' un. Pousser vertement les énemis. L. T.

VERTICAL


VERTICAL, ALE, adj. VERTICALEMENT, adv. [Vêrtikal, kale, leman: 1re ê ouv. 4e e muet au 2d et au 3e.] Perpendiculaire à l' horison. Plan, cadran vertical. Ligne verticale. "Les cercles verticaux. _ Point vertical, le zénith; le point du ciel perpendiculairement élevé sur nos têtes. = Perpendiculairement à l' horison. "Plan posé verticalement.

VERTIGE


VERTIGE, s. m. VERTIGINEUX, EûSE, adj. [Vêrtige, gi-neû, neû-ze: 1re ê ouv. 4e lon. au 2d et au 3e.] Vertige, au propre, tournoiement de tête. "Il a, ou il est sujet à des vertiges. = On dit, au figuré, esprit de vertige. "La prospérité répand sur les imprudens un esprit de vertige et d' erreur. Toureil.
   ....Cet esprit de vertige et d' erreur,
   De la chûte des Rois funeste avant-coureur.
       Racine.
= Vertigineux, qui a des vertiges. * M. l' Ab. Grosier l' a employé au figuré. "Pourquoi céder à la vertigineuse ambition de vouloir chausser le couthurne, quand l' humble brodequin seid bien.

VERTIGO


VERTIGO, s. m. [Au pluriel, vertigos.] Caprice, fantaisie. "Quand son vertigo le prend: il a de singuliers vertigos. St. famil.
   Tel qu' en sortant du Toboso,
   Le sieur de la triste figure...
   Courut, suivant son vertigo,
   Aux moulins servir de monture.
       Le Franc.

VERTU


VERTU, s. f. VERTUEUX, EûSE, adj. VERTUEûSEMENT, adv. [Vêrtu, tu-eû, eû--ze, eû-zeman: 1re ê ouv. 3e lon. 4e e muet.] Vertu est, 1°. en parlant des persones, habitude de l' âme, qui porte à aimer et à faire le bien, comme à abhorrer et à fuir le mal. "Vertu chrétiène ou morale. "Vertus naturelles, aquises, surnaturelles. "La vertu de chasteté, d' humilité. "Instruire, former à la vertu. "L' amour de la vertu; embrasser la vertu; exemple de vertu. "Ici (à St. Cyr.) les divertissemens eux-mêmes sont des leçons de vertu. L' Ab. Du-Serre-Figon. "Le Misantrope n' est point un véritable homme de bien, parce que la vertu, digne de nos respects, est toujours douce, patiente, charitable. Bret.
   Il faut, parmi le monde, une vertu traitable.
   À~ force de sagesse on peut être blâmable.
       Misantr,
  Quelle gloire pour moi peut avoir plus d' apas?
  La gloire n' est jamais où la vertu n' est pas.
       Didon.
= 2°. En parlant des chôses, qualité qui done la force de produire quelque éfet. "Les vertus des plantes, des minéraux. "Cette plante a une grande vertu: elle a la vertu de guérir un tel mal. "Vertu secrète ou oculte. Vertu spécifique.
   J' adorerois un Dieu sans force et sans vertu,
   Reste d' un tronc par les vents abatu,
   Qui ne peut se sauver lui-même!
       Esther.
= En vertu de; à caûse du droit, du pouvoir. "En vertu de quoi prétendez-vous cela? En vertu d' un Arrêt, de l' Ordonance, des privilèges de ma charge.
   REM. L' Ab. Du Bos apèle vertus les talens des Artistes, parce qu' on apèle virtuoses les talens distingués. Il est vrai qu' il a fait imprimer ce mot en italique, pour faire voir qu' il le hazardait. "La munificence de la Reine Élisabeth se répandit sur toute sorte de vertus. _ Le peuple le dit aussi dans les Provinces méridionales. "Cette femme, cette fille a beaucoup de vertu, c. à. d. elle sait travailler à toute sorte d' ouvrages. On dit aussi qu' elle a de belles mains. Ces manières de parler, qui ne sont pas françaises, ocasionent souvent des équivoques assez plaisantes. = On ne dit point une vertu, pour, un acte de vertu, comme on dit un crime, pour, une action criminelle. "Une Cathérine de Médicis, qui préféroit d' achever par un crime ce qu' elle auroit pu~ aussi aisément emporter par une vertu. Rayn. H. du Parlem. d' Angl. L' afectation de la symétrie a fait mettre à cet Auteur une vertu, parce qu' il avait mis auparavant un crime. Il aurait pu dire, le crime, la vertu; et cela aurait été plus régulier.
   VERTUEUX, qui a de la vertu. "Homme vertueux; femme três-vertueûse. "Il cherchoit moins à paraître vertueux qu' à l' être en effet. Le Franc.
   Quoiqu' on soit vertueuse, il faut telle paroître.
   Et cela quelquefois coûte bien plus qu' à l' être.
       Regn.
= Il suit ou précède au gré de l' Écrivain, guidé par l' oreille et le goût.
   Si long-tems séparés, deux vertueux amis
   N' avoient-ils que les fers pour se voir réunis.
       Gresset.
Si la rime l' avait exigé, le Poète aurait pu dire aussi, deux amis vertueux.
   VERTUEûSEMENT, d' une manière vertueûse. "Elle a toujours vécu fort vertueûsement.

VERVE


VERVE, s. fém. [1re ê ouv. 2e e muet.] Au propre, il ne se dit que du talent exalté du Poète, du Musicien. "Verve poétique: quand il est dans sa verve. = Entrer en verve.
   La joie, en circulant, me gagne ainsi qu' eux tous.
   Je la sens: j' entre en verve et le feu prend aux poudres.
   Il part de moi des traits, des éclairs et des foudres.
       Piron. Métrom.
= Au figuré, il se dit de toute sorte de caprices et de bizarreries. "Il faut prendre cet homme dans sa verve.
   Quand ma verve me prend, je ne suis plus traitable.
       Regnard.

VERVEUX


VERVEUX, s. m. [Vêr-veû: 1re ê ouv. 2e lon.] Sorte de filet à prendre du poisson. "Le verveux est une nasse de réseau, soutenûe sur diverses baguettes.

VèSCE


VèSCE, s. fém. [1re è moy. 2e e muet.] Sorte de grain, rond et noirâtre, dont on nourrit les pigeons. C' est ce qu' on apèle, en certaines Provinces, mérévillon.

VÉSICATOIRE


VÉSICATOIRE, s. m. VÉSICULE, s. f. [Vézika-toâre, kule: 1re é fer. 4e lon. au 1er.] Vésicatoire, qui fait venir des vessies. "Apliquer un vésicatoire, des vésicatoires. _ Adj. "Emplâtre vésicatoire. = Vésicule, petite vessie. "La vésicule du fiel. "Le poumon est composé d' une infinité de petite vésicules.

VESPÉRIE


VESPÉRIE, s. fém. VESPÉRISER, v. a. [Vèspéri-e, rizé: 1re è moy. 2e é fer. dern. e muet au 1er, é fer. au 2d.] Vespérie, le dernier acte de Théologie ou de Médecine, que soutient un Licencié. = Fig. Style famil. Réprimande: "Son père lui a fait une rude vespérie. = Vespériser, réprimander. "Il vous a donc bien vespérisé: vous serez bien vespérisé.

VESSE


VESSE, s. f. VESSER, v. n. [Vèce, vècé: 1re è moy. 2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Ventosité, qui sort sans bruit par le derrière de l' animal. vesser, lâcher une vesse. "Il a vessé: il vesse comme un daim. = Vesseur, eûse, qui vesse.

VESSIE


VESSIE, s. fém. [Vèci-e: 1re è moy. 2e lon. 3e e muet.] 1°. Sac membraneux, servant à recevoir et à contenir l' urine. = 2°. Cette même partie, tirée du corps de l' animal et que l' on fait sécher. "Vessie de cochon. = On dit proverbialement d' un homme qui débite des chôses faûsses, qu' il veut faire croire que vessies sont lanternes. Acad. ou, que des vessies sont des lanternes. Marin. _ Et pour marquer qu' on méprise des louanges fades, des complaisances bâsses; j' aimerais autant, dit-on, qu' on me donât d' une vessie par le nez.

VESTALE


VESTALE, s. fém. [1re è moy. dern. e muet.] Nom doné chez les Romains à des vierges, consacrées à la Déesse Vesta. = Parmi nous, on le dit d' une femme ou d' une fille d' une chasteté exemplaire. Il se dit le plus souvent en dénigrement. "Une vieille vestale; elle fait la vestale; elle se done pour vestale.

VèSTE


VèSTE, s. f. [1re è moy. 2e e muet.] 1°. Habillement long, que les Orientaux portent sous leur robe: "Longue vèste. "Vèste à la turque. = 2°. Manière de longue camisole, qu' on porte sous le just' au corps. "Vèste brodée, de satin. "Être en vèste.

VESTIAIRE


VESTIAIRE, s. m. [Vèsti-è-re: 1re et 3e è moy. long à la 3e.] 1°. Lieu où, en certains Couvens, on serre les habits destinés aux Religieux ou Religieûses. = 2°. L' argent qu' on leur done pour s' habiller.

VESTIBULE


VESTIBULE, s. m. [1re è moy. dern. e muet.] La pièce du bâtiment qui s' ofre la première à ceux qui entrent. "Grand, beau vestibule.

VESTIGE


VESTIGE, s. m. [1re è moy. dern e m.] 1°. Empreinte du pied d' un homme ou d' un animal, marquée dans l' endroit où il a marché. "Il n' y parait aucun vestige. "Je vois des vestiges d' homme. Il ne se dit guère que dans le style soutenu et au pluriel. = Fig. suivre les vestiges de quelqu' un, l' imiter. = 2°. Reste, monument. "Il ne reste pas le moindre vestige de plusieurs Villes anciènes. "On voit encôre dans Rome de beaux vestiges de la grandeur romaine. "On ne trouve aucun vestige de cela dans l' histoire, etc.

VêTEMENT


VêTEMENT, s. m. VÉTIR, v. act. VÉTûRE, s. f. [Vêteman, véti, vétûre: 1re ê ouvert et long au 1er, é fer. aux deux aûtres: 2e e muet au 1er, lon. au 3e.] On écrivait aûtrefois vestement, vestir. Quand on suprima l' s qui ne se prononçait plus, on la remplaça par l' accent circonflexe; mais cet accent ne convient que sur l' e qui précède l' e muet, parce qu' il est ouvert et long: ils vêtent, que je vête; et c' est un abus de la conserver sur l' e qui est devant la syllabe masculine, puisque c' est un é fermé: l' accent aigu y est indiqué. = Vétir; je vets, nous vétons, ils vêtent; je vétois ou vétais; je vétis; j' ai vétu; je vétirai; je vétirois ou vétirais; que je vête; je vétisse; vétant; vétu. = Habiller. Doner des habits à quelqu' un. "Vétir les pauvres, les nuds. Vétir un enfant. _ Vétir une robe, une soutane; la mettre sur soi. = Il se dit plus ordinairement avec le pronom personel: "Il est long tems à se vétir; et au passif: "Vous êtes vétu trop légèrement pour la saison. "Le Roi étoit vétu de ses habits royaux. = On dit proverbialement, vétu comme un oignon, d' un homme qui a plusieurs vêtemens l' un sur l' aûtre. = S' habiller est plus en usage que se vétir:"Habillez-vous! "Vous êtes trop long tems à vous habiller. L. T. Il en est de même de dévétir et de déshabiller. _ Se dévétir n' est guère en usage que pour signifier, se dégarnir d' habits: "Il ne faut pas se dévétir trop tôt. Id.
   VêTEMENT, habillement. Il ne se dit que dans le style soutenu. "Le Grand Prêtre déchira ses vêtemens.
   Ce ciel, orageux et mobile,
   S' usera comme un vêtement.
       LE FRANC.
  Les feux célestes le couronent,
  Et les flâmes, qui l' environent,
  Sont ses vêtemens éternels.
       Idem.
  VÉTûRE; cérémonie qui se fait en donant l' habit à une Religieûse. On dit aussi, prise d' habit.

VÉTÉRAN


VÉTÉRAN, s. m. VÉTÉRANCE, s. fém. [1re et 2e é fer. 3e lon.] Vétéran, chez les Romains, Soldat qui, aprês avoir servi un certain tems, obtenait son congé, et les récompenses dûes à ses services. _ Parmi nous, Magistrat qui, aprês un certain nombre d' années de services, jouït encore, en vertu des Lettres du Prince, d' une partie des prérogatives de sa charge, quoiqu' il ne la possède plus. "Il est vétéran; Lettres de véteran. On dit aussi, et plus ordinairement, honoraire, sur tout adjectivement. = Vétérance; qualité de vétéran. "Lettres de vétérance.
   Dans le style plaisant ou critique, on emploie vétéran au figuré.
   ......N' en voit-on pas sans cesse,
   Qui, jusqu' à quarante ans, gardent l' air éventé,
   Et sont les vétérans de la fatuité.
       Le Méchant.

VÉTILLARD


VÉTILLARD, ou VÉTILLEUR, s. masc. VÉTILLE, s. fém. VÉTILLEUX, EûSE, adj. VÉTILLER, v. n. [Véti-gliar, glieur, glie, glieû, glieû-ze, glié: 1re é fer. mouillez les ll; 3e e muet au 3e, é fer. au dern. lon. au 4e et 5e.] Vétille, chôse de rien ou de peu de conséquence. "La moindre vétille l' arrête.
   Point de ces intérêts, de ces basses vétilles,
   Qui troublent aujourd'hui tant d' honêtes familles.
       Le Flateur.
Vétiller, s' amuser à des vétilles. "Il vétille toujours. Vétillard ou vétilleur, qui s' amûse à des vétilles. "On voit bien qu' il me veut traiter de vétillard et de chicaneur. Boss. "C' est un grand vétilleur. _ Vétillard n' a pas de fém. il est moins usité aujourd'hui que vétilleur, dont le fém. est vétilleûse: "C' est une vétilleûse insuportable. _ Vétilleux; qui demande beaucoup d' atention: "Ouvrage vétilleux.

VÉTIR


VÉTIR, VÉTûRE, voy. VêTEMENT.

VÉTURIN


*VÉTURIN, s. m. Voiturier. Ce mot est provençal, d' origine italien. Le Dict. de Trév. le met sans le blâmer; l' Acad. ne le met pas.

VÉTUSTÉ


VÉTUSTÉ, s. f. [1re et 3e é fer.] Ancièneté, en parlant des édifices que le laps de tems a fait dépérir. "Cette Chapelle tombe de vétusté.

VEUF


VEUF, VEûVE, adj. et s. m. et fém. VEUVAGE, s. m. [Veuf, veû-ve, veu-vage: 1re lon. au 2d, 2e e muet.] On a prononcé long-tems, et plusieurs prononcent encôre, vef, vève. _ Malherbe a écrit veuve, et le fait rimer avec fleuve; et Vaugelas se sert de cet exemple pour montrer qu' il faut prononcer veuve ou non pas vefve. = Veuf, celui dont la femme est morte, et qui n' est pas remarié. Veûve, celle dont le mari est mort et qui n' est pas remariée. "Homme veuf, femme veûve: il est veuf, elle est veûve. "Une jeune veûve. Protéger la veûve et l' orphelin.
   Allez; et dans ces murs, vides de citoyens,
   Faites pleurer ma mort aux veuves des Troyens.
       Iphigénie.
= Le masculin ne s' emploie guère comme substantif. = Veuvage, état de veuf, de veûve. "Durant son veuvage. Pendant mon triste et ennuyeux veuvage. Voyez VIDUITÉ.

VEXATION


VEXATION, s. fém. VEXER, v. act. [Vèksa-cion, vèk-cé: 1re è moy., 2e é fer. au 2d.] Vexer, tourmenter; faire de la peine injustement. Vexation, action de vexer. "Seigneur, qui vexe ses vassaux. "Il a été puni de ses vexations. "Le procês qu' on lui fait est une pûre vexation. = REM. Vexation a un sens actif; il se dit de celui qui vexe, et non pas de celui qui est vexé. _ Rollin lui done un sens passif. "Il est assez ordinaire aux persones en place d' être peu touchés des vexations des persones foibles et sans crédit. Hist. Anc. Les persones faibles sont vexées: elles ne vexent pas. Il falait dire, des vexations qu' essuyent les persones faibles, etc. = Les petits maîtres modernes se servent de vexer à tout propôs et pour des riens. "On m' acâble, on me vexe, que c' est une chôse étrange. = Dans le Rich. Port. on met se vexer, se tourmenter. Je doute que ce réciproque soit du bel usage: l' Acad. ne le met pas. = Depuis peu on a dit vexateur, vexatrice, qui vexe. "Pouvoir vexateur. ANON. "La domination turbulente et vexatrice des Corps particuliers. Linguet. Ce sont des néologismes heureux, à mon avis. Neuville l' emploie substantivement. "Un vexateur avide, également avare et prodigue, devient la fable et l' exécration du peuple.

VIABLE


VIABLE, adj. [Vi-able.] Terme de Médecine et de Droit. Qui est assez fort, assez formé pour faire espérer qu' il vivra. "Un enfant, né avant le septième mois, n' est pas viable.

VIAGER


VIAGER, ÈRE, adj. [Vi-agé, gère: 3e é fer. au 1er, è moy. et long au second.] Qui est à vie; dont on ne doit jouïr que durant sa vie: "Rente, pension viagère. = S. m. "Il n' a que du viager. _ * Le Peuple, en plusieurs Provinces, dit voyager: c' est un grossier barbarisme.

VIANDE


VIANDE, s. fém. VIANDER, v. n. VIANDIS, s. m. [Vian-de, , di: 1re lon. 2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] 1°. La chair des animaux terrestres et des oiseaux, dont on se nourrit. "De bone, de belle viande. De la viande délicate ou grossière. _ Viande neûve, qui est servie pour la première fois. Viande blanche; de volâille. Viande noire; de lièvre, bécasse, etc. _ La grôsse viande, ou viande de boucherie. _ La menûe viande; volâille, gibier. = 2°. Par extension, on dit quelquefois viande, en parlant des poissons: le saumon n' est pas une viande de malade; et d' aûtres alimens, comme quand on dit: viande de carême; c. à. d. les fruits secs; figues, raisins, etc. = 3°. Aûtrefois on disait viande pour toute sorte de mets. Mlle. de Montpensier dit souvent, dans ses Mémoires: on me servit ma viande, je me fis servir ma viande. On le dit encôre chez le Roi, les jours maigres, comme les jours grâs: la viande est servie: aller à la viande, aller chercher les plats qu' on doit servir. Hors de là on ne le dit plus, et Rollin n' est pas à imiter, quand il dit: "L' une de ces Villes devoit lui fournir son pain, l' aûtre son vin, l' aûtre sa viande. "Il lui coupa la tête dans un festin, dit Maimbourg, à l' instant même qu' il la baissoit pour prendre la viande. On le disait ainsi dans le siècle pâssé. "Ô doux festin, dans lequel vous vous donnez vous-même en viande. Saci, Imit. de J. C. = Ce mot, au figuré, n' est pas du beau style. On ne dirait plus aujourd'hui, comme a dit Nicole, qu' il faut nourrir l' ame d' une viande solide. = En style famil. on dit, viande creuse: "La Musique est une viande bien creuse pour un homme qui a faim. "Il se repait de viandes creuses, de chimères. "Ce n' est pas viande prête: on ne peut pas avoir cela sitôt. "Ce n' est pas viande pour ses oiseaux: il a tort d' y prétendre. _ On apèle un paresseux, mangeur de viandes aprêtées.
   VIANDER et VIANDIS ne se disent qu' en termes de vènerie, du cerf et des bêtes faûves. Pâturer. Pâtûre.

VIATIQUE


VIATIQUE, s. m. [Vi-atike: dern. e muet.] Au propre, il ne se dit que des Religieux. Provision ou argent qu' on done à quelqu' un pour un voyage. "On lui a doné vingt écus pour son viatique. = Au figuré, on apèle viatique, le Sacrement de l' Eucharistie, quand on l' administre aux malades qui sont en danger de mort. _ En s' atachant à l' étymologie, on devrait dire, mon viatique, leur viatique, comme a dit Bossuet: "La grace d' avoir leur saint viatique. Cependant l' usage a prévalu de dire absolument: le saint viatique ou le viatique, et de ne point l' unir aux pronoms pôssessifs. "On lui a doné le viatique, il a reçu le saint viatique: comunier en viatique.

VIBRATION


VIBRATION, s. f. [Vibra-cion.] 1°. Moûvement d' un poids suspendu librement, et qui, étant en branle, décrit une portion de cercle. "Les vibrations du pendule. = 2°. Tremblement des cordes d' un instrument de Musique, de la corde d' un arc, d' un ressort spiral, etc.

VICAIRE


VICAIRE, s. m. VICAIRIE, s. f. VICARIAL, ALE, adj. VICARIAT, s. m. VICARIER, v. n. [Vikère, kèri-e, karial, ale, kari-a, ri-é: 2e è moy. au 1er et au 2d, long au 1er; dern. é fer. au dern.] Vicaire, 1°. en général, est celui qui est établi par son Supérieur pour tenir sa place en certaines fonctions. "Il y a des Princes qui se disent Vicaires de l' Empire. = 2°. Celui qui fait des fonctions éclésiastiques sous un Supérieur. "Vicaire de Paroisse: le Curé et ses vicaires. "Grand Vicaire ou Vicaire Général d' un Archevêque ou d' un Évêque. = Vicairie se dit des Vicaires de Paroisse: et Vicariat, des grands Vicaires. L' Acad. dit celui-ci des uns et des aûtres, et remarque que vicairie, qui signifie la même chôse, est moins en usage. _ On dit aussi, le Vicariat de l' Empire. = Vicarial, ale, qui a raport au vicariat. "Fonctions vicariales. = Vicarier, faire les fonctions de vicaire. Il ne se dit que des Vicaires de Paroisse. "Il vicarie depuis trente ans. Il a vicarié dix ans.

VICE


VICE, s. m. [2e e muet.] Vice, défaut, imperfection (synon.) Le vice marque une mauvaise qualité morale, qui procède de la dépravation ou de la bassesse du coeur: défaut marque une mauvaise qualité d' esprit, ou une mauvaise qualité purement extérieure. Imperfection, est un diminutif de défaut. "La négligence dans le maintien, est une imperfection: la diformité et la timidité sont des défauts; la cruauté et la lâcheté sont des vices; (Encycl.) Beauz. Synon. _ L' Acad. dit vice, 1°. pour défaut: "Vice de conformation: ce cheval n' a point de vice: 2°. pour faûte: "Vice de clerc: 3°. pour habitude, qui porte au mal: se plonger dans le vice: haïr, quiter le vice. Protéger, autoriser le vice. "C' est le vice de la Nation. "Se livrer à toute sorte de vices. "L' âge mûr, où les fautes de la jeunesse deviennent presque des vices. BRET. 4°. dans un sens plus étroit, pour impureté. "Croupir, vivre, mourir dans le vice. "Le vice l' a quité, mais il n' a pas quité le vice. = Ce mot n' est bien propre que dans le 3e et le 4e sens.
   Cet honeur étranger, parmi nous inconu,
   N' est qu' un fantôme vain, qu' on prend pour la vertu.
   C' est l' amour de la gloire et non de la justice,
   La crainte du reproche, et non celle du vice.
       Alzire.
"J' avois encore de la vertu, et il faut qu' il y ait long-tems qu' on l' ait abandonée, avant que de parler la langue du vice. DUCLOS.
   VICE, dans une aûtre signific., entre dans la composition de quelques mots, et veut dire qui tient la place de. "Vice-Amiral, Vice-Bailli, Vice-Chancélier, Vice-Consul, Vice-Gérent, qui tient la place de l' Oncial, en son absence; Vice-Légat, Vice-Président, Vice-Roi, Vice-Reine, la femme du Vice-Roi; Vice-Royauté, Vice-Sénéchal.

VICIER


VICIER, v. act. [Vici-é: 3e é fer.] Terme de Pratique. Rendre nul, vicieux, défectueux. "Cette claûse ne vicie pas. = Vicié, ée, adj. Terme de Médecine. Gâté, corrompu. "Partie viciée; sucs viciés.

VICIEUX


VICIEUX, EûSE, adj. VICIEûSEMENT, adv. [Vi-cieû, cieû-ze, cieû-zeman; dans le discours soutenu, ci-eû, etc. 2e ou 3e lon. 3e ou 4e e muet.] Vicieux est 1°, qui a quelque vice, quelque défaut. "Cheval vicieux; claûse qui rend un contrat vicieux: claûse vicieûse. En Gramaire, façon de parler vicieûse, qui est contre les règles. "Tout pléonasme qui ne sert pas à doner plus de force à ce qu' on dit, est toujours vicieux dans le discours. Gamache. = 2°. Qui est adoné à quelque vice, et particulièrement à l' impûreté. "Homme vicieux. = S. m. plur. "Il faut fuir le comerce des vicieux. On ne dirait pas au singulier: c' est un vicieux. = Vicieûsement, d' une manière vicieûse.

VICINAL


*VICINAL, adj. Voisin. Ce mot est de M. Necker: "Un chemin vicinal; des comunications vicinales. Je ne sais qu' augurer du sort de ce néologisme.

VICISSITUDE


VICISSITUDE, s. f. [Vici-situde: dern. e muet.] 1°. Révolution réglée: la vicissitude des saisons. = 2°. Instabilité. "La vicissitude des chôses humaines. = 3°. Changement, évènement fâcheux. "Voilà une terrible vicissitude: il a éprouvé de grandes vicissitudes. = 4°. Variations. "Il a eu dans sa vie de grandes vicissitudes, des vicissitudes continuelles. "Ce ne fut qu' une vicissitude continuelle de combats fréquens, gagnés, ou perdus. Volt.

VICOMTE


VICOMTE, ESSE, s. m. et f. VICOMTÉ, s. f. [Vikonte, tèce, ; 2e lon. 3e e muet au 1er, è moy. au 2d, é fer. au 3e.] Vicomté est le titre d' une terre; Vicomte, le titre de celui qui la possède. Vicomtesse, la femme d' un Vicomte, ou celle, qui de son chef possède une Vicomté. _ Les Vicomtes étaient aûtrefois les Lieutenans des Comtes, espèce d' Oficiers Généraux comandant dans les Provinces. Ils devinrent peu-à-peu les uns et les aûtres des Seigneurs indépendans, et donèrent leurs titres à des Provinces, à des Villes, à des Seigneuries particulières. De là les Comtés et les Vicomtés. = Vicomte, en Normandie et âilleurs, Juge Royal, qui est au-dessous du Bailli. C' est la même chôse que les Prévots Royaux dans les aûtres Provinces. _ Vicomté, le ressort, le district de la Juridiction des Juges apelés Vicomtes.

VICTIMAIRE


VICTIMAIRE, s. m. VICTIME, s. fém. [Viktimère, viktime; 3e è moy. et long au 1er, e muet au 2d.] Victimaire est un terme d' antiquité. Celui qui fournissait les victimes, ou qui faisait les aprêts du Sacrifice. = Victime, animal qu' on immolait et que l' on sacrifiait, soit à Dieu, dans l' anciène Loi, soit aux faûsses Divinités, chez les Païens. = On apèle N. S. J. C. victime oferte pour le salut des Hommes. = Figurément: Être la victime; être sacrifié. "J' ai été la victime de cet acomodement: on s' est acomodé à mes dépens. "J' ai été la victime de son ressentiment: il m' a fait beaucoup de mal. "Les méchans rejettent volontiers la cause de leurs méchancetés sur ceux qui en sont les victimes. Le Franc: Traduction de S. Grégoire de Nazianze. "Vous avez été la victime de votre bone foi, de votre générosité: elles ont été la cause de vos disgrâces, de votre perte. = De bons Auteurs ont dit: être victime, sans article: "Quelque tyrannique qu' elle (cette méthode de la presse) doive paroître aux Marins, qui en sont victimes. LING. Cet éloquent Écrivain le dit toujours de même. On le trouve aussi dans le Journ. de Mons. "Une passion, dont il seroit victime; et dans les Lettres Édif.: "Il fut victime de sa complaisance. _ Être la victime, est plus sûr et plus autorisé. On dit figurément: parer la victime pour l' immoler, RAC. fait allusion à cette expression.
   On a payé le zèle, on punira le crime;
   Et l' on vous a, Seigneur, orné votre victime.
       Esth.
= * Quelques uns disent victimer, pour sacrifier. "Il m' a victimé: j' ai été victimé. Ce mot apartient au jargon des petits-maîtres et des Néologues précieux.

VICTOIRE


VICTOIRE, s. f. VICTORIEUX, EûSE, adj. VICTORIEûSEMENT, adv. [Vik-toâ--re, tori-eû, eû-ze, eû-zeman: 2e lon. au 1er, 4e lon. aussi aux 3 autres.] Avantage qu' on remporte en guerre sur les énemis, dans un combat, dans une bataille. Remporter la victoire. "La victoire est à nous. Courir de victoire en victoire.
   Ah! n' ensanglantez point le prix de la victoire,
   Mon fils! que la clémence ajoute à votre gloire.
       Alzire.
"Il fut dificile alors (au combat de Blénau) de décider lequel avoit aquis plus d' honeur, ou de Condé victorieux, ou de Turenne, qui lui avoit arraché le fruit de sa victoire. VOLTAIRE. "Depuis les anciens Romains, je ne conais aucune Nation qui se soit enrichie par des victoires. IDEM. = Par extension, il se dit de tout avantage, qu' on remporte sur un concurrent. "Ce n' est pas toujours le plus habile, qui remporte la victoire. = Figurément: Remporter la victoire sur ses passions, sur soi-même. = Souvent l' on personifie la victoire. "La victoire s' est déclarée pour lui. "La victoire le suit par-tout: "Il a enchainé la victoire à son char.
   Rem. Du tems de Vaugelas, plusieurs n' auraient pas voulu écrire, pour quoi que ce fut, remporter la victoire, quoique, dit-il, cette façon de parler soit très-excellente et très-ordinaire, en parlant et en écrivant. = Rollin dit, gagner des victoires. Cette expression n' est pas bone du tout. On dit, gagner des batailles, et remporter des victoires.
   VICTORIEUX, qui a remporté la victoire. Il se dit au propre et au figuré. "Prince toujours victorieux. Armée victorieûse. "Il est sorti victorieux de cette entreprise. "Grâce victorieûse. "La raison n' est pas toujours victorieûse des passions. = Il est beau, au figuré: il s' emploie, ou sans régime: "L' éloquence victorieûse du Maréchal de Belle-Isle lui avoit concilié l' atention favorable des Princes. Neuville. Ou, avec la prép. de pour régime:
   Victorieuses des années,
   Nymphes, dont les inventions, etc.
       Racan.
  Apollon, ton savoir des ans victorieux.
      Segrais.
Maimbourg emploie victorieux substantivement. "Alors le victorieux tourne visage. On dit, le vainqueur.
   VICTORIEûSEMENT, d' une manière victorieûse. On ne l' emploie qu' au figuré. "L' éloquence agit victorieûsement sur les esprits. "Il s' est défendu; il a refuté les raisons de son adversaire victorieûsement.

VICTUâILLES


VICTUâILLES, s. f. plur. [Plusieurs ne prononcent point le c dans ce mot: plusieurs même ne l' écrivent pas. L' Académie le met. M. de Wailly done à entendre qu' il faut le prononcer; puisque dans le Rich. Port. il ne répète pas ce mot sans c entre deux crochets, comme c' est son usage, quand il y a quelque diférence entre l' ortographe et la prononciation. L' Académie met Avitaillement, Avitailler sans c: l' analogie favorise donc vituailles, plus que victuailles.] Vivres qu' on charge sur les vaisseaux. "Nous mouillâmes en tel endroit, pour faire des victuâilles.

VIDAME


VIDAME, s. m. VIDAMÉ, s. m. ou VIDAMIE, s. f. Le 1er s' est dit originairement, de celui qui tenait des terres d' un Évéché, à condition de défendre le temporel de l' Évêque et de comander ses troupes. _ Quelques-unes de ces terres furent ensuite érigées en fiefs, et les Seigneurs ont retenu le nom de Vidames. = Les deux aûtres se disent de la dignité de Vidame.

VIDANGE


VIDANGE, s. f. VIDANGEUR, s. masc. VIDE, s. m. et adj. VIDER, v. act. [2e lon. aux deux prem. e muet au 3e, é fer. au 4e. = On a écrit long-tems, vuidange, vuide, vuider, et le grand nombre les écrit encôre de même. Plusieurs Écrivains retranchent aujourd'hui l' u voyèle, qui ne se prononce pas, et qui induit même à une mauvaise prononciation, et fait prononcer à quelques-uns: vui-de, vui-dé.] Vide se dit de ce qui n' est rempli que d' air, ou qui ne contient pas ce qu' il a acoutumé de contenir. "Muid, toneau, place, espace vide. "Avoir le ventre vide, les boyaux vides. "La maison est vide; sa bourse est vide. = Figurément, Cerveau, tête vide: homme qui n' a point de sens. = Discours, ouvrage vide de sens, de raison, qui n' ont rien de solide. = S. M. _ Le vide et le plein, se disent de divers systêmes de Philosophie. = Faire un grand vide, se dit de ce qui a péri, et qui était fort utile, et n' a pas été remplacé. "Ces arbres font un grand vide dans cette alée. "Cette Princesse fit un grand vide à la Cour. "La mort de M. de Turenne fit un grand vide, etc. "Je vous proteste que tous les états laissent un vide afreux. Mde. de Maintenon. Elle sous entend, de contentement, de satisfaction. = À~ vide, adv. "La Diligence de Lyon est partie à vide. = Vide-Bouteille, petite maison avec un jardin, prês de la ville. = Vider, rendre vide. "Vider un toneau, une cruche, un vivier, un étang. Vider sa bourse, un sac d' argent. "Vider les lieux, un apartement. _ En style figuré familier, on dit, vider les bouteilles, ou les pots et les verres; faire la débauche: boire beaucoup. _ Vider la Province, le Royaume; en sortir par crainte, par force, ou par autorité de Justice. _ Vider ses mains, se dessaisir de ce qu' on tenait injustement: "il a été condamné à vider ses mains. = Figurément, en parlant des afaires, les finir, les terminer. "Il vide bien des procès: il a bien vidé des afaires en peu de tems.
   VIDANGE, action de vider; en parlant du bois coupé dans une forêt, des terres qui embarrassent, d' un fôssé, qui s' est rempli, etc. = Pluriel: les immondices, qu' on ôte d' un lieu qu' on vide, qu' on nettoie. "Où portera-t' on les vidanges? = Vidangeur ne se dit que de celui qui vide les fôsses des privés.

VIDRECOME


VIDRECOME, s. m. Mot emprunté de l' allemand. Grand verre à boire.

VIDUITÉ


VIDUITÉ, s. f. [Vidu-ité: dern. é fer.] Il se dit plus souvent, et il est plus élégant que veuvage, son synon. et tous les deux se disent plutôt des femmes que des hommes. = M. Beauzée y trouve cette diférence, que viduité est l' état actuel du survivant des deux conjoints, qui n' a pas encôre pâssé à un aûtre mariage; et veuvage, le tems que dure cet état. Aussi, dit-il, on ne joint à viduité que des prépositions relatives à l' état (du veuf ou de la veuve); et à veuvage, des prépositions relatives à la durée. "L' esprit du Christianisme recommande la modestie, la retraite, la prière aux femmes qui vivent en viduité: que faut-il donc penser de celles qui, pendant leur veuvage, se donent des licences qu' elles n' auroient ôsé se permettre étant filles? Beauz. Synon.

VIE


VIE, s. f. [Vî-e: 1re lon. 2e e muet.] 1°. L' état où est l' homme quand son âme est unie à son corps. "Être en vie; perdre la vie; exposer, hasarder sa vie. Défendre, disputer, vendre bien cher sa vie. "Cette vie est passagère, caduque, fragile, périssable, mortelle.
   Oui, mon Dieu, je veux désormais
   Partager la gloire des Anges,
   Et consacrer ma vie à chanter vos bienfaits.
       Rouss.
= Figurément: "La grace est la vie de l' âme: vie spirituelle, surnaturelle. _ Il y a bien de la vie dans ce tableau. "Ce discours est sans vie. = 2°. La durée de l' union de l' âme avec le corps; ou l' espace du tems qui s' écoule depuis la naissance jusqu' à la mort. "Vie longue, courte: le cours, la fin de la vie. _ "Il a pâssé sa vie à la Cour, à voyager. "Il est estropié pour toute sa vie. "Je n' ai rien vu de pareil de ma vie. "Durant ma vie, ou ma vie durant: le 2d est familier. = À~ vie, adv. Pendant tout le tems qu' on a à vivre. "Pension, bail à vie. Acheter une maison à vie. = 3°. L' état de l' âme, quand elle est séparée du corps. "La vie future, la vie à venir, l' aûtre vie. "Notre bonheur, ou notre malheur en la vie future, en l' aûtre vie, dépend du bon ou du mauvais usage que nous ferons de la vie présente. = 4°. La manière de vivre, en ce qui regarde la nourritûre. "Il n' a que la vie et le vêtement. "Chercher, gâgner sa vie. "Mendier, demander sa vie. Être de grande, ou de petite vie; manger beaucoup, ou peu. _ Faire bone, joyeuse vie. _ Faire la vie; faire bone chère; se divertir. _ Faire vie qui dure; ménager son bien, ne pas le dépenser tout d' un coup. Les deux derniers sont du style proverbial. Voy. plus bâs, Rem. 6°. = 5°. En ce qui regarde les comodités ou incomodités de la vie. "Mener une vie douce, aisée, heureuse, tranquille; ou triste, misérable, agitée, languissante, douloureûse.
   Dans un piteux état, le bon homme est plongé,
   Et le pauvre Seigneur traine une vie obscure.
       DEST. Le Glorieux.
"Les aises, les douceurs, les comodités, ou les besoins de la vie. _ Tourmenter sa vie, se doner beaucoup de moûvement. _ Rendre la vie dûre à quelqu' un, lui faire de la peine à tout propôs. _ Faire une vie de garçon; libre et dégagée de toute sorte de dépendance et de soins. = 6°. En ce qui regarde la conduite et les moeurs. "Mener une vie réglée. "Sa vie est l' éloge de la vertu. MARIN, l' Homme Aimable. "Il a toujours mené la vie d' un Saint; une vie obscure, cachée, retirée. "Voilà son train de vie. "Femme de mauvaise vie. "Vie oisive, fainéante, déréglée, dissipée.
   Coyez-moi, cher ami, nous n' avons pas vécu.
   Employer ses talens, son tems et sa vertu,
   Servir au bien public, illustrer sa patrie,
   Penser enfin, c' est là que comence la vie.
       Sidney.
= 7°. Par raport aux ocupations et aux professions diférentes de la vie. "Choisir un genre de vie; embrasser la vie religieuse, etc. = 8°. Histoire, récit des chôses remarquables de la vie d' un homme. "Les vies des Saints, des Hommes illustres. "Il a écrit la vie d' un tel Prince. = 9°. Vie se dit aussi des animaux et des plantes, relativement au principe tel quel de sensation ou de végétation. "Vie animale, sensitive, végétative. "La vie de l' éléphant est fort longue. "Cet arbre conserve encôre un reste de vie.
   REM. 1°. Vie ne se dit guère au plur. même en parlant de plusieurs. "D' autres aimoient mieux abandoner leurs vies à la discrétion des paysans. P. Barre, Hist. d' Allem. Il falait dire, leur vie. = 2°. Mde. Dacier dit, privé de vie, mis à mort. Cette expression vieillit. "Allons voir tous ces poursuivans privés de vie. ODYSS. = 3°. M. Formey, dans les Éloges des Académiciens de Berlin, parle de la peine qu' il avait à obtenir des notes fort vagues de la vie des Membres que nous perdons. Cette façon de parler fait une équivoque plaisante. = 4°. On dit, adverbialement: à la mort; mais on ne dit pas également bien: à la vie; on doit dire: pendant la vie. Cependant, quand ils sont tous deux réunis, à la vie parait moins choquant. "Ceux qui n' avoient part aux Sacremens, ni à la vie ni à la mort. BOSS. _ Un Auteur moderne dit, à ma vie, pour en ma vie. "J' ai tant écrit de lettres à ma vie, que, etc. Entrevues de Gangan. = 5°. Vie forme d' autres adverbes. Pour la vie, pour toujours, jusqu' à la mort. Dans le Méchant, Valère dit de Cléon:
   C' est un homme d' esprit, de bonne compagnie,
   Et je suis son ami de coeur, et pour la vie.
= C' est ce que bien des étourdis disent d' une conaissance de deux jours. = De ma vie, de sa vie; jamais. Il ne se dit qu' avec la négative. "Je ne le ferai de ma vie. "Voilà comme je suis, à toujours pousser le tems avec l' épaule; et c' est ce que je n' aimois pas à faire, et ce que je n' avois fait de ma vie.
   N' avez-vous jamais vu doner la question?
   - - - - Non, et ne le verrai, que je crois, de ma vie.
       Les Plaideurs.
Sur la vie; je vous le recomande sur la vie; avec la dernière instance.
   J' en réponds sur ma vie.
       Mol.
= 6°. Vie entre dans plusieurs expressions presque toutes du style familier. _ Faire la vie.
   Je laisse à penser la vie
   Que firent ces deux amis.
       La Fontaine.
"J' aime mieux m' ocuper de la vie que vous faites maintenant. Sév. "J' y fais une vie solitaire, qui ne me déplait pas. ID. Mener, est plus élégant, et de tous les styles: J' y mène une vie, etc. _ Pâsser sa vie, est aussi du style élevé, comme du style fam. "C' est une femme qui pâssoit sa vie dans toutes les dissipations du grand monde. Marivaux. _ Train de vie, est du st. médiocre: "Telle étoit notre maîtresse, qui menoit ce train de vie, tout aussi franchement qu' on boit et qu' on mange. ID. = Faire une vie à; faire des reproches à; quereller, reprimander. "Votre femme vous fera une belle vie, (ironiquement) une terrible vie. "Bon Dieu, si j' en avois fait autant, quelle vie vous me feriez! SÉV.
   Demandez-lui, Monsieur, quelle vie on m' a faite.
       CORN. suite du Menteur.
L' Académie dit de celui-ci, qu' il est populaire: c' est trop dire, ce me semble. Il est du style fam. plaisant ou badin. = Faire vie qui dûre. "Ces Majestés (le Roi et la Reine d' Angleterre réfugiés en France) n' ont accepté de tout ce que le Roi vouloit leur doner, que cinquante mille francs par mois; et ne veulent point vivre comme des Rois: ils veulent faire vie qui dûre. SÉV. = Si Dieu me prête vie, est une expression populaire. Mde. de Sévigné l' a employée en badinant: "N' êtes-vous pas toujours belle et grâsse? J' espère le savoir dans peu, si Dieu me prête vie. = Doner signe de vie, est du style famil. C' est doner des témoignages d' amitié, de souvenir, d' atention. "La plupart des Membres de l' Empire ne donèrent pas signe de vie, dit un Historien. Cette expression est un peu trop familière pour une Histoire sérieûse. Elle est de la conversation, et du style épistolaire. = C' est ma vie, c' est sa vie; c. à. d. c' est toute ma satisfaction; c' est tout son plaisir. "Ne craignez point que la tendresse que j' ai pour vous me fasse du mal; c' est ma vie. SÉV. = Les paûvres gens disent qu' ils n' ont que leur vie: c' est leur seul bien.
   Les Grands ont le brillant d' une mort qu' on publie:
   Nous autres, bones gens, nous n' avons que la vie.
       Gresset.
"Ne pourriez-vous point l' amener (votre Fille); hélas! on n' a que sa pauvre vie en ce monde: pourquoi s' ôter ces petits plaisirs-là? SÉV. = Disputer sa vie, se dit sur--tout des criminels, qui se défendent dans des acusations capitales. "Je ne décide point si ces inculpations étoient fondées, ou non; mais, dans tous les câs, de la part d' un homme, qui disputoit sa vie, et tombant sur ceux, qui vouloient la lui arracher, elles étoient excusables. LING. = Il y va de la vie: c. à. d. on risquerait d' être puni de mort, si, etc. Un des Auteurs des Lettres Édif. retranche mal-à-propos y: "Il iroit de la vie pour un Indien, qui ôseroit en vendre à d' autres qu' à la Compagnie de Hollande. = Le peuple dit: tourmenter sa paûvre vie. BOILEAU s' est éforcé d' ennoblir cette expression bâsse et triviale. "L' héritier, qui,
   Tourmenta, quarante ans, sa vie infortunée.
M. de Saint-Marc, demande si Boileau a réussi. On peut lui répondre qu' oui, puisque c' est dans une satire qu' il l' a dit. On répondrait que non, si c' était un Poème. = Être entre la vie et la mort, dans un extrême péril. Revenir de mort à vie; revenir contre toute espérance, d' une maladie três-dangereûse. * On disait aûtrefois, aler de vie à trépâs, mourir. = Mener une vie de bohème; vivre comme un bandit: une vie de cochon; vivre dans la crapule, dans la débauche. Vie de cochon, courte et bonne, dit l' homme animal. = Telle vie, telle fin, ou telle mort: on meurt ordinairement de la même manière qu' on a vécu.

VIEIL


VIEIL ou VIEUX, VIEILLE, adj. [Mouillez l' l finale du 1er et les deux ll du 3e.] Aûtrefois on disait, vieil devant une voyèle, et vieux devant une consone, et quelquefois devant une voyèle. L' Académie le prescrit encôre de la sorte; mais c' est aparemment une de ses anciènes décisions, qui n' a pas été réformée sur l' usage présent. On ne dit plus un vieil avâre, ni un vieil homme, comme disait Mlle. Scudéry; ni, un vieil ami, un vieil habit, comme le voulait Vaugelas, et l' Académie dans ses Observations sur les Remarques de cet illustre Gramairien. On ne dit même guère plus, le vieil Adam, le vieil homme, expressions que Ménage avait exceptées de la proscription, et qui se sont soutenûes plus long-tems chez les Ascétiques. Le P. de Neuville a pourtant dit encôre: "Elle consiste (cette abnégation) à former l' homme nouveau des débris du vieil homme. Dans le Richelet Port. on n' admet vieil, que dans ces mêmes locutions, le vieil homme, le vieil Adam; le péché, l' homme pécheur. = Vieux, est 1°. qui est fort avancé en âge. "Il est fort vieux; aussi vieux que les rûes; (st. prov.) vieux cheval, vieux renard, vieux singe. = 2°. Qui est usé: vieux habit, vieux manteau; vieille robe, soutane, etc. = 3°. Qui est tel depuis long-tems: vieux ami, vieux ivrogne. = 4°. Qui est plus âgé; quoique jeune encôre. "Vous avez 20 ans; il en a 25: il est plus vieux que vous. = 5°. Ancien, antique. "Le bon vieux tems: la vieille mode: vieux contes; vieux titres; vieilles pancartes. = 6°. Il se dit de certaines chôses par oposition à Nouveau. "La vieille Ville. Du vin vieux; de vieux livres: vieille dette: lettre de vieille date. = 7°. Qui fait un métier, une profession depuis long-tems. "Vieux soldat, vieux Capitaine; vieux Magistrat. _ Qui mène depuis long-tems un certain genre de vie. "Vieux débauché, vieux pécheur. _ Et par extension, vieux routier, vieux coquin; vieux fou, vieux radoteur; vieille sorcière, etc. = 8°. S. m. "Une bone, une paûvre, ou, une méchante vieille: des contes de vieilles.
   Rem. 1°. Vieux, quand il est seul, précède ordinairement le substantif: on en a vu bien des exemples: on ne dit pas pourtant du vieux vin; on doit toujours dire du vin vieux. Quand vieux est acompagné des adverbes de comparaison ou de quantité, on peut le mettre devant ou aprês. "C' est un três vieux Médecin, ou, un Médecin fort vieux; une fort vieille robe, ou une robe fort vieille. Avec plus, moins, extrêmement, et autres semblables adverbes, il se place toujours aprês le nom. "C' est un homme plus vieux qu' on ne pense, un homme extrêmement vieux; et non pas un plus vieux homme, un extrêmement vieux homme. = 2°. Vieux et Ancien ne se disent pas toujours indiféremment. On dit, le vieux ou l' ancien Testament; de vieilles histoires, ou, d' anciennes histoires; de vieux, ou d' anciens manuscrits; de vieux romans ou d' anciens romans. Il est pourtant à remarquer que pour histoires et romans, on dit vieilles et vieux, quand on parle par mépris, et anciènes, anciens, quand on ne veut pas mépriser. _ Mais vieux livres et vieux tableaux n' est pas la même chôse que, anciens livres, anciens tableaux. Le 1er signifie des livres, des tableaux usés; l' autre des livres, des tableaux faits par les Auteurs, ou les Peintres de l' Antiquité. _ On dit vieux style, en matière de Palais, pour dire, l' ancienne Pratique; en matière de langage, pour dire un style, qui n' est pas en usage, et en matière de chronologie, pour la manière de compter les années, sans égard à la réformation du Calendrier. = Généralement parlant, vieux a raport à l' âge, ancien au Siècle ou à la priorité de réception dans une charge. On dit que Démosthène est plus ancien que Ciceron, parce qu' il vivait dans un siècle, qui précède de beaucoup le siècle où Cicéron vivait. Nous disons au contraire que Cicéron était plus vieux que Virgile; parce qu' il avoit plus d' âge, et qu' il vivait dans le même siècle. Un Conseiller dira d' un de ses confrères: il est mon ancien; c. à. d. il a été reçu avant moi, quoique je sois plus vieux que lui. Bouh. Voy. ANCIEN. _ Un particulier ne doit donc pas dire, excepté en plaisantant: "Cet homme est mon ancien, pour dire, il est plus âgé que moi. = 3°. On dit, proverbialement, ne pas faire de vieux ôs dans un endroit, n' y pas demeurer long-tems. "Il y a bien des intrigues à Chelles pour lui: je crois qu' il n' y fera pas de vieux ôs. SÉV. = Homme de la vieille roche; d' une probité antique. Ami de la vieille roche, tel qu' on n' en troûve plus. = Décrié comme la vieille monaie, fantasque comme une vieille mule; malicieux comme un vieux singe; vieux comme Hérode, comme les rûes.
   Vieil ne se dit point pour âgé avec le régime du génitif, excepté peut-être en plaisantant. "Une petite fille, vieille de deux mois, Mde de Maint.

VIEILLARD


VIEILLARD, s. m. VIEILLERIE, s. f. VIEILLESSE~, s. f. VIEILLIR, v. n. VIEILLOT, LOTE, adj. [Viè-gliar, glieri-e, gliè-ce, viè-glir; glio, glio-te: 1re è moy. 2e e muet au 2d, è moy. au 3e.] Vieillesse est le dernier âge de la vie. "Heureûse, belle, honorable vieillesse. "Parvenir à la vieillesse. "Il est câssé de vieillesse; elle est morte de vieillesse. = Par extension, on dit qu' une maison tombe de vieillesse. "La vieillesse d' un cerf, d' un aigle, d' un corbeau: la vieillesse des arbres. = On dit quelquefois la vieillesse, pour les vieilles gens. "La vieillesse est chagrine, avâre, soupçoneuse, etc. "Il faut honorer, respecter la vieillesse. = VIEILLARD, qui est dans le dernier âge de la vie. "Bon, sage, illustre, vénérable vieillard. "Vieillard chagrin, avâre, etc. "C' est un père, qui prie son fils, un vieillard, qui implore un jeune homme, un maître, qui s' humilie devant le serviteur, que la nature et la loi lui ont soumis. L. F. _ Quelques-uns disent vieillarde au fém. C' est un grossier barbarisme. = VIEILLIR, c' est 1°. Devenir vieux. "Nous vieillissons tous les jours; nous avançons en âge. "Il a vieilli dans le service, dans les emplois. "J' ai vieilli tristement dans de vains desirs. L. F. Poème de S. Grég. = 2°. Paraître vieux. "Il a bien vieilli depuis deux ans. "Je le trouve bien vieilli. "Il ne vieillit point: il est toujours frais et gaillard. = V. act. "Les soucis, les inquiétudes l' ont vieilli. = 3°. Fig. "Quoique je sois si jeune, j' ai déjà vieilli dans l' habitude de ne dire jamais mon secret. Télém. = Une mode, une expression vieillit, a vieilli; elle n' est guère plus en usage. = Vieillerie est du st. famil. et méprisant. Vieux meubles, vieilles hardes. "On ne vend là que de la vieillerie. "Il ne se meuble que de vieilleries. _ Fig. même style; ce discours n' est rempli que de vieilleries; de pensées usées et triviales. = Vieillot, ote, celui, celle, qui comence à avoir l' air vieux. "Il est déjà vieillot; elle est vieillote. "Il ou elle a l' air vieillot. _ Trév. le met aussi comme substantif. "C' est un vieillot, une vieillote. Le Rich. Port. ne le marque point adjectif. L' Acad. ne met d' exemple du substantif qu' au fém. "C' est une petite vieillote.

VIELLE


VIELLE, s. f. VIELLER, v. n. VIELLEUR, EûSE, s. m. et f. [Viè-le, vié-lé, leur, leû-ze: 1re è moy. au 1er, é fer. aux 3 aûtres: 2e e muet au 1er, é fer. au 2d. Devant l' e muet, ce premier e se change en è moy. Il vielle, viellera, etc. prononcez vièle, vièlera, etc.] Vielle, instrument de Musique à cordes de boyau, que l'~ on fait sonner par le moyen de quelques touches et d' une petites roûe, qu' on tourne par une manivelle. "Jouer de la vielle. Danser au son de la vielle. = * Le peuple prononce vieille, jouer de la vieille: c' est un barbarisme. = Vieller, jouer de la vielle. "Il va vieller de porte en porte. = Fig. User de longueurs inutiles. "Pourquoi tant vieller? Il est populaire. Acad. = Vielleur, eûse, celui, celle, qui joûe de la vielle. Apelez le vielleur, faites venir la vielleûse.

VIERGE


VIERGE, s. f. [Viêr-ge: 1re ê ouv. 2e e muet.] Fille, qui a vécu dans une continence parfaite. C' est une vierge. La Sainte Vierge. La Courone des Vierges. La Parabole des Vierges sages et des Vierges folles. = REM. Vierge n' est presque plus employé que dans les Sermons et dans les livres de Morale chrétienne. Il est presque ridicule dans les conversations ordinaires et sur-tout en poésie. Les Italiens disent três-élégamment verginella. M. le Comte de Tressan le traduit par, la jeune vierge; une jeune fille aurait été beaucoup mieux. Extr. du Mercûre. = Vierge s' emploie aussi adjectivement et au propre. "Ce garçon est encore vierge; et au figuré, dans certains Arts, en parlant des chôses. "Argent, or, mercûre vierge, etc. qui n' ont point pâssé par le feu; cire vierge, qui n' a encore été employée à aucun ouvrage, quoique préparée; huile vierge, la première, qui sort des olives, sans qu' on les ait encôre pressées. Parchemin vierge, qui est fait de la peau des agneaux, ou chevreaux mort-nés.

VIEUX


VIEUX, Voy. VIEIL.

VIF


VIF, VIVE, adj. 1°. Qui est en vie. "Il fut rompu, brûlé, etc. vif, tout vif. "Le Chirurgien doit couper jusqu' à la chair vive. = 2°. Qui a beaucoup de vigueur et d' activité. "Un enfant, un cheval fort vif. Avoir les yeux vifs; le regard vif et perçant; les sens, les sentimens vifs, les passions vives; l' esprit vif, l' imagination vive. "Cet homme est vif, fort vif. "De tous les sots, les plus vifs sont les plus insuportables. Duclos. "Un caractère trop vif nuit quelquefois à l' esprit le plus juste, en le poussant au delà du but. Id. "Les esprits trop vifs voient au delà de la réalité, tant dans le présent que dans l' avenir: ils voient ce qui n' est pas et ce qui ne sera jamais. Trublet. = Expressions vives, traits vifs se disent dans les ouvrages d' esprit, du feu de l' imagination, ou des traits piquans, qui s' y troûvent. = Teint vif, d' un blanc et d' un vermeil éclatant. Couleur vive, fort éclatante. = 3°. Qui fait une impression violente. Froid, feu vif. Une vive douleur. Desir vif; amour vif et ardent; une vive reconaissance: une éloquence vive. Ataque vive. = Foi vive a deux sens, ou, qui est acompagnée des oeuvres, ou, qui est ardente et inébranlable. = 4°. Il s' unit à plusieurs noms. _ Atelier, qui est vif; où il y a beaucoup d' ouvriers: on dit aussi vivant et plus ordinairement, ce me semble. Forêt vive, où il y a de beaux et grands arbres; et dans le langage des chasseurs, où il y a beaucoup de bêtes faûves. Ainsi ils disent, qu' une garenne est vive, quand il y a beaucoup de lapins, et qu' une plaine est vive, lorsqu' il y a beaucoup de gibier. = Eau vive, qui coule de source, ou, qui est trop crûe. _ Roche vive, qui a ses racines fort profondes en terre; qui n' est point mélée de terre, et qui n' est point par couches comme les carrières. _ Haie vive, plantée d' arbres vivans. _ Chaux vive, qu' on n' a pas encôre mise dans l' eau pour l' éteindre. _ Dartre vive, qui revient toujours et qui parait extrêmement enflamée. = 5°. Subst. La chair vive. "Couper des chairs jusqu' au vif. "Le Maréchal a piqué ce cheval jusqu' au vif. = Fig. Couper dans le vif, sacrifier ce qui nous plait fort; ne pas ménager notre sensibilité, ni celle des aûtres. "Vous me reprochez de n' avoir pas usé de ménagemens avec le monde, et avec vous-même; j' ai eu mes raisons pour couper dans le vif. MARM. _ Piquer au vif, c. à. d. vivement, fortement. "Ce qui ofensait son amour propre le piquoit toujours au vif. _ Être piqué, ou touché au vif: avoir reçu un déplaisir ou une ofense três-sensible.
   Rem. On a toujours dit, un esprit vif, une imagination vive; mais ce n' est que depuis peu (disait Bouhours, il y a déjà long--tems) qu' on dit: je n' ai jamais vu une persone plus vive; une atention vive, une reconoissance vive: il est fort vif sur tout ce qui regarde son honeur. = Bossuet a dit, être vif pour. "Quel coeur n' a-t' elle pas eu pour le Roi? Toujours vive pour ce Prince. Or. Fun. de Marie Thérèse. Dans celle de MADAME, il fait régir à cet adjectif la prép. à et l' infinitif. "Elle aimait à prévenir les injures par sa bonté, vive à les sentir, facile à les pardoner. _ Ce régime est fort bon. = Vif précède élégamment sur-tout au féminin.
   Conduits par mes vives clartés.
       Rouss.
  Vous, qu' ils ont pénétrés de leurs plus vives flâmes.
      Id.
"Ni le soufle empesté du Midi, ni le rigoureux Aquilon ne peuvent éfacer les vives couleurs, qui ornent ce jardin. Télém. * Mde B... dit: "Ils lui témoignèrent un desir vif de se joindre à eux. Hist. d' Angl. Un vif desir aurait été beaucoup mieux, et pour éviter une construction dûre, et pour raprocher desir de son régime: un vif desir de se joindre à eux. _ Joint aux adverbes de comparaison, vif peut se placer devant ou aprês. Voy. VIEIL, Rem. 1°.

VIF-ARGENT


VIF-ARGENT, s. m. [et non pas argent-vif, comme on dit dans certaines Provinces: vi-farjan.] Métal liquide, que l' on nome aûtrement Mercûre. "On se sert de vif-argent pour doner le tain aux glaces. "On met du vif-argent dans les baromètres et dans les Thermomètres. "Le vif-argent entre dans des remèdes: on dit alors mercûre. = Fig. st. famil. avoir du vif-argent dans la tête; être d' une telle vivacité et légèreté, qu' on dise ou qu' on fasse des étourderies.

VIGIE


VIGIE, s. f. Terme de Marine: être en vigie, en Sentinelle. C' est tout l' emploi de ce mot.

VIGILAMMENT


VIGILAMMENT, adv. VIGILANCE, s. f. VIGILANT, ANTE, adj. [Vigilaman, lance, lan, lante; 3e br. au 1er, lon. aux aûtres.] Ces mots ont raport à veiller, employé au figuré, dans le sens de prendre garde, faire atention à, etc. "Il a beaucoup de vigilance. "La vigilance pastorale. "Manquer de vigilance. "Un Général ne doit pas se reposer sur la vigilance d' aûtrui. "C' est un homme três-vigilant; une femme três-vigilante. = REM. Vigilance ne se dit que dans le moral: Boileau l' emploie dans le physique:
   Aucun ne laisse encor la plume enchanteresse.
   Pour les en arracher, Girot s' inquiètant,
   Va crier, qu' au Chapitre un repas les attend.
   Ce mot dans tous les coeurs répand la vigilance.
On ne dit pas répandre la vigilance, pour dire éveiller. _ Voy. ATTENTION. = Vigilamment n' est guère usité; et l' on dit plutôt, avec vigilance. L. T. Richelet done cet exemple. "Les chrétiens doivent travailler vigilamment à leur salut. _ L' Acad. le met sans doner d' exemple et sans remarque.

VIGILE


VIGILE, s. f. Veille de certaines Fêtes. "La plupart des vigiles sont acompagnées de jeûnes. = Vigile est un terme de Lithurgie. Dans le discours ordinaire, on dit, Veille. = Vigiles des Morts, l' Ofice des Morts, qu' on dit la veille d' un Service.

VIGNE


VIGNE, s. f. VIGNERON, s. m. VIGNOBLE, s. m. [mouillez le g: 2e du 1er et du 2d, et 3e du dern. e muet.] Vigne, plante, qui porte le raisin.
   Comme une vigne transplantée,
   Qui va fleurir sous d' autres cieux,
   Par toi-même, dans ces beaux lieux,
   Ta Nation fut transportée.
       Le Franc.
Vigneron, paysan, qui cultive la vigne. Vignoble, étendûe de pays, planté de vignes. "Planter de la vigne. Tâiller la vigne~. Habile Vigneron. "Grand, beau vignoble. "La Bourgogne est un pays de vignoble. "Il y a beaucoup de vignobles dans la Champagne. = On dit, figurément, travailler à la vigne du Seigneur, à l' instruction et à la conversion des âmes. = En st. proverbial, être dans les vignes, être ivre. _ Jean des vignes, Sot mal bâti. _ Mariage de Jean des vignes, concubinage couvert d' une aparence de mariage.

VIGNETTE


VIGNETTE, s. f. [Vig-nè-te: mouillez le g: 2e è moy. 3e e muet.] Petite estampe, qui a plus de largeur que de hauteur, ainsi apelée parce qu' on y gravait aûtrefois des pampres et des raisins, et où l' on grâve à présent toute sorte de figûres. On les met pour ornement dans les livres à la tête des Chapitres.

VIGNOBLE


VIGNOBLE, Voy. VIGNE.

VIGOGNE


VIGOGNE, s. m. et f. [Mouillez le g: 3e e muet.] Il est masc. quand on parle d' un animal du Pérou, qui tient du mouton et de la chèvre, dont la laine est três-fine; et d' un chapeau fait de cette laine. "Un bon, un méchant vigogne; et fém. quand on parle de la laine de vigogne. "Un chapeau de vigogne, des bâs de vigogne. L' Acad. le met masculin dans tous les sens. "Laine estimée, qu' on apèle la vigogne. TRÉV. Le Vocabulaire Français le marque fém. même en parlant de l' animal.

VIGOUREûSEMENT


VIGOUREûSEMENT, adv. VIGOUREUX, EûSE, adj. VIGUEUR, s. f. [Vi-gou--reû-zeman, reû, reû-ze, vigheur: 3e lon. 4e e muet. Dans le dern. l' u devant l' e est muet: il n' est là que pour doner au g un son fort, qu' il n' a pas devant l' e.] Vigueur, force pour agir. "Dans la vigueur de l' âge, de la jeunesse. "Cheval, qui a de la vigueur. "Ce vieillard a encôre de la vigueur. _ Par extension, on le dit des plantes. "Cette plante a encôre de la vigueur. "Cet arbre a repris vigueur ou de la vigueur. = FIG. Vigueur d' esprit: force d' esprit, qui ne s' afaiblit point avec l' âge. "Ce vieillard conserve la même vigueur d' esprit, qu' il avait à vingt-cinq-ans. _ C' est aussi cette qualité de l' esprit, qui rend capable de soutenir de grands travaux sans s' épuiser; d' entreprendre des chôses grandes, hardies et de les soutenir; ou de pénétrer les chôses les plus abstraites et les plus dificiles. = Vigueur est aussi, ardeur jointe à la fermeté. "Pousser une afaire avec vigueur. Répondre avec vigueur. Action de vigueur. "Cet homme n' a point de vigueur.
   Les lamentations ne sont d' aucun usage:
   Il faut de la vigueur: nous en viendrons à bout,
   Si vous me secondez.       Le Méchant.
= J. J. Rouss. traduisant Tacite, dit: "Plusieurs dans le Camp cachoient, sous un air modeste et tranquile, beaucoup de vigueur à mal faire. _ Et le mot et le régime me paraissent impropres.
   VIGOUREUX, qui a de la vigueur. "Il est vigoureux, d' une santé vigoureûse. "Ce vieillard est encore vigoureux. "Il ne mollit point: il est ferme et vigoureux. _ Discours vigoureux; action, dispute, ataque, résistance, réponse vigoureûse. = Vigoureux, Fort, Robuste (Synon.) Le vigoureux semble plus agile et doit beaucoup au courage: le fort parait être plus ferme et doit beaucoup à la constitution des muscles; le robuste est moins sujèt aux infirmités, et doit beaucoup à la natûre du tempérament. _ On est vigoureux par le mouvement et par les éforts qu' on fait: on est fort par la solidité et par la résistance des membres: on est robuste par la bone conformation des parties, qui servent aux fonctions naturelles. _ Vigoureux est d' un usage propre pour le combat et pour tout ce qui demande de la vivacité dans l' action. Fort convient, en fait de fardeau, et de tout ce qui est défense. Robuste se dit de la santé et de l' assiduité au travail. "Un homme vigoureux ataque avec violence: un homme fort porte d' un air aisé, ce qui acâblerait un aûtre. Un homme robuste est à l' épreuve de la fatigue. GIR. Synon.
   VIGOUREûSEMENT, avec vigueur. "Ataquer, se défendre, agir, disputer vigoureûsement. Soutenir vigoureûsement son opinion, son parti.

VIGUERIE


VIGUERIE, s. f. VIGUIER, s. m. [Vi--gheri-e, vi-ghié: 2e e muet au 1er, é fer. au 2d: l' u voyelle est muet: il n' est mis là que pour doner au g un son fort qu' il n' a pas devant l' e et l' i.] Viguier, Juge qui, en Languedoc et en Provence, fait les mêmes fonctions, que les Prévôts royaux dans les aûtres Provinces de France. = Viguerie se dit et de la charge de Viguier et du territoire, qui dépend de la juridiction du Viguier. "La Provence est divisée en Vigueries.

VIGUEUR


VIGUEUR, Voy. VIGOUREUX.

VIL


VIL, VILE, adj. VILETÉ, s. f. [2e e muet au 2d et au 3e: la 3e est un é fer. au dern.] Vil, bâs, abject, soit par la naissance, soit par les sentimens. "Homme vil; de vile condition. Âme vile et bâsse. "Profession vile: c' est un trafic trop vil.
   Mardochée à ses yeux est une âme trop vile.
       Esther.
= "Chôse de vil prix, de peu de valeur. Marchandise, qui est à vil prix, qui est à meilleur marché qu' à l' ordinaire; vendûe à vil prix, au dessous de sa valeur. = Vileté, bâs prix d' une chôse. "La vileté du prix: la vileté des denrées. = L' Ab. Des Fontaines dit vileté ou vilité. = Le peu d' importance d' une chôse. "La vileté de la matière.

VILAIN


VILAIN, AINE, adj. et subst. VILAINEMENT, adv. VILENIE, s. f. [Vi-lein, lè--ne, lèneman, leni-e: 2e è moy. au 2d et au 3e, e muet au dern. 3e e muet au 2d et au 3e, lon. au 4e.] Vilain est 1°. Qui n' est pas beau; qui déplait à la vûe: vilain jardin, pays, habit. "Vilaine maison, étofe. = 2°. Incomode; désagréable. "Vilain chemin, tems, gîte. "Vilaine voitûre; vilain jeu. = 3°. en parlant des paroles et des actions, sale, déshonête, infâme. "Vilain discours, métier, tour. "Vilaine action; paroles sales et vilaines. "L' on est surpris de voir un homme de ce rang se méler d' une si vilaine intrigue. L' Ab. de Mongault. "C' est un vilain homme. "Il est bien vilain à lui d' en user de la sorte avec un ami. Oh! que cela est vilain! _ Le Proverbe dit: tous vilains câs sont reniables. = 4°. Dangereux, en parlant des maux. "Voilà un vilain rhume. = 5°. Avâre; qui vit mesquinement: il est plus qu' avâre; il est vilain. Et proverbialement, vilain comme lard jaûne. = 6°. S. m. Il signifiait aûtrefois paysan, roturier, homme de néant. De là plusieurs proverbes. Voy. Oindre, bote, jeu. = On dit aujourd'hui d' un homme déshonête en paroles et en actions; c' est un vilain; et d' une femme prostituée; c' est une vilaine. = Quelques-uns le disent d' un homme et d' une femme sale et mal-propre. Il n' a pas cette signification. = On le dit aussi pour, drôle, qui choque; qu' on méprise, etc. C' est un petit-Vilain.
   Aimera-t' on toujours ces petits-Vilains-là;
   Maudit soit le premier, qui nous ensorcela.       Reg.
VILAINEMENT, d' une vilaine manière. "Il fut vilainement batu: il s' enfuit vilainement. "Il m' a vilainement trompé, trahi, abandoné. "Ces méchans enfans manquent vilainement à leurs pères dans une ocasion essentielle. Piron. "Il s' est logé vilainement, désagréablement. "Il mange vilainement, mal-proprement. "Il fait tout vilainement, sordidement.
   VILENIE, est 1°. Ordûre, saleté. "Cette maison est pleine de vilenie. = 2°. Avarice. "Sa vilenie est sans pareille. = 3°. Au pluriel; paroles injurieûses: il lui a dit mille vilenies. _ Obscénités: ce livre est plein de vilenies. _ Nourritûre mal saine: cet enfant ne mange que des vilenies. = * M. Linguet, ou son Imprimeur, écrit Vilainie. L' analogie parait favoriser cette ortographe; mais l' Usage et la prononciation y sont contraires.

VILEBREQUIN


VILEBREQUIN, s. m. [Vilebre-kein: 2e et 3e e muet. Il me semble qu' on prononce vil-brequin et non vile. MARIN. _ Plusieurs écrivent et prononcent virebrequin, et l' étymologie comme le sens de ce mot devrait faire préférer celui-ci; virer dans l' ancien langage signifiant tourner. Il semble que vilebrequin ne s' est dit que par corruption; et l' Usage ici, comme en plusieurs aûtres mots et expressions, l' a emporté sur la Raison.] Outil d' artisan, qui sert à trouer, à percer du bois, de la pierre, du métal, par le moyen d' un petit fer, qui a un tâillant arrondi; et qu' on fait entrer en tournant.

VILENIE


VILENIE, Voy. VILAIN.

VILETÉ


VILETÉ, Voy. VIL, VILE.

VILIPENDER


VILIPENDER, v. act. [Vilipandé: 3e lon. 4e é fer.] Traiter de vil, déprimer. Il régit les persones et les chôses. "Vous le vilipendez trop: il ne faut pas tant vilipender sa marchandise. _ Il n' est que du st. familier. "Vilipender les grands Écrivains, c' est conseiller finement de ne les plus lire. Le Chev. des Sablons.