Dictionnaire critique de la langue française Dictionnaire critique de la langue française 1787 Français 2007-4-4 ARTFL Converted to TEI


U



U


U, s. m. La 21e Lettre de l' Alphabet, et la 5e des voyèles. On prononce u, et non pas vu: on dit un u, et non pas un vu. = 1°. La prononciation de l' u voyèle nous est venue des anciens Gaulois. Les Romains lui donaient le son d' ou, et c' est celui que lui donent encôre les aûtres Nations de l' Europe: c' est à quoi les étrangers doivent prendre garde. Les Allemands ont un exemple de cette prononciation dans la manière dont on prononce en Saxe l' u du mot fuhren. BUF. Les Italiens de la Lombardie prononcent aussi l' u voyèle comme nous, en quoi ils difèrent du reste des Italiens. = 2°. Dans les mots étrangers ou latins, devenus français, où l' u est suivi d' une m ou d' une n, il prend le son de l' o nasal. Usuncassan, un factum, un factotum. Prononc. Uzoncassan, fakton, fuktoton. _ 3°. L' u est muet et ne se prononce pas dans presque toutes les syllabes où il est aprês q, et dans toutes celles où ils est après g. Aprês le q, l' u est presque toujours une lettre inutile, que l' usage a introduite: quelque, quand; pron. kelke, kan. Aprês le g, l' u n' est nécessaire que pour doner au g un son fort qu' il n' a pas devant l' e et l' i. Ainsi l' on écrit guerre, guide, etc. qu' on pron. gherre, ghide, et qu' on prononcerait jerre, gide, si l' u ne s' y trouvait pas.

UBERTÉ


*UBERTÉ, s. f. Abondance. Pur latinisme. Un jeune Orateur, amateur du néologisme et des synonymes, craignant avec raison que ce mot ne fût pas entendu de tout le monde, y a acolé le mot abondance, qui a le même sens. C' est joindre le pléonasme à l' afectation du néologisme.

UCE


UCE; pénultième brève: puce, aumuce, etc.

UCHE


UCHE; finale, dont la pénult. est longue dans bûche, embûche, on débûche; mais elle devient brève dans bucher, débucher, etc.

UE


UE, diphtongue, ne se trouve que dans écuelle, où elle est aussi brève que peut l' être une vraie diphtongue. = Dans cueil, cercueil, cueillir, recueil, orgueil, et leurs dérivés, elle a le son d' eu, contre l' analogie. Il serait convenable d' ajouter un u aprês l' e, et d' écrire acueuil, cercueuil, orgueuil, etc. Ue, dissyllabe, a la pénultième toujours longue: {C761b~} il convient de mettre un accent circonflexe sur l' u: vûe, tortûe, cohûe, je distribûe, etc.

UGE


UGE: la pénult. est douteuse: déluge, réfuge, juge, ils jugent; mais elle est brève devant la syllabe masculine; juger, réfugier.

ULCÉRATION


ULCÉRATION, s. f. ULCèRE, s. m. ULCÉRER, v. act. [Ulcéra-cion, cère, céré; 2e é fer. au 1er et au 3e: è moy. et long au 2d, 3e e muet au 2d, é fer. au dern.] Ulcère, ouvertûre dans les chairs ou dans quelques autres parties du corps, causée par la corrosion des humeurs âcres et malignes. "Il a un ulcère à la jambe, au poumon, à la vessie, au fondement. "Cette plaie a dégénéré en ulcère. = On le faisait autrefois féminin, et quelques-uns lui donent encôre ce genre; mais ce ne devrait pas être des Médecins. "Ces ulcères ne furent point si rébelles que les premières. M.... à A.... en P.... Il falait dire, que les premiers. Le P. Charlevoix, ou son Imprimeur, a dit aussi une ulcère. Voy. FRAPPER. "Des ulcères aux jambes si dangereuses, qu' on fut obligé de faire à plusieurs l' amputation des doigts des pieds ou des jambes. Anon. Dites, si dangereux. = Ulcérer, causer un ulcère. "Des humeurs malignes lui ont ulcéré les jambes. "Le poison ulcère les intestins. = Figurément Causer de la haine. "Je ne sais qui l' a ulcéré contre moi. "Ce faux raport l' a fort ulcéré. = Conscience ulcérée, chargée de crimes: coeur ulcéré, qui garde du ressentiment.

ULTÉRIEUR


ULTÉRIEUR, EURE, adj. [Ulté-ri-eur, eure; 2e é fer.] Qui est au-delà, comme citérieur signifie, qui est au deçà. "La Calabre Ultérieure est plus prês de la Sicile que la Calabre Citérieure. = Qui vient aprês, en parlant des demandes, des propositions qu' on fait dans une négociation.

ULTRAMONTAIN


ULTRAMONTAIN, AINE, adj. et subst. [Ultramon-tein, tène, 3e lon. 4e è moy. au 2d.] Qui est situé au delà des monts: on entend par là les Alpes. C' est un terme relatif: nous sommes ultramontains, par raport aux Italiens; et ils le sont par raport à nous. "Pays, Auteur ultramontain. Les Ultramontains; principes ultramontains: maximes ultramontaines. = Il est à remarquer qu' il ne se dit guère (par raport à nous) que quand nous parlons de ceux d' entre les Italiens qui ont écrit sur la Puissance Êclésiastique. Académie.

UM


UM est long au milieu du mot humble. À~ la fin, il est bref, si c' est au singulier; parfum; long au pluriel, parfums. _ Um a le son d' eun; eun-ble, par-feun.

UMES


UMES, pénultième toujours longue dans les prétérits, à la 1re persone du pluriel; nous reçûmes, nous pûmes, etc.

UN


UN est long au milieu des mots, quand il est suivi d' une consone: j' emprunte; bref à la fin, si le mot est au singulier: brun; long au pluriel: bruns. _ Un a le son d' eun: j' an-preun-te, breun, etc.

UN


UN, UNE, adj. [Aûtrefois on écrivait ung, ungne. = Pour le masc. les uns prononcent un, et les autres, eun devant une consone: un Cavalier. PIRON met eun dans la bouche d' un Paysan. Devant une voyèle: l' u fait seul une syllabe; et l' n se joint à la voyèle qui suit: un air, un éfort, un homme: prononcez u-nêr, u-éfor, u-nome; et non pas un-nome, comme on l' a mis dans le Dict. Gram. par l' inatention de l' Imprimeur. Le féminin se prononce toujours une, et non pas eune.] 1°. Un, une, quand il n' exprime pas l' unité numérique, est mis au rang des articles, comme quand on dit: un Roi doit être le père de ses sujets. Il a pour pluriel des; et devant un adjectif, de: un homme, des hommes, de savans hommes. Il est à remarquer qu' au singulier, il signifie souvent tout ou tous, et au pluriel, quelques. "Un Chrétien doit avoir ce vice en horreur: c. à. d. tout Chrétien. "Quoi! des Chrétiens peuvent-ils comettre ce crime de sang froid? c. à. d. peut-il y avoir quelques Chrétiens, qui comettent, etc. "Un jardin bien cultivé doit produire; c. à. d. tous les jardins bien cultivés doivent produire. "On voit dans ce pays des jardins bien cultivés, qui ne produisent presque rien; c. à. d. quelques jardins, etc. = Un, une prend l' article indéfini; d' un, d' une, à un, à une; mais quand il est joint à aûtre, il prend l' article défini: l' un et l' aûtre, de l' un et de l' aûtre; à l' un et à l' aûtre. = Quand un est joint à un substantif, qui régit le génitif, ce génitif prend ordinairement l' article indéfini: une action d' enfant, une démarche d' étourdi; un ouvrage de critique, etc. = 3°. Un régit le génitif par lui-même; mais alors l' article doit être défini: "Un des préceptes de la Religion est que, etc.
   Et je vois tant de gens grifoner, aujourd'hui
   Qu' un de moins, un de plus, ne fait pas grand désordre.
       Palissot.
Remarquons que le pluriel d' un ne fait pas bien avec ce régime du génitif: "Les taches sont moins fortement exprimées dans les unes de ces peaux, que dans les aûtres. Bufon. Avec le respect que l' on doit à un si grand Écrivain, je crois pouvoir trouver à redire à ce régime. L' usage est, aprês avoir parlé de la chôse, comme ici des peaux, de dire absolument: les taches sont plus fortement exprimées dans les unes que dans les aûtres. = 4°. Ce génitif régi par un est quelquefois suivi d' un pronom relatif. Dans ce cas, les uns mettent le verbe au pluriel, les aûtres, au singulier. Quelques-uns pensent qu' on peut mettre indiféremment l' un ou l' autre: "Une de celles, qui a, ou qui ont le mieux réussi. Restaut ne veut que le singulier. M. de Wailly au contraire, d' aprês M. l' Ab. des Fontaines, n' admet que le pluriel. La raison qu' il en done, c' est que le mot régi par un, étant au pluriel, en bone Gramaire, comme en bone Logique, les relatifs qui s' y raportent, doivent être au pluriel, et conséquemment, les verbes dont les relatifs sont le sujet (le nominatif). On peut aussi invoquer pour ce sentiment l' analogie des noms collectifs. On dit, un grand nombre de soldats y furent tués, et non pas y fut tué. "Une multitude de gens sont venus nous dire, et non pas est venûe, etc. = Dans ce tour de phrâse, le verbe qui suit le relatif, doit être mis à l' indicatif. Cependant quelques Écrivains ont employé le subjonctif. "Cette circonspection est un des grands fruits qu' on puisse retirer de la philosophie. P. Rapin. "Les Athéniens sont incontestablement un des peuples de la Grèce, qui se soit formé le plutôt en corps de société. Orig. des Lois. _ Avec le superlatif, le subjonctif va três-bien; non à cause d' un, mais à cause du superlatif. "C' est un des plus grands fruits qu' on puisse retirer, etc. = * Aûtrefois on faisait suivre un du relatif, quoique un fût seul et sans régime. "Cela ne peut vraisemblablement tomber dans l' âme, non-seulement d' une sage fille, mais d' une qui seroit la plus dépouillée d' honeur et d' humanité. Acad. dans la critique du Cid. = On unissait aussi un à des adjectifs. "Il vaut mieux que le Poète traite un sujet vraisemblable, qui ne soit pas vrai, qu' un vrai, qui ne soit pas vraisemblable. Scudéri; Observ. sur le Cid. "On se soumet plus volontiers à un vainqueur doux et agréable, qu' à un violent. P. Rapin. _ Tout cela est condamné par l' usage. On doit dire, qu' un qui soit vrai, qu' à un qui soit violent. = 5°. Quelquefois on suprime élégamment l' adjectif (ou l' article) un. "Il se trouva grand nombre de Sénateurs, de Chevaliers, lorsqu' on délibéra là-dessus. On dit grand nombre pour, un grand nombre. WAILLY. Mais cette supression n' a lieu qu' avec le mot nombre. = 6°. Un ne va pas bien avec le génitif pour régime, quand le sens de la phrâse est déterminé. "La Maison Royale, par un triste et lugubre apareil de ceux qui la composent, etc. MASCAR. Il falait s' arrêter à apareil, et retrancher ce qui suit, ou dire, par le triste et lugubre apareil de ceux, etc. en employant l' article défini. = 7°. Un, une, dans le style famil. se joignent souvent à des mots, qui ne les comportent pas régulièrement. "C' est une fatigue, une Durance, une bise: à quoi bon ce tracas? Sév. En style de dissertation, on le joint même à des noms propres de persones. "Un St. Augustin; un St. Ambroise; un M. Jurieu. Boss. "C' est un César, un Cicéron: il est aussi intrépide que César, aussi éloquent que Cicéron. = 8°. Pas un marque une exclusion plus générale qu' aucun, et ne peut s' employer dans les phrâses de doute. "L' une et l' aûtre Puissance recherchoit son amitié par intérêt, et lui, par intérêt aussi, ne se livroit irrévocablement à pas une. Moreau, Discours sur l' Hist. de France. Comme il n' y avait que deux Puissances, il me semble que pas une n' était pas l' expression propre, et qu' il falait dire, à aucune des deux. = 9°. On dit, c' est tout un, pour dire, cela est égal: mais dans cette expression, tout doit précéder immédiatement un.
   Qu' importe qui vous mange? homme ou loup, toute panse
    Me paroit une à cet égard.
On ne dirait pas, en prôse, me parait toute une; mais on dirait, Homme ou Loup, c' est tout un pour moi. Tout un ne se dit que de cette manière et au masculin. = 10°. On dit, les un et les aûtres, pour dire tout le monde sans distinction. "Il dit ses afaires aux uns et aux aûtres: c. à. d. sans distinction. = L' un et l' aûtre, et l' un l' aûtre s' emploient diféremment. Voy. AûTRE. * Quelques-uns disent: il y en a d' uns et d' aûtres, pour dire, il y en a plusieurs; ou bien: il y en a de diférente qualité. Je crois que c' est un gasconisme. _ * C' en est un aussi, de retrancher un en certaines ocasions, comme de dire: trois heures et quart; deux aûnes et quart. M. tel, Mde. telle: il faut dire, et un quart; M. un tel, Mde. une telle, etc. Desgr. = 11°. Un se met quelquefois pour seul, pour ce qui n' admet point de pluralité. "Dieu est un. "La Religion, la Foi est une. _ La vérité est toujours une: elle n' est jamais contraire à elle-même. = 12°. On dit, un à un, pour dire, l' un aprês l' autre. _ En st. fam. sur les une heure, (prononc. sur lè une heure, sans faire soner l' s.) c. à. d. vers une heure. _ Il m' en a doné d' une: il m' a atrapé. L' Académie dit qu' il est populaire. _ Il en sait plus d' un ou d' une:
   Nous en savons plus d' un, dit-il, en les gobant,
   C' est un tour de vieille guerre, etc.
       La Font.
Il sous-entend tour et avec plus d' une, on sous-entend ruse. = Mettre en un, pour réunir, est peu usité aujourd'hui. "Mettons en un, dit Bossuet, toutes les plus belles qualités d' une excellente natûre.

UNANIME


UNANIME, adj. UNANIMEMENT, adv. UNANIMITÉ, s. f. [4e e muet aux 2 prem. dern. é fer. au 3e: en, dans le 2d, a le son d' an.] Ils expriment une conformité de sentimens, l' universalité des sufrages. "Consentement, résolution unanime. "Ils résolûrent unanimement de... Ils conclûrent unanimement à... "Il y avait une grande, une parfaite unanimité dans cette société.

UNI


UNI, IE, adj. UNIMENT, adv. [u-ni, nî-e: niman: 2e lon. au 2d, 3e e muet.] On dit du fil, qu' il est uni, quand il est filé également; d' une toile, qu' elle est unie, quand il n' y a pas de noeuds, et qu' elle est également serrée par-tout; d' un habit, du linge, qu' il est tout uni, quand il n' y a ni galons, ni broderie à l' un, ni dentelle, etc. à l' aûtre; d' un homme, qu' il est tout uni, lorsque c' est un homme simple et sans façon. = Les Provinces unies, celles, qui compôsent la République de Hollande. = Les États Unis, les treize États, qui forment la nouvelle République des Anglais de l' Amérique septentrionale. = Uni, adv. Uniment: cela est filé bien uni. _ À~ l' uni, adv. De niveau. "Il y avait du haut et du bâs dans ce jardin: on a tout mis à l' uni = Uniment, également et toujours de même sorte. "Filé, travaillé uniment. = Simplement, sans façon: "Il vit, il parle uniment: il m' a dit cela tout uniment: il est habillé fort uniment.

UNIèME


UNIèME, adj. [2e è moy. 3e e muet.] Il ne se dit point tout seul; il est toujours joint aux dixaines et aux vingtaines: "Le vingt et unième, le trente et unième, etc. Le cent et unième. _ Pour soixante-dix et quatre-vingt-dix, on dit, onzième.

UNIFORME


UNIFORME, adj. UNIFORMÉMENT, adv. UNIFORMITÉ, s. f. [4e e muet au 1er, é fer. au 2d, où en a le son d' an; méman.] Ils expriment un raport, une ressemblance entre plusieurs chôses. "Croyance uniforme; conduite uniforme. Moûvement, style uniforme, toujours égal; ouvrage trop uniforme, qui n' est pas assez varié. "Les moûvemens uniformes lassent plus nos organes, que ne font ceux, qui sont variés. Gamache. Ils ont opiné uniformément: ils ont tous écrit uniformément sur ce sujet "Uniformité de langage, de style, d' opinion, d' esprit, d' avis, de sentimens. "Il faut que par un juste tempérament la variété se trouve réunie dans le discours avec l' uniformité. ID. Voy. CONFORME.
   UNIFORME, s. m. Habit fait sur le modèle prescrit à une compagnie, à un Régiment. "Les Oficiers sont obligés de porter leur uniforme dans les Garnisons.

UNIMENT


UNIMENT, Voy. UNI, au comencement et à la fin.

UNION


UNION, s. f. UNIR, v. act. [U-nion, en vers ni-on; uni.] Unir; c' est 1°. Joindre deux ou plusieurs chôses en une. Quand le nom qu' il régit est au pluriel, il n' a pour régime que l' acusatif: unir deux terres, deux fiefs, deux Bénéfices. _ Quand le nom est au singulier, Unir a pour 2d régime le datif. "Unir une terre à un fief; un bénéfice à un Seminaire. * Le P. Griffet dit: que sert-il d' unir notre voix, si nous n' y ajoutons point l' union de nos coeurs et de nos sentimens? Ann. Chrét. = Il falait dire, d' unir nos voix, ou bien d' unir notre voix à celle des aûtres. _ On n' unit pas une seule chôse. = Fig. "Unir deux familles par un mariage. "C' est l' intérêt comun; c' est l' amitié, qui les unit. "Ils sont unis d' intérêt, par les noeuds de l' amitié.
   Juste Ciel! Se peut-il que des noeuds légitimes
   Avec tant de vertus unissent tant de crimes.       Râhad.
= 2°. Rendre égal, en ôtant les hauts et les bâs; polir, aplanir. "Unir une pierre, une planche, une alée, etc. = Union, jonction de deux ou de plusieurs chôses ensemble. "L' union des parties: l' union de l' âme avec le corps. = Fig. Concorde, société, correspondance. "Union conjugale, fraternelle. "Ils ont toujours vécu dans une grande union. "Il n' y a point d' union dans cette comunauté. = Union, jonction, Unir, joindre (Syn.) L' union regarde proprement deux diférentes chôses, qui se troûvent bien ensemble: la jonction regarde proprement deux chôses éloignées, qui se raprochent l' une de l' aûtre; l' union des couleurs; la jonction de deux armées. Ce qui n' est pas uni, est divisé; ce qui n' est pas joint est séparé. = Union s' emploie souvent au figuré; mais on ne se sert de jonction que dans le sens litéral. "L' union soutient les familles, et fait la puissance des États: la jonction des ruisseaux forme les grands fleuves. GIR. Synon.
   Rem. Ordinairement Unir régit à, et union la prép. avec. M. Linguet done au substantif le régime du verbe. "Modèle rare de l' union de la raison à l' Éloquence. _ M. Marin done au verbe les deux régimes dans la même phrâse. "Je préfère de m' unir à vous plutôt qu' avec tout aûtre. L' Amante Ingénue. = Quelques-uns condamnent unir ensemble, comme un pléonasme. L' Acad. l' aproûve, et tous les bons Auteurs l' emploient: on dit fort bien de même; voler en l' air, je l' ai vu de mes yeux; je l' ai entendu de mes propres oreilles; et plusieurs aûtres façons de parler, consacrées par l' Usage.

UNIQUE


UNIQUE, adj. UNIQUEMENT, adv. [Uni--ke, keman: 3e e muet.] Unique, seul. "Fils unique; frère unique de, etc. "Unique héritier. "Vous êtes l' unique de ce sentiment. Acad. "Mon unique soin, mon unique ocupation sera de travailler à vous plaire. = Unique, seul (Synon.) Une chôse est unique, quand il n' y en a pas d' aûtres de la même espèce: elle est seule, l' orsqu' elle n' est pas acompagnée. "Un enfant, qui n' a ni frère, ni soeur, est unique; un homme, abandoné de tout le monde, est seul. GIR. Syn.
   Je ne tiens pas contre ce dernier trait.
   Il nous dit trop combien il faut qu' on t' aime,
   Il est unique, aussi bien que toi-même.       Nanine.
= Unique, placé devant le substantif, a un sens diférent de celui, qu' il présente, quand il est placé aprês. Dans la 1re position, il signifie seul en nombre; dans la 2de seul en son genre; incomparable: c' est mon unique tableau; c' est un tableau unique. M. Dandré-Bardon dit du Déluge; cette unique catastrophe: il falait dire, cette catastrophe unique. = On dit en bien et en mal d' un homme, qu' il est l' unique en son espèce. = Unique régit-il le subjonctif, aprês le relatif, qui le suit? J' en doute. "Voilà l' unique motif, qui les fasse rechercher. Th. d' Éduc. J' aimerais mieux, qui les fait rechercher; d' autres aimeront mieux, qui les fasse; et je n' en serai pas surpris. Voy. SEUL; Voy. PREMIER. Je pense qu' on trouverait des exemples de l' un et de l' aûtre; de l' indicatif et du subjonctif~.
   REM. Unique ne parait pas susceptible des degrés de Comparaison. Plusieurs Auteurs ont dit, plus singulier, plus unique, VOLTAIRE a dit, si unique, NEUVILLE, aussi unique, etc. "Cet homme aussi singulier, aussi unique par la diversité des évènemens, qui composèrent le tissu de ses jours, que par l' assemblage des talens, qui caractérisèrent son génie. Or. Fun. du Maréchal de Belle-Isle.
   Uniquement, 1°. Singulièrement, exclusivement à toute aûtre chôse. "Il s' aplique uniquement à la Poésie, etc. = 2°. Au dessus de tout; préférablement à tout. "Il l' aime uniquement.

UNIR


UNIR, Voy. UNION.

UNISSON


UNISSON, s. m. [Uni-son.] Acord de deux voix, de deux instrumens, qui ne font entendre qu' un même ton. "Ces deux voix sont à l' unisson. "Monter deux instrumens à l' unisson. = On le dit au figuré, st. famil. "Se monter à l' unisson de tout le monde. Anon.

UNITÉ


UNITÉ, s. f. [3e é fer.] Il est oposé à pluralité. "L' unité est le principe des nombres: plusieurs unités font un nombre. _ "Il y a en Dieu unité de substance et trinité de persones. "L' unité de l' Église, de la Foi. = On dit, en parlant des Poèmes dramatiques, que: il y faut observer les trois unités; l' unité d' action, l' unité de lieu et l' unité de tems; c. à. d. qu' il faut qu' il n' y ait qu' une action dans une piéce; que cette action se pâsse dans le même lieu; et qu' elle ne dûre pas plus de 24 heures.
   Rem. M. l' Ab. Henn. emploie unité pour uniformité. "En diversifiant les actions vertueuses, on prévient les dégoûts et les fatigues inséparables de l' unité d' action. Du Plaisir. L' unité d' action se dit, quand il n' y en a qu' une; l' uniformité, quand il y en a plusieurs, qui se ressemblent. Ainsi l' Auteur n' a pas dit ce qu' il devait et ce qu' il voulait dire. Il falait; les dégoûts de l' uniformité, sans ajouter, d' action.

UNIVALVE


UNIVALVE, adj. et subst. Il se dit des poissons testacées, dont la coquille n' est composée que d' une pièce. "Coquillage univalve. = S. m. "Les univalves et les bivalves.

UNIVERS


UNIVERS, s. m. UNIVERSALITÉ, s. f. UNIVERSEL, ELLE, adj. UNIVERSELLEMENT, adv. UNIVERSITÉ, s. f. [Univêr, et devant une voyèle, vêrz; vêrsalité, sèl, sèle, sèleman, sité: 3e ê ouv. 4e è moy. au 3e, 4e et 5e.] Univers, 1°. Le Monde entier. "Dieu a créé, conserve et gouverne l' Univers. = 2°. Il se prend, dans un sens particulier pour la Terre. "Son nom vole par-tout l' Univers "Il n' y a rien de pareil dans l' Univers
   .......Je verrai dans cette plaiderie
   Si les hommes auront assez d' éfronterie,
   Seront assez méchans, scélérats et pervers,
   Pour me faire injustice aux yeux de l' Univers.
       Misantr.
  Mais de tout l' Univers vous devenez jaloux:
  - - - - C' est que tout l' Univers est bien reçu de vous.
       Misantr.
  UNIVERSALITÉ, généralité; ce qui renferme les diférentes espèces. "L' universalité des Êtres, des Sciences, des Arts. "L' universalité, jointe à l' éminence des vertus guerrières, était le caractère de distinction de l' invincible CONDÉ. Bourdal.
   UNIVERSEL, général, qui s' étend à tout, ou par-tout. "Un bien, un mal universel. Le Déluge universel. "Pèste, famine, désolation universelle. "Il a l' aprobation universelle. "Il n' y a point d' hommes, point de~ remèdes universels. Voy. GÉNÉRAL. = Qui embrasse, renferme, comprend tout. Esprit universel. Science universelle. _ Cet homme est universel; il a une grande étendûe de conaissances. = Cet adjectif aime à suivre le substantif. "La sainte et universelle Église Romaine, dit un Auteur moderne. L' inversion est dûre et gauloise. = Universel est s. m. en termes de Logique; et se dit de ce qu' il y a de comun dans les individus d' une même espèce, ou d' un même genre. En ce sens, on dit au pluriel Universaux. _ On apèle aussi Universaux, les lettres circulaires du Roi de Pologne aux Palatins et aux Provinces, pour la convocation des Diètes.
   UNIVERSELLEMENT, adv. Généralement. "Il est universellement estimé. "Cela est universellement reçu, aprouvé.
   Ne prétendez-vous donc qu' au triste amusement,
   De vous faire haïr universellement?
       Le Méchant.
  UNIVERSITÉ, Corps de Professeurs et d' Écoliers, établi par autorité publique, pour enseigner et pour aprendre les Langues, les Belles-Lettres, et les sciences. "L' Université de Paris, de Toulouse, d' Aix, de Besançon, de Louvain, de Salamanque, etc. "Recteur, Chancelier, etc. de l' Université.
   Rem. On lit dans une Édition de LA BRUYèRE, université de talens, pour, universalité. C' est peut-être une faûte d' impression.

UNIVOCATION


UNIVOCATION, s. f. UNIVOQUE, adj. [Univoka-cion, voke.] Univoque est un terme de Logique. Il se dit des noms comuns à plusieurs chôses. Animal est un terme univoque à l' Homme et au Lion, etc. _ Homme est univoque à Pierre et à Paul. = Univocation. Caractère de ce qui est univoque: l' univocation de l' être.

URBANITÉ


URBANITÉ, s. f. Politesse, que done l' Usage du monde. = Ménage et Bouhours eurent de grandes contestations sur ce mot. Le premier prétendait qu' on pouvait s' en servir sans scrupule: le second voulait qu' on ne l' employât qu' avec précaution. L' Auteur des Refléxions est de l' avis de Ménage. _ La Touche dit qu' il trouve ce mot fort beau et fort comode, mais que cependant il ne voudrait pas le mettre à tous les jours. _ L' Acad. l' aprouvait dabord sans restriction. Elle a dit ensuite qu' il ne se dit guère qu' en parlant de la politesse des anciens Grecs et Romains. L. T. Dans la dern. Édit. elle a suprimé le mot Grecs, qui avait été mis par inatention. On dit l' aticisme des Grecs et l' urbanité des Romains, quand on parle de la politesse du langage. M. l' Ab. Du-Serre-Figon apèle St. Cyr, une École de Religion, de moeurs, d' urbanité, de savoir.

URBIN


*URBIN: Ville d' Italie. Le P. Barre écrit Urbain. Celui-ci est un nom d' Homme. Il y a eu plusieurs Papes de ce nom.

URGENT


URGENT, ENTE, adj. [Ur-jan, jante: 2e lon.] Pressant, qui ne soufre~ point de retardement. Besoin urgent. "Nécessité, afaire urgente. C' est à peu prês tout l' emploi de ce mot. _ Avec nécessité, l' Acad. lui fait précéder le substantif. Dans son urgente nécessité: les urgentes nécessités de l' État. Cette construction est convenable dans ces deux phrâses.

URINAL


URINAL, s. m. URINE, s. f. URINER, v. n. URINEUX, EûSE, adj. [3e e muet au 2d, é fer. au 3e lon. aux 2 dern. ne, , neû, neû-ze, adj.] Urine, sérosité saline, de couleur de citron, qui des reins pâsse dans la vessie, et qui est poussée dehors de tems en tems. = Uriner, décharger sa vessie. "Il urine bien: il ne saurait uriner: il a une dificulté d' uriner; une supression, une rétention d' urine. = Uriner et urine sont des mots plus honêtes que pisser et pissat. = Urinal, vâse, ordinairement de verre, où les malades urinent comodément. = Urineux, qui est de la nature de l' urine, ou, qui a l' odeur de l' urine fermentée. "Les animaux abondent en sels urineux.

URNE


URNE, s. f. [2e e muet.] Vâse antique, qui servait à divers usages, comme à mettre les cendres des Morts, à tirer au sort. _ Les Peintres représentent les fleuves sous une figure humaine, et apuyés sur une urne.
   Où me cacher? Fuyons dans la nuit infernale,
   Mais que dis-je? Mon père y tient l' urne fatale....
   Minos juge aux enfers tous les pâles humains.
       Phèdre.
= On apèle aussi de ce nom, des vâses de porcelaine ou de faïence, de figure presque ronde et grôs vers le milieu, qu' on met pour ornement sur des corniches ou sur les tablettes des cheminées.

US


US, s. m. USAGE, s. m. USAGER, s. m. [Us, uzage, gé: 3e e muet au 2d, é fer. au 3e.] Us et Usage ont à peu-près le même sens; mais le premier ne se dit qu' au Palais. Coutume; pratique reçue. "Garder les us et coutumes. Il se dit toujours au pluriel et toujours avec coutumes. _ "C' est l' usage, cela est reçu par l' usage. "L' Usage est le maître et souvent le tyran des Langues vivantes. "Ce mot n' est pas du bel usage; n' est plus d' usage, ou, en usage. "Ce mot n' a d' usage, ou n' est en usage que dans le style familier, etc. "Cela est hors d' usage. "Bréviaire, Missel, à l' usage de Rome, de Paris, etc. Usage, coutume (Synon.) L' usage semble être plus universel: la coutume parait être plus anciène. Ce que la plus grande partie des gens pratique est un usage: ce qui s' est pratiqué depuis long-tems est une coutume. GIR. Synon.
   L' Usage est fait pour le mépris du Sage,
   Je me conforme à ses ordres génans
   Pour mes habits, non pour mes sentimens.
       Nanine.
= Usage est 2°. l' emploi à quoi l' on fait servir, à quoi l' on aplique une chôse. "À~ quel usage cela est-il bon? "Cela est de grand usage, de peu d' usage; de nul, d' aucun usage. = En usage s' emploie avec le v. mettre et d' usage avec le v. être impers. "Il mit tout en usage pour le gâgner. "Il est d' usage que les Chanoines viènent ce jour là à l' ofice. Le verbe doit être au subjonctif. = À~ l' usage de, à son usage. "Ces chôses là ne sont pas à votre usage. = Fig. "Je suis contrainte d' avoir patience, quoique la patience, comme vous le savez, soit une vertu, qui n' est guère à mon usage. SèV. = Faire un bon, ou, un mauvais usage de, est de tous les styles. "Il fait bon usage des grâces que Dieu lui done. "Elle fait un mauvais usage des dons, dont le Ciel l' a comblée. Si j' avais le bien qu' il a, j' espère que j' en ferais un meilleur usage. On dit aussi absolument faire usage de:
   De la tendre amitié c' est un aimable gage,
   Qu' il m' est cher! je l' accepte et vais en faire usage.
       La Chaussée.
= Mettre en usage, se servir de.
  La modération, qui fut votre partage,
  Vous ne la mettez pas, ma soeur, fort en usage.
       Le Joueur.
= * Usage pour user substantif est mis, par M. Desgrouais, au nombre des gasconismes. "Étofe d' un bon user: Acad. et non pas d' un bon usage. Trév. = 3°. Droit de se servir personellement d' une chôse, dont la propriété est à un aûtre. "En vendant sa Bibliothèque, il s' en est réservé l' usage sa vie durant. = 4°. Droit qu' ont les voisins d' une forêt ou d' un pâcage, d' y couper de quoi se chaufer, et d' y mener leur bétail. "J' ai droit d' usage, ou, j' ai mon usage dans ce bois.
   USAGER, se dit dans ce dernier sens: on a taxé les Usagers.

USANCE


USANCE, s. f. [Uzance: 2e lon. 3e e muet.] On le disait aûtrefois pour usage, coutume. "C' est l' usance du pays, des lieux. = Aujourd'hui, en matière de Lettres de change, terme de 30 jours. "Cette lettre est payable à deux, à trois usances.

USANTE


USANTE, adj. f. USER, v. n. et act. et s. m. [Uzante, uzé: 2e lon. au 1er, é fer. au 2d.] Usante, qui ûse, qui jouït. Il ne se dit qu' au Palais. "Fille majeure, usante et jouïssante de ses droits.
   USER, 1°. v. n. faire usage, se servir de: il régit l' ablatif. "User de remèdes. "Usez-en sobrement. "Il faut user de l' esprit, comme de toute autre chose avec modération. L' Ab. Trublet. User d' une façon de parler. = FIG. User de menaces, de prières, de violence, de douceur; de finesse, d' artifice, de circonspection. User bien ou mal de quelque chôse; en faire un bon, ou, un mauvais usage. "Il ûse bien de son crédit, de sa faveur: c' est mal user des grâces que Dieu vous a faites. _ En user bien ou mal avec quelqu' un; agir bien ou mal avec lui. _ En user librement ou familièrement; avoir une manière d' agir libre, familière, avec.
   On sait qu' auprès du Roi je fais quelque figure,
   Il m' écoute, et dans tout, il en use, ma foi,
   Le plus honêtement du monde avec que moi.
       Molière.
= 2°. User, actif: consomer. "On ûse bien du bois, bien de l' huile, bien des flambeaux. = Détériorer imperceptiblement. "Le pavé ûse les fers des chevaux. "Les habits s' ûsent à force de servir. = 3°. Il se dit dans ce sens, au figuré, à l' actif, au réciproque et au passif. "Le chagrin, plus encôre que le travail ûsent les meilleurs tempéramens. "Les Rois s' ûsent toujours plus que les aûtres hommes. Télém. "Ce Débauché a été usé de bone heure.
   USÉ, ÉE, adj. Habit, homme, cheval usé; estomac usé, poitrine usée: conte usé, pensée, expression, phrâse usée, trop souvent employée: moralités usées. _ Terre usée, devenûe stérile, pour avoir raporté trop long-tems sans repôs, sans amendement. _ Passion usée, amour refroidi, diminué par le tems.
   Tous ces grands Seigneurs là ne sont jamais plaisans....
   Comme ils sont toujours bien, leur joie est toute usée....
   Il leur faudroit du mal et du travail par fois,
   Pour rire d' un bon coeur.
       Sidney.
USER, s. m. "Cette étofe, ce drap est d' un bon user; et non pas d' un bon usage: ils dûrent long-tems. = À~ l' user, adv. "Il y a des étofes, qui deviènent plus belles à l' user. "Cet homme est bon à~ l' user: plus on le fréquente, plus on le trouve de bone société.
   Use: la pénult. est longue: mûse, excûse, rûse, je récûse, etc. mais devant la syll. masc. l' u devient bref. excuser, refuser, récuser, etc. Dans rûsé, l' u est long. D' Oliv.

USER


USER, Voy. USANTE.

USITÉ


USITÉ, ÉE, adj. [Uzité, té-e: 3e é fer. long au 2d, 4e e muet.] Qui est en usage, qui est pratiqué comunément. "Cela est fort usité: c' est une chôse fort usité en ce pays là. "ce mot n' est point usité: cette façon de parler est fort usitée.

USTENSILE


USTENSILE, s. m. [Ustansile: 2e lon. 4e e muet.] = Le Dict. de Trév. met utencile ou utencille. _ L' Acad. avait dabord mis ustensille, en ajoutant que plusieurs disent utencile. Dans la dern. édit. elle ne met qu' Ustensile, avec une seule l et sans remarque. Charlevoix écrit ustancile avec un a. Un autre Auteur écrit tantôt ustancile, tantôt ustensile. = Mde Deshoulières a préféré utencile.
   Grands savantas,
   Dont Calepin est le seul utencile.
Richelet dit qu' il est masc. ou fém. mais plus souvent fém. * Fontenelle lui a doné ce dernier genre: les ustenciles sacrées; et un Auteur anonyme, les plus grossières utensiles du Ménage. = Ce mot est masculin: Acad. = Quant à la manière de l' écrire, son origine d' uti, utens, montre que l' s est inutile, et que l' e devant l' n est préférable à l' a. Pour le choix à faire entre le c ou l' s, il est plus arbitraire. = L' Acad. met Ustensile: elle veut donc que l' on prononce l' s; après l' u: il faut donc l' écrire.
   USTENSILE se dit proprement de toutes sortes de petits meubles, servant au ménage, et principalement à l' usage de la cuisine.
   Mais demain, au matin, il vous faut être habile
   À~ vider de céans jusqu'~ au moindre ustensile.
       Mol.
= On le dit aussi de tout ce que l' Hôte est obligé de fournir au soldat, qui loge chez lui par étape.

USUEL


USUEL, ELLE, adj. [Uzu-èl, èle: 3e è moy, 4e e muet.] Dont on se sert ordinairement. Termes usuels, dont l' usage est fréquent. Plantes usuelles, dont l' usage est le plus comun en Médecine.

USUFRUCTUAIRE


USUFRUCTUAIRE, adj. USUFRUIT, s. m. USUFRUITIER, IèRE, s. m. et f. [Uzufruktu-ère, frui, frui-tié, tiè-re: pénult. è moy. et long au 1er; 4e é fer. au 3e, è moy. et long au 4e.] Usufruit, jouïssance des fruits, du revenu d' un héritage, dont la propriété apartient à un aûtre. "Avoir l' usufruit d' une terre, d' une maison. = Usufructuaire, qui ne done que la faculté de jouïr des fruits. "Le douaire des femmes n' est qu' un droit usufructuaire. = Usufruitier, qui a l' usufruit. "Il ou elle n' est point propriétaire de cette terre: il n' en est qu' usufruitier: elle n' en est qu' usufruitière.

USURAIRE


USURAIRE, adj. USURAIREMENT, adv. USûRE, s. f. USURIER, IèRE, s. m. et f. [Uzurère, rèreman; Usûre, Uzu-rié, riè--re: 2e lon. au 3e seulement, 3e è moy. et long aux 2 prem. et au dern. e muet au 3e, é fer. au 4e.] Usûre, Intérêt, profit illégitime, qu' on exige d' un argent, ou d' une marchandise, qu' on a prétée. Usuraire; où il y a de l' usûre. Usurairement, d' une manière usuraire. Usurier, ière, celui, celle, qui prête à usûre. Préter à usûre: exercer l' usûre. "Contrat, paction, profit, intérêt usuraire. "Il l' a exigé usurairement. "Il est usurier, comme un Juif: c' est un infâme usurier: une usurière, qui prête sur gage.
   REM. Usûre est de tous ces mots le seul qu' on emploie au figuré: rendre avec usûre; payer avec usûre; rendre au double le bien ou le mal qu' on a reçu. "La terre le payoit de ses peines avec usûre, et ne le laissoit manquer de rien. Télém.

USURPATEUR


USURPATEUR, TRICE, s. f. USURPATION, s. f. USURPER, v. act. [Uzurpa--teur, trice, pa-cion; : 3e é fer. au dern.] Usurper, c' est s' emparer par violence ou par ruse d' un bien, etc. "Usurper la courone. "Chaque année ce laboureur usurpe quelques sillons de terre sur ses voisins.
   Il oprimait Messène, il usurpait mon rang:
   Il m' ofrait une main fumante de mon sang.
       Mérope.
= Usurpation, l' action d' usurper. = Usurpateur, trice, celui, celle qui usurpe. Il ne se dit guère qu' en parlant de chôses três-importantes. L' usurpateur, l' usurpatrice du trône: ou absolument et sans régime: l' Usurpateur, l' Usurpatrice.
   J' ai besoin d' un hymen, utile à ma grandeur,
   Qui détourne de moi le nom d' Usurpateur.
       Mérope.

UTÉRIN


UTÉRIN, INE, adj. [Uté-rein, rine: 2e é fer.] Il se dit des frères et des soeurs nés de même mère, mais non pas de même père. "Frère utérin, soeur utérine.

UTILE


UTILE, adj. UTILEMENT, adv. UTILITÉ, s. f. [3e e muet aux 2 prem. 4e é fer. au 3e: en dans le 2d a le son d' an: utile--man.] Utile, profitable, avantageux. Il régit le datif: la piété est utile à tout. "Il vous sera utile dans vos afaires. Il s' emploie aussi sans régime. "Emploi, travail fort utile: cela est plus honorable qu' utile. = Subst. "Préférer l' honête à l' utile; joindre l' agréable à l' utile. "Quelquefois, d' un côté on croit voir l' utile et de l' autre l' honête. On se trompe; car l' utile n' est jamais où n' est pas l' honête. D' OLIV. Pens. de Cic.
   Rem. On disait aûtrefois util au masculin. = Quand il est sans régime, il suit ou précède le substantif: Ouvrage utile. "L' utile assistance. Rouss.
   Là d' un arbre fertile on insère un bouton,
   De l' arbre, qui l' adopte, utile nourrisson.
       De Lille.
  UTILEMENT, d' une manière utile. "Servir utilement l' état. Employer utilement le tems.
   UTILITÉ, Profit, avantage (Synon.) L' utilité naît du service, qu' on tire des chôses; le profit du gain qu' elles produisent; l' avantage de l' honeur et de la comodité, qu' on y troûve. Un meuble a son utilité; une terre done du profit; une grande maison a son avantage. _ Nous pouvons dire, comme l' Ab. Girard: je souhaite que cet ouvrage soit utile au Lecteur; qu' il fasse le profit, du Libraire, et qu' il me procure l' avantage de l' estime publique. GIR. Syn. = Utilité, signifie aussi secours, usage. "Cela n' est d' aucune utilité. = * Dans le sens d' avantage, il me semble qu' utilité n' a point de pluriel: "Suivant les utilités ou les inconvéniens, qui en pourroient arriver. Boss. mais je pense aussi que dans le sens de service, secours, on peut l' employer en ce nombre quand on parle de plusieurs secours, de plusieurs services; et si c' est un néologisme, je le crois digne d' être adopté par l' Usage. "Ce ne sont pas les seules utilités qu' on peut trouver dans cet Ouvrage. Préface de ce Dictionaire. "Tant d' utilités solides, réunies avec tant de chôses agréables. Volt.