Dictionnaire critique de la langue française Dictionnaire critique de la langue française 1787 Français 2007-4-4 ARTFL Converted to TEI


T



T


T. s. m. [ ou te.] La 22e lettre de l' Alphabet et la seizième des consones. Elle est une des palatales et dentales, et elle correspond au d, qui est un t adouci, comme le t est un d prononcé plus fortement. C' est pourquoi les Allemands, quand ils comencent à parler français, substitûent l' un à l' autre et prononcent diable, doner, dernier, comme s' ils étaient écrits, tiable, toné, ternié. = Le son du t français est le même que celui du t allemand dans tinten, de l' anglais dans temple, de l' italien dans tuono, de l' espagnol dans timido. = I. Le t devant l' i suivi d' une voyelle prend ordinairement le son qu' a le c devant l' e et l' i: ainsi partial, essentiel, ambition, se prononcent comme s' ils étaient écrits parcial, essenciel, ambicion. _ Exceptez 1°. Les mots terminés en ie ou en , comme modestie, pitié, qu' on prononce modès--ti-e, pi-tié. Encore la règle n' est-elle pas universelle pour les premiers; car dans Dalmatie, Galatie, Aristocratie, Démocratie, primatie, prophétie, minutie, le t a le son du c. = Exceptez aussi 2°. tien, tienne, chrétien, christianisme et quelques mots terminés en tion, comme mixtion, Bastion, suggestion, question et ses dérivés. = Exceptez 3°. la diphtongue tien, quand elle n' a pas le son d' an : entretien, soutien, il contient, etc. Les noms propres en tien rentrent dans la règle:Domitien, Dioclétien, etc. pron. Domicien, etc. = Exceptez 4°. les tems des verbes en tions ou en tiez, nous battions, vous étiez, où t a son propre son et non le son du c ou de l' s. = II. Le t n' a jamais le son du c ni au comencement, ni à la fin des mots. = Il ne se prononce point quand il est final, si le mot suivant comence par une consone ou une h aspirée: mais si ce mot comence par une voyèle ou une h muette, on prononce le t dans le discours soutenu, et dans les vers. Dans la prôse comune et dans le discours familier, on ne le prononce pas. Ainsi dans ces phrâses: il vient aprês vous: il parait un géant auprês de lui, ce serait une afectation pédantesque de lier le t avec aprês et auprês et de dire, vien-taprês, géan-toprê, mais on dit, vien aprê, géan oprê. = Ce t final ne se prononce jamais dans et conjonction, ni dans les pluriels des mots, qui ont un t final, esprits, magistrats, accidents. = Plusieurs le retranchent~ même au pluriel des noms terminés en ant ou ent: amans, accens, tourmens, deux cens hommes, etc. M. de la Harpe interrogé si c' était une faûte de le mettre devant l' s, a répondu que l' usage a prévalu de le retrancher, mais que ce ne pouvait être une faute de le conserver. _ Restaut fait sur cela une réflexion, qui n' est pas à dédaigner: "Si on admet pour règle, dit-il, de former le pluriel des noms en ant ou ent par la simple addition d' une s, il s' en suit nécessairement qu' il suffit de retrancher cette s pour avoir le singulier; et alors un étranger reconoîtra aisément que les pluriels romans et diamans viennent de roman et diamant: mais si l' on écrit sans distinction romans et diamants, il croira qu' on doit écrire au singulier diaman sans t comme roman. HARDUIN. = III. Il est des mots, où le t final se prononce toujours, même dans la conversation comme, est, fait, dont, mot, pot, comme aussi dans les prépositions, sur-tout si elles sont monosyllabes, et dans les adjectifs, quand ils précèdent leur substantif:fort épais, tant et plus, puissant homme, charmant enfant, etc. prononcez, for-tépè, tan--téplu, puissan-tome, charman-tanfan, etc. = Il est assez d' usage de prononcer aussi le t final dans les 3es persones du pluriel des verbes, quand leur dernière syllabe n' a pas le son de l' e muet: ils sont à Rome; elles étaient à table, etc. au lieu qu' on peut prononcer, ils donent à manger, comme s' il y avoit, done à manger. Rest. = IV. Quand le t final est précédé d' une aûtre consone, c' est avec cette consone que se lie la voyèle suivante; et non pas avec le t: ainsi dans respect-humain, suspect à son maître, éfort étonant, prononcez, respè--kumein, suspè-ka son maître, éfo-rétonan; et non pas respè-tumein, etc. = Exceptez de cette règle l' n, quand elle précède le t final: charmant, serment, vint, dont: mais ce n' est pas là proprement une exception, parce que dans les voyèles nazales, l' n n' est pas une consone: elle forme un son simple avec la voyèle précédente. Voy. N. = V. Le t ne se redouble point 1°. aprês l' é fermé, ni aprês l' i, ni guère aprês l' u: établir, détourner, rétif, citron, brutal, discuter, , lutin, etc. _ 2°. Aprês les syllabes, où se trouve une des deux liquides l ou r: flater, floter, clotûre, pratique, grotesque, protester, etc. _ 3°. Aprês les syllabes do, re, la, ma: doter, retour, retenir, latitude, maternel, etc. _ Ailleurs on le redouble assez ordinairement: attaquer, combattre, attester, sornette, etc. = Si l' usage s' introduit de ne le redoubler que quand la prononciation l' exige, on n' aura pas besoin de ces règles. On écrira ataquer, atester, batre, combatre, sornète, musète, etc.

TA


TA, pron. possessif fém. de la 2e persone. On ne s' en sert que devant les noms, qui comencent par une consone ou une h aspirée: ta courone, ta haine: devant les voyèles et les h non aspirées, on se sert de ton; ton audace, ton horreur. _ Il a au plur. tes. Il prend l' article indéfini, de ta, à ta.

TABAC


TABAC, s. m. [On ne prononce point le c final: taba.] Plante, dont les feuilles préparées servent à fumer; et qu' on prend aussi en poûdre par le nez. "Fumer une pipe de tabac. "Tabac en corde: rouleau de tabac. "Prendre du tabac: "Tabac rapé: tabac d' Espagne.

TABAGIE


TABAGIE, s. f. 1°. Lieu destiné pour fumer du tabac. = 2°. Petite cassette, dans laquelle on serre du tabac, des pipes et tout ce qui est nécessaire pour fumer.

TABARIN


TABARIN, s. m. TABARINAGE, s. m. [Taba-rein, rinage.] Farceur, Boufon. Boufonerie, action de tabarin, de farceur.
   Apollon travesti devint un tabarin.
       BOILEAU.
Il fait le tabarin. "Cette comédie est sur un mauvais ton: ce n' est qu' un insipide tabarinage.

TABATièRE


TABATIèRE, s. f. [Taba-tiè-re: 3e è moy. et long, 4e e muet. = On a dit autrefois tabaquière et celui-ci était plus conforme à l' étymologie. L' Acad. avait dabord mis l' un et l' aûtre dans son Dictionaire: mais dans les dernières éditions elle ne dit que tabatière.] Petite boîte, où l' on met du tabac en poûdre. La mode a été un tems de dire boîte et non pas tabatière. Ce dernier mot était devenu ignoble et on le laissait au peuple. Je ne sais si cette mode et ce préjugé dûrent encore, et si l' on peut dire tabatière devant les gens comme il faut, sans leur faire mal au coeur.

TABELLION


TABELLION, s. m. TABELLIONAGE, s. m. [On dit, dans le Dict. Gram. qu' on ne prononce qu' une l dans ces deux mots: mais l' usage le plus autorisé est d' en prononcer deux et de les écrire: tabel-lion, onage.] Tabellion, Notaire. Tabellionage, ofice, fonction de tabellion. = Ces deux mots ne se disent que dans les Ordonances, et en style de Pratique. _ Ils ne sont d' un usage comun que dans quelques Provinces, en parlant des Notaires des Villages.

TABERNACLE


TABERNACLE, s. m. [2e ê ouv. dern. e muet.] 1°. Tente, pavillon. Il ne s' emploie en ce sens que dans la traduction de certains textes de l' Écritûre. = 2°. Le Tabernacle du Seigneur ou absolument, le tabernacle, la tente où reposait l' arche d' aliance pendant le séjour des Israélites dans le désert.
   Ainsi l' on vit l' aimable Samuel
   Croître à l' ombre du tabernacle.
       ATHALIE.
= 3°. Dans le nouveau Testament, le Ciel est apelé, les tabernacles éternels. = 4°. Parmi nous, ouvrage de menuiserie, d' orfèvrerie, de marbre, etc. fait en forme de petit temple, ou de globe, mis au dessus de la table de l' autel, pour y renfermer le Saint Ciboire.

TABIS


TABIS, s. m. TABISER, v. act. [Tabi, bizé: 3e lon. au 2d.] Tabis, gros tafetas ondé. Tabiser, rendre une étofe ondée à la manière du tabis.

TABLATûRE


TABLATûRE, s. f. [3e lon. 4ee muet.] Arrangement de plusieurs lettres ou marques sur des lignes, pour marquer le chant à ceux qui chantent, ou qui jouent des instrumens. = On dit proverbialement, doner de la tablatûre à quelqu' un; ce qui signifie deux chôses: 1°. Lui doner de l' embarras, du fil à retordre. "Je lui ai doné bien de la tablatûre. "2°. Être plus habile que lui et lui doner de la peine pour nous égaler: il donerait de la tablatûre aux plus habiles. "Je suis fort aise que Mr. de Grignan avoûe que je lui done de la tablature pour savoir bien vous aimer. Qu' il essaye un peu de chanter sur ce ton, principalement pour le soin de votre santé. Sév. La métaphôre est soutenûe.

TABLE


TABLE, s. f. [2e e muet.] 1°. En général, meuble ordinairement de bois fait d' un ou plusieurs ais, et posé sur un ou plusieurs pieds, qui sert à divers usages. "Table ronde, carrée, ovale, etc. "Table à tiroirs; à manger; à jouer, etc. "Table de pierre, de marbre, etc. = 2°. En particulier et absolument, table à manger. "Il est trois heures à table: il va de la table au lit, et du lit à la table. Aimer la table, les plaisirs de la table. "Se mettre à table; sortir, se lever de table. _ Tenir table, doner à manger. Tenir table ouverte, recevoir à sa table ceux qui se présentent. _ Retrancher, réformer sa table, faire moins de dépense pour sa table qu' on n' avait coutume de faire. _ Doner la table ou sa table à quelqu' un, le faire manger habituellement à sa table. _ Mettre quelqu' un sous la table, l' ennivrer. _ Manger à table d' Hôte, dans une hotellerie, à un certain prix réglé. _ Il a bone table; on fait bone chère chez lui. _ Courir, piquer les tables, faire le métier de parasite; aler manger chez ceux, qui tiènent table. = 2°. Lame ou plaque d' argent, de cuivre ou d' autre métal; ou morceau de pierre ou de marbre plat et uni, sur quoi on peut écrire, graver ou peindre. C' est en ce sens qu' on dit, les tables de la Loi, ou de Moïse; les lois des douze tables chez les Romains. _ Table râse, ou d' atente, qu' on destine pour graver quelque chôse, mais où il n' y a encôre rien de gravé. On dit figurément de quelqu' un, qui n' a encore reçu aucune instruction; que c' est une table râse, où l' on gravera tout ce qu' on voudra. = 3°. Index fait ordinairement par ordre alphabétique, pour trouver les matières ou les mots qui sont dans un livre, et qui indique le tome et la page où ils se trouvent. "Une table bien faite est d' un grand secours, mais il en est peu de cette sorte. La plupart des tables sont fautives. = Mde de Sévigné apèle faire la table des chapitres, dire les chôses en grôs. "Il ne faut faire à présent que la table des Chapitres, pour quand nous nous verrons. = 4°. Feuille sur laquelle les matières d' une science sont réduites méthodiquement et en racourci, afin qu' on puisse les voir d' un coup d' oeuil: "Table généalogique: table chronologique: enseigner la Gramaire par tables, etc.
   Rem. On dit, adverbialement à table (n°. 2°.) et non pas à la table, comme dit Voiture. "Cela y fut particulièrement remarquable, que n' y ayant que des Déesses à la table et deux demi-Dieux, Mr de Chaudebone et moi, tout le monde y mangea ne plus ne moins que si c' eussent été véritablement des persones mortelles.

TABLEAU


TABLEAU, s. m. [Tablo, au plur. tableaux: pron. tablô, 2e longue.] 1°. Ouvrage de peintûre sur une table de bois ou de cuivre, etc. ou sur de la toile. "Le dessin et l' ordonance d' un tableau, la couleur, les ombres d' un tableau. "Être curieux en tableaux. Voy. PEINTûRE. = On dit figurément, d' un léger défaut, qui fait mieux sentir les beautés d' un ouvrage, ou les bones qualités d' une persone, que c' est une ombre au tableau. = Fig. Représentation vive et naturelle d' une chôse, soit de vive voix, soit par écrit. "Le tableau de la vie humaine, des vices, des vertus, des passions. "Le tableau des guerres civiles.
   Je laisse à tes pareils la mordante satire,
   Jamais son fiel cuisant, versé sur mes pinceaux,
   N' a terni les couleurs, dont je peins mes tableaux.
       Le Franc.
  Ô~ l' utile présent à faire à nos Français
  Que tous ces noirs tableaux dérobés aux Anglais!
       Palissot.
= 2°. Liste, catalogue des membres d' une compagnie. "On a éfacé son nom du tableau. "On les a députés selon l' ordre du tableau.

TABLER


TABLER, v. n. Au jeu du Trictrac, c' est poser, arranger les tables ou les Dames suivant les points qu' on a amenés. En ce sens, il est vieux: on dit aujourd'hui caser. = En st. familier, compter sur. "Puis-je tabler sur ce que vous me dites? vous pouvez tabler là dessus.

TABLETIER


TABLETIER, s. m. [Table-tié: 2ee muet, 3e é fer.] Ouvrier, qui fait des échiquiers, des trictracs et autres ouvrages d' ivoire, d' ébène.

TABLETTE


TABLETTE, s. f. [Tablète: 2eè moy. 3e e muet.] 1°. Planche posée pour mettre quelque chôse dessus. "Tablettes d' une bibliothèque. "Vous trouverez sur la première tablette le livre que vous demandez. "Les tablettes d' une armoire. = 2°. Pierre ordinairement plate, qui termine les murs d' apui et aûtres pièces de maçonerie. = 3°. Planche de bois, ou pièce de marbre, qui est posée à plat sur le chambranle d' une cheminée, ou sur l' apui d' une fenêtre. = 5°. Au pluriel, feuilles d' ivoire, de parchemin, ou de papier préparé, atachées ensemble; sur lesquelles on écrit, avec un crayon, ou avec une aiguille d' or ou d' argent, les chôses, dont on veut se souvenir. = On dit, proverbialement, ôtez, ou rayez cela de dessus vos tablettes; n' y comptez pas, détrompez-vous. _ Vous êtes sur mes tablettes, dit un Supérieur à son inférieur: vous m' avez déjà doné sujet de me plaindre de vous.

TABLETTERIE


TABLETTERIE, s. m. [Tablèteri-e: 3e et dern. e muet.] Le métier du tabletier, et les ouvrages qu' il fait.

TABLIER

, s. m. [Ta-blié: 2e é fer.] 1°. Échiquier ou Damier. _ Il est vieux en ce sens. = 2°. Pièce de toile, ou d' étofe, etc. que les femmes ou les artisans mettent devant eux, ou pour ornement, ou pour conserver leurs habits en travaillant. = 3°. Il se dit de chacune des deux parties d' un trictrac.

TABOURET


TABOURET, s. m. [Ta-bou-rè: 3eè moy.] Petit siège sans brâs, ni dôssier. = Avoir le tabouret chez le Roi ou la Reine, c' est avoir droit de s' assoir en leur présence sur un tabouret ou sur un siège pliant. "Les Duchesses ont le tabouret.

TABOURIN


TABOURIN, TABOURINER, etc. Voy. Tambourin, etc. L' anc. Trév. met~ l' un~ et~ l' aûtre. On ne dit plus que le second.

TAC


TAC, s. m. Maladie contagieûse, qui ataque les bêtes à laine.

TACèT


TACèT, s. m. [2e è moy. on prononce le t.] Mot latin. Qui se tait. On dit, en termes de Musique, tenir, ou, faire le tacèt, quand une partie se tait, pendant que les aûtres chantent. = Fig. st. famil. garder le tacèt, demeurer sans rien dire dans une conversation.
   Il faut, vous soutint-on que trois et trois font sept
   N' en pas disconvenir et garder le tacet.
       PIRON.

TACHE


TACHE, s. f. TACHER, v. act. [L' a est bref: 2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Tache est 1°. Souillure; marque, qui salit. "Cela a fait une tache sur votre habit. "Ôter les taches, etc. = 2°. Marque naturelle sur la peau: avoir des taches de rousseur; ou sur le poil de certains animaux: chien blanc, qui a des taches noires. = 3°. Fig. "La tache du péché. "C' est une tache à son honeur. "C' est une grande tache dans une si belle vie.
   Dans le torrent pur de vos grâces
   Lavez les taches de mon coeur.
       Le Franc.
  TACHER, souiller; salir; faire une tache. "Tacher du linge avec de l' encre. = Fig. "Il ne faut qu' une méchante action pour tacher la plus belle vie du monde. = Il est moins usité au figuré que le substantif.

TâCHE


TâCHE, s. f. TâCHER, v. n. [Ils difèrent des précédens par l' â qui est long.] Tâche est l' ouvrage qu' on done à faire dans un certain espace de tems. "Doner une tâche à des écoliers, à des ouvriers. "Achever sa tâche. "S' imposer, se prescrire une tâche. = Travailler, ou être à la tâche; entreprendre, ou prendre une besogne à la tâche, c' est entreprendre un ouvrage en grôs, dont on doit être payé suivant le marché qu' on a fait, sans égard au nombre des journées. = Fig. On dit, prendre à tâche de avec l' infinitif; ne perdre aucune ocasion de, etc. "Il prend à tâche de me contredire en tout.
  TâCHER, s' éforcer. Il régit à ou de devant l' infinitif. On en laisse le choix à l' oreille, dans le Dict. Gram. mais il y a aussi la raison à consulter. Ce verbe prend à, quand il signifie, viser à: "Vous tâchez à m' embarrasser: il tâche à me nuire; et il prend de, quand il signifie, faire tous ses éforts pour. "Soyons sages aux dépens d' autrui, et tâchons de ne rien faire par où persone puisse le devenir aux nôtres. Wailly.

TACHETER


TACHETER, v. act. [2e e muet: Devant la syll. fém. cet e devient moyen: il tachette, ou, tachète; il tachettera, ou, tachètera, etc.] Marquer de diverses taches (n°. 2°.) "Le Soleil lui a tacheté le visage, et non pas a tacheté son visage. "La natûre a tacheté de noir et de blanc la peau de ce chien.

TACITE


TACITE, adj. TACITEMENT, adv. [3e e muet: te, teman.] Tacite, qui est sous--entendu; condition, pacte, convention tacite "consentement, aprobation tacite. = Tacitement, d' une manière tacite. "À~ la vérité cette clause n' est pas exprimée dans le contrat, mais elle y est comprise tacitement.

TACITURNE


TACITURNE, adj. TACITURNITÉ, s. f. Ils expriment l' état, l' humeur d' une persone, qui parle peu. "Il est morne et taciturne. "On voit peu d' exemples d' une pareille taciturnité. = M. Roucher aplique taciturne aux rivières.
   Les fleuves tristement renversés sur leurs urnes
   Dans leurs lits desséchés expirent taciturnes.
Cette métaphôre n' a pas été goûtée. _ Voy. SILENCIEUX.

TACT


TACT, s. m. [Le c et le t se prononcent, Acad.] Le toucher; un des cinq sens de natûre. "Le tact est le moins subtil de tous les sens. "Cela se conait au tact. = On le dit figurément de l' esprit. "Avoir le tact fin, sûr; juger finement, sûrement, en matière de goût. "Le goût, ce sentiment exquis de l' âme, ce tact si délicat et~ si promt, que la Natûre acorde quelque--fois sans efforts, qu' elle refuse également à son gré, et qu' on n' aquiert pas toujours, même par l' étude la plus opiniâtre. Rigoley de Juvigny.

TACTIQUE


TACTIQUE, s. f. [Taktike: 3ee muet.] L' art de ranger des Troupes en bataille et de faire les évolutions militaires. "La tactique des Anciens. Entendre bien la tactique. = Le Chevalier de Follard dit Tacticien, s. m. Qui est habile dans la tactique. "Epaminondas un des plus savans tacticiens de son Siècle.

TAFFETâS


TAFFETâS, ou, TAFETâS, s. m. [2e e muet, 3e lon.] Étofe de soie fort mince, et tissûe comme la toile.

TAFIA


TAFIA, s. m. [Ta-fia.] Eau-de-vie de sucre.

TAIE


TAIE, s. f. [, ê ouv. et long.] 1°. Linge, qui sert d' envelope à un oreiller. = 2°. Pellicule blanche, qui se forme quelquefois sur l' oeuil.

TâILLABLE


TâILLABLE, adj. TâILLADE, s. f. TâILLADER, v. act. TâILLANT, s. m. [Tâ-glia-ble, glia-de, ; tâ-glian: 1re lon. mouillez les ll.] Tâillable, qui est sujet à la tâille (n°. 9°.) "Ville, Province tâillable. "Les Gentilshommes et les éclésiastiques ne sont pas tâillables. = Taillade, coûpure dans les chairs. "En se râsant, il s' est fait une tâillade au menton. = Coûpure en long, faite dans une étofe, dans un habit. = Tâillader, faire des tâillades. = Taillant, le tranchant d' un couteau, d' une épée, d' une hache.

TâILLANDERIE


TâILLANDERIE, s. f. TâILLANDIER, s. m. [Tâ-glian-deri-e, dié: 1re et 2e lon. mouillez les ll: 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Tâillandier, ouvrier, qui fait des outils pour les charpentiers, charrons, toneliers, laboureurs, etc. = Tâillanderie, métier, ou, ouvrages de tâillandier.

TâILLE


TâILLE, s. f. TâILLER, v. act. [Tâ--glie, glié: 1re lon. mouillez les ll.: 2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Tâille, 1°. Le tranchant d' une épée. Il ne se dit plus en ce sens que dans cette expression, fraper d' estoc et de tâille, de la pointe et du tranchant. On le dit figurément de toute sorte de combats, du jeu, de la dispute.
   C' est la dernière fois qu' il joûe, absolument.
   On le peut voir encor sur le champ de bataille:
   Il frape, à droite, à gauche, et d' estoc et de tâille:
   Il se défend, Madame, encor comme un lion.
       Le Joueur.
= 2°. La coupe d' un habit, des arbres. = 3°. La coupe des pierres dûres. "Cet ouvrier entend bien la tâille des pierres. "Pierres de tâille, propres à être tâillées. = On le dit aussi de la manière, dont on travaille les pierres précieuses; et de celle dont on coupe une plume à écrire. = 4°. Division d' un marc d' or ou d' argent en une certaine quantité de pièces égales. "Les louis sont à la tâille de trente au marc. = 5°. L' opération de la tâille, qu' on fait pour tirer les pierres de la vessie. = 6°. La statûre du corps. "Belle, grande, riche tâille; tâille médiocre ou moyenne, etc. Avoir la tâille aisée, dégagée. Il est de ma tâille. = Il se dit principalement de la conformation du corps depuis les épaules jusqu' à la ceintûre. "Avoir la tâille gâtée. "Habit, qui fait bien la tâille, ou, qui gâte la tâille. "Cette femme est grasse et courte: elle n' a point de tâille. = 7°. Bois, qui comence à revenir, aprês avoir été coupé. "Une jeune tâille; une tâille de deux ans. "Le gibier se retire dans les tâilles. = 8°. Petit bâton fendu en deux parties égales, sur lesquelles le vendeur et l' acheteur font des coches pour marquer ce que l' un fournit à l' aûtre. "Tâille du pain, de la viande, etc. = 9°. Certaine imposition de deniers, qui se lève sur le peuple. "Être mis, imposé à la tâille. "Être exemt de tâille. "Collecteur, receveur des tâilles. = 10°. Chaque fois que le Banquier, qui tient le jeu, achève de retourner toutes les cartes. "Il a gâgné à la première tâille; mais il a perdu à la seconde. = 11°. En termes de Musique, celle des quatre parties, qui est entre la basse et la haute-contre. "Chanter la tâille:Une belle voix de tâille. _ "Une bone, une belle tâille se dit du Musicien, qui a une belle voix de tâille. = Haute-tâille, qui aproche de la haute-contre. Basse-tâille, qui aproche de la bâsse. = 12°. Bâsse-tâille, en sculptûre, bas relief. = 13°. Tâille-douce, gravûre faite au burin seul sur une planche de cuivre. _ Taille de bois, qui est faite sur une planche de bois. L' un et l' aûtre se disent respectivement d' une estampe tirée sur une tâille-douce, ou sur une tâille de bois.
   TâILLER, c' est 1°. Couper avec le marteau, le ciseau, ou tel aûtre instrument, ce qu' il y a de superflu. "Tailler une pierre, un bloc de marbre. "Tâiller la vigne, des arbres, des palissades. "Tâiller une plume à écrire; un diamant, etc. = 2°. Couper en plusieurs morceaux. "Tâiller la soupe; du pain par morceaux. "Tâiller un habit, un manteau, des chemises. "Tâiller de l' ouvrage à quelqu' un. _ Voy. BESOGNE, CROUPIèRE, DRAP, ÉTOFE, MORCEAU. = 3°~. Faire une incision, pour tirer la pierre de la vessie. Il a été tâillé deux fois. = 4°. V. n. Tenir les cartes et jouer contre plusieurs. "Tâiller à la Bassette, au Pharaon. "Qui nous tâillera. _ Nous est au datif. = 5°. Tâillé: homme bien tâillé, qui a une belle tâille, qui est bien fait. Voy. COTE. = 6°. Tâiller en pièces est une expression fort souvent employée par les Historiens. "Après en avoir tâillé la plupart en pièces, il mit le reste en fuite. Maimb. Hist. des croisades. = 7°. Tâiller, imposer à la tâille. C' est un mot de M. Moreau: l' ACAD. ne le met pas en ce sens. "Tailler arbitrairement leurs sujets.

TâILLEUR


TâILLEUR, EûSE, s. m. et f. [tâ-glieur, eû-ze: 1re lon. mouillez les ll: 2e lon. au 2d.] Celui, celle qui tâille. Le masculin ne se dit que des tâilleurs d' habits, des tâilleurs de pierres; et quelquefois des tâilleurs d' arbres, des tâilleurs de diamants. Quand on dit tâilleur tout seul, on entend un tâilleur d' habits. _ Tâilleûse ne se dit que dans ce dernier sens. L' Acad. ne le met pas.

TâILLIS


TâILLIS, adj. et s. m. [Tâ-gli: 1re lon. mouillez les ll.] Bois tâillis ou absolument, un tâillis, bois que l' on tâille, que l' on coupe de tems en tems. Voy. GâGNER.

TâILLOIR


TâILLOIR, s. m. [Tâ-glioar.] 1°. Bois, sur lequel on tâille, on coupe de la viande. L' Acad. dit qu' il est de peu d' usage. = 2°. En Architectûre, la partie supérieure du chapiteau des colonnes, sur laquelle pôse l' architrâve.

TâILLON


TâILLON, s. m. [Tâ-glion: mouillez les ll.] Imposition de deniers, qui se lève comme la tâille. "Payer la tâille et le tâillon.

TAIRE


TAIRE, v. act. [tère: 1reè moy. et long, 2e e muet.] Je tais; nous taisons, je taisois ou taisais; je tus; j' ai tu; je tairai; je tairois ou tairais; tais; qu' il taise; taisez, que je taise; je tusse; taisant; tu. = Ne dire pas. "Il vous a tu ce qu' il y avait de principal. "Il sait taire ce qu' il faut taire.
   Ma curiosité redouble à ce mystère,
   Je vous conjure encor de ne me plus rien taire.
       LE FLATEUR.
= V. n. "On ne saurait le faire taire Faites taire ces enfans, (et par extension) ces chiens: notre canon a fait taire celui des énemis. = V. réc. "Il y a tems de parler et tems de se taire. Aprês avoir dit cela, il se tut, il s' est tu.
   ......Monsieur, je m' aperçoi
   Que vous faites façon de parler devant moi;
   Je me retire. - - Non, il n' est pas nécessaire,
   Et je ne veux ici qu' admirer et me taire.
       DEST. Le Glorieux.
= Ne pouvoir se taire d' une chôse; la publier par-tout: "Il ne peut se taire du service que vous lui avez rendu. Il ne pouvoit s' en taire ni moi me lasser de l' écouter. Sév.
   Romains, j' aime la gloire, et je ne puis m' en taire,
   Des travaux des humains, c' est le digne salaire.
       Cicéron.
Rem. Le passif de ce verbe est peu usité. "Il serait bien étonant que ces circonstances eussent été ignorées ou tûes de tous ceux qui, etc. Moreau. = Se taire au figuré. "Le bruit seul des armes se fit entendre: les lois se tûrent. RAYN.

TAISSON


TAISSON, s. m. [Tè-son: 1reè moy.] Blaireau, animal à quatre pieds, qui se terre.

TALAPOIN


TALAPOIN, s. m. [Tala-poein.] Prêtre idolâtre du Royaume de Siam et du Pégu.

TALC


TALC, s. m. [Talk.] Sorte de pierre transparente, et qui se lève par feuilles.

TALENT


TALENT, s. m. [Talan.] 1°. Certains poids d' or ou d' argent, diférens suivant les diférens pays, où l' on s' en servait anciènement. = Fig. Don, disposition, aptitude naturelle pour certaines chôses. "Il a beaucoup de talent pour la prédication: ce n' est pas son talent. "La multitude n' a ni le talent de juger, ni celui de douter. Cerutti. "Les Philosophes avoient un merveilleux talent pour étoufer la réputation de ceux, qui n' étoient point de leur parti. Mde de Sillery. "D' Aubignac a prouvé que les conaissances ne donent pas les talens. VOLT. "Il ne se prévaloit de ses talens que pour les guérir de leurs erreurs. Bourdal. "Ce caractère d' ordre, de décence, sans lequel les talens deviennent des défauts, et les vertus ne sont souvent que des vices. Neuville. "Il se trouve de ces esprits, qui sont disposés à ne louer que ce qu' ils croient pouvoir imiter; et qui prènent les bornes de leur talent, pour les bornes de l' art. D' OLIV. II. Tuscul. "La plupart des talens sont ou enfouis ou oisifs, ou déplacés et ainsi perdus pour la société. L' Ab. Trublet. _ Voy. GÉNIE, NATUREL, CAPACITÉ. = On dit quelquefois les talens, pour les hommes à talens: "Protéger, favoriser les talens. = En st. prov. faire valoir le talent, se servir utilement de son esprit et de son adresse. _ Enfouir, ou enterrer le talent, ou les talens, ne pas faire valoir ses talens, les rendre inutiles par paresse. L' origine de cette expression est dans l' Évangile. _ Voy. MAL-TALENT sous la lettre M.

TALION


TALION, s. m. [Tali-on.] Punition pareille à l' ofense. "La loi du talion ordone que le meurtrier soit puni de mort, que le faux témoin reçoive le même châtiment qu' il voulait faire soufrir à celui qu' il acusait, etc.

TALISMAN


TALISMAN, s. m. TALISMANIQUE, adj. Ils se disent d' un figûre faite sous certaines constellations, à laquelle les Astrologues atribuaient des vertus imaginaires.

TALMOûSE


TALMOûSE, s. f. [Tal-moû-ze: 2e lon. 3e e muet.] Piéce de pâtisserie faite avec du fromage, des oeufs et du beûrre.

TALOCHE


TALOCHE, s. f. Terme populaire. Coup doné sur la tête à quelqu' un avec la main.

TALON


TALON, s. m. TALONER, v. act. TALONIèRE, s. f. [3e é fer. au 2d, è moy. et long au 3e; néniè-re.] Talon, 1°. La partie postérieure du pied. "Avoir le talon écorché. = On dit, Fig. st. famil. être sur les talons de quelqu' un; le suivre de prês. _ Montrer les talons, s' enfuir. "Tournez-moi les talons. DEST. c. à. d. retirez-vous, sortez. = Avoir l' esprit aux talons. Faire quelque faûte par bétise ou par distraction. = 2°. Fer, dont est garnie la partie d' en bâs d' une hallebarde~, d' une pique, etc. = 3°. À~ certains jeux; ce qui reste de cartes, aprês qu' on a doné à chacun des joueurs le nombre qu' il leur en faut.
   TALONER, poursuivre de prês. "Les énemis nous talonaient de fort prês. St. famil. _ Importuner. "Je le talonerai de si prês, qu' il sera obligé de me payer. "Le besoin le talone. = *Taloner, v. neut. Se moquer, ne pas parler sérieûsement, est un gasconisme, aussi bien que talonade.
   TALONIèRES se dit des aîles, que les Poètes feignent que Mercûre portait aux talons.

TALUS


TALUS, s. m. TALUTER, v. act. [L' Académie avait dabord mis Talus ou Talut indiféremment. Elle parut ensuite préférer le second, qui est en éfet plus conforme à l' analogie. Dans la dern. édit. elle ne met que le premier. _ On a dit, aûtrefois, talud, et taluder: on ne dit plus que talus et taluter.] Talus, inclinaison d' un mur, qui, de haut en bâs, va toujours en s' épaississant. "Il faut doner du talus, plus de talus à la muraille de cette terrasse. = Taluter, mettre en talus. "Taluter un fôssé, les bords d' un étang.

TAMBOUR


TAMBOUR, s. m. TAMBOURIN, s. m. TAMBOURINER, v. n. TAMBOURINEUR, s. m. [Tan-bour, bou-rein, riné, neur: 1re lon.] Tambour, caisse de forme cylindrique, dont les deux fonds sont de peaux tendûes, sur l' une desquelles on frape avec des baguettes, et dont l' on tire des sons variés. C' est un instrument militaire. "Batre le tambour. "La Garnison sortit tambour batant, mêche allumée. = En st. prov. mener quelqu' un tambour batant, pousser quelqu' un dans une afaire avec vivacité et avec succês. _ Avoir le ventre tendu comme un tambour. Voy. FLûTE. = Tambour se dit aussi de celui dont la fonction est de batre du tambour. = Il se dit encôre d' une avance de menuiserie, avec une porte, au devant de l' entrée d' une Église, chambre, pour empêcher le vent.
   TAMBOURIN, est un tambour moins large et plus long que le tambour ordinaire, sur lequel on bat avec une seule baguette, et qu' on acompagne ordinairement avec une petite flûte à bec. = On le dit aussi d' un air qui se joûe sur le tambourin; et de celui qui joûe du tambourin, qu' on apèle par mépris Tambourineur. On dit aussi celui-ci de celui qui bat fort mal le tambour, comme font les petits enfans.

TAMIS


TAMIS, s. m. TAMISER, v. act. [Tami, mizé: 3e é fer. au 2d.] Tamis, sâs qui sert à pâsser des matières pulvérisées, ou des liqueurs épaisses. "Pâsser au tamis, ou par le tamis. = Fig. c' est être examiné sur sa doctrine, sur ses moeurs. "Il a pâssé par le tamis. = Tamiser, pâsser au tamis. "Tamiser de la farine, de la poûdre, etc. Voy. BLUTER.

TAMPON


TAMPON, s. m. TAMPONER, v. act. [Tanpon, poné: 3e é fermé.] Tampon, bouchon; morceau de bois servant à boucher un tuyau; un muid, etc. _ On le dit aussi d' un bouchon fait avec du linge ou du papier. = Tamponer, boucher avec un tampon.

TAN


TAN, s. m. Écorce de chêne moulûe, avec laquelle on prépare les grôs cuirs; et c' est ce qu' on apèle taner. = Tanerie est le lieu où l' on tane les cuirs.

TANCER


TANCER, ou TANSER, v. act. [Trév. met les deux: l' Acad. ne met que le 1er: le Rich. Port. renvoit de tancer à tanser, et parait par conséquent préférer celui-ci.] Réprimander. "Sa mère la tança vivement. "Il a été fortement tancé par son Supérieur.
   Rem. Il ne régit que les persones. * L' Auteur d' une Relation de la Peste de Marseille lui fait régir les chôses dans le sens de taxer, traiter de: il écrit d' ailleurs tencer, mauvaise ortographe. "Le Peuple comence de tencer d' inutiles les peines que Mrs. les Échevins se sont donées: c' est un grossier barbarisme.

TANCHE


TANCHE, s. fém. [1re longue, 2e e muet.] Sorte de poisson d' eau douce.

TANDIS


TANDIS, conjonct. [Tandi.] Elle est toujours suivie de que, et régit l' indicatif. Tandis que; pendant que. "Tandis que vous y êtes: tandis qu' il m' en souvient. = Régulièrement, le que ne doit pas être séparé de tandis. Tout au plus doit-il y avoir un adverbe, ou un nom au vocatif. "Tandis, enfin, que vous serez fidèle. "Tandis, Seigneur, que je renouvellerai ce sacrifice. Bourdal. "Tandis, au contraire, que, etc. Ann. Lit. = Anciènement on faisait tandis adverbe. "Tandis, la nuit s' en va. Malh.
   Tandis, souvenez-vous que, jusqu' à se trahir,
   Ce Prince malheureux songe à vous obéir.
       Corn.
  ......Et tandis, il m' envoie
  Faire office, vers vous, de douleur et de joie.
      Idem.
   Vaugelas condamne cet adverbe; et il y a longtemps qu' on ne s' en sert plus.

TANGAGE


TANGAGE, s. m. TANGER, v. neut. Termes de Marine. Ils expriment l' action d' un vaisseau, qui balance de l' avant à l' arrière, et de l' arrière à l' avant alternativement.

TANGIBLE


TANGIBLE, adj. Qui peut être touché. Terme didactique: "Substances qui ne sont pas matérielles, et qui, par conséquent, ne peuvent être tangibles, ni aperçues par aucun de nos sens. Clarke. _ On dit ordinairement palpable.

TANIèRE


TANIèRE, s. f. [Ta-niè-re: 2e è moyen et long, 3e e muet.] Concavité dans la terre, ou dans le roc, où des bêtes sauvages se retirent. "Un ours dans sa tanière. = Fig. St. famil. Cet homme est d' humeur sauvage: il est toujours dans sa tanière.

TANNÉ


TANNÉ, ou TANÉ, ÉE, adj. De couleur à peu près semblable à celle du tan. "Drap, velours tané. "Chien tané, chiène tanée.

TANNER


TANNER, TANNERIE. Voy. TAN.

TANT


TANT, adv. de comparaison ou de quantité. = 1°. Il prend l' article indéfini: tant de belles actions, d' argent, d' esprit, de monde, de prudence, et non pas des belles actions, de l' argent, de l' esprit, du monde, de la prudence, comme disent les Gascons. Il est ordinairement suivi d' un que: il a tant de sagesse qu' il gouvernerait un Royaume. = 2°. Il se met toujours aprês le verbe dans les tems simples. Il me donne tant de peine que, etc. et dans les tems composés, il se met, ou devant ou aprês le participe. Il est mieux devant quand le régime précède; et aprês quand le régime suit. "Il en a tant employé que, etc. "Il a employé tant d' amis que, etc. On pourrait dire aussi: il a tant employé d' amis que, etc. = 3°. Le que, qui suit tant, ne régit pas toujours des verbes, et il est quelquefois suivi de noms ou de pronoms. "Tant pour les uns que pour les autres: tant pour vous que pour lui. _ Remarquez que dans ce dernier tour de phrâse, le 2d membre, régi par que, doit suivre le même ordre que le premier, régi par tant. C' est ce qu' on n' observait pas anciènement, et à quoi manquent encôre aujourd'hui quelques Écrivains. "Tant en leurs persones, que de leurs parens. Dites qu' en celles de leurs parens. "Tant ceux du tems pâssé, que du tems d' aujourd'hui. La Font. Il falait que ceux du tems d' aujourd'hui. = 4°. Tant s' emploie aussi sans régime. "Le jour qu' il plut tant. "Il en a tant et tant, tant et plus; c. à. d. beaucoup. "Donez-m' en tant soi peu;tant et si peu que vous voudrez. "Nous partageons: il y aura tant pour vous et tant pour moi. = 5°. Quelquefois on le redouble. "Tant tenu, tant payé: on est quite envers quelqu' un en le payant à proportion du service qu' il a rendu. "Tant vaut l' homme, tant vaut sa terre: l' esprit, l' intelligence du maître fait valoir sa terre, sa charge, etc. plus ou moins. = Mais tant plus, redoublé, est vieux et hors d' usage. "Tant plus on est riche, tant plus on est avâre. On se sert aujourd'hui de plus redoublé, et l' on retranche tant. "Plus on est riche, plus on est avâre. _ La Touche était surpris, avec raison, que l' Acad. ne condamnât pas tant plus dans son Dictionaire, d' autant plus que dans ses Observations sur les Remarques de Vaugelas, elle le rejetait. _ Dans les éditions suivantes, elle se contenta de dire qu' on suprime ordinairement tant. Ce n' était pas dire assez. Enfin, dans la dernière, elle n' en parle plus. = 6°. Tant n' est pas comme autant, adverbe relatif. "Après trente-cinq jugemens rendus contre lui, sur les plaintes de tant de francs Fieffataires, qu' il avoit expulsés. Hist. d' Angl. Il est clair qu' il falait dire autant de, etc. car il y eut autant de jugemens que de plaignans. "Il n' est admirable en aucun de ses ouvrages, tant (autant) qu' en celui-ci. P. Rapin. Voy. AUTANT. = 7°. Aûtrefois on joignait tant avec des adjectifs et des adverbes. On disait tant aimable, tant heureusement, au lieu de si aimable, si heureûsement. "De tant près. Voit. Dites, de si prês _ Il y a déja du tems que tant ne modifie que les verbes et les noms substantifs. "Il a tant bu qu' il en est incomodé: il a tant d' argent qu' il ne sait qu' en faire. On dira donc avec un substantif, il a tant de bonté que, etc. et avec un adjectif, il est si bon que, etc. Aûtrefois on joignait tant aux adjectifs.
   Les angoisses tant dures.
On dirait aujourd'hui, si dures. = 8°. Fontenelle dit tant pour aussi bien. "Les nouveaux oracles n' avoient garde de réussir tant. C' est une faûte assez grossière. = 9°. Tant se place quelquefois à la tête de la phrâse comme pour servir de corollaire aux phrâses précédentes. "Tant le monde est crédule! Tant il est vrai que, etc. Tant il est de ceux qui n' entendent pas ce qu' ils disent. = * Aûtrefois on disait tant y a dans tous les styles; mais cette expression, dont Vaugelas et Patru même (ce puriste si délicat) se servaient assez souvent, était devenue insuportable, dit Bouhours, à ceux qui écrivaient avec politesse; et l' on ne s' en servait plus que dans le comique. L' Acad. ne le désaprouvait point aûtrefois. Elle dit dans les dernières éditions qu' il commence à vieillir. "Tant y a que nous nous perdions, soit que cela fût fait ou non. "Tant y a que M. Chapelain fit un corps qui fut présenté au Cardinal écrit à la main. Pelisson, Hist. de l' Acad. "Je suis bien foible, et ne me pique point de ne l' être pas: tant y a je n' en puis plus. Sév. = Un tour aprochant de celui-là, c' est le suivant: tant fut procédé que, etc. "Tant fut disputé de part et d' autre que, etc. = 10°. Tant que a plusieurs sens: aussi loin que. "Tant que la vûe peut s' étendre. "Tant que la terre le poura porter: expression proverbiale. _ Aussi long-tems que. "Tant que je vivrai; tant que le monde dûrera. = Jusqu' à ce que. "C' est ainsi que l' hérésie croît et se fortifie, tant qu' enfin elle soit capable de se soutenir par elle-même. Bossuet. "Tant qu' il ait prouvé que le sujet du Cid est trop diffus, nous n' estimons point qu' il pèche en excès de grandeur. Sentim. de l' Acad. _ De sorte que. "Tant qu' à force de ne rien résoudre, je pâssai chez moi et seul la plus grande partie de la journée. Anon.. "Tant qu' enfin ils s' étoient déja abandonnés au désespoir, lorsqu' ils furent subitement délivrés de ce péril. Voy. d' Anson. = Remarquez que quand tant que régit le subjonctif, il a le sens de jusquà ce que, et qu' il est vieux, ou qu' il vieillit du moins en ce sens; et que quand il gouverne l' indicatif, il signifie de sorte que, et qu' il est encôre en usage dans le style familier. = Faire tant que régit de et l' infinitif: Si je faisais tant que d' aler à Rome, je voudrais, etc. "S' il faisait tant que de m' ataquer, je saurais me défendre. = 11°. Tant se combine avec d' autres adverbes. Tant mieux se dit pour marquer qu' une chôse est avantageûse, et tant pis qu' elle est désavantageûse. _ Tant plus que moins, à peu prês. _ Sur et tant moins se dit quand on paye, ou qu' on reçoit quelque chôse à compte d' une plus grande somme. "Il m' a doné cent pistoles, sur et tant moins de ce qu' il me doit. = En tant que, conjonction explicative. "J.C. a un père, en tant que Dieu, et une mère, en tant qu' homme. Aûtrefois on faisait un grand usage de cette conjonction: on disait souvent: en tant qu' il est en lui, en vous, en moi, etc. Bossuet a même dit: en tant qu' en lui est. Ce dernier est tout à fait vieux: les aûtres vieillissent. = Si tant est que est du st. famil. il régit le subjonctif. "J' y irai, si tant est que je le puisse; c. à. d. si je le puis. "Sa mère en mourra de douleur, si tant est qu' on en meure. Mde de Coul. = Tant et tant se dit pour, un si grand nombre: "Les châtimens exercés sur tant et tant de pécheurs ne sont point pour vous des menaces, ni des exemples. La Ruë. = Tant à tant se dit par les Joueurs: nous voilà tant à tant, à égalité. = Tant s' en faut que, etc. Voy. FALLOIR. = Tant seulement ne se dit que par le petit peuple: on dit seulement, tout seul. Corn. Mén. L. T. = 12°. Tant soit-il pour quelque que est vieux.
   Et même ses courroux, tant soient-ils légitimes,
   Sont des marques de son amour.
       Malherbe.
  Les fuites des méchans, tant soient-elles secrètes,
  Quand il les poursuivra, n' auront point de cachettes.      Id.
Les Poétes ont eu tort de laisser perdre ce tour de phrâse, bien plus poétique que quelque que, lequel ne peut guère entrer dans des vers, du moins dans la haute poésie. _ Rousseau a encôre dit;
   Et ce faux bruit, tant soit-il insensé,
   Ne manquera d' être encor rehaussé
   Par cent grimauds, rampans sur le Parnasse.
Mais c' est dans le style marotique. = 13°. Tant et de si belles actions, façon de parler qui nous est venûe des Latins, est condamnée par Vaugelas. Les Observations sur ses Remarques ne la condamnent pas, et l' on peut s' en servir dans le style oratoire. "Où peut-on trouver tant et de si puissans exemples? Fléchier. Or. Fun. de Turenne. Réfl. L. T.

TANTE


TANTE, s. f. La soeur du père ou de la mère: ma tante, votre tante. Sa tante paternelle; leur tante maternelle. = Grand' tante est la soeur de l' aïeul ou de l' aïeule. Tante à la mode de Bretagne, la cousine germaine du père ou de la mère de celui, de celle dont on parle.

TANTIN


TANTIN, TANTINET, s. m. [Tan-tein, tinè: 1re lon, 3e è moyen au second.] Un peu "Donez moi un tantin, un tantinet de cela. Ils sont du st. famil. L' Acad. ne le met pas.

TANTôT


TANTôT, adv. [Tantô, deux longues.] C' est un adverbe de tems, qui désigne ordinairement le futur. Dans peu de tems. Il peut se placer devant ou aprês le verbe; jamais entre l' auxiliaire et le participe. "Tantôt il viendra; ou il viendra tantôt. = Il marque quelquefois le pâssé, et il signifie: il y a peu de tems: il est venu tantôt; et non pas, il est tantôt venu. = Enfin, il se prend aussi pour un tems indéterminé: ce bâtiment est tantôt achevé: ce livre est tantôt fini: il est tantôt nuit. Il signifie alors bientôt; mais celui-ci se met avec le futur, et tantôt avec le présent, ayant le sens du futur. = Dès tantôt s' est dit aûtrefois pour depuis peu, il n' y a qu' un moment.
   ......Hé quoi! n' avez-vous pas
   Ordonné dès tantôt qu' on observe ses pas?
       Rac. Bérén.
Je crois qu' aujourd'hui on ne le dirait ni en vers, ni en prôse. Mde de G... dit depuis tantôt. "Depuis tantôt j' éprouve un serrement de coeur, etc. Th. d' Éduc. Le Portrait. = Tantôt, tout seul, signifierait au contraire, depuis long-tems. "Je devrais être tantôt acoutumé aux miracles de votre maison. Voitûre. = Jusqu' à tantôt parait bas et populaire. "Adieu Mesdames, adieu Messieurs, jusqu' à tantôt. Mariv. Mde de G... fait dire au Prieur de Salency. "Adieu.... à tantôt. La Rosière. = L' usage le plus ordinaire et le plus noble de Tantôt est quand il est redoublé: "Tantôt il rit, et tantôt il se fâche, et toujours sans raison.

TAON


TAON, s. m. [On lit dans le Dict. Gram. prononcez tan: c' est une faûte: on prononce ton.] Grosse mouche, qui s' atache aux boeufs, vaches, etc.

TAPAGE


TAPAGE, s. m. TAPAGEUR, s. m. Le 1er se dit d' un désordre, acompagné d' un grand bruit: Faire tapage, ou du tapage.
   Elle n' a plus pour vous ce grand éloignement
   Qu' elle a marqué d' abord. - - La bonne Dame est sage;
   Car j' allois sans cela faire un joli tapage.
       Dest. Le Glorieux.
= Tapageur, celui qui fait du tapage. = Ils sont tous deux du st. famil.

TAPE


TAPE, s. fém. TAPER, v. act. [2e e muet au 1er, é fermé au 2d.] Tape, coup de la main, soit ouverte, soit fermée. Taper, doner une tape. Ils sont populaires. Acad. = Taper du pied est du st. famil. = Taper les cheveux, les arranger avec le peigne d' une certaine manière, qui les renfle. = Tapé, ée: Cheveux tapés, frisûre tapée. "Il est bien tapé. = Aplati et séché au four, en parlant des fruits: poires, pommes tapées.

TAPECU


TAPECU, s. m. [2e e muet.] Sorte de bascule, qui s' abaisse par un contrepoids ou aûtrement, pour fermer l' entrée d' une barrière.

TAPINOIS


TAPINOIS (en) adv. [Tapi-noâ.] Sourdement. En cachette. Il est du style badin familier. "Il est venu en tapinois.
   Vous avez pu la voir, même plus d' une fois,
   À~ certains de vos traits sourire en tapinois.
       Palissot.
  Cependant les Dieux dans les bois
  Étoient cachés en tapinois.
      Scar.
Cachés en tapinois sent le pléonasme. C' est comme qui dirait, cachés en cachette.

TAPIR


TAPIR (se) v. réc. Se cacher en se tenant dans une postûre racourcie et resserrée. "Se tapir contre une murâille; derriere une haie; sous un arbre, etc. "Il étoit tapi sous un siège. Mde Dacier, Odyssée.

TAPIS


TAPIS, s. m. Pièce d' étofe, ou de tissu de laine ou de soie, etc. dont on coûvre une table, une estrade, etc. "Tapis de table: tapis de pied. = On dit en st. fig. famil. mettre une afaire sur le tapis, la proposer pour l' examiner, pour en juger. _ Être sur le tapis, être le sujet de l' entretien du monde. _ Tenir quelqu' un sur le tapis, en faire le sujet de la conversation. Amuser le tapis se dit des propositions qu' on fait peu sérieûsement et pour gâgner du tems. = Au jeu des cartes, on dit, le tapis brûle, quand quelqu' un manque de mettre au jeu. = Tapis vert ou de verdûre, endroit gazoné dans un jardin. = C' est aussi une table à jouer.
   ......Au tour d' un tapis verd,
   Dans un maudit berlan, ton maître joue et perd.
       Le Joueur.

TAPISSER


TAPISSER, v. act. TAPISSERIE, s. f. TAPISSIER, IèRE, s. m. et fém. [Tapicé, ceri-e, cié, ciè-re: 3e é fermé au 1er et au 3e, e muet au 2d, è moyen et long au dern.] Tapisserie est , 1°. ouvrage fait à l' aiguille sur du canevas avec de la laine, de la soie, de l' or, etc. = 2°. Ouvrage fait au métier, servant à revétir et à parer les murailles d' une chambre, d' une salle, etc. = 3°. Toute sorte d' étofe employée au même usage. = Tapisser, c' est couvrir, orner de tapisserie les murailles d' une Église, d' une chambre, etc. = On dit, par extension, tapisser de papier peint, d' images, etc. = Fig. garnir tout au tour. "Cette vigne tapisse l' intérieur de ce berceau. "La dure mère tapisse intérieurement le crâne contre lequel elle est collée. Paulian, Dict. de Phys. = Tapissier, ouvrier qui travaille en toute sorte de meubles, de tapisserie d' étofe. = Tapissière est la femme d' un Tapissier, ou une ouvrière qui travaille en tapisserie à l' aiguille.

TAPOTER


TAPOTER, v. act. Doner de petits coups à plusieurs reprises. "Cette mère tapote sans cesse ses enfans. St. famil.

TAQUIN


TAQUIN, INE, adj. TAQUINEMENT, adv. TAQUINERIE, s. f. [Ta-kein, kine, neman, neri-e: 3e e muet.] Taquin est 1°. vilain, avâre. Acad. = 2°. Mutin, opiniâtre. Ibid. = Taquinement, d' une manière taquine. = Taquinerie, avarice sordide. _ Caractère mutin, opiniâtre. _ Ils~ sont du st. famil. "Il est fort taquin, il a l' humeur taquine. = S. m. C' est un taquin. "Il s' est comporté bien taquinement. "Il est d' une grande taquinerie.

TARABUSTER


TARABUSTER, v. act. Importuner par des interruptions, du bruit, des discours à contre-tems. St. famil.

TARARE


TARARE! Interject. du style familier. Bon, bon! je m' en moque; je n' en crois rien.
   ......Peut-être, dès ce soir,
   Dorante, par mes soins, l' épousera. - - Tarare!
       Le Joueur.

TARAUDER


TARAUDER, v. act. [Taraudé: 2e dout. 3e é fer. _ L' au est long devant l' e muet: il taraûde, taraûdera~, etc.] Percer une pièce de bois ou de métal en écrou, de manière qu' elle puisse recevoir une vis.

TARD


TARD, adv. TARDER, v. n. TARDIF, IVE, adj. [Tard, tardé, dif, dive: le d ne se prononce jamais dans le 1er.] Tard est un adverbe de tems relatif, en ce qu' il n' exprime pas le tems d' une manière fixe, mais d' une manière relative à un aûtre tems. Il est susceptible de degrés de comparaison. Plus tard, três-tard, le plus tard qu' il peut. Il est souvent modifié par d' aûtres adverbes. Fort tard, trop tard, extrêmement tard. _ Il se place toujours aprês le verbe, même dans les tems composés: "Vous arriverez tard; il est venu tard, et non pas, il est tard venu. = Il s' emploie quelquefois substantivement. "Il est déjà tard; il se fait tard; il est tard de songer à Dieu quand on est près de mourir. "Il s' est avisé sur le tard (étant déja vieux) de lire les Auteurs Grecs. Mongault.
   TARDER, diférer. "On a trop tardé à envoyer ce secours. "Pour peu que l' on tarde on n' y sera pas à tems.
   Rem. 1°. Malherbe a fait tarder actif.
   À~ des coeurs bien touchés tarder la jouissance,
   C' est infailliblement leur croitre le désir.
On doit dire activement, retarder et acroître. Vaugelas, Th. Corneille. = Tarder, diférer, (synon.) Le 1er ne désigne que le fait, sans aucune raison du retard: le 2d anonce une détermination de la volonté, qui détermine le délai. "Ne tardez pas à cueuillir le fruit, s' il est mûr; s' il n' est pas mûr, diférez. Il est quelquefois sage de diférer: il est toujours imprudent de tarder. Il n' y a pas à diférer, quand la chôse presse: pendant que vous tardez, l' ocasion est pâssée. Extr. des Syn. Fr. de M. l' Abé Roub. = 2°. Tarder, neutre, régit à devant l' infinitif: il ne faut pas tarder à se convertir. Impersonel, il régit le datif des noms, et de devant les verbes. "Il lui tarde de sortir de prison, ou que avec le subjonctif: il me tarde que cette nouvelle soit confirmée. On met le 1er régime, celui de l' infinitif, quand le verbe régi se raporte au nom, qui est au datif; et le subjonctif, quand il ne s' y raporte pas. Il me tarde d' arriver: il me tarde que vous arriviez. L' Acad. emploie dans le 1er câs le que avec le subjonctif, dans un exemple: et l' infinitif dans un aûtre. "Il me tarde que je sois hors d' afaire. "Il lui tardoit fort de sortir de prison. Il me parait qu' il faut dire dans~ la 1re phrâse: il me tarde d' être hors d' afaire, par la même raison qu' on dit dans la 2de, de sortir de prison. = 3°. Il n' en est pas de tarder, comme de craindre, empêcher, qui demandent la négative ne aprês la conjonction que: on dit, je crains que vous n' ocupiez cette place: j' empêcherai qu' il ne l' ocupe: mais on ne dit pas, ce me semble, comme a fait Racine.
   Il me tarde déja que vous ne l' ocupiez.
Il est encôre plus mal d' y mettre les deux négatives ne et pas, et de dire, comme on fait dans certaines Provinces: si vous eussiez tardé un jour de plus de ne pas venir, vous n' y auriez pas été à tems. Il faut dire, si vous eussiez tardé de venir, etc. = 4°. D' Avrigni done à tarder le sens de s' arrêter. "La nouvelle Reine ne tarda guère à Paris. L' Academie done quelques exemples pareils. "Où avez-vous tant tardé? Allez, et ne tardez pas! Il a bien tardé en chemin.
   TARDIF, qui vient tard: repentir tardif. = Lent: Pâs, moûvement tardif. = Qui n' est en sa perfection que bien tard: esprit tardif; fruits tardifs; agneaux, poulets, perdreaux tardifs. "Il est comme passé en proverbe, que les esprits tardifs sont souvent les meilleurs. Cela ne prouverait-il pas qu' il vaut mieux que le jugement prévienne l' esprit, que celui-ci le jugement? L' Abé Trublet. = Il signifie aussi, qui ne mûrit, qui ne vient qu' aprês les aûtres de même espèce.
   REM. Tardif, comme Tarder, régit quelquefois la prép. à devant l' infinitif. Rousseau dit de la justice de Dieu:
   Et n' en est pas moins redoutable,
   Pour être tardive à punir.
Tardif ne fait pas bien devant le nom qu' il modifie. "Les lents et tardifs progrès du travail et de la raison. Grifet. L' inversion est dûre.

TARE


TARE, s. f. TARÉ, ÉE adj. [1re lon. au 1er, é fer. aux deux aûtres.] Târe, est 1°. déchet, diminution, soit pour la quantité, soit pour la qualité. = 2°. Figurément, Vice, défaut, défectuosité, style fam. = 3°. Târe se dit des caisses et emballages qui contiènent les marchandises. Ainsi l' on dit, pesant 110 livres, ôtez 12 liv. de târe, reste net 98 liv.
   REM. Târe n' est pas un terme noble. Malherbe l' a employé; et Ménage trouvait avec raison que ce mot est indigne de la majesté de l' Ode.
   Et ressembler à ces fontaines,
   Dont les conduites souterraines
   Passent par un plomb si gâté,
   Que toujours ayant quelque târe,
   Au même tems qu' on les répâre,
   L' eau s' enfuit d' un autre côté.
Taré, ée, vicieux, gâté; marchandises tarées. = En parlant des persones: qui a mauvaise réputation: un homme taré; une femme tarée. Style fam. et critique.
   J' en dois compte aux hérôs qui m' ont transmis un sang,
   Qui ne sauroit soufrir de noblesse tarée,
   Et dont la pureté se soit enroturée.
       Les Aïeux Chimériques.

TARENTULE


TARENTULE, s. f. [L' Académie disait dabord Tarantole, et se contentait d' ajouter que quelques-uns disaient tarantule. RICHELET dit que les plus habiles dans la Langue disent et écrivent, Tarentule. L' Académie, dans la dernière édition ne met que celui-ci.] Espèce de grôsse araignée, qui se troûve aux environs de Tarente, dont le venin est de telle natûre, que celui qui en est mordu, tombe dans un grand assoupissement, dont il ne peut guérir qu' en s' agitant beaucoup. "Il a été mordu de la Tarentule. = On apèle tarentisme, la maladie ocasionée par la piqûre de la Tarentule. = Tarentule est aussi le nom qu' on done à un petit lézard qu' on apèle en Provence, Tarente.

TARGE


TARGE, TARGETTE, s. f. [2ee muet au 1er, è moy. au 2d.] Le 1er est le nom d' une sorte de bouclier, dont on se servait aûtrefois. _ Le 2d se dit d' une petite plaque de fer, avec un petit verrou, qu' on met aux portes et aux fenêtres pour les fermer.

TARGUER


TARGUER (se) v. réc. [Targhé: l' u est muet, et il n' est mis là, comme dans un grand nombre d' aûtres mots, que pour doner au g un son fort qu' il n' a pas devant l' e.] Se prévaloir de quelque chôse, en tirer avantage avec ostentation. "Il se targue de sa noblesse, de son crédit, de ses richesses, etc. Il n' est que du style fam. Rousseau a pourtant dit dans une Ode:
   Des Héros de ses Écoles
   La Grèce a beau se targuer.
Molière l' a employé dans une Comédie, et c' est-là sa place.
   Certes, vous vous targuez d' un bien foible avantage;
   Et vous faites soner terriblement votre âge.
       Misantr.

TARIèRE


TARIèRE, s. f. [Ta-riè-re: 2e è moy. et lon. 3e e muet.] Outil de fer, dont les charpentiers, les charrons, les menuisiers se servent pour faire des trous ronds dans une pièce de bois.

TARIF


TARIF, s. m. TARIFER, v. act. [On prononce l' f au 1er; 3e é fer. au 2d.] Tarif est un rôle, qui marque le prix de certaines denrées, ou les droits d' entrée, de sortie, de passage que chaque marchandise doit payer. = Tarifer, c' est réduire à un tarif.

TARIR


TARIR, v. act. et n. TARISSABLE, adj. TARISSEMENT, s. m. [Tari, sable, ce--man: 3e e muet au dern.] Tarir, mettre à sec. "Les grandes sécheresses ont tari les fontaines. = Être à sec. "Cette source, ce puits ne tarit jamais. = Fig. "Ses larmes ne tarissent point. "Cet homme ne tarit point sur ces sujets: il en parle sans cesse.
   Monsieur ne tarit point: il excelle à médire.
       Palissot.
"Son imagination féconde ne tarissoit point en vues, et en arrangemens pour le bien public. Neuville, Or. Fun. du Maréchal de Belle-Isle. = Il se dit ordinairement avec la négative.
   TARISABLE, qui peut être tari. Il ne se dit qu' avec la négative. "Cette source n' est pas tarissable. On dit plus souvent, est intarissable.
   TARISSEMENT, Dessèchement, état de ce qui est tari. "Le tarissement des eaux, des puits, des fontaines.

TAROTS


TAROTS, s. m. plur. TAROTÉ, ÉE, adj. On apèle tarots, des cartes à jouer, marquées d' aûtres figûres que les nôtres. "Jouer aux tarots. = Taroté se dit de nos cartes, lorsqu' elles sont marquées sur le dôs de grisâille en compartimens, comme le sont les tarots.

TAROUPE


TAROUPE, s. f. Le poil qui croît entre les sourcils.

TARTâRE


TARTâRE, s. m. 1°. Nom que les Païens donaient au lieu où les coupables sont tourmentés dans les enfers. = 2°. Habitant de la Tartarie. = 3°. Nom doné aux valets qui servent les Troupes de la Maison du Roi en campagne.

TARTAREUX


TARTAREUX, EûSE, adj. [Tarta-reû, reû-ze: 3e lon.] Qui a la qualité du tartre. "Les parties tartareûses; le sédiment tartareux d' une liqueur.

TARTE


TARTE, TARTELETTE, s. fém. [2e e muet; 3e è moy. au 2d;lète.] Tarte est une pièce de pâtisserie faite avec de la crême, ou avec des confitûres, et qui n' est pas fermée par dessus. "Tarte à la crême: tarte au fruit. = Tartelettes, petites tartes.

TARTRE


TARTRE, s. m. Dépôt terreux et salin, produit dans les toneaux par la fermentation du vin, et qui s' atache aux douves, et s' y forme en croûte. = Tartre émétique, antimoine préparé.

TARTUFE


TARTUFE, s. m. Faux dévot, hypocrite. Molière a enrichi la Langue de ce mot. La Fontaine dit tartuf.
   C' étoient deux vrais tartufs, deux archipatelins.
La mesure du vers lui a fait retrancher l' e final. = On apèle, en style plaisant, tartuferie, une action, ou un maintien de Tartufe.

TâS


TâS, s. m. [.] Monceau, amâs. "Tâs de gerbes, de foin, de pommes, de fagots, de pierres, de blé. Faire un tâs: Mettre, assembler, amasser en un tâs. = Tâs, Monceau: (synon.) Il parait, dit l' Abé Girard, que tâs marque toujours un amâs fait exprès, et que monceau ne désigne qu' un amâs par accident. On dit: un tâs de pierres, lorsqu' elles sont des matériaux préparés pour faire un bâtiment, et l' on dit, un monceau de pierres, lorsqu' elles sont les restes d' un édifice renversé. = Se mettre tout en un tâs se dit en style familier, d' une persone qui se ramasse et se met tout en un peloton. = Tâs régit quelquefois les persones, et signifie multitude. Il ne se dit que par mépris: un tâs de coquins, de fainéans, de fripons, de filous, etc.
   Eh! mais, où vivez-vous? - - - Parbleu, dans ma maison;
   M' embarrassant fort peu des intrigues frivoles
   D' un tâs de freluquets, d' une troupe de folles.
       Le Méchant.

TâSSE


TâSSE, s. f. [Tâce: 1re lon. 2 e muet.] Sorte de vâse qui sert à boire: Boire dans une tâsse: boire à pleine tâsse ou à tâsse pleine. = Gobelet de faïence, de porcelaine, etc. dans lequel on prend du thé, du café, du chocolat, etc. _ C' est aussi la liqueur contenûe dans la tâsse. "Prendre une tâsse de café, etc.

TASSÉE


TASSÉE, s. f. [Tacé-e; 2eé fer. 3e e muet.] Autant qu' il en peut tenir dans une tâsse. "Une tassée d' eau.

TâSSER


TâSSER, v. act. [Tâcé: 1re lon. sur--tout devant l' e muet: il tâsse, tâssera, etc.] Mettre en tâs. "Tâsser du blé. = Verbe n. Croître, multiplier. Cette oseille a bien tâssé. = Les Picards disent tasser pour, entasser; et siéger, pour assiéger. On le dit aussi en Normandie, et en d' aûtres Provinces.

TâTER


TâTER, v. act. et n. [Tâté: 1re lon. surtout devant l' e muet: il tâte, tâtera.] Toucher. "Tâtez cette étofe: elle est moelleuse. Tâter le pouls. = Essayer: tâter le pavé: Fig. Être irrésolu. "Ce cheval tâte le terrein: il ne marche pas franchement. Figurément: "Je l' ai tâté sur cette afaire; il ne veut pas s' y engager. "Tâter l' énemi, le courage de quelqu' un. "Il s' est tâté là-dessus. = V. n. Goûter. Il régit à ou de. "Tâter aux sauces, au vin: tâtez de ce vin là, de ce pâté. = Figurément, Essayer, chercher à conaitre. "Il veut tâter du métier de Soldat. = Se tâter, être trop atentif à sa santé. "Elle se tâte continuellement.

TATILLON


TATILLON, s. et adj. TATILLONAGE, s. m. TATILLONER, v. n. [Tati-glion, glio-nage, glio-né: mouillez les ll.] Tatilloner: entrer mal à propôs et inutilement dans toute sorte de petits détails. Tatillon, qui tatillone. Tatillonage, action de tatilloner. Ils sont du style familier. L' Académie dit de ce dernier, qu' il est populaire. Dans une édition de son Dictionaire, on le marque fém. C' est une faute d' impression. "Elle ne fait que tatilloner: c' est un tatillon. "Délire tatillon. LING. "Quel insipide tatillonage! Anon. Voy. COMMÉRAGE.

TâTONEMENT


TâTONEMENT, s. m. TâTONER, v. n. TâTONEUR, s. m. À~ TâTONS, adv. [Tâtoneman, tâtoné, neur, tâton; 1re lon. 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Tâtoner, c' est chercher dans l' obscurité en tâtant. _ C' est aussi tâter avec les pieds et les mains, pour se conduire plus sûrement: marcher en tâtonant. = Figurément: Procéder avec timidité ou avec incertitude. "Il ne fait que tâtoner: il ne fait rien qu' en tâtonant. = Tâtonement, action de tâtoner. = Tâtoneur, celui qui tâtone. = À~ Tâtons, en tâtonant. Il se dit au propre et au figuré: "Marcher à tâtons. "Il est bien des chôses sur lesquelles les Philosophes ne vont qu' à tâtons.

TAUDIS


TAUDIS, s. m. [Todi: 1re dout.] Petit logement en mauvais état. "Loger dans un taudis: cette chambre est un vrai taudis. = En Certaines Provinces, on dit taudion, petit taudis.

TAVELER


TAVELER, v. act. TAVELûRE, s. fém. [2e e muet; 3e é fer. au 1er lon. au 2d.] Taveler, moucheter. "Le Peintre n' a pas achevé de taveler la peau de ce tigre. "La peau de cet animal comence à se taveler. = Tavelûre, bigarrûre d' une peau tavelée. "La tavelûre de la peau de ce chien est extraordinaire.

TAVERNE


TAVERNE, s. f. TAVERNIER, IERE, s. m. et f. [Tavêrne, nié, niè-re: 2e ê ouv. 3e e muet au 1er, é fer. au 2d, è moy. et lon. au 3e.] Taverne, Cabaret, Hotellerie, Auberge. Taverne et cabaret, dit La Touche, signifient à peu prês la même chôse: c' est un lieu où l' on vend le vin à pot et à pinte. Hotellerie, maison où des voyageurs logent et mangent. Auberge, maison, où l' on prend des persones en pension, et où plusieurs particuliers vont manger ordinairement. Aujourd'hui l' on ne dit presque plus hotellerie, on dit Auberge, des maisons où l' on loge et nourrit les voyageurs, comme de celles où l' on a des pensionaires pour la table en ville. Cabaret est plus bâs qu' Auberge; et Taverne plus bâs que Cabaret.
   TAVERNIER, TAVERNIèRE, celui, celle qui tient taverne. L' Acad. dit qu' il vieillit.

TAûPE


TAûPE, s. f. TAUPIER, s. m. TAUPIèRE, s. f. TAUPINÉE, ou TAUPINIèRE, s. fém. [Tôpe, to-pié, piè-re, piné-e, niè--re: 1re lon. au 1er: 2e du 2d et 3e du 4eé fermé, 2e du 3e et 3e du 5e è moy. et long.] Taûpe est un petit animal, qui fouille entre deux terres et y habite. "Le Proverbe dit: noir come une taûpe. "Le peuple croit que la taûpe ne voit goutte. De là l' on dit d' un homme qui ne voit pas bien, qu' il ne voit pas plus clair qu' une taûpe. "C' est une taupe pour ses défauts, et un argus pour ceux de sa femme. Dest. = Taupier, preneur de taûpes. = Taupière, morceau de bois creusé, avec une soupape, et qui sert à prendre des taûpes. = Taupinée, ou taupinière, petit monceau de terre, qu' une taûpe a élevé en fouillant la terre.

TAûRE


TAûRE, s. f. TAUREAU, s. m. [Tôre, toro: 1re lon. au 1er: 2e e muet au 1er, dout. au sing. du 2d, lon. au plur. taureaux.] Taûre, jeune vache, qui n' a point encôre porté. "Une taûre bien grasse. = Taureau, le mâle de la vache. "Taureau sauvage ou domestique. "Combat de taureaux. = *L' Ab. Prévot (Hist. des Voy.) parle d' un jeune taureau qui produisit sept veaux ou genisses en peu de tems. Il croyoit donc que taureau est de deux genres, ce qui n' est pas.

TAUX


TAUX, s. m [, long.] Le prix établi pour la vente des denrées. Taux, taxe, taxation, (synon.) Le taux exprime la valeur pécuniaire des chôses: la taxe est le règlement qui la détermine: les taxations sont de certains droits atribués à quelques Oficiers, qui ont le maniement des deniers du Roi. _ On ne dit que taux, quand il s' agit du denier auquel les intérêts de l' argent sont fixés par l' Ordonnance. On dit taux ou taxe, en parlant du prix établi pour la vente des denrées. On ne dit que taxe pour les frais des Procês. On dit quelquefois taxation au singulier, pour signifier l' opération de la taxe. Extr. des synon. de Beauzée.

TAXABLE


TAXABLE, adj. TAXATION, s. f. TAXE, s. f. TAXER, v. act. [Taksable, sa-cion, ce, cé: 2ee muet au 3e, é fer. au 4e.] Taxe, 1°. règlement fait par autorité publique pour le prix des denrées. = 2°. Le prix établi par le règlement. = 3°. Imposition en deniers sur des persones en certains câs. = 4°. La somme portée par les règlemens d' imposition. = 5°. Taxe de dépens, règlement fait par autorité de Justice, de certains frais, qui ont été faits à la poursuite d' un procês. V. TAUX. Taxer a deux sens. 1°. Celui de taxe: régler le prix des denrées. _ Faire une imposition, odinairement en deniers. Se taxer, se cotiser, s' imposer à soi-même. = 2°. Acuser, il régit de devant les noms et les verbes. "On le taxe d' avarice, d' être avâre. = Taxation, voy. TAUX. = Taxable, qui peut être taxé. C' est un mot de M. Linguet. "Tous les objets taxables étoient tellement surchargés de taxes que, etc.~

TE


TE, pron. pers. C' est le datif et l' acusatif du pronom Tu. Voy. ce mot.

TECHNIQUE


TECHNIQUE, adj. [Tèknike: 1reè moy. dern. e muet.] Il se dit des mots afectés aux Arts; des termes d' Arts. "Des mots, des termes techniques. = On apèle vers techniques, des vers faits pour aider la mémoire, en y rapelant en peu de mots beaucoup de principes, etc. parce que les phrâses mesurées et rimées comme les vers se retiènent plus facilement. "Les Racines Grecques, la Mémoire artificelle du P. Bufier, etc. sont en vers techniques.

TÉGUMENT


TÉGUMENT, s. m. [Téguman: 1re é fer.] Ce qui~ sert à couvrir. Il ne se dit qu' en Anatomie. "Les peaux, les membranes sont des tégumens.

TEIGNASSE


TEIGNASSE ou TIGNASSE, s. fém. [On prononce tignace, même en écrivant teignasse: mouillez le g.] Mauvaise perruque. _ Il est populaire, dit l' Acad.

TEIGNE


TEIGNE, s. f. TEIGNERIE, s. f. TEIGNEUX, EûSE, adj. et subst. [Tègne, ne--ri-e, neû, neû-ze: 1re è moyen, mouillez le g, 2ee muet aux deux prem. lon. au 3e et 4e.] Teigne, au singulier, est 1°. Espèce de gale plate et sèche, qui vient à la tête, et qui s' y atache. = 2°. Gale qui vient à l' écorce des arbres. = 3°. Insecte, qui ronge les étofes, les livres, etc. = Teignes, au pluriel, pourritûre de la fourchette du pied du cheval. = Teigneux, qui a la teigne. (n°. 1°.) Il est teigneux: elle est teigneûse. = Teignerie: salle d' un Hôpital où l' on panse les teigneux.
   Rem. Teigne, insecte, est un mot ignoble. M. l' Ab. De Lille n' a ôsé s' en servir dans sa Traduction des Géorgiques. "L' animal dont parle Virgile, dit-il, est la teigne de la cire. Comme le mot de teigne n' a point de noblesse dans notre langue, je me suis servi du mot générique de chenille. = On dit, de ce qui est dificile à ôter, qu' il tient comme teigne (n°. 2°.) ce qui se dit dans le propre et dans le figuré; st. proverbial.

TEILLER


TEILLER, v. act. [Té-glié: 2 é fer. mouillez les ll.] Rompre les brins de chanvre, et séparer les chenevotes de l' écorce, qui doit se filer, et qu' on apèle teille quand elle est séparée des brins. "Teiller le chanvre, le lin.

TEINDRE


TEINDRE, v. act. TEINT, s. m. TEINTE, s. f. TEINTûRE, s. f. TEINTURIER, IèRE, s. m. et fém. [Tein-dre, tein, tein--te, tûre, tu-rié, riè-re: 1re lon. 2ee muet au 1er et au 3e, longue au 4e, la 3e est une e muet au 4e, é fer. au 5e, è moy. et long au 6e.] Teindre, c' est faire prendre à une étofe ou à quelque aûtre chôse, une couleur diférente de celle qu' elle avait. Teindre du fil, de la laine, de la soie, du drap, etc. = Teindre du vin blanc avec du gros vin rouge. "Après la batâille, la rivière était toute teinte de sang. = Fig. "L' Amour aujourd'hui, traité avec tant d' indécence, et teint de tout les vices du siècle. La Baumelle.
   TEINT est, 1°. la manière de teindre les étofes. On distingue le grand teint et le petit teint. = 2°. Dans le discours ordinaire, c' est le coloris du visage. "Teint vif, vermeil, fleuri, uni; ou, pâle, défait, jaunâtre, plombé, grossier, etc. "Cela embellit, rafraichit ou gâte le teint.
   ......Quelle étrange pâleur
   De son teint tout-à-coup éface la couleur?
          Esther.
= Un Poète écrit tein sans t, pour le faire rimer avec matin.
   Elle voit dans une journée
   Se ternir l' éclat de son tein;
   Jeune et brillante le matin,
   Dès le soir elle est surannée.
       Mercure.
  TEINTE se dit, en Peintûre, du degré de force que les Peintres donent aux couleurs. "Teinte forte ou faible: la diminution des teintes. Demi-teinte est une teinte extrêmement faible et diminuée.
   TEINTûRE est 1°. Liqueur préparée pour teindre. Mettre une étofe à la teintûre. = 2°. L' impression de couleur que cette liqueur laisse sur les étofes, etc. "Drap d' une belle ou d' une vilaine teintûre. = 3° Il se dit fig. d' une légère conaisance en quelque science ou en quelque Art. "Anne de Boulen avoit quelque teintûre de la Doctrine de Luther. Bossuet. "Je voudrois qu' elle prît une teintûre légère, mais générale de toutes chôses. Sév. * On dit, dans le Mercûre, de certains vers de M. de Maison-neuve, qu' ils ont été mis, pour ainsi dire, à la teintûre du style de Boileau. _ Malgré le correctif, je doute que cette métaphore soit goûtée de bien des gens.
   TEINTURIER, IèRE, celui, celle, qui exerce l' art de teindre. = * Depuis peu on apèle de ce nom, dans un sens figuré et un peu burlesque, les Écrivains qui mettent le style aux productions des Auteurs femelles. "Ces tirades philosophiques me paraissoient être l' ouvrage du teinturier Académicien que Mlle... a choisi pour colorier son style. Ann. Lit.

TEL


TEL, TELLE, adj. TELLEMENT, adv. [Tèl, tèle, tèleman: 1reè moy. 2e e muet.] Tel, pareil, semblable. Le troisième dit moins que le second, et le second moins que le 1er. Un objet tel qu' un aûtre ne difère pas de celui-ci. Un objet pareil à un aûtre, ne le cède point à celui ci. Un objet semblable à un autre s' assortit avec celui-ci. Extr. des Synon. Fr. de Mr. l' Abé Roubaud. 1°. Tel se met ordinairement après le verbe; il m' a paru tel: il faut paraître telle, et non pas telle paraître, comme a dit Regnard. = 2°. Quelquefois pourtant, il se met à la tête de la phrâse: "Tel il me paraissait, lorsque, etc. Dans cette dernière construction, quelques Écrivains font marcher le pronom nominatif aprês le verbe. "Tel qu' on l' avoit vu dans tous ses combats... tel fut-il à ce dernier choc (de la mort). Boss. Or. Fun. du Prince de Condé. "Tels se montrèrent-ils aux Portugais. Charlev. Ce n' est pas l' usage le plus comun et le plus autorisé. = 3°. Ainsi placé au comencement de la phrâse, on le répète quelque--fois, sans répéter le verbe. "Telle est l' indocilité de l' esprit humain, telle la force de son penchant à l' indépendance, que la soumission à l' autorité la plus légitime devient pour lui un état de gêne et de contrainte. L' Ab. De Welly. = Tel se met à la tête de la phrâse, sur-tout dans les Sentences: Tel maître, tel valet: telle vie, telle mort. "Tel sème, qui ne recueuille pas:tel fait des libéralités, qui ne paye pas ses dettes. _ Dans les deux derniers exemples, il signifie tel homme, telle persone; et les uns l' apèlent pronom: d' aûtres disent qu' il est alors substantif. = 5°. Tel est souvent suivi de la conjonction que: tel est mon malheur, que je suis blâmé de ce que je ne puis éviter. "Mlle du Plessis est toute telle que vous la représentez. Sév. = * Aûtrefois tout avec tel, tenait lieu de l' article. "Leur proposer toutes telles questions qu' ils trouveroient à propôs. Procês de Charles I. "Ils recevront tout tel legs qu' on leur fera par testament. Chron. On dit aujourd'hui, toutes les questions que, etc. tous les legs que, etc. = 6°. On emploie tel dans les comparaisons de trois manières; ou redoublé ou seul, ou suivi de que: "Tel qu' on voit la tête chenûe d' un chêne, etc. Tel croissant toujours en grandeur, il égalera la splendeur, etc. Rouss. "Dans sa carrière féconde, le Soleil sortant des eaux, couvre... tous les célestes flambeaux. Telle, ô Prince magnanime, ta lumineuse clarté, etc. Id. "Cependant la nef vagabonde vogue d' un cours précipité, telle qu' on voit rouler sur l' herbe un char, etc. Ce tour est propre de la poésie et de la prôse poétique. À~ ne consulter que les lois de la Gramaire, il est irrégulier, tel n' y étant régi par rien, mais l' usage l' a sufisamment autorisé. = 7°. Il y a long-tems que Vaugelas a remarqué que plusieurs mettent tels au lieu de quels, et que c' est une faûte. "Dieu est présent en tous lieux, tels qu' ils soient, au lieu de, quels qu' ils soient. D' aûtres, en plus grand nombre, continuent à le dire, au lieu de quelque que. "Il n' est point de système, tel absurde et ridicule qu' on puisse se le figurer, que des Philosophes n' aient imaginé, et qui n' ait trouvé des partisans pour le soutenir. Sauvigny. "Ouvrage qui, tel jugement qu' on porte sur l' ensemble, sera toujours précieux par la beauté des détails. L' Ab. De Fontenai parlant du Paradis perdu de Milton. "Tel nom qu' on puisse doner à la défiance, elle est toujours le vice des âmes basses et des esprits médiocres. Th. d' Éduc. "Tel mérite que puisse avoir Mlle. de... me pensiez-vous capable de recevoir jamais dans ma famille la fille d' un homme déshonoré. Ibid. "Les Empereurs recevoient aussi leurs étrennes, telles médiocres fussent-elles. Mayer. Cette dernière phrâse a cela de particulier, que tel n' est point suivi de que, et que le pronom nominatif est mis aprês le verbe. Dans tous ces exemples, il faut mettre quelque que, au lieu de tel que, etc. = Tel quel est du style familier. "La voilà telle que la mort nous l' a faite. Encore ce reste tel quel a-t' il disparu. Boss. Or. Fun. de Madame. Cette expression ne me parait pas digne du Discours soutenu. = Remarquez qu' il ne faut point d' apostrophe entre qu' et elle, car quelle est là fém. de quel. "Les négociations produisent une paix telle qu' elle. Disc. sur l' Hist. de Fr. C' est une inatention de la part de l' Imprimeur. Il falait, telle quelle.
   Joignez y les pièces nouvelles
   Que l' on faisoit aller, grâce à moi telles quelles.
       MOLIèRE à la nouvelle Salle.
  TELLEMENT, de telle sorte. Il est toujours suivi de que. "Il est tellement préocupé que, etc.. = Il se met quelquefois à la tête de la phrâse, avec raport à la phrâse précédente, et alors il signifie, de sorte que: "Tellement donc que vous ne voulez point consentir à cet arrangement. = Depuis quelque-tems on dit tellement tout seul pour, oui, certainement: "Vous vous mettez donc en colère. _ Ah! tellement. st. famil. = Tellement quellement, d' une manière telle quelle, par ci par là. "Il s' acquitte de son devoir tellement quellement.

TÉMÉRAIRE


TÉMÉRAIRE, adj. TÉMÉRAIREMENT, adv. TÉMÉRITÉ, s. f. [1re et 2e é fer. 3e è moy. aux 2 prem. 4e e muet: témérère, rèreman, rité.] Ils expriment une hardiesse imprudente et inconsidérée. "Il a été bien téméraire: il a agi bien témérairement; il y a plus de témérité en cette action que de véritable valeur. "À~ la fleur de l' âge la témérité domine; et la prudence, quand on est sur le déclin. D' OLIV. Pens. de Cic. "Discours, action, démarche, entreprise témeraire. = En parlant de discours, de proposition, on les dit de ce qui est trop hardi et dont on pourrait tirer des inductions, contraires à la saine Doctrine. Proposition téméraire. Parler témérairement, avancer témérairement une proposition. "Il y a beaucoup de témérité dans ces assertions. = En parlant de jugement, il se dit de ce qui n' est fondé que sur des aparences fautives: "Jugement téméraire; juger témérairement. "Il y a de la témérité à juger des intentions d' autrui. = Téméraire s' emploie quelquefois substantivement. "C' est un téméraire, jeune téméraire.
   Chaque Siècle est fécond en heureux téméraires.
       BOIL.

TÉMOIGNAGE


TÉMOIGNAGE, s. m. TÉMOIGNER, v. act. TÉMOIN, s. m. [Té-moag-nage~, : té-moein: 1re é fer. mouillez le g aux 2 prem.] Témoin est 1°. Celui, qui a vu ou entendu quelque fait et qui peut en faire raport: "Témoin oculaire, auriculaire, irréprochable, ou, suspect~, aposté, suborné, etc. "Servir de témoin: avoir été témoin de, etc.
   Apelez les témoins - - - C' est bien dit, s' il le peut,
   Les témoins sont fort chers, et n' en a pas qui veut.
       Les Plaideurs.
  C' est vous instruire assez que mes transports jaloux
  Ne veulent point ici de témoins tels que vous.
       Rhadamiste.
  ...Aprenez tous du moins,
  Que les crimes secrets ont les Dieux pour témoins.
      VOLT.
= On dit, prendre à témoin. "Je prends Dieu à témoin: je vous prends tous à témoin et non pas à témoins, quoique tous soit au pluriel, comme on dit, je les ai pris à garant, à partie. Ce sont des façons de parler indéclinables. = * BOSSUET dit, dans le même sens, invoquer à témoin, et l' Ab. DU BOS apeler à témoin; mais prendre à témoin, est une de ces façons de parler consacrées par un long usage, qu' on ne doit pas étendre par analogie à d' aûtres verbes. = 2°. En parlant des chôses, marque, monument: ses blessûres sont les témoins de son courage. = Témoin, en ce sens, se dit à la tête de la phrâse, sans verbe. "Ce fut un illustre guerrier: témoin les victoires qu' il a remportées. _ Alors témoin est indéclinable et se met toujours au singulier.
   TÉMOIGNAGE a les deux sens de témoin. = Raport d' un ou de plusieurs témoins sur un fait, soit de vive voix, soit par écrit. "Témoignage juridique, authentique, irréprochable, ou, suspect, etc. "Faux témoignage. = On dit, porter témoignage de et rendre témoignage à; où témoignage est employé sans article: "La vertu des Magistrats portant ainsi témoignage de la sagesse du Peuple. J. J. Rouss. "Qui peut mieux que vous rendre témoignage à mon désintéressement?
   Que Dieu veille sur vous, Enfant, dont le courage
   Vient de rendre à son nom ce noble témoignage.
       ATHALIE.
= Preuve, ou marque. "Sa conduite est un témoignage de la pureté de ses intentions. Voy. DÉMONSTRATION.
   Et de tes jugemens, rendus dans tous les âges,
   Les nombreux témoignages
   M' ont dabord consolé.
       Le Franc.
"Il n' a jamais perdu la foi, il n' a jamais douté de nos mystères. Ainsi l' a-t' il déclaré lui-même; et nous savons que son témoignage est vrai, puisque jamais Prince ne fut moins capable que lui, sur-tout dans un sujet pareil, de dissimuler et de feindre. Bourdal. Or. Fun. du Grand Condé.
   TÉMOIGNER, c' est 1°. Porter témoignage; servir de témoin. "Témoigner en Justice. = 2°. Marquer, faire conaître. "Témoigner du chagrin, de la joie, du mécontentement, de la satisfaction. "Témoigner de l' amitié, de l' estime, du mépris, etc. = V. n. "Il lui témoigna qu' il n' en était pas content. = Quelques-uns lui font régir l' infinitif sans préposition; il témoigna en être faché. D' autres mettent la prép. de devant cet infinitif. "Vous avez toujours témoigné d' avoir tant d' inclination à cette vertu. Voit. "Il y eut d' habiles gens, qui me témoignoient d' avoir déjà été dans mon sentiment. Leibn. Le dernier régime ne me parait pas usité: l' âutre est douteux. L' Acad. ne done d' exemple que de que avec l' indicatif.

TEMPE


TEMPE, s. f. [Tanpe: 1re lon. 2e e muet.] La partie de la tête, qui est depuis l' oreille jusqu' au front. "Les coups dans la tempe, ou, dans les tempes, sont dangereux. Voy. TEMPLE, s. f.

TEMPÉRAMENT


TEMPÉRAMENT, s. m. [Tanpéraman: 1re lon. 2e é fer.] 1°. Complexion, mélange des humeurs dans le corps de l' animal. Il se dit sur-tout de l' Homme. "Bon, ou, mauvais tempérament: Être d' un tempérament fort et robuste, ou, faible et délicat. "Tempérament sanguin, ou, bilieux, etc. "Les vertus de tempérament ne sufisent pas sans les motifs de la Religion pour être constamment et invariablement vertueux. L' Ab. Trublet. = 2°. Adoucissement, acomodement, expédient, en matières d' afaires. "On a trouvé un tempérament pour contenter toutes les parties.
   Vous ne gardez en rien les doux tempéramens...
   Et toujours d' un excès vous vous jetez dans l' autre.
       Mol.

TEMPÉRANCE


TEMPÉRANCE, s. f. TEMPÉRANT, ANTE, adj. [Tanpérance, ran, rante: 1re lon. 2e é fer. 3e lon. 4ee muet.] L' adjectif ne se dit guère que de la sobriété dans le boire et le manger. "Il est fort tempérant. Le substantif a un sens plus étendu, et se dit quelquefois de l' exemption de toute sorte de débauches. "La tempérance est une des quatre vertus cardinales. "On louoit Pompée avec justice de sa tempérance. VERTOT. = Sobriété. "L' exercice et la tempérance sont capables de conserver aux vieillards quelque chose de leur première vigueur. D' OLIV. Pens. de Cic.

TEMPÉRATûRE


TEMPÉRATûRE, s. f. [Tanpératûre; 1re et 3e lon. 2e é fer.] La disposition de l' air, selon qu' il est froid ou chaud, sec ou humide. "La températûre de l' air, du climat.

TEMPÉRER


TEMPÉRER, v. act. [Tanpéré: 1re lon. 2e et 3e é fer. Devant l' e muet, la 2e se change en è moy. et long. il tempère, tempèrera, etc.] Modérer; diminuer l' excês. "Ce petit vent a tempéré la grande chaleur. "Tempérer le sang, l' acrimonie des humeurs. Gouvernement monarchique, tempéré d' aristocratie. "Cette douceur, cette afabilité, cette bonté qui tempèrent le trop vif éclat de la Majesté sans l' amortir; et obtiennent le respect sans le comander. Neuville.
   TEMPÉRÉ, ÉE, en parlant des persones; modéré, posé, sage. "Homme tempéré: esprit tempéré. On dit, plus ordinairement modéré. _ Climat tempéré, où le froid et le chaud sont modérés.

TEMPESTATIF


TEMPESTATIF, TEMPESTUEUX. Voy. TEMPêTUEUX.

TEMPêTE


TEMPêTE, s. f. TEMPêTER, v. n. [Tanpête, té: 2e ê ouv. mais plus ouvert au 1er qu' au 2d, parce qu' il est devant l' e muet.] Tempête, violente agitation de l' air, causée par l' impétuosité des vents. "Grande, furieuse, horrible tempête. "Il a été surpris; il fut acueuilli de la tempête. "La tempête ala fondre sur cette contrée. Fig. Grande persécution, qui s' élève contre quelqu' un. "Il laissa passer la tempête. "Il eut l' adresse de détourner, de conjurer la tempête.
   TEMPêTER ne se dit qu' au figuré, st. famil. Faire bien du bruit, du vacarme. "Il ne fait que crier et tempêter.

TEMPêTUEUX


TEMPêTUEUX, EûSE, adj. [Tanpêtu--eû, eû-ze: 1re et 4e lon. 2e ê un peu ouvert.] Sujet à de fréquentes tempêtes. Nous allions vers des climats plus tempêtueux, qu' aucun que nous eussions passé. = Autrefois on disait tempestueux. L' Acad. voulait même qu' on y prononçât l' s. Danet et Richelet au contraire disaient qu' on ne la prononçait pas. Dans la dern. édit. l' Acad. ne met ni tempestueux, ni tempêtueux. = Aûtrefois aussi, quelques-uns disaient tempestatif, d' un homme qui ne faisait que tempêter. Trév. le traitait de bâs et de peu d' usage. Il est entièrement inusité aujourd'hui.

TEMPLE


TEMPLE, s. m. [Tanple: 1re lon. 2e e muet.] Édifice public consacré aux exercices de Religion. Église en parlant des catholiques, est plus générique, et il est de tous les styles. Temple ne se dit que dans le discours soutenu. En parlant~ des Païens et des Protestans, on dit temple; et quand on dit ce mot absolument, on l' entend du Temple que Salomon bâtit à Jérusalem. "Le parvis, le portique, le pinacle du Temple.
   Jusque dans ton Saint Temple ils viennent te braver;
   Ils traitent d' insensé le peuple qui t' adore.
       Athalie.
= Fig. on dit que les Fidèles en état de grâce sont les temples vivans du St. Esprit. "Tout homme, qui rentrera en lui-même, y trouvera des traces de la Divinité; et se regardant comme un temple, où les Dieux ont placé son âme pour être leur image, il ne se permettra que des sentimens, des actions, qui répondent à la dignité de leur présent. D' OLIV. Pens. de Cic. = Poétiquement on dit qu' un nom est écrit dans le temple de la gloire; ou, au temple de mémoire. Ces expressions comencent à devenir triviales.
   TEMPLE, s. f. Voy. TEMPE. Vaugelas était pour le premier et condamnait le 2d: l' Acad. avait dabord mis l' un et l' aûtre dans son Dictionaire: mais dans ses Observations elle condamna Tempe. Dans les éditions suivantes du Dict. elle se contenta de dire: quelques-uns disent Tempe. Dans la dern. édit. elle ne met que celui-ci.

TEMPORALITÉ


*TEMPORALITÉ, s. f. TEMPOREL, ELLE, adj. TEMPORELLEMENT, adv. [Tan--poralité, rèl, rèle, leman: 1re lon. 3e è moy. 4ee muet] Temporel est 1°. Périssable; qui pâsse avec le tems. Il est oposé à éternel; les biens temporels et les biens éternels; et à spirituel: il ne faut pas préférer les biens temporels aux biens spirituels. = 2°. Séculier, par oposition à éclésiastique. "Seigneur temporel. Puissance, Juridiction temporelle. = S. m. Revenu qu' un Éclésiastique tire de son Bénéfice. "Il a été contraint par saisie de son temporel. Il ne se dit que dans de pareilles ocasions.
   TEMPORELLEMENT se dit par oposition à éternellement. "À~ ne considérer les chôses que temporellement et relativement aux intérêts du tems, de la vie présente.
   TEMPORALITÉ, Juridiction du Domaine temporel d' un Évéché, d' un Chapitre, d' une Abaye, etc. "Juge de la temporalité.

TEMPORISEMENT


TEMPORISEMENT, s. m. TEMPORISER, v. n. TEMPORISEUR, s. m. [Tanpo--rizeman, , zeur: 4e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Temporiser, c' est retarder, diférer, gâgner du tems, dans l' atente d' une ocasion plus favorable. Temporisement, action de temporiser. Temporiseur, qui temporise. "Il y a un an qu' il temporise. "Il était persuadé qu' avec les Français il n' y a qu' à temporiser, et que tout s' oublie. Volt. "Ce temporisement a pensé tout perdre. "C' est un grand temporiseur.
   Rem. On a dit aûtrefois temporisation et Temporisement. BOUHOURS dit du 2d, qu' il est fort bon et fort usité. L' Acad. ne met point le 1er. M. Linguet et un Anonyme l' ont employé. "La temporisation aparente des Ministres. "Il se refusoit aux instances qu' on lui faisoit pour vaincre sa vertueuse temporisation. LING. "À~ l' ocasion de cette sage et adroite temporisation de leurs Hautes Puissances. Anon. = L' Auteur du Test. Polit. de l' Angl. dit temporisateur. pour Temporiseur. Celui-ci est le seul admis par l' Usage.

TEMPS


TEMPS ou TEMS, s. m. [Le 1er est plus conforme à l' étymologie: le 2d comence pourtant à prévaloir: mais lors même qu' on écrit temps, on ne prononce pas le p: tan, et devant une voyèle, tanz.] 1°. La mesûre de la durée des chôses. "Tems pâssé, présent, futur, ou, à venir. "Le tems coule, ou, s' écoule. "Il y a peu de tems, bien du tems, long-tems. "Faire un bon usage, un bon emploi du tems. "Cela demande, consume, emporte bien du tems, etc.
   ....Au reste, vous saurez
   Que je n' ai demeuré qu' un quart d' heure à le faire.
   - - - Voyons, Monsieur, le tems ne fait rien à l' afaire
       Misantr.
= 2°. Terme préfix. "Payer dans le tems porté par l' obligation. Prévenir, devancer le tems. = Il a fait son tems, signifie, ou, qu' un homme sort d' un emploi, dont le tems était limité, ou qu' il n' est plus propre aux chôses, dont il s' est mélé autrefois avec succês. _ Dans ce 2d sens, on le dit aussi des chôses. "Cet habit a fait son tems. = 3°. Délai. "Demander, doner, prendre du tems. Doner six mois, un an de tems. "Cet homme ne cherche qu' à gâgner du tems. = 4°. Loisir. "Je n' ai pas le tems de vous parler. "Je ne puis pas disposer de mon tems comme je voudrais. = 5°. Conjonctûre, ocasion. "Le tems est favorable, ou, il n' est pas encôre propre: il n' est pas tems d' y songer. "Ce n' est pas le tems de parler de cela: atendez à un autre tems: chaque chôse a son tems. = 6°. La saison propre à chaque chôse. "Le tems des vendanges, de la moisson; c' est le tems des perdreaux, etc. = 7°. Il se dit des Siècles, des âges, par raport à la chronologie. "Du tems du Déluge, d' Abraham, de Moïse, des Patriarches. "Du tems d' Homère, d' Auguste, etc. "Les tems héroïques, fabuleux, historiques, etc. = 8°. Il se dit par raport à l' état où sont les chôses pour le gouvernement, les coutumes, les modes. "C' étoit un bon, ou, un mauvais tems; un tems de corruption, de trouble, etc. "S' acomoder, céder au tems: se gouverner selon le tems, ou, les tems. "Le tems fut, ou, il fut un tems que, etc. "C' est le goût du tems. = 9°. La disposition de l' air: "Beau, ou, vilain, mauvais tems: "Tems sec, humide, pluvieux, sombre, obscur, calme, serein, etc.. "Le tems change, s' éclaircit, s' obscurcit, se couvre; se met au beau. "Etre exposé à l' injûre du tems. "Grôs tems (à la mer) tems d' orage. = 10°. Dans la Danse, la Musique, l' escrime, les exercices militaires, division d' une action en plusieurs momens. "Observer les tems de la Danse. "Mesure à deux, à trois, à quatre tems. "Pousser une bote en deux, en trois tems. "Tirer la baguette en deux, en trois tems. = 11°~. En Gramaire, les diférentes inflexions, qui marquent, dans les verbes, le tems où se pâssent les actions, dont on parle. "Les tems simples, les tems composés. "Les tems de l' Indicatif, du subjonctif.
   Rem. Bossuet done au mot tems, le sens de date, d' époque: "Charles V. arriva à Ausbourg le 15 juin 1530: le tems est considérable: il veut dire, remarquable. _ Tems n' est pas usité, en ce sens et de cette manière. = II. Tems, Durée (synon.) Ces mots diffèrent en ce que la durée se raporte aux chôses et le tems aux persones. On dit, la durée d' une action, et le tems qu' on met à la faire. _ La durée a aussi raport au comencement et à la fin de quelque chôse, et désigne l' espace écoulé entre ce comencement et cette fin. Le tems désigne seulement quelque partie de cet espace, ou désigne cet espace d' une manière vague. Ainsi l' on dit, en parlant d' un Prince, que la durée de son règne a été de tant d' années, et qu' il est arrivé tel évènement pendant le tems de son règne (Encycl.) Beauzée, Synon. = III. Tems entre dans beaucoup d' expressions. = Il est tems régit de et l' infinitif, ou que avec le subjonctif. "Il est tems d' agir: il était tems de le faire, ou, que vous le fissiez. Être à tems a le 1er régime. "Vous serez encore à tems de le trouver. * La Fontaine, dit, il s' en va tems pour, il est tems; et Leibnitz, il semble tems.
   Il s' en va tems que je reprène
   Un peu de forces et d' haleine.
"Il semble encôre tems de sauver cet honeur. _ L' expression du Poète peut passer dans le style d' une Fâble, mais celle du Philosophe est vraiment barbâre. = N' avoir qu' un tems, ne pas durer longtems: "l' erreur n' a qu' un tems. Apol. de l' Inst. "Cette mode n' aura qu' un tems, dûrera peu. = Prendre son tems, choisir l' ocasion favorable:
   L' escarbot prend son tems, fait faire aux oeufs le saut.
       La Font.
= Prendre quelqu' un sur le tems, le surprendre en faûte. "Ah! je vous prends sur le tems, Mr le Marquis. Tart. Épist. = On dit, dans le st. famil. tuer le tems, s' ocuper n' importe comment, pour éviter l' ennui. M. Thomas a dit, dans le même sens, tourmenter le tems: expression recherchée. "Vous qui consumez le tems dans l' indolence... qui le tourmentez dans de pénibles bagatelles. "Il fera beau tems, quand je reviendrai; c. à. d. je ne reviendrai point.
   Sachez que pour céans j' en rabats de moitié,
   Et qu' il fera beau tems quand j' y mettrai le pié.
       Mol.
= Prendre le tems comme il vient, ne pas s' inquiéter des évènemens, s' acomoder au tems. "Si vous aviez apris à prendre le tems comme il vient, cela vous auroit extrêmement amusée. Sév. = Avoir le tems et l' argent, le loisir et les moyens. = Sans perdre tems, où tems est employé sans article. "Allez, sans perdre tems, dans toute l' armée des Grecs: retenez-les par vos douces paroles. Iliade.
   Il faut sans perdre tems courir au Roi lui-même.
       Follard
Voy. plus bâs.
= Perdre le tems, ou, son tems, ne rien faire, ou faire des chôses inutiles. Corneille dit, perdre et gâgner tems sans article.
   Adieu: nous perdons tems
       Cinna.
  Je voulois gâgner tems pour ménager ta vie.
Polieucte.
On retranchait aûtrefois l' article plus souvent qu' aujourd'hui. = On dit encôre, sans perdre tems. = Pâsser bien son tems; se doner du bon tems, se divertir. = Pâsser mal le tems, ou, son tems, s' ennuyer beaucoup, ou soufrir. = On dit, du tems, pour un long espace de tems. "Il y avoit déjà du tems que César étoit suspect de desseins cachés. Révol. Rom. "On fut du tems à s' assurer si, etc. ANON. "Pendant ce désordre qui dura du tems. Hist. d' Allem. _ Du tems ne va guère bien qu' avec il y a. = IV. Tems forme aussi beaucoup d' expressions adverbiales. = À~ tems, assez tôt. Vous arriverez à tems: vous y serez assez à tems. _ Pour un tems déterminé. Il est oposé à perpétuel. "Galères à tems; banissement à tems. = Au même tems; à la même heure. "Nous sommes partis au même tems. = En même tems, à la même époque. "Nous étions au Collège en même tems. Quand il s' agit d' une heure précise, au même tems vaut mieux; et quand il ne s' agit pas d' un tems précis, ou qu' on parle au figuré, en même tems est meilleur. Bouh. * On disait aûtrefois à même tems. "Les Athéniens acablés presque à même tems, de la guerre et de la peste. P. Rapin. * D' Ablancourt dit, à même tems que, etc. = De tout tems; toujours, en parlant du pâssé. "De tout tems la vertu s' est fait estimer. = De tems en tems, ou, de tems à aûtre: le 2d n' est que du st. famil. Successivement, mais à plusieurs reprises. "Ils formoient~ de tems à aûtre des armées d' Aventuriers Hist. d' All. _ De tems en tems aurait mieux convenu, ce me semble, au style de l' Histoire. = En tems et lieu: Dans le~ tems et le lieu convenables. "Je vous expliquerai cela en tems et lieu. = Pour le tems et pour un tems ont des sens diférens. Le 1er s' entend de la saison, ou du siècle; et l' aûtre de l' espace du tems. "Cela sera bon pour le tems. "Marot faisoit de très-bons vers pour le tems, on sous-entend, où il vivait. "Il ne sera heureux que pour un tems: cela dûrera pour un tems. L. T. Remarquez que, quand le premier est suivi de que, sa signification~ est déterminée par ce qui suit. "Il se porte assez bien pour le tems qu' il fait, marque la saison: il est savant pour le tems qu' il a étudié, marque l' espace de tems. = Il en est tems: il est tems de le faire. M. l' Ab. Feller dit, il n' en est pas encôre le tems: je n' ose pas condamner celui-ci, mais je crois que, il n' en est pas encore tems vaudrait mieux. Avec ce n' est pas, il faut mettre l' article; ce n' en est pas encôre le tems. = On dit de son tems, de mon tems pour dire dans ma jeunesse, du tems qu' il vivait: mais dit-on, son tems, ou le tems d' un tel Roi, pour dire, le tems qu' il a vécu? Je ne le crois pas. "Ils ont confondu son tems (d' Osiris) avec celui des comencemens de l' Univers. Boss. Je dirais, le tems de son règne, ou, le tems, le siècle où il a régné. = On dit, en tout tems au singulier, et dans tous les tems au pluriel. M. Targe dit: dans tout tems: c' est contre l' Usage. = On doit dire également, quelque tems et non pas quelques tems; en ce tems là et non pas en ces tems, comme on disait aûtrefois. Dans les Let. Édif. et dans d' aûtres Livres j' ai vu plus d' une fois, quelques tems après: nous demeûrâmes quelques tems. l' s de quelques est superflue. Voy. Après QUELQUEFOIS. = Tout d' un tems, tout de suite. "Quand on a coupé et tiré le natron, on le charge tout d' un tems sur des chameaux. P. Sicard. * Un Poète très-moderne retranche tout dans cette locution.
   À~ Vaugirard j' allai d' un tems
   J' y vis, j' y trouvai d' Angeville.
Le style négligé lui-même ne comporte pas ces licences. = J. J. Rouss. dit, par trait de tems, pour par laps de tems. "Rien n' est moins rare que des mots, dont le sens change par trait de tems. Celui-ci serait plus noble que l' aûtre, qui sent un peu trop le style du Palais. = On dit assez indiféremment avec le tems ou avec du tems: le 1er est pourtant le plus usité: il semble dénoter un plus long espace de tems. "Avec le tems tout s' apaise. "Avec du tems sa santé se retablira. = À~ quelque tems de--là, quelque tems aprês. "À~ quelque tems de là il fut fait Lieutenant. Anon. = Avant tous les tems, avant la création du monde. = À~ la consommation ou, à la fin des tems, c. à. d. à la fin des Siècles, du Monde. = On apèle Roger bon tems tout homme, qui ne songe qu' à se divertir.

TENABLE


TENABLE, adj. [1re et dern. e muet.] Il ne se dit qu' avec la négative. "Cette place, ce poste n' est pas tenable: elle ne peut résister; on ne peut la défendre. _ Cet endroit n' est pas tenable, ou la place n' est pas tenable: on n' y peut demeurer comodément: on y soufre du froid, ou du chaud, du vent, etc.

TENACE


TENACE, adj. TÉNACITÉ, s. f. [Il est à remarquer que la 1re est un e muet au 1er, et un é fer. au 2d.] Tenace, au propre, visqueux, qui tient extrêmement, en parlant des humeurs du coprs. "Des humeurs tenaces et gluantes. = Au Fig. st. famil. Avâre, qui ne done qu' avec peine. "Il est fort tenace, d' une humeur tenace. = Ténacité, qualité de ce qui est tenace: "La ténacité des humeurs. = Avarice; ou, opiniâtreté. "Il est d' une grande ténacité. "Haïr avec ténacité. Journ. de Gen.

TENâILLE


TENâILLE, s. f. TENâILLER, v. act. [Tenâ-glie, glié: 1re e muet; 2e lon. mouillez les ll.] Tenâille, Instrument de fer, avec lequel on tient, on saisit, on arrache, etc.. = Tenâiller, tourmenter un criminel avec des tenâilles ardentes.

TENANCIER


TENANCIER, IèRE, s. m. et f. [1re e muet, 2e lon. 3eé fer. au 1er, è moy. et long au 2d.] Celui, celle, qui tient des terres en rotûre, dépendantes d' un Fief.

TENANT


TENANT, ANTE, adj. et subst. [1re e muet, 2e lon.] 1°. Comme adjectif verbal, il ne se dit que dans cette phrâse, rancune tenant. Voy. RANCUNE. M. l' Ab. Grosier dit, rancune tenante. = 2°. Subst. "Les tenans et les aboutissans d' un héritage; d' une afaire: les héritages adjacens à un héritage; les circonstances et les dépendances d' une afaire. = 3°. Dans un tournois, les tenans, les combatans: il était un des tenans. On le dit par extension des disputes entre les savans. = 4°. Partisan. "Dans cette dispute, il était le tenant de Descartes. 5°. Qui va souvent dans une maison et qui y est comme le maître. "Il est le tenant dans cette maison. = 6°. Tout en un tenant, ou, tout d' un tenant, adv. sans interruption. "Il a tant d' arpens de terre, de prés, de vigne, de bois tout d' un tenant; ou, tout en un tenant.

TÉNâRE


TÉNâRE, s. m. L' Enfer, suivant la Fâble.
   Non loin d' eux l' Achéron, que vomit le Tartare,
   Traverse, en mugissant, l' Empire du Ténare.
       LE FRANC.

TENDANCE


TENDANCE, s. f. TENDANT, ANTE, adj. [Tandance, dan, dante: 1re et 2e lon.] Tendance, action de tendre vers. Tendant, qui tend. Le subst. se dit au propre, et l' adj. au figuré. "La tendance des corps vers un centre. "Proposition tendante à hérésie: libelles tendans à sédition. Discours tendant à prouver que, etc. "Requête tendante à ce qu' il plaise à la Cour d' ordoner, etc.

TENDON


TENDON, s. m. TENDINEUX, EûSE, adj. [Tandon, dineû, neû-ze: 3e lon. 4e e muet.] Tendon est l' extrémité du muscle. "En le saignant, on lui piqua le tendon. = Tendineux, qui a raport au tendon, ou, qui aproche de la natûre des tendons. "Membrane tendineûse.

TENDRE


TENDRE, v. act. et n. [Tandre: 1re lon. 2e e muet.] 1°. Bander. "Tendre une corde, un arc. "Tendre un paneau, un piège à quelqu' un. Voy. EMBUCHE. = 2°. Dresser. "Tendre un pavillon, une tente, un lit, une tapisserie. _ Tapisser. "Tendre une chambre, un apartement: les tendre de Damâs, de velours, de deuil. "L' Église était toute tendûe de noir. = 3°. Présenter, en avançant: "Tendre la main ou son chapeau, pour demander l' aumône. "Il tendit le cou au bourreau; tendre les mains au ciel. Il lui tendit les brâs pour l' embrasser. = FIG. Tendre les brâs, doner du secours. Tendre les mains à quelqu' un, implorer son secours. = 4°. V. n. Aler, aboutir vers: "Où tend ce chemin; où tendent vos pâs. "Les corps tendent à leur centre, etc. = Figurément et plus ordinairement. "Tendre à la perfection: cela ne tend à rien: ces disputes ne tendent point à éclaircir la matière. = Maladie, qui tend à la mort, qui est mortelle; malade, qui tend à sa fin; qui est bien prês de mourir. Homme, qui tend à ses fins; qui a toujours ses intérêts en vûe.
   TENDU, ÛE, adj. Avoir l' esprit tendu, fortement apliqué à quelque chôse. "Il a toujours l' esprit tendu.
   Une pièce afichée, une aûtre dans la tête,
   Une, où je joûe, une aûtre à lire toute prête;
   Voilà de quoi, sans doute, avoir l' esprit tendu.
       PIRON, Métrom.
  Le style devient sec, moins nerveux que tendu,
  Et, pour vouloir trop dire, on n' est point entendu.
       Le Franc.

TENDRE


TENDRE, adj. TENDREMENT, adv. TENDRESSE, s. f. TENDRETÉ, s. f. TENDRON, s. m. [Tandre, dreman, drèce, dreté, dron: 1re lon. 2e e muet aux 2 prem. et au 4e, è moy. au 3e.] I. Tendre au propre est 1°. qui peut être aisément coupé, divisé: bois, pierre tendre. = 2°. Qui peut être aisément broyé avec les dents. "Viande fort tendre, et familièrement, tendre comme rosée. = 3°. Frais, nouvellement cuit, en parlant du pain: ce pain est excellent, quand il est tendre: il n' aime que le pain tendre. = 3°. Sensible, délicat. "Il est tendre au froid. "Avoir la peau tendre; écorce tendre. = 5°. Fig. premier, jeune, en parlant de l' âge: Dans un âge tendre, dès sa plus tendre jeunesse: dès ses plus tendres années. = II. Fig. Sensible à l' amitié, à la compassion; et sur tout, à l' amour. "Avoir l' âme, le coeur tendre. = Qui les inspire: Discours, vers, paroles tendres. Son de voix tendre: air (de Musique) tendre. = S. m. "Il a du tendre pour cette persone. = Tendre, sensible (Synon.) La sensibilité tient plus à la sensation; la tendresse au sentiment: celle-là est passive; celle-ci est active. On s' atache un coeur sensible: le coeur tendre s' atache lui-même. _ La chaleur du sang nous porte à la tendresse: la délicatesse des organes entre dans la sensibilité. Les Jeunes gens seront donc plus tendres; les vieillards plus sensibles; les hommes peut-être plus tendres que les femmes; les femmes plus sensibles que les hommes. _ Le sensible est afecté de tout: le tendre n' est afecté que de son objet. "Le coeur sensible est compâtissant: le coeur tendre est complaisant. Il est peu d' âmes assez dures pour n' être pas sensibles aux malheurs d' autrui; la plupart ne sont pas assez humaines pour en être atendries: on plaint les malheureux: on ne les soulage guère (l' Ab. Roubaud) BEAUZ. Synon. = Tendre, s. m. Voy. TENDREUR.
   TENDRESSE, Tendreté: le 1er ne se dit que de la sensibilité à l' amitié ou à l' amour. "La tendresse d' un père: aimer avec tendresse. "Tendresse de coeur, d' âme. etc.
   ...Autrefois, mon coeur eut la foiblesse
   De rendre à votre fils tendresse pour tendresse.:
   Mais la fureur du jeu, dont il est possédé,
   Me fait ouvrir les yeux, etc.
       Regnard.
= On ne dit point, la tendresse d' une viande, d' un fruit; on dit tendreté. "La tendreté d' un gigot, d' un lièvre, de ces légumes, de ces fruits. = * Tendreur, en parlant des viandes, n' a pas pâssé. On dit, tendreté. Quelques-uns avaient voulu introduire tendre, s. m. dans ce sens: cette viande est d' un grand tendre: l' usage ne l' a point admis.
   REM. Tendresse n' a point de pluriel. Aûtrefois il était usité dans ce nombre. "Il les reçut avec de grandes tendresses: dites: avec de grandes marques, ou de grands témoignages de tendresse. "Ils ont été les objets de ses tendresses. MASC. _ On dirait aujourd'hui, de sa tendresse. "Ses tendresses se redoubloient avec son estime. Boss. On dirait: sa tendresse redoublait, etc.
   TENDREMENT, avec tendresse. "Aimer tendrement; être tendrement aimé. "Regarder tendrement. _ Dans les tems simples des verbes, il se met aprês: dans les tems composés, il aime à se placer entre l' auxiliaire et le participe. "Il l' aimait tendrement: il l' avait tendrement aimé.
   TENDRON, au propre, bourgeon, rejeton tendre de quelques arbres ou plantes. = Figurément, Style familier. "Un jeune tendron: une jeune fille. = Au pluriel, les cartilages qui sont à l' extrémité des ôs de la poitrine de quelques animaux: "Une fricassée de tendrons de veau.

TÉNèBRES


TÉNèBRES, s. f. plur. TÉNÉBREUX, EûSE, adj. [1re é fer. 2e è moy. au 1er, é fer. au 2d et 3e; 3ee muet au 1er, lon. aux deux aûtres.] Ténèbres, privation de lumière; obscurité. "Épaisses ténèbres: être dans les ténèbres.
   L' incrédule éfrayé préchoit dans les ténèbres:
   Il n' avoit ni docteurs, ni partisans célèbres.....
   Dieu n' avoit pas encor ce peuple d' énemis;
   Et le plus grand génie étoit le plus soumis.
       Le Franc.
= Fig. "Les ténèbres de l' idolâtrie, de l' ignorance. Percer les tenèbres des anciens tems. = Ténèbres, Nuit, Obscurité, (syn) Les ténèbres semblent désigner quelque chôse de réel et d' oposé à la lumière; l' obscurité est une pure privation de clarté; la nuit est le cessation du jour, c. à. d. le tems où le Soleil n' éclaire plus. _ On dit des ténèbres, qu' elles sont épaisses; de l' obscurité, qu' elle est grande; de la nuit, qu' elle est sombre. "On marche dans les ténèbres; à l' obscurité et pendant la nuit. GIR. Synon. = OEuvre de ténèbres, est une expression consacrée, où ténèbres signifie iniquité. "Ce livre étoit une oeuvre de ténèbres, et méritoit l' indignation de l' autorité même. SABATIER, Trois Siècles, etc. = Ténèbres, se dit chez les Catholiques, des Matines qui se chantent dans la Semaine Sainte, l' aprês dinée du Mercredi, du Jeudi et du Vendredi. Aler à Ténèbres: entendre les Ténèbres.
   TÉNÉBREUX, sombre, obscur. "Les voiles ténébreux de la nuit. _ En Poésie, le séjour ténébreux, le ténébreux Empire; l' Enfer. _ Les tems ténébreux de l' Histoire;~ où elle est obscûre, et incertaine. = Il~ se dit fig. des persones. Homme sombre et~ ténébreux, qui a l' air sombre et ténébreux.

TèNEMENT


TèNEMENT, s. m. [Tèneman; 1re è moy. 2e e muet.] Terme de Pratique. "Métairie dépendante d' une Seigneurie. "Tènement roturier.

TENèSME


TENèSME, s. m. [1re et dern. e muet, 2e è moy.] Épreintes douleureuses, qu' on sent au fondement avec des envies continuelles et presque inutiles d' aler à la selle.

TENEUR


TENEUR, s. f. et m. [1re e muet.] Il est fém. quand il signifie le contenu d' une Sentence, d' un Arrêt. "La teneur d' une Sentence. L' Arrêt sera exécuté selon sa forme et teneur. = Il est masc. dans cette phrâse: Teneur de livres, qui tient les livres chez un Négociant, et raporte sur le grand livre avec ordre et méthode, les articles pâssés dans les livres journaux, etc.

TENIR


TENIR, v. act. n. et réc. [1ree muet. Il se conjugue comme venir, excepté que dans les tems composés, il prend l' auxiliaire avoir: j' ai tenu, j' eusse tenu, etc.] = V. act. 1°. Avoir à la main, ou entre les mains. "Tenir un livre, une épée, les rênes des chevaux, le gouvernail d' un vaisseau. "Tenir quelqu' un à la gorge, la lui serrer avec les mains. = Suporter.
   Le pauvre diable en a plus qu' il n' en peut tenir;
   Mais son suplice encor n' est pas prêt à finir.
       Rousseau.
= 2°. Posséder. "Tenir un pays en Souveraineté, une terre en fief, une maison à loyer. "Ce Prince ne tint l' Empire que peu de tems.
   Le destin se déclare, et vous ne tenez rien.
       Id.
= 3°. Tenir de, être redevable de: "Tout ce qu' il a, il le tient de sa libéralité: il tient de lui la vie. = Avoir apris de. "Je tiens cette nouvelle d' un tel. = Avoir aporté en naissant et reçu de ses parens avec le sang. "Il a l' air timide: il tient cela de son père. _ Et neutralement: il tient de son père, de sa mère: il en a les traits, ou les qualités bones ou mauvaises. = 4°. Ocuper. "Vous tenez trop de place: l' armée tenait deux lieûes de pays. _ Tenir une maison, un apartement. _ Et sans article: tenir auberge, cabaret, chambre garnie, pension, boutique, académie de jeu. _ Tenir bien son rang, sa place, son poste, etc. = 5°. Présider dans les fonctions publiques, dans les assemblées. "Tenir consistoire, chapelle: tenir conseil; les États; "le Roi tenant son Lit de Justice, etc. = 6°. Mettre et garder en quelque lieu. "Tenir de l' argent, des papiers, dans un cabinet, sous la clef. "On le tient enfermé: on l' a tenu long-tems en prison. _ Tenir au Collège, à l' Académie, en pension, chez soi, etc. = 7°. Maintenir, entretenir. "Tenir les chôses en état, en bon état. = 8°. Contenir: "Muid qui tient tant de pintes: bouteille qui tient chopine. "Salle à blé, qui peut tenir mille charges. = 9°. Arrêter, fixer, réprimer. "On ne peut le tenir. "Il ne peut tenir sa langue. = Tenir les peuples dans le devoir, les enfans dans une grande sujetion. "Tenir les esprits en suspens; les afaires en balance. = 10°. Ocuper durant quelque tems. "Cela m' a tenu deux heures; long--tems; plus que je ne croyais; je ne vous tiendrai guère: Cet Avocat a tenu toute l' Audience. = 11°. Réputer, estimer, croire. Il régit alors des adjectifs ou des participes. "Je tiens cela vrai: je tiens l' afaire faite, à l' heure qu' il est: on le tient ruiné, etc. = Être tenu pour, etc. Maimbourg dit; être tenu comme: "Étant tenu comme un des plus braves, etc. = * On disait aûtrefois: tenir quelqu' un en estime, l' estimer.
   L' estime où je vous tiens ne doit pas vous surprendre.
       Misantr.
= II. C' est surtout comme neutre qu' il a diférens régimes:Tenir à, apartenir: il tient à toutes les grandes familles. _ Tenir de, avoir du raport, de la ressemblance avec : Il tient de son père. _ Tenir pour, être partisan de: il tenait pour l' usurpateur. * "On donait le nom de Guelphes à ceux qui tenaient aux Papes. Anon. Dites, pour les Papes. _ Tenir à régissant les chôses; être ataché. Il se dit au propre et au figuré. "La pierre tenait à la vessie: il tient fortement à ses opinions: il ne tient à rien. = Tenir contre; résister. "Ce vaisseau ne saurait tenir contre les vagues: il joûe trop bien: on ne peut tenir contre lui. Figurément: "On ne peut pas tenir contre ses prières, contre ses larmes. _ N' y pas tenir, ne pouvoir le suporter. "Je n' y tiendrais pas: on n' y peut tenir. _ Et sans régime: Cette place ne peut pas tenir long-tems. _ Tenir bon, tenir ferme.
   ...Ma foi, je tiendrai bon.
   Quand on est bien instruit, bien sûr d' avoir raison,
   Il ne faut pas céder.
= Tenir que, penser que: "Je tiens que cela a besoin d' explication. "Je tiens que la première (de ces deux étofes) est la plus belle. = Il s' emploie aussi sans régime en divers sens: Subsister sans altération. "Le marché tient: Il faut que le traité tiène. _ Durer, être pendant un certain tems. "Pendant que ce Concile tenait: Tant que l' Assemblée tiendra. "Cette foire tient pendant tant de jours; ce marché tient tous les Mercredis et tous les Samedis. = En tenir, être pris, être dupé. "Il en tient, le bon homme. _ Être amoureux. "Il en tient. _ Être ivre. "Il en tient. = Prendre, recevoir: Tenez! voilà votre livre. _ Tenez! voilà votre frère qui passe; c. à. d. voyez, voilà, etc. _ Tenez! ce que vous me dites ne me touche pas; c. à. d. je vous avertis que, etc. Voy. Bout, Coeur, Compte, Côte, Filet, Gorge, Loup, Manche (s. f.) Registre, etc. = 3°. V. réc. Il a aussi plusieurs sens avec les pronoms personels. = Se tenir de; s' empêcher de faire. Il ne se dit qu' avec la négative: "Il ne peut se tenir de parler. "Je ne pus me tenir de lui dire que cela n' était pas bien. = Se tenir à; s' atacher: "Il se tint à une branche; aux crins du cheval. _ Figurément: "Je me tiens, ou je m' en tiens aux décisions de l' Église. "Dans un marché, il ne faut pas se tenir à si peu de chôse. = Être, demeurer en un certain lieu. "Tenez-vous là; je veux que vous vous teniez auprês de moi. "Ne vous tenez pas au vent, au soleil. "Il se tient six mois à la campagne, six mois à la ville. Académie. * M. Desgrouais traite mal-à-propos cette expression de gasconisme. = Le Proverbe dit: quand on est bien, il faut s' y tenir. = Tenez-vous en repos; ou plus familièrement: tenez-vous: demeurez tranquille. = Être dans un certain état. "Se tenir propre; caché; clôs et couvert; droit, courbé: se tenir à genoux: se tenir à ne rien faire: se tenir les brâs croisés, demeurer dans l' inaction. = Se tenir, se dit aussi des assemblées. "L' assemblée se tint dans un tel endroit. = S' en tenir, s' arrêter, se borner à. "Tenez-vous-en là. "Tenez-vous-en à faire votre emploi. * Le pronom en, quoique inutile pour le sens, est nécessaire dans ce tour de phrâse; quelques Auteurs l' ont retranché. "Les peuples ne savent plus à quoi se (s' en) tenir. BOSS. M. Palissot fait dire à un prétendu Philosophe:
   Le moral n' est qu' un mot; tenons-nous au physique.
Il faut: tenons-nous-en à, etc. = IV, Tenir, impersonel, ne se dit que dans le sens négatif ou interrogatif. Il régit le datif des noms et la prép. de devant l' infinitif, ou que avec le subjonctif précédé de la négative ne. "Il ne tiendra qu' à vous d' avoir la paix. "Il n' a pas tenu à moi que vous ne l' ayiez obtenu. "À~ quoi tient-il que vous ne le fassiez? _ Remarquez qu' on emploie l' infinitif, quand le verbe se raporte au nom qui est au datif, comme dans le 1er exemple; et le subjonctif, quand il ne s' y raporte pas, comme dans les deux aûtres. _ Voici une phrâse de Bourdaloue, où les deux régimes sont employés selon cette règle. "Il ne tient qu' à moi que ma Foi ne soit pour moi un moyen de salut; parce qu' il ne tient qu' à moi d' en faire un usage tel que je le dois, et tel que Dieu le demande. * Le pronom il est nécessaire dans cette façon de parler. Il a été omis dans une phrâse de J. J. Rousseau. "Ils n' ont su apercevoir à l' aûtre bout du monde, que ce qui n' eut tenu qu' à eux de remarquer sans sortir de leur vûe. Il falait dire: ce qu' il n' eut tenu qu' à eux, etc.~ On doit mettre cette faûte sur le compte de l' Imprimeur. = Qu' à cela ne tienne, peu importe.
   Les ducats!- - - - C' est de quoi vous faites peu de cas.
   L' un de nous deux a tort: mais qu' à cela ne tienne;
   Aura tort qui voudra, pourvu que l' argent vienne.
       PIRON Métrom.
= On dit familièrement: Je ne sais qui me tient.... c. à. d. qui m' empêche. On sousentend, d' éclater, de te rosser, etc.
   Je ne sais qui me tient..... Ne vous emportez pas,
   Et courez déméler un pareil embarras.
       Misantr.
= V. Tenu, ûe, participe et adjectif. = Entretenu, soigné. "Jardin bien ou mal tenu: maison bien tenûe. = Obligé à faire. "Je ne suis pas tenu à cela: il est tenu de m' aquiter. "Les locataires sont tenus des menûes réparations.

TENON


TENON, s. m. [1re e muet.] Bout d' une pièce de bois, qui entre dans une mortaise.

TENSION


TENSION, s. f. [Tan-sion: en vers, si-on: 1re lon.] État de ce qui est tendu. "Tension de nerfs. _ Figurément, Grande aplication. "Une grande tension d' esprit.

TENTANT


TENTANT, ANTE, adj. TENTATEUR, TRICE s. masc. et f. TENTATION, s. fém. TENTATIVE, s. f. TENTER, v. act. [Tan--tan, tante, ta-teur, trice, ta-cion, té: 1re lon. 2e lon. aux 2 prem. é fer. au dern.] Tenter, c' est 1°. Essayer. "J' ai tenté toute sorte de moyens. "Je ne veux pas tenter cette entreprise.
   Je viens en imprudent, grossir des étendarts,
   Sous qui l' amour m' a fait tenter tant de hasards.
       Sémiramis.
"Tenter fortune, (sans article.) Hasarder quelque chôse dans l' espérance du succès. = 2°. Solliciter au mal. "Le diable tente les hommes: l' ocasion le tente: on l' a tenté avec de l' argent.
   Tente du moins son coeur par l' ofre d' un Empire.
       Créb. Sémir.
= 3°. Dans un sens moins odieux: Doner envie de: "Ce beau tems me tente de me promener: Je suis bien tenté de le faire. = 4°. Dans le langage de l' Écriture: Éprouver. "Dieu tenta Abraham. _ Tenter Dieu, lui demander des miracles, etc. sans nécessité.
   TENTANT, qui tente, se dit dans le 2d et le 3e sens. "Cela est bien tentant: l' ocasion était bien tentante. = Tentateur, trice, celui, celle qui tente, (n°. 2°.) "C' est un Tentateur, une Tentatrice. _ L' Esprit Tentateur, ou absolument, le Tentateur, le Démon. = TENTATION, mouvement intérieur qui tente, qui excite au mal, (n°. 2°.) ou qui excite l' envie, le desir. "Résister ou sucomber, céder à la tentation. "Les âmes les plus pures ne sont pas exemptes de tentations. "Quelle créature fut jamais plus propre à être l' idole du monde? Mais ces idoles, que le monde adore, à combien de tentations délicates ne sont-elles pas exposées? Boss. Or. Fun. de MADAME. _ * Il avait une grande tentation de bâtir.
   TENTATIVE ne se dit que dans le 1er sens de tenter. Action par laquelle on tente, on essaye. "Faire une tentative, plusieurs tentatives auprês de quelqu' un. = En Théologie, le premier acte qu' on fait, pour parvenir à prendre des grades. C' est un terme d' Université. "Il a fait sa tentative.
   Rem. Tenter, neutre, (n°. 1°.) et être tenté, (n°. 3°.) régissent de et l' infinitif.
   Et j' aime mieux encore essuyer vos mépris,
   Que de vous voir tenter de m' avoir à ce prix.
       Créb.
  J' ai tenté, comme vous, de combatre sa flâme;
  Mais toute ma morale a glissé sur son âme.
       Paliss.
"Il fut tenté d' extorquer ce privilège. _ Mais tenter, (n°. 3°.) doner l' envie de, n' a pas ce régime. "La foiblesse de Richard tenta le Parlement d' extorquer une permission de ce Prince. Hist. d' Angl. Cela a tout l' air d' un anglicisme. = Tenter, pour, naviguer, est un vrai latinisme. "Parmi ceux qui tentoient la grande mer, les uns descendoient à droite vers le midi. Rayn.

TENTE


TENTE, s. f. [Tante; 1re lon. 2e e muet.] Espèce de pavillon, fait de grosse toile ou de coutil, dont on se sert à la guerre ou à la campagne, pour se mettre à couvert. "L' armée était sous les tentes. "Les Marchands avaient tendu leurs tentes à la foire.
   Ne craignez ni les cris, ni la foule impuissante
   D' un peuple qui se presse autour de cette tente.
       Iphig.

TENTER


TENTER. Voy. TENTANT.

TENTûRE


TENTûRE, s. f. [Tantûre: 1re et 2e lon. 3e e muet.] Certain nombre de pièces de tapisserie. "Une tentûre de verdûre, de velours, de damas, etc.

TENûE


TENûE, s. f. [1re et dern. e muet, 2e lon.] 1°. Tems pendant lequel une assemblée tient, ou se tient. "Durant la tenûe du Concile, des États. = 2°. Assiette ferme. "Cet homme n' a point de tenûe à cheval. _ Fig. "Le tems n' a point de tenûe: "Cet homme n' a point de tenûe; le tems, cet homme est fort variable.
   Ma soeur, sur son chapitre, est, dit-on, revenue,
   Autre esprit inégal, sans aucune tenûe.       Gres.
_ Qui n' a point de tenûe, vaudrait mieux, ce me semble. = 3°. Tenûe noble, fief, qui relève d' un autre fief. = 4°. Au trictrac, action du joueur, qui ayant gâgné un trou, et pouvant s' en aler et relever ses dames, ne s' en va pas. = 5°. En Musique, continuation d' un même ton pendant quelques mesures.

TENûRE


TENûRE, s. f. [1re et dern. e muet, 2e lon.] Mouvance, dépendance et étendue d' un fief. "Cette terre est dans ou de la tenûre d' un tel Duché.

TÉORBE


TÉORBE. Voy. TUORBE.

TERCèT


TERCèT, s. m. [Têrcè; 1re ê ouv. 2e è moy.] Couplèt composé de trois vers. "Le Sonèt est composé de deux quatrains et de deux tercèts.

TÉRÉBENTHINE


TÉRÉBENTHINE, s. f. TÉRÉBINTHE, s. m. [Térébantine, bein-te: 1re et 2e é fer. 3e lon.] Térébinthe est un arbre résineux. Térébenthine est la résine qui coule du térébinthe.

TÉRÉBRATION


TÉRÉBRATION, s. f. [Térébra-cion: 1re et 2e é fer.] Action de percer un arbre, pour en tirer la gomme, la résine.

TERGIVERSATION


TERGIVERSATION, s. f. TERGIVERSER, v. n. [Têrgivêrsacion, têrgivêrsé: 1re et 3e ê ouv. dern. é fer. au 2d.] Tergiverser, c' est prendre des détours, des faux-fuyans, pour éloigner ou éluder la conclusion d' une afaire, la décision d' une question, et pour ne pas faire une réponse positive. Tergiversation, action de tergiverser. "Il tergiverse: il ne fait que tergiverser: il ûse de tergiversation.

TERME


TERME, s. m. TERMINAISON, s. fém. TERMINER, v. act. [Têrme, minèzon, miné. 1re ê ouv. 2e e muet au 1er; 3e è moy. au 2d, é fer. au 3e.] Terme, est 1°. la fin, la borne de ce qui a raport au tems ou au lieu. "Le terme d' une course. "Le terme de la vie. Voy. BUT.
   Je prétends mettre un terme au cours des homicides.
       Oreste.
"Je ne vois pour l' homme, que naître et mourir: l' espace qui sépare ces deux termes est si peu de chôse, qu' il n' est rien. Neuville. = 2°. Tems préfix de payement: "Payer dès que le terme est échu. Doner le terme bien long. = 3°. Le tems où une femme doit acoucher. Il s' emploie alors sans article: "Elle est à terme: elle est acouchée avant terme; ou avec les pronoms possessifs: "Elle n' est pas encôre à son terme: elle aproche de son terme. _ On le dit de même des femelles de certains animaux domestiques. = 4°. Sorte de statûe, qui n' a que la seule tête ou le haut du corps, et qui finit en pilastre ou en gaine. On lui done ce nom, parce qu' elle servait aûtrefois de borne ou de limite. _ On dit d' un homme, qui est longtems debout dans un endroit, sans agir, qu' il est planté là comme un terme. Style famil. = 5°. Mot, diction. "Terme propre ou figuré, vieux ou nouveau, barbâre, hors d' usage, etc. "Parler en bons ou en beaux termes;en termes choisis; Voy. MOT. = On le dit aussi des façons de parler particulières à quelque Art ou Science. "Termes d' Architectûre, de Mathématique, de Gramaire, de Pratique, de Finance, etc. = 6°. Au pluriel, état où est une afaire ou une persone par raport à une afaire. "En quels termes est cette afaire? Elle est en bons ou en mauvais termes. "Être en termes d' acomodement, en termes de conclûre à l' amiable. "En quels termes êtes-vous avec lui depuis votre querelle?
   TERMINER a le sens du substantif; borner: La mort termina les conquêtes d' Alexandre. "Ces montagnes terminent agréablement l' horison. = Achever, finir: "Terminer une campagne par une victoire. "C' est ainsi qu' il termina glorieûsement sa vie. "Terminer un diférend à l' amiable; par un acomodement. = Se terminer. "Tout cela s' est heureusement terminé. "Cette campagne ne se terminera point sans combat. = Il se dit aussi de la désinence d' un mot. "Verbes qui se terminent en er, en ir: noms qui se terminent en eur, en oir, en ence, etc.
   TERMINAISON~ n' a que cette dernière signification. "Terminaison masculine ou féminine, en eur, en or, en er, en ir, etc. Voy. DÉSINENCE.

TERNE


TERNE, adj. [1re ê ouv. 2e e muet.] Qui n' a pas l' éclat qu' il doit avoir; ou qui en a peu en comparaison d' une aûtre chôse. "L' haleine rend terne une glace de miroir. "Cette argenterie est terne. "Ce diamant est terne auprês de l' aûtre.

TERNES


TERNES, s. m. Terme du jeu de Trictrac. Il se dit lorsqu' on amène deux trois.

TERNISSûRE


TERNISSûRE, s. f. TERNIR, v. act. [Têrni-sûre, têrnir: 1reê ouv. 3e lon. au 1er.] Ternir, c' est rendre terne, obscur; ôter ou diminuer l' éclat. Il se dit au propre, et au figuré. "L' haleine ternit la glace d' un miroir. "Cela ternit le teint, les couleurs. _ Ternir sa gloire, sa réputation, ses vertus, sa mémoire.

TERRAIN


TERRAIN, ou TERREIN, s. m. [Tê--rein: 1re ê ouv. prononcer l' r fortement. _ Le Dict. de Trév. met les deux. L' Acad. ne met que le premier. M. de Wailly parait être pour le second, pour lequel nous nous sommes décidés aussi dans le Dict. Gram.] 1°. Espace de terre considéré, soit par raport à quelque ouvrage qu' on y fait ou qu' on y pourrait faire, soit par raport à quelque action qui s' y pâsse. "Les lignes de circonvallation ocupaient un grand terrein. "Il n' y a pas assez de terrein pour ce qu' il veut faire. "Reconaitre le terrein, Ménager le terrein. = Fig. Conaitre, sonder reconaitre le terrein; les dispositions des persones avec qui l' on a à traiter. _ Disputer le terrein, se défendre dans une afaire, dans une dispute, avec adresse et constance. Gâgner du terrein; avancer peu à peu, avoir quelque avantage dans une afaire. = 2°. Terre, relativement à certaines qualités. "Le terrein est glissant; bon ou mauvais, mou ou dur; uni ou inégal.

TERRASSE


TERRASSE, s. f. TERRASSER, v. act. [Tèrace, : 1re è moy. pron. l' r fortement: 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Terrasse est 1°. Levée de terre dans un Jardin, etc. fait de main d' homme pour le plaisir de la vûe, et pour la comodité de la promenade. _ On dit qu' un Jardin est en terrasse, quand il est élevé en forme de terrasse; et qu' il est tout en terrasse, quand il y a plusieurs terrasses l' une sur l' aûtre. = 2°. Ouvrage de maçonerie en forme de balcon et de galerie ouverte. "Sa chambre done sur une terrasse. = 3°. Toit d' une maison lorsqu' il est en plate-forme et à découvert. = 4°. En Peintûre, le devant des paysages.
   TERRASSER, c' est 1°. Mettre un amâs de terre derrière une murâille, ou pour la fortifier, ou pour d' aûtres usages. "Toutes les murâilles de cette Ville sont terrassées: Ce n' est que depuis peu qu' on les a terrassées pour y faire des promenoirs. = 2°. Jeter de force par terre. "Il l' eut bientôt terrassé. _ Fig. Faire perdre courage. "Sa présence seule terrassa les énemis. Voy. ATTERRER.
   Mais sa langue, en sa bouche, aussi-tôt s' est glacée;
   Et toute son audace a paru terrassée.
       Athalie.
_ Plus figurément encôre, vaincre, convaincre, par la force des raisons. "Il terrassa cet homme par la force de ses raisonemens: il n' eut rien à répondre.

TêRRE


TêRRE, s. fém. TERREAU, s. m. SE TERRER, v. réc. TERRESTRE, adj. [Têre, tèro, tèré, tèrèstre: 1re ê ouv. et long au 1er, è moyen aux trois aûtres, 2eè aussi moyen au 3e. = Voltaire fait rimer terre avec père; et dans une note de la Tragédie d' Alzire, il dit que ces mots se prononcent tous deux de même. Tout le monde n' en convient pas: l' r simple entre deux voyèles a un son plus doux, et la double rr un son plus rude; outre cela l' è dans père est un è moyen; dans terre c' est un ê ouvert.] Têrre a divers sens: 1°. Le plus pesant des quatre élémens. "Chemin sous têrre: joncher la têrre de fleurs: se coucher à têrre: jeter un homme à têrre: chercher quelqu' un par mer et par têrre, (st. proverbial). = 2°. Le globe composé de terre et d' eau. "Les deux pôles, le diamètre de la Têrre: c' est l' ombre de la Têrre qui fait l' éclipse de la lune. = 3°. Il se dit de diverses parties de la Têrre: ainsi l' on dit: les têrres inconûes, inhabitées: les têrres australes. = 4°. Des diverses natûres de terre: têrre grasse, sabloneûse, sèche, stérile ou fertile, etc. "Terres labourables: têrre en friche, inculte ou cultivée. "Aucune terre n' est propre à tout: aucune n' est propre à rien. Il en est de même des hommes. L' Ab. Trublet. = 5°. L' endroit où l' on place un corps mort: "On l' a mis, on l' a porté en têrre: il y a huit jours qu' il est en têrre. _ On dit, en ce sens, qu' un homme est enterré en têrre sainte, pour dire qu' on l' a enterré dans l' Église ou dans le cimetière. = 6°. L' étendûe d' un pays: les terres de France, d' Espagne. Entrer dans les terres énemies. "Être, demeurer, mourir, en terre étrangère. = 7°. Domaine, héritage. "Têrre noble, seigneuriale; en franc alleu. "Têrre en valeur, ou en non valeur. "Prendre une têrre à ferme. "Être riche en fonds de terre; n' avoir pas un pouce de têrre. = 8°. Les bords de la mer: "Cotoyer, râser, ranger la terre: gagner la terre. = Perdre terre, s' éloigner assez de la têrre pour la perdre de vûe. = 9°. Les habitans de la Têrre. "Monarque craint de toute la têrre. "Alexandre voulait soumettre toute la têrre. "Une suite si étonante de succès prodigieux et inouis fit taire devant lui toute la terre, pour me servir du terme de l' Écritûre; ou plutôt, par un contraire éfet, quoique par la même raison, fit parler de lui toute la têrre, c' est-à-dire, la fit retentir de son nom, et la fit taire de tout le reste. Bourdal. Or. Fun. du Grand Condé. = On le dit, par exagération, comme on dit tout le monde, pour signifier un grand nombre de persones. "Toute la terre le sait, en parle. "Cela est reçu par toute la terre. = 10°. Les biens, les plaisirs de la vie présente. "Aimer la têrre: ne songer qu' à la têrre.
   Rem. = On dit, dans ses terres, (n°. 7°.) au pluriel, quoiqu' il n' y en ait qu' une. "Elle pâsse la plus grande partie de sa vie dans ses têrres. On dit jeter, se jeter, tomber à terre, quoique ce soit dans une chambre, sur un parquet, sur un tapis. _ Au figuré, tomber à têrre se dit avec la négative: "Ces dernières paroles ne tombèrent pas à têrre. Charlev. c. à. d. elles furent relevées, on y fit atention. L' expression est trop familière pour une Histoire: elle est mieux dans une lettre. "Le Saint Père lui dit qu' il faloit qu' elle allât à Rome, Cela ne tombera pas à terre. = Ne pas toucher terre ou à terre se dit d' une afaire, qui pâsse tout d' une voix. = Tomber par terre ou tomber à terre ne sont pas synonymes. Le premier se dit de ce qui étant déjà à terre, tombe de sa hauteur; le second de ce qui étant élevé au-dessus de terre, tombe de haut. Un homme qui pâsse dans une rûe et qui vient à tomber, tombe par têrre, et non pas à têrre; car il y était déjà: mais un Couvreur à qui le pied manque sur le toit, tombe à têrre, et non pas par têrre. Un arbre tombe par têrre; mais le fruit de l' arbre tombe à têrre. ANDRY. BEAUZÉE. = Mettre à têrre et mettre en têrre ont aussi des sens diférens: le premier signifie, ou poser à terre, ou débarquer; le second veut dire, enterrer. = Aller têrre à têrre c' est, au fig. st. famil. ne point s' élever au-dessus de sa condition, de sa capacité. Henriette dit à sa soeur la savante, parlant de son esprit:
   Le mien est fait, ma soeur, pour aller terre à terre.
= Chasser sur les terres de quelqu' un, entreprendre sur ses~ droits. = * On disait autrefois en la têrre: on dit aujourd'hui sur la têrre. _ Campistron dit en terre:
   Je ne connois pour Maître, en terre et dans les Cieux
   Que la vertu, l' honneur, la Justice et les Dieux.
Corneille avait dit avant lui:
   Eh bien! que la Déesse aux cent voix et cent yeux
   L' ait publiée en terre et fait redire aux Cieux.
On dit bien que le Pape est le Vicaire de J. C. en têrre; mais c' est une expression consacrée. Hors de là, on doit dire, sur la têrre et dans les Cieux. = On dit aussi, jusqu' à têrre, et non pas jusqu' en têrre, comme dit Maimbourg: * "Il fait une profonde révérence jusqu' en têrre. = Contre têrre. "Tous se jetèrent contre têrre. Idem. = Tant que têrre, adv. En abondance, beaucoup. "Ils auront de la peine tant que têrre. Tant que terre pourra porter, c. à. d. fort loin. "Mde de Maintenon et M. de Condom (Bossuet) sont allés à la rencontre de cette Princesse tant que têrre pourra les porter. SÉV. = Il a peur que têrre ne lui manque se dit d' un homme avâre et timide. _ Ces dernières expressions sont proverbiales.
   TERREAU; fumier pourri et réduit en têrre. On le nomme aussi têrre végétale. Acad. "Mettre du terreau au pied des arbres. "Couche de terreau pour les melons.
   SE TERRER se dit, au propre, de plusieurs animaux. Se cacher sous têrre. "Les renards, les lapins, les blaireaux se têrrent. = En parlant des gens de guerre, se mettre à couvert par des travaux de têrre. "Ils se tèrrèrent promptement contre la baterie de la place.
   TERRèSTRE, qui apartient à la Têrre: les animaux terrèstres. _ Qui vient de la têrre: vapeurs, exhalaisons terrèstres. _ Qui tient de la natûre de la têrre. "Ce qu' il y a de terrèstre dans une liqueur. = Dans le moral, il est oposé à spirituel: vûes terrèstres; sentimens terrèstres; pensées terrèstres.

TERREUR


TERREUR, s. f. [Tè-reur: 1reè moy. prononcez l' r fortement.] Épouvante, grande crainte. "Jeter la terreur parmi les énemis. Porter, répandre la terreur par-tout. "Ce phénomène les remplit de terreur.
   À~ punir les méchans, ta colère fidelle
   Fait marcher devant elle
   La Mort et la Terreur.
       Rousseau.
"Il remplit tout de la terreur de son nom: "Son nom seul imprimait la terreur.
   Vous vous fabriquez-là des terreurs insensées,
   Qu' il faut combatre, au lieu de s' en laisser saisir.
       La Chaussée.
  Écartez des terreurs dont le poids vous aflige.
      Mérope.
Voy. Peur. = Il se dit quelquefois du sujet, de la cause de la terreur. Ainsi l' on dit d' un Juge sévère qu' il est la terreur des Scelérats. "Télémaque étoit déjà la terreur des Dauniens. Télémaque.
   Rem. Terreur, avec les pronoms possessifs, a un sens actif. Il se dit de celui qui craint, qui redoute, et non pas de celui qui est craint, qui est redouté. "Dieu bénit Noé et ses enfans, et imprima leur terreur sur tous les animaux de la Têrre. Dites, les rendit redoutables à, etc. = Leur terreur se dit de la crainte qu' il ont, et non pas de celle qu' ils causent. Bouh. L. T. Wailly. = Rollin a fait la même faûte. Il dit que: "La victoire de Marathon ôta à la puissance Persane cette terreur qui la rendoit si formidable. Hist. Anc. Cela est mal dit; car cette victoire n' ôta pas la terreur aux Perses, mais aux Grecs, qui avoient jusqu' alors si fort redouté les Perses.

TERREUX


TERREUX, EûSE, adj. [Tè-reû, reû-ze: 1re è moy. 2e lon. l' r se prononce fortement.] 1°. Mélé de têrre: sâble, métal terreux. = 2°. Sali de têrre, de poussière. "Cet enfant a le visage terreux, les mains terreûses. = Avoir le visage terreux signifie aussi avoir le visage d' un mort.

TERRIBLE


TERRIBLE, adj. [Tèrible: 1reè moy. r forte.] Qui done ou qui est propre à doner de la terreur. "L' heure de la mort est terrible: les Jugemens de Dieu sont terribles. Voy. ÉPOUVANTABLE = Fig. et famil. Étrange, extraordinaire en son genre. "Il fait un tems terrible: il fait un terrible bruit. "Voilà une terrible nouvelle, une terrible aventûre. = On le dit même des persones, ou par mépris: c' est un terrible harangueur, un terrible faiseur de vers; ou en bien, tout comme en mal: vous êtes un terrible homme, c' est un terrible homme. * En Provence on dit, vous êtes terrible. Voyez en un exemple au mot FUREUR.
   Terrible peut se placer devant ou aprês le substantif. "Le terrible courroux du Seigneur: craignons de tomber entre ses mains terribles.
   Je me figure, hélas! le terrible réveil
   D' un homme qui, sortant des bras d' un long sommeil,
   Se trouve transporté dans une île inconûe.
       L. Rac.
"On n' entendit plus les coups des terribles marteaux. Télém. Il faut consulter l' oreille; car, par exemple, un terrible tems et un bruit terrible ne seraient pas aussi bien que un tems terrible, et un terrible bruit.
   Terrible régit quelquefois le datif. Dieu est terrible aux Méchans. "Afable à tout le monde, mais terrible à ses énemis et aux rebelles. Maimb.

TERRIBLEMENT


TERRIBLEMENT, adv. [Tèribleman: 1re è moy. r forte, 3e e muet.] 1°. D' une manière à inspirer la terreur. "Il tonait terriblement. "On entendait les lions rugir terriblement. = Extrêmement. "Il pleut, il neige terriblement. Manger, boire, travailler, étudier terriblement. = Plusieurs font un usage continuel de cet adverbe: ils l' emploient à tout propôs, comme furieûsement. C' est un abus.

TERRIEN


TERRIEN, ENNE, ou ÈNE, substantif. [Tè-rien, iè-ne: 1reè moy. r forte, 2e è moy. au 2d.] Celui, celle qui possède beaucoup de têrres. "Philipe Auguste, devenu plus grand terrien que ses Prédécesseurs. Hén. "Ce Prince est un des plus grands terriens de l' Univers. Acad. "Cet homme est un grand terrien; cette Dame est une grande terriène. Il se dit toujours avec grand.

TERRIER


TERRIER, adj. et s. m. [Tè-rié: 1er è moy. 2e é fer. l' r se prononce fortement.] 1°. On apèle terrier, ou papier terrier, un Registre contenant le dénombrement, les Déclarations des particuliers, qui relèvent d' une Seigneurie, et le détail des droits, cens et rentes qui y sont dûs. = 2°. Terrier, trou, cavité dans la têrre, où certains animaux se retirent. "Terrier de lapin, de renard, etc. = En st. fig. famil. on le dit des hommes: "Il s' est retiré dans son terrier; il ne parait plus dans le monde. "Il est alé mourir dans son terrier, dans sa patrie, dans sa Province.

TERRINE


TERRINE, s. fém. TERRINÉE, s. fém. [Tèrine, né-e: 1reè moy. r forte, 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Terrine est une sorte de vaisseau de terre, de figûre ronde, qui sert à faire cuire, et à mettre diverses chôses. = On le dit aussi d' un ragoût fait dans une terrine. = Terrinée, plein une terrine, une terrinée de lait, de crème, etc.

TERRIR


TERRIR, v. n. [Tèri: 1reè moy. r forte.] On le dit proprement des tortûes, qui viènent à têrre pour pondre leur oeufs. = Des Marins le disent aussi pour, prendre têrre, aprês un long voyage. "Nous terrîmes à tel endroit.

TERRITOIRE


TERRITOIRE, s. m. TERROIR, s. m. [Tèri-toâ-re; tè-roar: 1reè moy. r forte: 3e lon. au 1er.] Terroir se dit de la têrre en tant qu' elle produit des fruits; et Territoire, quand il s' agit de juridiction. "Terroir fertile, ou ingrat, etc. "Le territoire d' une Baronie, etc.
   Le terroir est l' objet qu' il faut d' abord connoitre;
   Sa force, sa couleur, quelle plante y peut naitre.
       Le Franc.
= Sentir le terroir, se dit d' un vin, qui a un certain goût, qui vient de la qualité du terroir; et figurément, d' un~ homme qui a le défaut qu' on atribûe ordinairement aux gens de son pays. L' Ab. Coyer dit à une Dame Anglaise: "Vous voulez toujours penser: c' est un vice de terroir.

TERTRE


TERTRE, s. m. [1re ê ouv. 2e e muet.] Éminence de terre dans une plaine. "Château situé sur un tertre. "Les énemis se portèrent sur un petit tertre.

TÉSORISER


*TÉSORISER. C' est ainsi qu' écrit La Touche. "Comme nous disons trésor, nous devrions dire de même trésoriser; mais l' usage est pour tésoriser. _ Cela est vrai pour la prononciation, mais non pas pour l' ortographe. On écrit thésauriser.

TESTACÉE


TESTACÉE, adj. et subst. [1reè moy. 3e é fer. 4e e muet.] Il se dit des animaux, tels que les coquillages. "Les animaux testacées, ou les testacées. "La tortûes, les moules, les huitres, les cancres, sont du genre des testacées.

TESTAMENT


TESTAMENT, s. m. TESTAMENTAIRE, adj. TESTATEUR, TRICE, s. m. et fém. TESTER, v. n. [Tèstaman, mantère, tès--ta-teur, trice, té: 1reè moy. 3e lon. aux deux premiers.] Testament est un acte authentique, par lequel on déclâre ses dernières volontés. "Testament pâssé pardevant Notaire; clôs et scellé; olographe; militaire, etc. "Faire son testament. Doner, léguer par testament. "Il l' a mis, ou il l' a oublié dans son testament. = L' Ancien Testament, les Livres Saints, qui ont précédé la naissance de J. C. Le Nouveau-Testament; les Livres Saints postérieurs à la naissance de J. C. _ Ils signifient aussi Loi ou alliance: L' Ancien Testament n' était que la figûre du Nouveau.
   TESTAMENTAIRE; qui concerne le testament. Disposition testamentaire; Exécuteur testamentaire: c' est tout l' usage de cet adjectif.
   TESTATEUR, TESTATRICE, celui, celle qui fait un testament. "La volonté, l' intention du Testateur a été que, etc. "La Testatrice a ordoné, etc.
   TESTER, Déclarer par un acte ce que l' on veut qui soit exécuté aprês sa mort. "Mourir sans avoir testé. "Un Religieux ne peut pas tester. = Au Palais on lui fait régir la prép. de: "Il n' a testé que de ses meubles.

TESTIMONIAL


TESTIMONIAL, ALE, adj. [Tèstimo--ni-al, ale: 1re è moy.] Qui rend témoignage. "Lettres, preuves testimoniales. C' est tout l' emploi de ce mot.

TêT


TêT, s. m. [Ê ouvert: on ne prononce point le t.] Morceau d' un pot de têrre câssé. "Ramasser des têts de pot. = Suivant l' Acad. on dit aussi tesson.

TÉTARD


TÉTARD, s. m. [1re é fer. on ne prononce point le d final.] Insecte noir, qui vit dans l' eau.

TêTE


TêTE, s. f. [1re ê ouv. et long. 2e e muet.] 1°. La partie de l' animal, qui tient au reste du corps par le cou, et qui est le siège des organes des sens, des yeux, des oreilles, etc. "Le devant, le derrière, le sommèt, le haut de la tête. "Lever, baisser, tourner, branler la tête. "Cheval qui porte bien sa tête, etc. = Tête, chef, (synon.) Le 2d de ces mots n' est d' usage, dans le sens litéral, que lorsqu' on parle des reliques des Saints; le chef de St. Jean, de St. Denis, etc. mais ils sont tous les deux forts usités dans le sens figuré; avec cette diférence, que le mot de tête convient mieux lorsqu' il est question de place ou d' arrangement, et que le mot de chef s' emploie très-proprement, lorsqu' il s' agit d' ordre ou de subordination. On dit, la tête d' un bataillon, et le chef d' une entreprise; être à la tête d' une armée et comander en chef: "Il sied bien au chef de marcher à la tête des troupes. GIR. Synon. "Être à la tête des afaires; en avoir la principale direction. = On dit de la persone la plus puissante ou la plus illustre d' un Royaume, que c' est la première tête de l' État. Le P. Grifet l' a dit de St. Pierre, par raport à l' Église. L' emploi de cette expression n' est pas de bon goût dans cette ocasion. = Tête entre dans plusieurs expressions, qui ne pâssent pas le style médiocre. Jeter une marchandise à la tête à, etc. l' ofrir à vil prix. _ Se jeter à la tête des gens, être trop facile à ofrir ses services; ne pas se faire rechercher. "Je voyois un établissement certain, qu' on me jetoit à la tête. MARIV. "Et voulez-vous que ces grands hommes se jettent à la tête, ou pour mieux dire aux pieds, des dispensateurs des grâces. Marm. = Sur sa tête, au péril de sa vie: "Vous en répondrez sur votre tête. Télém. = Tête à tête, adv. et s. m. "Le Calife arrive, et n' est point étoné de trouver son Visir en tête à tête avec Semire. Ann. Lit. _ Substantif, il est indéclinable. "Ses fréquens têtes à têtes. Merc. Il falait, quoiqu' au pluriel, ses tête à tête. _ On dit, en plaisantant, tête pour tête. "Mde. de B... que je trouvai l' autre jour tête pour tête, et qui ne se corrige point de dire des sotises. Sév. * La Bruyère le dit sérieusement. "Il lui est arrivé (au Distrait) de se trouver tête pour tête à la rencontre d' un Prince, se reconaitre à peine, et n' avoir que le loisir de se coller contre un mur pour lui faire place. Mais, dans cette phrâse, il a un aûtre sens, et signifie, nez à nez. = Tête baissée, aveuglément et sans réflexion. "Il a done tête baissée dans~ cette afaire, sans en remarquer les conséquences. _ Cette expression se prend en bone et en mauvaise part. = En tête, adv. Sans régime. On dit, être à la tête d' une armée, et non pas en tête d' une armée, comme dit Molière; mais on dit, avoir une armée en tête. _ Quelques-Écrivains font régir à l' adv. en tête la prép. de. "En tête de sa collection, dit M. Moreau: "En tête du dialogue dont il s' agit, etc. Linguet. L' Acad. dit à la tête, et il me semble que c' est l' usage. _ Mettre un homme en tête à quelqu' un; lui oposer quelqu' un capable de lui résister. _ Avoir ou se mettre en tête ou dans la tête, c. à. d. dans l' esprit: "J' ai en tête que cela réussira. "J' avais bien aûtre chôse dans la tête. "Il se mit en tête de tirer d' eux quelque avantage temporel. * Mde de Sévigné dit, se mettre à la tête. "Mde de Montespan se mit à la tête de faire une loterie. La Fontaine dit, se mettre en tête.
   Le Roi des animaux se mit un jour en tête
   De giboyer.
La dernière manière me parait la seule bone. Se mettre dans la tête est aûtre chôse: c' est s' imaginer
   ...Il s' est mis dans la tête
   Que, depuis qu' il me sert, Minerve lui sourit,
   Et se croit obligé de prétendre à l' esprit.
       Palissot.
= En faire à sa tête, ne point suivre de conseil
  Qu' on dise quelque chose, ou qu' on ne dise rien,
  J' en veux faite à ma tête: il le fit et fit bien.
       La Font.
"Vous avez beau dire: je n' en ferai qu' à ma tête. DESTOUCHES. = En avoir par dessus la tête: en avoir trop. "J' ai déjà de Marseille et de votre absence jusque là; et en même tems je porte ma main un peu au dessus des yeux. Sév. = Par dessus la tête signifie aussi, au dessus de notre portée, de notre capacité. "Ce livre, encôre qu' il nous pâsse cent piques par dessus la tête, ne laisse pas de nous amuser. Sév. = Ne savoir plus où doner de la tête; être fort embarrassé pour vivre où pour réussir dans une afaire. Mde de Sévigné dit plaisamment à sa fille: "Plut à Dieu que vous fussiez si pressée de mes bienfaits que vous fussiez contrainte de vous jeter dans l' ingratitude! Nous avons souvent dit que c' est la vraie porte pour en sortir honêtement, quand on ne sait plus où doner de la tête. = Faire tête, tenir tête, résister, s' oposer. "Il eut l' assurance de lui faire tête. "Turenne sauva l' armée batue (à Valenciènne) et fit tête par-tout à l' ennemi. Volt.
   Fais tête au malheur, qui t' oprime.
       Rouss.
  Ma foi, pour un Auteur c' est avoir du courage
  Que de venir ainsi faire tête à l' orage.
      La Chaussée.
C. à. d. d' assister à la première représentation de sa pièce. "Elle a tenu tête à son mari, à son frère. Wailly. Dans le propre, on dit, tenir la tête à quelqu' un (avec l' article.) Id. = Avoir de la tête, en parlant d' un homme, signifie pour l' ordinaire, avoir du jugement, de la conduite. "Ce général a de la tête: "Mr de... n' a point de tête. _ Il signifie aussi, être opiniâtre: "Cet enfant a de la tête: c' est une assez bone femme, mais elle a de la tête. = Être homme, ou femme de tête; avoir du sens et de la conduite. = Faire un coup de tête, se laisser emporter à la vivacité et faire une démarche peu réfléchie et imprudente. = On dit d' un vieillard qu' il a encôre toute sa tête, pour dire que, son esprit n' est point afaibli; et d' un homme troublé, qu' il n' a pas sa tête, qu' il a perdu la tête. "Je ne suis pas dans mon état ordinaire: je n' ai pas ma tête. = Avoir la tête chaude ou froide, s' emporter aisément, ou, conserver son sang froid. = Le Proverbe dit: Autant de têtes, autant d' opinions. = Parler de tête, c' est parler en public, sans avoir écrit ce qu' on doit dire. "Revenons à votre Discours; est-il bien éloquent? _ Je n' ai point fait de Discours: _ Ah! vous parlerez de tête? _ Précisement. Th. d' Éduc. Parmi les Prédicateurs, on dit, précher, parler d' abondance. = On dit, au propre, la tête me fend: j' ai un três-grand mal de tête. _ La tête me tourne, il me semble que les objets tournent avec moi. Au fig. "La tête lui tourne; il se trouble et s' aveugle dans la bone fortune. _ On dit aussi, dans le mode actif, tourner la tête à quelqu' un, le rendre fou.
   Mais Assan n' est qu' un fat...
   - - - Il a tout ce qu' il faut pour lui tourner la tête.
       LA CHAUSSÉE.
"Tout le monde croit que Mlle Amélie vous tourne la tête. Th. d' Éduc. "Bien des gens sont persuadés qu' on n' a point la tête tournée pour une femme sans de grandes espérances. Ibid. Il me semble qu' il ne fait pas si bien au participe. = Tourner tête (sans article) revenir aprês s' être enfui. "Les Troyens honteux se rallient et tournent tête. Mde Dacier; Iliade. "Les Lores tournèrent tête et l' envelopèrent. Let. Édif. = Perdre la tête. J' ai cru long--tems qu' il ne se disait qu' au figuré pour signifier, être troublé et ne savoir ce qu' on fait: mais j' ai vu que plusieurs Historiens l' emploient dans le propre pour, avoir la tête tranchée. "Dom De La Cerda fut pris et perdit la tête, avec laquelle tomba sa maison. Révol. d' Esp. "Le Parlement de Paris condamne le Maréchal Duc de Biron à perdre la tête. D' Avr. "Le Prince de Condé (en 1560) est arrêté et condamné à perdre la tête, ce qui ne fut pas exécuté. Hénaut. _ L' Acad. dit: on le condamna à avoir la tête tranchée; à perdre la tête sur un échafaud: elle ne dit point, perdre la tête, tout seul. = On dit aussi, en ce sens, payer de sa tête: "Ils payoient de leur tête quand ils étoient coupables. Ducerc. _ * Le P. Barre dit, au figuré, perdre tête, pour, perdre la tête. "Il perdit tête, dès qu' il vit les énemis prêts à monter à l' assaut. Hist. d' Allem. "Il perdit tête et se retira du champ de batâille. Ibid. On dit, perdit la tête. = Lever la tête, se montrer hardiment et sans respect humain. "Ceux, qui ne sont par assez sages pour condamner un si grand désordre, ne le sont pas assez pour lever la tête les premiers et pour doner des exemples contraires. Télém. = On dit aussi et plus souvent marcher, aler, la tête levée. "Il peut aler par-tout la tête levée. Rich. Port. On ne peut lui faire aucun reproche. = Crier à pleine tête, à tûe tête, rompre la tête: "Ils parloient tous ensemble et crioient à pleine tête. Hist. du Japon. L' expression est bâsse et peu digne, à mon avis du ton de l' Histoire.
   Qu' à chacun Jupiter acorde sa requête!
   Nous lui romprons encor la tête.
       La Font.
_ L' Acad. dit aussi en ce sens, crier du haut de sa tête. Celui-ci n' est pas fort en usage, ce me semble. = Se rompre ou se casser la tête à faire quelque chôse, s' y apliquer avec une grande contention. = * Cela ma pâssé de tête, c. à. d. je l' ai oublié; barbarisme d' expression, fort comun en Provence.
   2°. Tête se dit du sommèt des arbres. "Chêne, qui porte sa tête dans les nûes. "Couper un arbre par la tête. = 3°. Il se dit de certaines plantes et de certaines légumes: pour l' extrémité d' en haut: des têtes de pavot, d' artichaut, de chou; ou pour l' extrémité d' en bâs: la tête d' un ognon, d' un poireau. = 4°. La tête d' une épingle, le petit bouton arrondi, ajusté à l' extrémité, oposée à la pointe. La tête d' une aiguille; le bout, qui est percé pour l' enfiler, La tête d' un compâs, le sommet de l' angle, que forment les deux jambes en s' écartant. La tête d' un marteau ou d' une coignée; la partie, dans laquelle entre le manche, etc.

TETER


TETER, v. act. TETIN, s. m. TETINE, s. f. TETON, s. m. [1re e muet. Richelet écrit têter; d' autres tetter, tettin, tetton, avec 2 t: mais l' e étant muet, il ne faut ni accent circonflexe, ni double t _ Devant l' e muet, la 1re devient un è moy. et alors le double t est indiqué: on peut pourtant le remplacer par l' accent grâve sur l' e: il tette ou tète: il tettera ou tètera.] Teter, sucer le lait de la mamelle d' une femme, ou de la femelle de quelque animal. "Teter une femme, une vache, une chèvre, etc. = Teter de mauvais lait. Avoir teté de plusieurs laits; avoir eu plusieurs nourrices. = V. n. sans régime: "Cet enfant tette bien. Doner à teter à un enfant. "Il ne tette plus; il ne saurait plus teter. = Teton ne se dit que de la mamelle d' une femme; tetin du bout de la mamelle soit aux hommes, soit aux femmes; tetine du pis de la vache, ou de la truie, considéré comme bon à manger.

TêTIèRE


TêTIèRE, s. f. [L' ê circonflexe de la 1re syllabe n' est mis là que pour l' étymologie: il est moy, comme celui de la 2e: tè-tiè-re.] 1°. Petite coife de toile, qu' on met aux enfans nouveaux nés. = 2°. Cette partie de la bride, qu' on met autour de la tête d' un cheval.

TETIN


TETIN, TETON. Voy. TETER.

TETTE


TETTE, s. f. [Tète: 1reè moy. 2e e muet.] Il ne se dit que du bout de la mamelle des femelles des animaux: "Tette de chèvre, de truie, etc.

TêTU


TêTU, ÛE, adj. [L' ê circonflexe n' est que pour l' étymologie: il est moyen: tè--tu, tû-e.] Opiniâtre, qui a de la tête. "Il est fort tètu: c' est la femme du monde la plus tètûe. Voy. ENTêTÉ. = Tètu, Entêté, Opiniâtre, Obstiné (Synon.) Le têtu veut ce qu' il veut: l' entêté croit ce qu' il croit: l' opiniâtre veut avoir raison contre toute raison: l' obstiné veut, malgré tout ce qu' on lui opôse. Le têtu ne se soucie pas de ce que vous dites: l' entêté ne l' écoute seulement pas: l' opiniâtre ne s' y rendra jamais: l' obstiné s' en irrite plutôt que de céder. Extr. des Syn. Fr. de M. l' Ab. Roubaud.

TEXTE


TEXTE, s. m. [Tèkste: 1reè moy. 2e e muet.] Les propres paroles d' un Auteur. "Le texte de l' Écritûre. "Le Texte d' Aristote, d' une Loi, etc. "La glôse est souvent plus obscûre que le texte. = En parlant de Sermon, passage de l' Ecritûre sainte qu' un Prédicateur prend pour sujèt, et qu' il cite au comencement du Sermon. = On dit, proverbialement, revenir à son texte, au sujet principal, dont il est question.

TEXTILE


TEXTILE, adj. [Tèkstile: 1reè moy. 3e e muet.] Qui peut être tiré en filèts propres à faire un tissu. "Le verre sortant du feu est textile. "L' amiante est une pierre textile.

TEXTûRE


TEXTûRE, s. f. [Tèkstûre: 1re è moy. 2e lon. 3e e muet.] Ce qui fait qu' une chôse est tissûe. Le tissu, la liaison des parties d' un ouvrage. Il est peu d' usage au propre: on dit, au figuré, la textûre d' un ouvrage, (d' esprit) la textûre d' une pièce de Théatre, etc.

THAUMATURGE


THAUMATURGE, s. m. [Tomaturge. _ On a dit anciènement, taumaturge.] Faiseur de miracles. C' est un mot grec.

THÉATRAL


THÉATRAL, ALE, adj. THÉâTRE, s. m. [Té-atral, trale: téâtre: 1re é fer. 2e lon. au 3e. = L' Acad. et les autres Dictionaires mettent un accent circonflexe sur l' a des deux prem; mais l' a n' y étant pas long, cet accent n' y est pas mis à propôs.] Théâtre est 1°. Sorte d' échafaud, sur lequel on représente des Tragédies, des Comédies, etc. "Pièce de Théâtre: écrire, travailler pour le Théâtre, etc. = 2°. La profession de Comédien. "Monter sur le Théâtre: il était né pour le Théâtre; il a quité le Théâtre. _ Renoncer au Théâtre, se dit et du Poète et du Comédien. = 3°. Les règles de la Poésie dramatique. "Cet Auteur n' entend pas le Théâtre. "Les règles, la pratique du Théâtre~. "On dit qu' on a purgé le Théâtre, tout le monde n' en convient pas. Un mauvais plaisant a dit qu' il aurait encôre besoin de plus d' une purgation. _ Coup de Théâtre, évènement imprévu pour les Spectateurs, mais préparé par l' Auteur. Acomoder un sujèt au Théâtre, le disposer de telle sorte qu' il puisse être représenté. = 4°. Ce mot est três-beau au figuré. "Cette île (l' Angleterre), n' aguère si florissante, n' est qu' un hideux théâtre d' horreur. Patru. "Flandre, théâtre sanglant, où se passent tant de Scènes tragiques. FLÉCHIER. "La Cour est le vrai théâtre de la Politique. "La Flandre a été souvent le théâtre de la guerre. "Sur ce théâtre changeant et mobile (la Cour) où la scène varie à chaque instant, où, sous les aparences du repos, règne le moûvement le plus rapide, etc. Neuville. "Le plus grand théâtre qu' il y ait pour la vertu, c' est la conscience. D' OLIV. Pens. de Cic. = Roi de Théâtre; Prince sans autorité. "Soit qu' elle apréhendât de faire de l' Archiduc un Roi de Théâtre. D' AVR.
   Rem. Théâtre se prend quelquefois pour un Recueuil de Pièces de Théâtre. Ainsi l' on dit: le théâtre de Corneille; le théâtre de Molière; le théâtre des Grecs. Le Théâtre anglais, etc. = Le Traducteur de l' Hist. d' Angl. d' Hume emploie théâtre pour Scène. "On mit de l' adresse à préparer ce théâtre inatendu. Il s' agissait de négociations secrettes, auxquelles il fallait préparer les esprits avant que de les publier. Il falait donc dire; à cette scène inatendûe. Le Théâtre est , même au figuré, le lieu où se pâssent les évènemens: les Scènes sont ces mêmes évènemens, qui se pâssent ou se représentent dans ce lieu. L' Auteur devait du moins dire, à ce coup de Théâtre inatendu. Peut-être l' avait-il dit et coup de aura été omis dans l' impression.
   THÉATRAL, qui a raport au théâtre. "Action, expression, manière, déclamation théâtrale. Il se prend souvent en mauvaise part, et se dit pour blâmer.

THÉïèRE


THÉïèRE, s. f. [Té-iè-re: 1re é fer. 2e è moy. et long, 3e e muet. = On dit cafétière et non pas caféière, mais on dit théière et non pas thétière, comme disent plusieurs.] Vâse pour faire infuser le thé. "Le thé qu' on aporte en Europe à souvent bouilli plus d' une fois dans les théïères chinoises. Ann. Litt.

THÉïSME


THÉïSME, THÉïSTE. C' est la même chôse que Déïsme, Déïste.

THèME


THèME, s. m. [Tème: 1reè moy. 2e. e muet.] 1°. Dans le style didactique, sujèt, matière, proposition. "Il n' a pas bien pris, bien suivi son thème. Ce qui se dit fig. st. famil. de tout homme, qui a avancé quelque chôse mal-à-propôs devant certaines gens. _ Aûtrefois, on employait plus souvent thème pour sujèt, ou pour texte. "Il le déclara par un beau discours sur le même thème, que Jean Gerson avoit déjà pris pour le sujet de la harangue qu' il fit. Maimb. = 2°. Ce qu' on done aux Ecoliers à traduire. Doner, dicter un thème, _ On dit thème du sujèt français que l' écolier doit traduire en latin, et version du sujèt latin, qu' il doit traduire en français. = Il se dit aussi de la composition de l' écolier. "Il a bien fait son thème. Corriger un thème. = En st. prov. Faire son thème en deux façons c' est dire la même chôse en deux manières diférentes; répéter en d' autres termes ce que l' on a déjà dit.
   THÉMIS, s. f. [On prononce l' s finale: témis.] Déesse de la fable. _ Poétiquement, la Justice
   ....Le glaive de Thémis,
   Ce grand soutien du trône, à lui seul est remis.
       Mérope.

THÉOCRATIE


THÉOCRATIE, s. f. THÉOCRATIQUE, adj. [Té-okraci-e, tike: 1re é fer. dern. e muet.] Ils se disent d' une espèce de Gouvernement où les chefs de la Nation ne sont regardés que comme les Ministres de Dieu, dont l' autorité immédiate se manifeste par des signes visibles. "Le Gouvernement des Hébreux sous les Juges, était une véritable théocratie, un gouvernement théocratique.

THÉOGONIE


THÉOGONIE, s. f. Il signifie proprement, Naissance des Dieux; et on le dit de tout Système religieux imaginé par les Païens. "La théogonie des Égiptiens, des Grecs, etc. _ La Théogonie d' Hésiode; son ouvrage sur cette matière.

THÉOLOGAL


THÉOLOGAL, s. m. THÉOLOGALE, subst. et adj. fém. [1re é fer. l' h est muette, ainsi que dans tous les mots composés de théo, qui en grec signifie Dieu.] Théologal, Chanoine institué anciènement pour enseigner la Théologie. Dans la plupart des Chapitres, ce n' est plus qu' un titre sans fonctions. Théologale est la qualité, la dignité de Théologal. "Il a la théologale d' une telle Église. = Adj. Il se dit des vertus, qui~ ont Dieu principalement pour objèt. "La Foi, l' Espérance, la Charité sont les trois vertus théologales.

THÉOLOGIE


THÉOLOGIE, s. f. THÉOLOGIEN, s. m. THÉOLOGIQUE, adj. THÉOLOGIQUEMENT, adv. [Té-ologi-e, gien, gike, ke--man: 1re é fer. 5e e muet.] Théologie est la science, qui a Dieu et la Religion pour objèt. Théologien, qui sait la Théologie. Qui a écrit sur la Théologie. Théologique, qui concerne la Théologie. Théologiquement, d' une manière théologique. En théologien. "Leçon, Traité, Question, chaire de Théologie. Enseigner la Théologie. Étudier en Théologie. Faire sa théologie, son cours de Théologie. "Docte, profond, subtil théologien. "Matière, question théologique. "Traiter une matière théologiquement.
   Rem. On dit, familièrement, d' un homme du monde, qui dogmatise, qu' il fait le théologien. On le dit en ce sens au fém. "Cette femme fait la théologienne. La mode en est pâssée. Les femmes aujourd'hui ne se piquent pas de théologie, mais de Philosophie.

THÉORèME


THÉORèME, s. m. [1reé fer. 3e è moy. 4e e muet.] Chez les Mathématiciens; Proposition d' une vérité spéculative qu' on peut démontrer. Il difère de Problème, en ce que celui-ci est une proposition de vérité pratique. Ainsi; cette proposition: les trois angles d' un triangle rectiligne sont égaux à deux droits, est un théorème: construire un triangle équilatéral est un problème.

THÉORIE


THÉORIE, s. f. THÉORIQUE, adj. THÉORIQUEMENT, adv. [Té-ori-e, rike, rikeman: 1re é fer. 4ee muet.] Théorie, conaissance, qui s' arrête à la simple spéculation sans pâsser à la pratique. On dit avec raison de beaucoup de gens qu' ils ont plus de théorie que de pratique; et de beaucoup de chôses, qu' elles sont belles en théorie, et dangereuses dans la pratique; que la théorie en est belle, mais que la pratique en est dificile. "Le Comte de Saxe joignait une théorie profonde à la pratique. Volt. "Réduire la théorie en pratique n' est pas toujours une chôse fort aisée. = Théorique, qui apartient à la théorie. "Ce que vous dites est pûrement théorique.= Théoriquement, d' une manière théorique. "Traiter une matière théoriquement.
   Rem. Le Traducteur du Voyage d' Anson, parle de la Morale théorique des Chinois. Ce mot est un anglicisme. = Théoricien est un mot de J. J. Rouss. "C' est au Musicien d' avoir du génie et du goût pour trouver les chôses d' effet.: C' est au Théoricien à en chercher les caûses et à dire pourquoi ce sont des chôses d' effet. _ M. Linguet dit Théoriste: ni l' un ni l' autre de ces deux mots n' est encore admis par l' Usage: l' un des deux serait utile. Mon goût serait pour Théoricien. = Il est reçu. MARIN.

THÉRIACAL


THÉRIACAL, ALE, adj. THÉRIAQUE, s. f. [Téri-akal, kale, téri-ake: 1reé fer. = La Touche écrit tériaque et remarque que ce mot est masc. ou fém. mais plus souvent fém. Le P. Rapin lui a doné le premier genre: son thériaque: mais Richelet remarque que l' Acad. et tous les bons Auteurs font ce mot fém. Aujourd'hui, il n' y a plus de doute: tout le monde dit de la thériaque, et non pas du thériaque.] Thériaque est une composition médicinale en forme d' opiat, servant de cordial et d' antidote, et dont la bâse est la chair de vipère. = Thériacal, qui a la vertu de la thériaque. "La Scorsonère est une herbe thériacale.

THERMAL


THERMAL, ALE, adj. THERMES, s. m. pl. [L' h est muette: 1re ê ouv. 2e e muet au 3e.] Thermes, bâtimens destinés, chez les Anciens, pour y prendre les bains. _ Eaux thermales; eaux minérales chaudes. C' est tout l' emploi de cet adjectif.

THERMOMèTRE


THERMOMèTRE, s. m. [1re ê ouv. 3e è moy. 4e e muet.] Instrument de Physique, fait pour indiquer les degrés de chaleur ou de froid, par le moyen de la liqueur, qui est renfermée dedans.
   Quand vous êtes sans fonds, vous êtes amoureux;
   Et quand l' argent renait, votre tendresse expire,
   Votre bourse, est, Monsieur, puisqu' il faut vous-le dire,
   Un thermomètre sûr, tantôt bâs, tantôt haut,
   Marquant de votre coeur ou le froid, ou le chaud.
       Le Joueur.

THÉSAURISER


THÉSAURISER, v. n. [Tésorisé: 1re et dern. é fer.] Amasser des trésors. "Il, ou elle thésaurise. = La Touche écrit tésoriser. Mde B... tantôt thésoriser, et tantôt thésauriser. "La persévérance des Papes à thésoriser, pour ainsi dire, leur puissance et leurs prétentions, pendant les Siècles d' ignorance. Hist. d' Angl. _ Outre le vice de l' ortographe, on peut remarquer l' emploi de ce mot à l' actif et au figuré, que le correctif, pour ainsi dire, n' excûse qu' imparfaitement. Cette métaphôre est de l' Auteur (David Hume) et le génie de la Langue anglaise peut la comporter; mais le Traducteur n' aurait pas dû la copier servilement. = * M. Necker a employé thésaurisation. "L' esprit de thésaurisation si nuisible. _ C' est un néologisme heureux, à mon avis. = M. Linguet a dit Thésauriseur. "Qu' en résultera-t' il contre ce fortuné thésauriseurs. _ Cela peut être bon dans le style plaisant ou critique.

THèSE


THèSE, s. m. [Tèse: 1reè moy. et long; 2e e muet.] Il se dit 1°. En général de toute sorte de propositions, de questions dans le discours ordinaire. "Thèse générale, ou particulière. "Ce n' est pas la thèse: vous sortez de la thèse: vous changez la thèse. = On dit, fig. st. famil. Soutenir thèse pour quelqu' un, prendre son parti. = On dit aussi, cela change la thèse, pour dire que cela change la position des chôses. = 2°. Propositions qu' on soutient publiquement dans les Écoles. "Thèse de Philosophie, de Théologie, de Droit, de Médecine. = 3°. La dispute des Thèses. "Soutenir une thèse: assister, présider, argumenter à une thèse. = 4°. Feuille imprimée, qui contient plusieurs propositions qu' on doit soutenir publiquement. "Belle thèse: thèse de satin. "Distribuer, aficher, présenter des thèses.

THÉURGIE


TÉURGIE, s. f. [Té-urgie: 1re é fer.] Espèce de magie, par laquelle les Philosophes Païens croyaient entretenir comerce avec les Divinités bienfaisantes.

THIARE


THIARE, Voy. TIâRE.

THON


THON, s. m. Grôs poisson de mer, qui vient de l' Océan, mais qui vient se faire prendre sur les côtes de Provence, d' Italie, etc. dans la Méditerranée. Manger du thon. Une hûre, une rouelle de thon. "Du thon mariné.

THRôNE


THRôNE. Voy. TRôNE.

THURIFÉRAIRE


THURIFÉRAIRE, s. m. [Turiférère: 3e é fer. 4e è moy. et long; 5e e muet.] Le Clerc, dont la fonction est de porter l' encensoir et la navette où est l' encens. = * M. l' Ab. Sabatier de Castres a forgé thuribulaire. "Qu' il exerce infatigablement ses fonctions thuribulaires au pied des Autels de M. de Voltaire. _ Ce sont de ces mots que la critique ou la satire fabriquent au besoin, et qui ne sont souvent pas bons à être répétés, même dans ce style.

THYM


THYM, s. m. [Tein.] Plante odoriférante. "Fleurs, bouquet de thym. Eau de thym.

THYRSE


THYRSE, s. m. [Tirse et non pas tier--se.] Javelot environé de pampre et de lierre, dont les Bachantes étaient armées.

TIâRE


TIâRE, s. f. [2e lon. 3ee muet. Quelques Auteurs ou Imprimeurs ont écrit thiâre.] Ornement de tête aûtrefois en usage chez les Perses et d' autres peuples de l' Orient; et qui servait aux Princes et aux Sacrificateurs.
   Dès long-tems, elle hait cette fermeté râre,
   Qui rehausse en Joad l' éclat de la Tiâre.
       ATHALIE.
_ Aujourd'hui, on ne le dit que d' un bonèt orné de trois courones, que le Pape porte dans les grandes cérémonies. _ De--là on dit, porter la tiare, pour dire, être Pape.

TIC


TIC, s. m. Au propre, Maladie, qui vient aux chevaux, et qui fait que de tems en tems ils ont une espèce de moûvement convulsif, qui leur fait prendre et ronger la mangeoire avec les dents. = Par extension, on le dit d' une sorte de moûvement convulsif, auquel quelques persones sont sujettes. = Fig. Habitude ridicule, qu' on a contractée sans s' en apercevoir. "Il racomode toujours sa perruque: c' est son tic.
   Autrefois son père.....
   Ici même un beau jour, s' escamota du monde,
   C' est un tic de famille....
       Sidney.
= Avoir le tic régit de et l' infinitif. "Pour exprimer les chôses les plus simples, vous avez le tic de n' employer que le langage le plus ridiculement guindé. Tart. Épist. = Tic, Manie (Synon.) Le 1er regarde plus particulièrement les habitudes du corps, et le 2d les travers de l' esprit. Le tic est désagréable, et la manie déraisonable. Le tic est une pente qui nous entraîne sans que nous nous en apercevions: la manie est un penchant, auquel nous nous livrons. On voudrait se défaire de son tic: on se complait dans sa manie. = Au fig. le tic est une manie plus puérile, plus ridicule, que digne d' une censure sévère. Le tic est plus bête: la manie est plus folle. Le tic n' est qu' une habitude: la manie est une sorte de passion. Extr. des Syn. Fr. de M. l' Ab. Roubaud.

TIQUE


TIQUE, s. f. [Tike: 2e e muet.] Insecte noirâtre, qui s' atache aux oreilles des chiens, des boeufs, dont elle suce le sang.

TIèDE


TIèDE, adj. TIèDEMENT, adv. TIÉDEUR, s. f. TIÉDIR, v. n. [Tiè-de, de--man; tiè-deur, di: 1re è moy. aux 2 prem. é fer. aux deux dern. 2e e muet au 1er et au 2d.] Tiède, qui est entre le chaud et le froid. Il se dit au propre et au figuré "De l' eau tiède. "Un ami, une amitié, une dévotion tiède. = Tièdement ne se dit qu' au figuré: avec nonchalance. "Il sert ses amis comme il sert Dieu, fort tièdement. = Tiédeur, qualité de ce qui est tiède. "Cette eau a encôre quelque tiédeur. = Fig. Défaut d' activité et de ferveur. "Servir Dieu, ou, ses amis, remplir ses devoirs avec tiédeur. "La tiédeur dans le service de Dieu est un état dangereux. = Tiédir, devenir tiède: "Faire, laisser, tiédir de l' eau. Voy. ATTIÉDIR. Il ne se dit qu' au propre.

TIEN


TIEN, TIENNE, ou TIèNE, pronom possessif relatif. [Tien, monosyllabe; tiène; 1re è moy. 2e e muet. _ On disait aûtrefois toyen, toye, comme venant de toy.] Il est toujours précédé de l' article. "C' est là mon livre: voilà le tien. "Je prends ma part, prends la tienne. Et ainsi, les tiens, les tiennes. Voy. MIEN = Tien est aussi s. m. Le bien, qui t' apartient. "Tu veux le tien, cela est juste. "Le tien et le mien sont la cause de tous les procês. = Les tiens, tes proches, tes aliés. "Ils ne se soucient de toi, ni des tiens.

TIERCE


TIERCE, s. f. [Tiêr-ce: 1reê ouv. 2e e muet.] 1°. En Musique, intervale composé de deux sons entre lesquels il n' y en a qu' un. "Tierce majeure, comme, ut mi: Tierce mineure, comme re fa, etc. = 2°. Au jeu de Piquet, trois cartes d' une même couleur, qui se suivent. = 3°. En termes d' Escrime, bote qu' on porte ayant le poignet en dedans, dans une situation horisontale, et au dessus du brâs de l' énemi, en laissant son épée à droite. = 4°. La seconde des Heures canoniales, apelées, les petites heures: Prime, Tierce, Sexte et None. = 5°. En termes d' Imprimerie, La troisième épreuve. = 6°. La 60e partie d' une seconde, comme la seconde est la 60e partie d' une minute, et celle-ci la 60e partie d' une heure.

TIERCELèT


TIERCELèT, s. m. [Tiêr-celè: 1re ê ouv. 2e e muet, 3eè moy.] Nom comun aux mâles de quelques oiseaux de proie.

TIERCEMENT


TIERCEMENT, s. m. TIERCER, v. n. [Tiêr-ceman, : 1re ê ouv. 2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Ils expriment l' augmentation du tiers du prix aprês une adjudication faite. "Tiercer, ou faire un tiercement.

TIERÇON


TIERÇON, s. m. [Tiêr-son: 1re ê ouv.] Mesure de liquides, qui contient le tiers d' une mesûre entière. = C' est aussi le tiers d' une barique renfermant des marchandises solides. "Un tierçon de sucre, de café.

TIERS


TIERS, TIERCE, adj. [Tiêr, monos. tier-ce: 1re ê ouv. 2ee muet.] Troisième. Celui ci a un emploi plus étendu: celui de tiers est plus borné. "Un tiers arbitre: le tiers parti. "Parler en tierce persone. "De cette succession, il ne lui revient qu' une tierce partie. = Fièvre tierce, qui revient de deux jours l' un; double tierce, dont les accês reviènent tous les jours; double tierce continûe, dont les redoublemens reviènent dans les mêmes intervales. = Tiers État, la partie des habitans du Royaume, qui n' est comprise, ni dans le Clergé, ni dans la Noblesse. = S. m. En parlant des chôses, la 3e partie. "Je vous en ofre le tiers. "Un aûne et un tiers, et deux tiers. "Le tiers de neuf est trois. _ En parlant des persones, une 3e persone. "Il survint un tiers. "Se mettre en tiers avec, etc. "Il faut prendre un tiers, qui ne soit point intéressé dans l' afaire. "Nous n' avons pas besoin de tiers pour nous acomoder. "Le droit du tiers. Servir de tiers dans une partie de jeu. _ Le tiers et le quart (st. famil.) Tout le monde, toutes sortes de persones. "Conter ses afaires au tiers et au quart. = Tierce, s. f. Voy. plus haut, avant Tiercelet.

TIGE


TIGE, s. f. [2e e muet.] 1°. La partie de l' arbre, qui sort de la terre et qui pousse des branches. "Laisser monter la tige d' un arbre. = 2°. On le dit des plantes. "Tige de lis, de pavot. Plante à plusieurs tiges. "Laisser mourir une fleur sur sa tige.
   Triste reste de nos Rois,
   Chère et dernière fleur d' une tige si belle,
   Hélas! Sous le couteau d' une mère cruelle,
   Te verrons-nous tomber une seconde fois.
       Athalie.
= 3°. La tige d' une bote: la partie, qui est depuis le pied jusqu' à la genouillère. 4°. en termes de Généalogie, la branche principale à l' égard des branches cadettes, qui en sont sorties. = Faire tige se dit d' un homme, qui a acquis la noblesse pour lui et pour ses descendans. * Bossuet se sert de cette expression en parlant de certains Hérétiques. "Tout cela, dit-il, s' est évanoui et n' a pas fait tige dans l' Église. _ Je crois que l' aplication de cette expression familière est déplacée dans cette ocasion.

TIGNE


*TIGNE, TEIGNE, s. f. La Touche avertit de ne pas confondre l' un avec l' aûtre. Selon lui, le 1er est une sorte d' insecte, qui ronge les étofes; et le 2d une vilaine gale, qui s' atache à la tête. _ L' Acad. dit teigne pour tous les deux; et c' est l' usage actuel.

TIGNASSE


TIGNASSE, Voy. TEIGNASSE.

TIGNON


TIGNON, s. m. TIGNONER, v. act. [Mouillez le g.] La partie des cheveux, qui est derrière la tête. Il ne se dit que des femmes; et en parlant des femmes du peuple, leur coifûre. = Tignoner, mettre en boucle les cheveux du chignon. = Se tignoner, se prendre par le tignon. "Ces deux harangères se sont tignonées, se sont arrachées le tignon.
 

TIGRE


TIGRE, TIGRESSE, s. m. et f. [Tigre, tigrèce: 2e e muet au 1er, è moy. au 2d.] Bête féroce, dont le poil est moucheté, qui ressemble à un chat, quant à la forme, mais qui est beaucoup plus grand. = Fig. Homme dur et méchant. Femme méchante et cruelle. "C' est un tigre, un coeur de tigre. "Cette femme, cette mère, est une tigresse.
   C' est un tigre altéré de tout le sang romain.
       Corn.
  Ce tigre, que jamais je n' abordai sans crainte,
  Soumis, aprivoisé, reconoit un vainqueur.
  Aricie a trouvé le chemin de son coeur.
       Phèdre.
Quand il est seul et sans épithète, il n' est que du st. famil. = Adj. Il se dit d' un chien, d' un cheval, tavelé et moucheté à peu près comme les tigres. "Chien tigre, cheval tigre. = On dit aussi, chien, cheval tigré; chiène, cavale tigrée. On dit, proverbialement, jaloux comme un tigre. "Est-il  jaloux? _ Comme un tigre. Dest.

TIGRERIE


TIGRERIE, s. f. C' est un mot de Mde de Sévigné. "Dieux, que j' aime la tigrerie! C' est le métier des beaux esprits. Style badin.

TILLAC


TILLAC, s. m. [Ti-gliak, mouillez les ll.] Le plus haut point d' un vaisseau. "Se promener sur le tillac.

TILLE


TILLE, s. fém. TILLEUL, s. m. [Ti--glie, ti-glieul: mouillez les ll: 2ee muet au 1er.] Tilleul, arbre dont le bois est blanc, tendre, léger et propre pour plusieurs ouvrages: Une alée de tilleuls. "L' écorce du tilleul sert à faire des cordes à puits, etc. = Tille, la petite peau fine et déliée, qui est entre l' écorce et le bois du tilleul. "On fait des cordes à puits avec de la tille.
   Rem. Les Jardiniers disent tillau. L' Acad. avait dit, que quelques-uns disaient Tillot: elle n' en parle plus dans les autres éditions, et ne dit que tilleul.

TILLER


*TILLER, ou TEILLER. Suivant Richelet, le premier est plus du bel usage. L' Acad. pourtant ne dit que le 2d. Voy. TEILLER.

TIMBALE


TIMBALE, s. fém. TIMBALIER, s. m. [Teinbale, balié: 1re lon. 3ee muet au 1er, é fer. au 2d.] Timbale est 1°. une espèce de tambour à l' usage de la Cavalerie, dont la caisse est de cuivre en forme de demi-globe, et couverte d' une peau corroyée. On l' emploie au pluriel en ce sens. "Une paire de timbales. "Barre des timbales. = Les soldats et le peuple le disent au singulier de la marmite: faire bouillir la timbale. = 2°. Au sing. aussi, sorte de gobelet, qui a la forme de timbale. = 3°. Au plur. petites raquettes couvertes de peau des deux côtés, dont on se sert pour jouer au volant.

TIMBRE


TIMBRE, s. m. TIMBRER, v. act. [Tein--bre, bré: 1re lon. 2e. e muet au 1er, é fer. au 2d.] Timbre, est 1°. cloche qui n' a point de batant en dedans, et qui est frapée en dehors par un marteau. "Le timbre d' une horloge. = C' est aussi le son que rend le timbre. "Ce timbre est trop éclatant. = Fig. On le dit de la voix, en parlant des Musiciens et des Orateurs. "Voilà un beau timbre.
   Et par un timbre heureux, cet organe vainqueur,
   Murmure à son oreille et va toucher son coeur.
       Le Suirre.
  Des sons si bien filés, un timbre si brillant.
      Palissot.
= 2°. Marque imprimée au papier, ou au parchemin, dont on se sert pour les actes judiciaires. = 3°. En termes d' Armoiries, le casque qui est au-dessus de l' écu. = 4°. En st. prov. la tête de l' Homme. "Il a le timbre félé. "Ce vin lui a doné dans le timbre.
   ......Il a si bien veillé
   Et si bien fait, qu' on dit que son timbre est brouillé.
       Les Plaideurs.
  TIMBRER, se dit dans le second sens de Timbre. "Timbrer du papier, du parchemin. "Du papier, du parchemin timbré. = Le participe se dit aussi dans le 4e sens: cerveau mal timbré; cervelle, tête mal timbrée; un écervelé, un fou. "Il y a déja quelque tems que je m' aperçois qu' il est un peu timbré. Th. d' Éduc. _ L' Acad. ne le dit qu' avec mal.
   Qu' il ne fasse point voir ces traits de pétulance,
   Ces actions de fou, ces airs évaporés,
   Dignes productions des cerveaux mal timbrés.
       Le Distrait.

TIMIDE


TIMIDE, adj. TIMIDEMENT, adv. TIMIDITÉ, s. f. [3e e muet aux deux prem. de, deman.] Timide, craintif. Il se dit des persones et des chôses qui ont raport aux persones, ou qui sont personifiées. "Les femmes sont naturellement timides. "Il a l' air timide; il est fort timide; il a l' air embarrassé avec les persones qu' il ne conait pas. _ Les timides conseils, la timide vertu, la timide équité. = Timidement, avec timidité: agir, parler timidement. = Timidité, qualité de celui qui est timide. "Il est d' une grande, d' une extrême timidité. "Sa timidité l' empêche de faire paraitre tout son esprit. "La timidité est le premier éfet de l' amour-propre: le mépris pour les autres sufit souvent pour l' audace. Duclos. "La timidité ne se corrige guère par de simples avis, encore moins par des reproches: elle ne se corrige que par l' usage du monde. L' Ab. Trublet.

TIMON


TIMON, s. m. TIMONIER, s. m. [3e é fer. au 2d; timo-nié.] Timon est, 1°. Pièce de bois du train de devant d' un carrosse ou d' un charriot, à laquelle on atèle les chevaux. "Lever, abaisser le timon. = 2°. La bârre du gouvernail d' un vaisseau. "Tenir, gouverner, manier le timon. Abandoner le timon. = Fig. Prendre le timon des afaires, en prendre le gouvernement. Cette expression est tout au plus du style médiocre.
   TIMONIER, celui qui gouverne le timon d' un vaisseau. "Un coup de canon emporta le Timonier.

TIMORÉ


TIMORÉ, ÉE, adj. [3e é fer.] Qui est pénétré de la crainte d' ofenser Dieu. L' usage de ce mot est borné. On ne le dit qu' en style de dévotion. "Ame timorée, conscience timorée. _ On ne s' en sert point au masculin: on ne dit point, homme timoré, esprit timoré.
   M. le Chev. Des Sablons dit ironiquement. "Les censeurs de Despreaux, comme ils ont l' âme fort timorée, prétendent que le genre satirique est également contraire à la probité et à l' honeur.

TINE


TINE, ou TINETTE, s. f. [2ee muet au 1er, è moy. au 2d: Tinète.] Le premier est peu usité; et l' on se sert ordinairement du second. Petite cuve: vaisseau de bois qui n' est point couvert.

TINTAMâRRE


TINTAMâRRE, s. m. *TINTAMARRER, v. n. [Teintamâre, ré: 3e lon au 1er; l' r forte.] Tintamârre; bruit éclatant, acompagné de confusion et de désordre. "Quel est donc ce tintamârre? D' où vient ce grand tintamârre? = * Tintamarrer, faire du tintâmârre. _ Le Dict. de Trév. dit qu' il est bâs: il en done des exemples, sans nom d' Auteurs. _ Suivant l' Académie, il est populaire.

TINTEMENT


TINTEMENT, s. m. TINTER, v. act. et neut. TINTOUIN, s. m. [Tein-teman, , touin: 1re lon. 2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Tinter, faire soner lentement une cloche, en sorte que le batant ne touche que d' un côté. "Tinter la grosse, la petite cloche: tinter la Messe, le Sermon, etc. = V. n. "La cloche, la Messe, le Sermon tinte. "On tinte à la Paroisse. _ Faire tinter un verre; lui faire rendre un son pareil à celui d' une petite cloche. Voy. OREILLE.
   Je me laisse entrevoir et disparois toujours.
   Dieu sait si le cerveau de plus en plus lui tinte.
       Piron.
= Tintement est, 1°. Le bruit, le son d' une cloche, qui continûe pendant quelque tems en diminuant, aprês que le coup a frapé. = 2°. Sensation, qu' on éproûve quelquefois sans caûse extérieûre, comme si l' on entendait le tintement d' une cloche. "Avoir des tintemens d' oreilles. = Tintouin, bourdonement, bruit dans les oreilles, st. famil. = Fig. même style; inquiétude qu' on a du succês de quelque chôse: avoir du tintouin. "Doner à quelqu' un du tintouin.

TIQUER


TIQUER, v. n. [Tiké: 2eé fer.] Avoir le tic. "Ce cheval tique. Il ne se dit qu' au propre. Quelques-uns disent au figuré, être tiqué, frapé sur. "Il est tiqué là-dessus. Cette expression est tout au moins douteûse.

TIQUETÉ


TIQUETÉ, ÉE, adj. [Tiketé, té-e: 2e e muet, 3e é fer.] Qui est marqué de petites taches. "OEillet tiqueté.

TIRADE


TIRADE, s. f. Longue suite de phrâse ou de vers sur le même article. "Il y a de belles tirades dans ce sermon, dans ce Poème. = On dit, familièrement, tirade d' injûres, de sotises.
   Où va cette tirade? elle est pourtant fort belle.
   - - - Parbleu, c' est à propos de la pièce nouvelle.
       La Chaussée.
"Point de tirade d' écolier, de ces maximes triviales, qui remplissent le vide de l' action. Volt. "Avec quel étonement, quelle indignation même entendroient-ils les aplaudissemens~ donés aux tirades impies, scandaleuses et déplacées de nos Tragédies. Rigoley de Juvigny. = Tout d' une tirade, tout de suite, sans s' arrêter. "Il nous a dit une centaine de vers tout d' une tirade, st. famil.

TIRAGE


TIRAGE, s. m. Action de tirer. "le tirage des pierres qu' on tire de la carrière, d' un bateau, par les chevaux qui le tirent. Le tirage d' une feuille d' impression, d' une estampe. Le tirage d' une loterie. = En parlant des chevaux qui tirent les bateaux, tirage se dit aussi de l' espace qu' on laisse libre pour le passage sur les bords des rivières.

TIRâILLEMENT


TIRâILLEMENT, s. m. TIRâILLER, v. act. et neut. TIRâILLEUR, s. m. [Tirâ--glie-man, glié, glieur: 2e lon. 3e e muet au 1er, é fer. au 2d; mouillez les ll.] Tirâiller, actif, tirer une persone à plusieurs reprises, avec importunité, ou avec violence. "Cessez donc de me tirâiller de la sorte. "Les Sergens le tirâillèrent longtemps. = Fig. Importuner, presser. "Il s' est bien fait tirâiller pour consentir à ce qu' on voulait de lui. = Neut. Tirer d' une arme à feu mal et souvent. = Tirâillement n' a que le premier sens, borné à ces phrâses: tirâillement d' estomac, d' entrâilles, etc. = Tirâilleur ne se dit que dans le sens du neutre; des chasseurs et des soldats qui tirent mal, qui tirent en désordre.

TIRANT


TIRANT, s. m. [Le t final ne se prononce pas.] 1°. Cordon servant à ouvrir et à fermer une bourse. "Les tirans d' une bourse. = 2°. Pièce de bois, qui tient en état les deux jambes de force du comble d' une maison. = 3°. Bârre de fer atachée à une poûtre, et dont l' extrémité porte un oeuil qui reçoit une ancre, pour prévenir l' écartement d' un mur. = 4°. Portion de nerf qui se troûve dans la viande de boucherie. = 5°. La quantité d' eau que tire un navire, ou la hauteur d' eau dont il a besoin pour être à flot. = 6°. Tirant est le participe du verbe tirer: il est indéclinable. Quelques Écrivains l' ont décliné. "Il a le visage en couleur, la barbe tirante sur le roux. L' Ab. Du Bos. LA FONTAINE dit bien:
   Un homme de moyen âge
   Et tirant sur le grison.
Mais là, tirant est participe: il n' est point adjectif. L' Ab. Du Bos devait donc dire, la barbe tirant sur le roux. _ Trév. met en exemple: des chevaux tirans ce carrosse: ce Procureur est fort tirant, c. à. d. avide. L' usage n' a point admis ces façons de parler.

TIRASSE


TIRASSE, s. f. TIRASSER, v. act. et n. [Tirace, : 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Tirasse est un filet dont on se sert pour prendre des câilles, des alouettes, etc. = Tirasser des câilles, des alouettes; les prendre à la tirasse. = V. n. Ils s' amusent à tirasser. "Ils sont alés tirasser aux câilles, aux alouettes, etc.

TIRE


TIRE, s. fém. Il ne se dit qu' adverbialement: à tire d' aile: rapidement.
   Et tous les Amours avec elle,
   Ont fui nos champs à tire d' aile.
       Gresset.
Tout d' une tire: tout de suite, sans discontinuation. "Je ne pensait pas en tant dire sur le champ, et tout d' une tire, st. famil. = Tire entre dans la composition de plusieurs mots, tous du genre masculin: tire-balle, tire-bouchon, tire-bourre, tire-moelle, tire-pied, etc.

TIRER


TIRER, v. act. et neut. [Tiré: 2eé fer. Devant l' e muet, l' i est long: il tire, il tirera, etc.] Ce verbe a plusieurs sens, et comme actif, et comme neutre. 1°. Amener à soi ou aprês soi. Tirer quelque chôse à soi. Tirer en haut, en bâs. Chevaux qui tirent un carrosse; boeufs qui tirent la charrûe. Tirer la langue; l' avancer, l' alonger. "On tire la langue pour la montrer au Médecin: on la tire pour se moquer de quelqu' un. _ Tirer de l' eau, la prendre au puits; du vin, le prendre au toneau; du sang, saigner; une vache, la traite. = 2°. Ôter: tirer les botes, les bâs à quelqu' un: tirer de l' argent de sa bourse, d' un cofre. Tirer son épée du fourreau: on ne saurait le tirer de l' étude, de son cabinet, de dessus ses livres, etc. "Se tirer d' afaires, d' intrigue, d' embarrâs. = 3°. Délivrer, dégager. "Tirer un homme de prison, de captivité, d' un danger, de la misère. "On l' a tiré d' un mauvais pâs. "Il vous a tiré de la boûe, de la poussière: d' une fortune bâsse. = 4°. Recueuillir, percevoir, recevoir. "Tirer du profit, de l' utilité, de l' avantage de, etc. "Il tire beaucoup de sa terre, de sa charge, de son emploi. = 5°. Extraire: tirer le suc des herbes, des viandes. = Fig. "Il a tiré une infinité de belles sentences des Anciens. "C' est d' un tel auteur qu' il a tiré tout ce qu' il y a de bon dans son ouvrage. = 6°. Étendre: tirer du linge, une courroie, ses bâs, un rideau. _ Tirer une afaire en longueur. = 7°. Tracer: tirer une ligne sur le papier, une raie sur ce qu' on a écrit. Tirer le plan d' une maison. = 8°. Faire le portrait de: on l' a tiré au naturel; en cire, en plâtre: il s' est fait tirer par un excellent Peintre. = 9°. Imprimer: tirer des feuilles, des estampes. = 10°. Il se dit activement des armes à feu, ou de trait: "Tirer un mousquet, un fusil, le canon, des bombes, des flèches. On dit aussi, par extension; tirer des petards, des fusés, etc. Tirer un oiseau, un lièvre, tirer sur, etc. _ Et neutralement: tirer de l' arc, de l' arbalète, de l' arquebûse. Tirer à, sur ou contre quelqu' un. Tirer en l' air, au blanc. Tirer aux perdrix, etc. "Ce fusil tire juste. "Dès que le canon eut comencé à tirer. = Fig.
   Il excelle à médire.
   - - Je ne vois point cela. - - - Bon c' est sur vous qu' il tire.
       Palissot.
= 11°. V. n. Il se dit des chôses qu' on remet à la décision du sort. "Tirer au sort, à la blanque, à la courte pâille, au billet, à la loterie. = 12°. Aler, s' acheminer: "De quel côté tirez-vous? L' armée tira vers un tel lieu. "Ce malade tire à sa fin: il aproche de la mort. = 13°. Avoir quelque raport, quelque ressemblance. "Cette pierre tire sur le vert. * En Provence on dit: il tire, pour il tient, de son père, de sa mère, etc. = 14°. Tirer s' associe avec plusieurs noms employés sans article: tirer parti de quelqu' un, de quelque chôse, en tirer des services, des avantages. _ Tirer raison ou satisfaction d' une injûre, d' une ofense; la faire réparer. Tirer vengeance de, se venger; tirer vanité de; en faire vanité; tirer avantage d' une chôse; la tourner, l' interpréter à son avantage. _ Tirer pays; (st. famil.) Avancer chemin, etc. etc. = 15°. Tirer entre dans plusieurs expressions proverbiales, qu' on troûvera en cherchant les noms avec lesquels ce verbe se combine.
   REM. Bossuet s' est servi de tirer au lieu d' attirer. "St. Grégoire de Nazianze a prié St. Cyprien et St. Athanase de le tirer où~ ils étoient, c' est-à-dire, dans le Ciel. On dit tirer de et atirer à: le premier exprime l' action d' ôter une chôse du lieu où elle est; et le second l' action de la faire passer au lieu où elle n' est pas. "St. Grégoire prioit les Saints de le tirer de la têrre et de l' atirer au Ciel, où ils étoient. = Tirer n' a pas pourtant en beaucoup d' ocasion le sens d' ôter. C' est une faûte comune en certaines Provinces de s' en servir à tout propôs à la place de ce verbe. "Dès que la Loi civile sera tirée. Cette nécessité ne tire rien à la liberté. Loin de tirer le mérite de l' action, elle la rend plus agréable à Dieu. Anon.Tirer le chapeau; tirez votre manteau, etc. Ce sont tout autant de gasconismes. = Bossuet emploie fréquemment tirer dans le sens d' interpréter. "Bucer s' exprime en paroles trop ambigûes, pour pouvoir être tirées de ce côté là. "Ils trouvent moyen de tirer à eux les SS. Pères. _ Tirer est vieux en ce sens là. = On dit plutôt tirer qu' être tiré à conséquence. "Câs particulier, qui ne peut être tiré à conséquence pour d' aûtres câs. Boss. = M. Linguet dit: cet abus tiroit aux plus grandes conséquences: mais tirer à conséquence est une de ces expressions consacrées par l' usage, dont la forme et la contextûre ne varient point, et qui se disent toujours de même. = Tirer se dit des armes (Voy. n°. 10°.) Mde de Sévigné le dit, dans ce sens, au figuré. "Votre Médecin Philosophe tire de trop loin pour tirer juste: il me croit malade, et je suis guérie.

TIRET


TIRET, s. m. [Tirè: 2eè moyen.] 1°. Morceau de parchemin coupé en long et tortillé, servant à enfiler et à atacher des papiers ensemble. = 2°. Trait de plume, qu' on tire au bout de la ligne pour la terminer, ou pour indiquer que le mot n' est pas fini, ou pour joindre deux mots ensemble (-), comme dans Tire-bouchon, Tire-bourre, etc. _ Les Imprimeurs l' apèlent division.

TIRETAINE


TIRETAINE, s. fém. [Tiretène: 2e et dern. e muet; 3e è moyen.] Droguet ou drap tissu grossièrement, moitié laine, moitié fil. Habit de tiretaine.

TIREUR


TIREUR, s. m. Celui qui tire. Tireur d' or, ouvrier dont le métier est de tirer de l' or en fils déliés. Tireur de laine, filou, qui vole les manteaux la nuit. _ Il est vieux. = Sans régime, chasseur au fusil: c' est un bon, ou un mauvais tireur. = Celui, qui tire une lettre de change sur quelqu' un.

TIROIR


TIROIR, s. m. [Ti-roar.] Petite caisse ou layette, qui est emboitée dans une armoire, dans une table, dans une comode, etc. etc. et qui se tire par le moyen d' un bouton, ou de quelque aûtre chôse équivalente. = On apèle, figurément, Pièce ou Comédie à tiroir, une Comédie composée de scènes détachées, et qui n' ont entre elles qu' une liaison métaphysique. "C' est dans ce sens que l' Ab. Royou dit d' un Éloge de M. de Montausier: "C' est ici un Discours à tiroir. Il s' y trouve des portraits, des peintûres de la Cour, des Dissertations sans nombre, qui pourront servir dans toute autre ocasion. Journ. de Mons. "Des Scènes à tiroir, semées de quelque esprit, ne sont pas faites pour produire une grande sensation. Ann. Lit.

TISANE


TISANE, s. f. [Tizane: 3e e muet. On écrivait aûtrefois ptizane.] Breuvage d' eau, où l' on a fait bouillir de l' orge, de la réglisse, ou aûtre chôse, soit grain, fleur ou herbe.

TISON


TISON, s. m. TISONER, v. n. TISONEUR, EûSE, s. m. et f. [Tizon, zoné, neur, neûze: 3e é fer. au 2d, lon. au dern.] Tison, reste d' une bûche, d' un morceau de bois, dont une partie a été brûlée. "Tison ardent ou éteint. = Il est toujours sur les tisons; il crache sur les tisons: il est toujours auprês du feu. = Tison d' enfer; méchant homme ou méchante femme. Il est populaire.
   Adieu tison d' enfer, fesse mathieu femelle.
       Le Joueur.
= Tisoner, remuer les tisons sans besoin. "Il ne fait que tisoner. = Tisoneur, eûze, celui, celle qui aime à tisoner. "C' est un grand tisoneur, une grande tisoneûse.

TISSERAND


TISSERAND, s. m. TISSER, v. act. TISSU, s. m. TISSûRE, s. f. TISSUTIER; s. m. [Ticeran, , su, sûre, su-tié: 2e e muet au 1er, é fer. au 2d, lon. au 4e; 3eé fer. au dern.] Tissu est, au propre, entrelâcement; liaison de plusieurs chôses qui font un corps, comme des fils de chanvre, de soie, de laine, etc. dont on fait des toiles, des étofes. = Fig. Ordre, suite; le tissu d' un discours. "On déploie à ses yeux étonés le tissu merveilleux de sa vie Jér. Dél. _ On dit aussi, un tissu de merveilles, de belles actions.
   Là, dans un long tissu de belles actions,
   Il verra comme il faut dompter les Nations.
       Corneille.
"Un de ces hommes, dont l' ambition profonde et dissimulée forme le tissu, noue le fil de ses intrigues à l' ombre et dans le silence. Neuville. _ Un tissu de revers et de traverses; de bonheurs et de plaisirs. * Charlevoix dit: "Ce voyage fut pour eux un tissu de Croix. Ces métaphôres ne vont pas bien ensemble. = On dit poétiquement: des jours tissus d' or et de soie. Là, tissu est participe. = Rousseau l' emploie dans un sens qui tient du propre et du figuré.
   C' est vous, de qui les mains impures
   Trament le tissu détesté,
   Qui fait trébucher l' équité
   Dans le piège des impostures.
   TISSER ne se dit qu' au propre. Faire un tissu. "Tisser du lin, de la laine, du coton. = On a dit aûtrefois Tistre, mais il n' est plus usité qu' aux tems composés du participe. "Il a tissu; il avait, il aurait tissu, etc.
   TISSûRE, liaison de ce qui est tissu. Il se dit au propre et au figuré. "Tissûre serrée ou lâche: la tissûre de cette toile est inégale. _ La tissûre d' un Discours, d' un Poème, la disposition, l' ordre, l' économie de ses parties.
   TISSERAND se dit absolument de l' ouvrier qui fait de la toile. Pour ceux qui font des draps, des étofes de soie, on dit, tisserand en drap, en soie. = Tissutier ne se dit que de l' ouvrier qui fait des rubans, des galons et autres tissus semblables.

TITRE


TITRE, s. m. TITRER, v. act. TITRIER, s. m. TITULAIRE, adj. et subst. [2e e muet au 1er, é fer. au 2d et au 3e, la 3e est un è moy. et long au dern. Titre, tré, trié, titulère.] Titre est, 1°. Inscription qui est à la première page d' un livre, d' un chapitre, et qui fait conaitre la matière qu' on y traite, etc.
   Oh! je ne crois non plus au titre d' une pièce
   Qu' aux affiches des charlatans.
       La Chaussée.
= 2°. Qualité honorable; nom de dignité. "Il a le titre de Duc, de Marquis: il n' en a que le titre. C' est être un sot de se glorifier de son titre; et c' est être un faussaire de s' arroger un titre qu' on n' a pas. Volt. "Pompée avait plus de vanité que d' ambition: il aimoit à être paré de grands titres; mais il aimoit plus l' éclat que le pouvoir qu' ils lui donnoient. Mongault. = 3°. La propriété d' une charge. "Il a cette charge en titre, aprês l' avoir exercée long-tems par comission. = 4°. Acte authentique, qui sert à établir un droit, une qualité. Les anciens titres d' une maison. "Les titres et papiers. "Titre de Noblesse, etc. = 5°. Droit qu' on a de posséder, de demander, de faire. "Il possède à titre d' achat, à titre d' héritier; à bon, à juste titre. "À~ quel titre prétendre un pouvoir qui n' apartient qu' à l' usage? Vaug. = À~ titre de signifie aussi, en qualité de, ou sous prétexte de: "Il s' est introduit dans cette maison à titre de parent. = 6°. En fait de Monaie, c' est le degré de fin de l' or ou de l' argent. "Cette monaie n' est pas au titre de l' Ordonance. = Par extension, on le dit de la vaisselle et des matières d' or et d' argent non fabriquées. = 7°. En titre d' ofice, façon de parler adverbiale et proverbiale, qui se prend toujours en mauvaise part. "C' est un fripon en titre d' ofice.
   REM. Avoir titre et pâsser titre (sans article) sont des expressions du Palais, qui figûrent mal dans le style noble. "Ce sont tout autant de bienfaits du Créateur; et il n' y a pas un homme sous le Ciel qui n' ait titre pour les réclamer. Moreau. "C' est la possession où je me suis mis dès le commencement, et dont il semble que le Public m' a pâssé titre Rollin.
   TITRER, doner un titre d' honeur. "On l' a titré de Duc, de Marquis. = Homme titré, qui a des titres de dignité. Terre titrée, qui a le titre de Duché, de Marquisat, etc.
   TITRIER: Fabricateur de faux titres.
   TITULAIRE, adj. Qui a un titre sans possession. "Le Roi de Sardaigne est Roi titulaire de Chypre. = S. m. Qui est revétu d' un titre, d' une charge, d' un bénéfice, d' un ofice. "Le titulaire et le survivancier. "Un tel est titulaire, et l' aûtre n' exerce que par comission.

TOCSIN


TOCSIN, s. m. [Tok-sein.] Bruit d' une cloche qu' on sone à coups pressés et redoublés, pour doner l' alarme, pour avertir du feu, etc. "Soner le tocsin. _ Fig. soner le tocsin, répandre l' alarme. Soner le tocsin sur quelqu' un, exciter le public contre lui. "Les partisans et les compatriotes des Troubadours ont soné le tocsin sur celui qui leur enlevoit leur gloire. Ann. Lit.

TOGE


TOGE, s. fém. Nom de la robe que portaient les Romains.

TOI


TOI, voy. TU.

TOILE


TOILE, s. f. TOILERIE, s. f. TOILETTE, s. fém. [Toa-le, leri-e, lète: 2e e muet aux deux premiers, è moy. au 3e.] Toile, 1°. tissu de fil de lin ou de chanvre. "Il y a aussi des toiles de coton. = = 2°. Toile d' araignée, sorte de tissu que font les araignées, et qu' elles tendent pour prendre des mouches. = 3°. Le rideau, qui cache le théâtre. "Lever, baisser la toile. = Toilerie, marchandise de toile. "Il fait un grand comerce de toilerie.
   TOILETTE n' est pas un diminutif de toile. _ C' est une toile qu' on étend sur une table, pour y mettre ce qui sert à l' ajustement des hommes et des femmes. = On le dit sur-tout des boîtes, des cârrés, des flacons, etc. de la toilette d' une femme. "Toilette d' argent, etc. "Belle, riche, magnifique toilette. Enfin, on le dit de la table même chargée de ce qui sert à la parûre d' une femme.
   Toujours à sa toilette et devant un miroir;
   Voilà tout son emploi du matin jusqu' au soir.
       Regnard.
= En st. famil. et critique, on apèle pilier de toilette, un homme qui assiste assidument à la toilette d' une ou de plusieurs femmes. = On apèle aussi propôs de toilette, ce qu' on apelait aûtrefois, propôs de ruelle; des propôs fadement galans et ridiculement précieux. "Il savoit par coeur tous ces propôs de toilette, tous ces mots, qui ne disent rien. Marm. = Plier la toilette; enlever les meubles, les hardes d' un homme, d' une femme.

TOISE


TOISE, s. fém. TOISÉ, s. m. TOISER, v. act. TOISEUR, s. m. [Toâ-ze, toa-zé, , zeur: 1re lon. au 1er, 2e e muet au 1er, é fer. au 2d et au 3e.] Toise, mesûre longue de six pieds. "Mesurer avec la toise, ou, à la toise. = Le Proverbe dit: on ne mesûre pas les hommes à la toise: il faut avoir atention au mérite et non pas à la tâille. _ Mesurer les aûtres à sa toise ou à son aûne; juger des aûtres par ce qu' on éproûve soi-même; mauvaise façon de juger. = Se mesurer à sa toise; vivre selon son état.
   Je suis une bourgeoise
   Qui sais me mesurer justement à ma toise.
       REGN.
= Toise est aussi la longueur de six pieds. "Il y a tant de toises de murâille.
   Ils me font dire aussi des mots longs d' une toise,
   De grands mots qui tiendroient d' ici jusqu' à Pontoise...
   Pour dire qu' un mâtin vient de prendre un chapon.
       Les Plaideurs.
= Toise courante, où l' on ne considère que la longueur. Toise carrée, étendue carrée, qui a six pieds en tout sens. Toise cube, corps qui a six pieds, tant en profondeur qu' en longueur et en largeur.
   TOISÉ; mesurage à la toise. Faire le toisé d' une maison.
   TOISER, mesurer à la toise. "Toiser un bâtiment, une murâille. = Fig. st. famil. Toiser quelqu' un, le juger, l' aprécier. Dans le Méchant, le bon homme Geronte dit:
   Aussi connois-je bien mon monde; et je défie,
   Quand j' ai toisé les gens, qu' on m' en impose en rien.
= Une afaire toisée est une afaire perdûe, terminée sans espérance de retour. "L' afaire est toisée: cela est toisé.
   TOISEUR, celui qui toise. "Oficier toiseur des bâtimens du Roi.