Dictionnaire critique de la langue française Dictionnaire critique de la langue française 1787 Français 2007-4-4 ARTFL Converted to TEI SOUCIL


*SOUCIL, voy. SOURCIL.

SOUCOUPE


SOUCOUPE, s. f. [Sou-kou-pe: 3ee muet.] Espèce d' assiette sur laquelle on sert les verres et les carafes. = C' est aussi une petite assiette de porcelaine ou de faïence, qui se place sous une tasse à prendre du chocolat, du café, etc.

SOUDAIN


SOUDAIN, AINE, adj. et adverbe. SOUDAINEMENT, adv. [Sou-dein, dène, dène--man.] Soudain, adj. Subit. promt. Il se place ordinairement aprês le subst. "Départ soudain: mort, irruption soudaine: bruit soudain, frayeur soudaine. En vers et dans la prôse poétique, le féminin peut précéder élégamment. "Une soudaine horreur ferme ses paupières. Jér. Dél. = Soudain, adverbe, ne se dit guère plus qu' en vers, et dans la prôse poétique. Il se met à la tête du membre de la période, ou aprês le verbe. "Il alloit mourir; mais soudain, il rapelle toutes ses forces autour de son coeur. Jér. Dél.
   Il ouvre un oeuil mourant, qu' il referme soudain.
       Racine.
  Le Calife à mes yeux s' est dérobé soudain.
D. L. H.
* Soudain que, aussitôt que, est vieux. Dès le tems de Richelet, plusieurs ne le pouvaient soufrir: il trouvait qu' ils avaient tort; mais l' usage les a justifiés.
   SOUDAINEMENT, subitement. "Il part, il mourut soudainement.

SOUDAN


SOUDAN, s. m. [Sou-dan.] Aûtrefois, Nom doné aux Généraux des Armées du Calife. Saladin, qui portoit ce nom, avant que de s' élever au trône, que le Calife ocupait, le transmit à ses Successeurs. Acad. Les Généraux des troupes des Califes étoient des Émirs et non des Soudans. Les Croisés ont appelé Soudans les Sulthans d' Égypte, descendans de Saladin. Marin.

SOUDARD


SOUDARD, s. m. Aûtrefois Soudart, On dit encôre d' un vieux Oficier de guerre, c' est un vieux Soudard. St. famil.

SOUDER


SOUDER, v. a. Joindre des pièces de métal ensemble par le moyen de l' étain ou du cuivre fondu. = C' est aussi joindre deux morceaux de fer, en les faisant rougir et amollir au feu, et en les batant ensuite ensemble.

SOUDOYER


SOUDOYER, v. act. [Sou-doa-ié. Au présent, il soudoie, etc. Au futur, il soudoiera, etc. pron. sou-doâ, doâ-ra, l' e muet ne se fait pas sentir; la 2e est longue.] Payer la solde aux gens de guerre. "Ce Prince peut aisément soudoyer, vingt, cinquante, cent mille hommes.
   Soudoyer, stipendier (synon.) Le premier désigne plutôt l' entretien ou la subsistance des troupes, le second, leur paye ou rétribution en argent. Soudoyer est le vrai terme de notre langue, fait pour l' histoire moderne: stipendier est un terme emprunté fait pour l' histoire ancienne. "Ce Prince soudoie en tems de paix cinquante mille hommes. Périclés introduisit à Athènes l' usage de stipendier les gens de guerre. Extr. des Syn. Fr. de M. l' Ab. Roubaud.

SOUDRILLE


SOUDRILLE, s. m. [Sou-dri-glie: mouillez les ll, dern. e muet.] Terme de mépris. Soldat libertin, fripon.

SOUDûRE


SOUDûRE, s. f. [2e lon. 3ee muet.] Il se dit et de l' action de souder; et du travail de celui, qui soude; et de l' endroit par où les deux pièces de métal sont soudées.

SOUFFLE


SOUFFLE ou SOUFLE, s. m. SOUFLER, v. n. et act. SOUFLEUR, s. m. [2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Soufle est le vent que l' on fait, en poussant de l' air par la bouche. "Il est si faible qu' on le renverserait du moindre soufle. = Il ne signifie quelquefois que la simple respiration. "Il n' a qu' un soufle de vie. = Médiocre agitation de l' air. "Il ne fait aucun soufle de vent. = En Poésie, on le dit quelquefois d' un vent violent, mais en y ajoutant une épithète: le soufle impétueux des vents, des aquilons.
M. Le Franc dit à Dieu:
   Ton soufle assemble les orages,
   Les aquilons, dont les ravages
   Font régner la mort sur les eaux.
   SOUFLER, faire du vent, en poussant l' air avec la bouche. "Soufler dans ses doigts, au visage de quelqu' un, sur une table, pour en ôter la poussière. _ Fig. "Le Seigneur a souflé sur l' âmas de leurs richesses injustes. Massill. = Et en parlant du vent, d' un souflet, etc. Le vent qui soufle est doux, ou violent, agréable, ou incomode. "Il soufle un vent frais. "Ce souflet est percé; il ne soufle pas. = Il se dit aussi de l' homme et des animaux, quand ils respirent avec éfort. À~ la moindre fatigue, il soufle comme un beuf. "Ce cheval est poussif, voyez comme il soufle. = En st. fig. famil. On dit d' un homme, qu' il n' ôserait soufler, qu' il ne soufle pas, qu' il n' ôserait ouvrir la bouche pour se plaindre. * En Provence, l' on dit, ne pas soufler un mot, n' en soufler pas une. C' est du Provençal, habillé en Français. _ Soufler aux oreilles de quelqu' un, lui vouloir persuader des chôses. méchantes contre d' autres persones. Voy. CHAUD. = V. act. "Soufler le feu, pour l' alumer; la chandelle, pour l' éteindre, la poussière, pour l' ôter; l' orgue, pour doner du vent aux tuyaux, etc. = FIG. Soufler la discorde, ou le feu de la discorde, ou, la division; l' exciter. = V. n. sans régime. Chercher la pierre philosophale. "Il a dépensé tout son bien à soufler.
   SOUFLEUR est 1°. Qui soufle, comme ayant peine à respirer. "C' est un soufleur perpétuel. = 2°. qui soufle continuellement le feu; soufleur importun, incomode. = 3°. Soufleur d' orgues. = 4°. Celui, qui suggère à une persone, qui parle en public, les endroits où la mémoire vient à lui manquer. "Ce Prédicateur a besoin d' un soufleur: "Le soufleur de la Comédie. = 5°. Alchimiste; qui cherche à faire de l' or. "C' est un mauvais métier que celui de soufleur.

SOUFFLET


SOUFFLET, ou SOUFLET, s. m. SOUFLETER, v. act. [Sou-flè, fleté: 2e è moy. au 1er, e muet au 2d, dont la 3e é fer.] Souflet est 1°. Un instrument à soufler, à faire du vent. = 2°. Espèce de petite calèche, dont le dessus se replie en forme de souflet. = 3°. Coup du plat, ou du revers de la main sur la joûe. "Doner, apliquer, recevoir un souflet. = Fig. Échec, revers, domage. "Ce plaideur a perdu son procês; cette fille a manqué ce parti; c' est un vilain souflet qu' on lui a doné. St. famil. On dit, dans le même style, doner un souflet à un Auteur, lui doner un démenti le contredire. "On done aujourd' hui beaucoup de souflets à Aristote et bon nombre à Descartes: bientôt Neuton aura son tour. Anon. = Soufleter ne se dit que dans ce dernier sens, et seulement au propre. "On le soufleta, ou, il fut soufleté comme il faut.

SOUFFRANCE


SOUFFRANCE, ou SOUFRANCE, s. f. SOUFRANT, ANTE, adj. SOUFRE DOULEUR, s. m. *SOUFRETEUX, EUSE, adj. SOUFRIR, v. act. et n. [Sou-france, fran, frante, sou-fre-douleur, freteû, teû-ze, sou-frir: 2e lon. aux 3 1ers, e muet au 4e et 5e; 3e lon. au 5e et 6e.] Soufrir; je soufre, nous soufrons; je soufrois, ou soufrais; j' ai soufert; je soufris, je soufrirai; je soufrirois, ou soufrirais; que je soufre; je soufrisse; soufrant, soufert. = 1°. Endurer; soufrir la douleur, les tournemens, la mort, les afronts, les injûres; la faim, la soif, etc. = 2°. V. n. Pâtir. "L' armée soufrit beaucoup dans sa marche. "Sa modestie soufre quand on le loûe. = 3°. Suporter. "Soufrir la fatigue, le froid; la faim. "Il ne saurait soufrir le Soleil, le serein.
   Accepte sans murmure et soufre avec courage,
   La portion de maux, qui t' échoit en partage.
       Le Franc.
  ....N' aprendrez-vous jamais
  L' art de dissimuler ou de soufrir en paix
  Les contrariétés, dont la vie est semée?
       La Chaussée.
= Il est aussi neutre sans régime. "Il faut savoir soufrir.
   Ah! soyons sage: il est bien tems de l' être.
   Le fruit au moins que je dois recueuillir
   De tant d' erreurs, est de savoir soufrir.
       VOLT.
= 4°. Tolérer, n' empêcher pas, quoiqu' on le puisse. "Pourquoi soufrez-vous cela? "Vous ne devriez pas le soufrir. = 5°. Permettre: soufrez que je vous dise, etc. = 6°. Admettre; être susceptible de. "Cela ne soufre point de retardement, de délai, de dificulté, de comparaison, de réplique, etc.
   Rem. Dans le 2d sens, ce verbe régit de et l' infinitif. "Je soufre de vous voir dans cette situation. La Bruyère et Campistron ont employé la prép. à. "L' homme ne se sent pas naître; il soufre à mourir, et il oublie de vivre. La Bruy. _ À~ mourir signifie en mourant, et la prép. à me parait bien placée en cet endroit.
   Que je soufre à vous voir dans cet état funeste!
       Camp.
On pourrait citer plusieurs aûtres exemples qui prouveraient qu' on peut se servir de l' une et l' aûtre de ces prépositions, et que souvent à vaut mieux que de. = Dans le 4e et le 5e sens, soufrir régit que et le subjonctif: "Je ne soufrirai pas que vous chassiez sur mes terres; que vous me parliez découvert. Quelques auteurs, anciens ou modernes, ont mis à la place la prép. de et l' infinitif. "Luther ne soufrit pas à Bucer de dire que, etc. BOSS. "Comment pouvoit-on leur soufrir (aux chrétiens) de détester les infamies du Théâtre? Fleury.
   ......Soufrez à mon amour
   De vous entretenir avant la fin du jour.
       Molière.
D' autres emploient l' infinitif sans préposition.
  Je ne puis vous soufrir vivre de cette sorte.
       Regnard.
"Les Grands (de la Chine) nous soufrent quelquefois parler de la science du Salut. Let. Édif. "Il se soufrit dénoncer comme un incendiaire politique. Anon. L' usage présent condamne ce régime. On dirait: Luther ne soufrit pas que Bucer dit que, etc. "Ils soufrent que nous leur parlions, etc. Il soufrit qu' on le dénonçât, etc. = Quelquefois en ce sens il a le datif pour 2d régime de la persone, et l' accusatif pour le régime de la chôse: il soufre tout à ses enfans. Mais ces régimes ne s' emploient pas avec toute sorte de noms, et j' ôse ne pas aprouver la phrâse suivante de M. Moreau. "Depuis qu' on leur avait acordé ou soufert l' exercice de la Justice. Je voudrais dire en pareil cas, qu' on leur avait permis, etc. Voy. TOLÉRER. = Maimbourg fait régir des adjectifs à ce verbe. "Dieu ne soufre pas impunis, même dès ce monde, les atentats, qui se comettent en la persone sacrée des Souverains.
   SOUFRANCE, douleur, peine, état de celui, qui soufre. "Longue, extrême soufrance: être dans la soufrance. "Les soufrances de Notre Seigneur, des Martyrs. "L' opinion a plus de part à nos soufrances que la réalité. D' OLIV. IIe Tuscul. = * Suivant Bouhourset La Touche, on dit ce mot des chôses comme des persones: la soufrance des galériens, des Prisoniers; la soufrance du mal, des injûres. Ainsi ce mot aurait tantôt un sens actif et tantôt un sens passif; il se dirait et de celui qui soufre et de ce que l' on soufre. = Je n' ôse ni condamner, ni aprouver cette opinion. L' Acad. ne dit point soufrance des chôses; et il y a peu d' exemples de l' emploi de ce mot de cette manière. Il serait pourtant utile dans bien des ocasions. = * Bossuet se sert de soufrance au lieu de tolérance: "Il n' y a pas d' illusion plus dangereuse que de doner la soufrance (la tolerance théologique) pour un caractère de la vraie Église. _ Soufrance, en ce sens, est un terme de Pratique. "Cet égoût n' est point une servitude: ce n' est qu' une soufrance de ma part.
   SOUFRANT, 1°. Qui soufre. La partie soufrante dans le corps humain; celle, qui est malade, qui est afectée. _ L' Église soufrante: les âmes des fidèles, qui sont dans le Purgatoire. = En st. fig. famil. On dit qu' un homme est la partie soufrante d' une compagnie, pour dire que la perte, le domage, ou la plaisanterie tombe sur lui. "Je suis dans cette afaire la partie soufrante. = 2°. Patient, endurant. "Il n' est pas d' une humeur soufrante. "Ce n' est pas un homme soufrant. VOLTAIRE l' emploie substantivement. "Secourir les soufrans autant qu' on peut.
   Rem. Soufrant ne se dit quère des persones mêmes, ni dans l' un, ni dans l' aûtre sens. On dit fort bien, l' humanité soufrante; la vertu soufrante; mais je doute qu' on dise: cet homme est bien soufrant, cette femme est actuellement soufrante. "Quelque maladie le rendra soufrant. L' Ab. Henn. L' Acad. dit: il a le visage d' un homme soufrant: mais c' est une phrâse, qui est comme consacrée par l' usage. * M. Clément dit, substantivement, les soufrans, pour, les malades. Je ne voudrais pas le dire~
   Quel amâs de soufrans, en troupeaux rassemblés~
= L' Ab. Prévot, traduisant trop litéralement M. Hume, dit aussi: "Cette sentence ne servoit qu' à procurer un grand fonds de faveur populaire aux soufrans, qui avoient si courageusement résisté au pouvoir arbitraire. = * Ce qui est un barbarisme bien décidé c' est d' apliquer l' adjectif soufrant aux maux et aux douleurs; c' est un mal bien soufrant; une douleur bien soufrante. Ce barbarisme est comun dans les Provinces méridionales.
   SOUFRE-DOULEUR, persone qu' on charge de travail, qu' on expôse à toute sorte de fatigues. "Ce valet est le soufre-douleur de la maison. St. famil.
   "SOUFRETEUX, qui soufre de la misère, de la paûvreté. Il est vieux. Patru s' en est encore servi. "Ils languiront toute leur vie, paûvres, soufreteux et méprisés; mais cet Avocat si célèbre, disait déjà Andry au dernier Siècle, n' est pas à imiter en cela. Soufreteux ne peut plus entrer que dans le style bâs. Réflex.

SOUFRE


SOUFRE, s. m. SOUFRER, v. act. [2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Soufre est un minéral, qui s' enflâme facilement, et qui sent mauvais en brûlant. Soufrer, c' est enduire, froter de soufre.

SOUFRIR


SOUFRIR, Voy. SOUFFRIR.

SOUGARDE


SOUGARDE, SOUGORGE, s. f. Le 1er se dit d' un morceau de fer, en forme de demi-cercle, qui est au dessous de la détente d' une arme à feu, et qui empêche que, quelque chôse venant à la toucher, elle ne se débande. Il se dit aussi en parlant d' une épée. = Le 2d se dit d' un morceau de cuir, qui est ataché à la tête d' un cheval, et qui pâsse sous la gorge.

SOUHAIT


SOUHAIT, s. m. SOUHAITABLE, adj. SOUHAITER, v. act. et n. [Sou-è, ètable, èté: 2e è moy. 3eé fer. au dern.] Souhait, désir; moûvement de la volonté vers un bien qu' on n' a pas. "Faire, former des souhaits. "Obtenir l' acomplissement de ses souhaits. = À~ souhait, adv. Selon les désirs. "Cet ordre réussit à souhait. Mém. de Dugay-trouin. "Tout lui vient, tout lui arrive à souhait. "Il a tout à souhait. "C' est un homme à souhait.
   SOUHAITABLE, désirable, qu' on doit souhaiter, désirer. On le disait aûtrefois des persones.
   Laquelle étoit plus souhaitable,
   Ou d' Angélique, ou de Philis.
       Voiture.
L' Acad. le disait de la sorte; elle ne l' a plus dit dans les dern. éditions. _ On ne le dit que des chôses: bonheur souhaitable. "Les richesse ne sont pas fort souhaitables, quoiqu' elles soient fort souhaitées. L. T.
   SOUHAITER, désirer. "Je lui souhaite toute sorte de prospérités. = Souhaiter le bonjour, la bone année. Formule de politesse. = Il n' a quelquefois que le régime simple. "Vous croyez qu' il le fera: je le souhaite. "On se persuade aisément ce qu' on souhaite. = Il régit quelquefois les persones. "Je vous souhaite fort, je vous atens avec impatience. Mongault. Let. de Cic. à Atticus. = Se faire souhaiter:
   Qui se fait souhaiter, se fait aimer longtems.
       DEST. Le Glorieux.
= V. n. Il régit ou de et l' infinitif, ou que avec le subjonctif; le 1er, lorsque le verbe régi se raporte au nominatif de souhaiter; le 2d, quand il ne s' y raporte pas. "Il souhaite de venir et que j' aille le remplacer. *Quelques-uns mettent à au lieu de la prép. de: on souhaite à vous parler. Ce régime est tout au moins douteux. D' aûtres mettent l' infinitif sans préposition. "Il ne souhaitoit être son collègue que pour être son disciple. Vertot. "Il souhaitoit avec passion s' emparer de sa persone et de ses trésors. Rollin. _ L' Acad. en met un exemple. "Je souhaiterois pouvoir vous obliger.

SOUILLE


SOUILLE, s. f. SOUILLER, v. act. SOUILLON, s. m. et f. SOUILLûRE, s. f. [Sou-glie, glié, glion, gliû-re: mouillez les ll: 2e e muet au 1er, é fer. au 2d, lon. au dern.] Souille est un lieu bourbeux, où se veautre le sanglier. = Souiller, gâter, salir. souiller ses habits, ses mains, de boûe, de sang, etc. Il ne se dit guère dans le propre: mais il est fort bon dans le figuré: souiller sa conscience: se souiller d' un crime énorme; souiller ses mains dans le sang inocent. L. T. Souiller le lit nuptial, la couche nuptiale; comettre un adultère.
   Reçois pour te venger, mon sceptre et ma courone
   Je les ai trop souillés.
       VOLT. Sémiramis.
  SOUILLON est, en général, un enfant, qui est mal-propre, qui tache ses habits: c' est un petit souillon. Ah! la salope, la petite souillon. = En particulier, on le dit d' une Servante employée à laver la vaisselle et à d' autres bas services. On dit: souillon de cuisine, ou simplement, souillon.
   SOUILLûRE, tache, saleté sur quelque chôse. On ne le dit point au propre: on dit tache. Au figuré, on le dit élégamment: la souillûre du péché; la souillûre de l' âme. C' est une souillûre à son honeur, à sa réputation.

SOûL


SOûL, SOûLE, adj. SOûLANT, ANTE, adj. SOûLER, v. act. [1re lon, surtout devant l' e muet: il se soûle, se soûlera, etc. On ne prononce point l' l finale du 1er. _ On écrivait autrefois saoul, saouler, etc.] Soul, pleinement repu, rassasié. Souler, rassasier avec excês, gorger de vin et de viande. Soûlant, qui soûle. "Il, ou elle a bien mangé: il est soûl, elle est soûle. "Il est soûl à crever; si soûl, qu' il crève. "Si vous aimez les bons morceaux, vous trouverez à cette table, de quoi vous en soûler. "C' est là un mets bien soûlant , une viande bien soûlante. _ Selon l' Académie, l' adjectif verbal est populaire. = Soûl et soûler se disent surtout pour ivre, ennivrer. "Il est toujours soûl, elle est soûle dês le matin. "On l' a soûlé; il se soûle dabord: il ne faut que deux verres de vin pour le soûler.
   Rem. Ces mots ne s' emploient plus qu' au propre, et ils sont devenus bâs. Aûtrefois, on les employait au figuré et dans le beau style. "On aime à voir, dit Pascal, les combats des animaux. Que veut-on voir, sinon la fin de la victoire? et dês qu' elle est arrivée, on est saoul. Ce dernier mot rend le satur des Latins. Corneille a dit:
   Saoulez-vous du plaisir de m' empêcher de vivre.
Et l' Académie, dans la critique du Cid, en parlant de ce vers, n' a point repris une expression qui rend celle des Latins, satiare. Cependant, dit Racine le fils, dans notre Langue, toute latine, cette expression, si protegée n' a point vécu. _ _ Brebeuf a dit aussi:
   Épargne-nous le crime, et saoule ta furie.
On disait de même: saouler ses yeux de sang, de carnage. Se saouler de toute sorte de plaisirs. = Plus anciènement, on a dit se saouler, pour s' ennuyer. "Qui ne se saouleroit de faire toujours la même chôse. Charron.

SOULAGEMENT


SOULAGEMENT, s. m. SOULAGER, v. act. [Soulageman, gé; 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Ils expriment une diminution de peine ou du corps ou de l' esprit. "Doner, aporter, recevoir du soulagement. "Soulager quelqu' un dans son travail: soulager le mal, la douleur, la misère, etc.

SOûLANT


SOûLANT, SOûLER. Voy. SOûL.

SOULèVEMENT


SOULèVEMENT, s. m. SOULEVER, v. act. [Sou-lèveman, sou-levé: 2eè moy. au 1er, dont la 3e e muet; e muet au 2d, dont la 3e é fer. Dans le verbe, la 2de est un e muet devant la syllabe masculine: nous soulevons, je soulevai, soulevant, etc. mais cet e redevient moy. devant l' e muet, il soulève, soulèvera, etc.] Soulever, c' est 1°. élever quelque chôse de lourd, mais sans beaucoup le hausser. "Soulever un fardeau. "Se soulever un peu, soulever la tête, en parlant d' un malade. "La tempête soulève les flots. = 2°. Exciter à la révolte. "Soulever les peuples. "L' Armée se souleva contre le Général. = 3°. Exciter l' indignation. "Son insolence souleva tout le monde contre lui. "Tout le monde s' est soulevé contre cette proposition. Voltaire ne lui done que le régime simple (l' acusatif.) "Votre conduite, qui m' ofense, qui me soulève, etc. = 4°. V. n. Le coeur lui soulève. Il a mal au coeur. "Cela fait soulever le coeur, done envie de vomir. = Figurément, causer du dégoût: "des flateries si fades font soulever le coeur. "Le coeur se soulève d' indignation à cette seule idée. P...
   REM. 1°. Se soulever (n°. 2°.) ne se dit que des sujets envers leur Prince, et des inférieurs à l' égard de leur supérieur. On ne dirait pas bien: l' Espagne s' est soulevée contre la France; et ce passage, surget gens contrà gentem, est mal traduit par: on verra se soulever peuple contre peuple. Bouhours. _ Dans le 3e sens, on le dit entre particuliers. "Tout le monde se souleva contre une doctrine si scandaleuse. = 2°. Se soulever et soulevé, (n°. 2°.) ne se disent pas d' un seul, mais de la multïtude. "Wiclef se souleva sur la fin du 14e siècle. Boss. "Charles de Duras soulevé par la Reine de Hongrie, se révolta contre Jeanne. Dict. Hist. _ Se révolta contre l' Église, dans le 1er exemple; et excité, dans le 2d, auraient été des termes plus propres. _ * M. Hénaut a dit aussi: "Henri soulève l' Empereur contre le Roi. C' est la même faûte, ce me semble. = 3°. Soulever est encôre plus impropre, quand on le dit activement de celui qui est l' objet du soulèvement. "Alexandre ayant publié un édit, etc.... souleva une partie de ses Troupes. Journ. de Litt. _ Ce n' est pas Alexandre, qui souleva contre lui ses propres troupes; c' est son édit qui souleva les troupes contre Alexandre. _ Ce verbe, dans cet emploi, apartient au n°. 3°. = 4°. * La Bruyère lui done le sens d' élever, illustrer; mais mal, à mon avis. "Il n' y a rien qui mette plus subitement un homme à la mode, et qui le soulève davantage, que le jeu.
   SOULEVÉ, participe. * Maimbourg l' emploie substantivement. "Il vint se mettre à la tête des soulevés. Ce substantif n' est pas de l' usage présent. Un Auteur moderne l' a pourtant employé.
   SOULèVEMENT à tous les sens du verbe, excepté le 1er. On ne dit point, le soulèvement d' un fardeau; mais on dit, le soulèvement des flots; le soulèvement d' une Province; et figurément, des passions. "Cela causa dans la compagnie un soulèvement général contre lui. "Quelle vertu sa présence seule n' avoit-elle pas pour apaiser les soulèvemens populaires? Bourdaloue, Or. Fun. de Henri de Bourb. = Soulèvement de coeur.

SOULEUR


SOULEUR, s. f. Frayeur violente et subite. "Il eut une souleur, qui le fit blémir. _ L' Académie l' admet pour le discours familier.

SOULIER


SOULIER, s. m. [Sou-lié, 2eé fer.] Quelques-uns écrivent soulié; et s' il en faut croire La Touche, les sentimens sont partagés sur ces deux manières d' écrire. Il convient que soulier est le plus usité: il parait qu' aujourd' hui il est le seul en usage. Richelet disait que l' Académie était pour soulier, et l' usage pour soulié: l' usage a donc changé. Pour la prononciation, elle serait toujours la même, de quelque manière qu' on écrivît ce mot. = Chaussûre qui coûvre le pied et s' atache par dessus: Soulier d' homme ou pour homme; de femme ou pour femme. "Une paire de souliers, etc. = Pour dire qu' un homme est paûvre, on dit qu' il n' a pas de souliers; et, pour exprimer qu' un emploi rend peu de chôse, on dit qu' on n' y gâgne pas de quoi avoir des souliers. Enfin, pour dire qu' un homme est inférieur à un aûtre, on dit qu' il n' est pas digne de lui délier les cordons de ses souliers. Cette expression proverbiale est tirée de l' Évangile. "Parce qu' elle lit dans l' Histoire et dans la Géographie, elle croit qu' on n' est pas digne de lui délier les cordons de ses souliers.

SOULIGNER


SOULIGNER, v. act. [Mouillez le g.] Tirer une ligne sous un mot ou sous plusieurs mots. "On souligne les mots ou les phrâses qu' on veut faire remarquer. "On souligne, dans la copie manuscrite, ce qui doit être imprimé en italique.

SOULOIR


*SOULOIR, v. n. Vieux mot. Avoir coutume. "Il soulait faire.
   Sous ce tombeau git Françoise de Foix,
   De qui tout bien un chacun souloit dire.
       Marot.
Il ne se dit qu' à l' imparfait. Il peut être encôre employé dans le st. marotique.

SOUMETTRE


SOUMETTRE, v. act. SOUMISSION, s. f. [Sou-mètre, mi-cion; en vers, ci-on. 2e è moy. au 1er.] Soumettre se conjugue comme mettre. = Réduire sous la puissance ou l' autorité. "Soumettre à l' obéissance, aux lois, à l' empire de, etc. "Soumettre sa raison à la Foi. "Se soumettre aux ordres de la Province, aux volontés de quelqu' un. = Se soumettre, c' est aussi consentir à subir quelque peine. "Je me soumets à tout ce qu' il vous plaira, en câs que cela soit. = Soumettre un ouvrage à la censure, à la critique; une afaire au jugement de quelqu' un; s' engager à déférer au jugement qu' il en portera. = Se soumettre régit le datif, le pronom se étant à l' acusatif. * Maimbourg lui fait régir l' acusatif, le pronom étant au datif. "Il se soumit (à soi même) les Marcomans, les Quades, les Sueves, etc.
   SOUMISSION, déférence respectueuse. "Avoir de la soumission pour ses Supérieurs. "La soumission à la volonté de Dieu. = Au plur. respects. "Il exige de grandes soumissions. = Satisfactions. "Le Roi reçut ses soumissions avec bonté.
   REM. Soumission régit ordinairement la prép. à: mais avec le verbe avoir, il régit pour. "La soumission qu' elles avoient eue à la juridiction du Légat. Hist. des Tud. Cette phrâse est toute anglaise: ni à, ni pour, n' y vaudraient rien. Il falait dire: le respect avec lequel elles s' étaient soumises à la juridiction, etc.

SOUPAPE


SOUPAPE, s. f. 1°. Sorte de languette, qui se lève dans une pompe pour doner passage à l' eau, ou dans les tuyaux d' orgue, pour doner passage au vent; et qui se referme pour empêcher que l' eau ou le vent n' y rentre. = 2°. Tampon de forme conique, qui sert dans un réservoir, pour boucher le trou par lequel l' eau peut aler dans les canaux.

SOUPÇON


SOUPÇON, s. m. SOUPÇONER, v. a. SOUPÇONEUX, EûSE, adj. [Soup-son, soné, neû, neû-ze; 3e é fer. au 2d, lon. aux deux aûtres. = On a écrit aûtrefois soubçon, soubçoner, etc.] Soupçon, croyance désavantageuse, acompagnée de doute. "Avoir, prendre, doner du soupçon. "Il a toujours l' esprit rempli de soupçons, même contre ceux qui sont exemts de soupçon; au-dessus des soupçons. = C' est aussi une simple conjectûre. Il se dit alors en bien comme en mal. "J' ai quelque soupçon que c' est lui. Soupçon, suspicion (synon.) Le 1er est le terme vulgaire; le 2d est un terme de Palais. Le soupçon roule sur toutes sortes d' objets; la suspicion tombe proprement sur les délits. Le soupçon est souvent sans fondement: la suspicion doit avoir une raison aparente, etc. Extr. des Synon. Fr. de M. l' Abé Roubaud.
   Rem. On dit: concevoir des soupçons contre, et non pas sur, comme le dit l' Auteur de l' Esprit des Croisades. "L' Italien ne se fioit pas tellement aux caresses du Grec, qu' il n' eut conçu sur lui les plus odieux soupçons. = On dit bien: le soupçon tombe sur lui; mais dans cette phrase, c' est le verbe tomber, qui régit la préposition sur.
   SOUPÇONER a les deux sens de soupçon; le 1er, quand il est actif. Il régit alors de devant les verbes et les noms. "Vous me soupçonez de vous avoir trahi; d' une action, dont je ne suis pas capable. _ Quelque--fois il n' a que le régime simple (l' acusatif.) "Celui qui ne fait et ne conoit que le bien, ne peut se résoudre à soupçoner le mal. Ainsi la bonté crédule est surprise par la méchanceté. Le Franc, Traduction de St. Grég. de Naz. = Dans le 2d sens, il est neutre; et il régit que avec l' indicatif dans la phrâse afirmative, et avec le subjonctif, quand le sens est négatif ou interrogatif. "Vous soupçonez que je veux vous tromper: il ne soupçonait pas, ou pouvait-il soupçoner qu' on voulût le tromper?
   REM. 1°. La Bruyère, dans le sens afirmatif, fait régir à soupçoner le subjonctif, précédé de la négative ne. "L' on me dit tant de mal de cet homme, et j' y en vois si peu, que je comence à soupçoner qu' il n' ait (qu' il a) un mérite importun, qui éteigne (éteint) celui des aûtres. = 2°. Plusieurs Auteurs ont fait régir à ce verbe l' infinitif sans préposition. "Il eut l' audace de déférer tous ceux qu' il soupçonoit avoir eu du penchant à secourir Persée. Rollin. "Notre prise s' éloigna de nous, à dessein, pour qu' on ne nous soupçonât pas être des Armateurs. Voy. d' Anson. "On la soupçone (cette malle) contenir des papiers importans. Anon. L' infinitif avec de est plus sûr. "Je ne l' aurois jamais soupçoné d' être si raisonable. Dest. L' Ac. ne met d' exemple que de ce régime. "On le soupçone d' avoir empoisoné son parent. = Remarquez qu' avec les chôses, l' infinitif ne convient pas, et qu' il faut se servir de que avec l' indicatif ou le subjonctif. Ainsi, dans la dernière phrâse citée, au lieu de dire: on soupçone la malle contenir ou de contenir, il falait dire, on soupçone qu' elle contient. = 3°. Soupçoner se dit en régime, de celui qui fait le mal, et non pas de celui qui le soufre. "Quelques uns le soupçonèrent d' avoir été empoisoné par Nazerzingue. Let. Édif. Il falait dire, soupçonèrent Nazerzingue de l' avoir empoisoné; ou bien soupçonèrent~ qu' il avait été empoisoné par Nazerzingue. = 4°. Un Auteur anonyme lui fait régir un adjectif "Je le soupçone très-tendrement épris d' une Belle de ce canton. Ce régime est inusité. M. l' Abé Grosier le relève. = 5°. M. Linguet lui done le datif pour régime de la persone: "Il étoit loin encôre de soupçoner à la Dame de... les vues profondes, le plan réfléchi, qu' elle a dévelopé depuis. _ Ce régime fait fort bien, à mon avis; mais je n' en ai guère vu d' exemples. = 6°. Être soupçoné, est du petit nombre des verbes passifs, qui régissent l' ablatif: "les ames des héros ont elles un instinct, qui n' est pas même soupçoné des ames vulgaires? Thomas. = 7°. * Se soupçoner est un vrai gasconisme. "Il ne se soupçone pas que c' est vous. Dites: il ne soupçone pas, etc. Gasc. Corr.
   SOUPÇONEUX, défiant, qui est enclin à soupçoner. "Homme soupçoneux; femme défiante et soupçoneûse. "Le malheur est toujours soupçoneux, et souvent injuste. Mong.

SOUPE


SOUPE, s. f. SOUPÉ ou SOUPER, s. m. SOUPER, v. n. SOUPIèRE, s. f. [Soupe, pé, pé, piè-re, 2e e muet au 1er, é fermé aux deux aûtres; è moy. au dern.] Soupe, 1°. Potage: sorte de mets, fait avec du bouillon et des tranches de pain, ou des herbes, des légumes, etc. L' Académie ne le dit que du bouillon avec des tranches. = on dit familièrement, venez demain manger de ma soupe: j' irai demain manger votre soupe; pour dire, dîner avec moi, avec vous. = 2°. La tranche de pain qu' on met dans le potage. "Mettez deux ou trois soupes dans ce bouillon. "Tâiller la soupe. = Ivre comme une soupe; on sous-entend, au vin. "La soupe au vin, ou soupe au perroquet, tranches ou morceaux de pain dans du vin. = Soupe de lait, espèce de couleur; blanc tirant sur l' isabelle: il se dit sur-tout des chevaux et des pigeons.
   SOUPER ou SOUPÉ, se dit du repas ordinaire du soir, "On leur servit un magnifique souper. = Souper fin: mot qui a été quelque tems à la mode; je ne sais s' il est encôre en faveur. "On craindroit qu' il ne dissipât son patrimoine en équipages, et en soupers fins. = Gresset fait dire à Valère de Cléon, qu' il
   Est à des soupers fins retenu pour un mois.
       Le Méchant.
  Ce Docteur en soupers, qui se tait au Palais,
  Et sait sur des ragoûts prononcer des arrêts.
       Le Joueur.
  SOUPER, prendre le repas ordinaire du soir. "Il ne soupe jamais. "Quand il a bien dîné, il ne soupe point.
   SOUPIèRE, plat plus creux que les plats ordinaires, dans lequel on sert la soupe.

SOUPENTE


SOUPENTE, s. fém. [Sou-pante; 2e lon. 3e e muet.] 1°. Assemblage de plusieurs larges courroies cousûes l' une sur l' aûtre, et servant à soutenir le corps d' un carrosse. = 2°. Retranchement ou plancher, pris dans le milieu de la hauteur d' une cuisine, boutique, écurie, pour y loger des domestiques, des garçons de boutique, ou même la famille d' un artisan. = La soupente difère de l' entresol, en ce que celui-ci tient toute la profondeur d' une boutique ou d' un apartement du rès-de-chaussée, et prend du jour sur la rûe: au lieu que celle-là n' ocupe qu' une partie de la profondeur de l' apartement, et ne prend du jour que par la porte de cet apartement, à l' aide d' une fenêtre ou ouvertûre.

SOUPER


SOUPER. Voy. SOUPE.

SOUPESER


SOUPESER, v. act. [Sou-pezé; 2ee muet, 3e é fer. Devant l' e muet, la 2de se change en è moy. Il soupèse, soupèsera, etc.] Lever un fardeau avec la main, pour juger à peu prês combien il pèse.

SOUPIèRE


SOUPIèRE. Voy. SOUPE.

SOUPIR


SOUPIR, s. m. SOUPIRANT, s. m. SOUPIRER, v. n. [Sou-pir: on prononce toujours l' r: sou-piran, ré: 3e lon. au 2d, é fer. au 3e.] Soupir est, au propre, respiration plus forte et plus longue que l' ordinaire, éfet et témoignage de quelque passion, comme amour, tristesse, etc. "Jeter, pousser des soupirs, de grands soupirs. Retenir, arrêter, étoufer ses soupirs.
   Foibles agneaux, livrés à des loups furieux,
   Nos soupirs sont nos seules armes.
       Esther.
  Pourquoi, Seigneur, de nos alarmes,
  Veux-tu faire encor tes plaisirs?
  Tu nourris nos coeurs de soupirs,
  Et tu les abreuves de larmes.
       Le Franc.
= Le dernier soupir: le dernier moment de la vie. = Au figuré, Amour. "C' est l' objet de ses soupirs.
   SOUPIRANT, Amant. "Elle a beaucoup de soupirans. St. fam. "Je ne trouve rien de plus fade et de plus ennuyeux que ces soupirans, qui sont toujours aux piés de leurs maitresses. Dest.
   SOUPIRER, c' est 1°. Pousser, faire des soupirs. "Soupirer de douleur, d' amour, de regret, etc. = Soupirer aprês; desirer ardemment. "Il soupirait depuis lon--tems aprês cette charge.
   REM. Soupirer est souvent employé activement par les Poètes.
   Tantôt vous soupiriez mes peines,
   Tantôt vous chantiez mes plaisirs.
       Malherbe.
  Mon coeur, qui soupire sans cesse,
  Les ennuis, dont il est touché.
      Racan.
  Toi, qui, .....
  M' aidois à soupirer les malheurs de Sion. Esther.
  Amour dictoit les vers, que soupiroit Tibulle.
      Boileau.
Mde. Dacier, dans sa Traduction de l' Odyssée, a usé des privilèges des Poètes: "Ulysse étoit assis sur le rivage de la mer, où il alloit soupirer ses déplaisirs. _ Il ne se dit qu' en vers, dit l' Académie. = Nous avons tiré cette expression des Latins.
   Quod si fortè alios jam nunc suspirat amores.
       Tib.
= Remarquez que, même en vers, à plus forte raison, en prôse, il ne régit que des noms qui expriment les sentimens; et qu' il ne régit pas ceux, qui en expriment la caûse ou l' ocasion * Gafarel, vieux Auteur, l' emploie de cette dernière manière. "Nous soupirions tous les jours les domages que le feu a faits en cette ville.
   En parlant de l' amour, il est quelquefois neutre sans régime.
   Il est vrai que Cléon a toute sa tendresse,
   Et vous vous exposez à soupirer long-tems.
       DEST. Le Dissipateur.
  *SOUPIREUR, celui qui soupire, est du st. comique, et ne se dit que par raillerie.

SOUPIRAIL


SOUPIRAIL, s. m. [Mouillez l' l finale: ai n' y a pas le son d' é, mais l' a et l' i y conservent leur propre son. _ Plur. Soupiraux: prononcez soupirô. = * On a dit anciènement soupiral, en vers, pour la comodité de la rime: on ne le dirait pas aujourd' hui. L. T.] Ouvertûre qu' on fait pour doner de l' air et du jour à une cave, ou à quelqu' autre lieu souterrain.

SOUPIRANT


SOUPIRANT, SOUPIRER. Voy. SOUPIR.

SOUPLE


SOUPLE, adj. SOUPLEMENT, adv. SOUPLESSE, s. f. [2e e muet aux deux prem. è moy. au 3e. Sou-ple, pleman, plèce.] Souple, flexible, qui se plie aisément. Il se dit des persones et des chôses, au propre et au figuré. "Du cuir fort souple.: il a le corps souple: il faut qu' il soit bien souple, pour faire les tours qu' il fait. "Il a l' esprit souple: à la Cour, il faut être souple. = En style proverb. Souple comme un gant. = Au figuré, il régit quelquefois le datif: souple aux ordres de leurs Généraux. Bossuet. _ Le P. d' Orleans lui fait régir la préposition à et l' infinitif. "Souple à s' acomoder au tems. Révol. d' Esp. Ce dernier régime est hasardé. _ L' Acad. ne met de régime ni des noms ni des verbes.
   SOUPLEMENT, d' une manière souple: avec souplesse. Il est peu usité.
   SOUPLESSE, flexibilité de corps, ou d' esprit. "Il a une souplesse de corps admirable. "Des tours de souplesse. "Ce cheval a de la souplesse dans les jambes. _ "Souplesse dans les afaires, dans le comerce du monde. "Il faut s' acomoder aux humeurs des autres, avec une souplesse, qui ne sente ni la bassesse, ni l' esclavage. St. Evr. Voy. ADRESSE.

SOUQUENILLE


SOUQUENILLE, s. f. [Sou-keni-glie: 2e et dern. e muet: mouillez les ll.] Surtout fort long, de grosse toile, dont les Cochers, les Palfreniers se servent pour s' en couvrir quand ils pansent leurs chevaux; et que les Rouliers portent dans les voyages.

SOURCE


SOURCE, s. fém. Au propre, eau qui commence à sourdre, à sortir de terre, pour comencer son cours. C' est aussi l' endroit d' où elle sort. "Source qui ne tarit jamais. Trouver une source. Les sources du Nil. Remonter une rivière jusqu' à sa source. "Voir Carfulenus prendre le bon parti, c' est voir les rivières remonter vers leur source. Cic. à Atticus. Montgault. _ Fig. "La Champagne et la Bourgogne sont les sources des bons vins, etc.~ = Au figuré aussi, principe, cause, origine de, etc. "La source des biens, des maux. "D' où vient ce bruit? Remontez à la source: vous le trouverez sans fondement. "Cet Auteur puise dans les sources
   Le pauvre est abreuvé dans des sources impures.
   Il est souvent sans pain; mais il lit des brochures
       Le Franc.
"J' ai dans mon coeur le poison le plus funeste; une source intarissable de passions. D' Oliv. = Couler de source se dit des chôses qui sont toutes naturelles, justes, ne soufrant point de dificulté. "Cela coule de source: cela est tout simple, tout naturel. On le dit aussi d' un discours naturel et abondant: "Tout ce qu' il disait couloit comme de source. Let. Édif. * L' Ab. Des Fontaines a critiqué, avec raison, écrire de source. M. l' Ab. Bergier a dit penser de source: "Vous vouliez penser de source et créer un système, dit-il, à J. J. Rousseau. Ces deux expressions sont hazardées.

SOURCIER


*SOURCIER, s. m. [Sour-cié: 2eé fer.] Découvreur de sources. M. l' Ab. Royou a employé ce mot; mais il a eu l' atention de le mettre en italique. On le trouve aussi dans le Journ. de Genève.

SOURCIL


SOURCIL, s. m. SOURCILLER, v. n. SOURCILLEUX, EûSE, adj. [Sour-ci, ci-glié, glieû, glieû-ze: 3e é fer. au 2d, lon. aux 2 aûtres. = Le Président Henaut ou son Imprimeur, a écrit soucil. M. Desgrouais traite ce mot de gasconisme.] Sourcil est le poil qui est en manière d' arc au-dessus de l' oeuil. "Hausser, baisser, froncer les sourcils. = Se faire les sourcils, les ajuster. = Fig. Froncer le sourcil, montrer qu' on n' est pas content. "Toutes les fois qu' on lui parle de cette afaire, il fronce le sourcil.
   SOURCILLER, remuer le sourcil. Il ne se dit qu' avec la négative. "Pendant tout le tems qu' a duré ce discours, il n' a pas sourcillé; il l' a écouté sans sourciller. = Fig. ne pas sourciller, ne laisser paraître aucune altération sur son visage. "Il n' a pas sourcillé quand on lui a prononcé son arrêt. = * M. de Bufon le dit des eaux qui sortent du pied des montagnes en petites sources. "Cette eau sourcille en diférens endroits, lorsqu' elle trouve des issûes. _ M. Le Roi dit aussi, en parlant des eaux de Balaru. "La peau de toute l' habitude du corps devient d' un rouge cérise: le visage prend la même couleur, et il en sourcille de toute part de grosses gouttes de sueur. _ Ce sens de ce verbe n' est pas dans les Dictionaires; et peu d' Auteurs l' ont employé. Il serait utile, et il est à souhaiter que l' usage l' adopte.
   SOURCILLEUX est un mot figuré et poétique. Il signifie haut, élevé, et n' est usité qu' en parlant des montagnes et des rochers, qui semblent orgueuilleux par leur élévation. "Monts sourcilleux; rochers sourcilleux.
   Sur ces rocs sourcilleux, de frimats couronés.
       L. Racine.
Aûtrefois on le disait des persones, dans le sens de hautain, orgueuilleux: un front sourcilleux, l' air sourcilleux. L' Acad. l' avait mis dans les premières éditions: elle l' a retranché dans les dernières. Rousseau a encore dit:
   Dépouillez donc votre écorce,
   Philosophes sourcilleux.

SOURD


SOURD, SOURDE, adj. et subst. SOURDAUD, AUDE, adj. SOURDEMENT, adv. SOURDINE, s. f. [Sour: le d ne se prononce jamais: sourde; dô, dôde, deman, dine: 2e e muet au 2d et au 5e, lon. au 3e et au 4e.] Sourd, 1°. au propre, qui ne peut ouir, par l' obstruction naturelle ou accidentelle de l' organe de l' ouïe. "Il est sourd et muet; il est devenu sourd. "Les sourds de naissance sont toujours muets. = Subst. On dit, proverbialement, crier, fraper comme un sourd. "Nous entendîmes aprês diné le Sermon de Bourdaloue, qui frape toujours comme un sourd; disant des vérités à bride abatue: parlant à tort et à travers contre l' adultère: sauve qui peut: il va toujours son chemin. Sév. = Faire le sourd, ou la sourde oreille: ne vouloir pas écouter, ou faire ce qu' on demande. = Autant vaudrait parler à un sourd, se dit aussi de celui qui ne veut rien faire de ce qu' on lui propôse. Voyez ENTENDRE, à la fin. = 2°. Au figuré, inflexible. Il régit le datif. "Il est sourd aux prières, aux remontrances, à~ la voix du sang. = 3°. En parlant de certaines chôses; qui ne rend pas un son aussi fort qu' il devrait le rendre. "Voix sourde; violon sourd; Église sourde. = Bruit sourd, au propre, qui n' est pas éclatant; au figuré, nouvelle qui se répand sourdement, qui n' est encôre ni publique, ni certaine. Douleur sourde, interne et qui n' est pas aigûe. Lime sourde, qui lime sans faire beaucoup de bruit. Fig. persone qui parle peu, et qui cache quelque malignité dans l' âme. = Menées ou pratiques sourdes; cachées, secrètes. "Persécutions tantôt sourdes, tantôt déclarées.
   SOURDAUD ne se dit qu' au propre et dans le st. famil. Qui est un peu sourd. = Sourdement, d' une manière sourde. "Le tonerre grondait sourdement. = D' une manière secrète. Il a fait cela sourdement: négocier, traiter une afaire sourdement. = Sourdine ne se dit qu' adverbialement; au figuré; avec peu de bruit, secrètement. St. famil. "Il est venu à la sourdine: les énemis ont delogé à la sourdine. Cette expression est tirée de la guerre. Lorsqu' on veut déloger sans bruit, on met dans le pavillon de la trompette, un morceau de bois qu' on apèle sourdine, qui en amortit le son trop éclatant. L. T. = Sourdine se dit d' aûtres instrumens que la trompette. Il y a des airs qu' on fait jouer aux violons avec des sourdines. = C' est aussi, dans les montres à répétition, un ressort, qui, étant poussé, retient le marteau et l' empêche de fraper sur le timbre, ou sur la boîte de la montre.

SOURDRE


SOURDRE, v. neut. Il n' est d' usage qu' à l' infinitif et à la troisième personne du présent de l' indicatif. "On voit l' eau sourdre de tous côtés. Acad. "Il y a une autre forêt, au milieu de laquelle sourd une fontaine. Vaug. "Caton disoit qu' en frapant du pied contre terre, il en feroit sourdre des légions. D' Abl. * Un Auteur moderne, ou son Imprimeur, dit sourdrent pour sourdent. "Les chiens sentent les eaux souterraines, et les trouvent où elles sourdrent quelque--fois à une lieûe. = * Anciènement on employait ce verbe au figuré. "Entreprise, dont on vit sourdre mille malheurs. Il est vieux dans cet emploi.

SOURICEAU


SOURICEAU, s. m. SOURICIèRE, s. f. SOURIS, s. f. [sou-ri-so, ciè-re, sou-ri: 3e è moy. et long au 2d.] Souris, petit animal, plus petit que le rat, avec qui il a beaucoup de raport. "Les souris rongent les papiers. "Guetter, comme le chat fait, la souris. _ Voy. POTÉE. _ En st. Prov. la montagne a enfanté une souris; le succès n' a pas répondu à l' attente. On dit, dans le même style, de celui qui a bien peur, qu' on le ferait entrer dans le trou d' une souris. = Dans une éclanche, la souris est un muscle charnu, qui tient à l' ôs du manche, prês de la jointûre. = Adj. Cheval souris, dont le poil ressemble en couleur au poil d' une souris.
   SOURICEAU, le petit d' une souris. = Souricière, piège pour prendre des souris. = Les Fabulistes disent, le peuple souriquois, la gent souriquoise.

SOURIRE


SOURIRE, v. n. et s. m. SOURIS, s. m. [Sou-rîre, ri: 2e lon. dans le 1er.] Sourire c' est rire sans éclater. "Il ne répondit rien, mais il se mit à sourire. "Il sourit malicieûsement. S. m. L' action de sourire. "Sourire agréable, ou malin, moqueur. "Faire un doux sourire: elle a le sourire gracieux, fin, spirituel, etc. = On dit aussi souris: un doux, un petit souris. = SOURIS, s. f. Voy. SOURICEAU.
   Rem. Le verbe est beau au figuré. Il régit le datif.
   Je reçus et je vois le jour que je respire,
   Sans que père ni mère aient daigné me sourire.
       Iphigénie.
  Le seul printems sourit au monde en son aurore.
      De Lille.
En ce sens, il signifie aprouver, caresser. _ Mais il signifie aussi se moquer. "Il sourient dedaigneûsement aux vieux mots de Patrie et de Religion.... Non qu' au fond, ils haïssent ni la vertu ni nos Dogmes; c' est de l' opinion publique qu' ils sont ennemis; et pour les ramener aux piés des autels, il suffiroit de les réléguer parmi des Athées. Let. de J. J. Rouss. à Voltaire. = Avec faire, il me parait que sourire vaut mieux que souris. L' illustre Auteur de Télémaque a préféré celui-ci, et plusieurs peut-être seront de son avis. "Jupiter la regarda avec complaisance: il lui fit un doux souris.

SOURNOIS


SOURNOIS, OISE, adj. [Sour-noâ, noâ-ze: 2e lon.] Pensif, et qui cache ce qu' il pense. "Il est bien sournois, il a l' humeur sournoise = S. m. "C' est un sournois.
   Rem. On a dit aûtrefois sornois et le peuple le dit encore ainsi en certaines Provinces. Ce mot est du styl. famil. L' Acad. n' en distingue point l' usage. Elle dit seulement qu' il se prend d' ordinaire en mauvaise part. Elle l' avoit oublié dans les premières éditions de son Dictionnaire: elle l' a mis dans les nouvelles, L. T.

SOUS


SOUS, prép. [sou, et devant une voyèle, souz] Cette préposition sert à marquer la situation d' une chôse à l' égard d' une aûtre, qui est au-dessus. Elle régit l' acusatif: Sous le lit, sous la table, sous la cheminée, etc. = 1°. C' est une préposition de lieu et non pas de tems. "Sous quinze jours, sous peu de tems, est du style mercantile. Quelques Auteurs ont employé cette expression. "Victor Amédée dona ordre aux étrangers de sortir des valées sous quinze jours. D' Avr. "On frapera sous peu de jours le grand coup qu' on aprête depuis quelques mois. Linguet. "Ces deux époux devoient sous peu de tems s' éloigner de la Cour. Ann. Lit. "Il va se rendre sous quinzaine à Petersbourg. Ibid. "Sous deux jours, au plus tard. Th. d' Éduc. "Sous peu de tems, infailliblement. Ibid. "L' Odyssée s' imprimera sous peu. Merc. Anon. Litér. Pourquoi ne pas dire dans quinze jours, dans peu de tems, etc. = On dit, par ellipse, sous un tel Prince; c. à. d. sous le regne de, etc. Il vivait sous Louis XI; alors il a raport au tems; mais il ne doit pas se dire, ce me semble, avec les noms, qui expriment le tems. = 2°. Sous lui, sous eux, c. à. d. sous son gouvernement, sous leur administration, est une expression qui n' est pas du beau style. "Que je puisse long--tems aprendre sous lui, comme il faut vaincre ses passions, pour savoir modérer celles des aûtres. Télém. "Il (Fontenelle) s' est rendu célèbre sous les deux plus beaux siècles de la Monarchie Française. Le Chev. de Cubières. On dit qu' un homme a vécu sous deux Rois, sous deux règnes même, mais point sous deux siècles. Journ. de Mons. = 3°. Il signifie quelquefois moyenant: "Sous le bon plaisir de. Sous telle condition. = 4°. Il s' associe à plusieurs noms, comme sous peine, sous le nom de, etc. Pâsser sous silence, etc. On trouvera ces expressions sous les noms respectifs.
   SOUS entre dans la composition de plusieurs noms et suit le genre des mots auxquels il est uni. "Sous-Brigadier, sous-Chantre, sont masculins; sous-barbe, sous-coupe, etc. féminins. Dans le style comique ou critique, on forge de ces mots composés:
   Dans cette foule vagabonde
   De perroquets Littérateurs,
   De sous-illustres, d' Amateurs,
   Qui vont répétant vers et prose,
   Et d' autrui faisant les honeurs,
   Pour se croire aussi quelque chose.
       Gresset.
Des Sous-Ministres, etc. etc. "Un des Sous-Tyrans de ces contrées. Voltaire

SOUS-AFERMER


SOUS-AFERMER, v. act. Doner à sous--ferme. On dit plus comunément sous fermer.

SOUS-BAIL


SOUS-BAIL, s. m. [Sou-bail; mouillez l' l finale.] Bail que le preneur fait à un aûtre, d' une partie de ce qui lui a été doné en ferme.

SOUSCRIPTEUR


SOUSCRIPTEUR, s. m. SOUSCRIPTION, s. f. SOUSCRIRE, v. act. et n. [On prononce l' s et l' on doit l' écrire.] Souscrire, c' est, 1°. écrire son nom au bâs d' un acte, pour l' aprouver: ils ont souscrit ce contrat. Souscrire une Profession de Foi. = 2°. V. n. Avec le régime du datif: consentir, aprouver. "Je souscrirai à tout: "On le veut, j' y souscris. Boil. = 3°. Sans régime: doner de l' argent d' avance pour l' édition d' un livre, ou s' engager d' en doner pendant le cours de l' impression. "Avez-vous souscrit? "Je souscrirai, ou non, aprês avoir vu le premier volume.
   SOUSCRIPTION se dit et de la signatûre qu' on fait au-dessous d' un acte pour l' aprouver, et de la soumission par écrit que font des associés de fournir une certaine somme pour quelque entreprise, et de la reconaissance que done le Libraire à celui qui a souscrit. = La souscription d' une Lettre est la signatûre de celui qui l' a écrite, acompagnée de certains termes de civilité.
   SOUSCRIPTEUR ne se dit que dans le 3e. sens de souscrire: celui qui souscrit pour l' édition d' un livre.

SOUS-DIACONAT


SOUS-DIACONAT, SOUS-DIACRE, s. m. [On ne prononce point l' s.] Le premier se dit du troisième des Ordres sacrés, qui est au-dessous du Diaconat; le second de celui qui est promu à cet Ordre.

SOUSDIVISER


SOUSDIVISER, SOUSDIVISION. Quelques-uns l' écrivent sans s: l' Acad. ne met que Subdiviser, Subdivision. Voyez ces mots.

SOUS-ENTENDRE


SOUS-ENTENDRE, v. act. SOUS-ENTENTE, s. fém. SOUS-ENTENDU, s. masc. [sous-zantandre, tante, tandu: 2e et 3e lon.] Sous entendre, c' est retenir dans l' esprit quelque chôse qu' on n' exprime point. "Quand j' ai dit cela, j' ai sous-entendu que etc. = Se sous-entendre se dit d' une chôse qu' on n' exprime point et qui est censée exprimée. "Une telle claûse se sous-entend toujours. = Quand on dit dormir toute la nuit, on sous-entend, pendant.
   Sous-entente, et sous-entendu se disent de ce que l' on sous-entend; le premier par artifice et duplicité; le 2d inocemment et uniquement pour abréger. "Il y a toujours quelque sous-entente à ce qu' il dit. "Il (M. de Varignon) ne recherche point par des sous-entendus hardis la gloire de paroître profond. Fonten. = L' Acad. ne met sous-entendu que comme participe.

SOUS-FERME


SOUS-FERME, s. fém. SOUS-FERMER, v. act. SOUS-FERMIER, IèRE, s. m. et fém. [L' s est muette.] Sous-ferme, sous bail. Voy. ce mot. Sous-fermer, c' est doner ou prendre à sous-ferme. Sous-Fermier, ière; celui, celle qui prend des héritages ou des droits à sous-ferme.

SOUS LIGNER


SOUS LIGNER, Voy. SOULIGNER.

SOUS-LOCATAIRE


SOUS-LOCATAIRE, s. m. et fém. SOUS--LOUER, v. act. et n. [On ne prononce point la seconde s.] Sous louer, c' est doner ou prendre à louage une portion de maison; la doner non en qualité de propriétaire, mais en qualité de principal locataire. "Le principal locataire peut ordinairement sous-louer à d' aûtres, et on peut sous-louer de lui. Sous-locataire est celui, celle qui sous loue, qui loue une portion de maison, et qui la tient, non du propriétaire, mais du principal locataire.

SOUS-ORDRE


SOUS-ORDRE, s. m. [Sou-zordre.] On ne l' a dit long-tems que comme adverbe avec la prép. en. "Être ou travailler en sous-ordre, c. à. d. subordonément à d' aûtres. "Il n' est pas en chef dans cette afaire: il n' y est qu' en sous-ordre. = Depuis quelque tems on l' emploie comme substantif. "Veillez sur vos sous-ordres.

SOUSSIGNÉ


SOUSSIGNÉ, ÉE, participe du verbe soussigner, qui n' est point en usage. Qui a signé un acte. "Je soussigné, ou soussignée reconais; etc. "Nous soussignés sommes convenus. "Les Notaires, les témoins; les Docteurs soussignés, etc.

SOUS-TASSE


*SOUS-TASSE, s. f. "Je laisse tomber tasse et sous-tasse, Miss Bidulph. On dit sous-coupe.

SOUSTRACTION


SOUSTRACTION, s. f. SOUSTRAIRE, v. act. [Sous-trac-cion, trère: quelques-uns écrivent et prononcent Soutraction, soutraire, mais mal] Soustraire se conjugue comme Traire: il n' a point de prétérit simple, ni par conséquent d' imparfait du subjonctif. Ceux qui disent, il soustraya, que je soustrayasse font deux faûtes; l' une de doner à ce verbe des tems que l' usage n' admet pas; l' aûtre de les terminer comme dans la première conjugaison. Si ce verbe avait ces tems là, ce serait, je soustrayis, que je soustrayisse. = Soustraire. 1°. Ôter par adresse ou par fraude. "Il lui a soustrait des papiers importants. "On a soustrait une partie des éfets de la succession. = 2°. Soustraire les alimens à un malade; lui retrancher une partie de sa nourritûre ordinaire. = 3°. Se soustraire régit à ou de: il y a des exemples de l' un et de l' aûtre de ces deux régimes. "Se soustraire à la tyrannie, au châtiment: se soustraire de la puissance paternelle. Le premier est le plus usité:
   Dans votre apartement reculé, solitaire,
   À~ tous les importuns vous pouvez vous soustraire.
       La Chaussée.
= On dit aussi activement: soustraire un malheureux à la fureur de ses énemis: et soustraire les sujets de l' obéïssance de leur Prince. = 4°. En termes d' Arithmétique; ôter un nombre d' un aûtre. "Additioner, soustraire, multiplier, diviser, sont les quatre principales opérations de l' Arithmétique.
   SOUSTRACTION, se dit dans le 1er et le dernier sens. Soustraction d' éfets, de papiers. _ Faire une soustraction, ou la soustraction.

SOUTANE


SOUTANE, s. f. SOUTANELLE, s. f. [3e e muet au 1er, è moy. au 2d, ne, nèle.] Soutane est un habit long à manches étroites, qui est à l' usage des éclésiastiques et de quelques Magistrats. = Prendre, quiter la soutane, se dit quelquefois pour, embrasser ou quiter l' état éclésiastique. = Soutanelle, petite soutane, qui ne va que jusqu' à la jarretière.

SOUTE


SOUTE, s. f. 1°. En style de Pratique, la solde d' un compte. = 2°. En termes de Marine, retranchemens faits aux plus bas étages d' un vaisseau, qui servent de magasins pour les munitions de guerre ou de bouche. "Soute aux poûdres; au biscuit.

SOUTENABLE


SOUTENABLE, adj. SOUTENANT., s. m. SOUTèNEMENT, s. m. SOUTENEUR, s. m. SOUTENIR, v. act. [Sou-tenable, nan, tèneman, teneur, teni: 2e e muet, excepté au 3e, où il est moyen.] On écrivait anciènement soustenir etc., on a écrit ensuite soûtenir, etc., puis soutenir etc. sans accent. Soutenir, c' est 1°. Apuyer, suporter. "Colone, pièce de bois, qui soutient la charpente; arc-boutant qui soutient une murâille. = FIG. "Soutenir le fardeau, le faix des affaires, etc. "C' est lui, qui soutient la maison, la famille. = Fournir à: il ne peut pas soutenir cette dépense. "C' est lui, qui soutient toujours la conversation. = Se soutenir, en parlant des persones, se tenir ferme sur ses jambes. "Il ne peut se soutenir.
   Je ne me soutiens plus. La force m' abandone.
   Mes yeux sont éblouis du jour que je revoi.
   Et mes genoux tremblans se dérobent sous moi.
       Phèdre.
_ Se maintenir; ce bâtiment se soutient bien; cette persone se soutient à merveille. Être ferme: cette étofe se soutient: Ce damâs ne se soutient pas. = FIG. "Ce discours se soutient d' un bout à l' autre: il est égal par tout: cet orateur avait bien débuté; mais il ne s' est pas soutenu. = Persévérer. "Tous ceux de ma suite m' ont fait honeur jusqu' à présent; je crains toujours qu' ils ne se soutiennent pas. Cic. à Atticus. Mongault. _ 2°. Assurer, afirmer. "Il soutient un mensonge, comme un aûtre soutiendrait une vérité. "Je le lui soutiendrai en face: il soutient qu' il ne l' a pas dit. = 3°. Défendre une opinion, une doctrine. "Soutenir une proposition, une caûse; un procês, etc. Soutenir son droit. = Soutenir des Thèses, répondre dans une dispute publique. _ Et par extension, défendre une proposition qu' on a avancée par écrit ou de vive voix: "vous soutenez là une Thèse qui n' est pas soutenable. = 4°. Ne pas démentir: "Soutenir son rang, sa dignité, son caractère. _ En st. familier. Soutenir noblesse. = 5°. Résister à, se défendre contre: "Soutenir le choc, etc. un siège, un assaut, la force du vent, etc. "Il y a des vins, qui ne peuvent soutenir la mer. "Il ne peut soutenir le moindre reproche; la raillerie, etc. "Un criminel ne peut soutenir la présence de son Juge, etc. = 6°. Favoriser, apuyer: "Il l' a soutenu dans cette affaire, contre ses énemis. Voy. PROTÉGER. = 7°. Sustenter; en parlant des alimens: "La bonne nourritûre soutient; done de la force. = 8°. Soutenu, partic. et adj. "Style soutenu, le style oratoire: discours soutenu, d' une égale force partout. "Caractères soutenus, dans une pièce de théâtre; qui gardent jusqu' au bout les mêmes moeurs.
   SOUTENABLE, qui se peut soutenir (n°. 3°.) Opinion, proposition, caûse, qui est ou n' est pas soutenable. = Qui se peut endurer. "Ce genre de vie, ce procédé n' est pas soutenable. = Où des gens de guerre peuvent se défendre. "Ce poste n' est pas soutenable. = Il se dit ordinairement avec la négative. "Ni l' un ni l' aûtre de ces deux partis n' étoit soutenable. MAIMBOURG. = Soutenant ne se dit que de celui, qui soutient des Thèses. = Soutènement, action de soutenir. Il ne s' emploie point dans le discours ordinaire. On ne le dit qu' en termes de Maçonerie: "Mettre un pilier pour servir de soutènement à un mur, à un plancher; et en style de Pratique, des raisons que l' on done par écrit pour soutenir les articles d' un compte. = Souteneur, celui qui soutient, qui protège et favorise les mauvais lieux. _ C' est un mot odieux.
   Rem. L' usage plus fréquent de soutenir, en divers sens, ne date que de la fin du dernier siècle. "Ce n' est que depuis quelques années, dit l' Auteur des Réflexions, qu' on dit, soutenir sa réputation; soutenir la conversation, la voix; se soutenir dans sa conduite, dans un discours; un discours soutenu, etc. = Dans le sens d' afirmer, il régit ou que avec l' indicatif, ou l' infinitif sans préposition; il soutient que vous l' avez dit: il soutient l' avoir entendu. Le 1er régime s' emploie quand le verbe régi ne se raporte pas au nominatif de soutenir; le 2d, quand il s' y raporte. = Dans le sens d' apuyer, protéger, il a quelquefois trois régimes, l' acusatif et les prép. de et contre. "Octave consentit qu' Antoine fit mourir Cicéron, quoique ce grand Homme l' eut soutenu de son crédit contre Antoine même. Révol. Rom. _ Le participe passif a aussi le régime de l' ablatif, (la prép. de) "Les Tribuns, soutenus de la populace en furie, etc. Ibid. "L' hérésie des Iconoclastes étoit alors soutenûe de toute la puissance des Empereurs. P. Grifet. = Ce verbe ne se dit que rârement dans le sens de suporter, endurer. On dit, d' un homme, d' un caractère ferme, qu' il soutient avec constance les revers et les malheurs: mais on ne dirait pas si bien, que le peuple soutient avec impatience le pouvoir d' un Conquérant; comme l' a dit Racine dans son Alexandre.
   Tout ce peuple captif, qui tremble au nom d' un Maître.
   Soutient mal un pouvoir, qui ne fait que de naître.
   Il peut y avoir de l' équivoque dans ce vers: on peut croire que Racine par, soutient mal, a voulu dire, défend, apuye mal; ce qui n' est pas le sens qu' il avait en vûe. = Pluche dit, dans le sens de résister; se soutenir à, au lieu de dire, se soutenir contre. "Des creusets capables de se soutenir à l' action du feu. _ C' est le régime de résister: il ne vaut rien avec se soutenir. = * Le Chev. de Follard dit soutenir contre, pour résister à: "Henri le Grand, à la bataille d' Ivri, entrelâssa ses gros escadrons de bataillons capables de soutenir contre tout effort de cavalerie. "Le moyen qu' une aile de cavalerie puisse soutenir contre une disposition semblable. Voy. RÉSISTER, Rem.

SOUTERRAIN


SOUTERRAIN, AINE, adj. et subst. [Sou--tê-rein rène: 2e ê ouv. l' r se prononce fortement.] Qui est sous terre, ou, qui vient de dessous terre. "Chemin, conduit souterrain. "Vents, feux souterrains; vapeurs souterraines. = S. m. Lieu vouté et pratiqué dans une place de guerre, pour mettre les troupes et les munitions à couvert des bombes. = Au fig. et au plur. Pratiques secrètes pour parvenir à quelque fin. "Il a des souterrains: il a fait fortune par des souterrains. _ Il ne se prend qu' en mauvaise part.

SOUTIEN


SOUTIEN, s. m. [Sou-tien. = Quelques Écrivains, ou leurs Imprimeurs, mettent mal-à-propôs un t à la fin de ce mot: mais le substantif ne se termine pas de la sorte: c' est la terminaison de la 3e pers. du sing. du présent de l' indicatif de soutenir. On dit, le soutien, sans t final, et il soutient avec un t à la fin.] Ce qui soutient, ce qui appuye. Il se dit au propre et au figuré. "Le soutien d' une voûte, d' un édifice: "Le soutien de l' Empire, de la Religion. "Il est le soutien de sa famille. "Je n' ai d' autre soutien que vous. Voy. APPUI.

SOUTIRAGE


SOUTIRAGE, s. m. SOUTIRER, v. act. Ils expriment l' action de transvaser quelque liqueur d' un toneau dans un aûtre, de manière que la lie reste dans le premier. "Soutirer du vin. "Le soutirage a tant coûté.

SOUTRAIRE


SOUTRAIRE, SOUTRACTION. Voyez SOUSTRACTION, SOUSTRAIRE.

SOUVENANCE


SOUVENANCE, s. f. SOUVENIR, s. m. SE SOUVENIR, v. réc. [2e e muet; 3e lon. au 1er.] Souvenance et souvenir ont le même sens; mais le premier est vieux. Action de la mémoire par laquelle on se ressouvient. "Je n' en ai qu' une légère souvenance. "Je garderai un éternel souvenir de vos bienfaits. "Ils seront toujours dans mon souvenir. "On doit garder le souvenir du bien, que l' on reçoit; et oublier celui, que l' on fait. Le Franc, traduct. de St. Grég. de Naz. = C' est aussi la pensée par laquelle on se souvient, ou l' on réfléchit sur. Perdre, rapeler le souvenir de, etc. "Le souvenir de la mort.
   Le souvenir d' un bonheur qui n' est plus,
   Est à nos maux un poids insuportable.
       Volt.
= Ce qui rapelle le souvenir. "Ses infirmités sont de tristes souvenirs des dérèglemens de sa jeunesse.
   SE SOUVENIR, avoir mémoire de: il régit la prép. de devant les noms et le verbes. "Il se souvient des moindres époques de sa vie: je me souviens d' avoir ouï dire que, etc.
   Quelle heure est-il?
   Il est... je ne m' en souviens pas.
   - - Tu ne t' en souviens pas? -- Non, Monsieur.
   - - Je suis las
   De tes mauvais discours de tes impertinences.
       Le Joueur.
= Il s' emploie aussi impersonellement. Il me souvient et je me souviens, sont tous deux bons, dit Vaugelas, mais le 2d, disait-il, est plus usité à la cour. Pour moi, je crois que celui-ci est le meilleur dans le style relevé; et que tous deux sont bons dans la conversation. On pourrait pourtant dire que je me souviens est plus du style simple, et il me souvient du style familier et badin. "Non pas qu' il m' en souviène.
   Ma soeur, vous souvient-il du feu Roi votre Père?
L' actrice hésitant de répondre; quelqu' un cria du fond du Parterre:
   Ma foi, s' il m' en souvient, il ne m' en souvient guère.
   S' il te souvient encor du nombre des victimes,
   Compte, si tu le peux, mes remords par mes crimes.
       Radamisthe.
  Bon jour, Madame Adam. Quelle joie est la mienne!
  Vous voir, c' est du plus loin, parbleu, qu' il me souvienne.
       Le Joueur.
= Faire souvenir régit l' acusatif: on lui donait aûtrefois le datif pour régime. On disait: il faut leur faire souvenir. On doit dire: les faire souvenir. VAUG. = On dit, en parenthèse:s' il m' en souvient bien: Pluche dit: si bien me souviens. C' est peut-être une expression qu' il avait aportée de la Province.

SOUVENT


SOUVENT, adv. [Sou-van.] Fréquemment; plusieurs fois en peu de tems. = 1°. Il est susceptible des degrés de comparaison: plus souvent, três-souvent; le plus souvent qu' il se pourra. = 2°. Il peut se placer devant ou aprês le verbe, ou même dês le comencement de la phrâse: souvent, il est arrivé; il est arrivé souvent. "Souvent, quand on prend plus de peine, on a moins de succês. = Il est mal placé entre le nominatif et le verbe. "L' Église souvent est presque aussi afligée par le faux zèle, qui la défend, que par l' erreur même, qui l' ataque. Massill. Il falait, ce me semble, ou, souvent, l' Église est aussi afligée, ou bien, l' Église est souvent aussi afligée, etc.
   Quelques Auteurs aprês souvent mettent le pronom nominatif à la suite du verbe. "Il croient agir en cela avec plus de mérite devant Dieu; mais souvent, sans qu' ils l' aperçoivent, se mêle-t' il beaucoup de tempérament et quelquefois une secrète complaisance au fond de l' âme. Bourdal. = * Souventes fois vieillit, il est aujourd' hui à peine suportable dans la conversation. L' Acad. ne le met pas. = Souvent; fréquemment (synon.) Le 2d enchérit sur le 1er: il signifie fort souvent. Vous allez souvent dans un lieu, où vous avez coutume d' aller: vous allez fréquemment dans une maison, où vous allez avec une grande assiduité. Souvent n' indique que la pluralité des actes; fréquemment anonce une habitude formée. Vous faites souvent ce qu' il est ordinaire que vous fassiez: vous faites fréquemment ce que vous faites sans cesse. Extr. des Syn. Fr. de M. l' Abé Girard.

SOUVERAIN


SOUVERAIN, AINE, adj. et subst. SOUVERAINEMENT, adv. SOUVERAINETÉ, s. f. [Sou-ve-rein, rène, rèneman, rèneté: 2e e muet, 3e è moy. au 2e, 3e et 4e, dont la 4e e muet.] Souverain. 1°. Suprême, três--excellent, supérieur à tout, en son genre. "Le souverain bien; la souveraine félicité: souverain bonheur; la bonté souveraine; remède souverain, qui a une vertu souveraine. = 2°. Absolu, indépendant. "Prince souverain; pouvoir souverain. = Subst. "Le Souverain, la Souveraine; notre Souverain, sa Souveraine. "Le degré de bonheur des sujets est la mesure de la gloire des Souverains. L' Abé Du-Serre-Figon.
   Souverain de son coeur l' Homme fait son état,
   Et rien, sans son aveu, ne l' élève ou l' abat.
       Sidney.
  SOUVERAINEMENT; excellemment, parfaitement: "Dieu est souverainement bon. "La loi de Dieu est souverainement juste. = Extrêmement: "Cet ouvrage est souverainement mauvais. = D' une manière souveraine et indépendante. Comander souverainement: juger souverainement et en dernier ressort.
   SOUVERAINETÉ, se dit et de l' autorité d' un Prince souverain: "Les droits, les prérogatives de la souveraineté; et de l' étendûe du pays où un Prince comande souvenainement: "Cette souveraineté n' a pas dix lieûes d' étendûe.

SOYER


*SOYER, ou SÉYER. Ils se sont dit autrefois pour, scier, en parlant des blés.

SOYERIE


SOYERIE, Voy. SOIERIE.

SOYEUX


SOYEUX, EûSE, adj. [Soa-ieû, ieû-ze: 2e lon.] Il a deux sens: 1°. Doux, comme de la soie; poil soyeux; laine soyeûse. = 2°. Bien garni de soie: satin bien soyeux.

SP


SP. ST. Plusieurs, en prononçant ces deux lettres, les font précéder d' un e; et ils prononcent, spacieux, statûe, comme s' ils étaient écrits: espacieux, estatûe: cette prononciation est três-vicieûse. Elle est fort comune dans les Provinces méridionales.

SPACIEûSEMENT


SPACIEûSEMENT, adv. SPACIEUX, EûSE, adj. [Spa-cieû-ze-man; cieû, cieû-ze; et dans la prononciation soutenûe, ci-eû, ci-eû-ze etc.] Spacieux, qui est de grande étendûe, en parlant du lieu, et non du tems. "Jardin spacieux: cour fort spacieûse. = Spacieûsement; au large; en grand espace. "Il est logé fort spacieûsement.
   Rem. Quelques Auteurs ou Imprimeurs, écrivent spatieux avec un t, aparemment à cause du latin, spatiosus: l' usage actuel est pour spacieux. = Voy. ESPACE.

SPAHI


SPAHI, s. m. Soldat Turc, qui sert à cheval.

SPARADRAP


SPARADRAP, s. m. [On ne prononce point le p final] Toile trempée dans un emplâtre fondu.

SPARTAIN


*SPARTAIN, AINE, adj. SPARTIATE, s. m. Ils se disent des habitans de Sparte, de Lacédémone. "L' esprit et le gout Spartain. "À~ la manière des Spartiates. = L' adjectif a été employé par Rollin: il est peu usité; on dit plutôt Lacédémonien.

SPASME


SPASME, s. m. SPASMODIQUE, adj. Termes de Médecine. Convulsion. Convulsif.

SPATULE


SPATULE, s. f. Instrument de Chirurgien et d' Apothicaire, qui est rond par un bout et plat par l' autre. Il sert à étendre l' onguent sur de la toile ou de la peau. _ On remarquait dans Trév. que l' Acad. disait espatule, et l' on ajoutait que c' est ainsi qu' il falait dire. Dans la dern. Édit. elle dit celui-ci d' une espèce de plante: c' est le glaïeul puant. Elle dit spatule dans le sens marqué dans cet article.

SPÉCIAL


SPÉCIAL, ALE, adj. SPÉCIALEMENT, adv. SPÉCIALITÉ, s. f. [Spé-ci-al, ale, ale--man; alité: 1re é fer. 4e e muet au 2d et au 3e.] Spécial; qui est déterminé à quelque chôse de particulier. Spécialement, d' une manière spéciale. Spécialité, détermination d' une chose spéciale. "Procureur général et spécial. "Pouvoir spécial; procuration spéciale: par grâce spéciale. "Claûse, Hypothèque spéciale. "Tous les Oficiers de Finance, et spécialement les Receveurs généraux. "Hypothéquer tous ses biens et spécialement une telle maison, une telle terre. "Sans que la spécialité déroge à la généralité. _ Le substantif ne se dit que dans cette phrâse de Notaire, qui a raport aux Hypothèques.
   Rem. On écrivait anciènement espécial et on le prononce encore ainsi dans les Provinces méridionales. "Le roi et son Grand Conseil n' en furent pas bien contens et par espécial des Seigneurs du Parlement. Moustrel.

SPÉCIEUSEMENT


SPÉCIEUSEMENT, adv. SPÉCIEUX, EûSE, adj. [Spé-cieû-zeman, cieû, cieû-ze, dans la prononciation soutenûe, ci-eû, ci--eû-ze] Spécieux, qui a une aparence de vérité et de justice. "Ce qu' il dit est fort spécieux. Prétexte spécieux; raisons spécieuses. * La Bruyère lui done le sens de brillant, agréable. "Les bourgeois ne connoissent le monde que par ce qu' il a de moins beau et de moins spécieux. "Qui a vu la cour, a vu du monde ce qui est le plus beau, le plus spécieux et le plus orné. Bourdaloue l' emploie dans ce sens substantivement: "Le spécieux et l' utile; un état aisé et une domination absolue sur les esprits; voilà où ils (les Pharisiens) aspiroient. _ L' usage n' a pas doné à ce mot cette signification.
   SPÉCIEûSEMENT, d' une manière spécieûse. "Il a exposé le fait si spécieûsement qu' il a séduit tout le monde.

SPÉCIFICATION


SPÉCIFICATION, s. f. SPÉCIFIER, v. act. [Spécifika-cion, fi-é: 1reé fer. dern. é aussi fer. au 2d.] Ils expriment l' action de déterminer en particulier, en détail. "Il a promis de payer en denrées sans rien spécifier, sans autre spécification. "Cela est spécifié dans le marché, dans le contrat, dans l' arrêt.

SPÉCIFIQUE


SPÉCIFIQUE, adj. SPÉCIFIQUEMENT, adv. [Spécifike, keman: 1re é fer. 4e e muet] Spécifique, propre spécialement à: "Diférence, vertu, qualité spécifique. "Remède spécifique. = S. m. "Le Quinquina est un grand spécifique contre la fièvre intermittente. _ C' est tout l' emploi de ce mot. = Spécifiquement; d' une manière spécifique: "Ce corps est spécifiquement plus pesant que l' aûtre.

SPECTACLE


SPECTACLE, s. m. [Spèktakle et non pas espectacle, et encore moins espétacle, comme dit le peuple en certaines Provinces: 1re è moy. 2e dout. 3e e muet.] Spectacle est en général tout objet, qui atire les regards. "Beau, ou, triste, horrible spectacle.
   À~ ce triste spectacle, il frémit de courroux.
       Didon.
_ Être en spectacle: exposé à l' atention publique; et ainsi doner et se doner en spectacle. "Les Princes et les Grands ne semblent nés que pour les aûtres; le même rang, qui les done en spectacle, les propôse pour modèles. Massill. "Les Grands sont en spectacle à tout l' Univers. Id. "La France est encore plus en spectacle qu' aucune aûtre nation Id. = Servir de spectacle, de risée.
   Vous allez vous doner un travers dans le monde.
   Il ne lui faut jamais doner légèrement,
   Ces spectacles d' humeur, qu' on soutient rarement.
       Sidney.
= 2°. En particulier, représentation théâtrale. Aller aux Spectacles: il aime les Spectacles. = Il se dit aussi de certaines grandes cérémonies ou réjouissances publiques, comme l' entrée solennelle d' un Roi dans sa Capitale; le couronement~ du Pape, les feux d' artifice, les carrousels, etc.

SPECTATEUR


SPECTATEUR, TRICE, s. m. et f. [Spèkta-teur, trice: 1re è moy.] Celui, celle, qui est présent à un Spectacle (n° 2°.) Les Acteurs et les spectateurs. = Fig. Celui, qui n' agit point dans une afaire, et qui a seulement atention à tout ce qui se pâsse. "Je n' ai point eu de part à cela: je n' en ai été que simple spectateur. "Elle a été spectatrice de tout cet évènement. "Je fus du haut de cette tour spectateur d' un sanglant combat. Télém. "La modération prouvée du Ministère françois... engagera probablement les autres Puissances maritimes à rester tranquilles spectatrices de la lutte mémorable qui va s' engager sous leurs yeux. LINGUET. = Ce substantif peut être employé adjectivement: les peuples spectateurs; les nations spectatrices. Id.

SPèCTRE


SPèCTRE, s. m. [Spèk-tre: 1re è moy. 2e e muet.] Fantôme, figure surprenante, que l' on voit, ou qu' on croit voir. "Spèctre hideux, épouvantable. = Fig. St. prov. Persone extrêmement hâve et maigre: ' Cette femme est devenûe un spèctre.
   Mais pourquoi donc ce spectre féminin
   Nous poursuit-il de son regard malin?
       Volt.

SPÉCULATEUR


SPÉCULATEUR, s. m. SPÉCULATIF, IVE, adj. SPÉCULATION, s. f. SPÉCULER, v. act. et n. [Spékula-teur, tif, tive, cion, lé: 1reé fer. dern. é aussi fermé au dernier.] Ils se disent de l' action d' observer, de méditer. En parlant des astres, ils vieillissent. On dit plutôt observer que spéculer les astres; et ainsi de spéculation et de spéculateur, à la place desquels on dit observation et observateur. = Dans le sens de méditer ils sont plus usités. "Ce n' est pas tout que de spéculer: il faut réduire en pratique. "Cet homme est un grand spéculateur: "Il nous a comuniqué ses spéculations sur cette matière: "C' est un esprit spéculatif, trop spéculatif. "Ces Politiques spéculatifs, qui arrangent, suivant leurs idées, les conseils des Rois et composent sans instructions les annales de leur Siècle. Boss. = * Pluche emploie cet adjectif substantivement: "Un spéculatif à système comprit que, etc. Il aurait du dire, un Spéculateur. Au pluriel, on le dit; les Spéculatifs. "Les spéculatifs croient que cette négociation n' aboutira à rien.
   Rem. Le grand usage de spéculatif et de spéculation, c' est en parlant de la théorie par oposition à la pratique. "Ouvrage pûrement spéculatif, science spéculative. "Cela n' est bon que dans la spéculation et ne vaut rien dans la pratique.

SPHèRE


SPHèRE, s. f. SPHÉRICITÉ, s. f. SPHÉRIQUE, adj. SPHÉRIQUEMENT, adv. [Sfère, et non pas esfère; sféricité, rikekeman: 1re è moy. au 1er, é fer. aux aûtres, 3e e muet au 3e et au 4e.] Sphère, 1°. Au propre, globe. = 2°. Plus particulièrement, espèce de machine ronde et mobile, composée de divers cercles, qui représentent ceux que les Astronomes imaginent dans le Ciel. = 3°. La conaissance des premiers principes de l' Astronomie, qu' on étudie par le moyen d' une Sphère: "Enseigner, étudier, savoir la Sphère. = 4°. L' espace, dans lequel les Astronômes conçoivent qu' une Planète fait son cours. "La Sphère de Jupiter: "Saturne parcourt sa Sphère en trente ans. = 5°. Sphère d' activité, en Physique, l' espace dans lequel la vertu d' un agent naturel peut s' étendre, et hors duquel, il n' a point d' action. = On le dit figurément tout seul dans ce sens, de l' étendûe de pouvoir, de conaissance, de talent. "Cela n' est pas de votre sphère: sortir, être hors de sa sphère: "Quand on le met sur telle matière, il est hors de sa sphère. = En st. famil. Sortir de sa sphère, c' est sortir des bornes de sa condition. "C' est par le jugement qu' on conoit sa mesure et sa sorte d' esprit; et que, les conoissant, on n' entreprend point hors de sa sphère, ni au dessus de sa portée. Trublet. = La Chaussée dit aux Français:
   Renfermés dans la sphère, où le sort vous fit naître,
   Vous bornez la Nature à votre façon d' être.
   Tout ce qui n' est point vous est absurde à vos yeux.
Voy. TOURBILLON
   Un Juge bien apris, en hasardant sa voix
   Contre gens de ma sphère, y regarde à deux fois.
       Les Aieux chimériques.
  SPHÉRICITÉ, qualité de ce qui est sphérique, de ce qui est rond comme un globe. "La sphéricité de la Terre. "Un corps, une figûre sphérique. = Sphériquement, en forme sphérique.

SPHINX


SPHINX, s. m. [Sfeinks, monosyllabe.] Monstre imaginaire; qui avait le visage et les mamelles d' une femme, le corps d' un lion, et les ailes d' un aigle. = * Danet et quelques Auteurs ont fait ce mot féminin; la sphinx. Richelet dit qu' il est des deux genres; L' Acad. ne le marque que masculin; et c' est l' usage le plus autorisé.

SPIRITUALISATION


SPIRITUALISATION, s. f. SPIRITUALISER, v. act. SPIRITUALITÉ, s. f. SPIRITUEL, ELLE, adj. SPIRITUELLEMENT, adv. SPIRITUEUX, EûSE, adj. [Spiritu--alization, alizé, alité; èl, èle, èleman, eû, eû-ze: 4e è moy. 5e e muet au 5e et au 6e, 4e lon. aux deux derniers.] Spirituel est 1°. Qui est esprit; incorporel. "Les Anges sont des substances sprituelles: l' âme de l' Homme est spirituelle et immortelle. = 2°. Qui a de l' esprit: "Homme fort spirituel; femme très-spirituelle. = 3°. Apliqué aux chôses, ingénieux; où il y a de l' esprit. "Réponse spirituelle. = Qui montre qu' on a de l' esprit: air spirituel, physionomie spirituelle. = 4°. En matière de dévotion, il est oposé à charnel, sensuel, mondain. "L' Homme spirituel, la vie spirituelle. Père spirituel; entretien, exercice, cantique, spirituel. * Bourdaloue et Fleury l' emploient substantivement au pluriel. "C' est le vice des spirituels et des Dévots, etc. "Les spirituels ont pensé que, etc. Il n' est pas fort usité dans cet emploi. = 5°. Allégorique ou moral, par oposition à litéral. "Le sens spirituel de l' Écritûre.
   SPIRITUELLEMENT, d' une manière spirituelle (n°. 3°.) Il lui répondit fort spirituellement.
   SPIRITUALITÉ, qui regarde la natûre de l' âme; la spiritualité de l' âme (n° 1°.) Ou la vie intérieure: (n° 4°.) Livre de spiritualité.
   SPIRITUALISER et spiritualisation se disent en chimie, de l' action de réduire en esprits les corps mixtes. = Trév. done deux autres sens au verbe; 1°. Ouvrir l'~ esprit à quelqu' un: "Les Dames spiritualisent, (polissent) l' esprit de ceux, qui les fréquentent. On ne cite point d' Âuteur. Spiritualiser est hors d' usage en ce sens; et spiritualiser l' esprit a quelque chose de risible. 2°. Doner un sens spirituel à etc. "Les Pères ont spiritualisé et allégorisé toute l' Écritûre. _ Celui-ci me parait bon: l' Acad. ne le met pas.
   SPIRITUEUX, qui a beaucoup d' esprit, volatil, subtil, pénétrant. "Vin fort spiritueux; liqueur spiritueûse. "Il y a des gens, qui, au moyen d' une grande vivacité, paroissent avoir beaucoup plus d' esprit, qu' ils n' en ont en effet. Ils sont spiritueux, si cela peut se dire, plutôt que spirituels. L' Ab. Trublet.

SPLENDEUR


SPLENDEUR, s. f. SPLENDIDE, adj. SPLENDIDEMENT, adv. [Splandeur, dide, deman; et non pas esplandeur, etc.] Splendeur, au propre, grand éclat de lumière. "La splendeur du Soleil, des astres. St. poétique, ou oratoire. = Au figuré, grand éclat d' honeur et de gloire. "La splendeur de son nom, de sa race.
   Dèplorable Sion, qu' as-tu fait de ta gloire?
   Tout l' Univers admiroit ta splendeur,
   Tu n' es plus que poussière, et de cette grandeur
   Il ne nous reste plus que la triste mémoire.
       Esther.
"La splendeur de son gouvernement (de Louis XIV.) s' est répandue sur ses moindres actions. Volt. = Magnificence. pompe. "Vivre avec splendeur. = L' adjectif et l' adverbe n' ont que ce dernier sens. "Homme splendide. Repâs, festin, table splendide: avoir une Cour splendide. "Vivre; traiter ses convives, splendidement. = Dans l' Hist. d' Angl. on parle de mariages splendides. Le mot est impropre en cette phrâse.

SPOLIATEUR


SPOLIATEUR, s. m. SPOLIATION, s. f. SPOLIER, v. act. Les deux derniers se disent au Palais, de l' action de déposséder par force ou par violence. _ Trév. apelle Denys le Tyran, Spoliateur des Temples. Je crois qu' on peut le dire dans des ocasions pareilles: l' Acad. ne le met pas. M. Raynal a dit Spolier avec violence. "Le spoliateur et l' Homme violent sont toujours odieux.

SPONDAïQUE


SPONDAïQUE, adj. m. SPONDÉE, s. m. [2e é fer. et long au 2d.] Spondée est un pied des vers grecs et latins, composé de deux syllabes longues. = Spondaïque se dit d' un vers hexamètre, tout composé de spondées, ou du moins, qui a deux spondées à la fin.

SPONGIEUX


SPONGIEUX, EûSE, adj. [Spongi-eû, eû-ze: 1re et 3e lon.] De la natûre de l' éponge. "Le poumon est spongieux; la pierre ponce est spongieûse.

SPONTANÉE


SPONTANÉE, adj. SPONTANÉMENT, adv. SPONTANÉITÉ, s. f. [1re lon. 3e é fer. long au 1er. = Quelques-uns écrivent spontané au masculin: et cela serait plus convenable.] Spontané, que l' on fait volontairement. "Moûvement spontané: action spontanée. = En Médecine, au contraire, il se dit des moûvemens, qui s' exécutent d' eux mêmes et sans la participation de l' âme, comme ceux du coeur, du cerveau, des artères. Spontanéité, qualité de ce qui est spontané. = Spontanément, de soi-même et sans le secours de la volonté; de la cultûre, etc. "Les oranges y croissent aujourd' hui, (en Portugal) pour ainsi dire, spontanément. Let. sur les Portugais, tranduites de l' Anglais. C' est un néologisme et un anglicisme: spontaneously. Cet adverbe serait utile.

SPONTON


SPONTON, Voy. ESPONTON.

SPUTATION


SPUTATION, s. f. [Sputa-cion.] Terme de Médecine. Action de cracher.

SQUELèTE


SQUELèTE, Trév. ou SQUELETTE, Acad. S. m. [Skelète: 1re et dern. e muet, 2eè moy.] Les ossemens d' un corps mort, joints encôre ensemble. "Le squelette d' un homme, d' un cheval, d' un oiseau, etc. = Fig. St. famil. Persone maigre et décharnée~: c' est un vrai squelète. Trév. Quelques-uns abusivement le disent en cette dernière phrâse au fém. Ibid. Une squelète. Il est toujours masculin. "Cette femme est un squelète.

SQUIRRE


SQUIRRE, s. m. SQUIRREUX, EûSE, adj. [Squi-re, reû, reû-ze et non pas eskirre; etc. L' r se prononce fortement.] Le squirre est une tumeur dûre, causée par quelque obstruction, ou par l' épaississement des liqueurs. Squirreux, qui tient de la natûre du squirre. "Squirre au foie, à la rate, aux reins, etc. "Tumeur squirreûse.

STABILITÉ


STABILITÉ, s. f. STABLE, adj. Ils se disent de ce qui est dans une situation, dans un état ferme, et s' emploient au propre et au figuré. "Edifice stable. "Paix ferme et stable: rien n' est stable dans ce monde. "La stabilité d' un édifice;d' un État, des lois: il n' y a point de satabilité dans les chôses du monde.
   Les oeuvres des humains sont fragiles comme eux,
   Dieu dissipe à son gré leurs desseins factieux.
   Lui seul est toujours stable, etc.
       Henriade.
= Stabilité, constance, fermeté (Synon.) La stabilité empêche de varier, la constance de changer, la fermeté de céder. GIR. Synon.

STADE


STADE, s. m. [2e e muet.] 1°. Carrière, où les Grecs s' exerçaient à la course, et qui était de 125 pâs géométriques de longueur. = 2°. Longueur de chemin, pareille à celle de cette carrière.

STAGE


STAGE, s. m. C' est dans certains Chapitres, la résidence que doit faire chaque nouveau chanoine, afin de pouvoir jouïr des honeurs et des revenus, atachés à la Prébende, dont il a pris possession. _ Dans certaines Églises, le stage est d' une année, et on l' apèle, la rigoureûse.

STAGNANT


STAGNANT, ANTE, adj. STAGNATION, s. f. *STAGNER, v. n. [Le g est dur, on ne le mouille pas: prononcer comme s' il était écrit staguenan, na-cion, né.] Ils se disent des eaux et des humeurs du corps humain, qui s' arrêtent, croupissent, ou ne coulent point. "Eaux, humeurs stagnantes: "La stagnation des eaux, des humeurs. * "Ces cavernes où l' eau stagne sur des pavés de mosaïque. Linguet. Le verbe est un néologisme. = Quelques Auteurs três modernes, ont employé l' adjectif et le substantif au figuré. "Il falait ofrir à la curiosité stagnante quelque chôse, qui la réveillât. Linguet. "Après une longue stagnation, les Négocians de Londres ont dû être ravis de renouer une correspondance, dont l' interruption leur avoit causé tant de regrets. Id. "La stagnation du Comerce, stagnation d' argent; stagnation de confiance: l' argent y demeure en stagnation. NECKER. "La suposition de 1200 millions d' espèces dans le Royaume en stagnation. ANON. "La triste stagnation du Scepticisme n' est pas moins alarmante que l' effervescence du zèle. L' Ab. Boulogne. M. l' Ab. Royou, en citant cette dernière phrâse, met stagnation en italique; critique indirecte.

STALLE


STALLE, s. f. [stale.] Il se dit des Sièges de bois, qui sont autour du choeur, dans une Église.

STANCES


STANCES, s. f. pl. [1re lon. 2ee muet.] Espèce d' Ode, qui demande moins d' élévation et d' enthousiasme. "Beaucoup de Poètes devraient apeler stances ce qu' ils donent pour une Ode. "La Motte dona de belles stances plutôt que de belles Odes. Volt. = Stance au singulier se dit de chaque couplet ou strophe des stances. "La seconde stance est la plus belle, la plus agréable de toutes.

STATION


STATION, s. f. STATIONAIRE, adj. STATIONALE, adj. fém. [Sta-cion, nère, na--le; et non pas, estacion: 3eè moy. et long au 2d.] Station est 1°. Paûse, demeure de peu de durée, qu' on fait en un lieu. On le dit particulièrement de la visite des Églises, des Chapelles, ordonées pour gâgner les Indulgences. "Faire ses stations. = En st. famil. Faire une station en quelque lieu; s' y reposer quelque tems. = 2°. Doner une station à un Prédicateur; le nomer pour précher dans une Église pendant l' Avent ou le Carême. = 3°. Station, en parlant de nivellement, se dit des lieux, où l' instrument a été posé et où il y a eu opération faite. "Un coup de niveau est compris entre deux stations.
   STATIONAIRE, en termes d' Astronomie, se dit d' une Planète lorsqu' elle parait n' avancer, ni reculer dans le Zodiaque.
   STATIONALE, dans laquelle on fait des stations (n° 1°.) Église stationale.

STATIQUE


STATIQUE, s. f. Science, qui a pour objet l' équilibre des corps solides.

STATUAIRE


STATUAIRE, s. m. STATûE, s. f. [Sta--tu-ère, statûe; et non pas èstatuere, èstatûe: 3e è moy. et long au 1er.] Statûe, Figûre d' homme ou de femme de plein relief. = On dit fig. St. famil. d' une persone froide et peu sensible, que c' est une statûe; et d' une belle femme, qui a peu d' esprit, que c' est une belle statûe, une belle image.
   Mais, que font là tes bras, pendans à ton côté?
   Te voilà sur tes pieds, droit comme une statûe.
   Dégourdis-toi. Courage, alons, qu' on s' évertue!
       Les Plaideurs.
  Mais lui, comme il n' est plus qu' une froide statûe,
  Il a tout nettement refusé l' entrevûe.
       Sidney.
"Parlez donc? Vous voilà comme une statûe. MARIV.
  STATUAIRE, Sculpteur; qui fait des statûes. = * S. f. Quelques Auteurs parmi les anciens, se sont servis de ce mot au lieu de celui de sculptûre. L' Acad. l' avait dabord aprouvé: mais dans les dernières éditions, elle dit qu' il n' est guère d' usage. Le Rich. Port. le met sans remarque: l' art de faire des statûes. Pluche l' a encore employé. "C' est à Dédale qu' on est redevable de la statuaire. = Adj. m. Marbre statuaire, propre à faire des statûes.
   REM. Statuaire ne se dit guère que des sculpteurs de l' Antiquité. Acad.

STATUER


STATUER, v. act. et n. STATUT, s. m. [Satu-é, statu; et non pas, èstatué, èstatu.] Statuer, ordoner. "Nous avons statué et ordoné: il faut voir ce que la Loi statûe sur cela: le Juge n' a rien statué sur ce chef, sur cette requête. "Ne vous ocupez de ce qui me regarde qu' après avoir statué sur des objets plus essentiels. L. F. Vie de St. Grég. de Naz. = L' Acad. ne l' admet qu' en termes de Chancellerie et de Pratique.
   STATUT, Règle établie pour la conduite d' une compagnie, d' un corps. "Les statuts des Chevaliers de; d' une confrerie, de l' Académie, etc.des Orfèvres, des Marchands merciers, etc.

STATûRE


STATûRE, s. f. [2e lon. 3ee muet.] Hauteur de la tâille d' un homme. "Il est de grande, de moyenne statûre. = Il n' est guère en usage que dans le style relevé: on se sert ordinairement de tâille: l' Acad. n' en distingue point l' usage. L. T.

STATUT


STATUT, Voy. STATUER.

STÉRILE


STÉRILE, adj. STÉRILITÉ, s. f. [1re é fer.] Stérile, qui ne porte point de fruits, quoiqu' il soit de natûre à en porter. Il se dit au propre et au figuré. "Champ, terre, arbre stérile. _ Femme stérile, qui n' a point d' enfans, aprês plusieurs années de mariage. _ "Ce Siècle a été stérile en Grands Hommes: la Saison est stérile en nouvelles. "Tous les tems furent stériles en Orateurs. D' Oliv.Pens. de Cic. "Esprit, Auteur, Poète, stérile, qui ne produit rien de lui-même. "Sujet stérile, qui ne fournit pas beaucoup de matière à l' Orateur. "Louanges stériles, qui ne sont acompagnées d' aucune récompense. Gloire stérile, dont on ne retire aucun avantage. Admiration stérile, qui ne va pas jusqu' à imiter ce qu' on admire.
   STÉRILITÉ, qualité de ce qui est stérile. "La stérilité d' un champ, d' une femme; d' un Auteur, d' un Sujet. "Il y a, en ce moment, stérilité de nouvelles; et dans cet ouvrage, stérilité de pensées.

STERNUTATOIRE


STERNUTATOIRE, adj. [Stêrnuta-toâ--re: 1re ê ouv. 4e lon.] Qui excite l' éternument. "Poudre sternutatoire. = S. m. "Le tabac est un sternutatoire.

STIGMATE


STIGMATE, s. m. Marque empreinte sur le corps d' un homme, d' un animal. On le disait des anciens Esclâves. En français, ce mot est peu employé dans le langage ordinaire; et l' on ne s' en sert guère qu' au pluriel, en parlant des stigmates de St. François, de qui l' on dit aussi qu' il a été stigmatisé. = M. de Bufon s' en est servi plus d' une fois, dans son Hist. Nat. "Les Chameaux portent toutes les empreintes de la Servitude et les stigmates de la douleur. "Cette bosse du Bison, comme celle du Chameau est moins un produit (une production) de la Nature, qu' un effet du travail et un stigmate d' esclavage. = * Un Auteur moderne fait ce mot féminin. "Les stigmates de J. C. quelque humiliantes qu' elles soient devant les hommes, ne font que rendre les Confesseurs de la Foi plus respectables aux yeux de l' Église.

STILE


STILE, STILER, Voy. STYLE, STYLER.

STIMULANT


STIMULANT, ANTE, adj. *STIMULER, v. act. Ils se disent de ce qui a la vertu de réveiller, d' exciter. L' adjectif est usité en Médecine. Le verbe est une nouveauté. "Malheur à nous, dit ironiquement M. l' Ab. Royou, si jamais on cesse de stimuler leur probité (des Philosophes) par l' aiguillon si puissant de la persécution. _ M. Linguet emploie aussi l' adjectif au figuré et substantivement. "On leur déduira un escompte de trois pour cent; ce qui nous paroitroit à nous a–tres un très-petit stimulant; mais cet objet peut être compté pour quelque chôse dans un pays de comerce, où l' agiotage est en vigueur.

STIPENDIAIRE


STIPENDIAIRE, adj. STIPENDIER, v. act. [Stipandi-ère, di-é. 2e lon. 4e è moy. et long au 1er, é fer. au 2d.] Stipendier, c' est avoir des Soldats à sa solde. Stipendiaire, qui est stipendié. "Stipendier des Troupes. "Des Troupes stipendiaires. M. Linguet emploie l' adjectif substantivement: "Le plus curieux comme le plus dificile de tous les Problèmes économiques seroit de savoir comment un stipendiaire en uniforme peut vivre avec sa solde. _ Ailleurs il s' en sert au figuré. "La gloire du chef (Volt.) et l' adresse des stipendiaires (les Écrivains subalternes) cachoient cette prodigieuse disproportion. = Rollin dit que Charondas stipendia des Maîtres publics. Ce verbe ne se dit guère que des Soldats. Acad. Voy. SOUDOYER.

STIPULANT


STIPULANT, ANTE, adj. STIPULATION, s. f. STIPULER, v. act. et n. [Sti--pulan, lante, la-cion, lé: 3e lon. aux deux prem, é fer. au 3e.] Ils se disent des clauses obligatoires, qui entrent dans un Contrat. "Il a stipulé une garantie. "Ils ont stipulé que, etc. "Stipulation expresse. "Les parties stipulantes. "Un tel stipulant et acceptant pour un tel.

STOïCIEN


STOïCIEN, ENNE, adj. et subst. STOïCISME, s. m. STOïQUE, adj. STOïQUEMENT, adv. [Sto-i-cien, ciène, cisme; sto--ike, keman.] Ces mots se disent proprement d' une anciène Secte de Philosophes. Par extension, ils se disent de ceux qui montrent, ou qui afectent une grande fermeté dans les revers et une espèce d' insensibilité pour les biens et les maux de la vie. "Il a reçu cette mauvaise nouvelle en stoïcien. "Il afecte un stoïcisme outré. "Vertu, mine, coeur, âme, courage, insensibilité stoïque. "Peut-être aurais-je mieux fait de m' armer d' une insensibilité stoïque. P... "Il s' est comporté stoïquement dans cette ocasion.
   Rem. On a dit aûtrefois, les stoïques pour les stoïciens; et Mallebranche dit tantôt l' un, tantôt l' autre. Le 1er regarde les chôses; fermeté stoïque; le 2d les persones, Secte stoïcienne et non pas stoïque, comme dit Le Gendre. On peut dire aussi que le 1er va aux chôses du coeur, courage stoïque; et le 2d aux chôses de l' esprit et de l' opinion, maxime stoïciène. = Selon Bouhours, stoïcien se dit d' un homme, qui suivait la Philosophie de Zenon; et stoïque d' un homme, qui est insensible à tout, quoiqu' il ne soit pas Philosophe. Cette distinction ne parait pas fondée. Stoïque est toujours adjectif, et stoïcien se dit substantivement de celui, qui se pique d' imiter la fermeté des Stoïciens, comme de ces Philosophes eux-mêmes.

STOMACAL


STOMACAL, ALE, STOMACHIQUE, adj. [Stomakal, kale, chique,; et non pas èstomacal, etc.] Ces deux adjectifs ont raport à estomac. Ils signifient tous deux ce qui est bon à l' estomac et le fortifie. "Le bon vin est fort stomacal ou stomachique: poudre, stomacale ou stomachique, élixir stomachique ou stomacal. = Le 2d est aussi s. m. On dit: c' est un bon stomachique: on ne dit point un bon stomacal.
   Rem. Il parait que stomacal se dit plutôt des chôses naturelles, bones à l' estomac et stomachique des compositions artificielles.

STôRE


STôRE, s. m. [1re lon. 2ee muet.] Espèce de rideau, qui se lève et se baisse par un ressort, et qu' on met devant une fenêtre, ou à une portière de carrosse, pour se garantir du Soleil. = Plusieurs font ce mot mal à propôs féminin. "Des stores vertes: dites, verts.

STRANGURIE


STRANGURIE, s. f. Dificulté d' uriner. "Quoique lui-même (Épicure) tourmenté de la colique et de la strangurie tout à la fois, il ait doné quelques signes de courage; avouons qu' un homme persuadé que la douleur est de tous les maux le plus grand, n' est pas propre à nous enseigner l' art de la suporter. D' OLIV. IIe Tuscul.

STRAPASSONER


STRAPASSONER, v. act. Peindre grossièrement. "Ce Peintre a strapassoné ce Tableau.

STRAPONTIN


STRAPONTIN, s. m. [Strapon-tein: 2e lon.] Siège garni que l' on met sur le devant dans les carrosses coupés ou les cabriolets, et aux portières dans les grands carrosses.

STRATAGèME


STRATAGèME, s. m. [3e è moy. 4e e muet.] Au propre, rûse de guerre. "User, se servir de stratagème. = Au figuré, finesse, tour d' adresse dans les afaires. Inventer un stratagème; se servir d' un stratagème, pour découvrir la vérité, pour surprendre quelqu' un.

STRIBORD


STRIBORD, s. m. [On ne prononce point le d final. Il est abrégé de dextribord.] Terme de Marine. Le côté droit d' un Vaisseau. Il est oposé a Bâbord.

STRICT


STRICT, STRICTE, adj. STRICTEMENT, adv. [Strik, trikte, teman: 2e e muet.] Strict, étroit, resserré. Strictement, d' une manière stricte. "Devoir strict, obligation stricte. "Vous y êtes strictement obligé.
   Rem. Ces latinismes longtems abandonés au langage de l' École, sont aujourd' hui adoptés par l' usage dans le discours ordinaire. Ces mots reparaissent souvent dans les Traductions des livres anglais; parce que les Anglais emploient souvent dans leur langue les mots strict, strictly. Mais des Écrivains Français, aûtres que les Traducteurs, s' en sont aussi servi. "Ceci ne doit pas être pris dans un sens absolu, ni même strict. BUFON. "Les règles strictes de l' Élocution. L' Ab. Sabat. Trois Siècles, etc. "La Justice la plus stricte. LINGUET. = L' Acad. remarque qu' il ne s' emploie qu' au moral. Les exemples cités proûvent qu' on l' emploie aussi dans le Litéraire. = Un des Traducteurs de Swift a écrit stricte au masculin. "Leurs Préceptes, quoique strictes et exacts, n' ont été suivis que par accès, par caprice, etc.

STROPHE


STROPHE, s. f. [Strofe: 2e e muet.] Couplet d' une Ode. Le couplet se dit des chansons, et la strophe des Odes, des Hymnes.

STRUCTûRE


STRUCTûRE, s. f. [2e e muet: struk--tûre et non pas èstructûre.] Au propre, la manière, dont un édifice est bâti. "Cette maison est d' une structûre solide: la structûre en est belle, agréable, etc.
   J' ai vu de ces remparts l' étrangère structure;
   Ces angles, ces fossés, ces hardis boulevards, etc.       Alz.
  Une grote est auprès, dont la simple structure
  Doit tous ses ornemens aux mains de la Nature.
       Henriade.
= Par extension, on le dit du corps humain, du corps des animaux. = Fig. La structûre d' un Poème, d' un Discours.

STUC


STUC, s. m. STUCATEUR s. m. [Stuk stuka-teur.] Stuc, mortier fait de marbre, pulvérisé et mélé avec la chaux, dont on fait des ornemens d' Architectûre et des figûres; et quelquefois de simples enduits de murâilles. = Stucateur, ouvrier, qui travaille en stuc.

STUDIEûSEMENT


STUDIEûSEMENT, adv. STUDIEUX, EûSE, adj. [Studi-eû, eû-ze;ze-man: 3e lon. 4e e muet; et non pas èstudieû, etc.] Studieux, qui aime l' étude: "il est fort studieux: persone studieûse. L' Ab. Trublet emploie studieux substantivement. "Un des grands plaisirs du studieux et du liseur, c' est de s' entretenir de ses études et de ses lectures avec gens compétens. _ On dit un homme d' étude, on ne dit point, un studieux. = Studieûsement, avec soin. "Cela est studieûsement travaillé.

STUPêFAIT


STUPêFAIT, AITE, adj. STUPÉFIER, v. act. STUPÉFACTION, s. f. [Stupéfè, fète, fak-cion; et non pas estupè-fait, etc. 2eé fermé. 3e è moy.] Stupéfier, c' est, au propre, engourdir. Au figuré, étoner, rendre comme interdit et immobile. = Stupéfait, qui est stupéfié, étoné, etc. St. famil. = Stupéfaction, engourdissement. _ Suivant le Dict. de Trév. il se dit aussi au figuré pour étonement. Il ne cite point d' Auteur, et le borne au dogmatique: il veut dire le dictatique. Il serait plutôt du style burlesque. L' Acad. ne met pas ce substantif. On dit stupeur. Voy. l' article suivant.

STUPEUR


STUPEUR, s. f. [Stu-peur, et non pas èstupeur.] Terme de Médecine. Engourdissement, assoupissement, diminution de sentiment et de moûvement. = Quelques Auteurs l' ont employé récemment au figuré: "Ce qui a suivi sa mort (de Voltaire.) a laissé les esprits dans une stupeur, qui aproche de l' oubli. Linguet. "Ce peuple dégradé, (les Turcs) qui ne fait que pâsser et revenir sans cesse des convulsions de la révolte à la stupeur de l' esclavage. L' Ab. Boulogne.

STUPIDE


STUPIDE, adj. STUPIDEMENT, adv. [Stupide, deman: 3e e muet; et non pas èstupide, etc.] Stupide, hébété, d' un esprit lourd et pesant. "Il est si stupide: esprit stupide: indolence, insensibilité stupide. = S. m. C' est un vrai, un franc stupide. "Il est faux qu' on devienne stupide dès qu' on cesse d' être passioné; car, au contraire, une passion violente rend l' homme stupide sur tous les autres objets. Voltaire. = Stupidement, d' une manière stupide. "Il répond toujours stupidement.

STYLE


STYLE, ou STILE, s. m. [Le 2d comence à prendre; mais la plupart tiènent bon pour le 1er.] 1°. Sorte de poinçon, dont les Anciens se servaient pour écrire sur des tablettes de cire. = Delâ, 2°. on a apelé style la manière de composer, d' écrire. "Style sublime, noble, ou bâs, rampant, etc. "Style historique, dogmatique, familier, burlesque, etc. etc. "Mézerai plus hardi qu' exact est inégal dans son style. VOLT. "Style de l' Écritûre, du Palais, etc. = Delà 3°. La manière de procéder en Justice. "Le style du Parlement, du Conseil, de la Chancellerie, etc. = Delà 4°. dans le fig. famil. la manière d' agir, de parler. "Il peut bien avoir fait telle chôse, avoir dit cette impertinence: c' est là son style. Il faudra bien qu' il change de style, de conduite, de manières.
   Ce langage à comprendre est assez dificile,
   Madame, et vous parliez tantôt d' un autre style.
       MOL.
  Je vois bien qu' elle boude, et je conois son style.
  Oh bien! Moi, les boudeurs sont mon aversion.
       Le Méchant.
= 5°. L' aiguille d' un cadran solaire.
REM. Voltaire se plaignait à l' Ab. d' Olivet que la Langue s' altérait tous les jours, et que le style se corrompait bien davantage. On prodigue, disait-il, les images et les tours de la Poésie en Physique: on parle d' Anatomie en style ampoulé: on se pique d' employer {C618a~} des expressions, qui étonent, parce qu' elles ne conviennent point aux pensées. Boileau, il est vrai, a dit après Horace:
   Heureux, qui, dans ses vers, sait, d' une voix légère,
   Pâsser du grave au doux, du plaisant au sévère.
Mais il n' a pas prétendu qu' on mélangeât tous les styles, ni qu' on prodiguât les grands mots dans les afaires les plus minces. Les Pièces de Campistron sont faiblement écrites; mais au moins le langage est assez pur; et après lui, on a tellement négligé la Langue dans les pièces de Théâtre, qu' on a fini par écrire d' un style entièrement barbâre. = Il dit âilleurs, que la profusion des mots est le grand vice du style de presque tous nos Philosophes modernes. Le Système de la Natûre en est un grand exemple, ajoute-t-il. Il y a dans ce Livre confus, quatre fois trop de paroles; et c' est en partie pour cette raison qu' il est si confus. Quest. Encycl. C' est aussi le défaut du sujet. Quand les paroles y seraient épargnées, il ne laisserait pas d' être obscur et inintelligible. "Le style de M. Bossuet, admirable par la force et le sublime, qui sont son caractère, est peu correct, et quelque--fois dur, embarrassé, forcé. L' Ab. Trublet.

STYLET


STYLET, ou STILET, s. m. Poignard, dont la lame est ordinairement triangulaire. "Il fut assassiné à coups de stilet.

STYLER


STYLER, ou STILER, v. act. Former, dresser. "On l' a stilé à cela. = Il n' est que du style familier. Bossuet dit des Réformateurs, qu' ils étaient peu stylés à enseigner précisément (avec précision) ce qu' il fallait croire. = On dirait plutôt aujourd' hui dans un ouvrage sérieux, formés ou dressés.

STYX


STYX, s. m. Fleuve des Enfers poétiques.
   Tu vois et le Cocyte et le styx odieux,
   Le styx, que sans éfroi jamais un Dieu n' ateste.
       Le Franc.

SUAIRE


SUAIRE, s. m. [Su-ère: 2eè moy. et long; 3e e muet.] Linceul, dans lequel on ensevelit un mort. = Saint Suaire se dit des linges, que l' on croit avoir servi à ensevelir Notre-Seigneur. = C' est aussi une petite représentation en peintûre du Saint Suaire.

SUANT


SUANT, ANTE, adj. Qui sûe. "Il est tout suant. "Avoir la peau suante, les mains suantes. Voy. SUER.

SUâVE


SUâVE, adj. SUAVITÉ, s. f. [2e lon. au 1er.] {C618b~} L' adjectif ne se dit que des odeurs. "Odeur, parfum suâve, doux, agréable. = Le substantif se dit des ouvrages de Peintûre et de Musique. Douceur, agrément. = On le dit aussi des moeurs, des odeurs; et en termes de Spiritualité, des douceurs, des consolations dans l' oraison. Dans ce dernier emploi on s' en sert au pluriel.

SUBALTERNE


SUBALTERNE, adj. et subst. *SUBALTERNITÉ, s. f. [3e ê ouv. dern. e muet au 1eré fer. au 2d.] Subalterne, qui est subordoné à quelqu' un; Juge, Juridiction, Justice subalterne. "Oficier subalterne.
   C' est un fat subalterne, il est né trop timide,
   On ne va point au grand, si l' on n' est intrépide.
       Le Méchant.
= S. m. Les Subalternes. "Les subalternes, témoins de tout l' intérieur d' une Cour, savent des choses, que les chefs de parti ignorent, ou ne font que soupçoner. Volt. = Subalternité, est un mot de Mde de Sévigné. "Il s' ennuye dans la subalternité. _ Il parait que ce mot serait utile.

SUBDÉLÉGATION


SUBDÉLÉGATION, s. f. SUBDÉLÉGUÉ, s. m. SUBDÉLÉGUER, v. act. [Subdéléga--cion, ghé, ghé. 2e et 3e é fer. 4e é aussi fer. aux 2 dern.] Subdéléguer, c' est comettre avec pouvoir d' agir, de négocier. Subdélégation est l' action de subdéléguer; la comission que done celui, qui subdélègue. = Subdélégué se dit sur tout de ceux que les Intendans subdélèguent. "Les Intendans des Provinces ont des subdélégués dans les principales villes de leur Intendance.

SUBDIVISER


SUBDIVISER, v. act. SUBDIVISION, s. f. [Subdivizé, zion: = Suivant La Touche, Richelet, l' Acad. Trév. c' est ainsi qu' il faut dire; et non pas sous-diviser, Sous-division, comme disent plusieurs.] Ils se disent d' un discours, dont on divise les diférentes parties. Subdiviser, c' est donc diviser en plusieurs parties, une partie d' un discours déjà divisé. Subdivisions sont les divisions de chaque partie d' un discours, déjà divisé en deux ou en plusieurs parties. Anciènement on divisait les Sermons en trois points; et chaque point en trois subdivisions. On apelait ces Discours un jeu de quilles, et l' exorde était la boule. L' excês est blâmable en ce genre. "Tant de divisions et de subdivisions embrouillent un Discours, plutôt qu' ils ne l' éclaircissent.

SUBINTRANTE


SUBINTRANTE, adj. fém. Il se dit d' une fièvre, dont un accês comence avant que le précédent soit fini.

SUBJONCTIF


SUBJONCTIF, s. m. [Plusieurs Gramairiens l' apèlent conjonctif.] 1°. Ce mode des verbes est ainsi apelé, parce qu' il est dépendant de quelques mots, qui le précèdent, et avec lesquels il est censé joint; comme, par exemple: il faut que vous veniez. _ Veniez est à la suite de que, dont il dépend, et du verbe, il faut, qui le régit. = Dans les phrâses, qui expriment souhait ou imprécation, le Subjonctif s' emploie sans aucune particule. "Dieu lui fasse miséricorde: "La peste te crève. "Puissiez-vous vivre autant que Mathusalem, etc. Hors de là ce mode demande la particule que, ou seule, ou précédée de quelque aûtre particule: afin que, pour que, soit que, etc. = 2°. Les tems de ce mode des verbes sont réglés par les tems du verbe régissant. = Quand le 1er verbe est au présent ou au futur, celui, qui est après la conjonction que, se met au présent du Subjonctif; si l' on veut exprimer un présent ou un futur; et au prétérit, si l' on veut exprimer une chôse passée. Ex. "Il faut que celui, qui parle, se mette à la portée de ceux, qui l' écoutent. "Il sufit qu' un habile homme n' ait rien négligé pour faire réussir une entreprise; et le mauvais succês ne doit point diminuer son mérite. _ Cette phrâse de Dom Calmet n' est pas correcte: "Denis, informé de la marche d' Heloris, le surprend de grand matin avant qu' il eut pu ni ramasser, ni ranger son armée. Il falait: le surprend avant qu' il ait pu; ou, le surprit avant qu' il eut pu. = Quand le premier verbe est au parfait indéfini, on met le 2d à l' Imparfait du Subjonctif, si l' on veut exprimer un présent ou un futur; et au parfait, si l' on veut exprimer un pâssé: Ex. On s' est servi d' écorce d' arbres ou de peau pour écrire avant que le papier fût inventé. "Il a fallu qu' il ait sollicité ses Juges et qu' il se soit informé de plusieurs autres afaires. _ Nota. On peut mettre le 2d verbe au présent, quand il exprime une action, qui se fait, ou qui se peut faire dans tous les tems. "Dieu a entouré les yeux de tuniques transparentes au devant, afin qu' on puisse voir à travers. D' Olivet. = Quand le 1er verbe est à l' Imparfait, au parfait, au plusqueparfait et aux conditionels, on met le 2e à l' imparfait du subjonctif, si l' on veut exprimer un présent ou un futur; et on le met au plusqueparfait, s' il s' agit de marquer une chôse pâssée. Ex. "M. de Turenne ne voulut jamais rien prendre à crédit chez les marchands, de peur qu' ils n' en perdissent une bone partie, s' il venoit à être tué. "Tous les Gouvernemens étoient vicieux avant que la suite des siècles, et en particulier, le Christianisme, eussent adouci et perfectioné le genre humain. Terrasson. = On emploie aussi les tems surcomposés au parfait et au plusqueparfait du subjonctif. "Je ne crois pas que vous ayiez eu diné avant midi. "Je ne croyais pas que vous eussiez eu diné avant midi. Wailly. = 3°. L' usage seul peut aprendre quand~ il faut mettre le verbe au subjonctif. Nous en avons averti toutes les fois que l' ocasion s' en est présentée. _ Voy. CONJONCTION. Voy. aussi QUE, QUI.

SUBIR


SUBIR, v. act. Être assujéti à: subir la loi du vainqueur, le joug, la peine à laquelle on est condamné. = Se soumettre: quelque chôse que vous ordoniez, je subirai votre jugement. Subir la question, l' examen; y être mis. = Subir l' interrogatoire, être interrogé par le Juge.

SUBIT


SUBIT, ITE, adj. SUBITEMENT, adv. [3e e muet au 2d et au 3e.] Promt, soudain. Soudainement. "Moûvement, changement subit, mort subite: cela a été si subit que, etc. "Il est mort subitement. "Cela est arrivé bien subitement. = Soudain, subit, (Synon.) Le 1er dit quelque chôse de plus promt que le 2d... Ce qui est soudain arrive comme un coup de foudre dans un tems serein: ce qui est subit, comme un coup de foudre inatendu au comencement d' un orage. L' aparition de l' énemi est soudaine, lorsqu' elle trompe toute votre prévoyance; elle est subite, lorsqu' elle trompe seulement votre atente. Une chôse est soudaine comme l' éclair, subite comme le passage d' un torrent. Extr. des Synon. Fr. de M. l' Abé Roubaud.

SUBJUGUER


SUBJUGUER, v. act. [Subjughé: 3eé fer. l' u est muet: il n' est là que pour doner au g un son fort qu' il n' a pas devant l' e.] Réduire en sujétion: subjuguer une Province, une Nation. = En st. fam. Subjuguer quelqu' un dans la conversation, prendre le dessus, l' ascendant sur lui.
   C' est ce flateur outré,
   Qui, par une servile et basse complaisance,
   A subjugué mon maître et réglé sa dépense.
       DEST. Le Dissipateur.

SUBLIME


SUBLIME, adj. SUBLIMEMENT, adverb. SUBLIMITÉ, s. f. [3e e muet au 1er et au 2d: en a le son d' an.] Sublime et sublimité, dit Bouhours, ne se disent que dans le figuré: on ne dit pas, une montagne sublime, la sublimité d' une tour. Ces deux mots ont moins d' étendue que haut, hauteur, élévation, élevé. BOUH. Les Poètes sont pourtant en possession de l' employer au propre.
   Étrange loi des Dieux, qui creusent des abimes
   Sous le trône orgueilleux des Puissances sublimes.
       Brebeuf.
  Et celui qui punit les Rois les plus sublimes,
  Pour vous seuls retiendra ses coups!
       Rouss.
  Notre pole des cieux voit la clarté sublime.
      De Lille.
On ne le dit guère des persones: on dit, une pensée sublime; un discours sublime, mais non pas, un homme, un Dieu sublime. _ Desmarets a repris avec raison Boileau, d' avoir dit: rempli de ce Dieu sublime. _ Rousseau a dit aussi:
   Et toujours ses fausses maximes
   Érigent en héros sublimes
   Tes plus coupables favoris.
       Ode à la Fortune.
On a vu plus haut, du même Auteur, les Rois les plus sublimes. Ce mot fait quelque peine, même en vers, lorsqu' il est apliqué aux persones. = On dit substantivement, le sublime, Traité du Sublime: il y a du sublime dans ces sentimens, dans cette action, dans ce poème, dans ce discours.
   Les grands traits, le petit sublime,
   Et l' air de confiance intime
   De tant de modernes Auteurs.
       Gress.
  SUBLIMEMENT, d' une manière sublime. Il est peu usité.

SUBLUNAIRE


SUBLUNAIRE, adj. [Sub-lunère; 3eè moy. et long, 4e e muet.] Qui est entre la terre et l' orbite de la Lune. "La région sublunaire; les corps sublunaires. Il ne se dit que chez les Savans.

SUBMERGER


SUBMERGER, v. act. SUBMERSION, s. f. [Sub-mêrgé, sion; en vers si-on: 2e ê ouv.] Ils expriment l' action d' inonder, de couvrir d' eau. "Le déluge submergea toute la terre. "Cela a causé la submersion de tout le pays. = On dit d' un vaisseau, qui a péri en enfonçant dans l' eau, qu' il a été submergé; et de ceux qui étaient dedans, qu' ils ont été submergés; c. à. d. noyés.

SUBORDINATION


SUBORDINATION, s. f. [Subordina--cion; en vers ci-on.] Ordre établi entre les persones, qui fait que les unes dépendent des aûtres. "La subordination maintient la discipline dans les armées. = Il s' emploie souvent sans régime; mais quelquefois aussi, il régit le datif: "Il y a de la subordination du Lieutenant au Capitaine. Académie. "Les Troupes méconurent toute subordination à leurs Oficiers. Hist. d' Angl. _ Dans cette dernière phrâse, le régime était peu nécessaire Il sufisait de dire: méconurent toute subordination. Dans la phrâse suivante, il signifie soumission: "La subordination de la volonté de l' homme à la volonté de Dieu est la plus parfaite des vertus. = Il se dit aussi de la dépendance où certaines Sciences et certains Arts sont à l' égard de quelques aûtres, comme de la Pharmacie à l' égard de la Médecine.

SUBORDINÉMENT


SUBORDINÉMENT, SUBORDONÉMENT, adv. SUBORDONER, v. act. [4e é fer. Su--bordinéman, donéman, né.] Le 1er des adverbes se dit au Palais; par une suite et dépendance nécessaire. = Trévoux et le Richelet Portatif le disent aussi dans le sens de, avec subordination. L' Académie ne le met pas. Le 2d adverbe signifie, en sous-ordre. Voy. SOUS-ORDRE. = Subordoner, établir un ordre de dépendance de l' inférieur au supérieur. "Les Prêtres sont subordonés aux Évêques. = Il régit aussi les chôses. "Il faut subordoner l' intérêt particulier à l' intérêt public. "La Justice du Châtelet est subordonée à celle du Parlement.

SUBORNATION


SUBORNATION, s. f. SUBORNATEUR, ou SUBORNEUR, EûSE, s. m. et f. SUBORNER, v. act. [Suborna-cion, nateur, neur, neû-ze, né: 3e lon. au 4e, é fer. au 5e.] Suborner, c' est séduire, porter à faire une action contre le devoir. "Suborner une fille, des enfans de famille, des domestiques, des témoins, etc. = Subornation, séduction, action de suborner. _ Ce nom a le sens passif: il se dit de celui qui est suborné, et non pas de celui qui suborne. "La subornation d' une fille, des témoins, etc. = Suborneur, eûse, celui, celle qui suborne. Quelques Auteurs ont dit subornateur. Il est usité au Palais: subornateur de témoins. L' Académie ne le met pas. = Suborneur se dit adjectivement, des chôses: "Cet espoir suborneur. THOMAS. "Un talent suborneur. GRESS. _ Séducteur est plus usité: mais suborneur peut être quelquefois plus énergique. = Suborneur est aussi s. m.
   Ce tribut ofensant doit blesser votre honeur;
   Et vous devez sentir que cet indigne homage
   Vient moins d' un tendre amant, que d' un vil suborneur.
       La Chaussée.

SUBRÉCARGUE


SUBRÉCARGUE, s. m. [Su-brékarghe: 2e e fer. l' u est muet dans ce mot: il n' y est mis que pour doner au g un son fort qu' il n' a pas devant l' e.] Mot emprunté de l' Espagnol. Celui qui s' embarque sur un vaisseau pour gérer les afaires des propriétaires. L' Ab. Prévot dit ordinairement super-cargo, et dans un endroit, supercargoes: (Hist. des Voy.) c. à. d. qu' il copie les Auteurs étrangers sans les traduire. Supercargo est Anglais.

SUBRÉCOT


SUBRÉCOT, s. m. [Su-bréko: 2e é fer.] Le surplus de l' écot: ce qui reste à payer au-delà de ce qu' on croyait dépenser dans une partie de plaisir. = Figurément (st. fam.) Demande qui vient par-dessus les autres, et à laquelle on ne s' atendait pas.

SUBREPTICE


SUBREPTICE, adj. SUBREPTICEMENT, adv. SUBREPTION, s. f. [Su-brèptice, ce--man, cion: 2e è moy. 4ee muet au 1er et au 2d.] Il est étonant que le sens de ces mots ne soit pas fixé, même parmi les Jurisconsultes. Les uns veulent que subreptice et subreption se disent des grâces qu' on a obtenûes par surprise, en cachant une chôse vraie; et les aûtres en avançant une chôse fausse. _ Obreptice est tout le contraire: les premiers le disent des grâces obtenûes par l' allégation d' une fausseté; et les derniers, par la surpression d' une vérité. M. Beauzée, plusieurs Dictionaires, notamment, celui de l' Académie, sont pour le 2d sentiment. M. Durand de Maillane, Auteur du Dictionaire du Droit Canonique, est pour le premier, qui me parait le plus raisonable et le plus conforme à l' étymologie de subreptice, qui vient de subripere, soustraire, emporter en cachette. Ferrières, Auteur du Dictionaire du Droit Civil, se contredit lui-même, et l' on ne sait trop ce qu' il pense. "Lettres subreptices. Moyens de subreption. "Obtenir une grâce subrepticement.

SUBROGATION


SUBROGATION, s. f. SUBROGER, v. act. Ils expriment l' action de substituer, de mettre à la place de quelqu' un. "Subroger quelqu' un en ses droits. "Il a consenti à la subrogation, à ce que je fusse subrogé en son lieu et place, en ses droits. Ce sont termes de Pratique, qui s' emploient quelquefois dans le discours ordinaire.

SUBSÉQUEMMENT~


SUBSÉQUEMMENT~, adverbe. SUBSÉQUENT, ENTE, adj. [Sub-sékaman, kan, kante: 2eé fer. 3e lon. excepté au 1er.] Subséquent, qui suit, qui vient aprês. "Acte, traité, testament subséquent. "Il peut régir la prép. à. "Cette accusation fut subséquente à l' ataque faite au Parlement. Histoire des Tud. = Subséquemment, ensuite, aprês. = L' adverbe ne se dit qu' au Palais. L' adjectif n' est que du style simple.

SUBSIDE


SUBSIDE, s. m. SUBSIDIAIRE, adjectif, SUBSIDIAIREMENT, adv. [Sub-side, di--ère, di-èreman: 4e è moy. 5ee muet aux deux dern.] Subside est, 1°. Levée de deniers pour les nécessités de l' État. = Par extension, on le dit de tous les secours que les Sujets donent à leur Souverain. "On demande tant au Clergé, par forme de subside. = 2°. Secours d' argent qu' un Prince done à un autre Prince, son alié.
   SUBSIDIAIRE, qui sert à fortifier ce qu' il y a de principal dans une afaire contentieûse. "Moyens subsidiaires. On dit aussi, hypothèque, caution subsidiaire, qui sert à assurer davantage la première. _ Conclusions subsidiaires, par lesquelles on demande, qu' en câs que les premières conclusions ne soient pas acordées, les secondes soient adjugées. = Subsidiairement, d' une manière subsidiaire, en second lieu. = Cet adjectif et cet adverbe sont des termes de Pratique.

SUBSISTANCE


SUBSISTANCE, s. f. SUBSISTANT, ANTE, adj. SUBSISTER, v. n. [3e lon. aux 3 prem. é fer. au 4e.] Subsister, c' est, 1°. Exister, continuer d' être. "Les Pyramides d' Égypte subsistent depuis trois mille ans. = 2°. Demeurer en force et en vigueur. "Cette loi subsiste encôre. = 3°. Vivre et s' entretenir. "Il n' a pas les moyens de subsister. "Faire subsister une Armée.
   Rem. 1°. Si je ne me trompe, subsister se dit des chôses inanimées; et exister, des animaux: "Cet édifice subsiste-t' il encôre. "Cet homme est bien vieux: je croyais qu' il n' existait plus. Je pense donc que M. de Bufon a parlé improprement, quand il a dit: "On ne sait quel est l' animal subsistant (existant) auquel on doit apliquer ce nom? _ Quand il s' agit de nourritûre, subsister se dit des animaux. = 2°. Ce verbe signifie exister encôre: il marque, non le comencement de l' existence, mais sa continuation. Il n' est donc pas bon à employer dans les tems qui expriment le pâssé, excepté qu' on ne l' emploie dans un sens négatif. "Cet édifice a subsisté pendant deux mille ans. On veut dire par là, qu' il ne subsiste plus. "Un de ces arbres avoit subsisté du tems d' Abraham. Je crois qu' il falait dire, subsistait.
   SUBSISTANCE n' a raport qu' au 3e sens de subsister. Nourritûre et entretien. "Pourvoir, fournir à la subsistance de, etc. "Il travaille pour la subsistance de sa famille. = Pluriel, Vivres, munitions. "L' hiver était rude, les subsistances manquaient. Volt.
   SUBSISTANT, qui subsiste. (n°. 1°.) "Cette branche est celle de Coucy-Polecourt, encore aujourd' hui subsistante en Champagne. Ann. Litt. "La fièvre intermittente est une maladie subsistante, même dans l' intervale de santé aparente, que les accês laissent entre eux. Voullonne. = Cet adjectif verbal n' est pas dans les Dictionaires. Il peut être utile en certaines ocasions. Voy. SUBSISTER, Rem. n°. 1°.

SUBSTANCE


SUBSTANCE, s. f. SUBSTANTIEL, ou SUBSTANCIEL, ELLE, adj. SUBSTANCIELLEMENT, adv. [Substance, cièl, cièl-le, ciè-leman: 2e lon. 3e e muet au 1er, è moy. aux aûtres; 4e e muet.] Substance, est, en termes de Philosophie, être qui subsiste par lui-même, à la diférence de l' accident, qui subsiste dans un sujet. "Substance spirituelle ou corporelle. = 2°. Dans le discours ordinaire, il est à peu prês synon. de matière. "Substance pierreûse, aqueûse, etc. "Ce fruit est d' une substance molle, etc. = 3°. Ce qu' il y a de plus succulent, de plus nourrissant en quelque chôse. "Les plantes atirent la substance de la terre. "Ces alimens ont peu de substance. = Figurément. "Il y a peu de substance dans ce discours. "Je vous en dirai la substance en peu de mots. = En substance, sommairement. "Voici en substance; de quoi il s' agit. = 4°. Ce qui est nécessaire pour la subsistance. "Ils se sont engraissés de la substance du peuple;
   De la substance de leurs frères,
   Leurs biens criminels sont grossis,
   Par le luxe même endurcis,
   Ils sont riches de nos misères.
       Le Franc.
  SUBSTANCIEL, où il y a beaucoup de substance, (n°. 3°.) "Aliment substanciel. "On a tiré de cette viande tout ce qu' il y avait de substanciel. = Figurément. "Extraire, raporter tout ce qu' il y a de substanciel dans un discours, dans un traité.
   SUBSTANCIELLEMENT, quant à la substance. "Dans le Sacrement de l' Eucharistie on reçoit le Corps de Notre Seigneur réellement et substanciellement. _ Il ne se dit que dans le dogmatique.

SUBSTANTIF


SUBSTANTIF, adj. et s. m. SUBSTANTIVEMENT, adv. [2e lon. 4e e muet au 2d; tiveman.] Substantif est, en Gramaire, un nom, qui, signifiant une substance subsistante par elle-même, n' a pas besoin d' un autre nom, pour être entendu: ciel, terre, arbre, homme, femme, etc. sont des noms substantifs ou des substantifs. = 1°. On divise les noms substantifs en noms apellatifs, noms collectifs et noms propres. Voy. ces mots. = 2°. Le substantif décide du genre, du nombre et du câs de l' adjectif: mais quand il y a plusieurs substantifs, l' un masculin, les autres féminins, ordinairement le masculin l' emporte. "Le travail, la conduite et la fortune joints ensemble; et non pas jointes. Cela doit s' entendre du nominatif; car~ quand ces noms sont dans un aûtre câs, on fait acorder l' adjectif avec le dernier: "Il avait les yeux et la bouche ouverte; la bouche et les yeux ouverts. C' est du moins le sentiment de Thomas Corneille. Je crois pourtant qu' on ne devrait pas condamner ceux qui, en pareil câs, mettraient l' adjectif au pluriel masculin: il avait les yeux et la bouche ouverts. Je préférerais même cette manière à l' aûtre, sans être étoné que le grand nombre eut une aûtre opinion. = 3°. Presque toutes les parties d' oraison s' emploient substantivement en certaines ocasions; les pronoms possessifs relatifs: le tien et le mien sont la source de toutes les querelles; les adjectifs: le sage ne s' étone de rien; les adverbes: le mieux, ou le moins que vous puissiez faire: il veut savoir le pourquoi et le comment de toute chôse; les infinitifs: le boire, le manger, le lever du Roi; au sortir de la ville, etc.; les participes actifs ou passifs: les tenans et les aboutissans d' une afaire: l' ofensé est en droit de se plaindre, etc. = 4°. Les vrais substantifs s' emploient quelquefois adjectivement. "L' homme, maître de ses passions, triomphera toujours de celui qui en est esclave. = Ces substantifs et adjectifs quittent ordinairement l' article. Massillon, parlant des vertus humaines, dit: "Les tristes fruits de l' amour propre, elles sont toujours sous l' inconstance de son empire: dites, tristes fruits, etc. elles sont, etc. _ Ces substantifs, ainsi placés à la tête de la phrâse, sont adjectifs des pronoms personels ou des noms qui en sont le sujet. = 5°. Les substantifs abstraits, c. à. d. ceux, qui expriment substantivement les qualités des persones ou des chôses, s' emploient quelquefois à la place des noms des persones. On dit: protéger l' impiété, c. à. d. les impies; encenser la médiocrité, c. à. d. les Auteurs médiocres. M. l' Ab. Sabatier dit de Crébillon le Fils: "Il auroit pu enrichir la République des lettres par des travaux estimables.... Il se fut garanti du blâme d' avoir preféré le coupable plaisir d' amuser le libertinage et la frivolité; c. à. d. les libertins et les hommes frivoles.
   SUBSTANTIVEMENT, en manière de substantif. "Les adjectifs, les adverbes etc. s' emploient quelquefois substantivement. Voy. plus haut, n°. 3°.

SUBSTITUER


SUBSTITUER, v. act. SUBSTITUT, s. m. SUBSTITUTION, s. f. [Substitu-é, titu, tu-cion: dern. é fer. au 1er.] Substituer, c' est, en général, mettre une chôse, une persone à la place d' une aûtre. "Il ôta ces papiers et en substitua d' aûtres. = En particulier, et en termes de Droit, Apeler quelqu' un à une succession aprês un aûtre, ou au défaut d' un aûtre. "Il a laissé tous ses biens à son frère et lui a substitué son neveu. = Substitut se dit dans le 1er sens; Oficier de Judicatûre, chargé de soulager l' Oficier principal dans ses fonctions, et quelquefois de le substituer. "Le substitut d' un Intendant de Province, d' un Procureur Général. = Substitution s' emploie dans le 2d. sens. "La substitution n' est ouverte qu' aprês la mort de l' héritier institué.

SUBTERFUGE


SUBTERFUGE, s. m. [2e ê ouv. dern. e muet.] Fuite, échapatoire, en matière d' afaires ou de disputes. "Chercher, trouver des subterfuges; user de subterfuges.

SUBTIL


SUBTIL, ILE, adj. SUBTILEMENT, adv. SUBTILISER, v. act. SUBTILITÉ, s. fém. [Sub-til, tile, leman, lizé, lité: 3e e muet au second et au 3e, dernière é fermé aux deux derniers.] Subtil se dit des chôses et des personnes, au propre et au figuré: 1°. Délié, fin, menu. "Air, sang subtil; matière subtile: on a fait évaporer ce qu' il y a de plus subtil. = Qui pénètre et s' insinûe promptement. "Venin subtil: le vif argent est fort subtil. = Fig. "Avoir la vûe, l' ouïe subtile; l' oeuil subtil; l' oreille subtile. = 2°. Adroit à faire des tours de main: un subtil voleur; qui a la main subtile: tour de main subtil. = Et en parlant de l' esprit. Argument subtil, pensée subtile; esprit subtil, raisonement plus subtil que solide. = * Aûtrefois, on l' employait substantivement. "Il règne dans le Conseil de ces subtils et de ces déliés, qui pensent que hors de leur terre et de leur soleil, il n' y a ni politique, ni prudence. Patru. "N' êtes-vous point de ces subtils, qui se piquent de ne se rendre qu' à la clarté de la vérité? La Rue. Faux subtil, qui êtes si touché du dérèglement des aûtres... que ne voyez-vous donc le mauvais orgueil qui vous domine. _ Aujourd' hui on ne verrait aucune subtilité à tout cela, tant le sens des mots change et s' altère. On dirait aujourd' hui, de prétendus Sages; ces Sages orgueuilleux; faux Sages. Voy. FIN, adjectif.
   SUBTILEMENT, d' une manière subtile (n°. 2°.) "Dérober, escamoter subtilement: entrer subtilement dans une maison. "Se dégager subtilement des mains de, etc. "Disputer subtilement : chôse subtilement imaginée: se tirer subtilement d' une mauvaise afaire.
   SUBTILISER, au propre, rendre subtil, délié, pénétrant. "La vin subtilise les esprits; cela subtilise le sang. = V. n. au figuré: rafiner, chercher trop de finesse. "On s' éloigne souvent de la vérité, à force de subtiliser: il ne faut pas tant subtiliser dans les afaires.
   SUBTILITÉ, qualité de ce qui est subtil: "La subtilité de l' air; du poison, des sens. "La subtilité d' un voleur, etc. Subtilité de main. "Subtilité d' esprit. "Trop de subtilité gâte ordinairement les afaires.

SUBVENIR


SUBVENIR, v. n. SUBVENTION, s. fém. [Subvenir, van-cion: 2e e muet au 1er, lon. au 2d. = Le verbe se conjugue comme venir, excepté dans les tems composés, où il prend l' auxiliaire avoir. Acad.] Secourir, soulager. Il régit à devant les noms des persones: Subvenir aux misérables. Acad. "La Nature nous aprend tous les jours qu' un petit nombre de chôses, et même des plus viles sufit pour subvenir à nos besoins. BOUHIER, Ve Tuscul. = Il est plus usité avec le régime des chôses. On ne peut pas subvenir (pourvoir) à tout. "Subvenir aux pressantes nécessités de l' État. On a subvenu à ses besoins. = Il y a long-tems que Vaugelas a remarqué qu' il faut dire, subvenir à la nécessité de quelqu' un; et non pas survenir, comme dit la plupart du monde, ajoute-t-il: survenir veut dire aûtre chôse.
   SUBVENTION, secours d' argent, par lequel on subvient aux nécessités de l' État: espèce de subside. "Accorder une subvention. Droit de subvention.

SUBVERSION


SUBVERSION, s. fém. SUBVERTIR, v. act. [Sub-vêr-sion, vêrtir: 2eê ouv.] Renversement. Renverser. "La subversion des Lois. Cela causa l' entière subversion de l' État: subvertir les Lois, la Religion. = Ils ne se disent qu' au figuré. "Ces Cours souveraines, qui avoient tant crié contre des impôts faibles et nécessaires, fournirent une somme de près de dix millions de notre monoie d' aujourd' hui, pour la subversion de la patrie. Volt.

SUC


SUC, s. m. [Prononcez le c final.] Au propre, liqueur qui s' exprime de certaines chôses; le suc des fruits, des plantes, etc. "N' en prendre, n' en avaler que le suc, etc. ou qui se troûve dans le corps des animaux, ou dans la terre. = Fig. Ce qu' il y a de substanciel dans un livre: "En prendre, en tirer le suc.

SUCCÉDER


SUCCÉDER, v. n. [Suk-cédé: 2e et 3e é fermé.] 1°. Prendre la place de: il régit le datif. "La nuit succède au jour, et le jour à la nuit.
   De nouveaux énemis succèdent
   À~ mes énemis terrassés.
       Rousseau.
"Le moment, qui satisfait l' ambition, est bien doux; mais ce n' est qu' un moment. Une ambition succède à une autre; c' est toujours à recomencer. L' Ab. Trublet. Il lui succéda dans son emploi. "Succéder à un Royaume, à l' Empire, à la Courone; y parvenir aprês un aûtre. = 2°. Recueuillir l' hérédité d' une persone par droit de parenté. "Il lui a succédé en tous ses biens. Et sans régime: être habile à succéder; capable de succéder. = 3°. Réussir.
  C' est en la paix que toutes choses
  Succèdent selon nos desirs.
       Malherbe.
  Mais ce foible secours ne lui succède pas?
      Brebeuf.
Th. Corneille conseillait de s' en servir rârement dans cette signification. L' usage a prouvé que ce conseil était bon. L' Acad. le met pourtant sans remarque: tout lui succède à souhait.
   REM. Succéder dans le premier sens m' a point de passif, puisqu' il est neutre. Quelques Auteurs lui en ont doné un: je ne citerai que le P. Le Chapelain: "Quelle espèce de profession pourroit se soutenir, si les hommes habiles, qui en font l' honneur, n' étoient succédés sans cesse par de jeunes élèves. _ Il devait dire, n' étoient sans cesse remplacés par, etc. = Dans le dernier sens, il prend pour auxiliaire le v. avoir, et non pas le v. être. "Cette afaire lui a bien succédé; et non pas, lui est bien succédée. VAUG.

SUCCèS


SUCCèS, s. m. [Suk-cê: 2eê ouv. et long.] Ce qui arrive à quelqu' un de conforme ou de contraire au but qu' il se proposait. _ Ce mot a raport au 3e sens de succéder. "Bon, heureux, avantageux, ou malheureux succês. = Quand il est employé absolument, il se prend toujours en bone part: le succês de ses armes: précher avec succês. "Le plus heureux passe pour le plus grand, et le Public attribue souvent au mérite tous les succès de la fortune. Volt. "Ses succès n' ont été que la moindre partie de sa gloire, dit Bourdaloue, parlant du Grand Condé. "Lorsque j' ai eu quelque succès, votre joie a augmenté la mienne; et lorsque j' ai été exposé à quelque danger, la part que vous y avez prise m' a rassuré et consolé. L' Ab. de Mongault. Let. de Cic. à Atticus.
   Remarq. 1°. Avec les pronoms possessifs, quand on parle des persones, il paraît que succês doit être mis au pluriel. "Son aplication et son succès lui ont mérité la réputation dont il jouit. Affiches de Province. "Son succès fut rapide. Journ. de Paris. Je voudrais dire, en pareil câs, ses succês. Quand on parle des chôses, on dit succès au singulier. = 2°. On ne dit point, ce me semble, doner succês, sans article, comme on dit, doner raison, doner tort, etc. "Dieu donoit succès à tout ce qu' il entreprenoit. Anon. Je crois même que donait du succês ne serait pas trop bien; et qu' il vaut mieux dire: Dieu faisait réussir tout ce qu' il entreprenait.

SUCCESSEUR


SUCCESSEUR, s. m. SUCCESSIF, IVE, adj. SUCCESSIVEMENT, adv. SUCCESSION, s. f. [Suk-cè-ceur, cif, cive, civeman, cion, en vers, ci-on: 2eè moyen, 4ee muet au 3e et au 4e.] Ils ont raport au 1er sens de succéder. Succession a de plus la 2de signification. = Successeur, celui qui succède à un aûtre. "Les Évêques sont les successeurs des Apôtres. "Il noma son successeur à l' Empire. "Il n' eut point de successeur. = Successif se dit des chôses, qui se succèdent sans interruption. "Moûvement successif: "L' ordre successif des jours et des nuits. Cette Place ne fut emportée que par plusieurs ataques successives. = Successivement, l' un aprês l' aûtre. "Toutes ces chôses arrivèrent successivement.
   SUCCESSION est, 1°. suite de plusieurs persones dans la même dignité, ou les mêmes titres, ou les mêmes fonctions. "Il y a eu dans cet État, dans cette Place, une succession non interrompûe de, etc. = On le dit aussi du tems. "Dans toute la succession des tems, des siècles: la succession des nuits et des jours, des mois, des années, etc. = 2°. Hérédités: succession directe, ou collatérale: grande, riche succession.

SUCCINCT


SUCCINCT, INCTE, adj. SUCCINCTEMENT, adv. [Suck-ceink, ceink-te, ceink--teman: 2e lon. 3e e muet.] Succinct, court, bref. Il est oposé à prolixe, et il se dit proprement du discours, et des persones par raport au discours. Discours, mémoire succinct; relation succincte. "Cet homme est fort succinct dans ses réponses. Voy. BREF, = Fig. et en plaisantant, on le dit d' un repâs où il y a peu à manger. = Succinctement, d' une manière succincte. "Il nous conta ses raisons; il nous dit la chôse fort succinctement. _ Déjeûner, dîner, souper succinctement, légèrement. Style familier.

SUCCION


SUCCION, s. f. [Suk-cion.] Action de sucer. Il y a des plaies qu' on guérit par la succion. _ Ce mot n' est d' usage que dans de pareilles ocasions.

SUCCOMBER


SUCCOMBER, ou SUCOMBER, v. n. [Sukonbé: 2e lon. 3e é fer.] Au propre, être acablé sous un fardeau que l' on porte. "Sucomber sous le poids, sous le faix. = Fig. "Sucomber sous le poids des afaires, du travail. "Je succombe ici sous le poids de mon sujet. Fléchier. Cette phrâse est devenue triviale, à force d' être répétée. "Il craignoit toujours de succomber sous les armes de ceux qui l' avoient rétabli. Maimb. "Louis XIV, près de succomber, se releva par les brouilleries imprévues de l' Angleterre. Volt. = Se laisser vaincre par: "Sucomber à la tentation, à la douleur, à la fatigue. = Avoir du désavantage dans une chôse qu' on entreprend contre quelqu' un. "Vous ataquez un homme puissant: vous sucomberez: il vous fera sucomber. "Il avait entrepris un mauvais procês: aussi y a-t-il sucombé.

SUCCULENT


SUCCULENT, ENTE, adj. [Sukulan, lante: 3e lon.] Qui a bien du suc, qui est fort nourrissant. "Bouillon, potage succulent; viande succulente. = * Marivaux dit: face ronde, qui avoit l' air d' être suculemment nourrie. Cet adverbe n' est point dans les Dictionaires. Il serait bon dans le style plaisant.

SUCCURSALE


SUCCURSALE, adj. et subst. fém. [Su--kursale.] Une Église sucursale, ou substantivement, une Sucursale, qui sert d' aide à une Paroisse.

SUCER


SUCER, v. act. SUCEUR, s. m. SUÇON, s. m. [Sucé, ceur, son: 2e é fer. au 1er.] Sucer, c' est tirer quelque suc avec les lèvres. Il se dit et du suc de la liqueur qu' on atire: sucer le lait, le sang, etc. et du corps dont on l' atire. "Sucer un ôs, une plaie: les abeilles sucent les fleurs. = On dit, figurément, d' un homme qui a été de bone heure imbu d' une doctrine bone ou mauvaise, qu' il l' a sucée avec le lait. = En st. fig. famil. Tirer peu à peu le bien, l' argent d' une persone. "Il y a des Procureurs, qui sucent leurs Parties. "Cette misérable l' a sucé jusqu' aux ôs, jusqu' à la moelle des ôs. "Cette populace misérable et afamée, qui ne cherche qu' à sucer le trésor public. L' Abé de Mongault, Let. de Cic. à Atticus. = Suceur, celui qui suce les plaies pour les guérir. = Suçon, espèce d' élevûre, qu' on fait à la peau en la suçant violemment.

SUCRE


SUCRE, s. m. SUCRER, v. act. SUCRERIE, s. fém. SUCRIER, s. m. SUCRIN, adj. masc. [Sukre, kré, kreri-e, krié, krein: 2e e muet au 1er et au 3e, é fermé au 2d et au 4e.] Sucre est un suc extrêmement doux, qui se tire d' une sorte de cannes qui viènent dans les pays chauds, sur-tout dans l' Amérique méridionale; qui s' épaissit, se durcit et se blanchit par le moyen du feu. = Sucrer c' est mettre du sucre en masse ou en poudre sur quelque chôse. = Sucrerie se dit, et du lieu destiné pour faire le sucre; et de celui où l' on le rafine; et au pluriel, de certaines chôses où il entre beaucoup de sucre, comme dragées, confitûres. "Il aime les sucreries; il mange trop de sucreries. "On dit que les sucreries gâtent les dents. = Sucrier, vâse où l' on met du sucre en poûdre: sucrier d' argent, de porcelaine, de faïence, etc. = Sucrin, qui a le goût du sucre. Il ne se dit qu' en parlant des melons. "Melon sucrin. On dit aussi, melon sucré; et l' on ne se sert que de celui-ci, en parlant des aûtres fruits: poire sucrée.
   Rem. On dit, fig. et famil. d' un homme fort doucereux, qu' il est tout sucre et tout miel; et d' une femme qui fait la modeste, l' inocente, qu' elle fait la sucrée; de celle qui a une douceur afectée, qu' elle a l' air sucré, la mine sucrée.
   D' un air sucré voulant le faire taire.
       Ververt.

SUD


SUD, s. m. Le midi. _ Le sud, le vent du sud. Le sud-est, la partie du monde; ou le vent qui est entre le sud et l' est, ou le midi et le levant. Le sud-ouest; le vent ou la partie du monde, qui est entre le sud et l' ouest, entre le midi et le couchant.

SUDORIFèRE


SUDORIFèRE, SUDORIFIQUE, adj. [4e è moy. et long au 1er.] Le 2d est plus usité que le 1er. Qui provoque la sueur. "Breuvage, poûdre Sudorifique. = S. m. "On lui a doné un sudorifique.

SVELTE


SVELTE, adj. [2e è moy. 3e e muet] Terme de Peintûre. Léger, délié. "Figure svelte.

SUER


SUER, v. n. SUÉE, s. f. SUETTE, s. f. SUEUR, s. f. [Su-é, é-e, ète, eur: 2e é fer. aux 2 1ers, è moy. au 3e.] Suer, c' est 1°. rendre par les pôres quelques humeurs. "Suer de la tête, du visage, de tout le corps. "Les mains lui suent. = Suer est plus propre à exprimer la transpiration sensible, et transpirer l' insensible: "Un corps: qui sûe, perd moins de son poids qu' un corps, qui transpire. LE GENDRE. = 2°. Par extension, on le dit de l' humidité, qui paraît sur les murâilles. "Dans le dégel, les murâilles suent. = 3°. Travailler beaucoup, se doner beaucoup de peine pour venir à bout de quelque chôse: "j' ai bien sué pour cette afaire.
   Rem. Ce verbe est actif dans ces expressions du st. famil. Suer les grosses gouttes, qui s' emploie au propre et au figuré. "Vous m' avez fait suer les grosses gouttes par le récit de cet or, qui étoit au bout de la table. SÉV. = Suer de l' encre, de l' huile, se dit quand la sueur a quelque chôse de noir, de gluant, d' huileux. Et par exagération, quand on est dans un grand embarras. _ On dit, plus simplement, suer tout seul au figuré.
   Il faut suer sans cesse à chercher que lui-dire;
   Et la stérilité de son expression
   Fait mourir à tous coups la conversation.
       Misant.
= Suer sang et eau, se doner beaucoup de peine pour réussir. "Il a falu suer sang et eau pour le réduire à la raison. = * Suer une chemise, deux, trois chemises, est un barbarisme d' expression. Mde de Sévigné dit: je suis en train de suer: je change trois fois de chemise en un jour. C' est ainsi qu' il faut dire.
   SUÉE, inquiétude subite et mélée de crainte. Il est très-bas. Acad. "On lui dona, ou, il eut une terrible suée.
   SUETTE, maladie contagieûse, qui consiste dans une sueur abondante, avec fièvre maligne, etc.
   SUEUR, 1°. Humeur, sérosité, qui sort par les pôres, quand on sûe. "Sueur abondante, copieûse, bénigne, ou, aigre, puante, froide. "Être tout en sueur, tout dégoûtant de sueur: "Son mal s' en est allé par les sueurs. = 2°. Action de suer. "Cela provoque la sueur. "Il lui prend souvent de petites sueurs. = * Mde se Sévigné dit en ce sens, suerie: "J' ai enfin achevé aujourd' hui ma suerie. _ C' est un de ces mots; qu' on invente au besoin dans la conversation, ou dans une lettre. = 3°. Peines qu' on se done pour réussir à quelque chôse: "Est-ce là la récompense de tant de sueurs et de travaux? "Parcourez en esprit tous les lieux, que cet Apôtre a arrosé de ses sueurs. = On dit, en ce sens, figurément, à la sueur de son corps, ou de son front, ou, de son visage. Mais cette locution est familière et même un peu triviale: elle parait peu digne d' entrer dans un Poème, même en prôse. "Voilà ce qui cause les révoltes; et non pas le pain, qu' on laisse manger en paix au Laboureur, aprês qu' il l' a gâgné à la sueur de son visage. TÉLÉM. "Je préfèrerois d' être dans le monde le jardinier d' un fermier, qui ne gâgneroit sa vie qu' à la sueur de son front, à régner ici sur toutes les Ombres. Madame. Dacier, Odyssée.

SUFFIRE


SUFFIRE, ou, SUFIRE, v. n. SUFISAMMENT, adv. SUFISANCE, s. f. SUFISANT, ANTE, adj. [Sufîre, fizaman, zance, zan, zante: 2e lon. au 1er, 3e lon. aux 3 dern.] Sufire: je sufis, nous sufisons; je sufisois, ou sufisais; je sufis; j' ai sufi; je sufirai, je sufirois ou sufirais; que je sufise; sufisant. = M. l' Ab. De Fontenai, d' aprês plusieurs Gramairiens et plusieurs Dictionaires, prétend que le verbe suffire fait à l' imparfait du subjonctif, que je suffisse, que tu suffisses; qu' il suffit; et reprend un Auteur, qui avait dit, qu' il suffisit. Celui--ci est bien mauvais sans doute, mais l' aûtre à la 3e persone apartient plus au présent qu' à l' imparfait, et aux deux premières persones, il a l' air bien sauvage, parce qu' il est bien peu usité. Je pense qu' il faut éviter de s' en servir, et dire plutôt, que je pusse, tu pusses, il pût sufire, ou bien qu' il fût sufisant pour, etc. _ L' Acad. ne met au subjonctif que, je suffise; soit qu' elle pense qu' il doit servir pour le présent et l' imparfait, soit qu' elle croie que ce verbe n' a point d' imparfait du subjonctif. = Sufire se dit de ce qui peut fournir et satisfaire aux besoins. Il se dit des chôses et des persones. Il régit à ou pour devant les noms et les verbes. "Peu de bien sufit au sage. "Cent écus sufisent pour ma subsistance. "Il est trop acablé d' afaires: il ne peut pas sufire à toutes; à les traiter, à les terminer toutes. "Elle sufisait à me tourmenter, ou pour me tourmenter. "Cette somme ne sufit pas pour payer toutes les dettes. "Se sufire à soi-même: "Pour s' atirer l' atention et l' homage des peuples, la vertu se sufit et n' a pas besoin de la fortune Neuville. Or. Fun. du Card. de Fleuri. = Il est quelquefois impersonel: alors il régit la prép. de devant les noms et la conjonction que avec le subjonctif des verbes. "Il ne sufit pas d' un Grand Homme pour faire ces changemens. Bufon. "Il sufit de deux faits pour le prouver et les voici. Moreau. "Il ne sufit pas de deux ou trois morceaux heureusement tournés pour faire lire huit ou neuf cens vers, que la rime seule sert à distinguer de la prôse. Ann. Litt. "Il sufit que vous le disiez pour que je le croie.
   Et pour en obtenir un secours généreux,
   J' ai cru qu' il suffisoit que l' on fût malheureux.
       Créb.
Il régit aussi de et l' infinitif. "Il sufit d' être malheureux pour être injuste. = * Anciènement on disait sufit tout seul, et sans le pronom il.
   Pour ne plus en douter sufit que je le nomme.       Corn.
On dit encôre dans le style familier, sufit, pour c' est assez, cela sufit:
   Sufit! adieu, mûses, jusqu' au revoir.       Rouss.
"Quel bien il doit m' en revenir? sufit: je veux me satisfaire. Marin. = * Quelques-uns transforment sufit que en conjonction et le font synonyme de pourvu que. Ils disent par exemple: sufit que vous veniez; je serai content. C' est une façon de parler populaire. = Se sufire se dit des persones; c' est n' avoir pas besoin du secours d' autrui. Il est ordinairement suivi de la répétition du pronom personel, qui est au datif: se sufire à soi-même. "La triste et pénible résolution que celle de vivre seul et de se sufire à soi-même: l' Homme est trop foible pour la soutenir.
   SUFISAMMENT: Assez. Voyez ASSEZ. Il régit la prép. pour devant les noms et les verbes; ou pour que avec le subjonctif. "Il a sufisamment de bien; il en a sufisamment pour lui et pour vous; pour pouvoir, ou pour qu' il puisse en doner à d' autres. "Ce Général avoit sufisamment de troupes pour batre les Frisons. Hist. d' Allem. = Quand il modifie des participes ou des adjectifs, pour avec l' infinitif ne fait pas si bien. "Je ne trouve pas ce fait sufisamment prouvé pour être avancé comme certain. Charlev. _ Assez bien prouvé vaudrait mieux.
   SUFISANCE est 1°. Ce qui sufit. Il régit l' ablatif. "Avoir sufisance de vivres; en avoir, en prendre sa sufisance. = Le proverbe dit: qui n' a sufisance n' a rien: quelque bien que l' on possède, si l' on ne sait pas s' en contenter, on est aussi malheureux, que si l' on n' avait rien. = En sufisance ou, à sufisance, adv. sufisamment, assez. L' Acad. met le 2d: il y a eu cette année du bled et du vin à sufisance. Quelques Auteurs ont employé le premier. "Ils les ont amenés à n' avoir pas même de pain en sufisance. LING. _ Le 2d me parait préférable. = 2°. Il s' est dit aûtrefois, en parlant des persones, pour capacité, habileté, science. "La sufisance extraordinaire de Suger, Abbé de saint Denis. Maimb. "Sa présomption lui fit perdre, en un moment, ce que sa valeur et sa sufisance lui avoient acquis. Id. On ne le dit plus que dans le style de chancellerie. J. J. Rouss. l' a encôre employé en ce sens. "Le Laboureur, l' homme du peuple.... ne cherche point à justifier son ignorance ou ses vices par son incrédulité. Il ne censure point les oeuvres de Dieu et ne s' ataque point à son maître, pour faire briller sa sufisance. = 3°. Vanité, présomption: "Il a une sote sufisance; une sufisance insuportable. "Leur sufisance, leur ton m' a révolté. Palissot.
   C' est un petit Monsieur, rempli de sufisance.
       Destouches.
  SUFISANT a le 1er et le 3e sens de sufisance. = Qui sufit: "Il est sufisant pour payer. "Terme hommes sont sufisans pour défendre ce poste. "Cette somme est sufisante, etc. = Orgueuilleux, présomptueux. "Le sufisant personage! je vous trouve bien sufisante, Mademoiselle. "Air sufisant, mine sufisante.
   Des jeunes courtisans
   Que n' ai-je le babil et les airs sufisans?
       DEST. Le Glorieux.
= Subst. "C' est un sufisant, une sufisante: il fait le sufisant. = * Aûtrefois on le disait dans la 2de signification de sufisance, pour habile, savant: il ne fait point le sufisant, quoiqu' il le soit. P. Rapin.

SUFFOCANT


SUFFOCANT, ou, SUFOCANT, ANTE, adj. SUFOCATION, s. f. SUFOQUER, v. act. et n. [Sufokan, kante, ka-cion; ké: 3e lon. aux 2 prem., é fer. au dern.] Sufoquer, étoufer, faire perdre la respiration. "La douleur le sufoquait. "Les vapeurs la sufoquent. "Viens, tu aprendras tout. Les larmes, les soupirs me sufoquent. VOLT. Et neutralement: il est prêt à sufoquer. = Sufocant, qui sufoque. "Chaleur, vapeur sufocante. = Sufocation, étoufement, perte de respiration, ou, grande dificulté de respirer. "Ce mal est acompagné de sufocation.

SUFFRAGANT


SUFFRAGANT, ou, SUFRAGANT, adj. et s. m. Il se dit d' un Évêque, relativement à son Métropolitain. "Les Évêques de et de sont sufragans de. = Les sufragans de sont les Évêques de, etc. Le Métropolitain et ses sufragans.

SUFFRAGE


SUFFRAGE, ou, SUFRAGE, s. m. 1°. Déclaration de son sentiment, qu' on done de vive voix, ou par écrit, ou aûtrement, dans une élection, ou délibération. "Je lui ai doné mon sufrage: il a eu tous les sufrages: les sufrages ont été partagés. "Prendre, compter les sufrages. = 2°. Aprobation. "Cette pièce, ce discours a enlevé tous les sufrages.
   Il croiroit déroger en donant son sufrage.
   -- Déroger! et comment? - En louant un ouvrage.
       La Chaussée.
"Il se concilie tous les esprits; il obtient tous les sufrages. NEUV. Or. Fun. du Card. de Fleuri. = 3°. Les sufrages de l' Église, des saints: les prières que l' Église ou les Saints adressent à Dieu pour les fidèles, pour leur obtenir des grâces.

SUFFUMIGATION


SUFFUMIGATION, Voyez FUMIGATION.

SUFFUSION


SUFFUSION, s. f. [Sufu-zion.] Terme de Médecine. Épanchement.

SUGGÉRER


SUGGÉRER, v. act. SUGGESTION, s. f. [Sug-géré, gès-tion: 2eé fer. au 1er, è moy. au 2d: tion n' a pas le son de cion; mais le t a son propre son.] Suggérer, c' est insinuer, inspirer à... Suggestion, instigation, persuasion. "On lui suggéra la réponse qu' il devait faire. "Il l' a fait par suggestion: à la suggestion d' un tel. = Voy. INSINUER.

SUICIDE


SUICIDE, s. m. et f. Il se dit de celui, de celle, qui se tûe soi-même et de l' action par laquelle on se tûe soi-même: "Les Philosophes ont loué plusieurs suicides: quelques-uns ont justifié le suicide.

SûIE


SûIE, s. f. [Sû-ie: 1re lon. 2e e muet] Matière noire et épaisse, que laisse la fumée, et qui s' atache au tuyau des cheminées.

SUJèT


SUJèT, ETTE, ou \èTE, adj. et subst. SUJÉTION, s. f. [Su-jè, jète, jé-cion: 2e è moy. aux 2 prem., é fer. au 3e] Sujèt, 1°. Qui est soumis, astreint à... Sujèt aux lois, à un tel devoir, à une telle rente. "Sujèt à la mort, à beaucoup d' infirmités. = 2°. Acoutumé à. "Sujèt au vin, à sa bouche, à ses goûts, à ses plaisirs;à boire, à s' ennivrer: "Sujet à la goutte, à la gravelle, à tomber du haut mal. "Pays sujèt aux inondations: couleurs sujètes à changer. = Démarche sujète à bien des inconvéniens: entreprise sujète à de grandes dificultés: passage sujèt à plusieurs interprétations. _ 3°. Qui est sous la domination de.... "Il est né sujèt du Roi, de la République de, etc.
   SUJèT, s. m. 1°. Caûse, raison, motif. "Il m' a querellé sans sujèt, pour un sujèt fort léger: je ne lui ai pas doné sujèt de me traiter de la sorte: "Un Prince, dont il avait de si grands sujèts de se plaindre. MAIMB. On m' a doné sans sujèt de grands sujets de mortification. Voilà le sujèt de leur querelle, de leur ruptûre. = 2°. La matière sur laquelle on parle ou l' on écrit. "Un sujèt de comédie: sujèt dificile, stérile, usé, rebatu. "Manier; épuiser un sujèt: travailler sur un sujèt. "J' ai lu tout ce que les Philosophes ont écrit sur ce sujèt; mais c' est un secours trop foible pour une douleur comme la mienne. Cic. à Atticus; MONGAULT. = Et en parlant des sciences et des Arts. "Le sujèt de la médecine c' est le corps humain: "Le sujèt de ce tableau est un tel trait d' Histoire. = En termes de Musique, c' est l' air sur lequel on fait les parties. En Logique, le terme d' une proposition, dont on nie ou l' on afirme quelque chôse; et en Gramaire, le pronom ou le nom, qui désigne la persone ou la chôse, dont on parle: aûtrement le nominatif. = 3°. Il se dit d' une persone par raport à ses qualité bones ou mauvaises: un bon, un grand, un digne, ou, un mauvais sujèt. "Un sujèt éligible, capable; qui peut être élu, être élevé au Pontificat.
   Rem. 1°. Sujèt, adjectif, parait régir, suivant l' usage, le génitif des persones et le datif des chôses: sujèt d' un Prince, du Roi; sujèt à une infirmité. Dans le Dict. Gram. on critique cette phrâse. "Je ne saurois obéir à un Prince, à qui les Dieux ne m' ont pas fait naitre sujet. L' Acad. admet ce régime: "Un fils est sujet à son père: une fille est sujette à sa mère; une femme à son mari. En parlant des particuliers, je ne voudrais dire ni à, ni de, en régime des persones; j' aimerais mieux dire d' un fils, qu' il est sujèt à l' autorité paternelle, que de dire qu' il est sujet à son père, ou de son père. * Bossuet dit: Roi des Perses sujet à l' Empire des Mèdes. Là je voudrais, sujet de l' Empire. "Les peuples, qui lui étoient sujets, dit Maimbourg; et on le disait ainsi dans le siècle pâssé. Aujourd' hui on dirait, ou, les peuples ses sujets, ou bien, les peuples, qui lui étaient soumis. = 2°. Boileau avait d' abord mis dans la satire V. La France a des sujets, etc. Desmarets critiqua avec raison cette expression. Un pays, disait-il, n' a pas des sujets, il a des habitans: c' est le Roi, qui a des sujets, et la France est sujette au Roi. Boileau profita de la critique, et mit dans les aûtres éditions: Ton Prince a des sujets. = 3°. Sujèt, régissant un nom qui exprime un vice, signifie, qu' on en est ateint: être sujèt à la colère, à la médisance; c' est être dans l' habitude de médire, de se mettre en colère. * Mascaron lui done un sens bien diférent. "Les vertus de cette grande Reine n' empêchèrent pas qu' elle ne fût sujette à la médisance et à la calomnie. L' orateur veut dire, qu' elle fut exposée aux traits de la médisance: mais il s' est servi d' une expression, qui marque un aûtre sens. = 4°. Sujèt, ocasion, régit à devant les verbes et les noms: doner sujèt à contester de nouveau, à de nouvelles contestations. = 5°. On dit d' un particulier que c' est un bon, ou, un mauvais sujèt: mais peut-on le dire d' un Souverain? Je ne le crois pas. "Ce second Roi de la maison des Sophis (suivant Olearius et quelques aûtres) étoit un très-mauvais sujet; mais Bizarus et Chalcondile nous en donent une meilleure idée. Ducerc. Il falait dire, étoit un mauvais prince.
   SUJÉTION, dépendance, assujétissement. "Les besoins de la vie sont de grandes sujétions: la sujétion aux lois. "Ils s' étoient emparés de la forteresse, par laquelle ils ténoient en sujétion tout le pays. Maimb. = Assiduité génante. "Auprès des Grands l' on est dans une grande sujétion. "Cet emploi est d' une grande, d' une extrême sujétion.

SUIF


SUIF, s. m. [Monosyllabe: on prononce l' f finale. _ * Quelques-uns le font fém. et disent de la suif, pour du suif.] Graisse, dont on se sert pour faire de la chandelle et pour suiver ou espalmer les vaisseaux.

SUIFVER


SUIFVER, Voy. SUIVER.

SUINT


SUINT, s. m. SUINTEMENT, s. m. SUINTER, v. n. [Suein, monosyllabe; suein--teman, té: 1er lon. 2e e muet au 2d, é fer. au 3e.] Suint, humeur épaisse, qui suinte, qui s' écoule presque imperceptiblement du corps des animaux. "Le suint de la laine des moutons. = Suinter se dit aussi des liqueurs et du vâse d' où elles coulent. "Du vin, qui suinte: ce toneau suinte, et des plaies, d' où sort l' humeur: "Cette plaie est fermée, mais elle suinte encôre. = Suintement, action de suinter. "Le suintement d' une plaie, etc.

SUISSE


SUISSE, s. m. Nom de Nation. = Portier. "Le Suisse d' un Hôtel. Voyez PORTIER.

SUITE


SUITE, s. f. [Sui-te.] 1°. Il se dit des persones: Ceux, qui suivent, qui vienent aprês. "Il a une belle suite: les Gentils--hommes, les Oficiers de sa suite. "Une grande suite de courtisans. = 2°. Postérité, famille. "Cet homme n' a point de suite. = 3°. Il se dit des chôses: ce qui suit, ce qui est aprês. "La suite d' un chapitre, d' un discours, d' un paysage. "Le comencement était beau; mais la suite n' y a pas répondu. = Continuation d' un ouvrage. "La suite de l' Hist. Écl. de Fleury. = 4°. L' enchaînement de plusieurs chôses arrivées l' une aprês l' aûtre. "Sa vie est une suite de disgrâces: il faudra voir la suite de cette afaire. "La suite des tems. = 5°. Plusieurs chôses de même espèce, qu' on range par ordre. "Suite de médailles, d' estampes, de portraits, d' Historiens, etc. = 6°. Éfet d' un évènement. "Cette afaire a eu d' heureuses ou de fâcheuses suites. "Les suites en sont à craindre. _ Et absolument: cela peut avoir des suites; ce qui se dit toujours en mal. = 7°. Ordre, liaison. "Il n' y a point de suite dans ce discours. "Cet homme n' a point de suite dans l' esprit; il n' a pas un esprit de suite: il n' a point de suite dans sa conduite. = 8°. Ce mot entre dans quelques expressions adverbiales. _ À~ la suite de: être à la suite d' un Ambassadeur; être de son cortège; à la suite de la Cour, la suivre par-tout où elle va; à la suite d' une afaire, la solliciter; marcher, entrer à la suite de quelqu' un; aprês lui. = De suite, l' un aprês l' aûtre. "Marcher de suite: il ne saurait dire deux mots de suite. _ Mettre, ranger, de suite: avec ordre. "Ces livres, ces médailles ne sont pas de suite: mettez-les de suite. = Dans la suite, dans quelque tems. * Quelques Écrivains ont dit par la suite. "D' aûtres pratiques, dont nous aurons ocasion de parler par la suite. Pluche, Hist. du Ciel. "On transporta par la suite à Trèves etc. Hist. d' Allem. "Ils le devinrent par la suite. RIGOLEY de Juvigni. _ L' Acad. ne met ni dans, ni, par la suite: mais le premier est admis par l' usage. = Tout de suite, sans intervale, de tems. Richelet dit aussi, tout d' une suite: celui ci est douteux. = * D' Alembert dit vouloir avec suite: c' est une expression nouvelle. "Qui sait lire une fois saura bientôt tout ce qu' il voudra, pourvû qu' il le veuille avec suite. On pourroit peut-être dire, étudier avec suite et méthode; mais vouloir avec suite est une expression de nouvelle fabrique. Ann. Litt. _ Voltaire dit en ce sens, avoir de la suite. "Il arrive souvent parmi les Hommes d' État ce qu' on voit tous les jours parmi les courtisans: celui, qui a le plus d' esprit échoûe; et celui, qui a dans le caractère plus de patience, de force, de souplesse et de suite, réussit. Duclos a dit aussi: "Il est léger et incapable de suite dans le caractère: il n' a que des accès d' ambition, qui cèdent à une paresse naturèle. = * Par suite, par conséquent, a été hazardé sans succês. "Il se voyoit sur le point d' être dépouillé de sa ferme et par suite, en péril d' être ruiné. La Rûe. "Ce n' a été qu' un arrangement suggéré par les vûes d' une politique purement humaine; et par suite ce Bref ne peut être compté comme fesant une pièce du procês. Anon. Cela sent un peu et beaucoup le style de Praticien. = Faire suite à, parait être un néologisme. "Cet ouvrage (le Mariage de Figaro) fait suite au Barbier de Seville. Merc. = Doner suite ou de la suite, est aussi une expression nouvelle: "Le Gouvernement n' a doné aucune suite à son projet. Necker.

SUIVANT


SUIVANT, ANTE, adj. et subst. SUIVANT, prép. [Sui-van, vante, van: 2e lon.] Suivant, qui suit, qui est, qui va aprês. Il ne se dit proprement que des chôses. "Le livre suivant; il en a usé de la sorte par les raisons suivantes. = Subst. On dit en st. famil. d' un homme qui n' a ni enfans, ni proches parens, qu' il n' a ni enfans, ni suivans. = Suivante, Demoiselle atachée au service d' une grande Dame. On ne le dit plus que dans les pièces de Théâtre.
   Suivant, prép. Selon. Voy. SELON. "Suivant l' opinion de: suivant Vaugelas: suivant ce qu' il m' a dit. = Suivant que conjonction: selon que. Elle régit l' indicatif: suivant qu' il l' a promis; suivant que vous vous comporterez, etc.

SUIVRE


SUIVRE, v. act. [Sui-vre: 2ee muet.] Je suis, nous suivons, je suivois ou suivais; je suivis, j' ai suivi; je suivrai; je suivrois ou suivrais; suis, que je suive, je suivisse, suivant, suivi. = En général, aler aprês. "Il marchait le premier et les aûtres le suivaient: prenez les devans: je vous suivrai bientôt: suivre de prês, ou de loin, etc.
   Vous vous perdez; songez qu' un maître impitoyable
   Nous obsède, nous suit d' un oeuil inévitable.
       Oreste.
= 2°. Aler aprês pour atraper. "On a suivi ce loup, ces voleurs pendant tout le jour, sans pouvoir les ateindre. = 3°. Acompagner, escorter. "Il a suivi ce Prince dans les ocasions les plus périlleuses. "Il se fit suivre par des gardes. = Fig. "L' envie suit la prospérité: l' embarras suit les richesses, les dignités.
   La crainte suit le crime; et c' est son châtiment.
       VOLT. Sémiramis.
  La peine suit le crime, elle arrive à pas lents.
      Oreste.
= 4°. Il se combine avec plusieurs noms. Suivre un chemin, ou, son chemin, aler par un chemin; continuer d' y marcher. _ FIG. Suivre le chemin de la vertu, de la gloire; suivre les traces des Saints, des Héros, de ses ancêtres.
   Ta parole, Seigneur, est l' astre, qui me guide,
   J' ai juré de le suivre, et mon coeur moins timide,
   Acomplira ce voeu.
       Le Franc.
= Suivre le parti de quelqu' un; suivre Aristote, Descartes, etc. _ Suivre une Doctrine, une opinion. = Suivre la Cour, le Barreau; s' y atacher. Suivre une afaire. _ Suivre un Prédicateur; être assidu à ses Sermons. _ Suivre celui qui parle, dans son discours, dans son raisonement; être atentif, de sorte qu' on ne perde rien de ce qu' il dit. = 5°. Il se dit par raport au tems, au lieu, à l' ordre, à la situation. "L' Été suit le printems: la page, qui suit, etc. = 6°. Se laisser conduire à: suivre sa pensée, sa passion, son caprice, son inclination, etc. = 7°. Se conformer à: suivre la mode, l' usage, les coutumes, les avis, les conseils, l' exemple de, etc.. "Suivre la loi, la règle, les ordres, etc. "Suivre l' Évangile, etc. = 8°. Suivi, qui atire un grand nombre d' Auditeurs, de Spectateurs: Prédicateurs, Professeur, fort suivi; pièce fort suivie. = Où il y a de l' ordre, de la liaison. "Discours, raisonement bien suivi; pièce de Théâtre bien suivie.
   REM. Être suivi, au figuré, régit la prép. de:
   ..De quel espoir ma douleur est suivie!
       ORESTE.

SULFUREUX


SULFUREUX, EûSE, adj. [Sulfu-reû, reû-ze: 3e lon. = Quelques-uns écrivent sulphureux: mais cette ortographe n' est pas la plus autorisée. = Quoiqu' on dise soufre, on dit sulfureux et non pas soufreux, et encore moins soulphreux, comme dit Le Gendre.] Qui tient de la natûre du soufre. "Matière, exhalaison sulfureûse.

SULTAN


SULTAN, ANE, s. m. et f. Titre qu' on done à l' Empereur des Turcs et à plusieurs Princes Mahométans, et à leurs femmes. = Sultane est aussi une sorte de Vaisseau de guerre, dont les Turcs se servent en diverses ocasions.

SUPER


SUPER, préposition latine, qui entre dans la composition de quelques mots français. Dans plusieurs elle a été remplacée par la prépos. sur. On ne dit plus, comme aûtrefois, Superabondant, superérogation, superintendant: on dit, surabondant, surérogation, Surintendant.

SUPERBE


SUPERBE, adj. et subst. SUPERBEMENT, adv. [Supêrbe, beman: 2e ê ouv. 3e e muet.] Superbe, adj. 1°. Orgueuilleux. Le 1er se dit plutôt des chôses, le 2d des persones. On dit pourtant Homme fort superbe, esprit superbe. Et substantivement, Dieu résiste aux superbes. Dans cet emploi, il dit plus qu' orgueuilleux. Celui-ci régit quelque--fois le génitif: celui-là s' emploie sans régime. "L' Égipte superbe de son antiquité et de ses institutions. Orgueilleûse vaudrait mieux, ce me semble, et pour la propriété et pour le régime. Gresset dit, les Déités superbes, qu' il fait rimer avec herbes. = {632a} Par extension, on le dit de quelques animaux: Le Paon est un animal superbe; un superbe Coursier. = 2°. En parlant des chôses, somptueux, magnifique. "Entrée, festin, habit, train, meuble superbe: "Superbes bâtimens, ornemens, etc. = On le dit quelquefois des persones: homme superbe en habits, en équipages, etc.
   SUPERBE, s. f. Orgueuil. Il est vieux. Vaugelas ne pouvait le soufrir, et son dégoût a été justifié par l' usage, contre l' opinion de Ménage. _ L' Acad. dit qu' il n' est d' usage que dans les matières de dévotion, et qu' il comence à vieillir. "La Superbe précipita le Démon dans les Enfers. "La superbe est le premier des péchés capitaux.
   SUPERBEMENT, d' une manière superbe, orgueilleûse: il marche superbement. = Magnifiquement vétu, meublé superbement.

SUPERCHERIE


SUPERCHERIE, s. f. [2e ê ouv. 3e et dern. e muet, 4e lon.] Tromperie faite avec finesse. "Il m' a fait une supercherie.

SUPERFÉTATION


SUPERFÉTATION, s. f. [Supêrféta--cion: 2e ê ouv. 3e é fer.] Au propre, conception d' un fétus, lorsqu' il y en a déjà un dans le sein de la mère. = Fig. On le dit des ouvrages d' esprit, informes et mal conçus. "Des pièces estimables sont reçues avec un froid dédain, tandis que des superfétations dramatiques, pour me servir de l' expression du grand Rousseau, excitent une frénésie d' aplaudissemens. Ann. Litt. "Ces petites superfétations, dont notre Litérature n' abonde que trop, etc. Linguet. "Ces superfétations académiques, ces déclamations froides ou boursouflées, etc. L' Ab. De Fontenai.

SUPERFICIE


SUPERFICIE, s. f. SUPERFICIEL, ELLE, adj. SUPERFICIELLEMENT, adv. [Supêrfi--ci-e, cièl, ciè-le, leman: 2e ê ouv. 4e lon. au 1er, è moy. aux aûtres; 5ee muet.] Superficie, selon les Géomètres, c' est longueur et largeur sans profondeur. _ Dans l' usage ordinaire, c' est la surface des corps: nous ne voyons des corps que la superficie. = Fig. Légère conaissance. "Il ne sait que la superficie des chôses: il n' aprofondit rien: il s' arrête à la superficie. "C' est une liseûse: elle sait un peu de tout. J' ai aussi une petite teintûre, de sorte que nos superficies s' acordent fort bien ensemble. Sév. Le pronom possessif va fort bien avec ce mot dans cette phrâse: mais il ne vaudrait rien âilleurs.
   Rem. Suivant Ménage, on dit la surface des eaux, de la terre; et non pas la superficie: mais on dit; le fond et la superficie et non pas le fond et la surface. _ L' Acad. distingue peu l' usage de ces deux mots. L. T. Voy. SURFACE.
   SUPERFICIEL, qui n' est qu' à la superficie. "cette plaie n' est que superficielle. _ Il n' est guère d' usage dans le propre. Acad. = Fig. Auteur superficiel, vûe superficielle, conaissance, piété superficielle. = Cet adjectif n' aime pas à précéder le nom, qu' il modifie. "La superficielle conversion, qu' elle atira dans cette chambre. Sév. L' inversion est dûre.
   SUPERFICIELLEMENT, d' une manière superficielle. "Ce coup ne l' a touché que superficellement. Labourer superficiellement. = Il est plus usité au figuré: "Ne savoir les chôses, ne le traiter, que superficiellement.

SUPERFIN


SUPERFIN, adj. Três-fin. "Du drap superfin. = S. m. "C' est du superfin.

SUPERFLU


SUPERFLU, ÛE, adj. SUPERFLUITÉ, s. f. [2e ê ouv. 3e lon. au 2d.] Superflu, 1°. Qui est de trop. "Meubles, ornemens superflus; dépense superflûe. = S. m. "Se contenter du nécessaire et mépriser le superflu. "Le superflu des riches est le patrimoine des paûvres. "Avoir beaucoup d' esprit et point de jugement; c' est avec le superflu manquer du nécessaire. L' Ab. Trublet. "La Natûre et la Raison demandent le nécessaire: elles désirent même le comode: L' orgueuil et la sensualité veulent le superflu et l' excessif. Id. "Altérer sa santé par l' excès dans les plaisirs, c' est se priver du nécessaire pour le superflu. ID. = 2°. Inutile. "Regrets, raisonemens superflu; paroles superflûes. "Il est superflu d' entreprendre l' Éloge de ce Recueuil, disent les Éditeurs des Discours de M. Thomas.
   Rem. Superflu, substantif, n' a point de pluriel: on dit a plusieurs: votre superflu doit être employé à secourir les paûvres; et non pas vos superflus. = * M. l' Ab. Monnier pour faire rimer superflu avec un pluriel, lui done une s, même au singulier: c' est une licence plus que poétique.
   Secours oferts, donés, acceptés et rendus,
   Forment les anneaux d' une chaîne.....
   Le Riche à l' Indigent ofre son superflus;
   L' Indigent ofre au Riche et ses brâs et sa peine.
   SUPERFLUITÉ, ce qui est superflu. " La superfluité est vicieûse en toutes chôses: à quoi bon cette superfluité? "Il faut retrancher les superfluités.
   Un Poète à la Cour est de bien mince aloi,
   Des superfluités il est la plus futile.
       PIRON.

SUPÉRIEUR


SUPÉRIEUR, EURE, adj. SUPÉRIEUREMENT, adv. SUPÉRIORITÉ, s. f. [Supe--rieur, rieu-re, rieu-reman, rio-rité: 2eé fer. 4e e muet au 2d et au 3e.] Supérieur. 1°. Qui est au dessus. Au propre: l' orifice supérieur de l' estomac: la région supérieure de l' air. _ Et dans le moral: génie supérieur; d' un ordre supérieur. = Quand il régit le datif, il tient lieu d' un comparatif: il est supérieur à tous ses concurrens: "Jamais homme, avec tant de gloire, n' a été si supérieur à sa propre gloire. Bourdal. Or. Fun. du Grand Condé. Quand il est sans régime, il a le sens d' un Superlatif: il a des talens supérieurs. = 2°. Qui a autorité, pouvoir sur les aûtres: puissance supérieure: Oficier supérieur. _ 3°. Qui est au dessus en rang, en mérite, en forces. "Supérieur en science, en doctrine, etc. "Les Énemis étaient supérieurs en nombre; et sans régime, et en le sous--entendant: ils étaient supérieurs. "En général, on aime plutôt son inférieur que son supérieur; et cela est vrai de toutes sortes d' infériorité et de supériorité. L' Ab. Trublet. = 4°. Conseils supérieurs, Cours supérieures, qui jugent en dernier ressort. = 5°. S. m. et f. Qui a comandement, autorité. "Il faut obéir à ses Supérieurs: "Le Supérieur, la Supérieure d' une Comunauté.
   SUPÉRIEUREMENT, d' une manière supérieure. Même remarque que pour l' adjectif (n°. 1°.) Il a écrit sur cette matière supérieurement à tous ceux qui l' avaient traitée: il pense, il écrit supérieurement. = Cet adverbe est à la mode. "Une femme, le jour de ses noces, suspend sa dot à son cou et à ses oreilles; et le mari meuble sa maison supérieurement, en vendant une terre. Coyer. = Quelques-uns lui font régir la prép. de, comme à beaucoup, infinement: "Vous avez supérieurement d' adresse. Th. d' Éduc. Ce régime est un néologisme.
   SUPÉRIORITÉ, c' est 1°. Autorité, prééminence. "Sa charge lui done une grande supériorité. "La supériorité de son génie lui tint lieu d' art et d' expérience; et il comença par où les conquérans les plus fameux auroient tenu à gloire de finir. Bourdal. Or. Fun. du Grand Condé. = 2°. Emploi de Supérieur ou de Supérieure dans une Comunauté. = 3°. Excellence au dessus des aûtres. Supériorité d' esprit, de courage, de mérite, de forces. = * On a dit aûtrefois supérieurité, mais celui-ci n' est pas dans le génie et l' analogie de la Langue

SUPERINTENDANT


*SUPERINTENDANT. Il s' est dit aûtrefois pour Surintendant.

SUPERLATIF


SUPERLATIF, IVE, adj. SUPERLATIVEMENT, adv. [Supêrlatif, tive, tive--man~: 2eê ouv. 5e e muet.] Superlatif est un terme de Gramaire. Il exprime le plus haut degré de comparaison. Le signe du superlatif, en Français, est três, ou le plus joint au positif; aimable, três-aimable ou le plus aimable. Le 1er peut être apelé Superlatif absolu, parce qu' il exprime une quantité au suprême degré, mais sans raport à~ aûtre chôse: le 2d peut être apelé Superlatif relatif, parce qu' il exprime une qualité au plus haut degré, et avec raport à quelque aûtre chôse. Aussi le premier s' emploie-t' il sans régime: c' est une homme três-aimable; le 2d, au contraire, régit la prép. de; c' est le plus aimable des hommes. = 1°. Cette préposition suit ordinairement le Superlatif; mais quelques--fois, elle le précède élégamment: "De tous les Gouvernemens, le Monarchique est le meilleur. = 2°. Le pronom relatif, qui suit le superlatif, régit le subjonctif: "Les mouvemens des Planètes sont les plus réguliers que nous conaissions. BUFON. _ Voiture met l' indicatif: "Nous vivons dans la plus grande amitié qu' il est (soit) possible. = 3°. Quand deux ou plusieurs superlatifs relatifs sont devant un substantif, les derniers prènent les mêmes articles que les premiers: les plus sages et les plus savans hommes ont dit: il faut s' en raporter aux plus habiles et aux plus expérimentés des Avocats: c' est l' opinion des plus anciens et des plus saints Docteurs, etc. = Mais quand les superlatifs suivent le substantif, il faut distinguer; ou ces superlatifs ont un sens à peu prês semblable; ou il y a oposition. Dans le premier câs, le substantif est le seul à prendre l' article: c' est l' usage des persones les plus honêtes et les plus polies. Dans le 2d câs, le 1er superlatif prend l' article le, la, ou les et les aûtres l' article du substantif. "C' est la coutume des peuples les plus barbares et des plus civilisés, d' avoir un cérémonial pour les actions publiques. C' est qu' alors on sous entend le pronom celui, celle, etc. et celle des plus civilisés, etc. GIR. Wailly. = * Aûtrefois les Poètes se dispensaient de mettre l' article le, la, les devant le superlatif, quoiqu' il fût placé après le substantif.
   Chargeant de mon débris les reliques plus chères.
       Rac.
Il falait: les plus chères reliques, ou bien les reliques les plus chères.
  Mais je veux employer mes éforts plus puissans.
       Mol.
  Si vous leur dérobez leurs conquêtes plus belles.
      Id.
Dites, mes plus puissans éforts, leurs plus belles conquêtes, ou bien mes éfort les plus puissans; leurs conquêtes les plus belles = 4°. Quand un nom substantif est modifié par l' art. indéf. des, il faut répéter cet article devant le superlatif, et celui-ci doit être placé après le nom. "Des plus habiles Philosophes de notre tems ont trouvé, etc. Leibn. Il falait: des Philosophes des plus habiles, etc. = 5°. Devant le superlatif relatif, du, de la, va mieux que d' un, d' une; du peuple le plus fier, , plutôt que d' un peuple, etc. "Telle fut l' éloquence de Démosthène, qui sut l' art de se rendre maître de l' esprit d' un peuple le plus fier, le plus inconstant, etc. P. Rapin. Il aurait mieux valu dire, du peuple le plus fier, ou, en disant d' un peuple, mettre une virgule aprês peuple. = 6°. Le superlatif relatif parait quelquefois s' employer substantivement: l' Été est la plus belle des saisons. C' est que son substantif est sous-entendu. "L' Été est la plus belle saison de toutes les saisons. C' est avec ce substantif sous entendu que s' acorde le verbe. "Le plus pur des plaisirs, c' est, pour un coeur bien fait, celui d' être utile à sa Patrie. = 7°. Faut-il dire, c' est un des hommes les plus aimbables, ou des plus aimables? L' Ab. Girard a examiné avec soin cette question, et il se décide pour la seconde manière; mais la première ne laisse pas d' être autorisée par l' usage des bons Auteurs et des gens polis. = 8°. Les noms substantifs ne sont pas susceptibles du superlatif. M. De Bufon a pourtant dit du Râle de terre que. "Il fait en marchant avec vitesse, à travers le plus toufu des herbes, etc. HIST. NAT. _ Toufu, quoique adj. est employé en cet endroit substantivement, et il est pourtant afecté par le signe du superlatif, contre l' Usage. Au, n° 6°. il y a un exemple, qui pourrait paraitre semblable: mais pour peu qu' on y fasse atention, on en apercevra la diférence. = 9°. Le superlatif absolu ne fait pas bien devant le substantif dans la phrâse suivante. "Cette ville placée dans un de ces très peu nombreux cantons d' Arabie, où, etc.Rayn. Cette construction est singulièrement dûre et sauvage. _ On dit, je l' avoûe, un três-aimable homme, mais on ne dit pas: un de ces três-aimables hommes: on doit dire un de ces hommes três-aimables qui, etc. = 10°. Les superlatifs en issime ne sont pas dans le génie de la Langue, et il n' en est que quelques-uns de consacrés en certaines ocasions: Révérendissime, Illustrissime, Sérénissime, Éminentissime. Les aûtres, comme habilissime, rarissime, ne sont que des mots forgés dans la liberté de la conversation.
   SUPERLATIVEMENT, au plus haut degré, apartient au style plaisant: elle est superlativement laide.

SUPERSÉDER


*SUPERSÉDER, v. n. SURSEOIR. Il est vieux, même au Palais.

SUPERSTITIEûSEMENT


SUPERSTITIEûSEMENT, adv. SUPERSTITIEUX, EûSE, adj. SUPERSTITION, s. f. [Supêrsti-cieû, zeman, cieû;cieû-ze, cion en vers ci-eû, ci-on: 2e ê ouv. 4e lon. aux 3 1ers, 5e e muet au 1er et au 3e.] La superstition est 1°. une fausse idée que l' on a de certaines pratiques de Religion, auxquelles on s' atache avec trop de crainte ou trop de confiance. "Les esprits faibles sont sujets à la superstition. = 2°. Vain présage, qu' on tire de certains accidens, qui sont pûrement fortuits; comme d' être treize à table, etc. = 3°. Fig. Excês d' exactitude, de soin, en quelque matière que ce soit, sur-tout dans le moral. "Il pousse la délicatesse du point d' honeur jusqu' à la superstition.
   SUPERSTITIEUX, qui a de la superstition: Homme superstitieux~; femme superstitieûse~. = Où il y a de la superstition: culte superstitieux: cérémonies superstitieûses. = Exact jusqu' à l' excês; il est ponctuel jusqu' à être superstitieux. = Cet adjectif n' aime pas à précéder le substantif. "Les superstitieûses épreûves de l' eau bouillante. Moreau. L' inversion me parait dûre, quoique l' envie de raprocher le substantif du régime paraisse l' avoir motivée et la justifier.
   SUPERSTITIEûSEMENT, d' une manière superstitieûse. "S' atacher superstitieûsement à de certaines pratiques. = Fig. être ataché superstitieûsement aux règles de la politesse.

SUPPLANTER


SUPPLANTER, ou SUPLANTER, v. a. Ruiner quelqu' un dans l' esprit d' un Protecteur, d' un Maître, et se mettre à sa place: il a suplanté tous ses concurrens.

SUPPLÉER


SUPPLÉER, ou SUPLÉER, v. act. et n. [Suplé-é: 2e é fer. Devant l' e muet, le 1er é est long: il suplée, ils supléent. Au futur et au conditionel, cet e muet ne se fait presque pas sentir: il supléera, il supléerait; pron. supléra, spulérè, en trois syllabes. Duclos l' écrit de même.] Ce verbe est actif et régit l' acusatif, quand il signifie ajouter ce qui manque; fournir ce qu' il faut de surplus: ce sac doit être de mille francs, et ce qu' il y a de moins je le supléerai _ Il est neutre et régit le datif, quand il signifie réparer le défaut de quelque chôse: "Son mérite suplée au défaut de sa naissance: la valeur supléera au nombre. On ne dirait pas bien, suplée le défaut, supléra le nombre. L. T. Wailly. "Les qualités du coeur supléent à celles de l' esprit, et en produisent en partie les effets. Trublet. = Avec le régime des persones, il faut se servir de supléer, actif. "Lorsque son père, Professeur dans l' Université d' Alcala, ne pouvoit doner ses leçons, elle (sa fille) le supléoit, etc. Linguet. "Je craignois que la persone, que j' avois choisie pour me supléer, ne trahît ma confiance. L' Abé Reyre. École des Jeunes Demoiselles.

SUPPLÉMENT


SUPPLÉMENT, ou SUPLÉMENT, s. m. [Supléman: 2e é fer. 3e lon.] Ce qu' on done pour supléer: "Suplément de dot, de partage, de finance. = En parlant d' un livre, ce qu' on y a ajouté pour supléer à ce qui y manquait. = * Un Auteur moderne a forgé suplémenteur, mot barbâre. "Ce savant suplémenteur (M. Larcher) Auteur du Suplément à la Philosophie de l' Histoire.

SUPPLIANT


SUPPLIANT, ou SUPLIANT, ANTE, adj. et subst. SUPLICATION, s. f. SUPLIER, v. act. [Supli-an, ante, suplika-cion, su--pli-é: 3e lon. aux deux prem. é fer. au dernier. Devant l' e muet, l' i est long. Au futur et au conditionel, cet e muet ne se fait pas sentir: il supliera, il suplierait: prononcez suplîra, suplîrè, en trois syllabes, l' î est long.] Suplier, c' est prier humblement. Il régit de devant l' infinitif: je vous suplie de m' acorder cette grâce. Voy. PRIER.
   Rem. En parlant de Dieu et des Saints, on ne doit pas se servir de ce verbe; mais on s' en sert quand on leur adresse la parole. Vaug. Mén. Bouh.
   SUPLIANT, qui suplie: "Cet homme si fier est devenu supliant: air, visage supliant, voix supliante. = Subst. "En postûre de supliant. = Il se dit sur-tout au Palais, et dans les placets; le supliant, la supliante remontre que, etc.
   SUPLICATION, humble prière. Il s' emploie sur-tout au pluriel. "Par prières et suplications: ayez égard à mes humbles suplications. Faire une suplication, des suplications.

SUPPLICE


SUPPLICE, ou SUPLICE, s. m. SUPLICIER, v. act. [Dern. e muet au 1er, é fer. au 2d.] Suplice est, proprement, une punition corporelle, ordonée par la Justice: le suplice de la roûe, du gibet, etc. Condamner, mener au suplice.
   Pour vous charger ici du soin de son suplice,
   Est-ce à vous que le ciel a commis sa justice?
       Sémiramis.
  Plus le coupable est grand, plus grand est le suplice.
      Volt. Sémiramis.
= Par extension, douleur vive et longue. "La gravelle, la goutte est un vrai suplice. = Fig. Peine, afliction, inquiétude violente, et qui dûre quelque-tems. Pour des coeurs passionés, l' absence est un suplice. "C' est un suplice pour moi que de vivre avec cet homme. Voy. TOURMENT.
   SUPLICIER ne se dit qu' au propre. Faire subir le suplice de la mort. "On a suplicié trois voleurs. "Il fut suplicié en Grève. _ Il n' est pas du beau style.

SUPPLIER


SUPPLIER. Voy. SUPLIANT.

SUPPLIQUE


SUPPLIQUE, ou, SUPLIQUE, s. f. [Su--plike: 3e e muet.] C' est un terme de la Daterie de Rome et des Universités. Requête qu' on présente pour demander quelque grâce.

SUPPORT


SUPPORT, ou SUPORT, s. m. SUPORTABLE, adj. SUPORTABLEMENT, adverb. SUPORTER, v. act. [Supor, table, table--man, té: 3e é fermé au dern, 4e e muet au 2d et au 3e.] Suport est, 1°. ce qui soutient: ce pilier est le suport de la voûte. = 2°. Fig. Ce qui aide, apuye, protège. Il est le suport de sa famille. "Vous serez le suport de ma vieillesse. Voy. APPUI. = 3°. L' action de tolérer, de soufrir avec patience les défauts des aûtres, les torts, les injûres. "Le suport mutuel est le lien de la société. "La Loi chrétiène est la seule qui ait ordoné le suport~ des injûres. _ L' Acad.~ ne le met pas en ce sens. = 4°. Dans les~ Armoiries, on apèle suports les figûres d' Anges, d' hommes ou d' animaux qui soutiènent l' écusson. * Du tems de Ménage, on prononçait supot, quoiqu' on écrivît supports. Aujourd' hui on écrit et l' on prononce l' r: suports.
   SUPORTER, c' est 1°. Porter, soutenir. "Il n' y a qu' un seul pilier qui suporte toute la voûte. = 2°. Soufrir, endurer. "Il suporte sans peine le froid, le chaud: il suporte son mal avec patience: c' est un homme qui ne peut rien suporter. = 3°. Tolérer avec charité. "Suporter les défauts, l' humeur, etc. de ceux avec qui l' on vit.
   SUPORTABLE, qu' on peut suporter: "Douleur suportable. "L' humeur de cet homme n' est pas suportable. "Cette expression n' est pas des plus élégantes; mais elle~ est suportable. = Qu' on peut tolérer, excuser. "Cela n' est pas suportable dans un homme de cette profession. _ En ce sens, il se dit toujours avec la négative.
   Rem. Dans le premier sens, quelques Auteurs lui ont fait régir le datif: "Les ofenses sont suportables à un homme sage. Malleb. "Il ne trouve pas une seule situation qui lui soit suportable. Mde. Dacier, Iliade~. _ Ce régime est inusité.
   SUPORTABLEMENT~, d' une manière suportable. "Cela est écrit suportablement. = Cet adverbe est peu d' usage, selon moi: L' Acad. le met sans remarque.

SUPPOSER


SUPPOSER, ou SUPOSER, v. act. et n. SUPOSITION, s. fém. [Supozé, zi-cion: 3e. é fer. au premier. Devant l' e muet l' o est long: il supôse, supôsera, etc.] Suposer, c' est, 1°. mettre en avant une chôse comme établie, comme reçûe, pour en tirer quelque induction: "Suposer une chôse impossible: vous suposez ce qui est en question. = Neut. il régit que et le subjonctif: "Je veux bien suposer que cela soit, quelle conséquence en tirerez-vous? = 2°. Alléguer comme vrai ce qui est faux. "Il supôse un fait, un texte qui n' a jamais existé, etc. = 3°. Produire en Justice une pièce faûsse. "Suposer un testament, un contrat. = Suposer un enfant, le faire reconaitre pour fils ou pour fille de ceux dont il n' est pas né.
   SUPOSÉ, participe, s' emploie comme les ablatifs absolus. "Cela suposé, ou la chôse étant suposée, comme vous le dites, je prétends que, etc. = Remarquez que quand ce participe est devant les noms, il devient préposition, et il est indéclinable: "Suposé ces principes: suposé le furieux penchant qu' ont les hommes d' abuser de leur liberté, il est souvent avantageux de s' en priver. Marsolier. _ Mais quand suposé~ marche aprês, il suit le genre et le nombre du nom. "Ces principes suposés, il s' ensuit, etc. Wailly.
   Suposé que, conjonction, régit le subjonctif. "Suposé qu' il y consente, quel fruit en retirerez-vous?
   SUPOSITION, a tous les sens du verbe. Action de suposer. "Dans la suposition que vous faites, il faudrait que, etc. "Partons de la suposition qu' on peut avoir une fièvre intermittente et n' être jamais sans fièvre. Voullonne. = Fausse allégation: ce que vous dites est une pûre suposition. = Production d' une pièce faûsse. "La suposition d' un contrat, d' un testament. = Suposition de part (partûs). Voy. Suposer un enfant, n°. 4°.

SUPPôT


SUPPôT, ou SUPôT, s. m. [Le t ne se prononce pas.] 1°. Membre d' une Université. = 2°. Fauteur et Partisan. Il se dit en mauvaise part. "C' est un des plus dangereux supôts de cette cabale. "Combien, (parmi les femmes) qui se disant sans préjugés, parce qu' elles sont sans principes, se font gloire d' être les supôts et les héroïnes du parti philosophique? L' Abé Du-Serre-Figon. = * On disait aûtrefois les supôts de Satan; et Boileau a dit:
   Sans craindre Archers, Prévôts ni supôts de Justice.
   Cela n' est plus bon que dans le burlesque.

SUPPRESSION


SUPPRESSION, ou SUPRESSION, s. f. SUPRIMER, v. act. [Suprè-cian, primé: 2e è moy. au 1er.] Suprimer, c' est, 1°. Empêcher, ou faire cesser de paraître. "On a suprimé cet écrit, ce libelle, ce livre: on en a défendu la publication, ou l' on en a arrêté le cours. "Suprimer un acte, une pièce, pour en dérober la conaissance. = 2°. Taire, pâsser sous silence: "Je suprime bien des circonstances, qui seraient trop longues à raporter. = 3°. Abolir. "On a suprimé les charges inutiles. "Un tel Ordre religieux a été suprimé. = 4°. Plusieurs Écrivains lui ont doné le sens et les régimes de retrancher: "Cette imputation si faûsse... il est nécessaire de la suprimer de votre nouvelle édition, dit M. l' Ab. Guénée à Voltaire. "Ils suprimèrent cette claûse du Traité. Hist. des Tud. "J' avois dessein de la suprimer de ce Recueil. (La Comédie de l' Amant heureux par un mensonge.) Marin. "Mr. Bouche auroit très-bien fait de suprimer de son Histoire de Provence, tous ces morceaux inspirés par un zèle inutile et amer. Ann. Litt. _ L' Acad. ne met pas d' exemple de ce régime.
   SUPRESSION, action de suprimer. "La supression d' un livre, d' un contrat, d' une circonstance; d' une Loi, d' une charge, d' un Ordre religieux, etc. En termes de Médecine, supression d' urine: en termes de Palais, supression de part (partûs), l' action de mettre obstacle à la naissance d' un enfant, ou d' ôter la conaissance de son existence et de son état.

SUPPURATIF


SUPPURATIF, ou SUPURATIF, IVE, adj. SUPURATION, s. fém. SUPURER, v. neut. [Supuratif, tive, ra-cion, ré: 3e é fer. au dern. Devant l' e muet, l' u est long: il supûre, supûrera, etc.] Supurer, c' est rendre du pus. Supuration est la formation, l' écoulement du pus, qui s' est formé dans une plaie, dans un abscês. Supuratif, qui facilite la supuration. "Cette plaie comence à supurer: "La supuration se fait bien. "Onguent supuratif. = S. m. Un Supuratif.

SUPPUTATION


SUPPUTATION, ou, SUPUTATION, s. f. SUPUTER, v. act. et n. [Suputa-cion, té, 3e é fer. au 2d.] Calcul. Calculer, compter à quoi se montent certains nombres. "Suputation d' un compte; d' une dépense. Faire une suputation. "La suputation des tems. Suputer un compte. "Suputez à quoi se monte la dépense de ce bâtiment; combien il y a d' années depuis cet évènement.

SUPRÉMATIE


SUPRÉMATIE, s. fém. SUPRêME, adj. [Suprémaci-e, prême: 2e é fermé au 1er, ê ouv. et long au 2d.] Suprême, qui est au-dessus de tout en son genre. "Pouvoir, autorité, grandeur, dignité suprême. "Belle ou laide au suprême degré. = Suprême, dans la haute poésie, se dit pour dernier:
   Et que vous reste-t-il, en ces momens suprêmes?
   Un sépulcre funèbre, où vos noms, où vous-mêmes,
   Dans l' éternelle nuit serez ensévelis.
       Rousseau.
SUPRÉMATIE, droit que les Rois d' Angleterre se sont atribués depuis Henri VIII, d' être les Chefs suprêmes de la Religion dans ce Royaume. = M. Linguet a étendu le sens et l' emploi de ce mot. "La Grande-Bretagne sait parfaitement bien actuellement que sa prétention à la suprématie universelle est une chimère, une absurdité. Cet illustre Écrivain le prend, dans cette phrâse, dans le sens d' Empire universel. C' est à l' usage à mettre le sceau à ce néologisme.

SUR


SUR, SURE, adj. SURET, ETTE, adj. [On doit les écrire sans accent sur l' u.] Sur, qui a un goût acide et aigret. Suret est un diminutif de sur. "Ce fruit est sur; est suret: ces pommes sont sures, surettes.

SûR


SûR, SûRE, adj. SûREMENT, adv. SûRETÉ, s. fém. [1re lon. 2e e muet. _ On écrivait aûtrefois seur, seure, seureté, etc.] Sûr se dit des chôses et des persones. 1°. Certain, indubitable. "Cela est sûr: c' est une chôse sûre. = 2°. Qui doit arriver infailliblement: "Rien n' est si sûr que la mort; ou qu' on estime tel: "Cette charge lui est sûre. _ En ce dernier sens, et avec ce régime, assuré vaut mieux. = 3°. Qui produit ordinairement son éfet. "C' est un remède sûr. = 4°. Il modifie plusieurs noms avec divers sens. Avoir la main sûre, ferme dans les opérations; le pied sûr, la jambe sûre, ne broncher jamais; la mémoire sûre, qui ne trompe jamais; un coup sûr, immanquable, en parlant des jeux; le goût sûr: on le dit au propre et au figuré: ce Cuisinier a le goût sûr; cet homme a le goût sûr. = 5°. En parlant des persones; être sûr de, savoir certainement. "Je suis sûr de ce que je vous dis.
   Aussi-tôt que la nuit aura voilé les cieux,
   Sûre de me revoir, viens m' attendre en ces lieux.
       Rhadamisthe.
  Qui ne craint point la mort est sûr de la donner.
      Oreste.
_ Être sûr de son fait (st. familier), sûr de son coup, certain du succês. _ Être sûr d' un homme, assuré de sa fidélité. _ Musicien, qui est sûr de sa partie, qui chante à livre ouvert sans faire de faûte. On le dit aussi d' un joueur assuré de gâgner; et d' un homme qui est assuré qu' il réussira. _ On dit aussi, jouer à jeu sûr. = 6°. En qui l' on peut se fier. "Ami, valet, Banquier sûr. _ On le dit aussi des chôses en ce sens: chemin, passage, vaisseau, port qui est sûr: planche, échelle sûre. _ Le tems n' est pas sûr. _ Il ne fait pas sûr en ce lieu-là. "Il ne faisoit pas sûr pour les Missionaires de se montrer. Let. Édif. = 7°. S. m. Prendre le plus sûr; aler au plus sûr: on sous entend, parti. = À~ coup sûr, immanquablement. "Vous le troûverez à coup sûr. = Voy. CERTAIN.
   SûREMENT, avec sûreté: "Cet argent est placé sûrement. "Vous pouvez marcher sûrement par là. = Certainement. "Cela est sûrement arrivé comme on le dit. La Touche remarque que quelques persones n' aiment pas cet adverbe employé dans ce sens: oui, sûrement: il viendra sûrement; mais que l' Acad. l' aprouve.
   SûRETÉ, état de ce qui est sûr et à l' abri de tout danger. "Être en sûreté, en lieu de sûreté. Dormir en sureté; pourvoir à sa sûreté. Violer la sureté publique. On ne peut faire cela en sûreté de conscience. Voy. SÉCURITÉ. Caution, garantie. "Avoir, prendre ses sûretés. = Demander des sûretés. "Il leur ofrit toutes les sûretés qu' ils pourroient souhaiter. Maimb.. "Les conquêtes n' étaient que comme un gage, une sûreté passagère, qui indemnisait des pertes qu' on faisait ailleurs. Volt. = Il ne se met au pluriel que dans ce sens. Dans la première acception, on dit, à plusieurs comme à un seul: le gouvernement veille à votre sûreté, et non pas, à vos sûretés.
   REM. En sûreté se dit sans regime, excepté dans cette expression, en sûreté de conscience. * Voiture dit: Soyez en sûreté de Mde de Villeroy; Rollin, être en surêté de sa persone; Mde de Sévigné: nous revinmes gaiment à la faveur des lanternes, et dans la sûreté des voleurs. _ Ce régime est tout au moins douteux. = On dit aussi adverbialement et absolument, en toute sûreté. "Réjouis-t' en en toute sûreté.

SUR


SUR, prép. [On dit dans le Dict. Gram. qu' en conversation on ne prononce point l' r de sur, quand elle est devant une consone: su la table, etc Quelques-uns substituent mal à propos un z à cette r devant une voyelle: suz une table, etc.] C' est une préposition de lieu, qui marque, 1°. la situation d' une chôse à l' égard de celle qui la soutient. Sur le lit; sur la table. = 2°. Elle sert aussi à marquer ce qui est simplement au-dessus: les globes célestes, qui roulent sur nos têtes: un oiseau qui plane sur la rivière. = 3°. Il signifie joignant, tout proche. "Ville qui est sur la Seine: maison qui est sur le grand chemin; vers: sur la fin du mois; dans: écrivez cela sur votre livre, sur vos tablettes, etc. = 4°. Elle a divers aûtres sens: maison qui domine sur la campagne; qui a vûe sur un jardin. Avoir, porter sur soi. Imposition sur le vin. On lui déduira tant sur ses gages. Régner sur plusieurs Nations. Avoir de l' ascendant, de l' avantage, de l' autorité sur quelqu' un. Je me décharge de cette afaire sur vous. Le sort tomba sur lui, etc. etc.
   SUR entre dans la composition de plusieurs mots: surabondant, surcharge, surcroit, etc.

SURABONDAMMENT


SURABONDAMMENT, adv. SURABONDANCE, subst. fém. SURABONDANT, DANTE, adj. SURABONDER, v. n. [Su--rabondaman, dance, dan, dante, dé: 3e lon. 4e br. au 1er, lon. aux aûtres.] Surabonder, c' est abonder au-delà même de ce qui est nécessaire. Surabondant, qui surabonde. Surabondance, três-grande abondance. Surabondamment; plus que sufisamment. "Où le péché avait abondé, la grâce a surabondé. Grâce surabondante. "Surabondance de grâces, de mérites, de droit, de preûves. "J. C. a satisfait surabondamment pour tous les hommes.
   Rem. L' Acad. n' admet surabonder que dans la phrâse de l' Écritûre, que nous avons raportée. Il me semble que c' est en trop restreindre l' usage; et que ce verbe fait três--bien dans la phrâse suivante. "Le Public est rassasié des vers français, dont~ tous nos Journaux surabondent. Mercier. = Surabondant signifie quelquefois superflu, inutile. "Ce que vous aviez dit sufisait; ce que vous avez ajouté est surabondant.

SURACHETER


SURACHETER, v. act. Acheter une chôse plus qu' elle ne vaut.

SURANNATION


SURANNATION, s. f. SURANNER, v. n. [Suran-na-cion, su-rané: les deux n se prononcent dans le premier: on n' en prononce qu' une dans le 2d: c' est que le 1er n' est que dans la bouche des Praticiens, qui ont conservé l' anciène prononciation; et que le sécond, du moins au participe, est du discours ordinaire.] Suranner, avoir plus d' un an. "Laisser suranner des Lettres obtenues en Chancellerie. = Suranné: brevet suranné; procuration surannée. = Vieux, qui n' est plus d' usage: habit suranné, mode surannée. Façon de parler surannée. = On le dit aussi des persones, dans le style critique et moqueur: galant suranné, beauté surannée.
   SURANNATION ne se dit qu' avec Lettres qu' on obtient du Prince, pour rendre la validité à celles qui sont surannées.

SURARBITRE


SURARBITRE, s. m. Celui qu' on choisit pour vider le partage d' opinions entre deux ou plusieurs arbitres.

SURBAISSÉ


SURBAISSÉ, ÉE, adj. SURBAISSEMENT, s. m. [Surbè-cé, cé-e, ceman: 2e è moyen, 3e é fer. aux deux prem. e muet au 3e.] Termes d' Architectûre, qui se disent des arcades et des voûtes qui ne sont pas en plein cintre.

SURCHARGE


SURCHARGE, s. fém. SURCHARGER, v. act, Nouvelle charge ajoutée à une aûtre. _ Imposer une charge excessive, un trop grand fardeau. "Cette surcharge acâblerait ce cheval: il ne faut pas le surcharger. = Fig. Il était déjà acablé de maux, de chagrin; la perte de ce procês est pour lui une surcharge. Être surchargé de travail, d' afaires. Se surcharger l' estomac; se surcharger d' alimens, de vin, de viande, etc. "Quelle harmonie, quelle facilité dans ses vers (de Racine) où l' on ne trouve pas une épithète oisive; pas un mot de surcharge ou d' enflure! Rigoley de Juvigni.

SURCOMPOSÉ


SURCOMPOSÉ, adj. Il se dit des tems des verbes, dans la conjugaison desquels on redouble l' auxilaire avoir; comme j' aurais eu fait, vous auriez eu dit, etc.

SURCROIT


SURCROIT, s. m. SURCROîTRE, v. n. [Sur-kroa, kroâ-tre: 2e lon. au 2d.] Surcroit, augmentation: surcroit de munitions, de bonheur; ou, de malheur, d' afliction. = On dit, adverbialement, par surcroit sans régime, et pour surcroit avec la prép. de. On dit aussi par un surcoit de: "Par un surcroit de malheur, il est arrivé que. Acad.
   SURCROîTRE, Suivant Trév. ne se dit guère que des excrescences du corps humain, ou des arbres. L' Acad. ne le dit que des chairs qui viènent dans les plaies en plus grande abondance qu' il ne faudrait. = * Trév. met aussi surcroissance: L' Acad. ne le met point: on dit excrescence.

SURDENT


SURDENT, s. f. [Surdan: 2e longue.] Dent qui vient sur une aûtre, ou entre deux aûtres dents.

SURDITÉ


SURDITÉ, s. f. Qualité de celui qui est sourd. "Guérir la surdité d' un homme; cette surdité est incurable.

SURDORER


SURDORER, v. act. Dorer doublement ou à fond et solidement.

SURDôS


SURDôS, s. m. Bande de cuir, qui porte sur le dôs d' un cheval de carrosse, et qui sert à soutenir les traits et le reculement.

SUREAU


SUREAU, s. m. [Suro.] Espèce d' arbre moelleux. "Les feuilles, l' écorce, les fleurs et les fruits de sureau ont des propriétés médicinales.

SûREMENT


SûREMENT, Voy. SûR, SûRE.

SURENCHèRE


SURENCHèRE, s. f. SURENCHÉRIR, v. n. [Su-ranchère, ranchéri: 2e lon. 3e è moyen au 1er é fermé au second.] Surenchère, enchère qu' on fait au-dessus d' une aûtre enchère. Surenchérir, faire une surenchère.

SURÉROGATION


SURÉROGATION, s. fém. SURÉROGATOIRE, adj. [Su-réroga-cion, ga-toâ-re; 2eé fer. 5e lon. au 2d.] Ils se disent proprement de ce qui est au-delà des obligations ou du christianisme, ou de la profession religieûse. "OEuvre de surérogation, ou surérogatoire. = Par extension, on le dit de ce qu' on fait au-delà de ce qu' on a promis. Le substantif seul se dit dans ce dernier sens.

SURET


SURET. Voy. SUR, SURE, sans accent.

SûRETÉ


SûRETÉ. Voy. SûR, SûRE, avec l' accent circonflexe.

SURFACE


SURFACE, s. fém. Superficie; l' extérieur, le dehors d' un corps. = Superficie, Surface (synonymes). Le premier est composé de deux mots latins; le second de deux mots français. On emploie celui-ci, quand on ne veut parler que de ce qui est extérieur et visible, sans aucun égard à ce qui ne parait point. On se sert de celui-là, quand on a dessein de mettre ce qui parait au dehors en oposition avec ce qui ne parait pas. "De tous les animaux qui couvrent la surface de la Terre, il n' y a que l' Homme qui soit capable de conoître les propriétés du globe; et entre les Hommes, la plupart {C640a~} n' en aperçoivent que la superficie: il n' y a que l' oeil perçant d' un petit nombre de Philosophes, qui sache en pénétrer l' intérieur. Voy. SUPERFICIE. = Surface est fort à la mode au figuré: "Je conais des surfaces; mais je me défie du fond. Marm. "Ils (les Frivolites) ne promènent leurs idées que sur des surfaces. L' Ab. Coyer. "Nous aimons mieux courir légèrement sur des surfaces, que de nous enfoncer pesamment dans des profondeurs. Id.

SURFAIRE


SURFAIRE, v. act. et n. [Surfère: 2e è moy. et long, 3e e muet.] Demander plus qu' il ne faut. "Surfaire sa marchandise: ne me surfaites point. = Fig. "Il y a des gens, dont l' orgueuil est visionaire, et leur surfait tout ce qu' ils sont. Mariv.

SURGEON


SURGEON, s. m. [Surjon.] Rejeton, qui sort du tronc ou du pied d' un arbre. = Surgeon d' eau, petit jet d' eau, qui sort naturellement de terre ou d' une roche.

SURGIR


SURGIR, v. n. Aborder. Il vieillit, dit l' Académie. On disait aûtrefois, surgir au port, surgir à bon port. "Ils allèrent heureusement surgir tous ensemble au Port d' Acre. Maimb. = À~ la fin du dernier siècle, Andry disait que ce verbe était du bel usage. Au commencement de celui-ci, La Touche remarquait qu' il ne se disait guère qu' au fig. et en vers. On ne le dit ni au figuré, ni en prôse, ni en vers. Lors même qu' il était en usage, on ne le disait guère qu' à l' infinitif.

SURHAûSSEMENT


SURHAûSSEMENT, s. m. SURHAUSSER, v. act. [Sur-ôceman, sur-océ: 2e lon. au 1er, dout. au 2d. Devant l' e muet, l' au est long dans le verbe, il surhaûsse, surhaûssera, etc.] Ils expriment l' action de mettre à plus haut prix ce qui était déjà assez cher. "Le surhaûssement des marchandises: surhausser une marchandise, en surhausser le prix.

SURJèT


SURJèT, s. m. SURJETER, v. act. [2e è moyen au 1er, e muet au 2d.] Surjèt, espèce de coutûre. Surjeter, coûdre en surjèt.

SURINTENDANCE


SURINTENDANCE, s. fém. SURINTENDANT, ANTE, s. m. et fém. [Su-rein--tandance, dan, dante: 3e et 4e lon. 5ee muet.] Surintendance, inspection et direction générale dans certaines administrations; avoir la Surintendance de, etc. = Charge du Surintendant. "La Surintendance des Bâtimens, de la Maison de la Reine, etc. = Surintendant, qui a la Surintendance. Aûtrefois {C640b~} il y avait un Surintendant des Finances. = Surintendante, Femme du Surintendant; ou, Dame qui, par elle-même, a une Surintendance, comme la Surintendante de la Maison de la Reine.

SURLENDEMAN


SURLENDEMAIN, s. m. [Surlande--mein: 2e lon. 3e e muet.] Le jour qui suit le lendemain.

SURMENER


SURMENER, v. act. Excéder de fatigue les bêtes de somme, en les faisant aler trop vîte et trop long tems.

SURMONTER


SURMONTER, v. act. et neutre. 1°. Monter au-dessus: il alait se noyer: l' eau le surmontait. "Au Déluge, l' eau surmonta de quinze coudés les plus hautes montagnes. _ Et neutralement: quand l' huile est mélée avec de l' eau, l' huile surmonte. = Au figuré, vaincre, dompter. "Surmonter ses énemis: se surmonter soi-même. "Surmonter ses passions, sa haine, sa colère. Surmonter les obstacles, les dificultés. = Surpasser ses concurrens. "Surmonter quelqu' un, en vertu, en générosité, en science, en éloquence. _ Le Dict. de Trév. dit aussi se surmonter, se surpasser. Il est vieux en ce sens.

SURMOUT


SURMOUT, s. m. [Sur-mou.] Vin tiré de la cuve, sans avoir cuvé, ni été pressuré.

SURMULET


SURMULET, s. m. [3e è moy.] Poisson de mer.

SURNAGER


SURNAGER, v. n. Nager dessus. On le dit au propre, des liqueurs. "L' huile surnage sur l' eau; et sans régime: quand on mêle de l' huile avec de l' eau, l' huile surnage. = Il est à la mode au figuré. "La vérité surnage. THOMAS . "Il surnageoit au torrent du monde. Marm. = Le Chevalier des Sablons dit surnager sur. "Quelques Auteurs voulant s' élever sur la ruine de leurs prédécesseurs, (plus grands Ecrivains qu' eux) pourront les décréditer pendant quelque tems; mais leur nom surnage enfin sur le fleuve de l' oubli.

SURNAîTRE


*SURNAîTRE, v. n. Naître par dessus. "Le guy surnait au chêne. Trév. _ L' Académie ne le met pas. On dit plutôt surcroître.

SURNATUREL


SURNATUREL, ELLE, adj. SURNATURELLEMENT, adv. [Surnaturèl, rèle, rè--leman: 4e è moy. 5e e muet.] Surnaturel~, qui est au-dessus des forces de la Natûre~. Surnaturellement, d' une manière surnaturelle. "Éfet, don surnaturel. "Caûse, vertu surnaturelle. Lumière, qualité surnaturelle. "Cela ne peut se faire que surnaturellement.

SURNOM


SURNOM, s. m. SURNOMER, v. actif. [Surnon, nomé: 3e é fer.] Surnom est le nom de famille, qui se met aprês le nom de Baptême. "Conaitre quelqu' un par nom et par surnom. = C' est aussi l' épithète qu' on ajoute au nom ou au surnom d' une persone: comme Scipion l' Africain, Louis le Jeune, Philipe le Bel, Charles le Mauvais, Roi de Navarre, etc. = Surnomer se dit dans cette seconde acception. "Scipion fut surnomé l' Africain, parce qu' il avait conquis l' Afrique. "Un des Ducs de Guise fut surnomé le Balafré.

SURNUMÉRAIRE


SURNUMÉRAIRE, adj. [Surnumérère: 3e é fer. 4e è moy. et long, 5e e muet.] Qui est au dessus du nombre déterminé. "Il a été reçu surnuméraire, en atendant qu' il vaque une place.

SURPâSSER


SURPâSSER, v. act. [Surpâcé: 2e lon. 3e é fer.] Au propre, Excèder; être plus élevé. "Il me surpâsse de toute la tête. = Au figuré, Être au-dessus de quelqu' un. "Surpâsser tous les aûtres en science, en vertu ou en méchanceté, en cruauté, en impiété, etc. "L' homme d' esprit surpasse plus le sot en esprit, que le Savant ne surpasse l' ignorant en science. L' Abé Trublet. "Il s' est surpâssé lui-même; il a beaucoup mieux fait qu' à son ordinaire.

SURPAYER


SURPAYER, v. act. [Surpé-ïé: 2e et 3e é fer. Voy. PAYER.] Payer au-delà de la juste valeur. Il régit ordinairement les chôses, et quelquefois les persones. "Vous avez surpayé cette étofe, ce bijou, ce meuble. "Je vous ai surpayé: vous êtes surpayé. _ L' Académie remarque que ce mot n' est pas d' un grand usage.

SURPEAU


SURPEAU, s. f. [Surpo.] Nom vulgaire doné à l' épiderme.

SURPELIS


SURPELIS ou SURPLIS, s. m. [Trévoux met le 1er; l' Académie, le 2d; Richelet les met tous deux: l' usage actuel est pour le 2d.] Vêtement d' Église, fait de toile, à manches longues et larges; les unes rondes et fermées, les aûtres pendantes. Il y a des surplis sans manches, qu' en Provence on apèle rochet: mais le rochet a des manches semblables à celles des aubes.

SURPLOMB


SURPLOMB, s. m. SURPLOMBER, v. n. [Surplon, plonbé: 2e lon. 3eé fer.] Surplomb, défaut de ce qui n' est pas à plomb. Surplomber, être hors de l' aplomb. "Ce mur surplombe: il est en surplomb: il penche.

SURPLUS


SURPLUS, s. m. Ce qui reste: l' excédent "Je vous quite le surplus, ou du surplus. "Vous me payerez le surplus.
   AU SURPLUS, adv. Au reste, il se place, ou au comencement de la phrâse, ou aprês les premiers mots. "Au surplus, j' imagine que, etc. "Je pense, au surplus, que, etc. = Il n' est pas du bel usage, ni du style relevé. Vaugelas le mettait au nombre des mots, qui n' étaient pas encôre absolument condamnés, ni généralement aprouvés. Scudéri l' avait relevé dans le Cid, et l' Académie dit que ce terme était bien repris par l' Observateur, pour être bâs, mais que la faûte était légère. Aujourd' hui, on n' ôserait l' employer dans une Tragédie, ni dans le discours soutenu. = * La Fontaine a dit, pour le surplus: celui-ci a tout-à-fait vieilli.
   Pour le surplus, ils avoient deux enfans.
Le Richelet Portatif le met sans remarque; l' Acad. ne le met pas.

SURPRENDRE


SURPRENDRE, v. act. SURPRENANT, ANTE, adj. SURPRISE, s. f. [Sur-prandre, prenan, nante, prîse: 2e lon. au 1er et au dern. e muet au 2d et au 3e, dont la 3e est longue.] Surprendre a divers sens: 1°. Prendre quelqu' un sur le fait: "Surprendre un voleur, qui crochette une porte. "Séparons-nous: je crains qu' on ne nous surprenne ensemble. Dest. = 2°. Prendre à l' imprévu, au dépourvu. "On surprit l' énemi, qui n' était pas sur ses gardes: la ville fut surprise: le Sage n' est jamais surpris. = On dit, par extension: la nuit nous surprit; la pluie nous a surpris. = 3°. Étoner: "Cette nouvelle m' a extrêmement surpris. "Vous ne pouviez me surprendre plus agréablement. Dest. "J' ai été surpris de sa hardiesse: je fus surpris de le trouver si abatu: Je suis surpris que vous l' ayiez trouvé en si mauvais état. = Remarquez qu' on met l' infinitif, quand le verbe régi se raporte au nominatif de surprendre, et que avec le subjonctif, ou de ce que avec l' indicatif, quand il ne s' y raporte pas. "Vous serez sans doute surpris de ce que l' Auteur... se taise sur l' excellent abrégé, etc. L' Abé Grosier. Je crois qu' il faut dire, que l' Auteur se taise, ou de ce que l' Auteur se tait, etc. "On sera peut-être surpris qu' en un pays où il y a d' excellens raisins, on ne se sert que d' hydromel. Poncet. Voy. D' ÉTHIOPIE. Dites: qu' on ne se serve, etc. "Je ne suis pas surpris qu' aujourd' hui tant de gens en veulent au Pape. Neuville. C' est peut-être une faûte d' impression. Il faut, de ce que tant de gens en veulent, ou que tant de gens en veuillent, etc. = Être surpris de voir quelqu' un, et être surpris en le voyant, ont des sens bien diférens. Le 1er signifie, qu' on ne s' atendait pas à le voir; le 2d, qu' on remarque dans lui quelque chose d' extraordinaire. C' est l' observation judicieûse de l' auteur d' une critique de la Princesse de Clèves, sur cette phrâse, où l' on dit de M. de Nemours: "Ce Prince étoit fait de sorte qu' il étoit dificile de n' être pas surpris de le voir (en le voyant) quand on ne l' avoit jamais vu. Dans le 1er sens, la phrâse est ridicule. Rem. VOLT. dit, rendre surpris, pour, surprendre.
   De votre esprit la naïve justesse
   Me rend surpris autant qu' il m' intéresse.
       Nanine.
Si le vers l' avait permis, il aurait dit, me surprend.
= 4°. Tromper. "Défiez-vous de cet homme, il vous surprendra.
   ..Ce jeune homme, à ne rien déguiser,
   Si j' y veux consentir, m' ofre de m' épouser
   En secret. - - - - En secret, il cherche à vous surprendre.
       DEST. Le Glor.
= Surprendre, tromper, leurrer, duper, (synon.) Faire doner dans le faux, est l' idée comune, qui rend synon. ces quatre mots: mais surprendre, c' est y faire doner par adresse; tromper, c' est y faire doner par déguisement;leurrer, c' est y faire doner par les apâs de l' espérance. Duper, c' est y faire doner par habileté. Il semble que surprendre marque plus particulièrement quelque chôse qui induit l' esprit en erreur; que tromper dise nettement quelque chôse, qui blesse la probité ou la fidélité; que leurrer exprime quelque chôse, qui ataque directement l' atente ou le desir; et que duper ait proprement pour objet les chôses où il est question d' intérêt ou de profit. GIR. Syn.
   SURPRENANT ne se dit que dans le 3e sens: qui surprend, qui étone: discours surprenant, action, nouvelle surprenante. "Elle était d' une beauté surprenante. "Les surprenans bienfaits. Mol. En prôse, on dirait, les bienfaits surprenans.
   SURPRISE, action par laquelle on surprend. "Il s' est rendu maitre de cette place par surprise. "Il s' est servi de surprise, autant que de force. Académie. "À~ la guerre, il faut craindre les surprises, et ne pas trop tenter la fortune. Cic. à Atticus. MONG. = Étonement. "Cet accident a causé une grande surprise: tout le monde a été dans une surprise inconcevable. Voy. ÉTONNEMENT. = Surprise, admiration: il y a bien de la diférence entre ce qui surprend et étone, et ce qui se fait admirer. On est surpris du nouveau, du singulier: on admire le beau, le grand. La surprise n' est qu' un moûvement passager;l' admiration peut durer toujours. Il y a une admiration tranquile, qui n' est pas moindre pour cela. L' Abé Trublet. = Tromperie, erreur. En ce sens, a-t' il un sens actif ou passif? Se dit-il de celui qui surprend, ou de celui qui est surpris? Ne dit-on pas, les surprises que vous m' avez faites? Il serait donc actif. M. Linguet lui done un sens passif, dans la phrâse suivante. "La cassation est une ressource que le Législateur a ménagée à la Justice contre les surprises des hommes apelés à l' administration en dernier ressort. La cassation n' est pas une ressource contre les surprises des Juges; mais contre les surprises faites aux Juges. M. Linguet le dit ainsi âilleurs: "L' état, l' honeur des Citoyens ne dépendroient donc plus de leur inocence, mais des surprises faites au Parquet. L' Académie dit: Il faut se garder des surprises des chicaneurs. Là, le sens est actif; mais je ne crois pas que l' usage admette surprise avec ce régime. = Bourdaloue dit, par surprise, avec le sens passif. "Il s' étoit égaré par surprise; c. à. d., parce qu' il avait été surpris, trompé. Je crois qu' on peut dire en ce sens, par surprise, comme on dit, par erreur; mais ce n' est pas une conséquence pour le régime de la prép. de, employée dans les phrâses citées plus haut.

SURSAUT


SURSAUT (en) adv. [Sursô; 2e lon.] S' éveiller en sursaut; subitement, par quelque grand bruit, ou par quelque violente agitation. _ C' est tout l' emploi de ce mot.

SURSÉANCE


SURSÉANCE, s. fém. SURSEOIR, v. n. SURSIS, s. m. [Sur-séance, soar, ci: 2e é fer. 3e lon. au 1er.] Surseoir ou sursoir, je surseois ou sursois, nous sursoyons, je sursoyois ou sursoyais; je sursis, j' ai sursi, je surseoirai ou sursoirai, je sursoirois, ou sursoierais; que je sursoie, je sursisse, sursoyant, sursi. = Suspendre, remettre, diférer, en parlant des afaires, des procédûres. Ce verbe est il actif ou neutre? Regit-il l' acusatif ou le datif? Dit on, sursoir l' exécution ou à l' exécution? Le Dict. Gram. met le 1er:surseoir la poursuite d' un procês. Quelques Auteurs disent le 2d: On sursit à l' exécution de l' arrêt. L' Académie le marque actif, dans le discours ordinaire: on a sursis toutes les afaires: sursoir la délibération; et neutre, en termes de Palais: sursoir au jugement d' une afaire.
   Surséance et sursis ont le même sens, délai, suspension: mais ils n' ont pas le même emploi. On dit: toutes chôses demeurant en surséance: Lettres, arrêt de surséance; mais on dit: on a ordoné, il a obtenu un sursis.

SURTAUX


SURTAUX, s. m. SURTAXER, v. a. [Sur--tô, surtakcé: 2e lon. au 1er, 3e é fer. au 2d.] Surtaux est un taux excessif. Il ne se dit que de la tâille, et dans cette phrâse: plaider en surtaux. = Surtaxer, taxer trop haut. Il se plaint qu' on l' a surtaxé.

SURTOUT


SURTOUT, adv. et s. m. [Sur-tou. = Il y en a qui distinguent l' adverbe du substantif, par un tiret ou division, qu' ils mettent au 1er entre les deux membres de ce mot: sur-tout.] Adv. Principalement. "Il lui recomanda surtout de bien servir Dieu. = S. m. Sorte de justaucorps fort large qu' on met par-dessus les autres habits: il avait un beau surtout. = c' est aussi une petite charrette fort légère, qui sert à porter du bagage. = On done encôre ce nom à une grande pièce de vaisselle, qu' on place au milieu des grandes tables, surtout au fruit.

SURVEILLANT


SURVEILLANT, ANTE, s. m. et f. SURVEILLE, s. f. SURVEILLER, v. act. et n. [survè-glian, vèglie, vè-glié: 2e è moy. mouillez les ll. 3e lon. aux 2 prem. e muet au 3e, é fer. au 4e.] Surveille est la même chôse que, avant-veille, le jour qui précède immédiatement la veille. "La surveille de Noël, de son départ, de sa mort, du combat.
   SURVEILLER, observer avec atention. Surveiller quelqu' un. "Un Général d' Armée doit surveiller à tout ce qui se pâsse. "Les Législateurs anciens s' étoient plus ocupés que les Législateurs modernes à surveiller les moeurs des Citoyens. Pastoret. Zoroastre, etc.
   SURVEILLANT, qui surveille. "Surveillant habile, éclairé. "Il faut leur doner un bon surveillant, une surveillante atentive.

SURVENANT


SURVENANT, s. m. SURVENIR, v. n. [2e e muet.] Survenir, arriver inopinément. "Il m' est survenu une afaire. "Il survint du monde. = Arriver de surcroit. "Si la fièvre survenait là-dessus, il serait perdu. = Survenant, qui survient. Il ne se dit guère qu' au pluriel. "Il faut laisser de la place pour les survenans.

SURVENDRE


SURVENDRE, v. act. [Survandre: 2e lon. 3e e muet.] Vendre plus cher que la chôse ne vaut. "Il ne faut pas survendre, (on sous-entend le régime) "Vous m' avez survendu. "Tout a été survendu dans cet encan.

SURVENTE


SURVENTE, s. f. Vente à un prix excessif.

SURVIDER


SURVIDER, v. act. Ôter une partie de ce qui est dans un vaisseau, dans un sac trop plein. On le dit, non de la chôse qu' on ôte, mais du vaisseau, du sac dont on l' ôte: Survider un vaisseau, un sac, etc.

SURVIE


SURVIE, s. f. Terme de Palais. État de celui qui survit à un aûtre. "En câs de survie. Droit de survie.

SURVIVANCE


SURVIVANCE, s. f. SURVIVANCIER, s. m. SURVIVANT, ANTE, s. m. et fém. SURVIVRE, v. n. [3e lon. aux quatre prem. e muet au dern. 4e é fer. au 2d; survivancié.] Survivre, demeurer en vie aprês un aûtre. Il régit le datif ou l' acusatif: Il a survécu à tous ses enfans; ou il a survécu tous ses enfans. Le 1er est plus usité. Vaug. Le second est proprement du Palais; mais il entre quelquefois dans la conversation familière. Quelques Auteurs l' ont employé, surtout dans le siècle dernier. "Le Cardinal Légat ne survécut ce jeune Comte que de quatre ou cinq jours. Maimb. = Il ne se dit que des persones, ou de ce qui est personifié. Un Auteur moderne, pour dire que des écrits échapèrent au feu, dit qu' ils survécurent à la flamme. Il est critiqué dans le Dict. Néol. = On dit fig. Survivre à son honeur, à sa liberté, vivre encôre aprês la perte, etc. _ Survivre, ou se survivre à soi-même, perdre avant la mort la mémoire, la raison, la vue, l' ouie, etc. Il se dit particulièrement de ceux qui tombent en enfance. Mais on le dit aussi au propre: "Un père se survit dans ses enfans.
   ...C' étoit par lui que l' hymen et l' amour
   Comptoient que vous deviez vous survivre à vous-même.
       La Chaussée.
Rem. Il est encôre des Auteurs qui disent, à l' aoriste, il survéquit, ils survéquirent, au lieu de survécut, survécurent. "Les Indiens qui survéquirent à la conquête. Voy. VIVRE.
   SURVIVANT, VANTE, celui, celle qui survit à l' aûtre. "Le survivant, la survivante.
   SURVIVANCE, est le droit de succéder à un homme dans sa charge aprês sa mort. Survivancier, est celui qui a la survivance d' une charge. "Le Roi lui a acordé la survivance de son Gouvernement pour son fils. "Souvent le survivancier exerce, du vivant et du consentement du Titulaire.

SURVUIDER


SURVUIDER. Voy. SURVIDER.

SUS


SUS, adv. [À~ la fin de la phrâse, on prononce sus, et devant une voyèle suz.] On dit la moitié, le tiers, le quart en sus, pour dire l' addition de la moitié, etc. d' une somme. = Il n' est préposition que dans cette phrâse: courir sus à quelqu' un. Voy. COURIR. = Il est aussi interjection; pour exciter, exhorter. "Sus, mes amis; sus donc, levez-vous: orsus, dites-nous, etc. (st. fam.) = On disait aûtrefois, par sus tout, pour surtout. On disait aussi: mettre sus une charge, une acusation à quelqu' un.

SUSCEPTIBLE


SUSCEPTIBLE, adj. SUSCEPTIBILITÉ, s. f. [2e è moy.] Susceptible, capable de recevoir en soi: la matière est susceptible de toute sorte de formes: l' esprit de l' homme est susceptible de mauvaises comme de bones impressions. Susceptible de haine ou d' amour. "Les persones les moins susceptibles d' instruction, sont celles, qui ont en même tems peu d' esprit et beaucoup de vivacité. L' Abé Trublet. = Susceptible de plusieurs sens, de plusieurs interprétations, se dit d' une proposition, d' un passage. = Sans régime, il signifie sensible. "Cette persone est trop susceptible.
   Vous savez à quel point Oronte est susceptible.
       Palissot.
= Depuis quelque tems, on dit, suceptibilité, dans ce dernier sens. "Les gens du monde ont pris les prétentions, la susceptibilité, l' envie de dominer sur les esprits, le ton impérieux, dont leur comerce guérissoit autrefois les hommes d' étude. Linguet. "C' étoit seulement dans la société des Savans qu' il laissoit apercevoir quelque traces d' une susceptibilité três-délicate. Journ. de Paris.

SUSCEPTION


SUSCEPTION, s. f. [Sucèp-cion; 2eè moy.] Il ne se dit que l' action de prendre les Ordres Sacrés.

SUSCITATION


SUSCITATION, s. f. SUSCITER, v. a. [Suscita-cion, té, 3e é fer.] Susciter, faire paraitre dans un certain tems. "Dieu a suscité des Prophètes; il suscita des libérateurs à son Peuple. = Faire naitre. "Il lui a suscité des énemis; il les a suscités contre lui. Susciter des obstacles, des procês, une querelle, etc. "Je susciterai tant d' afaires au bon homme, que je lui ferai lâcher prise. Dest. En ce sens, il se prend toujours en mauvaise part. = Suscitation, suggestion instigation. Ceux-ci sont plus usités. "Il a fait cela à la suscitation d' un tel. "Le Tribun Marcellin fut envelopé dans ce malheur, à la suscitation des Donatistes. Fleury.

SUSCRIPTION


SUSCRIPTION, s. f. [Suskrip-cion.] Le dessus qu' on met à une lettre. Il y en a qui disent superscription: c' est un vrai barbarisme.

SUSDIT


SUSDIT, ITE, adj. Nomé ci-dessus. C' est un terme de Pratique, qui, hors du Palais, n' est bon que dans le marotique.
   Au susdit Cloitre enfermé pour son bien.
       Ververt.
  Ne loge plus dans le susdit tombeau.
      Ibid.

SUSPECT


SUSPECT, ECTE, adj. SUSPECTER, v. act. [2e è moy. 3e e muet au 2d, é fer. au 3e.] Suspect, qui est soupçoné, ou qui mérite de l' être. "Ce Raporteur m' est suspect. "Ne se fiant pas trop à la foi des Grecs, qui leur étoit suspecte. MAIMB. "L' Auteur de cette nouvelle me la rend fort suspecte. Cic. à Attic. Mongault. "Votre silence sur cette afaire est suspect, vous rend suspect. "Contrat suspect de fraude. "Pays, lieu suspect, qu' on soupçone être infecté de peste.
   Suspecter. Regarder come suspect. _ Suivant l' Ab. Des Font. c' est un terme de Palais. L' Acad. ne le met point. Il se dit pourtant: mais sans aûtre régime que l' acusatif. Quelques Écrivains lui ont doné les régimes de soupçoner: "On le suspectait de fraude et d' artifice. Anon. "On suspectoit une partie d' entre eux d' être en correspondance secrette avec l' ennemi, Hist. d' Angl. _ M. Mercier lui fait régir un adjectif. "On le suspectoit orgueilleux. Le verbe soupçoner n' a pas même ce régime.

SUSPENDRE


SUSPENDRE, v. act. SUSPENS, adj. SUSPENSE, s. f. SUSPENSIF, IVE, adj. SUSPENSION, s. f. [Sus-pandre, pan, panse, sif, sive, sion, en vers si-on: 2e lon.] Suspendre, au propre, élever un corps en l' air et le soutenir avec un lien, en telle sorte qu' il pende. "Suspendre des lustres, des chandeliers. "Carosse mal suspendu.
   Aux arbres, qui couvroient les eaux,
   Nos lyres tristement demeuroient suspendues;
   Tandis que nos maîtres nouveaux
   Fatiguoient de leurs cris nos tribus éperdûes.
       Le Franc.
= Au fig. Sursoir, diférer. Suspendre l' exécution d' un Arrêt. "Dieu suspend pour quelque tems les éfets de sa colère. Suspendez votre ressentiment. = Suspendre son jugement, ne rien décider encôre ni en bien, ni en mal; atendre de nouvelles preûves. = Suspendre son travail, l' interrompre. = Interdire un Éclésiastique de ses fonctions pendant un tems. En ce sens, il régit de "Suspendre un Prêtre de ses fonctions.
   SUSPENS se dit dans ce dernier sens pour suspendu. "Prêtre suspens, déclaré suspens. = L' Auteur des Conférences d' Angers emploie mal ce mot: "Si son apel (de Luther) avoit suspens l' éfet de sa condamnation. Là il falait dire, avait suspendu. = En suspens, adv. être en suspens, en incertitude, sans savoir à quoi se déterminer. "Ne me laissez pas plus long-tems en suspens. "Il a tenu tout le monde en suspens sur ce qu' il alait dire. "Ces trois rivales de faveur tenaient toute la cour en suspens. VOLT. "La défiance et l' inquiétude tenaient en suspens tous les esprits. Id. "L' afaire est demeurée en suspens, indécise. *Mde B.... ou son Imprimeur, écrit toujours en suspend contre l' usage.
   SUSPENSIF, qui suspend, qui arrête et empêche d' aler en avant. "Le simple apel est quelquefois suspensif. = Mde B.... dit suspensatif: c' est un anglicisme.
   SUSPENSE, Censûre par laquelle un Éclésiastique est suspens. "Encourir la suspense. = État où un Éclésiastique est mis, par cette censûre. "Un Prêtre qui dit la Messe, pendant sa suspense, est irrégulier.
   SUSPENSION, cessation d' opération pendant quelque tems. "Suspension de l' exécution d' un arrêt. = Suspension d' armes, cessation d' actes d' hostilité. = Suspension est aussi une figûre de Rhétorique, qui consiste à tenir les Auditeurs en suspens, pour leur dire ensuite des chôses inatendues. = * D' Avrigni emploie suspension, dans un endroit où suspense était le terme propre. "Elle défendoit sous peine de suspension, de signer. _ Le Rich. Port. le met en ce sens: interdiction pour un tems. L' Académie ne le met point.

SUSPICION


SUSPICION, s. fém. Terme de Palais. Soupçon, défiance. "Suspicion de fraude, de simonie. "Avoir, doner suspicion: entrer en suspicion. Il est vieux hors du Palais. "Ils entrèrent en suspicion grande. Amyot. = M. de Mairan l' a encôre employé. "Tout cela ne jette-t' il aucune suspicion sur des écrits d' un tems si reculé?

SUSTENTER


SUSTENTER, v. act. [Sustanté: 2e lon. 3e é fermé.] Nourrir. Il ne se dit que des hommes, en régime. "Cela sufit à peine pour sustenter tant de persones. "Il n' a pas de quoi se sustenter.

SUTûRE


SUTûRE, s. f. Il ne se dit que du crâne et d' une plaie. Dans le Journ. de Mons. on l' emploie au figuré pour coutûre. "La plupart des transitions sont forcées: la suture, qui raproche un détail de l' autre, se fait voir de loin. _ Le st. critique a de grands privilèges, à ce qu' il parait.

SUZERAIN


SUZERAIN, adj. m. SUZERAINETÉ, s. f. [Suze-rein, rèneté: 2e e muet, 3e è moy. au 2d, dont la 4e e muet, et la 5e é fer.] Seigneur suzerain, est celui qui possède un fief, d' où d' autres fiefs relèvent. Suzeraineté, qualité de Suzerain.

SYCOPHANTE


SYCOPHANTE, s. m. [Sikofante; 3e lon. 4e e muet.] Mot emprunté du Grec. Fripon, délateur, coquin. _ Il n' est guère d' usage que parmi les Gens de Lettres.

SYLLABE


SYLLABE, s. f. SYLLABIQUE, adj. [Si--labe, bike.] Syllabe se dit d' une voyèle, ou seule, ou jointe à d' autres lettres, qui se prononcent d' une seule émission de voix. Ainsi, dans avoir, l' a fait lui seul une syllabe, et les quatre autres lettres n' en font qu' une: a-voir. "Mot d' une, de deux, de trois syllabes, etc. "Peser sur toutes les syllabes; prononcer grâvement, pesamment et avec afectation. "Ce Prédicateur a une prononciation nette et distincte: on ne perd pas une syllabe de ce qu' il dit. = Syllabique, qui a raport aux syllabes.

SYLLOGISME


SYLLOGISME, s. m. SILLOGISTIQUE, adj. [Les uns prononcent les deux ll; les aûtres n' en prononcent qu' une.] Syllogisme est un argument composé de trois propositions, qu' on apèle la majeure, la mineure et la conséquence. "Il n' argumente que par syllogismes: "Ce syllogisme n' est pas en forme. = Syllogistique, qui apartient au syllogisme: "La forme syllogistique. = * Dans Trévoux on trouve syllogiser, faire des syllogismes, des argumens, avec cette remarque, que l' usage de ce mot est fort râre. En éfet, il ne peut être bon que dans le style critique et comique; et dans ce style même il a été rarement employé.

SYLPHE


SYLPHE, SYLPHIDE, s. m. et f. [Silfe, silfide.] Nom que les Cabalistes donent aux prétendus génies élémentaires de l' air.

SYMBOLE


SYMBOLE, s. m. SYMBOLIQUE, adject. SYMBOLISER, v. n. [Sein-bole, like, lizé: 1re lon. dern. e muet aux deux prem. é fer. au 3e.] Symbole, c' est 1°. Figûre ou image qui sert à désigner quelque chôse, soit par les arts du dessin, soit par le discours. "Le chien est le symbole de la fidélité; le renard, de la rûse, de la finesse; la girouette, de l' inconstance; la palme et les lauriers sont les symboles de la victoire. = 2°. Formulaire, qui contient les principaux articles de la Foi. "Les trois symboles de la Foi sont, le Symbole des Apôtres; le Symbole de Nicée;le Symbole atribué à St. Athanase. = Quand on dit, le Symbole tout seul et sans addition, on entend parler de celui des Apôtres.
   SYMBOLIQUE, qui sert de symbole. "Figûre symbolique. = Symboliser, n' est pas servir de symbole, mais avoir du raport, de la conformité avec. "Suivant les Alchimistes, les planètes symbolisent avec les métaux. "Sociniens, Pajonistes, Arminiens: tous ces noms symbolisent fort. Boss.

SYMÉTRIE


SYMÉTRIE, s. f. SYMÉTRIQUE, adject. SYMÉTRIQUEMENT, adv. SYMÉTRISER, v. n. [Simétri-e, trike, keman, trizé: 2e é fer. 4e e muet aux trois prem. é fer. au dern. = On écrivait aûtrefois, et plusieurs écrivent encôre aujourd' hui symmétrie et ses dérivés avec deux m.] Symétrie est proportion et raport d' égalité ou de ressemblance, que les parties d' un corps naturel ou artificiel ont entre elles et avec le tout. "Les yeux sont placés dans le corps des animaux avec symétrie. "La symétrie est bien observée dans ce bâtiment. "La porte, le balcon ne sont point au milieu de ce corps de logis: il y a quatre croisées d' un côté et trois seulement de l' aûtre: cela est contre la symétrie. "Cette symétrie, qu' on recherche dans les ouvrages de l' art, la nature l' a presque toujours négligée, si ce n' est dans les animaux. L' Abé Trublet. "Il y a dans le style une symétrie agréable à l' oreille et à l' esprit même, pourvu qu' il n' y paroisse pas d' afection. Id. = Il ne signifie quelque--fois qu' un certain arrangement, où la proportion n' est pas observée à la rigueur. "Des tableaux, des vases arrangés avec symétrie, avec goût; sans symétrie, confusément et sans ordre. "Garder, observer ou négliger la symétrie. = Symétrique, qui a de la symétrie: arrangement symétrique. = * M. l' Abé Sabatier de Castres le dit des persones: Écrivains froids et symétriques: un esprit froid; une âme symétrique. Je n' ôse ni l' aprouver, ni le condamner. = Symétriquement, avec symétrie. "Arranger symétriquement des tableaux, des estampes, etc. "C' est un dialogue symétriquement uniforme, où tous les Acteurs se répliquent par sentences; et dès lors ce n' en est plus un; car on n' entend nulle part de pareils entretiens. PALISSOT. = Symétriser, faire symétrie. "Ces deux pavillons symétrisent.

SYMPATHIE


SYMPATHIE, s. f. SYMPATHIQUE, adj. SYMPATHISER, v. n. [Sein-pati-e, tike, tizé: 1re lon. dern. e muet aux deux prem. é fer. au 3e.] Sympathie est, 1°. Correspondance imaginaire entre certains corps. "On a cru long-tems qu' il y avoit de la sympathie entre certaines plantes, entre certains animaux. = 2°. Convenance et raport d' humeurs et d' inclinations. "Il y a une grande, une forte sympathie entre ces deux persones. = Sympathique, qui apartient ou à la cause, ou aux éfets de la sympathie. "Vertu, qualité, moûvement sympathique. En Anatomie, nerfs sympathiques. = Sympathiser, avoir de la sympathie. "Ils sympathisent: leurs humeurs ne sympathisent pas ensemble. = Il ne se dit que des persones.
   REM. Sympathie, comme antipathie, ne se disent point absolument et sans régime. "Ces Princes avoient de l' antipathie. "Ces deux Nations n' ont pas naturellement~ de la sympathie. MAIMB. Il falait ajouter, l' un ou l' une pour l' aûtre, ou avec l' aûtre.
   Je ne vous croyois pas charmé de mon humeur;
   Vous devez la trouver fort contraire à la vôtre;
   Et nous sympathisons très peu l' un avec l' aûtre.
       DEST. Le Dissipateur.

SYMPHONIE


SYMPHONIE, s. f. SYMPHONISTE, s. m. [Sein-foni-e, niste; 1re lon. 3e lon. au 1er; dern. e muet.] Symphonie, concert d' instrumens de musique. "Belle, excellente symphonie. = Les instrumens eux-mêmes, pris collectivement. "Les voix étaient médiocres, mais la symphonie était fort bone. = Symphoniste se dit ordinairement de celui, qui joûe des instrumens de musique; et quelquefois, de celui qui compôse des pièces de symphonie.

SYMPTOMATIQUE


SYMPTOMATIQUE, adj. SYMPTOME, s. m. [Seinp-tomatique, tôme: on prononce le p: 2e lon. au 2d.] Symptôme, au propre, accident produit par une maladie, et dont on tire quelque présage, quelque conséquence. "Le froid est un symptôme ordinaire; mais non un symptôme nécessaire du retour de l' accês. Voullonne. = Au figuré: "Ces murmures étaient le symptôme de la révolte, qui ne tarda pas d' éclater. = Symptomatique, qui apartient au symptôme, qui en dépend. "Fièvre symptomatique. "Cette tumeur survenue à la fin de la maladie, peut être critique, ou n' être que symptomatique.

SYNAGOGUE


SYNAGOGUE, s. f. [Sinagoghe; dern. e muet: l' u ne se prononce pas: il n' est là que pour doner au g un son fort qu' il n' a pas devant l' e.] L' Assemblée des Fidèles sous l' anciène Loi. = Le lieu où les Juifs s' assemblaient hors du Temple. = Le lieu où ils s' assemblent encôre, pour l' exercice public de leur Religion. = On dit, proverbialement: enterrer la Synagogue avec honeur; se soutenir jusqu' au bout, quoiqu' on comence à se dégoûter. "Nous retournons encôre pour trois ou quatre jours; et cela s' apellera, enterrer la synagogue avec le Premier Président de la Cour des Aydes, etc. SÉV. = Bossuet et Fleury nous aprènent l' origine de ce proverbe. "On nous allègue les Apôtres, qui, après l' abolition de la Loi Mosaïque, adoroient encôre dans le Temple, retenoient la Circoncision, et offroient des sacrifices; et on compare des cérémonies, que Dieu avoit instituées et qu' il falloit, comme disent tous les SS. Pères, ensevelir avec honeur, avec des actes, que l' on croit être d' une manifeste impiété. Boss. "Ils (les Apôtres et les premiers chrétiens) vivoient à l' extérieur comme les autres Juifs, pratiquant toutes les cérémonies de la Loi et offrant mêmes les sacrifices; et c' est ce que les Pères ont apelé, enterrer la synagogue avec honeur. FLEURY. "Voici l' expédient, qui fut trouvé, pour faire en sorte que le bon Grégoire (XII) ensevelit la synagogue avec honeur, (c. à. d. sa petite obédience) sans doner aucune ateinte à l' autorité du Concile. Maimb.

SYNALLAGMATIQUE


SYNALLAGMATIQUE, adj. Terme de Droit. Il se dit des actes pâssés entre deux persones, qui contractent des engagemens mutuels.

SYNCOPE


SYNCOPE, s. f. [Sein-kope: dern. e muet.] En Médecine, défaillance, pamoison. = En Gramaire, retranchement d' une lettre, d' une syllabe, au milieu du mot; comme j' avoûrai, dénoûment, pour, j' avouerai, dénouement, où l' e muet est suprimé. = En Musique, note, qui apartient à la fin d' un tems et au comencement d' un aûtre. = On dit, en ce dernier sens, Syncoper, v. n. Faire une syncope. = Mr Voulonne a dit, dans la 1re acception: maladie syncopale; et syncoptique, s. m. Qui est dans une syncope.

SYNDÉRESE


SYNDÉRESE, s. f. [Sein-dérèze: 2e é fer. 3e è moy. et long, 4e e muet.] Terme de Dévotion, Remords de conscience. _ Il vieillit.

SYNDIC


SYNDIC, s. m. SYNDICAL, ALE, adj. SYNDICAT, s. m. [Sein-dik, dikal, kale, ka: 1re lon.] Syndic est celui, qui est élu pour prendre soin des afaires d' une Comunauté, d' un corps, d' une compagnie, dont il est membre. = Syndical, qui a raport aux Syndics. "Assemblée syndicale. "La Chambre syndicale des Libraires. = Syndicat, la charge, la fonction de syndic, et le tems qu' elles dûrent. "On l' a nomé au syndicat: Durant son syndicat.

SYNODAL


SYNODAL, ALE, adj. SYNODALEMENT, adv. SYNODE, s. m. SYNODIQUE, adj. Ils se disent de ce qui concerne l' Assemblée des Curés et aûtres éclésiastiques, qui se fait dans chaque Diocèse par le Mandement de l' Évêque. "Convoquer le Synode: tenir un Synode, ou, le synode. "Assemblée synodale; statuts, réglemens synodaux. "Les Curés assemblés synodalement. = "Lettres synodiques, qui étaient écrites au nom des Conciles, aux Évêques absens.
   Rem. Les Protestans apellent synode, l' assemblée de leurs Ministres et de leurs Anciens, pour ce qui regarde leur religion. = En Astronomie, on apelle moûvemens synodiques de la Lune, le moûvement de cet astre depuis une nouvelle lune jusqu' à l' aûtre; et mois synodiques, le tems, qui s' écoule entre deux lunes consécutives.

SYNONYME


SYNONYME, adj. et subst. SYNONYMIE, s. f. [Sinonime, nimi-e.] Synonyme, qui a la même signification qu' un autre mot, ou une signification fort aprochante. "Aimer et chérir sont des termes synonymes, ou sont synonymes. = S. m. "Peur est le synonyme de crainte. "Il n' y a point de synonymes parfaits dans aucune langue. Traité des Synonymes par M. l' Ab. Girard, augmentés par M. Beauzée. _ Nouveaux Synonymes français par M. l' Ab. Roubaud. = Synonymie, qualité d' un mot synonyme. C' est un mot de Mr. Beauzée. "Jamais l' usage ne légitime un mot synonyme d' un aûtre, sans proscrire l' ancien, si la synonymie est entière. _ Si cela est, l' usage a tort; car les synonymes font la richesse d' une Langue.
   Rem. M. Moreau dit synonyme à: on dit synonyme de: "Il regardent anarchie comme synonyme à la licence entière et générale.
   Rem. Suivant l' étymologie et l' Usage, synonyme ne se dit que des mots, qui ont la même signification. Un Auteur moderne l' aplique aux monaies. Le titre n' est pas partout le même, ni les poids synonymes. L' emploi de ce mot est impropre en cet endroit, même au sens figuré.
   On doit éviter les synonymes, lorsqu' ils ne contribuent ni à la clarté, ni à l' ornement du Discours. Ex. "J' ai lu votre lettre avec tout le contentement et le plaisir imaginable. "Les corps, aprês la mort, sont réduits en cendre et en poussière. "Vous avez étendu les bornes et les limites de l' éloquence. "Quels pleurs et quelles larmes ne répandent-ils point? etc. = Les Phrâses synonymes sont encôre plus vicieûses, que les mots synonymes, et l' on doit s' en abstenir entièrement, à moins qu' elles ne soient nécessaires pour éclaircir une chôse obscûre. Bouh. Th. Corn. Andry. L. T. Wailly.

SYNOQUE


SYNOQUE, adj. [Sinoke.] Terme de Mèdecine. Continûe sans redoublement, en parlant de la fièvre. = S. f. "La synoque simple ne dûre guère que quatre jours, "La synoque putride va jusqu' à quatorze.

SYNTAXE


SYNTAXE, s. f. [Sein-takce.] Arrangement et construction des mots et des phrâses, selon les Règles de la Gramaire. c. à. d. suivant le génie d' une Langue et conformément aux lois de l' Usage. M. d' Açarq, d' aprês M. Du Marsais, distingue la syntaxe de la construction; et ç' a toujours été aussi ma pensée. M. de Wailly n' a pas adopté cette distinction, parce qu' elle est contraire à l' étymologie du mot syntaxe; mais peu importe, pourvu que cette distinction soit utile. = La syntaxe comprend donc l' acord et l' arrangement des mots. = Par raport à l' acord des mots, la syntaxe aprend comment l' article, l' adjectif, le pronom, et quelquefois même le participe doivent être au même genre et au même nombre que leur substantif; comment le verbe doit prendre la persone et le nombre de son nominatif; comment le mot régi doit paraitre sans préposition, ou avec une préposition (c. à. d. être mis à l' acusatif ou aux câs obliques) suivant que l' exige le mot régissant. = Par raport à l' arrangement des mots, la syntaxe done des Règles pour placer chaque partie du Discours dans le rang, que l' Usage lui a assigné. Elle aprend en quel câs l' adjectif peut ou doit précéder ou suivre le substantif, quand le verbe doit marcher devant ou aprês le nominatif; les ocasions, où le régime peut se placer devant le mot régissant; et celles où il doit se placer à sa suite; en quel endroit de la phrâse les adverbes, les pronoms relatifs font un bon, ou un mauvais éfet. = En un mot concordance et construction, ce sont les deux parties de la syntaxe.
   SYNTAXE se dit aussi et des règles de la syntaxe, et du livre qui comprend ces règles.

SYSTÉMATEUR


SYSTÉMATEUR, s. m. Mot forgé peu heureusement à mon avis. Il est de M. l' Ab. Fel.

SYSTÉMATIQUE


SYSTÉMATIQUE, adj. SYSTÉMATIQUEMENT, adv. SYSTèME, s. m. [Sis-tématike, keman, tème: 2e é fer. aux 2 prem, è moy. au dern. 3e de celui-ci et 5e des deux aûtres; e muet.] Système est l' assemblage de plusieurs principes vrais ou faux, liés ensemble; et des conséquences qu' on en tire, pour établir une opinion; ou pour éclaircir un dogme. = Ce mot comença à être en vogue à la fin du Siècle pâssé. "Depuis quelques-tems, dit le P. Bouhours, on se sert de ce terme dans le figuré, pour exprimer bien des chôse. Ex. "Voilà en abrégé le dessein de la Tragédie, selon le système d' Aristote. "Notre Nation, qui est naturellement galante, a été obligée par la nécessité de son caractère, de se faire un système nouveau de la Tragédie. Il y en a qui disent, le système de la Cour, le système des afaires d' Allemagne; mais cela n' est pas encôre bien établi. Bouh. On le dit aujourd' hui sans scrupule, et le système de la Politique, le système des Finances, du Gouvernement, etc. "Rien (à St. Cyr) n' est abandoné à l' esprit de système, fécond en opinions versatiles, en dangereuses innovations. L' Abé. Du Serre-Figon.
   SYSTÉMATIQUE, qui apartient au système: "Ordre, esprit systématique. "Elle avoit beaucoup réfléchi. Je ne voudrois pas décider si toutes ses idées étoient bien justes; mais elles me parurent assez systématiques. DUCLOS. = M. l' Abé Royou l' a dit souvent des persones même substantivement. "Nos vains systématiques redoutent déjà ses décisions. "Un point bien intéressant, auquel les systématiques n' avoient pas fait la moindre atention. "Tout systématique devroit être son premier juge. "Nous ne désignons ici aucun systématique en particulier. = Jusqu' à présent on avait dit, homme à système: faiseur de système: mais systématique subst. est une nouveauté, qui a besoin du sceau de l' Usage.