Dictionnaire critique de la langue française Dictionnaire critique de la langue française 1787 Français 2007-4-4 ARTFL Converted to TEI


S



S


S, s. f. ou m. On prononce, suivant l' anciène méthode, esse; et selon la moderne, se, un se. = C' est la 19e lettre de l' alphabet {C506b~} et la 15e des consones. = 1°. Cette consone a deux sons, l' un plus fort, l' aûtre plus doux. Le premier est le même devant toutes les voyelles que celui du c devant l' e et l' i: le second est le même que celui du z. = Les Allemands troûveront un exemple de l' s forte dans Schen, les Anglais dans Singular, les Italiens dans Sano, les Espagnols dans Salud. _ Pour l' s douce, Voy. Z. = L' s a ce premier son plus rude: 1°. au comencement des mots: Saint, sacre, secret, silence, someil, sucre, etc. _ 2°. Aprês une consone: penser, verser, etc. _ 3°. Quand elle est redoublée, rassurer, ressentir, rissoler, rosse; ruisseau, etc. Il faut donc la redoubler, lorsque placée entre deux voyelles, elle se prononce fortement. Delà vient que certains mots composés, dont le simple comence par une s, suivie d' une voyelle, s' écrivent avec la double ss, afin qu' on prononce l' s fortement: desservir, resserrer, etc. Voy. RESS. = Elle a le son du z, quand elle est entre deux voyèles: raser, léser, brisée, rose, rûse pron. razé, lé-zé, brizé-e, rôse, rûse. Elle a le même son dans les mots composés de la préposition latine trans, quoiqu' elle soit à la suite d' une consone: Transiger, transition; pron. tranzigé, zi-cion. Excepter Transylvanie, et transir ou l' s a le son fort: Trancilvanie, tranci. = Au contraire, dans les mots suivans, qui sont composés, l' s a un son fort, quoiqu' elle soit entre deux voyelles; et qu' elle ne soit pas redoublée: préséance, présuposer, tournesol, parasol, monosyllabe. Le P. Bufier y ajoute désaisir, présentir, présentiment, mais ces derniers mots s' écrivent plus comunément avec 2 ss: Dessaisir, pressentir, etc. = II. Aûtrefois on écrivait au milieu des mots des s, qu' on a suprimées dès le comencement du Siècle: paste, taster, teste, croistre, tantost, etc. on écrit aujourd' hui, pâte, tâter~, tête, croître, tantôt, etc. L' s suprimée a été remplacée par l' accent circonflexe; mais cet accent n' est convenable que sur les voyelles longues et sur les ê ouverts. Voy. PRÉFACE, Article ORTOGRAPHE = III. Excepté dans la première conjugaison, les verbes prènent une s à la 1re et à la 2de persone du Présent de l' indicatif; et ceux mêmes de la 1re conjugaison, la prènent à la 2de persone. "Je dis, je vois, je rends, je sais. Le {C507a~} verbe avoir est le seul de son espèce, qui n' ait point subi la loi comune. On écrit toujours J' ai et point aûtrement, quoiqu' on écrive je fais, je sais avec une s. = À~ la 2de persone, il n' y a point d' exception: on écrit tu as, tu demandes, comme, tu lis, tu fais, tu promets, etc. Il n' est pas permis, même aux Poètes, de retrancher cette s pour la comodité du vers; p. ex. tu soufre un importun: il faut dire, tu soufres. _ Cependant plusieurs Poètes três-estimés l' ont retranchée, non seulement à la 2de persone, mais à la 1re. Racine:
   Visir, songez à vous, je vous en averti,
       Bajazet.
Et à la 2de de l' Impératif:
  Cours, ordone et revien.
      Phèdre.
Et Boileau.
   N' est-ce pas vous que je voi?.....
   Ce discours te surprend, Docteur, je l' aperçoi.
   Il est peu de persones, dit D' olivet, qui ne pensent que c' est par licence poétique que les Poètes retranchent quelquefois cette s à la fin du vers. Cela est vrai dans l' usage actuel, mais dans l' origine, c' est tout le contraire. Du tems de Ronsard et de Marot, cette 1re persone était sans s; je voi, je rend, etc. On permit dabord aux Poètes d' ajouter une s pour éviter l' hiatus dans le cours du vers. Cet usage passa peu à peu à la prôse; et ce qui, dans son principe, n' était qu' une permission acordée aux Poètes, est devenu, dans la suite, une obligation, et pour les Poètes et pour les Prosateurs. = IV. L' s finale ne se prononce jamais ou presque jamais, lorsque le mot suivant comence par une consone; et c' est une prononciation gascone de faire soner cette s à la fin des mots. Mais quand le mot, qui suit, comence par une voyelle ou une h muette, on prononce l' s dans le discours soutenu et dans les vers. Pour le discours ordinaire, ce serait une afectation ridicule de vouloir prononcer les s finales. Ainsi l' on prononce: ils sont venus avec nous, comme s' il y avait; son venu avec, etc. _ Exceptez pourtant les articles, les pronoms, et les adjectifs, qui précèdent immédiatement les substantifs; les hommes, des actions, ses honeurs, de belles actions, de bons enfans, doivent se prononcer comme s' ils étaient écrits lè zome, sè zoneur, de bè--lezakcion, de bonzanfan; et non pas lè ome, {C507b~} etc. = Dans toutes les ocasions, où l' s finale se prononce devant une voyelle, elle a le son du z: vas-y; viens-à moi: pron. va zi, vien za moa. = L' s finale se prononce fortement dans quelques mots, tels qu' un as, agnus, bis, bolus, calus, pus, Orémus, rebus, sinus et autres mots tirés des langues étrangères; Aloès, Vénus, Bacchus, Plutus, etc. Elle se prononce aussi dans quelques noms de terre, Lus, Cailus. Dans JESUS, elle se prononce~ ordinairement. Souvent pourtant on en afaiblit le son dans le discours familier.

SABBAT


SABBAT ou SABAT, s. m. SABATINE, s. f. SABATIQUE, adj. fém. [Saba, le t ne se prononce pas; batine, batike; dern. e muet aux 2 derniers.] Sabat est 1°. le nom, que portait chez les Juifs, le dernier jour de la Semaine: le Sabat, le jour du Sabat. "Chez les Juifs, il n' est pas permis de travailler les jours de Sabat. = 2°. L' assemblée nocturne, que le peuple croit que les Sorciers tiènent pour adorer le Diable. On dit, proverbialement, faire le Sabat, un grand bruit. "Voilà ma compagnie, qui me fait un Sabat horrible. Sév. Dans le tems qu' elle écrivait.
   Voyez le beau Sabat, qu' il font à notre porte,
   Messieurs, allez plus loin tempêter de la sorte.
       Les Plaideurs.
  SABATINE, petit acte ou dispute, que les Écoliers de philosophie font au milieu de la première année de leur cours.
   SABATIQUE ne se dit qu' avec année; chaque septième année était chez les Juifs l' année sabatique, comme le septième jour s' apelait le Sabat.

SâBLE


SâBLE, s. m. SABLER, v. act. SABLIER, s. m. SABLIèRE, s. f. [1re lon. au 1er et dans le verbe devant l' e muet: il sâble, sâblera, etc. 2ee muet au 1er, é fer. au 2d et au 3e, è moy. et long au dern. ble, blé, blié, bliè-re.] Sâble est 1°. Sorte de terre légère, menûe, mélée de petits grains de gravier. "Sâble de terre, de mer, de rivière, de ravine, etc. = Fig. Bâtir sur le sâble, fonder des entreprises sur quelque chôse de peu solide. = 2°. Gravier, qui s' engendre dans les reins, et qui forme la gravelle. = 3°. Horloge de verre, composée de deux fioles, où le sâble, tombant de l' une dans l' aûtre, mesûre un certain espace de tems.
   Rem. Le peuple, en certaines Provinces, fait sâble féminin, et dit de la sable pour du sable.
   SABLER, couvrir de sâble. "Sabler les alées d' un jardin. = En st. prov. avaler. "Il calculoit combien une femme de cinquante ans pouvoit vivre en sablant tous les soirs sa bouteille de vin de champagne.
   Plus d' un richard, bien frais, bien potelé...
   Tout réjouï du vin, qu' il a sablé,
   Se rit du froid, que l' on soufre en Bavière.
       Le Franc.
  SABLIER, Horloge, qui mesûre le tems par la sâble. M. Desgrouais traite ce mot de gasconisme. L' Acad. se contente de dire qu' on l' apèle plus comunément sâble. Voy. n° 3°.
   SABLIèRE est 1°. Lieu creusé dans la terre, duquel on tire du sâble pour bâtir. = 2°. Longue pièce de bois, entâillée d' espace en espace, pour y mettre des soliveaux, ou creusée tout du long, pour y faire tenir les planches d' une cloison.

SABLON


SABLON, s. m. SABLONER, v. act. SABLONEUX, EûSE, adj. SABLONIER, s. m. SABLONIèRE, s. f. [3e é fer. au 2d et au 5e, è moy. au 6e; lon. au 3e et au 4e, , neû, neû-ze, nié, niè-re.] Sablon est une espèce de sâble très-menu. Sabloner, c' est écurer avec du sablon; Sablonier, celui, qui vend du sablon; sablonière, lieu d' où l' on tire du sablon.
   SABLONEUX a raport à sâble plutôt qu' à sablon; où il y a beaucoup de sâble. "Pays, rivage sabloneux: terre sabloneûse. = Cet adjectif aime à suivre le substantif: mais en vers et dans la prôse poétique, il le peut précéder élégamment. "Sur les confins du sabloneux territoire de Pylos. MdeDacier, Iliade.

SABORD


SABORD, s. m. [Le d ne se prononce jamais.] Sorte d' embrasûre, ou d' ouvertûre dans un vaisseau, par où le canon tire.

SABOT


SABOT, s. m. SABOTER, v. n. SABOTIER, s. m. [Sabo, boté, tié: 3e é fer. au 2d et au 3e.] Sabot est 1°. chaussûre de bois, d' une seule pièce, creusée de manière qu' on y puisse mettre le pied. = On dit d' un homme qui d' une extrême paûvreté est parvenu à une grande fortune, qu' on l' a vu venir avec des sabots, quoique peut-être il n' en ait jamais usé, st. famil. et mordant. = On apèle sabots au pluriel, ces ornemens de cuivre qu' on met au bâs des pieds des bureaux, des comodes, etc. = 2°. La corne du pied du cheval. = 3°. Jouet d' enfans, que l' on fait pirouetter avec un fouet. Fouetter, faire aler un sabot. = On dit que le sabot dort, lorsqu' il tourne si vite sur un même point qu' on dirait qu' il est immobile. Delà l' expression proverbiale, que l' Acad. qualifie de populaire, dormir comme un sabot, c. à. d. profondément. = On dit, dans le même style, d' un enfant qu' on fouette souvent, qu' on le fouette comme un sabot. = Saboter, jouer au sabot; faire aler un sabot (n° 3°.) = Sabotier, ouvrier, qui fait des sabots (n° 1°) Paysan, qui porte des sabots.

SABOULER


*SABOULER, v. act. Mot populaire. Tirailler, houspiller de côté et d' aûtre plusieurs fois.

SâBRE


SâBRE, s. m. SâBRER, v. act. [1re lon. 2e e muet au 1er, é fer. au 2d] Sâbre, coutelâs recourbé, qui ne tranche que d' un côté. "Ils montent courageusement le sâbre à la main. Maimb. = Sâbrer, fraper à coups de sâbre. _ Fig. Juger avec précipitation, sans se doner la peine d' examiner. "On a sâbré cette afaire.
   Rem. Sâbre n' est pas un mot fort noble, et il me parait peu digne du style relevé. M. l' Ab. de Cambacérès représente les premiers chrétiens, le sâbre des tyrans toujours levé sur leurs têtes. Le mot de glaive était préférable.

SAC


SAC, s. m. [Sak.] Sorte de poche faite d' une pièce de toile, de cuir, d' étofe, etc. cousûe par le bâs et par les côtés, n' ayant que le haut ouvert pour mettre dedans ce qu' on veut. = Il entre dans plusieurs locutions familières. Afaire, qui est dans le sac, qui est en bon train, qui réussira probablement. _ Mettre quelqu' un au sac, hors d' état de répondre. _ Avoir sa tête dans un sac, ignorer ce qui se pâsse. _ C' est la meilleur pièce du sac, ce qu' il y a de meilleur dans les moyens d' une afaire: allusion au sac des plaideurs.
   Les trois quarts de vos biens sont déjà dépensés
   À~ faire enfler des sacs l' un sur l' autre entassés.
       Les Plaideurs.
= Autant pèche celui qui tient le sac que celui, qui met dedans: le receleur n' est pas moins coupable que le voleur. _ Sac-à-vin, Ivrogne. Il est bâs. Voy. CORDE, CUL, ÉTIQUETTE, FOND, QUILLES.
   SAC, habit de pénitence et d' afliction. Porter le sac et le cilice, expression consacrée. Le sac des Pénitens; la grande robe dont ils se coûvrent.
   SAC, dépôt de matière, qui se forme auprês d' un abcês, d' une plaie.
   SAC, le pillage d' une Ville: le sac de Troie, de Rome.

SACCADE


SACCADE, ou SACADE, s. f. SACADER, v. act. [Sakade, : 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Sacade, au propre, promte et rude secousse, qu' on done à un cheval, en lui tirant la bride. Doner des sacades à un cheval. = Au figuré, secousse violente, qu' on done à quelqu' un, en le tirant. = Plus figurément encôre, rude réprimande. "Il a eu une rude, une furiêuse sacade. = Sacader se dit, au propre, des chevaux, que l' on fatigue en leur tirant la bride.
   Tel, qu' à la fin l' afligé Bucéphale,
   Qui, sacadé par la bride fatale,
   Se sent encor difamer les côtés
   Par deux talons de pointes ergotés, etc.
       Rousseau.
Au figuré, il ne se dit que dans le burlesque. M. de C... avait dit de la diction (il voulait dire la déclamation) d' un comédien; qu' elle était hâchée, sacadée, monotone et sèche: "Rien de plus maniéré, dit M. Linguet, comme de plus contradictoire. ...Sacader n' est pas même français; mais de plus, si ce terme présente quelque idée, c' est celle d' une déclamation sautillante, s' il est permis de le dire, et marchant par élan: alors elle ne serait pas monotone. _ Sacader est un terme d' art chez les comédiens, ainsi que Sacade. L' Acad. ne met que le substantif; et ne le dit point même dans ce sens.

SACCAGEMENT


SACCAGEMENT, ou, SACAGEMENT, s. m. SACAGER, v. act. [Sakageman, : 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Ils expriment l' action de mettre à sac, au pillage. "Le sacagement d' une Ville. "La campagne était livrée au saccagement et à la dévastation. Volt. "Sacager un château, une Province. "L' armée a tout sacagé. = On a tout sacagé chez lui: on a tout bouleversé. St. famil.

SACERDOCE


SACERDOCE, s. m. [2e ê ouv. dern. e muet.] Il se dit du caractère des Prêtres de l' anciène loi et de ceux de la nouvelle. Le Sacerdoce d' Aaron. "La sainteté, l' excellence, les fonctions, les devoirs du Sacerdoce. = Le Sacerdoce et l' Empire, dans le langage des Publicistes et des Historiens, signifie les droits de l' Église et ceux des Souverains. "Cette belle amitié, qui étoit entre eux (le Pape et l' Empereur,) et qui unissoit alors si parfaitement le Sacerdoce avec l' Empire. MAIMB. "Et le Sacerdoce et l' Empire sont maintenant par tout dans une parfaite intelligence. Id. "Le Sacerdoce et l' empire, divisés depuis si long--tems, furent par là heureusement réunis. Bourdal.

SACERDOTAL


SACERDOTAL, ALE, adj. Qui apartient au sacerdoce. "La dignité sacerdotale: les ornemens sacerdotaux; les fonctions sacerdotales.

SACHÉE


SACHÉE, s. f. SACHET, s. m. [2e é fer. au 1er, è moy. au 2d.] Ce qu' un Sac peut contenir: une sachée de noix, de pommes, de chataignes, etc. Pour les grains, on dit un Sac. = Petit sac. "Sachet plein de sel, qu' on porte au cou, bon, à ce qu' on dit, contre la peste. = Petit coussin, où l' on met des senteurs. "Sachets de Montpellier.

SACOCHE


SACOCHE, s. f. [3e e muet.] Deux bourses de cuir, jointes ensemble par une courroie, dont les voyageurs à cheval se servent pour y mettre de petites chôses utiles dans le voyage.

SACRAMENTAL


SACRAMENTAL, ALE, ou, SACRAMENTEL, ELLE, adj. SACRAMENTALEMENTouSACRAMENTELLEMENT, adv. [Sa--cramantal, tale, tèl, tèle, taleman, tèle--man: 3e lon. 5e è moy. au 3e, 4e et 6e; la 6e est un e muet.] L' adjectif se dit, de ce qui apartient à un Sacrement: Mot Sacramental ou sacramentel: les mots sacramentaux: les paroles sacramentelles ou Sacramantales. _ Confession, absolution sacramentelle, ou, sacramentale. = En st. famil. on apèle, mots sacramentaux, les mots essentiels pour la conclusion d' une afaire. = Il semble qu' au masculin, on dit plutôt sacramental que sacramentel; et que c' est tout le contraire au féminin. = Sacramentalement, tellement, d' une manière sacramentelle. "Le corps de J. C. est réellement et sacramentellement dans l' Eucharistie.

SACRE


SACRE, s. m. SACREMENT, s. m. SACRER, v. act. [Sakre, kreman, kré: 2e e muet aux 2 1ers, é fer. au 3e.] Sacrer, c' est conférer un caractère de sainteté par le moyen de certaines cérémonies de Religion. Il ne se dit, aussi bien que sacre, que des Rois et des Évêques. "Sacrer un Évêque; Louis XVI a été sacré à Rheims le 11 Juin mil sept cent soixante-quinze. "Le Sacre du Roi, d' un Évêque. = Le verbe a un emploi plus étendu au participe. "Les Vâses sacrés, les ordres sacrés; les livres sacrés, l' Histoire sacrée.
   Plus les noeuds sont sacrés, plus les crimes sont grands.      Volt.
Le Sacré Collège, le Collège des Cardinaux. = Respectable, inviolable. La sacrée persone des Rois. "Un dépôt, un secret sont des choses sacrées.
   Que la Nature au moins calme votre courroux;
   Songez que dans ces lieux tout est sacré pour vous.
       Créb.
  * La Patrie! Il profane un nom si révéré.
  En a-t' il une? O ciel! A-t' il rien de sacré?
      Jeanne de Naples.
"On ne dit pas, il n' a rien de sacré: on dit rien n' est sacré pour lui. JOURN. DE MONS. Rousseau a dit aussi, dans Le Flateur.
   Craignez tout d' un esprit, qui n' a rien de sacré
   Que son seul intérêt, dont il est ennivré.
= Voltaire a dit avec plus de malignité que de vérité, des cantiques sacrés de M. Le Franc.
   Sacrés ils sont; car persone n' y touche.
   REM. Sacré peut-il se dire des persones? J' ai peine à le croire. J' ôse ne pas aprouver ce vers de Racine.
   Dès Dieux les plus sacrés, j' atesterai le nom.
       Phèdre.
  SACREMENT, Signe visible d' une chôse invisible, institué de Dieu pour le sanctification des Hommes. "Les Sacremens de l' anciène Loi. "Les sept Sacremens de la Loi nouvelle. _ S' aprocher des Sacremens, fréquenter les Sacremens, ne se disent que de la confession et de la comunion. = Il a eu, il a reçu, on lui a doné tous ses Sacremens, se disent d' un malade, qui s' est confessé et qui a reçu le Saint Viatique et l' Extrême-Onction. "Quand je vous écrivis, elle avoit reçu tous ses Sacremens. SÉV. = On dit, en st. famil. qu' un homme n' aime pas le Sacrement, pour dire qu' il n' a pas de goût pour le mariage.

SACRIFICATEUR


SACRIFICATEUR, s. m. SACRIFICATûRE, s. f. SACRIFICE, s. m. SACRIFIER, v. act. [Sakrifika-teur, tûre, fice, fi-é: dern. e muet au 3e, é fer. au dern. 5e lon. au 2d.] Sacrifice est 1°. au propre, action par laquelle on ofre quelque chose à la Divinité, avec certaines cérémonies: Faire, ofrir un Sacrifice: ofrir quelque chôse en sacrifice. "J. C. s' est ofert en sacrifice à son Père sur la croix. "Il est ofert tous les jours en sacrifice sur nos autels. = 2°. Figurément et par une exagération, admise par l' usage, renoncement à quelque chose de considérable pour l' amour de quelqu' un. "Je vous fais un sacrifice de tous les intérêts que j' ai dans cette afaire. "Je vous fais le sacrifice de l' injûre que j' ai reçue~ "Le Protecteur (Cromvel) obligea le Roi~ de France de faire sortir de ses États Charles II et son frère le Duc d' Yorck, petits-fils de Henri IV, à qui la France devait un azile. On ne pouvait faire un plus grand Sacrifice de l' Honeur à la fortune. Volt.
   Rem. Quand on parle de la Messe, on emploie toujours sacrifice au singulier. On dit, entendre plusieurs Messes; mais on ne dit pas, assister à plusieurs saints sacrifices, comme l' a dit un Auteur anonyme. "Ils assistent aux Sermons et aux saints Sacrifices.
   SACRIFICATEUR, Ministre préposé pour faire des Sacrifices. Sacrificatûre, la dignité, la fonction de Sacrificateur. On ne se sert de ces deux mots qu' en parlant des anciens Juifs et des Gentils.
   SACRIFIER; 1°. Ofrir un sacrifice. "Sacrifier des victimes, un agneau, un taureau, etc. = V. n. Sacrifier à Dieu, aux Idoles, etc. = 2°. Se priver de quelque chôse pour l' amour de quelqu' un, y renoncer en sa considération. "Il lui sacrifia son ressentiment. = 3°. Aquérir ou conserver une chôses par la perte d' une aûtre. "Sacrifier sa fortune à son honeur, à son devoir. _ Sacrifier tout à ses intérêts, faire céder toutes choses à, etc. = 4°. Employer. "Sacrifier son tems, son loisir, à un ouvrage, à une afaire. = 5°. Se sacrifier, se dévouer. "Se sacrifier pour la Religion, pour sa famille, pour ses amis.
   Rem. 1°. Sacrifier, au futur et au conditionel, n' est que de 4 syllabes et l' e y est muet; Plusieurs Poètes même ne l' écrivent pas: il sacrifiera, il sacrifierait, etc. pron. sacrifîra, sacrifîrè:
   Et je sacrifirois à de si puissans noeuds
   Ami, femme, parens, et moi-même avec eux.
       MOL.
Rem. 2°. Sacrifier, neutre, a un plus beau sens au figuré, que sacrifier actif. Celui-ci ne signifie que céder; l' autre veut dire, ofrir des victimes, immoler: il fait image. "Des sentimens vertueux y influèrent certainement (dans la paix de Risvick:) ceux, qui pensent que les Rois et leurs Ministres sacrifient sans cesse et sans mesûre à l' ambition, ne se trompent pas moins que celui, qui penserait qu' ils sacrifient toujours au bonheur du monde. Volt. "Je n' ai sacrifié ni au crédit, ni à la puissance. = On dit, en style badin, d' un homme, qui fait tout gaûchement et de mauvais air, qu' il n' a pas sacrifié aux Grâces.

SACRILèGE


SACRILèGE, subst. et adj. SACRILèGEMENT, adv. [3e è moy. 4e e muet;lè--ge, lègeman.] Sacrilège, s. m. Action impie, par laquelle on profane les chôses sacrées. "Faire, comettre un sacrilège. = Adj. Homme, femme, sacrilège; pensée, dessein, action, main, bouche sacrilège. = Sacrilègement, d' une manière sacrilège: comunier sacrilègement.
   Rem. Sacrilège adj. marche ordinairement aprês le substantif. En vers, il peut se placer devant.
   À~ quels maux ont livré ma vie
   Tes sacrilèges Habitans!      Rouss.
  Où courez-vous cruels! Quel Démon parricide
  Arme vos sacrilèges brâs? Id.

SACRISTAIN


SACRISTAIN, s. m. SACRISTIE, s. f. SACRISTINE, s. f. [Sakristein, ti-e, tine: 3e lon. au 2d.] Sacristie est un lieu destiné pour serrer les Vases sacrés, les ornemens d' Eglise, et où les Prêtres et ceux qui servent à l' autel vont s' habiller pour le service divin. = Dans certains Chapitres, c' est un titre de Bénéfice. = Sacristain est celui qui a le soin de la sacristie d' une Église; ou qui possède un bénéfice avec le titre de Sacristie. = Sacristine, celle qui, dans un Monastère de Filles, a soin de la Sacristie.
   Rem. Puisqu' on dit Sacristain et non pas Sacristin, il semble qu' on devrait dire Sacristaine plutôt que Sacristine. Cependant l' usage actuel est pour celui-ci. St. Fr. de Sales dit Sacristaine, et Gresset Sacristine.
   D' une autre part la Mère Sacristine
   Trois fois pâlit, soupire quatre fois.      Ververt.
Suivant Richelet, les Religieûses d' esprit disent toutes Sacristine, et la plupart des gens savans en Langues disent Sacristaine. L' Acad. ne met que Sacristine: on dit Sacristaine dans la plupart des Provinces.

SAFRAN


SAFRAN, s. m. SAFRANER, v. act. SAFRANIER, IèRE, subst. [3e é fer. au 2d et au 3e, è moy. et long. au 4e: , nié, niè--re.] Safran se dit, et d' une plante, et sur--tout des filets qu' elle produit, qui jaunissent la liqueur où on les met. = Safraner, c' est aprêter ou jaunir avec du safran. Il s' emploie ordinairement au participe. "Ris safrané, pains safranés, toile safranée. = Fig. st. famil. visage safrané, jaûne.
   *SAFRANIER, terme populaire et injurieux: c' est un safranier, un homme ruiné, un misérable. On ne le dit guère des femmes.

SAGACE


*SAGACE, adj. Qui a de la sagacité. Mot hazardé par l' Auteur du Tartufe Épistolaire. "Faut-il avoir le tac d' une critique sagace pour, etc.

SAGACITÉ


SAGACITÉ, s. f. Pénétration d' esprit qui fait découvrir et déméler vivement et sûrement ce qu' il y a de plus caché dans les sciences et dans les afaires. "Avoir beaucoup de sagacité: c' est un homme d' une grande sagacité; d' une sagacité râre, admirable. "La pénétration voit, et la sagacité va jusqu' à prévoir. Duclos.
   REM. Sagacité date du siècle dernier. Il a eu peine à s' établir. Il ne se disait dabord que par les Savans: aujourd' hui il est dans la bouche de tout le monde. L' Acad. l' a adopté dès le comencement de ce siècle. Un Auteur moderne done aux chiens de la sagacité. La métaphôre est un peu forte.

SAGE


SAGE, adj. et subst. SAGE-FEMME, s. f. SAGEMENT, adv. SAGESSE, s. f. [2e e muet aux trois premiers, è moy. au dern. ge, geman, gèce.] Sage est, 1°. Prudent, circonspect. "Homme sage~; sage courtisan, Magistrat, Général, Ministre, etc. = 2°. Modéré, retenu. "Il a été sage dans cette ocasion si délicate: il était libertin, il est devenu sage. = 3°. En parlant d' une fille ou d' une femme, modeste, chaste. _ En parlant d' un enfant, posé, qui n' est point turbulent. = 4°. Il se dit des actions, des paroles: "conduite, réponse, conseil, air sage. = 5°. S. m. "Le Sage est le maître de ses passions. "Où trouver un vrai sage? Un vrai Chrétien est le seul vrai sage. "Les Sages, nos Sages, les Sages modernes (st. ironique). Les Philosophistes. "Les sept Sages de la Grèce.
   Vous avez de l' esprit et de la politesse,
   Vous raisonnez par fois comme un Sage de Grèce:
   Et d' autres fois aussi, vos faits et vos raisons
   Vous font croire échapé des petites maisons.
       Le Dist.
Si la mesûre du vers l' avait permis, l' Auteur aurait dit: comme un Sage de la Grèce. _ Gresset dit aussi les sept Sages de Grèce, pour la même raison de la mesûre du vers.
   REM. Sage, adjectif se place ordinairement devant les substantifs: vos sages conseils, ses sages avis.
   Pourquoi de ma sage indolence
   Interrompez-vous l' heureux cours?
       Gresset.
Les Poètes le placent aprês ou devant, suivant que cela les acomode:
   Absent, je le consulte; et ses réponses sages,
   Pour venir jusqu' à moi, trouvent mille passages.
       Racine, Esther.
"Touché des plaisirs sages. Gresset. = En prôse, on dirait, ses sages réponses; les sages plaisirs. = Sage homme, et sages hommes sonent mal: c' est du vieux langage. "C' est une grande richesse à un Prince, dit Philipe de Comines; d' avoir un sage homme en sa compagnie... et que cettui-là ait droit de lui dire la vérité. Le Gendre. "Les plus sages Hommes de son Conseil. Hénaut. _ Massillon a dit un sage Roi, et Fénélon, votre sage Père et sages hommes. M. de Bury a dit aussi, un des plus sages hommes, etc. On dit, un des hommes les plus sages. = Sage s' emploie substantivement, en parlant des persones. Voy. n°. 5°. Mais ce n' est point un substantif abstrait, comme utile, agréable. On dit l' utile, l' agréable pour, ce qui est utile, ce qui est agréable; mais on ne dit pas le sage pour, la Sagesse. "Le Monarque consulte les Lois du sage et de l' utile. Anon. Le sage est là une locution vicieûse.
   On dit, en st. prov. plus heureux que sage, de quelqu' un qui a réussi, malgré de fausses démarches, ou, qui s' est sauvé d' un danger où il s' est engagé imprudemment, et où il devait périr.
   SAGEMENT, d' une manière sage, prudente. "Se conduire, parler, vivre sagement.
   SAGESSE est, 1°. Prudence, circonspection. = Sagesse, Prudence (synon.) La sagesse fait parler et agir à propôs: la prudence empêche de parler et d' agir mal-à-propôs. Il semble que la sagesse soit plus éclairée, et que la prudence soit plus retenûe. GIR. Synon. "La réputation de sagesse dépend moins des chôses brillantes qu' on fait, que des sotises qu' on ne fait point. Duclos. "La sagesse consiste à tendre à une bonne fin; la prudence à prendre les moyens les plus propres pour arriver à telle fin que ce soit, bonne ou mauvaise. L' homme, à la fois vraiment sage et vraiment prudent, est le seul heureux, comme le seul vertueux. L' Ab. Trublet. = 2°. Modestie, pudeur, en parlant des filles et des femmes. = 3°. Modération: "Dans les plus grands sujets de plainte, comme dans les succês et les prospérités, il a conservé beaucoup de sagesse. 4°. La Philosophie. "L' étude de la sagesse. "La véritable sagesse est un don du St. Esprit. "Toute la sagesse des hommes n' est que folie devant Dieu.
   SAGE-FEMME, Acoucheûse: il faut envoyer quérir la Sage-Femme. = Les Étrangers doivent prendre garde à confondre Femme sage, et Sage-Femme. "Quand Bassompierre sortit de la Bastille, il étoit extrêmement replet, faute d' exercice. La Reine lui demanda: quand il acoucheroit? Quand j' aurai trouvé une sage femme, répondit-il, en jouant ainsi sur le mot.

SAGOUIN


SAGOUIN, s. m. [Sa-gouein.] Au prop. sorte de petit singe. Au fig. st. famil. persone mal-propre. "C' est un vrai sagouin, une sagouine.

SAIGNANT


SAIGNANT, ANTE, adj. SAIGNÉE, s. fém. SAIGNEMENT, s. m. SAIGNER, v. a. et neut. SAIGNEUR, s. m. SAIGNEUX, EûSE, adj. [Sè-gnan, gnante, gné-e, gneman, gné, gneur, gneû, gneû-ze: 1reè moyen, 2e lon. aux deux premiers et aux deux derniers, é fermé au 3e et au 5e, e muet au 4e.] Saignant, qui dégoutte de sang: nez saignant, bouche toute saignante. = Fig. plaie encôre toute saignante; injûre encôre récente; douleur, afliction encôre toute nouvelle. = On dit d' une viande rotie qui n' est pas encôre assez cuite, qu' elle est toute saignante. De là le proverbe, boeuf saignant, mouton bélant; il faut que le boeuf et le mouton rotis ne soient guère cuits.
   SAIGNÉE, au propre, se dit, et de l' ouvertûre de la veine, pour tirer du sang: Saignée du brâs, du pied; et du sang qu' on tire par cette ouvertûre: grande, abondante saignée. = Le Proverbe dit, selon le bras la saignée, chacun doit être taxé selon ses facultés. = Au fig. st. simp. rigole que l' on fait pour tirer de l' eau de quelque endroit: Faire des saignées pour dessécher un marais. = Saignement; épanchement de sang, principalement par le nez. Acad. "Saignement de nez. "Sa plaie a recomencé à saigner: ce saignement est de mauvaises augûre.
   SAIGNER, actif: tirer du sang, en ouvrant la veine. Saigner un malade; le saigner du bras, du pied, à la gorge, à la nuque du cou. = Et neutralement: il a apris à saigner; il saigne bien. = Saigner un fôssé, un marais; en faire écouler les eaux par des rigoles, une rivière; détourner le cours d' une partie de ses eaux. = Figurément. Tirer de l' argent de. "On a saigné les Traitans; mais la saignée n' a pas été assez copieuse. Se saigner, faire un éfort pour une dépense nécessaire. = V. n. "Laisser saigner une plaie. "Il saigne du nez. Celui-ci signifie, en st. fig. famil. manquer de résolution, de courage dans l' exécution. = On dit aussi, figurément, mais plus noblement, que la plaie saigne encôre, en parlant d' une ofense ou d' un malheur, dont on conserve encôre, ou, dont on conservera long-tems le souvenir.
   J' ai revu l' ennemi que j' avois éloigné,
   Ma blessure trop vive aussi-tôt a saigné.
       Phèdre.
= Corneille dit dans Cinna.
  Ce coup dont on les tûe, est longtems à saigner.
La métaphôre est irrégulière: on ne dirait pas, dans le propre, d' un coup d' épée, qu' il saigne longtems.
   Voltaire a apliqué saigner, en ce sens, aux persones mêmes, ce qui me parait contraire à l' usage. "Tous les États Chrétiens saignaient encôre des plaies qu' ils avaient reçues des guerres de Religion. Siècle de Louis XIV.
   SAIGNEUR ne se dit qu' en style familier et moqueur, d' un Médecin, qui aime à ordoner la saignée. "C' est un rude, un grand Saigneur. Quelques-uns le disent burlesquement d' un Chirurgien, en jouant le mot sur saigneur et Seigneur: Cet homme que vous voyez est un des plus grands saigneurs du Royaume.
   SAIGNEUX, sanglant, taché de sang. "Avoir le nez saigneux. Un mouchoir, un habit tout saigneux. = L' emploi de ce mot n' est pas fort étendu. Il ne se dit que dans des ocasions pareilles. = Bout saigneux; voy. BOUT.

SAILLANT


SAILLANT, ANTE, adj. SAILLIE, s. f. SAILLIR, v. n. [Sa-glian, glian-te, gli-e, gli: mouillez les ll: 2e lon. aux trois premiers.] Saillant, qui avance, qui sort en dehors. "Corniche saillante. En termes de Fortification, angle saillant, celui dont le somet est du côté de la campagne. = Saillant se dit, figurément, des ouvrages d' esprit: "Ce livre est bien écrit, mais il n' y a rien de saillant, rien de vif, ou de brillant. "Les caractères les plus faciles et les plus saillans ont déjà paru sur la scène. Dest.
   SAILLIE, 1°. Sortie qui se fait avec impétuosité, mais avec interruption. "Jet d' eau qui ne vient que par saillies. "Le sang ne sortait de la veine que par saillies. = 2°. Fig. Emportement, boutade: "Dans sa colère, il a de fâcheuses saillies. _ Trait d' esprit brillant et surprenant. "Vive, heureuse saillie. Cet Orateur, ce Poète a de belles saillies. = 3°. Avance d' une pièce hors du corps du bâtiment. "Cette corniche a trop, ou n' a pas assez de saillie.
   SAILLIR se conjugue de deux manières, suivant les deux sens qu' il a: quand il signifie s' avancer en dehors, il n' est d' usage qu' aux troisièmes persones des tems simples: il sâille, ils sâillent, il sâilloit ou sâillait; il sâillera, qu' il sâille, qu' il sâillit, sâillant. "Ce balcon sâille, sâillerait, sâillera trop. = Quand saillir, en parlant des liqueurs ou des eaux, signifie s' élever en l' air, s' élancer, il n' a aussi que les troisièmes persones, mais on peut l' employer aux tems composés: il a sailli, il avait sailli. _ Il difère aussi du premier dans les tems simples: il saillit, ils saillissent; il saillissait, il saillira, qu' il saillisse. "Il saillit tout d' un coup, de ce rocher, une source d' eau vive. "Le sang saillissait avec impétuosité.

SAIN


SAIN, SAINE, adj. SAINEMENT, adv. SAIN-DOUX, s. m. [Sèin, sène, sèneman: 1re è moy. 2ee muet: sein-doû: deux longues.] Sain, 1°. qui n' est pas sujet à être malade. "Un corps bien sain: il est revenu sain et gaillard. "Sain de corps et d' esprit. "Il est revenu sain et sauf; il est échapé de ce péril; ou, il est revenu en parfaite santé, malgré les grandes fatigues, qu' il a essuyées. = Par extension, on le dit des marchandises. "Elles sont arrivées saines et saûves. = 2°. On dit aussi des fruits, des plantes et d' autres chôses inanimées, qu' ils sont sains, qu' elles sont saines. = Figurément. "Jugement, esprit sain. "Il (le Cardinal de Fleuri) conserva jusqu' à près de 90 ans, une tête saine, libre, et capable d' afaires. Volt. La saine raison, la droite raison; la saine critique, la critique judicieûse; la saine doctrine, ortodoxe et conforme aux décisions de l' Église. "La saine Philosophie, qui décide de la prééminence, place le Père du Peuple avant le Conquérant. L' Ab. Du-Serre-Figon. = 3°. Salubre, qui sert à la santé. "L' air de cette Ville est fort sain: des eaux saines: nourritûre saine. Voy. Salutaire.
   SAINEMENT, d' une manière saine. "Pour vivre sainement, il faut éviter les excês en tout genre. "Les deux grands moyens de vivre long-tems et sainement, c' est la sobriété et la gaieté. L' Ab. Trublet. = Juger sainement des chôses, en juger selon la droite raison. "Cela est sainement (sagement) pensé.
   SAIN-DOUX, graisse de porc.

SAINT


SAINT, SAINTE, adj. SAINTEMENT, adv. SAINTETÉ, s. fém. [Sein, sein-te, sein-teman, teté: 1re lon. 2ee muet.] Saint, est, 1°. Ce qui a la perfection essencielle, infinie. En ce sens, il ne se dit que de Dieu. La Três-Sainte Trinité, le Saint-Esprit. = Qui participe, quoique três-imparfaitement, à la sainteté de Dieu. Les Saints Anges, les Saints Patriarches, Apôtres; les Saints Pères, les Saints Docteurs. Saint Pierre, Saint Paul, Saint Louis, etc. = 3°. Qui suit et les préceptes et les conseils de l' Évangile. "Un saint homme, un saint personnage; une sainte âme, ou une âme sainte. = 4°. En parlant des chôses; qui est conforme à la Loi de Dieu. "Sainte action, pensée, inspiration, saint mouvement; vie Sainte. = 5°. Dédié, consacré à Dieu: "Les lieux Saints; les Saints Mystères. La Sainte Table; les Saintes Huiles; le Saint Chrême. = Qui apartient à la Religion; la Sainte Bible; l' Écritûre-Sainte; le Saint Concile, les Saints Canons. = Le Saint Père, le Pape; le Saint Siège; le Siège, l' Église de Rome; le Saint Ofice, le Tribunal de l' Inquisition; la Terre Sainte, les Lieux Saints, la Palestine; terre sainte, terre bénite où l' on enterre les Fidèles; Semaine Sainte, celle qui précède le jour de Pâques. _ Livre, qui contient l' Ofice de la quinzaine de Pâques. _ L' Année sainte, l' année du grand Jubilé. = 6°. Subst. "C' est un Saint, un grand Saint, un vrai Saint; une Sainte, une vraie Sainte. Le Saint dont on célèbre la fête. Les Litanies des Saints. = 7°. On dit, proverbialement, c' est un paûvre Saint, un Saint que ne guérit de rien, il n' est bon à rien, il n' a ni mérite, ni crédit. = Il ne sait à quel Saint se vouer, à qui s' adresser, et quel moyen prendre pour se tirer d' afaire. "M. de Luxembourg a demandé plusieurs Jésuites, on les lui a refusés. Il a demandé la Vie des Saints; on la lui a donée. Il ne sait, comme vous voyez, à quel saint se vouer. Sévigné.
   Ne sachant plus tantôt à quel Saint me vouer,
   Je me mets au hazard de me faire rouer.
       Boileau.
= On dit dans le même style, être le saint d' un sermon; comme on dit, le héros d' une pièce de théâtre. "Si les anecdotes que M. de V. raporte sur Rousseau ne sont pas plus vraies, il ne sera certainement pas le saint de son sermon sur la calomnie. Gr. Hom. veng.
   Rem. Cet adjectif précède ordinairement le substantif, comme on a pu le voir par les exemples. En vers, et dans le discours soutenu, on le fait quelquefois marcher aprês.
   Soumis avec respect à sa volonté sainte,
   Je crains Dieu, cher Abner, et n' ai point d' autre crainte.       Athalie.
  ......Et d' une audace sainte.
      Boileau.
"Le Temple saint, le zèle saint Massill. = Dans le discours ordinaire, on dirait, à sa sainte volonté, sainte audace; le saint temple, un saint zèle. = Saint ne signifie quelque--fois que sacré, respectable: le plus saint des devoirs. Marm. Cette épithète est devenûe fort à la mode, et jusqu' au ridicule. "On la done à présent à tout: sainte liberté, sainte humanité, sainte Natûre: J' ai même entendu un Prédicateur fameux s' écrier, sainte agricultûre! C' est ainsi que chez les Païens tout était Dieu, excepté Dieu même.
   SAINTEMENT, d' une manière sainte. "Il a vécu, il est mort saintement.
   SAINTETÉ, qualité de ce qui est saint. "Dieu est la sainteté même. "La sainteté des Apôtres, etc. "La sainteté de sa vie, de ses moeurs. "Il est mort en odeur de sainteté. "La sainteté d' un lieu, de nos mystères, de la Religion Chrétiène. = Titre d' honeur doné au Pape. "Votre Sainteté, sa Sainteté.
   Rem. Saintement et Sainteté se disent quelquefois hors des matières de Religion. "La sainteté des Lois. "Le soin d' une mère pour ses enfans est de tous les devoirs le plus saintement observé dans la Natûre. Marm. "La sainteté inviolable des noeuds de l' Hymen. Idem.

SAINTES


SAINTES, SAINTONGE, s. f. Le 2d se dit d' une petite Province de France; le 1er de la Ville capitale de cette Province. Plusieurs Historiens modernes font sortir les Saintongeois d' une colonie de Troyens, qui habitaient les bords du Fleuve Xanthas. De cette fâble, s' est introduit l' usage d' écrire Xaintes, Xaintonge par un x; mais cette ortographe tombe d' elle même. Dans les Comentaires de César et dans tous les Historiens des six premiers siècles, qui parlent de Saintes et de Saintonge, on trouve ces mots écrits par une s, et même chez les Grecs. Ann. Lit.

SAïQUE


SAïQUE, s. m. [Pron. sa-i-ke: 3ee muet. _ Il faut mettre le tréma ou les deux points sur l' i, pour ne pas prononcer sèke.] Sorte de vaisseau de charge, dont on se sert sur la Mer Méditerranée, ajoute l' Acad. Cette espèce de navire y est peu conûe. "Elle n' est connue que dans le Levant, et surtout sur les côtés de l' Égypte. Marin.

SAISIE


SAISIE, s. f. SAISIR, v. act. SAISISSANT, ANTE, adj. SAISISSEMENT, s. m. [Sèzi-e, zi, san, sante, ceman: 1re è moy. 3e lon. au 3e et 4e, e muet au dern.] Saisir se dit, 1°. des persones, comme sujet. Prendre tout d' un coup et avec éfort. "Saisir quelqu' un au collet, par le brâs. = Se saisir de. "On s' est saisi de cet homme, on l' a arrêté prisonier. "Se saisir d' un poste, l' ocuper. _ Se saisir d' un couteau, d' une épée, de l' argent, des meubles. = Fig. Saisir les chôses, les comprendre aisément: il saisit tout d' un coup ce qu' on lui dit, ce qu' on veut lui aprendre. = 2°. Il se dit des chôses comme sujet, et des persones comme régime. "Le froid, la colique, la fièvre l' a saisi. Être saisi de joie, de peur, d' étonement.
   Vous m' en voyez moi-même, en cet heureux moment,
   Saisi d' horreur, de joie et de ravissement.
       Iphigénie.
"Quand on lui aprit cette fâcheuse nouvelle, il se saisit tellement qu' il en mourut. _ Se saisit parait mauvais à M. Marin et à moi aussi. "Tout ce qui est nouveau et inatendu saisit toujours. Cette nouvelle manière de combatre effraya les Anglais. Volt. L' actif, le passif, le réciproque ont le même sens, avec la diférence des régimes entre les chôses et les persones. = 3°. Au Palais, arrêter juridiquement les biens d' un débiteur, pour sûreté du payement. "Saisir des meubles, des immeubles, le temporel d' un bénéfice.
   SAISISSANT se dit dans le 2d et le 3e sens. Froid saisissant. _ Il ne se dit que du froid. = Celui qui saisit par Justice. "Le premier saisissant, la première saisissante. Le saisissant, la saisissante.
   SAISIE ne se dit qu' au Palais: il a le sens actif: c' est l' action de saisir. "La saisie (et non pas le saisissement) des meubles. = Saisissement ne s' emploie qu' au figuré. Il a le sens passif: c' est l' état de celui qui est saisi, n°. 2°. "Ce Discours lui causa un saisissement (et non pas une saisie), qui ne lui permit pas de répondre.
   Ses regards ont changé mon ame en un moment:
   Je n' ai pu lui parler qu' avec saisissement.
       Le Méchant.

SAISON


SAISON, s. fém. [Sè-zon: 1re è moy.] 1°. L' une des quatre parties de l' année, qui contient trois mois. "L' Hiver est la plus rude des saisons. "La saison des fruits, des fleurs. = 2°. Le tems où l' on a acoutumé de semer, ou de recueuillir, ou de faire d' autres travaux à la campagne. "Dans la saison des semailles, des foins. "Des légumes, des fruits de la saison. = 3°. Fig. Le tems propre à chaque chôse. On dit qu' une chôse est de saison, qu' il est tems ou convenable de la faire. La Fontaine dit, être saison sans de; ce de l' embarrassait aparemment.
   Un homme de moyen âge,
   Et tirant sur le grison,
   Jugea qu' il étoit saison
   De songer au mariage.
Hors de saison, mal-à-propos, et dans le tems qu' il ne faudrait pas. = 4°. Les Poètes apèlent le printems, la saison nouvelle; et la jeunesse, la verte saison. Dans les Romans et les Opéra, on la nomme, la saison des plaisirs.

SALADE


SALADE, s. f. SALADIER s. m. [3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Salade, est 1°. Sorte de casque. On ne le dit plus quÞen parlant des guerres et des siècles de la Chevalerie. = 2°. Mets composé d' herbes potagères assaisonées avec du sel, du vinaigre et de l' huile. = On le dit aussi des herbes, avant qu' elles soient assaisonées. "Cueuillir, éplucher, secouer une salade. = On emploie aussi ce mot, en parlant de viandes froides, d' anchois, de câpres, etc.
   SALADIER, plat ou jate, où~ l' on sert la salade.

SALAGE


SALAGE, s. m. SALAISON, s. f. SALANT, adj. m. SALER, v. act. [2e è moy. au 2d, é fer. au dern. lon. au 3e; salèzon, , lan.] Saler, c' est 1°. Assaisoner avec du sel. Saler une soupe, une sauce. = 2°. Mettre une certaine quantité de sel sur des viandes, pour les conserver long-tems. "Saler du boeuf, du cochon, des harengs, des morûes. "Boeuf, beurre salé, viande salée. = Subst. masc. Du salé, de la chair de porc salée; du petit salé, de la chair d' un jeune cochon, nouvellement salée. = Saler se dit au figuré, dans le style plais. ou critique. Dans le Journ. de Mons. on dit, sur ces vers de M. le Chev. de Bouflers à Voltaire:
   Convertissez-moi, je vous prie,
   Vous en avez tant pervertis.
"Rien de plus piquant que cette manière de saler, pour ainsi dire, la louange par la plaisanterie. _ Le correctif était peut-être nécessaire.
   SALAGE a le sens actif: l' action de saler. "Le salage de ce porc a coûté tant. On dit aussi, salaison, dans ce sens. La salaison des beurres, des porcs: Mais on le dit plus souvent, dans un sens passif, des viandes salées, du poisson salé. "L' usage des salaisons done le scorbut.
   SALANT, ne se dit qu' avec marais ou puits, pour dire, d' où l' on tire le sel.

SALAIRE


SALAIRE, s. m. *SALARIER, v. act. [Salère, larié: 2e è moy. au 1er.] Salaire, est le payement pour travail ou pour service. "Toute peine requiert salaire. "Recevoir le salaire de son travail. "Retenir le salaire des domestiques, des artisans. = Il est beau au figuré, et se dit du châtiment, comme de la récompense. "La tendresse avâre des Dieux, dit Rousseau au Comte du Luc:
   Prit sur votre santé, par un décret funeste,
   Le salaire des dons qu' à votre âme céleste
   Elle avoit dispensés.
   N' imputez qu' à Pallas un exil nécessaire:
   Son orgueuil, dès long-tems exigeoit, ce salaire.
       Rac.
"Il a eu le salaire de ses crimes. Trév.
   Dis-moi, langue téméraire,
   Quel sera donc le salaire
   De tes traits envenimés?
   Je vois dans des mains puissantes,
   Je vois des flèches perçantes,
   Et des charbons alumés.      Le Franc.
  *SALARIER, doner un salaire. Il y a déja long-tems que Richelet a dit que salarier était un mot vieux, et qui ne se disait plus. L' Académie lui done la même qualification. M. Moreau l' a encôre employé. "Cette manière de salarier les Oficiers de Justice avoit un grand avantage. Dans l' Ann. Lit. on emploie le participe substantivement. "Les salariés de l' Administration Civile et Militaire.

SALAMALEC


SALAMALEC, s. m. [Salamalèk: dern. è moy.] C' est un terme arabe, qui signifie, la paix avec vous. Dans la langue française, où on l' a adopté, il veut dire, révérence profonde. "Il m' a fait un grand salamalec.

SALAMANDRE


SALAMANDRE, voy. SALMANDRE.

SALARIER


SALARIER, voy. SALAIRE.

SALE


SALE, adj. SALEMENT, adv. SALETÉ, s. f. [2e e muet: dans le 2d, en a le son d' an:Saleman.] Sale, mal-propre, qui n' est pas propre. Il se dit des persones et des chôses. "Il est toujours sale et crasseux: Il a toujours les mains sales; du linge sale. "Cette chambre est bien sale. "Les rûes sont sales en hiver: il fait fort sale dans les rûes. = Figurément, déshonête, obscène. Des paroles sales, actions sales. = Sordide; un sale intérêt. = En st. proverbial. "son câs est sale: il a comis une action, qui mérite l' animadversion de la Justice.
   SALEMENT, ne se dit qu' au propre. D' une manière sale. "Il mange, il est couché salement.
   SALETÉ s' emploie au propre et au figuré. "La saleté de ses habits, de son linge, de ses meubles. La saleté des rûes. = Chôse sale. "Il y a de la saleté, des saletés dans cette chambre. = Obscénité: La saleté de ce discours, de cette chanson. = Parole obscène: "Ce que vous dites est une saleté: il dit toujours des saletés.
   REM. Sale, au figuré, aime à précéder le substantif. "Les sales voluptés. "C' est un noir atentat et une sale et odieûse entreprise que celle que le succês ne sauroit justifier. La Bruy. Mais on ne dirait pas bien de sales âmes. Il faut dire: des âmes sales. "Il y a des âmes sales, pétries de boûe et d' ordûres, éprises du gain et de l' intérêt. Id. La métaphôre est un peu forte: elle ne plaira pas aux esprits trop délicats.

SALER


SALER, voy. SALAGE.

SALERON


SALERON, s. m. SALIèRE, s. f. [2e e muet au 1er, è moy. et lon. au 2d.] Salière est une pièce de vaisselle pour contenir le sel qu' on met sur la table. Saleron est la partie supérieure d' une salière où l' on met le sel. = On dit, proverbialement, d' un home qui ouvre les yeux plus qu' à l' ordinaire: qu' il ouvre les yeux grands comme des salières.

SALETÉ


SALETÉ, voyez SALE.

SALEUR


SALEUR, s. m. SALIGNON, s. m. SALIN, INE, adj. SALINE, s. f. [Mouillez le g au 2d.] Le 1er se dit de celui qui sale des poissons; le 2d. d' un pain de sel fait d' eau de fontaine salée. = Salin, qui contient des parties de sel: esprits salins, concrétion saline. = Saline, 1°. Salaison; poisson salé, chair salée. Manger de la saline. Marchand de saline. = 2°. Lieu où se fait le sel. "La saline de Pecquais. Les salines de Lorraine, de Franche-Comté. = 3°. Rocher, ou mine d' où l' on tire le sel. "La saline de Cardonne.

SALIR


SALIR, v. act. SALISSANT, ANTE, adj. SALISSON, s. f. SALISSûRE, s. f. [Salir, san, sante, son, sûre: 3e lon. au 2d, 3e et 5e.] Salir, rendre sale. Salissant, qui salit. Salissûre, ordûre, qui demeure sur une chôse salie. "Salir son linge, ses mains, ses habits. "Les étofes blanches se salissent bientôt. "Le drap noir est salissant, quand il est neuf. "Cette couleur est salissante: elle se salit aisément. "Ce n' est pas une tache, ce n' est qu' une salissûre.
   REM. Salir se dit quelquefois au figuré, comme dans cette expression, qui est comme consacrée, salir l' imagination, présenter à l' imagination des idées sales et obscènes. Trévoux dit, salir la réputation: on ne le dit plus, on dit, ternir. "Tout ce que les hommes ne trouvent que dans eux-mêmes, est sali, pour ainsi dire, par là même boue, dont ils sont formés, dit Massillon. Cette expression figurée avait besoin de correctif, et peut-être, malgré le correctif, paraitra-t' elle trop vile et trop basse à des gens d' un goût délicat.
   * Salir, neut. pour se salir, réciproque, est un gasconisme. "Je porte ces petites manchettes, parce qu' elles ne salissent point. Gasc. Corr.
   SALISSON, est un terme populaire. Petite fille mal-propre. "Retirez-vous, petite salisson. "C' est une vraie salisson.

SALIVAIRE


SALIVAIRE, adj. SALIVATION, s. f. SALIVE, s. f. SALIVER, v. n. [Salivère, va-cion, ve, vé: 3e è moy. au 1er, e muet au 3e, é fer. au 4e.] Salive se dit d' une humeur aqueûse et plus ou moins visqueûse, qui coule dans la bouche. Saliver, c' est rendre beaucoup de salive. Salivation, c' est l' écoulement de la salive, provoquée par quelque remède. Salivaire, se dit en Anatomie, des glandes qui contiènent la salive, et des conduits par où elle pâsse.

SALLE


SALLE, s. f. SALLON ou SALON, s. m. [On ne prononce qu' un l.] Salle, est 1°. La principale pièce d' un apartement, qui est ordinairement plus grande que les aûtres. Salle basse, qui est au rez de chaussée; salle haute, qui est au 1er étage. Chez les Princes, salle des gardes; salle d' audience, etc. Salle à manger. = 2°. Salle d' armes, lieu où l' on montre publiquement à faire des armes. Prévôt de salle, celui qui montre aux écoliers sous le maître. = Salle est aussi, chez les maîtres à danser, le lieu où ils montrent publiquement à danser. = 3°. Grand lieu couvert, destiné ou pour l' usage, ou pour le plaisir du public. "La Salle du Palais, de la Comédie, de l' Opéra. Dans les Hôpitaux, grande galerie, où sont les lits~ des malades. = 4°. Lieu planté d' arbres qui forment une espèce de salle dans un~ jardin. "Salle d' ormes, de tilleuls, de marroniers; salle de verdûre.
   SALON, petite salle. Il se dit surtout dans les Palais, d' une pièce beaucoup plus exhaussée et plus ornée que les aûtres.

SALMANDRE


SALMANDRE, SALAMANDRE, SALEMANDRE, s. f. Suivant Richelet, les deux prem. sont bons; le 3e ne se trouve point dans de bons Auteurs. L' Académie ne met que le 2d. _ Animal amphibie du genre des lézards; et que l' erreur populaire fait vivre dans le feu, sans en être endomagée.

SALMI


SALMI, s. m. SALMIGONDIS, s. m. Le 1er se dit d' un ragoût de certaines pièces de gibier déjà cuites à la broche. Le 2d se dit d' un ragoût de plusieurs viandes réchauffées. * La Touche dit qu' on se sert aussi de Salmi; mais il se trompe, et l' usage distingue ces deux mots.

SALON


SALON, voy. SALLE.

SALOPE


SALOPE, adj. SALOPEMENT, adv. SALOPERIE, s. f. [3e e muet.] Sale, mal--propre. Salement, mal--proprement. Saleté, mal--propreté. "Il est salope. _ S. f. C' est une vraie salope: il mange, il est couché salopement. "Il y a dans cette auberge une saloperie insuportable.

SALPêTRE


SALPêTRE, s. m. SALPÉTRIER, s. m. SALPÉTRIèRE, s. f. [2e lon. au 1er, ê ouv. br. é fer. aux deux aûtres. 3e e muet au 1er, é fer. au 2d, è moy. au 3e: tre, trié, triè-re.] Salpêtre est une sorte de sel, qui se tire des plâtres des vieilles murâilles, des étables, des écuries, etc. = Salpétrier, ouvrier qui travaille à faire du salpêtre. = Salpétrière, lieu où l' on fait le salpêtre. = C' est aussi le nom d' un Hôpital de Paris, qui est en même tems un lieu de correction. = On dit d' un homme extrêmement vif, que c' est du salpêtre, qu' il est tout pétri de salpêtre. Cette expression n' est que du style famil.
   Mais de son ire, éteindre le salpêtre,
   Savoir se vaincre, et réprimer les flots
   De son orgueuil; c' est ce que j' apelle être
   Grand par soi-même, et voilà mon Hérôs.
       Rouss.

SALSIFIS


SALSIFIS, s. m. Racine qui est bone à manger. Quelques-uns disent cersifi (Pluche met l' un et l' aûtre): d' aûtres, salsefix; suivant Richelet, le grand usage est pour salsifix. L' Acad. ne met que salsifis.

SALTIMBANQUE


SALTIMBANQUE, s. m. [Saltein--banke: 2e et 3e lon. 4e e muet.] Bâteleur; charlatan, qui vend des drogues sur des tréteaux. = Figurément, st. fam. et crit. Orateur qui débite avec des gestes outrés, qui dit des plaisanteries déplacées. _ On le dit aussi de celui, qui fait le boufon en compagnie.

SALUADE


*SALUADE, s. f. Vieux mot. Action de saluer. On peut encôre l' employer dans le st. plaisant ou moqueur. "Il fait des saluades extraordinaires, ridicules. "Tout le monde se moque de ses saluades.

SALUBRE


SALUBRE, adj. SALUBRITÉ, s. f. Ils se disent de ce qui contribûe à la santé. "Air, eau salubre. La salubrité de l' air, des alimens. = Ces mots ne sont pas anciens dans la Langue. Pluche, qui est assez moderne, met encôre salubrité en italique. L' Académie ne parait les admettre que pour le didactique: cependant ils se sont établis dans le discours ordinaire, le substantif surtout, et l' on s' en sert sans dificulté. Voyez SALUTAIRE.

SALVE


SALVE, s. f. [2e e muet.] Décharge d' un grand nombre de canons ou de mousquets, ou pour saluer quelqu' un, ou dans des ocasions de réjouissance. On dit que le canon tire en salve, quand plusieurs pièces de canon tirent en même tems. = Salve se dit aussi de celle qu' on fait dans l' exercice, ou dans le combat. _ Sur les vaisseaux, on dit bordée.

SALUER


SALUER, v. act. [Salu-é: l' u est long devant l' e muet: il salûe: ils salûent. Dans le futur et le conditionel, cet e muet ne se prononce pas: il saluera, je saluerais, si, etc. Prononcez salûra, salûrè, en 3 syllabes.] Saluer, c' est 1°. doner quelque marque de civilité, de respect. "Les manières de saluer sont diférentes, suivant les Nations. "Tout le monde l' a été saluer à son retour. "Depuis long-tems il ne me salue plus. = V. n. "Il salûe de bone ou de mauvaise grâce. = 2°. Faire ses complimens par lettres. "Je vous prie de saluer de ma part tels et tels. = 3°. Proclamer. "Vespasien fut salué Empereur par toute l' armée.

SALûRE


SALûRE, s. f. [2e lon. 3ee muet.] Qualité que le sel comunique; la salûre de la mer, d' une viande, etc.

SALUT


SALUT, s. m. SALUTAIRE, adj. SALUTAIREMENT, adv. SALUTATION, s. f. [Sa--lu, tère, tèreman, ta-cion: en vers ci-on.] Le 1er de ces quatre mots à raport et à sauver et à saluer; les deux suivans n' ont de raport qu' au 1er de ces verbes; et le dern. qu' au 2d seulement. = Salut est 1°. conservation dans le bien, ou préservation du mal. "Le salut de l' État, du peuple. "Il y va de votre salut.
   Seigneur, sauvez le Roi, son salut est le nôtre;
   Et sa cause est la vôtre,
   Quand il combat pour vous.
       Le Franc.
= Le salut des âmes: il faut songer à son salut. J. C. a opéré notre salut. "Les eaux remonteront vers leur source; la flamme, au lieu de s' élever dans l' air, se précipitera vers la terre, avant que je risque volontairement mon salut. L. F. Vie de S. Grég. de Naz. = 2°. Action de saluer. "Vous lui devez le salut, comme à votre Supérieur. Répondre au salut. Rendre, refuser le salut.
   Rem. Ce mot n' a un pluriel, que quand il signifie les prières qu' on fait à certains jours, aprês l' ofice. "Une femme qui n' aimoit que les sermons, les ofices et les saluts. MARIV. = On disait aûtrefois, nécessaire à salut, pour, au salut. C' était une expression consacrée. Bossuet dit tantôt l' un, tantôt l' aûtre; plus souvent le 1er. On ne dit plus que le 2d. = On dit, rendre, refuser le salut; mais peut-on dire, par analogie: doner le salut, comme l' a dit l' Abé Henn... Je ne le crois pas: je pense qu' on doit dire, saluer.
   SALUTAIRE, utile, avantageux pour la conservation de la vie, de la santé, de l' honeur, pour le salut de l' âme. Sain, salubre, salutaire (synon.) Le 2d ne se dit que dans le propre, et le 3e s' emploie le plus souvent au figuré. _ Ces trois mots sont en gradation. Ce qui est sain ne nuit point; ce qui est salubre fait du bien; ce qui est salutaire, sauve de quelque danger, de quelque domage. Extr. des Synon. de M. Beauzée. = Salutaire suit, ou précède le substantif: frayeur salutaire, ou salutaire frayeur.
   D' un bonet verd le salutaire afront.
       Boileau.
Salutaire crainte ne sonerait pas si bien. Conseil salutaire vaut mieux aussi que salutaire conseil. Il faut donc consulter l' oreille.
   SALUTAIREMENT, utilement, avantageûsement. "Cela a été salutairement institué, établi.
   SALUTATION, salut, n°. 2°. Il n' est d' usage que dans la conversation familière. Acad. "Recevez mes três humbles salutations. J. J. Rousseau. = La salutation angélique. L' Avé Maria.

SAMEDI


SAMEDI, s. m. [2e e muet.] Le 7e jour de la semaine. _ Le Samedi Saint, la veille du jour de Pâques.

SANCTIFIANT


SANCTIFIANT, ANTE, adj. SANCTIFICATEUR, s. m. SANCTIFICATION, s. f. SANCTIFIER, v. act. [Sanktifi-an, ante, ka--teur, ka-cion, fi-é: 1re lon. 4e lon. aux 2 prem. é fer. au dern.] Sanctifier, rendre saint. "La grâce nous sanctifie, sanctifie nos âmes. "Sanctifier les Dimanches, les Fêtes: les célébrer suivant la loi et le précepte de l' Église. = Sanctifiant, qui sanctifie. L' Esprit sanctifiant, la grâce sanctifiante. = On dit aussi, l' Esprit sanctificateur, le S. Esprit. L' Académie ne met pas ce mot. = Sanctification, se dit dans les deux sens de sanctifier. L' action, ou l' éfet de la grâce qui sanctifie. Académie. C' est plutôt l' éfet; car ce mot a le sens passif: il se dit de ce qui est sanctifié, et non pas de ce qui sanctifie. "La sanctification des fidèles, des âmes. = La sanctification des Dimanches, des Fêtes; la célébration des Fêtes, des Dimanches, suivant la loi et le précepte de l' Église.

SANCTION


SANCTION, s. f. [Sank-cion: 1er lon.] Constitution, ordonance. La Pragmatique Sanction. = Force, autorité donée à une Loi, à un Règlement. "Le Prince a doné la sanction à cette loi. "La sanction consiste surtout dans les peines dont on menace les infracteurs de la loi. J. J. Rousseau dit aux Philosophes: voilà de beaux préceptes; mais montrez-nous-en la sanction: * M. Necker a hazardé sanctioné. "Règlement sanctioné par le Roi: Corps sanctioné par les Lois. C' est un néologisme qui me parait heureux. On lit aussi dans le Journ. de Genève: "Le Vice-roi a sanctioné les bills passés dans la session actuelle.

SANCTUAIRE


SANCTUAIRE, s. m. [Sanktu-ère: 3eè moy. et long, 4e e muet.] Chez les Juifs, le lieu le plus saint du Temple, où reposait l' Arche. Chez le Chrétiens, l' endroit de l' Église où est le Maître-Autel, et qui est ordinairement enfermé d' une balustrade. Figurément, l' Église, le Sacerdoce.
   L' impie a tout flétri de son venin mortel.
   Il entre au Sanctuaire, il profâne l' Autel.
   La chaire a retenti de sa fausse éloquence.
       Le Franc.
= Par extension, on le dit figurément, du conseil secret des Rois. Voy. POIDS.

SANDALE


SANDALE, s. f. Chaussûre, qui ne couvre qu' en partie le dessus du pied.

SANG


SANG, s. m. [Quand ce mot est devant une consone, on ne fait point sentir le g: devant une voyèle, ce g se prononce comme un k ou un c dur. Sang échaufé: prononc. sank--échofé. _ Ce mot n' a point de plur. on dit toujours, le sang, jamais les sangs.] 1°. Liqueur rouge, qui coule dans les veines et dans les artères de l' animal. "La masse, la circulation, le bouillonement du sang. Tirer du sang. Répandre le sang. Faire la guerre à feu et à sang, etc.
   Le sable est abreuvé du sang des Africains.
       Didon.
  Le fer moissona tout, et la terre humectée
  Boit à regret le sang des neveux d' Érectée.
      Phèdre.
= Figurément, on dit d' un homme cruel, qu' il aime le sang, qu' il est altéré de sang, que c' est un homme de sang. _ Épargner le sang, la vie des hommes. = En style proverbial: suer sang et eau, faire tous ses éforts. _ Avoir du sang aux ongles, avoir du courage, et savoir se défendre. _ Je lui donerais de mon sang; je l' aime tendrement. "Comme elle a soin de sa mère! elle lui doneroit de son sang. _ Avoir le sang chaud: être promt et colère. On dit, dans le même sens, que le feu ou le sang monte au visage. _ Le sang est beau en ce pays: il y a beaucoup de belles persones. = 2°. Race, extraction. Être de noble sang, d' illustre sang, ou d' un sang vil, abject. _ Et, en parlant des enfans relativement aux pères: c' est mon sang, votre sang, mon fils, votre fils.
   Que faites-vous, Madame? et quel mortel ennui
   Contre tout votre sang vous anime aujourd' hui?
          Phèdre.
= La force du sang, les sentimens que la natûre inspire aux pères pour leurs enfans.
   Mais, ma foi, le bon sang dans les enfans opère.
   Et l' on voit bien qu' il est le vrai fils de son père.
       Le Flateur.
Rem. 1°. Quoique le sang soit le principe de la vie, on ne dit point, ataquer le sang, pour dire, ataquer la vie.
   Ou s' ils oseront bien, dans leur noire fureur,
   Répandre notre sang, pour ataquer le leur.
       RACINE, Frères Enemis.
L' amour de l' antithèse a souvent produit et de fausses pensées et des expressions bizârres. Racine était jeune, quand il composa cette Tragédie; et Corneille avait mis à la mode ces opositions et ces contrastes. = 2°. On dit, le sang des Césars, le sang des Publicola: et non pas le sang Publicola, comme dit M. Fontanelle dans Éricie.
   Le sang Publicola, qui coule dans mes veines.
On ne dit point, le sang Bourbon, le sang Condé, etc. Ann. Litt. = 3°. Suivant Ménage, on dit, de sang froid, et non pas, de sens froid; mais on dit, de sens rassis, et non pas, de sang rassis. Voy. SENS. M. l' Abé Roubaud suit le sentiment de Ménage, par la raison, dit-il, que c' est le propre du sang, et non pas du sens, de s' échaufer ou de se refroidir. Il remarque que l' Académie dit actuellement, de sang froid et de sang rassis. Elle avait dit auparavant, de sens rassis.
   TREV. aprês avoir dit, de sens rassis, ne dit plus, que de sang rassis, avec l' Acad. J' aurois désiré, ajoute M. l' Abé Roubaud, conoitre les motifs de ces décisions.

SANGLANT


SANGLANT, ANTE, adj. SANGUIN, INE, adj. SANGUINAIRE, adj. SANGUINOLENT, ENTE, adj. [Sanglan, glante, ghein, ghine, ghinère, nolan, lante.] Ces quatre adjectifs dérivent de sang; mais le 1er dans le propre, signifie ensanglanté; le 2d, qui abonde en sang; le 3e, cruel, qui aime à répandre le sang; le 4e teint de sang. "Votre mouchoir est tout sanglant: il est d' un tempérament sanguin; une nation, un ordre sanguinaire; des crachats sanguinolens, des glaires sanguinolentes.
   Rem. 1°. Sanglant se dit-il des persones? J' en doute fort. "Les plaintes d' OEdipe aveugle et sanglant. ANN. LITT. Je crois qu' il faut dire, tout ensanglanté, ou, tout couvert de sang. = 2°. Sanglant se dit d' un combat, où il y a eu beaucoup de sang répandu. "Le combat a été sanglant; et d' une injûre, d' un afront, etc. outrageux, ofensant. "Afront, reproche sanglant: injûre, satire sanglante. Dans tous les sens, on~ ne le dit que des chôses. = 3°. On dit dans le Dict. Gram. que sanglant suit toujours le substantif, et ne le précède jamais: on s' est trompé. Le masculin, à la vérité, précède rârement; mais le féminin marche souvent devant le nom qu' il modifie. Sanglante épée, sanglante batâille.
   Quel Dieu soufle en tous les lieux la guerre
   Et semble à dépeupler la terre,
   Exciter nos sanglantes mains.      Rouss.
Cet adjectif prend même souvent cette place, quand il signifie piquant, ofensant. "Il leur fit de sanglans reproches. Maimb. "Elle ne lui répondit que par de sanglantes railleries. Marm. M. Marin pense au contraire qu' on doit dire, railleries sanglantes, outrage sanglant, satire sanglante. = 4°. * M. Tissot dit sanglant pour sanguinolent. "Les crachats moins sanglans. Cet illustre Médecin s' écarte en cela du langage de ses confrères. = 5°. Quelques Auteurs ont dit sanglant pour sanguinaire. "Un tiran sanglant, Anon. Ces sanglans énemis des Lois. Boil. "Il y avait par-tout des assassins, qui n' épioient que l' ocasion d' exécuter l' ordre sanglant, dont on les avoit chargés. Rollin. Sanguinaire est là le mot propre.

SANGLE


SANGLE, s. f. SANGLER, v. act. [1re lon. 2e e muet au 1er, é fer. au 2d. _ Plusieurs écrivent cengle, cengler, et cette ortographe n' est pas moins conforme à la prononciation, et l' est plus à l' étymologie de cingula, et à l' analogie de notre langue, qui change en en la particule latine in, comme on le voit dans cinis, cendre; infans, enfant; inter, entre, etc. mais l' usage de la plus grande partie des Auteurs, et l' Acad. sont pour sangle, sangler. DICT. D' ORT.] Sangle, bande, plate et large, qui sert à ceindre, à serrer, et à divers autres usages. "Les sangles de la selle d' un cheval. Les sangles d' un châssis de bois de lit, etc. Voy. CEINTURON. = Sangler, ceindre, serrer avec des sangles. Sangler un cheval, un mulet. = En st. fig. famil. on dit d' un homme, qui a perdu un procês avec dépens, amende, etc. ou qui a été exclus de quelques prétentions, qu' il a été sanglé; qu' on l' a sanglé. = Sangler un coup de poing, un coup de fouet, un souflet, des coups de pied, etc. Apliquer, doner, etc. Il parait, en ce sens, bâs et populaire. L' Acad. se contente de dire qu' il est du style familier.

SANGLIER


SANGLIER, s. m. [San-glié: 1re lon. 2e é fer. Il est de 3 syllabes en vers.]
   Souvent d' un plomb subtil, que le salpêtre embrâse,
   Vous irez insulter le sanglier glouton.      Rouss.
  Ici le Sanglier roule des yeux ardens,
  ll exerce son corps, il aiguise ses dents.
      Le Franc.
Espèce de porc sauvage. "Les défenses, les soies, la bauge d' un Sanglier. La chasse du Sanglier, etc.

SANGLOT


SANGLOT, s. m. SANGLOTER, v. n. [Sanglo, gloté: 1re lon. 3eé fer.] Sanglot, soupir redoublé, poussé avec une voix entrecoupée. On ne le dit guère qu' au pluriel. "Il interrompit à tout moment son discours par des sanglots redoublés. = Sangloter, pousser des sanglots. "Il ne fit que sangloter toute la nuit.

SANGSûE


SANGSûE, s. f. [On ne prononce ni le g ni l' e: Sansû: 2 longues.] Insecte aquatique, qui suce le sang des parties de l' animal, auxquelles on l' aplique. "Apliquer des Sangsûes: faire dégorger une sangsûe. = Il se dit figurément des exacteurs avides et injustes. "Infâme Sangsûe du Peuple. D' Ablanc. "Ce Procureur est une sangsûe pour ses Parties.

SANGUIN


SANGUIN, SANGUINAIRE, SANGUINOLENT, Voy. SANGLANT.

SANGUINE


SANGUINE, s. f. [Sanghine.] 1°. Mine de fer, de couleur rouge. "La Sanguine, dont on fait des crayons, est artificielle. = 2°. Pierre précieuse de couleur de sang.

SANIE


SANIE, s. f. SANIEUX, EûSE, adj. [Sa--ni-e, ni-eû, eû-ze: 2e lon. au 1er; 3e lon. aux deux aûtres.] Sanie, pus sérieux, qui sort des ulcères. Sanieux, chargé de sanie. "Ulcère sanieux.

SANS


SANS, préposition exclusive. [San et devant une voyelle, sanz.] 1°. Cette préposition ne veut, aprês elle, ni point, ni pâs: on dit sans argent, sans honeur, etc. et non pas, sans point d' argent, sans point d' honeur. Celui-ci est un grossier solécisme. Montesquieu dit sans pas-un, pour sans aucun. "César avait tant de grandes qualités sans pas un défaut. _ Cela frise bien la corde du gasconisme. = 2°. Sans, comme les adverbes de comparaison, doit-il être suivi de l' article indéfini, ou aûtrement de la prép. de sans article? Doit-on dire: assoir les impôt sans exciter de plaintes, comme dit M. Linguet; et comme on dirait, en n' excitant pas de plaintes; ou faut-il dire, des plaintes? Il boit le vin pur, sans y mettre d' eau, ou de l' eau? La 1re manière me parait plus conforme à l' analogie. L' Acad. ne met point d' exemples pareils. J' en ai trouvé un aûtre dans M. Linguet. avec sans que: "Cela pourroit arriver sans que la Nation françoise méritât de reproches. = 3°. Sans peut se placer à la tête de la phrâse. On peut aussi varier la construction. "Sans les injustices des hommes, à quoi serviroit la Jurisprudence? Que ferions-nous des Arts, sans le luxe, qui les nourrit? J. J. Rouss. = 4°. Sans lui, sans vous, etc. signifie quelquefois sans son ou votre secours: "Sans vous j' étois perdûe. = 5°. Sans renferme un sens négatif: ainsi l' on ne doit pas le faire suivre de la particule ne, même aprês le verbe craindre. "Cette caverne, ou le Lion se retiroit avec ses petits, sans que persone ne les y vînt troubler. Rollin. "On peut envoyer un enfant au marché, sans craindre qu' on ne le trompe. Voy. Fr. Retranchez ne; car on dirait: et l' on ne doit pas craindre qu' on le trompe. Voy. CRAINDRE. Le P. Grifet dit aussi: "On ne peut tourmenter les membres, sans que le chef ne soufre. Ann. chrét. Ici la particule ne est convenable, parce que la phrâse est négative. Ainsi l' on dira: "Les Magistrats ne peuvent être négligens, sans que le public ne soufre de leur négligence. = Par la même raison de ce sens négatif, les verbes régis par sans régissent le subjonctif, comme ils le font dans les phrâses négatives. Ainsi, comme on dirait: je ne m' aperçois pas que nous logions ensemble, Destouches a dit:
   Et je prendrai grand soin
   Que nos apartemens se regardent de loin,
   Afin qu' un même toit elle et moi nous assemble,
   Sans nous apercevoir que nous logions ensemble.
Par la même raison du sens négatif de sans, il est quelquefois suivi de la conjonction que, pour exprimer l' adv. seulement. "Vous voyez des gens, qui entrent sans saluer que légèrement. La Bruy. c' est comme si l' on disait: ils ne saluent que légèrement. = 6°. Sans ne doit pas être trop éloigné du verbe qu' il afecte. Il peut tout au plus y avoir entre deux les pronoms personels, et quelques adverbes, comme jamais, rien, beaucoup, etc. "Il m' a parlé long-tems sans jamais me rien dire du sujet pour lequel il desiroit me voir. Boss. dit: "Sans ici lui disputer l' avantage, qu' il veut tirer de ces langues. Ici est mal placé et sépâre mal-à-propos sans de disputer. Je crois qu' il falait dire, sans lui disputer ici, etc. = Cette mauvaise construction de sans jette souvent de l' obscurité dans le discours, y met de l' embarrâs, et y ocasione de l' équivoque. Dans l' Hist. de l' Ordre de Malthe, Conrard fait dire à Saladin, qui voulait faire mourir le Marquis de Montferrat son père, que: "Il ne peut faire mourir un prisonier de guerre, qui s' est rendu, sans se déshonorer. Pour prévenir l' équivoque, il falait dire; qu' il ne peut, sans se déshonorer, faire mourir, etc. = 7°. Sans régit tantôt l' infinitif des verbes, qui se raportent au sujet principal de la phrâse; tantôt la conjonction que avec le subjonctif des verbes, qui ne s' y raportent pas. "Je l' ai grondé, sans être ému, signifie que c' est moi, qui n' ai pas été ému. "Je l' ai grondé sans qu' il ait été ému, veut dire que c' est lui, qui n' a pas été ému. La phrâse suivante est donc vicieûse. "Il se coula par une alée couverte, qui sans être vu, le conduisoit, etc. Selon la construction, il semble que c' est l' alée, qui n' étoit point vûe; mais l' Auteur fait raporter sans être vu à le, en quoi il s' est trompé. Il devait dire, sans qu' il fût vu ou aperçu. = Molière a fait la même faute dans son Remerciment au Roi.
   Les surprenans bienfaits, que, sans les mériter,
   Sa libérale main sur vous daigne répandre.
Selon la construction, il semble que c' est le Roi, qui ne mérite pas les bienfaits. Je ne sais si l' on doit pardoner cette irrégularité à un Poète; mais en prôse on doit dire, sans que vous les méritiez. = 8°. Sans que régit tantôt l' indicatif, tantôt le subjonctif; le 1er, quand il suplée la conjonction si et qu' il a un sens conditionel, le 2d, quand il a son sens ordinaire, qui est un sens exclusif. "Sans que vous êtes venu me secourir, j' étais perdu; c. à. d. si vous n' étiez venu, etc. "Il a pâssé, sans que je l' aie aperçu; c. à. d. et je ne l' ai pas aperçu. = 9°. Sans ce que est du style familier. "Je suis bien changée, sans ce que je changerai encôre. Mariv. = 10°. Sans ne s' associe pas volontiers avec plus signifiant davantage,
   Et sans plus me charger du soin de votre gloire,
   Je veux laisser de vous jusqu' à votre mémoire.
       RAC. Mithrid.
Ce sans plus a quelque chose de choquant et de suranné. On dirait en prôse, sans me charger plus long-tems du soin de votre gloire. = On retrouve ce sans plus dans Phèdre, où Thésée dit des Dieux:
   Et je m' en vais pleurer leurs faveurs meurtrières,
   Sans plus les fatiguer d' inutiles prières.
Mde de Sévigné dit, un mot sans plus; et La Fontaine:
   Un point sans plus tenoit le galant empêché.
Cela est bon dans le style badin. = 11°. * Autrefois, au lieu de sans, on employait la particule ne avec le verbe être. On disait; et n' était la honte, pour, sans la honte. = 12°. Faut-il dire sans dessus dessous, ou sens dessus dessous. VAUGELAS était pour la première manière, et l' Acad. dans les observations sur les Remarques, la préférait aussi; mais Corneille, Ménage, la Touche et l' Acad. dans son Dictionaire sont pour la 2de, qui exprime mieux ce qu' on veut dire; car sens dessus, dessous équivaut à peu près à contre--sens, le dessus étant dessous, et le dessous dessus. Mr. Marin n' est pas de cet avis. Pour dire il bouleverse tout, j' écrirais dit-il: il met tout sans dessus dessous c. à. d. le tout pêle mêle, en désordre, toutes les parties confondûes; le tout confondu, bouleversé.

SANSONET


SANSONET, s. m. [3e è moy.] 1°. Oiseau, qui aprend facilement à sifler et même à parler. = Sorte de poisson: Espèce de petit maquereau.

SANTÉ


SANTÉ, s. f. [1re lon. 2eé fer.] État de celui, qui est sain, qui se porte bien. "Bone, parfaite santé: être en santé; conserver, rétablir sa santé. "Comment va la santé? La santé est-elle bone? etc. "La paix est la santé de l' État: on n' y pense que dans la triste nécessité de la regretter après l' avoir perdue. Neuville. "On n' imagine pas à quel point la conduite qu' on suit et les diférens partis, qu' on prend et qu' on abandone, dépendent de la santé. Duclos. = À~ votre santé! Façon de parler, dont on se sert à table, lorsqu' on boit à quelqu' un; boire à la santé ou la santé de, etc. Je vous porte la santé de, etc.. "Nous avons bu au moins vingt santés.
   Rem. Ce mot n' a de pluriel que dans ce dernier sens; et lorsque santé est en quelque sorte personifié, on dit, les santés délicates, pour dire, les persones, qui ont la santé délicate. "Pour les santés délicates, elles méritent qu' on y prenne confiance. Sév. "S' il y a un bonheur, que la raison produise, il ressemble à ces santés qui ne se soutiennent qu' à force de remèdes. Fontenelle. Hors de là, santé se dit toujours au singulier. * Mde de Sévigné dit, nos santés, pour la santé de nous tous; et âilleurs: "Comptent-ils pour rien leurs santés, leurs plaisirs, leurs afaires, leurs vies, quand il est question de lui obeir et de lui plaire (au Roi). Le pluriel est aussi mal employé avec santé, qu' avec vie. Ces Messieurs pouvaient avoir plusieurs plaisirs et plusieurs afaires qu' ils abandonaient pour le service du Roi; mais ils n' avaient qu' une santé et qu' une vie. Il falait donc dire, leur vie, leur santé. = Il parait que santé ne se dit qu' en bien, et que c' est mal parler que de dire: j' ai ou il a une mauvaise santé. Il faut dire: je ne me porte pas bien; il ne se porte pas bien; ou bien, il n' a pas de santé, il n' a pas une bone santé. = Suivant Mr. Marin, on dit très-bien: il a une mauvaise santé; une bien mauvaise santé; une santé faible, une santé languissante, etc. On dit pourtant; sa santé est délabrée, pour dire qu' il a perdu le bon état de sa santé; comme on dit ruiner sa santé; mais alors on ne l' a plus, on l' a perdue.

SAOUL


SAOUL, SAOULER, Voy. SOUL, SOULER.

SAPE


SAPE, s. f. SAPER, v. act. SAPEUR, s. m. [2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Saper, c' est travailler avec le pic et la pioche à détruire les fondemens d' une pièce de fortification. = Sape est l' action de Saper, et l' ouvrage même qu' on fait en sapant. "Aller à la sape, pousser la sape. "La sape était fort avancée. = Sapeur, celui, qui est employé à la sape. = Les deux substantifs ne se disent qu' au propre; le verbe se dit au figuré et dans le beau style. Saper les fondemens d' un État: le saper par les fondemens. Et ainsi d' un système; de la Religion, etc.

SAPHIR


SAPHIR, s. m. [Safir et non pas safier.] Pierre précieûse, ordinairement de couleur bleûe.

SAPIN


SAPIN, s. m. [Sa-pein.] Grand arbre résineux et toujours vert. "Le sapin sert à faire des mâts de navires et des bières pour les morts. De là le Proverbe: il sent le sapin; il parait devoir mourir bientôt.
   Le frêne, le palmier et l' utile sapin,
   Qui, malgré l' inconstance et les hasards de l' onde,
   Nous aide à raprocher tous les climats du monde.
       Le Franc, Géorgiques.

SAOUL


SAOULER, Voy. SOUL, SOULER.

SARABANDE


SARABANDE, s. f. Espèce de danse grâve.

SARBACANE


SARBACANE, s. f. long tuyau, par lequel on peut jeter quelque chose en souflant. = Fig. famil. Parler par sarbacanes, par des persones interposées.

SARCASME


SARCASME, s. m. Râillerie amère et insultante.
   Contre nos vérités des écrits dogmatiques,
   Contre leurs défenseurs des sarcasmes cyniques,
   Des libelles menteurs, par la haine forgés,
   Sont tolérés, permis, peut-être encouragés.
       Le Franc.
  Quels sarcasmes grossiers, sotement aplaudis!  Id.

SARCLER


SARCLER, v. act. SARCLEUR, s. m. SARCLOIR, s. m. SARCLûRE, s. f. [2e é fer. au 1er, lon. au dern. klé, kleur, kloar, klûre.] Sarcler, arracher les méchantes herbes. Sarcleur, celui, qui sarcle. Sarcloir, instrument propre à sarcler. Sarclûre, ce qu' on a arraché d' un champ en le sarclant.

SARCOPHAGE


SARCOPHAGE, s. m. [Sarkofage.] Tombeau, où les Anciens mettaient les corps, qu' ils ne voulaient pas brûler. = Aujourd' hui, c' est, dans les grandes cérémonies funèbres, le cercueuil, ou sa représentation~.

SARDINE


SARDINE, s. f. [Plusieurs écrivent et prononcent mal-à-propôs serdine.] Petit poisson de mer, qui ressemble au hareng, mais beaucoup plus petit.

SARMENT


SARMENT, s. m. [Sarman. Plusieurs disent serment, qui est toute aûtre chose; c' est un gasconisme.] Il ne se dit que du bois que pousse la vigne. "Cette vigne a poussé beaucoup de sarmens. Couper du sarment, dont on fait des javelles, des fagots. = On doit dire, un fagot de sarments et non pas dire, en ce sens, un sarment, et encôre moins un serment, comme on le dit quelquefois dans les Provinces méridionales. En st. burlesque, le jus de sarment, le vin.
   Pour te guérir de cette sciatique....
   Prens-moi deux brocs d' un fin jus de sarment, etc.
       Maître Adam.

SARRAU


SARRAU, s. m. [Sâro: 1re lon. l' r se prononce fortement.] Souquenille de paysan, de roulier, de soldat.

SâS


SâS, s. m. SâSSER, v. act. [1re lon. 2e é fer.] Sâs est un tissu de crin, ataché à un cercle et qui sert à pâsser la farine. Sâsser, pâsser au sâs. = Au fig. il se dit ordinairement avec son réduplicatif ressâsser; examiner, éplucher. "Ce procês, cette question ont été sassés et ressâssés. _ En st. prov. On dit, de ce qui a été examiné légèrement, qu' il a été pâssé au grôs sâs.

SATAN


SATAN, s. m. Nom doné au Démon dans l' Écriture. "Renoncer à Satan et à ses pompes. = La Rûe écrit toujours sathan, sathanique, contre l' usage. "Ces deux sathaniques passions (la haine et l' envie). Cet adjectif n' est point usité.

SATELLITE


SATELLITE, s. m. [On prononce les 2 l, sans les mouiller: Satèl-lite: 2e è moy. dern. e muet.] Homme armé, et qui est aux gages d' un aûtre, pour être le ministre de ses violences. _ Il ne se prend qu' en mauvaise part.
   Vos ordres sont suivis. Déjà vos Satellites,
   D' Élide et de Messène, ocupent les limites.
       Mérope.
_ En Astronomie, petite planète, qui tourne autour d' une plus grande.

SATIÉTÉ


SATIÉTÉ, s. f. [Sa-cié-té, et en vers sa--ci-été; 3e et dern. é fer.] Réplétion d' alimens, qui va jusqu' au dégoût. "Manger jusqu' à satiété, ou, jusqu' à la satiété. Le 1er est le meilleur. = Ce mot est tout latin, dit Andry: cependant comme nous n' en avons point, qui exprime bien ce qu' il signifie, de bons Auteurs n' ont point fait dificulté de s' en servir. La Touche observe que l' Acad. ne le désaproûve point. Depuis ces remarques, il s' est toujours mieux établi. On s' en sert sur-tout au figuré; la satiété des plaisirs, des honeurs, des richesses. "Le dégoût produit par la satiété des plaisirs, jette dans de bizarres rafinemens, ou dans de funestes excès. L' Ab. Trublet. "L' esprit trop prodigué déplaira toujours; par cela seul que tout excès produit la satiété, et la fatigue. Id. Tandis que les inconcevables détails du Siège et de la prise de Charles-Town remplissoient les gazettes jusqu' à satiété. LING.

SATIN


SATIN, s. m. SATINADE, s. f. SATINER, v. act. [Sa-tein, tinadé, : dern. é fer. au 3e.] Satin est une sorte d' étofe de soie plate, douce, moelleuse et lustrée. Satinade, petite étofe de soie très-mince, qui imite le satin. Satiner, doner à une étofe, à un ruban, l' oeuil du satin. = V. n. "Tulipe, qui satine, qui aproche du satin. Terme de Fleuriste. = Des discours satinés est une expression de Rousseau.
   ......Et je fais conscience
   De~ voir qu' à tout propos, un homme vous encense;
   Et qu' il vous vienne, avec des discours satinés, {C525a~}
   Bailler de l' encensoir tout au travers du nez.
       Le Flateur.

SATIRE


SATIRE, s. f. SATIRIQUE, adj. SATIRIQUMENT, adv. SATIRISER, v. act. [On écrivait, il n' y a pas long-tems, satyre, etc. avec un y, et plusieurs l' écrivent encore de la sorte. On n' écrit plus l' y qu' au mot Satyre, s. m. Demi-Dieu de la Fable.] Satire, ouvrage mordant.
   Ils blâment la satire et forgent des libelles;
   Ils prêchent la concorde et vivent de querelles.
       Le Franc.
Satirique, qui apartient à la satire. Satiriquement, d' une manière satirique. Satiriser, râiller, critiquer d' une manière piquante et satirique. "Satire piquante; sanglante satire.
   Je ne sentis jamais la verve, qui m' inspire;
   Rien n' éveille l' esprit autant que la satire.
       PALISSOT.
  Ah! si ce peuple important,
  Qui semble avoir peur de rire,
  Méritoit moins la satire,
  Il ne la craindroit pas tant.
       La Fare.
Faire une satire. Faire la satire des moeurs du siècle. "Ouvrage, pièce, discours, trait satirique. "Homme, esprit, langue satirique.
   Son humeur satirique sans cesse nourrie
   Par le coupable encens de votre flaterie;
   Et son coeur à railler trouveroit moins d' apas,
   S' il avoit observé qu' on ne l' aplaudît pas.
       Misantr.
"Cela est dit satiriquement. "Il satirise ses meilleurs amis. = Boileau emploie satirique substantivement. "Un satirique, dit-il,
   Est l' éfroi du Public et la haine des Sots.
   Rem. Le style satirique a de grands privilèges par raport à la langue, et de grands abus par raport à la société. Tout est bon dans ce style: la malignité satisfaite pâsse tout, pardone tout. On invente des mots; on ressuscite les anciens; on se sert d' expressions, âilleurs trop basses, et qui trouvent ici leur place. Tout est pardoné jusqu' aux figûres outrées; et pourvu qu' on ne pousse pas ces licences à l' excês, tout est bien reçu; tout est aplaudi. On ne peut s' autoriser des prérogatives d' un pareil style dans des écrits d' un aûtre genre.

SATISFACTION


SATISFACTION, s. f. SATISFACTOIRE, adj. SATISFAIRE, v. act. et n. SATISFAISANT, {C525b~} ANTE, adj. [Satisfak-cion, fak-toâ--re, fère, fèzan, zante: 3e è moy. au 3e et au 4e; la 4e est longue au 2d et aux deux dern.] Satisfaire, actif; contenter, doner sujet de contentement. "Enfant, écolier, qui satisfait son père, son maître. "Il est mal-aisé de satisfaire tout le monde.
   J' ai reçu par vos mains le prix de mes forfaits;
   Puissent les justes Dieux en être satisfaits!
       RHADAMISTHE.
= Satisfaire sa passion, sa vanité, sa curiosité. = Plaire; cela satisfait l' esprit, le goût; son discours n' a satisfait persone. = Satisfaire (remplir) l' atente de, etc. Il n' a pas satisfait l' atente du Public. = Se Satisfaire, contenter le désir qu' on a. _ Se satisfaire soi-même, tirer raison d' une ofense.
   SATISFAIRE, neutre. Remplir son devoir envers. Il régit à: satisfaire à son devoir, aux comandemens de Dieu, à sa Justice, aux ordres du Roi; à ses créanciers. Et sans régime: il a entièrement satisfait: il a tout payé.
   Dans le langage de la Religion, on dit satisfaire pour, faire pénitence. Marivaux dit, en ce sens, satisfaire à. "Les peines que je vais soufrir, satisferont à mes fautes. Spect. Fr. Il faut, pour mes fautes.
   Rem. Dans le 1er sens, il est toujours actif. "Ce n' a pas été mon dessein de satisfaire aux Pédans, ni aux Grammairiens, dit le P. Rapin. Il devait dire, de satisfaire les Pédans, etc. "Ne pouvant satisfaire au desir, qu' il avoit de combatre encore une fois contre les Infidèles. Maimb. Il falait, satisfaire le desir, etc. = Satisfait régit de devant les noms et les verbes. "Ils n' étoient pas satisfaits de son gouvernement.
   Satisfaits d' assouvrir de l' aveugle Nature
   Les desirs éfrénés.
       Rousseau.
  SATISFACTION a les deux sens du verbe. 1°. Contentement. Suivant M. Beauzée, le contentement est dans le coeur; la satisfaction est plus dans les passions. Le premier est un sentiment, qui rend toujours l' âme tranquille; le second est un succês, qui jette quelquefois l' âme dans le trouble. "On desire d' aquérir un bien; enfin, il arrive: on est satisfait; mais on n' est pas content. Le Proverbe dit que, contentement pâsse richesse. Voy. CONTENTEMENT. = Satisfaction régit à ou de: le 1er quand il est modifié par l' article indéfini; le second quand il a devant l' article défini: avoir de la satisfaction à faire; avoir la satisfaction de faire. "La douce satisfaction d' acheter le mérite d' une action louable par des victoires sur soi-même, et de longs plaisirs par des sacrifices momentanés. L' Ab. Du-Serre-Figon. = 2°. Action par laquelle on satisfait quelqu' un, en réparant l' ofense qu' on lui a faite. "Il faut que la satisfaction soit proportionée à l' ofense. = Faire satisfaction régit le datif de la persone, l' ablatif de la chôse. "Pour lui faire satisfaction de l' injûre qu' il aura commise contre elle. Sentimens sur le Cid. = En satisfaction, adv. régit de devant le nom des chôses; et à la satisfaction a le même régime des persones. "Jeûner, faire l' aumône en satisfaction de ses péchés. "Tout se pâssa à la satisfaction de tout le monde. Celui-ci a raport au 1er sens; et celui-là au 2d.
   SATISFAISANT est relatif au premier sens de satisfaire. Qui contente, qui satisfait. "Discours peu satisfaisant. "Raisons satisfaisantes. = Satisfactoire est relatif au second sens, et ne se dit que dans le dogmatique. OEuvres satisfactoires, qu' on fait en satisfaction de ses péchés.

SATRAPE


SATRAPE, s. m. Titre de dignité chez les anciens Perses, et dans d' autres Cours d' Orient.

SATYRE


SATYRE, s. m. et fém. Il est masculin quand il signifie une sorte de Demi-Dieu, qui, selon la Fable, était moitié homme et moitié bouc; et fém. en parlant d' anciens Poèmes mordans, qui étaient des espèces de farces, ou de parodies des pièces sérieuses. = Voy. SATIRE, SATIRIQUE.

SAVAMMENT


SAVAMMENT, adv. SAVANT, ANTE, adj. SAVANTâSSE, s. m. [Savaman, van, vante, vantâce: 2e lon. excepté au 1er; 3e lon. au dern.] Savant est 1°. qui sait beaucoup, qui a beaucoup de science. "C' est un homme fort savant. "Il est savant en Théologie, en Mathématique, dans l' Histoire. = Subst. "C' est un Savant. Les Savans. Il fait le savant, elle fait la savante. "Leibnitz était peut-être le Savant le plus universel de l' Europe. Volt. "En ce tems déplorable, il y avait des Savans, mais c' étaient des Savans superbes, pleins de cette science réprouvée, qui enfle et qui corrompt. Bourdal. = 2°. En parlant des livres, qui est rempli d' érudition: "Livre savant. = 3°. Qui est bien instruit, bien informé. J' en parle comme savant. "Il est bien savant dans ces afaires là. "Après tout ce qu' il m' a dit, je n' en suis pas plus savant. = Cette fille est trop savante: elle sait des chôses qu' elle devrait ignorer.
   Rem. 1°. Savant aime assez à précéder, sur-tout au féminin. "Les savantes merveilles; les savantes richesses. Rousseau. "De savantes observations, remarques, etc. = 2°. Il y a de la diférence entre un savant homme et un habile homme. Le premier marque la Litératûre, et l' aûtre l' adresse et le jugement. Un homme peut être fort savant, sans être habile, dit l' Auteur des Réflexions (Andry); Cependant l' habileté, qui regarde sur tout les maniment des afaires, peut être bornée à un genre où la science soit peu nécessaire. Un habile Procureur, par exemple, peut être dispense d' être ce qu' on apèle un Savant. Voy. Habile. = 3°. Érudit, Docte, Savant, (synon.) Les deux premiers savent des faits dans tous les genres de littératûre: l' Érudit en sait beaucoup, et le Docte les sait bien. Le Docte et le Savant connoissent avec intelligence; le Docte connoit des faits de Littératûre, qu' il sait apliquer: le Savant connoit des principes, dont il sait tirer les conséquences. _ Une bone mémoire et de la patience, dans l' étude, sufisent pour former un Érudit. Ajoutez-y de l' intelligence et de la réflexion, vous aurez un homme Docte. Apliquez-celui-ci à des matières de spéculation et de science; et donnez-lui de la pénétration, vous en ferez un Savant. _ Ces trois termes se disent des personnes; mais il n' y a que Docte et Savant qui se disent des chôses. On dit d' un Livre, qui contient beaucoup de faits de littérature et grand nombre de citations, non pas qu' il est Érudit, mais qu' il est rempli d' érudition. BEAUZ. Synon. = Faux Savant. V. FAUX, adj. = Faire quelqu' un savant d' une chôse, la lui aprendre, est un gasconisme. "Je l' ai fait savant de votre libertinage. Gasc. corr. = L' Ab. Mongault dit, rendre savant, mais sans régime. "Il est venu me trouver dès le douze, mais il ne m' a pas rendu plus savant (Cic. à Attic.), c. à. d. il ne m' a rien apris.
   SAVAMMENT, d' une manière savante (n°. 1°.) "Il écrit, il parle savamment de toutes chôses. = Comme un homme instruit et bien informé (n°. 3°.); j' en parle savamment.
   SAVANTâSSE se dit, par mépris, d' un homme qui afecte de paraitre savant, mais qui n' a qu' un savoir confus. Acad. C' est cette dernière circonstance qui caractérise le savantâsse. _ M. l' Ab. de Fontenai le dit des femmes. "Nous allons voir pulluler par-tout (au moyen du Traité de l' Éducation des Femmes) non seulement des Sévigné, des Déshoulières; mais des Dacier, des Savantasses, des Hommasses, qui vous parleront tout comme un Pédant formé dans les Écoles de Médecine et de Chirurgie, du pancréas, du mésentère, etc.

SAVATE


SAVATE, s. fém. SAVATERIE, s. fém. [3e e muet.] Savate, vieux soulier fort usé. "Trainer la savate. = Savaterie, lieu, où l' on vend de vieux souliers. Voy. SAVETER

SAûCE


SAûCE ou SAUSSE, s. fém. SAUCER, v. act. SAUCIèRE, s. f. [Sôce, socé, ciè-re: 1re lon. au 1er, 2e e muet au 1er, é fermé au 2d, è moy. et long au 3e.] Ces mots se trouvent écrits tantôt avec un c, tantôt avec la double s. L' Acad. a préféré la première manière. = Sauce, assaisonement liquide, où il entre du sel et d' autres ingrédiens pour y doner du goût. Saucer, tremper du pain, de la viande dans la sauce. Saucière, petit vâse creux, dans lequel on met des sauces sur la table. "La sauce est bone: saucez-y votre pain. Aportez la saucière.
   SAUCE s' emploie, au figuré, dans le style familier et proverbial. "Le Roi done deux mille écus de pension à cette Buri, qui, dès le jour même, entra dans le carrosse de la Reine: cette sausse rend cette place des meilleures. Sév. "M. de Vardes acompagne les douze cens francs de pension d' une si admirable sausse, je veux dire de tant de paroles choisies et de sentimens généreux, que la Philosophie de notre ami (Corbinelli) n' y résiste pas. Id. = Mettre une chôse à toutes les sauces, ou à toutes sauces; la répéter de cent façons diférentes. "Je me souviens du jeûne austère, que vous faisiez aûtrefois le mardi grâs, ne vivant que de votre amour propre, que vous mettiez à toutes sauces. Sév. Voy. APPÉTIT, POISSON.

SAUCISSE


SAUCISSE, s. f. SAUCISSON, s. masc. [Socice, ci-son.] Un Auteur, qui est aparemment Provençal, dans une Lettre insérée dans les Affiches de Province, écrit saucissot, comme on dit en Provence et dans d' aûtres Provinces méridionales: c' est un gasconisme: on dit saucisson. = Saucisse est, au propre, un boyau de porc ou d' aûtre animal, rempli de viande crûe, hâchée et assaisonée. = Par similitude, on le dit d' une longue charge de poûdre, mise en rouleau dans de la toile, et à laquelle on atache une fusée, qui sert d' amorce pour faire jouer une mine. = Saucisson, sorte de saucisse, qui est très-grosse et de très-haut goût. "Il a mangé à son déjeûné trois tranches de saucisson.

SAVETER


SAVETER, v. act. SAVETIER, s. m. [2e e muet, 3e é fermé dans les deux. = Quoiqu' on dise savate et savaterie, on dit: saveter, Savetier, et non pas, Savatier et savater. L. T.] Savater c' est gâter un ouvrage, en le faisant ou en le racomodant mal proprement. L' Acad. dit qu' il est populaire. Il me semble que c' est trop dire, et qu' il se dit fort bien dans le style familier plaisant ou chagrin. = Savetier, ouvrier dont le métier est de racomoder de vieux souliers.

SAVEUR


SAVEUR, s. f. Qualité d' un aliment, qui est l' objet du goût. Il ne se dit qu' en bien. "Bone, agréable saveur.
   Mille raisins entre eux difèrent de saveur.
       Le Franc.
"Cela n' a ni goût, ni saveur; ce qui se dit fig. d' une composition d' esprit, où il n' y a rien d' agréable, de piquant.

SAUF


SAUF, SAUVE, adj.[ Sof, sôve: 1re lon. 2e e muet au 2d.] Qui n' est point endomagé, qui est hors de péril. Il se dit ordinairement avec sain. "Il en est revenu sain et sauf. Voy. SAIN. "Les Assiégés sont sortis, vies et bagues saûves. Cette expression est consacrée.
   Sauf est aussi préposition. 1°. Sans blesser sans doner ateinte. Sauf votre honeur, sauf votre respect, je vous dirai que, etc. Quelques Auteurs, et Maimbourg, entre aûtres, ont dit, son honeur sauf. = 2°. Sans préjudice: sauf son recours contre un tel. Sauf à recomencer. "Sauf à tirer ailleurs d' autres conséquences. Boss. = 3°. Hormis, excepté. Il lui a cédé tout son bien, sauf une terre, etc.

SAUF-CONDUIT


SAUF-CONDUIT, s. m. [Sof-kon-dui: 2e lon.] Lettres donées par autorité publique, par lesquelles on permet d' aler, de séjourner et de revenir librement, sans crainte d' être arrêté. = Par extension, écrit que des créanciers donent à leur débiteur, pour la sûreté de sa persone pendant un certain tems.

SAUGRENU


SAUGRENU, ÛE, adj. [Sôgrenu, nû-e: 1re lon. 2ee muet.] Impertinent, absurde. "Raisonement saugrenu: Réponse saugrenûe. L' Acad. le dit même des persones: Homme saugrenu. St. famil.

SAULE


SAULE, s. m. [Sôle: 1re lon. 2e e muet.] Trév. met Saule ou saulx, et dit que le 1er est le meilleur: on peut dire que c' est le seul bon. = Arbre qui croît ordinairement le long des ruisseaux.
   Le saule aime un ruisseau, l' aune les eaux dormantes.
       Le Franc.

SAUMACHE


SAUMACHE ou SAUMâTRE, adj. [Soma--che, mâ-tre. Le Rich. Port. les met tous deux; l' Acad. ne met que le second. Joubert et d' aûtres Dictionaristes et Auteurs écrivent Somache, mais l' au est préférable, à cause de l' étymologie. Ce mot vient de sal (sel) comme saunage, sauner, saunier, etc. = Il y en a qui écrivent et prononcent saumate. Ainsi cet adjectif s' écrit de quatre manières.] Il ne se dit qu' avec eau. Qui a un goût aprochant de celui de l' eau de la mer: eau saumâtre.

SAUMON


SAUMON, SAUMONEAU, s. m. SAUMONÉ, NÉE, adj. [Somon, mono, , né-e; 1er dout. 3e é fermé aux deux dern.] Saumon est une espèce de poisson de mer qui remonte les rivières, et dont la chair est rouge. Saumoneau, petit Saumon. Saumoné, dont la chair est rouge comme celle des saumons. Il se dit particulièrement des truites quand leur chair a cette couleur: truite saumonée.

SAUMûRE


SAUMûRE, s. fém. [Somûre: 2e lon. 3e e muet.] Liqueur, qui se forme du sel fondu et du suc de la chôse salée.
 

SAUNAGE


SAUNAGE, s. m. SAUNER, v. neutre, SAUNERIE, s. fém. SAUNIER, s. m. SAUNIèRE, s. fém. [Sonaje, , neri-e, nié, niè-re: 2e e muet au 3e, é fer. au 2d et au 4e, è moy. et long au 5e.] Sauner, faire du sel. Saunier, ouvrier qui travaille à faire le sel. Saunière, espèce de cofre où l' on conserve le sel. Saunerie se dit collectivement des bâtimens, puits, fontaines et instrumens propres à la fabrique du sel. Saunage, débit, trafic du sel. Voy. Faux-saunier et Faux-saunage.

SAVOIR


SAVOIR, v. act. et s. m. [Sa-voar.] Je sai, ou je sais, tu sais, il sait; nous savons, vous savez, ils savent; je savois ou savais; je sus; j' ai su; je saurai; je saurois ou saurais;sache, sachez; que je sache; je susse;sachant. = Aûtrefois, par un respect excessif pour l' étymologie, on écrivait sçavoir, je sçais, je sçavois, etc. Depuis quelque tems on a retranché ce ç inutile et même embarrassant. = 1°. Conaître. "Il sait le chemin, son devoir; je ne savais rien de ce qui se pâssait. "Je n' en sais rien et n' en veux rien savoir. = 2°. Être savant dans quelque science. "Il sait la Gramaire, les mathématiques, les Langues, le Grec, le Latin, l' Anglais, etc. "N * * joint le don de la parole à un savoir étendu et bien digéré; mais il est grand parleur. Il sait très bien tout ce qu' il dit, et dit très-bien tout ce qu' il sait. L' Ab. Trublet. = 3°. Avoir dans la mémoire. "Il sait sa leçon: "Il ne savait guère bien son sermon. = 4°. V. n. sans régime. Avoir l' esprit orné et rempli de bones conaissances. "Cet homme là sait: c' est un homme qui sait. = 5°. Avoir le pouvoir, l' adresse, le moyen de faire, etc. "Je saurai bien le réduire: vous verrez ce que je sais faire. "Il n' a su en venir à bout. "Il ne sait pas répondre quand on lui parle. "Je ne sais point me fâcher contre les persones que j' aime fort: tout ce que je sais faire, c' est de m' afliger; et j' entens cela à merveilles. Cic. à Atticus, Trad. de Mongault. "Le Maréchal de Belle-Isle eut des amis: il méritoit d' en avoir; car il savoit l' être. Neuville. = On dit, au conditionel, je ne saurais, pour, je ne puis. = 6°. Aprendre, être informé. Je veux bien que vous sachiez, ou, il faut savoir, ou, vous saurez que, etc. _ Faire savoir, instruire, informer. "Faites-moi savoir l' issûe de cette afaire. "Il m' a fait savoir qu' il était arrivé, etc. "Tout se sait enfin.
   On ne sait rien? - - Non rien, mais dès demain
   On saura tout; car tout se sait enfin.
       Voltaire.
= Dans les proclamations, on dit, faire à savoir; et en formule de Chancellerie, savoir faisons.
   Rem. 1°. On dit, quelquefois je sache, pour, je sais, mais on ne le dit qu' avec la négation. "Je ne sache rien de plus propre, etc. Non pas que je sache. "Oui, Madame, nous verrons; je n' y sache que cela, moi; que puis je répondre de mieux? Mariv. * Un Auteur moderne a dit, par distraction, à ce que je sache. _ Je sache n' est que du style familier. = 2°. Savoir régit l' infinitif sans préposition: il sait travailler, ou l' indicatif, précédé de que: je sais que vous avez parlé en ma faveur. Dans la phrâse négative, on le fait quelque--fois suivre de si: je ne sais s' il viendra; ou s' il est suivi de que, il régit alors le subjonctif: je ne savais pas que vous m' eussiez rendu ce bon ofice. = 3°. Savoir est un de ces verbes avec lesquels on ne met quelquefois que la négative ne: je ne sais est aussi bien et quelquefois mieux que, je ne sais pas. = 4°. Savoir ne régit point les persones. On ne dit pas, savoir quelqu' un, se savoir soi-même, comme a dit un Traducteur moderne; et Piron, dans la Métromanie:
   Un valet veut tout voir, voit tout, et sait son Maître,
   Comme à l' observatoire un Savant sait les Cieux.
   Et vous même, Monsieur, ne vous savez pas mieux.
Pour les chôses mêmes, il n' a de régime direct que des noms qui expriment la science. Il sait la Théologie, la Géographie, etc.
   Je sais le poids d' un sceptre, et connois trop mes forces,
dit Corneille. Il voulait dire, je sais quel est le poids, etc. et c' est ainsi qu' il faudrait dire en prôse. _ Dans toutes ces phrâses, il faut se servir de conaître; conaître quelqu' un, se conaître soi-même; je conais le poids de, etc. = 5°. Que sait-on, que savez vous, que sais-je, régissent si et le conditionel. "Que sait-on s' il le ferait? Que sais-je s' il ne l' aurait pas fait, etc. = 6°. Ne savoir ce que c' est que régit de et l' infinitif. "Mentor, qui craignoit les maux avant qu' ils arrivassent, ne savoit ce que c' étoit que de les craindre, dès qu' ils étoient arrivés. Télém. = Savoir, dans la phrâse négative, régit le subjonctif: il ne sait pas que je vous aie vu. "Il est essentiel que les domestiques ici ne sachent pas que je vous connoisse. Mariv. = 7°. On dit, dans le st. famil. savoir bien qu' en dire, l' avoir éprouvé. "Quand on se couche, on a des pensées qui ne sont que gris-brun, comme dit M. de la R. F. et la nuit, elles deviennent noires: je sais qu' en dïre. Sév. = Ne savoir qu' y faire, n' en pouvoir mais; ne pouvoir l' empêcher. "Je n' y saurois que faire, dit Mde. de Sévigné, en transposant le pronom y. Marivaux le dit souvent aussi, et d' aûtres. On dit plus volontiers aujourd' hui, je n' y puis qu' y faire. = 8°. Ne savoir où l' on en est, être troublé, embarrassé. "Je ne sais où j' en suis: il ne sait où il en est. = 9°. On dit aussi, ce que vous savez, ou, qui vous savez, quand on ne veut pas nomer la chôse, ou la persone. On lui a doné ce que vous savez, c. à. d. un clystère. "Devinez ce que je fais fort bien; c' est d' aimer vivement et très-long-tems qui vous savez. Sév. c. à. d. vous, ma fille.
   Savoir et à savoir, conjonctions. Elles sont une explication, qui est quelquefois énumérative, et quelquefois simplement nominative. La première de ces explications présente le détail de ce qu' on a énoncé en général; l' aûtre nome une chôse, qui n' était que désignée. Ex. de la 1re: "Les États de la France se partagent en trois ordres; savoir, le Clergé, la Noblesse et le Tiers-État. Ex. de la 2de: "Nos Géomètres ont essayé de faire une nouvelle découverte, à savoir si la terre est aplatie vers les poles. Gir. = On dit aussi, c' est à savoir, et celui-ci exprime un doute. "Vous me dites qu' ils le feront, c' est à savoir s' ils le pourront.
   SAVOIR, s. m. Érudition, science. "C' est un homme de savoir, de grand savoir, de peu de savoir. "Il a aquis un grand savoir par l' étude, par l' expérience. On dit sur--tout, un profond savoir.
   Savoir faire et savoir vivre sont deux substantifs, qui sont contre le génie de la Langue. Ils ont été de tems en tems en faveur; mais probablement ils n' étendront pas leur empire au-delà de la conversation. "L' extrême confiance que nous avons en son savoir faire. Sév. c. à. d. en son industrie, en son habileté. "C' étoit moi qui avois tort, et qui manquois de savoir vivre. Mariv. c. à. d. de conaissance des usages du monde. On le dit~ aussi en se servant du verbe:
   Apliquez-vous sur-tout, c' est le grand Livre,
   À~ vous former dans l' art de savoir vivre.
dit ironiquement Rousseau. "Je le verrai, Madame, je sais vivre; et l' on peut se fier à moi sur l' article des procédés. "Cet homme est aimable et grossier, qui sait donner et qui ne sait pas vivre. Volt.
   Les Maris savent vivre, et sur rien ne contestent.
   Les Hommes s' aiment tous, les Femmes se détestent,
dit Gresset dans le Méchant, et dans le tableau qu' il y fait de la vie de Paris.

SAVON


SAVON, s. m. SAVONAGE, s. m. SAVONER, v. act. SAVONERIE, s. fém. SAVONETTE, s. fém. SAVONEUX, EûSE, adj. [3e é fermé au 3e, e muet au 4e, è moy. au 5e, long. aux deux derniers; , nerie, nète, neû, neû-ze.] Savon, pâte faite avec de l' huile et un sel alcali, qui sert à nétoyer, à dégraisser, à blanchir le linge, etc. _ Savoner, nétoyer, blanchir avec du savon. Savonage, action de savoner. Savonerie, lieu où l' on fait le savon. * Quelques-uns disent savonière, mais mal. _ Savonette, boule de savon préparé, dont on se sert pour rendre la barbe plus tendre au rasoir. Savoneux, qui tient de la qualité du savon. Ces eaux minérales sont savoneûses.
   Rem. 1°. Se savoner se dit des toiles peintes, qui ne perdent pas leur couleur au savon. "Les toiles peintes des Indes se savonent. = 2°. En st. fig. famil. on dit qu' on a bien savoné quelqu' un, pour dire qu' on lui a fait une bone réprimande. L' Acad. traite cette locution de populaire; mais ce qui est un barbarisme d' expression, c' est de dire, en ce sens, qu' on a fait un savon, un bon savon à quelqu' un.

SAVOUREMENT


SAVOUREMENT, s. m. SAVOURER, v. act. SAVOURET, s. m. SAVOUREUX, EûSE, adj. SAVOUREûSEMENT, adv. [Sa--voureman, , , reû, reû-ze, reû-zeman: 3e e muet au 1er, é fer. au 2d, è moy. au 3e, lon. aux 3 dern. 4e e muet.] Savourer, goûter avec atention et avec plaisir. Savourement, action de savourer. Il est peu usité. Savoureux, qui a bone saveur. Savoureûsement, en savourant. * Savouret, gros trumeau de beuf, que les petites gens mettent dans leur pot, pour doner de la saveur au bouillon.
   Savoureux, succulent. (Synon.) Le 2d ne s' aplique qu' aux viandes, aux potages: le 1er se dit de tout corps, qui a du goût. Un mets succulent est sans doute savoureux; mais il y a beaucoup de mets savoureux, qui ne sont nullement succulens. Un bon roti sera tout-à la fois succulent et savoureux: les champignons sont savoureux sans être succulens. Extr. des Syn. Fr. de M. l' Ab. Roubaud.
   Rem. De tous ces mots, le verbe est le seul, qui s' emploie au figuré, mais tout au plus dans le style médiocre: savourer les plaisirs.
   Lisez les Grecs; savourez les Latins.
       Rousseau.

SAUPIQUET


SAUPIQUET, s. m. [Sopikè: 3eè moy.] Sauce qui pique, qui excite l' apétit.

SAUPOUDRER


SAUPOUDRER, v. act. [So-pou-dré.] Poudrer de sel. = Par extention, poudrer d' autre matière, comme farine, poivre, etc. = Fig. "Pour répandre quelque intérêt sur son Almanach des curiosités de Londres, le voyageur (Coyer) l' a cru devoir saupoudrer de sentences et jugemens philosophiques. L' Ab. Royou.

SAUR


SAUR, adj. m. SAURER, v. act. [Sor, soré.] Saur est une contraction de saure, qui signifiait, jaûne, qui tire sur le brun, et qu' on dit encôre d' un cheval de cette couleur; saur se dit du hareng salé et à demi séché à la fumée. On dit aussi hareng sauret; et plusieurs écrivent sor, soret; mais saur est plus conforme à l' étymologie; et selon l' Acad. on l' écrit plutôt que sauret. La Touche voulait qu' on dit hareng soré de préférence comme étant le participe de sorer. L' Acad. avait d' abord mis ces mots avec un o: elle a préféré la diphtongue au dans les éditions suivantes.
   SAURER, faire sécher à la fumée: saurer des harengs.

SAUSSAIE


SAUSSAIE, s. f. [Socê: 2eê ouv. et long.] Lieu planté de saûles. Quelques-uns disent saulaie, dit M. de Wailli, ce qui serait plus analogue. Mais l' usage ne l' a pas admis. _ L' origine de saussaie vient de saulx qu' on a dit autrefois pour saûle. On a dit dabord saulsaie; et quand on n' a plus prononcé l' l, on a dit et écrit saussaie.

SAUT


SAUT, s. m. SAUTER, v. act. et n. SAUTERELLE, s. f. SAUTEUR, s. m. [, soté, terèle, teur: 1re lon. au 1er, dout. aux autres: 2eé fer. au 2d, e muet au 3e. Dans le verbe, l' au est long devant l' e muet: il saûte, saûtera: pron. Sôte, sôtera, etc.] Sauter, neutre; 1° S' élever de terre avec éfort, ou s' élancer d' un lieu à un aûtre: "Sauter de bas en haut, ou de haut en bâs; sauter par dessus une murâille: sauter à pieds joints, ou, à joints pieds. "Sauter de joie. "Il ne fait que danser et sauter. = Faire sauter s' emploie avec plusieurs noms: "Faire sauter un bastion; le renverser par une mine. Faire sauter son vaisseau ou, se faire sauter, en mettant le feu aux poûdres. Faire sauter la cervelle à quelqu' un, lui casser la tête d' un coup de pistolet. "Lui faire sauter un oeuil hors de la tête, par un coup qu' on lui porte, etc. = 2° Fig. Parvenir d' une place inférieure à une place supérieure, sans pâsser par celle du milieu. "Du dernier rang, il a sauté au premier. st. famil. = 3° Actif: Franchir: "Sauter un fôssé, les murâilles, la barrière, les degrés, les fenêtres, etc. = 4° Fig. style famil. Omettre. "Il a sauté deux lignes, deux feuillets, etc. "Tous ces menus récits m' ennuyent moi-même, sautons les, etc. Mariv.
   Rem. On dit fig. st. famil. d' une chôse claire et évidente, qu' elle saûte aux yeux. On le dit quelquefois avec le datif. "Cela ne vous saute-t-il pas aux yeux; et non pas, ne saûte-t-il pas à vos yeux? C' est une expression, qu' il ne faut pas répéter trop souvent. Le Marquis ridicule que Rousseau introduit dans les Aïeux chimériques, le répète à chaque phrâse, et en fait le refrein de tout ce qu' il dit.
   SAUT, moûvement par lequel on saûte: "Faire des sauts; n' aler que par sauts et par bonds. "Il s' élança tout d' un saut, ou d' un plein saut, ou de plein saut sur les bords du fôssé. Fig. Tout de suite, sans façon.
   À~ vous voir, on vous croit partir pour un assaut
   Et chez les gens ainsi s' en va-t-on de plein saut.
       Regnard.
= Au saut du lit, dès qu' on est levé. = Saut se dit aussi d' une chûte d' eau, qui se rencontre dans le courant d' une rivière. = Faire le saut.
   Sur mon honneur la terre a fait le saut.
   Et cette maison-ci sera bientôt vendûe.
   Ainsi, mariez-vous pour coucher dans la rûe.
       DEST. Le Dissipateur.
  SAUTEUR, qui saûte. "Bon sauteur. = Fig. et par ironie, on dit d' un homme, qui se vante de faire plus qu' il ne peut; que c' est un habile sauteur.
   SAUTERELLE, sorte d' insecte, qui ne s' avance qu' en sautant, d' où lui est venu le nom qu' on lui a doné.

SAUTILLEMENT


SAUTILLEMENT, s. m. SAUTILLER, v. n. [Soti-glie-man, glié: 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Ils expriment l' action de marcher en faisant de petits sauts. "Certains oiseaux vont par sautillement: ils sautillent au lieu de marcher. On le dit aussi des danseurs; et figurément de celui, qui change brusquement de matière dans ses discours, dans ses écrits. St. famil. ou critique.

SAUVAGE


SAUVAGE, adj. SAUVAGEON, s. m. SAUVAGIN, INE, adj. [Sovaje, jon, gein, gine: l' e dans le 2d est muet: il n' est mis là que pour donner au g un son doux, qu' il n' a pas devant l' o] Sauvage, 1°. féroce, farouche. "Animaux sauvages et carnaciers. "Je voudrois vivre dans un désert parmi les bêtes sauvages: elles sont plus fidèles que les hommes. L. F. Poème de S. Grégoire. = 2° Qui n' est pas aprivoisé. "Canard, oie, chat sauvage. = 3°. Désert, inculte: pays sauvage. = 4° Qui vit sans lois et presque sans religion, sans habitation fixe. "Les peuples sauvages. = S. m. Les sauvages de l' Amérique, etc. = 5° En parlant des persones en particulier; qui aime à vivre seul, qui évite la fréquentation du monde. "Il est fort sauvage: humeur, air, regard sauvage; manières sauvages. = 6° En parlant des plantes et des fruits; qui vient naturellement, sans qu' on prène soin de sa cultûre. "Olivier, figuier, pomier sauvage, laitûe, chicorée sauvage. = 7° Fig. en Gramaire, qui a quelque chose de rude, d' extraordinaire, qui choque l' usage: "Phrâse, construction sauvage, qui a quelque chôse de sauvage.
   SAUVAGERIE est un mot de Mde de G... "Elles ont toutes la niaiserie, la sauvagerie, la grossièreté, que peut doner une mauvaise éducation. Th. d' Éduc.
   SAUVAGEON; jeune arbre venu sans cultûre. "Sauvageon de belle venûe.
   SAUVAGIN, se dit d' un certain goût, d' une certaine odeur, qu' ont quelques oiseaux de mer, d' étang, de marais. "Cela sent le sauvagin; a un goût sauvagin. = Sauvagine, s. f. Oiseaux, qui ont un goût sauvagin. "Il y a beaucoup de sauvagine dans ce pays. "Cela sent la sauvagine.

SAûVE


SAûVE, Voy. SAUF.

SAûVE-GARDE


SAûVE-GARDE, s. f. [Sôvegarde: 1re lon. 2e et dern. e muet.] 1°. Protection acordée par le Prince, ou par ceux de ses grands oficiers, qui ont le droit de l' acorder. "Être ou mettre en la protection et saûvegarde de, etc. "Les Princes sont les Protecteurs nés de la Religion, comme la Religion est la sauve-garde inviolable des Princes. Bourdal. = 2°. Le garde, ou le soldat, qu' un Général, un comandant, envoie dans une maison, pour la garantir du pillage. = 3°. Placard, où sont les armoiries de celui, qui a accordé la saûve-garde.
   Rem. Au pluriel, saûve ne prend point d' s, parce que les verbes, qui entrent dans ces composés, sont indéclinables. "La discipline, la Police ne sont-elles pas les moyens d' entretenir l' ordre? Peuvent-elles devenir des sauves gardes, pour les atentats, qui le troublent? Ling. Je crois qu' il faut, des sauve-gardes. Voy. GARDE et PORTE. Un Avocat de Province a dit sauve-garder. C' est un barbarisme, même au Palais. "Les Magistrats établis pour sauve-garder l' honneur, la propriété, la sûreté de tous les citoyens.

SAUVER


SAUVER, v. act. *SAûVETÉ, s. f. SAUVEUR, s. m. [Sové, sôveté, so-veur: 1re dout. au 1er et au 3e, lon. au 2d: 2e é fer. au 1er, e muet au 2d, dont la 3e é fer. _ Dans le verbe, l' au est long devant l' e muet: il saûve, saûvera, etc. pron. sôve, sôvera, etc.] Sauver est 1°. garantir, tirer du péril. "Sauver une ville, son pays. Sauver de la corde, de l' infamie, de la misère. "J. C. nous a sauvés de l' esclavage du péché, de l' enfer, etc. = 2°. Outre sa signification ordinaire, ce verbe a divers aûtres sens: _ Excuser: "Ne pouvant sauver sa conduite, j' excusais ses intentions. _ Garder, observer: "Sauver les dehors, les aparences. _ Épargner: "Si vous étiez née à Paris, l' éducation vous aurait sauvé bien des ridicules. Coyer. "L' étonnement, où elle étoit de son état, lui sauvoit la moitié de sa douleur. Mariv. = Préserver de: elle n' avoit eu dessein que de sauver son imagination des dangers de la rêverie; et son âme active et sensible, des ennuis de l' oisiveté. Marmontel.
   Oui, cher Prince! ta mort, de tant de pleurs suivie,
   Met le comble aux vertus, dont tu fus revétu;
   Et saûve des écueils d' une plus longue vie
   Ta gloire et ta vertu.
       Rousseau.
  Tes yeux, sur ma conduite, incessamment ouverts,
  M' ont sauvé jusqu' ici de mille~ écueils couverts.
       Racine.
  Sauve-moi de leur malice!
  Mon amour pour ta justice
  Les soulève contre moi.
      Le Franc.
= Se sauver, faire son salut. "Il faut travailler à se sauver. = S' échaper. "Il s' est sauvé de prison. _ Se retirer. "Voici des importuns, je me sauve. = Aler chercher un asile. "Il s' est sauvé dans les pays étrangers. = Se dédomager. "Il done la marchandise à bon marché, mais il se saûve sur la quantité.
   SAUVEUR, celui qui saûve: libérateur. "Joseph, sauveur de l' Egypte, était la figure du Sauveur du monde.
   SAûVETÉ: l' état d' une persone qui est hors de danger. Mettre en saûveté, en lieu de saûveté. Il ne se dit plus que dans ces deux phrâses du stil. fam.

SBIRE


SBIRE, s. m. Nom des Archers de Rome. On l' emploie âilleurs par plaisanterie ou par mépris.

SCABELLON


SCABELLON, s. m. Petit piédestal, sur lequel on met des bustes, des girandoles.

SCABREUX


SCABREUX, EûSE, adj. [Ska-breû, breû--ze; et non pas eskabreû, 2e lon.] Rude, raboteux. "Chemin scabreux; route scabreûse. = Figurément, dangereux, dificile: sujet scabreux, matière scabreûse; emploi scabreux. Il est plus usité au figuré qu' au propre. "J' imagine un moyen, qui me paroit plaisant, mais il est scabreux. DEST.

SCALPEL


SCALPEL, s. m. [Skalpèl, et non pas eskapèl: 2e è moy.] Instrument qui sert à disséquer.

SCANDALE


SCANDALE, s. m. SCANDALEUX, EûSE, adj. SCANDALEûSEMENT, adv. SCANDALISER, v. act. [Prononcer skandale, et non pas eskandale: 3ee muet au 1er, lon. aux 3 suiv, le, leû, leû-ze, leû-zeman.] Scandale, ocasion de chûte, de péché. "La prédication de la Croix fut un scandale pour les Juifs. Pierre de scandale: c' est une expression consacrée. = 2°. Parole, action qui porte au péché. "Il ne faut pas doner de scandale. Éviter le scandale: ôter, empêcher, réparer le scandale. = 3°. Indignation qu' on a des mauvais discours, des mauvaises actions. "Il avança des propositions impies, au grand scandale de ceux qui l' écoutaient. = 4°. Éclat que fait une chôse qui est honteûse à quelqu' un. "Cette afaire est d' un grand scandale: caûse un grand scandale. Conduire un prisonier sans scandale.
   ...Tout est perdu, Citron
   Votre chien, vient là bas de manger un chapon.
   Qu' on se mette après lui, courez tous. - - - - Point de bruit....
   Un amené sans scandale sufit.
       Les Plaideurs.
  SCANDALEUX, qui cause du scandale. Il se dit des persones et des chôses. Pécheur, discours scandaleux. Conduite, proposition scandaleûse.
   SCANDALEûSEMENT; d' une manière scandaleûse. "Vivre scandaleûsement.
   SCANDALISER; doner du scandale. (n°. 2°.) "Vous avez scandalisé tout le monde. = Se scandaliser, prendre du scandale, (n°. 3°.) Il ne faut pas se scandaliser si aisément: il se scandalise de tout.

SCANDER


SCANDER, v. act. [Skandé, et non pas eskandé: 1re lon. 2e é fer.] Mesurer, en parlant des vers latins et grecs, composés de longues et de brèves, qui forment ce qu' on apèle des pieds.

SCAPULAIRE


SCAPULAIRE, s. m. [Scapulère, et non pas eskapulère: 3e è moy. et lon. 4e e muet.] 1°. Pièce d' étofe, qui descend depuis les épaules jusqu' en bas, tant par derrière que par devant, et que plusieurs Religieux portent sur leur habit. = 2°. Deux petits morceaux d' étofe bénite, joints par un ruban, pour les pouvoir porter sur le corps.

SCARIFICATION


SCARIFICATION, s. f. SCARIFIER, v. act. Termes de Chirurgie. Ils expriment l' action de déchiqueter la chair.

SCARLATINE


SCARLATINE, adj. f. [Skarlatine, et non pas eskarlatine.] Il se dit avec fièvre. Qui est acompagnée de rougeurs à la peau.

SCÉANCE


SCÉANCE, voy. SÉANCE.

SCEAU


SCEAU, SCEL, s. m. SCELLEMENT, s. m. SCELLÉ, s. m. SCELLER, v. act. SCELLEUR, s. m. [So, sèl, sèleman, sélé, , leur: 1re dout. au 1er, lon. au plur. sceaux: è moy. au 2d et 3e, é fer. aux aûtres. = Plusieurs prononcent mal-à-propos Séo. On doit écrire sceau avec un c, pour le distinguer de seau à puiser de l' eau.] Sceau est un grand cachet, qui sert à faire des empreintes sur des expéditions, pour les rendre authentiques.
   Voici ce même sceau, dont Ninus autrefois
   Transmit aux Nations l' empreinte de ses lois.
       Volt.
En termes de Chancellerie, on dit scel, qui est l' ancien mot, et d' où dérivent le verbe et les substantifs. = Sceau est beau au figuré. "Le Citoyen obscur, en imitant la licence des grands, croit mettre à ses passions le sceau de la grandeur et de la noblesse.
   Par-tout je vois empreint le sceau de ta sagesse.
       Le Franc.
  La mort, la seule mort met le sceau véritable
  Aux grandeurs des humains.
      Rouss.
"Le tems qui mûrit les opinions des hommes, a mis le sceau à sa réputation (de Louis XIV.) Volt.
   SCELLER, c' est, 1°. Apliquer le sceau à une lettre de Chancellerie, etc. = Il s' emploie élégamment au figuré. "Sceller un traité de paix par une alliance. "La Religion a été scellée et cimentée par le sang des martyrs. Trév. "Tous ceux (les ouvrages) qu' il avoit scellés du sceau de son aprobation, devoient aller à l' immortalité. Marmontel. = 2°. Atacher une pièce de bois ou de fer dans une murâille avec du plâtre ou du plomb. "Sceller des gonds, des crampons, etc. Les sceller en plomb, en plâtre.
   Scellé et Scelleur se disent dans le 1er sens du verbe. _ Sceau qu' on apôse à des serrûres, à un cabinet, par autorité de Justice. _ Oficier qui scelle. = Scellement se dit dans le 2d sens. Action de sceller dans la murâille.

SCÉLÉRAT


SCÉLÉRAT, ATE, adj. SCÉLÉRATESSE, s. f. [Séléra, rate, ratèce: 1re et 2de. é fer. 4e e muet au 2d, è moy. au 3e.] Scélérat, méchant, pervers. Homme, esprit scelérat, âme scélérate: procédé scélérat, action scélérate. = S. m. "C' est un scélérat, un vrai, un franc scélérat. = Scélératesse, méchanceté noire, action de scélérat. "Il y a de la scélératesse dans ce procédé. "C' est une scélératesse horrible.

SCELLÉ


SCELLÉ, SCELLEMENT, SCELLER, etc. Voy. SCEAU.

SCèNE


SCèNE, s. f. SCÉNIQUE, adj. [Sène, sé--nike: 1re è moy. au 1er, é fer. au 2d.] Scène, est 1°. la partie du Théâtre où les Acteurs représentent. "Paraitre sur la scène. "Dans l' Ami des Enfans, on ne les met en scène qu' avec eux-mêmes , leurs parens, les compagnons de leurs jeux. Ann. Litt. _ On le dit figurément, d' un homme qui est dans un poste, dans un emploi élevé. = 2°. Une des divisions d' un poème dramatique. Acte 1er, scène 3e.
   On dit proverbialement: il ne faut point doner de scène au Public; faire parler de soi mal-à-propôs.
   Moi, j' aime fort Valère, et je vois avec peine,
   Qu' il se soit anoncé par doner une scène.
       Gresset.
  Coment, Mademoiselle,
  Allez-vous nous donner une scène nouvelle,
  Et vous dédire ici, comme vous avez fait,
  En cinq ou six projets qui n' ont point eu d' éfet?
       DEST. le Glor.
"Nous avons vu ici de fort jolies scènes (ironiquement) ce sera quelque chôse de curieux, que d' en voir le dénouement. Cic. à Atticus; Mongault. = Ouvrir la scène, comencer. "Nos troupes marchent vers Cologne: c' est M. de Luxembourg qui doit ouvrir la scène. SÉV.
   SCÉNIQUE, qui a raport à la scène, au Théatre. "Les jeux scéniques des Anciens.

SCEPTICISME


SCEPTICISME, s. m. SCEPTIQUE, adj. et subst. [Sèpticisme, tike: 1re è moy. dern. e muet.] Ils se disent d' une Secte qui doutait de tout. "On afiche aujourd' hui le scèpticisme: on adopte, ou l' on fait semblant d' adopter une Philosophie Sceptique, de suivre les principes des Sceptiques. "Ces hommes qui dogmatisent avec hauteur, en se donnant pour Sceptiques. PAL. _ Ils sont synonymes de Pyrrhonisme, Pyrrhonien.

SCèPTRE


SCèPTRE, s. m. [1re è moy. 2e e muet.] Bâton de comandement, qui est une marque de la Royauté. "Il avait la courone sur la tête et le scèptre à la main. = On dit, figurément, depuis le Scèptre jusqu' à la Houlette: depuis les Rois jusqu' aux Bergers. = Plus figurément encôre, scèptre se dit pour autorité, empire. "Le Scèptre des Barbâres pesoit sur l' Europe et sur le monde entier. Pastoret. "Point de ces aveugles prédilections pour certains enfans, qu' on idolâtre, tandis~ que~ le scèptre pèse sur d' aûtres, qu' on tyrannise. L' Abé Du-Serre-Figon.

SCHISMATIQUE


SCHISMATIQUE, adj. SCHISME, s. m. [La 1re est muette: Chis-matike, chis-me.] Schisme, séparation de communion d' une certaine Religion. Schismatique, qui fait schisme, qui est dans le schisme. = Ils n' ont d' usage qu' en matière de Religion. Le Père Lamy parle du schisme entre la raison et les passions. Le mot est impropre. = Le schisme est dans l' Eglise, ce que la révolte est dans l' État. C' est donc mal parler, que de dire, que les Pasteurs font schisme, en condamnant les hérétiques: ce sont les hérétiques qui doivent être acusés de schisme, lorsqu' ils se séparent du corps des Pasteurs, et qu' ils refusent de leur obéir.

SCHOLASTIQUE


SCHOLASTIQUE, voy. SCOLASTIQUE,

SCIAGE


SCIAGE, s. m. SCIE, s. f. SCIER, v. act. [Ci-age, ci-e, ci-é, ci-eur, ci-ûre; dern. e muet aux deux prem. é fer. au 3e.] Scie, lame de fer longue et étroite, tâillée ordinairement d' un des côtés en petites dents. Les scies dont on se sert pour scier le marbre, n' ont point de dents. = Scier, couper avec une scie, en parlant du bois, de la pierre, du marbre; ou, avec une faucille, en parlant des blés. = Sciage, le travail, l' ouvrage du scieur, de celui dont le métier est de scier. = Sciûre, ce qui tombe du bois, quand on le scie.

SCIATIQUE


SCIATIQUE, adj. et subst. f. [Ci-atike.] La Sciatique, ou la goutte sciatique, goutte qui s' atache principalement à la hanche et à l' emboitûre des cuisses.

SCIEMMENT


SCIEMMENT, adv. SCIENCE, s. fém. SCIENTIFIQUE, adj. SCIENTIFIQUEMENT, adv. [Ci-aman, cian-ce, ci-antifike, fike--man: 1re du 2d et 2e du 3e et du 4e lon.] Science est 1°. en général, la conaissance qu' on a de quelque chôse. "Cela pâsse ma science: "Je sais cela de science certaine. L' emploi de ce mot n' est pas fort étendu en ce sens. = 2°. Conaissance fondée en principes. "Aquérir de la science. S' adoner aux sciences: posséder une science à fond. = 3°. Par extension: la conaissance des chôses dont on est bien instruit. "La science du monde, de la cour, du gouvernement. "La science du salut. = Dans ce dernier sens, il régit quelquefois de et l' infinitif. "Toutes ces Nations se formèrent dans la science de se batre et de se détruire. RAYN. Le Père Marion dit de Cromwel.
   Celui-ci possédoit la science profonde
   De captiver les coeurs et d' imposer au monde.
Remarquez le mot science, faisant trois syllabes: c' est ce nombre qu' il a en vers. Un Poète moderne ne lui en done que deux; mais mal, à mon avis.
   Et flater l' univers par ta nouvelle science.
       L' Observatoire volant.
Il y a une syllabe de trop dans ce vers.
   SCIEMMENT, le sachant bien; avec conaissance de caûse. "Il l' a fait sciemment. _ Avec le verbe parler, on dit savamment. _ Sciemment n' est que du style simple.
   SCIENTIFIQUE, qui concerne les sciences abstraites et sublimes. "Matières, questions scientifiques.
   SCIENTIFIQUEMENT, d' une manière scientifique. "Il a traité cette matière scientifiquement.
   Rem. Cet adjectif et ce dernier adv. sentent un peu trop, à mon avis, le pays latin. L' Académie dit de scientifique, qu' il est du style fam. (j' ajouterais, dans les Collèges) et du style de formule. J' avoûe que je ne devine pas de quelle espèce de formule elle veut parler.

SCIER


SCIER, SCIEUR. Voy. SCIAGE.

SCINTILLATION


SCINTILLATION, s. f. [Sein-til-la--cion: prononcer les deux ll sans les mouiller.] Étincellement des étoiles. Ce mot n' est en usage que parmi les Savans.

SCION


SCION, s. f. [Cion, en vers ci-on.] Petit rejeton tendre et pliable d' un arbre, d' un arbrisseau.

SCISSION


SCISSION, s. f. [Ci-cion: en vers; ci--on.] Séparation, division dans un État. = Partage des voix dans une compagnie.

SCISSURE


SCISSURE, s. f. Néologisme. Fente. "D' autres maisons ont reçu de grands dommages du tremblement de terre, par des scissures três-larges. Journ. Polit. de Gen. "Les secousses ont fait des scissures larges dans les murs les plus épais. Ibid.

SCIûRE


SCIûRE. Voy. SCIAGE.

SCOLARITÉ


SCOLARITÉ, s. f. SCOLASTIQUE, adject. SCOLASTIQUEMENT, adv. SCOLIE, s. fém. SCOLIASTE, s. m. [On écrivait autrefois ces mots avec une h: scholarité, etc.] Le 1er ne se dit qu' avec droit et lettres: c' est le droit qu' ont les Écoliers de l' Université d' en réclamer les privilèges. * Un Traducteur de Swift a employé Scolare, synon. de Pédant: c' est un terme de Collège. Scolastique, qui apartient à l' école. "Théologie Scolastique, par oposition à Théologie Morale ou Positive, ou Dogmatique. = S. f. On dit, la Scolastique, pour la Théologie Scolastique. = S. m. Celui qui a traité de la Théologie Scolastique. "Vous n' avez pas un seul Scolastique à citer pour votre opinion. "Tous les Scolastiques conviènent, etc. = Scolastiquement, d' une manière scolastique. "Il écrit, il prêche, il procède scolastiquement.
   SCOLIE, note de gramaire ou de critique, pour servir à l' intelligence des Auteurs Classiques. = Scoliaste, qui a fait des scolies. L' Académie ajoute, sur quelque ancien Auteur Grec. Les Scoliastes d' Homère.

SCORPION


SCORPION, s. m. Insecte vénimeux, dont le venin se comunique par la blessûre qu' il fait avec sa queûe.

SCORSONèRE


SCORSONèRE, s. f. [3e è moy. 4e e muet.] Sorte de plante médicinale, dit l' Académie. Elle est aussi potagère, et fort estimée. On en mange la racine aûtrement que par remède.

SCRIBE


SCRIBE, s. m. Parmi les Juifs, Docteur qui interprétait la Loi au Peuple. = Parmi nous (en st. fam. et un peu de mépris) homme qui gâgne sa vie à copier, à écrire.

SCROFULE


SCROFULE, s. f. SCROFULEUX, EûSE, adj. Termes de Médecine. Le 1er est synon. d' écrouelles: le 2d se dit de l' humeur qui cause cette maladie. "Sang scrofuleux, humeur scrofuleûse.

SCRUPULE


SCRUPULE, s. m. SCRUPULEUX, EûSE, adj. et subst. SCRUPULEûSEMENT, adv. [3e lon. aux 3 dern. leû, leû-ze, leû-zeman: 4e e muet.] Scrupule est, 1°. petit poids de 24 grains. = 2°. Inquiétude, peine de conscience, qui fait regarder comme faûte, ce qui n' en est pas une, ou comme faûte três-grande, ce qui n' en est qu' une légère. "Elle a beaucoup de scrupules: elle est dévorée de scrupules. "Ce qui vous tourmente est un scrupule mal fondé. = 3°. Grande exactitude, ou en matière de moeurs, ou en matière d' ouvrages. Exact jusqu' au scrupule. "Je me ferais un scrupule de le dire, de le faire. "Je lui ai fait un scrupule de son luxe. = 4°. Reste de dificultés, qui restent dans l' esprit aprês l' éclaircissement d' une question, d' une afaire. "Il me reste encôre là-dessus quelques scrupules.
   SCRUPULEUX, 1°. qui est sujet à avoir des scrupules. "Il est scrupuleux; elle est fort scrupuleûse. _ Subst. "C' est un scrupuleux, une scrupuleûse. = 2°. Três-exact: recherche scrupuleûse, exactitude scrupuleûse.
   SCRUPULEûSEMENT, d' une manière scrupuleûse (n°. 2°.) "Il examine tout scrupuleûsement.

SCRUTATEUR


SCRUTATEUR, s. m. C' est un mot consacré dans le langage de la Religion, où l' on apèle Dieu, scrutateur des coeurs.
   Dieu scrutateur, rends justice
   Aux amis de l' équité.
       Le Franc.
M. l' Abé Du bos et M. Linguet l' ont employé dans des matières littéraires; mais le 1er le met en italique, comme un mot qu' il hazarde en cet endroit. "L' oeil est un censeur plus sévère, et il est pour un poème un scrutateur plus subtil que l' oreille. _ M. Linguet s' en sert tout uniment comme d' un mot usité dans le langage ordinaire; et il l' emploie adjectivement. "C' est ce qui devient palpable sous le crayon scrutateur de M. du Rocher. = Scrutateur se dit aussi de celui, qui est préposé à la vérification d' un scrutin. "Dans l' élection des Papes, il y a toujours trois Cardinaux scrutateurs. * Des Auteurs modernes ont risqué scruter, aprofondir. "Scruter les causes d' un phénomène de morale si intéressant. M. le Marquis de C.... "Alexandre se mit à scruter s' il n' avoit pas été excité à ce forfait par le courroux des Dieux. L' Abé Mignot, Traduct. de Q. C. "Les Anges même du désert, quand ils scrutent leurs actions et leurs pensées avec l' oeil de la vérité éternelle, ne se regardent plus que comme des coupables, dignes des vengeances du Ciel. L' Abé Du-Serre-Figon. "Nous ne craignons point de scruter en public une âme aussi pure. Or. Funèbre de M. Leger. Ce mot a besoin du sceau de l' usage.

SCRUTIN


SCRUTIN, s. m. [Skru-tein, et non pas èskrutein.] Élection par sufrages secrets. "Élire par scrutin. "Il a eu tous les sufrages au premier scrutin.

SCULPTER


SCULPTER, v. act. SCULPTEUR, s. m. SCULPTûRE, s. f. [2e é fer. au 1er, lon. au 3e.] Sculpter; c' est tâiller quelque figûre en marbre, pierre, bois, etc.Sculptûre, l' art de sculpter. * M. Dandré-Bardon a forgé sculptural, et il demande permission de hazarder ce terme. "Dans leurs ordonances sculpturales.
   Rem. Plusieurs écrivent et prononcent, sculter, etc. sans p; mais mal.

SCURRILE


SCURRILE, adj. SCURRILEMENT, adv. SCURRILITÉ, s. f. Ces mots sont tout-à-fait latins. Ils se disent d' une plaisanterie boufone. _ L' Académie les aprouvait d' abord: dans la dernière édition, elle ne met que le substantif, sans remarque. C' est le seul, en éfet que l' usage ait maintenu. Les aûtres pourraient trouver place dans le burlesque ou le critique mordant.

SE


SE, pronom. Il sert d' acusatif et de datif au pronom pers. de la 3e persone. Il sert aussi à conjuguer les verbes réciproques: il se flate; elle se pâre; ils se batent; elles se querellent: il se promet beaucoup de plaisir: elle s' est doné un coup, etc.
   Rem. Aûtrefois on plaçait plus volontiers ce pronom devant le verbe régissant, auquel il n' apartenait pas, que devant le verbe régi, auquel il apartenait. "Il se peut faire; au lieu de, il peut se faire. "Votre idée se sait toujours faire place. Sév. pour, sait toujours se faire place.
   Viens, suis-moi, la Sultane en ce lieu se doit rendre.
       Bajazet.
Pour, doit se rendre. = Presque tous nos Écrivains d' aujourd' hui se font une loi de placer immédiatement ces pronoms me, te, se devant l' infinitif qui les régit. M. l' Abé d' Olivet trouvait que l' un était aussi bon que l' aûtre. M. de la Motte jugeait au contraire le nouvel usage meilleur de beaucoup. Il est en éfet plus analogue au génie de la langue, qui est de raprocher tant qu' elle peut les mots qui ont relation entre eux. Ce dernier sentiment parait avoir prévalu: mais si habituellement on doit le suivre, on peut, pour la variété, ou pour la mélodie, s' en écarter quelquefois.

SÉANCE


SÉANCE, s. f. SÉANT, adj. et s. m. [1re é fer. 2e lon.] Séance est 1°. le droit de s' asseoir, de prendre place dans une compagnie réglée. "Prendre, avoir séance: charge qui done séance au Parlement, etc. = 2°. Le tems pendant lequel une compagnie est assemblée. "La séance dura long-tems: cette afaire a ocupé plusieurs séances. = Fig. (st. fam.) on dit séance de table, de jeu; et qu' on a tenu, ou fait une longue séance, qu' on y a été long-tems. = * On donait autrefois à ce mot le sens de, action de s' asseoir, ou état de celui qui est assis. "En votre marcher, en votre séance, en tous vos mouvemens, rien ne se fasse qui atire aucun à convoitise. S. Fr. de S. "La séance de J. C. dans les Cieux. Boss.
   SÉANT, adj. qui est assis. L' emploi de ce mot est fort borné. "Le Roi séant en son lit de justice. "Du tems que le Pape était séant à Avignon. Cela sent le style du Palais, et ne vaudrait rien dans le style relevé. {C537a~} = S. m. La postûre d' un homme, qui est assis dans le lit. "Être ou se mettre en son séant, sur son séant.

SEAU


SEAU, s. m. [So, et non pas sé-o: plur. seaux: prononcez ; l' o est long: il est douteux au sing.] Vaisseau propre à puiser de l' eau; seau de bois; ou à la porter, aprês l' avoir puisée: seaux d' osier, dont on se sert dans les incendies; ou, aprês l' avoir rempli d' eau, à y mettre une bouteille, pour rafraichir le vin, les liqueurs: seau d' argent, de porcelaine, etc. = Seau se prend aussi pour le contenu: un seau d' eau. = Style proverbial: "Il pleut à seaux, à verse: il pleut fort.

SèC


SèC, SèCHE, adj. SèCHE, s. f. SèCHEMENT, adv. SèCHER, v. act. et neut. SèCHERESSE, s. f. [1re è moy. excepté dans les tems du verbe dont la terminaison est masculine, et où l' é est fer. Sécher, il séchait, nous séchions, séchant, etc. Devant l' e muet, la 1re est un è moy. Il sèche, il sèchera, etc. = On a écrit autrefois, et quelques-uns écrivent encôre aujourd' hui;seiche, seicher, etc.] Sec est 1°. qui a peu, ou qui n' a point d' humidité. "Terrein Sèc. "Herbes sèches. "L' été a été fort sèc; il n' y a pas eu de pluie. "Avoir un tempérament sèc. = 2°. Qu' on a fait sécher. "Fruits, raisins sècs; confitûres sèches. = 3°. Qui n' est pas moite, mouillé. "Avoir le gosier sèc; la bouche, la langue sèche. "Plier du linge quand il est bien sèc. "Avoir la peau sèche. "Les chemins sont sècs; les rûes sont sèches. = 4°. En parlant des persones et de ce qui y a raport: dur, qui n' est point afable, gracieux: "Cet homme est bien sèc; il a les manières bien sèches; il nous a fait un compliment fort sèc. "Réponse, réprimande sèche. = 5°. En parlant des Auteurs et de leurs ouvrages: style sèc, dépourvu d' ornemens. Auteur, Poète sèc, qui n' est ni abondant en pensées, ni riche en expressions. Matière sèche, qui ne fournit pas. = 6°. S. m. "Le sèc et l' humide. Voy. VERD. = 7°. Sèc, adv. "Boire sèc, sans eau.
   Vous buvez sèc, dit-on, moi je n' y laisse rien.
       DEST. le Glor.
_ Répondre, parler sèc à, etc. Sèchement. = À~ sèc, adv. Être à sèc: "À~ droite est un puits, qui est à sèc; où il n' y a point d' eau. _ Figurément, le Poète est à sèc, il ne sait plus que dire. = Mettre {C537b~} à sèc: épuiser. "Mettre un étang, un fossé à sèc. "Ses profusions mirent ses cofres à sec. D' AVR. Destouches dit sèc, pour à sèc. "Il ala risquer cette somme sur deux ou trois cartes: il fut sèc, en moins de tems que je ne vous en parle. Dans le style famil. on dit l' un et l' aûtre: mais à sèc vaut mieux. _ Regnard dit aussi: il est sèc, pour, il est à sèc.
   SèCHE, poisson de mer qui jette une liqueur noire, et qui a sur le dôs un ôs dur et lisse
   SèCHEMENT, 1°. En lieu sec: "Il faut tenir les confitûres sèchement. L' usage en est borné en ce sens. = 2°. D' une manière sèche, rebutante, rude, incivile. "Parler, répondre sèchement.
   SèCHER, act. Rendre sèc. "Le Soleil sèche les prairies: le vent a séché les chemins. = Mettre à sèc. "La chaleur a séché les ruisseaux. _ Figurément, sécher les larmes, consoler. = V. n. Devenir sèc. "Les arbres sèchent: cela sèche trop: ne le laissez pas tant sécher. = Sécher sur pied se dit au propre, des arbres; et au figuré, d' une persone qui se consume d' ennui, de tristesse. * Rousseau dit, sécher sur le pied: Nous séchions sur le pied: retranchez le. = On dit aussi, sécher d' ennui, de langueur, de tristesse, etc. "Pompée en sèche de dépit. Cic. à Atticus. Mongault: et sécher de douleur avec de et l' infinitif. "Je sèche de douleur de voir périr des âmes, pour lesquelles J. C. a répandu son sang. Lettres Édifiantes. * La Baumelle dit sécher tout seul, ce qui n' est pas bien. "Elle voyoit la vertu, et séchoit de l' avoir abandonée.
   SèCHERESSE; état, qualité de ce qui est sèc. Il se dit au propre et au figuré. "La sècheresse de la terre, de la langue. "Il a fait une grande sècheresse cette année. "Il y a beaucoup de sècheresse dans ce discours, dans cet ouvrage, dans cet Auteur. Voyez SèC. = Sècheresse se dit quelquefois en matière de piété, et signifie l' état d' une âme qui ne sent point de consolation dans les exercices de la dévotion. "Dieu la laissa long--tems dans cet état de sècheresse, pour l' éprouver, pour la purifier.

SECOND


SECOND, ONDE, adj. et subst. SECONDAIRE, adj. SECONDEMENT, adv. SECONDER, v. act. [Le c se prononce comme un g, sur-tout dans la conversation Acad. Se--gon, gonde, dère, deman, : 1re e muet, 2e lon. 3e e muet au 2d et au 4e, è moy. au 3e, é fer. au dern.] Second ou deuxième, qui est immédiatement aprês le premier. "Au second rang; à la seconde place. "En second lieu, une seconde fois. = * Sans seconde, à nulle aûtre seconde; vieilles locutions poétiques. = S. m. "Il est le second. _ Fig. celui, qui aide: vous avez un bon second. = S. f. La 60e partie d' une minute. = La seconde classe dans un Collège.
   SECONDAIRE, accessoire; motifs, preuves, raisons secondaires. = S. m. Dans quelques Provinces, Vicaire de Paroisse. _ Petit employé dans les Fermes du Roi.
   SECONDEMENT, en second lieu. "Je dis secondement que, etc.
   SECONDER, aider, servir. "On ne l' a pas secondé: il n' a pas été secondé: je vous seconderai. = Favoriser: seconder les voeux, les desirs, les intentions de, etc. "La Fortune seconde tous ses voeux: cet enfant ne seconde pas les bons desseins de son père. * Aûtrefois, Égaler; être le second aprês.
   Mais, puisque le reste du monde
   N' a rien de beau, qui vous seconde.       VOIT.

SECOUER


SECOUER, v. act. SECOûMENT, adv. [Se-kou-é, koûman: 1re e muet au 1er; 2e lon. au 2d. _ On écrivait aûtrefois secouement et plusieurs l' écrivent encore de même.] Secouer, au propre, remuer, ébranler. "Secouer un arbre, un manteau, un tapis. Secouer la tête en se moquant de quelqu' un. Fig. st. famil. la maladie l' a bien secoué, bien tourmenté. _ En st. prov. Secouer les oreilles, se moquer, ne pas tenir compte de ce qu' on nous dit. = Fig. Se défaire, se débarrasser: secouer le joug de la tyranie; des passions. "Dès qu' on a secoué le joug de la Foi, on secoue bientôt celui de tous les devoirs. L' Ab. Reyre, Éc. des Dem. _ Et absolument, secouer le joug; se rendre indépendant. "Ce jeune homme a secoué le joug.
   SECOûMENT, action de secouer. "Il répondit par un secoûment de tête. _ L' usage de ce mot est borné à cette expression.

SECOURABLE


SECOURABLE, adj. *SECOURANT, ANTE, adj. SECOURIR, v. act. SECOURS, s. m. [Se-kou-rable, ran, rante, rir, se--koûr: 1re e muet: 3e lon. au 2d et au 3e.] Secours, aide, assistance dans le besoin. "Aller, courir au secours de. "Préter, doner secours à. "Acorder, obtenir, refuser, mendier du secours. Demander, implorer le secours de, etc.
   Souviens-toi qu' en ton nom,
   Tu veux que l' homme espère!
   Ce nom, dans ma misère,
   Est un puissant secours.
       LE FRANC.
  L' autre pour se parer de superbes atours,
  Des plus adroites mains empruntoit le secours.
       ESTHER.
= Il se prend plus particulièrement pour les troupes qu' on envoie au secours. "Le secours est entré dans la place. = Église bâtie pour la décharge d' une Paroisse. On dit plus ordinairement sucursale.
   Rem. Secours a un sens tantôt actif; mon secours vous est inutile; tantôt passif: venez à mon secours. VAUG. = Au secours, adv. régit le génitif; ou les pronoms possessifs. "Il acourut au secours de son frère, à son secours. _ Il se dit quelquefois sans régime: crier au secours; et même sans verbe, et comme interjection. Au secours! Au secours! À~ l' aide! à l' aide!
   SECOURIR se conjugue comme courir. Quelques Auteurs, comme le P. d' Avrigni, le Président Hénaut, ont écrit, je secourrerai, il secourreroit; M. Targe écrit secoureroit, Marivaux dit, au présent de l' Indicatif, je secoure. Mde de G... dit aussi: il secoure les malheureux. Th. d' Éduc. Tout cela est contre l' Usage: Voy. COURIR. = Aider, Assister. "Secourir les paûvre, ses amis, ses parens. "Il faut secourir de son superflu, ceux qui manquent du nécessaire. Il a été secouru bien à propôs.
   SECOURABLE, qui aime à secourir les aûtres. * Secourant, qui secourt. "Homme secourable aux indigens. "Tendre une main secourable. "La charité ne serait ni plus atentive, ni plus secourante. _ Celui-ci est un néologisme.

SECOUSSE


SECOUSSE, s. f. [Se-kou-ce: 1re et dern. e muet.] Agitation, ébranlement de ce qui est secoué. "Rude, violente secousse. "Les secousses, que done un cheval, un carrosse, etc. "Les secousses d' un Tremblement de terre. = Fig. "La colique, la fièvre, lui a doné une rude secousse. "Les ressorts de l' éloquence, qui font éprouver à l' âme des secousses, qui la maitrisent. "L' Angleterre donait le mouvement à toutes ces secousses de l' Europe. Volt. "La France, ni l' Espagne ne peuvent être en guerre avec l' Angleterre, que cette secousse donée à l' Europe ne se fasse sentir aux extrémités du monde. Id.

SECRèT


SECRèT, s. m. SECRèT, ÈTE, adj. SECRèTEMENT, adv. [Vaugelas voulait qu' on prononçât segret; l' Acad. est pour secrè, secrète, secrèteman: 2e è moy.] Secrèt; ce qui n' est su que de peu de persones: "C' est un secret. "Confier, découvrir, révéler, deviner un secrèt. Manquer au secrèt. Trahir le secrèt. Garder le secrèt. Dire une chôse à quelqu' un dans le secrèt. Avoir le secrèt de quelqu' un, le savoir.
   Et quoique l' on m' ordone un silence discret,
   Je sens bien que pour vous je n' ai point de secret.
       DEST. Le Glorieux.
= En secrèt, adv. sans témoins, est de tous les styles; mais en grand secrèt n' est que du style familier. Fénélon a employé celui-ci dans le Télémaque: l' expression ne me parait pas assez noble. = 2°. Moyen conu de peu de persones pour produire de certains éfets. "Doner, comuniquer, vendre un secrèt. "Cet homme a de beaux secrèts. Le secrèt d' améliorer les terres par le fumier, était conu des Grecs. = Par extension, moyen de réussir. Il régit de et l' infinitif. "Le secrèt de plaire, de parvenir, etc.
   .......Cet homme odieux
   A trouvé tellement le secret de lui plaire,
   Qu' il a même changé son heureux caractère.
       Palissot.
  SECRèT, ÈTE, dit des chôses; qui n' est conu que d' une ou de peu de persones. "Dessein secrèt, afaire, résolution secrète. "Ressorts secrèts; depenses secrètes. = Dit des persones; qui sait se taire et garder le secrèt. "Cet homme est fort secrèt, celui-ci n' est guère secrèt. _ Proverbialement; il est secrèt comme un coup de Canon, comme le tonerre. = Il suit ou précède au gré de l' Orateur ou du Poète.
   Quel son me frape? Une voix tendre
   Sort de ces bocages secrets.       GRESSET.
D' autres ont dit secrets bocages.
  De secrettes beautés, quel amâs innombrable!
       Poème de la Religion.
Secret et clandestin ne sont pas synonimes en fait de mariage. Le défaut de formalités rend le mariage clandestin et le fait déclarer nul et abusif; mais un mariage célébré dans toutes les formes peut être tenu secret, et s' il l' est jusqu' à la mort des conjoints; l' Ordonance de 1689 le punit par la privation des éfets civils.
   SECRèTEMENT, en secrèt, d' une manière secrète. "Il le fit avertir secrètement. _ Sans être aperçu: il se glissa secrètement dans la chambre. = Secrètement, en secret (Synon.) Ces deux mots, qui se ressemblent beaucoup, ne doivent pourtant pas se confondre; et il y a des endroits où l' un est plus propre que l' aûtre. On dit, par exemple, parler à quelqu' un en secret, et non pas secrètement. "Tout ceci s' est passé en secret. Là secrètement ne serait pas si bien. Mais aussi en secret serait mal dans les exemples suivans: "Il trouva moyen de sortir secrètement de Syracuse: "Il faut conduire l' afaire secrètement. "Ayant pris secrètement ses mesûres. "L' orgueil se glisse secrètement dans un coeur, etc. BOUH. Rem. Nouv. L' Acad. semble confondre ces deux expressions. L. T. Il parait pourtant que la distinction de Bouhours est fondée. Il n' en done pas le principe. Je crois que secrètement a un sens plus actif, et qu' il s' unit mieux aux verbes qui expriment le moûvement et l' action. = M. l' Ab. Roubaud y trouve une autre diférence. Ce que vous faites secrètement, dit-il, vous le faites à l' insu de tout le monde, de manière que votre action est absolument~ ignorée: ce que vous faites en secret, vous~ le faites en particulier, en sorte que la chose se passe sans témoins. Vous faites en secret beaucoup d' actions naturelles et légitimes, que la bienséance ne permet pas de faire devant tout le monde: mais vous ne les faites pas secrètement; car vous ne vous en cachez pas. Dans votre cabinet, vous traitez en secret d' une afaire; mais vous n' en traitez pas secrètement, si l' afaire n' est pas un secret. Vous trameriez secrètement un complot: vous faites en secret une confidence. = Au milieu d' un cercle, vous parlez à une persone en particulier et tout bas: vous ne lui parlez pas secrètement; car on voit que vous lui parlez: vous lui parlez en secret; car on n' entend pas ce que vous lui dites, etc. Extr. des Syn. Fr.

SECRÉTAIRE


SECRÉTAIRE, s. m. SECRÉTAIRERIE, s. f. SECRÉTARIAT, s. m. [Sekrétère, tère--rie, tari-a: 1re e muet; 2eé fer. 3e è moy. au 1er et au 2d. = Il est peu de mots, qui aient été écrits de plus de manières: Sécrétaire, Secrétaire, Sécretaire, Secretaire, Segretaire. Le dernier est de Malherbe. L' Acad. a adopté le 2d, qui est le plus autorisé.] Secrétaire, celui, dont l' emploi est de faire des lettres, des dépêches pour celui dont il dépend. Secrétaire d' État, des comandemens, du Cabinet; d' un Prince, d' un Ambassadeur, de l' Ambassade; d' un Concile, d' une Compagnie, d' une Académie.
   Avez-vous eu le soin de voir mon Secrétaire?
   Allez lui demander si je sais votre afaire.
       Les Plaideurs.
Rem. Ce mot était regardé aûtrefois comme três-poétique; et nos anciens Poètes s' en servaient souvent dans le sens de confident. _ Ronsard s' adressant à la Forêt de Gastine, lui dit:
   Sainte Gastine, ô douce secretaire
   De mes ennuis, etc.
   Comme étant de mon coeur le plus doux secretaire.
       Du Bellai.
  Mes fidèles amis et mes vrais segretaires.
      MALHERBE.
Ménage dit avoir apris de Racan, que quand Malherbe publia ces Stances, on se moqua de cet endroit. Ménage ne trouvait pas la plaisanterie juste. Il avait lui-même employé secretaire en ce sens dans des vers assez plats. Corneille a encôre dit dans le Ment.
   Tu seras de mon coeur l' unique secretaire,
   Et de tous mes secrets le grand dépositaire.
Secrétairerie et Secrétariat sont synonymes pour le sens; ils ne le sont pas pour l' emploi. Ils signifient l' un et l' aûtre, le lieu, où les secrétaires font leurs expéditions, et où ils en gardent les minutes; mais le 1er se dit des Secrétaires d' un Ambassadeur, d' un Gouverneur, etc. et le 2d des Secrétaires d' un Archevêque, d' un Evêque. = Secrétariat a un 2d sens, que Secrétairerie ne partage pas. Emploi, fonction de Secrétaire. "Il n' est pas propre pour le Secrétariat. "Ce Secrétariat vaut mille écus par an. = C' est aussi la durée du tems où l' on a exercé cet Emploi. "Pendant son Secrétariat.

SÉCRÉTION


SÉCRÉTION, s. f. SECRÉTOIRE, adj. [Sékré-cion, toâre: 1re et 2e é fer. 3e lon. au 2d.] Termes de Médecine. Le 1er se dit de la filtration et séparation, qui se fait des humeurs; le 2d des vaisseaux où elle se fait, et qui y contribûent par leur ressort.

SECTAIRE


SECTAIRE, SECTATEUR, s. m. [Sèktè--re, tateur: 1re è moy. 2e è aussi moy. et long au 1er.] L' un et l' aûtre signifient, qui suit une sècte; mais le 1er se dit des partisans des sèctes des Hérétiques, et le 2d des sèctes des Philosophes. Une seconde diférence, c' est que sectaire se dit toujours sans régime; et que sectateur s' emploie toujours avec la prép. de, ou avec les pronoms possessifs; ou avec relation au chef de la secte. "Sectaire opiniâtre. "Il est dangereux de vivre avec des sectaires. "Les Sectateurs de Platon. Aristote a eu longtems beaucoup de sectateurs. "Ses sectateurs ne lisaient pas ses écrits. = Quoique sectateur se dise plutôt des Partisans des Philosophes que de ceux des Hérétiques, cependant avec le régime, on doit s' en servir et non pas de sectaire, quand on parle de ces derniers. "Les sectaires de Mahomet:Causes celèbres. Dites: les sectateurs.

SèCTE


SèCTE, s. f. [1re è moy. 2e e muet.] Il se dit collectivement de plusieurs persones réunies dans les mêmes opinions. "La sècte d' Épicure, des Stoiciens. "Les Protestans sont partagés en plusieurs Sèctes. = On dit, faire sècte sans article; mais cette expression n' est pas du beau style. "Les Hommes distingués par leur mérite, sont trop râres pour faire sècte et pour être redoutables. L' Ab. Poulle. "Salluste fit sècte; il eut des Disciples qui copioient servilement sa manière d' écrire. _ Ces deux Écrivains n' ont pas bien pris le sens de faire sècte qui signifie, faire bande à part, se distinguer par des opinions singulières. On dit aussi faire sècte à part. Dans les deux phrâses citées, il aurait falu dire, faire une sècte. _ On peut même dire que dans celle de l' Ab. Poulle, il y a un contresens; car c' est précisément parce que les hommes de mérite sont râres, qu' ils font Sècte.

SECTION


SECTION, s. f. [Sèk-cion: 1reè moy.] 1°. Division ou subdivision d' un ouvrage. "Ce livre est divisé en chapitres, articles et sections. Chap. 1er, art. 2d, sect. 4e. = 2°. En termes de mathématique, ligne, qui marque les extrémités de la division d' un cône, d' un cylindre.

SÉCULAIRE


SÉCULAIRE, adj. SÉCULARISATION, s. f. SÉCULARISER, v. act. SÉCULIER, IèRE, adj. SÉCULIèREMENT, adv. [Sékulère, lari--za-cion, larizé, lié, lière, lièreman: 1reé fer. 3eè moy. et long au 1er, et aux 2 dern. é fer. au 4e.] Tous ces mots ont raport à Siècle, dans ses deux diférens sens et comme l' espace de cent ans; et comme l' état des Laiques ou même des Éclésiastiques, par oposition à l' État religieux. = Séculaire, qui se fait de siècle en siècle, de cent ans en cent ans. "Les jeux séculaires des Anciens. Le Poème séculaire d' Horace. _ Année séculaire, qui termine le Siècle. = Séculier, ière, qui vit dans le Siècle. "État séculier, vie séculière. Clergé séculier. Bénéfice séculier. = S. m. "Un séculier, un Laique. = Séculièrement, d' une manière séculière. "Vivre séculièrement. = Séculariser, Rendre séculière une comunauté régulière. "On a sécularisé ce Monastère, ce bénéfice. = Sécularisation, Action, par laquelle on sécularise. "La sécularisation d' un monastère. "Bulle, Bref de Sécularisation.
   Rem. Bossuet emploie sécularisé à la place de séculier, dans une ocasion, où celui-ci était le terme propre. "Burnet se récrie contre l' Excomunication abandonée aux Tribunaux sécularisés. Il falait dire, Séculiers. Celui-ci est oposé à Éclésiastique, surtout quand on parle de Tribunaux. Sécularisé se dit de ce qui est devenu séculier, de régulier qu' il était. = On a dit aûtrefois les jeux séculiers, pour, les jeux séculaires. "Il (Honorius) permit aux Payens de célébrer dans Rome les jeux séculiers. MAIMBOURG.

SÉCURITÉ


SÉCURITÉ, s. f. [1re et dern. é fer.] Tranquillité d' esprit, bien ou mal fondée, dans un tems où il peut y avoir quelque sujet de craindre. "Il vit dans une grande sécurité. Sa sécurité étone tout le monde.
   Rem. Vaugelas avait prévu que ce mot s' établirait; sa conjecture n' a pas été démentie; et dès le tems de Bouhours on ne faisait plus scrupule de s' en servir. "La sécurité dans la grande afaire de notre salut est la chôse du monde la plus dangereuse. Bouh. = Les Femmes, dit Richelet, ne se servent guère de ce mot, parce qu' elles ne savent pas ce qu' il signifie. Elles l' ont apris depuis. = Sécurité et sûreté ne sont pas la même chôse; le 1er exprime un sentiment, et l' aûtre un état d' assurance. On a souvent de la sécurité, sans être en sûreté. * Mde B.... a mis l' un pour l' aûtre. "Ayant pris toutes ses mesures pour établir la sécurité pendant son absence. Hist. d' Angl. Il falait, en cet endroit, la sûreté. En anglais, on dit security pour sûreté, ainsi que pour sécurité: c' est ce qui a trompé le Traducteur.

SÉDENTAIRE


SÉDENTAIRE, adj. [Sédantère: 1re é fer. 2e lon. 3e è moy. et long.] 1°. Celui, qui demeure ordinairement assis: "Vous ne faites pas assez d' exercice: vous êtes trop sédentaire. = 2°. Par extension, qui se tient presque toujours chez lui. "Les Avocats consultans sont fort sédentaires. "Vie, emploi sédentaire. = 3°. Fixe, ataché à un lieu. Ainsi l' on dit que: "Le Parlement était aûtrefois ambulatoire, et qu' il est présentement sédentaire.

SÉDIMENT


SÉDIMENT, s. m. [Sédiman: 1re é fer.] Ce qu' il y avait de plus grossier dans une liqueur, et qui se précipite au fond d' un vaisseau. "Il y a beaucoup de sédiment dans cette liqueur, dans ses urines.

SÉDITIEûSEMENT


SÉDITIEûSEMENT, adv. SÉDITIEUX, EûSE, adj. SÉDITION, s. f. [Sédi-cieû--zeman, cieû, cieû-ze, cion, en vers ci-eû, ci-on: 1re é fer. 3e lon. aux 3 1ers.] Sédition, émotion populaire, révolte. "Émouvoir, exciter, alumer, ou, apaiser, éteindre la sédition. "Les Français se précipitaient dans les séditions par caprice et en riant. Volt. = Il se dit, figurément, du trouble intérieur des passions. = Séditieux est 1°. qui est du nombre de ceux, qui ont part à la sédition. "Citoyen séditieux. = S. m. "Les séditieux. = 2°. Qui est enclin à faire sédition. "Esprit séditieux. = 3° Qui tend à la sédition. "Discours, libelle séditieux; assemblée séditieûse. = Figurément, il se dit des chôses.
   Vous avez dans l' esprit un feu séditieux,
   Qui prend de plus en plus sur votre caractère.
       La Chaussée.
= Séditieûsement, d' une manière séditieûse. "Parler, écrire séditieûsement.

SÉDUCTEUR


SÉDUCTEUR, TRICE, s. m. et f. SÉDUCTION, s. f. SÉDUIRE, v. act. SÉDUISANT, ANTE, adj. [Séduk-teur, trice, cion, duire, zan, zante: 1re é fer. 2e lon. au 4e; 3e lon. aux 2 dern.] Séduire, 1° faire tomber dans l' erreur ou en faûte. Tromper ou corrompre. "Il séduisit les peuples: il l' a séduit par ses maximes pernicieûses. _ Séduire des témoins: cette fille se laissa séduire. = 2°. Toucher, persuader. "Son ton, sa manière de dire, sa déclamation séduit. On sous-entend, ceux qui l' entendent.
   Sa gaîté, ses bons mots m' avoient un peu séduite.
   Je lui soupçonais bien quelque malignité;
   Mais non cette noirceur et cette atrocité.
       Palissot.
Séducteur, trice, celui, celle qui séduit. "Mahomet, ce séducteur artificieux, etc. = Corrupteur. "Séducteur de jeunes gens, séductrice de femmes, de filles, etc. = Adj. "Discours, ton séducteur: "Tentations séductrices. LING.
   Je vous vois entouré de conseils séducteurs;
   Mais l' amitié vous reste, et les remords vengeurs....
       Palissot.
  Leur éclat séducteur n' éblouit point mes yeux.
On apèle le diable l' esprit séducteur.
   SÉDUISANT a le même sens, à peu prês, que séducteur adjectif; mais celui-ci signifie davantage, qui séduit en éfet; et l' aûtre, qui est propre à séduire. Outre cela, séducteur ne se dit qu' en mauvaise part, et a raport au 1er sens de séduire, tromper, corrompre. Séduisant se dit en bone part, et il est relatif au 2d sens de son verbe, toucher, persuader. "Discours, ton, air séduisant: conversation séduisante.
   On le démasque envain, jamais il ne rougit,
   Séduisant, quand il parle, afreux, quand il agit.
       Palissot.
  SÉDUCTION. Action par laquelle on séduit. "La séduction de la jeunesse, des peuples. Séduction de témoins. "Siècle malheureux, où l' ignorance et l' orgueuil boivent à l' envi le poison de l' impiété dans la coupe de séduction, que leur présentent les passions et la volupté. Neuville. "Le véritable prodige est sa vertu conservée dans la séduction d' une si grande fortune. Id.
   Rem. Ce nom a un sens passif: il se dit de celui, qui est séduit, et non pas de celui, qui le séduit. "La séduction des Hérétiques, comme dit Bossuet, signifierait que les Hérétiques sont séduits, et il veut dire qu' ils séduisent. Il faut dire: la séduction de ces peuples opérée par les Hérétiques. Sans régime même, il a ce sens passif: il est à l' abri de la séduction, c. à. d. d' être séduit.

SEIGLE


SEIGLE, s. m. [Quelques-uns écrivent come on prononce, sègle: 1re è moy. 2ee muet. Pluche écrit ségle avec l' acc. aigu sur le 1er e; mais cet e n' est point fermé. Le Rich. Port. met segle ou seigle sans accent. Cette ortographe n' exprime point la prononciation.] Sorte de blé plus menu, plus long et plus brun que le froment.

SEIGNEUR


SEIGNEUR, s. m. SEIGNEURIAL, ALE, adj. SEIGNEURIE, s. f. [Sèg-neur, neuri-al, ale, neu-ri-e: 1re è moy. mouillez le g.] Seigneur se dit du maître et possesseur d' un pays ou d' une terre. "Seigneur d' une ville, d' un village, etc. "Il y a beaucoup de prérogatives et de droits atachés à la qualité de Seigneur. "Seigneur souverain; Haut Justicier, etc. = En st. prov. vivre en Seigneur, en grand Seigneur, magnifiquement.
   Ah! Les petits perdent bientôt leurs~ moeurs
   Et sont gâtés auprès des grands Seigneurs.
       NANINE.
  Sans doute. Un grand Seigneur, trouve dans sa noblesse,
  Honeur, gloire, vertus, bon sens, esprit, sagesse.
  Un grand Seigneur sait tout, sans savoir rien apris.
  Tout ce qu' il désaprouve est digne de mépris.
       Les Aïeux chimériques.
= En termes de la religion, Dieu est apelé absolument, le Seigneur. "Voici ce que vous dit le Seigneur. J. C. est apelé Notre Seigneur. = Le Grand Seigneur, l' empereur des Turcs.
   Rem. * Seigneure est un néologisme, que nous devons à M. l' Ab. Royou. Dans un aûtre, on traiterait ce mot de barbarisme. "Elle voulut à 70 ans jouïr des plaisirs de la campagne et mourir au moins Seigneure de village. Journ. de Mons. On dit ordinairement Dame.
   SEIGNEURIAL, qui apartient au Seigneur. "Titre Seigneurial; droits Seigneuriaux: maison Seigneuriale.
   SEIGNEURIE, se dit et des droits, de l' autorité du Seigneur: c' est une seigneurie très anciène, qui a de beaux droits; et d' une terre Seigneuriale: acheter une Seigneurie.

SEIN


SEIN, s. m. [monosyllabe.] 1°. En général, la partie du corps humain, qui est depuis le bâs du cou, jusqu' au creux de l' estomac.
   Elle aproche à pas lents, l' air sombre, intimidé,
   Et se frapant le sein, de ses pleurs inondé.
       Voltaire.
= 2°. En particulier, les mamelles des femmes, "Le sein droit, le sein gauche. "Elle a mal au sein. = 3°. L' endroit où les femmes conçoivent et où elles portent leur fruit. "Le fruit qu' elle porte dans son sein.
   Le sein, qui m' a conçu, doit frémir à ma vûe...
   Ma vie est son oprobre: elle doit me haïr.
       La Chaussée.
= Fig. Le sein de l' Église, la comunion de l' Église. "Porter la guerre dans le sein d' un Royaume.
   Mais une Église seule à ses yeux immobile,
   Garde au sein du tumulte une assiète tranquile.
       BOILEAU, Le Lutrin.
  Je promenais par tout mes aveugles desirs,
  J' aimai sans estimer, triste au sein des plaisirs.
       Sidney.
"Ô moment terrible et redoutable, où l' âme, afranchie de ses liens terrestres, s' élancera tout-à-coup dans le sein de l' éternité. Mde de Sillery.
   "Au sein de vos noires prisons, faites vos guerres et célébrez vos triomphes. Jér. Dél. "Du sein même du tombeau, je renaitrai plus terrible, pour me venger et te punir. Ibid. "C' est au sommet d' une colline, d' un âpre et dificile accês qu' il (le bonheur) repôse au sein de la vertu. Ibid. "Ce n' est pas un bon préjugé du changement que vous m' anoncez, que d' atendre au sein du vice, le moment d' être vertueux tout d' un coup. MARM. = 4°. Figurément aussi, l' esprit, le coeur de l' homme. "Déposer des secrets, ou verser sa douleur dans le sein d' un ami. "On lui a mis le poignard dans le sein, en lui anonçant cette fâcheuse nouvelle. = 5°. On dit, le sein, pour le golphe Persique: c' est un latinisme reçu.

SEINE


SEINE, s. f. [Sène: 1reè moy. 2e e muet.] Sorte de filet à prendre du poisson, qui se traîne sur les grèves.

SEING


SEING, s. m. [Sein: monos. On ne pron. point le g.] Le nom de quelqu' un, qu' il met au bâs d' une lettre, d' une promesse, d' un contrat, etc. pour le certifier et le confirmer. "Mettre son seing à, etc. Contrefaire le seing.
   Le Désavoûrez-vous pour n' avoir point de seing?
   _ Pourquoi désavouer un billet de ma main?
       Misantr.
On dit, dans le même sens signature. = Blanc seing, papier signé, que l' on done à quelqu' un, pour le remplir à sa volonté. Contre-seing: droit, dont jouissent les Ministres, Secrétaires d' État et autres persones en place d' affranchir leurs lettres par l' apposition de leurs noms sur l' envelope. MARIN.

SÉJOUR


SÉJOUR, s. m. SÉJOURNER, v. n. [Séjour, jour-né: 1re é fer. 3e é fer. aussi au 2d.] Séjour se dit et du tems, pendant lequel on demeure dans un même lieu. "Il a fait un long séjour en ce pays là; et du lieu considéré par raport à la demeure qu' on y peut faite. "Beau, agréable séjour. "Séjour délicieux.
   SÉJOURNER, demeurer, faire son séjour. "Il a séjourné long-tems à Paris. Et sans régime: "Si vous faites un peu diligence, vous pouvez encore me joindre, pourvu toutefois que je trouve sur ma route à séjourner. Cic. à Atticus; Mongault. "Brutus ne fera pas beaucoup de diligence et séjournera souvent. Id. = On dit en st. famil. d' un homme, qui a pris du repôs après un grand travail, qu' il est grâs et séjourné.

SEIZE


SEIZE, adj. et subst. SEIZIèME, adj. et subst. [Seize, sè-zième: 1reè moy. 2e e muet au 1er, è moy. au 2d.] Ils expriment le nombre de dix et six. "Il n' a pas encôre seize ans; il est dans la seizième année. = Subst. "Le seize du mois: il est le seizième dans la liste. "Une aûlne et un seize, ou un seizième. "Il est dans cette afaire pour un seizième.

SEL


SEL, s. m. [è moy.] Substance dûre, sèche, friable, qui se dissout dans l' eau, et qui picote l' organe du goût. "Un grain de sel: un litron, un boisseau, un minot, un muid de sel. = On dit, proverbialement, que pour bien conaître une persone, il faut avoir mangé avec elle un muid de sel; l' avoir pratiquée long-tems. Plusieurs. se contentent de dire, un minot de sel. Voy. Croque. Et en st. fig. et critique, on dit d' un ouvrage fade et languissant qu' il n' y a point de sel. "Je n' y ai pas trouvé le moindre grain de sel. MOL. "Ce que vous me dites sur cet ouvrage de Varron est plein de sel: jamais rien ne m' a plus réjouï. Cic. à Atticus. MONGAULT.

SELLE


SELLE, s. f. SELLER, v. act. SELLERIE, s. f. SELLETTE, s. f. SELLIER, s. m. [Sèle, sélé, sèlerie, sélète, sé-lié: 1reè moy. au 1er et au 3e, é fer au 2d, 4e et 5e: 2ee muet au 1er et au 3e, é fer. au 2d et au 5e, è moy. au 4e.] Selle est 1° autrefois, siège ou chaise de bois. On ne le dit plus que dans cette phrâse proverbiale: demeurer entre deux selles le cul à terre; n' obtenir aucune des deux chôses auxquelles on prétendait, ou ne réussir dans aucun des deux moyens qu' on avait employés. = 2°. Siège, qu' on met sur le dôs d' un cheval, mule, etc. pour la comodité de celui, qui monte dessus. "Avoir le cul sur la selle, être à cheval. "Il a toujours le cul sur la selle. "Être bien en selle, bien à cheval. = En st. prov. selle à tous chevaux, lieu comun qu' une persone fait entrer dans toute sorte de discours. "Je réponds toutes les extravagances, qui se présentent à moi, plutôt que ces selles à tous chevaux, dont nous avons tant ri ici. Sév. c. à. d. Ces choses triviales, ces complimens banaux, etc. = 3°. Évacuation, qu' on fait une fois en alant à la garderobe. "Ce remède lui a fait faire deux ou trois selles.
   SELLETTE, petite selle (n° 1°.) Il ne se dit plus que d' un petit siège de bois, sur lequel on oblige un accusé de s' asseoir, quand on l' interroge pour le juger. = En st. fig. famil. Tenir quelqu' un sur la sellette, lui faire plusieurs questions pour tâcher de lui tirer le ver du nez.
   SELLER, mettre une selle (n° 2°.) sur un cheval, mule, etc. "Il fit promtement seller ses chevaux.
   SELLERIE, lieu, où l' on serre les selles, et les harnois des chevaux.
   SELLIER, ouvrier, qui fait des selles, des carosses, etc.

SELON


SELON, prép. [1re e muet.] Suivant, eu égard à, conformément à; à proportion de: "Selon mon sentiment, selon lui, selon cet Auteur. "Cela n' est pas selon la raison. "Chacun sera traité, puni, ou récompensé, selon ses oeuvres. = Selon et suivant s' emploient souvent l' un pour l' aûtre; mais celui-ci est meilleur pour marquer une conformité indispensable regardant la pratique; et celui-là pour signifier une simple convenance, souvent d' opinion. "Le Chrétien se conduit suivant les maximes de l' Évangile. "Je répondrai à mes critiques, selon leurs objections. L' Ab. Girard. M. l' Ab. Roubaud ne goûte pas cette distinction. On dira également: le vrai Chrétien se conduit selon les maximes de l' Évangile; et, je répondrai à mes critiques suivant leurs objections: on dit également; agir selon ou suivant les ocurrences. Je ne connois point de synonymes, ajoute-t-il, plus indistinctement employés que ceux-là. Il done lui-même d' autres distinctions, qui m' ont paru trop subtiles, et qu' il serait trop long de raporter. Voy. Nouv. Syn. Fr. = On l' emploie quelque--fois absolument et sans régime. "Pensez-vous qu' il réussisse? Selon. C' est selon; c. à. d. cela dépend de bien des choses incertaines. = Selon que, régit l' indicatif, et ordinairement au futur. "Nous agirons selon que nous verrons jour à réussir. "Il sera payé selon qu' il travaillera.

SEMâILLES


SEMâILLES, s. f. pl. [Semâ-glie: 1re et dern. e muet, 2e lon. mouillez les ll.] 1°. Action de semer les grains. "Nous avons fait nos semâilles. = 2°. Les grains semés. "Les Pluies ont gâté, les oiseaux ont mangé les semâilles. = 3°. Saison, le tems où on les sème. "Pendant les semâilles. "Cette année les semâilles. ont été belles.

SEMAINE


SEMAINE, s. f. SEMAINIER, IèRE, s. m. et f. [Semène, ménié, niè-re: 1re e muet, 2e è moy. au 1er, é fer. aux deux aûtres; 3ee muet au 1er, é fer. au 2d, è moy. et long au 3e.] Semaine, suite de sept jours, à comencer par le dimanche. "L' année est composée de 52 Semaines. "Cette semaine, la semaine prochaine. = Faire sa semaine, être de semaine, ou en semaine; être en fontion à son tour, pendant une semaine. On le dit surtout des chanoines, des Religieûses, des vicaires de Paroisse, etc. La 1re de ces expressions est dans Richelet; l' Acad. ne met que les deux aûtres. = Semaine ne signifie quelquefois que sept jours, que l' on comence à compter à quelque jour de la semaine que ce soit. "J' ai été une semaine à la campagne, trois semaines en route. On dit quinze jours, un mois plutôt que deux ou quatre semaines. = C' est aussi le travail qu' un homme peut faire dans une semaine: cet ouvrage est la semaine de quatre hommes; et le payement de ce travail. "Payez lui sa semaine. "Dans un seul jour il a mangé sa semaine.
   SEMAINIER, IèRE, Celui, celle qui est de semaine. Voy. plus haut. * Dans les provinces méridionales, on dit Semanier: c' est que dans l' idiome du pays la semaine s' apèle semane.

SEMBLABLE


SEMBLABLE, adj. *SEMBLABLEMENT, adv. [Sanblable, bleman: 1re lon. 3ee muet.] Semblable, pareil, qui est de même nature, de même qualité. "Ces deux chôses sont semblables. "On n' a rien vu de semblable. = Dans les comparaisons, il régit à. "Semblable à ces feux nocturnes, qui ne nous éclairent que pour nous égarer. _ Dans les aûtres phrâses, ce régime est sous-entendu: ces deux chôses sont semblables, on sous-entend l' une à l' aûtre: on n' a rien vu de semblable; on sous-entend, à ce que nous voyons. = Mais quand ce raport n' est ni exprimé, ni sous-entendu, pareil vaut mieux que semblable, surtout en prôse. "Un changement semblable, de semblables forfaits. Gresset. Il me semble que dans le discours ordinaire, un pareil changement, de pareils forfaits, est plus usité. = S. m. "Il n' a pas son semblable: nous devons aimer nos semblables, qui sont hommes commes nous. "L' homme doué d' un génie au-dessus de ses semblables, est rarement un homme extraordinaire aux yeux de ses concitoyens. Pastoret, Zoroastre, etc. *Aûtrefois on disait, le semblable, pour la même chôse: "Il fit faire le semblable à un aûtre Religieux. Chron. "Il avoit paix et charité avec tout le monde, et vouloit que ses Religieux fissent le semblable. Ibid.
   *SEMBLABLEMENT est vieux. Boss. s' en est encore servi. On dit aujourd' hui pareillement.

SEMBLANT


SEMBLANT, s. m. [Sanblan: 2e long.] Aparence. Il se prend en mauvaise part. Beau semblant et faux semblant sont la même chôse. "Sous un beau semblant d' obéissance et de modestie, couver la rebellion et la violence dans le sein. Bossuet.
   Qui, sous de beaux semblans, déguisant son audace,
   Peut trahir ses amis, pour se mettre à leur place.
       Le Flateur.
= Faire semblant, régit de devant les noms et les verbes. "Ne faire semblant de rien; sans faire semblant de rien; sans en faire semblant. "Ils en faisoient le semblant. BOSS. "Il fait semblant d' être fâché. * Bossuet dit: Ils ne firent aucun semblant de vouloir prendre les armes. Cet aucun semblant ne serait pas du goût d' aujourd' hui. = Faire semblant régit aussi que et l' indicatif. "Faites semblant que vous le savez. = Quand Faire semblant régit les verbes, il se dit toujours sans article. "Système (de Law) qui coupe la bourse au genre humain, en faisant le semblant de la remplir. ANON. Ce le est de trop.

SEMBLER


SEMBLER, v. n. [Sanblé: 1re lon. 2e é fer.] Paraître avoir une certaine qualité. Il régit des adjectifs. "Ces étofes me semblent belles. Vous me semblez tout mélancolique. = Paraître est plus usité et plus sûr, et surtout aux tems composés et avec le régime de l' infinitif, où sembler me parait avoir quelque chose de sauvage. "Quelque sublimes que ces idées aient dabord semblé à M. Didérot. L' Abé Royou. Je crois que: aient dabord paru vaudrait mieux. "Zoroastre semble à Stanley avoir été le même qu' Aristée de Proconnèse. Le Gendre. J' aimerais mieux dire, parait à Stanley avoir été, etc. Voy. Rem. 2°. à la fin.
   SEMBLER ne s' emploie guère à l' infinitif: il y fait un mauvais éfet. "Ses paroles étoient équivoques, embarrassées, mais telles qu' il les falloit pour sembler des expressions de la passion la plus vive. Mariv. _ Paraitre ou ressembler à, aurait mieux valu. = Le grand usage de sembler est comme verbe impersonel. "Il me semble, il vous semble que; c. à. d. je crois, vous croyez que, etc. "Il semble à un aveugle que tout est ténébreux. = Il régit l' indicatif, lorsqu' il régit un nom au datif, comme dans la dernière phrâse; mais quand il est employé sans régime des noms, le subjonctif vaut mieux. "Il semble que vous n' ayiez rien vu. On pourrait dire aussi, que vous n' avez rien vu; mais ce ne serait pas si bien. * Voiture met les deux régimes dans la même phrâse. "Il sembloit que toutes les branches et tous les troncs des arbres se convertissoient en fusées, que toutes les étoiles du ciel tombassent, et que la sphère du feu voulût prendre la place de la moyenne région de l' air. _ Ce mélange des deux régimes fait quelque peine. Il faut opter pour l' un ou pour l' aûtre. = Dans les interrogations, sembler régit la préposition de: "Que vous semble-t-il de ce tableau? Et sans le pronom personel il: "Que vous en semble? * La Baumelle done ce régime à sembler, neutre. "Tout ce que sa conduite a de grand, semble de son caractère; tout ce qu' elle a de petit, est de sa place. Il sous-entend être, mais il falait l' exprimer. Encôre même valait-il mieux dire, paraît être de son caractère. = Il semble se joint aussi avec bon; et alors il signifie, trouver bon. "Il nous semble bon de vous avertir, etc. Et en retranchant il: si bon lui semble; comme bon lui semblera. Alors bon précède le verbe.
   Vous pouvez en user tout comme bon vous semble,
       Rouss.
Rem. 1°. Il semble, régit-il les adjectifs? J' en doute. "Il semble triste d' être toujours dans la défiance. Rich. Port. Ce tour ne me parait pas conforme à l' usage. = 2°. Quelques Auteurs font régir à il semble l' infinitif sans prép. "Il sembloit voir un père tendre parler à des enfans dociles. Burigny, Vie de Bossuet. Il falait dire, on croyait voir, ou il semblait qu' on vit: le 1er est le meilleur. "Il semble toucher (qu' on touche) du velours. Belon, cité par M. de Bufon. "Il sembloit (on croyait) voir sa pensée revoler vers l' objet, etc. Marm. "Il sembloit voir la colonne angloise ataquée, enfoncée, renversée, culbutée. L' Abé Des Font. sur l' Ode de M. Fréron sur la batâille de Fontenoi. "Il semble voir (qu' on voit) les Quinze vingt assemblés pour tracer des règles de perspective. L' Abé Bergier. "Ne vous semble-t' il pas voir dans la strophe suivante, etc. L' Abé SAB. Trois Siècles, etc. Ce qui a trompé ces Écrivains, dailleurs si estimables, c' est qu' ils n' ont pas fait atention à la diférence de sembler, impersonel, d' avec sembler neutre. Avec celui-ci, l' infinitif va bien, quand il s' emploie absolument et sans régime du datif. Cet infinitif est régulier, parce qu' il se raporte au sujet de la phrâse (au nominatif du verbe); ce qui ne peut pas avoir lieu avec les verbes impersonels, qui n' ont pas proprement de nominatif. "D' autres ruisseaux, par de longs détours, revenoient sur leurs pas, et sembloient ne pouvoir quiter ces bords enchantés. Télém. "Elle sembloit dire: le Ciel s' ouvre, et je m' en vais en paix. Jérus. Délivrée. = 3°. Puisqu' on dit impersonellement, il me semble que, on doit dire, en parenthèse, à ce qu' il me semble, et non pas, à ce qui me semble, comme on le voit dans plusieurs livres, par l' inatention des Auteurs ou des Imprimeurs. = On dit, par abréviation: ce me semble, ou ce semble. Dans le Mercûre, on dit: ce nous semble. * Pluche dit: semble-t' il: cette locution lui est particulière. "La pêche, qui est si excellente, auroit été bien mieux, semble-t' il (ce semble) dans un bon étui de bois. Spect. de la Nat. = 4°. * Sembler, actif, pour ressembler, est un gasconisme. "Il semble son père comme deux gouttes d' eau. Voyez RESSEMBLER.

SEMELLE


SEMELLE, s. f. [Semèle: 1re et 3e e muet; 2e è moy.] Pièce de cuir, qui fait le dessous du soulier, de la botte, etc. = On dit proverbialement: batre la semelle: voyager à pied. "Cet Ouvrier a bien batu la semelle.

SEMENCE


SEMENCE, s. f. SEMER, v. act. SEMEUR, s. m. [Semance, , meur; 1re e muet, 2e lon. au 1er, é fer. au 2d. Dans le verbe, la 1re se change en è moy. devant l' e muet: il sème, sèmera, etc.] Semence est, proprement, grains que l' on sème. "Blé de semence. "Les Laboureurs ont à peine recueuilli leurs semences. = Par extension, il se dit de tout ce qu' on sème. "Chaque fruit a sa semence. = Figurément, Cause éloignée des éfets, qu' elle produit tôt ou tard. "Semences de procês, de guerre, de révolte, de discorde, etc. "Il n' y a point de beautés, dont on ne trouve les semences chez les Anciens. "Voyez ces semences de droitûre et de vérité, que vous avez jetées dans son âme. Mass. Prière pour le Roi.
   Je nourris dans son coeur la semence féconde
   Des vertus, dont il doit sanctifier le monde.
       Prologue d' Esth.
  SEMER, épandre du grain ou de la graine sur une terre préparée pour les faire produire et multiplier. Il se dit et des grains, ou graines qu' on épand: semer du blé, de l' orge, de chenevis, des pepins, du gland; et de la terre où on les épand: semer un champ, une terre, une planche, une couche. = Figurément: Répandre: semer la discorde, des erreurs, de faux bruits, des libelles.
   Déjà de leur abord la nouvelle est semée.
       Iphigénie.
= Semé régit la prép. de, au propre et au figuré. "Terre semée de blé; chemin semé de fleurs; écrit semé d' injures, de pointes, d' antithèses. "La route que vous avez suivie est semée de fleurs et de pièges. = Semer est beau au figuré et dans le style poétique. "Par quel singulier privilège ceux qui sèment dans le public des doctrines désolantes et séditieuses, échaperoient-ils plutôt au ridicule, que ceux qui, par ignorance, débiteroient au peuple des drogues malfaisantes? Palissot.
   Semant de fleurs tous mes instans.
       Gresset.
Dieu, dit Rousseau,
  Anima d' une voix féconde
  Tous les êtres semés dans ce vaste univers.
  Dans vos vastes déserts, il sème la lumière.
dit Racine le fils, apostrophant les Cieux.
   Et son nom, qui du Trône est le plus ferme apui,
   Semait encor la crainte, et combatait pour lui.
       Henriade.
Rem. Suivant l' Abé GIRARD, semer a raport au grain; et ensemencer, à la terre où on le met. C' est le bled qu' on sème dans un champ; et c' est le champ qu' on ensemence de blé. L' Academie dit semer, de l' un et de l' aûtre, et l' usage ne le défend pas. Cependant la distinction de l' Abé Girard parait juste, et représente mieux la propriété des termes.
   SEMEUR, celui qui sème du grain. _ Figurément, semeur de discorde, de zizanie, de faux bruits.

SEMèSTRE


SEMèSTRE, adj. et subst. [1re et dern. e muet: 2e è moy.] Qui dûre six mois. Il se dit et des compagnies qui servent par demi-année, comme le Grand Conseil, la Chambre des Comptes de Paris, etc. et des Oficiers, qui ne servent que six mois dans une Compagnie. _ S. m. "Il est de semèstre, hors de semèstre. "Le semèstre de Janvier, le semèstre de Juillet. = Le tems où les Oficiers de guerre ont la permission de s' absenter de leur Régiment. "On a envoyé les semèstres: il a reçu son semèstre; c. à. d. la permission de s' absenter, etc.

SEMEUR


SEMEUR. Voy. SEMENCE.

SEMI


SEMI. Mot emprunté du latin, et qui signifie demi. On l' emploie avec certains mots. Semi-Pélagiens; Semi-Ariens;semi-ton, en Musique. Semi-double, terme de Bréviaire, et de Fleuriste. "Fête, Ofice, fleur semi-double. Semi-Prébende; Semi-Prébendier. Semi-preuve, terme de Jurisprudence. Hors delà, on dit demi. Voy. ce mot.

SEMILLANT


SEMILLANT, ANTE, adj. [Semi-glian, glian-te: 1re e muet; 3e lon. mouillez les ll. _ Dans le Rich.Port. on met un accent aigu sur l' e, sémillant: l' Académie ne met point d' accent, ni Trév. non plus.] Remuant, vif. "Enfant bien semillant. Cette petite fille est bien semillante. "Ce petit évènement enhardit mon imagination, et la rendit semillante. MARIV. Style semillant. = Richelet dit que ce mot est bâs; c' est trop dire. Il sufit de remarquer avec l' Académie, qu' il est du st. famil. * On a dit aûtrefois sémilleux.

SÉMINAIRE


SÉMINAIRE, s. m. SÉMINARISTE, s. m. [Séminère, nariste: 1re é fer. 3e è moy. et long au 1er.] Séminaire est un lieu destiné pour élever, instruire et former des Éclésiastiques. Il se dit aussi de tous les Éclésiastiques qui y demeurent. "Tout le Séminaire se trouvait à ce Sermon. = Séminariste, celui qui est actuellement élevé dans un Séminaire.

SEMOIR


SEMOIR, s. m. [Se-moar: 1ree muet.] 1°. Sac où le Semeur met le grain qu' il sème. = 2°. Machine qui sert à distribuer la semence avec plus d' exactitude et d' économie, qu' on ne peut le faire, quand on sème à la main.

SEMONCE


SEMONCE, s. f. *SEMONDRE, v. act. [1re et dern. e muet; 2e lon.] Semonce est , 1°. l' invitation faite dans les formes pour quelque cérémonie. = 2°. Avertissement fait par quelqu' un, qui a autorité. "Malgré toutes les semonces qu' on lui a faites, il ne s' est point corrigé. = * Semondre se disait dans le 1er sens. "Semondre à des obsèques, à un convoi, à une cérémonie. Il est vieux. L' Académie se contente de dire qu' il vieillit. * Brebeuf l' emploie dans le 2d sens. César, dit-il,
   Les presse, les semond, les exhorte, les prie.
* On disait aussi aûtrefois, semoneur, celui dont la fonction est de porter des billets pour certaines convocations.

SEMOULE


SEMOULE, s. f. [Se-mou-le: 1re et dern. e muet.] Pàte faite avec la farine la plus fine, réduite en petits grains.

SEMPITERNELLE


SEMPITERNELLE, adj. f. [Senpitêr--nèle: em n' a pas le son d' an: 3e ê ouv. 4eè moy. 5e e muet.] Une vieille sempiternelle: une femme três-vieille. c' est tout l' usage de ce mot. Il est du st. fam.

SÉNAT


SÉNAT, s. m. SÉNATEUR, s. m. SÉNATORIAL, ALE, adj. SÉNATRICE, s. f. SÉNATUS-CONSULTE, s. m. [Séna, nateur, tori-al, ale, trice, etc. 1re é fer.] Sénat, Assemblée considérable, dans laquelle réside la principale autorité, en certains États. "Le Sénat de l' anciène Rome. "Le Sénat de Venise, de Gène, de Pologne. "Dans cette fameuse Diète, qui le vit présider à un Sénat, composé de tant de Souverains. Neuville, Or. Fun. du Maréchal de Belle-Isle. = Dans les États du Roi de Sardaigne, Sénat est le nom d' une Cour Souveraine de Justice. "Le Sénat de Chambéri, de Nice. = Sénateur, membre d' un Sénat. = Sénatrice ne se dit que de la femme d' un Sénateur de Pologne. = Sénatorial, qui apartient au Sénateur. "Dignité, pourpre Sénatoriale. "Gravité sénatoriale. = Dans le style plaisant on le dit des Membres d' une Juridiction Souveraine, comme on les apèle Sénateurs, dans le même style. = Sénatus-Consulte, décision du Sénat de Rome. _ Ce mot n' est employé que dans le Droit et dans l' histoire Romaine.

SENAU


SENAU, s. m. [Seno: 1re e muet.] Petit bâtiment, dont on se sert sur mer.

SÉNÉ


SÉNÉ, s. m. Arbrisseau du Levant, dont les feuilles, qui ont le même nom, sont un grand purgatif. _ On apèle follicules de séné, l' envelope de la semence.

SÉNÉCHAL


SÉNÉCHAL, s. m. SÉNÉCHAUSSÉE, s. m. [1re et 2e é fer. 4eé aussi fer. et lon. au 2d: Sénéchocée.] Sénéchal se dit, et d' un Oficier d' Épée, qui dans certains Ressorts, est chef de la Justice, et qui est aussi chef de la Noblesse, lorsqu' elle est convoquée pour l' arrière ban; et d' un Oficier Royal de robe longue, qui, en certains endroits, est chef d' une Justice subalterne; et dans quelques Seigneuries, du principal Oficier de Justice. = Sénéchaussée est l' étendue de la Juridiction d' un Sénéchal; et le lieu où se tient le Tribunal, dont le Sénéchal est le Chef.

SENEÇON


SENEÇON, s. m. [Sene-son: 1re et 2e e muet.] Plante qu' on done ordinairement à certains oiseaux, et qu' on emploie en Médecine.

SENEVÉ


SENEVÉ, s. m. [1re et 3eé fer. 2e e muet.] Graine dont on fait la moutarde; et la plante qui produit cette graine.

SENS


SENS, s. m. SENSATION, s. fém. SENSÉ, ÉE, adj. SENSÉMENT, adv. [San, et devant une voyèle sanz; sansa-cion, et en vers ci-on;sancé, sé-e, séman.] Sens a plusieurs significations: 1°. Faculté de sentir: "les cinq sens de natûre; la vûe, l' ouïe, l' odorat, le goût, le toucher. "Il a encôre, quoique vieux, l' usage de tous ses sens. Cela tombe sous les sens, est sensible. "La raison est, à l' égard de la Foi, ce que sont les sens à l' égard de la raison; et le Chrétien ne doit pas avoir plus de peine à soumettre sa raison à sa foi, que le Philosophe à préférer sa raison à ses sens. L' Ab. Trubet. = On dit mettre ou apliquer tous ses sens, et familièrement, tous ses cinq sens de natûre à quelque chôse; y employer tous ses soins, toute son industrie. = En Morale, on dit, donner tout, ou, ne rien refuser à ses sens; s' abandoner aux plaisirs sensuels. Mortifier ses sens; se priver des plaisirs des sens. = 2°. Faculté de comprendre. "Homme de bon sens, de grand sens, ou de peu de sens, de petit sens. Mde. de Sévigné dit homme de sens, sans épithète. Voy. plus bâs. "Le bon sens sufit, sans l' esprit, pour les besoins ordinaires. L' esprit, sans le bon sens, est plus capable de nuire que de servir. L' Ab. Trublet. Il a perdu le sens; il est hors de son bon sens. * La Bruyère dit, il sort de son sens, il crie, il se désespère. "Être de sens rassis. = Avoir le sens troublé, égaré, aliéné. "Dieu redresse, quand il lui plait, le sens égaré, dit Bossuet. Ailleurs il dit renverser le sens: "Il ne lui faut pas autre chôse pour lui renverser le sens. Celui-ci n' est pas aussi sûr et aussi autorisé. = N' avoir pas le sens commun, n' avoir point de raison. Parler bon sens, ou de bon sens. Voy. Bon-goût, au mot GOûT. = Abonder en son sens, être ataché à ses opinions.
   Vous savez qu' en son sens volontiers il abonde,
   Et qu' il agit assez sans consulter le monde.
       Le Flateur.
= Homme de sens, Homme de bon sens, (synon.) Selon un Encyclopédiste, le premier a de la profondeur dans les conaissances, et beaucoup d' exactitude dans le jugement: c' est un titre dont on~ peut être flaté. Le second, au contraire, pâsse pour un homme si ordinaire, qu' on croit pouvoir se doner pour tel sans vanité: c' est celui qui a assez de jugement et d' intelligence pour se tirer à son avantage des afaires ordinaires de la société. BEAUZ. Synon. = Sens-comun, le bon sens. "Rien de si râre que le sens comun. "Dans de certains embarras, sais-tu bien qu' il n' apartient qu' aux gens d' esprit de n' avoir pas le sens comun? Mariv. = 3°. Opinion, sentiment. "Vous ne donez pas dans mon sens. * Bossuet dit tomber. "Les Pères, les Papes, les Conciles Généraux et particuliers, à moins qu' ils ne tombent dans son sens, ne lui sont rien (à Luther). "Selon mon sens; à mon sens: chacun a son sens. Être ataché à son sens; abonder en son~ sens. = 4°. Le côté d' un corps. "Mettez ou tournez cette table, cette couvertûre de ce sens là, du bon sens: vous l' avez mise {C549b~} ou tournée du mauvais sens: "Deux courans qui vont à sens contraires. L' Ab. Nollet. _ En sens contraires serait plus conforme à l' analogie: on dit, en diférens, et non pas à diférens sens. = Fig. "Prendre une afaire, tourner un homme de tous les sens. = 5°. La signification d' un mot, d' un discours. "Ce mot a deux sens, a plusieurs sens. "C' est le sens de mes paroles, le vrai sens de la Loi. Doner un faux sens, un sens forcé à un Auteur, à un texte. "Le sens propre, le sens figuré.
   Rem. 1°. On distingue dans le discours et le langage, le sens propre, litéral, naturel des mots, et leur sens figuré ou métaphorique. Ainsi feu se dit dans le sens propre du feu matériel: et dans le sens figuré, de l' Amour. Tous les mots ne sont pas susceptibles de ces deux sens; et parmi les expressions figurées, les unes sont du style noble et relevé, les aûtres ne peuvent être admises que dans le style simple et familier; les aûtres sont bâsses et populaires. = L' oposition de ces deux sens, dans la même phrâse, est rarement aprouvée. Les Italiens eux-mêmes, célèbres par leurs concetti, en sont bien revenus. Nos bons Poètes ne se les permettent pas. On a blâmé Racine d' avoir fait dire à Pirrhus.
   Brûlé de plus de feux que je n' en allumai;
c' est-à-dire, ayant le coeur embrasé de plus d' amour que je n' allumai de feux à Troie; où feux est employé dabord dans le sens figuré, et ensuite dans le sens propre. M. Racine le Fils remarque que c' est la dernière faûte, de cette natûre, qu' on eût à reprocher à son père.
   2°. On distingue le sens actif et le sens passif, non seulement dans les verbes, mais encôre dans les noms. Un nom a un sens actif, quand il exprime une action venant du sujet; et il a un sens passif, quand il signifie une action reçue dans le sujet. Ainsi Amitié, estime, compassion, réflexion, etc. etc. expriment l' action de celui qui aime, qui estime, qui compâtit, qui réfléchit, etc. Au contraire réputation, confusion ont un sens passif: ils signifient l' état de celui qui est réputé (comme on disait aûtrefois) qui est confondu. _ Satisfaction a les deux sens; l' actif, quand il exprime l' action de satisfaire, et le passif, quand il signifie contentement, ou l' état de celui qui est satisfait. {C549b~} = Cette distinction du sens actif et du sens passif contribûe beaucoup à la clarté et à la régularité du discours. On l' observait peu autrefois; et quelques Écrivains y manquent encôre aujourd' hui. Voy. Èstime, Considération, Respect.
   3°. Il n' est pas moins nécessaire de distinguer, dans les phrâses, le sens afirmatif, du sens négatif ou interrogatif; car les régimes des verbes et la construction varient suivant la diversité de ces diférens sens. Par exemple, les verbes qui expriment la croyance, la persuasion régissent le verbe suivant à l' indicatif, si le sens est afirmatif; et au subjonctif, si le sens est négatif ou interrogatif. Ainsi l' on dira: je crois qu' il le dit sérieûsement; et je ne crois pas, ou, croyez-vous qu' il le dise sérieûsement? C' est à quoi n' ont pas fait réflexion plusieurs Écrivains, même parmi les bons, qui emploient le subjonctif dans des ocasions où la natûre des verbes combinée avec le sens afirmatif, demande, selon l' usage, le régime de l' indicatif; et vice versâ.
   SENS DESSUS DESSOUS se dit d' une chôse qui est tellement bouleversée, qu' on ne reconait plus ni le dessus, ni le dessous. Plusieurs disent, sans dessus dessous; mais sens vaut mieux dans cette expression. = On dit aussi, à peu près dans le même goût, sens devant derrière. = Doit-on dire de sens froid, ou de sang froid? L' un et l' autre se troûvent dans de bons Auteurs, et il semble qu' on peut les employer indiféremment. Ménage condamne le premier; et l' Académie ne met que le second, qui parait en éfet plus naturel. Voy. SANG à la fin. On doit dire, de sens rassis, et non pas, de sang rassis.
   SENSATION, impression, que l' âme reçoit des objets par les sens. "Sensation vive, agréable, ou, douloureûse.
   SENSÉ, ÉE, qui a, ou bien, où il y a du bon sens, de la raison, du jugement. Il se dit des persones et des chôses qui ont rapport à la persone: homme sensé, persone bien sensée. Discours sensé, réponse sensée, action fort sensée. "Les hommes sensés ne plaisent guère qu' à ceux qui sont près de le devenir. Duclos.
   SENSÉMENT, d' une manière sensée. "Parler, écrire, répondre, agir sensément.

SENSIBILITÉ


SENSIBILITÉ, s. fém. SENSIBLE, adj. SENSIBLEMENT, adv. [Sansibilité, ble, bleman; 3e e muet au 2d et au 3e.] Sensible, 1°. En parlant des animaux et des persones, qui a du sentiment, qui reçoit aisément l' impression que font les objets. "L' oeuil est une partie fort sensible. Ce cheval a la bouche fort sensible: il est sensible à l' éperon. "Il est sensible au froid, au chaud. _ Fig. "Sensible à l' amitié, aux injûres, comme aux bienfaits. Voy. TENDRE, adj. "Tel est le Peuple de France; sensible jusqu' à l' enthousiasme, et capable de tous les excès dans ses afections comme dans ses murmures. Volt. "Si le coeur de ce Prince, dont nous conservons ici le dépôt, pouvoit être sensible à quelque chôse, de quel transport de joie ne seroit-il pas ému, au moment que je parles. Bourdal. Or. Fun. de Henri de Bourbon. "Les Gens naturellement sensibles ne sont pas ordinairement les meilleurs juges de ce qui est estimable. Duclos. _ En parlant des chôses, ce dont on est le plus touché. "Vous l' avez frapé à l' endroit le plus sensible. = 2°. Qui se fait sentir. "Le froid a été fort sensible: le mal de dents est un mal très-sensible. = 3°. Qui se fait apercevoir. "Mouvement, éfet sensible. "Je vais vous rendre cette vérité sensible.
   Rem. Sensible régit le datif. Un des Auteurs du Dict. Hist. lui fait régir l' ablatif. "Cet Empereur en fut si sensible que, etc. Dites, y fut si sensible.
   SENSIBLEMENT, d' une manière sensible, (n°. 3°.) "On voit croître sensiblement la rivière; ou (n°. 1°.) "sensiblement touché de cette perte.
   SENSIBILITÉ, qualité par laquelle on est sensible, (n°. 1°.) "Il est d' une grande sensibilité à toutes les impressions de l' air; aux reproches, aux avertissemens. Avoir une grande sensibilité pour la gloire, sur le point d' honeur, etc. = Sensibilité de coeur, compassion ou tendresse de coeur; penchant à l' amour: la 1re est aussi louable, que l' aûtre est dangereûse et funeste, sur-tout aux femmes. "Il y a une espèce de sensibilité vague, qui n' est qu' une foiblesse d' organes, plus digne de compassion, que de reconoissance. La vraie sensibilité seroit cèle qui naîtroit de nos jugemens, et qui ne les formeroit pas. Duclos.

SENSITIF


SENSITIF, IVE, adj. SENSITIVE, s. f. [Sancitif, tive: 1re lon.] Sensitif ne se dit que dans le didactique. Qui a la faculté de sentir. "L' Apétit sensitif; l' âme sensitive, etc. = Sensitive, plante, ainsi nomée, parce qu' elle retire ses feuilles dês qu' on la touche.

SENSUALITÉ


SENSUALITÉ, s. f. SENSUEL, ELLE, adj. SENSUELLEMENT, adv. [Sansu-alité, Sansu-èl, èle, èleman: 1re lon. 3e è moy. aux 3 dern.] Sensuel, qui est trop ataché aux plaisirs des sens. "Homme sensuel; femme sensuelle. = S. m. "Les sensuels, les voluptueux. = Sensuellement, d' une manière sensuelle. "Vivre sensuellement. = Sensualité, atachement aux plaisirs des sens. "Boire, vivre avec sensualité. "Se plonger dans la sensualité. "Ce sont là des sensualités indignes d' un Chrétien.

SENTENCE


SENTENCE, s. f. SENTENCIER, v. act. SENTENCIEûSEMENT, adv. SENTENCIEUX, EûSE, adj. [Santance, ci-é, cieû, eû-ze, zeman: 1re et 2e lon. 3 e muet au 1er, lon. aux trois dern.] Sentence est 1°. Maxime, qui renferme un grand sens. "Le style de Sénèque est trop rempli de sentences. = Parler par sentences, se dit, en style moqueur, d' un homme, qui afecte de dire à tout propôs des moralités générales. = 2°. Jugement rendu par des Juges inférieurs et subalternes. "Sentence provisoire, juridique, arbitrale, etc. "Prononcer, obtenir, confirmer, faire câsser une sentence, etc.
   SENTENCIER a raport au 2d sens. Condamner quelqu' un par une Sentence à quelque peine aflictive. "Il a été sentencié. Il n' est guère d' usage qu' au passif.
   SENTENCIEUX, qui contient des Sentences, des maximes. "Discours, style sentencieux. _ Qui parle par sentences. "C' est un homme sentencieux. Il se dit ou pour louer, ou pour blâmer.
   J' ai vu d' autres méchans d' un grave caractère,
   Gens laconiques, froids, à qui rien ne peut plaire,
   Examinez les bien; un ton sentencieux,
   Cache leur nullité sous un air dédaigneux.
       Le Méchant.
SENTENCIEûSEMENT, d' une manière sentencieûse. "Parler sentencieûsement.