Dictionnaire critique de la langue française Dictionnaire critique de la langue française 1787 Français 2007-4-4 ARTFL Converted to TEI RECONTER


RECONTER, v. act. Conter une seconde fois. "Il m' a reconté toutes ses aventûres. _ Raconter se dit de la première fois qu' on conte une histoire, un fait, etc.

RECONVOQUER


RECONVOQUER, RECOPIER, v. act. Convoquer de nouveau. Copier une seconde fois.

RECOQUILLEMENT


RECOQUILLEMENT, s. m. RECOQUILLER, v. act. [Rekoki-glieman, glié: 1re e muet, 4e e muet au 1er, é fer. au 2d]. Recoquiller, c' est retrousser en forme de coquille. On le dit ordinairement des feuillets d' un livre. Quelques-uns le disent aussi d' un chapeau. = Le Proverbe dit: il n' y a point de si petit ver qui ne se recoquille, si l' on marche dessus; il n' y a point de si petit énemi qui ne songe, et qui souvent ne réussisse à nuire, si on l' ataque.

RECORDER


RECORDER, v. act. [1re e muet, dern. é ferm. Suivant l' analogie, on devrait écrire Récorder. Voy. RE ou .] Répéter quelque chôse qu' on a su et que l' on a oublié, pour l' aprendre. "Caton à cinquante ans, prit un Maitre à danser pour recorder ses danses. Anon. "On a doné trois jours à cet Acteur pour se mieux recorder sur son rôle. Anon. L' actif vaut mieux: pour mieux recorder son rôle. L' Acad. met se recorder, mais sans régime, dans le sens de se rapeler; et suivi de la prép. avec, dans le sens de se concerter avec.

RECORRIGER


RECORRIGER, v. act. CORRIGER une seconde fois.

RECôRS


RECôRS, s. m. [recôr: 1ree muet, 2e lon.] Celui, qu' un sergent ou huissier mène avec lui, pour lui servir de témoin dans les exploits d' éxécution, et pour lui préter main forte en câs de besoin.

RECOUCHER


RECOUCHER, v. act. Coucher de nouveau. Se recoucher, se remettre au lit, peu de tems après l' avoir quité.

RECOûDRE


RECOûDRE, v. act. [1re et dern. e muet, 2e lon.] Coûdre ce qui est décousu ou déchiré. Voy. Coûdre, pour la conjugaison de ce verbe.
   = Je pourrois, dit Boileau,
   Dans mes vers recousus mettre en pièces Malherbe.

RECOUPE


RECOUPE, s. f. RECOUPETTE, s. f. [1re e muet: 3e e muet au 1er, è moy. au 2d: on ne prononce qu' un seul t: pète.] Le 1er se dit de ce qui s' emporte des pierres en les tâillant. "Garnir une allée avec de la recoupe. Il se dit aussi de la farine qu' on tire du son remis au moulin. = Le 2d est la troisième farine qu' on tire du son des recoupes mêmes.

RECOURIR


RECOURIR, v. n. [Re-kou-ri: 1ree muet. _ Quoiqu' il ne soit pas réduplicatif, dans son sens le plus ordinaire, on ne met point d' accent sur l' e. = Il se conjugue comme courir. Le P. Barre dit recourera pour recourra.] Recourir, c' est 1°. revenir avec empressement. "Corbinelli est recouru pour voir le Grand-Maitre. Sév. Il falait, a recouru, comme on dit, a couru. "J' ai couru et recouru. ACAD. Voy. recourre. = 2°. Et c' est son emploi ordinaire, avoir recours à: "Il faut recourir à Dieu dans l' afliction. "Il falut recourir au Médecin; on recourut au Confesseur. "Recourir à la clémence du Prince, aux remèdes, etc.
   Osez-vous recourir à ces rûses grossières.
"Recourir à la force, à l' artifice, etc.

RECOûRRE


RECOûRRE, v. act. [1re et dern. e muet, 2e lon.] Reprendre, ou retirer quelqu' un d' entre les mains de quelqu' un qui l' emmène par force, ou quelque chôse d' entre les mains de ceux qui l' emportent. "Recourre un prisonier, un cheval, etc. = Ménage et Richelet ont cru que recourir était meilleur; même en ce sens, que recourre. L' Acad. suivait un sentiment contraire. Dans la dern. édit. elle en borne l' usage à l' infinitif et au participe, et encôre le déclare-t-elle vieux. _ Ce participe était, suivant les uns, recous, recousse, suivant les aûtres, recouru, recourûe: "Une femme recousse ou recourûe d' entre les mains d' un ravisseur. = Le Rich. Port. dit, recourir un prisonier; et l' Ab. Velly a dit encôre: "Raoul de Wainon fut pris et recouru. HIST. de FR.

RECOURS


RECOURS, s. m. [Re-kour, et s' il est suivi d' une voyelle, recourz: 1re e muet.] 1°. Action par laquelle on recherche de l' assistance, du secours. Avoir recours à... Recourir. Voy. ce verbe, n° 2°. "Avoir recours à la prière dans la tentation. = 2°. Réfuge. "Dieu seul est mon recours. "Tout mon recours est en Dieu. "Dieu est le recours des misérables.
   Le Seigneur fut mon seul recours.
   J' implorai sa Toute-puissance,
   Et sa main vint à mon secours.
       Rouss.
= 3°. Droit de reprise. "Si je perds mon procês, j' aurai mon recours sur vous ou contre vous. "Sauf son recours sur un tel. "C' est un pauvre recours: cet homme n' a rien.
   Rem. Recours ne s' associe avec les pronoms possessifs que dans les deux derniers sens: au 1er, on dit toujours absolument avoir recours. "Je renonce aux sens détournés où il dit que j' ai mon recours. BOSS. On dit simplement, où il dit que j' ai recours.

RECOUSSE


RECOUSSE, s. f. [Re-kou-ce: 1re et dern. e muet.] Reprise du butin; délivrance d' un prisonier. "Aller, courir à la recousse. "Les Sergens le menaient en prison, ses amis coururent à la recousse. Voy. RECOûRRE.

RECOUVRABLE


RECOUVRABLE, adj. RECOUVREMENT, s. m. RECOUVRER, v. act. [Re-kou-vrable, vreman, vré: 1re e muet, 3e dout. au 1er, e muet au 2d, é fer. au 3e.] Recouvrer, c' est 1°. aquérir de nouveau ce qu' on avait perdu. "Recouvrer son bien, la santé, la vûe. = 2°. Faire la perception des deniers imposés. "On l' a comis pour recouvrer les deniers, etc.
   Rem. Recouvrer n' a plus au participe que recouvré et non pas recouvert, qui est le participe de recouvrir. REST. Tel était aussi le sentiment de Th. Corneille et de l' Acad. contre l' opinion et la pratique de Vaugelas et de Bouhours, qui, avouant que recouvré seul était selon la raison, soutenaient cependant que l' usage autorise recouvert. Celui-ci ne s' est conservé qu' en style de Pratique et dans ce proverbe: pour un perdu, deux recouverts.

RÉCRÉATIF


RÉCRÉATIF, IVE, adj. RÉCRÉATION, s. f. RÉCRÉER, v. act. [Recré-atif, tive, cion, é: 1re et 2e é fer. dern. é fer. au dern.] Réjouissant, divertissant. _ Divertissement, délassement. _ Rejouir, divertir. "Jeu, homme récréatif. "Chanson plaisante et récréative. St. famil. "Le jeu n' est bon que quand on le prend comme une simple récréation. "Quand on a bien travaillé, il est bon de se récréer un peu. "Il faut des jeux, qui récréent et qui n' atachent pas. = Le vin récrée (ranime) les esprits. "Le vert récrée la vûe, lui plait, la flate agréablement.
   Divertissement, Récréation, Amusement, Réjouissance (Synon.) De tous ces mots, Divertissement est le plus générique et qui renferme mieux les aûtres: Récréation désigne un terme court de délassement: c' est un simple pâsse-tems pour distraire l' esprit de ses fatigues. Amusement est une ocupation légère, de peu d' importance et qui plait. Divertissement est acompagné de plaisirs plus vifs, plus étendus. Réjouissance se marque par des actions extérieures, des danses, des cris de joie, des aclamations de plusieurs persones. Ce dernier est afecté aux Fêtes publiques. BEAUZ. Synon.

RECRÉER


RECRÉER, v. act. [Il difère du verbe précédent, par la 1re syll. qui est un e muet: plusieurs Imprimeurs les confondent: ils doivent y faire atention. L' Acad. ne met pas recréer, parce qu' elle omet un grand nombre de ces verbes réduplicatifs.] Créer une seconde fois. Il ne se dit qu' abusivement et au figuré. "L' Auteur a su rajeunir et récréer son sujet, par la manière, dont il l' a traité. Journ. de Paris. Il falait, recréer, sans acccent sur le 1er e.

RÉCRIER


RÉCRIER (se) v. réc. [1re et dern. é fer.] Faire une exclamation sur une chôse, qui surprend, ou qui choque. "On se récria aux plus beaux endroits de ce discours. "Tout le monde s' est récrié contre cette audacieûse assertion.
   J' estime plus cela, que la pompe fleurie
   De tous ces faux brillans, chacun se récrie.
       Misantr.

RÉCRIMINATION


RÉCRIMINATION, s. f. RÉCRIMINER, v. n. [Rékrimi-na-cion, : 1reé fer. dern. é aussi fer. au 2d.] Récrimination est l' action de récriminer, c. à. d. de répondre à des acusations par d' aûtres acusations. "Tout ce qu' il dit pour se disculper, n' est qu' une récrimination injuste; mais quand elle serait fondée, ce n' est pas se justifier que de récriminer.

RÉCRIRE


RÉCRIRE, v. act. et n. [1reé fer. 2e lon. 3e e muet.] Il signifie, écrire de nouveau. Je lui ai écrit et récrit: il n' a pas répondu. "Cette ligne n' est pas bien: il faut la récrire. = La Touche dit que les gens, qui parlent mal, disent récrire pour répondre. "Il y a long-tems que j' ai reçu sa lettre et je ne lui ai pas encore récrit. Il remarque que, dans la 2de Édit. l' Acad. dit que récrire pour répondre vieillit.

RECROîTRE


RECROîTRE, v. n. Croître de nouveau.

RECROQUEVILLER


RECROQUEVILLER (se), v. réc. Il se dit du parchemin qui se retire et se replie, lorsqu' on l' aproche trop prês du feu; et des feuilles, des plantes et des arbres, lorsque le soleil les a trop desséchées. "La couvertûre de ce livre s' est toute recroquevillée. "Ces feuilles comencent à se recroqueviller.

RECROTER


RECROTER, v. act. Croter de nouveau. "Je m' étais décroté, et je me suis encore tout recroté.

RECRU


RECRU, ÛE, adj. [1ree muet, 2e lon. au 2d.] Harassé, qui n' en peut plus de fatigue. Il se dit ou absolument; il est si recru qu' il n' en peut plus. "Cette jument est si recrûe qu' elle ne peut plus marcher. "Leurs chevaux, tout recrus et déferrés, pouvoient à peine faire un pas dans ces rochers. Maimb. ou avec la prép. de. "Elle se plaint qu' elle est lasse et recrûe de fatigue, la Bruy. "Ils étoient si recrus du combat qu' ils ne pouvoient se soutenir. Mde Dacier, Iliade. _ L' Acad. le met sans régime.

RECRûE


RECRûE, s. f. RECRUTER, v. act. [1re e muet; 2e lon. au 1er.] Recrûe est une nouvelle levée de gens de guerre pour remplacer ceux qui manquent. Recruter, faire des recrûes. Il a fait, il amène une belle recrûe. "Recruter un Régiment. = Recrûe se dit figurément (st. famil.) des gens, qui surviènent dans une compagnie, sans être atendus; ou, qui augmentent d' une aûtre manière une société, une profession, etc.
   C' est un de ces enfans, dont la folle recrûe
   Dans les sociétés vient tomber tous les ans.
       Le Méchant.
  Médisante recrûe, à l' oprobre livrée.
      Palissot
Rem. Recruter n' est pas un mot bien ancien. La Touche, au comencement du siècle, en parle comme d' un mot, qui començait à paraitre assez souvent dans la conversation et dans les gazettes. Il en augurait bien, et pensait que la comodité le ferait recevoir dans tous les styles. Il remarque que l' Acad. l' avait mis dans la seconde Édition de son Dictionaire. = RECRUTEUR est encôre plus nouveau que Recruter, sur-tout au figuré. Celui, qui fait des recrûes. "Les recrûes n' ont pas été heureûses: les femmes ont compris que le vernis philosophique étoit celui de tous, qui leur convenoit le moins, et le recruteur philosophe s' est consumé en pure perte. Sabat. Trois siècles, etc. _ L' Acad. ne met ce mot ni au propre, ni au figuré.

RECTA


RECTA, adv. Mot latin naturalisé dans notre langue: En droitûre, directement. "Il faut aller recta au Parlement. St. famil.

RECTANGLE


RECTANGLE, adj. RECTANGULAIRE, adj. [Rèktangle, gulère: 1re è moy. 2e lon. 3e e muet au 1er, 4e é moy. et long au 2d.] Ils signifient qui a un angle droit, ou tous les angles droits. "Triangle rectangle, parallélograme rectangle: figûre rectangulaire.

RECTEUR


RECTEUR, s. m. [Rèk-teur: 1reè moy.] C' est le titre du chef d' une Université; d' un Curé en Bretagne et âilleurs; d' un Supérieur de Collège dans quelques Comunautés, etc.

RECTIFICATION


RECTIFICATION, s. f. RECTIFIER, v. act. [Rèktifika-cion, fi-é: 1reè moy. dern. é fer. au 2d.] Rectifier, c' est redresser, remettre dans l' ordre et en bon état. "Rectifier un discours, une procédûre; ses intentions, sa conduite. = En Chimie, distiler une seconde fois. = En Géométrie, rectifier une courbe, c' est trouver une ligne droite, qui lui soit égale en longueur. = Rectification ne se dit que parmi les Chimistes et les Géomètres. "Rectification de l' esprit de vin, d' une courbe. = * Le Chev. de Follard a employé rectifiant comme adjectif verbal. "Je l' éclaircis (mon Auteur) par des notes curieuses et rectifiantes dans les endroits dificiles. _ On ne peut guère bien augurer de ce mot. = La Touche remarque que rectifier est beau au figuré: rectifier son jugement, sa volonté, ses sentimens, etc.

RECTILIGNE


RECTILIGNE, adj. [1re è moy. dern. e muet: mouillez le g.] Qui est terminé par des lignes droites. "Triangle rectiligne.

RECTITUDE


RECTITUDE, s. f. [1re è moy. dern. e muet.] Equité, justice, droitûre. "Rectitude de moeurs, d' intention. = Il revient assez à droitûre, mais il est moins usité et d' un emploi moins étendu. Avec intention, droitûre est plus propre et plus en usage. Rectitude va mieux avec jugemens. = Molière a employé rectitude, dans le Misantrope.
   Mais cette rectitude,
   Que vous voulez en tout avec exactitude;
   Cette pleine droitûre où vous vous renfermez
   La trouvez-vous ici dans ce que vous aimez.
M. de Rancé s' en est servi dans son livre de la sainteté et des devoirs de la vie monastique, et Mrs de Port-royal dans leurs ouvrages; la rectitude de mon coeur, la rectitude de vos jugemens. Il me semble qu' il vieillit. L' Acad. le met sans remarque. Le P. Guérin du Rocher s' en est servi tout récemment dans la Préf. des Pseaumes du P. Berthier. "Doner de la rectitude, de la justesse à l' esprit de ses élèves. Voy. DROITûRE.

RECTO


RECTO, s. m. la 1re page d' un feuillet, comme le Verso est celle, qui est derrière en tournant.

RECTORAT


RECTORAT, s. m. Charge d' un Recteur et le tems de sa durée.

RECUEIL


RECUEIL, ou RECUEUIL, s. m. RECUEUILLEMENT, s. m. RECUEUILLIR, v. act. [Re-keuil, keu-glie-man, keu-gli: 1ree muet; mouillez l' l finale du 1er et la double l des deux autres: 3e e muet au 2d. = Jusqu' à présent, on a écrit Recueil, etc. mais cette ortographe n' exprime pas la prononciation de ce mot; car l' u y est muet; et il n' y est mis que pour doner au c un son fort qu' il n' a pas devant l' e, et pour qu' on ne prononce pas receil. Suivant l' analogie, en écrivant recueil, on devrait prononcer rekeil. Il faut donc un 2d u après l' e pour désigner la diphtongue eu, et écrire recueuil, comme Malherbe écrit acueuil, et comme l' Ab. du Resnel écrit orgueuil. M. de Wailly propose d' écrire acoeuil, orgoeuil, recoeuil; mais l' oe est un caractère étranger à notre langue, qu' on a bani de presque tous les mots où un ancien usage l' avait placé. Akeuil, rekeuil, cerkeuil serait une ortographe plus simple. Mais notre langue ne soufre le k que dans les mots étrangers. Dans une des dernières éditions du siècle de Louis. XIV, on écrit Recueuillir, il recueuille, il recueuillait, etc.] Recueuillir, c' est 1°. faire le dépouille des fruits d' une terre. "On a recueuilli beaucoup de blé, de vin, de foin, etc. "C' est un pays où l' on ne recueuille ni blé ni vin. = Fig. Recueuillir du fruit de quelque chôse, en tirer de l' utilité, du profit. "Le fruit qu' on doit recueuillir d' un Sermon, c' est la correction des moeurs. Acad.
   Ils recueillent en paix les fruits
   De leurs infâmes brigandages.
       Le Franc.
  Hélas! du crime afreux, dont la honte me suit
  Jamais mon triste coeur n' a recueilli le fruit.
       PHèDRE.
= 2°. Ramâsser plusieurs chôses dispersées. "Recueuillir les débris d' un naufrage, d' une armée. "Il s' amûse à recueuillir tous les bruits de ville. = 3°. Compiler. Réunir en un corps des chôses éparses çà et là dans les livres. "Nous avons recueuilli beaucoup de remarques et nous y en avons ajouté un grand nombre de nouvelles. "On a recueuilli quelques réponses, quelques mots de ce Prince (Louis XIV) Volt. = 2°. Cueuillir. "Recueuillir les voix, les sufrages. = 5°. Recevoir humainement, charitablement chez soi, les passans, les Pélerins, les Religieux. = 6°. Recueuillir ses esprits, ou plus ordinairement se recueuillir, rapeler son atention pour s' apliquer à quelque considération. Il est oposé à se distraire. = 7°. Inférer de... Tirer quelque induction. "Tout ce que j' ai pu recueuillir de ce discours, de cet entretien, c' est que, etc. = 8°. Autrefois on donait au réciproque un sens qu' il n' a plus aujourd' hui, excepté peut-être au Barreau. "Me recueuillant donc, dit Bossuet (c. à. d. réduisant à des articles précis ce que j' ai dit plus au long). Patru a dit aussi: "Il faut qu' un Avocat se recueuille, qu' il fasse une brève récapitulation de ce qu' il a dit. "Pour me recueuillir en trois paroles; je vous ai fait voir que, etc. Un Auteur moderne les a imités. "Maintenant je me recueuille; et me retournant contre l' incrédule, je crois être en droit de lui dire, etc. Anon. = Plusieurs Avocats disent aujourd' hui se résumer, me résumant, je me résume, qui est encôre plus mauvais.
   RECUEUIL se dit dans le 3e sens du verbe. Amâs de divers actes, écrits, etc. "Recueuil de Poésie, de Pièces d' Éloquence, de Musique, d' Estampes, etc. Faire un Recueuil, des Recueuils.
   RECUEUILLEMENT a raport au n°. 6°. "Le recueuillement des sens, de l' esprit. "Vivre dans le recueuillement, dans un grand recueuillement. "Le recueuillement est nécessaire pour l' Oraison. = Il est oposé à dissipation, distraction.

RECUIRE


RECUIRE, v. a. [Re-kui-re: 1re et dern. e muet, 2e lon.] Cuire une seconde fois. "Recuire du pain, de la brique, des métaux. "Ces confitûres sont décuites: il les faut recuire. = On dit, en Médecine, des humeurs recuites, des matières recuites, de la bile recuite.

RECUL


RECUL, s. m. RECULADE, RECULÉE, s. f., RECULEMENT, s. m. RECULER, v. a. et n. À~ RECULONS: adv. [1ree muet: on prononce l' l finale du 1er, 3eé fer. au 3e, e muet au 4e, é fer. au 5e.] Reculer, actif; tirer en arrière. "Reculer une table, une chaise, etc. "Reculez cet enfant du feu; reculez-vous de là. = Au figuré, éloigner, retarder. "Cet évènement l' a fort reculé; a reculé ses afaires, le jugement de son procês, le paiement de ce qui lui est dû, etc. = V. n. 1°. Aller en arrière. "Recule, Cocher; faites reculer ce carrosse. = Fig. Au lieu d' avancer (de faire des progrês), il recule.
   Le flot, qui l' aporta, recule épouvanté.
       Phèdre.
"Il est trop avancé pour reculer, pour se dédire, pour abandoner son entreprise. "Il (Pompée) voit bien qu' il s' est trop avancé; et il craint, s' il recule, qu' on ne l' acuse de légèreté. Cic. à Atticus. MONGAULT. = Un homme courageux ne recule jamais, ne fuit point le péril. = Reculer pour mieux sauter (st. prov.), céder, temporiser pour mieux prendre ses avantages. = 2°. Diférer, éviter de faire quelque chôse qu' on exige ou qu' on desire de nous. "J' ai beau le presser, il recule toujours. J' ai reculé tant que j' ai pu: il n' y a plus moyen de reculer.
   Rem. Dans le Dict. Gram. on dit que reculer n' a point de régime relatif; qu' on dit reculez cette chaise; mais qu' on ne dit pas reculez cette chaise de la cheminée. On critique ces vers de Boileau:
   Mais il est des objets que l' art judicieux
   Doit offrir à l' oreille et reculer des yeux.
On ajoute, qu' éloigner aurait été un terme plus propre, mais qu' il aurait formé un hiatus. Je crois toujours, en éfet, que sans la gêne de la mesure, le Poète aurait préféré éloigner; mais reculer, au moins dans le propre, peut régir de, et nous en avons doné plus haut des exemples d' aprês l' Acad. _ Mallebranche a dit autrefois: "Soit que l' objet s' aproche ou se recule de nous; et M. l' Ab. De Lille, plus récemment: "Sa situation (du Laboureur) qui recule de ses yeux ce qui peut faire plaindre ou envier le sort d' autrui. On recule un évènement, qui peut faire verser de larmes: mais qu' est-ce que reculer des pleurs, comme dit Racine dans Bajazet:
   J' ai reculé vos pleurs autant que je l' ai pu.
Si cette expression est belle en vers, elle ne vaudrait rien en prôse.
   RECULÉ, ÉE, adj. Éloigné, lointain. "Dans le quartier de la Ville le plus reculé. "Les tems les plus reculés; l' antiquité ou la postérité la plus reculée. Il s' emploie ordinairement au superlatif; mais suivant la règle des adjectifs verbaux tirés des participes passifs, il doit toujours suivre le substantif. Massillon le fait mal-à-propos précéder. "À~ nos plus reculés neveux. L' inversion est dûre et contre l' usage. Voy. ADJECTIF, V. n°. 4°.
   RECUL, mouvement d' une chôse qui recule. Il se dit proprement du canon. "Le recul du canon, quand il tire.
   RECULADE, action d' une ou de plusieurs voitûres qui reculent. "Les reculades sont dangereuses pour les gens à pied. = Fig. Ce qui éloigne la conclusion d' une afaire. "Cette faûsse démarche lui a fait faire une reculade; st. famil. et plaisant.
   RECULÉE se dit avec feu. On apele feu de reculée, un feu qui oblige à se reculer.
   RECULEMENT, action de reculer. "Le reculement d' un carrosse, d' une charrette. = Recul se dit du canon; Reculade et Reculement des voitûres.
   À~ RECULONS, en reculant, en alant en arrière. "Les écrevisses vont et les Cordiers travaillent à reculons. = Fig. st. famil. En empirant. Ces afaires vont à reculons. = * En certaines Provinces on dit de reculons: c' est un gasconisme.

RÉCUPÉRER


RÉCUPÉRER (SE), v. réc. [1re, 3e et dern. é fer.] Se récompenser de quelque perte. Il se dit, ou avec la prép. de: se récupérer de ses pertes; ou absolument et sans régime: se récupérer; il s' est pleinement récupéré. = Il n' est que du style familier. * Un Auteur moderne le fait actif, et l' emploie dans une Histoire de l' Église, deux chôses à relever. "Pour les fléchir et récupérer leurs anciennes faveurs. _ Pourquoi ne pas dire, recouvrer?

RÉCUSABLE


RÉCUSABLE, adj. RÉCUSATION, s. f. RÉCUSER, v. act. [Rékuzable, za-cion, : 1re é fer. 3e dout. au 1er, é fermé au dern. = Richelet écrit Recuser, etc. sans accent. C' est contre l' analogie et l' usage.] Récuser s' est alléguer des causes contre des Juges ou des Témoins, pour empêcher les uns des juger, et pour infirmer le témoignage des aûtres. = On le dit par extension de toutes les persones dont on prétend que le témoignage est suspect en quelque chôse. = Récusation, action par laquelle on récuse. = Récusable, qui de droit peut être récusé; et par extension, à qui l' on ne peut ajouter foi.

RÉDACTEUR


RÉDACTEUR, s. m. RÉDACTION, s. f. RÉDIGER, v. act. [Rédak-teur, dak-cion, digé: 1re é fer. dern. é aussi fer. au dern.] Rédiger c' est, 1°. réduire en ordre, et mettre par écrit ce qui a été délibéré, résolu ou prononcé dans un discours. "Rédiger par écrit ce qu' on a entendu. Rédiger les avis d' une assemblée. = 2°. Réduire en peu de paroles un discours fort étendu. = Rédaction, action par laquelle on rédige. = Rédacteur, celui qui rédige.
   Rem. Rédiger par écrit est vieux, disait La Touche, dès le comencement du siècle. Il remarque pourtant que l' Acad. cite un exemple de cette expression sans la désaprouver. C' est ce qu' elle a continué de faire dans les éditions suivantes.

REDAN


REDAN, s. m. [1re e muet.] Pièce de fortifications à angles saillans et rentrans, dont les faces se flanquent réciproquement.

RÉDARGUER


RÉDARGUER, v. act. [Rédargu-é, et non pas rédarghé. 1re et dern. é fer.] Reprendre, réprimander. C' est un mot du pays latin. Il est bâs dit Trév. La qualification n' est pas juste. On dirait, avec plus de raison, pédantesque. L' Acad. le met sans remarque.

RÉDDITION


RÉDDITION, s. f. [Réd-di-cion: 1re é fermé. = Richelet écrit Rédition, mais mal: on doit prononcer les deux dd.] 1°. Action de rendre à l' énemi une place assiégée. = 2°. Il se dit d' un compte qu' on présente pour être arrêté. Reddition de compte. "Aprês la reddition de son compte.

REDEMANDER


REDEMANDER, v. a. [1re et 2ee muet, 3e lon. dern. é fer.] Il a deux sens: 1°. Demander une seconde fois, ou plusieurs fois. 2°. Vouloir reprendre ce qu' on avait doné ou prété. Il se dit figurément des chôses:
   La justice est sans force, et nos champs et nos villes
   Redemandent aux Dieux, trop long-tems négligés,
   Le sang des citoyens, l' un par l' autre égorgés.
       Mérope.

REDÉCLARER


REDÉCLARER, REDÉDIER, REDÉFAIRE, v. act. [1re e muet, 2e et dern. é fer.] Déclarer, dédier, défaire une seconde fois.

RÉDEMPTEUR


RÉDEMPTEUR, s. m. RÉDEMPTION, s. fém. [On pron. le p: rédanp-teur, cion: 1re é fer. 2e lon.] Ces deux mots sont consacrés pour signifier le rachat du genre humain par N. S. J. C. _ Cependant on dit la Rédemption des captifs, et les Pères Rédempteurs, du rachat des Esclaves Chrétiens détenus chez les Infidèles, et des Religieux qui vont payer leur rançon et les ramener. = L' Acad. ne dit que Rédemption dans ce dernier sens.

REDÉPêCHER


REDÉPêCHER, v. act. REDESCENDRE, v. act. et neut. [1re e muet.] Dépêcher une seconde fois. Descendre de nouveau. Le 2d est plus usité que le 1er.

REDEVABLE


REDEVABLE, adj. REDEVANCE, s. f. REDEVANCIER, IèRE, s. m. et fém. REDEVOIR, v. act. [1re et 2e e muet: 3e dout. au 1er, lon aux. trois suivans; 4e e muet aux deux premiers, é fermé au 3e, è moy. et lon. au 4e; cié, cière.] Redevoir, être en reste; devoir aprês avoir payé une partie, etc. Redevable, qui est reliquataire et débiteur, aprês un compte rendu. "Vous me redevez tant. "Vous m' êtes redevable d' une telle somme. = Le verbe ne se dit qu' au propre; l' adjectif se dit de tous ceux qui ont obligation à quelqu' un. Il régit le datif de la persone et l' ablatif de la chôse: il lui est redevable de la vie, de sa fortune. * Le Gendre atribûe ce second régime à la persone. "Ce consentement... le rend redevable de (à) celui auquel il a eu recours.
   REDEVANCE, rente foncière, ou aûtre charge que l' on doit au Seigneur. Redevancier, qui est obligé à des redevances.

REDEVENIR


REDEVENIR, v. n. [3 e muets.] Devenir de nouveau. "Il redevint aussi puissant que jamais. = Ainsi que devenir, il ne régit que les noms: il ne gouverne ni les verbes, ni les adverbes, ni les prépositions. "La Terre Sainte redevint sous la domination de ses anciens Maîtres. Anon. Il falait dire, rentra sous, etc.

RÉDIFIER


RÉDIFIER, Rich. Voy. RÉÉDIFIER.

RÉDIGER


RÉDIGER, v. act. Voy. RÉDACTEUR.

RÉDIMER


RÉDIMER (SE), v. réc. [1re et dern. é fer.] Se racheter, se délivrer des vexations. "Il lui en a tant coûté pour se rédimer de la vexation, des poursuites qu' on lui faisait ou qu' on voulait lui faire. "Se réservant toujours à dire qu' il n' en avoit usé de la sorte que pour se rédimer d' une injuste vexation. MAIMB. _ C' est tout l' emploi de ce verbe.

REDINGOTE


REDINGOTE, s. fém. [Re-dein-gote: 1re et dern. e muet, 2e lon.] Mot tiré de l' Anglais riding-hood, qui signifie casaque propre pour aller à cheval. Ce mot est naturalisé dans notre langue.

REDISEUR


*REDISEUR, s. m. REDIRE, verb. act. REDITE, s. fém. [Redizeur, dire, dite: 1re e muet, 2e lon. au 2d.] Redire est le seul des composés de dire, qui suive la conjugaison de ce verbe sans exception. = Redire c' est, 1°. répéter. Dire une chôse plusieurs fois. "Vous redites toujours la même chôse. = 2°. Révéler ce qu' on nous a dit en confidence. "Il va redire tout ce qu' on lui dit. = 3°. Redire à: blâmer, censurer. "Il n' y a rien à redire à cet homme-là, à cet ouvrage, ou dans cet ouvrage. "Il trouve à redire à tout. "On trouve à redire que vous ayiez fait cela. Il régit le subjonctif.
   Il pense que louer n' est pas d' un bel esprit;
   Que c' est être savant que trouver à redire.
       Misantr.
  REDITE n' a que la première signification. Répétition fréquente d' une chôse qu' on a déja dite. "User de redites. "Tomber dans des redites ennuyeûses. "Je crains de vous fatiguer par des redites ennuyeûses. Dest. = *Fénélon dit, faire des redites. "Tout ce qu' il disoit étoit court, précis, nerveux. Il ne faisoit jamais aucune redite. TÉLÉM. Cette expression n' est pas d' ussage.
   *REDISEUR est un mot de Mde de Sévigné: elle s' en sert plus d' une fois dans ses Lettres. "Si vous prenez le chemin de vous éclaircir avec l' Archevêque, vous ferez taire les rediseurs. _ Le mot est en italique. Il serait utile. "Nous avons un écho, qui est petit rédiseur mot à mot jusqu' à l' oreille. Idem.

REDONDANCE


REDONDANCE, s. fém. REDONDANT, ANTE, adj. REDONDER, v. n. [1ree muet, 2e et 3e lon. aux trois premiers, é fermé au dern.] Ils expriment un vice du discours, qui consiste dans une superfluité de paroles. = Le verbe est peu usité. Il est dans Trév. sans remarque et sans citation. L' Acad. en donne un exemple: cette épithète redonde. = Pour l' adjectif et le substantif sur-tout, ils sont fort employés aujourd' hui par les critiques. "De sévères critiques trouveront le style de la Préface (du Tite Live, par M. Crevier) trop fleuri et trop redondant. L' Ab. Des Font. _ Sur ces vers de l' Épître à ma Patrie.
   O ciel, qui m' as vu naître! ô cité maternelle,
   Où j' ai reçu la vie, où j' ai goûté cent fois
   Ces plaisirs que mon ame en pleurant se rappelle, etc.
Un aûtre, dit un Auteur de l' Ann. Lit. eût dit simplement, ô ciel qui m' as vu naître; mais M. Le Suirre ajouté: ô cité maternelle où j' ai recu la vie. On sait bien que tout cela signifie la même chôse, mais ici cette redondance est sublime. _ Non, elle n' est pas sublime; mais bien des persones, je crois, ne la trouveront pas aussi répréhensible que l' a trouvée le critique.

REDONER


REDONER, v. act. [1re e muet, dern. é fer.] 1°. Doner une seconde fois la même chôse. "Je lui avais rendu ce livre; il me l' a redoné. = 2°. Rendre. "Sa présence redona (rendit) le courage aux troupes. "Vous m' avez redoné (rendu) l' espérance que j' avais perdûe. = Par exagération: ce remède m' a redoné la vie. = V. n. Revenir à la charge. "L' Infanterie se ralia et redona avec un nouveau courage. "La pluie redone de plus belle: elle redouble. St. famil.
   Rem. Il me semble que se redoner ne s' emploie guère dans le style relevé. Un Poète n' imiterait pas, peut-être avec succês, ce vers de Racine dans Bérénice.
   Cet amant se redone au soin de son amour.
Rousseau l' a fort bien employé à l' actif.
   Et les Dieux apaisés redonent à la Terre
   Des jours plus sereins et plus beaux.
Mde de Sévigné dit assez plaisamment d' une Demoiselle fort sote et grande Comédienne. "Elle n' a plus la fièvre quarte: elle l' avoit jouée par conséquent. Je suis assurée que nous la lui redonnerons tout au moins.

REDORER


REDORER, v. act. [1re e muet, dern. é fermé.] Dorer une seconde fois ce qui est dédoré.

REDOUBLEMENT


REDOUBLEMENT, s. m. REDOUBLER, v. act. et neutre. [1re e muet, 3e e muet au 1er, é fermé au 2d.] Acroissement, augmentation. "Redoublement de chagrin, d' ennui, de joie. = En parlant de la fièvre, il s' emploie sans régime. "Fièvre continûe, avec des redoublemens. "Le malade est dans son redoublement, etc.
   REDOUBLER c' est, 1°. Réitérer avec quelque sorte d' augmentation. "Redoubler ses prières, ses instances, ses sollicitations, ses soins, ses éforts. = 2°. Augmenter, acroître. "Ce que vous lui avez dit a redoublé son afliction. "La fièvre lui a redoublé son mal de tête. Acad. Sauf meilleur avis, il me semble que lui et son est un pléonasme, une redondance, et qu' on doit dire, a redoublé son mal de tête; ou lui a redoublé le mal de tête. = V. n. "Le froid a redoublé: la fièvre lui a redoublé. "Ma crainte redouble; et avec la prép. de pour régime. "Redoubler de soins, d' atention, de courage.
   Il verra que mon coeur, plein de son infortune,
   Redoublera pour lui de tendresse et d' amour.
       Dest. Le Glorieux.
Et en style prov. redoubler de jambes, marcher plus vite. = Le réciproque se redoubler est peu usité, le neutre ayant le même sens. Cependant quelques Écrivains l' ont employé. "Ses tendresses se redoubloient avec son estime. Boss. "En le voyant, sa fureur se redouble. TÉLÉM. On dit plutôt: Sa tendresse redoublait; sa fureur redouble.
   Non, mon coeur ne sent plus une barbare haine...
   Dieux! elle se redouble, au moment où je voi
   L' objet, qui la nourrit, paroitre devant moi.
       Campistron.
Le Poète avait besoin d' une syllabe de plus. Peut-être sans cela aurait-il dit, redouble. Du moins faut-il le dire en prôse.
   REDOUBLER, c' est aussi remettre une doublure: redoubler un habit, etc.

REDOUTABLE


REDOUTABLE, adj. REDOUTER, v. a. [1re e muet: 3e dout. au 1er, é fer. au 2d.] Redouter, c' est craindre fort. Redoutable, qui est fort à craindre. "Vous redoutez cet homme là: il n' est pas trop à redouter: il n' est pas fort redoutable: il est plus redouté que redoutable. "Redoutez-la colère de Dieu: son courroux est vraiment redoutable. = Voyez CRAINDRE.
   Vous vous êtes rendu toujours si redoutable,
   Que jamais vos enfans, proscrits et malheureux,
   N' ont pu vous regarder comme un père pour eux.
       Rhadamisthe.
Rem. Redoutable suit ou précède le subst. au gré du Poète ou de l' Orateur: son pouvoir redoutable; les redoutables jugemens du Seigneur.
   Et ses redoutables sujets
   Se multipliront comme l' herbe
   Autour des humides marais.
       Rousseau.
"Sa redoutable épée s' ennivre de carnage. Jér. Dél. *Brébeuf fait de redoutable un substantif.
   Il meurt ce redoutable, il épargne au tonnerre
   Le soin de réprimer l' audace de la terre.
Cela n' est point au moins de l' usage actuel. = Redoutable régit quelquefois le datif, (la préposition à). "La puissance des Goths fut toujours redoutable à nos Monarques. Moreau. Mais ce datif ne fait guère bien, quand c' est un pronom. "Armes, dont les coups leur étoient bien plus redoutables MAIMB.
   REDOUTÉ doit toujours suivre le nom qu' il modifie.
   Le pouvoir redouté de ces fatales herbes.
       Gresset.
Le redouté pouvoir est du siècle de Ronsard et de Du Bartas. Depuis long-tems les adjectifs verbaux, ou les participes passifs employés adjectivement, doivent toujours marcher aprês le substantif. Voy. ADJECTIF. V. n°. 4°. = Être redouté régit la prép. de: Il est redouté de tout le monde.

REDOUTE


REDOUTE, s. f. [1re et dern. e muet.] Pièce de fortification détachée. "Une redoute fraisée et palissadée. Une redoute revétûe. "Construire, ataquer, prendre une redoute.

REDOUTER


REDOUTER, voy. REDOUTABLE.

REDRESSEMENT


REDRESSEMENT, s. m. REDRESSER, v. act. REDRESSEUR, s. m [Redrèceman, , ceur: 1re e muet, 2eè moy. 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Redresser, 1°. au propre, c' est rendre droit. "Redresser une planche, un bâton. = Se redresser: on dit à une jeune persone: redressez-vous, tenez-vous droite. = Se redresser (style famil. et plaisant ou critique) se dit d' une femme ou fille, qui prend plus de soin de son ajustement qu' à l' ordinaire; et de ceux qui paraissent ennorgueillis de quelque nouvel avantage. = 2°. Remettre dans le droit chemin. "Je m' étais égaré: il m' a redressé. = 3°. Il se dit au figuré dans l' un et l' aûtre sens. "La raison redresse les mauvaises inclinations et les corrige. Scud. "Ma chère enfant, redressez vos pensées; et ne pensez à moi que pour m' aimer. Sév. (et non pas pour vous inquiéter). "Ce jeune garçon était prês de se perdre; mais on l' a redressé: on l' a mis dans le droit chemin. = 4°. En st. prov. Redresser, c' est atraper. "Les joueurs l' ont redressé. = 5°. Anciènement, redresser les torts, c' était secourir les oprimés, en parlant des Chevaliers errans. On ne le dit plus qu' en plaisantant ou en se moquant.
   REDRESSEMENT est l' action de redresser, ou, l' éfet de cette action.
   REDRESSEUR ne se dit que dans le sens du n°. 4°. de ceux qui cherchent à atraper, (il est populaire) et du n°. 5°. des anciens Chevaliers errans, qu' on apelait redresseurs des torts. = On s' en sert encôre dans le style moqueur. "Il est bon de faire conoître à fonds ces réformateurs de toutes les opinions, ces redresseurs de tous les torts, ces hommes si grands dans leurs coteries, et si petits dans leurs livres. Journ. de Mons.

RÉDUCTIBLE


RÉDUCTIBLE, adj. RÉDUCTION, s. f. RÉDUIRE, v. act. RÉDUIT, s. m. [1re é fer. 2e lon. au 3e.] Réduire: je réduis, nous réduisons; je réduisois, ou réduisais; je réduisis, j' ai réduit; je réduirai; je réduirois ou réduirais; réduis; que je réduise, je réduisse;réduisant, réduit, duite. = Réduire, c' est 1°. obliger, nécessiter, contraindre. Il régit à devant les noms et les verbes: à quoi me réduisez-vous? À~ quelle extrémité suis-je réduit? "Cette incomodité m' a réduit à vivre de régime. "Je l' ai réduit à obéir.
   Et moi, par le devoir réduite à me contraindre,
   Je ne puis recevoir aucun soulagement.
       La Chaussée.
"Ne me réduisez pas à mourir de faim par vanité. Volt. = 2°. Soumettre, subjuguer "Alexandre réduisit toute l' Asie sous ses loix, sous son obéissance. "Réduire quelqu' un à la raison, à son devoir. _ Réduire un cheval, le dompter, etc. = 3°. Résoûdre une chôse en un aûtre. "Réduire le blé en farine: le feu réduit le bois en cendre et en fumée. Réduire en poûdre, en cendre. Voy. POûDRE et CENDRE. = On dit le premier au figuré d' un écrit d' un ouvrage; le réfuter victorieûsement. = 4°. Mettre en petit avec les mêmes proportions: réduire un plan, un dessein, un tableau. Se réduire: "Cela se réduit à peu de chôse. Volt. = 5°. Changer d' un état en un aûtre. "Réduire un Royaume en République. = 6°. Restreindre, borner. "À~ quoi réduisez-vous vos demandes, vos prétentions? Je me réduis à la moitié de ce qui m' est dû. "Tout se réduit à dire que, etc. = 7°. Diminuer: réduire sa dépense, son train. "Il était dans une grande opulence; mais le voilà bien réduit. = En style prov. Réduire quelqu' un au petit pied; le rendre paûvre et misérable.
   RÉDUCTIBLE, qui peut être réduit. Terme didactique. "Le Marc est réductible en onces. = Qui doit être réduit. Terme de Droit. "Ce legs, cette donation est réductible
   RÉDUCTION, action de réduire. Il a tous les sens du verbe. "La réduction d' une Ville à l' obéissance: "Cette victoire fut suivie de la réduction de la plupart des villes. Maimb. La réduction d' une pinte de liqueur à une chopine. Faire la réduction d' un écu en sous: la réduction de la livre poids de marc, à la livre poids de table; de toutes les mesûres à une seule. La réduction d' un plan, d' un dessin. "Il vivait dans l' abondance; et il est aujourd' hui à l' étroit: c' est une triste réduction. = En termes de chirurgie, opération par laquelle on réduit, on fait rentrer dans leur place, les parties, qui en sont sorties. "Il faut faire la réduction dans les luxations, les fractûres, etc. = On dit en logique, la réduction à l' impossible; argument par, lequel on démontre une proposition, en faisant voir que le contraire est impossible ou absurde. = Réduction d' une rente, sa diminution à un denier plus bâs, comme du denier vingt ou du cinq pour cent, au denier vingt-cinq ou au quatre pour cent.
   RÉDUIT, retraite. "Agréable réduit: je me suis fait un petit réduit; un réduit comode et tranquile. = Lieu où plusieurs persones ont acoutumé de se rendre pour jouer, converser, etc. Aujourd' hui on dit plutôt cercle. = En termes de Fortifications, petite demi-lune ménagée dans une grande.

RÉDUPLICATIF


RÉDUPLICATIF, IVE, adj. RÉDUPLICATION, s. f. [Richelet ne met point d' accent, contre l' usage et même contre la regle et l' analogie bien entendûes. Voy. Re ou ] ce sont termes de Gramaire. Sens réduplicatif, particule réduplicative; la réduplication d' une lettre, d' une syllabe. Ainsi l' on dit que redire, refaire ont un sens réduplicatif; que dans ces mots, re est particule réduplicative, que reprendre est quelquefois verbe réduplicatif, etc. Et l' on peut dire que la réduplication des consones sans nécessité est embarrassante pour les savans même, et induit en erreur les ignorans. = L' Acad. n' atribûe le substantif qu' à la Gramaire Grecque. Je crois qu' on peut s' en servir dans les aûtres.

RÉÉDIFICATION


RÉÉDIFICATION, s. f. RÉÉDIFIER, v. act. [Ré-édifika-cion, fi-é: 1re et 2e é fer. dern. é fer. aussi au 2d. = Richelet écrit rédifier avec un seul é: ce n' est pas le bel usage.] Reconstruction. Action de rebâtir. Reconstruire. Rebâtir. "La réédification d' une Église: du Temple de Jérusalem. Réédifier un Palais, une Église. = Ils ne se disent que des grands édifices.

RÉÉDITEUR


*RÉÉDITEUR, s. m. RÉÉDITION, s. f. Nouvelle édition et celui qui la fait. = Ces mots étaient de mauvaise fabrique: aussi l' usage ne les a-t-il pas admis.

RÉEL


RÉEL, ELLE, adj. RÉELLEMENT, adv. [Ré-èl, èle, èleman: 1re é fer. 2e è moy. 3e e muet.] Réel, qui est véritablement, éfectivement. "Être réel; existence réelle: la présence réelle du corps de J. C. au Saint Sacrement de l' Autel. = On le dit quelquefois des persones. "C' est un homme réel et éfectif: il tient fidèlement ce qu' il a promis.
   Il vient, souvenez-vous. _ Je suis homme réel.
       Dest. Le Dissipateur.
= S. m. "Distinguer le réel du chimérique. "Sortez-vous, dit M. Cerutti, du champ des réels pour vous jeter dans le désert des fantômes? On refuse de vous y suivre, etc. _ Les Réels au pluriel est une nouveauté: mais le champ des réels et le désert des fantômes, apartient à ce style amphigourique, inconu au grand siècle. = Réel n' aime pas à précéder le substantif. "La réputation de cette Reine de Carthage n' a reçu de l' Éneide aucune réelle flétrissûre. Le Gendre. L' inversion est dûre.
   RÉELLEMENT; éfectivement, véritablement. "Le Corps de N. S. J. C. est réellement présent au sacrement de l' Autel. "Les chôses qui existent réellement.

RÉENTRER


RÉENTRER, est un barbarisme: écrivez et prononcez, Rentrer.

REFAIRE


REFAIRE, v. actif. [Refère: 1re et dern. e muet; 2e è moy. et long] 1°. Faire une seconde fois ce qu' on a déjà fait. "Refaire le voyage d' Italie; un tour de promenade. "Il pâsse sa vie à faire, défaire, et refaire. = 2°. Réparer, racomoder ce qui est ruiné ou gâté. "Refaire une murâille, une vieille maison, un habit. Et neutralement. "Il y a toujours à refaire à cette montre, à cette machine. = 3°. Recomencer. "Si c' était à refaire, je ne le ferais pas, ou, je le ferais encôre. = 4°. Remettre en vigueur, en bon état. "Le bon air refait bien un malade. "Envoyer les chevaux à l' herbe pour les refaire. "Il va à la campagne pour se refaire: il s' est bien refait: il comence à se refaire.

REFAIT


REFAIT, s. m. [Refè: 1ree muet; 2e è moy.] À~ de certains jeux, comme au piquet, aux échecs; c' est un coup, ou une partie qu' il faut recomencer. "C' est un refait.

RÉFECTION


RÉFECTION, s. f. [Réfek-cion: 1re é fer. 2e è moy.] 1°. Réparation, rétablissement d' un bâtiment. "Il en a tant coûté pour la réfection de cette maison. = Suivant l' Acad. il ne se dit guère qu' en style de Pratique. Je crois qu' on peut le dire âilleurs, et qu' il est utile et nécessaire même en bien des ocasions. = 2°. Repâs: prendre sa réfection. "À~ l' heure de la réfection. Il ne se dit guère que dans les comunautés Religieûses. Acad. Du moins pour la dernière phrâse, où même il est vieux, l' on dit plutôt l' heure du repas, même chez les Moines.

RÉFECTOIR


RÉFECTOIR ou RÉFECTOIRE, s. m. [Réfèk-toar, toâ-re: 1reé fer. 2e è moy. 3e lon. au 2d.] Le premier était le plus usité aûtrefois; et Ménage, Andry, Richelet le preféraient. Aujourd' hui le second est le plus en usage; et c' est le seul qu' admette l' Acad. = Lieu, où les gens, qui vivent en comunauté, prènent leurs repâs. Dîner au réfectoire, ou dans le réfectoire: le 1er est le meilleur. À~ l' heure du réfectoire, des repâs, etc.

REFEND


REFEND, s. m. [Refan: 1re e muet; 2e lon.] Il ne se dit qu' avec mur et bois. = Mur de refend; qui sépâre les pièces du dedans d' un bâtiment, à la diférence des gros murs, qui en font le pourtour. = Bois de refend, qui a été scié de long. = * Quelques uns disent de refente, sur tout avec mur: c' est un barbarisme.

REFENDRE


REFENDRE, v. act. [Refandre: 1re et dern. e muet; 2e lon.] 1°. Fendre de nouveau. = 2°. En termes d' Arts, scier en long, fendre, diviser. "Refendre du bois, une poûtre etc. = En plusieurs provinces on apèle Refendeur de bois, ceux qui le fendent en long pour le chaufage, aprês l' avoir coupé ou scié en travers. C' est un mauvais mot: il faut dire, fendeur.

RÉFÉRENDAIRE


RÉFÉRENDAIRE, s. m. [Référandère: les 2 1res é fer. 4e è moy, et long; 5e e muet.] C' est le nom de certains Oficiers de la Chancellerie, qui raportent (réfèrent) les Lettres Royaux, pour savoir si elles doivent être signées et scellées. "Grand Référendaire. "Il y a des référendaires à chacune des petites Chancelleries. = Parmi les Procureurs, on apèle, tiers référendaire, celui, qui est apelé en tiers pour la taxe des dépens.

RÉFÉRER


RÉFÉRER, v. act. [3 é fer.] Raporter. "Un Chrétien doit référer à Dieu toutes ses actions. "À~ quoi référez-vous cet article? "Il se réfère à celui qui est ci-dessus. Référer le choix à quelqu' un, lui doner le choix. = Il vieillit dans l' usage ordinaire. Acad. = On dit, en termes de Pratique, référer le serment à quelqu' un, se raporter au serment de quelqu' un, qui voulait s' en raporter au nôtre. "Le serment m' avait été déféré; mais je l' ai référé à ma partie. = V. n. Faire raport. Terme de Palais. "Il faut en référer à la chambre: il en sera référé. = On dit, en ce sens, substantivement, un référé, un raport.

REFERMER


REFERMER, REFERRER, v. act. [1re e muet.] Fermer, Ferrer de nouveau.

REFICHER


REFICHER, REFIGER, REFIXER, v. act. [1re e muet.] Ficher, Figer, Fixer une seconde fois.

RÉFLÉCHI


RÉFLÉCHI, IE, adj. RÉFLÉCHIR, v. act. RÉFLÉCHISSANT, ANTE, adj. RÉFLÉCHISSEMENT, s. m. [Les 2 1resé fer. 4e lon. au 3e et 4e, e muet au dernier: san, sante, ceman.] Réfléchir, c' est 1°. au propre et dans le phisique, repousser, renvoyer. "Tous les corps solides réfléchissent les autres corps, qui les frapent. Réfléchir la lumière: l' écho réfléchit la voix. = V. n. Rejaillir, être renvoyé. Il régit de: "la lumière, qui réfléchit de la murâille; les rayons du soleil, qui réfléchissent d' un miroir; ou la prép. sur: "La douleur est dans ses yeux et réfléchit sur tout ce qui l' environne. Jér. Dél. Il est là employé au figuré. = 2°. Penser mûrement et plus d' une fois à une chôse. "Il réfléchit beaucoup: il ne réfléchit jamais: plus je réfléchis sur cette afaire, et plus je la troûve importante. = Le P. Bouhours condamnait réfléchir en ce sens: il dit que tous les bons Auteurs et toutes les persones, qui parlent bien, disent toujours faire réflexion. Cependant, soit qu' il eût changé de sentiment, soit qu' il eût oublié sa remarque, il a employé lui-même ce verbe neutralement et dans cette acception. "Il faut souvent réfléchir sur les chôses passées. "Il pâssa la nuit à réfléchir sur ce qui venoit de se pâsser. = M. Linguet met la prép. à, au lieu de la prép. sur. "En réfléchissant à la douceur de la législation et des coutumes angloises dans les matières criminelles, etc. Je goûterais assez ce régime en certaines ocasions. = * Un Auteur moderne emploie ce verbe activement dans cette signification. "Nous sentons avec plaisir la supériorité, sans la réfléchir avec l' étonement qu' elle mérite. _ Cela est nouveau, et n' a pas l' air de faire fortune.
   RÉFLÉCHI, qui est fait avec réflexion. "Crime réfléchi: action, pensée réfléchie. = * Quelques Écrivains l' ont dit des persones. Qui réfléchit, qui a l' habitude de réfléchir. "Cet Auteur estimable et réfléchi, prouve clairement que, etc. Ann. Litt. "Si le Czar Pierre avoit été un homme aussi réfléchi qu' ambitieux, il auroit imité (Constantin) dans le choix d' un rivage paisible et d' un port assuré. Linguet. "Assez foible pour croire sur parole et trop peu réfléchi, pour rien aprofondir. l' Ab. Sabat. Trois. Siècles, etc. "Un observateur très réfléchi, (Mallebranche) va jusqu' à prononcer qu' en un sens ce bouillant Africain (Tertullien) étoit visionaire. Berault de Bercastel. = Réfléchi est là pour réfléchissant: c' est le passif pour l' actif. Voy. plus bâs RÉFLÉCHISSANT et RÉFLÉXIE = L' Acad. ne le dit point des persones. = Avec le v. être impersonel, il me parait insoutenable. * "Il est peu réfléchi de quiter l' une des contrées les plus heureuses de l' Europe pour un sort très-incertain. Journ. Polit. de Gen.
   Rem. Les Gramairiens apèlent réfléchis, des verbes réciproques, qui expriment l' action de deux ou plusieurs chôses ou persones, qui agissent les unes sur les aûtres; comme s' entrebatre, s' entrechoquer, etc.
   *RÉFLÉCHISSANT, a été employé par Rousseau le Philosophe. "Les gens de Lettres, de tous les ordres d' Hommes, le plus sédentaire, le plus mal sain, le plus réfléchissant et par conséquent le plus malheureux. Let. à Volt. "Je suis bien réfléchissante: je vous lasse peut-être. Milady Catesby. _ C' est un néologisme.
   RÉFLÉCHISSEMENT ne se dit que dans le 1er sens de réfléchir, neutre: dans le second sens, on dit réflexion. = Rejaillissement: "Le réfléchissement de la lumière, de la voix.

RÉFLECTION


*RÉFLECTION: c' est ainsi qu' écrivaient ce mot plusieurs Auteurs dans le dernier siècle. Écrivez et voyez RÉFLEXION.

REFLET


REFLET, s. m. REFLÉTER, v. act. Termes de Peintûre. La réverbération de lumière, de couleur que fait un corps sur un aûtre. _ Réfléchir, renvoyer la lumière, la couleur sur l' objet voisin. = M. Necker emploie élégamment reflet au figuré. "Le peuple ne participe point au reflet de tant de richesses.

REFLEURIR


REFLEURIR, v. n. [Re-fleu-ri: 1ree muet.] Fleurir de nouveau. "Les orangers fleurissent au printems et refleurissent en Automne. = Fig. "Les lettres, les beaux Arts comencent à refleurir. ACAD. "Un Prince, éclairé de la sorte, n' étoit-il pas né pour faire refleurir la Religion? Bourdal. Or. Fun. de Henri de Bourbon. Suivant l' Analogie, il faut dire à l' imparfait, reflorissait, et au participe actif reflorissant, dans le sens figuré. Voy. FLEURIR.

RÉFLEXIF


*RÉFLEXIF, IVE, adj. Qui est acoutumé à réfléchir. C' est un mot du P. Rapin. "Par les contemplations oisives de leur esprit naturellement réflexif Voyez Réfléchi et Réfléchissant.

RÉFLEXIBILITÉ


RÉFLEXIBILITÉ, s. f. RÉFLEXIBLE, adj. RÉFLEXION, s. f. [Réflèkcibilité, cible;réflek-cion, en vers ci-on: 1reé fer. 2e è moy.] Réflexion a les deux sens de réfléchir. = 1°. Rejaillissement, réverbération: la réflexion des rayons, de la voix. Angle de réflexion. = 2°. L' action de l' esprit, qui réfléchit. "Agir avec ou sans réflexion. Faire réflexion sur ou à. "Vous faites d' inutiles réflexions sur un malheur auquel il n' y a point de remède: il ne fait jamais réflexion à ce qu' on lui dit. "Cela mérite réflexion. "C' est un homme de réflexion. = Au pluriel, pensées, qui résultent de cette action de l' esprit; "profondes, utiles, salutaires réflexions. _ Voy. NOTE.
   Rem. On dit, faire réflexion absolument et sans article. N' imitez pas Mallebranche, quand il dit: "qu' ils fassent un peu quelque réflexion, si cette réponse... n' est pas une réponse peu judicieuse. "Ceux qui me condamnent, se jugent eux-mêmes, quoiqu' ils n' y fassent pas de réflexion. ID. Dans la 2de phrâse, la négation a sans doute produit ce de superflu: mais dans ces expressions composées, la négative ne doit pas produire cet éfet. On dit: il n' a pas raison; il n' a pas tort, et non pas: il n' a pas de raison; il n' a pas de tort. Voy. Tort. Il faut donc dire; quoiqu' ils n' y fassent pas réflexion. = On dit, faire réflexion que avec l' indicatif, même dans la phrâse négative. "Je fais réflexion que le tems en est passé. "Je ne faisais pas réflexion que la chôse est déjà promise. = Toute réflexion faite, est une de ces expressions, qui correspondent aux ablatifs absolus des latins. "Toute réflexion faite, il ne convient pas que j' y aille.
   Réflexible et Réflexibilité, sont des termes de Physique. Ils ont raport au 1er sens de réflexion. = Qui est propre à être réfléchi: "Les rayons les plus réfrangibles sont aussi les plus réflexibles. = Propriété d' un corps susceptible de réflexion. "La réflexibilité des rayons de lumière.

REFLUER


REFLUER, v. n. REFLUX ouREFLUS, s. m. [Reflu-é, reflu, et devant une voyèle, refluz: 1re e muet; 3e é fer. au 1er.] Reflus est de Richelet, et reflux, de l' Acad. et du torrent des Auteurs. Il a d' âilleurs pour lui l' étimologie, et l' ortographe de flux, dont il est le composé. Malgré cela, je préfèrerais le 1er, parce que je trouve que l' x, à la fin des mots n' est pas dans le vrai génie de notre Langue, et que l' s y convient mieux. = Refluer, c' est, en parlant des eaux, retourner vers le lieu d' où elles ont coulé. "Quand la mer monte, elle fait refluer les rivières. = En termes de Médecine, on le dit des humeurs: la bile a reflué dans le sang. = Reflus, moûvement de la mer, qui se retire après le flus. = Fig. Vicissitude. "La fortune a son flus et son reflus. "Les chôses humaines sont sujètes à un flus et reflus continuel. "C' est un flus et reflus de pensées et de sentimens oposés. Le P. Follard. "Dans ce flus et reflus de succès et de pertes... Louis XV ne cessait d' être victorieux dans les Pays bas. Volt. Au figuré, il se dit toujours avec flus.

REFONDER


REFONDER, v. act. [1re e muet, 2e lon. 3e é fer.] Il ne se dit qu' au Palais. Refonder les dépens de contumace, rembourser les frais d' un défaut, faûte de comparoir, afin d' y être reçu oposant.

REFONDRE


REFONDRE, v. act. REFONTE, s. f. [1re et dern. e muet; 2e lon.] Refondre, mettre à la fonte une seconde fois. "Refondre un canon, une cloche. = Fig. "Pour faire quelque chose de cet ouvrage, de ce discours, de ce Poème, il faut le refondre. = Et dans le style familier. "On ne peut pas se refondre. "Il faudrait refondre cet homme pour le corriger. = Refonte, action de refondre les monaies.

RÉFORMABLE


RÉFORMABLE, adj. RÉFORMATEUR, TRICE, s. m. et f. RÉFORMATION, s. f. RÉFORME, s. f. RÉFORMER, v. act. [1re é fer. 3e e muet au pénult. é fer. au dern.] Réformer, c' est 1°. rétablir dans l' anciène forme, ou doner une nouvelle forme, une meilleure forme. "Réformer la justice, la police, les coutumes, le calendrier, un Monastère, un ordre religieux, etc. "En voulant réformer son ouvrage, il l' a gâté. = 2°. Retrancher ce qui est nuisible ou superflu. "Réformer les abus, le luxe. = 3°. Réformer les troupes, les réduire à un moindre nombre. _ Réformer les monaies, en changer l' empreinte sans les refondre.
   * Rem. Reformer, dans le sens de retrancher, n' a pas de 2d régime. "On réforma de la Bibliothèque tous les missels, etc. Hist. des Tud. C' est le régime d' ôter. "On réforma la Bibliothèque, et l' on en ôta, etc.
   RÉFORMÉ, ÉE, adj. On apèle en France le Calvinisme, la Religion prétendûe réformée, et par abréviation, la R. P. R. et les Calvinistes, les prétendus Réformés. = Oficier réformé, qui ayant été renvoyé aprês une réforme, tire la demi-paye; ou, qui, sans avoir été en pied, a une commission~, à la suite de quelque régiment. Religieux réformé, qui suit la réforme établie dans un ordre.
   RÉFORMABLE, qui peut ou qui doit être réformé. Il se dit ordinairement avec la négative: il y a des abus, qui ne sont pas réformables. On dit plus souvent; qui sont irréformables.
   Réformateur, trice, celui, celle, qui réforme. "Sage, sévère réformateur. "Le réformateur de l' ordre de St. François. La réformatrice du Carmel. "Toute superfluité en fut bannie: la sage réformatrice n' y conserva que la décence, qui n' est jamais ruineuse. Linguet. Le même Auteur emploie le féminin adjectivement. "On a vu une main réformatrice se porter successivement en France sur plusieurs parties. = Il se prend quelquefois en mauvaise part. "Il s' érige en réformateur: elle fait la réformatrice.
   Réformation, Réforme; le 1er exprime l' action de réformer; le 2d en exprime l' éfet. GIR. synon. "La réformation des moeurs, de la discipline, de la justice, des lois, des abus, d' un Ordre, d' un Monastère. "La Justice, l' État a besoin de réforme. = On dit aussi la réforme des troupes, leur réduction a un plus petit nombre. _ La réforme d' un ordre religieux. "Il y a eu plusieurs réformes dans l' ordre de St. François. = Réforme se prend quelquefois pour la régularité des moeurs, sur--tout quand elle a été précédée de dissipation. "Il s' est mis dans la réforme; il vit dans une grande réforme. "Dans cette grand réformation, dit Voiture, il ne me reste qu' un scrupule. Il eut dit plus régulièrement, dans cette grande réforme.

REFORMER


REFORMER, v. act. Il difère du précédent par la 1re syllabe, qui est un e muet. Réformer c' est corriger: reformer, c' est former de nouveau. Les Auteurs ou les Imprimeurs ne font pas toujours atention à cette distinction, qui est juste. "L' espèce de défilé étroit, dans lequel cette Cavalerie étoit engagée, l' empécha de se réformer en ordre. Hist. d' Angl. Il falait, se reformer, sans accent.

REFOULER


REFOULER, v. act. REFOULOIR, s. m. [Re-fou-lé, loar: 1re e muet; 3e é fer. au 1er] Refouler, c' est 1°. fouler de nouveau. "Refouler une étofe. = 2°. En terme de Marine, refouler la marée, aler contre le cours de la marée. Et neutralement: la marée refoule, descend. = 3°. En termes d' Artillerie, refouler, bourrer une pièce de canon avec le refouloir, qui est un bâton garni à l' une de ses extrémités d' un grôs bouton aplati, qui sert à bourrer les pièces de canon.

RÉFRACTAIRE


RÉFRACTAIRE, adj. [Réfraktère: 1re é fer. 3e è moy. et long; 4e e muet.] Rebelle, désobéïssant. "Réfractaire aux ordres du Roi, de la cour, d' un supérieur. = Fig. Mine de fer réfractaire, qui se fond dificilement~, ou, qui ne peut point se fondre.

REFRAICHIR


*REFRAICHIR, v. act. Fleury ou son Imprimeur l' a mis pour rafraichir. "On ne pouvoit les prononcer ces noms sans refraichir la mémoire des évènemens qui les avoient fait doner.

RÉFRACTION


RÉFRACTION, s. f. RÉFRANGIBLE, adj. RÉFRANGIBILITÉ, s. f. [1reé fer. Réfrak--cion, etc.] Réfraction est un changement de direction, qui se fait dans un rayon de lumière, qui se plie et se brise en quelque sorte, lors qu' il pâsse obliquement d' un milieu dans un aûtre, comme par exemple de l' air dans l' eau. = Réfrangible, qui est susceptible de réfraction. = Réfrangibilité, propriété des rayons, en tant qu' ils sont réfrangibles.

REFRAIN


REFRAIN, s. m. [Re-frein: 1ree muet.] C' est un ou plusieurs mots, qui se répètent à chaque couplet d' une chanson, d' une ballade, d' un rondeau, etc. = Par extension, on done ce nom à une chôse qu' une persone ramène sans cesse dans le discours. "C' est toujours le même refrain. = En termes de Marine, le retour des vagues, qui viènent se briser contre les rochers.

REFRÉNER


REFRÉNER, v. act. [un e muet et deux é fer. = Suivant l' analogie, il faudrait écrire réfréner; la particule re n' étant pas réduplicative dans ce mot: mais l' usage le plus autorisé est pour refréner, sans accent sur le 1er e] Réprimer. "Refréner ses passions, sa colère, ses désirs, la licence, etc.

RÉFRIGÉRANT


RÉFRIGÉRANT, ANTE, ou RÉFRIGÉRATIF, IVE, adj. [1re et 3e é fer.] Termes de Médecine. Qui a la propriété de rafraichir. "Remède réfrigérant, ou réfrigératif. Potion réfrigérative. = S. m. "Un réfrigérant, des réfrigératifs.

RÉFRINGENT


RÉFRINGENT, ENTE, adj. [Ré-frein--jan, jante: 1re é fer. 2e et 3e lon.] Qui a la propriété de changer la direction des rayons de lumière. "Milieu réfringent, surface réfringente. = Réfringent, a le sens actif, et réfrangible le sens passif. Voy. Réfraction.

REFROGNEMENT


REFROGNEMENT, s. m. se REFROGNER, v. réc. [Refrogneman, né: 1re e muet: mouillez le g: 3e e muet au 1er, é fer. au 2d. = On dit aussi se renfrogner, renfrognement.] Ils expriment l' action de se faire des plis au front en signe de chagrin, de mécontentement. "Il se refrogne ou se renfrogne, dès qu' on lui parle de doner de l' argent. "Le refrognement ou renfrognement de son visage marque qu' il n' est pas de bone humeur. = On dit activement, se refrogner ou se renfrogner le visage. "Visage refrogné; mine renfrognée.

REFROIDIR


REFROIDIR, v. act. et n. et réc. REFROIDISSEMENT, s. m. [re-froa-di, diceman: 1re e muet; 4e e aussi muet au 2d.] Actif: rendre froid. "Le vent, la pluie a refroidi l' air. = Neutre ou réc. devenir froid. "Cela refroidira trop: l' air s' est refroidi: je m' étais chaufé: je me suis refroidi. = Fig. Ralentir. "Les dificultés, les obstacles l' ont refroidi.
   Il craint que ses malheurs, trop dignes de pitié,
   Ne refroidissent même un peu votre amitié
       DEST. Le Glorieux.
"Il commence à se refroidir sur la proposition qu' on lui a faite. "Leur amitié se refroidit de jour en jour. "Il avoit laissé les juges dans de bones dispositions; mais nous avions peur qu' elles ne fussent refroidies le lendemain. Sév.
   REFROIDISSEMENT: diminution de chaleur. La Touche remarque, au comencement du siècle, que quelques persones faisaient scrupule de se servir de ce mot dans le propre; mais il fait observer que l' Acad. l' admet: le refroidissement de l' air, de la chaleur naturelle, de l' âge, etc. = On le dit sur-tout au figuré de la diminution dans les passions, l' amour, l' amitié. "Il y a du refoidissement entre eux, dans leur amitié. "Il a senti vivement le refroidissement de son ami, de son amour, etc.

REFROTER


REFROTER, v. act. [1er e muet, dern. é fer.] Froter de nouveau.

RÉFUGE


RÉFUGE, s. m. [1re é fer. dern. e muet. L' Acad. ne met point d' accent à la 1re de refuge, et elle écrit réfugier avec un accent. On ne voit pas la raison de cette diférence. L' analogie et, ce me semble, l' usage le plus autorisé demande l' accent dans ces deux mots: re n' y est point réduplicatif. Dans le Rich. Port. on met l' accent au substantif comme au verbe.] Asile, lieu où l' on se met en sûreté. "Lieu de réfuge: sa maison est le réfuge de tous les malheureux. = Au Fig. on le dit des persones. "Vous êtes mon réfuge. Dieu est mon seul réfuge. "La Sainte Vierge est apelée, le réfuge des Pécheurs. "Viens, ô mon Dieu, viens à mes cris; viens sois mon réfuge et mon salut. L. F. Poème de S. Grég. de Naz.

REFUGIER


REFUGIER (se), v. réc. [1re et dern. é fer.] Se retirer en lieu de sûreté. "Il s' est réfugié dans une telle ville; auprês de.... chez un tel. = C' est un réfugié; un paûvre réfugié. = Les réfugiés, les calvinistes, qui après la révocation de l' Édit de Nantes, se retirèrent dans plusieurs endroits de l' Europe, chez les Nations protestantes.

REFUITE


REFUITE, s. f. [Re-fui-te: 1re et dern. e muet.] Au propre, rûse d' un cerf qu' on chasse. = Au fig. retardement afecté. "Cet homme ûse de refuite dans toutes les afaires. * Brébeuf l' emploie au propre, en parlant des soldats.
   À~ provoquer l' ataque et feindre des refuites.
Ce mot est peu digne de la haute poésie, et avec feindre il est encore plus mauvais, car refuite est une feinte, une rûse: ainsi feindre des refuites, c' est comme si l' on disait feindre des feintes.

REFUS


REFUS, s. m. REFUSER, v. act. [Refu, et devant une voyèle refuz; refuzé: 1re. e muet; 3e é fer. au 1er. Devant l' e muet, l' u est long: il refûse, refûsera, etc.] Refuser, c' est 1°. rejeter une ofre qu' on nous fait. Refuser des présens, un emploi, un établissement, etc. = 2°. Rejeter une demande. Il régit ou le datif de la persone et l' acusatif de la chôse, ou seulement l' acusatif de la persone. On dit également bien: il lui a refusé cette grâce ou il l' a refusé. "Je serois fort surpris si vous me refusiez. Cic. à Atticus; Mongault. * P. Corneille change les régimes: il atribûe l' acusatif à la persone, et l' ablatif à la chôse.
   Son coeur magnanime,
   S' il l' en eut refusée, eut pensé faire un crime
Ce régime n' est pas conforme à l' usage. = Ailleurs, il dit refuser grâce sans article.
   J' aurais peine, Seigneur, à lui refuser grâce.
On dit, sans article, demander grâce, on ne dit pas, même en vers, refuser grâce. Un Auteur plus moderne a dit refuser lecture. "Elle ordona à l' orateur de refuser lecture à tous bills qui, etc. C' est un anglicisme. = 3°. Refuser, neutre, régit les verbes avec la prép. de et le datif de la persone. "Refuser de faire, d' aler, etc. On emploie la prép. à dans cette phrâse: il lui a refusé à diner. = 4°. Se refuser régit, tantôt l' acusatif de la chôse, le pronom se étant au datif. "C' est un homme qui se refûse (à soi-même) le nécessaire; tantôt le datif, le pronom se étant à l' acusatif: se refuser aux plaisirs, à la joie, à l' évidence. "La réflexion désolante vint empoisoner dans son âme le plaisir qu' elle avoit goûté.... elle résolut de s' y refuser dans la suite. = Il se dit des chôses, et dans le sujet et dans le régime: "Cette afaire se refûse à tous nos éforts.
   Aux seuls infortunés le trépas se refuse.       CREB.
Au véritable honeur votre coeur se refuse.Id.
Rem. La Bruyère fait régir au passif la prép. de (l' ablatif) de la chôse. "Quelle plus grande honte y a-t-il d' être refusé d' un poste que l' on mérite, ou d' y être placé sans le mériter. "La même place, dont il est refusé, il la voit doner à un homme, qui n' a point d' yeux pour y voir. _ Ce régime est tout au moins douteux. Il est plus sûr de se servir de l' actif; la place qu' on lui refûse, etc. Être refusé, peut se dire sans régime: j' ai demandé cet emploi, mais j' ai été refusé.
   Refuser la porte à quelqu' un, c' est en style famil. ordoner qu' on ne le fasse pas entrer quand il se présentera.
   REFUS; 1°. action de refuser: "s' exposer à un refus: s' atirer un refus. "Adoucir un refus par des manières honêtes. = Au refus de, adv. Avoir ou faire une chôse au refus de quelqu' un; l' avoir ou la faire aprês que quelqu' un a refusé de l' accepter, ou de la faire. = Cela n' est pas de refus (style famil.) Je l' accepte volontiers. = 2°. La chôse refusée. "Je ne veux point le refus d' un aûtre. = 3°. Être au refus se dit d' un pilotis qu' on ne peut plus faire entrer plus avant en terre.

REFUSEUR


REFUSEUR, s. m. celui, qui refûse. Il ne se dit que dans ce proverbe: à beau demandeur, beau refuseur: il faut savoir refuser hardiment un demandeur hardi et injuste, ou indiscret.

RÉFUTATEUR


*RÉFUTATEUR, s. m. RÉFUTATION, s. f. RÉFUTER, v. act. [Réfutateur, tu--cion, té: 1re é fer. 3e é aussi fer. au 3e] Réfuter, c' est détruire par des raisons solides ce qu' un aûtre a avancé. "Réfuter un argument, une opinion. "Il lui a répondu, mais il ne l' a pas réfuté. = Sur ces vers:
   Vos conseils menaçans, m' avertissent en vain,
   Je puis les refuter les armes à la main.
On dit, dans le Journ. de Mons. qu' on ne réfute ni des conseils, ni des menaces. La critique me parait fort juste.
   RÉFUTATION, Discours par lequel on réfute. "La réfutation d' un livre, d' un argument, etc. = En Rhétorique, Réfutation est la partie du discours, où l' on répond aux objections.
   *RÉFUTATEUR, celui qui réfute. C' est un mot de Leibnitz: "Vous aurez reçu mes remarques sur le réfutateur de Mallebranche. Je l' ai trouvé aussi dans l' Ann. Litt. "Je me garderai bien de soupçoner le réfutateur de mauvaise foi. = C' est un de ces mots que l' on forge au besoin. Celui-ci peut être utile en quelques ocasions dans le style polémique ou critique.

REGâGNER


REGâGNER, v. act. [1re e muet: 2e lon. mouillez le g: 3e é fer.] Gâgner ce qu' on avait perdu. "Regâgner son argent; ce qu' on a perdu au jeu. _ Regâgner le dessus, l' avantage, l' amitié, les bones grâces de, etc. _ Regâgner quelqu' un; se remettre bien avec lui. = Rejoindre, retourner. "Ils regagnerent leur camp à l' entrée de la nuit. Volt.
   Rem. On écrivait aûtrefois regaigner, et c' est l' ortographe de l' Acad. dans ses sentim. sur le Cid: mais cette ortographe était peu conforme à la prononciation; car ai ayant le son d' é, on aurait dû prononcer reguegné, et non pas regagné. Le gn mouillé, portant par lui-même le son de cet i, c' est un double emploi que de l' y ajouter.

REGAIN


REGAIN, s. m. [Re-ghein: 1ree muet.] Le second foin. L' herbe qui revient dans les prés aprês qu' ils ont été fauchés. = Il est joli au figuré, dans le st. famil. s' entend. "Je profite d' un regain de jeunesse, qui fait que je m' acomode encôre du monde, et que le monde s' acomode de moi. M. de Coul.

RÉGAL


RÉGAL, s. m. [1re é fer. = Dans la 1re édit. de son Dict. l' Acad. avait mis régale: il donna un grand régale. Dans les éditions suivantes, elle a mis régal. Il a au plur. régals.] Festin, grand repâs qu' on done à quelqu' un. "On fit un superbe régal aux Ambassadeurs. "Dans cette maison, ce sont des régals continuels. = Fig. st. famil. Plaisir, grande satisfaction. "C' est un régal, un grand régal pour moi de vous voir.

RÉGALANT


RÉGALANT, ANTE, adj. verbal. C' est un mot de Piron.
   J' assemble un auditoire, et nombreux et galant,
   Et nous fermons: cela n' est-il pas régalant.
       Métromanie.
Et de La Chaussée.
  Du Bajazet! Rien n' est plus régalant,
Dit un jeune sot ironiquement.

RÉGALEMENT


RÉGALEMENT, s. m. RÉGALER, v. act. [Régaleman, lé: 1re é fer. 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Régaler, c' est 1°. faire ou donner un régal. "Il régale bien ses amis: ils se régalent tour à tour. = 2°. Réjouir, divertir. Il a pour 2d régime la prép. de. "Il nous régala d' un joli concert. _ Et populairement, par ironie: on le régala de vingt coups de bâton. = 3°. Répartir avec proportion une somme imposée. = 4°. En Architectûre, mettre un terrein de niveau.
   Régalement a les deux derniers sens de régaler. = Répartition égale d' une taxe. = Travail, qui se fait pour mettre un terrein de niveau.

RÉGALIEN


RÉGALIEN, ENNE, ou, ÈNE, adj. Qui a raport à la souveraineté: droit régalien. Il n' est d' usage que dans cette phrâse.

REGARD


REGARD, s. m. REGARDANT, s. m. et adj. REGARDER, v. act. [Regar, le d ne se pron. jamais: regardan, dé: 1ree muet; 3e lon. au 2d, é fer. au 1er.] Regarder, c' est jeter la vûe sur quelque chôse. "Regarder le ciel; regarder quelqu' un en face. "As-tu la hardiesse de me regarder en face, aprês m' avoir fait une telle ofense? Dest. "Que regardez-vous?
   Il rêve fort à rien; il s' égare sans cesse.
   Il cherche, il trouve, il brouille, il regarde sans voir, etc.
       Le Distrait.
= V. n. "Regarder au cadran, quelle heûre il est. "Regardez dans vos papiers, si cela n' y est pas. = 2°. Regarder, en parlant des chôses, comme sujet: être vis-à-vis, à l' oposite. "Cette maison regarde l' Orient. = 3°. Considérer; prendre garde. "Il faut regarder le mérite de la persone. "Ne regardez que Dieu en tout cela. "Regardez ce que vous alez faire, à ce que vous alez dire. "Il n' y regarde pas de si près. = 4°. Regarder comme, estimer tel. "On le regarde comme un de nos meilleurs Écrivains. = Il y en a qui retranchent comme. "Il se regardoit fort au dessus de ce Prince. Charles V. "On peut les regarder condamnés à une mort civile. Bufon. "Ce n' est pas un fait regardé authentique. ANN. LITT. Les deux derniers exemples m' étonent. Je soupçonerais volontiers les Imprimeurs d' avoir oublié comme. = 5°. Concerner. "De quoi vous mélez vous? cela ne vous regarde pas, etc. _ Voy. CONCERNER.
   Rem. I. On ne doit pas confondre voir et regarder. BOILEAU a fait cette faûte. Il dit des ouvrages dramatiques
   Et qui toujours plus beaux, plus ils sont regardés.
Il falait dire, plus ils sont vus, dit M. de Saint Marc. Le terme regardés est impropre dans cette ocasion. On ne dit pas regarder, mais voir une Tragédie, une Comédie. = II. Bossuet dit regarder à, pour faire allusion à.... "St. Jean regarde ici à un lieu où il s' étoit donné de sanglantes batailles. _ Regarder à, se dit dans un aûtre sens: c' est faire atention à. "On regarde peu à la peine, quand on a du zèle ou de l' ambition. "Ses fils! Il leur a donné une éducation mâle et vigoureuse, sans regarder à la dépense. Linguet. C' est dans ce sens qu' on dit: n' y pas regarder de si prês: mais cette expression n' est pas du beau style, et l' on trouve fort ridicule que Jurieu ait dit, dans ses Prophéties, que Dieu n' y regarde pas de si prês. = III. Quelques Auteurs ont dit regarder pour, au lieu de regarder comme. "Les Germains ne regardoient pour leur patrie que les endroits, où ils pouvoient conserver leur liberté. Le P. Barre, Hist. d' Allem. "L' Empereur regarda cette acusation pour une querelle, que Rodolphe vouloit lui chercher. Id. Ibid. "On regarderoit pour une agression hostile, s' il étoit tiré sur un des batimens, etc. DU PAN. On dit, prendre pour et regarder comme. = IV. Être regardé, est du petit nombre des verbes passifs, qui régissent l' ablatif, (la prép. de.) "Ces calamités furent regardées des Païens même comme un juste châtiment du ciel. Let. Edif.
   REGARD, action par laquelle on regarde. "Avoir le regard fixe, le regard assuré. "Jeter, lancer un regard, "Jeter, promener ses regards de tout côté. "Tourner ses regards sur. Détourner ses regards de, etc.
   On lit, dans ses regards, sa fureur et sa rage.
       Esther.
  Le Roi sage, énemi du langage menteur,
  Écarte, d' un regard, le perfide imposteur. Ibid.
On dit, paraitre aux yeux de, etc. Le besoin d' une syllabe de plus a fait dire à Voltaire, paraitre aux regards de.
   ........Allez, et qu' on l' amène,
   Qu' il paraisse à l' instant aux regards de la Reine.
       Mérope.
= 2°. Regards, deux tableaux de même grandeur à peu prês, qui sont peints de telle manière que les deux figûres paraissent se regarder l' une l' aûtre. = 3°. Endroit pour visiter un aquéduc, un conduit. "D' espace en espace il y a des regards.
   Rem. * Il se disait souvent autrefois dans le sens de raport. "La différence a deux regards, l' un au genre, qu' elle divise; l' autre à l' espèce qu' elle constitue. Art de penser. = On disait aussi adverbialement, au regard de César, pour dire, pour ce qui regarde (concerne) César. Rollin s' en est encôre servi. "Au regard des frais de la guerre, etc. = On a dit plus anciènement encôre, pour le regard de, pour mon regard. "Ils refusèrent tout à plat, disant que pour le regard de leur rot, il n' y en avoit pas trop pour eux. Journ. de l' Étoile. "Outre le contentement que je reçois en cela pour mon regard. VOIT. c. à. d. pour ce qui me regarde. _ Richelet le met sans le blâmer. _ L' Acad. ne le met pas, et dit de, au regard, qu' il est vieux. = Dans le 2d sens on dit, en regard: deux tableaux qui sont en regard. FONTENELLE se sert de cette expression au figuré. "L' Acoustique doit être, pour ainsi dire, en regard avec l' Optique.
   REGARDANT, s. m. Celui, qui regarde. Il ne se dit qu' au pluriel. "Voilà bien des regardans. = Le Proverbe dit: qu' à la foire, il n' y a pas autant de Marchands que de regardans. = Adj. Qui regarde de trop prês: trop exact, trop ménager. "Il vaut toujours mieux n' avoir afaire qu' à ses Maîtres. _ Oui, quand ils n' ont que vingt-un ans sur-tout: ils ne sont pas si prês regardans qu' un vieux valet de chambre, afectioné à leurs intérêts. Th. d' Éduc. "Il ne faut pas être si regardant, trop regardant. Acad. Et comme subst. et comme adj. il n' est que du st. famil.

RÉGENCE


RÉGENCE, s. f. RÉGENT, ENTE, s. m. et f. RÉGENTER, v. n. et act. [Réjance, jan, jante, janté: 1re é fer. 2e lon. 3e e muet au 1er et au 3e, é fer. au 4e.] Régent, ente, est 1°. Celui, celle qui régit, qui gouverne l' État pendant une minorité, ou une absence du Souverain. = 2°. Régent, celui qui enseigne dans un Collège. "Régent de Philosophie, de Rhétorique. _ Adj. Docteur Régent en Médecine, etc. = On dit plus ordinairement Régent, de ceux qui enseignent dans les basses Classes; et Professeur, de ceux qui enseignent la Rhéthorique, la Philosophie, etc.
   RÉGENCE se dit dans le 1er sens, de la dignité d' un Régent et d' une Régente d' un Royaume, et du tems qu' elle dûre. = Dans le 2d sens, il ne se dit que du tems, pendant lequel un homme enseigne publiquement dans un Collège.
   RÉGENTER, ne se dit que dans ce 2d sens. Enseigner en qualité de Régent. = V. n. "Il a régenté pendant dix ans en divers Collèges. = V. act. "Régenter la Sixième, la Troisième, la Rhétorique. = Figurément, aimer à dominer, à faire prévaloir son avis. "Cet homme veut régenter par tout. "Il régente tous ses confrères.

RÉGÉNÉRATION


RÉGÉNÉRATION, s. f. RÉGÉNÉRER, v. act. [Régénéra-cion, néré: 1re, 2e et 3e é fer. 4eé aussi fer. au 2d.] Ils expriment l' action d' engendrer, de produire de nouveau. Le Baptême est apelé le Sacrement de la Régénération. "Nous avons été régénérés en Jesus-Christ. = En Médecine, on dit, la régénération des chairs; les chairs se régénèrent; en Chimie, la régénération des métaux.

RÉGENT


RÉGENT, RÉGENTER. Voyez RÉGENCE

RÉGIE


RÉGIE, s. f. [1re é fer. 2e lon. 3e e muet.] Administration de biens, à la charge d' en rendre compte. "Mettre des biens en régie. "En doner la régie à, etc. "Sa terre est en régie.

REGIMBER


REGIMBER, v. act. [Re-gein-bé; 1ree muet, 2e lon. 3e é fer. Suivant la règle et l' analogie, il faudrait écrire régimber. Voyez RE, ou . L' Acad. ne met point d' accent, et c' est l' usage le plus autorisé.] Au propre, en parlant des bêtes de montûre, c' est ruer des pieds de derrière, quand on les touche de l' éperon ou du fouet. = Au fig. résister, refuser d' obéir: il regimbe; et proverbialement, il regimbe contre l' éperon. = Ce terme n' est point noble. Boss. l' a employé dans son Histoire des Variat. écrite à la vérité d' un style de dissertation. "Il a long-tems regimbé contre cette doctrine.
   Tâchez de modérer votre vivacité;
   Et ne regimbez point contre sa vanité.
       Les Aïeux Chimériques.

RÉGIME


RÉGIME, s. m. [1re é fer. dern. e muet.] 1°. Règle qu' on observe dans la manière de vivre, par raport à la santé. "Prescrire, observer un bon, un mauvais régime. User de régime. = 2°. Au Palais, Administration. "Être comis au régime et administration des biens saisis. = 3°. Dans quelques Maisons Régigieuses, gouvernement, supériorité. "Régime annuel, triennal, perpétuel. = Le régime, les supérieurs. "On a ataqué et l' institut et le régime.
   4°. En Gramaire, c' est l' action d' un mot sur un aûtre, et la manière régulière de les joindre ensemble. "Il y a des noms, des adverbes, des verbes, qui s' emploient sans régime; d' aûtres ont plus d' un régime. = 1°. On distingue pour les verbes deux sortes de régimes; le régime direct, simple, ou absolu: (ces trois mots signifient la même chôse) c' est l' acusatif; et le régime indirect ou composé ou relatif: ce sont les câs obliques, le datif ou l' ablatif; ou certaines prépositions. Le 1er régime ne peut convenir qu' aux verbes actifs. Les verbes neutr. et récip. ne peuvent avoir que la seconde espèce de régime. = 2°. Le régime se met ordinairement aprês le verbe: nous devons aimer Dieu; cela dépend de vous: il l' a doné à votre frère. Quelquefois pourtant c' est une élégance de faire précéder le régime; mais quand c' est le régime direct (l' acusatif) qui précède, on doit mettre immédiatement devant le verbe, le pronom personel, qui représente ce nom. "Ce droit de juger le monde... Dieu ne semble t' il pas le leur acorder (aux Saints) dês cette vie? Neuville. "Tout ce que le Monde aveugle et passioné n' aperçoit point dans les Saints, il faut que J. C. le montre au monde. Id. Ainsi l' on dira avec les pronoms: "Moi, qui vous ai comblé de biens, vous m' outragez de la sorte! Voy. LE, n°. 3°. = Pour les régimes relatifs à et de, ils ne précèdent guère les verbes et les noms régissans qu' en vers.
   À~ de plus hauts partis Chimène doit prétendre. Cor.
  De ceux de ses voisins on jûre la ruine.
      L. Racine.
On en voit pourtant quelques exemples en prôse oratoire ou poétique. "Au Grand rien ne suffit, parce qu' il peut prétendre à tout. Mass. "À~ un jour brûlant, succède une nuit plus cruelle. Jérus. Déliv. Voyez DE. III, et DATIF, Rem. 2°. = 3°. Le régime ne doit pas être trop éloigné du nom régissant. "Dans une contravention qu' on prétend si manifeste à l' Évangile. Bossuet. Cette construction n' est pas bone. Dites: dans une contravention à l' Évangile, qu' on prétend si manifeste. "Les câs sont râres d' en profiter. LING. Il me semble qu' il serait mieux de dire: les câs d' en profiter sont râres. = 4°. C' est une faûte, dans laquelle tombent plusieurs Écrivains, dâilleurs estimables, que d' employer deux verbes de diférens régimes, et de ne doner aux noms régis que le régime du dernier. En voici un exemple entre mille. "Le Roi de France avoit su conoître et se servir de ses avantages. Hist. d' Angl. Conaître régit l' Acusatif, et se servir, l' ablatif; et cependant ce dernier régime est le seul employé. Voyez VERBE, n°. 3°. Il faut alors mettre le nom avec le régime du premier verbe, et un pronom correspondant avec le 2d: il avait su conaître ses avantages, et s' en servir.

RÉGIMENT


RÉGIMENT, s. m. [Régiman, 1re é fer.] Corps de gens de guerre, composé de plusieurs compagnies. Régiment d' Infanterie, de Cavalerie, de Dragons, etc. = Des Historiens emploient ce mot en parlant des troupes des Peuples anciens ou étrangers: c' est pécher contre le costume. On ne doit s' en servir qu' en parlant des troupes d' Europe. = Figurément, style famil. grande multitude. "Il a chez lui un régiment de valets. "Il est assailli journellement par un régiment de créanciers.

RÉGION


RÉGION, s. f. [ré-gion, en vers gi-on. 1re é fer.] On le dit de la terre, de l' air, et du corps humain. Certaine étendûe. "Les régions d' Asie, d' Afrique. "La bâsse, la moyène, la haute région de l' air. "La région du foie, de la rate. Région ombilicale, épigastrique, etc.

RÉGIR


RÉGIR, v. act. RÉGISSANT, ANTE, adj. RÉGISSEUR, s. m. [Régi, gi-san, sante, ceur, 1reé fer. 3e lon. au 2d et au 3e.] 1°. Gouverner. "Il est bien dificile de bien régir un grand Peuple, un vaste Diocèse. = En ce sens, il n' est que du style soutenu. = 2°. Au Palais, administrer. "Régir une succession. _ Régir les Finances. = 3°. En Gramaire, exiger un certain régime. "Ce nom régit le génitif; cet adverbe régit le datif; ce verbe régit que et le subjonctif, ou de et l' infinitif. Voy. RÉGIME, n°. 4°.
   Régir, dans le sens de suporter, soutenir, est un latinisme et un provençalisme. "Cette poûtre ne peut régir un si lourd plancher. "Il est vieux, il ne peut plus se régir.
   RÉGISSANT ne se dit qu' en Gramaire. Qui régit. "Le régime ne doit pas ordinairement être trop éloigné du nom, du verbe régissant.
   RÉGISSEUR ne s' emploie que dans le 2d sens de régir: celui qui régit par comission, et à la charge de rendre compte.

REGISTRATEUR


REGISTRATEUR, s. m. REGISTRE, s. m. REGISTRER, v. act. [L' s s' est toujours prononcée dans le 1er; l' usage est partagé pour les deux aûtres. Plusieurs écrivent et prononcent regitre, regitrer. MAROT fait rimer régitre avec épitre; ROUSSEAU, au contraire, le fait rimer avec Ministre. L' Académie penche pour cette dernière maniere d' écrire et de prononcer ce mot. Ménage et Richelet s' étaient déclarés pour l' aûtre, ils ont eu, et ils ont encôre beaucoup de partisans. Et adhuc sub judice lis est: Le procês est demeuré indécis.] Registre, livre où l' on écrit les actes et les afaires de chaque jour, pour y avoir recours. "Registres du Conseil, du Parlement, des Batêmes, des Mariages. Tenir registre. Mettre, coucher sur le registre. = Charger un registre, c' est écrire sur le registre. Décharger un registre, c' est doner une décharge, et l' écrire sur le registre. = On dit, proverbialement, d' un homme qui remarque et~ retient tout ce qu' il voit, tout ce qu' il entend, qu' il tient registre de tout. = Il est sur mon registre, je me souviendrai du déplaisir qu' il m' a fait. On dit, plus ordinairement, sur mes tablettes.
   REGISTRE se dit aussi des Bâtons qu' on tire, pour faire jouer les diférens jeux d' un orgue.
   REGISTRER, se dit quelquefois au Palais pour enregistrer. "Lu, publié et registré.
   REGISTRATEUR, nom de certains Oficiers de la Chancellerie Romaine, qui enregistrent les supliques et les Bulles.

RèGLE


RèGLE, s. f. RèGLEMENT, s. m. RÉGLÉMENT, adv. RÉGLER, v. a. [Les deux prem. ont un è moy. à la 1re syll. un e muet à la 2de; les 2 dern. ont un é fer. aux deux prem. On doit remarquer sur-tout la diférence du s. m. et de l' adv. Règleman, régléman.] Règle est 1°. instrument long, droit et plat, de bois ou de métal, qui sert à tirer des lignes droites. Se servir de la règle et du compâs. = 2°. Figurément, Principe, maxime, loi, etc. qui sert à conduire, à diriger l' esprit et le coeur. "Règle de Foi, de conduite, de moeurs.
   Que l' exacte équité soit ta règle suprème.
       Le Franc.
= 3°. Bon ordre. "On vit sans règle, ou il n' y a point de règle dans cette maison. = 4°. Exemple, modèle. "Il est la règle de tous ceux de son âge. = Règle, modèle, (synon.) La règle prescrit ce qu' il faut faire: le modèle le montre tout fait. On doit suivre l' une et imiter l' aûtre. _ Cicéron fournit tout à la fois d' excellentes règles et de parfaits modèles d' éloquence. = On peut apliquer à la règle et au modèle, ce que Rousseau dit de la loi et de l' exemple.
   Contre une loi, qui nous gène,
   La Nature se déchaîne,
   Et cherche à se révolter;
   Mais l' exemple nous entraîne,
   Et nous force à l' imiter.
= 5°. Loi particulière, règlement. "Telle est la règle établie par la loi. "Procédure qui est dans les règles, selon les règles. _ Les règles de la politesse. = 6°. Les préceptes, les principes, les méthodes des Arts et des Sciences. "L' étude, la conaissance des règles. Doner, prescrire des règles: observer, ou négliger, violer les règles. Traiter un malade dans les règles, selon les règles. "Ceux même qui s' y étoient le plus divertis, eurent peur de n' avoir pas ri dans les règles. Racine, préface des Plaideurs. = 7°. Institut, Statuts que les Religieux sont obligés d' observer. La Règle de St. Basile, de St. Benoît, de St. Augustin, de St. François, etc..
   Rem. 1°. On dit être, ou se mettre en règle. L' Abé Coyer dit, dans la règle, contre l' usage. "On vous trouve levée à huit heures. Si vous sortiez du bal, vous seriez dans la règle. Il eut été mieux de dire, vous seriez en règle. = On dit, au pluriel: dans toutes les règles, entièrement, parfaitement. "Les abrégés et les Dictionaires ne feront que des ignorans dans toutes les règles. L' Ab. de Fonten. = Dans la règle et en bone règle, suivant les règles, les lois ou la bienséance, etc.
   Si c' est lui, dans la règle, il faut qu' il vous prévienne.      le Méchant.
= Il est de règle que, régit l' indicatif dans la phrâse afirmative, et le subjonctif dans la phrâse négative ou interrogative. "Il est de règle que dans certaines conditions un mari doit se repentir du moins une fois par jour, d' avoir une femme. Coyer. "Il n' est pas de règle, ou, est-il de règle qu' une femme ne se repente pas aussi souvent d' avoir un mari?
   Rem. 2°. Bien des gens regardent les Règles comme des entraves qu' on done au génie; et comme des pédans, ceux qui en recomandent l' observation. Il est vrai que le génie et le goût peuvent s' élever quelquefois au-dessus des règles et de l' usage: mais ils risqueraient beaucoup à les mépriser et à s' en afranchir souvent. D' âilleurs les persones d' un vrai génie sont râres, et un goût sage et délicat n' est pas comun: souvent de bons originaux forment de mauvaises copies. Les persones du comun et les jeunes gens ont besoin de conaître les règles: ils ne peuvent manquer en les observant, et souvent ils manqueraient grossièrement, en ne les observant pas. = Ces principes, aplicables à tous les arts, le sont surtout à l' art de parler et d' écrire, plus assujéti que les aûtres aux lois et même aux bisarreries de l' usage; et où tout, en un certain sens, est arbitraire.
   RÉGLER, c' est 1°. Tirer des lignes sur du papier, etc. pour servir de règle ou d' ornement. Régler du papier pour une exemple à écrire, pour noter de la musique. = 2°. Conduire, diriger suivant la règle. "Régler sa vie, ses actions, ses moeurs, ses desirs. Régler sa maison, son Diocèse. "Il faut régler sa dépense sur son revenu. Réglez-vous là dessus.
   Je ne me règle point sur la rumeur publique.
       Palissot.
= 3°. Déterminer. Régler les séances, l' ordre, la marche, etc. Cela n' a pas encôre été réglé. = 4°. Il a d' aûtres sens, suivant les mots qu' il régit. = Régler sa dépense, sa table: y mettre de l' ordre. Régler une pendule, une montre; la mettre en état d' aler juste et bien. = Régler les diférends; les terminer. = Régler un compte, l' arrêter. Régler le mémoire d' un ouvrier; en mettre toutes les parties à leur juste valeur.
   RÉGLÉ, ÉE, adj. se dit au propre et au figuré. Papier réglé; vie, maison réglée; dispute réglée. Mouvement réglé; pendule, montre bien réglée. = En parlant des persones, sage, régulier. "Homme, esprit réglé, etc.
   RèGLEMENT; Ordonance, Statut qui doit servir de règle, qui prescrit ce que l' on doit faire. Règlement de Police. Arrêt en forme de Règlement. "Faire, publier un Règlement. = Action de régler. "Règlement de Juges. Il se dit au Palais. "Plaider; instance; Arrêt en règlement de Juges.
   RÉGLÉMENT; avec règle, d' une manière réglée. Il vit réglément. = Toujours dans le même ordre et de la même manière. "Il étudie réglément ses six heures par jour. "Il soupe réglément à neuf heures.

RèGLEMENTAIRE


*RèGLEMENTAIRE, adj. Mot forgé par un Économiste. "Il ignore la police réglémentaire angloise. Pourquoi ne pas dire tout simplement, les lois, les règlemens de la police anglaise?

RÉGLET


RÉGLET, s. m. [Réglè: 1re é fer. 2e è moyen.] Petite règle de fonte, dont les Imprimeurs se servent pour marquer des lignes droites.

RÉGLETTE


RÉGLETTE, s. f. [Réglète: 1re é fer. 2e è moy. 3e e muet.] Petite règle de bois, qui sert au compositeur en Imprimerie à tirer la ligne du composteur et à la placer sur la galée.

RÉGLISSE


RÉGLISSE, s. f. [Réglice: 1re é fer. dern. e muet. = Quelques-uns prononcent réguelisse; mais mal. D' autres, font ce mot masc. et disent du réglisse; c' est de la réglisse qu' il faut dire.] Plante, dont la racine est d' un grand usage en Médecine dans les tisanes, pour adoucir les humeurs âcres. Le suc de cette plante se prépare soit en noir, soit en blanc, et s' apèle Jus de réglisse.

RÉGNANT


RÉGNANT, ANTE, adj. RèGNE, s. m. RÉGNER, v. n. RÉGNICOLE, s. m. et f. [1reé fer. excepté au 3e où il est moyen, aussi bien que dans les tems des verbes où il est devant un e muet: il règne, règnera etc. = On mouille le g, hors au dern. où on le prononce durement, dit l' Acad. Dans le Rich. Port. on exprime ce son par reguenicole. Si cet usage est sûr et constant, c' est une grande bisarrerie.] Règne, gouvernement, administration d' un Royaume. Il se dit du Roi et non pas du Royaume. "Sous le règne glorieux de Louis le grand. = Par extension, on le dit des Princes souverains, quoiqu' ils n' aient pas le titre de Roi.
   Nous vivons sous un règne et sommes dans un tems,
   Où, par la violence, on fait mal ses afaires.
       Mol.
= On apèle règne la tiare du Pape et les courones suspendûes sur le Maitre-autel d' une Église. La tiare s' apèle aussi trirègne.
   Rem. Règne a raport au tems, et Royaume au lieu. Rousseau met l' un pour l' aûtre. Il dit du Turc.
   Et paisible tyran de la Grèce abatûe
   Partage, à notre vûe,
   La plus belle moitié du règne des Césars.
L' empire des Césars était le mot propre: mais la mesûre du vers ne permettait pas de le dire. = Règne ne se dit point au pluriel, en parlant du même Prince, quoiqu' il règne sur plusieurs Royaumes. "Albert II mourut la seconde année de ses règnes. Hist. d' Allem. "Le peu de durée de ses règnes ne lui permit pas de répondre à ce qu' on atendoit de lui. ibid. Albert était Empereur et Roi de Hongrie et de Bohème: c' est ce qui a fait dire à l' Auteur (Le P. Barre.) ses règnes au pluriel. Mais cette raison n' est pas bonne; car, quoiqu' il régnât en trois endroits, ce n' était qu' un règne, et le singulier valait mieux là que le pluriel. Ce nombre n' est bon que quand on parle de plusieurs Princes, qui ont régné successivement: "Ces abus continuèrent pendant trois règnes consécutifs. = Du règne de, pour du tems de, en parlant d' un particulier, ne peut se dire qu' en badinant. "Nous sommes des amis d' Hortence; et du règne de Valsain (son premier mari) nous la voyions tous les jours. Marm.
   RÉGNER, 1°. régir, gouverner un Royaume, et par extension, un État Souverain. Régner longtems, heureusement, glorieusement "Régner en paix. "Le grand art de régner. = Fig. Dominer. Le sage règne sur ses passions. "L' ambition règne dans son âme.
   C' est à mon époux seul à régner sur mon âme.
   Tout barbare qu' il est, c' est un présent des Dieux.       Rhadamisthe.
  Sur mes desirs confus que tes volontés règnent;
  Inséparable ami des mortels, qui te craignent,
  De leur fidélité je partage l' honeur.
       Le Franc.
"L' anarchie règne où la multitude gouverne. Id. Vie de S. Grég. de Naz.
   Régnez; et de l' État embrassez la conduite.
   - Moi régner! Moi ranger un État sous ma loi!
   Quand ma foible raison ne règne plus sur moi.
       Phèdre
= Un Orateur éloquent règne sur les esprits et sur les coeurs. = 2°. En parlant des chôses, être en vogue. "Cette mode a régné longtems. "L' avarice, la tromperie règnent plus que jamais. = On dit aussi le vent qui règne, la maladie qui règne, qui dûre depuis quelque tems. = L' hyperbole, l' antithèse règnent dans ce discours: elles y sont fort fréquentes. = 3°. S' étendre le long de, en parlant de certains ornemens d' Architectûre. "Cette corniche, ce balcon règne tout le long de la façade.
   Rem. Régner s' emploie quelquefois comme verbe impersonel. "Il règne dans ce pays des fièvres dangereuses et opiniâtres. "Il ne règnoit alors que des vents alisés et constans.
   RÉGNANT, ANTE, qui règne. "Le Roi régnant; la Princesse régnante. = Fig. Le goût régnant, l' hérésie régnante.
   RÉGNICOLE se dit et des Habitans naturels d' un Royaume ou d' un État par raport aux privilèges dont ils sont en droit de jouir, et des étrangers à qui le Roi acorde les mêmes privilèges. "Les Suisses, les Génevois, les Habitans d' Avignon et du Comtat Venaissin sont réputés régnicoles en France.

REGONFLEMENT


REGONFLEMENT, s. m. REGONGFLER, v. n. [1re e muet; 2e lon. 3ee muet au 1er, é ferm. au 2d: Regonfleman, flé.] Ils expriment l' élévation des eaux courantes, qui s' enflent et se soulèvent, lorsqu' elles sont arrêtées par quelque obstacle.

REGORGEMENT


REGORGEMENT, s. m. REGORGER, v. n. [Regorgeman, gé: 1re e muet; 3e e muet au 1er, é ferm. au 2d.] Regorger, au propre, s' épancher hors de ses bornes. Deborder. Il ne se dit que des eaux, du sang, des humeurs. "Les ruines du pont, qui s' est écroulé, ont fait regorger les eaux; quand on a trop de sang, il regorge par le nez. = Fig. Avoir une grande abondance de. "Il regorge de biens, de richesses. _ Et familièrement, il regorge de santé.
   Ce n' est plus un honeur, que de se voir loué.
   D' éloges on regorge, à la tête on les jette;
   Et mon valet de chambre est mis dans la gazette.
       Misantr.
  Ce Palais plus rempli de malheurs et de crimes
  Que vos goufres profonds, regorgeants de victimes.
       Oreste.
Remarquez regorgeants, adjectif verbal. Dans d' autres éditions on lit; regorgent; et nous avons observé ailleurs, qu' il falait dire, ne regorgent.
   REGORGEMENT, action de ce qui regorge, ne se dit que dans le propre. "Le regorgement de la rivière, de la bile, des humeurs.

REGRAT


REGRAT, s. m. REGRATER, v. act. REGRATIER, IèRE, s. m. et f. [Regra, gra--té, tié, tiè-re: 1re e muet; 3e é fer. au 2d et au 3e, è moy. et long au 4e.] Regrat est la vente du sel à petite mesûre. Regratier, ière, celui, celle qui vend le sel de cette manière. _ Par extension, petit marchand, qui vend de la seconde main. "Ceux (les Juges) que vous avez à Rome sont en éfet des gens d' importance, un Turpion ci-devant Cordonier, un Vettius regratier. Cic. à Atticus. Mongault. = Fig. st. famil. Homme qui sur un compte considérable fait des réductions aux plus petits objets.
   REGRATER; c' est 1°. grater de nouveau. "À~ force de grater et de regrater, il s' est fait une plaie à la jambe. = 2°. Racler la superficie des pierres de taille déjà noircies, pour faire paraitre le bâtiment neuf. "Regrater une murâille, une maison. = 3°. Dans le sens figuré de regratier. "C' est un homme, qui regrate sur tout. "Je vous défie avec toute votre industrie de trouver à regrater là-dessus. Sév. c. à. d. d' y trouver quelque chôse à dire.

REGRêS


REGRêS, s. m. [1re e muet, 2e ê ouv. et long.] Droit de rentrer dans un bénéfice qu' on a résigné.

REGRèT


REGRèT, s. m. REGRETTABLEouREGRÉTABLE, adj. REGRETTER, ouREGRÉTER, v. act. [1ree muet; 2e è moy. au 1er, é fer. aux 2 autres: devant la syll. fém. la 2de se change en è moy. Il regrette, regrettera; ou regrète, regrètera, etc.] Regrèt est le déplaisir d' avoir perdu ce qu' on possédait, ou d' avoir manqué ce qu' on aurait pu acquérir. "Il a grand regret à son ami qui est mort, à l' ocasion qu' il a laissé échaper. "Il a regret de n' avoir pas acheté cette terre. "J' ai regret à ce tableau, qui a été vendu. J' ai regret de ne l' avoir pas acheté. "J' ai regret à la peine (que vous avez prise.) Piron. = Par extension, il se dit d' un déplaisir léger. Il régit que et le subjonctif, ou de et l' infinitif. "J' ai regret que vous n' ayiez pas entendu ce Sermon. "J' ai regret de ne pouvoir vous rendre service. = 2°. Repentir. "Avoir regret de ses péchés; d' avoir ofensé Dieu, etc. = 3°. Au pluriel; plaintes, doléances. "Ce sont des regrets inutiles. "Pourquoi vous consumer en regrets superflus?
   On dit, adverbialement, à mon, à son grand regret. "Vous me demandez, si je suis toujours une petite dévote, qui ne vaut guère: oui justement voilà ce que je suis toujours et pas davantage à mon grand regret. SÉV. "Quel père se sépare de ses enfans sans regret? C' étoit là ma situation. L. F. Vie de S. Grég. de Naz.
   REGRÉTABLE, qui mérite d' etre regrété. Il est peu usité. "On trouva une somme considérable, qui consola beaucoup les héritiers de la perte de ces parens peu regrétables. ANON.
   REGRÉTER, être fâché, afligé d' une perte qu' on a faite, ou d' avoir manqué ce qu' on pouvait aquérir, ou de n' avoir pas fait quelque chôse, etc. "Regréter ses parens, la perte de ses amis. "Quoique la vie et la mort de Louis XIV eussent été glorieuses, il ne fut pas aussi regretté qu' il le méritait. Volt.
   C' est-là qu' il regrettait ses inutiles jours
   Plongés dans les plaisirs, perdus dans les amours.
       Henriade.
= Il a les mêmes régimes que avoir regret. "Je regrète de n' avoir pas suivi ma pensée, et que vous n' ayiez pas exécuté la vôtre.
   Convaincu, comme vous, du néant de la vie,
   Pourois-je regréter de me la voir ravie?       Gress.
Le régime de l' infinitif s' emploie, quand le verbe régi se raporte au nominatif de regréter, et celui du subjonctif lorsqu' il ne s' y raporte pas. = Faire regréter, outre ces régimes, régit le datif de la persone.
   Et fera regréter aux Princes des Thébains,
   De n' être pas sortis du dernier des humains.       Rac
"Cet évènement lui fait regréter que vous n' ayiez pas été sur les lieux pour veiller à ses intérêts. = * Regréter dans le sens de plaindre: il a perdu son procês, je le regrète fort; et d' envier; je ne vous regrète pas cette aquisition, est un vrai gasconisme. Voy. Gasc. Corr.

RÉGULARITÉ


RÉGULARITÉ, s. f. RÉGULIER, IèRE, adj. RÉGULIèREMENT, adv. [1reé fer. au 2d, è moy. et long au 3e et au 4e, lié, liè-re, liè-reman.] Ils se disent de ce qui est conforme aux règles, aux lois, à l' ordre de la nature, aux préceptes des Arts, etc. "Cette femme observe beaucoup de régularité dans sa conduite: elle est très régulière: elle vit fort régulièrement. "La régularité du mouvement des corps célestes. "Le flus et reflus de la mer ont leurs périodes régulières. "Un batiment régulier, une place regulière. "Il dine régulièrement à midi: il travaille régulièrement tant d' heures par jour. Voy. RèGLE et RÉGLÉMENT.
   Régularité et régulier se disent, outre cela, des gens d' Église par oposition à l' état séculier. "Le Clergé régulier; bénéfice régulier. "Il y a plusieurs Chapitres, dont on a ôté la régularité pour les séculariser.

RÉHABILITATION


RÉHABILITATION, s. f. RÉHABILITER, v. act. [Ré-abilita-cion, : 1reé fer. dern. é aussi fer. au 2e.] Ils expriment l' action de rétablir dans le premier état. "Lettres de réhabilitation. "Réhabiliter dans sa charge un Officier dégradé.

REHAûSSEMENT


REHAûSSEMENT, s. m. REHAUSSER, v. act. [Re-ôceman, re-océ: 1re e muet, 2e lon. au 1er, dout. au 2d: devant l' e muet, au est long: il rehaûsse, rehaûssera: pron. re-ôce, re-ôcera.] Rehausser, hausser davantage. Relever. "Rehausser une tapisserie, un plancher, une muraille. _ Fig. Rehausser le courage, le prix d' une marchandise. "Cet heureux succès lui rehaussa le courage. "Le prix du blé est rehaussé. = Faire paraitre davantage. "Les ombres dans un tableau rehaûssent l' éclat des couleurs. "Rehausser l' éclat, le mérite d' une action.
   REHAûSSEMENT, action de rehausser, ne se dit qu' au propre. "Le rehaûssement d' une muraille, des tailles, des monaies. On ne dit point, le rehaûssement du courage, de l' éclat, du mérite, etc.

REJAILLIR


REJAILLIR, v. n. [Reja-gli: 1ree muet: mouillez les ll.] En parlant des liquides, c' est la même chôse que jaillir. "Faire rejaillir de l' eau, de la boûe sur, etc. "Quand on lui ouvrit la veine, le sang rejaillit jusqu' aux pieds du lit.
   Entrer, voler vers nous, s' élancer sur Gusman,
   L' ataquer, le fraper, n' est pour lui qu' un moment.
   Le sang de ton époux rejaillit sur ton père.       Alzire.
= En parlant des corps solides, être repoussé et réfléchi. "La lumière rejaillit du soleil. La bale frapa contre la muraille, et rejaillit jusqu' à moi. = Fig. Retomber sur. "La gloire ou le déshoneur des pères rejaillit sur leurs enfans. "La honte en a rejailli sur nous.
   REJAILLISSEMENT~, s. m. [Reja-gli--ceman: 1re et 4e e muet.] Le moûvement de ce qui rejaillit. Il ne se dit qu' au propre. On dit le rejaillissement de l' eau, du sang, de la lumière. On ne dit point le rejaillissement de la gloire ou de la honte.

REJèT


REJèT, s. m. REJETABLE, adj. REJETER, v. a. REJETON, s. m. [1re e muet; 2e è moy. au 1er, e muet aux trois aûtres: devant la syll. fém. l' e muet se change en è moy. il rejette ou rejète, il rejettera ou rejètera. = Anciènement, on écrivait reject, rejecter: on écrivit ensuite rejetter, rejetton, etc. et plusieurs l' écrivent encôre de même; mais cette ortographe désigne que l' é est fermé, et il est muet: il ne faut donc mettre qu' un t devant la syllabe masculine, nous rejetons, je rejetai, il rejeta, rejetant, etc. Devant l' e muet, il faut mettre deux t, ou mettre un accent gràve sur l' e: il rejette ou il rejète, pour marquer que l' e est moyen.] Rejèt se dit de la nouvelle pousse d' une plante, d' un arbre. = En termes de Pratique, pièce, qui est rejetée d' un procês: on a ordoné le rejet de cette pièce.
   REJETABLE, qui doit être rejeté: proposition, preuve, pièce rejetable.
   REJETER, c' est 1°. Jeter une seconde fois. "Rejetez-moi la balle: je vous la rejèterai. = 2°. Repousser. "On lui avait jeté la balle: il la rejeta avec vigueur. = 3°. Jeter une chôse dans l' endroit d' où on l' avait tirée. "Il trouva le poisson trop petit: il le rejeta dans l' eau. = 4°. Jeter dehors. "Ce que la mer rejète sur le rivage. "Il a rejeté tout ce qu' il a mangé. = 5°. En parlant des arbres, repousser, aprês avoir été coupé. "Cet arbre a rejeté de nouvelles branches. Et neutralement: il rejète par le pied. = 6°. Fig. Rebuter, n' agréer pas, ne vouloir pas accepter ou recevoir. "Rejeter des ofres, des propositions, etc.
   Rem. On dit qu' une chôse nous jèterait trop loin, pour dire qu' elle ocasionerait de longues discussions. Un Auteur anonime a dit dans le même sens, rejeter trop loin. "Le Baron de Montesquieu eut des mortifications à dévorer. Peut être s' en étoit-il atiré quelques-unes; examen, qui nous rejeteroit trop loin. _ Je n' ôse ni condamner, ni aprouver cette façon de parler. = Rejeter sur est fort en usage au figuré. "Ne rejetons pas sur la sagesse, les faûtes des sages. Millot. "Les prétendus sages ont encore plus de tort de rejeter sur la Religion les crimes des chrétiens, qu' elle condamne si sévèrement. = Rejeter pour renvoyer, est tout au moins d' un usage douteux. "Le Gouverneur dona ordre que le sacrifice fut rejeté à un aûtre jour. Let. Édif. _ L' Acad. ne le met pas dans ce sens.
   REJETON, nouveau jet, que pousse un arbre par le pied ou par le tronc. = Fig. dans le style soutenu, et surtout en poésie, on dit les rejetons pour les descendans. "D' Illustres~ rejetons d' une anciène maison.
   D' une tige coupable il craint un rejeton:
   Il veut avec leur soeur ensevelir leur nom.      Phèdre.
  S' il reste un rejeton de la race d' Alcide,
  De quinze ans de travaux j' ai perdu tout le fruit.
       Mérope.

REIGLE


*REIGLE: c' est ainsi qu' on écrivait autrefois ce mot et ses dérivés; et Ménage même a suivi cette ortographe. On n' écrit plus que Règle sans i.

RÉIMPOSER


RÉIMPOSER, v. act. RÉIMPOSITION, s. f. [1re é fer.] Imposer de nouveau. Faire une nouvelle imposition.

RÉIMPRESSION


RÉIMPRESSION, s. fém. RÉIMPRIMER, v. act. [1re é fer. Quelques-uns écrivent et prononcent r' impression, r' imprimer: ce n' est pas le bon usage. Trév. met l' un et l' autre. L' Acad. ne met que le 1er.] Nouvelle impression. Imprimer de nouveau.

REIN


REIN, s. m. [Monos.] Au sing. c' est, dans l' homme, ce que rognon est dans les animaux, ce viscère dont le principal usage est de recevoir et de filtrer les sérosités qui pâssent ensuite dans la vessie. "Le rein droit, le rein gauche. = Au pluriel, il signifie le bâs de l' épine du dôs et la région voisine. "Avoir mal aux reins, une douleur dans les reins. = Il se dit aussi de l' épine du dôs relativement à la force, à la souplesse: il a les reins forts ou faibles, les reins souples, les reins rompus. = En st. fig. famil. on dit, avoir les reins forts, être riche et puissant, en état de soutenir les frais d' une entreprise. Et plus figurément encôre, être en état de réussir dans une afaire, dans un ouvrage. = Il a eu, ou on lui a doné une tour de reins, on lui a rendu un mauvais ofice qui lui nuira beaucoup. = Poursuivre l' épée dans les reins, de fort prês. "Les Troyens poursuivent, l' épée dans les reins, ces phalanges éperdues. Mde. Dacier, Iliade.

REINE


REINE, s. f. [Rène: 1reè moy. 2e. e muet.] Femme du Roi, ou, Princesse qui de son chef possède un Royaume.
   Votre esclave autrefois, aujourd' hui votre Reine.
       Radamiste.
= Fig. La chôse la plus excellente en son genre. "Rome, la Reine des cités: st. poét. "La rôse est la reine des fleurs. L' Acad. dit aussi qu' on dit, dans le discours familier, qu' une femme est la reine des femmes, aparemment dans le même sens qu' on dit d' un homme, qu' il est le roi des hommes, pour vanter son beau naturel, sa bienfaisance.

REINETTE


REINETTE, s. f. [Rènète: 2 è moy. et un e muet.] Sorte de pomme, marquetée de petites taches rousses ou grises. On dit reinette absolument, ou pomme de reinette.

RÉINTEGRANDE


RÉINTEGRANDE, s. f. RÉINTÉGRATION, s. f. RÉINTÉGRER, v. act. [Ré-ein--tégrande, gracion, gré: 1re et 3e é fermé, 2e lon. 4e lon. au 1er, é fermé au 3e.] Réintégrande est un terme de Droit. Rétablissement dans la jouissance d' un Bénéfice, ou d' un bien dont on avait été dépossédé. = Réintégration et Réintégrer sont des termes de Palais. Ils expriment l' action de rétablir quelqu' un dans la possession d' une chôse dont il avait été dépouillé. = Ces mots sont devenus plus comuns, depuis une célèbre Époque, où ils ont été employés. L' Acad. ne met pas le substantif. On s' en est servi dans la Traduction d' un discours du Roi de Suède. "La réintégration de la Justice a été le 1er objet de mes soins.
   Réintégrer, remettre, en parlant de prison. "Il a été réintégré dans les prisons.

REJOINDRE


REJOINDRE, v. act. [Re-joein-dre: 1re et dern. e muet, 2e lon.] 1°. Réunir des parties qui avaient été séparées. "Rejoindre les deux lèvres d' une plaie. = 2°. Rateindre des persones dont on a été séparé. "Je les rejoignis à la couchée. "Nous nous rejoindrons à Lyon.

RÉJOUïR


REJOUïR, v. act. RÉJOUïSSANCE, s. f. RÉJOUïSSANT, ANTE, adj. [Ré-joui-i, i--sance, san, sante: 1re é fer. 4e lon.] Réjouïr, doner de la joie. "Cette nouvelle réjouït tout le monde. = Doner du plaisir: couleur qui réjouït la vue; le vin réjouït le coeur. = Doner du divertissement. "Que ferons-nous pour réjouïr la compagnie? On dit, en ce sens, (st. famil.) réjouïr la compagnie aux dépens de quelqu' un, se moquer, de lui pour divertir les aûtres: sot divertissement. = Se réjouïr, se divertir. "Ils se sont bien réjouïs à la campagne. _ Féliciter: je me réjouïs avec vous de cette bone fortune. = Se réjouïr aux dépens de quelqu' un, s' en moquer pour se divertir.
   Je me prépare ici de quoi me réjouïr,
   Et la meilleure scène et le plus grand plaisir.
       Le Méchant.
  RÉJOUÏ, ÏE, s. m. et fém. "Un grôs rejouï, une grôsse réjouïe, une persone de bone humeur. St. famil.
  RÉJOUïSSANCE, démonstration de joie. "Réjouïssance publique. On a fait de grandes réjouïssances à cette ocasion. Voy. RÉCRÉATION. = Au jeu de Lansquenet, carte que, celui qui done, tire après la siène, et sur laquelle tous les coupeurs et aûtres peuvent mettre de l' argent. Acad. "Gâgner, faire, ou perdre, manquer la réjouïssance.
   Pour nipes, nous n' avons qu' un grand fonds d' espérance
   Sur les produits trompeurs d' une réjouïssance.
       Le Joueur.
  RÉJOUïSSANT, qui réjouït. Il se dit des persones comme des chôses. Conte réjouïssant. Homme réjouïssant.

RÉITÉRATION


RÉITÉRATION, s. f. RÉITÉTER, v. a. [1re et 3e é fer.] Ils expriment l' action de faire de nouveau ce qu' on a déja fait. "Réitérer une médecine, une saignée, un ordre, une défense. "La réitération de la saignée l' a tiré d' afaire. "Le réitération d' un ordre.
   Rem. Des ignorans, qui n' ont jamais réfléchi sur le sens de ce mot, disent: si je ne vous ai pas fait mon compliment, je vous le réitère. Ce propos est ridicule: on ne peut réitérer et faire de nouveau ce qu' on n' a pas encôre fait.

REîTRE


REîTRE, s. m. [Rèi-tre: 1reè moy. 2e e muet.] Aûtrefois il signifiait un Cavalier Allemand. On ne le dit plus que dans cette locution proverbiale, un vieux reître, un vieux routier, qui a vu beaucoup de pays, et qui s' est mélé de beaucoup d' afaires. On le dit ordinairement en mauvaise part.

RELâCHE


RELâCHE, s. m. et fém. RELâCHEMENT, s. m. RELâCHER, v. act. [1re e muet, 2e lon. 3e e muet aux deux premiers, é fermé au 3e; che, cheman, ché.] Relâche est s. m. lorsqu' il signifie interruption de quelque travail, étude ou exercice; et s. fém. en termes de Marine, quand il signifie lieu propre à y relâcher. "Une bone relâche. "Cette relâche est trop voisine de la rivière de la Plata. Voy. d' Anson. "Une relâche passagère: LING. * Dans l' Ann. Litt. on le fait masc. en ce sens, par distraction, ou peut-être par la faûte de l' Imprimeur, qui aura voulu corriger l' Auteur, ce qui arrive quelquefois. "Si la rade eût été plus sûre, de Capitaine eut prolongé son (sa) relâche dans cette Île. = On dit aussi, être de relâche. "Il étoit de relâche (il avait relâché) à Rio-janeiro. Journ. de Litt.
   RELâCHE, en parlant de la douleur, signifie repôs, intermission. "Soufrir sans relâche. "Son mal lui done du relâche, ne lui donne point de relâche.
   RELâCHEMENT, au propre, diminution de tension. "Relâchement des nerfs, des cordes d' un instrument, de la luette. = Disposition du tems à s' adoucir. "Il y a un peu de relâchement dans les tems, dans le froid. = Figurément, ralentissement d' ardeur dans le travail, dans les exercices de la piété, ou de régularité dans la conduite, dans les moeurs. "Le relâchement de la discipline militaire. "Relâchement dans les moeurs, dans la discipline éclésiastique. = Relâche, Relâchement (synon.) Le relâche~ est une cessation de travail, le relâchement, une cessation d' austérité ou de zèle. "L' homme infatigable travaille sans relâche: l' homme exact remplit son devoir sans relâchement. GIR. Syn. = M. Desgrouais met au nombre des gasconismes l' emploi de relâchement, au lieu de relâche. "L' esprit a besoin de relâchement: il faut acorder aux enfans quelque relâchement. L' Acad. dit au contraire qu' il se dit quelque--fois en bone part, pour délassement, et done cet exemple. "Après une grande contention d' esprit, on a besoin de quelque relâchement. _ Il semble pourtant qu' il est mieux de réserver ce sens et cet emploi à relâche, et de n' employer relâchement que dans son sens propre. = Suivant le P. BOUHOURS, relâchement se prend toujours en mauvaise part, du moins quand il est seul; car joint à une épithète qui rectifie, on le prend quelquefois en bone part; comme honêtes relâchemens. = * Autrefois, au contraire, on disait relasche pour relâchement. On parle dans une certaine chronique des relasches desquelles~ l' ordre devoit venir, prophètisées par le saint Fondateur. Aujourd' hui le mot serait impropre, et le genre fém. contre l' usage.
   RELâCHER, embrasse les sens de Relâchement et de Relâche. 1°. Actif, Faire qu' une chôse soit moins tendûe. "Le tems humide relâche le papier, les toiles, etc. La pituite relâche les nerfs. = Le tems se relâche; il s' adoucit. = Relâcher un prisonier, le remettre en liberté. = 2°. Céder de ses droits. "Je lui ai relâché la moitié de la dette. "Il ne veut rien relâcher de ses prétentions. = V. réc. "Il faut savoir se relâcher dans les ocasions de ses droits, de ses intérêts. "Il s' est relâché de cet article de ses propositions. = 3°. V. n. En termes de Marine, discontinuer sa route et se retirer à l' abri pour céder à la tempête, ou pour se radouber, ou pour renouveller ses provisions. "Le vaisseau faisait eau: on fut heureux de pouvoir relâcher à, etc. = 3°. Neutre aussi, et réciproque: Diminuer de sa première ardeur. "Ils ont relâché, ou ils se sont beaucoup relâchés de leur première ferveur. "Les Soldats commencèrent à relâcher de leur première ardeur. Maimb.
   Rem. 1°. Dans l' Hist. d' Angl. on fait régir au réciproque le datif (la prép. à). Refuser de se relâcher à aucune indulgence. _ Ce régime est inusité. = Massillon le dit sans régime: "Sur quoi prétendez-vous que Dieu doit se relâcher en votre faveur? Il sous--entend de ses droits; mais il semble qu' il aurait dû l' exprimer. _ Bossuet le dit aussi, mais dans un aûtre sens, pour dire, prendre du relâche. "Il n' a pas besoin de tant de dépense pour se relâcher. L' usage n' admet point ce verbe en cette signification. Se relâcher employé absolument, signifie tomber dans le relâchement, diminuer de ferveur et d' exactitude à ses devoirs. Dans le sens de Bossuet, on dit, se relâcher l' esprit, se délasser, se reposer.
   2°. RELâCHER, en termes de Marine, prend l' auxil. avoir dans ses tems composés: il a, il avait relâché; il aurait relâché s' il l' avait pu. Dans le Journ. de Litt. on met à la place l' auxil. être. "Il est relâché au bas de la rivière un Bordelais venant de la Guadaloupe. Il faut, je crois, dire, il a relâché, etc. Peut-être que le verbe impersonel qu' a employé l' Auteur l' a induit en erreur dans cette ocasion.

RELAIS


RELAIS, s. m. [Relê: 1ree muet, 2e ê ouvert.] Un ou plusieurs chevaux que l' on poste en quelque endroit pour s' en servir à la place de ceux qu' on quite. "Tenir des chevaux, des carrosses de relais. "Aler, venir en relais, avec des relais. = Relais est aussi le lieu où l' on met les relais. = Figurément, st. famil. être de relais, de loisir.

RELANCER


RELANCER, v. act. [1re e muet, 2e lon. 3e é fer.] Lancer une seconde fois. "On relança le cerf jusqu' à trois fois. = Figurément, st. famil. Relancer quelqu' un; l' aler trouver au lieu où il est pour l' engager à quelque chôse. "Il est venu me relancer où j' étais pour me mener avec lui, etc. = Plus figurément encôre, répondre à quelqu' un d' un ton fier et haut. Quand quelqu' un vient vous faire un mauvais raport, il le faut bien relancer.

RELAPS


RELAPS, RELAPSE, adj. et subst. [1re e muet: on prononce le p et l' s au prem.] Qui est retombé dans l' hérésie aprês l' avoir abjurée. "Il est relaps, elle est relapse. = S. m. C' est un relaps; les relaps.

RELATER


*RELATER, v. act. Raconter, mentioner. Il est vieux, dit l' Acad. On s' en sert encôre dans la Pratique, et même au Barreau. "Nous nous sommes faits une loi de ne transcrire ici que les faits relatés dans l' exposé de la Sentence. Causes Célèbres.

RELATIF


RELATIF, IVE, adj. RELATION, s. f. RELATIVEMENT, adv. [1re e muet, 4e e muet au 2d et au 4e; relatif, tive, tiveman. L' analogie demanderait un accent sur le 1ere. Voy. Re ou Ré: l' usage est partagé, quelques-uns mettant cet accent, et d' aûtres en plus grand nombre n' en mettant point. L' Académie ne le met pas; et c' est le plus sûr.] Relation est, 1°. raport d' une chôse à une aûtre. "Cet article a relation au précédent. "Ce que vous dites n' a aucune relation à, ou avec la chôse dont il s' agit. = 2°. Comerce, liaison, correspondance. "Avoir relation avec. "Il avait des relations avec les énemis. "Ils sont en relation d' afaires: il n' y a point de relation entre eux. = 3°. Récit, narration. Relation fidèle ou infidèle d' une bataille, d' un combat naval, etc. = On dit, la relation d' une fête, l' Histoire d' un Peuple, la Narration, le Récit d' un évènement. = "Pourquoi, dit Fléchier, interrompre par ces idées funestes la relation glorieûse de ses honeurs et de ses charges. Je ne crois pas qu' on dise la relation des charges et des honeurs. Pourquoi ne le dit-on pas? Demandez-le à l' usage. On dirait plutôt le récit des charges et des honeurs qu' il a obtenus.
   Relatif et Relativement ne s' emploient que dans le 1er sens. = Qui a quelque relation, quelque raport à. "Le troisième article est relatif au premier. "Cette claûse est relative à la précédente. = Par raport, d' une manière relative. "Relativement à ce qui a été dit.
   Rem. I. On apèle noms relatifs, en Gramaire, ceux qui renferment dans leur signification quelque raport ou relation à d' autres noms. Ainsi, père, mère, fils renferment un raport entre eux, et de l' un à l' aûtre. Ainsi, égal, inégal ne peuvent se dire d' aucune chôse que par raport à une autre.
   II. Les pronoms relatifs sont des pronoms qui rapèlent dans le discours l' idée des persones ou des chôses dont on a déja parlé, et qui ont une relation, un raport nécessaire avec le nom de ces persones et de ces chôses. Ces pronoms sont, qui, que, quoi, dont, lequel, laquelle. "Dieu qui aime les hommes. L' argent que j' ai dépensé, et dont j' ai à présent un si grand besoin, etc. = 1°. Le nom ou le pronom auquel le pronom relatif se raporte, s' apèle antécédent, et le pronom relatif doit s' acorder avec son antécédent en nombre et en genre; et il doit se mettre au câs, que demande le nom dont il est suivi. "L' afaire de laquelle vous m' avez parlé. De laquelle est féminin singulier, comme afaire; et il est à l' ablatif, câs que demande le verbe parler. = 2°. Une des chôses les plus nécessaires à la netteté du discours et à la clarté du sens, c' est de ne pas trop éloigner le relatif de son antécédent. "La colique m' a repris à laquelle je ne songeois plus. "Je fais cette Lettre trop longue, je pensois ne vous dire qu' un mot. Voit. Ces constructions sont vicieûses: il faut changer de tour ou d' ordre dans les mots. "J' ai été de nouveau ataqué par la colique, à laquelle je ne pensois plus. "Je fais trop longue une Lettre ou, etc. "Le Concile de Constance déposa Jean XXIII et élut Martin V à sa place, qui fut reconu de presque tous les États de l' Europe. Hist. d' Angl. Dites: et élut à sa place Martin V qui, etc. Voy. QUI n°. 3°. = Les Poètes, génés par la mesûre du vers et par la rime, sont sujets à employer ces mauvaises constructions.
   Puis soudain dans le Tibre, il s' est précipité,
   Dont l' eau grosse et rapide, etc.
       Corn. Cinna.
  Ma haine va mourir, que j' ai crue immortelle.
      Id. Ibid.
  Et plus l' amour est cher, qui lui done naissance.
       Molière.
Si ces deux Poètes avaient écrit en prôse, ils auraient dit: il s' est précipité dans le Tibre, dont l' eau, etc. "Ma haine, que j' ai crue immortelle, va mourir. "Plus l' amour, qui lui done naissance, est cher, etc. = 3°. C' est bien pis encôre, quand ce relatif, éloigné du nom auquel il se raporte, suit immédiatement un aûtre nom auquel il ne se raporte pas. Car cette mauvaise construction fait souvent des équivoques ridicules: "J' ai confié cet enfant à votre frère, qui est un mauvais sujet. Il faut dire alors: j' ai confié à votre frère cet enfant qui, etc. = 4°. Vaugelas a fort bien remarqué que les pronoms relatifs ne se raportent pas aux noms employés indéfiniment. Les phrâses suivantes sont irrégulières: il fut blessé d' un coup de flèche, qui était empoisonée: il a fait cela par avarice, qui est capable de tout. "Ayons du coeur, dont nous soyons les maîtres. Cette dernière phrâse est de Molière. Le père monte en chaire, qui est ordinairement placée à la porte de l' Église. Let. Édif. = 5°. Une des propriétés du pronom relatif est de pouvoir renvoyer le nominatif aprês le verbe, dont ce pronom est régi. "La Justice que m' ont rendue mes Juges: L' afaire dont m' a parlé votre frère: le port débarqua César, etc. = 6°. Il arrive quelquefois que l' antécédent des pronoms relatifs est sous-entendu, et alors cet antécédent sous-entendu est ordinairement un pronom démonstratif. "Qui ne sait pas garder un secret, est incapable de gouverner. C. à. d. celui qui ne sait pas, etc. = 7°. Les pronoms relatifs ne font pas un bon éfet aprês une parenthèse, remplie par des noms auxquels ces relatifs ne se raportent pas. Ex. "Plusieurs inscriptions à la louange des Professeurs les plus célèbres (à la tête desquels on n' a pas oublié Apollon et Esculape) dont quelques unes décorées avec goût, ornent les galeries. Descrip. d' Italie par l' Ab. Richard. = 8°. Les pronoms relatifs et les possessifs ayant à peu-près le même emploi dans le discours, c' est un pléonasme de les mettre ensemble pour modifier le même nom. "Anne de Clèves, dont le père avoit beaucoup de crédit, et dont Sybille sa soeur étoit mariée à l' Électeur de Saxe. Hist. d' Angl. Le Traducteur devait dire, dont la soeur Sibylle, etc. comme il avait dit auparavant, dont le père, etc. = 9°. Aprês il y a, les pronoms relatifs régissent le subjonctif. Il y a faûte dans cette phrâse de l' Hist. du Japon par le P. Charlevoix. "Il y avoit peu de Temples l' on aportoit plus d' argent. Il falait, où l' on aportât. = On doit mettre ce même mode aprês les relatifs, placés entre deux verbes, quand le sens est négatif. "Je n' ai vu persone qui fût plus réservé que lui. = 10°. Les pronoms relatifs ne sont bons qu' autant qu' ils sont nécessaires. Il faut les épargner tant qu' on le peut, sans nuire à la clarté.

RELAXATION


RELAXATION, s. fém. RELAXER, v. act. [Relaksa-cion, relakcé: 1re e muet.] Le substantif est un terme de Médecine et de Droit Canon. 1°. Relâchement. Relaxation des nerfs. 2°. Diminution ou entière rémission des peines canoniques: relaxation des peines. = Le verbe est un terme de Pratique. Remettre en liberté: relaxer un prisonier. = Le participe se dit en Médecine. "Nerfs, muscles, tendons relaxés.

RELAYER


RELAYER, v. act. et neut. [Relé-ié: 1re e muet, 2e et 3e é fer. Devant l' e muet, la 2de se change en ê ouv. et l' e muet qui suit ne se fait presque pas sentir: il relaie, ils relaient: pron. pour tous les deux, relê. Il relaiera, relaierait. pron. relêra, relêrè, en 3 syllabes. = Au pluriel de l' imparfait, il est convenable d' ajouter un i à l' y dans la première et la seconde persone, ainsi qu' au présent du subjonctif, pour le distinguer du présent de l' indicatif et de l' impératif. On écrira pour ceux-ci, relayons, relayez; et pour les aûtres, relayions, relayiez. = Richelet écrit relaier; d' aûtres relaïer, avec l' ï tréma; suivant la première ortographe, il faudrait prononcer relé-é; et avec la 2de rela-ié. V. A au comencement. L' y est nécessaire dans ce mot, comme dans tous les autres, qui ont la même prononciation, parce qu' il renferme deux i; dont l' un se joint à l' a pour former la diphtongue ai, qui a le son d' é, et l' autre se joint à la voyèle suivante.] 1°. V. act. et réciproq. Relever des ouvriers et les employer les uns aprês les aûtres. "On envoya cinquante pioniers pour relayer les premiers. "Ils se relayaient l' un l' aûtre. "Les conducteurs des chameaux se relaient à chanter. BUF. c. à. d. chantent l' un aprês l' aûtre sans interruption. = 2°. V. neut. Prendre des relais. "Nous relayâmes en tel endroit. "Nous relayions de deux en deux lieues. "Cette traite est longue: nous la fîmes pourtant sans relayer.

RELÉGATION


RELÉGATION, s. f. RELÉGUER, v. a. [Reléga-cion, reléghé: 1ree muet, 2e é fer. 3e é aussi fermé au 2d. = Suivant la règle générale, on devrait écrire réléguer avec l' accent aigu sur le premier é, mais l' usage le plus autorisé y est contraire.] Exil. Exiler. Le subst. est un terme de Jurisprudence. Le verbe entre dans le langage comun. "Il a été relégué en un tel endroit. = Se reléguer, se retirer: "Il s' est relégué dans sa terre. = Figurément, il se dit au passif. "La piété et la vertu, banies des villes, sont reléguées dans les cloîtres et les déserts. Trév.

RELENT


RELENT, s. m. [Relan: 1re e muet, 2e lon.] Mauvais goût que contracte une viande renfermée dans un lieu humide. "Odeur de relent; viande qui sent le relent, qui a un goût de relent.

RELEVâILLES


RELEVâILLES, s. fém. plur. RELEVÉE, s. f. RELèVEMENT, s. m. [Relevâ-glie, vée, lèveman: 1re et 2ee m. aux 2 1ers 3e lon. au 1er, é fer. au 2d, è muet au 3e, dont la 2e e muet.] Le premier se dit de la cérémonie qui se fait lorsqu' une femme va pour la première fois à l' Église aprês ses couches. = Le second ne se dit qu' au Palais. Le tems de l' aprês-dinée. "À~ deux heures de relevée. = Le 3e c' est l' action de relever; mais il a un emploi fort borné. On dit, le relèvement d' un mur, d' un vaisseau qui a échoué. "L' avant de ce vaisseau n' a pas assez de relèvement: il n' est pas assez relevé. = Trév. dit aussi relèvement de couche; mais celui-ci n' est pas du bel usage. L' Acad. ne le met pas. = * En certaines Provinces, on dit relèvement pour soulèvement. "Ce fut un relèvement général. Ce mot, en ce sens, est un barbarisme.

RELEVANT


RELEVANT, ANTE, adj. Qui relève de... Voy. Relever, n°. 6°. à la fin. Cet adjectif verbal ne se dit qu' au Palais. Maimbourg l' a employé: "Plusieurs Principautés relevantes de l' Empire. _ Je voudrais dire, qui relevaient de l' Empire.

RELEVER


RELEVER, v. act. et neut. [1re et 2ee muet, 3e é fer. Devant l' e muet, la 2de se change en è moy. il relève, relèvera, etc.] Relever, est 1°. Remettre debout. "Relever une chaise, une statûe, une colonne renversée. "Il se jeta aux genoux du Roi, qui le releva avec bonté. "Il est vieux: il a peine à s' asseoir, et encôre plus à se relever. = V. n. On dit: relever de maladie, comencer à se porter mieux: "Il relève d' une grande maladie: son frère n' en relèvera pas. _ Relever de couches, ou absolument, relever; comencer à sortir depuis les couches; elle ne fait que de relever, ou relever de couches. = 2°. Rétablir ce qui était tombé en ruine. "Relever des murailles, des fortifications, etc. = Figurément. Relever une maison, une famille. = Se relever (se remettre) de quelque perte. "J' ai trouvé mon gouvernement dans un état si déplorable, que je ne crois pas qu' il puisse jamais s' en relever. Cic. à Atticus. Mongault. = Relever le courage, les espérances; les ranimer, les faire revivre. 3°. Hausser. "Relever un terrein, un plancher trop bâs. = Figurément, on dit, relever sa condition, son état, sa fortune. = Relever une action, la louer, l' exalter = Et dans un sens aprochant: "La parûre relève la bone mine: le jus de citron relève une sauce. = 4°. Critiquer. "Relever ce que quelqu' un a dit, les faûtes d' un Auteur, etc. = 5°. En termes de Guerre; mettre un nouveau Corps de troupes à la place d' un aûtre. "Relever la garde, ou, relever de garde une compagnie. On le dit même d' un seul soldat. "Relever une sentinelle, les sentinelles; ou, relever un soldat de sentinelle. = 6°. Au Palais, il a plusieurs sens. Remettre en pouvoir de faire. Annuler. "Le Prince l' a relevé de ce contrat. Relever un mineur des actes pâssés en minorité. "Il s' est fait relever de ses voeux. = Relever un apel, prendre des lettres pour poursuivre un apel. = Relever d' une Seigneurie; en dépendre. "Un Fief servant relève d' un Fief dominant.
   RELEVÉ, ÉE, adj. Haut, au figuré. Condition relevée, mine relevée, sentimens relevés. = S. m. Relevé de compte; extrait des articles qui regardent un même objet.
   REM. Relever n' a pas les mêmes régimes que le simple élever. On dit: élever à un rang, etc. mais on ne dit pas, comme l' a fait Me. de B... (Hist. d' Angl.) Ce Prince étoit le seul capable de la relever (l' Angleterre) à son premier point de puissance et de splendeur. Il falait, de l' élever de nouveau, etc. = Relever, pour, augmenter, n' est bon que dans le figuré: "La modestie relève le prix des aûtres vertus. Au propre, il faut dire augmenter. BOUH. "Les Perles ne vaudraient pas tant, si le luxe et l' opinion n' en relevaient le prix. Dites: n' en augmentaient le prix.
   On dit, en style proverbial, relever quelqu' un de sentinelle, le reprendre, ne pas le laisser faillir impunément.

RELIAGE


RELIAGE, s. m. RELIER, v. act. RELIEUR, s. m. [1re e muet, 3e é fer. au 2d.] Relier, c' est 1°. lier de nouveau: Relier une gerbe, etc. = 2°. Coûdre ensemble les feuillets d' un livre et y mettre une couvertûre en peau ou en parchemin. = 3°. Mettre des cercles à un toneau. = Reliage, action de relier, ne se dit que dans ce dernier sens. = Relieur, celui dont le métier est de relier des livres. N°. 2°.

RELIEF


RELIEF, s. m. [1re e muet; 2eè moy. Re-lièf.] Au propre, ouvrage de sculptûre, plus ou moins relevé en bosse. "Haut-relief, demi-relief, bâs-relief. = Au fig. éclat qui relève. "Ces couleurs se donent mutuellement du relief. "Sa dignité lui done un certain relief, dont il avait besoin. = Au pluriel, restes des viandes qu' on a servies. "Ce dîner n' était composé que de reliefs. Il est vieux. Eschyle disait que ses Tragédies n' étaient que des reliefs des festins d' Homère.

RELIGIEUX


RELIGIEUX, EûSE, adj. RELIGIEûSEMENT, adv. RELIGION, s. f. [Reli-gieû, gieû-ze, zeman, gion: en vers, gi-on: 1re e muet, 3e lon. aux deux prem. 4e e muet. = Religion et ses dérivés s' écrivent sans accent; et irréligion et ses dérivés, avec un accent. Telle est la bisarrerie de l' usage. * Dans les Provinces méridionales, plusieurs font tout le contraire, ils écrivent et prononcent Réligion, é fer. et irreligion, e muet.] Religion, est, 1°. Culte rendu à la Divinité: la Religion des Juifs: la Religion Chrétiène. "Faire un acte de Religion. "C' est un homme sans religion, ou du moins il n' a guère de religion. "C' est un mérite aujourd' hui que d' avoir de la religion: c' est un sujet d' éloge. "Malheur aux Empires, aux Ecoles, aux familles, où la Religion ne seroit pas le grand mobile du gouvernement! L' Abé Du-Serre-Figon. "Il est impossible de conoître la Religion, sans la respecter: il n' y a que le vice ou l' ignorance qui puissent éloigner d' elle. Mde. de Sillery. "Comme l' un des caractères de la vraie Religion a toujours été d' autoriser les Princes de la terre; aussi, par un retour de piété, que la reconoissance même sembloit exiger, l' un des devoirs essentiels des Princes de la terre a toujours été de maintenir et de défendre la vraie Religion. BOURD. "Les Princes sont les Protecteurs nés de la Religion, comme la Religion est le sauve-garde inviolable des Princes. ID. = Religion, Piété, Dévotion (syn.) La Religion fait simplement qu' on ne manque point à ce qu' on doit à l' Être Suprême: la Piété fait qu' on s' en aquite avec plus de respect et de zèle; la Dévotion ajoute un extérieur plus composé. La Religion est plus dans le coeur qu' elle ne paraît au dehors; la Piété est dans le coeur, et parait au dehors: la Dévotion paraît quelquefois au dehors, sans être dans le coeur. Gir. Synon. = 2°. État ou Ordre Religieux. Religion douce ou austère. Prendre l' habit de Religion. Il a trente ans de Religion. = Pris absolument: l' Ordre de Malthe. "Les Galères de la Religion. = 3°. Joint à certains mots, il a d' aûtres sens. Se faire une religion ou un point de religion d' une chôse, s' en faire une obligation indispensable. = Violer la religion du serment, se parjurer. = Surprendre la religion de, etc. Tromper par de faux exposés. "On a surpris votre religion.
   RELIGIEUX, 1°. En parlant des chôses, qui a raport à la Religion: culte religieux, cérémonie religieûse. = 2°. En parlant des persones, qui a de la religion. "Prince religieux. = 3°. Exact, fidèle. "Religieux observateur des lois, de sa parole: religieux à garder le secret. = 4°. Qui apartient à un Ordre Régulier. "Maison Religieuse; la vie religieuse. = Subst. "Un bon Religieux, une bone Religieûse. Les Religieux de St. François, les Religieûses de la Visitation.
   RELIGIEûSEMENT, n' a que le 3e sens. Exactement, fidèlement. "Garder religieûsement sa parole. Observer religieûsement les traités.

RELIGIONAIRE


RELIGIONAIRE, subst. Nom doné aux Calvinistes, en France. Balzac était extrêmement contre ce terme. Le P. Bouhours croyait qu' on pouvait s' en servir. L' Acad. ne le condamne point, mais elle dit que son plus grand usage est au pluriel. Il était plus usité aûtrefois qu' il ne l' est aujourd' hui. = * Le Traducteur d' un ouvrage anglais dit ce mot des Païens. "Les Stoïciens, qui étoient la Secte la plus suivie parmi les Religionaires de l' Antiquité. Il veut dire, parmi ceux des Païens, qui n' étaient point Athées, et qui admettaient des Dieux et une religion. C' est évidemment un anglicisme.

RELIMER


RELIMER, v. act. [1re e muet, dern. é fer.] Limer de nouveau.

RELIQUAIRE


RELIQUAIRE, s. m. [Relikère: 1re et dern. e muet; 3e è moy. et long.] Boîte ou cofrèt, où l' on enchâsse des reliques.

RELIQUAT


RELIQUAT, s. m. RELIQUATAIRE, adj. et subst. [Relika, katère; 1re e muet: 4e è moy. et long.] Terme de Pratique et de Négoce. _ Reste de compte. Celui qui doit quelque chôse de reste. "Un vieux reliquat de compte. "Il ou elle est reliquataire d' une telle somme. "Les reliquataires seront contraints de vider leurs mains incessamment.

RELIQUE


RELIQUE, s. f. [Relike: 1re et dern. e muet.] Ce qui reste d' un Saint aprês sa mort. "Précieûse Relique. Révérer les Reliques est un acte de Religion.
   Rem. On le disait autrefois au pluriel, pour restes; et Ménage trouvait que ce mot a bonne grâce dans les compositions relevées: il cite Ronsard, du Bellai, du Perron, Coeffeteau et Balzac lui-même, quoiqu' il eût prononcé afirmativement, dans son Socrate Chrétien, que le mot de reliques ne se disait jamais en la signification de restes. "Nous nous sentons obligés à Arrian, dit-il, de nous avoir sauvé les reliques de la philosophie d' Épictète.
   Tous ces chefs-d' oeuvre antiques
   Ont à peine leurs reliques.
       Malherbe.
  Serre et cueuille en naissant les reliques du jour.
      Du Perron.
  Bien irai-je aprês eux, de vos vertus belliques,
  Et des aûtres vertus recueuillant les reliques.
       Du Bellai.
= Racine a encore dit dans Bajazet:
  Sauvant de mon débris les reliques plus chères.
Et dans Phèdre:
  Ils s' arrêtent, non loin de ces tombeaux antiques,
  Où, des Rois ses ayeux, sont les froides reliques.
L' Abé Du Bos a dit plus récemment, en parlant des morceaux antiques: "Ces savantes reliques sont pâssées entre les mains du Marquis Massimi; et plus récemment encôre, M. Linguet a dit, dans le siècle d' Alexandre: "Parmi les reliques incontestables des habitans de Memphis, etc. L' Auteur paraît employer ce mot en se moquant, mais il n' est pas à imiter en cela. = L' Académie l' admet dans le style sublime: les tristes reliques de sa fortune. On peut, malgré une si grande autorité, douter que l' usage actuel l' aproûve.

RELIRE


RELIRE, v. act. Lire une seconde fois, ou plusieurs fois. "J' ai lu et relu cet Ouvrage.

RELIûRE


RELIûRE, s. f. [Reli-ûre: 1re et dern. e muet, 3e lon.] L' ouvrage d' un Relieur. "La reliûre coûte tant. = La manière dont un livre est relié. "Reliûre en veau, en maroquin, etc.

RELOGER


RELOGER, RELOUER, v. act. Loger, louer de nouveau.

RELUIRE


RELUIRE, v. n. RELUISANT, ANTE, adj. [Re-lui-re, zan, zante: 1re e muet, 2e lon. au 1er, 3e lon. aux deux aûtres.] Reluire, c' est, au propre, luire par réflexion. "Les diamans reluisent. "Tout reluit dans cette maison. = Au figuré, paraître avec éclat. "La vertu reluit davantage dans l' adversité. "Ces calomnies n' ont servi qu' à faire reluire toujours plus son inocence et son mérite.
   RELUISANT, qui reluit. Il n' est d' usage qu' au propre. "Armes reluisantes: étofe extrêmement reluisante. "Cette femme a le visage tout reluisant de fard.

RELUQUER


*RELUQUER, v. act. Regarder du coin de l' oeil. C' est un mot gascon. L' Académie l' admet pour le style familier.

RELUTE


*RELUTE, s. f. Mot nouveau, de mauvaise fabrique. Seconde lecture. "À~ la relute du décret. Anon.

REMâCHER


REMâCHER, v. a. [1re e muet, 2e lon. 3e é fer. l' â est encôre plus long devant l' e muet: il remâche, remâchera, etc.] Au propre, mâcher une seconde fois. "Les animaux qui ruminent, remâchent ce qu' ils ont mâché. = Figurément (style familier), Repâsser plusieurs fois dans son esprit. "Il faut remâcher long-tems une pensée pour parvenir à la mettre dans tout son jour. Acad.

REMANIEMENT


REMANIEMENT, s. m. REMANIER, v. act. [Remaniman, ni-é: 1re e muet: l' e après l' i ne se prononce pas dans le 1er: dern. é fer. au 2d.] Remanier, c' est 1°. Manier de nouveau. "Il gâte tout, à force de manier, et de remanier. = 2°. Refaire, racomoder, en parlant de certains ouvrages. Remanier un pavé, un couvert, une feuille d' impression. = 3°. On le dit des ouvrages d' esprit. "Cet ouvrage a besoin d' être remanié presque en entier. "Il y a deux ou trois morceaux à remanier dans ce discours. = Remaniement est l' action de remanier, ou l' éfet de cette action. Il ne s' emploie que dans le 2d sens de son verbe, du moins ordinairement. On dit le remaniement d' un pavé, d' un toit, d' une feuille d' impression: on pourrait dire en plaisantant: ne maniez pas tant cette étofe, tous ces maniemens et remaniemens ne font que la gâter. On pourrait, dans le même style, le dire avec autant de vérité d' un ouvrage d' esprit.

REMARQUABLE


REMARQUABLE, adj. REMARQUE, s. f. REMARQUER, v. act. [Remarkable, ke, : 1re e muet, dern. e muet aux deux premiers, é fermé au dernier.] Remarquable, qui se fait remarquer, qui est digne d' être remarqué. "Évènement, action, faûte remarquable. "Femme remarquable par sa laideur. Homme remarquable par ses talens et ses vertus. "Il n' y a rien de remarquable dans tout cet ouvrage.
   REMARQUE; note, observation. Faire des remarques. Il y a dans ce Dictionaire beaucoup de Remarques nouvelles: il y a dans ce Livre des Remarques curieuses, importantes. "C' est une chôse digne de remarque. Voy. NOTE.
   On dit ordinairement, persone de marque. M. Targe, Traducteur servile de Smolet, dit, dans le même sens, persone de remarque. "La troisième persone de remarque, qui perdit la vie dans cette bataille (de la Boyne) fut l' Éclésiastique Walker, etc. Nos traductions des Livres Anglais fourmillent d' anglicismes.
   REMARQUER c' est, 1°. marquer une seconde fois. Il faut remarquer ces balots, ces pièces de vin. = 2°. Observer; faire atention à. "Remarquez-le chemin, pour que nous ne nous trompions pas à notre retour. "Remarquer des beautés ou des défauts dans un ouvrage. "Cet homme se fait remarquer par sa bone mine. = Remarquer, observer (synon.) On remarque les chôses par atention, pour s' en ressouvenir: On les observe par examen, pour en juger. Le voyageur remarque ce qui le frape: l' espion observe les démarches qu' il croit de conséquence. On peut observer pour remarquer; mais l' usage ne permet pas de retourner la phrâse. "Les femmes ne s' observent plus tant qu' aûtrefois: leur indiscrétion va de pair avec celle des hommes: elles aiment mieux se faire remarquer par leurs faiblesses que de n' être point fêtées par la Renomée. GIR. Synon.
   Rem. Remarquer est quelquefois neut. et régit que avec l' indicatif dans la phrâse afirmative; et avec le subjonctif dans la phrâse négative ou interrogative. "J' ai remarqué qu' il vous regardait avec afectation. "Je n' ai pas remarqué, ou avez-vous remarqué qu' il me regardât, etc. Que si la négation est jointe à l' interrogation, on emploie l' indicatif, parce que les deux réunies valent une afirmation. "N' avez-vous pas remarqué qu' il vous regardait, etc. = Remarquer, actif, n' a qu' un seul régime, l' acusatif: quand on veut lui en doner un 2d, il faut se servir de faire remarquer. "Je lui ai fait remarquer dans ces Discours des défauts qu' il n' apercevait pas; et non pas, je lui ai remarqué, etc. De même, quand il est neutre, régissant les verbes, il n' a pas de régime des noms. M. Arnaud dit de Boileau dans une de ses Lettres: je lui remarquai que, etc. et cela, à l' imitation des gens du Barreau, qui disent dans leurs Factum, je vous observerai, pour dire, je vous ferai observer. Voy. OBSERVER. Il faut dire, je lui fit remarquer, etc. _ Un Anonyme a fait régir à ce verbe l' infinitif: On remarque plus de persones être victimes d' un excès de joie que de tristesse. C' est le régime du verbe voir. Il faut dire, on voit plus de persones être victimes, etc. Ou bien avec la conjonction que: on a remarqué que plus de persones sont ou ont été, etc.

REMBALLER


REMBALLER, v. act. [Ranbalé] Emballer de nouveau.

REMBARQUEMENT


REMBARQUEMENT, s. m. REMBARQUER, v. act. [Ranbarkeman, ké: 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Ils expriment l' action d' embarquer de nouveau. "Rembarquer des troupes, des marchandises. "Se rembarquer. "Le rembarquement des troupes n' a pu se faire assez promptement pour exécuter le dessein qu' on avait formé. "Je n' ai point eu de nouvelles de mon frère, depuis son rembarquement. = Se rembarquer se dit au figuré, mais seulement dans le st. famil. ou tout au plus dans le médiocre. S' engager de nouveau. "Il s' est rembarqué dans cette afaire, avec ces gens-là. Se rembarquer au jeu.

REMBâRRER


REMBâRRER, v. act. [Ranbâré: 1re et 2e lon. 3e é fer. Prononcez l' r fortement.] Repousser vigoureûsement. Il n' a plus guère d' usage au propre. Acad. On dit, au fig.rembarrer quelqu' un; rejeter avec fermeté, avec indignation des discours, des propositions qui déplaisent. "À~ présent que je sais les mauvais desseins de celui-ci, je vous promets que, s' il s' adresse à moi, je le rembarrerai de la belle façon. Th. d' Éduc. St. famil.
   ..Vous avez vu, pour vouloir vous défendre,
   De quel air méprisant elle m' a rembarré.
       Rousseau.

REMBLAI


REMBLAI, s. m. [Ranblè: 1re lon. 2e è moy.] Travail pour faire une levée ou aplanir un terrein avec des gravois et des terres raportées. C' est l' oposé de Déblai.

REMBLAVER


REMBLAVER, v. act. [Ranblavé: 1re lon. 3e. é fer.] Ressemer de blé une terre. L' Acad. ne met pas ce mot.

REMBOîTEMENT


REMBOîTEMENT, s. m. REMBOîTER, v. act. [Ran-boâ-teman, té: 1re et 2e lon. 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Ils expriment l' action de remettre en place ce qui était désemboîté; ou l' éfet de cette action. "Remboîter un ôs, des pièces de menuiserie. Le remboîtement de, etc.

REMBOûRREMENT


REMBOûRREMENT, s. m. REMBOURRER, v. act. [Ran-boû-reman, ran-bou-ré: 1re lon. sur-tout au second; 2e lon. au 1er, l' r se prononce fortement; 3e e muet au 1er, é fermé au second.] Rembourrer, au propre, c' est garnir de boûrre, de crin: rembourrer un bât, un siège, etc. Remboûrrement, action de rembourrer, ou l' éfet de cette action. "Le remboûrrement d' un bât, etc. = On dit populairement d' un homme qui a extrêmement mangé dans un repâs, qu' il a bien rembourré son pourpoint. "Ils rembourrent leurs ouvrages de force tolérance évangélique, sans trop entendre ce qu' ils veulent nous dire. Anon. Fig. st. crit.

REMBOURSABLE


REMBOURSABLE, adj. REMBOURSEMENT, s. m. REMBOURSER, v. act. [Ran--bour-sable, seman, : 1re lon. 3e dout. au 1er, e muet au 2d, é fer. au 3e.] Rembourser c' est rendre à quelqu' un l' argent qu' il a déboursé. Il se dit, et de l' argent, et de la persone qui l' a fourni. Rembourser une somme, un contrat, une obligation, les frais d' un procês. "On l' a remboursé; il a été remboursé de ses frais, de ses dépens. = Remboursement est le payement que l' on fait pour rendre une somme que l' on doit. Faire ou recevoir un remboursement. = Remboursable, qui doit être remboursé. "Ces billets sont remboursables dans l' espace de 7 ans. Linguet.
   On dit, en st. prov. rembourser un souflet, un coup d' épée; les recevoir.

REMBRUNIR


REMBRUNIR, v. act. REMBRUNISSEMENT, s. m. [Ranbruni, niceman: 1re lon. 3ee muet au 2d.] Rembrunir, c' est rendre plus brun. Rembrunissement, état ou qualité de ce qui est rembruni. "Rembrunir le fond d' un tableau, qui est trop clair. "Couleurs rembrunies. _ Fig. un air rembruni, sombre et triste. "Le rembrunissement d' un tableau, des couleurs. = Rembrunir se dit figurément de l' esprit. "Bientôt les noires vapeurs de la Philosophie rembrunirent son imagination (de l' Ab. Coyer). Journ. de Mons.

REMèDE


REMèDE, s. m. [1re et dern. e muet; 2e è moy.] 1°. Ce qui sert à guérir, ou qu' on emploie à ce dessein. "Apliquer un remède: user d' un remède. "Cet homme a des remèdes pour toute sorte de maux. Être ou se mettre dans les remèdes. = 2°. Depuis quelque tems, il signifie particulièrement un lavement. = 3°. Fig. Ce qui sert à guérir les maux de l' âme. "La conaissance de soi-même est un grand remède contre l' orgueuil. = 4°. Ce qui sert à prévenir ou à faire cesser quelque malheur. "Son malheur est sans remède. "Aporter remède, ou du remède aux inconvéniens. "Le Saint fit tout son possible pour aporter remède à de si grand maux. P. Grifet. "Je comence à être las des remèdes violens, et je veux en essayer de plus doux. Cic. à Atticus; MONGAULT.
   On dit, proverbialement, d' un remède, dont on ne fait point de câs, que c' est un remède à tous maux. * Bossuet dit dans l' Or. Fun. de Marie Thérèse: "Croyez-vous qu' un Royaume est (soit) un remède universel à tous les maux. Dabord il y a du pléonasme, et cet illustre Orateur aurait dû se contenter de dire, remède universel, ou remède à tous les maux. Ensuite cette expression n' est-elle pas trop familière pour un discours d' aparat? _ Quand un remède est trop dégoutant, ou dangereux, on dit que: le remède est pire que le mal; ce qui se dit au propre et au figuré. Corneille ennoblit ce proverbe, en changeant la construction.
   Ah! le mal est encor plus doux que le remède.
       Attila.
= Il y a du remède à tout, hors à la mort. = On dit d' une femme vieille ou laide, que c' est un remède d' amour.

REMÉDIER


REMÉDIER, v. n. [1re e muet, 2e et dern. é fer.] Aporter remède à. Il se dit au propre et au figuré. "Il faut remédier au mal de bone heure. "Remédier aux inconvéniens, aux désordres.

REMEMBRANCE


*REMEMBRANCE, s. fém. REMÉMORATIF, IVE, adj. REMÉMORER, v. act. Ils expriment l' action de remettre en mémoire. "J' en ai quelque remembrance.
   Jadis en étoit remembrance.
"Les fêtes sont remémoratives des évènemens, des mystères. "Je vais vous remémorer ce qui se pâssa dans cette ocasion. "Se remémorant cependant qu' il n' est ni charitable, ni prudent d' acuser les Souverains d' être capables de faire un schisme, etc. Tart. Épist. = L' Acad. dit du substantif et du verbe, qu' ils sont vieux: ce sont deux mots à regréter. Elle met l' adjectif sans remarque. Ces mots peuvent encôre servir dans le comique et le marotique.

REMENER


REMENER, v. act. [1re et 2ee muet, la 2de se change en è moy. "Il remène, remènera, etc.] Conduire au lieu où l' on était auparavant. "Remenez cet enfant à son père; ce cheval à son maître; ces bêtes à l' étable.

REMERCIER


REMERCIER, v. act. REMERCIMENT, s. m. [1re e muet, 2e ê ouv. dern. é fer. au 1er. Au futur simple et au conditionel~, l' e qui est devant l' r ne se prononce pas. On écrit je remercierai, je remercierois, et l' on prononce, remercîré, remercirè, en 4 syllabes. = On écrivait autrefois remerciement: l' e après l' i ne se prononçait pas; on a bien fait de le suprimer. = En certaines Provinces, le peuple prononce remarcier, remarciment.] Remercier, rendre grâces. Remercîment, action de grâces. "Remercier Dieu de ses bienfaits. "Je vous remercie de la bonté que vous avez eûe, etc. "Je vous en fais mes très-humbles remercîmens. Cela valait bien un remerciment: il n' a pas daigné me remercier. = Le verbe s' emploie aussi pour s' excuser de recevoir, d' accepter ce qu' on nous ofre. "Je vous remercie, je ne puis accepter vos ofres. = On le dit encore pour renvoyer, destituer. "On l' a remercié. = Le substantif n' a point ces deux significations.

RÉMÉRÉ


RÉMÉRÉ, s. m. Terme de Palais. Rachat. Faculté de réméré: Droit de racheter ce qu' on a vendu. "Il est rentré dans sa terre en vertu du réméré.

REMETTRE


REMETTRE, v. act. [Remètre: 1re et dern. e muet, 2e è moy. Devant la syll. masc. la 2de se change en é fer. nous remettons, je remettais, il remettra, remettant, ou remétons, remétais, etc.] 1°. Mettre une chôse au même endroit, où elle était auparavant. "Remettez ce livre à sa place: Remettre l' épée dans le fourreau. = 2°. Il est réduplicatif et signifie mettre de nouveau. "Remettre à la voile. Remettre une armée sur pied. "Se remettre à table, au lit, etc. "Ne vous remettez pas sitôt à vous assomer d' écrire. Sév. = 3°. Rétablir dans le premier état. "On l' a remis dans tous ses biens, dans tous ses droits. = 4°. Racomoder ce qui est démis. "On lui a remis le brâs: on a eu bien de la peine à lui remettre le poignet. = Fig. remettre bien ensemble des persones qui étaient brouillées. = 5°. Rétablir la santé. "L' usage du lait l' a entièrement remis: le voilà tout-à-fait remis. "Il a eu bien de la peine à se remettre. = 6°. Faire revenir du trouble, de la frayeur où l' on était. "Ce que vous lui avez dit lui a un peu remis l' esprit. "On a eu bien de la peine à la remettre de la frayeur qu' elle a eûe: elle ne saurait se remettre de son afliction. "J' ai été retenu par une légère indisposition, dont je me suis remis aisément, parce que je n' ai point eu de fièvre. Cic. à Atticus. Mongault. _ Remettez-vous, calmez-vous. = C' est aussi se délasser. "Il ne s' est pas encore remis de ses fatigues. = 7°. Rendre. "On lui a remis sa montre. Remettre entre les mains, en main propre, etc. Voy. RENDRE. = 8°. Diférer, renvoyer à un autre tems. Il régit à devant les noms et les verbes. "On a remis la partie à demain. "On ne se soucie guère d' être heureux au moment où l' on est: on remet à l' être dans un tems qui viendra. Fonten. "Je remets à une aûtre fois à vous instruire du détail de cette afaire. Se remettre, en parlant des chôses, se diférer:
   Dans ce même moment, on vous porte ma lettre
   Sur un point important, qui ne peut se remettre.
       Sidney
Il se dit toujours avec pouvoir et la négative. = 9°. Faire grâce. "De mille écus qu' il devait, on lui en a remis cinq cens. "Le Roi lui a remis la peine du banissement. = 10°. Pardoner. "Il n' y a que Dieu qui puisse remettre les péchés. "Je lui remets de bon coeur toutes les ofenses qu' il m' a faites. = 11°. Mettre en dépôt. Confier. "Je lui ai remis le soin de cette afaire, tout l' argent que j' avais, etc. Je remets tous mes intérêts entre vos mains. _ Remettre une afaire au jugement, à la décision de, etc. = Se remettre entre les mains de la Providence; se résigner à tout ce qu' elle ordonera. = 12°. Remettre devant les yeux; représenter. "J' ai eu beau lui remettre devant les yeux le péril auquel il s' exposait. = 13°. Se remettre à.. de... s' en raporter. "Remettons-nous-en au sort ou aux Dieux. Cic. à Atticus. MONGAULT. "Ils s' en remettoient à lui de leurs diférends, et de leurs intérêts. Massill. Plusieurs Auteurs retranchent en; et il semble, en éfet, que de et en pour le même objet est un pléonasme. "Ils se remettoient de leurs diférends au jugement des Consuls. Révol. Rom. _ La Touche ne dit que, se remettre. "Se remettre de quelque chôse à quelqu' un, c' est s' en raporter à lui. Le Rich. Port. met au contraire s' en remettre à quelqu' un, s' en raporter à ce qu' il dira ou fera, L' Acad. met les deux: se remettre, et plus comunément s' en remettre à... de... = 14°. Reconaitre. "Me reconaissez-vous? Oui, Monsieur, je vous remets; c' est vous, qui étiez avant-hier dans cette maison, et à qui il arriva, etc. MARIV. _ L' Acad. ne dit, en ce sens, que se remettre quelque chôse, en rapeler le souvenir. "Quand je me remets l' état où je l' ai vu. "Ne vous remettez-vous point son visage. "Je ne saurais me remettre son nom. Elle ne le dit point en régime des persones mêmes.
   REMIS, ISE, participe: on l' employait autrefois adjectivement pour calme, tranquile.
   Seigneur, auparavant d' une âme plus remise
   Daignez voir le succès d' une telle entreprise.
       Corneille, Andromède.
  Pour venger un afront, tout semble être permis,
  Et les ocasions tentent les plus remis. Id. Polieucte.
  J' en recevrai le coup d' un visage remis. Id. Rod.
Il est suranné: on ne le dit plus.

REMEUBLER


REMEUBLER, v. act. [1re e muet, dern. é fer.] Meubler de nouveau.

RÉMINISCENCE


RÉMINISCENCE, s. f. [Rémini-sance: 1re é fer. 4e lon. 5e e muet.] Ressouvenir. Renouvellement d' une idée presque éfacée. "J' ai quelque réminiscence de ce qui se pâssa en ce tems-là. "Souvent les plagiats, dont on acûse les Auteurs, ne sont que des réminiscences.

REMISE


REMISE, s. f. [Remize: 1re et dern. e muet: 2e lon.] 1°. Lieu pratiqué dans une maison pour y mettre un carrosse à couvert. Mettre sous ou dans la remise, etc. = Carrosse de remise, qui se loûe par jour ou par mois. = Quelques-uns disent absolument et au masculin, un remise. "
   Il faut, ma chère, il faut qu' on nous cherche un remise.
       PALISSOT.
= 2°. L' endroit où une perdrix se remet après avoir fait vol. = 3°. Taillis près d' une campagne, qui sert de retraite aux lièvres, aux perdrix. = 4°. Délai, retardement. User de remise. "Je partirai demain sans remise. "Volez donc ici sans remise: je respirerai quand je vous verrai. Cic. à Atticus. MONGAULT. = 5°. Argent qu' un Négociant fait remettre à son correspondant. "Il lui a fait une remise de tant. Faire des remises de place en place. = 6°. Grâce qu' on fait à un débiteur, en lui remettant une partie de ce qu' il doit. "On lui a fait remise du quart. Il demande quelque remise. = 7°. La somme, qu' on abandone à celui, qui est chargé d' une recette, d' un recouvrement. "Ce receveur a un sou pour livre de remise.

RÉMISSIBLE


RÉMISSIBLE, adj. RÉMISSION, s. f. [Ré--micible, cion: l' é est fermé, quoique ces mots dérivent de remettre dont l' e est muet.] Rémission, pardon. Rémissible, qui est pardonable, digne de rémission. "Faûte, crime, câs rémissible. "Obtenir de Dieu la rémission de ses péchés. = Rémission est aussi la grâce que le Prince fait à un criminel. "Le Roi lui a accordé sa rémission. Lettres de rémission. = Par extension, indulgence en parlant des particuliers. "N' atendez point de rémission de lui. Il vous fera tout payer sans rémission. = C' est un homme sans rémission, un homme implacable, et qui ne pardone point, qui exige à la rigueur tout ce qui lui est dû. = En médecine, on dit: il y a de la rémission dans la fièvre; de la diminution, du relâchement.

REMMENER


REMMENER, V. act. [Ranmené: 1re lon. 2e e muet. 3e é fer.] Tirer quelqu' un du lieu où il est, et l' emmener avec soi. Ce verbe dit plus que remener, comme emmener dit plus que Mener. Ils signifient quelquefois remener quelqu' un malgré lui. "Remmenez cet homme, cet enfant. "Je vais trouver Mentor, (dit Calypso) et je le prierai d' enlever Télémaque: il le remmènera en Ithaque. Télém.

REMOLADE


REMOLADE, s. f. [1re et dern. e muet.] Espèce de sauce piquante. = Remède pour les foulûres des chevaux.

REMOLE


REMOLE, s. m. [1re é fer. dern. e muet.] Tournant d' eau dangereux pour les vaisseaux.

REMONTE


REMONTE, s. f. REMONTER, v. n. et act. [1re e muet, 2e lon. 3ee muet au 1er, é fer. au 2d.] Remonter, c' est 1°. Monter une seconde fois. Voy. MONTER. = 2°. Retourner d' où l' on est descendu. "La rivière remontera vers sa source, avant que cela arrive. _ Fig. Maison qui remonte jusqu' à un tel homme, à un tel siècle. Pour entendre cette afaire, ce point d' histoire, il faut remonter plus haut. _ Remonter à la source, au principe des chôses. = Goutte remontée, qui remonte, qui est remontée, qui quite les extrémités, et s' arrête en dedans. = 3°. Actif. Il régit plusieurs noms. Remonter un cavalier, ou une compagnie de cavalerie, lui doner de nouveaux chevaux. _ Remonter un laboureur, l' équiper de nouveau, et ainsi d' une ferme, d' une métairie. _ Remonter un fusil, y mettre un bois neuf. _ Remonter un violon, une guitarre, les garnir de cordes neuves. _ Remonter une montre, une horloge; les remettre en état d' aler.
   REMONTE ne se dit que dans le 3e sens des chevaux qu' on done à des cavaliers pour les remonter.

REMONTRANCE


REMONTRANCE, s. f. REMONTRER, v. act. [1re e muet, 2e lon.] Remontrer, c' est représenter, doner des avis salutaires. "Je lui ai bien remontré son devoir. = V. n. Il régit que et l' indicatif. "Un Général, prês de combatre, remontre à ses Troupes qu' il s' agit de l' honeur de l' Empire.
   On dit, proverbialement, c' est Gros jean, qui remontre à son Curé, lorsqu' un ignorant veut doner des leçons à un habile homme.
   REMONTRANCE, discours par lequel on remontre. Remontrance paternelle; três-humbles remontrances. Faire une sévère remontrance, de douces remontrances, ou des remontrances respectueûses, suivant les persones.

RÉMORA


RÉMORA, s. m. [1re é fer. 2e brève.] Obstacle, retardement. "Il était prês de terminer son afaire: il est survenu un rémora. St. fam.

REMORDRE


REMORDRE, v. act. et n. REMORDSouREMORS, s. m. [1re e muet. = Le d dans le 2d ne se prononce pas; l' s ne se prononce que devant une voyèle. Plusieurs écrivent remors sans d, Pluche au contraire écrit remord sans s: cette manière d' écrire ne vaut rien: on peut choisir entre les deux aûtres. La 1re a pour elle l' analogie, y ayant un d dans remordre; l' aûtre la comodité de ne point écrire une lettre qui ne se prononce jamais.] Remordre, c' est 1°. Mordre une seconde fois. "Il l' a mordu et remordu. = 2°. V. n. Ataquer de nouveau. "Ce dogue n' a pas voulu remordre. "Ce Régiment fut trop maltraité à cette première ataque; on ne put l' obliger à remordre. Il n' est que du st. famil. = 3°. * Autrefois, reprocher quelque faûte, en parlant de la conscience. "Sa faute le remort. Malherbe. Cela était~ bon du tems de Marot, dit M. Chevreau.
   Peine me suit et toujours me remord.      Malherbe
"Sa conscience lui remord. D' ABL.
REMORS, reproche que fait la conscience. "Les méchans tâchent à étoufer les remors.
Il est, dit la Chaussée:
   Plus afreux d' être en proie aux remords qu' aux malheurs.
   À~ force de forfaits étoufer ses~ remords~.
Il régit de et l' infinitif.
   Fuyons! N' exposons point ma tremblante vertu
   Au remords éternel d' avoir mal combatu.
       Campistron.
  À~ son mauvais destin, laissez un misérable,
  Et ne vous joignez point au remords, qui l' accable.
       Mol.
  Sans les remords afreux, qui déchirent mon coeur,
  Hiéron, j' oublîrois qu' il est un Ciel vengeur.
       Radamisthe.
"Les premières fautes donent des remords, les dernières les font perdre. Duclos.

REMORQUE


REMORQUE, s. f. REMORQUER, v. act. [Remorke, ké: 1re e muet; 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Ils expriment l' action par laquelle un ou plusieurs bâtimens à rames tirent un grand vaisseau par le moyen des cordes, qui sont atachées d' un et d' autre côté. "La remorque est souvent d' un grand secours. "Il se fit remorquer par des chaloupes. "Trois galères le remorquèrent.
   Rem. Quelques Auteurs ou Imprimeurs écrivent remorgue, et des ignorans le prononcent de même. Notre chaloupe remorgua le vaisseau. Anon. Le vrai mot est remorquer.

RÉMOTIS


RÉMOTIS (à), adv. Expression du st. famil. tirée du latin. Mettre à rémotis, à l' écart, J' ai mis mon habit à rémotis.

REMOûDRE


REMOûDRE, RÉMOûDRE, v. act. [1re e muet au 1er, é fer. au 2d: 2e lon. 3e e muet.] Le 1er est réduplicatif de Moûdre; le 2d d' Émoûdre. _ Moûdre ou Émoûdre une seconde fois.

RÉMOULEUR


RÉMOULEUR, s. m. [1re é fer.] Gâgne-petit, qui aiguise, par les rûes, couteaux, ciseaux, etc.

REMPARER


REMPARER, v. act. REMPART, s. m. [Ranparé, ranpar: 1re lon. dern. é fer. au 1er.] Rempart au propre, levée de terre, qui environe et défend une place. "Élever des remparts. Abattre les remparts.
   Quand verrai-je, ô Sion, relever tes remparts,
   Et de tes tours les magnifiques faîtes?      Esther.
Monter, se promener sur le rempart. Faire le tour du rempart. = Au fig. ce qui sert de défense. "Cette place est le rempart de toute la Province. "Il lui sauva la vie, en lui faisant rempart de son corps.
   Un long rempart des miens expirés sous ses coups,
   Arrêtant les plus fiers, glaçoit les coeurs de tous.
       Rhadamisthe.
  REMPARER, fortifier. Il se dit toujours avec le pronom personel: les Énemis se sont bien remparés. = Fig. "Il s' est remparé de l' autorité de, etc. "Se remparer contre le froid; et au participe: "Une place si bien munie et remparée. MAIMB.

REMPLACEMENT


REMPLACEMENT, s. m. REMPLACER, v. act. [Ranplaceman, cé: 1re lon. 3ee muet au 1er, é fer. au 2d.] Le verbe a deux sens. 1°. Faire un emploi utile des deniers provenans d' une rente rachetée; d' une terre vendûe. "Il a vendu une terre de sa femme; mais il en doit remplacer l' argent en quelqu' autre terre. = 2°. Remplir la place de. "Il sera bien dificile de remplacer un sujet d' un si grand mérite. = ,Tenir lieu de: "J' ai perdu beaucoup d' amis: mais vous les remplacez tous auprès de moi. = Bossuet fait régir à ce verbe la prép. de. "Il fallait les remplacer de quelque chose de meilleur. On dirait aujourd' hui, par quelque chôse, etc.
   Et le Siècle d' argent, promptement éclipsé,
   Par le Siècle d' airain fut bientôt remplacé.
       Le Franc.

REMPLAGE


REMPLAGE, ou REMPLISSAGE, s. m. REMPLIR, v. act. REMPLISSEûSE, s. f. [Ranplage, pli-sage, pli, pli-ceû-ze: 1re lon. 3e lon. au dern.] Suivant la Touche, les deux substantifs sont également bons. Cela n' est vrai que quand on parle du vin, dont on remplit une pièce, qui n' est pas tout-à-fait pleine; et des petites pierres, dont les Maçons remplissent une murâille après que les paremens de grosse pierre sont faits. = Hors delà, on ne dit que le second. 1°. L' ouvrage que fait une ouvrière en fil, en remplissant du point, de la dentelle. = 2°. En termes de Musique, les parties, aûtres que la bâsse et le dessus. = On dit des parties d' un discours, des scènes d' une pièce de Théâtre, qui ne sont pas nécessaires au plan, et qui ne servent qu' à alonger; que ce n' est que du remplissage.
   REMPLIR a plusieurs sens. = Emplir de nouveau. "Remplir une pièce de vin. = Quelquefois simplement, emplir. "Remplir sa câve de vin, ses greniers de blé; ses cofres d' or et d' argent. Se remplir, se gorger de viandes, de vin. = Admettre: "Remplir un corps, une Société, de bons ou de mauvais sujets. = Ocuper: remplir une place, un poste. = Remplir et ocuper ne sont pourtant pas tout-à-fait synonymes. La plupart des places sont ocupées sans être remplies. "Que voulez-vous? Il faut que les 40 fauteuils soient remplis ou du moins ocupés; et l' on n' a rien de mieux à choisir. Ann. Litt. = Fig. Remplir toute la terre du bruit de son nom. Remplir tout le monde d' admiration. "Les gémissemens des blessés remplissaient tout d' épouvante. "Il s' est rempli la tête de chimères. Être rempli de soi-même; s' estimer beaucoup. "Jamais homme n' eut tant de droit d' être rempli de lui-même, si jamais on peut avoir droit d' en être rempli. BOURDAL. Or. Fun. du grand Condé. = S' aquiter de. Acomplir. Remplir son devoir, ses obligations, sa promesse. = Satisfaire: Remplir l' atente, les espérances du Public. Il a rempli son sort, sa destinée: il a satisfait par les évènemens de sa vie et par sa conduite, l' idée qu' on avait de lui. = Employer. "Il remplit bien son tems. = On dit, des vers bien cadencés et d' une période bien nombreûse, qu' il remplissent bien l' oreille, qu' ils la flatent agréablement. = Remplir, se dit encôre des ouvrages de point, de dentelle et des tapisseries à l' aiguille. = C' est dans ce dernier sens qu' on dit Remplisseûse, ouvrière, qui gâgne sa vie à remplir des points, des dentelles.
   Rem. Suivant VAUGELAS, Remplir se dit d' ordinaire des chôses immatérielles, ou dans le sens figuré, et emplir des chôses matérielles et liquides. Je dis liquides, ajoute-t-il, car on ne dirait pas bien, emplir ses cofres, ses greniers. Et généralement parlant, on ne saurait faillir à dire toujours remplir de quoi que ce soit que l' on parle; au lieu qu' on peut souvent manquer en mettant emplir pour remplir.

REMPLOI


REMPLOI, s. m. [Ran-ploa: 1re lon.] Remplacement, nouvel emploi. "Le remploi d' une somme remboursée.

REMPLOYER


REMPLOYER, v. act. [Ran-ploa-ié.] Employer de nouveau. L' Acad. ne le met pas.

REMPLUMER


REMPLUMER, v. act. [Ranplumé: 1re lon. 3e é fer.] Regarnir de plumes. Au propre et à l' actif, il ne se dit que d' un clavecin. = Au réc. on le dit des oiseaux. "Ils comencent à se remplumer. = Fig. se remplumer, rétablir ses afaires. Au jeu, regâgner ce qu' on avait perdu. "Ce Négociant, ce joueur comence à se remplumer.

REMPOCHER


REMPOCHER, v. act. EMPOCHER de nouveau.

REMPORTER


REMPORTER, v. act. [Ranporté: 1re lon. 3e é fer.] 1°. Reprendre et raporter ce qu' on avait aporté. Ou simplement emporter: on le remporta fort blessé. = 2°. Gâgner, obtenir. Remporter un grand avantage, la victoire, le prix, etc. "Quel fruit en remporterez-vous? Voy. EMPORTER.

REMUAGE


REMUAGE, s. m. REMUANT, ANTE, adj. REMUEMENT, s. m. REMUE-MÉNAGE, s. m. REMUER, v. act. et n. [Remu-age, mu-an, ante; mûman, muménage, mu-é: 1ree muet; 2e lon. au 2d, 3e du 5e et du dern. é fer. Devant l' e muet l' u est long: il remûe, ils remûent. Au futur et au conditionel, cet e muet ne se prononce pas: il remuera, remuerait; pron. remûra, remûrè, en 3 syll. L' û est long. Ainsi l' on prononce remûment, quoique l' on écrive remuement.] Remuer, c' est 1°. Mouvoir, changer une chôse de place. "Ne remuez rien. Remuer une chôse de sa place. Remuer du blé. _ Remuer la terre, fouir et porter de la terre pour des travaux, des fortifications. = Remuer un enfant, le nétoyer et le changer de linge. = Fig.Remuer ciel et terre pour, etc. Prendre toute sorte de moyens. = Remuer une afaire, la poursuivre de nouveau, lorsqu' elle a été négligée ou interrompûe. = 2°. Émouvoir. "Ce Prédicateur est éloquent: il remûe l' âme, le coeur, etc. = 3°. V. n. Faire quelque moûvement, changer soi-même de place. "Ne remuez pas de là. Si tu remûes, tu es mort. = Exciter des troubles. "Ce fut un beau prétexte pour ceux qui voulaient remuer. = 4°. V. réc. Se mouvoir. "La foule était si grande, qu' on ne pouvait se remuer. = Se doner du moûvement pour réussir. "Il ne se remûe pour rien. On a beau l' exciter: il ne s' en remûe pas davantage. Il s' est beaucoup remué pour cette afaire. = L' argent se remûe: il se fait beaucoup de payemens. = * Cousin remué (pour issu) de germain, est un mot de Province. L' Acad. dit qu' il est populaire.
   Rem. 1°. Dans le sens de cabaler, exciter à la sédition, remuer s' emploie toujours neutralement. Bossuet le fait tantôt actif, tantôt neutre, tantôt réciproque. "Demeurer soumis sans rien remuer contre l' Empire. "Ils ne songèrent pas seulement à remuer. "Ils se remuèrent contre l' Église. Le neutre du 2d exemple est le seul bon. = 2°. La Bruyère dit se remuer de, pour s' émouvoir, s' afecter de, etc. "Une afaire de rien, et qui ne mérite pas qu' on s' en remûe. On dirait aujourd' hui, qu' on s' en émeuve.
   REMUAGE, action de remuer, ne se dit que du blé et du vin. Pour la terre et les humeurs, on dit remuement.
   REMUANT, s' emploie et au propre et au figuré. "Cet enfant est vif et remuant: il se remûe à tout moment. = Esprit remuant, inquiet et brouillon, propre à exciter des troubles. "Des esprits si remuans. BOSS. "Un de ces esprits remuans et audacieux, qui semblent être nés pour changer le monde Id.
   REMUEMENT, action de ce qui remûe. Remuement d' humeurs. Remuement des terres. Voy. REMUER, n°. 1°. = Il est plus usité au figuré qu' au propre. "Causer du remuement, du trouble. "Il y a eu de grands remuemens dans la Province, des brouilleries, des séditions.
   REMU-MÉNAGE, au propre, dérangement des meubles, et aûtres chôses qu' on transporte d' un lieu à un aûtre. = Au figuré, troubles et désordres, qui arrivent dans les familles, dans les villes, dans les États. "Il y a bien du remu-ménage dans cette maison, dans cette Province. La Bruyère parlant des canons et des bombes; c' est là, dit-il, où git la gloire: elle aime le remu-ménage, et elle est persone de grand fracâs. Il met en italique git et remu-ménage. Ces mots sont bâs en éfet pour un discours élevé, et ils ne peuvent être bons que dans le style três-familier ou critique.

REMUEûSE


REMUEûSE, s. f. [Remu-eû-se: 1re et dern. e muet, 3e lon.] Femme, qui a soin de remuer l' enfant d' un Prince, d' un grand Seigneur. Voy. REMUER, n°. 1°.

REMUGLE


REMUGLE, s. m. [1re et dern. e muet.] Relent. Odeur qu' exhale ce qui a été long--tems renfermé, ou qui a été en mauvais air. = Relent ne se dit que des viandes, et on le dit du goût, comme de l' odeur. Remugle ne se dit que de l' odeur, et s' aplique à toute aûtre chose que les viandes. "Cela sent le remugle.

RÉMUNÉRATEUR


RÉMUNÉRATEUR, s. m. RÉMUNÉRATION, s. f. RÉMUNÉRATOIRE, adj. RÉMUNÉRER, v. act. [1re et 3e é fer. 5e lon. au 4e: ra-teur, ra-cion, ra-toâ-re, .] Ils expriment l' action de récompenser. L' Acad. dit que remunération n' est d' usage qu' en st. de dévotion; que rémunérateur se dit proprement de Dieu, et des Princes, dans le style soutenu, et que rémunérer est de peu d' usage. Pour moi il me parait que le 2d et le dernier sont vieux, et que le 1er est le seul, qui soit encôre en usage. Pour les aûtres, on dit plutôt récompense, récompenser. Il semble que rémunérateur se soutiendra plus long-tems, parce que la Langue ne fournit pas d' aûtre mot pour le supléer, comme elle en a pour les deux aûtres. On ne dit point récompenseur.
   RÉMUNÉRATOIRE, qui tient lieu de récompense. Il n' est d' usage qu' au Palais. "Contrat, donation, legs rémunératoire.

RENàCLER


RENàCLER, Voy. RENASQUER et RENIFLER.

RENAISSANCE


RENAISSANCE, s. f. RENAISSANT, ANTE, adj. RENAîTRE, v. n. [Renè-sance, san, sante, renêtre: 1re e muet, 2e è moy. aux 3 1ers, ê ouv. et long au dern.] Renaître, c' est naître de nouveau. Il ne se dit au propre que du phénix, animal fabuleux, qui, dit-on, renait de ses cendres. Hors de là, on ne le dit qu' au figuré. "Les pères semblent renaître dans leurs enfans. "Tout renaît au printems; les fleurs, les arbres, les plantes renaissent. "Nous renaissons par le Baptême, les pécheurs renaissent par la pénitence. = Renaissance, seconde naissance, renouvellement. Il ne se dit qu' au figuré. "La rénaissance des Hommes dans le Baptême. Voyez RÉGÉNÉRATION. "La renaissance des lettres, des beaux Arts. "C' est principalement à Descartes que la Physique doit sa renaissance. PAULIAN, Dict. de Phys. = Renaissant, qui renait. Il ne se dit que des chôses et au figuré. "La nature renaissante; obstâcles sans cesse renaissans. = Il suit ordinairement le nom, qu' il modifie.
   Et quand l' aurore renaissante,
   Peint les airs de ses premiers feux.
       Le Franc.
En vers pourtant et dans le style élevé, il peut élégamment le précéder: le renaissant feuillage; la renaissante aurôre.
   Rem. Renaître, régit quelquefois la prép. de: "Le monde, livré à de continuels combats, meurt sans cesse, et sans cesse renait de ses propres ruines. Jér. Dél. "Du sein même du tombeau je renaîtrai plus terrible pour me venger. Ibid.

RENARD


RENARD, s. m. [1re e muet; le d ne se prononce jamais.] Bête puante, maligne et rusée, qui vit de rapine. = Fig. st. famil. Homme fin et rusé. "Ce chicaneur est un vieux renard, qui sait toutes les rûses du Palais. = Se confesser au renard, découvrir son secret à celui qui a intérêt d' empêcher l' afaire. = On dit aussi que le renard prêche aux poules, lorsqu' un signalé imposteur déniaise un lourdaud. = Faire la guerre ou agir en renard, avec rûse et finement. = Un bon renard ne mange point les poules de son voisin: un homme rusé et habile ne fait aucune mauvaise action dans les endroits où il est conu. = Prendre martre pour renard; se tromper, prendre une chôse pour l' aûtre.

RENARDE


RENARDE, s. f. RENARDEAU, s. m. RENARDIER, s. m. RENARDIèRE, s. f. [Renarde, do, dié, diè-re: 1re e muet; 3e e muet au 1er, é fer. au 3e, è moy. et long au dern.] Le 1er se dit de la femelle du renard; le 2d d' un petit renard; le 3e de celui, qui dans une terre a le soin de prendre les renards; le 4e d' une tanière de renards.

RENASQUER


RENASQUER ou RENâCLER, v. n. Ils sont tous deux populaires. Renifler. Voy. ce mot. Mr. de Sévigné s' en est servi dans une de ses lettres; mais le mot est en italique, aparemment par les soins de l' Éditeur. "Ma mère n' a pu s' empêcher de renasquer un peu contre le zèle indiscret, qui avoit causé ce transport, et puis on s' est mis à rire.

RENCHÉRIR


RENCHÉRIR, v. act. et n. RENCHÉRISSEMENT, s. m. [Ranchéri, riceman: 1re lon. 2eé fer. 4e e muet au 2d.] Ils signifient la même chôse qu' enchérir et enchérissement. ACAD. "Renchérir des marchandises. Tout renchérit. "Renchérir sur quelqu' un. "Le renchérissement des denrées. Voy. ENCHÉRIR. = En st. prov. on dit, faire le renchéri, le dificile: estimer trop sa peine, ses paroles. "A-t-on jamais vu deux pèques provinciales faire plus les renchéries. MOL.

RENCONTRE


RENCONTRE, s. f. RENCONTRER, v. act. [Rankontre, tré: 1re et 2e lon. 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Rencontre est 1°. aventûre, par laquelle on troûve fortuitement une persone ou une chôse. Faire rencontre de, etc. Je ne croyais pas avoir une si heureûse rencontre. Éviter la rencontre de quelqu' un, trembler à sa rencontre. = Marchandises, bijou, meuble de rencontre, de hazard, qu' on troûve à acheter par hazard. Épée, montre de rencontre. = 2°. Conjonction des corps, qui se fait par natûre ou par artifice. "La rencontre des atomes, des planètes, des astres. "Roûe de rencontre dans une horloge. _ En Gramaire, la rencontre des voyelles. Les bons Écrivains l' évitent tant qu' ils peuvent. L' usage permet souvent de changer le régime pour éviter la rencontre des voyelles. Ainsi, quoiqu' on dise comencer à faire, et non pas de faire; on dit, comencer d' écrire; il comença d' imprimer, plutôt que, comencer à écrire; il comença à imprimer, etc. = 3°. Trait d' esprit, bon mot. "Il a d' heureuses rencontres; ou, il n' est pas fort heureux dans ses rencontres. = 4°. Choc de deux corps de troupes, lorsqu' il se fait par hasard. = Combat singulier, qui n' est pas prémédité. "Ce n' est pas un duel, c' est une rencontre. = 5°. Ocasion. "Vous pouvez compter sur moi dans la rencontre, en toute rencontre. = 6°. Conjonctûre. "Que pouvait-il faire de mieux en pareille rencontre?
   Rem. 1°. Vaugelas remarque qu' en quelque sens qu' on emploie rencontre, il est toujours féminin, et que les bons Auteurs n' en usent jamais aûtrement, que néanmoins en matière de querelle, plusieurs le font masculin, et disent: ce n' est pas un duel, mais un rencontre; que cependant le meilleur est de le faire féminin. Bouhours dit sur cette remarque, que tous les gens qui parlent bien disent une rencontre, et que le féminin a prévalu. = Suivant l' Auteur des Réflexions (Andry de Boisregard) on dit, en parlant d' une chose achetée à bon marché, c' est un rencontre et non pas, c' est une rencontre. Selon l' Acad. dans les premières éditions de son Dictionaire, on dit, en ce rencontre, pour, en cette conjonctûre. Mais dans ses Observations sur Vaugelas, elle le fait toujours fém. et dans les nouvelles éditions du Dict. elle dit qu' aûtrefois on faisait rencontre masculin. _ Mascaron et La Bruyère lui ont doné ce genre. "Je ne puis me plaindre, en ce rencontre, comme d' autres Orateurs, que la partie n' est pas égale entre celui qui parle et ceux qui écoutent. Mascar. "Les hommes ne sentent-ils pas, en ce rencontre, ce qu' ils peuvent espérer les uns des aûtres. La Bruyère. Et Pavillon.
   Laissez-vous vaincre en ce rencontre.
Et Rousseau
   .....Sans ce~ rencontre-ci,
   Je n' aurois jamais pu prendre aliance ici.      Rouss.
2°. Aller à la rencontre pour aller au devant de, n' est pas fort bon, au dire de Vaugelas, quoique plusieurs font cette diférence entre ces deux expressions, que la seconde marque de la déférence, ce que ne fait pas la première; de sorte qu' ils voudraient qu' on s' en servit dans des ocasions, où aller au devant dirait trop. On ne la soufre, dit Richelet, que d' égal à égal. = M. Beauzée admet à la rencontre; et le comparant avec aller au devant de, il dit qu' on va à la rencontre de quelqu' un uniquement dans l' intention de le joindre plutôt, ou pour lui épargner une partie du chemin; le premier motif est de pure amitié ou de curiosité, et supose quelque égalité: le second motif est de politesse. On va au devant de quelqu' un pour l' honorer par cette marque d' empressement: c' est un acte de déférence et de cérémonie, qui supose que celui pour qui on le fait est un Grand. Voy. RENCONTRER. L' Acad. met Aller ou venir à la rencontre de quelqu' un sans remarque: aller au devant de quelqu' un, qui vient.
   Remarquez qu' on doit dire j' allai à sa rencontre, et non pas je lui allai à la rencontre.
   * Les citoyens armés lui vont à la rencontre.
       Brebeuf.
3°. Faire rencontre de ne vaut pas grand' chose, dit Vaugelas, mais avoir quelqu' un à la rencontre est tout-à-fait mauvais: il faut se servir de rencontrer. L' Acad. ne met pas le 2d, mais elle done deux exemples du premier. Faire rencontre de quelqu' un. Je fis rencontre~ d' un tel.
   4°. Trév. dit indiféremment, de rencontre ou par rencontre. "J' ai eu ce cheval à bon prix: je l' ai eu de rencontre ou par rencontre. L' Acad. ne met que le premier; et c' est le seul bon.
   RENCONTRER, c' est 1°. trouver une persone, ou une chôse, soit qu' on la cherche, soit qu' on ne la cherche pas. "Je rencontrai un homme sur mon chemin: je le rencontrai fort à propôs. J' ai rencontré dans un tel Auteur un passage qui vient bien à mon sujet. Voy. TROUVER. _ Le proverbe dit que, deux montagnes ne se rencontrent jamais, mais que les hommes se rencontrent. = Se rencontrer signifie quelquefois, avoir les mêmes pensées qu' un aûtre sur un même sujet. "Nous nous sommes rencontrés: vous avez eu la même pensée que moi. _ On dit, en plaisantant, ou en se moquant, les beaux esprits se rencontrent. = 2°. Rencontrer bien, dire un bon mot, et qui soit à propôs. Voilà bien rencontré: c' est bien rencontré: il croit bien rencontrer, quoiqu' il ne dise que des sotises.
   Rem. Il ne faut pas confondre rencontrer et aller à la rencontre: le 1er est l' éfet du hazard, et l' aûtre d' un dessein prémédité. "Henri se pressa de rencontrer les rebelles, dit le Traducteur de l' Hist. d' Angl. S' il se pressa de les rencontrer, il les cherchait donc. Il aurait été mieux de dire: Henri se pressa d' aller au devant ou à la rencontre des rebelles. _ On se sert bien de rencontre, lors même que l' on cherche; mais c' est qu' alors on ne sait pas positivement où est celui que l' on cherche: je vous cherchais, et je vous ai heureusement rencontré; mais Henri savait par quel chemin les rebelles venaient à lui; ainsi, il se pressa de les rencontrer, est une mauvaise expression dans cette ocasion. = Voiture employant ce verbe neutralement, lui fait régir la prép. à et l' infinitif. "Je ne pouvois croire qu' il fut possible qu' elle eut rencontré à écrire si bien de cette sorte, n' ayant jamais lu de cette manière de livre. _ Ce régime fait fort bien en cet endroit, où rencontrer a le sens marqué au n° 2°. La Bruyère emploie le participe, dans cette acception. "Il y a un terme, disent les uns, dans votre ouvrage, qui est rencontré, et qui peint la chôse au naturel: il y a un mot, disent les autres, qui est hazardé. _ Je crois qu' il falait dire, ou vous avez bien rencontré; car quoiqu' on dise au passif, voilà bien rencontré, c' est bien rencontré, ce sont des phrâses que l' usage a admises dans le discours familier, et qui ne tirent pas à conséquence pour d' aûtres, qui pourraient paraître aprochantes. = * Se rencontrer, pour se trouver, est un gasconisme. "C' est par hazard que je me suis rencontré chez moi ce matin. Il faut dire, que je me suis trouvé. Car pour se rencontrer, il faut être deux. Voy. Gasc. corr.

RENCORSER


RENCORSER, v. act. [Rankorsé: 3eé fer.] Mettre un corps neuf à une robe. "Il faut rencorser cette robe. C' est tout l' usage de ce mot.

RENDANT


RENDANT, ANTE, etc. *RENDEUR, EûSE, s. m. et f. [Randan, dante, deur, deû-ze.] La 1re ne se dit que de celui et de celle, qui rend un compte; le 2d est de la fabrique de St. Évremont: les rendeurs de petits soins. Il peut être bon dans le comique et le satirique.

RENDEZ-VOUS


RENDEZ-VOUS, s. m. [Randé-vous: 1re lon. 2e é fer. _ M. Rétif écrit rendé-vous sans z.] 1°. Assignation, que deux ou plusieurs persones se donent, pour se rendre, se trouver à certaine heure en un lieu, dont ils conviènent. "Assigner, marquer, doner un rendez-vous. "Prendre rendez-vous en tel endroit. "Manquer au rendez-vous. = 2°. Le lieu où l' on se doit rendre. "Je suis arrivé le premier au rendez-vous: "Cette plaine devait être le rendez-vous des troupes. "Il (Louis VII) partit pour se rendre à Metz, où étoit le rendez-vous général de toutes ses troupes. Maimb.
   Rem. On ne doit pas se servir de ce mot sans précaution; quand on parle des femmes. On peut dire comme M. Marmontel. "La maison de Madame de.... étoit le rendez-vous de tous les étourdis de la Cour et de la ville, c. à. d. le lieu où ils se rassemblaient; mais on ne doit pas dire d' une femme, qu' elle a doné un rendez-vous à un homme, quand on veut simplement dire qu' elle lui a assigné un lieu, où ils doivent se rendre chacun de son coté pour traiter d' afaire. D' un sexe à l' autre, doner un rendez-vous à un sens peu honête.

RENDORMIR


RENDORMIR, v. act. [Randormi: 1re lon.] Faire dormir de nouveau. "Alez rendormir cet enfant. "Le bruit l' a rendormi: il s' est rendormi.

RENDOUBLER


RENDOUBLER, v. act. [Ran-dou-blé: 1re lon. 3e é fer.] Remplier une étofe pour la racourcir. Rendoubler un manteau, une jupe.

RENDRE


RENDRE, v. a. [Randre: 1re lon. 2e e muet.] Je rends, tu rends, il rend, nous rendons; je rendois ou rendais; je rendis; j' ai rendu, je rendrai, je rendrois ou rendrais, rends, que je rende, je rendisse; rendant, rendu. = 1°. Remettre, restituer. (syn.) À~ proprement parler, nous rendons ce qu' on nous avait prété ou doné: nous remettons ce que nous avions en gage ou en dépôt; nous restituons ce que nous avions pris ou volé. = Rendre est le genre; les autres sont les espèces. On peut dire rendre, d' un dépôt et d' une chose volée. Rendre une somme qu' on avait volée, ou touchée. = Il se dit aussi pour remettre. "Rendre un dépôt; rendre un paquet, une lettre. = En parlant de marchandises, les faire porter, voiturer dans l' endroit, dont on est convenu. "J' ai acheté de lui dix balles de soie, et il a promis de me les rendre à Lyon. = Il régit aussi les persones, en ce sens. "Dans deux heures, je vous rendrai là. = 2°. S' aquiter de certains devoirs. Rendre gloire, grace à Dieu. Rendre honeur, homage, obéissance, réponse, compte à (sans article.) Rendre ses devoirs, ses respects à quelqu' un, etc. Rendre le salut, saluer celui qui nous a salué le premier. = Rendre visite, aller visiter: rendre à quelqu' un sa visite ou absolument, rendre ses visites; aller visiter celui, ou ceux et celles, qui nous ont visités les premiers. = Rendre la justice et rendre justice, ont aussi diférens sens. Le 1er signifie, administrer la justice; le 2d reconaître le mérite de quelqu' un. = 3°. Dans le sens moral, faire aux aûtres ce qu' ils nous ont fait, soit en bien, soit en mal. Rendre la pareille, le réciproque, le change, le bien pour le mal; injure pour injure. Il m' a fait un plaisir, ou, il m' a joué un vilain tour. Mais je le lui ai bien rendu. = 4°. Faire recouvrer. Rendre la santé, la vue, la vie, les forces, l' embonpoint, la liberté, la parole, l' apétit. _ 5°. Faire devenir. Rendre agréable, nécessaire, ou odieux, méprisable, ridicule, etc.
   Oui: le devoir n' est fait que pour nous rendre heureux.
       La Chaussée.
= 6°. Produire, raporter. "Cette terre rend beaucoup, ou ne rend pas grand' chôse. "Un grain de blé en rend quelquefois plus de soixante. "Cette orange rend beaucoup de jus. Et dans un sens aprochant; fleur, qui rend une odeur agréable, instrument qui rend un son harmonieux. = 7°. Livrer. "Rendre une place, rendre l' épée, les armes. = 8°. Traduire. Rendre un passage mot à mot: il a mal rendu le sens de son Auteur. = 9°. Répéter. "Echo, qui rend fidèlement les sons. "Il n' a pas rendu fidèlement ce que j' ai dit. "Il a une telle mémoire qu' il rend un long discours presque mot pour mot. = 10°. Exprimer, représenter. "Cette copie ne rend pas bien l' original. "Quelle langue pourroit rendre un spectacle si déplorable? Jér. Dél. = 11°. Il s' unit à plusieurs noms. _ Rendre un Arrêt, une sentence. Rendre raison, témoignage. Rendre des oracles. Rendre à quelqu' un sa parole. Voy. ces mots à leur place. = 12°. V. n. et rec. Aboutir. "Ce chemin rend à un tel village. "Celles, (les rues) qui vont rendre aux rues de Richelieu et de Grammont, etc. Ann. Litt. "Les fleuves se rendent à la mer. "Où se rend ce chemin? = 13°. Se rendre, a plusieurs aûtres sens. = Aler, se transporter. "De là, je me rendis à ma chambre, pour faire mon paquet. Mariv. "Quelques tems aprês, Descartes se rendit en Suède. Paulian. Dict. de Physique. "se rendre à son devoir, à sa charge; au lieu où ils nous demandent. = Céder, il faut se rendre aux bones raisons qu' on vous done. = S' avouer vaincu. "Une femme coquette ne se rend point sur la passion de plaire et sur l' opinion de sa beauté. La Bruyère. Je ne me rends pas. Racine dit: je ne suis pas rendu.
   La Requête civile est ouverte pour moi.
   Je ne suis pas rendu.      Les Plaid.
= Devenir. "Se rendre agréable, utile, ou odieux, ridicule, importun. = N' en pouvoir plus. "Je ne puis plus manger, ou marcher: je me rends. "Quoi! vous vous rendez déja. = 14°. Rendu, partic. et adj. "Le vin de Bourgogne coûte tant, rendu à Paris. "Cheval qui est rendu, lâs, fatigué, outré. "Nous voilà déja rendus, arrivés. = S. m. Les rendus; qui se sont rendus à l' énemi. = C' est un rendu, un tour qu' on joûe à la pareille. St. fam.
   REM. Rendre, faire devenir, ne régit que les adjectifs: il ne doit pas se joindre aux participes. On ne doit pas dire: rendre chéri, rendre préparé, rendre conu, etc. Tout cela est barbâre. Bouhours. S' aler rendre, régit quelquefois des subst. sans article. "Elle s' ala rendre Religieûse à l' Abaye de Maubuisson. Maimbourg. = Rendre régit quelquefois le datif de la persone, et il régit encôre à l' acusatif un adjectif et un subst. celui-ci précéde de l' aûtre. "L' amitié me rend personel tout le bien qu' on vous fait. = * Pluche traite rendu comme devenu: il fait l' un et l' aûtre indéclinable, contre l' usage. "Ces élémens rendu agissans, s' insinuent dans la petite ouvertûre des semences. Spectacle de la Nature. Il falait, rendus agissans. Voy. DEVENIR, n°. 7°. = Dieu vous le rende, est une expression triviale, peu digne d' entrer dans un Poème. "C' est maintenant, mon cher Philoctète, s' écria Hercule, (sur le bucher) que j' éprouve ta véritable amitié... que les Dieux te le rendent. Télém.

RêNE


RêNE, s. fém. [1re ê ouv. et lon. 2e e muet.] Courroie de la bride d' un cheval. "La rêne droite est rompûe. = On le dit plus souvent au pluriel qu' au singulier, même au propre, et toujours au pluriel, dans le figuré. "Le cheval rompit ses rênes. "Tenir, prendre en main, quiter les rênes du Gouvernement, de l' État. M. Thomas dit, agiter les rênes; néologisme un peu précieux, à mon avis. "Catherine, voluptueuses et cruelle, agitoit les rênes sanglantes de l' État. Un aûtre Auteur dit: modérer les rênes: c' est un latinisme.
   Je la vis retenir dans ses mains assurées,
   De l' État chancelant les rêneségarées......
   Gouverner en Monarque, et combatre en Héros.      Volt.
  Valois régnais encôre, et ses mains incertaines
  De l' État ébranlé laissaient floter les rênes

RENÉGAT


RENÉGAT, ATE, s. m. et fém. [1re e muet: 2° é fer.] Celui, celle qui a renié la Religion Chrétiène. = Renégat est moins noble qu' Apostat, et il ne se dit guère que de ceux qui se font Mahométans. "Il avoit eu la dureté de laisser mourir, sans les réconcilier à l' Église, des renégats sincèrement convertis. Berault, Histoire de l' Église. Apostats, était le terme propre, et pour le tems dont parle l' Auteur, et pour le style de son ouvrage. Dans le discours relevé, je ne voudrais pas dire renégats, même des Chrétiens qui se font Mahométans. Je dirais Apostats.

RENFAîTER


RENFAîTER, v. act. [Ranfêté: 2e ê ouv. et lon. 3e é fer.] Racomoder le faîte d' une maison.

RENFERMER


RENFERMER, v. a. [Ranfermé, 1re lon. 2e ê ouv. 3e é fer.] 1°. Enfermer une seconde fois. "Il s' étoit échapé: on l' a repris et renfermé. = 2°. Resserrer plus étroitement. "On a renfermé ce criminel d' État. = 3°. Comprendre, contenir. "La terre renferme bien des trésors. "Ce livre renferme de grandes vérités, de grandes beautés. "Jamais on ne vit une telle ingratitude: et cette mauvaise qualité renferme toutes les aûtres. Cic. à Atticus: MONG. = 4°. Restreindre, réduire dans certaines bornes. "Cet Orateur a renfermé son sujet en deux points; sa caûse en trois moyens. "Peu d' Auteurs savent se renfermer dans leur sujet, et s' interdire les écarts. = Se renfermer en soi-même, se recueuillir. = * Mde. de Sévigné lui done le sens et le régime de se borner. "Renfermez-vous à faire tomber la tromperie (dans ce mariage) sur l' intérèt, et non pas sur la vache et le veau.

RENFLEMENT


RENFLEMENT, s. m. RENFLER, v. n. [Ranfleman, flé: 1re lon. 2ee muet au 1er, é fer. au 2d.] Ils expriment l' action d' augmenter en grôsseur. Le substantif ne se dit qu' en Architectûre; le renflement des colonnes: le verbe ne s' emploie qu' en parlant des chôses qui grossissent en cuisant. "Des pois, des haricots qui renflent bien.

RENFONCEMENT


RENFONCEMENT, s. m. Il ne se dit que de l' éfet d' une perspective. "Le renforcement d' une décoration de Théatre.

RENFORCÉ


RENFORCÉ, ÉE, adj. RENFORCEMENT, s. m. RENFORCER, v. act. [Ranforcé, cée, ceman, . 1re lon. 3e e muet au 3e, é fer. aux aûtres.] Renforcer, c' est rendre plus fort. "Renforcer des troupes, la garde, une armée. Renforcer la dépense, l' ordinaire: l' armée se renforçait tous les jours. = Renforcement, action de renforcer, ou l' éfet de cette action. Il ne se dit que des chôses matérielles; on dit, le renforcement d' une poûtre: on ne dit point, le renforcement d' une armée, de la dépense. = * Un Auteur moderne dit renforcir. "Un habile Méchanicien relève et renforcit les digues, là où il voit que le torrent presse plus fortement.
   RENFORCÉ, qui est plus fort. "Canon renforcé sur la culasse. Étofe renforcée, plus forte qu' à l' ordinaire. Bidet renforcé, double bidet. = Figurément, il se dit quelquefois avec la préposition de. "En exigeant des vers renforcés de pensées.... n' est-ce pas en bannir ce qui en fait l' agrément et la vie; l' imagination. Sabatier. Trois Siècles, etc. = Sans régime, il signifie, ce qui est un peu au-dessus de sa natûre, de sa qualité. "Il n' est pas Gentilhomme; ce n' est qu' un Bourgeois renforcé. "Ces notes leur donent un air d' érudition, précisément autant qu' il en faut pour paroître des Littérateurs un peu renforcés. L' Abé Sabatier. IBID. "Cet abrégé n' est qu' une Gazette renforcée, dont le seul mérite est d' ofrir réunis un grand nombre de faits, qui n' existent qu' épars dans les aûtres papiers publics. L' Abé Grosier.

RENFORT


RENFORT, s. m. [Ranfor: 1re lon.] Augmentation de force. Il se dit surtout des Troupes: "On a envoyé à l' armée un renfort considérable. = * En Provence, et âilleurs, plusieurs le disent pour redoublement, en parlant de la fièvre. "Il a eu un renfort cette nuit: il est dans le renfort. C' est un barbarisme.

RENFROGNER


RENFROGNER. Voy. REFROGNER.

RENGAGEMENT


RENGAGEMENT, s. m. RENGAGER, v. act. [Rangageman, : 1re lon. 3ee muet au 1er, é fer. au 2d.] Ils expriment l' action de s' engager de nouveau. "Depuis son rengagement, ou depuis qu' il s' est rengagé dans ce parti. "Se rengager dans une passion. "Elle vouloit le rengager: il s' est sauvé de ce nouveau danger. = Le verbe signifie aussi, au propre, remettre en gage. "Elle a perdu au jeu: il lui a falu rengager ses diamans, qu' elle avait dégagés.

RENGAINER


RENGAINER, v. act. et n. [Renghéné; 1re lon. 2e et 3e é fer.] Remettre dans le fourreau. Rengainer une épée. Et neutralement: il a rengainé. = Il est peu usité au prop. on dit, au figuré, (style famil.) Rengainer un compliment, suprimer ce qu' on avait envie de dire.

RENGORGER


RENGORGER (Se) v. réc. [Rangorgé; 1re lon. 3e é fer.] Avancer la gorge et retirer la tête un peu en arrière. Il ne se dit en ce sens que des femmes. "Voyez comme elle se rengorge. = Afecter un air de fierté. En ce sens, il se dit des hommes. Il se rengorge fort depuis qu' il a cette charge. C' est aussi, faire l' important. = La Bruyère a employé rengorgement: "Le dédain et le rengorgement dans la société, attire le contraire de ce que l' on cherche, si c' est à se faire estimer. _ Ce mot serait utile.

RENGRAISSER


RENGRAISSER, v. act. et neut. [Ran--grècé: 1re lon. 2e è moy. 3e é fer.] Faire redevenir grâs. "On a rengraissé ce cheval avec du son. "Le riz le rengraisse à vue d' oeil. "V. n. Redevenir grâs. "Depuis qu' il prend du lait, il a rengraissé.

RENGRèGEMENT


*RENGRèGEMENT, s. m. RENGRÉGER, v. act. [Rangrègeman, gregé: 1re lon. 2e è moy. au 1er, é fer. au 2d. 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Acroissement, acroître, en parlant du mal. "Rengreger le mal, la douleur, la peine. "Son mal, sa douleur se rengrège. "Rengrègement de mal, de douleur. Ces deux mots sont vieux. Ils eussent été bons à conserver.

RENGRèNEMENT


RENGRèNEMENT, s. m. RENGRÉNER, v. act. Termes de Monaie. Ils expriment l' action de remettre, sous le balancier, les monaies, les médailles, qui n' ont pas bien reçu l' empreinte.

RENIABLE


RENIABLE, adj. RENIEMENT, s. m. RENIER, v. act. RENIEUR, s. m. [Reni--able, niman, ni-é, ni-eur: 1re e muet, 3e dout. au 1er, é fer. au 3e.] Renier, c' est 1°. proprement, déclarer contre la vérité, qu' on ne conaît point une persone, une chôse. St. Pierre renia trois fois son Maître. = 2°. Désavouer. Renier sa patrie, ses parens. = 3°. Renoncer à.. "Renier sa Religion, sa Foi. = 4°. Renié, qui a renié. "Moine, Chrétien renié, apostat. = Quoique participe passif, cet adjectif a le sens actif. = Voyez RENONCER.
   RENIEMENT, action de renier. "Le reniement de St. Pierre. = Reniable n' est usité que dans cette phrâse proverbiale: Tous vilains câs sont reniables; Dénier qu' on ait fait une chôse condamnable, ce n' est pas une preûve qu' on ne l' ait point faite. = Renieur, celui qui renie, qui blasphême: c' est un renieur. st. fam.

RENIFLER


RENIFLER, v. n. RENIFLEUR, EûSE, s. m. et fém. [1re e muet, 3e é fer. au 1er, lon. au dern.] Renifler, au propre, c' est retirer, en respirant un peu fort, l' humeur qui remplit les narines. "Il a la mauvaise habitude de renifler. = Au fig. (st. fam.) Marquer de la répugnance pour quelque chôse. Cheval qui renifle sur l' avoine, qui répugne à en manger. "Il a reniflé sur cette proposition. On dit, populairement, en ce sens, renâcler et renasquer. = Renifleur, eûse; celui, celle qui renifle. "Ce renifleur, cette renifleûse est bien incomode.

RENOM


RENOM, s. m. RENOMMÉE, ou RENOMÉE, s. f. RENOMMER, ou RENOMER, v. act. [Renon, nomé-e, : 1re e muet, 3e é fer.] Dans le sens de réputation, les deux substantifs s' emploient presque indiféremment; cependant renomée est plus noble que renom. "Bon ou mauvais renom. Bonne ou mauvaise renomée.
   Alors sa juste renomée,
   Répandûe au-delà des Mers,
   Jusqu' aux deux bouts de l' Univers,
   Avec éclat sera semée.
       Rouss.
Dans l' emploi de ces deux mots, il y a aussi des diférences. On dit, homme de renom, de grand renom; femme de mauvais renom; qui a un mauvais renom. On ne dit point, homme de renomée, etc. Au contraire, on dit, noircir, ternir la renomée, nuire, faire tort à la renomée. On ne dirait pas renom dans ces phrâses. = L' Académie remarque que, quand renom est mis tout seul, il se prend ordinairement en bone part. Voy. RÉPUTATION. = Renomée signifie aussi le bruit publics, la voix publique: renom n' a pas ce second sens. "Être instruit de quelque chôse, l' aprendre par la renomée. = Les Poètes font de la Renomée une Déesse, un personage allégorique. Ils lui donent cent yeux et cent voix. "Les trompettes de la renomée.
   Son nom vole dans l' univers
   Sur les ailes de la renomée.
   Déja, dit-elle au Roi, la promte Renomée,
   De ces revers sanglans m' a souvent informée;
   Mais sa bouche indiscrète en sa légèreté,
   Prodigue le mensonge avec la vérité.
       Henriade.
Rem. Renomée n' a de pluriel que quand on parle en peintûre, des figûres de la Renomée. "Voilà des Renomées excellentes. Wailly.
   RENOMER, n' est actif qu' avec le verbe Faire. "Les belles actions de ce Prince l' ont fait renomer par toute la terre. "Il s' est fait renomer part tout. Même avec cet acompagnement, il ne régit que les persones. Deux Poètes modernes le font tout simplement act. et lui font régir les chôses. M. D. L. H. dans ses Conseils à un jeune Poète:
   Ainsi croît et s' étend le talent qu' on renomme.
Et M. de Murville, dans son Epître à Voltaire:
   Nuls vers que l' on renomme,
   Ne m' ont acquis le droit de louer un grand homme.
Ces autorités ne sufisent pas pour faire admettre cette expression. Il est pourtant à souhaiter que l' usage lui soit favorable; car elle peut être utile, aux Poètes sur-tout, à qui quelquefois elle peut fournir une rime, qu' âilleurs ils chercheraient peut-être en vain. = Le participe passif est usité depuis long-tems. "Renomé parmi les Savans. "Homme renomé par ses vertus. "Lieu renomé pour les bons vins. = Se renomer de quelqu' un: c' est se servir de son nom auprès d' un aûtre. "Il s' est renomé de vous. "Il est bien hardi de se renomer de moi. Je ne le conais point. "Les Protestans se renoment des Vaudois; c. à. d. les regardent comme leurs prédécesseurs, et faisant cause comune avec eux. Il n' y a pas de quoi en tirer vanité.

RENONÇANT


*RENONÇANT, ANTE, adj. verbal. Il a été employé par La Rue. "Des Vestales renonçantes à tous les plaisirs. Cet adjectif n' est pas usité. Il faut se servir du participe indéclinable, renonçant à, etc. Dans le siècle passé on déclinait assez volontiers les participes actifs, et l' on en faisait autant d' adjectifs verbaux. Cette mode a été interrompue pendant plus de cinquante ans. Depuis quelques années elle a repris plus fortement que jamais.

RENONCE


RENONCE, s. f. [1re et dern. e muet; 2e lon.] Terme dont on se sert à certains jeux des cartes, pour marquer qu' on n' a point d' une couleur. "Avoir renonce en coeur, en pique. Se faire une renonce, se défaire du peu de cartes qu' on a d' une couleur, pour pouvoir couper en cette couleur.

RENONCEMENT


RENONCEMENT, s. m. RENONCER, v. act. et n. RENONCIATION, s. f. [Re--nonceman, , cia-ci-on: 1re e muet, 2e lon. 3ee muet au 1er, é fer. au 2d.] Renoncer, 1°. V. n. Se déporter de quelque chôse. "Renoncer à une succession, à une entreprise, à la poursuite de ses droits. = 2°. Abandoner la possession, la prétention, le desir, l' afection de. "Renoncer à l' Empire, aux dignités, au monde, aux plaisirs; à sa Foi, à sa Religion. = 3°. V. act. Renier, désavouer. "S' il fait cela, je le renonce. Il a renoncé son Maître, etc.
   Rem. On dit, se renoncer soi-même avec le régime de l' acusatif; et renoncer à soi-même avec le datif. Il n' est donc actif, que lorsqu' il est réciproque, ou qu' il régit les persones. On dit, s' il fait telle chôse, je le renonce pour mon parent. Acad. Hors de là il est neutre, et régit le datif. L' Âcadémie ne dit point, renoncer la Foi, la Religion, mais, à la Foi, à la Religion. M. Fléchier, et d' autres bons Auteurs ont pourtant employé l' acusatif. "Leur Tyran a renoncé la Foi Chrétienne. = Avec faire, il régit l' acusatif de la persone, le datif de la chose: desirant le faire renoncer à toutes ces vanités; et non pas, lui faire renoncer, comme le dit un pieux Biographe. = * Ce verbe étant neutre, et prenant dans ses tems composés l' auxiliaire avoir, on ne doit pas l' employer au passif. On ne dit point: la Religion Catholique a été renoncée par cet homme: on doit dire, cet homme a renoncé à, etc. Le Traduct. de l' Hist. d' Angl. d' Hume a fait cette faûte, en suivant trop litéralement son modèle. "La suprématie du Roi y étoit reconûe, le Covenant renoncé. Il falait dire, on y reconaissait la suprématie, on y renonçait au Covenant. = Renoncer, Abjurer, Renier (syn.) Le 2d se dit toujours en bone part: l' Hérétique abjûre, quand il rentre dans le sein de l' Église. Renier, s' emploie toujours en mauvaise part: le Chrétien renie, quand il se fait Mahométan. Renoncer, est d' usage de l' une et de l' aûtre façon, tantôt en bien, tantôt en mal. "Le choix du bon nous fait quelquefois renoncer à nos anciènes habitudes, pour en prendre de meilleures; mais il arrive encôre plus souvent que le caprice et le goût dépravé nous fait renoncer à ce qui est bon, pour nous livrer à ce qui est mauvais. GIR. Synon. Voy. ABJURER.
   RENONCEMENT est l' action de renoncer; et RENONCIATION, l' acte par lequel on renonce. "Le renoncement aux plaisirs, aux honeurs, à la vanité, au monde, à soi-même. "Renonciation par écrit ou verbale. "Renonciation à une succession. On lui a doné acte de sa reconciation. = M. Beauzée compâre ces deux mots. "La désapropriation est, dit-il, l' éfet de l' un et de l' aûtre; et tous deux sont volontaires. Voici en quoi ils difèrent. _ Renonciation est un terme d' afaires et de Jurisprudence; c' est l' abandon volontaire des droits que l' on avait ou que l' on prétendait sur quelque chôse: Renoncement, est un terme de spiritualité et de morale; c' est le détachement des chôses de ce monde et de l' amour propre. La renonciation est un acte extérieur, qui ne supose pas toujours le détachement intérieur. Le Renoncement, au contraire, est une disposition intérieure, qui n' exige pas l' abandon extérieur des chôses dont on se détache. BEAUZ. Syn. Voy. ABDICATION.

RENOVATION


RENOVATION, s. f. [Renova-cion; 1ree muet.] Renouvellement. "Renovation des voeux. C' est l' usage de ce mot. L' Académie ajoute, la renovation de l' homme intérieur par la grâce: mais il me parait vieux dans cette phrâse, et je crois que dans l' usage actuel on dit, renouvellement.

RENOUEMENT


RENOUEMENT, s. m. RENOUER, v. actif. [Re-nou-man, nou-é: 1re e muet, 2e lon. au 1er, 3e é fer. au 2d.] Renouer, c' est, au propr. nouer une seconde fois une chôse qui s' est dénouée; renouer un ruban, une jarretière; ou simplement nouer: Ses cheveux étaient renoués de rubans, de fleurs, etc. = Au figuré, renouveler: renouer un traité, une partie, la conversation, l' amitié. Pour le dernier, on dit neutralement, renouer: "Ils ont renoué, st. fam.
   RENOUEMENT, renouvellement, ne se dit qu' au fig. "Renouement d' amitié, d' une négociation. Suivant l' Académie, il n' a guère d' usage qu' en ces phrâses. _ Il n' est que du st. simple, mais dans ce style on pourrait dire, le renouement d' une partie rompûe, d' une conversation interrompûe, etc.

RENOUEUR


RENOUEUR, s. m. [1re e muet.] Celui qui fait le métier de remettre les membres disloqués.

RENOUVEAU


RENOUVEAU, s. m. [Re-nou-vo; 1ree muet.] Le printems, la saison nouvelle. Suivant La Touche, on ne le dit guère que dans la conversation. Ailleurs on dit, le printems. Dabord l' Académie n' avait point distingué l' usage de renouveau. Elle dit dans la dern. édit. qu' il est du st. fam.

RENOUVELER


RENOUVELER, v. act. RENOUVELLEMENT, s. m. [Re-nou-velé, vèleman; 1ree muet, 3e e muet au 1er, dont la 4eé fer. è moy. au 2d, dont la 4ee muet. Devant l' e muet, la 3e du verbe se change en è moy. Il renouvelle, ou renouvèle: il renouvellera, ou renouvèlera, etc.] Renouveler, c' est 1°. rendre nouveau, en substituant une chôse à la place d' une aûtre de même espèce. "Renouveler une vigne, un troupeau. "Le retour du printems renouvèle toute la nature. _ Renouveler un traité, un bail, une aliance, les faire de nouveau avec les mêmes persones, et à peu prês aux mêmes conditions. = 2°. Publier de nouveau. Renouveler un Édit, les anciènes Ordonances. = 3°. Faire revivre, reparaître: renouveler un usage, une mode. = 4°. Recomencer de nouveau: renouveler un procês, une querelle, ses prières, ses soins, ses voeux, une promesse. Et sans article, renouveler amitié, conaissance avec, etc. = 5°. Faire sentir de nouveau:renouveler le mal, la douleur. _ Renouveler le souvenir, la mémoire de, etc. = 6°. Se renouveler: le froid se renouvelle; sa douleur s' est renouvelée, etc.
   En style proverb. il est neut. et régit de: renouveler de jambes, d' apétit; recomencer à marcher et à manger, comme si l' on était encôre frais ou afamé. "Mde. de Richelieu renouvelle de jambes. SÉV. Figurément, dans le même style, renouveler de jambes, reprendre une nouvelle ardeur dans une afaire, dans une entreprise. * Un Poète moderne dit, par imitation, renouveler de beauté.
   Et son épouse qui l' aime,
   Renouvelle de beauté.
Cela ne plaira pas à tout le monde.
   RENOUVELLEMENT, rétablissement d' une chôse dans un nouvel état ou dans un meilleur. "Le renouvellement de l' année, de la saison, des traités, d' un bail, etc. = Réitération:renouvellement d' ofres, d' assurances, de services. = L' Acad. ajoute renouvellement de voeux que fait un Religieux. On dit plutôt renovation; et c' est un terme consacré à ce seul objet.

RENSEIGNEMENT


RENSEIGNEMENT, s. m. [Ransègne--man: 1re lon. 2e è moy. mouillez le g; 3e e muet.] Indice. "Donez-moi quelque renseignement, qui me mette sur la voie. On lui a doné tous les renseignemens qu' il pouvait desirer.

RENTE


RENTE, s. f. RENTER, v. act. RENTIER, IèRE, s. m. et f. [Rante, , tié, tiè-re. 1re lon. 2ee muet au 1er, é fer. au 2d et au 3e, è moy. et long au dern.] Rente, est 1°. en général, revenu annuel: "Il vit de ses rentes. "Il a dix mille livres de rente. = 2°. En particulier, ce qui est dû tous les ans, à caûse d' un fonds aliéné. Rente en grains, en vin, en espèces, en argent. Rente féodale, foncière, etc. = 3°. Ce qui est dû annuellement pour une somme d' argent, placée à constitution. Rente au denier vingt, ou vingt-cinq, etc.
   On dit, proverbialement, de ceux qui viènent demander à des tems réglés, qu' ils se sont constitués une rente.
   RENTER, c' est assigner un certain revenu à, etc. "Renter un Couvent, un Collège, une Comunauté. = Renté, qui a des rentes. "Comunauté bien rentée. = Qui a du bien. "Il est bien renté: il est riche.
   RENTIER, qui a des rentes constiutées sur une Comunauté. = Qui doit des rentes Seigneuriales. = En certaines Provinces, on dit rentier, pour fermier d' un héritage. Ce mot n' est pas français en ce sens.

RENTOILER


RENTOILER, v. act. [Ran-toa-lé: 1re lon. 3e é fer.] Remettre de la toile neuve à la place de celle, qui est usée: rentoiler une toilette, des manchettes.

RENTRAIRE


RENTRAIRE, v. act. RENTRAITûRE, s. fém. [Rantrère, trètûre. 1re lon. 2e è moy.] Ils se disent et de deux morceaux d' étofe déchirés ou coupés que l' on rejoint: et de deux morceaux, qui n' ont point été joints, et que l' on cout bord contre bord. "Cela est si bien rentrait que la rentraitûre ne parait point. = Le verbe ne s' emploie qu' au présent et au futur de l' indicatif, et dans les tems composés. "Je rentrais, je rentrairai, je rentrairais; j' ai, j' avais, j' aurais rentrait, etc. L. T. L' Acad. dit seulement qu' il se conjugue comme Traire.

RENTRANT


RENTRANT, adj. m. Il ne se dit qu' en termes de Fortifications, des angles dont l' ouvertûre est en dehors, par oposition aux angles saillans.

RENTRAYEUR


RENTRAYEUR, EûSE, s. m. et f. [Ren--tré-ieur, ieû-ze: 1re lon. 2e é fer. 3e lon. au 2d.] Celui, ou celle, qui sait rentraire.

RENTRÉE


RENTRÉE, s. f. RENTRER, v. n. [Ran--tré-e, tré: 1re lon. 2e é fer.] Rentrer au propre, c' est entrer de nouveau. "À~ peine j' étais sorti que je fus obligé de rentrer.
   Je ne veux de trois mois, rentrer dans la maison,
   De sacs et de procès j' ai fait provision.
       Les Plaideurs.
= Au figuré, il se joint avec plusieurs noms, avec dans ou en. "Rentrer dans les bones grâces de, etc.dans son devoir, en son bon sens, en soi-même. "Rentre en toi-même, fils de Tydée, retire-toi; et ne sois pas assez insensé pour prétendre t' égaler aux Dieux. Mde Dacier, Iliade.
   Vous m' entendez. Je vous ferai rentrer
   Dans le néant, dont j' ai su vous tirer.       Volt.
RENTRÉE, action de rentrer, de recomencer les fonctions, en parlant des Tribunaux. La rentrée du Parlement. = En termes de chasse, le retour des animaux dans le bois au point du jour. "Atendre le cerf, le sanglier à la rentrée. = À~ certains jeux de cartes, celles qu' on prend au talon, à la place de celles qu' on a écartées. "Avoir une heureuse, ou une vilaine rentrée.

RENVERSE


RENVERSE (à la) adv. RENVERSEMENT, s. m. RENVERSER, v. act. [Ranverse, seman, : 1re lon, 2e ê ouv. 3e e muet aux 2 prem., é fer. au 3e.] Renverse ne se dit qu' adverbialement, tomber, être couché à la renverse; sur le dôs, le visage en haut.
   RENVERSEMENT a un sens passif; état de ce qui est renversé. "Je n' ai pas voulu que mon frère vit de près le renversement de ma fortune et l' excès de mon malheur. Cic. à Atticus. MONGAULT.
   RENVERSER 1°. Au propre, Jeter par terre, faire tomber: de manière que la situation ne soit plus comme elle doit être. "Renverser la table, les bouteilles, les plats. "Le vent renverse les plus grands arbres. "Le canon a renversé ce Palais de fond en comble. = Fig. Mettre en déroute. "Renverser un bataillon, un Escadron. Les Troupes françaises renversèrent tout ce qui se présenta devant elles. = Détruire. "La mort renversa ses grands desseins, (de Cromwell) sa tyrannie et la grandeur de l' Angleterre. Volt. = 2°. Au figuré, Troubler l' ordre; mettre sens dessus dessous. "Il a renversé tous mes papiers, tous mes livres. "J' ai cru en devoir rétablir l' ordre (de ces lettres de Cicéron) qui est visiblement renversé. MONGAULT. = 3°. Mettre le désordre. Renverser l' État, les principes, les lois, la religion, la Jurisprudence. = Renverser l' esprit, inspirer de mauvais sentimens. "Les mauvais livres, aujourd' hui si répandus, ont renversé l' esprit à un grand nombre de persones; mal irréparable.
   Rem. Mde. de Sévigné emploie renverser neutralement, au lieu du réciproque, se renverser. "C' est une machine à quoi il ne faut point toucher, de peur que tout ne renverse. L' usage n' admet pas ce verbe neutre. On dit, se renverser. = En st. prov. c' est le monde renversé, c'~ est~ une chôse contre l' ordre. Voy. MARMITE.

RENVERSEUR


RENVERSEUR, s. m. Celui, qui renverse. Mot burlesque. Colletet a dit des faiseurs d' anagrames.
   Que tous ces renverseurs de noms
   Ont la cervelle renversée.

RENVI


RENVI, s. m. RENVIER, v. act. [Ranvi, vi-é: 1re lon. 3eé fer. au 2d.] Termes de certains jeux. Ils se disent de ce qu' on met par dessus la vade. Faire un renvi de dix louis: il a renvié de tant sur lui. = On le dit quelquefois au figuré, st. famil. pour, renchérir. "Pour le renvier sur vous, je m' en vais à Vitré. Sév.

RENVOI


RENVOI, s. m. RENVOYER, v. act. [Ran--voa, voa-ié.] Le verbe se conjugue comme Envoyer. Voy. ce mot. = 1°. Envoyer une seconde fois. Il avait refusé ce présent, je le lui ai renvoyé. = On dit aussi renvoyer pour refuser. "On lui avait envoyé un présent, il l' a renvoyé. = 2°. Faire reporter ce qu' on avait perdu, ou prété, ou laissé par oubli. = 3°. En parlant des persones, faire retourner. Renvoyer une escorte, des domestiques, des chevaux, etc. = 4°. Doner son congé à... Renvoyer un domestique. = 5°. Adresser à quelqu' un pour avoir des éclaircissemens. "Je m' étais dabord adressé à lui; il m' a renvoyé à sa femme, à son Avocat, etc. = 6°. Remettre à un aûtre tems: il m' a renvoyé à Noèl, à Pâque. Voy. DIFFÉRER. = 7°. En parlant de certaines chôses, repousser, répercuter. Renvoyer la balle: la plaque de la cheminée renvoie la chaleur dans la chambre: la lune renvoie la lumière du soleil: l' écho renvoie les sons. = 8°. Voy. RENVOI, n° 4°.
   RENVOI est aussi 1°. Envoi d' une chôse déjà envoyée à la même persone, au même lieu. = 2°. Action de faire retourner: chevaux, carrosse de renvoi. _ Quelques-uns disent de retour; mais de renvoi est plus français. = 3°. Dans un livre, marque qui renvoie à un aûtre endroit du même livre. C' est aussi un Avertissement, qui enseigne qu' on trouvera à une autre page la suite, ou une plus ample explication d' un article; ou un autre article, qui a raport à celui-là. = Dans un acte, c' est la marque qui renvoie à une addition, qui est à la marge, ou au bâs de la page. = 4°. En termes de Palais, Jugement, par lequel les parties sont renvoyées devant les Juges, qui doivent conaître de leurs diférends.

RÉORDINATION


RÉORDINATION, s. f. RÉORDONER, v. act. [Ré-ordina-cion, doné: 1reé fer. dern. é aussi fer. au 2d.] Ils expriment l' action de conférer, de nouveau, les ordres, à celui, dont la première ordination a été nulle.
   Rem. Quelques-uns veulent qu' on dise réordoner, pour renouveller le même ordre, le même comandemant; et réordiner pour, réitérer l' ordination; mais outre que l' usage n' admet point cette distinction, dês que le simple est ordoner, conférer les ordres, et non pas ordiner, il est, selon l' analogie de dire réordoner, et non pas réordiner.

REPAIRE


REPAIRE, s. m. [Repère: 1re et dern. e muet; 2e è moy. et long] Au propre, retraite des bêtes féroces ou malfaisantes. "Repaire de tigres, d' ours, de serpens.
   Sion, repaire afreux de reptiles impurs,
   Voit de son Temple saint les pierres dispersées.
       Esther.
= Au figuré, on dit, repaire de brigands. TRÉV. Repaire de traitres. Vaug. "M. Palissot dit, repaire de brigandages et de crimes. Le terme n' est pas propre. On ne dirait point, en parlant des bêtes féroces, repaire de cruauté, de férocité. On ne doit donc point le dire au figuré.

REPAîTRE


REPAîTRE, v. n. réc. et act. [Repêtre: 1re et dern. e muet, 2e ê ouv. et long. = Il a un prétérit; je repus, j' ai repu. Du reste il se conjugue comme Paître.] Il est neutre, au propre. Manger; prendre sa réfection. Il a fait dix lieûes sans repaître. "Les chevaux n' ont point repu d' aujourd' hui, il les faut faire repaître. = Au fig. Il est réc. et act. "Homme cruel, qui se repait de sang et de carnage. Repaître quelqu' un, ou repaître son esprit, ou se repaître de chimères, de fumée, de vaines espérances. "Il faudra me consoler de m' être jusqu' ici laissé repaître si vainement de l' idée d' un retour prochain. Cic. à Atticus. MONGAULT. "Elle ne se repait que de ses maux; elle ne s' abreuve que de ses larmes. Jér. Dél.
   Je ne me repais point de pareilles chimères.       Rac.

REPAITRIR


REPAITRIR, voy. REPÉTRIR.

RÉPANDRE


RÉPANDRE, v. act. [1re é fer. 2e lon. 3e e muet.] Je répands, tu répands; il répand; nous répandons; je répandois ou répandais; je répandis, j' ai répandu, je répandrai; je répandrois, ou répandrais; Répands; que je répande, je répandisse; répandant, répandu. = 1°. Verser. On dit répandre, d' une liqueur, qu' on laisse tomber sans le vouloir: prenez garde de répandre, dit-on à un homme, qui porte un vase plein de quelque liqueur: on ne dirait pas bien; prenez garde de verser. Au contraire, verser se dit d' une liqueur qu' on fait couler à dessein dans un vâse. On a versé du vin dans votre verre: il faut le boire. On a répandu du vin, etc. ne vaudrait rien. Néanmoins on dit également verser ou répandre le sang; répandre ou verser des larmes. L. T. Wailly. Acad. Voy. VERSER. = 2°. Distribuer, départir. Répandre de l' argent, des grâces, des bienfaits.
   Et ta divine Puissance
   Répand avec abondance
   Ses bienfaits sur l' indigent.
       Le Franc.
= 3°. Disperser, étendre au loin. "Astre, qui répands la lumière: fleurs, qui répandent une odeur agréable. = Fig. On dit, répandre le venin de l' erreur. Doctrine, qui se répand, qui s' est répandûe en peu de tems. "Il se répand une nouvelle: elle fut bientôt répandue. "La gloire que les Grands Hommes répandent sur l' Humanité, qu' ils ignôrent. = Se répandre en longs discours, en complimens, en louanges. "Se répandre en petits vers, en comparaisons. L' Ab. de Fontenai. "Son coeur a besoin de se répandre en effusions touchantes, en transports affectueux. L' Ab. Du-Serre-Figon. Panég. de Ste Thérèse.
   Rem. Se répandre pour tomber, n' est en usage que dans le stile bâs, dit La Touche. Ce n' est peut-être pas assez dire: il n' y a que le petit peuple, qui se serve de cette expression en quelques Provinces. = On dit se répandre sur, etc. Mallebranche dit, se répandre à, qui ne vaut rien. "Toute l' afection, qu' il avait pour elle, se répandant à (sur) toutes les persones, qui lui ressembloient.
   Répandu, ûe, partic. et adj. On dit d' un homme, qu' il est fort répandu dans le monde, ou simplement, fort répandu, pour dire, qu' il voit beaucoup de monde. "Il est bien jeune et bien répandu pour son âge. Marm. "Vous êtes riche, fort répandu; et à moins d' une espèce de prodige, il faut que vous soyez plus dérangé qu' un aûtre. Id.

RÉPARABLE


RÉPARABLE, adj. RÉPARATEUR, s. m. RÉPARATION, s. f. RÉPARER, v. act. [1re é fer.] Réparer, au propre, refaire, rétablir, racomoder. "Réparer une Église, une maison, les brèches d' une murâille, etc. = Dans le sens moral, éfacer. "Réparer sa faûte, ses torts. "Le fard ne répare pas l' outrage des années. = Faire des satisfactions: réparer une ofense, une injûre; réparer l' honeur, la réputation, le domage, etc. = Réparer ses pertes, s' en dédomager. = On dit de la mort d' un grand Homme, ou d' un homme très-utile: c' est une perte qu' on ne saurait réparer. = Réparer le tems perdu, la perte du tems; redoubler son travail, etc. = Réparer (rétablir) ses forces.
   RÉPARABLE, qui se peut réparer. "Domage réparable, ou, qui n' est pas réparable. Pour le dernier, on dit plutôt irréparable.
   RÉPARATION, au propre, ouvrage qu' on fait ou qu' il faut faire pour réparer. "Grôsses ou menûes réparations. Réparations locatives. Visiter, estimer, ordoner, faire les réparations nécessaires. = Au fig. Satisfactions pour une injure. Réparation d' honeur. Faire réparation à quelqu' un. "Surpris de ce procédé... il en demande réparation. MAIMB.
   RÉPARATEUR, dans le sérieux, ne se dit que du divin Rédempteur: le réparateur du genre humain. = Dans le style famil. plaisant ou moqueur, on apèle réparateur des torts, celui qui se mêle de faire réparer des injures, ou de corriger des abus, qui ne le regardent pas. Voy. Redresseur.

REPARLER


REPARLER, v. n. [1re e muet, dern. é fer.] Parler de nouveau. "Reparlons un peu de cette Assemblée de Noblesse. Sév.

REPAROîTRE


REPAROîTRE, ou REPARAîTRE, v. n. [Reparêtre: 1re et dern. e muet, 3eê ouv. et long.] Paraître de nouveau. "Il avait disparu, il reparait: la comète a reparu.

REPARTIE


REPARTIE, s. f. REPARTIR, v. act. et n. [Suivant l' Acad. la 1re est un e muet. Plusieurs mettent un accent sur l' e, Répartie, Répartir. D' autres distinguent répartir, répliquer, de repartir, partir de nouveau.] Repartie, réplique. Bone repartie. "Cela est sans repartie. "Il est prompt à la repartie. Voy. RÉPONSE. = Repartir, est 1°. Répliquer. "Il ne lui a reparti que des impertinences, que par des injûres. "Qu' avez-vous à repartir à cela? = 2°. Retourner, ou partir de nouveau. "À~ peine étais-je arrivé que je fus obligé de repartir.

RÉPARTIR


RÉPARTIR, v. act. [Il difère du précédent, par l' accent aigu, qui est sur la 1re. = Il en difère aussi par la conjugaison. Le précédent se conjugue comme partir: je repars, nous repartons, etc. Répartir fait, je répartis, nous répartissons, je répartissais, etc. que je répartisse, etc.] Partager, distribuer. "Répartir les biens d' une succession entre les cohéritiers. "Répartir des troupes dans divers villages. "Les épanchemens de la bonté sont répartis sur toutes avec une égale profusion. l' Ab. Du-Serre-Figon.

RÉPARTITION


RÉPARTITION, s. f. [1re é fer.] Division, distribution. Faire la répartition des tâilles;des éfets d' une succession, des troupes, etc.

REPâS


REPâS, s. m. [Repâ: 1ree muet, 2e lon.] Réfection, nourritûre qu' on prend à des heures réglées. On le dit sur-tout du diner et du souper. "Aux heures du repâs. Avant ou aprês le repâs. "Ne manger qu' à ses repâs, etc. Faire ses quatre repâs "Vous manquez de tout, et quelquefois même vous vous dérobez un repas. VOLT. = Repâs prié, qui se done à un certain nombre de persones invitées.
   Rem. Suivant le Dict. de Trév. on dit en Théologie, que la comunion est un repâs céleste; et un Sermon, un repâs spirituel: c' est du vieux style: on dit au figuré, festin ou banquet; et non pas repâs, et ces deux mots ne vaudraient même rien, parlant d' un Sermon.

REPâSSER


REPâSSER, v. act. et n. [Répâcé: 1re e muet, 2e lon. 3e é fer.] 1°. Neutre: pâsser une autre fois ou plusieurs fois. Il a pâssé ce matin: il repâssera ce soir. Il ne fait que pâsser et repâsser devant cette maison. "Il repâssa dans la même ville. L' armée repâssa sur le même pont. = Il est aussi actif, en ce sens, comme pâsser. "L' armée repâssa les monts: j' ai repâssé la rivière dans une aûtre barque. "Le Prince Charles, qui avait passé le Rhin, malgré l' armée de France, le repassa presque sans perte vis-à-vis une armée supérieure. Volt. = 2°. Actif, il régit plusieurs noms. Repâsser des étofes par la teinture. Repâsser des cuirs, leur doner un nouvel aprêt. _ Repâsser des couteaux, des rasoirs, des ciseaux, etc. sur la meule, sur la pierre; les aiguiser. _ Repâsser du linge, du ruban, un chapeau, etc. les rendre plus unis, plus propres. = Repâsser la lime sur, etc. polir de nouveau. Il se dit au propre du fer, et au figuré, des ouvrages d' esprit. = Repâsser dans son esprit, dans sa mémoire; se remettre, se rapeler. _ Repâsser un Sermon, un Discours; le répéter aprês l' avoir apris, afin d' être plus sûr de sa mémoire. = Populairement, repâsser quelqu' un, le batre; ou le réprimander.

REPATRIER


*REPATRIER, pour Rapatrier est un gasconisme.

REPAVER


REPAVER, REPAYER, v. act. [1re e muet.] Paver de nouveau. Payer une seconde fois.

REPêCHER


REPêCHER, v. act. [1re e muet, 2e ê ouv. et lon. sur tout devant l' e muet; il repêche, etc.] Retirer de l' eau. "Il était tombé dans la mer: on l' a repêché demi-mort. Repêcher des balots, des caisses, du canon.

REPEIGNER


REPEIGNER, REPEINDRE, REPENDRE, v. act. [1re e muet.] Peigner, peindre, pendre une seconde fois.

REPENTANCE


REPENTANCE, s. f. REPENTANT, ANTE, adj. REPENTIR, s. m. SE REPENTIR, v. réc. [Repantance, tan, tante, tir: 1re e muet, 2e lon. 3e lon. aux 3 1ers.] Repentance et Repentir ont le même sens sans avoir le même emploi. Regret, douleur d' avoir fait ce qu' on ne devait pas faire, ou de n' avoir pas fait ce qu' on aurait dû faire. On ne se sert du 1er qu' en termes de dévotion, et en parlant des péchés. "Il est mort avec beaucoup de repentance, avec une grande repentance de ses péchés. Même en ce sens, repentir est plus noble. Repentir sincère de ses péchés. "Le repentir suit ordinairement le crime. "Concevoir, témoigner du repentir, un grand repentir: être touché de repentir. Il s' emploie quelquefois au pluriel:
   Malheureux, qui trop tard conoit son imprudence,
   Préviens les repentirs de l' inexpérience.
       Le Franc.
= Mde de Sévigné emploie joliment repentir au figuré. "On prend le moment entre deux nuages pour le repentir du tems, qui enfin veut changer de conduite, et l' on se trouve noyés.
   REPENTANT, qui se repent. "Il est repentant de ses faûtes: il en est repentant. "Je suis ce publicain humble et repentant. Rempli des mêmes regrets, j' obtiendrai les mêmes grâces. L. F. Poème de S. Grég.
   SE REPENTIR: je me repens, tu te repens, il se repent, nous nous repentons; je me repentois ou repentais; je me repentis; je me suis repenti; je me repentirai, je me repentirois ou repentirais; repens-toi, qu' il se repente, que je me repente, que je me repentisse. Repentant, repenti. = Avoir un veritable regret, une veritable douleur. _ Il régit de devant les noms, et les verbes. "Il se repent trop tard de ce qu' il a dit, d' avoir trop parlé. "Il ne faut pas se repentir d' une bone action, d' avoir bien fait. "Quand vous repentirez-vous de tant de calomnies; d' avoir persécuté injustement tant de gens de bien et de mérite? = On dit quelquefois, par menace: il s' en repentira; je l' en ferai repentir.
   Quand on a fait une telle injustice,
   Sachez de moi que l' on ne doit rougir
   Que de ne pas assez se repentir.
       Nanine.

REPERCER


REPERCER, REPERDRE, v. act. [1re e muet.] Percer, perdre de nouveau, une seconde fois, ou plusieurs fois.

RÉPERCUSSIF


RÉPERCUSSIF, IVE, adj. RÉPERCUSSION, s. f. RÉPERCUTER, v. act. [Répêr--kucif, cive, cion, té: 1re é fer. 2e ê ouv. 4eé fer. au dern.] Ils se disent de ce qui fait rentrer les humeurs en dedans, lorsqu' elles étaient en mouvement pour sortir. "Topique répercussif, qui a un éfet répercussif. = S. m. Les répercussifs sont dangereux. _ "La répercussion des humeurs: cela les répercute. = Le Subst. et le verbe se disent aussi des sons, de la lumière, de la chaleur.

REPèRE


REPèRE, s. m. [et non pas repaire, comme quelques-uns écrivent, et comme on le voit même dans des Dictionaires: 1re et dern. e muet; 2eè moyen et long.] Trait ou marque qu' on fait à diverses pièces d' assemblage pour les reconaitre. Telles sont les marques des tuyaux d' une lunette.

RÉPERTOIRE


RÉPERTOIRE, s. m. [Répêr-toâ-re: 1re é fer. 2e ê ouv. 3e lon. 4e e muet.] Table, recueuil, où les chôses sont rangées dans un ordre qui fait qu' on les retroûve aisément. = En style fig. famil. on apèle répertoire une persone, qui se souvient de beaucoup de chôses, et qui est toujours prêt à en instruire les autres: "Cet homme est un répertoire, un vrai répertoire.

REPESER


REPESER, v. act. [Repezé: 1re et 2e e muet, 3e é fermé.] Peser une seconde fois.

RÉPÉTER


RÉPÉTER, v. act. RÉPÉTITEUR, s. m. RÉPÉTITION, s. f. [Répeté, ti-teur, ti-cion: 1re et 2e é fer.] Répéter, c' est 1°. redire, dire une seconde fois ou plusieurs fois ce qu' on a déjà dit. "Il répète dix fois la même chôse. "Un sûr moyen de dire des sotises, c' est de répéter au hazard ce qu' on a entendu dire. Volt. Se répéter, se dit surtout d' un Poète, d' un orateur, d' un Peintre, qui, dans leurs ouvrages, se servent souvent des mêmes expressions, des mêmes tours, des mêmes traits, etc. = 2°. Repâsser, en parlant d' un sermon, d' un rôle. = 3°. Enseigner des écoliers en chambre, et leur expliquer plus amplement ce que le Régent ou le Professeur a dit en classe. "Il répète plusieurs écoliers; et neutralement, sa profession est de répéter. = 4°. Redemander: Répéter un prisonier, un cheval, le bien qu' on nous a pris. = 5°. En termes de Marine, répéter les signaux, faire les mêmes signaux que le comandant, afin que les vaisseaux les plus éloignés puissent les conaître. = 6°. Répéter des témoins, entendre la déposition des témoins, qui sont venus à révélation sur la publication d' un monitoire. C' est aussi, dans les enquêtes civiles, procéder à une nouvelle audition. = 7°. On dit, en poésie, faire répéter avec la prép. à (le datif.) "Des Bergers, qui faisoient répéter les doux sons de leurs flûtes et de leurs chalumeaux aux échos d' alentour. Télém.
   RÉPÉTITEUR se dit dans le 3e sens. Celui, qui fait profession de répéter des écoliers. Répétiteur de Théologie, de Philosophie, de Droit.
   RÉPÉTITION, redite: "livre plein de répétitions. Voy. plus bâs, Rem. = Exercice des Écoliers qu' on répète, ou des Acteurs qui répètent leur rolle. = Action par laquelle on redemande en justice ce qu' on a payé de trop, ou ce qu' on a avancé pour un aûtre. = Répétition des témoins, Voy. Répéter, n° 6°.
   Rem. Les répétitions des mêmes mots trop fréquentes et trop raprochées rendent le discours lâche, pesant et ennuyeux. Il faut, sans nuire à la clarté, substituer à ces mots des synonymes, des équivalens, changer de tour, de construction, pour pouvoir employer les pronoms à la place des noms déjà trop souvent répétés. Bossuet, qui écrivait rapidement, est sujet à ces négligences de style. Je n' en citerai qu' un exemple, tiré d' un Mémoire présenté au Roi. "L' Évêque de Meaux se croit obligé de représenter à S. M. le nouveau traitement qu' on lui fait au sujet d' un livre qu' il se croit obligé d' imprimer. _ L' Ab. Du Bos était aussi en usage de répéter les mêmes mots dans la même phrâse. "Jordane entreprit de faire de grandes compositions dans le goût de cet aimable artisan, (le Guide) et dans le goût des autres élèves du Carrache. _ Fénélon, lui-même, l' élégant Fénélon n' est pas exemt de ces répétitions désagréables. "Souffrez que je vous demande si vous vous souvenez de m' avoir vu autrefois, comme il me semble que je me souviens de vous avoir vu. Votre visage ne m' est pas inconu: il m' a dabord frapé, mais je ne sais où je vous ai vu. TÉLÉM. Vénus alla trouver Neptune; elle raconta à Neptune ce que Jupiter lui avoit dit. Je savois déjà, dit Neptune l' ordre immuable des destins. Ibid. "La vraie gloire ne se trouve point hors de l' humanité.... Il ne parviendra qu' à une fausse gloire; car la vraie gloire ne se trouve que dans la modération et la bonté. Ibid. _ Voltaire dit: l' État de Florence jouïssait de la tranquillité et de l' abondance sous le gouvernement des Médicis: les Lettres, les Arts et la politesse que les Médicis avaient fait naitre, florissaient encor. Le pronom Ils aurait été mieux à la place du 2d Médicis: c' est la fonction des pronoms. Mais c' est sur-tout dans une phrâse de M. de Moncrif, que cette répétition du même mot est choquante. Il y a plus que de la négligence; il y a du galimathias. "Des génies, qui se manifestent en s' emparant des esprits, qui contribuent au progrês de l' esprit même, qui sont animés d' une passion constante pour l' esprit en général, sans presque aucun retour sur la portion d' esprit, qu' ils ont eux-mêmes. = On doit sur-tout éviter de répéter, dans la même phrâse, un pronom, un adjectif pronominal, une préposition, une conjonction, avec des raports diférens. Voyez des remarques sur ces négligences de style aux mots, AVEC, COMME, IL, n° 7°., ON, à la fin.
   S' il y a des répétitions désagréables ou vicieûses, il y en a d' élégantes. "Quoi donc, ô mon cher Père, je ne vous verrai jamais! Jamais, je n' embrasserai celui, qui m' aimoit tant! Jamais, je n' entendrai parler cette bouche, d' où sortoit la sagesse. Jamais, etc. Télém. C' est le langage de la douleur. "Vous demandez l' abolition des dettes: il vous l' acorde. Mais il ne vous l' acorde que parcequ' il la croit juste et utile au bien de la Patrie. Révol. Rom. "L' Italie regardoit toutes les Nations, dont elle était inondée comme des Barbâres, et les Français comme des Barbâres plus gais que les autres, mais plus dangereux. Volt. "Après beaucoup d' allées et de venûes, qui ne tendent à rien, de discours, qui ne disent rien, de bruit et de tumulte, qui ne signifie rien, il faut trouver un dénoument, et l' on fait mourir plusieurs personages, sans autre raison que de s' en débarrasser. Ann. Litt. = Malherbe se plaisait fort à des répétitions d' adjectifs et de participes.
   Des rayons immortels, l' immortelle clarté....
   Et le premier effet de ses premières armes...
   Donne le dernier coup à la dernière tête
   De la Rébellion.
   Quand la Rébellion, plus qu' une hydre féconde,
   Auroit, pour le combattre, assemblé tout le monde;
   Tout le monde assemblé s' enfuiroit devant lui.
   Enfin, il est des répétitions nécessaires et qu' on ne pourrait omettre, sans faire une mauvaise construction. Ex. "Le fruit, qu' on tire de la Retraite, est de se conoitre, et de conoitre tous ses défauts. Si l' on disait, comme l' ont dit en pareil câs plusieurs Écrivains, est de se conoitre et tous ses défauts, on parlerait mal; car se conoitre ne serait pas bien construit avec, tous ses défauts. = Il y a d' autres répétitions nécessaires pour la régularité ou pour la clarté du style. "D' où vienent tous vos troubles et vos peines d' esprit? Tout ne se construit pas bien avec peines qui est féminin: ainsi, il faut dire, et toutes vos peines. _ Et quand même les deux substantifs seraient du même genre, il ne faudrait pas laisser de répéter quelque--fois tout: "L' ancien serpent s' armera contre vous de toute sa malice et de toute sa violence; et non pas, de toute sa malice et sa violence. (En ne répétant pas toute, on n' exprimerait pas que la violence est employée dans toute son étendue, comme la malice.) = Voici deux exemples, qui regardent la netteté. "Faites câs d' aquérir ici bas une grande patience plutôt qu' une grande paix. Vous la trouverez cette paix, non pas sur la terre, mais dans le Ciel. Le mot de paix répété rend le discours plus net. Car, sans cette répétition, le pronom la pourrait se raporter à patience aussi bien qu' à paix. "La vue de l' esprit a plus d' étendûe que la vue du corps. Si l' on disait que celle du corps, le pronom celle serait équivoque, pouvant se raporter à étendûe, comme à vue. BOUH. Rem. Nouv.

REPÉTRIR


REPÉTRIR, v. act. [1re e muet, 2e é fer.] Pétrir de nouveau. = Mde de Sévigné l' emploie figurément. "Pauline n' est donc pas parfaite. Tant mieux. Vous vous divertirez à la repétrir. Menez-la doucement: l' envie de vous plaire fera plus que toutes les gronderies.

REPEUPLEMENT


REPEUPLEMENT, s. m. REPEUPLER, v. act. [Re-peu-pleman, plé: 1re e muet, 3e é muet au 1er, é fer. au 2d.] Ils expriment l' action de peupler de nouveau un pays, qui avait été dépeuplé. "Le repeuplement d' une colonie. Repeupler un pays. = On les dit aussi d' un étang où l' on remet du poisson, et d' une terre, d' une plaine, d' une garenne, d' un colombier, où l' on remet du gibier, des lapins, des pigeons.

REPIC


REPIC, s. m. RÉPIT, s. m. [Le 1er a l' e muet à la 1re, le 2d a l' é fer. On prononce le c final dans le 1er; on ne prononce point le t dans le 2d.] Repic est un terme du jeu de Piquet. Il se dit lorsqu' avant de jouer aucune carte, l' un des joueurs compte jusqu' à trente, sans que celui, contre qui il joûe ait pu rien compter. Alors au lieu de compter trente, celui qui fait repic compte quatre vingt-dix. "Il a fait repic. Il m' a fait repic. "Vous avez fait un beau repic, deux repics de suite. = Fig. stile famil. Faire quelqu' un repic, remporter sur lui quelque avantage considérable. = Répit est un terme de Palais. Relâche, surséance. "Obtenir des lettres de répit. _ Ailleurs on ne se sert de ce mot que dans le st. famil. "On m' a doné du répit. "Il ne lui donera pas un moment de répit. "Il n' en mourra pas: il a encôre du répit. = Ferrière, dans son Dict. du Droit civil, met à sa place Répit, et dans le cours de l' ouvrage Répi.

REPLATRAGE


REPLATRAGE, s. m. REPLâTRER, v. act. [1re e muet; 2e lon. au 2d, surtout devant la syll. fém. Il replâtre, replâtrera, etc.] Ils se disent au propre d' une réparation mauvaise et superficielle faite avec du plâtre; au figuré (st. famil.) d' un moyen qu' on emploie pour couvrir une faûte, une sotise.

REPLET


REPLET, ETTE, adj. RÉPLÉTION, s. f. [Replè, plète, réplé-cion: 1re e muet au 1er et au 2d, dont la 2de est un è moy. 1re et 2e é fer. au 3e. _ L' e est muet à l' adjectif et fermé au substantif. Tel est la bisarrerie de l' usage.] Replet, qui a trop d' embonpoint. "Il est devenu trop replet: elle est trop replette. _ On ne le dit point des animaux. Acad.
   RÉPLÉTION; plénitude, trop grande abondance d' humeurs. "Il n' est malade que de réplétion.

REPLEURER


REPLEURER, v. act. et neut. Pleurer sur nouveaux frais. C' est un mot de Mde. de Sévigné. "Nous avons repleuré M. de Turenne. "Je repleure sur nouveaux frais.

REPLI


REPLI, s. m. REPLIER, v. act. [1re e muet.] Repli est 1°. au propre, pli rendoublé: elle cacha cette lettre dans le repli de sa robe. = 2°. Pli qu' on fait au bâs des Lettres Patentes, et sur le revers duquel on écrit. = 3°. Manière dont les reptiles se meuvent. "Serpent qui se traine à longs replis. = 4°. Fig. Ce qu' il y a de plus caché dans l' âme. "Ô mon Dieu, toi qui sondes l' abîme des ames, toi, dont l' oeil éclaire les replis les plus secrets de mon coeur. Jér. Dél.
   REPLIER, plier une chôse, qui avait été dépliée. "Replier une étofe, une coife, une jupe. "Le serpent se replie: il fait plusieurs plis et replis. = Se replier se dit d' un corps de troupes, qui fait de certains mouvemens pour se raprocher d' un aûtre en bon ordre. "Ces trois escadrons se replièrent sur la première ligne. = Fig. (style médiocre) prendre de nouveaux biais pour faire réussir un projet. "Il sait se replier comme il veut. _ Abandoner certaines preûves pour recourir à d' aûtres. "Il s' est replié sur une aûtre raison, sur un aûtre moyen, qui ne vaut pas mieux. * M. Portalis lui fait régir à et l' infinitif. "Il s' est replié à soutenir que, etc. Ce régime n' est pas admis par l' usage. Il serait utile.

RÉPLIQUE


RÉPLIQUE, s. f. RÉPLIQUER, v. act. et neut. [Réplike, ké: 1reé fer. 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Réplique est, au Palais, réponse à ce qui a déjà été répondu. "Cet Avocat est fort sur la réplique. "Il demande la réplique, à être entendu en réplique. Hors de là, réponse à ce qui a été dit ou écrit. "Cette raison est sans réplique. "Cet ouvrage ne demeurera pas sans réplique.
   RÉPLIQUER, faire une réplique. "Voilà ce que j' ai à répliquer. Et avec le datif: "Je n' ai rien à y répliquer. = V. n. "Il a répliqué fortement. = Il ne soufre pas que ses gens lui répliquent. = Il régit aussi que et l' indicatif. "Il me répliqua que je ne prenais pas bien le sens de sa proposition.

REPLONGER


REPLONGER, v. act. [1re e muet, 2e lon. 3e é fer.] Plonger de nouveau. Il se dit au propre et au figuré.
   J' avois de quelque espoir une faible étincelle:
   J' entrevoyais le jour; et mes yeux afligés,
   Dans la profonde nuit sont déjà replongés.
       Mérope.
"Philipe IV ne voulut pas replonger son Royaume dans une guerre nouvelle pour la présséance d' un Ambassadeur. Volt.

RÉPONDANT


RÉPONDANT, s. m. RÉPONDRE, v. act. et neut. RÉPONS, s. m. RÉPONSE, s. fém. [1re é fer. 2e lon. 3e e muet au 2d et au dern.] Répondre; je réponds, tu réponds (ou répons, Acad.) il répond; nous répondons, etc. je répondois ou répondais; je répondis, j' ai répondu; je répondrai; je répondrois ou répondrais;réponds (ou répons) que je réponde, je répondisse;répondant, répondu. = 1°. Repartir à quelqu' un sur ce qu' il a dit, ou demandé. Il est actif et neutre. "Il ne lui répondit rien. "Il ne me répondit que deux mots. "Je vous ai déjà répondu que vous aviez tort. "Répondre à propôs, sur le champ, pertinemment, précisément, etc. = Répliquer. Je ne veux point d' un valet qui répond. = Répéter. "L' écho répond. = Se répondre. "Deux choeurs de Musique se répondent; chantent alternativement. = 2°. Écrire à quelqu' un de qui l' on a reçu une lettre. "J' ai répondu à toutes les lettres que j' ai reçues. "Il n' a pas daigné me répondre. Et sans régime. "On a beau lui écrire: il ne répond point. = 3°. Parler à ceux qui apèlent, ou qui frapent à la porte. "On vous apèle, que ne répondez-vous? "Je frape à la porte depuis long--tems; persone ne répond. = 4°. Réfuter. "Cet Avocat n' a point encore répondu au plaidoyer, au Mémoire de la partie adverse. "Il n' est pas aisé de répondre à de si fortes objections. = Et sans régime, soutenir des thèses. "Répondre en Théologie, etc. "Ce récipiendaire a bien répondu. = 5°. Avoir raport, proportion, conformité. "Le second point de ce discours ne répond point au premier. "L' aîle droite de ce bâtiment ne répond point à l' aûtre aîle; ou comunication; il s' est blessé au coude, et la douleur lui répond au poignet. "Le bruit répond (s' étend) en tel endroit. = 6°. Aboutir. "Ces alées répondent au grand bassin: ce chemin répond dans la forêt. = 7°. Faire réciproquement de son côté ce qu' on doit. Répondre aux politesses, aux amitiés qu' on nous fait.
   Mon coeur à vos mépris répond par des homages.
       Crébillon.
Répondre aux espérances qu' on a conçûes. "Il a mal répondu à l' atente publique. _ Il se dit, en ce sens, des chôses mêmes. Tout répond à nos voeux, à nos desirs. = 8°. Être caution, pour ou de: "Répondre pour quelqu' un. "J' en réponds. "Me répondez-vous de cet homme là? Il ne faut répondre de rien. Ou s' assurer.
   Il n' est donc point de coeur dont on puisse répondre.
       La Chaussée.
Répondu, ûe, placet répondu, requête répondûe. Il ne se dit qu' au Palais, où l' on dit activement répondre une requête, un placet. * Dans le Dict. Néol. on critique un Auteur, pour avoir dit: Les dificultés y sont répondûes avec force. Il faut se servir du neutre, et dire: on y répond avec force aux dificultés. * Quelques-uns disent mal-à-propôs, répondre une lettre: il faut dire, répondre à une lettre.
   Répondre ne régit point l' infinitif, mais la conjonction que et l' indicatif. "Les filles, dit Regnard,
   Répondent souvent
   N' aimer d' autre parti que celui du Couvent.
Il faut dire, même en vers, répondent qu' elles n' aiment.
   RÉPONDANT ne se dit que dans les sens marqués au n°. 4°. et 8°. Celui qui subit un examen public, qui soutient une thèse. "Le répondant a fort bien fait. = Celui qui se rend caution. "J' ai un bon répondant. = On le dit sur-tout de celui qui se rend garant pour un domestique envers son maître. "Ce valet, ce comis a de bons répondans. = Répondant, ante, adj. verb. Qui répond à. N°. 5°. "Plateforme répondante à l' ouverture supérieure. Le P. Sicard. Trév. le met, l' Acad. ne le met pas.
   RÉPONS est un terme de Bréviaire. Paroles qui sont à la fin des Leçons et des Chapitres, que l' on dit, en se répondant.
   RÉPONSE est 1°. Ce qu' on répond. "Bone ou mauvaise réponse: "Cette réponse ne satisfait pas. Faire, doner réponse. = Au Palais, fournir des réponses à une somation, à un exploit. "Les réponses d' un homme qu' on interroge. = Réponse, réplique, repartie (synon.) La réponse se fait à une demande ou à une question: la réplique se fait à une réponse ou à une remontrance: la repartie se fait à une raillerie, ou à un discours ofensant. "La réponse doit être claire et juste: la réplique doit être forte et convaincante: la repartie doit être vive et prompte. GIR. Synon. = 2°. Réfutation. "Il a fait une réponse au~ livre qu' on a fait contre lui, qui couvre de honte son adversaire. = 3°. Lettre qu' on écrit pour répondre à une autre lettre. "J' atends votre réponse: j' ai reçu sa réponse. "Écrire en réponse. Faire réponse.
   Rem. On dit, faire réponse, rendre réponse, doner réponse, sans article; mais cela ne s' étend point à toute sorte de verbes, et je ne crois pas qu' on puisse dire par analogie, procurer réponse. "Il redemanda la lettre, et promit de la faire tenir et de procurer réponse le plutôt qu' il se pourrait. Voy. d' Ans. Je pense qu' il falait dire, d' en procurer la réponse, ou de procurer une réponse.

REPORTER


REPORTER (SE), v. réc. [1re e muet, 3e é fer.] Se transporter en esprit. "Pour les juger (les Croisades) il faut se reporter au tems où elles commencèrent. Mor.

REPôS


REPôS, s. m. REPOSER, v. a. et n. REPOSÉE, s. f. REPOSOIR, s. m. [Repô, pozé, zée, zoar: 1re e muet, 2e lon. au 1er. Dans le verbe, elle est longue devant l' e muet: il repôse, repôsera, etc.] Repôs est 1°. Cessation ou privation de mouvement. "Un corps en repôs. "La matière est indiférente au mouvement et au repôs. "Cet enfant ne saurait demeurer en repôs. "Laissez-moi en repôs.
   Messieurs, voulez-vous bien nous laisser en repôs?
       Racine.
"Le trop grand repôs nuit à la santé. = 2°. Cessation de travail : se doner ou prendre du repôs.
   Donnez-vous du repôs,
   Vous n' avez tantôt plus que la peau sur les os!
       Les Plaideurs.
"Il faut faire succéder le repôs au travail. = 3°. Tranquilité: exemption de peine d' esprit. "Soyez en repôs de ce côté-là. "Il est dans un grand repôs d' esprit sur cette afaire. "Être, vivre en repôs.
   Ecoutez-vous du sang le dangereux murmure,
   Pour des enfans ingrats, qui bravent la nature?
   Venez; votre repos sur eux doit l' emporter.
   -- Du repos dans le crime! Ah! qui peut s' en flater!
       Oreste.
= Repôs public. "Les perturbateurs du repôs public. = Le repôs éternel: "Prier pour le repôs des âmes des morts. _ Troubler le repôs des morts, flétrir leur mémoire par des satires. = 4°. Someil. "Prendre son repôs: ne troublez point son repôs. "Il a perdu le repôs depuis six mois. = 5°. En parlant d' armes à feu, l' état où elles sont lorsque le chien n' est ni abatu, ni bandé. "Mettre un fusil en son repôs. = 6°. En Poésie, césûre. "Les grands vers ont leur repôs à la 6e; les vers de dix syllabes, à la quatrième syllabe. En termes d' Architectûre, palier d' un degré. "Escalier sans repôs. "Les repôs de cet escalier ne sont pas assez grands.
   Rem. Repôs n' a de pluriel que dans ce dernier sens, et en termes de peintûre et ouvrages d' esprit. "Dans les ouvrages come dans les tableaux, il faut ménager des repôs et des ombres; tout ne doit pas être également saillant et brillant. = On dit, au figuré, être en repôs, ou avoir l' esprit en repôs; et dans le style famil. Dormir en repôs sur, etc. Mde de Sévigné substitûe la prép. de à la prép. sur. "Soyez en repôs de votre chère maman. "Je crois que vous devez avoir l' esprit en repôs de ma santé. M. De Coulanges a aussi employé l' ablatif. "Je suis plus en repôs de vous à Grignan que si vous étiez ici. _ En repôs sur vous serait ridicule dans cette ocasion. Il faut dire, sur votre compte, ou sur ce qui vous regarde. _ Voitûre avait doné l' exemple de ce faux régime. "J' ai été en repôs de tout, quand j' ai vu que vous aviez soin de moi. = On dit, laissez-moi en repôs; le Peuple dit, de repôs, non seulement dans les Provinces méridionales, mais à Paris et au delà de la Loire. "Eh bien! ma mère, écoutez-moi. _ Laissez-moi de repôs. Th. d' Éduc. La Rosière.
   Repôs, oisiveté: Il y a de la diférence entre les deux. On est en repos, quand on travaille doucement et sans être agité par les passions, ni inquiété par les besoins. Le repos n' exclut donc point le travail: il n' exclut que la peine, l' inquiétude et une agitation excessive. Au contraire, on peut être oisif, sans être en repos, parce qu' on peut éprouver dans l' oisiveté du trouble, de l' agitation, de l' inquiétude. L' Ab. Trublet.
   REPOSER, 1°. actif, mettre dans une situation tranquille. "Reposer sa jambe sur un tabouret, sa tête sur un oreiller. "Cela repôse le teint, le rend frais; repôse les humeurs, les calme. = 2°. Neutre, dormir. "Il n' a pas reposé de toute la nuit. _ Être dans un état de repôs. "Il ne dort pas, il repôse. = 3°. Être placé: c' est dans ce lieu que le st. Sacrement repôse, que repôsent les reliques de ce Saint; que le corps de ce Hérôs repôse. Et figurément.
   Je laisse à votre zèle à régler toute chose,
   Et ce n' est qu' en vous seul que mon espoir repôse.
       Rousseau.
= 4°. En parlant des liqueurs, se rasseoir. "Cette eau est trouble: il faut qu' elle repôse quelque tems. "Quand ce vin sera reposé, il sera bon. = 5°. Laisser reposer: il devient alors actif. "Laisser reposer du vin, une liqueur. Laisser reposer une terre labourable, la laisser en jachères. Laisser reposer un ouvrage, le garder quelque tems sans le relire, afin de le revoir plus à loisir. Laisser reposer ses esprits, les laisser rasseoir, se calmer, aprês le mouvement de quelque passion violente. = 6°. Se reposer: cesser de travailler, d' agir. "Qui s' amuse se repose; c' est même la meilleure manière de se reposer: un repos ennuyeux n' en seroit point un. L' Ab. Trublet. = Se reposer sur quelqu' un de quelque afaire; s' assurer sur les soins qu' il en prendra. "Je m' en repôse sur vous.
   À~ servir ton dessein nous contribûrons tous,
   Et tu peux du succès te reposer sur nous.
       Rousseau.
= On le dit même des chôses en régime. "Ils se repôsent de leur élévation sur leurs titres. Massill.
   Rem. Reposer, au propre, a un sens diférent, suivant qu' il est réciproque ou neutre. Reposer signifie, ou être en repôs, ou dormir; mais se reposer n' a que le 1er sens. "Le Saint étant une nuit en oraison... à l' heure que les Religieux se reposoient. Vie de S. Jean de la Croix. Il falait, à l' heure qu' ils reposoient. = Reposer, au figuré, se dit des chôse inanimées. "Ces lèvres où repôse le sourire. Jér. Dél. "Les intérêts bien entendus du Monarque reposeront toujours sur la fidélité et la justice.
   REPOSÉ, ÉE, adj. "Cheval frais et reposé. Eau reposée. Teint reposé, tel que les jeunes persones ont acoutumé de l' avoir, quand elles ont bien reposé la nuit. Il ne se dit que des femmes. Acad. _ Rousseau le dit d' un homme; mais il le met dans la bouche du flateur.
   Avez-vous vu jamais
   Un teint plus vif, un air plus réposé, plus frais
   Que celui que Monsieur montre sur son visage.
= À~ tête reposée, adv. Mûrement et avec réflexion.
   REPOSÉE, s. f. Lieu où une bête faûve repôse. "Ils ont trouvé le cerf à la reposée.
   REPOSOIR, autel qu' on élève dans les lieux ou pâsse la procession de la Fête-Dieu, pour y faire reposer le Saint-Sacrement.

REPOUSSABLE


*REPOUSSABLE, adj. REPOUSSANT, ANTE, adj. REPOUSSEMENT, s. m. REPOUSSER, v. act. et neut. REPOUSSOIR, s. m. [Re-pou-sable, san, sante, seman, , soar: 1re e muet, 3e dout. au 1er, lon. aux deux suivans, e muet au 4e, é fer. au 5e.] Repousser est, 1°. Rejeter, renvoyer. "Repousser la balle. = 2°. Pousser et faire reculer. "Il voulait entrer, mais on le repoussa. "Les troupes furent repoussées à la brèche. = Repousser la force par la force. = Figurém. Repousser une injûre, la calomnie, la râillerie, une tentation, une mauvaise pensée.
   Souffrir qu' on vous propose un projet insensé,
   Sans que du moindre mot vous l' ayez repoussé.
       Molière.
= V. n. Sans régime, en parlant d' un ressort qui a trop de force. "Ce ressort repousse trop, ne repousse pas assez. = En parlant des armes à feu, il se dit, quand la crosse done rudement contre l' épaule de celui qui tire. "Un fusil repousse, quand il est trop chargé. = 3°. Neutre, aussi: pousser de nouveau, en parlant des arbres. "Arbre qui repousse, qui repousse du pied: il repoussera bientôt. "On a coupé l' arbre; on ne l' a pas arraché: voyez comme il repousse. Cic. à Atticus Montgault. Et activement: il a repoussé de plus belles branches.
   * Repoussable est du style burlesque. Qui peut, ou qui doit être repoussé. Un marquis repoussable. Mol.
   *REPOUSSANT, qui repousse, qui choque, qui déplait. Néologisme fort à la mode. Il se dit des chôses. Air repoussant, manieres repoussantes. "Monsieur le M... veut nous dissimuler, et se dissimuler à lui-même cet éfet trop repoussant. L' Ab. Grosier, parlant du mélange d' objets sacrés et profanes, dont l' incohérence est monstrueûse. "L' image repoussante des outrages que l' erreur a ôsé faire à la vérité. Mde B... Préf. de l' Hist. des Tud. "Cette âpre et repoussante raison, qui trouve toujours, dans son indiférence pour le bien public, le premier obstacle à tout ce qui peut le favoriser. J. J. Rouss. "Il (Tibère) les afoiblissoit en quelque sorte (ces actions généreûses) par l' air repoussant dont il les acompagnoit. Linguet. = Il se dit ordinairement des chôses, et doit précéder le substantif. Dans la phrâse suivante, il est heureûsement apliqué aux persones, et il précède élégamment. "C' est le règne des mères tendres et non des repoussantes marâtres. L' Ab. Du-Serre-Figon.
   REPOUSSEMENT, action de repousser, ne se dit que d' une arme à feu, qui repousse. "Le repoussement de son fusil lui a fait une contusion.
   REPOUSSOIR se dit de plusieurs chôses dans les Arts. _ Cheville de fer, qui sert à faire sortir une aûtre cheville. _ Instrument dont les Dentistes se servent pour arracher les dents. _ Cheville de fer, taillée en pointe, à l' usage des Maréchaux-Ferrans, etc. etc.~ = Les Peintres noment repoussoir des éfets vigoureux de couleurs, ou três-ombrés, qu' on place sur le devant d' un tableau, pour faire paraître les aûtres objets plus éloignés.

RÉPRÉHENSIBLE


RÉPRÉHENSIBLE, adj. RÉPRÉHENSION, s. f. [Répré-ansible, sion, en vers, si-on] Répréhension: réprimande, blâme. Répréhensible, qui mérite répréhension. "Cela est répréhensible, digne de répréhension, sujet à répréhension.

REPRENDRE


REPRENDRE, v. act. [Reprandre: 1re et dern. e muet, 2e. lon. _ Il se conjugue comme prendre.] 1°. Prendre de nouveau. "Reprendre une Ville: reprendre à son service un domestique. "Il a repris sa place, etc.
   Je lui dois tout. Il me chasse aujourd' hui.
   Obéissons. Ses bienfaits sont à lui:
   Il peut user du droit de les reprendre.
       Nanine.
= 2°. Saisir de nouveau. "On a repris ce prisonier, qui s' était sauvé. = 3°. Continuer ce qui avait été interrompu. "Reprendre le discours, la conversation. "Après cette interruption, il reprit ainsi son discours. _ Au Palais, reprendre une instance. = 4°. Rétablir, ranimer. "Reprendre ses forces, ses esprits, son haleine. Reprendre courage. = Reprendre un mur sous oeuvre; en rebâtir les fondemens. _ Reprendre une toile, une étofe, etc. les rejoindre. = 5°. Réprimander, blâmer. "Reprendre doucement, ou aigrement, rudement. "Il l' a repris avec beaucoup de sévérité. Il est facile de reprendre, dificile de faire mieux. = Se reprendre; se corriger, se rétracter. "Il dit un mot pour un aûtre; mais tout de suite il se reprit. "Il laissa échaper un terme injurieux; mais tout de suite il se reprit. = 6°. Critiquer, trouver à redire. En ce sens, il se dit sur-tout à l' infinitif, ou sans régime: "Quelque excellent que soit un ouvrage, il y a toujours à reprendre; ou avec à, dans, etc. "Il trouve à reprendre aux meilleurs ouvrages, dans les Auteurs les plus illustres. "Je ne trouve rien à reprendre à, ou dans ce passage. "Au lieu d' être fâché d' avoir tort, et charmé d' être repris, on ne se reproche point l' un, et l' on ne peut souffrir l' autre. D' Oliv. Pens. de Cic. = 7°. V. n. En parlant des arbres transplantés, prendre de nouveau racine. "Cet arbre a bien repris; on le dit aussi des grèfes. = 8°. Se reprendre, se refermer, se rejoindre, en parlant des chairs qui ont été coupées, etc. "La plaie se reprend, les chairs se reprènent.
   Rem. En parlant des maux qui reviènent, Mde. de Sévigné fait reprendre, tantôt actif, tantôt neutre. "La fièvre tierce l' a reprise: "La fièvre a repris traiteusement à Mde De La Fayette. Je ne condamnerais pas le premier, mais le 2d est le meilleur, le plus sûr, le plus conforme au bel usage et à l' analogie: j' aimerais mieux dire, la fièvre lui a repris, que l' a repris. "Ce sombre accês d' enthousiasme ne reprit plus aux Puritains de la nouvelle Angleterre. Rayn.

REPRENANT


*REPRENANT, ANTE, adj. et subst. REPRENEUR, s. m. Vieux mots. Celui, celle qui reprend, qui réprimande, qui critique.
   Va, traitre, dit la reprenante,
   Tu ne t' en châtiras jamais.
       D' Aubigné.
Voy. CHâTIER. = "Les vieillards sont de grands repreneurs. Trév.
   Ces repreneurs fâcheux me sont tous en horreur.
       Théophile.

REPRÉSâILLES


REPRÉSâILLES, s. fém. plur. [1re et dern. e muet, 2e é fer. 3e lon.] Butin qu' on fait sur l' énemi pour se dédomager de celui qu' il a fait sur nous. Droit de représâilles; user de représâilles; il s' est emparé de ce château par représâilles. = Quelques-uns, dit l' Acad. emploient le singulier: une représâille, par représâille. Elle ne les blâme, ni ne les loue. Le pluriel est de beaucoup plus usité. = Par extension, on le dit des particuliers, qui repoussent une injûre, une râillerie, par une autre injûre, ou une aûtre râillerie. "On méprise ici (à Paris) le ton qui règne dans les Provinces: n' aurions nous pas droit d' user de représâilles? L' Ab. Reyre, Éc. des Dem.

REPRÉSENTANT


REPRÉSENTANT, ANTE, adj. et subst. REPRÉSENTATIF, IVE, adj. REPRÉSENTATION, s. fém. REPRÉSENTER, v. act. [Re--prézantan, tante, tatif, tive, ta-cion, : 1re e muet, 2eé fer. 3e lon.] Représenter est 1°. exposer devant les yeux. "Représenter un contrat en original. "Se faire représenter les registres. = 2°. Rapeler l' idée de. "Un Ambassadeur représente le Souverain qui l' envoie. "Représentez-vous ce qui arriverait si, etc. "À~ la vue de ces lieux, il s' est représenté si vivement la perte qu' il avait faite, qu' il est tombé évanouï entre les bras de ses domestiques. Il régit quelquefois la conjonct. que. "Représentez-vous que vous arrivez dans une île inhabitée, etc. = 3°. Être le type, la figûre de... "Les cérémonies de l' anciène Loi représentaient les Mystères de la Loi nouvelle. = 4°. Exprimer, figurer par le pinceau, le ciseau ou le burin. "Ce tableau représente la Ste. Famille, etc. = Par extension, exprimer par le récit, par le discours. "Cet Orateur, ce Poète représente si vivement les chôses qu' on croit les voir; ou par l' action ou le geste acompagnant le discours. Représenter une pièce de Théâtre, un personage. "Les Comédiens ont représenté Andromaque: celui qui représentait Pyrrhus, l' a fort mal représenté. = 5°. Tenir la place de: "Un Gouverneur de Province représente le Roi; celui qui à une procuration représente la persone dont il a reçu le pouvoir. "Dans le partage des successions, les enfans, en certains câs, représentent leurs pères: ils ont succédé à leurs droits. = 6°. V. n. Paraître en public avec dignité, en parlant d' un homme qui est en place. Il représente bien; ce qui signifie aussi, faire bien les honeurs de sa place par une grande dépense; et quelquefois, en parlant d' un particulier, avoir un grand train, ou faire une grande dépense. = 7°. Remontrer. "Je lui ai représenté son devoir. Il leur représenta quelle gloire ils pouvaient aquérir, combien il était facile d' exécuter cette entreprise, que les énemis n' étaient pas sur leurs gardes, etc. "Tout ce qu' on a pu lui représenter n' a servi de rien. = Représenter, Remontrer (synon.) Le 1er signifie exposer à quelqu' un avec douceur ou modestie, des motifs ou des raisons pour l' engager à changer d' opinion, de dessein, de conduite: le second signifie, exposer à quelqu' un avec plus ou moins de force, ses devoirs, pour le détourner ou le ramener d' une faûte, d' une erreur. Vous me représentez ce que je semble oublier: vous me remontrez ce que je dois respecter. On représente également à ses inférieurs, à ses supérieurs: on remontre sur--tout à ses inférieurs, et même à ses supérieurs, mais avec les égards et les respects d' une humble suplication. Extr. des Syn. Fr. de M. l' Ab. Roubaud.
   Rem. Quand on parle des qualités des persones et des chôses, on dit représenter comme: il lui représenta les énemis comme si faibles et l' expédition comme si facile, qu' il l' encouragea à l' entreprendre. Plusieurs Auteurs retranchent comme. "Vous me le représentez (cet Abé) un fort honête homme. Sév. Il faut dire, comme un fort honête homme. = Dans le sens de peindre, d' exprimer, on dit, représenter naïvement, vivement. * Bossuet dit, representer au vif. Je doute que cette expression soit usitée.
   REPRÉSENTATION a presque tous les sens de son verbe. "La représentation des titres. "La réprésentation d' une batâille, d' une tragédie, d' une comedie, d' un opéra, etc. Faire des représentations, des remontrances. "Il a partagé avec ses oncles par représentation, par droit de représentation; comme représentant son père. = On dit d' un homme grand, bien fait, qui a bone mine: c' est un homme d' une belle représentation. On apèle aussi représentation une forme de cercueuil sur laquelle on étend un drap mortuaire. On s' en sert dans les services qu' on fait pour les Morts.
   REPRÉSENTANT se dit, et de ceux qui, dans des cérémonies publiques, tiènent la place des persones qui auraient droit d' y faire quelque fonction; et de ceux qui sont apelés à une succession, du chef d' une persone prédécédée dont ils exercent les droits; et de ceux qui ont le droit des héritiers par vente, échange, etc.
   Rem. Quand représentant est subst. il régit le génitif; et quand il est participe, il gouverne l' acusatif: cet enfant a partagé avec ses oncles comme le représentant de son père, ou comme représentant son père: "Ils avoient gouverné, dit M. Moreau, come représentans le Souverain. Cette s est sans doute une faûte d' impression. Il faut dire sans décliner, comme representant le Souverain; ou en déclinant, comme les représentans du Souverain.
   REPRÉSENTATIF, qui représente, ne se dit que des chôses. "Les Ambassadeurs ont le caractère représentatif. "Les cérémonies de l' anciène Loi étaient représentatives des mistères de la Loi nouvelle. * L' Ab. Prévôt, traduisant trop litéralement M. Hume, l' emploie substantivement au lieu de représentant et le dit des persones. "La confiance du Peuple est ordinairement dans ses représentatifs. "Pour représentatifs~ du corps de l' armée, on élut dans chaque compagnie deux Soldats, ou deux bâs Oficiers. Hist. des Stuarts. C' est un anglicisme: representative.

RêPRIMANDE


RêPRIMANDE, s. f. RÉPRIMANDER, v. act. [1re é fer. 3e lon. 4ee muet au 1er, é fer. au 2d.] Ils expriment l' action de reprocher à quelqu' un sa faûte, avec autorité. Faire une réprimande, des réprimandes; et sans article, faire réprimande. "Il lui a fait une sévère réprimande; il l' a fort réprimandé. "Je lui en ferai réprimander; je l' en réprimanderai.

RÉPRIMANT


RÉPRIMANT, ANTE, adj. RÉPRIMER, v. act. [1re é fer. 3e lon. aux deux premiers, é fer. au 3e] Réprimer, c' est arrêter les progrês; contenir. "Réprimer les abus, les malversations, la licence; ses passions, son ardeur, son impétuosité. "La sévérité des lois réprime les méchans, etc. "Le Gouvernement n' a-t-il pas plus d' intérêt encore de veiller à ce qu' on n' empoisonne par les esprits, que de réprimer ceux qui pourroient altérer la santé de quelques citoyens. Paliss.
   REPRIMANT, qui réprime, adjectif verb. assez nouveau, mais dont on peut bien augurer. "Cela doit être atribué à des moeurs plus douces, et à une Religion plus réprimante. Montesq. "Voilà l' heureux effet de ces règles austères et réprimantes. L' Ab. Du-Serre-Figon, Panég. de Ste Thérèse = Secours réprimant, action réprimante. Voullonne.

REPRISE


REPRISE, s. fém. [Reprîze: 1re et dern. e muet, 2e lon.] 1°. Continuation de ce qui a été interrompu. "Cet ouvrage a été fait à plusieurs reprises. _ La reprise d' un procês. = 2°. La seconde partie d' un air, d' une chanson. "La reprise vaut mieux que le comencement. 3°. = La réparation d' un mur repris sous oeuvre. 4°. Il se dit d' une étofe, d' une dentelle, qui, ayant été déchirée, a été racomodée. = 5°. Vaisseau qui a été repris sur la Nation, sur laquelle il avait été pris.
   Rem. On dit ordinairement, à diférentes reprises, à plusieurs reprises (n°. 1°.) Fontenelle et Pluche ont dit simplement à reprises: "Les étoiles paroissoient briller à reprises: "Monter et s' élever par degré et à reprises. C' est contre l' usage.

RÉPROBATION


RÉPROBATION, s. f. *RÉPROBATEUR, s. m. [Réproba-cion, bateur: 1re é fer.] Action de réprouver. Celui qui réprouve. = Le premier ne se dit que de ceux que Dieu a réprouvés. "C' est une marque de réprobation que de n' aimer pas la parole de Dieu. = Le second est de l' invention de M. Du Buisson.
   Mon état est marqué d' un seau réprobateur.
   Pour qui vit dans la honte, il n' est point de bonheur.
       Le vieux Garçon.
Ce mot paraît heureusement inventé; mais il a besoin du sceau de l' usage.

REPROCHABLE


REPROCHABLE, adj. REPROCHE, s. m. REPROCHER, v. act. [1re e muet; 3e dout. au 1er, e muet au 2d, é fer. au 3e.] Reproche est ce qu' on objecte à une persone pour lui faire honte. Reprocher, faire des reproches. "Il lui a reproché ses défauts, ses faûtes; il lui en a fait reproche, ou, des reproches.
   De reproches sans nombre accablez-moi sans crainte:
   Les plus sanglans de tous sont ceux que je me fais.
       La Chaussée.
= Ils sont quelquefois suivis de la prép. de et de l' infinitif. "Pouvez-vous me faire le reproche, ou me reprocher de vous avoir abandoné dans votre infortune?
   Ne vous attirez point le reproche honteux
   D' avoir pu mériter d' être si malheureux.
       Crébillon.
On dit, adverbialement, sans reproche, et on le dit en reprochant. "Dieu sait, sans reproche, combien de fois je lui ai sacrifié ma volonté. Mariv. = Homme, vie sans reproche. Là, reproche, a le sens passif: à qui l' on ne peut rien reprocher: "Cette exactitude à ne confier les bénéfices auxquels il devoit pourvoir, qu' à des hommes choisis et sans reproche BOURDAL. Or. Fun. du Grand Condé. = On dit, reprocher un plaisir, un bienfait, les remettre devant les yeux à celui qui les a reçus, comme l' acusant de les avoir oubliés. C' est, en quelque sorte, décharger de la reconaissance~ que de reprocher les bienfaits.
   Un bienfait reproché tint toujours lieu d' ofense.
       Iphigénie.
= En st. famil. Reprocher les morceaux à quelqu' un; c' est lui faire sentir qu' il mange beaucoup, et paraître y avoir regret. = En termes de procédûre, reproches sont les raisons que l' on produit pour récuser des témoins; et reprocher, fournir des reproches contre.
   REPROCHABLE, digne de reproche, d' être reproché. Action reprochable: "Espèce d' afectation bien plus reprochable; la déclamation, l' enflure, le faux sublime. L' Abé Trublet. Il est peu usité en ce sens. = Son plus grand usage est au Palais; en parlant des témoins. "Ce témoin, ce témoignage est reprochable~.

RÉPRODUCTION


RÉPRODUCTION, s. f. RÉPRODUIRE, v. act. [Réproduk-cion, duire: 1re é fermé. = Plusieurs ne mettent point d' accent, et cela est plus conforme au sens et à l' analogie. L' Acad. ne met que le substantif avec l' accent; mais elle parle de la queue des lezards, qui se reproduit lorsqu' elle a été mutilée; et elle ne met point d' accent au verbe. Ainsi, celui-ci aurait l' e muet, et le substantif l' é fermé: autre bizarrerie de l' usage.] Ils expriment l' action par laquelle une chôse est de nouveau produite. Ce sont termes de Physique et de Botanique. Voltaire en a étendu l' usage. "Florence, à laquelle on doit la réproduction de plusieurs arts anéantis pendant des siècles. Cette Compagnie des Indes, reproduite de nos jours par des secousses singulières, fut pendant quelques années une des plus grandes ressources du Royaume. Volt.

RÉPROUVER


RÉPROUVER, v. act. [1re et dern. é fer.] Rejeter, désaprouver, condamner. "Doctrine que la Foi réprouve, que l' Église a réprouvée. = Condamner aux peines éternelles. "Ceux que Dieu a réprouvés. = On dit, substantivement, un réprouvé, les réprouvés. = En st. famil. on dit, d' un homme qui a une phisionomie mauvaise, qu' il a un visage de réprouvé; et d' un méchant homme, que c' est un réprouvé; qu' il vit en réprouvé.
   Rem. Quand réprouvé est subst. il s' emploie sans régime.
   Il ne voit plus en moi qu' un Despote cruel,
   Un Souverain injuste, un réprouvé du Ciel.
       Cromvel.
L' Auteur devait dire, en faisant ce mot participe, et réprouvé du Ciel. Peut être est-ce une faûte du copiste. = Abandoner quelqu' un à son sens réprouvé: expression consacrée: le laisser dans l' erreur à cause de son obstination.