Dictionnaire critique de la langue française Dictionnaire critique de la langue française 1787 Français 2007-4-4 ARTFL Converted to TEI


Q



Q


Q, s. m. [prononcez ku.] La 17e lettre de l' Alphabet et la 13e des consones. = Il est toujours suivi d' un u, qui est ordinairement muet; et ces deux lettres ainsi réunies ont le son du k devant toutes les voyèles. * Dans piquûre il faut deux u, et ceux qui ont écrit et qui écrivent piqûre, avec un seul u ont dérogé et dérogent à l' analogie. Par la même raison, on doit écrire quelqu' un, et non pas quelqun, comme écrivent quelques Auteurs ou Imprimeurs. = Dans quadragénaire, quadragésisme, quadrangulaire, quadratûre, quadrige, quadrilatère, quadrupède, quadruple, quaker, quanquam, quasimodo, quoi, aquatique, équateur, équation, il se prononce en koua: kouadrangulère, etc. Dans équestre, l' u se prononce, ékuèstre = Le q final se prononce comme un k: coq, cinq: prononcez, cok, ceink; ce qui doit s' entendre quand ces mots finissent la phrâse, ou qu' ils sont placés devant une voyelle; car lorsqu' ils précèdent une consone, on ne prononce pas le q final.

QUADèRNES


QUADèRNES. Ancien mot du jeu de tric--trac. On dit aujourd' hui carmes. Deux quatre.

QUADRAGÉNAIRE


QUADRAGÉNAIRE, adj. et s. [Koua--dragénère: 3e é fer. 4e è moyen et long, 5e e muet.] Qui est âgé de quarante ans. "Homme ou femme quadragénaire. "Il ou elle est quadragénaire. "C' est un ou une quadragénaire.

QUADRAGÉSIME


QUADRAGÉSIME, s. f. QUADRAGÉSIMAL, ALE, adj. [Koua-dragézime, zimal, male: 2e é fermé.] Quadragésime ne se dit que dans cette phrâse: le Dimanche de la Quadragésime, le premier Dimanche du Carême. = Quadragésimal, qui est du Carême. "Jeune quadragésimal. Abstinence quadragésimale. C' est tout l' emploi de ce mot.

QUADRAIN


QUADRAIN, QUADRAN, voy. QUATRAIN, CADRAN.

QUADRANGULAIRE


QUADRANGULAIRE, adj. [Koua--drangulère: 4e è moy. et long, 5e e muet.] Qui a quatre angles. "Figûre quadrangulaire.

QUADRAT


QUADRAT, ou CADRAT, s. m. [Ka--dra.] Terme d' Imprimerie. Morceau de fonte plus bâs que la lettre, qui sert à faire un blanc en imprimant.

QUADRATûRE


QUADRATûRE, s. f. On prononce Koua--dratûre, en Géométrie~ et en Astronomie, (la quadratûre du cercle: la lune est en quadratûre avec la terre) et kadratûre en termes d' Horlogerie. Assemblage des pièces qui servent à faire marcher les aiguilles du Cadran, etc. Il serait mieux d' écrire en ce dernier sens cadratûre.

QUâDRE


QUâDRE, voy. CâDRE.

QUâDRER


QUâDRER, ou CâDRER, v. n. [Kâ--dré: 1re lon. sur-tout devant l' e muet: il quadre ou câdre; il quâdrera ou câdrera: la 2de manière d' écrire comence à prévaloir. Voy. Câdrer sous la lettre C.] Avoir de la convenance avec. "Cette réponse quâdre aussi bien avec mon explication qu' avec la vôtre. Le P. Paulian, Let. sur l' Électr.

QUADRIGE


QUADRIGE, s. m. [Koua-drige.] Terme d' Antiquaire. Char monté sur deux roûes, et atelé de quatre chevaux de front.

QUADRIENNAL


QUADRIENNAL, Voy. QUATRIENNAL.

QUADRILATèRE


QUADRILATèRE, s. m. [Koua-drila--tère: 4e è moy. et long, 5e e muet.] Terme de Géométrie. Figûre de quatre côtés.

QUADRILLE


QUADRILLE, s. m. et fém. [Kadriglie: mouillez les ll.] Il est masculin, quand on parle d' un jeu d' hombre, qui se joûe à quatre. "Faire un quadrille: jouer une partie de quadrille. Il est féminin, pour signifier une troupe de Cavaliers rangés pour un carrousel.

QUADRILLONER


*QUADRILLONER, v. n. Il s' est dit autrefois pour carrilloner, parce que cette espèce de musique se faisait autrefois avec quatre cloches. En Bourgogne, où l' on n' employoit à cela que trois cloches, on a dit treseler. LA MONN.

QUADRUPèDE


QUADRUPèDE, adj. et subst. [koua--drupède: 3e è moy. 4e e muet.] Qui a quatre pieds: "Animal quadrupède. = S. m. "Un quadrupède, les quadrupèdes.

QUADRUPLE


QUADRUPLE, s. m. et adj. QUADRUPLER, v. n. [Koua-druple, druplé.] Quadruple, quatre fois autant. "Payer le quadruple. "Condamner au quadruple: "Vingt est le quadruple ou est quadruple de cinq. = S. m. Quadruple, aûtrefois double pistole d' Espagne; aujourd' hui pièce de quatre pistoles. _ Plusieurs le font féminin et disent une quadruple, et l' analogie autorise ce genre; c' est comme qui dirait, une pistole quadruple. Les Dictionaires, et même celui du Citoyen, le marquent ou l' emploient comme masculin. "Le quadruple, un quadruple.
   QUADRUPLER, ajouter ou rendre trois fois autant. "Il a quadruplé cette somme, ou cette somme a quadruplé dans le comerce. Mille écus ont produit douze mille francs. C' est ce qu' on apèle, en style mercantille, faire quatre cens pour cent.

QUAI


QUAI, s. m. [Ké, é fer.] Levée faite entre la rivière, ou l' eau d' un port et les maisons, pour la comodité du chemin, et pour empêcher le débordement dans les crûes d' eau. "Maison bâtie sur le quai, qui done sur le quai.

QUAICHE


QUAICHE, s. fém. [Kèche: 1re è moy. 2e e muet.] Petit vaisseau à un pont. "La quaiche est mâtée en fourche comme l' Yacht.

QUALIFICATEUR


QUALIFICATEUR, s. m. QUALIFICATION, s. fém. QUALIFIER; v. act. QUALITÉ, s. fém. [Kalifikateur, kacion, fi-é, lité: dern. des deux dern. é fer.] Qualité est , 1°. Ce qui fait qu' une chôse est telle, bone ou mauvaise, etc. "Bonté, petitesse, beauté, laideur, etc. sont des qualités. = 2°. Disposition, talent. "Les qualités du corps et de l' esprit. "Homme, persone qui a de bones, râres ou belles qualités, etc. = 3°. Noblesse distinguée. "Homme, femme de qualité, de grande qualité. = 4°. Titre qu' on prend: Il prend la qualité de Prince, de Duc, d' Écuyer, etc. = Au Palais, les qualités d' un Arrêt, tout ce qui précède le dispositif. _ Dans un Jugement rendu sur apointement, on dit, le vu. = Qualité, talent (synon.) Les qualités forment le caractère de la persone; les talens en font l' ornement. On peut se servir du mot de qualité en bien ou en mal; mais on ne prend qu' en bone part celui de talent. On se fait haïr ou aimer par ses qualités: on se fait rechercher par ses talens. Des qualités excellentes, jointes. à de râres talens, font le parfait mérite. GIR. Synon. = Qualité dit plus que condition, et homme de qualité est en notre langue quelque chôse de plus que, homme de condition. Que si on ajoute première ou grande, cela dit encôre davantage. "Homme de grande qualité, de la première qualité. BOUH. = On dit, absolument et sans épithète, qu' un vin a de la qualité, pour dire qu' il a une sève qui le distingue des aûtres.
   En qualité de, adv. Il doit se raporter au sujet de la phrâse. "Elle lui portoit un grand respect, en qualité de son Confesseur. Vie de S. Jean de la Croix. Il falait, comme à son Confesseur, ou bien en qualité de sa pénitente. = En ma qualité, en sa qualité de, autre adverbe. "Étoit-ce en leur qualité de Toscans qu' ils étoient ivrognes et gloutons, ou en leur qualité de Musiciens? Je l' ignore. L' Ab. De Lille.
   QUALIFIER, c' est marquer de quelle qualité est une chôse, une proposition (la Sorbonne a qualifié cette proposition d' erronnée, d' impie: on a qualifié ce duel de rencontre) ou une persone (qualifier quelqu' un de fourbe, d' imposteur). Quand on parle de titre, on retranche la prép. de. "L' Arrêt le qualifie Chevalier, Duc, Marquis, etc. Il se qualifie Docteur, Bourgeois de Paris, etc. Cependant, dit l' Acad. on dit, dans la conversation, qualifier de... Ses Amis le qualifient de Duc. "Il se qualifie de Marquis: il ne l' est pas.
   QUALIFIÉ, adj. Homme de qualité. "Il est qualifié: c' est une persone qualifiée. = Au Palais, considérable. "Crime qualifié.
   QUALIFICATEUR ne se dit qu' en parlant des propositions et des crimes qui ont raport à la Foi. C' est le nom qu' on done en Italie et en Espagne aux membres de l' Inquisition, dont la charge est de qualifier, de déterminer par leur avis la qualité d' un crime quelconque déféré à ce Tribunal.
   QUALIFICATION a les deux sens de qualifier. Atribution d' une qualité, d' un titre. Qualification d' une proposition. "Qualification de Marquis, de faussaire, etc. Il est un Auteur assez conu, qui s' est doné l' une sans fondement, à qui l' on a doné l' aûtre avec justice. Voy. Le Tartufe Épistolaire.

QUAND


QUAND, conjonction. [Kan. Devant une consone, le d ne se prononce pas: devant une voyèle ce d prend le son du t: quand il viendra: pron, kan-til viendra.] Il régit l' indicatif: quand vous viendrez: quand viendrez-vous? = Il est aussi conjonction conditionelle ou concessive; et alors il régit les tems conditionels. Quand il le voudrait, je ne le ferais pas. Quand il y aurait consenti, cela n' aurait servi de rien. Dans le dernier emploi, on ajoute souvent à quand l' adverbe même: quand même cela serait, etc. Aûtrefois on disait, quand bien même. = Rem. 1°. Que même est nécessaire avec quand, lorsque le verbe qui précède est au présent. "Les bêtes peuvent avoir de semblables mouvemens, quand elles ne seraient que de pures machines. Mallebr. Je crois qu' il faut, quand même elles ne seraient, etc. ou bien dire: les bêtes pourraient avoir, quand elles ne seraient, etc. = 2°. Quoique quand bien même soit un peu vieux, on peut s' en servir quelquefois pour doner plus d' énergie à l' assertion qu' on veut faire. "Quand bien même nous ne serions pas assurés du sufrage des honêtes gens... nous aurions assez de courage pour, etc. Sabat. Trois Siecle, etc. = 3°. Le conditionel doit être placé dans l' un et l' aûtre membre de la phrâse. La phrâse suivante est vicieûse. "Quand je mourrai, je ne m' aquiterai jamais, etc. = 4°. Il me semble aussi que lorsque quand est conjonction conditionelle et concessive, l' auxiliaire aurait vaut mieux que l' auxil. eût:
   Quand même tes soupçons.......
   N' eussent point découvert l' infortuné Thyeste.
J' aimerais mieux dire, n' auraient point découvert. = 5°. Lorsqu' il y a dans la phrâse deux membres régis par quand, on met que devand le 2d, au lieu de répéter quand: "Quand vous serez arrivé, et que vous vous serez reposé.
   QUAND est aussi conjonction interrogative. "Quand cesserez-vous de me persécuter? = Il s' unit aux prépositions à, de, pour, jusqu' à. "À~ quand votre départ? Marm. "De quand sont vos jambons? La Fontaine. "Pour quand me donez-vous parole? "Jusques à quand me persécuterez-vous? Acad.
   Rem. Lorsque quand est placé à la tête de la phrâse et que le sens est interrogatif, le nominatif se met après ou devant le verbe: il se met après quand le nominatif est un pronom, ou quand le verbe est sans régime: "Quand viendrez-vous? quand viendra cet homme? Il se met devant quand c' est un nom et que le verbe est au passif, ou qu' il a un régime. Alors le nom précède le verbe, et on ajoute après le pronom personel, il ou elle, de sorte qu' il y a deux nominatifs qui n' en font qu' un. "Quand cet homme sera-t-il fatigué de tant de courses? "Quand cette femme commencera-t-elle à réfléchir. * M. Moreau met le nom nominatif aprês le verbe: "Quand recevra sa dernière sanction ce contrat? Il serait plus régulier de dire: Quand ce contrat recevra-t-il, etc. = * Quelques-uns mettent le pron. avant et le nom aprês. "Quand viendra-t-il cet homme? Ordinairement c' est un barbarisme de phrâse. Cependant quand ce nom doit être suivi d' une phrâse incidente, sur-tout quand elle a plusieurs membres, non-seulement il est permis, mais il est élégant de se servir de cette construction: "Quand cessera-t-il de calomnier la vertu, cet homme qui en a conu tout le mérite, qui, dans un tems, l' a si fort exaltée, et qui n' a comencé à la noircir, que lorsqu' il a désespéré d' y ateindre, etc. = En interrogeant, on dit souvent, quand est-ce que pour quand, mais alors on n' ajoute pas le pronom aprês le verbe. On dira avec quand: "Quand cette femme quitera-t-elle le monde qui la méprise? et avec quand est-ce que, on dira; quand est-ce que cette femme quitera le monde, etc. = Racine met dans une phrâse pareille le nominatif entre l' auxiliaire et le participe:
   Quand sera le voile arraché,
   Qui sur tout l' Univers jette une nuit si sombre?
Je ne sais si cette construction peut être bone en vers, mais en prôse, elle ne vaudrait rien. * On a dit aûtrefois quant et moi pour avec moi, et le peuple dit encôre, en certaines Provinces, quant et quand nous, pour, en même tems que nous. "Ils sont arrivés quant et quand nous. On disait aussi quand et quand sans régime, en même tems. "La faveur que me font trois excellentes persones me soulage de toutes mes peines; et m' en donne quand et quand une nouvelle de pouvoir m' en rendre digne. Voit.

QUANQUAM


QUANQUAM, QUANQUAN, s. m. Le premier se prononce Kouan-kouan: c' est un terme de collège, qui signifie une petite harangue latine, prononcée par un écolier. = Le second se prononce kankan, et veut dire, bruit, éclat pour une chôse qui n' en vaut pas la peine. "Faire un quanquan, un grand quanquan de... L' origine de celui-ci vient des disputes des Ramus sur la prononciation de quisquis et de quanquam qu' on s' était acoutumé de prononcer kiskis et kankan. Ramus s' éleva fortement contre cet abus, et le Parlement décida gravement qu' il falait prononcer kouankouan. Il nous en est resté cette expression proverbiale, qu' une afaire fait bien du quanquan (cancan) quand elle fait beaucoup de bruit. De la Lecture des livres Français.

QUANT


QUANT, adv. [Kant: on prononce le t, parce qu' il est toujours suivi de la prép. à: quant à~ moi, quant à lui, etc.] Pour ce qui est de. "Quant à un tel article; quant à cette afaire, nous le traiterons, nous en parlerons une aûtrefois.
   Rem. Suivant Vaugelas, Ménage, Bouhours, Th. Corneille on ne dit pas quant à moi, quant à lui, quant à vous, etc. il faut dire, pour moi, pour lui, pour vous, etc. Cependant l' Académie ne rejette point cette locution. S' il faut dire mon sentiment, je pense que ces illustres Gramairiens ont raison, si l' on parle du beau style, et que l' Acad. n' a pas tort s' il est question du st. familier. Par exemple, on ne dira plus, comme Malherbe dans une Ode:
   Quant à moi, je dispute avant que je m' engage, etc.
   Quant à nous, étant où vous êtes,
   Nous sommes en notre élément.
Mais on dit et l' on écrit, dans le style familier: quant à moi je ne le crois pas; quant à lui, il ne le veut pas. = Au reste, quant à n' est point un nominatif; il ne peut être le sujet de la phrâse; il doit donc être suivi du pronom personel correspondant, comme sont dans les deux phrâses citées je et il. Des Auteurs ont ignoré cette règle. Quant à Cicéron vouloit; quant à Fulvie prétendoit, etc. Dites, il voulait, elle prétendait.
   On dit, proverbialement, il se met sur son quant à moi; il fait le sufisant.
   * Quant est de moi, pour ce qui est de moi, est tout à fait vieux, et n' est plus bon que pour le marotique.
   Quant est de moi, je n' ai pris tel essor.
   J' ai peu loué: j' aurois mieux fait encor
   De louer moins.
       Rousseau.
* Malherbe dit, quant et moi pour avec moi. On le disait de son tems, mais plusieurs écrivaient quand. Voy. QUAND, à la fin.

QUANTES


QUANTES, adj. fém. pl. [Kante: 1re lon. 2e e muet.] Il ne s' emploie que dans ces locutions; toutes fois et quantes, ou toutes et quantes fois que, etc. Le Dict. de Trév. dès le comencement du siècle les traitait de surannées. L' Acad. même dans les dern. édit. les admet pour le style familier. "Je le ferai toutes et quantes fois que vous voudrez; toutes fois et quantes il vous plaira. "Je ferai cela toutes fois et quantes.
   Rem. Danet écrit toutefois et quantes, sans s à toute, et faisant de toutefois un seul mot: ce sont deux faûtes contre l' usage.

QUANTESFOIS


*QUANTESFOIS, ou QUANTEFOIS, adv. Combien de fois? Quand ce mot était en usage, le 2d était censé le meilleur.
   Quantefois, lorsque sur les ondes
   Ce nouveau miracle flotoit,
   Neptune en ses caves profondes
   Plaignoit-il le feu qu' il sentoit?
Nos Anciens, dit Ménage, se servaient volontiers de ce mot.
   O quantefois Reine et royale Soeur.
       Du Bellai.
  Quantefois une froide peur
  M' a gelé le sang dans le coeur.
      Idem.
Dès le tems de Ménage, il était tout-à-fait hors d' usage; mais comme le mot combien de fois est trop languissant pour être mis en vers, il souhaitait que quelque grand Poète remît quantefois en usage par son autorité. Son souhait n' est pas encôre acompli.

QUANTIèME


QUANTIèME, adj. et subst. [Kan-tiè--me: 2e è moy. 3e e muet.] Il désigne le rang, l' ordre d' une persone, d' une chôse, par raport au nombre. "Le quantième êtes-vous dans votre compagnie? _ Je suis le dixième. = S. m. Il signifie le quantième jour. "Le quantième du mois? De quel quantième vous a-t-il écrit? = Montre à quantième, qui marque le quantième du mois.

QUANTITÉ


QUANTITÉ, s. fém. [Kantité: 1re lon. 3e é fer.] 1°. Il se dit de tout ce qui peut être mesuré ou nombré. Il régit le génitif avec l' art. indéf. de: "Une grande quantité de vin, de pain, etc. = 2°. Il est souvent adverbe et signifie beaucoup. "Il est arrivé quantité de chariots, de soldats, etc. = Alors il ne doit régir que des noms de chôses, qui se peuvent compter. "Quantité de persones, de Noblesse, de Seigneurs même prirent le même parti. Hist. du Droit Écl. Fr. Le régime va bien avec persones et Seigneurs: il va mal avec noblesse. _ Sur l' article que doivent régir les noms qui expriment la quantité. Voy. une Remarque au mot Foule.
   Rem. le P. Barre, dans son Hist. d' All. emploie ce mot d' une manière três-impropre à mon avis. "Il n' étoit considérable, ni par la grandeur de sa naissance, ni par la quantité de ses biens. Il fallait se servir de tout aûtre mot, ou dire, ni par celle de ses biens, quoique cela ne soit pas fort élégant. = En quantité, adv. "Cette terre n' étoit considérable que par le vin qu' elle produisoit en assez grande quantité. Mariv.
   Quand on opose quantité à qualité, on les emploie tous les deux sans régime. "La qualité est souvent préférable à la quantité. "Cet homme ne fait attention qu' à la quantité: il se met peu en peine de la qualité.
   4°. Quantité, en Gramaire, c' est la mesûre des syllabes longues et brèves, qu' il faut observer dans la prononciation. En fait de vers latins, on dit absolument, savoir la quantité. "Coment cet écolier pourrait-il faire des vers latins, puisqu' il ne sait pas la quantité?

QUARANTAINE


QUARANTAINE, s. f. QUARANTE, adj. numéral. QUARANTIèME, adj. et subst. [Karantène, te, tiè-me: 3e è moy. au 1er et 3e, e muet au 2d.] Quarante, quatre fois dix. "Quarante hommes, quarante écus, quarante et un, quarante-deux, etc. ACAD. = Quarantième est un nombre d' ordre, et quarantaine, un nom collectif, exprimant tous deux le nombre de quarante. "Le quarantième jour: dans sa quarantième année: il n' est que le quarantième dans le tableau. "Il a un quarantième dans cette afaire. _ "Une quarantaine d' écus, de louis, etc. _ En st. famil. La quarantaine, quarante ans. "Il a ateint la quarantaine; Il aproche de la quarantaine. _ Jeuner la quarantaine, quarante jours. La Sainte quarantaine, le Carême.
   QUARANTAINE se dit principalement du séjour, que ceux, qui viènent d' un pays infecté ou soupçoné de contagion, sont obligés de faire dans un lieu séparé de la Ville où ils arrivent. "Faire quarantaine, ou la quarantaine. "La quarantaine n' est pas toujours de quarante jours, comme le mot semble l' indiquer. Elle est plus ou moins longue, suivant les circonstances. "Il n' a fait que 10 jours de quarantaine~.

QUARRÉ


QUARRÉ, QUARREAU, QUARRÉMENT, QUARRER, QUARRûRE; voyez CARRÉ, CARRÉMENT, etc. sous la lettre C.
   Rem. Suivant Richelet, on doit dire quarré de mouton, et non pas haut côté de mouton, comme on dit en quelques Provinces. L' Académie avait dabord mis l' un et l' aûtre; elle retrancha ensuite le premier. Elle les a remis tous deux dans la dern. édit. Il parait que le premier est le plus usité.

QUART


QUART, QUARTE, subst. et adj.: QUARTAINE, adj. fém. QUARTAUT, s. m. QUARTE, s. f. QUARTERON, s. m. [Kar, karte, tène, to, te, teron: 2e e muet au 2d, 5e et 6e, è moy. au 3e, dout. au 4e.] Quart signifie quatrième. Il n' est adjectif que dans ces deux phrâses. En termes de Finance, le quart denier; en termes de Médecine, fièvre quarte, qui laisse au malade deux jours d' intervalle. = S. m. La quatrième partie d' un tout. "Rabatre le quart; réduire au quart. "Un quart d' heure; horloge, pendule, qui sone les quarts. "Un quart de lieûe. "Avoir son quart dans une afaire: y entrer pour un quart, pour son quart. = On dit, proverbialement, n' avoir pas un quart d' écu, n' avoir point d' argent. = Quart de cercle ou quart de nonante: instrument de Mathématique. Il contient 90 degrés, qui font le quart de 360, dans lesquels le cercle est divisé. = Levraut trois quarts, ou de trois quarts, qui est presque parvenu à la grandeur d' un lièvre.
   On dit, familièrement, le tiers et le quart, c. à. d. tout le monde. = On apèle le quart d' heure de Rabelais, le tems où il faut payer son écot, ou les ouvrages qu' on a comandés, ou ce qu' on a acheté à crédit.
   QUARTAINE, se dit populairement pour quarte dans cette phrâse: "Vos fièvres quartaines, qu' on dit souvent par imprécation.
   QUARTAUT, vaisseau tenant la quatrième partie d' un muid.
   QUARTE est 1°. une mesûre, contenant deux pintes. = 2°. En termes de musique, l' intevalle de deux tons et demi en montant ou en descendant. = 3°. Autrefois, au jeu de Piquet, quatre cartes de même couleur qui se suivent. On dit aujourd' hui quatrième. = 4°. En termes de droit romain, quarte falcidie ou falcidienne, le quart des biens, qui doit demeurer à l' héritier surchargé de legs. Quarte trébelliene, ou, trébellianique, le quart, qui doit demeurer à un héritier, chargé de rendre l' hérédité à un aûtre.
   QUARTERON est la quatrième partie d' une livre ou de cent. "Un quarteron de beurre, de cerises: un quarteron de noix, de pommes, etc.

QUARTENIER

, Voy. QUARTINIER.

QUARTIER


QUARTIER, s. m. [Kar-tié: 2e é fer.] 1°. La quatrième partie de certaines chôses, comme: un quartier de veau, d' agneau, de mouton. "Un quartier de poire, de pomme. _ Un quartier de terre, de vigne, le quart d' un arpent. _ Un quartier d' étofe, de ruban, le quart d' une aûne. = 2°. Partie d' un tout, quoiqu' elle ne soit pas le quart de ce tout. "Un quartier de pain, de gâteau, d' orange, etc. = 3°. Gros morceau: quartier de lard; quartier de pierre. = 4°. Quartier de soulier, les deux pièces de cuir, qui environent le talon. = 5°. Quartier d' une ville, endroit, qui comprend un certain nombre de maisons. "Paris est divisé en 24 quartiers. = Par extension, on le dit en ce sens d' une certaine étendûe de voisinage. "Tout le quartier fut en rumeur. "Faire les visites du quartier. _ Nouvelles de quartier, qui n' ont guère de cours que dans le quartier, où on les débite. = 6°. Au pluriel, pays, voisinage, en parlant des Provinces et de la campagne. "Cet homme est de nos quartiers: mandez-nous ce qui se pâsse dans vos quartiers. = 7°. L' espace de trois mois, qui fait la quatrième partie de l' année. "Servir par quartier, ou son quartier; sortir de quartier. _ 8°. Ce qui se paye de trois mois en trois mois pour les loyers, pensions, etc. Il doit ou il lui est dû deux quartiers: "On lui a payé son quartier. = En plusieurs ocasions, où il s' agit de payement, quartier signifie la demi-année. = 9°. En termes de guerre, il a plusieurs sens: le campement des troupes. "Ce quartier est bien retranché: ce quartier a été enlevé. _ Quartier d' hiver: l' intervalle de tems compris entre deux campagnes. _ Quartiers de rafraichissement; lieu où des troupes fatiguées vont se remettre et se rétablir, pendant la campagne même. _ Quartier d' assemblée, lieu choisi sur les frontières ou dans le Royaume, où les troupes se rendent, pour, delà, marcher à l' énemi. = Quartier signifie sur-tout le traitement favorable qu' on fait à des troupes vaincûes: demander, doner quartier, ne point faire de quartier.
   Rem. 1°. Suivant le P. Bouhours, il n' y a que les Bourgeoises qui disent notre quartier; les Dames de qualité et celles, qui sont plus du monde disent mon quartier (n°. 5°.) Cependant Mde. de Sévigné, dans une de ses lettres, se sert de la première expression: "Je fus hier dans notre quartier rendre mille visites. L' Acad. dit, dans mon quartier. = 2°. On dit, au figuré, (st. famil.) Faire quartier de, faire grâce de; épargner à: "Je vous fais quartier de ce que je pourrois ajouter. Fonten. _ Demander quartier, demander grâce, demander de n' être pas traité à la rigueur. Au contraire, ne faire aucun quartier, ne point doner de quartier, traiter en toute rigueur. = Mettre en quartiers, mettre en pièces.
   L' ataquer, le mettre en quartiers.
       LA FONT.
En st. prov. La gazette du quartier, femme curieuse d' aprendre et de débiter les nouvelles (ordinairement médisantes) de son quartier.
   À~ quartier, adv. À~ part, à l' écart. "Tirer quelqu' un à quartier. = Mettre à quartier, réserver: mettre de l' argent à quartier.

QUARTINIER


QUARTINIER, s. m. [Karti-nié: 3e é fer. Trév. met quartenier: l' Acad. l' avait d' abord dit de même: elle a mis ensuite quartinier.] Oficier de Ville, préposé pour avoir soin d' un quartier.

QUARTZ


QUARTZ, s. m. [Karze: l' e surajouté très-bref.] Mot emprunté de l' Allemand. Roche de la natûre du caillou ou du cristal, qui se trouve souvent dans les mines.

QUASI


QUASI, adv. [Kazi.] Presque. Ce mot a essuyé de grandes contradictions. Il n' est pas certainement du beau style, mais il est resté dans le style familier. L' Acad. l' aproûve de cette manière. "J' en ai été quasi aussi triste que vous. Sév. "Les arches du Pont-neuf sont quasi comblées. Id. = * Le peuple, en certaines Provinces, dit quasiment. "Je començois, Dieu me pardone, à trembler quasiment. Th d' Éduc. La Rosière.

QUATORZAINE


QUATORZAINE, s. f. QUATORZE, adj. numéral. QUATORZIèME, adj. et subst. QUATORZIèMEMENT, adv. [Katorzène, ze, zième, meman: 3e è moy. au 1er, 3e et 4e, e muet au 2d. En certaines Provinces, plusieurs prononcent douge, treige, quatorge.] Quatorze, dix et quatre. "Quatorze hommes, lieûes, écus, etc. "Deux fois sept font quatorze. "Les Rois de France sont majeurs à quatorze ans. = Il se dit quelquefois pour quatorzième. "Le quatorze de ce mois. Louis quatorze. Voy. MIDI.
   QUATORZAINE ne se dit qu' au Palais de l' espace de quatorze jours: "Les criées se font par quatre Dimanches de quatorzaine en quatorzaine. = Hors de là on ne le dit point. On dit une dixaine, une douzaine, une quinzaine d' écus, de louis, etc. On ne dit ni une onzaine, ni une quatorzaine de, etc.
   QUATORZIèME, nombre ordinal, relatif à quatorze. "Le quatorzième jour. Dans sa quatorzième année. = S. m. Le quatorzième de la Lune, on sous-entend jour. "Ce malade n' ira pas jusqu' au quatorzième. "Je suis dans cette afaire pour un quatorzième.
   QUATORZIèMEMENT, en quatorzième lieu. "Quatorzièmement je dis que, etc. Il est dans Trév. l' Acad. ne le met pas. Elle supôse qu' on peut le former facilement de l' adjectif quatorzième, si l' on a besoin de l' employer.

QUATRAIN


QUATRAIN, s. m. [Ka-trein. On a dit aûtrefois quatrain ou quadrain: le 2d ne se dit plus.] 1°. Petite pièce de vers, qui contient quatre vers, dont les rimes sont ordinairement croisées.
   Et lisez comme il faut, au lieu de ces sornettes
   Les quatrains de Pibrac.
       Molière.
= 2°. Quatre vers, qui font partie d' un sonet, d' une stance. "Le sonet est composé de deux quatrains et de deux tercets. "Les stances de dix vers sont composées d' un quatrain et de deux tercets. "Il y a des Odes, qui ne sont composées que de quatrains.

QUATRE


QUATRE, adj. QUATRIèME, adj. et subst. QUATRIèMEMENT, adv. QUATRIENNAL, ALE, adj. [Katre, triè-me, meman; tri--en-nal, nale: 2e e muet au 1er, è moy. au 2d et au 3e: dans les deux derniers en n' a pas le son d' an: on prononce les deux n.] Quatre, deux fois deux, trois et un. "Deux fois deux, trois et un, un et trois font quatre. "Quatre hommes: quatre-vingts soldats: quatre cens chevaux, etc. = Il se dit quelquefois pour quatrième: "Henri Quatre. = S. f. La quatre; la 4e chambre des Enquêtes: "Il est Conseiller de la quatre. = S. m. "Un quatre de chifre: Aux jeux de cartes ou de dés, un quatre; la carte ou la face du dé, marqués de quatre points. = En st. prov. grôs comme quatre, extrêmement grôs:
   Mon mari vient de pondre un oeuf gros comme quatre
       La Font.
Crier faire du bruit comme quatre; crier beaucoup, faire beaucoup de bruit. Se mettre en quatre; se doner de grands moûvemens: "Il se met en quatre pour servir ses amis. M. Linguet dit sur une inscription en quatre façons pour le buste de Molière. "Pour parler son langage (de M. d' Al....) Il s' est mis en quatre, afin d' y réussir. = Se faire tenir à quatre, vouloir à toute force se batre; se démener, afin qu' on ne nous retienne pas.
   Pour Mars, enragé de se battre,
   Il fallut le tenir à quatre.
       SCAR.
= Cela est vrai comme deux et deux font quatre: "Adieu, ma très-aimable, je suis à vous. Cette vérité est avec celle de deux et deux font quatre. SÉV. Voy. DIABLE, EPINGLE, PATTE.
   QUATRE-VINGT: on ajoute une s à vingt, lors qu' il précède immédiatement un nom substantif: quatre-vingts chevaux; mais on n' y met point d' s, lorsqu' il est suivi d' un autre nom de nombre: quatre-vingt-deux, quatre-vingt-dix, etc. Le Gendre écrit toujours, le quatre-vingts quatorzième, quatre-vingts septième, quatre-vingts dix, etc. Retranchez l' s. Il est au contraire des Auteurs ou des Imprimeurs, qui la supriment mal-à-propos devant des noms et même devant ceux, qui comencent par une voyèle: quatre-vingt ans, quatre-vingt écus. On en trouve plusieurs exemples dans la nouvelle Édition des Lettres Edifiantes.
   QUATRIèME est un nombre ordinal, analogue à quatre. "Premier, second, troisième et quatrième. "Logé au quatrième étage, à la quatrième chambre. = S. m. "Le quatrième de la lune, du mois: on sous-entends jour. "Nous atendons un quatrième pour faire la partie: on sous-entend joueur. "Il est d' un quatrième, ou, il y est pour un quatrième dans cette afaire; pour une quatrième partie, pour un quart des profits et pertes. = S. f. "La quatrième des Enquêtes: on sous-entend chambre. On dit aussi la quatre. _ Au Piquet, une quatrième, une suite de quatre cartes de même couleur.
   QUATRIèMEMENT, en quatrième lieu. En abrégé, on écrit 4°.
   QUATRIENNAL se dit d' un Ofice, qui ne ne s' exerce que de quatre années l' une. "Ofice, Trésorier quatriennal: charge quatriennale.

QUAYAGE


QUAYAGE, s. m. [Ké-ia-ge: 1re é fer. dern. e muet.] Droit, que payent les Marchands pour avoir la liberté de se servir du quai d' un port, et d' y placer leurs marchandises.

QUE


QUE, [prononcez Ke, e muet: les Gascons et les Provençaux mal élevés prononcent Ké, é fer. C' est une des faûtes les plus comunes dans les Provinces méridionales.] Cette particule est tantôt pronom relatif, et tantôt conjonction.
   I. Elle se met pour l' accusatif: 1°. de qui; car qui ne s' emploie dans ce câs que quand il est régi par des prépositions, en qui, sur qui, avec qui, etc. Mais quand c' est un verbe, qui le régit à l' acusatif, alors il faut nécessairement se servir de que, qui se met toujours avant le verbe, qui le régit: "Le Prince, que je sers: la femme qu' il a épousée: les énemis, que vous craignez: les Mûses, que je cultive, etc. S' il est suivi d' une voyelle, il perd l' e final et prend une apostrophe: le livre qu' il a lu: l' état qu' elle a embrassé. = 2°. Il est acusatif de lequel: "L' homme, que Dieu créa à son image et non pas, lequel, etc. = De quoi, sur-tout dans les interrogations: "Ce que j' ai résolu: il n' est rien que je ne fasse: que voulez-vous? que demandez-vous, etc. Dans ce dernier câs, il est pronom absolu. Il est de tout genre: mais il se dit seulement des chôses. Quand il s' agit des persones, on emploie qui: "Qui demandez-vous? = 3°. Quoique l' emploi naturel du pronom relatif que soit d' exprimer un acusatif, il y a pourtant des façons de parler, autorisées par l' usage, où il tient lieu tantôt du datif: "C' est à vous que je parle, pour, à qui je parle; tantôt de l' ablatif: c' est de cette somme que je vous demande le payement, au lieu de dont, ou, de laquelle REST. Dans cette phrâse, que sert-il? il est mis pour le datif ou l' ablatif de quoi: "De quoi ou à quoi sert-il?
   Et l' aride vertu, limitée en soi-même
   Que sert-elle? qu' à rendre un malheureux qui l' aime
   Encor plus malheureux.
       Rousseau.
Rem. L' amour de la clarté demande qu' on place le que relatif tout près de son substantif, et l' ôreille est acoutumée à ne rien entendre qui les sépâre. M. l' Ab. d' Olivet blâme ces vers de l' Iphigénie de RACINE:
   La Reine permettra que j' ôse demander
   Un gage à votre amour, qu' il me doit acorder.
On dirait en prôse: La Reine permettra que j' ôse demander à votre amour un gage qu' il me doit acorder. L' inversion de Racine est dûre, même en vers. D' Olivet. J' ajouterai que, pour peu qu' on manque d' atention, en entendant lire ou déclamer ces vers, on croit que c' est l' amour, et non pas le gage qu' on doit acorder, parce que le que relatif est placé immédiatement aprês amour. _ On a relevé la même faûte dans les Barmécides.
   Moi-même prês de lui, voisin du rang suprême,
   Qu' il comble de faveurs, qu' il honore et qu' il aime.
Ces trois que paraissent se raporter à rang suprême, et non pas à moi-même. C' est une minutie gramaticale, dira-t' on; mais c' est l' observation de ces minuties, qui sone de l' aisance et de la clarté au style. Ann. Litt. Voyez QUI, n°. 4°. à la fin. = Que relatif ne doit pas se raporter à deux noms diférens, dont l' un est régissant, et l' aûtre régi. "Ils s' autorisent dans cette censûre amère, des désordres des hommes puissans, que leur élévation rend publics, et l' impunité plus hardis. Linguet. Que régit publics, qui se raporte à désordres, et hardis, qui se raporte à hommes puissans. C' est aussi une faûte contre la netteté du discours que de mettre plusieurs que de suite, qui ne se raportent pas au même nom.
   Bonheur fatal, dangereuse fortune,
   Et que le Ciel, que souvent importune,
   L' avidité, etc.
       Rouss.
Le 1er que se raporte à fortune, et le 2d, à ciel. Cela fait un mauvais éfet en prôse; à plus forte raison, en vers. = Que, pronom interrogatif, fait marcher le nominatif aprês le verbe. Régulièrement, on doit dire: qu' avaient donc à craindre ses enfans (de Cromwel) et non pas, comme dit d' Avrigni: "que ses enfans avoient-ils donc à craindre? _ Ce dernier tour, peu régulier, est familier à Neuville: "Que Dieu nous montrera-t' il alors, que ce que nous voyons aujourd' hui? Que Dieu nous dira-t' il, que ce que nous lui donnons droit de nous dire? Il serait plus régulier de dire: qu' est-ce que Dieu nous montrera alors, etc. Qu' est-ce que Dieu nous dira? etc. Mais qu' est-ce que est lâche et traînant; et si l' usage consacrait le tour employé par Neuville, il serait plus favorable à l' éloquence: aujourd' hui, il parait encôre dur et sauvage, parce qu' on n' y est pas acoutumé. _ Delà cette règle, que: le pronom que ne peut jamais servir pour le nominatif, qu' il ne soit joint à être, et à ce: "Que doit-il (Dieu) aux hommes? Que leur apartient-il? Sév. Le 1er que va bien; il est acusatif; mais le 2d est irrégulier, étant nominatif. Il faut: qu' est-ce qui leur apartient? _ Il parait que cette faûte a été produite par l' analogie avec les phrases suivantes: que vous faut-il? Que vous manque-t-il? Mais là que est régime; il est nominatif, et le verbe est impersonel. = Quand le que relatif est employé dans un sens interrogatif et négatif tout à la fois, il faut mettre les deux négations ne et pas. C' est à quoi a manqué souvent P. Corneille. En voici un exemple.
   Que ne permettra-t' il à son ressentiment?
       Polieucte.
Il falait: que ne permettra-t-il pas, etc. = Que, régissant le génitif (la prép. de) avant l' adjectif, signifie quelle chôse: "Que dit-on de nouveau, d' intéressant? Wailly. = Il se met devant un infinitif, pour rien à. "Il ne sait que faire, que dire: que est là aussi pour quoi, quelle chôse. Mais Th. Corneille remarque fort bien que ce tour n' est bon que lorsque le verbe est sans régime; et il n' aprouve pas la phrâse suivante, aportée pour exemple par Vaugelas: n' ayant que répondre aux reproches de, etc. Il faut alors se servir de rien à: n' ayant rien à répondre, etc. = * Anciènement on disait que tout seul, pour ce que.
   Ce monstre vraiment déplorable,
   Qui n' avoit jamais éprouvé
   Que peut un visage d' Alcide.
       Malherbe.
  Le repos du siècle où nous sommes,
  Va faire à la moitié des hommes
  Ignorer que c' est que le fer.       Id.
On dirait aujourd' hui, ce que peut, etc. Ce que c' est, etc. = M. de Wailly cite deux phrâses, où que tient la place de, par laquelle. avec laquelle: "Si l' exercice de cette importante charge laissoit autant de loisir à M. le Chancelier qu' il a d' estime pour vous, le Conseil rendroit ses Arrêts par la même bouche que sa Majesté rend ses oracles. Le Maître. "J' ai reçu votre lettre avec toute la satisfaction que l' on doit recevoir cet honeur. Voiture. _ Mais dabord, la dernière phrâse me parait mal construite: on ne trouverait guère de pareilles phrâses dans de bons Auteurs. Ensuite, dans la première, le que surprend moins, parce qu' il est aprês même; mais le que aprês même, est un que conjonction, et non pas un que relatif; et cette conjonction ne modifie les verbes que par ellipse. M. de Wailly dit lui-même, que dans cette phrâse: C' est en Dieu que nous devons mettre toutes nos espérances, et autres semblables; que n' est point relatif, mais conjonction. = Dans ce vers d' Andromaque:
   Me voyoit-il de l' oeil qu' il me voit aujourd' hui?
Que est à la place de dont. On dirait en prôse, dont il me voit aujourd' hui. L. Racine. = Qui se met quelquefois avec le que relatif. Exemple: "C' est une espèce de systême politique, formé par le consentement des peuples, et qu' il seroit à souhaiter qui subsistât en son entier. Fonten. = * Que pour dont, est un gasconisme fort comun parmi le peuple, dans les Provinces méridionales. "Tout ce que j' ai besoin: la chôse que vous m' avez parlé, etc. "C' est une chôse que je ne me souviens pas: ce que je vous avais averti; le couteau que je me sers, etc. etc.
   II. Que est aussi conjonction, ou, comme Vaugelas l' apèle, conjonctive: elle se met, 1°. entre deux verbes, et elle régit le second au subjonctif ou à l' indicatif, selon le verbe qui précède. Par exemple, les verbes qui expriment le desir, la volonté, le comandement, la prière, le doute, l' ignorance, la crainte, l' étonement, etc. régissent le verbe qui est aprês que, au subjonctif. "Je souhaite qu' il réussisse: je veux qu' il viène sur le champ: j' ordone qu' il soit puni: je doute qu' il veuille le faire, etc. _ Les verbes qui expriment la croyance, l' assurance, la persuasion, l' aveu, etc. régissent le verbe, qui suit que à l' indicatif, dans la phrâse afirmative, et le subjonctif dans la phrâse négative ou interrogative. "Je crois, j' assûre, je me persuade, j' avoûe qu' il le peut: je ne crois pas, ou croyez-vous qu' il le puisse? et ainsi des aûtres.
   Rem. 1ment, quant aux premiers que quand ces verbes ont un régime, on ne doit pas se servir de que avec le subjonctif, mais de l' infinitif, précédé de la prép. de. On ne dit pas, je vous prie que vous me fassiez cette grâce: Je lui ai ordoné qu' il vînt: mais on dit: Je vous prie de me faire cette grâce: je lui ai ordoné de venir. = 2ment: Quand le verbe qui précède est au présent, il faut mettre aussi le verbe qui suit, au présent du subjonctif: Je veux qu' il viène; mais si le 1er verbe, ou autrement le verbe régissant, est à tout autre tems, le verbe régi doit être mis à l' imparfait du subjonctif: je voulais que vous vinssiez; j' aurais voulu qu' il s' en allât, etc. Dans plusieurs Provinces, et même dans la Capitale, on met toujours le présent, quel que soit le tems du verbe qui précède. Non-seulement le peuple, mais les honnêtes gens y disent: Je voulais qu' il viène; il falait que je m' en aille; au lieu de dire, qu' il vint, que je m' en allasse. * Mde. de Sév. a fait elle-même cette faute, qu' on peut qualifier de faûte grossière. "Nous avions été deux heures ensemble, avant que les autres femmes soient éveillées. Il falait: fussent éveillées. = 3ment. Vaug. remarque que plusieurs répètent mal-à-propôs la conjonction que dans la même phrâse et pour le même objet. "Je ne saurois croire qu' aprês avoir fait toute sorte d' éforts..... pour venir à bout d' une si grande entreprise, qu' elle lui puisse réussir, lorsqu' il l' a comme abandonée. Le 2e que est inutile. Il faut dire, elle lui puisse réussir, parce que le verbe puisse est régi par le premier que, quoique éloigné. Que si la phrâse était trop longue, il ne faudrait répéter le que qu' en répétant le verbe qui le régit: Je ne saurais croire, dis-je, qu' elle puisse, etc. Mais ces répétitions et ces dis-je rendent le discours lâche et pesant. Il vaut mieux couper ces phrâses trop longues, et prendre un autre tour.
   2°. Que se met élégamment devant un infinitif, à la place de rien à. "Il n' a que faire de se mêler de cela: vous n' avez qu' à répondre, etc. Vaugelas. 3°. Il se met aprês plus, si, tant, autant, tant s' en faut, etc. Plus sage que vous, plus heureux qu' il ne pensait: il est si fou, qu' il lui arrivera du malheur: vous en ferez tant que vous vous atirerez à la fin quelque disgrâce: "Tant s' en faut que je m' en repente, que je veux recomencer. Observez, par raport à ce dernier, que le que doit être redoublé. Remarquez aussi que ce que, aprês un comparatif, s' il est entre deux infinitifs, doit être suivi de la prép. de: "Il vaut mieux se taire, que de parler. Buf. = * Quand cette conjonction que est régie par des adverbes de comparaison, il faut répéter aprês, les mêmes prépositions qui sont auparavant. "Cette étroite alliance n' est pas tant fondée sur les intérêts naturels de ces deux États, que la crainte de la puissance Françoise. Hist. des Stu. Il falait: que sur la crainte, etc. = 4°. Que se joint à plusieurs autres conjonctions; tandis que, lors que, à mesure que, à condition que, etc. Voyez ces mots à leur place. Mais remarquez que ces conjonctions ne se répètent pas en entier, et qu' on se contente de répéter le que: on ne dit point: afin que vous voyiez, et afin que vous jugiez; mais on dit: afin que vous voyiez et que vous jugiez, etc. Buf. = * 5°. On mettait autrefois que aprês un participe, pour lorsque. "Arrivé qu' il fut, arrivé qu' il était, pour dire, lorsqu' il fut arrivé, ou étant arrivé. Cette façon de parler ne vaut rien du tout, et il y a long-tems que l' usage l' a proscrite. = 6°. Que se met toujours devant les troisièmes persones de l' impératif: que chacun prène sa place: qu' ils aprochent. _ Fasse et puissent sont exceptés; on dit, sans que: "Fasse le ciel que, etc. Puissent ces avis vous faire rentrer en vous-même! etc. = Il se met aussi au comencement de la phrâse dans les exclamations: que je trahisse mon ami! Que je consente à ce forfait! = 7°. Il sert pour afin que: Aprochez, que je vous parle; pour combien: oh! que vous êtes bon! "Hélas! que je crains qu' il ne soit mort! Télém. Que la justice de Dieu est terrible! = * Bossuet et Racine, employant que de la sorte, font pâsser; l' un le régime devant le verbe, l' aûtre le verbe devant le nominatif. "Que redoutable est le glaive que le Fils de Dieu lui a mis dans la main!
   Que tarde Xipharès! et d' où vient qu' il difère
   À~ seconder les voeux, qu' autorise son père?
       Mithrid.
Dans le 1er exemple, il faut: que le glaive, etc. est redoutable. Dans le 2d, au lieu du point d' exclamation, un Critique propose d' en mettre un d' interrogation: alors que signifiera pourquoi: que tarde Xipharès? Mais dans cette construction, il n' en est pas des noms, comme des pronoms; et quoiqu' on dise: que tardez-vous? que tardons-nous? TÉLÉM. il n' est pas permis de dire: que tarde Pierre? que tarde Monsieur ou Madame? Il faut dire: pourquoi Pierre ou Monsieur tarde-t' il? Pourquoi Madame tarde-t' elle? Ainsi, l' on dira: que ne le faisait-il? On ne dira pas: que ne le faisait Alexandre? Il faudra dire: ce grand Conquérant, cet Alexandre, que ne le faisait-il? _ Que si cette conjonction que s' emploie en exclamation et dans le sens de combien, il faut que le nom et le pronom même, sujet de la phrâse, précède le verbe: "Qu' il tarde d' arriver! Que mon fils tarde de venir! etc. = Que, signifiant combien, a le régime de cet adverbe.
   Que de sang répandu! que de triste ravage!
   Je vois régner la force et triompher la rage!
On ne dirait pas, combien de triste ravage, au singul. On ne doit donc pas le dire avec que. C' est la rime qui a produit ce solécisme. On objectera que, sang répandu est aussi au sing. mais on dit, combien de sang répandu: on peut donc dire, que de sang. = Avec le mot fois, on ne doit pas se servir de que, dans le sens de combien. On dit, combien de fois, et non pas, que de fois. On le trouve pourtant chez les Poètes; mais c' est une licence qui ne doit pas tirer à conséquence pour la prôse.
   Que de fois, partageant mes naissantes alarmes,
   D' une main fraternelle essuya-t' il mes larmes?
       Racine.
Avec combien de fois, il faut dire, n' essuya-t' il pas. = 8°. Que se met pour sans que: il ne sort point, qu' il ne s' enrhume; pour depuis que: il y a huit jours qu' il est parti; pour et cependant: il serait le plus brâve des hommes, que je ne le craindrais pas; pour à moins que: je ne partirai pas que tout ne soit réglé; à la place de pourquoi: que n' obéissez-vous? que ne faites-vous ce qu' on vous dit?
   Que parlez-vous du Scythe et de mes cruautés?
   Pourquoi parler, seroit moins vif. L. Racine. _ Remarquez qu' on retranche pas dans ce tour de phrâse. "Si cet Écrivain avoit aperçu ses bevûes, que ne les corrigeoit-il pas? L' Abé Des Font. Ce grand Critique eut une forte distraction, quand il écrivit cette phrâse. Il faut dire, que ne les corrigeait-il? ou bien, pourquoi ne les corrigeait-il pas? = 9°. Que se met aussi pour quoique: tout habile homme qu' il est; pour étant ou comme: rempli qu' il était de ses préjugés; c. à. d. étant rempli, ou, comme il était rempli, etc. Vaugelas condamne ce dernier emploi de que conjonction. Voyez plus haut. * n°. 5°. = 10°. On le met encôre pour quand même: "L' univers entier serait sa possession, qu' il sentiroit toujours qu' il se dégrade. Massill. c. à. d. quand même l' univers seroit, etc. Il sentiroit toujours, etc. "La honte et l' oprobre en seroient le prix (de la vertu) devant les hommes, qu' elles n' en paroîtroit que plus belle et plus glorieuse à l' homme de bien. Id. = 11°. On met que tout seul pour lorsque. "Que le Prince soit juste et craignant Dieu, la justice et la vérité suffiront alors pour soutenir un Trône qu' elles mêmes ont élevé. Id. c. à. d. Lorsque le Prince sera juste, etc. = 12°. Dans le si redoublé, que se met élégamment à la place du 2d: si vous y retournez, et que l' on s' en plaigne à moi, est mieux que de répéter le si, et de dire, et si l' on s' en plaint à moi: ce que régit le subjonctif. _ Que se met pour si, d' une autre manière. "Que sa vengeance n' intérese point son honeur, elle ne sera plus indigne de sa vertu. Mass. c. à. d. si sa vengeance n' intéresse point son honeur, il ne la croira plus indigne de sa vertu. _ Que régit aussi alors le subjonctif. = 13°. On emploie que après la négative, pour signifier seulement: je ne veux que lui; il n' y a que cela: il ne faut le faire que demain, etc. Mais 1ment, il faut que la négation soit exprimée: "L' esprit du peuple est trop borné, dit le P. Rapin, pour être touché de l' éloquence, que par ce qu' elle a de sensible. Il devait dire: l' esprit du peuple est três-borné, et n' est touché, etc. que par, etc. _ 2ment; dans ce tour de phrâse, on retranche pas. Quelques-uns l' expriment mal à propôs. "On ne doit pas même se servir des desseins, ni des pensées des aûtres que quand on peut les transformer en son esprit, pour se les faire (rendre) propres. Le Père Rapin. Retranchez pas, et dites: on ne doit se servir des, etc. que quand, etc. = 14°. * Autrefois on redoubloit que, pour tant... que: "que bien que mal; c. à. d. tant bien que mal: "Il y a eu mille soldats, que morts, que blessés; c. à. d. tant tués que blessés. L' Académie aprouvait ces expressions dans le style fam. L. T. Elle les a suprimées dans la dern. édit. = Presque toutes ces phrases sont des gallicismes; c. à. d. des constructions propres de la Langue Française, contraires aux règles comunes de la Gramaire, mais autorisées par l' usage. = 15°. En voici encôre une dans ces vers de Racine.
   Je ne sais qui m' arrête, et retient mon courroux,
   Que par un promt avis de tout ce qui se passe,
   Je ne coure des Dieux divulguer la menace.
       Iphigénie.
III. Que, à la tête d' un premier membre de phrâse, sert, avec le verbe qu' il régit, comme de nominatif au verbe du 2d membre. "Qu' Aaron acorde la vie au fils de Barmécide, en faveur du père, cela n' est pas tout-à-fait incroyable; mais qu' il pardone à Saëd et à Sémire, et qu' il marie à Amorassan une Princesse Ommiade, qu' il a tant de raison de soupçoner, c' est une extravagance. Ann. Litt. C' est comme si l' on disait, l' action d' acorder, etc. n' est pas incroyable; mais l' action de pardoner et de marier est une extravagance. = Quelquefois, dans cette construction, que n' est qu' une conjonction, qui précède le verbe, au lieu de le suivre. "Que vous ayiez fait cette sotise, vous qui vous piquez de tant de raison, c' est ce que je ne puis concevoir; c. à. d. je ne puis concevoir que vous ayiez fait, etc. "Que telle fût la destination de ce secours, cela est prouvé par les Ordonnances. Moreau: c. à. d. il est prouvé par les Ordonances, que telle était, etc. _ On voit que dans ce tour de phrâse, l' indicatif est changé en subjonctif. On dit, dans la construction ordinaire, il est prouvé que telle était la destination, etc. et dans cette construction inverse, que telle fût la destination, etc. cela est prouvé.
   IV. Aprês que, comparatif, on doit changer, au 2d membre, les câs obliques en nominatif. Le Gendre dit: "En conservant toute l' estime dûe à un aussi excellent ouvrage, qu' aux Sentimens de l' Académie sur le Cid. Il falait, que les Sentimens, etc. en sous-entendant sont ou le sont; à un aussi excellent ouvrage que le sont les Sentimens, etc. Ainsi l' on dira: j' adopte tous les éloges qu' on fait d' un aussi excellent ouvrage que l' Athalie de Racine, et non pas, que de l' Athalie.
   V. C' est une faûte que de mettre un trop grand nombre de que dans une phrâse, sur--tout quand on entremêle les que pronoms avec les que conjonctions.

QUEL


QUEL, QUELLE, adj. [Kèl, kèle: 1re è moy. 2e e muet.] C' est un pronom, qui exprime la qualité des chôses dont on parle: on s' en sert surtout dans les interrogations. "Quelle persone soupçonez-vous? À~ quel homme avez-vous ouï dire cela? Vous ignorez quels étaient les anciens Romains; je ne sais quel homme vous êtes. _ Quel homme êtes-vous? etc.
   Rem. 1°. La déclinaison de ce pronom ou adjectif est: quel, quelle, de quel, de quelle: à quel, à quelle, etc., quel, quelle, de quel, de quelle. au plur., quels, quelles, de quels, de quelles, à quels, à quelles; quels, quelles; de quels, de quelles; par où l' on voit qu' il prend toujours l' article indéfini; car duquel et auquel apartiènent à lequel, et non pas à quel. = 2°. Quel exprimant la qualité des chôses ou des persones, il ne faut pas l' employer pour en exprimer le nom. Molière dit dans l' Avare, je ne sais quel il est; il falait dire, qui il est. = 3°. Quel se joint toujours à un nom substantif, excepté quand il est réponse à une interrogation. "J' ai une grace à vous demander. _ Quelle? = 4°. Il se dit quelquefois par admiration: Quel malheur! quelle disgrace! quel air! quelle douceur! quelle méchanceté! etc. _ 5°. Dans le style oratoire, on répète quelquefois quel, sans répéter le verbe. "Quels sont ces faits; quels ces moyens; quels ces motifs de croyance? Boss. = 6°. Avec quel, on met quelquefois aussi, dans le même style, deux nominatifs, un nom et un pronom: "Quelle est-elle cette Église, dont ils rejettent le suffrage par raport au Purgatoire? Neuville. Cela a plus de force que si l' on disait simplement: quelle est cette Église? = 7°. Quel se met élégamment pour combien: "Je songe souvent quelle dangereûse chôse c' est qu' un grand éloignement. Voit. c. à. d. combien c' est une chôse dangereûse. = 8°. * Autrefois on disait quel, pour dans quel état. "Je vous suplierai seulement de penser quel je dois avoir été, ayant perdu l' espérance de retourner en France. Voit. = 9°. * Le Gendre retranche mal-à-propos la négative pas aprês quels. "Quels sujets n' ont été épuisés par les Gens de Lettres? Il faut dire, n' ont pas été épuisés. = 10°. * C' est une faûte familière à toutes les Provinces, qui sont de delà la Loire (par raport à Paris) de dire, par ex.: quel mérite qu' il ait, pour quelque mérite que, etc. Molière a fait cette faûte.
   En quel lieu que ce soit, je veux suivre tes pas.
Il faut dire, en quelque lieu que ce soit. = On dit pourtant (mais c' est un autre sens) quel que soit le mérite qu' on a: quel est bon dans cette construction. Il se dit également des chôses et des persones, mais il ne prend point d' article, et ne se met qu' au nominatif, dans les deux genres et dans les deux nombres. "Quels que soient les hommes: quelles que soient les prérogatives qu' il prétend. Le que qui y est joint régit le subjonctif; mais ce régime ne s' étend pas jusqu' au que pronom relatif, qui peut se trouver dans la suite de la phrase. Crébillon l' a étendu jusque-là.
   Ah! quels que soient les maux que Thieste ait souferts.
Il falait, a souferts. = Plusieurs Auteurs ou Imprimeurs ne font qu' un seul mot de quel ou de que; font quel indéclinable, et mettent l' s, signe du pluriel à la conjonction que, et non pas à l' adjectif quel. Ils disent quelque au fém. comme au masculin, et quelques au pluriel, au lieu de quels que. "Quelques fussent la défiance et l' animosité qu' ils eussent conçue contre le feu Roi. H. d' Angl. Il falait, quelles que fussent, etc. qu' ils avoient conçûe, etc. Ce qui m' étone, c' est de trouver cette faûte dans des Journaux três-estimés et três-estimables. "Quelque fussent les motifs du Gendre d' Auguste, il ôsa dire son avis, etc. ANN. LIT. "Quelque soit l' évidence de ses épreuves, etc. IB. Quelque soit ma confiance en vos lumières. IBID. "À~ quelle que distance qu' on les compte. LING. Quelques soient vos droits. Journ. de Lit. Il faut dans le 1er et le 5e exemples, quels que fussent, quels que soient; dans le 2d et le 3e, quelle que soit; et dans la phrâse de M. Linguet, la plus étrange de toutes: À~ quelle distance qu' on les compte. Cette faute me parait si grossière, que je ne puis l' atribuer qu' à de fortes distractions de la part des Auteurs, et au peu de soin qu' ils ont de corriger les épreûves de leurs Ouvrages. = L' Auteur de l' Hist. du Droit Écl. Fr. se sert aussi de quelque, et y ajoute un 2d que: "Un Évêque quelque qu' il soit, etc. "Quelque que soit la main qui done ce bâton pastoral, etc. Il faut, quel qu' il soit, quelle que soit, etc. = D' aûtres enfin, disent tel que, au lieu de quel que; et ceux-ci sont encôre en plus grand nombre, même parmi les Auteurs. "Un titre, tel qu' il soit, n' est rien, si ceux qui le portent ne sont grands par eux-mêmes. Il faut, quel qu' il soit. Vaug. Wailly. Voy. TEL. _ Quel que régit le subjonctif, et tel que l' indicatif: "J' aime cet home, quel qu' il soit, et cet Auteur, tel qu' il est. = Tel quel est une façon de parler, dont on se sert pour marquer qu' une chôse est médiocre en son espèce, et plutôt mauvaise que bone. "Un Avocat, un Prédicateur tel quel: du vin tel quel; des étofes telles quelles. = 11°. Quel est quelquefois séparé de que par plusieurs mots: "Brûlez quelle sorte d' herbes sèches ou de bois que vous voudrez... puis fouillez dans les cendres avec une lame de couteau aimantée: vous trouverez au bout du couteau une barbe d' une poûdre noirâtre, comme si vous~ l' aviez trempée dans la limaille de fer. Le P. PAULIAN, Dict. de Phys. = 12°. Quel, employé en exclamation, régit que avec le subjonctif, ou l' infinitif précédé de la prép. de. "Quel domage que vous ne soyiez pas venu aujourd' hui! "Quelle horrible inhumanité que de leur arracher les doux fruits de la terre! Télém. = 13°. On dit je ne sais quel, par manière de particule explétive, et pour doner plus de force à l' expression. "Ses longs malheurs même lui donoient je ne sais quel éclat qui relevoit toutes ses bones qualités. Télém. _ Je ne sais quel éclat est plus énergique que si l' on disait simplement, un éclat.

QUELCONQUE


QUELCONQUE, adj. ou pronom. [Kèl--konke 1re è moy. 2e lon. 3e e muet.] Il signifie qui que ce soit, ou quoique ce soit. "Il n' y a homme quelconque qui puisse le savoir: il n' y a raison quelconque qui puisse m' y obliger. Il suit toujours le substantif. Il n' est usité qu' au Palais et dans le style fam. et ne se dit que précédé de la négative ne. "Je n' ai afaire quelconque. Hors de là, on dit aucun, qui se place devant: "Je n' ai aucune afaire. = Quelques Auteurs l' ont employé sans négation, et l' Acad. l' admet de cette manière dans le genre didactique: alors il signifie quelqu' il soit. "Une ligne quelconque, un point quelconque: "Dans un genre de poésie quelconque. SABAT. de Castres. "Un culte superstitieux déshonore une Divinité quelconque. IDEM. Ce mot ne convient pas au style où sont écrites ces deux phrâses.

QUELLEMENT


QUELLEMENT, adv. [Kèleman: 1re è moy. 2e e muet.] Il ne se dit que dans cette locution adverbiale: tellement quellement, là là, ni bien, ni mal, mais plutôt mal que bien. "Je me porte tellement quellement: "Il fait son devoir tellement quellement.

QUELQUE


QUELQUE, adj. ou pronom. [Prononcez kèlke: 1re è moy. 2e e muet. Richelet apèle des Rafineurs ceux qui prononcent kécun et kèque. Plusieurs admettent cette prononciation dans le discours familier, mais elle ne me parait pas assez autorisée, quoique La Monnoie assure qu' on prononçait de son tems quèque, quèkun à Paris, et que l' avis de Richelet n' a lieu que dans la Chaire, au Barreau et au Théâtre.] Quelques Auteurs ont élidé l' e final de ce mot devant une voyèle, et l' ont remplacé par une apostrophe. "Quelqu' inscription. Le P. Sicard. "Les vertus morales, quelqu' imparfaites qu' elles soient. Le Gendre. "Quelqu' avantage qu' il peut se proposer. L' Ab. Prévôt. Un plus grand nombre écrit du moins quelqu' autre; mais l' apostrophe n' est usitée que devant un: quelqu' un. L' Acad. écrit quelque autre, quelque aparence. = Il y a eu des Auteurs et des Imprimeurs qui ont même dit au pluriel quelqu' uns et quelqu' autres, au lieu de quelques uns, quelques autres. On trouve cette mauvaise ortographe dans les Let. Édif. dans l' Hist. d' Angl. et, ce qui est plus étonant, dans Crébillon le Fils.
   Quelque: un ou une entre plusieurs: quelque homme, quelque femme. "Conaissez-vous quelque persone qui sache: "Avez-vous quelque chôse à lui reprocher, etc.
   Rem. Quelque ne doit pas être suivi immédiatement d' un comparatif: "Quelques plus petits Corps de la Nation furent distribués dans cinq Villes. Hist. d' Angl. Cette construction est dûre et sauvage. Je dirais: quelques Corps moins considérables de la même Nation, etc. = Un quelque chôse est autant un barbarisme que un quelqu' un. Plusieurs disent, il y a là un quelque chôse qui me déplait. Dites: quelque chôse, ou je ne sais quoi qui, etc. = Quelque chôse est une espèce de neutre, qui demande plus souvent le masculin que le féminin, quoique chôse soit de ce dernier genre. Il y a dans ce livre quelque chôse d' assez bon, quelque chôse qui mérite d' être lu. Vaug. Voyez CHôSE. = Quelque se joint avec peu et a le même régime qu' avec chôse, la prép. de: "Quelque peu d' argent, d' amitié, etc. Il n' est que du st. famil. = Tout seul, il signifie quelquefois, environ, à peu près: Il ou elle a quelque soixante ans. Alors il est adverbe et indéclinable.
   Quelque suivi de que signifie quel ou quelle que soit. Ainsi quelque motif ou quelque raison qu' il ait de faire cela, est la même chôse que si l' on disait: quel que soit le motif, ou quelle que soit la raison qu' il a de, etc. La diférence entre ces deux façons de parler, qui reviènent au même, c' est premièrement que dans la première le que se met aprês le substantif, et dans la 2de, on le place devant; ou, pour mieux dire, dans la 1re, il n' y a qu' un seul que, qui est pronom relatif; au lieu que dans le 2d, il y a deux que, dont le 1er est conjonction, et le 2d pronom; 2ment, que dans la 1re manière le verbe se met au subjonctif: quelque motif qu' il ait; et qu' au contraire, dans la 2de il se met à l' indicatif (excepté que par lui-même le verbe ne gouverne toujours le subjonctif) : quel que soit le motif qu' il a. = Une remarque assez importante, qu' on a si souvent inculquée, et qu' il faut sans cesse répéter, parce qu' un grand nombre d' Auteurs et d' Imprimeurs y donent lieu continuellement, c' est que quelque que n' est déclinable et ne prend l' s au pluriel, que quand il modifie, ou un substantif qui est tout seul et sans épithète, ou un substantif suivi de son adjectif, ou un adjectif suivi immédiatement de son substantif. "Quelques actions que, ou, quelques actions éclatantes que, ou quelques éclatantes actions que l' on raconte de lui, etc. Au contraire, il est indéclinable, et ne prend point l' s, signe du pluriel, quand il est suivi immédiatement d' un adjectif séparé de son substantif. "Quelque éclatantes que soient les actions qu' il a faites. _ Il y a donc faûte dans la phrâse suivante: "Tous les peuples de la Terre, quelques diférens, quelques oposés qu' ils soient par leurs caractères, etc. Il falait quelque diférens, quelque oposés que, etc. Cette règle, avouée de tous les Gramairiens, et consacrée par un usage ancien et constant, est souvent violée, ou par l' inatention des Auteurs, ou par la négligence des Imprimeurs. = Une aûtre faute, moins comune, mais plus grossière, c' est de dire au fémin. quelle que, pour quelque. "À~ quelle que distance qu' on les compte. Ling. c' est surément une faute d' impression~. Quelque et quelle que sont aûtre chôse pour la manière dont on les emploie. Voyez QUEL, n°. 10°.
   REM. 1°. Molière employant ce tour de phrâse, retranche quelque:
   Et doux que soit le mal, je crains d' être trompé.
Au lieu de; et quelque doux que soit, etc. Cela est contre l' usage. = 2°. Ménage reprend Malherbe de ce qu' il dit:
   En quelque part des cieux que luise le Soleil.
"Tous les Provinciaux le disent ainsi; mais à la Cour et à Paris on dit, quelque part, sans en. = 3°. St. Evremont dit: quelque sagesse dont on se vante. Il faut dire, De quelque sagesse qu' on se vante. Ce qui a induit en erreur cet Écrivain, assez correct pour son tems, c' est qu' il a pris le que aprês quelque pour un pronom relatif, et par conséquent déclinable: ce que est une conjonction, et ne doit point se décliner. La variation des cas obliques doit donc se porter sur l' article qui afecte le substantif. "De quelque secours que vous ayiez besoin: à quelque ami que vous vous adressiez, etc. = 4°. Quelque que régit le subjonctif et tout.... que, qui a le même sens, l' indicatif. "Quelque savant qu' il soit; ou, tout savant qu' il est, il ne peut résoudre cette dificulté. Plusieurs Auteurs mettent le subjonctif avec tout, et disent, tout savant qu' il soit. Le P. Barre, au contraire, met l' indicatif aprês quelque: quelque diligence que firent ses troupes, etc. Histoire d' Allem. Il falait, que fissent. = 5°. Quelque, pour environ n' est pas du beau style. "Les Chrétiens perdirent quelque quatre mille hommes. Maimb.
   *Quelques cinq ou six mois aprês que de sa soeur
   L' hyménée eut rendu mon frère possesseur.
       Corneille, Hor.
Cela détone dans une Tragédie. Remarquez, outre cela, quelques avec une s. En ce sens, ce mot est adverbe, et ne se décline point.
   Quelque tems, adv. On le dit plutôt au sing. qu' au plur. "Quelques tems aprês, Descartes se rendit en Suède. P. Paulian, Dict. de Phys. C' est sans doute une faute d' impression: retranchez l' s de quelque. Voy. TEMPS.

QUELQUEFOIS


QUELQUFOIS, adv. [Kèlke-foâ; et suivant plusieurs, en conversation, kèke-foâ. Voy. QUELQUE. 1re è moy. 2e e muet, 3e lon.] De fois à aûtre; par fois. = Il se met, ou devant, ou aprês le verbe, ou entre l' auxiliaire et le participe; et c' est au goût et à l' oreille à choisir entre ces diférentes constructions: "Quelquefois j' y vais à pied: j' y vais à pied quelquefois: j' y vais quelquefois à pied; quelquefois j' y suis allé, j' y suis allé quelquefois, j' y suis quelquefois allé.
   Rem. Comme c' est un pluriel, il semble qu' on devrait écrire quelquesfois; mais l' usage a prévalu de ne point mettre d' s aprês quelque, comme on n' en met point à toute dans toutefois. {C323b)

QUELQU' UN


QUELQU' UN, UNE, subst. [Kèlkun, 1re è moy. On prononce quékun à Paris, en conversation, dit La Monoie; mais dans le discours soutenu, on doit faire sentir l' l. Boileau écrivait quelcun. On voit dans Richelet et Danet, quelqu' uns et quelqu' unes, ou quelcuns, quelcunes au pluriel. On doit écrire et prononcer quelques-uns, quelques-unes. Voyez QUELQUE, au comencement.] Un entre plusieurs. "Quelqu' un m' a dit. "Parmi tant de femmes, il y en aura peut-être quelqu' une, qui entendra raison là-dessus. "Quelques-uns assurent que, etc.
   REM. 1°. Un quelqu' un est un barbarisme, comme, et encore mieux que, un chacun. Un Traducteur moderne a employé cette mauvaise locution. "Un quelqu' un conseilloit à Diogène de se reposer dans sa vieillesse. Il devait dire simplement: quelqu' un conseillait, etc. = 2°. Quelqu' un se dit également des chôses et des persones. "Entre les nouvelles qu' il a débitées, y en a-t' il quelqu' une de vraie? Pas une. = 3°. Quand quelqu' un s' emploie absolument et sans raport à un nom précédent, il ne se dit que des persones; et l' on ne s' en sert guère en régime, qu' au singulier masc. On dit: j' ai vu quelqu' un, j' ai parlé à quelqu' un, qui m' a dit, etc. Mais on ne dit point, j' ai rencontré quelqu' une, j' ai vu quelques-uns, j' ai parlé à quelques-uns, qui m' ont dit, etc. Il ne peut s' employer au pluriel, que comme sujet de la phrâse (c. à. d. au nominatif) et au genre masculin. Quelques-uns ont assuré. On ne dirait pas quelqu' une a dit, quelques-unes ont avoué, etc. = Quelques-uns ne peut être employé comme régime, que lorsqu' il est relatif à un nom qui précède, et alors il doit être aussi précédé du pronom en. "Le peuple l' emporta sur les Patriciens, par l' habileté de ses Tribuns, qui surent engager quelques-uns, et intimider les aûtres. Révol. Rom. Il falait: qui surent en engager quelques-uns, etc. La Bruyère dit aussi: mais mal, en parlant du Ministre Plénipotentiaire. "Tantôt il réunit quelques-uns, qui étoient contraires les uns aux aûtres, et tantôt il divise quelques aûtres, qui étoient unis. Il faut dire: il en réunit quelques-uns: ou, il réunit quelques-uns d' entre eux, etc.

QUEMANDER


QUEMANDER, QUEMANDEUR. Voyez CAIMANDER, CAIMANDEUR.

QUENOTE


QUENOTE, s. f. [Kenote: 1re et dern. e muet.]
Terme de Nourrice. Dent de petit enfant. "De belles quenottes. "Cet enfant a mal à ses quenottes.

QUENOUILLE


QUENOUILLE, s. f. [Ke-nou-glie: 1re et dern. e muet: mouillez les ll.] 1°. Petite canne ou bâton, que l' on entoure vers le haut, de soie, de chanvre, de lin, de laine, etc. pour filer. "La quenouille et le fuseau. "Charger, coifer, garnir, monter une quenouille. = 2°. Ce dont une quenouille est chargée. Filer une quenouille, achever sa quenouille. = On dit, proverbialement, à une femme qui veut se méler de chôses qui passent sa capacité, alez filer votre quenouille = Maison tombée en quenouille, où une fille est devenue héritière. _ Royaume tombé en quenouille, où les filles sont apelées à la succession. "Le Royaume de France ne tombe point en quenouille. = L' esprit est tombé en quenouille dans cette famille: les filles y ont plus d' esprit que les garçons.
   3°. Quenouilles, au pluriel; colonnes ou piliers d' un lit. On dit aussi la quenouille du lit, au singulier. Atacher à la quenouille du lit. = Richelet dit qu' à Paris on ne dit point quenouille, mais, colonne. L' Acad. met quenouille sans remarque.

QUERELLE


QUERELLE, s. f. QUERELLER, v. act. QUERELLEUR, EûSE, adj. et subst. [Ke--rèle, rélé, ré-leur, leû-se: 1re e muet, 2e è moy. au 1er, é fer. aux 3 autres; 3e e muet au 1er, é fer. au 2d, lon. au dern. = Richelet avertit de prononcer krelle, krélé, kréleur, excepté en vers: cette prononciation n' est pas aprouvée du grand nombre. = Il met querelleur et querelleux: le 1er est le seul bon.] Querelle, contestation, démélé, dispute avec aigreur et animosité. Quereller, faire querelle à... Querelleur, qui fait souvent querelle. "Grande, grosse, sanglante, ou petite, légère querelle. Avoir querelle ou être en querelle avec: faire, chercher querelle, susciter une querelle à: entrer dans une querelle: embrasser, épouser, prendre la querelle de; prendre parti pour, etc. Voy. DIFFÉREND. = "Il est venu nous quereller bien mal-à-propos: ils se sont querellés, _ "C' est un homme fort querelleur: "C' est un grand querelleur: une querelleûse perpétuelle. = Fénélon dit querelleux. "Il étoit encôre plus querelleux et plus brutal, qu' il n' étoit fort et vaillant. Télém.
   Quereller signifie aussi réprimander aigrement. "Il querelle sans cesse ses valets; et neutralement: "il aime fort à quereller: ne querellons point.
   REM. Faire, chercher querelle, et avoir querelle se disent sans article. "L' Empereur regarda cette acusation pour (comme) une querelle que le Duc Rodolphe vouloit lui chercher. Père Barre, Hist. d' Angleterre. Il falait dire: l' Empereur pensa que par cette acusation, le Duc voulait lui chercher querelle. = Se prendre de querelle avec, n' est tout au plus que du style médiocre. "Tu te prendrois de querelle avec un homme, pour un poil de plus ou de moins que toi à la barbe. Traduction de Shakespear. = En style proverb. Faire une querelle d' Allemand à quelqu' un, l' ataquer sans sujet et de gaîté de coeur pour une bagatelle. = On done quelquefois, à querelle, l' épithète de grosse, mais seulement dans le st. famil. plais. ou critique. "Ce jeûne fut le sujet d' une grosse querelle entre les Grecs et les Arméniens. Let. Édif.

QUÉRIR


QUÉRIR, v. act. [Kéri; 1re é fer.] Il ne se dit qu' à l' infinitif, et avec les verbes Aler, envoyer, venir. On l' emploie seulement dans le discours familier et pour les chôses matérielles. Chercher se dit pour tous les modes et les tems, pour un grand nombre dÞobjets et dans tous les styles. "Vendredi j' enverrai quérir mes lettres à Laval. Sév. "Alez me quérir un tel. "Il m' est venu quérir de la part de, etc. = Quérir, dit l' Académie, c' est proprement chercher, avec charge d' amener ou d' aporter. _ On dit, populairement, d' un valet qui tarde long-tems à revenir, qu' il serait bon à aler quérir la mort.

QUESTEUR


QUESTEUR, s. m. [Kuès-teur; 1re è moy.] C' était, chez les Romains, un Magistrat chargé de la garde du Trésor public, et de diverses autres fonctions. _ Avec la préposition de, on le dit relativement, ou aux Provinces, ou aux Préteurs, aux Proconsuls de ses Provinces, ou aux Généraux des Armées où ils servaient comme Oficiers-Généraux. "Cicéron fut Questeur de Sicile: Cécilius fut Questeur de Verrès.

QUESTION


QUESTION, s. f. QUESTIONAIRE, s. m. QUESTIONER, v. act. QUESTIONEUR, EûSE, s. m. et f. [Kès-tion, en vers ti-on, tio-nère, né, neur, neû-ze: 1re è moy. 3e è moy. et lon. au 2d, é fer. au 3e, lon. au dern.] Question est, 1°. Proposition sur laquelle on dispute. Proposer, traiter, agiter, mouvoir, résoudre, vider une question. Mettre une question sur le tapis. Poser l' état de la question. Ce n' est pas une question. = Avec le verbe être impersonel, il régit la préposition de devant les verbes et les noms. "Il est question de trouver un parti. "Il n' est pas question de ce mariage, de cette façon de parler. Il a le sens, le régime de, il s' agit. _ Question doit, dans cette acception, toujours être employé sans article. "Sans cela, dit Mde. de Sévig., il n' en étoit plus de question. Le de est de trop: dites il n' en étoit plus question. = En question, adv. "Mettre en question, en doute. * Bossuet dit, venir en question. Cette expression est tout au moins douteûse. "Tous les dogmes viendroient en question l' un aprês l' aûtre. = En question se joint aussi aux noms: l' homme en question; c. à. d. l' homme, dont il est question. * Bossuet dit, de question, dans le même sens: "Voyons si elle convient au passage de question. Dans l' usage actuel, on dirait: au passage en question. = De question ne se dit qu' avec mettre hors: "Cela sufit pour nous mettre hors de question. = 2°. Tortûre, gêne qu' on done aux criminels, pour leur faire confesser la vérité. "Présenter, metre, apliquer à la question. doner la question à... "Avoir, soufrir la question: il a tout avoué à la question. = On dit, dans le fig. Doner la question à quelqu' un, le mettre à la question. Cette façon de parler n' est pas du beau style: "Malheureux mortels que nous sommes, il faut, comme dit St. Augustin, qu' une longue et éternelle douleur, done la question à notre corps, pour nous obliger à faire cet aveu. Incumbit diù corpori qu‘stionarius dolor. MASC. La citation du texte ennoblit un peu l' expression. = Se doner la question, se mettre à la torture, est du style plaisant ou critique. "On ne lui pardonne point (à un Écrivain) de forcer la nature, et de se doner la question, pour nous amuser. Journ. de Mons.
   QUESTIONER, Interroger, Demander (synonymes.) On questione, on interroge, on demande pour savoir: mais il semble que questioner fasse sentir un esprit de curiosité; qu' interroger supôse de l' autorité, et que demander ait quelque chôse de plus civil et de plus respectueux. _ Questioner et interroger font seuls un sens; mais il faut ajouter un câs à demander: c. à. d. que pour faire un sens parfait, il faut marquer la chôse qu' on demande. "L' espion questione les gens; le Juge interroge les criminels; le Soldat demande l' ordre au Général. Gir. = Mde. de Sévigné se sert plaisamment du verbe questioner. "Les Médecins me conseillent de mépriser ma jambe (malade), et de ne la plus questioner à tout moment. = Questioner, se prend le plus souvent en mauvaise part, de ceux qui font des questions importunes. "Cet homme ne fait que questioner.
   QUESTIONEUR, ne s' emploie que dans cette dernière acception. Il n' est bon que pour le style comique ou critique. "Vous ne voyez pas en plein jour, lui dit le questioneur. COYER. "Nasser, questioneur infatigable, demande ensuite au Visir comment le Calife a pu être capable de tant de cruauté. Ann. Litt. Sur les Barmécides. "Non, cruel et indécent questioneur, non, il ne convenoit pas à un Magistrat de s' amuser à cet inutile et fatigant bavardage. Linguet. = L' Académie le met sans remarque. "C' est un rude, un importun questioneur; une questioneuse insuportable.
   QUESTIONAIRE, celui, qui done la question aux Criminels. _ Ce mot n' est pas du discours familier.

QUESTûRE


QUESTûRE, s. f. [Kuès-tûre; 1re è moy. 2e lon. 3e e muet.] Charge du Questeur. Voy. ce mot.

QUêTE


QUêTE, s. f. QUÉTER, v. act. QUÉTEUR, EûSE, s. m. et f. [Kête, kété, teur, teûze: 1re ê ouv. et long au 1er, é fer. aux aûtres; 2e e muet au 1er, é fer. au 2d, lon. au dern.] Quête est, 1°. l' action de chercher. "Aprês une si longue quête, je n' en suis pas plus avancé. Il se dit sur-tout avec la prépos. en. "Être en quête de: se mettre en quête. = La Fontaine dit des souris: qu' elles
   Mettent le nez à l' air, montrent un peu la tête,
   Puis rentrent dans leurs nids à rats;
   Puis ressortant, font quatre pas;
   Puis enfin se mettent en quête.
"Nous rangeâmes l' Isle, vers le Sud, en quête du Gloucester. Voy. d' Ans. = 2°. Il se dit en termes de chasse: un chien bon pour la quête. Qui a la quête brillante, qui a une belle quête. = 3°. Cueuillette, qu' on fait pour les paûvres, ou pour des oeuvres pieûses. Faire la quête dans l' Église, dans les maisons, etc. Et en parlant des Religieux, aler à la quête.
   QUÉTER se dit dans le 2d et le 3e sens. Quéter un cerf, un lièvre, des perdrix. _ Fig. quéter des louanges. _ V. n. "Un chien qui quête bien: nous avons quété tout le matin, sans rien trouver, disent des Chasseurs. = Faire la quête. Il est neutre, sans régime. "C' est une telle Dame qui quêtera aujourd' hui. Quéter de porte en porte. "Ces Religieux ont permission de quéter dans la ville.
   QUÉTEUR, EûSE, n' a que la dernière signification. Celui, celle qui fait la quête. "Dans cette Eglise, il y a une procession de quéteurs, qui ne finit plus. "Une quêteûse, qui est jolie, amasse beaucoup d' argent. _ Adj. Frère quéteur.

QUEûE


QUEûE, s. f. [Keû-e. 1re lon. 2e e muet.] 1°. En parlant des quadrupèdes, cette partie, qui est au bout de l' épine du dôs, et qui est ordinairement couverte de poil. "La queûe d' un cheval, d' un mouton, d' un renard, etc. = 2°. En parlant des Oiseaux, plumes qui leur sortent du croupion, et qui leur servent comme de gouvernail pour se conduire dans l' air. = 3°. En parlant des Poissons, des serpens, et de quelques insectes, la partie qui s' étend du ventre jusqu' à l' extrémité oposée à la tête. = 4°. En parlant des Fleurs, des feuilles, des fruits, cette partie par laquelle ils tiènent aux arbres, aux plantes. = 5°. Il se dit par similitude, de plusieurs aûtres chôses. "La quêue de certaines lettres de l' Alphabet, comme le g, le p, le q: la queûe d' une Comète: la queûe de la poile. = 6°. Le bout, la fin. "À~ la queûe de la forêt. "La queûe de l' hiver a été rude. = 7°. L' extrémité d' un manteau, d' une robe traînante. = 8°. Les derniers rangs d' un corps, d' une compagnie. "La queûe du Parlement, d' un Régiment, d' une Armée, etc. Être, se mettre à la queûe: Prendre la queûe. = À~ la queûe, adv. régit quelquefois de: Il était à la queûe des Travailleurs. En queûe se dit sans régime. "Le bagage suivait en queûe: il a le Prévôt, les Archers en queûe, à sa poursuite. _ Fam. "Je lui mettrait un homme en queûe, qui le hâtera bien d' aler. _ Quêue à queûe, adv. À~ la file, l' un aprês l' aûtre. Atacher des chevaux queûe à queûe. Ces loups se suivaient queûe à queûe. = 9°. La suite d' une afaire. "Cette afaire aura une longue, une facheûse queûe. "Ne point faire, ne point laisser de queûe dans un payement.
   On dit, proverbialement, comencer le roman, ou écorcher l' anguille, ou brider l' âne ou le cheval, par la queûe; comencer une afaire par où on doit la finir. = Le venin est à la queûe: les grandes dificultés sont à la fin. In caudâ venenum. Voyez, DIABLE, LOUP.
   10°. QUEûE, sorte de futaille contenant un muid et demi. = 11°. sorte de pierre à aiguiser.

QUEUX


QUEUX,s. m. [Keû: monos. long.] Vieux mot, dérivé du latin coquus. Cuisinier. Il est encôre en usage dans la Maison du Roi. Maître Queux: Chef de cuisine.

QUI


QUI, pronom. [Ki.] Il est tantôt relatif, tantôt absolu. I. Quand il est relatif, il est de deux genres et de deux nombres, et il se dit également au nominatif des persones et des chôses: un homme qui aime la vertu: une histoire qui plait. _ Dans les aûtres câs, il ne se dit que des persones: on ne l' emploie point pour les chôses inanimées, ni même pour les animaux: on se sert de dont, duquel, auquel, desquels, auxquels, au lieu d' employer, de qui, à qui. On dit bien: "Combien de grands hommes, de qui les belles actions sont dans l' oubli: il faut bien choisir les amis à qui l' on veut doner sa confiance; mais on ne dirait pas: la maison de qui j' ai fait l' aquisition: les sciences à qui je m' aplique. On doit dire dont et auxquelles. Voy. DONT. = Quant à l' acusatif, on ne se sert de qui, que quand il est régi par des prép. en qui, sur qui. Encôre cela ne s' étend-il pas au-delà des persones, ou de ce qui est regardé comme persone; car on ne dirait pas le cheval sur qui je montai: il faudrait dire, sur lequel. * Molière dit de l' Avâre: "Doner est un mot pour qui il a tant d' aversion, qu' il ne dit jamais, je vous done, mais je vous prête le bon jour. Il faut, pour lequel Wailly. "Quitter les moeûrs, à qui l' on doit ses victoires, pour prendre celles des vaincus, c' est une conduite qu' on ne peut excuser. Rollin. Dites, auxquelles.
   Ce sont là les vrais sacrifices,
   Par qui nous pouvons étoufer
   Les semences de tous les vices,
   Qu' on voit ici bas triompher.
       Rousseau.
En vers, par qui est bien, parce que lequel ne vaut rien en vers: mais en prôse, il faudrait dire, par lesquels. De même, en vers, on peut dire également, de qui et dont.
   De qui nulle vertu n' acompagne l' audace.
       Racine, Mithrid.
De qui fait pourtant de la peine, quand il est à l' ablatif.
   Choisissez les fleurs les plus belles,
   De qui la campagne se peint.
       Malherbe.
Ménage remarque que, de qui se dit ordinairement des chôses animées, mais qu' il se dit aussi (et particulièrement en vers) des inanimées. Il faut ôter particulièrement, et avertir qu' il ne se dit qu' en vers, et au génitif, régi par des noms, et non pas à l' ablatif, régi par des verbes. Tout le monde même n' acorde pas cette licence aux Poètes. Dans le Journ. de Mons. on critique ces vers de M. de Florian.
   Au pied de ces monts sourcilleux,
   Remparts de l' antique Italie,
   De qui la cime énorgueillie,
   S' élève et se perd dans les cieux.
De qui, dit le Critique, est réservé aux persones; pour les chôses inanimées, on met dont. Je pense qu' on doit excepter les vers, comme l' ont pensé d' excellens Critiques. = Dans les interrogations, qui ne se dit que des persones: pour les chôses, on dit quel. "Qui est cet homme, dont vous parlez? Quel est le livre qui m' apartient? _ * "Qui sont les Sacremens de la Loi Nouvelle? Confér. d' Ang. Il faut: quels sont les Sacremens, etc.
   Quand ce pronom est régi par des verbes act. c. à. d. en régime simple (à l' acusatif) il faut se servir de que: l' homme que j' ai vu, la maison que j' ai achetée. = Quelquefois on se sert de que, au lieu de à qui ou de qui; mais ce n' est que quand l' antécédent est au datif ou à l' ablatif: c' est à vous que je parle; c' est de vous qu' on parle; et non pas, à qui l' on parle, de qui l' on parle.
   REM. 1°. Qui est tantôt explicatif, tantôt déterminatif. Il est explicatif, quand il ne fait qu' expliquer ou déveloper ce qu' on supose déja dans le nom auquel il se raporte, alors il peut se tourner par parce que: "Dieu, qui est infiniment bon, ne permet pas que nous soyions tentés au-delà de nos forces. Le qui déterminatif restreint et détermine la signification du mot auquel il se raporte. "On ne sauroit assez estimer les Juges, qui sont intègres. _ Pour rendre le qui déterminatif, sans équivoque, il faut quelquefois placer ceux ou celles devant l' antécédent de qui. "Il récompensa ceux de ses serviteurs, qui l' avoient bien servi. Si l' on disait simplement: il récompensa ses serviteurs, qui l' avaient bien servi, cela signifierait, qu' il les récompensa tous, parce que tous l' avaient bien servi. Vaugelas, Acad. Wailli. = 2°. Qui, comme les autres pronoms relatifs, ne doit pas se raporter à un nom pris indéfiniment. "On fit trève pour trois mois, qui ne dura pourtant que trois jours. Il faut dire: on fit pour trois mois, une trève, qui ne dura pourtant que trois jours. Vailly. = 3°. Une des principales atentions de ceux qui écrivent, doit être de ne pas trop éloigner le qui relatif de son antécédent. Les mauvaises constructions en ce genre mettent toujours de l' embârrâs, et souvent de l' obscurité et de l' équivoque dans les phrâses. * "En quoi Le Tasse est fort défectueux, qui mêle dans son poème le caractère badin avec le sérieux. P. Rapin. "La vraie éloquence est forte et vigoureûse, qui ne s' amuse point aux fleurettes, et qui ne recherche point de vains ornemens. Id. Dans cette dernière phrase, au lieu de qui, dites elle. Dans la 1re, il faut changer la construction, et dire: "c' est le défaut du Tasse qui, etc. * "Je m' éloignois de Mde. de V..., par nécessité, qui me perdoit de vue, sans en pénétrer la raison. Anon. Dites: je m' éloignais par nécessité de Mde. de V.... qui, etc. "Dieu en paroit plus admirable qui a fait avec tant de profusion un nombre infini de miracles, en les produisant (les insectes.) Mallebr. Il falait raprocher qui de Dieu, et dire, c' est en quoi nous devons admirer encore plus ce grand Dieu qui, etc. = M. l' Abé Richard a fait souvent cette faûte dans ses Mémoires d' Italie, écrits plus agréablement, que correctement. Je ne citerai que cette phrâse, où dont, génitif de qui, mal placé, ocasione un contresens, ou du moins un sens équivoque: "Le St. Père annula le testament... et rendit le bien du Cardinal à sa famille, dont les meubles et les tableaux font aujourd' hui le plus bel ornement de ce palais. De la manière dont le relatif dont est placé, il semble que ce sont les meubles et les tableaux de la famille; et l' Auteur veut parler de ceux du Cardinal. Pour ôter l' équivoque, il faut changer la construction, et dire que: "Le St. Père rendit à la famille le bien du Cardinal, dont les meubles, etc. = M. l' Abé d' Olivet, dans ses Remarques sur Racine, a relevé un pareil défaut de construction.
   Phénix même en répond, qui l' a conduit exprès
   Dans un fort éloigné du Temple et du Palais.
Il y a une séparation totale entre le qui et son substantif. Boileau dit aussi dans le Lutrin.
   La Déesse, en entrant, qui voit la nape mise.
C' est la même faûte. = On peut faire une exception, qui n' en est pas une, à l' égard des phrâses, ou qui forme une répétition: par exemple: "Un Auteur, qui est sensé, qui sait bien sa langue, qui médite bien son sujet, qui travaille à loisir, qui consulte ses amis, est presque sûr du succês. Tous ces qui, par le moyen du premier, touchent immédiatement leur substantif, et par conséquent il n' y a rien que de conforme à la règle générale. = Du reste, ajoute d' Olivet, quoique ce qui ne puisse être séparé de son substantif, cela n' empêche pas qu' il ne rentre, par raport au verbe, dont il est suivi dans tous les droits des aûtres nominatifs; c. à. d. qu' il peut, et même avec grâce, être séparé de son verbe, non seulement par de simples apositions, mais par des phrâses entières, qu' on apèle incidentes. Racine en fournit un exemple.
   Ne descendez-vous pas de ces fameux Lévites,
   Qui, lorsqu' au Dieu du Nil le volage Israël,
   Rendit, dans le désert un culte criminel,
   De leurs plus chers parens saintement homicides,
   Consacrèrent leurs mains dans le sang des perfides.
       Athalie.
Dans cet exemple, qui touche immédiatement son substantif, Lévites; mais il est séparé de son verbe, consacrèrent, par une phrâse suspendûe, lorsqu' au Dieu du Nil, etc. et par une aposition, de leurs plus chers parens, etc. Rien de plus régulier, et la clarté nait de la régularité. D' Olivet. = 4°. Racine fournit un exemple d' un qui, dont le verbe ne parait point.
   Avez-vous pu penser qu' au sang d' Agamemnon
   Achille préférât une fille sans nom,
   Qui, de tout son destin, ce qu' elle a pu comprendre,
   C' est qu' elle sort d' un sang, etc.
       Iphigenie.
Cette façon de parler parait dabord irrégulière; mais l' usage l' autorise, et c' est un de ces gallicismes, un de ces tours propres de notre Langue, qui donent souvent une grâce toute particulière au discours. D' Oliv. = 5°. On ne doit pas mettre de suite deux qui, quand il ne se raportent pas au même nom. Je crois pouvoir trouver à redire à ces vers de Crébillon. (Sémiramis, Acte II, Scène 1re) Agénor dit:
   Souffre que j' en excepte une Princesse aimable,
   Qui soumit d' un coup-d' oeil un courage indomptable,
   Qui peut-être auroit moins fait pour Sémiramis,
   Si le sort à mes yeux n' eût offert Ténésis.
Le premier qui se raporte à Princesse, et le second à courage. Outre l' obscurité que cela jette dans la phrase, ces deux qui employés de la sorte, rendent ces vers lâches et prosaïques. = M. l' Abé Richard dit aussi: "le Milanois, qui est si fort à la bienséance du Roi de Sardaigne, et qui, dês qu' il en eut été le maître, n' eut pas manqué de préférer Milan à Turin. Ces deux qui unis par la conjonction et, se raportent tous deux à Milanois, par la construction, et suivant le sens, le 2d qui se raporte à Roi de Sardaigne. C' est une grande incorrection de style. = 6°. Aprês que, pronom, qui se met quelquefois à la place de qu' il, ou quelle: "Et cent aûtres rêveries, que je m' étone qui n' aient pas perdu de réputation toute l' Antiquité. Fonten. "Cette anciène animosité, qu' ils avoient intérêt d' empêcher, qui ne s' éteignît. Révol. Rom. "L' étranger qu' on disoit qui étoit venu avec Narbal. Télémaque. et non pas, qu' il étoit venu. Que s' il y avait, de qui l' on disait, il faudrait dire alors, qu' il était venu. = 7°. Qui, par une construction renversée, se met quelquefois à la tête de la phrâse, et est suivi de c' est, que suit l' antécédent. "Qui est assez malade, et dont je suis bien en peine, c' est de Mde. de Louvois. M. De Coul. Il fait raporter c' est à dont: voilà pourquoi il met de: il vaudrait mieux le faire raporter à qui, et retrancher de: "Qui est assez malade, et dont je suis en peine, c' est Mde. de Louvois. = 8°. Qui relatif doit s' acorder avec son antécédent, en nombre et en persone: non pas qu' il change rien à sa terminaison; mais il régit le verbe dont il est le nominatif, au nombre et à la persone de son antécédent: moi qui veux, lui qui veut, nous qui voulons, eux qui veulent, etc. = Molière a péché contre cette règle, quand il a dit:
   Ce ne seroit pas moi, qui se feroit prier.
au lieu de, qui me ferois prier. = 9°. Le qui relatif, aprês une interrogation ou une négation, régit le verbe au subjonctif. "Qu' a-t' il fait? ou il n' a rien fait, qui promette un avenir glorieux. * Leibnitz emploie mal-à-propos l' indicatif. "Il n' y a point de Ministre, à présent, qui voudroit, etc. Il faut dire, qui voulût. = 10°. Aprês un superlatif ou un pronom négatif, qui régit aussi le subjonctif: "Le meilleur parti qui se puisse trouver: le plus beau, qui soit: "Il n' en est aucun qui ne le sache, etc. = On peut même dire, assez généralement, que ce pronom relatif qui, placé entre deux verbes, dont le premier marque le desir, la convenance, le besoin, le conseil, etc. régit le second au subjonctif. "Je souhaiterois trouver un homme, qui fît mes afaires. "Il convient que vous preniez quelqu' un qui ait soin de vos biens: il faut des Magistrats, qui fassent leur devoir: prenez un ami, que vous estimiez, dont vous soyiez assuré. Buf.
   II. Qui, quand il est pronom absolu, ne se dit que des persones, au nominatif, comme dans les aûtres cas; et on peut toujours le tourner par, quelle persone. "Qui vous a dit cela? De qui est cette histoire? À~ qui l' avez-vous ouï dire? Je sais de qui vous voulez parler. Je comprends qui vous a dit cela, etc. Alors, il faut toujours qui à l' acusatif.
   Rem. 1°. Ce pronom, étant toujours pris dans une signification indéterminée, ne s' emploie ordinairement qu' au singulier et au masculin: c. à. d. que les adjectifs, qui peuvent s' y raporter, sont au masc. et au sing. Qui sera assez hardi pour m' ataquer? Il est pourtant suivi quelquefois de noms qui marquent un féminin et un pluriel; comme quand on dit à une femme: qui choisissez-vous pour compagnes; et à un homme: qui choisissez-vous pour compagnons? = 2°. Il y a enc“re une autre façon d' employer le pronom absolu, qui, en disant, qui est-ce qui, avec interrogation ou sans interrogation: qui est-ce qui est venu? Dites-moi, qui est-ce qui est venu? Alors c' est le premier qui, lequel est absolu: le 2d est relatif, et a le premier pour antécédent. = * M. Moreau, quoique três-habile Ecrivain, dit, qui est-ce qui, des chôses, au lieu de qu' est-ce qui: "Qui est-ce qui, parmi nous, a toujours mis les moeurs en contradiction avec les lois? Qui est-ce qui a causé dans certains États, des inconséquences bisarres et des troubles importuns? c' est la diférence des systèmes, que chacun se forme, et dont il part. Il falait, qu' est-ce qui a mis, etc. Qu' est-ce qui a causé, etc. * Rousseau a dit qui tout seul, pour qu' est-ce qui?
   Donc, qui met l' homme en estime et crédit?
   Richesse d' âme et cultûre d' esprit.
Cela ne peut être bon que dans le marotique. Hors de là il faut dire, qu' est-ce qui met, etc. = Qui est-ce qui régit l' indicatif. Leibnitz lui fait régir le subjonctif: "Qui est-ce qui puisse être toujours sur ses gardes dans un si grand ouvrage? Il devait dire: qui est-ce qui peut, etc. = 3°. Qui, est tantôt sujet (au nominatif); tantôt régime simple (à l' acusatif); on reconait qu' il est sujet, quand il peut se tourner par, quel est celui qui; et qu' il est régime simple, quand on peut le tourner par, quel est celui que:
   Qui pourra se charger d' une action si belle?
   Qui pourrez-vous charger d' une action si belle?
Dans le 1er vers, qui se tourne par quel est celui qui pourra se charger, etc. Dans le 2d, quel est celui que vous pourrez charger, etc. "J' ai choisi qui j' ai voulu: je renverrai qui il me plaira. * "Les femmes (à Venise) jouïssent de la plus grande liberté: elles reçoivent chez elles qui leur plait. L' Abé Richard. Dans cette dernière phrâse, le verbe plait n' a point de nominatif. Qui ne l' est certainement pas: il est le régime de reçoivent. l' Auteur, ou l' Imprimeur, a oublié il. "Elles reçoivent chez elles, qui il leur plait: on sous-entend, de recevoir. = 4°. Qui, au comencement d' une période, est relatif, quoique l' antécédent ne paraisse pas; et il équivaut à celui qui. Ainsi l' on dit: qui me dirait cela, je le regarderais comme un menteur. En ce sens, il n' est d' usage qu' au nominatif, au génitif et datif. Qui doit, a tort: c' est l' excuse ordinaire de qui n' en a point de bone: il le dit à qui veut l' entendre. = Il a cela de particulier, dans cette signification, qu' étant mis entre deux verbes, il est régi par le premier, et il régit le second; car de qui et à qui, sont le câs d' excuse et de dit, et le nominatif de à~ et de veut. = 5°. Dans un raport alternatif, on met le verbe, dont qui est le sujet, tantôt au singulier, tantôt au pluriel. On le met au singulier, quand les deux membres de l' alternative sont au singulier, ou qu' il y en a au moins un en ce nombre. Qui de vous ou de moi remportera le prix? Qui d' eux ou de mon frère obtiendra la victoire? _ Mais quand tous les deux sont au pluriel, le verbe doit prendre ce nombre, aussi bien que l' adject.
   Qui d' eux ou de mes fils ont été les plus sages?
= 6°. Qui précède ordinairement le verbe; mais il est un tour de phrâse, dans le style familier, où c' est le verbe qui marche devant: "Joua qui voulut, et qui voulut aussi prêta l' oreille à un joli concert. M. de Coul. "Travaillait qui pouvait: persone ne s' entendait: persone ne comandait, dit Volt. "Y croyoit qui vouloit. Font. "Pilloit qui vouloit, mais emportoit qui pouvoit. Lett. Edif. _ Qui, dans ce tour de phrâse, sert de nominatif aux deux verbes, dont l' un précède, et l' aûtre suit. = 7°. Qui redoublé, n' est pas aprouvé par Vaugelas; mais l' Acad. ne le condamne point. L. T. "Ils couroient, qui d' un côté, qui de l' aûtre: ils passèrent la rivière, qui à la nage, qui en bateau. "Nous nous séparâmes, qui un jour plutôt, qui un jour plus tard. M. de Coul. _ Dans le style relevé, on doit dire: les uns... les aûtres. "Les uns fuyoient d' un côté; les aûtres fuyoient de l' aûtre; les uns à la nage, les aûtres en bateau, etc. = 8°. Qui se met quelquefois pour si "Qui eût manqué à un seul point du cérémonial; il n' y avoit pas moins que la peste ou la famine à craindre. Hist. du Ciel, c. à. d. si l' on eût manqué, etc. "Qui l' obligeroit à dire toujours des chôses nouvelles, on le reduiroit peut-être à une demi-douzaine de dialogue, etc. Fonten. = 9°. C' est à qui le fera; c. à. d. on se dispute à qui le fera. "Cet empire de ma raison ne laissoit pas d' être flateur à mon âge; mais c' étoit à qui me l' enlèveroit. Marm.
   10°. Qui que ce soit, ou quelquefois, qui que ce fût, ne se dit que des persones, au singulier du masculin; et il se décline avec l' article indéfini. Sans négation, il signifie la même chôse que quiconque. "Qui que ce soit qui me demande, dites que je suis en afaire; à qui que ce soit que vous vous adressiez, etc. On voit qu' alors il est toujours suivi du qui, ou du que relatif, et qu' il régit le subjonctif. _ Qui que ce soit, avec une négation exprimée par ne, signifie persone, pronom: "Qui que ce soit ne m' a parlé de vous; c. à. d. persone ne m' a parlé, etc. "Je ne l' ai ouï dire à qui que ce soit; c. à. d. à persone.

QUIA


QUIA, [Ku-ia.] Terme emprunté du latin. Il signifie en cette langue, parce que. On l' emploie en français, dans ces phrâses proverbiales: Être ou mettre à quia; être réduit, ou réduire quelqu' un à ne pouvoir répondre.

QUIBUS


*QUIBUS, s. m. [Kui-bus.] Avoir du quibus. Il est bâs et pop. L' Acad. ne le met pas.

QUICHOTISME


*QUICHOTISME (DOM) s. m. [Ki-- chotisme.] Caractère de Dom Quichote, Héros romanesque et burlesque. _ Mot employé par M. Linguet. "Il n' est pas probable qu' un dom quichotisme aussi ridicule (la Société libre de....) s' étende bien loin.

QUICONQUE


QUICONQUE, pronom. [Kikonke: 2e lon. 3e e muet.] Il ne se dit que des persones, et signifie, toute persone qui: ainsi il renferme toujours un relatif avec son antécédent. Il est ordinairement du masculin, il n' a point de pluriel, et il se décline avec l' article indéfini: "Quiconque vous a dit cela, n' a pas dit la vérité. Ce serait un solécisme de dire: quiconque a dit cela, il n' a pas dit la vérité. Nous en avons dit la raison: c' est que quiconque renferme deux nominatifs, l' antécédent et le relatif; c' est comme si l' on disait, celui qui a dit cela, il n' a pas dit la vérité. = * Massillon avait coutume de mettre ce pronom il aprês quiconque, lorsque le second verbe en était un peu éloigné: "Quiconque, fût-il maître de l' Univers, s' éloigne de la règle et de la sagesse, il s' éloigne du seul bonheur où l' homme puisse aspirer sur la terre. "Qu' y a-t' il dans votre état de plus digne d' envie, que le pouvoir de faire des heureux?.. Quiconque n' est pas sensible à un plaisir si vrai, si touchant, si digne du coeur, il n' est pas né grand; il ne mérite pas même d' être homme. _ On lit aussi, dans un Mémoire de l' Académie des Inscriptions: "Quiconque ne voudroit point s' en tenir au discernement et à la bone foi des Historiens... il seroit obligé de prononcer contre la certitude de l' histoire de Thucidide, de Polybe, de Tacite, etc. Comme il se troûve assez éloigné de quiconque, l' Auteur n' a pas pris garde à ce double nominatif, ou il s' est cru autorisé par cette raison, à l' employer. = Dans plusieurs phrâses, quiconque, est tout à la fois, régime du verbe précédent, et nominatif du verbe suivant. "Je donerai une récompense à quiconque me dira la vérité. = En parlant des femmes, ou à des femmes, quiconque est féminin. "Quiconque, d' elles, ou de vous sera assez hardie pour, etc. Académie. = * Anciènement, on disait, quiconque tu sois, pour qui que tu sois.
   *Puissance, quiconque tu sois,
   Dont la fatale diligence,
   Préside à l' Empire françois.       Malherbe.

QUIDAM


QUIDAM, QUIDANE, s. m. et f. [Ki--dan, dane.] Terme latin, employé dans les Monitoires, procês-verbaux, etc. Persone, dont on ignore, ou dont on ne veut pas exprimer le nom. _ On se sert du mot de quidam dans la conversation, mais celui de quidane n' est en usage que dans les procédûres.

QUIET


*QUIET, ÈTE, adj. QUIÉTUDE, s. f. [Kiè, ète, kié-tude: 2e è moy. aux deux prem. é fer. au 3e.] Tranquille. Tranquillité. L' Adjectif est vieux. Il n' était pas dabord dans le Dict. de l' Acad. On l' a mis dans la dern. édit. en remarquant qu' il est vieux, et n' a plus guère d' usage. = Quiétude est françois, dit Bouhours: on en doutait aparemment, de son tems. _ Il ne se dit pas tout seul; il veut être joint à un génitif, ou à quelque adjectif. On ne dit point une quiétude, mais la quiétude de l' âme; une grande quiétude. RÉFLEX. "Vivre à la campagne dans une douce quiétude. ACAD. "Madame avoit vécu jusque-là dans une abondance, dont elle ne savoit pas la source, et dont elle jouissoit dans une quiétude parfaite. MARIV. _ C' est un terme emprunté du langage mystique, dit l' Académie; et en éfet, les Ascétiques en ont toujours fait un grand usage.

QUIGNON


QUIGNON, s. m. [Kig-non: mouillez le g.] Gros morceau de pain. _ Il est populaire. Acad.

QUILLE


QUILLE, s. f. [Ki-glie: mouillez les ll, 2e e muet.] 1°. Morceau de bois arrondi et plus menu par le haut que par le bâs, servant à un jeu fort conu. "Un jeu de quilles: jouer aux quilles, etc. = On dit, proverbialement, de celui qu' on mal reçu, qu' on l' a reçu comme un chien dans un jeu de quilles: "J' ai été grondé de n' être pas survenu à la nôce, mais j' aime mieux être grondé en pareille ocasion, que de hasarder d' arriver comme le chien dans un jeu de quilles. M. de Coul. = Être planté comme une quille: Être debout sans remuer. Doner à quelqu' un son sac et ses quilles, le chasser. _ Prendre ou trousser son sac et ses quilles; plier bagage, se sauver.
   Mettez ce qu' il en coûte à plaider aujourd' hui,
   Comptez ce qu' il en reste à beaucoup de familles:
   Vous verrez que Perrin tire l' argent à lui;
   Et ne laisse aux plaideurs que le sac et les quilles.
       La Font.
= 2°. Longue pièce de bois, qui va de la poupe à la proûe d' un vaisseau, et qui lui sert comme de fondement. "Ce vaisseau à 100 pieds de quille.

QUILLIER


QUILLIER, s. m. [Ki-glié: mouillez les ll: 2e é fer.] Espace carré, dans lequel on range les neuf quilles.

QUINA


*QUINA, pour quinquina, est au gasconisme. "On lui a fait prendre du quina. Gasc. Corr. Voyez QUINQUINA.

QUINAUD


*QUINAUD, AUDE, adj. [Kino, nô--de; 2e dout. au 1er, lon. au 2d.] Confus, honteux de n' avoir pas réussi. = Il a signifié aûtrefois gueux. Le Dictionaire de Trév. le met dans le sens de penaud: "Je l' ai rendu bien quinaud; il n' a osé me répliquer. _ Il est vieux, dit l' Académie, et de nul usage, sinon dans le burlesque. = * On a dit anciènement, quinaut avec un t: vieux singe.

QUINCâILLE


QUINCâILLE, s. f. QUINCâILLERIE, s. f. QUINCâILLIER, s. m. [Kein-kâ-glie, glie-rie; glié: 1re et 2e lon. 3e e muet aux 2 prem., é fer. au 3e.] On apèle quincâille, toute sorte d' ustensiles, d' instrumens de fer ou de cuivre, comme couteaux, ciseaux, chandeliers, mouchettes, etc. etc. = Par mépris, monaie de cuivre. = Quincâillerie, marchandises de toute sorte de quincâille: "Faire comerce de quincâillerie. = Quincâillier, marchand, vendeur de quincâille.

QUINCONCE


QUINCONCE, s. m. [Kein-konce; 1re et 2e lon. 3e e muet.] Disposition de plant d' arbres en échiquier. "Bois planté en quinconce. _ C' est aussi le lieu planté de cette manière. = * Pluche dit quinconge; et Rollin, quincunx, mais mal.

QUINDÉCEMVIRS


QUINDÉCEMVIRS, s. m. pl. [Kuin--dé-céme-vir; 2e et 3e é fer. l' e ajouté à l' m, pour marquer la prononciation, est extrêmement muet.] Oficiers Romains ainsi només, de ce qu' originairement ils furent au nombre de quinze.

QUINES


QUINES, s. m. [Kine.] Terme de tric--trac. Deux cinq.

QUINOLA


QUINOLA, s. m. [Kinola.] Nom du valet de coeur au jeu de Reversis.

QUINQUAGÉNAIRE


QUINQUAGÉNAIRE, adjectif et subst. [Kuin-kouâ-génère; 3e é fer. 4e è moy. et lon. 5e e muet.] Qui est âgé de 50 ans. "Homme ou femme quinquagénaire. = Un ou une quinquagénaire

QUINQUAGÉSIME


QUINQUAGÉSIME, s. f. [Kuin-koua--gézime. 3e é fer. dern. e muet.] Il ne se dit que du Dimanche qui est devant le 1er Dimanche de Carême. "Le Dimanche de la Quinquagésime.

QUINQUENNAL


QUINQUENNAL, ALE, adj. [Kuin--kuen-nal, nale: en n' a pas le son d' an: on prononce les 2 n.] Qui dure cinq ans. Magistrat quinquennal. = Qui se fait de cinq ans en cinq ans: Jeux quinquennaux; Fêtes quinquennales. _ Subst. fém. plur. Les Quinquennales, Fêtes qui se célébraient à Rome et dans les~ Provinces, du tems des Empereurs.

QUINQUENNIUM


QUINQUENNIUM, s. m. [Kuin--kuen--niome.] Mot emprunté du latin. Cours d' études de cinq ans.

QUINQUINA


QUINQUINA, s. m. [Kein-kina; 1re lon.] Ecorce d' un arbre du Pérou; remède spécifique pour guérir les fièvres intermittentes. = Le Gendre écrit kinkina; ce n' est pas l' usage.

QUINT


QUINT, adj. et subst. m. [Kein, monos. long.] Cinquième. Il ne se dit que dans ces trois ocasions. Charles quint, Sixte quint, Philipe quint. = En France, en Angleterre, etc. on dit, Charles cinq, Henri cinq, etc. = S. m. Le Quint, la cinquième partie. Avoir le quint: entrer dans une afaire pour le quint. Hors du Palais, on dit plutôt le cinquième, un cinquième.

QUINTAL


QUINTAL, s. m. [Kein-tal: pluriel, quintaux: prononc. kein-tô.] Poids de cent livres. "Quintal de foin, de poûdre: cela pèse tant de quintaux.

QUINTE


QUINTE, s. f. [Kein-te: 1re lon. 2e e muet.] 1°. En Musique, intervalle de cinq notes consécutives, comme ut, sol. = 2°. Espèce de violon, sur lequel on joûe la partie de musique, qu' on nomme la quinte. = 3°. Au piquet, suite de cartes de la même couleur. = 4°. En termes d' escrime, la cinquième garde. = 5°. Toux violente, qui prend par redoublement. "Il lui prend de tems en tems des quintes fâcheûses. = 6°. Caprice, bisârrerie, mauvaise humeur. "Cet homme est sujet à des quintes. "Quand sa quinte le prend, quand sa quinte le tient, il paroit fou, il est insuportable.

QUINTESSENCE


QUINTESSENCE, s. f. QUINTESSENCIER, v. act. [Kein-tè-sance, ci-é; 1re et 3e lon. 2e è moy.] Au propre, toute la vertu d' une chôse, tout ce qu' elle renferme de plus essenciel. = Figurément, ce qu' il y a de principal, de plus fin, de plus caché dans une afaire, dans un discours. "Tirer la quintessence d' un ouvrage. _ Tout le profit qu' on peut tirer d' une afaire d' intérêt, d' une terre à ferme, etc. "Il en a tiré la quintessence.
   Rem. Il me parait un peu vieux au figuré, du moins il n' est pas du beau style. "Il tiroit de chacun d' eux, s' il est permis de parler ainsi, comme la quintessence et la fleur des sciences, dans lesquelles ils excelloient. Rollin. Pour toute sorte de raisons, il sufisait de dire, la fleur. _ L' Académie met quintessence sans remarque.
   QUINTESSENCIER, ne se dit qu' au figuré. Rafiner, subtiliser. "Il ne faut pas tant quintessencier les chôses. "Raisonement quintessencié. Il n' est que du style familier, plaisant ou critique.

QUINTEUX


QUINTEUX, EûSE, adj. [Kein-teû, teû-ze; 1re et 3e lon.] Il n' a raport qu' au 6e sens de quinte. Fantasque, sujet à des quintes, à des caprices. "Homme extrêmement quinteux; il est quinteux comme une mule. "Esprit quinteux; humeur quinteuse. _ Il n' est que du st. fam. Voy. FANTASQUE.

QUINTUPLE


QUINTUPLE, adj. et subst. [Kuin-tu--ple; 1re lon. dern. e muet.] Cinq fois autant. "Vingt est quintuple de quatre. "Rendre le quintuple.

QUINZAINE


QUINZAINE, s. f. QUINZE, adj. et subst. QUINZIèME, adj. et subst. QUINZIèMEMENT, adv. [Kein-zène, kein-ze, ziè-me, meman; 1re lon. 2e e muet au 2d, è moy. aux aûtres, 3e e muet. = En certaines Provinces, on prononce, quinge, quingeaine, quingième.] Quinze, est un nombre qui contient trois fois cinq, ou dix et cinq. "Quinze hommes, jours, louis, etc. "Quinze cens, quinze mille. = S. m. "Le quinze du mois. "Il est au quinze de sa maladie. _ Il se dit aussi adjectivement pour quinzième. Grégoire quinze: Louis quinze. = On dit proverbialement: "Il fait passer douze pour quinze: il trompe. Et en plaisantant: celui-là (cela) en vaut quinze; cela est remarquable et plaisant.
   QUINZAINE, nombre collectif, qui contient quinze unités. "Une quinzaine de jours, d' années, d' écus. = Employé absolument et sans régime, c' est quinze jours. "On l' a renvoyé à la quinzaine.
   QUINZIèME, nombre ordinal. Qui suit immédiatement le quatorzième. "Le quinzième jour: la quinzième année. = S. m. "Le quinzième: on sous-entend, jour du mois. _ Une 15e portion. "Il est dans cette afaire pour un quinzième.
   QUINZIèMEMENT, en quinzième lieu. On l' exprime en abréviation par 15°.

QUIPROQUO


QUIPROQUO, s. m. [Kiproko. _ Au pluriel, il ne prend point d' s: les quiproquo et non pas quiproquos.] Terme emprunté du latin. Méprise. C' est comme qui dirait, mettre un qui pour un quo; ce qui, dans certaines ocasions, peut faire un contre-sens, et avoir des suites fâcheuses. "Il a fait un quiproquo, un étrange quiproquo. "Les quiproquo sont quelquefois dangereux. Style fam. = Quiproquo d' Apothicaire; un remède pour un aûtre. "Un de mes amis périt par un quiproquo d' Apothicaire. Cruel quiproquo! déplorable méprise.

QUITTANCE


QUITTANCE ou QUITANCE, s. f. QUITANCER, v. a. [Kitance, cé: 2e lon. 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Quitance est une déclaration par écrit, qu' on done à quelqu' un, et par laquelle on le tient quite de quelque somme d' argent, ou de quelque redevance. "Doner quitance; fournir une quitance: cela vaut quitance, sert de quitance, etc. = Quitancer, décharger une obligation, un contrat, en écrivant au dôs, au bâs, ou à la marge, que le débiteur a payé le tout, ou partie de la somme, etc. "Quitancer un contrat, une obligation.

QUITTE


QUITTE, ou QUITE, adj. [Kite; 2e e muet.] 1°. Libéré de ce qu' il devait. Je suis quite envers vous: nous voilà quites: aprês avoir joué deux heures, nous sommes sortis quites. = 2°. Délivré de ce qui embarrassait. "Me voilà quite de cette corvée, de ce compliment, de cette visite. "Quite de cet embarras, il se flate de pouvoir être ici sur la fin du mois. Th. d' Éduc. = En être quite, sortir d' embarras avec moins de perte qu' on ne croyait. "Descartes fut heureux d' en être quite à si bon marché. Paulian, Traité de paix, etc. "On en est quite en peu de tems. Mascar. "On en sera quite pour dire que, etc. BOSS. Et adverbialement: quite pour être grondé, ou à être grondé. Cette expression est tout au plus du style médiocre. = Quite à quite, adv. "Nous voilà quite à quite et bons amis. "L' un vaut l' aûtre, quite à quite. = Jouer à quite ou double, ou bien, à quite ou à double; le 1er est le meilleur, et se dit au propre, du Jeu, et au figuré familier, pour, risquer tout, afin de venir à bout de ses desseins."Ce remède est un peu violent, mais aussi on jouë à quite ou double. Sév.

QUITTEMENT


QUITTEMENT ou QUITEMENT, adv. [Kiteman; 2e e muet.] D' une manière quite et franche. "Il possède cette terre quitement et franchement, ou bien franchement et quitement, c. à. d. sans charge ni hypothêque. _ Il ne se dit qu' au Palais, et toujours avec franchement.

QUITTER


QUITTER, ou QUITER, v. act. [Kité: 2e é fer.] 1°. Se séparer de quelqu' un, ou se retirer de quelque lieu: "Je viens de le quiter: "Il a quité la compagnie en un tel endroit. "Il ne le quite ni nuit, ni jour. "Il a quité son pays. "Il a quité la Cour, pour aler vivre en Province. = 2°. Se dépouiller, se défaire de... "Quiter ses habits, ses gants, son épée, son chapeau. Figurément, Renoncer à: "Quiter la robe, l' épée, la soutane, le froc. _ Quiter une charge, un bénéfice. _ Quiter ses mauvaises habitudes, le vin, le jeu, etc. = 3°. Lâcher, laisser aller. "Il l' avoit pris aux cheveux, et ne le vouloit point quiter. "On ne put jamais lui faire quiter prise. _ Figurément. "Le moindre obstacle lui fait quiter prise; abandoner son dessein. = 4°. Se désister... "Quiter une entreprise, un ouvrage, ses études, etc. = 5°. Exempter, décharger, faire grâce de... "Je vous quite de ce que vous me devez. "Envoyez-moi cet habit et ces bijoux de Philémon; je vous quite de la persone. La Bruyère "Je vous quite de tous vos complimens, de vos remercîmens, de vos visites: je n' en ai que faire, je vous en dispense. = 6°. Céder, abandoner à... "Quiter ses droits, ses prétentions à quelqu' un. "Il lui a quité tous les éfets de cette succession. En ce sens, il ne se dit que dans des phrâses pareilles. Autrefois on lui donait un emploi plus étendu.
   Je me ferai quiter le prix.       Malherbe.
  J' aurois même regret qu' il me quittât l' Empire.
      Rac.
  Si votre âme avec elle étoit assez d' acord,
  Pour se vouloir saisir de ce qu' elle vous quite.
       Corn.
"Les Carthaginois lui quittent l' Espagne. Boss. _ M. l' Abé Garnier a dit tout récemment: "Claude de Nassau... quitta son nom aux branches cadettes. Histoire de France. _ Quitter la place à, se dit encôre. "Je veux bien lui quiter la place. _ 7°. * Quiter, pour laisser, est un gasconisme. "J' ai quité ma clef sur la cheminée. Desgr. _ On dit, laissons ces discours, ces querelles, ces reproches. Quitons ne serait point français dans ces ocasions, du moins en prôse. Voltaire l' a dit en vers.
   Quitez, Reine, quitez ce langage terrible.
       Oreste.
= * 8° Un Auteur moderne fait, quiter, neutre sans régime. "Les glaces ne quitent que vers le mois de Juin. Lettr. Edif. Je ne me souviens pas d' avoir vu ce verbe ainsi employé dans d' aûtres Auteurs; mais il ne me déplait point dans cette phrâse.

QUITUS


QUITUS, s. m. [Kitus; on prononce l' s finale] Terme de Finance. Arrêté définitif d' un compte.

QUI-VA-LA


QUI-VA-LA, QUI-VIVE. Termes de guerre. Cri d' une sentinelle, quand elle entend du bruit. = On dit proverbialement, d' un homme hors d' état de répondre à une dificulté qu' on lui propose, qu' il a réponse à tout, hormis à qui-va-là. = Être sur le qui-vive (style figuré familier.) être três-atentif à ce qui se pâsse: ou bien, être inquiet et craintif. "Il est toujours sur le qui-vive.

QUOâILLER


QUOâILLER, v. n. [Koâ-glié: 1re lon. 2e é fer.] Il ne se dit que d' un cheval qui remûe~ perpétuellement la queûe quand on le monte.

QUOI


QUOI, pronom relat. [Koa, monos.] Quelle chôse. Il tient souvent lieu du pronom lequel, laquelle. "À~ quoi pensez-vous? Ce sont des chôses à quoi vous ne prenez pas garde. = 1°. On ne l' emploie jamais au nominatif comme pronom relatif. Il n' est sujet de la phrâse que quand il est pronom absolu, & quand il peut être tourné par, qu' y a-t-il. "Quoi de plus agréable pour des parens, que des enfans vertueux & bien élevés? _ On ne le dit guère qu' avec le superlatif. "Les cercles des hommes ont aussi leurs inconveniens, sans doute. Quoi d' humain n' a pas les siens. Ce quoi d' humain a un air sauvage, qui surprend & qui choque. = Le câs ou quoi est le plus en usage, c' est le datif. "Le bonheur éternel est l' unique objet à quoi nous devons nous apliquer: réfléchissez à quoi vous vous exposez. _ On peut néanmoins dans la plupart des occasions, où l' on emploie à quoi, se servir également des datifs auquel, à laquelle, etc. et c' est à l' oreille à juger lesquels de ceux-ci ou de l' aûtre ont plus de grâce et d' harmonie dans le discours. Le datif à quoi n' est d' un usage indispensable, que quand il a pour antécédent ce ou rien. "C' est à quoi je vous exhorte. "Il n' y a rien à quoi je ne sois disposé. = Pour le génitif et l' ablatif, ce pronom ne se dit qu' avec c' est: "C' est de quoi je vous rendrai compte: c' était de quoi je me plaignais. = À~ l' acusatif, on ne le dit qu' avec des prépositions. On ne doit pas dire avec l' Ab. Gauchat: Quoi te dire, cher ami. Ni avec un traducteur de Fielding: "Si elle se taisoit, ce n' étoit pas manque de savoir quoi dire. Mais on dit: le principe sur quoi je me fonde: la chôse en quoi il a manqué, etc. _ Il est encore libre, dans toutes ces ocasions, de se servir des acusatifs lequel, laquelle, si l' on trouve qu' ils aient plus de grâce. = Dans les régimes des verbes, au lieu de quoi, on se sert de que à l' accusatif et au nominatif. On ne dit pas: quoi dites-vous? quoi est-ce? mais on dit: que dites-vous? qu' est-ce? Ainsi, les Auteurs cités auraient dû dire, que te dirai-je, cher ami? "Ce n' était pas manque de savoir que dire. = De quoi est un aûtre acusatif, dont on se sert pour signifier, moyen, faculté, matière: "Donez moi de quoi écrire: il n' a pas de quoi faire cette dépense, etc. Il régit l' infinitif. De quoi, tout seul, signifie du bien, de l' argent. "Avoir de quoi, c' est être riche. Regn. Il n' est que du st. famil. = 2°. Quoi ne se dit que des chôses inanimées. * Montagne parle des chiens, de quoi se servent les aveugles. Il ne devait dire, ni de quoi, ni de qui, mais dont = 3°. Quoi est aussi une interjection, employée dans les exclamations. "Quoi! toute la nature ne frémit-elle pas! Fonten. dans Thétys et Pelée. Le tour n' étant pas interrogatif, il ne falait pas mettre le pronom elle aprês le verbe: l' Auteur devait dire: quoi! toute la natûre ne frémit pas! = 4°. Quoi, suivi d' un que, qui en est séparé, et qu' il ne faut pas confondre avec quoique, conjonction, ne se dit que des chôses, et peut toujours se tourner par quelque chôse que. Il est masculin sans pluriel, et prend l' article indéfini: "Quoi qu' il puisse m' en arriver: de quoi qu' on l' acûse, il se défendra bien: à quoi qu' on vous destine, vous devez être soumis: je ne crains rien, quoiqu' on fasse pour me perdre. _ Il est quelquefois mieux, pour l' harmonie et pour la clarté, de préférer quelque chôse que à quoi que. Rest. = * L' Acad. reprit aûtrefois, dans Corneille, ce vers:
   Et quoi que mon amour ait sur moi de pouvoir.
Tourné par quelque chôse que, ce vers n' aurait pas de sens: quelque chôse que mon amour ait sur moi de pouvoir. Il falait dire: quelque pouvoir que mon amour ait sur moi. Sentim. sur le Cid. Voy. QUOIQUE, Rem. à la fin. = 5°. Quoique ce soit, ou quelquefois, quoi que ce fût ne se dit que des chôses, au singulier du masculin, et se décline avec l' article indéfini sans négation; et suivi de que ou de qui, il signifie quelque chôse que ou qui: "Quoi que ce soit, qui vous ait retenu; de quoi que ce soit que l' on parle; à quoi que ce soit que vous vous destiniez, etc. _ Avec une négation, il signifie rien: "On ne m' a appris quoi que ce soit de nouveau: je ne me plains de quoi que ce soit: cela n' est bon à quoi que ce soit. = 6°. Quoi qu' il en soit (et non pas quoi qui en soit, comme disent certains) régit l' ablatif: quoi qu' il en soit de ce que je viens de dire. _ Le plus souvent, on l' emploie sans régime; et il sert alors de conjonction et de transition pour passer d' une phrâse à l' autre. = * Aûtrefois, on disait, quoi que c' en soit, ou quoique ce soit: "Quoi que c' en soit, c' étoit dans des rencontres de cette nature, que ses inquiétudes rassuroient ses Soldats. P. Rapin "Quoi que ce soit, on peut voir en cela la grandeur de la Fortune, etc. Voit. = Vaugelas trouvait quoi que c' en soit aussi bon que quoi qu' il en soit; mais l' usage ne tarda pas de changer; et Th. Corneille condamne le premier, et n' admet que le second. = * Bossuet, suposant aparemment que le pronom en tient lieu de l' ablatif (de la prép. de) le retranche, quand il y a régime. "Quoi qu' il soit de l' imputation, etc. Il faut: quoi qu' il en soit de, etc. = 7°. Je ne sais quoi, espèce de substantif, qui régit la prép. de devant les adjectifs. Il signifie, quelque chôse: "Il crut apercevoir en moi je ne sais quoi d' heureux, qui vient des dons du Ciel. Télém. "Le jour n' inspire point je ne sais quoi de triste et de passioné comme la nuit. Fonten. _ Il se dit aussi sans régime, mais il est toujours suivi du pronom relatif. "Il avait je ne sais quoi dans ses yeux perçans, qui me faisoit peur. Télém. _ On dit même, un je ne sais quoi.
   Ce qui va droit au coeur, un trait brillant, qui pique,
   Est un je ne sais quoi, qui ne peut s' expliquer,
   Mais que les Maîtres seuls savent bien remarquer.
       Du Resnel.
= Comme je ne sais quoi, adv. Grandement. Locution populaire. "Elle est méchante comme je ne sais quoi. Th. d' Éduc.
   Rem. Il y a des phrâses où à quoi a bien mauvaise grâce. "Des lois à quoi il soit obligé d' obéir: la complaisance à quoi il avoit obligé les Évêques. Hist. du Droit Eccl. Fr. Il falait dire auxquelles, à laquelle. Voy. n°. 1°. = Il est aussi des prépositions avec lesquelles quoi ne s' alie pas bien. * Bossuet a dit pendant quoi, pour dire, pendant lequel tems; quoi plus, pour, que dirai-je de plus. = Par quoi est vieux aussi, et n' est plus bon que pour le marotique. On dit aujourd' hui, c' est pourquoi. Comme quoi, pour comment, se dit encore dans le style familier. "Voilà tout justement comme quoi je suis ici. Mariv.
   De narrer comme quoi la pièce
   Y sonna par tout le toscin.
       Gresset.

QUOIQUE


QUOIQUE, conjonction. [Koa-ke: 2e e muet.] Encore que. Il régit le subjonctif: quoique je veuille; quoique je fasse: "Quoique Dieu soit infiniment bon, il ne peut laisser le crime impuni. = Ménage remarque que nos anciens lui ont fait régir l' indicatif; mais depuis long-tems l' usage a changé. Ne dites donc pas: quoiqu' il y allait de mon honeur de retourner au plutôt à la Ville, je me suis pourtant reproché la faûte que j' ai faite de vous quitter. Dites: quoiqu' il y allât. = 2°. Quoique exprime une oposition aparente entre les deux membres de la phrâse. Ainsi, quand il n' y a pas d' oposition, on ne doit pas l' employer. "Ce modèle fut suivi avec succès par Le Tasse... quoiqu' un certain Oliviero l' eût tenté devant lui, mais avec moins de bonheur. P. Rapin. Le mauvais succês de celui-ci n' était pas un obstacle à l' heureux succês de celui-là: il aurait pu seulement le décourager et l' empêcher de le tenter après lui. La phrâse eût été plus raisonable, si l' Auteur avait dit que Le Tasse suivit avec succês ce modèle, qu' il ne craignit point de chercher à imiter, quoiqu' Oliviero l' eût tenté avant lui avec peu de bonheur. = 3°. Quoique ne doit point s' unir à des participes actifs. "Quoique n' ayant pu recueillir les particularités de la vie de, etc. il mérite d' être préservé de l' oubli. Formey. La construction de cette phrâse est d' autant plus bisarre, qu' ayant ne se raporte pas même au sujet du verbe mérite; ou que, pour mieux dire, il ne se raporte à rien. Il falait: quoique je n' aie pu recueillir, etc. = Il ne doit pas non plus régir des participes passifs, privés du verbe auxiliaire. "Quoiqu' acoutumés aux scènes d' ambition, la tempête qui vient de s' élever est d' un caractère à mériter la plus sérieuse atention. Mallet du Pan. Il falait: quoique nous soyions acoutumés, etc. = 4°. Quand il y a plusieurs membres dans une phrâse, qui ont la même marche, il ne faut pas répéter, au second, quoique, mais seulement que: "Quoique Dieu soit bon, et qu' il soit toujours prêt à recevoir les pécheurs, cependant, etc.
   Rem. Jusqu' à présent, l' usage n' avait permis d' élider l' e muet de quoique, et de le remplacer par une apostrophe que devant le pronom personel, il, elle, etc. Depuis peu des Auteurs ou des Imprimeurs l' élident devant tous les mots començans par une voyèle: quoiqu' acoutumés, quoiqu' enfin, quoiqu' assez considérable, quoiqu' une secte, quoiqu' arrêté pour cette entreprise, quoiqu' à la fin, quoiqu' uniquement. Ce nouvel usage n' est pas encore assez autorisé, et il n' est d' aucune utilité. = Suivant l' Auteur des Réflexions, il y a des gens qui préfèrent pour avec l' infinitif, à quoique avec le subjonctif: Au lieu de dire: "quoiqu' on soit riche, on n' en est pas plus heureux, ils disent: Pour être riche, on n' en est pas plus heureux. _ L' un et l' autre sont bons; mais il est une foule d' occasions où le 2d ne pourrait pas remplacer le premier; et quoique est d' un emploi beaucoup plus étendu. Il ne faut pas confondre quoique, conjonction, avec quoi que, c. à. d. quelque chôse que: le premier n' est qu' un seul mot: l' autre en forme deux, et il est composé des deux pronoms quoi et que. "Quoi que je fasse (c' est-à-dire, quelque chôse que je fasse) il y troûve à redire.
   Souvenez-vous quoi que le coeur vous dise,
   de ne jamais former nulle hantise
   Qu' avec des gens, dans le monde aprouvés.
       Rousseau.
C' est à dire, quelque chôse que le coeur vous dise.
   N' importe! En ce moment, quoi que le Ciel ordonne,
   À~ ses ordres sacrés mon ame s' abandonne.
       Camp.
Voy. QUOI, n°. 4°.

QUOLIBET


QUOLIBET, s. m. [Kolibè: 3e è moy.] Mauvais jeu de mots; mauvaise pointe. "Il ne dit que des quolibets; c' est un diseur de quolibets.
   Ses quolibets passent pour apophtegmes.
       Rousseau.
Ce mot était encore nouveau à la fin du siècle passé: on peut le conclûre de ce que La Bruyère le met en Italique. = Depuis long-tems les quolibets, les pointes et jeux de mots étaient pâssés de mode. Le mauvais goût les a ramenés, et on les apèle aujourd' hui Calembourgs.

QUOTE


QUOTE, adj. fém. [Kote: 2e e muet.] Il ne se dit qu' avec part: la quote part est la part que chacun doit payer ou recevoir. "Il a tant payé ou tant reçu pour sa quote part.

QUOTIDIEN


QUOTIDIEN, ENNE, adj. [Koti-dien, diè-ne: 3e è moy. au 2d.] Journalier. Le premier ne se dit qu' avec pain et fièvre. Le second est d' un usage plus étendu. "L' expérience journalière; un travail journalier, des ocupations journalières; une humeur journalière (changeante); les armes sont journalières, c. à. d. sujètes à des révolutions. Quotidien ne vaudrait rien dans ces phrâses; ni journalier avec fièvre et pain. = On dit, proverbialement, d' une chôse, qui est ordinaire à quelqu' un, que, c' est son pain quotidien.

QUOTITÉ


QUOTITÉ, s. f. [Kotité: dern. é fer.] La somme fixe à laquelle monte chaque quote part. "Payer sa quotité.