Dictionnaire critique de la langue française Dictionnaire critique de la langue française 1787 Français 2007-4-4 ARTFL Converted to TEI PRORATA


PRORATA, s. m. Terme latin qu' on n' emploie en français que dans cette phrâse adverbiale: au prorata, à proportion. Il n' est que du style famil. et régit la prép. de "Les héritiers doivent payer les frais au prorata de leurs parts et portions. "Les Grignans, que j' aime, que j' estime, que j' honore tous au prorata de leurs dignités. Sév. "Tout ce qui est ici vous aime et vous embrasse chacun au prorata de ce qui lui convient, et moi plus que tous. Id.

PROROGER


PROROGER, v. act. Prolonger le tems qui avait été pris ou doné pour quelque chôse. Acad. Doner un délai de payer, de faire une enquête, etc. Trév. _ L' Abé des Fontaines a fort bien remarqué que proroger et prolonger ne sont pas synonymes: le 1er se dit d' un terme qui avait été fixé, et qu' on éloigne, et ne se doit pas dire de l' espace jusqu' à ce terme. Il condamne donc, proroger un délai, exemple doné par l' Acad. et encôre plus sévèrement, un Auteur qui avait dit, proroger le jugement définitif. Dans Trév. on trouve pour exemple, proroger le pouvoir doné à des arbitres. Mais on a tort, dit l' Abé Des Fontaines, de qualifier ce mot de terme de Palais, puisqu' il est d' un usage comun dans la société. = En Angleterre, proroger le Parlement, c' est remettre la séance à un aûtre jour. Ce verbe n' a cette signification que dans cette ocasion.

PROSAïSER


*PROSAïSER, v. n. PROSAïQUE, adj. PROSATEUR, s. m. PROSE, s. f. [Prosaïzé, zaï-ke, za-teur, prôze: 1re lon. au dern.] Prôse se dit par oposition à vers, poésie: discours qui n' est pas asujéti à une certaine mesûre. "Le langage de la prôse est plus simple et moins figuré que celui des vers. "J' ai donc fait un sermon, sans y penser. J' en suis aussi étonnée que M. le Comte de Soissons, quand on lui découvrit qu' il faisoit de la prôse. Sév. Molière a profité de ce trait, dans son Bourgeois Gentilhomme; et il a passé en proverbe: faire de la prôse sans le savoir, réussir par hasard et sans dessein. = On distingue la prôse poétique, la prôse oratoire, la prôse ordinaire et la prôse rimée. La plupart des vers dont nous sommes inondés, ne sont que de la prôse rimée. On dit, dans le style burlesque, que c' est de la prôse pourrie, où les vers se sont mis.
   PRôSE est aussi un ouvrage latin, où, sans observer la quantité, on observe le nombre des syllabes. "La prôse de St. Thomas d' Aquin sur l' Eucharistie est admirable.
   PROSAïQUE, qui tient de la prôse. Il ne se dit qu' en mauvaise part, d' une poésie lâche et traînante. Style prosaïque: terme, façon de parler, tour prosaïque.
   PROSATEUR, Écrivain en prôse. Ménage, inventeur de ce mot, ne put le faire recevoir. Il se dit aujourd' hui, et l' on peut s' en servir sans scrupule. "Presque par-tout la hardiesse du Poète a éfarouché la timidité du Prosateur. L' Abé de Lille. "Du Ryer, três-savant, homme de goût, prosateur élégant et correct. Linguet. L' Abé Des Fontaines, M. l' Ab. Grosier, etc. etc. ont aussi employé ce mot.
   *PROSAïSER est un mot forgé par Rouss. en imitation du st. de Marot. Faire de la prôse.
   Maître Vincent, le grand faiseur de lettres,
   Si bien que vous n' eut su prosaïser.

PROSCRIPTION


PROSCRIPTION, s. f. PROSCRIRE, v. act. PROSCRIT, s. m. [Proskrip-cion, en vers, ci-on: Proscrîre, proscri; 2e lon. au 2d.] Proscrire, condamner à mort par autorité légitime ou usurpée, mais sans forme judiciaire. Proscription, condamnation, etc. Proscrit, celui qui a été condamné, etc. "Sylla proscrivit plusieurs milliers de citoyens. "Les Triumvirs proscrivirent leurs énemis. "Les proscriptions de Sylla, de Marius, des Triumvirs font encôre horreur, quand on y pense. "Cicéron fut du nombre des proscrits.
   PROSCRIRE ne signifie quelquefois qu' éloigner. "Domitien proscrivit les Philosophes, non-seulement de Rome, mais de toute l' Italie. = Fig. On le dit des termes d' une Langue. "Ces mots ont été proscrits depuis long-tems. = Proscription et proscrit ne se disent en ce sens, qu' en plaisantant.

PROSE


PROSE. Voy. PROSAïSER.

PROSÉLYTE


PROSÉLYTE, subst. [Prozélite: 2e é fer. dern. e muet. = Richelet écrit proselite, sans accent sur le 1er e: c' est une mauvaise ortographe, qui induit à une mauvaise prononciation.] En grec, il signifie étranger; dans l' Écriture et chez les Écrivains Éclésiastiques, il se dit de celui, de celle qui a passé du Paganisme à la Religion Judaïque. On le dit aussi de celui, de celle, qui est nouvellement converti ou convertie à la Foi Catholique; et par extension, des partisans qu' on gâgne à une secte, à une opinion. Rousseau dit aux Incrédules, sur le ton du sarcasme:
   Que tardez-vous? ces tendres nourrissons
   Déja du coeur dévôrent vos leçons...
   Vous les verrez, glorieux néophites,
   Faire à leur tour de nouveaux prosélytes.

PROSÉLYTISME


*PROSÉLYTISME, s. m. [Prozélitisme. 2e é fer. dern. e muet.] Ce mot est assez nouveau. "Tel fut son zèle de prosélytisme. Hist. d' Angl. "Sa réponse fait bien voir la sincérité de son prosélytisme. FORMEY. Dans le 1er exemple, ce mot signifie le zèle de faire des prosélytes: le sens de ce mot est actif en cet endroit: dans le 2d, il signifie, changement de Religion: là il a le sens passif. Si ce mot est reçu, il le sera probablement dans la première acception. C' est ainsi qu' on l' emploie dans l' Ann. Litt. en rendant compte d' un Dialogue entre un des Philosophes du jour, tourmentés de la manie du prosélytisme, et un Chevalier, qui n' est rien moins que Philosophe; ouvrage três-bien fait, de M. l' Abé Pey.

PROSODIE


PROSODIE, s. f. PROSODIQUE, adj. [Pro--zodî-e, dike; 3e lon. au 1er, dern. e muet dans les deux.] Termes de Gramaire. Prosodie, prononciation régulière des mots conformément à la quantité des syllabes. Prosodique, qui apartient à la prosodie. "Il entend bien la prosodie: accent prosodique. Voy. la Préface de ce Dictionaire. Voy. aussi les mots, DOUTEUX et LONG.

PROSOPOPÉE


PROSOPOPÉE, s. f. [Prozopopé-e; 4e é fer. et long.] Figure de Rhétorique, par laquelle l' Orateur introduit dans son discours une persone feinte, ou une chôse inanimée, qu' il fait parler ou agir.

PROSPECTUS


PROSPECTUS, s. m. [Pros-pèktus: 2e è moy.] Mot latin francisé. Programme, qui se publie avant qu' un ouvrage paraisse, dans lequel on en done une idée, on anonce le format, le caractère, etc. et les conditions de la souscription, s' il y en a.

PROSPèRE


PROSPèRE, adj. PROSPÉRER, v. neut. PROSPÉRITÉ, s. f. [2eè moy. et long au 1er, é fer. aux deux aûtres.] Prospère, favorable. Prospérer, avoir la fortune favorable. Prospérité, heureuse situation des afaires. "Le Ciel vous soit prospère: il a eu les vents prospères. "Dieu permet que les méchans prospèrent; c' est une preuve d' une vie à venir. "Les aflictions des gens de bien sont préférables à la prospérité des méchans.
   Rem. Dês le tems de MALHERBE, prospère a trouvé des contradicteurs. M. de Termes reprenant Racan d' un vers qu' il changea depuis, et où il y avait, parlant d' un homme champêtre:
   Le labeur de ses bras rend sa maison prospère.
Racan lui répondit que Malherbe avait usé de ce mot.
   O que nos fortunes prospères!
Malherbe, qui était présent, lui répondit brusquement: "Hé bien, morbleu, si je fais une sotise, voulez-vous en faire une aûtre? Vie de Malherbe. Ces deux Poètes donaient à ce mot un sens passif; qui prospère, qui est favorisé. Il a le sens actif; qui favorise, qui fait prospérer. = L' Académie disait, dans la troisième édition de son Dictionaire, que ce mot vieillissait. C' eût été domage: il est beau et sonôre; et je crois que les Poètes ne le laisseront pas périr. Dans la dern. édition l' Académie se contente de dire, qu' il n' est guère plus d' usage que dans le discours soutenu.
   Dieu puissant! oui, c' est vous,
   Qui venez m' anoncer un destin plus prospère.
       Marin, Fédéric.
M. D. L. H. dit dans sa Traduction du Philoctète de Sophocle:
   Quel dessein, ou pour moi, quel vent assez prospère,
   A guidé vos vaisseaux, et vous même en ces lieux?
On se récrie sur cette expression dans l' Ann. Litt. "A-t' on jamais dit, un vent prospère, pour un vent propice, et un vent prospère pour moi? La prospérité du vent est quelque~ chôse de bien nouveau." _ Qu' il nous soit permis de répondre à cette critique. Elle n' est point juste en tous ses points. Dabord, qu' on dise, un vent prospère, cela n' est pas nouveau: l' Académie l' a dit depuis long-tems. Ensuite, dès qu' on dit, un vent favorable, pourquoi ne dirait-on pas, un vent prospère? Ces deux mots sont synonymes pour le sens, s' ils ne le sont pas pour l' emploi. Le 1er, se dit dans tous les styles: le 2d, se dit au moins dans le style poétique. "Prospère ne se dit presque plus en prôse, dit M. l' Abé d' Olivet; mais en vers il est toujours beau (voyez la XIIIe Remarque sur Racine.) 3ment, de ce qu' on ne dit pas, la prospérité du vent, ce n' est pas une preuve qu' on ne puisse dire, un vent prospère. La prospérité se dit, non pas de celui qui favorise, mais de celui qui est favorisé: c' est tout le contraire de prospère; l' un a le sens passif, l' autre le sens actif. Voyez plus haut. Pour ce qui regarde le régime de la prép. pour, je crois que l' Auteur doit pâsser condamnation. Il me paraît qu' on ne dit point prospère pour, comme on ne dit point, favorable pour. On dit favorable, ou prospère à nos voeux, etc. = Le même Poète dit, dans la même pièce:
   Puisse-t-il nous frayer une route prospère?
Ici cet adjectif n' est pas bien apliqué, par la raison que nous avons dit plus haut, dans la remarque sur les vers de Malherbe et de Racan. On ne dirait pas plus, une route favorable, qu' une maison favorable. On ne doit donc pas plus dire, route prospère, que maison prospère. Racine dit, dans les Frères Énemis:
   Il est vrai, vous avez toute chôse prospère.
Son fils convient que prospère va mal avec chôse. Ce ne peut être, à mon avis, que parce que chôse n' est pas un mot poétique; car en prôse, je crois que ces deux mots peuvent s' unir ensemble. L' Acad. le dit au pluriel: je crois qu' on peut le dire aussi au singulier, comme on dirait, toute chôse nous est favorable. Il est vrai que tout va mieux que toute chôse avec l' un et l' autre adjectif: tout nous est favorable, tout nous est prospère.
   PROSPÉRER se dit des chôses, dans le sens de réussir, avoir un heureux succès. "Toutes chôses lui ont prospéré. "Ce comerce, ces afaires prospèrent entre ses mains.

PROSTERNATION


PROSTERNATION, s. fém. PROSTERNEMENT, s. m. SE PROSTERNER, v. réc. [Prostêrna-cion, neman, né: 2e ê ouv. 3ee muet au 2d, é fer. au 3e.] Se prosterner c' est se jeter à genoux, se baisser jusqu' à terre. "Se prosterner devant Dieu, aux pieds des Autels, la face contre terre. = Prosternement, rejeté d' abord du Public, oublié par l' Acad. condamné par le P. Bouhours, a été mis dans les dernières éditions du Dict. Acad. On a dit tout nouvellement prostration, et de tout tems prosternation. Dans la Nouv. Édit. l' Acad. dit prosternation de l' état de celui qui est prosterné, et prosternement de l' action de celui qui se prosterne. Ainsi le 1er aurait un sens passif, et le 2d un sens actif. La Bruyère et autres Auteurs disent prosternation dans ce second sens: "Un Souverain est-il payé de ses peines par toutes les prosternations des courtisans? = * Prostration est employé dans le Journ. de Litt. "Si l' on veut que les prostrations soient des marques incontestables du culte de Latrie; il faudroit donc également acuser les Juifs, qui se prosternoient devant les persones distinguées. _ Prostration n' a pas l' air de faire fortune. Il est dur et peu nécessaire, puisque nous en avons deux pour un qui le remplacent, prosternement et prosternation. Je crois qu' on peut les dire indiféremment, quoique mon goût penche vers le premier. Prostration est dans Trévoux; l' Acad. ne le met point. Suivant M. l' Ab. Roubaud, il sert à marquer une sorte de culte, tandis que prosternation n' anonce qu' une humble révérence: on salue avec prosternation; on adore avec prostration. _ L' usage n' a point encôre admis cette distinction.

PROSTITUER


PROSTITUER, v. act. PROSTITUTION, s. fém. [Prostitu-é, tu-cion: dern. é fer. au 1er: devant l' e muet l' u est long: il prostitûe: au futur et au conditionel cet e muet se mange et ne se prononce pas: il prostituera, prostituerait: pronon. prostitûra, prostitûrè, en 4 syllabes.] Au propre, ils expriment l' action de livrer à l' impudicité. "Une mère qui, après avoir vécu dans la prostitution, prostitûe elle-même sa fille. = S. f. Une prostituée, une femme ou une fille abandonée à l' impudicité, vivant dans la prostitution. = Ces deux mots sont fort usités au figuré. Que d' hommes prostituent leur honeur, leur dignité, la justice, la Magistratûre. "Homme vendu à l' iniquité, prostitué à la faveur. "Plume vénale et prostituée. "La prostitution de la Justice, des lois. "Ô vous qui consumez le tems dans l' indolence, qui le prostituez à de vils plaisirs. Thomas.
   Et vil client de la fierté,
   À~ de méprisables idoles
   Prostituer la vérité.
       Gresset.
"Quand on a ou qu' on croit avoir cette force, pourquoi faire aux mots de raison, de justice, de lois, l' afront de les prostituer ainsi? Linguet. "Quelle étrange prostitution des titres et de la gloire. Id.

PROTâSE


PROTâSE, s. f. [Protâze; 2e lon. 3e e muet.] La partie d' un poème dramatique, qui contient l' exposition du sujet de la pièce. _ Ce mot n' est usité que chez les Savans, et il y aurait de la pédanterie à s' en servir dans le discours ordinaire. Le mot d' exposition est plus conu et plus intelligible.

PROTE


PROTE, s. m. [2e e muet.] Chez les Imprimeurs, c' est celui qui, sous les ordres du maître, est chargé de la direction et de la conduite des ouvrages, de revoir et de corriger les épreûves.

PROTECTEUR


PROTECTEUR, TRICE, s. m. et fém. PROTECTION, s. fém. PROTÉGER, v. act. [Protèk-teur, trice, tèk-cion, tégé; 2e è moyen aux trois premiers, é fer. au dern. dont la 3e é aussi fermé.] Protéger, prendre la défense de. "Protéger les gens de bien, les faibles, les oprimés; la Religion, la Justice, etc. = Protéger, défendre, soutenir (synon.) On protège ce qui a besoin d' être encouragé: on défend ce qui est ataqué: on soutient ce qui plie ou chancèle "Un Roi sage et puissant doit protéger le comerce dans ses États; le soutenir contre les étrangers, et le défendre contre ses énemis. = On dit, défendre une caûse: soutenir une entreprise; protéger les Sciences, les Arts. On est protégé par ses supérieurs: on peut être défendu et soutenu par ses égaux. _ On est protégé par les aûtres: on peut se défendre et se soutenir soi-même. _ Protéger supôse de la puissance, et ne demande point d' action; défendre et soutenir en demandent; mais le premier supôse une action plus marquée: "Un petit État, en tems de guerre, est, ou défendu ouvertement ou secrètement soutenu par un plus grand, qui se contente de le protéger en tems de paix. (Encycl. BEAUZ. Synon.)
   Rem. Protéger, au passif, régit quelque--fois l' ablatif de la persone. "Il fut soutenu et protégé du Monarque françois. H. d' Angl. "Le Prince dont il étoit protégé: elle en fut hautement protégée. _ Avec les chôses, il faut employer la prép. par. "Il était juste qu' ils fussent protégés du pouvoir auquel ils se soumettoient. Hist. d' Angl. Je crois qu' il faut dire, par le pouvoir. _ Avec les persones même, par est toujours plus sûr.
   PROTÉGÉ, ÉE, subst. est assez nouveau, mais bien établi dans le style simple. "Il est le protégé de... "Elle est sa protégée.
   Des protégés si bas, des protecteurs si bêtes.
       Gresset.
  PROTECTEUR, TRICE, celui, celle qui protège. "Il est le protecteur des pauvres, des afligés. Les Rois sont les protecteurs des lois, de l' Église, etc. = Protectrice est un mot dur, comme presque tous ceux de cette terminaison; et il le parait encore plus parce qu' on n' en fait pas un grand usage. "Quelle main protectrice vous soulevoit au milieu des ondes écumantes? L' Ab. de Boismont. La Ste. Vierge sera notre protectrice auprès de son Fils. "Cette Princesse est sa protectrice. Acad.
   PROTECTION, action de protéger: la protection de Dieu, du Ciel. Prendre la protection de. Doner de la protection à. Prendre quelqu' un sous sa protection ou en sa protection: le premier est le plus usité. "Les Lacédémoniens prirent les Corinthiens en leur protection. = Apui, secours: l' un a de puissantes protections: l' autre n' a, ne trouve aucune protection. Le P. Rapin.

PROTÉE


PROTÉE, s. m. [Proté-e: 2eé fer. et long, 3e e muet.] Dieu de la Fâble, qui, quand il voulait, changeait continuellement de formes. On le dit d' un homme qui joûe toute sorte de personages. "Cet homme est un protée.

PROTÉGER


PROTÉGER, voy. PROTECTEUR.

PROTESTANT


PROTESTANT, s. m. PROTESTANTISME, s. m. [Protèstan, tantisme: 2e è moy. 3e lon.] Protestans est le nom qui fut dabord doné aux Luthériens, parce qu' ils protestèrent en 1529 contre un Décret de l' Empereur et de la Diète de Spire. On a dans la suite étendu ce nom aux Calvinistes et à toutes les sectes séparées de l' Église Romaine. "Les Protestans ne sont point d' acord entre eux sur les points les plus essenciels du dogme. = Adj. "Les États protestans: la religion protestante; les Princes protestans, les Églises protestantes. = Protestantisme: la croyance des Églises protestantes.

PROTESTATION


PROTESTATION, s. fém. PROTESTER, v. n. et act. [Protèsta-cion, té: 2eè moyen, 3e é fermé au 2d.] Protester, c' est 1°. assurer ou promettre positivement. "Je vous le proteste sur mon honeur. En ce sens, il n' est actif que dans cette phrâse. Dans son emploi le plus ordinaire, il est neutre, et régit le datif des noms et l' indicatif des verbes. "Je vous proteste que je l' ai fait: il lui protesta qu' il ne l' avait pas dit; et de avec l' infinitif: "Il lui protesta de ne l' abandonner jamais. Acad. Le régime de la conjonction que est plus sûr; qu' il ne l' abandonerait jamais. = 2°. Déclarer en forme juridique. Il régit alors contre ou de: "Il a protesté contre cette délibération: il proteste de son inocence; au Palais, il proteste~ de violence, de nullité, d' incompétence, de domage et intérêts. 3° En matières de lettres de change, il est actif: Protester ou faire protester un billet, une lettre de change. Voy. PROTêT.
   PROTESTATION n' a que les deux prem. sens de protester: "Il lui a fait mille protestations d' amitié, de service, de fidélité, etc. = Faire sa protestation contre une délibération, un acte, un arrêt, etc.

PROTêT


PROTêT, s. m. [Protê: 2eê ouvert et long: on ne prononce point le t. _ Autrefois on écrivait et on prononçait protest; et plusieurs parmi les Négoçians l' écrivent et le prononcent encore de même.] Terme de Banque. Acte par lequel, faûte d' aceptation ou de payement d' une lettre de change, on proteste et l' on déclare que celui sur qui elle est tirée et son correspondant seront tenus de tous les préjudices qu' on en recevra. Faire un protêt pardevant Notaire. Faire signifier un protêt.

PROTOCANONIQUE


PROTOCANONIQUE, adj. PROTOCOLE, s. m. PROTONOTAIRE, s. m. PROTOSYNCELLE, s. m. [Protokanonike, kole, notère, seincèle: tous ces mots sont composés du mot grec protos, qui signifie premier. _ Ménage voulait qu' on dit protecole, protenotaire: son opinion n' a pas prévalu.] Protocanonique se dit des livres sacrés, qui étaient reconus pour tels avant même qu' on eût fait des canons des livres saints. = Protocole, formule pour dresser des actes publics. _ Chez les Secrétaires d' État ou des Princes, formulaire contenant la manière dont les grands Princes traitent dans leurs lettres ceux à qui ils écrivent. _ Protonotaire, Oficier de la Cour de Rome, qui a la prééminence sur tous les Notaires de la même Cour. = Protosyncelle, Vicaire d' un Patriarche ou d' un Évêque de l' Église grecque.
   Remarq. Protocole se dit, au figuré, dans le style critique ou badin. "Les injûres des halles, les facéties mordantes, etc. étoient le protocole de V... Anon.
   En peu de mots, voilà le protocole
   De ce public, notre superbe idole.
       Rousseau.

PROTOTYPE


PROTOTYPE, s. m. Original, modèle. = Ce mot est presque entièrement hors d' usage dans le sérieux, et ne peut plus se dire que dans le style comique ou critique. Un Auteur moderne a pourtant dit encôre fort sérieûsement que: "L' Harmonie est un prototype d' économie, d' ordre, de sagesse, de beauté pour les moeurs. = Le Rich. Port. le met sans remarque. Suivant l' Acad. il se dit particulièrement des chôses qui se moulent ou se grâvent; et hors delà, il n' est guère en usage qu' au figuré et en plaisanterie. "Prototype de sagesse, d' éloquence.

PROTUBÉRANCE


PROTUBÉRANCE, s. fém. [3e. é ferm. 4e. lon. 5e e muet.] Terme d' Anatomie. Avance, éminence. "Les protubérances du cerveau.

PROTUTEUR


PROTUTEUR, s. m. Celui qui, sans avoir été nomé tuteur, a néanmoins géré et administré les afaires d' un mineur.

PROU


PROU, adv. [Monosyllabe.] Terme gaulois, dont on se sert encore dans le st. famil. Assez, beaucoup. "Il faut que j' en reçoive peu ou prou, comme on dit: il faut que je voie pied ou aile de ma chère fille. Sév. = Prou ne se dit qu' avec peu. "Peu ou prou: ni peu, ni prou.

PROûE


PROûE, s. f. [1re lon. 2ee muet.] La partie de l' avant d' un vaisseau, d' une galère. "Aler de poupe à proûe.

PROVÉDITEUR


PROVÉDITEUR, s. m. Nom que les Vénitiens donent à certains Oficiers publics. "Provéditeur de la santé. Provéditeur général de la flote, etc.

PROVENANT


PROVENANT, ANTE, adj. PROVENIR, v. n. [2e e muet, 3e lon. aux deux prem.] Provenir, procéder, dériver, émaner de. Provenant, qui provient de. "Cette maladie provient d' un amâs d' humeurs. "C' est de là que proviènent tant d' abus. "Les biens provenans de la succession. = Suivant l' ACAD. provenir signifie aussi, revenir au profit de quelqu' un. Il régit, en ce sens, le datif de la persone, l' ablatif de la chôse. "Que proviendra-t-il au Roi de cette afaire?
   PROVENU, s. m. Le profit qui vient d' une afaire. "Elle donna ordre qu' à l' heure que les marchandises se délivreroient, le provenu en fût exactement enregistré. Charlev. Hist. du Japon.

PROVENCE


PROVENCE, s. f. PROVENÇAL, ALE, adj. [Provance, vansal, sale: 2e lon. dern. du 1er et du dern. e muet. = Ménage écrit Provance avec un a, et de son tems plusieurs terminaient en ance les mots que nous finissons par ence; aparance, démance, éloquance. C' était sur-tout l' ortographe de Malherbe.] Provence est l' une de nos Provinces méridionales. Provençal, qui est de Provence. = On a de terribles préventions contre la Provence et les Provençaux par raport à la langue; et il faut avouer que ces préventions ne sont pas tout-à-fait sans fondement: mais on les porte à l' excês. Plusieurs disent de cette Province ce que Nathanaël disait de Nazareth. "Peut-il en venir quelque chôse de bon? C' est pour l' Auteur de ce Dictionaire un terrible préjugé à vaincre. Ceux qui ont quelque estime pour son ouvrage, le regardent comme un phénomène. D' aûtres le condamneront, peut-être sans l' examiner, sur l' étiquette du sac. Voy. la PRÉFACE. N° VIII.
   PROVENÇALISME, façon de parler vicieûse, usitée en Provence. Le grand raport que le patois du pays a avec le français ocasione beaucoup de locutions irrégulières. On habille à la française des mots provençaux, des expressions inusitées dans la langue française. La terminaison est française, le mot est provençal: chaque mot de ces expressions composées est un mot français; l' assemblage de ces mots est un provençalisme. "On a relevé beaucoup de provençalismes dans ce Dictionaire.

PROVENDE


*PROVENDE, s. f. [Provande: 2e lon. 3e e muet.] Provisions de vivres. Vieux mot, employé par La Fontaine.
   Veaux de lait, agneaux et brebis,
   Régiment de dindons, enfin bonne provende.
Le Rich. Port. dit qu' il est du style famil. l' Acad. le met sans remarque et sans en doner d' exemple.

PROVENIR


PROVENIR, PROVENU, voyez PROVENANT.

PROVERBE


PROVERBE, s. m. PROVERBIAL, ALE, adj. PROVERBIALEMENT, adv. [Provêrbe, bi-al, ale, aleman: 2eê ouvert, 3e du 1er et 5e du 3e et du 4e e muet.] Proverbe est une espèce de Sentence exprimée en peu de mots, et devenûe comune et vulgaire. "La plupart des proverbes sont figurés. = Depuis peu, on dit jouer aux ou des proverbes; faire une comédie in-promptu, qui renferme le sens d' un Proverbe qu' on done à deviner. On a imprimé des comédies-Proverbes. = Proverbial, qui tient du proverbe. Style proverbial.; façon de parler proverbiale. = Proverbialement, d' une manière proverbiale. "On dit, proverbialement, que la pelle se moque du fourgon.
   Proverbe, Adage~ (synon.) Le proverbe est une sentence populaire: l' adage est un proverbe piquant et plein de sel. Il n' y a que du sens et de la précision dans le proverbe: il y a de l' esprit et de la finesse dans l' adage. Le proverbe, qui joint à l' instruction des motifs d' agir, est un adage, etc. Extr. des Syn. Fr. de M. l' Ab. Roubaud.
   Rem. Les Proverbes et les expressions proverbiales ne sont bons que dans le style familier. Il ne faut pas trop les prodiguer, et il faut savoir les apliquer avec justesse et avec goût. Mde. de Sévigné est en ce genre un excellent modèle; et ce Dictionaire est rempli des heureuses aplications qu' elle a su faire d' un grand nombre d' expressions du style proverbial. = On doit savoir en même tems que ce sont des expressions consacrées qu' on ne doit pas changer, et auxquelles il ne faut pas, ordinairement parlant, substituer des synonymes et des équivalens, Mde. de Sévigné fournit un exemple de ces changemens ridicules. "Montgobert m' a fait rire du respect qu' Iris a eu pour M. de Grignan. Elle avoit mis qu' il vint à ce bal la gueule enfarinée: tout d' un coup elle s' est reprise: elle a effacé la gueule et a mis la bouche; tellement que c' est la bouche enfarinée. = Quelquefois pourtant, on peut changer l' ordre des mots, dans ces maximes triviales; et ainsi, d' une expression trop familière, on en fait une qui est noble et élégante. Voyez un exemple de l' Ab. Vertot au mot NÉCESSITÉ.

PROUESSE


PROUESSE, s. f. [prou-èce: 2eè moy. 3e e muet.] Aûtrefois action de preux; action de valeur. On ne le dit plus qu' en plaisantant. "Il conte volontiers ses prouesses. Figurément, excês de débauche. "Voilà une belle prouesse: il a tort de tant vanter ses prouesses. = La Bruyère regrettait que l' usage n' eût pas conservé ce mot au propre et dans le beau style.

PROUFIT


*PROUFIT, PROUFITER, ils se sont dits aûtrefois pour profit, profiter.

PROVIDENCE


PROVIDENCE, s. f. [Providance: 3e lon. 4e e muet.] La suprême sagesse, par laquelle Dieu conduit toutes chôses. "Se reposer sur la Providence: c' est un coup de la Providence.

PROVIGNEMENT


*PROVIGNEMENT, s. m. PROVIGNER, v. act. et n. PROVIN, s. m. [Provig-neman, ; pro-vein: mouillez le g: 3ee muet au 1er, é fer. au 2d.] Provigner, coucher en terre les brins d' un cep de vigne afin qu' ils prènent racine et qu' il s' en forme d' autres ceps. "Provigner une vigne pour la regarnir. = V. n. Multiplier. "Ce plant a bien provigné. = Figurément. "Cette famille a bien provigné. "La foi ou l' hérésie a beaucoup provigné dans ce pays-là. = Cette expression figurée est tout au plus du style médiocre. _ M. Linguet l' emploie volontiers et activement. "Les Apôtres dangereux, qui le provignent (le suicide) sont toujours trop adroits, trop lâches même pour prendre leurs principes à la lettre; mais les têtes novices, qu' ils séduisent, tiènent à des mains ardentes, qui pâssent bientôt de la conviction à l' exécution. "Ma maniere de penser se provigne. _ Ce réciproque est une nouveauté.
   Provignement a un sens actif: c' est l' action de provigner. "Le provignement de la vigne. Provin, au contraire, a le sens pâssif: C' est le rejeton d' un cep de vigne, qui a provigné. "Les provins ne raportent pas la première année. = Provignement est de Danet: Le Rich. Port. le met sans remarque. L' Acad. ne le met pas.

PROVINCE


PROVINCE, s. fém. PROVINCIAL, ALE, adj. et subst. PROVINCIALAT, s. m. [Pro--vein-ce, cial, cia-le, cia-la: 2e lon. 3e e muet au 1er.] Province est 1° une étendue considérable de pays, qui fait partie d' un grand État. "Les Provinces Romaines. "La France est divisée en plusieurs Provinces. "Les dix-sept Provinces des Pays-bâs. _ Les Provinces Unies; les sept Provinces qui compôsent la République de Hollande. = Province éclésiastique; l' étendue de la Juridiction d' une Métropole. = Provinces parmi les Religieux; plusieurs monastères réunis sous la direction d' un même supérieur, apelé Provincial. = 2°. Ce mot se dit quelque--fois indéfiniment, par oposition à la Capitale: la Province; en Province. "Je sais que vous avez eu des succès en Province; mais en Province, croyez-moi, les Arts et les Lettres sont encôre au berceau. MARM. "En vérité, vous raisonnez comme un Poète de Province. ID. "Je te mettrai auprès de mon neveu, qui arrive de Province. MARIV. "Il a encôre un air de Province; il n' a pas encôre l' air du grand monde, de la Cour. Langage, accent, mot de Province. = En Province. V. EN, prép.
   PROVINCIAL, qui est de Province. "Synode, Concile, Chapitre provincial. Assemblée provinciale. Receveur provincial, Comissaire provincial. (n°. 1°.) Air, langage, style provincial; manières provinciales (n°. 2°.) = Excepté en parlant des Religieux (le Père Provincial, le Provincial) on ne l' emploie substantivement que par mépris et dans le 2e sens. C' est un Provincial, une Provinciale. Ce mot emporte quelque chôse de contraint et d' embarrassé dans les manières, sans compter un mauvais accent et quelque chôse de peu poli et d' irégulier dans le langage. Bouh. Quand on ne veut pas mépriser les persones, on dit, un homme, une Dame de Province. "Le ton provincial, les manières provinciales déplaisent à Paris, dans les maisons même, où règne le plus mauvais ton.
   PROVINCIALAT ne se dit que chez les Religieux de la charge de Provincial, et du tems qu' on l' exerce.

PROVISION


PROVISION, s. f. PROVISIONEL, ELLE, adj. PROVISIONELLEMENT, adv. PROVISOIRE, adj. PROVISOIREMENT, adv. [Pro--vizion, zio-nèl, nèle, nèleman, zoâ-re, re--man: 3e lon. aux 2 dern. 4eè moy. au 2d, 3e et 4e.] Provision est 1°. Amâs et fournitûre des choses nécessaires ou utiles. "Provision de blé, de vin, etc. Faire provision de, ou, ses provisions. = 2°. En matière éclésiastique, droit de pourvoir. "La provision apartient à l' ordinaire, la nomination à divers patrons. C' est aussi l' acte, qui a doné le titre. "Un faux exposé rend la provision nulle. = 3°. En termes de Palais, ce qui est adjugé préalablement à une partie en atendant un jugement définitif. "On lui a adjugé une provision de mille livres; une provision alimentaire, etc.
   Par provision, adv. préalablement et en atendant. = C' est dans ce dernier sens que se disent les deux adjectifs et les deux adverbes; mais provisoire et provisoirement ne se disent que des jugemens, sentences, arrêts; provisionel, et provisionellement s' apliquent à toute sorte d' actes. "Jugement, sentence, arrêt provisoire. "Cela n' a été jugé que provisoirement. "Traité, partage provisionel. "Il a été ordoné provisionellement que, etc.
   Provisions, au pluriel, se dit non-seulement dans le sens propre et naturel, mais aussi des lettres par lesquelles quelqu' un est pourvu d' un bénéfice, d' une charge. "Obtenir, prendre des provisions. "Il n' a pas encôre; il atend ses provisions.
   Rem. 1°. Provision (n°. 1°.) Se dit figurément, en st. famil. et plaisant. "Ne cherchez pas à lui doner des ridicules: il en a déjà sa bone provision. = 2°. Pour ce qui émane du supérieur, provisoire est plus propre que provisionel. "Wolsey acorda une dispense provisionelle pour le mariage du Roi avec une autre persone. Hist. d' Angl. Je voudrais là provisoire. = 3°. Provisoirement ne se dit pas hors du Palais. "Provisoirement à cette tentative, la Pucelle avoit écrit au Régent. Hist. d' Angl. Et l' emploi et le régime de cet adverbe sont également contre l' usage.

PROVOCATION


PROVOCATION, s. f. PROVOQUER, v. act. [Provoka-cion, ké: 3e é fer. au 2d.] Ils expriment l' action d' inciter, d' exciter: ils régissent à devant les noms et les verbes. "Provoquer au combat, à la colère, au someil, au vomissement, à vomir. Provocation au someil, etc. = Le verbe n' a quelquefois que le régime direct (l' acusatif) et le substantif s' emploie absolument et sans régime. "Provoquer le someil, le vomissement. "Il a vomi sans provocation. = * Autrefois on disait se provoquer pour s' exciter: "Elles se provoqueront à de semblables~ affections. St. Fr. de Sales dit dans le même sens: elles provoqueront leurs ames à, etc. On dirait aujourd' hui, elles s' exciteront, etc. = * M. Rétif emploie adjectivement le participe actif provoquant. "Une femme assaisonée par une parûre provoquante. C' est un grand néologue que ce M. Rétif, dailleurs si estimable.

PROUVABLE


*PROUVABLE, adj. PROUVER, v. act. [Prou-vable, vé: 2e dout. au 1er, é fer. au 2d.] Prouvable, qui peut être prouvé. "Toutes les aûtres vérités sont prouvables. * C' est un mot de Leibnitz: il peut être utile et il est à souhaiter que l' usage l' adopte. = Prouver, Faire conaitre la vérité de quelque chôse par des raisonemens, ou des témoignages, des autorités. "Prouver une proposition. "Il prouvait cela par beaucoup de raisons et par l' autorité de l' Écriture Sainte. = V. n. Il régit la conjonction que et l' indicatif, si le sens est afirmatif; ou le subjonctif, si le sens est négatif. "Vous prouvez bien qu' il a tort, mais vous ne prouvez pas que vous ayiez raison. * Leibnitz emploie le subjonctif dans le sens afirmatif. "C' est comme dans la Géométrie, où l' on proûve quelquefois par la suposition même qu' une figûre soit plus grande. Il falait, est plus grande. = Mde. de G... dit prouver pour montrer, témoigner. "Elle n' en a pas prouvé le moindre étonement. Th. d' éduc. En ce sens, c' est un néologisme. = Le Proverbe dit: qui proûve trop, ne proûve rien: souvent on rend la chôse moins croyable, en employant des preûves, qui iraient trop loin. Mde. de Sévigné dit en parlant de la mort de Mde la Princesse de Conti et de l' afliction de sa maison: "Mde de Gèvres, dit-elle, avoit pris le parti des évanouissemens; Mde. de Brissac de crier les hauts cris et de se jeter par la place... Ces deux persones n' ont pas réussi: qui prouve trop ne prouve rien, dit je ne sais qui. Sév.

PROXENèTE


PROXENèTE, s. m. [Prokcenète: 2e et dern. e muet, 3e è moy.] Entremetteur, celui qui négocie un marché. Il ne s' emploie qu' en mauvaise part et pour des marchés honteux.

PROXIMITÉ


PROXIMITÉ, s. f. [Prokcimité: dern. é fer.] Voisinage d' une chôse, qui est proche. "La proximité des lieux. = Parenté entre deux persones. "La proximité du sang. "La proximité qui est entre nous.

PRUDE


PRUDE, adj. et subst. PRUDERIE, s. f. [2e e muet; 3e lon. au 2d.] Ils se disent de ceux, qui afectent un air sage et réglé. "Ce jeune homme a un air prude. "Cette femme a toujours passé pour prude. Voy. GRâVE. _ S. f. "C' est une prude: les coquettes et les prudes. _ Substantivement on ne le dit que des femmes. = "Elle afecte une certaine pruderie. "Elle a un air de pruderie. _ Il ne se dit aussi qu' en parlant des femmes.

PRUDEMMENT


PRUDEMMENT, adv. [Prudaman. Rich. écrit prudenment, et veut qu' on prononce prudanman, contre le bon usage.] Avec prudence. "Agir, se conduire prudemment.

PRUDENCE


PRUDENCE, s. f. PRUDENT, ENTE, adj. [Prudance, dan, dante: 2e lon. 3e e muet.] La Prudence est une vertu, qui fait conaitre et pratiquer ce qui convient dans l' usage de la vie. Prudent, qui a de la prudence. "Agir: se conduire, avec prudence, suivant les règles de la prudence. Voy. SAGESSE. "Un homme fort prudent: une femme très-prudente. "Conduite, action, réponse prudente.

PRUDERIE


PRUDERIE, Voy. PRUDE.

PRUD' HOMME


PRUD' HOMME, s. m. PRUD' HOMMIE, s. f. [Prudome, domie.] Ils sont vieux. Homme sage. Homme de bien, d' honeur, de probité. _ Sagesse. Probité. "Il lui demanda si sa fortune étoit considérable. Non, répondit le prud' homme: je n' ai que mon travail et mes brâs. Vieux conte d' un Hermite. "C' était un homme d' une grande prud' hommie. = Celui-ci se dit encôre des jeunes gens, comme pruderie se dit des femmes. Afectation d' un air prude.

PRUNE


PRUNE, s. f. PRUNEAU, s. m. PRUNELAIE, s. f. PRUNELLE, s. f. [Prune, no, nelê, nèle: 2e e muet au 1er et au 3e, è moy. au dern. 3e ê ouv. au 3e.] Prune, fruit à noyau, dont la chair est couverte d' une peau lisse et fleurie. Prunelaie, lieu planté de pruniers. Pruneau, prune sèche, cuite au four ou au soleil: Prunelle, petite prune sauvage.
   On dit, proverbialement, ce n' est pas pour des prunes, pour rien, ou pour peu de chôse: ils ne sont pas là pour des prunes.

PRUNELLE


PRUNELLE, s. f. [Prunèle: 2eè moy. 3e e muet.] L' ouverture, qui parait noire au milieu de l' oeuil et par où les rayons pâssent pour être peints sur la retine. "La prunelle de l' oeuil. = Fig. st. famil. Jouer de la prunelle, jeter des oeuillades, faire quelque signe des yeux, en parlant d' un homme et d' une femme, qui sont d' intelligence. "Agathe trouva plus de dix fois le moment de jouer de la prunelle sur moi. Mairv. = Aimer ou conserver comme la prunelle de l' oeuil; aimer tendrement, conserver avec soin.

PRUNELLIER


PRUNELLIER, PRUNIER, s. m. [Pruné--lié, pru-nié.] Le 1er se dit de l' arbrisseau, qui porte les prunelles; le 2d de l' arbre qui porte les prunes.

PRURIT


PRURIT, s. m. Démangeaison vive, causée sur la superficie de la peau par des sérosités âcres. "La gratelle lui caûse un prurit continuel. = Ce mot ne se dit que parmi les savans; et c' est un latinisme. Les autres disent tout bonement démangeaison.

PSALLETTE


PSALLETTE, s. f. [Psalète: 2eè moy. 3e e muet.] Lieu où l' on élève et exerce des enfans de choeur.

PSALME


*PSALME, s. m. Il s' est dit anciènement pour psaume. "Prier Dieu par psalmes et cantiques.

PSALMISTE


PSALMISTE, s. m. PSALMODIE, s. f. PSALMODIER, v. n. PSAûME, s. m. PSAUTIER, s. m. [On doit prononcer le p dans tous ces mots Regn. Mén. Acad. etc. Quelques-uns le supriment dans psaume et sur--tout dans cette expression, les sept pseaumes, mais ils font mal. L' Acad. retranche l' e à psautier, et le conserve à pseaume: il n' y ni dans l' étymologie, ni dans l' analogie, ni dans la prononciation, aucun fondement à cet e. _ Quelques-uns, trompés peut-être par cette manière d' écrire ce mot, prononcent pséome. = Au est long~ dans psaume, douteux dans psautier: pron. psôme, pso-tié.] Psaume, cantique sacré. Il ne se dit que de ceux, qui ont été composés par David, ou qui lui sont atribués. C' est pour cela qu' on l' appelle le Psalmiste. * On disait autrefois; le psalmiste royal. = Psautier, Recueuil des Psaumes. "Il sait le psautier par coeur. = Psalmodier, c' est réciter des psaumes, et aûtres parties de l' Ofice Divin, sans inflexion de voix et sans chant. "Ces Religieux ne chantent point: ils ne font que psalmodier. = Psalmodie est cette manière de réciter à deux choeurs l' Ofice Divin.

PSALTÉRION


PSALTÉRION, s. m. Instrument de musique à plusieurs cordes. Acad. _ Trév. ajoute (et cela est nécessaire) qu' on touche avec une verge de fer, ou bâton recourbé.

PSEUDONYME


PSEUDONYME, adj. [Pseu-donime.] Auteur pseudonyme; qui publie un livre sous un faux nom. _ On dit aussi, livre, ouvrage, lettre pseudonyme.

PUAMMENT


PUAMMENT, adv. PUANT, ANTE, adj. PUANTEUR, s. f. [Puaman, an, ante, an--teur: 2e br. au 1er, lon. aux aûtres] Puanteur, mauvaise odeur. Puant, qui sent mauvais. Puamment, avec puanteur. "Quelle puanteur. "On n' y saurait habiter à caûse de la puanteur. "Pieds puants; haleine puante. _ Mentir puamment (st. fig. famil.) grossièrement et impudemment. = * Puanteur est vieux au figuré. On ne parle plus, comme on le faisait aûtrefois, de la puanteur du vice. _ Trév. met cette expression, sans la blâmer et sans citer aucun exemple d' Auteur.

PUBèRE


PUBèRE, adj. PUBERTÉ, s. f. Termes de Droit. Ils expriment l' âge, auquel la Loi permet de se marier. "Il est pubère: il est dans l' âge de puberté.

PUBLIC


PUBLIC, IQUE, adj. PUBLICATION, s. f. PUBLICITÉ, s. f. PUBLIER, v. act. PUBLIQUEMENT, adv. [Publik, blike, ka--cion, cité, bli-é, blikeman: 3e e muet au 2d et au dern. 4e é fer. au 4e] Public, 1°. qui concerne tout un peuple. "L' intérêt public; l' utilité publique. Le bien public. La voix publique, etc. = Lieux publics, où tout le monde a droit d' aller. = 2°. Manifeste, conu de tout le monde. "Bruit public; nouvelle, qui est publique. = En public, adv. en présence de tout le monde. "Paraître, se montrer, parler en public. * La Bruyère dit, dans le public, contre l' usage. "Le discours qu' il a fait dans le public.
   Rem. Public n' aime pas à précéder le nom qu' il modifie: La publique misère de Boileau, et le public remercîment de la Bruyère, forment une inversion dûre.
   PUBLIC, s. m. Le peuple en général: travailler pour le public, servir le public, etc. = Il ne se dit que de l' assemblage des particuliers sans autorité. * Bossuet emploie mal à propos ce mot dans le sens de Puissance publique: "J. C. aura-t' il voulu montrer à ses Disciples que la défense contre le Public est légitime? _ Il dit plus bâs: une résistance contre la puissance publique; ce qui est plus exact. = * Les Traducteurs serviles des livres Anglais disent le public, pour la Nation, qui, en Angleterre a tant d' influence dans le gouvernement. "Son industrie devint plus pernicieûse au public que son inaction. L' Ab. Prév. H. des Stua. "Plus considérable qu' aucune armée, qui eût été payée par le public. TARGE, traduct. de Smollet. "Il avoit ofert de prêter de l' argent au public. ID. "L' enseigne du vaisseau fit voeu au nom du public (de tout l' équipage) l' Ab. Prév. Hist. des Voyages. = Le Journ. polit. de Brux. dit toujours le public pour la Nation, dans la traduction des papiers Anglais. = M. Targe, d' après Smollet, apèle le patriotisme, la vertu publique: "Dans ce tems, la vertu publique étoit devenûe l' objet de la raillerie. _ Ce sont tout autant d' anglicismes.
   PUBLIQUEMENT, en public, devant tout le monde. "Il l' a fait publiquement. "Je le lui ai déclaré publiquement. "On met une sote gloire à professer publiquement l' impiété.
   PUBLIER, rendre public. "Publier un Édit, une Ordonance. "Tout ce que la Renomée a publié des grandes actions de ce Prince, est encore au dessous de la vérité. "L' Évangile a été publié par toute la terre, etc. = V. n. Il régit que et l' indicatif. "Il publie par-tout que vous l' avez maltraité.
   PUBLICATION, PUBLICITÉ: le 1er a un sens actif; c' est l' action de publier, de rendre public; le 2d a un sens passif: c' est l' état de ce qui est public. "La publication d' un Édit: on a défendu la publication de ce livre. "La publicité d' un crime. * M. l' Ab. de Fontenai, par distraction sans doute, a employé l' un pour l' aûtre. Il dit de la nouvelle Édition du Poème latin du P. Boscovich sur les Éclipses. "Tout va doner à ce Poème une publication qu' il n' avoit pas encore euë en France. Publicité, et encore mieux célébrité, auraient été des termes plus propres. * Fréron met au contraire publicité pour publication. "Des observations sur quelques écrits du tems, selon qu' ils me tombent sous la main, sans m' assujétir à la date de leur publicité. Là il falait dire, de leur publication.

PUBLICAIN


PUBLICAIN, s. m. [Publi-kein.] Fermier des deniers publics chez les Romains. = Aujourd' hui on le dit par mépris des Traitans et des gens d' afaires.

PUBLICATION


PUBLICATION, Voy. PUBLIC.

PUBLICISTE


PUBLICISTE, s. m. Terme, qui depuis quelque tems est en usage pour désigner les Auteurs, qui ont écrit sur le droit public.

PUBLICITÉ


PUBLICITÉ, PUBLIER, PUBLIQUEMENT, Voy. PUBLIC.

PUCE


PUCE, s. f. PUCERON, s. m. [2e e muet] Nom d' insecte, dont le 1er s' atache à la peau des hommes et des chiens, et l' aûtre à quelques plantes ou arbustes.
   On dit, proverbialement, mettre la puce à l' oreille à quelqu'~ un, lui faire craindre quelque évènement fâcheux; et populairement, secouer les puces à quelqu' un, l' étriller.

PUCEAU


PUCEAU, CELLE, s. m. et f. PUCELAGE, s. m. Vierge. Virginité. _ Ces mots sont bâs et ne se disent, les deux premiers sur-tout, qu' en plaisantant. On ne se sert guère du 3e en bonne compagnie.
   Rem. On disait autrefois pucelle pour fille, même dans le haut style. On apelait les Muses, les Doctes Pucelles. _ Malherbe dit aux Nymphes de la Seine.
   Pucelles, qu' on se rejouïsse
   Mettez-vous l' esprit en repôs.
ces deux vers seraient siflés aujourd' hui.

PUDEUR


PUDEUR, s. f. PUDIBOND, ONDE, adj. PUDICITÉ, s. f. PUDIQUE, adj. PUDIQUEMENT, adv. [Le d final du 2d. ne se prononce pas: en dans le dern. a le son d' an: pudikeman.] Pudeur a deux sens: Il ne signifie pas seulement la chasteté. "Atenter à la pudeur; mais cette honte honête et louable que done la vertu, et qui empêche de rien dire et de rien faire de répréhensible. "Les hommes corrompus n' ont aucune pudeur, et ils sont toujours prêts à toutes sortes de bassesses. Télém. _ Il se prend aussi pour la modestie que les louanges embarrassent. On dit dans les deux sens, qu' il faut épargner ou ménager la pudeur des persones qui écoutent ou qu' on voudrait louer. * Mascaron dit que: "Dieu se plait quelquefois à ménager la pudeur des hommes; et de peur de nous faire rougir, il veut se rendre en quelque façon notre débiteur. _ Aujourd' hui cela paraitrait burlesque: on n' était pas si délicat et si dificile dans ce tems-là. _ Voy. HONTE.
   PUDICITÉ~ a un sens plus restreint, et ne se dit que de la chasteté. "La pudicité est le plus bel ornement d' une femme. Acad. Perdre la pudicité. TRÉV.
   PUDIBOND a raport à pudeur: il ne se dit que des persones et seulement dans le style familier et plaisant. "Un jeune homme pudibond, qui a l' air pudibond. = Pudique est relatif à pudicité. Il se dit plus souvent des chôses que des persones, et n' a lieu qu' en Poésie et dans le discours soutenu. "Le pudique Joseph; la pudique Susanne. Discours pudiques: oreilles pudiques. _ Boileau dit du Poète Regnier
   Heureux, si ses discours, craints du chaste Lecteur,
   Ne se sentoient des lieux que fréquentoit Auteur;
   Et si, du son hardi de ses rimes ciniques,
   Il n' alarmoit souvent les oreilles pudiques.
M. Gilbert dit d' un Prince vertueux, qui visite en secret la veuve indigente, mais dont les bienfaits ne sont souillés d' aucune vûe criminelle, qu' il
   Porte à la veuve en pleurs de pudiques bienfaits.
= Pudiquement, d' une manière pudique. "Vivre, parler, s' exprimer pudiquement.

PUER


PUER, v. n. [Pué: 2eé fer. _ Richelet dit puer et puïr, et remarque pourtant que puer est le seul, qui se dise à l' infinitif: à quoi sert donc puïr?] Puer n' a d' irrégulier que le sing. du présent de l' indicatif: je pus, tu pus, il put: le pluriel est comme celui des verbes en er: nous puons, vous puez, ils pûent. M. de Wailli pense qu' il vaudrait mieux dire: je pue, tu pue, il pue: la prononciation, dans le fond, serait la même, et l' ortographe serait plus conforme à l' analogie: outre cela, on distinguerait ce verbe de l' aoriste du V. pouvoir: je pus, tu pus, il put, le faire, le dire, etc. = Il n' a point de prétérit ni de participe passif, ni, par conséquent, de tems composés. Il n' a d' usage qu' au présent, à l' imparfait, au futur et au conditionel, que l' Acad. apèle le futur du subjonctif; il puoit, il puera, il pueroit ou puerait; (qu' on prononce pûra, pûré, en 2 syllabes) pour les tems composés, on se sert de sentir mauvais. = "Cet homme put beaucoup. "Il puoit. "Cela puera bientôt: si vous gardiez cette viande plus long-tems, elle puerait bientôt.
   REM. Puer est bâs: on ne l' emploierait pas aujourd' hui dans une Ode, comme a fait Malherbe.
   Phlègre, qui les reçut, put encore la foudre
   Dont ils furent touchés.
Ronsard s' était déja servi de ce mot.
   Si que le soufre, ami du foûdre,
   Qui tomba lors sur les géans,
   Jusqu' aujourd' hui noircit la poûdre,
   Qui put par les champs phlégréans.
On a pu remarquer que Malherbe fait puer actif: put encore la foûdre. Ainsi l' on dit, qu' un homme put le vin. (Voy. EMPESTER et EMPOISONER), qu' une chôse put le muse; et M. Linguet a dit au fig. (st. critique et mordant) ce mot puë le Fontenelle et sa finesse. On dit ordinairement, sent: mais, quand un mot ou une expression sentent mauvais, puer est plus expressif.
   Ah! ah! sollicitude à mon oreille est rude;
   Il put étrangement son ancienneté.
       Mol.
= Neutre, il régit quelquefois le datif de la persone, la chôse étant le sujet. On dit d' un homme, que la viande lui put; et au fig. fam. que la lectûre, la comédie lui put, quand il en est dégoûté. = En st. prov. on dit sans régime, d' un homme qui sent fort mauvais, qu' il put comme un rat mort, comme un bouc, comme une charogne, comme la peste.

PUÉRIL


PUÉRIL, ILE, adj. PUÉRILEMENT, adv. PUÉRILITÉ, s. fém. [Pu-éril, rile, leman, lité. 2e é fer. 4e e muet au 2d et au 3e. = L' Acad. avait mis dabord puérile pour les deux genres. M. Linguet, J. J. Rousseau et d' aûtres Auteurs ont employé cette ortographe. Voy. IL, ILE, sous la lettre. I.] Puéril, est 1°. qui apartient à l' âge, qui suit l' enfance. En ce sens, il ne se dit que dans cette phrâse, l' âge puéril. = 2°. Qui tient de l' enfance, soit dans le raisonement, soit dans les actions. "Discours, raisonement, amusement puéril; manières, excûses puériles, etc. Cet adjectif aime à suivre le substantif. "Genève, dit J. J. Rousseau, ne brillera pas de cet éclat, dont la plupart des yeux sont éblouïs, et dont le puérile et funeste goût est le plus mortel énemi du bonheur et de la liberté. Puérile goût serait dur, mais à la faveur de funeste, qui le suit, il marche devant sans dureté. _ Voy. ENFANT. {C304a~}
   PUÉRILEMENT, d' une manière puérile. "Raisoner, parler puérilement. _ Puérilité, discours, action puérile dans un homme fait. "Voilà une grande puérilité: il ne dit, il ne fait que des puérilités. "Il y a de la puérilité dans ce raisonement, dans ce discours, etc.

PUGILAT


PUGILAT, s. m. Combat à coups de poingt, en usage chez les Anciens.

PUîNÉ


PUîNÉ, NÉE, adj. et subst. [Puî-né, né-e: 1re lon. 2e é fer. Richelet écrit puisné, et veut qu' on prononce l' s: ce n' est plus l' usage.] Celui, celle, qui est ou née depuis un de ses frères ou une de ses soeurs. C' est mon frère puîné, ma soeur puînée. = S. m. "C' est mon puîné. "Dans certaines Coutumes, les puinés sont mal partagés. = Suivant la Touche, le mot de cadet est plus usité. L' Académie les disait également. Dans la dern. édition, elle préfère celui-ci pour la conversation. Mais il y a, à mon avis, une autre diférence. Avec le régime, ou le pronom possessif qui en tient lieu, on dit puîné dans la Pratique, et cadet dans le discours famil. Le puîné, ou le cadet de M. un tel: c' est son puîné, ou son cadet: mais quand on parle absolument; puîné se dit relativement à celui qui est plus âgé, et cadet, du plus jeune de tous. L' aîné, le puîné et le cadet. "Jean est-il le cadet? _ Non, c' est Pierre: Jean est un des puînés, ou le puîné, suivant qu' il y en a plus de trois, ou trois seulement.

PUIR


PUIR, v. n. On le disait autrefois pour PUER. La Touche se contente de dire que ce dernier est plus usité. On peut dire hardiment qu' il est le seul en usage. Voyez PUER.

PUIS


PUIS, adv. Ensuite. "Un tel était placé le premier, puis un tel. = Je n' aime pas ce mot, en vers, dit Ménage, et je crois que bien des gens pourront dire, ni moi non plus. Malherbe s' en est servi plus d' une fois.
   Puis, quand ainsi seroit, etc.
   Puis, étant son mérite infini, comme il est, etc.
   Et puis, qui ne sait pas que, etc.
Il est plus suportable aprês la conjonction et.

PUISARD


PUISARD, s. m. [Pui-zar: on ne prononce jamais le d final.] Espèce de puits, pratiqué pour faire écouler les eaux.

PUISER


PUISER, v. act. [Pui-zé: 2eé fer. devant l' e muet, ui est long: il puise, puisera, etc.] Prendre de l' eau avec un vaisseau qu' on plonge dans un amâs d' eau. "Puiser de l' eau à la rivière, à la fontaine. = V. n. Avec le seul régime du datif: puiser au bassin, à la source, {C304b~} etc. = Fig. "Cet Auteur a puisé dans la source ou dans les sources; il a lu les Auteurs originaux sur les matières, dont il traite. "Quelles sont donc les sources doit puiser un Historiographe de France? Moreau. = * La Bruyère et le P. Rapin lui font régir l' ablatif, (la prép. de.) "C' est une goutte d' eau que vous puisez du Tibre. La Bruy. "C' est de ce fonds si vaste et si riche qu' il puise ces grands sentimens, etc. RAPIN. "Ce sont là les sources d' où il faut puiser le discours. Id. _ Il faut, dans les deux premiers exemples, dans le Tibre, dans ce fonds si vaste; et pour le 3e, il faut puiser, et non pas, d' . = Le proverbe dit: il ne faut point puiser aux ruisseaux, quand on peut puiser à la source. On dit aussi qu' il n' est rien de tel que de puiser à la source, pour dire qu' il faut remonter à l' origine des bruits, des nouvelles, pour en être instruit.

PUISQUE


PUISQUE, conjonction. [Puis-ke; 2ee muet.] Elle sert à marquer le motif, la raison pour laquelle on agit. "Je le veux, puisque vous le voulez. = Quelquefois on sépare puis de que: on le fait sur-tout avec l' adverbe donc. "Puis donc que toutes ces chôses s' établissent par la volonté des hommes, etc. Boss. "Puis donc que chaque atome peut, selon vous, suivre indiféremment l' une et l' aûtre direction, vous avouez qu' aucune des deux ne lui essentielle. Bougainville. Avec d' aûtres adverbes, la séparation de ces deux mots serait irrégulière. Puis enfin que, puis cependant que, puis aprês tout que, etc. Je crois qu' il vaut mieux mettre les adverbes devant, et laisser les deux membres de puisque unis ensemble.

PUISSAMMENT


PUISSAMMENT, adv. PUISSANCE, s. f. PUISSANT, ANTE, adj. [Puisa-man, sance, san, sante; 2e br. au 1er, lon. aux aûtres.] Puissance, pouvoir, autorité. Puissant, qui a beaucoup de pouvoir, Puissamment, avec pouvoir, d' une manière puissante. "Puissant Prince, État, Empire: puissante ville. Avoir de puissans amis. _ "Puissance légitime, ou usurpée; souveraine, absolûe, indépendante; bienfaisante, ou odieûse, tyrannique. "Secourir puissamment: Solliciter puissamment: agir puissamment dans une afaire.
   Puissance signifie encôre, 1°. Domination, empire. "La puissance de ce Prince s' étend bien loin. "Les Romains soumirent à leur puissance presque tout l' univers connu. = 2°. État Souverain. "Les Puissances de l' Europe. = 3° Ceux qui possèdent les premières dignités de l' État. "Avoir du crédit auprês des Puissances. En ce sens, il n' est que du style fam. * Fléchier, dit de M. de Lamoignon, que la réputation qu' il s' était acquise, fut la seule sollicitation auprês des Puissances. _ Cela est un peu bâs pour une Oraison Fun. _ 4°. On parle plus rârement aujourd' hui des Puissances de l' âme, de ses facultés, comme l' entendement, la mémoire, la volonté: et on ne l' a guère dit aûtrefois qu' en général et au pluriel. Je doute qu' on aprouvât un Orateur, qui dirait comme Fléchier, que: l' esprit est une puissance orgueilleuse, qui est souvent contraire à l' humilité. Voyez FACULTÉ.
   De puissance absolûe, expression adverbiale. Elle et un peu vieille. L' Acad. l' employa dans ses sentimens sur le Cid. "Pour l' obliger, de puissance absolûe, de la réparer. = On dit, avec le verbe être impersonel, en ma puissance, en sa puissance, et encôre mieux, en mon pouvoir, en son pouvoir. "Quand il m' aurait entièrement oublié, il ne seroit pas en ma puissance de retrancher rien de la passion que j' ai pour lui. Voit. Mais on ne dit point, être en puissance de faire. "Je ne sollicite point un ami, qui est en puissance de me faire du bien. Blondel, Traduct. d' Horace. _ L' Académie dit seulement: avoir quelque chôse en sa puissance. "S' il a envie de vous obliger, il en a la puissance. _ Je crois que, il en a le pouvoir, est beaucoup mieux dit. = Être en puissance de père et de mère, ne pouvoir disposer de son bien sans le consentement de son père et de sa mère.
   PUISSANT, au plur., est quelquefois substantif: L' on doit se taire sur les puissans. Il y a presque toujours de la flaterie à en dire du bien: il y a du péril à en dire du mal, pendant qu' ils vivent; et de la lâcheté, quand ils sont morts. La Bruy. "Les Pasteurs sont les dépositaires de la doctrine de la Religion; les Princes et les Puissans, les protecteurs de sa vérité. Mass. _ Mais on ne le dit point au singulier, ni au pluriel fém. On ne dit point un puissant, une puissante, ni les puissantes. = Outre sa signification ordinaire, puissant signifie, ou extrêmement riche: c' est le plus puissant Négociant de la ville; cet homme est puissant en fonds de terre, en argent comptant; ou grâs et replet. "Ils sont puissans et bien proportionés dans leur tâille. Bufon. "Une des plus puissantes filles, qui soit dans toutes les Provinces-Unies. Voiture. = On a joué le mot sur les deux sens de ce terme, dans la traduction satirique de l' Épitaphe du Chancelier Duprat.
   Amplissimus vir hic jacet.
   Ci-dessous git, couché tout plat,
   Le puissant Chancelier Duprat.
   * Armer puissamment, n' est qu' une locution de Gazetiers. La Bruy. le mettant dans la bouche d' un Nouveliste, le fit imprimer en italique. Il parait que depuis lors cette expression ne s' est pas ennoblie.

PUITS


PUITS, s. m. [Le t ne se prononce jamais: pui, et devant une voyèle, puiz.] Trou profond, creusé de main d' homme, et fait exprês pour en tirer de l' eau. = Par similitude, on le dit, en termes de guerre, et des creux três-profonds qu' on fait pour découvrir et éventer les mines des énemis; et des trous recouverts de branchages et de terre, pour y faire tomber la cavalerie énemie.
   On dit, proverbialement, d' un homme fort secret, que c' est un puits; que ce qu' on lui dit, tobme dans un puits. = C' est un puits de science; un homme fort savant. = La vérité est au fond du puits; on a de la peine à la trouver. = Il faut puiser, tandis que la corde est au puits; profiter de l' ocasion.

PULLULER


PULLULER, v. n. [Pullulé: on prononce les deux l; 2e é fer.] Multiplier en abondance et en peu de tems: il se dit au propre, des plantes et des insectes; et au fig. des erreurs et des opinions dangereuses et pernicieuses. "Le chiendent pullule beaucoup. "Les chenilles ont horriblement pullulé cette année. "Cette hérésie pullula en peu de tems. "Ces pernicieuses semences de révoltes, qui pullulent parmi nous, cachées sous l' envelope sacrée de la liberté. L' Abé Royou.

PULMONAIRE


PULMONAIRE, PULMONIQUE, adj. et subst. PULMONIE, s. f. [Pulmonère, nike, ni-e; 3e è moy. et lon. au 1er, derniere e muet dans tous les trois. = Le Gendre écrit poulmonaire; poulmonique: l' analogie favorise cette ortographe, et encôre plus celle de poumonaire, poumonique, poumonie; ces mots étant dérivés de poumon, mais l' usage leur est contraire.] Pulmonaire, qui a raport au poumon: veine, artère pulmonaire. = S. f. Plante propre aux maladies du poumon: aûtrement consoude. = Pulmonique, qui est malade du poumon. "Garçon, fille pulmonique. = Subst. "Un ou une pulmonique. "Les pulmoniques guérissent dificilement. = Pulmonie, maladie du poumon: "Il est menacé de pulmonie.

PULPE


PULPE, s. f. Terme de Botanique. Poulpe, ou substance médullaire, ou charnûe des fruits.

PULSATION


PULSATION, s. f. [Pulsa-cion.] Batement du pouls. "Pulsation fréquente et inégale.

PULVÉRIN


PULVÉRIN, subst. m. [Pulvé-rein.] 1°. Poûdre à canon, plus menûe que la poûdre ordinaire, et qui sert à amorcer les armes à feu. = 2°. Espèce de poire, où l' on met cette sorte de poûdre.

PULVÉRISATION


PULVÉRISATION, s. f. PULVÉRISER, v. act. [Pulvériza-cion, : 2eé fer. 4e é aussi fer. au 2d.] Ils expriment l' action de réduire en poûdre, ou l' éfet de cette action. Le substantif ne s' emploie qu' au propre. On dit, au fig. pulvériser, pour détruire. "Il a pulvérisé cet écrit, les objections qu' on lui a faites.

PUNAIS


PUNAIS, AISE, adj. PUNAISE, s. f. [Punê, nèze, nèze: 2eê ouv. au 1er, è moy. et lon. aux deux aûtres.] Punaise est une vermine de figure plate, qui s' engendre ordinairement dans les bois de lit, et qui sent três-mauvais. On dit, proverb. plat comme punaise, ou comme une punaise. = Punais, qui rend par le nez une odeur infecte; qui pûe par le nez. "Il est punais, elle est punaise.
   PUNAISIE [Punézi-e.] Maladie du punais.

PUNIR


PUNIR, v. a. PUNISSABLE, adj. PUNITION, s. f. [Punir, sable, cion; en vers, ci-on.] Punir, faire soufrir une peine pour une faûte. Punition, peine par laquelle on punit. Punissable, qui mérite punition. "On l' a puni sévèrement. On ne saurait trop le punir: il a été puni de ses crimes, etc. On doit proportioner la punition aux faûtes. "Il paya quinze mille marcs d' argent, en punition de sa faûte. Hist. d' Angl. "Cet homme est punissable. "Ce crime est punissable de mort.
   REM. Punir a pour 2d régime la prép. de, pour les noms qui expriment le crime; et la prép. par, pour ceux qui expriment la peine.
   Je ne punis que moi des maux que l' on m' a faits.
       Camp.
"Il a été puni de son insolence, par l' exil. "Punissez-le par le mépris. = On dit bien, puni de mort, mais c' est une phrâse comme consacrée, et qui ne tire point à conséquence pour d' aûtres. "Le moindre soupçon étoit puni de la mort ou de l' exil. RÉVOL. ROM. Par la mort ou par l' exil, serait mieux, ce me semble. Voy. CHâTIER.
   REM. Faire la punition d' un crime, pour dire, punir un crime, est une expression du siècle pâssé; elle est aujourd' hui suranée. "Dieu... fit bientôt la punition de tant de crimes. Maimb. Hist. des Crois.

PUNISSEUR


*PUNISSEUR, s. m. Vieux mot. "Il y a des Dieux punisseurs des crimes. Le P. Rapin a dit, en ce sens, Dieux vengeurs. Cependant punisseur est plus conforme à l' analogie, et il eût été bon à conserver. = M. Du Pan l' a employé tout récemment. Voyez PARDONEUR.

PUNITIF


*PUNITIF, IVE, adj. On disait autrefois, loi punitive, pour loi pénale.

PUPILLAIRE


PUPILLAIRE, adj. PUPILLARITÉ, s. f. PUPILLE, s. m. et f. [On prononce les 2 l dans les 2 prem. on n' en prononce qu' une dans le 3e. Pupil-lère, larité, pupile: 3e è moy. et long au 1er, e muet au 3e.] Pupile se dit d' un enfant en bas âge, qui est sous la conduite d' un tuteur. "C' est son pupile, ma pupile. = Fig. Jeune enfant, par relation à son gouverneur. "Il s' est fait beaucoup d' honeur par l' éducation de son pupile. = Les deux autres mots ne se disent qu' au propre, et en termes de droit. Pupillaire, qui apartient au pupille. Substitution pupillaire; droits, deniers pupillaires. = Pupillarité, le tems qu' un enfant est pupille.

PUPITRE


PUPITRE, s. m. Meuble, dont on se sert pour écrire plus comodément, ou pour poser des livres d' une certaine grandeur dans une situation comode pour être lus. "Les Symphonistes se servent de pupitres. "Les pupitres d' Église s' apèlent aussi et plus comunément lutrin.

PUR


PUR, ÛRE, adj. PûREMENT, adv. PûRETÉ, s. f. [2e lon. excepté au 1er: en dans le 3e a le son d' an: pûreman.] Pur est 1°. qui est sans mélange. "De l' or pur, de l' eau pûre: boire du vin pur. = 2°. Il exprime la vraie nature des êtres. "Les Anges sont de purs esprits. Suivant Descartes, les bêtes sont de pûres machines. = 3°. Il n' est souvent employé que pour doner plus d' énergie au sens du nom auquel on l' associe. "C' est la pûre vérité. "Il a agi en cela par une bonté toute pûre. "C' est un pûr entêtement; une pûre calomnie, une pûre hérésie, etc. = 4°. Dans les chôses morales, qui est sans mélange de vice, de défaut. "Vertu, intention, foi, doctrine pûre. Coeur pur, victime pûre. = 5°. En parlant de style; propre et régulier. "Style pur. Diction, élocution pûre. Latinité bien pûre. = 6°. Chaste. "Vierge três-pûre. "Elle s' est toujours conservée pûre et sans tache.
   Rem. Cet adjectif, dans tous les sens, aime à précéder le substantif, quand il est employé au féminin. Au masculin, au contraire, il aime à suivre, excepté dans le 2e et 3e sens. = Plusieurs Auteurs l' ont employé dans la signification et avec le régime d' exemt, la prép. de. "On vouloit avoir des intercesseurs purs du comerce des homes. Bossuet. "Tobie se conserva pur des idolatries de ses frères. Id. "La maison pontificale, qui devoit être la plus pûre de ces mélanges criminels (les alliances avec des étrangères), s' en trouva elle-même souillée. Rollin. Il est vieux en ce sens. L' Académie ne le met pas.
   En pûre perte, adv. Inutilement. = En pur don, sans qu' on soit obligé à rien. = À~ pur et à plein; entièrement: "il a été payé à pur et à plein.
   PûREMENT se dit dans le sens des n°s. 3°. 4°. et 5°. "Faire une chôse pûrement (uniquement) par plaisir. Pûrement et simplement, sans réserve et sans condition. "Vivre pûrement, d' une manière pûre et innocente. "Écrire pûrement, avec une grande pûreté de style.
   PûRETÉ a presque toutes les significations de l' adjectif pur: "La pûreté de l' air, de l' eau, des métaux, (n°. 1°.) "Pûreté de diction, de style (n°. 5°.) "Pûreté de moeurs, d' intention, de foi, de doctrine, (n°. 4°.) "Péchés contre la pûreté (la chasteté.) Pûreté de coeur et d' esprit (n°. 6°.)

PURÉE


PURÉE, s. f. [2e é fer. 3e e muet.] Suc tiré des pois ou aûtres légumes de cette espèce, cuits dans l' eau. "Purée de pois, de lentilles. Potage à la purée, ou absolument purée.

PURGATIF


PURGATIF, IVE, adj. PURGATION, s. f. PURGATOIRE, s. m. PURGER, v. actif. [3e du 2e et du 4e lon.] Purger, c' est ôter ce qu' il y a d' impur, de malfaisant dans le corps, par des remèdes, ordinairement pris par la bouche. Purgatif, qui a la faculté de purger. Purgation, évacuation procurée par un remède qui purge. "Purger un malade. Drogue qui purge le bâs ventre, le cerveau, qui purge la bile, etc. "Remède purgatif; tisane purgative: = S. m. Un purgatif. "On lui a doné une purgation fort douce.
   Rem. 1°. * Purge, pour purgation, est un gasconisme. "Ce malade a pris une purge. Dites, un purgatif. = 2°. Purgatif se disait beaucoup chez les anciens Ascétiques: ils distinguaient trois états dans la vie spirituelle: la vie purgative, la vie illuminative, et la vie unitive. _ Les Auteurs des Poétiques parlaient beaucoup aussi aûtrefois de la purgation des passions, que doit opérer le poème Dramatique. Chez les uns et les aûtres, ces expressions figurées sont pâssées de mode. = 3°. On peut donc dire que l' adjectif et le substantif ne se disent qu' au propre, excepté pour le 2d, dans le Droit, où l' on dit, purgation canonique, action par laquelle un acusé se justifie devant le Juge Eclésiastique, suivant les formes prescrites par les Canons. = Pour le verbe, il est fort usité au figuré. "Purger sa conscience; n' y rien soufrir qu' on puisse se reprocher. "Purger son esprit (se défaire) de toute sorte d' erreurs, de préjugés. _ Purger (délivrer) l' État de voleurs, de vagabons; sa maison de fripons. _ Au Palais, purger son bien de dettes, les aquiter: purger la contumace, se constituer prisonier, aprês avoir été condamné par contumace. Purger la mémoire d' un mort, le déclarer juridiquement inocent du crime pour lequel il avait été condamné. = 4°. Au propre; on dit au réciproque et au passif: Il s' est purgé, elle a été purgée ce matin; ils se sont purgés, ils ont été purgés hier. Dans certaines Provinces, et à Paris même, plusieurs font purger neutre, et disent: elle a purgé aujourd' hui: je purgerai demain: comme ils disent: je mouche beaucoup, j' ai beaucoup moité: au lieu de dire, je me mouche souvent, j' ai beaucoup sué. * M. Tissot a employé dans quelques endroits, purger neutralement: si le malade n' a aucun besoin de purger; il dit ailleurs, se purger.
   PURGATOIRE, lieu où les âmes de ceux qui meurent en état de grâce, vont expier les péchés dont ils n' ont pas fait une pénitence sufisante en ce monde. = On dit, figurément, dans le st. simple Faire son purgatoire en ce monde, soufrir beaucoup et long-tems.

PURIFIANT


*PURIFIANT, ANTE, adj. PURIFICATION, s. f. PURIFICATOIRE, s. m. PURIFIER, v. act. [Purifi-an, ante, kacion, ka--toâ-re;purifi-é: 4e lon. aux deux prem. et au 4e, é fer. au dern.] Purifier, rendre pur. Se purifier, devenir pur. Ils se disent au propre, et au figuré. "Purifier l' air, l' eau, les métaux, le sang. "Le feu purifie l' air, etc. "Le sang se purifie par un bon régime. _ Purifier le coeur, les intentions. Purifier le langage, le style. "Le coeur, les moeurs, le style se purifient, deviènent plus purs. = * Purifiant, qui purifie. En Médecine et au propre, remède purifiant. _ S. m. "Des purifians bien choisis et sagement administrés. _ M. L' Ab. Duserre-Figon l' a employé au figuré. "Il falloit que... l' or de sa charité fût dégagé de tout alliage impur par le feu purifiant des souffrances. Panég. de Ste. Thérèse. = Purification, action de purifier. "La purification des métaux, du sang, etc. = Fête que l' Église célèbre en l' honeur de la Ste Vierge, en mémoire de ce qu' elle se soumit à la cérémonie légale de la purification des femmes après leurs couches. = Purificatoire, linge bénit, dont les Prêtres se servent à l' Autel pour essuyer le Calice après la Comunion.

PURISME


PURISME, s. m. PURISTE, s. m. et fém. Ils se disent du défaut de ceux qui s' atachent trop scrupuleûsement à la pureté du langage. Ils se prènent en mauvaise part. L' Académie apela autrefois Vaugelas, ce fameux puriste; mais dans son Dictionaire, elle définit le puriste, un homme qui afecte la pureté du langage, et qui s' y atache trop scrupuleusement. _ La Bruyère met puriste en italique; preuve que c' était alors un mot nouveau et hasardé.

PURPURIN


PURPURIN, INE, adj [Purpu-rein, rine.] Qui aproche de la couleur de pourpre. _ S. f. Le bronze moulu, qui s' aplique à l' huile et au vernis.

PURULENT


PURULENT, ENTE, adj. [Purulan, lante: 3e lon.] Terme de Médécine. Qui est mélé de pus. "Crachats purulens. Urines, déjections purulentes.

PUS


PUS, s. m. [On prononce l' s finale.] Sang ou matière corrompue, qui se forme dans les parties où il y a inflamation, contusion, etc. "Le pus comence à se former. "On lui a tiré du sang, qui est comme du pus.

PUSILLANIME


PUSILLANIME, adj. PUSSILLANIMITÉ, s. f. [Prononcez les deux ll sans les mouiller.] Qui manque de coeur. _ Manque de courage. "Homme pussillanime, âme pussillanime. "On ne vit jamais tant de pusillanimité. = Ces deux mots n' étaient pas universellement reçus à la fin du siècle dernier, puisque Bouhours et Andry observent, comme une chôse digne de remarque, que de bons Auteurs s' en sont servi; et que La Touche avertit que l' Acad. les dit aussi. _ Massillon dit que: "La piété véritable n' est pas une profession de pussillanimité et de paresse.
   Remarq. L' Acad. met pussillanime comme substantif. "Un pusillanime ne peut être véritablement vertueux. Je crois qu' on peut douter que l' usage actuel l' aproûve.

PUSTULE


PUSTULE, s. f. [Dern. e muet.] Petite tumeur; bouton ou bourgeon, qui s' éleve sur la peau, et qui est plein d' une humeur âcre et corrompûe. "Les pustules de la petite vérole.

PUTATIF


PUTATIF, adj. Qui est réputé être ce qu' il n' est pas. On ne le dit qu' en parlant de S. Joseph, époux de Marie et père putatif de Jésus.

PUTRÉFACTION


PUTRÉFACTION, s. f. PUTRÉFAIT, AITE, adj. PUTRÉFIER, v. act. PUTRIDE, adj. [Putréfak-cion, , fète, fi-é, putride: 2e é fer. 3e è moyen au 2d et au 3e.] Putréfaction, action par laquelle un corps se pourrit, ou état de ce qui est putréfié, corrompu. Putréfait, corrompu, infect, puant. Putréfier, faire pourrir. Putride, acompagné de pourritûre. "Putréfaction du sang, des humeurs. "Sang putréfait. La gangrène putréfie les parties voisines. "Fièvre putride; humeurs putrides.

PYGMÉE


PYGMÉE, s. m. [2e é fer. 3e e muet.] Au propre, et selon la Fâble, petit homme qui n' avait qu' une coudée de haut. "Le combat des Pygmées contre les grûes. = Parmi nous, on done ce nom, en style plaisant ou critique, à un nain, à un fort petit homme. "C' est un pygmée.

PYRAMIDAL


PYRAMIDAL, ALE, adj. PYRAMIDE, s. f. [L' y n' est là que par respect pour l' étymologie.] Pyramide, est un corps solide à plusieurs côtés, qui s' élève en diminuant toujours, et qui se termine en pointe. Pyramidal, qui est en forme de pyramide. "Figure pyramidale.

PYRATE


*PYRATE, PYRATERIE. Ainsi écrit ces mots le traducteur de l' Hist. d' Angl. par M. Hume. On écrit Pirate. etc. avec un i.

PYRRHONIEN


PYRRHONIEN, IENNE, adj. et subst. PYRRHONISME, s. m. [Piro-nien, niène, nisme, r forte.] Qui doute, ou qui afecte de douter de tout. Afectation de ne rien croire et de douter de tout. "Le Pyrrhonisme est aujourd' hui fort répandu. "Le monde est plein de Pyrrhoniens. "Le Pyrrhonisme, est un système insensé. "Un vrai Pyrrhonien est un fou.

PYTHONISSE


PYTHONISSE, s. f. Espèce de devineresse. "Saül consulta la pythonisse.