Dictionnaire critique de la langue française Dictionnaire critique de la langue française 1787 Français 2007-4-4 ARTFL Converted to TEI





P.



P


P, s. m. Pron. ou pe, é fermé, ou e muet. La première manière est l' anciène, l' aûtre est la nouvelle. _ C' est la seizième lettre de notre Alphabet, et la douzième des consones. Elle est une des labiales, c. à. d. de celles qui se prononcent avec les lèvres. Sa prononciation a beaucoup de raport à celle du b; ce qui fait que les suisses, en prononçant le français, mettent des p par tout où il y a des b, et prononcent barbare, boire, etc. comme s' il était écrit: parpare, poire, etc. = Les Allemands ont un son correspondant à notre p dans paar, les Anglais dans peace, les Italiens dans pane, les Espagnols dans pan, etc. = Au milieu des mots, le p ne se prononce point dans baptiser, baptême, baptiste et baptistère, quoiqu' il se prononce dans baptismal. _ On doit aussi le prononcer dans exemption quoiqu' on ne le prononce pas dans exempter: dans rédempteur, rédemption, septante, septantième, septembre, septennaire, septennal, septentrion, septentrional, septuagénaire, septuagésisme; dans accepter et excepter et leurs dérivés; dans domptable, dompter, dompteur, indomptable, indompté, ademption, contempteur, contemptible. Il ne se prononce pas dans prompt prompte et leurs dérivés. Regn. = Le p est muet à la fin de certains mots, où il n' est conservé que pour l' étymologie, comme dans loup, corps, sept, temps, qu' on prononce lou, côr, set, tan, ou tanz, s' il est suivi d' une voyèle. Plusieurs écrivent même tems, sans p. = Le p final ne se prononce que dans coup, beaucoup, trop, et seulement devant les mots començans par une voyèle: j' ai beaucoup étudié, il est trop heureux; c' est un coup extraordinaire: pron: bo-kou--pétudié, tro-peu-reû, cou-pextraordinère. Dans champ, camp, il ne se prononce pas: on doit le prononcer dans julep, sep, Gap. = Quand le p est redoublé, on n' en prononce qu' un: apprendre, frapper, opposer, etc. etc. aprendre, frapé, oposé. _ Richelet, La Touche, l' Ab. Girard, Duclos avaient pris le parti de suprimer le double pp: c' était aussi le sentiment de M. l' Ab. de Saint Pierre et de M. Dumarsais. Il parait que c' est aussi celui de M. de Vailli. Nous avons adopté cette ortographe, et nous pensons par conséquent que ce serait le mieux que tout le monde l' adoptât de même.

PACAGE


PACAGE, s. m. PACAGER, v. n. [Pa--cage, : 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Pâturage. Paître, pâturer. = Le verbe est un terme de coutume. Le substantif est du langage comun: "Un pays de pacages. Mettre les boeufs au pacage, dans le pacage. Droit de pacage.

PACHE


*PACHE, s. m. On l' a dit aûtrefois pour pacte, et le peuple le dit encôre en certaines Provinces.

PACIFICATEUR


PACIFICATEUR, s. m. PACIFICATION, s. f. PACIFIER, v. act. [Pacifika-teur ka--cion, pacifi-é: dern. é fer. au 3e. Devant l' e muet l' i est long; il pacifie. Au futur et au conditionel cet e muet ne se prononce nullement. Il pacifiera, pacifierait: pron. pacifîra, fîrè; en 4 syll.] Pacifier c' est calmer, apaiser, faire cesser la guerre et établir la paix. Pacificateur, celui qui pacifie, qui rétablit la paix. Pacification, rétablissement de la paix: "Pacifier un État, les troubles, les diférends. "Pacificateur de l' empire, des troubles. "Travailler à la pacification des diférends.
   * Mrs. Linguet et Moreau ont employé pacificatrice. "La vertu pacificatrice du café; administration pacificatrice des marchés, dit le premier. "Assemblées pacificatrices, dit le second.

PACIFIQUE


PACIFIQUE, adj. PACIFIQUEMENT, adv. [Pacifike, keman: 4e e muet.] Pacifique, en parlant des persones; qui aime la paix. "Prince pacifique. = En parlant des chôses; paisible, tranquille. "Règne, profession, vie pacifique.

PACOTILLE


PACOTILLE, [Pakoti-glie: mouillez les ll: dern. e muet.] Petite quantité de marchandises, qu' il est permis à ceux qui servent sur un vaisseau, d' y embarquer pour leur compte.

PACT


PACT, ou PACTE, s. m. Le 1er ne vaut rien du tout. Vaug. Convention. "Pacte exprês, ou tacite. Faire un pacte. = * On disait autrefois paction: on le dit encôre au Palais.

PACTISER


PACTISER, v. n. [Paktizé: 3eé fer. Devant l' e muet, l' i est long: il pactîse, il pactîsera, etc.] Faire un pacte, une convention. Il n' est d' usage que dans la Pratique, et il régit l' ablatif (la prép. de): pactiser des conditions. Le Richelet Port. le met, en citant Trév. L' Acad. ne le met pas. * On a dit autrefois pactioner.

PADOU


PADOU, s. m. [pa-dou.] Ruban de fil, ainsi apelé, de ce que cette espèce de rubans est venûe originairement de Padouë, ville d' Italie. = On a dit aussi Padoux, et Padouë. L' Acad. n' avait d' abord mis que celui-ci. Dans les dernières éditions, elle ne met que padou, et c' est en éfet le vrai mot. L. T.

PAGAIE


PAGAIE, s. f. [Paghê: 2eê ouv. et long.] Aviron, dont se servent les sauvages, pour faire nager leurs canots ou pirogues.

PAGANISME


PAGANISME, s. masc. La Religion des Payens.

PAGE


PAGE, s. m. et fém. Il est mascul. quand il signifie un enfant d' honeur qu' on met auprês des Princes et Grands Seigneurs; et fém. quand on parle d' un des côtés d' un feuillet d' un livre, d' un caïer. = Dans le premier sens, on dit, proverbialement, éfronté comme un page de Cour. _ Être ou se tirer hors de page, c. à. d. hors de la dépendance. L' expression n' est pas fort noble, et elle est peu digne du style de l' Histoire. "Il (Schah Abas) fut le premier qui mit, pour ainsi dire, les Rois de Perse hors de page. Ducerc.
   Que si, par vers et par joyeux langage,
   Votre Apollon s' est tiré hors de page.
       Rouss.
Là, il signifie, dans l' intention de l' Auteur: hors de la foule des Poètes.

PAGNOTE


PAGNOTE, s. m. PAGNOTERIE, s. f. [Mouillez le g: 3e e muet, 4e lon.] Pagnote, poltron, lâche. Pagnoterie, action de pagnote. = Dans les Provinces méridionales, plusieurs font pagnote fém. même en parlant des hommes: ils disent: c' est une pagnote. Il faut dire, un pagnote. On ne le dit point des femmes. = Le Mont pagnote est en termes de guerre, un lieu élevé, d' où l' on peut considérer un combat, sans être exposé au péril. _ Suivant Trév. on l' apèle aussi le poste des invulnérables. Celui-ci est peu usité.

PAGODE


PAGODE, s. f. Quelques-uns font ce mot féminin, pour signifier l' idole, et mascul. pour désigner le temple. "Il se mit en chemin pour se rendre au pagode. Lett. Édif. L' Acad. et la plupart des Missionaires et des Voyageurs le font féminin dans les deux sens. = On ne le dit que des idoles et des temples des Indes. = C' est aussi une monaie d' or qui a cours dans ces pays là.

PAIABLE


PAIABLE. Voy. PAYABLE et PAYER.

PAIE


PAIE, Voy. PAYE.

PAIEMENT


PAIEMENT. Voy. PAYEMENT.

PAïEN


PAïEN, ÈNE, adj. et subst. [pa-ien, iè-ne, et non pas payen, comme on l' écrivait aûtrefois, et comme plusieurs l' écrivent encôre aujourd' hui. Voy. A, au commencement.] Adorateur des faux Dieux. "Les Rois, les Philosophes païens. La religion païène. = Subst. "Un païen, une païène; les païens.

PAïER


*PAïER: PAïEUR; c' est ainsi qu' on voit ce mot écrit dans une Édition du Trévoux. Mais avec cette ortographe, il faudrait prononcer pa-ié, pa-ieur contre l' usage. Écrivez donc payer, payeur, pour prononcer pé-ié, pé-ieur. = Richelet écrit paiable, et veut qu' on prononce péable: il écrit paie et paiement, et veut qu' on prononce pé-e, paiment. L' Acad. écrit ces deux mots avec un y; et Danet veut qu' on prononce pé-ié. Voy. PAYE et PAYEMENT.

PAILLARD


PAILLARD, ARDE, adj. PAILLARDER, v. n. PAILLARDISE, s. f. [Pa-gliar, gliar--de, gliardé, dîze: mouillez les ll.] Luxurieux, impudique. Comettre le péché de paillardise, de luxûre, d' impûreté. = Ces trois mots sont banis de la langue des honêtes gens.

PAILLASSE


PAILLASSE, s. f. PAILLASSON, s. m. [Pa-glia-ce, glia-son: mouillez les ll.] Le 1er se dit d' un amâs de pâille, renfermé dans un sac de toile, pour servir à un lit; le 2d, d' une paillasse piquée, qu' on met au devant des fenêtres. L' usage s' en perd tous les jours. Il est plus usité pour signifier une certaine quantité de pâille, liée avec de la ficelle dont on coûvre les espaliers des jardins, pour les garantir de la gelée.
   PAILLASSE, s. m. Est du plus bâs style, et signifie un plat boufon, partie essencielle des troupes de charlatans, danseurs de corde, etc. dont le rôle est de contrefaire ridiculement le jeu ou les tours de force de ses camarades. _ Les Dictionaires ne mettent point ce mot en ce sens. M. Linguet l' a employé.

PâILLE


PâILLE, s. f. [Pâ-glie: 1re lon. 2e e muet.] 1°. Le tuyau, l' épi du blé, quand le grain en est dehors. "Pâille de froment, de seigle, d' orge, etc. Coucher sur la pâille. "Doner de la pâille aux chevaux. = 2°. Défaut de liaison dans la fusion des métaux. = 3°. Défaut dans un Diamant, qui en diminûe l' éclat.
   PâILLE, dans le 1er sens, qui est le sens propre et naturel, entre dans plusieurs expressions du style figuré familier. _ Rompre la pâille, se brouiller. _ Tirer à la courte pâille, tirer au sort. _ Feu de pâille, passion, tumulte, ardeur, qui ne doit pas durer. _ Homme de pâille, prête-nom. _ Lever la pâille, l' emporter. "Racine a fait une pièce, qui s' apelle Bajazet; et qui lève la pâille. SÉV. _ Être aise comme un rat en pâille; être fort aise. _ Être dans la pâille jusqu' au ventre; avoir toutes ses comodités. Cela se dit sur-tout des gens de guerre. = On dit, d' un homme, qui fait une grande dépense; tout y va, la pâille et le blé; et pour dire qu' un homme est fort paûvre, on dit, par exagération, qu' il couche sur la pâille.

PâILLER


PâILLER, s. m. [Pâ-glié; 1re lon. 2 é fer. mouillez les ll.] La cour d' une ferme, où il y a des pâilles. = On dit, proverbialement, d' un homme, qui est dans un lieu, où il est le plus fort, qu' il est sur son pâiller; que c' est un coq sur son pâiller.

PAILLET


PAILLET, adj. PAILLETTE, s. f. [Pa--gliè, gliè-te: mouillez les ll, 2e è moy.] Paillet a un emploi fort borné: il ne se dit que du vin rouge, lorsqu' il est peu chargé de couleur. = Paillette, petite parcelle de métal, ronde, mince et percée, qu' on aplique sur quelque chôse. On le dit sur-tout de celles d' or et d' argent. = On les apelait aûtrefois papillote.

PAILLEUR


PAILLEUR, EUSE, subst. m. et f. [Pa--glieur, glieû-ze: mouillez les ll, 2e lon. au 2d.] Celui, celle, qui voitûre, ou qui vend de la pâille.

PâILLEUX


PâILLEUX, EûSE, adj. [Pâ-glieû, glieû-ze: 1re et 2e lon.] Qui a des pâilles, en parlant des métaux. Voy. PâILLE, n°. 2°.

PAILLIER


*PAILLIER, Voy. PALIER.

PAIN


PAIN, s. m. [Pein, monos.] 1°. Aliment fait de farine de blé, pétrie et cuite au four. "Bon ou mauvais pain, bis, blanc, tendre, frais, ou rassis, dur, etc. = Il se dit élégamment au figuré, dans le style de l' éloquence sacrée. "Tant d' infortunés, qui ne se nourrissent que d' un pain de larmes et d' amertume. MASSILL. C' est une expression consacrée. _ En style proverbial, n' avoir pas de pain, être réduit à la dernière misère. "Un ouvrier, qui ne doneroit que du bon, n' auroit pas de pain. COYER. = On dit d' un homme, qui a voyagé, qu' il a mangé plus d' un pain, et de celui, qui est habile, qu' il sait son pain manger, de celui, qui mange seul ce qu' il a et n' en fait pas part aux aûtres, qu' il mange son pain dans sa poche; de celui, qui a été domestique, qu' il a mangé le pain d' un aûtre; d' un fainéant, qu' il ne vaut pas le pain qu' il mange; de celui, à qui le bien vient, quand il ne peut plus s' en servir, qu' il a du pain, quand il n' a plus de dents; d' un travail, qui ne produira du profit que dans un tems éloigné, que, c' est du pain bien long. = Faire pâsser ou faire perdre le goût du pain à quelqu' un, le faire mourir. Doner quelque chôse pour un morceau de pain, à vil prix. = Le Proverbe dit: pain dérobé réveille l' apétit: on a plus d' envie d' une chôse, quand elle nous est interdite. Voy. BEURRE, BLANC, CUIT, FUMÉE.
   Pain azime, ne se dit que parmi les savans. Dans le style simple, on dit, pain sans levain.
   Pain à chanter, nom vulgaire doné aux hosties. On disait autrefois pain à chanter, pour hostie. C' est-à-dire pain à chanter la messe. On ne se sert plus de cette expression que pour le pain à cacheter. MARIN. * Le peuple dit, pain enchanté.
   2°. PAIN, se prend pour subsistance. "Manger son pain, à la sueur de son front: on veut m' ôter mon pain. = Mettre à quelqu' un le pain à la main, lui doner un moyen de gâgner sa vie, de s' avancer, etc. lui ôter le pain de la main, le moyen de subsister.
   3°. PAIN, se dit aussi de certaines chôses, mises en masse. "Pain de sucre, de savon, de cire, de bougie, etc.

PAIR


PAIR, adj. et s. m. PAIREMENT, adv. [Pêr, pèreman, 1re ê ouv. au 1er, è moy. et long au 2d, 2ee muet.] Pair, adj. Égal, pareil. Il ne se dit guère que dans ces deux phrâses. "Ils sont pair et compagnon. Traiter quelqu' un de pair à compagnon. "C' est un homme, ce sont des gens sans pair. = Suivant Bouhours, on dit plutôt aller de pair que, aller du pair: "Il veut aler de pair avec les grands seigneurs. L' Acad. disait d' abord également l' un et l' aûtre: elle ne dit plus que le 1er. Pour se mettre hors du pair, se tirer hors du pair, elle le préférait à de pair: dans les nouvelles éditions, elle les dit tous les deux indiféremment. L. T. Être pair à pair, être égaux. "Nous voilà donc pair à pair. _ Il est indéclinable. On ne doit point dire au fém. paire à paire, ni au plur. pairs à pairs. = Nombre pair, qui peut se diviser en deux parties égales. "Deux, quatre, six, huit, sont des nombres pairs.
   PAIR, s. m. L' un des Ducs ou Comtes, qui ont séance au Parlement de Paris. Duc et Pair, Comte et Pair. La Cour des Pairs; l' Assemblée des Pairs. "Les douze Pairs de France, etc.
   PAIREMENT, ne se dit qu' en Arithmétique. Nombre pairement pair, dont la moitié est aussi un nombre pair, comme quatre, huit, douze, etc.

PAIRE


PAIRE, s. f. [Père: 1reè moy. et long: 2e e muet. Dans certaines Provinces, les gens peu instruits font ce mot masculin, et disent un paire de bâs; c' est une paire qu' il faut dire.] Paire, couple (synon.) Le 2d se dit de deux chôses quelconques d' une même espèce, qui ne vont point ensemble nécessairement: le 1er se dit de deux chôses, qui vont ensemble par une nécessité d' usage, comme les bâs, les souliers, les jaretières, les gants, les manchettes, les botes, les sabots, les boucles d' oreilles, les pistolets, etc. ou d' une seule chôse nécessairement composée de deux parties, qui font le même service, comme des ciseaux, des lunettes, des pincettes, des culotes, etc. = Une couple et une paire peuvent se dire aussi des animaux; mais la couple ne marque que le nombre, et la paire y ajoute l' idée d' une association nécessaire. Un boucher dira qu' il achètera une couple de boeufs, parce qu' il en veut deux; mais un laboureur doit dire qu' il en achètera une paire, parce qu' il veut les ateler à la même charrûe. BEAUZÉE, Synon. _ Voy. PIGEON.
   On dit, une paire d' heures, pour dire un livre de prières. L' Acad. insinûe qu' on lui a doné ce nom, parce que ce livre contient les prières du jour et de la nuit. Cette raison me parait tirée par les cheveux. Je crois qu' on l' a dit d' abord abusivement et populairement, et que l' usage s' en est établi, sans qu' on sache trop pourquoi. Il me semble même que ceux, qui parlent bien, disent toujours des heures.
   On dit, proverbialement, d' une persone, ou d' une chôse, qui vaut mieux qu' une aûtre dont on a parlé: "C' est une autre paire de manches.
   Rem. Le dernier Éditeur des oeuvres de Bossuet emploie Paire, comme féminin du substantif PAIR. "Le Roi fit Madame de la Vallière, Duchesse de Vaujour, Paire de France. Je ne sais si je me trompe, mais je crois que les femmes peuvent posséder des Duchés-Pairies, mais qu' elles ne peuvent être ni paires, ni pairs.

PAIRIE


PAIRIE, s. f. [Péri-e: 1reé fer. 2e lon. 3e e muet.] Dignité de Pair. "Les honeurs, les prérogatives de la pairie. Duché et Pairie, ou Duché-Pairie; Duché, auquel la Pairie est atachée.

PAïS


*PAïS, Richelet. C' est une mauvaise ortographe, avec laquelle il faudrait prononcer pa-i, au lieu qu' on prononce pé-i. Voy. PAYS.

PAISIBLE


PAISIBLE, adj. PAISIBLEMENT, adv. [Pézible, zibleman: 1re é fer. 3e e muet.] Paisible, est 1°. Qui est d' humeur douce et tranquille. Il se dit des hommes et des animaux. "Enfant, homme paisible: cheval doux et paisible. = 2°. Qui n' est point troublé dans la possession d' un bien. "Possesseur paisible. = 3°. En parlant des lieux; où l' on est en paix, où il n' y a point de bruit, de tumulte. "Lieux, bois, forêts paisibles.
   PAISIBLEMENT, d' une manière paisible, (n°. 3°.) "Vivre, dormir paisiblement. "Jouïr paisiblement d' une terre, d' un bénéfice, etc.
   REM. Paisible. (n°. 1°.) est celui, qui demeûre en paix; pacifique, qui aime la paix, qui la procure et la maintient. "Ne vous contentez pas d' être paisible, c' est-à-dire, de conserver la paix dans vous-même, et pour vous-même: il faut encôre être pacifique, c' est-à-dire, travailler à maintenir la paix parmi les aûtres et à la rétablir, quand elle est troublée. P. Griffet, Ann. Chrét.
   PAISIBLE, en vers et dans le style relevé, aime à précéder le substantif.
   Si je chante aujourd' hui sur ces paisibles bords.
       Gress.
  Des paisibles lauriers, moissonés par vos mains.
      Rouss.

PAISSANT


PAISSANT, ANTE, adj. PAISSON, s. f. PAîTRE, v. n. [Pè-san, sante, pè-son, pêtre: 1re è moy. aux 3 premiers, ê ouv. et long au dern.] Paître: je pais, tu pais, il pait, nous paissons, etc. Je paissois ou paissais (il n' a point de prétérit) je paitrai, je paitrois ou paitrais; paissez, que je paisse (il n' a point d' imparfait du subjonctif) paissant. = Au propre, il ne se dit que des bestiaux, qui broutent l' herbe. "Les moutons qui paissent l' herbe; et neutralement; mener, faire paître des moutons, des chevaux. Il y a des oiseaux qui paissent, comme les oisons, les grûes, les poules, etc. = Se paître, se nourrir, se dit des oiseaux carnassiers. "Les corbeaux se paissent de charognes. = Au figuré, il se dit des Évêques, des Curés, chargés du soin des âmes. "Paître son troupeau, ses ouâilles, du pain de la parole. = On dit aussi, figurément, se paître de vent, de chimères. = En style proverbial envoyer paître quelqu' un, l' envoyer promener, le renvoyer avec mépris. Voy. OIE. _ En parlant des chôses, y renoncer. "Si j' en croyois mon coeur, j' enverrois paître mes afaires, et je m' en irois à Grignan. Sév.
   PAISSANT, qui pait; des animaux paissans.
   PAISSON, Nom collectif, qu' on done à tout ce que les bestiaux et les bêtes faûves paissent et broutent; principalement dans les forêts. Acad.

PAISSEAU


*PAISSEAU, s. m. PAISSELER, v. act. Mots de certaines Provinces. Échalas. Echalasser.
   PAîTRE, Voy. PAISSANT.

PAITRIN


PAITRIN, PAITRIR, Voy. PÉTRIN, PÉTRIR.

PAIX


PAIX, s. f. [, ê ouv. et long.] 1°. L' état d' un peuple, qui n' est point en guerre. "Longue, heureûse paix. "Paix sûre, ou, mal assurée. Traité de paix. Négocier une paix. = La paix de Westphalie, des Pyrénées, de Nimègue, etc. c. à. d. qui a été conclue à Nimègue, à Munster et à Osnabrug en Westphalie, etc. = 2°. Concorde dans les familles, dans les comunautés. "Être, vivre en paix. Entretenir, mettre la paix. "C' est une maison de paix. Laisser quelqu' un en paix, ne le plus molester ou importuner. = Ils ont fait la paix, ils se sont réconciliés. Il a fait sa paix, il est rentré dans les bones grâces de son maître, de son protecteur. = 3°. Tranquilité de l' âme. Paix intérieure; paix de l' âme. Être en paix avec soi-même. La paix soit avec vous. = 4°. Calme, silence. "Vous êtes ici bien en paix.
   On dit, proverbialement, il faut laisser les morts en paix, ne point parler mal d' eux. = Ne doner ni paix ni trève à quelqu' un, ni lui doner aucun relâche, le presser continuellement.
   Rem. Dans le sens de tranquilité de l' âme. (n°. 3°.) Paix, ne comporte pas les pronoms possessifs. On ne dit pas, ma paix, sa paix, leur paix, comme on dit, ma tranquilité, sa tranquilité, leur tranquilité. "Sa paix, dit Madame de Sévigné, sa résignation, son détachement sont au delà de ce que l' on voit. Ce modèle inimitable n' est pas à imiter en cela.
   On apelle paix plâtrée ou fourrée une fausse paix, une paix forcée, à laquelle on consent malgré soi. "Il falut courir vîtement à une paix plâtrée, pour éviter cette mortification. Sév.
   PAIX! Interjection, dont on se sert pour qu' on fasse silence. Paix là! Paix donc!

PALADIN


PALADIN, s. m. [Pa-la-dein.] Terme des vieux Romans. Il se dit des principaux Seigneurs, qui suivaient Charlemagne à la guerre. "Roland, ce fameux Paladin. = dans le style plaisant ou critique, on dit d' un Seigneur, qui veut passer pour brâve et galant, que c' est un vrai Paladin.

PALAIS


PALAIS, s. m. [Palê, 2eê ouv. et long.] 1°. Maison de Roi, de Prince ou de Seigneur. "Beau, grand, superbe Palais. "Le Palais épiscopal. = Pour les Seigneurs, on dit plus souvent Palais en Italie, et Hôtel en France. = Par exagération, on le dit d' une maison magnifique. = 2°. Le Palais pris absolument, c' est le lieu où se rend la Justice. "La cour, les salles du Palais. Il est au Palais. Gens de Palais, style du Palais, ou de Palais. = Le Palais, le Bârreau, la Pratique; car ces trois mots sont synonymes, dans le sens, que nous avons en vûe dans cette remarque, ont leur langage à part, qui parait barbâre à bien des gens, qui ne sont pas pourtant de ridicules puristes. Ils conviènent qu' il est des termes d' art, qu' on doit pâsser aux Artistes; mais dans des chôses très--ordinaires, pour l' expression desquelles le langage ordinaire sufit, pourquoi employer des locutions vieilles ou barbâres, sous prétexte qu' elles sont reçues au Bârreau, au Palais? Quel inconvénient y aurait-il de dire, je vous ferai observer, au lieu de dire, je vous observerai; d' employer district au lieu de détroit, etc. etc. Il parait que les grands Orateurs ont comencé à se raprocher de la Langue Française et ont abandoné plusieurs de ces termes gaulois.
   PALAIS, se dit aussi de la partie supérieure du dedans de la bouche.

PALAMIDE


*PALAMIDE, Voy. PÉLAMIDE.

PALAN


PALAN, s. m. Terme de Marine. Assemblage de cordes et de poulies, propres à élever de pesans fardeaux.

PALANQUE


PALANQUE, s. f. Espèce de fortification, faite avec des pieux.

PALANQUIN


PALANQUIN, s. m. [Palan-kein: 2e lon.] Chaise dans laquelle les persones considérables se font porter dans les Indes, sur les épaules des hommes. Acad. = Un palanquin n' est pas une chaise, c' est une bergère, un lit de repos. On y est ou couché ou assis, les jambes placées horisontalement. MARIN.

PALATALE


PALATALE, adj. fém. Il se dit des consones, qui sont produites par le moûvement de la Langue, qui va toucher le palais. D, T. L. N. R. sont des consones palatales. On les nome aussi linguales.

PALATIN


PALATIN, s. m. PALATINAT, s. masc. PALATINE, s. f. [Pala-tein, tina, tine.] Palatin est un titre de dignité en Allemagne, en Hongrie et en Pologne. = Palatinat est, 1°. la dignité de Palatin; 2°. la Province qui est sous la domination de l' Electeur Palatin. = En Pologne, Province. "Ce Royaume est divisé en Palatinats. = Palatine, fourrûre ou ornement de réseau que les femmes mettent sur le cou, l' une en hiver, l' autre en été.

PALE


PALE, s. f. [l' a est bref. = On ne voit pas pourquoi les Dictionaires et l' Acad. elle-même, qui écrivent malle, salle, etc. avec 2 ll, écrivent pale avec une seule.] 1°. Carton carré, garni ordinairement de toile blanche, qui sert à couvrir le calice pendant la Messe. = 2°. Pièce de bois qui sert à une écluse. = 3°. Le bout plat d' une rame, d' un aviron.

PâLE


PâLE, adj. [L' â est long.] 1°. En parlant des persones, blême, qui est de couleur tirant sur le blanc. "Il, ou elle est bien pâle. "Pâle comme un mort, ou comme la mort. "Teint, visage pâle. = Il régit quelquefois la prép. de: pâle de colère, de frayeur. = 2°. En parlant des couleurs: qui manque de vivacité. "Bleu, jaûne pâle.

PALÉE


PALÉE, s. f. [2e é fer. et long, dernier e muet.] Rangée de pieux enfoncés en terre, pour former une digue, soutenir des terres, etc.

PALEFRENIER


PALEFRENIER, s. m. PALEFROI, s. m. [2e et 3e e muet, 4e é fer. au 1er. Palfre-nié, pal-froa. = Le 1er e du 1er est si muet, qu' on ne le fait pas sentir. Richelet met palefrenier, ou palfrenier: l' Acad. ne met que le 1er.] Palefroi s' est dit autrefois pour cheval: on le dit sur-tout de ceux que montaient les Dames. _ De là Palefrenier, valet qui panse les chevaux.

PALEMAIL


*PALEMAIL, s. m. C' est de ce nom qu' en certaines Provinces on apèle le mail, le jeu de mail. En d' aûtres, on dit palemard, et l' on apèle palemardier, le maître qui fournit des mails. _ L' Acad. disait sur le mot de mail: en quelques endroits on l' apèle palemail. Elle a suprimé cela dans les dern. édit.

PALERON


PALERON, s. m. [2e e muet.] Cette partie de l' épaule, dans certains animaux, qui est plate et charnûe. "Ce cheval est blessé au paleron.

PALESTRE


PALESTRE, s. f. [2e è moy. 3e e muet.] On done ce nom et au lieu où les jeunes gens se formaient aux exercices du corps chez les Grecs et les Romains, et à ces exercices mêmes. = * Avoir de la palestre, du talent pour la déclamation, est une locution pédantesque et barbâre.

PALESTRIQUE


PALESTRIQUE, adj. [Palèstrike: 2eè moy. dern. e muet.] Il se dit des exercices qui se faisaient dans les palestres.

PALET


PALET, s. m. PALETTE, s. f. [Palè, lète: 2e è moy.] Le 1er se dit d' une pierre plate et ronde (Acad.) ou cârrée, avec laquelle on joûe, en visant à un but, qu' on a marqué, et dont on tâche de s' aprocher le plus prês qu' on peut. "Jouer au palet, au petit palet. Le dernier se dit surtout quand on joûe avec des écus, à peu prês comme on joûe aux boules. = Palette est 1°. un instrument de bois plat avec un manche et avec lequel les enfans joûent au volant ou à la paume. = 2°. Petit ais fort mince, sur lequel les Peintres mettent et mêlent leurs couleurs. = 3°. Petit plat, dans lequel on reçoit le sang de ceux qu' on saigne du brâs. = * Quelques-uns disent poilette, mais c' est palette qu' il faut dire: "On lui a tiré deux palettes de sang.

PâLEUR


PâLEUR, s. f. [1re lon. Pâ-leur.] La couleur de ce qui est pâle (n°. 1°.) "Une pâleur mortelle. "La pâleur de la mort était peinte sur son visage. "Il lui est resté de sa maladie une grande pâleur. = On ne le dit que des persones: on ne dit pas la pâleur d' une couleur.

PALIER


PALIER, s. m. [pa-lié: 2eé fer.] L' endroit d' un escalier, où les marches sont interrompûes, et où l' on se repôse avant que de recomencer à monter. On l' apèle aussi repôs. = Quelques-uns disent paillier, mais mal.

PALINODIE


PALINODIE, s. f. RÉTRACTATION. On ne le dit qu' avec chanter. "On l' a contraint de chanter la palinodie, de se rétracter. = Ce n' est pas un terme noble. "Pour ce qui est de chanter la palinodie, que persone ne s' y atende. Luther, cité par Bossuet.

PâLIR


PâLIR, v. n. [1re lon.] Je pâlis, nous pâlissons, je pâlissois ou pâlissais, je pâlis, j' ai pâli, je pâlirai, je pâlirois ou pâlirais, que je pâlisse (bon pour le présent et l' imparfait du subjonct.) pâlissant. = Devenir pâle. "La moindre chôse le fait pâlir; il pâlit de colère. = V. act. Rendre pâle. "La maladie l' a bien pâli.

PALIS


PALIS, s. m. Pieu. "Jardin, bois, clôs entouré de palis. "Un palis, un lieu entouré de pieux, de palis.

PALISSADE


PALISSADE, s. f. PALISSADER, v. act. [Pali-sade, sadé.] Palissade est, 1°. une clotûre de palis, pour la défense d' un poste. On le dit aussi d' un des pieux de la palissade. = 2°. Suite d' arbres plantés prês à prês, qui forment un massif et un mur de verdûre. "Palissades hautes, toufûes, ou à hauteur d' apui. = Palissader a les deux sens: entourer une fortification de palissades. Dresser des palissades dans un jardin.

PALLE


PALLE: voy. PALE, s. f.

PALLIATIF


PALLIATIF, IVE, adj. PALLIATION, s. f. PALLIER, v. act. [On prononce les deux ll; excepté au dernier: Pal-liatif, tive, pal-lia-cion, pa-lié.] Pallier, c' est déguiser, excuser, doner un jour favorable à une chôse qui est mauvaise: et en parlant d' un mal, ne le guérir qu' en aparence. Palliation, action de pallier. Palliatif, qui pallie. "Pallier sa faute, son crime. "Pallier le mal. = Palliation ne se dit que dans le 1er sens; et palliatif n' a raport qu' au 2d. "Ce n' est pas une justification: c' est une palliation. _ Remède palliatif, cûre palliative. = S. m. "Ce remède n' est qu' un palliatif.

PALLIUM


PALLIUM, s. m. [Dans le Dict. Gramm. on dit de prononcer pa-lion, et dans le Rich. Port. de dire pal-liome. Le 2d a raison pour les 2 ll: on les prononc. dans ce mot: mais le 1er rencontre mieux, ce me semble, pour la terminaison en on: car tous les mots latins en um se prononcent en français en on: fac--toton, facton.] Ornement de laine blanche semé de croix noires, béni par le Pape, qui l' envoie aux Archevêques pour marque de leur juridiction. Il l' envoie aussi extraordinairement à quelques Évêques. "M. de Belsunce, Évêque de Marseille, aprês la peste de 1720, où il se comporta en Hérôs, reçut le Pallium de Clément XI. =

PALME


PALME, s. f. et m. PALMIER, s. m. PALMISTE, s. m. [2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Palme est fém. quand c' est un rameau du palmier; et masc. quand c' est une mesûre romaine. Elle est de huit pouces trois lignes et demie. = Palmier, arbre qui porte des dattes. = Palmiste, sorte de palmier qui croît dans les Iles Antilles.

PALOMBE


PALOMBE, s. f. Espèce de pigeon ramier.

PALOT


PALOT, s. m. [On ne prononce point le t.] Villageois grossier. Terme de mépris. = Quelques-uns écrivent palaut.

PALPABLE


PALPABLE, adj. *PALPER, v. act. Le 1er se dit de ce qui se fait sentir au toucher, ou qui est sensible à l' esprit; clair et facile à comprendre. "Les corps solides sont palpables. "Ce raisonement est palpable. = * Palper, toucher. Il est bâs et populaire; les Dictionaires ne le mettent point. "Palper de l' argent. = On est surpris de trouver ce mot dans l' Hist. d' Angl. traduite par Mde. B.... "La Cour de Rome trouva toujours le moyen de palper cet argent. = Ce mot n' est bon que pour le st. burlesq. ou plaisant ou moqueur. "Vous afectez de prendre de l' humeur: vous jetez le manche aprês la cognée: vous nous déclarez indignes de voir votre manuscrit et déchus à jamais du droit de le palper. Anon.

PALPITANT


PALPITANT, ANTE, adj. PALPITATION, s. f. PALPITER, v. act. [tan, tante, ta-cion, té: 3e lon. aux 2 1ers, é fer. au dern.] Palpiter, se mouvoir d' un moûvement déréglé et fréquent. Palpitant, qui palpite. Palpitation, moûvement déréglé et inégal du coeur. "La paupière, le coeur lui palpite. "Le coeur palpitant, les entrâilles palpitantes, qui palpitent encôre aprês la mort des animaux. "Il est sujet à de grandes palpitations.

PALPLANCHE


PALPLANCHE, s. f. Pièce de bois qui garnit le devant des fondemens des pilotis d' une digue, d' une jetée.

PALTOQUET


PALTOQUET, s. m. [Paltokè. 3eè moy.] Homme grossier; paysan. Ce mot vient de paltoc ou palletoc, en espagnol; paletoque, casaque de paysan. La Monn. _ C' est un terme de mépris. "C' est bien à toi paltoquet, de t' arrêter à ce chimérique honeur. Mariv.

PALUS


PALUS, s. m. [On prononce l' s finale.] Terme de Géographie. Marais. Suivant La Touche, on dit le Palus Méotide. L' Acad. ne le met qu' au pluriel; et c' est l' usage le plus comun. M. Cousin, dans l' Hist. Rom. a fait ce mot fém. Voy. MÉOTIDE.

PâMER


PâMER, v. n. [1re lon. sur-tout devant l' e muet: il pâme, pâmera, etc.] Tomber en défaillance. Il se dit aussi avec le pronom personel, se pâmer. "Il pâme, il se pâme. Pâmer de douleur. _ Par exagération, pâmer, ou se pâmer de joie, de rire. _ Rire à pâmer. SÉV. "Je pâme de rire de votre sotte bête de femme, qui ne veut pas jouer que le Roi d' Angleterre (Jacques II) n' ait gâgné une batâille. Id. Sa femme a ri à pâmer, etc. Id.

PAMPHLET


PAMPHLET, ou PAMFLET, s. m. [Pan--flè: 2e è moy.] Brochûre. Mot anglais naturalisé en France. C' est un mot à la mode. On le dit souvent par mépris et dans le st. critiq. M. l' Ab. Grosier, comparant Voltaire à Sénèque, dit: "Que pensera la postérité, quand elle comparera ses maximes de bienfaisance, d' humanité, de modération avec les satires amères et les pamphlets calomnieux qu' il Voltaire) s' est si souvent permis dans le cours de ses querelles."

PAMPE


PAMPE, s. f. PAMPRE, s. m. [Pan-pe, pre. 1re lon. 2e e muet.] Le 1er se dit de la feuille du blé, de l' orge, de l' avoine; le 2d, d' une branche de vigne avec ses feuilles. = En quelques Provinces, les Vignerons font pampre féminin, et disent la pampre, au lieu de dire le pampre.

PAN


PAN, s. m. 1°. Partie considérable d' un vêtement: le pan d' une robe; les pans d' un manteau. "Quand Pompée fut assassiné, il se couvrit le visage avec un pan de sa robe. = 2°. Partie d' un mur. "Un pan de murâille. = 3°. Un des côtés d' un ouvrage. "Table, salière à pans, à six pans, à huit pans. = 4°. Mesûre de longueur, usitée dans les Provinces méridionales: elle est de 9 pouces; et c' est la 8e partie d' une canne.

PANACÉE


PANACÉE, s. f. Remède universel. Il ne se dit plus qu' en plaisantant: il a trouvé la panacée. Dans le st. simple et sérieux, il ne s' est conservé que dans le nom de certains remèdes: panacée antimoniale, etc.

PANACHE


PANACHE, s. m. PANACHÉ, ÉE, adj. Se PANACHER, v. réc. [3e e muet au 1er, é fer. aux trois aûtres.] Panache est un assemblage de plumes d' autruche, dont on ombrage un casque. = On dit dans Trév. que panache est s. f. quand il signifie la femelle du paon. L' Acad. ne le met pas en ce sens. = Se panacher se dit de certaines fleurs, lorsqu' il vient à s' y former une nouvelle couleur, qui fait à peu prês l' éfet d' un panache. "Tulipe, anémône, oeuillet qui se panache; ou neutralement, qui panache. = Panache se dit, dans le même sens des fleurs, et de certains oiseaux. Tulipe, rôse, poule panachée, serin panaché.

PANADE


PANADE, s. f. Mets fait de pain émié et long-tems mitoné dans du bouillon.

PANADER


PANADER (se) v. réc. Marcher avec un air d' ostentation et de complaisance, comme un paon, qui fait la roue. Acad. On dit, plus ordinairement, se pavaner. "Voyez comme il se panade, comme il se pavane. St. fam. et moqueur.

PANAIS


PANAIS, ou PANETS, ou PASTENADE, s. m. [L' Acad. ne met que le 1er et le 3e. Panê, Pastenade: 2e ê ouv. au 1er, e muet au 2d. En Provence, plusieurs disent pastenargue: s. f. C' est un barbarisme.] Plante potagère, dont on mange la racine, qui est d' un goût doucereux.

PANARD


PANARD, adj. m. Dont les deux pieds de devant sont tournés en dehors. Il ne se dit que d' un cheval ou mulet. = En certaines provinces, on le dit des hommes pour boiteux.

PANARIS


PANARIS, s. m. Tumeur flegmoneûse, qui vient au bout des doigts.

PANCARTE


PANCARTE, s. f. Placard afiché pour avertir le Public des droits imposés sur certaines denrées, etc. = En plaisantant, ou par mépris, on le dit de toute sorte d' écrits. "Quelle pancarte avez-vous là? Ce sont de vieilles pancartes.
   N' en déplaise aux doctes pancartes,
   Et des Rohauts et des Descartes.      Rouss.

PANCER


PANCER, ou PANSER, v. act. L' Acad. écrivait penser, même en ce sens; mais comme panser vient de panse, on doit l' écrire avec un a, dit La Touche. Penser ne se dit que de la pensée. Andry. = Dans la dern. édit. l' Acad. dit PANSER. Voy. ce mot.

PANCHANT


PANCHANT, PANCHER. C' est ainsi qu' on écrivait autrefois; c' est l' ortographe du P. Rapin, de Massillon et aûtres. Aujourd' hui, on écrit, PENCHANT, PENCHER. Voy. ces mots.

PANDECTES


PANDECTES, s. f. pl. [Pandèk-te: 2e è moy. 3e e muet.] Recueuil des décisions faites par les anciens Jurisconsultes Romains. = Dans le st. plaisant, on le dit pour sentences, maximes.
   Du doux Quinaut les pandectes galantes.
       Rouss.

PANÉGYRIQUE


PANÉGYRIQUE, s. m. PANÉGYRISTE, s. m. [Panégirike, ris-te: 2e é fer. dern. e muet.] Le Panégyrique est un discours en prôse ou en vers, fait à la louange de quelqu' un. Panégyriste, celui qui fait un panégyrique. "Le panégyrique d' un Saint. "Pline a fait le panégyrique de Trajan. "Neuville est un excellent Panégyriste. "Cet Auteur n' est pas un Historien: c' est un Panégyriste perpétuel. = Il régit quelquefois la préposition de. "Craignez, dit Confucius, ceux qui sont plutôt les panégyristes de la vertu que ses disciples. Pastoret; Zoroastre, Confucius, Mahomet, etc.
   Rem. Aujourd' hui, panégyrique ne se dit plus que des éloges anciens, de ceux des Saints, et des panégyriques latins. Pour les aûtres, on on dit, éloge. "Eloge de Sully, de Daguesseau, etc. et non pas panégyrique.

PANER


PANER, v. act. Couvrir de pain émié: "Paner des côtelettes, des pieds de cochon, etc. = Eau panée, où l' on a fait tremper du pain.

PANERÉE


PANERÉE, s. f. [2e et dern. e muet, 3e e fer. et long.] Autant qu' il peut en tenir dans un panier. "Une panerée de raisins.

PANETERIE


PANETERIE, s. fém. PANETIER, s. m. PANETIèRE, subst. féminin. [2ee muet au 1er, suivant l' Acad. 3eé fermé au 2d, tié, è moyen et long au 3e, tiè-re. = En suivant l' analogie, il faudrait écrire et prononcer panetterie, ou panèterie, parce que l' e, qui est muet devant la syllabe masculine, se change en è moyen devant la syllabe féminine: jeter; il jette ou jète; il jettera ou jètera.] Paneterie est le lieu où l' on distribûe le pain chez le Roi. Il se dit aussi collectivement des Oficiers qui sont employés à cette distribution. = Panetier ne se dit qu' avec Grand, d' un grand Oficier de la Courone, qui avait aûtrefois la charge de faire distribuer le pain de la Maison du Roi, et qui avait autorité sur tous les Boulangers du Royaume. "Le Grand Panetier de France. = Panetière, petit sac dans lequel les Bergers et les Bergères portent du pain, en alant garder les moutons.

PANEAU


PANEAU, ou PANNEAU, s. m. [Trév. met les deux en titre; mais dans tout le cours de l' article, il ne met que le prem. l' Acad. au contraire, ne met que le second: prononcez pano. Au pluriel, paneaux, la 2e est longue, panô.] Pièce de bois ou de vitrage, enfermée dans une bordûre. "Paneau de porte, de lambris, de vitre. = 2°. Filet pour prendre des lièvres et des lapins: tendre un paneau, des paneaux. = 3°. Au figuré, piège. "On lui a tendu un paneau. "Il a doné dans le paneau. "Le paneau le plus délié et le plus spécieux, qui, dans tous les tems, ait été tendu aux Grands par les gens d' afaires, etc. La Bruy. "Le bon homme a doné dans le paneau: c' est une bone dupe. MARIN, Farce.

PANE


PANE, voy. PANNE.

PANETON


PANETON, voy. PANNETON.

PANIER


PANIER, s. m. [Pa-nié, 2eé fer.] Ustensile d' osier, ou de jonc, etc. où l' on met diverses chôses. Son nom lui vient de ce que d' abord on s' en servit pour y mettre du pain. "Grand ou petit panier. "Panier à anse ou sans anse. = Ce que contient un panier. "Un panier de fruit, etc. = En Style fig. famil. le dessus du panier, c' est ce qu' il y a de meilleur dans quelque chôse que ce soit; et le fond du panier, ce qu' il y a de plus mauvais. "Je vous done le dessus du panier, c. à. d. la fleur de mon esprit, de ma tête, de mes yeux, de ma plume, de mon écritoire; et puis le reste va comme il peut. Sév. = Mettre tous ses oeufs dans un panier, risquer tout son bien dans une seule entreprise. = Panier percé, prodigue: c' est un panier percé. = Sot comme un panier, fort sot. = On dit, que l' anse du panier vaut beaucoup à une servante, pour dire qu' elle vole beaucoup sur ce qu' elle achète au marché. = Voy. ANSE et VENDANGE.

PANIQUE


PANIQUE, adj. fém. [Panike: dern. e muet.] Terreur panique, frayeur subite et sans fondement. = Il n' a d' usage qu' avec terreur. On ne dit, ni crainte, ni frayeur panique, quoique ce soit le même sens: ainsi le veut l' usage. * L' Ab. Prévot a dit dans un endroit de l' Histoire des Voyages, crainte panique, et dans un aûtre, frayeur panique. Rousseau a dit, paniques alarmes. = La Touche avait remarqué que Panique n' est point alphabétiquement dans le Dict. de l' Acad. mais qu' il se troûve au mot de Terreur. = On l' a mis sous la lettre P, dans la dernière édition.

PANNE


PANNE, ou PANE, s. f. [Richelet met les deux; l' Acad. ne met que le premier: 2e e muet.] 1°. Sorte d' étofe de soie, de fil, de laine, de poil de chèvre, ou de coton, fabriquée à peu prês comme le velours. = 2°. Graisse dont la peau de cochon, et de quelques aûtres animaux est garnie au dedans. = En style figuré famil. On dit, d' un homme extrêmement grâs, qu' il a deux doigts de panne. = 3°. En termes de Marine, on dit, Mettre en panne, lorsqu' on dispôse les voiles de manière à ne pas continuer de faire route.

PANNEAU


PANNEAU, Voy. PANEAU.

PANNETON


PANNETON, ou PANETON, s. masc. [2e e muet] La partie d' une clef, qui entre dans la serrûre.

PANONCEAU


PANONCEAU, s. m. [Panon-so: 3e lon. au plur. panonceaux.] Écusson d' armoirie, mis sur une afiche ou sur un poteau.

PANSE


PANSE, s. f. [1re lon. 2ee muet.] Au propre, ventre. "Il a une grosse panse. Avoir la panse pleine. St. famil. = Avoir les yeux plus grands que la panse, ou plus grands yeux que grande panse, avoir plus grand apétit dans l' imagination que dans la réalité. Voy. DANSE. = Au figuré, style simple, panse d' a, l' arondissement d' un a: "La panse de cet a est mal faite. Voy. A, au comencement.

PANSEMENT


PANSEMENT, s. m. PANSER, v. act. [Panseman, : 1re lon. 2ee muet au 1er, é fer. au second. Voy. PANSER,] Pansement est l' action de panser, c. à. d. d' apliquer à une plaie les remèdes nécessaires. "Le pansement est quelquefois plus douloureux que l' opération. "Le Chirurgien le panse deux fois par jour. = Panser a un 2d sens, que pansement ne partage pas. On dit, panser un cheval, l' étriller, le brosser, etc. On ne dit point, le pansement d' un cheval.

PANSU


PANSU, ÛE, adj. Qui a une grôsse panse. "Il est fort pansu. "C' est un défaut à une femme d' être pansûe. = S. m. "C' est un grôs pansu. St. famil.

PANTALON


PANTALON; s. m. PANTALONADE, s. fém. Le 1er se dit, 1°. d' un habit tout d' une pièce, qui prend depuis le cou jusqu' aux pieds; ou d' un caleçon qui est tout d' une pièce avec le bâs: 2°. D' un personage de la Comédie Italiène: 3°. En style fig. famil. d' un homme qui joûe toute sorte de rôles pour venir à ses fins. _ Voyez BARBE. = Pantalonade, danse de Pantalon. = Boufonerie. _ Faûsse démonstration, ou subterfuge ridicule, pour se tirer d' embarras.

PANTE


PANTE. Voy. PENTE.

PANTELANT


*PANTELANT, ANTE, adj. PANTELER, v. neut. [1re lon. 2e e muet, 3e lon. aux 2 prem. é fer. au 3e.] Haletant. Haleter. Ils sont vieux.

PANTHèRE


PANTHèRE, s. fém. [L' h est muette, 2e è moy. et long, 3e e muet.] Sorte de bête féroce, qui a la peau mouchetée à peu prês comme celle du léopard.

PANTIèRE


PANTIèRE, s. fém. [Pan-tiè-re: 2e è moyen et long, 3e e muet.] Filet qu' on tend à des arbres, pour prendre des oiseaux.

PANTOMIME


PANTOMIME, s. m. Acteur, qui exprime toute sorte de chôses par des gestes, sans parler.

PANTOUFLE


PANTOUFLE, s. f. Sorte de chaussûre dont on se sert dans la chambre, et qui est ordinairement sans quartier. "Pantoufle de cuir, de drap, de velours. "Une paire de pantoufles. "Être en robe de chambre et en pantoufles. Mettre ses souliers en pantoufle. = Mule, pantoufle: Suivant La Touche, le 2d n' est pas aussi en usage que le 1er. Quelques persones distinguent entre ces deux mots. Quand cette espèce de chaussûre est toute de cuir, sans aucun enrichissement, ils l' apèlent pantoufle; mais quand le dessus est de quelque belle étofe, ils l' apèlent mule. _ L' Acad. ne distingue point entre ces deux termes. L. T.
   On dit, proverbialement, se soucier de quelque chôse, ou de quelqu' un, comme de ses vieilles pantoufles, ne s' en soucier guère, _ Raisoner pantoufle, ne savoir trop ce qu' on dit, ou causer pour causer. "Ils sont entrés dans ma chambre, pour ce qui s' apèle raisoner pantoufle. Sév. En pantoufles, adv. à son aise. "Ils font ce siège en pantoufles. "Nous plaidons en pantoufles. = Pantoufle, ou fer à pantoufle, sorte de fer de cheval, plus épais en dedans qu' en dehors.

PANTOUFLER


*PANTOUFLER, v. n. PANTOUFLERIE, s. f. Ce sont deux mots de Mde de Sévigné. Ils expriment le second sens de raisoner pantoufle. "Voilà Corbinelli fort aise: nous allons bien pantoufler. "Il y a des Philosophes, qui ne le sont pas, et dont la pantouflerie ne vous déplairoit pas. _ Ces deux mots sont en Italique, sans doute par les soins de l' Éditeur.

PANTOUFLIER


*PANTOUFLIER, s. m. Celui-ci est un mot de d' Ablancourt. "Dieu te gard' , maître Pantouflier. = On dit aussi, en style plaisant, Pantouflier de Sorbone, en parlant des vieux Docteurs.

PANTURE


PANTURE, voy. PENTûRE.

PAON


PAON, s. m. [On prononce pan. _ Pluche l' écrit de même, avec un chevron sur l' a, pân.] Oiseau domestique, du plus beau plumage, et de la voix la plus aigre. "Un jeune, un vieux paon. "Plumes de paon.

PAONNE


PAONNE, ou PAONE, s. f. PAONNEAU, ou PAONEAU, s. m. [Prononcez pane, pano.] La femelle d' un paon. _ Un jeune paon.

PAPA


PAPA, s. m. Terme mignard, qu' on met dans la bouche des enfans, pour apeler leur Père. "Cet enfant dit déjà papa, maman. "Voilà votre papa. = En style proverb. bon papa, bon homme.

PAPABLE


PAPABLE, adj. m. La Touche dit, qu' excepté celui de l' Acad. les aûtres Dictionaires ne mettent point ce mot là. Il n' avait donc pas vu celui de Trévoux. Ce mot est fort d' usage, ajoute-t-il: Ce Cardinal est papable: il a toutes les qualités requises pour être Pape.

PAPAL


PAPAL, ALE, adj. *PAPAT, s. masc. PAPAUTÉ, s. fém. [Au est dout. dans le dern. papoté.] Papal, qui concerne le Pape, qui apartient au Pape. "Dignité, autorité papale. _ Terres papales, de la domination du Pape. = * Papat n' est que dans le Dict. de Trév. Dignité du Pape et sa durée. Ce mot n' est pas français: on dit papauté pour la dignité, et Pontificat pour la durée.

PAPE


PAPE, s. m. L' Évêque de Rome, Chef de l' Église universelle. "Notre Saint Père le Pape. "Nonce, Légat du Pape, etc. = On dit, proverbialement, pas pour le Pape, pour qui que ce soit. "Je n' en branlerais, pas pour le pape. _ Et quand deux persones ont la même pensée, et se la comuniquent en même tems, nous aurions fait un Pape, disent-ils. L' Acad. traite cette locution de populaire.

PAPELARD


PAPELARD, s. m. Terme de mépris. Hypocrite, faux dévot.

PAPELINE


PAPELINE, s. f. [2e et dern. e muet.] Sorte d' étofe, tramée de fleuret.

PAPERASSE


PAPERASSE, s. fém. PAPERASSER, v. neut. [Paperace, racé: 2e e muet, 4e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Paperasse, papier écrit qui ne sert plus de rien. Il faut jeter au feu toutes ces paperasses. = Paperasser, c' est 1°. pâsser son tems à feuilleter, à arranger des papiers. "Depuis plusieurs jours, il ne fait que paperasser. = 2°. Composer sans fin, faire des écritûres inutiles. "Cet Auteur ne fait que paperasser. = * M. Linguet dit, dans ce dern. sens, paperasseur. "En dépit des faux frères et des paperasseurs comme vous. Lettre suposée, écrite à l' Auteur des Annales.

PAPETERIE


PAPETERIE, s. f. PAPETIER, s. m. [2e. e muet, 3e e aussi muet au 1er, é fer. au second, pape-tié. = Suivant l' analogie et le génie de la langue, il faudrait écrire et prononcer papetterie, ou papèterie, car l' e muet devant la syllabe masculine, se change assez constamment en è moyen devant la syllabe féminine; jeter, il jettera, ou jètera, etc.] Papeterie signifie, et la manufactûre, et le comerce du papier. Papetier se dit, et de l' Ouvrier qui le fait, et du Marchand qui le vend.

PAPIER


PAPIER, s. m. [pa-pié: 2eé fer.] Ce mot a plusieurs sens: il signifie, 1°. une composition faite de vieux linge, trempé dans l' eau, broyé par un moulin, et étendu par feuilles, pour servir à écrire, à imprimer et à d' aûtres usages. "Grand, petit papier. Du papier à la cloche, au raisin, etc. "Papier brouillard, papier gris, bleu, rouge, marbré, etc. = 2°. Journal, livre de compte. Papier journal. Écrivez cela sur votre papier. = 3°. Il se dit des lettres de change, billets, etc. "Payer en papier: "Tout son bien est en papier. "Papiers royaux, etc. = 4°. Titres, enseignemens, mémoires, etc. "Aportez vos papiers. "On ne peut rien décider sans avoir vu les papiers. = 5°. Depuis quelque tems on dit, papier monaie, qui a cours, comme l' argent monayé. _ Papier-nouvelle, gazette. "Tout les papiers-nouvelles font mention de, etc. L' Ab. Fontenai.
   On dit, en style proverbial, rayez cela de vos papiers, ne le croyez pas, ne vous en flattez pas. "Si donc vous croyez, M. le Marquis, nous en avoir imposé, rayez cela de vos papiers. Tart. Épist. _ Être sur les papiers de quelqu' un, lui devoir de l' argent. _ Être bien ou mal sur ses papiers, c' est-à-dire, dans son esprit. = Brouiller, gâter du papier, écrire de méchantes chôses. = Mettre, jeter ses idées sur le papier, les mettre par écrit. = Le papier soufre tout: on y écrit ce qu' on veut; et une chôse n' est pas vraie, par cela seul, qu' elle est écrite. = On dit, d' un drap qui se déchire aisément, que c' est du papier, du papier mouillé.

PAPILLON


PAPILLON, s. m. PAPILLONER, v. n. [Papi-glion, glioné: mouillez les ll.; dern. é fer. au 2d.] Papillon, espèce d' insecte volant. _ On dit, en style fig. famil. courir, voler aprês les papillons, s' amuser à des bagatelles. _ Voyez BRûLER. = Papilloner, voltiger d' un objet à l' aûtre, comme les papillons. "Il ne fait que papilloner. = Ce verbe était nouveau au comencement de ce siècle. Le Dictionaire de Trévoux est le 1er qui l' ait mis. Mde des Houlières s' en était servie. _ Il est familier. Acad.

PAPILLOTAGE


PAPILLOTAGE, s. m. PAPILLOTE, s. f. PAPILLOTER, v. n. [Papi-glio-taje, te, té: 4e e muet au 2d, é fer. au 3e.] Papil--lote, morceau de papier ou de tafetâs, dont on envelope les cheveux qu' on met en boucles. = Papilloter et papillotage n' ont aucun raport à cette signification: ils se disent, 1°. des yeux qu' un mouvement involontaire empêche de se fixer sur les objets; 2°. d' un tableau qui pétille d' une manière incomode, par des lumières également brillantes, et par des couleurs également vives; 3°. en Imprimerie, lorsque le caractère marque double et est embrouillé.
   Rem. Depuis quelque tems, papillotage est à la mode au figuré. "Elle jeta les yeux sur sa vie passée, et n' y vit plus que le papillotage de mille vaines ocupations. Marm. "On ne saurait trop démasquer ce papillotage philosophique. Linguet. Cela ne peut être bon que dans le style badin ou critique.

PAPISME


PAPISME, s. m. PAPISTE, s. m. Termes odieux, dont les Protestans se servent en parlant des Catholiques.

PâQUE


PâQUE, s. f. PâQUES, s. m. sing. ou fém. pl. [Pâke: 1re lon. 2e e muet.] Le 1er prend l' article, et se dit d' une fête solennelle des Juifs, où ils mangeaient un agneau, apelé, pour cette raison, l' Agneau pascal, en mémoire de leur sortie d' Égypte. "La pâque des Juifs. "Faire, célébrer la pâque. _ Le 2d s' emploie sans article, comme les noms propres, et c' est, parmi les Chrétiens, le nom de la fête solennelle, qu' on célèbre en mémoire de la Résurrection du Sauveur. Dans cette acception, il est ordinairement masc. et sing. "Ce carême est plus long ou plus court, selon que Pâques est plus ou moins avancé. Let. Édif. "Quand pâques sera venu; dès que Pâques est pâssé: je vous payerai à Pâques, à Pâques prochain. = On le dit au pluriel, et il est féminin dans les locutions suivantes. Pàques fleuries, le Dimanche des Rameaux. Pàques clôses, le Dimanche de Quasimodo. Faire ses Pâques, Comunier un des jours de la quinzaine de Pâques. = Anciènement on le disait pour comunier, faire ses dévotions à quelque jour que ce fût, mais sur-tout quand on parlait des grandes fêtes de l' année. "Cet homme est un bon Chrétien. Il fait regulièrement ses Pâques à Noël, à la Pentecote et à toutes les bones fêtes.

PAQUEBOT


PAQUEBOT, s. m. [Pak-bot: l' e est si muet, qu' il ne se fait pas sentir. L' Acad. écrit paquet-bot. Le mot anglais est, à la vérité, paket-boat; mais Boyer le traduit par paquebot.] Poste maritime d' Angleterre en France et en Hollande. Bâtiment qui pâsse et repâsse pour porter les lettres. "Le paquebot, ou le paquet-bot est arrivé.

PâQUERETTE


PâQUERETTE, Acad. ou PâQUETTE, Rich. s. f. [Pâkerète ou pâkète.] Espèce de marguerite blanche, qui vient dans le tems de pâques.

PAQUET


PAQUET, s. m. [Pakè: 2eè moy.] 1°. Assemblage de plusieurs chôses atachées ou envelopées ensemble. "Grôs, grand, petit paquet. Mettre en paquet, par paquets. = Richelet et Trévoux ont dit, en ce sens, paqueter. On ne dit plus qu' empaqueter. = 2°. Plusieurs lettres renfermées sous une envelope. "Le paquet du Roi, de la Cour. J' ai envoyé, j' ai reçu mon paquet. = 3°. Fig. st. famil. Doner ou faire un paquet à quelqu' un, lui imputer quelque chose de honteux, de désagréable. "On lui done ce paquet; on le soupçone d' être l' Auteur de ce libelle. "Elle a une mauvaise langue: prenez garde qu' elle ne vous fasse quelque paquet auprès de Mde du Rocher. Th. d' Éduc. = Risquer ou hazarder le paquet, s' engager dans une afaire douteûse.
   Chacun promet enfin de risquer le paquet.
       La Fontaine.
Doner à quelqu' un son paquet, lui faire une réponse vive et ingénieûse, qui le fait taire. _ Faire son paquet, s' en aler de quelque maison. _ Emporter des paquets à l' aûtre monde, des péchés qu' on n' a pas expiés, des torts qu' on n' a pas réparés. "Elle est morte d' un étranglement à la gorge. Elle haïssoit bien parfaitement notre Montataire. Je suis toujours fâchée qu' on emporte de tels paquets en l' aûtre monde. Sév.

PAR


PAR, prép. Elle exprime, ou la caûse éficiente de quelque chôse: tout a été créé par la parole de Dieu; ou le motif qui fait agir: il ne parle que par envie; ou le moyen; qu' on emploie pour agir: réussir par son habileté: recevoir des lettres par la poste, etc.
   PAR est aussi préposition~ de lieu: aler par les rûes; sortir par une porte, et rentrer par l' aûtre; ou de tems: voyager par un beau tems; ou de distribution et de partage: marcher par troupes: ranger par chapitres: distribuer par compagnies. = Il a divers aûtres usages et s' unit à plusieurs adverbes; par dehors, par dedans, par dessus, par dessous, etc. = * On disait anciènement par auprês, par ainsi: on a retranché par. 1°. PAR régit les verbes à l' infinitif: "Il comença par dire: il débuta par raconter. _ Il est régi aussi par plusieurs verbes passifs. Voy. PASSIF. = 2°. Il gouverne quelquefois les noms sans article: "Ni par prières, ni par remontrances, ni par chatimens, le Prince ne put arrêter ses désordres. Boss. Le tour serait moins vif et plus pesant, si l' on disait: ni par les prières, ni par les remontrances, etc. = On dit aussi, article par article. L' illustre Auteur que nous venons de citer, substitûe à par, la prép. à: "Il réfute en particulier, chapitre à chapitre, toutes les erreurs de ces hérétiques. = 3°. La prép. par, régie par des verbes, employés au mode passif, se met aprês le participe: "Il lui fut adressé par, etc. Au Palais, et en style d' Ordonnances, on le met entre le v. être et le participe. "Que copies desdits procès verbaux soient par le Prévot général, ou son Lieutenant, adressées à, etc. = 4°. La Bruyère se sert mal-à-propôs, dans un endroit, de par, au lieu de pour. "Fleur que l' on cultive par sa beauté ou par son odeur. Il faut dire, pour sa beauté ou pour son odeur, c. à. d. à caûse de sa beauté. _ Le même Auteur dit ailleurs: "Livres écrits avec précipitation et lus de même par leur nouveauté. Je crois qu' on doit dire, que des ouvrages plaisent par leur nouveauté, et qu' ils sont lus pour (à caûse de) leur nouveauté. = 5°. Par se met fort bien pour avec: "Ce n' est qu' un tableau général, ou par de l' ordre et de la méthode, j' ai tâché de rendre distinctes beaucoup de connoissances utiles. Necker. = 6°. Aûtrefois on faisait régir à par l' infinitif, au lieu de parce que avec l' indicatif. "Si je fusse retournée, je rendois inutile mon voyage de Bretagne, par être trop court. SÉV. parce qu' il aurait été trop court. _ "J' ai bien de quoi m' anoncer auprès d' eux, par leur conter comme vous parlez de leur mérite. Mde de Coulanges. "Quelques-uns, par une intempérance de savoir, et par ne pouvoir (parce qu' ils ne peûvent) se résoudre à renoncer à aucune sorte de connoissance, les embrassent toutes et n' en possèdent aucune. La Bruy. "On se convient aussi par ne se pas ressembler. FONTEN.
   Dont bien et mal m' est encore avenu;
   Bien, par trouver l' art de me faire lire;
   Mal, par avoir des sots excité l' ire.
       Rouss.
Ce dernier exemple est dans le style marotique, où ce tour de phrâse fait fort bien. = 7°. Par est particule explétive dans ces phrâses: par trop grôssier; il l' a répété par deux fois. De par le monde, dans le monde.
   J' en sais beaucoup, de par le monde,
   Qui, etc.      La Font.
Parce que, conjonction causative. Elle se met indiféremment au premier membre de la phrâse, ou au second. "Parce que vous avez désobéi, vous serez puni; ou vous serez puni, parce que vous avez désobéi. Dans le discours soutenu, il est souvent mieux de l' employer au commencement, et dans le discours familier, il est mieux de ne s' en servir qu' après. Regn. = On disait aûtrefois, dans le même sens, pour ce que, et d' autant que.
   Rem. 1°. Suivant l' Auteur des Réflexions, etc. parce est quelquefois éloigné élégamment de que. L' exemple qu' il en aporte ne plaira pourtant pas à tout le monde. "Il fut reçu à Rome comme victorieux, parce seulement qu' il n' avoit pas désespéré des affaires de la République. _ Cette séparation de parce d' avec que est plus suportable dans les exemples suivans. "Parce donc que j' ai cru que, etc. LA BRUY. "Parce, dit-il, que, etc. Le P. Rapin. "Parce, dit-on, que les Lacédémoniens s' y oposèrent. Rollin. "Un lieu apelé la Vallée des Artisans, parce, dit l' Écritûre, qu' il y en avoit. Fleuri. _ Malgré tous ces exemples, je ne conseillerais pas de se servir de cette façon de parler. = 2°. Il ne faut pas confondre parce que, conjonction, avec ces trois mots, par ce que, qui signifient, par la chôse, ou par les chôses que. "Je le crois vrai parce que c' est vous qui le dites. "Je vois par ce que vous me dites, qu' on m' a trompé. = Vaugelas conseille de ne jamais le dire; et Th. Corn. remarque que tous ceux qui ont quelque soin de la pûreté du langage, évitent de l' employer, et disent, par les chôses que, plutôt que par ce que. _ Je crois ces excellens Gramairiens trop délicats. Ce qu' on peut dire, c' est qu' on doit prendre garde de placer par ce que de manière qu' il ne puisse être confondu avec parce que, conjonction. On évitera toujours l' équivoque, en disant par tout ce que.

PARABOLE


PARABOLE, s. f. PARABOLIQUE, adj. Le 1er a deux sens, qui n' ont aucun raport l' un avec l' aûtre: 1°. Similitude, allégorie sous laquelle on envelope quelque vérité importante. On ne le dit qu' en parlant de celles de l' Écritûre: ailleurs, on dit, allégorie. = Les Proverbes de Salomon s' apèlent aussi les Paraboles de Salomon. = 2°. En Géométrie, ligne courbe, qui résulte de la section d' un cône par un plan parallèle au côté de ce cône. = Parabolique ne se dit que dans cette dernière acception. "Miroir parabolique.

PARACHEVER


*PARACHEVER, v. act. Il est vieux, et n' est bon que dans le style plaisant. On dit achever.

PARACLET


PARACLET, s. m. Consolateur. Synon. de Saint-Esprit.

PARADE


PARADE, s. f. [3e e muet.] 1°. Montre, étalage. "Mettre en parade. "Cela n' est mis que pour parade, ou pour la parade. "Lit, chambre, bufet, carrosse, cheval de parade; qui est moins pour l' usage ordinaire que pour l' ornement. = 2°. Ostentation, vanité. "Faire parade de son esprit, de son savoir, de sa beauté = Parade, ostentation (synon.) Le premier sert plutôt à désigner l' action et sa fin, ou son but; le second à désigner la manière de faire l' action et son principe, ou sa caûse. _ On fait plutôt parade d' une chôse, qu' on n' en fait ostentation: l' usage est d' exprimer l' action par le premier de ces mots. _ On fait une chôse pour la parade: on l' a fait par ostentation. _ Pour marque la fin, et par le principe. = Parade ne désigne que l' apareil extérieur: l' ostentation seule est le vice. = Parade se dit, au propre, dans un sens favorable ou indiférent: ostentation réveille toujours l' idée du blâme, etc. Extr. des Synon. Fr. de M. l' Ab. Roubaud. = 3°. En termes d' escrime, action de parer un coup. = 4°. En termes de guerre, montre que font sur la place les troupes qui vont monter la garde. = 5°. Scènes burlesques que les Bâteleurs donent au peuple à la porte de leur théâtre, pour engager à y entrer. _ De là, on apèle comédie-parade, une farce, une comédie au grôs sel.

PARADIS


PARADIS, s. m. 1°. Jardin délicieux. Le Paradis terrestre, où Adam fut placé aussi-tôt qu' il eut été créé. = 2°. Le séjour des bienheureux. "Les Saints, les Anges du Paradis. "Les joies du Paradis. Acad. Cette locution me parait vieille. "Quand il n' y auroit ni Paradis, ni enfer, il ne faudroit pas moins aimer Dieu. Acad. = St. Prov. Quand on est en danger, on dit, qu' on se recomande à tous les Saints du Paradis. _ Un malade qui cesse de soufrir, dit qu' il croit être en Paradis. "Il est impossible de vaincre le someil: il faut que je dorme une demi-heure... Ah! il me semble que je suis en Paradis. Th. d' Éduc. _ Chemin de Paradis, défilé, chemin étroit. _ "Le fils de Bussi, qui vouloit aller par delà Paradis, prisonier. Sév. c. à. d. qui s' avança trop à la poursuite des énemis.
   PARADIS, dans les Théâtres, se dit des places qui sont au-dessus des loges, vers le centre.

PARADOXAL


PARADOXAL, ALE, adj. PARADOXE, s. m. [paradoksal, sale, dokce.] Paradoxe, proposition avancée contre l' opinion comune. "Avancer, soutenir un paradoxe. = Paradoxal, qui tient du paradoxe. Opinion paradoxale. _ Qui aime le paradoxe: esprit paradoxal.
   Rem. Dans le Dict. Gram. on parait surpris d' avoir lu dans un Auteur, principe paradoxe; et l' on traite de nouveauté l' emploi de ce mot, pris adjectivement: on se trompe: d' anciens Auteurs l' ont employé de même. "Ces béatitudes, en aparence si paradoxes et si incroyables. Bourdal. "Interprétation paradoxe et inconûe à toute l' antiquité. Richard Simon. "Témoin le câs nouveau et paradoxe de l' intersection des deux sections coniques, en quatre points, du même côté de l' axe. Fonten. _ L' Acad. Trév. le Rich. Port. le marquent aussi adjectif. "Opinion paradoxe. _ Je pense pourtant qu' il vaut mieux dire paradoxal, pour ôter l' équivoque avec paradoxe substantif (L' Ab. Des Fontaines le dit toujours ainsi). C' est comme éficace, qu' on disait aûtrefois adjectivement et substantivement. On préfère aujourd' hui éficacité pour le substantif; et l' on n' emploie guère plus éficace que comme adjectif.

PARAFE


PARAFE ou PARAPHE, s. m. PARAFER ou PARAPHER, v. act. [dern. e muet au 1er, é fer. au 2d. Les Dictionaires mettent l' un et l' aûtre de ces deux manières d' ortographier ces deux mots: la 1re est la plus simple et la plus comode: elle mérite la préférence.] Parafe est une marque faite d' un ou de plusieurs traits qu' on met aprês son nom ou sa signatûre. Parafer c' est mettre un parafe. "Parafer toutes les pages d' un registre, d' un testament olographe, etc.

PARAGE


PARAGE, s. m. [M. L' Ab. Grosier écrit parrage. Il aime la double r, et l' emploie souvent contre l' usage.] Aûtrefois extraction, qualité. * "Dame de haut parage. = Aujourd' hui, en terme de Marine, espace de mer où les vaisseaux se troûvent dans leur course. "Nous étions, nous nous trouvâmes dans un tel parage.

PARAGRAPHE


PARAGRAPHE, s. m. [Paragrafe: dern. e muet.] Petite section d' un chapitre, d' un discours. "Article premier, paragraphe second. = C' est aussi la marque dont on se sert pour indiquer cette section.

PARAGUANTE


PARAGUANTE, s. f. [Prononcez para--gouan-te.] Terme emprunté de l' Espagnol. Il signifie proprement, paire de gants. En français, présent qu' on fait à quelqu' un, en reconaissance d' un service qu' il a rendu. "Il a eu mille écus de paraguante, pour sa paraguante. St. famil.

PARALLAXE


PARALLAXE, Acad. ou PARALAXE, Richelet, s. f. [Paralakce: dern. e muet.] Plusieurs font ce mot masculin; et le Rich. Port. le marque de même. Boileau lui a doné ce genre.
   Si Saturne à nos yeux peut faire un parallaxe.
Il aurait pu dire, fait une parallaxe, mais il a préféré la première manière, dit Brossette, comme plus poétique. Il n' est pas aisé de voir ce qu' il y a de plus poétique dans cette manière, mais, en tout câs, la Poésie n' autorise pas à faire des solécismes. M. Brossette convient que tous les Astronomes font ce mot féminin. = L' arc du firmament, compris entre le lieu véritable et le lieu aparent de l' astre qu' on observe.

PARALLèLE


PARALLèLE, adj. et subst. masc. et fém. [Parallèle: 3e è moy. 4ee muet. M. Marin pense qu' on prononce parallèle. Mr. de Wailly, dans le Rich. Port. ne met qu' une seule l dans la prononciation.] Adjectif, il se dit en Géométrie, d' une ligne ou d' une surface, également distante, dans toute son étendûe, d' une aûtre surface, ou d' une aûtre ligne. "Deux lignes parallèles. "Cette murâille est parallèle à celle-là. = S. f. En terme de guerre et de siège, comunication d' une tranchée à l' aûtre: tirer une parallèle. = S. m. Dans la sphère, cercle parallèle à l' équateur. "La position de quelque Villes sous le même parallèle. Le Gendre. "Nous étions bien assurés qu' il n' y avoit point de terre sous le parallèle, que nous courions. Coyer, île Frivole. = Dans le discours ordinaire, il est aussi masc. pour signifier une comparaison, où l' on examine les raports et les diférences de deux chôses, ou de deux persones. "Parallèle de Démosthène et de Cicéron, d' Homère et de Virgile, de Corneille et de Racine, etc. _ * Un Traducteur gaulois de Sponde, fait ce mot féminin. C' était peut-être l' usage de son tems.
   Rem. Vaugelas dit qu' au propre, on écrit parallèle, et au figuré, paralelle, et il se récrie sur cette bisarrerie. Elle n' a plus lieu aujourd' hui. Ceux qui écrivent encôre de cette dernière manière, l' écrivent toujours de même. Pour mettre tout le monde d' acord, il n' y aurait qu' à écrire paralèle.

PARALLèLEMENT


PARALLèLEMENT, adv. [Paralèle--man: 3e è moyen, 4e e muet.] D' une manière parallèle. Il régit à, "Si ce moûvement étoit la caûse de la pesanteur, tout les corps tomberoient parallèlement les uns aux aûtres. Bougainville, traduct. de l' Anti-Lucrèce. = On peut être étoné que les Dictionaires ne mettent point cet adverbe.

PARALOGISME


PARALOGISME, s. m. Faux raisonement: "Sa prétendûe démonstration n' est qu' un paralogisme. = Ce mot n' est usité que parmi les Savans. Dans le discours ordinaire, on dit plutôt sophisme.
   Paralogisme, sophisme (synon.) L' un et l' aûtre induisent en erreur; le paralogisme par défaut de lumière ou d' aplication; le sophisme par malice ou par une subtilité méchante... Je me trompe par un paralogisme; par un sophisme on m' abuse, etc. Extr. des Syn. Fr. de M. l' Ab. Roubaud.

PARALYSIE


PARALYSIE, s. f. PARALYTIQUE, adj. [lizi-e, litike: pénult. lon. au 1er, dern. e muet aux deux.] Paralysie est une privation du sentiment ou du moûvement volontaire, ou de l' un des deux dans les membres du corps, qui en sont afectés. Paralytique, qui est ateint de paralysie. "Tomber en paralysie: la paralysie lui est tombée sur un brâs. "Il ou elle est paralytique. = Subst. "Un paralytique: "Le paralytique de l' Évangile.

PARANGON


*PARANGON, s. m. PARANGONER, v. act. Vieux mots. Modèle. Comparaison. Comparer. On ne les dit plus que dans le burlesque, ou le satirique. "Qu' ils se morfondent à nous crier que MM. M... et T... sont les parangons de la belle Littératûre. L' Ab. Sabat. de Castres. = Parangon, s' est conservé dans cette phrâse: diamant parangon, sans défaut. "C' est un parangon. _ Et en termes d' Imprimerie, caractère, qui est entre la palestine et le petit canon. Il y a le grôs parangon et le petit parangon.

PARANT


PARANT, ANTE, adj. [2e lon. 3e e muet.] qui pâre, qui orne. "Rien n' est si parant que les dimans. "Cette étofe est fort parante.

PARAPèT


PARAPèT, s. m. [3e è moy. le t final est muet.] 1°. Élévation de terre ou de pierre au-dessus d' un rempart. = 2°. Murâille à hauteur d' apui, élevée au-dessus d' une terrasse, d' un pont.

PARAPHERNAUX


PARAPHERNAUX, adj. m. pl. [Para--fêrno: 3e ê ouv. 4e lon.] En pays de droit écrit, on apelle biens paraphernaux, les biens qu' une femme se réserve en se mariant, et dont le mari n' a pas l' administration.

PARAPHRâSE


PARAPHRâSE, s. f. PARAPHRASER, v. act. PARAPHRASTE, s. m. [Parafrâze, frazé, fras-te: 3e lon. au 1er: dern. e muet aux deux substantifs, é fer. au verbe.] Paraphrâse, explication étendûe d' un texte. On le dit sur--tout du texte sacré. Paraphrâse sur les pseaumes. _ Paraphraste, Auteur de paraphrâses. Paraphraser faire des paraphrâses. "On a paraphrasé les pseaumes, les Institutes de Justinien. = Dans le discours familier, paraphrâse se dit d' une interprétation maligne. "Sur une chôse toute simple, il a fait une paraphrâse odieuse. Paraphraser, amplifier, augmenter. "Dites les chôses, comme elles sont, sans paraphraser.

PARAPLUIE


PARAPLUIE, s. m. Petit pavillon portatif, qu' on étend au-dessus de la tête, pour se garantir de la pluie.

PARASITE


PARASITE, s. m. PARASITIQUE, s. f. [zite, zitike.] Parasite, écornifleur, qui fait métier d' aller manger à la table d' autrui. Parasite, Écornifleur. (Synon.) Suivant M. l' Ab. Roubaud; l' assiduité à une table et l' art de s' y maintenir distinguent le parasite: l' avidité de manger et de surprendre des repas distinguent l' écornifleur. _ Le parasite sait se faire doner ce qu' il convoite et du moins on le soufre: l' écornifleur escroque souvent ce qu' on n' a pas envie de lui doner, et on le soufre impatiemment, etc. Nouv. Syn. Fr. _ Parasitique, l' art du parasite, de vivre aux dépens d' autrui. C' est un mot de d' Ablancourt. "J' ai montré que la parasitique étoit un art. Traduct. de Lucien. _ Ce mot est peu usité. L' Acad. le met sans remarque et sans exemple. = Parasite, au figuré, se dit des plantes, qui végètent sur d' autres plantes et se nourrissent de leur substance. _ Branche parasite, qui suce l' arbre inutilement.
   Cultivateur habile, il fait céder, sans peine,
   La branche parasite aux fertiles rameaux.
       M. T. ROUSSEAU_Mercure.

PARASOL


PARASOL, PARAVENT, s. m. Le premier est un petit pavillon portatif, qu' on élève au-dessus de la tête, pour être à couvert du Soleil. Le 2d se dit d' une suite de châssis de bois, unis par des charnières, garnis d' étofe, ou de toile peinte, qui s' étendent et se plient l' un sur l' aûtre; et dont on se sert dans les chambres, pour se parer du vent qui vient des portes. = Quelques-uns donent mal-à-propôs ce nom aux contre-vens. Voy. ce mot.

PARC


PARC, s. m. [Park.] 1°. Grande étendûe de terre, ordinairement entourée de murâilles, pour la conservation des bois, ou pour le plaisir de la chasse, ou pour la liberté de la promenade. = 2°. Endroit où l' on place l' artillerie, ou les munitions et les vivres, quand l' armée est en campagne. "Le parc de l' artillerie; des vivres, etc. = 3°. Pâtis, entouré de fôssés, où l' on met les boeufs à l' engrais. = 4°. Clotûre, faite de claies, où l' on renferme les moutons, quand ils couchent dans les champs.

PARCAGE


PARCAGE, s. m. [Parkage: dern. e muet.] Le séjour des moutons dans un parc, dans le lieu où ils sont parqués.

PARCELLE


PARCELLE, s. f. [Parcèle: 2eè moy. 3e e muet.] Petite partie d' un tout. "Une parcelle de l' Hostie. "Payer une somme par parcelles. = L' emploi de ce mot est fort borné. Il ne me plait guère dans la phrâse suivante. "Les Hérétiques, qui disputoient contre l' universalité, ne formaient qu' une petite parcelle de l' Église; et encôre une parcelle bien malade. Anon. Il sufisait de dire, une petite partie.

PARCELLER


*PARCELLER, v. act. Anglicisme. "Cromwell avoit parcellé le peuple en plusieurs divisions d' esclaves. L' Ab. Prévot, Hist. des Stuarts. C' est le mot anglais parcel, que Boyer traduit par diviser, partager.

PARCE QUE


PARCE QUE, conjonction. Voy. PAR, à la fin.

PARCHEMIN


PARCHEMIN, s. m. PARCHEMINERIE, s. f. PARCHEMINIER, s. m. [Parche-mein, mineri-e, mi-nié: 2e e muet; 4e e muet au 2d, é fer. au 3e.] Parchemin, peau de brebis ou de mouton, préparée pour écrire dessus et pour d' aûtres usages. Parcheminerie, se dit et du lieu, où l' on fait le parchemin, et de l' art de le préparer; et du comerce qui s' en fait. Parcheminier, ouvrier, qui prépâre le parchemin, ou marchand, qui le vend.
   En st. prov. on dit, alonger, ou étendre le parchemin; multiplier les écritures sans nécessité. L' expression est populaire.

PARCIMONIE


PARCIMONIE, Voy. PARSIMONIE.

PARCOURIR


PARCOURIR, v. act. [Par-kou-ri: il se conjugue comme courir.] Courir çà et là. Aler d' un bout à l' aûtre. Parcourir la ville, la Province. Il a parcouru toute l' Asie, etc. = Parcourir un livre, des papiers, etc. y jeter légèrement la vûe, sans s' arrêter en aucun endroit.
   Rem. Ceux, qui disent, il courera, ou il courira, disent aussi parcourera, ou parcourira. On ne dit ni l' un, ni l' autre. On doit dire, je parcourrai, il parcourra, etc.

PARDON


PARDON, s. m. PARDONABLE, adj. PARDONER, v. act. [3e dout. au 2d.] Pardon est la rémission d' une faûte, d' une ofense. Pardonable, qui mérite d' être pardoné, d' être excusé. Pardoner, acorder le pardon. "Le pardon des Énemis, des injûres. Demander pardon (sans article.) Acorder le pardon. "Cette faûte est bien pardonable: cela n' est pas pardonable. "Dieu ne nous pardonera point nos ofenses, si nous ne pardonons à ceux qui nous ont ofensés.
   I. Demander pardon, régit la prép. à des noms et la prép. de devant les verbes. "Je demande pardon à votre Philosophie de vous faire voir tant de foiblesse. Sév. Voy. EXCûSE. = Pardon, s' emploie quelquefois par interjection et par ellipse, pour, je vous demande pardon. "Pardon, si je me prête aux questions frivoles de cette jeunesse! Jamais complaisance ne m' a tant coûté. Marm.
   II. Pardonable, ne se dit point des persones; et c' est un gasconisme que de dire, un tel est ou n' est pardonable. = Joint au v. être impersonel, il régit de devant l' infinitif des verbes. "Les aûtres admirent votre~ sagesse dans un âge, où il est pardonable d' en~ manquer. TÉLÉM.
   III. Pardoner, régit l' acusatif des chôses, le datif des persones. Il y en a, qui intervertissent ces deux régimes apliquant le premier aux persones, le 2d aux chôses. "Il le pardona: dites, il lui pardona. "L' ouvrage, en général, est écrit avec une élégance, qui fait un peu pardoner à l' invraisemblance des faits et à la bizarrerie des incidens. Ann. Litt. "Peut-être que les agrémens de la diction vous feront pardoner aux absurdités de la Fable. L' Ab. Royou. Si ce régime s' établit, ce sera une nouveauté. Alors on n' emploiera le régime direct des chôses que quand il sera joint au régime relatif des persones, pardoner à l' Auteur l' invraisemblance, les absurdités. Jusqu' à présent avec un seul régime, on avait dit, pardoner les absurdités, l' invraisemblance, et non pas pardoner à l' invraisemblance, aux absurdités. Ce régime soit qu' il soit acompagné du régime direct des chôses, soit qu' il soit employé tout seul, ne doit afecter que les persones. "Nous ne pardonons pas à ceux, qui nous humilient. Thomas.
   Imite mon exemple et pardone à l' envie.       Id.
C. à. d. aux envieux. = Ce verbe, dit Vaugelas, se dit (activement et en régime direct) des chôses et jamais des persones. Car on dit bien, pardoner un crime, mais on ne dit pas pardoner un criminel. * On lit pourtant dans le Mercure. "Un coupable que l' on pardone, profite ordinairement de ce moment d' indulgence pour obtenir une nouvelle grâce. _ Tenons-nous en à Vaugelas: l' usage n' a point changé depuis sa remarque. = On ne doit donc pas dire, être pardoné, des persones. * Le fat, après avoir été puni par la femme est pardoné par les deux Époux. Journ. de Paris. On répond seulement dans le style familier à quelqu' un, qui dit, pardonez-moi si je prends cette liberté: etc. "Vous êtes tout pardoné.
   PARDONER, régit aussi de et l' infinitif. "Si vous aviez perdu un royaume, je vous pardonerois à peine d' être dans l' état d' humiliation et d' abatement où vous êtes. "Il s' accusoit de l' aimer, mais il se pardonoit de la plaindre. MARM. = Pardonez-moi, ou, vous me pardonerez, se dit honêtement pour non.
   N' êtes vous pas souris?...
   Pardonez-moi, dit la Pauvrette,
   Ce n' est pas ma profession.
       La Font.
Plusieurs disent, mal à propos pardonez-moi, pour dire oui. "Quand on aquiesce, il faut dire tout simplement oui: quand on contrarie, on dit, pardonez-moi. DESGR. = Dieu me pardone, est une espèce de jurement de tous le plus honête. "Je crois, Dieu me pardone, que c' est lui, qui se moque de nous. Marm.

PARDONEUR


*PARDONEUR, s. m. Néologisme. "La croyance d' un Dieu, remunérateur des bonnes actions, punisseur des méchantes, pardoneur des faûtes légères, est donc la croyance la plus utile au genre humain. Du Pan. _ Cette nouveauté n' a pas l' air de faire fortune.

PAREIL


PAREIL, EILLE, adj. PAREILLEMENT, adv. [Pa-rèil, rè-glie, rè-glie-man: 2e è moy. 3e e muet: mouillez l' l finale du 1er et les ll des deux aûtres.] Égal, semblable. _ Semblablement, aussi. "Ils sont pareils, elles sont pareilles en âge, en sagesse, etc. "Le second est pareil au premier: celle-ci est pareille à celle-là. "Vous le voulez et moi pareillement. = Pareil, s' emploie quelque--fois comme certain, sans article. "Ce qu' il y a de bien sûr, c' est que pareils exemples ne sont guère consolans pour la vertu. J. J. Rouss. = Il est quelquefois aussi subst. masc. "Ses pareils, vos pareils: il n' a pas son pareil; et subst. fém. dans cette phrâse, rendre à quelqu' un la pareille; lui faire un traitement pareil à celui qu' on en a reçu.
   Atendez-vous à la pareille.
       La Fontaine.
= À~ la pareille, adv. de la même manière. "Il faut nous excuser à la pareille. SÉV. "Je me comporterai à la pareille.

PARÉLIE


PARÉLIE, s. m. [Le Dict. d' Ortogr. le marque mal-à-propos féminin.] Représentation du soleil dans une nuée. C' est une espèce de météôre.

PAREMENT


PAREMENT, s. m. [Pareman: 2ee muet.] 1°. Devant d' autel en étofe. = 2°. Étofe riche ou voyante qu' on porte ou qu' on portait, les hommes sur les manches de leurs habits, et les femmes sur le devant de leurs robes. = 3°. En maçonerie, le côté d' une pierre, qui doit paraître en dehors du mur, etc.

PARENT


PARENT, ENTE, s. m. et f. *PARENTAGE, s. m. PARENTÉ, s. f. *PARENTèLE, s. f. [Paran, rante, rantage, ranté, ran--tèle: 2e lon. 3e e muet au 2d, é fer. au 4e, è moy. au dern.] Parent, qui est de même famille. "Parent paternel, ou maternel. "Il est mon parent; c' est un de mes parens. = Il se dit aussi de ceux de qui on descend. "Il est né de parens illustres. = Suivant BOUHOURS, parens ne doit point être employé pour signifier le père et la mère: mais l' Acad. admet ce mot en ce sens. "Il s' est marié sans le consentement de ses parens. = En style proverbial, renvoyer quelqu' un chez ses parens, l' envoyer promener. Madame de Sévigné l' emploie en plaisantant. "Elle me fait une question fort plaisante, la fripone. Vraiment je la renvoie bien chez ses parens. Il s' agit de sa petite fille Pauline, depuis Madame de Simiane.
   PARENTÉ, 1°. Qualité de parent. "Degré de parenté. "Il y a parenté entre eux. = 2°. Tous les parens d' une même persone, collectivement pris. "Assembler la parenté. "Il a doné à dîner à toute sa parenté. = * Aûtrefois on disait parentage dans le 1er sens et parentèle dans le 2d.
   Sans être issu du parentage,
   Ou de vous ou de Jupiter.
       Malherbe.
Outre que ce mot est vieux, je ne connais que les étrangers, a dit, en son tems, M. Chevreau, à qui ce parentage de vous puisse plaire.

PARENTHèSE


PARENTHèSE, s. f. [Parantèze: 3e è moy. et long, 4e e muet.] Paroles formant un sens distinct et séparé de celui de la période où elles sont insérées. On le dit aussi de la marque dont on se sert pour renfermer ces paroles. () "Ouvrir, fermer la parenthèse. "Quand la parenthèse est trop longue, elle romt le sens. "C' est un défaut dans le style que les parenthèses trop fréquentes et trop longues. Elles embarrassent et obscurcissent le discours et le rendent lâche et traînant.

PARER


PARER, v. act. [Devant l' e muet, l' a est long: il pâre, il pârera, etc.] 1°. Orner, embellir. "Parer une église, un autel, une chambre. "Les Diamans et les perles pârent bien une femme. "Elle emploie trois heures à se parer. = Proverbialement, paré comme un autel, ou comme une épousée de village. On le dit pour se moquer. = 2°. Doner une certaine façon au cuir: parer un cuir: de la vache parée. = 3°. Parer le pied d' un cheval; ôter de la corne, pour le ferrer. = 4°. Éviter un coup, soit en le détournant, soit en y oposant quelque chôse qui l' arrête: parer un coup ou le coup: parer la balle, une botte. = Garantir. "Cela vous parera du soleil, de la pluie. "Il est dificile de se parer d' un énemi couvert. _ Et neutralement: on ne peut parer à tout: il ne fait que parer aux coups: il ne fait que se défendre. = Se parer, au figuré, afecter:
   Cette austère vertu dont se paroit l' ingrat,
   Ne servoit que de voile au plus noir attentat.
       Créb. Sémir.

PARèRE


PARèRE, s. m. [2e è moy. et lon. 3e e muet.] Avis de Négocians sur des questions de comerce.

PARESSE


PARESSE, s. f. PARESSEUX, EûSE, adj. [Parèce, ceû, ceû-ze: 2e è moy. 3e e muet au 1er, lon. aux 2 aûtres.] Fainéantise, nonchalance. Nonchalant, fainéant. "Grande, horrible paresse. "Il a manqué cette bone afaire par sa paresse. = "Il est fort paresseux. _ Subst. C' est un paresseux, une paresseûse.
   REM. Paresseux régit à ou de devant l' infinitif des verbes.. "Paresseux à servir, paresseux d' écrire. "Toujours paresseux d' aplaudir. BOIL. "Quoique mon fils ne soit pas paresseux d' écrire, je n' ai jamais de lettres comme les aûtres. Sév.

PARFAIRE


PARFAIRE, v. act. [Parfère, 2eè moy. et lon, 3e e muet.] Achever. Il ne se dit qu' en termes de Pratique et de Finance. "Son procês lui sera fait et parfait. "Parfaire un payement, une somme. = Ce verbe ne s' emploie qu' à l' infinitif et aux tems composés: j' ai parfait, etc.

PARFAIT


PARFAIT, AITE adj. PARFAITEMENT, adv. [Parfè, fète, fèteman: 2eè moy. 3e e muet.] Parfait, à qui il ne manque rien; acompli dans son genre. "Diamant parfait: c' est un parfait courtisan: vertu, beauté parfaite. Voy. FINI. = Parfaitement, d' une manière parfaite. "Jouer, écrire, s' aquiter de son devoir parfaitement bien. = On dit familièrement, fait et parfait. "Votre style est devenu comme on peut le souhaiter: il est fait et parfait. Sév. = Au parfait, parfaitement, adv. à la mode. "Des meubles au parfait. COYER. "Si vous pouviez suspendre un lustre à chaque oreille, vous seriez au parfait Id. = Parfaitement ne peut être mis avec un compar. comme l' a employé Malherbe.
   Mais toi, que plus que tous j' aimai parfaitement.
Voy. EPISTOLIER.

PARFOIS


PARFOIS. Voy. FOIS, vers la fin.

PARFOURNIR


PARFOURNIR, v. act. Fournir en entier. "Un Libraire doit parfournir les feuilles qui manquent d' un livre qu' il a vendu.

PARFUM


PARFUM, s. m. PARFUMER, v. act. PARFUMEUR, EûSE, s. m. et f. [Par-feun, fu--mé, meû, meû-ze; 3e é fer. au 2d, lon. aux 2 dern.] On apèle parfum une agréable senteur, qui s' exhale de quelque chôse d' odoriférant. "Doux, agréable parfum. Ce parfum est trop fort. "Il aime, elle craint les parfums. = Quelques-uns disent figurément, le parfum des louanges. = Parfumer, répandre une bone odeur dans l' air. "Les fleurs parfument l' air. = Faire prendre une bone odeur à... Parfumer des gants, du linge, des habits, etc. _ Parfumer une maison, un navire: en chasser le mauvais air, en y brûlant quelque chôse d' une odeur forte. = Parfumeur, Parfumeûse, celui ou celle qui fait et qui vend des parfums.

PARI


PARI, s. m. Gageure, promesse réciproque entre deux ou plusieurs persones, de payer une somme convenûe à celui dont la proposition se troûvera véritable. "Faire un pari. "Le pari est ouvert: tout le monde est reçu à parier.

PARIADE


PARIADE, s. f. Terme de chasse. Il se dit et de la saison où les perdrix s' aparient; et des perdrix apariées. "On defend la chasse durant la pariade. "Il y a dans ce champ cinq ou six pariades.

PARIER


PARIER, v. act. et n. PARIEUR, s. m. [Pari-é, ri-eur: 3e é fer. au 1er.] Parier, faire un pari. Parieur, celui qui parie. "parier le double contre le simple. Parier pour, parier contre. "Je parie que cela n' est pas. "Il y a des parieurs de part et d' aûtre, pour et contre. = On dit, dans le discours famil.: il y a à parier que, pour dire qu' une chôse est probable. Un Auteur moderne emploie singulièrement cette façon de parler. "Dès que l' on craint le mal, on n' en est guère surpris: il y a au contraire à parier que vous vous brûlerez, tandis que vous marcherez sur des charbons ardens. L' Ab. Henn. _ On pourrait demander à l' Auteur s' il n' y a qu' à parier, et combien il parierait.

PARITÉ


PARITÉ, s. f. Il ne se dit guère que dans ces phrâses: il y a parité (égalité) de raison. Je nie la parité, la comparaison que vous faites; je nie que le câs que vous alléguez soit pareil à celui dont il s' agit. C' est une expression de l' École.

PARJûRE


PARJûRE, s. m. SE PARJURER, v. réc. Faux serment ou serment violé. Il se dit et du crime et du criminel. "Faire un parjûre; il est parjûre; c' est un parjûre. "Ajouter l' outrage au parjûre. RAC. "Son parjûre amant. Id. = Se parjurer, faire un faux serment, ou violer son serment. "Il s' est parjuré devant le Juge. "Il avoit acompagné sa promesse de mille sermens; mais il s' est parjuré.

PARLAGE


*PARLAGE, s. m. Mot nouveau, bon pour le st. plaisant et critiq. "La cour du beau parlage. LING. "La fonction du Directeur (de l' Acad.) ne lui permet que d' effleurer légèrement les objets: les honeurs du parlage étant presque entièrement destinés au Récipiendaire. Ann. Litt. "M. de Voltaire est un beau parleur; mais avec tout son beau parlage, il ne parle pas fort correctement, quand il se mêle de parler de Chimie. M. Rouelle, cité par l' Ab. Guénée.

PARLANT


PARLANT, ANTE, adj. Qui parle. Il ne se dit que dans les ocasions suivantes. Ce portrait est parlant, cette tête est parlante, fort ressemblant ou ressemblante. On a dit d' un pantomime de Néron, qu' il avait des postures et des mains parlantes. = Armes parlantes, Armoiries, dont la pièce principale exprime le nom de la famille à laquelle elles apartiènent, comme une tour, pour les maisons de la Tour. = Trompette parlante, porte-voix. = Hors delà on ne le dit point. Le Père Griffet parle d' une conscience toujours droite et toujours parlante; droite pour nous conduire, et parlante pour nous reprocher nos égaremens. _ L' usage n' admet pas cet adj. verb. dans cet emploi. _ M. Rigol. de Juv. l' emploie adjectivement comme partic. et même au superlatif. "Un Peuple, tel que celui d' Athènes, le plus éclairé, le mieux parlant sa langue. _ Il n' apartient pas à tout le monde de s' élever ainsi au-dessus des règles et de l' usage.

PARLÉE


PARLÉE, adj. fém. Il ne se dit qu' avec langue. "Les Gens de Lettres peuvent avoir une conoissance plus profonde de la Langue écrite. Les gens du monde ont sur la langue parlée un tact que les conoissances ne peuvent supléer. M. Suard, de l' Acad. Franç.

PARLEMENT


PARLEMENT, s. m. PARLEMENTAIRE, adj. et subst. PARLEMENTER, v. n. [Par--leman, mantère, manté.: 2e e muet, 3e lon. 4e è moy. et lon. au 2d, é fer. au 3e.] Parlement, est, 1°. Anciènement, l' assemblée des Grands du Royaume, soit Éclésiastiques, soit Militaires. = 2°. Aujourd' hui, Cour Souveraine qui juge en dernier ressort dans son district. "Les douze Parlemens du Royaume. "Premier Président du ou au Parlement. _ On doit dire, Avocat au Parlement, et non pas en Parlement, comme plusieurs le disent et l' écrivent tous les jours. = M. Linguet, qui a fait quelque séjour au Barreau, où l' on parle une langue particulière, dit: En Parlement, on ne rit point, mais on se répète. Cependant âilleurs, il se qualifie d' Avocat au Parlement de Paris. _ Le Gendre, Maître des Requêtes, dit, dans la même page: prêter serment en Parlement, être reçu en Parlement, et Conseiller au Parlement. = Suivant M. Marin, on distingue à Paris les Avocats au, et les Avocats en. Les Avocats au Parlement sont ceux qui sont inscrits sur le tableau des Avocats, qui suivent le Barreau, plaident ou consultent. Les Avocats en Parlement, sont ceux qui ont prêté serment d' Avocats, et qui n' en font point les fonctions. Ils ne peuvent occuper, et ne signent pas les mémoires et consultations.
   Parlement d' Angleterre, l' Assemblée des Pairs et des Comunes. La Chambre Haute, la Chambre Bâsse du Parlement. Voy. CHAMBRE, Rem. aprês n°. 2°.
   PARLEMENTER se dit, au propre, d' une ville qui entre en traité pour capituler; et au figuré, des négociations particulières.
   À~ peine Mars se présenta,
   Que la Belle parlementa.
       La Fontaine.
Parlementaire, qui est du parti du Parlement contre la Cour. Il se dit surtout des troubles d' Angleterre sous Charles I, et du tems de la Fronde en France. "La Faction Parlementaire: le parti, l' armée des Parlementaires.

PARLER


PARLER, v. n. et quelquefois actif. 1°. Proférer, prononcer, articuler des mots. "Cet enfant comence à parler. "Il est mourant, il ne parle plus. "Notre-Seigneur a fait parler les muets. = 2°. Discourir, soit en particulier, soit en public. "Parler bien ou mal; en homme instruit. "Parler sur des matières dificiles. "Parler avec véhémence, avec action. = 3°. Expliquer ses pensées, ses sentimens. "On a fait inutilement tout ce qu' on a pu pour le faire parler. "Ce n' est pas là parler; c' est parler que cela. = La Loi parle clairement là-dessus.
   Rem. On dit ordinairement: il faut lui parler, je veux vous parler; mais quelquefois l' on dit, dans le style familier: "Est-ce que vous parlez à moi? oui, je veux parler à vous. Il a un sens plus fort avec ce régime. "Nous parlerons à lui une autrefois; et il ne faut pas mêler tant de matières, quand on veut en donner l' intelligence. BOSS. = Parler, est quelquefois act. On dit: parler une langue, et non pas d' une langue.
   D' un langage nouveau, j' ai fait parler le loup.
       La Fontaine.
Il faut dire:
J' ai fait parler au loup un langage nouveau.
"Faisant parler chaque passion du langage qu' elle doit avoir. P. Rapin, parlant de Tite-Live. Il faut dire, faisant parler à chaque passion le langage, etc. "Il y a bien des gens que la vanité fait parler grec, et même d' un langage qu' ils n' entendent pas. Mallebr. Il faut: et même une langue, etc. = Il régit aussi activement des noms sans article, mais seulement dans le st. simple: parler raison, parler physique: "Une aussi belle bouche que la sienne n' est pas faite pour parler raison. MARM. "Vous parlâtes politique et gouvernement. Coyer. "Parlons jardins, légumes, fruits, à la bone heure. Pluche. = Entendre parler n' a pas les régimes d' entendre dire. Le P. d' Avrigni a eu une distraction, quand il a dit: "Jusque là on n' avoit pas entendu parler que quelques affuts de manque dans une ville ocasionassent une rupture quatre ans après. = Parler mal et mal parler ne sont pas synonymes: le 2d tombe sur les chôses que l' on dit, et le 1er sur la manière de les dire: celui-ci est contre la Gramaire, et l' aûtre contre la Morale. Il ne faut, ni parler mal des absens, ni mal parler devant les Savans. = Au reste, cette distinction n' a lieu qu' à l' infinitif et dans les tems composés du verbe parler. On ne dirait pas, il mal parle, il mal parlait: il faudrait prendre un aûtre tour, et dire, par exemple: il ôse mal parler, il se donait la liberté de mal parler, etc. Beauzée, Synon. = Ajoutons que parler mal peut se dire dans les tems simples, pour mal parler. Il parle mal de tout le monde. Mais ce qui ôte l' équivoque, c' est que quand il est question de langage, parler mal s' emploie sans régime; et quand il s' agit de censûre et de médisance, il régit la prép. de. Cet homme parle mal: il parle mal de vous. = Trouver à qui parler, et trouver avec qui parler, ont aussi des significations diférentes. Le 1er signifie, que nous trouvons gens qui nous répondent, qui nous rabatent le caquet; le second, qu' on trouve gens avec qui l' on peut s' entretenir. On fait dire au P. Hardouin, dont les Confrères désavouaient les opinions, que, dans le Collège de Louis le Grand, il trouvait à qui parler, mais qu' il ne trouvait pas avec qui parler. Anecdotes Littéraires. = Le premier se prend plutôt en mal qu' en bien. Mde. de Sévigné lui done pourtant un bon sens. "Ils n' ont que vos afaires dans la tête: ils ont trouvé à qui parler, et notre conférence a duré jusqu' à midi. = On dit, généralement parlant, et à parler généralement: le premier est le plus usité, et il se met ordinairement à la tête de la phrâse: "Généralement parlant, tous les Romains, depuis les Sénateurs jusques aux moindres Plébéïens, étoient Laboureurs. Vertot. = Faire parler de soi se prend ordinairement en mauvaise part. "Il fait beaucoup parler de lui: c' est un malheur à une femme de faire parler d' elle.
   En st. prov. parler par compâs, c' est parler avec gravité, en mesurant ses paroles. Parler à un sourd, à quelqu' un qui ne veut pas se laisser persuader. Voy. BâTON, FRANÇOIS, OR. = La chôse parle d' elle-même; elle est évidente.
   SE PARLER, parlant d' une langue, est un réciproque passif: être parlée: la langue française se parle par toute l' Europe.
   PARLER, s. m. Il se dit du son de la voix et non de la conversation. On dit: il a le parler fort doux, ou fort rude: on le reconait à son parler; mais on ne dit pas, comme un Auteur moderne: "Le parler de deux persones spirituelles ne ressemble point aux disputes fougueûses de l' École. Anon. On doit dire la conversation.

PARLERIE


PARLERIE, s. fém. PARLEUR, EûSE, s. m. et f. PARLOIR, s. m. [2e e muet au 1er, lon. au 3e: parleri-e, leur, leû--ze, loar.] Parlerie. Babil. Il est du style familier, et se prend en mauvaise part: une grande parlerie; une parlerie continuelle. Parleur, qui parle beaucoup. "C' est un grand parleur, une grande parleûse; ou absolument, un parleur, une parleûse.
   REM. Bouhours remarque fort à propôs, que quand on dit grand parleur, on entend quelqu' un qui, habituellement, parle trop et souvent mal-à-propôs. Quand un homme parle bien, on ne dit pas qu' il est grand parleur, quoiqu' il parle beaucoup. Et quand il n' est pas question d' une habitude, mais d' une seule fois qu' on parle, il ne faut pas se servir de grand parleur. "Ne soyez pas grands parleurs dans vos prières. Nouveau Test. de Mons. Il falait dire; ne parlez pas beaucoup dans vos prières. Rem. Nouv. = Parleûse, tout seul, se prend aussi en mauvaise part. "Il falloit prendre garde que, sous prétexte de catéchisme, elles (les veuves et Diaconesses) ne fissent les savantes et les spirituelles... qu' elles ne fussent parleûses et dissipées. FLEURI, Moeurs des Chrét.
   PARLOIR, lieu destiné, dans les Monastères, pour parler aux persones de dehors. Il se dit sur-tout des Monastères de filles. "Elle est tout le jour au parloir.
   Rem. Les Anglais apèlent parloir, ce que nous apelons salon de compagnie; et des Traducteurs de livres anglais emploient ce mot dans cette exception.

PARMI


PARMI, prép. Entre. Dans le nombre de, etc. "Parmi eux: parmi les honêtes gens, etc. = On dit, dans le Dict. Gram. qu' il ne s' emploie que quand il y a pluralité, et que parmi cela, parmi la pompe sont des expressions vicieûses. L' Acad. confirme cette règle. "Parmi ne se met qu' avec un pluriel indéfini, qui signifie plus de deux, ou avec un singulier collectif. Parmi les hommes, parmi le peuple. On ne diroit pas parmi les deux frères, ni, peut-être, parmi les trois. = Quelques Auteurs l' ont pratiqué autrement. "Parmi cet univers. BOIL.
   Des corps errans parmi le vide.
       Idem.
Parmi tout cela. Sév.
  Mais, parmi ce plaisir, quel chagrin vous dévore.
       Rac.
M. Racine le fils, convient que cette manière de parler n' est pas tout-à-fait exacte. = L' Ab. Du Resnel a dit aussi:
   Des Prédicans sans foi, parmi la Nation,
   Vinrent, par intérêt anoncer la Réforme.
On dit bien, parmi le peuple, mais là, c' est un nom collectif, pris indéfiniment; au lieu que, la Nation, est pris d' une manière définie. Aussi M. l' Ab. Royou, citant cette phrâse de M. l' Ab. Boulogne: "La sainte liberté de l' Évangile, faisant entendre sa voix auguste parmi ce peuple dégradé, etc. met parmi en italique; critique indirecte. = On voit encôre dans les Géorgiques de l' Ab. De Lille:
   Les corbeaux même, instruits de la fin de l' orage;
   Folâtrent à l' envi parmi l' épais feuillage.
Et dans M. Thomas: "Du Gay Trouin, parmi le tumulte et l' horreur, observe d' un oeil tranquille la face du combat. = * Anciènement on l' employait de la sorte, sans dificulté. "Il leur sera fort utile, lorsqu' elles tombent en quelques fautes parmi la journée, de s' examiner sur le champ. St. Fr. de S. = Suivant M. MARIN, parmi ne signifie pas simplement, dans le nombre de; mais, il signifie aussi, au milieu de. Ainsi on dit três-bien: parmi ce désordre, ce trouble, cette agitation, etc. = On faisait aussi parmi adverbe, sans régime. La Fontaine et Pluche l' ont encôre employé de la sorte.
   Ces deux emplois sont beaux; mais je voudrais parmi
   Quelque doux et discret ami.
"Doner aux poulets un nombre de grains, avec quelques charansons mêlés parmi. Pluc. Plusieurs ont cru, avec assez de probabilité, que parmi est meilleur pour les persones, et dans pour les lieux et les chôses.

PARNASSE


PARNASSE, s. m. [Parnace: dern. e muet.] Célèbre montagne de la Phocide, qui était consacrée à Apollon et aux Mûses. "Monter sur le Parnasse, s' adoner à la Poésie. Les Nourrissons du Parnasse, les Poètes. Acad. = Tout cela est devenu, peu s' en faut, pédantesque.
   Loin de ces faussets du Parnasse,
dit Gresset, qui
   Ne vous parlent que d' Apollon,
   De Pégase et de Cupidon...
   Ignorant que ce vieux jargon,
   Rélégué dans l' ombre des classes,
   N' est plus aujourd' hui de saison.

PARODIE


PARODIE, s. fém. PARODIER, v. act. PARODISTE, s. m. [dern. e muet au 1er et au 3e, é fermé au second.] La Parodie est un ouvrage en vers, fait sur quelque pièce de poésie conue, que l' on détourne à un aûtre sujet et à un aûtre sens, par le moyen de quelques changemens. Acad. Il me semble que la signification de ce mot est mal-à-propos restreinte aux vers et à la Poésie. On fait tous les jours des Parodies en prose, et on peut aussi en faire d' ouvrages de Prosateurs. "La Parodie sert le plus souvent à tourner un sujet en ridicule; ce qui est fort aisé. = Parodier, faire une parodie. Parodiste, Auteur de parodies.

PAROI


PAROI, s. fém. [Pa-roa.] Aûtrefois, murâille: S' apuyer contre la paroi. = Aujourd' hui, les bords d' un vâse, d' un tube. "Les parois intérieures d' un tube capillaire, sont hérissées d' un nombre innombrable d' éminences; ou, comme parlent les Physiciens, d' aspérités. Paul. Traité de Paix, etc. = Les parois de l' estomac, les membranes, qui l' environent. = M. Linguet l' emploie en parlant des Navires. "Un particulier propôse de ne pas se borner à incruster les parois extérieures (du navire) de cette couche mince de vernis, qui ne les garantit presque de rien, mais de remplir totalement de goudron, coulé bien chaud, l' intervale qui se troûve entre les deux bordages.

PAROISSE


PAROISSE, s. f. PAROISSIAL, ALE, adj. PAROISSIEN, IENNE, ou IèNE, s. m. et fém. [Pa-roâ-ce, roa-cial, cia-le, cien, ciè-ne: 2e lon. au 1er, ien dans le 4e n' a pas le son d' ian. = Plusieurs écrivent ces mots avec 2 r: on n' en prononce qu' une, et d' un son doux.] Paroisse est, 1°. un certain territoire, dont les habitans sont soumis, pour le spirituel, à la conduite d' un Curé. "Il est d' une telle paroisse. "Il y a tant de paroisses dans ce Diocèse. = 2°. L' Église de la Paroisse. "On est obligé de comunier à Pàques, à sa Paroisse. = Les Habitans de la Paroisse. "Une telle Paroisse est allée en procession à...
   PAROISSIAL; qui apartient à la Paroisse. "Église, Messe paroissiale. = * On disait autrefois parochial: "l' Église parochiale.
   PAROISSIEN, Habitant dans une paroisse. "Le Curé et les Paroissiens. "Les devoirs d' un Paroissien. "Je suis votre paroissiène.

PAROîTRE


PAROîTRE, ou PARAîTRE, v. n. [Pa--rêtre: 2e ê ouv. et long, 3e e muet.] On prononçait anciènement paroâtre, et Boileau l' a encôre fait rimer avec cloître.
   L' honeur et la vertu n' ôsèrent plus paroître,
   La piété chercha les déserts et le cloître.
Je parois ou je parais, nous paroissons ou paraissons; je paroissois ou paraissais; j' ai paru; je parus; je paroitrai ou paraitrai; je paroitrois ou paraitrais; parois ou parais; que je paroisse ou paraisse; je parusse; paroissant ou paraissant; paru. V. APPAROîTRE.
   PARAITRE, 1°. se faire voir, se manifester, se montrer. "Cette étoile comence à paraitre. "Cet homme comence à paraitre dans le monde. Paraitre en public. = Et, impersonellement. "Il parait une comète, un livre, etc.
   Rem. On a dit aûtrefois se faire paroitre, pour se montrer.
   L' un après l' autre enfin, vont se faire paroître.
       Corn.
  Mais si son amitié pour vous se fait paroître.
      Mol.
"Ce fut en ce point que la Majesté de notre Reine se fit paroître. Mascar. = Cette expression n' est mauvaise que dans le réciproque: à l' actif, faire paraitre se dit três-bien. "Il n' y a sorte d' estime particulière qu' elle ne fasse paroître pour vous. Sév. Cependant elle ne régit que les noms; et l' on ne dit plus, comme aûtrefois: "Sa fin nous a fait paroître que ce n' est pas pour ces avantages, etc. Boss. On dirait aujourd' hui: nous a montré; nous a fait conaitre que, etc. = Paraitre précédé quelquefois le nominatif. "Dès qu' ils eurent pâssé la première porte, parut un Eunuque, etc. Let. Édif. = Il régit l' infinitif sans préposition, et quand il est impersonel, la conjonction que avec l' indicatif dans la phrâse afirmative, et avec le subjonctif, quand le sens est négatif. On peut dire assez indiféremment, vous me paraissez avoir envie de vous en aler; ou, il me parait que vous avez envie; il ne parait pas que vous ayiez envie, etc. On peut remarquer que l' infinitif s' emploie lorsque le verbe régi se raporte au sujet de la phrâse, au nominatif du verbe paraître, et la conjonction que, lorsqu' il ne s' y raporte pas. Quelques-uns donent à paraître impersonel, les mêmes régimes qu' au verbe avoir, aussi impersonel; et, comme on dit, il n' y a plus aucun danger à craindre; ils disent, comme l' a fait un des auteurs des Lettres Édifiantes, etc. "Il ne paroissoit plus aucun accident à craindre. Il serait plus régulier de dire: il ne paraissait plus y avoir aucun accident à craindre. = Avec les noms de nombre, en parlant de l' âge d' une persone, on suprime élégamment l' infinitif, régime de paraître. "Elle a près de quarante ans, et n' en parait pas trente. Mde Riccoboni. On sous-entend, avoir. = On dit, en style simple, il y parait: on le voit bien; il en reste de marques, on en voit la preuve. = Et dans le st. famil. "Il n' y a rien qui n' y paraisse, cela est évident. V. NEZ à la fin.
   2°. PARAîTRE, briller, se faire remarquer "Les jeunes gens aiment à paraître, ils veulent quelque chôse qui paraisse. "C' est un homme vain, qui ne veut que paraître. = 3°. Sembler. Il régit en ce sens des adjectifs. "Il parait savant; cela me parait beau; ces raisons paraissent bones. Il ne sufit pas de paraître homme de bien: il faut l' être, etc.

PAROLE


PAROLE, s. fém. 1°. Mot prononcé. "Parole choisie. Paroles énergiques, éficaces, étudiées. "IL n' a pas dit une seule parole. "Il faut lui arracher les paroles de la bouche, etc. = 2°. La faculté naturelle de parler. "Il est fort malade; il a perdu, il a recouvré la parole: J. C. a rendu la vûe aux aveugles, la parole aux muets. = 3°. Le ton de la voix. "Avoir la parole rude, ou douce, agréable. = 4°. Sentence, mot notable. "Parole mémorable, pleine d' un grand sens. Parole digne d' un Souverain. = 5°. Discours pris suivant ses qualités, relativement à ceux à qui l' on parle. "Paroles civiles, obligeantes, ou fâcheûses, aigres, inciviles. = 6°. Assurance, promesse. "Parole d' honeur. Tenir parole, ou sa parole. "Tirer parole de quelqu' un. "Manquer de parole, etc. = 7°. Proposition que l' on fait. "Parole d' acomodement, de paix. "Il a fait demander cette fille: c' est moi qui en ai porté la parole. = 8°. Au pluriel, discours ofensans, aigres, piquans. "Se prendre de paroles. "Avoir ensemble de grôsses paroles. "Ils ont eu des paroles, etc. = 9°. Les mots d' une chanson, etc. "Je sais l' air, mais j' ai oublié les paroles. "Un tel a fait les paroles, et un tel aûtre la musique.
   PAROLE entre dans plusieurs façons de parler, qui sont tout au plus du style médiocre. = Couper la parole à quelqu' un, l' interrompre, et ne lui laisser pas achever ce qu' il veut dire. "À~ peine eus-je ouvert la bouche, qu' ils me coupèrent la parole. = Mener la parole, parler avec facilité. "Elle sait bien mener la parole. Sév. On dit d' un portrait fort ressemblant, qu' il n' y manque que la parole.
   L' Artisan exprima si bien
   Le caractère de l' Idole
   Qu' on trouva qu' il ne manquoit rien
   À~ Jupiter que la parole.
       La Font.
= On dit ordinairement, en peu de mots. Bossuet a dit, en peu de paroles. "Je dirai, en peu de paroles, ce qu' il faut croire de Wiclef. = En doner sa parole se dit sans autre régime. _ Doner sa parole que avec le futur. "La parole qu' il vous a donée est un peu hazardée. = Manquer de parole, ou manquer à sa parole. Le 2d a un sens plus énergique. = Homme de parole. "Nous vous mènerons la Mousse, et... vous verrez si nous ne sommes pas gens de parole. Sév. = Tenir parole. "Il promit tout, et tint parole. = Sur la parole de, sur ma, sur sa parole, etc. Adv. "Remerciez Dieu sur ma parole, dit Mde de Sév. à sa fille. _ Depuis quelque tems, on dit indéfiniment, sur parole, sans régime ni pronom. "Avouez que vous condamniez les hommes sur parole, et qu' ils ne méritent pas tout le mal qu' on en dit. _ Sur parole, Monsieur! Aprenez qu' un Philosophe ne juge que d' après lui. Marm.
   Oh! sur parole ainsi ne louons point les gens.
       Gresset.
Porter la parole se dit des Gens du Roi, et de ceux qui, dans une députation, sont chargés de parler et de faire les demandes, les propositions.

PAROLI


PAROLI, s. m. Au propre, il signifie, à de certains jeux, le double de ce qu' on a joué la première fois. Faire un paroli au roi, à l' as. Ofrir, tenir, gâgner le paroli. = Au figuré, on dit faire paroli, ou, rendre le paroli à quelqu' un, renchérir sur ce qu' il a dit. Ils se disent en bone comme en mauvaise part. "La Marquise avec ses cris, faisoit paroli aux éclairs. Coyer.

PARPAILLOT


*PARPAILLOT, ou PARPAILLAUD, s. m. Ce mot ne se dit que par la canâille: les honêtes gens disent Huguenot. L. T. V. RELIGIONAIRE.

PARPAING


PARPAING, s. m. [Par-pein.] Pierre ou moellon qui tient toute l' épaisseur d' un mur, et dont, par conséquent on voit une face de chaque côté.

PARQUE


PARQUE, s. f. [Parke: 2e e muet.] Déesse qui présidait à la vie des Hommes. On dit poétiquement, les Parques inexorables; et au singulier: les ciseaux de la Parque: la Parque a tranché le fil de ses jours.

PARQUER


PARQUER, v. act. [Parké: 2eé fer.] Mettre dans une enceinte, dans un parc. "On parqua l' artillerie dans un tel endroit; et, neutralement: l' artillerie parquait en tel lieu. _ Et avec le pronom personel: "Le gens de l' artillerie se parquèrent du côté de la rivière. = On dit aussi parquer des boeufs; faire parquer des moutons; les moutons ne parquent pas encôre. Parquer des chevaux, des poulins, etc. Voy. PARC.

PARQUèT


PARQUèT, s. m. [Parkè: 2eè moy.] 1°. Assemblage de pièces de bois qui font un compartiment sur le plancher d' en bas; ou qu' on aplique sur le manteau d' une cheminée, ou sur le trumeau d' un mur pour y mettre ensuite des glaces. = 2°. L' espace qui est enfermé par les sièges des Juges, ou par le bureau où sont les Avocats. = 3°. Lieu où les Gens du Roi tiènent leur séance. = On le dit aussi des Gens du Roi eux-mêmes. "C' est au parquèt à ordoner là-dessus.

PARQUETAGE


PARQUETAGE, s. m. PARQUETER, v. act. [Parketage, té: 2e e muet.] Ils ne se disent que dans le premier sens de Parquet. Ouvrage de parquet. "Ce parquetage est fort beau. = Mettre du parquet: "Parqueter un cabinet, une chambre, etc.

PARRAIN


PARRAIN, ou PARREIN, s. m. [Le premier est le meilleur: Pâ-rein: 1re lon. r forte.] 1°. Celui qui tient un enfant sur les fonts de baptême. = 2°. Celui qui done un nom à une cloche, quand on la bénit. = 3°. Dans les ordres militaires, le Chevalier qui présente le Novice à sa réception. = 4°. Celui qu' un soldat, qui doit être pâssé par les armes, choisit pour lui tirer le premier coup. Mde de Sévigné aplique plaisamment ce mot à M. De La Roche-Foucaut, dangereusement malade. "Il étoit question de l' Anglois, des Médecins et du Frère Ange. Il a choisi son parrain: c' est le Frère Ange qui le tuera, si Dieu l' a ainsi ordoné.

PARRICIDE


PARRICIDE, subst. et adj. [Pâricide: 1re lon. r forte.] Il se dit, et du crime, et du criminel; et non-seulement du meurtre et du meurtrier du Père, comme le mot l' indique, mais de celui de la mère; et même, dit l' Académie, de la soeur, du frère, des enfans. "Comettre un parricide: un parricide est un monstre. = Adj. "Dessein, main parricide.

PARROISSE


PARROISE. Voy. PAROISSE.

PARSEMER


PARSEMER, v. act. [2e e muet; mais devant la syllabe féminine, cet e se change en è moyen: il parsème, parsèmera, etc.] Semer, jeter, répandre çà et là. "Parsemer un chemin de fleurs, cet habit était tout parsemé de perles, de pierreries. = Il ne se dit que des chôses qu' on répand pour orner, pour embélir. = Il s' emploie aussi au figuré. "Muse, dit Gresset, qui
   Viens tour-à-tour parsemer ma jeunesse
   De jeux, d' ennuis, d' épines et de fleurs.

PARSIMONIE


PARSIMONIE, ou PARCIMONIE, s. f. [Le premier est de l' Acad. le second est plus conforme à l' étimologie, parcimonia: le plus grand nombre des Auteurs l' ont préféré.] Il n' est d' usage que dans le style soutenu, dit l' Acad. On l' emploie pourtant dans le style médiocre, polémique ou critique. Épargne. M. Anquetil dit Cardinal Mazarin. "S' il donnoit, c' étoit avec parcimonie et contrainte. "Récit vif et serré (dans le P. Brotier.) parcimonie de paroles, intensité du sens: c' est Tacite lui-même, qui raconte, qui peint, qui réfléchit. Ann. Lit. "Les brâs, l' emploi du tems, la vigilance, l' austère parcimonie, voilà les trésors du Genevois. J. J. Rouss. "Cet Homme (M. D. L. H.) mettra tant de réserve, de parcimonie dans les Éloges qu' il fait de ses maîtres dans la carrière dramatique! L' Ab. de Fonten. "Elle seule est la victime d' une parcimonie qui, etc. LING. = Dans l' Ann. Lit. on a hazardé parcimonieux: "Ils (ces Mémoires) tiènent le milieu entre une brièveté parcimonieuse, et une superfluité fatigante.

PART


PART, s. fém. [Le t final ne se pron. jamais.] 1°. Portion d' une chôse qui se divise entre plusieurs persones. "Voilà votre part: voici la miène. "Quand il y a tant d' héritiers, les parts sont petites. "Avoir part au profit. "Entrer en part, ou être de part avec quelqu' un, etc. = 2°. Chôse qui, sans être divisée peut se comuniquer à plusieurs persones. "Avoir part à la faveur, aux bones graces du Prince. "Tous les élus auront part à la béatitude éternelle, etc. = 3°. Persone, d' où vient une chôse. "De quelle part venz-vous, viènent ces nouvelles. "Allez-y de ma part. "Cela vient de bone part, etc. = 4°. L' intérêt que l' on prend à quelque chôse. "Je prends part à votre afliction. 5°. Lieu, endroit. Je vous suivrai quelque part que vous alliez. "J' ai lu cela quelque part. On ne le troûve nulle part.
   Rem. On l' employait aûtrefois au lieu de partie.
   Une si bone part d' une si belle nuit.
       Corneille.
  Une part de mes chiens se sépare de l' autre.
      Molière.
  Cette part de moi-même.
       La Motte.
On le disait aussi pour côté: "Des deux parts, des deux côtés.
   Et combien des deux parts l' amour et la fureur
   Etaleront ici de spectacles d' horreur.
       Corn.
La Fontaine dit aussi: de sa part, pour, de son côté.
On ne dit plus, en ce sens, que, de toute part, de tout côté. De part et d' autre. = Ce mot entre dans plusieurs expressions. = Avoir sa part d' une chôse. "Il est fâcheux que ces spectacles soient réservés pour la Chine, et que ces pays-ci n' en aient jamais eu leur part, dit ironiquement Fontenelle, en se moquant des merveilleûses observations astronomiques des Chinois. = Doner part et faire part ont deux régimes, le datif de la persone et l' ablatif de la chôse: le second est le meilleur. "Donez-moi, ou mieux encor, faites-moi part des nouvelles que vous avez reçûes. = On dit, avoir part à et avoir sa part de: le premier est plus noble que le second. "Il a eu part à cette intrigue. "Berwick se rendit à l' armée de Flandre, pour avoir sa part de la brillante journée de Steinkerque. Journ. de Lit. = On dit, prendre part à. "Je prends part, ou beaucoup de part à ce qui vient de vous arriver. Quelques Auteurs ont dit, contre l' usage, prendre part de: "Tout le monde s' est empressé d' en (d' y) prendre part. Journ. de Brux. = * Boileau dit, prétendre part à, ce qui n' est pas du moins de l' usage actuel.
   Mais chacun prétend part à cet illustre emploi.
= Prendre en bone ou en mauvaise part, bien ou mal interpréter ce qui se dit ou se fait. = On dit, à peu prês dans le même sens, qu' un mot se prend en bone ou en mauvaise part, qu' il se dit pour louer ou pour blâmer. = On dit, proverbialement, n' en pas jeter sa part aux chats, ou aux chiens; ne pas renoncer à un profit, à un avantage; y avoir des prétentions. _ On dit aussi simplement, n' en quitter pas sa part: "Le Récipiendaire ayant assuré que son prédécesseur étoit un grand Homme, le Directeur lui répond la même chôse, et ajoute que le Récipiendaire pourrait bien être aussi une espèce de grand Homme, et que, pour lui Directeur, il n' en quitte pas sa part. Volt.
   On dit, indiféremment, de toute part, ou de toutes parts. Le premier me parait le meilleur: l' Acad. les met tous deux sans remarque. = On dit aussi, nulle part, et non pas, en nulle part. "L' Homme n' a nulle part de retraite plus tranquille, ni où il soit avec plus de liberté que dans son âme. Anon. = * Un Auteur anonyme dit, par quelque part, pour quelque endroit. "Le Ministre des Finances... doit toujours, par quelque part, mériter les malédictions des peuples. Cela ne se dit point. = À~ PART. Mettre, laisser à part. Il se met quelquefois après les noms: prévention à part; raillerie à part. _ D' aûtrefois il se place devant, et même à la tête de la phrâse: il a alors le sens d' excepté. "À~ part quelques individus priviligiés, quel est l' homme pour qui le défaut de subsistance ne soit pas un objet intéressant. Briatte. = On dit, à part moi, à part vous: On ne dit point, à part eux, à part elles: on dit, à part soi. "Oh! oh! dit-il, à part soi, cet étranger donne dix mille piastres tout d' un coup: il faut qu' il soit bien riche. Volt. = On dit de part et d' autre: M. Linguet dit, d' une part et de l' aûtre, ce qui ne me parait pas aussi conforme à l' usage. "Nos héros des Îles semblent s' être endormis d' une part et de l' aûtre. = De part en part. D' une superficie à l' aûtre. "Il le perça de part en part.

PARTAGE


PARTAGE, s. m. PARTAGEABLE, adj. PARTAGER, v. act. [3e e muet premier, é fer. au dern. Dans le 2d l' e qui est avant l' a est muet: il n' est mis là que pour doner au g un son doux qu' il n' a pas devant l' a. Si l' usage premettait d' écrire partajable, on n' aurait pas besoin de cet e; cette manière d' écrire exprime exactement la prononciation.] Partage, 1°. Division de quelque chôse entre plusieurs persones. "Faire le partage du butin, d' une succession, du produit d' une afaire. = 2°. Portion de la chôse partagée. "Partage égal ou inégal. "Être mécontent de son partage. "Voilà ce qui m' est tombé en partage. = 3°. Acte, qui contient la division d' une succession. "Il faut produire le partage. = 4°. Fig. "Les maux et les misères sont le partage du genre humain. "L' un a l' esprit, l' autre la science, la valeur en partage. = 5°. Partage, égalité de voix ou de sufrages parmi des Juges ou des Électeurs. "Il y a eu partage. "Il faut vider le partage. "Le chef, le supérieur a deux voix, en câs de partage.
   Rem. On dit faire part de à... M. Le Noble a dit dans le même sens faire partage.
   La Bourgogne à mes chants a rendu son homage,
   De son vin le plus pur elle m' a fait partage.
       Trad. de Santeul.
On peut mettre cet exemple au nombre des barbarismes sans nombre, que la rime a produits.
   PARTAGER, c' est proprement, diviser en plusieurs parts, pour en faire la distribution. "Partagez cela entre vous. "Partager le butin, les prisoniers. = Quelquefois il signifie simplement diviser. "Partager en deux. "L' équateur partage le monde. "Ce fleuve partage la ville en deux parties presque égales. = C' est aussi doner en partage. Au propre, son père l' a bien ou mal partagé. Au fig. "La natûre, la fortune ne l' a pas mal partagé; l' a bien partagé. = Séparer en partis oposés. "Cette afaire partage la Cour et la ville. = Prendre part à. "Je partage votre douleur. "Un ami doit partager le bonheur et les infortunes de son ami.
   Rem. Quand on conserve une portion de ce qu' on partage, on doit dire partager avec; et quand on ne réserve rien pour soi, on dit: partager entre, et non pas à... "Elles partageoient aux paûvres le peu qu' elles gâgnoient. Anon. Il faut dire, entre les paûvres. _ Ce régime du datif (de la prépos. à) est celui de distribuer. "Il ne prenoit (de ces aumônes) que la moindre partie pour sa subsistance. Le reste, il le partageoit entre les premiers paûvres qu' il trouvoit. Lett. Édif. C' est ainsi qu' il faut dire, ou en se servant de la préposition avec: "C' est une loi inviolable parmi les parens (chez les Indiens) de partager le peu qu' ils ont avec ceux qui sont dans le besoin. Ibid. = Crébillon met le datif à la place de ce régime: "Lui partager un sceptre, pour, partager le sceptre avec lui. Corneille lui en a doné l' exemple.
   Et de son amitié je ne puis l' exiger,
   Sans vous voler un bien qu' il vous doit partager.
       Léon à Irène, dans Pulchérie.
On dit dire, qu' il doit partager avec vous.
   PARTAGEABLE, qui peut être partagé. "Jusque-là ils ont été partageables entre les Héritiers du Souverain. Moreau. "Le Roi acorda au frère et au neveu de ce Hérôs (le Chev. d' Arras) une pension de mille livres, partageables entre eux. Mercûre. = L' Acad. ne met point cet adj. Il parait manquer à la Langue.

PARTANCE


PARTANCE, s. f. [2e lon. 3ee muet] Départ. Il n' est plus usité dans le st. sérieux qu' en termes de Marine. "Jour de partance. On le dit aussi dans le st. famil. "Il prétend que l' afaire des Bulles est bien disposée, et que ce sera le coup de partance et le boute-selle. Sév.

PARTANT


*PARTANT, adv. Par conséquent. Il est suranné et hors d' usage. "Et partant, avouons que la force et le courage a été comme le manteau royal, qui l' a parée. Masc. "Vous ne l' avez pas, dites-vous, la grâce, et partant vous ne le pouvez pas. La Rue. = L' Acad. se contente d' avertir que ce mot est ordinairement plus en usage en st. de Pratique. Il me semble que ce n' est pas assez dire; et qu' au Palais même, il n' est guère employé que par les vieux Procureurs. Du reste, il est entièrement banni du discours ordinaire; et l' on ne peut plus le dire qu' en plaisantant.

PARTÉ


PARTÉ (à) s. m. Voy. sous la lettre A, APARTÉ.

PARTEMENT


*PARTEMENT, s. m. Vieux mot. Départ. "J' ai remis de huit en huit jours mon partement. Voit.
   Je ne m' aperçois pas que le destin m' aprête
   Un autre partement.
       Malherbe.

PARTERRE


PARTERRE, s. m. [Partêre: 2eê ouv. et long, r forte.] 1°. Partie d' un jardin, plantée de buis ou d' aûtres bordures en compartimens, et ornée de fleurs, de gazon, etc. = 2°. Cette partie d' une salle de spectâcle, qui est plus bâsse que le théâtre. = On dit, figurément, st. fam. Réjouir le Parterre; c. à. d. le Public. "Voici un bon mot de Mde. de Cornuel, qui a fort réjoui le Parterre. Sév. = Le peuple dit: faire un parterre, tomber. L' expression est bâsse.

PARTI


PARTI, s. m. 1°. Union de plusieurs persones contre d' aûtres. Le parti de la Ligue, de la Fronde, etc. Former un parti; entrer dans un parti. = 2°. Intérêt. "Prendre le parti de. "J' ai pris votre parti. "Il faut toujours prendre le parti de la vérité: être du bon parti. = 3°. Résolution. "C' est le parti qu' il faut prendre. "C' est être trop long-tems irrésolu, prenez enfin votre parti: décidez-vous, déterminez-vous. _ en st. plais.: il faut prendre son parti en grand Capitaine. = 4°. Expédient; moyen. "Il se présente plusieurs partis pour sortir d' afaire: on est embarrassé pour le choix. = 5°. Conditions; traitement qu' on propôse. "On lui fera un bon parti. = Tirer parti de: "Il a tiré un bon parti de cette afaire. = 6°. Profession. "Le parti de l' Église, de l' Épée, de la Robe, etc. On dit, en ce sens: prendre le parti de, ou prendre parti dans. "Il a pris le parti des armes. "Il ne sait s' il prendra parti dans l' Épée ou dans la Robe. = 7°. Troupe de gens de guerre, qu' on détache pour batre la campagne, fourrager, faire des prisoniers, etc. "Conduire, comander un parti. = Parti-bleu, sans comission et sans aveu. = 8°. Persone à marier. "Cette fille-là est un bon parti: ce qui se dit sur-tout par raport aux biens de la fortune.
   Rem. Ce mot, suivant ses diverses acceptions, forme des expressions diverses. = Être ou se ranger du parti de... "Léger, tranchant et vif, il étoit constamment du parti de la mode. Marm. "Lorsque nous nous rangeons contre nous-même du parti de la Justice divine, on peut dire que nous afoiblissons en quelque sorte le pouvoir qu' elle auroit sur nous. Fontenelle. = On dit aussi activement: ranger quelqu' un de son parti. "Je parlai à ses parens, que je rangeai de mon parti. Marivaux. = Prendre parti régit pour ou contre, ou tous les deux. "Le coeur doit prendre parti pour un sentiment naturel contre une opinion nationale. Marm. _ On l' emploie aussi sans régime. "Il est mal aisé de prendre parti, où l' on trouve de part et d' autre tant de mérite. P. Rapin. "Elle animoit la contradiction, et sans prendre aucun parti, donoit à leur caractère (des deux amans) la liberté de se déveloper. "Prendre le parti de.... c' est prendre la défense; et prendre parti dans, c' est se décider pour un des deux partis des deux factions. "Les étrangers, dit M. Raynal, prirent parti de ce diférend, suivant leur caprice ou leurs intérêts. Il faut: prirent parti dans, etc. Voy. FACTION. = Prendre parti et prendre son parti, ont aussi des sens diférens: l' un signifie se ranger dans une querelle du côté d' un des contendans; l' autre, prendre une résolution, une détermination. Corneille a employé l' un pour l' aûtre.
   J' agirai d' autre sorte avec cette lumière,
   Et suivant qu' aujourd' hui je l' aurai plus entière,
   Nous verrons à prendre parti.
       Agésilas.
Il falait là: prendre notre parti. = Tirer parti se dit toujours de même sans article et sans préposition, même quand il est modifié par des adverbes de quantité. "Autant il réussissoit à ménager des protecteurs à la bone caûse, autant il savoit tirer de parti des âmes les plus froides. Beraut de Bercastel, Hist. de l' Église. Le de est de trop: il faut: autant il savait tirer parti, etc. _ Faire un mauvais parti, régit le datif. "Ils lui auraient fait un mauvais parti; ils l' auraient maltraité, assassiné. "Ces miserables vous feront un mauvais parti. LET. ÉDIF. * L' Ab. Velly ou son imprimeur met mal-à-propôs, coup de parti, pour coup de partie.

PARTIAL


PARTIAL, ALE, adj. PARTIALEMENT, adv. SE PARTIALISER, v. réc. PARTIALITÉ, s. f. [Parci-al, ci-ale, ci-aleman, ci-alizé, ci-alité; 4e e muet au 2d et au 3e, dern. é fer. au 4e. et 5e.] Partial se dit de celui, qui prend parti pour une persone, par préférence pour une aûtre, ou contre une aûtre. Partialement, avec partialité. Se partialiser, prendre parti pour ou contre de manière à ne vouloir pas écouter ce qui est contraire. Partialité, sentiment, qui fait prendre parti pour ou contre. "Un juge ne doit point être partial, se conduire partialement, se partialiser, montrer de la partialité. = Le P. d' Orléans fait partial substantif dans la phrâse suivante. "Charles de Navarre, de partial devient médiateur. Révol. d' Esp. Il falait dire, que, après s' être montré si partial, il devint médiateur.

PARTICIPANT


PARTICIPANT, ANTE, adj. PARTICIPATION, s. f. PARTICIPER, v. n. [Dans le 2d, tion a le son de cion: participation, en vers ci-on.] Participer, c' est 1°. Avoir part à. "Participer aux profits et aux pertes, à la fortune ou à la disgrâce. "Participer aux prières des fidèles, aux Saints Mystères, au Corps et au Sang de J. C. à ses mérites, etc. = 2°. Tenir de la nature de. "Ce minéral participe du vitriol. "Les pierres, dont on tire l' alun participent de la natûre du plomb. Anon. Ainsi participer à se dit des persones et participer de s' aplique aux chôses. M. D. L. C. dans un Extrait inséré dans le Mercure a mis un régime pour l' aûtre: "Vivant dans un siècle éclairé, ils semblent avoir craint de participer de ses lumières. Il est clair qu' il falait là, à ses lumières. = Participant, qui participe à... Il régit de. "Si cette afaire réussit, vous en serez participant. = Participation, action de participer. "La participation aux droits, aux profits;aux Sacremens, aux Saints Mystères. = Il signifie aussi la conaissance qu' on nous a donée d' une afaire. "Cela s' est fait sans ma participation. Il se dit ordinairement avec sans.
   Rem. Quelques-uns disent participer pour prendre part à. "Je participe à votre douleur. Il n' a guère d' usage dit l' Acad. et l' on dit plus ordinairement prendre part. Je crois qu' on peut trancher le mot, et dire qu' il ne vaut rien en ce sens et que le bon usage le condamne.

PARTICIPE


PARTICIPE, s. m. Terme de Gramaire. C' est une partie du Discours, ainsi nomée de ce qu' elle participe de la natûre du nom adjectif, en ce qu' il se joint à un substantif, et de celle du verbe, en ce qu' il exprime le même atribut. Des Gramairiens ajoutent, qu' il régit le même câs que le verbe d' où il est formé. Cela n' est pas exact, car il y a des participes qui régissent des câs diférens de celui que régit le verbe. On dit, p. ex. participer à, et participant de, etc.
   Il y a deux sortes de participes, les actifs et les passifs. Les premiers ont une signification active et les autres un sens passif.
   I. On apèle participes actifs ceux, qui sont terminés en ant. "Dieu aimant les hommes. Adam ayant péché. 1°. Ils difèrent des aûtres noms adjectifs, en ce qu' ils ont un régime, et qu' ils sont indéclinables, au lieu que les adjectifs ne régissent rien (ou du moins n' ont pas le régime direct, l' acusatif) et se déclinent selon les genres et les câs. C' est par là qu' on peut distinguer les adjectifs verbaux en ant, comme surprenant, charmant, des participes actifs: car on dit des tableaux charmans, une histoire surprenante; mais on ne dirait pas des hommes lisans, une femme lisante de bons livres: il faut dire lisant pour l' un et pour l' aûtre. = Il y a pourtant quelques participes actifs des verbes neutres qui se déclinent. On dit: une étofe aprochante de la vôtre; les villages dépendans de cette Seigneurie, et ainsi de tendant, usant, jouïssant, relevant, répugnant, et un petit nombre d' aûtres. = Autrefois on aimait assez à décliner les participes actifs. "Croyants la chôse permise. Boss. "Jeûnans par amour de la santé plutôt que par déférence aux préceptes de l' Église, oublians les affronts, pardonans par grandeur d' âme, etc. La Rûe.
   Et plus loin des Laquais, l' un l' autre s' agaçans,
   Font aboyer les chiens et jurer les pâssans.
       Boileau.
Souvent, du naturel les Auteurs s' écartans
Sont forcés d' obéïr au mauvais goût du tems.
       Du Resnel.
L' usage n' a point acordé cette licence aux Poètes. = Aujourd' hui on change en adjectifs verbaux un grand nombre de participes actifs. Nous avons inséré dans ce Dictionaire tous ceux, qui nous sont tombés sous les yeux. = Une règle plus générale encôre pour distinguer les adjectifs verbaux des participes actifs, c' est que ceux-là peuvent s' unir avec les tems du verbe être, ce que ceux-ci ne font pas. On dit: ce tableau est charmant; et on ne dirait pas, cet homme est lisant. = 2°. Le participe actif modifiant un nominatif absolu, ne doit pas le précéder. "Aprochant le tems de sa perte, on y établit Attale, payen de nation. Boss. On doit dire, le tems de sa perte aprochant, on y établit, etc. comme on dit, la chôse étant ainsi, la mine ayant manqué, etc. et non pas, étant la chôse ainsi, ayant manqué la mine, etc. "S' étant les Prélats rendus juges, au lieu de conférens amiables, dit Théodore de Beze, parlant du Colloque de Poissi. Il faut, les prélats s' étant rendus juges, etc. = 3°. Il faut placer le participe actif de manière qu' il n' ocasione point d' équivoque, et qu' on ne puisse pas douter à quel nom il se raporte. Dans cette phrâse: "Plutarque, dans la vie de Pompée, assûre qu' ayant demandé l' honeur du triomphe, Sylla s' y oposa; on peut douter si c' est Plutarque ou Pompée, qui avait demandé l' honeur du triomphe. Pour ôter l' équivoque, il falait dire: "Plutarque, dans la Vie de Pompée, assure que ce Général ayant demandé l' honeur du triomphe, etc.
   Mais dédaignant le sceptre, au moins en aparence,
   Le Senat abusé me força d' accepter
   Ce trône, unique objet, qui m' avait su tenter.
       Tibère.
Suivant la construction, dédaignant se raporte au Sénat; suivant l' Auteur à me, c. à. d. à Tibère qui parle. = De là on peut remarquer que généralement parlant, on ne doit pas faire raporter le participe actif aux câs obliques, c. à. d. aux câs autres que le nominatif. P. CORNEILLE dit, dans Polieucte.
   Sa faveur me courone entrant dans la carrière
   Et sortant du baptême, il m' envoie à la mort.
Est-ce sa faveur, qui entre dans la carrière? Est-ce il (Dieu) qui sort du Baptême? ceux, qui lisent ou entendent de pareilles phrâses, sont portés à raporter le participe au nominatif, et ce n' est que par réflexion qu' ils le raportent aux câs obliques. = Mon observation est justifiée par les remarques suivantes de M. l' Ab. D' OLIVET. _ RACINE dit dans Phèdre.
   Par un indigne obstacle il n' est pas retenu,
   Et fixant de ses voeux l' inconstance fatale,
   Phèdre depuis long-tems ne craint plus de rivale.
Pendant qu' on lit le second vers, on se persuade, et avec raison, qu' il se raporte au nominatif (il) énoncé dans le premier. On n' est détrompé que par le troisième vers, qui prouve que tout ce qui est dit dans le second se raporte à Phèdre. Il faudroit pour parler clairement, dire: et depuis long-tems Phèdre fixant l' inconstance de ses voeux ne craint plus de rivale. D' OLIV. Sur quoi, je fais cette Observation, que si le participe actif jète de l' obscurité dans une phrâse, quoiqu' il se raporte à un nominatif, précisément parce qu' il est mal placé, il la rendra ordinairement bien plus obscure, s' il se raporte aux câs obliques, comme dans ces aûtres vers de Racine.
   Et voyant de son brâs voler par tout l' effori,
   L' Inde semble m' ouvrir un champ digne de moi.
Voyant se raporte non à l' Inde, qui est le nominatif suivant, mais à la persone qui parle (m' ouvrir.) Il se raporteroit au nominatif suivant, si la phrâse étoit conçûe ainsi.
   Et voyant de son bras voler par-tout l' effroi
   Je crus alors m' ouvrir, etc.
Voyant ne seroit en ce câs qu' une sorte d' aposition (de phrâse incidente) aussi permise en prôse qu' en vers. Mais de la manière, dont Racine l' emploie, cela fait une phrâse absolûe, c. à. d. qui subsiste par elle-même, qui n' est point régie, qui ne régit point, et qui, pour ainsi dire, demeure en l' air. D' OLIV. = 4°. Il ne faut pas éviter, avec moins de soin, de placer de suite et dans la même phrâse deux participes actifs, qui se raportent à deux nominatifs diférens; ou il faut les placer de manière qu' ils n' ocasionent ni équivoque, ni embârrâs. On comprendra la nécessité de cette atention par cette remarque de M. l' Ab. D' OLIVET sur ces vers de RACINE.
   C' est ce qui l' arrachant du sein de ses États,
   Au trône de Cyrus lui fit porter ses pâs,
   Et du plus ferme empire ébranlant les colonnes
   Ataquer, conquérir et rendre les couronnes.
       Alex.
On est tenté d' abord de croire que ces deux participes actifs arrachant, ébranlant, se raportent au même substantif; et cela, éfectivement, devroit être pour la netteté du discours. Cependant il est certain que le premier se raporte à la gloire (ce qui) qui arrache Alexandre du sein de ses États; au lieu que le second est dit d' Alexandre lui-même, qui ébranle les colonnes, etc. Il est bien vrai que la force du sens empêche qu' on ne s' y puisse méprendre, si l' on veut y donner attention; mais, pour ne point être à la merci de nos Lecteurs, suivons l' avis de Quintilien, dit M. d' Olivet, et faisons en sorte, non-seulement qu' on nous entende, mais qu' on ne puisse pas même, le voulut-on, ne pas nous entendre. = 5°. IL ne faut pas non plus employer deux participes actifs, avec raport au même nom, sans les joindre par une conjonction. "Firme, qui s' aperçut de quelque changement, craignant d' un côté d' être abandoné, et de l' aûtre s' ennuyant d' entretenir tant de troupes à ses dépens, se sauva dans les montagnes. Fléch. Vie de Théodore. La phrâse est régulière: mais la suivante de M. Godeau ne l' est pas: "Les vainqueurs ayant rencontré la litière d' Auguste, croyant qu' il étoit dedans, la faussèrent. Il falloit, et croyant qu' il étoit dedans, etc. Wailli. = 6°. Ne mettez pas le relatif en devant un participe actif. "Je vous ai mis mon fils entre les mains, en voulant faire un homme de bien. Dites: voulant en faire. Cet en pronom relatif, placé devant, peut être pris pour en préposition, signe du gérondif, ce qui peut faire quelque embârras dans la phrâse. = 7°. C' est une aûtre faûte, que de placer les deux en l' un pronom, l' aûtre préposition, à la suite l' un de l' aûtre. "Le Prince tempère la rigueur du pouvoir en en partageant les fonctions. Ces deux en de suite font une cacophonie. Il faut donc prendre un aûtre tour et dire, par exemple: le prince, pour tempérer la rigueur du pouvoir, a soin d' en tempérer les fonctions. = 8°. Quand on joint des participes passifs, dont l' un a une négation et l' autre n' en a point, il faut répéter le participe actif ayant ou étant devant le second On dira bien: la ville ayant été prise et abandonée au pillage, le soldat y fit un butin immense: mais on ne peut pas dire avec un Auteur moderne: les idées de la Religion n' étant pas mises en oeuvre, et réléguées dans un coin de l' âme, perdent de leur force et de leur éclat. Il faut dire: n' étant pas mises en oeuvre et étant réléguées, etc. Wailli. = 9°. Les participes actifs sonnent mal à la fin des vers, dit M. Ménage.
   À~ leur odeur l' anglois se relâchant...
   Notre amitié va recherchant.
       Malherbe.
Et dans Syracuse arrivant.ID.
En un sujet aisé moins de peïne aportant.ID.
Ces participes sont encôre plus désagréables à la fin du vers, lorsqu' ils finissent le sens que lorsque le sens est suspendu. Ils sont aussi plus désagréables dans les grands vers que dans les petits. Mén. = Suivant M. l' Ab. de Fontenai, jamais le participe ne peut être harmonieux; il figure mal dans toute espèce de poésie; et il ne doit même se montrer que rârement dans la prôse.
   Rem. M. l' Ab. Girard et M. de Wailli apèlent gérondif le participe actif. Pour nous, nous ne regardons comme gérondif que ce même participe précédé de la prép. en: "En jouant avec son frère, il l' a blessé: voilà le gérondif: "Je l' ai trouvé jouant et causant, comme si de rien n' était. Voilà le participe actif. Voy. GÉRONDIF.
   II. PARTICIPE PASSIF. Sa fonction est de former tous les tems composés des verbes avec les auxiliaires avoir ou être; j' ai aimé, je suis aimé, etc. = Le participe passif est quelquefois déclinable, quelquefois indéclinable; et c' est là un des articles les plus embarrassans de la Gramaire. Ce que nous dirons de mieux là-dessus, est tiré d' un excellent Traité des Participes, composé par M. l' Ab. D' OLIVET.
   1re RèGLE. Les participes passifs sont ordinairement indéclinables, quand ils sont précédés des tems du verbe auxiliaire avoir: les grands Princes ont toujours protégé les Sciences; et non pas protégés, en le faisant raporter au nominatif Princes, ni protégées en le faisant raporter aux câs Sciences. = Autrefois les Poètes, pour la comodité de la rime, déclinaient dans ces ocasions le participe: témoins ces vers de Corneille.
   Et c' est enfin à lui (à Dieu) que mes voeux ont donée
   Cette virginité, que l' on a condamnée.
Aucun poète ne prendrait aujourd' hui cette licence. Mais ce qu' il y a d' étonant c' est que des prosateurs l' aient prise sans prétexte et sans nécessité; et non-seulement des étrangers comme Leibnitz. "Votre altesse ayant parûe (paru) surprise; mais des Auteurs élevés en France. "Voilà les idées fabuleuses, qui ont passées (passé) des Égyptiens chez les Phéniciens. Miss. du Lev. "Après avoir consumés leurs biens dans la débauche. P. Barre, Hist. d' Allem. "Les Sicambres ayant passés (passé) dans le pays des Tenctères. Ibid. "Pour peu que la guerre eut mal tournée. Ibid. Dites, eut mal tourné. _ M. Laus de Boissi dit aussi, dans une notice, insérée dans le Mercure. "Quelques-unes de ces pièces de Théâtre ont déjà parues séparément. C' est une faûte grossière, un vrai solécisme. _ Un Auteur de la Vie de St. Jean de la Croix fait toujours acorder le participe avec le régime: ces vérités avoient pénétrée son âme. "Il avoit heureusement trouvée cette Religion, qui lui avoit été prédite. Ailleurs il le fait acorder avec le nominatif. "Tous ont atestés que, etc. Il faut, avoient pénétré, avoit trouvé, ont atesté, etc. On peut apeler cette faute, qui est très-grossière un italianisme.
   2e RèGLE, et la plus importante. Si le participe passif est précédé du nom qu' il régit, il s' acorde avec lui en genre et en nombre.
   Quels courages Vénus n' a-t-elle pas domptés.
Les lettres que vous m' avez envoyées, etc. etc. = Pour mieux entendre cette règle, il faut remarquer premièrement, que quand on dit que le participe est précédé du nom qu' il régit, on doit entendre ces paroles du régime absolu, autrement apelé simple ou direct (c' est l' acusatif) et non pas du régime relatif ou composé (il répond au datif des latins.) Remarquez deuxièmement qu' il n' y a que des pronoms, qui puissent régulièrement précéder le verbe, dont ils sont le régime simple, d' où l' on doit conclure qu' il n' y a que des pronoms, qui doivent faire décliner le participe. Remarquez enfin que de tous les pronoms, il n' y a que ceux-ci, me, nous, te, vous, le, la, les et que relatif, qui puissent être employés comme régime simple. D' OLIV. On doit, ce me semble, y ajouter les pronoms interrogatifs, comme le montre le premier exemple, que nous avons cité: quels courages, etc. On doit donc dire, quand il est question d' un nom du genre féminin; vous m' avez fâchée, je t' ai avertie, je t' ai trouvée; la lettre que j' ai reçue, et pour les noms au pluriel; vous nous avez ofensés; je vous ai aperçus ou aperçues; tu les a donc vus, ou vûes, etc. = Cette règle est tellement avouée par l' usage qu' on ne peut excuser de solécisme ceux qui la violent par inatention, ou par caprice, ou par ignorance. Plusieurs Auteurs y ont manqué par quelqu' un de ces principes. Le P. Griffet ne l' observe jamais, et il n' est certainement pas à imiter en cela. D' aûtres l' observent ordinairement, et quelquefois aussi ils y manquent. "La terreur qu' ils ont répandu parmi ces peuples, les a rendu encôre plus sauvages qu' ils n' étoient et les a forcé à se cacher dans les antres et les creux des montagnes. Let. Édif. Il falait, qu' ils ont repandûe, etc. les a rendus, les a forcés, etc. = Les Poètes eux-mêmes sont assujétis à cette règle, et il n' y a point de licence poétique, qui tiène. M. Leonard un des plus gracieux Poètes de ce siècle, ou l' a ignorée, ou il a cru que la violer n' étoit pas une grande faûte.
   Redoutant peu l' envie et la célébrité,
   À~ l' ombre des bosquets que lui-même a planté.
C' est une faûsse rime. Il faut plantés. Peut-être faut-il lire du bosquet, et est-ce une faute d' impression? je serais porté à le croire. = On ne peut pas excuser de même l' Auteur de Cromvel, le P. Marion, Jés.
   Détracteurs éfrontés que cent fois on a vu
   Des crimes, qu' ils ont faits, acuser la vertu.
Il falait: que cent fois on a vus; et alors c' était une fausse rime.
   Avant M. l' Ab. D' OLIVET, on n' avait pas découvert le véritable principe de la déclinaison du participe passif. On avait donc imaginé des exceptions qu' on apuyait de raisons arbitraires. Nous alons les raporter et les réfuter, d' après cet illustre Académicien. = 1re Exception. Les mêmes participes, disait-on, deviennent indéclinables, quand le nominatif est mis après le verbe: la justice que vous ont rendu vos juges; au lieu qu' on diroit, que vos Juges vous ont rendûe: dans le premier câs, juges, nominatif du verbe ont rendu, est après ce verbe: dans le second, il est avant. Cette exception est de Vaugelas. M. l' Abé d' Olivet ne l' admet pas. Depuis prês de trente ans, disait-il, que je suis à portée d' entendre les leçons de l' Académie, elle m' a paru, toutes les fois que cette question a été agitée, se décider pour le parti que j' embrasse (de s' en tenir à la règle générale): je vois d' âilleurs que nos meilleurs Écrivains en ont été les plus fidèles observateurs, et n' ont point eu d' égard à cette prétendûe exception. Tout le monde conait une jolie épigramme, traduite du latin:
   Pauvre Didon, où t' a réduite
   De deux Amans le triste sort?
   L' un en mourant cause ta fuite,
   L' aûtre, en fuyant, cause ta mort.
Et pour s' assurer que ce n' est point la rime qui a amené réduite, ne lit-on pas dans Racine, au milieu du vers:
   Ces yeux que n' ont émus ni soupirs ni terreur.
Dans ces deux exemples, les participes réduite et émus se déclinent, quoique les nominatifs sort, soupirs, terreur, soient aprês le verbe. M. l' Abé d' Olivet cite d' autres exemples. On en pourrait aussi citer de tout contraires. Mais encôre une fois, l' usage étant partagé, on ne peut mieux faire que de revenir à la règle générale. = 2e. Exception. Quand le participe est suivi immédiatement d' un infinitif, il est alors indéclinable; les vertus que vous avez entendu louer, et non pas entendûes. Je l' ai fait peindre (cette Dame) et non pas faite peindre. C' est ainsi que la plupart des Gramairiens ont proposé cette exception, qui n' en est pas une dans les exemples cités, puisque le pronom n' y est pas régi par le participe, mais par l' infinitif, et qui est faûsse dans d' aûtres exemples, tels que celui-ci de Racine, dans Britannicus.
   Cette nuit je l' ai vûe arriver en ces lieux.
Ce grand Poète avait mis dans sa 1ere édition, je l' ai vu cette nuit, etc. Il se corrigea. Pourquoi? Parce que vûe se raporte à Junie, dont parle Néron, et non pas à l' infinitif, qui suit. M. l' Ab. d' Olivet, à qui~ nous devons cette remarque, a rectifié cette règle, proposée par les Gramairiens, en distinguant les infinitifs des verbes neutres, qui n' ont point de régime simple, des infinitifs des verbes actifs. Les premiers n' empêchent pas le participe d' être décliné: les aûtres le rendent indéclinable. Ainsi, on dira d' une femme, en des sens diférens: Je l' ai vu peindre, c. à. d. j' ai vu faire son portrait; et je l' ai vûe peindre, c. à. d. je l' ai vûe le pinceau à la main. Dans le 1er exemple, peindre est actif: il régit le pronom la: le participe est donc indéclinable. Dans le second exemple, peindre est employé neutralement: le participe alors et non l' infinitif, régit le pronom la, qui précède: c' est donc alors la règle générale, qui oblige le participe à décliner, lorsqu' il est précédé de son régime simple. = Dites-en de même de ces phrâses: des soldats qu' on a contraints de marcher: on les a obligés à travailler, etc. Car la raison pour laquelle le participe se décline en ces ocasions, n' est pas, comme le disaient les Gramairiens, que l' infinitif soit précédé de quelque particule, comme de ou à; mais c' est qu' en en ces phrâses, ce n' est pas l' infinitif, mais le participe, qui régit le pronom. Ainsi, la règle générale est toujours maintenûe. La preuve de ce que je dis est dans ces phrâses, que cite M. Regnier, où le participe est indéclinable, quoique l' infinitif soit précédé d' une particule: une maison qu' on a comencé à bâtir: une fortification que j' ai apris à faire. Cet illustre Gramairien fait un grand raisonement, et done des moyens pour distinguer en quelles ocasions il faut, ou il ne faut pas décliner le participe suivi d' un infinitif, lequel est précédé des prépositions à ou de. Mais tout se réduit à dire que le participe est indéclinable, lorsque c' est l' infinitif, non le participe, qui a le régime simple. Car, dans les phrâses citées, c' est bâtir et faire, qui régissent, et non pas comencé et apris. = 3e Exception. Le participe est indéclinable, dit-on, lors qu' il étend son régime à un aûtre acusatif que le 1er terme de sa relation, comme: c' est une ville que le comerce a rendu puissante; cela les a rendus sages, etc. Que et les sont les premiers termes de la relation de rendus: or il étend son régime à un autre acusatif, savoir à puissante et à sages. On doit donc alors mettre rendu, et non pas rendûe ni rendus. Telle est l' opinion de Vaugelas, de Bouhours, de Regnier. Il n' y a que Ménage qui pense aûtrement. M. l' Abé d' Olivet se range de son côté, toujours d' après le même principe. L' usage sur cette exception n' est pas assez conu. Car dans la conversation des persones qui parlent le mieux, il est dificile que l' oreille la plus atentive distingue parfaitement si l' on prononce rendu ou rendue, lorsqu' il n' y a point de repos entre le participe et l' adjectif suivant. À~ l' égard de nos lectures, elles ne peuvent que redoubler notre embarras, puisqu' on trouve souvent dans le même Auteur le pour et le contre: dans cette incertitude ne vaut-il pas mieux s' en tenir à une règle si générale, qu' elle est confirmée par les prétendues exceptions qu' on y opôse, que de chercher les décisions de l' usage sur un article où les opinions et les exemples sont si souvent partagés. = Ce qui confirme encôre cette règle, même par raport aux phrâses que nous examinons ici, c' est qu' au moyen de quelques mots, glissés entre le participe et l' adjectif, on sent que le participe doit être décliné. "Cette ville qui n' était rien autrefois, le comerce l' a rendûe, en moins de trois ans, assez puissante pour tenir tête à ses voisins. "Les énemis nous ont rendus, au bout de vingt-quatre heures, maîtres de la place. = De plus, tout le monde dit: une signature reconûe faûsse, une Comédie trouvée mauvaise. Pourquoi lorsqu' on y aura introduit le verbe auxiliaire, voudra-t-on dire, une signature que les Juges ont reconu fausse; une Comédie que le parterre a trouvé fort mauvaise? ces raisons sont fort convaincantes; et si mon opinion était quelque chôse, je dirais que je suis de l' avis de M. d' Olivet. = 4e. Exception: le participe est indéclinable, quand le verbe auxiliaire avoir est employé impersonellement: les chaleurs excessives qu' il a fait, et non pas faites. Cette remarque est incontestable; mais ce n' est pas proprement une exception à la règle générale. Car on ne peut dire que les verbes impersonels aient un régime simple. Dans la phrâse citée, le que relatif n' est pas à l' acusatif. Il serait plutôt au nominatif; et c' est comme si l' on disait, les chaleurs qui se sont faites, s' il était permis de s' exprimer de la sorte. = 5e Exception. On ne décline point le participe, quand il y a quelque chôse de sous-entendu, comme: il lui a fait toutes les caresses qu' il a su; on sous-entend lui faire; qu' il a sur lui faire, et non pas sûes. C' est toujours pour la même raison, que nous avons aportée plus haut (2e exception), c' est que le pronom que est régi dans cette phrâse, non le participe su, mais par l' infinitif sous-entendu faire. = 6e Exception. M. Despreaux, dans son Remercîment à l' Académie, dit de Louis le Grand, qu' il a fait lui seul plus d' exploits que les autres n' en ont lu. M. d' Olivet le loue de n' avoir point mis le participe au pluriel; et il dit que lus aurait été une faute. La raison qu' il en done, c' est que le régime dans cette phrâse c' est en, qui est à l' ablatif. Mais je trouve qu' ici cet illustre Académicien, que j' honore comme mon maître, se trouve en défaut et a manqué d' atention. Car, quoique le pronom en soit ordinairement à l' ablatif, comme de, qu' il remplace, cependant l' un et l' aûtre sont quelquefois employés à l' acusatif; et comme on dit, en régime simple: je n' ai pas lu de plus beaux livres: on dira de même, je n' en ai pas lu ou lus de plus beaux. Et il est si vrai que en, comme de sont alors à l' acusatif, que dans la phrâse citée de Despreaux il n' y a pas d' autre régime simple: de sorte que si en se trouvait à l' ablatif, ont lu, qui est certainement actif, se trouverait sans ce régime simple ou absolu, qui acompagne toujours les verbes actifs. Car le que qui précède n' est pas un que pronom, mais un que conjonction régi par plus. On peut faire le même raisonement sur une phrâse de M. d' Olivet, qui a imité Boileau, et a suivi, comme de raison, la règle qu' il avait donée. "Délicatesse peut-être excessive, qui nous fait voir des hiatus, où MalherbeRacineDespreaux et Quinaut n' en ont point . Si en est à l' ablatif, ont vu n' a point dans cette phrâse de régime simple; et cependant comme verbe actif, il faut nécessairement qu' il en ait un. Disons donc que en, dans des phrâses pareilles, est à l' acusatif, et que s' il ne faut pas alors décliner le participe, c' est la seule exception que l' usage ait mise à la règle générale, si bien dévelopée par M. d' Olivet. Mais l' usage n' est point constant là-dessus. Plusieurs Auteurs ont décliné le participe dans cette ocasion. Le Gendre dit, parlant des licornes: "Le P. Lobo et d' autres Jésuites, qui ont demeuré plusieurs années en Éthiopie, témoignent qu' ils en ont vûes. Ils ajoutent que plusieurs Portugais en avoient vûes aussi en Éthiopie. Dans l' Ann. Litt. "Je demandois il y a quelque-tems à une persone fort au fait des Gazettes, car pour moi je n' en ai jamais lûes. M. d' Alembert répondant à J. J. Rousseau: "Vous décriez nos Pièces de Théâtre avec l' avantage non-seulement d' en avoir vûes, mais d' en avoir faites. Il est à remarquer que les exemples en ce genre, sont fort râres, soit pour, soit contre; d' où l' on peut conclure deux chôses, l' une que l' usage est donc partagé; l' autre, que l' une et l' autre manière surprend toujours, et laisse dans l' indécision. Je ne déciderai donc rien, et ayant instruit le procês à charge et à décharge, j' en laisserai la décision aux Lecteurs, qui prendront parti suivant leur goût. = 7e Exception. Les participes sont aussi indéclinables, disent les Gramairiens, quand ils sont suivis dans la même phrâse du pronom relatif que ou qui: les raisons qu' il a cru que j' aprouvais: les persones que j' ai vu qui étaient prévenûes. Mais il est aisé de ramener la 1re phrâse à la règle générale: le 1er que, qui est le régime, est régi par le verbe j' aprouvais, et non pas par le participe cru: les 2 que n' en font là qu' un seul. Il n' en est pas de même, il est vrai, du second exemple: mais le tour de la phrâse est assez extraordinaire, pour ne pas tirer à conséquence.
   Rem. Nous avons dit, plus haut, que régulièrement il n' y avait que les pronoms régis, qui pussent précéder le participe. Autrefois les Poètes se mettaient plus au large. Quand ils avaient besoin, pour la rime, de faire décliner le participe, ils le plaçaient devant le substantif qu' il régissait. Ainsi Molière, au lieu de dire, il a troublé la pièce dans le plus bel endroit, dit: il
   Dans le plus bel endroit a la Pièce troublée.
Et Corneille:
   Le seul amour de Rome a sa main animée...
   Aucun étonement n' a sa gloire flétrie.
Au lieu de, a animé sa main, a flétri sa gloire.
   3e RèGLE. Les participes passifs, précédés du verbe être, sont toujours déclinables, quand le verbe être est employé comme verbe subst. et il est employé comme tel dans les verbes passifs, le neutres, les réciproques passifs, et ceux qui ne sont réciproques que par expression: "Ils sont tombés, ils ont été châtiés: ces mauvaises nouvelles se sont répandûes: nous nous sommes aperçus de, etc. Quelque--fois les verbes réciproques passifs ont un régime, comme dans ces phrâses: elle s' est trouvée guérie: ces maisons se sont louées trop cher. Or, quand ce régime est un autre participe, comme guérie, au 1er exemple, Vaugelas dit qu' on ne doit pas décliner; Regnier, Ménage et d' Olivet sont d' avis contraire. Ils veulent qu' on décline; et je trouve qu' ils ont raison. = Dans les réciproques, employés impersonellement, le participe est indéclinable. "Il s' est formé une ligue; il s' est élevé une question. Je crois pouvoir condamner cette phrâse de Bossuet: "Dans le même Concile s' étant émûe une question sur, etc. Il faudrait dire: s' étant élevé une question; car aujourd' hui on ne dirait pas s' émouvoir, en ce sens.
   4e. RèGLE. Quand les tems du verbe être sont mis pour ceux du verbe avoir, ce qui arrive dans les réciproques directs et indirects, les participes passifs sont indéclinables: Lucrèce s' est doné la mort. C' est comme si l' on disait, a doné la mort à soi. = Pour mieux éclaircir cette règle, rapelons-nous le principe unique, qui résoud toutes les dificultés des participes. Dans cette phrâse, se n' est que le régime relatif, la mort étant le régime simple ou direct. Le participe n' est donc pas précédé de son régime: il ne doit donc pas être décliné. Des Auteurs modernes ont donc fait une faûte, quand ils ont dit, l' un: "Troie s' étoit atirée ces malheurs; l' aûtre: "Je me suis rapelée l' exemple, etc. Il falait dire, s' était atiré, je me suis rapelé, etc. = Avec ce principe, on comprendra pourquoi il faut dire, sans décliner: elle s' est mis des chimères dans l' esprit; et, en déclinant: les lois que s' étaient prescrites les Romains. Il est vrai que dans l' une et l' aûtre phrâse, le pronom se n' est pas régime relatif (et au datif), mais dans la première, chimère, qui est le régime simple ou direct, est aprês le participe, et dans le second, que est devant. On comprendra aussi pourquoi on dit: elle s' est fait peindre, et non pas, elle s' est faite; et pourquoi, au contraire, on dit: nous nous sommes rendus maîtres; nous nous sommes rendus puissans. C' est que, dans le premier exemple, le pronom se, régime simple, n' est pas régi par le participe fait, mais par l' infinitif peindre: ce n' est donc pas le câs de la règle, comme nous l' avons dit à la 2e exception. Dans le 2d exemple, ce même pronom se est régi directement et simplement par le participe rendus; et de plus, il le précéde. Il est donc dans le cas de la règle: on doit donc le décliner.
   5e RèGLE. Les participes passifs s' acordent avec un substantif, lorsqu' ils sont pris adjectivement, et qu' ils ne sont point à aucun tems des verbes avoir ou être: un ouvrage achevé; une maison achevée; des ouvrages achevés; des maisons achevées. = Ils s' acordent avec le nominatif du verbe, quand ils forment des tems composés avec les tems du verbe auxiliaire être, dans un verbe qui n' a point de régime: Je suis tombé, elle est tombée; nous sommes tombées, elles sont tombées. = Enfin, ils s' acordent avec le câs, lorsqu' ils forment avec l' auxiliaire avoir ou être, les tems composés d' un verbe précédé de son régime absolu, comme nous venons de l' expliquer fort au long. "Cette maison est à moi; je l' ai achetée: je vous rends vos livres: je les ai lus: les lettres que j' ai écrites, etc. etc.
   Remarque importante, à mon avis. Les participes passifs, employés adjectivement, doivent suivre le sort des adjectifs. Or, j' ôse dire des uns et des aûtres, ce que j' ai déjà dit des participes actifs, que quand ils sont à la tête de la phrâse, ils ne doivent se raporter qu' au nominatif dominant, et non pas à des noms, employés aux câs obliques. Une phrâse de St. Évremont nous offre un exemple de ces constructions irrégulières. "Détrompée heureûsement à la fin, on la voit renoncer à ces mêmes Dieux, qu' elle avoit rapelés. En voyant ce participe détrompée à la tête de la phrâse, on s' atend à le voir suivi d' un nominatif féminin, et c' est le nominatif on qui n' a nul raport avec le participe, lequel est régi par le pronom la, qui est à l' acusatif. Jusques-là, il n' y a que de l' embârras dans la phrâse; mais il y aurait de l' obscurité, et même de l' équivoque, si le sujet de la phrâse était aussi un nom féminin: si par exemple, on parlait d' une mère, charmée du changement de sa fille, et qu' on dit détrompée heureûsement à la fin, sa mère la voit renoncer à ses erreurs; ne demanderait-on pas si c' est la mère ou la fille qui est détrompée? Pour construire régulièrement la phrâse de St. Évrémont, il faudrait dire: détrompée heureusement, elle renonce, etc. Voy. Adjectif. V. n°. 14. = Les Poètes fournissent beaucoup d' exemples de cette construction peu favorable à la netteté du discours. Racine, dans Andromaque.
   Prêt à servir toujours, sans espoir de salaire,
   Vos yeux ne sont que trop assurés de lui plaire.
En entendant réciter ces vers, on croit d' abord que ce sont les yeux qui sont prêts.
   D' un odieux amour sans cesse poursuivie,
   On prétend, malgré moi, m' arracher à la vie.
       Alex.
C' est la même construction que celle de la phrâse de St. Évremont. = Ce grand Poète d' ailleurs si exact, emploie même des participes qui ne se raportent à rien.
   Environné d' enfans, soutiens de ma puissance,
   Il ne manque à mon front que le bandeau royal.
       Esther.
On ne peut dire qu' environé se raporte à front. Ce participe est donc en l' air, pour parler ainsi.
   Boileau emploie la même construction.
   À~ nous-mêmes livrés dans une solitude,
   Notre bonheur bientôt fait notre inquiétude.
À~ quoi se raporte livrés? À~ aucun des mots de la phrâse. = On trouve des exemples pareils dans Rousseau, Crébillon, Voltaire, et dans presque tous nos Poètes. S' ils sont en possession d' une pareille licence, on ne doit pas du moins les imiter en prôse. Les Poètes eux-mêmes feront bien de ne pas en abuser, et de ne pas employer cette construction, lorsque le nominatif dominant est du même nombre et du même genre que le participe ou l' adjectif, qui ne s' y raporte pas; et cela, à caûse de l' équivoque~ qui peut en résulter. Cet inconvénient, alors presque inévitable, parait bien dans ces vers de Psyché. Les Princesses disent à leur soeur, en parlant des Princes ses amans:
   N' ayant ni beauté, ni naissance
   À~ pouvoir mériter leur amour et leurs soins.
   Ils nous favorisent au moins
   De l' honeur de leur confidence.
       Molière.
Selon la construction, il semble que, ils (les Princes) n' ont ni beauté, ni naissance, et c' est du pronom nous (les Princesses) que cela se dit, suivant l' intention de l' Auteur. = Voilà pour le participe actif. En voici un exemple pour le participe passif.
   Et-ce à l' ami, qui me tait ce qu' il pense;
   Est-ce au flateur, qui m' abuse et m' encense,
   Par tous les deux séduit au même point,
   Mon énemi seul ne me trompe point.
       Rouss.
Séduit parait se raporter à énemi, et c' est au pronom me qu' il se raporte. = J' avais quelque peine sur cette remarque. D' un côté le grand nombre d' exemples de cette construction me faisait croire que l' usage a prévalu. D' autre part, je ne pouvais croire que ce qui nuit à la netteté du discours puisse pâsser en loi. L' usage alors est un abus, contre lequel on peut toujours réclamer. Cette dernière réflexion m' a décidé. Voyez le comencement de cet article, n°. I. 3°. _ Delà on peut remarquer, etc.
   6e RèGLE. Réguliérement parlant, les participes des verbes neutres ne doivent pas être employés adjectivement. On ne dit pas: cet homme, si souvent tombé, et toujours venu à bout de ses desseins, rarement sorti de son caractère, etc. mais il faut dire, qui est si souvent tombé, qui toujours est venu à bout de ses desseins, qui est rarement sorti de son caractère, etc. Il y a quelques exceptions: "Un homme, arrivé depuis peu, a raporté, etc. "J' étois parti d' Ithaque, pour aller demander aux aûtres Rois, revenus du siège de Troie, des nouvelles de mon père. Télémaque. "Le songe où je croyois avoir vu le sage Mentor descendu aux champs Élysées, achevoit de me décourager. Ibid. "Jusqu' à ce qu' Ulysse, remonté sur son trône, m' ait déclaré qu' il y consent. Ibid. = Ces participes adjectifs ne font point mal dans ces phrâses, je ne les trouve pas bien dans les phrâses suivantes. "Il avoit pris le nom d' Argenson d' une terre entrée (qui était) dans sa maison par sa grand' mère maternelle. Fonten. "La raison, une fois sortie de la règle, ne trouve plus rien qui l' arrête. Massill. Je voudrais dire, étant une fois sortie, etc. Quelques étoiles disparûes (qui ont disparu) ont fortifié cette opinion. Pluche. Les Philosophes venus long-tems après lui. Mde Dacier. Qui sont venus. "Polydamas acouru (étant) pour le dégager, lance son javelot. La même. "Le Roi d' Austrasie, rentré en France, (étant) avait pris Soissons. Moreau. "Couché à minuit, tombé mal à une heure, il est sufoqué. Anon. Celui-ci a abusé de la permission. "Nunno de Cunna, parti cette année (qui était) de Lisbone, prit et brûla la ville de Mombassa. L' Ab. Prévot. "Son ombre, acourue vers le trône, n' en a pas été repoussée. Linguet. Ce participe fait bien en cet endroit. "Épitre adressée à un homme illustre, pâssé dans le même pays. Id. Celui-ci ne me parait pas si bien. Je voudrais dire, qui étoit passé. "Louis de Bavière, resté Empereur... n' étoit qu' un cadet. Id. Voy. ÉCHOUER, EXPIRER, RÉCIDIVER. = Voilà bien des exemples contraires à la règle; mais plusieurs sont peu anciens, et ce nouvel usage n' est pas assez autorisé pour qu' on puisse le suivre sans dificulté. À~ la vérité, il est plus comode, et c' est peut-être ce qui le fera universellement adopter.
   Les verbes réciproques n' ont pas de participe proprement dit, le pron. pers. se étant de l' essence de ces verbes. Ils peuvent donc, encôre moins que les verbes neutres être employés comme adjectifs. "Monmouth, sauvé du champ de batâille, s' éloigna par une heureûse fuite. Hist. d' Angl. Il falait dire, s' étant sauvé, etc. "Si c' étoit le même individu, parti pour Barège, et évanouï (qui s' était) depuis, rien de plus aisé que de trouver le coupable. Ling. etc.

PARTICIPER


PARTICIPER. Voy. PARTICIPANT.

PARTICULARISER


PARTICULARISER, v. act. PARTICULARITÉ, s. f. [Partikularizé, lité; dern. é fer.] Particularité, circonstance particulière. Particulariser, marquer les particularités d' une afaire, d' un évènement. "Je ne savais pas cette particularité. "Cette relation contenait toutes les particularités de la batâille. "Particulariser un fait. = Le verbe est moins usité que le substantif.

PARTICULE


PARTICULE, s. f. 1°. Petite partie. "Les petites particules dont les corps sont composés. En ce sens, il ne se dit que dans le didactique, et en parlant d' une hostie consacrée. = 2°. En Gramaire, petite partie du discours, ordinairement d' une syllabe, telles que sont certaines conjonctions, interjections, prépositions; et, ni, ne, pas, ha! ! de, à, etc.

PARTICULIER


PARTICULIER, IèRE, adj. PARTICULIèREMENT, adv. [Parti-ku-lié, lière, lièreman: 4e é fer. au 1er, è moy. aux deux aûtres. _ Plusieurs, en Provence, en Dauphiné et à Lyon, supriment l' l dans la prononciation, et prononcent particu-iè, particu-ièreman.] Particulier est, 1°. qui apartient singulièrement à une chôse, ou à une persone. "Motif particulier. Raison particulière. "Cela lui est particulier; est particulier à ce pays là. = Il est quelquefois simplement oposé à général. "Assemblée particulière. = S. m. Le particulier d' une afaire; le détail, les circonstances. "Peu de gens savent le particulier de cette afaire. = 2°. Extraordinaire, peu comun. "Le câs est très-particulier. Il a un talent particulier~, tout particulier pour, etc. "Ce remède a une vertu particulière. = 3°. En parlant des persones, fort retiré, qui se comunique à peu de gens. "Il est tout particulier. _ Il peut même signifier bizârre, qui ne pense pas comme tout le monde. "Il a un esprit particulier, des opinions particulières. = 4° Secret. "Il y a quelque chôse de particulier, ou il n' y a rien de particulier entre ces deux persones: ils ont ensemble quelque afaire qu' ils ne veulent pas qu' on pénètre: il n' y a aucun mauvais comerce entre eux.
   PARTICULIER, s. m. Persone privée, ou par oposition à Comunauté, à société; ou par oposition à persone publique ou d' un rang três élevé. "Un particulier ne doit pas être préféré à toute une Comunauté. "Cela convient à un Magistrat, à un Seigneur, et non pas à un particulier.
   EN PARTICULIER, adv. À~ part, séparément des aûtres. "Je l' ai pris en particulier. = En mon, en son particulier, pour ce qui est de moi, de lui, etc. = Vivre, se mettre en son particulier: "Il n' est plus en pension: il vit, il s' est mis en son particulier.
   Rem. On dit toujours, en, jamais dans son particulier. * "Dans mon particulier, dit le P. Bouchet, ces cinq dernières années, j' ai baptisé plus d' onze mille persones, et près de vingt mille depuis que je suis dans cette Mission (du Maduré) Let. Édif. = Régulièrement, cet adverbe, doit se raporter au sujet de la phrâse, au nominatif du verbe.
   PARTICULIèREMENT. 1°. singulièrement: il vous honore particulièrement. = 2°. Spécialement. "Il excelle en tout, particulièrement en poésie.

PARTIE


PARTIE, s. f. [2e lon. 3ee muet.] 1°. Portion d' un tout, physique ou moral. = Partie, part, portion (synon.) La partie est ce qu' on détache d' un tout; la part est ce qui doit en revenir; la portion est ce qu' on en reçoit. On dit, une partie d' un livre, du corps humain, etc. une part de gâteau; une part d' enfant dans la succession; une portion d' héritage, et une portion de réfectoire. GIR. Synon. = En partie, adv. "Il a eu en partie ce qu' il souhaitoit. = 2°. Il se dit, figurément, des bones qualités naturelles ou aquises. "Il a toutes les parties d' un grand Capitaine. "Il a de grandes parties, etc. En ce sens, il se dit toujours avec le régime ou avec un adjectif, et toujours au pluriel. On ne dit pas, une partie d' un honête homme, c' est de tenir sa parole; mais on doit dire: une des parties les plus essentielles de l' honête homme, c' est, etc. = 3°. En Musique, les quatre parties sont, le dessus, la haute-contre, la tâille et la bâsse. "Chanter, tenir sa partie. "Air à quatre parties. "Il n' a fait que le sujet: un aûtre a fait les parties. = 4°. Somme d' argent qui est dûe. "Payer, aquiter, recevoir une partie, une grôsse partie, une partie de mille francs, etc. = Article d' un compte: "Laisser une partie en soufrance. "Cette partie a été allouée. = Mémoire de ce qui a été fourni par un Marchand, un Ouvrier, etc. "Parties d' Apothicaire, de Tailleur, de Maître d' Hôtel. "Faire, arrêter, payer les parties. _ Il ne se dit qu' au pluriel. = 5°. Partie de jeu: la suite d' un jeu, jusqu' à ce qu' un des joueurs ait gâgné ou perdu, suivant les règles de ce jeu. "Partie de piquet, d' échecs, de tric--trac, etc. Perdre ou gâgner la partie. "Il a perdu trois parties de suite, etc. = 6°. Projet de divertissement, etc. "Partie de chasse, de promenade. Lier, rompre une partie; manquer à une partie. = 7°. Celui qui plaide contre quelqu' un: "C' est ma partie adverse. Voy. Adverse et Client. Voy. ici Rem. n°. 2°. "On ne peut pas être juge et partie, etc. = 8°. Au pluriel, ceux qui contractent ensemble. "Les parties contractantes; les parties intéressées à, etc.
   PARTIE entre dans la composition de plusieurs expressions du style fig. familier. = Quiter la partie (n°. 5°.) se désister, céder. "On l' obligeroit à quiter la partie. BOSS. _ Il régit quelquefois le datif, la prép. à: "Vous voilà donc résolûe de passer l' hiver à Grignan, et de quiter la partie à M. d' Aix. Sév. = Au contraire, tenir la partie, c' est continuer, persévérer.
   On ne vit qu' une fois; et puisque j' ai mon tour;
   Autant que je pourrai, je tiendrai la partie.
       Gress. Sidney.
= Prendre à partie, (n°. 7°.) imputer son malheur à... Partie est là indéclinable; et l' on dit de plusieurs, comme d' un seul, qu' on les prend à partie, et non pas à parties. "Pourquoi prendre à partie (dans nos revers), ou des astres, qui n' ont contribué en aucune sorte à nos malheurs, ou une fortune et des destins, qui n' ont point d' être que dans notre imagination. Fonten. Voy. GARANT. _ Au propre, on dit, prendre son juge à partie; devenir partie contre lui, l' acusant d' avoir prévariqué. = Être de la partie se dit, au propre, d' une partie de plaisir; et au figuré, d' un travail, d' une expédition à laquelle on contribûe. "M. de Chazelle fut encôre de la partie (pour continuer la méridienne du côté du midi). Fonten. = Se mettre de la partie, se joindre. "Un intérêt secret se met de la partie, et nous persuade aisément que le pays où nous sommes nés l' emporte sur tous les aûtres. L' Ab. Du Resnel. = Jouer sa partie (n°. 3°.) Marivaux l' emploie figurément: "C' étoient là tous mes talens, joint à cette physionomie assez avenante, que le Ciel m' avoit donée et qui jouoit sa partie avec le reste. = Coup de partie, afaire ou démarche décisive. "Je trouve cette assemblée de Noblesse un coup de partie. Sév. L' Ab. Velly ou son Imprimeur met coup de parti: c' est une inatention. = La partie n' est pas égale. "Je ne puis me plaindre dans ce rencontre, comme tant d' aûtres orateurs, que la partie n' est pas égale entre celui qui parle et ceux qui écoutent. Mascar. Cette expression n' est pas du beau style et ne devait pas se trouver dans une Oraison funèbre. = Remettre la partie au lendemain, diférer ce qu' on pourrait faire sur l' heure. = Peloter en atendant partie: faire peu, en atendant mieux. Voy. PELOTER = Lier la partie. "Sa partie étoit liée. MOREAU. Il avait pris ses mesûres. = Avoir afaire à forte partie, avoir de grands obstacles à vaincre. = Chanter, ou jouer sa partie, faire comme les aûtres.
   Rem. 1°. La 3e partie et le tiers, ce n' est pas toujours la même chôse. La 3e partie d' un livre peut n' en être pas le tiers, ou être plus du tiers. "Si l' on vouloit s' en raporter à lui (Vigneul Marville), on ne pouvoit mieux faire que de proscrire la 3e partie de cet ouvrage (des Caractères de la Bruyère). Coste Il falait dire, le tiers, ou un tiers. L' ouvrage de La Bruyère n' est pas divisé en trois parties. = 2°. Quand il s' agit de procês, c' est partie qu' il faut dire, et non pas parti. "Le Juge l' apliquoit (l' anneau) au parti (à la partie) qui devoit gâgner sa caûse. Anon. = Partie, Client (Synon.) Quelques persones trouvent le second un peu vieux, dit La Touche. L' Acad. ne le déclare pas tel. Pour moi, ajoute-t-il, je crois qu' on peut fort bien s' en servir, sur-tout lorsque partie pourrait être pris dans le sens de partie adverse. Je dirais, par exemple: "C' est un habile Avocat: je suis son client. Cet homme est mon client, dira un Avocat. Partie ne serait pas si bien là. Ailleurs, je me servirois de partie. L. T. En plaidant, les Avocats disent ma partie. "On poursuit contre ma partie l' homologation d' un contrat civil, etc. Ling. = Il est à remarquer que partie est toujours fém. lors même qu' il se dit d' un homme: cet homme est ma partie; mais, s' il est modifié par un adjectif ou un participe, on le met élégamment au masc. "Ma partie s' est retiré du Royaume. L. T. = Remarquez aussi que quand ce mot est employé tout seul et sans épithète, il ne se dit que des adversaires qui plaident: on ne le dit point des Princes ou des États qui se font la guerre. "Les guerres continuoient toujours, quoique soutenûes mollement par la foiblesse de toutes les parties. H. d' Angl. Il falait ajouter belligérantes, ou telle aûtre épithète.
   PARTIE s' emploie aussi adverbialement, et on le redouble. "Tutucurin, ville de cent mille habitans, partie chrétiens, et partie gentils. Let. Édif. = On dit aussi en partie. "Il en est caûse en partie. On le redouble aussi quelquefois. "L' armée était composée en partie de Français, en partie d' Espagnols.

PARTIEL


PARTIEL, ELLE, adj. [Parci-èl, èle: 3e è moyen. 4e e muet.] Qui fait partie d' un tout. "Les sommes partielles. _ L' usage de ce mot n' est pas étendu.

PARTIR


PARTIR, v. n. [Parti.] Je pars, nous partons, je partois, ou partais; je partis; je suis parti; je partirai; je partirois, ou partirais;pars; que je parte; je partisse; partant, parti. = Quelques-uns, ou par ignorance, ou par inadvertance, disent j' ai parti, au lieu de, je suis parti. "Il n' arriva qu' un jour après, quoique le premier eût (fût) parti deux jours auparavant. Anon. Ce verbe prend toujours être pour auxiliaire dans ses tems composés.
   PARTIR, c' est se mettre en chemin, comencer un voyage. "Il vient de partir pour Paris. "Il partira demain. Il est parti la semaine passée. = Avec la négative et la prép. de, il signifie ne pas bouger d' un endroit. "Il ne part point de l' Église. Trév. = L' Acad. avait mis: il n' a point parti de là depuis trois heures. À~ ce compte là, partir prendrait, en ce sens, l' auxiliaire avoir; mais on a retranché cet exemple dans la dernière édit. = Ce verbe régit la prép. de pour le lieu qu' on quitte, et pour avec l' acusatif pour l' endroit où l' on va. "Il est parti de Paris pour Rome. * Le P. Bârre met à la place du 2d régime la prép. à "Le Pape fit partir aussi Brunon à Cologne. Hist. d' Allem. Dites, pour Cologne.
   PARTIR se dit aussi des chôses inanimées. = Sortir avec impétuosité. "La bombe qui part du mortier, la foûdre de la nûe. "Le trait partit avec tant d' impétuosité que etc. "J' ai vu partir le coup. = Tirer son origine de... "Tous les nerfs partent du cerveau, toutes les artères du coeur. = Figurément, en chôses morales, émaner: "Cela part d' un bon coeur, d' un mauvais principe, de bonne main. = Figurément, aussi, apliqué aux persones, conclure, se prévaloir de... "Rollon partit de cette convention pour les soumettre (les divers Comtes, qui s' étaient partagés la Bretagne) et pour exiger leur hommage. Moreau. = À~ partir de, en començant à... "À~ partir du règne de Louis le Bègue, on ne voit plus aucune trace de la juridiction des Missi. MOREAU. "Ils n' ont été admis à un partage dans les bénéfices, qu' à partir d' une somme supérieure de quelques millions au prix du bail. Necker. = Cet adverbe est un néologisme. Il parait plus du style familier que du haut style.
   PARTIR est s. m. en termes de Manège. "Le partir du cheval. "Faites atention au partir.

PARTISAN


PARTISAN, s. m. [Partizan.] 1°. Celui qui est du parti de quelqu' un. "Les partisans de Voltaire. "Chacun a ses partisans. = 2°. Celui qui fait un traité avec le Roi pour des afaires de finance. "Riche partisan. On dit aussi Traitant. = Les Partisans et les Traitans ont été odieux dans toutes les nations, souvent injustement. = 3°. Oficier qui mène habituellement des partis à la guerre. "Habile, courageux Partisan.
   Rem. 1°. Partisan (n°. 1°.) est beau au figuré.
   Non, non, sans le secours des Filles de Mémoire,
   Vous vous flatez en vain, partisans de la gloire,
   D' assurer à vos noms un heureux souvenir.
       Rousseau.
= 2°. Ce substantif n' a point de féminin: On ne dit pas partisane. M. Linguet l' a hazardé, et je ne saurais l' en blâmer. "Cratès, vieux laid et bossu, trouva une partisane jeune et jolie, aux yeux de qui le zèle de la science changea ses défauts en agrémens. = 3°. Vertot done à partisan le sens de partie adverse, d' acusateur. "Fabius et Valerius, qui se rendirent partisans (parties ou acusateurs) dans cette afaire. Révol. Rom. = 4°. Un Traducteur de Swift emploie ce mot sans régime, pour signifier un homme de parti. "Je voudrois bien que quelque partisan me donnât une raison plausible pourquoi, etc. On ne le dit qu' avec le régime. "Partisan d' une sècte, d' une opinion, etc.

PARTITIF


PARTITIF, IVE, adj. Article partitif, préposition partitive. Voy. ARTICLE IV, p. 166.

PARTITION


PARTITION, s. f. [Parti-cion.] Toutes les parties d' une pièce de Musique, réunies ensemble, et placées l' une au dessous de l' aûtre. "Il a tous les opéra nouveaux en partition.

PARVENIR


PARVENIR, v. n. [2e e muet. = Il se conjugue comme venir.] 1°. Arriver au terme. l' Acad. ajoute avec dificulté: mais cela n' est pas de l' essence de ce mot, ce me semble, quoique le plus souvent cette circonstance s' y troûve. "Il ne put parvenir au haut de la montagne. "Je n' ai pu, tant la foule étoit grande, parvenir jusqu' à lui. = Il se dit quelquefois des chôses. "J' espère que ma lettre parviendra jusqu' à vous. "Son nom est parvenu aux oreilles du Roi. = 2°. Obtenir ce qu' on souhaite. "Parvenir à une charge, à une dignité, à un emploi. = Il régit à devant les noms et les verbes. "Il est parvenu au plus haut rang. "Il n' a jamais pu parvenir à être riche. "Si les Architectes s' apliquoient à l' invention que je leur conseille (d' un nouvel ordre d' Architectûre) et s' ils parvenoient à en remplir l' objet, ils s' assureroient une gloire immortelle. L' Ab. Laug. _ 3°. V. n. Sans régime. S' élever en dignité, ou faire fortune. "Il a pris le bon moyen de parvenir. "Il est trop honête homme: il ne parviendra point. "Il veut parvenir, à quelque prix que ce soit.

PARVENU


PARVENU, s. m. [2e e muet.] Homme, qui a fait une fortune subite. Voy. PARVENIR, v. n. n°. 3°. "C' est un parvenu, un nouveau parvenu. "Cette dignité ne rend au nouveau parvenu ni sa bonhommie, ni ses autres vertus. Ann. Litt.

PARVIS


PARVIS, s. m. Chez les Juifs, l' espace, qui était autour du Tabernacle. = Chez les chrétiens, place devant la grande porte d' une Église. Il se dit principalement en parlant d' une Église Cathédrale. Acad.

PARûRE


PARûRE, s. f. [2e lon. 3ee muet.] Ce qui sert à parer. "La parûre d' une femme. "Elle n' a pas besoin de parûre. "La parûre ne lui sied pas bien. "Parûre de diamans, de rubis, etc. = Fig. style simple. "Tout est de même parûre (de même caractère) dans la conduite de cet homme, dans cet ouvrage. = Il se dit ordinairement par mépris et en critiquant.

PâS


PâS, s. m. [ et devant une voyèle pâz: l' â est long.] 1°. Le mouvement que fait un animal, en mettant un pied devant l' aûtre pour marcher. "Le pâs d' un homme, d' un cheval. "Compter ses pâs: marcher à pâs comptés. = 2°. Allées et venûes que l' on fait pour quelque afaire. "Il a fait bien des pâs pour ce mariage, pour cet acomodement. = 3°. Le vestige que laisse le pied d' un homme, d' un animal, en marchant. "Le pâs d' un homme, d' un cheval, d' un boeuf. = 4°. Espace, qui se trouve d' un pied à l' autre, quand on marche, et qui sert de mesûre. "Pâs comun: pâs géométrique. "D' ici à cet endroit, il n' y a pas plus de cinq cens pâs. = 5°. Passage étroit et dificile dans une valée, dans une montagne. "Le pâs de Suze. = Le pâs de Calais, le détroit entre Calais et Douvre. = Mauvais pâs; endroit où il est dangereux de pâsser, sur--tout à cheval ou en voitûre: "Il y a là un mauvais pâs. = 6°. Le seuil de la porte. "Être sur le pâs de la porte. = Marche d' un degré. "Il y a quatre pâs à monter à ce perron. = 7°. En termes d' arts: pâs d' une vis, l' espace compris entre les deux filets d' une vis. En Horlogerie, pâs de fusée, chaque tour qu' elle fait.
   PâS, fournit à quelques expressions adverbiales et à quelques aûtres, qui sont familières ou proverbiales. = Pâs à Pâs: il le suit pâs à pâs. À~ petit pâs: lentement: j' irai à petits pâs. = À~ grands pâs; marcher à grands pâs. = À~ pâs lents, lentement: les boeufs fatigués marchoient le cou penché, d' un pâs lent et tardif. Télém. _ Gresset dit à pâs pesants, qui n' est pas aussi usité, ni d' une métaphôre aussi juste. "Ils descendent le long de la colline, d' un pâs rapide et allongé. Jér. Dél. De ce pâs, tout de suite. "J' y vais de ce pâs. = Pâs de clerc, fausse démarche. = Faux pâs, au figuré, faûte, demarche honteûse. "Le mari... devenoit le ridicule objet du mépris, au premier faux pas, que faisoit Madame. Marm. _ * Remarquez que faux pâs, quoique composé de deux mots, ne forme qu' un seul et même substantif, comme petit maître, et qu' ainsi l' on doit dire des faux pâs, et non pas, de faux pâs, comme on dit, des petits-maîtres, et non pas, de petits-maîtres. "Les critiques peuvent l' empêcher de faire des faux pâs dans une carrière, où des talens perfectionés le feront paroître avec distinction. Ann. Litt. = Pâs, afaire délicate. "Se tirer d' un pâs dificile. = Faire un pâs en arrière, reculer. _ Retourner sur ses pâs, d' où l' on vient. = Marcher sur les pâs de, expression figurée, bonne pour tous les styles. "Votre enfant marchera sur les pâs de son oncle. Sév. Il l' imitera. = Faire des pâs, des progrês: "Le succès, que les Romains eurent contre Philipe, fut le plus grand de tous les pâs qu' ils firent pour la conquête générale. Montesq. = Franchir le pâs, (st. famil.) faire une chôse, à laquelle on ne pouvoit se déterminer. "Vous êtes engagée trop avant pour reculer (sur la pluralité des Mondes) il faut franchir le pâs de bone grâce. Fonten. = On dit, dans le même sens, en faire le pâs: "M. Jurieu en a fait le pâs, dit Bossuet, c. à. d. il s' est avancé jusqu' à l' avouer. = Tourner ses pâs vers. * Voitûre dit, retourner, qui n' est pas de l' usage actuel. "En quelque lieu, qu' elle retournât ses pâs, elle tiroit avec elle (elle attiroit) les yeux et les coeurs de toute l' assemblée. = Avoir, ou doner le pâs, la presséance. _ L' Ab. Prévôt dit acorder le pâs. = Baiser les pâs de quelqu' un, lui témoigner la plus vive reconoissance. "Mon fils devroit baiser les pâs que je fais dans cette allée. Sév.
   PAS; particule négative [ et devant une voyèle pâz: l' â est long: il convient pourtant de ne pas le marquer de l' accent circonflexe, pour le distinguer de pâs, subst. masc.] Pas ou point se joignent ordinairement à la particule négative ne, mais ils se mettent aprês le verbe. "Je n' aime pas cette façon de parler. "Je n' en veux point; et dans les tems composés entre l' auxiliaire et le participe: je n' ai pas dormi, il n' est point venu. Ils sont mieux placés devant qu' aprês l' infinitif.
   Aux menaces d' un fourbe on ne doit dormir point.
       Mol.
La transposition est dûre, même en vers. "O Dieux! il falloit ou ne le montrer pas aux Hommes, ou ne le leur enlever jamais. Télém. "La forte résolution où il est de ne lui doner pas sa fille. Madame Dacier, Traduct. de TÉRENCE. Ne le pas montrer, ne lui pas doner, seraient mieux à mon avis. = Il y a pourtant des ocasions, où point fait fort bien aprês l' infinitif. "Platon ne laissoit aux femmes, pour toute gloire, que celle de n' en avoir point. FLÉCH. = Point se met quelquefois aussi aprês le nom substantif, qu' il régit, mais seulement dans le style familier.
   Belle tête, dit-il; mais de cervelle point.
       La Font.
I. On suprime pas ou point. 1°. Devant ni, rien, jamais, plus, aucun, parce que ces mots portent avec eux-mêmes la négation. "Je ne l' aime, ni ne l' estime: il n' est ni bon ni mauvais: il ne vaut rien: je ne le verrai jamais: je ne lui pardonerai plus; il n' en est aucun, etc. _ Il est surprenant que M. l' Ab. Du Bôs ait manqué à cette règle: "Ni les uns ni les autres ne sont pas suivis d' aucun mouvement propre. Retranchez pas. = 2°. On le suprime aussi devant aûtre. "Il ne voulut d' aûtre règle que sa fidélité, d' aûtre but que l' utilité publique, d' aûtre récompense que la gloire de bien faire. Fléch. Or. Fun. de M. de Turenne. Mais, quoiqu' on retranche pas ou point, il faut toujours mettre la prép. de, qui est leur régime, et qui le devient alors de la négative ne. * Le même Auteur la suprime mal-à-propôs âilleurs. "Il ne vouloit aûtre récompense des services qu' il rendoit à la Patrie que l' honneur de l' avoir servie. Il faloit d' aûtre récompense, comme à la phrâse ci-dessus. Cette supression de la prép. de avec aûtre n' est bone que dans le discours familier. = * Cet illustre Écrivain suprime aussi pas avec âilleurs. "Nous ne devons chercher âilleurs que dans le dérèglement de nos moeurs toutes les causes de nos misères. Il me semble que l' usage demande avec cet adverbe les négatives pas ou point. * Bossuet et La Fontaine retranchent aussi pas devant le verbe Daigner. "Je ne daignerai répondre.
   L' animal aux têtes frivoles
   Etant fait à ces traits ne daïgna l' écouter.
Cela est moins mal dans une Fable, que dans un discours sérieux, en prôse. = Voy. ÔSER avec lequel on retranche pas plus régulièrement. = 3°. Avec qui interrogatif, on le suprime: "Qui ne le reconoit?
   Qui ne court après la fortune?
       La Font.
M. Servan le retranche devant que relatif et interrogatif. "Que ne peut un grand Homme, quand il est sûr du courage et de la vertu de ses concitoyens? Discours sur les Moeurs; et La Fontaine devant de quoi aussi interrogatif.
   De quoi ne vient à bout.
   L' esprit joint au desir de plaire?
Cela est quelquefois plus animé que de dire, que ne peut pas? De quoi ne vient pas à bout? comme l' usage l' exige ordinairement. = 4°. On les retranche aussi aprês les pronoms relatifs, suivis du subjonctif: "Est-il quelqu' un, qui ne le sache? "Il n' y a pas un Auteur éclésiastique, on ne troûve. = Devant que signifiant seulement: "Je ne ferai que ce qu' il lui plaira, "c. à. d. je ferai seulement ce qu' il lui plaira. Regnard a péché contre cette règle.
   Ils ne répondent point que par monosyllabes,
Point est de trop en cet endroit; et Mascaron. "Ce sont des chôses si délicates qu' il ne faut pas les toucher, ce semble, que par la pointe de l' esprit. _ Retranchez pas. = Après que, signifiant pourquoi ne: "Que ne parlez-vous? c. à. d. pourquoi ne parlez-vous pas? = Aprês si, à moins que et les aûtres conjonctions du même sens: si vous ne l' ordonez: à moins que vous ne le souhaitiez. = 5°. Aprês les verbes nier, dire, penser, croire, imaginer, se persuader et autres semblables, employés dans une phrâse négative, on met ne sans pas ou point après la conjonction que, régie par ces verbes. "Persone ne peut nier que ce ne soit la véritable caûse du progrès de la secte. Boss. "Je ne dis pas que vous n' ayiez pu le faire. "Je ne pense pas que vous ne dussiez le dire, etc. etc. = Pour les verbes, qui expriment la crainte, c' est dans la phrâse afirmative que se fait ce retranchement de pas ou point; mais il faut remarquer qu' on ne les retranche qu' en parlant d' un éfet qu' on ne souhaite pas: je crains qu' il ne vienne; et que si l' on craint que ce qu' on souhaite n' arrive pas, on doit ajouter pas ou point: je crains qu' il ne soit pas écouté. = 6°. On les suprime aussi d' ordinaire avec les verbes pouvoir, savoir (quand il signifie pouvoir) ôser, etc. "Je ne puis le faire, je ne saurais y consentir; il n' ôserait l' entreprendre. Avec le premier et le dernier, on pourrait mettre pas; je ne puis pas, il n' ôserait pas, etc. mais l' autre façon est ordinairement meilleure. = 7°. * Bossuet suprime pas ou point après afin que et devant tant: "Afin qu' on ne pense. Ajoutez pas. "Les Suisses furent scandalisés de la conférence de Luther non tant (non pas tant) à cause que le Diable y paroissoit comme Docteur, que etc. Mallebranche au contraire le met aprês plus comparatif. "Doner à l' esprit plus d' étendue qu' il n' a pas. Dites qu' il n' a. Voy. PLUS. = 8°. Avec les noms de nombre, joints à la prép. de, ou à la conjonct. que on retranche aussi pas ou point; je ne le verrai de dix jours: il y a dix jours que je ne l' ai vu. Observez pourtant sur le 2d exemple que la remarque ne vaut que lorsque le verbe, qui suit il n' y a, est au prétérit; car, s' il était en tout aûtre tems, on mettrait pas ou point. "Il y a un mois que je ne lui parle pas. "Il y avoit un an que je ne le voyois pas. BUF. = 9°. Il y a des ocasions où pas doit être répété: "Après tout ce que vous avez fait pour moi, je ne puis pas n' être pas votre serviteur. Je ne puis pas n' être, ou, je ne puis n' être pas, ne seroit pas françois. MÉN. Mais aussi, je ne puis pas n' être pas choque l' oreille; parce que les deux pas sont trop proches l' un de l' aûtre. Il faut alors prendre un autre tour, ou mettre quelque chôse entre les deux négations. = Si l' on mettait pas avec point: (je ne puis pas n' être point, ou, je ne puis point n' être pas) cela serait encôre plus choquant pour l' oreille. = 10°. Quelques Auteurs ont employé pas ou point sans l' autre négative ne, ce qui est contre l' usage. "La navigation jusqu' à Canton devoit se faire à travers des mers pas trop bien conûes. Voy. D' ANS. Il falait, qui n' étoient pas, etc. M. l' Ab. de Lille l' a suprimée aussi, mais c' est en vers et en interrogation. Voy. NE.
   Voyez-vous point s' enfuir les hôtes du bocage.
       Jardins.
II. Il est dificile de doner des règles pour le choix entre pas ou point: il faut l' aprendre de l' usage et se souvenir que point nie bien plus fortement que pas. VAUG. = Voici pourtant quelques règles que done là-dessus l' Ab. REGNIER. = 1°. Dans les phrâses de pure négation et de pure prohibition, on se sert plus ordinairement de pas que de point. "Il ne veut pas; il ne prétend pas. Ne le faites, ne le croyez pas. = 2°. Lorsque ces deux particules régissent le génitif (la prép. de.) on se sert indiféremment de l' une ou de l' aûtre. "Il n' a pas, ou, il n' a point d' argent. = 3°. Dans les interrogations, point marque un doute, et pas une croyance positive: "Ne l' avez-vous point vu? Ne l' avez-vous pas vu? = 4°. On peut se servir de point à la place de non, pour répondre négativement à une interrogation: pas n' est alors de nul usage. "En est-il d' acord? point: point du tout. _ Avec du tout, on pourrait se servir de pas: mais on ne pourrait le dire tout seul. 5°. Point ne sympathise pas avec plus. "Il n' y a point plus de réalité dans les aûtres destructions et revivifications que les Alchimistes font soner si haut. Hist. du Ciel. On doit dire: il n' y a pas plus, etc. Voy. à sa place, dans l' ordre alphabétique, POINT, particule négative.
   III. Pas et point demandent l' article indéfini, ou comme s' expriment d' autres gramairiens, la prép. de sans article. "Il n' a pas ou point de pain, de vin, de viande, d' argent, et non pas du pain, du vin, de la viande, de l' argent, comme disent les Gascons.
   IV. Ce n' est pas que, et non pas que régissent le subjonctif: "Ce n' est pas que je veuille; non pas que je prétende blâmer ceux qui pensent aûtrement. Mon intention est seulement de rendre raison de mon opinion.

PASCAL


PASCAL, ou PASCHAL, ALE, adj. [L' Ac. met le 1er: l' ancien Trév. met l' aûtre, l' h est inutile: on a bien fait de la retrancher.] Qui apartient à la pâque; l' agneau pascal; à la fête de Pâques; cierge, devoir pascal; comunion pascale.
   Rem. Le masculin n' a pas ordinairement de pluriel. On dit seulement cierges pascals et non pas pascaux.

PASQUIN


PASQUIN, s m. PASQUINADE, s. f. [pas--kein, kinade.] On apèle pasquinade, une râillerie satirique et elle tire son nom d' une vieille statûe mutilée, qui est à Rome et qu' on apèle on ne sait pas trop pourquoi Pasquin, et à laquelle on a acoutumé d' atacher ces sortes de satires. "Faire une pasquinade, des pasquinades. = On a dit aûtrefois pasquil pour pasquin, et pasquin pour pasquinade. "Je n' eusse pas cru, dit Voiture qu' on dût faire un jour des pasquins contre moi.

PASSABLE


PASSABLE, adj. PASSABLEMENT, adv. [Pa-sable, bleman: 3e. dout. au 1er, 4e e muet.] Passable, qui peut pâsser, qui peut être admis, comme n' étant pas mauvais dans son espèce. Passablement, d' une manière suportable, en telle sorte qu' on peut s' en contenter. "Vin passable. "Ces vers sont passables. "Cette femme n' est pas jolie, mais elle est passable. "Ce vin est passablement bon. "Il s' est acquité de cette commission passablement bien, assez passablement.

PASSADE


PASSADE, s. f. [Pa-sade: dern. e muet.] 1°. Passage d' une persone dans un lieu où elle fait peu de séjour. "Faire une passade, une visite de passade. _ Madame de Sévigné, reprenant sa lettre interrompûe, dit à sa fille: "Je reviens à la passade, pour vous dire encôre une fois que vous ne soyiez point en peine de ma jambe. = 2°. Une passade (st. famil.) une fois en pâssant: "Cela est bon pour une passade; mais n' y retournez plus. = 3°. Aumône demandée par les pâssans, ou faite aux pâssans: demander, doner la passade. = 4°. En termes de Manège, course d' un cheval, qu' on fait pâsser et repâsser plusieurs fois sur une même longueur de terrein.

PASSAGE


PASSAGE, s. m. PASSAGER, ÈRE, adj. et subst. [Pa-sage, , gère: 3e e muet au 1er, é fer. au 2d, è moy. et long au 3e.] Passage, est 1°. L' action de pâsser. "Le passage de la mer rouge, de la rivière; le passage d' une armée, des câilles, des bécasses. Remarquez que dans le 1er exemple, il se dit de ce qui est pâssé, traversé et dans le 2d de celui qui pâsse, qui traverse. = Il régit quelquefois de du lieu que l' on quite et à de celui où l' on va. Il se dit avec ces régimes sur-tout dans le moral. "Le passage d' une vie mondaine à une vie chrétiène est dificile et pénible. = 2°. Le lieu par où l' on pâsse. "Ôtez-vous du passage. "Il l' atendit au passage. "Doner, livrer passage (sans article) Boucher, fermer, défendre, tenter, ocuper, disputer le passage, un passage; se saisir, s' emparer des passages, etc. = 3°. Le droit qu' on paye pour passer une rivière, un pont. "Ce passage apartient à un tel Seigneur. "Payez le passage ou votre passage. = 4°. Endroit d' un Auteur qu' on allègue. "Citer, aporter, expliquer, un passage de la Sainte Écriture, de St. Augustin, de Cicéron, etc. = 5°. En termes de Musique, roulement de voix d' une note à l' aûtre. _ Dans le Manège, alûre mesurée et cadencée du cheval.
   PASSAGER, en parlant des chôses est adjectif: qui est de peu de durée: les plaisirs du monde sont passagers. Fleurs Passagères. Douleur passagère. = En parlant des oiseaux, qui ne fait que pâsser, qui ne s' arrête point: "Les hirondelles, les grûes sont des oiseaux passagers. = En parlant des hommes, il est substantif; qui ne s' embarque sur un vaisseau que pour pâsser en quelque lieu. On distingue les passagers dans un vaisseau des gens de l' équipage. = Les Dictionaires ne mettent point le féminin. Je crois qu' on peut l' employer en quelques ocasions. "Les passagères sont fort embarrassantes dans un Navire. = Passager difère de passant, en ce que celui-ci ne se dit que de celui, qui voyage par terre et qui ne fait que pâsser en plusieurs lieux sans s' arrêter dans aucun: celui-là se dit de celui, qui voyage par mer et reste sur le vaisseau tout le tems du voyage. M. Valmont de Bomare a mis l' un pour l' aûtre. Il dit, parlant des fameux glaciers de Grindelwald en Suisse: "Il s' y forme de tems en tems des fentes par les éforts de l' air comprimé, et lorsque cela arrive, on entend au loin un bruit horrible, et les passagers sentent sur le lac un moûvement semblable à celui d' un tremblement de terre. _ On ne navigue pas sur un étang glacé: on y marche, ou l' on y est traîné; et l' Auteur avait dit plus haut que les habitans du pays passent par dessus pour abréger leur route. Ce sont donc des passans et non des pâssagers.
   PASSAGER, se dit quelquefois adjectivement des persones, et alors il a le sens de passant. "Je ne fais pas ma demeure dans cette ville: je n' y suis que passager. "Les Hommes ne sont que passagers sur la terre.

PASSAGèREMENT


*PASSAGèREMENT, adv. [Pa-sagère--man: 3e è moy. et long, 4e e muet.] En pâssant. Peu de tems. = Cet adverbe est un néologisme. On s' est long-tems contenté de le dire en conversation. Depuis quelque tems on a comencé de l' écrire: l' usage en est encôre douteux. "S' il n' étoit pas confirmé, il n' entreroit plus au Conseil; mais il jouiroit des honneurs attachés au poste, qu' il auroit ocupé passagèrement. RAYN.

PâSSANT


PâSSANT, ANTE, adj. [Pâ-san, sante: 1re et 2e lon.] Quoiqu' avec la terminaison active, cet adjectif verbal a le sens passif: il ne se dit pas de celui qui pâsse, mais de l' endroit où l' on pâsse fréquemment. "Dans le rang que vous tenez dans la plus brillante et la plus passante Province de France, joindre l' économie à la magnificence d' un Gouverneur, c' est ce qui n' est pas imaginable. Sév. = Pâssant aime à suivre le substantif, mais ici à caûse du superlatif et du voisinage de brillant, il précède élégamment. = L' Acad. ne met que chemin pâssant, rûe pâssante. Je crois pourtant qu' on peut dire, Ville, Province pâssante, où il aborde beaucoup d' Étrangers, de Voyageurs.
   PâSSANT, en parlant des persones, est Subst. masc. Qui pâsse chemin. "Un paûvre pâssant. Cabaretier qui vend du vin, qui done à manger aux pâssans. Voleur qui détroûsse les pâssans. Voy. PASSAGER.
   EN PâSSANT, adv. En chemin faisant; Trév. ou mieux, faisant chemin; Rich. Port. "Je n' ai vu cette ville qu' en pâssant; et figurément, je vous done cet avis en pâssant. Trévoux.

PASSATION


PASSATION, s. f. [Pâ-sa-cion; 1re lon.] Terme de Pratique: l' action de pâsser un contrat, etc. "La pâssation d' un acte, d' un contrat, etc.

PâSSAVANT


PâSSAVANT, s. m. Billet portant ordre de laisser pâsser librement les denrées et marchandises qui ont déjà payé les droits, ou qui en sont exemptes.

PâSSE


PâSSE, s. f. [Pâce: 1re lon. 2e e muet.] En termes d' Escrime, l' action par laquelle on pâsse sur celui contre qui on fait des armes. = Aux jeux de billard et de mail, l' archet ou porte par laquelle il faut faire pâsser sa bille ou sa boule. "Être, se mettre, venir en pâsse. "Fig. (style fam.) Être en pâsse, en état de: "Il est en pâsse de devenir Évêque, Maréchal de France. "Son mérite, sa naissance le mettent en pâsse de, etc. "Il est en pâsse de faire fortune. "Il est en belle pâsse. RÉFLEX. = Quelqu' un a dit d' un grand homme: "Il auroit vu ses fils en pâsse de le remplacer. L' expression n' est pas assez noble pour le discours soutenu. = Il ne régit point les noms.
   * Et la faveur du Duc, je me vois en pâsse,
   Du Prince, dans son tems, m' anonce la disgrâce.
       Du Cerc.
  PâSSE, adv. À~ la bonne heure. "Pâsse pour cela! Pâsse pour la première fois. "Pâsse encore, si je n' étois que fessé: je l' ai été chez les Bulgares. Volt.
   Qu' un sot afflige nos oreilles,
   Pâsse encor, ce n' est pas merveilles;
   Le don d' ennuyer est son lot.
   Mais Dieu préserve mon ouïe
   D' un homme d' esprit, qui m' ennuie;
   J' aimerois cent fois mieux un sot.
   PâSSE entre dans la composition de quelques mots. = Pâsse-dix, jeu qui se joue avec trois dés, où celui-là gâgne, qui amène plus de dix. = Pâsse-droit, grâce qu' on acorde à quelqu' un contre le droit, sans tirer à conséquence. = Il se dit sur-tout quand c' est au préjudice d' un aûtre. Voy. COMPèRE, à la fin. Voy. plus bâs: Pâsse-fleur, Pâsse-parole, Pâsse-partout, etc.

PâSSÉ


PâSSÉ, ÉE, adj. [Pâcé, cé-e: 1re lon. 2e é fer. long au 2e.] Il ne se dit qu' avec les mots qui expriment le tems: le mois pâssé, l' année pâssée. "Le tems pâssé n' est plus, dit Racine dans Athalie. = S. m. "Le pâssé, le présent et l' avenir; tout trouble, tout désole le pécheur à l' heure de la mort. = Remarquez pourtant que quoique pâssé soit substantif dans de pareilles phrâses, il n' a pas le droit des autres noms, de pouvoir se combiner avec des pronoms; et que, quoiqu' on dise, le pâssé, on ne dit pas, un pâssé, ce pâssé. "Daignez oublier (ô mon Dieu) un pâssé, qui me fait rougir et qui vous offense. P. Griffet, Ann. du Chrét. _ Pâssé, partic. ne s' emploie point adjectivement. * "Parmi les infortunes des Anglois, qui s' étaient acrûes, le peu d' afection pour le Gouvernement, et le caractère de perfidie, pâssé jusque parmi la Noblesse, n' étoient pas les moins dangereux. Hist. d' Angl. _ Je crois qu' il faut dire, qui avait pâssé, etc.
   PâSSÉ, tems des verbes. Voy. Prétérit.
   PâSSÉ, prép. Excepté. "Pâssé ce point, l' inconu devient un père absolument hors d' oeuvre dans la caûse. Linguet. = Au de--là: "Pâssé le 60e degré de longitude et avant le 25e de latitude, point de blé ni de pain. Id. "Pâssé ce degré (de parenté) les femmes n' ont aucune préférence. Moreau.

PâSSÉE


PâSSÉE, s. f. [Pâcé-e: 1re lon. 2e é fer. et long, 3ee muet.] Action de pâsser, en parlant des bécasses. "Tuer des bécasses à la pâssée.

PâSSE-FLEUR


PâSSE-FLEUR, s. f. Anémone.

PâSSEMENT


PâSSEMENT, s. m. PASSEMENTER, v. act. PASSEMENTIER, IèRE, s. m. et f. [Pâ--ceman, manté, tié, tiè-re: 1re et 3e lon. 2ee muet, 4e é fer. au 2e et au 3e, è moy. et long au 4e.] Le 1er se dit d' un tissu de fil d' or, de soie, de laine, etc. qu' on met par ornement sur des meubles ou des habits: le 2e, de l' action de chamarrer de passemens: le 3e, de l' artisan qui les fait, ou du marchand qui les vend.

PâSSE-PAROLE


PâSSE-PAROLE, s. f. Comandement ou avis qu' on fait pâsser de bouche en bouche.

PâSSE-PARTOUT


PâSSE-PARTOUT, s. m. Il se dit, et d' une clef qui ouvre plusieurs portes, et d' une clef comune à plusieurs persones pour ouvrir une même porte. = Figurément (st. fam.) L' argent, une belle figûre, une telle recomendation, etc. est un bon pâsse-partout. = On le dit aussi, au figuré, de ce qu' on met à toute sorte d' usages. "Ce Sermon est le pâsse-partout de ce Prédicateur; cette distinction est le pâsse-partout de ce Philosophe, etc.

PâSSE-PâSSE


PâSSE-PâSSE, s. f. Il ne se dit qu' avec tour, des tours d' adresse et de subtilité que font les joueurs de gobelets, les Escamoteurs. "Voilà un beau tour de pâsse-pâsse. _ Alain Chartier dit de la mort:
   Ce n' est pas jeu de pâsse-pâsse,
   Car on s' en va sans revenir.

PâSSE-PIED


PâSSE-PIED, PâSSE-POIL, PâSSE-PORT: Ils sont tous trois masculins. Le 1er se dit d' une espèce de danse, dont le mouvement est fort vîte; le 2d, d' un petit bordé, qui est ordinairement de l' étofe de l' habit, et qui sort un peu des coutures, au-dedans desquelles il est apliqué; le 3e, d' une permission par écrit, donée par le Gouvernement, de passer librement, et qui porte ordre pour la liberté et la sûreté du passage. = Celui-ci s' emploie figurément. "Cet homme porte son pâsse-port avec lui. "Il y a certains adoucissemens, qui servent comme de pâsse-port à l' hyperbole.

PASSER


PASSER, v. act. et neut. [Pâcé: 1re lon. 2 é fer. l' â est sur-tout long devant l' e muet: il pâsse, il pâssera, etc.] Pâsser, en général, c' est aler d' un lieu à un aûtre, et traverser l' espace qui est entre deux. = Quand il a un regime, il prend, dans ses tems composés, l' auxiliaire avoir. "Alexandre a pâssé l' Euphrate: Louis XIV a pâssé le Rhin avec toute son armée, etc. "La Couronne d' Espagne a pâssé à la Maison de Bourbon _ Il se met avec l' auxiliaire être, quand il est sans aucun régime. "L' armée est pâssée, et non pas a pâssé. "Cette fleur est pâssée: nos beaux jours sont pâssés. * Boileau emploie cet auxiliaire être, quoique ce verbe ait un régime, dans ces vers, où parlant à des Nobles entêtés de leurs aïeux, il leur dit: savez-vous si,
   Leur sang tout pur, ainsi que leur noblesse,
   Est passé jusqu' à vous de Lucrèce en Lucrèce.
   Je crois, dit d' Olivet, qu' à pâssé valait mieux. L' Ab. Vertot a fait la même faûte. "Thibaut étoit pâssé dans la Palestine. "D' où ces barbares pouvoient être pâssés dans la Perse. Hist. de Malte. Il faut, avoit pâssé. pouvaient avoir pâssé, etc. * Le P. Barre, (ou son Imprimeur) a fait pis encôre: il a employé l' auxil. être avec pâsser actif. "Dès qu' Arnoul fut pâssé les Alpes, Berenger se remontra. Il faut, eut pâssé. Cette faûte est si grossière, qu' on ne peut se persuader que ce ne soit pas une faûte d' impression. = Pâsser, quoique sans régime, prend l' auxil. avoir, quand il signifie, être reçu. "Ce mot a pâssé. WAILLI. "Cet avis a pâssé à la pluralité des voix.
   PâSSER a plusieurs régimes: 1°. l' acusatif; pâsser une rivière: et figurément, cela pâsse l' imagination; 2°. le datif et l' ablatif: "Cela m' a pâssé de l' esprit, lui a pâssé de la mémoire; 3°. L' ablatif et le datif: pâsser d' un endroit à l' aûtre, de la joie à la tristesse, etc. 4°. Les prép. par, à travers, dans, sur, etc. "Il a pâssé par Lyon, à travers la ville, dans la rûe, sur le pont, etc. 5°. La prép. à devant l' infinitif. "Il pâsse tout son tems à se divertir; 6°. La prép. en: Cela a pâssé en coutume. = Dans ce dernier sens il est neutre: BOSSUET le fait actif. "Il est convaincu par ce seul écrit d' avoir passé la rébellion en dogme: "Leurs rébellions sont passées en dogmes. _ On dirait aujourd' hui, dans le 1er exemple: d' avoir érigé la rébellion en dogme; et dans le 2d, leurs rébellions ont passé en dogmes = 7°. Pâsser pour régit le nominatif: Il p sse pour le fils d' un tel: mais il n' a pas d' autre régime. D' Ablancourt et Vaugelas lui donent le datif pour régime de la persone. "La Patrie même me pâssera pour un fantôme. D' Abl. "Que lui eût su prédire Aristandre, quoiqu' il lui pass t pour un oracle. Vaugelas, Quinte-Curce. N' en déplaise à l' Auteur des Réflexions, dit La Touche, je ne crois pas que cette expression soit aussi noble qu' il dit: elle sent un peu le gasconisme. On dirait aujourd' hui, pâssera, quoiqu' il passât dans mon ou dans son esprit pour, etc. * Corneille et Bossuet le font suivre de l' acusatif et lui donent la signification active.
   J' ai peine à le pâsser pour calomniateur.
"Il faudra donc que nous pâssions pour honnêtes les infamies dont sont pleines les Comédies de Molière. = Cela n' est pas de l' usage actuel. Nous dirions: J' ai peine à le regarder comme calomniateur: il faudra donc que nous consentions à regarder comme honêtes, etc. ou bien que, dans notre opinion, ces infamies pâssent pour honêtes. = 8°. P sser, au figuré, régit, comme au propre, l' ablatif et le datif des noms, et cet ablatif se met quelquefois à la tête de la phrâse: "Du mépris que mille horreurs inspirèreent pour sa persone, on pâssa au mépris de sa dignité. Rayn. = Il régit d' autrefois de et en.
   Et d' apâs en apâs conduisant la victime,
   Il la fait à la fin pâsser de crime en crime.
       Créb.
= 9°. Dans le Dict. Hist. art. le grand Condé, on voit, pâsser régissant l' infinitif sans prép. "Il pâssa à cent lieues de là, se mettre à la tête d' une armée. Afin de rendre le style plus rapide, on a retranché pour: mais il ne faut pas que la rapidité du st. nuise à l' exactitude et à la régularité. L' usage n' acorde pas ce régime à pâsser. = 10°. Pâsser, pardoner régit le datif. "C' est un enfant; il faut lui pâsser quelque chôse. Marm. "Conoissez l' aimable Nation qui vous adopte: elle vous pâssera des vices, jamais des ridicules. L' Ab. Coyer, à une Dame Anglaise, mariée en France. "On pourroit laisser au monde cette foible consolation; et puisqu' il renonce aux vertus des Saints, lui pâsser du moins celles des hommes. Massill. Dans cette dernière phrâse, lui pâsser signifie, lui pardoner de se glorifier de, etc. = 11°. Pâsser sur, au figuré, franchir, surmonter. "Il pâssa sur toutes ces considérations. = 12°. En passer par, être obligé de céder, de consentir. "Il a été obligé d' en pâsser par là. "Les Protestans ayant promis d' en pâsser par tout ce qu' il plairoit aux Ambassadeurs de France. D' Avr. = * Bossuet dit, dans le même sens, y pâsser. "Quand le Synode eut fait la décision, il fallut y pâsser. On dit: en pâsser par là; mais cette locution n' est que du st. fam. "Quand je ne le voudrois pas, il faudroit bien en pâsser par là, de la manière dont vous vous y prenez. Sév. = 13°. Pâsser quelqu' un à, voiturer, transporter, est actif. "Je me garderai bien de vous pâsser à Buenos-Ayrès. Volt. = Pâsser chez, aler chez, est neutre: "Le Marquis et moi avons pâssé deux fois chez vous. Marm. = 14°. * Le Traducteur d' un discours espagnol se sert de pâsser, au lieu de faire pâsser. "Charles II, (Roi d' Espagne) desiroit laisser les vingt-deux Courones de la Monarchie dans sa maison, et se voyoit forcé, en même tems, par la nécessité et la justice, de les pâsser (faire pâsser) à une Branche Française, son énemie. Éloge de Philipe V. = 15°. Pâsser, au propre, est actif en divers sens. _ Faire couler des chôses liquides au travers d' un tamis, d' un linge, d' une passoire. "Pâsser un bouillon, une décoction, etc. Pâsser de la farine. _ Préparer, aprêter. "Pâsser un cuir, une peau, une étofe en couleurs. _ Faire, en parlant des actes. "Pâsser un contrat, une procuration, une transaction. _ Pâsser son habit, le mettre. = Au figuré, omettre, ne point parler de... Pâssez cet endroit, ne le lisez pas. Pâssez cela, on le sait. Pâsser sous silence. = Aprouver, alouer. Pâsser un article; pâsser dans un compte, en compte, à compte. "Je ne puis vous pâsser cet article. _ Pâsser par l' étamine, examiner, ou être examiné sévèrement. Pâsser une chôse au gros sâs; ne l' examiner que superficiellement. Pâsser condamnation, avouer qu' on a tort. _ Pâsser en proverbe, devenir proverbe. Pâsser de mode, n' être plus à la mode. = 16°. Pâsser, mourir, s' il est français, de quoi je doute, est tout au plus de la conversation. "On crut, dit le P. Charlevoix, que le malade alloit pâsser. = 17°. Pâsser et se pâsser se ressemblent fort, et il y a plusieurs endroits où l' on peut mettre indiféremment l' un ou l' aûtre. "Le temps pâsse ou se pâsse; la beauté pâsse, se pâsse, etc. Néanmoins l' un est quelquefois plus propre et plus élégant que l' aûtre. Par exemple, s' il s' agit de la beauté en général, on dira, la beauté pâsse; mais s' il s' agit d' une persone en particulier, on dirait plus proprement et plus élégamment: sa beauté se pâsse. On dit mieux: des couleurs qui se pâssent, que, des couleurs qui pâssent; une mode qui pâsse, que, une mode qui se pâsse; des maux qui pâssent, que des maux qui se pâssent, etc. Pour le tems, si l' on veut seulement exprimer la rapidité avec laquelle il s' échape, sans marquer à quoi nous l' employons, on dit: le tems pâsse, les jours pâssent, les années pâssent. Mais quand on parle du tems, avec raport à l' usage qu' on en fait, on dit: se pâsse. "Une partie de la vie se pâsse à desirer l' avenir, et l' aûtre à regretter le passé. "La vie de la plupart des gens se pâsse dans des visites inutiles ou criminelles. Bouh. = 18°. Se pâsser, s' abstenir, régit de (l' ablat.) il ne peut se pâsser de friandises, de boire des liqueurs. "Il ne peut s' en pâsser. = 19°. Se pâsser de, et se pâsser à, ont des sens diférens: le 1er signifie se priver ou être privé, s' abstenir ou de gré, ou de force; le 2d veut dire, se contenter. "Je me pâsserai de cet habit, cette année: "Je me pâsserai à un seul habit. Th. Corn. = C' est dans ce dernier sens que Fontenelle a dit: Je me pâsserai à (je me contenterai d' ) un peu moins d' éclat. = Selon le Dict. de l' Acad. on dit également: se pâsser de, et se pâsser à, pour dire, se contenter de. "Il se pâsse de peu: il se pâsse à peu: ils se pâssent d' un petit ordinaire. "Il ne se pâssera pas à un si petit ordinaire. _ Pour moi, je suis de l' avis de La Touche; j' aimerais beaucoup mieux, se pâsser de.
   En pâssant. Voy. PASSANT.
   PâSSÉ. Voyez-le avant PâSSÉE, et aprês PâSSE.

PâSSEREAU


PâSSEREAU, s. m. [Pâcero: 1re lon. 2e e muet, 3e dout. au sing. lon. au plur. Pâsse--reaux.] Moineau. On ne se sert guère du 1er qu' en écrivant: dans la conversation, on dit moineau. = Paisse et Pâsse ne valent plus rien du tout, dit Ménage. L' Académie ne condamnait point pâsse, pour signifier la fémelle du pâssereau. Dans les dern édit. elle l' a omis.

PâSSE-TEMS


PâSSE-TEMS, s. m. [Pâcetan: 1re et dern. lon. 2e e muet.] Divertissement; ce qui fait pâsser le tems agréablement. "Se doner du pâsse-tems. "C' est son pâsse-tems ordinaire. "Vous en aurez le pâsse-tems.

PâSSE-VOLANT


PâSSE-VOLANT, s. m. [Pacevolan: 1re et dern. lon. 2e e muet.] Homme qui, sans être enrôlé, se présente à une revûe, pour faire paraître une Compagnie plus nombreuse, et pour tirer la paye au profit du Capitaine. = Figurément, Homme qui s' introduit dans une partie de plaisir, sans payer sa part de la dépense. _ C' est celui qui entre au Spectacle sans payer, quoiqu' il n' en ait ni le droit, ni la permission.

PâSSEUR


PâSSEUR, s. m. [Pâ-ceur.] Celui qui mène un bateau, un bac pour pâsser l' eau. _ M. de Bufon dit, pâsseur de peau. "On a doné le nom de Chamoiseur à tous les pâsseurs de peau. _ L' Acad. ne met pas ce mot en ce sens. Il peut être utile dans des ocasions pareilles.

PASSIBLITÉ


PASSIBILITÉ, s. f. PASSIBLE, adj. [Pa--cibilité, pacible.] Ces deux mots ne se disent que dans le dogmatique, des corps qui peuvent soufrir, éprouver des sensations. "J. C. est venu au monde avec un corps passible. Il s' est soumis à la passibilité de notre natûre.

PASSIF


PASSIF, IVE, adj. PASSIVEMENT, adv. [Pacif, cîve, cîveman: 2e lon. aux 2 dern. dont la 3e e muet.] En Physique, passif est oposé à actif. _ Principe passif, sujet sur lequel travaille l' agent. Qualité passive, qui rend propre à recevoir l' impression du principe actif, de l' agent physique. = En termes de Droit et de Pratique, avoir voix passive, c' est pouvoir être élu; comme avoir voix active, c' est pouvoir élire. = Dette passive, à laquelle on est obligé envers un aûtre, comme dette active ou créance, dette qu' on a droit d' exiger. = En Gramaire, verbe passif, celui qui marque l' action comme reçue dans le sujet; comme quand on dit: Dieu est aimé des hommes. = 1°. La conjugaison du verbe passif est toute simple en français: elle se fait par le moyen du verbe être, aux tems duquel on joint le partic. pâssé du verbe: je suis aimé, j' étais aimé, je fus aimé, j' ai été aimé, je serai aimé, etc. etc. = 2°. On ne peut réduire en passifs que les verbes véritablement actifs. Alors le nominatif du verbe actif, devient régime du passif, et le régime devient nominatif.: "Dieu aime les hommes; les hommes sont aimés de Dieu. = 3°. Le régime du verbe passif est toujours ou l' ablat. (la prép. de) ou par, avec un acusatif: je suis conu du Roi; j' ai été maltraité par mon frère. Le 1er se met ordinairement, quand le verbe exprime une opération de l' âme: la vertu est admirée de tout le monde; vous êtes souhaité de tous vos amis. On emploie par, quand l' action exprimée par le verbe passif, est une action matérielle, ou qui participe de l' âme et du corps. "Rome fut bâtie par Romulus. Votre ouvrage a été loué par d' habiles gens. = Avec le mot DIEU, on met toujours de, pour éviter le juron vulgaire, par Dieu. Voyez DIEU = 4°. Le passif des verbes dont l' actif a deux régimes, a le régime relatif. Par exemple, acuser, a pour régime absolu l' acusatif, et pour régime relatif, la prép. de (l' ablatif): être acusé régira donc l' ablatif. "On l' acûse de plusieurs crimes; il est acusé de plusieurs crimes. On l' acuse, ou il est acusé d' avoir conspiré contre l' État.
   PASSIVEMENT, d' une manière passive. "Plusieurs verbes se prènent passivement.

PASSION


PASSION, s. f. PASSIONÉ, ÉE, adj. PASSIONÉMENT, adv. PASSIONER, v. act. [Pa--cion, cio-né, néman, , 3e é fer.] Passion, est 1°. Soufrance. On ne le dit qu' en parlant de J. C. "La passion de Notre Seigneur. "Il a soufert mort et passion pour nous. _ Cette dernière locution est devenûe triviale, et n' est pas du beau style. _ On dit, proverbialement, soufrir mort et passion, soufrir beaucoup. = Les Médecins donent le nom de passion à certaines maladies. Passion histérique, passion iliaque. = 2°. Moûvement de l' âme, excité par quelque objet; comme l' amour, la haine, la crainte, l' espérance, le désir, etc. = Il régit souvent la prép. de devant l' infinitif: la passion d' acquérir du bien, pour soutenir une vaine dépense corromt les âmes les plus pûres. Télém. = 3°. Avec la prép. pour, il signifie une violente afection. "Il a une grande passion pour les tableaux, pour les médailles. On le dit aussi dans ce sens avec la prép. de. "Il a la passion des médailles, des tableaux. = 4°. Employé absolument et sans régime, il se prend plus particulièrement pour la passion de l' amour. "Déclarer sa passion. "C' est sa première passion. "Cette femme décriée est l' objet de sa passion. = 5°. Il se dit aussi de l' objet d' une passion quelconque. "Le jeu, la chasse est sa passion, sa plus forte passion. = 6°. Dans la Poésie, la Peintûre et la Musique, représentation vive des passions. "Il y a beaucoup de passion dans ce morceau. "Les passions sont bien traitées, bien entendûes, bien touchées dans cette pièce, dans ce tableau.
   De passion, adv. Avec passion. "Elle aime Corbinelli de passion. SÉV. "M. de Nevers est toujours le même: sa femme l' aime de passion. La Même. "M. de Bouillon l' aime de passion et le retient auprès de lui. Madame de Coulanges parlant de son Mari. = M. Rouelle aimoit la chimie de passion et avec enthousiasme. L' Ab. Guénée. _ L' Acad. ne dit point aimer de passion. Je crois qu' avec passion est plus suivant l' usage et l' analogie. Je ne condamnerais pourtant pas l' aûtre dans le stile familier; mais je le blâmerais dans le discours soutenu.
   Rem. Passion, (n°. 1°.) ne se dit aujourd' hui que du Sauveur: nous l' avons remarqué: aûtrefois, on le disoit des Martyrs. "On est touché, quand on voit les Martyrs dans leur passion. BOSS. "La passion de ce Martyr arriva sous Dioclétien. Id. "Les passions des Martyrs étoient écrites et conservées par autorité publique des Églises. Fleuri, Moeurs des Chrét.
   PASSIONÉ, rempli de passion. Il se dit des persones et des chôses, qui ont raport aux persones. "Un homme passioné, un air passione. Quand il se dit des persones, il se dit quelquefois sans régime, mais il régit le plus souvent la prép. pour. "Passioné pour la gloire, pour les richesses. Il gouverne aussi quelquefois le génitif des pronoms: il en est passioné: les spectacles, dont vous êtes si passioné BOUH. = Suivant M. Andry, quand passioné marque l' amour, il gouverne le génitif. "Dès qu' un homme est pasioné d' une femme, il en devient esclave. Réflex. = * Le P. Rapin fait de passioné un substantif: "C' est un passioné, qui met son art à cacher sa passion. On ne dit point, un passioné, mais un homme passioné. * Mallebranche a dit aussi: un passioné émeut toujours, et quoique sa rhétorique soit irrégulière, elle ne laisse pas d' être très-persuasive. * L' Acad. écrivant en corps à M. l' Abbé de Bois-robert, résolut de souscrire: vos très--passionés serviteurs, comme un peu plus civil que très-affectionés et un peu moins que très-humbles, etc. PELLISSON. Hist. de l' Acad. = Cela serait ridicule aujourd' hui.
   PASSIONÉMENT, avec beaucoup de passion. "Aimer passionément: désirer passionément. "Être passionément amoureux de... Il ne se dit que de l' amour et du désir. Acad.
   PASSIONER, actif, pour aimer avec passion, est très-mauvais; mais se passioner, pour est excellent: il se passione pour tout ce qui est nouveau. L' actif passioner a un aûtre sens, où il est usité; et c' est quand il signifie, raconter, déclamer, chanter d' une manière animée et passionée. "Cet Acteur a passioné ce monologue, de manière à~ tirer des larmes de tous les yeux. Bouh. "Ce Musicien passione tout ce qu' il chante. "Il passione bien un air, un récit. Acad. "La voix de Mentor n' avoit aucune douceur efféminée, mais elle étoit flexible, forte, et elle passionoit les moindres chôses. Télém. = Quelques-uns ont voulu introduire, à la place, sentimenter, mais celui-ci n' a pas fait fortune. = Depuis peu, on a employé passioner dans une aûtre acception, intéresser fortement. "On l' a surpris si souvent (VOLT.) en contradiction avec cette intrépide vérité, qui selon lui le passione. SABAT. Trois siècles, etc. "Une âme que les grandes vertus ont droit de passioner. = Neuville l' emploie, en ce sens, neutralement. "C' est la réflexion, qui remûe, qui atendrit, qui passione. Il sous-entend, l' âme, le coeur. = L' Acad. ne met pas ce verbe avec cette signification, qui me parait três-bonne et três--belle.

PASSIVEMENT


PASSIVEMENT, Voy. PASSIF au comencement et à la fin.

PASSOIRE


PASSOIRE, s. f. [Pa-soâ-re: 2e lon. 3e e muet.] Ustensile de cuisine et d' apothicairerie. C' est un vaisseau de cuivre, d' étain, ou de fer blanc, percé d' un grand nombre de petits trous, qui sert à pâsser des légumes pour en tirer la purée, des groseilles et autres fruits, pour en exprimer le jus.

PASTEL


PASTEL, s. m. [2e è moy.] Crayon fait de couleurs pulvérisées. "Dessiner au pastel: peindre en pastel. = On apèle aussi pastel ce qui est peint au pastel. "Voilà un beau pastel. "Il a des pastels de toute la Cour: il a toute la Cour en pastel, c. à. d. des portraits au pastel de toutes les persones de la Cour.

PASTENADE


PASTENADE. Voy. PANAIS.

PASTèQUE


PASTèQUE, s. f. [Pastèke: 2e è moy. 3e e muet.] Melon d' eau; fruit qui est très--rafraichissant. Il ne mûrit que dans nos Provinces méridionales.

PASTEUR


PASTEUR, s. m. PASTORAL, ALE, adj. PASTORALEMENT, adv. PASTOUREAU, ELLE, s. m. et f. [Pas-teur, toral, rale, rale--man; pas-tou-ro, rèle: 4e e muet au 3e et 4e.] Pasteur, berger; celui, qui garde les troupeaux. Il ne se dit au propre que des gardeurs de moutons, et dans les Histoires anciènes. = Aujourd' hui, on ne le dit qu' au figuré. "Les Évêques et les Curés sont les vrais pasteurs, et les fidèles sont leurs ouailles. = Ce mot se dit encore au propre en vers et dans la prôse poétique.
   Pan a soin des brebis, Pan a soin des pasteurs.
       Ségrais.
= M. l' Ab. Du Bos le joint à Bergers. "Les Bergers, et les Pasteurs d' alors étoient libres de ces soins. On ne sait pourquoi il distingue pasteurs de bergers: l' un de ces deux mots sufisait, et c' est berger, qui devoit avoir la préférence. = M. Marmontel dit aussi pasteur au propre: "Trois collines en amphithéâtre, où sont répandûes de loin en loin quelques cabanes de Pasteurs: "L' habitude vous fait des besoins, que n' éprouvent pas les Pasteurs. = Ce mot ne fait point mal dans ces deux phrâses, qui ont un air de poésie antique. = Fénélon l' emploie au figuré en parlant des mauvais Rois: vous êtes donc les loups cruels, et non pas les Pasteurs; ou, vous n' êtes pasteurs que pour tondre et égorger le troupeau. Télém.
   PASTORAL, apartenant au Pasteur. Au propre, chant, habit pastoral, vie pastorale. Au figuré, bâton pastoral, la crosse des Évêques, des Abbés et Abbesses; le soin pastoral des âmes. Sollicitude pastorale: instruction pastorale. = S. f. Pièce de Théâtre, dont les personages sont des Bergers et des Bergères. "Les pastorales ne sont plus à la mode.
   PASTORALEMENT, en bon Pasteur. Il n' a d' usage qu' au figuré. ACAD. "Prêcher pastoralement. Reprendre, corriger pastoralement.
   PASTOUREAU, PASTOURELLE, petit berger, petite bergère. = On n' emploie ces mots que dans des chansonettes.

PASTICHE


PASTICHE, s. m. PASTILLE, s. f. [mouillez les ll au 2d: dern. e muet dans les deux.] Le 1er est le nom qu' on done à certains tableaux, où l' on a imité la manière, le goût, le coloris, etc. d' un peintre. = Le 2d se dit d' une composition de pâte d' odeur, bone ou à manger ou à brûler. "Pastilles de bouche. Pastille à brûler. Pastille d' ambre, de canelle.

PATACHE


PATACHE, s. f. 1°. Vaisseau léger, dont on se sert pour le service des navires, pour aler à la découverte et pour envoyer des nouvelles en diligence. Une patache d' avis. Aujourd' hui il n' est guère d' usage que dans cette phrâse. = 2°. Petit batiment pour la garde des rivières, des passages, où on lève quelque droit.

PATARAFE


PATARAFE, s. f. (style plaisant et moqueur.) Lettres confuses, traits informes. "Cet Écolier, au lieu de faire son exemple, s' amûse à faire des patarafes. "Cette écriture ne se peut lire, elle est pleine de patarafes.

PATARD


PATARD, s. m. [Le d ne se prononce pas.] Petite monaie. "Cela ne vaut pas un patard. St. famil.

PATAUD


PATAUD, AûDE, s. m. et f. [Pato, tôde: 2e dout. au 1er, lon. au 2d.] Il se dit au propre d' un jeune chien, qui a de grôsses pattes. "Quel grôs pataud de chien. = Au fig. famil. grôs enfant potelé, ou, persone grossièrement faite. "Quel grôs pataud! Quelle grôsse pataûde!
   En style proverbial, être à nage pataud, dans l' abondance. "Vous en parlez bien à votre aise, vous qui êtes à nage pataud.

PATAUGER


PATAUGER, v. n. [Patogé: 2e dout. Devant l' e muet, elle est longue: il pataûge, vous pataûgerez: pron. patôge, patôgeré.] Marcher dans une eau bourbeuse. "Patauger dans les chemins.

PATE


PATE ou PATTE, Richelet. Voy. PATTE.

PâTE


PâTE, s. f. PâTÉ, s. m. PâTÉE, s. f. [1re lon. 2e e muet au 1er, é fer. aux deux aûtres, long au 3e.] Pâte, est de la farine détrempée et pétrie pour faire du pain, ou quelque chose de semblable bon à manger. Pâté, est une sorte de mets fait de chair ou de poisson, mis en pâte. Pâtée, pâte faite avec de la farine et des herbes, ou mélange de pain émieté et de petits morceaux de viande, dont on nourrit la volâille.
   Ces mots entrent dans le style fig. familier et proverbial. = Être d' une bone pâte, d' un bon tempérement, ou d' un bon naturel. "C' est la meilleure pâte d' homme. Mettre la main à la pâte, aider les autres à travailler. _ Tandis que vous avez la main à la pâte, c. à. d. tandis que vous êtes en train de servir (à table), de distribuer, etc. = Le Proverbe dit: quand on a mis les mains à la pâte, il en reste quelque chôse aux doigts. Quand quelqu' un a un grand maniement d' argent, il lui en reste ordinairement quelque profit; ce qui s' entend le plus souvent des profits illicites.
   On dit aussi proverbialement, hâcher menu comme chair à pâté. = Hâcher par morceaux, mettre en pièces. = Un gros pâté, un grôs enfant potelé. = Un pâté, une goutte d' encre tombée sur le papier. Voy. CROûTE.

PATELIN


PATELIN, s. m. PATELINAGE, s. m. PATELINER, v. n. PATELINEUR, EûSE, s. m. et f. [Pate-lein, linage, , neur, neû-ze: 2e e muet, 4e é fer. au 3e, lon. au dern.] Patelin et Patelineur ont le même sens; mais le premier n' a pas de féminin: au masculin il est plus usité que le 2d: ils se disent d' un homme souple et artificieux, qui par des manières flateuses et insinuantes fait venir les aûtres à ses fins. "C' est un patelin un vrai patelin; un grand patelineur, une grande patelineûse. C' est l' anciène Comédie de l' Avocat Patelin, qui a enrichi la langue de ces mots. Patelinage, manière insinuante et artificieuse d' un patelin. Pateliner, agir en patelin: toute sa conduite n' est que patelinage: il ne fait que pateliner.
   Rem. Pateliner, est quelquefois actif régissant les persones et les chôses: "Il a si bien pateliné ces gens-là, qu' il les a fait venir à ses fins. "Elle a ménagé et pateliné cette afaire avec tant d' adresse, qu' elle l' a faite réussir.

PATèNE


PATèNE, s. f. [2e è moy. 3e e muet.] Vâse sacré, fait en forme de petite assiète, qui sert à couvrir le calice, et sur lequel repôse l' hostie.

PATENôTRE


PATENôTRE, s. f. [2e et dern. e muet, 3e lon.] Populairement c' est le pater, l' ave et autres prières qu' on aprend aux enfans. C' est la corruption de Pater noster. = Par extension, il se dit, familièrement, de toute sorte de prières chrétiènes. "Dire ses patenôtres. "Avez-vous achevé vos patenôtres? = Proverbialement et bâssement, dire la patenôtre de singe, gronder et murmurer entre ses dents. = Au pluriel, populairement aussi, les grains d' un chapelet; le chapelet. = On apèle en conséquence patenôtrier, un ouvrier qui fait des chapelets, des boutons, etc.

PATENT


PATENT, ENTE, adj. [Patan, tante.] Manifeste. Trév. le met sans citer aucun Auteur. C' est un latinisme scolastique. = L' Acad. l' admet en termes de Chancellerie et de Finance. "Acquit patent, lettres patentes. = Patentes, s. f. pl. Lettres, Brevets, comissions accordées non-seulement par le Roi, mais aussi par des Corps, des Comunautés, des Universités, etc. On lui a délivré ses patentes, des patentes de Docteur, etc. = Il se dit aussi au singulier. Obtenir une patente. Montrer, produire sa patente, etc.

PATE-PELU


*PATE-PELU, s. m. Hypocrite. Mot employé par La Fontaine.
   C' étoient deux vrais Tartufs, deux Archi-patelins,
   Deux francs pate-pelus, etc.

PATER


PATER, s. m. [2e ê ouvert: on prononce l' r.] L' oraison Dominicale. "Dites votre pater: il ne sait pas son pater. "Je sais cela comme mon pater, parfaitement bien. = Dans un pater, dans un instant: je reviendrai dans un pater. = Il ne prend point d' s au pluriel: dites trois pater et trois avé. = Pater, se dit aussi des grôs grains d' un chapelet: "Les pater sont d' ivoire et les avé d' ébène.

PATERNEL


PATERNEL, NELLE, adj. PATERNELLEMENT, adv. PATERNITÉ, s. f. [Patêrnèl, nèle, nèleman, nité: 2eê ouv. 3e è moy. 4e muet au 2d et au 3e.] Paternel, tel qu' il convient à un père, amour paternel, tendresse paternelle. = Tel qu' il apartient à la qualité de père; autorité paternelle = Du côté du père: parens paternels, biens paternels.
   PATERNELLEMENT, comme un père doit faire. "Traiter un fils, une fille paternellement; les reprendre, les corriger paternellement.
   PATERNITÉ, la qualité de père. Il ne se dit que dans le dogmatique: la paternité et la filiation sont deux termes relatifs. = Ce mot n' a donc pas une signification aussi étendûe que celui de père. On dit, les Pères de l' Église; mais on ne dit point, en parlant d' eux, la paternité ecclésiastique, comme l' a dit un Auteur anonyme: "L' état de ces anciens Docteurs, auxquels nous déférons unanimement les honeurs de la paternité ecclésiastique. = On ne pourrait le dire qu' en plaisantant, et ce n' est pas le câs de plaisanter.

PâTEUX


PâTEUX, EûSE, adj. [Pâ-teû, teû-ze: 1re et 2e lon.] Il se dit, 1°. du pain qui n' est pas cuit; 2°. des chôses qui font dans la bouche le même éfet que ferait de la pâte; 3°. de la bouche, de la langue, qui est comme empâtée d' une salive épaisse; 4°. d' un chemin qui est en terre grâsse, molle et à demi trempée.

PATHÉTIQUE


PATHÉTIQUE, adj. PATHÉTIQUEMENT, adv. PATHôS, s. m. [Patétike, tikeman, patôs: 2e é fer. aux deux premiers, lon. au 3e, la 4e est un e muet dans les deux premiers.] Pathôs est un mot grec, qui signifie passion. On ne le dit en français que des grands moûvemens de l' éloquence. il y a bien du pathôs dans ce discours. Acad. = On ne le dit guère aujourd' hui qu' en se moquant. Molière a dit depuis long-tems, sur ce ton moqueur:
   On voit par-tout chez vous l' ithos et le pathos.
Mde De Genlis met ce mot dans la bouche d' un Petit-maître; et elle le met en Italique. "Tout ce pathos n' est fait, ni pour me choquer, ni pour me convertir. Th. d' Éduc. = * Quelques-uns apèlent pathôs un petit discours vif et animé, qui n' a pas l' apareil des Sermons ordinaires: faire un petit pathôs. = Cette expression n' est pas du bel usage.
   PATHÉTIQUE est dérivé de pathôs. Qui émeut les passions. Discours, Orateur pathétique. Manière de composer, de prêcher, de déclamer pathétique.
   PATHÉTIQUEMENT, d' une manière pathétique. "Endroit, touché, exprimé pathétiquement.

PATIBULAIRE


PATIBULAIRE, adj. [Patibulère: 4eè moy. et long, 5e e muet.] Qui apartient au gibet: les fourches patibulaires.
   Ce hideux bourreau, moins un homme
   Qu' un patibulaire fantome.
       Gresset.
"Mine, physionomie patibulaire, d' un méchant homme, d' un homme qui mérite d' être pendu. = * La Fontaine en a fait un substantif. Il dit un patibulaire, pour des fourches patibulaires.
   Le scélérat... passa près d' un patibulaire.
Cela ne vaudrait rien aujourd' hui, même dans une Fable.

PATIEMMENT


PATIEMMENT, adv. PATIENCE, s. f. PATIENT, ENTE, adj. PATIENTER, v. neut. [Pa-cia-man, cian-ce, cian, cian-te, cianté: 2e lon. excepté au 1er, 3e e muet au 2d et au 4e, é fermé au 5e.] La patience est une vertu qui fait suporter les adversités, les douleurs, les injûres, etc. avec un esprit de modération et sans murmurer. "La patience est une vertu bien nécessaire; et en même tems bien râre. Soufrir avec patience. "C' est un modèle de patience. "Vous avez poussé ma patience à bout. "Je sens que la patience m' échape, etc. = On dit prendre patience, sans article, et prendre les aflictions, son mal en patience, les suporter avec soumission d' esprit. = On dit aussi, prendre patience;avoir, ou se doner patience; atendre sans s' impatienter, sans agitation. "Ayez patience, donez-vous patience, prenez patience: il viendra dans un moment.
   PATIENCE! s' emploie en guise d' interjection. "Patience! ce n' est pas encôre tout. Boss. Là il signifie ayez patience, atendez! "Patience! je ferai comme je pourrai, dit quelqu' un à qui l' on refûse ce qu' il demande. Alors il veut dire, je prendrai patience. = On dit aussi, par menace: patience! j' aurai mon tour.
   Rem. 1°. Patience n' a point de pluriel. On s' est moqué autrefois, avec raison, des patiences de Benserade, et l' on n' a pas aprouvé Ménage qui aprouvait la phrâse suivante: "On a vu des patiences plus grandes que celles de Job. _ On dit à plusieurs, comme à un seul, votre patience, et non pas vos patiences. = 2°. Patience régit la prép. à et l' infinitif. "La justice de Dieu à venger les crimes, et en même tems sa patience à atendre la conversion des Pécheurs. Boss. = 3°. En patience ne se dit qu' avec prendre: * Fonten. l' associe avec le v. être: "On ne sauroit être en patience sur ce qu' on est: on anticipe sur ce qu' on sera. _ Je ne crois pas qu' être en patience soit une expression reçûe.
   PATIEMMENT, avec patience. Soufrir, atendre patiemment.
   PATIENT est, 1°. Qui soufre les maux, les injûres avec patience. "C' est l' homme du monde le plus patient. = 2°. En parlant de Dieu, qui suporte nos faûtes pour nous doner le tems de nous corriger: "Dieu est patient et miséricordieux. = 3°. Qui suporte avec bonté, avec douceur, les défauts, les importunités de ses inférieurs: il faut être patient avec les enfans, avec un peuple grossier. = 4°. Qui atend, qui persévère avec tranquillité. "Quand on poursuit une afaire, il faut être patient jusqu' au bout. = 5°. En philosophie, qui reçoit l' impression d' un agent physique. "Tous les êtres, à l' égard les uns des aûtres, sont agens ou patiens = Subst. masc. l' agent, le sujet qui agit: le patient, le sujet sur lequel il agit. = On dit, familièrement, de celui qui a soufert des injûres, sans rien faire pour les repousser, qu' il n' a été que le patient.
   PATIENT, s. m. Criminel, livré entre les mains de l' exécuteur. "Les Prêtres qui acompagnent les patiens au suplice. = Figurément (style famil.) celui qui souffre une opération douloureuse par la main d' un Chirurgien.
   Rem. Les Traducteurs des livres Anglais l' emploient comme synonyme de malade, parce qu' il a cette signification dans la langue anglaise. "Les religieuses terreurs, dont les patiens étoient obsédés. Hist. d' Angl. STUARTS. "La propriété la plus remarquable de ce remède, c' est qu' il agissoit à proportion des forces du patient. V. D' ANSON. = M. Holland dans ses Réflexions Philosophiques sur le Système de la Nature, dit aussi: "Voilà donc la terre changée en un vaste Bicêtre, où, pour comble de malheur, les Docteurs sont aussi fous que les patiens. _ Docteur pour Médecin; patient pour malade: c' est de l' anglais tout pur. = M. Targe, servile Traducteur de Smollet, emploie patient dans le même sens; et M. Tissot aussi. = L' endroit où j' ai été le plus surpris de voir ce mot employé de la sorte, c' est dans l' Ann. Litéraire. "La scène de Molière auroit bien dû les corriger (les Médecins) d' une jalousie barbare, qui aimeroit mieux faire mourir un patient, que de le voir guérir par les conseils d' un aûtre. = M. Linguet l' aplique mieux. Il dit, en parlant des amputations: "Si le patient ne meurt pas de l' hémorragie, il périt souvent du pansement. = * Le P. Griffet apèle Job un illustre patient. Ce mot n' est point substantif en ce sens, et pour signifier un homme qui a de la patience.
   PATIENTER ne signifie pas soufrir avec patience; mais atendre avec patience. "Il faut patienter:patientez un peu: vous serez content.

PATIN


PATIN, s. m. PATINER, v. act. et neut. PATINEUR, s. m. [Pa-tein, tiné, ti-neur.] Patin est 1°. Soulier fort haut, aussi élevé par devant que par derrière, que les femmes portaient aûtrefois. = 2°. Chaussûre garnie de fer par dessous, dont on se sert pour glisser sur la glace. = Patiner, glisser avec des patins. = PATINER est actif dans un aûtre sens, c' est manier indiscrètement. = Patineur se dit dans cette acception; celui qui patine.

PâTIR


PâTIR, v. n. [1re lon.] Je pâtis, nous pâtissons; je pâtissois ou pâtissais; je pâtis; j' ai pâti; je pâtirai; je pâtirois ou pâtirais; pâtis; que je pâtisse (pour le présent et pour l' imparfait);pâtissant. = 1°. Soufrir de la misère. "L' armée pâtit beaucoup dans cette marche. = 2°. Être puni. "Souvent les bons pâtissent pour les méchans. Il se dit, en ce sens, sur-tout avec la prép. de:
   Hélas! on voit que, de tous tems,
   Les petits ont pâti des sotises des Grands.
       La Font.
"Vous en pâtirez. "votre bien en pâtira. "Tel en pâtit, qui n' en peut mais, etc. st. famil. = * Patir, actif, avec les persones pour régime, est un gasconisme. "Je ne puis pâtir (soufrir) cet homme là. Desgr.

PâTIS


PâTIS, s. m. [1re lon. l' s finale ne se prononce que devant une voyèle.] Lieu où l' on mène paître les bestiaux. = Le paturage difère du pâtis, en ce que le premier indique quelque chôse de meilleur. Acad.

PâTISSER


PâTISSER, v. n. PâTISSERIE, s. fém. PâTISSIER, IèRE, s. m. et fém. [Pâticé, ceri-e, cié, ciè-re: 1re lon. sur-tout au 1er et aux derniers: 3e é fer. au 1er et au 3e, e muet au 2d, è moyen et long au dern.] Fleury écrit pâticerie avec un c, contre l' usage universel. = Pâtisserie est, 1°. pâte préparée et assaisonée d' une certaine manière, et cuite au four. "La pâtisserie charge l' estomac. = On le dit sur-tout des tourtes et des pâtés; mais non pas du pain. = 2°. L' art de faire de la pâtisserie. "Il travâille bien en pâtisserie. "Elle entend bien la pâtisserie. = Pâtisser, faire de la pâtisserie; il pâtisse bien. = Pâtissier, ière, celui, celle qui fait des pâtés et aûtres pièces de four. "Bon Pâtissier; mauvaise Pâtissière.

PATOIS


PATOIS, s. m. [Pa-toâ: 2e lon.] Le 1er degré de corruption dans les langues, dit l' Ab. Girard, vient du défaut d' éducation, ou d' un manque d' atention au bon usage. Le second, du mélange de l' anciène avec la nouvelle façon de parler, qui a formé divers langages particuliers, qu' on nomme patois dont la connoissance peut servir à pénétrer dans l' origine des langues et des Peuples. Tels sont le bas-breton, l' auvergnant, le provençal, etc. = Le bas-breton n' est pas un patois: c' est l' anciène langue celtique. Le patois conserve toujours quelque analogie avec la langue comune: le bas-breton n' en a aucune avec la langue française.

PâTON


PâTON, s. m. [1re lon.] 1°. Morceau de pâte, dont on engraisse les chapons, les poulardes. = 2°. Morceau de cuir, dont on renforce le bout d' un soulier en dedans.

PATRAQUE


PATRAQUE, s. f. Machine usée et de peu de valeur. "Cette montre est une patraque. st. famil.

PâTRE


PâTRE, s. m. [1re lon. 2ee muet.] Gardeur de troupeaux de boeufs, de vaches, de chèvres. = Ce mot avait vieilli; mais quelques bons Auteurs s' en sont servi dès le comencement de ce siècle. "Tous les Israélites étoient, ou Laboureurs, ou Pâtres. Réflex. _ L' Acad. l' aproûve: "Il y a beaucoup de Pâtres dans ce pays. Dict. Acad. "Sully, pour faire fleurir la France, ne vouloit que des Laboureurs et des Pâtres. THOMAS. "Fonrose, sous l' habit d' un Pâtre, se présente aux habitans du hameau. Marm. "Elle aperçoit de loin un jeune Pâtre. ID. = Pâtre se dit sur-tout en terme de mépris:
   Qu' entends-je? sur quel ton me parleroit un maître,
   Si ce pâtre, à ce point, ose se méconoître?
       Gresset.
Pasteur est plus noble, et se dit au propre et au figuré dans le haut style. Pâtre n' est que du style simple, et ne se dit qu' au propre.

PATRIARCAL


PATRIARCAL, ou PATRIARCHAL, ALE, adj. PATRIARCAT, ou PATRIARCHAT, s. m. PATRIARCHE, s. m. [La 1re manière d' ortographier les deux premiers, et que l' Acad. a préférée, est plus favorable à la prononciation, et ôte la tentation de prononcer chal et cha à la française: la 2de manière est plus conforme à l' étymologie latine, patriarchalis, patriarchatus; mais, à mon avis, c' est un faible avantage. = Pron. Patri-arkal, kale, ka, patri-arche.] Patriarche est, 1°. le nom qu' on done à plusieurs saints personages de l' Ancien Testament: Noé, Abraham, etc. = 2°. Titre de dignité dans l' Église, au dessus de celle des Archevêques: "Patriarche de Constantinople, d' Alexandrie, d' Antioche, de Jérusalem. "L' Évêque de Vénise s' apèle aussi Patriarche. = 3°. On apèle aussi Patriarches, les Instituteurs des Ordres Religieux.
   PATRIARCAL et Patriarcat, ne se disent que dans la 2de acception. "Siège patriarcal, dignité patriarcale. _ "Il fut élevé au Patriarcat.

PATRICE


PATRICE, s. m. PATRICIAT, s. masc. Ils se disent d' une dignité instituée dans l' Empire romain par Constantin. "Les Patrices avoient le premier rang dans l' Empire aprês les Césars. "On ne parvenoit ordinairement au Patriciat qu' aprês avoir pâssé par les plus grandes Charges. V. l' article suivant.

PATRICIEN


PATRICIEN, IENNE, ou IèNE, adj. [Patri-cien, ciè-ne: dans le 1er, ien n' a pas le son d' ian: 2e è moy. 3e e muet au 2d.] Qui était issu des premiers Sénateurs, institués par Romulus. Famille patricienne. "Pendant long-tems, il fallait être Patricien pour être Consul. = S. m. Les anciens Patriciens, les nouveaux Patriciens. = Il ne faut pas confondre Patrice avec Patricien, comme un Historien moderne l' a fait. Les Patriciens étaient les descendans des premiers Sénateurs de Rome. Les Patrices étaient les gouverneurs, que les Empereurs de Constantinople envoyaient dans les Provinces de l' Empire. Le terme de Patrice est du bâs Empire, et ne doit pas être apliqué aux anciens Romains.