Dictionnaire critique de la langue française Dictionnaire critique de la langue française 1787 Français 2007-4-4 ARTFL Converted to TEI


H



H


H, s. f. [Pron. Ache.] C' est la huitième lettre de notre Alphabet, et la sixième des consones. Quelques Gramairiens ont beaucoup contesté pour décider si c' est une lettre ou non: ils prétendent que ce n' est qu' une aspiration. = Au comencement des mots, l' h est toujours suivie d' une voyèle, mais pas toujours au milieu des mots. Jointe à un p, elle le fait soner comme une f: Philosophe; prononcez Filosofe: Pour l' h jointe au c: Voy. Ch. = L' h ne se prononce point au milieu des mots, et elle ne s' y écrit que pour l' étymologie. Plusieurs ont même tenté de l' en bannir; mais leurs tentatives ont été infructueûses. On écrit toujours Christ, Rhéthorique, etc. quoiqu' on prononce Krist, Rétorique, etc.
   On distingue en français deux sortes d' h; l' h aspirée et l' h muette, ou non aspirée. _ L' h aspirée a toutes les propriétés des consones. On n' élide point devant elle les voyèles, qui ont coutume de s' élider devant d' autres voyèles. Ainsi l' on dit, la haine, la honte, je hais, le héros (comme on dit, la crainte, le courage, je fais,) et non pas, l' haine, l' honte, j' hais, l' héros, (comme on dirait, l' avarice, l' amour, j' aime.) = On ne lie pas non plus, avec cette h aspirée, les consones finales des mots précédens, qui ont coutume d' être liées avec les voyèles. Ainsi, les héros, un coup hardi, en haut, se prononcent, lè héró un cou ardi, an ô, et non pas lè zèrô, un cou-pardi, a-nô, etc. = L' h muette ou non aspirée est traitée comme les voyèles. On élide devant elle les voyèles, et on lie avec elle les consones, comme on le fait avec les voyèles. Ainsi, l' on dit: l' homme, l' honeur, comme on dit, l' amour, l' éfroi, etc. Les hommes, se prononcent, lè-zome, comme on prononcerait, les amours, lè-zamour, etc.
   Voici, pour ceux qui savent le latin, deux règles assez génerales pour distinguer les mots où il faut aspirer l' h. Tous les mots français, qui viènent des mots latins, començant par une h, ne s' aspirent point. Ainsi, homme, honeur, viènent d' homo, honor: ils n' ont pas l' h aspirée. Exceptez seulement de cette règle, héros, hennir, harpie, haleter, où l' h s' aspire, quoique leur étymologie latine comence par une h. = L' autre règle, c' est que: les mots français començant par une h, qui viènent des mots latins, qui ne comencent pas par une h, doivent s' aspirer. Ainsi l' on dit, la haine, la honte, qui ont pour étymologie latine, odium, pudor, mots, comme on le voit, qui ne comencent pas par une h. Exceptez de cette règle, heureux, huit, huitre, huile, hièble.
   Dans les dérivés et les composés, on suit la règle du simple. Il n' y a que les dérivés de héros, qui ne s' aspirent point, quoique héros s' aspire. Exceptez aussi, exhausser, dont l' h n' est point aspirée, quoique celle de haut s' aspire.
   À~ la fin des mots, l' h n' est aspirée que dans ces trois interjections; ah! eh! oh!

HABILE


HABILE, adj. HABILEMENT, adv. HABILETÉ, s. f. [L' h n' est point aspirée. 3e e muet, dern. é fer. au 3e.] Habile, dans le discours ordinaire, intelligent, adroit, savant; c' est 1°. un habile homme, un homme extrêmement habile. "Il est habile dans les afaires, dans son métier. = 2°. En termes de Jurisprudence, capable. Il régit à: "Habile à succéder, à se porter pour héritier, etc. = Habilement et habileté ne s' emploient que dans le 1er sens. D' une manière habile. Qualité de ce qui est habile. "Il s' est tiré habilement d' afaire. Il a beaucoup d' habileté.
   Habile, savant, docte, (synon.) "Les conoissances, qui se réduisent en pratique, rendent habile: celles qui ne demandent que la spéculation, font le savant; celles qui remplissent la mémoire, font l' homme docte. _ On dit du Prédicateur, de l' Avocat, qu' ils sont habiles; du Philosophe et du Mathématicien, qu' ils sont savans; de l' Historien et du Jurisconsulte, qu' ils sont doctes. (Cette dernière partie n' est pas exacte: docte ne se dit que de l' Antiquaire, du Comentateur, Compilateur, de l' érudit, en un mot.) "Nous devenons habiles par l' expérience, savans par la méditation, doctes, par la lecture. Gir. Syn. = On peut être un habile homme, dit Bouh. sans être un savant homme. Habile n' emporte quelquefois que le savoir-faire, sur-tout quand on le met après le substantif: un homme habile, des gens habiles. Quand il marche devant, il a quelquefois la signification de savant, et le sens de ce mot est déterminé par la matière qu' on traite. "Les plus habiles Auteurs ne sont pas les plus aplaudis. "Un habile général vaut seul la moitié d' une armée. V. SAVANT = Suivant un Encyclopédiste, habile, en général, signifie plus que capable. Un homme peut être capable de comander, mais pour aquérir le nom d' habile Général, il faut qu' il ait comandé plus d' une fois avec succès. Un Juge peut savoir toutes les loix, sans être habile à les apliquer. Un Savant peut n' être habile, ni à écrire, ni à enseigner. _ L' habile homme est donc celui qui fait un grand usage de ce qu' il sait. Le capable peut, et l' habile exécute.
   Rem. 1°. Habile, quand il est seul, se met ordinairement devant le substantif. "Un habile homme, d' habiles Docteurs; quand il est joint aux adverbes de quantité, il peut se placer devant ou après: un fort habile homme, ou un homme fort habile. Avec d' autres adverbes, il se met toujours après. "Un homme extrêmement habile. = 2°. Il ne s' emploie pas comme substantif: on ne dit point, un habile, les habiles. On doit dire, un habile homme, d' habiles gens. "* Il y a des Artisans, ou des habiles, dit la Bruyère, dont l' esprit est aussi vaste que l' art et la science qu' ils professent = 3°. Habile et habileté régissent la préposition à et l' infinitif. "Habile à profiter de tous ses avantages. "Il montre une grande habileté à tirer parti de tout.

HABILISSIME


HABILISSIME, adj. Très habile. C' est un de ces superlatifs que l' usage soufre, tout au plus dans la conversation, et dans les lettres familières.

HABILITÉ


HABILITÉ, s. fém. [L' h n' est point aspirée.] Il ne faut pas confondre ce mot avec habileté: Celui-ci signifie la science des afaires; Celui-là ne signifie que la capacité, le pouvoir, le droit de faire certaines fonctions, de recueillir certains avantages, etc. Habilité à succéder. = * L' Historien du Droit Eccl. Fr. dit: "S' ils eussent eu assez d' habilité pour couvrir ce grand dessein, etc. Il est clair qu' il faut, en cet endroit là, habileté. L' Auteur cite Mezerai; mais quel que soit l' Auteur de cette phrâse, le mot est impropre. Mezerai comence à être vieux; et anciènement on disait habilité pour habileté. St. Fr. de Sales dit, Habilité de l' esprit.

HABILITER


HABILITER, v. act. [L' h est muette: abilité: dern. é fer.] Terme de Jurisprudence. Rendre habile à... (Voy. HABILE, n°. 2°.) "Habiliter un bâtard à se faire Prêtre, à posséder des bénéfices.

HABILLEMENT


HABILLEMENT, s. m. HABILLER, v. act. [L' h est muette: habi-glie-man, glié; mouillez les ll; 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Habillement, vêtement, habit. Habiller, vétir, mettre un habit. "Magnifique habillement. "Valet qui habille son maître. "Il s' habilloit; il n' est pas encôre habillé. = Il régit quelquefois la prép. de. "Il s' habilla, il étoit habillé de velours.
   Habiller signifie aussi doner, faire faire un habit à quelqu' un. "Habiller les troupes, les paûvres, les domestiques. = Faire un habit: "C' est un tel Tâilleur qui l' habille; et neutralement: ce Tâilleur habille bien. = On dit aussi qu' un habit habille bien, pour dire qu' il est bien fait; et qu' un homme s' habille bien, pour dire qu' il se met bien, et de bon goût. En ce sens, se mettre est plus usité.
   Habiller s' emploie aussi au figuré, mais seulement dans le style badin, enjoué ou critique. "On troûve la réflexion de M. de Grignan admirable; mais vous l' avez habillée pour paroître devant le monde. Sévigné. "L' Histoire s' habille en Roman. Coyer. "Habiller galamment la raison. J. J. Rouss.
   Souvent j' habille en vers une maligne prôse.
       Boil.
Rousseau exhorte à fuir ces esprits téméraires, qu' on voit:
   En argumens habiller tous leurs doutes.
   Dans une de ses Lettres à sa fille, Mme. de Sévigné force un peu la métaphôre. "Elle trouve bien plus honête d' habiller son visage, et parce que vous montrez celui que Dieu vous a doné, vous lui paroissez toute déshabillée.
   Habillement. Voy. HABIT.

HABIT


HABIT, s. m. [l' h est muette; abi.] Ce qui est fait pour couvrir le corps. Au singulier, il se dit ordinairement des hommes: au pluriel, il se dit aussi des femmes. "Habit décent, modeste, tout uni, riche, magnifique. "Le luxe des habits, etc.
   Habit, habillement, vêtement, hardes (Synon.) Les trois premiers mots signifient à peu près la même chôse; cependant ils ne se disent pas indiféremment. Habit est le terme ordinaire: habillement va un peu à la manière dont l' habit est fait: "Voilà un plaisant habillement, c. à. d. Un habit fait d' une plaisante manière. Vêtement se prend pour tout ce qui sert à couvrir le corps. "Son vêtement étoit une peau de lion. Hardes comprend les habits, le linge et tout ce qui sert au vêtement. Ce mot n' a point de singulier.
   Habit n' est pas un terme noble; et la Langue n' avait pas encôre aquis tant de délicatesse, quand Racine a dit dans les Frères Énemis.
   Quelles traces de sang vois-je sur vos habits?
   Habit, pris absolument, l' habit de Religieux, ou de Religieûse. "Prendre l' habit; prise d' habit. Doner, recevoir l' habit. Porter, quiter l' habit. = Le Proverbe dit: "L' habit ne fait pas le Moine. Au Propre, le sens est que la prise d' habit n' est pas ce qui constitûe le Religieux, mais seulement la Profession. Au figuré, on veut dire que les marques extérieures d' une profession quelconque ne sufisent pas, et qu' il faut en remplir les devoirs.

HABITABLE


HABITABLE, adj. HABITANT, ANTE, adj. HABITATION, s. f. HABITER, v. act. et n. [L' h est muette: abitable, tan, tante, ta-cion, té.] Habiter, c' est faire sa demeure, son séjour en quelque lieu. Habiter quelque lieu. Habitant, qui habite. Habitation, demeure, lieu où l' on habite. Habitable, qui peut être habité. "Habiter un lieu, un Palais, une maison. "Les Habitans de la campagne, de la Ville, etc. "Il n' a point d' habitation. C' est-là mon habitation. "Ce logement n' est pas habitable.
   Rem. 1°. Habiter est aussi neutre. "Habiter dans un Palais, sous des tentes, etc. = Au passif, il ne se dit point des persones. On dit qu' une maison est habitée: on ne le dit point d' un homme. "Les familles qui s' y troûvent habitées. Relat. de la Peste. Dites, qui y habitent, ou bien, qui y sont logées. = 2°. Habitant n' est adjectif qu' en style de Palais: "En telle maison où elle est habitante. Ailleurs on ne l' emploie que comme substantif. "Les Habitans. "Les habitans logeoient sous des tentes, et campoient sur les ruines de leurs maisons. Hist. de Saladin. Au singulier, on doit dire, un des habitans, et non pas, un habitant. = Poétiquement, les habitans des bois, des forêts, les bêtes sauvages; les habitans de l' air, les oiseaux. = 3°. Dans nos Colonies, habitation se dit d' une métairie, d' un héritage que l' on cultive, pour en retirer les productions du pays. Les Anglais disent plantation.
   Dans son sens ordinaire, habitation est plus noble que logement. "Apartement destiné à l' habitation du Cardinal bibliothécaire. La Lande.

HABITâCLE


HABITâCLE, s. m. Habitation, demeure. Suivant l' Acad. Il ne se dit que dans quelques phrâses de l' Écritûre, et dans le style soutenu. "L' habitâcle du Très-Haut, les habitâcles éternels. Certainement cela est du vieux style, et ne se dit plus. = Ce mot apartiendrait plutôt au style marotique, comique ou critique.
   Non loin de l' armorique plage,
   Il est une Ile, afreux rivage,
   Habitâcle marécageux.
       Gresset.

HABITANT


HABITANT, HABITATION, HABITER. Voy. HABITABLE.

HABITUDE


HABITUDE, s. f. HABITUEL, ELLE, adj. HABITUELLEMENT, adv. HABITUER, v. act. [L' h est muette: abitude, tu-èl, èle, èleman, tu-è: 4e e muet au 1er, è moy. aux 3 suivans, é fer. au dern.] Habitude, acoutumance, disposition aquise par des actes réitérés. Habituel, qui s' est tourné en habitude. Habituellement, par habitude. Habituer, acoutumer, faire prendre l' habitude. "Bone ou mauvaise habitude. "Prendre ou perdre l' habitude, etc. "Mal habituel; fièvre habituelle. "Il ment, il s' ennivre habituellement. "On l' a habitué; il est habitué; il s' est habitué à la fatigue.
   Rem. 1°. On dit, homme d' habitude, être d' habitude; et dans le style plaisant, animal d' habitude. "Le Roi, qui étoit d' habitude, ne voulut point d' Abbé dans cette place, parce qu' il n' y en avait point eu encôre. Acad. des Inscr.
   Et puis d' ailleurs je suis animal d' habitude;
   Où trouverois-je mieux?
       Gress, Méch.
  Vous n' aimez rien: moi je suis d' habitude.
      Palissot.
M. de la Harpe (Hist. des Voy.) le dit des chôses; ce qui est une nouveauté. "Le courage est d' habitude, comme les autres qualités de l' âme.
   2°. Habitude régit à ou de devant l' infinitif. Il y a nombre d' exemples de l' un et de l' autre régime. "L' habitude à vivre de peu, est le plus précieux héritage. Marm.
   Considérez l' abîme où va vous engager
   Une folle habitude à ne rien ménager.
       Créb.
"J' ai déjà vieilli dans l' habitude de ne dire jamais mon secret, et encôre plus de ne trahir jamais, sous aucun prétexte, le secret d' autrui. Télém. "Excités au sang et au carnage par l' habitude d' ataquer, et la nécessité de se défendre. Rayn.
   Il a pris l' habitude
   De se bien tourmenter, de vivre pour autrui.
       Barthe.
= 3°. Avoir de l' habitude dans un lieu, pour dire, y demeurer depuis long-temps, me parait une locution peu française. "Des gens qui ont eu à Paris une plus longue habitude que moi. Anon. L' Académie dit bien avoir habitude, et avoir des habitudes en quelque lieu, en quelque maison; mais c' est dans le sens d' accês, conaissances. = 4°. Tourner en habitude se dit ordinairement sans régime. L' Ab. Prévot lui fait régir le datif. "La cruauté commençoit à tourner en habitude aux Portugais. Ce régime a tout l' air d' un anglicisme: on dirait~ plutôt chez les Portugais. = 5°. Faire habitude régit l' ablatif. "Il met du rouge, mais rârement, il n' en fait pas habitude. LA BRUY.
   Habituer régit à devant les noms et les verbes. "N' habituez point vos enfans, ne vous habituez pas vous-même au repos, à la mollesse, au jeu, à jouer, à ne rien faire, etc. = Il se dit quelquefois avec le pron. pers. dans le sens de fixer sa demeure. "Plusieurs se sont allés habituer aux Indes.
   Habitué, comme participe, a les régimes de son verbe, comme il en a la signification; employé comme adjectif et substant. il ne se dit que d' un Éclésiastique, qui est employé aux fonctions d' une Paroisse. "Prêtre habitué: il est habitué à une telle paroisse. "Un habitué de paroisse. Un simple habitué.

HABLER


HABLER, v. neut. HABLERIE, s. fém. HABLEUR, EûSE, subs. masc. et fém. [L' h s' aspire: 2eé fer. au 1er, e muet au 2d, lon. au dern.] Habler, c' est parler beaucoup, avec vanterie et exagération. Hablerie, vanterie, discours plein de mensonges. Hableur, eûse; celui, celle qui hable, qui se vante, etc. "Il ne fait que habler; tout ce qu' il dit n' est que hablerie; c' est un grand hableur, une grande hableûse. = On dit plus souvent hableur des hommes, que hableûse des femmes; et on dit babillarde de celles-ci, plus souvent que babillard des hommes. = * Un Poète moderne fait régir à Habler l' ablatif, comme à parler.
   C' est-là que du hameau, les graves politiques,
   S' enfonçoient en hablant des nouvelles publiques.
       Cailhava.
Ce régime est inusité. Habler se dit absolument.

HACHE


HACHE, s. fém. HACHEREAU, s. masc. HACHETTE, s. fém. [On aspire l' h: hache, hachero, hachète _ La hache, le hachereau, la hachette, et non pas l' hache, l' hachereau, l' hachette: 2e e muet aux deux prem. è moy. au 3e.] Hache est un instrument de fer tranchant, qui sert à fendre et à couper le bois. Hachereau, petite coignée. Hachette, petite hache. Marteau tranchant d' un côté. = Avoir un coup de hache à la tête, ou simplement, un coup de hache, être un peu fou. = Fait à coup de hache; mal fait. Voy. SERPE.

HACHER


HACHER, v. act. HACHIS, s. m. HACHOIR, s. m. HACHûRE, s. f. [L' h est aspirée. On dit, il faut le hacher, et non pas l' hacher; le hachis, le hachoir, la hachûre., et non pas l' hachis, etc. _ Haché, chi, choar, chûre. = On écrivait autrefois hacheure.] Hacher, c' est couper en petits morceaux. Hachis, viande ou poisson hachés. Hachoir, petite table ou planche de chêne, sur laquelle on hache les viandes. "Hacher du veau, etc.~ Hacher menu. Hachis de perdrix, de carpe, etc. ce hachis est fort bon. "Nettoyez ce hachoir.
   Hachûre ne se dit qu' en termes de Graveurs, pour signifier des traits gravés, soit à l' eau forte, soit au burin, et croisés les uns sur les aûtres pour produire les ombres; et en termes de Blason, des traits horisontaux, perpendiculaires ou diagonaux, qui marquent la diférence des couleurs.

HAGARD


HAGARD, ARDE, adj. [On aspire l' h: Hagar, garde.] Farouche, rude. Il semble à La Touche que ce mot ne se dit bien que de l' extérieur: des yeux hagards; un air hagard. Cependant, ajoute-t-il, l' Acad. aprouve esprit hagard, pour signifier rude, qui n' est pas sociable. Rousseau l' a aussi employé en ce sens.
   Toujours ces sages hagards,
   Maigres, hideux et blafards,
   Sont souillés de quelque oprobre.

HAGIOGRAPHE


HAGIOGRAPHE, s. m. HAGIOLOGIQUE, adj. [L' h est muette, et plusieurs ne la mettent pas, et écrivent agiographe, agiologique] Le premier se dit, et des Auteurs de certains livres de l' Écritûre, et de ceux qui ont écrit de la vie et des actions des Saints. L' Acad. le qualifie d' adjectif, et le dit non des Auteurs, mais des Livres autres que ceux de Moyse et des Prophètes. Elle n' a pas l' usage pour elle, ce me semble. Hagiologique, qui concerne les Saints.

HAIE


HAIE, s. fém. [Hê, monos. long: l' h s' aspire: la haie, et non pas l' haie.] Clotûre d' un champ, faite de ronces, d' épines, d' arbustes épineux, etc. Le long de la haie, derrière la haie. = Figurément, se mettre; se ranger; être en haie, ou des deux côtés, ou d' un seul, en ligne droite; comme font les soldats, quand quelqu' un de leurs Oficiers, quelque Prince, etc. pâsse. On dit dans le même sens, border la haie.

HâILLON


HâILLON, s. m. [Hâ-glion: 1re lon. mouillez les ll: ai n' a pas le son d' e; l' a y a son propre son, et l' i n' est là que pour faire mouiller les ll: l' h est aspirée; le hâillon, et non pas l' hâillon.] Vieux lambeau de toile et d' étofe. Ce mot s' emploie ordinairement au pluriel. "Que voulez-vous faire de ces hâillons. "Couvert de hâillons.

HAINE


HAINE, s. fém. HAINEUX, EûSE, adj. [Hène, hé-neû, neû-ze: 1re è moyen au 1er, é fer. aux deux aûtres, dont la 2me. est longue. = L' h s' aspire: la haine, et non pas, l' haine, etc.] Haine, inimitié, passion qui fait haïr. "Avoir de la haine pour... Porter de la haine à... Concevoir de la haine contre... Encourir la haine de... Avoir, prendre quelqu' un en haine. "Il jura une haine irréconciliable aux Francs. Marin, Hist de Saladin.
= Il ne signifie quelquefois que aversion, répugnance. "La haine des procès.
   Haine, aversion, répugnance, antipathie (synon.) Le mot de haine s' aplique plus ordinairement aux persones. (On dit pourtant avoir de la haine pour le vice, le mensonge, la flaterie, etc.) Les mots d' aversion et d' antipathie, conviènent à tout également, (ont pour objet les chôses, comme les persones) on ne se sert de celui de répugnance qu' à l' égard des actions; c. à. d. lorsqu' il s' agit de faire quelque chôse. _ La haine est plus volontaire, et parait jeter ses racines dans la passion et le ressentiment d' un coeur irrité et plein de fiel: l' aversion et l' antipathie sont moins dépendantes de la liberté, et paraissent avoir leur source dans le tempérament ou dans le goût naturel; mais avec cette diférence que, l' aversion a des caûses plus conûes, et que l' antipathie en a des plus secrettes. Pour la répugnance, elle n' est pas comme les aûtres, une habitude qui dûre: c' est un sentiment passager, causé par la peine ou par le dégoût de ce qu' on est obligé de faire. GIR. synon.
   Rem. Haine a un pluriel en vers et dans le discours élevé.
   Combien je vais sur moi faire éclater de haines.
Dit Pyrrus à Andromaque; savoir, la haine d' Hermione, celle de Menelas, celle de toute la Grèce. "Combien de fois, pour ne point s' atirer des haines par sa liberté à contredire, un esprit éclairé, mais souple et timide, a laissé l' imprudence et l' ignorance risquer et perdre l' État. Neuville. _ Haine, régissant la prép. de, (le génitif) a un sens actif; et il a un sens passif, quand il régit les prép. pour ou contre. La haine des Juifs, c' est la haine qu' ont les Juifs: la haine pour ou contre les Juifs, c' est la haine que l' on a contr' eux. Il me semble donc que Fleuri s' est mal exprimé, quand il a dit: "Helicon s' apliquoit à inspirer à Caligula la haine des Juifs; et qu' il devait dire, de la haine pour les Juifs. = On dit pourtant, la haine du prochain, pour dire, la haine qu' on a pour le prochain, comme on dit, l' amour du prochain, etc. mais ce n' est pas une conséquence pour d' aûtres mots. = Avoir la haine du public, c' est être l' objet de la haine publique. Cette phrâse confirme notre remarque.
   En haine de, adv. "Tout le monde devrait s' unir contre les méchans, en haine de leur inhumanité. = Joint au verbe avoir, il n' a point de régime, et c' est ce verbe qui régit le nom à l' acusatif. "La société serait plus tranquille, si tout le monde avoit en haine les raports.
   HAINEUX, Qui est naturellement porté à la haine. Ce mot avait déjà vieilli dans le siècle passé, et la Bruyère le regrettait. "Valeur, dit-il, devait nous conserver valeureux; haine, haineux; peine, peineux; pitié, piteux. _ L' Acad. le met sans remarque, et des Auteurs modernes l' ont employé. "Si vous me punissez de vous avoir si bien servi, craignez qu' on ne vous compare aux Philosophes ingrats, haineux et vindicatifs de ce tems. Le Franc, Dial. de Lucien. "Homme violent, impétueux, haineux, etc. Th. d' Éduc. = Anciènement on le disait substantivement pour énemi. Dans un sonet sur le chien d' Henri IV, d' Aubigné dit:
   Mais il fut redoutable
   À~ vos haineux, aux siens, pour sa dextérité.

HAïR


HAïR, v. act. HAïSSABLE, adj. [Ha-i, i-sable: l' h est aspirée; le haïr. * Ceux qui prétendent le plus d' haïr et de fuir le genre humain, cherchent un admirateur. Crousaz. Dites, de haïr.] Je hais, tu hais, il hait, nous haïssons, etc. je haïssais; j' ai haï (il n' a pas d' aoriste); je haïrai, haïrais; que je haïsse (pour le prés. et l' imparf. du subjonctif); haïssant, haï. = * Le P. Follard écrit toujours haït au présent; mais haït est de deux syllabes, et le vers où il l' emploie n' en demande qu' une.
   En secret
   Vous protégez ce Grec que votre sparte haït.
       Thémistocle.
Il n' y aurait, ni rime, ni mesûre. Il falait écrire hait. "Celui qui aime l' iniquité, haït son ame. P. Berthier ou son Imprimeur. Ôtez les deux points: hait son âme. = * Me. Dacier écrit à la première persone du prés. haï avec l' ï tréma et sans s. "Je haï, plus que la mort, ceux qui déguisent leurs sentimens. Iliade. Il y a là une double faûte.
   HAïR, c' est vouloir mal à... Haïr son prochain, ses énemis. "Les haïr mortellement; à mort, à la mort. _ Et proverbialement, haïr comme la peste, comme la mort. = Avec les chôses pour régime, avoir en horreur; haïr le vice, l' erreur, le mensonge; ou seulement, avoir de l' aversion, de la répugnance. "Haïr les complimens, les livres, le travail, le repos, la solitude, etc. Haïr le froid, le chaud, etc. = Être haï et se faire haïr régissent {B375a~} l' ablatif. (la prép. de.) "Les génies tracassiers sont haïs, ou se font haïr de tout le monde.
   REM. Mairet dans sa Sophonisbe, dit haïs à l' impératif en deux syllabes~. Haïs-moi, si tu veux, abhôrre ma persone. Cet impératif est peu usité: mais il est utile, et quelque--fois même nécessaire. Il semble qu' on devrait le prononcer ha-is en deux syllabes, plutôt que hais en une seule, tant parce que la prononciation est plus soutenûe, que pour ôter l' équivoque de ait, tems du v. avoir. Mais ce n' est pas l' usage. Eh bien! il n' y a qu' à le faire venir. = Haïr, est toujours de deux syllabes, excepté au sing. du prés. de l' indicatif: je hais, tu hais, il hait. Ces deux diférentes prononciations se troûvent réunies dans ces vers de Racine.
   Et je souhaiterois dans ma juste colère,
   Que chacun le haït, comme le hait son Père.
On doit être atentif à mettre le trema (les 2 points sur l' i) par-tout où haï est de deux syllabes. = Haïr, a quelquefois pour 2d régime la prép. de. "Je hais le Cardinal d' Étrées de sa bonne volonté. Sév.
   HAïSSABLE, qui mérite d' être haï. Il se dit des persones; homme fort haïssable; et des chôses; "Rien n' est plus haïssable que le péché. Ah! que les procês sont haïssables.

HAIRE


HAIRE, s. f. [Hère: 1reè moy. 2e e muet: l' h s' aspire: la haire.] Chemisette de crin, ou de poil de chèvre, que l' on met sur la chair par esprit de mortification. Porter la haire. = * Autrefois on le disait au masc. pour hère, mais on ne le disait pas tout seul, et il alait de compagnie avec paûvre. LA FONTAINE lui ôte cette compagnie, et dit haire tout seul.
   Vos pareils y sont misérables,
   Cancres, haires, et pauvres diables.
Suivant l' usage, il falait, paûvres hères et paûvres diables. L' ancien Trév. dit Haire ou Hère: le 2d est le seul conforme à l' étymologie (Herus) et à l' usage actuel.

HAIREUX


*HAIREUX ou HÉREUX, EûSE, adj. Richelet. Froid et humide, en parlant du tems. L' Acad. ne le met pas.

HALAGE


HALAGE, s. m. [l' h est muette; alaje.] L' action de haler, de tirer un bateau.

HALBRAN


HALBRAN, s. m. [l' h s' aspire, Acad. le Halbran. Sous la lettre A, l' Acad. met Albran. Ces deux articles sont en contradiction. Le Dic. de Trév. renvoie de Albrent ou Alebran à Halbran.] Jeune canard sauvage.

HALBRENÉ~


HALBRENÉ~, ÉE, adj. [l' h s' aspire. Acad. {B375b~} sous la lettre A, elle met Albrené. Voy. l' article précédent.] Au propre, et en termes de Fauconerie; dont les pennes, les ailes sont rompûes. Au figuré. (st. famil.) Fatigué, mouillé, déguenillé, en mauvais ordre, en mauvais équipage.

HâLE


HâLE, s. m. HâLER, v. act. [l' â est long, et l' h s' aspire: le hâle; se hâler: 2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Impression de l' air sur le teint en le rendant brun et rougeâtre; sur les herbes, en les flétrissant. "Il fait un grand hâle. "Les femmes craignent le hâle. "Le hâle fane les herbes. "Le soleil hâle en été ceux qui voyagent.

HALEINE


HALEINE, s. f. HALÉNÉE, s. f. HALÉNER, v. act. [l' h est muette: alène, léné-e: léné: 2e è moy. au 1er, é fer. aux 2 aûtres. L' Acad. Trév. le Rich. Port. ne mettent point d' acc. sur la 2de des deux derniers, et écrivent halenée, halener: Richelet écrit halénée ou haleinée; haléner ou haleiner: nous croyons le 1er préférable, et pour l' ortographe et pour la prononciation. Il nous semble qu' il est davantage dans le génie, et dans l' analogie de la Langue.] Haleine, se dit de l' air attiré et repoussé par les poumons. Halénée, respiration accompagnée d' une odeur désagréable. Haléner, sentir la bête, en parlant des chiens. "Avoir l' haleine douce ou forte, mauvaise, etc. "Il nous dona une halénée de vin, d' ail, etc. "Dès que les chiens eurent haléné la bête. _ Fig. st. famil. Haléner quelqu' un, découvrir ce qu' il a dans l' âme.
   Haleine, soufle. (Synon.) Le soufle pressé et contraint est plus fort et plus sensible que la simple haleine. Avec l' haleine vous échaufez, avec le soufle vous refroidissez. Votre haleine fera vaciller la lumière d' une bougie: votre soufle l' éteindra. On dit l' haleine des zéphirs, et le soufle des aquilons, etc. ROUB. Synon.
   Des vents les brûlantes haleines.
       Le Franc.
REM. Haleine, entre dans beaucoup d' expressions du style simple. Avoir beaucoup d' haleine; avoir la faculté d' être un tems considérable sans respirer. = Tout d' une haleine; tout de suite et sans se reposer. "Boire un grand trait; réciter un discours tout d' une haleine. _ Fig. "Ne me grondez point sur la longueur de mes lettres: je ne les écris point tout d' une haleine. SÉV. = Courte haleine: Asthme. = Faire ou tenir des Discours à perte d' haleine, des discours vagues et trop longs. = Tenir en haleine, dans un état d' incertitude, mélé d' espérance et de crainte. "Je vous ai tenus en haleine pendant une longue suite d' années, et à la fin je me suis moquée de vous. Fonten. Tenir des troupes en haleine, est autre chôse; c' est ne pas les laisser reposer, de peur qu' elles ne s' amolissent. = Hors d' haleine~. "À~ la fin on les vit acourir hors d' haleine. ID. c. à. d. tout essouflés. = Afaire, ouvrage de longue haleine, qui demande beaucoup de tems. = Haleine (petit soufle) de vent: "Il ne fait pas une haleine de vent.

HALER


HALER, v. act. [l' h s' aspire: l' a est bref et sans accent, à la diférence de Hâler, doner du hâle. Voy. HâLE.] 1°. Tirer à force de brâs et avec une corde. Haler un bateau. "Hale, hale! crient les Bateliers. = 2°. Exciter des chiens à se jeter sur... Haler les chiens après quelqu' un.

HALETANT


HALETANT, ANTE, adj. HALETER, v. n. [l' h s' aspire: 2e e muet; 3e lon. aux deux premiers, é fer. au dern.] Haleter, soufler, comme quand on est hors d' haleine. Haletant, qui halète, qui est essouflé. "Ce chien ne fait que haleter. "Il arriva tout haletant.

HALLE


HALLE, s. f. [l' h est aspirée: Hale: la halle.] Place publique, ordinairement couverte, qui sert à tenir le marché ou la foire. "Grande halle, sous la halle. À~ la halle, aux halles. = On dit, en st. prov. d' une maison, où il se fait beaucoup de bruit, et où toute sorte de persones abordent indiféremment, que c' est une halle. = Le langage des Hales; langage bas et grossier. "La scène comique fut long-tems en proie au burlesque de Scarron. Ce langage des halles, si oposé à la délicatesse et au ton précieux, alors en vogue, fut cependant goûté de la multitude, Journ. de Mons.

HALLEBARDE


HALLEBARDE ou HALEBARDE, s. f. HALEBARDIER, s. m. [On aspire l' h; la halebarde: 2e e muet, dern. e muet au 1er, é fer. au 2d, un halebardié, et non pas u-nale--bar-dié.] Halebarde, pique garnie par le haut d' un fer large et pointu, traversé d' un aûtre en forme de croissant. Halebardier, sorte de garde à pied, qui porte la halebarde. = La halebarde, est l' arme que porte un sergent dans une compagnie de Fantassins. Ainsi, doner la halebarde à un soldat, c' est l' élever au grade de sergent.

HALLIER


HALLIER, s. m. [l' h s' aspire: ha-lié: 2e é fer.] Buisson fort épais. "Parmi, à travers les halliers.

HALTE


HALTE, s. f. [Aspirez l' h] Paûse, que font des gens de guerre, dans leur marche. Faire halte. _ Halte, Interjection. Arrêtez. = Halte, est aussi le repâs qu' on fait pendant la halte. On le dit des chasseurs, des voyageurs, comme des gens de guerre. "Halte de chasse. Il avait fait préparer une bonne halte. Voy. ALTE.

HAMAC


HAMAC, s. m. [l' h s' aspire: on pron. le c final.] Espèce de lit, fort en usage dans nos colonies d' Amérique. C' est une forte toile suspendue à deux point fixes.

HAMEAU


HAMEAU, s. m. [Ha-mo: l' h est aspirée: plur. hameaux] Petit nombre de maisons écartées du village ou de la paroisse. "Ce n' est pas un village; ce n' est qu' un hameau; un méchant hameau.

HAMEÇON


HAMEÇON, s. m. [l' h est muette: ame--son: 2e e muet = J. J. Rouss. ou son Imprimeur aspire l' h: "Ils inventèrent la ligne et le hameçon. Dites et l'~ hameçon.] Petit crochet de fer ou de fil d' archal, qu' on met au bout d' une ligne, avec de l' apât, pour prendre du poisson. = En styl. fig. famil. mordre à l' hameçon, prendre l' hameçon, se laisser leurrer, tromper.

HAMPE


HAMPE, s. f. [Hanpe: l' h est aspirée: 1re lon. 2e e muet.] Le bois d' une halebarde. = On doutait du tems de Vaugelas, s' il falait dire, la hampe ou la hante d' une halebarde; et il se contente de dire que le 1er est incomparablement meilleur et plus usité. Mais depuis la remarque de Ménage, on ne dit plus que la hampe. Th. Corn. L. T. = on dit aussi la hampe d' un pinceau.

HANCHE


HANCHE, s. f. [Aspirez l' h: la hanche: 1re lon. 2e e muet.] La partie du corps humain, dans laquelle le haut de la cuisse est emboîté. "Avoir mal à la hanche. "Elle a de grôsses hanches; elle n' a point; elle a trop de hanche.

HANGAR


HANGAR, s. m. [Aspirez l' h: le hangar.] Espèce de remise ouverte par devant, destinée pour des chariots, des charrettes, etc.

HANNETON


HANNETON, ou HANETON, s. m. [l' h s' aspire: 2e e muet.] Insecte, qui a des ailes, et qui parait au printems. = On dit, st. prov. étourdi comme un haneton. "C' est un haneton.

HANICROCHE


*HANICROCHE. C' est ainsi que ce mot est écrit dans les Lettres de Madame de Sévigné et dans l' ancien Trévoux. Voy. ANICROCHE.

HANTER


HANTER, v. act. HANTISE, s. f. [l' h s' aspire: le hanter, la hantise: 1re lon. 2e lon. au 2d, é fer. au 1er: l' s a le son du z.] Hanter, visiter souvent et familièrement. Hantise, fréquentation. = Hanter, se dit des persones; hanter les bones ou les mauvaises compagnies; et des lieux; Hanter le bârreau, le Palais, les foîres, les cabarets, etc. = V. n. Hanter chez quelqu' un, en bon lieu, en de mauvais lieux.
   HANTISE, est vieux, bâs et populaire: il n' est bon que pour le marotique.
   Souvenez-vous, quoique le coeur vous dise
   De ne jamais former nulle hantise,
   Qu' avec des gens dans le monde aprouvés.
       Rouss.
L' Acad. dit seulement qu' il est du style familier, et qu' il ne se dit guère qu' en mauvaise part.

HAPPELOURDE


HAPPELOURDE ou HAPELOURDE, s. f. [l' h est aspirée: 2e et dern. e muet.] Au propre, pierre faûsse, qui a l' éclat et l' aparence d' une vraie pierre précieûse. Au figuré, ce qui a plus d' éclat que de valeur. _ Persone, qui sous un bel extérieur n' a pas d' esprit.

HAPPER


HAPPER ou HAPER, v. act. [l' h s' aspire: le haper et non pas l' haper.] Il se dit proprement des chiens: prendre avidement avec la gueule ce qu' on lui jète. Figurément, Atraper, saisir. "Les sergens l' ont hapé, style familier.

HAQUENÉE


HAQUENÉE, s. f. [Aspirez l' h, une haquenée, et non unakenée: 2e e muet, 3e é fer. et long.] Cheval ou cavale de médiocre tâille, qui va ordinairement l' amble.

HARANGUE


HARANGUE, s. f. HARANGUER, v. act. et n. HARANGUEUR, s. m. [l' h s' aspire; la harangue, le harangueur, etc. et non pas l' arangue, l' arangueur; plus d' harangues: L' Ab. Des Font. ou son imprimeur. Il faut plus de harangues: on lit aussi dans le même Auteur l' habitude d' haranguer, pour de haranguer, etc. 2e lon. 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Discours fait à une assemblée, à un Prince, à une persone distinguée. Il est peu usité aujourd' hui. On dit plutôt discours. = Haranguer, prononcer une harangue. Haranguer le Roi, le Peuple, les Soldats. Il se dit surtout dans les histoires anciènes. Harangueur, celui qui harangue. Il ne se dit ordinairement que par mépris et pour se moquer. "Nous ne craignons ici persone, pas même Télémaque, tout grand harangueur qu' il est. Mme Dacier, Odyssée.
   En style familier et critique, on apèle harangue un discours ennuyeux; harangueur, un grand parleur; ou un homme, qui a acoutumé de faire des remontrances sur tout. Haranguer, parler beaucoup et avec emphâse.

HARâS


HARâS, s. m. [Aspirez l' h; le harâ: 2e lon.] Lieu destiné à loger des étalons et des jumens, pour élever des poulains.

HARASSER


HARASSER, v. act. [l' h est aspirée: Haracé: 3e é fer.] Lasser, fatiguer. "Le train du cheval m' a harassé. "Il est lâs et harassé. Cheval harassé. Troupes harassées. = On dit aussi, avoir l' esprit harassé.

HARCELER


HARCELER, v. act. [On doit aspirer l' h: 2e e muet, 3e é fer. Devant la syll. fém. le 1er e se change en è moy. "Il harcèle, harcèlera.] Provoquer, importuner. "Il faut le harceler pour le faire travailler. "Il m' a harcelé pour m' y faire consentir. = Fatiguer par des combats continuels. "Il évita une action générale et se contenta de harceler les Infidèles. Hist. de Saladin.

HARDE


HARDE, s. f. [l' h s' aspire: la harde.] Troupe de bêtes faûves. = * Le Traducteur du Voy. d' Anson, met herde, parce qu' il traduit litéralement le mot anglais herd, que Boyer traduit pourtant par Harde.

HARDES


HARDES, s. f. pl. [l' h est aspirée.] Il se dit en général de tout ce qui est de l' usage nécessaire et ordinaire pour l' habillement. Voy. HABIT. _ Ce mot n' a point de singulier.

HARDI


HARDI, IE, adj. HARDIESSE, s. f. HARDIMENT, adv. [l' h doit s' aspirer dans tous ces mots. Hardi, dî-e, di-èce, diman: 2e lon. au 2d; 3e e muet au 2d, è moy. au 3e.] = Quelques Poètes pour leur comodité sans doute n' ont point aspiré l' h.
   Impuissans dans la guerre, assassins dans le Paix.
   Lâches pour vous défendre, hardis pour les forfaits.      Thomas.
La Fontaine, ou n' aspire point l' h, ou il fait hardiesse de 3 syllabes seulement.
   Son fait consistoit en adresse.
   Quelques termes de l' art et beaucoup de hardiesse.
Dans le Voyage de Chapelle et de Bachaumont, l' h n' est point aspirée dans hardiment.
   Quoi donc, ici l' on ôsera
   Dire hardiment ce qu' on voudra.
Ménage, qui cite ces vers, avertit M. de Bachaumont que l' h dans hardiment est aspirée. "Les Scolastiques, dit M. Linguet, écrivoient avec autant d' hardiesse que Cicéron. Il dit âilleurs de hardiesse. La 1re manière doit donc être mise sur le compte de l' Imprimeur.
   HARDI et HARDIESSE, se prènent en bone ou en mauvaise part, soit au propre, soit au figuré, selon le sujet dont il s' agit. Tantôt ils signifient assurance et courage, et tantôt audace et témérité. "Hardi soldat, hardi capitaine. Discours hardi, réponse hardie, etc. Avoir, montrer, témoigner de la hardiesse, manquer de hardiesse. "La hardiesse de cette action fut admirée. "Tout le monde fut révolté d' une si grande hardiesse, etc.
   Hardiesse, audace, éfronterie, (synon.) Il y a dans la hardiesse quelque chôse de mâle; dans l' audace, quelque chôse d' emporté; dans l' éfronterie, quelque chôse d' incivil. La hardiesse marque du courage et de l' assurance; l' audace marque de la hauteur et de la témérité; l' éfronterie marque de l' impudence. GIR. Synon. = L' homme efronté est sans pudeur; l' homme audacieux, sans respect ou sans réflexion; l' homme hardi, sans crainte. "La hardiesse, avec laquelle on doit toujours dire la vérité, ne doit jamais dégénérer en audace, et encôre moins en éfronterie. _ Éfronté, ne se dit que des persones: Hardi et audacieux, se disent des persones et des actions, des Discours. Encycl. Beauzée.
   REM. Hardi et hardiesse régissent à, et l' infinitif. "Hardi à décider. "Peut-on soufrir sa hardiesse à décider de tout à tort et à travers. = Mais on dit avoir la hardiesse de dire, de faire. = On dit aussi prendre la hardiesse pour la licence, mais seulement dans le style familier. "Excusez-moi, si je prens la hardiesse de vous représenter, etc. "Qui vous a fait prendre cette hardiesse?
   HARDIMENT, avec hardiesse. "Parler, mentir hardiment. = Sans hésiter. "Dites-lui hardiment que, etc.

HARENG


HARENG, s. m. HARENGEAISON, s. f. HARENGèRE, s. f. [Plusieurs écrivent comme on pron. harang, etc. avec un a: l' h s' aspire. Haran, gèzon, gère: 2e lon. 3e è moy. au 2d et au 3e, long à celui-ci.] Petit poisson, qui ne se pêche que dans l' océan, et qui vient par troupes, et multiplie prodigieûsement. "Les côtes de la mer noire sont le terme de l' émigration des harengs. ST. PIERRE. Harengeaison, tems de la pêche du hareng. Harengère, poissarde, femme qui vend des harengs et aûtres poissons en détail. _ Fig. femme qui se plait à quereller, à dire des injures. "Crier, parler, dire des injures comme une harengère.

HARGNEUX


HARGNEUX, EûSE, adj. [Aspirez l' h: mouillez le gn: 2e lon. Harg-neû, neû-ze.] Qui est d' humeur chagrine, querelleûse. "Homme hargneux; avoir l' esprit hargneux; femme hargneûse: elle a l' humeur hargneûse. = On le dit par extension des chiens qui mordent, et des chevaux qui mordent ou qui ruent. = En st. prov. on apèle chien hargneux, un homme mutin et querelleur. Et le proverbe dit que: chien hargneux a toujours les oreilles déchirées.

HARGNERIE


HARGNERIE, s. f. Ce mot est de l' invention de J. J. Rouss. "Le véritable respect qu' on doit au Public, est de lui épargner les petites hargneries d' Auteurs, dont on remplit les écrits polémiques.

HARICOT


HARICOT, s. m. [On aspire l' h: le t final ne se pron. pas.] Il se dit, et d' une plante à fleurs légumineûses, et des semences que contiènent les siliques qu' elle porte; qu' on apèle aussi fèves des haricots. = Haricot, est aussi le nom d' un ragoût de mouton avec des navets, etc. "Manger un haricot. C' est ce qu' en Provence on apèle la carbonade.

HARIDELLE


HARIDELLE, s. f. [l' h est aspirée: hari--dèle: 3e è moy. 4ee muet.] Méchant cheval maigre. "Ce n' est plus qu' une haridelle; une vieille, une méchante haridelle.

HARMONIE


HARMONIE, s. f. HARMONIEUX, EûSE, adj. HARMONIEûSEMENT, adv. [l' h est muette: armoni-e, eû, eû-ze, eû-ze-man: 3e lon. au 1er: 4ee muet au 1er, lon. aux 3 aûtres: 5ee muet au 3e et 4e.] Harmonie, est l' acord de divers sons. "L' harmonie des instrumens. "Il y a dans ce choeur plus d' harmonie que de mélodie. On le dit des vers, et même de la prôse. "Ce nombre caché: cette secrète harmonie du discours, qui sans avoir la servitude et l' uniformité de la Poésie, en conserve souvent toute la douceur et toutes les grâces. D' Aguess. "Ces prétendus désordres sont nécessaires à l' harmonie de toutes les parties de la terre. St Pierre. = Fig. Concert, acord. "Ce qui fait la beauté d' un bâtiment, c' est la parfaite harmonie de toutes les parties. "Dès que l' harmonie civile se dément, toute la religion elle-même chancelle. Massillon.
   Harmonieux, qui a de l' harmonie. "Chant harmonieux. = Mélodieux. Musique, voix harmonieûse. = Harmonieûsement, avec harmonie. "Ils chantaient harmonieûsement.

HARMONIQUE


HARMONIQUE, adj. [Armonike.] Qui produit l' harmonie. Il n' est point synonyme d' harmonieux: celui-ci est l' éfet, l' aûtre est la caûse. "Sons harmonieûx: intervales harmoniques.

HARMONIQUEUR


*HARMONIQUEUR, HARMONISTE, s. m. Le 1er est de Rousseau le Poète, et n' est bon que pour le marotique. Musicien.
   Et s' avez los de bon poétiqueur
   Aussi l' avez de bon harmoniqueur.
Le 2d est de Rousseau le Philosophe. Qui est savant dans l' harmonie. "Je ne doutois pas que le sieur Noblet ne fût bon harmoniste et n' acompagnât très-exactement.
   *S' HARMONIER, est un mot de M. de Saint-Pierre, "Une large lisière de gazon d' un beau verd gris... s' harmonié d' un côté avec la verdure des bois, et de l' autre avec l' azur des flots. Étud. de la Nat.

HARNACHER


HARNACHER, v. act. HARNOIS, s. m. [l' h s' aspire: harnaché, harnê: dern. é fer. au 1er, ê ouv. et long au 2d. = Suivant Ménage, le mot harnois se prononce de deux manières. On dit, en parlant des harnois des chevaux, harnê: mais dans endôsser le harnois, suer sous le harnois, je dirais harnoâ: cette distinction n' a pas été admise par l' usage. = Il serait mieux d' écrire harnais, pour mieux marquer la prononciation.] Harnois ou Harnais, s' est dit aûtrefois de l' armûre complette d' un homme d' armes. Il est resté, en ce sens, dans ces expressions figurées, endôsser le harnois, embrasser la profession des armes. Blanchir sous le harnois, vieillir dans le métier des armes._ On le dit par plaisanterie d' un homme d' Église ou de Robe. = En style proverbial, s' échaufer dans son harnois, parler de quelque chôse avec beaucoup de véhémence. "Il s' échaufe dans son harnois, pour prouver cette étrange assertion.
   HARNAIS, ne se dit plus au propre que de l' équipage d' un cheval de selle; et de tout ce qui sert à ateler des chevaux de carrosse, de charrette, etc. = Cheval de harnois, cheval de charrette.
   HARNACHER, Mettre le harnais. "Harnacher les chevaux; un cheval, etc. Cheval bien harnaché: mule richement harnachée.

HARPâILLER


HARPâILLER, (se) v. réc. [l' h est aspirée: harpâ-glié: 2e lon. 3e é fer.] Se quereller en se jetant l' un sur l' aûtre, ou simplement, disputer avec indécence. "Ils se sont harpâillés. St. famil.

HARPE


HARPE, s. f. [l' h s' aspire: 2ee muet.] Instrument de musique, qui a plusieurs cordes de longueur inégale, et qu' on touche des deux côtés avec les deux mains en même tems. "Toucher la harpe. "David est peint jouant de la harpe. (On dit pincer de la harpe. MARIN.) "Un joueur de harpe. "Au son de la harpe. = On dit bâssement d' un voleur, qu' il joue de la harpe, pour dire qu' il prend subtilement avec la main.

HARPER


HARPER, v. act. [l' h s' aspire: harpé.] Prendre et serrer fortement avec les mains. "Il l' a harpé. = Se harper, se saisir, se prendre l' un l' aûtre avec les mains. (St. famil.) "Ils se harpèrent. "Elles se sont harpées.

HARPIE


HARPIE, s. f. [On aspire l' h: 2e lon. 3e e muet.] Grand oiseau fabuleux, extrêmement vorace, qui avait un visage de femme, et des ongles~ fort crochus et tranchans. = On le dit figurément, de ceux qui prenent avec avidité le bien d' autrui: "Les deux harpies dévoroient chacune une poulet. Le Sage. "Les gens de chicane sont des harpies, de vraies harpies; et d' une femme méchante et criarde: "C' est une harpie.

HARPON


HARPON, s. m. HARPONER, v. act. HARPONEUR, s. m. [l' h est aspirée.] Espèce de dard, dont on se sert pour la pêche des baleines et aûtres grôs poissons. Harponer; acrocher avec le harpon. = Harponeur, Pêcheur choisi pour lancer le harpon.

HART


HART, s. f. [l' h s' aspire: la hart.] 1°. Lien d' osier ou d' aûtre bois fort pliant, dont on lie les fagots. = 2°. La corde dont on étrangle les criminels. Style d' Ordonances. "Sous peine de la hart, d' être pendu.

HASARD


HASARD, s. m. HASARDER, v. act. HASARDEUX, EûSE, adj. HASARDEûSEMENT, adv. [Aspirez l' h: plusieurs écrivent comme on prononce: hazard, etc. avec un z: 3e é fer. au 2d, lon. aux 3 dern. _ Le d ne se prononce jamais au 1er.] Quelques Auteurs ou Imprimeurs n' aspirent point l' h dans ces mots. "J' hasarde aujourd' hui la lettre que j' ai l' honeur de vous écrire. Anon. Dites, je hasarde. "Qu' hasardez-vous dans l' entreprise dont il s' agit? Rollin. Il faut dire, que hasardez-vous? "Me sera-t' il permis d' hasarder une conjectûre? Paulian. Dict. de Phys. Il falait, de hasarder.
   HASARD, 1°. Fortune, sort, câs fortuit, "Coup de hasard; éfet du hasard. "C' est un grand hasard s' il réussit, etc. = Le hasard, un destin aveugle. "Il est absurde de mettre de l' ordre et de la sagesse dans les effets du hasard Le Comte de Valmont. = En style poétique, il se dit au pluriel des dangers de la guerre.
  On t' a vu cherchant les hasards
   Braver mille morts toujours prêtes.
       Rouss.
Et au singulier, de la victoire, de la fortune.
  Bientôt sa valeur Souveraine
  Dans l' école du grand Turenne,
  Aprit à fixer le hasard.
= 2°. Risque, péril. "Courir ou courre hasard de. "Il a couru hasard de sa vie, de son honeur. * On ne le dit point aujourd' hui absolument et sans régime. Corneille dit dans la Toison d' Or. Je le perdrois sans eux, sans eux il court hasard. _ L' Acad. met aussi courir hasard, courre hasard: courir un grand hasard. J' ôse dire qu' il n' y a que la dernière phrâse, qui soit de l' usage actuel. = Il entre dans plusieurs expressions adverbiales. = Au hasard, se dit ou absolument: "Dire quelque chôse au hasard; parler au hasard.
   Ou tout au plus quelque léger regard
   D' un courtisan, qui vous loûe au hasard.       Rouss.
  L' art de se rendre heureux ne s' aprend point d' un maître...
  Qui mettant de sang froid la prudence à l' écart,
  Veut vivre à l' aventûre et mourir au hasard.
      L. Racine.
Ou il régit de, et l' infinitif. "Au hasard de perdre la vie. = En hasard, sans régime. "La vie d' un corps frapé de peste, est moins en hasard que celle d' une âme malade, et endurcie dans le péché. Réflex. "Avant que cette gloire, par son excês, eut mis en hasard sa modération. Boss. Se mettre en hasard. Acad. Dans l' usage actuel on dit plutôt, mettre en danger. = À~ tout hasard: "Nous enfilâmes le sentier à tout hasard. "Se préparer un droit à tout hasard. COCHIN. = Par hasard, Fortuitement. "Cela est arrivé par hazard. * Un P. Philipe, cité par M. de Bufon, a dit de hasard. "Si de hasard quelqu' un avait vu les éléphans en cet état, etc. _ De hasard, fait fort bien avec acheter.
   Des habits hors de mode, achetés de hasard.
       Du Resnel.
Le même Poète dit âilleurs par un hasard, au lieu de par hasard: on voit bien pourquoi.
   Et si par un hasard le peuple pensoit bien,
   Ils raisoneroient mal, pour ne le suivre en rien.
Le Poète avait besoin d' une syllabe de plus.
   HASARDER, c' est risquer, exposer au péril, au hasard. "Hasarder son argent au jeu; son bien dans le comerce. "Hasarder sa vie, sa réputation. Hasarder, risquer. (synon.) Le premier de ces mots n' indique que l' incertitude du succês: le second menace d' une mauvaise issûe. À~ chances égales, on hasarde: avec du désavantage, on risque. Vous hasardez en jouant contre votre égal: vous risquez contre un joueur plus habile. L' homme froid et prudent hasarde peu: l' homme ardent et intrépide risque beaucoup. La raison même hasarde; la passion risque, etc. ROUB. Synon.
   HASARDER, avancer témérairement: "C' est hasarder indiscrètement les acusations les plus odieuses. Cochin. = Se hasarder, régit à devant les noms et les verbes. "Wallace se hasarda par degrés aux entreprises les plus importantes. Hist. d' Angl. "Je me hasarderai à faire encôre ici une réflexion. * Madame de B... (H. d' Angl.) emploie la prép. de. "Ils se hasardèrent de s' éloigner des côtes. Je n' ôse condamner ni aprouver ce régime. Il est peu usité. "Il hasarda de l' instruire, des mécontentemens de son peuple. H. des Tud.
   HASARDEUX, en parlant des persones, hardi, courageux. "Pilote; joueur; Marchand hasardeux. "Elle est trop hasardeûse. _ En parlant des chôses, périlleux, où il y a du danger. "Coup hasardeux. "Entreprise hasardeûse.
   HASARDEûSEMENT, d' une manière hasardeûse: avec risque. "Il a entrepris cela bien hasardeûsement.

HâSE


HâSE, s. f. [Aspirez l' h: 1re lon. 2e e muet.] La femelle d' un lapin, d' un lièvre. _ Fig. et par mépris: vieille hâse, vieille femme, qui a beaucoup d' enfans.

HâTE


HâTE, s. f. HâTER, v. act. [l' h s' aspire: 1re lon. 2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Hâte, promptitude, précipitation. "La grande hâte, avec laquelle il fait toutes chôses, est caûse qu' il ne fait rien de bien. = Avoir hâte, ou une grande hâte de faire, être fort pressé de, etc. = Avec hâte; en hâte. "Dépêcher un courrier en hâte, promptement. = À~ la hâte; avec précipitation. "On voit bien que cela a été fait à la hâte. "Rârement fait on bien les chôses quand on les fait à la hâte.
   HâTER, presser, diligenter. "Hâter son départ. = Faire dépêcher. Hâter la besogne; le diner. "Hâtez ces gens là; qu' ils se dépêchent. = Il est surtout usité avec le pron. pers. Se hâter:
   Hâte-toi, viens à mon secours!
   Je sens, tels que l' ombre légère.
   S' évanouïr mes tristes jours.
       Le Franc.
Il régit souvent de: "Hatez-vous de partir. Mais l' actif n' a ce régime que dans cette expression proverbiale. "On le hâtera bien d' aller: on lui fera bien faire ce qu' on souhaite. "Trouvant toujours que le tems marche assez, sans qu' on le hâte d' aller. SÉV. * Le P. Barre (Hist. d' Allem.) dit toujours hâter de, etc. "C' est ce qui le hâta de prendre ce parti. "Cette faction le hâta de sacrifier ces places à l' atente d' une alliance imaginaire. _ Souvent l' analogie trompe. _ Rollin a dit aussi: "Ils comencèrent à fraper le cheval, pour le hâter de marcher. H. ANC.

HâTIF


HâTIF, ÎVE, adj. HâTîVEMENT, adv. HâTIVETÉ, s. f. [l' h est aspirée: pron. l' f au 1er; 2e lon aux aûtres; 3e e muet.] Hâtif et ses dérivés ne se disent guère que des fruits et des fleurs, qui viènent avant le tems ordinaire: "Fruit hâtif; cerises, fleurs hâtives. "Le plus ou moins de hâtiveté, etc. dépend de la cultûre et des soins. "Faire venir hâtivement. = On dit au figuré, esprit hâtif, formé avant l' âge.
   Hâtif, précoce, prématuré. (synon.) Le 1er indique seulement une chôse avancée; le 2d marque la circonstance de devancer la saison, le tems propre; le 3e désigne une maturité forcée ou une fausse maturité; quelque chôse, qui est contre nature. La diligence et la vitesse distinguent le hâtif; la célérité et l' antériorité, le précoce; la précipitation et l' anticipation, le prématuré. Les fruits qui viennent les premiers, et dans la primeur sont hâtifs: ceux, qui viennent naturellement avant la saison propre à leur espèce, sont précoces: ceux, qui viennent par force avant la saison convenable, et trop-tôt pour acquérir la perfection de leur maturité naturelle sont prématurés, etc. Roub. Synon.

HAUBANS


HAUBANS, s. m. pl. [aspirez l' h: les haubans. Pron. Léoban: 1re dout.] Gros cordages, qui tiènent et afermissent les mâts.

HâVE


HâVE, adj. HAVIR, v. act. et n. [l' h s' aspire: 1re lon. au 1er.] Hâve, pâle, maigre, défiguré. Ce mot est fort énergique, dit l' Auteur des Réflexions. "Un visage hâve. "Ils étoient tous hâves et défigurés. = Havir, dessécher, en parlant de la viande, qu' un trop grand feu, quand on la rôtit, brûle par-dessus, sans qu' elle soit cuite en dedans. "Un trop grand feu havit la viande. = V. n. "La viande havit, ou se havit à un trop grand feu. Ce mot est peu d' usage, je crois. Marin.

HâVRE


HâVRE, s. m. [Aspirez l' h; 1re lon. 2e e muet.] Port de mer. "Gagner le hâvre; sortir du hâvre. = Port est plus souvent employé.

HâVRE-SAC


HâVRE-SAC, s. m. [L' h s' aspire: 1re lon. 2e e muet.] Sorte de sac, que les Soldats et Ouvriers portent sur leur dôs dans les voyages, et où ils mettent leurs petites provisions, leurs ustensiles, leurs outils.

HâUSSE


HâUSSE, s. f. [Hôce; 1re lon. 2e e muet: l' h est aspirée.] Ce qui sert à hausser. "Mettre une haûsse à des souliers, à des bottes. = Quelques Auteurs l' ont employé pour haussement, en parlant des actions des Compagnies de Comerce. "La hausse des actions de la Compagnie d' Occident monta parallèlement à celle des actions de la banque. Anon.

HAûSSE-COU


HAûSSE-COU, ou HAûSSE-COL, s. m. [L' h s' aspire: Hôce-cou, ou hôce-kol; 1re lon. 2e e muet.] Petite plaque de cuivre doré que les Oficiers d' Infanterie portent au-dessous du cou, lorsqu' ils sont de service actuel. = On a dit long-tems l' un et l' aûtre, et le 1er était même le plus usité. L' Acad. les disait également. Hausse-col fut suprimé dans les éditions suivantes. Dans la dernière, il a été rétabli, et hausse-cou retranché. Trév. préfère celui-ci.

HAûSSEMENT


HAûSSEMENT, s. m. [On aspire l' h:Hôceman: 1re lon. 2e e muet.] Action de hausser. L' Acad. ne le dit que des épaules, qu' on haûsse, en signe d' indignation ou de mépris. _ Trév. dit: le haussement d' un mur, de la voix, de la parole. Les Écrivains Politiques le disent du change des Actions. Voy. HAûSSE.

HAUSSER


HAUSSER, v. act. [Aspirez l' h: Hocé; l' o est douteux; 2e é fer. mais devant l' e muet, l' o est long, il haûsse, haûssera, etc.] Hausser, c' est, 1°. Elever, rendre plus haut. "Hausser une murâille, une maison. _ Hausser la parole, la voix, un instrument de musique, qui est trop bâs. = 2°. Lever en haut. "Hausser le brâs, la jambe. Se hausser sur la pointe des pieds. _ Fig. (st. fam.) Hausser les épaules, en signe d' indignation, de mépris. = 3°. Augmenter. "Hausser le prix de, les gages, les impôts, etc. Fig. "Hausser le coeur, le courage à quelqu' un. = 4°. V. n. Devenir plus haut. "La rivière a haussé; le prix du blé a haussé. _ Voy. LEVER.
   REM. Se hausser, ne se dit qu' au propre. Voiture et Bossuet l' ont employé au fig. Le 1er a dit: "Vous vous êtes haussée autant au-dessus de vous même, que vous étiez acoutumée d' être au-dessus des aûtres. On dirait aujourd' hui, élevée. _ Le 2d a dit: se hausser, pour paraitre grand. La pensée fait pâsser l' expression, qui ne plairait pas aujourd' hui dans une Oraison Funèbre.
   En st. proverb., Hausser le coude: bien boire. _ C' est un homme, qui ne se haûsse, ni ne se baisse: il est mou, tranquille, indolent. _ Cet emploi lui a bien haussé le nez ou le menton; lui a haussé le coeur; l' a ennorgueuilli.

HAUT


HAUT, HAUTE, adj. [L' h s' aspire: Hô, hôte; l' ô est long; 2e e muet.] 1°. Élevé: le contraire de bâs, petit. "Haut clocher, haute montagne. = 2°. En parlant des sons, éclatant: "Il a la voix haute, la parole haute: à haute voix. = 3°. Excellent, éminent. "Les hauts faits; le haut style. Haute estime, haute vertu. = 4°. Excessif. "Haute insolence, haute injustice, haute sotise. = 5°. Haut s' associe avec plusieurs noms, en diférens sens. _ L' argent est haut, à un gros intérêt. _ L' eau est fort haute en tel endroit, fort profonde. _ La rivière est haute, plus grôsse qu' à l' ordinaire. = La mer est haute, agitée. _ Aler en haute mer, en pleine mer. = Crier, ou jeter les hauts cris, se plaindre à haute voix. _ Le Haut-Languedoc, la Haute-Provence, etc.: la partie de ces Provinces, qui est la plus éloignée de la mer. Le haut-Rhin, l' endroit où il est le plus près de sa source. = Le haut bout d' une chambre, d' une table; la place la plus honorable. Messe haute, grand' Messe. Hautes Sciences, Théologie, Philosophie, Mathématiques. Hautes Classes, la seconde et la Rhétorique. = Le prendre sur le haut ton, sur un ton haut; parler d' une manière arrogante. "Dans l' admiration même, où me jetèrent les Dissertations de vos Savans, je crus y apercevoir un ton haut et décisif: sans doute c' est un style d' autorité. Le Philos. du Valais. Voy. plus bâs. Rem. 1°. _ Être haut en couleur, avoir le visage rouge. _ Viande qui est de haut goût, poivrée~, salée, etc. = Haut-mal, Épilepsie.
   On dit, proverbialement, tenir la bride haute à un jeune homme, ne lui laisser guère de liberté. Être haut à la main, emporté et usant de voies de fait. Faire un haut le pied, s' enfuir. Cadet de haut apétit, jeune homme qui mange beaucoup. Cela est du haut allemand pour moi, je n' y entends rien.
   HAUT, s. m. Élévation, hauteur. Maison, tapisserie qui a tant de haut. = Le faite. "Le haut d' une tour, d' une montagne, d' un clocher. = Fig. (st. fam.) Tomber de son haut, tomber du haut des nûes; être surpris et étoné, en entendant dire quelque chôse d' extraordinaire. La Fontaine dit: tomber de sa hauteur.
   Et le pauvre voleur ne trouvant plus son gage,
   Pensa tomber de sa hauteur.
Dans cet endroit, cette expression avoisine plus le sens littéral: ainsi, hauteur était le terme propre. _ Regarder de haut en bâs; traiter avec dédain et avec mépris. "Ce Savant nous regarde du haut de son esprit. _ Il y a du haut et du bâs dans la vie; des biens et des maux. _ Il y a bien du haut et du bâs, ou des hauts et des bâs dans l' humeur de cet homme: il est d' une humeur inégale _ Gâgner le haut, s' enfuir. = Au haut, adv. Au haut de la montagne, au plus haut de la maison. _ En haut, adv. "Aler, monter; loger en haut. "Passer par en haut; tirer, pousser en haut, vers le haut. _ En parlant d' une médecine, faire aler par haut et par bâs.
   HAUT, adv. Hautement. Parler haut, à haute voix. _ Avec force, avec audace. "Les Députés parlèrent si haut, qu' ils empêchèrent qu' il y eût rien de décidé. P. Fabre "Parlez plus haut. Montez plus haut. Dépense qui monte haut, qui est fort grande. _ Le prendre bien haut, parler repondre arrogamment. _ Le porter haut, faire une grande dépense et au-dessus de sa condition. C' est aussi, avoir les manières hautaines. Déclarer haut et clair, s' expliquer positivement et nettement. _ On dit proverb. d' un homme qui a été pendu, qu' il l' a été haut et court.
   REM. 1°. Haut n' a pas toutes les significations de ses dérivés. Hauteur, pour fierté, est selon l' usage: haut, pour fier, est tout au moins douteux, quand il n' est pas acompagné de quelqu' autre adjectif, qui en détermine le sens. "Ce jeune Roi, bien fait, d' une mine haute et fière, avoit dans ses yeux la fureur et le désespoir. Télém. "Le Roi de Saxama étoit haut, dit le P. Charlevoix. L' Acad. dit, en ce sens, c' est un homme haut, mais ce n' est pas une conséquence pour, il est haut. = Haut, hautain. Le 2d est toujours pris en mauvaise part: le 1er peut avoir un bon sens. "Une âme haute, est une âme grande: une âme hautaine, est une âme superbe. On peut avoir le coeur haut avec beaucoup de modestie: on n' a point l' humeur hautaine, sans un peu d' insolence. Extr. de l' Ecycl. = Haut, Hautain, Altier (synon.) L' homme haut ne s' abaisse pas: l' homme hautain vous rabaisse; l' homme altier veut vous asservir, plutôt que vous abaisser. L' homme haut soufre impatiemment l' humiliation; le hautain, la contradiction; l' altier, la résistance.... L' homme haut veut de la considération et des égards: s' il rend ce qu' il doit, il exige ce qui lui est dû. Le hautain veut des homages et des bassesses: il croit que tout lui est dû, et oublie ce qu' il doit: l' altier, veut des ménagemens et l' empire: il rend fiérement ce qu' il doit, et exige durement ce qui lui est dû, etc. Roub. Synon.

HAUTAIN


HAUTAIN, AINE, adj. HAUTAINEMENT, adv. [L' h s' aspire: Ho-tein, tène, tène--man; 1re dout. 2e è moy. au 2d et 3e, dont la 3e e muet.] Ils se prènent toujours en mauvaise part. Fier, fièrement. "Un esprit hautain; mine, humeur hautaine. "Homme hautain, femme hautaine. "Il m' a parlé, répondu, traité fort hautainement. Voyez HAUT, à la fin. = Autrefois on les prenait en bone part, du moins l' adjectif.
   Les Muses hautaines et brâves,
   Tiennent le flater odïeux.      Malherbe.

HAUT-BOIS


HAUT-BOIS, s. m. [On aspire l' h: Ho--boâ: 2e lon.] Instrument à vent et à anche, dont le ton est fort clair. Jouer du haut-bois. _ Il se dit aussi de celui qui en joûe. "C' est un excellent haut-bois = On dit proverbialement, jouer du haut-bois, abatre une futaie pour avoir de l' argent. C' est un quolibet, un jeu de mots, un calembour.

HAUT-BORD


HAUT-BORD, s. m. [Hôbor: aspirez l' h.] Vaisseau de haut-bord, se dit des grands vaisseaux dans la Marine Royale.

HAUT-DE-CHAûSSE


HAUT-DE-CHAûSSE, ou DE-CHAûSSES, s. m. [Hôdechôce: 1re et 3e lon. 2e et dern. e muet.] La partie du vêtement de l' homme, qui le couvre depuis la ceinture jusqu' aux genoux. On dit plus ordinairement aujourd' hui, culote. = En st. prov. on dit qu' une femme porte le haut-de-chaûsses, quand elle a plus de pouvoir dans la maison que son mari.

HAUTE


HAUTE, adj. fém. Voyez HAUT. Il entre dans la composition de plusieurs mots, tous du genre fémin. comme de raison. On y aspire l' h. = Haute-contre, celle des quatre parties de la Musique, qui est entre le dessus et la tâille; et celui qui la chante. "Chanter la haute-contre. "Une voix de haute-contre. "C' est une haute-contre. = Haute-lice; Tapisserie de haute-lice. = Haute-lutte ne se dit qu' adverbialement et au figuré. "Emporter quelque chôse de haute-lutte, d' autorité et avec une grande supériorité. = Haute-Paye, ou Haute-paie. Voyez PAYE. Solde plus grande que l' ordinaire, et celui qui la reçoit. = Haute-tâille; voix moyène entre la tâille et la haute-contre.

HAûTEMENT


HAûTEMENT, adv. HAUTESSE, s. f. HAUTEUR, s. f. [Aspirez l' h: Hôteman;ho--tèce, ho-teur; 1re lon. au 1er, dout. aux 2 aûtres: 2e e muet au 1er~, è moy. au 2d.] Haûtement ne se dit point au propre. Il signifie, au figuré, 1°. Hardiment, librement, résolument. "Il le dit hautement. "Je le lui ai déclaré hautement. = 2°. Avec hauteur, à force ouverte. "Protéger hautement. Se déclarer hautement pour, etc.
   HAUTESSE, est consacré pour exprimer le titre d' honeur qu' on done au Sultan des Turcs, apelé aussi Grand-Seigneur. "Sa Hautesse.
   HAUTEUR se dit, dans le propre et dans le figuré. 1°. Étendue d' un corps, en tant qu' il est haut. "La hauteur d' une montagne, d' un clocher. = 2°. Colline, éminence. * Il y avoit une hauteur, qui comandoit la place. Gagner les hauteurs. = 3°. Profondeur. "La mer avoir tant de brasses de hauteur. = 4°. Hauteur d' un bataillon, d' un escadron; la quantité de rangs dont il est composé. "Il étoit à six, à dix de hauteur. = 5°. Hauteur ou élévation du Pôle, l' arc du méridien, compris entre le pôle et l' horison du lieu où l' on est. _ Prendre hauteur, observer avec un instrument l' élévation du Soleil sur l' horison à l' heure de midi. = 6°. Fermeté. "Il a agi, dans cette ocasion avec beaucoup de hauteur. = 7°. Arrogance, orgueil, fierté. "Il a parlé avec hauteur = 8°. De hauteur, adv. De haute-lutte, d' autorité. "Le Sénat se flattoit d' emporter cette afaire de hauteur. VERTOT. = Tomber de sa hauteur, étant debout; tomber tout de son long. Voy. HAUT, s. m. = On dit des figûres de hauteur, et non pas à hauteur naturelle, comme dit Rollin.

HAZARD


HAZARD, HAZARDER. Voy. HASARD, HASARDER.

HÉ


HÉ! Interj. Voy. EH!

HEBDOMADAIRE


HEBDOMADAIRE, adj. HEBDOMADIER, s. m. [L' h est muette: èbdomadère, dié: 1re è moy. 4e è moyen et long au 1er, é fer. au 2d.] Le premier se dit de ce qui se renouvèle chaque semaine. "Journal, feuille hebdomadaire; le 2d, du Chanoine qui est en semaine pour Oficier. "Dans quelques Chapitres, l' Hebdomadier est le collateur des bénéfices qui vaquent à la nomination du Chapitre.

HÉBERGER


HÉBERGER, v. act. [Ébêrgé: 1re et 3e é fer. 2e ê ouvert.] Recevoir, loger chez soi. "Il nous hébergea~. "Nous avons été mal hébergés. Ce mot ne se dit qu' en plaisanterie, dit l' Acad.

HÉBÉTER


HÉBÉTER, v. act. [Ébété: trois é fermés. = On écrivait autrefois hébêter avec l' acc. circ. sur le 2d e; mais cet e n' étant ni ouvert, ni long, l' acc. circ. ne lui convient pas; quant à l' étymologie de bête, on ne doit pas y sacrifier la prononciation; l' ê de bête étant ouvert et long, ne doit pas tirer à conséquence pour celui d' hébéter, qui n' est ni l' un, ni l' autre.] Ce verbe ne se dit qu' à l' infinitif, au participe passif, et aux temps composés. "La trop grande rudesse des Maîtres n' est propre qu' à hébéter les enfans, à leur hébéter l' esprit. "L' ivrognerie l' avoit hébété. = S. m. "C' est un hébété.

HÉBRAïQUE


HÉBRAïQUE, adj. HÉBRAïSANT, s. m. HÉBRAïSME, s. m. [Ébra-ike, izan, isme.] Hébraïque, qui concerne l' hébreu. "Langue; Gramaire, phrâse, Bible hébraïque. = Hébraïsant, Savant qui s' atache à l' étude de la langue hébraïque et au texte hébreu de l' Écritûre. = Hébraïsme, façon de parler particulière à la Langue hébraïque.

HÉBREU


HÉBREU, s. m. [É-breu. 1reé fermé.] La langue hébraïque. "Il sait l' hébreu parfaitement. = Adj. "Le texte hébreu. = S. m. pl. Les Hébreux, les Juifs, les Israélites. Le premier nom s' emploie en parlant de ce peuple, sous les Juges et les premiers Rois. On dit en style fig. famil. ce que vous dites est de l' hébreu pour moi; vous me parlez hébreu: je n' y entends rien.

HÉCATOMBE


HÉCATOMBE, s. m. [Ékatonbe: 1re é fer. 3e lon.] Sacrifice de cent boeufs, ou de plusieurs animaux de diférente espèce, que faisaient les Anciens.

HÉGIRE


HÉGIRE, s. f. [Égîre: 1re é fer. 2e lon. 3e e muet.] L' époque d' où les Mahométans comencent à compter les années.

HÉIDUQUE


HÉIDUQUE, s. m. Fantassin hongrois. On donne ce nom en France à des domestiques vétus à la hongroise.

HÉLAS


HÉLAS! Interjection, qui exprime la plainte. "Hélas! que deviendrai je? Hélas! que je suis malheureux!

HÉLER


HÉLER, v. act. [Hélé: 2 é fermés: l' h s' aspire.] En termes de Marine, c' est apeler. "Héler un navire.

HELLÉNISME


HELLÉNISME, s. m. [On pron. les deux ll: 2e é fermé.] Tour, expression, manière de parler, propres de la Langue Grecque.

HÉMI


HÉMI, mot qui ne se dit pas tout seul, mais qui entre dans la composition de quelques mots français: il signifie demi.

HÉMI-CYCLE


HÉMI-CYCLE, s. m. [Émicicle: 1re é fer. dern. e muet.] Demi-cercle. Il ne se dit que d' un lieu formé en amphithéâtre, pour une assemblée d' Auditeurs et de Spectateurs.

HÉMI-SPHèRE


HÉMI-SPHèRE, s. m. [Èmisfère: 1re é fermé, 3e è moyen et long, dern. e muet.] Il signifie litéralement demi-sphère; mais il ne s' emploie que pour signifier la moitié du globe terrestre. "Notre Hémisphère. "L' hémisphère supérieur, l' hémisphère inférieur. * Quelques Écrivains l' ont fait fém. aparemment parce que sphère est de ce genre~ "Suposé que les hémisphères soient grandes. MALLEBR. "Ces deux hémisphères étant~ comprimées. "L' hémisphère australe ANON. "L' hémisphère méridionale. JOURN. DE LITTÉRATûRE.

HÉMISTICHE


HÉMISTICHE, s. m. [Émis-tiche: 1re é fermé, dern. e muet.] La moitié d' un vers héroïque ou alexandrin.
   C' est un préjugé ancien et comun, que le repôs du premier hémistiche étant toujours le même dans nos grands vers, y cause une uniformité soporifère. "La monotonie de notre vers alexandrin, qui ne peut soufrir aucune diférence, ni aucune diversité de nombre, me paroit un grand foible dans notre Poésie françoise, dit le P. Rapin; et à moins que de soutenir la force de ses vers, ou par de grands sujets, ou par un génie extraordinaire, on devient fort ennuyeux dans les pièces de longue haleine." _ Il y a du vrai dans ce que dit le P. Rapin, et dans ce que tant d' aûtres ont dit avant et après lui; mais c' est plus la faûte de la rime que de la mesûre des vers, qui n' est pas aussi monotone qu' on le prétend. J' avoue que si l' on scande les vers, comme font les écoliers, s' arrêtant toujours au repôs de la 6e syllabe, sans égard au sens, il n' y a rien de plus uniforme et de plus insuportable. Mais si l' on récite les vers, comme font les persones qui ont un bon goût de déclamation, on troûvera que le repôs du premier hémistiche est l' endroit où l' on s' arrête le moins souvent, et qu' il y a un grand nombre de petits repôs, tantôt à la 1re, à la 2e, à la 3e syllabe, tantôt à la 8e et à la 9e même qui coupent l' uniformité de ce grand repôs de la 6e. Nous en citerons quelques exemples. _ Repôs à la 1re syllabe, et à la 2e.
   Oui - je viens dans son temple adorer l' Éternel.
   Je viens - suivant l' usage antique et solennel.
       Athalie.
  L' un - peut tracer en vers une amoureuse flame,
  L' autre - d' un trait plaisant aiguise l' épigramme.
       Boil.
  Tout - s' il est généreux - lui prescrit cette loi:
  Mais tout - s' il est ingrat - lui parle contre moi.
       Brit.
Repôs à la 2de syllabe.
  Grand Roi! - c' est vainement qu' abjurant la satire,
  Pour toi seul - désormais j' avois fait voeu d' écrire,
       Boil.
  Et moi - qui sur le trône ai suivi mes ancêtres;
  Moi - fille - femme - soeur et mère de vos maîtres.
       Brit.
Que de repôs dans le dernier vers! à la 1re, à la 3e, à la 5e, à la 6e. = Repôs à la 3e syllabe.
   Que toujours - le bon sens s' acorde - avec la rime!
       Boil.
  Par quel charme - oubliant~ tant~ de tourmens souferts,
  Pouvez-vous - consentir à rentrer dans ses ferts.
       Androm.
  C' est elle - qui portant le flambeau - devant moi,
  M' encourage - à chercher mon apui véritable.
       L. Rac.
Repôs à la 4e syllabe.
Tu ne méritois pas d' avoir un si bon maître.
   Tu le quittes! - pour qui? pour Cromvel, - pour un traitre.
       P. Marion, Cromvel.
  Dès que je prends la plume, Apollon éperdu
  Semble me dire - Arrête insensé! - que fais-tu?
       Boil.
  Honteux d' avoir poussé tant de voeux - superflus,
  Vous l' abhorriez - enfin, vous ne m' en parliez plus.
       Androm.
Les repôs à la 5e syllabe sont râres, et ils y font un mauvais éfet.
   Ces sermens odieux.
   Devraient-ils jamais - être entendus par les Dieux.
       Éricie.
Ceux à la 7e ne sont pas comuns non plus. Il ne s' en est point prêsenté à moi, et je crois qu' ils feraient fort mal aussi; mais les repôs à la 8e syllabe sont fort fréquens.
   Que toujours - le bon sens s' acorde - avec la rime.
   Au jeu de la raison sans peine elle fléchit;
   Et - loin de la gêner - la sert - et l' enrichit.
       Boil.
Repôs à la 9e Syllabe; outre tous ceux qu' on a vûs plus haut.
   Un et quatre font cinq - ôtez deux - reste trois.
       Boil.
  Quelque sujet qu' on traite, - ou plaisant, - ou sublime,
  Que toujours, etc.
  Ton nom, Roi Très-Chrétien, fils ainé d' une Mère
  Dont les droits, - la beauté, - la gloire - t' est si chère.
       L. Rac.
Les repôs à la 10e et à la 11e sont râres: en voici un à la 10e.
   La paix se rompt, - les Grands sont dissipés - et moi,
   N' ayant plus que le titre, et le vain nom de Roi, etc.
       P. Marion, Cromvel.
M. Geofroi a raison d' aimer à voir M. l' Ab. De Lille transposer à son gré la césure, pour rompre l' uniformité du vers alexandrin.
   Vous marchez, - l' horison vous obéit, - la terre
   S' élève ou redescend, etc.
   Renversez sur le sein de la terre indignée,
   Ils meurent: - de ces lieux s' exilent pour toujours,
   Avant tout - connoissez votre site, - et du lieu
   Adorez le génie....
   Tantôt en bouillonant s' élève, - et de ses bords, etc.
   À~ leur terrible aspect je tremble, - et de leur cime,
   L' imagination me suspend sur l' abîme.
   Les vrais Poètes, guidés par le goût et le talent, observent, sans y penser, ces variétés dans le repôs, et quand ils ne le font pas, leurs vers, quelque ronflans qu' ils soient; et plus même ils seront ronflans, seront dificiles à lire ou à déclamer, et paraitront d' une uniformité monotone et ennuyeûse. Telle est, par exemple, la narration de Théramène, où il y a de si beaux vers; mais où l' on est presque toujours obligé de s' arrêter au grand repôs de la 6e syllabe.

HÉMORRAGIE


HÉMORRAGIE, s. fém. HÉMORROïDES, s. fém. pl. HÉMORROïSSE, s. f. [Émôragi-e, roide, ro-ice: 1reé fer. 2e lon. r forte, 4e. lon. au 1er, dern. e muet dans tous les trois. - Trév. écrit hémorrhagie, etc. avec une h après les deux r: l' Acad. ne met point cette h, qui est fort inutile à tous égards.] Hémorragie, perte de sang par le nez, par une plaie, etc. = Hémorroïdes, dilatation de la veine hémorroïdale au bout de l' anus, qui se remplit de sang. = On dit qu' un homme a les hémorroïdes, lorsque les veines hémorroïdales sont gonflées et lui causent de la douleur. = Hémorroïsse, femme malade d' un flux de sang. On ne le dit que de celle qui fut guérie, seulement en touchant la robe de Notre-Seigneur. Hors de là ce mot n' est point d' usage.

HENNIR


HENNIR, v. n. HENNISSEMENT, s. m. [L' h s' aspire: hanni, ni-ceman. = Quelques-uns écrivent hannir; mais hennir a plus de partisans.] Ces deux mots expriment le cri ordinaire du cheval. "Le cheval se mit à hennir. "Le hennissement des chevaux.

HENRI


HENRI, s. m. Nom d' homme. Les uns aspirent l' h, les aûtres ne l' aspirent pas, sur-tout dans la conversation. Gresset l' aspire même dans la bouche d' un valet.
   Vraiment, Maitre Henri, je la trouve gentille.
On dit, Maîtr' Henri.

HÉRAUT


HÉRAUT, s. m. [Hérô: 1re é fer. 2e lon. _ On aspire l' h: le héraut, et non pas l' héraut: le t final ne se pron. point.] Oficier d' un Prince ou d' un État souverain, auquel on commettait aûtrefois les défis et déclarations de guerre. _ Il fait aujourd' hui les publications de paix, et exerce beaucoup d' autres fonctions dans les cérémonies.

HERBAGE


HERBAGE, s. m. HERBETTE, s. f. HERBE, s. f. HERBER, v. a. [Êrbage, êrbe, bète, bé: 1re ê ouv. 2e e muet au 2d, è moyen au 3e, é fermé au dern.] Herbe est le nom des plantes, qui ne sont, ni arbre, ni arbrisseau, ni arbuste. Herbages, au pluriel; toutes sortes d' herbes. Herbette, l' herbe courte et menue de la campagne. Herber, exposer sur l' herbe. "Herbe fraiche, tendre molle, etc. l' herbe comence à poindre, etc. _ Vivre d' herbages. _ Danser sur l' herbette. "On herbe de la toile, des cheveux, etc. = Herbages, au pluriel, se dit plus particulièrement de l' herbe des près où l' on met les animaux pour les engraisser. Herbage, au singulier, signifie un pré qu' on ne fauche jamais et qui ne sert qu' à engraisser des beufs et des vaches qu' on y met. = Herbette ne se dit qu' en poésie pastorale. On dit, proverbialement, à chemin batu il ne croît point d' herbe, il n' y a pas beaucoup de profit à faire dans un comerce dont tant de gens se mêlent. _ Manger son blé en herbe, son revenu avant qu' il soit échu. _ Toutes les herbes de la St. Jean: toutes sortes de chôses _ Sur quelle herbe avez-vous marché? Qui est la caûse de votre mauvaise humeur? V. COUPER, CROîTRE.

HERBEUX


HERBEUX, EûSE, adj. HERBIER, s. m. HERBIèRE, s. fém. [Êr-beû, beû-ze, bié, biè-re: 1re ê ouv. 2e long. aux deux premiers, é fermé au 3e, è moyen au dernier.] Herbeux se dit des lieux où il croit de l' herbe. = Herbier est, 1°. Collection des feuilles de plantes, mises entre deux feuilles de papier. 2°. Le premier ventricule des animaux, qui ruminent. = Herbière, vendeûse d' herbes

HERBORISATION


HERBORISATION, s. fém. HERBORISER, v. neut. HERBORISTE, s. masc. [Êr--boriza-cion, rizé, ris-te: 1re ê ouv. dern. é fermé au 2d, e muet au 3e.] Herboriser, c' est aller dans les champs, les bois, les jardins, chercher des herbes et des plantes, soit pour s' instruire, soit pour s' en servir aux usages propres de la Médecine. Herborisation est l' action d' herboriser. Herboriste se dit plus souvent de celui qui vend les simples, que de celui qui les conait. On dit d' un Médecin, d' un Savant, que c' est un grand Botaniste: On ne dit guère un grand herboriste.

HERBU


HERBU, ÛE, adj. [Êrbu, bû-e: 1re ê ouv. 2e lon. au 2d.] Couvert d' herbe. "Chemin, champ, pré fort herbu.

HERDE


HERDE. V. HARDE.

HèRE


HèRE, s. m. [L' h s' aspire: 1re è moy. et long, 2e e muet.] Il n' a d' usage qu' en cette phrâse: c' est un paûvre hère; un homme, ou sans biens, ou sans mérite. Voyez HAIRE.

HÉRÉDITAIRE


HÉRÉDITAIRE, adj. HÉRÉDITAIREMENT, adv. HÉRÉDITÉ, s. fém. [Érédi--tère, tèreman, té: Les deux premiers é fer. 4e è moyen et long au 1er et 2d, é fermé au 3e.] Hérédité est un terme de Pratique: Droit de succession. "Accepter l' hérédité. Répudier une hérédité, etc. = Héréditaire est plus du discours ordinaire. Qui vient par droit de succession. Royaume héréditaire: Charge, ofice héréditaire. _ Et figurément, Mal, maladie héréditaire dans une famille. "La vertu, la piété y sont héréditaires, y pâssent de père en fils. = Héréditairement, par droit d' hérédité. "Tenir, posséder une charge, une terre héréditairement. Il est plus du style du Palais que du langage ordinaire.

HÉRÉSIARQUE


HÉRÉSIARQUE, s. m. HÉRÉSIE, s. f. HÉRÉTIQUE, adj. et s. HÉRÉTICITÉ, s. f. [Éréziarke, zî-e, tike, ticité: les deux premières é fer. 3e lon. au 2d: dernier e muet aux trois premiers, é fermé au dern.] Hérésie, erreur condamnée par l' Église, en matière de religion. Hérésiarque, Auteur d' une hérésie. Hérétique, qui professe, qui soutient l' hérésie. = Adj. m. Qui apartient à l' hérésie. Héréticité, qualité d' une proposition~ hérétique. "L' hérésie d' Arius; de Luther, de Calvin. Dire des hérésies. Abjurer l' hérésie "Parmi ces demandes, il y en avoit plusieurs qui sentoient l' hérésie. P. Fabre. "Dogme, proposition hérétique. "L' héréticité d' une proposition. = Il ne faut pas confondre hérésiarque et hérétique: le premier signifie l' Auteur de l' hérésie, et le second le Sectateur d' un hérésiarque. "Calvin a été un des plus furieux hérésiarques. "Les Calvinistes sont des hérétiques. = On dit quelquefois l' hérésie, pour les hérétiques. "Constantin ne connoissoit point encore le génie de l' hérésie, toujours prête à tirer avantage des moindres complaisances qu' on a pour elle. Le P. Longueval.

HÉRÉSIPELLE


*HÉRÉSIPELLE, s. fém. C' est ainsi que Le Gendre écrit ce mot. Cette ortographe n' a aucun fondement, ni dans l' étymologie, ni même dans l' ancien usage. Voy. ÉRÉSIPèLE.

HÉRÉTIQUE


HÉRÉTIQUE. Voy. HÉRÉSIARQUE.

HERGNE


*HERGNE, ou HERNIE, s. fém. HERGNEUX, EûSE, adj. et subst. = Suivant La Touche, l' usage est partagé entre hergne, hernie et hargne; mais le premier est le plus usité parmi les persones qui parlent bien; et quoiqu' on doive préférer hergne, il faut dire hargneux, plutôt que hergneux. Il ajoute que l' Acad. dans la nouvelle édit. (d' alors, en 1718,) ne dit que hernie, hergne, hergneux. = Aujourd' hui on ne dit plus que hernie, et hargneux ne s' emploie que dans le moral. On dit, d' une persone afligée de cette incomodité, qu' elle a une hernie, et non pas, qu' elle est hargneûse. = Dans le Rich. Port. on ne met que hernie, et l' on dit hernieux, au lieu de hargneux. L' Acad. ne met ni l' un, ni l' autre. Voy. HERNIE et HARGNEUX.
   HÉRISSER, v. act. et neut. [Aspirez l' h: héricé; 1re et dern. é fer.] Il se dit ordinairement au réciproque. Se dresser en parlant des cheveux. "D' horreur ses cheveux se hérissent. "Le poil des Sangliers se hérisse, quand~ ils sont irrités. = L' Acad. l' emploie neutralement. "Les cheveux lui hérissèrent à la tête, quand, etc. _ On peut douter, je pense, que l' usage admette un pareil emploi de ce verbe.
   Rem. Le participe passif est fort usité avec la prép. de. "Un bataillon hérissé de piques; l' hiver hérissé de glaçons; un Pédant hérissé de grec et de latin.
   Le globe vers le Nord, hérissé de frimas,
   S' élève et redescend dans les brûlans climats.
       De Lille.
Mais il est douteux que l' actif et le réciproque aient ce même régime. Dans l' Ann. Lit. on a critiqué ce vers de M. de Saint-Ange.
   Aux deux entrêmités, des neiges éternelle,
   Hérissent de glaçons deux zones parallèles.
On dit, l' hiver hérissé de glaçons, mais je n' ai jamais oui dire que l' hiver hérisse les arbres de glaçons, dit le Critique. Mrs. Racine le fils et l' Ab. De Lille l' ont pourtant dit avant Mr. de Saint-Ange.
   L' Algèbre avec honneur débrouillant ce cahôs,
   De ses hardis calculs hérisse son héros.
       L. Rac.
  Colchos, pour labourer tes valons fabuleux...
  Que de dens du dragon les fatales semences,
  Hérissent tes guérets d' une moisson de lances.
       De Lille.
Ce dernier Poète done le même régime au réciproque se hérisser.
   D' arbustes épineux les sillons se hérissent.
Je pense donc que ce régime n' est pas condamnable en vers, mais qu' en prôse il n' est pas assez autorisé. L' élégant Traducteur des Géorgiques l' a employé dans des notes qu' il a jointes à sa Traduction. "Jupiter obligea l' Homme à cultiver la Terre, en la hérissant de plantes inutiles ou nuisibles. "La Natûre a hérissé les jambes des Abeilles de poils très-longs. = L' Acad. ne marque point Hérisser actif.

HÉRISSON


HÉRISSON, s. m. [l' h s' aspire: héri-son: 1re é fer.] Petit animal, dont la peau est toute couverte d' une sorte de poil, long, dur, piquant et hérissé. = C' est aussi le nom de deux machines, qu' il serait trop long de décrire.

HÉRITAGE


HÉRITAGE, s. m. HÉRITER, v. n. et act. HÉRITIER, IèRE, s. m. et f. [Éritage, érité, tié, tiè-re: 1re é fer. au 2d et 3e, è moy. et long au dern.] Héritage, ce qui vient par voie de succession. Hériter, recueuillir une succession. Héritier, ière, celui ou celle qui hérite ou qui doit hériter. "Recueuillir l' héritage de ses Pères.
   Chacun, du comun héritage,
   Avide, sépara ses champs,
   Et ce fut ce premier partage
   Qui fit les premiers mécontens.
       La Motte.
"Il hérita de son oncle. "Il a été héritier de sa tante. = Ils se disent au figuré. "Daguesseau recueillit en naissant ce double héritage de gloire et de vertus. Thomas. "Héritier des vertus de ses Ancêtres, il hérita aussi de leur gloire. = On dit, ordinairement se porter pour héritier. Mr Cochin, dit se porter héritier: c' est peut-être l' usage au Palais.
   REM. 1°. Héritage, se dit d' un champ, d' un domaine, quoiqu' on ne le possède pas par voie de succession. "Vendre, acheter, aquérir un héritage. = L' Acad. le dit aussi des maisons. Il me semble qu' il n' est pas aussi usité dans cet emploi.
   2°. Dans le Dict. Gram. on n' aprouve pas hériter, employé activement. Cependant de bons Auteurs l' ont employé, et en vers et en prôse.
   Le berger qui jadis hérita le haut-bois
   Du grand Pasteur de Syracuse.
       Fonten.
  Héritez, cher Gallus, ce haut-bois révéré.
      Gresset.
"Appius avoit hérité de son père des biens considérables. "Il avoit hérité de lui son atachement inviolable pour les intérêts du Sénat. Vertot. "Presque tous leurs descendans héritèrent d' eux cette disposition d' antipathie et de haine. Rollin. "Donna Petronilla avoit hérité le Royaume d' Arragon, immédiatement de son Père. D' Orléans. = L' Acad. le marque aussi actif, et done pour exemples. "Il n' a rien hérité de son Père: il en a hérité de grands biens. = Disons donc, que quand il y a deux régimes, c' est l' acusatif de la chôse, et l' ablatif de la persone. Quand il n' y en a qu' un, c' est toujours l' ablatif, soit de la persone, soit de la chôse.

HERMAPHRODITE


HERMAPHRODITE, s. m. [Êrmaphrodite: 1re ê ouv. dern. e muet.] Celui qu' on prétend: qui a les deux sexes. On dit aussi Androgyne. mais celui-ci ne se dit que parmi les Savans.

HERMÉTIQUEMENT


HERMÉTIQUEMENT, adv. [Êrmétike--man: 1re ê ouv. 2e é fer. 4ee muet.] Scellé hermétiquement, de sa propre matière, par le moyen du feu. = Par extension, on dit, fermé hermétiquement de ce qui est bien fermé.

HERMINE


HERMINE, s. f. [1re ê ouv. dern. e muet: Êrmine.] Petit animal blanc, qui a la queuë noire. Sa peau est une fourrûre assez estimée. Manteau doublé d' hermine. Robe fourrée d' hermine.

HERMITAGE


HERMITAGE, s. m. HERMITE, s. m. [Ermitage, Ermite. C' est ainsi qu' écrit l' Acad. et il n' y a pas en éfet de fondement dans l' étymologie, pour écrire ces deux mots avec une h: Eremus, Eremita. = Trév. et le plus grand nombre des Auteurs écrivent Hermitage, Hermite. Voy. Ces mots sous la lettre E.] On apèle figurément hermitage une maison de retraite à la campagne: mais cette expression n' est que du style familier, badin.
   Il faut bien embellir son petit hermitage.
Dit Geronte, dans le Méchant, et ce vers est devenu proverbe. Mais on ne peut pardoner au P. Rapin d' avoir doné ce nom à la superbe maison de Chantilli. "Les pensées qu' il (le Prince de Condé) a eues pour parer son hermitage, sont à proportion aussi sublimes que les grandes actions qu' il a faites pour sa gloire et pour celle de l' Etat.
   Le proverbe dit: quand le Diable fut vieux, il se fit hermite: la vieillesse nous rend sages. Pas toujours. Du moins plusieurs ne le sont que par force et à leur corps défendant.

HERNIE


HERNIE, s. f. [l' h s' aspire: Hêrnî-e: 1re ê ouv. 2e lon. 3e e muet. Voy. HERGNE.] Descente de boyaux. "Être sujet à la hernie. "Être incomodé d' une hernie.

HÉROïCITÉ


HÉROïCITÉ, s. f. Voy. HÉROïQUE, Rem. n°. 1°.

HÉROI-COMIQUE


HÉROI-COMIQUE, adj. [Éro-ikomike: 1re é fer. dern. e muet: l' h est muette, quoique celle de Héros soit aspirée.] Qui tient de l' héorïque et du comique. "Le Lutrin de Boileau est un Poème héroïcomique.

HÉROïDE


HÉROïDE, s. f. HÉROïNE, s. f. [Éro-ide, Éro-ine: 1re é fer. dern. e muet: quoique dérivés de hérôs, dont l' h s' aspire, ils ont l' h muette.] Le 1er se dit d' une Épitre en vers, composée sous le nom de quelque Hérôs ou personage fameux. "Les Héroïdes d' Ovide. "Pendant un tems les Héroïdes ont été à la mode en France: mais cette mode a bientôt pâssé. = Héroïne, est une femme courageuse, et qui a de l' élévation et de la noblesse dans ses sentimens, dans sa conduite. "C' est une héroïne.

HÉROïQUE


HÉROïQUE, adj. HÉROïQUEMENT, adv. HÉROïSME, s. m. [Éro-ike, ikeman, isme: 1re é fer. 4ee muet: l' h est muette dans ces trois mots, quoique dérivés de Hérôs, où l' h est aspirée.] Héroïque, qui apartient au Hérôs. "Courage, vertu, sentiment, action, patience, etc. héroïque. _ Poème héroïque, épique. Vers héroïques, alexandrins, nos grands vers. = Tems héroïques, tems mélés de Fable et d' Histoire où vivaient les anciens Hérôs, Thésée, Hercule, etc. = Héroïquement, d' une manière héroïque. "Il s' est comporté héroïquement. = Héroïsme, ce qui fait le caractère du Héros. Il se dit des actions et non pas des persones. "Cette action est au-dessus d' une vertu ordinaire: il y a de l' héroïsme.
   REM. 1°. Héroïcité, ne se dit que des vertus des Saints, et seulement dans les procês de leur canonisation. Ailleurs on doit dire héroïsme, même en parlant des Saints et de leurs vertus.
   2°. Héroïque, ne se dit point des persones. On dit des actions héroïques; on ne dit point un Roi héroïque. * Dans la Préface de Bérénice, RACINE dit, parlant de la Tragédie que. "Il suffit que l' action en soit grande, que les Acteurs en soient héroïques. Il veut dire que les personages en soient illustres. Il y a autant à redire au mot Acteurs, qu' à celui d' héroïques. Le Traduct. de l' Hist. d' Angl. dit aussi: "Ces six Héroïques Citoyens (de Calais) parurent devant Édouard, comme on auroit pu y traîner des malfaiteurs. _ Dans un Quatrain sur le Comte de Saxe, atribué pendant quelque-tems à Mr. d' Alembert, et qui est de l' Auteur des Giboulées de l' hiver, on lit:
   Dans Annibal Carthage eut un chef héroïque.
Les exemples de Boileau et de Massillon sont plus imposans. Le 1er dit: "Combien Homère est héroïque lui-même, en peignant le caractère des Hérôs! Trad. de Longin. Le 2d apèle Louis XIV. "Cet héroïque vieillard. Petit Carême. Malgré le respect dû a de si grands noms, nous persistons à croire que ce mot n' a pas cet emploi.
   Héroïque, aime à suivre le substantif: en vers et dans la prôse poétique ou oratoire, il peut le précèder. "Ses héroïques exploits.
   Tu nous instruis, tu nous corriges
   Par tes héroïques chansons.
       La Motte.

HÉRON


HÉRON, s. m. HÉRONEAU, s. m. HÉRONIèRE, s. f. [Héron, rono, ro-niè-re: 1re é fer. 3e è moy. et long au dern. l' h est aspirée; le héron, etc. et non pas l' héron.] Héron, est une espèce de grand oiseau, qui a le bec fort long et les jambes fort hautes, et qui vit de poisson. Héroneau, petit héron. Héronière, le lieu où les hérons se retirent, et où ils font leurs petits.

HÉRONDELLE


*HÉRONDELLE, Voy. HIRONDELLE. Suivant Vaugelas on dit arondelle, hirondelle et hérondelle, mais le dernier est le meilleur et le plus usité des trois. Suivant La Mothe. _ Le Vayer, le vrai mot françois est arondelle: ce sont les gens du pays latin, ajoute-t' il, qui ont préféré hirondelle à cause de hirundo: pour hérondelle, c' est du franc hollandois. Mr. Chapelain pensait au contraire qu' hirondelle était le seul bon; et l' usage a confirmé sa décision. _ Le vieux mot était aronde, qui se dit encôre dans queûe d' aronde, terme de menuisier.

HÉRôS


HÉRôS, s. m. [Hérô: 1re é fer. 2e lon. l' h s' aspire.] 1°. Titre que l' antiquité païenne donait à ceux qui étaient nés d' un Dieu ou d' une Déesse, et d' une persone mortelle. "Hercule, Achille, Énée étaient des Hérôs. = 2°. Les Anciens ont aussi apelé Hérôs, ceux qui par une grande valeur se distinguaient des aûtres hommes. = On done à ce mot à peu près le même sens aujourd' hui. = 3°. Mais on done aussi ce nom à ceux qui montrent dans les ocasions une grandeur d' âme peu comune. = Hérôs, Grand Homme (synon) Suivant La Bruyère, le Hérôs est d' un seul métier, qui est la guerre: le grand Homme est de tous les métiers, ou de la robe, ou de l' épée, ou du cabinet, ou de la cour: mais l' un et l' aûtre, mis ensemble, ne pèsent pas un homme de bien. _ Suivant un Encyclopédiste, le nom de César done l' idée d' un Hérôs, celui de Trajan, de Marc-Aurèle, nous présente un grand homme. Titus réunissoit les qualités du grand homme, et celles du Hérôs. _ Le titre de hérôs dépend du succês; celui de grand homme n' en dépend pas toujours: son principe est la vertu, qui est inébranlable dans les malheurs, comme dans la prospérité. _ L' humanité, le patriotisme, réunis aux talens, sont les vertus du grand homme: la bravoûre, le courage, le génie militaire, caractérisent davantage le hérôs.
   Hérôs d' un Poème est le principal personage, pour lequel le Poème a été entrepris. Achille est le Hérôs de l' Iliade, Énée de l' Énéide, Henri IV de la Henriade. _ On ne l' a dit dabord que du Poème Épique; ensuite de la Tragédie. On l' a étendu jusqu' à la Comédie, et, dans le style familier, on le dit du principal personage, qui figûre dans un évènement. "Socrate est le ridicule hérôs de cette pièce. (les Nuées d' Aristophane) Mercûre.
   Empressement, regards, soins, billets, doux langage.
   Le Hérôs~ d' un roman n' eut pas fait davantage.
       Barthe.
_ On dit aussi dans ce même style qu' un tel est le hérôs d' un tel homme, pour dire que c' est lui que cet homme loûe, et admire en toute ocasion. "C' est mon hérôs, c' est son hérôs.
   Rem. * Des Imprimeurs inatentifs mettent hérôs au lieu de héraut. "Il (Louis XI) fit un présent considérable au Hérôs. (d' Édouard) Il saisit ensuite l' ocasion d' envoyer un hérôs au Camp des Anglois. C' est héraut qu' il falait dire: la diférence est grande, et les hérauts ne sont rien moins que des hérôs.

HERSAGE


HERSAGE, s. m. HERSE, s. f. HERSER, v. act. [l' h s' aspire: 1reê ouv. 2e e muet au 2d, é fer. au 3e.] Herse, est 1°. Un Instrument de laboureur, qui a d' un côté divers rangs de dents, lesquels étant tournés vers la terre, servent à recouvrir les grains nouvellement semés. "Passer la herse sur un champ. On se sert aussi de la herse pour rompre les mottes d' une terre labourée. = 2°. Espèce de grille à grosses pointes de bois ou de fer, qu' on place entre le pont-levis et la porte d' une ville, d' un château. "Abatre, faire tomber la herse. = Herser, passer la herse dans un champ. Hersage, action de Herser. = On dit aussi herseur, de celui qui herse.

HÉSITATION


HÉSITATION, s. f. HÉSITER, v. n. [Ézita-cion, ézité: 1reé fer. _ Plusieurs aspirent l' h dans ces deux mots, et disent je hésite: elle est muette: on doit dire j' hésite.] Hésiter; être embarrassé à parler, à exprimer ce qu' on veut dire. "Dès le comencement de son discours, la crainte le fit hésiter. "C' est un triste sort que celui d' un Orateur qui hésite. Dans la nécessité de penser toujours à ce qu' il va dire, il ne pense jamais à ce qu' il dit. Le P. Gaichiés. _ En ce sens, il s' emploie sans régime. = C' est aussi être incertain sur le parti qu' on doit prendre. "Hésiter dans les afaires. "Il n' y a pas à hésiter. = Il régit à devant les verbes. "Il n' hésita point à répondre. "C' est une erreur de hésiter à prendre parti du côté où il y a le plus d' évidence. BOUH. On voit que ce célèbre Gramairien aspirait l' h d' hésiter. Il faut écrire et prononcer d' hésiter.
   HÉSITATION, embarras, incertitude en parlant. "L' hésitation dans un Orateur nuit à l' éfet de son discours.

HÉTÉROCLITE


HÉTÉROCLITE, adj. [Étéroklite: 1re et 2e é fer. dern. e muet.] Terme de Grammaire. Qui est contre les règles comunes, et y fait une exception. "Nom, verbe hétéroclite. = Fig. famil. qui a quelque chôse d' irrégulier et de bizârre. "C' est un homme fort hétéroclite. "Humeur, conduite, action hétéroclite. "Ils parcouroient mon hétéroclite figûre. Mariv.

HÉTÉRODOXE


HÉTÉRODOXE, adj. HÉTÉRODOXIE, s. f. [Étérodokce, ci-e: 1re et 2e é fer. pénult. lon. au 2d: dern. e muet.] Ils se disent de ce qui est contraire aux sentimens reçus dans la vraie religion. "Docteur, opinion hétérodoxe. "L' hétérodoxie~ d' une préposition. = Ils sont les oposés d' orthodoxe, orthodoxie.
   Hétérodoxe, Hérétique. (synon.) Le 2d dit plus que le 1er. Hérétique, désigne la scission. Hétérodoxe, n' indique que la discordance dans l' opinion. "Un sentiment hérétique est contraire à celui de l' Église Catholique. Une opinion hétérodoxe est contraire à la foi ou à la règle des fidèles. L' un supôse l' opiniâtreté, la révolte: l' autre n' anonce que l' erreur. Hérétique, est oposé à Catholique, et Hétérodoxe à Orthodoxe. Extr. des Nouv. Syn. Fr. de M. l' Ab. Roubaud.

HÉTÉROGèNE


HÉTÉROGèNE, adj. HÉTÉROGÉNÉITÉ, s. f. [Étérogène, géné-ité: 1re et 2e é fer. 4e è moy. au 1er, é fer. au 2d, dont la 5e et dern. aussi é fer.] Hétérogène, qui est de diférente natûre. "Corps composé de parties hétérogènes. = Hétérogénéité, qualité, état de ce qui est hétérogène. "L' hétérogénéité des parties.

HêTRE


HêTRE, s. m. [l' h s' aspire: le hêtre et non pas l' hêtre: 1re ê ouv. et long: 2e e muet.] Grand arbre, qui porte un fruit qu' on apèle faîne. "Bois de hêtre. "À~ l' ombre des hêtres. [Pron. dè-être, et non pas dè--zêtre.]

HEUR


*HEUR, s. m. Bonne fortune. Vieux mot, qui n' est resté que dans ces deux phrâses proverbiales; il n' y a qu' heur et malheur dans ce monde; cet homme a plus d' heur que de science; il est plus heureux qu' habile; et dans ses composés, bonheur, malheur. = Corneille a encôre dit dans Le Cid.
   Chimene, qui l' eut dit,
   Que notre heur fut si proche et sitôt se perdit.
La Bruyère regrettait ce mot. "Heur, dit-il, se plaçoit où bonheur ne sauroit entrer. Il a fait heureux, qui est françois, et il a cesse de l' être. Si quelques Poètes s' en sont servi, c' est moins par choix que par la contrainte de la mesûre.

HEûRE


HEûRE, s. f. [eû-re: 1re lon. 2e e muet.] 1°. Espace de tems qui est la 24e partie d' un jour. "L' heûre se divise en 60 minutes. = 2°. Elle se dit aussi en tant qu' elle est marquée par les cadrans et les horloges. "L' heûre vient de soner. "L' horloge a soné deux heûres. = 3°. Tems convenable, et destiné à certaines chôses. "Il est heûre de diner, de se coucher.
   Déjà l' heure aprochoit de fermer mon bercail.
= 4°. Dans un sens indéfini, certain espace de tems. "Passer les heûres entières à quelque chose, etc. = 5°. Heûre, fournit à plusieurs expressions adverbiales. = À~ l' heûre qu' il est: maintenant, à ce moment. = À~ l' heûre que, lorsque. "Peut-être que tout cela se démêlera à l' heûre que nous y penserons le moins. Sév. = À~ cette heûre que, à présent que (il est vieux.) "Je ne saurais plus m' en passer à cette heûre que j' y suis acoutumé. Voit. On dit encôre à cette heûre (sans que) présentement. "Tout à cette heûre, tout à l' heûre, dans un moment. = Sur l' heûre, sur le champ. "Il les envoya sur l' heûre même prendre possesion des terreins concédés. Charlevoix. "Dès cette heûre, dès-à-présent (il est vieux.) "Dès cette heûre même, j' ai toutes les peines du monde de m' en empêcher. Volt. = Tout à l' heûre; à l' heûre même; tout de suite, bientôt. "Imprudent vieillard, vous sentirez ce que peut le courroux d' une Déesse, si vous ne l' arrachez d' ici tout à l' heure. TÉLÉM. Il ne se dit que du futur, et l' exemple cité n' y est pas contraire; car, si vous ne l' arrachez, exprime un futur. * En Auvergne et dans d' aûtres Provinces on l' unit au passé, et l' on dit: "Je l' ai fait tout à l' heure, pour, il n' y a qu' un moment. _ Mme de Genlis le dit de même. "Elle a eu tout à l' heure une ataque de nerfs, etc. _ L' Acad. dit, tout à l' heûre, dans un moment, ce qui marque le futur. _ * La Fontaine et Gresset le disent avec le présent, pour tout de suite:
   Eh! Madame, reprend son époux tout à l' heure.
       LA FONT.
  L' on écrit tout à l' heure.
  En Nivernois à la supérieure.
      Ververt.
Cela n' est pas à imiter. = À~ tout heûre, à chaque instant. "Le monde entier est ocupé à observer un seul homme (un Roi), à toute heure, et à le juger en toute rigueur. Télém. = Par heure, à chaque heure.
   À~ peine pour les morts pardonent-ils l' estime,
   C' est qu' il leur faut, par heûre, au moins une victime:
   Ils vivent pour blâmer, pour aiguiser un mot.
   Ils fêtent un méchant, pour mieux jouïr d' un sot.
       Barthe.
= D' une heûre à l' autre, et d' heûre à aûtre, sont des expressions diférentes. La 1re veut dire à toutes les heures: la 2de signifie de tems en tems; tantôt une heûre, tantôt l' aûtre. Il en est de même d' un moment à l' aûtre, et de moment à autre; d' un jour à l' aûtre, et de jour à aûtre. Th. Corn. L. T. _ L' Acad. dit d' heure en heure, de moment en moment. Elle dit aussi d' heure en autre, et non pas d' heure à autre. Je ne suis pas de cet avis, n' en déplaise à nos maîtres. Dans la dern. Édit. elle a mis le dernier. = J' ai vu l' heure que (le moment que) tout était perdu. = * On disait aûtrefois pour l' heure, au lieu de, pour lors, et Vaugelas pensait que cette façon de parler était bone, mais bâsse; qu' elle ne devait pas être employée dans le beau style, où il falait dire pour lors. Mais, dès ce tems-là, pour l' heure ne s' écrivait plus dans aucun style; et le P. Bouhours doutait avec raison qu' on pût mettre pour lors à sa place; il croyait que le plus sûr était de dire alors. _ On voit encôre dans le Dict. de l' Acad. et dans le Rich. Port. pour l' heure, pour le présent. "Je n' ai pas de l' argent pour l' heure: c' est un aûtre sens, et cette expression est du style familier. = À~ la male--heure, malheureusement. "Cela est arrivé à la malheure. Il vieillit.
   Heure, s' emploie quelquefois avec les pronoms possessifs son, ses, leur, leurs, ou par ellipse; votre heure, son heure n' est pas venue; c. à. d. l' heure de votre mort, de sa mort. Quelquefois l' heure de votre bonheur, de son avancement, etc. ou par transposition: "Dans vos heures de loisir; pour, dans les heures de votre loisir. = Heures dérobées, les heures qu' on dérobe à ses ocupations ordinaires. "Je ferai ce mémoire à mes heures dérobées. = N' être point sujet à l' heure; être maître de son tems. = Bone ou mauvaise heure, tems propre et favorable, ou qui ne l' est pas. "C' est la bone heure ou une mauvaise heure pour lui parler de cette afaire. = Passer de bones heures, des heures agréables. = Il m' a doné de mauvaises heures, beaucoup de chagrins. = Il a de bones et de mauvaises heures; il est d' humeur inégale et bizârre. = Dernière heure et heure dernière, se dit de la mort. "Voyant que sa dernière heure aprochait. "Quand nous serons à notre heure dernière.
   De bone heure, adv. Il n' est pas tard pour ce qu' on veut faire. "Il est encore de bone heure. "Il est de trop bonne heure pour diner. "Venez une autrefois de meilleure heure.
   À~ la bone heure, se dit comme interjection, pour dire, soit: je le veux bien, ou avec que comme conjonction, (il régit le subjonctif) pour dire j' y consens. "À~ la bonne heure qu' il sorte, pourvû qu' il reviène bientôt.
   HEURES, au pluriel. Livre de prières. Acheter des heures. Heures bien reliées. _ On dit, abusivement, une paire d' heures, quoiqu' il n' y ait qu' un seul livre.

HEUREûSEMENT


HEUREûSEMENT, adv. HEUREUX, EûSE, adj. [Eu-reû-zeman, reû, reû-ze: 2e lon. 3e e muet.] Si l' on en croyait Ménage, on prononcerait ureu, malureu. MALHERBE l' écrivait de même. Dans le Dict. Gram. on a adopté cette prononciation pour la conversation; mais M. de Wailly avertit qu' elle est mauvaise, et on peut l' en croire. = Heureûsement, d' une manière heureûse. "Vivre, jouer heureûsement. "Je l' ai rencontré heureûsement, etc. = Heureux, en parlant des persones, qui jouit du bonheur. "Tous les hommes veulent être heureux. "La vertu seule peut les rendre véritablement heureux. "Heureux, s' il croyoit l' être, et malheureux souvent parce qu' il veut être trop heureux. D' Aguess. = Il signifie aussi, celui que la fortune favorise. "Il est né heureux: "Il est heureux en tout: heureux au jeu, à la guerre, etc. = En parlant des chôses: 1°. qui contribue au bonheur, au contentement: "État heureux, vie, situation heureûse. = 2°. Qui rend fortuné, qui est favorable, propice. "Heureux sort: heureûse destinée. Jour, évènement heureux. Année, ocasion heureûse. Un coup heureux. 3°. Qui est d' un bon présage. "Un heureux pronostic. "Une physionomie heureûse. = 4°. Qui est justifié sage et prudent par le succês. "Heureux choix; heureux conseil; heureûse démarche. = 5°. En parlant de l' esprit ou des moeurs, bon, excellent, râre en son genre: "Génie heureux: mémoire heureûse. Vers heureux, rime heureûse. Une heureûse invention; une heureûse expression. Une rencontre heureûse, un bon mot, un trait d' esprit, qui se présente tout d' un coup.
   On dit en st. prov. qu' un homme a la main heureûse, quand il est heureux au jeu et qu' il y gâgne ordinairement; et qu' il a la main heureûse à quelque chôse, quand il y réussit presque toujours. Le proverbe dit: n' est heureux, qui ne croit l' être.
   Rem. 1°. Dans le style élevé, Heureux aime à précéder le substantif.
   D' assurer à vos noms un heureux souvenir.
       Rouss.
  Prépare, heureux rival, cette charmante fête.
      Gress.
  Ainsi que d' heureux jours, il est d' heureux instans.
       De Lille.
Il peut aussi marcher après.
  Et les rochers~ heureux,
  Bientôt sur le rivage aquitteront leurs voeux.Id.
2°. Heureux, se place quelquefois à la tête de la phrâse, en exclamation. "Heureux le peuple, qui est conduit par un Sage Roi! Télém. "Heureux le peuple, qui troûve ses modèles dans ses maîtres! Massil. "Heureux le peuple, qui ne fournit point d' aliment à la curiosité de ses voisins! Linguet. = Alors il est suivi du pronom relatif, comme dans les exemples précédens, ou de la conjonction que: "Heureuse servitude que celle, qui captive notre génie pour le régler! Apol. de l' Institut; ou de la conjonction si: "Heureux s' il s' était défié de lui-même! "Trop heureux (ô mon Dieu) si je puis m' assurer que je satisfais à cette justice inexorable, devant laquelle les plus justes doivent trembler. Chemin.
   3°. Dans son sens le plus naturel, heureux régit de devant les noms et les verbes. "Chacun d' eux servoit sa Patrie, heureux du bien qu' il lui faisoit. Marm. "Puisse-tu jouir du bien que je te cède et être heureux de mon malheur. Id. Mais ce régime n' est bon qu' avec les noms qui expriment le bonheur ou le malheur: il ne vaudrait rien avec les aûtres. _ Il est plus commun devant les verbes. "Il est heureux d' avoir eu votre protection. _ Remarquez que ce régime de l' infinitif ne doit s' employer que quand le verbe se raporte au sujet de la phrâse: quand il ne s' y raporte pas, on met de ce que avec l' indicatif, ou que avec le subjonctif. "Il est heureux de ce que vous vous êtes intéressé; ou encore mieux, que vous vous soyiez intéressé pour lui.
   Heureux que sa bonté daigne tout oublier.
       Racine.
  Que~ dis-je? trop heureux que pour moi dans ce jour
  Le devoir dans ton coeur te tienne lieu d' amour.
       Créb.
4°. Dans un sens, qui lui est un peu étranger, qui signifie le talent naturel, l' habileté, heureux régit la prép. à devant l' infinitif. "Un esprit promt à concevoir les matières les plus élevées, et heureux à les exprimer, quand il les avoit une fois conçues. Fléchier. "Cette science heureûse à faire mouvoir les ressorts de l' abondance et de la félicité publique. Neuville.
   HEUREUSEMENT, se place quelquefois à la tête de la phrâse, et a le même sens et le même emploi, que par bonheur. "Heureûsement, il prit une aûtre route: par bonheur, il tourna d' un autre côté. _ Plusieurs le font suivre de la conjonction que. "Heureûsement que les forces militaires furent constamment entre les mains de la Noblesse et du Peuple. Hist. d' Angl. "Heureûsement que le Corsaire se trouvoit dans un tel désordre, qu' il ne put se mettre en état de revenir à l' abordage. L' Ab. Prévot. "Heureûsement qu' il vous laisse à votre aise. Marm. "Heureûsement que ces éloges dictés par la reconoissance sont suivis de tableaux, supérieurement dessinés et coloriés. Ann. Litt. = Quelquefois même la conjonction que, peut être séparée d' heureûsement. "Heureûsement pour le jeune Monarque et pour la Nation, que l' autorité ne pouvoit être confiée à des mains plus habiles et plus fidèles. Hist. d' Angl. _ L' Acad. n' en donne point d' exemple, et ce tour de phrâse peut paraître un néologisme.

HEURLER


HEURLER, Voy. HURLER.

HEURT


HEURT, s. m. HEURTER, v. act. et n. [l' h s' aspire: le heurt, et non pas l' heurt; le heurter, et non pas l' heurter.] Heurter choquer, rencontrer rudement. "Un crocheteur l' a heurté. "Un vaisseau à heurté l' aûtre. Ils se sont heurtés. = V. n. ou avec la prép. contre: "Heurter contre une pierre, ou sans régime; fraper à la porte pour qu' on l' ouvre. "On heurte fort. Heurtez plus doucement. On a heurté trois coups, ou par trois fois. _ "Se heurter les uns les aûtres.
   Ils acouraient en foule et pressés, coudoyés,
   Se serraient, se heurtaient, s' élevaient sur leurs pieds.
       Barthe.
= Heurter au figuré, c' est être contraire à. "Cela heurte la raison, le sens comun, etc. ou contredire; heurter quelqu' un de front; le heurter, heurter ses opinions, ses sentimens. = On dit, proverbialement qu' on a heurté à toutes les portes pour faire réussir une afaire; pour dire, qu' on a sollicité tout le monde, qu' on a cherché toute sorte de protections. _ Et d' un homme dificile à persuader que: "C' est heurter de la tête contre la muraille, que de lui vouloir persuader quelque chôse.
   HEURT, choc, coup doné ou reçu en heurtant contre quelque chôse. "Le heurt d' un vaisseau contre un rocher; de deux vaisseaux qui se choquent.
   Un heurt survient, adieu le char.
       La Font.
Il se dit aussi en parlant des chevaux, de l' éfet du choc. "Ce cheval a un heurt à un des pieds de devant.

HEURTOIR


HEURTOIR, s. m. [Heur-toar: l' h s' aspire: le heurtoir, et non pas l' heurtoir.] Marteau dont on se sert pour heurter à une porte. Le mot de marteau est plus usité.

HEXAGôNE


HEXAGôNE, adj. [Ègzagône: 1re è moy. 3e lon. dern. e muet. Plusieurs écrivent exagone sans h.] Qui a six angles, six côtés. "Plan, bassin, carreau, héxagône, figûre hexagône.

HEXAMèTRE


HEXAMèTRE, adj. [Ègzamètre: 1re et 3e è moy. dern. e muet.] Il se dit de certains vers grecs et latins, qui sont de six pieds. "L' Iliade et l' Énéïde sont en vers~ hexamètres.
   Arma vi-rumque ca-no Tro-j‘ qui- primus ab- oris.

HIATUS


HIATUS, s. m. [Iatus: on prononce l' s finale.] Terme emprunté du latin. Sorte de bâillement, qui fait un méchant éfet dans le Poésie, causé par la rencontre de deux voyèles, dont l' une finit un mot, et l' autre en comence un autre, sans qu' il y ait d' élision. = Dans les vers, les hiatus sont des solécismes, des faûtes grossières: mais en prôse même, ce sont souvent des imperfections, sur-tout quand c' est la rencontre des mêmes voyèles. "Les hiatus ou rencontre des voyèles y sont très-fréquens (dans le Suétone de M. D. L. H.) Rien de plus comun que ce choc éternel de voyèles, qui se heurtent: il acorda à; il engagea à; il se détermina à, etc. Pour peu qu' on ait d' oreille, on évite ces sons désagréables. Ann. Litt.

HIBOU


HIBOU, s. m. [L' h s' aspire: Le hibou, et non pas l' hibou. Des Auteurs ou des Imprimeurs écrivent hiboux au pluriel: on doit l' écrire avec une s: hibous.] Oiseau nocturne. En parlant des vieilles masûres, des vieux châteaux inhabités, on dit, que c' est une retraite de hibous. = On dit aussi, d' un homme sombre et farouche, que c' est un hibou, et de celui qui, dans une compagnie, se tient écarté et ne dit mot, qu' il fait le hibou.

HIC


HIC, s. m. [L' h est aspirée.] En st. fam. le noeud, la principale dificulté d' une afaire. "Voilà le hic; c' est-là le hic.

HIDEUX


HIDEUX, EûSE, adj. HIDEûSEMENT, adv. [L' h est aspirée. Hi-deû, deû-ze, deû--zeman: 2e lon. 3e e muet.] Ils expriment ce qui est horrible à voir, afreux, dégoûtant. "Monstre, visage hideux; figûre, femme hideûse. "Hideux à voir. = Il est hideûsement laid: hideûsement défiguré.

HIE


HIE, s. f. [L' h s' aspire. "La hie, et non pas l' hie: 1re lon. 2e e muet.] Instrument dont on se sert pour batre et pour enfoncer le pavé. Vulgairement, demoiselle. = C' est aussi l' instrument apelé autrement mouton, dont on se sert pour enfoncer les pilotis.

HIER


HIER, adv. [En prôse, ier, monos. En poésie, i-er, 2 syll.; èr est ouv.] Quelques Poètes l' ont fait monos. Brébeuf.
   Hier long-temps renfermé dans un nuage blême,
   Le Soleil n' étoit pas d' acord avec soi-même.
   Sarrazin.
   Mais à propos, hier au Parnasse,
   De sonnets Phébus se mêla.
   Et Corneille.
   Mais hier, quand elle sut, etc.
   Je vous vis encor hier, etc.
   Les modernes sont plus exacts.
   Hier, je fais venir des étofes pour moi:
   La voilà qui déroule et parcourt chaque pièce.
       Barthe.
  Il arrive d' hier, à peine je l' ai vu.
      Idem.
Des Prosateurs aspirent l' h d' hier, contre l' usage. "Votre frère me marque, par le Courrier de hier. L' Abé Reyre. École des jeunes Demoiselles.
   Hier est un adverbe de temps, qui marque le jour, qui précède immédiatement celui où l' on est, comme demain marque celui qui suit. _ Il peut se placer devant, ou après le verbe, mais jamais entre l' auxiliaire et le participe. "Hier nous allâmes, ou, nous allâmes hier. "Quand hier nous serions arrivés, ou, quand nous serions arrivés hier: (le 2d est le meilleur) et non pas, quand nous serions hier arrivés.
   REM. Boileau fait hier de deux syll. et il ne lui en done qu' une dans avant-hier. C' est, disoit-il, parce que hier ne seroit pas assez soutenu, si on ne le faisoit que d' une syll. quand il est seul, au lieu que joint avec avant, dans avant-hier, il est assez soutenu. Brossette. M. de St. Marc ajoute qu' en éfet, dans la prononciation ordinaire, hier seul fait deux syllabes: mais en cela, il me parait qu' il se trompe, et cela ne doit s' entendre que des vers.
   D' HIER, adv. Depuis hier. "Mon fils est à Rennes d' hier. Sév. "Je ne le sais que d' hier. Mme. de G...

HIÉRARCHIE


HIÉRARCHIE, s. f. HIÉRARCHIQUE, adj. HIÉRARCHIQUEMENT, adv. [L' h s' aspire: "La hiérarchie, et non pas l' hiérarchie. Richelet veut qu' on prononce Jérar--chie: il n' a pas pour lui le bel usage.] La hiérarchie se dit de l' ordre et de la subordination des neuf Choeurs des Anges, et des divers degrés de l' État Éclésiastique. = Hiérarchique, qui apartient à la hiérarchie. "Ordre, gouvernement hiérarchique. "La mission légitime des Prédicateurs est fondée sur la subordination hiérarchique. Gaichiés. = Hiérarchiquement; en hiérarchie. "L' Église a toujours été gouvernée hiérarchiquement..
   Rem. Suivant l' étimologie, l' usage et le sens propre de ces mots, ils ne se disent que des diférens degrés dans l' Église. Depuis quelque temps on les aplique aux matières profanes. Un Auteur très-moderne les emploie en parlant des grades militaires. "Récompenser le mérite sans suivre la constante hiérarchie des grades. Le mot est impropre. M. Moreau et autres modernes, s' en servent dans l' ordre civil et politique.

HIÉROME


*HIÉROME, Jérome. Suivant La Touche, on dit et l' on écrit l' un et l' autre: il avoue pourtant que le 2d est le plus usité. Aujourd' hui c' est le seul qui soit en usage.

HIÉRUSALEM


*HIÉRUSALEM. C' est ainsi qu' on écrivait et qu' on prononçait autrefois ce mot: on n' écrit et on ne prononce plus que Jérusalem.

HIÉROGLYPHE


HIÉROGLYPHE, s. m. HIÉROGLYPHIQUE, adj. [Iéroglife, fike: 2e é fer. dern. e muet. _ Le P. Sicard écrit Jéroglife, contre l' usage et la prononciation. _ M. Linguet le fait fém. C' est probablement une faute d' impression. "Hyéroglyphes convenues dans l' école de M. l' Abé de l' Épée. Il faut dire, convenus.] Hiéroglyphe, caractère symbolique, et qui contient quelque chôse de mystérieux. Hiéroglyphique, qui apartient aux hiéroglyphes. "Toute la Théologie des Égyptiens étoit exprimée par des hiéroglyphes, par des caractères hiéroglyphiques. "La place de St. Jean de Latran est décorée par un obélisque égyptien, chargé d' hiéroglyphes. La Lande. = L' Acad. dit, Symbole hiéroglyphique: cela sent un peu le pléonasme: car symbole et hiéroglyphe sont assez synonimes, et c' est comme si l' on disait, hyéroglyphe hyéroglyphique.

HIPPOCENTAURE


HIPPOCENTAURE, HIPPOGRIFE, s. m. Ce sont deux animaux fabuleux; le 1er, moitié homme et moitié cheval: on l' apèle ordinairement Centaure; le 2d, cheval aîlé.

HIPPOPOTAME


HIPPOPOTAME, s. m. [Ipopotame: dern. e muet.] Animal amphibie; Cheval marin ou de rivière.

HIRONDELLE


HIRONDELLE, s. f. [Irondèle; 3eè moy. dern. e muet.] Oiseau de passage, qui paraît au printemps, qui fait son nid dans les bâtimens, et disparaît en hiver. _ Delà le proverbe: une hirondelle ne fait pas le printemps; une fois n' est pas coutume. Voy. HERONDELLE.

HISTOIRE


HISTOIRE, HISTORIETTE, s. f. HISTORIEN, s. m. [Is-toâ-re, tori-ète, to--rien: 2e lon. dans le 1er: dans le dern. ien, n' a pas le son d' ian; l' e y conserve son propre son: ie est de deux syll. au 2d, et monosyllabe au 3e.] L' Histoire est la narration des chôses et des actions dignes de mémoire. Historiette, petite histoire: narration de quelque aventure peu importante. Historien, celui qui écrit l' histoire. "Savoir l' histoire, s' adoner à l' histoire, c. à. d. à l' étude de l' histoire. "N' aimer que les historiettes. "Il y a peu d' Historiens fidèles.
   REM. 1°. Histoire de, se dit tantôt de l' Historien, tantôt de celui dont on raconte les actions. Ainsi, l' on dit, l' Histoire d' Hérodote, de Tite-Live, de Salluste, et l' histoire d' Alexandre, de Cyrus, de Charlemagne, etc. "Une Église si illustre (l' Église Gallicane) méritoit bien une histoire particulière. Le P. Longueval. Voyez RELATION.
   2°. Par extension, on dit histoire, non seulement de toutes les aventures particulières: "Il nous a conté son histoire, l' histoire de sa vie; mais encore de la description des chôses naturelles; "L' Histoire Naturelle de Pline, de Bufon. Histoire des Animaux, des Plantes, des Minéraux, etc.
   = 3°. On dit, absolument et sans régime: étudier, aprendre, savoir l' histoire. "Que l' histoire lui done (à l' Avocat) une expérience, et, si l' on peut s' exprimer ainsi, une vieillesse anticipée. D' Aguess.
   En style fam. on dit, d' un discours qui est plus long qu' il ne devrait être, que c' est une histoire, une longue histoire. "Il nous a fait une histoire, qui ne finissait plus. _ Voilà bien des histoires, bien des cérémonies, ou des dificultés, des anicroches. = C' est une aûtre histoire, une aûtre chôse; ce n' est pas de cela qu' il s' agit.

HISTORIER


HISTORIER, v. act. [Istori-é: dern. é fer.] Enjoliver de petits ornemens. * Pluche lui done le sens de convertir en histoire. "En historiant ces symboles, (les hiéroglyphes) ou en les convertissant en autant d' histoires, les Êgyptiens couvrirent l' antiquité de ténèbres horribles. "Ce symbole devenu un Dieu, on historia toutes ses leçons. _ L' usage n' a point admis cette signification, atribuée par Pluche à historier, et l' Auteur n' a pu la faire entendre qu' en l' acompagnant d' un comentaire.

HISTORIOGRAPHE


HISTORIOGRAPHE, s. m. [Istori-ogra--fe.] Celui qui est nomé pour écrire l' histoire d' un pays, d' une ville. L' Historien entreprend de lui-même d' écrire l' histoire; l' Historiografe y est apelé par brevet: mais les brevets ne donent pas les talens, ni souvent même l' ardeur et le zèle. Peu d' Historiographes remplissent mieux ce titre que M. Moreau, Historiographe de France.

HISTORIQUE


HISTORIQUE, adj. HISTORIQUEMENT, adv. [Is-torike, rike-man: 4e e muet.] Ils se disent de ce qui apartient à l' histoire. "Style, narration, recueuil historique. "Narrer historiquement; ce qui se dit par oposition à oratoirement, et à fabuleûsement. = On dit aussi, temps historique, par oposition à temps fabuleux~; et dans le Dramatique, personages historiques, qui sont tirés de l' histoire, par oposition à ceux qui ne doivent leur existence qu' à l' imagination du Poète. Les personages de Cinna, Britannicus, sont des personages historiques; ceux de Zaïre, d' Alzire ne le sont pas.

HISTRION


HISTRION, s. m. [Istri-on.] Farceur, boufon. On le disait autrefois de tous les Comédiens: on ne le dit plus que quand on veut les mépriser. "Ce vil histrion ose luter avec moi.

HIVER


HIVER, s. m. HIVERNER, v. n. [Ivêr, vêrné: 2e ê ouv. 3e é fer. On écrivait aûtrefois hyver, à cause du latin hyems. On n' est plus aujourd' hui si fort esclâve de l' étymologie.] Hiver est le nom de la saison de l' année la plus froide. Elle comence au 22 de Décembre, et finit le 21 de Mars. "Dans la rigueur, dans le fort, au milieu de l' hiver. "Mettre des Troupes en quartier d' hiver. = Il se dit quelquefois par raport au froid seulement. "L' hiver est venu de bone heure, avant le tems. L' hiver est long, etc. = En style figuré, l' hiver est la vieillesse, et le printems, la jeunesse.
   Prétendois-tu que les Parques
   Dussent, filant tes instans,
   Signaler des mêmes marques
   Ton hiver et ton printems.
       Rousseau.
  Tu gardois à Xerxès,
  Dans l' hiver de ses jours, le plus grand des succès.
      P. Folard, Thémistocle.
Cela est peut-être trop poétique pour le style convenable à la Tragédie.
   HIVERNER, passer l' hiver; il ne se dit que des Troupes. On ne dit point d' un particulier: "Tous les ans, il hiverne en Provence: on doit dire, il passe l' hiver. _ Suivant les Dictionaires, qui se copient les uns les autres, on dit, s' hiverner, pour dire; s' exposer au froid de l' hiver, pour s' y endurcir et y être moins sensible. Je doute que ce mot soit fort usité.

Hô


Hô! interj. On dit, et l' on écrit ordinairement, oh! Voyez ce mot.

HOBEREAU


HOBEREAU, s. m. [L' h s' aspire: Ho--bero: 2e e muet; 3e dout. au sing. lon. au plur. Hobereaux.] Au propre, espèce de petit oiseau de proie. Au figuré, st. famil. et méprisant, petit gentilhomme de campagne.

HOC


HOC, s. m. [L' h s' aspire: le hoc, et non pas l' oc.] Sorte de jeu de cartes. Il a doné naissance à cette locution proverbiale? cela lui est hoc, lui est assuré.
   Un loup vit un cheval qu' on avoit mis au verd:
   Je laisse~ à penser quelle joie.
   Bonne chasse, dit-il, qui l' auroit à son croc.
   Eh! que n' es-tu mouton, car tu me serois hoc.
       La Font.

HOCHE


HOCHE, s. f. [L' h s' aspire: la hoche, et non pas, l' oche.] Coche, entaillûre. Il se dit sur-tout de la marque qu' on fait sur une tâille, pour tenir compte du pain, du vin, de la viande qu' on prend à crédit. "Faire une hoche.

HOCHEMENT


HOCHEMENT, s. m. HOCHER, v. act. HOCHET, s. m. [On aspire l' h. Hocheman, hoché, hochè; 2e e muet au 1er, é fer. au 2d., è moy. au 3e.] Hocher, secouer, branler. "Hocher un prunier pour en faire tomber des prunes. Hocher la tête, en signe d' improbation. Hocher le mors, la bride à un cheval. _ Fig. En parlant d' une persone, l' exciter à faire quelque chôse; essayer de l' animer. = Hochement, action de hocher la tête. "Hochement de tête: c' est tout l' emploi de ce mot. = Hochet, petit instrument, qu' on met entre les mains d' un jeune enfant, pour s' en froter les gencives.

HOIRS


HOIRS, s. m. pl. HOIRIE, s. f. [Oâr, oa-rie: 2e lon. 3ee muet.] Hoirs, en termes de Pratique, héritiers. "Ses hoirs mâles et femelles. "Il est mort sans hoirs. = Hoirie, héritage, succession: accepter, répudier l' hoirie. Doner en avancement d' hoirie.

HOLA


HOLA. [L' h s' aspire; le holà, et non pas l' holà.] Il est interjection. Hola! ho!hola! qui est là? _ Tout beau! Holà! ne faites pas tant de bruit. Il exprime aussi l' étonement, l' admiration.
   J' ai vu l' Agésilas,
   Hélas!
   Mais j' ai vu l' Attila,
   Holà!
       Boileau.
Il est subst. indéclinable dans cette phrâse du st. fam. Mettre le holà, faire cesser des gens qui font du tapage, qui se querellent, qui se battent.

HOLLANDE


HOLLANDE, s. f. HOLLANDOIS, OISE, ou HOLLANDAIS, AISE, adj. [L' h s' aspire, excepté dans toile, fromage: d' Hollande. Prononcez Holande, dè, dèze: 2e lon. 3e e muet au 1er, è moy. et lon. aux 2 aûtres. Dites, la Hollande, et non pas l' Holande, les Hollandais, sans prononcer l' s de les, et non pas lè-zolandè.] Hollande se dit proprement de la Province de ce nom, qui est une des sept Provinces-Unies, mais quelquefois de toutes ces Provinces prises collectivement. La République de Hollande. = Hollandais, qui est membre, ou sujet de cette République.
   Rem. on doit dire, recevoir de Hollande, comme on dit, de France, d' Espagne, d' Allemagne, et non pas de la France, etc. On lit dans un Auteur moderne "Gravûre singulière que ce Libraire a reçu de la Hollande. Il faut de Hollande.

HOLLANDER


HOLLANDER, v. act. [Olandé: 2e lon. 3e é fer.] Préparer des plumes, pour les mettre en état de servir à écrire.

HOLOGRAPHE


HOLOGRAPHE. Voy. OLOGRAPHE.

HOLOCAûSTE


HOLOCAûSTE, s. m. [Olokôs-te: 3e lon. dern. e muet.] Il se dit, et d' une sorte de sacrifice où la victime était entièrement consumée par le feu; et de la victime même qui était ainsi oferte et détruite.

HOMARD


HOMARD, s. m. [L' h s' aspire: le homard, et non pas l' omar: le d ne se prononce pas.] Grosse écrevisse de mer.

HOMBRE


HOMBRE, s. m. [L' h est muette. On--bre: 1re lon. 2e e muet.] Sorte de jeu de cartes, qui nous est venu d' Espagne. Hombre, en espagnol, signifie homme. "Faire une partie d' hombre.

HOMÉLIE


HOMÉLIE, s. f. [Suivant Ménage, on dit homélie ou homilie; mais le premier est le plus usité. Le dernier n' est plus en usage, quoique le plus conforme à l' étymologie, homilia. Quelques-uns disent encôre, Homiliaire, homiliaste, recueuil, faiseur d' homélies. Le Rich. Port. les met tous deux. Trév. ne met que le 1er, L' Acad. n' a mis ni l' un ni l' aûtre.] Discours fait pour expliquer au peuple les matières de Religion, et principalement l' Évangile. On le dit sur-tout des Pères de l' Église. "Les Homélies de St. Chrisostome, de St. Augustin. _ Aujourd' hui on apèle homélie, un sermon, où, d' après un plan qu' on s' est formé, on aplique à son sujet toutes les paroles d' une Évangile. L' Homélie de la Samaritaine, de l' Enfant Prodigue, de l' Aveugle-né, etc. Les Homélies sont un peu passées de mode. Elles avaient, comme tous les systêmes, le défaut de faire acheter quelques aplications heureuses, par un plus grand nombre d' aplications forcées, et quelquefois puériles. = Dans le style satirique, on le dit abusivement, d' un discours ennuyeux.
   Afin qu' un jour leur oisive pitié,
   Par les douceurs d' une tendre homélie,
   Puisse enchanter votre mélancolie.
       Rousseau.

HOMICIDE


HOMICIDE, adj. et subst. *HOMICIDER, v. a. [Omicide, dé: dern. e muet au 1er, é fer. au 2d.] Homicide se dit, et du meurtre d' un homme; et du meurtrier, de celui qui le tue. En parlant des persones, il est subst. dans la 2de acception. "Un homicide est digne de mort. En parlant des chôses, il est adj. Bras, main homicide; fer homicide: dessein, complot homicide.
   En butte aux traits homicides
   D' un peuple obscur et vénal,
   Je n' ai point aux coeurs perfides
   Rendu le mal pour le mal.
       Le Franc.
_ Fig. et par exagération, regards homicides; attraits homicides. = * Le Gendre écrit tantôt homicide, avec une seule m, tantôt hommicide avec deux mm, suivant les Auteurs qu' il copie.
   * Homicider, tuer; est vieux: il se dit encôre au Palais. "Les biens de la persone homicidée. Causes Célèbres.

HOMILIAIRE


HOMILIAIRE, HOMILIASTE, HOMILIE. Voyez. HOMÉLIE.

HOMMAGE


HOMMAGE ou HOMAGE, s. m. HOMMAGER, s. m. [Omaje, jé: 3ee muet au 1er, é fer. au 2d.] Homage, est, au propre, le devoir que le vassal est tenu de rendre à son Seigneur de fief. Rendre homage. "Faire la foi et homage. = Figurément, soumission, vénération, respect. "Rendre à Dieu, à la Religion les homages qui lui sont dûs. = Rendre homage à, sans article. "Dieu se montre assez, pour qu' on ne puisse le méconoître, pour qu' on soit même forcé de rendre homage à la prééminence de sa natûre: mais le fond de cette natûre incompréhensible est caché pour nous. Le P. du Rivet. = On dit, en st. fam.: rendre ses homages à quelqu' un, lui rendre ses devoirs, ses respects. C' est une expression à la mode. = On dit aussi: faire homage à... de... J' espérais vous en faire homage. = Il se dit ordinairement absolument et sans épithète. Je ne crois pas qu' on doive imiter Corneille, quand il dit dans Nicomède.
   Et de toute la gloire aquise à ses travaux,
   Faire un illustre homage à ce peu que je vaux.
   HOMAGER ne se dit que dans le sens propre; celui qui doit l' homage au Seigneur du fief.

HOMME


HOMME, s. m. [Ome: 2e e muet.] Animal raisonable. 1°. On comprend sous cette première acception l' homme et la femme. "L' homme est sujet à beaucoup d' infirmités. "Tous les hommes sont sujets à la mort = 2°. Il se dit spécialement du sexe masculin. "Le premier homme. "Il y avoit dans cette assemblée autant d' hommes que de femmes. = Joint à un autre substantif par la prép. de, il marque la profession. "Homme de guerre, d' Église, d' Épée, de Lettres. On dit aussi, homme d' esprit, homme de bon sens, pour, qui a de l' esprit, du bon sens: mais cela ne s' étend pas à toute sorte de noms; et j' avoue que je n' aime pas dans l' Abé Gauchat: "L' homme de bon sens et de candeur "L' idée de l' Orateur, chez les Païens même, renfermoit celle de l' homme de bien. Le P. Gaichiés.
= 4°. Homme se dit par oposition à enfant. "C' est un homme fait; il se fait homme. "Quand il sera homme. = 5°. Il se dit absolument, pour homme de coeur. "Se montrer homme. "C' est un homme, que cet homme-là. "Ce n' est pas un homme: c' est un homme faible. = Il signifie aussi, qui est sujet à la faiblesse humaine. "Ces Héros Chrétiens ne furent pas moins hommes~, moins portés au mal que nous. Le P. le Chapelain.
   REM. Homme s' emploie quelquefois sans article. "Il a aussi bien écrit qu' homme de son siècle, dit Bossuet de Mélancton. Ailleurs il met l' article un devant homme, mais sans nécessité, puisque c' est le même tour. "Au milieu des plus violentes agitations que puisse sentir un homme vivant. Retranchez un; qu' homme vivant puisse sentir. Au reste, ce tour et cette expression ne sont que du st. famil. "Si on le prenoit, et qu' on lui fît son procès, homme vivant ne pourroit le sauver. Sév. On dit aussi sans article: Il est homme à tout entreprendre: il n' est pas homme à endurer un afront, etc. Et avec l' art. un: "C' est un homme à prendre; un homme à parvenir aux premières places, etc. C' est un homme à nazardes, etc.
   Homme a souvent gens pour pluriel. Jeune homme, jeunes gens, plutôt que jeunes hommes. Fénélon emploie presque toujours le dernier. Homme de bien, homme d' Église, homme de Lettres, homme d' afaires, etc. et gens de bien, d' Église, de Lettres, etc. Homme du Roi, Ambassadeur, Gouverneur, Intendant dans leur Département: et Gens du Roi, le Procureur et les Avocats du Roi. Ce dernier est consacré dans cette ocasion. On ne dirait pas, de plusieurs Ambassadeurs ou Intendans: ce sont les Gens du Roi. On doit dire, les hommes du Roi. On dit aussi: c' est un honête homme, un brâve homme, un saint homme, et ce sont d' honnêtes gens, de brâves gens, de saintes gens, etc. et non pas d' honêtes hommes, de brâves hommes de saints hommes. "Ne confondons pas les honnêtes gens avec les gens de bien. Marm. Voy. HONNêTE. _ Grand homme. Voy. HÉROS.
   Avec les pronoms possessifs, homme signifie quelquefois un homme propre et convenable à ce qu' on veut, un homme tel qu' il le faut. "C' est mon homme. "Je ne serai pas votre homme, leur homme, etc. Et par ironie, vous avez bien trouvé votre homme, etc. Son, n' est quelquefois aussi qu' une particule. "Une fièvre maligne a bientôt emporté son homme. = Les femmes du peuple disent, mon homme, pour mon mari.

HOMOGèNE


HOMOGèNE, adj. HOMOGÉNÉITÉ, s. f. [Homogène, généité: dans le 1er, 3e è moy. 4e e muet: dans le 2e, 3e, 4e et dern. é fer.] Ils se disent, en Physique, de ce qui est de même natûre. "L' eau est composée de parties homogènes. "L' homogéneité de ses parties. Ils sont oposés à hétérogène, hétérogénéité.

HOMOLOGATION


HOMOLOGATION, s. f. HOMOLOGUER, v. act. [Omologacion, loghé.] Termes de Pratique, qui se disent de l' aprobation et confirmation des actes par autorité de Justice. "Homologuer une transaction, une délibération. "L' homologation d' un contrat.

HONêTE


HONêTE et ses dérivés. Voyez HONNêTE, etc.

HONEUR


HONEUR. Voyez HONNEUR.

HONGRE


HONGRE, adj. et subst. Châtré, en parlant des chevaux. "Un cheval hongre: un hongre. L' h s' aspire.

HONGRER


HONGRER, v. act. [L' h s' aspire: hongré; 1re lon. 2e é fermé.] Châtrer un cheval. "Ce cheval est trop fougueux: il faut le hongrer.

HONGRIE


HONGRIE, s. f. HONGROIS, OISE, adj. et subst. [On aspire l' h: la Hongrie, et non pas l' Hongrie; lè Hongroâ, et non pas lè-zongroâ. On dit pourtant: du point d' Hongrie; eau de la Reine d' Hongrie, et non pas de Hongrie.] La Hongrie est le nom d' un Royaume d' Europe, apartenant à la Maison d' Autriche. Hongrois, peuple de Hongrie. "Les Soldats hongrois: l' Armée hongroise. "C' est un hongrois, une hongroise.

HONIR


HONIR. Voy. HONNIR.

HONNêTE


HONNêTE, ou HONêTE, adj. HONêTEMENT, adv. HONêTETÉ, s. fém. [Onête, teman, teté: 2eê ouv. et long; 3e e muet, dern. é fer. au dern.] Honête, en parlant des chôses, est, 1°. vertueux, conforme à l' honeur pris pour la vertu. "Amour honête. "Honête émulation. Conduite sage et honête. = 2°. Bienséant, convenable. Il se dit dans cette acception, ordinairement avec la négative. "Cela n' est pas honête. "Il n' est pas honête de se louer soi-même. = On dit, sans négative, excuse, prétexte, refus honête, fondés sur quelque aparence de raison. Présent, récompense honête, raisonable. Prix honête, convenable, proportioné à la valeur de la chôse. Habit honête, décent: encôre honête, qui peut encôre être porté sans indécence. Naissance honête, condition honête, qui n' a rien de bâs. Honête famille, à laquelle il n' y a rien à reprocher. = 1°. En parlant des persones, civil, poli. C' est l' homme du monde le plus honête. Il se dit aussi, en ce sens, des chôses qui ont raport à la persone. Acueuil, réception honête; procédé honête; l' air honête; les manières honêtes. = Honête homme, et homme honête, ne sont pas la même chôse. Le premier signifie un homme qui a de la probité, ou simplement de l' éducation, et qui tient un certain rang: l' autre signifie un homme civil, et plein d' atention et de politesse.
   On peut être honête homme et faire mal les vers.
       Mol.
Honête homme a, au pluriel, honêtes gens, et non pas honêtes hommes. Voy. HOMME. "En quel tems et en quels pays a-t-on distingué le peuple des honêtes gens. COYER. "Pour ma société, vous savez que je ne vois que d' honêtes gens _ Ne confondons point les honêtes gens avec les gens de bien. MARM.
   Honête, civil, afable, poli, gracieux (synon.) voici les diférences, que troûve entre ces mots l' Ab. Girard. et qui pourront paraitre, à plusieurs, trop subtiles et trop dificiles à saisir. "Nous sommes honêtes par l' observation des bienséances et des usages de la société: nous sommes civils par les honeurs que nous rendons à ceux, qui se trouvent en notre rencontre: nous sommes polis par les façons flateuses que nous avons dans la conversation et dans la conduite, pour les persones avec qui nous vivons: nous sommes gracieux par des airs prévenans pour ceux qui s' adressent à nous: nous sommes afables par un abord doux et facile à nos inférieurs, qui ont à nous parles. _ "Les manières honêtes sont une marque d' atention; les civiles sont un témoignage de respect; les polies sont une démonstration d' estime; les gracieûses sont une preuve d' humanité, les afables sont une insinuation de bienveillance _ Il faut être honête sans cérémonie; civil sans importunité; poli sans fadeur; gracieux sans minauderie, et afable sans familiarité GIR. Synon.
   Honête homme, Homme de bien, Homme d' honeur (synon.) Il me semble, dit un Encyclopédiste, que l' homme de bien est celui qui satisfait exactement aux préceptes de la Religion; l' homme d' honeur, celui qui suit rigoureusement les loix et les usages de la société; et l' honête homme, celui qui ne perd de vûe, dans aucune de ses actions, les principes de l' équité naturelle. _ L' Homme de bien fait des aumônes; l' homme d' honeur ne manque point à sa promesse; l' honête homme rend la justice, même à son énemi. "L' homme de bien et l' homme d' honeur ne doivent point faire des chôses que l' honête homme ne se permet pas. Beauzée, synon.
   En st. famil. honête garçon, garçon bien né, bien élevé, de moeurs douces et vertueuses. "C' est un fort honête garçon. _ Honête femme, honête fille, irréprochable dans sa conduite. = En style plaisant, honête débauché; homme qui aime le plaisir; mais sans excês. = Honête, dans le beau style, est aussi un substantif abstrait. "Préférer l' honête à l' utile.
   HONêTEMENT, d' une manière honête. "Vivre honêtement avec tout le monde. "En user honêtement. "Être vétu honêtement. _ Suffisamment; et par ironie, extrêmement. "C' est honêtement vendre. "Il est honêtement croté: elle est honêtement laide.
   Vous êtes comme un autre, emporté, violent,
   Et vous vous fâchez même assez honêtement.
       Gresset.
HONêTETÉ 1°. Bienséance "Cela est contre l' honêteté: 2°. Civilité. "Il n' a pas eu l' honêteté de l' aller voir. _ En ce sens, quand il ne signifie que la qualité de celui, qui est honête, il n' a point de pluriel: on dit à plusieurs persones comme à une seule, votre honêteté, et non pas vos honêtetés. On ne met le pluriel que quand on veut exprimer les éfets de cette qualité. C' est comme charité et charités; civilité et civilités. "J' alai dîner chez Mme. d' Armagnac, qui me fit mille honêtetés. M. De Grignan le fils. "J' en ai reçu toute sorte d' honêtetés. * Mais dit-on avoir des honêtetés pour, comme dit Fontenelle. "Ce fleuve se contentait des honêtetés qu' on avait pour lui, mais n' en abusoit pas; ou avec le singulier, comme dit l' Acad. "Il a beaucoup d' honêteté pour tous ceux qui ont afaire à lui? Je ne le crois pas; et je ne voudrais pas le dire. On dit en style famil. dire, comme faire des honêtetés. "Il a tort de s' en prendre à ce pauvre Marquis, qui ne lui dit et ne lui fait que des honêtetés. Merc. = 3°. Présent. Faire une honêteté par reconaissance. = 4°. Manière d' agir obligeante. "L' honêteté de son procédé~ m' a touché. "Il en a usé avec la plus grande honêteté. = 5°. Chasteté. "L' honeteté des moeurs. Paroles contre l' honêteté. Cela blesse l' honêteté.

HONNEUR


HONNEUR, ou HONEUR, s. m. [O--neur. On peut demander pourquoi on écrit honneur avec deux n, et honorable, honoraire, honorer, etc. avec une seule. Je crois qu' on serait embârrassé à en doner d' autre raison qu' un usage aveugle et bisârre.] 1°. Démonstration de respect. "Rendre honeur à Dieu. "Porter honeur et respect à, etc. On ne dit pas porter honeur tout seul. Rendre des honeurs à. "Il ne faut pas rendre aux hommes des honeurs qui ne sont dûs qu' à Dieu. _ En l' honeur de. Voy. EN, prép. = Honeurs funèbres, les cérémonies des funérâilles. = 2°. Vertu, probité: "Homme d' honeur, plein d' honeur, qui aime l' honeur. "Il n' a ni coeur, ni honeur. = 3°. En parlant des femmes, pudicité, chasteté. "Femme d' honeur, ou, sans honeur. _ En st. famil. "Elle a fait faux bond, ou, elle a forfait à son honeur. = 4°. Gloire qui suit la vertu par l' estime du monde. "Aquérir de l' honeur. "Se tirer, sortir d' une afaire avec honeur; à son honeur. Voyez GLOIRE. "Il avoit toujours vécu avec honeur. COCHIN. _ Réputation. "Ataquer, blesser, flétrir, déchirer; ou, ménager, sauver l' honeur de quelqu' un. "Homme perdu d' honeur. Faire réparation d' honeur. Avoir action en réparation d' honeur. _ Point d' honeur. "Ils se sont batus pour le point d' honeur, par crainte d' être blâmés, déshonorés, s' ils ne le fesaient pas. _ Parole d' honeur, promesse à laquelle on ne peut manquer sans se déshonorer. = 5°. Au pluriel, dignités, places honorables. Aspirer aux honeurs; briguer les honeurs. "Parvenir, être élevé aux honeurs.
   Rem. 1°. Ce mot, honeur, est, à tout instant, dans~ la bouche de tout le monde: on le prodigue, et dans les complimens, et dans les lettres; et en le prodigant; souvent on le prostitûe. Jamais on n' a tant parlé d' honeur, et jamais il n' y a eu si peu de vrai honeur. "Il n' en est pas de l' honeur comme du mérite: il en faut absolument, et ils (les Frivolites) en mettent par tout. Ils n' ont pas le plaisir, mais l' honeur de vous voir, de vous parler, de vous servir, etc. Ils ont pour les pupilles, des tuteurs d' honeur; dans les Tribunaux, des Conseillers d' honeurs; dans les Hôpitaux, des Économes d' honeur; et les femmes atachées à la cour, sont des Dames d' honeur. COYER. V. HONORAIRE. Voyez aussi HONêTE HOMME, au mot Honnête.
   2°. * On ne dit pas doner, mais rendre des honeurs à (n°. 1°.) "Appion, dit Fleury, acusoit les Juifs de ne pas doner (rendre) à l' Empereur les mêmes honeurs que lui donoient (rendoient) tous les autres peuples.
   3°. Faire les honeurs de la maison, se charger de bien recevoir ceux qui y viènent, est une expression du style familier. Dans un ouvrage critique, l' Ab. Du Resnel a pu dire:
   Tout faux raisonement est par eux adopté;
   Ils en font les honeurs, sans l' avoir inventé.
Et La Chaussée.
   Son courage surpasse encor son infortune,
   Elle fait les honeurs d' une fête importune.
Mais je ne vois pas avec plaisir, dans un des Discours sur l' Hist. de Fr. par M. Moreau, que le prétexte du voyage de Boson, fût de faire au Pape les honeurs du Comté d' Arles; ni dans un Sermon de l' Ab. Poulle. "Si vous exceptez quelques âmes libérales, qui font en secret les honeurs de la charité. Cela me parait trop familier pour le discours soutenu. = Faire les honeurs de, se dit, dans un aûtre sens, des parens qui se croient obligés de rabatre des éloges qu' on fait devant eux de leurs enfans. "Votre modestie auroit été bien embarrassée de tout ce que Mde. de Coulange et moi nous disions de vous; car je n' en saurois faire les honeurs. SÉV. _ Une Dame, entêtée de ses alliances, et honêtement médisante, finissait presque toujours les portraits assez ridicules qu' elle faisait de plusieurs persones de qualité, par dire: je puis en faire les honeurs; car c' est mon parent ou ma parente. _ Dans Le Méchant, Cléon dit à Florise, en parlant de Geronte son frère,
   Et la bête est si bonne,
   Soit dit sans vous fâcher...
Florise lui répond:
   Ah! je vous l' abandone,
   Faites-en les honeurs: je me sens, entre nous,
   Sa soeur, on ne peut moins.
   4°. On dit, faire honeur à: "Cela fait honeur à votre fils. "Ces sortes de pièces (les Harangues) qui font quelquefois honeur à l' éloquence d' un Historien, n' en font jamais à sa sincérité. Le P. Longueval. "Rien n' a fait plus d' honeur à l' Église Gallicane, que le nombre et le courage de ses Martyrs. Id. * Mallebr. dit, dans le même sens, faire à l' honeur de. "Je ne sais si St. Jérome n' auroit pas été trop facile à ajouter foi à ce qui faisoit à l' honeur de Tertullien. Cette expression a-t-elle été autrefois en usage? Je n' ai pas été à portée de le vérifier. Mais j' ôse croire qu' elle n' est pas du moins de l' usage actuel.
   5°. Faire l' honeur de, avec l' infinitif, est du style familier. "Un Marchand à qui il faisoit l' honeur de devoir. COYER. = Faire honeur de, est plus du beau style. "On ne sait à quel peuple on en doit faire honeur (de l' invention de la Peintûre) Les uns en font honeur (l' atribuent) aux Égyptiens, d' autres aux Grecs. = On dit, familièrement, faire honeur, sans article et sans régime de la chôse. "Volontiers, Monsieur, vous me ferez honeur. MARM. = Se faire honeur de, se glorifier de... Il se dit sans article, même avec les adverbes de comparaison. "Ce parti se faisoit plus d' honeur de son courage, que du secret. Hist. des Stuarts. Se faisait plus honeur, et non pas, plus d' honeur.
   5°. Tenir à honeur de avec l' infinitif. "Nous aurions tenu à honeur de délibérer avec un homme de ses lumières. Boss. = Mettre son honeur à: "Mettre plus son honeur dans le succês que dans la générosité des moyens. = Se faire un honeur de:
   Allez! je me fais un honeur
   De la faire changer d' idée et de langage.
       La Chaussée.
6°. Être engagé d' honeur régit à. "Vous aviez tant fait les Philosophes l' un et l' autre, que vous étiez engagés d' honeur à ne point craindre la mort.
   7°. En venir à son honeur, sortir d' une afaire à son honeur, expressions qui ne sont que du st. famil. La première paraît nouvelle. "Il faut donc, pour en venir à son honeur, achever le trajet. Ann. Lit.
   Pour convaincre une femme, il faut bien du bonheur.
   Rârement un époux en vient à son honeur.
       La Chaussée.
"Ils ne sortoient jamais à leur honeur de ce combat. Charlevoix. Voyez SORTIR, n°. 3°.
   En honeur; d' honeur; sur mon honeur: espèces d' interjections et de sermens. "En honeur, je ne conçois pas comment dans ces siècles barbâres, on avoit le courage d' épouser. Marm. "D' honeur, M. le Marquis, il faut abjurer le sens commun, pour croire à de pareilles supositions. Anon.
   Tu crois? - D' honeur, Monsieur, j' en serois peu surpris.
       Barthe.
"Rien de plus vrai, sur mon honeur. Ling. = Le Proverbe dit: à tous Seigneurs, tous honeurs. Il faut rendre honeur à qui il apartient. Il ne se dit guère qu' en plaisantant.

HONNIR


HONNIR, ou HONIR, v. act. Déshonorer. Il est vieux, et ne se dit plus que par plaisanterie, et au passif. "Il est honi par-tout. _ La devise de l' Ordre de la Jarretière en Angleterre est: honni soit qui mal y pense.

HONORABLE


HONORABLE, adj. HONORABLEMENT, adv. HONORER, v. act. [Onorable, rable--man, ré. Devant l' e muet, le 2d o est long: il honôre, honôrera. = Mde. Dacier écrit toujours honnorable, honnorer, avec deux n, aparemment à caûse d' honneur, qui en a deux, et qu' on ferait bien d' écrire avec une seule.] Honorable, 1°. qui fait honeur. "Profession, condition, emploi, rang honorable. = 2°. Splendide, magnifique, en parlant des persones et de ce qui y a raport. "C' est un homme honorable~: il fait les choses d' une manière honorable. = Amende honorable. V. AMENDE. = Honorablement, d' une manière splendide. "Faire les chôses honorablement. "Il a été enterré honorablement.
   Rem. Dans la prôse et dans le discours ordinaire, honorable suit le substantif. En vers, et dans le discours relevé, il le peut précéder. "La réception honorable qu' on lui a faite. "L' honorable Symbole du mérite.
   HONORER, rendre honeur et respect. "Honorer Dieu, les Saints; les reliques, son père, sa mère, ses supérieurs. = Avoir beaucoup d' estime pour... "Persone ne vous honôre plus que moi. "J' honôre son mérite et sa vertu. = Faire honeur à... "Il a honoré son pays, son siècle, sa compagnie, sa charge. = Il régit, en ce sens, la prép. de (l' ablat.) il m' honôre de son amitié, de sa protection. "Il honora l' assemblée de sa présence. "Les bontés dont vous m' avez honoré. "Il a ce régime au passif et au réciproque. "La patience est honorée de tous, quoiqu' elle soit embrassée de peu de persones. De Saci. "On doit s' honorer des critiques, mépriser les satires, profiter de ses faûtes et faire mieux. Gresset. "C' est un homage que le vice rend à la vertu, en s' honorant de ses aparences. Massillon.
   Vouloir, par vos désordres mêmes,
   Justifier vos désordres extrêmes;
   Et, sans rougir, enflés par les succès,
   Vous honorer de vos propres excès.
       Rousseau.
M. Saurin lui fait régir l' infinitif. "Trouver le tems de cultiver les Mûses, s' honorer de partager leurs travaux. (il parle du Card. de Richelieu.) Ce régime est inusité.

HONORAIRE


HONORAIRE, adj. et subst. [Onorère: 3e è moyen et long, 4e e muet.] Adj. Il se dit des persones qui, après avoir exercé certaines charges, en retiènent les honeurs principaux. "Conseiller, Président, Chanoine honoraire. = Tuteur honoraire, Économe honoraire, etc. celui sous les ordres duquel le Tuteur ou l' Économe onéraire administre. = S. m. Ce que l' on done à un Avocat pour avoir plaidé ou écrit en quelque caûse. On étend ce terme à d' autres persones de Profession honorable; et l' on apèle de ce nom les rétributions et le salaire de leurs peines.

HONORER


HONORER. V. HONORABLE.

HONORèS


HONORèS. V. AD HONORèS, sous la lettre A.

HONORIFIQUE


HONORIFIQUE, adj. Il ne se dit qu' avec Droits, en parlant de ceux qui apartiènent aux Seigneurs et aux Patrons des Églises. "Droits honorifiques.

HONTE


HONTE, s. fém. HONTEUX, EûSE, adj. HONTEûSEMENT, adv. [On aspire l' h: la honte, et non pas l' honte: 1re lon. 2e e muet au 1er, lon. aux trois aûtres, teû, teû--ze, teû-zeman; 3e e muet.] Honte se dit tantôt d' un sentiment de confusion, excité par l' idée du déshoneur; tantôt du déshoneur qui caûse ce sentiment. "Avoir honte de faire, ou d' avoir fait une mauvaise action. _ "La honte suit les mauvaises actions. = Honte, pudeur, modestie ne sont rien moins que synonimes. L' Acad. blâma autrefois Corneille d' avoir dit, épargne ma honte, pour, épargne ma pudeur, ma modestie. "Les reproches de la conscience causent la honte: les sentimens de la modestie produisent la pudeur. GIR. Synon. _ La honte est le remord du mal qu' on a fait: la pudeur, la modestie sont une horreur naturelle du mal qu' on ne veut pas faire.
   La honte me retient. - - D' Orval, elle t' abuse:
   La honte est dans l' ofense, et non pas dans l' excuse.
       La Chaussée.
Rem. 1°. Honte n' a point de pluriel. Corneille et La Bruyère lui en donent un.
   Non, mais vous avez dû perdre le souvenir
   Des hontes que pour vous j' avois su prévenir.
       Rodogune.
"La plus brillante fortune ne mérite point, ni le tourment que je me donne, ni les humiliations, ni les hontes que j' essuie. _ Il me semble que ce pluriel ne fait point mal en cet endroit; mais il ne ferait pas si bien âilleurs.
   Rem. 2°. Honte, quand il est seul, et qu' il n' est pas joint à quelque verbe, n' a de régime que dans une seule ocasion. On dit: la honte de nos faûtes, est un moyen de nous corriger: mais on ne dit pas, la honte de cette action, pour dire la honte qu' on en a, ou qu' on doit en avoir. Encôre moins, dit-on, la honte du mal, la honte du bien, pour dire, la crainte de cometre le mal, de pratiquer le bien, le respect humain. Ainsi; Boileau ne me paraît pas exact, quand il dit, (Ép. III.)
   Des superbes mortels le plus afreux lien,
   N' en doutons pas, Arnaud, c' est la honte du bien.
Avec le régime, honte a le 2d sens d' ignominie, de déshoneur. "Comment soutiendrez-vous la honte de cette action.
   Rem. 3°. Honte, régit de et l' infinitif. "La honte de céder l' emporte dans son coeur sur la crainte du trépas. Jér. Dél. "Le Roi (Amauri) rapporte dans la Syrie la douleur d' avoir échoué dans une entreprise injuste, et la honte de s' être laissé tromper. MARIN, Hist. de Saladin. = Avec le v. avoir, il se dit ordinairement sans article, même dans la proposition négative. "Il a honte de sa folie, il a honte de bien faire.. "Il n' a pas honte de méconaître son bienfaiteur. * Fénélon dit: "N' ayez point de honte à attribuer à leurs instructions ce que vous ferez de meilleur. _ Il y a deux chôses à remarquer dans cette phrâse: 1°. La prép. de devant honte, qui est tout au moins inutile, et contre l' analogie. On dit, il n' a pas raison, vous n' avez pas tort de faire, de dire, etc. et non pas, il n' a pas de raison, vous n' avez pas de tort, etc. Il me semble donc, que l' on doit dire: n' ayez point honte, et non pas, n' ayez point de honte de, etc. Je ne dissimulerai pas que l' Acad. met en exemple. N' avez-vous point de honte de manquer de parole. Mais je m' en raporte. _ La 2e chôse à remarquer, c' est la prép. à devant l' infinitif au lieu de la prép. de. Il paraît que l' illustre Auteur a confondu dans cette ocasion le v. avoir actif, avec avoir impersonel. On dit: il y a de la honte à être méchant: il n' y a pas de honte à être paûvre: mais on dit: il a honte d' être paûvre: il n' a pas honte d' être méchant. * La Bruyère met, au contraire, la prép. de avec avoir impersonel. "Quelle plus grande honte y a-t' il d' être refusé d' un poste que l' on mérite, ou d' y être placé sans le mériter? = Avec l' article, honte a un autre sens, et c' est le 2d de ce mot: c' est avoir la confusion, l' humiliation. "Le pauvre Abbé Têtu a toujours des vapeurs: j' ai la honte de faire de mon mieux pour le guérir, sans pouvoir réussir. Madame De Coul. = Ce que nous avons dit d' avoir honte, s' aplique à faire honte: il doit être également sans article. "Votre fils ne fera pas de honte à ses parens. Sév. le de est inutile. = Au reste, faire honte a deux sens, tantôt il a raport à celui qu' on veut corriger, en lui inspirant de la honte; tantôt il a raport à ceux qui soufrent de la confusion en conséquence de leurs faûtes ou de celles des aûtres. "Ce discours de Coriolan fit honte au peuple de son animosité. Vertot. "La proscription de cet illustre Sénateur fait honte au peuple romain. Un Père dit à son fils. "Je vous fais honte de vos égaremens, afin qu' un jour vous ne nous fassiez pas honte par vos bassesses. = Faire honte, ne se dit pas avec le pron. pers. "Ceux, qui reçoivent une belle lettre d' amitié, se font honeur, en la montrant: ceux qui reçoivent une lettre d' amour, se feraient honte, en la publiant. Quoiqu' on dise, se faire honeur, se faire un mérite de, etc. On ne dit point, se faire honte, se faire confusion de, etc. Wailly. = Attacher de la honte à. Voy. INEXPLICABLE. Il vaux mieux dire, ce me semble, atacher du déshoneur. = Voy. HONTEUX.
   À~ ma honte, à sa honte, adv. "Je le dis à ma honte. "Tant pis pour l' esprit: ce que vous dites est tout à fait à sa honte. Fonten. = On dit aussi, à la honte de: "L' on y détruisit inhumainement plus de 300 villages et châteaux, à la honte éternelle de ceux, qui aprouvèrent et ordonèrent une telle conduite. Targe-Smollet. _ Ailleurs ce Traducteur, trop litéral, l' unit au v. être impersonel. "Il est à la honte de la Nation, que des hommes, qui n' avoient jamais vu l' énemi en face, fussent avancés aux places des braves oficiers, qui etc. cela sent l' anglicisme. Nous dirions, en pareil câs: il était honteux pour la Nation que, etc.
   On dit, proverbialement, s' en retourner avec sa courte honte; sans avoir réussi. = Un peu de honte est bientôt bûe; bientôt pâssée.
   HONTEUX, qui a de la honte. (n°. 1°.) Il régit de devant les noms et les verbes: il se dit des persones. "Les méchans sont souvent honteux de leurs succès: ils devraient l' être de leur bonheur. "Les jeunes gens ont honte de pratiquer la vertu: ils sont honteux d' être surpris à bien faire. = Qui caûse de la honte: il se dit des chôses: "Crime, procédé honteux: action, conduite honteûse~, etc. = En parlant d' un jeune homme, qui parait dans le monde et qui n' en a pas l' usage, embârrassé: "Il est encôre tout honteux. Le Proverbe dit, en ce sens, qu' il n' y a que les honteux qui perdent.
   REM. Être honteux de, et avoir honte de, ont des nuances diférentes pour le sens et pour l' emploi: l' un regarde plutôt le pâssé, l' autre le présent. "Il est honteux de ce qu' il a fait: il n' a pas honte de le refaire encôre. Ainsi, Madame B... et l' Ab. Vertot n' ont pas parlé bien exactement, quand ils ont dit; l' une. "Ils ne furent pas honteux (pour; ils n' eurent pas honte) de se mettre à la tête de ces bandits. H. d' Angl. l' aûtre: "Ils n' avoient pas été honteux (ils n' avoient pas eu honte) d' ôter à un Sénateur-Consulaire, et honoré de deux Dictatûres, le Droit de Citoyen. Révol. Rom.
   HONTEûSEMENT, Avec honte et ignominie: fuir; mourir honteûsement.

HôPITAL


HôPITAL, s. m. [Ôpital: 1re lon.] Maison de charité, destinée à loger, nourrir, traiter les paûvres dans leurs maladies, etc. On apèle figurément l' état de pauvreté, Hôpital. "Il va le grand galop à l' Hôpital. "Vous lui verrez bientôt toutes ses dettes payées, et le voilà hors de l' Hôpital, où il étoit assurément. Sév.

HOQUET


HOQUET, s. m. [l' h s' aspire: le hoquet, et non pas l' oquet: Pron. Hokè: 2e è moy.] Moûvement convulsif de l' estomac, qui se produit par un son inarticulé. "Avoir le hoquet. "On dit que la peur fait passer, fait perdre le hoquet.

HOQUETON


HOQUETON, s. m. [Aspirez l' h] On le dit, et d' une sorte de casaque, que portent les archers du Grand-Prévot, et de l' Archer qui la porte. "Porter le hoqueton. "Il étoit suivi de deux hoquetons.

HORDE


HORDE, s. f. [On aspire l' h: la horde, et non pas l' orde.] Peuplade de Tartâres errans.

HORIZON


HORIZON, ou HORISON, s. m. HORISONTAL, ALE, adj. HORISONTALEMENT, adv. [Orizon, tal, tale, taleman: 3e lon. 5e e muet.] Horizon, se dit d' un grand cercle, qui coupe la sphère en deux parties, dont l' une est l' hémisphère supérieur, l' aûtre l' inférieur. = Il se dit, dans le discours ordinaire de l' endroit, où se termine notre vûe, et où le ciel et la terre semblent se joindre. "Horison borné, ou étendu. = Horisontal, qui est parallèle à l' horison. "Plan, cadran horisontal: ligne horisontale. = Horisontalement, parallèlement à l' horison. "Cadran placé horisontalement.

HORLOGE


HORLOGE, s. f. HORLOGER, ÈRE, s. m. et f. HORLOGERIE, s. f. [3e e muet au 1er et au dern. é fer. au 2d, è moy. et long au 3e: ge, gé, gère, geri-e.] Quelques Auteurs, et le peuple en certaines Provinces, font Horloge masc. M. de St. Marc, dans une note sur un vers de Boileau, dit au contraire, que beaucoup de gens en parlant font Horloge féminin, quoique l' usage général le fasse masculin. Cet usage est si peu général, qu' on est tenté de croire qu' il y a ici une transposition et une faûte d' impression. On trouve Horlogier dans Le Menteur de Corneille. Plusieurs disent et écrivent Horlogeur. Pour Horlogeuse, il n' y a que la populace, qui le dise en quelques Provinces. = Horloge, machine, qui marque et qui sone les heures. Horloger, celui, qui fait des horloges et des montres. Horlogère, femme d' un Horloger; ou celle, qui monte et arrange des montres. Horlogerie, Art de faire des Horloges, des montres. "Monter une horloge. "L' horloge retarde. _ "C' est un bon Horloger. "Elle est horlogère. "Il ou elle entend fort bien l' horlogerie. "Je serai toujours persuadé qu' une horloge prouve un horloger, et que l' Univers prouve un Dieu. Voltaire.

HORMIS


HORMIS, prép. [Ormi.] Hors, excepté. "Tout est entré, hormis deux ou trois. = L' Auteur des Réflexions, remarquait dans le siècle pâssé, que quelques persones faisoient scrupule de se servir de ce mot. Mais il assûre que tous nos bons Auteurs ne faisaient point difficulté de l' employer. = Hormis que ne s' est pas si bien soutenu. "C' étoit son parent, hormis qu' il ne mangeoit pas tant. Sév. l' Ac. ne le met pas. Je crois pourtant qu' on peut l' admettre dans le discours familier. = Pour hormis de, c' est un provençalisme, un gasconisme. * "Cela n' est pas possible, hormis de ne partir deux heures plutôt. Il faut dire, à moins que vous ne partiez, etc.

HOROSCOPE


HOROSCOPE, s. m. [Oros-kope: dern. e muet.] M. de Wailly, dans sa Grammaire, dit que ce mot est des deux genres; masc. et fém. Dans le Rich. Port. il ne le marque que masculin. * M. Dorat l' a fait fém.
   Remplis, en dépit des Censeurs,
   Ton horoscope qu' on a faite.
C' est le genre que lui donait l' Acad. dans les premières Éditions de son Dictionaire. Richelet le fait masc. et fém. Ménage ne le veut que masc. Le Dic. de Trév. raporte les divers sentimens sans rien décider. Dans l' Abrégé, on le marque s. f. et l' on met en parenthèse~, (plusieurs le font masc.) Enfin dans la dern. Édit. l' Acad. le marque du genre masculin. = Horoscope, observation qu' on fait de l' état du ciel, au point de la naissance de quelqu' un, et par laquelle on prétend juger de ce qui doit lui arriver pendant sa vie. "Faire, tirer, dresser l' horoscope de quelqu' un. Juger un horoscope. "Faiseur d' horoscope. = Fig. Prévoir, prédire. "J' avois fait l' horoscope de cette afaire: elle ne devoit pas~ réussir.

HôRREUR


HôRREUR, s. f. HORRIBLE, adj. HORRIBLEMENT, adv. [ô-reur, orible, bleman: 1re lon. au 1er: 3e e muet, l' r se prononce fortement.] Hôrreur, en parlant des persones, est 1°. Une terreur, un saisissement de l' âme qui la fait frémir. "Frémir, être saisi d' hôrreur: cela fait hôrreur à penser. "L' hôrreur des suplices, les hôrreurs de la mort: l' hôrreur qu' ils inspirent. = 2°. Saisissement de crainte et de respect. "En entrant dans cette forêt, dans cette Église on sent une secrette hôrreur; une sainte hôrreur. = 3°. Détestation, haine violente. Avoir hôrreur de, ou pour.
   Et qui fidèle à son devoir,
   Dans la chaire, où le crime siège,
   Eut toujours horreur de s' asseoir.
       Le Franc.
"Avoir en hôrreur. Inspirer l' hôrreur du vice, ou de l' hôrreur pour le vice. Être en hôrreur à, etre l' hôrreur de.
   Je me trouve, au milieu de mon bonheur extrême
   Un traitre, un malheureux en horreur à lui-même.
       La Chaussée.
"Ce Tyran était en hôrreur à, ou était l' hôrreur de tout le genre humain. Dans cette dernière phrâse; l' horreur, est l' objet de l' hôrreur, un objet d' hôrreur. = 4°. En parlant des chôses, énormité. "L' hôrreur du crime; d' une action; et en parlant des suplices, cruauté. "L' hôrreur de ces tourmens. = 5°. Hôrreurs au pluriel, chôses déshonorantes.
   Quoi Florise et Geronte
   Vous comblent d' amitié, de plaisirs et d' honeurs;
   Et vous mandez sur eux quatre pages d' hôrreurs.
       Le Méchant.
"On m' a dit des hôrreurs de cet homme là. Acad.
  Pouvez-vous lui prêter une pareille horreur?
  Jalouse! de sa fille! allons donc quelle erreur!
       Barthe.
Dans le st. famil. on dit d' une femme ou d' une chôse extrémement laide, que c' est une hôrreur.
   Rem. Quand on parle du sentiment, hôrreur n' a point de pluriel. * Bossuet dit: "Je raporterai la suite de cette invective insensée, malgré mes horreurs. Il falait dire, malgré l' horreur qu' elle m' inspire; car au singulier même, malgré mon horreur, irait fort mal. = Avoir de l' hôrreur, régit non la prép. de, mais la prép. pour. "On n' avoit que de l' horreur des (pour les) Ariens. Bérault (H. de l' Égl.) On dit, sans article, avoir hôrreur de, et avec l' article, avoir de l' horreur pour: le 1er ne régit que les chôses: le 2d régit les chôses et les persones. "Avoir horreur du vice. "Avoir de l' hôreur pour le vice et pour les hommes vicieux.
   À~ faire horreur, adv. Il est fort à la mode. "S' ils disent, ils disent trop: ce qui n' est qu' un peu diforme est à faire horreur; ce qui est médiocrement bon est délicieux, etc. Coyer. "C' est l' opéra nouveau... Mon Dieu! que n' ai-je su cela plutôt! _ Pourquoi? _ Oh! c' est que je suis coifée à faire hôrreur. TH. D' ÉDUC. "J' ai mal aux nerfs, et puis je suis coifée à faire hôrreur. Ibid.
   HORRIBLE, qui fait hôrreur. "Cela est horrible. "Une horrible méchanceté. "Objet horrible à voir. = Extrême, excessif. "Un froid horrible; une horrible dépense, etc. = Il aime à précéder le substantif dans les deux sens. "Je ne puis vivre plus long-tems dans cette horrible incertitude. Marm. "Il a fait une horrible faûte. Acad.
   Une horrible lione alaita ton enfance.
       Gresset.
HORRIBLEMENT, d' une manière horrible, dans les deux sens. "Horriblement défiguré: horriblement laide. "Il y avait une grande foule, et l' on y était horriblement pressé.

HORS


HORS. [Aspirez l' h: hôr et devant une voyelle hôrz: long.] 1°. Préposition de tems; "Quand nous serons hors de l' hiver; ou de lieu; hors du Royaume, de la Ville. = 2°. Souvent elle s' aplique à des chôses, qui n' ont nul raport, ni au tems, ni au lieu. "Être hors de son bon sens. Hors de prix, hors de raison. = 3°. Quelquefois aussi, on ne l' emploie que pour marquer exception. "Ils y sont tous allés, hors (excepté) deux ou trois. Dans les deux premieres acceptions, il régit la prép. de: dans la seconde l' acusatif.
   REM. I. Hors et excepté admettent à leur suite un grand nombre de prépositions; chez, dans, sous, sur, devant, derrière, parmi, vers, avant, après, entre, depuis, avec, par, durant, pendant, à, de, en. "Il est allé par tout, hors chez lui. On a fouillé par tout, excepté dans sa maison. J' ai visité par tout hors sous la table, etc. etc.
   II. Aûtrefois on disait fors, et les exemples en sont fréquens dans Malherbe et dans les aûtres Poètes: mais il est banni depuis long--temps des vers et de la prôse. Bouh.Th. Corn. "Tout est perdu, fors l' honeur, écrivit François I. après la batâille de Pavie.
   III. On dit, hors de saison, hors de prix, etc. Mais on ne dit pas hors d' exemple, comme l' a dit Pascal: on dit, sans exemple. L. T.
   IV. Hors, est toujours préposition, et dehors toujours adverbe. On mettait aûtrefois l' un pour l' aûtre.
   Je suis prête à sortir avec toute ma bande.
   Si vous pouvez nous mettre hors.
       La Font.
On dirait aujourd' hui, nous mettre dehors. _ * M. Targe a dit tout récemment, mettre hors, pour faire sortir. "On avait mis hors une forte escadre. H. d' Angl. de Smollet, c' est un vrai anglicisme: to put out.
   V. On ne doit pas employer indiféremment hors de, et hors le: Le 1er signifie de hors. "Hors de l' Église point de salut: le 2d veut dire, excepté: "Hors l' Église Romaine toutes les aûtres sympathisent avec les Incrédules. * Bossuet a mis l' un pour l' aûtre. "Hors de la Religion, tout le reste leur étoit commun avec les sujets de l' Empire. Il falait, hors la Religion.
   VI. Hors, avec les verbes, est suivi de la prép. de, avec l' infinitif, ou de la conjonct. que, avec l' indicatif. "Hors de le tuer, hors qu' il ne l' a pas tué; il a tout fait.
   VII. On dit, être hors de soi, ne pas se posséder de colère, ou de joie, etc. Madame de Sévigné lui fait régir de et l' infinitif. "Corbinelli est hors de lui, de trouver une tête de femme, faite comme la vôtre. Ce régime peut être bon en plusieurs ocasions, mais il faut savoir l' apliquer.

HORS-D' OEUVRE


HORS-D' OEUVRE, adv. et subst. [Hor--deû-vre: 1re et 2e lon. 3e e muet.] Adv. Il se dit dans un bâtiment, d' une pièce détachée du corps. "Un cabinet hors-d' oeuvre. = S. m. Il se dit de certains petits plats qu' on sert dans les grandes tables avec les potages, et avant les entrées. "Il y avait douze hors-d' oeuvres. _ Fig. On le dit des ouvrages d' esprit. "Après la mort d' Hector, il y a encôre deux livres, qui sont hors-d' oeuvre. P. Rapin. "Cette description est un hors-d' oeuvre dans ce Poème.
   HORS-OEUVRE, adv. Terme d' Architectûre. Il se dit de la mesûre d' un bâtiment, prise depuis l' angle extérieur d' un mur jusqu' à un autre angle extérieur. "Cette façade a tant de toises hors-oeuvre, et non pas hors-d' oeuvre, comme disent plusieurs.

HORTOLAGE


HORTOLAGE, s. m. Autrement Potager. Voy. ce mot.

HOSPICE


HOSPICE, s. m. [Ospice: dern. e muet.] Petite maison religieûse. "Ce n' est pas un couvent, ce n' est qu' un hospice.

HOSPITALIER


HOSPITALIER, IèRE, adj. HOSPITALITÉ, s. f. [Ospita-lié, liè-re, lité: 4e é fer. au 1er, è moy. et long au 2d.] On a retranché l' s à Hospital: on l' a conservée à ses dérivés. Hospitalité, est l' action de recevoir et de loger les passans. "Exercer l' hospitalité. = Chez les Grecs et les Romains, c' était un droit réciproque, de loger les uns chez les aûtres; on apelait hôtes (Hospes en latin) ceux qui avaient ce droit. "Droit d' hospitalité. "C' était un grand crime de violer, de trahir les droits d' hospitalité. = Hospitalier, qui exerce volontiers l' hospitalité. h "Peuple hospitalier; nation hospitalière. "C' est au milieu de ces fêtes hospitalières que nous avons parcouru les Villes de la pauvre Finlande. St. Pierre. _ Religieux hospitalier, Religieûse hospitalière, consacrés au service des hôpitaux.

HOSTIE


HOSTIE, s. f. [Ostî-e: 2e lon. 3e e muet.] chez les Hébreux, victime. "Hostie pacifique. "Immoler des hosties à Dieu. Acad. On dit plus souvent des victimes. = Parmi les Catholiques, pain très-mince et sans levain que le Prêtre ofre et consacre. On l' apèle ainsi avant même qu' il soit consacré. Mettre l' hostie sur le calice: remplir le ciboire d' hosties. Après la consécration de l' hostie et du calice. "Recevoir la sainte hostie.
   REM. Hostie, pour pain à chanter est un gasconisme. Pour victime, il est vieux.
   Ou si le triste sort de ces armes impies,
   De tous les combatans a fait autant d' hosties.
       Horace.
  Cette seconde hostie est digne de ta rage.
      Polyeucte.

HOSTILE


*HOSTILE, adj. HOSTILEMENT, adv. HOSTILITÉ, s. f. [Ostile, leman, lïté: 3e e muet aux deux premiers: dern. é fer. au dern.] Hostile est un mot assez nouveau. L' Acad. ne l' a point mis. Qui concerne, qui anonce la guerre. "On est convenu en Europe de regarder le rapel pur et simple des Ambassadeurs, comme une démarche hostile de la part de la puissance, qui s' y détermine la première. Linguet. = Hostilement, en énemi. "Il entra hostilement sur les terres de ce Prince. = Hostilité, acte de guerre, action d' énemi. "Comettre des hostilités, des actes d' hostilité. "Dès lors, comencèrent les hostilités.

HôTE


HôTE, ESSE, s. m. et f. [Ôte, tèce: 1re lon. 2ee muet au 1er, è moy. au 2d.] 1°. Celui ou celle qui tient cabaret. "L' hôte de la croix blanche. "Faites venir l' hôtesse pour compter. Voy. COMPTER. = 2°. Il se dit de celui qui loge, et de celui qui est logé en hôtel garni. "C' est un hôte intraitable Je suis un hôte tranquille et comode. = 3°. l' Acad. le dit aussi pour locataire. Il n' est pas universellement usité en ce sens. = 4°. Hôte, se dit aussi quelquefois pour étranger. "Vous pourrez chasser de l' Égypte ces Hôtes, qui vous font la loi, et reprendre l' autorité que vous avec perdue. MARIN. Hist. de Saladin. On dit, proverbialement, bon visage d' hôte, bon acueuil, de celui qui done à manger chez lui. = Il est l' hôte et l' hôtellerie, il fait tout dans cette maison. Voy. HOSPITALITÉ.

HOTEL


HOTEL, s. m. [Otèl: l' o est bref: dans autel (otel) il est douteux: 2eè moy.] 1°. Grande maison d' un Prince, d' un grand Seigneur. = Hotel, Maison, Palais, Château. (Synon.) Les Bourgeois ocupent des maisons; les Grands à la Ville ocupent des Hotels; les Rois, les Princes, les Évêques y ont des Palais. Les Seigneurs ont des châteaux dans leurs terres. Beauzée. = Grande maison garnie. "L' hotel de Venise, d' Yorck, des quatre Nations, etc. = 3°. L' Hotel-Dieu, l' hopital ordinaire des malades. = On apelait autrefois Hotel la maison que le Roi habitait. De là les titres de Prévôt de l' Hotel; Maître des Requêtes de l' Hotel, etc. = Hotel-de-Ville, la Maison, où l' on s' assemble d' ordinaire pour les afaires de la Ville. Hotel des Monnoies, le lieu où on les fabrique.
   Maître d' Hotel, oficier préposé pour avoir soin de la table des Grands, des riches particuliers; et qui sert ou fait servir sur table.

HOTELIER


HOTELIER, IèRE, s. m. et f. HOTELLERIE, s. f. [Ote-lié, liè-re, otèlerî-e, 1re lon. au 1er, 2e e muet aux deux premiers, è moy. au 3e; la 3e é fer. au 1er, è moy. et long au 2d, e muet au 3e.] Hotelier, ière, Celui, celle, qui tient hotellerie. Il est peu usité aujourd' hui.
   HOTELLERIE, Maison où l' on loge les voyageurs, et où on les nourrit pour leur argent. "Grande Hotellerie. Ce mot est vieux, et il n' est pas du discours ordinaire. On dit auberge et Hotellerie, n' est guère bon aujourd' hui que dans les ocasions, où auberge serait un terme trop bâs.

HOTTE


HOTTE, s. f. HOTTÉE, s. f. HOTTEUR, EûSE, s. m. et f. [l' h s' aspire: Hote, té-e, teur, teû-ze: 2e e muet au 1er, é fer. et long au 2d; longue aussi au dern.] Hotte, panier, ordinairement d' osier et qu' on met sur le dôs avec des bretelles. Porter la hotte. "Porter du pain dans une hote. = Hotée, plein une hotte. "Une hotée de pain, de fruits. "Dix hottées de terre, de fumier. = Hoteur, eûse, celui, celle, qui porte la hotte.

HOUBLON


HOUBLON, s. m. HOUBLONER, v. act. HOUBLONIèRE, s. f. [Aspirez l' h; le hou--blon et non pas l' oublon: 3e é fer. au 2d, è moy. et long au 3e: né, niè-re.] Le houblon est une espèce de plante, qui entre dans la composition de la bierre. Houbloner, c' est mettre du houblon. "On a trop; on n' a pas assez houbloné cette bierre. Houblonière, champ planté de houblon.

HOUE


HOUE, s. f. HOUER, v. act. [On aspire l' h: Hoû-e, hou-é: 1re lon. au 1er; 2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] La hoûe, est un instrument de fer, large et recourbé, qui a un manche de bois et avec lequel on remûe la terre, en la tirant vers soi. Houer, c' est labourer à la hoûe, avec la hoûe. "Il faut houer ce jardin. V. n. Ce vigneron ne fait que houer tout le jour.

HOUILLE


HOUILLE, s. f. [On aspire l' h: Hou--glie: mouillez les ll: dern. e muet.] La houille est une sorte de charbon de terre. "Brûler de la houille.

HOULETTE


HOULETTE, s. f. [l' h s' aspire: hou--lète: 2e è moy. 3e e muet.] Bâton, que porte un berger, au bout duquel il y a une plaque de fer, en forme de goutière, pour jeter des motes de terre aux moutons, qui s' écartent. "La houlette est fort célèbre dans les Poésies Pastorales. = On dit, proverbialement, depuis le Sceptre jusqu' à la houlette, depuis ce qu' il y a de plus grand parmi les hommes, jusqu' à ce qu' il y a de moins considérable.

HOULLE


HOULLE, ou HOULE, s. f. HOULEUX, EûSE, adj. [Aspirez l' h: hou-le, leû, leûze: 2e e muet au 1er, lon. aux 2 aûtres.] Termes de Marine. On apèle houle, la vague, qui reste à la mer, après que la tempête est passée. "La houle était encore fort grosse. Houleux agité, bouillonant. "La mer était houleûse.

HOUPPE


HOUPPE ou HOUPE, s. f. [l' h est aspirée: la houpe, et non pas l' oupe.] Assemblage de plusieurs filets de laine ou de soie, liés comme par bouquets. "La houpe d' une ceinture, d' un bonet cârré. "Une houpe à poudrer.

HOUPPELANDE


HOUPPELANDE ou HOUPELANDE, s. f. [Aspirez l' h: 2e et dern. e muet, 3e lon.] Sorte de casaque. Ce mot a vieilli avec la chôse qu' il exprime. = On ne le dit qu' en plaisantant des longues rédingotes.

HOURDAGE


HOURDAGE, s. m. HOURDER, v. act. [On aspire l' h.] Maçonerie grossière: bâtir grossièrement.

HOURET


HOURET, s. m. [l' h s' aspire: hou-rè: 2e è moy.] Mauvais petit chien de chasse. "Trois hourets galeux formaient sa meute.

HOUSEAUX


HOUSEAUX, s. m. pl. [Aspirez l' h: hou--zô: 2e lon.] Espèce de guêtres. = On ne le dit plus que dans cette locution proverbiale, laisser ses houseaux, sa peau, sa vie.
   Mais le paûvre, à ce coup, y laissa ses houseaux.
       La Font.

HOUSPILLER

HOUSPILLER, v. act. [l' h est aspirée: Hous-pi-glié: mouillez les ll: dern. é fer.] Tirâiller, secouer. "Il le houspilla et le traîna. "Ils se houspillèrent. Il est du st. famil. et plaisant. Il signifie aussi battre. _ Fig. disputer avec emportement. "Ces deux Docteurs se sont houspillés.

HOUSSAGE


HOUSSAGE, s. m. HOUSSER, v. act. HOUSSOIR, s. m. [On aspire l' h: Hou-sage, sè, soar.] Houssoir, balai de houx ou d' aûtre branchage. Housser, nétoyer avec un houssoir. Houssage, action de housser.

HOUSSAIE


HOUSSAIE, s. f. HOUX, s. m. [Aspirez l' h. le houx, la houssaie Pron. Hoû long, hou-cê: 2e ê ouv. et long.] Houx, arbre toujours verd à feuilles luisantes, et armées de piquants. Houssaie, Lieu où il croît quantité de houx.

HOUSSARD


HOUSSARD ou HOUSARD, s. m. [On aspire l' h: Hou-sar ou Hou-zar. L' Acad. met les deux, et ne cite que le 1er dans les exemples. Beaucoup de gens écrivent huzard, hussard; et les Allemand l' écrivent ainsi, parce qu' ils prononcent l' u en ou. MARIN.] Cavalier hongrois. "Les Houssards sont des troupes légères.

HOUSSE


HOUSSE, s. f. [l' h est aspirée: la housse et non pas l' ousse. Pron. Hou-ce: 2ee muet.] Couvertûre qu' on atache à la selle d' un cheval, et qui en coûvre la croupe. "Housse de drap, de velours, etc. = On done aussi ce nom à des étofes légères, dont on se sert pour couvrir les meubles de prix. "Housse de lit, de chaise, de carrosse. = On apèle encôre housse, la couvertûre du siège du cocher.

HOUSSER


HOUSSER, Voy. HOUSSAGE.

HOUSSINE


HOUSSINE, s. fém. [On aspire l' h: hou--cine; dern. e muet.] Baguette de houx, ou d' autre arbre, dont on se sert quelquefois pour faire aler un cheval.

HOUSSOIR


HOUSSOIR, Voy. HOUSSAGE.

HOUX


HOUX, Voy. HOUSSAIE.

HOYAU


HOYAU, s. m. [Aspirez l' h: hoa-io; au plur. hoyaux.] Hoûe à deux fourchons, dont on se sert à fouiller la terre.

HUCHE


HUCHE, s. fém. [On aspire l' h: la hu--che.] Cofre de bois où l' on pétrit le pain, et où on le serre.

HUâILLE


*HUâILLE, s. f. HUÉE, s. f. HUER, v. act. [L' h s' aspire: hu-â-glie, hué-e, hué: 2e lon. au 1er, mouillez les ll; é fer. aux deux autres, long au 2d.] Huée, au propre, bruit que l' on fait pour faire lever un loup qu' on poursuit, et le pousser vers les chasseurs. Figurément, cris de dérision qu' une assemblée de gens fait contre quelqu' un. Huer, faire des huées. "On le hua: on fit de grandes huées après lui. "Il s' est fait huer de tout le monde.
   *HUâILLE, terme nouveau, synonyme de canâille. "La huâille philosophique. Ling. l' Ab. de Fontenai.

HUILE


HUILE, s. fém. HUILER, v. act. HUILEUX, EûSE, adj. HUILIER, s. m. [Ui--le, lé, leû, leû-ze, lié: 2ee muet au 1er. é fer. au 2d et au dern. lon. au 3e et au 4e.] Huile, en général, est une liqueur grâsse et onctueûse, qui se tire de plusieurs chôses, soit par la simple expression, soit par le moyen du feu. "Huile d' Olive, de noix, d' amendes douces, etc. = En particulier, et sans addition, il se dit de l' huile d' olive. "De bone huile. Friture à l' huile, etc.
   Rem. Dans les Provinces méridionales, on fait huile masc. On dit, du bon huile, pour de bone huile.
   En style proverbial, on dit qu' un ouvrage sent l' huile, pour dire qu' on sent qu' il a été fait avec beaucoup de peine. = C' est une tache d' huile, une honte inéfaçable, ou un mal qui va toujours en augmentant. Voy. FEU, LAMPE, MUR.
   Les Saintes Huiles, l' Extrême-Onction.
   HUILER, oindre, froter avec de l' huile. = Huileux, qui est grâs, et de la natûre de l' huile. "Des cheveux grâs et huileux. "Avoir le teint huileux, la peau huileûse. = Huilier, vâse dans lequel on sert l' huile sur la table.

HUIS


HUIS, s. masc. Vieux mot. Porte. La Bruyère le met au nombre des mots qu' il regrette. L' usage, dit-il, a préféré porte à huis; navire à nef, armée à ost; Monastère à monstier; tous mots qui pouvaient durer ensemble d' une égale beauté, et rendre une langue plus abondante.

HUISSERIE


HUISSERIE, s. fém. [Ui-cerie: 2e et dern. e muet; 3e lon.] Assemblage de pièces de bois qui forment l' ouvertûre d' une porte.

HUISSIER


HUISSIER, s. masc. [Ui-cié: 2e. é fer.] C' est proprement le garde de l' huis, de la porte. Chez le Roi, Huissier du cabinet, de la chambre. _ Au Palais, ceux qui gardent les portes d' un Tribunal, et qui sont chargés de signifier les actes de justice. = * L' Ab. Vertot se sert souvent du mot d' Huissier, au lieu de Licteur, dans son Histoire des Révol. Romain. Il n' est pas à imiter en cela.

HUIT


HUIT, adj. HUITAINE, s. fém. HUITIèME, adj. HUITIèMEMENT, adv. [Uit, ui--tène, tiè-me, meman: 2e è moy. 3e e muet. Le t du 1er ne se prononce pas devant un mot qui commence par une consone.] Huit, nombre pair, contenant deux fois quatre. "Huit écus, huit Cavaliers. = S. m. "Un huit de chifre. Au jeu des cartes, un huit de pique, de coeur, etc. = Huitaine, huit jours. "Nous avons été une huitaine de jours à... Au Palais, assigné à huitaine, dans huit jours. = Huitième, adj. de nombre ordinal. "Le huitième jour; chapitre huitième, etc. S. m. "Il est le huitième. "Il a un huitième dans cette afaire. "Le huitième du mois. = Huitièmement, en huitième lieu. "Huitièmement, je vous dirai que, etc.
   Rem. Ces mots doivent s' aspirer. Le huit, la huitaine, le huitième, etc.
   Peins Boussard montre en lui huit efforts héroiques.
       Le Mierre.
Il n' y a point d' hiatus, proprement dit; mais la rencontre de ces deux ui, lui, huit n' est pas fort agréable.

HUîTRE


HUîTRE, s. f. [Uître: 1re lon. 2e e muet. En Provence on fait Huître masc. de bons huîtres. Il faut dire, de bones huîtres.] Poisson de mer, du genre des testacées. = En st. prov. "C' est une huître à l' écâille, un stupide. "Il joûe comme une huître, très-mal.

HULOTE


HULOTE, ou HUETTE, s. fém. Espèce de hibou. On aspire l' h

HUMAIN


HUMAIN, AINE, adj. HUMAINEMENT, adv. HUMAINTÉ, s. fém. [U-mein, mène, neman, manité 2e è moy. 3e. e muet au 2d et 3e.] Humain, 1°. qui concerne l' homme. "Le corps, l' esprit humain; la natûre, la raison, la vie, la faiblesse humaine. = Les chôses humaines, toutes les chôses auxquelles l' homme est sujet. = Les moyens humains; dont les hommes peuvent se servir. = 2°. En parlant des persones, doux, secourable, pitoyable. "Prince, vainqueur humain. = 3°. On dit, en vers, les humains, pour les hommes.
   Et cet amâs de fécondes largesses,
   Que jour et nuit la Mère des humains,
   Sur ses enfans, répand à pleines mains.       Rouss.
En style familier, on le dit au singulier. "C' est le meilleur humain du monde.
   Rem. Humain, dans le 1er sens, aime à précéder le substantif. L' humaine folie; les humaines vertus; mais dans le 2d sens, il aime à suivre. "Homme doux et humain. _ On le dit quelquefois de l' air, du climat, de la saison. "Respirer un air moins sec et plus humain.
   HUMAINEMENT, suivant la portée, le pouvoir de l' homme. "Cela est humainement impossible. = Avec douceur: "Traiter humainement les vaincus. = Humainement parlant, selon les idées communes. Secundum hominem dico. S. Paul.
   HUMANITÉ, 1°. Natûre humaine. J. C. a pris notre humanité; s' est revêtu de notre humanité. _ "Cela est au-dessus de l' humanité, des forces de l' homme. _ Payer le tribut à l' humanité, mourir, ou ressentir les faiblesses humaines. _ Proverbialement, reposer son humanité, se reposer. = 2°. Bonté, sensibilité pour les malheurs d' autrui. "Il est plein d' humanité. "Il n' a aucun sentiment d' humanité. = 3°. Au pluriel, les lettres humaines, ce qu' on aprend dans les Collèges jusqu' à la Philosophie, exclusivement. "Enseigner les humanités. "Il a fait ses humanités. * Un Auteur moderne s' en sert pour signifier les faiblesses humaines. "Il se troûve encôre des humanités dans le cloître. En ce sens, c' est un barbarisme. = 4°. Humanité se dit quelquefois pour, les hommes. "En acablant de fléaux la triste humanité, ils ne songèrent jamais à la consoler. Linguet, parlant des Conquérans.

HUMANISER


HUMANISER, v. act. [Umanizé: dern. é fer.] 1°. Rendre humain. "Le Comerce des Étrangers, et encôre plus la Religion, ont humanisé les sauvages. = Rendre moins farouche, moins austère. "Le comerce du monde l' a humanisé. "Il comence à s' humaniser. = S' humaniser, c' est aussi se mettre à la portée des aûtres. "Ce génie supérieur savait s' humaniser avec les ignorans. = * Mallebranche done à ce verbe le sens de prêter ou atribuer à d' autres êtres que l' homme, les qualités, actions, ou sentimens de l' homme. "Nous humanisons naturellement toutes les caûses. Voyez SPIRITUALISER. * Pluche lui done un autre sens. "Atlas humanisé, c. à. d. de simple signe, devenu un homme dans l' idée des peuples. Hist. du Ciel. Ces deux acceptions de ce verbe sont inconûes dans la langue.

HUMANISTE


HUMANISTE, s. m. [Umanis-te.] Il se dit de celui qui sait bien ses humanités; (n°. 3°.) et aussi de celui qui les enseigne. "Bon humaniste.

HUMBLE


HUMBLE, adj. HUMBLEMENT, adv. [Eun-ble, bleman: 1re lon. 2ee muet.] Humble, 1°. qui a de l' humilité. "Homme véritablement humble. "Les âmes humbles. = 2°. Respectueux. "Être humble devant les grands. "Humble prière. "Humble suplication. Rendre de très-humbles grâces.
   Pour désarmer votre colère,
   L' humble aveu, le regret sincère,
   Sont l' holocauste du pécheur.
       Le Franc.
"Très-humble serviteur. Formule de Politesse. = 3°. En poésie, bâs. C' est un latinisme. "Les humbles bruyères; fougères; cabanes. "L' humble laboureur. De Lille.
   Rem. Humble, apliqué aux chôses, se plait à précéder le substantif. "Ses sentimens humbles croissoient en raison de la singularité de ces faveurs. L' Ab. Dusserre-Figon. Panég. de Ste. Thérèse. On dit, ses humbles sentimens.
   HUMBLEMENT, avec humilité. Soufrir humblement les injûres. = Avec respect. "S' aprocher humblement de la sainte-table. = Avec modestie et soumission. Répondre humblement, se comporter humblement, suplier très-humblement, etc. _ En Poésie: ramper humblement au fond des valées. Voy. HUMBLE. n°. 3°.

HUMECTANT


HUMECTANT, ANTE, adj. HUMECTER, v. act. [Umèktan, tante, té: 2eè moy. 3e. lon. aux deux premiers, é fer. au dern.] Humecter, c' est rendre humide; mouiller. Humectant, qui humecte, qui rafraichit, en parlant des alimens et des boissons comme remèdes. Ainsi l' adjectif verbal a un sens et un emploi plus resserré que le verbe. On dit: "La rosée humecte la terre. On ne dirait pas, la rosée humectante. "S' humecter les entrâilles, la poitrine, par des remèdes rafraîchissans, humectans; et substantivement, prendre des humectans. "Les fruits sont humectans.

HUMER


HUMER, v. act. [L' h s' aspire: vous humez: prononc. vou umé; et non pas vou--zumé.] 1°. Avaler quelque chôse de liquide en retirant son haleine. "Humer un bouillon, un oeuf. = 2°. Plus ordinairement, humer l' air, le brouillard, le vent, s' y exposer en telle sorte qu' il entre dans les poumons. "On hume du mauvais air auprès de ce malade.

HUMEUR


HUMEUR, s. f. [U-meur: l' h est muette.] 1°. Dans le physique, substance tenûe, et fluide de quelque corps que ce soit. "Humeur subtile ou grôssière, chaude ou froide. "Il distille de cet arbre une humeur visqueûse et gluante. = Les humeurs du corps, le sang, la pituite et la bile. "humeur âcre, mordicante, maligne, etc. Fondre, dessécher, purger les humeurs. "Le mal n' est pas dans le sang, mais dans les humeurs. = 2°. Dans le moral, certaine disposition de tempérament, de caractère, ou naturelle, ou accidentelle. Être en bone ou de bone humeur, de mauvaise humeur. "Sa mauvaise humeur lui prend souvent. "Elle est d' une humeur toujours égale. "Il a changé d' humeur, etc.
   J' ai cru pourtant lui voir un petit air d' humeur:
   Les filles qu' on marie ont assez l' air boudeur.
       Barthe.
Rem. 1°. On ne doit pas dire indiféremment être d' humeur, être en humeur: le 1er marque en quelque sorte, l' inclination, la constitution naturelle: le 2d ne marque qu' une disposition présente et passagère. BOUH. Être d' humeur régit la prép. à; être en humeur, la prép. de. "Il est d' humeur à tout soufrir: il est en humeur de rire. _ Fréron met la prép. de après le 1er "Ces sortes de plaisanteries ne sont bones qu' entre amis: rârement le Public est-il d' humeur de les goûter. ANN. LIT. Là, être d' humeur, ne signifie pas la constitution naturelle, mais la disposition passagère: ce régime est donc bon en cet endroit; et cet exemple prouve que la règle du P. Bouhours, adoptée par l' Acad. n' est pas générale. _ Pour, être en humeur, il est toujours suivi de la prép. de. "Je ne sais si je serai en humeur d' écrire à M. d' Aix, sur son Abaye: elle n' est pas meilleûre que mon compliment. Sév.
   2°. Il ne faut pas confondre avoir des humeurs et avoir de l' humeur: le 1er a trait au physique; le 2d au moral. "Si Pauline a des humeurs, je crains qu' elle n' ait pas pour vous une amitié solide. Sév. Il falait dire a de l' humeur, ou montre souvent de l' humeur. _ L' Acad. dit, à la vérité, ce sont deux humeurs diférentes; mais c' est un aûtre sens. Là, il signifie caractère. Elle dit aussi: quand il est en ses gaies humeurs~, phrâse proverbiale: mais elle done vingt exemples d' humeur au singulier, et ne dit, nulle part, avoir des humeurs.
   3°. Être de bone ou de mauvaise humeur se dit, au figuré, dans le style badin, des chôses inanimées. "Si la mer avoit été d' aussi mauvaise humeur que le Ciel, c' eût été fait de nous. Let. Édif.

HUMIDE


HUMIDE, adj. HUMIDEMENT, adv. HUMIDITÉ, s. fém. [Umide, deman, dité: 3e e muet aux deux premiers, dern. é fer. au 3e.] Humide, 1°. qui est d' une substance aqueûse, qui tient de la natûre de l' eau. En ce sens, il ne se dit qu' en Poésie. L' humide élément, l' eau: les humides plaines, l' humide empire, la mer. = 2°. Moite, qui est imbu de quelque vapeur aqueûse. "Terre, air, lieu, chambre, linge humide. _ Le tems est humide: l' air est chargé de vapeurs aqueûses.
   De l' humide sein des nues,
   Le pain que tu fis pleuvoir,
   À~ nos tribus éperdues,
   Rendit la vie et l' espoir.
       Le Franc.
_ Avoir le cerveau humide, chargé de sérosités; le tempérament humide, abondant en pituite. = 3°. S. m. "L' humide est oposé au sec.
   HUMIDEMENT, ne se dit que d' un lieu humide. "Être logé humidement.
   HUMIDITÉ, qualité de ce qui est humide. "L' humidité de la terre, de l' air, du tems, du cerveau, etc. = Au plur. Humidités; humeurs, sérosités. "On dit que le tabac dessèche les humidités du cerveau.

HUMILIANT


HUMILIANT, ANTE, adj. HUMILIATION, s. fém. HUMILIER, v. act. HUMILITÉ, s. fém. [Umili-an, ante, li-a-cion, li-é, li-té, 4e lon. aux deux premiers, é fer. aux deux derniers.] Humilier, c' est rabaisser, doner de la confusion. Humiliant, qui humilie. Humiliation, action par laquelle on s' humilie, ou état de celui qui est humilié. Humilité, vertu chrétiène, sentiment intérieur de notre faiblesse. "Dieu humilie les superbes. "On l' a humilié: il a été humilié. "Il s' oposoit ouvertement aux vues du Vizir, et l' humilioit dans toutes les occasions. MARIN, Hist. de Saladin. Cela est bien humiliant. "Ne l' acablez pas, il est dans une assez grande humiliation: il sent vivement sa faûte. "Il a essuyé une grande humiliation: il la méritoit. "L' humilité est le fondement de toutes les vertus chrétiènes. Acte d' humilité. "Souvent l' humilité est le recours de l' amour propre: elle sert de voile à la lâcheté, et de prétexte à la nonchalance. Segaud.
   Rem. 1°. S' humilier se dit avec la prép. devant: "S' humilier devant Dieu et devant les hommes. = 2°. Humiliation, au plur. se dit des évènemens qui humilient. Recevoir les aflictions et les humiliations de la main de Dieu. = 3°. Humilité est un mot pûrement chrétien, dit Vaugelas: il ne faut pas s' en servir pour exprimer la modestie, qui n' est qu' une vertu humaine. = Les aûtres mots se disent dans le profane, comme dans le sacré.

HUMORAL


HUMORAL, ALE, adj. HUMORISTE, adj. [Umoral, rale, riste.] Le 1er se dit dans le physique, de ce qui vient des humeurs, et ne se dit qu' en Médecine: fièvre humorale: le 2d se dit dans le moral, et il est du style familier. Qui a de l' humeur; avec lequel il est dificile de vivre. = S. m. Il se dit des Médecins Galénistes.

HUNE


HUNE, s. fém. HUNIER, s. masc. [l' h s' aspire: la hune, le hunier: 2ee muet au 1er, é fer. au 2d: ne, nié.] La hune est un petit plancher en saillie au tour d' un mât d' un vaisseau. "Monter à la hune; mât de hune. = Hunier, voile qui se met au mât de hune. Grand hunier. _ C' est aussi le mât qui porte la hune.

HUPPE


HUPPE, ou HUPE, s. fém. HUPÉ, ÉE, adj. [Aspirez l' h: 2e. e muet au 1er, é fer. au 2d.] Hupe, espèce d' oiseau, qui a une petite toufe de plumes sur la tête. Il se dit aussi de la toufe de plumes que porte cet oiseau, et quelques autres. "La hupe d' une alouette. = Hupé se dit au propre, des oiseaux qui ont la hupe; au figuré (style famil.) des persones considérables. L' Acad. dit qu' on ne le dit presque jamais qu' avec plus. "Il y avoit plusieurs Gentilshommes, et des plus hupés; plusieurs femmes des plus hupées. _ Molière a pourtant dit: Bien hupé, qui pourra m' atraper. On peut, sans dificulté, le dire d' après lui. = Le Prov. dit: les plus hupés y sont pris; ceux qui se croient les plus habiles y sont atrapés.

HûRE


HûRE, s. f. [L' h est aspirée~:la hûre; 1re lon. 2e e muet.] C' est proprement la tête d' un sanglier. On dit pourtant, par extension~, la hûre d' un saumon, d' un brochet: une hûre de thon. = Fig. famil. "Il a une vilaine hûre, des cheveux mal faits et hérissés.

HURLEMENT


HURLEMENT, s. masc. HURLER, v. neut. [Aspirez l' h: hurleman, lé: 2ee muet au 1er, é fer. au 2d. _ On a dit autrefois heurler.] Hurlement est le cri du loup ou du chien. Figurément, il se dit des cris que les hommes font dans une violente douleur ou afliction. Hurler, c' est pousser des hurlemens. "Ce chien a hurlé toute la nuit. "Il ne crie pas: il hurle.
   Vous avez sur la scène,
   En vers boufis fait hurler Melpomêne.
       Rouss.
On dit, proverbialement, qu' il faut hurler avec les loups, faire comme les autres, s' acomoder à leurs inclinations. On a souvent abusé de cette maxime.

HUSSARD


HUSSARD. Voy. HOUSSARD.

HUTTE


HUTTE, ou HUTE, s. fém. HUTER, v. act. [L' h s' aspire: 2ee muet au 1er, e fer. au 2d.] Hutte est une petite loge ou cabane, faite à la hâte avec de la terre, du bois, de la pâille, etc. Huter, faire une hute. Il ne se dit guère qu' avec le pron. pers. Se huter. "Les soldats se hutèrent comme ils pûrent.

HYACINTHE


HYACINTHE. Plante. L' Acad. renvoie à JACINTE, où elle met Jacinthe avec une h, et Hiacinthe avec un i _ Dans le Dict. de Trév. on dit que quelques Fleuristes font ce mot masculin: il est fém.JACINTHE. = Pour les noms d' homme, on dit Hyacinte. En quelques Provinces on dit Jacinte. Il s' apelle Jacinte; St. Jacinte. Je voudrais toujours dire Hiacinte.
   HYACINTHE, pierre précieûse. "Hyacinthe d' Orient, d' Allemagne. = Confection~ d' hyacinthe, électuaire où il entre des pierres d' hyacinthe et divers ingrédiens.

HYDRAULIQUE


HYDRAULIQUE, adj. fém. [Idrolike.] Il ne se dit que de la science, de l' art qui enseigne à conduire ou à élever les eaux; et des machines qu' elle emploie. Architectûre hydraulique. Machine hydraulique.

HYDRE


HYDRE, s. fém. [Îdre; 1re lon. 2e e muet.] Au propre, suivant quelques naturalistes, serpent qui vit dans les rivières et les étangs. _ Serpent fabuleux, que les Poètes représentent avec sept têtes, à qui il en renaissait plusieurs, quand on lui en avoit coupé une. = Fig. mal qui augmente à mesûre qu' on fait plus d' éfort pour le détruire. "Cette hérésie est une hydre à cent têtes. * M. Geofroi, ou plutôt aparemment l' Imprimeur du Journal, a fait ce mot masc. "Cette maudite engeance des critiques, cet hydre qui dévore les talens et les vertus. Journ. de Mons.

HYDROGRAPHE


HYDROGRAPHE, s. m. HYDROGRAPHIE, s. f. HYDROGRAPHIQUE, adj. [Idro--grafe, fi-e, fike: dern. e muet.] L' hydrographie est la description des mers, et aussi l' art de naviguer. Il se dit le plus souvent dans le second sens. Hydrographe, qui est versé dans l' hydrographie. Hydrographique, qui apartient à l' hydrographie, dans le 1er sens. "Cartes d' hydrographie. "Professeur, Maître d' hydrographie. "Savant Hydrographe. "Description, carte hydrographique.

HYDROMEL


HYDROMEL, s. m. [Idromèl: dern. è moy.] Breuvage fait d' eau et du miel.

HYDROPHOBE


HYDROPHOBE, s. m. HYDROPHOBIE, s. f. [Idrofobe, bi-e.] Termes de Médecine. L' hydrophobie est la crainte de l' eau. Hydrophobe, qui craint l' eau et tous les liquides. C' est un symptôme de la rage, et c' en est aussi le synon. Ainsi, l' on dit, hydrophobie, de la rage; et hydrophobe, de celui qui en est ataqué.

HYDROPIQUE


HYDROPIQUE, adj. et subst. HYDROPISIE, s. f. [Idropike, pizi-e.] L' Hydropisie, est une enflûre causée par les eaux, qui s' épanchent: hydropique, qui est malade d' hydropisie. "Etre menacé d' hydropisie; Tomber dans l' hydropisie. "Il devient hydropique. "C' est un hydropique.

HYGROMèTRE


HYGROMèTRE, s. m. [Igromètre: 3e è moy. 4e e muet.] Instrument de Physique, servant à mesurer le degré d' humidité et de sècheresse de l' air.

HYMEN


HYMEN, HYMÉNÉE, s. m. [Iméne, imé--née: l' e sur-ajouté au 1er est très-muet, 2e et 3e é fer.] Mariage. Ces mots ne sont guère usités qu' en Poésie, et dans cette phrâse du discours familier: vivre sous les loix de l' hymen. = Il est toujours singulier, quand c' est le Dieu fabuleux du mariage; mais quand il signifie le mariage même, il peut être mis au pluriel.
   J' ai vu beaucoup d' hymens: aucun d' eux ne me tente.
       La Font.
"Les chansons des Bergers et des Laboureurs, qui célèbroient leurs hyménées. Télém.
   Si je fais quelques voeux, c' est pour votre hyménée.
       La Chaussée.
On dirait, dans le discours ordinaire, beaucoup de mariages, leurs mariages. Pour votre mariage. = Fénélon l' emploie au fig. "Toute l' année n' est qu' un heureux hymen du printems et de l' automne, qui semblent se donner la main. Ibid.

HYMNE


HYMNE, s. f. et m. [Im-ne, comme s' il était écrit, imene.] Ce mot est fém. quand on parle des Cantiques de l' Église dans l'~ Ofice~ Divin; et masc. quand on parle de ceux des Anciens en l' honeur de leurs Dieux. "Santeuil a fait de très-belles hymnes. "Les hymnes sacrées d' Orphée. _ L' Abé Des Fontaines le fait masc. en parlant de celles de l' Église. "Dans quelques-uns de ces hymnes (de Coffin) on remarque le feu et le goût de l' Ode. L' Acad. se contente de dire qu' il s' emploie ordinairement au fém. en parlant des Hymnes qu' on chante dans l' Église.

HYPERBOLE


HYPERBOLE, s. f. HYPERBOLIQUE, adj. HYPERBOLIQUEMENT, adv. [Ipêrbole, like, likeman: dern. du 1er et du 2d, et 5e du 3e e muet: la 2e ê ouvert.] Hyperbole, figure de Rhétorique. Éxagération excessive. Hyperbolique, qui exagère beaucoup. Hyperboliquement, avec exagération. Ce que vous dites est une hyperbole. "Je parle sans hyperbole. "Discours, expression hyperbolique. "Cet homme est fort hyperbolique. "Cela est dit hyperboliquement.
   Sans la métaphore à deux faces,
   Sans L' hyperbole et ses échasses,
   Ses vers ramperaient languissans.
       Lamotte.

HYPERBORÉE


HYPERBORÉE, adj. [Ipêrboré-e; 2e ê ouv. 4e é fer. et long.] Nations hyperborées, qui sont du côté du Nord. On dit aussi hyperboréen. "Les peuples hyperboréens, les Nations hyperboréennes.

HYPERDULIE


HYPERDULIE, s f. [Ipêrdulie.] Il ne se dit que du culte qu' on rend à la Ste. Vierge, supérieur à celui qu' on rend aux Anges et aux Saints. C' est ce que signifie hyper. "Le culte d' hyperdulie.

HYPOCONDRE


HYPOCONDRE, s. m. HYPOCONDRIAQUE, adj. [Ipokondre, dri-ake: 3e lon. dern. e muet. _ Dans une édit. de Boileau, on lit hypochondre avec une h après le c.] Hypocondre, terme d' Anatomie, se dit des parties latérales de la région supérieure du bâs-ventre. "L' hypocondre droit, où est le foie. "L' hypocondre gauche, où est la rate. = Pour le malade, dit La Touche, on dit hypocondre ou hypocondriaque, mais pour la maladie, on ne dit que le dernier; maladie hypocondriaque, qui vient du vice des hypocondres. _ Au fig. on dit l' un ou l' aûtre. "Son hypocondre de mari. La Font. "La solitude rend quelquefois les hommes hypocondriaques, bisârres, d' humeur inégale, atrabilaires.

HYPOCRISIE


HYPOCRISIE, s. f. HYPOCRITE, adj. et subst. [Ipokrizi-e, krite; 4e lon. au 1er; dern. e muet.] L' hypocrisie est la fausse aparence de la piété, de la vertu, de la probité, etc. Hypocrite, qui afecte de faux dehors de vertu. "Sa conduite n' est qu' hypocrisie. "Il est hypocrite au dernier point. "C' est un hypocrite. "Air hypocrite, zèle, contenance hypocrite.
   Hypocrite, Cafard, Cagot, Bigot (synon.) Faux dévot. L' Hypocrite joûe la dévotion: le Cafard afecte une dévotion séduisante: le Cagot charge le rôle de la dévotion: le Bigot se voue aux petites pratiques de dévotion, et se dispense des devoirs de la vraie piété. Le premier abûse de la dévotion; le second la prostitûe; le troisième la dénatûre: le quatrième l' avilit. La dévotion est chez l' hypocrite un masque; chez le Cafard, un leurre; chez le Cagot un métier, chez le bigot une livrée. Extr. des Synonimes Fr. de M. l' Abé Roubaud.

HYPOTHÉCAIRE


HYPOTHÉCAIRE, adj. HYPOTHÉCAIREMENT, adv. HYPOTHèQUE, s. f. [Ipoté--kère, kèreman, Ipotèke: 3e é fer. aux 2 1ers, è moy. au 3e, 4eè moy. et lon. aux 2 1er, e muet au dern.] Hypothèque est un droit aquis à un créancier, sur les immeubles que le débiteur lui a afecté pour la sûreté de la dette. "Hypothèque sur tous les biens de... Hypothèque sur une terre, une maison, etc. = Hypothécaire, qui a droit d' hypothèque: créancier hypothécaire. = Hypothécairement, par une action hypothécaire. "Il est obligé hypothécairement. = L' adv. est un terme de Pratique: Les aûtres sont aussi du discours commun.

HYPOTHÉQUER


HYPOTHÉQUER, v. act. [Ipothéké: 3e et 4e é fer. Devant l' e muet, le 1er e se change en è moy. Il hypothèque, hypothèquera, etc.] Doner pour hypothèque. "hypothéquer tous ses biens, une terre, une maison, pour sûreté de la dette.

HYPOTHèSE


HYPOTHèSE, s. f. HYPOTHÉTIQUE, adj. HYPOTHÉTIQUEMENT, adv. [Ipotèze, tétike, keman; 3e è moy. et long au 1er, é fer. aux 2 aûtres; dern. du 1er, et 5e du 2d et du 3e, e muet.] hypothèse, 1°. Suposition dont on tire une conséquence. Faire une hypothèse: argumenter sur une hypothèse. = 2°. Systême d' où, sur des principes qu' on supôse, on déduit l' explication des phénomènes, des éfets dont on ignore la cause. Hypothèse de Descartes, de Newton. = Hypothétique, qui est fondé sur une hypothèse. "Proposition hypothétique. _ Hypothétiquement, par suposition. "Cela n' est vrai qu' hypothétiquement.

HYPOTYPOSE


HYPOTYPOSE, s. f. [Ipotipôze: 4e lon. dern. e muet.] Figûre de Rhétorique. Description vive et animée.

HYSOPE


HYSOPE, s. f. [Izope: quelques-uns écrivent hyssope, contre l' usage et la prononciation.] Sorte de plante aromatique. Voyez CèDRE.

HYSTÉRIQUE


HYSTÉRIQUE, adj. [Istérike: 2e é fer. dern. e muet.] Qui a raport à la matrice. "Vapeur, afection, passion hystérique.

HYVER


HYVER. Voyez HIVER.