Dictionnaire critique de la langue française Dictionnaire critique de la langue française 1787 Français 2007-4-4 ARTFL Converted to TEI


G



G


G, s. m. [Gé suivant l' anciène, et ge suivant la nouvelle méthode.] Septième lettre de l' Alphabet et la cinquième des consones. = 1°. Elle a comme le c deux sons, un plus rude devant l' a, l' o et l' u; galant, gosier, aigu: c' est le son du gh des Italiens; l' autre plus doux devant l' e et l' i: génie, gibier: c' est le son de l' j consone. = Le son du g rude se trouve chez les Allemans dans gabe, chez les Anglais dans give, chez les Italiens dans godere, chez les Espagnols dans goder. _ Pour le g doux, ces peuples n' ont aucun son aprochant dans leur langue, et ils ont besoin de l' entendre prononcer, pour comprendre ce que c' est. Les Italiens, en particulier, doivent prendre garde à ne pas le confondre avec leur ge, gi, qu' ils prononcent comme s' il était écrit dge, dgi. = Quand il faut prononcer le g devant a, o, u, comme on le prononce devant e et i, on met un e entre le g et ces voyelles: mangea, geolier, gageure. Alors l' e est entièrement muet, et ne se prononce point: manja, jolié, gajûre. = De même, pour doner au g, devant l' e et l' i, le même son qu' il a devant a, o, u, on met un u après le g, guérir, guêpe, guimpe. Mais cet u est muet, et ne se prononce point: ghéri, ghêpe, gheinpe. 2°. Le g devant n a un son particulier, qui répond au n des Espagnols. Magnanime, règne, dignité, ignorance. C' est comme si l' on écrivait ma-ignanime, reigne, etc. mais cet i ajouté n' exprime pas encôre tout le son de ce g mouillé: il faut l' entendre prononcer. = Les Allemands n' ont point de son pareil dans leur langue, mais le mot Anglais minion, l' Italien guadagnare, l' Espagnole dona l' expriment parfaitement. = Toutes les prononciations du g, se troûvent renfermées dans le mot gagnage. On y trouve le son du g rude dans la 1re syllabe ga, le son du g doux dans la dernière ge, et le son du gn mouillé dans la 2de gna. = * Quelques Gramairiens disent, et nous l' avons dit nous-mêmes dans le Dict. Gram. que dans signer, assigner on ne fait pas sentir le g, et qu' on prononce siné, assiné. M. de Wailly croit que cette prononciation est vicieûse, et il s' apuye de l' autorité de l' Acad. qui dit dans son Dictionaire, que le g ne se prononce pas dans signet, ruban, qui est dans un livre, et ne fait pas la même remarque pour signer et assigner. "M. de Wailly a raison. Il n' y a que quelques bégueules précieuses qui disent siné, assiné. MARIN.
   3°. Le g étant après la voyelle, dans la même syllabe, a toujours le son rude. Augmenter, suggérer: pron. og-manté, sug--géré.
   4°. Il y a très-peu de mots qui finissent par un g, et ont peut les réduires à ceux-ci. Joug, étang, rang, sang, long, vingt, doigt, legs, coing, poing, bourg. Le dernier est le seul où le g se prononce come le c final, ou le k: bourk: encôre ne se prononce-t-il pas dans son composé faubourg. Dans étang, il ne se prononce jamais, même devant les voyelles. On ne le fait presque pas sentir dans rang; et quant aux mots sang et long, on ne les prononce que quand le 1er est suivi d' un adjectif, et le 2d d' un substantif començant par une voyelle: alors, il prend le son du k; sang échaufé; long été: pron. san-kéchofé, lon--kété. Il a ce même son dans la 1re syllabe de gangrène, qu' on prononce kangrène. = Dans vingt, doigt, legs, poing, il ne s' y prononce en aucune ocasion, et il y est parfaitement oiseux. L' Abé Regnier Desmarais y ajoute loing, qu' on écrivait de son temps avec un g.

GABARI


GABARI, ou GABARIT, s. m. [Le 1er est le meilleur: car, puisque le t ne se prononce jamais, pourquoi l' écrire?] C' est, proprement, le modèle de construction d' un vaisseau. "Le gabari d' un vaisseau. "Un navire d' un tel gabari. = Dans les ports de mer, où ce mot est fort conu, on l' emploie figurément. On dira d' un bureau, d' une comode, etc. qu' ils sont d' un joli gabari. Dans les autres villes, et sur-tout dans la capitale, on trouverait cette métaphore ridicule, et plusieurs ne la comprendraient pas.

GABATINE


GABATINE, s. f. Il ne se dit que dans cette phrâse proverbiale, doner de la gabatine à... Tromper, en faire acroire.

GABELER


GABELER, v. act. GABELEUR, s. m. GABELLE, s. f. [2e e muet aux 2 prem. è moy. au 3e.] Gabelle est le grenier où l' on vend le sel. Frauder la gabelle, faire quelque fraude pour ne point payer les droits du sel. Au fig. (style famil.) Se dispenser par adresse d' une chose que tout le monde fait. = Gabeler, c' est faire sécher le sel dans les greniers de la gabelle. = Gabeleur, homme employé dans la gabelle.

GABION


GABION, s. m. GABIONER, v. a. [Ga--bion, bio-né.] Gabion est une espèce de panier qu' on remplit de terre, et dont on se sert dans les sièges pour couvrir les travailleurs, les soldats, etc. Faire, dresser, remplir, poser des gabions. = Gabioner, couvrir avec des gabions.

GâCHE


GâCHE, s. f. [1re lon. 2e e muet.] Pièce de fer percée, dans laquelle entre le pêne d' une serrûre.

GâCHER


GâCHER, v. a. GâCHEUX, EûSE, adj. GâCHIS, s. m. [Gâché, cheû, cheû-ze, chi.] Gâcher, détremper, délayer, en parlant du plâtre, du mortier. = Gâcheux, bourbeux. "Chemin gâcheux: terres gâcheûses. = Gâchis, saleté causée par quelque liquide. "Le dégel caûse bien du gâchis, un grand gâchis.

GADOUARD


GADOUARD, s. m. GADOûE, s. f. [2e lon. au 2d. ga-dou-ar, ga-doû-e.] Gadoûe, matière fécale qu' on tire d' une fôsse d' aisance. Gadouard, celui qui la tire et la transporte.

GAFFE


GAFFE ou GAFE, s. f. GAFFER, v. a. Le 1er se dit d' une perche avec un croc de fer à deux branches, dont l' une est droite et l' aûtre courbe. Le 2d se dit de l' action d' acrocher avec une gafe.

GAGE


GAGE, s. m. GAGER, v. a. et n. GAGEUR, EûSE, s. m. et f. GAGEURE, s. f. [Gaje, jé, jeur, jeû-ze, jûre: 2e e muet au 1er, é fer. au 2d, lon. aux 3 derniers.] Gage, est, 1°. ce qu' on met entre les mains de quelqu' un, pour sûreté d' une dette. "Mettre en gage, prendre en gage. Doner, laisser, prendre des gages. Préter sur gages. = 2°. Assurance, preuve: "Gage de l' amitié, de la fidélité. = 3°. Ce que l' on dépôse en main tierce, pour être doné à celui en faveur de qui est la vérité ou la justice, dans une contestation privée. "Mettons des gages entre les mains de quelqu' un. = 4°. Au pluriel, Salaire des domestiques. "Gâgner de gros gages. Être aux gages de, etc. = 5°. Le payement que le Roi done aux Oficiers de sa Maison, de Justice, de Finance, etc.
   Rem. Du tems de Th. Corneille, il y avait des Dames, qui faisaient ce mot fém. et disaient, en parlant d' un domestique, je lui done de grosses gages. Il y a peut-être des persones dans les Provinces, qui le disent encôre, et qu' il faut avertir de dire de grôs gages.
   Être aux gages de... n' est pas du beau style. Rousseau l' a employé au fig. mais c' est dans un style demi-marotique. Il dit de la raison.
   C' est un sophiste qui nous joue,
   Un vil complaisant, qui se loue
   À~ tous les fous de l' univers,
   Qui, s' habillant du nom de sages,
   La tiènent sans cesse à leurs gages,
   Pour autoriser leurs travers.
   Laisser en gage, et laisser pour gage, ont des sens diférens. L' un se dit, quand on veut retirer dans la suite le gage, en payant la somme empruntée; l' autre, quand on abandone le gage. "L' homme à qui est cet habit, me l' a laissé pour gage, à cause qu' il n' a pas pu me payer l' avance que je lui en ai faite. Mariv. _ On dit, en ce sens, dans le st. badin ou moqueur, demeurer pour les gages. "C' en sera une bien dure (nécessité) de demeurer en Provence pour les gages, quand vous verrez partir M. de Senneterre pour Paris. Sév. = On le dit aussi de ceux, qui ont été tués ou pris en quelque combat, d' où les autres se sont sauvés; et moins sérieusement, de ceux qui sont retenus dans un cabaret pour payer pour eux, et pour les autres qui se sont échapés. "Ils sont demeurés pour les gages. = Être cassé aux gages, (st. prov.) c' est être renvoyé, disgracié, privé d' un emploi.
   GAGER, 1°. Parier, convenir avec quelqu' un sur une contestation, que celui des deux qui sera condamné payera à l' autre une telle somme. Il est actif. "Je gagerais vingt pistoles, que, etc. ou neutre: je gage que cela est. "Gager avec ou contre quelqu' un. = On dit proverbialement, je gage ma vie, ou ma tête à couper, et quelquefois on répond: c' est la gageure d' un fou. = Il régit de et l' infinitif, ou la conjonction que avec l' indicatif: Je gage de le faire, ou que je le ferai. Mme. de Sév. l' emploie fort plaisamment. "Vous voudriez que Pauline fût parfaite. Avoit-elle gagé de l' être au sortir du couvent? = 2°. Doner des gages. "Je l' ai gagé pour cela.
   GAGEUR, GAGEûSE, celui, celle qui gage, ou qui est dans l' habitude de gager souvent. "Le Gageur, la Gageûse. C' est un grand gageur, une grande gageûse.
   GAGEûRE, est 1°. Promesse que les persones, qui gagent, se font réciproquement de payer ce dont elles conviènent. Faire une gageure. Faire gageure, ou la gageure que, etc. Perdre une gageure ou la gageure. = 2°. La chose gagée. "Voilà la gageûre que je vous dois: Payez-moi ma gageûre. = Soutenir la gageûre, c' est persévérer dans une entreprise, dans une opinion où l' on s' est engagé. Cette expression n' est que du st. fam. "On ne croit pas que la place (de Philisbourg) dure long-tems. Le Gouverneur, et celui qui comandoit à sa place étant pris et mort, on espère que persone ne voudra soutenir une si mauvaise gageure. SÉV. Cela est excellent dans une lettre, mais dans un sermon, l' expression est trop familière. "À~ l' exception de deux ou trois malheureux, qui sont regardés comme les héros du libertinage, pour avoir soutenu, dit-on, la gageûre jusqu' au bout.... tous les autres comunément n' ont-ils pas eu recours aux remèdes de l' Église. La Rue. Voy. GâGNER.

GAGISTE


GAGISTE, s. m. Celui qui est gagé de quelqu' un pour rendre quelques services:, sans être son domestique.

GAGNAGE


GAGNAGE, s. m. [Mouillez le g devant l' n.] Lieu où vont paître les troupeaux et les bêtes fauves. "Il y a de beaux gagnages dans ce pays. "Les bêtes reviènent du gagnage.

GâGNANT


GâGNANT, s. m. [1re lon. Mouillez le gn.] Celui qui gâgne au jeu, ou à une loterie. Il ne se dit qu' au pluriel. "Il est du nombre des gâgnans. "Les gâgnans et les perdans. On ne dit pas, un gâgnant, mais un des gâgnans. = Quelques Auteurs l' ont employé adjectivement dans le sens de séduisant, insinuant. "Dom Sanche étoit d' un caractère fier... Mais quand il vouloit, il étoit gâgnant. P. d' Orl. "Toujours gâgnant, toujours bon. P. Bretoneau. "Un air modeste, afable, gracieux et gâgnant. Let. Édif. _ Cet adjectif n' est pas admis par l' usage.

GâGNE


GâGNE. Il ne se dit pas tout seul, mais il se joint à d' autres mots, avec lesquels il forme des substantifs; tous du genre masc. = Gâgne-Denier, Porte-faix, Porteur d' eau, etc. = Gâgne-pain, ce qui fait subsister quelqu' un, ce qui lui fait gâgner sa vie. "C' est mon gâgne-pain. = Gâgne-petit, Remouleur, celui, dont le métier est d' aler dans les rues, pour émoudre des couteaux, des ciseaux, etc.

GâGNER


GâGNER, v. act. [1re lon. Mouillez le g devant l' n.] 1°. Faire un gain, tirer un profit. "Un bon Ouvrier gâgne quarante ou cinquante sous par jour. "Il a beaucoup gâgné dans le comerce, au jeu, etc. "Gâgner sa vie à filer, etc. = 2°. Avec la prép. sur: obtenir quelque chose de quelqu' un par persuasion ou par prière, etc. "Je n' ai rien pu gâgner sur lui. "Gâgnez cela sur vous, faites-vous cette violence. "Dans l' observation de la (Loi de Dieu) il faut à toute heure, prendre et gâgner sur soi, pour lui être fidèle. Segaud. = 3°. Figurément, Aquérir: "gâgner le coeur, l' amitié, l' afection, l' estime, les bones grâces, les sufrages, les voix. "Gâgner les âmes à Dieu. "Gâgner quelqu' un à la Religion, à l' État. = 4°. Mériter. "Si j' ai quelque avantage, je l' ai bien gâgné. = 5°. Corrompre. "Il gâgna ses gardes. = 6°. Parvenir. "Gâgner le grand chemin, le gite, le logis. * La gangrène a gagné le dedans. "L' esprit a gagné l' État: il a fallu doner une Académie à chaque Province: bientôt chaque Bourgade aura la siène. Coyer. = 6°. V. n. Faire progrès. "Le feu a gâgné jusqu' au toit.
   Non: c' est un des travers qu' on doit moins épargner:
   Il n' est pas fort comun, mais il pourroit gâgner.
       La Chaussée.
= 7°. Il entre dans plusieurs expressions. = Gâgner le Jubilé, les Indulgences; mériter les grâces que Dieu y a atachées. = Gâgner temps ou du temps. Le 1er se dit quand on veut avancer; le 2d, quand on veut diférer. "Écrivez par ce Courrier, pour gâgner temps. "Il fit mille chicanes, pour Gâgner du temps. _ L' Acad. dit aussi: Gâgner temps, dans cette 2de. acception; mais, gâgner du temps, est plus conforme à l' usage. = Gâgner chemin ou pays, avancer, faire du chemin. = Gâgner le devant ou les devans: le 1er est meilleur au propre, et le 2d au fig. Voy. DEVANT. = st. prov. Gâgner au pied, (et non pas du pied, comme disent quelques-uns.) Gâgner la guérite, ou le haut, ou les champs, ou le taillis, s' enfuir. = Fig. Gâgner le dessus, prendre, avoir l' avantage. _ Gâgner la gageure, venir à bout de ce qu' on a entrepris. = En termes de Marine, gâgner le vent, prendre le dessus du vent. = En st. fam. Gâgner la main, ou gâgner quelqu' un de la main, le prévenir. On dit aussi, et mieux, le gâgner de vîtesse. _ La nuit nous gâgne, elle aproche. "La famine gâgne: je comence à avoir faim. = Je vous done gâgné: je quite la partie; je reconois que vous avez gâgné. _ Croire avoir ville gâgnée. Croire mal-à-propos avoir remporté l' avantage. _ Crier ville gâgnée, crier qu' on a remporté le prix.
   Rem. 1°. On écrivait autrefois gaigner, mais cette ortographe est contraire à la prononciation; car alors il faudrait prononcer guegné: on croyait l' i nécessaire, pour marquer le gn mouillé. Ainsi, l' on écrivait montaigne, campaigne, etc.
   2°. Gâgner, a beaucoup plus d' étendue qu' aquérir. On dit, gâgner un procès, une bataille, et l' on ne pourrait pas dire aquérir dans ce sens-là. On ne dit pas pourtant gâgner un combat. L' Acad. aprouva la critique de Scudéri, qui avait repris dans le Cid.
   Le Prince pour essai de générosités,
   Gâgneroit des combats marchant à mes côtés.
= On dit aussi gâgner, et non pas aquérir un rhûme, une fluxion. une pleurésie, etc.
   3°. Gâgner, neutre, apliqué aux persones et aux choses, régit à devant l' infinitif. "Cet homme gâgne beaucoup à être conu. "Les habits ne gâgnent rien à être trop long-temps enfermés, etc. "Que gâgnerions-nous d' avoir mille tyrans, au lieu d' un maître. Anon. Dans cette phrâse, de vaut mieux que à, pour éviter l' hiatus de, à avoir, etc.
   4°. Gâgner sur soi, régit de et l' infinitif. "Maurice s' étoit familiarisé avec l' idée d' une Couronne, et il ne sut pas gâgner sur soi de pouvoir s' en passer. Rayn.
   5°. Gâgner ses Pâques, est un gasconisme. On dit, gâgner les Indulgences, et faire ses Pâques. Gasc. Corr.

GâGNEUR


GâGNEUR, s. m. Il n' est bon que dans le style burlesque. "Ce gagneur de tant de batâilles. VOIT.

GAGUI


GAGUI, s. f. [Gaghi: l' u est muet: il n' est là que pour doner au g un son fort qu' il n' a pas devant l' i.] En style familier et badin, on apèle grosse gagui une fille ou femme qui a beaucoup d' embonpoint et beaucoup d' enjouement. C' est tout l' emploi de ce mot.

GAI


GAI, GAIE, adj. GAIEMENT, adv. GAIETÉ, s. f. [Ghè, ghê, ghéman, ghêté: 1re è moy. au 1er, plus ouvert et long aux 3 aûtres, dont l' e muet ne se prononce pas. On pourrait écrire gaîment, gaîté, et plusieurs l' écrivent de même, sur-tout les Poètes.
   Jadis nous étions gais et d' une gaîté folle.
       Barthe.
= On écrivait anciènement guay: l' u est inutile et l' y aussi: on les a suprimés.] 1°. En parlant des persones, joyeux. "Homme gai, fort gai, et des chôses, qui ont raport à la persone; visage gai: esprit gai: mine, humeur gaie. Voy. GAILLARD. = 2°. Ce qui réjouit. "Air gai; chanson, couleur gaie. = 3°. Il a divers sens, suivant les mots auxquels il s' alie: chambre gaie, qui est claire et en bel aspect. _ Verd gai, qui n' est pas foncé. _ Avoir le vin gai, être de belle humeur, quand on a un peu bu. = Gai, adv. "Allons gai. _ Voy. ENJOUÉ et GAILLARD.
   GAIETÉ, 1°. Joie, belle humeur. "Avoir de la gaieté. "Il a perdu toute sa gaieté. "Il a beaucoup de gaîté dans l' esprit. = Il a de la gaieté dans son style, ou son style est plein de gaîté: il écrit d' une manière agréable et enjouée. = Ce cheval a de la gaîté, il a du feu, de la vivacité. = 2°. Parole ou action folâtre des jeunes gens. On dit, pour les excuser. Ce n' est qu' une gaîté: ce sont de petites gaîtés.
   De gaieté de coeur: expression adverbiale. De propôs délibéré. "Il m' a insulté de gaîté de coeur. "Pourquoi troubler de gaîté de coeur l' esprit et la fortune de cette personne, etc. Sév.
   GAIEMENT, avec gaieté, joyeûsement. "Vivre, aler gaiement. = De bon coeur. "Ces troupes alaient gaiement au combat. = Aller gaîment, aler bon train.

GAILLARD


GAILLARD, ARDE, adj. GAILLARDEMENT, adv. GAILLARDISE, s. f. [Ga-gliar, arde, deman, dîze: 3e e muet au 2d et au 3e, lon. au 4e: dans la 1re ai n' a pas le son d' e; mais l' a y conserve son propre son, et l' i n' est là que pour faire mouiller les ll;] 1°. Gaillard, gai. (Synon.) Le 1er moins usité que le 2d, présente l' idée de la gaieté, jointe à celle de la boufonerie. "Un propôs gaillard est toujours gai: un propôs gai n' est pas toujours gaillard, Beauzée, syn. _ Cette remarque n' est juste qu' en parlant des discours: conte gaillard, chanson gaillarde, un peu libre. "Il y a dans ce livre des endroits un peu trop gaillards. BUSSI-RABUTIN. Mais en parlant des persones, gaillard anonce une gaité extrême, mais l' idée de boufonerie n' y est pas toujours atachée. L' Acad. le définit, joyeux avec démonstration. "Il est toujours gaillard: il a l' humeur gaillarde. = 2°. Il signifie quelquefois évaporé. "Il est un peu gaillard. = 3°. Qui est entre deux vins. "Il sortit de ce festin bien gaillard, un peu gaillard. = 4°. En parlant des chôses, hardi, extraordinaire. "Il a ataqué lui seul six hommes l' épée à la main: le coup est gaillard, l' action est gaillarde. = 5°. Substantif. "C' est un gaillard, c' est une gaillarde. Au fém. Il se prend en mauvaise part, pour signifier une femme trop libre, peu scrupuleûse.
   Rem. Le peuple, en certaines Provinces, done au mot gaillard le sens, qui se porte bien, et Molière l' emploie dans son Étourdi qu' il avait composé en Languedoc, et lui done cette signification. On la trouve aussi dans le Dict. de Trév. Mais les exemples qu' on y cite, montrent qu' il ne se dit pas tout seul dans cette acception. "Il est frais et gaillard pour son âge. "Il est gaillard de corps et d' esprit. B. Rabut. _ L' Acad. dit aussi, Gaillard, sain et délibéré. "Un jeune homme gaillard et dispôs. "Il se porte bien maintenant, il est gaillard.
   GAILLARD, s. m. Terme de Marine. Élévation, qui est sur le tillac du vaisseau, à la poupe et à la proûe.
   GAILLARDE, s. f. Caractère d' Imprimerie, qui est entre le petit romain et le petit texte.

GAILLARDEMENT


GAILLARDEMENT, adv. [Ga-gliar--deman: 3e e muet.] 1°. Joyeûsement. "Vivre gaillardement. = 2°. Hardiment, témérairement. "Il a fait cela un peu trop gaillardement.

GAIN


GAIN, s. m. [Ghein.] Profit, lucre. "Grand ou petit gain. Tirer du gain de... Vivre de son gain. "Être âpre au gain: l' amour, le desir, l' avidité du gain. = Se retirer sur son gain, quiter le jeu, dans le tems qu' on gâgne. = Le gain de la bataille se dit au propre, comme aussi le gain du combat, et on le dit au figuré de l' heureux succès d' une afaire. = Gain de caûse, se dit proprement des procês et figurément des disputes.

GAîNE


GAîNE, s. f. GAîNIER, s. m. [Ghêne, nié: 1re ê ouv. et long: 2e e muet au 1er, é fer. au 2d: l' Acad. écrit ces deux mots sans accent.] Étui de couteau. Faiseur de gaînes.

GALA


GALA, s. m. Au propre, c' est un mot de gazettes: dans plusieurs cours, il signifie, fête, réjouïssance. On le dit par extension dans le style badin des festins chez les particuliers. "Il y a aujourd' hui grand gala chez Mr. un tel. "Pour ce gala champêtre (de la Rosière) il faut quantité de flans, de fromages, du pain et du cidre à proportion.

GALAMMENT


GALAMMENT, adv. GALANT, ANTE, adj. GALANTERIE, s. f. [Galaman, lan, lante, lanterie: 2e lon. excepté au 1er.] Galamment, 1°. De bone grâce. "Il a fait galamment ce dont je l' avais prié. = 2°. D' une manière galante, de bon goût. "Écrire, s' habiller galamment. = 3°. Adroitement, finement. "Il a mené galamment cette afaire.
   GALANT, en parlant des persones a un sens diférent, suivant qu' il est placé devant ou après le substantif. Un galant homme, est un homme honête, juste, raisonable, d' un bon comerce: "L' idée d' un galant homme est incompatible avec l' idée d' un homme sans honneur et sans probité. MARIN. L' homme Aimable. Un homme galant est un homme qui fait la cour aux dames. = Il a un aûtre sens au fém. Une femme galante et une femme qui a des intrigues, et qui ne se conduit pas régulièrement. Voy. plus bas, après Galanterie. = En parlant des chôses, ou il a ce 2d sens; l' esprit galant, l' humeur galante, les manières galantes, discours, style galant; ou il signifie, agréable, de bon goût. "Habit galant: fête galante, encore plus que magnifique.
   GALANT, s. m. Amant, amoureux. Acad. Il n' a ce sens que quand on parle indéfiniment, ou pour critiquer, ou pour se moquer. "C' est le galant de toutes les dames, un galant banal. Hors de là, on dit amant. "Une femme qui n' a qu' un galant croit n' être point coquette: celle qui a plusieurs galans croit n' être que coquette. La Bruy. On dirait aujourd' hui amant. _ Le peuple dit encôre galant, et c' est ainsi qu' il faut le faire parler. = Galant, subst. a encôre un aûtre sens: on dit le galant, c' est un galant, comme on dit, le drôle, c' est un drôle: mais il n' est que du style familier. M. Garnier, (Hist. de Fr.) dit de Borgia. "Telle était l' équipage du galant. Cela est peu digne du style de l' Histoire.
   Rem. Quelques Écrivains et l' Ab. Du Bos entr' autres disent galand avec un d à la fin, et La Fontaine a dit galande au fém. Fâble de la Belette.
   La Galande fit chère lie.
   Mangea, rongea, dieu sait la vie.
Et dans celle de la Grenouille..
   Déjà dans son esprit la galande le croque.
Mais puisqu' on dit galanterie, galantiser et non pas galanderie, galandiser, l' analogie demande qu' on écrive galant, galante et non pas galand, galande.
   GALANTERIE, est 1°. Agrément, politesse dans l' esprit et dans les manières. "Cet homme met de la galanterie dans tout ce qu' il fait, dans tout ce qu' il dit. = 2°. Politesse auprès des dames. "Il s' adone à la galanterie: il fait profession de galanterie. = 3°. Comerce amoureux et criminel. "Elle a eu une galanterie, plusieurs galanteries. ACAD. = Coquetterie, galanterie. (Synon.) La coquetterie cherche à faire naître des desirs, la galanterie à satisfaire les siens. Beauzée. _ La coquetterie est un dérèglement de l' esprit: la galanterie est un vice de complexion. "Une femme galante veut qu' on l' aime et qu' on réponde à ses désirs: il suffit à la coquette d' être trouvée aimable et de pâsser pour belle. La première va sans cesse d' un engagement à l' aûtre: la seconde, sans vouloir s' engager, cherche sans cesse à séduire. Ce qui domine dans l' une, est la passion, le plaisir ou l' intérêt; et dans l' aûtre, c' est la vanité, la légèreté, la faûsseté. La Bruyère. Encycl. = 4°. Petit présent. "Il lui fait tous les jours quelque nouvelle galanterie. "Vous prisez trop un don si léger, ce n' est qu' une galanterie. = 5°. Action équivoque, et que l' on veut excuser. "Ce n' est, dit-on, qu' une pûre galanterie.

GALANTISER


GALANTISER, v. act. Il est vieux, et ne peut plus être employé que dans le bâs comique. "Galantiser les dames. On dit sérieûsement, faire le galant auprès d' elles, ou leur faire la cour. Celui~-ci est plus honête, l' aûtre est plus du style badin ou critique.

GALBANUM


GALBANUM, s. m. [On pron. galba--non.] Espèce de gomme tirée d' une plante. = On dit, proverbialement, doner du galbanum, tromper par de faûsses promesses.

GALE


GALE, s. f. Sorte d' humeur, qui parait sur la peau, et qui cause une grande démangeaison.

GALÉACE


GALÉACE ou GALÉASSE, s. f. [2e é fer. dern. e muet: Richelet met les deux. L' Acad. ne met que le 1er. Trév. renvoie aussi du 2d au 1er.] Grosse galère.

GALEFRETIER


GALEFRETIER, s. m. [2e et 3e e muet: 4e é fer.] Terme de mépris, bâs et populaire. Homme de néant et sans bien. "Il est fait comme un galefretier. "Ce n' est qu' un galefretier.

GALÉNIQUE


GALÉNIQUE, adj. [Galénike: 2e é fer. dern. e muet.] Méthode galénique. Manière de traiter les maladies suivant les principes de Galien, fameux Médecin, qui vivait dans le 2e siècle. = En plaisantant, docteur galénique, Médecin.
   Certain ivrogne, après maint long repâs
   Tombe malade. Un docteur galénique
   Fut apelé, etc.
       Rouss.

GALÉNISME


GALÉNISME, s. m. GALÉNISTE, s. m. Le 1er se dit de la doctrine et de l' école de Galien; le 2d de ceux qui y sont atachés.

GALèRE


GALèRE, s. f. [2e è moy. et long. 3e e muet.] 1°. Bâtiment de mer long et de bâs bord, qui va ordinairement à rames et quelquefois à voiles. = 2°. Il se prend pour la peine de ceux, qui sont condamnés à ramer sur les galères. "Condamner aux galères. = Par extension, on le dit d' aûtres châtimens, où les condamnés sont mis à la chaîne, et employés aux travaux publics. On ne fusille plus les déserteurs, on les condamne aux galères de terre.
   On dit, proverbialement, vogue la galère, arrivera ce qui pourra. "Nous avons besoin de quelque évènement, comme vous dites, aux dépends de qui il apartiendra. Puisque ce ne peut-être la mort de M. de Turenne, vogue la galère. SÉV. = Qu' aloit-il faire dans cette galère? Pourquoi alait-il là? Pourquoi faisait-il cela? On doit cette expression à Molière, qui l' a employée dans les Fourberies de Scapin: elle est devenue proverbe. "Pourquoi son mari ne demeuroit-il pas paisiblement chez lui? Qu' aloit-il faire dans cette maudite galère. SÉV.

GALERIE


GALERIE, s. f. [2e et dern. e muet, 3e lon.] 1°. Pièce d' un bâtiment, beaucoup plus longue que large, où l' on peut se promener à couvert. = 2°. Corridor, qui sert à la comunication des apartemens. = 3°. Allée longue et couverte dans un jeu de paûme, d' où l' on regarde les joueurs. Il se dit aussi de ceux qui les regardent. "La galerie a jugé que... = 4°. Le travail que font les assiégeans pour s' aprocher d' une place, à couvert de la mousqueterie. On le dit aussi de ceux qui travaillent aux mines, et des routes qu' ils pratiquent sous terre.
   On dit figurément d' un discours, d' une Histoire, où il y a beaucoup de portraits des principaux personages dont on y parle, que c' est une galerie de portraits. C' est un bien mauvais goût de les trop multiplier. = Être sur la galerie. (n°. 3°.) n' être pas intéressé dans un évènement, dans une afaire, dont on parle. = On apèle les galeries d' un homme, les lieux où il va souvent. "Ce sont là ses galeries.

GALÉRIEN


GALÉRIEN, s. m. [2e é fer. ien n' y a pas le son d' ian.] Celui, qui est condamné aux galères. Forçat.

GALET


GALET, s. m. [Galè: 2e è moy.] 1°. Caillous polis et plats, que la mer pousse sur quelques plages. _ C' est un terme collectif. "Se promener sur le galet. "Échouer sur le galet. = 2°. Jeu, où l' on pousse une espèce de palet sur une longue table: "Jouer au galet.

GALETâS


GALETâS, s. m. [2e e muet, 3e lon. On ne prononce point l' s.] Logement qui est au plus haut étage de la maison. "Être logé au galetâs. _ Par extension, logement paûvre et mal en ordre. "Il est logé dans un vrai galetâs.

GALETTE


GALETTE, s. f. [Galète: 2e è moy. 3e e muet.] Espèce de gâteau plat. = Dans quelques villes maritimes, on done ce nom au biscuit.

GALEUX


GALEUX, EûSE, adj. [Ga-leû, leû-ze: 2e. lon.] Qui a la gale. "Chien galeux. Brebis galeûse. _ Voy. BREBIS = On dit, proverbialement, qui se sent galeux, qu' il se grate, ou qui se sent morveux, qu' il se mouche, quand quelqu' un se plaint de ce que l' on l' acuse sourdement, de ce dont il est coupable en éfet. Cette expression est un peu bâsse.

GALIMAFRÉE


GALIMAFRÉE, s. f. [pénult. é fer. et long. dern. e muet.] Fricassée de restes de viande.

GALIMATHIâS


GALIMATHIâS, s. m. [Galima-tiâ: dern. lon. = L' Acad. Trév. Rich. l' écrivent sans h: cette h parait pourtant nécessaire comme dans apathie, pour qu' on ne prononce pas galimacia, apacie.] Discours embrouillé et confus. Un galimathiâs pompeux. = Les phrâses longues et louches, c. à. d. dont les diférens membres n' ont pas de liaison entr' eux; la mauvaise construction des mots, qui les compôsent; l' assemblage des termes, qui ne sont guère faits l' un pour l' aûtre; l' emploi peu régulier des pronoms relatifs sont autant de caûses du galimathias. Une construction nette et régulière; la propriété des termes; le soin de couper les phrâses trop longues; l' atention à ne pas prodiguer les que et les qui, et à les placer à propôs, en sont les remèdes. = Voici un exemple remarquable de galimathias. * Mascaron, parlant de la batâille de Rocroi (dans l' Or. Fun. d' Anne d' Autriche.) "On demande, dit-il, si ce jour fut le dernier miracle de la vie du père, ou le premier de la vie du fils... Tenons le milieu et disons... (C' est ici où comence le galimathias) que comme le sang du père uni au fils fait son courage, le fils vivant, par sa force, anime la mort du père et que par des comunications réciproques, si le roi vivant s' enrichit des victoires du roi mort, le roi mort avoit triomphé dans ses cendres par la félicité et le courage de son fils. _ Après cette période, on est tenté de dire comme Molière: et voilà justement pourquoi votre fille est muette.
   Boileau apelait galimathias simple, ce qu' un Auteur entendait, mais ce que les aûtres ne pouvaient comprendre, et galimathias double, ce qui était également inintelligible, et pour le lecteur et pour l' Auteur lui-même. Ann. Litt. = Dans une note sur Longin, il emploie galimathias adjectivement. "Comme ces vers étaient déjà fort galimathias d' eux-mêmes; ils le sont devenus encôre davantage par la perte de ceux, qui les précédoient.

GALION


GALION, s. m. GALIOTE, s. f. Le 1er se dit d' un grand vaisseau qu' on emploie à faire le voyage d' Espagne aux Indes occidentales; le 2d, d' une espèce de petite galère. = Galiote à bombes, est un bâtiment de moyène grandeur, mais très-fort de bois, d' où l' on tire des bombes sur mer. = Sur les rivières on apèle galiote un long bateau couvert, dont on se sert pour voyager.

GALLICAN


GALLICAN, ANE, adj. GALLICISME, s. m. [on prononce les 2 l, sans les mouiller] Gallican. (En parlant du rit, de l' église de France.) "Le rit Gallican; les libertés de l' Église Gallicane. = Gallicisme, est 1°. Une construction propre de la langue française; on dit: il vient de faire; il va venir, sont des gallicismes. = 2°. Façon de parler propre de la langue française, transportée dans une aûtre langue. "Cette traduction est pleine de gallicismes.

GALOCHE


GALOCHE, s. f. Chaussûre de cuir, qu' on porte par dessous les souliers, pour se garantir de l' humidité. = En style proverbial, menton de galoche, menton long, pointu et recourbé.

GALON


GALON, s. m. GALONNER, ou GALONER, v. act. [3e é fer. au 2d.] Galon, est un tissu d' or, d' argent, de soie, de fil, de laine, etc. qui a plus de corps qu' un simple ruban. "Habit chamârré de Galon. = Galoner, orner ou border de galon. "Galoner un habit. = Il se dit surtout adjectivement au participe, et des habits et des persones. "Habit galoné, homme tout galoné.

GALOP


GALOP, s. m. GALOPADE, s. f. GALOPER, v. n. [Dans le 1er le p ne se prononce jamais.] Galop, est l' alûre d' un cheval qui court. "Le petit, le grand galop. "Aler le galop: mettre un cheval au galop; revenir au galop. En parlant d' un cheval, prendre le galop, se mettre au galop. = On dit, proverbialement, s' en aler le grand galop: on sous entend vers le tombeau. _ Si on ajoute vers l' Hôpital, on veut dire qu' on sera bientôt ruiné. = Courir le grand galop. (st. fig. famil.) "Il est vrai que votre enfant est un bon grôs garçon, mais il n' est point noir comme Bouflers. Je ne puis soufrir cette comparaison, si ce n' est à courir le grand galop dans le chemin de la fortune.
   GALOPADE, est 1°. Action de Galoper. "Ce cheval a la galopade fort belle. = 2°. Espace qu' on court en galopant. "D' ici-là il n' y a qu' une galopade.
   GALOPER, aller le galop. Il se dit du cheval, et du cavalier. "Ce cheval galope bien, sur le bon pied. "Ils ont galopé deux heures durant. = V. act. "Galoper un cheval, le mettre au galop. _ Fig. famil. poursuivre. "Les sergens l' ont galopé tout le jour. = Quelquefois il ne signifie que courir de côté et d' aûtre. "J' ai galopé tout le jour, par--tout Paris, et fort inutilement. "Depuis longtems je galope cet homme sans pouvoir lui parler. = On dit que le temps galope, pour dire qu' il coule avec rapidité.

GALOPIN


GALOPIN, s. m. [Galo-pein.] Petit garçon qu' on envoie en comission. = On le dit par extension et par mépris, comme poliçon, d' un homme de néant.

GALVAUDER


GALVAUDER, v. act. [Galvodé: 2e dout. Devant l' e muet, elle est longue, il galvaûde, galvaûdera.] C' est en st. famil. maltraiter quelqu' un de paroles avec aigreur, ou avec hauteur.

GAMBADE


GAMBADE, s. f. [Ganbade: dern. e muet.] Espèce de saut sans art et sans cadence. "Faire une gambade, des gambades. = Fig. (st. famil.) mauvaise défaite, lorsqu' on substitûe une mauvaise plaisanterie à une réponse satisfaisante. "M. de M... ne sait comment s' échaper: il se tire d' afaire par une gambade. J. J. Rouss. = Payer en monoie de singe, en gambades. L' origine de cette expression proverbiale est, dans la coutume anciène, d' exempter les bateleurs du péage, lorsqu' ils faisaient danser leur singe devant le péager.

GAMBADER


GAMBADER, v. n. [Ganbadé: 1re lon. 3e e fer.] Faire des gambades. "Il gambade sans cesse.

GAMBILLER


GAMBILLER, v. n. [Ganbi-glié: 1re lon. mouillez les ll.] Frétiller, remuer sans cesse les jambes, comme font les enfans.

GAMELLE


GAMELLE, s. f. [Gamèle: 2e è moy. 3e e muet.] Écuelle de bois fort grande, où l' on met la portion d' un certain nombre de soldats ou de matelots. "Être ou manger à la gamelle, manger avec les soldats ou les matelots.

GAMME


GAMME ou GAME, s. f. Table contenant les notes de musique, disposées suivant leur ordre naturel. "Aprendre, savoir la gamme. "Il ne sait encôre que la game. "Sortir de game. = Ce mot fournit à quelques expressions proverbiales. _ Chanter à quelqu' un sa game, le quereller. _ Changer de game, de conduite, de mesûre. _ Etre hors de game, ne savoir plus où l' on en est. _ Mettre quelqu' un hors de game, le déconcerter, le réduire à ne plus savoir que répondre.

GANACHE


GANACHE, s. f. La machoire inférieure du cheval. Être chargé de ganache, ou avoir la ganache pesante, se dit, au propre, d' un cheval, qui a l' ôs de la machoire inférieure fort grôs et revétu de beaucoup de chair, et au figuré (style plaisant et critique) d' un homme, qui a l' esprit pesant. _ On dit aussi: "Cet homme est une ganache.

GANCE


GANCE, voy. GANSE.

GANGRèNE


GANGRèNE, s. f. [Quelques Auteurs écrivent comme on prononce cangrène. Le Rich. Port. renvoie du 1er au 2d. = Vaugelas voulait qu' on écrivît gangreine, et qu' on prononçât cangrène: mais l' i était là fort inutile: on l' a suprimé.] Au propre, mortification totale de quelque partie du corps: "Avoir la gangrène. "La gangrène s' est mise à sa plaie, etc. = Au figuré, erreur, désordre, qui peuvent s' acroitre et avoir des suites fâcheûses. "C' est fait des lois, si pour arrêter cette gangrène vous n' employez le fer et le feu.

GANGRENER


GANGRENER, (Se) v. réc. GANGRENEUX, EûSE, adj. [1re lon. 2e e muet; 3e é fer. au 1er, lon. aux 2 aûtres: devant la syll. fém. l' e muet se change en è moy. Il se gangrène, se gangrènera.] Se gangrener, c' est se corrompre de manière que la gangrène se forme. Gangreneux, qui est de la natûre de la gangrène. "Cette jambe va se gangrener: elle se gangrènera bientôt. "Sang gangreneux, disposition gangreneûse. = Gangrené, où la gangrène s' est mise. "Brâs gangrené, jambe gangrenée. = En style figuré, on apèle gangrenée une conscience, qui ne ressent pas de remords. On dit aussi d' un méchant homme que c' est une conscience gangrenée.

GANSE


GANSE, s. f. [1re lon. 2e e muet. Le Rich. Port. renvoie à Gance, et préfère celui-ci.] Cordonet d' or, d' argent, de soie, dont on se sert pour atacher quelque chôse. On s' en sert aussi comme de boutonière. _ Ganse de Diamans, boutonière faite en forme de ganse, et garnie de diamans.

GANT


GANT, s. m. [Il est long: le t ne s' y prononce jamais. Plusieurs, d' après Richelet, écrivent gans au pluriel sans t.] Chaussûre de la main, divisée en cinq, pour y faire entrer les cinq doigts et le reste de la main. = On l' emploie ordinairement au pluriel. "Porter des gans. "Mettre, ôter ses gans. "Une paire de gans. = On dit dans le style familier, souple comme un gant. "Il faisait le fier, le mutin; cette afaire, ces menaces l' ont rendu souple comme un gant. _ Avoir les gans d' une chôse, en avoir les prémices. _ N' en avoir pas les gans, ou la paire de gans, n' être pas le premier à anoncer une nouvelle, à proposer une idée.

GANTELET


GANTELET, s. m. [Gantelè: 1re lon. 2e e muet, 3e è moy. le t ne se prononce pas.] Gant couvert de lames de fer, faisant partie de l' armûre d' un homme armé de toutes pièces.

GANTER


GANTER, v. act. Mettre des gants. "Voilà des gants qu' on ne sauroit ganter. "Se ganter. = V. n. Des gants, qui gantent bien, qui sont de mesûre à la main.

GANTERIE


GANTERIE, s. f. GANTIER, IèRE, s. m. et f. [Ganteri-e, tié, tiè-re: 1re lon. 2e e muet au 1er, é fer. au 2d, è moy. et long au 3e.] Ganterie, marchandise de gans. Gantier, gantière, celui ou celle qui fait ou qui vend des gants.

GARANCE


GARANCE, s. f. GARANCER, v. act. [2e lon. 3e e muet au 1er, é fer. au 2d. _ L' ancien Trév. écrit garence.] Garance est une plante, dont la racine sert à teindre en rouge. Garancer, c' est teindre en garance.

GARANT


GARANT, ANTE, s. m. et f. GARANTIE, s. f. GARANTIR, v. act. [L' ancien Trév. écrit garent et ses dérivés avec un e: Richelet, garand avec un d, mais garantie, rantir proûvent assez qu' il faut l' écrire avec un t. = Dans le 2d, tie n' a point le son de cie, mais le t y a son propre son.] Garant est 1°. caution, celui qui répond du fait d' autrui ou de son propre fait. "Se rendre garant. "Je ne suis point garant de l' évènement. "La Religion est le meilleur garant, que les hommes puissent avoir, de la probité des hommes. MONTESQ. Esprit des Lois. = Garante, n' est d' usage qu' en parlant des Traités entre les Princes. "La Reine s' est rendûe garante du Traité. Hors de là, on dit d' une femme, comme d' un homme, qu' elle est garant, etc. = 2°. Fig. Auteur dont on a tiré un fait, une doctrine, un passage, ou celui de qui on tient une nouvelle. "J' ai pour garants de ce que j' avance, non-seulement les Pères et les Théologiens, mais l' Oracle infaillible, J. C. lui-même. "En raportant, pour garant de ma sincérité, les traits des anciens Auteurs, etc. Le P. Longueval. "Cette nouvelle vous étonne; un tel est mon garant. = Garantir a deux sens: 1°. se rendre garant; garantir un Contrat, une vente, ou assurer, affirmer. "Je vous garantis la vérité du fait. = 2°. Préserver. Il régit de. "Je ne puis vous garantir de la mort. "Il m' a garanti, ou je me suis garanti d' être pris. = Garantir, préserver, sauver; (synon.) ce qui couvre ou protège de manière à empêcher l' impression, qui seroit nuisible, garantit: ce qui assiste ou prémunit contre quelque danger funeste, qui pourroit survenir, préserve: ce qui délivre d' un grand péril, saûve. "Les vêtemens, qui vous couvrent, vous garantissent des injûres du tems: les gens armés, qui vous acompagnent, vous préservent de l' ataque des voleurs: la natûre vigoureûse encôre et des remèdes, qui la secondent, vous sauvent d' une maladie. _ On est garanti par la résistance... on est préservé par la vigilance... on est sauvé par les secours, etc. ROUB. Synon.
= Garantie a aussi deux significations: 1°. obligation de garantir. "Acte de garantie. = 2°. Dédomagement auquel on s' oblige. "Être tenu à la garantie, s' obliger à garantie.
   Rem. 1°. Autrefois on disait prendre à garant. La Fontaine l' a dit dans la Fâble de la Fortune et du jeune enfant.
   Elle est prise à garant de toutes aventures:
   Est-on sot, étourdi, prend-on mal ses mesûres,
   On pense en être quitte en acusant le Sort.
   Bref, la fortune a toujours tort.
Sur quoi Vaugelas fait cette remarque, qu' on doit dire: je vous prends tous à garant et non pas à garants, comme on dit: je vous prends à partie, à témoin, et non pas à parties, à témoins. Mais cette remarque est peu utile aujourd' hui, où il paroît que prendre à garant ne se dit plus; on dit prendre pour garant, et dans cette dernière locution, garant doit se décliner: "Je vous prends tous pour garants.
   2°. Garantir, assurer, régit que et l' Indicatif quand le sens est afirmatif, et avec le Subjonctif, quand il est négatif, ou interrogatif. "Je vous garantis que cela est ainsi: je ne vous garantis pas que cela soit. "Qui me garantira qu' elle (la postérité) doit (doive) être plus équitable que mes contemporains. Ling.
   3°. Garanti, participe, s' emploie substantivement au Palais. "Le garanti exerce son recours contre le garant.

GARCE


GARCE, s. f. On apèle ainsi, par injûre, une fille ou une femme publique. C' est un terme inusité chez les honêtes gens. = En certaines Provinces, on s' en sert pour signifier une petite Fille ou une petite Servante. Voy. Gars.

GARÇON


GARÇON, s. m. [Garson: Il semble qu' il était plus naturel d' écrire garson de gars que garçon de garce: on auroit évité d' employer la cédille, qui est une lettre étrangère à notre Langue.] M. Retif dit toujours garson, petit-garson. 1°. Enfant mâle: "Il a six garçons et quatre filles. "Elle est accouchée d' un beau garçon. = En Provence, on dit enfant, en ce sens. Voy. Enfant, n°. 2°. = On dit aussi jeune homme pour garçon, qui n' est pas marié. Voy. JEUNE. Rem. n°. 4°. à la fin. = 2°. Célibataire. "Il veut mourir garçon; "vieux garçon. _ Faire vie de garçon; mener une vie de garçon, se dit d' un homme, qui n' est assujéti à aucun devoir. = 3°. Populairement, valet, qui ne porte point de livrées. "Apelez le garçon. = 4°. Chez les ouvriers, celui, qui travaille chez un Maître; garçon tâilleur, cordonier, péruquier. = 5°. Brave garçon, en parlant d' un Soldat, brave homme. _ En style familier, galant homme. "Vous êtes un brave garçon, d' être venu nous voir. C' est le propôs d' une grande familiarité. Voy. Mauvais. _ Ironiquement, beau ou joli garçon, homme qui a fait quelque sotise, qui s' est ennivré, etc. "Vous êtes un joli garçon: "Il s' est fait beau garçon, etc.

GARÇONIèRE


GARÇONIèRE, s. f. Terme bas et populaire. Qui aime à hanter les garçons. "C' est une garçonière.

GARD


*GARD. Suivant Richelet, on dit, dans le familier, Dieu vous gard, Dieu vous conserve. Gard est-là pour garde. Cette expression n' est plus d' usage que chez le peuple.

GARDE


GARDE, s. f. et m. GARDER, v. act. [2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Garde est fém. quand il exprime l' action de garder, et une femme qui garde et soigne un malade; il est masc. quand il signifie celui qui garde, et surtout ceux qui sont préposés à la garde du Roi. "Un garde du corps, un garde du Roi. Cependant l' usage le fait fém. en deux ocasions; les gardes Françaises et les gardes Ecossaises. En parlant distributivement, on dit, un Soldat, deux Soldats aux gardes, et non pas deux gardes Françaises, une garde Française. = Il est aussi fém. quand il est collectif, pour signifier des gens de guerre, qui font la garde. "Assoir, poser la garde. Relever, renforcer, doubler la garde, etc.
   REM. 1°. Garde se combine avec plusieurs verbes. _ N' avoir garde régit de, et l' Infinitif. Ordinairement il signifie ne pas ôser: "Il n' a garde d' y revenir. Quelquefois pourtant il veut dire, ne pas pouvoir. "Ils n' avaient garde de le reconoître au milieu des flots. Télém. "Le Cardinal Infant n' avait garde de comander alors dans les Pays-bas, puisqu' il étoit mort à Bruxelles au mois de Mai. D' Avr. _ L' Acad. fait observer que cette expression n' est que du style familier. = Se doner garde ou de garde de, se dit à peu près dans le même sens. La Touche admet l' un et l' aûtre: on ne se sert plus que du 2d. Les Français se donèrent bien de garde d' acuser l' Église Romaine. BOSS. _ Leibnitz ajoute, à la préposition de, la négative ne. "Il se devait doner de garde de ne rien faire que ce qui lui seroit ordoné. Retranchez ne. C' est comme ceux qui disent je crains de ne faire, ou, je vous défends de ne pas faire. = Prendre garde régit à des noms, et à ou de des verbes. "Prenez garde à vous, à ce que vous faites. "Je prendrai garde une aûtrefois à ne pas me laisser surprendre: "Prenez garde de tomber. Ce dernier régime est le plus usité. On peut employer l' aûtre, sous la direction de l' oreille et du goût. * Se prendre garde de est un gasconisme. Montagne, qui était gascon, parlant des chiens, qui conduisent les aveugles: Je me suis pris garde, dit-il, comme ils s' arrêtent à certaines portes, etc. En Provence, plusieurs disent comme Montagne: je ne me suis pas pris garde de lui; il ne s' en est pas pris garde, pour dire, je ne l' ai pas apperçu; il n' y a pas fait atention. = Prendre garde, régit aussi le Subjonctif précédé de que et de ne. "Je l' avais souvent averti de prendre garde que ses débauches ne lui attirassent quelque grand malheur. _ Il est à remarquer que ce régime du Subjonctif, s' emploie quand le Verbe régi ne se raporte pas au sujet (au Nominatif) du v. prendre garde, et l' Infinitif quand il s' y raporte. "Prenez garde que cet enfant ne tombe: prenez garde de tomber. _ Il faut observer aussi que la particule ne est indispensable dans le 1er régime. * Prenez garde que persone vous séduise. Nouv. Test. Dites: ne vous séduise. _ L' Acad. ne met point d' exemple de ce régime: c' est un oubli. = De garde, espèce d' Adjectif; facile à garder, à conserver. "Ces fruits sont ou ne sont pas de garde, de bonne garde: "Olives, figues sèches et aûtres nourritûres de garde. Pluche. "Les filles sont de difficile garde: il faut veiller soigneûsement à leur conduite. _ On dit, dans un aûtre sens, qu' un homme est de bonne garde, pour dire, qu' il garde long-tems ce qu' il possède; et qu' un chien est de bonne garde, pour dire, qu' il garde, qu' il avertit bien. = En garde, adv. Être, ou se mettre, ou se tenir en garde, contre... se défier de... "À~ moins que d' être toujours en garde contre les discours de ces Messieurs, on prend insensiblement leurs sentimens. Sév. * M. Linguet dit se tenir de garde, et je crois qu' il est le premier à l' avoir dit: "Ces Spartiates se tiennent de garde contre cette molesse des Sibarites. _ On dit, se tenir en garde et se doner de garde avec des sens et des régimes diférens. "La jeunesse doit se doner de garde de hanter des libertins. = Doner ou avoir en garde; le 1er régit l' Acusatif et le Datif; le 2d n' a que le 1er régime. "Il m' a doné sa bourse en garde: je l' ai eûe long-tems en garde.
   REM. 2°. Il y a grande diférence entre Capitaine des gardes, et Capitaine aux gardes: le 1er se dit d' un des quatre Capitaine des Gardes du Corps; le 2d, d' un Capitaine du Régiment des Gardes Françaises.
   REM. 3°. Garde entre dans la composition de plusieurs mots, mais il ne suit pas le genre du mot auquel il est joint. Garde-boutique, garde-chasse, garde-côte, garde-nape sont masculins, ainsi que garde-bois, garde-fou, garde-magasin. = On dit, dans le Dict. Gram. qu' il en est un de deux genres, garde-robe: on se trompe, il est toujours fém. aussi bien que garde-noble et garde-bourgeoise. Ceux-ci sont des termes de Pratique. = Il est à remarquer que dans ces composés, garde est indéclinable, et que le signe du pluriel ne doit afecter que le mot, qui lui est joint. On doit dire au pluriel, garde-côtes et non pas gardes-côtes, comme écrit M. Linguet ou son Imprimeur. Et ainsi garde-boutique, et non pas gardes-boutiques, comme on le lit dans la Marchande de modes, Th. d' éduc. Là, garde est un verbe: il ne doit donc point être décliné: mais dans gardes Françaises, gardes Suisses, garde, est un nom, c' est pourquoi on le décline. Et de plus, ce n' est pas un nom composé; et il ne doit point y avoir de tiret entre ces deux mots, comme on en met un dans les premiers. Voy. Pluriel, n°. 1°. Voy. aussi Prête et Porte.

GARDER


GARDER, v. a. [2e é fer.] 1°. Conserver. "Dans les chaleurs on ne peut garder la viande = 2°. Ne point se dessaisir: "Il ne peut rien garder, il done tout. = 3°. Veiller à la conservation; les troupes qui gardent le Roi; ou à l' assistance, garder un malade; ou à la détention, garder un prisonier; ou pour empêcher la détérioration; garder les bois, les vignes. Garder les brebis, les agneaux, les vaches, les cochons. = 4°. Défendre, protéger: "Ce que Dieu garde est bien gardé. _ Garantir: Dieu vous garde de pareils amis. Voy. plus bas. Rem. 2°. = 5°. Observer, garder les Comandemens de Dieu, le silence: la chasteté, etc. Garder des mesûres, la bienséance, etc. = 6°. Se garder, se défier. "J' aime mieux mourir, que d' avoir toujours à me garder, et de mes amis et de mes énemis. Se garder de avec l' Infinitif; se doner de garde. "Il se gardera bien de le faire, il ne sera pas assez sot, ou assez téméraire pour le faire. "Il faut bien se garder de l' ataquer. "Saladin, qui craignoit encore plus sa rencontre que celle des ennemis, se garda bien de l' atendre. Hist. de Saladin. Dans ce sens, il est souvent mieux d' ajouter bien à garder. = Les Poètes sont en possession~ d' employer garder neutre, au lieu du réciproque se garder~
   Gardez qu' avant le coup votre dessein n' éclate.
       Rac. Androm.
  Gardez de négliger une amante en fureur.
      Id. Ibid.
Dans le premier vers, Racine done à garder le sens de prendre garde, et dans le second, celui de se garder. _ C' est dans ce dernier sens que Boileau a dit aussi dans son Art Poétique.
   Gardez donc de doner, ainsi que dans Clélie,
   L' air ni l' esprit françois à l' antique Italie.
Et âilleurs:
   Aux dépens du bon sens, gardez de plaisanter.
   On trouve aussi dans Molière, et gardez de rien dire; et dans Voltaire, gardez de hazarder. J' en ai trouvé des exemples dans Rousseau, dans Crébillon et dans d' aûtres Poètes estimés. On peut donc s' en servir en vers; mais en prôse, il faut dire, se garder, gardez-vous, etc.
   Rem. 1°. Quoique garder et conserver aient beaucoup de raport, ils ne sont pourtant pas synonymes, et on ne doit pas les employer indiféremment l' un pour l' autre. Il me semble qu' il y a un défaut de propriété dans cette phrâse de l' Origine des Lois: "Cette addition est très-anciène: Théodotion l' a gardée dans sa Traduction. Je crois que conservée était là le mot propre.
   2°. On employait volontiers autrefois le v. garder dans le sens de préserver, garantir, empêcher. "Je te garderai de l' heure de la tentation. Boss.
   Les belles feuilles, toujours vertes,
   Qui gardent les noms de vieillir.
       Malh.
  Des roses que sa main gardera de vieillir.
      Rac.
Les Poètes feront bien de ne pas laisser perdre cette locution: mais dans la prôse, elle est moins nécessaire: elle parait surannée dans le beau style, et ne s' est conservée que dans quelques phrâses du style familier. "Dieu vous garde de mal: Dieu vous en garde:
   Le goût public aurait-il, par mégarde,
   Reçu la loi du leur. Dieu nous en garde.
       Rousseau.
"Dieu vous garde de mal encontre, etc.
3°. On dit, garder la maison, la chambre, le lit; ne point sortir de la maison: demeurer dans la chambre, dans le lit pour cause de maladie. "Il ne garde pas le lit, mais il garde la chambre. * Il est échapé à Mme. de Sévigné de dire: elle a gardé son lit, sans rien avaler que des bouillons. Pourquoi son lit? Garde-t-on le lit d' un aûtre? C' est comme ceux qui disent, j' ai mal à ma jambe.
   4°. Garder s' unit à plusieurs noms pour former des expressions composées. Garder les rangs, en parlant des gens de guerre. _ Garder son rang, garder sa gravité. _ Garder la fièvre, un rhume, etc. l' avoir long-tems sans discontinuation. _ Garder une médecine, un lavement; ne pas vomir l' une, ne pas rendre trop-tôt l' autre. = En style proverbial, la garder à quelqu' un, ou la garder bone, atendre l' ocasion de se venger.
   Autre grief: tu contrefais les gens;
   En cela tu crois plaire, et ne plais à persone:
   Tel en rit sur autrui, qui te la garde bone,
   Lorsque l' on rit à ses dépens.
       Du Cerceau.
En doner à garder, en faire acroire, tromper. _ Garder les manteaux, n' être pas d' une partie de plaisir; ou plutôt être témoin des plaisirs d' autrui sans les partager; favoriser les plaisirs d' autrui sans en jouir; se tenir à la porte tandis que les aûtres jouissent en dedans. MARIN. _ Garder le mulet, s' ennuyer à atendre. _ Garder une poire pour la soif, se conserver une ressource. _ Et quant on veut avertir quelqu' un de prendre garde qu' on ne le trompe: bon homme, garde ta vache, lui dit-on. _ Quand chacun fait son métier, les vaches sont bien gardées: tout va bien, quand chacun ne se mêle que de ce qui le regarde.

GARDE-ROBE


GARDE-ROBE, s. f. [C' est un gasconisme de faire ce mot masc. et de dire un garde-robe: il faut dire, une garde-robe.] 1°. La chambre destinée à y mettre les habits, le linge, les hardes de jour et de nuit, et où couchent ordinairement le valet ou la femme de chambre. = 2°. Tous les habits et autres hardes d' une garde-robe. "Il ou elle a une garde-robe fort riche. = 3°. Le lieu où l' on met la chaise percée. _ Aler à la garde-robe, se décharger le ventre. = 4°. * En Provence et âilleurs, on dit garde-robe pour armoire. On le fait même masculin. Un garde-robe de bois de noyer. Ce mot n' a ni ce nombre, ni ce sens.

GARDEUR


GARDEUR, EûSE, s. m. et f. GARDIEN, ENNE, ou ÈNE, adj. et subst. [Gar--deur, deû-ze, dien: diè-ne: 2e lon. au 2d, è moyen au dern.] Ces deux mots ont le même sens, (celui, celle qui garde) mais ils sont bien éloignés d' avoir le même emploi. Le premier ne se dit que dans ces phrâses ignobles: gardeur de vaches; gardeûse de cochons. Le second s' emploie pour des objets plus nobles. _ Adj. "L' Ange Gardien. On la fera gardiène des éfets de la succession (st. du Palais): on a cru qu' il y avoit des démons, gardiens des trésors. _ Subst. masc. Supérieur d' un couvent des Religieux de St. François. "Le Gardien des Cordeliers, des Capucins, etc. Le P. Gardien.

GâRE


GâRE, interj. et subst. SE GARER, v. réc. [1re lon au 1er, 2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] 1°. Gâre est l' impératif du v. garer. Il se dit par manière d' intejection. Gâre, gâre! écartez-vous pour laisser passer. "Gâre de-là! Gâre de devant! Gâre donc! Gâre l' eau! = Il se dit aussi par menaces: "Gâre le fouet, le bâton, les étrivières, etc. = Il régit quelquefois que et le subjonctif. "Elle se refuse au plaisir, mais elle l' aime: gâre qu' elle n' y cède. MARIV. = Sans dire gâre, sans avertir. "Je sortis avec mon petit paquet, sans dire gâre à persone. Id. On l' emploie ordinairement sans régime. "Il est parti sans dire gâre. "Il frape sans dire gâre. = 2°. Gâre, subst. Lieu préparé sur les rivières pour mettre les bateaux en sûreté. = 3°. Garer un bateau, c' est l' atacher dans une gâre. _ Se garer, se défendre de quelqu' un ou de quelque chôse. Il est familier, et d' un usage peu étendu. "Il faut se garer d' un fou: garez-vous de cette voitûre!

GARENNE


GARENNE, ou GARèNE, s. fém. GARENNIER, ou GARÉNIER, s. m. Lieu où l' on conserve des lapins. _ Celui qui a soin d' une Garène. = * Suivant Ménage, quoiqu' on dise garenne, on doit dire garannier, et non pas garénier: Aujourd' hui on ne dit que celui-ci.

GARGARISER


GARGARISER (SE) v. réc. GARGARISME, s. m. [Gargarizé, ris-me: dern. é fer. au 1er, e muet au 2d: devant la syll fém. l' i du 1er. est long: il gargarîse, gargarîsera, etc.] Se gargariser, c' est se laver la gorge avec quelque liqueur, en l' atirant et la repoussant à diverses reprîses. Gargarisme, se dit, et du remède avec lequel on se gargarise, et de l' action de se gargariser.

GARGOTAGE


GARGOTAGE, s. m. GARGOTE, s. f. GARGOTER, v. neut. GARGOTIER, IèRE, s. m. et fém. [3e e muet au 2d, é fer. au 3e et 4e, è moyen et long au dern.] Gargote se dit d' un petit cabaret où l' on done à manger à bâs prix. Gargoter, hanter les gargotes. Gargotage, repâs mal propre, viandes mal aprêtées. Gargotier, ière, celui, celle qui tient une gargote. = Par extension et par mépris, on apèle gargote, tout lieu où l' on mange mal proprement; gargotier, tout cabaretier ou cuisinier qui aprête mal à manger; et gargoter, boire et manger mal proprement et vilainement.

GARGOUILLE


GARGOUILLE, s. f. [Gar-gou-glie: mouillez les ll, 3e e muet.] Gouttière de pierre. L' endroit d' une gouttière par où l' eau tombe. "La gargouille d' une gouttière.

GARGOUILLEMENT


GARGOUILLEMENT, s. m. GARGOUILLER, v. neut. GARGOUILLIS, s. m. [Gar--gou-glie-man, glié, gli: mouillez les ll; 2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Gargouillis exprime le bruit que fait l' eau en tombant d' une gargouille. = Par métaphore, on apèle gargouillement le bruit que fait l' eau quelquefois dans la gorge, dans l' estomac et dans les entrailles; et l' on a dit gargouiller, des petits garçons qui barbotent dans l' eau, et font un bruit semblable au gargouillis.

GARGOUSSE


GARGOUSSE, s. f. [Gargou-ce: dern. e muet. On a dit aussi autrefois gargouche. Trév. les met tous deux; l' Acad. ne met que le 1er.] Charge de poûdre pour un canon, envelopée dans du gros carton.

GARNEMENT


GARNEMENT, s. m. [Garneman: 2e e muet.] Libertin, vaurien. On ne le dit guère tout seul, et sans quelque épithète: "C' est un franc garnement; un mauvais garnement. = Ce mot est bâs. La Font. a pu dire dans la Fable du Chat et d' un vieux Rat.
   Le peuple des souris croit que c' est châtiment,
   Qu' on a pendu le garnement.
   Mais Mme. Dacier a commis une double faûte d' avoir dit dans un Poème épique. "Égisthe choisit dans le peuple vingt garnemens des plus déterminés. = L' Acad. met ce mot sans remarque. Certainement, il~ n' est pas du beau style. * On a dit aussi garniment, et on le dit encôre en plusieurs Provinces. "Duguesclin purgea la France de ces méchans garnimens et fainéans de guerre. Brantome.

GARNIR


GARNIR, v. act. Pourvoir de ce qui est nécessaire. Il régit de: "Garnir un bufet de vaisselles, un cabinet de tableaux, une ville de vivres et de munitions. = Se garnir a deux sens: se saisir: "Il se garnit toujours le premier de tout ce qui l' accomode: Se munir. "Il faut se garnir contre le froid. = Garni a le même régime que son verbe (la prép. de): "Étui garni d' or: boite de portrait garnie de diamans. Il se dit sans régime dans cette phrâse, chambre garnie, maison garnie, hôtel garni; qu' on loue tout meublés, et fournis de toutes les chôses nécessaires.

GARNISON


GARNISON, s. f. [Garnizon.] Proprement, c' est un nombre de soldats que l' on met dans une place, ou pour la défendre contre les énemis, ou pour contenir les peuples dans le devoir. "Il commandoit la garnison, et donnoit des loix dans le Serrail et dans la ville. MARIN, Hist. de Saladin. = On dit, laisser garnison, sans article: "Le Vizir y laissa garnison. Ibid.
= Par extension, on le dit d' une troupe de Soldats, ou de Sergens qu' on envoie dans une maison, pour s' y établir et y être défrayée jusqu' à ce que le maître ait payé, ou se soit présenté; ou pour veiller à la conservation des meubles saisis sur lui. = L' Acad. remarque qu' on se sert du terme de garnison, lors même qu' il n' y a qu' un Soldat, qu' un Archer.

GARNITûRE


GARNITûRE, s. f. [3e lon. dern. e muet.] 1°. Ce qui est mis pour garnir ou pour orner quelque chôse. "La garnitûre d' une chambre. "Une garnitûre de diamans, de rubans. "Une garnitûre verte, bleûe, jaune, etc. = 2°. Assortiment complet de quelque chôse que ce soit. "Une garnitûre de dentelles, de boutons, de porcelaine, etc. = 3°. En termes d' Imprimerie, les divers bois, dont les Compositeurs se servent pour former les marges et séparer les pages.

GAROU


GAROU (LOUP) adj. m. L' on a apelé de ce nom les mauvais loups, dit M. de Bufon, c. à. d. des loups, dont il faut se garer. = En style proverbial, on apèle loup-garou, un homme bourru et farouche.

GAROUAGE


GAROUAGE, s. m. Il n' a lieu que dans cette phrâse, aller ou être en garouage, en de mauvais lieux, en des lieux de débauche. St. famil. et critique.

GARROT


GARROT, ou GâROT, s. m. GARROTTER, ou GâROTER, v. act. [1re lon. dern. é fer. au 2d. Dans le premier, le t final ne se prononce pas.] Garrot a deux sens, qui ont peu de raport l' un avec l' aûtre: 1°. En parlant d' un cheval, c' est l' assemblage des ôs des épaules au bâs de l' encolûre. "Ce cheval a été blessé sur le garrot. = On le dit figurément (st. famil.) d' un homme qui a reçu quelque ateinte à sa réputation, qui nuit à son avancement. = 2°. Bâton court, dont on se sert pour gâroter et serrer des noeuds de cordes.
   GâROTER, lier, atacher avec de forts liens. "Gâroter un prisonier. = Fig. et famil. lier quelqu' un par des actes qui l' empêchent de manquer à ses engagemens, de dissiper son bien, etc. * "Il se hâta d' en imposer à l' Empereur par des plaintes, et de le garroter par des soupçons. Moreau. "Les liens par lesquels ce Prince s' est lui-même garroté. Id. La métaphore n' est pas fort noble, et a l' air un peu sauvage. * "Bénissez la sage prévoyance de vos ancêtres, qui par les douces chaînes dont ils vous ont garroté dès votre enfance, ont su vous dérober à la fureur... de vos propres passions, plus redoutables peut-être que vos plus cruels énemis. L' Ab. Royou. Là gâroter contraste trop sensiblement avec douces chaînes. Il ne devroit s' employer qu' en mauvaise part.

GASCON


GASCON, ONE, s. m. et fém. GASCONADE, s. fém. GASCONISME, s. m. Le 1er est le nom des habitans de la Guienne. Il est passé en proverbe, pour signifier un fanfaron, un hableur. "C' est un gascon. On le dit rârement des femmes. = Gasconade, fanfaronade, vanterie outrée. Gasconisme, façon de parler propre des Gascons; et l' on comprend sous ce nom, les peuples de toutes nos Provinces méridionales. "Montagne, et le Poète Théophile sont pleins de gasconismes.

GASPILLAGE


GASPILLAGE, s. m. GASPILLER, v. act. GASPILLEUR, EûSE, s. masc. et fém. [Gaspi-glia-je, glié, glieur, glieû-ze: mouillez les ll: 3e é fer. au 2d, lon. au dern.] Gaspiller c' est dissiper son bien par des dépenses inutiles. Gaspillage, action de gaspiller. Gaspilleur, eûse, celui, celle qui gaspille. "Il a gaspillé son bien en peu de temps. "Les domestiques, quand ils ne sont pas veillés, gaspillent le linge, les hardes, les provisions. "Le gaspillage des matières, qui servent à la nourritûre des hommes, sufit seul pour rendre le luxe odieux à l' humanité J. J. Rouss. "Ce chef d' ofice est un grand gaspilleur: cette cuisinière est une grande gaspilleûse, etc.

GâTE


GâTE. Il ne se dit pas tout seul: il se joint à des mots qui sont masculins. Gâte-métier, ouvrier qui done sa peine à trop bon marché. Gâte-pâte, gâte-bois, gâte-cuir, etc. ouvrier ignorant, qui gâte les matières qu' il emploie. = Gâte-papier, (st. plaisant) mauvais Auteur.

GâTÉ


GâTÉ. Voy. après Gâter.

GâTEAU


GâTEAU, s. m. [Gâto: 1re lon. 2e dout. au sing. lon. au plur. Gâteaux.] Espèce de pâtisserie, ordinairement plate et ronde, faite avec de la farine et des oeufs. Il y en a au beûrre, et au sucre. = Fig. (st. famil.) avoir part au gâteau, au profit.
   À~ qui mieux mieux, ils firent tous ripâille,
   Chacun d' eux eut part au gâteau.
       La Font.
  Le moins de gens qu' on peut à l' entour du gâteau.
      Idem.
Trouver la fève au gâteau (allusion à la fève qu' on met dans le gâteau des Rois) faire une bone découverte, une rencontre heureûse.

GâTER


GâTER, v. a. [Gâté: 1re lon. 2e é fer.] 1°. Endomager, mettre en mauvais état. "La nielle a gâté les blés: le Tâilleur a gâté votre habit. "Vous avez gâté votre maison, en voulant la racomoder. _ Fig. "Ils étaient convenus de tout: un mot a tout gâté. = 2°. Salir, tacher. "La pluie, la boûe ont gâté cette robe: on ne peut plus la mettre. = 3°. Gâter, être trop indulgent. "Gâter un enfant, un domestique. "C' est domage qu' on gâte ce jeune homme il étoit bien né, il pouvoit réussir. Marm.
   Mais vous me le gâtez, Madame, et je ne peux
   Entendre de sang froid des mots si dangereux.
       Barthe.
= 4°. Corrompre: "Les mauvais livres, la mauvaise compagnie gâtent les jeunes gens, leur gâtent l' esprit et le coeur. = 5°. Se gâter, se corrompre. "Cette viande s' est gâtée. "Ce vin se gâte, comence à se gâter. _ Fig. Cet homme s' est gâté, il a contracté de mauvaises qualités. Il a perdu de sa réputation. = Être gâté, être devenu trop délicat, trop dificile. "Nous sommes tellement gâtés, qu' à peine pouvons-nous croire que cette simplicité si naturelle, puisse être véritable. Télém. "Je suis bien gâtée sur le bon goût. Sév. = 6°. On dit en st. fig. fam. qu' un homme gâte bien du papier, qu' il écrit beaucoup et mal, ou des choses inutiles; qu' il gâte le métier, qu' il fait trop bon marché de sa peine ou de sa marchandise, ou qu' il fait au-delà de son devoir. _ Gâter quelqu' un dans l' esprit d' un autre: nuire à sa réputation. "On l' a bien gâté dans l' esprit de ses protecteurs. "Ce mauvais procédé l' a gâté dans le monde.
   GâTÉ, ÉE, part. et adj. Enfant gâté, pour qui l' on a eu trop d' indulgence, et qui est devenu volontaire, capricieux, délicat, dificile. "C' est un enfant gâté; ce qui se dit souvent avec raison, même des persones âgées. = On doit éviter de le dire au fém. parce qu' il a un sens peu honête.

GâTEUR


*GâTEUR, s. m. Ce mot est dans Richelet, gâteur de papiers, barbouilleur, méchant Écrivain. Le Rich. Port. ne met pas gâteur, mais gâte-papier.

GAûCHE


GAûCHE, adj. m. et f. GAûCHEMENT, adv. GAûCHERIE, s. f. [gôche, cheman, cheri-e: 1re lon. 2e e muet.] Gaûche, au propre, se dit de ce qui est oposé à droit. "Le côté gaûche, le pied gaûche. "La main gaûche. Tourner, prendre à gaûche, et non pas, à la gaûche. "De-là tournant à gaûche, on voit l' autel principal des Chanoines. La Lande. = Il se dit par extension, des animaux. "Cheval qui galope sur le pied gaûche; et de certaines choses qui ont deux parties, dont l' une répond au côté droit de l' homme, et l' autre au gaûche. "L' aile gaûche d' un bâtiment, d' une armée. = Au figuré, mal fait et mal tourné. Il se dit des persones, et des choses, qui y ont raport. "Il est gaûche à tout ce qu' il fait. "Il a l' esprit gaûche, les manières gaûches. "M. de Carac.... est d' un gaûche, mais d' un gaûche qui fait pitié. Anon. = Au propre, gaûche est s. f. On dit, la gaûche, pour la main gaûche. = Il s' emploie aussi adverb. À~ gaûche, du côté gaûche, "À~ droite et à gaûche. _ Fig. fam. Prendre une chôse à gaûche, à contre-sens, et tout autrement qu' on ne devrait la prendre. _ Prendre à droite et à gaûche, tirer de l' argent à toutes mains, sans distinction d' afaires ou de persones.
   Gaûchement, d' une manière gaûche. Gaûcherie, action d' un homme gaûche. Ils se disent plus souvent au figuré qu' au propre, mais ils ne sont que du st. fam. "Il fait tout gaûchement. "Il a fait une êtrange gaûcherie. "L' homme vraiment honête... dont l' ame élevée à la roideur et à la gaûcherie, qui vont avec les grandes tailles en tout genre. Linguet. "Par une suite de cette gaûcherie, vous faites, M. le Marquis, enseigner par Gang... à ce Cardinal (Querini) le Tolérantisme. Anon.
   REM. Gaûchement n' est pas dans les Dictionaires: mais il est dans la bouche de tout le monde, et de ceux qui parlent le mieux; et quand ce serait un néologisme, il est utile et même nécessaire.

GAUCHIR


GAUCHIR, v. n. GAUCHISSEMENT, s. m. [Gochi, chiceman: 1re dout. 3e e muet au 2d.] Au propre, gauchir, c' est détourner le corps pour éviter quelque coup. "Il auroit été percé, s' il n' eût un peu gauchi. = Au fig. n' agir pas franchement. Il n' est pas du beau style. Bossuet a pu dire, dans un ouvrage polémique: "Quelle misère de gauchir toujours, et de ne jamais parler franchement. Mais on est surpris d' entendre dire au grand Rousseau, dans une Ode:
   Ecartons, ont-ils dit, ce censeur intraitable,
   Que des plus beaux dehors l' atrait inévitable
   Ne fit jamais gauchir contre la vérité.
   Gauchissement, est l' action de gauchir, ou l' éfet de cette action. Ce mot est peu usité.

GAUDERON


*GAUDERON, s. m. C' est ainsi qu' on écrivait autrefois: on écrit depuis long-temps goudron. Richelet met l' un et l' autre. Quelques-uns ont écrit godron, mais celui-ci a un autre sens. Voy. Goudron et Godron. = * Depuis peu, gauderon a reparu dans le Journ. de Mons. Le P. Fauque dans une des Let. Édif. a dit gaudroné. Dans le Journal Polit. de Gen. on voit dans le même article gaudron et plus bas goudron, mais en divers sens.

GAûFRE


GAûFRE, s. f. GAUFRER, v. a. [Gôfre, gofré: 1re lon. au 1er. dout. au 2d. 2e e muet dans le subst. é fer. dans le verbe.] Gaûfre, est 1°. un rayon, un gâteau de miel. = 2°. Une pièce de pâtisserie fort mince, cuite entre deux fers, qu' on apèle gaufrier. = En st. prov. être la gaufre dans une afaire, c' est se trouver entre deux extrémités fâcheuses, entre deux persones puissantes et oposées.
   Gaufrer, c' est imprimer de certaines figures sur des étofes avec des fers fait exprès. On dit, en ce sens, gaufreur, de l' ouvrier qui gaûfre; et gaufrûre, de l' empreinte qu' on fait sur une étofe en la gaufrant.
   Rem. On écrivait autrefois tous ces mots avec deux f. Aujourd' hui on n' en met plus qu' une.

GAVION


*GAVION, s. m. Mot populaire. Gosier. "Il en a jusqu' au gavion: on lui a coupé le gavion.

GAûLE


GAûLE, s. f. GAULER, v. a. [Gôle, golé: 1re lon. au 1er, dout. au 2d. 2e e muet dans le subst. é fer. dans le verbe.] Gaûle est, 1°. une grande perche: et gauler, c' est batre avec une gaûle. Gauler un noyer, un chataignier, etc. Gauler des noix, des chataignes, des amandes, etc. = 2°. Gaûle, houssine, dont on se sert pour faire aler un cheval.

GAûLES


GAûLES, s. f. pl. GAULOIS, OISE, adj. et s. m. et f. [Gôle, loâ, loâ-ze: 1re lon. au 1er; 2e e muet au 1er, lon. aux 2 autres.] Gaûles est le nom ancien du pays, apelé aujourd' hui le Royaume de France. On dit la Gaûle, ou les Gaûles: mais plus souvent le dernier. Le P. Longueval, Hist. de l' Égl. Gallic. dit indiféremment, la Gaule, ou les Gaules. Au singulier, prend-il l' art. indéfini, (la prép. de sans article) comme le font quelquefois les noms des autres Royaumes? Dit-on les troupes de Gaûle, comme on dit, les troupes de France, d' Espagne, etc? Je ne le crois pas: je pense qu' on doit dire, de la Gaule, et encore mieux, des Gaûles. * Il n' avoit pas d' aussi bones troupes que celles de Gaûle. Hist. de l' Église. _ Bercastel. "Les Évêques de Gaule. Le P. Longueval. Il dit ailleurs, de la Gaule, ou des Gaules.
   GAULOIS, habitant de la Gaule, l' anc. nom de la France. = On dit proverbialement, d' un homme dont la conduite est franche, sincère et droite; c' est un bon Gaulois, un vrai Gaulois. "Probité, franchise gauloise. "Il a les manières gauloises, les manières du vieux temps. = En fait de langage, on dit d' un vieux mot, d' une vieille locution, c' est du gaulois. "Ce discours est rempli de termes gaulois, de locutions gauloises.

GAVOTE


GAVOTE, s. f. il se dit et d' un air de danse, et de la danse dont les pas sont faits sur cet air. "Jouer une gavote, danser la gavote ou une gavote. = L' origine de ce mot vient des Provinces Méridionales, où l' on apèle gavot, gavote, les montagnards de Provence et de Dauphiné, qui pendant l' hiver quitent leurs montagnes pour chercher à vivre dans les villes.

GAûPE


GAûPE, s. f. [Gôpe: 1re lon. 2e e muet.] Terme d' injûre et de mépris. Femme mal-propre et désagréable. "O la vilaine gaûpe! la sale gaûpe. Il est bas et populaire. L' Acad. se contente de dire qu' il est du st. fam.

GAUSSER


GAUSSER (se) v. réc. [Gocé: 1re dout. 2e é fer. Devant l' e muet, l' au est long: il se gaûsse, se gaûssera, etc.] "Vous vous gaussez de moi; il se gaûsse de tout le monde. _ Il est populaire.

GAûSSERIE


GAûSSERIE, s. f. GAUSSEUR, EûSE, s. et adj. [Gôcerie; goceur, ceû-ze: 1re lon. au 1er, dout. aux 2 autres. 2e e muet au 1er, lon. au dern.] Moquerie, raillerie. Moqueur, râilleur. "Il ne l' a dit que par gaûsserie. "C' est un gausseur, il est gausseur de son naturel. "Elle est gausseûse; c' est une méchante gausseûse. _ Ces deux mots sont populaires comme le précédent.

GAZ


GAZ, s. m. [Gâs, monos. long.] Terme de chimie, fort en vogue aujourd' hui. C' est la partie aromatique volatile d' une plante. Acad. On done aussi ce nom à l' air inflammable: gaz méphitique, etc.

GâZE


GâZE, s. f. GAZER, v. a. [1re lon. au 1er, 2e e muet au subst., é fer. au verbe.] Gâze est une étofe fort claire de soie, ou de fil d' or ou d' argent. Gazer, c' est couvrir avec une gâze. = On les emploie au fig. mais seulement dans le st. médiocre. "Gazer un conte, une histoire; en adoucir ce qu' il y aurait de trop libre, d' indécent. "La gâze est trop légère et le conte n' en est pas moins révoltant. "En gazant cette histoire licencieuse, on l' a rendûe encore plus dangereûse pour les moeurs. = M. L' Abé Dusserre-Figon a employé cette métaphore dans son excellent panégyrique de Ste. Thérese: "le vice, dont autrefois une gaze légère voiloit en partie les horreurs, se montre avec toute son effronterie. _ Un goût sévère pourrait trouver cette expression peu digne de la gravité d' un discours religieux.

GAZELLE


GAZELLE, s. f. [Gazèle: 2e è moy. 3e e muet.] Sorte de bête faûve, qui est d' une grande légèreté. C' est un animal d' Asie.

GAZER


GAZER. Voy. GâZE.

GAZETTE


GAZETTE, s. f. GAZETIN, s. m. GAZETIER, s. m. [Gazète, zetein, ze-tié: 2e è moy. au 1er, e muet aux 2 autres. 3e e muet au 1er, é fer. au dern.] Gazette, feuille volante qui contient des nouvelles, et qu' on distribue à certains jours de la semaine. Gazetin, petite gazette manuscrite. Gazetier, celui qui compose la gazette, ou qui la colporte et la done à lire. = On apèle, en st. prov., gazette du quartier, une persone qui est toujours la première à savoir et à répandre les mauvais bruits, les anecdotes scandaleuses.

GAZIER


GAZIER, s. m. [2e é fer. On ne prononce point l' r. Ga-zié.] Ouvrier en gâze.

GAZON


GAZON, s. m. GAZONEMENT, s. m. GAZONER, v. a. [3e e muet au 2d, é fer. au 3e: neman, né.] Gazon, terre couverte d' herbe courte et menue. "Un siège, un lit de gazon. = Gazoner, revétir de gazon. Gazonement, action de gazoner, ou l' emploi qu' on fait des gazons pour quelque ouvrage.

GAZOUILLEMENT


GAZOUILLEMENT, s. m. GAZOUILLER, v. n. [Ga-zou-glie-man, glié: 3e e muet au 1er, é fer. au 2d: mouillez les ll.] Faire un petit bruit, doux et agréable. Ils se disent au propre, des oiseaux et des ruisseaux; et au figuré, des jeunes enfans, qui comencent à parler. "Le gazouillement des oiseaux, d' un ruisseau, d' un jeune enfant. "Entendez les oiseaux qui gazouillent. "Ruisseau qui gazouille en coulant sur des cailloux. "Cet enfant comence à gazouiller. = L' Acad. ne le dit point des enfans. = On a dit autrefois gazouillis pour gazouillement. Je crois que les Poètes peuvent s' en servir encore, quand ce mot les acomodera mieux.

GEAI


GEAI, s. m. [Monos. Gé: é fer.] Oiseau d' un plumage bigarré, qui est du genre de ceux auxquels on aprend à parler.

GÉANT


GÉANT, GÉANTE, s. m. et f. [1re é fer. 2e lon. = On a dit autrefois, géante, ou géanne. Le 1er est le plus usité, dit La Touche; on peut dire aujourd' hui qu' il est le seul en usage. L' Acad. ne dit point le 2d, et l' analogie ne lui est point favorable; car, puisqu' on dit géant avec un t, il est plus naturel de dire géante, que géane.] Celui ou celle qui excède de beaucoup la taille ordinaire des hommes. "C' est un géant, une géante. "Taille, statûre de géant. = Aler à pas de géant, c' est, figurément, faire de grands progrès dans quelque chose que ce soit. = Cette expression est de tous les styles.

GEINDRE


GEINDRE, v. n. Gémir, se plaindre. "Il ne fait que Geindre. Rich. "Elle geint continuellement. Acad. "Toute la nuit elle n' a fait que geindre et sangloter. Th. d' Éduc. C' est une fille de boutique qui parle. = Il y a bien long-temps que Richelet a remarqué que ce mot était vieux, et qu' il ne pouvait trouver place que dans le style le plus bâs. L' Acad. se contente de dire qu' il est du st. fam. Elle ajoute qu' il ne s' emploie guere que pour blâmer ceux qui se plaignent dans la moindre incomodité.

GÉLATINEUX


GÉLATINEUX, EûSE, adj. GELÉE, s. f. GELER, v. n. et a. [1re é fer. aux deux 1ers, e muet aux 2 autres: 2e é fer. au 3e et 4e: le 4e est lon. aux 2 1ers: neû, neû-ze.] Gélatineux, qui ressemble à une gelée (n°. 2°.) Suc gélatineux; matière gélatineûse. _ Ce mot n' est guère en usage que parmi les Savans. = Gelée, est 1°. grand froid qui glace. "Une forte gelée. = Gelée blanche, petite bruine froide et blanche, qui parait le matin sur les herbes, etc. = 2°. Suc de viande congelé et clarifié. "Manger de la gelée. = C' est aussi du jus que l' on tire de quelques fruits, cuits avec le sucre, et qui prend la consistance de la gelée. "Gelée de groseille. = Geler, endurcir par le froid. "Le froid a été si grand, qu' il a gelé le vin dans les caves. "Il a gelé~ les vignes: il les a gâtées quand elles étaient en boutons. = Par exagération, causer du froid. "Vous m' avez gelé les mains. "Je suis tout gelé. "Je suis gelé de froid. = Fig. On dit d' un homme qui a l' abord extrêmement froid, qu' il gèle tous ceux qui l' aprochent. = V. n. "La rivière a gelé. "Les pieds lui ont gelé. "On gèle dans cette chambre: on y a extrêmement froid. = V. réc. "L' eau se gèle: le froid était si grand que le vin se gelait dans le verre. = V. impers. "Il gèle. "Il a gelé bien serré. "Il gèle à pierre fendre. Je suis tout le jour à troter dans le bois. Sév. = Le proverbe dit: plus il gèle, plus il étreint, ce qui se dit au propre; et au figuré, pour dire que plus un mal dûre, plus il est dificile à suporter. "Il a le bec gelé: il est interdit: il ne dit mot.
   Rem. 1°. Dans le v. geler, le 1er e se change en è moy. devant la syll. fém. il gèle, il gèlera, etc.
   2°. * Se geler, ne se dit point des persones: c' est un gasconisme que de dire: je me gèle quoiqu' au près d' un bon feu: on doit dire: je gèle.

GÉLINE


GÉLINE, s. f. GÉLINOTE, s. f. [1re é fer. Acad. _ le Rich. Port. et Trév. ne mettent point d' accent sur l' e.] Le 1er signifiait une poule, (gallina) il est vieux. On dit encôre le 2d qui en est le diminutif, pour signifier une jeune poule engraissée. = On le dit aussi d' une petite poule sauvage, plus délicate encore à manger que la perdrix, avec laquelle elle a beaucoup de ressemblance. "Gélinote de bois ou simplement, gélinote.

GÉMEAUX


GÉMEAUX, s. m. pl. [1re é fer. Acad. le Dict. d' Ort. et Trév. ne mettent point d' accent sur l' e.] C' est la même chôse que jumeaux, mais il ne s' emploie qu' en parlant d' un des douze signes du Zodiaque.

GÉMIR


GÉMIR, v. n. GÉMISSANT, ANTE, adj. GÉMISSEMENT, s. m. [Gémi, san, sante, ceman: 1re é fer. 3e lon. au 2d et au 3e, e muet au dern.] Gémir a diférens sens, suivant les prépositions qu' il régit. Gémir de ou sur, c' est pleurer, se plaindre: gémir de ses péchés devant Dieu. Gémir sur les pécheurs, sur les désordres, etc. = Gémir sous, c' est être acablé, succomber. * Madame de B... a mis l' un pour l' aûtre. "L' opression dont les Provinces gémissaient. Hist. d' Angl. Il falait dire, sous laquelle, etc. = Gémir, se dit de certains animaux, de la colombe, de la tourterelle. Les Poètes font même gémir les chôses inanimées. "Les terribles marteaux, qui, frapant l' enclume, faisaient gémir les profondes cavernes de la terre. Télém. "L' enclume gémissait sous les coups redoublés. Ib.
   GÉMISSANT, ANTE, qui gémit. Le masc. suit toujours le subst. le fém. peut quelquefois le précéder.
   Que de son peuple gémissant.
   Sa main soulage les misères.
       Rouss.
Colombe gémissante, ou gémissante colombe.
  Entends ma gémissante voix.
      Hipp. et Aricie.
GÉMISSEMENT, plainte douloureûse. "Le gémissement des blessés, des mourans, de la colombe.

GEMME


GEMME, adj. [Em, n' a pas le son d' an: pron. gèmme~.] Il se dit du sel fossile; qui se tire des mines.

GêNANT


GêNANT, ANTE, adj. [1re et 2e lon.] Qui contraint, qui gêne. "Homme, emploi gênant. "Sa conversation est fort gênante.

GENCIVE


GENCIVE, s. f. [Jancîve: 1re et 2e lon. 3e e muet.] La chair qui est autour des dents.

GENDARME


GENDARME, s. m. Se GENDARMER, v. réc. GENDARMERIE, s. f. [Jandarme, mé, merie, 3e e muet au 1er et au dern. é fer. au 2d.] Gendarme, était autrefois un homme armé de toutes pièces, qui avait sous lui deux aûtres cavaliers. Aujourd' hui, c' est un cavalier de certaines compagnies d' ordonance. "Gendarme du Roi. "Les Gendarmes de la garde, etc. = Gendarmerie, tout le corps des gendarmes et des chevau-légers, aûtres que les gendarmes et les chevau-légers de la garde du Roi.
   SE GENDARMER, se fâcher mal à propôs, et pour une caûse légère. "Il n' y a pas de quoi se tant gendarmer. "Pourquoi vous gendarmez-vous là dessus. = Dabord l' Acad. n' en distinguait point l' usage: dans la dern. Édit. elle ne l' atribûe qu' au style familier. = Suivant l' ancien Trév. on pourrait dire aussi gendarmer quelqu' un contre un aûtre: mais si c' était l' usage aûtrefois, de quoi je doute, ce ne l' est plus aujourd' hui.

GENDRE


GENDRE, s. m. [Jandre: 1re lon. 2e e muet.] Celui qui a épousé la fille de quelqu' un. "C' est mon gendre, votre gendre, son gendre. "Prendre ou choisir quelqu' un pour gendre. = Le Proverbe dit : quand la fille est mariée, on troûve beaucoup, ou il y a assez de gendres, ce qui se dit figurément des autres afaires, pour dire, que quand elles sont faites, on troûve beaucoup de secours et de moyens, qui ne se présentaient pas, quand elles étaient à faire. = Faire d' une fille deux gendres, promettre une même chôse à deux persones.

GêNE


GêNE, s. f. GêNER, v. act. [1re ê ouv. et long: il est plus ouvert au 1er, et devant la syll. fém. qu' au 2d, et devant la syll. masc.] Gêne, est 1°. tortûre, peine qu' on fait soufrir à un criminel pour lui faire avouer la vérité. Acad. = On le disait aussi simplement pour tourment.
   Non, non, l' enfer n' a point de gêne.
   Qui ne soit pour ton crime une trop douce peine.
       Mol.
Il est peu usité en ce sens. _ On le dit plus souvent des soldats qui font soufrir, injustement et par violence, ceux dont ils veulent tirer de l' argent. "Ils mirent ce paûvre paysan à la gêne, pour lui faire avouer où était son argent. _ 2°. Son usage ordinaire est pour signifier une contrainte fâcheûse; un état violent, où l' on se trouve réduit. "C' est une terrible gêne de n' oser jamais dire ce qu' on pense. "La rime et la mesûre mettent l' esprit du Poète à la gêne. "La crainte du blâme et du mépris tiènent le vice comme à la gêne. MARM.
   REM. Gênes, dans le sens de douleurs est vieux.
   Sur le duvet d' un lit, théâtre de ses gênes.       BOIL.
  C' est le Seigneur qui nous guérit,
  Il prévient nos besoins, il adoucit nos gênes.
  Il délie, il brise nos chaînes.
      Rouss.
L' exactitude de la rime a fait préférer à Rousseau, gênes à peines. = Se doner la gêne, se mettre l' esprit à la gêne, s' inquiéter, se tourmenter. _ Il n' a le sens de peine d' esprit que dans ces phrâses; on ne dirait pas sa gêne, ni mes gênes.
   GêNER, v. act. 1°. Incomoder, contraindre les mouvemens du corps. "Cet habit le gêne. "Ce corps de jupe la gêne beaucoup. = 2°. Tenir en contrainte. "Ne vous gênez pas: je ne veux pas vous gêner. "Dans chaque état on ne voit de loin que ce qui plait, et de près que ce qui gêne. SEGAUD. "La rime gêne beaucoup les poètes. On dit qu' on est gêné par le terrein, etc. quand il ne laisse pas la liberté de bâtir comme on voudrait; ce qui se dit aussi figurément d' un ouvrage, d' une afaire. = Gêné, ée, adj. Contraint. "Air gêné; taille, démarche gênée, etc.
   REM. * Autrefois les Poètes disaient se gêner, pour se tourmenter.
   Quoi! ne vous plairez-vous qu' à vous gêner sans cesse.       RAC. Bérén.

GÉNÉALOGIE


GÉNÉALOGIE, s. f. GÉNÉALOGIQUE, adj. GÉNÉALOGISTE, s. m. [1re et 2e é fer. dern. e muet.] Généalogie, est la suite et le dénombrement des ancêtres, et quelquefois des diférentes branches d' une famille, qui remontent à une souche comune. = Généalogique, qui apartient à la généalogie. "Arbre, histoire, table généalogique. = Généalogiste, qui dresse, ou qui fait des généalogies.

GêNER


GêNER, Voy. GêNE.

GÉNÉRAL


GÉNÉRAL, ALE, adj. GÉNÉRALEMENT, adv. GÉNÉRALAT, s. m. [1re et 2e é fer. 4e e muet au 2d, et au 3e où en a le son d' an: généraleman.] Général, dit des chôses. Universel, qui est comun à un grand nombre. "Réglément, concile, consentement général. Maxime, règle, aprobation générale. = Général, universel, (synon.) ce qui est général regarde le plus grand nombre des particuliers, ou tout le monde, en grôs: ce qui est universel regarde tous les particuliers, ou tout le monde, en détail. "Le gouvernement des Princes n' a pour objet que le bien général; mais la Providence de Dieu est universelle. GIR. Synon. = En parlant des persones, qui a un comandement ou une administration d' une grande étendûe. Lieutenant général des armées du Roi. Colonel général. Trésorier, Receveur général, etc. = S. m. Il se dit ou de celui qui comande en chef une armée, ou du Supérieur général d' un Ordre Religieux. = Généralat, ne se dit que dans cette acception, pour signifier la dignité du général, et le temps que dure son autorité. Il se dit sur-tout de l' Emploi du premier supérieur d' un ordre. On ne le dit guère d' un général d' armée. = En général, adv. d' une manière générale. "Tant en général qu' en particulier. = Généralement, universellement. "Il a été généralement aprouvé. "Généralement parlant, qui est infidèle à Dieu, n' est point fidèle aux hommes.

GÉNÉRALISER


GÉNÉRALISER, v. act. [Généralizé: 1re, 2e et dern. é fer. l' i est long devant l' e muet: il généralîse, généralîsera.] Rendre général. "Généraliser un principe, une méthode, une hypothèse, etc.

GÉNÉRALISSIME


GÉNÉRALISSIME, s. m. Celui qui dans une armée comande aux généraux eux mêmes.

GÉNÉRALITÉ


GÉNÉRALITÉ, s. f. Qualité de ce qui est général. "Beaucoup de propositions, de maximes sont faûsses dans leur généralité. = Au pluriel, discours vagues. "Il n' a dit que des généralités, qui n' avaient qu' un raport indirect au sujet qu' il traitait, et qui ne nous ont rien apris. = En France on apèle Généralité l' étendûe de la Juridiction d' un Bureau des Trésoriers généraux de France. "Généralité de Paris, de Moulins, etc.

GÉNÉRATEUR


GÉNÉRATEUR, TRICE, adj. GÉNÉRATIF, IVE, adj. GÉNÉRATION, s. f. [1re et 2e é fer. tion, dans le dernier, se prononce comme cion en prôse, et ci-on en vers.] Le 1er adjectif est un terme de Géométrie. Qui engendre. Point générateur d' une ligne; ligne génératrice d' une surface. = Le 2d est du discours comun. Qui apartient à la génération. "Vertu générative. Il est peu usité. = Génération, est ou l' action d' engendrer: habile ou inhabile à la génération, ou la postérité d' une persone; la génération de Noë, de Jacob. Jusqu' à la 3e et 4e génération. "De génération en génération. = En parlant des chôses, production. "La génération des plantes, des métaux, etc.

GÉNÉREUX


GÉNÉREUX, EûSE, adj. GÉNÉREûSEMENT, adv. GÉNÉROSITÉ, s. f. [1re et 2e é fer. 3e lon. aux 3 premiers, reû, reû-ze, zeman, rozité.] Généreux, est 1°. Magnanime. "Homme généreux, Princesse généreûse. Coeur généreux, âme généreûse. Sentiment généreux; résolution généreûse, etc. = 2°. Libéral. "Il est généreux; il a l' âme généreûse; il aime à doner. = 3°. En parlant de quelques animaux; hardi. "Lion, aigle, coursier généreux.
   GÉNÉREûSEMENT, D' une manière généreûse, dans les deux premiers sens. "Combatre, se défendre généreûsement. Pardoner; en user généreûsement.
   GÉNÉROSITÉ. Magnanimité, ou libéralité. Exercer, faire paraître sa générosité.
   REM. 1°. Généreux, aime assez à précéder le nom qu' il modifie, du moins dans le discours soutenu. "Généreux étranger. Gress. "Généreux guerrier. Jér. Dél. "Un généreux dépit, enfant du courage et de la raison, s' empâre de son âme et en bannit la honte. Ibid.
   2°. Brebeuf et Corneille ont employé généreux substantivement.
   ....Ces cruels généreux.
   Font voir ce que la guerre a de plus rigoureux.
       Breb.
  Ces cruels généreux n' y peuvent consentir.
      Corn.
3°. Dans le siècle dernier, on donait à généreux et a générosité une signification plus étendue. Outre le sens de magnanime, courageux, libéral, on leur donnait encôre celui de sensible, sensibilité. "Je ne suis pas moins généreux, dit Voiture, à ressentir cette faveur que vous l' avez été à me la faire. "Ce serait manquer d' esprit, de générosité et de vertu que de ne pas aimer parfaitement une persone en qui toutes ces chôses se trouvent en un tel point. Id. etc.

GÉNèSE


GÉNèSE, s. f. [Génèze: 1re é fer. 2e è moy. et long: 3e e muet.] Le premier des livres de l' ancien Testament.

GENêT


GENêT, s. m. GENETTE, s. f. [1re e muet, 2e ê ouv. au 1er, è moy. au 2d.] Genêt, est le nom d' un arbuste, qui a les fleurs jaûnes. = C' est aussi le nom d' une espèce de cheval d' Espagne entier. Alors on doit écrire genet sans accent sur le 2d e. = Genette, espèce de chat sauvage, dont la peau s' emploie en fourrûres. = À~ la genette, adv. "Aler à cheval à la genette; avec les étriers fort courts, comme font les Turcs.

GENEVOIS


GENEVOIS, OISE, adj. [Genevoâ, voâ-ze: 1re et 2e e muet; 3e lon.] Nos anciens apelaient genevois les citoyens de Gènes. Aujourd' hui on les apèle Génois; et l' on ne done le nom de Genevois qu' à ceux de Genève.

GENEVRIER


GENEVRIER, s. m. Suivant La Touche. Il se dit de l' arbrisseau, et genièvre du fruit ou de la baie, que ce gramairien écrit génèvre. _ L' Acad. ne dit que Genièvre pour l' un et pour l' aûtre. Voy. ce mot. = Richelet met genevre, genievre et genevrier, et selon lui le plus usité est le 1er, et ensuite le 2d: c' est tout le contraire aujourd' hui. = Quelques-uns, dit M. de Wailly dans le Rich. Port. disent genevre pour la graine, et genevrier pour l' arbuste. = Le Dict. de Trév. dit Genévrier (avec un accent sur le 2d e) de l' arbrisseau et genièvre du fruit, en ajoutant que quelques-uns disent genèvre.

GÉNIE


GÉNIE, s. m. [1re é fer. 2e lon. 3e e muet.] 1°. C' était chez les anciens ce qu' ange est parmi nous. On disait: bon ou mauvais génie. Le génie de Socrate. Poussé par son mauvais génie, etc. On dit encôre par un reste de langage païen: le génie de la France, l' ange tutelaire de la France; le génîe de la Peintûre, de la Poésie, de la Musique; le génie qu' on supôse présider à chacun de ses Arts. = 2°. Talent de l' esprit. "Avoir du génie pour les afaires, pour la poésie, etc. suivre ou forcer son génie, etc. "Le génie de la philosophie a ses écarts comme celui du Poète. Les Helv. _ "Qu' on reconoisse en lui plutôt leur génie et leur caractère, (des anciens orateurs) que leurs pensées et leurs expressions. D' Aguess. = Génie, talent. (Synon.) Le 1er parait plus intérieur, et tenir un peu de l' esprit inventif: le 2d semble être plus extérieur, et tenir d' avantage d' une exécution brillante. On a le génie de la Poésie et de la Peintûre: on a le talent de parler et de déclamer. "Tel qui a du génie pour composer n' a point de talent pour débiter. GIR. Synon. = 3°. Génie, se prend quelquefois pour la persone qui a du génie: mais on ne peut l' employer dans toutes les ocasions où l' on emploierait le nom de la persone. On dira bien: cet homme est un beau, un grand génie; un génie supérieur: les productions de ce grand génie ont illustré sa nation, etc. mais je ne crois pas qu' on doive dire avec M. de Wailly, parlant de Corneille, et donant un nouveau tour à une phrâse de Racine, que: "Deux jours après la mort de ce grand génie, le Roi lui envoya des marques de sa libéralité. Qu' est-ce que la mort d' un génie, et un génie qui reçoit des libéralités? Voy. ÂME. Voy. LUI. = Travailler de génie, c' est faire quelque chôse de sa propre invention. "Cette gêne et ce travail servile éteindraient tout le feu de son imagination: il ne travailleroit plus de génie TÉLÉM. "Pour réussir en quelque genre que ce soit, l' on doit étudier son talent et le suivre; en un mot travailler de génie. ANON. = 4°. Le génie d' une Langue est le caractère propre et distinctif de cette langue = 5°. Génie, est aussi l' art de fortifier, d' ataquer et de défendre les places, les postes, les camps; et l' exercice de cet art; et le corps des militaires, qui l' exercent, des Ingénieurs. "Il est, il s' est mis dans le génie.

GENIèVRE


GENIèVRE, s. m. [1re et dern. e muet, 2e è moy. et long.] Arbuste, qui porte un petit fruit rond et noir comme le laurier; et le fruit, la graine même du genièvre. "Brûler du bois de genièvre. Manger du genièvre. Extrait de genièvre. Voy. GENEVRIER.

GÉNISSE


GÉNISSE, s. f. [Génice: 1re é fer. dern. e muet.] Jeune vache, qui n' a point porté.

GÉNITIF


GÉNITIF, s. m. [1er é fer. On prononce l' f finale.] Second câs de la déclinaison des noms. 1°. Il exprime le raport d' une chôse, qui apartient à une aûtre, de quelque manière que ce soit; comme le raport du tout à la partie; un membre du corps; du sujet à l' atribut: utilité des sciences; de l' atribut au sujet: fleurs d' odeur agréable; de la caûse à l' éfet: l' ouvrage de Dieu; de l' éfet à la caûse: le Créateur du Monde; de la matière au composé; vaisselle~ d' argent; de l' objet aux actes de notre âme: l' amour de Dieu; du possesseur à la chôse possédée: les États du Roi; de la chôse possédée au possesseur: le Roi de France, etc. etc. = 2°. Le génitif se trouve à la suite des noms, soit substantifs, soit adjectifs: avide de gloire, jaloux de sa réputation, etc. Il est aussi précédé~ de certains adverbes et de certaines prépositions ou conjonctions, comme autour de lui, près~ de vous, à fleur d' eau, etc. = 3°. Le génitif est désigné en français par l' article du au masculin, devant une consone ou une h aspirée; du bien, du héros; par de l' devant une voyèle ou une h muette; de l' amour, de l' homme; par de la devant les féminins, qui comencent par une consone; de la grâce; par de l' , quand ils comencent par une voyèle, de l' abondance; par des devant tous les pluriels masculins ou féminins; des biens, des héros, des amours, des hommes, des grâces, etc.
   Rem. I. Quelquefois, et sur-tout en vers, le génitif précède élégamment le nom, qui le régit et parait même à la tête de la phrâse. _ On creûse les fôssés: on élève les murs:
   De ceux de ses voisins, on jure la ruine.       L. Rac.
Mais aussi il faut éviter les inversions dûres. Ex.
  C' est l' heureux fondateur d' un empire naissant,
  Que d' un nouvel empire alarme la naissance.      Id.
Avec bien, tous, celui, il fait fort bien à la tête de la phrâse: "De bien des gens, il n' y a que le nom, qui vale quelque chôse. La Bruyère. "De tous ceux que j' ai vus, c' est le plus aimable. "De tous les livres que vous m' avez envoyés, c' est celui que j' aime le plus.
   II. C' est pécher contre la construction et la netteté du discours, que de trop éloigner le génitif du nom, qui le régit. Les phrâses suivantes ont ce défaut. "L' objection, qu' il vouloit détruire de ma lettre pastorale, étoit, etc. l' Auteur a voulu éviter l' équivoque, qu' aurait produit le que relatif suivant immédiatement la Lettre pastorale, s' il l' avoit mis après objection. In vitium ducit culp‘ fuga. On veut fuir un défaut, on tombe dans un aûtre. = Fontenelle dit aussi: le nombre est fort grand des orâcles, qui se rendoient par des songes. C' est le même vice dans la construction~.
   III. Quand le génitif est régi par deux noms diférens, il doit être placé après le second. "Tournant en prudence ou la petitesse de son esprit, ou le peu de grandeur. St. ÉVR, Il falait dire, ou la petitesse, ou le peu de grandeur de son esprit.

GÉNITûRE


*GÉNITûRE, s. f. Ce qu' un homme a engendré. Il est vieux et n' est bon que pour le style comique ou plaisant. On le disait aûtrefois sérieûsement et même élégamment. "Royale génitûre. MAROT. = La Fontaine l' a employé dans ses Fâbles, et c' est le style qui lui convient.
   Il avint qu' au hibou Dieu dona génïtûre...
   Un père eut pour toute lignée
   Un fils, qu' il aima trop, jusques à consulter,
   Sur le sort de sa génitûre.
   Les diseurs de bonne aventûre.

GENOU


GENOU, ou GENOUIL, s. m. [1re e muet. = Pendant long-temps on a dit l' un et l' aûtre; et genouillère, s' agenouiller montraient que le 2d était plus conforme à l' analogie. On ne dit plus que le 1er.] Partie du corps humain qui joint la cuisse à la jambe, par devant. "L' os du genou. "Avoir les genoux fermes ou foibles, tremblans, etc. "Être, se mettre à genoux. "Plier le genou ou les genoux. "Parler, prier à genoux; le genou en terre. = Demander à genoux, à deux genoux, ne signifie quelquefois que demander avec un grand empressement. = Fig. Fléchir le genou devant quelqu' un, c' est lui céder, se soumettre. _ Fléchir les genoux devant les idoles: les adorer.
   Rem. Dans le temps qu' on disait indiféremment genou ou genouil au singulier, on disait toujours à genoux et non pas à genouil, comme dit l' Ab. Dubos. "St. Pierre tenant ses clefs, et à genouil devant J. C. etc. Il faut dire, à genoux. = L' Acad. reprit aûtrefois Corneille d' avoir dit.
   Madame à vos genoux j' aporte cette épée.
On peut bien aporter une épée aux pieds de quelqu' un, mais non pas aux genoux.

GENOVESAT


GENOVESAT, s. m. C' est le nom que d' Avrigni done à l' État de Gènes. "Les places ocupées dans le Genovesat s' étoient renduës, etc. Ce mot parait être de l' invention de cet Historien. On dit l' État de Gènes.

GENOUILLèRE


GENOUILLèRE, s. f. [1re e muet: 3e è moy. et long: mouillez les ll: ge-nou--gliè-re. Dans l' ancien Trév. On lit genouilliè--re.] Aûtrefois, la partie de l' armûre qui couvrait le genou. Aujourd' hui la partie de la botte, qui le coûvre.

GENRE


GENRE, s. m. [Janre: 1re lon. 2e e muet.] 1°. Ce qui est comun à diverses espèces. Dans la définition de l' homme: animal raisonable, le genre est animal, et l' espèce raisonable. = On dit, le genre humain, pour signifier tous les hommes ensemble. = 2°. Espèce, sorte, manière. "Cela est excellent, parfait, en son genre. "Il n' apartient pas au coupable de choisir le genre de son suplice. Chemin. = 3°. Style, manière. "Le genre simple, le genre sublime, le genre médiocre. C' est un genre d' écrire, qui ne me plairait pas. * On ne dirait pas pourtant un genre de peindre, un genre de composer.
   REM. Genre et sorte ont à peu près le même sens. Ainsi des richesses de toutes sortes de genres, comme dit l' Ab. Prévot. Hist. des Voyages, est évidemment un pléonasme, une répétition d' idées superflue; et a tout l' air d' un anglicisme, d' une traduction trop litérale. = À~ ce propôs, nous dirons de genre ce que nous disons ailleurs de sorte, espèce et aûtres mots semblables, que joint à tout, il doit être mis au singulier, quand il est sans article, et au pluriel, quand il est avec l' article. Ainsi l' on dira, de tout genre, en tout genre, et de tous les genres, en tous les genres. Voy. Espèce, Sorte, Tout. Je sais que plusieurs Auteurs estimables fournissent des exemples contraires; mais la raison, l' analogie et l' usage le plus comun, le plus ancien et le plus autorisé sont pour cette règle.
   4°. GENRE, en Gramaire, est dans l' origine, une manière de distinguer par l' expression, le sexe de l' homme de celui de la femme, et en général, ce qui est mâle ou femelle. Les latins avaient trois genres, le masculin, le féminin et le neutre. On ne conait en français que les deux premiers. On se sert de le ou un pour le masc. et de la ou une pour le fém. Ainsi dit-on, le père, le frère; un père, un frère; et la mère, la soeur, ou une mère, une soeur, etc. = Il y a pourtant un grand nombre de mots, qui n' ont aucun raport au sexe, et que l' usage a distingué en masculins et en féminins, on ne sait pas trop pourquoi, comme le livre, la table, etc. = Les substantifs n' ont qu' un genre, ou masculin ou féminin: les adjectifs en ont toujours deux; bon, bonne; savant, savante. Ceux qui sont terminés en e muet servent pour les deux genres; aimable, brave, comode, sage, etc.

GENT


GENT, s. f. [Jan: long. _ Au pluriel gens sans t.] 1°. Nation. Au Singulier, il est surané. Dict. Gram. "La gent qui porte le turban; les Turcs, la Nation des Turcs. Suivant l' Acad. on ne s' en sert que dans la Poésie: elle ne dit point dans quel genre de Poésie; mais ce n' est certainement pas dans la haute. = Au pluriel, il n' est d' usage en ce sens que dans cette phrâse, le droit des gens. = 2°. Persones. C' est sa signification ordinaire. Il n' a point de Singulier. Il est masc. quand l' Adjectif suit, et fém. quand il précède: "Voilà des gens bien sots; ce sont de sotes gens. = Tout est excepté de la règle. On dit tous les jeunes gens, tous les honêtes gens, et toutes les vieilles~ gens, toutes les bones gens, etc. Ainsi, il est masc. quand l' Adjectif est du genre comun, ou des deux genres, et fém. quand l' Adjectif est fém. = Il est encore à remarquer que, quand dans la phrâse il y a un Adjectif devant gens, et un Adjectif ou un Participe après, on doit mettre le féminin devant, et le masculin après. C' est-là une des bisarreries de l' usage; mais ces sortes d' irrégularités font en partie la beauté des langues. On dira donc: il y a de certaines gens, qui sont bien sots: ce sont les meilleures gens, que j' aie jamais vus. BOUH. "Les vieilles gens sont soupçonneux. Acad. = * Bossuet a dit, de tels gens pour de telles gens; et j' ai lû récemment dans l' Ann. Litt. "Quelques Philosophes de ce siècle tristes et chagrins, sans en être meilleurs gens, et dans le Journ. gén. de Fr. "C' est une manie qu' ont les vieux gens de lettres d' écrire, et de paperasser comme les aûtres vieillards. _ Ce qui a peut-être trompé ce dernier Écrivain, ordinairement très-correct, c' est qu' on dit tous les gens d' esprit, tous les gens de bien; mais tous est une exception à la Règle, comme nous l' avons dit plus haut. _ Il faut donc dire, sans en être meilleures gens. Et pour gens de lettres, je ne voudrais dire ni vieux, ni vieilles: l' un et l' aûtre me choque. Je dirais. "C' est une manie des gens de lettres, quand ils sont vieux d' écrire, etc. = Avec ces, on ajoute là, ou ci. On dit ces gens là, et non pas simplement ces gens, comme dit La Fontaine.
   Je crois que je deviendrai fou avec tous ces gens-ci.
       MOL.
= MÉNAGE a bien remarqué que gens ne se dit point d' un nombre déterminé, et qu' on ne dit point quatre gens, six gens etc. ("Il y a là vingt gens, qui sont fort assurés de n' entrer point. Mol. _ On doit alors se servir du mot persones.) Mais quand on met un Adjectif ou quelqu' autre chôse devant gens, alors on peut y joindre un nombre déterminé. On dit aussi cent gens, mille gens; mais là cent et mille signifient un nombre indéterminê. C' est le sexcenti des Latins. BOUH. = Plusieurs et quelques ne s' allient pas bien avec gens. On doit dire, plusieurs persones, quelques persones. * On ne dit pas, comme a fait Regnard. "Plusieurs gens l' ont tenté inutilement; ni comme La Touche. "On ne doit pas l' employer à tout propôs, comme font quelques gens. = Gens se dit quelquefois sans article. "Gens qui se conaissent en allégories, etc. "Il avait à faire à gens, dont l' obstination était au dessus de ses artifices. "Tous gens à beaucoup entreprendre. J. J. Rouss. = Gens, persones (syn.) Le 1er dit quelque chôse de général, et de vague; le 2d quelque chôse de particulier, et de déterminé. Vous direz plutôt gens, lorsque vous parlerez d' une foule ou d' un nombre confus, sans conoître ni pouvoir spécifier qui: vous direz persones, lorsque vous pourrez parler de tels et tels, sans vouloir les nomer. Un bruit vague, ce sont des gens, qui le répandent: un raport particulier, ce sont des persones, qui le font, etc. ROUB. SYNON. = 3°. Gens, se dit pour les Domestiques mâles, comme femmes, tout seul pour les femmes de chambre. "Sont-ce là vos gens? Est-ce un des gens de Monsieur, que je viens d' entendre avec vous? Marm. = 4°. Ceux qui sont d' un même parti: "Nos gens ont batu les vôtres: ils ont été batus; ou d' une même partie: "Tous nos gens sont arrivés. = 5°. Suivi de la prép. de, il désigne une profession, une qualité, comune à plusieurs. "Les gens de lettres; les gens d' Église; les gens de robe, de finance; les gens de mer; les gens de bien. Ce sont toutes expressions consacrées: il n' est pas permis d' en inventer de nouvelles. On dirait mal, les gens d' écriture; pour dire, les Négocians, les Écrivains. "Plusieurs gens de plume, dit M. Le Suirre... ont formé des entreprises littéraires. _ L' expression est ridicule. "Les atteintes de l' envie sont inséparables des gens d' Arts, comme des gens de Lettres. L' Ab. Fontenai. _ Les gens d' Arts n' est pas une locution admise par l' usage. Si c' est un néologisme, il n' est pas heureux. _ Voy. Lettres.

GENT


*GENT, GENTE, adj. Il s' est dit autrefois pour gentil, gentille.
   Gente de corps et de façon.
       Marot.
  De gent amour la belle trame.
      Idem.
Il n' est plus bon que pour le style marotique.
   Gente épigramme, et plaisante satyre.
       Rouss.

GENT-D' ARME


*GENT-D' ARME. C' est ainsi qu' on écrivait anciènement: on écrit aujourd' hui Gendarme, sans t et sans tiret. Mais de quelque manière qu' on l' écrive, il ne doit se dire que des troupes modernes. On est surpris d' entendre parler de Gendarmes grecs ou romains.
   Le Gent-d' arme, à ces mots, tout fier et tout fumant,
   Pousse vers l' ennemi son coursier écumant.
       Bréb.
* Mme. de B... (Hist. d' Angl.) a encôre écrit gens d' armes. "Ils leur envoyèrent 1500 gens d' armes: Ailleurs elle dit, hommes d' armes, qui vaut mieux, pour le tems de la Chevalerie.

GENTIL


GENTIL, ILLE, adj. GENTILLESSE, s. f. GENTIMENT, adv. [Janti: on ne prononce point l' l devant une consone: gentil Cavalier: on la mouille devant une voyelle: gentil amant: on mouille aussi les ll au 2d et au 3e: janti-glie, gliè-ce: 4e e muet au 2d, è moy. au 3e: jantiman.] Gentil, 1°. joli, agréable, gracieux. Il se dit des persones et des chôses, qui ont trait à la persone. "Il est gentil: elle est fort gentille. "Ouvrage fort gentil. "C' est une gentille invention. = Il se dit quelquefois ironiquement. "Vous êtes un gentil garçon: vous faites là un gentil métier; un gentil personage. = 2°. Il signifie aussi païen , idolâtre. "Il était fils d' un père gentil. On ne le dit point au fém. on ne dirait pas bien, une mère gentille. Voy. les Nouv. Syn. Franc. de M. l' Ab. Roubaud. = On l' emploie plus ordinairement au pluriel, et substantivement. "Les Juifs apelaient gentils, tous ceux qui n' étaient pas de leur nation, ou au moins, de leur religion. St. Paul est apelé l' Apôtre des Gentils.
   GENTILLESSE, grâce, agrément. "La gentillesse d' un enfant. "Il a de la gentillesse dans l' esprit. "On doit admirer la gentillesse de ses inventions. = Au pluriel, tours de souplesse. "Il a dressé son chien à mille gentillesses; ou, petites curiosités: "Il a mille petites gentillesses dans son cabinet.
   GENTIMENT, joliment, d' une manière gentille. Son usage ne pâsse pas le discours familier. Suivant l' Acad. il ne se dit guère qu' en plaisantant, et par une espèce de dérision. "Vous voilà gentiment acomodé, dit on, à quelqu' un qui revient tout éclaboussé. "Vous voilà gentiment coifée, mal coifée. _ Je crois pourtant qu' on peut le dire sérieusement et en louant; témoin cette phrâse de Mme. de Sévigné. "J' ai été fort aise de savoir... que le petit discours a été bien et gentiment prononcé.
   Rem. 1°. Devant le mot homme, l' adj. gentil a un tout autre sens que quand il est placé aprês. Un Gentilhomme, est un homme d' extraction noble. Un homme gentil est celui qui est gai, vif, joli, etc.
   2°. On a dit autrefois gentillement, pour gentiment: il ne se dit plus.

GENTILHOMME


GENTILHOMME, s. m. GENTILHOMMERIE, s. f. GENTILHOMMIèRE, s. fém. [On mouille l' l à ces trois mots: janti--glio-me, meri-e, miè-re: 1re lon. 4e e muet aux deux premiers, è moyen et long au 3e. Au pluriel, Gentilshommes, prononcez jantizome.] Gentilhomme se dit parmi nous de celui qui est noble de race. "Un bon Gentilhomme. Un Gentilhomme d' anciène extraction. Gentilhomme de nom et d' armes. = Gentilhommerie, la qualité de Gentilhomme. Gentilhommière, petite maison de Gentilhomme, à la campagne. Il me parait qu' ils ne se disent l' un et l' autre que par dérision. L' Académie les met sans remarque. Elle met en exemple, une jolie gentilhommière. Elle n' indique le mépris qu' au mot gentilhommerie. "On ne fait pas grand cas de sa gentilhommerie.
   Rem. 1°. Le mot de Gentilhomme, comme celui de Dame, ne convient qu' aux nations Européennes. Il est ridicule, ce me semble, d' apeler Gentilshommes des nobles Japonais. Le mot de noble est plus général. "Ce Gentilhomme, dit le P. de Charlevoix, parlant d' un Japonais, se trouva tout changé. * Un Auteur ascétique, qui n' est pas bien ancien, apèle Nicodème un Saint Gentilhomme. Cela serait ridicule aujourd' hui.
   2°. Plusieurs Traducteurs de Livres Anglais traduisent le mot anglais gentleman, par le mot français Gentilhomme. Mais Boyer avertit qu' il n' a ce sens qu' abusivement; et qu' il ne signifie, dans le fond, que, homme au dessus du peuple.
   On apèle, proverbialement, troc de gentilhomme, lorsqu' on troque but-à-but, sans retirer d' argent en retour de part ni d' autre.

GENTILITÉ


GENTILITÉ, s. f. [Jantilité: 1re lon. dern. é fer.] 1°. Les Nations Païènes. Toute la gentilité. = 2°. La profession d' idolâtrie. "On trouvait encôre dans ce pays, des marques de gentilité. = Il n' est usité dans les deux sens, que dans le langage de la Religion. Voy. GENTIL; n°. 2°.

GENTILLâTRE


GENTILLâTRE, s. m. [Janti-gliâ-tre: mouillez les ll: 3e lon.] Il ne se dit que par mépris. Gentilhomme dont on fait peu de câs.

GENTILLESSE


GENTILLESSE, GENTILLEMENT, GENTIMENT. Voy. après GENTIL.

GÉNUFLEXION


GÉNUFLEXION, s. fém. [Génuflèk--cion, en vers, ci-on: 1re é fer. 3e è moy.] L' action de fléchir le genou jusqu' à terre. "Faire une génuflèxion; des génuflèxions.

GEO


GEO. Dans tous les mots qui comencent par ces trois lettres, eo est de deux syllabes, et l' on doit mettre l' accent aigu sur l' e, excepté dans geolage, geole, geolier, geolière, George, où il n' en faut qu' une.

GÉOGRAPHE


GÉOGRAPHE, s. m. GÉOGRAPHIE, s. fém. GÉOGRAPHIQUE, adj. [1re é fermé, dern. e muet.] La Géographie est une science qui enseigne la position de toutes les régions de la terre, les unes à l' égard des autres, et par raport au Cièl, etc. = Géographe, celui qui sait la géographie. On le dit plus particulièrement de celui qui fait des cartes géographiques. = Géographique, qui concerne la géographie. "Description géographique; Dictionaire géographique,

GEOLAGE


GEOLAGE, s. m. GEOLE, s. f. GEOLIER, IèRE, s. m. et fém. [Jolage, jole, lié, liè-re; 2e e muet au 2d, é fer. au 3e, è moy. et long au 4e.] Geole, prison, en termes de Palais. Geolage, droit qu' on paye au Geolier. Geolier, concierge de la prison. Geolière, femme du Geolier. Voyez CONCIERGE et CONCIERGERIE.

GÉOMANCE


GÉOMANCE, ou GÉOMANCIE, s. fém. GÉOMANCIEN, s. masc. [1re é fer. 3e lon. = L' Académie ne met que Géomance: M. de Wailly préfère Géomancie: le Dict. de Trév. les met tous deux. = Quelques Auteurs ont écrit géomantie, géomantien, aparemment par respect pour l' étymologie. C' est un respect poussé trop loin.] La géomance est une sorte de divination superstitieuse, qui se fait par le moyen de plusieurs points qu' on marque sur la terre ou sur du papier, au hazard, etc. Géomancien est celui qui pratique la géomance. L' Acad. dit aussi Géomancienne. = Trév. et le Rich. Port. ajoutent géomantique, qui a raport à la géomancie. = Tous ces mots sont peut usités, parce que cette sorte de superstition est fort peu en usage.

GÉOMÉTRAL


GÉOMÉTRAL, adj. masc. [1re et 3e é fer.] Il ne se dit qu' avec plan. On apèle plan géométral, celui où toutes les lignes d' une figûre sont marquées sans racourcissement.

GÉOMèTRE


GÉOMèTRE, s. m. GÉOMÉTRIE, s. f. GÉOMÉTRIQUE, adj. GÉOMÉTRIQUEMENT, adv. [1re é fer. 2e è moy. et long au 1er, é fer. aux aûtres.] Géométrie, science qui a pour objet tout ce qui est mesurable. = À~ la lettre, il signifie l' art de mesurer la terre: mais l' usage lui a doné un sens et un emploi plus étendu. = Géomètre, qui sait la Géométrie. Plusieurs apèlent de ce nom les Arpenteurs, mais c' est abusivement. = Géométrique, qui apartient à la géométrie. Géométriquement, d' une manière géométrique. "Ordre, proportion, démonstration géométrique. _ Esprit géométrique, juste, méthodique, qui procède géométriquement. "Cela est démontré géométriquement.:

GÉORGIQUES


GÉORGIQUES, s. f. pl. [Gé-orgike, 1re é fer. dern. e muet.] Poème didactique qui enseigne l' art de cultiver la terre. "Les Géorgiques de Virgile.

GER


GER: Terminaison de l' infinitif de certains verbes; juger, manger, obliger, etc. Dans les tems de ces verbes, où il se rencontre un a ou un o, il faut ajouter devant ces voyèles un e, qui ne se prononce pas, et qu' on ne met que pour doner au g un son doux qu' il n' a pas naturellement devant l' a et l' o. "Jugeant, il jugea, nous jugeames; nous jugeons, il jugeoit, etc.

GÉRANT


*GÉRANT, s. m. Qui gère. Ce mot a été employé par M. Linguet, et je le crois de son invention. "L' on reprochait à un des quatre gérans, l' énormité des sommes qu' ils absorboient.

GERBE


GERBE, s. fém. GERBÉE, s. fém. GERBER, v. act. [1re ê ouv. 2e e muet au 1er, é fermé aux deux autres, long au second.] Gerbe est, au propre, un faisceau de blé coupé. = On dit, figurément, une gerbe d' eau, pour dire, un assemblage de jets d' eau, qui forment comme une gerbe; et gerbe de feu, dans les feux d' artifice, pour signifier un assemblage de fusées, qui, partant toutes ensemble, représentent la figûre d' une gerbe. = Gerbée, bote de pâille, où il reste encôre quelques grains. Gerber, mettre en gerbe. "Il faut gerber ce froment.

GERBIER


GERBIER, s. m. Tâs de gerbes. Trév. _ L' Acad. ne met pas ce mot. Il est usité. en plusieurs Provinces. Quelques-uns même disent, gerberon, pour signifier petit gerbier.

GERCE


GERCE, s. f. Insecte qui ronge les habits et les livres.

GERCER


GERCER, v. act. GERÇûRE, s. f. [Gêr--sé, sûre: 1re ê ouv. 2e é fermé au 1er, lon. au 2d: autrefois on écrivait gerceure.] Gercer, c' est faire de petites crevasses à la peau. Gerçûres, sont ces petites crevasses. "Le froid gerce les lèvres, les mains. = On dit aussi que le soleil, la sècheresse gercent la terre. "Pommade bonne pour les gerçures.
   Rem. Gercer est aussi neutre et réciproq. "Les lèvres gercent, ou se gercent au grand froid. = Gerçure se dit, par extension, de fentes qui se font dans le fer, le bois ou la maçonerie.

GÉRER


GÉRER, v. act. [2 é fermés. = Devant la syllabe fémin. le 1er e se change en è moyen: il gère, gèrera. = L' Académie écrit gerer sans accent sur l' e. C' est le seul Dictionaire où ce mot soit écrit de la sorte.] Conduire, administrer. Il ne régit que les chôses: "Gérer les afaires de... gérer une tutelle.

GERFAUT


GERFAUT, s. m. [Gêrfô: 1re ê ouv. 2e lon.] Espèce d' oiseau de proie, du genre des faucons.

GERMAIN


GERMAIN, AINE, adj. [Gêr-mein, mène: 1re ê ouv. 2e è moyen au second.] Dans le discours ordinaire, il ne se dit qu' avec cousin et cousine, de ceux qui sont sortis de deux frères ou de deux soeurs, ou du frère et de la soeur. "C' est mon cousin germain, ma cousine germaine. = Quelques-uns disent oncle germain, tante germaine, pour les distinguer des oncles et des tantes qui ne le sont que par alliance. = Au Palais, on dit frère germain, pour dire, frère de père et de mère.
   Rem. Autrefois on faisait germain subst. On disait: il est mon germain; nous sommes germains. "Les mariages se pouvoient faire entre les germains. BOSS. Il est encôre aujourd' hui substantif dans ces expressions: issus de germains, qui sont sortis de deux cousins germains. = Il a le germain sur moi, sur vous; il est le cousin germain de mon ou de votre père, ou de ma ou votre mère. C' est ce qu' on apèle autrement, oncle à la mode de Bretagne.
   Germain, germanie, germanique, noms de peuple, ne se disent que des anciens peuples de l' Allemagne, ou en vers, de l' Allemagne moderne. "Les fiers Germains. ROUSS. Dans la Germanie. ID. "Le fer germanique. ID. _ Un sujet emprunté d' une Mûse Germaine. ANON. Le P. Fontenai dit dans le 12e siècle: "En Italie, en Germanie. Hist. de l' Égl. Gall. Il me semble que dès-lors et depuis du temps, on disait, en Allemagne.
   Germanisme, façon de parler propre de la langue allemande. "Les ouvrages de M. Formey sont pleins de germanismes.

GERME


GERME, s. masc. GERMER, v. neutre. GERMINATION, s. fém. [1re ê ouv. Dans le dernier, tion a le son de cion, en vers, ci-on.] Germe est, au propre, cette partie du grain ou de la semence qui pousse la première. "Le germe du blé, du gland, de l' amande. Le germe d' un oeuf. = Au fig. semence, caûse. "Un germe de procês, de querelle, etc. = Germer, pousser le germe au dehors. "Le blé commence à Germer. = Germination, terme de Botanique; premier dévelopement des parties contenûes dans le germe d' une semence. = * Formey dit, germement, mot barbâre.
   REM. Germe et germer sont fort à la mode au figuré. On ne voit dans les écrits modernes, que le germe des talens, et des talens qui germent; et "un génie qui nourrit, échaufe et fait germer les talens. THOMAS. Et ce qu' il y a d' admirable, c' est qu' ils sont nourris avant que de germer. = On a dit depuis plus long-tems, que la parole de Dieu a germé dans un coeur, pour dire, qu' elle y a fructifié.

GÉRONDIF


GÉRONDIF, s. masc. [1re é fermé. On prononce l' f finale.] C' est une inflexion du verbe, par laquelle on marque une signification subordonée à celle d' un aûtre verbe. "Qui empêche de dire la vérité en riant. _ Dans cette phrâse, dire la vérité est le verbe principal, auquel en riant est subordoné, comme exprimant un moyen de dire la vérité. = 1°. Le gérondif est indéclinable de sa natûre; c. à. d. qu' il n' admet jamais aucun changement dans sa terminaison en ant, à quelque genre et à quelque nombre qu' il se raporte. = 2°. La prép. en n' est pas toujours jointe au gérondif. Il y a des ocasions où elle est suprimée: par exemple, croyez-vous qu' agissant avec tant d' imprudence, vous méritiez la confiance de vos amis? Agissant pour en agissant. = Les gérondifs ayant et étant n' ont jamais la prép. en. Pour les aûtres, quoiqu' ils puissent s' en pâsser, il est toujours mieux de s' en servir; et on ne peut guère manquer en s' en servant. REGN. = Or, quand on veut juger si le terme est au gérondif ou au participe présent, il n' y a qu' à voir si on peut y joindre la prép. en, sans forcer ou gâter le sens, et sans faire violence à l' usage. Si elle peut s' y joindre de la sorte, le terme est employé au gérondif; si elle ne peut pas s' y joindre, c' est infailliblement un participe. _ Voici un exemple où cette préposition est inutile, et où il falait se contenter du participe. "Il s' enfuit en mourant de peur, et tomba encôre sur l' escalier en fuyant. VOLT. Le 2d en est bien: le 1er ne vaut rien: il falait dire, il s' enfuit mourant de peur. Car mourant est employé là comme adjectif. = 3°. Le gérondif n' est formé que du présent du participe. * Molière emploie mal-à-propos le prétérit. "Il ne le croira pas encôre en l' ayant vu. Dites, en le voyant, ou, après l' avoir vu. = 4°. Le gérondif se raporte toujours au nominatif du verbe, jamais au câs ou au régime. Ainsi, quand on dit: je vous ai vu en priant Dieu; cela signifie que c' est moi qui priois Dieu. Que si je veux signifier que c' était vous qui priiez, il faut que je me serve de l' infinitif ou du participe, et que je dise, je vous ai vu prier ou priant Dieu. La solidité de cette observation parait dans ces vers des Meneches de Regnard, où le gérondif, mal placé, forme un sens équivoque.
   Et notre père même, en commençant à croitre,
   Nous attachoit un signe afin de nous connoître.
   Selon la construction de la phrâse, il semblerait que c' était le père qui començait à croître, si la force du sens ne faisait pas entendre que c' est des deux jumeaux que cela se dit. = La même faute est dans le Britannicus de Racine. "Mes soins, dit Agripine, en parlant de Claudius:
   De son fils, en mourant, lui cachèrent les pleurs.
Est-ce Claudius, est-ce son fils qui mourait? Et, qu' est-ce que des soins qui cachent des pleurs en mourant? D' OLIV. = Il y a, à la vérité, des phrâses où le gérondif est bien placé, quoiqu' il ne se raporte pas au nominatif; mais c' est qu' alors le nominatif est sous entendu. Exemple. "On ne voit guère les hommes plaisanter en mourant. C' est comme si l' on disait, on ne voit guère que les hommes plaisantent en mourant. D' OLIV.

GEROFLE


GEROFLE est un gasconisme. On dit Girofle.

GERSER


GERSER, GERSûRE. Voyez Gercer, Gercûre.

GÉSIER


GÉSIER, s. m. [Gé-zié: 2 é fermés.] Partie charnûe, qui se trouve dans le corps de la plupart des oiseaux, qui se nourrissent de grains, faite en façon de bissac, où l' on prétend que se fait leur digestion.

GÉSINE


*GÉSINE, s. f. Vieux mot. "Les couches d' une femme, ou le tems qu' elle est en couche. La Fontaine l' a dit des Animaux:
   La perfide descend tout droit
   À~ l' endroit
   Où la laie étoit en gésine.
On ne le dit plus qu' au Palais. "Payer la gésine, les frais de gésine; les frais de l' acouchement et de couches.

GÉSIR


*GÉSIR, v. neut. Vieux verbe, dont il ne reste que ce temps: ci-git. Voy. GIR, que d' autres préfèrent pour l' infinitif.

GESTATION


GESTATION, s. f. [Gèsta-cion: 1re è moy.] Grossesse des animaux. "On doit saigner les jumens dans le temps de la gestation. = Pour les femmes, on dit grossesse. = L' Acad. met ce mot dans un aûtre sens. Sorte d' exercice utile à la santé. Il consistait à se faire porter en chaise ou en litière, à se faire secouer dans un bateau.

GèSTE


GèSTE, s. masc. [1re è moyen, 2e e muet.] Mouvement des brâs et des mains dans la déclamation. "Avoir le gèste beau, noble, etc. Faire trop de gèstes. = L' Acad. ne met point d' exemple du pluriel. = On dit, adverbialement, du geste et de la voix. "Nestor leur donne à tous leurs instructions, et sur-tout à Ulisse, et du gèste et de la voix. Mme. Dacier.
   *GESTES, actions mémorables. Ce mot, qui était autrefois si beau, ne se dit plus que dans le burlesque; ou dans le style familier badin et plaisant. "Je l' ai fort entretenu de vos faits et gestes. SÉV. de votre voyage.

GESTICULATEUR


GESTICULATEUR, s. m. GèSTICULATION, s. f. GèSTICULER, v. n. [1re è moyen; tion a le son de cion.] Gesticuler, c' est faire trop de gestes en parlant. Gesticulateur, qui fait trop de gestes. Gesticulation, action de gesticuler. "Il gesticule trop. "C' est un grand gèsticulateur. Gesticulation ridicule.
   ...N' allez pas rejouer une scène,
   Crier, gesticuler.
       Barthe.

GèSTION


GèSTION, s. f. [1re è moy. tion n' a pas le son de cion; mais le t y conserve le son de son caractère.] Administration. Action de gérer. "Rendre compte de sa gestion.

GIBBEUX


GIBBEUX, EûSE, adj. GIBBOSITÉ, s. f. [Gi-beû, beû-ze, bozité; 2e lon. aux 2 1ers.] Termes de Médecine. Gibeux, bossu, élevé. "La partie gibeûse du foie. = Gibosité, courbure de l' épine du dos, qui fait les bossus.

GIBECIèRE


GIBECIèRE, s. f. [2e et dern. e muet: 3e è moy. et long.] Autrefois, bourse large et plate, que l' on portait à la ceintûre. Aujourd' hui, bourse de cuir, où les chasseurs mettent le plomb, la poûdre et les autres choses dont ils se servent à la chasse. = Les Escamoteurs vulgaires ont aussi une gibecière; et on apèle leurs tours de passe-passe, des tours de gibecière.

GIBERNE


GIBERNE, s. f. Partie de l' équipement d' un homme de guerre, dans laquelle sont placées les cartouches.

GIBET


GIBET, s. m. [Gibè; 2e è moy. On ne prononce pas le t.] Potence où l' on exécute les criminels condamnés à être pendus. = On done aussi ce nom aux fourches patibulaires. Le proverbe dit que, le gibet n' est que pour les malheureux, que ce ne sont pas les plus criminels, qui sont punis, et que le gibet ne perd point ses droits; que les méchans sont punis tôt ou tard. = Gibet, potence, (synon.) Le 1er est un mot plus vague: nous apelons également gibet, et la potence où l' on étrangle les coupables, et les fourches patibulaires, où on les expose; et nous disons même que notre Sauveur est mort sur un gibet, et ce gibet est une croix. _ Gibet est plutôt le genre du suplice; la potence en est l' instrument. "Le gibet n' est que pour les malheureux: on a dressé la potence, etc. etc. Roubaud, Synonymes.

GIBIER


GIBIER, s. m. [Gi-bié: 2e é fer.] Animaux bons à manger, qu' on prend à la chasse, comme perdrix, bécasses, lapins, lièvres, etc. "Pays pleins de gibier. "Tuer; manger du gibier. = Fig. (st. fam.) Cela n' est pas de son gibier, de sa profession; cela pâsse sa capacité. = Proverbialement, gibier de grève, ou de potence, ou gibier à Prévôt, vagabond, mal--faiteur, coquin.
   Ici Ververt, en vrai gibier de grève.,
   L' apostropha d' un, la peste te crève.
       Gresset.

GIBOULÉE


GIBOULÉE, s. f. [3e é fer. et long; 4e e muet.] Pluie grande, soudaine, de peu de durée, et quelquefois mélée de grêle.

GIBOYER


GIBOYER, v. n. GIBOYEUR, s. m. [Gi--boa-ié, ieur. = Richelet écrit giboier, giboieur: mais cette ortographe ne représente pas la vraie prononciation.] Chasser, chasseur. = Le verbe ne se dit que dans ces deux phrâses. Arquebuse à giboyer, poudre à giboyer; et par plaisanterie, épée à giboyer; plus longue que les épées ordinaires. * La Fontaine l' a employé.
   Le Roî des animaux se mit un jour en tête
   De giboyer.
= Le subst. est de peu d' usage~. Acad. Il ne se dit guère que des valets qu' on envoie tirer du gibier. Trév.

GIBOYEUX


*GIBOYEUX, EUSE, adj. C' est un mot de Province. On le dit des pays, des terres où il y a beaucoup de gibier. = Ce mot n' est point dans les Dictionaires.

GIGANTèSQUE


GIGANTèSQUE, adj. [La pénult. est un è moy. la dern. un e muet.] Qui tient du géant. "Tâille gigantèsque. = Fig. Style gigantèsque, style enflé, boursouflé, monté sur des échasses. Assemblage de grands mots, de figûres outrées, etc.

GIGOT


GIGOT, s. m. [Gigo: on ne pron. pas le t.] Éclanche, cuisse de mouton, coupée pour être mangée. L' Acad. dit qu' on l' apèle aussi membre de mouton; mais celui-ci est bâs et populaire, et n' est point du bon ton. = Au pluriel, les jambes de derrière du cheval. "Ce cheval a de bons gigots. = On dit, dans le style comique, étendre ses gigots: étendre ses jambes indécemment.

GIGOTER


GIGOTER, v. n. En parlant d' un lièvre; ou d' un autre animal semblable, secouer les jarrets en mourant. En parlant des enfans, remuer continuellement les jambes.

GIGUE


GIGUE, s. f. [Gighe: 2e e muet. L' u ne se prononce pas: il n' est mis là que pour doner au g un son fort qu' il n' a pas devant l' e.] 1°. Grande fille dégingandée, qui ne fait que gambader. Il est bâs en ce sens. = 2°. Air de musique fort gai, et la danse faite sur cet air. "Jouer; danser une gigue. = 3°. * Dans les Provinces méridionales, gigot. C' est un gasconisme. "Manger une gigue. Dites, un gigot.

GILET


GILET, s. masc. [Gilè, è moy.] Camisole, corset.

GILLES


GILLES. Il ne se dit que dans cette phrâse proverbiale et populaire. Faire gilles, s' enfuir.

GIMBLETTE


GIMBLETTE, s. f. [Geinblète: 2e è moy. 3e e muet.] Petite pâtisserie dure et sèche, faite en forme d' aneau.

GINGUET


GINGUET, ETTE, adj. [Geinghé, ghète: 2e è moy.] Qui a peu de force. "Vin ginguet. _ Fig. fam. Esprit ginguet, style ginguet.

GIR


*GIR, ou GÉSIR, v. n. Il n' est plus en usage qu' à la 3e persone du présent: git. = Il est fort employé dans les épitaphes. CI-GIT, hic jacet.
   Ci-git ma femme, ah! quelle est bien,
   Pour son repos et pour le mien.
Il est beau au figuré, dans la poésie.
   Peuples, Rois, vous mourrez, et vous, Villes aussi:
   Là git Lacédémone, Athènes fut ici.
       L. Rac.
On dit, proverbialement, c' est-là que git le lièvre; c' est-là le point de la dificulté, le noeud de l' afaire.
   Rem. Suivant l' Acad. on dit encore, nous gisons, vous gisez, ils gisent. Elle ne dit pas dans quel style. Ce ne peut être que dans le style plaisant. Mme. Dacier s' est servi de gisant. "Un vieillard gisant sur la terre.... le jouet des bêtes, etc. Iliade. Il me semble qu' en cet endroit, gisant est plus poétique que couché, étendu. = L' Acad. dit: gisant dans son lit malade. = La Fontaine l' emploie substantivement. "Le gisant, le malade. Cela peut être bon dans une Fâble.

GIRANDOLE


GIRANDOLE, s. f. 1°. Chandelier à plusieurs branches. = 2°. Au plur. assemblagè de diamans ou d' autres pierres précieuses; pendant d' oreilles.

GIROFLE


GIROFLE, s. m. GIROFLÉE, s. f. GIROFLIER, s. m. [3e e muet au 1er, é fer. aux 2 autres.] Girofle, épicerie qui ressemble à un petit clou; aussi on dit ordinairement clou de girofle. On l' emploie aussi absolument. "Huile, essence de girofle: cela sent le girofle. = Giroflée, fleur très--belle et très-odorante. Giroflier se dit, et de l' arbre qui porte le clou de girofle; et de la plante d' où naît la giroflée.

GIRON


GIRON, s. m. 1°. Espace qui est depuis la ceintûre jusqu' aux genoux dans une~ persone assise. "Enfant qui dort dans le giron de sa mère. = Fig. Le giron de l' Église, la Comunion de l' Église Catholique. "Ramener, revenir au giron de l' Église. = 2°. En termes d' Architecture, la partie de la marche, sur laquelle on pose le pied en montant ou en descendant. "Les marches doivent avoir au moins douze pouces de giron.

GIROUETTE


GIROUETTE, s. f. [Gi-rouè-te, et en vers, gi-rou-ète; le 1er è est moy. le 2e muet.] Au propre, banderole qui est au haut des maisons ou des mâts d' un vaisseau, que le vent fait tourner, et par le moyen de laquelle on sait quel est le vent qui soufle. = Figurément, persone légère et changeante. "Cet homme, cette femme est une girouette.

GISANT


GISANT. Voy. GIR.

GISEMENT


GISEMENT, s. m. Terme de Marine. "Le gisement (la situation) des côtes (de la mer.)

GîT


GîT. Voy. GIR.

GîTE


GîTE, s. m. GîTER, v. n. Le subst. se dit, 1°. du lieu où l' on demeure, où l' on couche ordinairement. "N' avoir point de gîte assuré. = 2°. Lieu où couchent les voyageurs. "Gagner le gîte, arriver au gîte. = 3°. Le lieu où le lièvre repose. = On dit d' un homme qui est venu mourir en son pays, qu' il est comme le lièvre, qu' il est venu mourir au gîte.
   GITER, demeurer, coucher. Il est populaire. "Où gîtez-vous? Nous avons été mal gîtés.

GIVRE


GIVRE, s. m. Glace qui s' atache aux arbres, aux buissons. "Il est tombé bien du givre. "Les arbres étoient couverts de givre.

GLACE


GLACE, s. f. GLAÇON, s. m. GLACER, v. a. et n. [2e e muet au 1er, é fer. au dern.] Glace, est 1°. Eau congelée et durcie par le froid. Glaçon, morceau de glace. "Il a gelé à glace. Froid comme glace. Mettre le vin à la glace, etc. "La rivière étoit toute couverte de glaçons. = Fig. Air de froideur. "Recevoir quelqu' un avec un visage de glace, un air de glace. = Avoir un coeur de glace: n' être point touché des marques d' amitié, etc. = Glaces, liqueurs ou fruits glacés qu' on sert en été. = 2°. Plaque de cristal dont on fait des miroirs, ou qu' on met aux carrosses et aux chaises à porteurs; et quelquefois à des portes, à des fenêtres.
   GLACER, congeler, durcir, en parlant de l' eau et des autres liqueurs. "Le grand froid glace les rivières, glace le vin même. = V. n. L' esprit de vin ne glace jamais. = V. réc. "Le bassin comence à se glacer. = Glacer se dit, par extension, d' autre chose que des liquides. On dit qu' un air froid glace le visage, les mains, etc. = * Il glace, pour il gèle, est un gasconisme. Desgr.
   REM. 1°. Glace, glaçon, glacer s' emploient au figuré dans tous les styles.
   L' homme est de glace aux vérités,
   Il est de feu pour les mensonges.       La Font.
  Et je verrois enfin de mes froides alarmes
  Fondre tous les glaçons.Rouss.
  Ses froids embrassemens ont glacé ma tendresse.
       Racine, Phèdre.
"Son abord glace les gens; son sérieux me glace; m' embarasse, m' intimide. "L' image de la servitude l' avoit glacé d' un mortel effroi. Marm. = À~ glacer, locution équivalente à l' adj. Glaçant. "C' étoit un homme d' un sérieux, non pas à glacer; car ce sérieux là est naturel, et vient du caractère d' esprit; mais le sien glaçoit moins qu' il n' humilioit. Mariv.
   Rompre la glace; faire les premières propositions d' une afaire délicate, est tout au plus du style médiocre. On ne blâme point Dionis d' avoir dit dans un ouvrage de ce style: "Nous sommes obligés à Descartes d' avoir rompu la glace, et d' avoir le premier expliqué par la méchanique, les mouvemens du coeur. Mais l' on est étoné de lire dans l' Hist. du Japon, qu' un Gentilhomme d' Amanguchi fut le premier qui rompit la glace; c. à. d. qui embrassa la Religion Chrétienne. Cette expression déplaît autant dans cette phrâse, que le nom de gentilhomme doné à un Japonais. = Ferré à glace, se dit au propre, des chevaux à qui l' on met des fers cramponés, pour empêcher qu' ils ne glissent sur la glace. Au figuré, il se dit d' un homme très-habile dans la matière dont il s' agit.

GLACIAL


GLACIAL, ALE, adj. GLACIèRE, s. f. [Gla-cial, cia-le, ciè-re; en vers, ci-al, ci-ère; le 1er e du dern. est moy. et long, le 2d muet.] Glacial, 1°. qui glace. Il se dit au propre et au figuré. "Vent glacial, air glacial, mine, réception glaciale. = Il n' a point de pluriel masculin. = 2°. qui est glacé. Mer glaciale, qui est sous le pôle. Zone glaciale. = Glacière: creux fait en terre et couvert de pâille, où l' on conserve de la glace, pour s' en servir en été à boire frais. = Fig. Chambre extrêmement froide. "Votre chambre est une glacière.

GLACIS


GLACIS, s. m. [Glaci.] Pente douce et unie. "Le glacis d' un étang, de la contr' escarpe.

GLAÇON


GLAÇON. Voy. GLACE.

GLADIATEUR


GLADIATEUR, s. m. Chez les Romains, celui qui se batait sur l' arène pour le plaisir du peuple. = Parmi nous, bretteur; celui qui fait une espèce de profession de se batre et de tirer l' épée pour la moindre ocasion. On ne l' emploie que pour blâmer.

GLAïEUL


GLAïEUL, s. m. [gla-ieul: on écrivait autrefois glayeul, et plusieurs l' écrivent encore de même; mais avec cette ortographe, on serait induit à prononcer glé-ieul, contre l' usage.] Plante ainsi nomée du mot latin~ gladius, glaive, parce que ses feuilles sont longues, étroites et pointues.

GLAIRE


GLAIRE, s. f. GLAIREUX, EûSE, adj. [Glère, glé-reû, reû-ze: 1re è moy. et long au 1er, é fer. aux 2 autres, dont la 2e est longue.] Glaire est, 1°. Sorte d' humeur visqueuse. "Avoir des glaires dans l' estomac, dans la vessie. "Il a vomi des glaires teintes de sang. = 2°. Le blanc de l' oeuf, quand il n' est pas cuit. = En Provence, on dit, claire: c' est un barbarisme. = Glaireux, plein de glaires. "Les pieds de veau et de mouton sont glaireux. "Humeur matière glaireûse.

GLAIS


GLAIS. Voy. GLâS.

GLAISE


GLAISE, s. f. et adj. GLAISER, v. act. GLAISIèRE, s. f. [Glèze, zé, ziè-re: 1re è moy. et long au 1er: 2e e muet au 1er, é fer. au 2d, è moy. et long au 3e.] Glaise ou terre glaise, espèce de terre grasse que l' eau ne pénètre point, et dont on fait de la poterie. Glaisière, endroit d' où l' on tire de la glaise. "Glaiser, enduire de terre glaise. "Glaiser un bassin de fontaine.

GLAIVE


GLAIVE, s. m. [Glève: 1re è moy. et long. 2e e muet.] Épée tranchante. Il ne se dit point dans le discours ordinaire, si ce n' est en badinant; mais il est fort beau dans la prose et la poésie relevées. "Contre qui tirer le glaive de la justice, dit Patru.
   D' avoir reçu la mort par un glaive barbare.
       Malherbe.
L' Acad. n' en distinguait pas l' usage: dans la dern. édit. Elle dit qu' il n' est guère usité que dans le discours soutenu, et dans les phrâses suivantes: le Souverain a la puissance du glaive, le pouvoir de vie et de mort; le glaive de la justice; le glaive vengeur, le glaive spirituel, le pouvoir qu' a l' Église de retrancher de la Comunion des Fidèles. = Il me semble que c' est trop borner l' emploi de ce mot. = Du temps de Ménage, quelques-uns trouvaient glaive trop vieux, et faisaient dificulté de s' en servir. Il pense que Desmarets avait raison de les blâmer, et de trouver ce mot fort beau et fort poétique. _ Le Dict. de Trév., (1704) le traite aussi de vieux mot. On ne se douterait pas aujourd' hui qu' il ait jamais pu paraître suranné.

GLANAGE


GLANAGE, s. m. GLANE, s. f. GLANER, v. act. et n. GLANEUR, EûSE, s. m. et f. GLANûRE, s. f. [2e e muet au 2d, é fer. au 3e, lon. au 5e et au 6e.] Glane, poignée d' épis que l' on ramasse dans le champ après que le blé en a été emporté. Glaner, faire des glanes des épis de blé ramassés après la moisson. Glanage, action de glaner. Glaneur, eûse, celui, celle qui glane. Glanûre, ce que l' on glane après la moisson faite. = Le verbe est le seul de ces mots, qui s' emploie au figuré. "Il n' y a pas de quoi glaner après ma fille: elle a en vérité tout dit. Sév. "Je n' ai fait que glaner après eux, et l' on voit que j' ai cependant fait une assez riche moisson. Journ. de Mons. "L' on ne fait que glaner après les Anciens.

GLAND


GLAND, s. m. GLANDÉE, s. f. [1re lon le d ne se prononce pas dans le 1er, 2e é fer. et long dans le 2d.] Gland est le fruit que porte le chêne. Glandée est la récolte du gland. "La glandée a été abondante cette année. _ Envoyer les cochons à la glandée, les envoyer dans la forêt manger du gland.

GLANDE


GLANDE, s. f. GLANDULE, s. f. GLANDULEUX, EûSE, adj. [3e lon. aux 2 dern.] Glande est, dans le corps de l'~ animal; 1°. une partie spongieuse servant à filtrer certaines humeurs du corps. 2°. Une tumeur accidentelle, qui se forme en quelque partie du corps. Glandule, petite glande; Glanduleux, composé de glandes. "Les mamelles sont des corps glanduleux.

GLANE


GLANE, GLANER, GLANEUR, GLANûRE. Voy. GLANAGE.

GLAPIR


GLAPIR, v. n. GLAPISSANT, ANTE, adj. GLAPISSEMENT, s. m. [Glapi, pi-san, piceman.] Ils se disent, au propre, de l' aboi aigre des petits chiens et des renards; et au figuré, du son aigre de la voix d' une persone qui parle ou qui chante. "Il glapit en chantant. "Elle ne fait que glapir. "Elle parla d' un ton glapissant, d' une voix glapissante. "Ses glapissemens sont plus incomodes que ceux d' un petit chien.
   Je les vois toutes deux; l' une, aisée à confondre,
   À~ trente questions ne saura que répondre;
   Et l' autre, pour l' aider, haussant vite la voix,
   Glapira brusquement vingt choses à la fois.
       Barthe. La Mère Jalouse.

GLâS


GLâS, s. m. [Glâ, long.] Le son d' une cloche, pour une persone qui vient d' expirer. "Soner le glâs. = Richelet préfère glais; le Rich. Port. met l' un et l' autre. L' Acad. ne met que glâs, et il parait que l' usage est pour ce dernier.

GLISSADE


GLISSADE, s. f. GLISSANT, ANTE, adj. GLISSER, v. n. GLISSOIRE, s. f. [Gli--sade, san, sante, sé, soâ-re: 2e lon. au 2d, 3e et 5e.] Glisser, se dit d' une persone, dont le pied vient tout d' un coup à couler sur quelque chose de grâs ou d' uni. On le dit de la persone et du pied. Glisser sur le pavé. "Le pied lui a glissé. "Glisser sur la glace par divertissement. " = Par extension, il se dit des choses. "L' échelle glissa; cela m' a glissé des mains. = Fig. Pâsser légèrement sur une matière. Glissons là dessus. "Nous avions à faire à une femme sur qui toutes ces choses-là glissoient, qui n' étoit pas capable d' y faire atention. = Se glisser, se couler adroitement. "Il se glissa doucement dans le cabinet. = M. Brossette, dans son Comentaire sur Boileau, dit qu' on trouve peu d' exemples de glisser act. Cependant les exemples en sont multipliés. Glisser sa main dans la poche de quelqu' un; un papier dans un sac, une claûse dans un contrat, un mot dans un discours: une erreur parmi le peuple. "Cette opinion s' est glissée insensiblement dans les esprits, etc. Acad. "Dans la conversation, qui devint générale, elle me glissa mille choses fines.
   GLISSANT, ANTE, sur quoi l' on glisse facilement, sans pouvoir s' y tenir ferme. Il se dit au propre et au figuré. "Le chemin est glissant; un pâs glissant. "De la défense à l' ataque, le pâs est si glissant, qu' au premier succès, au plus foible avantage, l' oprimé devient opresseur. Marm. "Dans cette carrière glissante (la Cour) où tous les prétendans se pressent, se coudoient, se débusquent sans scrupule et sans pitié. Linguet.
   Glissade et Glissoire ne se disent qu' au propre. Action de glisser involontairement. Faire une glissade. = Chemin frayé sur la glace, pour y glisser. "Les enfans font des glissoires sur les ruisseaux gelés. = Trév. et le Ric. Port. mettent glissement comme un terme de Physique, pour l' action de glisser. L' Acad. ne le met pas.

GLôBE


GLôBE, s. m. GLOBULE, s. m. GLOBULEUX, EûSE, adj. [1re lon. au 1er; dern. e muet aux 2 1ers; 3e lon aux 2 dern.] Glôbe est un corps tout rond, aûtrement sphérique. "Le centre, le diamètre, la circonférence d' un glôbe. "Le glôbe de la terre. _ Les glôbes célestes, les astres. _ Glôbe terrestre, glôbe d' airain ou de carton, sur lequel sont peintes les diférentes régions de la terre. Glôbe céleste, celui, sur lequel sont peintes les constellations.
   Globule, petit glôbe, petit corps sphérique. "Des globules d' eau, les globules du sang. = Globuleux, qui est composé de petits glôbes: "La matière globuleûse.

GLOIRE


GLOIRE, s. fém. GLORIEUX, EûSE, adj. GLORIEûSEMENT, adv. [Gloâ-re, glo--ri-eû, eûze, eûzeman: 1re lon au 1er; 3e lon. aux 3 derniers.] Gloire n' a point de pl. excepté en Peintûre, où l' on dit des gloires admirables, etc. = Gloire est, 1°. l' honeur, la réputation, l' estime des hommes. La gloire dit quelque chôse de plus que l' honeur. Elle a pour objet ce qui est au-delà du devoir. L' honeur se renferme plus dans ce qui est du devoir. Un homme peut être indiférent pour la gloire: mais il ne lui est pas permis de l' être pour l' honeur. "Aimer, chercher la gloire. Aquérir de la gloire: être comblé de gloire. "Ils ne perdent la gloire, à laquelle ils aspirent, que par l' aveugle impatience qu' ils ont de l' aquérir. D' Aguess. = 2°. Éclat, splendeur. "Le Fils de Dieu viendra dans sa gloire. _ Il ne se dit, en ce sens, que dans cette ocasion. = 3°. Orgueil, sote vanité. "Sote gloire. "La gloire le perdra. Dans cette acception, on dit sur-tout, la vaine gloire. = 4°. La béatitude céleste. "Jouir de la gloire, de la gloire éternelle, etc. = 5°. En termes de Peintûre, la représentation du Ciel ouvert, des persones divines et de la Cour céleste. = Sur le Théâtre, l' endroit élevé et illuminé, où l' on représente les divinités fabuleûses.
   Gloire forme, avec quelques verbes, des expressions qui sont du beau style. _ Doner ou rendre gloire à Dieu, à la vérité. Le 2d est le meilleur. "Mes frères, donnez gloire à Dieu, dit Bossuet. * Il dit aussi, tenir à gloire, comme on dit, tenir à honeur, à grand honeur de faire, etc. "Tout le monde tient à gloire de souscrire cette confession de foi. Tenir à gloire ne se dit plus. _ On dit élégamment, mettre sa gloire dans, avec les noms, et à avec les verbes. "Les Saints mettent leur gloire dans les humiliations. "Il a fait des faûtes, mais il met sa gloire à les reconnoître. TÉLÉM. = Tirer sa gloire de. "Les Saints ont tiré leur gloire de leurs abaissemens mêmes. = Faire gloire, ou se faire une gloire de, avec l' infinitif:
   Et la fortune permanente,
   À~ son étoile dominante,
   Fit toujours gloire d' obéir.
       Rousseau.
"Ne vous ferez-vous pas une gloire de m' afranchir. MARM. _ Les Gascons disent, se faire gloire, pour, faire gloire de. "Je me fais gloire de l' avouer; c' est un barbarisme d' expression. = M. Rollin dit, tourner à gloire; cette locution est suranée. "La témérité d' Alexandre lui tournoit à gloire.
   REM. Gloire régit à ou de devant les verbes, suivant l' article qu' il s' associe. On dit, il trouve de la gloire, ou une grande gloire à doner la paix; et il a eu la gloire de doner la paix à l' Europe.
   En la gloire ou à la gloire de, adv. On ne dit que le second. Voy. EN.
   GLORIEUX est, 1°. qui s' est aquis beaucoup de gloire. "Il revient glorieux et triomphant. = 2°. Qui mérite beaucoup de gloire, de louange. "De glorieux travaux, des actions glorieûses. = Qui jouit de la gloire céleste. "La glorieûse Vierge Marie, le glorieux St. Joseph. = 4°. Glorifié. "Les corps des bienheureux, après la mort, seront des corps glorieux. = 5°. Vain, superbe. La Comédie du Glorieux: il fait bon batre un glorieux; car il ne s' en plaindra pas. = Glorieux, orgueilleux, avantageux, fier, (synon.) Le glorieux veut paraître quelque chôse; l' orgueilleux croit être quelque chôse; (Encycl.) l' avantageux agit comme s' il étoit quelque chôse; le fier croit que lui seul est quelque chôse, et que les autres ne sont rien.
   GLORIEûSEMENT, d' une manière glorieûse, et qui mérite estime et louange. "Il est mort glorieûsement.

GLORIFICATION


GLORIFICATION, s. fém. GLORIFIER, v. act. [Glorifika-cion, en vers, ci-on; glorifié. Devant l' e muet le second i est long; il glorifie: au futur cet e muet ne se pron. pas: il glorifiera, pron. glorifîra.] Glorifier, actif, c' est rendre gloire et honeur: en ce sens, il ne se dit que de Dieu. "Glorifier Dieu. Que Dieu soit glorifié de tout. Ou, rendre participant de la gloire: il ne se dit que des Saints: "Au grand jour où Dieu glorifiera ses Élus. = Glorification ne s' emploie que dans cette dernière acception. "La glorification des Élus, des Saints.
   Glorifier se dit le plus souvent avec le pron. pers. Faire gloire de quelque chôse; en tirer vanité. "Se glorifier du vice.

GLORIOLE


GLORIOLE, s. f. Mot assez nouveau, mais fort en usage. Il n' est point pourtant dans les Dictionaires. "Quand on n' aspire point en écrivant à la gloriole du bel esprit... on est moins jaloux de doner des vérités neuves, que d' en rapeller d' utiles. Ann. Litt.
   Et de gloriole afamé.
       Dorat.
Ce mot apartient au style critique.

GLôSE


GLôSE, s. fém. GLOSER, v. act. GLOSEUR, EûSE, s. m. et fém. [Glôze, glozé, zeur, zeû-ze: 1re lon. au 1er: 2e e muet au 1er, é fer. au 2d, lon. au dern.] Glôse est une explication faite fidèlement et mot-à-mot sur le texte. Gloser, c' est faire une glôse. "La glôse est souvent plus obscûre que le texte. "Les Auteurs qui ont glosé la Bible. = Glôse, Comentaire (synon.) Ils sont tous les deux des interprétations d' un texte; mais la glôse est plus litérale, et se fait presque mot-à-mot: le comentaire est plus libre et moins scrupuleux à s' écarter de la lettre. Il leur est assez ordinaire d' être difus sur ce qui s' entend aisément, et de garder le silence sur les endroits dificiles. GIR. Synon. = Gloser est sur-tout en usage pour critiquer, censurer; et gloseur n' a que ce sens. Dans la première acception, on dit glossateur. "Il glôse sur tout: "Que trouvez-vous à gloser là-dessus. "Il n' y a rien à gloser. "C' est un gloseur perpétuel; une gloseûse insuportable.

GLOSSAIRE


GLOSSAIRE, s. masc. GLOSSATEUR s. m. [Glocère, sa-teur: 2e è moyen et long au 1er.] Glossaire est un Dictionaire, servant à l' explication de certains mots moins connus d' une langue. "Les Glossaires de Ducange. = Glossaire, Vocabulaire, Dictionaire (synon.) Les deux premiers ne s' apliquent qu' à de purs Dictionaires de mots: le 3e comprend non seulement les Dictionaires des Langues, mais encôre les Dictionaires historiques, et ceux des Sciences et des Arts. _ Le Dictionaire d' Ortographe serait mieux nomé Vocabulaire, et le Vocabulaire Français méritoit mieux le nom de Dictionaire. = Glossaire ne s' aplique qu' aux Vocabulaires de mots peu conus, barbâres ou surannés. Beauzée.
   Glossateur, qui a glosé un livre. Il ne se dit guère que des Glossateurs de la Bible.

GLOUSSEMENT


GLOUSSEMENT, s. m. GLOUSSER, v. n. [Glou-ceman, cé: 2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Ces deux mots expriment le cri de la poule qui veut couver, ou, qui apèle ses poussins. = Richelet dit indiféremment glousser ou glosser; mais celui-ci exprime le cri naturel et ordinaire de la poule: il a un aûtre sens que glousser.

GLOUTON


GLOUTON, ONE, adj. GLOUTONEMENT, adv. GLOUTONERIE, s. fém. [3e e muet aux trois derniers; dans l' adv. en a le son d' an: gloutoneman.] Glouton, qui mange avec avidité et avec excès. Gloutonerie, vice de celui qui est glouton. Gloutonement, d' une manière gloutone. "Il est fort glouton. Il mange gloutonement, avec gloutonerie. Voy. GOURMAND. = Richelet et La Touche préféraient gloutonie à gloutonerie. L' Acad. ne disait point le premier, et remarquait que le second vieillissait. Elle ne le dit point dans la dernière Édition. La Touche dit que gourmandise est meilleur que gloutonie: mais celui-ci enchérit sur l' aûtre. Ils sont bons tous deux à conserver; en mettant pourtant gloutonerie à la place de gloutonie.

GLU


GLU, s. fém. GLUANT, ANTE, adj. GLUAU, s. masc. GLUER, v. act. [2e lon. au 2d et au 3e, dout. au 4e, glu-o; lon. au pluriel, gluaux; é fer. au dern. glu-é: devant~ l' e~ muet, l' u est long: il glûe. Au futur et au conditionel, cet e muet ne se prononce pas: il gluera, gluerait, etc. Pron. glûra~, glûrè.] Glu, composition visqueûse, avec laquelle on prend les oiseaux à la glu. = Quelques-uns, et l' Ab. Prévot, entre aûtres, écrivent glue, contre l' usage le plus comun et le plus autorisé. = Gluau, petite verge, enduite de glu, pour prendre les oiseaux. "Tendre des gluaux. = gluant, visqueux. "Avoir les mains gluantes. " = Gluer, poisser, rendre, gluant. "J' ai manié de la poix, elle m' a glué les mains.
   REM. Glu s' emploie au figuré, mais seulement dans le style familier. "Il meurt d' envie de partir, à ce qu' il dit: mais ces courtisans ont bien de la glu autour d' eux. Sév. _ Mascaron a dit dans une Oraison Funèbre. "Le coeur suit lentement le vol de l' esprit, parce que ses ailes sont foibles et liées par la glu des afections de la terre. _ Cette métaphôre déplairait aujourd' hui.

GLUTEN


GLUTEN, s. m. GLUTINEUX, EûSE, adj. [Dans le premier, en n' a pas le son d' an. Dans le 2d et le 3e, la 3e est long. neû, neû-ze.] Gluten est un mot de l' Hist. Naturelle. Matière qui sert à lier ensemble les parties qui composent un corps solide, tel que les pierres, etc. = Glutineux, gluant, visqueux. Il n' est usité que chez les Savans. Dans le discours ordinaire on dit tout bonement gluant.

GO


GO (TOUT DE), adv. Librement, sans façon. "Il est entré tout de go. Cette expression est populaire.

GOBELET


GOBELET, s. masc. GOBELOTER, v. n. [Gobelè, loté: 2e e muet, 3e è moyen au 1er.] Gobelet est un petit vâse, propre pour boire. Il est distingué d' un verre, d' une coupe en ce qu' il est sans pied. "Gobelet d' or, d' argent, de verre, etc. "Les Escamoteurs vulgaires se servent de gobelets de fer blanc, pour faire certains tours de pâsse-pâsse. "Joueur de gobelets. = Figurément, employer toutes sortes d' artifices dans les afaires.
   GOBELOTER, buvoter. Il ne se dit qu' en mauvaise part, et dans le style familier, plaisant et critique. "Il aime à gobeloter: Il a passé trois heures à gobeloter avec des ivrognes.