Dictionnaire critique de la langue française Dictionnaire critique de la langue française 1787 Français 2007-4-4 ARTFL Converted to TEI


F



F


F, s. fém. [pronon. èfe. _ Les Maîtres d' école font prononcer fe, e muet. Alors il est masc. "Une èfe, un fe. = l' f française a le son de celle des Allemands dans feind, des Anglais dans false, des Italiens dans fede, des Espagnols dans fuego. _ L' f a beaucoup de raport avec l' v consone, étant un v prononcé fortement, comme le v est une f prononcée faiblement = L' f finale ne se prononce point dans clef et baillif, que plusieurs pour cette raison écrivent clé et bailli. Elle se prononce rârement dans cerf; jamais au pluriel, nerfs, boeufs (nèr, beû) plusieurs même ne la prononcent pas au singulier, quand elle est suivie d' une consone. _ Dans le mot de nombre neuf, s' il est suivi d' une voyelle, elle prend le son du v consone; mais s' il est suivi d' un mot començant par une consone, l' f ne se prononce pas. "Neuf arbres, neuf pistoles: pron. neu-varbre, neu pistole. Que si neuf est à la fin de la phrâse, l' f doit s' y prononcer, de même que dans oeuf et boeuf: ainsi placés. * Quelques persones disent pourtant à Paris, le pont-neu et non pas le pont neuf: mais quand on pâsserait cette manière de prononcer dans cette occasion, et n' est pas une conséquence pour d' aûtres mots, ni même pour celui de neuf placé après d' autres termes. = Dans chef, nef, fief, bref, vif, naïf, esquif, if, juif, neuf (adjectif) nominatif, génitif et tous les aûtres noms terminés en if, l' f se prononce non seulement devant les voyelles, et à la fin des vers & des phrâses, mais aussi devant les consones.

FâBLE


FâBLE, s. fém. [1re lon. 2e e muet] 1°. Conte, narration fabuleuse: chôse feinte pour instruire ou pour divertir. "Les Fâbles d' Esope, de Phèdre, de la Fontaine, etc. = 2°. Sujet, argument d' un poème épique ou dramatique = 3°. l' histoire fabuleûse des Dieux, etc. En ce sens, il n' a point de pluriel. "Un Poète doit savoir la Fâble. _ On dit plus souvent, la Mithologie. = 4°. Dans le discours ordinaire, conte, fausseté. "Il ne conte que des fâbles. "C' est une fâble. = 5°. Être la fâble de... l' objet du mépris, de la critique. Cette expression est de tous les styles.
   Songe au moins qu' il te rend la fable de nos bois.
       Gresset.
On dit, dans le même sens, servir de fâble à... "Le paûvre homme sert de fâble à tout le monde.

FABLIAU


FABLIAU, s. m. [fabli-o: l' o est lon. au pluriel, fabliaux] Nom doné aux anciens contes en vers.

FABLIER


*FABLIER, s. m. FABULISTE~, s. m. Ils se disent tous deux d' un Auteur qui a écrit des fâbles: mais le 2d se dit sérieûsement, le premier en plaisantant. = Ce nom de Fablier avait été doné par Mme. de la Sablière à la Fontaine. Elle l' apelait de ce nom, parce qu' elle disait qu' il portait des fâbles, comme un poirier porte des poires. _ L' Ab. d' Olivet atribue ce mot à Mde. de Bouillon. C' est à quoi on fait allusion dans l' Ann. litt. "Nous avons à oposer au Fablier du grand siècle un fabuliste de la première distinction. _ Le mot de Fablier est en italique, celui de Fabuliste en caractères romains.

FABRICANT


FABRICANT, s. m. FABRICATEUR, s. m. FABRICATION, s. fém. [Fabrikan, ka--teur, cion] Fabricant, qui fait fabriquer et entretient plusieurs métiers. Fabricateur ne se dit au propre que des faux-monoyeurs et des faussaires. Il a un emploi plus étendu au figuré. "Fabricateur de mensonges, de calomnies. "Fabricateur de faux dogmes. Le P. Fontenai. Fabrication, action de fabriquer. Il se dit sur-tout de la fausse monaie.
   Rem. La Fontaine écrit fabriquateur et Trev. fabriquant ce n' est pas l' ortographe la plus autorisée.

FABRICIEN


FABRICIEN, s. m. Voy. le mot suivant, FABRIQUE.

FABRIQUANT


FABRIQUANT, Voy. FABRICANT.

FABRIQUE


FABRIQUE, s. fém. FABRIQUER, v. ac. [Fabrike, : dern. e muet au 1er, é fer, au 2d.] Fabrique est 1°. la façon de certains ouvrages. "Fabrique des draps, des étofes, des chapeaux. = 2°. Construction d' une Église. "Fonds destinés à la Fabrique d' une église paroissiale. = 3°. Le revenu afecté à l' entretien d' une Église. "Quêter pour la Fabrique. _ On apelle Fabriciens, ceux qui sont chargés du soin du temporel des églises. Marguilliers & Fabriciens. _ Quelques-uns disent fabricier, mais mal. Trév. dit aussi Fabriqueur, qui est encôre plus mauvais. _ Fabricien vient de fabrice, qu' on a dit aûtrefois pour fabrique.
   Fabriquer, au propre, travailler à certains ouvrages de main. "Fabriquer des draps, des étofes, etc. = Au fig., il se prend en mauvaise part. " Fabriquer un testament, une donation. "Fabriquer un mensonge, une calomnie. "On a fabriqué cette histoire pour nuire à d' honêtes gens.

FABULEûSEMENT


FABULEûSEMENT, adv. FABULEUX, EûSE, adj. [Fabuleûzeman, leû, leû-ze: 3e lon. 4ee muet] Fabuleux, feint, controuvé, inventé. "Conte fabuleux, histoire fabuleûse. = Qui regarde la fable. "les temps fabuleux, les Divinités fabuleûses. = Dans le discours ordinaire, cet adj. précède: il peut suivre dans le discours soutenu et en vers. "Le fabuleux Robinson. "La fabuleûse antiquité.
   FABULEûSEMENT, d' une manière fabuleûse. "Histoire écrite fabuleûsement. _ Il est peu usité.

FABULISTE


FABULISTE, Voy. FABLIER.

FAÇADE


FAÇADE, s. fém. FACE, s. fém [Fa-sa--de, face: dern. e muet.] Face est le visage de l' homme; façade est la face d' un bâtiment. "La façade d' une Église, d' un Palais, etc. voir, regarder en face etc.
   Rem. Face dans la signification de visage, començait à vieillir dès le temps de Ménage, mais il trouvait que c' était un beau vieillard. _ Rac. a dit encôre dans Androm.
   Pyrrhus m' a reconu, mais sans changer de face.
On dirait aujourd' hui, sans changer de couleur. = Aûtrefois l' Acad. ne restreignait point l' usage de face, et ses Observations sur les Remarques l' aproûvent, et disent qu' il troûve sa place au propre en plusieurs endroits; détourner sa face, se couvrir la face. Mais dans les éditions postérieures de son Dict. elle décide que face, dans le sens de visage, ne se dit au sérieux qu' en parlant de Dieu.
   Ils n' ont pu soutenir sa face étincelante.     Le Franc.
Elle ajoute ces autres expressions; voir, regarder en face, couvrir ou se couvrir la face; il lui a dit en face. On peut y joindre, d' après Vaugelas, reprocher, soutenir, resister en face.
   À~ la face, et en face, adv. en présence. Le 1er régit de, le 2d. s' emploie sans régime. "À~ la face de l' univers, du ciel et de la terre, de toute la Ville. Dire quelque chôse en face à quelqu' un. _ * Fénélon fait régir à celui-ci le génitif. "Louange, que les flateurs donent en face des Princes. _ Je crois qu' il faut dire, donent aux Princes en face.
   Face à face, adv. Il ne se dit que dans cette expression consacrée. "Les Saints voient Dieu face à face. _ Trév. met aussi en face; mais celui ci ne se dit point, et il est même ridicule en cette occasion.
   FACE se dit aussi pour façade: "la face d' une maison; pour côté: les deux faces d' un bastion. _ Faire face à... être tourné vers. Faire volte face, tourner visage, faire tête. Faire face à ses afaires, y satisfaire
   FACE se dit figurément des chôses. "Toutes les chôses ont deux faces. "Il faut considérer un sujet (de discours), une afaire par toutes ses faces. "César changea la face (l' état) du gouvernement de Rome.
   Ma fortune va prendre une nouvelle face.
Changer de face, d' état, de situation:
   Voilà que tout à coup le jeu change de face
   Ce ne fut plus un jeu, ce fut un vrai combat.
       L' Ab. Reyre.
* De prime face, d' abord: il est vieux.

FACÉ


FACÉ, adj. on ne le dit que des hommes. Qui a un beau visage, une belle représentation. Trév. ajoute, qui a un air de probité: mais cette circonstance n' entre point dans l' idée que présente ce mot. _ "Des hommes robustes, bien facés, bien jambés. Linguet.

FACÉTIE


FACÉTIE, s. f. FACÉTIEUX, EûSE, adj. FACÉTIEûSEMENT, adv. [Facé-cî-e, cieû, cieû-ze, cieû-ze-man: en vers ci-eû, etc. 2eé fer. 3e lon.] Facétie, boufonerie en paroles ou en actions. Facétieux, plaisant, qui fait rire. Facétieûsement, d' une manière facétieûse. "Il y a souvent de la bassesse dans les facéties. "Homme, esprit, conte, facétieux. Histoire facétieûse. "Il nous conta cela si facétieûsement, qu' il nous fis mourir de rire.
   Facétieux, plaisant, boufon. (syn.) Le 1er dit plus que le 2d, et dit mieux que le 3eScarron si souvent boufon est souvent aussi très-facétieux... Moliere n' est pas seulement plaisant: il est facétieux, quand il veut l' être. Le plaisant plait et récrée par sa gaîté, sa finesse, son sel, sa vivacité, etc. Le facétieux plaît et réjouit par l' abandon d' une humeur enjouée, un mélange heureux de folie et de sagesse, des charges d' une expression toujours plaisamment vraie, etc. ROUB. synon.
   Rem. Facétie est un mot à la mode, mais il ne pâsse pas les bornes du style simple et familier. Dans la comédie du Méchant, Cléon répond à Valère, qui trouve Paris ravissant, que
   Il ne nous reste plus que des superficies;
   Des pointes, du jargon, de tristes facéties,
   Et qu' à force d' esprit et de petits talens
   Dans peu nous pourrions bien n' avoir plus le bon sens.

FACETTE


FACETTE, s. fém. [Facète: 2e è moy. dern. e muet] Petite face. "Verres, diamans taillés à facettes.

FâCHER


FâCHER. v. act. FâCHERIE, s. f. FâCHEUX, EûSE, adj. [Fâché, cherie, cheû, cheûse: 1re lon. 2e é fer. au 1er, e muet au 2d. lon. aux 2 dern.] Mettre en colère, causer du déplaisir. Acad. Choquer, doner un sujet de chagrin ou de colère. Trév. "Il ne faut fâcher persone. "Prenez garde de le fâcher. "Cette mauvaise nouvelle m' a extrêmement fâché. = Se fâcher, se mettre en colere. "Ne vous fâchez pas. Il se fâche de tout. = Être fâché régit de devant les noms et les verbes. "Je suis bien fâché de ce qui est arrivé. "J' ai été bien fâché d' aprendre cette triste nouvelle. _ Il régit aussi que et le subjonctif. "Je suis fâché que vous ne me l' ayiez pas dit plutôt. * Leibnitz se sert mal à propos de l' indicatif. "Je suis fâché qu' un aussi habile homme que M. Newton s' est attiré la censûre des personnes intelligentes. Il falait dire, se soit attiré. = Fâcher est quelquefois impersonel. "Il me fâche, il lui fâche que ou de. Le 1er s' emploie quand le verbe ne se raporte pas au pronom; le 2d quand il s' y raporte. "Il me fâche que vous ne veuilliez pas le faire. "Il me fâche de voir que vous n' en conveniez pas.
   FâCHERIE, déplaisir, chagrin. Il est vieux et n' est bon que pour le style plaisant, railleur ou comique, ou critique.
   FâCHEUX, en parlant des chôses; qui fâche, qui incomode, fâcheux accident, fâcheûse nouvelle, fâcheux état, fâcheûse condition. _ Pénible, dificile. "Chemin fâcheux, montée fâcheûse. = En parlant des persones et de ce qui y a raport, mal aisé à contenter, peu traitable. "Cet homme là est fâcheux. Esprit, naturel, fâcheux, humeur fâcheûse. = S. m. "C' est un fâcheux, je hais les fâcheux. = Joint au v. être impersonel, il régit de et l' infifitif. "Il est fâcheux d' être si mal récompensé après avoir tant travaillé.

FACIENDE


*FACIENDE, s. fém. Cabale, intrigue. Il est vieux et peu usité.

FACILE


FACILE, adj. FACILEMENT, adv. [3e e muet: en dans le 2d a le son d' an] 1°. Aisé: qui ne done point de peine. "Chôse facile. _ Auteur facile, aisé à entendre. = 2°. Qui fait tout aisément. Esprit, génie, facile. = 3°. Naturel et aisé; style facile. Il y a bien de la diférence entre des vers faciles et des vers facilement faits. Boil. Les vers de Racine sont faciles, et Boileau se vantait de lui avoir apris à les faire dificilement. = 4°. En parlant des persones, condescendant, homme facïle; naturel doux et facile; ou faible; "il est si facile qu' on lui fait faire tout ce qu' on veut. = Facile, aisé (synon.) L' un et l' autre marquent ce qui se fait sans peine; mais le premier de ces mots exclud proprement la peine, qui nait des obstacles et des opositions qu' on met à la chôse; et le 2d exclud la peine, qui nait de l' état de la chôse même. Ainsi, l' on dit que l' entrée est facile, lorsque persone n' arrête au passage, et qu' elle est aisée, lorsqu' elle est comode et large à pâsser. _ Par la raison de cette diférence, on dit d' une femme, qui ne se défend pas, qu' elle est facile, et d' un habit qui ne gêne pas, qu' il est aisé. GIR. synon.
   Rem. 1°. Facile joint au v. être impersonel régit de. Joint à un substantif, il gouverne à. "Il est facile d' ajouter aux inventions des autres. "Cicéron est facile à entendre. * C' est par distraction que J. J. Rousseau a dit. "Il est facile à démontrer que, etc. pour. Il est facile de démontrer, etc.
   2°. Facile, avec le 2d régime, done au verbe régi le sens passif. "Facile à lire, à être lu. En conséquence il ne doit pas régir de cette manière des verbes réciproques. * Pamphlets faciles à se procurer. Linguet. Il faut: qu' il est facile de se procurer.
   FACILEMENT, avec facilité, sans peine. "Parler, écrire facilement. "Il fait tout facilement.

FACILITÉ


FACILITÉ, s. fém. FACILITER, v. act. [dern. é fer. dans le verbe comme dans le substantif.] Facilité est la disposition qu' on troûve, ou dans les chôses ou dans soi-même, pour les faire sans peine. "Cela se peut faire avec facilité. Il a une grande facilité de parler, de s' expliquer. Acad. "Une facilité de parler, qui saisit avidement les premières pensées, et qui ne permet jamais aux secondes de leur donner leur perfection et leur maturité, d' Agues. "On n' a toujours que trop de facilitè à mal faire. _ Facilité d' esprit, de génie; facilité de style, facilité de moeurs. Voy. FACILE. _ Facilité, indulgence, faiblesse. "On abuse de sa facilité. "Elle se reprochoit d' avoir eu la facilité de consentir à une visite, qui blessoit son devoir. Le Sage.
   Rem. Facilité régit de ou à, suivant qu' il est employé avec l' article ou défini, ou indéfini. "Il a, dans cet endroit la facilité d' aprendre plutôt les nouvelles. "Il a de la facilité à écrire, à peindre. L' exemple cité plus haut du Dictionaire de l' Acad. paraît contraire à cette remarque; mais j' ôse aussi ne pas l' aprouver. Je pense qu' il faut dire. "Il a une grande facilité à parler, à s' expliquer, et non pas de parler, etc. "Son heureûse facilité à tout saisir, à tout concevoir devançoit les soins qu' on se donoit pour l' instruire. "Des hommes d' un esprit râre et supérieur ont souvent moins de facilité à s' exprimer que des persones d' un esprit médiocre, parce qu' ils pensent davantage. L' Abé Trublet.
   FACILITER, c' est rendre facile. "On lui a facilité les moyens de, etc. "Faciliter le passage aux Troupes. = Il a le datif pour 2d régime. Un Auteur moderne lui fait régir à devant les verbes. "Faciliter les Chimistes à tirer cette matière de, etc. Ce régime serait utile, mais l' usage ne l' a pas encôre admis.

FAÇON


FAÇON, s. f. 1°. La manière dont une chôse est faite. "La façon de cet ouvrage est belle, est nouvelle. = 2°. Le travail de l' Artisan qui a fait quelque ouvrage. "Payer la façon d' un habit, d' une robe, etc. = 3°. Labour qu' on done à la terre. "Doner une première, une seconde façon, plusieurs façons à, etc. = 4°. Manière de faire, de penser, de parler, etc. "C' est sa façon; à la façon des Orientaux. "Sa façon d' agir a déplu; sa façon d' écrire est agréable, etc. _ Façon de parler; locution, expression, phrâse. "Cet Auteur est rempli de façons de parler fort étranges. = 5°. Air, mine, maintien. Avoir bone ou mauvaise façon. = 6°. Manière d' agir embarrassante par trop de cérémonie. Faire des façons. = 7°. Soin excessif. "Vous y faites trop de façons. "Voilà bien des façons, pour une chôse de rien.
   Voilà bien des façons qui ne servent à rien.
       La Chauss.
= 8°. Afèterie, minauderie. "Femme toute pleine de façons. = 9°. En style familier, critique et moqueur, Sorte, espèce. "C' est une façon de bel esprit, de brâve, etc. Il se donne pour tel, mais il n' en a que l' aparence.
   Rem. 1°. L' Abé Girard trouve cette diférence entre façons et manières; que le 1er exprime plus quelque chôse d' afecté; et le 2d, quelque chôse de plus naturel. "Beaucoup d' hommes ont aujourd' hui comme les femmes, de petites façons pour se doner des grâces; et quelques femmes ont les manières libres des hommes. "Les manières de la~ Cour deviènent façons dans la Province. Voyez MANIèRE.
   2°. De façon que, conjonct. De manière que. Dès le temps de Bouhours, ces conjonctions étaient dans la bouche de tout le monde, et il dit que quelques-uns de nos bons Auteurs (d' alors) ne faisaient pas dificulté de s' en servir; mais il ajoute que de sorte que est plus en usage, et dans le discours familier et en écrivant. Vaugelas, en avouant que ces façons de parler sont françaises, ajoute qu' elles sont si peu élégantes, qu' il n' y a pas un bon Auteur qui s' en serve; en quoi il n' est point aprouvé de Lamothe le Vayer et de Thomas Corn. L' Académie disait que, de façon que était plus du style familier: elle ne parlait point de la conjont. de manière que. Dans la dernière édition, elle met de façon que, sans remarque.
   3°. On sépâre quelquefois que de la conjonction de façon. "Vivre de façon, avec ses amis, qu' ils n' aient point à se plaindre. Mais cette construction n' est pas bone par-tout. "Cette Cavalerie soutint de façon le choc et l' impétuosité des Macédoniens, qu' elle empêcha que les Romains ne fussent poussés jusque dans le vallon. _ Ordinairement, de telle sorte vaut mieux.
   4°. De la belle façon, fortement, comme il faut, est du style familier. "Je le rembarrerai de la belle façon. Th. d' Educ.
   5°. * Une Demoiselle de façon, une persone de façon; c. à. d. comme il faut, est un anglicisme, contre lequel doivent être en garde les Traducteurs des Livres Anglais.

FACONDE


*FACONDE, s. f. Éloquence. Latinisme et vieux mot, qui n' est plus bon que dans le marotique. Rousseau l' a employé plus d' une fois dans ses Épitres.

FAÇONER


FAÇONER, v. act. 1°. Orner, embellir. 2°. Doner un labour à... 3°. Fig. Former. "Les Belles-Lettres façonent l' esprit. 4°. Acoutumer. "Sa mère l' avait façoné à l' obéissance. Moreau. 5°. V. n. Faire des façons. "Pourquoi tant façoner? Prenez ce qu' on vous ofre. _ Dans ce sens, il est du style familier; du style simple, dans les deux premières acceptions: il est plus noble dans la 3e et la 4e.

FAÇONIER


FAÇONIER, IèRE, adj. Qui fait trop de façons. Voy. FAÇON, n°. 6°. "Il est façonier; elle est trop façonière.

FACTEUR


FACTEUR, s. m. On dit, facteur d' orgues, facteur de clavecins, pour dire, un ouvrier qui les fait. Ce sont les seuls endroits où ce mot ait un régime; car on ne dit point un facteur de chapeaux, un facteur de draps, etc. L. T. L' Auteur d' un Mémoire couroné par L' Acad. de Marseille parle des facteurs de fumier. Cette expression ridicule n' empêche pas ce Mémoire d' être excellent par le fond des choses.
   FACTEUR se dit ordinairement d' un Comissionaire de Marchand, et de celui qui porte par la ville les lettres de la Poste.

FACTICE


FACTICE, adj. Contrefait par art, imité "Pierre factice, fleurs factices. _ En parlant des mots, forgé. "C' est un mot factice. = Ce terme est aujourd' hui fort à la mode dans le style figuré. "Caractère factice. Marm. "Graces factices. Coyer. "Tout devient factice et joué, honeur, amitié, vertu, etc. J. J. Rousseau. = Il suit ordinairement le substantif. En vers il peut le précéder. M. Cuoeilhe, dans un Poème sur la Liberté des Mers, qui a remporté le Prix, au jugement de l' Acad. de Marseille, dit:
   Je n' examine point si la sage nature
   Bornoit l' homme aux seuls biens, que son sol lui procure,
   Et s' il fut permis d' aller chercher au loin
   De factices trèsors, dont il n' a pas besoin.

FACTIEUX


FACTIEUX, EûSE, adj. FACTION, s. f. [Fakci-eû, eû-ze, fak-cion, en vers ci--on; 3e lon. aux deux prem.] Factieux, remuant, qui forme des factions, des cabales. "Esprit factieux. _ S. m. C' est un factieux. "Je hais les factieux. "Chef de faction. "Il y avoit deux factions dans Rome, dans le Conclâve, etc. = Faction, service du Soldat, qui est en sentinelle. "Entrer, être en faction. Sortir, être relevé de faction.
   FACTIEUX peut se dire d' un seul, mais faction ne se dit que de plusieurs. On ne dit pas les factions, mais les intrigues d' un homme. Bossuet n' a pas employé un terme propre en parlant des vexations et des factions d' un Pape.

FACTIONAIRE


FACTIONAIRE, s. m. [Fak-cio-nère. 3e è moy. et long.] Qui est obligé de faire faction. Voyez FACTION, dans le 2d sens. "Il est simple factionaire, simple soldat. "Premier Capitaine factionaired' un Régiment.

FACTORERIE


FACTORERIE, s. f. [3e et dern. e muet, 4e lon.] C' est, dans les Indes, le lieu, le bureau, où sont les Facteurs des Compagnies de Comerce. On les apèle aussi Comptoirs.
   Rem. Le Traducteur du Voyage d' Anson, dit Factorie. C' est un anglicisme: Factory, que Boyer traduit par Factorerie. Et si le Traducteur avait consulté le Dict. Angl., il n' aurait pas fait cette faûte. * Le P. de Charlevoix dit, faiturie, qui est encore plus mauvais.

FACTOTUM


FACTOTUM, s. m. FACTUM, s. m. [Pron. Faktoton, fakton. L' Acad. écrit le 1er, comme on le prononce, factoton.] Un factotum, ou le factotum d' une maison est celui qui s' y mêle de tout, qu' on emploie à tout. _ Il ne se dit guère qu' en dénigrement. Acad.
   FACTUM, est l' exposition du fait d' un procès, et des raisons d' une des parties.
   REM. Factum ne prend point d' s au plur. "Tous ses factum sont bien écrits, et encore mieux raisonés. Wailly.

FACTûRE


FACTûRE, s. f. État des marchandises qu' un Marchand envoie à un autre Marchand. = Dans le Journ. de Litt. on le dit de la tournûre des vers. "Indépendamment du naturel, vous trouverez dans ces vers un mérite assez rare, celui de la factûre. _ En ce sens, c' est un néologisme.

FACULTÉ


FACULTÉ, s. f. [3e é fer.] 1°. Puissance, vertu naturelle. "Les facultés de l' âme. = 2°. Talent. "La faculté de bien parler. = 3°. Le droit de faire... Il n' a pas la faculté de disposer de ses biens. Voy. POUVOIR. = 4°. Corps ou assemblée des Docteurs. "La Faculté de Théologie, de Droit, etc. La Faculté tout court, c' est celle de Médecine. = 5°. Les facultés, les biens de chaque particulier. "Faites l' aumône selon vos facultés. "Chacun a été taxé suivant ses facultés.

FADAISE


FADAISE, s. f. [Fadèze; 2eè moy. et long.] Chôse fade et frivole; niaiserie, ineptie. "Il a l' esprit plein de fadaises. "Il ne dit que des fadaises. = Rouss. parlant aux Philosophistes de son temps, leur dit, avec son énergie ordinaire.
   C' est à leurs yeux que vos doctes écrits
   Feront briller ces subtiles fadaises,
   Ces argumens émaillés d' antithèses,
   Ces riens pompeux avec art enchâssés,
   Dans d' autres riens fièrement énoncés.

FADE


FADE, adj. FADEUR, s. f. [2e e muet au 1er.] Fade, insipide, qui est sans goût, ou qui a peu de goût. "Viande, sauce fade. "Douceur fade. "Se sentir le coeur fade, avoir du dégoût. = Au figuré, qui n' a rien de piquant. "Beauté fade, blond fade. "Discours, conversation fade. "Des louanges fades. _ Il se dit même des persones. "Cet homme est bien fade dans ses propôs.
   Fade, Insipide (synon.) Le dernier enchérit sur le premier. Ce qui est fade ne pique point le goût: ce qui est insipide ne le touche point du tout. Il ne manque à l' un qu' un degré d' assaisonement, et tout manque à l' aûtre. _ Dans les ouvrages d' esprit, ils sont tous deux éloignés du beau: mais le fade paraissant en afecter et en chercher les grâces, déplaît et dégoûte; l' insipide ne paraissant pas même les conaître, ennuye et rebute. Gir. Synon.
   Fadeur, qualité de ce qui est fade. Il se dit au propre et au figuré. "Corriger la fadeur d' une sauce. "La fadeur des manières, de la conversation de... "Louanges pleines de fadeur.
   Empressé sans fadeur, gai, sans être caustique,
   Le meilleur~ ton; partout également goûté,
   Et cependant point d' airs, nulle fatuité.
       Barthe.
= Il se dit absolument, pour une louange fade. "Voilà une grande fadeur. "Il ne lui dit que des fadeurs.
   REM. Fadeur n' est pas ancien dans la langue. L' Auteur des Réflexions, etc. remarque comme une nouveauté, que quelques persones, et entr' autres, M. de la Bruyère, se fussent~ servis de ce mot pour dire, insipidité; et il ajoute que, comme il est simple et facile à entendre, il y avait aparence qu' il serait bientôt généralement reçu. La Touche, qui a écrit depuis, se contente de dire que l' Académie ne le condamne pas. Il est si bien établi aujourd' hui, qu' on croirait qu' il s' est dit de tout temps.

FAGOT


FAGOT, s. m. [On ne prononce point le t.] Faisceau, assemblage de menus bois, de branchages. _ * Le peuple dit aussi, fagot de hardes, de linge, d' herbes. "Mettez toutes ces hardes en un fagot. Il est bâs en ce sens. = Ce mot fournit à plusieurs expressions proverbiales. _ Sentir le fagot, être hérétique, mécréant, etc. _ Conter des fagots, dire des sornettes. "M. D' Al... se félicitait, dans une compagnie, d' avoir déjà fait de grands abatis dans la forêt des préjugés. Ha! ha! répartit une Dame de beaucoup d' esprit, je ne m' étone donc plus que vous veniez nous débiter tant de fagots. L' Ab. Grosier. _ Il y a fagots et fagots: entre chôses de la même espèce, il y a de la diférence. Voy. Epine.

FAGOTAGE


FAGOTAGE, s. masc. FAGOTER, v. a. Le travail d' un faiseur de fagots. _ Mettre en fagots. = Le substantif ne se dit guère qu' au propre: Le verbe se dit aussi, et plus souvent au figuré. Mettre en mauvais ordre, mal arranger. "Qui a fagoté ce paquet? "Voilà qui est bien mal fagoté. = "Voilà un homme bien fagoté. Comme le voilà fagoté, se dit d' un homme mal fait ou mal vétu. St. famil.
   Rem. Mme de Sévigné emploie fagotage, figurément. "J' admire quelquefois les riens que ma plume veut dire. Je ne la contrains point: je suis bienheureuse que de tels fagotages vous plaisent. Cela peut être bon dans le style badin, ou critique et mordant.

FAGOTEUR


FAGOTEUR, s. m. FAGOTIN, s. m. Le premier se dit d' un Bucheron; le second d' un Valet de Charlatans, autrement dit Paillasse. = Figurément, mauvais plaisant.

FAGUENAS


FAGUENAS ou FAGUENA, s. m. [2e e muet, l' s ne se prononce pas. Richelet ne met que le 2d, l' Acad. que le 1er. Trévoux les met tous deux.] Odeur fade et mauvaise sortant d' un corps mal propre et mal disposé. Cela sent le faguenas.

FAïANCE


FAïANCE s. f. FAïANCERIE, s. f. FAïANCIER, IèRE, s. m. et f. [L' Acad. écrit faïence et d' aûtres fayance ou fayence, etc. Mais l' y ferait prononcer feïance, ce qui est contre l' usage.] La Faïance est une sorte de poterie vernissée. Faïancerie, lieu, où la faïance se fabrique. Faïancier, faïanciere, Marchand ou Marchande, qui vend de la faïance.

FAILLIR


FAILLIR, v. n. [Fagli: 1re brève; mouillez les ll.] Il est peu usité au présent. L' Acad. met, je faux, tu faux, il faut, nous faillons, vous faillez, ils faillent. Il n' a point d' imparfait. Pour le futur, les uns voudraient je faudrai, comme l' Acad. d' aûtres je faillirai, mais il est inutile de disputer là dessus, puisqu' on ne s' en sert pas. _ Ce verbe ne s' emploie qu' à l' infinitif à l' aoriste, faillir, je faillis, nous faillimes, et aux tems composés, j' ai failli, j' avais failli, j' eusse, j' aurai failli, ayant failli, etc.
   FAILLIR, c' est, 1°. Faire quelque chôse contre son devoir. "Il est de la faiblesse humaine de faillir. = 2°. Se tromper. "Les plus doctes sont sujets à faillir. = 3°. Finir, manquer. "Cet édifice a failli par le pied: "Ce cheval commence à faillir par les jambes. _ L' Académie le dit des familles. La branche royale des Valois a failli en la persone de Henri III. * D' Ablancourt a dit: "Il faillit son coup. Il est vieux en ce sens. = 4°. Être sur le point d' arriver. Il régit à ou de. "Il a failli à arriver un grand malheur. "J' ai failli à tomber. "Il a failli à être Pape. "On leur tira quelques coups de Canon, qui faillirent de les submerger. L' Acad. qui parait admettre les deux prépositions, ne done d' exemple que de la première.

FAILLIBILITê


FAILLIBILITê, s. f. FAILLIBLE, adj. [Faglibilité, lible, mouillez les ll: on ne prononce point l' i qui est après l' a.] Faillible, qui peut se tromper. Faillibilité, possibilité de faillir, de se tromper.

FAILLITE


FAILLITE, s. f. [Faglite; mouillez les ll.] La faillite est distinguée de la banqueroute, qui est toujours frauduleûse. La faillite est forcée, et la banqueroute est volontaire. Ferrière. _ La faillite est donc une banqueroute non frauduleûse. "Ce Marchand a fait faillite. "Sa faillite est fort mauvaise: il a peu à doner à ses créanciers.

FAIM


FAIM, s. f. [Fein.] Desir et besoin de manger. "Avoir faim, avoir grand faim, et non pas grande faim. _ Au propre, il se dit sans régime: on ne dit point avoir faim de pain, de viande, de fruit; mais on dit au figuré, la faim de la justice, de la perfection, de la parole de Dieu; la faim insatiable des richesses, des honeurs.
   Rem. Ce mot n' a point de pluriel. On dit à plusieurs, comme à un seul, votre faim, et non pas vos faims. = Faim canine, maladie dans laquelle on a toujours faim. = Crier à la faim, et mourir de faim, avoir extrêmement faim. Le dernier signifie aussi, manquer des chôses nécessaires à la vie. On dit, proverbialement, que la faim chasse le loup du bois; la nécessité contraint à s' évertuer pour avoir de quoi vivre. _ La faim épouse la soif, se dit de deux persones sans bien, qui se marient. Richelet atribue cette expression au Duc d' Orléans (Gaston). "Il (M. de Bussi) veut toujours marier sa fille au Comte de Limoges: c' est la faim et la soif ensemble. Sév. Voy. MORT.

FAîNE


FAîNE, s. fém. [Fêne: 1re ê ouvert et long: 2e e muet.] Fruit du hêtre. "Pourceaux engraissés de faîne.

FAINÉANT


FAINÉANT, ANTE, adj. FAINÉANTER, v. neut. [Féné-an, ante, anté, 1re et 2e é fer.] Paresseux, qui ne veut rien faire. "Il est fainéant, elle est fainéante. Et substantivement. "C' est un fainéant, une fainéante. "Il ne fait que fainéanter: il fait le fainéant; il ne fait, rien par paresse. Ces deux mots ne sont pas du beau style.

FAINÉANTISE


FAINÉANTISE, s. f. [Féné-antize: 1re et 2e é fer. 3e et 4e lon.] Paresse. Celui-ci est plus noble: l' aûtre n' est que du st. famil.

FAIRE


FAIRE, v. act. [Fère: 1reè moyen et long, 2e e muet.] Je fais, tu fais, il fait; nous faisons (Acad.) ou fesons (Restaut, Wailly), vous faites, ils font. Je faisais, ou fesais; j' ai fait; je fis, nous fimes, etc. je ferai, je ferais; fais, faites; que je fasse, je fisse; faisant, ou fesant, fait. = * Autrefois on écrivait au futur, je fairai, nous fairons, et quelques Auteurs ou Imprimeurs l' écrivent encôre ainsi, par une mauvaise habitude. = * Malherbe écrivait face, au lieu de fasse, au subjonctif, pour le faire rimer aux yeux comme à l' oreille, et sacrifiait, à cette manie, l' usage et l' ortographe reçûe. = L' impératif de ce verbe s' emploie à la 3e persone sans la conjonction que: "Fasse le Ciel que mes craintes soient vaines! Le Sage. pour, que le Ciel fasse, etc.~
   Faire a tant d' acceptions diférentes, qu' il formerait lui seul un Dictionaire, avec les mots avec lesquels il se combine. Il signifie agir, travailler, venir à bout. Créer, former, produire. Fabriquer, composer. Construire. Exécuter. Tâcher de... Susciter, exciter, causer. Raconter. Amasser. Constituer. Disposer. Être. Doner. Entreprendre, etc. _ On troûvera ces divers sens, en cherchant les diférens mots qu' il s' associe.
   Rem. 1°. Faire se met élégamment pour un autre verbe qu' on ne veut pas répéter, come: "Je n' écris plus tant que je faisais autrefois, c' est-à-dire, que j' écrivais. "Il n' a pas si bien marié sa dernière fille qu' il a fait les autres, c' est-à-dire, qu' il a marié. Vaug. "On ne peut s' intéresser plus tendrement que je fais (que je m' intéresse) à ce qui vous touche. Sév. _ Il prend les régimes qu' ont les verbes qu' il remplace.
   2°. Une des propriétés les plus particulières de faire, c' est de doner aux verbes neutres le régime simple (l' acusatif) et de doner aux verbes actifs un 2d régime qu' ils n' ont pas ordinairement. "Il fit perdre au Roi cette conquête. "Faire jouir les citoyens de leurs droits.
   3°. Faire se joint à des infinitifs, et joint à des verbes neutres, il leur done un sens actif. Remarquez que quand cet infinitif est un verbe actif de sa natûre, on met le nom du régime relatif au datif. "On lui fit avoir un emploi. Quand ce verbe à l' infinitif est neutre, régissant naturellement le datif, on met le 2d régime à l' acusatif. "On le fit renoncer à ses prétentions. Quelquefois cet infinitif a un sens passif. Alors on met le second régime à l' acusatif. "On le fit précéder de, etc. = Mais quand cet infinitif est un verbe neutre, régissant de sa natûre l' ablatif (la prép. de) on demande si le second régime doit être au datif ou à l' ablatif. Doit on dire, on lui fit user, ou, on le fit user d' un régime doux? J' aimerais mieux la première manière, et elle me parait plus conforme à l' analogie; mais l' une et l' aûtre sonent mal, et il vaut mieux prendre un aûtre tour.
   4°. Quand la conjonction que suit le v. faire, elle régit l' indicatif. "Cela a fait que je n' ai pu venir. * Montesquieu emploie mal-à-propos le subjonctif. "Si à cette foiblesse d' organes... vous joignez une certaine paresse, qui fait que l' esprit ne soit capable d' aucune atention, etc. Il faut qui fasse que l' esprit ne soit capable, ou, qui fait que l' esprit n' est capable, etc.
   5°. La répétition de faire est trivale, sur-tout à l' infinitif. Elle est choquante dans un ouvrage écrit d' un style relevé. Télém. demande à la Déesse à qui était ce vaisseau. "C' est pour renvoyer Mentor que je l' ai fait faire. "Nous y trouverons des amis, qui auront soin de nous faire faire le court trajet qui nous restera. Télém. Ce sont là des négligences de style, qui dépârent un peu cet ouvrage admirable.
   6°. Ne faire que, devant l' infinitif, a un sens diférent, selon que cet infinitif est précédé ou non de la prép. de. "Ne faire que sortir et rentrer, c' est sortir et rentrer continuellement. "Ne faire que de sortir c' est être sorti depuis peu de tems. * Vertot a employé l' un pour l' aûtre. "Âgé à peine de dix-huit ans, et ne faisant que sortir des écoles, etc. Et M. Des Essarts: "Abandoner un enfant qui ne fait que sortir des entrâilles de sa mère. Causes célèbres. _ Peut-être les Imprimeurs ont-ils oublié la prép. de.
   7°. N' avoir que faire régit de devant les noms et les verbes. "Je n' ai que faire de cela, de l' acheter: je n' en ai pas besoin, je ne m' en soucie pas. "Je n' ai que faire, je pense, d' expliquer pourquoi il opinait sans quartier pour ma sortie. Mariv. _ * Bossuet dit, n' ayant qu' à faire de, etc. Peut-être le disait-on ainsi de son temps. Peut-être cette expression lui était-elle propre. Elle est aujourd' hui inusitée. = On dit, à peu près dans le même sens, n' y avoir que faire. "L' héroïsme nous acable encore plus qu' il ne nous touche, parce qu' après tout, nous n' y avons que faire. J. J. Rouss. = Je ne sais qu' y faire, ce n' est pas ma faûte. Tout cela doit bien mettre en colère M. de V... mais nous ne savons qu' y faire, et nous disons ici la pure vérité. Le Chev. des Sabl. = Je ne puis que faire à cela; je n' y puis rien.
   8°. Se faire à plusieurs régimes. _ Le nominatif. "Il s' est fait Moine. _ Le datif. "Il se fait à ce manège; il s' y acoutume. Si l' on se fait quelquefois à des moeurs étrangères, on ne se fait presque jamais à des préjugés étrangers. Cerutti. _ L' infinitif sans préposition. "Je me suis fait saigner.
   9°. Comment se fait-il que, d' où vient que, est une expression à la mode. "Comment se fait-il que Marculfe n' ait inséré dans son Recueil aucune des formules, etc. Moreau. "On ne pouvait concevoir comment il se faisoit que tant de mauvais vers eussent reçu les honeurs du triomphe. Joun. de Mons.
   10°. * Dans les Îles Françaises de l' Amérique, on dit comunément que fait, ou coment fait ce malade? Et l' on répond, il fait bien, il fait mal, il fait mieux, etc. Ce sont tout autant de barbarismes. = * Dans certaines Provinces, le peuple dit faire, pour dire. "Mamzelle, que je lui faisois, vous vous tuerez (à force de travailler)... Non, non, faisoit-elle, c' est pour ma mère, ça ne saurait me fatiguer. Th. d' Éduc.
   11°. Faire, impersonel, régit quelques adjectifs. "Il fait froid, il fait chaud, il fait beau, ou beau temps. Il se fait tard, il se fait nuit. Mme. de Sévigné dit, il fait brouillard, il fait mouillé; d' autres disent, il fait croté, et même, en riant, il fait faim. _ Tout cela n' est bon que dans la conversation et dans le style badin. * Sur les bords de la Garone, on dit, il fait du brouillard, du serein, de la rosée, de la pluie, du verglas, etc. Il faut dire, il tombe, etc. Desgr.
   12°. C' est fait de; c' en est fait, est le conclamatum est des latins. "Si cela continue, c' est fait de la religion et des moeurs parmi nous, c' est-à-dire, elles sont perdûes sans ressource. = Sans régime, il a un aûtre sens. "C' est fait, la chôse est faite. = C' est bien fait à lui, il fait bien. "C' est prudemment fait à eux: ils font prudemment. "C' est fort bien fait à vous: tout le monde ne peut ateindre à une si rare prudence. Marin.
   13°. On dit, proverbialement, cela vaut fait, on peut compter là-dessus. _ Ce qui est fait, n' est pas à faire; quand on peut faire une chôse, il ne faut pas la diférer à un aûtre tems. _ Paris n' a pas été fait tout en un jour: il faut avoir patience, il y a des chôses qu' on ne peut faire qu' avec beaucoup de temps.
   FAIRE, s. m. Terme de Peintûre, qui équivaut à manière. Depuis quelque temps on l' emploie en litératûre. "On jugera du style et du faire de l' Auteur par ce comencement de l' éloge. Fontenai. Il parait qu' il y a encôre de l' afectation à employer ce mot. Ce que je crois plus sûr encôre, c' est qu' il ne prend point d' s au pluriel. * "Deux faires diférens se nuisent nécessairement l' un à l' autre. Ann. Lit.

FAISABLE


FAISABLE, adj. [Fézable 1reé fer. 2e dout. 3e e muet. M. Linguet écrit fesable. Suivant cette ortographe, l' e serait muet. Plusieurs en éfet le prononcent de la sorte.] Suivant Vaugelas, faisable regarde l' action seulement, et non pas le devoir; et quand on demande si une chôse est faisable ou non, on ne veut pas dire s' il est permis de la faire, mais s' il est possible de la faire. Mais l' Acad. aprouve faisable dans le sens de permis comme dans celui de possible.

FAISAN


FAISAN, s. m. FAISANDEAU, s. m. [Fézan, zando: 1re é fer. 2e lon. au 2d.] On écrivait aûtrefois phaisan, ce qui était plus conforme à l' étymologie. Quoique ce mot s' écrive sans d final, on dit faisandeau, faisander, et non pas faisanneau, faisanner. _ Richelet écrit faisand. Il dit, pour le féminin, que les Savans en la langue disent faisande, les Dames faisane, les Oiseliers faisante. _ Trév. met faisande, l' Acad. et le Rich. Port. poule faisane. _ Un anonyme écrit faisants au pluriel. Pourquoi ce t?
   FAISAN, espèce de coq sauvage, qui se nourrit dans les bois. Faisandeau, jeune faisan.

FAISANDER


FAISANDER, (SE) v. récip. [Fézandé: 1er et dern. é fermé, 2e lon.] Aquérir du fumet. "Ces perdrix se faisandent trop. _ V. neutre. Laisser faisander. "Vous avez trop laissé faisander ce lapin.

FAISANDERIE


FAISANDERIE, s. f. FAISANDIER, s. m. [Fézanderie, dié: 1re é fer. 2e lon. 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Lieu fermé où l' on élève des faisans. = Celui, qui les nourrit et les élève.

FAISANT


FAISANT, partic. act. du v. Faire [Fézan ou Fezan. On prononce fesant comme pesant suivant la remarque de Ménage, contre Beze, qui prétendait qu' on devoit prononcer faisant, faciens, comme faisant, phasianus. La Monn. _ L' Acad. écrit faisant et ne dit rien de la prononciation. M. de Wailly met les deux faisant ou fesant.] Ce participe est indéclinable, et l' on doit dire d' une femme comme d' un homme, je l' ai trouvée faisant, et non pas faisante arranger son apartement.

FAISCEAU


FAISCEAU, s. m. [fè-so: 1re lon. è moy. 2e dout. au sing. lon. au plur. Faisceaux.] Paquet ou fagot (Trév.) ou amâs (Acad.) de plusieurs chôses liées ensemble. Amâs est plus noble. Dirait-on des armes en faisceau, qu' elles sont en fagot. _ Faisceau de piques, de flèches, de mousquets. Faisceau d' herbes, etc. = Les faisceaux romains, trousseaux de verges liées ensemble avec une hache au milieu. "On portait douze faisceaux devant les Consuls: les Préteurs et les Proconsuls n' en avaient que six.

FAISEUR


FAISEUR, ou FESEUR, EûSE, s. m. et f. [Fé-zeur, ou fe-zeur, zeû-ze: 1re é fer. ou e muet. Trév. et l' Acad. ne mettent que le 1er. Dans le Rich. Port. on ne met que le 2d: c' est l' ortographe de quelques Écrivains, entr' autres, de M. Linguet. Pour la prononciation, il parait que le plus grand nombre de ceux-là même, qui écrivent faiseur prononcent feseur.] Ouvrier, ouvrière. Faiseur de Luths, de clavecins, de malles, d' almanachs. Faiseûse de collets, de modes, etc. _ On ne dit pourtant pas faiseur de souliers, de serrures, d' éperons, etc. On dit cordonier, serrurier, éperonier, etc. La raison de cette diférence est sensible: c' est que ceux-ci ont un nom partiulier qui les distingue, et qui est conu de tout le monde: les aûtres n' ont point de nom particulier, ou n' ont qu' un nom peu conu. = En parlant des modes et des ouvrages recherchés, on dit le bon faiseur, la bone faiseuse; et c' est un mot fort usité parmi les petits maîtres, et les petites maitresses. "Ne sommes-nous pas les vrais faiseurs et les fournisseurs de toute l' Europe? Coyer. "Votre panier n' est pas de la bonne faiseûse. Id.
   On dit, par mépris, feseur de vers, feseur de livres, d' un mauvais Poète et d' un méchant Auteur. "M. le S... ne se plaindrait pas tant des prétendus faiseurs et destructeurs des réputations, s' il voulait travailler plus lentement. Mercûre. On dit aussi, faiseur de contes, d' un homme qui aime à en faire, à en dire. = Le proverbe dit: les grands diseurs ne sont pas les grands faiseurs. Ceux qui se vantent et qui promettent le plus, sont ordinairement ceux qui font le moins.

FAIT


FAIT, s. m. [Fèt: è moy. le t final s' y prononce toujours au singulier.] Ce qu' on fait, qu' on a fait. "Chacun répond de son fait, de ses faits. "C' est un fait singulier.
   On n' agit pas toujours aussi bien que l' on pense:
   Un beau raisonement ne détruit pas un fait.
       La Chaussée.
Il signifie souvent la chôse, le câs et l' espèce dont il s' agit. Il va droit au fait; ne nous écartons pas du fait. Poser, narrer, déduire le fait.
   Ce mot entre dans plusieurs expressions et manières de parler. _ Venir au fait. "Venons au fait. * BOSSUET dit, à notre fait, ce qui n' est pas si bien. _ Mettre ou poser en fait: (le 2d me parait le meilleur: l' Acad. les dit tous deux indiféremment.) Il régit la conjonct. que, et l' indicatif. "Il met en fait qu' ils ne peuvent produire aucun Père (de l' Église.) Boss. "Les Romains pôsent en fait que, etc. Id. _ Rousseau s' élève contre les Impies qui ôsent
   Poser en fait qu' au corps subordonée,
   L' âme avec lui meurt, ainsi qu' elle est née.
Dire ou doner à quelqu' un son fait, lui répondre de manière à le confondre.
   Plus d' une fois ta piquante hyperbole
   À~ tes censeurs a su doner leur fait.
       ROUSS.
"Après lui avoir dit son fait, (au Roi) elle se retire fort tranquillement. Ext. Cirt. de Warvich.
   Être au fait de. * La Bruyère, dit dans le fait, ce qui est contre l' usage. "Leur avez-vous lu un seul endroit de l' ouvrage: c' est assez, ils sont dans le fait: ils entendent l' ouvrage. _ On doit dire: ils sont au fait. Il régit quelquefois de: "Il est au fait de cette afaire. = Prendre sur le fait, surprendre quelqu' un, fesant une action qu' il voulait cacher. Fontenelle a dit, prendre la natûre sur le fait, deviner son secret, découvrir la caûse des phénomènes. = C' est votre fait, cela vous convient. "C' est mon fait, cela m' acomode.
   Une mouche, en faisant sa ronde,
   Vit un vâse rempli de lait.
   Bon! dit-elle aussi-tôt, c' est bien ici mon fait.
       L' Ab. Reyre.
  J' alois ofrir mon fait à part.
      La Font.
c. à. d. mon présent en particulier. = Cela vaut fait, vous pouvez y compter. = Le fait est que, etc. "Elle a une courbatûre éfroyable. _ Il y a une demi-heure qu' elle sautoit dans le jardin. _ C' est que je ne suis pas douillette; mais le fait est que je suis malade. Théat. d' Ed. Ces locutions ne sont que du style familier. "Le fait est que se trouvant maîtres absolus dans la Diète, ils s' enivrèrent de leurs succès. Hist. de la dern. Révol. de Suède. "Cette familiarité, le fait est que, pâsse dans la conversation, mais ne peut convenir à l' Histoire, dit un des Auteurs du Mercûre. = Prendre fait et caûse pour quelqu' un, ou prendre le fait de... prendre sa défense, son parti. = Je suis sûr de mon fait, de ce que je dis, de ce que j' avance. = Il entend bien son fait, il est habile dans ce qui le regarde. = Voie de fait, voie de violence, dont on ûse, sans avoir recours à la Justice. = Si-fait, oui. Voy. SI.
   DE FAIT, adv. En éfet, certainement. Il est du style familier et se met à la tête de la phrâse. = En fait de... en matière de... le 2d est plus noble. "En fait de religion, de litératûre, etc. = Tout-à-fait. Entièrement. "Il est tout-à-fait ruiné.

FAIT


FAIT, FAITE, adj. [, et devant une voyelle fèt, fète: 1reè moy.] Homme fait, qui est dans un âge mur. Bien fait, fait à plaisir, fait à peindre; beau, de belle tâille, de bonne mine. "Femme, fille bien faite. _ Mal fait, laid, mal bâti. = On dit aussi d' un cheval, qu' il est bien fait, ou mal fait dans sa tâille. = Avoir la tête mal faite, être bizârre, déraisonable. _ On dit, ironiquement, d' un homme qui tire vanité d' une chose, dont il ne résulte pour lui nul avantage. "Cela lui rend la jambe bien faite.

FAITARDISE


*FAITARDISE, s. f. Vieux mot. Fainéantise.

FAîTE


FAîTE, s. m. [Fête: 1reê ouv. et long: 2e e muet.] Au propre le comble d' un édifice. _ Le sommet des arbres. _ On dit au figuré, le faîte des grandeurs, des honeurs, de la gloire, du bonheur, etc. La Fontaine dit,
   La rage alors se trouve à son faite montée.
On dit au faite de, mais on ne dit pas à son faite, on dit, à son comble. Telle est la bisarrerie de l' usage.

FAIX


FAIX, s. m. [, ê ouvert.] Charge, fardeau. Voy. CHARGE. "Il sucombe sous le faix. _ Figurément, le faix des afaires, du Gouvernement.

FALAISE


FALAISE, s. f. FALAISER, v. n. [Fa--lèze, lézé: 2eè moy. et long au 1er, é fer. au 2d: 3ee muet au subst. é fer. au verbe.] Falaise, terre, ou rocher escarpé le long de la mer. = Falaiser (Marine) se briser sur une falaise. "La mer falaisoit.

FALLACE


*FALLACE, s. f. FALLACIEUX, EûSE, adj. Vieux mots. Tromperie. Trompeur. = Fallacieux a été employé par Corneille et par Bossuet, mais il n' a pu se soutenir. J. J. Rouss. a tenté de le rétablir. "Ce seroit un droit illusoire et fallacieux. M. l' Ab. Garnier l' a aussi employé. "Ces idées s' accordoient avec la politique fallacieûse, qui dominoit alors dans toutes les Cours de l' Europe. Hist. de Fr. = M. l' Ab. Roubaud pense que ce mot est autorisé, qu' il est beau, qu' il est nécessaire. Voy. NOUV. Synonimes François. = On disait aussi fallacieusement. Dans le Rich. Port. On le traduit par, avec fallace. _ Ces trois mots ne peuvent plus être employé que dans le burlesque et le marotique.

FALLOIR


FALLOIR, v. n. Impers. [Fa-loar.] Il faut, il fallait, il fallut; il a fallu, il faudra, il faudrait, qu' il faille, qu' il fallut. On ne mouille point les ll. = L' infinitif n' est point usité. _ Ce verbe régit le datif des noms, l' infinitif des aûtres verbes, ou que avec le subjonctif. "On ne sait ce qu' il lui faut. "Il nous faudra tous mourir: il faut qu' il me rende raison. = Il a quelque--fois pour second régime des noms le nominatif. "Il me faut un louis; il me faut de l' argent, du bois, de l' eau, etc. _ J' en ai plus qu' il ne m' en faut~.
   Ne croyez point, Madame,
   Qu' un mari soit jamais prodigue envers sa femme.
   Il lui done à regret, toujours moins qu' il ne faut,
   Et lui fait tout valoir cent fois plus qu' il ne vaut.
       La Chaussée.
Il se dit aussi sans régime: "Dire tout ce qu' il faut, et le dire de la meilleur manière, c' est le caractère d' un bon esprit. Gaichiés. L' Ab. Girard marque la diférence entre il faut et il est nécessaire, on doit. La premiere de ces expressions dénote plus précisément une obligation de complaisance, de coutume, d' intérêt personel. "Il faut hurler avec les loups, il faut suivre la mode. _ La seconde marque plus particuliérement une obligation essentielle et indispensable. "Il est nécessaire d' aimer Dieu, pour être sauvé. "Il est nécessaire d' être complaisant pour plaire. _ La troisième, est plus propre à désigner une obligation de raison ou de bienséance. "On doit dans chaque chôse s' en raporter aux maîtres de l' art, etc. Synon. _ On ne doit pas prendre cette distinction à la rigueur.
   Rem. Le peuple retranche assez volontiers le pron. il. Mde de Sévigné raportant les discours des goujats de l' armée dit: "Nous avons été joliment téméraires: nous n' étions que 7,000 hommes, et nous en avons ataqué 26,000. Aussi faut voir comme nous avons été frotés. "Elle est très posée pour son âge, faut lui rendre justice. Th. d' Éduc.. = Malherbe répétant ce verbe, retranche le pron. il la seconde fois.
   Il faut ou vous aimer, ou ne vous faut point voir.
Cette construction est vicieûse, dit Ménage. On peut bien dire, il faut ou vous aimer ou ne vous point voir: mais en répétant faut, on doit aussi répéter il, et dire, il faut vous aimer, ou il faut ne vous point voir Men. Malheureûsement la mesûre du vers ne le permettait pas, et elle a fait comettre cette faûte à Malherbe, comme elle en a fait comettre tant d' aûtres aux Poètes les plus exacts. _ Anciènement cette supression du pron. il était comune.
   Il s' en faut, ainsi que, peu s' en faut, et il s' en faut de peu que, régissent le subjonctif, précédé de la particule ne: "Il s' en faut deux pouces que vos girandoles ne descendent assez bas. Coyer. "Peu s' en faut que son ouvrage ne soit achevé: "Peu s' en est fallu qu' il ne soit tombé. = Quand ce verbe n' est acompagné d' aucun adverbe, ou qu' il est acompagné d' un aûtre adverbe que peu, les uns retranchent, les aûtres emploient la négative ne: "Il s' en faut beaucoup que son Poème de Roland l' amoureux ait été aussi estimé. La Monn. "Il s' en faut beaucoup que je ne sois de son avis. Ménage. "Il s' en faut beaucoup que l' un soit du mérite de l' aûtre. Acad. S' il m' est permis de dire mon sentiment, dit M. de Wailly, il me semble qu' on doit toujours mettre ne, quand le verbe est acompagné d' une négation ou de peu. "Il s' en faut peu, ou il ne s' en faut pas beaucoup, ou, il ne s' en faut presque rien qu' il ne soit aussi grand que son frère. Au contraire, on retrancherait ne, quand le verbe il faut n' aurait ni peu, ni négation. _ Ce sentiment est très-raisonable et très-conforme au goût et au génie de la Langue. _ L' Acad. met la négation avec peu, et ne la met pas avec beaucoup. = On dit aussi il s' en faut bien, et quelques Auteurs y mettent la négative. "Il s' en faut bien que votre prédétermination... ne soit la Doctrine de St. Augustin. P. Daniel. * En Provence, on dit, il s' en faut de bien. C' est un provençalisme qui est échapé à l' Auteur d' un excellent Mémoire sur le charbon de pierre, couroné par l' Acad. de Mars. "Il s' en faut de bien que toutes les houilles se ressemblent. Bernard. * Les Gascons disent, bien s' en faut, pour, il s' en faut bien. Gasc. Corr. = Peu s' en faut, doit suivre le tems du verbe qu' il régit. Henri IV écrivait à sa soeur: "Peu s' en faut que vous n' ayez été mon héritière. On dirait aujourd' hui, peu s' en est fallu que, etc.
   Tant s' en faut... qu' au contraire, est un tour gaulois et suranné: mais tant s' en faut, tout seul et à la fin de la phrâse, se dit encôre dans le discours familier. "Je ne suis pas la plus méritante, tant s' en faut. Th. d' Educ. Il s' en faut bien, est plus noble et plus élégant.
   On dit familièrement, si faut-il que, pour, il faut que. "Vous avez beau dire, si faut-il que je vous dise que je suis très-aise, etc.~ = C' est un faire il le faut (l' Acad. retranche il.) C' est une nécessité. = Des gens comme il faut, ce qu' on apelle d' honêtes gens, gens au dessus du commun. "Hortence fit entendre à son Époux qu' on trouvoit mauvais que sa porte fût interdite, que des gens comme il faut s' en plaignoient. Marm. "Des gens comme il faut, c' est-à-dire, trop souvent des gens comme il ne faudrait pas. Linguet.

FALOT


FALOT, s. m. FALOT, OTE, adj. FALOTEMENT, adv. [Falo, lo, lote, loteman: 3e e muet aux deux dern.] Falot, espèce de grande lanterne. = Falot, falote, impertinent, ridicule, plaisant, drôle. "Conte falot, aventûre falote. _ Il se dit substantivement des persones. "C' est un plaisant falot, il fait le falot. = Falotement, d' une manière falote. "Il conte, il narre falotement. St. famil.
   FALOT, au masc. suit toujours le substantif auquel il se raporte: au fém. il peut le précéder.
   Dans ce siècle falot,
   Nul n' est en tout si bien traité qu' un sot.
       Rouss.
"Avez-vous oui parler de cette falote aventûre?

FALSIFICATEUR


FALSIFICATEUR, s. m. FALSIFICATION, s. f. FALSIFIER, v. act. [Falsifika--teur, cion, en vers ci-on, fié.] Falsifier, contrefaire l' écriture, le cachet, etc. de quelqu' un avec dessein de tromper. Falsification, action de falsifier. Falsificateur, celui, qui falsifie. = Falsifier, se dit aussi de la monoie, des drogues, du vin, d' un texte, d' un passage. Falsification, se dit encôre de la chôse falsifiée. Dans un fameux Recueil on a trouvé plusieurs milliers de falsifications.

FâME


*FâME, s. f. Vieux mot. Renomée. Il est encore usité dans cette phrâse de Praticien. "Rétabli en sa bone fâme et renomée. "Il a été rétabli dans sa bonne fâme, et renomée. Cochin.

FâMÉ


FâMÉ, ÉE, adj. [1re lon. 2e é fer.] Bien ou mal fâmé; qui a une bone ou mauvaise réputation, relativement aux moeurs. Il n' est que du style familier.

FAMÉLIQUE


FAMÉLIQUE, adj. [Famélike: 2e é fer. dernier e muet.] Qui est travaillé d' une faim extraordinaire et habituelle. "Homme famélique, visage, mine famélique. _ S. m. C' est un famélique. Auteur famélique, qui n' écrit que pour gâgner sa vie.

FAMEUX


FAMEUX, EûSE, adj. [Fa-meû, meû--ze: 2e lon.] Renomé, fort conu. Il se prend en bone et en mauvaise part. Fameux Conquérant, fameux Écrivain. Fameux brigand. "Iris, vous devenez fameûse. _ En parlant des chôses, il régit quelquefois la prép. en devant les noms, mais ces noms doivent être au pluriel.
   Vous, qui sur cette mer, si fameûse en orage,
   Redoutez sagement la honte du naufrage.
       Boil.
Il falait, fameûse en orages, mais le pluriel n' acomodoit pas le Poète. Il aurait pu dire la honte des naufrages pour pouvoir mettre, fameûse en orages; mais, avec la honte, des naufrages aurait choqué le goût et l' usage.

FAMILIARISER


FAMILIARISER (se) v. réc. [Fami-lia--rizé] 1°. Se rendre familier. "Se familiariser avec les grands Seigneurs. = 2°. S' acoutumer. "Il s' est familiarisé avec la douleur, avec les dangers. Il est beau en ce sens. = 3°. Se familiariser un Auteur, le style d' un écrivain, une langue étrangère; se les rendre familiers et comme propres. Les entendre, les imiter, les parler sans peine.
   Rem. 1°. On dit sans régime se familiariser, pour dire, prendre des manières trop familières. "Il se familiarise aisément; bien--tôt, etc.
   2°. Anciènement on disait familiariser pour se familiariser. "Gardez une humble et douce gravité sans familiariser avec ceux, qui vous parleront. St. Franç. de Sales. _ On dirait aujourd' hui, sans vous familiariser avec, etc.

FAMILIARITÉ


FAMILIARITÉ, s. fém. [Fami-lia-rité, en vers li-a: dern. é fer.] Manière de vivre familièrement avec quelqu' un. "Avoir de la familiarité avec... En user avec familiarité. _ Prendre des familiarités, ou des airs de familiarité, se dit en mauvaise part et en blâmant. _ Le proverbe dit: la familiarité engendre le mépris. = En parlant d' un homme et d' une femme, familiarité, signifie commerce criminel. "Il a eu des familiarités avec elle. Quand on ne veut pas exprimer ce sens peu honête, il faut dire, prendre des airs de familiarité. = Familiarité se dit du discours et du style. "Cette familiarité indécente du discours, plus convenable à la liberté d' une conversation particulière, qu' à la majesté d' une audience publique. d' Aguess.

FAMILIER


FAMILIER, IèRE, adj. [Fami-lié, liè--re: 3e é fer. au 1er è moy. et lon. au 2d.] 1°. En parlant des persones, qui vit avec quelqu' un librement et sans façon. "Être familier avec... Ils sont familiers ensemble. "Il est trop familier. _ Il se dit en ce sens, des chôses qui ont trait aux persones. "Airs familiers, manières familières. _ Discours ou style familier: style de la conservation et des lettres. "Il y a beaucoup de mots et d' expressions qui ne sont que du discours ou du style familier. = 2°. En parlant des chôses; qui est devenu facile par un long usage. "Cette chôse lui est devenue familière. "Il s' est rendu cette langue familière, cet Auteur, ce style familier. "Toutes les vertus lui sont familières. "Les Auteurs de profession ont souvent peu d' usage du monde... Le style de la conversation ne leur est point familier, l' Ab. Trublet.
   Rem. 1°. Familier aime à suivre le nom qu' il modifie: et la construction a un air sauvage, quand il le précède. "Mes familiers amis, dit La Bruyère, savent que je les leur ai toutes refusées (les clés des caractères) on dirait aujourd' hui: mes amis les plus familiers, ou, les plus intimes.
   2°. Quelques Auteurs ont fait de familier un substantif. "Ses familiers, ses amis, Ménage. "Le Dauphin vivoit avec quelques familiers, qui formoient sa cour. Duclos. _ Il n' est substantif que dans ces deux phrâses: les familiers du St. Ofice. "Il fait un peu trop le familier.

FAMILIèREMENT


FAMILIèREMENT, adv. [Familiè-re--man: 3e è moy. et long. 4 e muet] d' une manière familière. Vivre familièrement; s' entretenir familièrement; etc. * S' acoutumer familièrement sent bien le pléonasme. Voltaire parlant des travaux mécaniques du Czar Pierre, dit que. "Les ouvriers d' abord interdits s' y acoutumèrent familièrement. _ L' acoutumance comme on parlait aûtrefois produit la familiarité. Ainsi. dire, s' acoutumer familièrement c' est comme si l' on disait se familiariser familièrement.

FAMILLE


FAMILLE, s. f. [Fami-glie: mouillez les ll: dern. e muet] 1°. Tous ceux d' un même sang: "Devoirs de famille. Aimer sa famille, dîner en famille. 2°. Race, maison, "Bone, honête famille. "Il est de famille de robe, d' une famille bourgeoise. = 3°. Tous ceux qui vivent dans une même maison sous un même chef. "Famille nombreûse. Chef de famille. = En Italie et chez les Grands, les domestiques d' une maison. La famille d' un Cardinal, d' un Ambassadeur.
   Rem. 1°. Famille (n°. 2°.) est plus de bourgeoisie et maison plus de qualité. On dit en parlant de naissance, être d' honête famille et de bone maison. _ On dit aussi Famille Royale et Maison souveraine. _ Fils de famille. Jeune homme, qui vit sous l' autorité du père et de la mère. On dit aussi enfant de famille. Ils se disent surtout de ceux qui sont d' une famille honête.
   2°. Famille se dit aussi pour enfans. Être chargé de famille, avoir beaucoup d' enfans. Fonten.Marm. * En Provence on dit, en ce sens, avoir beaucoup de famille, mais c' est un barbarisme de phrâse.

FAMINE


FAMINE, s. f. Disette publique et extrême. "La famine se mit dans la Province. Prendre une Ville par famine. _ Crier famine, crier la faim. Voy. BLÉ.
   Elle ala crier famine
   Chez la Fourmi sa voisine.
       La Font.

FANAGE


FANAGE, s. m. FANAISON, s. f. FANER, v. act. [2e è moy. au 2d, é fer. au 3e, fa--nèzon, .] Faner c' est tourner et retourner l' herbe d' un pré fauché, pour la faire sécher. Fanage est l' action de faner et le salaire de ceux qui fanent. _ Fanaison, temps de faner le foin. = On dit aussi faneur, faneûse de celui et de celle qui fane.
   FANER signifie aussi flétrir. "Le vent fane les fleurs, l' herbe se fane, etc Figurément. "Cette femme commence à se faner. "Son teint se fane, sa beauté est fanée.
   Mes yeux nuit et jour sont ouverts
   Ma peau par mes pleurs est fanée
   Et mes ôs ont percé mes chairs.     Le Franc.
Fané, flétri (synon.) Le 2d enchérit au dessus du 1er. Une fleur qui n' est que fanée, peut quelquefois reprendre son éclat, mais une fleur flétrie n' y revient plus. "La beauté, comme la fleur, se fane par la longueur du temps et elle peut se flétrir promtement par accident. GIR. synon.

FANAL


FANAL, s. m. [Au pluriel fanaux. Pron. fanô: 2e lon.] Espèce de grosse lanterne dont les vaisseaux se servent dans la navigation. "Les vaisseaux Anglais après le combat, qui finit à l' entrée de la nuit, éteignirent leurs fanaux.
   FANAL a été employé au figuré par Rouss. Il dit dans son Epitre à M. Racine, parlant de ces jours de ténèbres et d' impiété. _ Où nous voyons, enfin, j' ôse le dire.
   La vérité soumise à leur empire
   Ses feux éteints dans leur sombre fanal,
   Et Dieu cité devant leur tribunal.
Fanal n' est rien moins qu' un terme noble, et il dépâre un peu cette tirade.

FANATIQUE


FANATIQUE, adj. FANATISME, s. m. [On écrivait aûtrefois phanatique et phanatisme.] Fanatique se dit de celui qui se croit transporté d' une fureur divine, et prend ses idées pour des inspirations du ciel. On le dit aussi de celui, qui porte le zèle jusqu' à la fureur et à l' extravagance. "Cet homme est fanatique, s. m. C' est un vrai fanatisme. = Entêtement ou zèle outré et bizârre. "Il y adu fanatisme. _ Trév. met aussi fanatiser, faire le fanatique.
   FANATIQUE aime à marcher après le substantif. En vers et dans le style élevé il peut se placer devant.
   Que~ dis-tu sage Malherbe
   De voir tes maîtres proscrits
   Par une foule superbe
   De fanatiques esprits.
       Rouss.

FANER


FANER, FANEUR, voy. Fanage.

FANFâRE


FANFâRE, s. fém. [1re et 2e lon. 3e e muet] Bruit ou concert d' instrumens militaires, etc. Trév. Sorte de bruit et d' air de trompette, en signe de réjouissance. Acad. Rich. Port. Les trompettes ne sont pas les seuls instrumens qui jouent des fanfâres. C' est une espèce d' air de musique, qui de la grande chasse et de la musique militaire a pâssé dans la musique ordinaire, qui l' emploie dans quelques ocasions. On dit fanfâre, ou air de fanfâre.

FANFARON


FANFARON, s. m. et adj. FANFARONADE, FANFARONERIE, s. f. [4e e muet au dern. 5e lon.] Fanfaron se dit et d' un faux brâve et d' un homme vain, qui se vante au-delà de la vérité et de la bienséance. Fanfaronade, vanité en paroles. Fanfaronerie, habitude de se vanter, de faire le fanfaron, de faire des fanfaronades. "C' est un fanfaron. "Ces fanfarons, qui se vantent du bien qu' ils n' ont pas fait. Le Sage. "Il est timide et fanfaron; brave, mais fanfaron. "La valeur d' Énée n' est ni fanfarone, ni téméraire. "Style fanfaron, ampoulé. "Ces menaces ne sont que fanfaronades "Tout son fait n' est que fanfaronerie. = Fanfaronerie est le vice, fanfaronade en est l' éfet. On lit dans le Dict. de Trév.Fanfaron de doctrine, fanfaron de vertu. Le 1er est de Bayle, le 2d de Moliere. Cela ne peut être bon que dans le style satirique ou le bâs comique.

FANFRELUCHE


FANFRELUCHE, s. fém. [2e et dern. e muet] Terme familier et de mépris. Bagatelles, babioles. Trév. Ornement vain, frivole, de peu de valeur. Acad. _ On dit dans le Dict. de Trév. que ce mot est bâs et burlesque. C' est trop dire.

FANGE


FANGE, s. fém. FANGEUX, EûSE, adj. [2e e muet au 1er, long. aux 2 aûtres: geû; geû-ze] Bouë, bourbe. Boueux. "Il est tombé dans la fange. "Couvert de fange. "Chemin fangeux. = Le subst. se dit élégamment au figuré. "Ton âme est toujours plongée dans la fange d' un monde corrompu. Jér. Dél.

FANON


FANON, s. m. 1°. Peau qui pend sous la gorge d' un Taureau, d' un Boeuf. 2°. Fanons, barbe de la Baleine. _ 3°. Manipule que les Prêtres, les Diacres, les Sous Diacres portent au brâs. 4°. Fanons, les deux pendans de la mitre d' un Evêque.

FANTAISIE


FANTAISIE, s. fém. FANTASQUE, adj. FANTASQUEMENT, adv. [Fantèzi-e, fantas--ke, keman: 1re lon. 2e è moy. au 1er, 3e lon. au 1er, e muet aux 2 aûtres] Ces mots devraient être écrits avec ph, mais l' usage veut une f. DICT. D' ORTH.
   FANTAISIE est 1°. Esprit, pensée, idée. Il a cela dans la fantaisie. "Il a eu la fantaisie d' aler voyager. = 2°. Humeur; vivre à sa fantaisie. = Desir, envie. "Il lui a pris fantaisie de le faire. "Il lui a pris une fantaisie. "Il a pris cela en fantaisie. = 3°. Opinion. "Juger selon sa fantaisie, à sa fantaisie. Il écrit, il chante à ma fantaisie. = 4°. Caprice, boutade. Faire les chôses par fantaisie. "Avoir des fantaisies, etc. "Fantaisie de Peintre, de Musicien, de Poète. "Il peint de fantaisie~: tête, figûre, de fantaisie, etc. = On apèle les caprices des fantaisies musquées, dans le style badin. "Vous me paroissez folle de votre fils: j' en suis for aise. On ne saurait avoir trop de fantaisies musquées, ou non musquées. Sév. _ Cela ne peut se dire qu' en badinant.
   Rem. Fantaisie s' est dit aûtrefois pour imagination. "C' est doner un champ trop libre à la fantaisie échaufée. Boss. "Nous n' apelons point de ce nom les images peintes dans la fantaisie. ART DE PENSER. _ L' Acad. l' admet encôre pour le didactique. Mais c' est du didactique suranné. Les Logiciens et les Métaphysiciens disent depuis longtemps imagination comme tout le monde.
   FANTASQUE, capricieux, sujet à des fantaisies, à des caprices. Fantasquement, d' une manière fantasque et bizârre. "Homme, humeur, esprit fantasque. "Il est fantasque comme une mule. (St. prov.) Il s' habille fantasquement. = Fantasque se dit des chôses, dans le sens de bizârre, extraordinaire. "Opinion, décision, ouvrage, habit fantasque.
   Fantasque, bizârre, capricieux, quinteux, bourru (synon.) S' écarter du goût général pâr excès de délicatesse, ou par une recherche du mieux, faite hors de saison, c' est être fantasque: s' en écarter par une singularité d' objet non convenable, c' est être bizârre; par inconstance ou changement subit de goût, c' est être capricieux; par une certaine~ révolution d' humeur, ou de façon de penser, c' est être quinteux; par grossiéreté de moeurs et défaut d' éducation, c' est être bourru. _ Le fantasque dit proprement quelque chôse de dificile; le bizârre, quelque chôse d' extraordinaire; le capricieux, quelque chôse d' arbitraire; le quinteux~, quelque chôse de périodique; le bourru, quelque chôse de mausssade. GIR. synon.

FANTASSIN


FANTASSIN. s. m. [Fanta-ce-in: 1re lon. Quelques-uns écrivent fantacin, mais mal. _ Quoiqu' on dise Infanterie et non pas Fanterie, on dit Fantassin et non infantassin.] Soldat d' une compagnie d' infanterie.

FANTASTIQUE


FANTASTIQUE, adj. FANTôME, s. m. [2e lon. au 2d] Quelques uns écrivent phantôme, phantastique, conformément à l' éthymologie. On l' écrivait ainsi aûtrefois, mais l' usage a prévalu d' écrire ces mots avec une f~. = Fantôme est 1°. Spectre, vaine image qu' on voit, ou qu' on croit voir. "Fantôme hideux; vain fantôme. _ Figurément; chimère qu' on se forme dans l' esprit. "Il se forme des fantômes pour les combattre. = 2°. Ce qui n' a que l' aparence de... "Après la bataille de Pharsale, Rome ne fut plus qu' un fantôme de République. = On dit d' une personne maigre et décharnée; ce n' est plus qu' un fantôme. * Comme on a dit aûtrefois fantaisie pour imagination, on a aussi apelé fantôme, les images qui s' y forment. L' Acad. l' admet encôre pour le didactique. Voy. FANTAISIE à la fin.
   FANTASTIQUE, chimérique, imaginaire. "Dessein, projet fantastique. = Corps fantastique, fantôme, qui n' a que l' aparence d' un être corporel.

FAON


FAON, s. m. FAONER, v. n. [l' o ne se pron. pas, fan, fané.] Faon, le petit d' une biche ou d' un~ chevreuil. Faon tout court, c' est celui d' une biche. _ Faoner, mettre bâs, en parlant des biches et des chevreuils.

FAQUIN


FAQUIN, s. m. FANQUINERIE, s. fém. [Fakein, kinerie.] Termes de mépris et d' injûre. "C' est un faquin, un homme de néant. Faquinerie, action de faquin. _ * En certaines Provinces, on le dit mal à propos pour fat, fatuité. "Il faitle faquin: on ne peut suporter sa faquinerie.

FARCE


FARCE, s. f. FARCEUR, s. m. [2e e muet au 1er.] Farce est, 1°. Un assaisonement de viandes hâchées avec des herbes, des oeufs, etc. = 2°. Comédie boufone. On disait autrefois, après la grande pièce, la farce. On dit aujourd' hui, la petite pièce; et farce ne se dit plus qu' en méprisant. _ On le dit par extension, de ce qui est plaisant et boufon. "Cet homme nous a doné la farce. = Farceur ne se dit que dans le second sens de farce: on ne dit point d' un cuisinier, que c' est un bon farceur, pour dire qu' il fait bien les farces. On ne le dit que d' un Comédien, qui joue ordinairement dans les farces, dans les pièces boufones; et par mépris d' un mauvais Auteur dans le comique.

FARCIN


FARCIN, s. m. FARCINEUX, EûSE, adj. [Far-cein, ci-neû, neûze: 3e~ longue.] Farcin, est rogne des chevaux et des mulets. Farcineux, qui a le farcin.

FARCIR


FARCIR, v. act. [Farci.] Remplir de farce. "Farcir des poulets, des pigeons. _ Figuré familier, se farcir l' estomac, ou farcir son estomac de viandes. S' en remplir avec excès. _ Plus figurément encôre, et toujours dans le même style, ou plaisant ou critique; farcir un livre, un discours, de citations et de passages.
   Ce vain amas d' antithèses pointues,
   D' expressions flasques et rebatues,
   Dont nous voyons tant d' Auteurs admirés,
   Farcir leurs vers du badaud révérés.
       Rousseau.
  FARCI, IE, adj. "Des oeufs farcis, carpe farcie. "Homme farci de grec et de latin. "Écrit tout farci d' injures. _ * S. masc. c' est un gasconisme: "Donez-moi du farci. Dites de la farce. Gasc. corr.

FARCISSEUR


*FARCISSEUR, s. m. FARCISSûRE, s. fém. Ces mots se trouvent dans Pomey, Source suspecte. Le Rich. Port. ne met pas le premier, et cite Trév. pour le second. _ L' Acad. ne met ni l' un ni l' aûtre.

FARD


FARD, s. masc. FARDER, v. act. [Far, le d ne se pron. jamais: fardé, 2e é fer.] Composition qu' on met sur le visage pour l' embélir, et faire paraitre le teint plus beau. Le fard ne se dit guère que du blanc. "Elle met du fard, je ne mets que du rouge. _ Figurément, faux ornemens en matière d' éloquence. "Il y a plus de fard que de vraies beautés dans la plupart des sermons d' aujourd' hui = Feinte, dissimulation. "Homme sans fard. "Parlez-moi sans fard. "Discours, procédés; chez lui tout n' est que fard.
   Farder, au propre, mettre du fard. "Se farder le visage: cette femme se farde. _ Au figuré, déguiser, doner un faux lustre. Farder sa marchandise, son discours, son langage.
   Je ne farderai point l' aveu que je vous dois.
   Non, la vérité seule est la langue des Rois.
       Gress. Édouard.
  FARDÉ, ÉE, adj. Visage fardé, femme fardée. Discours fardé, marchandise fardée. "Elles ont le coeur encôre plus fardé que le visage. Le Sage. = Le Proverbe dit que temps (ou Ciel) pommelé et femme fardée, ne sont pas de longue durée.

FARDEAU


FARDEAU, s. m. [Fardo: 2e dout. au sing. longue au plur. fardeaux.] Faix, charge. "Avoir un pesant fardeau sur les épaules. "Elle est près d' acoucher, elle se délivrera bientôt de son fardeau. = Figurément. "Cette administration est pour lui un trop grand fardeau. "L' épiscopat est un fardeau redoutable. "La gloire des Pères est un pesant fardeau pour les enfans. L. Rac.
   Mais je sais peu louer, et ma mûse tremblante
   Fuit d' un si grand fardeau la charge trop pesante.
       Boil.
Quelques critiques, dit M. Brossette, ont condamné ce dernier vers, prétendant que l' on ne peut pas dire la charge d' un fardeau; mais ces deux mots ne sont pas synonimes. C' est comme si l' on disait le poids d' un fardeau; ce fardeau est d' un poids trop grand. Ces expressions n' ont rien d' irrégulier; et Malherbe en a employé une toute semblable à celle de Boileau.
   Mais si la pesanteur d' une charge si grande
   Résiste à mon audace, etc.
Ces deux exemples ne se ressemblent pas autant que le prétend M. Brossette; et la pesanteur d' une charge surprend moins que la charge d' un fardeau. Ces deux derniers mots, sans être tout à fait synonymes, ont tant de ressemblance pour la signification qu' on ne les voit pas volontiers ensemble, l' un comme régi, et l' autre comme régissant.

FARDER


FARDER. Voy. FARD.

FARFADET


FARFADET, s. masc. [Farfadè: dern. è moyen.] Esprit folet, dans l' opinion du peuple. = Fig. famil. homme frivole.

FARFOUILLER


FARFOUILLER, v. n. et act. [Far-fou--glié: mouillez les ll.] Fouiller en brouillant. "Il farfouille dans les armoires, et dérange tout. "Vous avez farfouillé mes habits, mes papiers: Ils sont tous pêle-mêle. st. famil.

FARIBOLE


FARIBOLE, s. f. Chôse frivole et vaine. "Ce n' est qu' une faribole. "Ce sont des fariboles, conter des fariboles. _ Ce n' est point un terme noble; il n' est bon que pour le style familier, critique ou plaisant.
   Ces chimériques fariboles
   De grandeur et de dignité.
       Gresset.

FARINE


FARINE, s. f. FARINEUX, EûSE, adj. FARINIER, s. m. [3e e muet au 1er, lon. au 2d et 3e, é fer. au dern. ne, neu, neû-ze, nié.] Farine, grain moulu, réduit en poudre. = Farinier, Marchand de farine. = Farineux, 1°. blanc de farine. "Les habits des Meuniers sont ordinairement farineux. = 2°. Qui tient de la natûre de la farine. "Les légumes sont des substances farineûses, (et substantivement) des farineux. = 3°. Dartre farineûse, peau farineûse, couverte d' une poussière blanche, semblable à la farine.
   On dit, figurément, dans le style proverbial, de deux persones qui ne valent pas mieux l' une que l' autre, qu' elles sont de même farine. Il signifie aussi, de même cabale.

FAROUCHE


FAROUCHE, adj. Au propre, il se dit des bêtes. Sauvage qui n' est point aprivoisé. = Par extension, il se dit des hommes. Esprit, naturel, humeur farouche. Homme, femme farouche. "Mine farouche; air, oeil, regard farouche.
   Rem. Cet adjectif peut suivre ou précéder ou gré du Poète ou de l' Orateur.
   Farouche vertu du Portique,
   De ton mérite sophistique
   Pourrions-nous être encore épris.
       Rouss.
  Parlez, fils des hommes, pourquoi
  Faut-il qu' une haine farouche
  Préside aux jugemens que vous lancez sur moi?
      Idem.

FASCINAGE


FASCINAGE. s. m. FASCINE, s. fém. [L' s est muète: facinage, cine.] Fascine est un gros fagot de branchage, dont on se sert pour combler des fôssés, etc. Fascinage, ouvrage fait avec des fascines.

FASCINATION


FASCINATION, s. fém. FASCINER, v. act. [Facina-cion, en vers, ci-on, ciné.] Ensorcèlement, ensorceler. Ils expriment une sorte de charme, qui fait qu' on ne voit pas les chôses telles quelles sont. "L' amour fascine les yeux. "Elle lui a fasciné l' esprit. "L' entêtement~ qu' elle a pour cet homme, est une vraie fascination. "On se laisse fasciner par l' apareil des grandeurs.

FASTE


FASTE, s. m. Vaine ostentation. Afectation de paraitre avec éclat. Aimer le faste. Doner dans le faste. "Homme de faste. Voy. LUXE.
   Rem. 1°. * Corneille écrit fast.
   Il entre avec éclat, mais votre populace
   Ne voit point sur son front de fast ni de menace.
   Il aurait pu dire, et l' on dirait aujourd' hui, ni faste, ni menace.
   2°. Au pluriel, il ne se dit que dans le sens d' Annales, et en ce sens même, il est constamment masc. * Le P. de Charlevoix, ou son Imprimeur, l' a fait mal à propos fém. "Des fastes, qui sont regardées comme incontestables. Il falait, regardés. "Les fastes sacrés de l' Église; le Martyrologe. = Dans le sens de vaine ostentation, on le dit toujours au singulier. On dit de plusieurs persones, leur faste, et non pas, leurs fastes.

FASTIDIEUX


FASTIDIEUX, EûSE, adj. FASTIDIEûSEMENT, adv. [Fastidi-eû, eû-ze, zeman: 4e lon. 5e e muet.] Fastidieux, qui caûse de l' ennui. Fastidieûsement, d' une manière fastidieûse. "Homme fastidieux, comédie fastidieûse. "Il narre, il conte fastidieûsement.
   Rem. La Touche dit que fastidieux ne se dit point des chôses; qu' on ne doit pas dire que le pourceau est fastidieux, mais qu' il est rassasiant. Il devait plutôt dire, qu' il ne se dit que dans le sens d' ennuyeux; mais alors, et dans ce sens, il peut se dire des chôses. Discours fastidieûx, remontrances, dissertations fastidieûses. Il dit plus qu' ennuyeux: il ajoûte, à l' idée de celui-ci, quelque chôse qui done du dégoût.

FASTUEUX


FASTUEUX, EûSE, adj. FASTUEûSEMENT, adv. [Fastu-eû, eû-ze, zeman, 3e. lon. 4e e muet.] Fastueux, plein de faste et d' ostentation. Il se dit des persones et des chôses. "Homme fastueux, titre, train, équipage fastueux. = Fastueûsement, avec faste. Il marche fastueûsement.
   FASTUEUX marche devant ou après le substantif, suivant le goût ou le besoin du Poète ou de l' Orateur. "La science fastueûse du Novateur. Le P. Fontenai. _ Fastueûse science sonerait mal.
   Loin des palais bruyans du fastueux Plutus.
       Gresset.
  Je ne vais point des Grands, esclave fastueux,
  Les fatiguer de moi, ni me fatiguer d' eaux.
      L. Racine.
  La fastueûse éloquence
  Prit la place des vertus~.

FAT


FAT, adj. m. [On prononce le t.] Impertinent, plein de complaisance pour lui même. "Cet homme est bien fat. _ S. m. "C' est un fat; un grand fat; un vrai fat. "Un fat, qui compose des vers pour son plaisir, et pour le suplice des autres. Le Sage.
   Fat, sot, impertinent, (synon.) L' épithète de sot ataque plus l' esprit, et celle de fat, d' impertinent, les manières. "Le sot est celui qui n' a pas même ce qu' il faut d' esprit pour être un fat: Un fat est celui que les sots croient un homme d' esprit. L' impertinent est une espèce de fat, enté sur la grossièreté. _ Le sot est embarrassé de sa persone; le fat a l' air libre et assuré; l' impertinent pâsse jusqu' à l' éfronterie Beauz.
   Tel est devenu fat à force de lectûre,
   Qui n' eut été que sot en suivant la natûre.
       Du Resnel.
Ces vers sont devenus proverbe. _ Le fat lasse, ennuye, dégoûte, rebute; l' impertinent rebute, aigrit, irrite, ofense: il comence où l' autre finit. La Bruyère: "Le fat est entre l' impertinent et le sot; il est composé de l' un et de l' autre. Id. Mais il tient plus du premier que du second.
   Va, c' est où je t' attends. Je rabattrai les airs
   Du fat le plus parfait qui soit dans l' univers.
       La Chaussée.
Rem. Cet adjectif n' a point de féminin. On ne dit point d' une femme qu' elle est bien fate, que c' est une fate, comme on dit d' un homme qu' il est bien fat, que c' est un fat. * Sur les bords de la Garone, on dit fat, fade, pour fou, folle. "Je ne serai pas si fat que de le faire. "Elle est fade. * On dit aussi fat pour fade. "Ce ragoût est bien fat. Gasc. corr.

FATAL


FATAL, ALE, adj. FATALEMENT, adv. [3e e muet.] Fatal n' a point de pluriel masculin. On ne dit ni fatals, ni fataux. = Cet adjectif ne se prend plus qu' en mauvaise part; et dans le sens de malheureux, funeste. Aûtrefois on lui donait le sens de chôse ordonée par la destinée, heureûse ou malheureûse. Ainsi, Malherbe a dit dans le fatal acouplement, en parlant d' un mariage heureux; et en parlant de Louis XIII.
   Par sa fatale main, qui vengera nos pertes.
Et un aûtre Écrivain. "C' étoit une chose fatale à la race de Brutus, de délivrer la République. Ménage en raporte plusieurs aûtres exemples, sans les désaprouver. Depuis lors l' usage a changé.
   Fatal, funeste, (synon.) Ils signifient également une chôse triste et malheureûse; mais le premier est plus un éfet du sort, et le second est plus une suite du crime. "Les gens de guerre sont en danger de finir leurs jours d' une manière fatale, et les scélérats, d' une manière funeste. _ Ces mots ont souvent un sens augural; c' est-à-dire, qu' on s' en sert pour marquer quelque chôse qui anonce un fâcheux évènement, ou qui en est l' ocasion. Alors fatal ne désigne qu' une certaine combinaison dans les causes inconûes, qui empêche que rien ne réussisse, et fait toujours arriver le mal plutôt que le bien. Funeste présage des accidens plus grands, plus acablans, soit pour la vie, soit pour l' honeur. "La galanterie a fait la fortune des uns, et est devenûe fatale aux aûtres. "Toute liaison nouée par le vice est funeste. Gir. Synon.
   FATAL peut se placer devant ou après le nom qu' il modifie. C' est au goût et à l' oreille à lui assigner sa place dans la construction. "Fatal évènement, évènement fatal.
   Deux fois le ciel voulut que ces fatales plaines
   S' engraissassent du sang des Légions Romaines.
       De Lille.
  FATALEMENT, par fatalité, par un malheur extraordinaire. "Il arriva fatalement que, etc.

FATALISME


FATALISME, s. m. FATALISTE, s. m. [dern. e muet.] Le Fatalisme est la doctrine de ceux qui atribuent tout au destin. Le Fataliste est celui qui suit cette insensée et dangereûse doctrine.

FATALITÉ


FATALITÉ, s. f. [dern. é fer.] Destinée inévitable. "Il semble qu' il y ait en cela de la fatalité. _ Ce mot n' a point de pluriel. = HAZARD. "Ceux qui on dit qu' une fatalité aveugle a produit tous les éfets que nous voyons dans le monde, ont dit une grande absurdité; car quelle plus grande absurdité qu' une fatalité aveugle, qui auroit produit des êtres intelligens? Esprit des Lois.

FATIDIQUE


FATIDIQUE, adj. Qui déclare ce que les Dieux ont ordoné. C' est un mot poétique. L' Acad. le borne à la Poésie sublime. C' est en trop resserrer l' usage.

FATIGANT


FATIGANT, ANTE, adj. FATIGUE, s. f. FATIGUER, v. a. [Dans les deux dern. l' u est muet, il n' est-là que pour doner au g un son fort qu' il n' a pas devant l' e: fatighe, ghé; 3ee muet au 1er, é fermé au 2d. Dans l' adj. l' u était inutile: on a bien fait de le suprimer.] Fatigue, travail pénible et capable de lasser. Fatiguer, doner de la fatigue. Fatigant, qui fatigue. "La fatigue du chemin. "Les fatigues de la guerre. "Se faire, s' endurcir à la fatigue, etc. "La lectûre fatigue la vue. "Ses propos fatiguent les oreilles. "Travail fatigant, journée fatigante. = Le verbe et l' adjectif se disent aussi de ce qui ennuye et importune. "Homme fatigant, conversation fatigante. "Il fatigue tout le monde du récit de ses infortunes.
   Rem. 1°. Ce 2d régime (la prép. de) est sur-tout bien placé avec priéres, voeux, demandes, larmes, soupirs, et autres mots semblables.
   Ta mère de ses cris fatigue les Autels.
       Thomas.
  Je hais jusques aux soins dont m' honorent les Dieux,
  Et je m' en vais pleurer leurs faveurs meurtrières,
  Sans plus les fatiguer d' inutiles prières.
       Racine. Phédre.
"Ils vous importuneront par leur assiduité: ils vous fatigueront de leurs demandes et de leurs voeux intéressés. Neuville.
   Le ciel ne serait plus fatigué de nos larmes.
   Il ne fait pas si bien avec d' autre mots.
   Un stupide Crassus, énervé de langueur,
   Qui fatigue mes yeux d' un luxe sans pudeur.
       Thom.
Je ne vais point, des Grands esclave fastueux,
Les fatiguer de moi, ni me fatiguer d' eux.
L. Racine.
Fatiguer les Grands de soi, et se fatiguer des Grands, me déplait, je l' avoue. _ J' aime mieux fatiguer avec ce régime, dans la phrâse suivante. "Ils fatiguent le Lecteur de contes froids et insipides.
   2°. On dit se fatiguer à, et être fatigué de. "Il se fatigue à ce travail, il en est fatigué. "Je me suis fatigué à écrire; je suis fatigué d' écrire.
   3°. Plusieurs Auteurs ont fait fatiguer neutre, et l' ont employé au lieu du réciproque se fatiguer. L' Acad. en done un exemple: "Il fatigue trop. "Il fatiga beaucoup pour parvenir aux Dardanelles. Miss. du Lev. "Je fatiguai beaucoup dans mes tournées. Lettr. Edif. "Les autres animaux ne peuvent fatiguer sans boire. Buf. "On fatigue à monter et à descendre. L' Abé Laugier. _ Avec ce pronom on, il semble qu' il vaut mieux que se fatiguer.

FATRâS


FATRâS, s. m. Terme de mépris. Il n' est bon que pour le critique ou le polémique. Amâs confus de chôses frivoles et inutiles. "Un fatrâs de papiers, d' écritûres. "Un fatrâs de paroles.
   Dans ce fatrâs de morale sans moeurs.
       Rousseau.
"Ce Livre est plein de fatrâs, ce n' est qu' un fatrâs.
   *FATRASSER, FATRASSEUR, mots bas et populaires. Ils sont usités dans quelques Provinces. S' ocuper à des bagatelles. Celui qui s' ocupe à des riens.

FATUITÉ


FATUITÉ, s. f. [Fatu-ité; dern. é fer.] Caractère du fat. "N' admirez-vous pas la fatuité de cet homme?
   Par-tout également goûté;
   Et cependant point d' airs, nulle fatuité.
       Barthe.
_ Impertinence que produit la fatuité. "Il a dit là une grande fatuité.
   Rem. Ce mot n' est pas ancien dans la langue. Le P. Bouhours doutait s' il était français. La Touche trouvait au comencement du siècle, qu' il sentait fort le latin. Il dit cependant que La Bruyère et quelques autres bons Auteurs s' en sont servis, et qu' il serait à souhaiter que l' usage l' autorisât tout-à-fait. Il observe enfin, comme une chôse digne de remarque, que ce mot est aprouvé par l' Acad. Le souhait de La Touche est acompli; et ce mot est si bien établi aujourd' hui, qu' on le croirait de toute ancièneté.

FAUBOURG


FAUBOURG, s. m. [Fo-bour; 1re dout. C' est ainsi qu' écrivait Ménage, et qu' écrivent aujourd' hui l' Ac. le Rich. Port. et quelques Auteurs, comme M. Moreau et aûtres. Le grand nombre tient bon pour faux--bourg avec le Dict. de Trév.] Maisons hors de l' enceinte d' une Ville. "On a enfermé les fauxbourgs dans la ville. "La ville de Paris est moins considérable que ses faux--bourgs. = On dit, proverbialement, en parlant d' un grand concours de monde: "On y voyait la ville et les fauxbourgs: _ Et de ceux qui aprochent de quelque chôse, mais qui ne sont pas dedans, qu' ils sont dans les fauxbourgs.

FAUCHAGE


FAUCHAGE, s. m. FAUCHAISON, s. f. [2e è moy. au 2d: Fochage, chèzon.] Le 1er se dit de l' action et de la peine de faucher; le 2d, du temps où l' on fauche les prés.

FAûCHE


FAûCHE, s. f. FAUCHÉE, s. f. FAUCHER, v. act. [Fôche, ché-e, ché: 1re lon. au 1er, dout. aux aûtres. 2ee muet au 1er, é fer. aux 2 aûtres, long au 2d.] Faucher, couper avec la faux. Faûche, action de faucher. Fauchée, ce qu' un faucheur peut couper de foin dans un jour.

FAUCHET


FAUCHET, s. m. FAUCHEUR, s. m. [Fo--chè, cheur: 2e è moyen au 1er.] Fauchet est une espèce de rateau de bois, qui sert aux faneurs à amasser l' herbe fauchée et fanée, etc. Faucheur, l' Ouvrier qui faûche, qui coupe les foins, les avoines.

FAUCILLE


FAUCILLE, s. f. [Foci-glïe: mouillez les ll, dern. e muet.] Instrument dont on se sert pour scier les blés. _ On dit ironiquement, de ce qui est tortu, droit comme une faucille. Voyez MOISSON et FAUX.

FAUCON


FAUCON, s. m. FAUCONEAU, s. m. FAUCONERIE, s. f. FAUCONIER, s. m. [Fokon, kono, nerï-e, nié; 1re dout. au 1er, 3e dout. au 2d, e muet au 3e, é fer. au dern.] Faucon est un des plus nobles entre les oiseaux de proie. Il a doné son nom à l' art de dresser ces sortes d' oiseaux, et à la chasse où on les emploie, qu' on apèle Fauconerie, et à celui qui les dresse, qu' on nome Fauconier.
   FAUCONEAU est une petite pièce d' artillerie. Coup de fauconeau. Tirer un fauconeau.

FAVEUR


FAVEUR, s. f. [fa-veur.] 1°. Grâce, bienfait. "Grande faveur. "Comble de faveur. "Faites-moi la faveur d' accepter ce petit présent. "Je teindrai cela à faveur. = 2°. Bonnes grâces du Prince, d' un Seigneur, du Public. "La faveur des Grands est une chôse fort inconstante. "Briguer, gagner la faveur du peuple.
   Rem. 1°. Il semble que ce mot a un sens actif: sa faveur, se dit de celui qui favorise, et non de celui qui est favorisé. Quand on veut exprimer ce dernier sens, qui est passif, il faut employer le mot de crédit, ou si l' on veut se servir de celui de faveur, il faut employer la prép. de, et le nom de celui dont on est favorisé. Le P. Rapin dit de Tite-Live, qu' il sacrifia.... ses prétentions, les établissemens qu' il pouvoit espérer de sa faveur, etc. Il falait, ce me semble: de la faveur de l' Empereur, etc. Mme. de Genlis a dit aussi, la faveur d' un courtisan, pour, la faveur du Calice. L' Académie dit, sa faveur augmente, sa faveur diminûe. Mais malgré une si grande autorité, je crois qu' on ne dit pas régulièrement, sa faveur, de celui qui est favorisé _ Corneille a mieux dit, à mon avis. {B224a~}
   Enfin vous l' emportez, et la faveur du Roi
   Vous élève en un rang qui n' étoit dû qu' à moi.
Avec en ou dans, il a le sens passif. "Il est en faveur, ou dans la faveur.
   2°. M. Duclos comparant crédit et faveur, dit que ce qui distingue ces deux termes, c' est la fin que l' on se propose en réclamant la puissance. Obtenir un service pour un aûtre, c' est crédit: l' obtenir pour soi-même, ce n' est que faveur. = Quelquefois on personifie la faveur. "Gens atachés à la faveur, aux favoris. = On apèle gens de faveur, ceux qui ne doivent leur élévation qu' à la faveur.
   3°. Il faut éviter de se servir de ce mot au pluriel, quand on parle d' une femme. "J' ai oui dire à un Prédicateur, dans un Sermon, dailleurs bien pensé et bien écrit. "Pour partager les faveurs de Magdelaine, il faut imiter sa pénitence. Outre l' irrégularité de ce régime, cette phrâse présente un sens peu honête. Il falait dire; pour partager les faveurs dont Dieu combla Magdelaine, etc.
   FAVEUR se dit aussi pour recomandation; lettres de faveur; trouver faveur auprès d' une persone puissante: _ Par oposition à rigueur de justice. "Je ne demande point faveur, mais justice. _ Pour crédit, en parlant des chôses: cette marchandises, cette opinion, ce livre prend faveur.
   En faveur et à la faveur, adv. régissent l' un et l' aûtre le génitif: en faveur d' un tel, à la faveur de la nuit. Le 1er se dit des persones, et se combine avec les pronoms possessifs, en sa faveur, en ma faveur, et non pas, en faveur de lui, de moi? le 2d ne se dit que des chôses, et ne peut point s' unir avec les pronoms. = Ces deux adverbes ont dailleurs des sens diférens. En faveur, signifie, ou en considération de... "On lui a pardoné en faveur des belles actions qu' il a faites; ou, à l' avantage, au profit de... "Il a testé en faveur d' un étranger, au préjudice de ses plus proches parens. "Louis XIV a beaucoup fait en faveur des Sciences et des Arts. À~ la faveur, veut dire, par le moyen, par l' aide de... "Il se sauva à la faveur de la nuit.

FAUFILER


FAUFILER, v. act. [Fofilé: dern. é fer. _ On écrivait autrefois, Fauxfiler, et plusieurs l' écrivent encôre de même] Faire {B224b~} une fausse coutûre à longs points. = Au fig. (st. fam.) Se faufiler, ou être faufilé, se lier, être lié d' amitié, d' intérêt, de plaisir. "Il s' est faufilé avec des vauriens. "Il est faufilé avec tous les bons esprits.

FAVORABLE


FAVORABLE, adj. FAVORABLEMENT, adv. [3e dout. au 1er, 4e e muet aux deux, ble, bleman.] Favorable, qui est propice, qui procûre des avantages. Il se dit des persones et des chôses, et régit le datif. "Soyez-lui favorable. "Le temps, le vent, l' ocasion a été favorable à nos desseins. _ = Favorablement, d' une manière favorable. "Traiter, recevoir, écouter favorablement. Interpréter favorablement, en bone part.
   FAVORABLE, se dit aussi de certaines chôses, qui méritent d' être exceptées de la rigueur de la Loi. "Ce câs est favorable; votre caûse est favorable.
   Favorable, Propice (synon.) Le 2d anonce une influence plus grande, plus puissante, plus éficace que le premier. "Un Client prie un Patron de lui être favorable. Un pécheur prie Dieu de lui être propice. Caton est favorable à Pompée: les Dieux sont propices à César. L' ocasion nous est favorable, et le destin propice. Extr. des Nouv. Synon. Fr. de M. l' Abé Roubaud.
   Rem. On dit favorable à... M. l' Abé de Fontenai dit favorable pour, qui n' est pas si bon, s' il n' est pas positivement mauvais. "Dès le règne de Louis le Grôs, il (M. Moreau) va trouver une matière plus favorable pour son éloquence. = Le P. d' Orléans lui fait régir à devant l' infinitif. "La Reine fut contrainte d' atendre une conjonctûre plus favorable à pousser plus loin la persécution. _ Ce régime a été rarement employé.

FAVORI


FAVORI, ITE, adj. Celui, celle, qui tient le premiers rang dans les bones grâces d' un Roi, d' une Reine, etc. Le Favori du Roi, son Favori; la Favorite de la Reine, sa Favorite. = Figurément, on dit, les Favoris de la Fortune; les Favoris des Muses, d' Apollon. * Par imitation, M. Dandré Bardon a apelé les Peintres, Favoris d' Apelle. C' est faire de ce Peintre le Dieu de la Peintûre. Apellerait-on les Orateurs, favoris de Démosthène ou de Cicéron! Non sans doute. L' expression de M. Dandré n' est donc pas juste.
   FAVORI se dit des chôses adjectivement. "C' est son mot favori, son Auteur favori, sa couleur, sa passion favorite.

FAVORISER


FAVORISER, v. a. [Favorizé: dern. é fer. Devant l' e muet l' i est lon: il favorise, favorisera, etc.] En parlant des persones; Aider, apuyer de son crédit. "Il favorisoit ce parti rébelle. _ Au passif, recevoir des faveurs. "Il est favorisé du Prince. = En parlant des chôses: être favorable. "Le temps, le vent, le ciel, la fortune, tout nous favorisait. "Tout favorise nos voeux.

FAUSSAIRE


FAUSSAIRE, s. m. [Focère; 2eè moy. et long. 3e e muet.] Celui qui fait de faux actes, ou qui altère les véritables.

FAUSSER


FAUSSER, v. act. [Focè: 1re dout. 2e é fer. Devant l' e muet l' au est long: il faûsse, il faûssera, etc.] Faire plier un corps solide, en sorte qu' il ne se redresse point. Fausser une lame, le canon d' un fusil. _ Fausser une serrûre, en gâter les ressorts par quelque éfort. Acad. Il vaut mieux dire forcer. Trév. = Figurément, Fausser sa foi, sa parole, son serment, sa promesse, etc. les violer, y manquer. _ En style familier, Fausser compagnie, se dérober d' une compagnie, ou manquer de s' y trouver, quand on l' a promis. On le dit même d' une seule persone, qu' on avait promis d' acompagner.

FAUSSET


FAUSSET, s. m. [Focè, 1re dout. 2e è moy.] 1°. Dessus aigre et ordinairement forcé. "Chanter en fausset; avoir un beau ou un méchant fausset. = Voix ou ton de fausset, voix grêle, ton aigu et désagréable.
   2°. FAUSSET, cheville pointûe qui sert à boucher le petit trou d' un muids, d' un toneau. "Tirer du vin au fausset.

FAûSSETÉ


FAûSSETÉ, s. f. [Fôceté, 1re lon. 2e e muet, 3e é fer.] 1°. Qualité d' une chôse faûsse; ce qui la rend faûsse. "Faûsseté d' un compte, d' une nouvelle. = 2°. Chôse faûsse. "C' est une faûsseté. Histoire pleine de faûssetés. = 3°. Duplicité, hypocrisie. "Faûsseté de caractère. Faûsseté dans la conduite, dans les procédés.
   REM. Faûsseté difère d' erreur, en ce qu' il supôse de la malice, et qu' erreur n' en supôse pas. Cette distinction, très juste, a fait dans son temps beaucoup de bruit, dans la célèbre querelle de deux Docteurs, dont l' un acusait l' aûtre d' avoir mis beaucoup de faussetés dans son raport. Celui-ci trouvait le terme impropre et injurieux; et aurait voulu que son acusateur se contentât du mot erreurs. Malheureusement pour ce dernier, ces prétendûes erreurs étaient de vraies faûssetés; car falsifier des textes, ou adopter les falsifications d' autrui, sans les vérifier, c' est quelque chôse de plus qu' errer et se tromper.

FAUT


FAUT (il) v. impers. Voy. FALLOIR.

FAûTE


FAûTE, s. f. [Fôte: 1re lon. 2e e muet.] Manquement contre le devoir, contre la loi: "Faire, comettre une faûte; Dieu vous pardonera vos faûtes, si vous en êtes repentant.
   Que l' amour propre abonde en mauvaises défaites,
   Quand il faut réparer les faûtes qu' on a faites!
       La Chaussée.
Ou contre les règles de quelque art. "Il y a bien des faûtes à ce bâtiment, dans cet ouvrage. "Faûte de Grammaire, d' Ortographe. Faûte de jugement, contre le jugement, etc.
   FAûTE, Crime, Péché, Délit, Forfait (synon.) La faûte tient de la faiblesse humaine; le crime part de la malice du coeur; le péché ne se dit que par raport aux préceptes de la Religion; le délit vient de la désobéissance ou de la rébellion à l' autorité légitime; le forfait vient de scélératesse et d' une corruption entière du coeur. _ Les emportemens de la colère sont des faûtes; les calomnies et les assassinats sont des crimes; les jugemens téméraires sont des péchés; les duels et les contrebandes, sont des délits; les incendies, les empoisonemens sont des forfaits. Gir. Synon. = La faûte est moins grâve que le forfait; le crime est la plus grande des faûtes: le forfait est le plus grand des crimes (Encycl.) Le péché et le délit, selon le degré de méchanceté, sont des faûtes, des crimes, ou des forfaits; et la même mauvaise action peut être un péché, sous un point de vue, et un délit sous un aûtre. Beauzée, Synon.
   FAûTE, se dit des persones, et défaut, des persones et des chôses, mais sous des raports diférens. "Le meilleur Poème, dit l' Abé Du Bos, est celui qui nous séduit au point de nous cacher la plus grande partie de ses faûtes. Je crois qu' il falait, en cet endroit, de ses défauts. Ce n' est pas le Poème, mais le Poète, qui fait des faûtes. On peut dire seulement qu' il a des défauts. _ On dit, il est vrai, qu' il y a bien des faûtes dans un ouvrage, mais ce sont les faûtes de l' Auteur. Ainsi, en se servant de ce mot dans la phrâse de l' Abé du Bos, il ne faut pas dire, la plus grande partie de ses faûtes, mais des faûtes qui s' y troûvent. = Pour les persones, faûte se dit d' un acte passager; et défaut, de l' habitude de ces actes. On peut faire une faûte contre la sincérité, sans avoir le défaut de n' être pas sincère.
   On dit, tomber dans une faûte, la comettre; retomber dans la même faûte, la comettre de nouveau, après en avoir été repris. "Je suis moi-même tombé dans cette faûte. Télém. "Vous retombez toujours dans les mêmes faûtes. _ Faire faûte sur faûte. _ Trouver en faûte. "Le plus grand nombre était peu disposé à trouver le Ministre en faûte. Targe-Smollet. = Par sa faûte, par ma faûte, etc. "Ce n' est pas par sa faûte que la chôse est arrivée. * M. Linguet dit de sa faûte. "Une Puissance supérieure (la France) dégradée, épuisée, un peu de sa faûte, par une rivale (l' Angl.) hors d' état de lui résister long--temps. Ann. Polit., etc.
   FAûTE, manque, disette. "Avoir faûte de... ne pas se faire faûte de... En style familier: "S' il arrivait faute de lui: s' il venait à mourir.
   FAûTE, en ce sens est préposition. Elle régit de devant les noms et les verbes. "Faûte d' argent, il n' a pu acheter cette terre. "Il est mort faûte de secours, faûte de manger. * Anciènement, on disait à faûte.
   À~ faûte d' être aimée, on peut se faire craindre.
       Corn.
Au Palais, on dit par faûte. _ Rousseau l' a dit aussi, mais dans le style marotique.
   Dont il mourut, par faûte d' apareil.
   FAûTE, peut se placer à la tête de la phrâse. Faûte de bien conaître la mesûre et la destination de notre raison, nous nous trompons souvent dans le choix des chôses, que nous voulons savoir. = Cette préposition exige l' article indéfini; faûte d' outils, faûte d' instrumens, on n' a pas pu travailler, jouer, etc. et non pas faûte des outils, des instrumens, comme disent plusieurs, en certaines Provinces. Régulièrement, le verbe que cette préposition régit doit se raporter au nominatif du verbe régissant. "L' union était dévenûe caduque, faute d' avoir fait publier la résignation de... Cachin. À~ qui se raporte ce verbe avoir fait publier, ce n' est pas à l' union, mais à ceux, qui s' en faisaient un titre. La phrâse a donc quelque chose de louche. Des Avocats disent, faute par eux d' avoir fait, etc. mais cela n' est bon qu' au Palais. = Faûte de, et par la faûte de, ont des sens diférens. Le 1er marque le manque d' une chôse, et l' aûtre la faûte d' une persone. "Faûte de Musiciens on n' a pas pu exécuter ce motet; par la faûte des Musiciens, il a été très-mal exécuté.
   SANS FAûTE, adv. Sans régime. Certainement, sans manquer: "Il arrivera sans faûte la semaine prochaine.

FAUTEUIL


FAUTEUIL, s. m. [Fo-teuil: 1re dout. mouillez l' l finale.] Grande chaise à dôs et à brâs.

FAUTEUR


FAUTEUR, TRICE, s. m. et f. [fo-teur, trice: 1re dout.] Celui, celle, qui favorise, qui apuye un parti, une opinion. Il ne se dit qu' en mauvaise part. Fauteur de rebelles d' hérétiques. Fautrice d' hérésie. = Danet met le fém. au rang des mots nouveaux, quoiqu' il soit dans Pomey. Il est dur à prononcer, mais la nécessité le fait suporter et le fera conserver.

FAUTIF


FAUTIF, IVE, adj. [Fotif, tîve: 1re dout. 2e lon. au 2d, 3ee muet.] En parlant des persones, et de ce qui y a raport, sujet à faillir. "Cet Auteur est fautif dans ses citations. "La mémoire des vieillards est fautive. = En parlant des chôses, plein de faûtes. "Impression fautive. "La Table de ce livre est très-fautive.

FAûVE


FAûVE, adj. FAUVETTE, s. f. [Fô-ve, fovète: 1re lon. au 1er; 2e e muet au 1er, è moy. au 2d.] Faûve, qui tire sur le roux. "Poil faûve. Relié en veau faûve. Acad. ou simplement, en faûve. = Bêtes faûves, les cerfs, daims, biches et chevreuils. _ S. m. "Il y a du faûve dans cette forêt.
   FAUVETTE, petit oiseau, de plumage tirant sur le faûve, d' où lui est venu son nom.

FAUX


FAUX, s. f. [, long. On écrivait autrefois faulx, et par respect pour l' étymologie, et pour distinguer ce substantif de l' adjectif faux.] Instrument, dont on se sert pour couper l' herbe des prés. "Ces avoines sont mûres; il est tems d' y mettre la faux. = On done ordinairement une faux au Temps et à la mort. Un Médecin en fait présent d' une à la fièvre maligne. "Cet énemi cruel et rusé, qui fait tomber tant de malheureux sous sa faux~. MOURET.
   En style figuré, porter ou mettre la faux dans la moisson d' autrui; empiéter sur ses droits. Voy. MOISSON. "Une de leurs plus belles prérogatives, c' étoit d' empêcher qu' un aûtre ne vînt porter la faux dans leur moisson. (c. à. d. jeter la vûe sur ce qui se passoit dans leurs départemens.) Linguet. "Ce n' est pas l' envie de passer pour mathématicien, mais celle de doner une Physique solide et démontrée, qui nous a fait jeter notre faux dans la moisson d' autrui. PAULIAN. _ On ne dit point jeter la faux, on ne dit pas même porter ou mettre sa faux, notre faux, mais la faux dans, etc.

FAUX


FAUX, FAûSSE, adj. [, fôce: 1re lon. 2ee muet.] I. En parlant des chôses, 1°. qui est contraire à la vérité; chôse faûsse; faûsse doctrine, faux serment; histoire faûsse; ou à la règle: faux argument, faûsse conséquence, etc. = 2°. Suposé ou altéré contre la bone foi: "faux contrat, faûsse promesse; faux seing, faûsse date; faûsse monnoie. = 3°. Qui est feint et contrefait: "Faux cheveux, faûsse barbe; diamant faux. _ Et, dans le moral, faûsse vertu, faûsse modestie, etc. Faûsse honte; mauvaise honte, honte déraisonable. = 4°. Qui n' est pas tel qu' il devrait être en son genre. Faux brâve, faûsse galanterie. _ Pensée faûsse, faûsse pointe. "Ouvrage plein de faux brillans. "Hors du naturel, tout est faux, air, voix, geste, langage, élocution, figûre. Gaichiés. Faux pas, dans le physique et dans le moral; faûsse démarche, etc. = II. En parlant des personnes, 1°. infidèle, perfide, faux frère, faux ami. = 2°. Qui afecte de beaux sentimens pour tromper: "C' est un homme faux. = 3°. Qui n' a pas de justesse dans l' esprit. "Il a l' esprit faux; c' est un esprit faux.
   Rem. 1°. Cet adjectif aime à précéder le substantif; faux avis, faûsse alarme.
   Douce sécurité, préjugé si flateur,
   Que sa faûsse vertu nourrissoit dans mon coeur!
       La Chaussée.
Les Poètes ont le droit de changer cette construction, quand elle les incomode, et de placer faux après le substantif.
   Couvrant d' un zèle faux votre ressentiment,
   Le sang à vôtre gré coule trop lentement.       Athal.
En prôse, on dirait, d' un faux zèle. _ Rousseau a dit aussi, d' un zèle faux. = Racine le fils, le fait suivre et précéder dans le même vers. C' est dans sa Réponse à l' Épitre de Rousseau contre les Esprits forts.
   Et de toujours briller l' ambitieux espoir.
   Amena l' esprit faux avec le faux savoir.
En prôse même, faux esprit n' irait pas bien, et savoir faux irait encôre plus mal.
   2°. FAUX, est fort mal apliqué dans la phrâse suivante de Mascaron: "Faux gladiateurs, qui cherchez la mort dans les duels, véritables brâves, qui la cherchez dans les combats, etc. Assurément les duellistes sont de vrais et non de faux gladiateurs; mais le véritables apliqué à braves a produit le faux atribué à gladiateurs, et cela par la fureur des antithèses.
   FAUX, s. m. Depuis quelque-tems, on dit le faux pour la fausseté. "Le vrai et le faux. "Le faux de ce principe. "Le coeur, vide de Dieu, n' a plus que le faux et les bassesses de l' homme. Massill. _ Mais avec un, faux ne se dit qu' au Palais. Il signifie un acte faux. Ils ont donc parlé improprement les deux anonymes, qui ont dit: "La première partie de la comparaison renferme évidemment un faux~. "L' envie d' établir un paradoxe a jeté un faux dans tout son discours Dans la 1re phrâse, il falait dire; renferme une fausseté, ou une idée fausse, ou une erreur, suivant le sujet qu' on traite. Dans la 2de, il falait, a jeté du faux dans, etc.
   FAUX, adv. "Il raisone, il chante faux. Galoper faux. Acuser faux. "L' art de prédire n' en étoit pas moins sûr (dans l' opinion des Païens) pour avoir acusé faux. Pluche. Hist. du Ciel. _ Exposer, jurer, dater faux. = À~ faux, adv. "Être accusé à faux. _ Aller à faux en quelqu' endroit, manquer d' y trouver ce qu' on cherche. _ Porter à faux, se dit au propre, de ce qui ne porte pas à plomb sur ce qui doit le soutenir; poutre, pierre, colonne, qui porte à faux. Au figuré; raisonnement, qui porte à faux, qui est fondé sur une chôse, qu' on supôse vraie et qui ne l' est pas. = Corneille dit parler à faux, et celui-ci parait réprouvé par l' usage actuel.
   Lui, qu' Apollon jamais n' a fait parler à faux.
       Horace.
  FAUX, FAûSSE, entrent dans la composition de plusieurs mots. Faux-feu, faux-germe, faux-fourreau, faux-bourdon. Fausse-couche, fausse-fenêtre, fausse-porte, fausse-clef, etc. On en trouvera l' explication, en cherchant les simples.
   REM. Faux~-Dieux, faux-dévots, faux-savans, etc. quoique composés d' un adjectif et d' un substantif~, ne forment qu' un seul mot, comme petit-maître, petites-maisons, etc. On doit dire des faux-Dieux, des faux-dévots, des faux-savants, etc. et non pas de faux-Dieux, etc. et ainsi de faux-germe, faux-bourdon, et aûtres composés de faux et faûsse. Voy. PETITE-MAISON, au mot MAISON. "Si ce sont des faux-savans, ils se confondent par leurs propres paroles. Mallebr.

FAUX-BOURG


FAUX-BOURG. Voy. FAUBOURG.

FAUX-FUYANT


FAUX-FUYANT, s. m. [fôfu-iant.] Prétexte, subterfuge. "Il (Abailard) avoit pris la voie de l' apel, comme le premier faux-fuyant, qui s' étoit présenté à son esprit. Le P. Fontenai.

FAUX SAUNAGE


FAUX SAUNAGE, FAUX-SAUNIER, s. m. [Fosonage, nié.] Vente, débit de faux-sel. Celui, qui le vend et le débite.

FAUX-SEMBLANT


FAUX-SEMBLANT, s. m. [Fô-sanblan: 3 longues.] Aparence trompeûse. "Sous un faux~-semblant d' amitié.

FAYANCE


FAYANCE, FAYANCIER, etc. Voy. FAïANCE, etc.

FÉAL


FÉAL, adj. m. FIDèLE. Vieux mot, encore employé en style de chancellerie. "À~ nos amés et féaux, etc. On le dit encore dans le style badin, mon très-cher et féal; c' est son féal.

FEBRICITANT


FEBRICITANT, adj. et s. m. FÉBRIFUGE, s. m. FÉBRILE, adj. [1re é fer. dern. e muet au 2d et au 3e.] Fébricitant, qui a la fièvre. Fébrifuge, remède qui chasse la fièvre. Febrille, qui a raport à la fièvre. "Homme fébricitant. "Un fébricitant. "Le quinquina est un excellent fébrifuge. "Chaleur fébrile: délire fébrile.

FÉCALE


FÉCALE, adj. fém. [1reé fermé, dern. e muet.] Matière fécale, les grôs excrémens de l' homme. C' est tout l' usage de ce mot.

FÉCOND


FÉCOND, ONDE, adj. FÉCONDER, v. act. [1re é fermé, 2e lon. 3e e muet au 2d, é fermé au 3e.] Fécond se dit proprement des femmes, et des femelles des animaux Qui produit beaucoup. "Les femmes sont plus fécondes dans les pays froids, que dans les pays chauds. "Les poissons sont fort féconds. _ Par extension, fertile, abondant. "Terre, source féconde. = Figurément, esprit fécond, qui produit beaucoup. Sujet fécond, matière féconde, qui fournit beaucoup.
   Rem.~ Cet adj. peut se placer devant ou après le substantif. "Féconde imagination, esprit fécond. Le féminin peut plutôt précéder que le masculin.
   Comme du haut des airs, la féconde rosée,
   Relève l' herbe tendre, et rafraichit les fleurs.
       Le Franc.
Quand il est suivi d' un régime, il est clair qu' il doit marcher après le substantif: "Auteur fécond en saillies, en épigrammes. Mais lors même qu' il est seul, il ne fait pas bien devant toutes sortes de noms: fécond Auteur, fécond Écrivain, féconde terre, féconde source soneraient fort mal.
   FÉCONDER, rendre fécond. "La pluie a fécondé nos campagnes.

FÉCONDATION


FÉCONDATION, s. fém. FÉCONDITÉ, s. fém. Le 1er est un mot tout nouveau, né de féconder, qui n' est pas lui-méme fort ancien. "Une foule d' Auteurs anciens attestent cette fécondation merveilleûse (des cavales par le vent). De Lille. _ Les Dictionaires ne mettent pas ce mot.
   FÉCONDITÉ, en parlant des animaux, signifie la faculté de devenir fécond, et fécondation est l' action d' être actuellement fécondé. Il ne faut pas confondre ces deux mots. Voy. FERTILITÉ. = Fécondation ne se dit qu' au propre, et seulement des animaux. Fécondité se dit, et au propre et au figuré. "La fécondité des animaux, de la terre, de l' esprit. La fécondité d' un sujet, d' une matière. Voy. FÉCOND. = Quelques-uns l' ont dit des Auteurs même. "Cet Écrivain est d' une grande fécondité. "La fécondité de Voltaire était vraiment aussi extraordinaire que déplorable.

FÉE


FÉE, s. f. [1re é fer. et long, 2e e muet.] Dans l' opinion du peuple, Nymphe enchanteresse. "Les Contes des Fées. = On dit, dans le style familier, d' une chôse extraordinairement bien faite, qu' elle semble avoir été faite, ou travaillée par les Fées.
   Les anciens Poètes donaient ce nom aux Mûses. Ronsard l' a doné aux Nayades.
  Et vous, Dryades, et vous Fées,
  Qui de joncs simplement coifées,
  Nagez par le cristal des eaux.
       Ronsard.
  Les Muses, les neuf belles Fées.
      Malherbe.
  Tout ce que les neuf doctes Fées
  Voudront leur inspirer de beau.
       Maynard.
  Filles du Ciel, chastes et doctes Fées,
  Qui des Héros consacrant les trophées,
  Garantissez du naufrage des tems
  Les noms fameux et les noms éclatans.
       Rousseau.
Ménage trouvait ce mot de Fée fort beau. On ne s' en sert plus aujourd' hui dans la haute Poésie. Il ne peut plus avoir lieu que dans le style badin, ou burlesque, ou marotique.

FÉER


FÉER, v. act. FÉERIE, s. f. Le verbe est vieux, et il n' a d' usage que dans les vieux Contes des Fées: "Je te fée et refée; je t' enchante et réenchante. = Féerie, l' art des Fées, enchantement. "Cela me semble n' avoir pu se faire que par Féerie. Voit. Il n' est que du style badin. _ On a dit anciènement faérie.

FEINDRE


FEINDRE, v. act. et neut. FEINTE, s. f. *FEINTISE, s. f. [Fein-dre, te, tize: 1re lon. 2e e muet aux deux premiers, lon. au 3e.] Feindre, c' est 1°. faire semblant. "Feindre une maladie; feindre de la joie. = Il régit de devant les verbes; alors il est neutre: il feignit d' être en colère. _ Corneille retranche la préposition.
   César en fut épris: du moins il feignit l' être.
       Pompée.
Il faut dire, il feignit de l' être. = Il s'~ emploie~ aussi neutralement sans régime. "Posséder l' art de feindre.
   Avec moi, saint-Géran, à quoi bon vous contraindre?
   Je sais mieux deviner que vous ne savez feindre.
       Barthe.
  Reconoissez l' erreur qui vous prévenoit tous,
  En faveur d' une femme instruite en l' art de feindre.
       La Chaussée.
2°. Inventer. Il se dit sur-tout des Poètes. "Feindre des chôses, des caractères, qui n' ont point de vraisemblance. = 3°. Aûtrefois on en faisait un grand usage avec la négative, dans le sens de craindre. "St. Basile ne feignoit pas de toucher et d' embrasser les lépreux. Fleuri. "Je ne feignis point d' ajouter quelques nouvelles remarques. La Bruyère. "Caron ne feignit point de lui dire que, etc. Rollin. "Il ne feignoit pas de dire, etc. Boss. "Les anciens ne feignoient point de comparer les engagemens de la Chevalerie à ceux de l' ordre monastique, et même du Sacerdoce. Velly. Hist. de Fr. L' Acad. le met encôre à peu près dans le même sens, pour, ne pas hésiter, ne pas faire dificulté de... "Il n' a pas feint de lui déclarer, etc. = * Aûtrefois aussi, pour dire qu' un homme s' emploie à une chôse avec ardeur, on disait qu' il ne s' y feignoit pas, et cette expression est encôre aujourd' hui fort comune en Bourgogne. = 4°. Boîter. "Il est guéri de sa goutte, mais il feint encôre un peu du pied gauche. "Ce cheval feint d' un pied. Acad. _ C' est un mot du style simple et de conversation. = 5°. Feint, feinte, adj. Simulé, inventé à plaisir. "Mal feint; histoire feinte, amitié feinte. = Représenté en peintûre ou autrement, pour la simétrie. "Porte, fenêtre, colone feinte.
   FEINTE aime à précéder: feinte douceur, feinte tendresse. Il peut aussi suivre, il le doit même quelquefois. Feinte histoire ferait une inversion dûre. _ Le masculin est peu usité.
   FEINTE, subst. n' a que le premier sens de feindre. Dissimulation, déguisement, artifice. Faux semblant. "Toute sa dévotion n' est que feinte. "Ses feintes n' ont pas réussi. Parler sans feinte.
   À~ vous parler sans feinte;
   Je n' en suis pas très-sûr, mais j' en ai quelque crainte.
       Barthe.
= * Rousseau l' emploie au lieu de fiction, calomnie. Il dit de lui-même, en s' adressant à la postérité.
   Voilà quel fut celui qui t' adresse sa plainte,
   Victime abandonée à l' odieuse feinte,
   De sa seule innocence en vain acompagné.
La rime a produit cette impropriété de terme.
   La Fontaine a dit aussi, feinte pour fiction.
   La feinte est un pays plein de terres désertes.
   *FEINTISE, s' est dit aûtrefois pour, feinte, déguisement. _ L' Acad. l' a encôre employé dans ses Sentimens sur le Cid. Cela se pourroit bien défendre par l' exemple de plusieurs Princes qui ont usé de feintise dans leurs jugemens. _ Elle dit dans son Dictionaire, que ce mot vieillit; et comme elle le dit depuis longtems, il faut qu' il soit bien vieux.

FÉLER


FÉLER, v. act. FÉLURE, s. f. [Félé, félûre: 1reé fermé: il est long devant la syllabe fém. "Il fêle, fêlera, etc. 2e lon. au 2d.] Fendre une chôse fragile, comme verre, cristal, etc. en telle sorte pourtant que les pièces demeurent étroitement jointes ensemble. _ Fente d' une chôse félée. "La gelée a félé ce vâse. "Il se fêlera, si vous l' aprochez trop près du feu. "Pot, verre félé; clôche félée. "La félûre est légère: on a peine à l' apercevoir. = Le Proverbe dit, que les pots félés sont ceux qui dûrent le plus: les persones qui ont une santé délicate, vivent quelquefois plus longtems que des persones plus robustes, parce qu' elles se ménagent davantage. _ Avoir la tête félée, le timbre félé: être un peu fou

FÉLICITATION


FÉLICITATION, s. fém. FÉLICITER, v. act. [Félicita-cion, : 1reé fer.] Féliciter, c' est témoigner à quelqu' un qu' on est bien aise d' une bone fortune, qui lui est nouvellement arrivée. Trév. Lui marquer que l' on prend part à sa joie. Félicitation, action de féliciter. "Ils vinrent le féliciter de ses victoires. "Faire un compliment, ou écrire une lettre de félicitation. _ Il ne se dit qu' avec lettre et compliment. = Se feliciter; s' aplaudir, se savoir bon gré de... "Je me félicite de m' être tenu sur mes gardes.
   Rem. Féliciter, ne date que du dernier siècle. Il était tenu pour barbâre à la Cour, au raport de Vaugelas, lorsque Balzac entreprit de l' acréditer, et en vint à bout. "Le mot féliciter n' est pas françois, disait-il, dans une lettre à M. l' Huillier: mais il le sera l' année qui vient. Sa prédiction fut acomplie. Voy. les Nouv. Synon. Franç. de M. l' Ab. Roubaud. = Féliciter a succédé à congratuler, qui est presque hors d' usage.

FÉLICITÉ


FÉLICITÉ, s. fém. [1re et dern. é fer.] Béatitude, grand bonheur. Acad. Jouissance des biens qui peuvent satisfaire le corps et l' esprit. Trév. "Jouir d' une parfaite félicité. "La véritable félicité ne peut se trouver qu' en Dieu. = Ce mot n' a pas ordinairement de pluriel: les Poètes sont en possession de lui en doner un.
   Jouissez des félicités
   Qu' ont mérité pour vous mes bontés secourables.
       Rouss.
  Allons aprendre au Roi, pour qui vous combatez
  Mon crime, mes remords et mes félicités.
      Volt.
   L' Acad. ne le met au pluriel que dans cette phrâse, consacrée par l' usage. "Les felicités de ce monde sont peu durables.

FÉLON


FÉLON, ONE, adj. FÉLONIE, s. fém. [1re é fermé, 3e lon. au subst.] Ils expriment la rebellion du vassal contre le Seigneur. = Ils se sont dits aûtrefois pour cruel et féroce;cruauté, férocité. _ L' Acad. dit qu' ils vieillissent en ce sens. Je crois quel ce n' est pas assez dire.

FELOUQUE


FELOUQUE, s. f. [Fe-lou-ke: 1re et dern. e muet.] Petit bâtiment de bâs bord et à rames, qui n' est en usage que dans la Méditerranée.

FêLûRE


FêLûRE. Voy. FÉLER.

FEMELLE


FEMELLE, s. fém. [Femèle: 1re et dern. e muet: 2e è moy.] Il exprime par raport aux animaux, ce que femme signifie par raport aux hommes. "La vache est la femelle du taureau, la biche du cerf, etc. "Dans ces deux genres (des insectes et des poissons) les femelles sont plus grosses que les mâles. St. Pierre. = Employé adjectivement, il est des deux genres; mais il ne se dit que des animaux et des plantes. "Un serin femelle; une perdrix femelle. "Un palmier femelle; du chanvre femelle.
   Rem. * Mme. de B... (Hist. d' Angl.) emploie femelle au lieu de femme: "Le principe d' exclûre les femelles de la succession au trône, étoit adopté en France. Les femelles furent admises peu à peu à la possession des propriétés féodales. Nous disons femmes dans ces ocasions. Femelle ne se dit que des animaux, excepté dans le style badin ou satirique. C' est une étrange femelle.
   Catin veut épouser Martin,
   C' est fait en très-fines femelle;
   Martin ne veut point de Catin,
   Je le trouve aussi fin comme elle.
       Marot.
* Le même Traducteur se sert de femelle, adjectif. "La Pucelle d' Orléans... ne démentit jamais ce caractère par aucun trait de pusillanimité femelle. _ C' est un anglicisme. Nous disons en pareil cas, féminin, féminine: les Anglais disent female. Il n' en est pas de même de mâle. On dit un courage mâle, des résolutions mâles et généreuses: on ne dit point un courage femelle, etc.
   Mme. de Sévigné se servait volontiers du mot femelle, mais toujours en badinant. "La bone Troche est toujours la bonté même, et allante et venante. On dit qu' elle est la femelle de d' Hacqueville (homme très-oficieux et toujours en exercice pour ses amis). "Nous la trouvâmes (Mme. de Chaulnes) acompagnée pour le moins de quarante femmes ou filles de qualité... la plupart étoient les femelles de ceux qui étoient venus au devant de nous. La Même. "Mme. de L... se décrie si fort, qu' on commence à la regarder comme la femelle de M. de Mazarin (le Duc de ce nom si fameux par ses extravagances) M. de Coul. = La Touche pense que ce mot se dit bien, en l' oposant à mâles... "Les mâles et les femelles. Je crois qu' il se trompe. On dit, les hommes et les femmes: les garçons et les filles. _ On dit seulement dans quelques coutumes: les mâles excluent les femelles.

FÉMININ


FÉMININ, INE, adj. FÉMINISER, v. act. [Fémi-nein, nine, nizé: 1reé fermé, dern. e muet au 2d, é fermé au dernier.] Féminin, qui est propre et particulier à la femme. "Le sexe féminin. = Qui tient de la femme, en parlant des hommes. "Il a le visage féminin; la voix, la démarche féminine; des manières féminines. En style plaisant, le peuple féminin, les femmes.
   Vous verrez aussi-tôt le peuple féminin
   S' élever à grands cris, et soner le tocsin.
       La Chaussée.
  FÉMININ, s. m. et adj. terme de Gramaire. Qui est oposé au genre masculin. "Table, cheminée, porte, fenêtre, sont du genre féminin. "L' article du féminin est la ou une. Voy. LA. Voy. GENRE. Voy. MASCULIN.
   FÉMINISER, faire du genre féminin. Il ne se dit que de certains mots que l' usage a rendus féminins, de masculins qu' ils étaient. "L' usage a féminisé le mot Epigramme, et plusieurs aûtres.

FEMME


FEMME, s. f. [Fame: 2e e muet.] La femelle de l' homme. Trév. Acad. Cette définition parait contraire aux Remarques du mot Femelle; mais on se sert de ce mot pour abréger. "Dieu tira la femme de la côte d' Adam. "Les femmes sont naturellement timides. = Femme se dit plus particulièrement de celles qui sont mariées, et par oposition à Fille. "Les Femmes et les Filles; et relativement au mari. "C' est la femme de M. un tel. "C' est sa femme.
   Vous ne vous direz point, ni Monsieur, ni Madame;
   Il sera votre époux, et vous serez sa femme.
       Destouches.
  Il faut que je ménage un cruel qui me brâve!
  Sa femme est sa compagne, et non pas son esclâve.
       La Chaussée.
= On dit quelquefois la femme pour les femmes. Voy. SINGULIER à la fin. = En style familier, prendre femme, se marier. "Il y a des chôses qu' il faut faire sérieusement, comme de prendre femme, par exemple. Sév. _ On dit, burlesquement, quand il pleut et qu' il fait soleil en même temps, que le diable bat sa femme. Voy. APPÉTIT, DIEU.
   Rem. 1°. Femme s' emploie quelquefois comme adjectif. "Faute de pouvoir se rendre homme, les femmes nous rendent femmes. J. J. Rouss. "Chaque femme de Paris renferme dans son apartement un serrail d' hommes plus femmes qu' elles. Id.
   2°. On dit, cette femme est Auteur, Poète, Philosophe, Médecin, Peintre, etc. et non pas Autrice, Poétesse, Philosophesse, Médecine, Peintresse. Réflex. Voy. AMATRICE.
   3°. Femme de Chambre, femme ou fille, qui sert une Dame à la chambre. Le peuple dit volontiers, fille de chambre, quand elle n' est pas mariée, mais ce n' est pas le bel usage. _ Au pluriel, il est du bon ton de dire mes femmes, ses femmes, sans ajouter de chambre. "Vos femmes sont étonées d' employer plus de temps à s' ajuster elles-mêmes, qu' à parer leur maîtresse. Coyer. "Ma maîtresse même voulut me voir, sur le récit que ses femmes lui firent de moi. Mariv.

FEMMELETTE


FEMMELETTE, s. f. [Famelète: 2e et dern. e muet; 3e è moy.] Terme de mépris. Femme d' une esprit très-simple et très-borné. On le dit quelquefois des hommes. "Ce n' est pas un homme; ce n' est pas une femme; c' est une femmelette.

FENAISON


FENAISON, s. f. [Fenèzon: 1ree muet. 2e è moy.] La saison où on coupe les foins.

FENDANT


FENDANT, s. m. FENDEUR, s. m. FENDRE, v. act. [Fandan, deur, dre: 1re lon. 2e lon. au 1er, e muet au troisième.] Fendant s' est dit aûtrefois pour, un coup doné du tranchant d' une épée de haut en bâs. _ Il ne se dit que dans cette locution proverbiale, faire le fendant, le résolu, l' entendu. = Fendeur, celui qui fend, en parlant du bois. "Fendeur de bois. _ Fendeur de naseaux (st. prov.) faux brâve, fanfaron. Qui fait le mauvais, qui menace.
   FENDRE, diviser. Il se dit des persones et des chôses, comme sujet, et des chôses seulement, comme régime. "Fendre un arbre, fendre du bois, fendre la tête d' un coup de sabre. "Il veut fendre un cheveu en quatre; il est trop rafiné dans ses distinctions, dans ses remarques. _ "La trop grande sècheresse fend la terre. "La gelée fend les pierres. "Oiseau qui fend l' air; navire qui fend l' eau, les vagues, etc. _ Figurément, fendre la presse, les bataillons, les escadrons des énemis. "Bruit qui fend la tête. "Cette triste nouvelle fend le coeur.
   FENDRE est aussi récip. et neutre. "Ce bois se fend aisément: cette muraille comence à se fendre. "La tête me fend du bruit qu' on fait. "Le coeur me fend de douleur, de voir soufrir, etc.

FENDU


FENDU, ÛE, partic. du V. Fendre et adj. Avoir les yeux biens fendus, grands et un peu longs; la bouche fendue jusqu' aux oreilles (st. plaisant) la bouche fort grande. "Cheval qui a les naseaux bien fendus, les narines ouvertes. _ Homme bien fendu, qui est de tâille à bien embrasser un cheval.

FENêTRAGE


FENêTRAGE, s. m. FENêTRE, s. fém. [1re et dern. e muet; 2eê ouv. au 2d] Fenêtre, est une ouvertûre dans une muraille pour doner du jour. Il se dit aussi du bois et du vitrage dont elle est garnie. _ Fenêtrage est un terme colectif. Toutes les fenêtres d' une maison. "Ouvrir, fermer les fenêtres. Mettre la tête à la fenêtre, regarder par la fenêtre, etc. "Le fenêtrage de ce Palais est tout de glaces. "Ce fenêtrage est mal-entendu.
   Rem. On dit aujourd' hui, plutôt croisée que fenêtre, en parlant des fenêtres des maisons au-dessus du commun. On laisse le mot de fenêtre au peuple. "Il y a dans cette maison dix croisées à chaque étage. "L' oncle et la nièce ocupoient une croisée. Marm. Cependant, quand on parle indéfiniment, comme dans les phrâses citées plus haut, on dit fenêtre.
   Ce mot entre dans plusieurs expressions du style familier et proverbial. _ Jeter tout par les fenêtres, être prodigue et dissipateur. _ Entrer par les fenêtres, réussir par des voies détournées. _ On dit, dans un autre sens, d' un importun, que, si on le chasse par la porte, il rentre par les fenêtres. _ On dit aussi de ce qui est indispensable, qu' il faut en passer par là, ou par la fenêtre. Et d' un fanfaron, en s' en moquant, si l' on n' y prend garde, il jettera la maison par les fenêtres.

FENIL


FENIL, s. m. [1re e muet: mouillez l' l finale.] Il ne se dit que du lieu où l' on serre le foin à la campagne. Ailleurs on dit, grenier à foin.

FENOUIL


FENOUIL, s. m. FENOUILLETTE, s. f. [Fe-nouil, nou-gliè-te: 1re e muet: mouillez l' l finale du 1er, et les ll du 2d: 3e è moy. 4e e muet.] Fenouil est une plante aromatique. On le dit aussi de la graine de cette plante. = Fenouillette est, 1°. Eau-de-vie distillée avec la graine de fenouil. 2°. Pomme qui a le goût du fenouil.

FENTE


FENTE, s. f. [Fante: 1re lon, 2e e muet.] Crevasse, ouvertûre en long, intervalle entre deux chôses mal jointes. Trév. Crevasse dit trop, et signifie une ouvertûre plus grande qu' une fente. "Regarder par la fente d' une porte. "Il s' est fait beaucoup de fentes dans cette muraille. _ On dit aussi la fente d' unechemise, d' un haut de chaûsses, en parlant des ouvertûres qu' on y fait.

FÉODAL


FÉODAL, ALE, adj. FÉODALEMENT, adv. FÉODALITÉ, s. f. [1reé fer. 4e e muet au 2e et au 3e. Fé-odal, dale, dale--man, dalité.] Féodal, qui concerne le fief. "Droit féodal, Seigneur féodal. Retrait féodal. Matières féodales. = Féodalement, en vertu du droit de fief. "Saisir une terre féodalement. = Féodalité, est, 1°. Qualité de fief. 2°. La foi et hommage dûs au Seigneur du fief.

FER


FER, s. m. [L' e est ouv. et lon. l' r se prononce.] 1°. Métal fort dur, et heureusement fort commun, dont on fait toute sorte d' armes et d' instrumens pour les arts. "Bârre de fer. Batre le fer. "Le fer se rouille aisément. = Les Poètes ont apelé siècle de fer, le siècle le plus dur et le plus barbâre. On le dit encôre d' un siècle où règne l' injustice, où tout le monde soufre.
   2°. Fer, en style oratoire et poétique, poignard, épée, sabre, etc. "Il se plongea le fer dans le sein. "Vaincre les enemis, autant par la clémence, que par le fer. = 3°. Fer de cheval, ou absolument fer, est un fer dont on garnit la corne des pieds des chevaux. Fer à cheval, est un terme de fortifications et d' architecte. Ouvrage fait en demi-cercle autour d' une place. _ Escalier à deux rampes et en demi-cercle. = 4°. Fer, instrument de fer pour repasser le linge. = 5°. Fers au pluriel, chaines, ceps, menottes. "Être, ou mettre aux fers, ou dans les fers. _ Aux est plus usité que dans. "Le peu qui restoit de l' équipage demanda la vie, et fut mis dans les fers. Marm. _ Fig. (st. poét.) L' état d' esclâve. "L' amour le tient dans ses fers. = 6°. Outils de fer. "Fers à friser, à faire des gaûfres, des oublies. Fers pour découper. Fers à dorer.
   FER fournit à plusieurs locutions figurées du style simple ou proverb. _ Employer le fer et le feu, les remèdes les plus violens. _ Mettre les fers au feu, comencer sérieusement à poursuivre une afaire. _ On dit, en ce sens, que les fers sont au feu, qu' on y travaille. _ À~ fer et à clou, solidement. "Vous savez bien que notre Cardinal (de Retz) l' est à fer et à clou. SÉV. Il voulait quiter le chapeau; le Pape ne voulut pas y consentir. _ Il a un corps de fer: il est robuste et infatigable. _ Tomber les quatre fers en l' air, se dit, au propre, d' un cheval; au figuré, d' un homme renversé, et qui est tombé sur le dôs.

FER-BLANC


FER-BLANC, s. m. FERBLANTIER, s. m. [Fêrblan, blan-tié: 1re ê ouv. 2e lon. 3e é fer. _ L' Acad. met un tiret au 1er, et n' en met point au 2d. _ Il semble que l' étymologie demanderait qu' on écrivît Ferblanquier, mais l' usage est pour ferblantier.] Le fer-blanc est un fer en lame mince, recouvert d' étain. _ Ferblantier, ouvrier en fer-blanc. _ Suivant Richelet, ce mot ne se dit que par le peuple; les gens du metier disent, Taillandier en fer-blanc. L' usage a donc changé: tout le monde dit aujourd' hui Ferblantier.

FÉRIAL


FÉRIAL, ALE, adj. FÉRIE, s. f. [1re é fer. 2e lon. au dern.] Férie, chez les Romains signifiait cessation de travail. Les Féries étaient distinguées des fêtes, en ce que celles-ci étaient célébrées par des sacrifices et des jeux, au lieu que celles-là n' étaient marquées que par le repôs. = Férie, dans l' Église Romaine, est un mot par lequel on distingue cinq jours de la semaine, depuis le Lundi, qui est la seconde Férie, jusqu' au Vendredi, qui est la 6e. Le Dimanche et le Samedi gardent leur nom, et ne s' apèlent point la 1re ou la 7eFérie. _ On dit, en ce sens, Ofice de la Férie, ou Ofice Férial.
   * On a dit autrefois, jours fériés. On dit plutôt jours fêtés. Trév. Et mieux encôre, jours de fête.

FÉRIR


FÉRIR, v. act. FÉRU, RûE, adj. Blesser. Blessé. Vieux mots: ils se sont conservés dans les phrâses suivantes. "Sans coup férir. Sans rien hazarder. "Il en est venu à bout sans coup férir. "Il est feru, il est irrité, indisposé contre, etc. "Il est féru de cette femme; il en est amoureux.

FERMAGE


FERMAGE, s. m. Prix dont on est convenu pour une ferme.

FERMANTE


FERMANTE, adj. f. il ne se dit guère qu' avec porte et au plur.. "À~ portes fermantes, quand on ferme les portes d' une ville. "Chacun part le soir à portes fermantes. J. J. Rouss. _ L' Acad. dit aussi, à jour fermant, quand le jour est fini. Le Rich. Port. À~ nuit fermante, quand la nuit aproche. Un Auteur dit, à la nuit, qui n' est pas si bien. "À~ la nuit fermante, toutes les rues de la peuplade retentissent de pieux cantiques. Let. Édif.

FERME


FERME, adj. adv. et subst. [1re ê ouv. 2e e muet.] Ferme, adj. est, 1°. Qui tient fixement à quelque chôse. "Le plancher est ferme, la cloison n' est pas ferme. = 2°. Qui se tient sans chanceler, sans s' ébranler. "Être ferme à cheval, sur ses étriers, sur ses piés. Atendre, combatre de pied ferme. = 3°. Fixe, assuré, en parlant du regard, de la voix, de la contenance, de la parole, du ton. "Avoir la voix, le regard, la contenance, la parole ferme. Répondre d' un ton ferme. = 4°. Fort, robuste. La main, le poignet ferme, les reins fermes. = 5°. Compact et solide. "Terrein ferme. Poisson qui a la chair ferme. = 6°. Figurément, constant, inébranlable, invariable. "Âme, courage, résolution ferme. Ferme propos, ferme croyance, espérance, foi ferme. "Être ou demeurer ferme dans ses résolutions.
   Ferme suit, ou précède, au choix de l' Orateur, qui doit consulter l' oreille et le goût, "C' est un homme ferme. C' est le ferme soutien de cette maison. Ferme homme et soutien ferme seraient également ridicules. Voyez CONSTANT.= Il régit à et l' infinitif. "Il demeura ferme à la rejeter. "Ils sont laborieux, adonés au comerce, fermes à conserver la pureté des anciènes lois. Télém.
   FERME, adv. Fortement, d' une manière ferme. Parler ferme, heurter ferme, fraper ferme, ou fort et ferme. Tenir une chôse bien ferme. _ Faire ferme, ne pas lâcher le pied. "Faites ferme, braves Troyens, ne fuyez pas devant les Grecs. Mme. Dacier, Iliade. _ Tenir ferme, ne pas se laisser gâgner. * Marivaux dit, se tenir ferme, qui n' est pas si bon, qui est même mauvais. * L' Abé Prévot lui fait régir le datif. "Les Patriotes tenoient ferme aux vieilles maximes. Hist. des Stuarts. On dit plutôt avec le régime, tenir fortement à... Soutenir ou nier fort et ferme, avec beaucoup d' assurance et sans hésiter. Mme. de Sévigné dit aussi, penser ferme. Celui-ci n' est pas trop sûr. "Elle pense ferme, comme vous disiez: ce qu' elle a résolu est immanquable. = Ferme! interjection. Courage! Tenez ferme. "Ferme! ne mollissez pas.
   Mesdames, à votre aise! il ne faut point se rendre.
   Ferme! Continuez à ne vous pas entendre!
       La Chaussée.
  FERME, s. f. est, 1°. Petit domaine de campagne. 2°. Bail ou louage, moyénant certain prix qu' on done tous les ans au propriétaire. Bail à ferme. Bailler, prendre à ferme. "Les fermes du Roi, les cinq grosses Fermes. = 3°. Il se dit de la décoration du fond du théâtre.

FERMEMENT


FERMEMENT, adv. [Fêrmeman: 1reê ouv. 2e e muet.] 1°. D' une manière ferme. "Ataché fermement. "S' apuyer fermement. = 2°. Avec assurance; constamment. Croire, soutenir fermement. Persister fermement dans son opinion.

FERMENT


FERMENT, s. m. [Fêrman; 1reê ouv. 2e lon.] Levain. Celui-ci est du discours ordinaire; l' autre ne se dit que chez les Savans.

FERMENTATION


FERMENTATION, s. f. FERMENTER, v. n. [Fêrmanta-cion, ; 1re ê ouv. 2e lon. 3e é fer. au 2d.] Fermentation, est le mouvement des parties causé par le ferment. Fermenter, s' agiter, se diviser par le moyen du levain, du ferment. "La fermentation des humeurs. "La pâte fermente. "Les humeurs fermentent. Voyez EFFERVESCENCE.
   REM. Fermenter n' est plus que neutre. Autrefois on le faisait actif et récip. "Il se mêle avec les esprits quelque matière capable de les fermenter. MALLEBR. Dites, de les faire fermenter. "Si le sang ne se fermente pas assez, les esprits animaux seront languissans. Mallebr. On dirait aujourd' hui, si le sang, ne fermente pas assez. Dans le Dict. de Trév. on dit aussi, les corps qui se fermentent, et le levain de l' estomac qui fermente les alimens. On doit dire, les corps qui fermentent: le levain fait fermenter, etc.

FERMER


FERMER, v . act. [Fêrmé; 1reê ouv. 2e é fer.] 1°. Clôrre ce qui est ouvert. "Fermer une chambre, un cofre, la porte, la fenêtre, etc. _ Par extension, fermer une lettre, un paquet, fermer un chemin, un passage. _ Fermer la main, les yeux, la bouche, etc. _ Figurément: fermer les yeux à la lumière, se refuser à l' évidence; aux vanités du monde, être en garde contre ses vanités. Fermer l' oreille à... ne pas vouloir ouïr. "Fermer l' oreille aux médisances, etc. Voyez BOUCHE, CHEMIN, LETTRE, PALAIS, PAQUET, PASSAGE, PORT, POSTE, YEUX, etc. = 2°. Enclôrre. Fermer un parc, un jardin, une ville. Fermer de murâilles, de haies, de fôssés. = 3°. V. n. sans régime. "Ces fenêtres ne ferment pas bien. "Les portes de la ville ferment à telle heure; et fig. (st. fam.) Il parle toujours, la bouche ne lui ferme jamais. = 4°. V. réc. "Cette porte ne peut pas se fermer. "Cette plaie se fermera bientôt. _ Il est beau au fig.
   Mon âme, malgré moi, se ferme à l' espérance.
       Marin, Fédéric.
Rem. 1°. * Fermer, pour enfermer, est un gasconisme. "Fermez vos livres dans cette armoire. "Fermez les brebis dans la bergerie. Gasc. Corr. Et ainsi, se fermer pour s' enfermer. "Se fermer dans sa chambre, dans un cloître. Ibid.
   2°. * Se fermer, s' arrêter, se fixer à, est un italianisme. Dans le Dict. de Trév. on se contentait de dire que cette expression n' est pas ordinaire. "Il s' est fermé là: il n' en donera pas davantage. On l' a suprimé dans les dern. édit.
   3°. On dit, fermer la marche, être le dernier. Bossuet a dit, dans le même sens, que Malachie avoit fermé les Prophéties de l' ancien peuple, pour dire, qu' il a été le dernier des Prophètes. Ces expressions figurées, consacrées par l' usage, ne doivent pas se transporter à d' aûtres mots.

FERMETÉ


FERMETÉ, s. f. [Ce mot réunit les 3 e principaux, l' ê ouv l' e muet, et l' é fer.] 1°. État de ce qui est ferme. "Ces pilotis n' ont point de fermeté. = 2°. Qualité de ce qui est compacte. Il ne se dit que du poisson. "Le turbot tient du goût et de la fermeté de la sole. = 3°. Figurément, Constance. Fermeté de coeur, d' âme, de courage. "N' avoir point de fermeté dans l' esprit, dans les résolutions, dans l' adversité.
   Rem. Le P. Bouhours avait dit fermeté de style. Il s' est critiqué lui-même dans les Doutes d' un Gentilhomme Breton. Mais il me semble que sa critique n' est pas juste; car, outre que par analogie on peut dire, fermeté de style, puisqu' on dit, un style ferme, cette expression est reçue par l' usage, et a été et est encôre employée par de bons Auteurs.
   FERMETÉ est pour le bien, Opiniâtrété, pour le mal: l' une est une vertu, l' autre est un vice. Voyez STABILITÉ.

FERMETûRE


FERMETûRE, s. f. FERMOIR, s. m. [Fêrmetûre, moar; 1re ê ouv. 2e e muet au 1er, 3e lon.] Fermetûre, en matière de Menuiserie et de Serrurerie; ce qui sert à fermer. "La fermetûre d' une boutique, d' une chapelle. = Fermoir, agrafe d' argent ou d' autre métal, qui sert à tenir un livre fermé. "Mettre des fermoirs à des heures.

FERMIER


FERMIER, IèRE, s. m. et f. [Fêr--mié, miè-re, 1reê ouv. 2e é fer. au masc. è moy. et long au fém.] Celui, celle qui prend des droits ou des héritages à ferme. Fermière, se dit le plus souvent de la femme du fermier d' un petit domaine. "C' est le fermier d' une telle terre. Les~ Fermiers-Généraux. "Il est Fermier-Général.

FÉROCE


FÉROCE, adj. FÉROCITÉ, s. f. [1re é fer. dern. e muet au 1er, é fer. au 2d.] Qui est farouche et cruel. _ Caractère de ce qui est féroce. "Animaux, bêtes féroces. "Homme brutal et féroce. "C' est un esprit féroce. "Naturel, regard, humeur féroce. _ "La férocité est naturelle au lion, au tigre. "La férocité de ces peuples sauvages. Férocité d' humeur, d' esprit, de caractère.
   FÉROCE aime à suivre le substantif. Il peut pourtant le précéder élégamment. "Le féroce amour des conquêtes. J. J. Rouss.
   De féroces vainqueurs égorgeront leurs femmes,
   Leurs filles, leurs vieillards et leurs tendres enfans.
       Le Franc.

FERRâILLE


FERRâILLE, s. f. FERRâILLER, v. n. FERRâILLEUR, s. m. [Fêrâ-glie, glié, glieur, 1re ê ouv. Pron. l' r fortement. 2e lon. Mouillez les ll; 3ee muet au 1er, é fer. au 2d.] Ferrâille, vieux morceaux de fer, usés ou rouillés. "Vendeur de vieille ferrâille. = Ferrâiller, s' escrimer, se batre. _ Figur. (st. plaisant ou critique) Disputer. "Maintenant on s' amûse (au Parlem. d' Angl.) à ferrâiller avec les Ministres sur le nombre des soldats et des matelots. Linguet. = Ferrâilleur, Bretteur, qui fait profession de se battre.

FERRANT


FERRANT, adj. m. [Fêran: 1reê ouv. 2e lon. l' r a le son fort.] Il se joint toujours au mot Maréchal. Qui ferre les chevaux.

FERREMENT


FERREMENT, s. m. [Fêreman: 1reê ouv. l' r doit être prononcée fortement. 2ee muet.] Outil de fer. "On trouva sur ce voleur toute sorte de ferremens. Ce mot est peu usité. L' Acad. dit. "Les ferremens d' un chirurgien. On ne pourrait le dire que par mépris. On dit, instrumens.

FERRÉ


FERRÉ, ÉE, adj. FERRER, v. act. [Fêré, ré-e, : 1re ê ouv. l' r est forte; 2eé fer. long au 2d.] l' adj. a plusieurs sens suivant les noms auxquels il se joint. Chemin ferré, dont le fond est ferme et pierreux. _ Style ferré, qui a de la dûreté. _ Eau ferrée, où l' on a plongé un fer ardent ou rouillé. _ Fig. (st. famil.) Homme ferré, qui possède parfaitement la matière dont on parle; ferré à glace, capable de se bien défendre si l' on l' ataque sur un sujet. _ Gueule ferrée, qui mange le potage extrêmement chaud, ou, qui dit facilement des injûres et des dûretés. _ Avaleur de charrettes ferrées, fanfaron, ou grand mangeur.
   FERRER, est 1°. Garnir de fer. "Ferrer une porte, une fenêtre, un lit, une armoire, etc. = 2°. Garnir de fers les pieds des chevaux; de quelque métal que soient ces fers. Ainsi, dans la magnificence des triomphes on a dit ferrer d' or, d' argent. Quand on dit ferrer tout seul, on l' entend des fers ordinaires, qui ne sont que de fer. _ Ferrer à glace, mettre des fers cramponés. = 3°. Ferrer {B236a~} des aiguillettes, en garnir les extrémités, soit de fer blanc, soit de cuivre ou d' argent. = On dit, dans le st. fig. famil. d' une persone dificile à gouverner, à persuader, qu' elle n' est pas aisée à ferrer. "Ce Mr. de Nevers, si dificille à ferrer... Il épouse enfin. Sév. = Ferrer la mule, faire des profits illicites; il se dit sur-tout des domestiques ou commissionaires, qui font payer plus qu' ils n' ont doné ce qu' ils ont acheté pour le compte d' autrui. Cette expression proverbiale vient de l' Empereur Vespasien, qui s' étant aperçu que son muletier avoit arrêté sa litière, sous prétexte de faire ferrer sa mule, pour doner le tems à un solliciteur de présenter sa suplique, demanda au muletier combien valait le fer de sa mule, et voulut en avoir sa part. Le Gendre.

FERRET


FERRET, s. m. FERREUR, s. m. [1re ê ouv. 2e è moy. au 1er.] Ils ne se disent qu' avec aiguillettes. "Ferret (fer) d' aiguillettes. "Ferreur d' aiguillettes, qui les ferre. Voy. FERRER, n°. 3°.

FERRON


FERRON, s. m. FERRONERIE, s. f. FERRONIER, IèRE, s. m. et f. [1re ê ouv. 3e e muet au 2d, é fer. au 3e, è moy. et long au 4e.] Le premier se dit d' un marchand de fer en bârres. (L' Acad. ne le met pas.) Le second du lieu où l' on fabrique et l' on vend les grôs ouvrages de fer ou de cuivre. Le 3e de celui et de celle qui vend des ouvrages de fer.

FERRUGINEUX


FERRUGINEUX, EûSE, adj. [Férugi--neû, neû-ze: 1reê ouv. l' r a le son fort: 4e lon.] Qui tient de la natûre du fer, qui a des parties de fer. "Terre ferrugineûse. Eaux (minérales) ferrugineûses.

FERRûRE


FERRûRE, s. f. [1re ê ouv. 2e lon. 3e e muet.] 1°. Garnitûre de fer des portes des fenêtres, des roûes, etc. * En Provence, on dit ferremente: c' est un mot du pays et du patois. = 2°. Action de ferrer les chevaux et le fer qu' on y emploie. "Tant pour la ferrûre de quatre chevaux. "3°. La manière de ferrer un cheval. "Ferrûre à la française, à la hongroise, à la polonaise.

FERTILE


FERTILE, adj. FERTILEMENT, adv. [fêrtile, tileman: 1re ê ouv. 3e e muet.] Fertile, qui produit, qui raporte beaucoup. Fertilement. Abondamment; avec fertilité.
   FERTILE, suit ou précède le nom qu' il modifie. "Champ, terre, pays fertile.
   De fertiles cailloux semant d' afreux déserts.
       De Lille.
  Et les arbres plantés sous son fertile auspice. {B236b~}
  Auront encor des fruits pour nos derniers neveux.
       Gresset.
Rousseau parlant des Dieux dit,
  Et sans cette bonté fertile
  Leur foudre souvent inutile,
  Gronderoit en vain dans leurs mains.
Je ne sais si auspice fertile et bonté fertile sont des expressions bien propres. En tout câs ellles ne sont que de la haûte poésie. = En général, fertile aime à suivre. "fertile champ, fertile terre, formeraient des inversions dures à l' oreille. = Cet adjectif régit quelquefois la prép. en. "Terre fertile en blé, en vin. "Les aûtres îles sont fertiles en plusieurs sortes de vivres excellens. Voy. D' ANSON. "Il est fertile en ressources, en inventions, en expédiens. = On dit figurément, esprit fertile, qui produit beaucoup et facilement; sujet ou matière fertile, qui fournit beaucoup de chôses.

FERTILISATION


FERTILISATION, s. f. FERTILISER, v. act. [Fêrtiliza-cion, : 1reê ouv. dern. é fer. au 2d.] Action de fertiliser, de rendre fertile. Ces mots ne sont pas anciens dans la langue, sur-tout le substantif; mais ils sont bien établis. Le verbe sur-tout est très-beau et fort usité. "Le fumier fertilise les terres. "Le Nil fertilise toute l' Égypte. _ L' Acad. ne met point fertilisation.

FERTILITÉ


FERTILITÉ, s. f. Qualité de ce qui est fertile. Il se dit au propre et au figuré. "La bonne cultûre est ce qui contribue le plus à la fertilité de la terre. "Fertilité d' esprit, d' imagination.
   REM. Fertilité, ne se dit que de la terre et des plantes: pour les animaux on doit dire fécondité. Mme de Coulanges faisant compliment de condoléance à Mme de Grignan, sur la mort du petit Marquis de Simiane, dit: "La jeunesse et la fertilité du père et de la mère doivent doner de grandes espérances de voir bientôt cette perte réparée. _ Fécondité vaudrait mieux pour la mère; mais pour le père, il serait aussi ridicule que fertilité. = M. Beauzée compâre ces deux mots. Il semble, dit-il, que la fécondité vienne de la natûre, et que la fertilité tienne plus de l' art. "La chaleur du soleil, la pluie du ciel fécondent la terre; le labour, les engrais la fertilisent. "Un esprit, heureûsement né, peut être fécond en grandes idées: un esprit naturellement moins fécond, peut devenir fertile par la cultûre, l' étude et le travail.

FÉRU


FÉRU. Voy. FÉRIR

FERVEMMENT


FERVEMMENT, adv. FERVENT, ENTE, adj. FERVEUR, s. f. [Fêrvaman, van, van--te, veur: 1re ê ouv. 2e lon. au 2d et 3e.] La ferveur est l' ardeur, le zèle avec lesquels on se porte aux chôses de piété, de charité, etc. Fervemment, avec ferveur. Fervent, qui a de la ferveur. "Prier, servir Dieu avec ferveur. "Être plein de ferveur. "Ferveur de novice, ferveur passagère. "Homme extrêmement fervent. "Zèle fervent; dévotion fervente. "S' aquiter fervemment des devoirs de la Religion.
   Rem. Sur ce vers de Corneille.
   Entre tous ces Amans, dont la jeune ferveur.
L' Acad. remarque que ce mot de ferveur est plus propre pour la dévotion que pour l' amour. Rousseau l' a employé dans sa comédie du Flateur.
   Mes caresses, mes soins, ma trompeuse ferveur,
   M' ont de cet homme là su gagner la faveur.
Il y a aparence que c' est la rime, qui a fait préférer ce mot à un aûtre, qui aurait été plus propre. _ Il est plus suportable dans ces vers du même Poète, tirés de sa cinquième Épitre.
   Peu m' ont aussi vu briguer la faveur.
   Qu' obtient des Grands une aveugle ferveur.
Dans cet endroit, le Poète compare le zèle empressé des courtisans à celui des dévots. _ Mais ce mot fait fort mal dans cette phrâse du Hamlet de Shakespear. "Ce point, où tout est consommé, doit être désiré avec ferveur. _ Pourquoi ne pas dire avec ardeur?

FÉRULE


FÉRULE, s. f. [1re é fer. dern. e muet.] Instrument, dont on frape les mains des écoliers. = Espèce de plante.

FESSE


FESSE, s. f. FESSER, v. act. FESSEUR, EûSE, s. m. et f. [Fèce, , ceur, ceûze: 1re è moy. 2ee muet au 1er, é fer. au 2d, lon. au dern.] Fesse, est la partie charnûe du derrière de l' homme et de quelques animaux à quatre pieds. Fesser, fouetter. Fesseur, celui, qui fouette. = On dit, populairement, n' aller que d' une fesse, agir nonchalamment; avoir chaud aux fesses, avoir grand' peur. _ En avoir dans les fesses, recevoir quelque échec, quelque domage. = Fesser bien son vin, en boire beaucoup, sans en être incomodé. _ Fesser le caïer, faire diligemment des rôles d' écritûres.
   FESSE-CAïER, celui qui gâgne sa vie à faire des écritûres pour les aûtres. = Fesse-mathieu, usurier, homme, qui prête sur gage. _ Quelques-uns le disent simplement de tout avâre.
   Rem. Ces deux mots ne doivent point prendre d' s au pluriel. "Ce sont deux fesse-caïer, trois fesse-mathieu.

FESSIER


FESSIER, s. m. FESSU, ÛE, adj. [Fè--cier, su, sû-e: 1reè moy. 2e é fer. au 1er, lon. au 3e.] Fessier, est un terme populaire, pour signifier les fesses de l' homme. _ Il se dit aussi adjectivement de plusieurs muscles des fesses. = Fessu, qui a de grosses fesses.

FESTIN


FESTIN, s. m. FESTINER, v. act. [Fès--tein, tiné: 1re è moy.] Festin, repas honête et quelquefois splendide. Festiner, faire un festin. "Grand festin. Convier, inviter à un festin. Être toujours en festin. "Festiner ses amis. = Festin, est de tous les styles: festiner, n' est que du style familier.
   La Fontaine emploie festiner neutralement.
   Il vient: l' on festine, l' on mange.
   Chacun étoit en belle humeur.

FESTON


FESTON, s. m. [Fèston: 1reè moy.] Faisceau de petites branches d' arbres, garnies de leurs feuilles, et entremélées de fleurs et de fruits. _ Ornement d' Architectûre, qui représente ces sortes de festons.
   Ce n' étoient que festons, ce n' étoient qu' astragales.

FESTONER


FESTONER, v. act. Découper en festons. "Festoner des manchettes, etc.
   FESTOYER, c' est ainsi qu' écrit l' Acad. mais l' usage le plus commun, l' analogie et l' étymologie française sont pour fêtoyer. Voy. ce mot. _ Dès le milieu du siècle dernier, on disait fêtoyer. _ M. l' Ab. Garnier dit d' après l' Acad. "Festoyer ses amis. Hist. de Fr.

FêTE


FêTE, s. f. FêTER, v. act. [1re ê ouv. et long: 2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Fête, est 1°. un jour consacré au service de Dieu en mémoire de quelque mystère, ou en l' honeur de quelque saint; durant lequel il n' est pas permis de travailler. "Célébrer, chommer, solenniser une fête. Le 1er et le 3e sont de tous les styles: le 2d n' est que du style simple. "Fête comandée, ou de comandement. = La fête d' une persone, est le jour de la fête du Saint, dont elle porte le nom. Payer sa fête: Faire un festin à ses amis le jour de sa fête. = 2°. Réjouïssance publique, qui se fait en des ocasions extraordinaires. _ On le dit par extension des réjouïssances qui se font en des assemblées particulières. "Doner une fête; une grande fête.
   FêTER, chommer, célébrer une fête. "On fête aujourd' hui un tel saint. _ On dit, proverbialement d' une persone, qui n' a ni crédit, ni autorité; c' est un saint qu' on ne fête point. _ Homme bien fêté, qui est bien reçu par-tout. "Ronsard, dans son siècle, fut aussi fêté que Voltaire dans le nôtre. Ann. Litt.
   Rem. Les Gascons disent, fête de la Pâque, de la Pentecôte, de la Noël, de Toussaint. Il faut dire, de Pâque, etc. de la Toussaint. Gasc. Corr. = Fête, s' emploie dans plusieurs expressions du style familier. Faire fête à... Caresser, faire amitié. "À~ Ormesson nous vîmes un grand chien, qui vint à la portière du carrosse me faire fête. Voit.
  Chacun en répond sur sa tête.
  Guillot les crut et leur fit fête.
       LA FONT.
Troubler la fête, troubler la joie.
  Ce régal fut fort honête.
  Rien ne manquoit au festin.
  Mais quelqu' un troubla la fête,
  Tandis qu' ils étaient en train. Id.
On dit, proverbialement, il ne s' est jamais trouvé à telle fête; il n' a jamais rien vu de pareil. "Nous suions tous à grosses gouttes: jamais les thermomètres ne s' étoient trouvés à telles fêtes. SÉV. _ Se faire de fête, se rendre nécessaire, se méler d' une chôse où l' on ne nous apelle pas. _ Il n' est pas toujours fête, on ne fait pas tous les jours bonne chère, ou l' on n' a pas tous les jours le même bonheur. "Aujourd' hui ma lettre ne sera pas si longue, par la raison qu' il n' est pas toujours fête. M. de Coulanges. = On dit de celui qui anonce comme une nouvelle ce que tout le monde sait depuis long-temps, qu' il devine les fêtes, quand elles sont venûes; _ Il ne faut pas chommer la fête avant qu' elle arrive: il ne faut pas se réjouïr, ni s' afliger avant le tems.

FÉTIDE


FÉTIDE, adj. [1re é fer. 3e e muet.] Qui a une odeur forte et désagréable. "Huile fétide.

FêTOYER


FêTOYER, v. act. [Fê-toa-ié: 1re ê ouv. dern. é ferm. _ L' Acad. écrit festoyer. Voy. ce mot.] Bien recevoir quelqu' un, lui faire bonne chère. "Fêtoyer ses amis. = Faire fête à... "Il sembloit que la terre et le ciel... Vouloient fêtoyer la plus belle Princesse du monde. Voit. "Auteurs, dont la modestie sait se mettre à l' aise, en se fêtoyant eux-mêmes sous un nom emprunté. Sabat. Trois siècles, etc. = Dès le milieu du siècle dernier, ce mot començait à vieillir, et La Bruyère le met au nombre des termes qu' il regrettoit. "Verd ne fait plus verdoyer, ni fête, fêtoyer, ni larme, larmoyer. _ Fêtoyer, s' est pourtant soutenu, mais seulement dans le style familier; badin ou critique.

FÉTU


FÉTU, s. m. Brin de pâille. _ On dit (st. prov.) d' une chôse, dont on ne fait nul câs, qu' elle ne vaut pas un fétu; qu' on n' en donerait pas un fétu. _ Tirer au court fétu. On dit plus ordinairement, à la courte pâille.

FEU


FEU, s. m. [Monosyllabe, dout. au sing. long au pluriel, feux.] 1°. L' un des quatre élémens, qui est chaud et sec. "Soufler, alumer, atiser, détiser, éteindre, entretenir, couvrir le feu. "Mettre le feu à une maison. "Le feu a pris à ce lambris. "La ville était toute en feu. "Crier, courir au feu. "Se tenir au coin du feu. "Mettre le pot au feu. = 2°. Cheminée où l' on fait du feu. "Chambre à feu. "Il y a dix feux dans cette maison. = 3°. Ménage, famille. "Ce village est composé de cent feux, il y a cent feux. = 4°. Flambeaux, torches, fanaux. "On avait allumé des feux sur toute la côte. "Il est défendu de chasser, de pêcher au feu. = 5°. Coups des armes à feu. "Être exposé au feu, ou être sous le feu des énemis. "Les Anglais faisaient grand feu. = 6°. Météores enflamés, la foudre, les éclairs. "L' air était tout en feu. "Le feu du Ciel. _ Poétiquement, les feux du firmament, les feux de la nuit, les astres. = 7°. Brillant, éclat. "Le feu d' un rubis, d' une escarboucle. "Ce diamant a beaucoup de feu. "Il a les yeux pleins de feu.
   Les atributs de ton Dieu
   Sur les astres, dans la nûe,
   Sont écrits en traits de feu.     Le Franc.
= 8°. Inflamation, ardeur. "Le feu de la fièvre. "Avoir le visage tout en feu. "Le feu lui montoit au visage, etc. = 9°. Figurément, il se dit des passions: le feu de la colère, de la concupiscence. _ Pyrrhus dit, dans Andromaque.
   Brûlé de plus de feux que je n' en allumai.
Le poète mêle le propre avec le figuré. Ce vers a été fort critiqué. C' est un concetti à l' italiène; et on l' apèlerait aujourd' hui un calembourg.
   Quoi! ton volage coeur se livrera toujours
   À~ des feux étrangers, à de folles amours?
       La Chaussée.
= 10°. Sédition, mouvement populaire. "Le feu de la discorde, de la révolte. "Toute la ville était en feu. = 11°. Vivacité de l' esprit. "Orateur plein de feu: esprit tout de feu. "Ce Peintre a un grand feu d' imagination.
   12°. FEU compôse, avec un grand nombre de mots, des expressions du style simple et familier. _ Prendre feu: s' échaufer, parler avec vivacité. _ Être entre deux feux, (n°. 5°.) ataqué des deux côtés. _ N' avoir ni feu, ni lieu, (n°. 3°.) n' avoir point de retraite assurée; être fort paûvre. _ Se jeter dans le feu, pour éviter la fumée: s' exposer à un grand danger, pour en éviter un moindre. _ Se jeter au feu pour quelqu' un, l' aimer jusqu' à tout sacrifier pour lui.
   Au feu pour lui, Monsieur, nous nous jetterions tous...
   Pardon, on n' en dit pas peut-être autant de vous.
        Barthe, l' Homme personel.
En mettre la main au feu, assurer qu' une chôse est ou n' est pas. "J' en mettrais la main au feu. _ Jeter de l' huile sur le feu, irriter des persones déjà aigries. _ Mettre le feu sous le ventre à quelqu' un; l' encourager. _ Jeter feu et flamme, être dans une grande colère. _ Être tout de feu, plein d' ardeur, de zèle pour, etc. "La plupart des jeunes persones prennent les chôses vivement; et dans certains momens, elles sont toutes de feu pour la piété; mais dès que leur imagination cesse d' être frapée, ce feu s' éteint et elles retombent dans leur première langueur. L' Ab. Reyre, Éc. des jeunes Demoiselles. _ La Fontaine retranche tout.
   L' homme est de glace aux vérités,
   Il est de feu pour les mensonges.
En prôse du moins, il faut dire, tout de feu. = On dit de deux persones, qui ont de l' antipathie l' une pour l' aûtre, ou dont les caractères sont fort oposés, qu' elles sont le feu et l' eau. "Mme de B... et elle forment le plus bel assortiment de feu et d' eau, que j' aie jamais vu. Sév. _ Faire grand' chere et beau feu, faire beaucoup de dépense. Voy. BRûLER, COIN, ÉTOUPE, FER, FUMÉE, MOURIR. = On apèle au propre un grand feu, feu à rôtir un boeuf, feu de reculée, feu de verrerie. _ Au contraire, feu de pâille, est au figuré (st. famil.) une ardeur, un zèle bientôt refroidis.
   Mettre à feu et sang. (style historique) sacager, ravager. "Ils mirent tout à feu et à sang, dans la campagne. Vertot. _ * d' Avrigni dit, écrire à feu et à sang. "Un homme (Jans.) qui avait écrit à feu et à sang contre nos Rois. _ L' analogie trompe, et elle a trompé ici cet excellent écrivain. Cette expression est un vrai barbarisme. = * M. Desgrouais done cette qualification à faire faux feu: il veut qu' on dise rater. Cependant l' Acad. dit au mot Faux, que faux feu se dit d' une arme à feu, lorsque l' amorce prend et que l' arme ne tire pas.

FEU


FEU, FEûE, adj. [l' eu est long au fém.] Suivant Ménage, il ne se dit que des persones mortes, que nous avons vûes, ou que nous avons pu voir; suivant l' Acad. de ceux, qui sont morts il n' y a pas long-temps; feu mon père; le feu Roi, la feûe Reine. _ On ne dira pas feu Platon, feu Aristote, etc. excepté en vers burlesques, comme a fait Scarron. MEN.
   Rem. 1°. Ce mot n' a point de pluriel, et à en croire Bouhours, il n' a pas même de féminin; et l' on doit dire ma feu mere, et non pas, ma feûe mère. Mais il y a une distinction à faire. Quand feu est après l' article ou le pronom, on dit feu au feûe, suivant le genre; quand il marche devant, on dit toujours feu. "La feûe Reine, ma feûe mère; feu la Reine, feu ma mère. = 2°. Si nous avons conu ou pu conaître plusieurs de ces persones mortes, qui aient eu même dignité, ou même emploi, alors ces mots de feu, feûe ne s' entendent que de la persone, qui est morte la dernière. Le feu Pape, est aujourd' hui Clément XIV. Et du temps de Louis XIV, ceux qui avoient conu Anne et Thérèse d' Autriche, quand ils disaient la feûe Reine, entendaient parler de la femme et non pas de la mère de ce grand Roi.
   3°. * Le feu Bacha pour l' Ex-bacha, est une nouveauté assez burlesque. "Il a fait demander au feu Bacha, etc. Journ. de Gen. = Cela ne peut se dire que dans le style comique.
   Feu mon esclâve, enfin s' il me faut l' épouser.
   Pourroit bien en venir à me tyranniser.
       Barthe.

FEUDATAIRE


FEUDATAIRE, s. m. et f. FEUDISTE, s. m. [Feu-datère, diste: 3e è moy. et long.] Feudataire, est celui ou celle, qui possède un fief, et qui doit foi et hommage au Seigneur suzerain. "Il ou elle est feudataire de la couronne, de l' Empire. = Feudiste, Homme versé dans la matière des fiefs.

FèVE


FèVE, s. f. FèVEROLE, s. f. [1re è moy. 2e e muet. _ à Paris on prononce féve, le 1er é fermé, et l' Acad. y met en éfet un accent aigu: mais devant l' e muet, suivant le génie et l' analogie de la Langue, l' e quand il n' est pas ouvert, est du moins un è moyen. Voy. E. Pourquoi ne prononcerait-on pas fève comme brève. On dira que ce n' est pas l' usage. À~ la bonne heure. Pour moi, il me parait que féve est une prononciation molle et mignarde. Je me contente de dire mon sentiment, et je me garde bien de rien décider.] Fève, est une sorte de légume long et plat, qui vient dans des gousses. Acad. Dont la tige est quadrangulaire. Trév. Sorte de gros légume. Rich. Port. Ces définitions n' aprènent pas grand' chose: mais il faut s' en contenter, pour éviter une longue description. = Fève de haricot, fèves blanches ou rayées de diférentes couleurs, qui viènent ordinairement dans l' arrière-saison. À~ Paris, on les apelle simplement fèves. Dans les Provinces on dit haricots. = Fèverole, petite fève. Il se dit principalement des fèves de haricot, quand elles sont sèches.

FEUILLAGE


FEUILLAGE, s. m. FEUILLE, s. f. FEUILLÉE, s. f. [Feu-glia-ge, feu-glie, glié-e: mouillez les ll: 2ee muet au 2d, é fer. et long au 3e, on écrivait anciènement fueillage, fueille, etc.] I. Feuillage, est un nom collectif. Branches d' arbres couvertes de feuilles. "Feuillage vert, toufu, épais. "Se mettre à couvert sous un épais feuillage. = II. Feuille, est 1°. la partie de la plante, qui en garnit les tiges et les rameaux. Il se dit des arbres et des plantes. = 2°. Feuille de papier. "Une main de papier doit avoir 25 feuilles. "Feuille d' impression. "Feuille volante, qui est seule et détachée. = 3°. Or, argent, cuivre, etc. batu extrêment mince. "Feuille d' or, etc. = 4°. Un des châssis d' un paravent, qui se plient l' un sur l' aûtre. "Paravent de trois, de quatre, de cinq feuilles. = III. Feuillée, couvert fait avec des branches d' arbres, qu' on a coupées. "Les feuillées ne sont agréables que les premiers jours.
   On dit d' un poltron, qui a grand' peur, qu' il tremble comme une feuille. _ À~ la chûte des feuilles, à la fin de l' automne. _ Qui a peur des feuilles, n' aille point au bois; il ne faut point s' engager dans les afaires, quand on craint les suites qui en sont inséparables. Voy. FEUILLET.
   FEUILLE-MORTE, adj. Sorte de couleur, qui tire sur celle des feuilles sèches. Ruban, satin, étofe, feuille-morte. _ S. m. "Un beau feuille-morte.

FEUILLER


FEUILLER, v. n. [Feu-glié; mouillez les ll; 2e é fer.] Terme de Peintûre. Représenter les feuilles d' un arbre. "C' est un talent rare que celui de bien feuiller. _ S. m. "Le feuiller de ce Preintre est léger ou pesant, etc.

FEUILLET


FEUILLET, s. masc. FEUILLETER, v. act. [Feu-gliè, glie-té; mouillez les ll, 2e è moy. au 1er, e muet au 2d. Devant la syll. fém. cet e muet se change en è moy. il feuillette, ou feuillète; il feuillettera, ou feuillètera, etc.] Feuillet est une partie d' une feuille de papier, qui contient deux pages. "Déchirer quelques feuillets d' un livre. * Quelques-uns disent feuille en ce sens, mais mal. "J' ai perdu deux feuilles de mon livre. Dites, deux feuillets. Gasc. corr. = On dit, Figurément (st. famil.) tournez le feuillet, comme on dit, tournez la medâille; vous avez vu les raisons pour, voyez les raisons contre. = Feuilleter est, 1°. Tourner les feuillets d' un livre, ne faire que le parcourir. "Je n' ai pas vu ce livre, je n' ai fait que le feuilleter. = 2°. Étudier, consulter des livres. "Pour éclaircir cette question, il m' a falu feuilleter un grand nombre de livres. = 3°. Acomoder la pâte en sorte qu' elle se lève comme par feuillets. "Feuilleter de la pâte. _ Il se dit sur-tout au participe. "Pâte bien feuilletée.
   Rousseau emploie feuilleter au figuré.
   Interrogez vos moeurs, vos passions,
   Et feuilletons un peu vos actions.
Cela n' est bon que dans le style plaisant; ou critique et mordant.

FEUILLETTE


FEUILLETTE, s. f. [Feu-gliè-te: mouillez les ll; 2e è moy. 3ee muet] Vaisseau contenant environ un demi-muid.

FEUILLU


FEUILLU, adj. m. Qui a beaucoup de feuilles. "Arbre feuillu.

FEUILLûRE


FEUILLûRE, s. f. [Feu-gliû-re; mouillez les ll: 2e lon. 3e e muet.] Entaillûre faite dans le dormant ou le châssis des portes et des fenêtres, pour que s' y enfonçant un peu, elles ferment juste. _ Double feuillûre ne signifie pas deux feuillûres; mais une feuillûre qui a le double de profondeur des feuillûres ordinaires.

FÉVRIER


FÉVRIER, s. masc. [Fé-vrié; 2 é fer.] Le second mois de l' année. = Le Proverbe dit, Février le court, le pire de tous, parce qu' il fait souvent plus de froid dans ce mois que dans aucun aûtre.

FEûTRE


FEûTRE, s. m. FEûTRER, v. act. [1re lon. 2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Le feûtre est une espèce d' étofe non tissûe, qui se fait en foulant la laine, dont elle est composée. _ Par dérision, il se dit d' un chapeau mal fait. = Feutrer, c' est remplir de bourre. "Feûtrer une selle. Voy. CALFEUTRER. = En termes de chapelier, façoner un chapeau.

FI


FI!   Interj. On s' en sert dans le discours familier, pour témoigner du mépris, du dégoût. Fi le vilain! "Fi de la bone chère, quand il y a de la contrainte! "Fi de l' avarice!

FIACRE


FIACRE, s. m. [Fia-kre: 2e e muet.] C' est le nom, et d' un carrosse de place et du cocher qui le conduit. _ On le dit, par mépris, d' un méchant carrosse.

FIANÇâILLES


FIANÇâILLES, s. f. pl. FIANCER, v. a. [Fi-ansâ-glie, fi-ancé: 2e lon. 3e lon. au 1er, é fer. au 2d: mouillez les ll.] Fiancer, c' est promettre mariage en présence d' un Prêtre. Fiançâilles, promesse de mariage, etc. _ Faire, célébrer les fiançâilles. Le verbe se dit, et de celui qui promet, et du Curé devant qui l' on promet, et du Père qui autorise cette promesse. "M. un tel a fiancé Mlle. "Le Curé les a fiancés. "Un tel fiance aujourd' hui son fils, sa fille.
   FIANCÉ, ÉE, s. m. et f. "Le fiancé, la fiancée.

FIBRE


FIBRE, s. fém. FIBREUX, EûSE, adj. FIBRILLE, s. fém. [2e e muet au 1er, lon. au 2d et 3e; mouillez les ll au dernier: breû, breû-ze, bri-glie.] Fibre se dit des filamens déliés des parties charnues ou membraneûses du corps de l' animal. Fibreux, qui a des fibres. Fibrille; petite fibre. = Par extension et par analogie, fibre se dit des longs filets qui entrent dans la composition des plantes et des animaux. = * Les autorités et les exemples étaient partagés sur le genre de fibre. Plusieurs Dictionaires et Auteurs le faisoient masculin: mais le fém. a tellement prévalu, qu' on peut regarder comme une faûte de ne pas lui doner ce genre. = On dit quelquefois la fibre pour les fibres.

FIC


FIC, s. m. [Fik.] Tumeur, qui ressemble à une figue. Il ne se dit que par les Médecins et Chirurgiens.

FICELLE


FICELLE, s. f. FICELER, v. act. FICELLIER, s. m. [Ficèle, celé, cé-lié: 2e è moy. au 1er, e muet au 2d, é fer. au 3e: dern. e muet au 1er, é fer aux deux aûtres.] Ficelle, petite corde faite de plusieurs fils de chanvre. Ficeler, lier avec de la ficelle. Ficellier, dévidoir sur lequel on met de la ficelle. _ Il se dit sur-tout de celui, dont les Marchands se servent, pour en tirer la ficelle, dont ils ont besoin à tout instant, pour lier les paquets des marchandises qu' ils vendent.

FICHE


FICHE, s. f. FICHER, v. act. [2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Fiche est un morceau de fer ou de cuivre, servant aux pentûres des portes, fenêtres, armoires, etc. = Ficher, faire entrer par la pointe. "Ficher un clou, un pieu. = En style familier, ficher se dit pour fixer. "Avoir les yeux fichés en terre, fichés sur quelque chôse; fixement arrêtés.

FICHU


FICHU, ÛE, adj. FICHU, s. m. [2e lon. au fém.] Fichu, adj. est un terme de mépris: il est bâs. Mal fait, impertinent. "Voilà qui est bien fichu. "C' est un fichu compliment. "La guinderie et l' esprit fichu de Mlle. de... Sév. "Il est fichu, perdu. = * Suivant Richelet, on dit aussi, en style bâs, fichument. "Tu es fichument bâti. c' est un de ces mots qu' on forge tous les jours dans la liberté de la conversation. = Fichu, subst. Sorte de mouchoir, que les femmes mettent autour du cou.

FICTIF


FICTIF, IVE, adj. FICTION, s. fém. [Fiktif, tive, fik-cion; en vers ci-on: 2e lon. au 2d, 3e e muet.] Fictif, qui est feint, qui n' existe que par suposition. "Les rentes sont des meubles fictifs. Propriétés fictives. = Fiction 1°. Invention fabuleûse. "Ce poème est rempli de belles fictions. = 2°. Mensonge. "Ce qu' il vient de dire est une pure fiction. "Parler sans fiction, sincèrement, et en disant la vérité.

FIDÉICOMIS


FIDÉICOMIS, s. masc. FIDÉICOMISSAIRE, s. m. [Fidé-ikomi, micère: 2e é fer. pénult. è moy. et long au 2d.] Le fidéicomis est, 1°. une disposition par laquelle un testateur charge son héritier de rendre la totalité, ou une partie des biens qu' il laisse, soit dans un certain tems, soit dans un certain câs. = Ou, 2°. C' est une disposition, par laquelle un testateur nomme héritier ou légataire, un homme de confiance, pour remettre l' héritage, ou le legs à un aûtre, à qui le Testateur ne pouvait rien doner par la Loi. Ces derniers fidéicomis sont défendus. = Fidéicomissaire, est celui qui est chargé d' un fidéicomis.

FIDÉLITÉ


FIDÉLITÉ, s. f. FIDELLE ou FIDèLE, adj. FIDELLEMENT ou FIDèLEMENT, adv. [2e é fer. au 1er, è moyen aux deux autres, dont la 3e e muet: en au dern. a le son d' an: fidèleman.] Fidèle, 1°. Qui garde la foi, en parlant des persones. "Serviteur fidèle. "Fidèle à son Prince, à son maître. "Lorsqu' à peine on croit en Dieu; lorsqu' on a cessé de lui être fidèle, comment pourroit-on s' assurer d' être encôre fidèle aux hommes? Le Comte de Valmont. = 2°. En parlant des chôses, conforme à la vérité. "Récit, raport, histoire, copie, portrait, miroir fidèle. "Traduction fidèle.
   Je vois qu' on vous a fait un raport trop fidèle:
   On pouvoit l' adoucir.     La Chaussée.
= 3°. Qui est dans la vraie Religion. "Le peuple fidèle. _ S. m. pl. "L' assemblée des Fidèles. = Fidèlement, d' une manière fidèle. "Servir, administrer fidèlement. "Raporter les chôses fidèlement.
   FIDÉLITÉ, foi, loyauté. "Garder fidélité à son Prince. = Vérité, exactitude. "La fidélité d' une histoire, d' un raport. = Fidélité de la mémoire; qualité d' une mémoire fidèle, qui retient bien, et rend avec exactitude ce qu' on lui a confié.
   Rem. 1°. On disait aûtrefois fidel au masc. et quelques-uns le disent encôre aujourd' hui. "Il lui rend un fidel compte de sa commission. La Bruy. "L' édification des Fidels. Vie de St. Jean de la Croix. _ Fidel est encore plus mauvais quand il est employé substantivement comme dans la dernière phrâse.
   2°. Fidèle se plait à suivre le substantif, et rârement sonne-t-il bien quand il est placé devant.
   Conduit sur les ormeaux par ce fidèle guide.
       De Lille.
  Il m' aimait, je lui dois ce fidèle retour.    Gresset.
Fidèle retour est bien, et même en prôse, il vaut mieux que retour fidèle; mais fidèle guide, et sur-tout fidel compte, ou fidèle compte sont un peu durs. = Au pluriel, il peut plutôt précéder, lorsque le substantif comence par une voyelle. "Ses fidèles amis.
   3°. FIDÉLITÉ régit à: "Une femme doit fidélité à son mari. "La fidélité aux Lois est commandée par la Religion. * Fénélon emploie la prép. pour. "Le désintéressement. La fidélité pour les hommes. Télém. Dans cet endroit je voudrais la prép. envers. Elle vaut mieux dans ces ocasions que la préposition à.

FIEF


FIEF, s. masc. FIEFFÉ, ou FIÉFÉ, ÉE, adj. FIEFFER, ou FIÉFER, v. act. [Fièf: monos. fiéfé, fé-e, fiéfé: 1re è moy. au 1er, é fermé aux aûtres, 2e é fermé aux trois derniers, long au fém.] Fief, domaine noble. Fieffer, bailler en fief. = Fiéfé, au propre, se dit d' un Oficier dépendant d' un fief. "Sergent fiéfé. _ Au figuré (st. famil.) "Fripon, ivrogne fiéfé; coquette fiéfée: qui l' est au suprême degré.

FIÉFFATAIRE


*FIÉFFATAIRE, s. m. Franc-Fiéffataire. Ces mots reviènent souvent dans l' Hist. d' Angl. de M. Hume: Ils signifient, possesseur de fief, de franc-fief. Ils ont en français un air sauvage. Ils ne se trouvent point dans le Dict. du Droit Civil. _ Trév. et le Rich. Port. mettent le premier. _ Pour le free-holder, anglais, il serait mieux rendu par Franc-tenancier.
   Rem. Fief, fieffer, sont des mots relatifs à des Lois modernes, et au Gouvernement féodal, espèce de monstre inconu aux Anciens. Il semble donc qu' on ne doit point les employer dans l' histoire des anciens Peuples, comme l' a fait Vertot. "Il étoit bien dificile de déméler les anciènes bornes qui séparoient ce qui apartenoit au Public, du domaine qu' on avoit fiéfé à chaque particulier. Révol. Rom.

FIEL


FIEL, s. m. [Fièl: monos. è moy.] Au propre, liqueur jaunâtre et amère, contenue dans un petit réservoir ataché au foie. "La vésicule du fiel: amer comme fiel., comme le fiel. = Au figuré, haine, aversion, animosité. "Il n' a point de fiel. "Elle a vomi tout son fiel.
   Tant de fiel entre-t-il dans l' âme des dévots?
       Boileau.
"Des torrens de fiel et de bile coulent de sa plume. St. Évr. = Chagrin, tristesse. {B243a~} "Il se nourrit de fiel et d' amertume.
   Vous voulez empêcher un coeur de s' épancher,
   Quand vous le remplissez de fiel et d' amertume.
       La Chaussée.

FIENTE


FIENTE, s. fém. FIENTER, v. neutre. [Fian-te, : 1re lon. 2ee muet au 1er, é fer. au 2d.] Ils ne se disent que des bêtes, en parlant de leurs excrémens. "Fiente de vache, de pigeon, etc. "Animal qui fiente bien.

FIER


FIER, v. act. [Fi-é: 2eé fer. Devant l' e muet, l' i est long, il fie: au futur et au conditionel, l' e muet ne se fait pas sentir, il fiera, fierait; pron. fira, firè.] Comettre à la fidélité de.. Il a pour 2d. régime, le datif. "Je lui fierais tout mon bien. = Il se dit plus souvent au réciproque: Se fier. Il a plusieurs régimes. 1°. Le datif: on ne sait à qui se fier. 2°. La prép. sur: "Il se fie sur son mérite. 3°. La prép. en; je me fie en vous. Enfin, suivant Vaugelas, il régit quelquefois l' ablatif. "C' est celui dont il croyait devoir le plus se fier. _ Je crois que ce régime n' est pas de l' usage actuel. On dit, se défier de, et se fier à ou en quelqu' un: le premier est le plus sûr. Cependant avec à ou sur, l' ablatif est fort bon. "Il ne se fie de son salut qu' à son courage. Il étoit porté à se fier plutôt du succès de ses prétentions sur le tems et la politique, que sur des moyens sanguinaires. Hist. d' Angl. = En style proverbial, pour dire, ne vous y fiez pas, on dit: fiez-vous-y;fiez-vous à cela; bien fou qui s' y fie.

FIER


FIER, IèRE, adj. [Fiêr, monos. ê ouv. fiè-re: 1re è moyen et long; 2e e muet.] 1°. Hautain, altier, audacieux. Il se dit des persones et des chôses qui y ont raport. "Homme fier et hautain. "Femme fière et impérieûse. _ Courage fier. Esprit fier. Beauté fière, ou fière beauté. Mine fière. "Fier de son mérite, de ses richesses, de ses avantages.
   Rem. Fier, dans sa signification ordinaire, se prend en mauvaise part, et dénote l' orgueuil et la hauteur. Quelquefois pourtant il a un beau sens, un sens fin et délicat. "La vertu est fière sans orgueuil, quand on la sollicite, ou qu' on la calomnie. Mais quand on veut louer, on ne doit pas le dire tout seul. Bossuet, dans une de ses Oraisons Funèbres, parle de la riche et fière maison de Bourgogne. Je ne crois pas qu' on doive l' imiter en cela. {B243b~}
   Fier aime à précéder, mais sans choquer l' oreille.
   Au dixième croissant de la Lune nouvelle,
   On peut du fier taureau dompter le front rebelle.       De Lille.
  Vous auriez à rougir, si vos fiers ravisseurs,
  Voyant Alzonde en vous, voyoient tous vos malheurs.     Gresset.
  Chaste paix, c' est ainsi que le maitre du monde
  Du fier Mars et de toi sait distinguer le prix.
       Rousseau.
Ce fier Mars est fort dur. "Ce fier peuple ne se seroit pas contenté d' une subsistance si incertaine. Hist. d' Angl. _ Fier peuple et peuple fier choquent également l' oreille. Il faut dire alors, ce peuple si fier, ou bien, ce peuple fier et courageux, etc. _ L' Abé Velly dit: ces fiers Princes: l' inversion est dûre. Je dirais, ces Princes si fiers, etc.
   Fier régit élégamment la prép. de. "Voilà cette superbe Babylone, si fière du contour immense de ses vastes remparts et des tours qui la défendent. L' Abé Massieu.
   Personages frivoles,
   Fiers d' avoir peut-étre eu le coeur de quelques folles.      La Chaussée.

FIÉRABRâS


FIÉRABRâS, s. m. [1reé fer. dern. lon.] Fanfaron, qui fait le brâve et le furieux. "Il fait le fierabrâs. _ Il est populaire. Acad. On pourrait se contenter de dire, qu' il est du style familier.

FIèREMENT


FIèREMENT, adv. [Fiè-reman; 1re è moy. 2e e muet.] D' une manière hautaine. Avec fierté. "Marcher, regarder, parler, répondre, traiter fièrement.

FIERTÉ


FIERTÉ, s. f. [Fiêr-tè: 1re ê ouv. 2e é fer.] Caractère de celui qui est fier. "Homme plein de fierté. "Il a de la fierté; beaucoup, trop de fierté. = Il se prend quelquefois en bone part, comme audace "Noble~, généreuse fierté. "Un peu de fierté ne sied~ pas mal aux femmes.
   REM. Fierté ne s' emploie point au plur. On dit de plusieurs, leur fierté, et non pas leurs fiertés. Ainsi, le bruit de ses fiertés; et si de ses fiertés, qu' on trouve dans Molière, sont contre l' usage.

FIèVRE


FIèVRE, s. f. FIÉVREUX, EûSE, adj. FIÉVROTE, s. f. [Fiè-vre, fié-vreû, vreû--ze, vrote; 1reè moy. au 1er, é fer. aux trois autres, 2ee muet au 1er, lon. au 2d et au 3e.] Fièvre, maladie provenant de l' intempérie du sang ou des humeurs, et dont l' état se conait par le batement du pouls Fiévreux, qui caûse la fièvre. Fiévrote, petite fièvre. "Avoir la fièvre. Doner, causer la fièvre. "La fièvre l' a quité. Sortir de la fièvre. "La fièvre l' a repris, ou lui a repris. "Il n' a qu' une fiévrote. "L' automne est la saison de l' année la plus fiévreûse.
   Rem. * 1°. On dit en Provence, trembler la fièvre: c' est un barbarisme d' expression. * Suivant le Dict. de Trév. on dit, avoir les fièvres, pour dire, avoir la fièvre tierce, quarte, ou quotidiène; suivant l' Académie, cette locution n' est en usage que parmi le peuple. Elle est fort comune dans les Provinces Méridionales. _ On dit seulement: "Il a beaucoup couru cette année de ces fièvres-là.
   2°. Fièvre se dit, fig. d' une inquiétude et d' une émotion violente. "Demain on doit juger son procès. Il a la fièvre. "L' incertitude de l' évènement lui done la fièvre.
   3°. * Quelques-uns disent fiévreux~, pour dire qui a la fièvre. "Il y a beaucoup de fiévreux~ dans la ville. "Dans cet hôpital, on ne reçoit que les~ fiévreux~. _ L' usage n' admet point fiévreux~ en ce sens.

FIFRE


FIFRE, s. m. Petite flute d' un son fort aigu, qui était autrefois fort en usage dans l' Infanterie. = Joueur de fifre. "C' est un des fifres du Régiment. "Un bon, un mauvais fifre.

FIGEMENT


FIGEMENT, s. m. FIGER, v. act. [Fi--geman, : 2e e muet au 1er, é fer au 2d.] Figer, coaguler, épaissir par le froid. Figement, action de figer, ou état de ce qui est figé. "L' air fige la graisse des viandes. "Poison qui fige le sang. "L' huile se fige. "Ce bouillon s' est figé. _ Le figement de l' huile, du sang, de la graisse, etc.

FIGNOLER


*FIGNOLER, ou FINIOLER, Trév. v. n. Rafiner, vouloir enchérir sur les autres par un ton, un langage, ou des manières afectées. Il est populaire. L' Acad. ne le met pas.

FIGUE


FIGUE, s. f. FIGUERIE, s. f. FIGUIER, s. m. [Fighe, gheri-e, ghié: 2e e muet aux 2 prem. é fer. au 3e; l' u est muet, il n' est là que pour doner au g un son fort qu' il n' a pas devant l' e et l' i.] Figue, fruit mou et doux, qui vient en forme de poire. Figuier est le nom de l' arbre qui porte cette sorte de fruit. Figuerie, lieu planté de figuiers. = Quoiqu' on dise figuier, on ne dit pas figuierie, mais figuerie. RICH. les met tous deux, et dit pourtant que le 2d est plus usité. Trév. renvoie du 2d au 1er, et parait par conséquent préférer celui-ci. L' Acad. ne met que figuerie, et c' est le seul qu' admette l' usage actuel.
   Faire la figue à... Mépriser, défier, braver. La Font. dit dans la Fable de la Chauve-souris.
   Plusieurs se sont trouvés, qui d' écharpe changeans
   Aux dangers, ainsi qu' elle, ont souvent fait la figue.
   Le Sage dit: selon les gens,
   Vive le Roi, vive la Ligue.
Cette maxime n' est ni sage, ni honête. _ Cette expression me paraît bâsse et populaire. L' Acad. dit qu' elle est du style fam. = En style prov. on dit d' un homme, qu' on ne peut définir: Il n' est ni figue, ni raisin. _ Moitié figue, moitié raisin; moitié de gré, moitié de force, ou moitié bien, moitié mal.

FIGURANT


FIGURANT, ANTE, s. m. et f. Danseur, Danseûse, qui figûre aux ballets dans les corps d' entrée.

FIGURATIF


FIGURATIF, IVE, adj. FIGURATIVEMENT, adv. [Figuratif, tîve, tîveman; 4e lon. 5e e muet aux 2 dern.] Figuratif, se dit de ce qui est la figure, le symbole de quelque chôse. "Tout étoit figuratif dans l' anciène Loi. = Figurativement, d' une manière figurée. "Tous les Mystères de la nouvelle Loi sont compris figurativement dans l' anciène.

FIGûRE


FIGûRE, s. f. [2e lon. 3ee muet.] 1°. Superficie et forme extérieure des corps. "Plaisante, sote figûre d' homme. "Jolie figûre d' enfant. "Animal, poisson, plante d' une figûre bien bizârre, d' une étrange figûre. = 2°. Bon ou mauvais état d' une persone, relativement aux afaires, au crédit, etc. "Faire une bonne, une méchante figûre dans le monde. _ Faire figûre, (sans article) paraître beaucoup; faire beaucoup de dépense. = 3°. Représentation en peintûre, en sculptûre, Il ne se dit que des persones. "Dessiner la figûre; cette figûre est estropiée. "Il n' y a point de figûres dans ce paysage. = 4°. Symbole "L' Agneau Pascal étoit une figûre de l' Eucharistie. = 5°. En termes de Rhétorique, certain tour de pensées ou de paroles, qui fait une beauté, un ornement dans le discours. * Les Écoliers prodiguent les figûres, et elles deviènent ridicules. "Les Orateurs modernes abusent de la figûre de l' exclamation et de l' apostrophe. Plusieurs ne conaissent pas d' autre transition et d' autre liaison des phrases et des idées. Ces figûres sont celles qui fatiguent le plus le Lecteur, quand elles sont entassées. Elles ne donent au discours qu' une chaleur factice. = * 5°. Bossuet emploie figûre au lieu de sorte, espèce. "Telle a été la conduite de ces grands hommes; et il faut du moins avouer qu' il n' y en a de cette figûre que dans la Réformation. _ Cette expression ne pourrait être bone que dans le style plaisant, ou critique et moqueur.
   Être bien de figûre, est une expression assez nouvelle, mais qui n' est que de la conversation. "Il étoit assez bien de figûre, mais sans élégance et sans grâce.

FIGURÉ


FIGURÉ, ÉE, adj. En parlant du style métaphorique, on dit, le sens figuré, ou le figuré; et c' est lorsqu' un mot est transporté de sa signification ordinaire et naturelle à une aûtre, qui ne s' emploie que par une espèce de similitude. Ainsi le sens propre du mot feu, est de signifier la flâme matérielle; on l' aplique pourtant à signifier la violence des passions, les lumières de l' esprit, la force des sentimens, la véhémence du discours, etc. Voyez MÉTAPHôRE.

FIGURÉMENT


FIGURÉMENT, adv. [Figuréman: 3e é fer.] Par métaphôre, d' une manière métaphorique. "Ce mot signifie proprement, une telle chôse, et figurément, une telle aûtre. "Parler figurément. "Cela ne se dit que figurément.

FIGURER


FIGURER, v. act. [Dern. é fer.] 1°. Représenter par la peintûre, la sculptûre et le dessin, etc. "Sur le devant du paysage, le Peintre a figuré une danse de Bergers. = Se figurer, se représenter. "Figurez-vous deux armées campées l' une devant l' aûtre, et prêtes à en venir aux mains. "Figurez-vous la joie d' une mère, qui revoit son fils après une si longue absence. "On se figûre mal-aisément ce qu' on n' a pas éprouvé. = 2°. Représenter comme symbole. "L' immolation de l' Agneau Pascal figuroit le Sacrifice de la Croix et celui de l' Eucharistie. _ 3°. Avoir de la symétrie avec une autre chôse. "Ces deux pavillons; ces deux tableaux figûrent bien l' un avec l' aûtre, ou figûrent bien ensemble; ou simplement, figûrent bien. = 4°. Faire figûre. "C' est ce que disoient de bons Juges, ceux, qui figuroient~ le plus. Coyer. = Dans les deux dernières acceptions, ce verbe est neutre.
   REM. Se figurer régit la conj. que avec l' indicatif, quand le sens est afirmatif, et avec le subjonct. dans la phrâse négative. "Je me figûre que vous ne l' avez pas dit sincèrement.
   Certes, plus je médite, et moins je me figûre
   Que vous m' ôsiez compter pour votre créature.
       Brit.
Moins équivaut à la négative. * L' Auteur du Traité du Plaisir lui fait régir l' infinitif sans préposition. "Un homme qui, le ventre à jeun, se figureroit se rassasier de mets exquis, cette imagination le réjouiroit-elle beaucoup? = Ce régime a l' air sauvage. Dites: se figurerait qu' il se rassasie, etc.

FIL


FIL, s. m. FILAGE, s. m. FILATûRE, s. f. FILER, v. act. [3e lon. au 3e.] Fil est, 1°. un petit brin long et délié, qui se tire de l' écorce du chanvre et du lin. _ Filage, manière de filer les laines, fils ou soie. _ Filatûre, lieu où le tirage du cocon est suivi du moulinage de la soie. * Filatûre de la laine, est un gasconisme: il faut dire filage. Gasc. Corr. _ Filer, faire du fil. "Filer de la soie, de la laine; du lin, du chanvre, etc.
   FIL, se dit, 2°. des vers à soie, des araignées, des chenilles; 3°. Des métaux, lorsqu' ils sont tirés en long d' une manière si déliée, qu' il semble que ce soit du fil; fil d' argent, fil de fer, etc. 4°. Du tranchant d' un instrument qui coupe. "Le fil d' un rasoir. "Passer au fil, ou par le fil de l' épée. (Le 1er est plus usité.) 5°. De ces parties longues et déliées, par où les plantes se nourrissent, et qui en sont comme les fibres. "Suivre le fil du bois. 6°. Figurément, de la suite d' un discours. "Interrompre le fil d' un discours, de l' histoire, etc. "Je me suis doné la peine de les faire courtes (ces notes) afin qu' elles ne fissent pas perdre de vûe le fil de l' histoire. Le Père Longueval. 7°. Poétiquement, le fil de la vie; le fil de nos jours.
   FILER, v. n. "Filer au fuseau, au rouet: Filer grôs ou menu. "Les vers à soie, les araignées filent. = Couler lentement. "Ce vin comence à s' engraisser: il file. = Aller de suite l' un après l' aûtre, et près à près. "Faire filer les troupes, le bagage. "Pendant que les troupes filoient, etc.
   En style proverbial, doner du fil à retordre à quelqu' un, lui doner des embârrâs, dont il ne se démélera pas de long--tems. _ Ne tenir qu' à un fil, être sur le point de sucomber, d' être disgracié. "Courage, disoit le Philosophe, Cléon ne tient plus qu' à un fil. MARM. _ Aler contre le fil de l' eau, entreprendre un dessein auquel tout est contraire. Voyez AIGUILLE. = De droit fil, adv. Sans biaiser. Couper de droit fil, ou aller de droit fil. _ au fig. Cette expression est surannée. Ouvertement et sans détour. "Les louanges de droit fil sont trop grossières. P. Rapin. "Démosthène n' osa pas s' oposer de droit fil à l' avis qu' on avoit proposé. Rollin. _ On dit encôre, en proverbe, il ne faut pas aller de droit fil contre le sentiment des persones puissantes.
   FILER entre aussi dans des expressions figurées, familières, ou proverbiales. _ Filer la carte, escamoter une carte, et en doner une au lieu d' une autre qu' on retient~ pour soi. _ Filer ses cartes, les découvrir lentement et peu à peu. = Filer doux, se modérer, se comporter avec modestie, avec soumission. "Il faisoit le fanfaron, mais il fut obligé de filer doux.
   Quand même vous seriez encor mieux son époux,
   C' est que vous devriez filer un peu plus doux.
       La Chaussée.
_ Cet homme file sa corde. Il fait des actions qui iront à le faire pendre. _ Filer le parfait amour, faire l' amoureux transi. Style plaisant et moqueur. Le Sage dit: filer l' amour parfait. "Un jeune Castillan qui file l' amour parfait.
   = On dit Poétiquement que les Parques filent nos jours. Mme. de Sévigné dit, dans le style enjoué: "Je souhaite à Pauline des jours filés d' or et de soie.

FILAGRAMME


*FILAGRAMME ou FILAGRANE. Ils ne valent rien ni l' un ni l' aûtre. Voyez FILIGRANE.

FILAMENT


FILAMENT, s. m. FILAMENTEUX, EûSE, adj. [Filaman, man-teû, teû-ze; 3e et 4e~ lon.] Filament se dit des plantes, des herbes, des nerfs et des muscles. Petit fil ou brin long et délié. = Filamenteux ne se dit que des plantes: qui a des filamens.

FILANDIèRE


FILANDIèRE, s. f. pl. [2e lon. 3e è moy. et lon. 4e e muet.] Femme ou fille, dont le métier est de filer. _ En style poétique burlesque, on apèle les Parques, les Soeurs filandières.

FILANDRES


FILANDRES, s. fém. plur. FILANDREUX, EûSE, adj. [2e lon. 3ee muet au 1er, lon. aux deux aûtres.] Filandres se dit des longues fibres qui se trouvent dans les viandes. Filandreux, rempli de filandres. "Ce boeuf est plein de filandres: il est filandreux.

FILASSE


FILASSE, s. fém. [Filace: dern. e muet.] Filamens qu' on tire de l' écorce du lin, du chanvre, etc. Acad. _ Le Dict. de Trévoux ajoute, pour les mettre en quenouille, et en faire du fil. Cette addition est nécessaire. _ Le Rich. Port. dit encôre mieux, à mon avis. "Lin ou chanvre peigné, et prêt à filer. "Filasse à faire du fil;filasse à faire des câbles.

FILASSIER


FILASSIER, IèRE, s. m. et fém. [Fila--cié, ciè-re: 3eé fer. au 1er, è moy. et long au 2d.] Celui, celle, qui façone les filasses, ou qui en fait comerce.

FILATûRE


FILATûRE. Voy. FIL.

FILE


FILE, s. f. Suite ou rangée de chôses ou de persones disposées l' une après l' autre. "La file des bagages de l' armée "Une longue file de gens. Aler à la file les uns des autres.

FILÉ


FILÉ, s. m. [2e é fer.] Or ou argent tiré à la filière. "Du filé d' or; d' argent.

FILER


FILER. Voy. FIL.

FILERIE


FILERIE, s. f. [2e et dern. e muet, 3e lon.] Lieu où l' on file le chanvre pour l' employer~, soit en fil, soit en corde. Acad. _ Le Dict. de Trév. ne le dit que du chanvre~ à faire des cordes, et cela est plus exact.

FILET


FILET, s. m. [Filè; 2eè moyen.] 1°. Petit fil. Il est peu usité au propre, en ce sens là. On dit, figurément, d' une persone qui est à l' extrémité, que sa vie ne tient plus qu' à un filet. _ Le filet de la langue. "Couper le filet (quand il est trop long). Cet enfant a le filet, il a peine à parler. Et proverbialement: il ou elle n' a pas le filet; il ou elle parle beaucoup. = 2°. Petit fil des plantes et des herbes. = 3°. Un filet de... un peu. "Un filet de vinaigre; un filet de voix. = 4°. Et c' est l' usage le plus ordinaire de ce mot; rets pour prendre des oiseaux, des poissons. = 5°. Espèce de petite bride. "Tenir un cheval au filet, pour qu' il ne mange point. _ Proverbialement, il se dit des hommes "Ils meurent de faim; il y a trop long-temps qu' ils sont au filet. = Tenir quelqu' un au filet, l' amuser, le faire atendre. "Il m' a tenu tout le jour au filet.
   Rem. Filet (n°. 4°.) est beau au figuré.
   J' ai vu que leurs honeurs, leur gloire, leurs richesses,
   Ne sont que des filets tendus à leur orgueil~.
       Rousseau.
On dit, mais dans le style familier, de plusieurs afaires qui réussissent à la fois, que c' est un beau coup de filet.

FILEUR


FILEUR, EûSE, s. m. et fém. [Fi-leur, leû-ze: 2e lon. au 2d.] Celui, celle qui file. "Fileur de soie, de coton. "Fileûse de laine, de lin, de chanvre.

FILIAL


FILIAL, ALE, adj. FILIALEMENT, adv. [Fili-al, ale, aleman; 4e e muet au 2d et au 3e. _ Filial n' a point de plur. masc. on ne dit, ni filials, ni filiaux.] Filial, qui vient du fils, de l' enfant. Filialement, d' une manière filiale. "Respect, amour filial. Crainte, obéissance filiale. "Se comporter filialement envers son père et sa mère.

FILIATION


FILIATION, s. f. [Fili-a-cion.] Descendance du fils ou de la fille, à l' égard du père et des aïeux. "Il a prouvé sa filiation depuis 300 ans. = On dit, au figuré, en style de dissertation, la filiation des idées. "Les caractères de la maladie posés, l' histoire de sa filiation dévelopée, l' auteur examine s' il y a des faits qui puissent prouver que l' air en favorise la propagation Linguet. "Les vices ont une filiation immense. Rayn.

FILIERE


FILIERE, s. f. [Fi-liè-re: 2eè moyen et long, 3e e muet.] Morceau d' acier percé de trous d' inégale grandeur, par où l' on fait pâsser l' or, l' argent, le cuivre, etc. pour les réduire~ en~ fils~. "Faire pâsser par la filière~.

FILIGRAMME


FILIGRAMME, ou FILIGRANE, s. m. Si l' on consulte l' étymologie Grecque, on doit écrire et prononcer filigramme; si l' on a égard à la Française, il faut préférer filigrane, qui dailleurs a pour lui l' usage le plus autorisé. _ Quelques Auteurs ont écrit Filagramme, ou Filagrane, mais mal. = Ouvrage d' orfèvrerie, travaillé à jour, en forme de petits grains ou de petits filets. "Un chapelet de filigrane.

FILLE


FILLE, s. f. FILLETTE, s. fém. [Fi--glie, gliè-te: mouillez les ll: 2e e muet au 1er, è moy. au 2d.] 2°. Persone du sexe féminin, par raport au père et à la mère. "Voilà votre fille, c' est ma fille. = 2°. Absolument, persone du sexe féminin: "Elle est acouchée d' une fille. = 3°. Qui n' est pas mariée: "Elle est encore fille; et non pas, c' est une fille, ce n' est pas une femme. Voy. la Rem. qui suit.
   Rem. FILLE, employé tout seul et sans addition, se prend ordinairement en mauvaise part, pour une fille de joie, une fille débauchée. "C' est une fille: on la prendroit pour une fille. Il se ruine avec des filles. On doit donc prendre garde comment on emploie ce mot. _ Autrefois on ne disait pas, en ce sens, fille, tout court, on disait fille de joie; et cette locution, une fille, avait un sens honête. Boileau dit de Mlle. Scudery. "Ne voulant pas doner ce chagrin à une fille qui, etc Aujourd' hui la politesse comme la décence, demanderait qu' on dît, à une Demoiselle qui, etc. _ Avec une épithète, le mot de fille est poli et décent. "Cette illustre~ fille; une fille vertueûse.
   2°. Ma chère fille est du style simple, et me parait une expression trop familière pour un Poème. "Ma chère Fille, dit Jupiter à Vénus, quelle est votre peine? Télém.
   3°. On apèle poétiquement les Muses, Les Filles de Mémoire. * Autrefois on employait plus souvent les mots de fils et de fille, dans un sens métaphorique. On est plus réservé aujourd' hui; et l' on ne dirait pas comme Mascaron, que l' ombre est la Fille du Soleil et de la lumière. _ On dit encôre que "l' Ambition est la Fille de l' Orgueil, etc.
   FILLETTE (st. famil.) Petite fille. "Jeune fillette.

FILLEUL


FILLEUL, EULE, subst. masc. et fém. [Fi-glieul, glieu-le: mouillez les ll.] Celui ou celle qu' on a tenu sur les fonds de Baptême. "C' est mon Filleul; c' est sa Filleule. = Au milieu du siècle dernier, la Cour disait Filleul, et la Ville Fillol; mais peu de temps après, au dire de Th. Corneille, tous ceux qui parlaient bien se mirent à dire Filleul. = L' Acad. elle-même avait dabord dit Fillol et Fillole; et c' est ce qui étonait grandement l' Auteur de l' Apothéose de son Dictionaire.

FILON


FILON, s. m. Veine métallique. "Rencontrer un filon en creusant. Exploiter un filon.

FILOSELLE


FILOSELLE, s. f. [Filozèle; 3eè moy. 4e e muet.] Grosse soie ou fleuret. "Des bâs de filoselle.

FILOU


FILOU, s. m. FILOUTER, v. act. et neut. FILOUTERIE, s. fém. [3eé fer. au 2d, e muet au 3e. On dit au plur. filous ou filoux. Le premier est le meilleur.] Filoux est, 1°. celui qui vole avec adresse. = 2°. Celui qui trompe au jeu. = Filouter, voler avec adresse. Tromper au jeu. "Il m' a filouté ma bourse. "Ne jouez pas avec lui, il vous filoutera. "Il ne fait que filouter. "Ce Juif en me vendant ce bijou, m' a filouté de six louis. = Filouterie, action de filou. "Il ne vit que de filouteries.

FILS


FILS, s. m. [L' l ne se prononce jamais; et quand ce mot ne termine pas la phrâse, on ne fait pas sentir l' s.] 1°. Enfant mâle, considéré relativement au père et à la mère. "C' est le fils de Mr... de Mme... Son fils; votre fils, etc. = 2°. Absolument, enfant mâle. "Elle est acouchée d' un fils. = 3°. Il se dit par les gens âgés, qui ont quelque supériorité, aux jeunes gens. "Ô mon Fils, dit Philoctète à Néoptolème, quel vent favorable t' a conduit ici pour finir mes maux. Télém.
   REM. Fils naturel, signifie bâtard. "Le Duc du Maine étoit fils naturel de Louis XIV. _ Cependant, pour distinguer un propre fils d' un fils adoptif, on dit, dans les actes, fils naturel, mais on y ajoute, et légitime.

FILTRATION


FILTRATION, s. f. FILTRE, s. masc. FILTRER, v. act. [Filtra-cion, tre, tré: 2e e muet au 2d, é fer. au premier.] Filtre est un papier, étofe, linge, pierre, éponge, etc. au travers de quoi on pâsse une liqueur pour la clarifier. _ Des Imprimeurs peu instruits écrivent philtre en ce sens. On lit dans une édition de La Bruyère. "De quelle étrange petitesse doivent~ être les racines et les philtres (filtres) qui séparent les alimens de ces petites plantes? _ Philtre est autre chôse. V. ce mot. = Filtrer, c' est pâsser par le filtre. Filtration est l' action de filtrer. "Pâsser une liqueur par le filtre. "Filtrer de l' hipocras dans une chaûsse. "L' eau se filtre à travers le sâble. "La filtration des humeurs dans le corps humain

FILûRE


FILûRE, s. fém. [2e lon. 3e e muet.] Qualité de ce qui est filé. "La filûre de cette laine est grossière.

FIN


FIN, s. fém. [Fein, monos.] 1°. Ce qui termine. Il est oposé à comencement. "La fin de l' année, du mois, du jour, de la vie, du monde. _ Mettre fin à... "Mettez fin à tous vos raisonemens. _ Prendre fin, finir. "Tout prend fin en ce monde. = Extrémité, bout (synon.) Voy. BOUT. = 2°. But qu' on se propôse. "Avoir sa fin ou ses fins, en ce qu' on fait. _ Aller, tendre à ses fins. = 2°. Mort. "Faire une belle, une bonne, ou une mauvaise, une mal--heureuse fin. _ Tirer à la fin, à sa fin. _ Les Poètes, sur-tout, l' emploient dans cette acception.
   Je sens, comme ma fin, l' instant qui nous sépâre
       Gresset.
  Si l' aspect de ma fin pouvait m' intimider,
  Je sais quiter la vie, et non la demander.Id.
   À~ LA FIN, adv. Enfin. "À~ la fin, il est arrivé. Voy. Enfin. = Sur la fin, adv. Il se dit toujours au singulier. Le Pres. Hénaut dit, sur les fins, en quoi il ne doit pas être imité. "Sur les fins, il (M. de Louvois) avoit beaucoup perdu de sa faveur. = À~ la fin des fins (st. famil) Enfin, enfin. "J' espère qu' à la fin des fins vous nous en direz quelque chôse. Sév. = À~ ces fins (n°. 2°.); en conséquence. Il est plus du style du Palais que du discours ordinaire. = Sans fin, sans cesse, continuellement. "Voilà un beau sujet de raisoner et de parler éternellement. C' est ce que nous faisons soir et matin, sans fin, sans cesse. SÉV. _ Rousseau de Genève dit sans cesse et sans fin; et celui-ci, quoique moins usité, est aussi bon. "On disputera sans cesse et sans fin.
   Rem. 1°. Mettre fin à, vaut souvent mieux que finir. Cette expression est du beau style. "Quel vent favorable t' a conduit ici pour finir mes maux. Télém. Pour mettre fin à mes maux, vaudrait mieux, ce me semble. = * Mettre à fin, achever, est une expression surannée, mais qui est encôre bone dans le style~ plaisant ou critique, et burlesque.
   Quatre Mathusalems, bout à bout, ne pourroient
   Mettre fin à ce qu' un seul désire.
       La Fontaine.
"De tant d' enchantemens qu' il (Amadis) a mis à fin, il n' y en a pas un seul que vous n' eussiez pu achever. Voit.
   2°. Tirer à sa fin, se dit au figuré, mais seulement dans le style familier. "Qui démêlera le nom de Constantin dans Stamboul? Il y tire bien à sa fin. Fonten. _ Stamboul est le nom que les Turcs donent à Constantinople.
   3°. Faire une mauvaise fin n' est que du style familier. Fénélon ennoblit cette expression, en y changeant quelque chôse. "Aussi-tôt que ce malheureux Roi (Pigmalion) eut fait une fin digne de ses crimes. _ Marivaux l' emploie figurément et plaisamment. Il dit, en parlant des faux nobles. "Jamais je ne vis, en pareille matière, de vanité, qui fit une bonne fin.
   4°. Aller à fin contraire, produire un éfet contraire à celui qu' on se propose. "Ces exagérations vont presque toujours à fin contraire. NECKER. Si cette expression est admise par l' usage, ce que je ne garantis pas, du moins elle n' est pas du beau style.
   5°. À~ bonne fin, à mauvaise fin (n°. 2°.) À~ bonne ou à mauvaise intention. = À~ telle fin que de raison (st. famil) "Nous devons en être ravis, à telle fin que de raison. SÉVIGNÉ. c. à. d. pour de bones raisons. = À~ la seule fin de... "L' Angleterre renonce à la libre concurrence de ses ventes et de ses achats, à la seule fin d' acroître les profits de ceux qu' elle paye pour le service du commerce Ann. Litt.
   6°. * On disait anciènement, à celle fin que, pour, afin que; et le peuple le dit encôre en certaines Provinces. "À~ celle fin que vous et tout le monde sachiez, etc. Chron.
   On dit, en style proverbial, faire une fin, se fixer à un état; ce qui se dit sur-tout de l' état du mariage. "Il faut bien faire une fin, dit un vieux garçon qui se marie. = La fin courone l' oeuvre; la fin répond au comencement, ou même le surpasse. On le dit du mal, comme du bien.

FIN


FIN, FINE, adj. [Fein, fine.] 1°. Délié et menu en son genre, par oposition à grôs, grossier. Papier fin, toile fine. _ Taille fine, menûe et bien prise. = 2°. Excellent en son genre. "Or, argent fin; fine fleur de farine. "Avoir le goût fin. = 3°. En parlant des chôses d' esprit, subtil, délicat. "Esprit fin, goût fin. "Pensée, raillerie fine, oreille fine. = 4°. En parlant des persones; rusé. "Il est fin; elle est fine. = Fin, subtil, délié, (synon.) L' Ab. Girard trouve entre ces trois mots cette diférence, qu' un homme fin marche avec précaution par des chemins couverts; un homme subtil avance adroitement par des voies courtes; un homme délié va d' un air libre et aisé par des routes sûres, _ La défiance rend fin: l' envie de réussir, jointe à la présence d' esprit, rend subtil; l' usage du monde et des afaires rend délié. "Les Normans ont la réputation d' être fins: Les Gascons passent pour subtils: la Cour fournit les gens les plus déliés.
   On dit, en style proverbial, d' un homme rusé: fin merle; fine mouche; fin matois; fin à dorer.
   FIN, s. m. "Le fin d' une afaire, le point décisif et principal. = Tirer le fin du fin; tirer d' une afaire tout ce qui s' en peut tirer. = Faire le fin d' une chôse; ne vouloir pas découvrir ce qu' on en sait, ce qu' on en pense. "Vous le saviez, et vous en faisiez le fin. = Jouer au plus fin; chercher mutuellement à se duper. "On pouvait demander qui de ces diverses Puissances jouait au plus fin. Anon.
   Rem. FIN (st. famil.) n' a pas quelquefois d' aûtre emploi que de doner plus de force à ce qu' on dit: "Le fin bout. "Je suis ici toute fine seule: je n' ai pas voulu me charger d' un aûtre ennui que le mien. Sév.
   Et nous fûmes coucher sur le pays exprès;
   C' est-à-dire, mon cher, en fin fond des forêts.
       Molière.
  Avec sa Pénélope, il a plié bagage,
  En fin fond de Province il l' a contrainte à fuir.
      La Chaussée.

FINAL


FINAL, ALE, adj. FINALEMENT, adv. [3ee muet au 2d et au 3e, nale, nale--man. _ Le masc. n' a point de pluriel. On ne dit ni finals, ni finaux.] Final, qui finit, qui termine. "État, compte final; jugement final; quitance finale. = Qui dûre jusqu' à la fin de la vie. "Persévérance finale; impénitence finale. _ L' usage de ce mot est borné à ces sortes de phrâses. = Cause finale; le but, le motif.
   FINALEMENT, à la fin, en dernier lieu. "Finalement, il en est venu à bout. L' Acad. dit qu' il vieillit, hors du style de pratique. Vaugelas se contente de dire qu' il ne s' emploie plus dans le beau style, quoique l' on s'~ en~ serve dans le style ordinaire. Il ne parait pas que l' usage ait changé depuis cette Remarque.
   Rem. On apèle consone finale, celle qui termine le mot, comme t dans fat, et f dans clef. _ On dit en ce sens, substantivement, la finale, pour la dernière lettre, ou la dernière syllabe d' un mot.
   1re RèGLE. On prononce la consone finale des mots placés immédiatement devant leurs conjoints, qui comencent par une voyelle, tels que, 1°. l' adjectif devant le substantif; franc animal, sot ouvrage: pron. fran-kanimal, so-touvrage. 2°. La préposition ou l' adverbe devant son régime, chez eux, fort adroit; pron. ché-zéû, for-ta-droa. 3°. Le pron. personel devant son verbe: il aime, vous offrez, on leur aprend: pron. i-lème, vou-zofré, on leu-rapran, etc. Buf.
   II. RèGLE. Plusieurs consones finales se prononcent dans le discours soutenu, et ne se font pas sentir dans le discours ordinaire. Voy. là dessus les Remarques, qui sont au commencement des Lettres, et sur-tout de R, S, T.

FINANCE


FINANCE, s. fém. FINANCER, v. act. et neut. FINANCIER, s. m. [2e lon. On ne prononce point l' r dans les deux derniers, l' e y est fermé: il est muet dans le 1er.] 1°. Argent comptant (st. famil. et plaisant) il n' a pas grande finance: il est court de finance.
   Un Pince-maille avoit tant amassé.
   Qu' il ne savoit où loger sa finance.
   2°. Somme d' argent qu' on paye au Roi pour les charges et ofices. "La première finance de cette charge n' est que tant. Augmentation; remboursement, quitance de finance, etc. = 3°. Finances, le trésor du Roi ou de l' État. "Contrôleur-Général, Intendans, Receveurs, Bureau, etc. des Finances.
   FINANCER, payer la finance d' une charge. n°. 2°. "Il a financé cent mille francs pour sa charge. _ Et v. neut. "Il est obligé de financer pour conserver son office. = En style familier. "Vous ne finirez point cette afaire sans financer, sans doner de l' argent.
   FINANCIER, qui est dans les afaires des Finances. "Riche, habile Financier. "Le luxe des Financiers.

FINANCIèRE


FINANCIèRE, adj. fém. On apèle, écritûre financière, ou écritûre de finance, une écritûre de lettres rondes.

FINASSER


FINASSER, v. n. FINASSERIE, s. fém. FINASSEUR, EûSE, s. m. et fém. [Finacé, ceri-e, ceur, ceû-ze: 3e é fer. au 1er, e muet au 2d, lon. au dern.] Finasserie, petite ou mauvaise finesse. Finasser, agir avec finasserie. Finasseur, qui finasse. "Il n' a que des finasseries: il ne fait que finasser. "C' est un finasseur, une finasseûse. = Ces trois mots se disent plus souvent de l' habitude que des actes particuliers. Ils sont du style simple. Voy. FINESSER.

FINAUD


FINAUD, AUDE, adj. [Finô, nôde: 2e lon.] Fin, rusé dans de petites chôses. (style critique et moqueur.) "Il est finaud, elle est finaude.

FINEMENT


FINEMENT, adv. FINESSE, s. f. FINET, ETTE, adj. [Fineman, nèce, , nète: 2ee muet au 1er, è moy. aux 3 aûtres.] Finesse, 1°. Qualité de ce qui est fin et délié. Il se dit des chôses matérielles et de celles de l' esprit. "La finesse d' une toile, d' une étofe. La finesse d' une pensée, d' une expression. "Cela est écrit avec finesse. _ "Il sait toutes les finesses de la langue, de la peintûre, etc. = 2°. Ruse, artifice. "C' est une finesse grossière, user de finesse. Faire une chôse par finesse.
   FINEMENT, avec finesse, dans les deux sens. "Râiller finement: cela est finement pensé. "Il l' a atrapé bien finement. = Finet, finette, diminutif de fin, fine, dans le 2d sens de Finesse. "Il est finet, elle est finette. "C' est un finet, une finette.
   Rem. On dit faire finesse de, et entendre finesse à, sans article. "L' afectation de faire finesse des moindres chôses (de les cacher) est quelque chose de fort ridicule. _ "Il y en a, qui le font de bonne foi, sans y entendre finesse. P. Rapin. c. à. d. sans malice. "Je le confesse franchement; car je n' y entends point finesse. MARIV. * Bossuet, dit: "Ceux, qui n' y entendoient pas la même finesse que les Manichéens. Je crois qu' il aurait dû dire: ceux qui n' y entendoient pas finesse autant que les Manichéens: y entendre finesse, est une de ces expressions consacrées, qui s' emploient toujours de la même manière, comme faire part; rendre raison, etc. Or on ne dit pas, faire la même part, rendre la même raison que, etc. Mais on dit, p. ex. "Je vous en ferai part tout comme à lui; je vous rendrai raison, comme je le lui ai rendu, etc.
   On dit qu' un homme est au bout de ses finesses, quand il a employé tous les moyens sans réussir. _ Voy. COUSU à la fin de COûDRE.

FINESSER


*FINESSER. Richelet dit que ce mot s' était introduit de son temps, et que l' Acad. disait indiféremment finesser et finasser. Aujourd' hui, et l' usage et l' Acad. n' admettent que le dernier.

FINI


FINI, IE, adj. 1°. Limité, borné. "Nombre fini: être fini. = 2°. Achevé, parfait, en parlant de tableaux, d' ouvrages d' esprit. "C' est un ouvrage fini; un poème fini. = Il difère de parfait, dit l' Ab. Girard, en ce que celui-ci regarde proprement la beauté du dessein et de la construction de l' ouvrage; et celui-là, celle qui vient du travail et de la main de l' ouvrier. L' un exclut tout défaut: l' aûtre montre un soin particulier et une atention au plus petit détail. _ Ce qu' on peut mieux faire n' est pas parfait: ce qu' on peut encore travailler n' est pas fini. "Les Anciens se sont plus atachés au parfait, et les Modernes au fini. GIR. Syn.

FINIR


FINIR, v. act. 1°. Achever, terminer. "Finir une afaire, un ouvrage, un discours. = 2°. Mettre la derniere main. "Finir un tableau, un ouvrage. = 3°. V. n. "Finissez donc! "Quand il a commencé de parler, de conter, il ne finit point. _ "Le Sermon finissait, lorsqu' il est entré. "Le bail finira à Pâque, etc. "C' est un méchant homme, il finira mal.
   REM. 1°. Finir régit ordinairement de et l' infinitif. "Quand il eut fini de parler. Dans les phrâses négatives on met à ou de, mais non pas indiféremment. Il y a un choix à faire sur lequel le goût seul peut diriger l' écrivain. "Je ne finirois point à vous faire des complimens. Sév. "Sans cela, on ne finiroit jamais de se plaindre. = * Je ne finirois point si je voulois raconter, etc. Tour trivial employé par certains Historiens ou Orateurs. Il faut l' éviter avec soin. = Quelquefois Finir, est suivi de la prép. par. "Il finit par nous dire que, etc. _ Pour les noms, on dit, comencer par et finir en. "Ce mot comence par in et finit en ment. Comme innocemment.
   2°. Être fini a, en quelques ocasions, pour régime la prép. de et l' infinitif; et il a cela de particulier, qu' il done à cet infinitif un sens passif, quoiqu' il soit employé activement. "Il sera fini d' imprimer vers le mois d' Octobre prochain. Affiches de Prov. _ On dit, d' imprimer, pour d' être imprimé.
   3°. FINIR, cesser, est neutre et se dit sans régime. "Bientôt ils finiront les malheurs de leur vie. Télém. Dites: les malheurs de leur vie finiront; ou, ils verront finir les malheurs, etc. "O Cretois!... La mort seule pourra finir ma reconoissance. Ibid. Je crois qu' il falait en cet endroit, mettre fin à, etc. Voy. METTRE FIN au mot FIN, s. f. Rem. 1°. = Finir sa vie, se dit de celui qui meurt, et non de celui qu' on fait mourir. "Les méchans ne croyoient pas pouvoir assurer leurs vies, qu' en finissant la sienne (de Pigmalion.) Télém. Je voudrois encôre dire, en cet endroit, qu' en mettant fin à la sienne. L' Acad. dit: finir ses jours dans la pénitence: mais elle ne dit point, finir les jour d' un aûtre.
   4°. Se finir, est peu usité, et il est inutile: finir, neutre, a le même sens. "Là se finissent les gemissemens: là s' achève le travail de la Foi. Boss. On dit s' achever: on ne dit pas se finir: Dites, en pareil câs, là finissent, etc.
   5°. Finir en entier, est un vrai pléonasme. "On est fâché que cette Histoire (de la conjuration de Walstein) ne soit qu' un fragment, et que la paresse de l' Auteur (Sarrasin) ne lui ait pas permis de la finir en entier. Sabat. Trois siècles, etc.
   6°. Dit-on tout a fini, ou bien, tout est fini pour moi? Le 1er, est sans contredit le meilleur, s' il n' est pas le seul bon. "J' ai vécu, j' ai régné: tout est fini pour moi:... un jour dernier, un jour inévitable est arrivé pour nous. Jer. Dél.
   On dit, familièrement, voilà qui est fini, c. à. d. n' en parlons plus.

FIOLE


FIOLE, s. f. [Fio-le, en vers fi-ole. _ L' étymologie est pour phiole, et l' usage pour fiole.] Petite bouteille de verre. "Une fiole de sirop. Petite fiole. Voy. PHIOLE.

FIRMAMENT


FIRMAMENT, s. m. [Firmaman.] Le Ciel où sont les étoiles fixes. "Les astres du firmament. Sous le firmament.

FISC


FISC, s. m. FISCAL, ALE, adj. [Fisk, fiskal, kale.] Fisc, est le trésor du Prince, ou de l' État. "Les droits du fisc. "Amende aplicable ou apliquée au Fisc. = Fiscal, ne se dit que de l' Avocat et du Procureur nommés par le Seigneur, pour faire dans cette juridiction particulière les fonctions d' Avocat et de Procureur du Roi dans les autres juridictions.

FISTULE


FISTULE, s. f. FISTULEUX, EûSE, adj. [3e e muet au 1er, lon. aux deux aûtres.] Fistule, ulcère, dont l' entrée est étroite et le fond ordinairement large. = Fistuleux, qui est de la natûre de la fistule.

FIXATION


FIXATION, s. f. FIXE, adj. FIXEMENT, adv. FIXER, v. act. [Fiksa-cion, fikse, kseman, ksé: 2ee muet au 2d et 3e, é fer. au dern.] Fixation, ne se dit que dans deux ocasions: 1°. Opération de chimie, par laquelle un corps volatil est fixé: la fixation du mercûre. 2°. Détermination du prix d' une charge. "La fixation du prix, etc.
   FIXE, certain, arrêté, déterminé. "Demeure fixe, prix, somme fixe. Jour, heure fixe. = Qui ne se meut point. "Point fixe. "Etoiles fixes. = Avoir la vue fixe, les yeux fixes, les regards fixes, fermement arrêtés au lieu où l' on regarde. _ Molière dit
   Et ces fixes regards tout chargés de langueur.
l' inversion est dûre.
   FIXEMENT, d' une manière fixe. "Regarder fixement. Il ne se dit que dans cette locution. = * Quelques-uns écrivent et prononcent fixément avec un accent aigu sur l' é: c' est une ortographe, et une prononciation vicieûses.
   FIXER, arrêter, déterminer. "Fixer un jour, la valeur des monnoies, le prix des charges. Fixer sa demeure en un tel lieu. _ Fixer le mercûre, les humeurs. _ Fixer un esprit volage. = Se fixer à... Vous voulez tantôt une chôse, tantôt une aûtre: fixez-vous enfin à quelqu' une. "Son esprit ne peut se fixer à rien, à quoi que ce soit.
   Rem. 1°. Plusieurs Auteurs ont fait régir à ce verbe les persones. "Fixer un objet. Ann. Litt. "Obligée de le fixer pendant une heure. (en faisant son portrait) Th. d' Éduc. "Elle me regarde à son tour: je la fixois sans le savoir. Créb. F. "Après m' avoir longtemps fixé, etc. Id. _ Le même Auteur dit ailleurs regarder fixement et fixer ses regards, et c' est ainsi qu' il faut dire. _ Fénélon a employé la 1re de ces deux locutions, et Marivaux la 2de: "Pendant que Télémaque parloit, Diomède le regardoit fixement. TÉLÉM. "L' aûtre d' un air pensif et ocupé fixoit les yeux sur moi. Mariv. _ L' Acad. ne dit que, fixer ses regards sur quelqu' un.
   2°. En parlant des jours et des époques, être fixé régit à: "Mon départ est fixé au 12 de ce mois. Voltaire met à la place la prép. pour, qui l' acomodait mieux.
   Plysthene est d' Épidaure atendu chaque jour.
   Votre hymen est fixé pour cet heureux retour.
Ce régime n' est pas selon l' usage. On ne pourrait pas dire non plus, est fixé à cet heureux retour. Le datif ne s' emploie qu' avec des noms, qui expriment le~ tems.

FLACON


FLACON, s. m. Bouteille, qui se ferme avec un bouchon. Acad. qui le plus souvent se ferme à vis. Trév. Sorte de vase. Rich. Port. Celui-ci n' aprend rien. L' Acad. confond le flacon avec toutes les bouteilles, qui se ferment toutes avec un bouchon. La définition de Trév. est la plus satisfaisante. "Flacon d' or, d' argent, d' étain, de cristal.

FLAGELLATION


FLAGELLATION, s. f. FLAGELLER, v. act. [On prononce les 2 l: flagel-la-cion, : 2e é fer.] Action de flageller, de fouetter. Le subst. ne se dit que de la flagellation de N. S. Le verbe que de N. S. et des Martyrs.

FLAGORNER


FLAGORNER, v. n. FLAGORNERIE, s. f. FLAGORNEUR, NEûSE, s. m. et f. [Fla--gorné, neri-e, neur, neû-ze: 3e. é fer. au 1er, e muet au 2d, lon.~ au dern.] Flagorner, flater en faisant de faux raports. Flagornerie, basse flaterie, acompagnée de raports. Flagorneur, qui flagorne. "Il va sans cesse flagorner aux oreilles de son maître. "Il s' est rendu agréable par ses flagorneries. "C' est un flagorneur, une flagorneûse. _ Ils sont du style familier.

FLAGRANT


FLAGRANT, adj. m. Être pris en flagrant délit, sur le fait. Il ne se dit qu' en cette phrâse.

FLAIRER


FLAIRER, v. act. FLAIREUR, s. m. [Fléré, reur: 1re é fer. devant l' e muet, ce 1er e devient moyen: il flaire, flairera, etc. pron. flère, flèrera.] Flairer au propre, sentir par l' odorat. "Les chiens ont flairé la bête. "Flairez cette rôse. = Au figuré, (st. famil.) pressentir, prévoir. "Il a flairé cela de loin. = Flaireur de table, de cuisine: parasite. Il est familier, dit l' Acad. _ * Molière a dit fleureur. Tu viens ici mettre ton nez, impudent fleureur de cuisine. = * Anciènement, on disait aussi fleurer. "À~ la mode des chiens, qui fleurent leurs maîtres. Montaigne.

FLAMBANT


FLAMBANT, ANTE, adj. FLAMBÉ, ÉE, adj. FLAMBER, v. act. et n. [Flanban, bante, , bé-e, : 1re lon. 2eé fer. aux 3 dern.] Flamber, actif, passer par le feu ou par dessus le feu. "Flamber une chemise. _ Flamber un chapon, des alouettes, etc. faire dégoutter dessus du lard fondu. = Neutre, jeter de la flamme. "Ce bois ne flambe point. Faites flamber le feu. = Flambant, qui flambe, dans le 2d sens. "Tison flambant; bûche flambante.
   FLAMBÉ, fig. st. plaisant. Ruiné, perdu. Il est flambé: mon argent est flambé. "Cette afaire est flambée.

FLAMBEAU


FLAMBEAU, s. m. [Flanbo: 2e dout. au sing. lon. au plur. Flambeaux.] 1°. Espèce de torche de cire, dont on se sert la nuit dans les rûes. "Alumer, porter, éteindre un flambeau. = Fig. le flambeau de la guerre, de la révolte. = 2°. Chandelle de suif ou de cire, qu' on allume la nuit dans les maisons. "Aportez des flambeaux; et les chandeliers, dans lesquels on les met: flambeau d' argent, de vermeil doré, etc. _ Fig. (style poétique et élevé) le flambeau du jour, le soleil, de la nuit, la lune. Les flambeaux de la nuit, les étoiles. _ Le flambeau de la raison, etc.
   * Le peuple dit tuer la chandelle: Malherbe a dit au figuré, tuer le flambeau. Cette façon de parler figurée, est devenue si commune, dit Ménage (il pouvoit ajouter et si basse) qu' elle est devenue moins noble, et par conséquent moins poétique que la propre, qui est éteindre un flambeau.

FLAMBERGE


FLAMBERGE, s. f. ÉPÉE. Il ne se dit que dans cette phrâse du style plaisant, mettre flamberge au vent: tirer l' épée. Acad. Trév., etc.

FLAMBOYANT


FLAMBOYANT, ANTE, adj. FLAMBOYER, v. n. [Flanboa-ian, ian-te, : 1re lon. 3e lon. aux 2 1ers, é fer. au dern.] Brillant. Briller. Le verbe ne se dit que de l' éclat des armes, ou des pierreries, et il est peu d' usage, on dit encôre, astre flamboyant, épée, comète flamboyante.

FLAMME


FLAMME, (ou mieux flâme, puisque l' a est long.) s. f. La partie la plus subtile du feu, qui s' élève en haut. "Éteindre, amortir, étoufer la flâme. = Poétiquement, la passion de l' amour. _ En termes de Marine, banderole fourchue, qu' on arbore pour ornement, ou pour faire signal.

FLANC


FLANC, s. m. [Le c ne se prononce que dans le discours soutenu, lorsque le mot suivant comence par une voyelle.] 1°. Dans le sens litéral, c' est la partie de l' animal, qui est depuis le défaut des côtes jusqu' aux hanches. "Il eut le flanc percé d' une flèche. "Cheval, qui bat du flanc. "Le lion se bat les flancs avec sa queûe. _ En parlant des femmes, relativement aux enfans qu' elles ont porté dans leur sein, on dit aussi les flancs, mais seulement dans le style noble. = 2°. Par extension, Flanc se dit de diverses chôses. "Le flanc d' un vaisseau, d' un bastion, d' un bataillon. "Prêter, découvrir, montrer le flanc aux énemis. "Prendre, attaquer en flanc.
   On dit, en style proverbial, se batre les flancs, (n°. 1°.) faire des éforts. "L' Av. Gén. S' est batu les flancs pour faire un grand étalage de rhétorique sur cette nuit funeste. _ Prêter le flanc. "Cette arme du ridicule, si redoutée de nos Philosophes, parce qu' ils y prêtent si fort les flancs. L' Ab. Royou. On dit ordinairement le flanc au singulier.

FLANDRIN


FLANDRIN, s. m. [Flan-drein: 1re lon.] Terme de mépris. "C' est un grand flandrin, un homme élancé, grand et fluet, de mauvais air, qui n' a nulle contenance.

FLANELLE


FLANELLE, s. f. [Flanèle: 2eè moy. 3e e muet.] Étofe légère de laine. "Flanèle d' Angleterre, chemise de Flanelle.

FLANQUER


FLANQUER, v. act. [Flanké: 1re lon. 2e é fer.] Défendre ou garnir. "Flanquer une murâille de grôsses tours. "batâillons flanqués par des ailes de cavalerie. "Corps de logis flanqué de deux pavillons, de deux galeries. = Populairement, flanquer, doner. "Il lui a flanqué un souflet, un coup de pied. _ Se mettre. "Il s' est venu flanquer au milieu de nous.