Dictionnaire critique de la langue française Dictionnaire critique de la langue française 1787 Français 2007-4-4 ARTFL Converted to TEI CONSUL


CONSUL, s. m. CONSULAIRE, adj. CONSULAIREMENT, adv. [3e è moy. et long, 4e e muet aux 2 dern.: lère, lèreman.] Consul, est le nom des deux Magistrats qui avaient la principale autorité à Rome. = C' est aussi le nom qu' on done, en certaines Villes, à ceux qu' on apèle à Paris, à Lyon, à Marseille, Echevins; à Toulouse, Capitouls; à Bordeaux, Jurats. = C' est encôre le titre de certains Juges établis pour juger des afaires de Commerce, qu' on apèle Juges-Consuls, ou simplement, Consuls. Assigner pardevant les Juges-Consuls, ou les Consuls; par sentence des Consuls, etc. = Consul, est enfin un Oficier envoyé par son Prince en divers Ports, Échelles, et aûtres lieux, pour protéger le Commerce, et juger des afaires de Négoce entre ceux de sa nation. "Consul de France, d' Angleterre, de Hollande, à Smyrne, à Alep, à Cadis, etc.
   CONSULAIRE, qui apartient au Consul. En parlant des Romains, dignité, famille, persone, province Consulaire. En parlant des Juges-Consuls, Juridiction Consulaire. = On dit burlesquement, d' un débiteur qui n' ôse sortir de sa maison, par la crainte d' être mis en prison, en vertu d' une sentence des Consuls, qu' il a la goutte Consulaire.
   CONSULAIREMENT, ne se dit que dans le dernier sens: demande jugée consulairement.

CONSULAT


CONSULAT, s. m. Dignité, charge, ofice de Consul. Voy. CONSUL. "C' est aussi le temps pendant lequel on exerce la charge de Consul. Il se dit, sur-tout dans ce sens, des Consuls Romains. "Le Consulat de Ciceron est célèbre; par la découverte de la Conjuration de Catilina.

CONSULTANT


CONSULTANT, adj. CONSULTATION, s. f. CONSULTATIVE, adj. f. CONSULTER, v. a. [1re lon. la 3e du 1er et la 4e du 3e lon. aussi.] I. Consultant, est celui qui done avis et conseil. _ On ne le dit que des Avocats et des Médecins. Avocat Consultant, est celui qui ne plaide plus au Bârreau, et qui done seulement son avis, quand on le consulte. _ On dit aussi, Médecin Consultant, par oposition à Médecin ordinaire: Médecin Consultant du Roi. _ Il est quelquefois substantif. Un tel n' était pas des Consultans. Quelques-uns le disaient substantivement, et dans une signification active, de ceux qui consultent les Avocats: "L' antichambre étoit remplie de Consultans. _ Boileau a dit, en ce sens:
   Ecoutez tout le monde, assidu Consultant;
   Un fat quelquefois ouvre un avis important.
   II. CONSULTATION, Conférence que l' on tient, pour consulter sur quelque afaire, sur quelque maladie. "Faire une Consultation: ils ont été long-temps en Consultation. _ Il se dit aussi de l' avis par écrit des Avocats, des Médecins. "Il a aporté une Consultation des trois plus fameux Avocats, etc. Une Consultation signée par les plus habiles Médecins de Montpellier.
   Rem. Il n' y a pas plus de trente ans, dit M. Ménage en 1672 (cela est déjà ancien), que l' on disoit à Paris, Consulte de Médecins et Consultation d' Avocats. On dit ne plus que Consultation.
   III. CONSULTATIVE, ne se dit qu' avec voix. Avoir voix consultative, c' est avoir le droit de dire son avis, sans que cet avis soit compté dans la délibération. Il est oposé à délibérative. "Dans les Conciles les Évêques ont voix délibérative: les Docteurs n' y ont que voix consultative.
   IV. CONSULTER, prendre avis, conseil, ou instruction de quelqu' un. Consulter l' orâcle, les devins, les Avocats, un Médecin, un ami, etc. _ Consulter sa conscience, son devoir, ses forces, examiner s' ils permettent de faire ce qu' on se propôse. _ On dit, dans le même sens, consulter ses intêrêts, son goût, son miroir, ou, le miroir. = Consulter son chevet, se doner le temps de délibérer, passer la nuit, avant que de se déterminer. Il est familier.
   CONSULTER, neutre et sans régime: Ils consultèrent ensemble: il consulta long-temps, avant que de s' engager: les Avocats ont consulté sur cette afaire, les Médecins sur cette maladie.
   Rem. I°. * Plusieurs Auteurs, au lieu de dire, consulter sur, disent, consulter de, en consulter. "Comme l' action étoit un peu extraordinaire, on en consulta l' orâcle. Fonten. "Il consulta son Évêque, de la manière dont les Solitaires, qui n' ont point de Prêtres, doivent recevoir les Saints Mystères. Bossuet. "Il en faut consulter les Maîtres. Vaug. "L' Archiduc Charles fait avec le Roi un traité de paix et d' alliance, sans en consulter ni l' Impératrice, ni Ferdinand. Hénault. "Les Églises des Gaules en consultoient avec les Églises voisines. Droit Écl. Fr. "Il en veut consulter avec ses amis. Acad. _ Malgré tant d' exemples, ce régime me paraît sentir le Factum, et n' être propre que du style du Bârreau. La prép. sur vaut toujours mieux; et quelquefois ce 2d régime n' est pas nécessaire, comme dans la phrâse du Prés. Hénault, où il pouvait dire simplement, sans consulter ni l' Empereur, ni Ferdinand.
   2°. * Mde de Sévigné fait régir à ce verbe l' acusatif de la chôse, et le datif de la persone. "Pour celui-là, il s' entend tout seul: je ne le consulterai à persone. Et âilleurs, l' acusatif tout seul de la chôse: je consulterai la pommade, c. à. d. je consulterai les Médecins sur cette pommade.
   3°. On dit, se consulter, examiner ce que l' on a à faire, avant que de s' y déterminer. "Vous êtes-vous bien consulté, avant que de l' entreprendre.

CONSULTE


*CONSULTE, s. f. Voyez CONSULTATION.

CONSULTEUR


CONSULTEUR, s. f. Docteur commis par le Pape, pour doner son avis sur quelque point de doctrine, ou de discipline.

CONSUMANT


CONSUMANT, ANTE, adj. CONSUMER, v. a. [1re lon. 3e lon. aux 2 1ers, é fer. au 3e.] Consumant, se dit de ce qui consume. Feu consumant. _ M. d' Arnaud l' a employé figurément: "Quel bonheur, d' arracher au besoin consumant, une famille expirante. Et Neuville: "Peintures majestueuses, que l' ardeur dévorante, que la divine impétuosité d' un zèle consumant, traçoient et suggéroient aux Prophètes. _ Cet adjectif verbal est plus usité au figuré qu' au propre.
   CONSUMER, v. a. Il ne faut pas confondre consommer avec consumer. Le 1er signifie finir, acomplir, perfectioner; c' est le Consummare des Latins; l' aûtre exprime l' action de détruire, d' abolir, et répond à consumere. On dit, consommer le mariage: vertu consommée, etc. Et la rouille consume le fer; le temps consume toutes chôses.
   L' âge par qui tout se consume.
       Malherbe.
Il signifie, perdre, employer à.... Il a consumé son patrimoine: j' ai consumé beaucoup de temps à cet ouvrage, etc. Voyez Consommer.
   Se consumer, régit la prép. de ou en. "Et pourquoi me consumerois-je encôre de travail et d' inquiétude? Marm. "Pendant que je me consumois ainsi en regrets inutiles, j' aperçus comme une forêt de mâts de vaisseaux. Télém. "Ils ne se consument point en réflexions, quand il est question d' agir. Sabatier, Trois Siècles, etc. = Il s' emploie aussi sans régime: il se consume, il dépérit: la maladie, ou l' ennui; la tristesse le consume. "Elle le trouve assis sur le rivage, où il passe les jours à pleurer et à se consumer. Mde. Dacier.

CONTACT


CONTACT, s. m. [On prononc. le c final, mais non pas le t. Voyez Consonne, Rem. II.] Atouchement de deux corps. Il ne se dit qu' en Physique. "Le point de contact est le point commun à deux corps, qui se touchent. Paulian, Dict. de Phys.

CONTAGIEUX


CONTAGIEUX, EûSE, adj. CONTAGION, s. f. [1re lon. 3e lon. aux 2 1ers. Contagieû, gieû-ze, gion, en vers, gi--eû, gi-on.] Contagion, est la communication d' une maladie; Contagieux, qui se prend et se communique par contagion. "Ce mal se prend par contagion: il est contagieux. = Ils s' emploient au figuré: La contagion de l' hérésie, du vice, des mauvaises moeurs: "Exemples, livres, discours contagieux. "Tout le monde le fuit; on dirait que son malheur est contagieux.
   Rem. On dit quelquefois, la contagion, pour la Peste: Du temps de la contagion: la contagion fit de grands ravages à Marseille.

CONTAMINATION


*CONTAMINATION, s. f. CONTAMINER, v. a. Souillûre: Souiller. Ces deux mots sont vieux et hors d' usage.

CONTE


CONTE, s. m. [1re lon. 2ee muet. Il est trois mots, qui se prononcent de même; Compte, Comte, et Conte, mais ils ont des significations bien diférentes. Plusieurs confondent le 1er et le dern. Voy. ces mots à leur place.] Narration, récit de quelque aventûre. On le dit plus souvent des fabuleûses, que des véritables; bon ou mauvais conte, agréable et plaisant, ou ennuyeux, ridicule, etc. = On done plusieurs noms aux contes dont on amuse les enfans. Conte de vieille, conte de Peau d' âne, Conte borgne, Conte de ma Mère-l' Oie, de la Cigogne, Conte bleu, Conte à dormir debout. = Conte grâs, licencieux.
   Mde. de Sévigné joûe le mot sur la diférence de conte et compte: "Ils me trouvent ridicule de préférer un compte de fermier, aux contes de la Fontaine.

CONTEMPLATEUR


CONTEMPLATEUR, TRICE, s. m. et fém. CONTEMPLATIF, IVE, adj. CONTEMPLATION, s. fém. CONTEMPLER, v. act. [Kontan-pla-teur, trice; tif, tîve, Kon--tanpla-cion, en vers, ci-on. Kontanplé: 1re et 2e lon. 4e lon. au 4e, 3e é fer. au dern.] I. Contemplateur, trice, est celui, ou celle, qui contemple. L' Acad. avertit qu' il se dit principalement de celui, qui contemple par la pensée. Il se dit, ou avec de pour régime, Contemplateur des merveilles de Dieu, des secrets de la natûre; ou absolument et sans régime. C' est un grand Contemplateur. = Le fém. est peu usité.
   II. Contemplatif, a à-peu-près le même sens: Homme Contemplatif, dévote contemplative: Philosophie contemplative. _ La vie contemplative, se dit par oposition à la vie active. S' adoner à la vie contemplative. _ S. m. Les Contemplatifs, ceux qui se dévouent à la vie d' oraison et de méditation.
   III. Contemplation, est l' action par laquelle on contemple, soit des yeux du corps soit de ceux de l' esprit. Profonde, perpétuelle, dévote contemplation. S' adoner à la contemplation: être en contemplation. La contemplation des astres, des chôses divines.
   EN CONTEMPLATION, adv. En considération. "Le Roi, en contemplation de ses services, lui a acordé une pension. "Le père, en contemplation de ce mariage, a cédé, a doné, etc. Il ne se dit qu' au Palais, et en style de Chancellerie, ou de Traités entre les Princes.
   IV. Contempler, c' est considérer atentivement, soit avec les yeux du corps, soit avec ceux de l' esprit. Contempler le Ciel, les astres, un bâtiment, un tableau. Contempler la grandeur et les perfections de Dieu. _ Neutre et sans régime, il se prend toujours dans la signification de méditer. "Il passe sa vie à contempler.
   Rem. Ce verbe régit-il l' infinitif sans prép., comme le regit le verbe voir? J' en doute. "Contemplez les Romains combatre pour leur patrie et pour leurs foyers. Ann. Litt. Je crois qu' il falait dire combatant. _ M. Moreau a dit aussi: "Contemplons-les.... déchirer de leurs propres mains l' héritage de leurs ancêtres,

CONTEMPORAIN


CONTEMPORAIN, AINE, adj. [Kon--tanpo-rein, rène: les 2 1ers lon. 4e è moy.] Qui est du même temps. Auteurs contemporains, Histoire contemporaine; Auteurs qui ont écrit, ou histoire composée par des Auteurs, qui raportent ce qui s' est passé de leur temps. = Ce mot n' a d' usage que dans cette ocasion; et je ne crois pas que l' on puisse dire, comme l' a fait M. l' Abbé Duserre-Figon, dans son beau Panégyrique de Ste. Thérèse: "Foulant aux pieds la gloire contemporaine, ainsi que les sufrages de la postérité. Il a voulu dire, les hommages, l' estime, l' admiration de son siècle, de ses contemporains: mais je crois qu' il s' est mal exprimé. = S. m. C' est mon contemporain, nous sommes contemporains. Il ne se dit point au fém. Une femme ne dit point d' une aûtre, c' est ma contemporaine: elle dit: nous sommes du même âge: elle est du même âge que moi. _ Un Auteur moderne a intitulé un de ses Romans, Les Contemporaines: mais, outre qu' il ne se pique pas trop de correction de style et de respect pour l' usage, c' est que les titres des Livres comportent quelque licence qu' on ne passerait pas âilleurs.

CONTEMPTEUR


CONTEMPTEUR, s. m. CONTEMPTIBLE, adj. [Kontanp-teur, tible: les deux 1res lon. On pron. le p.] Contempteur, est celui qui méprise: Contemptible, ce qui est méprisable. Ce sont des latinismes. Le 1er n' est admis que dans le style soutenu, dit l' Acad. Je crois qu' il est mieux placé dans le style écrit~. On dit, à la vérité, en vers, et dans la prose oratoire, les contempteurs des Dieux; mais La Bruyère a dit, et on l' a répété d' après lui, les contempteurs d' Homère, des Anciens. _ Coyer fait dire à Des Fontaines, dans son Testament Littéraire: "Jusqu' ici ma seule prédilection, jointe à la terreur de ma plume, a soutenu mon Virgile contre ses contempteurs. Un Auteur l' a fait adjectif: Des yeux contempteurs. = Malherbe a employé contemptible; et Vaugelas conjecture que ce Poète n' a préféré, dans cet endroit, cet adjectif à celui de méprisable, plus beau, plus français et plus en usage, qu' à cause qu' il eut rimé avec le mot agréable, qui termine le vers précédent. "Toute ma peur est, dit ce Poète, que
   Ma foi, qu' en me voyant, elle avoit agréable
   Ne lui soit contemptible, en ne me voyant pas.
Quelques Auteurs ont tenté de ressusciter cet adjectif, mort au berceau, mais l' usage a été inexorable. L' Acad. dit qu' il vieillit. Il doit donc être bien vieux; car elle le dit depuis long-temps. _ Dans le Dict. de Trév. on dit, au contraire, qu' il ne doit pas être banni de la Langue, et qu' il y a de certains endroits où il produit un bon éfet. On y cite cette phrâse de Maucroix; "Ils passent ici pour les plus vils et les plus contemptibles de tous les hommes. Il me semble qu' en cet endroit méprisable produirait un éfet tout aussi bon.

CONTENANCE


CONTENANCE, s. f. [1re et 3e lon. 2e et dern. e muet.] Ce mot a deux sens bien diférens, et qui n' ont point de raport l' un avec l' aûtre. 1°. Capacité, étendue. Vaisseau de la contenance de dix tonneaux, terre de la contenance de cent arpens. = 2°. Maintien, postûre: bonne ou mauvaise, grave, sérieûse, ou forcée; ridicule contenance~. Il ne sait quelle contenance~ tenir; il n' a point de contenance. _ Perdre contenance, cesser tout-à-coup d' avoir la contenance naturelle où l' on se trouve. = On lui a fait perdre contenance. On dit de certaines chôses, comme un éventail, par exemple, qu' on les porte par contenance, qu' elles servent de contenance.
   Rem. On dit, dans le style figuré médiocre, tenir, ou faire bone contenance: le 2d est le meilleur. Témoigner de l' assurance, tandis qu' intérieurement on est troublé, chagrin ou intimidé. On ne pouvoit faire meilleure contenance. Bossuet. "Ils font la contenance la plus triomphante, quand ils savent moins où ils en sont. Id. Dans ce dernier exemple, l' expression est changée. Faire, ne fait bien qu' avec l' adj. bone. Avec tout aûtre adjectif, afecter vaudrait mieux. Voy. MAINTIEN.

CONTENANT


CONTENANT, ANTE, adj. [1re et 3e lon. 2e e muet.] Qui contient. Trév.Rich. Port. * La mesure est la partie contenante, et la liqueur, la chôse contenue. Trév. _ S. m. "Le contenant est toujours plus grand que le contenu. Ibid. _ L' Acad. ne met point l' adjectif.

CONTENDANT


CONTENDANT, ANTE, adj. [Kon--tendan, dante: 3 longues.] Concurrent, compétiteur. Il se dit plus ordinairement au pluriel et au masc. qu' au singul. et au fém. Acad. On peut ajouter, plus souvent comme substantif, que comme adjectif. "Il y avoit trois contendans; les contendans, qui aspiroient au prix de la course. _ Les parties contendantes. = L' Acad. dit aussi, les Princes contendans. Je crois qu' on peut douter qu' on le dise des Princes. On dirait plutôt compétiteurs et prétendans.
   Rem. J' aimerois mieux, dit La Touche, dire, Concurrent, Compétiteur, Prétendant, que Contendant. Je suis du même avis, et je crois que celui-ci n' est guère bon qu' au Palais. _ Mde. de B.... a dit, les Puissances contendantes paroissoient armées de toutes leurs forces. C' est le pendant de la phrâse de l' Acad.

CONTENIR


CONTENIR, v. a. [1re lon. 2ee muet. Il se conjugue comme Tenir.] 1°. Comprendre dans un certain espace. Ce muid contient tant de pintes, ce septier tant de boisseaux, cette terre tant d' arpens, etc. _ Et en parlant des choses spirituelles: l' Écriture Sainte contient tous les principes et toutes les lois de la bone morale: le Symbole des Apôtres contient douze articles, etc. = 2°. Retenir dans de certaines bornes. Contenir la rivière dans son lit par des digues. = Figurément, Contenir quelqu' un dans le devoir, dans l' obéissance, ou simplement, le contenir: "On ne sauroit le contenir. _ Il faut s' acoutumer de bone heure à contenir ses passions. "Les Médecins lui ont défendu le vin; mais il ne peut se contenir. = On dit aussi, se contenir, se modérer, contenir sa colère: "Dans ce câs, je crois qu' il aurait eu de la peine à se contenir. Th. d' Éduc.

CONTENT


CONTENT, ENTE, adj. CONTENTEMENT, s. m. CONTENTER, v. actif. [Kontan, tante, tanteman, tanté: 1re et 2e lon. 3e e muet au 2d et 3e, é fer. au 4e.] Content, ente, est celui ou celle, qui a l' esprit satisfait. Contentement, joie, plaisir, satisfaction. Contenter, satisfaire, rendre content. "Il est, il vit content: elle est, ou elle fait semblant d' être contente: doner, recevoir du contentement. "Il faut peu de chôse pour le contenter: elle est dificile à contenter.
   I. CONTENT, joyeux, satisfait (synon.) Content, dit plus que ces deux adjectifs: il exprime une satisfaction plus réfléchie, plus profonde, plus durable. On est satisfait, quand on a obtenu ce qu' on souhaitait: on est content, quand on ne souhaite plus. Il arrive souvent qu' après s' être satisfait, on n' en est pas plus content. Gir. Synon. "Lorsqu' un Peuple n' est pas content, il faut le rendre joyeux. Marm. Voyez l' art. suivant, à la fin.
   Content, régit de devant les noms et les verbes. Je suis content du peu que je possède; il est content de pouvoir joindre les deux bouts de l' an. _ Avoir le visage content, faire paraître sur son visage la satisfaction de son esprit. Être content de quelqu' un, en être satisfait; cet homme est bien content de vous; vous devez étre content de lui. On dit aussi, content de vos procédés, de sa fortune, etc.
   Être content de faire, Aquiescer, consentir. Je suis content de vous céder cette terre, à condition que... à la charge de.... * M. Targe lui done un autre sens, qui est un vrai anglicisme. "Ce Seigneur, craignant le ressentiment de la Chambre, fut content d' avoir lieu de se justifier, Smollet. Nous dirions en français, s' estima heureux de, etc.
   Le Proverbe dit avec raison: Il est heureux, qui est content: il est riche, qui est content. _ On dit de celui, qui est content: il est riche, qui est content. _ On dit de celui, qui s' estime beaucoup, qui a trop bone opinion de lui-même, qu' il est content de soi; content de sa persone; de sa petite persone. Il y a de la gradation dans ces trois expressions; l' une enchérit sur l' aûtre.
   II. CONTENTEMENT, Joie, satisfaction, Plaisir, (synon.) Le contentement, regarde proprement l' intérieur du coeur; c' est un sentiment, qui rend l' âme tranquile: la joie regarde particulièrement la démonstration extérieûre: c' est une expression du coeur, qui agite quelquefois l' esprit; la satisfaction regarde plus les passions; c' est un retour sur le succès, dans lequel on s' aplaudit. Le plaisir regarde principalement le goût: c' est une sensation gracieûse, dont les suites peuvent quelquefois être désagréables. "Il est dificile qu' un homme inquiet et turbulent ait jamais un vrai contentement. Il n' y a que le petit peuple, et les gens d' un esprit borné, qui se livrent à une joie immodérée. La satisfaction ne se trouve guère avec une ambition démusurée. Il est râre de goûter un plaisir pur, et qui ne soit mélé d' aucune amertume. Gir. Synon. Voy. SATISFACTION.
   REM. 1°. Contentement, n' a point de pluriel: On dit à plusieurs, et de plusieurs, votre contentement, leur contentement, et non pas, pour vos contentemens, comme dit Molière. _ L' Acad. le blâme dans Corneille:
   Et que tout se dispose à leurs contentemens.
   2°. On dit, avoir, ou doner contentement sans article: "M. de Lavardin avoit fort demandé le comandement: il prétendoit que cet honeur lui est dû; mais il n' a pas eu contentement. Sév. Il n' a pas obtenu ce qu' il demandait. On pourrait dire aussi, on ne lui a pas doné contentement. _ On dit encôre, ce n' est pas contentement (sans article); c. à. d. cela ne sufit pas, il n' y a pas de quoi être content: "Vous ne me donez que cela; ce n' est pas contentement.
   Le Proverbe dit fort sensément, Contentement passe richesse; la satisfaction de l' esprit et du coeur est le plus grand de tous les biens.
   III. CONTENTER, signifie quelquefois, doner de la satisfaction à.... Cet enfant contente ses parens, ses maîtres, etc. _ Apaiser quelqu' un en lui donant quelque chôse. "Il brouillera toujours, si on ne le contente. = En parlant des chôses, satisfaire l' esprit: Ces raisons contentent, ces preûves ne contentent pas. _ Ou les passions, les sens; cette musique contente les oreilles; ces objets contentent les yeux.
   Se contenter régit de devant les noms et les verbes. "Se contenter d' une honnête médiocrité: d' avoir de quoi vivre honnêtement. = Remarquez que cet infinitif se met quand le verbe régi se raporte au sujet de la phrâse; et que quand il ne s' y raporte pas, on met le subjonctif; Je me suis contenté de le lui dire; je me contente que vous m' en doniez la moitié. _ Dans l' Ann. Litt. On substitûe si, à que. "Il ne faut pas juger sévèrement cette agréable bagatelle, et l' on doit se contenter si le dialogue en est naturel, les vers faciles, et la morale intéressante. Je crois qu' il falait dire: l' on doit être content si, ou encôre mieux, quand le dialogue, etc. ou bien: se contenter que le dialogue soit naturel, etc.
   Se Contenter, signifie quelquefois, en demeurer là, n' en vouloir pas faire davantage. "Contentez-vous de m' avoir trompé une fois. "Vous devriez vous contenter de m' avoir ôté mes biens, sans en vouloir à mon honneur et à ma vie.

CONTENTIEûSEMENT


CONTENTIEûSEMENT, adv. CONTENTIEUX, EûSE, adj. CONTENTION, s. f. [Kontan-ci-eûzeman, ci-eû, ci-eûze, cion, en vers, ci-on: les 2 1res lon. 4e lon. aux 3 1ers, 5e e muet.] Contention, est dispute, débat; Contentieux, dit des chôses, est, ce qui est, ou peut être disputé; dit des persones, qui aime à disputer, à contester. Contentieûsement, avec une grande contention, dispute et débat. "Il y a souvent des contentions entre les gens capricieux et opiniâtres. "Craignons, fuyons les contentions. _ "Droit, bénéfice contentieux, afaire contentieûse. _ Esprit contentieux, humeur contentieûse. _ Il procède toujours contentieûsement.
   Juridiction Contentieûse, se dit sur-tout à l' égard des Évêques, par oposition à la Juridiction gracieûse. _ Dans la 1re, on doit procéder suivant les lois et les formes de la Justice, dans l' aûtre, on acorde, et l' on refuse ou retire des grâces sans formalité, et sans qu' il puisse y avoir lieu à la plainte en Justice.
   CONTENTION a un aûtre sens, que contentieux ne partage pas; grande, extrême aplication d' esprit. Contention, aplication, méditation, sont diférens degrés de l' atention qu' on done aux diférens objets, dont on s' ocupe. L' aplication, est une atention suivie et sérieûse; la méditation, une atention détaillée et réfléchie; la contention, une atention forte et pénible: "le succès de l' aplication dépend d' une raison saine, celui de la méditation, d' une raison pénétrante et exercée, celui de la contention, d' une raison forte et étendûe. Beauzée. Synon.

CONTENU


CONTENU, s. m. [1re lon. 2ee muet.] 1°. Ce qui est renfermé dans quelque chôse. Il se dit sans régime, et dans cette seule phrâse; le contenant est toujours plus grand que le contenu. = 2°. Ce que contient un écrit, un discours. Il se dit toujours avec la prép. de, ou exprimée, ou sous-entendûe. Le contenu de sa lettre, de l' Arrêt. Je vous dirai le contenu, on sous-entend, de ce discours, de cette lettre.

CONTER


CONTER, v. a. [1re lon. 2eé fer.] Narrer, faire un conte, soit vrai, soit fabuleux, soit sérieux, soit plaisant. "Conter une histoire, des fables: conter comme une chôse s' est passée. _ Dans le style familier, il ne signifie quelquefois que, dire: "Que me contez-vous-là? "Que me vient donc conter votre ami, me dit-elle; est-ce que vous songez à moi? Mariv. = En conter à quelqu' un, lui en faire acroire. "Ces aventures d' Égypte sont des contes faits à plaisir, des discours à perte de vue, sans qu' on sache ce qu' Ulysse prétend, si ce n' est d' en conter à son hôte. Rapin. _ En conter à une femme, lui faire la cour. _ Conter des fagots, des sornettes, dire des bagatelles, des chôses frivoles.
   Rem. 1°. Plusieurs, et Le Gendre entre aûtres, mettent conter pour compter. "Jusqu' à quel point on y peut conter.
   2°. Conter, est moins noble que raconter, et celui-ci est préférable dans le discours relevé. "Le Prophête leur conte (raconte) le triomphe du Roi pacifique. Boss. V. NARRER.

CONTESTABLE


CONTESTABLE, adj. CONTESTANT, ANTE, adj. [Kontès-table, tan, tante; 1re lon. 2e è moy. 3e dout. au 1er, long. aux deux aûtres.] Le premier se dit des chôses; qui peut être contesté: le second, se dit des persones qui conteste en justice. "Maxime, opinion contestable; les parties contestantes; et substantivement, les contestans.
   Aussi-tôt qu' à portée il vit les contestans,
   Gripe-minaud, le bon Apôtre,
   Jette des deux côtés la grife en même temps,
   Met les plaideurs d' acord en croquant l' un et l' autre.       La Font.
Rem. Contestable est moins usité que son contraire. Incontestable; et Contestant ne se dit quère qu' au Palais.

CONTESTATION


CONTESTATION, *CONTESTE, s. fém. [Kontèsta-cion, kontèste; 1re lon. 2e è moyen.] Dispute, débat; former une contestation; être en contestation. Ce dernier se dit des persones et des chôses: Ils ont été long-temps en contestation: ce Bénéfice est en contestation. Pour le dernier, on dit mieux, en litige.
   *CONTESTE était aûtrefois en usage. Ménage et l' Auteur des Réflexions le condamnent; mais La Touche prétend qu' on s' en sert encôre en ces phrâses: cela est en conteste; ils sont en conteste sur ce point. Je doute fort de la justesse de cette observation; et que ceux qui se servaient de cette expression du temps de La Touche, soient des autorités à citer et à suivre. _ Conteste ne se trouve, ni dans les Éditions précédentes du Dict. de l' Acad. ni, à plus forte raison, dans la nouvelle. _ Richelet dit qu' il n' est pas d' usage, et cite pourtant Molière, qui s' en est servi.
   La maison à présent, comme savez de reste,
   Au bon Monsieur Tartufe apartient sans conteste.

CONTESTER


CONTESTER, v. a. [Kontèsté, 1re lon. 2e è moy. 3e é fer.] Disputer, débatre quelque chôse soit en Justice, soit aûtrement. Il se dit, ou avec le seul régime direct (l' acusatif.) Il conteste ce testament; ou avec le datif, de la persone, pour 2d régime: "On lui conteste sa qualité, cette terre, cette succession. Caûse qui est contestée; article qui est contesté. = Il se dit aussi neutralement et sans régime; il aime à contester. _ Mde. de Sévigné lui fait régir la prép. à: "Je n' ai point eu l' oraison Funebre de Mr. Fléchier: est-il possible qu' il puisse contester à M. de Tulle (Mascaron.) Sév. Il faudrait dire au moins contester avec; mais il vaut encôre mieux dire le disputer à... Mol. lui fait régir l' acusatif des persones contre l' usage.
   Ah! sur ce que j' ai vu ne me conteste point.
   Il est visible que me est là en régime direct. S' il avait dit, ne me conteste point ce que j' ai vu, me serait au datif, et ce à l' acusatif, et les deux régimes seraient réguliers.

CONTEUR


CONTEUR, EûSE, s. m. et f. [1re lon. 2e lon. au 2d.] Celui ou celle qui fait un conte. Conteur agréable, conteûse ennuyeûse. Il est du style familier, et quand il est sans épithète, il se prend en mauvaise part.
   Pour peu qu' au gré de la troupe charmée
   De quelque esprit l' Histoire soit semée,
   Notre conteur passera pour plaisant.
       Rousseau.
  L' un d' eux étoit de ces conteurs
  Qui n' ont jamais rien vu qu' avec un microscope.
      La Font.
   Conteurs de fagots, (st. prov.) de niaiseries.

CONTEXTURE


CONTEXTURE, s. f. [Kontèks-tûre; 1re et 3e lon. 2e è moy.] Tissu, enchainement des parties. La contextûre des fibres, des muscles; et figurément, la contextûre d' un discours, d' un ouvrage d' esprit. = Ce mot n' est usité que parmi les Savans; et il y aurait du pédantisme à s' en servir devant les Dames ou les Hommes illitérés.

CONTIGU


CONTIGU, ÛE, adj. CONTIGUïTÉ, s. f. [1re lon. 3e lon. au 2d: Kontigu, gû-e, guïté, et non pas ghité.] Contigu est ce qui touche immédiatement une aûtre chôse; contiguïté, l' état de deux chôses qui se touchent. = L' adjectif se dit au pluriel, sans régime, ou au singulier, avec la prép. à: Jardins contigus, maisons, chambres contigûes. La Normandie est contigûe à la Bretagne; mon jardin est contigu au votre. "On l' établit gouverneur des Peuples contigus à cette Province. = Contiguïté se dit, ou avec la prép. de, ou avec leur, pron. possessif. "La contiguïté des Provinces; leur contiguïté.

CONTINENCE


CONTINENCE, s. fém. CONTINENT, ENTE, adj. [Kontinance, nan, nante; 1re et 3e lon. 4e e muet.] La continence est une vertu, qui fait qu' on s' abstient des plaisirs de la chair. Continent, qui a la vertu de continence. "Garder, observer la continence. "Il est fort continent, femme continente. = L' adjectif n' est pas à beaucoup près aussi usité que le substantif, sur-tout au féminin. _ L' Acad. le met sans remarque.

CONTINENT


CONTINENT, s. m. [Kontinan; 1re et 3e lon.] Terme de Géographie. Terre ferme, que la mer n' entoûre pas de tous les côtes. "La Sicile était jointe aûtrefois au continent de l' Italie. "L' Angleterre et l' Écosse ne sont qu' un même continent, dit l' Acad. Je crois que c' est mal s' exprimer, et qu' il faut dire, sont dans la même Île.

CONTINGENCE


CONTINGENCE, s. fém. CONTINGENT, ENTE, adj. [Kon~-tein-jance, jan, jante; les trois premières sont long. 4e e muet.] Contingent, est ce qui est casuel, qui peut arriver ou n' arriver pas: c' est une chôse contingente, sur laquelle il ne faut pas compter: On dit plutôt casuel en ce sens; et contingent est peu usité. L' Acad. le met sans remarque. = Contingence, casualité, la contingence des événemens: il se dit ordinairement avec l' adv. selon. On dit, selon la contingence des afaires, ou des câs, pour dire, selon que les afaires tourneront, selon ce qui arrivera.
   CONTINGENT a une aûtre signification, mais au Palais seulement: portion contingente, part et portion qui peut apartenir à quelqu' un dans un partage. _ On l' emploie dans ce sens, substantivement; et comme substantif~, il est d' un usage plus étendu. La part que chacun doit recevoir, ou doit fournir. "Il lui revient tant de cette succession pour son contingent. "Chaque Prince d' Allemagne contribue un certain contingent, soit en hommes, soit en argent. Il doit fournir tant pour son contingent.

CONTINU


CONTINU, NûE, adj. [1re lon. 3e lon. au 2d.] Il se dit des chôses dont les parties s' entre-tiènent, et ne sont pas divisées les unes des aûtres. Il est aplicable, et à l' étendûe et au temps. Dans la première acception, il ne se dit qu' en Philosophie, quantité, étendûe continûe; parties continûes. Dans la seconde acception, il a le sens de non-interrompu, et il est d' un usage plus commun. Travail continu, étude continûe. Fièvre continûe; bruit continu: dix jours de pluie continûe; dix ans de guerre continûe. Voy. CONTINUEL.
   CONTINU est aussi subst. masc. Les parties du continu; le continu est divisible à l' infini. C' est un terme de Philosophie.

CONTINUATEUR


CONTINUATEUR, s. m. CONTINUATION, s. f. [Kontinu-a-teur, nu-a-cion, en vers, ci-on; 1re lon.] Le premier ne se dit que d' un Auteur qui continue l' ouvrage d' un aûtre. Le P. Fabre est le Continuateur de Fleury. = Continuation se dit, 1°. de l' action de continuer: continuation d' un ouvrage. 2°. De la durée de la chôse continuée: la continuation de la guerre, des troubles. 3°. De la chôse même qui est continuée: la continuation d' une muraille; la continuation de l' Histoire de Fleury est bien inférieûre à l' Ouvrage de l' Auteur.
   Rem. Il ne faut pas confondre continuation avec continuité: celui-ci est pour l' étendûe, celui-là pour la durée. On dit, la continuation d' un travail, d' une action; la continuité d' un espace, d' une grandeur; la continuation d' une même conduite, et la continuité d' un même édifice. GIR. synon. _ Le premier a un sens actif, et se dit de ce qui continûe; le second a un sens passif, et se dit de ce qui est continué.

CONTINûE


CONTINûE, s. fém. [3e longue, 4e e muet.] Durée sans interruption. Suivant le Dict. de Trév. il est en usage dans cette phrase, la continûe l' emporte, pour dire qu' un travail continu vient à bout des chôses les plus dificiles. _ Suivant l' Acad. et l' usage actuel, on ne le dit qu' adverbialement: à la continûe, à la longue. "À~ la continûe, l' eau câve la pierre. "Il travaille dabord avec ardeur, mais à la continûe, il se lasse.

CONTINUEL


CONTINUEL, ELLE, adj. CONTINUELLEMENT, adv. CONTINUEMENT, adv. [Kontinu-èl, èle, èleman, kontinû--man; 1re lon. 4e è moy. aux trois premiers, 5ee muet. _ Dans le Rich. Port. on n' admet la séparation de l' e d' avec l' u dans la prononciation, que dans les vers; mais je doute fort que dans le discours ordinaire, on réunisse ces deux voyelles dans une seule syllabe, et qu' on prononce conti-nuel.] Continuel est ce qui dure sans interruption. Travail continuel, pluie continuelle. _ Jouer, étudier continuellement, sans cesse, toujours. = Continûment, sans interruption. "Il y faut travailler continûment. Depuis six mois j' écris continûment du matin au soir.
   Rem. 1°. Continuel n' est pas synonyme de continu, comme on pourrait aisément le croire. Il peut y avoir de l' interruption dans ce qui est continuel, mais ce qui est continu n' en soufre point. De sorte que le premier de ces mots marque proprement la longueur de la durée, quoique par intervales, et à diverses reprises; et le second marque simplement l' unité de la durée, indépendemment de la longueur, ou de la brièveté du temps que la chôse dûre. Voila pourquoi l' on dit, un jeu continuel, des pluies continuelles, et une fièvre continûe, une basse continûe. GIR. syn.
   Cela revient à ce que dit l' Acad. que continu et continuement difèrent de continuel, continuellement, en ce que les premiers se disent des chôses qui ne sont pas divisées, ou interrompues depuis leur commencement jusqu' à la fin, et que les aûtres se disent aussi de celles qui sont interrompûes, mais qui recommencent souvent et à peu d' intervales. _ Voy. TOUJOURS.
   2°. On doit prononcer continûment, et que on peut l' écrire sans e, avec un accent: l' Acad. en convient, quoiqu' elle écrive continuement.

CONTINUER


CONTINUER, v. act. et neut. CONTINUITÉ, s. f. [Kontinu-é, nu-ité; 1re lon. l' u est bref devant la syll. masc. mais devant l' e muet il est long; je continûe. Au futur et au conditionel, on prononce continûrai, continûrais, et l' on pourrait l' écrire de même. _ Dans le Rich. Port. on dit que dans continuer, comme dans continuel et continuellement, l' u et l' e forment deux syllabes en vers. Il supôse donc qu' en prôse ils n' en forment qu' une, et qu' on prononce continué: j' ai peine à le croire.] I. Continuer, c' est poursuivre ce qu' on a commencé. Il se dit, ou activement, avec le régime simple et direct (l' acusatif); continuer un bâtiment; continuer ses études, un ouvrage; ou avec le datif, pour second régime, dans le sens de prolonger: continuer un bail à un Fermier; on lui a continué sa pension, continuez-lui vos bienfaits. _ En ce sens on lui fait régir aussi des substantifs, employés comme adjectifs: on l' a continué Recteur, Echevin, etc. = Ou bien il est neutre, avec à ou de devant les verbes: on doit préférer l' un à l' aûtre, suivant que l' oreille le demande. Bouh. L. T. "Apollon sourit de la vision de ce Poète, qui vouloit continuer à lui débiter ses extravagances. Quand il vit que persone ne paraissoit, il continua de faire la guerre. _ Si, dans ce dernier exemple, on disait, il continua à faire, etc. la rencontre des deux a ferait une cacophonie. _ V. PERSÉVÉRER.
   Se continuer est un réciproque passif: être continué. "Sous Louis VII, l' ouvrage se continua. Moreau.
   II. CONTINUITÉ a deux sens: il se dit 1°. de l' étendûe; et c' est la liaison des parties du continu; la continuité des parties. En ce sens, on dit, en Médecine, solution de continuité, division qu' une plaie fait dans le corps. 2°. De la Durée. La continuité du travail, des maux. V. CONTINUATION.

CONTORSION


CONTORSION, s. f. [Kontor-sion, en vers, si-on: 1re lon.] 1°. Mouvement violent, qui tord les muscles, les membres d' une persone, Acad. qui tire les membres du corps de leur position naturelle. Trév. "La colique caûse de cruelles contorsions. = 2°. Grimaces et postûres extraordinaires que font certaines persones en parlant avec véhémence: "Orateur qui se démène, et fait de continuelles contorsions. = Il se dit au figuré. "Il arrive rârement qu' un Orateur se tire d' une antithèse à plusieurs membres, sans doner quelque contorsion à la vérité, pour l' ajuster à sa figûre. Port-Royal.

CONTOUR


CONTOUR, s. m. CONTOURNER, v. a. [Kon-tour, tour-né; 1re lon. 3eé fer.] Circuit, tour, circonférence. Le contour d' une colone, d' un dôme, le contour de Paris. _ En Peintûre, ce qui termine une figûre ou ses parties, et leur done le tour qu' elles doivent avoir. Il se dit le plus souvent au pluriel: de beaux contours; des contours hardis, bien entendus.
   CONTOURNER ne se dit guère qu' en Peintûre et Sculptûre, et en Architectûre: marquer une figûre suivant ses divers contours. Contourner une figûre; il aurait falu contourner ce brâs aûtrement. Contourner les feuillages d' une rampe d' escalier. = On dit aussi, figurément, (style famil.) contourner une persone; chercher à pénétrer son secret, ses desseins. "il m' a contourné; je l' ai contourné de toutes les façons, sans pouvoir le pénétrer. MARIN.
   CONTOURNÉ, ÉE, partic. et adj. se prend en mauvaise part. Tâille contournée, qui est de travers.

CONTRACTANT


CONTRACTANT, ANTE, adj. CONTRACTER, v. act. [1re lon. aux deux premiers, é fer. au second.] Contracter, c' est faire un convention, un contrat avec quelqu' un. Contractant, ante, celui ou celle qui contracte. "Contracter un mariage, une obligation. Contracter alliance avec quelqu' un, (sans article). Les parties contractantes; les contractans, un des contractans. "Le Peuple avoit toujours été la partie soufrante, jamais la partie contractante. Moreau.
   I. Rem. l' adjectif ne se dit qu' au plur. et au fém. avec Parties. Substantif, il ne se dit aussi qu' au pluriel et au masc. On ne dit point un contractant, mais un des contractans. "Cette Princesse aprouva un mariage, que l' âge, la naissance et la situation des deux parties contractantes sembloient assortir. Hist. d' Angl.
   II. CONTRACTER, se dit aussi des habitudes et des liaisons; contracter de bones ou mauvaises habitudes; contracter amitié et familiarité avec quelqu' un (sans article); et aussi des devoirs, des obligations: nous avons contracté de grandes obligations avec Dieu, avec la Patrie, etc.
   SE CONTRACTER, v. réc. n' a pas le sens de contracter, actif. C' est un terme de Physique, qui se dit des muscles et des nerfs, qui se racourcissent et se resserrent. "C' est en se contractant que les muscles opèrent le mouvement des parties, des membres du corps animal.

CONTRACTION


CONTRACTION, s. f. [Kontrak-cion, en vers, ci-on; 1re lon.] Il ne se dit qu' en Physique, dans le sens de se contracter. V. l' article précédent; contraction volontaire ou involontaire des nerfs; et en Gramaire, pour signifier la réduction de deux syllabes en une, comme dans Août, paon, faon, Laon, qu' on prononce , pan, fan, Lan.

CONTRACTUEL


CONTRACTUEL, ELLE, adj. [Kon--traktu-èl, èle; 1re lon. 4e è moy.] Qui est stipulé par contrat. "Substitution, institution contractuelle. Elles sont irrévocables, au contraire de celles qui se font par testament, et que le Testateur peut révoquer de son vivant.

CONTRADICTEUR


CONTRADICTEUR, s. m. CONTRADICTION, s. f. [Kontradik-teur, dik-cion, en vers, ci-on; 1re lon.] Contradicteur est celui qui contredit; contradiction est l' action de contredire, de contester, de dire le contraire. "Ce sentiment a beaucoup de contradicteurs: cet avis a été reçu sans contradiction. "Les Grands n' aiment pas la contradiction: "La vertu est exposé, dans le monde, à de grandes contradictions. = Esprit de contradiction, homme qui n' est pas ordinairement de l' avis des aûtres.
   Rem. En Philosophie, on dit qu' il y a contradiction entre deux termes, entre deux propositions, lorsqu' ils sont tellement oposés entr' eux, qu' ils ne peuvent être vrais en même temps. "Entre matiere et pensée, il y a une telle oposition, qu' il y a contradiction entre ces deux termes; matiere qui pense, ou qui peut penser; matiere et être pensant. _ On dit aussi, que ces deux termes impliquent contradiction. = On dit, tomber en contradiction, se contredire. "Il tombe en contradiction avec lui-même. Boss. Cette addition, avec lui-même, était peu nécessaire; car, dans le sens de cette expression, quand on tombe en contradiction, c' est toujours avec soi-même, puisque c' est se contredire.

CONTRADICTOIRE


CONTRADICTOIRE, adj. CONTRADICTOIREMENT, adv. [Kontradik-toâ-re, toâ-reman; 4e lon. 5e e muet.] L' adjectif ne se dit qu' en Philosophie et dans le Droit: l' adverbe n' a pas non plus un usage plus étendu. Deux propositions sont contradictoires, ou contradictoirement oposées; lorsqu' elles renferment des idées directement oposées l' une à l' aûtre, et qui ne peuvent subsister ensemble. _ Une proposition est contradictoire à l' aûtre; ou, la contradictoire de l' aûtre, quand elle afirme ce que l' aûtre nie. Oui et non; tout et rien, sont des termes contradictoires. Jugement, Sentence, Arrêt contradictoire, ou, rendu contradictoirement, est un Jugement rendu, après que toutes les Parties ont été ouies, ou après qu' elles ont produit leurs raisons et leurs défenses.
   Rem. Contradictoire, se dit-il des personnes? Je ne le crois pas. M. Saurin dit de Bayle: "C' étoit un de ces hommes contradictoires, que la plus grande pénétration ne sauroit concilier avec lui-même. _ La réflexion est plus vraie que l' expression n' est régulière.

CONTRAIGNABLE


CONTRAIGNABLE, adj. *CONTRAIGNANT, ANTE, adj. [Kontrègnable, trégnan, nante; 1re lon. 2e e moy.; mouillez le g; 3e dout. au 1er, lon. aux 2 aûtres.] Le 1er se dit des persones. Qui peut être contraint par corps: être mis en prison: "Quand on a accepté une lettre de change, on est contraignable par corps. = Le 2d se dit des chôses; qui contraint, qui gêne. Il est peu usité: quelques Auteurs pourtant l' ont employé. "Les règles de notre Poésie, déjà plus contraignantes que les règles de la Poésie Latine, cherchent encôre, avec le seul secours de l' oreille, la cadence et l' harmonie. Du Bos. "Ce Ministre sent qu' il a besoin sur la terre d' une autorité contraignante. Boss. "Je vous plains, ma très-chère, des compagnies contraignantes que vous avez eues. Sév. _ Contraignant, est peu nécessaire. Nous avons génant, pour le sens que lui donent l' Ab. Du Bos. et Mde de Sévigné, et coactif, pour la signification que lui done Bossuet: mais il serait utile, pour varier l' expression, et même pour lui doner plus d' énergie. L' Acad. ne le met point.

CONTRAINDRE


CONTRAINDRE, v. a. CONTRAINTE, s. f. [Kon-trein-dre, trein-te; 1re et 2e lon. 3e e muet.] Contraindre, je contrains; nous contraignons, etc. J' ai contraint, je contraignis; contraindrai; contraindrois; contrains; que je contraigne; contraignisse; contraignant, contraint, ainte. On mouille le g par-tout où il se trouve.
   CONTRAINDRE, c' est obliger quelqu' un, par violence, ou par quelque considération qui en tient lieu, à faire quelque chôse contre son gré. Contrainte, est l' action de contraindre. I. Contraindre, forcer, violenter. Le dernier de ces mots enchérit sur le second, comme celui-ci sur le premier. _ Ce verbe régit le datif des noms, et de ou à, devant les verbes: on l' a contraint à cela; on l' y a contraint: "La pauvreté l' a contraint de se mettre en service: ils contraignirent les Assiégés à capituler. _ Au passif, on dit, contraint de, plus ordinairement; ils ont été contraints de se rendre. _ Remarquez qu' on ne doit pas employer dans la même phrâse ces deux diférens régimes. Les Poètes mêmes n' ont pas ce droit; et je crois pouvoir reprendre cette licence dans Boileau, qui dit:
   Elle a pour premier point,
   Exigé qu' un époux ne la contraindroit point
   À~ trainer avec elle un pompeux équipage;
   Ni sur-tout, de souffrir, etc.
   En termes de Pratique, c' est obliger par Justice de payer. Il ne se dit alors qu' avec le régime simple et direct (l' acusatif.) Contraindre quelqu' un par saisie, par corps, par voie de Justice. Les Sergens ont été chez lui, pour le contraindre.
   Quelquefois il ne signifie que géner; obliger à quelque sorte de retenûe, qui empêche de faire ce que l' on voudrait: "Je ne prétends pas vous contraindre. Il dit que cela le contraint. = Figurément, serrer, presser, mettre à l' étroit. "Cet habit, cette chaussure, me contraignent si fort, que je ne puis me tenir, ni marcher sans peine. "Vous voulez bâtir dans un endroit où vous serez contraint par la situation. _ La rime contraint la Poésie.
   Se contraindre, se géner: il se contraint devant nous; mais il se dédomage âilleurs. "Ne vous contraignez pas pour moi.
   II. CONTRAINT, AINTE, adj. Géné: il a l' air contraint. Postûre, manières contraintes. Il n' y a rien de contraint dans ses actions. = Serré, mis à l' étroit. Il se dit des persones: il est contraint~ dans son habit, dans ses bottes; et des chôses animées. La mer est contrainte dans ce détroit: la rivière, entre ces deux montagnes. = Figurément, vers contraints, versification contrainte; discours, style contraint. "On reprocha à Tyburg (Peintre) quelques atitudes roides et contraintes.
   Basse contrainte, en Musique, est une basse à laquelle le Compositeur assujétit les aûtres parties, et qui se répète ordinairement de quatre mesûres en quatre mesûres.
   III. CONTRAINTE, est, 1°. La violence qu' on exerce contre quelqu' un, pour lui faire faire quelque chôse malgré lui. "User de contrainte: faire une chôse par contrainte; agir sans contrainte. = 2°. Retenûe que le respect et la considération obligent d' avoir. "Tenir en contrainte; être dans une extrême contrainte. = 3°. Gêne où l' on est, quand on est trop serré par ses habits, etc. "Comment pouvez-vous soufrir cette contrainte? = 4°. Acte en vertu duquel on peut contraindre un homme à payer. Contrainte par saisie de biens, contrainte par corps.
   Rem. Il n' a de pluriel que dans ce dernier sens: il a essuyé plusieurs contraintes. Dans les aûtres acceptions, il se dit toujours au singulier. Cependant le pluriel ne fait point mal dans la phrâse suivante. "Par ses soins, le mariage deviendra si libre, qu' il n' y aura plus à se plaindre de ses contraintes et de ses incomodités. Bossuet.

CONTRAIRE


CONTRAIRE, adj. [Kontrère, 2eè moy. et long, 3e e muet.] 1°. Qui est oposé. Il se dit dans le physique et dans le moral. "Avoir le vent contraire la fortune contraire. "Le froid et le chaud, la vertu et le vice sont contraires. _ Il régit souvent le datif (la prép. à.) "Cela est contraire à la Loi de Dieu, à l' honeur, à la vérité, aux bonnes moeurs. _ Le pluriel suplée à ce régime. Deux arrêts, deux lois, deux passages contraires: on sous-entend l' un à l' aûtre. = 2°. Nuisible. Remède contraire à la poitrine. "Le vin vous est contraire. = 3°. S. m. "Vous m' aviez dit le contraire: cela prouve le contraire; ou, le contraire de ce que vous avez avancé. "La raison humaine est si foible, qu' elle croit également les deux contraires. = Aller au contraire d' une chôse, s' y oposer, ou y contredire. "Quand nous irons au contraire des autres hommes, et que nous nommerons mal ce qu' ils nomment bien, nous nous rencontrerons. Voiture.
   Rem. Contraire, aime à marcher après le nom qu' il modifie. Le contraire choix, comme dit Racine dans Britannicus, a quelque chose de sauvage. D' Olivet. L' Ab. des Fontaines troûve, au contraire, cette transposition agréable, élégante: il ne faut pas disputer des goûts, même en fait de langage. L' Acad. se l' est permise aûtrefois, même dans un ouvrage en prôse, dans les sentimens sur le Cid. "Nous tenons cette Scène (la 3e du IVe Acte), principalement répréhensible, en ce que Chimène y veut déguiser au Roi la passion qu' elle a pour Rodrigue, quoiqu' il n' y eût pas sujet de le faire, et qu' elle eût même témoigné avoir déjà auparavant une contraire intention. _ Il est moins étonant que Brébeuf et Corneille, Poètes déjà anciens, aient usé de cette inversion.
   Et son frere, emporté par un contraire choix,
   Sorti du même sein, va chercher d' autres loix.
       Bréb.
  C' est en contraire sens qu' un songe s' interprète.
      Corn.
Tout cela est dur, même en vers, et serait encôre plus choquant dans la prôse.
   AU CONTRAIRE, adv. Tout aûtrement, d' une manière oposée. Il se met souvent à la tête de la phrâse: "Les hommes de ce pays vivent-ils plus long-temps? Sont-ils plus unis entr' eux? ...Au contraire; ils doivent être jaloux les uns des autres, rongés par une lâche et noire envie, toujours agités par la crainte, par l' ambition, etc. Télém. "Tant s' en faut que cela soit ainsi, qu' au contraire... Acad. Cette dernière phrâse n' est pas du beau style.

CONTRARIANT


CONTRARIANT, ANTE, adj. CONTRARIER, v. a. CONTRARIÉTÉ, s. f. [1re lon. 4e lon. aux 2 1ers, é fer. aux 2 dern. _ Richelet met sans accent le 1er e du substantif: il n' est pas à suivre. _ L' i est bref devant la syll. masc.: il est long devant l' e muet: il contrarie. _ Au futur et au conditionel, on écrit, contrarierai, contrarierois: on pron. contrariré, rirè: il n' est que de 4 syllabes.] Contrarier, c' est contredire; contrariant, qui est d' humeur à contredire: Contrariété, est une oposition entre deux chôses contraires. "Esprit contrariant, humeur contrariante; il est contrariant. "Il contrarie tout le monde, tout ce qu' on dit. Contrariété d' humeur, de dessein, d' opinions, de sentimens, etc.
   I. CONTRARIANT, ne se dit que des persones; et de ce qui y a raport. "Tout le monde se réunissoit, pour vous faire sentir combien un homme aussi contrariant seroit dangereux et incomode. Linguet. "Je serois obligé de le combatre, même dans les chôses que j' aurois dites comme lui; et cela me doneroit un air contrariant, que je voudrois bien pouvoir éviter. J. J. Rousseau.
   À~ la commune voix veut-on qu' il se réduise,
   Et qu' il ne fasse pas éclater en tous lieux
   L' esprit contrariant qu' il a reçu des Cieux.
       Mol.
_ Je crois qu' on pourrait le dire des chôses dans le sens de faisant obstacle. "Le vent est bien contrariant, la pluie bien contrariante, pour le dessein que nous avons formé. _ L' Acad. ne le dit point des chôses.
   II. CONTRARIER, s' emploie quelquefois neutralement et sans régime. "Il aime à contrarier, et il ne veut point être contrarié: il ne fait que contrarier. _ Il se dit aussi~ avec le pron. se: cela se contrarie; vous vous contrariez vous même. = Quelquefois il signifie, faire obstâcle, s' oposer à quelqu' un dans ses desseins, dans ses volontés. Il me contrarie dans tous mes desseins, dans tout ce que je veux entreprendre. Acad. _ On peut dire aussi, il contrarie tous mes desseins, toutes mes volontés. Dans une de ses lettres, une Princesse fait régir à ce verbe la prép. à. "La compagnie qui m' environe m' est insuportable, et je ne la soufre que dans l' espérance de contrarier à tout ce que l' on dira.
   III. CONTRARIÉTÉ, s' emploie aussi dans le sens d' obstâcle, d' empêchement; et en ce sens, on le dit plus ordinairement au pluriel: "Cette afaire a passé, mais après bien des contrariétés. Acad. Les contrariétés dont la vie humaine, dont la vertu est combatûe, traversée.
   CONTRARIÉTÉ, ne se dit que des chôses. M. Linguet l' aplique aux persones. "Je n' ai jamais rien contredit, sans justifier ma contrariété par des titres embarrassans pour les Censeurs. Cet illustre Écrivain n' est pas à imiter en cela. _ Duclos lui done aussi mal-à-propos le sens de variations, démarches contraires et oposées. "Le Roi, voulant tout sacrifier au bien de la paix, passa par-dessus toutes ces contrariétés, ou feignit de les ignorer. Vie de Louis XI.

CONTRASTE


CONTRASTE, s. m. CONTRASTER, v. n. *CONTRASTANT, ANTE, adj. [1re lon. 5e e muet au 1er, é fer. au 2d, lon. aux 2 dern.] Contraste, est une diférence, une oposition, soit entre le caractère des figûres d' un tableau, soit dans leur atitude, soit entre les parties d' une même figûre, soit entre les couleurs. "Contraster, faire un contraste. Ces mots se disent au propre, dans tous les Arts qui ont raport au dessin; et au figuré, des ouvrages d' esprit. "Ce Peintre entend bien le contraste. Il fait bien contraster les têtes, les atitudes. "Ces deux figures contrastent bien ensemble: cette autre ne contraste pas bien avec celle-là. _ Il y a, dans cette Tragédie, un contraste admirable de passions, de caractères, de sentimens. "Ce Poète fait bien contraster ses Personages; les caractères, dans sa Pièce, contrastent bien ensemble. "Dans le Méchant, le caractère de Cléon contraste admirablement bien avec celui d' Ariste. "Le portrait de l' humanité contraste bien, dans ce morceau, avec celui de l' envie.
   I. Rem. * Dans certaine Province, on apèle contraste de temps, une tempête, où les vents se combatent: c' est un gasconisme.
   * Un Auteur moderne lui done le sens de variations: "Il se leva du lit pour signer, et puis il ne signa point pour lors; et puis, malgré mille constrastes, il fit la grande faute (de signer). Anon. Cela ne se dit point. _ Un aûtre Auteur, assez peu estimé, il est vrai, fait contraste adjectif. "Ce sont de ces générosités qui sont trop contrastes aux caractères de ses pareils, pour ne pas les piquer. Il falait du moins dire, qui contrastent trop avec, etc.
   II. L' Acad. fait contraster actif: "Il faut être un habile Peintre, pour contraster les têtes, et leur conserver en même temps l' air naturel. "Le Poète a bien contrasté ses Personages. _ Je crois, sauf meilleur avis, que quand on veut employer ce verbe activement, il faut dire, faire contraster.
   III. *CONTRASTANT, ANTE, adj. verbal, est un néologisme. "Les diverses parties de ce tout, disjointes par leur situation, et contrastantes par leurs lois, leurs coutumes et leurs moeurs, ne furent jamais assez bien cimentées pour former le véritable ensemble d' une Monarchie. Hist. d' Angl. "Une Nation fière, énergique (les Anglois), dont les individus, plus que ceux de tout autre Peuple, donnent, dans leur vie privée, les exemples les plus contrastans avec la dépravation que déshonore leurs Comités. Linguet.
   IV. CONTRASTÉ, ÉE, adj. Des figûres bien contrastées: des caractères bien contrastés.

CONTRAT


CONTRAT, s. m. [1re lon. On ne pron. point le t final. On écrivait aûtrefois contract.] Paction, convention, traité entre deux ou plusieurs persones, et rédigé par écrit, sous l' autorité publique. "Passer un Contrat: ce Contrat a été passé chez tel Notaire. "Les clauses, les conditions, les termes d' un Contrat. = Il se dit, dans une signification plus étendûe, de toute espèce de convention. Contrat verbal; Contrat tacite.

CONTRAVENTION


CONTRAVENTION, s. f. [Kontra--van-cion, en vers, ci-on; 1re et 2e lon.] Infraction, action par laquelle on contrevient à une Loi, à un Arrêt, à un contrat, etc. = Infraction, régit le génitif (la prép. de), et contravention, le datif (la prép. à). "C' est une infraction des Lois; une contravention aux Lois, à l' Arrêt, au Traité, etc. "Il est acusé, il est coupable de contravention aux Ordonnances, etc. Voyez Désobéissance.

CONTRE


CONTRE, prép. [1re lon. 2ee muet. _ Prend-elle l' apostrophe? Je ne le crois pas. L' Abé Prévot dit contr' eux, Mde. de B... Contr' elle. On écrit contre elle, contre eux.] Cette préposition a deux significations principales, fort diférentes l' une de l' aûtre. 1°. Elle sert à marquer oposition: Plaider contre quelqu' un, conspirer contre l' État: ou contrariété: Il a voulu partir, contre mon avis. = 2°. Elle sert à désigner la situation de lieu, ou par proximité: il est logé tout contre l' Église; ou par contiguité: atacher contre la muraille. On dit, dans le Dict. Gram. que, dans ce dernier sens, contre ne se dit point des persones; et qu' il n' y a que le peuple qui dise, il a passé contre moi, pour, auprès de moi. _ L' Acad. le met dans cette acception. "J' étois assis contre lui, j' étois tout contre. Je crois que, auprès est plus sûr.
   CONTRE, s. m. Il faut savoir le pour et le contre, pour juger des chôses. "Il y a dans ce parti du pour et du contre.
   Rem. 1°. On employait aûtrefois contre adverbialement et sans régime. "Ils s' élevoient contre avec force. Bossuet. "Les Auteurs et les Défenseurs de cette secte y sont extraordinairement loués, et les Docteurs Catholiques, qui ont écrit contre, chargés d' injûres. D' Avrigni. Cela ne paraitrait pas régulier aujourd'hui, du moins dans le beau style. Je crois pourtant qu' on peut le dire en conversation. _ L' Acad. done deux exemples de contre, adverbe: "Quand on fit cette proposition, tout le monde s' éleva contre. "Pour moi, je suis contre. _ Cette façon de parler ne passe pas le discours familier.
   2°. Contre, se place ordinairement après le verbe: Il a parlé contre moi; mais il peut se placer devant, et même à la tête de la phrâse. "On ne peut vaincre l' amour qu' en fuyant: contre un tel énemi, le vrai courage consiste à craindre et à fuir, mais à fuir sans délibérer, et sans se doner à soi même le temps de réfléchir. Télém.
   3°. * Par contre, adv. pour, au contraire, est un vrai barbarisme. Un Auteur très-moderne l' a employé. On le dit aussi communément en Provence. _ C' est un vieux mot: Le camp du Roi, par contre, est divisé en factions. Le Chanc. de l' Hôpital.
   4°. CONTRE, entre dans la composition de plusieurs mots. Il est du genre du mot auquel il est associé, Contre-Amiral, contre-coeur, contre-coup, etc. sont du genre masc. Contre-baterie, contre-danse, contre--finesse sont du genre fém. _ Parmi ces mots composés, plusieurs sont séparés de contre par un tiret, d' aûtres ne font avec lui qu' un seul mot, comme: Contrebande, contredire, contrefaire, etc.

CONTRE-ALLÉE


CONTRE-ALLÉE, s. f. [Kontralé-e, 1re et 3e lon.] Allée latérale et parallèle à une allée principale.

CONTRE-AMIRAL


CONTRE-AMIRAL, s. m. [Kontra--miral.] Le 3e Oficier d' une Armée Navale. Il se dit aussi du vaisseau qu' il monte.

CONTREBALANCER


CONTREBALANCER, v. a. Au propre, c' est égaler avec des poids: mais il est peu usité en ce sens. = Au figuré, mettre de la proportion entre deux chôses oposées. "Ses bones qualités contrebalancent ses défauts. "Ses raisons contrebalancent les vôtres.

CONTREBANDE


CONTREBANDE, s. f. CONTREBANDIER, IèRE, s. m. et f. [1re et 3e lon. 2e e muet, 4e e muet au 1er, é fer. au 2d, è moy. et long. au dern., dié, dière.] Contrebande, se dit des marchandises dont on trafique contre les défenses du Souverain. Contrebandier, Contrebandière, celui, ou celle qui fait la contrebande.
   CONTREBANDE s' emploie au figuré dans le style familier. "Je n' osois prendre la liberté de regarder les aûtres, de peur qu' on ne démêlât dans mon peu d' assurance que j' étois une figure de contrebande. Mariv. c. à. d. que je n' étais pas fait pour être en si bonne compagnie. "Votre frère est tout-à-fait dans la dévotion... sa femme entre dans ses sentimens: Je suis la plus méchante, mais pas assez pour être de contrebande. Sév.

CONTRE-BâS


CONTRE-BâS, adv. CONTRE-BâSSE, s. f. [1re et 3e lon. kon-trebâ, bâce.] L' adverbe est un terme de Maçonerie. Il signifie de bâs en haut, comme contre-haut, de haut en bâs. _ Le substantif se dit d' une grosse basse de violon.

CONTREBATERIE


CONTREBATERIE, s. f. [2e, 4e et dern. e muet, pénult. long.] Baterie de canons oposée à une aûtre. _ Au figuré, Moyens oposés à ce qu' on médite contre nous.

CONTRECARRER


CONTRECARRER, v. a. [Kontrekâré; 1re et 3e lon. 2e e muet, dern. é fer.] S' oposer directement à quelqu' un: "Il le contrecârre en toutes chôses.

CONTR' ÉCHANGE


CONTR' ÉCHANGE, s. m. C' est la même chose qu' Echange.

CONTRE-CHâSSIS


CONTRE-CHâSSIS, s. m. [Kontre--châci; 1re et 3e lon. L' â doit porter un acc. circ. 2e e muet.] Châssis de papier ou de verre, que l' on met devant le châssis ordinaire.

CONTRE-COEUR


CONTRE-COEUR, s. m. Plaque de fer, qu' on atache contre le milieu du mur de la cheminée. _ Rem. que l' expression, à contre coeur, n' apartient pas à cet article, et qu' on ne doit pas y mettre un tiret entre contre et coeur.

CONTRE-COUP


CONTRE-COUP, s. m. [Le p ne se prononce pas.] Au propre, répercussion d' un corps sur un aûtre. "La balle a frapé à la murâille, et il a été blessé du contre-coup. = C' est aussi l' impression d' un coup, faite à une partie interne par le coup reçu dans une partie extérieure du corps. Il se dit sur-tout du cerveau: "Il fut blessé au front, et il mourut du contre-coup. "Souvent le contre-coup est plus dangereux que le coup. = Au fig. Suite, éfet, influence qu' ont les évènemens: "Si l' on chasse cet homme-là, le contre-coup reviendra sur vous. "Tous les défauts paroissent croître dans les hautes places, où les moindres chôses ont de grandes conséquences, et où les plus légères faûtes ont de violens contre-coups. Télém. _ On dit, adverbialement, par contre-coup: "Quand un Favori est disgracié, toutes ses créatûres s' en ressentent par contre-coup.

CONTRE-DANSE


CONTRE-DANSE, s. f. Sorte de Danse vive et légère, où plusieurs persones dansent ensemble.

CONTREDIRE


CONTREDIRE, v. a. CONTREDISANT, ANTE, adj. CONTREDIT, s. m. [2ee muet, 3e lon. au 1er, 4e lon. au 2d et 3e.] Contredire, se conjugue comme dire, excepté à la 2de personne du plur. du présent, vous contredisez, et non pas, vous contredites. = Contester, dire le contraire. Contredisant, qui aime à contredire, à contester. Contredit, Réponse que l' on fait contre ce qui a été dit. "Contredire quelqu' un, contredire une proposition. _ Se contredire. "Cet Auteur se contredit en beaucoup d' endroit. "Vous vous contredisez vous-même. "C' est un esprit contredisant, d' une humeur contredisante. "Cela n' a reçu aucun contredit.
   I. Contredire, ne régit ordinairement que l' acusatif. * Corneille lui done pour 2d régime le datif de la persone, apliquant le régime direct (l' acusatif) à la chôse.
   En l' état où je suis, les maux dont je soupire,
   M' ôtent la liberté de te rien contredire.
À~ employer un 2d régime, ce doit être en ou dans pour la chôse. "Il me contredit en tout, dans tout ce que j' avance.
   * Autrefois on employait ce verbe neutralement avec le régime du datif.
   Les Dieux ont prononcé: loin de leur contredire,
   C' est à vous a passer du côte de l' Empire.
       Rac.
"Elles ne contredisent point au témoignage extérieur des Écritures. Boss. _ L' Acad. a dit aussi, dans ses Sentimens sur le Cid, "Ce discours nous paroit contredire à celui que le Poète lui fait tenir maintenant. Leibnitz dit toujours, contredire à... On ne le dit point aujourd'hui. On dirait, loin de les contredire, etc. Elles ne contredisent point le témoignage, etc. Ce discours parait contredire celui, etc.
   Au Palais, Contredire, c' est faire des écritûres, pour détruire les moyens et les raisons dont la partie adverse se sert.
   On dit, en ce sens, les contredits, les écritûres servant de réponses à la production de la partie adverse. Fournir des contredits.
   Sans contredit, adv. Certainement, sans dificulté.
   II. M. Formey emploie contredisant substantivement. "Il eut des adversaires et des contredisans; c' est le sort de tous ceux, qui se distinguent. El. de M. Stahl. _ On dit des contradicteurs. Dans le Rich. Port. on le marque subst. En termes de Palais, celui qui fournit des contredits. L' Acad. ne lui done pas cet emploi, et ne le marque qu' adjectif.

CONTRÉE


CONTRÉE, s. f. [2e lon. é fer.] Certaine étendue de pays. "Ce sont les meilleures terres de la Contrée. _ Il se prend aussi dans une acception plus générale: toutes les contrées de l' Asie.
   Rem. C' est de ce nom que les Anglais apèlent la campagne, la Province; et des Traducteurs ignorans, et qui ne consultent pas même les Dictionaire, ont rendu trop littéralement le mot anglais country. "Le Persan fait plusieurs voyages dans la contrée. Anon. Il falait dire, à la campagne.

CONTREFAÇON


CONTREFAÇON, ou CONTREFACTION, s. f. CONTREFAIRE, v. a. CONTREFAIT, AITE, adj. [Kontrefa-son, fak-cion, fère, , fète: 2ee muet, 3e è moy. aux 3 dern. lon. au 3e.] Contrefaire, c' est imiter quelque persone, quelque chôse; Contrefaçon ou Contrefaction, action de contrefaire.
   I. On dit contrefaire quelqu' un, contrefaire sa voix, son seing, ses gestes. _ Contrefaire des draps, imiter la fabrique d' un aûtre ouvrier. Contrefaire un Livre, le faire imprimer au préjudice d' un Libraire, qui en a le privilège. = Ce verbe se prend en mauvaise part, sur-tout quand on parle de celui qui copie les aûtres, dans le dessein de les tourner en ridicule. "Cette femme se rend odieûse: elle contrefait tout le monde. = 2°. Il signifie aussi, déguiser; "Contrefaire son écritûre, sa voix; se contrefaire, déguiser son caractère. On ne peut pas se contrefaire déguiser son caractère. On ne peut pas se contrefaire long temps. = 3°. C' est enfin, rendre diforme et défiguré. Il a eu des convulsions, qui lui ont contrefait tout le visage.
   II. Contrefaçon et Contrefaction, ne se disent que de la fraude qu' on fait en contrefaisant ou l' impression d' un livre, ou la manufacture d' une étofe, au préjudice de celui qui en a le privilège. Le second ne se dit que des livres.
   Le substantif n' a donc pas, dans sa signification et dans son emploi, autant d' étendue que le verbe contrefaire. On dit, Contrefaire un homme, une femme, mais on ne dit pas, la contrefaçon, ou la contrefaction de cet homme, de cette femme est fort plaisante. On lit, dans le Théâtre des Grecs, au sujet de la parodie. "C' est un passage du sérieux au boufon, par une contrefaçon imperceptible. _ Ce mot n' est point usité en ce sens.
   III. Contrefait, se dit des Livres, draps, étofes, etc. Mais sur-tout on l' emploie dans le dern. sens de contrefaire. Il est tout contrefait, elle a la tâille toute contrefaite, toute gâtée, toute diforme.

CONTREFAISEUR


CONTREFAISEUR, CONTREFACTEUR, s. m. [Contrefe-zeur, fak-teur: 2e e muet, 4e è moy. au 2d.] Ces deux mots ont dans le fond la même signification, mais ils n' ont pas le même emploi. Le 1er se dit de celui qui contrefait les gens; le 2e, de l' Imprimeur, qui contrefait un livre. = Trév. et le Rich. Port. ne mettent que le 1er. L' Acad. ne met ni l' un, ni l' aûtre. Cependant, Contrefaiseur est utile, et Contrefacteur paraît même nécessaire pour exprimer des idées qu' on ne pourrait rendre que par des périphrâses. M. Linguet parle souvent des Contrefacteurs, parce qu' il a beaucoup à s' en plaindre.

CONTRE-FENêTRE


CONTRE-FENêTRE, s. f. Double fenêtre, ou Contre-vent. Trév. Rich. Port. _ L' Acad. ne le met pas.

CONTREFINESSE


CONTREFINESSE, s. f. [Kontrefi--nèce: 1re lon. 2e et dern. e muet, pénult. è moy.] Finesse oposée à une aûtre finesse. User de contrefinesse.

CONTRE-FORCES


*CONTRE-FORCES, s. f. pl. Mot forgé par Raynal. "De-là vient le systême des Contre-forces établi chez tant de Nations. "Le peuple n' a point voulu ataquer la propriété: il a prétendu lui doner des entraves. Ces contre-forces ont presque toujours été mal assises.

CONTRE-FORT


CONTRE-FORT, s. m. Mur contre--boutant, servant d' apui à un mur chargé d' une terrasse, et sujet à la poussée.

CONTRE-FUGUE


CONTRE-FUGUE, s. f. Terme de Musique. Fugue, dont la marche est contraire à celle d' une aûtre fugue qu' on a établie auparavant.

CONTRE-GAGE


CONTRE-GAGE, s. m. CONTREGAGER, v. a. Le substantif a à peu près le sens de gage. Le verbe signifie: Prendre des gages, des suretés de quelqu' un, pour, assurer sa créance. _ Ils sont peu usités. L' Académie ne les met pas.
   Rem. Le Prés. Hénault done un aûtre sens à ce verbe; il lui fait signifier, répondre à quelqu' un sur le même ton, user de représailles, de contre-finesses. "Le Pape avoit fait casser le Concordat, comme trop favorable au Roi. Charles IX, pour contregager le Pape, fit revivre la Pragmatique.

CONTRE-JOUR


CONTRE-JOUR, s. m. L' endroit oposé au grand jour, où le jour ne done pas à plein. On dit que les femmes aiment le contre-jour, autant que les marchands, et pour la même raison. _ À~ contre-jour, adv. "Vous ne sauriez bien juger de ce tableau: vous ne le voyez qu' à contre--jour.

CONTRE-LETTRE


CONTRE-LETTRE, s. f. [2e et dern. e muet, 3e è moy.] Acte secret, par lequel on déroge en tout, ou en partie, à ce qui est porté par un acte public.

CONTRE-MAîTRE


CONTRE-MAîTRE, s. m. Oficier Marinier, qui comande sous le Maître.

CONTREMANDER


CONTREMANDER, v. a. Révoquer l' ordre qu' on a doné. Il régit les persones et les chôses. "On a contremandé cet Oficier: on contremanda le dîner.

CONTRE-MARCHE


CONTRE-MARCHE, s. f. Marche d' une armée contraire à celle qu' elle paraissait vouloir faire.

CONTRE-MARQUE


CONTRE-MARQUE, s. f. CONTRE--MARQUER, v. a. Seconde marque aposée à un balot de marchandises, ou à de la vaisselle d' argent. "Faire une contremarque à ou, Contremarquer la vaisselle, un balot, etc. _ Contre-marque, est aussi un second billet que done le portier d' un spectacle.

CONTRE-MINE


CONTRE-MINE, s. f. CONTREMINER, v. a. La Contre-mine, est une mine faite pour éventer celle de l' énemi. Contreminer, c' est faire des contre mines. _ Ils se disent aussi, des mines pratiquées sous le bastion et les dehors d' une place de guerre, pour faire sauter les énemis, en câs qu' ils viènent à s' y loger. "On avait fait une contre-mine sous chaque bastion. "Tous les dehors de la place avoient été contre-minés.

CONTRE-MONT


CONTRE-MONT, adv. En haut: Gravir contre-mont, monter une montagne~. = On dit aussi, tomber à la renverse, les pieds contre-mont; c. à. d. les pieds en haut, la tête en bâs. Il est vieux en ce sens. = Aler à contremont, se dit encôre d' un bâteau qui remonte la rivière.

CONTRE-MUR


CONTRE-MUR, s. m. Mur que l' on bâtit tout le long d' un aûtre, ou pour le fortifier, ou pour le conserver.

CONTRE-ORDRE


CONTRE-ORDRE, s. m. [Quelques-uns écrivent comme on prononce, contr' ordre; mais ce n' est pas l' ortographe la plus autorisée.] Révocation d' un ordre: il a reçu un contre-ordre: il ne part point.

CONTRE-PESER


CONTRE-PESER, v. a. Il a le même sens, et il est moins usité que Contrebalancer. Voyez ce mot.

CONTRE-PIED


CONTRE-PIED, s. m. Au propre, se dit (à la chasse) des chiens, qui ont pris la voie que la bête a quitée, au lieu de celle qu' elle tient. Au figuré, il signifie ce qui est contraire à.... Il fait le contre pied de ce qu' on lui dit. Il prend le contre pied de ce qu' il faudroit faire. "C' est justement le contrepied de ce que vous disiez. _ Mde de Sévigné dit, aler à contrepied. Cette expression est moins conforme à l' usage. "Il faut aler tout à contrepied de ce qu' on veut lui inspirer, et ce seroit le chemin, s' il y en avoit. _ On dirait mieux, il faut prendre le contre-pied de, etc.

CONTRE-POIDS


CONTRE-POIDS, s. m. [Kontre-poâ; 2e e muet: 1re et dern. lon.] Poids servant à contre-balancer d' aûtres poids. = Il se dit au figuré: "L' atrait du vice a pour contre-poids la peine de l' humiliation, à laquelle l' orgueil répugne.

CONTRE-POIL


CONTRE-POIL, s. m. [1re lon. 2ee muet] Le rebours du poil; le sens contraire à celui dont le poil est rangé. "Vous prenez le contre-poil. Faire la barbe à contre--poil; brosser un chapeau, vergeter un habit, un manteau à contre-poil. = Figurément, (st. famil.) prendre une afaire à contre-poil, dans un sens contraire à celui dont elle doit être prise.

CONTRE-POINTER


CONTRE-POINTER, v. act. Au propre, piquer des deux côtés avec du fil ou de la soie. Contre-pointer du tafetas, une jupe, une couvertûre.
   * Contre-pointe d' un lit serait suivant la raison, mais l' usage est pour Courte-pointe.
   Contre-pointer se dit, figurément, pour contredire, contre-carrer. "Il prend plaisir à le contre-pointer en tout ce qu' il dit. _ Il n' est que du style familier.

CONTRE-POISON


CONTRE-POISON, s. m. Antidote. Remède qui empêche l' éfet du poison. Il se dit au propre et au figuré.

CONTRESCARPE


CONTRESCARPE, s. f. [Kontrès--karpe; 1re lon. 2e è moy.] Pente du mur extérieur du fôssé; celle qui regarde la place.

CONTRE-SCEL


CONTRE-SCEL, s. m. CONTRE-SCELLER, v. a. [Kontre-cèl, célé; 1re lon. 2e e muet; 3e è moy. au premier, é fermé au second.] Petit Sceau aposé à côté du grand. Mettre le contre-scel.

CONTRE-SEING


CONTRE-SEING, s. m. Signatûre de celui qui contre-signe. V. CONTRE-SIGNER.

CONTRE-SENS


CONTRE-SENS, s. m. Sens qu' on done à un mot, contraire à celui qu' il a ordinairement. "Cette traduction est pleine de contre-sens. _ Figurément, en parlant des afaires, en prendre le contre-sens; les prendre dans un aûtre sens qu' elles ne doivent être prises. Voy. contre-poil.
   À~ contre sens adv. On dit faire à contre sens, et parler en contre sens. L' Acad. ne met pas celui ci. Elle dit: Discours à contre sens; dentelle cousûe à contre sens: il a pris cette afaire à contre sens. _ En contre sens me parait vieux; et à contre sens est toujours plus sûr.

CONTR' ESPALIER


CONTR' ESPALIER, s. m. Rangée d' arbres plantés en espalier, vis-à-vis~ d' un espalier, l' allée entre deux.

CONTRE-SIGNER


CONTRE-SIGNER, v. n. Signer en qualité de Secrétaire, au-dessous de celui au nom duquel les lettres sont expédiées. _ C' est aussi mettre sur une adresse le nom d' un Ministre, pour montrer que les paquets ou les lettres viènent de son Bureau.

CONTRE-TEMPS


CONTRE-TEMPS, s. m. Accident inopiné, qui traverse le succès d' une afaire. "Il est arrivé des contre-temps, d' étranges contre-temps dans cette afaire. _ Tomber dans un contre-temps, prendre mal son temps, faire quelque chôse dans un temps peu favorable. _ À~ contre-temps, adv. Mal à propos. "Parler, agir à contre-temps.

CONTRE-TIRER


CONTRE-TIRER, v. a. Il se dit des estampes, des tableaux, d' un plan, d' une carte, etc. Contre-tirer une estampe, c' est sur une estampe fraîchement tirée, en tirer une aûtre. _ Contre-tirer un tableau un plan, etc. c' est les copier trait pour trait par le moyen d' une toile fine, d' un papier huilé, d' un canevâs, etc. qu' on met dessus.

CONTREVALLATION


CONTREVALLATION, s. f. [On pron. les deux ll, sans les mouiller.] Fôssé et retranchement qu' on fait autour d' une place assiégée pour empêcher les sorties de la Garnison. Lignes de contrevallation.

CONTREVENANT


CONTREVENANT, s. m. CONTREVENIR, v. n. [2e et 3e e muet, 4e lon. au 1er.] Le substantif ne se dit qu' au Palais, et presque toujours au pluriel. "À~ peine aux contrevenans, ou contre les contrevenans, contre ceux qui contreviendront aux défenses faites, etc. _ Contrevenir, c' est agir contre quelque Loi, quelque Ordonance, ou quelque obligation qu' on a contractée. Il régit la prép. à: Contrevenir aux Comandemens du Seigneur, aux Lois, aux Ordonances.
   Rem. Plusieurs pensent, et je crois, avec raison, que ce verbe, quoique composé de venir, prend l' auxil. avoir: ils ont contre--venu, et non pas, ils sont contrevenus. L' Acad. met en exemple les deux auxiliaires, n' avoir point contrevenu, n' être point contrevenu.

CONTREVENT


CONTREVENT, s. m. [Kontrevan; 1re et 3e lon. 2e e muet.] Grand volet de bois, qui s' ouvre par le dehors des fenêtres, servant à garantir du vent et de la pluie, quand il est fermé.
   * À~ contrevent, adv. Contre le vent, L' Acad. ne met point cet adverbe: l' Abé Prévot l' a employé. "Ils chassent les Autruches à cheval, en prenant soin de les pousser à contrevent.

CONTRE-VÉRITÉ


CONTRE-VÉRITÉ, s. fém. Ce qu' on dit pour être entendu dans un sens contraire à celui que les paroles portent; comme quand on dit d' un homme fort laid; c' est un joli garçon, un bel homme. _ La contre-vérité a beaucoup de raport avec l' ironie. Au mot Amende, nous disons que Amende honorable se dit par contre-vérité; car elle est déshonorante.

CONTRIBUABLE


CONTRIBUABLE, s. m. CONTRIBUER, v. n. CONTRIBUTION, s. f. [1re lon. pénult. dout. au 1er, dern. é fer. au 2d; tion dans le 3e a le son de cion, en vers, ci-on. _ L' u est bref devant la syll. masc. il est long devant l' e muet: je contribûe, il contribûe, etc. Au futur et au conditionel, on écrit, je contribuerai, je contribuerais; et l' on prononce, contriburai, contriburais.
   Justine, je veux faire
   Le malheureux Léon, successeur de ton père;
   Y contriburas-tu? Prêteras-tu ta main?
       Pulchérie.]
  I. CONTRIBUABLE, celui qui doit contribuer au payement des impositions. On fit une imposition sur tous les contribuables. Il ne se dit qu' au pluriel.
   II. CONTRIBUER, c' est 1°. aider d' une manière ou d' aûtre à l' exécution de quelque dessein, de quelque entreprise; y avoir part. Contribuer à la fortune, à l' avancement de quelqu' un, au gain d' une batâille, au bon succès des afaires, etc.
   Rem. Plusieurs Auteurs ont fait contribuer actif, tantôt avec le seul régime direct, tantôt avec deux régimes, l' acusatif et le datif. "Moyennant quelque argent, que nous contribuons pour cela. Voit. "Il sufisoit d' avoir contribué quelque chôse à la conquête de cette grande âme (M. de Turenne.) Masc. "Ces secours abondans qu' il contribua dans les calamités publiques. Fléchier. "La Province consentit à contribuer douze mille livres pour le recouvrement de ces deux postes. D' Avr. "Il recueille l' argent que chacun contribue pour le présent qui se fait en certains temps aux Gouverneurs. Charlev. "Enfin ces rameaux se répandent dans tous les endroits qui peuvent contribuer quelque chôse pour varier la fermentation ou le mouvement du sang. Mallebr. "Si j' ai contribué quelque chôse à l' agrément de votre style, je croyois travailler pour le plaisir des aûtres, et non pas pour le mien. Sév. Ailleurs Mde. de Sévigné emploie l' ablatif pour 2d régime: "Son goût pour moi me déshonore, je jure de n' y contribuer d' aucune douceur, d' aucune amitié, d' aucune aprobation. C' est là le vrai régime à mon avis, non-seulement quand contribuer signifie concourir, coopérer, comme dans ce dernier exemple, mais encôre quand il signifie Doner comme dans les aûtres. Je voudrais donc dire, contribuer de quelque chôse à, etc. _ L' Académie ne met que de pour 2d régime. "Il y a contribué de ses soins. Contribuer de ses deniers au bâtiment d' une Église. = 2°. contribuer, c' est payer extraordinairement quelque somme pour les nécessités publiques. Toute la Province a contribué pour l' entretien des Gens de Guerre. = 3°. Quand on parle des sommes qu' on paye aux énemis pour se garantir du pillage, il s' emploie absolument et sans régime. "Cette Ville a contribué. "On a fait contribuer tout le Pays.
   III. CONTRIBUTION se dit 1°. d' une levée extraordinaire, faite par autorité publique. Payer tant par forme de contribution. = 2°. Il se dit sur-tout de ce qui se paye en temps de guerre, pour se rédimer des exécutions militaires. Mettre à contribution, ou sous contribution: le premier est le meilleur. Payer les contributions. = 3°. Contribution au sou la livre, c' est, en termes de Pratique, ce que chacun des co héritiers paye à proportion de la part qu' il a à la succession. = 4°. Mettre à contribution se dit d' un compilateur qui ramasse des matériaux çà et là. "On dira que pour composer ce Dictionaire, nous avons mis à contribution tous les Gramairiens et tous les Lexicographes. Si l' ouvrage est utile, nous n' en rougirions pas; mais nous y avons mis beaucoup du nôtre, et un nombre très considérable de Remarques sont le fruit de nos réflexions.

CONTRISTATION


*CONTRISTATION, s. f. Néologisme, ou plutôt barbarisme. "Pour le triomphe de l' Impiété, le déshoneur de la Religion, et la contristation du St. Esprit. Anon. On dit, contrister le St. Esprit, et c' est une expression consacrée; mais on ne dit point la contristation du St. Esprit. Pourquoi ne le dit-on pas? Demandez le à l' usage.

CONTRISTER


CONTRISTER, v. act. CONTRIT, ITE, adj. CONTRITION, s. f. [Kon-tristé, kon--tri, trite, tri-cion, en vers, ci-on: 1er lon. 3e é fer. au 1er, e muet au 3e.] Ces trois mots, dit La Touche, ne se disent qu' en matière de piété. Cela est vrai des deux derniers, et l' Acad. les done pour des termes de Théologie; mais elle met le 1er sans remarque; et les exemples qu' elle done s' étendent au-delà du langage de la Dévotion.
   I. CONTRISTER. Fâcher, doner du chagrin. "Les Enfans mal nés contristent leur père. Il ne faut pas contrister ses amis. _ Être contristé se dit, ou sans régime: "Cette veuve est bien contristée. L. T. ou il régit de et l' infinitif: "On est contristé de voir aux prises les deux plus grands Prélats de l' Église Gallicane. L' Ab. Du Serre-Figon.
   Contrister le St. Esprit est une expression consacrée: c' est retomber dans le péché, après avoir reçu les dons, les grâces du St. Esprit.
   II. CONTRIT; qui a un grand regret de ses péchés. Contrition; regret d' avoir ofensé Dieu. Un coeur contrit et humilié. _ Faire un acte de contrition.
   On dit en plaisantant, être bien contrit, pour bien afligé, bien triste et mortifié, d' une faûte, d' une peine qu' on s' est atirée.

CONTRôLE


CONTRôLE, s. m. CONTRôLER, v. act. CONTRôLEUR, s. masc. [1re et 2e lon. 3e e muet au 1er, e fermé au 2d.] Contrôle est en général un registre qu' on tient pour la vérification d' un rôle, d' un aûtre registre. _ Il se dit en particulier d' un registre double qu' on tient des expéditions, des actes de finance ou de justice, pour en assurer d' avantage la vérité et la conservation. = C' est aussi une marque qu' on met à l' argenterie, qui est au titre de l' Ordonance. = Contrôler, au propre, c' est mettre sur le contrôle. "Contrôler un acte; faire contrôler des exploits; ou marquer l' argenterie, etc. "Il a fait contrôler sa vaisselle. _ On dit adjectivement, quitance contrôlée, exploit contrôlé, etc. = Au figuré, critiquer, censurer: il contrôle tout: il contrôle sur tout. Acad. Dans ce dernier exemple, il est neutre. = Contrôleur, au propre, Oficier dont la charge est de tenir contrôle, ou registre de... _ Contrôleur général des Finances; des Bâtimens; de la Maison du Roi, etc. _ Figurément, censeur malin: "Il fait le contrôleur chez moi: c' est un contrôleur perpétuel; et au fém. une contrôleûse impitoyable.

CONTRôLEMENT


*CONTRôLEMENT, s. m. Vieux mot. Action de contrôler; censûre maligne. "Je sais bien que je m' atirerai des contrôlemens sur moi. Let. de St. Fr. de Sales.

CONTROVERSE


CONTROVERSE, s. f. CONTROVERSÉ, ÉE, adj. CONTROVERSISTE, s. m. [1re lon. 3e ê ouv. 4ee muet au 1er, é fermé aux deux suivans, long au 3e.] I. Controverse est une contestation sur des questions problématiques: mettre en controverse; cela est hors de controverse; passe sans controverse. Il se dit plus particulièrement de la dispute qui se fait sur des points de Foi entre les CatholiqueS et les Hérétiques. Traiter un point de controverse. Étudier la controverse; être savant dans la controverse.
   II. CONTROVERSÉ, se dit de ce qui n' est pas évident, qui est disputé, débatu de part et d' aûtre. C' est un point controversé, une matière controversée dans les Écoles, parmi les Docteurs.
   III. CONTROVERSISTE, Celui qui écrit sur des matière de controverse. Il ne se dit qu' en matière de Religion. Grand, célèbre, habile, zélé controversiste.

CONTROUVER


CONTROUVER, v. a. Inventer une fausseté pour nuire à quelqu' un. "Ce sont des faits qu' on a controuvés pour le perdre.
   Rem. L' ou dans ce mot est bref devant la syll. masc. Il controuvait, il controuva, controuvé, etc. Il est long devant l' e muet: il controûve, controûvera, controûverait, etc.

CONTUMACE


CONTUMACE, s. f. CONTUMACER, v. a. CONTUMAX, adj. La contumace est le refus ou le défaut de répondre, de la part d' un acusé. Contumax est celui qui ne parait point, après avoir été cité en justice. Contumacer c' est introduire la contumace.
   Rem. 1°. Contumace et contumax ne se disent qu' au Criminel: au Civil, on dit, défaut et défaillant.
   2°. Dans certains Ports de la Méditerranée, nommément à Marseille, on done à contumace le sens de quarantaine. "Comme ces maladies sont déjà très violentes, on vient de soumettre la Dalmatie à une contumace de 20 jours. Journ. de Genève. Ce mot est reçu. _ Richelet remarque que quelques-uns disent mal-à-propos, coutumace. Je ne sais s' il y a encôre des persones qui aient besoin d' avis sur cet article.

CONTûS


CONTûS, ÛSE, adj. CONTUSION, s. f. [Kontûs, tû-ze, tu-zion, en vers, zi-on: 1re lon. l' û est aussi long dans les deux premiers.] Meurtri: "muscle contûs; partie du corps contûse. _ Meurtrissûre: "Légère ou horrible contusion. Plaie avec contusion. _ L' adjectif ne se dit qu' en Chirurgie: le substantif est du langage commun.

CONVAINCANT


CONVAINCANT, ANTE, adj. CONVAINCRE, v. a. [Kon-vein-kan, kante, kon-vein-cre: les 2e 1res lon. 3e lon. aussi aux deux 1ers, e muet au 3e.] Convaincre, c' est persuader quelqu' un par des raisons fortes et démonstratives; c' est le réduire à demeurer d' acord d' une vérité qu' il ne pouvait comprendre; d' un fait qu' il niait. Voyez PERSUADER. = Convaincant, qui a la force de convaincre. Argument convaincant, raison convaincante: "Il y a des esprits qu' il n' est pas aisé de convaincre des vérités les plus claires, et par les plus fortes raisons.
   Rem. Un Auteur a employé convaincant substantivement. "L' agréable et le convaincant. Ce sont de ces substantifs qu' on forge des adjectifs, suivant l' ocasion et le besoin.

CONVALESCENCE


CONVALESCENCE, s. f. CONVALESCENT, ENTE, adj. [Convalésance, san, sante; 3e é fer. 4e lon.] La convalescence, est l' état d' une persone qui relève de maladie. Convalescent, est celui qui est dans cet état. "Il, ou, elle est en convalescence: il est encore convalescent; elle est convalescente.

CONVENABLE


CONVENABLE, adj. CONVENABLEMENT, adv. [1re lon. 2e e muet, 3e dout. au 1er, 4e e muet, 5e en a le son d' an. Kon--venableman.] Convenable, propre, sortable, qui convient. Il régit à. _ Convenablement, d' une manière convenable. "Cette manière de vivre est convenable à ma situation: il faut se comporter convenablement à son état.
   CONVENABLE, signifie encôre, proportioné à... La grandeur du crime demande une punition convenable; ou, décent, qui est à propôs. En ce sens, il s' emploie ordinairement avec le verbe être, impersonel; et il régit de, devant l' infinitif, ou que, devant le substantif: "Il n' est pas convenable à un homme sage de faire, etc. Il est convenable que je le fasse, etc. Remarquez qu' on emploie le premier régime, quand convenable régit un nom au datif (ou, par la prép. à), et qu' on met le 2d régime, quand convenable ne régit aucun nom.

CONVENANCE


CONVENANCE, s. f. *CONVENANT, ANTE, adj. [1re et 3e lon. 2e et dern. e muet.] Convenance dit raport et conformité, ou décence et bienséance; convenant, conforme, bienséant, sortable: "Ces choses n' ont point de convenance l' une avec l' autre. Il n' y aurait pas de convenance d' en user de la sorte. "Ce passage est peu convenant (se raporte fort peu) à la justice imputée. Bossuet. "Cette démarche est peu convenante à votre dignité. _ Convenant vieillit: il serait bon à conserver.

CONVENIR


CONVENIR, v. n. Il se conjugue comme Venir. Il prend l' auxil. avoir, quand il signifie agréer, être convenable: "Cette maison lui auroit convenu; et l' auxiliaire être, quand il signifie demeurer d' acord. Ils sont convenus de prendre des Arbitres. _ Un Auteur Gascon (Raynal) fait donc deux gasconismes, quand il dit: "Les deux Peuples qui étoient en guerre, ayant convenu d' une suspension d' armes: "Dès qu' on eut convenu de ce qu' on vouloit, etc. Il falait, étant convenus, dès qu' on fut convenu.
   Rem. 1°. Le Trad. de l' Hist. d' Angl. suposant aparemment convenir actif, l' a employé au passif. "Quoique la trève fût convenûe pour un temps assez long, sa durée fut fort courte. "Les articles de cet acomodement furent aisément convenus. _ Convenir est neutre: on dit, nous sommes convenus de ces conditions entre nous, et non pas ces conditions sont convenûes entre nous. Je dis qu' on ne le dit pas, excepté peut-être les Procureurs et les Notaires.
   2°. CONVENIR, demeurer d' acord, régit de et l' infinitif: "Il est convenu de me payer tant tous les mois: mais convenir, avouer, n' a pas ce régime. "Il (Montaigne) convient d' être paresseux. Il faut dire, convient qu' il est paresseux; et avec la négative, ne convient pas qu' il soit paresseux, en employant le subjonctif. Un Auteur plus récent met l' infinitif sans préposition. "Ces déclamateurs conviènent ne pouvoir énoncer quel mal il résulta de, etc. Il faut, conviènent qu' ils ne peuvent, etc. Voyez AVOUER, n°. 1°.
   3°. Un Auteur moderne substitûe, dans le premier sens, à à de: "Il convinrent à ordoner des levées. Ce régime est choquant. Il faut dire, ils convinrent d' ordoner, etc.
   4°. IL CONVIENT, verbe impersonel, doit être traité comme le verbe impers. il plaît: il faut dire, je le done à celui qu' il me convient (on sous-entend, de le doner,) et non pas, à celui qui me convient. Voy. PLAIRE, impersonel. _ Il convient, régit, ou l' infinitif, avec de, ou le subjonctif, précédé de que; le 1er, quand il est joint à un nom, ou pronom qu' il régit au datif: il lui convient bien de parler; le 2d, quand il n' a pas ce régime des noms: il convenait que vous parlassiez dans cette ocasion.
   5°. Il fut convenu, impersonel, ne régit point les noms. "Il fut aussi convenu du mariage de François, Dauphin, avec Marie, fille de Henri VIII. Hénault. On doit dire, on convint aussi du mariage. _ Il fut convenu, régit la conjonction que et l' indicatif: "Il fut convenu qu' on célébrerait le mariage un tel jour.

CONVENT


*CONVENT, Écrivez et prononcez Couvent. L' étymologie autorisait le premier, Conventus, et Voiture décide que c' est ainsi qu' il faut dire. L' Acad. l' avait décidé de la sorte, dans la première édit. de son Dictionaire. Dans les suivantes, elle se contente de dire que quelques-uns écrivent Couvent. Enfin, dans la dernière, elle ne dit que celui-ci. _ M. De la Monnoie trouvait qu' il y avait lieu d' être étoné que tout le monde, sans exception, prononçant Couvent, d' habiles Professeurs de la Langue aimassent mieux écrire Convent, quoiqu' ils demeurassent d' acord qu' on doit prononcer Couvent. C' était un éfet de la vieille habitude, dont les Savans, plus que les aûtres, ont peine à se défaire. Il n' y en a plus aujourd'hui qui luttent contre l' usage.
   Cependant, quoiqu' on dise Couvent, on écrit et on prononce Conventualité, Conventuel, et non pas, Couventualité, Couventuel.

CONVENTICULE


CONVENTICULE, s. m. [Konvanti--cule; 1re et 2e lon.] Petite assemblée furtive et illicite. Il se prend toujours en mauvaise part.

CONVENTION


CONVENTION, s. f. [Konvan-cion, en vers, ci-on; 1re et 2e lon.] Acord, pacte que deux ou plusieurs persones font ensemble. "Faire une convention; tenir une convention; s' en tenir à la convention, etc. _ On dit, d' un homme dificile et intraitable, qu' il est de dificile convention. C' est du style familier.

CONVENTUALITÉ


CONVENTUALITÉ, s. f. CONVENTUEL, ELLE, adj. CONVENTUELLEMENT, adv. [Konvantu-alité, tu-èl, èle, èleman; 1er et 2e lon. 4eè moy. aux 3 dern. 5e e muet.] La Conventualité, est l' état d' une Maison Religieûse, où l' on vit sous une Règle. Conventuel, qui a raport à la Conventualité, à une Communauté bien réglée. "Messe Conventuelle, assemblée Conventuelle: Prieuré Conventuel, où il y a des Religieux, à la diférence des Prieurés simples, où il n' y en a point. = S. m. Religieux qui a droit de demeurer toujours dans le même Couvent. = Vivre Conventuellement, en Communauté: des Religieux Conventuellement assemblés.

CONVERS


CONVERS, ERSE, adj. [1re lon. 2e ê ouv.] Il ne se dit qu' avec Frère et Soeur. Les Frères Convers, les Soeurs Converses, qui sont employés dans les Maisons Religieuses aux oeuvres serviles du Couvent.

CONVERSABLE


*CONVERSABLE, adj. [1re lon. 2 ê ouv. 3e dout.] Ce mot signifie, avec qui l' on peut converser. Voiture s' en est servi. "Il me semble qu' il n' y a plus dans le monde de personnes conversables, que celles que j' ai vues au dernier voyage que j' ai eu l' honneur de faire avec vous. "Ce que vous me dites, que trois fois le mois vous n' êtes plus conversable, me semble être déjà quelque disposition à cela (à devenir dragon). = L' Auteur des Reflexions le trouvait excellent; mais La Touche croyait, avec raison, qu' il est peu usité. L' Acad. ne le désaprouvait pas d' abord: elle disait seulement, qu' on s' en sert d' ordinaire avec la négative. Elle l' a banni de son Dictionaire, dans les dernières éditions.

CONVERSATION


CONVERSATION, s. f. CONVERSER, v. n. [Konvêrsa-cion, en vers, ci-on, con--vêrsé; 1re lon. 2e ê ouv. 3e é fer.] Conversation, est un entretien familier: converser, c' est s' entretenir familièrement avec quelqu' un. "Entrer en conversation, lier, nouer conversation (sans article): sa conversation fait plaisir: c' est un homme de bonne conversation. Avoir une conversation avec, ou, ensemble: "J' eus une longue conversation avec lui: nous eûmes une longue conversation ensemble. = Converser, a les mêmes régimes. Converser avec les Savans: ils conversèrent long temps ensemble.
   On dit aussi, entamer la conversation, comencer à parler: "Nous avancions sans parler, ce qui venoit, je crois, de ne savoir par où entamer la conversation. Mariv.
   Converser avec les livres, avec les morts; s' apliquer à la lectûre. = Cet homme vit fort retiré, il ne converse avec persone.
   * Un pieux Biographe fait converser actif. "Ste Thérese appuye son témoignage sur la parfaite connoissance qu' elle avoit de ce vénérable Pere, l' ayant conversé si souvent. Vie de St. Jean de la Croix. Dites, ayant conversé si souvent avec lui.

CONVERSIBLE


CONVERSIBLE. Voy. CONVERTIBLE.

CONVERSION


CONVERSION, s. f. [Konvêr-cion, en vers, ci-on; 1re lon. 2e ê ouv.] 1°. Changement, transmutation. La conversion des métaux. = 2°. Simple changement de forme: Conversion d' une rente du cinq au quatre pour cent. Voy. CONVERTISSEMENT. = 3°. Mouvement que l' on fait faire aux troupes. Conversion à droite, à gauche: quart de conversion. 4°. Changement de croyance, de moeurs, de mal en bien. = Dans tous les sens, et sur-tout dans celui-ci, conversion a un sens passif; il se dit de celui qui est converti, et non pas de celui qui convertit: la conversion des infidèles, des hérétiques, des pécheurs. * Un Panégyriste de St. Dominique, après avoir dit qu' il édifia dans sa vie privée, et qu' il convertit dans sa vie publique, l' apèle un prodige d' édification, et un prodige de conversion. Il veut dire, que les conversions qu' il fit tinrent du prodige: mais l' expression dont il s' est servi ferait croire que c' est St. Dominique qui se convertit, et que sa conversion eut quelque chôse de miraculeux.
   CONVERSION, ne se prend qu' en bone part, dans ce dernier sens. Rollin dit (Hist. Anc.): "Les Soldats de Syrie furent les principaux ministres, par le moyen desquels se fit la conversion des Juifs, à la religion du Prince (Antiochus.) Cette conversion était une véritable perversion: la première est du mal au bien, la seconde, du bien au mal.

CONVERTIBLE


CONVERTIBLE, ou *CONVERSIBLE, adj. Le 2d ne se dit plus. Le 1er se dit, en Philosophie, de deux termes qui renferment réciproquement la même idée, comme vivant et animal. _ Il se dit plus ordinairement dans le Commerce, d' un éfet qui peut être changé contre un aûtre. "Un billet convertible en argent.

CONVERTIR


CONVERTIR, v. a. [1re lon. 2eê ouv.] Changer une chôse en une aûtre. "Son estomac convertit tout en bile. "Tout ce qu' il prend se convertit en bile. _ Convertir une obligation en contrat de constitution. "Il est de principe constant, en matière criminelle, qu' on ne peut convertir des Enquêtes en Informations. = En matière de Morale et de Religion, il n' a que le régime direct. "La Prédication des Apôtres a converti toute la terre: se convertir: il s' est converti dans sa dernière maladie. = Dans le discours familier, convertir quelqu' un, le faire changer de résolution: il n' y a pas moyen de le convertir.

CONVERTISSEMENT


CONVERTISSEMENT, s. m. [Convêr--ticeman; 1re lon. 2e ê ouv. 4e e muet.] Il ne se dit qu' en matière d' afaire et d' espèces. Convertissement d' une obligation en contrat de constitution. Il vaut mieux, en ce sens, que conversion.

CONVERTISSEUR


CONVERTISSEUR, s. m. [Konvêrti-ceur, 1re lon. 2e ê ouv.] Celui qui réussit dans la conversion des âmes. On apelait le Cardinal Du Perron, le grand Convertisseur: on l' a dit aussi de Pellisson. Ce mot de Convertisseur fut inventé par d' Aubigné (Théodore Agrippa), qui, le premier le dona au Card. Du Perron. La Beaum.

CONVEXE


CONVEXE, adj. CONVEXITÉ, s. fém. [Konvèkce, vèkcité; 1re lon. 2e è moy.] Convexe, se dit de ce qui est courbé en dedans, comme la surface d' un globe. Convexité, est donc la rondeur extérieure d' un corps. Ils sont opposés à concâve, concavité. _ Miroir convexe; verres (de lunettes) convexes: la convexité d' un globe, d' un miroir ardent.

CONVICE


*CONVICE, s. m. [Vieux mot; latinisme, convicium.] Injûre. "La Harangue fut plutôt une invective ramassée de tous les convices et opprobres, qu' une civile remontrance. Dupleix.

CONVICTION


CONVICTION, s. f. [Konvik-cion, en vers, ci-on.] Preuve évidente d' une vérité, d' un fait, qui fait qu' on est convaincu. "Cette preuve, ce témoignage, produisent une entière conviction. "Avoir une entière conviction, ou, être dans une parfaite conviction des vérités de la Religion.

CONVIER


CONVIER, v. a. CONVIVE, s. m. [1re lon. 2e lon. au 2d, 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Convier, est la même chôse qu' inviter; et il a les mêmes régimes, à devant les noms, et à ou de, devant les verbes: Convier à un festin, aux noces, à une assemblée. On l' a convié à s' y trouver, ou, de s' y trouver.
   CONVIÉ, participe, s' emploie quelque--fois substantivement: il n' étoit pas des conviés, du nombre des conviés. On le dit de ceux, qui sont invités à un festin, à une cérémonie.
   CONVIVE, est celui qui se trouve à un même repâs avec plusieurs aûtres. On le dit ordinairement au pluriel. Tous les convives étoient de belle humeur. = On dit d' un homme agréable à table, que, c' est un bon convive.

CONVOCATION


CONVOCATION, s. f. [Konvoka--cion, en vers, ci-on.] Action de convoquer. "Convocation d' une assemblée, d' un Concile, des États. Ce mot a un sens passif: il se dit de celui qui est convoqué, et non pas de celui qui convoque. On ne doit pas dire, par exemple: la convocation du Pape fut traversée par mille obstacles: on doit dire, la convocation du Concile projetée par le Pape, fut traversée, etc.

CONVOI


CONVOI, s. m. [Kon-voa. 1re lon. 2e dout.] Il se dit, 1°. de l' assemblée, qui acompagne un corps à la sépultûre. "Grand, magnifique convoi. Aler, assister au convoi. = 2°. De plusieurs vaisseaux marchands, alant de compagnie, escortés par un, deux ou plusieurs frégates, ou vaisseaux de guerre. = 3° De quantité de munitions de guerre ou de bouche, qu' on mène dans un camp, ou dans une ville assiégée.

CONVOITABLE


*CONVOITABLE, adj. CONVOITER, v. a. CONVOITEUX, EûSE, adj. CONVOITISE, s. f. [Kon-voa-table, , teû, teû--ze, tîze: 1re lon. 3e dout. au 1er, é fer. au 2e, lon. aux 3 dern.] Les deux adjectifs sont vieux. Le verbe et le substantif se disent encôre. Desirable, Desirer, Desireux, Desir. "État convoitable. "L' Italie, objet perpétuel des prétentions des Empereurs Grecs, étoit de plus, convoitée par nos Rois. Moreau. "Lothaire convoitoit les États de Charles. Id. "Convoiteux de gloire, de richesses, du bien d' autrui.
   Cette part du récit s' adresse aux convoiteux.
       La Font.
"La convoitise des richesses, des honneurs. Regarder quelque chôse d' un oeil de convoitise.
   La convoitise perdit l' un,
   L' aûtre périt par l' avarice.
       La Font.
"On a plusieurs fois amené des Sauvages à Paris, à Londres et dans d' aûtres Villes: on s' est empressé de leur étaler notre luxe, nos richesses, et tous nos arts les plus utiles et les plus curieux. Tout cela n' a jamais excité chez eux qu' une admiration stupide, sans le moindre mouvement de convoitise. J. J. Rousseau.
   Rem. Tous ces mots ont un sens plus énergique, plus fort que, desirable, desirer, etc. Ils seraient donc bons à rétablir et à employer.

CONVOLER


CONVOLER, v. n. Il ne se dit que dans ces phrases: Convoler en secondes, en troisièmes nôces; Convoler à un second mariage. Se marier pour la seconde, pour la troisième fois. = On dit, dans le st. fam., Convoler, tout seul. "Cette veuve est jeune, elle ne tardera pas à convoler.

CONVOQUER


CONVOQUER, v. a. [Konvoké~: 1re lon. 3e é fer.] Faire une assemblée par autorité légitime. Il se dit de plusieurs, et non pas d' un seul. Convoquer un Concile, les États, le Sénat, le Parlement, etc. Un Auteur moderne dit: "Ils écrivent à Benoît XIII, (Pierre de Lune) pour le convoquer au Concile. _ Là, inviter était le mot propre: pour l' inviter à venir au Concile.

CONVOYER


CONVOYER, v. a. [Kon-voa-ié: 1re lon. 3e é fer.] Il ne se dit qu' en termes de Marine; Convoyer des Vaisseaux. Voyez CONVOI, n°. 2°.

CONVULSIF


CONVULSIF, ÎVE, adj. CONVULSION, s. f. [Kon-vul-sif; sîve, sion, en vers, si-on: 1re lon. 3e lon. au 2d.] Convulsion, ou mouvement convulsif, est un moûvement irrégulier et involontaire des muscles, avec secousse et violence. "Tomber, être en convulsion, être sujet à des convulsions. "Pouls convulsif. _ On emploie ces mots au fém. "On lit avec peu d' émotion tous ces Auteurs, qui se donent de sang-froid des convulsions de sentiment. Journal de Mons. "Les mouvemens convulsifs, ou les convulsions de l' éloquence moderne, proûvent la décadence du goût.

COOBLIGÉ


COOBLIGÉ, s. m. [Ko-obligé.] Celui qui est obligé avec un, ou plusieurs aûtres. "Il a été condamné à payer, sauf son recours contre ses coobligés.

COOPÉRATEUR


COOPÉRATEUR, s. m. COOPÉRATION, s. f. COOPÉRER, v. n. [Co-opéra--teur, ra-cion, en vers, ci-on; Ko-opéré; 3eé fer.] Coopérer, c' est opérer conjointement avec quelqu' un: Coopération, est l' action de coopérer: Coopérateur, celui qui coopère. "Coopérer à la conversion de quelqu' un. Coopérer à la grâce, y correspondre, en suivre les moûvemens. "Dieu ne nous saûve que par notre coopération. _ Nous sommes les coopérateurs de la grâce.
   REM. L' Acad. borne l' usage de ces mots, sur-tout des deux substantifs, aux matières de piété. On dit pourtant; un Curé et ses Coopérateurs, ses Vicaires. Je ne puis en venir à bout sans votre coopération. Il faut que vous coopériez à cette bonne oeuvre.

COPARTAGEANT


COPARTAGEANT, ou CO-PARTAGEANT, s. m. [Kopartajan. l' Acad. et le Dict. de Droit mettent le 1er sans tiret: plusieurs Auteurs mettent le 2d avec un tiret. Richelet écrit Copartagent sans a; mais comme on écrit le participe de partager avec un a, partageant, il faut donc mettre aussi cet a dans son composé, copartageant.] Terme de Palais et de Gazettes. Doner à chacun des Copartageans la part qui lui revient. _ L' Abé Royou, parlant du partage de l' autorité, dit: il faut, tôt ou tard, que l' un des Copartageans l' emporte, et que l' état sucombe, déchiré par les factions, les guerres que suscitera cette rivalité. _ C' est ce qui ne peut manquer d' arriver en Angleterre. = Un Journ. le fait adject. fém. "Les Troupes des Puissances Co-partageantes sont toutes en mouvement.

COPEAU


COPEAU, s. m. [Kopo; 1re dout. au sing. lon. au pluriel; Copeaux.] Plusieurs écrivent et prononcent coupeau, et~ celui-ci est plus conforme à l' étymologie; mais l' usage lui est contraire. _ Éclat, morceau de bois, que la hache, la doloire, le rabot, etc. font tomber du bois qu' on abat ou qu' on met en oeuvre. "Gros ou menus copeaux; brûler des copeaux. "Ce Charpentier gâte bien du bois: il fait plus de copeaux que de bone besogne. = On apèle vin de copeau, le vin nouveau qu' on fait passer sur des copeaux.

COPERMUTANS


COPERMUTANS, s. m. pl. Ceux qui permutent ensemble un bénéfice.

COPHTE


COPHTE, ou COPTE, s. m. Le P. Sicard, et plusieurs autres Missionaires, qui ont écrit, sur les lieux, de l' Égypte, écrivent Copte. Les diférentes étymologies qu' ils atribuent à ce mot, prouvent toutes qu' il faut écrire et prononcer Copte. = Dans l' Hist. Univ. traduite de l' Anglais, on dit Cophte. _ L' Acad. dit Copte, ou Cophte; et dans l' exemple qu' elle done, elle dit, la Langue Cophte. Le Richelet Port. au contraire, dit, la Langue Copte. Copte, est le nom que l' on done aux Chrétiens originaires d' Égypte, et qui sont de la Secte des Jacobites ou Eutychiens.

COPIE


COPIE, s. f. COPIER, v. a. [L' i est lon. au 1er, br. au 2d; mais devant l' e muet, il devient long. Je Copie, etc.] Copie, est, 1°. un écrit, qui a été transcrit d' après un aûtre. Faire une copie, doner, prendre, tirer copie de... (sans art.) = 2°. Copie, modèle; le 1er se dit pour la Peintûre, le 2d pour la Sculptûre, pour le relief. "Les Tableaux de Raphaël ont de l' agrément jusque dans les mauvaises copies. Les simples modèles de l' Antique, qui sont au Louvre, n' y figûrent pas moins bien que les Originaux des pièces modernes. Gir. Synon. _ 3°. En fait d' impression, et dans le langage des Imprimeurs, Copie, signifie modèle, original, c' est le manuscrit sur lequel on imprime. Ainsi, l' original s' apèle copie, et les copies multipliées par l' impression, s' apèlent exemplaires. _ Hors delà, modèle est l' original, et copie la ressemblance. = 4°. Copie, se dit figurément (st. fam.) On dit d' un homme, qui ne réussit pas à en imiter un aûtre, qui est excellent en son genre, que "c' est une mauvaise copie d' un fort bon original. _ Et d' un homme singulièrement ridicule, c' est un original sans copie.
   COPIER, Faire une copie. Copier un écrit, un tableau, etc. = Imiter. "Il s' atache à copier ce qu' il y a de meilleur: copier la natûre, un ouvrage d' esprit, les moeurs de son siècle. = Contrefaire: Il a un grand talent pour copier les gens: talent odieux et dangereux.

COPIEûSEMENT


COPIEûSEMENT, adv. COPIEUX, EûSE, adj. [Kopi-eûzeman, , eû-ze. 3e lon. 4e e muet.] Abondamment. Abondant. "Boire, manger, uriner copieûsement: voilà tout l' emploi de cet adverbe. On dit aussi, repas copieux, selle, évacuation copieûse. _ L' Acad. ajoute, homme copieux en paroles; la Langue Grecque est plus copieûse que la Latine. La Touche a dit aussi, en parlant de diverses Langues: l' Allemande est énergique, mais elle est dûre; l' Angloise est copieûse, mais elle n' est pas assez châtiée. _ Il me parait que, dans l' usage actuel, on dit plutôt, abondant en paroles, et Langue abondante, que copieux et copieûse.

COPISTE


COPISTE, s. m. Celui qui copie, en quelque genre que ce soit. On le dit d' un Écrivain, d' un Peintre, etc. au propre, et au figuré. Voyez COPIE, et COPIER.

COPROPRIÉTAIRE


COPROPRIÉTAIRE, s. m. et f. Celui ou celle, qui est propriétaire avec un aûtre, qui possède par indivis une maison, une terre, etc. Lui, et son ou sa Copropriétaire, ou ses Copropriétaires.

COPTE


COPTE. Voyez COPHTE.

COPTER


COPTER, v. act. Faire batre le batant de la cloche seulement d' un côté: Copter la cloche.

COPULATIVE


COPULATIVE, adj. fém. se dit en Gramaire, des particules qui servent à lier les mots, ou les membres des phrâses, les parties du discours: car, mais, etc. et des conjonctions: et, aussi, tant... que, ni, non plus, etc.

COQ


COQ, s. m. [Kok.] Le mâle de la poule. Jeune ou vieux coq; plumes de coq. = On le dit aussi du mâle de la perdrix: "Il ne faut tuer que les coqs. = On dit, proverbialement, rouge comme un coq, de celui qui a le teint fort rouge. _ C' est le coq du Village, ou de la Paroisse; le premier, le principal bourgeois. _ Être comme un coq en pâte, fort à son aise dans un lieu, ayant tout à souhait; ou être dans le lit envelopé d' oreillers et de couvertûres.

COQ-À~-L' ÂNE


COQ-À~-L' ÂNE, s. m. [Au pluriel, coq-à-l' âne, et non pas coq-à-l' ânes, ou aux ânes, ou coqs-à-l' âne. Ce mot n' a pas proprement de pluriel, il est indéclinable. Acad. Monsieur de Vailly dit, des coqs-à-l' âne. V. PLURIEL, n°. 2°.] Discours qui n' a point de suite, de liaison; comme si parlant d' abord d' un coq, on continuait par parler d' un âne, dont il n' était pas question. "Il m' a répondu par un coq-à-l' âne.

COQUE


COQUE, s. f. [Koke 2e e muet.] 1°. Écale d' oeuf ou de noix: manger des oeufs à la coque: "Je n' en donerois pas une coque de noix. = 2°. Envelope où se renferme le ver-à-soie. "Il commence à faire sa coque. = On dit, proverbialement, d' un jeune homme, qu' il ne fait que de sortir de la coque, ou de sa coquille: allusion aux petits poulets qui viènent de naître. "Aurait-on été assez cruel à Paris, pour ne vous avoir point envoyé ce petit couplet sur M. de Dreux. _ Il est extrêmement joli: il sortait de sa coque le jour que je sortois de Paris. Sév. C' est là du figuré sur le figuré. Et c' est ce qu' on admire dans beaucoup d' endroits des Lettres de Mde. de Sévigné.

COQUELICOT


COQUELICOT, s. m. [Kokeliko: 2ee muet. Trév. met aussi coquelicoc et coquelicoq; Richelet, coquelicot ou coquelicoq: il n' y a que le 1er qui soit de l' usage actuel.] Espèce de pavot. Il y a le simple, qui vient naturellement, et le double, qu' on cultive dans les jardins: le simple est rouge; le double devient de diférentes couleurs. Sirop de coquelicot.

COQUELUCHE


COQUELUCHE, s. f. [2e et dern. e muet.] Au propre, capuchon: il est vieux. _ Au figuré, 1°. Rhume épidémique. _ Rhume qui caûse des toux violentes. Acad. Toux violente, qu' on apèle autrement quinte. Rich. Port. Cette dernière définition n' est pas exacte. La quinte est l' accès de la coqueluche, de cette toux; mais ce n' est pas la toux elle-même. = 2°. On dit d' une persone qui est fort en vogue, qu' il est la coqueluche de la Cour, de la Ville, d' un quartier, d' une société; que tout le monde en est coifé: allusion à la coqueluche, dont on se coifait aûtrefois. "Lorsque vous étiez la coqueluche de certaines femmes, qui ne juroient que par vous. La Bruy.

COQUELUCHON


COQUELUCHON, s. m. [Kokeluchon; 2ee muet.] Capuchon. Il ne se dit qu' en plaisantant: "Il y a bien de la malice sous ce coqueluchon là.

COQUEMAR


COQUEMAR, s. m. [Kokemar, 2ee muet.] Vâse de terre ou de métal, ayant une anse; propre à faire chaufer ou bouillir de l' eau, et à d' aûtres usages.

COQUESIGRûE


COQUESIGRûE, s. f. [Kokcigrûe; le 1er e muet ne se prononce pas, 4e lon. _ Ménage écrit coquecigrue. Richelet met l' un et l' aûtre: l' Acad. ne met que le 1er.] Au propre, c' est un oiseau aquatique, qu' on dit avoir enseigné aux hommes à se doner des lavemens. = Au figuré, contes en l' air, chôses frivoles ou chimériques. "Mon fils veut amener Corbinelli... c' est une chôse fort en l' air; mais si cela est, nous vous manderons bien des coquesigrues. SÉV. "Il nous vient conter des coquesigrues; il veut nous repaître de coquesigrues.

COQUET


COQUET, ETTE, adj. et subst. COQUETER, v. n. COQUETTERIE, s. f. [Kokè, kète, koketé, kèterie: 2e è moyen, excepté au 3e où il est muet: pénult. long. au dern. _ Richelet écrit coquetter: il ne croyait donc pas l' e muet: il l' est pourtant: il ne faut donc mettre qu' un t. Devant l' e muet, l' e devient moyen, et l' on met deux tt: elle coquette et coquettera.] Coquet se dit de celui qui fait le galant, qui cherche à plaire à plusieurs persones. Coqueter, c' est être ou faire le coquet, la coquette. Coquetterie est l' afèterie d' une persone coquette. "Homme coquet, femme coquette, esprit coquet; manières coquettes. _ Et substantivement~. "C' est un coquet, une vraie coquette. Elle ne fait que coqueter; elle coquette tout le jour. _ Dire, faire des coquèteries: il y a bien de la coquetterie dans tout ce qu' elle dit, dans tout ce qu' elle fait. Ces trois mots se disent sur-tout des femmes. = Il se disent, au figuré, des Auteurs et des ouvrages d' esprit. L' Ab. Sabatier, parlant des Prédicateurs modernes, dit: "C' est le plus souvent une afectation d' esprit, une afetterie de langage, une coquetterie d' expressions, qui dégraderoient les matières qu' ils traitent, si les Grands Maîtres ne les avoient mises à l' abri du tort qu' ils pourroient leur faire. Art. Bourdalouë.

COQUETIER


COQUETIER, s. m. [Koke-tié, 2ee muet, 3e é fer.] Richelet met coquetier, pour signifier un petit vâse d' étain ou d' argent, où l' on met un oeuf pour le manger à la coque; et coquettier, en~ parlant d' un Marchand d' oeufs. _ L' Acad. met coquetier avec un seul t dans les deux sens.

COQUILLAGE


COQUILLAGE, s. m. COQUILLE, s. f. COQUILLIER; s. m. [Koki-glia-je, koki--glie, kiglié; mouillez les ll; dern. e muet aux deux premiers, é fer. au 3e.] Coquillage est un terme collectif pour exprimer en général les petits poissons à coquilles. "Cette côte est pleine de coquillages: vivre de coquillage, etc. = Amâs de coquilles: grote de coquillage. = Il signifie quelquefois l' espèce d' une coquille. Coquillage doré, marqueté, etc.
   II. Coquille est la coque des limaçons et des poissons apelés testacées par les naturalistes, comme moules, cames, limas de mer, etc. coquilles univalves, bivalves, multivalves, coquilles de terre, ou d' eau douce, ou de mer. = Ouvrage fait en coquille, etc.
   On dit, proverbialement, rentrer dans sa coquille, baisser le ton, caler voiles, se taire, devenir modeste, quand quelqu' un a rabaissé notre caquet. V. COQUE.
   COQUILLES se dit au pluriel, de toute sorte de marchandises, dans cette phrâse vulgaire, vendre bien ses coquilles. V. VENDRE. _ On dit, proverbialement, à quelqu' un qui veut nous en faire acroire, à qui vendez-vous vos coquilles; portez vos coquilles à d' aûtres, ou âilleurs: c' est vendre des coquilles à ceux qui viènent de St. Michel.
   III. COQUILLIER, collection de coquilles, ou, le lieu où on les assemble. "Il a un beau coquillier: "Ce coquillier n' est pas assez grand pour y mettre toutes ses coquilles.

COQUIN


COQUIN, INE, s. m. et f. COQUINERIE, s. f. [Ko-kein, kine, kinerie; 3e e muet, 4e l.] Termes d' injûre et de mépris, comme fripon, maraud; un coquin, une coquine; un tour de coquin; ou lâche, infâme; on l' a traité comme un coquin; il a fui comme un coquin; c' est un grand, un infâme coquin. _ Une coquine, une femme de mauvaise vie. = On dit, adjectivement, (st. fam.) métier coquin, vie coquine, métier de fainéant; vie douce, molle et fainéante, à laquelle on s' acoutume, on s' acoquine.
   COQUINERIE, action de coquin: c' est une coquinerie.

COQUINAILLE


*COQUINAILLE, s. f. Troupe de coquins. Richelet. Ce mot n' est bon que pour le burlesque.

COQUINER


*COQUINER, v. n. Dict. de Pomey. On le trouve aussi dans le Dict. de Trév. On n' y dit pas si ce mot est français ou non. _ Il est vieux, dit le Rich. Port. L' Acad. ne le met pas.

COR


COR, s. m. Sorte de durillon qui vient aux pieds. Avoir un cor, ou des cors aux pieds. Couper, arracher les cors.
   COR, s. m. Trompe de chasse. Cor d' airain, cor d' argent, cor de chasse. Soner ou doner du cor.
   À~ COR ET À~ CRI, adv. Au propre, chasser à cor et à cri, avec grand bruit. = Au figuré, vouloir, demander, poursuivre à cor et à cri, avec ardeur, avec instance, à toute force. "On demandait à cor et à cri à voir l' original italien. Tart. Epist.

CORAIL


CORAIL, s. m. *CORALLIN, INE, adj. [Mouillez l' l finale au 1er; Korail, l' a et l' i s' y font sentir: ai n' y a pas le son d' e: au pluriel, coraux. _ Trév. met corail ou coral. L' Acad. les disait tous deux indiféremment: elle a retranché le dernier dans la nouvelle édit. Kora-lein, line.] Le corail est une sorte d' arbrisseau qui croit dans la mer, et qui devient dur et pierreux en sortant de l' eau. Telle était du moins l' anciène opinion. Mais M. Peyssonel, Médecin de Marseille, (le Père de l' Auteur des Numéros) et habile naturaliste, a démontré que le corail est la ruche que se forment certains insectes, et que la matière est du genre de celle des coquilles. "Corail rouge, ou blanc, ou noir. "Branche de corail, chapelet de corail. = Comme le corail est ordinairement rouge, on dit rouge comme corail. _ * Autrefois on disait, en Poésie, bouche coralline, lèvres corallines. C' est du vieux style.

CORBEAU


CORBEAU, s. m. [Korbo, 2e dout. au sing. lon. au plur. corbeaux; on a écrit aûtrefois courbeau.] Grôs oiseau, d' un plumage noir, qui vit ordinairement de charogne. "Noir comme un corbeau: croassement des corbeaux. "Être la pâture des corbeaux. = Figurement, en temps de contagion, on apèle corbeaux ceux qui enlèvent les pestiférés, ou pour les porter à l' Hôpital, ou pour les enterrer.
   CORBEAU (Architectûre.) Pierre ou pièce de bois mise en saillie pour soutenir une poûtre. _ Corbeau de fer, qui sert à soutenir une pièce de bois sur laquelle portent les solives.

CORBEILLE


CORBEILLE, s. f. [Korbè-glie, 2eè moyen, mouillez les ll, 3e e muet.] Panier fait ordinairement d' osier. Corbeille de fleurs, de fruits, etc. _ La corbeille, les bijoux, que le futur époux envoie à la persone qu' il doit épouser.

CORBILLARD


CORBILLARD, s. masc. [Korbi-gliar, mouillez les ll.] Grand carrosse à huit places. On ne se sert guères de ce mot que pour le convoi ou enterrement des Princes et des Grands Seigneurs. MARIN. _ L' Acad. le dit des carrosses dont on se sert chez les Princes pour voiturer les gens de leur suite.

CORBILLON


CORBILLON, s. m. [Korbi-glion; mouillez les ll.] Petite corbeille. "Corbillon du pain bénit; corbillon d' oublies. = Le Proverbe dit: Changement de corbillon, apétit de pain bénit; la nouveauté est un ragoût: elle réveille les désirs. "J' aprouve fort tous vos dînés aux fontaines diférentes: les changemens de corbillon sont admirables. Sév.

CORBIN


CORBIN, s. m. [Korbein.] Il a signifié aûtrefois corbeau: il n' est plus usité que dans bec de corbin; pomme de canne, dont un des bouts est recourbé. Acad. Je crois qu' on dit bec à corbin. "Un nez à bec à corbin. MARIN.

CORDAGE


CORDAGE, s. m. CORDE, s. f. Le 1er est un nom collectif, qui exprime toutes les cordes qui servent à la mâtûre d' un vaisseau. "Grôs, ou menu cordage. Avoir des cordages de rechange. Le canon dona dans les cordages, coupa les cordages.
   CORDE est 1°. Tortis fait de chanvre ou d' aûtres matières flexibles. "Filer, tordre une corde. "Lier atacher, serrer avec une corde. "Corde à puits, la corde du puits. "Pont de corde, soulier de corde: les cordes des cloches, etc. etc. = 2°. Il se prend pour le suplice de la potence. Cela mérite la corde; il a échapé la corde, ou il est échapé de la corde. = 3°. Il se dit de plusieurs instrumens de musique, comme violon, viole, basse, guitarre, etc. Corde de boyau, de métal, etc. = 4°. Certaine quantité de bois à brûler. Cent cordes de bois; bois de corde. = 5°. Le fil dont un drap est tissu. Drap qui a la corde bien fine, bien grosse, etc.
   On dit, proverbialement, d' un habit usé, qu' il montre la corde. Mde de Sévigné aplique plaisamment cette expression familière. "Vos soins sont usés, on voit la corde. "C' est un homme qui est de mise un quart-d' heure de suite, qui, le moment d' après, baisse, perd le peu de lustre qu' un peu de mémoire lui donnoit, et montre la corde. _ On dit aussi des gens heureux au jeu, qu' ils ont de la corde de pendu: "Je dirois volontiers sur cet Abé, comme les Laquais, qu' il a de la corde de pendu. SÉV. _ Trainer ou filer sa corde, mener une vie de fripon, et être à la veille d' être pris et d' être pendu. _ Se racheter de la corde, corrompre ses Juges. _ Friser la corde, risquer d' être pendu. Il se dit aussi figurément des propositions qui sentent l' erreur, la mauvaise foi. "Sans J. C. tout est défectueux dans nos actions: voilà qui frise la corde. Anon. c. à. d. qui ressemble fort à une proposition condamnée. _ Gens de sac et de corde: coquins, fripons, qui méritent d' être noyés ou pendus. Venir la corde au cou, se soumettre sans aucune condition. _ Mettre la corde au cou à quelqu' un, être caûse de sa ruine. _ On dit, d' une afaire dangereûse, le fouet et la corde sont dehors, il n' y a point à craindre de peine aflictive. Voyez PENDU.
   Pour dire, qu' il ne faut pas parler d' une chôse, on dit, qu' il ne faut pas toucher cette corde: l' expression est familière, et peu digne du style de l' Histoire. "Le Duc l' interrompit pour lui dire, qu' il ne falloit pas toucher cette corde. Marsolier. _ Toucher la grosse corde, parler de ce qu' il y a de principal et de plus essentiel dans une afaire. _ On dit, d' un homme, qu' il danse sur la corde, quand il est dans une afaire périlleûse. Allusion aux Danseurs de corde. _ Voy. ARC.

CORDELER


CORDELER, v. a. Tresser en forme de corde. Cordeler des cheveux.

CORDELETTE


CORDELETTE, s. f. CORDELIER, s. m. CORDELIèRE, s. f. [2e e muet, 3e è moy. au 1er, é fer. au 2d, è moy. et long au 3e. Kordelète, lié, lière.] Cordelette, petite corde. Cordelier, Frère Mineur de St François. Cordelière, corde à plusieurs noeuds, comme est celle dont les Cordeliers ceignent leurs robes. _ Ornement d' Architectûre.

CORDELLE


CORDELLE, s. f. [Kordèle, 2eè moy. 3e e muet.] Cordeau, petite corde. On ne le dit plus au propre. Il ne se dit plus qu' au figuré-familier: c' est un homme de sa cordelle, de son parti, de sa cabale. Atirer à sa cordelle, à son parti.

CORDER


CORDER, v. a. Faire de la corde. Corder du chanvre. _ Corder du tabac, le mettre en corde, en roulant et tordant les feuilles. _ Corder du bois, le mesurer à la corde. _ Se corder, se dit des râves, lorsque la saison comence à s' en passer, et qu' il se forme en dedans une espèce de corde. "Les raves comencent à se corder.

CORDÉ


CORDÉ, ÉE, adj. Corde bien cordée. Voie de bois mal cordée. Raves cordées.

CORDERIE


CORDERIE, s. f. [2e et dern. e muet; 3e lon.] Lieu où l' on fait de la corde. Corderie couverte, ou découverte. Longue Corderie.

CORDIAL


CORDIAL, ALE, adj. CORDIALEMENT, adv. CORDIALITÉ, s. f. [Kordi-al, ale, aleman, alité; 4e e muet au 2d et au 3e.] L' adj. se dit au propre: Qui est bon pour fortifier le coeur. "Breuvage cordial, potion cordiale; et au figuré, qui est plein d' afection, qui procède du fond du coeur: "Amour cordial, afection cordiale, ami cordial, homme franc et cordial. _ L' adv. et le subst. ne se disent point au propre. On ne dit point, la cordialité d' une potion, ni qu' elle a agi cordialement. On ne le dit qu' au figuré, d' une afection tendre et sincère: "Je vous parle cordialement et en ami: Parler, procéder avec cordialité.
   Rem. Ces trois mots sont anciens dans la Langue, mais ils étaient devenus surannés. La Touche observe, au comencement de ce siècle, comme une chôse digne de remarque, qu' on peut s' en servir quelquefois, pour exprimer la franchise et la sincérité du coeur; et que l' Acad. les aprouve tous. _ Mde de Sévigné n' aimait pas l' adverbe cordialement: "Je vous embrasse très-tendrement et très-cordialement: c' est un mot de ma grand' mère (Ste de Chantal.)

CORDIER


CORDIER, s. m. [Kor-dié; 2eé fer.] Artisan dont le métier est de faire des cordes.

CORDON


CORDON, s. m. 1°. Une des petites cordes dont une plus grosse est composée: Corde à trois cordons. = 2°. Très-petite corde faite de fil de coton, ou de soie. = 3°. Ce qui sert à serrer la forme d' un chapeau, et quelquefois seulement à l' orner. = 4° Petite cordelette bénite que portent ceux qui sont de certaines Confréries. 5°. Rang de pierres en saillie, qui règne tout autour d' une murâille. 6°. Le petit bord façoné, qui est autour d' une pièce de monnoie. _ 7°. En termes de Guerre, suite de postes garnis de troupes, qui sont à portée de se doner la main.
   CORDON-BLEU, se dit non-seulement du ruban moiré et bleu que portent les Chevaliers de l' Ordre du St. Esprit, mais des Chevaliers eux-mêmes. Il porte le cordon bleu; il est Cordon-Bleu; ou, c' est un Cordon-Bleu.
   On dit proverbialement, tenir les cordons de la bourse, avoir l' administration de l' argent. _ Tenir quelqu' un par les cordons, le mener comme un enfant.

CORDONNER


CORDONNER, ou CORDONER, v. a. CORDONET, s. m. [Kordoné, ; 3e é fer. au 1er, è moy. au 2d.] Cordoner, c' est tortiller en manière de cordon: Cordoner de la filasse; cordoner les cheveux. _ Cordonet, petit cordon pour atacher ou enfiler quelque chôse. "Paquet, botte de cordonet; du cordonet pour enfiler des chapelets.

CORDONNERIE


CORDONNERIE, ou CORDONERIE, s. f. CORDONIER, s. m. [3e e muet au 1er, é fer. au 2d; 4e lon. au 1er.] Cordonerie, est le métier de cordonier. "Passé maître en cordonerie; et le lieu où l' on vend des souliers, des bottes: acheter des souliers à la Cordonerie. = Cordonier, artisan qui fait des souliers, pantoufles, bottes, etc. Cordonier pour homme; Cordonier pour femme. _ "Croyez-vous, dit Voiture à Costar, que Cordonnier viène de ce qu' ils donnent des cors? Je le fis l' autre jour accroire à un bien honnête-homme. L' Auteur de l' Hexameron Rustique, cité par Le Gendre, le dit sérieûsement: "Les Cordonniers, ainsi nommés des cors qu' ils donnent aux piés, ont choisi pour leur Patron, St. Crépin, à Crepidis. _ Ces deux étymologies sont fausses, et sur-tout la dernière; car les Cordoniers n' ont choisi les SS. Crepin et Crepinien, Apôtres et Martyrs à Soissons, pour Patrons, que parce qu' ils s' ocupaient à faire des chaussûres, comme les faiseurs de tentes pourraient prendre pour Patron l' Apôtre St. Paul.
   Le proverbe dit, que les Cordoniers sont les plus mal chaussés, c. à. d., que ceux qui travaillent pour autrui, s' oublient et se négligent souvent eux-mêmes.

CORIACE


CORIACE, adj. Qui est dur comme du cuir. Cette viande est coriace. = Figurément, c' est un homme coriace, il est coriace; il est dur, dificile; l' on a de la peine à en tirer quelque chôse.

CORIANDRE


CORIANDRE, ou CORIANDE, s. fém. [Richelet les met tous deux. La Touche se contente de dire que le 1er est le meilleur: le 2d n' est point dans le Dict. de l' Acad. ni dans le Rich. Port.] Plante dont la semence sent la punaise, quand elle est fraîche, et devient très-agréable au goût, quand elle est sèche. "Dragées de coriandre. "On dit que la coriandre est bone pour la digestion.

CORLIEU


CORLIEU, ou CORLIS. Voy. COURLIS, ou COURLIEU.

CORME


CORME, ou SORBE, s. m. CORMIER, s. m. [2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Le corme est un fruit très-acide, en forme de petite poire. Cormier, est le nom de l' arbre qui porte des cormes.

CORMORAN


CORMORAN, s. m. Oiseau aquatique, qui a le cou fort long et les jambes fort haûtes, et qui vit ordinairement de poisson.

CORNALINE


CORNALINE, s. f. Pierre précieûse, rouge et peu transparente. "Cachet de cornaline. _ Il y a des cornalines d' aûtres couleurs.

CORNE


CORNE, s. f. [2e e muet.] Partie dûre, qui sort de la tête de quelques animaux, et qui leur sert de défense et d' ornement. _ On apèle aussi corne, la partie dûre qui est au pied du cheval, du mulet, de l' âne, etc. En ce sens, il ne se dit qu' au singulier. Ce cheval a la corne bone, ou mauvaise; dûre, ou molle, sujette à s' éclater, etc. = Au pluriel, on le dit de certaines pointes que les limaçons, quelques insectes, et quelques serpens, portent sur la tête. Les limaçons montrent, ou resserrent leurs cornes.
   On dit, en style proverbial, d' un homme surpris d' un évènement auquel il ne s' atendait pas, qu' il en est aussi étoné que si les cornes lui étaient venues à la tête. _ On dit aussi, entendre de corne, c. à. d., tout de travers. _ On dit encôre, d' une chôse très-dûre, c' est de la corne, aussi dur que de la corne. _ Faire les cornes à quelqu' un; faire, par dérision, avec deux doigts, un signe, qui représente les cornes. _ Montrer les cornes, se mettre en état de se défendre. = Le proverbe dit: On prend les hommes par les paroles, et les bêtes, par les cornes. _ Corne d' abondance, attribut de Cérès. V. TROMPER.

CORNÉE


CORNÉE, s. f. [2e é fer. et long, 3e e muet.] Pierre de la natûre du jaspe _ 2°. La première des tuniques de l' oeil.

CORNEILLE


CORNEILLE, s. f. [Korné-glie; 2eè moy.; mouillez les ll: 3e e muet.] Oiseau noir comme un corbeau, mais de moindre grosseur.

CORNEMENT


*CORNEMENT, s. m. CORNER, v. n. [Korneman, korné; 2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Corner, c' est, 1°. Soner d' un cornet, ou d' une corne. "Le Vacher a corné de grand matin: j' ai entendu corner dans le bois. _ On le dit, par dérision, de celui qui sone mal du cor: "Il ne fait que corner. _ 2°. Parler dans un cornet, pour se faire entendre à un sourd. 3°. V. act. Publier, en parlant de nouvelle: Il a corné cette nouvelle par toute la Ville. Il est du style famil. et critiq.
   Dès qu' en sa tête un stupide enjoué...
   Aura forgé quelque couplet sans verve,
   Ou quelques vers platement effrontés;
   Tout aussi tôt, ces subtils hébétés,
   Iront corner votre nom par la Ville,
   Disant, c' est lui, Messieurs, voilà son style.
4°. Corner aux oreilles de quelqu' un, lui insinuer, lui suggérer avec importunité, quelque chôse. "Voilà ce qu' on lui a corné aux oreilles. = 5°. On dit figurément, que les oreilles cornent, quand on a un bourdonement dans les oreilles: et pour dire à quelqu' un qu' on a beaucoup parlé de lui, on dit proverbialement, les oreilles doivent vous avoir bien corné. Voyez OREILLES. Sur quoi l' on dit en riant, que quand on parle bien de nous, c' est l' oreille droite qui nous corne, ou nous tinte; et que c' est l' oreille gauche, quand on en parle mal. = * Cornement d' oreilles, s' est dit aûtrefois dans ce dernier sens (n°. 5°) On dit aujourd'hui tintement.

CORNEMûSE


CORNEMûSE, s. f. [2e et dern. e muet, 3e lon.] Instrument de Musique à vent, composé de deux tuyaux, et d' une peau de mouton qu' on enfle par le moyen du premier tuyau, qu' on apèle porte-vent. _ On dit proverbialement et bassement, que quand la cornemûse est pleine, on en chante mieux, pour dire, qu' on chante mieux et plus volontiers, quand on a bien mangé.

CORNET


CORNET, s. masc. CORNETTE, s. f. [Kornè, nète; 2e è moy.] I. Cornet, est, 1°. Un petit cor, ou petite trompe. _ Cornet à bouquin, espèce de flûte courbée, qui est faite ordinairement de corne. = 2°. Petit instrument en forme d' entonoir, dont les sourds mettent le petit bout dans l' oreille, pour entendre plus facilement. _ 3°. Morceau de papier roulé en forme de cornet. = 4°. Petit vâse de corne ou d' ivoire, dans lequel on remûe les dés. = 5°. Espèce d' oublie en forme de cornet. _ 6°. C' est encôre le nom d' une classe de coquilles. = II. Cornette, a aussi divers sens. _ Il s' est dit anciènement, de toute sorte d' habillement de tête. On apelait cornette de Moine, leur capuchon; cornette d' Avocats, de Docteurs, de Conseillers, etc; leur chaperon, qu' ils portaient sur la tête. = Aujourd'hui, il ne se dit plus que d' une sorte de coîfe, dont les femmes se servent, dans leur déshabillé.
   CORNETTE, se disait aussi aûtrefois pour étendard; mais il n' y a plus que celui-ci qui soit en usage. On dit: Nous avons perdu six Etendards, et non pas, six Cornettes: mais on dit toujours, la Cornette blanche, pour signifier l' étendard du Colonel général de la Cavalerie. = On disait encôre Cornette, pour signifier une Compagnie de Chevaux-Légers; et c' est en ce sens que M. Sarrasin a dit, en parlant de Walstein: "Il défit six mille Hongrois avec quinze Cornettes de Cavalerie. Cette façon de parler n' est plus en usage aujourd'hui. Dans la 1re édit. de leur Dict., Mrs de l' Acad. ne la condamnent pas. Dans les aûtres éditions ils ont mis: "Cornette, se disoit autrefois d' une Compagnie de Chevaux-Légers; preûve qu' ils la rejettent présentement. L. T. Dans la dern. édit. ils ajoutent, qu' il n' est plus guère en usage dans ce sens: mais, guère, dans leur langage, signifie, pas du tout.
   CORNETTE, se dit encôre aujourd'hui d' un Oficier d' une Compagnie de Cavalerie ou de Dragons, qui est chargé de porter l' étendard; et d' un Oficier de certains Corps de la Maison du Roi, mais qui ne porte point l' étendard. _ En ce sens, il est masculin.

CORNICHE


CORNICHE, s. f. Ornement d' Architectûre, en saillie, qui est au-dessus de la frise, et sert de couronement à toute sorte d' ouvrages d' Architectûre. _ On done aussi ce nom à un ornement en saillie qui règne dans une chambre, au-dessous du plafond, au bout d' une cheminée, au haut d' une armoire, etc.

CORNICHON


CORNICHON, s. m. 1°. Petite corne: Les cornichons d' un chevreau. = 2°. Petit concombre propre à confire dans le vinaigre.

CORNIèRE


CORNIèRE, s. f. [1re è moy. et long., 3e e muet.] Canal de tuiles ou de plomb, qui est à la jointûre de deux pentes de toit, et qui en reçoit les eaux.

CORNILLâS


CORNILLâS, s. m. [Mouillez les ll.] Le petit d' une corneille.

CORNOUILLE


CORNOUILLE, s. f. CORNOUILLER, s. m. [Kor-nou-glie, glié; mouillez les ll: dern. e muet au 1er, é fer. au 2d.] La cornouille, est un fruit longuet, en forme d' olive. Cornouiller, est l' arbre qui porte cette sorte de fruit.

CORNU


CORNU, ÛE, adj. CORNûE, s. f. [2e lon. au 2d et 3e.] I. Cornu, qui a des cornes. "Animal cornu, satyre cornu, bête cornûe. = Figurément, il se dit de certaines chôses qui ont plusieurs angles. "Pain cornu, pièce de terre cornûe. = À~ mal enfourner, on fait les pains cornus, dit le proverbe; le mauvais succès des afaires vient de ce qu' on s' y est mal pris. = Raisonemens cornus, raisons cornûes; raisonemens qui ne conclûent pas, méchantes raisons. _ Visions cornûes; idées folles, extravagantes.
   II. CORNûE. Vaisseau de terre, de verre ou de fer, qui sert en chimie, aûtrement apelé retorte.

COROLLAIRE


COROLLAIRE, s. m. [Korol-lère: on pron. les deux l sans les mouiller: 3e è moy. et long.] Proposition, qui est une suite d' une proposition précédente.

CORONATEUR


*CORONATEUR, s. m. Un Auteur de Port-Royal s' est servi de ce mot; mais l' usage ne l' a point aprouvé. Bouh. L. T.

CORPORAL


CORPORAL, s. m. Linge bénit, que le Prêtre étend sur l' Autel, pour mettre le calice et l' Hostie dessus.
   * Rem. On a dit aûtrefois Corporal pour Caporal, et le peuple le dit encôre aujourd'hui.

CORPORALIER


CORPORALIER, s. m. Espèce d' étui dans lequel on serre le Corporal. Acad. On dit, plus comunément, bourse.

CORPORATION


*CORPORATION, s. f. Mot emprunté des Anglais, pour signifier les Comunautés municipales. "Ces Villages, dit M. Moreau; formoient eux-mêmes des corporations. "Les Seigneurs, dans les Traités même avec quelques Villes, supposent des corporations encore existantes. Id. _ L' Acad. ne met pas ce mot; le Rich. Port. ne s' en sert qu' en parlant des Anglais.

CORPOREL


CORPOREL, ELLE, adj. CORPORELLEMENT, adv. [Korporèl, èle, èleman; 3e è moy. 4e e muet.] Corporel, se dit 1°. De ce qui a un corps. Dieu n' est point corporel, ou, est incorporel. = 2°. Qui apartient au corps, qui concerne le corps: Plaisir corporel, peine, punition corporelle.
   CORPORELLEMENT, 1°. D' une manière corporelle, qui a raport au corps. Punir corporellement = 2°. Il est oposé à spirituellement. "En comuniant nous, recevons le Corps de N. S. J. C. corporellement et réellement, et non pas spirituellement, comme le prétendent les Calvinistes.

CORPORIFIER


CORPORIFIER, v. a. Suposer un corps à ce qui n' en a point. "Il y a eu des Hérétiques qui corporifiaient les Anges. _ En Chimie, c' est mettre ou fixer en corps les partie éparses d' une substance. "Corporifier des globules de mercûre.

CORPS


CORPS, s. m. [Kôr, et devant une voyelle, kôrz.] 1°. En général, substance étendûe et impénétrable. "Corps naturel, physique, simple ou mixte, composé, etc. Corps animé, corps vivant, etc. = 2°. Il se dit, eu égard à la tâille et à la conformation de l' homme. Corps bien formé, ou mal bâti, etc. = 3°. Eu égard aux exercices: Corps souple, dénoué, agile, etc. = 4°. Eu égard à la santé: Corps robuste, bien constitué; ou, fluet, délicat, exténué. Bon corps; corps de fer, etc. = 5°. Par raport à la lutte et aux combats: Prendre à fois de corps. Acad. Corps à corps. "Ces chiens sont si forts et si courageux, qu' ils renversent les lions corps à corps. = Se jeter à corps perdu dans la mélée, dans les dangers. = En terme de Pratique, prise de corps, condamnation, contrainte par corps; être saisi, apréhendé au corps. = 6°. CORPS, se prend dans un sens plus étroit, pour la capacité du corps: "Il lui passa l' épée au travers du corps: il a un coup d' épée dans le corps. = 7°. Par extension, il se dit de la principale partie de certaines chôses artificielles; le corps d' un Navire, un corps de carrosse; le corps d' une place ou forteresse, etc. etc. = 8°. Cette partie de certains habillemens, qui est depuis le cou jusqu' à la ceinture: corps de cuirasse, corps de jupe, de robe, corps de baleine, etc.
   9°. Corps mort, privé de la vie, corps sans âme. Il ne se dit que du corps humain. "La campagne étoit toute couverte, toute jonchée de corps morts. _ On dit aussi, corps tout seul: "Ensévelir les corps. Mettre, porter un corps en terre; enterrer, inhumer un corps: Jeter de l' eau bénite sur le corps, etc. _ Corps-Saint: on trouva dans cette Église plusieurs Corps-Saints. _ Corps glorieux, l' état d' un corps dans la gloire céleste: un corps glorieux et impassible. = On dit absolument (st. fam.) d' une persone, qui est long-temps sans éprouver les besoins corporels, que c' est un corps glorieux.
   10°. CORPS, se dit figurément, de l' union de plusieurs persones sous les mêmes lois. "Corps politique; Province unie au Corps de l' État; le Corps mystique de l' Église. _ De certaines Compagnies particulières: le Corps du Clergé, de la Noblesse, du Parlement, etc. Les Corps de Métiers. L' Université, le Parlement en corps, etc. _ Des Troupes, Régimens, etc. Corps d' Armée, Corps de Troupes; Corps de bataille, Corps de réserve; Corps de deux mille hommes, etc. Vieux Corps, Régimens anciens. = Corps-de-garde; certain nombre de soldats posés en un lieu, pour être delà disposés en diférentes gardes; et le lieu où ils se tiènent. =
   11°. Il se dit encôre de l' assemblage de plusieurs pièces, de divers Auteurs. Le Corps du Droit Civil; du Droit Canon; grand corps d' histoire; le corps de l' histoire de France par Duchêne. = 12°. Epaisseur de certains corps, qui sont ordinairement un peu minces. Ce parchemin, ce papier n' a pas de corps: cette étofe a du corps, etc. _ C' est dans ce sens qu' on dit, figurément, doner du corps aux chôses spirituelles. "Son imagination fleurie et féconde done du corps aux êtres les plus abstraits. L' Abé du Serre-Figon, Panég. de Ste. Therèse. _ On dit aussi, ce vin a du corps, n' a pas de corps,de vigueur. = 12°. Dans les dévises, corps est la figure; et âme, les paroles.
   13°. Corps, fournit à plusieurs expressions adverbiales, ou proverbiales. _ En corps: l' Université en corps. _ En corps et en âme. "Je doute que ce bon Duc en corps et en âme (avec tous ses éforts) eût pu l' emporter. Sév. _ À~ son corps défendant. Un Auteur moderne a retranché mal-à-propos la prép. à. * L' esprit des Romains étoit de ne doner des batailles que leur corps défendant: (il falait, qu' à leur corps défendant;) quand ils ne pouvoient les éviter. _ Répondre corps pour corps, s' engager entièrement pour un aûtre. _ Perdre corps et biens: perdre une persone chérie, et les avantages qu' on en retirait. _ Les Négocians Armateurs disent, perdre corps et cargaison, quand tout périt, vaisseau et marchandises.
   On dit d' un homme qui s' excède de travail, qu' il fait litière de son corps; de celui qui s' expôse aisément aux dangers, qu' il fait bon marché de son corps; d' un homme de bonne chère, qu' il est traître à son corps; d' un avâre, ou d' un pénitent austère, qu' il est l' énemi de son corps; de celui qui a bien rétabli sa santé, qu' il a fait corps neuf; de celui qui ressent des douleurs aux changemens de temps, que son corps est un almanach: d' autres disent, un baromètre; d' un homme, ou méchant, ou qui a beaucoup d' esprit, qu' il a le diable au corps. "Les chansons de Blot ont le diable au corps; mais je n' ai jamais vu tant d' esprit. Sév.
   À~ CORPS PERDU, adv. Sans ménagement. Il se dit, au propre, des combats; et au figuré, des ouvrages d' esprit. "Plein d' une ardeur nouvelle, il se jète à corps perdu dans les bataillons les plus épais...... l' Orateur (M. Garat) qui est en verve, et dont l' imagination est montée, se jette à corps perdu dans la grande question du luxe. Ann. Litt.

CORPULENCE


CORPULENCE, s. f. [Korpulance. 3e lon. 4e e muet.] Volume du corps de l' homme, grôsseur, graisse. "Grande, grôsse corpulence. Voilà une belle corpulence d' homme: un homme de petite corpulence.

CORPUSCULAIRE


CORPUSCULAIRE, adj. CORPUSCULE, s. m. [4e è moy. et long au 1er, lère.] Corpuscule, petit corps: les atômes sont des corpuscules. _ Philosophie corpusculaire, qui prétend rendre raison de tout par le mouvement des corpuscules, des atômes. _ C' est le seul emploi de cet adjectif. * M. Linguet le dit d' un corps moral. "Voilà un exemple du danger et des abus de cette juridiction corpusculaire; c. à. d. de la juridiction d' un Corps sur ses membres. _ Cela peut être bon dans le style comique ou satirique, où tout est bon.

CôRRECT


CôRRECT, ECTE, adj. CORRECTEMENT, s. m. [Kôrèk, rèkte, rèkteman; r forte; 1re lon. 2ee moy. 3e e muet.] Côrrect, se dit de l' écriture et du langage; où il n' y a point de faûtes. "Livre côrrect, copie côrrecte, discours, style pur et côrrect; phrâse qui n' est pas côrrecte. = En parlant des Auteurs, exact dans les faits, dans les dates, ou, dans son style. _ Êcrire, parler correctement; imprimer, dessiner correctement; d' une manière exacte et côrrecte.

CôRRECTEUR


CôRRECTEUR, s. m. CôRRECTIF, s. m. CôRRECTION, s. f. [Kôrèk-teur, rèktif, rèk-cion, en vers ci-on. 1re lon. r forte; 2e è moy.] I. Correcteur, est, en général, celui qui corrige: mais en parlant des persones, il est peu usité: sévère Correcteur. _ Dans certaines Collèges, on done ce nom à celui qui est commis pour doner le fouet aux écoliers. = Correcteur est plus usité, en parlant de celui qui corrige les épreuves des Livres qu' on imprime; Côrrecteur d' Imprimerie; et de certains Oficiers des Chambres des Comptes. "Il est Côrrecteur des Comptes, il a acheté une charge de Côrrecteur.
   II. Côrrectif est, 1°. Ce qui a la vertu de tempérer, de côrriger. "Le sucre est le côrrectif du citron, l' anis du séné: c' est son côrrectif. = 2°. Figurément, adoucissement qu' on emploie dans le discours, pour faire passer quelque proposition, ou quelque expression trop forte, trop hardie. "Cette proposition, cette expression a besoin de côrrectif. _ Ces côrrectifs sont, par exemple; pour ainsi dire; si l' on peut s' exprimer ainsi; si l' on peut parler de la sorte; en quelque façon, etc. _ C' est un vice dans le discours, d' user trop souvent de côrrectifs, ou de les employer sans nécessité.
   III. CôRRECTION, est, 1°. l' action de corriger: "Cela mérite côrrection, a besoin de côrrection; la côrrection des erreurs, des abus, des moeurs, etc. = La côrrection des ouvrages de l' esprit, ou de la main. "Cet ouvrage, cette copie étoit plein, ou pleine de fautes; il a fallu y faire de grandes côrrections. = 2°. Réprimande et admonition d' un Supérieur envers son inférieur, ou mieux d' un égal envers son égal. "Côrrection paternelle, ou fraternelle; douce ou sévère: Je lui ai fait une petite côrrection. = 3°. Châtiment, peine. "Trois ans de prison est une côrrection un peu forte; mais ce jeune homme en méritoit bien davantage. _ Maison de côrrection: lieu destiné à enfermer par autorité publique, les persones qui se comportent mal. = 4°. Il se prend quelquefois pour le pouvoir et l' autorité de punir. "Les enfans sont sous la côrrection du père: je ne suis pas sous sa côrrection.
   Sauf côrrection, ou Sous côrrection, adv. Correctif employé pour adoucir ce qu' on peut dire de trop fort. "Je mantiens, sauf, ou sous côrrection, que cela est faux.

CORRÉLATIF


CORRÉLATIF, IVE, adj. CORRÉLATION, s. f. [Il est à remarquer que ces deux mots ont l' accent sur l' é, quoique les simples, relatif et relation n' en aient point. C' est comme, religion et irréligion. _ Ko--rélatif, tîve, kôréla-cion r f.; 2e é fer. 4e lon. au 2d.] Termes didactiques, qui marquent une relation réciproque entre deux chôses. Les termes de père et de fils sont corrélatifs, ils emportent corrélation.

CôRRESPONDANCE


CôRRESPONDANCE, s. f. CôRRESPONDANT, ANTE, adj. CôRRESPONDRE, v. n. [Kôrèspondance, pondan, dante, pondre: r f. 2e è moy. 1re, 3e et 4e lon.] I. Correspondance, est 1°. L' action de correspondre. "La correspondance à la grâce. "J' atendois de votre part un peu plus de correspondance aux soins que je me done pour votre éducation.
   Rem. En ce sens, il ne se dit point tout seul et sans régime. * "Cette double alliance (de Louis avec Anne d' Autriche, et de Philipe IV avec Élisabeth de France) avoit été ménagée par le Pape et par le Grand Duc de Toscane: Le peu de correspondance des Espagnols avoit empêché qu' elle ne produisît l' éfet qu' on en avoit atendu. Reboulet.
   2°. Correspondance, s' emploie absolument, quand il signifie liaison, comerce de lettres; "Ce Négociant a des correspondances dans toute l' Europe. "Ces deux amis ont une correspondance suivie depuis trente ans. = 3°. Entre Négocians, il se dit quelquefois pour Correspondant: "Il a écrit à toutes ses correspondances: Mes Correspondances me marquent que, etc.
   II. Correspondant, adj. se dit des chôses qui se correspondent. "Les angles correspondans des montagnes sont remarquables, mais les conséquences qu' on en tire, sont frivoles et chimériques. _ Subst. m. Il se dit des persones; qui est en comerce réglé d' afaires ou d' amitié avec un aûtre. "Ce Négociant a un grand nombre de Correspondans. _ J' ai un Correspondant bien informé; il ne me mande que des nouvelles sûres.
   III. Correspondre, c' est répondre de sa part par ses sentimens, par ses actions. Correspondre à l' afection de quelqu' un, aux soins qu' il se done: il ne correspond nullement à ce qu' on a fait pour lui. Correspondre à la grâce. = Il se dit aussi des chôses qui symétrisent ensemble. "Ces deux pavillons se correspondent.

CôRRIDOR


CôRRIDOR, s. m. [Kôridor. 1re lon. r forte.] Espèce de galerie étroite, qui sert de passage pour aler à plusieurs apartemens.

CôRRIGEANT


*CôRRIGEANT, ANTE, adj. CôRRIGER, v. a. [Kôrijan, jante: 1re long. r forte Kôrijé.] Le 1er est un mot de Montesquieu, que l' usage n' a pas adopté. "Les Lacédémoniens, gens toujours corrigeans, et toujours corrigés. = Corriger, ôter un défaut, ou des défauts. Il régit les persones et les chôses: "Il n' a qu' un défaut, mais il sera dificile de l' en corriger. Corrigez-vous de ce vice honteux. _ Corriger les thèmes, les compositions d' un écolier, le dessin, le plan d' un ouvrage; corriger les épreuves d' un livre qu' on imprime.
   Corriger, reprendre, réprimander (syn.) Le 1er regarde toute sorte de faûtes, soit en fait de moeurs, soit en fait d' esprit et de langage: le 2d ne se dit guere que pour les faûtes de langage et d' esprit: le 3e ne convient qu' à l' égard des moeurs. _ Celui qui corrige, montre ou veut montrer la manière de rectifier le défaut: celui qui reprend, ne fait qu' indiquer et relever la faûte: celui qui réprimande, prétend punir, ou mortifier le coupable. "Peu de gens savent côrriger, beaucoup se mêlent de reprendre: quelques uns s' avisent de réprimander sans autorité. Gir. Synon.
   Côrriger, signifie aussi, réparer: "Corriger l' injustice du sort. _ Tempérer: Il faut corriger la crudité de l' eau par un peu de vin. L' acide du citron se côrrige par le sucre, etc.
   On dit, proverbialement: "Côrriger son plaidoyer, changer de langage, parler avec plus de circonspection; rétracter, ou expliquer ce qu' on a dit témérairement ou faussement.
   Rem. Fontenelle fait régir à côrriger la prép. de devant les verbes. "Pour le côrriger de lui faire de pareils tours. Ce régime est peu usité: mais il fait bien dans cette phrâse, et il peut être utile en d' aûtres.

CORRIGIBLE


CORRIGIBLE, adj. Qui peut être corrigé. Il ne se dit qu' avec la négative, et il est moins en usage que incorrigible. "Cet homme n' est pas corrigible, ou mieux, est incorrigible.

CORRIVAL


*CORRIVAL, s. m. Il y a cent ans et plus, que Th. Corneille a averti que ce mot n' est plus en usage. L' Acad. ne le met pas. Dans le Rich. Port. on se contente de dire, qu' on dit mieux rival.

CôRROBORATIF


CôRROBORATIF, IVE, adj. CôRROBORER, v. a. [Kôroboratif, tive; Kôro--boré: 1re lon. r f. pénult. lon. au 2d: le 2d o est long devant l' e muet: il Kôrrobôre.] Fortifiant. Fortifier. Il se dit des chôses, qui fortifient l' animal, et principalement l' homme. "Remèdes corroboratifs: Poudres, potions corroboratives. _ S. m. Prendre un corroboratif; user de corroboratifs: _ Le vin corrobôre l' estomac; cela corrobôre la vue, le cerveau, etc. ou simplement: le vin sert à corroborer. _ On ne le dit que des remèdes et des alimens. = Ces mots ne sont en usage que parmi les Savans, les Médecins, etc. Dans le discours ordinaire, on dit, fortifiant, fortifier. M. Necker l' emploie au figuré: "En corroborant le tronc de l' arbre, dont toutes les branches tirent leur substance.

CôRRODANT


CôRRODANT, ANTE, adj. CôRRODER, v. a. [Kôrodan, ante, Kôrodé: 1re lon. r f. 3e lon. aux 2 1ers, é fer. au 3e.] Rongeant;Ronger. Ils ne se disent, non plus que les précédens, qu' en Physique et~ en Médecine. "Une preuve que ces vers ont des dents, c' est le bruit qu' ils font en côrrodant le bois, qui est leur principale nourritûre. Trad. de Pline. "Le poison lui a côrrodé les entrailles. "Une humeur mordicante et maligne, a côrrodé la partie.

CORROI


CORROI, s. m. [Kô-roa: 1re lon. r f.] 1°. la façon que le Corroyeur done au cuir. = 2°. Massif de terre glaise pour arrêter l' eau.

CORROIE


*CORROIE, s. f. On a dit aûtrefois, Conroie et Corroie: on ne dit plus que Courroie. Voy. ce mot.

CORROïER


CORROïER, CORROïEUR. Richelet. Voy. Corroyer, Corroyeur.

CORROMPRE


CORROMPRE, v. a. [Kôronpre. 1re et 2e lon. r f. 3e e muet. _ Il se conjugue comme Rompre. Un Auteur moderne a écrit corromperoit, et Abad. Corrompera: il faut dire, corrompra, corromprait, même en prôse.] Il se dit au propre, dans le physique; gâter, altérer, changer en mal. "Le grand chaud corrompt la viande; la fièvre corrompt le sang, les humeurs. _ Et au fig. dans le moral, les mauvaises compagnies corrompent les moeurs;corrompent l' esprit des jeunes gens: ont corrompu ce jeune homme. _ Corrompre une fille, une femme, la débaucher. _ Corrompre un Juge, l' obliger à juger contre sa conscience, par l' apât de quelque intérêt. _ Corrompre des gardes, des témoins, etc.
   Rem. Ce mot ne me parait pas un terme propre, quand il s' agit d' un grand Prince. "Le Comte de Soissons tâcha de corrompre le Duc d' Orléans pour le mettre dans son parti. D' Avrigny. _ Gagner, séduire aurait mieux valu dans cet endroit.
   Corrompre, se dit encôre figurément, des textes, des passages. "Les Hérétiques ont corrompu ce texte; ce passage est corrompu: le texte est corrompu en cet endroit; et du style, du langage. "La lecture des mauvais Auteurs; la fréquentation des persones, qui parlent mal, corrompt le style, le langage.
   Se corrompre, a presque tous ces sens. La viande se corrompt, quand on la garde trop long-temps; les moeurs se corrompent facilement, la Langue Latine commença à se corrompre après Auguste.
   Corrompu, se dit de même, dans le physique, des chôses; et dans le moral, des persones: "Sang corrompu; des eaux, des viandes corrompues; un homme corrompu, des moeurs corrompues, un siècle corrompu. = Il suit toujours le substantif. _ Suivant l' Acad. il est aussi s. m. C' est un corrompu. Je le crois douteux, pour ne rien dire de plus.

CôRROSIF


CôRROSIF, IVE, adj. CôRROSION, s. f. [Kôrosif, zîve, ro-zion~. 1re lon. r f. 3e lon. au 2d.] Qui ronge, qui corrode. _ L' action de ce qui est rongeant, corrodant. "Sublimé corrosif; humeur corrosive. "La corrosion de l' estomac est un indice de poison
   Rem. L' Ab. Sabatier emploie corrosif au figuré. Cette Philosophie corrosive a desséché les talens dans leur germe. Trois Siècles, etc.

CORROYER


CORROYER, v. a. CORROYEUR, s. m. [Richelet écrit Corroïer, Corroïeur, mais cette ortographe ne réprésente pas la vraie prononciation de ce mot. Ménage veut qu' on prononce: Coré-ié, coré-ieur; c' est encôre une mauvaise prononciation. On doit prononcer: Côroa-ié, cô-roa-ieur: c' est ce que dicte l' y; faisant fonction de deux i, dont l' un s' unit à l' o, pour former la diphtongue oi, qu' on prononce oa, et l' aûtre se lie avec l' e qui suit. Ménage et La Touche remarquent que, quoiqu' on dise courroie et non pas corroie, on dit corroyer, corroyeur, et non pas courroyer, courroyeur. L' Acad. avait dabord écrit conroyer; elle mit ensuite, courroyer, en avertissant que plusieurs disaient corroyer. Elle n' a mis que celui-ci dans la dern. édit.] Corroyer, c' est travailler le cuir pris des mains de Taneur, et lui doner le dernier aprêt. _ Il signifie aussi, batre de la terre glaise, afin d' en faire un massif qui tiène l' eau. "Corroyer un bassin de Fontaine. = Corroyer du mortier. Méler ensemble la chaux et le sable.
   CORROYEUR, ne se dit que dans le 1er sens: Artisan dont le métier est de corroyer les cuirs.

CORRUPTEUR


CORRUPTEUR, TRICE, s. m. et fém. [Kôrup-teur, trice; 1re lon. r f.] Celui ou celle qui corrompt l' esprit, les moeurs, le goût. "Corrupteur ou corruptrice de la jeunesse. "Fontenelle a été un des grands corrupteurs du goût. _ Il s' emploie quelquefois adjectivement; discours corrupteurs, livres corrupteurs, maximes corruptrices.

CORRUPTIBLE


CORRUPTIBLE, adj. CORRUPTIBILITÉ, s. f. [Kôruptible, bilité.] Sujet à corruption. _ Qualité de ce qui est corruptible. _ Ils ne se disent qu' au propre, et dans le physique. "Il n' y a rien sous le ciel qui ne soit corruptible. "La corruptibilité est atachée à tous les corps.
   Rem. L' Acad. le dit au figuré des hommes, et dans le moral. Juge corruptible: il n' est corruptible, ni par or, ni par argent. Elle avertit qu' il a plus d' usage avec la négative. _ Il me parait qu' il est très-peu usité, même de cette manière, et qu' on dit plus ordinairement incorruptible.

CORRUPTION


CORRUPTION, s. f. [Kôrup-cion, en vers, ci-on: 1re lon.] Altération dans les qualités, soit physiques, soit morales. "La corruption de l' air, de la viande, du sang, des humeurs: "La corruption du siècle, de la jeunesse, des moeurs, etc. = On dit qu' un mot se dit par corruption, quand il a été altéré. Ainsi, dans cette phrâse proverbiale: a beau prêcher à qui n' a coeur de bien faire: coeur est mis pour cure, envie.
   Rem. Ce mot se dit quelquefois au pluriel. Il a le sens, tantôt passif, tantôt actif. Tantôt il exprime l' état de celui qui est corrompu. "Le monde avec ses vanités et ses inconstances~, avec cette vicissitude de corruption tantôt secrettes, tantôt visibles. Fléch. D' aûtrefois il exprime l' action de corrompre. Il le menaça de le faire mettre en prison, s' il continuoit à séduire le Peuple par ses libéralités et ses corruptions. Vertot.

CORSAGE


CORSAGE, s. m. La tâille du corps humain, depuis les épaules jusqu' aux hanches. Beau, joli corsage: il est haut de corsage; il a le corsage délié. On le dit aussi des chevaux. "Ce cheval a un beau corsage. _ En prôse, il n' est que du style familier. En vers, il vaut mieux que tâille, et les Poètes ne doivent pas le laisser perdre.
   Achille étoit haut de corsage.       Malh.
  Rien n' est si beau que son corsage. Voit.
Ménage dit qu' il est vieux: il le trouvait pourtant fort beau et ne savait pourquoi on ne s' en servait plus. L' Acad. le met sans remarque.

CORSAIRE


CORSAIRE, s. m. [Korsère: 2eè moy. et long; 3e e muet.] 1°. Celui qui commande un vaisseau armé en course. "Il fut pris par un Corsaire. _ On le dit aussi du vaisseau: un vaisseau corsaire, ou simplement un corsaire. = 2°. Pirate. "Les Corsaires~ d' Alger: il tomba entre les mains des Corsaires. = Figurément: cet homme est un vrai corsaire, un homme dur, impitoyable, inique.
   Endurcis-toi, le coeur, sois Arabe, Corsaire.
   Engraisse-toi, mon Fils, du suc des malheureux.
       Boil.

CORSET


CORSET, s. m. [Korsè; 2e è moy.] Corps de cotte de Villageoise. "Mettre un corset; un corset de tafetas. = C' est aussi un petit corps de toile piquée et sans baleine, dont se servent les femmes de tout état.

CORTèGE


CORTèGE, s. m. [2e è moy. L' Acad. écrit cortége, avec l' accent aigu sur le 1er é; mais devant l' e muet, cet e n' est point fermé. Le Rich. Port. le met sans accent; pourquoi cela?] Suite des persones qui acompagnent un Grand dans des cérémonies, pour lui faire honeur. "Faire cortège à... Il étoit suivi de tous les Mandarins subalternes, qui lui faisoient cortège. Let. Édif. "Henri eut la mortification de voir ses trois fils faire cortège à son énemi. Hist. d' Angl. "Grossir le cortège; être du cortège; aller au cortège.
   Rem. Nous avons pris ce mot des Italiens: Il ne se dit que des cérémonies et actions d' éclat, et non des acompagnemens ordinaires.

CORVÉABLE


CORVÉABLE, s. m. CORVÉE, s. fém. [2e é fer. long au 2d.] La corvée est un travail et service dû au Seigneur par ses vassaux. Corvéables sont ceux qui sont sujets à des corvées. "Il doit tant de corvées; on a commandé les corvéables. _ Figurément, travail ingrat. Il se dit par extension de toute sorte de fatigues. "Mde. de Coulanges m' envoie proposer de l' aller prendre pour aller dîner à Versailles, chez Mr. de Louvois. Je vais donc faire cette petite corvée. Sév.

CORVETTE


CORVETTE, s. f. [Korvète; 2eè moy. 3e e muet.] Petit bâtiment léger, dont on se sert en mer pour aller à la découverte.

CORYPHÉE


CORYPHÉE, s. m. [Korifée; 3eé fer. et long, 4e e muet.] Chez les Grecs, c' était celui qui était à la tête des choeurs dans les pièces de théâtre. _ Figurément~, celui qui se distingue le plus dans une Profession.

CO-SEIGNEUR


CO-SEIGNEUR, s. m. Celui qui possède une terre, un fief avec un aûtre. "Il y a trente Co-Seigneurs dans ce Village. Le Maréchal ferrant est un des Co-Seigneurs.

COSMÉTIQUE


COSMÉTIQUE, s. m. Eau, pomade, etc. qui sert à l' embellissement de la peau.

COSMOGONIE


COSMOGONIE, s. f. Science ou systême de la formation de l' univers. "La Cosmogonie d' Hésiode.

COSMOGRAPHE


COSMOGRAPHE, s. m. COSMOGRAPHIE, s. f. COSMOGRAPHIQUE, adj. [Kos--mographe, grafi-e, grafike.] La Cosmographie est la Description du Monde entier. Cosmographe est celui qui sait la cosmographie. Cosmographique, ce qui apartient à cette science; table, description cosmographique.

COSMOLOGIE


COSMOLOGIE, s. f. COSMOLOGIQUE, adj. La Cosmologie est la science des Lois générales, qui gouvernent le Monde Physique. Cosmologique, qui apartient à la cosmologie.

COSMOPOLITE


COSMOPOLITE, s. m. Celui qui n' adopte point de Patrie; citoyen de l' univers. "Il se fait honeur d' être Cosmopolite, mais un Cosmopolite n' est pas un bon Citoyen.

COSSE


COSSE, s. f. COSSU, ÛE, adj. [Koce, ko-su, sû-e; 2e e muet au 1er, lon. au 3e.] Cosse est l' envelope de certains légumes, comme pois, fèves, lentilles, etc. _ Pois sans cosse, ou pois goulus. = Cossu, qui a beaucoup de cosse; pois cossus, fèves cossûes. = Figurément, homme riche et à son aise.
   Certain vieillard, des plus cossus,
   Se voyant sur le point de finir sa carrière,
   Et d' abandonner ses écus
   Pour prendre gîte au cimetière.
       L' Ab. Reyre.

COSTUME


COSTUME, s. m. [Dern. e muet. On a dit long-temps costumé, en conservant la prononciation italiène. Aujourd'hui que ce mot est naturalisé en France, et qu' il est fort à la mode, on écrit et l' on prononce costume.] Les usages des diférens temps, des diférens lieux auxquels le Peintre est obligé de se conformer. On ne l' a dabord dit que des Peintres: Garder, observer, ou négliger~ le costume; pécher contre le costume. On l' a étendu ensuite aux Poètes, aux Historiens, Romanciers, etc. _ De costume on a voulu faire costumé, adj. " * L' Écrivain qui est bien costumé, Merc. mais l' usage n' a pas encôre adopté ce mot. Costume est fort en usage pour l' habillement des Acteurs. MARIN.

COTE


COTE, ou COTTE, s. f. [L' Acad. met le premier, et avertit que l' o est bref.] Marque numérale, dont on se sert pour mettre en ordre les pièces d' un procès. Ces pièces sont sous la cote A, la cote B, etc. _ Cote mal taillée; acomodement où chacun des intéressés cède quelque chôse de ses prétentions.

CôTE


CôTE, s. f. [1re lon., 2ee muet.] 1°. Os courbe et plat, qui tient à l' Épine du dôs: "Il s' est froissé une côte: "Côte de boeuf, de cheval, de baleine. = 2°. Par extension, on dit, côte de melon, de citrouille, etc. "Les côtes d' un vaisseau, les pièces qui sont jointes à la quille. = 3°. Le penchant d' une montagne, d' une colline: Côte rude; côte agréable, fertile. Coteau en est le diminutif. = \à~ mi-côte: "Maison bâtie à mi-côte. _ Richelet met à demi-côtes, qui ne vaut rien. = 4°. Rivages de la mer. "Côte pleine d' écueuils. Les côtes de France, d' Angleterre, etc.
   On dit, proverbialement, que nous sommes tous de la côte d' Adam; et d' un homme qui s' en fait acroire sur sa noblesse, qu' il se croît issu de la côte de St. Louis. _ Serrer les côtes à quelqu' un, le serrer de près, le presser vivement pour l' obliger à quelque chôse; lui mesurer les côtes, le battre à coups de bâtons, nerfs de boeuf, etc. Lui rompre les côtes, le batre à outrance. Ces deux derniers sont populaires. _ On lui compterait les côtes, se dit d' un cheval ou d' un homme extrémement maigre.
   Côte-à-côte, adv. À~ côté l' un de l' aûtre.
   Je songeois cette nuit que de mal consumé,
   Côte-à-côte d' un pauvre on m' avoit inhumé.
       Patris.

CôTÉ


CôTÉ, s. m. [1re lon. 2e é fer.] La partie droite ou gauche de l' animal: le côté droit, le côté gauche: être couché sur le côté; se mettre les mains sur les côtés. Il a, il porte l' épée au côté; du côté de l' épée, etc. = Il se dit aussi des chôses. De ce côté là: ataquer une place du côté le plus foible. De quel côté vient le vent? Tourner une afaire de tous les côtés. "L' aveuglement l' entraînait au bord du précipice: la crainte, qui marche à côté du crime, l' arrêtoit. = Côté, parti: Le côté le plus juste, le bon côté: "Tous ceux qui étoient de son côté. "De quel côté êtes vous? etc.
   À~ côté, adv. ou prép. régit de. "À~ côté de vous, de lui. Il s' emploie aussi adverbialement et sans régime. "Être, marcher à côté, passer à côté, prendre un peu à côté. = Doner à côté, s' éloigner du but.
   De côté, par côté, adv. sans régime: "Aler, marcher de côté, par côté; regarder de côté. _ Ils deviènent prépositions, quand on y insère l' article: du côté de la place; par le côté de l' Église, de tous les côtés de la salle. = Fig. regarder de côté; avec dedain, ou avec colère. Mettre une chôse de côté, la mettre en réserve, et en dérober la conaissance aux aûtres. = Mettre ou laisser de côté; c' est aussi, oublier ou omettre: l' Auteur anonyme laisse de côté tout ce qui s' apèle doctrine musicale. Journ. de Litt. "Il n' a pas laissé de côté ce qui concerne les diférentes~ espèces d' air fixe. L' Ab. Royou. "Il a mis de côté tout ce que cette science renferme de dificultés. Id. _ Laisser à part est plus noble: mettre ou laisser de côté est plus familier.
   Être sur le côté, n' avoir plus le même crédit, être presque disgracié. Mde. de Sévigné l' emploie au propre et au figuré tout-à-la-fois. "Parlons de sa goutte et de sa fièvre (du Chevalier de Grignan)... c' est un grand malheur, qu' un tel homme soit sur le côté. _ Ne savoir de quel côté se touner, être embarrassé pour vivre, pour réussir dans une afaire. _ Voir de quel côté vient le vent, examiner en quel état sont les afaires, pour prendre son parti. _ Être du côté gauche, bâtard. _ Se tenir les côtés (l' Acad. ajoute, de rire, ce qu' on n' ajoute pas ordinairement), rire à gorge déployée. "L' Hôte et l' Hôtesse éclatèrent de rire, et se tinrent long-temps les côtés. Volt. "Elles se tiènent toutes les côtés, et font des éclats immodérés. Th. d' Éduc.

COTEAU


COTEAU, s. m. [Koto; 2e dout. au sing. lon. au plur. On a écrit long-temps~ côteau, avec un accent circ. sur l' o; mais cet o est bref: il ne faut donc point d' acc. L' Acad. n' en met point.] On écrivait plus anciènement côtau: Ménage, en conséquence, trouvait une faûsse rime dans ces vers de Boileau.
   Qui se disant Profés dans l' Ordre des Coteaux,
   À~ fait, en bien mangeant, l' éloge des morceaux.
   Dabord, dit La Touche, on écrit coteau plutôt que cotau (on pourrait dire aujourd'hui qu' on n' écrit plus que le premier.) Mais, quand on écriroit cotau, cela n' empêcheroit pas que la rime de cotaux et morceaux ne fut très-bone, parce que au et eau se prononcent absolument de la même manière. L. T.
   COTEAU est le penchant d' une colline depuis le haut jusqu' en bas. "Agréable, fertile coteau. Le long du coteau: sur le coteau, sur le haut du coteau. La riviere passe au pied du coteau.

CôTELETTE


CôTELETTE, s. f. [Kôtelète; 1re lon. 2e et dern. e muet; 3eè moyen.] Côte de certains animaux, comme moutons, veaux, agneaux, cochons, etc. Mettre des côtelettes sur le gril. Servir des côtelettes en robe de chambre, envelopées dans du papier, et grillées dans cet état.

COTER


COTER ou COTTER, v. a. [L' Acad. met le premier.] Marquer suivant l' ordre des lettres ou des nombres. Coter des pièces d' un procès par A, B, etc. ou par 1, 2, 3, etc. Coter un chapitre, un article, un verset; coter à la marge, etc.

COTERET


COTERET, voy. COTRET.

COTERON


COTERON, voy. COTTERON.

COTERIE


COTERIE, s. f. [2e et dern. e muet; 3e lon.] Compagnie des gens du quartier, de la famille ou de parties de plaisir, etc. Faire coterie avec quelqu' un: "Ils sont de même coterie: il ne va pas dans le monde: il s' en tient à quelques coteries peu bruyantes. _ Suivant l' Auteur des Réflexions, ce mot n' est bon que dans le style familier. Société est plus noble,et se dit d' une compagnie d' honêtes gens. _ Coterie vient aparemment de ce que dans ces sociétés chacun y fournit sa quote part.

COTHURNE


COTHURNE, s. m. Sorte de chaussûre, dont les Acteurs se servaient anciènement pour jouer dans la Tragédie: Chausser le cothurne, faire des Tragédies. _ Figurément prendre un ton élevé et pathétique, dans une ocasion, dans un ouvrage qui ne le demande pas.

CôTIER


CôTIER, adj. et s. m. [Kô-tié: 1re lon. 2e é fer.] qui a la conaissance, la pratique d' une côte. Pilote côtier; il est bon côtier.

CôTIèRE


CôTIèRE, s. f. [Kô-tiè-re; 2e è moy. et long, 3e e muet.] 1°. Suite de côte de mer: "Il croise sur cette côtière: "Ces côtières sont sujettes à tel vent. = 2°. Planche de jardinage, qui va en talus, et qui est ordinairement adôssée à une murâille. Cette côtière est propre pour les pois.

COTIGNAC


COTIGNAC, s. m. [Quelques-uns disent codignac, mais mal; mouillez le g.] Confitûre faite avec des coins. Boîte de cotignac.

COTILLON


COTILLON, s. m. [Koti-glion; mouillez les ll.] Cotte ou Jupe de dessous. Il ne se dit qu' en parlant des femmes de basse condition. L. T. L' Acad. n' en distingue point l' usage. Jupon est plus noble. _ Aimer le cotillon, être adoné aux Grisettes.

COTI


COTI, IE, adj. Meurtri. Des fruits cotis par la grêle. Il est populaire.

COTISATION


COTISATION, s. f. COTISER, v. act. [Kotiza-cion, kotizé.] Il se disent de la part que chacun doit payer d' une somme. Cotisation mal faite, inégale, injuste. On l' a cotisé (taxé) à tant. L' usage ordinaire de ce verbe est avec le pron. pers. Se cotiser; se taxer volontairement.

COTISSûRE


COTISSûRE, s. f. [Koti-sûre: 3e lon. 4e. e muet.] Meurtrissûre, en parlant des fruits seulement. "La cotissûre empêche que les fruits ne soient de garde.

COTITÉ


COTITÉ, voy. QUOTITÉ.

COTOïER


COTOïER, Richelet. V. COTOYER.

COTON


COTON, s. m. COTONIER, s. m. [3e é fer. nié.] Le coton est une espèce de laine qui vient sur un arbuste, qu' on nomme cotonier. _ Figurément et poétiquement, poil folet, qui vient au menton et aux joues des jeunes gens.
   Le premier coton,
   Qui de jeunesse est le message.       Malh.
= Duvet qui vient sur de certains fruits, et sur les boutons de la rôse et de quelques plantes. = Boûrre qui envelope le bourgeon de la vigne et de quelques arbres. = Une étofe jette son coton, ou du coton, quand elle jette une espèce de boûrre ou de duvet. = En style proverbial, on dit d' un homme dont la réputation et les afaires sont ruinées, qu' il jette un vilain coton, et ironiquement, un beau coton.

COTONÉ


COTONÉ, ÉE, adj. SE COTONER, v. réc. COTONEUX, EûSE, adj. Le premier ne se dit guère que des cheveux, pour dire, très-courts et très-frisés, comme ceux des Nègres. _ Pour les fruits on dit cotoneux.
   SE COTONER, se couvrir d' un certain petit coton ou duvet. "Ses joûes commencent à se cotoner. "Ce drap, cette toile, cette étofe se cotone. _ En parlant des fruits, artichauts, raves, etc. devenir mollasse et spongieux. Ces pommes se cotonent ou sont cotoneûses.

COTONINE


COTONINE, s. f. Toile faite de gros coton, dont on fait des voiles pour les vaisseaux, galères, etc.

CôTOYER


CôTOYER, v. act. [Kô-toa-ié; Rich. écrit cotoïer; mais cette ortographe ne répond pas à la prononciation; voy. CORROYER.] Aller côte-à-côte de... cotoyer la rivière, la forêt: "L' armée des énemis cotoyoit la nôtre. _ l' Acad. le dit des persones. "Il me côtoyoit; ne soufrez pas qu' il vous cotoie à la Procession. Un vassal ne doit pas côtoyer son Seigneur.

COTRET


COTRET, ou COTERET, s. m. L' Acad. met le premier. [Kotrè, 2e è moy.] Petit faisceau court, composé de morceau de bois de médiocre grôsseur, et lié par les deux bouts. _ Châtrer des cotrets, en ôter quelques bâtons. _ Sec comme un cotret, maigre et décharné. _ Huile de cotret, coups de batons. Ce dernier est bâs et populaire.

COTRON


COTRON, voy. COTTERON.

COTTE


COTTE, s. f. COTTERON, s. m. [Kote, koteron; 2e e muet. Plusieurs écrivent cotron, d' aûtres coteron; mais ce mot étant un diminutif de cotte, il est bon de l' écrire avec deux tt.] Cotte se dit d' une jupe à l' usage des femmes de basse condition. Cotteron est une petite cotte courte et étroite.
   Cotte d' armes, casaque que les Hommes d' armes mettaient aûtrefois sur leurs cuirasses. _ Cotte ou jaque de mâilles; chemise faite de mâilles ou petits anneaux de fer. _ Cotte morte est, parmi quelques Religieux, la dépouille d' un Religieux après sa mort. La cotte morte apartient à l' Abé.

COU


COU, a en français, le son de ku dans les aûtres langues de l' Europe.

COU


COU, s. m. La partie du corps qui joint la tête aux épaules. "Avoir mal au cou, ou un mal de cou. Mouchoir de cou; tour de col, ou de cou. Voyez COL. Avoir le cou de travers. Alonger le cou; pencher le cou. Tordre le cou à... Se rompre, se casser le cou, etc.
   Rem. S' il en faut croire l' Acad. on dit col en Poésie, pour éviter la rencontre des voyelles (l' hiatus); je doute dort que cette licence fût bien reçue aujourd'hui dans la haute Poésie. On dit, dans le style familier, col tors, il a le col court. _ Par extension, on dit, le cou d' une bouteille, le col ou le cou d' un matras: cette partie longue et étroite par où on les remplit et on les vide.
   COU fournit à plusieurs expressions du style familier. _ Se jeter au cou de quelqu' un; figurément, c' est être aisé à faire conaissance, à lier amitié, être familier et plein de prévenances dès la première visite. "Cet homme se jette au cou de tout le monde. _ Mettre à quelqu' un la bride sur le cou, lui laisser faire tout ce qu' il veut. "J' userai sagement de cette bride qu' on m' a mise sur le cou. Sév. _ Se rompre, ou se casser le cou; ruiner son crédit, sa fortune par ses sotises. "En voulant s' élever trop haut on tombe, et on se casse le cou. St. Évr. Prendre ses jambes sur son cou (Trév.) ou à son cou (Acad.) faire diligence pour faire quelque message. _ Se mettre dans l' eau jusqu' au cou pour ses amis, etc. Être ardent à rendre service; ne mettre péril à rien pour cela. _ On dit aussi qu' il n' y a pas de l' eau jusqu' au cou, quand on reconait qu' une chôse n' est pas aussi dificile qu' on l' avait représentée. _ On dit d' une persone qui a le cou long, qu' elle a le cou d' une grûe. _ On dit aussi, populairement, il sera pendu par son cou, pour dire simplement qu' il sera pendu. Cette redondance ajoute à l' expression. _ Sauter au cou de quelqu' un, l' embrasser, etc.

COUARD


*COUARD, s. m. COUARDISE, s. f. Poltron, poltronerie. L' Acad. dit du 1er, qu' il est vieux, et du second, qu' il vieillit.
   Rem. Ménage dit que couard n' est plus de la belle poésie: il pouvait ajouter, ni de la belle prôse. Il ne peut plus entrer, ainsi que couardise, que dans le style comique ou très-familier.

COUCHANT


COUCHANT, adj. et s. m. L' adjectif ne se dit qu' avec Soleil et chien: au Soleil couchant. = Un chien couchant, est un chien de chasse, qui se couche ordinairement pour arrêter les perdrix. = Au figuré, faire le chien couchant, c' est flater pour tromper celui qu' on flate ou pour nuire à un tiers.
   COUCHANT, subst. La Patrie occidentale de la terre. Rouen est au couchant de Paris. Mer vers le couchant. = En style poétique, il exprime la vieillesse.
   J' ai vu mes tristes journées
   Décliner vers leur penchant,
   Au midi de mes années,
   Je touchois à mon couchant.      Rouss.

COUCHE


COUCHE, s. f. [2e e muet.] 1°. Au propre, lit, mais on ne s' en sert que dans le style poétique ou oratoire; souiller la couche de... ou la couche nuptiale; abuser d' une femme mariée. = 2°. Couche signifie enfantement, heureuse couche, fausse couche. Il signifie aussi le temps qu' une femme demeure au lit après l' acouchement. Ses couches ont été heureuses: elle a fait ses couches ici: pendant ses couches: elle est en couche. _ Dans ce dernier sens, il ne se dit qu' au pluriel, excepté avec la prép. en, et dans cette phrâse, relever de couche. = 3°. Linges dont on envelope les petits enfans. "Changer de couches à un enfant. = 4°. En termes de jardinage, planches relevées pour y semer des graines. "Semer sur couche. = 5°. Enduit avec des couleurs ou des métaux, pour peindre, bronzer ou dorer. "Doner une première couche, plusieurs couches. = 6°. À~ certains jeux, ce que l' on met sur une carte. "La moindre couche est de six francs, la plus forte de deux louis.

COUCHÉE


COUCHÉE, s. f. [2e é fer. et long, 3e e muet.] Lieu où l' on loge la nuit en faisant voyage. "Je vous suis à toutes vos couchées. Sév.

COUCHER


COUCHER, v. act. et neut. [Kou-ché; 2e é fer.] Mettre quelqu' un au lit, ou s' y mettre soi même; coucher un enfant, un malade: des valets qui couchent leur Maître, des femmes de chambre qui couchent leur Maîtresse, qui les aident à se déshabiller, et à se coucher. _ Coucher dans un lit, sur un matelas, sur la dûre. _ C' est aussi passer la nuit en quelque endroit. "Nous allâmes coucher à Lyon. "Coucher dans un bateau, dans un carrosse. = Coucher, renverser: "Les vents, les pluies couchent les blés. = Mettre par écrit, coucher sur le papier, dans un acte. = Mettre au jeu: il couche à chaque coup, cent pistoles sur une carte. = Se coucher, être couché: Il s' est couché à minuit; il est couché depuis dix heures. Le Soleil se couche à présent, à cinq et vingt minutes. La Lune est déjà couchée.
   Rem. Quand coucher est sans régime, on l' emploie au réciproque, et non pas au neutre. On doit, vous coucherez avec moi; il a couché à l' auberge; mais on ne dit pas allez coucher; on doit dire, allez vous coucher. Regnard a fait cette faute dans le Joueur:
   Et va coucher sans bruit.
Il faut dire: et va se coucher.
   Racine donne au neutre le v. être pour auxiliaire:
   Il y seroit couché sans manger ni sans boire.
       Plaideurs.
Il y seroit couché n' est pas français, dit d' Olivet, pour signifier, il y auroit passé la nuit. On dit, en des sens très-diférens, coucher et se coucher. Le premier, tantôt actif et tantôt neutre, prend pourtant toujours l' auxiliaire avoir: le second est réciproque, et prend l' auxiliaire être. _ Racine le Fils prétend que c' est une faute d' impression, et qu' on doit lire: il s' y seroit couché, etc. Mais il n' a pas fait réflexion que, se coucher signifie simplement se mettre au lit, ou s' étendre tout de son long sur quelque chôse. Or, ce n' est point assurément là ce que l' Auteur a voulu dire. D' Olivet.
   COUCHER, pour mettre, par écrit, n' est plus que du style familier. On ne dirait point dans une Histoire, comme a fait Pellisson dans celle de l' Académie: "M. de Cerisy le coucha par écrit. _ On disait aussi, cet homme couche bien par écrit, pour dire: il écrit d' un bon style. En ce sens, il vieillit, dit l' Acad.
   On dit encôre, mais seulement dans le style familier, coucher, ou être couché sur l' état, sur le rôle. La Fontaine dit dans la Fable de l' Âne et de ses Maîtres.
   ...Il obtint changement de fortune;
   Et sur l' état d' un Charbonier
   Il fut couché tout le dernier.
   Autre plainte, etc.
   On dit, proverbialement, coucher à la belle étoile, coucher dehors. Coucher dans son fourreau, tout vétu. _ Coucher en joûe, au propre, mirer avec une arme à feu; au figuré, avoir en vûe quelque place: Il couche en joue cet emploi. _ Coucher sur le carreau, renverser, tuer. _ Comme on fait son lit, on se couche; les afaires vont selon la peine qu' on se done.
   Rem. Coucher avec une femme, est une expression basse et peu digne du style de l' Histoire. Voltaire dit, d' Alphonse de Portugal: "Il avait eu publiquement, d' une courtisane, un enfant, qu' il avait reconnu. Il avait couché très-long-temps avec la Reine. Malgré tout cela, elle l' accusa d' impuissance. _ Tous les styles sont mélés, dans le Siecle de Louis XIV, le chef-d' oeuvre de Voltaire; et le faut être, ou bien aveugle, ou excessivement prévenu, pour le citer comme un modèle d' écrire l' Histoire.
   COUCHER, s. m. Il n' a point de pluriel, et ne s' unit point avec des adjectifs. Le lever et le coucher du Roi. Le coucher du soleil. "Il est délicat pour le boire, pour le manger et pour le coucher. _ Il ne prend d' épithète que quand il signifie la garnitûre d' un lit, comme matelas, lit de plume, etc. Bon, ou mauvais coucher.

COUCHETTE


COUCHETTE, s. f. COUCHEUR, EûSE, s. m. et f. [Kou-chète, cheur, cheû-ze; 2e è moy. au 1er, lon. au dernier.] Couchette, petit lit, sans ciel, piliers, ni rideaux.= Coucheur, qui couche avec un aûtre. Il ne se dit que dans ces phrâses: C' est un bon, comode; ou, un mauvais, incomode coucheur; une bone, ou mauvaise coucheûse.

COUCHIS


COUCHIS, s. m. [Kou-chi] Poutre, sable et terre, qui sont sous le pavé d' un pont.

COUCI


COUCI, COUCI. Expression familière. Là-là, par-ci, par-là. Elle vient de l' Italien, cosi, cosi, qu' on prononce couci. Voyez TELLEMENT, QUELLEMENT, au mot, TELLEMENT.

COUCON


COUCON, voy. COCON.

COUDE


COUDE, s. m. COUDÉE, s. f. [Kou-de, dé-e; 2e e muet au 1er, é fer. et long au 2d.] Le coude, est la partie extérieure du brâs, à l' endroit où il se plie. "Doner un coup de coude. Il est incivil de manger les coudes sur la table. _ Hausser le coude (st. prov.), boire beaucoup, et quelquefois, boire trop et s' enivrer. _ Coude, se dit aussi de l' endroit de la manche qui couvre le coude. _ Coude d' une murâille, d' une rivière; angle qu' elles font en certains endroits: "Cette murâille, cette rivière fait un coude.
   COUDÉE, exprime toute l' étendûe du brâs, depuis le coude jusqu' au bout du doigt du milieu. Avoir ses coudées franches, c' est, au propre, être au large; au figuré, avoir la liberté de faire ce qu' on veut. "M. de Turenne a ses coudées franches, de sorte que nous ne sommes plus pressés d' aucun endroit. Sév. _ Coudée, est aussi une mesûre qui est d' un pied et demi. Cette murâille avoit tant de coudées de haut.

COU-DE PIED


COU-DE-PIED, s. m. [Kou-de-pié: l' Acad. écrit coude-pied, comme si ce mot était composé de coude: mais il me paraît qu' il est plus raisonable d' écrire cou-de-pied; comme qui dirait, le cou du pied. C' est ainsi que l' écrit Trév. et le grand nombre des Auteurs.] La partie supérieure du pied, qui se joint à la jambe.

COUDER


COUDER, v. a. Plier en forme de coude. Couder une bârre de fer. "Il y a beaucoup d' outils qui sont coudés.

COUDOYER


COUDOYER, v. a. [Kou-doa-ié. _ Je coudoie, et non pas, je coudoye; je coudoierai, etc., et non pas, je coudoyerai: pron. kou-doâ, kou-doâ-ré; 2e lon.] Heurter quelqu' un du coude. "Pourquoi m' avez-vous coudoyé? Dans les foules, on ne peut éviter de coudoyer et d' être coudoyé.

COUDRAIE


COUDRAIE, s. fém. COûDRE, s. m. [Koudrê, coûdre; l' ou est long au 2d, 2e ê ouv. et long au 1er, e muet au 2d.] Coûdre, est l' arbre qui porte des noisettes. Coudraie, est un lieu planté de coûdres. "Baguettes, cerceaux de coûdres. "Aller dans la coudraie.

COûDRE


COûDRE, v. a. [L' ou est long devant l' e muet; il est bref devant la syll. masc. Cousant, je cousais, je coudrai, etc.] Je cous, tu cous, il coud (ou, je couds, etc. Acad.) Nous cousons; je cousais, je cousis (plus autorisé que je cousus, dit Restaut. L' Acad. met le premier,) j' ai cousu; je coudrai; coudrois; que je couse, je cousisse (préférable à je coussuse;) cousant, cousu, ûe. _ Regnier des Marais se déclare pour je cousus, je coususse, et il a pour lui l' analogie, les aûtres verbes en oûdre, comme moûdre, résoûdre, ayant ce temps en us et en usse, je résolus, je moulusse. _ Restaut, M. de Wailly, l' Acad., etc., sont pour je cousis, je cousisse: c' est le plus sûr.
   COûDRE; c' est joindre deux ou plusieurs chôses ensemble, avec du fil ou de la soie passés dans une aiguille, etc. Coûdre du linge, un habit, des cahiers, etc. _ Il est quelque--fois neutre: Il coud bien, elle coud proprement, etc.
   COûDRE, s' emploie au figuré: Coûdre des passages: cinq ou six passages cousus ensemble faisaient tout son discours: "Si l' on cousoit ensemble toutes les heûres qu' on passe avec ce qui plaît, l' on feroit à peine, d' un grand nombre d' années, une vie de quelques mois. _ Il n' est pas du style noble. "Ce n' étoit pas confesser la Trinité, que de l' expliquer de la sorte; c' étoit, comme dit St. Augustin, coûdre la Foi de la Trinité à ses inventions. Boss. _ La citation d' un texte, dont on ne veut pas afoiblir l' énergie, fait passer de pareilles expressions.
   On dit proverbialement, d' un malheur arrivé, ou près d' arriver, qu' on ne sait quelle pièce y coûdre, quel remède y aporter. _ Coûdre la peau du renard à celle du lion, la force à la rûse.
   COUSU, ÛE, s'~ emploie~ souvent au figuré: Bouche cousûe! n' en parlez pas: Être cousu avec quelqu' un, ne pas le quitter d' un instant. "La proximité de la Princesse lui ôte (à Mde de Monaco) le plaisir d' être cousûe avec Madame. Sév. Finesse cousûes de fil blanc, aisées à reconaître. _ Il semble que cet habit lui soit cousu sur le corps, tant il est bien fait. _ Être cousu d' argent, en avoir beaucoup. _ Visage cousu de petite vérole, fort marqué. _ On dit, d' un cheval maigre et éflanqué, qu' il a les flancs cousus: d' un homme exténué, qu' il a les joûes cousûes; et de celui qui est couvert de blessûres, qu' il est tout cousu de coups.

COUDRETTE


*COUDRETTE. Il s' est dit aûtrefois pour coudraie. Voyez ce mot.

COUDRIER


COUDRIER, s. m. Arbre qui porte des noisettes. On dit aussi, coûdre.

COUENNE


COUENNE, s. f. COUENNEUX, EûSE, adj. [Koua-ne, neû, neû-ze; 2e lon. aux 2 dern.] La couenne, est la peau du pourceau et du marcassin: Couenne de lard: frotter avec de la couenne. _ Couenneux, se dit sur-tout du sang qui est de la natûre et de la couleur de la couenne. Ce sang est couenneux.

COUETTE


*COUETTE, lit de plume. Ce mot est vieux.

COULAGE


COULAGE, s. m. Perte, diminution des liqueurs qui s' écoulent des tonneaux. Le coulage d' une pièce de vin. Les Voituriers ne répondent point du coulage.

COULAMMENT


COULAMMENT, adv. COULANT, ANTE, adj. [Kou-laman, lan, lante; 2e lon. aux 2 dern.] Coulamment, ne se dit que du style et des écrits. Cela est écrit coulamment, d' une manière aisée, qui n' a rien de rude. _ Coulant, qui coule aisément, se dit au propre et au figuré: Ruisseau coulant, vin coulant, style coulant, vers coulans: Sa veine est coulante. _ Noeud coulant, noeud qui se serre et se desserre sans se dénouer.

COULANT


COULANT, s. m. Diamant, ou pierre précieûse, enfilé à un cordon de soie, où il coule, de sorte qu' on peut le hausser ou le baisser à volonté: Elle avait un coulant de grand prix.

COULER


COULER, v. n. et a. [Koulé; 2eé fer.] 1°. Il se dit des chôses liquides, qui suivent leur pente: Ruisseau, fontaine qui coule; rivière qui coule autour de la Ville, le long des remparts, vers la mer, etc. = 2°. Il se dit des vaisseaux qui contiènent les liquides. Un tonneau, un vâse coule, quand il laisse échaper la liqueur qu' il contient. = 3°. Couler bâs, couler à fond, se dit d' un navire qui s' enfonce dans l' eau. _ On dit aussi activement, couler un vaisseau à fond, le faire submerger. Voyez À~ FOND, au mot, FOND. = 4°. En parlant des chôses solides, glisser: L' échelle était mal assise, elle coula. "Une tuile coula du toit, et lui tomba sur la tête. = 5°. La vigne coule, quand le raisin començant à nouer, tombe, ou se dessèche. On le dit aussi des melons et des figues.
   6°. COULER, se dit figurément du temps: Les jours, les années, les siècles, coulent insensiblement; de ce qui est écrit d' une manière~ aisée et coulante: "Ces vers coulent bien, cela coule de source~; ce qui se dit aussi de ce que chacun fait suivant son génie, son caractère. On dit d' un savant, qui parle savamment, et d' un homme charitable, qui fait des charités, cela coule de source.
   7°. En termes de Danse, couler, c' est glisser doucement. Faites deux pas, et coulez. _ On le dit aussi des persones qui passent sans faire de bruit; ou neutralement, ces troupes coulèrent le long des remparts; ou comme réciproque, il se coula par une allée couverte.
   Par des chemins couverts, en secret il se coule.
       Fonten.
  8°. COULER, passer légèrement sur: "Il n' a fait que couler sur cette circonstance. _ Dans un sens aprochant, il est actif, et signifie glisser adroitement: "Il faudroit en couler un mot dans votre lettre; en comptant de l' argent, il a coulé quelques pièces fausses.
   COULER, v. a. Passer une chôse liquide à travers du linge, du drap, du sâble, etc. Couler un bouillon, une médecine, etc.
   Rem. 1°. On dit, couler ses jours, et passer le temps. Un Auteur moderne a mis un verbe pour l' aûtre. "La passion de couler le temps dans des visites inutiles, etc. Il a peut-être voulu éviter la cacophonie de, passion de passer, etc.
   Je veux fuir un défaut, je tombe dans un autre.
On dit neutralement, que le temps coule; mais on ne le coule pas.
   2°. COULER, pour répandre, est neutre. Si l' on veut l' employer activement, il faut dire, faire couler. "Les vertus de cette grande Reine n' empêcherent pas qu' elle ne fût sujette à la calomnie: mais elle coula toujours les mêmes grâces... et donna d' abondantes aumônes à ceux-là même dont la pauvreté n' empêchoit point l' insolence. Masc. Or. Fun. d' Anne d' Autriche. _ Répandit, aurait été plus noble et plus régulier.
   * 3°. Dans certaines Provinces, quelques-uns disent, que des habits coulent l' eau, pour exprimer qu' ils sont si mouillés, que l' eau en découle. C' est un vrai gasconisme, un barbarisme.

COULEUR


COULEUR, s. f. [Kou-leur; 2e dout. au sing. lon. au pluriel, couleurs.] 1°. Modification des rayons de lumière, qui excite en nous les sensations, qui nous font distinguer les chôses, et les apeler rouges, vertes, jaûnes, etc. Trév. Impression que fait sur nous la lumière, réfléchie par la surface des corps. Acad. Sentiment qu' excitent en nous les objets qu' on apèle colorés. Rich. Port. Cette dernière définition ne vaut pas grand' chôse: on peut choisir entre les deux aûtres. "Couleur naturelle, ou artificielle; claire, ou sombre, obscûre. = 2°. Il est quelquefois masc. Le couleur de rôse, le couleur de feu, le couleur de citron, etc. J' aime mieux le couleur de rôse que j' avois hier. Th. d' Educ. _ On l' emploie aussi comme adjectif: ruban couleur de feu, etc. = 3°. Il se prend encôre en parlant d' habillement, pour toute aûtre couleur que le noir, le gris, le blanc. Il ne s' habille guère de couleur: elle est en habit de couleur: elle a renoncé à la couleur. = 4°. Drogue dont on se sert pour la peintûre et la teintûre. Broyer, méler, préparer, apliquer les couleurs. _ Couleur, coloris (synon.) Le 1er n' exprime que ce qui forme l' image visible des objets, par ses variétés, le 2d est l' éfet particulier qui résulte de la qualité et de la force de la couleur, par raport à l' éclat, indépendamment de la forme et du dessin. "Les tableaux du Titien excellent par le coloris; et l' on dit qu' il en sont redevables à l' art particulier qu' avoit ce Peintre, de préparer et d' employer les couleurs. GIR. Synon. Voy. COLORER. = 5°. Couleurs, au plur. se prend pour livrée. Couleurs magnifiques, bisârres, fantasques, etc. 6°. Le teint du visage: bone ou mauvaise couleur: "Il avoit une couleur pâle, plombée, livide. "Il se porte bien, il a repris sa couleur. Belles couleurs: "Elle a de belles couleurs, etc. Il est haut en couleur; la couleur lui monta au visage. = 7°. Il se dit des viandes, du pain, des pâtisseries, etc. Doner couleur au rôti: il faut que ces viandes prènent couleur; ce pain n' a point de couleur, etc.
   8°. Couleur se dit élégamment au figuré. "Le mensonge se revêt des couleurs de la vérité. _ Inventer des couleurs, c. à. d. des aparences, ne serait pas suportable en prôse: il fait bien dans ces vers de Racine:
   J' inventai des couleurs, j' armai la calomnie.
M. l' Ab. Royou l' emploie plus figurément encôre. "N' est-ce pas là le ton et la couleur de la véritable éloquence? dit-il, en parlant d' un beau morceau du Panégyrique de St. Louis, par M. l' Ab. Boulogne. = Sous couleur de, régit l' infinitif, sous couleur que, l' indicatif: "Sous couleur de protéger la liberté des peuples, ils travailloient à envahir l' autorité du souverain. Anon. "Callicrate congédia les Députés, sous couleur que les Lois ne permettoient pas de délibérer, etc. Rollin.
   Sans couleur, c. à. d. pâle: "Immobile, sans couleur et sans voix, rien ne vit plus en lui que son désespoir. Jér. Dél. = Quelqu' un qui est triste, dit, que ses pensées, ne sont pas couleur de rôse: "Une jeune veûve, âge heureux où l' âme ne se repait que de chimères couleur de rôse. Retif. "Je vous conseille, ma chère Pauline, de ne pas tant laisser tourner votre esprit du côté des chôses frivoles, que vous n' en conserviez pour les chôses solides.... Autrement votre goût auroit les pâles couleurs. Sév. _ Prendre couleur, se déclarer, se décider: enfin, il a pris couleur. Reprendre couleur, rentrer en faveur, rétablir sa fortune. Métaphôres tirées du jeu de lansquenet.

COULEVRINE


COULEVRINE, s. f. [2e et dern. e muet.] Pièce d' artillerie plus longue que les canons ordinaires. Être à la portée de la coulevrine. _ Etre sous la coulevrine d' une place, en être si près qu' on peut en être, ou défendu ou incomodé. _ On le dit, figurément, d' un homme de qui l' on dépend par sa charge, son emploi: Vous avez le ménager; vous êtes sous sa coulevrine.

COULEûVRE


COULEûVRE, s. f. [Kou-leû-vre; 2e lon. 3e e muet.] Reptile du genre des serpens. Couleûvre d' eau, ou de haie, de buisson.
   On dit, proverbialement, faire avaler des couleûvres à quelqu' un, lui faire endurer des chôses dûres et mortifiantes: "Je lui dis tous les jours qu' il faut que le goût qu' il a pour elle soit bien extrême, puisqu' il lui fait avaler toute sorte de couleuvres. Sév.
   Alors, Alcipe, alors tu verras de ses oeuvres,
   Résous-toi, paûvre époux, à vivre de couleuvres.
       Boil.
  Sote ignorance, et jugement léger,
  Vous ont jadis, on le voit par vos oeuvres,
  Fait avaler anguilles et couleuvres.
      Rouss.

COULIS


COULIS, s. m. [Kou-li, et devant une voyelle, kou-liz.] suc d' une viande, légume, etc. consomé à force de cuire, passé par une étamine, par un linge. Coulis de jambon, de chapon, de perdrix, de pois, etc.
   COULIS, est adj. m. dans cette expression: vent coulis, qui se glisse à travers des fentes et des trous. Il vient un vent coulis par cette porte; les vents coulis sont dangereux.

COULISSE


COULISSE, s. f. [Kou-lice.] 1°. Longue rainûre par laquelle on~ fait couler, aler et revenir une porte, une fenêtre, un châssis, etc. _ Il se dit aussi du volet qui va et vient dans cette rainûre. = 2°. Pièces de décorations, que l' on fait avancer et reculer dans les changemens de théâtre. "Les coulisses n' alaient pas bien. _ C' est aussi le lieu où ces coulisses sont placées. Pendant toute la pièce, il fut dans les coulisses.

COULOIR


COULOIR, s. m. [Kou-loar: 2e dout.] 1°. Écuelle, ordinairement de bois, qui, au lieu de fond, a une pièce de linge par où l' on coule le lait, en le tirant. = 2°. Passage de dégagement d' un apartement à l' autre. _ 3°. Terme d' Anatomie: les couloirs de la bile.

COULOMBIER


*COULOMBIER. Voyez COLOMBIER. Richelet disait: "On ne dit plus présentement que coulombier, et tel est le bon plaisir de l' usage. Cet usage a bien changé.

COULPE


COULPE, s. f. La tache du péché, par distinction de la peine. "Le Sacrement de pénitence éface la coulpe du péché, mais n' en remet pas toute la peine; le Sacrement de Baptême emporte et la coulpe et la peine. _ On dit (st. fam.) J' en dis ma coulpe, je m' en répens, j' en demande pardon. _ Leibnitz apèle le mal moral, le mal de coulpe, pour le distinguer du mal physique, qui est le mal de peine. Cette expression est inusitée.

COULûRES


COULûRES, s. f. [2e lon. 3ee muet.] Suivant le Rich. Port. C' est le mouvement de ce qui coule: la coulûre du métal, de la vigne. Trév. et l' Acad. ne le disent que de la vigne, quand la fleur coule à terre par quelque mauvais temps, dit Trév. Quand le raisin comence à nouer, et que les grains tombent ou se dessèchent, dit l' Acad. Ce qui revient à-peu-près au même.

COUP


COUP, s. m. [Le p ne se pron. que devant une voyelle.] Choc, mouvement d' un corps sur un aûtre, en le frapant, le perçant, le divisant, etc. Acad. "Coup de poing, coup de pied, coup de cognée, de marteau, de couteau, d' épée, etc. _ Il se dit aussi de la marque des coups qu' on a reçus: il est tout couvert, tout percé de coups: il a tant de coups sur lui, sur son corps.
   Rem. Ce mot entre dans une foule d' expressions. _ Coup de feu, la blessure faite par une arme à feu. _ Coup de bec, coup de dent, coup de langue, médisance, raillerie piquante. _ Coup de désespoir, coup de tête: démarche désespérée, hasardée: "la paix de Casal fut un coup de tête, et quelques-uns ont ajouté, un coup de chapeau, parce que M. Mazarin, qui la fit, en devint Cardinal. Trév. On apèlerait cela aujourd'hui un misérable calembourg. _ Coup d' Etat, action importante bien ménagée et décisive. _ Coup de partie, succès important aussi et décisif. _ Coup de main, à la guerre, ataque brusque et subite. _ Un coup de maître, un beau coup. _ On dit aussi, coup d' oeil, coup de peigne, de pinceau, d' archet, de plume, de siflet, de gouvernail. _ Coup de filet; le jet du filet dans l' eau pour prendre du poisson. "Il a pris tout ce poisson d' un seul coup de filet. _ Coup de vent, coup de mer mouvement impétueux du vent, de la mer. _ Coup de fortune, de bonheur, de malheur, d' aventure, de hasard; évènement extraordinaire et imprévu. _ Coup du ciel, coup d' en haut, coup de la Providence, se disent à-peu-près dans le même sens. _ Coup d' essai, la première action, le premier ouvrage, par lequel on done des marques de ce qu' on est capable de faire. _ Coup d' armes à feu, la décharge de ces armes, et le bruit qu' elle fait. Coup de foudre, de tonnerre; et au figuré, coup de foudre, de massue, évènement imprévu, étonant et acablant. _ Coup de Jarnac: mauvais tour, auquel on ne s' atend pas. _ Coup de Chapeau, action de saluer: cela ne vous coûtera qu' un coup de chapeau. _ Coup de pied, course fort courte: il n' y a qu' un coup de pied d' ici là: Donez un coup de pied jusque-là. _ Coup de dés, se dit des diférentes combinaisons que les dés peuvent faire: il a fait un beau coup de dés. _ Coup de sang, épanchement du sang dans le cerveau. _ Coup de soleil; impression subite, que fait un soleil ardent sur la tête. _ Coup de Théâtre, est, en Poésie Dramatique, un évènement ou une situation qui surprend, qui frape les spectateurs. On le dit figurément, dans l' usage de la vie.
   La Beaumelle parlant de Racine, qui mourut de chagrin, dit qu' un Poète si tendre devoir mourir d' un coup de sentiment. Peut-être cela ne plaira-t-il pas à tout le monde.
   Porter coup, sans régime, faire impression. "Vous croyez donc que ce petit ouvrage portera coup. Th. d' Éduc. Le Libraire. C' est aussi, tirer à conséquence. _ Porter coup à... Nuire. Cette démarche vous portera coup. _ Détourner le coup, rompre un coup, empêcher qu' une chose préjudiciable ne se fasse. _ Porter un coup fourré: rendre en secret un mauvais ofice. Faire son coup, réussir; manquer son coup, ne pouvoir exécuter son dessein. "Il ne resta à cette barbare Princesse (Frédegonde) que la honte d' avoir manqué son coup. Moreau. _ Rabatre les coups, adoucir une afaire, calmer les esprits. _ Faire d' une pierre deux coups, tirer deux avantages d' une même action, faire deux messages dans la même course, etc.
   COUP, signifie aussi une fois: un coup, deux coups, trois coups, etc. Le 1er, le 2d, le 3e coup, etc. un coup de vin, boire un coup, deux coups. Boire à petits coups, en petite quantité à chaque fois. Boire le petit coup, être sujet à boire; ou faire une petite débauche entre honnêtes gens. Boire un grand coup, boire beaucoup en une seule fois. _ Ce qui ne se peut fait en un coup, se fait en deux. Je vous le done en trois coups: il n' a plus que trois coups à jouer. _ C' est à ce coup que, etc.
   Rem. On dit, coup d' essai, d' une chôse qu' on fait pour la première fois; et coup de maître, de ce qui est parfait en son genre. Cela n' est que du style médiocre, quoique Corneille l' ait employé dans le Cid.
   Mes pareils à deux fois ne se font pas conoître,
   Et pour leurs coups d' essai veulent des coups de maître.
   COUP entre aussi dans plusieurs locutions adverbiales. _ Tout-à-coup, soudainement, en un moment. tout d' un coup, tout en une fois. _ Bouhours remarque que ces deux adverbes ne se disent pas indiféremment, et qu' il est des endroits où l' un est mieux que l' aûtre. Le second ne marque pas toujours, comme le premier, que la chôse se fasse brusquement et dans l' instant même, ou qu' il y ait de la surprise. M. Beauzée, en avouant que ces mots ne sont pas sinonymes, dit aussi que, tout d' un coup, veut dire, tout en une fois; et, tout-à-coup, soudainement, sur le champ. "Ce qui se fait tout d' un coup, ne se fait, ni par degrés, ni à plusieurs fois: Ce qui se fait tout-à-coup, n' est ni prévu, ni atendu. Tout d' un coup, tient plus de l' universalité; et tout-à-coup, de la promptitude. "St. Paul, étant sur la route de Damas, fut tout-à-coup frapé d' une lumière très-vive, qui l' éblouit et le renversa par terre; et cet ardent persécuteur des Chrétiens, se trouva tout d' un coup changé.
   On a dit autrefois, tout à un coup, pour tout-à-coup: "Délogeant tout à un coup. Charron. _ * Vaugelas dit, si à coup, pour si vite. "J' avoue que c' est la destinée des Langues d' être sujettes aux changemens, mais cela n' arrive pas si à coup. _ Tout-à-coup a produit si à coup; mais celui-ci ne s' est point maintenu.
   À~ coups de.... adv. On dit, à coups de bâton, à coups d' épée, de fléche, de pique, de hallebarde, de canon, avec le singulier; et à coups de mousquets, de pistolets, avec le pluriel, quoique le singulier puisse aussi être employé avec ces deux noms. Mén. _ On dit aussi, à coups de poing, à coups de pied. _ Mallebranche a dit assez plaisamment, par analogie, que la plupart des Livres ne sont fabriqués qu' à coups de Dictionaires. Il a été imité. "Les deux Auteurs ont l' air d' écoliers qui martèlent leurs vers à coups~ de Dictionaires. Ann. Litt.
   Coup sur coup, tout de suite, sans interruption. "Ils les montrent coup sur coup en plusieurs endroits. Boss.
   Et les flots, coup sur coup élancés dans les airs;
   Vont presque dans la nue éteindre les éclairs.
       Bréb.
  À~ tous coups: 1°. À~ tout propos. Il vient à tous coups me quereller. = 2°. À~ tout instant, souvent. Il tombait à tous coups.
   À~ ce coup, pour le coup, pour cette fois-ci. "À~ ce coup, c' est lui qui tronque. Boss. _ Pour le coup, vous ne pouvez le nier, vous en défendre: pour le coup, je vous y atrape.
   À~ coup sûr: certainement. Vous m' y trouverez à coup sûr. _ Il est rarement modifié par les adverbes de comparaison, mais si on les y joint, il faut qu' ils précèdent. "Cette tâille (des arbres) est destinée à faire naître du fruit plus à coup sûr. Pluche: et non pas à coup plus sûr. Car, à coup sûr ne forme qu' une seule expression: il ne faut donc pas déranger l' ordre des termes qui la composent.
   Après coup; quand il n' est plus temps. "Cela n' est venu qu' après coup.
   Encôre un coup: encôre une fois. Sa place naturelle est à la tête de la phrâse. Encôre un coup, nos Docteurs savent bien que, etc.

COUPABLE


COUPABLE, adj. et subst. Qui a commis quelque faûte, quelque crime. Il est coupable d' un tel crime; c' est le plus coupable de tous. _ Il s' emploie aussi substantivement: souvent l' inocent paye, ou pâtit pour le coupable. "Il ajouta que ce ne seroit que par la punition de ces grands coupables, qu' on pourroit réduire leurs successeurs. Vertot. "Jamais faûte ne fut plus heureûsement dans l' espèce que demande le Théâtre, pour faire d' un Héros un coupable, sans en faire un criminel. Le Père Follard, sur sa Tragédie de Thémistocle.
   REM. 1°. Coupable, au figuré, se dit des chôses. Il peut suivre, ou précèder le substantif. En vers, il aime à marcher devant.
   Les cruels opresseurs....
   Dans leur coupable sang ont lavé cette injûre.
       Rouss.
  La Justice fuyant nos coupables climats,
  Sous le chaûme innocent porta ses derniers pâs.
      De Lille.
2°. Coupable, adjectif, régit la prép. de. "Il est coupable de tous ces crimes. Mais quand il est substantif, il doit être sans régime. Je ne crois pas qu' on doive imiter M. Linguet, quand il dit: "Hors les câs~ d' assassinats et ceux de vols des grands chemins, les coupables de ceux-ci sont suspendus sur les routes, etc.

COUPE


COUPE, s. f. [2e e muet: Kou-pe] 1°. Action de couper. "La coupe des bois; ce bois n' est pas en coupe. _ Vendre un melon à la coupe. _ Reconaitre la fausseté d' une monoie à la coupe; drap beau à la coupe. Ce Tailleur, ce Cordonier a la coupe bonne ou mauvaise. _ La coupe des cheveux, des pierres. _ La coupe d' un cintre, d' un dôme, d' un escalier. = 2°. Au jeu de cartes, séparation qu' un des Joueurs fait d' un jeu de cartes en deux parties, après que celui qui done, a mélé. Je ne veux pas être sous sa coupe: il a la coupe malheureûse. _ On dit, figurément, (st. famil.) Être sous la coupe de quelqu' un, avoir afaire à lui. "S' il tombe jamais sous ma coupe, il s' en souviendra.
   Rem. Depuis quelque temps on fait un grand usage de coupe, au figuré: la coupe et la liaison des scènes; la coupe des vers, etc.
   3°. Coupe, sorte de vâse, de tasse, ordinairement plus large que profonde: coupe de vermeil, de cristal. _ On dit au fig. la coupe des délices, la coupe des maux, des aflictions; mais on ne le dit que dans le style relevé. _ Dans le Dogmatique, c' est la Communion sous l' espèce du vin. Les Protestans demandoient à grands cris l' usage de la Coupe. "On acorde la Coupe aux Rois le jour de leur Sacre.
   COUPE, entre dans la composition de quelque mots; Coupe-cul, coupe-gorge, coupe-jarret; coupe-pâte, etc.

COUPÉ


COUPÉ, ÉE, adj. [Kou-pé, pé-e: 2e é fer. lon. au 2d.] Retranché, divisé. "Bois coupé. = Court, laconique; "style coupé, vers coupés, stances coupées. = Traversé de haies, de fossés, de rivières, de canaux: "Pays coupé. = Lait coupé, mélé avec de l' eau, etc.

COUPEAU


COUPEAU, s. m. Sommet, cime d' une montagne. Bien des gens trouvent ce mot suranné. L' Acad. le met sans remarque. Elle ne traite de vieillissante que cette façon de parler; la montagne au double coupeau, le Parnasse.

COUPE-CU


COUPE-CU (à) adv. Jouer à Coupe-cu, ne jouer qu' une partie, sans doner revanche.

COUPE-GORGE


COUPE-GORGE, s. m. Lieu où l' on vole, où l' on assassine les gens. = On le dit figurément de tout endroit où l' on fripone, où l' on rançone, où l' on écorche le monde: cette académie de jeu, ce magasin, cette auberge est un coupe-gorge: "Le monde est un coupe-gorge, dit St. Évremont: il n' y a que fraude et trahison. Il n' est que du style plaisant, ou chagrin.

COUPE-JARRET


COUPE-JARRET, s. m. Brigand, assassin, bretteur de profession.

COUPELLE


COUPELLE, s. f. [Kou-pèle; 2eè moy. 3e e muet.] Petit vaisseau en forme de tasse, fait avec des cendres lavées et des os calcinés. On s' en sert pour afiner l' or. Coupeller l' or, ou le passer à la coupelle. = On dit figurément, mettre ou passer à la coupelle, mettre à une rigoureûse épreûve, passer par un examen sévère. = Être ou se trouver sous la coupelle de quelqu' un, lui être assujéti, se trouver compris dans sa censûre. Trév. Il parait que cette expression s' est introduite par méprise, et qu' on a dit sous la coupelle, pour dire, sous la coupe. Voyez COUPE, n°. 2°.

COUPER


COUPER, v. a. [Kou-pé: 2eé fer.] 1°. Trancher; diviser un corps continu. Couper du pain, de la viande; on lui a coupé un bras, une jambe; couper le cou, ou la tête à quelqu' un. Couper le poing, le nez; les oreilles, etc. Couper les blés, les bois, les cheveux, les aîles, etc. = 2°. Tâiller suivant les règles de l' art. Il entend bien à couper les pierres. Couper un habit, un manteau, une robe. = 3°. Traverser, diviser: "des montagnes, des haies, des canaux, coupent tout ce pays. = 4°. Au jeu des cartes, séparer un jeu de cartes en deux, avant que celui, qui a la main, done. Il est neutre, et sans régime. = 5°. Se couper, se contredire. "Les criminels se coupent souvent. "Louis VIII fit venir à Pérone cet Imposteur, qui se coupa sur toutes les questions qu' on lui fit. = En parlant d' un cheval, s' entretâiller des pieds de devant, ou de ceux de derrière. _ En parlant de deux lignes, de deux chemins, se traverser, se croiser.
   6°. Couper, entre dans une foule d' expressions. _ On dit, couper court, ou sans régime, ou avec la prép. à. "Pour couper court, je vous dirai seulement que, etc. "Coupons court à toutes ces dificultés: un seul mot en fera l' afaire. Boss. _ M. de Bufon a dit, dans le même sens, Trancher court: "Les comètes ne peuvent guère être habitées que par d' étranges créatures, ou, pour trancher court, elles sont inhabitables. _ Bossuet l' a dit aussi: l' Acad. le met au mot trancher, mais il est moins usité que couper. = On dit au fig. Couper la communication: d' Avrigny a dit, couper le commerce. "Cette petite Île (de Sainte-Maure) n' étoit guère considérable que parce qu' elle servoit de retraite aux Corsaires, qui coupoient le commerce avec Venise. Cela n' est pas trop usité. _ Couper la gorge à quelqu' un, lui causer un grand dommage. _ Lui couper la parole, l' interrompre, ou lui imposer silence. Lui couper l' herbe sous les piés, le suplanter, le traverser. "La veuve de Maître Paul est outrée... Son grand benet d' amant trouve Marie bien jolie, bien douce.... J' emmene Marie, pour l' empêcher de couper l' herbe sous les piés de sa mère. Sév. je crois qu' il faut dire: couper l' herbe sous les pieds à, et non pas de. _ Couper à quelqu' un brâs et jambes lui faire une injustice énorme, criante, etc. _ Lui couper chemin, le dévancer, pour l' empêcher de passer. _ Couper chemin au mal; en arrêter le cours. On dit aussi, couper pied aux abus. _ Couper les vivres à une armée, fermer les avenues, pour empêcher qu' on ne lui porte des vivres. _ Figurément, retrancher à quelqu' un l' argent, les moyens de subsister. _ Couper dans le vif; au propre, couper dans la chair vive. Au figuré, toucher à ce qui est le plus sensible. _ Se couper de son couteau, lâcher des paroles, qui nuisent dans la suite: être soi-même l' artisan de ses malheurs.

COUPERET


COUPERET, s. m. [Kou-perè: 2ee muet, 3e è moy.] Sorte de couteau de boucherie et de cuisine, fort large, et propre pour couper de la viande.

COUPERôSE


COUPERôSE, s. f. COUPEROSÉ, ÉE, adj. [Kou-perôze, rozé, zé-e: 2e e muet au 1er, 3e lon. au 1er: 4e e muet au 1er, é fer. aux deux aûtres, long au dern.] La Couperôse est la même chôse que le vitriol martial. _ Couperosé, se dit du visage gâté de bourgeons et de rougeurs, et des persones qui ont le visage ainsi enflamé; elle a le visage couperosé; elle est toute couperosée.

COUPEUR


COUPEUR, EûSE, s. m. et f. [Kou--peur, peû-ze; 2e dout. au 1er, lon. au 2d.] 1°. Il se dit de ceux et celles, qui coupent les grappes, en vendange. "Il a loué deux hoteurs, six coupeurs et quatre coupeûses. = 2°. De ceux qui joûent au Lansquenet. "Il y avoit un grand nombre de coupeurs. = 3°. Coupeur de bourse, filou, qui dérobe subtilement l' argent, ou les aûtres chôses qu' on peut avoir sur soi.

COUPLE


COUPLE, s. m. et f. Il est masc. quand on parle de deux persones unies ensemble par amour, ou par mariage; et fém., quand on parle de chôses inanimées et de certains animaux, comme boeufs, pigeons, etc. Heureux couple; couple fidèle: une couple d' oeufs, de chapons: Où est la couple de ces chiens? Ils vont bien en couple. Une couple de boeufs, etc. _ Pour les chôses, qui vont ordinairement ensemble, comme souliers, bas, gants, on dit, une paire, et non pas, une couple. Voyez PAIRE.
   Rem. Pasquier, parlant des gasconismes de Montaigne, dit qu' il a fait couple masculin. Ménage dit qu' en Anjou et au Maine, on dit, un couple d' oeufs, un couple de perdrix, etc. On le dit aussi dans les Provinces méridionales. Il faut dire, une couple.

COUPLER


COUPLER, v. a. [Kou-plé; 2eé fer.] On ne le dit, au propre, que des chiens qu' on met en couple, qu' on atache deux à deux. Au figuré, il se dit pour, loger deux persones ensemble, dans les ocasions où les logemens sont marqués par les Maréchaux des Logis: "Il n' y a pas de quoi loger tout le monde séparément; il faudra coupler plusieurs Oficiers.

COUPLET


COUPLET, s. m. COUPLETER, v. a. *COUPLETEUR, s. m. [Kou-plè, pleté, pleteur; 2e è moy. au 1er, e muet aux deux aûtres.] Couplet, est une espèce de stance, qui fait le tout, ou partie d' une chanson: Couplet de chanson: cette chanson n' a qu' un couplet, elle a six couplets. _ Couplet, se dit des chansons, et stance ou strophe, des Odes. = Coupleter, c' est faire une chanson ou des couplets, contre quelqu' un: Il a coupleté toute cette coterie. * Coupleteur, faiseur de chansons, de couplets. On l' a dit de Panard.
   Chansonier, sans chanter, passable Coupleteur;
   Jamais, dans mes chansons, on n' a rien vu d' immonde.
"Il est peu de Coupleteurs dont on puisse en dire autant. _ Coupleteur, est un mot nouveau, qui ne peut être bon que pour le burlesque ou le satirique. On dit Chansonier

COUPOIR


COUPOIR, s. m. [Kou-poar; 2e dout.] Instrument dont on se sert dans la fabrique de la monoie et dans plusieurs arts et métiers, pour couper et rogner.

COUPOLE


COUPOLE, s. f. L' intérieur, la partie concâve d' un dôme. La coupole de cette Église est bien peinte.

COUPON


COUPON, s. m. 1°. Petit reste d' une pièce d' étofe ou de toile. = 2°. Papier portant intérêt, et dont on coupe une partie à chaque échéance.

COUPûRE


COUPûRE, s. f. [2e lon. 3e muet.] Division faite dans un corps, par quelque chôse de coupant et de tranchant. "J' ai une coupûre au doigt: il y a une coupûre à cette étofe, etc. _ En termes de guerre, retranchemens, fossés, palissades, etc., faits derrière une brèche, pour se défendre.

COUR


COUR, s. f. Ménage, qui a soutenu que Cour ne venait pas de Curia, mais de Curtis, mot de la basse latinité, prétendait qu' il falait écrire court: on l' écrivait ainsi anciènement. "Il donnoient à manger à plusieurs personnes dans une court. Chron. _ Malherbe l' a fait rimer avec accourt, et La Fontaine avec faire court. Depuis long temps on écrit cour, et on ne le fait plus rimer avec les mots en ourt.
   COUR, est, 1°. Partie d' une maison qui est à découvert. Trév. Qui est vide de bâtimens, et située, pour l' ordinaire, immédiatement après la porte d' entrée. Rich. Port. Espace à découvert, enfermé de murs et de bâtimens, qui est ordinairement à l' entrée de la maison, et qui en fait partie. Acad. Cette dernière définition est la meilleûre. "Grande ou petite Cour. Maison bâtie entre cour et jardin. _ Bâsse-cour. Voyez sous la lettre B.
   2°. Les Oficiers, les principaux Seigneurs qui acompagnent un Roi; un Souverain, d' où vient le mot de Courtisans; homme de la Cour, gens de la Cour. Figurément, la Cour céleste, le Paradis. = 3°. Il se prend par extension, pour la suite d' un Prince, d' un grand Seigneur, quoiqu' ils ne soient pas Princes souverains. "Il est de la Cour d' un tel Prince: il a une Cour nombreûse. = 4°. Le lieu où le Souverain fait sa résidence. Aller à la Cour, écrire à la Cour. = 5°. Il désigne plus particulièrement le Roi et son Conseil: Les ordres de la Cour; la Cour de Versâilles, de Madrid, de Berlin, etc. = 6°. L' air et la manière de vivre de la Cour. "Il entend, il sait bien sa Cour. "L' air, l' esprit, le ton de la Cour. = 7°. Les respects et les assiduités qu' on rend à quelqu' un, Souverain ou aûtre. Faire sa Cour au Roi: faire la Cour aux Grands, à une Dame, à ses Juges.
   8°. COUR, Siège de Justice, où l' on plaide: "Cour Éclésiastique; Cour Laïque; Cour de Parlement, Cour des Aides, des Monoies, etc.
   Rem. I. Il y a bien long-temps que Vaugelas a dit que en Cour, est une façon de parler insuportable, et qu' il faut dire, à la Cour: "Il est à la Cour, il est allé à la Cour, il est bien à la Cour. Cependant on a continué long-temps, non-seulement de dire, mais d' écrire, en Cour. "Pharnabase étoit allé en Cour, pour décrier la conduite de Tisapherne. Rollin. "Ils dressèrent des actes de désaveu, et les envoyèrent en Cour. D' Avr. "Le pain qu' on fit de ce blé fut envoyé en Cour, et trouvé très-bon. Pluche. "Il écrivit en Cour qu' on lui avoit fait violence. P. Barre, Hist. d' Allem. "Eunomius, qu' Eudoxe envoyoit en Cour comme son député, etc. Berault, Hist. de l' Égl. _ Bossuet dit, dans la Cour, qui est encôre plus mauvais. "La chôse étoit publique dans la Cour. Il faut, à la Cour. Bossuet est excusable d' avoir dit, dans la Cour, puisque Vaugelas lui-même le dit dans la Préface de ses Remarques. Voy. PRÉVALOIR. _ En parlant de la Cour (n°. I°.), dans la Cour, est bon: Il est entré, il est tombé dans la Cour.
   II. Faire la Cour, ou faire sa Cour, ne régit que les noms avec la prép. à. Fontenelle lui fait régir de devant les verbes: "Des Provinces faisoient leur Cour d' envoyer (en envoyant) un homme se barbouiller, en leur nom, de sang de taureau, pour obtenir à l' Empereur une longue et heureuse vie. _ Ce régime est inusité. _ Faire la Cour de quelqu' un, lui rendre de bons ofices auprès d' un aûtre. Il se dit, sur-tout avec les pronoms. J' ai vu votre Maître, je lui ai bien fait votre Cour. _ Faire sa Cour d' une chôse, dire une chôse qui plaît et qui est agréable. "Voilà une nouvelle bien intéressante pour un tel, j' en ferai ma Cour à son père.
   III. Il ne faut pas confondre homme de Cour, et homme de la Cour. Le 1er signifie un homme souple et adroit, mais faux et artificieux; le second signifie simplement un Courtisan, un homme ataché auprès du Prince, ou par sa naissance, ou par son emploi. _ De Cour, se prend toujours en mauvaise part: Abbé de Cour, ami de Cour, Poète de Cour, Dame de Cour; eau bénite de Cour (c. à. d.) vaines promesses, caresses trompeûses, tels qu' en font les gens de la Cour. Pestes de Cour.
   Un Roi, qui de ses mains a reçu la couronne,
   À~ ces pestes de Cour, lâchement l' abandonne.
       Pompée.
Avoir bouche à Cour, ou en Cour, chez le Roi, ou chez un Prince: avoir droit de manger aux tables entretenûes par le Roi, par le Prince. _ Efronté comme un Page de Cour, fort éfronté.

COURAGE


COURAGE, s. m. COURAGEûSEMENT, adv. COURAGEUX, EûSE, adj. [3e e muet au 1er, lon. aux 2 aûtres; geû-zeman, geû, geû-ze.] I. Valeur, bravoûre; fermeté dans le péril; résolution pleine de coeur. Il se dit souvent sans article, avec plusieurs verbes. _ Doner courage, ou du courage: Je n' ôsais pas; il m' a doné courage. J' étais entièrement découragé, vos bontés m' ont doné du courage. _ Prendre, reprendre courage. "Il me disoit souvent, que je devois prendre courage, et que les Dieux n' abandonneroient pas Ulysse, ni son Fils. Télém. = Perdre courage, ou le courage. = Manquer de courage: signaler son courage. "Les plaisirs amollisent le courage.
   Il se dit des animaux hardis, comme les lions, les sangliers, les chiens, les chevaux, les aigles.
   Il se prend quelquefois pour afection: Servir quelqu' un, ou faire quelque chôse de bon courage: Je prends courage.
   Il s' emploie aussi pour sentiment, passion. "Il a su vaincre son courage: si j' en croyois mon courage.
   Mais, depuis quand, Seigneur, changez-vous de courage?
       Corneille.
Enfin, il signifie quelquefois dureté de coeur: Auriez-vous bien le courage de l' abandoner? "Je n' ai pas le courage de le lui refuser.
   COURAGE! Interjection, ou, comme l' Acad. l' apèle, manière de particule exhortante. Courage! mes amis, courage! soldats, etc. "Le coeur me disoit: tout ira bien; courage! Mariv. c. à. d. ayons bon courage.
   Rem. 1°. Courage, dans son sens propre, ne se dit point au pluriel; on dit, en dit, en parlant de plusieurs, admirons leur courage, et non pas leurs courages. En Poésie et dans le discours relevé, on peut l' employer dans ce nombre, quand on lui done le sens de coeur, d' âme, ou qu' on le personifie, pour lui faire signifier les hommes courageux. Bossuet dit du Prince de Condé. "Ce grand Prince calma les courages émus.
   Homère aux grands exploits anima les courages.
       Boileau.
  Une lâche tiédeur~ s' empara des courages. Id.
  Puissent-ils amolir vos superbes courages!
      Rousseau.
"L' Orateur, par un artifice merveilleux, s' atache dabord à relever les courages abatus. Rollin. "Ces courages si fiers, accoutumés dans les armées à un pouvoir absolu, raportoient, avec la victoire, un esprit de hauteur, toujours à craindre dans un État libre. Vertot.
   2°. * Courage ne se dit point des chôses. On parle bien du courage d' un homme pendant sa vie, à sa mort; mais on ne dit point le courage de sa vie, le courage de sa mort, pour dire, le courage qu' il y a montré. * "Par le courage de sa fin, il auroit passé pour un Héros chez les Grecs et les Romains. Hist. d' Angl.
   3°. * Doner du courage à faire, pour, encourager à faire, est une expression étrangère à la langue. "Le départ du Landgrave parut lui donner du courage à faire quelque entreprise. Hist. d' Allem.
   II. COURAGEUX, qui a du courage et de la hardiesse: il se dit des hommes et des animaux. "Cet homme est fort courageux. "Il y a des femmes plus courageûses que le commun des hommes. Les dogues sont fort courageux.
   Rem. Dans la prôse ordinaire, courageux marche après le substantif. En vers et dans la prôse poétique ou oratoire, il peut se placer devant. "Les hommes courageux sont souvent téméraires. "Ce courageux guerrier, cette courageûse Princesse. Il faut pourtant consulter l' oreille; courageûse femme, courageûse Reine, courageux Prince, sonent fort mal; courageux homme serait insuportable.
   III. Courageûsement, avec courage, avec hardiesse. Se batre, se défendre courageûsement. Suporter courageûsement les adversités, les tourmens, la mort.

COURAMMENT


COURAMMENT, adv. COURANT, ANTE, adj. et s. m. et fém. [Kou-ra-man, kou-ran, rante; lon. aux deux derniers.] I. Faire les chôses couramment, c' est les faire rapidement et avec facilité. C' est quelque--fois un mérite, et plus souvent un défaut. "Il ne faut pas faire les chôses couramment et à la hâte. "Il a récité sa leçon couramment, de suite et sans hésiter.
   II. COURANT; qui court. Au propre, ruisseau courant; au figuré, l' intérêt, le terme, le prix courant, le mois courant, l' année courante, la monnoie courante. _ Toise, aûne, ou canne, ou toute aûtre mesûre courante; mesûre de longueur, sans avoir égard à la hauteur.
   III. COURANT, s. m. Le courant de l' eau, un courant d' eau. Le courant du marché, le prix actuel des denrées. Le courant du monde, la manière ordinaire du monde. Le courant des afaires, les afaires ordinaires, par oposition à celles qui sont extraordinaires. _ Le courant, en parlant des dettes, des rentes, est oposé à arrérages. _ On dit, figurément, être à son courant pour des lettres qu' on a à répondre, et pour d' aûtres objets. _ Être au courant des nouvelles.
   IV. Tout courant, adv. Couramment, aisément, sans hésiter. Il lit, il écrit tout courant. Ce livre se vend un tel prix tout courant.
   V. COURANTE, s. f. Espèce de danse; et le chant sur lequel on en mesûre les pâs. Danser une courante. Jouer une courante.
   Rem. Ménage décide qu' il faut dire, le trois, le six du mois, et non pas du courant. L' Acad. ne condamnait point dabord cette locution. Dans les dernières éditions de son Dictionaire, elle se contente de dire qu' elle n' est d' usage que dans le commerce.
   Se mettre sur son courant, c' est expédier les afaires anciènes, et n' avoir plus que celles qui viènent tous les jours. * Plusieurs disent, en ce sens, se mettre à jour. L' Acad. ne met, ni l' une, ni l' aûtre de ces expressions, quoiqu'~ elle dise le courant des afaires.

COURBATU


COURBATU, ÛE, adj. COURBATûRE, s. f. [3e lon. au 2d et au 3e.] Courbatu se dit d' un cheval, qui n' a pas le mouvement des jambes bien libre, pour avoir été morfondu par un grand travail. Il se dit aussi des persones. Courbatûre est la maladie d' un cheval courbatu, d' une persone courbatûe.

COURBE


COURBE, adj. m. et f. et s. f. COURBÉ, ÉE, adj. [2e e muet au 1er, é fer. aux deux aûtres, long au 3e.] Courbe se dit de ce qui n' est pas droit, et qui a la forme d' un arc. Courbé a le même sens. Le 1er se dit en ne considérant que la figûre, sans considérer quelle en est la cause; le 2d exprime toujours quelque raport à la caûse. Ligne courbe, pièce de bois courbe. Poûtre courbée par le trop grand faix; arc courbé avec éfort. Homme courbé de vieillesse: "Il est, il se tient tout courbé; vous deviendrez tout courbé.
   On dit, en Géométrie, une courbe, pour une ligne courbe. _ C' est aussi, en Charpenterie, une pièce de bois courbe, qui sert à plusieurs ouvrages, et principalement aux vaisseaux. _ C' est encôre une enflûre qui vient aux jambes des chevaux.

COURBEAU


*COURBEAU. Vieux. Voy. CORBEAU. L' Auteur de Rome Moderne, du commencement du siècle, l' écrit encôre de la sorte. La Boucherie des courbeaux.

COURBEMENT


*COURBEMENT, s. m. COURBER v. a. COURBûRE, s. f. [2e e muet au 1er, fer. au 2d, lon. au 3e.] * I. Courbement est l' action de courber. Il est dans Trév. et dans le Rich. Port. = L' Acad. ne le met pas. Ce mot est en éfet peu usité.
   II. Courber c' est rendre courbe une chôse, qui était droite. "Le trop grand faix a courbé cette poûtre. La vieillesse l' a tout courbé: courber un arc pour le bander. = Il est quelquefois neutre. courber sous le faix. On dit, plus ordinairement, plier. = Il est aussi réciproque. "Il est vieux, il commence à se courber. Cette poûtre se courbe sensiblement.
   III. COURBûRE est l' inflexion, l' état d' une chôse courbée. "Courbure d' un arc, d' une jante de roûe. La courbûre de cette poûtre vient d' avoir été trop chargée. = Mr. Linguet s' en sert élégamment au figuré. "N' ayant encôre pris ni l' habitude de la discipline (militaire) ni la courbûre servile qu' elle done aux esprits en redressant les corps, etc.

COURBETTE


COURBETTE, s. f. [Kour-bète, 2eè moy. 3e é fermé.] c' est un terme de Manège. Moûvement que fait le cheval en levant également les deux pieds de devant et se rabatant aussitôt. _ On dit, figurément, (style famil.) d' un homme rampant et bâs, qu' il fait des courbettes.

COUREUR


COUREUR, s. m. COUREûSE, s. fém. [Kou-reur, reû-ze; 2e dout. au 1er, lon. au 2d.] Richelet veut qu' on prononce coureu. Peut-être le prononçait-on ainsi de son temps; mais l' usage a changé.
   COUREUR est, 1°. Celui qui est léger à la course: "C' est un bon Coureur; jamais bon Coureur ne fut pris. = 2°. Celui qui va et vient, qui est souvent à la Ville, ou en voyage. C' est un Coureur, un grand coureur. = 3°. Domestique qui sert à pied, et dont on se sert pour faire des messages avec grande diligence. = 4°. Coureur de bague, de tête; qui court la bague, les têtes. Voy. BAGUE, n°. 2°. = Coureur de nuit, qui se retire fort tard, et fait de la nuit le jour. = Coureur d' inventaires, de Sermons; qui a l' habitude d' aler aux inventaires, aux encans, aux Sermons. = 5°. Cheval de selle, qui a la tâille légère et déchargée. = 6°. Coureurs, au pluriel, c' est, à la guerre, des Cavaliers détachés du grôs, pour batre la campagne, aler à la découverte, ou à la petite guerre.
   COUREûSE ne s' emploie dans aucun des sens de coureur, excepté peut-être dans celui de coureur de nuit. Il ne se dit que d' une femme ou fille prostituée, et encôre de la plus vile espèce. = Les Étrangers doivent prendre garde à ne se servir de ce mot qu' avec précaution.

COURGE


COURGE, s. f. [2e e muet.] Plante rampante. Celles qui sont longues, et en forme de bouteilles, s' apèlent gourdes, ou calebasses.

COURIER


COURIER, ou COURRIER, s. m. COURIèRE, ou COURRIèRE, s. fém. [Tous les Dict. excepté celui de l' Acad. mettent le 1er de ces deux mots. Il semble que l' analogie n' y demande qu' une r, puisque courir n' en a qu' une: Kou-rié, riè-re; 2e é fer au 1er, è moy. au 2d.] Courrier est celui qui court la poste pour porter les dépêches, ou du Prince, ou des particuliers. _ On le dit aussi de tout homme qui court la poste. Acad. Il me semble qu' il faut ajouter, à cheval, ou à franc étrier; car on n' apèle pas Couriers ceux qui courent en chaise de poste. L' Acad. met des exemples qui favorisent le pour et le contre de cette remarque. "Vous n' êtes guère bon Courrier. "Toute la route étoit pleine de Courriers. Ne serait-ce pas une phrâse de l' ancien Dictionaire, composé dans un temps où les chaises de poste étaient peu communes?
   COURIèRE était fort à la mode parmi les anciens Poètes, et les modernes auraient tort de le laisser perdre.
   Des mois l' inégale Courière.
       Malherbe.
  Et toi, soeur d' Apollon, vagabonde Courière.
      Desportes.
  Que des nuits la blanche Courière
     Luit d' un éclat moins radieux.
   Dans le Rich. Port. on le dit de l' Aurôre et de la Lune, en Poésie. l' Acad. ne cite d' exemple que de la dernière. L' inégale Courière des nuits.

COURIR


COURIR, v. neut. [Kou-ri, 1re br. Devant l' e muet, ils coûrent, suivant d' Olivet, elle est douteûse; suivant la règle générale, elle doit être longue.] Je cours, tu cours, il court, nous courons, ils coûrent. Je courais, j' ai couru, je courus, je courrai, courrais, cours, que je coûre, je courusse. Courant, couru. _ Il a en certaines phrâses un aûtre infinitif, qui est courre. Voy. ce mot. _ On disait autrefois, je courerai, je courerais, et par conséquent, j' acourerai, je concourerais. "Il ne sert de rien de remédier aux faûtes, tandis qu' elles coureront par toute la terre. Bossuet. "Nous courerions le risque de prononcer sur la foi d' un de ces ouvrages médiocres Du Bos. _ D' aûtres disent, je courirai, je courirais, qui est encôre plus mauvais. Il faut dire, je courrai, accourrai, concourrai; je courrais, accourrais, concourrais. = D' Olivet a repris Racine d' avoir dit, j' y suis couru, pour, j' y ai couru. Ce qu' il y a de plus étonant, c' est que l' Auteur, deux vers auparavant, avait employé l' auxil. avoir.
   ...J' ai couru chez la Reine;
   Dans son apartement ce Prince avait paru.
   Il en étoit sorti, lorsque j' y suis couru.
Mde. de Sévigné a dit aussi: Mr... est couru ici.
   COURIR est, 1°. Aler de vitesse, et avec impétuosité. Acad. Se mouvoir promptement, aler en quelque lieu le plus vite qu' on peut. Trév. Se rendre vite en un lieu: aller en hâte en quelque lieu, à quelque chôse. Rich. Port. La première définition est la meilleûre. "Courir de toute sa force. Cet homme court comme un Basque: Courir à toute bride, à bride abatûe, à toutes jambes. = 2°. Aler plus vite que le pas. Courir au feu, au Médecin, au remède. _ Figurément, courir à sa perte: Tous les Chrétiens couroient au martyre; tous les Peuples couroient au Baptême. L' Histoire de ces premiers temps est un prodige continuel. J. J. Rousseau _ 3°. Courir après, poursuivre: il courait après moi; il court depuis long--temps après une charge. _ Courir après les honeurs.
   4°. Courir, quoique neutre de sa nature, est employé comme actif dans plusieurs phrâses. Courir la même carrière, avoir les mêmes prétentions. _ Courir, ou courre la poste. _ Courir quelqu' un pour le prendre; le courir l' épée dans les reins: courir le cerf, le daim, le lièvre. _ Courir des bordées (Marine). Aler alternativement à droite, à gauche. _ Courir un Bénéfice, une charge, les poursuivre. Courir même fortune; être dans les mêmes intérêts, dans la même situation d' afaires. _ Courir une belle fortune, être en pâsse de parvenir à quelque chôse de grand. _ Courir fortune, ou risque ou hasard de... "Il court fortune de perdre son bien. "Il court risque de la vie, ou de mourir: "J' ai couru hasard de me tuer. _ Courir le plat pays, courir la mer: ravager, pirater. _ Courir le pays, courir le monde, voyager.
   Rarement, à courir le monde,
   Devient-on plus homme de bien.
En ce sens, on l' emploie aussi neutralement et sans régime: il a bien couru, il a beaucoup voyagé. _ Courir le bal, aler d' un bal à l' aûtre. _ Courir les ruelles, aler de visite en visite chez les Dames. _ Courir la prétentaine, aler ça et là, de côté et d' aûtre. _ Étre fou à courir les rûes ou les champs. _ Courir le guilledou, aler en débauche. _ Une nouvelle court les rûes, quand elle est sûe de tout le monde. _ Courir sa 20e, sa 30e année. _ Courir, rechercher. "Se seroit-il enfin engagé à Cesonie, qui l' a tant couru, qui lui a sacrifié une grande foule d' amans. La Bruye. "Les uns vont au devant du plaisir et le manquent: d' aûtres en jouissent sans l' avoir couru.
   5°. Courir, couler, s' écouler: L' eau qui court; le sang agité court dans les veines. = Figurément, le temps court, l' année qui court. Les termes, les intérêts, les gages, les délais courent depuis un tel jour.
   6°. Être en vogue. La mode qui court; chanson qui court par la Ville. L' avis qui court, qui a le plus de voix dans une délibération qui n' est pas achevée. _ Au temps qui court, au temps présent. _ Avec le pron. il, comme verbe impersonel: il court un nouveau bruit; il court un bruit que... Il court bien des maladies, des fièvres malignes, des petites véroles, etc.
   7°. Faire courir, répandre: _ Faire courir des bruits, un livre, un manifeste. Faire courir la voix, demander les avis à ceux qui composent une assemblée. _ Faire courir le billet, envoyer un billet pour avertir, ou assembler, ou doner avis des chôses volées, etc.
   8°. Courir sus. Vieille expression, qui ne s' emploie plus dans le sérieux, qu' en style d' Ordonances. Elle peut pourtant encôre trouver sa place dans le style badin. Voy. SUS. L' Acad. la met sans remarque, et done ces exemples. "Tout le monde lui court sus: Les Paysans se sont soulevés et ont couru sus aux Troupes: Il y a un Arrêt qui enjoint aux Communes de courir sus aux gens de guerre, qui s' éloignent de leur route.
   9°. Courir entre encôre dans plusieurs expressions du style familier. Il court à l' Hôpital, il se ruine. _ On y court comme au feu, en foule. _ Courir après son argent, continuer à jouer pour regâgner ce qu' on a perdu. _ Courir après son éteuf, après un bien, un avantage qu' on a laissé perdre. _ Courir sur le marché de quelqu' un, enchérir sur lui, vouloir emporter ce qu' il marchande. On le dit aussi au figuré. Courir sur les brisées a le même sens, et il est plus noble.
   Rem. Rollin fait régir à courir l' infinitif sans prép. "Ils coururent la tirer du danger où elle étoit. Ce régime est bon, et je crois qu' on peut l' employer sans dificulté.
   COURU, ÛE, adj. et partic. Cerf, lièvre ou daim couru. Voleur couru par les Archers. Pays couru par les énemis. = Recherché; suivi; à la mode. C' est un homme fort couru: ce Prédicateur est fort couru: cette étofe est fort courûe, etc.

COURLIS


COURLIS, ou COURLIEU, s. m. Oiseau aquatique, qui est bon à manger.