Dictionnaire critique de la langue française Dictionnaire critique de la langue française 1787 Français 2007-4-4 ARTFL Converted to TEI


C



C


C, s. m. [Pron. , é fer. ou ce, e muet. Le 1er est suivant l' anciène méthode; le 2d. suivant la nouvelle. Voyez ALPHABET.] _ Troisième lettre de l' Alphabet français et la seconde des consones.
   I. Il a le son du K: 1°. Devant les voyelles, a, o, u; cabale, cour, cuvier: 2°. Devant les trois consones, l, r, t; clergé crédit, Crésiphon: 3°. Toutes les fois qu' il finit le mot: sac, suc, soc. _ Dans almanach, arsenic, cotignac, clerc, blanc, marc, estomac, tabac, cotignac, lacs, il ne se prononce pas. _ Cependant dans, du blanc au noir et franc étourdi, on le prononce toujours comme un k. _ 4°. Quand il est redoublé et que le second est suivi d' un e ou d' un i, le premier c se prononce comme k: accès, accident: Pron. akcè, akcidan.
   Rem. Le son de ce c dur est le même que celui du k chez les Allemands et les Anglais, kalender, keep; et celui du c devant l' a chez les Italiens et les Espagnols: cammino, canal.
   II. Le c a le son de l' s: 1°. devant les voyelles e et i; ceci. 2°. Devant les voyelles a, o, u, quand elles sont souscrites d' une cédille; ça, façon, reçu. _ Autrefois au lieu de la cédille on mettoit un e: exerceant, nous exerceons, receu.
   Rem. Le son de ce c doux est le même que celui de l' s dans sehen, allemand; singular, anglais; sano, italien; salud, espagnol.
   III. Le c a le son du g dur dans claude, second, secret et leurs dérivés: glode, segret, segond, etc. _ Il en est de même de la 2de syllabe de cicogne, qu' on prononce cigogne.
   IV. Le c redouble devant les voyelles, a, o, u, et devant l' l et r; accabler, accommoder, accumuler, acclamation, accrédité. Il n' y a guère d' exceptions que, acabit, acante, acariâtre, âcreté, acrostiche. _ Peu-à-peu on simplifiera ce c redoublé, et l' on écrira, acabler, acomoder, acuser etc. _ On ne conservera le double c, que dans les mots où il se prononce, le premier comme un k, le second comme une s; accès, accident.
   Devant la consone q, on devrait bien le retrancher et écrire aquit, aquerir, aquiter; comme on l' a retranché devant le t. On écrivait autrefois sainct, édict: le c a disparu depuis longtemps, et l' on écrit, saint, édit, etc.

Çà~


Çà~, adv. Il signifie ici, mais il ne se joint qu' à l' impératif du verbe venir; au lieu qu' ici se joint à tous les verbes et à tous les modes et les temps. Viens çà, venez çà: il est ici, il a couché ici, etc.
   Çà~ désigne quelquefois le temps: depuis deux ans en çà; (l' Acad. le borne au style de Palais; mais il est du style familier) le lieu, ils sont errans çà et là; ils s' enfuyaient qui çà, qui là. Il se joint aussi avec la prép. de: Voy. Deçà.
   Çà~, interj. Çà travaillons! Ah çà! ma soeur, parlez-moi vrai, quel est votre pressentiment sur le choix qu' on doit faire? Th. d' Educ.
   Or çà, aûtre interjection. (Pron. o çà Acad.) Or çà, verbalisons, c. à. d. maintenant, à présent même.

ÇA


*ÇA, pronom. Cela. Il ne doit point avoir d' accent sur l' a, à la diférence de çà, adverbe. Mde de Sévigné se moque de ceux qui disent ça pour cela. "Je crains M. de Molac, qui est ici (à Nantes) et qui viendra me dire encôre vingt fois de suite: "Vous deviez bien m' avertir de ça, vous deviez bien m' avertir de ça. Vous souvient-il de cette sottise? _ Il est vrai que ça pour cela est bâs et populaire. Dans Sidney le Jardinier Henri dit de sa fille, ça ne dit pas grand chôse. Et Dumont lui répond: ah! que cela viendra. "Il n' y a pas de mal à ça. Th. d' Éduc. C' est une Soubrette qui parle.

CABALANT


CABALANT, ANTE, adj. Je le crois de l' invention de M. Linguet. Sont-ils moins entousiastes, moins furieux, moins cabalans que ne l' étoient les Sectaires leurs devanciers. "La secte cabalante, écrivante, etc.

CABALE


CABALE, s. f. CABALER, v. n. CABALEUR, s. m. [3e e muet au 1er, é fer. au 2d; dout. au 3e.] 1°. Cabale est un complot de plusieurs persones: il se prend en mauvaise part. Voy. FACTION: Faire des cabales; c' est un homme de cabale. _ Cabaler, c' est faire des complots, des cabales. _ Cabaleur est celui qui cabale. _ Il n' a pas ordinairement de fém. Est-ce que les femmes ne cabalent jamais? Je crois qu' en bien des ocasions on peut dire cabaleûse, quoique les Dictionaires ne le mettent pas.
   2°. CABALE se dit aussi d' une sorte de Tradition parmi les Juifs, et de l' art chimérique de converser avec les peuples élémentaires.

CABALISTE


CABALISTE, s. m. CABALISTIQUE, adj. Le cabaliste est celui qui est savant dans la cabale des Juifs. Voy. CABALE, n°. 2°. _ Cabalistique, qui apartient à la cabale; en ce dernier sens: science cabalistique.
   Cabaleur, cabaliste; le 1er se dit d' un homme qui fait des cabales; le 2d de celui qui s' atache à la ridicule science de la cabale.

CABANAGE


CABANAGE, s. m. Les Sauvages apèlent ainsi le lieu où ils campent, quand ils vont à la guerre ou à la chasse. Leur premier soin, en arrivant au lieu où ils doivent se reposer, est de construire des cabanes. Let. Edif.

CABANE


CABANE, s. f. SE CABANER, v. réc. [3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Cabane est une petite loge, petite maison, ordinairement couverte de chaûme. _ Se cabaner, c' est dresser des cabanes, pour s' y mettre à l' abri des injûres de l' air. _ L' Acad. ne met point ce verbe: Trév. le marque neut. et le Rich. Port. le dit actif. Il ne s' emploie que comme réciproque avec le pronom personel: "Nous travaillâmes à nous cabaner, à décharger le vaisseau. Let. Edif.

CABARET


CABARET, s. m. [Kabarè, 3e è moy.] 1°. Maison où l' on done à boire et à manger à toute sorte de persones pour de l' argent. Voy. TAVERNE. _ Cabaret borgne, est un mauvais petit cabaret, peu fréquenté par les honêtes gens. _ Faire de sa maison un cabaret; y avoir continuellement du monde, qui y boit et y mange.
   2°. CABARET, espèce de petite table ou de plateau, qui a les bords relevés, et sur lequel on met des tasses pour prendre du thé, du café, etc.

CABARETIER


CABARETIER, IèRE, s. m. et f. [Kabare--tié, tiè-re, 3e e muet: 4e é fer. et dout. au 1er, è moy. et lon. au 2d.] Celui, celle, qui tient cabaret.

CABâS


CABâS, s. m. [Kabâ, 2e lon.] Espèce de panier de jonc, qui sert ordinairement à mettre des figues.

CABASSET


*CABASSET ou CABACET, s. m. Vieux mot. Sorte de casque.

CABESTAN


CABESTAN, s. m. [2e è moy. Kabès--tan.] Il en est qui écrivent et prononcent mal-à-propos Capestan. _ Espèce de tourniquet, dont le mouvement sert à rouler et à dérouler un câble. Virer, tourner le cabestan.

CABILLAUD


CABILLAUD, Acad. CABELIAU, Trév. s. m. Espèce de morûe. Trév.; qui ne se mange que fraiche. Acad. Rich. Port.

CABINET


CABINET, s. m. [Kabinè, 3e è moy.] 1°. Lieu de retraite pour travailler ou pour converser. Grand cabinet, petit cabinet. = 2°. Lieu où l' on serre des papiers, des livres, des médailles, etc. Cabinet de tableaux, de curiosités, de médailles, d' antiques, etc. _ Homme de cabinet, qui aime le repôs et les livres. = 3°. Ce qui est contenu dans un cabinet: il vend son cabinet: on estime son cabinet vingt mille écus. = 4°. Espèce de bufet à plusieurs logettes, ou tiroirs. _ On apèle, en ce sens cabinet d' orgue, une espèce d' armoire, dans laquelle il y a un orgue. = 5°. En parlant des Souverains, il signifie le conseil particulier. "Charles n' étoit pas un grand Capitaine, mais c' étoit un grand homme de cabinet. Trév. Savoir les secrets du cabinet, régenter, gouverner le cabinet. L. T.
   * On disait aûtrefois tenir cabinet, pour tenir assemblée, recevoir du monde chez soi. Trév. L. T. _ On disait aussi cabinet pour garderobe, lieux, etc. Molière fait dire au Misanthrope, au sujet d' un méchant Sonnet.
   Franchement, il n' est bon qu' à mettre au cabinet.

CâBLE


CâBLE, s. m. [1re lon. 2e e muet.] Grosse corde, dont on se sert pour élever de grands fardeaux, ou pour d' aûtres usages, comme pour amârrer des vaisseaux au rivage. Atacher les Ancres à des câbles: Filer le câble; couper les câbles.
   Rem. On a dit autrefois cable et chable. _ La Touche, au commencement de ce siècle, se contente de dire que le premier est plus en usage que le second. Il ajoute qu' on dit cabler, pour, faire un câble, et chabler, pour, batre quelqu' un avec un câble. _ L' Acad. avait dabord mis câble et chable indiféremment, mais elle ne disait que câble dans les exemples qu' elle aportait. Dans les éditions suivantes, elle renvoie chable à câble, et elle ne dit ni cabler, ni chabler. Enfin, dans la dern. édit. elle a mis cabler, et a suprimé chable, chabler.

CABLER


CABLER, v. a. Assembler plusieurs fils et les tortiller, pour n' en faire qu' une corde.
   Rem. L' a est bref: Dans le Rich. Port. on le marque d' un acc. circonflexe, câbler, mais cet accent n' est bon que sur l' â devant l' e muet: il câble, il câblera.

CABOCHE


CABOCHE, s. f. Mot burlesque, dit la Monn., formé de l' Espag. cabo, tête. Il est du st. fam. Grosse caboche, grosse tête. _ Bone caboche, homme de sens et de jugement.

CABOCHON


CABOCHON, s. m. Pierre précieûse qu' on n' a fait que polir, sans la tailler. Cabochon d' émeraude. _ On l' emploie plus souvent comme adjectif: rubis cabochon.

CABOTAGE


CABOTAGE, s. m. CABOTER, v. n. Plusieurs disent capotage, capoter, et ils ont pour eux l' étymologie; car caboter, c' est aler de cap en cap; mais l' usage a prévalu en faveur de cabotage, caboter. _ Le cabotage est la navigation le long des côtes, de cap en cap, de port en port. _ caboter, c' est naviguer de cette sorte.

CABOTEUR


CABOTEUR, ou CABOTIER, s. m. [Ka--bo-teur, tié, 3e dout. aux deux.] L' Acad. ne met que le second. _ Le Rich. Port. met cabotier, ou cabotière. Batiment dont on se sert pour caboter.

CâBRER


CâBRER, v. n. [1re lon. Kâbré, plus longue encôre devant l' e muet: il se câbre.] Il n' est employé comme neutre qu' à l' infinitif avec le verbe faire: vous le ferez câbrer. Son plus grand usage est au réciproque: se câbrer, se dresser sur les pieds de derrière. Il ne se dit au propre que du cheval. _ Au fig. s' emporter de dépit ou de colère. "On ne sauroit lui dire un mot qu' il ne se câbre: vous le ferez câbrer.

CABRI


CABRI, s. m. Chevreau. Il ne se dit qu' en parlant de la chair: quartier, morceau de cabri; et dans cette expression proverbiale, sauter comme un cabri. En cette façon de parler, chevreau ne se pourrait soufrir, dit Richelet, et il dit bien.
   Rem. Trévoux met aussi cabril ou cabrit. L' Acad. ne met que cabri.

CABRIOLE


CABRIOLE, s. f. CABRIOLER, v. n. [4e e muet au 1er, é fer. au 2d.] On a dit autrefois capriole: La Touche les trouve tous deux à peu près également bons, et dit pourtant que le second était plus usité. L' Académie le préférait aussi dabord. Ensuite elle dona la préférence au premier, et se contenta de dire que quelques-uns disent capriole. Dans la dern. édit. elle ne met que cabriole, sans remarque. _ Capriole est plus conforme à l' étimologie latine caper, et cabriole à la française, cabri; et c' est le seul qu' admette l' usage actuel. _ Cabriole est le saut d' un danseur qui s' élève agilement. _ Cabrioler, c' est faire la cabriole, ou des cabrioles.

CABRIOLET


CABRIOLET, s. m. Voitûre légère, montée sur deux roûës, ainsi apelée, de ce qu' elle semble cabrioler.

CABRIOLEUR


CABRIOLEUR, s. m. [Kabri-o-leur, dern. dout.] Faiseur de cabrioles: "C' est un bon, un excellent cabrioleur.

CABUS


CABUS, adj. m. Il ne se dit qu' avec le mot de chou. _ Chou cabus, ou pommé.

CACA


CACA, s. m. Terme dont se servent les Nourrices. Excrément, ordûre; Faire caca: laissez cela, c' est du caca.

CACADE


CACADE, s. f. Il est peu usité au propre. Il se dit au figuré du mauvais succès d' une folle entreprîse: "Il a fait une vilaine cacade. Il est bâs. L' Acad. le met au figuré, sans avertir du style auquel il apartient. Elle a cru aparemment que l' avis était peu nécessaire.

CACAO


CACAO, s. m. CACAOYER, s. m. (et non pas cacaotier.) Amande qui fait le principal ingrédient du chocolat. _ Arbre qui produit le cacao.

CACHE


CACHE, s. f. CACHER, v. a. [2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Cache se dit d' un lieu propre à cacher quelque chôse. _ Ce n' est pas un terme noble, digne d' entrer dans un Poème, même en prose. "Elle entre dans cette caverne obscûre, et cherche dans tous les coins une cache fidèle. Dacier, Iliade. Un sûr azile, une retraite sûre, auraient mieux convenu. Mde. Dacier a préféré le littéral à l' élégant.
   CACHER: 1°. Mettre une chôse en un endroit où l' on ne puisse pas la découvrir. Cacher quelqu' un; cacher un trésor. = 2°. Couvrir: cacher un tableau indécent, une nudité. = 3°. Céler, dissimuler: cacher son nom, un dessein, une entreprise, etc.
   Cacher, dissimuler, déguiser (synon.) On cache par un profond secret ce qu' on ne veut pas manifester: On dissimule par une conduite réservée ce qu' on ne veut pas faire apercevoir: on déguise par des aparences contraires, ce qu' on veut dérober à la pénétration d' autrui. "Il y a du soin et de l' atention à cacher; de l' art et de l' habileté à dissimuler; du travail et de la rûse à déguiser. "L' homme caché veille sur lui-même, pour ne point se trahir par indiscrétion: le dissimulé veille sur les aûtres, pour ne pas les mettre à portée de le connaître: le déguisé se montre autre qu' il est, pour donner le change. GIR. Synon. _ On dit, figurément, cacher sa marche, son jeu; c. à. d. ses vûes, ses desseins: agir avec tant de finesse qu' on ne done aucune conaissance de sa conduite.
   CACHÉ, ÉE, adj. et partic. Trésor caché se dit au propre dans son sens naturel; et au figuré, d' un homme qui a beaucoup de talens, et qui ne les produit pas. _ Esprit caché, dissimulé. "Tibère et Louis XI étoient des esprits cachés. _ Vie cachée, vie solitaire et retirée.
   Rem. 1°. Se cacher de et se cacher à se disent dans le même sens par les Auteurs; mais la première expression est la meilleure, suivant La Touche: "Il se cache de ses meilleurs amis: on ne peut se cacher à soi-même. Id. "Les Conjurés se cachèrent de lui. Prés. Hen. "Mallebranche avoit une imagination fort noble et fort vive, qui travailloit pour un ingrat, et qui ornoit la raison en se cachant d' elle. Fonten. "Je ne puis me cacher de mon Père. Marm. _ Avec les chôses l' ablatif va encôre mieux: il ne s' en cache point. Mde. de Sévigné met le datif pour les persones: "Je crois que vous vous cachez à Montgobert. Bossuet emploie indiféremment~ les deux régimes. On lit dans la même phrâse: Pourquoi ne se cacher qu' à moi? _ Pourquoi se cacher de moi? _ S' il est vrai ce que disent La Touche, l' Acad. le Rich. Port. que se cacher de, signifie cacher, dissimuler, et se cacher à, ne pas se laisser voir, ces deux expressions ne sont pas synonymes. Mais les Auteurs qui s' en sont servis, les uns avec le premier régime, les autres avec le second, lui donent la même signification, qui est la première. _ Il serait bon de les distinguer.
   * Ne pas se cacher de faire, pour, ne pas craindre, ne pas se gêner de, etc. est une expression qui est, à ce que je crois, de l' invention de Fontenelle: "Cet ouvrage (d' Hartsoeker) est dans le même goût que les Essais de Physique, dont il ne se cache pas de répéter quelquefois des morceaux en propres termes.

CACHET


CACHET, s. m. CACHETER, v. a. [Ka--chè, cheté, 2e è moyen au 1er, e muet au 2d, dont la 3e é fer.] Le cachet est un petit sceau avec lequel on ferme des billets, des lettres. Cacheter, c' est apliquer un cachet à...
   Rem. 1°. Devant la syll. masc. cacheter a l' e muet, je cachetais, il cacheta, cachetant. Devant l' e muet, la seconde se change en è moy. Je cachette ou cachète, je cachetterai ou cachèterai.
   * 2°. CACHET n' était guère employé au figuré: on se servait du mot de sceau à la place. Depuis peu de temps ce mot est à la mode. "La vénération de M. Malouin pour son Art... n' étoit pas le fruit et le cachet de l' ignorance. D' Alembert. "Dans ses Fantaisies où il (Dorat) a certainement un cachet original, qui le distingue de la foule de ses imitateurs, etc. Ann. Litt. "Chez Molière les farces même portent le cachet du génie. Merc. "Il seroit au désespoir de ne pas redire une absurdité qu' Ovide avoit dite; et il a soin d' y laisser son cachet en la rendant plus plate et plus absurde. Journ. de Mons. "Les Énigmes, les logogriphes, sont, dit naïvement M. P... le cachet du Mercûre. Linguet. _ Cachet, au figuré, est encôre une nouveauté. C' est à l' usage à y mettre son cachet.

CACHETTE


CACHETTE, s. f. [Kachète; 2e è moy. 3e e muet.] Petite cache. St. fam. _ En cachette, adv. En secret, à la dérobée.

CACHEXIE


CACHEXIE, s. f. [Pron. Kakèkci-e, 2e è moy. 3e lon.] Terme de Médecine. Mauvaise disposition du corps, causée par la dépravation des humeurs.

CACHOT


CACHOT, s. m. [Kacho: on ne prononce pas le t.] Prison basse et obscûre. "Renfermé dans un noir cachot. Mettre au cachot, ou dans un cachot: tirer du cachot.

CACHOTERîE


CACHOTERîE, s. f. [3e et 5e e muet, 4e lon.] Il ne se dit point au propre, et dans le sens d' action de cacher. * "La faim d' un côté, les vols et les cachoteries de l' aûtre, mirent tant d' aigreur et d' animosité entre ces gens, qu' il n' y eut plus moyen de leur faire entendre raison. Voyage d' Anson. _ Il ne se dit qu' au figuré, pour exprimer une manière mystérieûse d' agir ou de parler, pour cacher des chôses peu importantes: "Madame passe sa vie à faire des cachoteries, auxquelles on ne comprend rien: c' est son caractère. Th. d' Educ. "Ce que je vous demande expressément, c' est de ne point me faire de cachoteries, et de ne pas parler bâs. Ibid.

CACOCHYME


CACOCHYME, adj. CACOCHYMIE, s. f. [4e lon. au 2d.] Richelet, qui n' aimait pas l' y, et qui aurait voulu le banir de la Langue, écrit cacochime. _ Au propre, mal sain, de mauvaise complexion: corps cacochyme. Au figuré, bizarre, fantasque, bourru; esprit cacochyme, humeur cacochyme.
   CACOCHYMIE; mauvais état des humeurs. Il ne se dit qu' au propre.

CACOPHONIE


CACOPHONIE, s. f. [Kakofonîe, 4e lon. 5e e muet.] 1°. Il se dit des voix et des instrumens, qui joûent et qui chantent sans être d' acord. = 2°. En parlant des langues, c' est, ou la rencontre des lettres, ou des syllabes qui se choquent et s' entre--heurtent d' une manière désagréable; ou la répétition trop fréquente des mêmes lettres, et des mêmes syllabes, qui frapant l' oreille avec trop d' uniformité, la fatiguent et la tourmentent. Exemples:
   Phébus aime, et trompé par son oracle même,
   Il espère être aimé de la Nymphe qu' il aime.
       St. Ange.
Quelle cacophonie ne forment pas, aime, même, aimé, aime, dans ces deux vers. Ann. Litt.
   Homme, quand de la mort les leçons t' environent,
   Quand tes plus chers amis tous les jours t' abandonent,
   Sur ce globe changeant prétends-tu t' arter?
   Demain, comme une tente, il faudra le quiter.
   Es-tu prêt? Tu gémis; et ton orgueil, etc.
   Arrête, arrête enfin ta plainte illégitime.
   La mort, quand tu naquis, te marqua pour victime;
   Tu conois ton destin, etc.
       Poème sur la Nâture et sur l' Homme.
Tant de fois la lettre t employée dans ce petit nombre de vers, tant de tu, de ton, de tes, de t' en, de ta, de tin, de tous, etc. si raprochés l' un de l' aûtre, forment une cacophonie désagréable.

CADASTRE


CADASTRE, s. m. [On pron. l' s.] Registre public, qui sert à l' assiette des tailles dans les lieux où elles sont réelles. Ce Registre contient la qualité, l' estimation, et le nom des propriétaires des fonds de chaque Communauté ou Paroisse.

CADAVÉREUX


CADAVÉREUX, EûSE, adj. [3e é fer. Suivant l' Acad. e muet: elle ne met point d' acc. sur cet e: le Rich. Port. en met un. Je crois que c' est l' usage le plus autorisé.] Qui tient du cadâvre. "Odeur cadavéreûse, teint cadavéreux. _ * Le P. Fauque dit cadavérique, contre l' usage. "Je fus tout-à-coup saisi d' une odeur cadavérique. Let. Édif.

CADâVRE


CADâVRE, s. m. [2e lon. 3e e muet.] Corps mort. _ Bouhours a remarqué qu' il ne se dit que d' un corps qui tourne à la pourritûre. Ce serait mal dit, le jour même de la bataille: toute la plaine demeura couverte de cadâvres: il faut dire, de corps morts. _ Ce mot est encôre plus ridicule, quand on parle d' un homme mort de maladie: on a gardé trois jours le cadâvre, ou son cadâvre: on a porté, on a enterré le cadâvre au cimétière, etc. dites, le corps. "Comme les spectateurs remarquèrent que le sang sortit tout-à-coup de la bouche et des narines du cadâvre (du corps de Henri II) Richard son fils, en conséquence d' un préjugé vulgaire, s' écria douloureûsement, qu' il étoit le meurtrier de son père. Hist. d' Angl. _ Un Prédicateur apelait le Corps de J. C. après sa mort, l' adorable cadâvre; le terme est encôre plus impropre: il est même révoltant. _ Ce mot se dit par mépris: "Ils foulèrent aux pieds le cadâvre de Sejan. _ L' Acad. se contente de dire, qu' il ne se dit que du corps humain; et le Rich. Port. qu' il se dit en particulier des persones tuées ou exécutées. _ L' Acad. ne done pour exemple que ces deux phrâses: "Faire la dissection d' un cadâvre: "On fait quelque--fois le procès au cadâvre d' un criminel.

CADEAU


CADEAU, s. m. [Kado; 2e dout. au sing. lon. au pl. Cadeaux.] 1°. Trait de plume grand et hardi que font les maîtres Écrivains pour orner leurs écritûres, etc. = 2°. Repas, fête que l' on done hors de chez soi, sur-tout à la campagne. Trév. Principalement à des Dames. Acad. _ Il y a déja long-temps qu' on a dit dans Trévoux, qu' il vieillit en ce sens; et dans le Rich. qu' on dit d' ordinaire, fête. Ménage dit que, doner un cadeau, est une expression plutôt de la ville, que de la Cour: qu' on dit à la Cour, doner une fête; et que c' est ainsi qu' il faut parler pour bien parler. Depuis-lors, cadeau s' est mieux établi, mais il convient mieux aux petites fêtes, et le mot de fête, à celles qui sont plus splendides et~ plus magnifiques. L' Acad. met ce mot sans~ remarque, et n' avertit même pas qu' il n' est~ que du style fam.
   * Plusieurs étendent l' emploi de cadeau, et le font synon. de présent, don, etc. "Il m' a fait un joli cadeau; il m' a fait cadeau ou le cadeau d' une tabatière, d' une montre, etc. _ Cet emploi de cadeau n' est pas du bel usage.
   On dit figurément et familièrement: Je m' en fais un grand cadeau, pour dire, je m' en promets un grand plaisir.

CADENAS


CADENAS, s. m. CADENASSER, v. a. [Kadenâ, nacé; 2e e muet, 3e lon. au 1er.] Quelques-uns écrivent cadenat, et Trév. les met tous deux, mais l' analogie demande l' s finale: on dit cadenasser, et non pas cadenater. _ Cadenâs est une serrûre mobile et portative, qui a un anneau, par lequel on l' acroche dans d' aûtres anneaux. _ Cadenasser, c' est fermer avec un cadenas.

CADENCE


CADENCE, s. f. CADENCER, v. act. Quelques-uns écrivent comme on prononce, cadance, cadancer, ou cadanse, cadanser. Ces manières d' écrire sont vicieûses. _ Cadence est, 1°. la mesure du son, qui règle le mouvement de celui qui danse: Danser, aler en cadence: marquer, suivre la cadence; sortir de cadence, perdre la cadence. = 2°. En parlant de la voix, et des instrumens: tremblement soutenu qui se fait ordinairement à la fin d' une mesure: Elle a une belle cadence; cadence brillante, cadence perlée. = 3°. En termes de Musique, terminaison harmonique d' une phrâse musicale. Cadence parfaite ou imparfaite. = 4°. Dans le discours, fin, ou chûte d' une période, ou d' un de ses membres, qui a une certaine harmonie, qui satisfait l' oreille. = 5°. En vers, agréable mesûre d' un vers nombreux, ou d' une période poétique harmonieûse. "Ces vers ont de la cadence. = * 6°. On dit dans Trév. que cadence, se dit figurément dans les chôses morales. On cite cet exemple: "Cet homme est si prudent, et fait toutes ses actions avec une si juste cadence, qu' on ne sauroit y trouver à redire. _ Je doute que cette métaphôre plaise à tout le monde.
   CADENCER, n' a que le 4e et le 5e sens de cadence: cadencer ses périodes: les rendre nombreûses et agréables à l' oreille.

CADèNE


*CADèNE, s. f. Chaîne de fer, dont on atache les forçats. L' Académie dit qu' il est vieux. Le Rich. Port. ne le met pas en ce sens. C' est un mot purement provençal. _ C' est aussi un terme de mer.; chaîne de fer, au bout de laquelle on met un cap de mouton pour servir à amarrer les haubans contre le bordage. Trév. Rich. Port.

CADENETTE


CADENETTE, s. f. [Kadenète; 2e et dern. e muet, 3e è moy.] Longue tresse, qui tombe plus bâs que le reste des cheveux. Acad. Boucle de cheveux qui pend à une péruque, et qu' on noûe au milieu. Rich. Port. _ 1°. Moustache... 2°. Poignée de cheveux qu' on laissoit croître autrefois du côté gauche, tandis qu' on tenoit les aûtres courts. Trév. _ La définition de l' Acad. est la seule bone pour l' usage actuel. Cheveux en cadenettes.

CADET


CADET, ETTE, adj. et subst. [Ka--dè, dète; 2e è moy.] Puiné, puinée. Acad. Voy. PUINÉ. Enfant d' une famille qui a un aîné. Le plus jeune des frères ou des soeurs. Trév. _ Cadet peut pourtant se dire de celui qui n' est pas le plus jeune de tous, et alors il est relatif à celui qui précède, soit aîné, ou aûtre. Le second des enfans dira du 3e: c' est mon cadet; le 3e le dira du 4e, etc. Mais par raport au droit d' aînesse, tous les puinés sont apellés cadets, relativement à l' aîné. _ Branche cadette d' une maison, est une branche sortie d' un cadet. = 2°. Par extension, cadet se dit d' un homme qui n' est pas frère d' un aûtre, mais qui est moins âgé: Vous êtes mon cadet, ma cadette; et de celui qui est moins ancien dans une compagnie: "Il est plus âgé que moi, mais dans la compagnie, il est mon cadet. = 3°. Cadet, jeune gentilhomme, qui sert comme simple soldat pour aprendre le métier de la guerre. Compagnie de Cadets.
   On dit, proverbialement, cadet de haut apétit, d' un homme qui mange beaucoup; et figurément, d' un jeune homme qui a une ambition démesurée.

CADETTE


CADETTE, s. f. CADETTER, v. act. [Kadète, dété; 2e è moy. au 1er, é fer. au 2e, 3e e muet au 1er, é aussi fer. au 2e.] Pierre de tâille propre pour paver. _ Paver avec des pierres de tâille.

CADIS


CADIS, s. m. [On ne prononce point l' s finale.] Sorte de serge de laine d' un bâs prix.

CADIS


CADIS, ou CADIX, ville d' Espagne. On disait aussi autrefois Calis; mais Cadis a prévalu, et il est plus conforme à l' étymologie: car ce mot a été fait du latin gades, et celui-ci du punique gadir, qui signifie une haie. Pline, cité par Ménage.
   Rem. La 1re syllabe est brève. Plusieurs la font mal-à-propos longue. Câdis. On pron. l' s finale: Kadice, l' e sur-ajouté fort muet.

CADOLE


CADOLE, s. f. En termes de Serrurier, loquet d' une porte. Ce mot est d' origine provençale. On le laisse dire aux Serruriers. On dit loquet.

CADRAN


CADRAN, s. m. 1°. Horloge solaire. = 2°. La partie extérieure d' une horloge, d' une montre, sur laquelle sont marquées les heures.

CADRATûRE


CADRâTURE. Voy. QUADRATûRE.

CâDRE


CâDRE, s. m. CâDRER, v. n. [1re lon. Il est bon de la marquer d' un acc. circ. 2e e muet au 1er, é fer. au 2d. On écrivait aûtrefois quadre, quadrer, et l' Acad. qui écrit cadre avec un c, écrit encôre quadrer avec un q, même dans la dern. édit.] Câdre, est une bordûre de tableau. Voyez BORDûRE. = CâDRER, avoir de la convenance, du raport. Il régit la prép. avec. "Votre façon de penser câdre avec la mienne. * La Bruyère lui fait régir le datif. "Il est souvent plus court et plus utile de cadrer aux aûtres, que de faire que les aûtres s' ajustent à nous. _ Et le régime et l' emploi du mot apliqué aux persones, sont également vicieux. _ Câdrer, ne se dit que des chôses. = On le dit aussi, mais plus rarement, sans régime. "Tout ne peut pas câdrer si juste, dans un système fait à plaisir. Voy. QUADRER.

CADUC


CADUC, UQUE, adj. [Dans le masc. on fait sentir le c final; Kaduk, duke.] Richelet met caduque pour les deux genres. _ Dans la Parodie du Cid, insérée dans les oeuvres de Boileau, on lit aussi:
   Le traitre eût payé la péruque
   Un quart d' écu de moins, sans mon âge caduque.
M. Brossette remarque, sur ce vers, qu' on disait autrefois caduque, tant au masc. qu' au fém. = Plusieurs, anciènement, écrivaient caducque avec un c.
   CADUC, se dit, proprement, de l' homme, ou de ce qui apartient à l' homme. Âge caduc, santé caduque. Acad. Fortune caduque, prétentions caduques. D' Orléans. _ On le dit aussi d' une maison près de tomber en ruine: Maison vieille et caduque. = Mal caduc; Épilepsie. = Au Palais, legs caduc, succession caduque; qui n' ont point lieu, faute d' héritiers, ou de fonds. = Voix caduque, suffrage qui n' est pas compté.
   Rem. Cet adjectif suit ordinairement le substantif. En vers et dans la prôse oratoire ou poétique, le fém. peut précéder: La caduque vieillesse.
   On me verra par jalousie
   Prêcher mes caduques vertus,
   Et souvent blâmer par envie
   Les plaisirs que je n' aurai plus.
       J. J. Rouss.
Le masc. au contraire ferait fort mal devant un nom commençant par une consone: caduc château ne vaudrait rien: caduc mal, caduc legs seraient insuportables; caduc âge, serait fort dur. Rousseau a dit, caduc assemblage; et celui-ci ne sone point mal.
   Achève donc ton ouvrage,
   Viens, ô favorable Mort,
   De ce caduc assemblage
   Rompre le fragile acord.

CADUCÉE


CADUCÉE, s. m. [3e é fer. et long; 4e e muet.] Verge, acolée de deux serpens, que les Poètes atribuent à Mercûre. = On done aussi ce nom au bâton couvert de velours et de fleurs de lys, que portent le Roi d' Armes et les Hérauts d' Armes dans les grandes cérémonies.

CADUCITÉ


CADUCITÉ, s. f. [Dern. é fer. tout br.] État de ce qui menace ruine. Il se dit, tant des hommes, que des bâtimens. _ Au Palais, on dit caducité d' un legs, d' une succession. Voy. CADUC.

CAFF


CAFF. Les mots suivans se sont écrits long-temps avec 2 f. Aujourd' hui on n' en met plus qu' une.

CAFARD


CAFARD, ARDE, subst. m. et f. [L' Académie le marque adj., et dans les exemples, il ne paraît presque que comme substantif. _ Kafar, farde: au masc. on ne pron. point le d final.] Hypocrite, cagot. C' est un cafard: je hais les cafards. _ Il n' est guère employé au fém. que comme adjectif, humeur cafarde. _ On apèle damas cafard, une sorte de damas mélé de soie et de fleuret.

CAFETAN


CAFETAN, ou CAFTAN, s. m. Robe de distinction, en usage chez les Turcs.

CAFÉ


CAFÉ, s. m. Il se dit, et de la graine, et de la liqueur qu' on fait avec cette graine rôtie et réduite en poudre, et du lieu où l' on sert publiquement cette liqueur. "Ce café est beau; "Ce café est bon; "C' est le café des Nouvellistes. = Dans une de nos Provinces méridionales, plusieurs disent, prendre un café, un thé, pour dire, prendre du café, du thé, ou une tasse de café, etc. C' est un vrai barbarisme.

CAFÉïèRE


CAFÉïèRE, ou CAFÉYERE, s. f. Le 2e est de M. Raynal. Terre plantée de cafiers. L' Acad. ne met ni l' un, ni l' aûtre.

CAFETIER


CAFETIER, s. m. CAFETIèRE, s. f. [2e e muet, 3e é fer. au 1er, è moy. et lon. au 2e.] Le 1er est dans le Rich. Port. Celui qui vend du café, soit en fève, soit en liqueur. Il n' est usité que dans le 2e sens. Pour le 1er, on dit Epicier ou Droguiste. _ Le 2e se dit d' un pot d' argent, de terre, de fer blanc, etc. qui sert à faire le café. _ Dans le Rich. Port. on le dit aussi de celle qui vend du café. On peut douter que ce mot soit du bel usage en ce 2d sens. L' Acad. ne dit ni cafetier, ni cafetière dans ce sens là.

CAFIER


CAFIER, s. m. Arbre qui porte un petit fruit rouge, qui renferme les deux semences que nous apelons café.

CAGE


CAGE, s. f. Petite logette faite à claire voie, pour mettre des oiseaux = On dit proverbialement, d' un homme qu' on a mis en prison, qu' il est en cage, qu' on l' a mis en cage.
   CAGE d' une maison, les quatre gros murs qui la compôsent. Cage d' un escalier, les murs qui l' enferment.

CAGNARD


CAGNARD, ARDE, adj. [Mouillez le gn: le d ne se pron. point au masc.] Fainéant, paresseux. "Il est fort cagnard; il mène une vie cagnarde. _ Subst. C' est un cagnard, une cagnarde. Il se dit plus souvent des hommes que des femmes. _ Trév. dit dans le même sens cagnardier; c' est un barbarisme.

CAGNARDER


CAGNARDER, v. n. CAGNARDISE, s. f.~ [Mouillez le gn: 3e é fer. au 1er, lon. au 2d.] Mener une vie obscûre et fainéante. _ Paresse, fainéantise. Ils sont du style familier. _ Trév. met aussi cagnarderie, mais on peut le regarder comme un mot barbâre.

CAGNEUX


CAGNEUX, EûSE, adj. [Mouillez le gn: 2e lon.] Il se dit de celui et de celle qui a les genoux et les jambes tournés en dedans; et des jambes même et des pieds. "Il est cagneux, elle est cagneûse: il a les pieds cagneux, les jambes cagneûses.

CAGOT


CAGOT, OTE, adj. et subst. CAGOTERIE, s. f. CAGOTISME, s. m. [3e e muet au 2d et au 3e. 4e lon. au 3e.] Ces mots expriment une dévotion fausse ou mal entenduë: air cagot, manière cagote: c' est un vrai cagot, une franche cagote. = Cagoterie se dit des actions et de la manière d' agir du cagot: cagotisme de l' esprit, du caractère du cagot, de sa manière de penser: Ce ne sont là que des cagoteries: il a doné dans le cagotisme; c' est du cagotisme tout pur.

CAGOU


CAGOU, s. m. Homme qui vit d' une manière obscure et mesquine; qui ne veut voir ni hanter personne. Il est bâs. Acad. Terme populaire. Rich. Port. Il ne peut être bon que pour le burlesque ou le bas comique.
   Trois enfans, dignes de leur père,
   Un Poète, espèce de Fou,
   Un Médecin visionnaire
   Un Savantasse, vrai cagou.       Anon.

CAHIER


CAHIER, CAïER, ou CAYER. L' Acad. met le 1er: le dernier est le plus mauvais. Voy. CAïER.

CAHIEU


CAHIEU. Voy. CAïEU.

CAHIN-CAHA


CAHIN-CAHA, adv. (st. famil.) Tant bien que mal; de mauvaise grâce. Il l' a fait cahin-caha.

CAHOS


CAHOS. Voy. CHAOS.

CAHOT


CAHOT, s. m. CAHOTER, v. a. CAHOTAGE, s. m. Les cahots sont les sauts que fait une voitûre, dans un chemin inégal et raboteux. Cahotage est le mouvement fréquent, causé par les cahots. _ Cahoter, c' est causer des cahots. "Cette voiture nous a bien cahotés: nous avons été bien cahotés dans ce chemin.

CAHUTE


CAHUTE, s. f. Hute, cabane, maisonette. On disait aûtrefois cahuette.

CAïC


CAïC. Voy. CAïQUE.

CAïENNE


CAïENNE ou CAïèNE, s. f. Ile de la Guiane, dans l' Amérique Méridionale. Le grand nombre écrit Cayenne; mais cette orthographe induit en erreur pour la prononciation; car alors il faudrait prononcer ké-iène. Voy. A, au commencement. Voy. AïEUL et CAïEU.
   On doit dire Caïenne, l' Ile de Caïenne, et non pas la Caïenne. On doit donc dire, aler à Caïenne, et non pas en Caïenne; revenir de Caïenne, et non pas de la Caïenne. Voltaire et l' Ab. Prévot disent la Caïenne. Fontenelle dit au contraire, l' Isle de Cayenne, à Cayenne, sans article; et le Prés. Hénaut, le Fort de Cayenne: c' est comme il faut dire, excepté l' y qui doit être remplacé par un ï tr.

CAïER


CAïER ou CAHIER, s. m. Le 1er nous paraît le meilleur; le 2d est de l' Acad. du Rich. Port. du Dict. d' Orthographe: mais il nous semble que cette h n' est point dans l' analogie de la Langue. Trév. écrit cayer; mais alors il faudrait pron. ké-ié, et l' on pron. ka-ié. _ Assemblage de feuilles de papier ou de parchemin jointes ensemble. Caïer de papier, caïer blanc, caïer écrit, etc. _ Au pluriel, il se dit du résultat des délibérations des États, du Clergé. "Il a été nommé pour porter, pour présenter les caïers. "Les Évêques y vinrent aussi porter les caïers de toutes leurs Assemblées. Moreau.

CAïEU


CAïEU, s. m. [Ca-ieu, 2e dout. au sing. lon. au plur. caïeux.] Plusieurs écrivent cayeu; mais avec cette manière d' écrire, il faudrait prononcer ké-ieu, l' y faisant fonction de deux i, dont le 1er se joint à l' a pour former la dipht. ai, qui se pron. comme un é, et le 2d s' unit à la dipht. eu. Voy. \à~ au commencement: voy. une remarque au mot AïEUL.
   CAïEU est 1°. un rejeton des oignons qui portent fleur. Caïeu de tulipe. = 2°. Fleur qui vient d' un caïeu. "Cette tulipe n' est qu' un caïeu de l' année.

CâILLE


CâILLE, s. f. [1re lon. 2e e muet: mouillez les ll.] Oiseau de passage, qui a le plumage gravelé, et dont la chair est délicate.

CâILLÉ


CâILLÉ, s. m. [1re lon. 2e é fer.] Du lait câillé. Manger du câillé.

CâILLEBOTE


CâILLEBOTE, s. f. [1re lon. 2e et 4e e muet.] Masse de lait câillé. Manger des câillebotes.

CâILLEMENT


CâILLEMENT, s. m. CâILLER, v. a. [1re lon. 2e e muet au 1er, é fer. au 2d: mouillez les ll: kâ-glie-man, kâ-glié.] Câillement est l' état de ce qui se câille; câillement du lait, du sang. _ Câiller, c' est figer, coaguler, épaissir: la présûre câille le lait; cela fait câiller le sang. "Le lait, le sang s' est câillé. _ Lait câillé, sang câillé.

CâILLETAGE


CâILLETAGE; s. m. [1re lon. 2e et 4e e muet.] Action, discours, propos, ouvrage de caillette. "Insipide câilletage; ramassis dégoûtant des plus plats bons mots... dont on ait depuis trente ans insulté le Public et la Raison. Linguet, parlant de la Dest. des Jés. par M. d' Al... "Quand on seroit disposé à s' atendrir, ne sent-on pas, à un semblable câilletage, le coeur se fermer et les yeux se sécher. Le même. _ L' Acad. ne met pas ce mot.

CâILLETEAU


CâILLETEAU, s. m. [1re lon. 2e e muet; 3e dout. au sing. lon. au plur. câilleteaux.] Jeune câille: "Ces câilleteaux étoient excellens.

CAILLETTE


CAILLETTE, s. f. [kâ-gli-è-te: 1re lon. 2e è moy. mouillez les ll; 3e e muet.] 1°. La partie du chevreau, de l' agneau, du veau, qui contient la présûre à câiller le lait. _ 2°. Femme frivole et babillarde: "C' est une câillette; la câillette du quartier. On le dit dans le même sens des hommes, qui sont femmes sur l' article.
   Rem. CAILLETTE était le nom du Fou de François I. Depuis on a dit: fou comme Caillette, c' est un Câillette. _ On le dit assez volontiers aujourd' hui dans le sens cité plus haut.
   Où diable preniez-vous qu' il avoit de l' esprit?
   C' est un original, qui ne sait ce qu' il dit;
   Un de ces merveilleux, gâtés par des câillettes.
       Méch.
  Et du Pinde les neuf Câillettes
  Dont tu fus si long-temps la cour,
  Vinrent l' adulant tour à-tour
  Lui céder lyres et trompettes.
Épître à Corneille sur les Mûses Rivales, Drame, où Voltaire a été couroné comme le Roi du Théâtre et de tout l' empire de la Littératûre.

CâILLOT


CâILLOT, s. m. [1re lon. kâ-glio: mouillez les ll.] Grumeau, ou petite masse de sang câillé: cracher des câillots de sang.

CâILLOU


CâILLOU, s. m. CAILLOUTAGE, s. m. [1re lon. au 1er: mouillez les ll: kâgliou, gliou-tage.] Le câillou est une pierre très-dûre, qui done des étincelles, quand on la frape avec l' acier. Cailloutage est un ouvrage de câillous ramassés: grotte, chemin de cailloutage.

CAïMACAN


CAïMACAN, s. m. CAïMAN, s. m. [Dans ces deux mots on doit employer l' ï trema: ka-imakan, ka-iman.] Le 1er est le nom d' un Lieutenant du Grand-Visir; le 2d d' une espèce de crocodile.

CAIMAND


CAIMAND, ANDE, ou CAIMANDEUR, EûSE, subst. CAIMANDER, v. neut. [ké--man, etc.] Mendiant, mendiante, mendier. L' Acad. dit du subst., qu' il est peu usité; et du verbe, qu' il est du style familier.

CAJOLER


CAJOLER, v. a. CAJOLERIE, s. f. CAJOLEUR, EûSE, subst m. et f. 1°. Flater, louer, pour obtenir ce qu' on souhaite. "Il l' a tant cajolé, qu' il en a obtenu ce qu' il demandait. = 2°. Tâcher de séduire une femme ou une fille: "Une honête femme ne se laisse pas cajoler. = Cajolerie a ces deux sens. Vos louanges ne sont que des cajoleries: aimer la cajolerie. = Cajoleur, cajoleûse; celui ou celle qui cajole: "C' est un cajoleur, une cajoleûse.

CAïQUE


CAïQUE, s. m. [Il faut mettre deux points sur l' i, pour ne pas prononcer kèke, mais ka-ike. Trév. met caïc. Le Rich. Port. les met tous deux. L' Acad. ne met que le 1er.] Suivant Trév. c' est la chaloupe d' une galère. L' Acad. le définit à peu près de même. Le Rich. Port. ne le traite que d' esquif; et cela est plus exact: car un caïque n' est rien moins qu' une chaloupe.

CAISSE


CAISSE, s. f. CAISSIER, s. m. CAISSON, s. m. [1er lon. kèce, kècié, kè-son: 1re è moy. 2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Caisse est 1°. un cofre de bois où l' on met diverses marchandises: caisse de sucre, de savon, etc. = 2°. Cofre de bois ouvert par le haut, où l' on met des arbrisseaux, comme orangers, etc. = 3°. Cofre où les Marchands serrent leur argent. = 4°. Tambour, batre la caisse. _ Il se dit figurément dans le style familier. Batre la caisse, chercher de l' argent à emprunter; tâcher de se faire des partisans. _ Bander la caisse, s' enfuir. _ Donner un coup sur la caisse, un coup sur le tambour; décider sur un article en faveur de l' un, et sur un aûtre en faveur de l' aûtre.
   Rem. Les gens de guerre disent plus volontiers caisse que tambour; et batre la caisse est parmi eux plus en usage que batre le tambour.
   CAISSIER, ne se dit ordinairement que relativement au 3e sens de caisse, de celui qui tient la caisse chez un Financier, chez un Banquier, ou Négociant. _ Dans les Villes de commerce, où il y a des artisans uniquement consacrés à faire des caisses, on leur done le nom de Caissiers.
   CAISSON: grande caisse, qui sert à porter des vivres, des munitions, dans les armées. Caissons de l' Artillerie, des vivres. _ Dans de certaines voitures, c' est un petit cofre vide, sous le siège destiné aux voyageurs, où l' on enferme des chôses utiles dans le voyage. Mettez ce petit sac de nuit dans le caisson.

CAJUTES


CAJUTES, s. f. pl. Lits dans un vaisseau emboîtés autour du navire.

CAL


CAL, s. m. Durillon, qui vient aux mains, aux genous, aux piés. _ Dans le discours ordinaire on dit plutôt durillon que cal.

CALAMISTRER


*CALAMISTRER, v. act. Friser, poudrer. Il est du style familier et critique. Plusieurs regardent ce mot comme un latinisme.

CALAMITÉ


CALAMITÉ, s. f. CALAMITEUX, EûSE, adj. [4e é fer. au 1er, lon. aux deux aûtres] Le substantif ne se dit guère que des malheurs communs à beaucoup de persones. Calamité publique; les calamités de la guerre; temps de calamités. L' Acad. ajoute: tomber dans une calamité: mais pour une afliction particulière, malheur, misère, sont plus propres. = L' adjectif est vieux et peu en usage: il eût été bon de le conserver: on y est encore à temps. _ L' Acad. dit qu' il vieillit, et qu' il ne se dit qu' en parlant des temps de peste, de guerre, de famine, etc., qu' on apèle temps calamiteux.

CALANDRE


CALANDRE, s. f. [2e lon. 3e e muet.] Il se dit de trois chôses bien diférentes: 1°. d' une sorte de grosse grive ou de grosse alouette. Acad. _ Trév. et le Rich. Port. ne le disent que du dernier; et ils ont raison. = 2°. D' un ver qui ronge les blés. = 3°. D' une machine dont on se sert pour presser et lustrer les étofes, draps, toiles, etc.
   Rem. Richelet dit calandre avec un a, pour signifier un petit ver qui ronge le blé; et calendre avec un e, pour la machine à presser les étofes. Trév. met calendre dans les deux sens, et l' Acad. toujours calandre. _ Suivant Ménage et La Touche, on dit calandre ou calande, en parlant du petit ver; mais le 1er vaut mieux que le 2d. Aujourd' hui celui-ci ne se dit plus, et le premier est le seul bon.

CALANDRER


CALANDRER, v. a. CALANDREUR, s. m. [2e lon. 3e e fer. au 1er, dout. au 2d.] Ils n' ont de raport avec calandre que dans le 3e sens: calandrer une étofe: ouvrier qui conduit la calandre. Trév. Rich. Port. _ L' Acad. ne met que le verbe.

CALCAIRE


CALCAIRE, adj. [kalkère, 2e è moy. et long; 3e e muet.] Il se dit des terres ou des pierres, que le feu réduit en chaux, comme sont la craie, le marbre, les coquilles, la pierre à chaux.

CALCINATION


CALCINATION, s. f. CALCINER, v. a. Ils expriment l' action de réduire une terre, une pierre, un métal, en poudre très-subtile, par l' action violente du feu. Calciner les métaux, le vitriol, le salpêtre, etc. La calcination du plomb, du vitriol, etc.

CALCUL


CALCUL, s. m. [On pron. l' l finale.] Suputation, compte. Faire le calcul de; le calcul est exact: erreur de calcul. _ On dit figurément (st. famil.), se tromper en son calcul, se tromper, se méprendre en quelque chôse que ce soit, sur-tout dans les mesûres qu' on a prises pour réussir. _ De calcul fait, adv. "Querelle (entre les Maisons de Lancastre et d' Yorck) qui coûta la vie, de calcul fait, à 80 Princes du Sang. Hist. d' Angl. _ L' expression est un peu familière.
   CALCUL, en termes de Médecine, se dit des pierres, qui se forment dans la vessie ou dans les reins.

CALCULABLE


CALCULABLE, adj. *CALCULANT, ANTE, adj. verbal; CALCULATEUR, s. m. [3e dout. au 1er, lon. aux 2 suivans, br. au dern.] Calculable, est ce qui se peut calculer; calculant, qui calcule; calculateur, celui qui calcule: somme calculable; gens calculans et suputans sans cesse: "C' est un grand calculateur.
   Rem. Calculant est un néologisme. On ne se gêne plus pour employer adjectivement les participes actifs; et chaque jour voit naître quelqu' un de ces adjectifs verbaux. "C' est l' incrédulité, c' est la morale calculante de nos jours, c' est l' égoïsme systématique, qui nous fait perdre tout sentiment à force de raison. L' Ab. Boulogne. Él. du Dauphin.

CALCULER


CALCULER, v. a. Suputer, compter. Il se dit, ou avec le régime simple; calculer une somme, des tables astronomiques, une éclipse; ou neutralement et sans régime: après avoir bien calculé, je trouve que, etc.
   Rem. Calculer est aujourd' hui fort à la mode au figuré.
   Ces messieurs ont porté l' esprit géométrique
   Jusques dans leurs noirceurs: leur secret est conu:
   Ils savent calculer le vice et la vertu.
       Palissot.
"Dans un siècle où les moeurs se sont dépravées jusqu' au point de calculer le degré de tendresse que l' on doit à ses parens. Id. _ Les Traducteurs des Livres Anglais emploient souvent ce verbe, parce que les Anglais font un grand usage de leur verbe to calculate. "Henri VIII calcula (pensa) que sa faveur étant l' unique bâse du crédit de Wolsey, les atentions de Charles-Quint pour ce Ministre n' étoient qu' un hommage de plus pour le Maître. _ C' est un vrai anglicisme.

CALCULEûX


CALCULEûX, EûSE, adj. [3e long.] Terme de Médecine. Pierreux, graveleux. _ Trév. le marque aussi subst. Qui a le calcul, qui est tourmenté de la gravelle, de la pierre. L' Acad. ne le met ni comme subst. ni comme adj.

CALE


CALE, s. f. [1re br. 2e e muet.] 1°. Abri entre deux pointes de terre ou de rochers. "Les corsaires se cachent dans des cales, pour surprendre les petits vaisseaux. = 2°. Fond de cale, le lieu le plus bas d' un vaisseau. _ Un Auteur moderne dit cal: c' est un barbarisme. "Le fond de cal de la barque est toujours plein d' eau. = 3°. Espèce de châtiment assez ordinaire sur les vaisseaux, qui consiste à suspendre un homme à la vergue du grand mât et à le plonger plusieurs fois dans la mer. Doner la cale; condamner à la cale. = 4°. Morceau de bois plat, qu' on met sous une poûtre ou solive, ou sous une table, pour qu' elle soit de niveau. = 5°. Espèce de bonet et de coifûre de tête pour les femmes de basse condition. En ce pays-là les femmes portent des cales. = 6°. Bonet plat que portent de petits laquais, ou des garçons de métier.

CALEBASSE


CALEBASSE, s. f. CALEBASSIER, s. m. [2e e très-muet; 4e e muet au 1er, é fer. au 2d. Richelet dit aussi calebace: on l' a retranché dans le Rich. Port.] Calebasse, est, 1°. un fruit des Îles, qui croît en forme de citrouille, et dont on extrait une liqueur bone contre les maux de poitrine. = 2°. Espèce de bouteille faite d' une courge séchée et vidée. On y met du vin; on s' en sert aussi pour aprendre à nager, en les mettant bien bouchées sous les aisselles. = Calebassier est l' arbre d' Amérique qui porte la calebasse; n°. 1°.
   On dit proverbialement, tromper, ou frauder la calebasse. (n°. 2°.) Tromper quelqu' un, en ne lui donant pas son contingent dans les chôses qui doivent se partager, comme qui dirait: boire ce qui est dans la calebasse, en l' absence de son compagnon; ce qui se dit figurément des aûtres tromperies.

CALèCHE


CALèCHE, s. f. [2e è moy. 3e e muet.] Petit cârrosse coupé.

CALEÇON


CALEÇON, ou CALÇON, s. m. [L' Acad. ne met que le 1er: mais l' e y est si muet, que ce n' est presque pas la peine de l' écrire.] Culotes de toile qu' on met sur la chair nûe et sous les culotes d' étofe ou de drap. On dit au plur. des caleçons, des culotes, quoiqu' il n' y en ait qu' un seul. Être~ en caleçons; caleçons de toile, etc. L' Académie met le sing. "en caleçon; caleçon de toile, de chamois, de ratine, etc.

CALÉFACTION


CALÉFACTION, s. f. [Kalefak-cion, en vers, ci-on; 2e é fer.] Terme didactique. Action du feu, qui caûse de la chaleur. _ Ce mot n' est point d' usage dans le discours ordinaire; et il y aurait du pédantisme à s' en servir.

CALEMBOURG


*CALEMBOURG, ou CALAMBOURG, s. m. Mot nouveau. Jeu de mots: À~-peu-près ce qu' on apelait autrefois quolibet. En voici un exemple. "M. On done sûrement le siège de St. Jean de Lône: n' est-ce pas? Non, Monsieur, me répondit-il froidement: les Comédiens ont retiré cette pièce, parce que le Public a levé le siège. Ce calembourg me força de m' éloigner. Ann. Litt. _ L' ortographe de ce mot n' est pas encôre fixée, et peut-être disparoîtra-t-il avant qu' elle le soit. "Les calembours d' aujourd' hui valent encôre mieux que les trois quarts de ces prétendus bons mots. Linguet. Voilà une 3e manière d' écrire ce mot; calembour, sans g.

CALENDES


CALENDES, s. f. pl. [Kalande 2e lon.] Premier jour de chaque mois chez les Romains. _ Renvoyer quelqu' un aux Calendes grecques (st. fam.) c' est le renvoyer en un temps qui n' arrivera jamais; car les Grecs ne comptaient pas par calendes, comme les Romains. "L' Apel au futur Concile est sans doute le moyen le plus court pour se tirer d' afaire. Un Apel de cette natûre en renvoie la décision aux calendes grecques. D' Avrigny.
   CALENDRE, CALENDRER, CALENDREUR. Voy. CALANDRE, etc.

CALENDRIER


CALENDRIER, s. m. [Kalan-drié; 2e lon. 3e dout.] Livre ou Table, qui contient l' ordre et la suite des mois qui composent l' année. Trév. De tous les jours de l' année. Acad. _ On dit, de ceux qui veulent trouver à redire à ce qui a été fait ou ordoné par gens plus habiles qu' eux, qu' ils veulent réformer le calendrier. Allusion à la réformation qui en fut faite par le Pape Grégoire XIII.

CALENTûRE


CALENTûRE, s. f. [Kalantûre, 2e et 3e lon. 4e e muet.] Fièvre chaude, assez commune sur mer.

CALEPIN


CALEPIN, s. m. C' est le nom d' un Gramairien, et d' un Dictionaire qu' il a composé. Mais ce mot est devenu un nom apellatif, pour signifier, un recueil de mots, de notes, d' extraits qu' une persone a composé à son usage. "Je consulterai là-dessus mon calepin.

CALER


CALER, v. a. 1°. Baisser. Caler la voile, Au propre, baisser la voile; au figuré, céder et se soumettre. _ Dans ce dernier emploi, il est aussi neutre. "Il a été obligé de caler: mais il n' est en usage que dans le st. fam. L' Acad. le met sans remarque, et sans dire à quel style il apartient. _ Quelques-uns disent, caler voile, sans article; comme on dit, baisser pavillon. J' avoûe que je l' aimerais mieux que caler la voile, comme dit l' Acad. et sur tout, que caler les voiles, comme dit le Rich. Port. "Avec les Grands, le plus sûr est de caler la voile. Acad. "Il faut caler, ou caler les voiles avec les Grands. Rich. Port.
   2°. CALER, v. a. Mettre une cale. Il faut caler le pied de cette table. Voy. CALE, n°. 4°.

CALFAT


CALFAT, s. m. CALFATAGE, s. m. CALFATER, v. a. [Le t final du 1er ne se prononce pas.] Calfater un vaisseau, c' est en boucher les trous et les fentes en l' enduisant de poix et de goudron, pour empêcher que l' eau n' y entre. _ Calfat est, 1°. celui qui calfate un vaisseau; Maître Calfat; 2°. l' ouvrage que fait le Calfat: ce vaisseau a eu son Calfat: il a été calfaté. _ Calfatage, se dit de l' étoupe enfoncée dans les coutûres du vaisseau.
   Calfader, Calfater, Calfeutrer: suivant la Touche, ces trois manières d' écrire ce verbe sont en usage; mais M. Guillet, et d' aûtres bons Auteurs préfèrent les deux premiers. Il avoûe pourtant que Mrs. de l' Académie ne parlent point du premier dans leur Dictionaire, et qu' ils disent le 2d dans un aûtre sens: c' est à quoi il faut s' en tenir. Calfader, n' est plus usité, et il n' est pas suivant l' analogie, puisqu' on ne dit pas calfadage, mais calfatage. On ne dit que calfater, pour dire, radouber un navire, en rebouchant les coutûres avec des étoupes. Calfeutrer, c' est aûtre chôse: c' est bien boucher les fentes des portes et des fenêtres d' une chambre, pour empêcher qu' il n' y viène du vent; ce qu' on fait souvent avec du feûtre et des lisières. Il ne faut donc pas confondre ces deux verbes, comme le font plusieurs, et comme l' a fait la Touche et les Auteurs qu' il cite.

CALFEUTRAGE


CALFEUTRAGE, s. m. CALFEUTRER, v. a. Le verbe exprime l' action de boucher les fentes d' une porte, d' une fenêtre avec du papier, ou du parchemin collé, ou avec des lisières. Voy. CALFATER. _ Calfeutrage, est l' ouvrage de celui qui calfeutre.

CALIBRE


CALIBRE, s. m. 1°. La grandeur de l' ouvertûre des armes à feu. Le calibre d' un canon, d' un mousquet, etc. = 2°. La grosseur de la balle ou du boulet, proportionée à cette ouverture. Balle, boulet de calibre; de tel ou tel calibre. = 3°. En Architectûre, volume, grosseur: Colonnes de même calibre. = 4°. Figurément et familièrement: qualité, état d' une persone: ils ne sont pas de même calibre.

CALIBRER


CALIBRER, v. a. Passer des boulets dans le calibre (n°. 1°.) pour les mesurer.

CALICE


CALICE, s. m. Le vâse sacré où se fait la consécration du vin dans le sacrifice de la Messe. _ Dans le langage de l' Écritûre et au figuré, coupe remplie d' amertume, de maux, de douleurs. "Dieu fera boire aux pécheurs le calice jusqu' à la lie. "Mon Père, s' il est possible, que ce calice pâsse loin de moi. On dit, familièrement, dans le 1er sens, doré comme un calice, de celui qui a des habits couverts d' or; et dans le 2d sens, boire ou avaler le calice, se soumettre à des chôses dûres et fâcheûses, les soufrir contre son gré.

CALIFOURCHON


CALIFOURCHON (à) adv. La Touche prétend qu' il ne se dit qu' au pluriel. Aler à califourchons. l' Acad. ne met que le sing. Richelet écrit califorchon; mais mal. Aler, ou se mettre, ou être à califourchon; jambe deçà, jambe delà, comme quand on est à cheval.

CALIGINEUX


*CALIGINEUX, EûSE, adj. Obscur, ténébreux. Ce mot se trouve dans Pomey et dans Danet. C' est un latinisme. On ne peut s' en servir que dans le burlesque.

CâLIN


CâLIN, INE, subst. [Kâ-lein, line. 1re, lon.] Niais, indolent; c' est un câlin, une câline; il fait le câlin, la câline. _ L' Acad. ne le met qu' au masculin. Il est en éfet peu usité dans le genre féminin.

CALINER


CALINER (se) v. récipr. Se tenir dans l' inaction, dans l' indolence. "Il passe le temps à se caliner dans un fauteuil..

CALIS


*CALIS. Voy. CADIS.

CALISTE


CALISTE, s. f. CALIXTE, s. m. Il ne faut pas confondre ces deux mots. Le 1er est un nom de femme, dont les Poètes se servent assez souvent. Le 2d. est un nom d' homme: il y a eu trois Papes apellés Calixte. Plusieurs emploient l' un pour l' aûtre; c' est une négligence. L. T.

CALLEMANDE


CALLEMANDE, CALLEVILLE. Voyez CALMANDE, CALVILLE.

CALLEUX


CALLEUX, EûSE, CALLOSITÉ, s. f. [On pron. les 2 ll, mais sans les mouiller. 2e lon. aux 2 1ers.] Calleux; où il y a des cals. Ulcère calleux. _ En Anatomie, corps calleux; la partie qui couvre les deux ventricules du cerveau. _ Callosité, chair solide et sèche, qui s' engendre sur les bords d' un ulcère. _ Cal, qui se forme aux piés et aux mains, sans qu' il y ait de plaie. "Il a les piés tout remplis de callosités.

CALMANDE


CALMANDE, s. f. Acad. CALLEMANDRE; Trév. Étofe de laine, lustrée d' un côté comme le satin.

CALMANT


CALMANT, s. m. Remède qui calme les douleurs. Prendre un calmant, des calmans.

CALMAR


CALMAR, ou CORNET, s. m. Animal qui ressemble à la sèche et au polype. Il a un réservoir plein d' une liqueur noire comme de l' encre, d' où lui vient son nom de calmar ou de cornet. On apelait autrefois calmar, un étui où l' on met les plumes à écrire.

CALME


CALME, adj. m. et f. [2e e muet.] Tranquille, sans agitation. Mer, air, lieu calme; esprit, vie calme. Ce malade est calme.

CALME


CALME, s. m. CALMER, v. a. Bonace, tranquilité. _ Apaiser, rendre calme: "Le calme nous prit, et nous n' avancions guère. Le calme de l' esprit, etc. Calmer les flots, l' orage, la tempête, etc. _ Ils se disent élégamment au figuré. "La vertu s' endort dans le calme.
   Sous un calme trompeur le monde a mille écueils.
       Théophile.
  La discorde, à l' aspect du calme qui l' ofense,
  Fait sifler les serpens.    Boil.
Le verbe se dit à l' actif et au réciproque: Dieu seul peut calmer les agitations de mon âme.
   La haine entre les Grands se calme rarement.
       Corn.
Rem. On lit dans le Dict. de Trév. qu' on dit sur la mer, il calme, pour exprimer que le vent s' abaisse. Alors il serait neutre impersonel. Mais on peut douter que ce soit le bel usage.
   2°. Peut-on dire avec calme, comme on dit, avec tranquillité? J' ai peine à le croire. "Colomb soufroit cette horrible insulte, non-seulement avec calme, mais avec dignité. Robertson.

CALOMNIATEUR


CALOMNIATEUR, TRICE, s. m. et f. CALOMNIE, s. f. CALOMNIER, v. act. [On pron. l' m, comme s' il était écrit, calo-me-niateur, calomeni-e, calomeni-é, l' e surajouté extrêmement muet.] Calomniateur, calomniatrice, est celui, ou celle qui calomnie. Calomnier, c' est blesser l' honeur de quelqu' un par de fausses imputations, qu' on apèle calomnies. "C' est un calomniateur, une calomniatrice: "Il ou elle a calomnié cet homme irréprochable: il a inventé, fabriqué, forgé contre lui une noire calomnie: ce qu' il en a dit est une pure calomnie.
   Rem. 1°. Faire une calomnie, se dit absolument et sans régime. * Bossuet lui fait régir le datif. "Qu' on juge si c' est moi qui fais une calomnie au L..... ou si c' est M. Basnage, qui me fait une honteûse chicane. On dit bien faire une chicane à quelqu' un, mais je ne crois pas qu' on dise, lui faire une calomnie, pour dire, le calomnier.
   2°. Calomnier ne se dit que des persones, suivant La Touche, qui blâme Patru, d' avoir dit, calomnier une alliance, ajoutant que l' Académie ne dit point calomnier une chose. Il est vrai que cette expression est hardie, mais elle est belle et énergique, et de bons Auteurs l' ont employée: "Pourquoi calomnier cette démarche, en lui suposant d' indignes principes. Anon.
   2°. Calomnier n' a pas de 2e régime. P. Corneille lui fait régir l' ablatif, la prép. de. _
   M' iroit calomnier de quelque intelligence.
Molière lui done pour 2d régime le datif.
   Et lui calomnier la plus râre vertu.
Tout cela est contre l' usage.

CALOMNIEUX


CALOMNIEUX, EûSE, adj. CALOMNIEûSEMENT, adv. [Kalomeni-eû, eû-ze, eûzeman: l' e après l' m très-muet; 4e lon.] Qui contient une calomnie; discours calomnieux; acusation, imputation calomnieûse. _ Avec calomnie: "Il a été acusé calomnieûsement.

CALOT


CALOT, s. m. Célèbre Graveur en grotesques, qui a doné ocasion à apeler des figures ridicules, figures à Calot.

CALOTTE


CALOTTE ou CALOTE, s. f. Petit bonet qui ne couvre que le haut de la tête. Calote de satin, de marroquin, de drap, etc. _ Calote à oreilles, grande calote qui couvre les oreilles. _ Les Cardinaux portent la calote rouge. _ Et quand on dit que le Pape a doné la calote à quelqu' un, on veut dire qu' il l' a élevé à la dignité de Cardinal.
   On dit familièrement, de quelqu' un qui a la tête légère, qu' il aurait besoin d' une calote de plomb.
   Pendant un temps, c' était une fureur en France de doner des brevets de la calote, d' enrôler dans le Régiment imaginaire de la calote, c. à. d., de la folie. Ainsi, doner la calote, ou un brevet de la calote, c' était déclarer un homme fort extravagant. _ De là calotin, homme extravagant ou noté et décrié; et calotine, pièce de vers mordante et satirique.

CALQUE


CALQUE, s. m. CALQUER, v. a. [kalke, kalké, 2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Calque est un trait léger d' un dessein qui a été calqué; et calquer, c' est contre-tirer un dessein, en passant une pointe sur les traits, afin qu' ils s' impriment sur du papier ou de la toile, ou sur une planche de cuivre. Prendre un calque; calquer un dessein, une estampe.
   CALQUER, se dit au figuré: "Misogramme se plaint de ce qu' il est assailli de prôse, de vers, et que tout le monde a chez lui la manie du bel-esprit. Tout cela est calqué sur (est imité de) les Femmes Savantes, et c' est un Écolier qui se traîne sur les pâs de son Maître. L' Ab. Fontenai, sur Molière à la nouvelle Salle.

CALVAIRE


CALVAIRE, s. m. [Kalvère, 2e è moy. et long; 3e e muet.] Petite élévation, où l' on a planté une croix.

CALVILLE


CALVILLE, s. m. Espèce de pomme. Calville blanc, calville rouge. _ Trév. écrit Calleville.

CALVITIE


CALVITIE ou CHAUVETÉ, s. f. État d' une tête chaûve, éfet de la chûte des cheveux. Les Médecins se servent ordinairement du 1er, qui est tout latin; le 2d paraît plus français. Ni l' un ni l' autre ne se trouvaient dans le Dict. de l' Acad. _ Dans la dern. Édit. elle a mis calvitie, et ne dit rien de chauveté. Le Rich. Port. les met l' un et l' aûtre, chacun à sa place. Trév. de Calvitie renvoie à chauveté. Je crois calvitie plus propre pour les livres, et chauveté pour la conversation. Voy. CHAUVETÉ.

CALUMET


CALUMET, s. m. Espèce de longue pipe, en usage chez les Sauvages, et qu' ils présentent en signe de paix.

CALUS


CALUS, s. m. [On pron. l' s.] Espèce de noeud, qui se forme d' une humeur épaissie, et qui rejoint les parties d' un ôs rompu: "Le calus est fait. _ On le dit figurément, de l' endurcissement de l' esprit et du coeur, qui se forme par la longue habitude, bone ou mauvaise: Ce Juge s' est fait un calus contre les sollicitations; cet homme contre les misères du prochain; ce méchant, cet impie, contre les remors de sa conscience. _ Il se prend plus souvent en mauvaise qu' en bone part.

CAMAïEU


CAMAïEU, s. m. [Quelques-uns écrivent ce mot avec un y, camayeu; mais cette ortographe est contraire à la prononciation; car l' y faisant fonction de deux ii, il faudrait prononcer caméieu.] 1°. Pierre fine qui est de deux couleurs. = 2°. Tableau peint d' une seule couleur. Peindre en camaïeu. _ Il est plus en usage dans ce dernier sens.

CAMAIL


CAMAIL, s. m. [Mouillez l' l finale: l' a se prononce, et ai n' y a pas le son d' é.] Au plur. on dit camails. _ C' est le nom d' un petit manteau que les Évêques portent par--dessus le rochet, qui couvre depuis les épaules jusqu' à la ceintûre. Acad. Qui ne s' étend que depuis le cou jusqu' au coude. Trévoux. _ L' Acad. le fait trop long, et Trév. le fait trop court. "Être en camail et en rochet. _ Les Abés et les Chanoines même, dans plusieurs Chapitres, portent le rochet et le camail: on l' a même doné aux Curés dans quelques Diocèses. Camail violet, noir, de velours, de satin, de drap, etc.

CAMARADE


CAMARADE, s. m. et f. Compagnon de profession. Suivant l' Acad. il ne se dit guère qu' entre soldats, enfans, écoliers, valets, etc. "C' est mon camarade; ils étoient camarades au Collège, etc. _ On dit aussi, camarades de voyage, de fortune, de malheurs, etc., ceux qui ont fait le même voyage, qui ont été dans la même fortune, ont essuyé les mêmes malheurs, les mêmes aventûres.
   Rem. 1°. L' Acad. ne marque ce mot que masc.; cependant il est souvent employé au fém. et se dit des femmes comme des hommes. "Lucie sa soeur avoit depuis peu dans son Couvent une camarade charmante. Marm. "La fille unique d' Alcimon, ma camarade et mon amie. Id. "Ma fille, qui est sa camarade de Couvent. Id. "Des bêtes saines continuoient à vivre impunément au milieu de leurs camarades expirantes. Linguet.
   2°. Camarade n' est pas du beau style, et il n' est guère bon, sur-tout dans les Histoires anciènes et dans la bouche des Héros de l' antiquité. "Cyrus parcourut tous les rangs pour animer les troupes... Camarades, leur disoit-il, suivez-moi à une victoire assurée; les Dieux sont pour nous. Rollin. "Philippe traitoit avec distinction ses Fantassins d' élite, les honoroit du nom de ses camarades. _ Rollin dans cet endroit met camarades en italique, et en justifie l' emploi dans une note marginale, en disant que le mot grec qu' il traduit signifie camarade-fantassin. _ M. Maclot, raportant d' après Rollin le discours de Cyrus, se sert du terme de camarades, et dans le discours d' Henri IV, dans les plaines d' Ivri, du terme d' amis. Ce dernier convenait mieux, ce me semble, dans la bouche de Cyrus, et le premier dans celle d' Henri IV. _ J. J. Rousseau traduit par camarades les Contubernales de Tacite, et par compagnons le mot commilitones. = On dit bassement de deux hommes, qui font souvent la débauche ensemble, camarades comme cochons. _ La Fontaine a dit plus élégamment, quoique dans le style simple:
   Que le bon soit toujours camarade du beau!

CAMARADERIE


*CAMARADERIE, s. f. Mot forgé, bon pour le style plaisant. Action, familiarité de camarade. "Cette camaraderie de vous et de Mlle Du Plessis, dont je ne faisois qu' une même chôse pour faire avaler le souflet (que vous lui aviez doné), les a fait rire à mourir. Sév.

CAMARD


CAMARD, ARDE, subst. et adj. [Le d ne se pron. pas au masc.] Camus, qui a le nez plat et écrasé. "Un camard, une petite camarde, un nez camard.

CAMAYEU


CAMAYEU. Voy. CAMïEU.

CAMBISTE


CAMBISTE, s. m. Celui qui fournit des lettres de change, ou qui en accepte.

CAMBOUIS


CAMBOUIS, s. m. [Kan-boui: 1re lon. Richelet écrit camboui; mais on écrit l' s, quoiqu' on ne la prononce pas.] Matière gluante, qui se forme du vieux oing, dont on a graissé les roûes d' une voitûre. "Vous avez sur votre habit des taches de cambouis. cela sent le cambouis.

CAMBRER


CAMBRER, v. act. CAMBRûRE, s. f. [Kanbré, brûre; 1re lon. 2e é fer. au 1er, lon. au 2d.] Courber et courbûre en arc. "Il faut charger ce bois pour le cambrer: cette poûtre comence à se cambrer: la cambrûre d' une poutre, d' un soulier, etc.

CAMÉLÉON


CAMÉLÉON, s. m. CAMÉLÉOPARD, s. m. [2e et 3e é fer. le d ne se pron. pas dans le 2d, Le Gendre écrit chaméléon; mauvaise ortographe.] Le caméléon est un petit animal terrestre, qui prend la couleur des chôses dont il aproche: c' est ce qui a doné lieu d' apeler caméléon (st. fig. famil.), un homme qui change aisément d' avis ou de parti. _ Le caméléopard est un animal, qui a la tête et le cou comme le chameau, et qui est tacheté comme le léopard. On le nomme aussi girafe.

CAMELOT


CAMELOT, s. m. [Kamelo, 2e e muet.] Étofe ordinairement de poil de chèvre, quelquefois mélé de soie. Le camelot grossier est de laine. _ Mettre quelqu' un au pli du camelot (st. prov.), le réduire à obéir, à être exact. "Il est comme le camelot; il a pris son pli.

CAMÉRIER


CAMÉRIER, s. m. CAMÉRISTE, s. f. Le 1er est le nom d' un Oficier de la Chambre, du Pape, d' un Cardinal, d' un Prélat Italien. On l' apèle autrement, Maître de Chambre. _ Le 2d est le titre qu' on done dans plusieurs Cours aux femmes, qui servent les Princesses dans leurs chambres. Trév. dit aussi Camérière.

CAMERLINGAT


CAMERLINGAT, s. m. CAMERLINGUE, s. m. [Trév. écrit Camerlinguat; mais l' u est nécessaire au 2d, pour doner au g un son fort qu' il n' a pas devant l' e; il est inutile dans le 1er et devant l' a.] Le Camerlingue est le chef de la Chambre Apostolique à Rome. Le Camerlingat est le nom de la dignité de Camerlingue.

CAMISADE


CAMISADE, s. f. CAMISARD, s. m. [Kamizade, mizar.] Ataque faite de nuit, ou de grand matin, pour surprendre l' Énemi. Doner une camisade. _ Camisard est le nom de certains Fanatiques des Cevennes, qui se soulevèrent du temps de Louis XIV. _ Ces deux mots viènent de camise, qu' on a dit autrefois en France, et qu' on dit encôre en Languedoc et en Provence, au lieu de chemise. _ Tant les soldats, qui donaient des camisades, que les Camisards, mettaient leur chemise sur leurs armes, pour se reconaître dans l' obscurité.

CAMISOLE


CAMISOLE, s. f. [Kamizo-le.] Chemisette. Acad. Petit vêtement, qu' on met entre la chemise et le pourpoint. Trév.

CAMOUFLET


CAMOUFLET, s. m. [Ka-mou-flè, 3e è moy.] Fumée épaisse qu' on soufle artificieûsement au nez de quelqu' un, avec un cornet de papier alumé. Doner un camouflet à un laquais qui dort. _ Au figuré, afront, mortification: "Il a reçu un vilain camouflet.

CAMP


CAMP, s. m. [On ne pron. pas le p: Kan, long.] 1°. Le lieu, où une armée se loge en ordre. Fortifier un camp; se retrancher dans un camp; lever le camp, etc. _ On dit figurément (st. famil.), l' alarme est au camp; on est alarmé; on est dans l' apréhension de quelque malheur, de quelque disgrace. = 2°. Il se dit de l' armée campée: "Le camp étoit tranquille: tout le camp fut alarmé.

CAMPAGNARD


CAMPAGNARD, ARDE, adj. et s. m. et f. [Canpagnar, narde: mouillez le g: le d final ne se pron. point dans le masc.] Qui demeûre ordinairement à la campagne: Gentilhomme campagnard; Dames campagnardes. _ C' est un campagnard; il a l' air campagnard, les manières campagnardes. Il ne se dit que par mépris, d' une persone qui n' a pas la politesse que done l' usage du monde. "Il n' y a rien de si ennuyeux que les complimens d' un campagnard.

CAMPAGNE


CAMPAGNE, s. f. [Mouillez le gn: 1re lon. 3e e muet.] 1°. Plaine, grande étenduë de pays plat et découvert. Râse campagne: en pleine campagne. = 2°. Les champs, ce qui est hors des Villes: demeurer à la campagne. _ De campagne; Gentilhomme de campagne; habit de campagne. _ Comédiens de campagne; Comédiens ambulans, qui courent les petites Villes, pour y jouer la Comédie. = 3°. Mouvement, campement et action des troupes. Être, se mettre ou entrer en campagne: ouvrir, commencer la campagne, faire la campagne. = 4°. Le temps durant lequel l' on peut tenir les troupes en corps d' armée. La campagne a été longue; elle a comencé de bonne heûre; elle a fini fort tard, etc.
   Rem. 1°. En termes de guerre, on dit, en campagne, et non pas, à la campagne: hors de là, il faut se servir du dernier. Un Citadin qui dirait: je vais en campagne (on le dit en Provence), et un Guerrier qui dirait: nous alons entrer à la campagne, parleraient tous les deux fort mal.
   2°. Entrer en campagne, se dit pour comencer les hostilités: mais dit-on, reprendre la campagne? Je ne le crois pas. L' Ab. Prévot a usé de cette expression. "À~ peine fut-il rentré dans ses États, que le Général énemi reprit la campagne, et recomença ses hostilités.
   3°. On doit dire, se retirer à la campagne, et non pas, dans la campagne, comme dit l' Auteur du Commerce vengé: "Il ne nous reste plus qu' à nous retirer dans (à) la campagne, et à prendre le hoyau et la bêche.
   4°. Avoir de la campagne, pour être long--temps à la campagne, paraît d' abord une expression barbâre, et elle l' est en éfet, ainsi isolée: mais de la manière dont Mde de Sévigné l' emploie, elle n' est plus barbâre; elle est jolie. "Je vous plains de n' être pas à Livri, puisque je vous ai doné ma folie pour la campagne. Vous savez pourtant que je ne l' ai jamais mesurée avec le plaisir d' être avec vous... Enfin, Dieu a disposé de ma destinée, et dans peu de jours j' aurai plus de campagne que je n' en voudrai. _ Racine et Mde de Sévigné ont eu le talent de doner un air simple, noble et naturel, aux expressions les plus extraordinaires, et à des alliances de mots, inconnûes avant eux. Ils n' ont inventé aucun mot nouveau, et se sont fait pourtant une langue particulière avec les mots qui sont dans la bouche de tout le monde.
   5°. Batre la campagne, se dit figurément d' un discoureur qui dit beaucoup de chôses inutiles et hors de son sujet: l' expression est familière. On a dit d' un Prédicateur, qui était fort répandu dans le monde, et qui négligeait de travailler ses Sermons et de les aprendre; que le reste de la semaine il batoit le pavé, et que le Dimanche il batoit la campagne.
   Quel esprit ne bat la campagne?
   Qui ne fait châteaux en Espagne?        La Font.
"Dans vos réponses, vous batez un peu trop la campagne: vous entassez passage sur passage, et vous ne laissez dans l' esprit de vos Lecteurs, que des idées confûses de ce que vous voulez dire. Le P. Daniel au P. Alexandre: "Si j' avois reçu votre lettre, j' y répondrois, et je ne m' amûserois pas ainsi à battre ridiculement la campagne. SÉV. "Le Bonze battit ensuite quelque temps la campagne. Hist. du Jap. L' expression est trop basse pour une Hist. sérieûse. Elle est mieux employée dans le style critique. "Ne voyez-vous pas qu' il a pris un vertige à ce Poète, ébloui de son sujet, (Les Jardins.) dès l' entrée il bat la campagne, et ne sait où il va. Journ. de Mons.
   6°. Mettre des espions, des amis en campagne, les envoyer aux informations, ou pour solliciter, etc. _ Se mettre en campagne, s' emporter: se mettre en colère. Trév.
   7°. Campagnes, plur. Faire ses campagnes, ses premières campagnes, se dit, au propre, de la guerre; et au figuré, de tout aûtre métier. Mais ces expressions ne sont pas du style relevé. Mascaron dit, dans l' Or. fun. d' Anne d' Autriche: "On connoissoit sa présence sur les frontières.... aux dévotions publiques, à soulager les pauvres et à délivrer les prisonniers. C' étaient là les campagnes de sa piété. Je pense que cela ne plairait pas aujourd' hui.

CAMPANE


CAMPANE, s. f. Ouvrage de soie, d' or, d' argent filé, avec de petits ornemens en forme de cloches; campane de lit, d' un carrosse. Ce mot vient du latin campana, qui signifie cloche.

CAMPANILLE


CAMPANILLE, s. m. Trév. écrit comme on prononce, campanile, et cette dernière manière vaut mieux. La partie supérieure d' un clocher.

CAMPEMENT


CAMPEMENT, s. m. CAMPER, v. n. [Kanpeman, Kanpé, 1re lon. 2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Le premier exprime l' action de camper et le camp lui-même: "Le campement est une des parties les plus essentielles d' un Général. "Dans notre premier campement, nous aprimes que l' énemi venoit à nous, etc. _ Camper se dit d' une armée qui s' arrête en quelque lieu. "Nous campames; l' armée alla camper à la vûe des énemis.
   Rem. Camper est plus usité au neutre qu' à l' actif ou au réciproque. On dit plutôt d' un Général, qu' il vint camper devant une telle place, qu' on ne dit qu' il y vint camper son armée, ou qu' il vint s' y camper. Rollin a pourtant dit: Il se vint donc camper devant la place. L' Acad. dit aussi, en parlant d' un Général: "Il se campe toujours avantageûsement: il s' étoit campé près d' une telle ville. Dans le Rich. Port. on l' emploie activement: "Ce Général a campé son Infanterie près de la rivière; et dans le Dict. Acad. "Il a campé son armée entre la montagne et la rivière. Il y a des exemples de toutes ces manières de parler.
   Se camper se dit, dans le style simple, pour se placer: il est venu se camper devant nous: il s' est campé dans un fauteuil.
   On dit, ironiquement, le voilà bien campé; le voilà dans l' embarrâs.

CAMPHRE


CAMPHRE, s. m. CAMPHRÉ, ÉE, adj. [Le Gendre écrit camfre: huile de camfre: c' est contre l' usage.] Le camphre est une espèce de gomme orientale, dont l' odeur est très-forte. Camphré ne se dit que de l' esprit de vin et de l' eau-de-vie, où l' on a mis du camphre.

CAMPOS


CAMPOS, s. m. [On ne fait point sentir l' s.] Au propre, congé qu' on done aux Écoliers; avoir campos, demander campos. _ Au fig. famil. Relâche qu' on se done de l' étude, du travail. "Aujourd' hui j' ai pris campos. = Campos est un mot latin, qui signifie les champs; c' est comme qui dirait, quitter la ville et le travail pour aller se promener, se divertir à la campagne.

CAMUS


CAMUS, ÛSE, subst. [Kamû, mûse, 2e lon.] Qui a le nez court et plat. L' Acad. le marque adj. et ne done pour les hommes que des exemples du substantif: "Un vilain camûs, une petite camûse. _ Elle ne l' emploie adjectivement qu' en parlant des animaux: "Chien camus, cheval camus.
   On dit, proverbialement, d' un homme qui a été trompé dans son attente: il est bien camus; le voilà bien camus; et de celui qui voulait faire le capable, et qu' on a réduit à ne savoir plus que dire: on l' a rendu camus.

CANâILLE


CANâILLE, s. f. [Kanâ-glie, 2e lon. mouillez les ll.] Terme de mépris. Vile populace. C' est ordinairement un Terme collectif: "Il n' y avoit que de la canâille. Quelquefois pourtant on le dit au pluriel, et distributivement: "Ce ne sont que des canâilles: "Ces canâilles de laquais me laissent toujours tout seul. _ On a prétendu que M. de Clermont-Tonnerre, Évêque de Noyon, fort entêté de sa noblesse, apelait ses Auditeurs canâilles chrêtiennes: cela a l' air d' un conte fait à plaisir. _ On apèle quelquefois canâille, en riant, des enfans qui font du bruit.

CANAL


CANAL, s. m. [L' Ab. Laugier, ou son Imprimeur, écrit caneaux au plur. C' est canaux qu' il faut écrire.] 1°. Conduit par où l' eau passe. = 2°. Pièce d' eau, étroite et longue, qui sert d' ornement à un Jardin. = 3°. Lit d' une rivière. = 4°. Conduite d' eau d' un lieu à un aûtre. "Le fameux canal de Languedoc, qui joint l' Océan à la Méditerranée. = 5°. Lieu où la mer se resserre entre deux rivages; canal de Malthe, de Constantinople, de la Mer Noire, etc.
   6°. Canal s'~ emploie~ au figuré pour moyen, entremise. "Vous ne réussirez que par le canal d' un tel. On doit prendre~ garde en employant cette locution, de ne pas ocasioner des équivoques ou ridicules, ou indécentes, que les esprits gâtés ne manqueraient pas de saisir. Il faut éviter sur-tout de s' en servir avec les pronoms possessifs, mon, vôtre, son, leur, en particulier, en parlant des femmes, ou à des femmes.
   Rem. Massillon dit, dans son Petit Carême, qu' on regarde, fort mal-à-propos, comme son chef-d' oeuvre. "C' est aux Grands à porter aux pieds du Trône les plaintes et les gémissemens de l' oprimé. Ils sont comme le canal de communication, et le lien des Peuples avec le Souverain. _ Ce canal de communication ne me parait pas une expression assez noble; et sauf le respect qu' on doit à un si illustre Orateur, je le croirais digne de trouver place dans le Dictionaire Néologique.
   À~ plein canal, adv. "Ces Rivières, qui roulent majestueûsement leurs eaux à plein canal. Pluche.

CANAPÉ


CANAPÉ, s. m. Sorte de grand siège à dôssier, où plusieurs persones peuvent être assises. Canapé de velours, etc. Acad. = Petit pain garni de cornichon, d' anchois, etc. Rich. Port.

CANARD


CANARD, s. m. [On ne prononce pas le d final.] Sorte d' oiseau aquatique. Acad. Oiseau amphibie, qui est de deux sortes; le sauvage et le domestique, ou barboteur. Trév. Oiseau de rivière fort conu. Rich. Port. _ On apèle aussi canard un chien, qui a le poil épais et frisé, qui va à l' eau, et qu' on dresse à chasser aux canards.

CANARDER


CANARDER, v. a. CANARDIèRE, s. f. [3e é fer. au 1er, è moy. et long au 2d.] Canarder, c' est tirer sur quelqu' un d' un lieu où l' on est à couvert. = Canardière était autrefois une guérite, ou autre pièce de fortification, d' où l' on pouvait tirer en sûreté. _ Aujourd' hui, lieu qu' on prépare dans un marais, pour prendre des canards sauvages dans des nasses.

CANCEL


CANCEL, s. m. CANCELLER, v. act. [Kancel, kancel-lé; 1re lon. On prononce les deux ll au 2d.] Cancel, que quelques-uns écrivent chancel, est 1°. cet endroit du choeur d' une Église, qui est le plus proche du grand Autel, et qui est ordinairement fermé d' une balustrade. = 2°. Lieu dans lequel on tient le sceau, et qui est aussi entouré d' un balustre. = Canceller, c' est annuller une écritûre, en la barrant ou croisant à trait de plume. Acad. Barrer une obligation, un acte, pour les rendre nuls, en passant la plume de haut en bâs, ou de travers sur les signatûres. _ Trév. et le Rich. Port. disent, dans le même sens, Cancellation, terme de Jurisprudence, acte par lequel on consent qu' un aûtre acte soit cassé, annullé. L' Acad. ne met pas le substantif.

CANCAN


CANCAN. Voy. QUANQUAN.

CANCER


CANCER s. m. [Kancèr: 1re lon. 2e è ouv.] Tumeur maligne, qui dégénère en ulcère, principalement au sein. "Extirper un cancer. "Elle a le sein tout rongé d' un cancer. = C' est aussi le nom d' un des signes du Zodiaque, qu' on a coutume de représenter sous la figûre d' une Écrevisse, en latin cancer.

CANCRE


CANCRE, s. m. Espèce d' écrevisse de mer. _ Figurément (st. famil.) paûvre, misérable.
   Quittez les bois, vous ferez bien,
   Vos pareils y sont misérables,
   Cancres, haires et pauvres diables.
dit le Chien au Loup, dans une des Fables de La Fontaine. Dans le même style, homme sordidement avare: "C' est un cancre, un vilain cancre.

CANDÉLâBRE


CANDÉLâBRE, s. m. [Trév. Rich. Port. Dict. Gramm. _ L' Acad. ne met point d' accent sur le premier e: 2e é fer. 3e lon.] Grand chandelier fait à l' antique: Acad. Grand chandelier à plusieurs branches. Trév. Rich. Port. Cette 2de. définition est plus juste.

CANDEUR


CANDEUR, s. f. CANDIDE, adj. Suivant l' Académie, Candeur est une pûreté d' âme. Trév. et le Rich. Port. la définissent mieux; Bonne foi, sincérité, franchise d' âme. "La candeur de son âme, de ses moeurs: agir avec candeur; procédé plein de candeur. _ Candide, qui a de la candeur. _ On dit, dans Trév. qu' il est bon d' y ajouter quelque autre mot, qui en détermine ou en explique la signification: âme candide et sincère. L' avis est fort bon. L' Acad. ne le croit pourtant pas nécessaire. Elle dit tout simplement, homme candide, âme candide, procédé candide. = Trév. dit aussi candidement, d' une manière candide. Peu usité. Rich. Port.

CANDIDAT


CANDIDAT, s. m. [On ne pron. point le t final.] 1°. Chez les Romains, celui qui aspirait à une charge, à une dignité. Il prenait une robe blanche, en latin candida, d' où il était apelé Candidatus. = 2°. Dans la vacance du Royaume de Pologne, on le disait aussi des Prétendans à la Couronne. = 3°. Dans les Universités, ceux qui se prépârent pour parvenir au Doctorat ou à quelque aûtre grade. = 4°. Par extension et en général, celui qui aspire à quelque grade, à quelque dignité.

CANDIR


CANDIR, v. n. Devenir en consistance de glace. Faire candir du sucre. _ Se candir; ce syrop s' est candi, ces confitûres se candissent.

CANE


CANE, s. f. [On l' écrit avec une seule n, pour le distinguer de canne, roseau.] La femelle du canard. Cane sauvage, cane privée, cane d' Inde.
   On dit, figurément, (st. famil.) faire la cane, plier, ne pas tenir ferme; faire comme les canes, qui, au moindre bruit, plongent la tête dans l' eau et se cachent. = On dit, dans le Dict. de Trév. que cet oiseau est si timide, qu' il baisse la tête en passant par une porte, quelque haute qu' elle soit. L' observation est curieûse; mais je doute que cette origine de l' expression proverbiale soit aussi naturelle que l' aûtre.

CANEPIN


CANEPIN, s. m. Peau de mouton très-fine, dont on fait des gants de femme.

CANETON


CANETON, s. m. CANETTE, s. f. [Ka--neton, kanète, 2e e muet au 1er, è moy. au 2d.] Ce sont deux diminutifs, pour exprimer le petit d' une cane. Canette signifie aussi une petite cane.

CANEVâS


CANEVâS, s. m. [Kanevâ, 2e e muet, 3e lon.] Grosse toile, fort claire, dont on se sert ordinairement pour faire des ouvrages de tapisserie. = Figurément, premier projet d' un ouvrage d' esprit, ébauche, esquisse. "Mezerai fit le canevâs du Dict. de l' Acad. = On le dit aussi dans un sens plus aproché du sens propre: "Il a brodé sur ce canevâs si simple, mille horreurs, mille impertinences.

CANGRèNE


*CANGRèNE. Dans l' Édition du Dict. de Trév. en 1704, on trouve cangraine ou gangraine. La Ruë écrit cangrène, cangrené. _ Dans les premières Éditions du Dict. de l' Acad. on disait: "On prononce cangrène, et même beaucoup de gens ortographient ainsi. Dans les dernières Éditions, on dit, au mot Gangrène, qu' on prononce cangrène. L. T. Suivant Richelet on dit cangrène ou gangrène, mais le premier est plus usité. C' est tout le contraire aujourd' hui, mais cet usage n' est pas fort raisonable; car, puisqu' on prononce cangrène, pourquoi ne pas l' écrire? Voy. sous la lettre G, GANGRèNE, GANGRÉNER, etc.

CANICHE


CANICHE, s. f. Chienne barbette.

CANICULAIRE


CANICULAIRE. adj. [Kanikulère: 4e è moy. et long.] Il ne se dit que des jours pendant lesquels la canicule domine. Trév. Acad. _ On disait aûtrefois caniculaire et caniculier indiféremment; et Vaugelas, qui trouvait le premier beaucoup meilleur, ne condamnait pas le second; quoiqu' il avouât qu' on ne pouvait le soufrir à la Cour. Depuis longtemps caniculier n' est plus du tout en usage. Th. Corn.

CANICULE


CANICULE, s. f. 1°. Constellation, autrement apelée le grand chien, à laquelle on atribuë les grandes chaleurs des mois de Juillet et Août. "L' ardente canicule. = 2°. Le temps dans lequel on supôse que cette constellation domine. Durant, ou dans la canicule; être à la canicule.

CANIF


CANIF, s. m. [Pron. l' f finale.] Petite lame de fer à tâiller des plumes. Bon canif. "Ce canif ne coupe pas trop bien.

CANINE


CANINE, adj. fém. Qui tient du chien. Il ne se dit qu' avec faim et dent. _ Faim canine, faim dévorante, qu' on ne peut assouvir. _ Dent canine, dent pointûe, semblable à celle des chiens, qui sert à inciser les alimens.

CANNAGE


CANNAGE, s. m. [Kanage, tout bref: 3e e muet.] Mesurage à la canne. Trév.

CANNE


CANNE, s. f. [Kane. On écrit ce mot avec deux n, pour le distinguer de cane oiseau.] 1°. Roseau qui a des noeuds. _ Canne de sucre, roseau qui porte le sucre. = 2°. Roseau séché, jonc ou bâton sur lequel on s' apuye en marchant: porter une canne à la main; canne d' un jet; canne à pomme d' or. = 3°. Mesûre qui contient une aûne deux tiers de Paris. Elle est un peu plus longue que la toise. Elle est divisée en huit pans, et le pan est de 9 pouces; mais le pouce est un tant soit peu plus fort que le pouce du pied de Roi.

CANNELâS


CANNELâS, s. m. [Kanelâ, 2e e muet, 3e lon.] Dragée faite avec de la canelle. Le Canelâs est bon après le repâs.

CANNELÉ


CANNELÉ, ÉE, adj. [Kanelé, lé-e, 2e e muet, 3e é fer. long au 2d.] Où l' on a creusé des canelûres; pilastre canelé, colonne canelée.

CANNELER


CANNELER, v. a. [Kanelé, 2e e muet; mais devant la terminaison féminine, il se change en è moy. On dit canelant; il canelait; et il canelle ou canèle; il canellera ou canèlera, etc.] Terme d' Architectûre. Creuser des espèces de petits canaux le long du fût d' une colonne, ou du haut en bâs d' un pilastre, ou dans d' aûtres ornemens d' Architectûre.

CANNELLE


CANNELLE, s. f. [Kanèle, 2e è moy. 3e e muet.] 1°. Écorce odoriférante d' un Arbre des Indes Orientales. Bâton, poudre, esprit, eau, huile de canelle. = 2°. Morceau de bois creusé, qu' on met à une cûve de vendange, pour en faire sortir le vin, après qu' on a foulé les raisins. = 3°. Robinet de cuivre, qu' on met à un tonneau pour en tirer le vin.

CANNELLIER


CANNELLIER, s. m. [Kané-lié, 2e et 3e é fer.] Arbre dont on tire la canelle.

CANNELûRE


CANNELûRE, s. f. [Kanelûre, 2e e muet, 3e lon.] Canal creusé sur des colonnes ou des pilastres, etc. Voy. Canneler.

CANNETILLE


CANNETILLE, s. f. [Kaneti-glie, 2e et 4e e muet: mouillez les ll.] Petite lame très-fine d' or ou d' argent tortillé. "Il y a beaucoup de canetille dans cette broderie.

CANNIBALE


CANNIBALE, s. m. [Kanibale.] Nom de certains peuples de l' Amérique, qui mangent de la chair humaine.

CANON


CANON, s. m. 1°. Grosse et longue pièce d' artillerie. Monter, braquer, pointer, tirer le canon. _ Il se dit quelquefois de tous les canons d' une place, pris collectivement: être hors de la portée du canon; on a pris le canon des énemis. = 2°. Cette partie des aûtres armes à feu, où l' on met la poûdre et le plomb: Le canon d' un pistolet, d' un fusil, etc. Canon canelé, rayé, etc. = 3°. Canon, décret, règlement. Il ne se dit proprement que des décisions des Conciles. On dit, dans l' Encyclopedie, que les canons sont les décisions, qui concernent le dogme et la foi; et décret, les décisions qui règlent la discipline éclésiastique. Il serait mieux, ce me semble, de dire que les décrets sont des Règlemens, et les Canons des décisions. _ Menage demande s' il faut dire, Droit Canon, ou Droit Canonique; et il répond que l' usage universel est pour le premier. C' est celui que met l' Acad. _ Là, Canon est adjectif. = 4°. Canon est aussi la suite des prières de la Messe, depuis la préface jusqu' à la Communion du Prêtre inclusivement.

CANONIAL


CANONIAL, ALE, adj. Il ne se dit qu' avec ofice, heûres et maison. _ Ofice canonial, l' ofice que les Chanoines chantent dans l' Église. _ Heûres canoniales, les parties du Bréviaire qui se chantent à plusieurs heûres de la journée. _ Maison canoniale, afectée à une place de Chanoine.

CANONICAT


CANONICAT, s. m. [Kanonika, le t final ne se prononce pas.] Bénéfice d' un Chanoine.

CANONICITÉ


CANONICITÉ, s. f. CANONIQUE, adj. CANONIQUEMENT, adv. [Kanonicité, ka--nonike, nikeman.] Canonicité est la qualité de ce qui est canonique. Il ne se dit que des Livres canoniques. _ On apèle canonique ce qui est selon les Canons. Doctrine canonique, mariage canonique, _ Livres canoniques, ceux qui sont contenus dans le Canon ou le catalogue des livres de l' Écriture Sainte, dressé par l' Église. _ Canoniquement, selon les Canons. Mariage fait canoniquement; vivre canoniquement.

CANONISATION


CANONISATION, s. f. CANONISER, v. a. [Kanoniza-cion, en vers, ci-on, ka--nonizé, tout bref. Richelet met un z à la place de l' s] Canonisation est la déclaration du Pape, par laquelle il met au nombre des Saints, révérés dans l' Église, une persone morte en odeur de sainteté. _ Canoniser, c' est mettre dans le catalogue des Saints, suivant les règles de l' Église.
   Bossuet apèle non canonisés, en quelques endroits, des livres de la Ste Écriture, qu' on ne recevait pas par-tout comme canoniques. Le terme paraitrait impropre aujourd' hui.
   Rem. Le subst. ne se dit qu' au propre; le verbe se dit aussi au figuré, et régit les chôses qui ont raport à la persone. Aprouver, louer outre mesûre: "Il canonise toutes les actions de son Protecteur. "Que de coutumes pernicieûses, que le monde, non-seulement excûse et tolère, mais qu' il aprouve même, qu' il loûe, qu' il canonise.

CANONNADE


CANONNADE, ou CANONADE, s. f. CANONNER ou CANONER, v. a. [Kanonade, noné, tout bref.] La canonade est plusieurs coups de canons, tirés à la fois ou de suite. _ Canoner, c' est batre à coups de canon. _ Dans le Rich. Port. ces mots et les suivans sont écrits avec une seule n: la 2de en efet est fort inutile.

CANONNIER


CANONNIER, ou CANONIER, s. m. CANONNIèRE, ou CANONIèRE, s. f. [Ka--no-nié, niè-re, 3e é fer. et dout. au 1er, è moy. et lon. au 2d.] Le Canonier est celui dont la profession est de servir le canon. = Canonière est 1°. une petite ouvertûre dans une murâille, pour tirer des coups de mousquet, sans être vu. = 2°. Tente faite en forme de toît, qui n' a point de murâilles comme les tentes ordinaires. Une canonière sert ordinairement à quatre soldats. _ Dans ce même sens, tente à deux mâts, pour reposer les canoniers. = 3°. Bâton de sureau, dont on ôte la moelle, et dont les enfans se servent pour chasser, par le moyen d' un piston, des morceaux de filasse ou de papier.
   Canonier. M. Linguet l' emploie assez plaisamment comme adjectif. "Entre ces deux codes canoniers (celui de la guerre terrestre & de la maritime) il y a une quatrième disparité, non moins remarquable. Ann. T. VI. p. 113.

CANOT


CANOT, s. m. [Kano, on ne pron. pas le t final.] 1°. Petit bâteau des Indiens et peuples sauvages fait d' écorce d' arbre, ou du tronc d' un seul arbre creusé. = 2°. Petite chaloupe dans un vaisseau.

CANTATE


CANTATE, CANTATILLE, s. f. [1re lon. mouillez les ll, au 2d: Kantati-glie.] Cantate, est un petit Poème mis en musique, ordinairement composé de trois récits et de trois ariettes, ou airs chantans. _ Cantatille est une petite cantate.

CANTATRICE


*CANTATRICE, s. f. Mot italien, qu' on a francisé. Chanteûse. Ce mot est dans la Description de l' Italie, par l' Ab. Richard, dans les Contes Moraux de Mr. Marmontel, et dans plusieurs aûtres ouvrages modernes. Plusieurs ne le disent que des Chanteûses d' Italie, transplantées en France. _ L' Acad. ne met pas ce mot.

CANTHARIDE


CANTHARIDE, s. f. [Kantaride, 1re lon.] Espèce de mouche venimeûse: on en fait des emplâtres, pour exciter des vessies sur la peau, et atirer au dehors des humeurs qui ravagent le dedans.

CANTINE


CANTINE, s. f. CANTINIER, s. m. [Kantine, ti-nié: 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Cantine est 1°. un petit cofre, divisé par compartimens, pour porter des bouteilles en voyage. = 2°. Dans les places de guerre, le lieu où l' on vend du vin et de la bière aux Soldats, sans payer aucun droit. "La Cantine vaut tant au Gouverneur, au Lieutenant de Roi. _ Cantinier est celui qui tient une cantine. n°. 2°.

CANTIQUE


CANTIQUE, s. m. Chant consacré à la gloire de Dieu. _ On dit les Pseaumes de David et les Cantiques de Moïse, d' Isaïe, etc. de Zacharie, de la Sainte Vierge, de Siméon. À~ Laudes, à Vêpres et à Complies, il y a toujours un Cantique. = Cantique spirituel, chanson faite sur des matières de dévotion: Cantiques à l' usage des Missions de Lorraine, de Provence, etc. Cantiques de Marseille.
   Rem. M. de C... emploie cantique au lieu de chanson. Il fait dire à M. Haller.
   Je chantai les Alpes antiques;
   Et ces monts, qu' Annibal avoit rendus fameux,
   Vont l' être encore plus, grâces à mes cantiques.
Le mot est impropre: on voit qu' il n' est là que pour la rime. On le fait remarquer dans le Mercûre, en le marquant du caractère Italique. On ajoute plus bas: "l' expression cantiques nous paroit ne point convenir à l' Ode de Haller. Elle peut convenir à une Ode sacrée, et non pas à une description des Alpes, quoiqu' on remarque souvent dans celle-ci des sentimens très-religieux.

CANTON


CANTON, s. m. [Kanton, 2 longues.] 1°. Partie d' un pays, ou d' une ville, séparée et détachée du reste. "Dans cette Province, c' est le seul canton, où l' on recueille du vin. Dans Rome, à Avignon, il y a un canton destiné pour les Juifs. Acad. Dans les villes, on dit plutôt quartier. = 2°. Les Treize Cantons: les Treize États du Corps Helvétique. Les Cantons Suisses, les Cantons Catholiques, etc. Le Canton de Berne, de Zurich, etc. etc.

CANTONADE


CANTONADE, s. f. Le coin du Théâtre. Terme usité chez les Comédiens. Parler à la Cantonade; parler à un personage qui n' est pas vu des spectateurs.

CANTONNÉ


CANTONNÉ, ÉE, adj. [Kantoné, né-e; 1re lon. 3e é fer. long au 2d.] Il se dit des Troupes qui sont en cantonement. Régimens cantonés, Troupes cantonées.

CANTONNEMENT


CANTONNEMENT, ou CANTONEMENT, s. m. CANTONNER, ou CANTONER, v. a. et n. [Kantoneman, kantoné; 3e e muet au 1er, é fer, au 2d. L' Acad. ne met pas le subst.] Cantonement, est l' action de cantoner; et cantoner des troupes, c' est les distribuer dans plusieûrs villages, avant l' ouvertûre de la campagne, ou avant l' entrée en quartier d' hiver. _ L' Acad. ne le marque que neutre. "Les Troupes commencent à cantoner. Faire cantoner des Troupes. _ Dans les Gazettes on l' emploie, ou au passif, ou au neutre: "Son Armée (du Roi de Prusse) est encôre cantonée. "Les Régimens, qui cantonoient autour de cette Capitale (Berlin), comencent à se mettre en mouvement.
   Se cantoner; se retirer dans un canton, dans un lieu, pour y être en sûreté. "Les Rébelles s' étoient cantonés dans un coin de la Province.

CANTONNIèRE


CANTONNIèRE, ou CANTONIèRE, s. f. Pièce de la tenture d' un lit, qui couvre les colonnes du pied du lit, et qui passe par-dessus les rideaux.

CANULE


CANULE, s. f. Petit tuyau qu' on met au bout d' une seringue. _ C' est aussi un instrument de Chirurgie, un tuyau d' or ou d' argent, qu' on insère dans une plaie. = On dit proverbialement et bassement, entrant comme une canule, d' un homme hardi à se présenter et à se fourrer partout.

CAP


CAP, s. m. [On fait sentir le p.] 1°. Quand il signifie la tête de l' homme, il ne se dit que dans, armé de pied en cap; et parler cap à cap: celui-ci est du st. fam. et plaisant. = 2°. Promontoire, pointe de terre élevée, qui s' avance dans la mer: "Le Cap de Bonne Espérance.
   Rem. Un Auteur moderne a dit, de pied en cape. On lit aussi dans l' Ann. Litt. "Nous voyons tous les jours Anglois, Irlandois, Écossois, s' armer de pied en cape, et venir rompre une lance à Paris pour les incomparables beautés de Shakespear. _ Peut-être est-ce une faute d' impression. Mais il arrive aussi quelquefois que des Auteurs estimables conservent, pour l' ortographe, comme pour la prononciation, des restes de leur éducation provinciale, et ne se défont jamais parfaitement du goût du terroir. Or, dans certaines Provinces, où l' on prononce fortement les consones finales, plusieurs y ajoutent des e muets en écrivant. Les Créoles, au contraire, retranchent quelquefois cet e muet, et écrivent, par exemple, mon per, ma mer, pour, mon père, ma mère.

CAPABLE


CAPABLE, adj. [2e douteûse.] 1°. Qui a les qualités requises pour quelque chôse. Il régit de devant les noms et les verbes: "Il est capable de tout; il n' est capable de rien. Il est capable de le bien faire. = 2°. Qui a l' âge compétent pour une charge, un bénéfice; Il est capable d' exercer cette charge, de posséder ce bénéfice. Il a l' âge. = 3°. De qui on peut se promettre quelque chôse, relativement à ses vertus, à ses talens: Il est capable de reconnoissance, d' amitié; il n' est pas capable de manquer à sa parole: Il n' est pas capable de raison, d' entendre raison; Il est capable d' afaires. = 4°. Être capable de tout, a deux sens bien diférens; le 1er, pouvoir s' aquiter très-bien de toute sorte d' emplois; le 2d, pouvoir se porter aux actions les plus noires. = 5°. Habile, intelligent: en ce sens, il se dit sans régime: Homme capable, très-capable. "Melanchton, le plus capable des Disciples de Luther. Boss. "Aussi adroit que capable, il s' insinua dans les bonnes grâces de l' Archevêque. Hist. d' Angl. _ On dit, en ce sens, faire le capable, faire l' habile homme. Là, capable est subst. _ Avoir l' air capable; avoir l' air d' un homme, qui présume trop de son habileté. "L' avantageux et saillant Abé (de Voisenon) éclipsoit à leurs yeux son ami simple et modeste (Favart.) Ils jugèrent l' un incapable, parce que l' aûtre avoit l' air capable; et c' est presque toujours ainsi que les gens du monde savent aprécier le mérite. Journ. de Mons. _ Voy. HABILE.
   6°. Capable se dit aussi des chôses; mais en ce sens, il ne se dit qu' avec tenir ou contenir. L' Auteur de Rome moderne dit: salle capable de mille lits, pour dire, de contenir mille lits; c' est une violente syncope, et un barbarisme de phrâse.
   Rem. 1°. L' article du génitif, que régit capable (n°. 3°.) doit être indéfini; capable d' afection, de générosité, etc. Fénélon emploie le défini dans une ocasion où il fait fort bien. "Ils ne sont pas capables de la vertu, quoiqu' ils paroissent la pratiquer; mais ils sont capables d' ajouter à tous les aûtres vices le plus horrible de tous, qui est l' hypocrisie. Télém.
   2°. Quoiqu' on dise d' un homme, qu' il est capable d' afaires, capable de tout, je ne crois pas qu' on puisse dire qu' il est capable d' un emploi, d' une charge, pour dire qu' il est capable de s' en bien aquitter. * "Il déposa tous les Magistrats, qui n' étoient pas capables de leurs charges, ou qui s' en étoient mal aquités. Marsolier, Vie de Ximenès. Voy. n°. 3°.

CAPABLEMENT


*CAPABLEMENT, adv. Trév. L' usage de ce mot est tout au moins douteux. Mde. de Sévigné l' a employé. Il pourrait être bon en conversation et dans une lettre. "Elle mena la parole si bien et si capablement, que le Roi en fut ravi pour une demi-heûre.

CAPACITÉ


CAPACITÉ, s. f. Il se dit des persones et des chôses; mais en diférens sens. 1°. Habileté, suffisance. Voy. plus bâs. = 2°. En parlant de l' esprit; étendûe et portée. = 3°. Ce qui rend capable d' exercer une charge, de posséder un bénéfice; "il a, ou il n' a point la capacité pour, etc. = 4°. En parlant des chôses: la profondeur, ou largeur, comme pouvant contenir: la capacité d' un vaisseau du cerveau, de l' estomac.
   Rem. 1°. Capacité, habileté (synon.) Le 1er a plus de raport à la conaissance des préceptes (à la Théorie): le 2d, en a davantage à leur aplication (à la pratique.) L' une s' aquiert par l' étude, et l' autre par l' usage et l' exercice. Qui a de la capacité, est propre à entreprendre: qui a de l' habileté, est plus propre à réussir. Il faut de la capacité pour comander en chef, et de l' habileté, pour comander à propos.
   2°. Capacité, avec la prép. de pour régime, a un sens actif: il se dit de celui qui est capable, et non de ce dont on est capable. On dit, la capacité de l' esprit pour les afaires: esprit est là pour la persone: mais on ne dit pas, la capacité des afaires, quoiqu' on dise, être capable des afaires, ou des grandes afaires. Encôre moins peut on dire, la capacité de tous les crimes, comme dit Nicod, cité dans le Dict. de Trév. "Nous reconoissons en nous-mêmes une malheureûse capacité de tous les crimes. _ Mde. de Sévigné dit, à la vérité, à sa fille: "Vous êtes donc bonne à toute sorte de chôses, et vous ne vous renfermez pas dans la parfaite capacité d' un procès. Mais le st. épist. a ses licences, et n' est pas asujéti à tant de régularité.
   3°. Capacité ne se dit point au plur. excepté peut-être au Palais. "Ces capacités, (d' un maître d' hôtel) soulagent beaucoup l' esprit de la maîtresse de la maison, dit encore Mde. de Sévigné. Tout cela peut être bon dans une lettre, mais ne vaudrait rien âilleurs.

CAPARAÇON


CAPARAÇON, s. m. CAPARAÇONER, v. a. [Kapara-son, soné, tout bref.] Le caparaçon est une sorte de couvertûre qu' on met sur les chevaux. Trév. Acad. Caparaçoner, c' est mettre un caparaçon.

CAPE


CAPE, s. f. Manteau à capuchon, que tout le monde portait autrefois, et dont les Bergers se servent encôre aujourd' hui. = 2°. Couvertûre de tête, dont se servent les femmes en quelques Provinces. = 3°. En terme de marine, la voile du grand mât. Mettre à la cape, c' est ne se servir que de la grande voile, portant le gouvernail sous le vent, pour laisser aler le vaisseau à la dérive.
   On dit, proverbialement, rire sous cape, tout doucement, et presque sans que persone s' en aperçoive. _ Vendre sous cape, secrètement. On dit plutôt, sous le manteau. _ N' avoir que la cape et l' épée; n' avoir aucun établissement, aucun revenu fixe. _ On le dit aussi, par extension de métaphôre, de ce qui n' a que de l' aparence, sans mérite réel. "Cet ouvrage n' a que la cape et l' épée; st. fam. critique et plaisant.
   *CAPE, fruit du caprier. Dites CâPRE, et voyez ce mot.

CAPEL


*CAPEL; vieux mot. L' usage, dit La Bruyère, a fait de Capel, chapeau: de coutel, couteau; de damoisel, damoiseau, etc.

CAPELAN


CAPELAN, s. m. [2e e muet.] Terme de mépris, pour signifier un Prêtre. M. Collé, indigné de cet usage, dit: un petit collet, un capelan, cela a grand air, voilà un beau ridicule!

CAPELINE


CAPELINE, s. f. [1re et dern. e muet.] Espèce de chapeau, dont les femmes se servent contre le soleil.
   CAPELLENIE; vieux mot. Voy. CHAPELLENIE.

CAPESTAN


CAPESTAN. Voy. CABESTAN.

CAPÉTINGIENNE


CAPÉTINGIENNE, adj. f. Leibnitz apèle, famille Capétingienne, ce qu' on apèle Race Capétiène, la 3e Race de nos Rois. Il a formé ce mot, par analogie, d' après Carlovingienne et Mérovingienne: mais l' analogie est une source d' erreurs dans les Langues.

CAPIER


*CAPIER, Rich. Voy. CâPRIER.

CAPILLAIRE


CAPILLAIRE, adj. [Pron. les 2 ll sans les mouiller.; Kapil-lère, 3e è moy. et long, 4e e muet.] Délié comme des cheveux. Il se dit, 1°. De quelques plantes, dont les feuilles sont très-déliées: 2°. des racines longues et filamenteûses: 3°. d' un tuyau, d' un vaisseau du corps humain, des veines fort étroites, etc. Tuyaux, vaisseaux, veines capillaires, etc. _ S. m. Herbe capillaire; "Les bons capillaires viènent de Canada, de Montpellier. Sirop de capillaire.

CAPILOTADE


CAPILOTADE, s. f. Ragoût fait de plusieurs morceaux de viande déja cuites. _ Au figuré, (st. fam.) Mettre quelqu' un en capilotade; c' est le déchirer par des médisances outrées.

CAPISCOL


CAPISCOL, s. m. Suivant Trév. et l' Acad. Doyen d' un Chapitre en certaines Provinces: suivant le Rich. Port. en Provence et en Languedoc. On a copié Richelet, qui était mal informé. C' est plutôt une dignité inférieure, ou un simple personat, dont l' ofice est de présider au choeur, et de veiller à ce qu' on observe les rubriques et les cérémonies. C' est ce qu' on apèle dans d' autres Chapitres, le Chantre ou le Précenteur. Dans la Cathédrale de Marseille, il a la 3e place dans l' Église, et la 4e âilleurs.

CAPITAINE


CAPITAINE, s. m. [Kapitène, 3e è moy. 4e e muet.] C' est, 1°. le Chef d' une Compagnie d' Infanterie, ou de Cavalerie. = 2°. Celui qui a le comandement d' un vaisseau, d' une frégate, etc. = 3°. Capitaine de Port. Celui qui comande dans un Port, dit l' Acad. Cela n' est pas exact. Le Capitaine de Port n' a pas de comandement, mais une simple inspection, intendance et administration pour la police maritime du Port. = 4°. Celui qui comande dans certaines Maisons Royales. Voyez CAPITAINERIE. = 5°. On dit quelquefois, Capitaine de voleurs, de bohèmes, pour désigner le chef de ces coquins: Capitaine Général des Gardes, des Fermes, etc. etc. = 6°. Capitaine se dit plus noblement d' un Général d' Armée, par raport aux qualités nécessaires pour le comandement. "Condé et Turenne ont été les deux plus grands Capitaines du siècle passé. "Ce Général étoit plus Soldat que Capitaine.
   Rem. On ne doit pas confondre Capitaine des Gardes, et Capitaine aux Gardes. Le premier. est un grand Oficier des Gardes du Corps; le 2d, est un Oficier des Gardes Françaises. La diférence est très-considérable.. Mén. L. T. Wailly.

CAPITAINERIE


CAPITAINERIE, s. f. [Kapitènerî-e; 3e è moy. 4e et 6e e muet, 5e lon.] Il ne se dit que des Charges de Capitaine de quelque maison royale, de quelque château, ou de l' étendue des chasses royales, etc. La Capitainerie de Versâilles, de Fontainebleau, de Saint-Germain, etc. Voy. Capitaine, n°. 4°. = En quelques maisons royales, on le dit du lieu afecté au logement du Capitaine du château ou des chasses. Loger à la Capitainerie.

CAPITAINESSE


*CAPITAINESSE, s. f. et adj. Ce mot est vieux. "La galère Capitainesse de Menelas. Mde Dacier, Iliade. On dit Capitane, Richel. Trév. Acad.; et pour les Histoires anciènes, je pense qu' on ne doit pas même se servir de ce dernier mot. Dans le Rich. Port. on met Capitainesse sans remarque.

CAPITAL


CAPITAL, ALE, adj. 1°. Principal. Le point capital d' une afaire; la claûse capitale d' un contrat; la ville capitale d' un Royaume. = 2°. Lettres capitales, ou majuscules. Voyez plus bas. = 3°. En parlant d' un crime qui mérite le dernier suplice, on le dit aussi du suplice lui-même. Crime capital, peine capitale. = 4°. Péchés capitaux, et non pas péchés mortels, comme on le dit vulgairement, et comme le dit l' Acad. elle-même. Péchés qui sont regardés comme la source des aûtres; l' orgueil, l' avarice, etc. = 5°. Énemi capital; énemi juré, énemi mortel.
   CAPITAL, s. m. Le principal d' une dette: payer le capital et les intérêts. = Argent placé à constitution de rente. Il n' a pas de fonds de terre, mais il a beaucoup de capitaux. = Ce qu' il y a de plus important. "Le capital est de~ faire son salut. = On dit faire son capital, avec de devant les noms et les verbes; en faire sa principale afaire, "Socrate faisoit son capital de la morale. Trév. "La plupart des femmes font leur capital de plaire, d' aimer et d' être aimées. Ibid. "À~ la Chine, le pouvoir du Prince n' a point de bornes; mais il se fait un capital de le régler suivant les lois. D' Avr. "Les Ariens se firent un capital de sa ruine (de St. Athanase.) Herman. Remarquez dans les deux dernières phrâses, se faire un capital de, etc. Cela n' est pas si bien suivant l' usage. On dit, se faire un point capital, ou, faire son capital de, etc. _ Fénélon emploie, dans le même sens, l' adjectif avec le verbe être impers. "Il est capital (essentiel) d' établir des Écoles publiques, pour acoutumer la jeunesse aux plus rudes exercices du corps, et pour éviter la mollesse et l' oisiveté, qui corrompent les plus beaux naturels. Télém.

CAPITALE


CAPITALE, s. f. 1°. La ville principale d' un Royaume, d' une Province. Paris est la capitale du Royaume; Aix est la capitale de la Provence. = 2°. Lettre majuscule.
   Rem. Les capitales, ou les lettres capitales, ou majuscules, se mettent, 1°. au comencement de chaque phrâse; 2°. à la tête des noms propres, d' Anges, d' Hommes, de Royaumes, Provinces, Villes, Bourgs, Mers, Fleuves et Rivieres. 3°. Les noms de dignités et de qualités s' écrivent aussi avec des capitales, quand on en fait l' aplication à quelque sujet particulier, comme quand on dit: Le Roi, c. à. d., le Roi de France, l' Empereur, le Duc d' Orléans, le Prince de Condé, etc. Mais quand ces noms sont pris dans un sens général. "La mort n' épargne ni les rois, ni les empereurs. "Il est roi, empereur, comte, marquis, etc. on peut les écrire sans capitales, sur-tout quand ils sont adjectifs, comme dans ce dernier exemple. 4°. Les capitales se mettent au comencement des noms de Tribunaux, d' Arts, de Sciences, de Professions, etc. Le Parlement, le Grand-Conseil, l' Architectûre, la Peintûre, la Médecine, la Poésie, la Théologie, la Physique, les Mathématiques, etc. etc.

CAPITALISTE


*CAPITALISTE, s. m. Qui possède des capitaux, des fonds en argent, ou en papiers. Ce mot n' est pas dans les Dictionnaires; mais on le dit et on l' écrit sans dificulté. "Ils avoient fait de grands emprunts aux Capitalistes de la Métropole. Raynal. "Les Trésoriers... tenant par leurs liaisons et leurs afaires, à d' aûtres Capitalistes, n' ont pas manqué d' embrasser ce moyen aisé d' augmenter leurs fortunes (l' agiotage.) Linguet.

CAPITAN


CAPITAN, s. m. Terme de mépris. On apèle ainsi un fanfaron, qui se vante d' une bravoûre qu' il n' a point.
   CAPITAN, ne se dit sérieûsement que de l' Amiral Turc, qu' on apèle Capitan-Bacha, Bacha de la Mer.

CAPITANE


CAPITANE, CAPITANESSE, CAPITAINESSE, s. f. Le premier est beaucoup meilleur que les deux aûtres, dit La Touche: on peut même dire qu' il est le seul bon. L' Acad. ne dit point les deux derniers. Le Rich. Port. met le 1er et le 3e, et il omet le 2d. Trév. de Capitainesse renvoie à Capitane. Voyez CAPITAINESSE. La galère principale montée par le Commandant. En France il n' y a plus de Capitane. Acad. Quand les galères étaient en nombre, on ne disait pas la Capitane, mais la Réale.

CAPITATION


CAPITATION, s. f. [Kapita-cion, en vers ci-on.] Taxe par tête. Payer la capitation.

CAPITEUX


CAPITEUX, adj. m. Qui porte à la tête. Il ne se dit que du vin: Le vin nouveau est capiteux. _ Trév. le dit aussi de celui qui a mal à la tête. C' est un barbarisme en ce sens. _ Le Rich. Port. dit aussi, bière capiteûse. _ Dans l' Ann. Litt. on l' emploie au figuré avec un correctif: "On y trouve le style emphatique et capiteux (passez-moi ce terme) de M. Diderot.

CAPITOLE


CAPITOLE, s. m. Nom d' un ancien Temple à Rome, consacré à Jupiter, qui fut surnomé pour cette raison Jupiter Capitolin. Le Capitole est un nom fameux dans l' Histoire Romaine. Il y avait des Capitoles âilleurs qu' à Rome. On done ce nom à Toulouse à la Maison de Ville; et de-là on apèle Capitouls les Échevins, et Capitoulat leur dignité.

CAPITULAIRE


CAPITULAIRE, adj. CAPITULAIREMENT, adv. CAPITULANT, s. m. [Kapi--tulère, lèreman, lan, 4e è moy. et long aux 2 1ers, dont la 5e e muet.] Le 1er se dit de ce qui apartient ou concerne un Chapitre de Chanoines ou de Religieux. Assemblée, acte, résolution capitulaire. _ Capitulairement, en Chapitre, assemblés capitulairement. _ Capitulant, qui a voix dans un Chapitre: Les Capitulans assemblés. _ Adj. Chanoine ou Religieux Capitulant.
   Rem. Capitulaire est subst. masc. quand on parle des Ordonances et Règlemens publiés par nos anciens Rois, et rédigés, par Chapitres: Les Capitulaires de Charlemagne, de Charles le Chaûve, etc.

CAPITULATION


CAPITULATION, s. f. CAPITULER, v. n. [Kapitula-cion, en vers ci-on, kapi--tulé, tout bref.] Capituler, c' est traiter de la reddition d' une Place. La capitulation est donc le traité qu' on fait pour la rendre. "Dès le 3e jour, ils demandèrent à capituler; la capitulation fut signée le lendemain, et fidèlement exécutée.
   Ces deux mots s' emploient au figuré, le verbe plus souvent que le substantif; mais c' est seulement dans le style simple, badin ou critique. "Il comence à se défier de son bon droit, il demande à capituler; il souhaite, il demande un acomodement. "Une femme qui capitule est bientôt rendûe. "Il ne faut pas capituler avec les passions. "St. Evremont a tort de dire qu' on peut capituler avec la vertu, et que pourvû qu' on soit exact dans le solide, il n' est pas nécessaire de se gêner si fort à l' égard des bienséances. Ces sortes de capitulations sont toujours dangereûses.
   On dit, proverbialement, Ville qui capitule est à demi rendûe: quand on écoute des propositions, on est près de les accepter.

CAPON


CAPON, s. m. Terme populaire et pris des Écoliers. Joueur rusé, fin, et un peu fripon. "C' est un capon; il est capon au jeu.

CAPONER


CAPONER, v. n. User de finesse au jeu. Il est populaire, comme le mot précédent.

CAPORAL


CAPORAL, s. m. Les ignorans disent Corporal. Voy. ce mot. _ Soldat à haute-paie, dans une compagnie d' Infanterie. Il est immédiatement au-dessous du Sergent.

CAPOT


CAPOT, s. m. [On ne pron. point le t.] Espèce de cape, ou de manteau d' étofe grossière, auquel est ataché un capuchon~. Capot de soldat en faction, etc.
   Au jeu de Piquet, faire capot, c' est faire toutes les levées, toutes les mains. Être capot, ne faire aucune levée. On dit figurément (st. famil.), être ou demeurer capot; être honteux et confus, ou quand on nous fait quelque reproche fondé, ou quand on est frustré de quelque espérance qu' on avait conçûe.
   Dame ignorance a fait enfin capot.
       Le Bel-Esprit. Déshoul.
C. à. d., l' a emporté sur lui.

CAPOTE


CAPOTE, s. f. Mante que les femmes mettent sur leurs habits, quand elles sortent, et qui les couvre depuis la tête jusqu' aux piés.
   *CAPOTER. Voy. CABOTER.

CâPRE


*CâPRE, s. f. CAPRE, s. m. [L' a est long dans le 1er, br. dans le 2d.] La câpre, fruit du câprier, est un fruit verd, qu' on confit ordinairement dans le vinaigre. _ Un capre, est un vaisseau corsaire. On dit plus souvent Armateur. _ Richelet disait aussi cape pour le fruit.

CAPRICE


CAPRICE, s. m. CAPRICIEUX, EûSE, adj. CAPRICIEûSEMENT, adv. [3e e muet au 1er; longue aux trois aûtres, cieû, cieû-ze, cieû-zeman; en vers, ci-eu, ci-eûze, etc.] Le caprice est 1°. une fantaisie, une boutade. "Il se gouverne plus par caprice que par raison. Avoir des caprices; suivre son caprice. = 2°. Saillie d' esprit, d' imagination. Travailler, composer de caprice. "Il a d' heureux caprices. _ Dans le 1er sens, il se prend toujours en mauvaise part: on peut le prendre en bone part dans le 2d. = Agir capricieûsement, agir par caprice. = Capricieux, fantasque. Il se dit des persones et des chôses, qui ont du raport aux persones: Homme capricieux, femme capricieuse; esprit capricieux, humeur capricieûse. _ Voyez FANTASQUE.
   Rem. 1°. Caprice et capricieux, se disent au propre des persones, et au figuré des chôses inanimées. "On me faisoit redouter les caprices de la multitude et la légéreté du Public. La Bruy. "Qui pourroit compter sur un Public léger et capricieux? "Tels que le Nocher, échapé aux dangers d' une mer infidèle, reposez-vous enfin dans le Port, et ne vous abandonnez plus au caprice des flots. Jérus. Déliv.
   Les flots capricieux et les mers infidèles.
   2°. Capricieux se plaît à suivre le substantif. En vers pourtant, il peut précéder:
   Et les capricieux transports
   D' une âme inconstante et volage.
"La fortune, cette capricieuse divinité.

CâPRIER


CâPRIER, s. m. [1re lon. 2e é fer. kâ-prié.] Arbrisseau, qui porte des câpres. * Richelet disait cape ou capre, capier ou caprier.

CAPRIZANT


CAPRIZANT, adj. m. Terme de Médecine. Il se dit d' un pouls dur et inégal. _ On ne voit pas la raison de ce z: on pourrait écrire caprisant; et ce serait mieux.

CAPRON


CAPRON, s. m. Grôsse fraise.

CAPSE


CAPSE, s. f. Espèce de boîte, qui sert au scrutin d' une Compagnie. La capse de Sorbone. Acad. Ce mot n' est guère conu hors du pays Latin.

CAPTATEUR


CAPTATEUR, s. m. CAPTATION, s. f. Termes de Palais. Ils se disent, le 2d, des artifices employés pour se faire nomer dans un testament; le 1er, de celui qui les emploie dans cette vûe.

CAPTER


CAPTER, v. a. Chercher à obtenir par voie d' insinuation. L' emploi de ce verbe est fort borné. Il ne se dit guère que dans les phrâses suivantes: capter la bienveillance; capter les sufrages de... Il se prend ordinairement en mauvaise part, comme captieux, qui en est dérivé. _ L' Acad. le met sans remarque.

CAPTEUR


*CAPTEUR, s. m. Mot très nouveau. Qui prend, qui saisit. "L' Amiral envoya deux Frégates à la poursuite du Capteur, c. à. d., du Corsaire, qui avait pris deux Brigantins. "Le Roi de Prusse a demandé un dédomagement convenable pour les propriétaires, et la punition du Capteur. Journ. Polit. _ Il faut atendre ce que l' usage décidera sur le sort de ce mot.

CAPTIEUX


CAPTIEUX, EûSE, adj. CAPTIEûSEMENT, adv. [Kap-cieû; en vers, ci-eû, cieû-ze, cieû-zeman, 2e lon.] Captieux, ne se dit que des raisonemens et des discours, qui tendent à séduire par de belles aparences. _ Captieûsement, d' une maniere captieûse.
   Rem. Trév. dit, homme captieux et sujet à surprendre les gens. On ne le dit guère des persones.
   Cet adjectif se plaît à suivre le subst. "Raisonement captieux, proposition captieûse.

CAPTIF


CAPTIF, ÎVE, adj. [On pron. l' f au masc. l' i est long au fém.] Qui a été fait esclâve à la guerre. On ne le dit qu' en parlant des guerres anciènes. Chez les Peuples modernes, on dit prisonier, et en parlant des Turcs et Peuples barbâres, on dit esclâve. On ne se sert de captifs qu' en parlant de ceux, que les Ordres des Trinitaires et de la Merci, rachètent chez les Barbaresques: La Rédemption des Captifs; encôre on les apèle souvent esclâves, même dans cette ocasion: La Procession des Esclâves rachetés. Dans le style relevé, captif est plus noble.
   Rem. 1°. Dans le figuré même, captif n' est pas synonyme d' esclâve; celui-ci régit la prép. de: esclâve du péché, du monde, des passions; celui-là se dit toujours sans régime: Âme captive, raison captive: tenir captif, dans une extrême contrainte et sujétion. Il tient sa femme captive, ses enfans captifs. Mais on ne doit pas dire avec Bossuet, des hommes captifs du péché: on doit dire, esclâves du péché.
   2°. Captif, même au figuré, même au fém., n' aime pas à marcher devant le subst. Rousseau dit:
   À~ leurs captives pensées
   Fait trouver la liberté.
L' inversion est dûre, même en vers.

CAPTIVER


CAPTIVER, v. a. [Kaptivé: l' i est bref devant la syll. masc. Je captivais, il captiva, captivant. Il est long devant l' e muet: il captîve, il captîvera.] Rendre captif. Il ne se dit qu' au figuré. "La beauté qui le captive. _ Assujétir. Captiver son esprit sous le joug de la Foi. "Il ne sauroit se captiver, etc.
   Ce mot est beau et élégant:
   Et celui qui captive une mer furieûse,
   Borne aussi des Humains l' humeur ambitieûse.
       L. Rac.
Rem. On ne dit point au propre, on l' a captivé, pour, on l' a mis en prison. Racine a pourtant dit:
   Et déjà son amour lassé de ma rigueur,
   Captive ma persone au défaut de mon coeur.
   Cela peut être bon en vers, sur-tout à caûse de l' oposition du propre au figuré; mais hors de-là il ne vaudrait rien. Dict. Gr.

CAPTIVITÉ


CAPTIVITÉ, s. f. Il se trouve dans de bons Auteurs, pour signifier détention en prison: "Sa longue captivité ne lui a pas abatu l' esprit. Bouh. Mais ordinairement il se dit pour esclavage. Sortir, délivrer, racheter de captivité; ou sujétion d' un empire dur et tyrannique; tenir en captivité, vivre en captivité: "C' est une maison où les enfans et les domestiques sont en captivité. _ Dans le Poème de la Religion, les esprits indociles se plaignent que:
   Nos esprits et nos coeurs sont en captivité.
M, Racine leur répond dans le 3e Chant.
   Bossuet a employé captivités au pluriel. "S' élever au-dessus des captivités où Dieu permet que nous soyons à l' extérieur. Cela n' est pas du goût d' aujourd' hui, même chez les Ascétiques.

CAPTûRE


CAPTûRE, s. f. *CAPTURER, v. a. CAPTUREUR, s. m. [2e lon. au 1er, brève aux deux aûtres.] Captûre est, 1°. Prise au corps. Il ne se dit, en ce sens, que d' un homme arrêté pour dettes, ou pour crime, par ordre de la Justice: Faire une captûre: on a pris ce fameux voleur; c' est une belle captûre. = 2°. Saisie de marchandises prohibées. = 3°. Les prises que les Soldats font à la guerre, que les Corsaires ou Armateurs font sur mer.
   *CAPTURER et CAPTUREUR sont des mots forgés, mots de Gazettes, ou du style badin et comique: "Elle peut ordonner aux vaisseaux de la Marine Royale de ne point capturer les bâtimens de l' Amérique. Journ. Polit. "On ne peut raisonnablement imputer à M. de... de n'~ avoir~ pas eu le desir sincère de capturer les navires, etc. Anon. "Il y avoit à Amiens, il y a quelque temps, un Huissier très-expert, nommé Malo: c' étoit le captureur le plus célèbre du pays. Linguet. Le mot est imprimé en italique, pour montrer qu' il a été hazardé.

CAPUCE


CAPUCE, CAPUCHON, s. m. L' Acad. dit que c' est la même chôse. Cependant ils ne sont point synonymes. On dit l' un ou l' aûtre, suivant leur forme et l' usage des diférens ordres.

CAPUCINS


CAPUCINS, et non pas CAPUCHINS. Il n' y a que le premier qui soit du bel usage, dit Ménage.

CAPUT MORTUUM


CAPUT MORTUUM, s. m. Mots latins qui s' emploient en natûre: Le Gendre les francise. "Les cinq principes des Chimistes sont le phlegme, la tête morte, le mercûre, le soufre et le sel. Pluche dit terre morte. Hist. du Ciel.

CAQUAGE


CAQUAGE, s. m. CAQUE, s. f. CAQUER, v. a. [Kakaje, kake, kaké.] Caquage est une façon qu' on done au hareng lorsqu' on veut le saler. _ Caque est une espèce de baril où l' on met ordinairement des harengs. Il y a aussi des caques de poudre. _ Caquer le hareng, c' est lui arracher les entrâilles, pour le mettre dans la caque, ou en caque.
   On dit, proverbialement, la caque sent toujours le hareng; on se ressent toujours d' une naissance vile, et d' une éducation grossière. _ Être pressés comme des harengs dans une caque; fort pressés dans une foule.

CAQUET


CAQUET, s. m. CAQUETER, v. n. [Kakè, kaketé, 2e è moy. au 1er e muet au 2d, dont la 3e é fer. Devant la syll. fém. cet e m. se change en moy. Il caquète et il caquètera.] Caquet, babil; caqueter babiller. Avoir du caquet, le caquet bien afilé: "Il ou elle n' a que du caquet; il aime à caqueter; elle ne fait que caqueter.
   On dit, figurément (st. famil.) Rabatre le caquet ou rabaisser le caquet à quelqu' un, le faire taire, rabattre son orgueil, sa pétulance. _ "Les Femmes, dit Gui Patin, sont fort dévotes à Saint Trotet et à Saint Caquet. Richelet. Cela est burlesque.
   CAQUETS au plur. Propos futiles. "Il y a une chôse qu' on n' a pas vûe sous le Ciel, qu' on ne verra jamais. C' est une petite ville d' où l' on a banni les caquets, le mensonge et la médisance. La Bruy. _ Caquets est en italique: preûve que c' était un mot hazardé dans ce nombre pluriel. Aujourd' hui il est reçu sans dificulté.

CAQUETERIE


CAQUETERIE, s. f. CAQUETEUR, EûSE, s. m. et f. [Kaketeri-e, kaketeur, eûze, 2e e muet aux trois, 3e e muet et bref au 1er, douteûse au 2d, lon. au 3e.] Action de caqueter. _ Qui caquète et babille beaucoup.

CAQUETOIRE


CAQUETOIRE, s. f. [Kake-toâ-re, 2e e muet, 3e lon.] Fauteuil où l' on caquète à son aise, disent Furetière et Richelet, contre lesquels l' Acad Franç. a décidé que c' est une chaise fort basse et sans bras, et dont le dôs est fort haut. _ Et le nom et la chôse sont aujourd' hui hors d' usage.

CAQUETTE


CAQUETTE, Trév. ou CAQUèTE, Acad. s. f. CAQUEUR, Trév. s. m. [Kakète, ka--keur, 2e è moy. au 1er.] Caquète est un petit baquet où les Harengères mettent des carpes ou autres poissons. _ Caqueur est celui qui caque le hareng. Trév. _ L' Acad. ne le met pas.

CAR


CAR, conjonct. qui sert à marquer la raison de ce qui a été avancé dans une proposition précédente. "Il ne peut manquer de réussir, car il est fort aimable.
   Rem. 1°. Il y eut autrefois dans l' Acad. Franç. une conjuration contre ce monosyllabe. Il est pourtant resté à la langue, et lui est fort utile. = 2°. Car est subst. dans cette phrâse du style familier: mettre trop de si et de car; faire trop de difficultés. Voilà bien des si et des car.

CARABIN


CARABIN, s. m. CARABINADE, s. f. Le 1er se disait au propre pour Carabinier: il ne se dit plus qu' au figuré, 1°. d' un homme qui se contente de hazarder quelque chôse au jeu, et qui se retire aussitôt perte ou gain; et 2°. de celui qui, en conversation, ou dans une dispute, ne fait que jeter quelques mots, et puis se tait ou s' en va. = Carabinade, tour de carabin (st. famil.) Il a fait une carabinade, et s' en est allé.

CARABINE


CARABINE, s. f. CARABINER, v. a. et n. CARABINIER, s. m. [Dern. e muet au 1er, é fer. aux deux aûtres.] Le premier, se dit d' une espèce de petite arquebûse qu' on porte à cheval; le troisième, d' un Cavalier armé d' une carabine. Compagnie de Carabiniers. _ Le second, a plusieurs sens: 1°. act. Tracer en dedans d' un fusil des lignes creûses, telles qu' il y en a dans les carabines. _ 2°. Neut. Combatre à la façon des carabiniers. _ 3°. Jouer en Carabin. Voy. CARABIN, n°. 1°.

CARACOL


CARACOL, s. m. ou CARACOLE, s. f. CARACOLER, v. n. Le subst. se dit d' un mouvement que fait le Cavalier en demi-rond, en changeant quelquefois de main. La Touche se déclare pour caracol, Vaugelas et Trév. le préfèrent aussi: "Il a fait de jolis caracols. L' Acad. les avait mis dabord tous les deux: dans la dern. édit. elle ne met en ce sens que caracole; faire une caracole, plusieurs caracoles: Elle ne dit caracol que d' un escalier en limaçon; escalier en caracol, terme d' Architectûre. _ Caracoler, faire des caracols, ou des caracoles: "Il y avoit plaisir à les voir caracoler.

CARACTèRE


CARACTèRE, s. m. CARACTÉRISER, v. act. CARACTÉRISTIQUE, adj. [3e è moy. et long au 1er, é fer. aux deux aûtres. Le P. Tarteron écrit carracterre avec deux r: Le Gendre et plusieurs aûtres, charactère, avec une h: ces deux manières d' écrire ne sont plus en usage.] Caractère est 1°. empreinte, marque, et se dit particulièrement des figûres dont on se sert dans l' écritûre, ou dans l' Impression. Gros ou petit caractère; beau, bon ou mauvais caractère, etc. _ Il se dit en ce sens de l' écritûre d' une persone: "J' ai reconu votre caractère. = 2°. Titre, dignité, etc. le caractère de Prêtre, d' Évêque, d' Ambassadeur, etc. _ Ou Mission, autorité. C' est un homme qui n' a point de caractère, il parle sans caractère. = 3°. Ce qui distingue une persone d' une aûtre à l' égard des moeurs ou de l' esprit. "Cet homme a un étrange caractère d' esprit: "Il soutient, il remplit, il ne dément pas son caractère. "Vous m' avez fait sortir de mon caractère. _ Un Poète dramatique doit diversifier les caractères, les bien marquer, les soutenir jusqu' au bout.
   Rem. 1°. Chaque homme a un caractère, bon ou mauvais. Quand on dit donc d' un homme qu' il est sans caractère, on entend qu' il est sans moeurs et sans principes. "Je conviens qu' avec un homme sans caractère et sans probité, cette aventûre pourroit vous faire un grand tort. Mariv. Un Écrivain aussi correct qu' élégant, a observé sur cette remarque, qu' un homme sans caractère est un homme qui n' est ni bon, ni méchant, qui prend toutes les impressions qu' on veut lui donner, facile, à qui on fait faire ce qu' on veut, etc. Ce n' est pas, à la vérité, l' idée que présente la phrâse de Marivaux; mais peut-être Mariv. a-t-il tort. Peut-être aussi peut-on employer cette expression dans les deux sens. Alors le contexte de la phrâse déterminerait celui des deux que l' Auteur aurait eu en vûe.
   2°. Caractère personifié. "Là ce caractère simple jouissoit des douceurs d' une solitude active. Causes célèbres. Le temps fera voir si ce néologisme est heureux. Je dis néologisme; car, quoiqu' on dise c' est un bon caractère d' homme, c' est un homme d' un bon caractère, ce n' est pas une conséquence pour le pronom ce.
   3° Être de caractère, régit à et l' infinitif: "Il n' étoit point de caractère à entrer dans les intrigues de Cour. Charlev.
   4°. On dit quelquefois prendre le caractère de; imiter. Rousseau a dit dans le même sens, respirer le caractère.
   Si tu voyois un adultère.
   C' étoit lui que tu consultois,
   Tu respirois le caractère
   Du voleur que tu fréquentois.
       Liv. I, Ode 4e.
  CARACTÉRISER, c' est marquer le caractère d' une persone, d' un vice ou d' une vertu. "Ce Poète caractérise bien ses personages; il caractérise bien les passions. _ Se caractériser, se démontrer tel qu' on est, souvent sans le vouloir. "Il s' est caractérisé parfaitement dans ce procédé, dans ce discours. _ Mais se caractériser en est un régime assez singulier. "La fièvre prit une marche réglée, et se caractérisa en tierce. Journ. de Litt.
   CARACTÉRISTIQUE, adj. Qui caractérise: Signe caractéristique. _ Lettre caractéristique, lettre qui dénote le temps d' un verbe, comme l' r dans l' infinitif. C' est aussi la lettre qui se conserve dans tous les dérivés d' un mot. En ce sens, il est aussi subst. fém. Le p est la caractéristique de temps et de corps, temporel, corporel; le g est la caractéristique de long, de sang, de rang; longuement, longueur; sanguin, sanguinaire; rangée, ranger.

CARAFE


CARAFE, s. f. CARAFON, s. m. Le 1er, se dit d' une petite bouteille de verre ou de cristal, dont on se sert pour verser à boire, et qu' on met sur une soucoupe. _ Il y en a de plus grandes qu' on remplit d' eau, et qu' on met sur la table pour se verser à soi-même. _ Carafon est un vaisseau de liège ou de bois, dans lequel on met un flacon ou une carafe, avec de la glace, pour faire rafraichir du vin, de l' eau, ou d' aûtres liqueurs. _ On le dit aussi de la carafe qu' on met dans ce vaisseau.

CARAQUE


CARAQUE, s. f. Vaisseau que les Portugais envoient au Brésil. "Les caraques servent également à la guerre et au commerce.

CARAT


CARAT, s. m. [On ne prononce point le t final.] 1°. Titre, degré de bonté et de perfection dans l' or. = 2°. En parlant des diamans et des perles, poids de quatre grains. = 3°. Il se dit aussi des petits diamans qui se vendent au poids.
   On dit, proverbialement, sot, orgueilleux à vingt-quatre carats, c. à. d. au plus haut point, au-delà même du possible; car il n' y a point d' or à 24 carats.
   Enfin, quoique ignorante à vingt et trois carats,
   Elle passoit pour un oracle.
       La Font.

CARAVANE


CARAVANE, s. f. CARAVANEUR, s. m. CARAVANIER, s. m. Le premier, se dit non-seulement d' une troupe de Marchands ou de voyageurs qui vont ensemble pour se garantir des voleurs dans les pays des Mahométans, mais encôre des premières campagnes que les Chevaliers de Malthe sont obligés de faire sur mer: "Il a fait ses caravanes. Le second, se dit à Marseille des vaisseaux et de ceux qui les montent, qui vont porter des marchandises d' Échelle en Échelle dans le Levant. _ Le 3e, se dit de celui qui conduit les chameaux des caravanes. = L' Acad. ne met que le 1er: Trév. et le Rich. Port. mettent aussi le 3e.

CARAVANSERA


CARAVANSERA, ou CARAVANSERAI, ou CARAVANSERAIL, s. m. Trév. ne met que le 1er. et l' Acad. que le 3e. Le Rich. Port. met les deux premiers. Le troisième parait le moins autorisé. _ Hôtellerie dans le Levant, où les caravanes sont reçûes gratuitement, ou à un prix modique. Acad. Grand bâtiment, qui sert à loger des caravanes. Trév. Rich. Port. La définition de l' Acad. n' est pas juste. Les caravanserais ne sont pas des Hôtelleries, mais des bâtimens publics. Les plus grandes Villes de l' Orient ont de ces sortes de bâtimens. Dans plusieurs Villes, ces caravanserais servent de boutiques, de magasins, et même de places de change.

CARAVANSERAKIER


CARAVANSERAKIER, ou CARAVANSERASKIER, s. m. Trév. ne met que le premier; le Rich. Port. met les deux; l' Acad. ne met ni l' un ni l' aûtre. C' est, dans l' Orient, le nom de l' Intendant ou du Gardien des caravanserais.

CARAVELLE


CARAVELLE, s. f. [Karavèle, 3e è moy. 4e e muet.] Navire de médiocre grandeur, dont se servent les Portugais.

CARBATINE


CARBATINE, s. f. Peau de bête, fraichement écorchée.

CARBONADE


CARBONADE, s. f. Viande grillée. Faire une carbonade de... Mettre des tranches de jambon à la carbonade.

CARCAN


CARCAN, s. m. 1°. Aneau de fer, avec lequel on attache un criminel à un poteau. = 2°. Espèce de chaîne ou de collier de pierreries.

CARCASSE


CARCASSE, s. f. 1°. Ossemens du corps d' un animal mort, où il n' y a presque plus de chair, et qui tiènent encôre ensemble.
   On dit, dans le style familier, et par mépris, d' une persone extrêmement maigre, que c' est une carcasse, une vieille carcasse, qu' elle n' a plus que la carcasse.
   2°. Carcasse est une espèce de bombe, composée de diférens cercles de fer, qui ressemblent à une carcasse d' animal, et qu' on jète avec le mortier comme des bombes.

CARCOIS


CARCOIS, La Font. Rich. V. CARQUOIS.

CARDE


CARDE, s. f. CARDER, v. a. CARDEUR, EûSE, s. m. et f. Le premier se dit, 1°. de la côte qui est au milieu des feuilles de certaines plantes, comme la poirée, l' artichaut, et qui est bone à manger; 2°. d' un peigne à carder. = Or, Carder~, c' est peigner avec des chardons~ à Bonetier, ou avec un instrument tout couvert d' un côté de pointes de fer. "Carder du drap, de la laine, de la soie, du coton, etc. = Cardeur, eûse, ouvrier, ouvrière qui carde.

CARDINAL


CARDINAL, s. m. Un des soixante Prélats qui composent le sacré Collège. Promotion de Cardinaux; il a été fait Cardinal.
   CARDINAL, adj. Principal. Il ne se dit que des vents, des nombres, des quatre points principaux de la sphère, et de certaines vertus. Vents cardinaux, points cardinaux, vertus cardinales, nombres cardinaux. Voy. NOMBRE, n°. II.

CARDINALAT


CARDINALAT, s. m. Dignité de Cadinal. "Il a été nomé, promu, élevé au Cardinalat.

CARDON


CARDON, s. m. Plante, qui ressemble à l' artichaut, mais qui ne porte point de fruit.

CARêME


CARêME, s. m. [2e ê ouv. et long, 3e e muet.] Temps d' abstinence, qui comprend quarante-six jours avant Pâques. Faire Carême, ou le Carême, faire abstinence; rompre carême, ou le carême, cesser de faire abstinence. _ Le carême est bâs, quand il comence les premiers jours de Février; il est haut, quand il ne comence qu' au mois de Mars. _ Carême se prend quelquefois pour les sermons qu' un Prédicateur prêche pendant le Carême. Le Carême de Bourdaloue, de Neuville; le petit Carême de Massillon. Il a prêché le Carême à la Cour, devant le Roi; à Paris, à Versailles, etc.
   Ce mot fournit à quelques expressions du st. fam. ou prov. _ Face de Carême, visage pâle et défait. _ Doner, ou plutôt, mettre le carême bien haut, promettre une chôse qui n' arrivera pas de long-temps. "Nous n' osons nous flater de le voir ici plutôt qu' à la fin de l' automne; et c' est nous mettre le carême bien haut. Coulanges. _ C' est aussi exiger des chôses trop dificiles. Ce Prédicateur, ce Directeur nous mettent le carême bien haut _ Prêcher sept ans pour un carême. Doner cent fois les mêmes avis fort inutilement; répéter toujours la même chôse.
   Tenez, quand vous m' auriez prêché tout un carême,
   Monsieur l' Ambassadeur, vous n' en aurez pas plus.
       Du Cerc.
On le dit aussi d' un homme qui a été long--temps dans un lieu, et qui le conaît fort. "J' y ai prêché sept ans pour un carême. _ On dit d' un homme qui se trouve toujours en un endroit à certaine heûre, qu' il n' y manque non plus, que Mars en Carême; et de celui qui arrive à propos, qu' il arrive comme marée en Carême.
   Carême-prenant. Les trois jours grâs qui précèdent le mercredi des Cendres. "Tout est ici de carême-prenant. Sév. c. à. d. dans la joie. = Il se dit sur-tout du Mardi grâs. _ Fig. Carême-prenant, Masque qui court les rues les derniers jours de carnaval; et plus figurément encôre, persone vétûe d' une manière extravagante.

CARENAGE


CARENAGE, s. m. CARèNE, s. f. CARENER, v. a. [2e e muet au 1er, et 3e, è moy. au 2d. Pour le verbe, il est à remarquer que l' e est muet devant la syll. masc. et moy. devant l' e muet: carenant, je carenois, il carena, il a carené; il carène, il carènera.] Carène est la quille et les flancs d' un vaisseau jusqu' à fleur d' eau. Doner carène à un vaisseau, ou, le carener; c' est le mettre sur le côté, pour le radouber aux endroits qui sont dans l' eau. _ Carenage, est, 1°. le lieu où l' on done carène à un vaisseau; conduire un vaisseau au carenage; ou l' action de carener; veiller exactement au carenage, ou l' éfet de cette action; ce carenage est bon, ou mauvais.

CARESSANT


CARESSANT, ANTE, adj. [Karè-san, sante, 2e è moy. et bref; 3e lon.] Qui aime à caresser. "Il est caressant, d' humeur caressante.

CARESSE


CARESSE, s. f. CARESSER, v. a. [Ka--rèce, récé; 2e è moy. au 1er, é fer. au 2d. M. l' Ab. Grosier écrit carresse avec 2 r; Brebeuf, plus anciènement, a écrit carresser, mauvaise ortographe, qui supôse, ou peut ocasioner une mauvaise prononciation.] Caresse est un témoignage d' afection qu' on marque à quelqu' un par ses actions ou ses paroles: caresser, c' est faire des caresses: "douces caresses, grandes caresses; faire, recevoir des caresses; il lui a fait caresse; il ne m' a pas fait la moindre caresse: "Caresser un enfant, un chien, etc.
   Rem. 1°. Quelquefois caresser ne signifie que cajoler, flater, mais d' un sexe à l' aûtre; il présente ordinairement des idées peu décentes. "Pour dissiper les soupçons et les sujets de plainte d' Antoine, elle (Cléopâtre) se mit à le caresser plus que de coutume. Rollin. Je voudrais que cet Auteur si estimable eût employé un aûtre mot.
   2°. Caresser et faire des caresses, ou, faire caresse, ne sont pas synonymes. Le 1er ne se dit que dans le propre; le 2d, dans le figuré, et signifie, traiter les gens d' une manière et d' un air qui montre qu' on les aime, qu' on les estime: "Le Roi fit beaucoup de caresses à l' Amiral; et non pas, le caressa beaucoup, comme dit Varillas. C' est une remarque du P. Bouhours. L' Acad. l' a ignorée, ou désaprouvée, puisqu' elle met dans son Dict. une phrâse semblable à celle de Varillas. On dit, figurément, qu' un Prince a bien caressé quelqu' un, pour dire, qu' il l' a bien reçu. N' en déplaise à Mrs. de l' Acad. je crois la remarque du P. Bouhours très-juste; et j' aimerais mieux dire qu' un Prince a fait bien des caresses à un Courtisan qui lui a été présenté, que de dire qu' il l' a bien caressé.

CARET


CARET, s. m. Sorte de tortûe, et la seule dont l' écâille soit utile. Trévoux écrit carret.

CARGAISON


CARGAISON, s. f. [Karghèzon, 2e è moy.] Marchandises qui font la charge entière d' un vaisseau.

CARGUE


CARGUE, s. f. CARGUER, v. a. [Kar--ghe, karghé, 2e e muet au 1er, é fer. au 2d; l' u est muet; il n' est là que pour doner au g un son fort, qu' il n' aurait point sans cela.] Cargue se dit des cordes qui servent à carguer; c. à. d. à trousser et à acourcir les voiles.

CARICATûRE


CARICATûRE, s. f. Terme de Peintûre, emprunté de l' Italien. _ Charge et caricatûre sont synonymes; ainsi c' est un vrai pléonasme, une répétition de la même idée en deux mots diférens, que de dire, avec un soi-disant Curé Bâs-Breton: "N' est-il pas visible que c' est ce M. Car.... qui s' est avisé de nous faire une charge en caricatûre sur St. Bernard et ses Collègues. "Sous prétexte de les peindre, on en fait des caricatûres odieûses. Linguet.

CARIE


CARIE, s. f. CARIER, v. a. [2e long. au 1er, brève au 2d; 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] La Carie est une pourritûre qui ataque les ôs et les bleds. Carier les blés, ou les ôs, c' est les gâter, les pourrir. _ Au participe, on le dit aussi du bois piqué des vers; Bois carié.

CARISTADE


CARISTADE, s. f. Aumône. Terme familier. Demander, doner la caristade.
   CARILLON, CARILLONER. Rich. Voyez CARRILLON, CARRILLONER, etc.

CARLIENNE


*CARLIENNE, adj. f. Le Gendre l' a mis pour Carlovingienne. "Les fiefs comencèrent à devenir héréditaires en France sous les derniers règnes de la race Carlienne. Leibnitz dit, sous les rois Carlingiens. On dit Carlovingiens.

CARLINGUE


CARLINGUE, s. f. Pièce de bois sur laquelle porte le pied d' un mât.

CARMES


CARMES. Terme dont on se sert au jeu de Trictrac. Amener Carmes; les deux quatre. On a dit autrefois, quarnes et quadernes.

CARMIN


CARMIN, s. m. [Kar-mein.] Drogue d' une couleur rouge fort vive.

CARMINATIF


CARMINATIF, ÎVE, adj. [L' f se pron. au masc.; le 2d i est long au fém.] Il se dit, en Médecine, des remèdes contre les maladies venteûses. Suivant l' étymologie, on devrait le dire des remèdes contre les vers. _ Trév. le dit aussi de ceux qui ont la vertu de racler les endroits par où ils pâssent.

CARNAGE


CARNAGE, s. m. Massacre, tûerie. Il se dit plus particulièrement des hommes. "On fit un grand carnage, un horrible carnage des énemis. _ À~ la chasse on le dit des animaux: on a fait un grand carnage de cerfs, de sangliers, de lièvres, de perdrix.
   CARNAGE, signifie aussi charogne; les lions, les tigres, les loups vivent de carnage. "L' odeur du carnage attire le loup de plus d' une lieue. Bufon.

CARNASSIER


CARNASSIER, IèRE, adj. CARNASSIèRE, s. f. [Karna-cié, ciè-re; 3e é fer. et dout. au 1er; è moy. et long aux 2 aûtres.] Qui se repaît de chair crûe, et qui en est fort avide. Dans ce sens, il se dit des animaux. Les loups, les corbeaux, les vautours sont fort carnassiers. "Les Sacrificateurs Égyptiens s' abstenoient des oiseaux carnassiers. _ En parlant des hommes; qui mange beaucoup de chair: "Les Anglois sont fort carnassiers.
   CARNASSIèRE, est un petit sac, où l' on met le gibier qu' on a tué à la chasse.

CARNATION


CARNATION, s. f. [Karna-cion, en vers, ci-on.] Représentation de la chair de l' homme par le coloris. C' est un terme de Peintûre. Suivant La Touche, il se dit de tout le tableau en général, et non d' une partie seulement. On ne dit point, par exemple: ce bras est d' une belle carnation: on dit: ce brâs est bien de chair.

CARNAVAL


CARNAVAL, s. m. Temps consacré à des divertissemens extravagans, et dignes de la licence payenne. Il comence aux Rois, et finit au Mercredi des Cendres.

CARNE


CARNE, s. f. [2e e muet.] L' angle extérieur d' une pierre, d' une table, etc. Il s' est blessé contre la carne de la table.

CARNET


CARNET, s. m. [Karnè, 2e è moy.] Livre que tient un marchand de toutes ses dettes actives et passives, et du jour où elles doivent être payées. "Vous êtes sur mon carnet. _ Je n' y serai pas long-temps.

CARNOSITÉ


CARNOSITÉ, s. f. Excrescence qui se forme dans le conduit de l' urine.

CAROGNE


CAROGNE, s. f. On apèle ainsi, bassement et par injûre, une méchante femme, une femme débauchée.

CARON


CARON, s. m. Le Nautonier des Enfers Poétiques. _ La barque de Caron. (st. poét.) Le tombeau.
   Et pour prix de son imprudence,
   Il passe de sa barque en celle de Caron.
       L' Ab. Reyre.

CAROTE


CAROTE, s. f. Sorte de racine bone à manger. _ Proverbialement, ne vivre que de carotes; vivre mesquinement.

CAROTER


CAROTER, v. n. CAROTIER, IèRE, s. m. et f. [Karoté, ro-tié, tiè-re; 3e é fer. au 1er et au 2d, è moy. et long au 3e.] Caroter, c' est jouer mesquinement, ne hazarder que peu. On apèle donc carotier ou carotière un homme ou une femme, qui jouent timidement, et risquent peu à la fois.

CAROUBE


CAROUBE, ou CAROUGE, s. m. CAROUBIER, s. m. Le 1er se dit du fruit, le 2d, de l' arbre qui le porte. Le Caroube est une gousse plate et longue, remplie d' une pulpe moelleûse, dont le goût aproche de celui de la casse.
   Quelques-uns ne disent que carouge, et le font masc. quand il signifie l' arbre, le Carouge; et fém. quand il signifie le fruit, la carouge.

CARPE


CARPE, s. f. et m. Quand on parle du poisson de ce nom, il est fém.: quand on parle de la partie qui est entre le poignet et la paûme de la main, il est masc.
   On dit d' une femme, qu' elle fait la carpe pâmée, pour dire qu' elle feint de se trouver mal. st. fam.

CARPEAU


CARPEAU, CARPILLON, s. m. Diminutifs. Petite Carpe. Petit Carpeau.

CARQUOIS


CARQUOIS, s. m. [Kar-koâ; 2e lon.] Étui à flèches. Le Carquois de l' Amour, etc. Rich. et La Fontaine écrivaient Carcois.

CâRRE


CâRRE, s. f. [Kâre, 1re lon. r f. 2e e muet.] On ne le dit qu' avec chapeau, habit, soulier. La cârre d' un chapeau, le haut de la forme; la cârre d' un habit, le haut de la tâille; la cârre d' un soulier, le bout, etc. _ On dit, populairement, qu' une persone a une bonne cârre, pour dire qu' elle a les épaules bien larges et bien fournies.

CâRRÉ


CâRRÉ, s. m. [Kâré, 1re lon. r f. 2e é fer.] Figure cârrée. Cârré parfait, dont les quatre côtés sont égaux; cârré long: cela a tant de piés, tant de toises en cârré. Un cârré de parterre, de potager; un carré d' eau, pièce d' eau en cârré, etc.

CâRRÉ


CâRRÉ, ÉE, adj. Jardin cârré, plan cârré; figure cârrée, table cârrée.

CâRREAU


CâRREAU, s. m. [Kâro, 1re lon. r f. 2e dout. au sing. lon. au pl. Cârreaux.] 1°. Pavé plat fait de terre cuite, de pierre ou de marbre, dont on pave le dedans des maisons, des palais, des Églises. = 2°. Cârreau de vitre, pièce de verre qu' on emploie aux fenêtres. = 3°. Cârreau, sorte de fer à repasser. = 4°. Une des couleurs du jeu des cartes, marquée par de petits cârreaux rouges. = 5°. Coussin cârré, dont on se sert pour s' asseoir, ou se mettre à genoux.
   REM. Cârreau et coussin sont synonymes pour le sens, ils ne le sont pas pour l' emploi. L' Acad. dit l' un et l' aûtre assez indiféremment; quelques persones du temps de La Touche, et aujourd' hui le très-grand nombre préfèrent cârreau.
   On dit, dans le style familier, coucher sur le cârreau, (n°. 1°.) sur le plancher; jeter des meubles sur le cârreau, les jeter dans la rûe; jeter, coucher quelqu' un sur le cârreau, l' étendre sur la place, mort ou très-blessé. _ On dit par mépris et bassement, c' est un valet de cârreau. (n°. 4°.) "Il l' a traité comme un valet de cârreau.

CâRREFOUR


CâRREFOUR, s. m. [Kâre-four: 1re lon. r f. 2e e muet.] J' ai lu dans des livres, Carfour. Richelet les met tous deux: le 2d, ne vaut rien. _ L' endroit où se croisent deux ou plusieurs chemins, ou rûes.
   *CARRÉGER; l' Acad. dit que c' est un terme de Marine, usité dans la Méditerranée, pour signifier louvoyer. Je ne crois pas que dans ces mers les Marins emploient ce mot, même en Provençal; et j' oserais presque assurer qu' aucun d' entr' eux ne s' en sert en français.

CâRRELAGE


CâRRELAGE, s. m. CâRRELER, v. a. [Kârelaje, Kârelé; 1re lon. r f. 2e e muet. Devant la syll. fém. l' e devient moy. Il cârrelle, ou cârrèle; cârrellera, ou cârrèlera, etc.] Cârreler, c' est poser des carreaux; paver avec des cârreaux. V. CâRREAU, n°. 1°. Carrelage est, 1°. l' ouvrage de~ celui qui carrèle. "_ Ce cârrelage est bien fait. 2°. Ce qu' il en coûte pour cet ouvrage: Il m' en a tant coûté pour le cârrelage de toutes les chambres. _ Trév. dit cârrelûre, pour cârrelage. C' est contre l' usage.

CâRRELET


CâRRELET, s. m. [Karelè, 1re lon. r f. 2e e muet, 3e è moy.] 1°. Poisson de mer, plat, avec de petites taches rouges. = 2°. Sorte de filet, dont on se sert pour prendre le poisson. = 3°. Aiguille angulaire du côté de la pointe.

CâRRELEUR


CâRRELEUR, s. m. Celui qui pôse les Cârreaux. Voyez CâRREAU, n°. 1°. "Ce Cârreleur est habile.

CâRRELûRE


CâRRELûRE, s. f. [1re et 3e long, 2e et 4e e muet.] Les semelles neuves qu' on met à de vieux souliers. _ On dit, proverbialement et bassement, d' un home afamé, qui a fait un bon repas, que, il s' est fait ou il s' est doné une bone carrelûre de ventre.

CARRÉMENT


CARRÉMENT, adv. [Kâréman, 1re lon. r f. 2e é fer.] En cârré, à angles droits. On ne le dit que dans ces phrâses: couper quelque chôse cârrément; tracer un plan carrément; planter carrément, etc.

CâRRER


CâRRER, v. a. [Kâré, 1re long. r f. 2e é fer. On écrivait autrefois quarrer, et plusieurs l' écrivent encôre de même.] Doner une figûre carrée à... Cârrer une pierre, un bloc de marbre.
   Se cârrer, marcher les mains sur les côtés, ou de quelqu' aûtre manière, qui marque de l' arogance. (st. fam.) Voyez comme il se cârre.

CâRRIER


CâRRIER, s. m. [Kâ-rié; 1re lon. r f. 2e dout.] 1°. Ouvrier qui travaille à tirer la pierre des cârrières; ou, 2°. Entrepreneur qui fait ouvrir une cârrière, pour en tirer la pierre.

CâRRIèRE


CâRRIèRE, s. f. [Ka-riè-re; 1re lon. r f. 2e è moy. et long; 3e e muet.] 1°. Lice, lieu fermé de bârrières pour des exercices d' homme ou de cheval. _ Figurément, il se prend pour le cours de la vie: Finir, achever, fournir sa cârrière. Ne faire que comencer sa cârrière; être au bout de sa cârrière. = 2°. Lieu d' où l' on tire de la pierre. _ On dit d' un homme qui a été taillé plusieurs fois, qu' il a une carrière dans le corps.
   REM. Cârrière, dans le 1er sens, se dit fort bien au figuré. Doner carrière, ou libre carrière à ses idées, à ses imaginations. "Bien diférens des Romans, où l' on peut doner libre carrière à son imagination, les systèmes de science doivent se concilier avec les principes conus de l' Histoire et de l' Antiquité. l' Ab. De Fontenai. _ Doner carrière à ses passions, leur doner un libre essor. Se doner carrière, se divertir. _ Ouvrir à quelqu' un une carrière, une belle carrière; lui doner une ocasion de paraître et de faire briller ses talens. "Cela lui a ouvert une belle carrière.

CâRRILLON


CâRRILLON, s. m. CâRRILLONER, v. n. CâRRILLONEUR, s. m. [Kâri-glion, , neur; 1re lon. r f. le reste bref; mouillez les ll.] Cârrillon est, au propre, un batement de cloches avec une certaine mesûre; et une horloge qui sone diférens airs; au figuré, crierie, grand bruit, tapage. "Soner le cârillon, soner à double cârillon. "Faire cârrillon, ou du cârrillon: quand il reviendra, il fera un beau cârillon, en voyant tout en désordre. = \à~ double, à triple cârillon, adv. Fort, beaucoup. Fouetter à double cârillon.
   Cârilloner, soner le cârillon. Cârilloneur, celui qui cârillone.
   REM. Trév. met ces trois mots avec une seule r; et puisqu' on n' en prononce qu' une, il est fort inutile d' en écrire deux. Il met aussi Cârillonement, que ne met pas l' Acad. et qui n' est point en usage.

CâRRIOLE


CâRRIOLE, s. f. [Kâri-ole; 1re long.] Petite charrette couverte, qui est ordinairement suspendûe.

CâRROSSE


CâRROSSE, ou CâROSSE, s. m. CâRROSSIER, s. m. [Kâroce, ro-cié; 1re lon. r f. 3e e muet au 1er, é fer. et dout. au 2d.] Cârosse, est une voiture fermée à quatre roûes, qui sert à la ville et à la campagne. Faire rouler un cârosse; prendre cârosse; aler en cârosse, mener un cârosse, etc. _ Cârossier, Faiseur de cârosses.
   On dit, proverbialement, d' un homme brutal et grossier, que c' est un cheval de carosse. _ On apèle cârossier, un cheval propre à bien tirer le cârosse.

CâRROUSEL


CâRROUSEL, ou CâROUSEL, s. m. [Kâ-rou-zel; 1re long. r f.] Espèce de Tournoi, qui consiste en courses de bagues, de têtes, etc. entre plusieurs Chevaliers, partagés en diférentes quadrilles. _ On done aussi ce nom au lieu, ou à la place où se font ces courses.

CâRROUSSE


CâRROUSSE, ou CâROUSSE; Terme emprunté de l' Allemand. Faire Cârousse, faire débauche: st. fam.

CâRRûRE


CâRRûRE, ou CâRûRE, s. f. [1re et 2e lon. r f.] La largeur du dos par les épaules: homme de belle cârrûre; habit trop large, trop étroit de cârûre.

CARTAYER


CARTAYER, v. n. [Karté-ié; 2e et 3e é fer.] En parlant d' un Cocher; mettre une ornière entre les deux chevaux et les deux roûes du cârosse. "Ce Cocher a fort bien cartayé.

CARTE


CARTE, s. f. 1°. Assemblage de plusieurs papiers collés l' un sur l' aûtre. En ce sens, on se sert plus ordinairement de carton. = 2°. Petit carton, fin, coupé en cârré long, dont on se sert pour jouer à divers jeux. Jeu de cartes: méler, battre les cartes. = 3°. Mémoire de la dépense d' un repas chez le Traiteur. = 4°. Carte de Géographie; grande feuille de papier, qui représente la position des diférentes parties du globe terrestre, ou de quelque région ou province particulière.
   On dit, proverbialement: savoir la carte du pays. (n°. 4°.) Conaître les intrigues, les intérêts de la Cour, d' une Société, d' un quartier, etc. _ Château de cartes, (n°. 2°.) Maison bien enjolivée, mais bâtie peu solidement. _ Si vous n' êtes pas content, dit-on bassement, prenez des cartes. _ Savoir le dessous des cartes; les mobiles, les ressorts secrets des afaires. "M. de Coulanges m' écrit un vrai livre. Il nous a mis en état de comprendre certaines chôses, dont nous n' aurions pas su les raisons: en un mot, il nous a montré le dessous des cartes. Sév. "Une de nos folies a été de souhaiter de découvrir tous les dessous des cartes de toutes les chôses, que nous croyons voir, et que nous ne voyons pas. La même. _ Doner carte blanche à quelqu' un, lui doner plein pouvoir de faire ce qu' il trouvera le plus expédient pour la réussite d' une afaire. _ Brouiller, ou méler les cartes; semer des divisions, embrouiller les afaires. "Les cartes sont bien brouillées.

CARTEL


CARTEL, s. m. 1°. Défi par écrit pour un combat singulier. Envoyer, doner, recevoir un cartel. = 2°. Règlement fait entre deux partis énemis, pour la rançon, ou l' échange des prisoniers. "Régler le cartel.

CARTERON


CARTERON. Voy. QUARTERON.

CARTIER


CARTIER, s. m. Celui qui fait et vend des cartes à jouer.

CARTILAGE


CARTILAGE, s. m. CARTILAGINEUX, EûSE, adj. [5e lon. aux deux dern.] Le cartilage est une partie blanche, dûre, élastique, polie, privée de sentiment, qui se trouve sur-tout aux extrémités des ôs. On l' apèle vulgairement croquant dans la viande de boucherie. "Le cartilage du nez, des oreilles, etc. _ Cartilagineux, qui est de natûre de cartilage, ou composé de cartilages. Les parties cartilagineûses.

CARTISANE


CARTISANE, s. f. [Kartizane.] Fil, soie, or ou argent tortillé sur de petits morceaux de carton fin, dont on se sert pour les dentelles ou les broderies.

CARTON


CARTON, s. m. 1°. Carte grosse et forte, faite de papier haché, batu et collé. = 2°. Feuillet d' impression qu' on refait, à cause de quelque changement qu' on y veut faire. = 3°. Dessein en grand, tracé sur du papier, d' après lequel le Peintre fait sa fresque, ou qu' on done aux ouvriers en tapisseries pour servir de modèle.

CARTOUCHE


CARTOUCHE, s. m. et fém. On dit, dans Trév. que les ouvriers le font masc. on pense donc qu' il est fém. L' Acad. le fait masc. quand il signifie un ornement de Sculptûre ou de gravûre; et fém. quand il signifie charge d' arme à feu. Richelet le fait masc. dans les deux sens. Rich. Port. comme l' Acad. et nous aussi. "Peindre des armes dans un cartouche: Canon chargé à cartouche, tirer à cartouche; c. à. d. au lieu de boulet, avec une charge composée de clous, de balles, de mousquet et de petites pièces de fer, le tout envelopé dans du carton, d' où est venu le mot de cartouche. _ On apèle pourtant aussi cartouche, la charge entière d' une arme à feu, qui est dans un rouleau de papier. "Les cartouches sont trop petites ou trop grosses.

CARTULAIRE


CARTULAIRE, s. m. [Kartulère, 3e è moyen et lon.] Recueil d' actes, de titres et d' aûtres principaux papiers, concernant le temporel d' un Monastère, d' un Chapitre ou de quelque Église, etc.

CARUS


CARUS, s. m. Terme de Médecine. Afection soporeûse, profond assoupissement sans fièvre. "Le carus tient fort de la létargie et de l' apoplexie.

CâS


CâS, s. m. [, et devant une voyelle kâz; long.] 1°. Accident, aventûre, ocasion, conjonctûre. "Câs fortuit, imprévu, extraordinaire, fâcheux, étrange. En tel câs, ou en pareil câs, ou en ce câs, il faudroit, etc. = 2°. Fait, action en matière criminelle; câs grâve, énorme; câs graciable. _ Câs privilégiés ou royaux; câs de conscience, câs réservés. = 3°. Estime; Faire câs de quelqu' un, ou de quelque chôse. "Il fait câs de cet homme, de cet ouvrage, etc.
   Être ou mettre dans le câs (n°. 1°.) régit de et l' infinitif "Je suis, ou il m' a mis dans le câs de ne pouvoir me garantir qu' en l' ataquant.
   Au câs, en câs, adverbes. Le premier se dit avec que et les verbes; le second, avec de et les noms: au câs qu' il viène; en câs de refus. Le P. Barre a donc mal parlé, quand il a dit: "Il le menaça, au câs de refus, de fondre sur ses états.
   Rem. 1°. Le P. Bouhours décide que l' on peut dire indiféremment au câs qu' il meure, ou en câs qu' il meure; et le Dictionaire de l' Academie semble autoriser cette décision; au câs que cela arrive, en câs que cela soit, que cela arrive. M. Beauzée est d' un aûtre sentiment. Il le motive par ce principe, que tout ce qui exige un antécédent le supôse déterminé individuellement: or, il ne peut l' être que par l' article. Au câs renferme cet article: au cas que, c. à. d. dans le câs que; mais en câs n' a point d' article, il ne doit donc point être suivi de que. _ Quoiqu' il en soit, quand on pourrait dire en câs que, on ne pourrait pas dire au câs de, etc.
   2°. En câs et au câs que régissent le subjonctif. "Il ne se réservoit de le faire qu' en câs qu' il trouveroit de la résistance Journ. de Gen. Il falait, en câs qu' il trouvât, etc.
   * Pour ce qui est en câs de; locution populaire. "Est-ce que Genevieve n' est pas une honête fille? _ Fort honête, pour ce qui est en câs de faire un compliment ou une révérence; mais pour ce qui est d' être la femme d' un mari, je n' estime pas que l' honêteté qu' elle a soit propre à cela. Marivaux. Cela peut être bon dans le rôle d' un valet ou d' une soubrette.
   Posé le câs que, me parait vieux: Suposé que, a le même sens, et il est plus de l' usage actuel. L' Acad. met pourtant en exemple et sans remarque, posé le câs que cela soit.
   En tout câs, adv. sans régime. Il se met à la tête de la phrâse, ou du second membre. Quoiqu' il arrive, à tout événement. _ "Par ce moyen vous ne réussirez pas. _ En tout câs, nous nous tournerons d' un aûtre côté: "Je vous payerai dans un mois, je l' espère: en tout câs je vous donerai des sûretés.
   On dit encôre, dans le style familier, le câs avenant, ou si le câs y échet, nous y aviserons.
   On dit, proverbialement, tout vilain câs est reniable, et le désaveu tout seul d' un homme n' est pas une preuve de son inocence. _ Son câs est sale, il est coupable. Voy. n°. 2°. On dit, dans le même sens, son câs n' est pas net, son câs est véreux.
   CâS, Terme de Gramaire. Il exprime les diférentes inflexions des noms. Les Grecs et les Latins les marquaient par diférentes terminaisons: les Français les marquent par les deux prép. de et à, combinées avec l' article le, la, les, ou employées sans article. Les noms propres suivent la dernière manière; les noms communs ou apellatifs la première. On peut compter dans toutes les langues, comme en latin, six câs diférens; le nominatif ou le sujet de la phrâse; le génitif et le datif, qui sont, l' un le régime relatif des noms, l' autre le régime relatif des verbes; l' acusatif, qui est le régime absolu des verbes; le vocatif, qui sert à apeler; l' ablatif, qui est un régime relatif des verbes et adverbes. _ César, de César, à César, César, ô César! de César. "César a été un grand Capitaine: l' ambition de César; les honneurs acordés à César; on a trop loué César; ô César, l' ambition vous a perdu! Rome ne voulut point dépendre de César. Voilà pour les noms propres _ La vertu, de la vertu, à la vertu, la vertu, ô vertu! de la vertu. "La vertu seule peut nous rendre heureux; les charmes secrets de la vertu; rien ne doit être préféré à la vertu; aimez, louez la vertu; ô vertu! tu es aujourd' hui peu conûe; n' atendez rien de solide que de la vraie vertu. Voilà pour les noms comuns ou apellatifs. Le nominatif et l' acusatif sont semblables, ainsi que le génitif et l' ablatif. Le nominatif s' apèle quelquefois câs direct, et les aûtres sont apelés câs obliques.
   Rem. Nos plus célèbres Gramairiens modernes, sont du sentiment que nous n' avons qu' un seul article, le, la, les; que les aûtres prétendus articles ne sont que des combinaisons de cet article unique, avec les prépositions, à et de; au étant l' abrégé de à le; du, de de le; des de de les; que conséquemment nous n' avons ni câs, ni déclinaisons; et qu' il est ridicule de transporter dans une Langue aussi diférente de la latine que la nôtre, des règles et des principes, qui sont si oposés à son génie. C' est l' opinion de Mrs. Desfontaines, Girard, Dumarsais, d' Olivet, Duclos, Froment, Danchet, Hardouin, Bateux, Wailly, etc. C' est aussi le sentiment de l' Acad. Franç. à en juger par la dernière édition de son Dictionaire.
   Mais, d' aûtre part, le plus grand nombre des jeunes gens élevés dans les Collèges, et les Étrangers acoutumés aux élémens de la langue latine et de leur propre langue, sont aussi acoutumés à ces règles des câs et des déclinaisons. Ce serait les dérouter que de leur offrir une marche étrangère et un langage gramatical tout nouveau pour eux. Pour ceux des Français, qui ont été élevés à ne reconaitre qu' un seul article et deux prépositions qui se combinent avec cet article unique, il leur sera aisé de se mettre au fait des câs et des déclinaisons. Dans le fond, ce n' est qu' une simple dénomination, qui ne méritait pas d' exercer de si savantes Plumes.
   Ajoutons que les noms des câs sont aplicables à toutes les ocasions où on les emploie, et que les prép. à et de ne le sont pas. Quand je parlerai de génitif, de datif, d' ablatif, j' y comprendrai les pronoms comme les noms, parce que, suivant l' anciène méthode, les pronoms ont, comme les noms, leurs câs obliques. Mais quand je dirai qu' un nom, un verbe ou un adverbe, régit la prép. de ou à, comment les jeunes gens, les étrangers, les français même, qui, ne sachant que confusément leur langue, consultent un Dictionaire, apliqueront-ils cet avis aux pronoms, où souvent il n' y a pas de vestige de ces prépositions? Comment sauront-ils qu' il faut dire alors, dont, en, y, lui, leur, me, te, se, nous, vous, etc.?

CâS


CâS, CâSSE, adj. [L' â est long.] Le masc. n' est plus d' usage. On dit encôre au fém. voix câsse et enrouée.

CASANIER


CASANIER, IèRE, adj. [Kaza-nié, niè--re, 3e é ferm. au 1er, è moyen et long au 2d.] Qui aime à demeurer chez lui. L' Acad. ajoute, par esprit de fainéantise; mais cela n' est pas essentiel à l' idée de ce mot. Ce mot vient de câse, maison: qui ne sort guère de la câse, de la maison.
   Il nous vaut mieux vivre au sein de nos lâres,
   Et conserver, paisibles casaniers,
   Notre vertu dans nos propres foyers,
   Que parcourir bords lointains et barbâres.
       Gresset.
Là il est subst.
  Crois-moi, suis plutôt l' exemple
  De tes amis casaniers,
   Et reviens goûter au Temple
  L' ombre de ces maroniers. Id.
Là il est adjectif. "Scène bien douloureûse et bien propre, si les hommes étaient raisonables, à leur aprendre le prix de la vie casanière. Linguet. "Il mène une vie casanière, il a l' humeur casanière; c' est un casanier, un vrai casanier.

CASAQUE


CASAQUE, s. f. Espèce de surtout qui a des manches fort larges. _ Proverbialement, tourner casaque, c' est changer de parti. Suivant le Rich. Port. c' est aussi fuir, se retirer: mais il n' est guère d' usage dans ce sens.

CASAQUIN


CASAQUIN, s. m. [Kaza-kein.] Petite casaque; vêtement aûtrement nomé Apollon. Trév. Habillement fort court, et qu' on porte pour sa comodité. Acad. Espèce de demi-robe qui ne va pas jusqu' aux genoux. Rich. Port. Aujourd' hui il ne se dit guère que d' un habillement de femmes. _ On dit populairement, doner sur le casaquin, batre, rosser.

CASCADE


CASCADE, s. f. Au propre, chûte d' eau qui tombe d' un lieu haut et fait quelque bruit. _ Au figuré, discours plein de cascades, sans liaison, et où l' on passe tout d' un coup d' un objet à l' aûtre. _ Ne savoir une nouvelle que par cascades, c' est quand elle a passé par plusieurs bouches pour venir jusqu' à nous. "C' est votre tante qui me l' a dit. _ Ma tante! comment cela se peut-il? _ Elle l' aura su par cascades. Th. d' Educ.

CâSE


CâSE, s. f. [Kâze, 1er lon. 2e e muet.] Au propre, il n' est d' usage que dans cette locution du style familier; le patron de la câse, le maître de la maison. Acad. = La Fontaine dit du rat voyageur:
   Sitôt qu' il fut hors de la câse,
   Que le monde, dit-il, est grand et spacieux.
Et Md. de Sévigné: "il me semble que j' aurois été encôre à vôtre dîner chez Gourville: Toute la câse de Pompone ne m' auroit pas chassée. _ Elle prend là câse pour famille. Je crois qu' on peut le dire dans le style familier. = Au trictrac, c' est une des places marquées par une espèce de flèche. Faire une câse, c' est la remplir avec deux dames. Au jeu des échecs, c' est un des cârrés de l' échiquier. Avancer un pion à la seconde câse du Roi.

CâSEMATE


CâSEMATE, s. f. CâSEMATÉ, adj. m. [Kâzemate, maté, 1re lon. 2e e muet: dern. e muet au 1er, é ferm. au 2d.] Termes de Fortifications. Les câsemates sont des lieux voûtés sous terre, pour défendre la courtine et les fossés. _ Bastion casematé est un bastion où il y a des câsemates.

CASER


CASER, v. a. [Kazé; devant la syll. masc. l' a est bref; casant, casé, je casais, etc. Devant l' e muet l' a est long; il câse, il câsera, etc.] C' est, au jeu de trictrac, faire une câse, remplir une câse avec deux dames. Voy. CâSE.

CASERNE


CASERNE, s. f. CASERNER, v. n. [Kazèr--ne, zèrné, 2e ê ouv. 3e e m. au 1er é fer. au 2d.] Les casernes sont de grands corps de logis, où logent des Soldats. Caserner, c' est loger dans des casernes. On a bâti des casernes dans cette Ville. Le Soldat ne logera plus chez le Bourgeois, mais il casernera.

CASEUX


CASEUX, EûSE, adj. [Kazeû, zeû-ze, 2e lon.] Qui est de la natûre du fromage. "La partie caseûse du lait.

CASILLEUX


CASILLEUX, adj. m. [Kazi-glieû, 3e lon. mouillez les ll.] Il se dit du verre, qui se câsse au lieu de se couper, quand on y aplique le diamant.

CASQUE


CASQUE, s. m. [Kaske.] Habillement de tête pour la guerre. "Tous les Chevaliers avoient le casque en tête.

CASSADE


CASSADE, s. f. Mensonge pour plaisanter, ou pour servir d' excuse ou de défaite. Acad. Bourde qu' on invente pour se défaire des importunités de quelqu' un. Trév. Tromperie, mensonge. Rich. Port. "Doner une cassade, doneur de cassades. Style famil. _ C' est aussi, au jeu de Brelan, un renvoi avec mauvais jeu.

CASSâILLE


CASSâILLE, s. f. [1re et 2e lon. mouillez les ll: câ-sâ-glie.] Terme de Laboureur. Première façon qu' on done à la terre.

CâSSANT


CâSSANT, ANTE, adj. [1re et 2e lon.] Fragile, sujet à se câsser. "Le verre est câssant, la porcelaine est câssante: "Ce fer est de mauvaise qualité, il est fort câssant. _ Poires câssantes, qui ont la chair câssante, se dit de celles qui font une légère résistance sous la dent, à la diférence des poires fondantes.

CâSSATION


CâSSATION, s. f. [Kâ-sa-cion, en vers ci-on.] Terme de Pratique. Il se dit des actes, des Arrêts qu' on câsse, qu' on annulle. "La câssation d' un Testament, d' une Sentence. Se pourvoir en câssation, on sous--entend, d' Arrêt; poursuivre la câssation d' un Arrêt, etc.~

CASSâVE


CASSâVE, s. f. Farine faite de la racine de manioque séchée.

CâSSE


CâSSE, s. f. [1re lon. 2e e muet: câce.] 1°. Moelle renfermée dans une gousse longue et boiseûse. = 2°. Terme qui n' est usité que parmi les Militaires; craindre la câsse, d' être cassé. Lettre de câsse, ordre du Roi pour câsser un Officier. "Cela mérite la câsse, etc.~
   CâSSE entre dans la composition de quelques mots: casse-cou; endroit où il est aisé de tomber. "Cet escalier est un câsse-cou. _ Casse-cul (populaire,) Se doner un casse-cul sur la glace: tomber sur le derrière. _ Casse-noisette, petit instrument avec lequel on câsse des noisettes. _ Ces trois mots sont du genre masculin.

CâSSER


CâSSER, v. a. [Kâcé, 1re lon. 2e é fer.] 1°. Au propre, briser, rompre: câsser un verre, des nois, des ôs, etc. = 2°. Au fig. en parlant d' actes et d' Arrêts, les annuller; câsser un testament, un Arrêt, une Sentence; câsser des troupes, les licencier; câsser un oficier, le renvoyer du service, le priver de son emploi. _ Câsser aux gages un subalterne, lui ôter une commission, un emploi, à cause de sa mauvaise conduite. = 3°. Câsser, neutre et réciproque, au propre seulement. "La corde câssa, ou se câssa: le 1er est le meilleur: "Ce verre se câssera. = 4°. Câsser; afoiblir, diminuer les forces, l' agilité. "Les fatigues, le travail ou les débauches l' ont fort câssé: Il commence à se câsser: il se câsse tous les jours. Il se dit sur-tout au passif. "Il est fort câssé; câssé de vieillesse, etc.
   Le Proverbe dit: qui câsse les verres les paye; chacun est responsable de ses faûtes. _ On dit aussi figurément (styl. famil.) se câsser la tête, s' apliquer fortement, avec une grande contention d' esprit; se câsser le cou, gâter ses afaires; se casser le nez, ne pas réussir, s' atraper; câsser les vitres, tenir des propos libres ou trop hardis.

CâSSEROLE


CâSSEROLE, s. f. [Kâcerole, 1re lon. 2e et 4e e muet.] Ustensile de cuisine. Câsserole de terre cuite, de cuivre étamé, de fer, etc.

CâSSE-TêTE


CâSSE-TêTE, s. m. [Kâcetête, 1re lon. 2e et 4e e muet. 3e ê ouvert et long.] Grande contention d' esprit, ou plutôt ce qui la caûse. Le jeu d' échecs est un câsse-tête. _ On le dit aussi d' un vin fumeux. = On done encôre ce nom à une massuë d' un bois fort dur, arme ofensive des Sauvages de l' Amérique.

CâSSETTE


CâSSETTE, s. f. [Kâcète, 1re lon. 2e è moy. 3e e muet.] Petit cofre, où l' on serre ordinairement des chôses de conséquence.

CâSSEUR


CâSSEUR, s. m. [Kâ-ceur, 1re lon.] Il ne se dit que dans cette phrâse proverbiale; grand câsseur de raquettes, homme fort et vigoureux. "Il se done pour un grand casseur de raquettes. On ne le dit qu' en se moquant.

CASSIE


CASSIE, s. f. CASSIER, s. m. [Ka-cî-e, cié, 2e lon. au 1er, é fer. au 2d.] Le 1er se dit d' un Arbre, qui nous a été aporté des Indes, et qui croît en Provence; il porte une fleur d' une odeur agréable; mais qui parait à plusieurs un peu forte. _ Cassier, arbre qui porte la câsse.

CASSINE


CASSINE, s. f. [Kacine.] L' Acad. dit qu' on apèle ainsi en quelques Provinces, une petite maison de plaisir hors de la Ville; Trév. que c' est une petite maison de campagne; le Rich. Port. que ce mot est en usage en Provence. Il se trompe, c' est dans le Piémont qu' il est usité.

CâSSOLETTE


CâSSOLETTE, s. f. [Kâ-solète, 1re lon. 3e è moy. 4e e muet.] Vâse où l' on met des eaux de senteur, ou d' aûtres parfums, pour les faire évaporer par le feu. = Il se dit aussi de l' odeur même qui s' exhale de la cassolette. "Voilà une bone cassolette. _ On dit ironiquement d' une mauvaise odeur: quelle cassolette! Voilà une terrible cassolette.

CASSONADE


CASSONADE, s. f. Dabord l' Acad. le préférait à Castonade. Elle dit ensuite l' un et l' aûtre dans les éditions suivantes. Enfin dans la dernière, elle ne dit plus que cassonade. _ Sucre qui n' est point encôre afiné.

CâSSûRE


CâSSûRE, s. f. [1re et 2e lon. 3e e muet.] Suivant Richelet, il ne se dit que d' une lame d' épée, de couteau, etc. L' Acad. le dit en général de l' endroit où un corps est câssé. "On voit dans les câssûres de la lâve, des imitations des diférens porphires, des granites, etc. Voy. de Suisse, d' Italie, etc.

CASTAGNETTES


CASTAGNETTES, s. f. pl. [Kastag-nète: 3e è moy. mouillez le g.] L' Acad. le met au sing. en titre, et ne done d' exemple que du plur. Petit instrument de bois résonant, composé de deux petits morceaux de bois creusés, que l' on frape l' un contre l' aûtre en cadence: "Jouer des castagnettes, danser avec des castagnettes.

CASTE


CASTE, s. f. On apèle ainsi les Tribus dans lesquelles sont divisés les Idolâtres, dans les Indes. La Caste des Bramines est la plus noble; la Caste des Parias est la plus vile.

CASTEGNETTES


*CASTEGNETTES, Richelet. On écrit et l' on prononce castagnettes.

CASTILLE


CASTILLE, s. f. [Kasti-glie: mouillez les ll.] Petite querelle entre gens, qui vivent ensemble, ou qui se voient souvent. Il vient par corruption de castine, ou cassine, qui signifiait aûtrefois querelle, riote. Dict. de Trév. Ce terme est populaire. Ibid. L' Acad. dit seulement qu' il est du style familier, et qu' il ne se dit que dans les phrâses suivantes: Ils ont toujours quelque castille ensemble; ils sont toujours en castille.

CASTOR


CASTOR, s. m. 1°. Animal amphibie, fameux par son adresse à se bâtir des logemens. = 2°. Chapeau fait avec le poil du castor. Acheter un castor.
   Dieu soit loué, prenons courage,
   Dit-il, enfonçant son castor.
       Gresset.
Demi-castor, où il entre d' aûtre poil avec celui de castor.

CASTRAMÉTATION


CASTRAMÉTATION, s. f. [Kastramé--ta-cion.] L' art de camper. On ne s' en sert qu' en parlant des anciens Grecs et Romains, des Romains sur-tout.

CASUALITÉ


CASUALITÉ, s. f. CASUEL, ELLE, adj. CASUELLEMENT, adv. [Kazu-alité, zu-èl, èle, èleman: 3e è moy. aux 3 dern.] Le 1er est un terme didactique; les aûtres s' emploient dans le discours ordinaire. Casualité, est la qualité de ce qui est casuel, c. à. d., fortuit, accidentel. Emploi casuel, charge casuelle: cela est casuel, fort casuel: revenus, droits casuels. _   CASUEL, s. m. Revenu casuel d' une terre, d' un bénéfice. Ce Curé n' a que du casuel. Le casuel des Curés de Paris est plus considérable que les revenus fixes des meilleûres Cûres.
   Casuellement, fortuitement, par hasard. L' Acad. dit qu' il n' a guère d' usage. On dit pourtant: il ne s' est trouvé là que casuellement. On peut le dire dans d' aûtres ocasions semblables.

CASUISTE


CASUISTE, s. m. Théologien qui enseigne la Théologie morale, et qui résoud les câs de conscience. Acad. Celui qui écrit ou que l' on consulte sur les câs de conscience, et qui en fait son étude. Trév. Cette définition est plus juste que celle de l' Académie. On le dit sur tout des Auteurs, qui ont imprimé.
   Rem. Perraut, Marivaux et aûtres, ont dit Casuite sans s. Boileau relève cette faute dans le 1er, qui avait écrit consultes avec une s à l' impératif. "Je lui conseille, dit ce célèbre Critique, de renvoyer cette s au mot Casuite, qu' il écrit toujours ainsi, quoiqu' on doive toujours écrire et prononcer Casuiste.

CATACOMBES


CATACOMBES, s. f. pl. [Katakonbe, 3e lon.] Grôtes souterraines, ou carrières d' où l' on avait tiré la pierre, et où l' on enterrait ensuite les corps morts. On le dit sur--tout des Catacombes; où ont été ensevelis un grand nombre de Martyrs.

CATAFALQUE


CATAFALQUE, s. m. Décoration funèbre où l' on place le cercueil, ou la représentation d' un mort, à qui l' on veut rendre les plus grands honeurs.

CATALOGUE


CATALOGUE, s. m. [Kataloghe: l' u est muet: il n' est là que pour donner au g un son fort, qu' il n' a pas devant l' e.] Liste, dénombrement. Catalogue des Livres, des Associés, des Saints. Rayer un Livre, un Membre, du Catalogue. Les Avocats disent Tableau

CATAPLASME


CATAPLASME, s. m. Dans le Dict. de Trév. on dit que les uns prononcent l' s, et les aûtres non, mais qu' il vaut mieux la prononcer. L' Acad. l' écrit; ce qui est une preûve qu' elle veut qu' on la prononce. _ Espèce d' emplâtre propre à fomenter, à amolir et à résoudre les dûretés. Faire, apliquer un cataplasme.

CATAPULTE


CATAPULTE, s. f. Machine de guerre, dont les Anciens se servaient pour lancer des traits.

CATARACTE


CATARACTE, s. f. 1°. Humeur qui, s' amâssant sur le cristallin, le rend opaque et obscurcit la vûe, ou la fait perdre entièrement. = 2°. Chûte des eaux d' une grande rivière, lorsqu' elles tombent d' extrêmement haut: Les cataractes du Nil. = 3°. On le dit d' un déluge d' eaux, en parlant du Déluge universel: Les cataractes du ciel furent ouvertes.

CATâRRE


CATâRRE, s. m. CATâRREUX, EûSE, adj. [2e lon. 3e lon. aussi aux deux derniers. L' étymologie demanderait qu' on écrivît cathârre et cathârreux, et on l' écrivait aûtrefois de la sorte; mais depuis du temps on a retranché l' h.] Trév. met caterreux. Le Rich. Port. dit l' un et l' aûtre: l' Acad. ne met que le 1er. _ Catârre est une fluxion, qui tombe sur quelque partie du corps: catârreux est celui qui est sujet aux catârres. Vieillard catârreux, femme catârreûse.

CATASTROPHE


CATASTROPHE, s. f. [Katas-trofe.] Il se dit, au propre, de l' évènement qui termine une pièce dramatique; et au figuré, d' une fin funeste et malheureûse. "Aristote préfère une catastrophe malheureûse pour la Tragédie. Le Bossu. "La vie de ce grand homme se termina par une catastrophe malheureûse. Id.

CATÉCHISATION


*CATÉCHISATION, s. f. Mot français, à Berlin, et barbâre en France. Ces deux Traités (de Benzelius) furent si bien reçus du Clergé, qu' aux États de 1734, il demanda au Roi qu' on s' en servît pour la catéchisation dans les Écoles, Collèges, et aux Académies. Formey.

CATÉCHISER


CATÉCHISER, v. act. CATÉCHISME, CATÉCHISTE, s. m. [2e é fer. dern. é fer. au 1er, e muet aux 2 aûtres.] Catéchiser, au propre, c' est instruire des principaux points de la Religion Chrétiène; au figuré, c' est tâcher de persuader, remontrer, exhorter. "Je l' ai en vain catéchisé depuis un mois; je n' ai rien pu gâgner. _ Il signifie aussi instruire, faire le bec, faire la leçon. "Avant qu' il prêtât son interrogatoire, son Procureur l' avoit bien catéchisé. Dict. de Trév. _ Il n' est que du style familier.
   Catéchisme et Catéchiste, ne se disent qu' au propre. Le 1er se dit de l' instruction sur les principes et les mystères de la Foi, et du Livre qui contient cette instruction; le second de celui qui enseigne le Catéchisme aux enfans. Acad. Et dans les Missions, qui aprend les élémens de la Religion aux Catéchumènes. _ Trév. le dit aussi de celui qui a composé un Catéchisme. Il n' est pas d' usage dans ce sens-là.

CATÉCHUMèNE


CATÉCHUMèNE, s. m. [Katékumène: 2e é fer. 4e è moy. 5e e muet.] Celui que l' on instruit, pour le disposer au Baptême. _ Richelet écrit, comme on prononce, catécumène.

CATÉGORIE


CATÉGORIE, s. f. CATÉGORIQUE, adj. CATÉGORIQUEMENT, adv. Le 1er est un terme de Logique, entièrement oublié. On dit seulement dans le st. famil. Ils sont des même catégorie, du même caractère, de mêmes moeurs. Ces chôses-là ne sont pas de même catégorie, de même natûre. = Catégorique est ce qui est selon l' ordre. Réponse catégorique; cela n' est pas catégorique. = Répondre, parler catégoriquement, d' une manière nette et précise.

CATÉRINE


*CATÉRINE, Richelet. Écrivez Cathérine avec un h.

CATERRE


*CATERRE, ou CATâRRE. Le 1er était déjà vieux du temps de Ménage, s' il faut l' en croire. La Touche au contraire, plus récent, le trouve beaucoup meilleur que le 2d. L' Acad préférait celui-ci, et se contentait de dire que quelques-uns prononcent caterre. Elle ne le dit plus dans la dern. édit. Richelet dit que catârre commençait à vieillir. Il a donc rajeuni; car c' est le seul aujourd' hui, qui soit en usage.

CATERREUX


*CATERREUX, Trév. Voy. CATARREUX.

CATHÉDRALE


CATHÉDRALE, s. f. [Katédrale, 2e é fer. L' h est muette, et n' est là que pour l' étymologie.] La Cathédrale, ou (adj. fém.) L' Église cathédrale. Ce mot est consacré pour exprimer la principale des Églises des Chrétiens, dans une ville, où est le Siège Épiscopal. * On voit avec peine un voyageur apliquer ce mot à une Mosquée. "Quantité d' édifices publics et particuliers embélissent Eski-Mosul; entr' autres, le Palais du Bacha, la Mosquée cathédrale, et les Caravanserais. Voyageur Français.
   Rousseau dit, la morgue cathédrale, c. à. d., la morgue d' un Professeur dans sa chaire.
   Et pour quiter la morgue cathédrale,
   Soufrez, Seigneur, qu' ici de ma morale
   J' ose égayer la sèche vérité
   D' un dernier trait de la Fable inventé.

CATHÉDRANT


CATHÉDRANT, s. m. Professeur qui préside à une Thèse.

CATHOLICISME


CATHOLICISME, s. m. CATHOLICITÉ, s. f. Le 1er se dit de la Religion Catholique, et le 2d, des Pays Catholiques, comme on dit, Christianisme et Chrétienté. "Dans l' espace de trois ans, il est incroyable quel progrès a fait la Catholicité. Lett. Édit. Il falait dire, le Catholicisme. _ L' Acad. dit Catholicité pour la Doctrine et pour les Pays Catholiques; mais elle ne le dit pas de la Religion en général. Elle cite pour exemple: On doute de la catholicité de cet Auteur.

CATHOLIQUE


CATHOLIQUE, adj. et s. m. et f. CATHOLIQUEMENT, adv. [Richelet les écrit sans h: Catolique, catoliquement.] Dans son étymologie, catholique signifie universel. Il ne se dit que de la Religion Romaine. Les Protestans voudraient s' apeler Catholiques, et nous apèlent Catholiques Romains; mais ils n' ont pu s' oposer au langage commun, et ils sont les seuls à s' exprimer de la sorte. _ Adj. la Foi, la Religion, l' Église Catholique. _ Subst. "Un Catholique, une bone Catholique. _ Proverbialement, on apèle Catholique à grôs grains, celui qui ne se fait pas scrupule de bien des chôses défendûes par la Religion.
   Catholiquement; conformément à la Foi de l' Église Catholique: prêcher, écrire, parler catholiquement.

CATI


CATI, s. m. [La Bruyère, ou son Imprimeur, écrit catis.] Aprêt propre à rendre les étofes plus fermes et plus lustrées. "Le Marchand fait des montres, pour doner de sa marchandise ce qu' il y a de pire: il a le catis et les faux jours, pour en cacher les défauts, etc. La Bruy. _ Son Commentateur, M. Coste, dit que ce mot est absolument nécessaire, et il est étoné qu' il ne soit pas dans la 1re édition du Dict. de l' Acad. Il est dans la dernière, mais sans s.

CATIMINI


CATIMINI, (en) adv. En cachette. (st. famil.) "Il est venu, il a fait cela en catimini.

CATON


CATON, s. m. C' est le nom de deux fameux Romains. On le dit, familièrement, d' un homme sage, ou qui afecte de l' être: "C' est un Caton; il fait le Caton.

CAVALCADE


CAVALCADE, s. f. Ce mot est d' origine italiène. Marche pompeûse à cheval, dans des ocasions de grande cérémonie. _ On le dit aussi d' une promenade, ou petit voyage à cheval, que font plusieurs persones par partie de plaisir. Dict. de Tré. _ Quelques persones disent calvacade, mais fort mal. Ibid.

CAVALCADOUR


CAVALCADOUR, s. m. On apèle, dans la Maison du Roi et des Princes, Ecuyer cavalcadour, l' Écuyer, qui a soin des chevaux et de tous les équipages de l' écurie.

CAVALE


CAVALE, s. f. Jument, la femelle du cheval.

CAVALERIE


CAVALERIE, s. f. [3e et dern. e muet, 4e lon.] Gens de guerre à cheval, comme Infanterie se dit des gens de guerre à pied.

CAVALIER


CAVALIER, s. m. [Kava-lié, 3e é fer.] 1°. Homme qui est à cheval. "Il y avoit trois ou quatre Cavaliers, qui acompagnoient le cârosse, _ On dit d' un homme, qu' il est bon cavalier, quand il est bien à cheval; et qu' il est beau cavalier, quand il a bone grâce à cheval. = 2°. Homme de guerre dans une compagnie de gens à cheval; Cavalier de la Maréchaussée. = 3°. Gentilhomme, qui fait profession des armes. _ Jeune Gentilhomme destiné à les porter. = 4°. On disait autrefois cavalier pour homme: "Nous étions dix femmes, et nous n' avions pas un seul cavalier. On ne le dit plus qu' en Province. "Je ne sais qui est le plus à plaindre, dit La Bruyere, ou d' une femme avancée en âge, qui a besoin d' un cavalier, ou d' un cavalier, qui a besoin d' une vieille.
   Mais je prétends qu' un cavalier bien né
   En sache assez pour n' être point berné
   Par l' impudence et l' air de dictatûre
   Des Charlatans de la Littératûre.        Rouss.
Jean-Jaques, dans une note, avertit les Provinciaux, qu' on ne dit point cavalier en ce sens.
   5°. Cavalier est aussi une fortification de terre fort élevée et où l' on met du canon, soit pour l' ataque, soit pour la défense d' une Place.
   6°. CAVALIER, IèRE, adj. Il se dit du ton, de l' air, des manières, pour signifier libre, aisé, dégagé, tel que l' ont les gens de guerre. Marivaux le dit de l' âme. "Je suis encôre à comprendre qu' il y ait des homes, dont l' âme deviène aussi cavalière pour celle de quelque homme que ce soit. Qu' est-ce qu' une âme cavalière à l' égard d' un aûtre? Il y a là bien du sous--entendu. L' Auteur veut dire, qu' il y a des hommes, dont l' âme, pleine d' orgueil, leur inspire des manières, des tons, des airs si cavaliers envers d' aûtres hommes, dont l' âme en est blessée. Les métaphores ne doivent pas avoir besoin de comentaire. L' Ab. Sabatier dit mieux, et pour la pensée et pour l' expression, quand il demande: quel peut être le fruit de ces romans, dont~ un ton cavalier et cynique fait le principal ornement? (Trois Siècles, etc. Art. Crébillon.)
   À~ LA CAVALIèRE, adv. Librement, d' un air cavalier, libre et aisé. Il danse, il est vétu à la cavalière.
   Rem. Il ne faut pas confondre Cavalier avec Chevalier. Le 1er se dit de quiconque est à cheval, ou va à cheval: ainsi l' on dit: Je suis bon ou mauvais cavalier. Il se~ dit aussi d' un Soldat qui sert dans une Compagnie de Cavalerie, etc. Chevalier, est celui qui est d' un Ordre de Chevalerie~. C' est aussi un titre, que prènent les Nobles, qui sont au-dessus des Écuyers. = On done pourtant à des Auteurs, ou Artistes Italiens le nom de Cavalier, dans le sens de Chevalier. On dit, le Cavalier Marin, le Cavalier Bernin, etc.

CAVALIèREMENT


CAVALIèREMENT, adv. [Kava-lié--reman; 3e è moy. et long, 4e e muet.] 1°. D' une façon cavalière, de bone grace, plus en homme du monde, qu' en maître de l' art "Il danse, il écrit cavalièrement. = 2°. Et plus souvent, d' une manière brusque, hautaine, inconsidérée; sans égard: Traiter quelqu' un cavalièrement; en parler, en user avec lui cavalièrement. = 3°. Hardiment, témérairement. "Ils se mettent en possession de juger cavalièrement de toutes chôses. Mallebr.

CAUCHEMAR


CAUCHEMAR, s. m. [Quelques-uns écrivent comme on prononce, Cochemar; 2e e muet. S' il en faut croire Ménage, les Picards disent, cauquemare, les Lyonais, cauquevieille. Nicod a dit cauchemare.] Sorte d' opression, qu' on éprouve en dormant, comme si l' on avait un poids sur l' estomac. Avoir le cauchemar; être sujet au cauchemar. _ On dit, figurément, (st. fam.) d' un homme ennuyeux et incomode, qu' il done le cauchemar.

CAUCHOIS


CAUCHOIS, adj. m. [Ko-choâ; 1re dout. 2e lon.] Il se dit d' un gros pigeon, ainsi nomé du pays de Caux en Normandie.

CAUDATAIRE


CAUDATAIRE, s. m. [Kodatère; 3e è moy. et long.] Celui qui porte la queuë de la robe d' un Cardinal.

CAUDEBEC


CAUDEBEC, s. m. [Kodebèk; 2e e muet, 3e è moy.] Chapeau de laine, ainsi nomé de la ville de Caudebec, où les premiers ont été fabriqués.

CâVE


CâVE, s. f. CAVEAU, s. m. [Kâve, kavo; 1re lon. au 1er, br. au 2d. 2e e muet au 1er, dout. au 2d, au sing. lon. au pl. Caveaux.] Câve est, 1°. un lieu creux et souterrein, où l' on met ordinairement du vin et des provisions.. = 2°. Espèce de caisse où l' on met des liqueurs, ou des eaux de senteur, pour les transporter plus sûrement. = 3°. Fonds d' argent, que chacun des Joueurs met devant soi dans certains jeux. = Caveau, petite câve. _ Il se dit sur-tout des petites câves, où l' on mettait des corps morts dans les Églises. L' Ab. Laugier, ou son Imprimeur, a écrit cavot, au lieu de caveau. "Pour tous ceux, qui n' ont point de cavots bien fermés, il faudroit une loi qui les obligeât de les enterrer hors de la ville.
   On dit, proverbialement, aler de la câve au grenier, quand il y a du haut et du bâs dans un discours, ou dans la conduite. Tomber du grenier dans la câve; avoir de grands revers de fortune.

CAVÉE


CAVÉE, s. f. CAVER, v. a. [1re br. devant l' e muet, elle devient longue: il câve, il câvera: 2e é fer. long au 1er.] Cavée est un chemin creux: "longue, grande cavée. _ Caver, creuser; miner. "L' eau, à la longue, câve les pierres; les austérités lui avoient cavé les joûes. _ v. n. À~ de certains jeux, c' est faire fonds d' une certaine quantité d' argent. _ Caver au plus fort, c' est, au propre, dans ces jeux-là, faire bon à chaque coup du jeu, d' autant d' argent qu' en joue, dans ce moment-là, celui des Joueurs qui en joue le plus. _ Au figuré, c' est porter tout à l' extrême. "Il câve toujours au plus fort. "Cavons au plus fort; suposons ce qui peut arriver de pire, il y aura encôre moyen de réussir.

CAVERNE


CAVERNE, s. f. CAVERNEUX, EûSE, adj. [2e è ouv. 3e e muet au 1er, longue aux deux aûtres.] Caverne est un antre, une grote, un lieu creux dans des montagnes, sous terre. _ Caverneux se dit des lieux pleins de cavernes.
   Sous les flancs caverneux d' une roche profonde.
       St. Ange.
Dans le Journ. de Mons. on traite ce mot de vieux, mais pittoresque. L' Acad. le met sans remarque.

CAVERNOSITÉ


*CAVERNOSITÉ, s. f. Espace vide d' un corps caverneux. Trév. L' Acad. ne met pas ce mot; l' usage en est au moins douteux.

CAVESSON


CAVESSON, s. m. [Trév. met aussi Caveçon; 2e e muet.] Espèce de muserole, qu' on met sur le nez des jeunes chevaux, qui sert à les dompter et à les dresser. = On dit, figurément, (st. fam.) d' un homme naturellement fougueux et emporté, qu' il a besoin de cavesson.

CAVILLATION


CAVILLATION, s. f. [On ne mouill. pas les ll. Kavil-la-cion, en vers ci-on.] Ce mot n' est d' usage que parmi les Savans "La plupart des argumens, qu' on fait au Collège, sont de pures cavillations: c. à. d. des subtilités frivoles. "Il faut que la critique soit éclairée par le goût; aûtrement ses observations dégénèrent en pûres cavillations. Grosier.

CAVITÉ


CAVITÉ, s. f. Creux: vide dans un corps solide. Les cavités d' un rocher; la cavité du coeur, du cerveau.

CAVISTE


*CAVISTE, s. m. Celui qui a soin de la câve. C' est un mot forgé. "Le Caviste de l' Électeur, a ordre de distribuer gratis du vinaigre, etc. Grosier.

CAUSANT


*CAUSANT, ANTE, adj. Qui caûse, qui aime à causer, à converser. C' est un mot de l' invention de Mde. de Sévigné. "Je ne suis plus si (aussi) causante qu' à Paris. J' en suis fâchée pour vous.

CAUSALE


CAUSALE, ou CAUSATIVE, adj. fém. [Kozale, kozative; 3e lon. au 2d. L' Acad. ne met que celui-ci.] Terme de Gramaire, qui se dit des conjonctions, qui servent à marquer la caûse de quelque chôse, ou la raison pourquoi on la fait. Ce sont, car, parce que, comme, à caûse que, atendu que, vu que, puisque, d' où vient que? afin que, pour que, de peur que, etc.

CAUSALITÉ


CAUSALITÉ, s. f. Terme de la vieille École. Manière dont une caûse agit.

CAûSE


CAûSE, s. f. [Kôze; 1re lon. 2e e muet.] 1°. Principe, ce qui fait qu' une chôse est. Acad. Ce qui produit un éfet. "Dieu est la caûse souveraine et universelle, la première caûse, la caûse des caûses. _ On dit, être cause de: "Cela a été caûse de tous les désordres qui sont arrivés. D' Ablancourt dit, dans le songe de Lucien: Cela fut caûse de me faire doner le fouet. Il falait dire; fut caûse qu' on me dona le fouet. _ Caûse s' emploie là sans article, et il est indéclinable. "Ces sortes de changemens sont caûse (et non pas caûses) d' un nombre infini d' erreurs. Mallebr. _ 2°. Motif, sujet, ocasion, raison. "Je ne l' ai point fait sans caûse; il se fâche sans caûse; c' est à juste caûse que je l' ai fait ainsi. = Pour caûse, pour bones raisons. Il est familier. "Je vous recomande de conserver votre jeunesse, et pour caûse. Sév. "Parlez d' un peu plus loin, dit Éraste à un fâcheux, et pour caûse. Molière. = Parler, agir avec, ou en conaissance de caûse, avec pleine conaissance de ce qu' on dit, de ce qu' on fait. = 3°. Intérêt: la caûse de Dieu, de la Religion, de l' état, des pauvres, etc. _ La bonne, la mauvaise caûse, le bon ou le mauvais parti. _ Prendre fait et caûse pour, se déclarer pour quelqu' un, prendre parti pour lui, le défendre. "Son père a pris fait et caûse pour lui. _ Faire caûse commune, unir ses intérêts: "Exclus de l' assemblée, ils sentirent qu' ils ne pouvoient plus se flater de faire caûse comune avec cet ordre redoutable de guerriers. Moreau. = 4°. Procès qui se juge à l' Audience. Si le Juge rend un apointement en droit, la caûse devient instance; s' il y a apel d' une Sentence par écrit, l' afaire devient un procès par écrit. Cependant on aplique souvent, dans le monde, le mot de caûse à toute sorte de procès. Ferrière. Plaider une caûse. Gâgner ou perdre sa caûse; caûse d' aparat; caûses majeûres, caûses célèbres, etc. Être en caûse, ou hors de caûse; être, ou n' être plus partie au procès. _ Avocat sans caûse, qui n' est point employé. Voy. AVOCAT. _ Avoir, ou doner caûse gagnée: c' est, figurément, st. fam. l' emporter dans une dispute, ou céder à l' adversaire. "Je suis faché de ne pouvoir vous doner caûse gâgnée, sans blesser ma conscience. Leibn. à Boss. _ On dit plus ordinairement, doner gain de caûse.
   À~ CAûSE DE, prép. À~ caûse de vous, pour l' amour de vous, en votre considération.
   À~ CAûSE QUE, conjonct. Parce que. "Faut-il qu' il soit insolent, à caûse qu' il est riche? Elle régit l' indicatif. = La Touche dit, avec raison, qu' elle n' est bone que pour le st. fam. L' Acad. n' en distingue point l' usage.
   CAUSER, v. a. [Kozé; devant la syll. masc. l' au est bref: je causais, il causa, causé; devant l' e muet, il est long: il caûse, il caûsera, etc.] Être caûse de: "Il a causé un grand malheur, sans le vouloir. Causer du domage au prochain: causer du scandale, un grand scandale, etc.

CAUSER


CAUSER, v. n. S' entretenir familièrement avec quelqu' un: Ils caûsent volontiers ensemble: il y a du plaisir à causer avec lui. _ Parler trop et inconsidérèment. "Il aime à causer. Ne lui dites pas votre secret, infailliblement il caûserait. = Parler avec malignité, blâmer, critiquer. Votre conduite est indiscrète, déjà partout on en caûse.
   Rem. Causer, quand il est seul et sans régime, se prend en mauvaise part; c' est dire des riens, des balivernes. "Cet homme ne fait que causer. "C' est-là causer pour causer. "C' est proprement causer que tout ceci; car c' est une chôse passée. Sév. = On dit, proverbialement, dans ce sens, causer comme une pie (quelques-uns ajoutent, borgne) il caûseroit les piés dans l' eau. On caûse volontiers, quand on a les piés chauds. _ Mais causer, se prend en bone part, quand on y joint avec ou ensemble: je caûse souvent avec lui; nous causons tous les jours ensemble.
   Causer, régit quelquefois la prép. de des chôses: causer de chôses et aûtres; s' entretenir familièrement de diverses chôses de peu d' importance.

CAûSERIE


CAûSERIE, s. f. CAUSEUR, EûSE, s. m. et f. [Kôzerie, ko-zeur, zeu-ze; 1re lon. au 1er; 2e e muet au 1er, dout. au 2d, lon. au 3e.] Babil, action de causer. Il est indiférent à se prendre en bone ou en mauvaise part. "Ceci entre nous deux, car vous jugez bien que cette caûserie seroit ridicule avec d' aûtres. Sév.
   CAUSEUR, qui parle beaucoup. = Qui ne sait pas garder un secret. Il se prend toujours en mauvaise part. C' est un causeur, une causeûse impitoyable: "Ne dites rien à cet homme: c' est un causeur; cette femme est une causeûse.
   Causeur est quelquefois employé adjectivement: Il y a des homes, qui sont plus causeurs que des femmes; il, ou elle est d' humeur causeûse: la joie est causeûse, est une passion causeûse.

CAUSTICITÉ


CAUSTICITÉ, s. f. CAUSTIQUE, adj. [Kosticité, kostike.] La causticité est une inclination à dire, ou à écrire des chôses mordantes et piquantes. _ Caustique, dans le moral, signifie, mordant, satirique, qui parle avec malignité. "Cet homme est caustique, il a l' humeur caustique. _ Dans le physique; brûlant, côrrosif. Remède caustique; et substantivement, apliquer un caustique, employer les caustiques.

CAUT


*CAUT, CAUTE, adj. Vieux mot, qui signifiait prudent, rusé. "La jeunesse peu caute, dit Malherbe. Sur quoi Ménage observe, que ce mot n' était plus en usage de son temps, ou dans la belle poésie, ou dans la belle prôse. _ Voiture a dit, dans le Placet pour le cocher du Cardinal Mazarin.
   S' il fut peu caut à son chemin élire.
Mais ce Placet est écrit en style demi-marotique. _ On disait aussi cautèle, caûteleusement, et caûteleux dans le même sens. Les derniers sont les seuls qui soient restés dans la Langue.

CAUTèLE


*CAUTèLE, s. f. [Kotèle, 2e è moy. 3e e muet.] Finesse, rûse: il est vieux en ce sens. = En termes de Droit, précaution: Raport de futûre cautèle; absolution à cautèle.

CAûTELEûSEMENT


*CAûTELEûSEMENT, adv. [Kôte-leû--zeman; 1re et 3e lon. 2e e muet.] Avec rûse, avec finesse. "Il l' a fait caûteleûsement. Il se prend en mauvaise part.

CAûTELEUX


*CAûTELEUX, EûSE, adj. [Kôteleû, leûze; 1re lon. 2e e muet, 3e lon.] Rusé, fin. Celui-ci est plus usité que caut et cautèle, qui ne le sont plus du tout. Ménage s' en est servi dans son Oiseleur.
   Le caûteleux Allier, la trompeûse Tonnelle.
   La Bruyere l' a employé aussi, mais il le met en italique, comme un mot, ou vieux, ou hasardé. "Il est fin, caûteleux, doucereux, mystérieux. M. de Bufon s' en est servi plus récemment. "Les éléphans ne regardent les Nègres, que comme une espèce caûteleûse, qui ne sait que dresser des embûches. Et M. Linguet: "Voici son passage bien copié, afin qu' il ne viène pas quelque caûteleux, Mr... vous acuser d' avoir fait malignement des soustractions. _ Le Rich. Port. le met sans remarque: l' Acad. se contente de dire qu' il se prend toujours en mauvaise part: c' est un esprit caûteleux.

CAUTèRE


CAUTèRE, s. m. CAUTÉRISATION, s. f. CAUTÉRISER, v. a. [Kotère, kotériza-cion, kotérizé; 1re dout. 2e è moy et long au 1er, é fer. aux 2 dern.] Cautère est 1°. un petit ulcère fait volontairement à une partie extérieûre du corps par le moyen d' un caustique, pour faire écouler les mauvaises humeurs. = 2°. Le caustique, qui sert à faire l' ouverture. "Se faire faire un cautère, panser un cautère. _ Apliquer un cautère. = Cautérisation, est l' action de faire un cautère. = Cautériser, brûler de la manière que font les caustiques. Acad. Faire ou apliquer un cautère. Tré. Rich. Port.: ce 2d sens est tout au moins douteux.

CAUTÉRISÉE


CAUTÉRISÉE, adj. fém. Il s' est beaucoup dit aûtrefois au figuré, de la conscience. "Hommes, dont la conscience est cautérisée, c. à. d., endurcie. C' est un mot de St. Paul. Cauteriatam habentium suam conscientiam, I. Tim. v. 2. C' est une expression consacrée pour cette seule ocasion. _ L' Acad. l' admet en termes de spiritualité. Il commence pourtant à vieillir.

CAUTION


CAUTION, s. f. CAUTIONEMENT, s. m. CAUTIONER, v. act. [Kocion, cio-neman, cio-né, 1re dout. 3e e muet au 2d, é fer. au 3e.] Caution, est celui qui répond, qui s' oblige pour un aûtre: donner caution, servir de caution, être caution de; se rendre caution, etc. _ Fig. Être caution, ou se rendre caution d' une chôse; assurer, garantir qu' une nouvelle est vraie, qu' une chôse est arrivée ou arrivera. "Cet homme, cette nouvelle est sujet, ou sujette à caution; n' est pas tel, ou telle, qu' on puisse s' y fier.
   Cautionement; acte par lequel on s' oblige pour un aûtre. = Cautioner; se rendre caution pour quelqu' un: Je le cautione; un de ses amis l' a cautioné de dix mille francs, etc.

CAYENNE


CAYENNE. Voy. CAïENNE.

CAZE


CAZE, CAZANIER. Voy. CâSE, CASANIER.

CE


CE. [Pronom démonstratif.] Ce, fait au fém. cette, et ces au plur. 1°. Ce ne se met au masc. que devant les noms, qui comencent par une consone ou une h aspirée: ce Roi, ce Héros. Devant une voyelle ou une h muette, on écrit et l' on prononce cet: cet ami, cet homme. Cette se met devant les consones et devant les voyelles: cette femme, cette adresse; mais devant les voyelles ou les h muettes, l' e final s' élide et ne se pron. point. Remarquez pourtant que dans cet masc. l' e est muet, et dans cette fém. ce 1er e est moyen: ce-tome, cè-tadrèce.
   2°. Quand ce est devant le verbe être, on retranche l' e, et on lui substitûe une apostrophe: c' est lui, c' était elle. Alors il sert à désigner ou une chôse: c' est dequoi je vous assûre; ou une persone: c' est un modèle de vertu; ou il tient lieu de cela: c' est être bien hardi; c' est fort bien fait: cela est bien hardi; cela est fort bien fait.
   3°. Cet, est quelquefois relatif à ce qui précède; et alors il faut prendre garde de le trop éloigner du nom auquel il se raporte, sur-tout quand il est précédé d' un aûtre nom, auquel il peut se raporter. M. Racine le Fils, dans ses Remarques sur Britannicus, critique une Tragédie intitulée Néron, à quoi il emploie une~ page entière; puis il dit: "Il (Néron) devient dans cette Pièce meurtrier de son frère, mais conduit par l' artifice de son flateur. On croit d' abord que cette Pièce est celle de Néron, que l' Auteur continuë à critiquer. Point du tout: cette Pièce, c' est le Britannicus de Racine. Cela n' est pas net, et cette négligence met de l' obscurité dans ce morceau. _ À~ plus forte raison, ne doit-on employer ce que pour rapeler les objets qui ont été clairement énoncés. M. de Murville, dans son Épître à Voltaire, faisant allusion à la Henriade, qu' il ne nome pas, dit:
   Ce Roi qui sut combatre et conquérir la paix,
   Nous paroîtra plus grand, sous tes pinceaux plus vrais;
   Et tu réuniras, dans ce sublime Ouvrage,
   Les tableaux du Poète et les leçons du Sage.
   Mais ce rang où le Tasse, avant toi, sut monter,
   Ce rang est-il le terme où tu dois t' arrêter? etc.
Quel est ce sublime ouvrage? Quel est ce rang? Il n' a été question dans ce qui précède, ni d' ouvrage, ni de rang. Ann. Litt.
   4°. Ce ne modifie que des substantifs, et il ne fait point bien avec les adjectifs: "Le succès qu' ont eu les premiers Opuscules de M. Feutry.. est d' un augûre favorable pour ces nouveaux. L' Ab. Fontenai. J' ôse dire qu' il falait ajouter un substantif, et répéter, s' il le falait, Opuscules, plutôt que de joindre ces avec nouveaux.
   5°. Ce, fait encôre plus mal avec les pron. possessifs: ce mon oncle, cette ma tante. Pasquier dit: ces plusieurs persones. Cela était bon de son temps, et ne vaudrait rien aujourd' hui.
   6°. On ajoute quelquefois au substantif qu' on veut désigner par ce, les particules ci, ou , dont la 1re sert à désigner les chôses proches, et la 2e à marquer celles qui sont éloignées: cet homme-ci, cette femme-.
   7°. Ce, cet, cette, ces, sont quelquefois précédés du pronom relatif le, la, les; de sorte qu' il y a dans la phrâse deux régimes directs: "Je l' ai envoyée à M. de Coulanges, cette aimable et tendre Lettre. Sév. Ce tour est très-familier au P. de Neuville: "Enfans chéris du Dieu Sauveur, associés à sa gloire, vous les voyez sous vos piés, dégradés, confondus, ces vils acteurs des scènes d' illusion et de prestiges, qu' ils jouèrent sur le théâtre du monde, que le néant vient d' engloutir. Jug. Univ. _ Quelquefois le pronom relatif suit, et le pronom démonstratif précède. "Tout ce que le monde aveugle et passioné n' aperçoit point... il faut que J. C. le montre au monde, etc. Ibid.
   II. CE, dans les interrogations, signifie cette chôse. Qu' est-ce que je vois, c. à. d., quelle chôse vois-je? _ Dans les réponses aux interrogations, il signifie, ou, cette persone, ou, cette chôse: Qui est là? C' est Pierre, c. à. d., celui-là est Pierre: que vois-je là? C' est un homme; c. à. d., cette chôse que je vois est un homme.
   2°. CE, s' emploie au lieu de il, elle, ils, elles: j' aime Pierre, c' est un bon ami, c. à. d., il est bon ami. "Je lis volontiers Racine et Despréaux, ce sont de grands Poètes, c. à. d., ils sont de grands Poètes.
   3°. CE, suivi immédiatement de qui ou de que, signifie les choses: "Ce qui est vrai est toujours beau. _ Ce qui, a pour génitif et ablatif, ce dont; pour datif, ce à quoi; pour acusatif, ce que: "Ce dont je vous ai parlé; ce à quoi vous êtes destiné; ce que Dieu exige de nous, etc.
   * 4°. Aûtrefois les Poètes se donaient la liberté de retrancher ce, et ne conservaient que le relatif que.
   Eh bien! de mes desseins, Rome encôre incertaine,
   Atend que deviendra le destin de la Reine.
       Rac. Bérén.
Au lieu de, atend ce que deviendra. _ Plus anciènement, on disait, dans la prôse même, qui, pour ce qui: "Vous lui ôtez sa puissance royale, quand vous ne voulez obéir à ses Ordonnances, qui est pis que de lui ôter son domaine. Le Chanc. de l' Hop. On dirait aujourd' hui, ce qui est pis que, etc. _ Je ne sais si la Langue a gâgné à ce changement, aussi-bien qu' à celui de la négative ne, qui marchait aûtrefois toute seule, et qui ne peut aler presque jamais aujourd' hui qu' en la compagnie de pas, ou point: vous ne voulez obéir, est moins traînant que, vous ne voulez pas obéir. Bien des gens regrètent, sur-tout pour le style familier et le modéré, la naïveté, et l' air libre et dégagé du Gaulois. _ Mde de Sévigné a encôre employé qui pour ce qui: "Vous surprîtes tout le monde, et vous pensâtes même ne pas me trouver, qui eût été une belle chôse; ce qui eût été, etc.~
   5°. Ce que, régit le génitif (la prép. de) des adjectifs: tout ce que j' ai vu de beau; tout ce qu' on fait de mauvais, etc. * On disait aûtrefois dans ce même tour de phrâse, ce qui est de plus fâcheux, en cela, est que, etc. Aujourd' hui on dit, ce qu' il y a de plus fâcheux, c' est que, etc. _ De ce que, régit l' indicatif, et que le subjonctif: "Je lui dois beaucoup, de ce qu' elle veuille se relâcher jusqu' à ce point de son austérité ordinaire. Fielding. Il falait, de ce qu' elle veut, ou, qu' elle veuille.
   6°. Ce qui, ou ce que, au comencement d' une phrâse incomplète, laquelle sert de nominatif au verbe est, doit quelquefois faire répéter ce devant est. Il est mieux de le répéter, quand est se trouve suivi des particules que ou de, comme: "Ce que je crains, c' est d' être surpris: ce qui me fâche, c' est qu' on ne m' écoute pas. Mais si le verbe est se trouve suivi d' un adjectif, qui se raporte à la phrâse incomplète, alors on ne peut répéter ce devant est: "Ce qui réussit est toujours aprouvé: ce qui est vrai est beau, etc. _ Enfin, si est se trouve suivi d' un nom substantif, on peut répéter ce devant est, ou s' en dispenser: "Ce qu' il demande, est une pension, ou, c' est une pension. BUF. Le second est pourtant le meilleur.
   7°. Quelquefois ce doit être séparé, et pourtant suivi de que: "Ce n' est pas un mal que d' avoir des envieux. De quelque manière qu' on explique cette construction française, le pronom ce s' y joint avec tous les temps des verbes: c' est une passion dangereûse que l' amour; ce seront toujours des tourmens que les desirs, etc. _ Au reste, le que, dans ces ocasions, demande le de devant les infinitifs: c' est une sorte de honte que d' être malheureux. BUF. Plusieurs Auteurs, et les Poètes sur-tout, se dispensent de cette règle. On peut le pardoner à ceux-ci; mais on ne doit pas le pardoner aux aûtres. Voyez plus bâs. IV. n°. 6°.
   III. * 1°. M. Vaugelas trouvait, de son temps, que ce que pour si, avait une grâce non-pareille en notre langue. Il aportait en exemple cette phrâse de Malherbe. "Aussi ne faut-il pas penser que ce que (si) Mercure est peint en la compagnie des Grâces, ce soit pour signifier, etc. Cette expression est aujourd' hui entièrement hors d' usage.
   * 2°. À~ ce que pour afin que, et outre ce pour outre cela, étaient déjà vieux du temps de M. de Vaugelas: "Il étoit soigneux des ornemens des Autels et des Églises, à ce que par iceux Dieu fût loué avec plus d' honeur. Chron. "Outre ce, il faut encôre, etc. 3°. Ce pour cela, ne s' emploie plus qu' en style marotique, ou de Pratique. Rousseau dit à Marot.
   Et si d' âilleurs, ne vous ai bien suivi,
   En ce, du moins, votre amour m' a servi;
   Que mes Écrits, monumens de mon âme,
   De lâcheté n' ont encouru le blâme.
Au Palais, et en style de Chancellerie, on dit, et ce pour et cela: "Voulons que, conformément aux Ordonances, les Oficiers de nos Cours rendent à nos Sujets, à notre décharge, la justice, que nous leur devons; et ce, sans aûtre interruption que celles portées par ces mêmes Ordonances. _ Bossuet, qui aimait assez le style du Bârreau, dit, ce nonobstant, pour nonobstant cela.
   * 4°. Depuis quelque temps, dans le langage des petits- maîtres, c' est se joint à des participes, pour il, ou, elle est, ou, cela est. "La chasse, pour laquelle il (Louis XV) conçut tant de goût, que c' est devenu chez lui une passion, une fureur, etc. Anon. "Il ne faloit pas être un grand sorcier pour deviner cela: d' âilleurs, c' est renouvelé des Grecs. Fontenai; ou à des adjectifs: "Ah! c' est afreux, s' écrie-t-il, plus en colère que jamais. Daquin. "Ah! que c' est plaisant, M. le Marquis. Anonyme. "Étoit-ce si mal--adroit, pour cela étoit-il si mal-adroit? _ Le peuple joint même ce à cela: "C' est vrai cela. Th. d' Éduc. c' est joli cela. Ibid. "Oh! c' est bien drôle, mais je m' y perds. Ibid. C' est impoli de ne pas dire son nom. "Toutes les préférences sont pour Mlle Sophie; dame! c' est juste; c' est la perle des filles. "Comme vous m' avez coifée! Mais c' est afreux. Ibid. _ On le dit même avec des substantifs: "Elle aime à rire comme une aûtre; c' est de son âge. Ibid. "C' est inconcevable; c' est d' une témérité; Jugement de Midas. Cette locution est à la mode, mais elle est un peu précieûse.
   * 5°. Ce dit-il, ce dit-on ne se disent plus que dans le style marotique, ou comique, quand on les met dans la bouche des valets et des soubrettes.
   Un tient vaut, ce dit-on, mieux que deux tu l' auras,
   L' un est sûr, l' autre ne l' est pas.
       La Font.
  Bref: se trouvant à tout et n' arrivant à rien,
  Qu' est ceci, ce dit-il? cherchons ailleurs du bien.
      Idem.
IV. C' EST: 1°. Quand ce est nominatif du verbe Être, il le régit presque toujours au sing. quoique le nom suivant soit au plur. "C' est moi, c' est vous, ce sera vous aûtres, ç' avait été eux, etc. On doit excepter la troisième persone du pluriel des temps simples, ce sont de bones gens; ce furent eux, ce seront vos successeurs: seront-ce les richesses qui feront votre bonheur? _ Cependant avec l' imparfait et le conditionel, suivi des mots eux ou elles, le ce régit aussi bien, pour le moins, le singulier que le pluriel. "C' étoit eux qui se plaignoient; ce seroit elles qui devroient se plaindre. _ D' Ablancourt dit, mais mal: "Tous les exercices en seront bannis, si ce ne sont ceux de récréation. On doit dire, si ce n' est ceux, etc. M. Moreau, j' ôse le dire, dit plus mal encôre. "Ce furent comme Seigneurs, et non comme Pasteurs, qu' ils firent comparoître devant eux leurs justiciables. _ Il est évident que, dans ce tour de phrâse, il faut dire, ce fut comme Seigneurs, etc. = Mais si c' est peut régir quelquefois, et même souvent le pluriel, jamais, ce me semble, ce sont ne peut régir le singulier. M. de Bufon a pourtant dit: "Ces Nègres blancs sont des Nègres dégénérés. Ce ne sont pas une espèce d' hommes particulière et constante. Dites ce n' est pas, ou ils ne sont pas, etc. = Quand ce est employé par interrogation, il régit aussi le verbe être au sing. excepté à la 3e pers. du plur. du présent. "Est-ce nous qui parlons? Est-ce vous qui vous engagez? Sont-ce les honeurs qui vous flatent? Fut-ce les soldats qui comencèrent, et non pas furent ce, etc. BUF. Il en est qui, à la 3e persone du futur et de l' imparfait, aiment mieux le pluriel; seront-ce les honeurs qui feront votre bonheur, et non pas sera-ce, etc. Étaient-ce là vos afaires; et non pas était-ce, etc. J' admetrais la remarque pour le futur; mais pour l' imparfait, la prononciation du sing. et du plur. étant la même, je crois qu' on peut écrire l' un ou l' autre indiféremment, étoit-ce-là, ou étoient-ce-là. _ C' est pourquoi se met avec tous les temps des verbes. Vaugelas blâme, avec raison, quelques-uns des Écrivains de son temps, qui disaient presque toujours, ce fut pourquoi, devant le prétérit indéfini: "Ce fut pourquoi les Romains immolèrent des victimes. Il faut dire, c' est pourquoi les Romains immolèrent, etc. Ce fut pourquoi vient de Normandie. On en ûse aussi en Anjou et au Maine.
   2°. C' est n' est bien qu' avec les substantifs et avec les pronoms, qui les représentent. Ainsi l' on dit: je lis volontiers Racine et Boileau, ce sont de grands Poètes, pour, ils sont; mais avec les adjectifs, on doit dire, il est, et non pas c' est; ils sont, et non pas ce sont: Lisez Ciceron et Demosthene: ils sont très-éloquens. _ Aujourd' hui on met c' est avec des adjectifs. Voy. plus haut, III * n°. 4°. mais cette façon de parler sent encôre l' afèterie et le jargon.
   3°. C' est régit le datif (la prép. à) des noms, et les verbes à l' infinitif avec à ou de; ou à l' indicatif, précédé de que; c' était à vous de parler; c' est à vous qu' il convenait de faire cette démarche. _ Crébillon met le subjonctif à la place de l' indicatif.
   Va, ce n' est point à moi, quand il s' agit d' ofense,
   Que l' on doive doner des leçons de vengeance.
au lieu de que l' on doit. _ On a voulu le justifier, en disant que le sens est négatif, mais c' est n' est pas comme plusieurs verbes qui régissent tantôt l' indicatif, tantôt le subjonctif, suivant que la phrâse est afirmative, ou négative, ou interrogative: c' est régit toujours le 1er. "C' est moi qu' on veut perdre; ce n' est pas moi qu' on veut, et non pas qu' on veuille tromper: Est-ce à moi qu' on en veut, et non pas qu' on en veuille. _ On objecte les phrâses suivantes: c' est la vertu qu' il chérit, et, ce n' est pas la vertu qu' il chérisse le plus; mais, dans la seconde phrâse, ce n' est pas le pronom ce, mais le superlatif, le plus, qui régit le subjonctif; car on dit, en ôtant ce superlatif, c' est ou ce n' est pas l' humilité que l' on voit briller dans son caractère; et non pas, que l' on voie: c' est ou ce n' est pas la gloire qu' il poursuit, et non pas qu' il poursuive.
   4°. C' est, suivi de la conjonction que ou du pronom qui, n' est souvent employé que pour doner plus de force au discours: "C' est de peur d' être injuste ou ingrat, que je refuse vos présens, disoit un Juge. Je refuse, etc. de peur, etc. "Ce fut l' orgueil qui perdit les Anges rebelles: l' orgueil perdit, etc. Wailly.
   5°. C' est ne se joint pas ordinairement à des noms sans article. Autrefois on disait;
   C' est gloire de passer pour un coeur abatu
   Quand la brutalité fait la haute vertu.
       Corneille.
  C' est crime qu' envers lui se vouloir excuser.
      Idem.
Aujourd' hui on ne le soufrirait pas même en vers. _ M. Moreau, qui aime à retrancher l' article, a dit tout récemment: "Leur atentat contre le peuple avoit été de détruire, et c' étoit justice que de rétablir et de protéger. _ Quelquefois cependant l' article est élégamment suprimé, ou dans la phrâse afirmative: "C' est folie que de sacrifier les biens éternels à des biens périssables; ou, encôre mieux, dans l' interrogative: "Agir dans le doute de l' existence d' un avenir, et braver les risques qu' on court, s' il existe, est-ce courage, est-ce force d' esprit? n' est-ce pas plutôt fureur et frénésie? "Bien des gens semblent vouloir regarder l' Art Poétique de Despreaux comme une compilation de celui d' Horace: je ne sais si c' est mauvais goût ou mauvaise foi: mais il me semble qu' il est nécessaire que l' un ou l' aûtre ait enfanté cette opinion. Le Duc de Nivernois. "C' est foiblesse, c' est vanité, c' est ignorance grossière de son propre intérêt, que d' espérer de pouvoir cacher ses fautes, en afectant de les soutenir avec fierté et avec hauteur. Télém. _ Remarquez qu' on ne retranche l' article que devant les noms, qui expriment un sentiment ou une passion de l' homme: c' est folie, c' est mauvais goût, mauvaise foi, etc. est-ce courage; c' est foiblesse, c' est vanité, etc. On ne diroit pas, c' est bonheur, c' est malheur, etc. Il faudrait dire, c' est un bonheur que d' avoir échapé, c' est un malheur que d' avoir si mal rencontré, etc.
   C' est ne régit pas non plus la préposition de, sans qu' elle soit suivie de la conjonct. que. On dit bien c' est de lui que nous avons reçu cette méthode; mais on ne doit pas dire, comme on le fait dans le Dict. Hist. Art. St. Marc (le Febvre de). "C' est de lui le Pouvoir de l' Amour, Ballet, etc. pour dire, le Ballet, etc. est de lui.
   6°. C' est régit les infinitifs, suivis de que avec la prép. de et d' un autre infinitif. "C' est regner que de servir Dieu. Plusieurs Auteurs et les Poètes sur-tout retranchent le de.
   C' est crime qu' envers lui se vouloir excuser.
       Corn.
  Mais c' est pousser trop loin ses droits injurieux
  Qu' y joindre le tourment que je soufre en ces lieux.
      Rac.
On dirait en prôse; c' est un crime que de vouloir, etc. c' est pousser trop loin, etc. que d' y joindre, etc. _ D' aûtres retranchent le que. "Ce seroit dégrader l' Évangile... de le regarder comme la religion du peuple, etc. "C' est ataquer le monde par l' endroit sensible... de vouloir lui ôter le seul bien qui lui reste, etc. Massillon. Ailleurs il met le que: "c' étoit ôter aux hommes la gloire de la fermeté dans les soufrances, que de leur en ôter le sentiment. _ Quand l' infinitif précède, il faut est, et non pas c' est.
   Si vaincre c' est un crime,
   Je puis bien l' avouer, ma peine est légitime.
       Folard.
On dirait en prôse: si vaincre est un crime, ou, si c' est un crime que de vaincre.
   7°. Quand c' est est joint à un nom, lequel est suivi d' un relatif, alors, au lieu de metre ce nom au nominatif et le relatif dans un câs oblique, on met au contraire ce nom dans un câs oblique, et on emploie que pour le relatif. Ainsi, au lieu de dire: c' est vous à qui il apartient de faire, etc. on dit, c' est à vous qu' il apartient, etc. c' est ma jalouse rage à qui vous le devez; Cinna; dites, c' est à ma jaloûse rage que vous le devez. "C' est de leur état dont il s' agit maintenant; "ce n' est que de l' infinitif dont vous avez besoin. Promenade de Clarisse. Dites que au lieu de dont. Fontenai.
   8°. C' est, régissant certains infinitifs, exige la prép. pour devant les noms. Un Auteur moderne y substitue la prép. à. "C' étoit trop bien réussir, à des factieux, pour en rester là. Berault de Bercastel. L' Auteur a craint de mettre deux pour de suite, mais il aurait pu placer le premier à la tête de la phrâse: "Pour des factieux, c' était trop bien réussir pour en rester là.
   9°. "C' est que et ce n' est pas que se mettent ordinairement après si.
   Si je l' ai fait, c' est qu' il faloit le faire        Anon.
  S' ils vous font quelquefois éprouver leurs rigueurs,
  Ce n' est pas que pour vous ils manquent de tendresse;
   Ils cherchent seulement à vous rendre meilleurs.
      Reyre.
Ce n' est pas que se met quelquefois à la tête de la phrâse. Il régit le subjonctif, précédé de la part. ne, quand le sens est afirmatif, et sans négative quand il est négatif. Cela paraît dabord bisarre, mais quand on le considère de près, il cesse de le paraître. Ce n' est pas, renfermant une négation, la part. ne surajoutée en éface l' influence, par la raison gramaticale que deux négations valent une afirmation. Quand le sens au contraire est négatif, la part. négative ne serait de trop par la même raison. Quand je dis, ce n' est pas qu' il ne soit juste, je veux dire, qu' il est juste que, etc. et quand je dis, ce n' est pas qu' ils soit juste, je veux dire au contraire, qu' il n' est pas juste que, etc. "Outre cette incommodité, ils ont celle du climat, dont l' ardeur est excessive. Ce n' est pas qu' il ne soit tempéré de temps en temps, en partie par les pluies, en partie par les vents du Nord, mais, etc. Let. Edif. "Ce n' est pas que plusieurs persones, qui en furent (de cette secte des Stoïciens) n' aient fait honeur à cette secte. P. Rapin. _ La Bruyere met mal-à-propos l' indicatif, sans la part. ne: Ce n' est pas qu' il faut quelquefois pardoner à celui qui, etc. Il falait: ce n' est pas qu' il ne faille, etc. _ Remarquez que quoique le verbe régi soit au temps passé, il faut toujours dire, ce n' est pas, au temps présent, parce que ce n' est pas se raporte à celui qui raconte, et non pas au temps où s' est passé le fait dont il parle. "Ce n' étoit pas que l' amour de Mortimer n' eût quelque--fois éclaté dans ses actions. Hist. d' Angl. "Ce n' étoit pas non plus que Cecile ne s' en fût pas aperçue. Mercure. Mettez, ce n' est pas aux deux endroits; et de plus retranchez pas à la 2de phrâse.
   10°. Ce que c' est que de, régit l' infinitif des verbes. "On ne savoit à Rome ce que c' étoit que de plier sous les menaces. Vertot. _ Bossuet et Mde. de Sévigné retranchent le que: "Voilà ce c' est que d' avoir mis la décision entre les mains des particuliers. Boss. Vous savez ce que c' est d' abuser du sceau et du seing d' une Reine de France. SÉV. Il aurait été plus régulier de dire, que d' avoir mis, que d' abuser, etc. _ Il régit aussi les noms: "Cela montre ce que c' est que ces graves décisions de la Réforme. Boss. = * Autrefois on disait, que c' est, pour, ce que c' est. "Il n' y a point de Loi qui nous enseigne que c' est que l' ingratitude. Malherbe. Vaugelas a condamné depuis long--temps cette façon de parler. La Bruyère la regrettait: Il y avoit à gagner, dit-il, à dire, je sais que c' est un mal, plutôt que, je sais ce que c' est qu' un mal, soit pour l' analogie latine, soit par l' avantage qu' il y a souvent à avoir un mot de moins à placer dans l' oraison. Mais, d' autre part, cela prêtait à des sens équivoques, car, par exemple, je sais que c' est un mal, peut signifier aussi, je sais que cette chôse est un mal. _ On disait aussi, ce que c' est que de, avec les noms. "Ces hommes malheureux, qui ne savent ce que c' est que de sagesse ni de vertu. Boil. Trad. de Longin. Aujourd' hui on retranche le de.
   11°. C' est, suivi du relatif, régit les verbes à l' indicatif: "C' est une des chôses que je hais le plus. Plusieurs Auteurs mettent le subjonctif, peut être à cause du superlatif, qui est ordinairement en ces sortes de phrâses. "C' est une des compositions qui fasse le plus d' honeur à ce grand Artiste. L' Ab. Richard. "C' est ici le principal but qu' on doive se proposer. Bufon. Voy. SUPERLATIF. _ On dit, avec le futur, c' est à qui fera, à qui dira, etc.; c. à. d. ils se disputent à qui fera, à qui dira, etc. ils font, ils disent à l' envi.
   * 12°. On fesait aûtrefois un grand usage de c' est avec le datif des pronoms personels, et l' on séparait ce de est, mettant entre deux le pronom. "Ce me sera une fort bonne compagnie; ce me seroit un plaisir de, etc. Ce ne vous est pas une nouvelle. Sévigné. "S' il ne m' est pas bien-séant d' avoir quelque contentement, en ne vous voyant pas, ce m' est au moins quelque excuse de n' en avoir pas un que vous ne me donniez. Voit. On dit aujourd' hui, c' est pour moi, ce n' est pas pour vous, etc. Vaugelas avait déja fait cette Remarque. "Ce lui fut force de hazarder la bataille. Dites, il lui fut force, etc. ou ce fut une nécessité pour lui de hazarder, etc. = Pour le pronom indéclinable le, on le met quelquefois entre ce et le v. être. Comme, en parlant des chôses, on ne peut pas dire, c' était lui, c' était elle, on dit, ce l' est, ce l' était: "Ce carrosse me parut être celui de mon Fils: ce l' étoit en éfet, Sév.
   * 13°. On disait aûtrefois, n' étoit que, pour, si ce n' est que: Atalide dit à Zaïre, parlant de Bajazet.
   À~ me chercher lui-même atendroit-il si tard?
   N' étoit que de son coeur le trop juste reproche
   Lui fait peut-être, hélas! éviter cette aproche.
   Bossuet l' a employé. "Je ne prendrois pas la peine de relever ces erreurs, n' étoit qu' elles convainquent celui qui y tombe de n' avoir pas seulement lu les bons livres. _ N' étoit est vieux, et bien plus du style familier que du style élevé.
   14°. Dans qu' est-ce que, interrogatif, la conjonction que peut être séparée de qu' est-ce. "Qu' est-ce donc, selon les Ministres, que cet enfant? Bossuet. _ * Racine dit qu' est-ce de, pour qu' est-ce que.
   Qu' étoit-ce toutefois de ce grand apareil?
   La Nymphe de la Seine à la Reine.
   * 15°. Quelle heure est-ce? Est un vrai gasconisme. Il faut dire: quelle heure est-il?
   V. C' est-à-dire, Que nous exprimons ordinairement en abrégé par ces trois lettres (c. à d./c. à. d.) est une conjonction explicative, employée pour éclaircir ce qui a été dit plus vaguement, ou plus obscurément. 1°. Régulièrement, on doit observer, après cette conjonction, le même ordre de construction qu' on a employé devant, répéter les articles, les prépositions, etc. "Ma Belle-fille est dans les remèdes des Capucins, c' est-à-dire, des breuvages, des bains d' herbes, etc. À~ la rigueur, il faudrait dire, dans des breuvages, dans des bains, etc. Le style épistolaire soufre un peu moins d' exactitude. = 2°. On dit toujours c' est-à-dire, au présent, quel que soit le temps du verbe qui a précédé. Bossuet conjugue le verbe est, et dit, ce seroit à dire, c' étoit à dire. Cela ne se pratique plus à présent. Cependant en interrogation, serait-ce à dire ne fait point mal. "Devons-nous établir notre durée (dans ce monde) qui n' est que d' un instant, pour la mesûre de quelqu' autre? "Seroit-ce à dire que ce qui auroit duré cent mille fois plus que nous, dût toujours durer? Fonten.
   * 3°. Bossuet fait précéder c' est-à-dire de si: "Sacrifier ces célestes vérités, si c' est à dire les renoncer, c' est un blasphême. On dirait aujourd' hui tout simplement, si c' est les renoncer.
   4°. Quelquefois c' est-à-dire ne sert qu' à doner plus d' énergie à la pensée, sans qu' il y ait rien à expliquer. "Quiconque est ébloui de ce degré éminent où la naissance et la fortune l' ont placé, c' est-à-dire, qu' il n' étoit pas fait pour monter si haut. Massill. On pourrait retrancher c' est-à-dire qu' il sans nuire au sens de la phrâse; mais cette locution ainsi, employée, done plus de force au discours.
   5°. Ce n' est pas à dire n' est pas non plus conjonction explicative. Il a le sens de, il ne faut pas conclûre de là que... "Quoique nos moeurs aient prodigieusement changé, ce n' est pas à dire que les Traducteurs, par une faûsse délicatesse, soient dispensés de faire conoître celles des Anciens. Il régit le subjonctif, à cause du sens négatif.

CÉANS


CÉANS, adv. [Cé-an: 1re é fer. 2e lon.] Ici dedans. Il ne se dit que de la maison où l' on est, quand on parle; ou de celle où était celui qu' on fait parler. Dict. Gram. "Il n' est pas céans; il dînera céans; le maître de céans. Acad.

CECI


CECI, pronom démonstr. [1re e muet.] Cette chôse-ci. "Ceci est à moi, cela est à vous: que veut dire ceci? Voy. CELA.

CÉCITÉ


CÉCITÉ, s. f. État d' une persone aveugle. Cécité se dit au propre, et aveuglement au figuré. Acad. Le Rich. Port. dit aveuglement au propre, au mot aveuglement.
   REM. La Touche traitait ce mot de barbâre, et disait pourtant qu' il serait à souhaiter qu' il fût en usage, parce que aveuglement ne se dit guère qu' au figuré. Il le disait, quoique l' Acad. d' alors dît aveuglement, dans le physique, comme dans le moral: il est guéri de son aveuglement. Cet excellent Observateur ajoutait que cécité est un terme très nécessaire. Il est aujourd' hui fort en usage. Marin. "Il sut qu' on avoit agité de lui ôter la Régence, en câs de cécité absolûe. Anon. Voyez COECITÉ.

CÉDANT


CÉDANT, ANTE, subst. [1re é fer. 2e lon.] Terme de Pratique: celui ou celle, qui cède: "Le cédant et le cessionaire.

CÉDER


CÉDER, v. a. [2e é fer.; mais devant l' e muet, la 1re se change en è moy. Je cède, tu cèderas, il cèderait. Devant la syll. masc. l' e redevient fer.; cédant, je cédois, il céda, etc.] 1°. Laisser, abandoner à; "Céder sa place, céder le pas, le haut du pavé. _ 2°. Transporter à: céder ses droits, ses prétentions, une dette, un bail. _ 3°. Neutre, ou sans régime; il faut céder, il vaut mieux céder que de disputer; ou avec la prép. à: céder au temps; au mal, à la force, à la raison. _ 4°. Il est neutre, lors même qu' il est précédé du pron. le indéclinable, dans le sens de, se reconoître inférieur: il ne le cède à persone. Le Rich. Port. met, ne pas céder sans le: l' emporter sur: l' Acad. met aussi: "Il lui cède en mérite, en expérience, sans le; et le céder à quelqu' un en science, en vertu. Je crois que le est nécessaire, ou du moins plus régulier, sur-tout dans la phrâse négative. Le n' est pourtant là qu' une particule explétive, qui n' ajoute rien au sens.
   * Rem. M. Guys, Académicien de Marseille, Auteur du Voyage Littéraire de la Grèce, met en à la place de le: "Mes attraits n' en cedoient point à ceux d' aucune de mes compagnes. Cette façon de parler n' est point échapée à l' Auteur, et il la répète dans d' autres ocasions. Il faut dire, ne le cédaient point, etc. _ M. Formey a dit aussi d' un Académicien de Berlin: "Il remarqua que les chiens avoient hurlé cette nuit-là: nouvel indice de superstition, qui montre qu' en ce genre, notre Savant n' en cédoit point à Cardan. Il falait dire, ne le cédait point, etc.

CÉDILLE


CÉDILLE, s. f. [1re é fer. Mouillez les ll.] Petite marque en forme de c renversé, qu' on met au-dessous du c devant les voyèles a, o et u, quand le c doit y avoir, non le son du k, mais celui de l' s; ça, ço, çu; pron. sa, so, su: il éfaça, façon, reçu.
   Autrefois on mettait un e au lieu de la cédille; éfacea, éfaceons, receu, etc.

CÉDRAT


CÉDRAT, s. m. CèDRE, s. m. [1re é fer. au 1er, è moy. au 2d.] Le 1er se dit d' une espèce de citron d' une odeur exquise, et de l' arbre qui le porte. _ Le 2d, est un arbre odoriférant et fort haut, dont le bois résiste à la corruption. Les cèdres du Liban: écritoire de cèdre, poûdre de cèdre.
   On dit, figurément, depuis le cèdre jusqu' à l' hysope: depuis le plus grand jusqu' au plus petit. Mde. de Sévigné, suivant sa coutume, aplique joliment cette expression métaphorique. "Comme tout cela; (c. à. d. mon amitié et le vif intérêt que je prends à tout ce qui vous touche) se trouve naturellement au 1er rang de ce qui m' est cher et précieux; je le mets bien au-dessus de mes petites afaires, qui me paroissent de l' hysope en comparaison de vos grands cèdres. _ Il est haut comme un cèdre, fort haut, fort grand.

CÉDULE


CÉDULE, s. f. [1re é fer. 3e e muet.] Billet sous seing privé, par lequel on reconaît devoir quelque somme. Dans le discours ordinaire, on dit plutôt Billet. _ Proverbialement, d' un homme qui forme une mauvaise contestation, sur laquelle on peut le convaincre par son propre fait, on dit qu' il plaide contre sa cédule.

CEINDRE


CEINDRE, v. a. [1re lon. 2e e muet.] Entourer, environer: ceindre une ville de murâilles, de fôssés; un parc d' une haie vive. Se ceindre le corps, les reins avec une ceintûre, une écharpe. Là, se est au datif, et il y a trois régimes. _ Suivant l' Acad. on dit ceindre une soutane, une aube, avec le seul régime direct. _ Ceindre l' épée à; mettre l' épée au côté à... "Humbert lui ceignit l' épée Delphinale. Duclos. _ On dit poétiquement, ceindre le Diadème, la Thiare: "La victoire lui a ceint le front de lauriers.

CEINT


CEINT, CEINTE, adj. et part. Ville ceinte de murâilles: place ceinte de bastions: avoir le front ceint de lauriers.

CEINTûRE


CEINTûRE, s. f. [1re et 2e lon. 3e e muet.] 1°. Ruban de soie ou de fil, cordon, ou aûtre chôse semblable avec quoi l' on se ceint ordinairement par le milieu du corps. = 2°. Bord d' en haut d' une culote ou d' une jupe. = 3°. L' endroit du corps où l' on atache cette ceintûre. = 4°. On le dit de certaines chôses, qui en environent d' aûtres: ceintûre de murâille; la ceintûre du choeur dans une Église. Ceintûre de deuil, ou ceintûre funèbre. Voyez LITRE. = Il est beau au fig. dans cette phrâse de la Jér. Dél. "Ils s' élancent dans l' Océan, qui de son humide ceintûre embrasse l' Univers, étoné de sa grandeur. _ Être pendu à la ceintûre de quelqu' un; (n°. 2°. et 3°.) être toujours avec lui, ne le quiter jamais: expression proverbiale. _ Bone renomée vaut mieux que ceintûre dorée: la réputation vaut mieux que les richesses.

CEINTURIER


CEINTURIER, CEINTURON, s. m. [1re lon. 3e é fer. et dout. au 1er.] Le 1er se dit d' un faiseur de ceintûres, de ceinturons et baudriers. _ Le 2d, est un diminutif de ceintûre. Sorte de ceintûre de cuir ou d' aûtre chôse, à laquelle il y des pendans atachés, où l' on passe l' épée.
   Ceinturon, Sangle; le 1er, dit La Touche, se dit de ce qui soutient l' épée: le 2d, se prend pour une bande de cuir ou de chanvre, qui sert aux porteurs d' eau ou de chaise, ou aux animaux qui portent la selle ou le bât. Les Porteurs de chaise disent aujourd' hui bricole, et non pas sangle. _ L' Acad. sur ce dern. mot, dit (1re édit.) sangle, aûtrement ceinturon, qui sert à porter l' épée. Malgré cela, je ne crois pas, disait La Touche, que ceux qui parlent bien, voulussent dire sangle, pour ceinturon. On pourrait dire quelque chose de plus, c' est qu' aujourd' hui ceux, qui dâilleurs parlent mal, ne le disent pas. Aussi l' Acad. l' a-t-elle retranché dans la dernière édit.

CELA


CELA, pron. démonst. [1re e muet.] Cette chôse-là. "Cela est bon, cela est mauvais, cela est fait.
   REM. 1°. Celui et Celle se disent des persones: ceci et cela des chôses. Quelque--fois pourtant, dans le style fam. cela peut signifier les persones. "J' ai vu tantôt M. de Pompone, M. de Bezons, Mde. de Villars: tout cela vous fait mille complimens. Sév. "J' ai fait vos complimens à Mde. de... à M. de, etc. tout cela vous aime, vous estime, etc. La même. _ Cette locution est fort à la mode aujourd' hui: peut-être y a-t-il de l' afèterie à s' en servir trop souvent. "Ce sont les meilleures filles du monde: cela vit comme des saintes. Mariv. "Mon Président étoit une bête: il n' étoit bon qu' au Palais: Cela savoit les Lois: voilà tout. Marm. "Voilà de mes gens, cela ne flate point: c' est ce qui s' apèle un Philosophe. Id. Cela ne fait que jurer. Il est bâs, dit Vaugelas. = Cela, après une énumération: voyez Nominatif. IV. n°. 2°.
   2°. Quand le pronom cela est seul et sans oposition au pronom ceci, il se dit de même que ceci, d' une chôse qu' on tient et qu' on montre: Que dites-vous de cela? Cela est fort beau. _ Mais quand cela est oposé à ceci, il se dit d' une chôse plus éloignée: je n' aime pas ceci, donez-moi de cela.
   3°. On emploie ceci, cela réunis, quand on ne veut pas dire ouvertement ce qu' on pense; mais il ne faut pas le répéter à tout propos, comme font certaines persones, ceci, cela et le reste. Il n' y a rien de si ridicule que cette répétition continuelle des mêmes mots. Mde. de Sévigné dit de sa Belle-fille: "Dans ces commencemens, je ne me trouve disposée à la louer que par les négatives: elle n' est point ceci, elle n' est point cela: avec le temps, je dirai peut-être, elle est cela. Ailleurs elle dit: on leur a donné la plus folle, la plus dissipatrice; la plus ceci, la plus cela qu' il est possible d' imaginer.
   4°. Cela fait est bien meilleur que cela étant fait; mais il n' en est pas de même de cela dit: il faut dire, ayant dit cela. Vaug. Bossuet a dit, comme bien d' aûtres Auteurs de son temps, cela dit, cela fait, Th. Corn. et La Touche condamnent ces façons de parler. l' Acad. dans ses Observations sur les Remarques ne les condamne point. "Cela dit, il monte aux Cieux en leur présence. Boss. Il est mieux de dire, ayant dit cela, ayant fait cela.
   5°. Cela, à la fin de la phrâse, après un infinitif. Méchant: Acte 1er, sc. 2e.
   Ger. Voilà mon dernier mot. Lis. Voilà parler cela.
c. à. d. voilà ce qui s' apèle parler clairement et avec fermeté. Il est du style familier.
   6°. Cela pour il, impersonel: "Cela est quelquefois bien joli, d' être mère, mais ce n' est qu' à la fin des sièges. Mde. de Coulanges à Mde. de Grignan. Cette façon de parler n' est pas usitée: elle peut passer dans une lettre.
   7°. On dit, ordinairement, un tel, contre ses maximes, a dit, a fait, etc. M. Geofroi y ajoute, cela. C' est une nouveauté. "Timon, cela contre ses maximes, les laisse aprocher, pour avoir le plaisir de les insulter. Journ. de Mons.

CÉLADON


CÉLADON, s. m. [1re é fer.] Verd pâle: Tafetas, ruban céladon. _ L' Astrée d' Urfé a enrichi la Langue de ce mot, au figuré. On dit, d' un homme à beaux sentimens, en matière de galanterie, que c' est un Céladon.
   Feu Céladon vous a légué son âme.        Méchant.

CÉLÉBRANT


CÉLÉBRANT, s. m. CÉLÉBRATION, s. f. [Célébran, bracion; en vers ci-on. 1re et 2e é fer.] Célébrant, se dit du Prêtre qui oficie, qui dit, qui célèbre la Messe. _ Célébration, action de célébrer, La célébration de la Messe, des SS. Mystères, de l' Ofice Divin; la célébration d' une Fête, d' un Mariage, d' un Concile. Il ne se dit que dans ces phrâses.

CÉLèBRE


CÉLèBRE, adj. CÉLÉBRER, v. a. CÉLÉBRITÉ, s. f. [1re é fer. 2e è moy. au 1er, é fer. aux 2 aûtres. Dans le verbe, ce 2e e est fer. devant la syll. masc. Célébrant, célébré, il célébrait, il célébra; il est moyen devant l' e muet: il célèbre, il célébrera.] Célèbre, fameux, renomé. Il se place tantôt après, tantôt devant le subst. Les hommes célèbres, les célebres monumens de l' Antiquité. = Il se prend en bone part, quand il n' est pas déterminé à un mauvais sens par le contexte de la phrâse. Il dit moins qu' illustre, et il est plus noble que fameux.
   * REM. 1°. Célèbre dans tous les siècles, ne peut se dire que de ce qui est déja ancien. M. Thomas le dit de la batâille de Fontenoi. Il falait dire, ce me semble, qui sera célèbre dans tous les siècles. Autrement on croira que c' est une batâille donnée il y a deux mille ans.
   2°. Célèbre en, demande le pl. Boileau avait mis dans sa 1re édit.
   Regagne le rivage,
   Cette mer où tu cours est célèbre en naufrage.
Mais ses amis lui conseillèrent de mettre au plur. célèbre en naufrages et regagne les rivages. Mais comme les rivages au plur. n' est pas une expression tout-à-fait juste, il changea entièrement le 1er vers, et mit en sa place:
   Sais-tu dans quels périls aujourd' hui tu t' engages?
   Cette mer où tu cours est célèbre en naufrages.
   CÉLÉBRITÉ, en parlant des chôses, Solennité: la célébrité de ce jour, de cette Fête; en parlant des persones, grande réputation. La célébrité de son nom, de sa gloire.
   Rem. Ce mot n' est pas ancien dans la Langue. Au commencement du siècle, La Touche disait seulement, que quelques persones s' en servaient, mais qu' il ne voudrait le dire que rarement. Il avoue pourtant qu' il se trouvait dans le Dict. de l' Acad. et en de bons Auteurs. Il est fort usité aujourd' hui. Voy. RÉPUTATION.
   CÉLÉBRER, c' est, 1°. Exalter, louer avec éclat: célébrer les grandes actions, les exploits d' un Prince, d' un Héros: célébrer les louanges de... = 2°. Solenniser: célébrer les fêtes, le jour de la naissance d' un Prince. = 3°. Célébrer un mariage, le bénir; des nôces, les faire avec éclat; un Concile, le tenir; la Messe, la dire. Dans ce dernier emploi, il est aussi neutre: il n' a pas encôre célébré. _ Célébrer pontificalement, célébrer la Messe en habits pontificaux.

CÉLER


CÉLER, v. a. [2e é fer. Devant la syll. fém. cet è devient moyen; je cèle, il cèlera, vous cèleriez, etc.]

CÉLERI


CÉLERI, s. m. [1re é fer. 2e e muet. Pluche écrit tantôt céleri, tantôt celleri. Tenons-nous-en au 1er.] Herbe potagère, qu' on mange en salade, et qu' on met aussi au potage et dans les ragoûts~
   CÉLERIER, Rich. Port. Voy. CELLERIER.

CÉLÉRITÉ


CÉLÉRITÉ, s. f. [3e é fer.] Vitesse, diligence, promptitude dans l' exécution: cette afaire demande de la célérité, requiert célérité.
   Rem. On lit dans Trévoux, que ce mot ne se dit guère qu' au Palais; et La Touche observe, comme une chôse digne de remarque, que l' Acad. l' aprouve. C' est une preûve que ce mot n' est pas ancien dans la Langue. Aujourd' hui, il est très-bien établi dans tous les styles. Voy. PROMPTITUDE.

CÉLESTE


CÉLESTE, adj. [1re é fer. 2e è moy. 3e e muet.] 1°. Qui apartient au ciel; globes, sphères, corps célestes. _ Poétiquement, les flambeaux célestes, les célestes flambeaux, les astres. = 2°. Qui a raport au séjour des bienheureux. "Les esprits, les intelligences célestes; la Cour céleste; la gloire céleste, etc. = 3°. Divin, qui vient de Dieu: don céleste; couroux céleste. = 4°. Par exagération, excellent, extraordinaire: "Beauté, esprit céleste, etc.
   Rem. Céleste, n' a point de place fixe dans la construction. On peut lui faire précéder ou suivre le substantif, suivant que le goût et l' oreille le demandent. Rousseau dit, céleste feu, céleste puissance, et bonté céleste. Mais, ce céleste livre, dans la 2e Ode du IVe Livre, fait une inversion dûre.
   Et dans ce céleste livre,
   Des leçons, qu' il devoit suivre,
   Toujours prêt à se nourrir.
Céleste esprit, céleste Cour, céleste gloire, ne vaudraient rien non plus.

CÉLIBAT


CÉLIBAT, s. m. CÉLIBATAIRE, s. m. [Céliba, batère, 1re é fer. 4e è moy. et long.] Le célibat, est l' état d' une persone qui n' est pas mariée. Célibataire, est celui qui vit dans le célibat, quoiqu' il soit d' âge et d' état à pouvoir être marié. "Vivre, demeurer dans le célibat; garder le célibat. "Que de Célibataires voluptueux, qui sont les premiers à crier contre le célibat des Prêtres et des Religieux!
   Rem. Célibat, se dit des deux sexes: Célibataire, ne se dit que des hommes. On dit d' une fille comme d' un homme, qu' elle vit dans le célibat. L' expression même, garder le célibat, se dit plutôt des filles que des hommes, qui restent dans le monde sans se marier; mais on ne dit point d' une fille, qu' elle est célibataire.

CELLE


CELLE, pron. fém. Voy. CELUI.

CELLERIER


CELLERIER, IèRE, s. m. et f. [Cèle-rié, riè-re; 1re è moy. 2e e muet; 3e é fer. et dout. au 1er, è moy. et long au 2d.] Trév. et le Dict. Gramm. mettent un acc. aigu sur le 2d e, cellérier. Le Rich. Port. écrit célerier, célérerie, avec une seule l, mettant un acc. à la 2de du 2d, n' en mettant point à la 2de du 1er.
   CèLERIER, est le titre d' ofice, qu' on done dans certains Monastères au Religieux, ou à la Religieuse, qui a soin de la dépense de la bouche. _ Dans quelques Monastères, c' est un bénéfice claustral sans fonctions, dont le titre s' apèle Cellèrerie.

CELLIER


CELLIER, s. m. [Cé-lié; 2e é fer. Le 2d est dout.] Lieu au rez-de-chaussée d' une maison, où l' on serre les vins et aûtres provisions. Trév. Acad. Rich. Port. "Il n' y a point de câves dans cette maison, il n' y a que des celliers.

CELLULE


CELLULE, s. f. [Célule; 1er é fer.] 1°. Petite chambre d' un Religieux, ou d' une Religieuse. = 2°. Petit logement d' un Cardinal, pendant le Conclâve. = 3°. Il se dit des petites cavités du cerveau, et des petites alvéoles où les abeilles font leur cire.