Dictionnaire critique de la langue française Dictionnaire critique de la langue française 1787 Français 2007-4-4 ARTFL Converted to TEI BOMBE


BOMBE, s. f. [Bonbe: 1re longue, 2e e muet.] Grosse boule de fer creûse, qu' on remplit de poûdre et qu' on place dans un mortier, d' où l' action de la poûdre la fait partir. Jeter des bombes. La bombe a crevé en l' air. _ On dit figurément (style simple): la bombe est près de crever; quelque malheur est près d' arriver.

BOMBEMENT


BOMBEMENT, s. m. BOMBER, v. act. [Bonbeman, bonbé: 1re lon. 2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Bomber, c' est rendre convexe: bombement, convexité; état de ce qui est bombé: "bomber un chemin, une rûe, un ouvrage de sculptûre, d' orfévrerie, de menuiserie, etc. _ v. n. "Cette menuîserie bombe: "Le bombement d' une comode.

BON


BON, BONNE ou BONE, adj. En parlant des chôses. 1°. Qui a toutes les qualités convenables à sa natûre: de bon vin, de bonne eau, de bon blé, etc. = 2°. Il a diverses autres significations: il se dit pour excellent; ces vers sont fort bons; pour vigoureux, une bone preuve, un bon coup de poing; pour utile ou nécessaire; cela n' est bon à rien: il eut été bon de le faire; pour grand, excessif; une bonne lieûe, une bonne heure, etc. = 3°. En parlant des persones, qui excelle en quelque chôse, en quelque profession. Bon Général, bon Capitaine, bon Soldat; bon Juge, bon Poète, bon Peintre, etc. etc. = 4°. Indulgent, humain, facile et comode à vivre. Il faut être bien bon pour soufrir cela: "Il est d' un bon comerce. _ Remarquez que quand il est joint à homme ou à femme, il se prend, dans le discours familier, en bone ou en mauvaise part, selon le ton qu' on lui done; et aussi, suivant qu' il précède ou qu' il suit. Un bon homme, une bonne femme, signifie le plus souvent un homme et une femme de peu d' esprit. Un homme bon et compâtissant; une femme bone et charitable, est toujours un éloge; avec fort, très, bien, il précède en bone part: un fort bon homme, une très-bonne ou bien bone femme.
   Bon Seigneur, signifie, en conversation et en style simple, un petit génie; et alors, Seigneur ne se dit qu' au figuré. Bouh. On dit de même, suivant le Dict. de l' Acad., un bon Prince, une bonne Princesse. "C' est un bon Prince que cet homme-là: c' est une bonne Princesse que cette femme-là.
   BON, se dit aussi en contre-sens: bon Apôtre, bone pièce, bon coquin, bon drôle. Dans bon diable, bon enfant, il signifie complaisant, acomodant.
   Rem. 1°. Le comparatif de bon, est meilleur, et non pas plus bon: son superlatif est très-bon et le meilleur, et non pas le plus bon, comme dit le peuple. "Maman, c' est donc la plus bonne qu' on va couroner. Th. d' éduc. La Rosière.
   2°. BON, quand il est seul, se met toujours devant le substantif: un bon homme, de bon vin; et non pas un homme bon, du vin bon, etc. Mais quand il est accompagné de quelqu' autre adjectif, ou joint à quelque adverbe, on peut, assez ordinairement, le mettre après: un homme bon et complaisant; du vin fort bon, très-bon, bien bon, extrêmement bon, etc.
   3°. Être bon à, et être bon envers, ont des sens diférens. Le premier veut dire être utile; le second, signifie être plein de bonté. Marivaux a mis l' un pour l' aûtre: "Pourquoi m' avez-vous été si bonne? Il veut dire, pourquoi avez-vous eu tant de bonté pour moi? Mais, vous m' avez été bonne, signifie, vous m' avez été utile. Ainsi, l' on dit tous les jours: je voudrais vous être bon à quelque chôse. _ Être bon à.... se dit sur-tout des chôses. À~ quoi cela est-il bon? Cela sera bon à beaucoup de chôses; à faire un habit, etc.
   4°. BON, avec le verbe être, régit à ou de, suivant que ce verbe est impersonel ou non. On dira d' un homme: il est bon à entendre; il est bon de l' entendre. Ces deux manières ne sont pas indiférentes; car, dans la première, bon signifie agréable; et dans la seconde, convenable.
   BON, adv. Sentir bon. Coûter bon, coûter extrêmement cher. Tenir bon; être ferme. Allez voir mon oncle; tenez bon, et soyez sûr que nous serons heureux. Marm. _ Revenant bon; au pluriel, revenans bon, et non pas bons, parce que bon étant là adverbe, est indéclinable.
   Tout de bon; sérieusement. "Un Turc, voyant des tournois du temps de Charles VII, dit que si c' était tout de bon, c' était trop peu; et que si c' était par jeu, c' était trop. Le Gendre.
   C' en est trop, si c' est badinage,
   Et trop peu, si c' est tout de bon.       Vaudeville.
Tout de bon! À~ la tête de la phrâse est interjection. "Tout de bon! vous ne pouviez pas vivre? c. à. d. Est-il vrai que vous ne pouviez pas vivre? _ Dans le cours de la phrâse, il est adverbe, et signifie réellement. "Elle prit tout de bon du goût pour moi.
   BON, s. m. Le bon et le mauvais; le bon de l' afaire, etc.
   Rem. BON, adjectif, entre dans plusieurs expressions du style familier. _ Faire bonne mine à mauvais jeu, et contre fortune bon coeur, cacher ses déplaisirs et s' armer de constance. _ Avoir bon pied, bon oeil; être alerte et vigoureux. _ Mettre quelqu' un sur le bon pied; le bien établir, ou bien, l' acoutumer à obéir, lui faire prendre bon pli. _ Parler bon Français; s' expliquer avec franchise et sans déguisement. _ Si je faisais cela, je ne serais pas bon à donner aux chiens; on me lapiderait; j' exciterais l' indignation publique. _ On dit, de celui qui n' est bon à rien, qu' il n' est bon qu' à noyer; qu' il n' est bon ni à rotir, ni à bouillir, etc. Voy. CHAT, COMPTE, MALHEUR, MEILLEUR.

BONACE


BONACE, s. f. Calme, tranquilité. Il ne se dit que de la mer. Temps de bonace; être en bonace. _ Il n' est plus du style noble. Malherbe dit:
   Il n' est plus rien qui menace
   De troubler notre bonace.
On ne le dirait pas aujourd' hui.

BONBON


BONBON, s. m. 1°. Friandise. On vous donera du bonbon. Terme dont on se sert avec les enfans. 2°. = Dragée; "boite à bonbons. Quelques-uns disent bonbonière.

BOND


BOND, s. m. [le d ne se prononce pas.] Le saut, le rejaillissement que fait un ballon, une balle, etc. lorsqu' étant tombé à terre, il se relève plus ou moins haut. "Atendre, prendre la balle au bond: le boulet de canon fit plusieurs bonds: entre bond et volée.
   On dit, proverbialement, faire faux bond à; manquer à. "Il, ou elle a fait faux bond à son honeur. _ Faire une chôse du second bond; après coup et dans un temps où l' on ne nous en sait pas gré. _ Prendre la balle au bond; saisir l' ocasion favorable. _ Aler par sauts et par bonds, se dit au propre, des chevaux et aûtres animaux, et d' un jeune homme qui ne fait que sauter et gambader. Au figuré, d' un homme qui parle ou qui agit sans ordre et sans suite.
   Sa Mûse déréglée, en ses vers vagabonds,
   Ne s' élève jamais que par sauts et par bonds.
       Boileau.

BONDE


BONDE, s. f. [1re lon. 2e e muet.] Grosse planche de bois, qui étant baissée ou haussée, sert à retenir ou lâcher l' eau d' un étang. Lever, hausser la bonde, lâcher la bonde. _ On dit figurément, lâcher la bonde à ses larmes, à sa colère; leur doner une entière liberté, ne point les retenir. Cette expression figurée, était autrefois du beau style: elle est aujourd' hui tout au plus du style simple. L' Académie dit qu' elle comence à vieillir.

BONDIR


BONDIR, v. n. [1re lon. Bondi] Faire un ou plusieurs bonds. "Les boulets de canon bondissent sur le pavé, sur la mer, etc. "Cette balle est trop molle; elle ne bondit point. = On le dit aussi de certains animaux: les agneaux bondissaient dans les campagnes: un cheval qui bondit. = On dit figurément, que le coeur bondit, quand il est soulevé par quelque dégoût: cela fait bondir le coeur: le coeur me bondit contre, etc.

BONDISSANT


BONDISSANT, ANTE, adj. BONDISSEMENT, s. m. [Bondi-san, sante, bon--diceman: 1re lon. 3e lon. aux deux premiers, e muet au 3e.] L' adjectif ne se dit que des chèvres, des agneaux qui bondissent dans les champs. Il suit toujours le substantif, et rarement ferait-il un bon éfet devant: les agneaux bondissans, les chèvres bondissantes. = Suivant le Dict. de Trév. Bondissement, ne se dit que du coeur soulevé par quelque dégoût. = L' Académie le dit aussi des agneaux qui bondissent: le bondissement des agneaux dans les champs.

BONDON


BONDON, s. m. BONDONER, v. act. [1re lon. 3e é fer.] Bondon, est une cheville de bois, grosse et courte, dont on bouche le trou par où l' on remplit un toneau. Bondoner, c' est mettre un bondon. On bondone le vin quand il a bouilli. Toneaux bondonés; futâille mal bondonée.

BONHEUR


BONHEUR, s. m. [Bo-neur: l' h est~ muette.] 1°. Félicité, état heureux. Grand, véritable, solide bonheur. = 1°. Prospérité, évènement heureux, bone fortune: "Il lui est arrivé un grand bonheur. Jouer avec bonheur, ou de bonheur: être en bonheur, etc.
   BONHEUR, félicité, béatitude (synon.) Ils difèrent, en ce que bonheur marque proprement l' état de la fortune; félicité, l' état du coeur; et béatitude, qui est du style mystique, l' état d' une imagination prévenuë et satisfaite du genre de vie qu' on a embrassé. GIR. Synon. _ On est quelquefois dans un état de bonheur, sans être dans un état de félicité. On n' est pas heureux, avec tout ce qui peut rendre heureux dans l' opinion des hommes. _ Bonheur, chance (synonyme). Le premier est plus général que le second: Celui-là embrasse presque tous les évènemens; celui-ci n' a guère de raport qu' à ceux qui dépendent du hasard. "On peut nuire ou contribuer~ à son bonheur: la chance est hors de notre portée. On peut se rendre heureux; on ne se rend point chanceux: on l' est ou on ne l' est pas, sans y contribuer. Encycl. Beauzée, Synon.
   Rem. 1°. BONHEUR, n' a pas, comme malheur, un pluriel fort usité. Il ne le prend que dans le second sens, et en parlant des chôses qui font, qui procurent le bonheur. "Tous les bonheurs du monde, c. à. d.; tous les évènemens les plus heureux. "De combien de petits bonheurs l' homme du monde n' est-il pas entouré, et qu' il ne sent pas, parce qu' il est né pour eux. Mariv. _ Mais quand bonheur signifie l' état d' une persone heureûse, il se dit toujours au singulier, même quand on parle de plusieurs ou à plusieurs: "J' envie votre bonheur; et non pas vos bonheurs.
   2°. BONHEUR régit de et l' infinitif. "On doit estimer le bonheur qu' on a de secourir les misérables, comme un grand bienfait du Ciel.
   3°. On dit, faire le bonheur de, avec les noms; et faire son bonheur de, avec les verbes. "Heureux le Roi qui fait le bonheur de tant de peuples. Télém. "Je faisois mon bonheur d' être auprès de vous et de vous voir.
   4°. Suivant le Dict. de Trévoux, avoir le bonheur, se dit en termes de compliment, par exagération. "Depuis que j' ai eu le bonheur de vous écrire, de vous parler, etc. Cette expression n' est plus du bel usage. Quand on ne se sert pas du mot honeur, on dit: plaisir, satisfaction, avantage, etc. Et l' on ne doit dire bonheur, que quand ce n' est pas une exagération.
   PAR BONHEUR, adv. Par un heureux évènement, "Par bonheur, il venoit de sortir, quand on est venu pour le saisir. Dans l' Ann. Litt. on le fait suivre de la conjonction que, comme quelques Auteurs l' ont fait pour heureûsement. "Par bonheur que le Roi s' éveille, au moment qu' elle lève le brâs pour lui percer le coeur. Et dans le Journal de Mons. "Par bonheur que le Grand Prêtre vient interrompre une si froide conversation d' amour. "Par bonheur qu' un laquais vient promptement avertir qu' on a servi. _ L' Académie met en exemple: "Il arriva par bonheur pour lui que.... Mais dans cette phrâse, que est régi par il arriva. Voy. HEUREûSEMENT.

BONHOMME


BONHOMME, s. m. BONHOMIE, s. fém. [Bo-nome, nomî-e: 3e lon. au 2d.] On ne dit point bons hommes au pluriel, excepté pour désigner les Minimes de Passy. _ On dit bon homme ordinairement par mépris. Voy. une remarque à BON, n°. 4.
   Les deux tableaux finis, on les porte au Bonhomme,
   Qui, la lunette en main, lorgnant son vrai portrait,
   Crut y découvrir un phantôme,
   Et méprisa celui qui l' avait fait.        L' Ab. Reyre.
On dit quelquefois, en plaisantant et en parlant d' un enfant: le petit bonhomme.
   BONHOMIE, bonté naturelle, qui se fait remarquer dans les actions les plus indiférentes. "C' est un homme plein de bonhomie. Style familier.
   Rem. 1°. Bonhomme, se prend en mauvaise part, et se dit par mépris. Bonhomie au contraire, se prend en bone part, et se dit par éloge.
   2°. BONHOMIE, ne devrait se dire que des hommes; et cependant, depuis quelque temps, les femmes l' emploient en parlant d' elles-mêmes et des aûtres femmes: "Elle a vanté cent fois sa franchise et sa bonhomie. Th. d' Éduc. _ Madame de Genlis paraît se moquer de cet usage.

BONIFIER


BONIFIER, v. act. [Bonifi-é: derniere é fer. tout bref. Devant l' e muet l' i est lon. il bonifie.] Mettre en meilleur état. Il ne se dit que des terres. Bonifier des terres en les fumant, en les marnant. Académie.

BONJOUR


BONJOUR, s. m. Doner le bon jour, souhaiter le bonjour. "Bonjour! Monsieur, etc. L' Académie avertit que cette manière de parler est familière, et ne s' emploie guère que par le supérieur à l' égard de l' inférieur. Il me semble pourtant qu' elle est aussi en usage entre les égaux, les amis, etc.

BONNE


BONNE, s. f. [Bone: 2e e muet.] Nom qu' on done à la Gouvernante d' un enfant. "Les bonnes, qui sont en usage d' attribuer aux enfans tout le peu d' esprit qu' elles ont, et qui rêvent tout le matin aux gentillesses qu' ils doivent dire dans la journée; les Bonnes avoient fait croire à Madame, dont elles conoissoient le faible, que son aîné étoit un prodige. Marm.
   BONNE, adj. fém. Voy. BON. On dit proverbialement, la doner, ou la bailler bonne à quelqu' un; lui en faire acroire. La lui garder bonne; épier l' ocasion de lui faire quelque déplaisir.

BONNEMENT


BONNEMENT ou BONEMENT, adv. [Boneman: 2e e muet.] 1°. À~ la bonne foi, simplement, naïvement. "Je l' ai dit tout bonnement; j' y vais tout bonnement, sans y entendre finesse. = 2°. Il signifie quelquefois l' incertitude: "Je ne saurois bonement dire où j' ai puisé cette histoire. En ce sens, il se dit toujours avec la négative, et il n' est que du style familier.

BONNET


BONNET ou BONET, s. m. [Bonè, 2e è moy.] Espèce d' habillement de tête. Acad. Ce qui sert à couvrir la tête. Trévoux. Cette dernière définition ne vaut rien; car le chapeau sert à couvrir la tête, et le chapeau n' est pas un bonet. _ Bonet de laine, de satin, de toile, etc. Bonet de nuit, bonet carré, etc. _ Prendre le bonet de Docteur, ou simplement le bonet; passer Docteur; doner le bonet, recevoir Docteur.
   On dit, proverbialement, d' un homme sérieux et taciturne, qu' il est triste comme un bonet de nuit; on ajoute quelquefois, sans coîfe. "Milord voulut parler de lois, de vertus, de sciences, d' arts utiles. Vouliez-vous donc, reprit le Français, que nous missions cette Capitale en bonet de nuit. _ On dit aussi, de celui qui gronde, qui est de mauvaise humeur, qu' il a mis son bonet de travers; d' un aûtre qui est vif, impatient, qu' il a la tête près du bonet. "Où sont donc ces esprits si vifs, si brillans, ces têtes si près du bonet, ces imaginations échaufées par un bon soleil? ....Je ne comprends point bien votre Provence, ni vos Provençaux. SÉV. Voy. PIGRIèCHE. _ On dit enfin, de deux persones unies d' opinions et de sentimens, que ce sont deux têtes dans un bonet.
   Jeter son bonet par-dessus les moulins; avouer qu' on a fait des éforts inutiles pour deviner.
   L' affaire est consultée, et tous les Avocats,
   Après avoir tourné le câs
   En cent et cent mille manières,
   Y jètent leur bonet, et s' avouent vaincus.
       La Fontaine.
Prendre sous son bonet; imaginer une chôse qui n' a point de fondement. _ Opiner du bonet. Décider d' après l' avis d' autrui. "Assez de gens prènent parti sans conoissance de caûse, et opinent du bonet. D' Avr. _ Passer du bonet, passer tout d' une voix. "Cela a passé au bonet, ou du bonet. Acad. _ Mettre la main au bonet, ôter son bonet. "Ce sont des gens dont il ne faut parler que le bonet à la main, que la main au bonet, ce qui se dit, ou ironiquement, ou pour critiquer leur fierté.
   C' est blanc bonet, bonet blanc; la chôse est indiférente; elle est aussi bien d' une manière que de l' aûtre.

BONNETADE


BONNETADE, s. f. BONNETER, v. a. Ils sont du style plaisant ou ironique. Salut. Saluer bassement et avec soumission. Je ne saurais faire tant de bonetades: "Ces Messieurs veulent être sans cesse bonetés: "Je ne saurois tant les boneter.

BONNETEUR


BONNETEUR, s. m. (St. Famil.) Filou, qui, à force de civilité, tâche d' atirer les gens pour leur gagner leur argent.

BONNETIER


BONNETIER, s. m. BONNETTERIE, s. f. [Bone-tié, Bonèterî-e: 2e e muet au 1er, è moy. au 2d, dont la 4e est longue. L' Acad. écrit Bonneterie avec un seul t: elle supôse donc que le 1er e est muet, comme le 2d; mais deux e muets de suite ne sont pas trop dans l' analogie de la langue. Si au contraire le 1er è est moyen, il faut mettre deux tt, ou l' acc. grâve; bonèterie.] Bonetier, est celui qui fait ou qui vend des bonets, des bâs ou aûtres semblables marchandises: Maître ou Marchand Bonetier. _ Bonèterie, est l' art et le métier de Bonetier.

BONSOIR


BONSOIR! Interj. Manière de saluer à la fin du jour. Bonsoir, Monsieur; bonsoir et bone nuit! Voy. une Rem. à Bonjour.

BONTÉ


BONTÉ, s. f. [1re lon. 2e é fer.] Qualité de ce qui est bon. La bonté du vin, d' un terroir, de l' air, d' une étofe, d' un remède, d' une action, etc. = En parlant des persones, qualité morale, qui porte à faire du bien. On le dit absolument de la vertu de bonté: "La bonté est la source de toutes les vertus bienfaisantes. On dit aussi, bonté de coeur, bonté d' âme. = On l' emploie quelquefois au pluriel; mais alors, il ne signifie plus simplement la vertu de bonté, mais ses éfets, ses témoignages. "J' ai recours à vos bontés; je rends grâces à vos bontés: "Il a eu mille bontés pour moi.
   2°. BONTÉ ne se dit quelquefois que par pure civilité. "La bonté que vous avez euë de m' écrire. "Ayez la bonté de me dire, etc. _ En ce sens, il ne se dit qu' à l' égard de ses supérieurs, ou des persones avec qui on n' est pas familier. Mde de Sévigné dit à sa fille: "Vous m' avez écrit de par-tout; j' ai admiré votre bonté: cela ne se fait pas sans beaucoup d' amitié. Autrement on serait plus aise de se reposer et de se coucher.
_ Il me semble que l' expression est trop forte d' une Mère à sa fille.
   3°. BONTÉ se prend quelquefois pour simplicité, foiblesse: "La bonté du Père a été la caûse de la perte du fils: "Sa bonté l' a ruiné: il a une sotte bonté, etc.

BORD


BORD, s. m. [Le d ne se prononce jamais.] 1°. L' extrémité d' une chôse; ce qui la termine. Le bord d' un verre, d' un manteau, d' une jupe. = 2°. Il signifie tantôt le navire: "Recevoir quelqu' un sur son bord: "Gama n' omit rien pour obliger le P. Xavier de chercher un azyle dans son bord. _ Sur aurait mieux valu que dans. Tantôt il signifie le rivage. "Un Dauphin porta Arion à bord. Le Gendre. Le capitaine touché de compassion de son état, le mit à bord. Let. Édif. _ Les Marins disent aussi, à bord du navire; aller à bord; conduisez-le à bord.
   On dit figurément, et dans le beau style, sur le bord du prépice, de l' abîme, du tombeau; et dans le discours familier, sur le bord de la fosse.
   3°. BORDS se dit au pluriel, de tout ce qui s' étend vers les extrémités de quelque chôse, les bords d' un plat, les bords d' un chapeau. _ Poétiquement, les bords Indiens, les bords Afriquains, les sombres bords.
   On ne repasse pas le rivage des morts,
   Et l' on ne voit jamais deux fois les sombres bords.
       Racine.
Rouge-bord. Verre plein de vin jusqu' au bord: "Boire des rouges-bords.

BORDÉ


BORDÉ, ÉE, adj. Garni: "Fossé bordé de haies; parterre, bordé de fleurs.

BORDÉ


BORDÉ, s. m. Galon qui sert à border des habits, des meubles. Petit bordé, large bordé.

BORDÉE


BORDÉE, s. f. Décharge de tous les canons rangés d' un des côtés du vaisseau. "Il lui lâcha toute sa bordée. _ Bordée d' injures se dit au figuré pour grand nombre d' injûres.
   BORDÉE se dit aussi d' un vaisseau qui louvoie.

BORDEL


*BORDEL, s. m. Lieu de Prostitution. C' est un terme malhonête, et qui ne se dit point en bone compagnie. Acad.

BORDER


BORDER, v. a. Garnir l' extrémité de quelque chôse, comme des habits, des meubles, avec des galons, des rubans. Border d' hermine, de martre, d' un galon d' or. _ Il se dit aussi de ce qui sert de bord à certaines chôses; ce quai borde la rivière, cette alée d' arbres borde le chemin, etc.

BORDEREAU


BORDEREAU, s. m. [Bordero, 2e e muet, 3e dout. au sing. lon. au plur. Bordereaux.] Mémoire des espèces diverses, qui composent une certaine somme.

BORDURE


BORDURE, s. f. [2e lon. 3e e muet.] Ce qui borde quelque chôse, et lui sert d' ornement. Bordûre d' un miroir, d' une tapisserie. "Un tableau paraît beaucoup plus quand il a une belle bordûre. _ Cadre est moins usité en ce sens, et ne se dit que des petits tableaux, ou des bordûres pauvres et mesquines.

BORÉAL


BORÉAL, ALE, adj. BORÉE, s. m. [2e é fer. long au 2d.] Borée est le vent de Nord; et Boréal ce qui est du côté du Nord, du Septentrion: Pole boréal, aurôre boréale, latitude~ boréale.
   Rem. Borée ne se dit qu' en vers. Brebeuf le fait fém. fort mal-à-propos.
   Et la voile, qui s' enfle au gré de la borée,
   D' un soufle impétueux cherche en vain la durée.
       Pharsale.

BORGIA


*BORGIA. On dit, César Borgia du Duc, de Valentinois, et St. François de Borgia; ainsi le veut l' usage.

BORGNE


BORGNE, adj. et subst. m. et f. Celui, celle à qui il manque un oeil. _ Au propre, il se dit plus souvent en substantif, quand il s' agit des hommes: On dit, un borgne, une borgne, et non pas, un homme borgne, une femme borgne. _ Ce terme n' est pas noble, et l' Ab. Desfontaines se moque, avec raison, du P. Catrou, qui avait apelé Horatius Cocles, ce généreux borgne. _ En parlant des animaux; borgne ne peut être qu' adjectif.
   On dit, proverbialement, causer comme une pie borgne, c. à. d. long-temps; changer son cheval borgne contre un aveugle, faire un mauvais troc. _ Au royaume des aveugles, les borgnes sont Rois. Tel paraît savant aux ignorans, qui parait ignorant avec les savans. Au défaut de gens habiles, les génies médiocres brillent et sont aplaudis
   BORGNE, se dit figurément des chôses inanimées: conte borgne, cabaret borgne; conte ridicule, méchant petit cabaret. Maison borgne, obscûre, mal éclairée. Compte borgne, qui n' est pas clair.

BORGNESSE


BORGNESSE, s. f. est un terme de mépris. "Il est passionément amoureux de la borgnesse, fille du Maréchal: c' est amour, c' est fureur, à ce qu' on dit. SÉV. _ Quand on ne veut pas mépriser, on dit borgne au fém. comme au masc.

BORNE


BORNE, s. f. 1°. Pierre ou autre marque, qui sert à marquer la séparation d' un champ d' avec un aûtre. Planter une borne. Asseoir des bornes.
   BORNE, terme, limites (synon.) Le terme est où l' on peut aler; les limites sont ce qu' on ne doit pas passer; les bornes, ce qui empêche de passer. On aproche ou l' on éloigne le terme: on resserre ou l' on étend les limites; on avance ou l' on recule les bornes. "Je ne vois le terme de nos maux, que dans le terme de notre vie: nos souhaits n' ont point de limites: nous ne sommes heureux que quand les bornes de notre fortune sont celles de notre cupidité. GIR. Synon.
   2°. BORNES, se dit des pierres qu' on met à côté des portes et le long des murailles, pour empêcher qu' elles ne soient endomagées par les carrosses et autres voitûres.
   3°. BORNES, au pluriel, se dit de tout ce qui sépare un État, une Province d' une aûtre. L' Espagne a pour bornes les deux mers et les Pyrenées. Reculer, étendre les bornes d' un état, de son Empire.
   Rem. On doit dire, les bornes ou limites de la France, et non pas de France, d' Espagne.
   4°. BORNES se dit aussi, figurément, de tout ce qui est regardé comme les limites de chaque chôse, sur-tout dans le moral. Passer les bornes de son pouvoir, de la raison, de la modestie. Mettre ou doner des bornes à son ambition. Franchir les bornes du respect. Aler, passer au delà des bornes; demeurer, se tenir dans les bornes de... Son ambition n' a point de bornes, est sans bornes, etc.
   Rem. En ce sens et dans cet emploi, il se dit toujours au pluriel. On ne dit point la borne de son pouvoir, de ses conceptions, comme a dit un Écrivain moderne, mais les bornes, etc. Boileau a dit aussi:
   Sait doner une borne à son ambition.
Sans la gêne de la mesûre, il aurait dit: sait doner des bornes.

BORNÉ


BORNÉ, ÉE, adj. Il suit toujours le substantif. Il se dit, et dans le physique et dans le moral. "Maison qui a une vûe bornée, de peu d' étendue. Esprit borné, capable de peu de chôse. Avoir des vûes bornées; avoir peu de lumière, ou peu d' ambition. Fortune bornée, médiocre, commune et qui ne peut guère augmenter. On le dit même des persones, mais seulement au figuré: homme borné, qui a l' esprit borné. "Constance l' aîné (des fils du Grand Constantin), le plus méchant et le plus borné des trois. L' Ab. Grosier.

BORNER


BORNER, v. a. 1°. Mettre des bornes à.. Borner un champ, un vignoble. _ Il se dit au passif, des persones, relativement à leurs domaines. "Il est borné par une grande forêt du côté du levant. = 2°. Limiter, resserrer: "La mer et les Alpes bornent l' Italie. = 3°. Figurément, modérer: Borner ses desirs, ses prétentions. = Il régit à devant les noms et les verbes: il borne son ambition à un tel poste, c' est à cela qu' il se borne; il a borné ses desirs, ou il s' est borné à obtenir cet emploi. "Tout Prince, qui ne se borne pas à regner sur les coeurs, prétend regner sur les esprits. La Baum. = Se borner, se dit quelquefois sans régime. _
   Le secret d' ennuyer est celui de tout dire:
   Qui ne sut se borner, ne sut jamais écrire.
   Être borné régit à ou par. D' anciens Auteurs lui ont fait régir la prép. de. "Leur utilité n' est pas bornée d' un si petit espace de temps. Vaug. Il falait dire, à un si petit espace, etc. "Le génie n' étant borné de rien, est propre à tout. P. Rapin Le régime est aussi irrégulier que la pensée est fausse. Car, il n' y a point de génie qui ne soit borné par quelqu' endroit. Il falait dire, n' étant borné par rien.

BORNOYER


BORNOYER, v. a. [Bor-noa-ié. Pluche écrit bornéyer, comme quelques-uns prononcent. Et l' ortographe et la prononciation sont également vicieûses.] Regarder d' un seul oeuil une surface, pour juger de son alignement.

BOSPHôRE


BOSPHôRE, s. m. [Bosfôre, 2e lon. 3e e muet.] Espace de mer entre deux terres, qui sert de communication à deux mers. Bosphôre de Thrace.

BOSQUET


BOSQUET, s. m. [Boskè: 2e è moy. le t ne se prononce pas.] Petit bois, petite toufe de bois.

BOSSE


BOSSE, s. f. [boce, 2e e muet.] 1°. Grosseur extraordinaire au dôs et à l' estomac, qui vient de mauvaise conformation. Bosse par devant, bosse par derrière. = 2°. Enflûre ou élevûre, causée par une contusion. "Il s' est fait une bosse au front. = 3°. Élévation dans une superficie, qui devrait être plate: terrein plein de bosses; vaisselle pleine de bosses. 4°. En Sculptûre, relief d' une figûre: une figûre relevée en bosse, de demi-bosse, de ronde bosse.
   Rem. La Touche distingue bosse de tumeur, en ce que celui-là est du discours familier, et l' aûtre est plus noble et plus de la Chirurgie: mais il se trompe, et ce n' est pas-là ce qui constitûe la vraie diférence de ces deux mots: il aurait dû dire de contusion ce qu' il dit de tumeur.
   On dit, proverbialement, de ceux qui gâgnent dans le malheur d' autrui, qu' ils ne demandent que plaies et bosses, comme on le dit méchamment des Médecins et des Chirurgiens, qui ne vivent que de maladies. "L' esprit charitable de souhaiter plaies et bosses à tout le monde, est extrêmement répandu. SEV.

BOSSELAGE


BOSSELAGE, s. m. BOSSELER, v. a. Travail en bosse; travailler~ en bosse. Il ne se dit que du travail en bosse sur de la vaisselle, sur de l' argenterie.
   Le Dict. de Trév. au mot Bosseler, renvoie à Bossuer; mais ces deux verbes ne sont rien moins que Synonymes. Voy. Bossuer.

BOSSETTE


BOSSETTE, s. f. [2e è moy. 3e e muet: bocète.] Ornement ataché aux deux côtés du mors du cheval et fait en bosse.

BOSSU


BOSSU, ÛE, adj. et subst.[Bo-su, sûe, 2e lon. au 2d.] Qui a une bosse. Il s' emploie plus souvent substantivement qu' adjectivement: on dit plutôt, un bossu, une bossûë, qu' un homme bossu, une femme bossûë, excepté qu' il ne soit joint à d' aûtres adjectifs; un homme bossu, borgne et boiteux, ou aux verbes être devenir, rendre, etc. "Il est bossu, elle est devenuë bossûe; c' est ce qui l' a rendu bossu.

BOSSUER


BOSSUER, v. a [Bo-su-é, 3e é fer. tout bref.] Faire des bosses. Il ne se dit que de la vaisselle à laquelle on fait des bosses, en la laissant tomber, ou de quelqu' aûtre manière. En quoi il difère de Bosseler, travailler en bosse.

BOT


BOT, adj. m. [Le t se prononce.] Pied bot, pied contrefait. Avoir un pied bot. = S. m. Il se dit de la persone qui a cette diformité: c' est un pied bot.

BOTANIQUE


BOTANIQUE, s. f. BOTANISTE, s. m. Science qui traite des plantes et de leurs propriétés. = Celui qui s' aplique à cette science.

BOTE


BOTE, BOTELER, BOTIER, BOTINE. Richelet Voy. BOTTE, BOTTELER, BOTTIER, BOTTINE, avec 2 t.

BOTTE


BOTTE, ou BOTE, s. f. 1°. Faisceau, assemblage de plusieurs chôses de même natûre liées ensemble. Botte de paille, de foin, d' alumettes, d' asperges, de raves, etc. _ Figurément, dans le style familier, botte de lettres, de paperasses, etc. 2°. En termes d' escrime, coup que l' on porte avec un fleuret ou une épée, à celui avec qui l' on se bat: Porter, alonger une bote, une bote franche. _ On dit, proverbialement, porter une bote à quelqu' un, lui demander de l' argent, sans être trop en état de le lui rendre. _ C' est aussi dans une dispute, faire une objection pressante: "Il lui a porté une rude bote. _ C' est encôre rendre quelque mauvais ofice à un aûtre dans l' esprit de quelque persone puissante. "On lui a porté une terrible, une vilaine bote. = 3°. Chaussûre de cuir, qui enferme le pied, la jambe et le genou, et que l' on met pour monter à cheval.
   On dit, en style proverbial, laisser ses botes à un endroit, y mourir; graisser ses botes, se préparer à un voyage; à la mort, etc. _ Mettre du foin dans ses botes; gagner du bien. _ À~ propos de bote; sans sujet, à propos de rien. _ Où va la bote? où alez-vous? _ Graissez les botes d' un vilain, il dira qu' on les lui brûle; on ne reçoit que des reproches pour les services qu' on rend à un malhonête homme, ou à une persone déraisonable et dificile.
   4°. BOTE d' un carrosse, marche-pied pour y monter.
   5°. BOTES, au pluriel, terre qui s' atache aux souliers, quand on marche dans un terrein grâs. "On ne peut se promener dans ce jardin, quand il a plu, qu' on n' y prène, qu' on n' en raporte des botes.

BOTTELAGE


BOTTELAGE, s. m. BOTTELER, v. a. BOTTELEUR, s. m. [2e e muet, 3e dout. au 3e: bote-leur.] Boteler, c' est lier en botes; botelage, est l' action de boteler; boteleur, celui qui fait des botes de foin, de pâille, etc.

BOTTER


BOTTER ou BOTER, v. a. BOTIER, s. m. BOTINE, s. f. [2e é fer. aux deux premiers, dout. au 2d; boté, bo-tié.] Boter, c' est, 1°. faire des botes: Quel est le Cordonier qui vous bote, et neutralement: "Ce Cordonier bote bien, bote mal. = 2°. Mettre les botes: alez boter Monsieur; je vais me boter. = 3°. Se boter: amasser beaucoup de terre autour de ses pieds, en marchant dans un terrein grâs: "On ne peut marcher dans ce jardin qu' on ne se bote; je me suis horriblement boté: "Ce cheval s' est boté de manière à avoir peine à marcher.
   BOTIER, Cordonier qui fait des botes.
   BOTINE, s. f. Petite bote d' un cuir fort mince.

BOUC


BOUC, s. m. [On pron. le c: Bouk, monosyllabe.] Animal à cornes, qui est le mâle de la chèvre. = On apèle bouc, en style proverbial, celui qui n' a de la barbe qu' au menton, ou celui qui est puant, ou lascif, puant comme un bouc; c' est un bouc.

BOUCAN


BOUCAN, s. m. Lieu où les Sauvages font fumer leurs viandes. = Lieu de débauche pour la canâille. Terme bâs et peu honête qu' on ne doit pas prononcer en bone compagnie.

BOUCANER


BOUCANER, v. a. BOUCANIER, s. m. [Bou-kané, ka-nié, 3e é fer. dout. au 2d.] Boucaner, c' est faire cuire~ des viandes à la fumée, à la manière des sauvages. = C' est aussi aler à la chasse des beufs sauvages. Dans cette acception, il est neutre et sans régime.
   BOUCANIER, est celui qui va à cette chasse.

BOUCAUT


BOUCAUT, s. m. [Bou-kô, 2e lon.] Moyen toneau, qui sert à renfermer des marchandises: boucaut de tabac.

BOUCHE


BOUCHE, s. f. [Bou-che, 2e e muet.] 1°. Cette partie du visage de l' homme par où sort la voix, et par où se reçoivent les alimens. Grande bouche, petite bouche; ouvrir la bouche, fermer la bouche, etc. = 2°. Il se dit par raport à l' organe du goût. Cet aliment rend la bouche amère, pâteuse, mauvaise, sèche, etc. = 3°. Il se dit des persones mêmes, par raport à la nourritûre. "Il a vingt bouches à nourrir. "On a fait sortir de cette place, menacée d' un siège, toutes les bouches inutiles. = 4°. Il se dit des chevaux et de quelques aûtres bêtes de somme ou de voitûre. Cheval qui a la bouche bone, fine, tendre, délicate; mauvaise, forte, égarée; qui est fort en bouche, qui n' a point de bouche, etc. = 5°. Pièce d' artillerie, bouches à feu, canons et mortiers; la bouche du canon, l' ouvertûre par où sort le boulet. = 6°. Bouches, embouchûre des fleuves. Les bouches du Danube, du Nil, du Gange.
   Ce mot entre dans plusieurs expressions du style familier. Fermer la bouche à quelqu' un; lui imposer silence, le convaincre de manière qu' il ne puisse répliquer. _ Bouche cousûe, ou bouche clôse! N' en parlez pas. "Chut: bouche clôse, voilà Mde. Durocher. Th. d' Educ. Ne pouvoir faire ouvrir la bouche à quelqu' un, ne pouvoir le faire parler _ Avoir bouche à cour, c' est être nourri chez un Prince, et par extension, chez un particulier. _ Prendre sur sa bouche, vivre avec épargne. _ Faire venir l' eau à la bouche, exciter dans les aûtres l' envie de quelque chôse en la louant, ou simplement en la racontant. "Pour la description du dîné... l' eau en est venûë à la bouche de M. de... du Chev. et de nous aussi. Sév. Il me semble qu' il faut dire, en est venuë à la bouche à, et non pas de, etc. _ Traiter quelqu' un à bouche que veux-tu; le régaler splendidement. _ Faire la petite bouche, se dit, au propre, de ceux qui serrent les lèvres, pour paraître avoir une petite bouche. Il a soin de rire, pour montrer ses dents: Il fait la petite bouche. La Bruy. Au figuré, c' est ne pas parler d' une chôse, ou en faire le dégoûté, quoiqu' on en ait grande envie. _ Laisser sur la bone bouche; se taire après un trait intéressant. * Leibnitz change cette expression, en l' employant d' une manière qui est contre l' usage. "En nous donant des remarques sur les traités que contiènent ces deux volumes, il finira aparemment par la bone bouche. Ce n' est pas par la bone bouche que l' on finit, mais par ce qui laisse sur la bone bouche.
   * À~ pleine bouche, est une expression suranée. Bossuet l' employait volontiers. "Jurieu reconoît à pleine bouche que, etc. Boss. "Cette lettre sur l' incrédulité sent à pleine bouche quelqu' un des bons Auteurs, qui ont écrit sur la Religion.
   * Un Auteur moderne a dit, que la Chananée pour prendre J. C. par sa propre bouche, lui représenta que les chiens mangeoient, au moins, les miettes qui tomboient de la table de leurs maîtres. _ On ne prend point une persone par sa bouche, mais par ses paroles. Wailly.
   Par allusion aux chevaux, on dit d' un homme, qu' il est fort en bouche (ou en gueule) pour dire, qu' il parle avec beaucoup de véhémence et de hardiesse; qu' il n' a ni bouche, ni éperon; qu' il n' a ni parole; ni esprit; qu' il est stupide, insensible, et ne s' émeut de rien.
   DE BOUCHE, adv. De vive voix. Il vaut mieux consulter de bouche que par écrit. D' Abl. Tacite.

BOUCHÉ


BOUCHÉ, ÉE; adj. [2e é fer. et long, au 2d.] Il se dit au propre et au figuré: ventre bouché. _ Esprit bouché; qui a l' intelligence dure.

BOUCHÉE


BOUCHÉE, s. f. [2e é fer. et long, 3e e muet.] Petit morceau de quelque chôse à manger. Bouchée de pain, de viande, etc.

BOUCHER


BOUCHER, v. act. [Bou-ché; 2e é fer.] Fermer une ouverture: boucher un trou, un toneau, une bouteille, une porte, une fenêtre. = Figurément et proverbialement, on dit d' une somme d' argent qu' on reçoit, qu' elle servira à boucher un trou, à payer quelque dette.
   BOUCHER, a quelquefois pour 2d régime le datif (la prép. à.) On lui boucha le passage; on boucha toutes les avenûes à l' énemi. _ Se boucher les yeux, ne vouloir point voir; se boucher les oreilles, ne vouloir point entendre. Là le pron. se est au datif; se boucher à soi-même.

BOUCHER


BOUCHER, s. m. BOUCHèRE, s. f. BOUCHERIE, s. f. [Bou-ché, chère, che--rîe; 2e é fer. au 1er, è moy. et long au 2d; e muet au 3e, dont la 3e est long.] Boucher est celui qui tûe des boeufs, des moutons, etc. = Figurément, homme cruel et sanguinaire. = Bouchère, femme d' un Boucher, ou celle qui vend de la viande. Boucherie; lieu où l' on tûe.
   Rem. On dit viande de boucherie, et non pas de la boucherie. "Les denrées, dont la valeur est principalement augmentée, sont la viande de la boucherie, la volaille, le poisson. Hist. d' Angl. Retranchez la.
   On dit figurément, mener les soldats à la boucherie, les exposer à une mort presque certaine; et proverbialement, d' un homme qu' il a du crédit dans une afaire, comme un chien à la boucherie, pour dire, qu' il n' en a point du tout.

BOUCHON


BOUCHON, s. m. BOUCHONER, v. a. [Bou-chon, choné.] Bouchon a plusieurs sens; 1°. Ce qui sert à boucher une bouteille, un flacon, une damejane, etc. = 2°. Poignée de paille ou de foin tortillé. = 3°. Rameau, ou quelqu' autre chôse semblable, qu' on atache à une maison, pour faire conoître qu' on y vend du vin. = 4°. Terme de caresse, dont on se sert avec un enfant: Mon petit bouchon.
   BOUCHONER, n' a que le 2d et le dern. sens. Bouchoner un cheval, le froter avec un bouchon de foin ou de paille. Bouchoner un enfant; le caresser. = Il signifie de plus chifoner du linge, des habits; mais il ne signifie pas mettre un bouchon à une bouteille.
   Le proverbe dit: À~ bon vin il ne faut pas de bouchon. (n°. 3°.) Le vrai mérite n' a pas besoin de Prôneurs, d' intrigue, de cabale. Cela n' est pas toujours vrai.

BOUCLE


BOUCLE, s. f. BOUCLER, v. act. [2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Boucle, est un anneau, dont on se sert à divers usages. 1°. Boucles d' oreilles; ce que les femmes atachent à leurs oreilles, pour se parer. = 2°. Anneau de métal, qui a une traverse et un ardillon; boucle de souliers, de jarretière, de ceinturon, de harnois. = 3°. On apèle encôre, boucles, les anneaux que font des cheveux frisés.
   BOUCLER a les deux derniers sens; Atacher avec une boucle, et mettre des cheveux en boucle. _ Il signifie, outre cela, fermer l' entrée d' un port; boucler un port.

BOUCLIER


BOUCLIER, s. m. [Bou-klié; 2e dout. é fer.] Arme défensive, dont les gens de guerre se servaient autrefois pour se couvrir le corps, et qu' ils portaient au bras gauche. = Il s' emploie élégamment au figuré, en parlant des persones: "Hector fut long-temps le bouclier de Troie: "Le Seigneur est mon bouclier.
   On dit figurément, mais dans le style simple seulement, Faire une grande levée de boucliers; Faire de grands préparatifs pour une entreprise qui ne réussit pas.

BOUCON


BOUCON, s. m. Terme pris de l' Italien. Morceau. Il ne se dit que du poison. Doner le boucon; Empoisoner; st. famil.

BOUDER


BOUDER, v. n. et act. Faire la mine par humeur, par caprice. "Cet enfant boude toujours: Ces deux hommes boudent l' un contre l' autre. = V. act. Pourquoi me boudez vous? Il me boude, je ne sais pas pourquoi. = Bouder contre son ventre. (st. prov.) Se priver par dépit d' une chôse utile ou agréable.

BOUDERIE


BOUDERIE, s. f. BOUDEUR, EûSE, s. m. et f. [2e e muet au 1er, long au 3e; Bou-deri-e, deur, deûze.] La bouderie est l' action de bouder. "Quand sa bouderie le prend: le tient. "Ce sont de sa part de continuelles bouderies.
   BOUDEUR, qui boude: Enfant boudeur, humeur boudeûse. C' est un boudeur, une boudeûze.

BOUDIN


BOUDIN, s. m. [Bou-dein.] Boyau rempli de sang et de graisse de porc, assaisonnés convenablement. Cette sorte de boudin s' apèle boudin noir: le boudin blanc est fait avec du lait et du blanc de chapon. = S' en aler en eau de boudin, se dit d' une afaire qui ne réussit pas. L' expression est basse.

BOUDOIR


BOUDOIR, s. m. [Bou-doar, 2e dout. au sing. lon. au plur.] Petit cabinet où l' on se retire, quand on veut être seul. Ce mot est aujourd' hui fort à la mode.

BOûE


BOûE, s. f. [La dipht. est longue; l' e très muet.] La fange des rûes et des chemins. _ Au figuré, il signifie Bassesse.
   Tantôt au firmament, et tantôt dans la boûe.
       Vill.
Ame de boûe, âme basse et rampante, homme qui a des sentiment bâs et honteux.
   Ces âmes, que le Ciel ne forma que de boûe.
       Pompée.
"Tout cet amâs de gloire ne sera à la fin qu' un monceau de boûe, qui ne laissera après elle que l' infection et l' oprobre.
   Tirer quelqu' un de la boûe, de la misère.
   On dit proverbialement, d' une chôse dont on ne se soucie guère, qu' on s' en soucie aussi peu que de la boûe de ses souliers. _ Bâti de boûe et de crachats; peu solidement.

BOUEUR


BOUEUR, s. m. BOUEUX, EûSE, adj. [Bou-eur, eû, eû-ze, 2e dout. au 1er, lon. aux 2 dern.] Boueur est un Charretier chargé d' enlever avec un tombereau les boûes des rûes. _ Boueux, qui est plein de boûe; chemin boueux, rûe boueûse.

BOUFANT


BOUFANT, BOUFÉE, BOUFIR. Voyez BOUFFANT, etc. avec deux f.

BOUFON


BOUFON, BOUFONER, BOUFONERIE. Voyez BOUFFON, etc.

BOUFFANT


BOUFFANT, ou BOUFANT, ANTE, adj. Il se dit des étofes et ajustemens qui paraissent gonflés, et qui ont assez de consistance pour ne pas s' aplatir. Étofe, garniture boufante.

BOUFFÉE


BOUFFÉE, ou BOUFÉE, s. f. [2e lon. é fer.] Il se dit; 1°. de l' action passagère du vent, de la fumée, de la chaleur, etc. = 2°. Halenée, bouffées de vin, d' ail, = 3°. Boufée (accès) de fièvre. = 4°. Boutade: "Il n' étudie que par boufées. Il a des boufées d' humeur, de gaité, de dévotion. = 5°. Il se dit plus noblement, de l' éloquence. "Vous étiez dans les boufées de l' eloquence, que done l' émotion de la douleur. Sév. "Je ne puis jamais oublier cette boufée de philosophie que vous me vintes soufler ici la veille de votre départ. La même. "Pardonnez cette petite boufée de morale à mon état et à l' habitude de mes fonctions. Anon.

BOUFFER


BOUFFER, ou BOUFER, v. n. Enfler les joûes exprès et par jeu. En ce sens, il n' a guère d' usage. = En style famil., on le dit d' un homme qui marque sa colère par la mine qu' il fait. "Qu' a-t-il pour boufer de la sorte? Il boufe de colère. = Il s' emploie plus ordinairement en parlant des étofes et des ajustemens: Ruban, étofe qui boufe. Voy. BOUFFANT.

BOUFFETTE


BOUFFETTE, ou BOUFèTE, s. f. Petite houpe, qui pend aux harnois des chevaux.

BOUFFI


BOUFFI, ou BOUFI, IE, adj. Enflé. _ Au figuré, il régit la prép. de: Boufi d' orgueil, de colère.
   Boufi de rage, écumant de colère.
       Ververt.
Style boufi, enflé, plein de grands mots, et qui frise le galimatias: style ampoulé.

BOUFFIR


BOUFFIR, ou BOUFIR, v. act. BOUFISSûRE, s. f. Il signifie, Enfler; mais il n' a d' usage qu' en parlant des chairs. Les humeurs lui ont boufi tout le corps. _ v. n. Il boufit tous les jours davantage. _ Il se dit sur-tout au passif: "Il est tout boufi; il a le visage boufi.
   BOUFISSûRE; Enflûre dans les chairs, causée par une indisposition. "Son embonpoint n' est que boufissûre. _ On apèle boufissûre de style, le défaut d' un style ampoulé.

BOUFFON


BOUFFON, ou BOUFON, subst. et adj. BOUFONER, v. n. BOUFONERIE, s. f. [3e é fer. au 2d, e muet au dern. dont la 4e est longue.] Boufon est celui, dont la profession est de faire ou de dire des chôses pour faire rire. Le Boufon de la Comédie; faire le personage de boufon. BOUFONER, c' est faire le boufon; il ne fait que boufoner. Boufonerie est ce qu' on fait ou ce qu' on dit pour faire rire. "Plaisante, ou fade ou méchante boufonerie.
   Rem. 1°. BOUFON, est aussi adjectif; cela est boufon, c' est un boufon personage; conte boufon, humeur boufone. _ Il se plait à suivre; en vers, il peut précéder.
   Aux accès insolens d' une boufone joie
   La sagesse, l' esprit, l' honeur furent en proie.
       Boil.
Cette boufone joie paraît pourtant former une inversion un peu dûre.
   On dit, dans le style simple, Servir de boufon, de jouet à une compagnie; aimer ou se plaire à faire le boufon, à faire la boufone, à faire rire la compagnie.
   2°. BOUFONER, se dit moins des boufons de profession, que de ceux qui font les boufons dans les sociétés. Il se prend en mauvaise part, à moins qu' on n' y ajoute quelque adoucissement: il boufone agréablement.
   3°. BOUFONERIE, tout seul, n' anonce aussi que quelque chôse de bâs et de grossier. Pour en faire un éloge, il faut y ajouter quelqu' épithète honorable: agréable, charmante boufonerie. Il a l' art d' ennoblir ses boufoneries.

BOUGE


BOUGE, s. m. [Un bouge, et non pas une bouge, comme on dit en Provence et âilleurs.] Espèce de petit cabinet auprès d' une chambre.

BOUGEOIR


BOUGEOIR, s. m. [Bou-joar; 2e dout.] Espèce de chandelier sans pied, qui a un manche, qu' on porte à la main, et dans lequel on met ordinairement une bougie, d' où lui vient son nom. Bougeoir d' argent, de cuivre, etc.

BOUGER


BOUGER, v. n. Se mouvoir de l' endroit où l' on est. Il ne se dit qu' avec la négative, dit La Touche, et n' est en usage que dans le style familier. L' Acad. le disait sans négative, et n' en distinguait pas l' usage: Si tu bouges de là, je t' assommerai. _ Dans la dernière édition, elle dit qu' on s' en sert plus ordinairement avec la négative; et nous ajoutons, qu' ordinairement aussi on suprime pas: "Il ne bouge du cabaret, de l' Église, d' auprès du Roi: ne bougez, etc. "Ah! oui, dit-il, nous nous valons bien, l' un pour demander à boire, l' aûtre pour en aporter, mais ne bougez, je n' ai pas soif. Mariv.

BOUGETTE


BOUGETTE, s. f. [Bou-jète; 2e è moy 3e e muet.] Petit sac de cuir qu' on porte en voyage.

BOUGîE


BOUGîE, s. f. [Bou-gî-e; 2e lon.] Chandelle de cire. = On dit figurément en st. prov.: brûler la bougie, ou la chandelle par les deux bouts: Dépenser de plusieurs côtés. "Il a fallu en venir à une saignée du bras: étrange remède, qui fait répandre du sang, quand il n' y en a déja que trop de répandu: C' est brûler la bougie par les deux bouts. Sév. On dit plus ordinairement, la chandelle.

BOUGIER


BOUGIER, v. a. [Bou-gi-é; 2e br. devant l' e muet elle est longue; il bougie.] Passer de la bougie alumée sur les bords de quelque étofe, pour empêcher qu' elle ne s' éfile.

BOUGRAN


BOUGRAN, s. m. BOUGRANÉE, adj. [Bou-gran, grané-e; 3e é fer. et long.] Le bougran est une toile forte et gommée, qu' on met dans des doublûres du corps des habillemens, afin qu' ils se soutiènent, et qu' ils gardent mieux leur forme. = Toile bougranée, est une toile aprêtée et mise en bougran. Trév. L' Acad. ne met point l' adjectif.

BOUILLANT


BOUILLANT, ANTE, adj. [Bou-glian, gli-ante; mouillez les 2 ll; 2e lon.] Qui bout. "Eau, huile bouillante. Il se dit au figuré, pour prompt, vif, ardent. "Courage bouillant, esprit bouillant, jeunesse bouillante. _ Dans le style simple, il aime à suivre le subst. En vers et dans la prôse poétique, ou oratoire, il peut précéder: la bouillante colère. Il se dit des persones.
   Achille déplairoit moins bouillant et moins prompt.       Boil.
Rem. 1°. Le P. Catrou lui fait régir la prép. de: "Le Consul bouillant de jeunesse arracha quelques-unes de ses enseignes et les jeta au milieu des ennemis. L' Ab. Desfontaines se moque de cette expression; Dict. Néol. _ On dit, à la vérité, bouillant de colère; mais ce régime ne s' étend pas à d' autres mots; et l' Acad. censura ce vers de Corn.
   On l' a pris tout bouillant encor de sa querelle.
       Le Cid.
2°. Mascaron et l' Ab. du Bos ont employé bouillant substantivement: "Le bouillant d' une bile échaufée: le bouillant de l' âge, la jeunesse. La dernière expression était fort en usage autrefois, et je crois qu' on peut encôre s' en servir aujourd' hui. Je n' ôserais en dire autant de la première.

BOUILLE


BOUILLE, s. f. [Bou-glie; mouillez les 2 ll; e muet.] Longue perche, qui sert à remuer la vâse et à troubler l' eau, pour faire que le poisson entre plus facilement dans les filets. Trév. Acad. _ * Masse détachée de charbon de terre. Rich. Port. C' est une méprise. On dit bouille.

BOUILLI


BOUILLI, s. m. [Bou-gli; mouillez les 2 ll.] Viande bouillie. Servir le bouilli, ne manger que du bouilli.

BOUILLI


BOUILLI, IE, adj. [Mouillez les 2 ll; 2e lon. au 2d.] Il marche toujours après le substantif; mouton bouilli, viande bouillie, chataignes bouillies. _ Cuir bouilli, est du cuir de vache, préparé d' une certaine façon, et endurci à force de bouillir.

BOUILLIE


BOUILLIE, s. f. [Mouillez les 2 ll; Rich. met aussi boulie, mais en le condamnant.] Sorte de mets préparé pour la nourriture des enfans, qui ne peuvent encôre mâcher et digérer les viandes. Elle se fait avec du lait et de la farine, délayés ensemble. _ On dit d' une viande qu' on a fait bouillir trop long-temps, qu' elle s' en va toute en bouillie. _ Faire de la bouillie pour les chats. (st. prov.) Se tourmenter beaucoup pour une chôse qui n' aboutira à rien.

BOUILLIR


BOUILLIR, v. n. [Mouillez les ll.] Il bout, ils bouillent, il bouillait, il bouillit, il a bouilli, il bouillira, il bouillirait, qu' il bouille, qu' il bouillit; bouillant, bouilli.
   Rem. 1°. Bouillir ne s' emploie qu' à la 3e persone; il bout, il bouillait; et pour le rendre actif et l' employer à toutes les persones, on se sert des temps du verbe faire, joints à l' infinitif bouillir, je fais bouillir, tu faisais bouillir, nous ferons bouillir, etc.
   2°. M. de Wailly met au futur, je bouillirai, ou bouillerai; et au conditionel, je bouillirois, ou bouillerois. Je crois le premier plus sûr: c' est le seul que mettent l' Académie et les aûtres Gramairiens. M. de Wailly lui-même n' a mis que bouillirai dans le Rich. Port.
   BOUILLIR, se dit des liqueurs qui sont mises en mouvement par la chaleur, et s' élèvent en petites bouteilles. L' eau bout; elle bouillira bientôt. Faites bouillir de l' eau, etc. = On dit figurément d' un jeune homme ardent et bouillant, que le sang lui bout dans les veines; et pour exprimer qu' on sent une excessive chaleur à la tête, on dit; la tête me bout, la cervelle me bout.
   BOUILLIR, s' emploie activement dans cette phrâse proverbiale: on me bout du lait, ou il me semble qu' on me bout du lait, quand on me dit cela; pour dire, on se moque de moi et on me traite comme un enfant. _ Bouillir du lait à quelqu' un; dans un sens favorable, c' est lui faire plaisir.
   BOUILLIR, se dit encôre et de ce qu' on fait cuire, et du vaisseau où on le fait cuire. Faire bouillir de la viande. Faire bouillir des herbes dans du vin. Le pot bout.
   On dit d' un homme, inutile à la société, qui n' est bon à rien: qu' il n' est bon ni à rôtir, ni à bouillir. _ On dit aussi de ce qui fournit à l' entretien: que cela sert à faire bouillir la marmite. Mainard a dit assez plaisamment, que le feu des vers n' étoit pas propre à la faire bouillir.

BOUILLOIRE


BOUILLOIRE, s. f. [Bou-glioâ-re; mouillez les ll; 2e lon.] Vaisseau de cuivre; ou d' autre métal propre à faire bouillir de l' eau. _ Trév. met Bouilloir, s. m. Celui-ci se dit dans la Fabrique de la Monoie.

BOUILLON


BOUILLON, s. m. [Bou-glion; mouillez les ll.] 1°. Cette partie de l' eau, ou de quelqu' autre liqueur, qui s' élève en rond sur la surface, par l' action du feu. Acad. Bouteille, qui vient sur la surface des liqueurs échaufées. Trév. Renflement d' une liqueur et d' une chôse liquide échaufée par le feu. Rich. Port. Faire bouillir de l' eau à petits bouillons, à gros bouillons. _ On dit figurément, que le sang sort à gros bouillons d' une plaie; c. à. d. avec impétuosité et en abondance.
   Sire, mon fils est mort, mes yeux ont vu son sang
   Sortir à gros bouillons de son généreux flanc.
       Corn.
On dit aussi les bouillons de la colère, les bouillons de l' âge. L' Acad. ne dit que le premier.
   Le jeune homme, inquiet, ardent, plein de courage;
   À~ peine se sentit des bouillons d' un tel âge,
   Qu' il soupira pour ce plaisir.       La Font.
Boileau l' a dit de la mélancolie.
  Modère les bouillons de ta mélancolie.
Mais la métaphore n' est pas fort juste; car, bouillons anonce de l' agitation: et mélancolie, une sombre tranquillité.
   2°. BOUILLON, potage liquide, potage sans pain. Rich. Port. Eau bouillie avec de la viande. "On a mis ce malade au bouillon, on ne lui done que du bouillon. = 3°. Bouillons, agrémens de rubans, dont on orne un tablier.

BOUILLONANT


BOUILLONANT, ANTE, adj. Qui bouillone. "Les vagues perpétuellement bouillonantes entre l' Aristocratie et la Monarchie. Hist. d' Angl. _ Les Dictionaires ne mettent pas ce mot, mais il peut être utile, sur tout au figuré.
   Ses sanglots, ses soupirs arrêtent son haleine.
   Son sang tout bouillonant peut circuler à peine.
       Marin, Féderic.
Là il est employé au propre.

BOUILLONEMENT


BOUILLONEMENT, s. m. BOUILLONER, v. n. [Bou-glio-neman, glio-né; mouillez les ll; 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Bouilloner se dit de l' eau et des autres liqueurs, qui jètent des bouillons, qui s' élèvent par bouillons, soit par la violence de leur propre mouvement, soit par l' action du feu. Bouillonement, est l' état d' une liqueur, qui bouillone.
   Rem. BOUILLONER est peu en usage dans le propre, pour signifier ce qui bout par l' action du feu; il ne se dit guère que des fontaines et du sang. "Source, fontaine, qui bouillone; le sang bouillonoit en sortant de sa plaie.
   Tout mon sang, que noircit un si honteux outrage,
   En frémit de colère, en bouillone de rage.
       Corn.

BOUIS


*BOUIS, s. m. Voy. BUIS. _ Ménage, le Diction. de Trév. celui de Richelet, La Touche, et aûtres disent que bouis est meilleur que buis: et Boileau dit dans le Lutrin:
   Et deux fois de sa main, le bouis tombe en morceaux.
   Cependant l' Académie, au mot buis, semblait condamner bouis, et le réléguer dans le style bâs et proverbial. _ Dans la dernière Édition, elle renvoie BOUIS à BUIS; et à celui-ci, elle dit qu' on ne prononce plus bouis que dans ces deux phrâses proverbiales: doner le bouis à une chose; la polir, la perfectioner: menton de bouis; menton large et qui avance.

BOULANGER


BOULANGER, GèRE, s. m. et f. BOULANGER, v. n. BOULANGERIE, s. f. [2e lon. 3e é fer. au 1er et au 3e; è moyen au 2d, e muet au 4e.] Le premier, se dit de celui et de celle dont le métier est de faire et de vendre du pain. _ Boulanger, c' est pétrir du pain et le faire cuire. L' Académie le marque actif, et ne done d' exemple que du neutre. "Ce garçon, cette femme boulange bien. _ On dit pourtant, au participe passif, du pain bien boulangé.
   BOULANGERIE, ne se dit du lieu où l' on fait le pain, que dans les Communautés et les maisons particulières à la campagne. On ne le dit point des boutiques et des maisons des Boulangers.

BOULE


BOULE, s. f. [2e e muet.] Corps rond en tout sens. Boule de bois, boule d' ivoire; boule de mail, de quille; jouez à la boule, jeu de boule, etc.
   On dit figurément (style familier), aler à l' apui de la boule; seconder quelqu' un dans une afaire qu' il a comencée, dans une proposition qu' il a faite. Voy. APPUI. _ À~ boule (ou à la boule) vûe. Le premier est le plus usité; au premier coup d' oeuil et sans trop examiner. _ Tenir pied à boule; être assidu et exact.
   Je tenois pied à boule et le gardois à vûe.        Du Cerc.
Laisser rouler la boule; s' abandonner à la Providence.

BOULEAU


BOULEAU, s. m. [Bou-lo: 2e dout. au sing. longue au plur. Bouleaux.] Sorte d' arbre qui pousse une partie de ses branches par menus brins. Balai de Bouleau.

BOULENGER


BOULENGER, BOULENGERIE. Voyez BOULANGER, BOULANGERIE.

BOULENOIS


BOULENOIS, OISE, adj. et subst. Qui est de Boulogne sur mer. Le Boulenois; le pays de Boulogne. Pour le territoire de Bologne en Italie, on dit le Bolonois, un Bolonois, une Bolonoise.

BOULER


BOULER, v. n. En parlant des pigeons, enfler la gorge. Trév. Acad. = En parlant de plusieurs plantes, il se dit, quand étant encore fort jeunes, il se forme comme un oignon (une boule) à leurs racines. Rich. Port. "Les grains boulent.

BOULET


BOULET, s. m. [Bou-lè: 2e è moy.] 1°. Boule de fer, servant à charger une pièce d' artillerie. _ Boulet rouge; boulet qu' on a fait rougir au feu avant de le mettre dans le canon. = 2°. Jointûre au-dessous du pâturon de la jambe du cheval.

BOULETÉ


BOULETÉ, ÉE, adj. [2e e muet, 3e é fer. long au 2d.] Il se dit, d' un cheval ou d' une cavale, dont le boulet est hors de sa situation naturelle.

BOULETTE


BOULETTE, s. f. [Bou-lète: 2e è moy. 3e e muet.] Petite boule. Trévoux. Cela est trop vague. Il ne se dit que des petites boules de chair hachée. _ * En Provence on dit balote: c' est un barbarisme.

BOULEVARD


BOULEVARD ou BOULEVART, s. masc. [Trévoux met le premier; l' Académie et le Rich. Port. mettent le second. On peut préférer celui qu' on voudra, peu importe. 2e e muet; le d ou le t ne se prononcent pas. _ Un Auteur moderne dit qu' on l' apelait autrefois bouleverd; et avec plus de raison: "Je m' en suis aperçu si tard, que j' étois près du boulevert. Histoire de Louis XI.] Rempart. _ On ne se sert plus de ce mot au propre qu' en parlant des promenoirs qui ont conservé ce nom; mais il est toujours beau au figuré. "Rhodes étoit autrefois le boulevard de la Chrétienneté: "Le Tigre et l' Euphrate sont les deux puissans boulevards de Babylone. Vaug.

BOULEVERSEMENT


BOULEVERSEMENT, s. m. BOULEVERSER, v. act. [l' e est si muet, que dans la prononciation, il semble qu' il n' y en a point. Aussi, plusieurs écrivent boulversement, boulverser; mais cette ortographe n' est pas la plus commune, et l' usage ne l' a pas autorisée. En ne comptant pas l' e muet, 2e ê ouv. 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Ils expriment l' action de mettre toutes chôses en désordre. "Le tremblement de terre causa un bouleversement général dans cette Ville: "L' ouragan a tout bouleversé, etc. _ Il signifie, figurément, dérangement dans les afaires. Cela a bouleversé ses afaires.; elles sont dans un bouleversement total. = Ils se disent plus noblement encôre dans les chôses morales. "Les guerres civiles bouleversent un État: "Ces fâcheux évènemens lui ont bouleversé l' esprit.
   BOULEVERSER (style famil.), ne signifie quelquefois que déranger, mettre sens-dessus-dessous. Bouleverser tout dans une maison, dans une chambre, dans un cabinet.

BOULIN


BOULIN, s. m. 1°. Trou pratiqué dans un colombier, afin que les pigeons s' y retirent et y fassent leurs petits. = 2°. Pot de terre fait exprès pour le même usage. = 3°. Trous de boulins, sont dans les bâtimens, les trous où l' on met les pièces de bois qui portent les échafauds.

BOULINE


BOULINE, s. f. Terme de Marine. Il n' a d' usage qu' en cette phrâse: aler à la bouline; aler sur le côté par le vent de travers. Suivant le Rich. Port., on apèle vent de bouline celui qui est éloigné de cinq points ou aires de vent du vent de la route.

BOULINER


BOULINER, v. act. Terme populaire. Voler.

BOULINEUR


BOULINEUR, s. masc. [On prononce boulineû.] Voleur. Il ne se dit que de celui qui vole dans un camp.

BOULINGRIN


BOULINGRIN, s. m. [Bou-lein-grein: trois syllabes.] Ce mot nous vient des Anglais. Suivant Richelet, il faudrait dire bolingrin, pour parler correctement; mais, pour la douceur, on prononce, et même on écrit en Français, boulingrin. _ La remarque est faûsse, puisque le mot Anglais est bowling green, on a dû toujours dire boulingrin, et non pas bolingrin. _ Pièce de gazon, que l' on tond et que l' on entretient, soit dans un jardin, soit ailleurs.

BOULOGNE


BOULOGNE, s. fém. Ville de Picardie. [Mouillez le gn.] On n' écrit et l' on ne prononce plus, Bologne que pour Bologne ville d' Italie.

BOULON


BOULON, s. masc. BOULONER, v. act. Cheville de fer qui a une tête ronde à un bout, et à l' autre une ouvertûre où l' on passe une clavette. Les boulons du train d' un carrosse. "On se sert quelquefois de boulons pour soutenir une poûtre. _ Bouloner, c' est arrêter une pièce de charpenterie avec un boulon.

BOULU


*BOULU, LUE, adj. Bouilli. S' il en faut croire Richelet, le peuple de Paris dit chataigne bouluë, pour chataigne bouillie. C' est un barbarisme.

BOUQUER


BOUQUER, v. n. Il ne se dit au propre que d' un singe qu' on contraint de baiser quelque chôse qu' on lui présente. _ Au figuré, céder à la force, être contraint de faire quelque acte de soumission. "Enfin, il a falu bouquer; on l' a fait bouquer. _ Il se dit plus ordinairement avec le verbe faire: Je le ferai bouquer. = On dit, dans le Dict. Gramm., qu' il est bâs et populaire. L' Académie le met sans remarque: elle a oublié de dire qu' il est tout au plus du style familier et proverbial.

BOUQUET


BOUQUET, s. m. [Bou-kè: 2e è moy. Suivant Richelet, on prononce bouqué: c' est une erreur, l' è est moyen, et non pas fermé.] 1°. Assemblage de fleurs liées ensemble. = On dit proverbialement, à vous le bouquet, c' est votre tour; et l' on dit aussi, dans ce sens, doner le bouquet, rendre le bouquet. = Avoir le bouquet dans une fête; en recevoir les honeurs; être la Dame ou la Reine du bal.
   2°. On dit, par extension, bouquet de plumes, de diamans, de perles; bouquet de cérises, etc. _ On dit (style familier), qu' un homme a la barbe par bouquets, pour dire, par petites toufes, par-ci par-là.
   3°. On apèle bouquet de bois, une petite toufe de bois: "Il a un petit bouquet de bois auprès de sa maison.

BOUQUETIER


BOUQUETIER, s. m. BOUQUETIèRE, s. f. [2e e muet, 3e é fer., et dout. au 1er, è moyen et long au 2d] Le premier, se dit d' un vase propre à mettre des fleurs; le second, de celle qui fait des bouquets pour les vendre.

BOUQUETIN


BOUQUETIN, s. m. BOUQUIN, s. m. [Bou-ke-tein, bou-kein: 2e e muet au 1er.] On dit le premier, d' un bouc sauvage qui se trouve dans les Alpes; le second, d' un vieux bouc. _ Cela sent le bouquin, c. à. d. l' odeur puante d' un vieux bouc. = On apèle aussi bouquin, le mâle des lièvres et des lapins. = En style proverbial, vieux bouquin, débauché, homme adoné aux femmes.
   BOUQUIN, se dit aussi d' un vieux livre, dont on fait peu de cas. Feuilleter de vieux bouquins. _ Le Traducteur-Auteur, dit que "les vieillards sont de vieux bouquins qu' il est bon de feuilleter. _ Ô la ridicule métaphôre!

BOUQUINER


BOUQUINER, v. n. Chercher chez les Libraires, ou lire de vieux livres, de vieux bouquins.

BOUQUINEUR


BOUQUINEUR, s. m. BOUQUINISTE, s. m. Le premier, se dit de celui qui cherche de vieux livres; et le second, de celui qui les vend ou les achète pour les revendre.

BOURACAN


BOURACAN, s. m. Sorte de grôs camelot. Voy. BOURRACAN.

BOURBE


BOURBE, s. f. Il ne se dit que de la fange de la campagne. Il signifie proprement, l' eau croupissante des étangs et des marais.

BOURBEUX


BOURBEUX, EûSE, adj. [Bour-beû, beû-ze: 2e longue.] Plein de bourbe; étang bourbeux, chemin bourbeux, eau bourbeûse, rivière bourbeûse.

BOURBIER


BOURBIER, s. m. [Bour-bié: 2e é fer. dout.] Lieu creux et plein de bourbe. "S' engager, entrer, se jeter dans un bourbier. _ Il se dit figurément, des embarras où l' on se trouve, des afaires fâcheûses dont on a peine à sortir: "Il aura de la peine à se tirer de ce bourbier. _ On le dit aussi de la fange du vice: "Il est plongé dans le bourbier du péché, de l' iniquité.

BOURBILLON


BOURBILLON, s. masc. Bourbe, pus épaissi, qui sort d' un apostème, d' un clou, etc.

BOURDALOûE


BOURDALOûE, s. f. Sorte de laisse de chapeau, avec une boucle. = s. m. Sorte de pot de chambre oblong.

BOURDE


BOURDE, s. f. Mensonge, fausse nouvelle. Doneur de bourdes. Il est populaire. Acad.

BOûRDER


*BOûRDER, v. n. BOURDEUR, s. m. Mentir, dire des bourdes. _ Diseur, doneur de bourdes. _ Ces mots ne sont bons que pour le burlesque. L' Académie ne les met pas. Ils sont dans Trévoux et dans Richelet. _ Dans le Rich. Port. on dit qu' ils sont populaires.

BOURDON


BOURDON, s. m. 1°. Bâton de Pélerin. On dit proverbialement, planter le bourdon en quelque lieu; s' y établir. = 2°. Espèce de mouche guêpe. = 3°. Bourdon de musette, de cornemûse et de vielle; le ton qui sert de basse-continûe dans ces instrumens. = 4°. Un des jeux de l' orgue. _ Faux-bourdon; pièce de musique, dont toutes les parties se chantent note contre note.

BOURDONEMENT


BOURDONEMENT, s. m. BOURDONER, v. n. [Bour-doneman, bourdoné: 3e e muet au 1er, é ferm. au 2d.] Le bourdonement est, au propre, le bruit confus des bourdons, abeilles, hannetons, et autres insectes de cette natûre: au figuré, il signifie le bruit sourd et confus qui naît de plusieurs voix non articulées. Ordinairement, il n' est pas un signe d' aprobation. _ Bourdoner, a ces deux sens: des mouches qui bourdonent; après son discours, on entendit bourdoner toute l' assemblée. = Il s' emploie absolument et sans régime. La Bruyère le fait actif. "N' entendrai-je donc plus bourdoner autre chôse parmi vous? Le monde ne se divise-t-il plus qu' en régimens et en compagnies? Tout est-il devenu bataillon ou escadron?
   BOURDONEMENT, a un troisième sens ou emploi que n' a pas le verbe bourdoner. Il se dit d' un bruit continuel d' oreille: "Cette maladie lui a laissé un bourdonement dans l' oreille. On ne dit point, l' oreille me bourdone; car ce n' est pas l' oreille qui fait ce bruit, mais ce bruit se fait dans l' oreille.

BOURG


BOURG, s. m. BOURGADE, s. f. [Prononcez le g fortement, comme s' il était écrit bour-gue: l' e très-muet. Dans le Rich. Port. on dit, prononcez bourge: ce doit être une faute d' impression, et il manque un u devant l' e.] On apèle Bourg un gros Village, ordinairement entouré de murailles, Acad., ou autrement, une fort petite Ville. Fer. Trév. dit: ville non clôse, habitation qui tient le milieu entre la Ville et le Village. _ Il faut s' en tenir à la dernière partie de cette définition: la première n' est pas juste; car il n' est pas de l' essence du Bourg de n' être pas clos.
   BOURGADE, se dit d' un petit Bourg. * En Provence et âilleurs, on le dit pour Faux-bourg. Il n' est pas Français en ce sens.

BOURGEOIS


BOURGEOIS, OISE, s. m. et f. [Bour-joâ, joâ-ze: 2e long.] Bourgeois, vient de Bourg; mais il ne se dit pas seulement des habitans des Bourgs, mais de ceux des Villes et des Villages aussi. _ Suivant l' Académie, Citoyen d' une Ville; Trévoux ajoute: ou d' un Bourg. Cela resserre encôre trop le sens de ce mot; car, dans les Villages, on apèle Bourgeois ceux qui ne sont pas paysans ou artisans. "Lorsqu' ils habitoient des Villes, il se nommoient Bourgeois. Moreau. _ Cet illustre Écrivain parle, en cet endroit, de l' origine de ce mot.
   BOURGEOIS, Habitant, Citoyen (synon.) Habitant, se dit uniquement par raport au lieu de la résidence ordinaire, quel qu' il soit, Ville, ou campagne. Bourgeois, anonce l' état mitoyen entre la Noblesse et le Paysan. Citoyen, ne se dit, pour la résidence et l' état, que des Républiques; pour les sentimens, il se dit de tout homme attaché à la Patrie.
   Rem. 1°. On dit quelquefois, le bourgeois pour les Bourgeois; le Citoyen, pour les Citoyens. "Le Bourgeois se souleva; le Bourgeois prit les armes. Voyez SINGULIER, à la fin.
   * 2°. BOURGEOIS, n' est pas un mot propre, quand on parle des Anciens Peuples. Le P. Catrou a dit, les Bourgeois de Rome; et Rollin, les Bourgeois de Sardes. Pour les grandes Villes anciènes, et sur-tout pour Rome, on doit dire Citoyens; et pour les petites, Habitans. On ne peut donner ce nom de Bourgeois aux Romains, que par mépris, comme a fait Corneille dans Nicomède, où il dit de Rome:
   Il n' est Princes ni Rois,
   Qu' elle daigne égaler à ses moindres Bourgeois.
   3°. BOURGEOIS est quelquefois adjectif: air bourgeois, manières bourgeoises. Il se prend ordinairement en mauvaise part, et se dit par mépris. "Son style est tantôt foible, tantôt plein de morgue, et presque toujours froid et bourgeois. Sabat. Trois Siècles. Art. d' Alembert. = On dit pourtant, sans vouloir mépriser: ordinaire bourgeois; bon ordinaire: vin bourgeois; vin non frelaté et qu' on a dans sa câve. Caution bourgeoise; solvable et facile à discuter.
   4°. Les Ouvriers apèlent Bourgeois le Maître chez qui, ou pour qui ils travaillent. Il ne faut pas tromper le Bourgeois.

BOURGEOISEMENT


BOURGEOISEMENT, adv. BOURGEOISîE, s. f. [Bour-joâ-zeman, joâzi-e: 2e lon. 3e e muet au 1er, longue au 2d.] Le premier, signifie d' une manière bourgeoise, en Bourgeois. Il ne se dit, en bone part, qu' avec le verbe vivre: il vit bourgeoisement. Avec d' autres verbes, il a le premier sens de Bourgeois, adjectif. Voyez n°. 3°. Il parle, il se présente, il s' énonce bien bourgeoisement.
   BOURGEOISIE, est la qualité de Bourgeois. Droit de Bourgeoisie; ou le Corps même des Bourgeois: toute la Bourgeoisie était sous les armes.

BOURGEON


BOURGEON, s. m. [Bourjon: l' e dans ce mot et dans les suivants comme dans les trois précédens, n' est là que pour doner au g un son qu' il n' a pas naturellement devant l' o: avec l' j consone, on n' aurait pas besoin de cet e. Bourjois, joisement, joisie; bour--jon, joner.] 1°. Bouton qui pousse aux arbres, d' où il vient des branches, des feuilles, du fruit. = 2°. Elevûre qui vient au visage.

BOURGEONÉ


BOURGEONÉ, ÉE, adj. [Bour-joné, né-e.] Il ne se dit que du visage, du front, du nez, couverts de bourgeons ou de boutons. "Il a le visage, ou le front, le nez tout bourgeoné. On le dit même de la persone. "Il est tout bourgeoné; elle est horriblement bourgeonée. _ L' Académie ne le dit point des persones; mais ce n' est pas une preuve qu' elle le désaprouve: c' est qu' elle l' a oublié.

BOURGEONER


BOURGEONER, v. n. [Bourjoné.] Jeter, pousser des bourgeons: "Tout comence à bourgeoner. = On le dit figurément (style familier), du visage, du nez, du front couverts de boutons. "Le nez, le front lui bourgeonent; son visage bourgeone au printemps comme les arbres.

BOURGMESTRE


BOURGMESTRE, s. m. [Le g et l' s se prononcent; 2e è moy. 3e e muet.] La Touche dit que Bourgmaistre est le véritable mot, et que l' Académie écrit Bourgmestre. Il condamne Bourgmaître. L' Ab. Rainal se sert de celui-ci dans son Hist. du Stathoud. _ Le Gendre écrit Bourguemaistre; c' est la plus mauvaise manière d' écrire ce mot. Dans le Rich. Port. on met Bourgmestre ou Bourguemestre. _ Trévoux et l' Académie ne mettent que le premier; et c' est le seul bon.
   BOURGMESTRE, est le nom qu' on done aux premiers Magistrats d' une Ville, en Flandre, en Hollande et en Allemagne.

BOURGOGNE


BOURGOGNE, s. f. Province de France. = Ce mot est masculin, quand on parle du vin de ce pays-là: "Du bon Bourgogne.

BOURGUIGNOTE


BOURGUIGNOTE, s. f. Anciènement, espèce de casque de fer. _ Aujourd' hui, bonet garni en-dedans de plusieurs tours de mèches et revêtu d' étofe, que l' on porte à l' armée pour parer les coups de sabre.

BOURJASSOTE


BOURJASSOTE, s. f. Espèce de figue d' un violet obscur. Acad. _ En Provence, on l' apèle bourjansote, à Marseille barnissote.

BOURIQUET


BOURIQUET, s. m. Dans les mines, c' est le tourniquet qui sert à monter les fardeaux. Il faudrait écrire bourriquet, puisque ce mot vient de bourrique; ou écrire bourique, si l' on écrit bouriquet.

BOURRACAN


BOURRACAN, s. m. Richelet dit qu' on se sert indiféremment de Bourracan, ou Barracan, et que le dernier est plus en usage. Au contraire, l' Académie ne met que bourracan; et c' est le seul qui soit bon, dit La Touche. _ Dans la dernière Édition, l' Académie écrit bouracan avec une seule r. _ Espèce de gros camelot.

BOURRACHE


BOURRACHE ou BOURACHE, s. f. Plante potagère. Elle est cordiale, propre à tempérer l' âcreté du sang et de la bile.

BOURRADE


BOURRADE ou BOURADE, subst. fém. 1°. Ateinte qu' un lévrier done à un lièvre qui court. = 2°. Coup qu' on done à quelqu' un avec le bout d' un fusil.

BOURRASQUE


BOURRASQUE, Acad.; ou BOURASQUE, Trév. s. f. Au propre, tourbillon de vent, impétueux et de peu de durée. Au figuré, 1°. Accident imprévû, persécution, vexation violente, mais passagère. "C' est une bourasque qu' il a fallu essuyer. "Mer (la Manche) devenuë orageûse et impraticable par les bourasques de la politique plus encôre que par celles de la natûre. Linguet. 2°. Caprice, mauvaise humeur: "Elle a beaucoup à soufrir des bourasques de son mari.

BOûRRE


BOûRRE ou BOURE, s. f. [1re longue, r f. 2e e muet.] 1°. Poil de plusieurs animaux, qu' on détache de leurs cuirs et qui sert à rembourer des chaises, des selles, etc. = 2°. Ce qu' on met dans les armes à feu, après la poudre et le plomb. = 3°. Boûre de soie; la partie la plus grossière de la soie, après qu' elle a été dévidée.
   On dit figurément: "Il y a de beaux endroits dans ce livre; mais il y a bien de la boûre, c. à. d.; beaucoup de chôses qui ne servent que de remplissage. Cela n' est bon que pour le style familier.

BOURREAU


BOURREAU, s. m. [Bou-ro: r f. 2° dout. au singulier, longue au pluriel, Bourreaux.] Au propre, l' Exécuteur de la Haute-Justice. _ Au figuré, cruel, inhumain, qui tourmente les aûtres: c' est le bourreau de toute sa famille. "Je vivrai au milieu des remords; les ennuis seront mes compagnons et mes bourreaux. Jér. Dél. _ On dit proverbialement, bourreau d' argent; prodigue, dissipateur. _ Il se fait payer en bourreau, c. à. d., d' avance.

BOURREAUDER


*BOURREAUDER, v. act. Mot forgé: "Il lui en coûtera moins pour être bien soigné que pour être bourreaudé. Tissot, Avis au Peuple.

BOURRÉE


BOURRÉE ou BOURÉE, s. f. [r f. 2e. é fer. et long.] Fagot de menues branches: brûler une bourrée; chaufer le four avec des bourrées.
   Le proverbe dit que: fagot cherche bourrée; des gens de même sorte sont volontiers en comerce les uns avec les aûtres.
   BOURRÉE, se dit aussi d' une sorte de danse et de l' air sur lequel on la danse: "Danser une bourrée; jouer une bourrée.

BOûRRELÉ


BOûRRELÉ, ou BOûRELÉ, ÉE, adj. agité de remords: conscience boûrrelée. _ Participe: il est boûrrelé par les plus vifs remords.

BOûRRELER


BOûRRELER, ou BOûRELER, v. a. [r f. 2e e muet, 3e é fer. Devant l' e muet, le 1er e devient moyen: il bourrelle, ou bourrèle.] Bourreau se dit au propre et au figuré; bourreler ne se dit qu' au figuré: "La conscience bourrelle, tourmente les méchants. "Ils ont l' âme bourrelée de mille remords. _ Le Rich. Port. le dit au propre, pour maltraiter quelqu' un à force de coups, le tourmenter. L' Acad. avertit qu' il n' a d' usage qu' au figuré.

BOURRELET


BOURRELET, ou BOURELET, ou BOURLET, s. m. [Le Rich. Port. met les trois: Trév. et l' Acad. ne mettent que le premier et le troisième: Celui-ci est le meilleur, à mon avis: Bour-lè, 2e è moy.] = 1°. Espèce de coussin, rempli de boûrre ou de crin, fait en rond et vide par le milieu.
   "Bourlet à bassin de garde-robe: bourlet qu' on met par dessus le bonet des enfans, pour empêcher qu' ils ne se blessent en tombant. = 2°. Rond d' étofe qui est au bas du chaperon des Docteurs et des Magistrats. = 3°. Enflûre qui survient, autour des reins, à une persone ataquée d' hydropisie.

BOURRELLE


BOURRELLE, ou BOURELLE, s. f. [Bou-rèle, r f. 2e è moy. 3e e muet.] Au propre, la femme du Bourreau. _ Au figuré et populairement; Mère, qui maltraite ses enfans. "C' est une véritable bourrelle.

BOURRER


BOURRER, v. a. [Bou-ré, r f. 2e é fer. Devant l' e muet, la 1re est longue: il boûrre, il boûrrera.] 1°. Mettre de la boûrre après la charge, dans les armes à feu: = 2°. En parlant des chiens de chasse, doner un coup de dent à un lièvre, et lui aracher du poil. Voy. BOURRADE. = 3°. Au figuré, ataquer, fraper; pousser quelqu' un dans la dispute: "Ils se sont bien bourrés: il vouloit s' avancer, les gardes l' ont bourré: "Je l' ai bien bourré, et il ne savoit plus que répondre.

BOURRIQUE


BOURRIQUE, s. f. [Bou-rike. L' Acad. met Bourrique avec deux r et Bouriquet avec une seule en parlant des mines, et avec 2, en parlant d' un petit ânon. Voyez BOURIQUET~. Il n' est pas aisé de deviner la raison de cette diférence.] âne, ânesse. "Il étoit monté sur une bourrique. _ Par extension, on apèle bourique, de méchans petits chevaux, dont on se sert comme des ânes.

BOURRIQUET


BOURRIQUET, s. m. Petit ânon. [Bou--riké, r f. 3e è moy.] Suivant Trév. c' est une petite civière, qui sert à élever, avec des grûes, des moilons ou du mortier dans des baquets. _ Le Rich. Port. l' apèle bourrique. _ L' Acad. dit Bouriquet, avec une seule r, mais elle ne le dit que des mines. Voyez BOURIQUET.

BOURRU


BOURRU, ou BOURU, ÛE, adj. [r f. 2e lon. au 2d.] Fantasque, bisârre, fâcheux. _ Il suit toujours le substantif. Esprit bourru, humeur bourrûe. = Il ne s' emploie point au fém. en parlant des persones: on dit, un mari bourru: on ne dit point une femme bourrûe: on dit alors, une femme d' un caractère, d' un esprit bourru, d' une humeur bourrûe. = Vin bourru, est une sorte de vin blanc nouveau, qui n' a point bouilli, et qui se conserve doux dans le tonneau, durant quelque temps. = Bourru. Voy. FANTASQUE.

BOURSE


BOURSE, s. f. 1°. Espèce de petit sac, où l' on met ordinairement l' argent qu' on veut porter sur soi. Mettre la main à la bourse, vider sa bourse; fermer ou ouvrir sa bourse, etc. = 2°. Pension fondée dans un collège. = 3°. Il se dit, en plusieurs Villes de commerce, du lieu où s' assemblent les Négocians pour traiter de leurs afaires. La Bourse de Rouen, de Toulouse, d' Amsterdam, etc. À~ Marseille, on dit la Loge, à Lyon le Change, etc. = 4°. Petit sac de tafetas noir où l' on enferme ses cheveux par derrière. = 5°. Sac de cuir, qui se met des deux côtés du cheval. = 6°. Longue poche de réseau, qu' on met à l' entrée d' un terrier, pour prendre les lapins qu' on chasse au furet. = 7°. Le double carton, couvert d' étofe, dans lequel on met le corporal qui sert à la Messe. = 8°. En Turquie, on apèle bourse une somme de cinq cens écus. "Le Bacha tira des Grecs dix bourses.
   BOURSE se dit figurément, dans le style familier; faire bourse commune; c. à. d. communauté d' intérêts; fournir chacun à la dépense. La Motte dit, dans une Fable.
   De gloire et de butin faisons bourse commune.
   C' est parler noblement, dit ironiquement l' Ab. Desfontaines. Il est vrai que l' expression n' est pas trop noble, et que la gloire n' est pas trop bien en la compagnie de bourse comune. Quoique ce soit dans une Fable, cet aliage de mots si disparates, est une vraie bigarrûre. _ Faire bon marché à sa bourse; se vanter qu' une chôse nous a moins coûté que nous ne l' avons achetée. _ Avoir la bourse vide ou plate; avoir le diable dans sa bourse; n' avoir point d' argent.
   Un homme n' ayant plus ni crédit ni ressource,
   Et logeant le diable en sa bourse,
   C' est à-dire, n' y logeant rien,
   S' imagina qu' il feroit bien
   De se pendre, et finir lui-même sa misère.
       La Font.
Il ne faut pas qu' on voie le fond de notre bourse, l' état de nos afaires. _ Ami jusqu' à la bourse, tant que l' intérêt ne s' en mêle point et qu' il n' en coûte rien. _ On dit, d' un homme riche et pécunieux, c' est une bone bourse. _ Il tient la bourse; il a le maniement de l' argent, etc. etc.

BOURSIER


BOURSIER, s. m. [Bour-cié, 2e dout.] 1°. Celui qui a une bourse dans un collège. Voy. BOURSE, n°. 2°. = Ouvrier qui fait et qui vend des bourses: n°. 4°. On dit aussi, en ce sens, boursière; Marchand Boursier, Marchande boursière.

BOURSILLER


BOURSILLER, v. n. [Bour-ci-glié: mouillez les ll, 3° é fer.] Contribuer chacun d' une petite somme pour quelque dépense.

BOURSON


BOURSON, s. m. Petite poche, au dedans de la ceintûre du haut de chaûsse. _ Trév. et le Rich. Port. mettent Bourson ou bourseron. _ L' Acad. ne met que le 1er, et c' est le seul du bel usage. = Plusieurs en Provence, disent bousson, mais mal

BOURSOUFLÉ


BOURSOUFLÉ, ÉE, adj. Il se dit au propre et au figuré; visage boursouflé, enflé; style boursouflé. _ S. m. c' est un gros boursouflé..

BOURSOUFLER


BOURSOUFLER, v. a. [Bour-sou-flé, 3e é fer. tout bref.] Il ne se dit que de l' enflûre qui vient à la peau, et sur-tout au visage. "Le vent lui a boursouflé le visage: une maladie lui a boursouflé les yeux. = Au figuré, on dit plutôt enfler que boursoufler, excepté au participe, en parlant du style. = * Le Traducteur de l' Hist. d' Hume, l' emploie souvent. "Pour boursoufler les griefs nationaux. "Il seroit aisé de boursoufler l' Histoire de ce règne, etc.

BOûSE


BOûSE ou BOûZE, s. f. L' Acad. met les deux. Le Rich. Port. ne met que le premier: Trév. de Boûze renvoie à Boûse. Celui-ci est en éfet le plus en usage. [1re lon. 2e e muet.] Fiente de beuf ou de vache. "Mettez de la bouse de vache dans le pied de ce cheval.

BOUSILLAGE


BOUSILLAGE, s. m. BOUSILLER, v. a. BOUSILLEUR, EûSE, s. m. et f. [Mouillez les ll.] Bousiller, c' est maçoner avec du chaûme et de la terre détrempée. Bousillage exprime cette manière de bâtir, et Bousilleur, celui qui en ûse. = On s' en sert au figuré, mais seulement dans le style familier, en parlant d' un ouvrage mal fait. "On a bousillé cet ouvrage; ce n' est qu' un bousillage; cet ouvrier est un bousilleur; cette ouvrière, une bousilleûse. "Et M. d' Al... ofre ce precieux bousillage aux gens de Lettres, pour leur aprendre combien l' Acad... a de diverses manières d' exprimer un sentiment! Linguet.

BOUSIN


BOUSIN, s. m. [Bou-zein.] Écorce tendre, qui envelope les pierres de tâille: "Il faut abatre le bousin en tâillant la pierre: Il ne faut pas laisser de bousin.

BOUSSOLE


BOUSSOLE, s. f. [Bou-sole, tout bref.] Cadran, dont l' aiguille, frotée d' aimant, se tourne toujours vers le nord. Au figuré, guide, conducteur, règle, modèle. "Vous êtes ma boussole. "M. de Lavardin et M. d' Harouis seront mes boussoles. SÉV. c. à. d. ils me doneront l' exemple de partir pour la Bretagne, quand le désordre sera apaisé.

BOUT


BOUT, s. m. [Le t ne se prononce que devant une voyelle.] 1°. L' extrémité d' un corps, en tant qu' étendu en long. Acad. Ce qui termine une étendûe. Trév. Extrémité. Rich. Port. La définition de l' Acad. est la meilleûre. Le bout d' un bâton, d' une perche, d' une table, etc. = 2°. Ce qui garnit l' extrémité de certaines chôses: Mettre un bout d' argent, d' ivoire à une canne, etc. = 3°. Extrémité de l' étenduë, de la durée; le bout d' un discours, d' un Sermon: il est au bout de son argent; au bout de l' an, le bout de l' année, du mois, etc. = 4°. Avec un, il signifie quelquefois la moindre partie de la chôse dont on parle: entendre un bout de Messe, de Sermon, etc.
   BOUT, extrémité, fin: (synon.) Ces trois mots signifient la dernière des parties qui constituent la chôse; avec cette diférence que bout représente cette dernière partie comme celle jusqu' où la chôse s' étend; extrémité, comme celle qui est la plus reculée dans la chôse: fin, comme celle où la chôse cesse. Le bout répond à un aûtre bout, l' extrémité au centre; la fin au commencement.
Ainsi l' on dit le bout de l' alée, l' extrémité du Royaûme; la fin de la vie. GIR. Synon.
   Rem. 1°. On dit venir à bout, et être au bout de... Il est des Auteurs qui confondent l' un avec l' autre: "Bientôt ces Princes reconurent qu' ils n' étoient pas à bout de leurs travaux. Révol. d' Esp. dites, au bout de, etc. Sans régime, à bout fait fort bien avec le v. être.
   Les Valets enrageoient: l' époux étoit à bout.
       La Font.
"Voila sur quoi on ne sait que me faire: leur habileté (des Médecins) est à bout. Sév.
   2°. Venir à bout, apliqué aux chôses, a un sens diférent de celui qu' il a, quand il se dit des persones. Venir à bout d' une chôse, c' est y réussir: venir à bout d' une persone, c' est la surmonter. "Il est venu à bout de son dessein: Il viendra à bout de tous ses énemis. _ On voit que venir à bout régit de devant les noms: il le régit aussi devant les verbes. "Je suis venu à bout de la convaincre, de le réduire.
   3°. À~ bout se dit aussi avec mettre et pousser: "Tu mets ma patience à bout: "Finissez... vous me poussez à bout. Th. d' Éduc.
   Au bout du compte, adv. Tout considéré, après tout: "Au bout du compte, il n' a pas si grand tort.
   Bout-à-bout, adv. "Il n' est pas question de coûdre des passages et des canons bout-à-bout: il faut qu' ils soient liés avec vos principes et vos solutions. Le P. Daniel au P. Alex.
   * À~ tout bout de champ, adv. Cette expression est vieille: on dit plutôt à tout moment. L. T. L' Acad. ne la condamnait point d' abord: dans les éditions postérieures de son Dictionaire, elle met à chaque bout de champ, et elle avertit qu' il est du style familier.
   * De bout en bout, adv. d' un bout à l' aûtre, est aussi une expression surannée: "Il leur fit chanter Venicreator tout de bout en bout. Vie de St. Louis. _ L' Acad. le met encôre, parcourir la Ville de bout en bout. Passe pour cette phrâse, mais ailleurs on dit d' un bout à l' autre.
   À~ bout portant. Rich. Port. ou à bout touchant, adv. Tirer quelqu' un à bout portant; lui mettre le bout de l' arme presque sur le ventre. (Figurément, ataquer vivement de parole) "Cette interrogation déplut au Capitaine, qui, pour réponse, m' envoya toute sa bordée de canon et de mousqueterie, tirée à bout touchant. Mém. de du Gay Trouin.
   C' est tout le bout du monde, le pis aler, ce qu' il peut y avoir de plus fort en ce genre. "Je pars, et si je vous écris encôre lundi, c' est le bout du monde. Sév. _ Tenir le bon bout de son côté; conserver l' avantage de la possession. _ Tenir le haut bout, primer. _ Se mettre sur le bon bout, s' équiper de pied en cap. _ Il faut finir par un bout, mourir d' une façon ou d' une aûtre. Tout cela est du style familier. _ Un bout d' homme, un petit homme. _ Voy. CHANDELLE, DOIGT.

BOUTADE


BOUTADE, s. f. Caprice, saillie d' esprit ou d' humeur. Avoir des boutades; agir, composer par boutade: "Il lui a pris une boutade.

BOUTE-EN-TRAIN


BOUTE-EN-TRAIN, BOUTE-FEU, BOUTE-HORS, s. m. BOUTE-SELLE, BOUTE-TOUT-CUIRE, s. m. composés du v. BOUTER, qui ne se dit plus.
   BOUTE-EN-TRAIN, est un homme de plaisir, qui excite les aûtres et les met en train.
   BOUTE-FEU ne se dit qu' au figuré, d' un home qui sème la discorde, les querelles. Au propre, on dit incendiaire. _ L' Acad. le dit pourtant d' un homme qui, de dessein formé, met le feu à un édifice. Je respecte l' autorité de l' Académie; mais je crois que ma remarque est juste, et que l' usage est pour elle.
   BOUTE-HORS se dit d' une espèce de jeu et de la facilité à s' exprimer. _ Jouer au boute-hors (Fig. Famil.) se dit de deux hommes, qui cherchent à se débusquer. _ Il a du boute-hors, il s' exprime aisément.
   BOUTE-SELLE, est, en termes de guerre, un signal qui se done avec la trompette, pour avertir de monter à cheval. Soner le boute-selle _ On le dit, figurément, de tout départ. "Il prétend que l' afaire des Bulles est si bien disposée, que ce sera le coup de partance et le boute-selle. Sév.
   BOUTE-TOUT-CUIRE, terme familier et bâs, se dit d' un dissipateur, d' un goinfre qui mange tout: "C' est un boute-tout-cuire.

BOUTEILLE


BOUTEILLE, s. f. [Bou-tè-glie, 2e è moy. mouillez les ll.] 1°. Vaisseau de capacité médiocre, à large ventre et à cou étroit, fait de terre, ou de verre, ou de cuir, propre à contenir de l' eau, du vin et d' aûtres liqueurs. Acad. Vaisseau portatif destiné à contenir quelque liqueur. Trév. Cette dernière définition ne distingue pas une bouteille d' une cruche, etc. Celle de l' Acad. vaut mieux, et done une idée claire et complète de la bouteille. "Coîfer, décoîfer une bouteille; remplir, vider une bouteille, etc. = 2°. Ce que la bouteille contient: boire une bouteille, deux bouteilles en un seul repas. _ On dit, sans article, boire bouteille, pour dire simplement, boire. "Alons boire bouteille, dit le peuple. = 3°. Ampoule ou vessie pleine d' air, qui se forme, soit sur l' eau, quand il pleut, soit par la chaleur, quand l' eau ou quelqu' autre liqueur bout, soit de quelque autre manière: La pluie fait des bouteilles en tombant: l' eau sur le feu s' élève en bouteilles; les enfans font de grosses bouteilles en souflant de l' eau de savon avec un chalumeau.
   On dit, proverbialement, être dans la bouteille; (quelques uns ajoutent, à l' encre) être dans le secret d' une afaire. "Cet homme n' a rien vu que par le trou d' une bouteille; il n' a aucune conaissance des chôses du monde. * Faire des bouteilles se dit des fautes qu' on fait en parlant, en écrivant, ou même en agissant. L' expression est basse; elle vient originairement des Collèges. L' Acad. ne la met pas.

BOUTEILLIER


BOUTEILLIER, Voy. BOUTILLIER.

BOUTER


*BOUTER, v. a. Vieux mot, encôre usité en certaines Provinces, parmi le bâs peuple: "Boutez-vous-là, mettez-vous-là; boutez dessus, couvrez-vous.

BOUTEROLE


BOUTEROLE, s. f. [2e et 4e e muet: tout bref.] Garnitûre qu' on met au bout d' un fourreau d' épée.

BOUTILLIER


BOUTILLIER, ou BOUTEILLIER, s. m. Le Rich. Port. les met tous deux: Trév. et l' Acad. ne mettent que le 1er. Quoiqu' on dise bouteille, on dit Boutillier, et non pas bouteillier. _ Il ne se dit que d' un Oficier de la maison de nos Rois. Grand Boutillier: Grand Échanson. Trév. Rich. Port. Officier qui a l' intendance du vin. Acad.

BOUTIQUE


BOUTIQUE, s. f. *BOUTIQUIER, s. m. [Bou-tike, ti-kié, 3° e muet au 1er, é fer. et dout. au 2d.] On apèle boutique, un lieu au rès-de-chaussée des maisons, où les Marchands étalent et vendent, et où les Artisans travaillent. Les Marchands un peu hupés, veulent qu' on dise magasin. * J' ai conu un Boulanger, qui apelait de ce nom sa boutique, donait le nom de fabrique à la Boulangerie, et apelait ses garçons boulangers, mes commis. = 2°. Boutique se dit aussi des marchandises, que la boutique contient: "Il a vendu toute sa boutique; et des instrumens d' un Artisan; il a emporté toute sa boutique, tous ses outils: il a dans son cabinet une boutique de Menuisier. = 3°. Les Domestiques apèlent boutique ou baraque, les maisons où ils sont mal. "Ne vas pas dans cette maison, c' est une boutique, une baraque.
   4°. Boutique s' emploie au figuré, mais seulement dans le style familier, ou comique, ou satirique. On ne dirait pas aujourd' hui comme Bossuet, dans une Histoire sérieûse: "On peut voir, par la prétention des Manichéens, de quelle boutique est sortie la méthode de prouver la perpétuité de l' Église par une suite cachée. Mais on dirait fort bien, avec Rousseau, dans une Épitre marotique.
   Ces chifoniers de la double colline,
   Qui, tous les jours, en dépit d' Apollon...
   Vont, ramassant l' ordûre la plus sale,
   Pour en lever boutique de scandale.
   Et avec Mde. de Sévigné: "Il se trouvera, à la fin, que moi, qui ne lève point boutique de Philosophie, je serai plus Philosophe qu' eux tous.
   Adieu la boutique, dit on de quelque chôse qui se renverse. _ Fermer boutique, quiter sa Profession: cesser de travailler, en quelque genre que ce soit. Cette expression est basse et comique, si l' on parle des professions nobles et distinguées. Voy. APOTHICAIRE.
   *BOUTIQUIER est un mot hazardé. La Touche dit qu' il l' avait ouï dire souvent, pour signifier un homme qui tient boutique, et qu' il serait à souhaiter que l' usage l' eût autorisé. On le dit souvent en efet, mais on ne l' écrit guère. Il n' est que dans Trévoux. Je l' ai trouvé dans une Traduction d' un ouvrage anglais de Fielding. "Le mari de sa soeur, petit boutiquier de campagne.

BOUTISSE


BOUTISSE, s. f. [Bou-tice.] Trév. le marque adj. fém. Pierre boutisse, et on l' emploie en Éfet le plus souvent adjectivement: l' Acad. le marque subst. _ Pierre qu' on place dans un mur suivant sa longueur, de manière que sa largeur paraît en dehors. "On place alternativement des pierres en boutisse et en parement.

BOUTOIR


BOUTOIR, s. m. [Bou-toar: 2e dout.] 1°. Instrument avec lequel les Maréchaux pârent le pied d' un cheval avant que de le ferrer. 2°. Le groin d' un sanglier: "Le sanglier lui dona un coup de boutoir.

BOUTON


BOUTON, s. m. 1°. Le petit bourgeon, que poussent les arbres et les plantes, et qui renferme les feuilles et les fleurs. _ Il se dit au figuré, dans le style médiocre: "Les airs maniérés, les vapeurs, les soupers divins... les amitiés des lèvres, les amours d' un jour, toutes ces fleurs d' urbanité étoient dans le bouton, n' atendant qu' un coup de soleil pour éclôre. Coyer. _ 2°. On apèle figurément boutons, certains bubes ou élevûres, qui viènent quelquefois aux diférentes parties du corps. = 3°. Petite boule d' or, d' argent, etc. ou de bois couvert de soie, de fil, etc. servant à atacher ensemble les diférentes parties d' un habillement. "Passer les boutons dans les boutonières. = 4°. Par extension, on le dit de plusieurs aûtres chôses, qui ont la figure d' un bouton d' habit. Le bouton qu' on met sur le bout du canon, pour servir de mire. Le bouton d' une serrûre d' un verrou, etc.
   On dit, proverbialement, serrer le bouton à... presser vivement: "Il lui serra le bouton. _ Mettre le bouton haut; doner un exemple, dificile à suivre. "La dépense qu' il faisoit dans cette Province, met le bouton bien haut à son Successeur. _ "Cela ne tient qu' à un bouton; à peu de chôse: "Sa soutane ne tient qu' à un bouton; il n' a pas d' engagement, ni d' atachement à son état. On dit, dans le même sens, d' un Abé, que son colet ne tient qu' à une épingle. _ Je n' en donerais pas un bouton; cela ne vaut rien.

BOUTONÉ


BOUTONÉ, ÉE, adj. Au propre, il se dit d' un vêtement, dont les boutons sont dans les boutonières; au figuré, d' un visage qui a des boutons. _ Plus figurément encôre, d' un homme mistérieux et caché dans ses discours. "C' est un homme toujours boutoné; boutoné jusqu' à la gorge, jusqu' au menton.

BOUTONER


BOUTONER, v. n. Se dit des plantes et des arbres qui commencent à pousser des boutons: "Les rosiers commencent à boutoner. = V. act. Passer les boutons d' un habit dans des ganses, dans de petites ouvertures apelées boutonières. "Boutoner son habit, sa veste, sa soutane; ou, absolument, se boutoner.

BOUTONERIE


BOUTONERIE, s. f. BOUTONIER, s. m. [3e e muet au 1er, é fer. et dout. au 2d.] Le premier se dit de la marchandise du Boutonier, et le second de celui qui fait ou vend des boutons: Maître Boutonier, Marchand Boutonier: c' est un Boutonier; il est boutonier.

BOUTONIèRE


BOUTONIèRE, s. f. [3° è moyen et long. 4e e muet.] Petite taillade, faite dans les habits, pour y passer les boutons.

BOUTS-RIMÉS


BOUTS-RIMÉS, s. m. pl. Rimes donées pour en faire des vers. _ On apèle bout-rimé, au singulier, un Sonet, une autre pièce, composés de bouts-rimés.

BOUT-SAIGNEUX


BOUT-SAIGNEUX, s. m. [Bou-cèg-neû, mouillez le gn: 2e è moy. 3e lon.] La partie du colet de mouton, de veau, etc. où il y a du sang. _ Quand on dit bout-saigneux, tout seul, on entend parler d' un bout-saigneux de mouton.

BOUTûRE


BOUTûRE, s. f. [2e lon. 3e e muet.] Branche séparée de l' arbre, et qui étant plantée en terre, y prend racine. "Il y a des arbres qui viènent de boutûre, comme le figuier, le saûle, etc.

BOUVERIE


BOUVERIE, s. f. BOUVIER, IèRE, s. m. et f. [2e e muet au premier dont la 3e est longue, é fer. et dout. au 2d, è moy. et long. au 3e.] Bouverie est une étable à beuf: mais on ne l' emploie guère qu' en parlant des étables qui sont dans les marchés publics. _ Bouvier, Bouvière est celui ou celle qui conduit~ et garde les beufs. _ C' est aussi un terme d' injûre. Gros bouvier, homme grossier. _ On ne le dit point en ce sens au féminin.

BOUVILLON


BOUVILLON, s. m. [Bou-vi-glion; mouillez les ll; tout bref.] Jeune beuf.

BOYAU


BOYAU, s. m. [Boa-io, 2e dout. au singulier, lon. au plur. boyaux.] Intestin. Conduit ou tuyau par où passe ce qui sort de l' estomac. = En parlant d' une tranchée, faite pour assiéger une place, on apèle boyau chaque partie de la tranchée, qui va en ligne droite. Faire un boyau de communication d' une tranchée à l' aûtre. = On dit, proverbialement, d' une chôse longue et étroite, comme maison, chambre; c' est un boyau, et d' une chôse extrêmement dégoutante; elle ferait vomir tripes et boyaux. _ Aimer quelqu' un comme ses petits boyaux; l' aimer tendrement: l' expression est basse et populaire.

BOYAUDIER


BOYAUDIER, s. m. Celui qui prépâre des cordes à boyau.

BRABANÇON


BRABANÇON, ONE, adj. et subst. Qui est du Brabant. Le Trad. de l' Hist. d' Hume dit toujours Brabantins, au lieu de Brabançons; c' est un anglicisme.

BRACELET


BRACELET, s. m. [2e e muet; 3e è moy. Le t ne se prononce pas.] Ornement, que les femmes portent au bras.

BRACHIAL


BRACHIAL, ALE, adj. [On prononce brakial.] Terme d' Anatomie. Qui a raport au brâs. Muscle brachial, nerfs brachiaux, artère brachiale.

BRACMANE


BRACMANE, BRAMINE, ou BRAMIN, s. m. Philosophe ou Prêtre Indien. _ L' Académie met les trois mots sans remarque. _ Il me semble que le 1er ne se dit que des anciens Philosophes, et les deux aûtres des modernes; et parmi ceux-ci, Bramine est le plus usité.

BRACONER


BRACONER, v. n. BRACONIER, s. m. [Brakoné, nié; 3e é fer. dout. au 2d.] Le Braconier est celui, qui bracone et Braconer, c' est chasser sur les terres d' autrui furtivement, pour profiter du gibier. = On apèle Braconier par exagération, celui, qui, sur ses propres terres, tue sans ménagement le plus de gibier qu' il peut: "Ce Gentilhomme est un vrai braconier.

BRAI


BRAI, s. m. [Brè; è moy.] Espèce de goudron, propre à calfater.

BRAïE


BRAïE, s. f. [On écrivait autrefois Braye; mais on prononce bra-ie; et non pas bré--ie, c' est pourquoi l' ï est plus convenable que l' y. _ Voyez A, au comencement. _ L' Acad. et le Rich. Port. écrivent Braie sans les deux points sur l' i: il faudrait, à ce compte-là, prononcer brè; è ouv. et lon. Je crois pouvoir douter que cette prononciation soit la plus comune et la plus autorisée.] Culote: il ne se dit guère qu' au plur. dans cette phrâse proverbiale: Sortir d' une afaire les braïes nettes, sans échec et sans honte. _ L' Acad. le dit au singul. Linge dont on envelope le derrière des enfans.

BRAïER


BRAïER s. m. BRAïETTE, s. f. Voy. BRAYER, BRAYETTE.

BRâILLARD


BRâILLARD, ARDE, BRâILLEUR, EûSE, adj. BRâILLER, v. n. [ 1re long. Mouillez les ll.] Brâiller, c' est parler bien haut et mal à propos: Brâillard, ou Brâilleur est donc celui qui brâille, qui parle beaucoup, haut et mal à propos. On les emploie plus souvent comme substantifs, que comme adjectifs; c' est un grand brâillard, c' est un brâilleur insuportable, une brâillarde, une brâilleûse; un homme fort brâilleur; une femme extrêmement brâilleûse; l' homme le plus brâillard, la femme la plus brâillarde du monde.

BRAIRE


BRAIRE, v. n. [Brère; 1er è moy. et long.] Il ne se dit que dans les temps simples et aux 3es persones; et encôre est il peu usité hors du présent et du futur: il brait, il braira. _ Il ne se dit que pour exprimer le cri de l' âne.
   On dit figurément, (st. plaisant) de tout homme, et sur-tout d' un Orateur qui crie beaucoup et qui a la voix rude et désagréable, qu' il ne fait que braire: "Cet Avocat ne fait que braire: et ne dit rien, qui serve à sa cause. _ On dit aussi, proverbialement, qu' un âne paré ne laisse pas de braire; pour dire qu' un sot se décèle toujours par quelque endroit.

BRAISE


BRAISE, s. f. [Brèze; 1re è moy. et long. 2e e muet.] Il se dit ordinairement des charbons ardens. _ Mais on le dit aussi des charbons éteints, que vendent les Boulangers.
   On dit, proverbialement, dans le 1er sens, passer sur quelque chôse, comme chat sur braise; légèrement et sans apuyer. _ Tomber de la poile dans la braise; d' un grand mal dans un mal encôre plus grand.
   *BRAISIER, s. m. C' est ainsi que ce mot est écrit dans un Journal; et c' est ainsi qu' il serait naturel et raisonable de l' écrire; ce mot venant de braise: mais l' usage est pour BRASIER. Voy. ce mot.

BRAMER


BRAMER, v. n. Au propre, il se dit du cri du cerf. Au figuré familier, il signifie crier, braire. "À~ force de bramer, il s' enrouoit quelquefois. Linguet. L' Acad. ne le met qu' au propre.

BRAN


BRAN, s. m. Matière fécale. _ Bran de son; la partie du son la plus grosse; et non pas, comme dit l' Acad. la plus grosse partie du son; car cela signifie la plus grande partie, au lieu que la partie la plus grosse, veut dire, la partie la plus grosse en volume, la plus grossière.

BRANCARD


BRANCARD, s. m. [1re lon.; le d ne se prononce jamais.] 1°. Lit portatif pour transporter un malade. = 2°. Pièce de bois longue, pliante et étroite, qui sert au train des chaises roulantes.

BRANCHAGE


BRANCHAGE, s. m. C' est un mot collectif, qui exprime toutes les branches d' un arbre: "Ce branchage est trop toufu; il faut l' élaguer.

BRANCHE


BRANCHE, s. f. [1re lon. 2e e muet.] Le bois que pousse le tronc d' un arbre. _ Au figuré, il se dit élégamment: "Il me semble que la tendresse que vous avez pour Livri est une branche de l' amitié que vous avez pour moi. Sévigné. Cette afaire a plusieurs branches, plusieurs chefs, plusieurs articles à discuter. = On le dit aussi des rameaux de l' arbre généalogique: la branche aînée, la branche cadette. = On dit encôre, une branche de comerce, pour dire, un objet particulier de comerce. "Sous prétexte que la Librairie est une branche de comerce, on laisse introduire, vendre, débiter toute sorte de mauvais livres: mais les poisons pourraient devenir une branche de comerce: serait-ce une raison pour les tolérer? = On dit: étendre les branches du comerce: Un Auteur moderne a dit, par imitation: Souvent pour avoir voulu étendre la branche des plaisirs, on s' expose à plus de privations. _ Voilà ce que produit l' analogie: une foule de néologismes, qui apauvrissent une Langue, au lieu de l' enrichir.
   Rem. * Quand une branche est coupée pour être brûlée, on doit dire bûche, et non pas branche, comme on dit en Provence et dans d' autres Provinces.
   On dit (st. fig.) Sauter de branche en branche, passer d' un propos à l' autre, sans s' arrêter à rien. _ Être come l' oiseau sur la branche: N' avoir point d' état assuré. = Il vaut mieux se tenir au gros de l' arbre qu' aux branches; s' atacher à celui qui a l' autorité supérieure, plutôt qu' à celui qui n' a qu' une autorité subalterne.

BRANCHER


BRANCHER, v. a. Pendre un voleur, un déserteur à une branche d' arbre. _ V. n. "Se percher sur des branches d' arbres, en parlant des oiseaux: "Ce faisan branche.

BRANCHU


BRANCHU, ÛE, adj. [1re lon. 2e lon. au 2d.] Qui a des branches; arbre extrêmement branchu.

BRANDEBOURG


BRANDEBOURG, s. f. Sorte de casaque, ainsi apelée parce que la mode en est venue de Brandebourg. _ s. m. Espèce de boutonière avec agrémens: Brandebourg d' or, d' argent, etc.

BRANDEVIN


BRANDEVIN, s. m. BRANDEVINIER, s. m. [2e e muet, 4e é ferm. et dout. au 2d; vi-nié.] Brandevin est un terme emprunté de l' allemand pour signifier de l' eau-de-vie. C' est comme qui dirait, bran de vin, comme on dit bran de son; avec la diférence que bran est ce qu' il y a de plus grossier, et que le brandevin, ou l' eau de vie, est ce qu' il y a de plus spiritueux dans le vin. _ BRANDEVINIER est celui, qui vend et qui crie du brandevin dans un camp, dans une garnison. _ On dit aussi, Brandevinière, de celle qui fait ce métier.

BRANDILLEMENT


BRANDILLEMENT, s. m. BRANDILLER, v. a. BRANDILLOIRE, s. f. [1re long. Mouillez les ll à la 2de. 3e e muet au 1er, e fer. au 2d; long. au 3e: Brandi--gloâ-re.] Brandiller; c' est mouvoir deçà et de-là. Brandiller les jambes, les brâs. _ BRANDILLEMENT est le mouvement qu' on se done en se brandillant. _ BRANDILLOIRE: Branches entrelacées, ou quelque autre chôse de semblable, dont les jeunes gens se servent à la campagne pour se brandiller; "Se mettre sur une brandilloire.

BRANDI


BRANDI, IE, adj. Il ne se dit que dans ces phrâses proverbiales; enlever un gros fardeau tout brandi; l' enlever tout d' un coup: enlever un homme tout brandi; en l' état où il se trouve.

BRANDON


BRANDON, s. m. 1°. Flambeau fait avec de la paille tortillée. Alumer des brandons. 2°. Paille entortillée au bout d' un bâton qu' on enfonce dans quelques héritages, pour marquer qu' ils sont saisis. 3°. Brandons; corps enflamés, qui s' élèvent d' un incendie.
   Rem. 1°. Brandon est vieux au figuré: nos Poètes ne parlent plus des célestes brandons, du brandon de l' amour, etc. On ne dit aujourd' hui que flambeau.
   2°. On apelait autrefois le premier Dimanche de Carême: le Dimanche des Brandons, parce que ce jour-là le peuple alumait des feux, et en portait dans les rûes et dans les campagnes.

BRANLANT


BRANLANT, ANTE, adj. [1re et 2e lon.] Qui branle. Avoir la tête branlante, les jambes branlantes. _ On apèle château branlant; en style proverbial, ce qui est mal assuré et paraît près de tomber.

BRANLE


BRANLE, s. m. Agitation de ce qui est remué, tantôt d' un côté, tantôt de l' aûtre. Acad. Défaut d' arrêt, qui fait qu' une chôse s' agite en deçà et en delà. Trév. _ Il s' emploie au figuré, mais seulement dans le style familier. _ Être en branle, a deux sens; 1°. Comencer à se mettre en mouvement: "Il a de la peine à se remuer, mais quand il est en branle, il en fait plus qu' un aûtre. 2°. Être en doute, en suspens. "Il a été long-temps en branle s' il le feroit, ou non. _ En branle; en disposition de.... "Je l' ai vu en branle de vendre sa charge. "On l' a mis en branle de terminer cette afaire. _ Mettre les autres en branle; les mettre en train, en mouvement.
   Doner le branle, mettre en disposition d' agir. * Je n' aime point l' emploi de cette locution familière dans la phrâse suivante. "Après avoir doné, pour ainsi parler, le branle à son courage, il le pousse au-delà des justes bornes. Le, pour ainsi parler, ne corrige pas le baroque de cette expression. * Elle me paraît aussi déplacée dans cette période de Mascaron sur la bataille de Rocroi. "On demande si ce jour fut le dernier mirâcle de la vie du père (Louis XIII) ou le premier du regne du fils (Louis XIV;) si ce fut la suite du branle que le Roi mort avoit doné au bonheur de la France, ou le mouvement que le Roi avoit comencé d' imprimer à cette Monarchie. = Mouvement: en ce sens, est plus noble que branle; mais pour varier l' expression, l' Orateur s' est servi du dernier, qui est trop familier pour un discours d' aparat.
   2°. BRANLE est une espèce de danse de plusieurs persones, qui se tiènent par la main, et qui se mènent tour-à tour. _ On le dit aussi de l' air sur lequel on danse le branle. _ On dit, en ce sens, et en style proverbial: Mener le branle; mettre les aûtres en train, leur doner l' exemple. _ Faire danser à quelqu' un un branle de sortie; le faire sortir. Style plaisant et comique.
   3°. BRANLE, espèce de lit suspendu, dont on se sert sur les vaisseaux. Coucher dans un branle.

BRANLE-BâS


BRANLE-BâS, s. m. Terme de Marine; comandement qu' on fait de détendre tous les branles d' entre les ponts, pour se préparer au combat. On fit le signal de branle-bâs.

BRANLEMENT


BRANLEMENT, s. m. BRANLER, v. a. et neutre. [1re lon. 2e e muet au 1er; é fer. au 2d. Branleman, branlé.] Branlement, est le mouvement de ce qui branle. _ Branler, c' est agiter, mouvoir, remuer, faire aler deçà et delà. Branler les jambes, les bras, la tête. = Il s' emploie aussi neutralement. "Ne branlez pas de-là: ces enfans n' oseroient branler devant leur père, etc. "Tout d' un coup on vit ce bataillon branler, et il ne tarda pas de se rompre, et les soldats de fuir.
   On dit, dans le style familier: Branler au manche. (Le Rich. Port. met, dans le manche, ce qui n' est pas si conforme à l' usage.) Être sur le point de changer, ou d' être renvoyé. _ Tout ce qui branle ne tombe pas; ceux qui paraissent mal dans leurs afaires, ne sont pas toujours ruinés ou disgraciés. _ Il n' oseroit branler devant cet homme: il n' ôse rien dire, ni rien faire qui puisse le choquer.

BRAQUEMENT


BRAQUEMENT, s. m. BRAQUER, v. a. [Brakeman, braké; 2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Braquement, est la situation de ce qui est braqué. _ Braquer, se dit de certaines chôses qu' on peut tourner ou présenter d' un côté ou d' un aûtre. On dit, dans le Dict. Gramm. qu' il ne se dit que du canon; on devait ajouter, au sens propre: on le dit par extension, d' un carosse, du timon, d' une lunette.

BRâS


BRâS, s. m. [Brâ, long, et devant une voyelle brâz.] 1°. Partie du corps humain, qui tient à l' épaule. "Lever, hausser, étendre le brâs. _ Au figuré, Puissance, le brâs de Dieu n' est pas racourci: Brâs séculier; puissance temporelle; implorer le brâs séculier; livrer un Ecclésiastique au brâs séculier: ou Vaillance: Tout céde à l' éfort de son brâs. = 2°. Canal, division d' une rivière; Le Rhin se sépare en plusieurs brâs. _ On dit en ce sens, brâs de mer; partie d' une mer entre deux terres assez proches l' une de l' aûtre. = 3°. Brâs d' un fauteuil, d' une chaise; chaise à brâs; qui a des deux côtés de quoi apuyer les brâs. = 4°. Chandeliers qu' on atache aux murailles: on les apèle de ce nom, parce que d' abord ils avaient la figûre d' un brâs. = 5°. Brâs d' une balance, d' un levier; les deux parties qui sont de côté et d' aûtre du point d' apui.
   Rem. 1°. On dit, avoir les brâs retroussés jusqu' au coude; et cela est mieux que de dire, avoir la manche retroussée, etc. quoique ce soit la manche qu' on retrousse, et non pas le brâs.
   2°. On dit, figurément: s' apuyer sur un brâs de chair; c' est une expression ascétique, et consacrée. Bossuet a dit, dans le même sens: "une Église, qui s' apuye sur l' homme, et sur le brâs de la chair. Dans l' usage actuel, ce serait un barbarisme. Il faudrait dire: et sur un brâs de chair.
   3°. Se jeter dans les brâs, ou entre les brâs: le 1er est mieux dit dans le sens propre et naturel; le 2d, dans le sens figuré, pour signifier, se mettre sous la protection, implorer le secours. Cette expression peut prêter à des sens peu honêtes, et être peu décente, quand on parle d' un sexe à l' égard de l' aûtre. M. Moreau, parlant de Frédegonde, après la mort de Chilperic: elle se sauve à Paris, dit-il, se jète dans les brâs de l' Évêque, et se réfugie dans l' Église de Notre-Dame. _ Cet illustre Auteur n' a pas fait atention au manque de décence de cette expression, qui est dailleurs moins propre: c' est entre les brâs qu' il aurait falu dire.
   4°. Tendre les brâs à quelqu' un, lui ofrir, lui doner du secours, est encôre une expression figurée, qui est de tous les styles. _ Avoir sur les brâs: "Ils ne s' atendoient pas à avoir une armée sur les brâs. Le P. du Cerceau dit, dans le même sens: tomber sur les bras. "Les Tyrans n' eurent pas de peine à se persuader que, dès qu' il se verroit assez fort, il (Rienzi) leur tomberoit sur les brâs. Je doute que l' usage admette cette locution.
   5°. On dit encôre métaphoriquement, les brâs du sommeil, les brâs de la mort. "Un instant les fera passer des brâs du someil dans les brâs de la mort.
   6°. BRâS entre dans plusieurs phrâses du style famil. ou prov. _ On dit à celui, qui étend la liberté, la permission qu' on lui done: "On vous en done un doigt, et vous en prenez long comme le brâs; ce qui peut s' apliquer aux exagérations de la médisance. _ Avoir les brâs longs; avoir beaucoup de crédit, d' autorité. _ Recevoir quelqu' un à brâs ouverts; le recevoir avec empressement, avec amitié. _ On dit, à peu-près dans le même sens: Brâs dessus, brâs dessous. "Monseigneur (le Dauphin) lui embrassa les genoux. Le Roi lui dit: Ce n' est point ainsi que je veux vous embrasser: vous méritez que ce soit aûtrement; et sur cela, brâs dessus, brâs dessous, avec tendresse de part et d' aûtre. Sév. _ Être le brâs droit de quelqu' un: être bien auprès de lui, ou être son apui, ou son factotum. _ Demeurer les brâs croisés; restez oisif. _ Avoir les brâs rompus: refuser de travailler. = Traiter quelqu' un de Monsieur, de Monseigneur, etc. grôs comme le brâs; souvent et avec afectation. = Faire tomber les brâs; étoner. "Vous a-t-il lu son morceau sur les moeurs, et l' état politique des Anglois? _ Oui: _ Eh bien! _ Inouï, incompréhensible.... Les brâs m' en sont tombés, je l' avoûe. Th.d' Educ.
   À~ BRâS, adv. À~ force de brâs: faire monter le canon à brâs. _ À~ tour de brâs; de toute sa force. _ À~ plein brâs; à la brassée.

BRASIER


BRASIER, s. m. [Bra-zié, 2e é fer. et dout.] 1°. Feu de charbon ardent. = 2°. Espèce de grand bassin de métal où l' on met de la braise pour chaufer une chambre. Voy. BRAISIER.
   BRASIER, se dit, au figuré, dans tous les styles: "Nos coeurs doivent être des brasiers ardens de l' amour divin. "Cet homme a une violente fièvre: son corps est un brasier.

BRASIL


BRASIL. Voy. BRESIL.

BRASILLER


BRASILLER, v. act. [Mouillez les ll; 3e é fer. Brazi-glié.] Faire griller un peu de temps sur de la braise. Suivant l' Académie, il n' a d' usage qu' en cette phrâse: faire brasiller des pêches, où il est employé au neutre. _ Trévoux le dit aussi de la lumiêre que jète la mer pendant la nuit. Il est peu usité en ce sens.

BRASSARD


BRASSARD, s. m. [Le d ne se prononce pas; et Richelet ne l' écrit point: on l' a restitué dans le Rich. Port. Trév. met brassard ou brassart.] 1°. Partie de l' armûre qui couvrait le brâs d' un Gendarme = 2°. Espèce de garnitûre de cuir, dont on se coûvre le brâs, en jouant au balon.

BRASSE


BRASSE, s. f. [Brace: 1re brève, 2e e muet.] Mesûre de la longueur des deux brâs étendus, qui est ordinairement de six pieds. On parle beaucoup de cette mesûre dans les Relations des Voyages sur Mer: "Il y avait tant de brasses d' eau, tant de brasses de profondeur.

BRASSÉE


BRASSÉE, s. fém. [Bracé-e: 2e é fer. et long.] Autant qu' on peut en contenir entre ses brâs. Brassée de bois, de foin, de pâille, etc. Emporter à brassée.

BRASSER


BRASSER, v. act. [Bracé: 2e é ferm.] Au propre, remuer avec les brâs, à force de brâs. _ On le dit sur-tout de la bierre et des métaux. Quelques-uns disent, brasser un lit de plume; cette pâille n' est pas bien brassée. Il faut dire remuer. L. T. _ Au figuré, pratiquer, tramer: brasser une trahison. Cette expression vieillit; quelques Auteurs s' en servent pourtant encôre. "Ils révélèrent toute la suite du complot; et il fut constaté qu' il s' étoit brassé par l' ordre du Patriarche Estiene. Berault, Hist. de l' Église. _ Le Rich. Port. le met sans critique. L' Acad. se contente de dire qu' il se prend en mauvaise part.

BRASSERIE


BRASSERIE, s. f. BRASSEUR, EûSE, s. m. et f. [Braceri-e, Braceur, ceû-ze: 2e e muet au 1er, lon. au dern.] Brasserie est le lieu où l' on brasse de la bierre. Brasseur, celui qui la brasse ou qui la vend en gros.

BRASSIèRES


BRASSIèRES, s. f. plur. [Bra-ciè-re: 2e è moyen et long.] Espèce de petite camisole qui sert à tenir le corps en état. _ Il se dit toujours au pluriel, même au figuré, qui n' est que du style familier. * Rollin l' emploie dans une Histoire et le met au singulier, deux chôses à ne pas imiter. "Ils avoient également intérêt de détruire ce nouveau Régent, et d' abolir avec lui la Régence qui les tenoit en brassière. = On dit, proverbialement, qu' une persone est en brassières, pour dire qu' elle est contrainte, qu' elle n' a pas la liberté d' agir, de sortir, etc. Il signifie aussi, avoir des manières contraintes, embarrassées.

BRAVACHE


BRAVACHE, s. m. BRAVADE, s. fém. [2e brèv. 3e e muet.] Un bravache est un faux brâve, un fanfaron. _ Bravade, est une action, parole, ou manière, par laquelle on brâve quelqu' un: "Il lui a fait une bravade. Il croit nous intimider par ses bravades.

BRâVE


BRâVE, adj. [1re longue, 2e e muet.] 1°. Vaillant, courageux, brâve Soldat, brâve Capitaine. _ s. m. Il fait le brâve; c' est un faux brâve. Tous nos brâves se distinguèrent dans cette occasion. = 2°. Devant le substantif, il signifie, honête: "Vous êtes un brave homme; c' est une brâve femme. = 3°. Vêtu, paré de beaux habits. "Vous voilà bien brâve.
   Rem. 1°. Autrefois, brâve, se disait plus des habillemens que du courage; et Ménage remarque comme une nouveauté dans Malherbe, d' avoir dit: Est-il courage si brâve? Et ailleurs: les Muses hautaines et brâves. _ Aujourd' hui c' est tout le contraire, et il n' y a guère plus que le peuple qui s' en serve pour propre, bien mis, endimanché. Madame de Sévigné a dit encôre; mais il paraît que c' est en plaisantant: "Vous prenez des peines infinies pour nos habits; vous me faites plus brâve que je ne voulois. _ L' Académie dit seulement, qu' il est du style familier.
   2°. BRâVE, subst. S' emploie le plus souvent au pluriel, et il se prend presque toujours en mauvaise part.
   Il est de faux dévots, comme il est de faux brâves.
       Molière.
  Je crains peu, direz-vous, les brâves du Parnasse.
      Boileau.
Il est toujours entouré de brâves, c. à. d., de bréteurs, de spadassins.
   On dit, d' un homme vaillant, brâve comme César, brâve comme son épée; et d' un poltron, brâve comme un lapin.
   J. J. Rousseau dit: téméraires en paroles, et brâves de la langue. C' est la traduction de: nimii verbis, lingu‘ feroces; de Tacite. L' expression est peu noble.

BRâVEMENT


BRâVEMENT, adv. [Brâveman: 1re et 3e longues, 2e e muet.] 1°. Avec bravoûre. "Se défendre long-temps et brâvement dans une place. Rollin. = 2°. Habilement, adroitement: "Il s' est aquité brâvement de cette commission; il s' est brâvement tiré de cet embarras. Brâvement et bien, fort bien. Dans le second sens, il est du style familier; et dans le premier, on ne peut pas dire qu' il soit du beau style.

BRAVER


BRAVER, v. act. [Bravé: 1re brève 2e é fermé. Devant l' e muet, la 1re est longue: il brâve, il brâvera, etc.] Morguer, traiter de haut en bâs. Il régit, au propre, les persones: braver les tyrans; les persécuteurs; et au figuré, les chôses: braver les périls, la mort, la fortune.

BRâVERIE


BRâVERIE, s. f.[1re longue, 2e et 4e e muet, 3e longue.] Magnificence en habits. "Les femmes aiment la braverie. _ Les étrangers doivent prendre garde à ne pas confondre brâverie avec bravoûre et bravade. Le premier, se dit de la magnificence en habits; mais il est bâs. (L' Académie se contente de dire qu' il est du style familier.) Le second, signifie une valeur éclatante. Le troisième, action par laquelle on brâve, on traite quelqu' un avec mépris et avec hauteur. L. T.
   * Autrefois, on disait braverie pour bravoûre; et Scuderi, reproche à Corneille que, dans le Cid, il n' est pas, jusqu' aux femmes, qui ne se piquent de braverie.

BRAVOûRE


BRAVOûRE, s. f. [2e longue, 3e e muet.] Valeur éclatante. Suivant l' Académie, on le dit quelquefois, au pluriel, des actions de la valeur. "Il raconte ses bravoûres à tout moment. Cela ne peut être bon que dans le style critique ou comique.
   BRAVOûRE, Courage (synon.) La bravoûre est dans le sang; le courage est dans l' âme. La première, est une espèce d' instinct; le second est une vertu. L' une, est un moûvement machinal; l' autre, est un sentiment noble et sublime. Le courage tient plus de la raison; et la bravoûre, du tempérament. Celle-ci est d' autant plus impétueûse, qu' elle est moins réfléchie; celui-là est d' autant plus intrépide, qu' il est mieux raisoné. Le courage paraît donc plus propre au Général et à ceux qui comandent. La bravoûre est plus nécessaire au Soldat et à tout ce qui reçoit des ordres. (Extr. de M. Turpin) Voy. VALEUR; voyez aussi BRAVERIE.

BRAYER


BRAYER, s. m. [Il vaudrait mieux écrire braïer, puisque l' a s' y prononce; au lieu qu' en écrivant brayer, il faudrait prononcer bré-ié.] Bandage pour ceux qui sont sujets aux descentes de boyau.

BRAYER


BRAYER, v. act. [Bré-ié: 2e é fer.] Enduire de brai.

BRAYETTE


BRAYETTE ou BRAïETTE, s. f. Le premier est de l' Académie, et de l' ancien usage; le second, représente mieux la prononciation. _ La fente de devant d' un haut de chaûsse.

BREBIS


BREBIS, s. f. [1re e muet; l' s ne se prononce que devant une voyelle. * Rollin écrit au singulier brebi sans s.] La femelle d' un belier. Lait de brebis; troupeau de brebis; brebis galeûse.
   Le goût proverbial s' est exercé sur ce mot. _ Brebis galeûse; persone dont la compagnie est dangereûse, contagieûse pour les moeurs. _ Fais-toi brebis, le loup te mangera; quand on est trop bon, on est exposé à être maltraité, insulté. _ La brebis bêle toujours de la même sorte; un sot ne sait dire que des sotises, et un homme méchant que des méchancetés. _ À~ brebis tondûe, Dieu mesûre le vent.; il nous done des secours suivant nos besoins. _ Quand brebis enragent, elles sont pires que des loups; les caractères doux sont terribles, quand ils font tant que de se mettre en colère. _ Il faut tondre ses brebis, et non pas les écorcher; ne mettre que des impositions modérées, et qui n' écrâsent pas le peuple.

BRèCHE


BRèCHE, s. f. [1re è moyen, 2e e muet. Richelet écrit bréche avec un accent aigu; le Rich. Port. breche sans accent; l' Acad. brèche, avec l' accent grâve, et c' est ainsi qu' il faut écrire.] Dans le sens propre, il ne se dit que des murâilles, des clôtures, des haies. Batre en brèche; faire brèche, faire une brèche. Le premier, se dit seulement des places qu' on assiège; le second, des murâilles, des haies auxquelles on fait une ouvertûre. = On le dit par extension de plusieurs autres chôses: faire une brèche à un couteau; faire brèche à un pâté; ce qui se dit figurément et par allusion aux places qu' on assiège. _ Mais on ne doit pas dire, comme La Motte, faire brèche à un animal avec une flèche, pour dire, le percer avec, etc. L' Ab. Desfontaines n' a pas manqué de relever cette expression et de l' insérer dans son Dictionaire Néologique, Archives des expressions ridicules ou barbâres.
   BRèCHE, s' emploie élégamment au figuré. "Les passions sont les brèches de l' âme, et c' est par-là que tous les vices y peuvent entrer. St. Evrem. "La crainte est la brèche par laquelle Dieu entre, par une heureûse violence, dans les coeurs les plus endurcis. _ Je n' aprouve pas l' emploi de ce mot dans ces deux phrâses, et la métaphôre ne me paraît pas juste. Elle l' est davantage dans les phrases suivantes. "Rien de si délicat que la réputation; il est aisé d' y faire brèche. "Les plus fortes passions s' afoiblissent avec le temps; chaque jour y fait une brèche. St. Evr. Faire brèche aux immunités, aux privilèges d' une ville, etc. "Ces altercations mutuelles ne firent qu' élargir la brèche entre la République et l' Armée. Histoire des Stuarts.
   BRèCHE, est aussi le nom d' une sorte de marbre. De la brèche violette.
   BRèCHE-DENT, substant. Académie, ou plutôt adjectif. [1re è moyen, 2e e muet, 3e lon. brèchedan.] Qui a perdu quelqu' une des dents de devant. "Cet homme est brèche-dent; cette fille est brèche-dent. On ne dit point: "C' est un brèche dent, c' est une brèche~-dent. Ce mot n' est donc point substantif.

BREDOUILLE


BREDOUILLE, s. m. Académie; subst. fém. Trévoux. [Bre-dou-glie: 1re et 3e e muet. Mouillez les ll.] On ne sait trop comment caractériser ce mot. Est-il substantif? est-il adjectif? On dit, avoir bredouille, être en bredouille, c. à. d., au jeu de tric-trac; être en état de pouvoir gagner les deux trous. On dit même, avoir la bredouille, c. à. d., le double jeton que prend celui qui marque après l' adversaire, et qui lui fait gagner deux trous, si l' adversaire ne le lui ôte pas, en marquant après lui. Cela le ferait croire substantif, mais substantif féminin, et non pas masculin, comme le met l' Académie. _ D' autre part, on dit, gagner la partie bredouille, le trou bredouille; ce qui le ferait juger adjectif. _ On peut de même le traiter comme adjectif au figuré: sortir bredouille d' un lieu, d' une assemblée, pour dire, en sortir sans avoir pu rien faire de ce qu' on s' était proposé.

BREDOUILLEMENT


BREDOUILLEMENT, s. masc. BREDOUILLER, v. n. BREDOUILLEUR, EûSE, s. m. et f. [ 1re e muet; mouillez les ll; 3e e muet au 1er, é fermé au 2d, dout. au 3e, lon. au 4e: bre-dou-glie-man, dou-glié, glieur, glieû-ze.] Bredouiller, c' est parler d' une manière mal articulée et peu distincte. _ Bredouillement, est l' action de bredouiller. _ Bredouilleur, bredouilleûse, est celui ou celle qui bredouille. "On n' entend rien à ce qu' il dit; il ne fait que bredouiller: "Son bredouillement dépâre tout ce qu' il dit: "C' est un bredouilleur, une bredouilleûse.
   BREDOUILLER, est quelquefois employé activement. "Que bredouillez-vous-là? Il a bredouillé un mauvais compliment. "Il a fait un discours bredouillé d' un bout à l' aûtre.

BREF


BREF, BRèVE, adj. [Le 1er è est moyen, le 2d est muet; l' f se prononce au masculin. Au Palais on dit, brief, briève.] Court, courte, de peu de durée, de peu d' étenduë.
   BREF, Court, Succint (synon.) Le premier, ne se dit que de la durée: le temps seul est bref. Le second, se dit à l' égard de la durée et de l' étenduë: la matière et le temps sont courts. Le troisième, ne se dit que par raport à l' expression: le discours seulement est succint.
   Rem. Bref est vieux; l' Académie en done deux exemples: Le temps que vous me donez est bien bref; cet homme est bref dans ses décisions. Hors du style plaisant, on dit plutôt court pour le premier, et court, ou précis pour le second. On dit également, qu' un Orateur, qu' un Prédicateur est court; qu' un discours, qu' un sermon a été fort court; on ne dit point bref dans ces ocasions. _ Pour brève, on ne le dit que des syllabes, par oposition à celles qui sont longues dans la prononciation. Ainsi, l' on dira que la première syllabe, dans place, est brève, et que dans grâce elle est longue. _ On le dit même comme substantif. "L' ïambe est composé d' une brève et d' une longue. "Les brèves et les longues sont bien marquées dans la langue Latine; elles ne sont pas encôre bien fixées dans notre langue.
   On dit, proverbialement, d' un homme qui se conduit avec circonspection, ou qui est fort cérémonieux, qu' il observe les brèves et les longues; et d' un homme habile et intelligent en quelque afaire; qu' il en sait les brèves et les longues. Voyez LONG, à la fin.
   BREF, adv. Enfin, pour le dire en peu de mots. Il n' est que du style familier.
   Bref, je ne puis d' un babil importun
   Flater les gens.        Rouss.
Mais dans le haut style, bref est ridicule.
  Bref, dans cette fierté, que leur gloire a fait naître,
  L' un, ne veut point d' égal, et l' autre point de maître.
      Brebeuf.
On dit, familièrement, parler bref; avoir une prononciation trop prompte, trop précipitée.
   EN BREF, adv. Brièvement, en peu de mots, est du style familier: "Nous n' en ferons mention qu' en bref, et autant que les faits pourront entrer dans notre plan. Anon. _ Mais, en bref, en peu de temps, est vieux et hors d' usage: "Il reviendra en bref. Le Rich. Port. le met sans remarque. L' Académie dit qu' il vieillit.
   BREF, s. masc. 1°. Lettre du Pape: Bref Apostolique. Le Secrétaire des Brefs; il a reçu un Bref du Pape. = 2°. Petit livre, qui marque quel Ofice les Éclésiastiques doivent dire chaque jour. _ On l' apèle en certains endroits, Directoire, et en plaisantant, Guidâne.

BRÉHAIGNE


BRÉHAIGNE, adj. f. Suivant Richelet, il se dit des biches stériles, et par extension, des femmes, en les injuriant. L' Académie étend l' usage de ce mot aux femelles des animaux qui sont stériles, et cite pour exemple, carpe bréhaigne, qui n' a ni oeufs ni laite. Elle ajoute, qu' apliqué aux femmes, il est populaire, et qu' il se dit seulement au substantif. "C' est une bréhaigne.

BRELAN


BRELAN, ou BERLAN, s. m. [On ne dit plus que le 1er; 1re e muet.] Sorte de jeu fort conu. Jouer au brelan; caver au brelan. _ Tenir brelan chez soi. Doner à jouer au brelan.
   Rem. Brelan, Brelandier; c' est ainsi qu' il faut écrire et prononcer, disent Th. Corneille et la Touche. Celui-ci remarque que l' Acad. avoit dabord mis berlan et brelan, et seulement Brelandier; qu' ensuite elle ne mit que brelan; et que cependant au mot gagner, elle dit: il a gagné deux cens pistoles au berlan. C' est une inatention, qu' on a corrigée dans la dernière édition. _ Richelet écrit berland ou breland avec un d; et l' analogie semblerait le demander, puisqu' on dit brelander et brelandier: mais l' usage l' a retranché.

BRELANDER


BRELANDER, v. n. BRELANDIER, IèRE, s. m. et f. [1re e muet: 2e lon. 3e é fer. au 1er et 2d, è moyen et lon au 3e.] Brelander, c' est jouer continuellement au brelan. On ne le dit guère qu' en cette phrâse: il ou elle ne fait que brelander _ BRELANDIER, BRELANDIèRE; terme injurieux qui se dit d' un homme et d' une femme, qui joûent continuellement aux cartes.

BRELOQUE


BRELOQUE, s. f. [Breloke, 1re et 3e e muet, tout bref.] Curiosité de peu de valeur: "Il vend bien cher ses breloques.

BRENEUX


BRENEUX, EûSE, adj. [1re e muet; 2e lon.] Plein de matière fécale: chemise breneûse.

BRÉSIL


BRÉSIL, s. m. [1re é fer. Brézil; mouillez l' l finale. Le Rich. Port. écrit Bresil sans acc. C' est aparemment une faûte d' impression.] Suivant le P. Bouhours, on dit plus ordinairement Brasil, en parlant du pays, et Brésil, en parlant du bois. Aujourd' hui on dit toujours Brésil: le Brésil, du bois de Brésil; sec comme du Brésil; extrêmement sec.

BRÉSILLER


BRÉSILLER, v. a. [Brézi-glié; 1re et 3e é fer. Mouillez les ll; tout bref.] 1°. Teindre avec du bois de Brésil. Trév. Cette signification n' est pas trop sûre. _ 2°. Rompre en petits morceaux. Trév. Acad. Voilà qui est tout brésillé. _ 3°. Mde. de Sévigné paraît lui doner un aûtre sens, celui de griller, échaufer. "Mandez-moi si vous dormez, si vous n' êtes point brésillée, si vous mangez, etc. _ Je soupçone qu' il faut lire brasillée.

BRÉTâILLER


BRÉTâILLER, v. n. BRÉTâILLEUR, s. m. [1re é fer. 2e lon. Mouillez les ll; 3e é fer. au 1er, dout. au 2d.] Suivant l' Ac. Brétâiller, c' est être dans l' habitude de fréquenter les salles d' armes, et de tirer l' épée. Suivant Trév. Ferrâiller, faire le métier de Bréteur. _ BRÉTâILLEUR, est celui qui brétâille.

BRèTE


BRèTE, BRÉTEUR. Voyez BRETTE, BRETTEUR.

BRETELLE


BRETELLE, s. f. [Bretèle; 1re et 3e e muet, 2e è moy.] Sangle, corde ou courroie qui sert à porter une hotte, une chaise à porteurs, etc. _ Bretelles, au pl. Tissu de fil ou de soie pour soutenir le haut de-chausse: porter des bretelles.
   On dit proverbialement: Il en a par-dessus les bretelles; plus qu' il n' en peut porter. On le dit de toutes les méchantes afaires, et sur-tout de celui qui a trop bu.

BRETTE


BRETTE, s. f. [Brète: 1re è moy. 2e e muet.] Longue épée. On ne le dit qu' en plaisantant: "Bateur de pavé, qui traîne par-tout une longue brette.

BRETTEUR


BRETTEUR, s. m. [Bré-teur; 1re é fer. 2e dout. au sing. lon. au pl.] Qui aime à se battre, à ferrâiller, et qui porte ordinairement une longue brette.

BRèVE


BRèVE. Voy. BREF.

BRèVEMENT


*BRèVEMENT, adv. BRèVETÉ, s. f. Vaugelas, Ménage, Bouhours se contentent de dire que brièvement et brièveté sont meilleurs. Aujourd' hui on peut dire qu' ils sont les seuls bons. _ Fleury s' est encôre servi de brèveté. "Les lois sont écrites avec clarté et brèveté. Moeurs des Isr. "Soit dans la distinction des styles... soit dans la brèveté et la propriété de l' expression. Ibid.

BREVET


BREVET, s. m. BRÉVETAIRE, s. m. BRÉVETER, v. a. [1re e muet au 1er, é fer. aux deux autres; 2e è moy. au 1er, e muet au 2e et 3e; la 3e est un è moyen et long au 2d, é fer. au 3e. _ L' Acad. écrit ces trois mots sans acc. à la 1re: pâsse pour le 1er; mais dans les deux autres, ces deux e muet de suite ne sont pas dans l' analogie de la Langue. Le Rich. Port. met l' accent aigu au 2d et au 3e. Il serait mieux encore d' y mettre un acc. grâve, parce que l' è est moy. Brèvetaire, brèveter.] Brevet est une expédition non scellée, par laquelle le Roi acorde quelque grâce, quelque titre de dignité, etc. _ Brèvetaire signifie, qui a obtenu un brevet, mais il ne se dit que de celui qui est porteur d' un brevet du Roi en matière bénéficiale. _ Brèveter, c' est doner le brevet d' un Ofice, d' un emploi, d' une pension, etc.

BRÉVIAIRE


BRÉVIAIRE, s. m. [Bré-viè-re; 1re é fer. 2e è moy. et long: 3e e muet.] Livre contenant l' Ofice Divin. Dire son bréviaire.

BREUVAGE


BREUVAGE, s. m. [Breu-vage; 3e e muet, tout bref.] Boisson, liqueur à boire. Les Poètes ont dit que le Nectar étoit le breuvage des Dieux; et delà vient cette expression proverbiale: C' est le breuvage des Dieux, en parlant d' un vin agréable à boire, d' une liqueur excellente.

BRIBE


BRIBE, s. f. [2e e muet.] Au sing. Gros morceau de pain. "Il a mangé une bribe de pain bis. St. fam. _ Au pl. où il est peu usité: Morceaux de viande que les valets serrent, ou qu' on done à ceux qui demandent l' aumône. _ Et au figuré; Bribes de latin, de grec; phrâses prises de côté et d' aûtre sans choix. "Un faiseur d' Almanach est trop heureux quand il peut déterrer quelque bribe de Voltaire, échapée aux recherches des avides Compilateurs. Ann. Litt.

BRICOLE


BRICOLE, s. f. 1°. Cette partie du harnois d' un cheval de carrosse, qui passe sous les coussinets, et qui s' atache de côté et d' aûtre aux boucles du poitrail. = 2°. Au jeu de paûme, le retour de la balle, quand elle a frapé une des murailles des côtés; et au jeu de billard, le chemin que la bille fait après avoir frapé une des bandes. On le dit à peu près dans le même sens, au jeu de mail.
   On dit proverbialement, doner une bricole à quelqu' un, lui faire acroire une chôse pour l' aûtre. Suivant l' Acad. cela ne se dit guère que des menteries qu' un valet fait à son maître.
   De bricole, par bricole, adv. (fig. fam.) Indirectement.

BRICOLER


BRICOLER, v. n. Jouer de bricole, à la Paûme, ou au Billard. Voy. BRICOLE, n°. 2°. _ Au figuré, n' aler pas droit dans une afaire.

BRIDE


BRIDE, s. f. Partie du harnois du cheval, qui sert à le conduire. _ On le dit par extension, de tout ce qui serre et atache une chôse à une aûtre. Bride d' une boutonière, d' une chemise, etc. = Figurément, Ce qui arrête et borne la puissance de quelqu' un; Tenir en bride, lâcher la bride à, etc. "Nation féroce, et que la crainte seule d' une puissance supérieure peut tenir en bride. "Il ne faut pas lâcher la bride à ses passions. Mde. de Sévigné lui fait régir l' infinitif: "Je ne veux point me lâcher la bride à vous parler de mon amitié. Ce régime fait fort bien en cet endroit; mais il ne serait pas bon âilleurs.
   Les expressions suivantes sont aussi du st. fig., mais fam. _ Aler bride en main; doucement et avec prudence: "Ce chapitre... vû la délicatesse de l' afaire, exige que j' âille bride en main.
   Notre vieux Batelier le sentit, et soudain,
   Craignant pour son novice un accident tragique;
   Holà! lui cria-t-il, alons bien bride en main.
   C' est ici le moment critique.        l' Ab. Reyr.
"Un Boyle, un Newton, deux hommes qui marchèrent bride en main dans la seule route qui conduit à la vraie Philosophie. Histoire des Stuarts. L' expression n' est pas assez noble pour une Hist. sérieûse. Remarquez dailleurs: marcher bride en main, qui rend la métaphôre peu juste. Aler, se dit de celui qui va à cheval, comme de celui qui va à pied. Mais, marcher, ne peut pas se dire du premier, et ne s' acorde guère avec la bride en main. On dit aussi: tenir bride en main; "Vous êtes maîtresse de tout, pourvu que vous teniez un peu bride en main pour la dépense. Sév. _ Aler bride abatûe, signifie tout le contraire: c' est aler résolument, et quelquefois étourdiment dans une afaire, et sans que rien arrête. "Je l' aime comme mérite son coeur, et comme le veut mon inclination, qui me fait courir dans ce chemin à bride abatûe. Sév. "La modestie m' empêche de vous louer à bride abatûe, parce que j' ai dit et pensé toutes les mêmes chôses que vous. La même. _ Avoir, ou mettre la bride sur le cou: être son maître, rendre à quelqu' un sa liberté. "Je jouis avec plaisir et modération de la bride qu' on m' a mise sur le cou. Sév. _ Voy. SOURD et VEAU.

BRIDER


BRIDER, v. a. Au propre, mettre la bride à un cheval. = Au figuré (st. fam. et prov.) Brider le nez à quelqu' un; lui jeter quelque chôse au visage. _ Chacun bridera sa bête, se conduira à sa fantaisie; _ La bécasse est bridée; il a doné dans le paneau. _ Oison bridé; homme qui n' a pas vu le monde. Juge bridé; Juge ignorant. _ Voy. ÂNE et QUEûE.
   BRIDER, peut être employé dans le style noble et relevé, mais avec précaution. En voici un exemple dans Boileau:
   La raison trop farouche, au milieu des plaisirs,
   D' un remors importun vient brider nos desirs,

BRIDON


BRIDON, s. m. Bride légère qui n' a point de branches.

BRIEF


BRIEF, IèVE, adjectif. Court, de peu de durée. C' est la même chôse que bref; mais brief n' est en usage que dans la pratique. "Il a été crié à trois briefs jours. "Ils en ont fait bonne et briève justice. Cette dernière phrâse peut avoir lieu hors du Palais, dans le discours familier.

BRIèVEMENT


BRIèVEMENT, adv. BRIèVETÉ, s. f. [1re è moy. 2e e muet: briève-man, veté.] D' une manière briève, courte; raconter, expliquer brièvement. = Le peu de durée de quelque chôse: la brièveté du temps, de la vie, du règne d' un Prince, etc.

BRIFER


BRIFER, v. act. et neut. BRIFEUR, EûSE, s. m. et fém. Termes bâs et populaires. Manger avidement: "Ils auront bientôt brifé tout cela: "Ils brifent comme il faut: "C' est un bon brifeur, une grande brifeûse.

BRIGADE


BRIGADE, s. f. BRIGADIER, subst. masc. [3e e muet au 1er, é fer. et dout. au 2d.] Brigade est, 1°. troupe de gens de guerre d' une même Compagnie, sous un chef apelé Brigadier. = 2°. Division d' une armée, composée de plusieurs bataillons ou escadrons, sous le comandement d' un Oficier principal. _ Brigadier, est celui qui comande une brigade. Brigadier des Armées du Roi, est un grade supérieur, qui est au dessous de celui de Maréchal de Camp.
   Rem. 1°. Scuderi avait blâmé Corneille d' avoir dit: leur brigade était prête, sous prétexte que, dans la troupe dont parlait le Poète, il y avait plus de cinq cens soldats. Mais l' Académie décida qu' en poésie, on prend brigade pour troupe, de quelque façon que ce soit. Sent. sur le Cid. _ 2°. Au figuré familier, on apèle brigade, plusieurs persones ensemble: "Il nous arrive une brigade.

BRIGAND


BRIGAND, s. m. BRIGANDAGE, s. masc. [J' ai vu dans des livres brigant avec un t à la fin; mais brigandage, brigander prouvent qu' il faut écrire brigand avec un d; et c' est en éfet l' usage le plus commun, comme le plus raisonable.] Brigand au propre, se dit des voleurs des grands chemins; au figuré, de ceux qui font des exactions, des concussions. _ Brigandage a aussi ces deux sens: volerie sur les grands chemins; rapine, exaction.

BRIGANTIN


BRIGANTIN, subst. masc. Sorte de petit Vaisseau à voiles et à rames pour aller en course.

BRIGUE


BRIGUE, s. f. BRIGUER, v. act. [Brighe, brighé: l' u n' est employé dans ces mots que pour doner au g un son fort et pareil à celui qu' il a devant l' a, l' o et l' u.] Le substantif ne se prend qu' en mauvaise part. Les brigues sont toujours des cabales, des manoeuvres odieûses et criminelles: "Les brigues qu' on faisoit, n' éclatoient point encôre. La Rochef. _ Le verbe se dit en bien comme en mal: briguer un emploi, briguer l' honeur de combattre pour la patrie. _ Quelquefois il ne signifie que rechercher avec ardeur, avec empressement: briguer les bones grâces, la faveur, la protection de quelqu' un.

BRIGUEUR


BRIGUEUR, s. m. [Bri-gheur; 2e dout.] Qui brigue. _ Il est peu usité, et se prend toujours dans un sens odieux: "C' est un brigueur à gages. Trév. Rien ne m' aflige, ni ne me choque tant que ces brigueurs d' éloges. Balzac. _ Ce mot peut trouver sa place dans le style satirique ou comique.

BRILLAMMENT


*BRILLAMMENT, adv. [Bri-glia--man: mouillez les ll.] Mot nouveau et fort à la mode. D' une manière brillante. "Deux cens agathines à moi, dit le Cocher, pour vous mener brillamment et pour former vos chevaux. Donez-les à ce triste pédant, qui endoctrine votre fils. Isle Frivole.

BRILLANT


BRILLANT, ANTE, adj. [Bri-glian, ante; 2e lon. mouillez les ll.] Qui brille, qui a un grand éclat. _ Cet adjectif suit ou précède au gré de l' Orateur ou du Poète: c' est à l' oreille à le décider. Brillans apas, charmes brillans; brillantes clartés, clartés brillantes.
   Et ce n' est pas envain que ces astres brillans
   En quatre temps égaux nous partagent les ans.
       De Lille.
  Et quand l' astre du jour
  Ouvre dans le Taureau sa brillante carrière. Id.
Brillans charmes et brillans astres soneraient fort mal.
   Rem. On a toujours dit, un esprit brillant, des pensées brillantes. Ce n' est que du temps du P. Bouhours qu' on a commencé à dire, un mérite brillant, une valeur brillante, une afaire brillante. Cet adjectif signifie là quelque chôse d' extraordinaire, qui éclate aux yeux du monde. _ L' Acad. dit actions brillantes, vertus brillantes.

BRILLANT


BRILLANT, s. m. 1°. Éclat, lustre. Au propre: ce diamant a plus de brillant que l' aûtre. _ Au figuré; il y a du brillant dans ce Poème, dans ce discours.
   Rem. On dit, doner du brillant à, c. à. d. de l' éclat: Rousseau dit, doner des brillans, au pluriel.
   Vous tenez d' eux enfin cette magnificence,
   Qui seule sait doner à la haute naissance
   de solides brillans.
   Le même Poète, parlant d' un homme dévoué par son rang et ses talens au public, dit:
   Tous les brillans qui l' embellissent,
   Tous les talens qui l' ennoblissent,
   Sont en lui, mais non pas à lui.
   Ces derniers vers sont peu dignes du Grand Rousseau. Je ne sais si beaucoup de gens goûtent ces solides brillans, et ces brillans qui embellissent un Grand Homme. Pour moi, j' ôse avouer qu' ils ne sont pas de mon goût. _ Voy. ÉCLAT.
   BRILLANS se dit au pluriel des ouvrages d' esprit, mais il se prend en mauvaise part. Pièce d' éloquence, pleine de faux brillans; de pensées ingénieûses, mais fausses ou frivoles, et où il y a plus d' éclat que de solidité. _ Brillant se dit quelquefois des persones: "Cet homme a plus de brillant que de solide.
   2°. BRILLANT: Diamant taillé à facettes par-dessus et par-dessous "Vous avez là un fort beau brillant.

BRILLANTÉ


*BRILLANTÉ, ÉE, adj. Mot assez nouveau, mais qui parait avoir bien pris. Il est bon pour le style critique. _ Quand on parle de style, il se prend en mauvaise part. M. l' Ab. de la Serre, dans son Poème sur l' Eloquence, reproche à l' orateur sacré, Petit-Maître en soutane, d' être
   Brillanté dans ses mots et guindé dans ses tours.
"La plupart des prix, qu' elles distribuent, ne sont acordés qu' à des ouvrages brillantés, médiocres ou complètement mauvais. Ann. Litt. _ Pensées brillantes et pensées brillantées. Quelle diférence!

BRILLANTER


BRILLANTER, v. a. [Bri-glian-té, 2e lon. 3e é fer. mouillez les ll.] L' Acad. ne le dit qu' au propre, des diamans qu' on tâille à facettes par dessous, comme par--dessus. * Le Rich. Port. le dit aussi au fig. et il est assez à la mode en ce sens. "Bientot l' esprit et l' épigramme ont brillanté le Dialogue comique. Ann. Litt.

BRILLER


BRILLER, v. n. [Mouillez les ll, 2e é fer.] Au propre, reluire, jeter une lumière étincelante; avoir de l' éclat. Le Soleil brille, les Étoiles brillent. _ Il régit quelquefois la prép. de: "Ses yeux brillent d' un vif éclat. = Au figuré, il se dit de la gloire, de la vertu, des belles qualités, des productions de l' esprit. Sa gloire brille dans tout l' univers; la vertu brille dans l' adversité; c' est l' endroit de sa pièce qui brille le plus. _ il se dit même des persones. "Il brille partout où il paraît.
   BRILLER se dit aussi d' un chien de chasse. qui quête et qui bat beaucoup de pays.

BRILLOTER


*BRILLOTER, v. n. Diminutif de Briller. C' est un mot de Mde de Sévigné; Je ne doute point qu' il ne brillote fort à nos États. "Mon fils brillote à merveille. (aux États.) Sév

BRIMBALE


BRIMBALE, s. f. BRIMBALER, v. a. [Brein-bale, balé: 3e. e muet au 1er, é fer. au 2d.] Brimbale est un levier, qui sert à faire aler une pompe. Il a produit brimbaler, agiter, secouer par un branle réitéré. Il ne se dit point d' une pompe, mais des cloches, quand on les sonne mal et en désordre. _ Il n' est que du style familier et frise le populaire.

BRIMBORION


BRIMBORION, s. m. [Brein-bori-on: 1re lon. le reste bref.] Colifichet, babiole, chôse de peu de valeur. "Son Cabinet n' est plein que de brimborions. St. famil.

BRIN


BRIN, s. m. [Brein, monosyllabe.] 1°. Ce que le grain ou la graine pousse dabord hors de terre: brin d' herbe; le seigle et le froment ont déjà poussé de beaux brins. = 2°. Les scions que poussent les plantes et les arbustes: brins de marjolaine, de romarin, brins de fagots. = 3°. La tige des arbres quand elle est droite: on le dit aussi, dans ce sens des poûtres: voilà un beau brin de bois, un beau brin de chêne, etc. _ Bois de brin, bois qui n' a pas été fendu par la scie. = Figurément, on dit d' un jeune homme grand et bien fait: c' est un beau brin d' homme, et ainsi du sexe: un beau brin de fille, de femme.
   4°. BRIN se dit encôre des cheveux, du poil et du crin. "Il n' a que deux ou trois brins de cheveux de chaque côté; arracher le crin d' un cheval brin à brin.
   *BRIN, adv. Nullement: Vous faites la bégueule, et cela ne vous va brin. Retif: ne vous sied en aucune façon. L' Acad. ne met pas cet adverbe. Il apartient plutôt au jargon moderne qu' à la langue. _ On dit proverbialement, il n' y en a brin, il n' y en a point du tout; mais brin est là substantif, employé sans article.

BRINDE


*BRINDE, s. f. [1re lon. 2e e muet.] Vieux mot. Coup qu' on boit à la santé de quelqu' un et qu' on porte à un aûtre. Faire ou boire des brindes.

BRINDES


*BRINDES. Ville d' Italie. Pluche et Rollin l' apèlent Brunduse. C' est un latinisme, ou une ignorance du nom moderne.

BRIOCHE


BRIOCHE, s. f. Sorte de gâteau. [Bri--oche.]

BRION


BRION, s. m. [Bri-on.] Mousse, qui croît sur l' écorce des arbres, et particulièrement sur celle des chênes.

BRIQUE


BRIQUE, s. f. [Brike, 2e e muet.] Terre argileûse, pêtrie et moulée, cuite au Soleil et au four, et dont on se sert pour bâtir. "Toulouse n' est bâtie que de brique.

BRIQUET


BRIQUET, s. m. [Brikè, 2e è moy.] Petite pièce de fer, dont on se sert pour tirer du feu d' une pierre à fusil, d' un caillou, etc. Batre le briquet.

BRIQUETAGE


BRIQUETAGE, s. m. BRIQUETER, v. a. [2e e muet, 3e é fer. au 2d.] Ces deux mots expriment l' action de contrefaire de la brique, avec un enduit de plâtre et d' ocre, sur une murâille.

BRIQUETÉE


BRIQUETÉE, adj. f. [Briketé-e, 2e et 4e e muet, 3e é fer. et long.] Il ne se dit que de l' urine qui est de couleur de brique.

BRIQUèTERIE


BRIQUèTERIE, s. f. BRIQUETIER, s. m. [2e è moy. au 1er, et muet au 2d, 3e e muet au 1er, é fer. au 2d. L' Acad. ne met ni accent sur le 1er e du 1er, ni double t; mais ces deux e muets de suite ne sont pas dans le génie de la langue.] Le 1er se dit du lieu où l' on fait de la brique; le 2d de celui qui en fait ou qui en vend.

BRIS


BRIS, s. m. [On prononce l' s.] 1°. En termes de Palais, Fractûre: Bris d' une porte, du scellé: bris de prison. Il n' a d' usage que dans ces ocasions. _ 2°. Les pièces d' un vaisseau qui s' est brisé en donant contre les rochers ou sur les bancs. C' est encôre un terme de Pratique.

BRISANTE


*BRISANTE, adj. f. "La mer étoit fort grosse, les lames élevées, courtes et brisantes, nous menaçoient à chaque instant de la mort. Let. Edif. Les Dictionaires ne mettent pas cet adj. verbal. Il peut être utile dans des Relations pareilles. On dit ordinairement brisans, mais il ne se dit que des vagues qui vont se briser sur la côte, et des écueuils, etc. Voy. le mot suivant.

BRISANS


BRISANS, s. m. pl. [Bri-zan: 2e lon.] Terme de Marine, qui se dit des vagues de la mer, poussées impétueûsement contre la côte. "Il y a des brisans fort rudes sur cette côte. _ 2°. Des écueuils, qui sont à fleur d' eau. "L' entrée de ce Port est pleine de brisans.

BRISE


BRISE, s. f. [Brîze, 1re lon. 2e e muet.] On apèle de ce nom, en termes de Marine, de petits~ vents frais et périodiques.

BRISÉ


BRISÉ, ÉE, adj. [Brizé, zé-e, 2e é fer. long au second.] Il se dit de plusieurs ouvrages, dont les pièces sont jointes et se plient; portes, fenêtres brisées; règle brisée.

BRISE-COU


BRISE-COU, BRISE-GLACE, s. m. Le 1er se dit d' un escalier fort roide, où il est aisé de tomber, si l' on n' y prend garde: on dit plutôt casse-cou; le 2d d' un rang de pieux devant une palée de pont.

BRISÉES


BRISÉES, s. f. [Brizé-e, 2e é fer. et long. 3e e muet.] Branches d' arbre que le Véneur coupe et sème sur la voie de la bête, pour la reconoître. On dit, figurément, suivre les brisées de quelqu' un, suivre son exemple; aler sur les brisées de, etc. courir sur son marché, entrer en concurrence avec lui. _ Reprendre ses brisées; reprendre un dessein abandoné, une afaire interrompûe.

BRISEMENT


BRISEMENT, s. m. [Brizeman: 1re lon. 2e e muet.] État de ce qui est brisé. _ Le P. Bouhours ne croyait pas ce mot français; cependant des Auteurs polis n' ont pas fait dificulté de s' en servir, dit l' Auteur des Réflexions, mais seulement dans le figuré, comme brisement de coeur. _ L' Acad. ne l' avait pas dabord mis dans son Dictionaire. Dans les éditions postérieures, elle le met au propre, brisement des flots, et au fig. brisement de coeur. _ On l' a emploié aussi en parlant des Iconoclastes, et Bossuet s' en est servi en racontant les fureurs des Protestans, aussi bien que de briseur; brisement des images et des autels; briseur d' images. _ Un Auteur fort moderne l' a dit des glaces: dont le brisement (dans les mers du Nord) en forme de nouvelles. Enfin, un Prédicateur, qui vit encôre, dit dans un sermon contre les Incrédules: "Quels sont les fruits de cette Philosophie impûre et ténébreûse? Le relâchement de tous les liens qui unissent les hommes, et le brisement de tous les freins qui peuvent les contenir.

BRISER


BRISER, v. a. [Brizé, 2e é fer.] 1°. Rompre et mettre en pièces: briser une porte, une table, la briser en mille pièces. _ On dit, en ce sens, au figuré, d' un peuple oprimé, qu' il a brisé ses fers, et d' un amant, qu' il a brisé ses chaines. = 2°. Incommoder par une agitation trop rude: "Les cahots de la voiture m' ont tout brisé. = 3°. V. n. En termes de Marine: Heurter avec violence: "Le vaisseau ala briser contre un rocher, à la côte: "La mer brise contre la côte, etc. = 4°. Au passif et au réciproque, il régit aussi les prép. à ou contre.
   Combien de Rois brisés à ce funeste écueil.        Rac.
  Ils viènent se briser contre le même écueil. Id.
  5°. BRISER est beau au figuré; briser l' orgueil, etc. "Sainte Religion, vivez donc dans l' âme des Princes.... Vous seule pouvez briser leurs âmes hautaines, etc. L' Ab. Boulogne.
   6°. Quelques-uns disent: briser avec quelqu' un, pour dire, rompre avec, etc. Je crois, dit La Touche, que cette expression ne vaut rien. L' Acad. ne l' a point mise dans son Dictionaire. Le Rich. Port. la met sans remarque.
   Brisons là-dessus; c. à. d. n' en parlons pas davantage: locution du stile familier: "Brisons là-dessus: l' Ab. Grosier vous a déjà tancé sur ce chapitre: n' en parlons pas davantage: non bis in idem. Anon. _ Brebeuf dit, briser, tout seul, ce qui n' a pas de sens.
   À~ ces mots, elle brise, et le pouvoir céleste
   Lui tranche la parole, et suprime le reste.

BRISE-VENT


BRISE-VENT, s. m. [Brize-van] Clôture faite dans un jardin, pour arrêter l' efet des vents, et en garantir les arbres.

BRISEUR


BRISEUR, s. m. [Bri-zeur] Il ne se dit que des hérétiques: briseurs d' images.

BRISOIR


BRISOIR, s. m. [Bri-zoar, 2e. dout.] Il se dit particulièrement d' un instrument à briser le chanvre ou la pâille.

BRISûRE


BRISûRE, s. f. [Bri-zûre: 2e lon. 3e e muet.] Toute pièce d' armoirie, que les cadets ajoutent à l' écu des armes pleines de la maison dont ils sont.

BROC


BROC, s. m. [Quand ce mot est à la fin de la phrâse, on prononce le c: brok.] Grand vâse pour mettre du vin. Emplir, vider un broc. _ Anciennement broche; d' où est venûe l' expression proverbiale: manger la viande de broc en broc, sortant de la broche.

BROCANTE


*BROCANTE, s. f. Mot forgé: Action de brocanter. "Le commerce des bijoux est immense: c' est, parmi les hommes opulens, une brocante perpétuelle. Mercier.

BROCANTER


BROCANTER, v. a. BROCANTEUR, s. m. [Brokanté, teur, 2e lon. 3e é fer. au 1er, dout. au 2d.] Le verbe exprime l' action de vendre, acheter, troquer des curiosités, comme tableaux, médailles, bronze, bijoux, etc. _ Le subst. se dit de celui qui brocante.

BROCARD


BROCARD, s. m. BROCARDER, v. a. 1°. Le brocard est une raillerie piquante. Brocarder, c' est donc piquer par des paroles plaisantes et satiriques. Ces deux mots ne sont que du style familier.
   2°. BROCARD est aussi le nom d' une espèce d' étofe brochée d' or ou d' argent. L' Acad. écrit Brocart avec un t.
   Rem. Quelques-uns, dit La Monoie, écrivent brocard, d' aûtres brocar, et d' aûtres brocat. Cette dernière ortographe serait la plus régulière, ajoute-t-il, sans dire pourquoi. Peut-être est-ce à caûse de brocatelle, son composé. Il prétend que l' usage est pour brocart, sans néanmoins qu' on prononce le t, même devant une voyelle.

BROCARDEUR


BROCARDEUR, EûSE, s. m. et f. Celui ou celle qui lance des brocards, des traits malins et satiriques. st. famil.

BROCART


BROCART. Voy. BROCARD, n°. 2°.

BROCATELLE


BROCATELLE, s. f. [Brokatèle, 3e è moy.] 1°. Étofe fabriquée à la manière du brocart, et de moindre valeur. = 2°. Sorte de marbre d' Italie, qui est jaûne et violet, ou rougeâtre. = 3°. Aûtre sorte de marbre de plusieurs couleurs: "Il y a plusieurs espèces de brocatelle.

BROCHANT


BROCHANT, adj. indéclinable. Il se dit au propre, en termes d' Armoirie, des pièces qui passent toutes entières d' un côté de l' écu à l' aûtre, en couvrant une partie des aûtres pièces, dont l' écu est chargé: "Les anciens Ducs de Bourbon portoient de France à la bande brochant sur le tout. _ Au fig. c' est comme si l' on disait, sur-tout, par--dessus tout. = Marivaux dit, qui brochoit, pour brochant: "Le tout ensemble lui faisoit une physionomie piquante et spirituelle, mais fripone, de laquelle on se méfioit d' abord, à cause de ce je ne sais quoi de rusé qui brochoit sur tout. Il falait du-moins dire, qui brochoit sur le tout. Ainsi le veut l' usage.

BROCHE


BROCHE, s. f. 1°. Ustensile de cuisine, instrument de fer, long et pointu, où l' on passe la viande qu' on veut faire rôtir. Mettre à la broche, ou en broche. 2°. Il se dit, en termes d' Arts, de certaines verges de fer, qui servent à diférens usages. = 3°. On done aussi ce nom à une cheville de bois pointûe, dont on se sert pour boucher le trou d' un tonneau qu' on a percé.
   * Couper broche à quelque vice: empêcher qu' il ne se répande. Joubert a mis cette façon de parler parmi les mots vieux ou populaires.

BROCHÉE


BROCHÉE, s. f. [2e é fer. et long, 3e e muet.] Toute la quantité de viande qu' on fait rôtir à une broche: "Une brochée de viande.

BROCHER


BROCHER, v. a. 1°. Passer la soie, l' or, etc. de côté et d' aûtre dans une étofe: brocher une étofe d' or, d' argent, de soie. = 2°. Brocher un livre; le coûdre légérement sans nervûre, avec une simple couvertûre de papier. "Ce livre n' est point relié, il n' est que broché. De là le mot de brochûre. = 3°. Ébaucher; faire, composer à la hâte. "Je n' ai fait que brocher ce Mémoire.

BROCHET


BROCHET, s. m. BROCHETON, s. m. [2e è moy. au 1er, e muet au 2d.] Le 1er se dit d' un poisson d' eau douce; le 2d, en est le diminutif; petit brochet.

BROCHETTE


BROCHETTE, s. f. [Brochète, 2e è moy. 3e e muet.] Petite broche de bois, dont on se sert pour tenir la viande en état à la broche. Acad. On le dit aussi des foies gras, ris de veau, cervelles, etc. passés et rôtis (ou grillés) dans de petites broches de bois ou d' argent, ou de fer.
   À~ la brochette, adv. Élever à la brochette, se dit au propre des oiseaux qu' on élève, en leur donnant à manger au bout d' un petit bâton; et au fig. (st. famil.) d' un enfant qu' on élève avec beaucoup de soin et d' aplication.

BROCHOIR


BROCHOIR, s. m. [Bro-choar: 2e dout.] Marteau de Maréchal, propre à ferrer les chevaux.

BROCHûRE


BROCHûRE, s. f. [2e lon. 3e e muet.] Petit ouvrage de peu de feuilles, qui n' est pas relié, mais seulement broché. Voy. BROCHER, n°. 2°.

BROCHURAIRE


*BROCHURAIRE, ou BROCHURIER, s. m. Faiseur de brochûre. Mot nouveau, qui ne se dit que par mépris et dans le style satirique "Quand M. de... veut bien communiquer au Public, avec sa voix éclatante, les productions de sa Mûse... il aposte dans le Parterre des claqueurs robustes, qui ne permettent pas de les entendre. Quand on vient à les lire et à s' en moquer, il aposte des brochuriers hardis, qui disent que c' est le déchirer. Linguet.

BROCOLI


BROCOLI, s. m. [Brokoli, 2e brève: plusieurs en Provence la font longue, et prononcent brokôli, mais mal.] Espèce de chou qui nous est venu d' Italie, et dont on a conservé le nom italien.

BRODEQUIN


BRODEQUIN, s. m. [Brode-kein, 2e. e muet.] Sorte de chaussûre antique, qui couvre le pied et une partie de la jambe, et qui n' est en usage que dans certaines cérémonies. Mettre les brodequins à un Évêque: on chausse des brodequins aux Rois à leur sacre. = C' est aussi une chaussûre dont se servent les Acteurs des Tragédies. _ On dit figurément chausser le brodequin, faire une Tragédie; ou se servir, dans tout aûtre ouvrage, d' un style tragique, ampoulé, boursouflé. "Il a quité le cothurne pour le brodequin, la comédie pour s' adoner à la Tragédie.
   BRODEQUINS, au pluriel, espèce de tortûre, de question qu' on done avec des planches et des coins, dont on se sert pour serrer fortement les jambes d' un acusé.

BRODER


BRODER, v. a. BRODERIE, s. f. BRODEUR, EûSE, s. m. et f. [2e é fer. au 1er, e muet au 2d, dout. au 3e, lon. au 4e: 3e lon. au 2d.] Broder, c' est travailler avec l' aiguille sur quelque étofe, et y faire diverses figûres en relief, avec de l' or ou de la soie, etc. pour l' orner davantage. On brode aussi la mousseline avec du fil, etc. _ Broderie est l' ouvrage du Brodeur, de la Brodeûse, de celui ou de celle qui brode.
   Rem. BRODER et BRODERIE se disent au figuré, mais seulement dans le style familier: broder un conte, une nouvelle, y ajouter des circonstances. Cela se dit plus souvent en mal qu' en bien. Le P. Catrou a été repris dans le Dict. Néol. d' avoir dit que "Plutarque n' a choisi que des parcelles de l' Histoire Romaine; et que sa broderie passe de beaucoup le riche fond des aûtres Écrivains. Ce mot n' est pas du beau style.

BROIER


BROIER, BROIEUR, Richelet. Voyez BROYER, BROYEUR.

BRONCHADE


BRONCHADE, s. f. BRONCHER, v. n. [1re lon. 2e é fer. au 2d.] Broncher, c' est faire un faux pas: bronchade est l' action de broncher, Trév. dit aussi bronchement: mais l' usage n' a pas adopté celui-ci..
   BRONCHER, au figuré, c' est faire une faûte légère: il ne faut pas broncher devant lui. _ Il se dit aussi d' un Orateur, quand la mémoire lui manque. = Le Proverbe dit: il n' y a si bon cheval qui ne bronche: il n' y a~ point d' homme si habile, qui ne se trompe quelquefois: Quand•que bonus dormitat Homerus.

BRONZE


BRONZE, s. m. Les ouvriers le font fém. et Voiture les a suivis en cela: "Elles ne peuvent non plus la comparer à elle que la bronze à l' or. Mais les Auteurs qui parlent et écrivent le mieux, le font masc. et l' Acad. lui a doné ce genre, ainsi que Trév. et le Rich. Port. _ 1°. Le bronze est un alliage de cuivre, d' étain et de zinc. Statue, médaille, cheval de Bronze.
   2°. On dit bronze pour figure de bronze. "Voilà un beau bronze. _ En termes de Médâilles, on dit le grand, le moyen, le petit bronze; les grandes, moyènes, petites médâilles de bronze.
   3°. Coeur de bronze, se dit au figuré d' un coeur fort dur.

BRONZÉ


BRONZÉ, ÉE, adj. Il se dit des peaux passées en noir; souliers bronzés. _ "Des visages grossiers, bronzés par le hâle. Peyssonel.

BRONZER


BRONZER, v. a. 1°. Peindre en couleur de bronze. _ 2°. Teindre, passer en noir, en parlant des peaux propres à faire des gants, des souliers.

BROQUETTE


BROQUETTE, s. f. [Brokète, 2e è moy. 3e e muet.] Sorte de petit clou de fer à tête. _ Plusieurs en Provence, disent tachette, parce que c' est le mot provençal, pour signifier cette sorte de petits clous.

BROSSAILLES


BROSSAILLES, ou BROUSSAILLES. L' Académie avait dabord mis les deux; et suivant La Touche, le 1er est le meilleur. _ Dans la dernière édition l' Acad. renvoie de Brossailles à Broussailles. _ Trév. et le Rich. Port. les mettent indiféremment l' un et l' aûtre. _ Voyez BROUSSAILLES.

BROSSE


BROSSE, s. f. BROSSER, v. a. BROSSIER, s. m. [Broce, brocé, bro-cié: 2e e muet au 1er, é fer. aux deux aûtres; dout. au 3e.] Brosse est: 1°. Un ustensile servant à nétoyer les habits. Acad. Espèce de vergette. Trév. _ 2°. Gros pinceau, de poil de cochon, dont se servent les Peintres. = Brosser, froter, nétoyer avec une brosse, au 1er sens. = Brossier, ouvrier qui fait des brosses.
   Rem. BROSSER est neutre en parlant des forêts qu' on parcourt à pied ou à cheval, dans les endroits les plus épais. "Brosser à travers les buissons, dans les bois, dans les forêts. _ Trév. le marque aussi actif en ce sens, brosser les forêts. L' Acad. ne le marque que neutre.

BROU


BROU. Voy. BROUT.

BROUET


BROUET; s. m. [Brou-è, 2e è moy.] Espèce de bouillon au lait et au sucre: "Le brouet de l' épousée, de l' accouchée. Il ne se dit que dans ces deux phrâses. _ On dit, proverbialement, de ce qui n' a pas réussi et n' a abouti à rien, que tout s' en est allé en brouet d' andouilles.

BROUETTE


BROUETTE, s. f. BROUETTER, v. act. [Brou-ète, brou-été; 2e è moy. au 1er, é fer. au 2d: 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Brouette est, 1°. un petit tombereau qui n' a qu' une roûe, et qu' un homme pousse devant lui. _ 2°. Chaise à deux roûes, tirée par un homme. = Brouetter, c' est transporter (n°. 1°.) ou conduire (n°. 2°.) dans une brouette.

BROUETTEUR


BROUETTEUR, BROUETTIER, s. m. Le 1er se dit de celui qui traîne des hommes dans une brouette. Voy. Brouette, n° 2°._ Le 2d, de celui qui transporte des terres ou d' aûtres fardeaux avec une brouette, n°. 1°.

BROUHAHA


BROUHAHA, s. m. Bruit confus, que forment les aplaudissemens dans les Assemblées, au spectacle, à une action publique, etc. On a fait un grand brouhaha à cette Comédie. _ Il est du st. familier.

BROUILLâMINI


BROUILLâMINI, s. m. [Brou-gliâ-mini. Mouillez les ll: 2e lon.] Désordre, brouillerie, confusion. Il est plus commun au figuré qu' au propre; mais il n' est que du style simple. Il y a dedans, dans cette afaire, trop de brouillâmini.

BROUILLARD


BROUILLARD, s. masc. [Brou-gliar; mouillez les ll. Le d final ne se prononce pas.] Vapeur épaisse et ordinairement froide, qui obscurcit l' air: "Brouillard épais, puant, mal sain. _ Il se dit également dans le style métaphorique. Racine le fils, dit de la raison:
   Elle espéra, malgré tant de brouillards épais,
   Étendre son empire en étendant sa vûe.
Et Rousseau souhaite que le Ciel rende à sa vertu, si long-tems poursuivie.
   L' éclat dont l' implacable envie,
   Sous l' épaisseur de ses brouillards obscurs,
   Offusque encor les rayons les plus purs.
   On dit, proverbialement, qu' on assigne une rente sur les brouillards de la rivière, quand on propôse des hypothèques, ou des cautions peu sûres.
   BROUILLARD, adj. Papier brouillard; papier qui boit et qui est de couleur grise ou feuille morte. Voy. BROUILLON.

BROUILLEMENT


BROUILLEMENT, s. m. BROUILLER, v. act. BROUILLERIE, s. f. [Brou-glie-man, glié, glie-rî-e: 2e e muet au 1er et 3e, é fer. au 2d, 3e lon. au dern.] Brouillement, est l' action de brouiller. L' Académie ne le met pas. = Brouiller, méler. _ Au figuré, mettre du désordre, de la confusion. = Brouillerie, querelle, dissension.
   Rem. BROUILLEMENT, se dit dans le propre, et brouillerie dans le figuré: le brouillement des humeurs: brouillement des couleurs; peu usité, dit le Rich. Port. On dit broyement. _ "Il y a de la brouillerie entre eux. L. T. _ Brouiller, se dit et dans le propre et dans le figuré: brouiller du vin, brouiller les afaires, les persones entr' elles: l' amour lui a brouillé la cervelle. _ Brouiller les cartes a les deux sens; il signifie méler les cartes du jeu, et ocasioner méchamment des troubles, des brouilleries. "Pour soutenir ce système, il a falu brouiller toutes les idées. BOSS.
   BROUILLER, est employé quelquefois neutralement, il ne fait que brouiller. _ Se brouiller, se dit ou seul et sans régime; pour, s' embarraser, se troubler en parlant: il se brouilla tellement, qu' il ne savait plus ce qu' il disait; ou il régit la préposition avec: il s' est brouillé avec toute sa famille.
   BROUILLER et être brouillé, ont le même régime: "Les séditieux cherchoient à brouiller le Ministre avec le Général: "Il est brouillé avec tous ses parens. _ * Boileau substitue à avec la préposition auprès de: Le dénouement de l' afaire est que, l' Architecte (Perraut) est brouillé auprès de M. Colbert; et que si Dieu ne regarde en pitié son peuple, notre homme va se rejeter dans la Médecine.
   On dit, en style proverbial, que les cartes sont brouillées, pour dire, que les brouilleries sont au plus haut point.

BROUILLERIE


BROUILLERIE. Voy. BROUILLER.

BROUILLON


BROUILLON, ONE, adj. et substantif. [Brou-glion, glio-ne: mouillez les ll.] Qui a acoutumé de brouiller; esprit brouillon, humeur brouillone. _ Quand on l' aplique aux persones, on l' emploie plutôt en substantif qu' en adjectif: c' est un brouillon, une brouillone.
   BROUILLON, s. m. On dit brouillard en Provence, et brouillon à Paris. Ce qu' on écrit dabord et qu' on jète sur le papier, pour le mettre ensuite au net. Académie. _ Le Journal d' un Marchand. Trévoux, au mot Brouillard. _ L' Académie ne met Brouillard, en ce sens, ni sous un nom, ni sous l' aûtre.

BROUïR


BROUïR, v. act. BROUïSSURE, s. fém. se disent de l' action de la gelée blanche, qui, suivie d' un coup de soleil, gâte et brûle les blés, les fruits, etc. "Le soleil a brouï les fleurs, les fruits et jusqu' aux feuilles. Les blés, les épis sont brouïs. _ Brouïssure, est le dommage que la gelée fait aux fleurs et aux premiers bourgeons des arbres.

BROUSSâILLES


BROUSâILLES, s. f. pl. [Brou-sâ-glie: 2e longue; mouillez les ll.] Épines, ronces, et autres bois semblables, qui croissent dans les forêts et aûtres endroits incultes: "Ce ne sont par-tout que broussâilles; marcher à travers les broussâilles; fagot de broussâilles. _ Voy. BROSSâILLES.

BROUT


BROUT, s. m. Le Rich. Port. met brou ou brout; l' Acad. ne met que le second; Trév. renvoie de brou à brout. 1°. Ce que le bois des jeunes taillis commence à pousser au printemps. _ 2°. L' écale verte des noix. "Le brout des noix sert à divers usages: "Des noix confites avec leur brout.

BROUTER


BROUTER, v. act. [Brou-té: 2e é fer.] Au propre, paître, manger l' herbe, la feuille des arbres. "Brouter l' herbe nouvelle. _ Au figuré (style proverbial), on l' emploie neutralement. "Il faut que la vache (ou la chèvre) broute où elle est attachée; il faut vivre de son métier et dans le lieu où l' on a son établissement. "Je comprends qu' on peut être étoné de trouver parmi les Dames de Montelimart ce qui conviendroit si fort ailleurs; mais on broute où l' on est ataché. SÉV. _ On dit aussi, d' un homme qui a de l' industrie: que l' herbe serait bien courte, s' il ne trouvait de quoi brouter.

BROUTILLES


BROUTILLES, s. f. pl. [Mouillez les ll.] Menuës branches d' arbres dont on fait des fagots. _ Au figuré familier, petites chôses inutiles et de nulle valeur. Jetez à la rûe toutes ces broutilles.

BROYEMENT


BROYEMENT, s. m. BROYER, v. act. BROYEUR, s. m. BROYON, s. m. [Broâ-ieman, ié, ieur, ion.] Piler, casser, réduire en poûdre, c' est broyer. _ Broyement est l' action de broyer; il se dit sur-tout des couleurs. _ Broyeur est celui qui broye. Broyon, espèce de molette avec laquelle les Imprimeurs broyent le vernis et le noir, dont ils compôsent leur encre.
   Rem. Le Rich. Port. écrit broiement (bro--aman.) On dit, dans le Dict. Gramm. que cette ortographe est plus conforme à la prononciation. L' Acad. n' en a pas jugé de même, puisqu' elle écrit Broyement.

BRU


BRU, s. f. Belle-Fille. La femme du fils par raport à la mère et au père de ce fils. "Elle a épousé mon fils, c' est ma bru. "La bru de Charles IX est morte dans ce siècle.
Voy. Belle-fille.

BRUGNON


BRUGNON, s. m. [Mouillez le gn.] Quelques-uns disent brignon, à caûse de Brignoles. D' autres disent brugnoles, à caûse de brugnon. Mais l' usage veut qu' on dise brignoles et brugnon. _ Espèce de pêche ou de pavie. Brugnon violet, brugnon jaûne.

BRUINE


BRUINE, s. f. BRUINER, v. n. [Brui--ne, né, 2e e muet au premier, é fer. au 2d.] Bruine, espèce de petite pluie froide. _ Bruiner, tomber, en parlant de la bruine. Il est neutre impersonel: il bruine, il bruinera: "La bruine a gâté les blés; les blés ont été bruinés.

BRUIRE


BRUIRE, v. n. Il ne se dit qu' à l' infinitif et à l' imparfait de l' indicatif: il bruyoit. On dit, dans le Dict. Gramm., qu' il a un double participe, bruyant et bruissant: et que le 1er est le plus usité. On peut dire que c' est le seul qui soit en usage. _ La Bruyere regretait que l' usage eût préféré faire du bruit, à bruire: "On entend bruire le vent, les vagues: les flots bruyoient horriblement.

BRUISSEMENT


BRUISSEMENT, s. m. [Bru-iceman, 3e e muet.] Bruit confus: le bruissement des vagues: un bruissement d' oreille.

BRUIT


BRUIT, s. m. 1°. Amâs de plusieurs sons confus: grand bruit, petit bruit, faire du bruit. = 2°. Nouvelle: "Il court un bruit, etc. = 3°. Éclat que les chôses font dans le monde; cette affaire fait du bruit, fait grand bruit. = 4°. Renom, réputation. "Il a le bruit d' être usurier. Pellisson dit de Faret, que la commodité de son nom, qui rimoit avec cabaret, fut en partie caûse de ce bruit (de débauché) que St. Amand lui avoit doné. _ Je crois que doner un bruit et avoir un bruit ne sont pas de bones façons de parler. _ On dit seulement avoir bruit sans article dans cette maxime proverbiale; a beau se lever matin, qui a bruit de se lever tard. = 5°. Démélé, querelle: "Ils ont eu du bruit ensemble.
   Au bruit de, adv. Au bruit du canon, de la mousqueterie: "M. de Chaulnes arriva hier au soir au bruit de tout ce qui peut en faire à Vitré. Sév. "Chésieres est guéri au bruit du Tric-trac de M. d' Harouis. La même.
   On dit, dans le style familier, faire beau bruit, gronder, se fâcher. _ Ne pas s' étoner du bruit, ne pas s' étoner aisément. _ Faire ses afaires à petit bruit, secretement, sans éclat. _ Marcher à grand bruit, avec faste et ostentation. _ "Je n' aime point le bruit, si je ne le fais, dit celui qui veut être maître chez lui.

BRûLANT


BRûLANT, ANTE, adj. [1re et 2e lon.] Qui brûle. Il n' est déclinable que quand il est employé absolument et sans régime. Au masc. il aime à suivre.
   Cinq Zones de l' Olympe embrassent le contour,
   L' une des feux brûlans est l' aride séjour.
       De Lille.
Le fém. peut précéder plus aisément; les brûlantes ardeurs, etc.
   Quand il est avec un régime, il est indéclinable; il est alors participe et non pas adjectif: "Sept lampes brûlantes devant le throne, dit Bossuet. Je pense qu' il faut là brûlant.

BRûLÉ


BRûLÉ, ÉE, adj. [1re lon. 2e é fer. long au 2d.] Il suit toujours le substantif; vin brûlé, pain brûlé, viande brûlée. _ Fig. Cerveau brûlé, cervelle brûlée, fanatique, homme qui porte tout à l' excès.
   BRûLÉ, s. m. On sent le brûlé; cette bouillie, cette fricassée sent le brûlé.

BRûLEMENT


BRûLEMENT, s. m. [Brûleman, 1re lon. 2e e muet.] On dit dans le Dict. Gramm. que c' est un mot forgé. L' Acad. le met pourtant sans remarque. "Les brûlemens, les viols et les autres désordres de la guerre. Le brûlement des vaisseaux. Malgré ces exemples et l' autorité de l' Acad. je ne crois pas que ce mot soit du bel usage, et que les Auteurs s' en soient servis.
   BRûLE-pourpoint (à), adv. À~ bout portant. Voy. au mot Bout.

BRûLER


BRûLER, v. act. et neut. [1re lon. 2e é fer. La 1re est encôre plus longue devant l' e muet; il brûle, il brûlera.] 1°. Consumer par le feu; brûler du bois: du charbon. Brûler un homme tout vif, le brûler à petit feu. = 2°. Échaufer excessivement; la fievre me brûle, le soleil brûle la campagne, lui a brûlé le teint; l' usage des liqueurs brûle le sang. = Brûler un gîte, une étape (st. fam.) les passer sans s' arrêter.
   BRûLER, neutre. Au propre, être consumé par le feu; maison qui brûle; ce bois brûle bien: ou, être chaud; les mains lui brûlent. = Au figuré, être possédé d' un violent désir. Il régit de et l' infinitif:
   Tout homme enfin brûle d' être estimé.
       Rouss.
  Quoiqu' il brûle de voir tout l' Univers soumis,
  On ne voit point d' esclâve au rang de ses amis.
      Rac. Alex.
  BRûLER entre dans plusieurs expressions du genre figuré familier. _ Brûler à petit feu; vivre dans l' atente d' une chôse qu' on nous fait espérer et qui ne vient point. Voy. Mourir. _ Se brûler à la chandelle, se dit de celui qui est sorti d' un lieu de sûreté pour se faire prendre dans un autre: allusion aux papillons. = On dit de celui qui est impatient d' aler en quelqu' endroit, que les pieds lui brûlent. _ La chandelle brûle; le jour tombe, il faut se hâter pour arriver au gîte. _ Le rot brûle: il ne faut pas perdre de temps. = Le tapis brûle, c. à. d. mettez au jeu. = On dit encôre: je viendrai à bout de cette afaire, ou j' y brûlerai mes livres. "J' espere que je vous la rendrai saine et entiere, avec un petit enfant de même, ou j' y brûlerai mes livres. Sév.

BRûLERIE


*BRûLERIE, s. f. Mot forgé, qui ne peut être bon que pour le style comique ou critique. "Il fit cesser cette brûlerie (des Sorciers) dès qu' il parvint à la Régence. Leibnitz.

BRûLEUR


BRûLEUR, s. m. Il ne se dit qu' en cette phrâse; brûleur de maisons. = On dit proverbialement d' un homme mal habillé et en désordre, qu' il est fait comme un brûleur de maisons.

BRûLOT


BRûLOT, s. m. 1°. Bâtiment plein de matières combustibles et destiné pour brûler d' autres vaisseaux. = 2°. Morceau trop salé et trop poivré. = 3°. Figurément, homme ardent, inquiet, espèce de boute-feu. C' est un brûlot que cet homme.

BRûLûRE


BRûLûRE, s. f. [1re et 2e lon. 3e e muet.] L' impression que le feu fait sur la peau ou sur quelqu' autre chôse, lorsqu' il en brûle un endroit. "C' est une brûlûre. "Cicatrice de la brûlûre. "Trou de la brûlûre dans un habit, etc.

BRUMAL


BRUMAL, ALE, adj. Qui apartient à l' hiver. Plante brumale. Fêtes brumales, en l' honneur de Bacchus.

BRUME


BRUME, s. f. BRUMEUX, EUSE, adj. Termes de Marine. Brume est un brouillard épais. Brumeux se dit d' un temps de brouillard. "La brume nous empêcha de voir les énemis. "Le temps très-brumeux ne nous permettoit pas d' aler chercher la baie. Journ. de Gen.

BRUN


BRUN, BRUNE, adj. BRUNET, ETTE, adj. [Breun, brune, né, nète: 2e e muet au 2d, è moy. aux deux aûtres.] Couleur tirant sur le noir. Il suit toujours le substantif: teint brun, beauté brune, couleur brune. = Subst. "Un beau brun, une belle brune, une brune claire. = Le brun, la couleur brune. = Brunet, diminutif de brun. Il est brunet, elle est un peu brunette. "C' est un beau brunet, une petite brunette.
   Sur la brune, adv. Vers le commencement de la nuit, n' est pas du beau style. Pyrrhus se met en marche sur la brune, dit Rollin. Cela est trop familier pour une Histoire sérieûse. Il aurait mieux valu dire, à l' entrée de la nuit. _ Richelet dit que sur la brune est une façon de parler un peu vieille: elle s' est pourtant soutenue dans le discours familier. _ On dit dans le même sens, il commence à faire brun, la nuit s' approche.

BRUNâTRE


*BRUNâTRE, adj. Mot nouveau, fabriqué d' après blanchâtre, noirâtre. Il n' est point dans les Dictionnaires.

BRUNDUSE


BRUNDUSE. Voy. BRINDES.

BRUNIR


BRUNIR, v. act. et neut. 1°. Faire devenir brun; faire brunir un carosse. = 2°. Polir, lisser; brunir l' or, l' acier, etc. = 3°.. v. n Devenir brun: ses cheveux, son teint, commencent à brunir, ou à se brunir; le 1er est le meilleur.
   BRUNI, IE, adj. Or, argent bruni, armes brunies.

BRUNISSAGE


BRUNISSAGE, BRUNISSEUR, BRUNISSOIR, s. m. Le 1er est l' ouvrage du Brunisseur; le 3e, l' instrument dont il se sert; le 2d l' Artisan qui brunit la vaisselle d' argent.

BRUSQUE


BRUSQUE, adj. BRUSQUEMENT, adv. [2e e muet: Brus-ke, keman.] Prompt et rude. Homme, femme brusque; air, humeur, réponse brusque, = D' une manière brusque: répondre brusquement; charger brusquement les énemis; promptement et vivement.
   BRUSQUE peut suivre ou précéder; caractère brusque.
   Dans vos brusques chagrins, je ne puis vous comprendre.       Mol.
L' oreille et le goût doivent guider l' Orateur, ou le Poëte dans le choix de ces deux manières; brusque caractère ne serait pas si bien, et chagrin brusque ne vaudrait rien du tout.

BRUSQUER


BRUSQUER, v. act. BRUSQUERIE, s. f. [2e é fer. au 1er, e muet au 2d: 3e lon. au 2d.] En parlant des personnes: brusquer, c' est les ofenser par des paroles rudes et inciviles: en parlant d' une place de guerre, l' emporter d' emblée. _ Brusquerie n' a que le 1er sens: insulte, action de brusquer: faire une brusquerie à... "Il est insuportable avec ses brusqueries continuelles.
   Rem. L' usage de brusquer n' est pas ancien: on n' a comencé à s' en servir que du temps du P. Bouhours, à la fin du siècle passé.
   On dit; dans le 2d sens, brusquer une afaire, la terminer promptement, ce qui est le fruit de l' habileté; ou, la faire avec précipitation, ce qui est un défaut.

BRUT


BRUT, BRUTE, adj. [Dans le masculin, on prononce le t final: 2e e muet au 2d.] Qui n' est pas poli, qui est âpre et raboteux. Diamant, marbre brut, pierre brute.
   Rem. Plusieurs Auteurs ont écrit brute au masc. comme au fém. "Ces morceaux (de corail blanc) ont de petits rameaux brutes et parsemés de petits trous. Miss. du Lev. _ La Bruyère, parlant de l' âme du sot après la mort, dit: Je dirois presque qu' elle rougit de son propre corps et des organes brutes et imparfaits, auxquels elle s' est vûe atachée depuis si long-temps. _ Et Massillon: "Le peuple, livré en naissant à~ un naturel brute et inculte, etc. et M. l' Ab. Grosier: "Ce talent râre de polir le diamant brute que le génie tire de la mine, etc. _ L' Acad. met brut; et c' est l' usage le plus commun.
   BRUT se dit figurément des ouvrages d' esprit qui ne sont qu' ébauchés: "L' ouvrage est encôre tout brut; l' Auteur n' y a pas encôre mis la dernière main. _ La Touche semble préférer brut au propre, et brute au figuré. Voy. Brute, à la fin.
   Bossuet l' emploie dans le sens de bestial: "Les animaux, qui devoient vivre d' une vie brute et bestiale. Ce mot n' est pas usité en ce sens.

BRUTAL


BRUTAL, ALE, adj. BRUTALEMENT, adv. [3e e muet au 2e et 3e. Brutaleman.] L' adj. se dit des chôses, pour signifier ce qui est plus conforme à la natûre des bêtes, qu' à celle des hommes; inclinations brutales: et des persones, pour signifier, féroce, farouche, rustre, impertinent. Autrefois on lui donait encôre plus d' étenduë, ainsi qu' à bestial; ignorance brutale, pour dire, ignorance comme d' une bête, d' un animal.
   BRUTAL suit ou précède le subst. Esprit brutal, sentimens brutaux; brutal honeur, brutale furie.
   L' homme seul, l' homme seul, dans sa fureur extrême;
   Met un brutal honeur à s' égorger soi-même.
       Boil.
  Deux fois l' Europe a vu leur brutale furie.
      Rouss.
  BRUTAL, est aussi subst. "Un brutal, un franc brutal. "La fortune avec toute sa puissance ne pourra jamais aprivoiser un brutal, et adoucir la rudesse de ses moeurs. Balzac.
   BRUTALEMENT; D' une manière brutale, avec brutalité, férocité, grossièreté. "Agir, parler brutalement.

BRUTALISER


BRUTALISER, v. a. BRUTALITÉ, s. f. [Dern. é fer. dans les deux.] Brutaliser, c' est outrager quelqu' un par des paroles dûres et brutales. _ BRUTALITÉ, est, 1°. vice du brutal; passion brutale: "Tout le monde conoît sa brutalité; "Assouvir sa brutalité. = 2°. Action brutale: faire, comettre une brutalité. = 3°. Parole brutale: dire une brutalité, des brutalités à quelqu' un.

BRUTE


BRUTE, s. f. Animal privé de raison. _ Il ne se dit qu' en poésie et dans le style relevé. Dans le discours ordinaire, on dit, bête, animal.
   De ma foible raison j' écoutois les accens,
   Et ma raison n' étoit que l' instinct d' une brute,
   Qui ne juge que par les sens.       Rouss.
"Doctrine désespérée, qui place au même rang l' homme et la brute; et ne done au premier d' aûtre avantage sur l' aûtre, que la triste consolation de périr avec plus de conoissance et de regret. Du Rivet. "C' est une vraie brute. Il tient moins de l' homme que de la brute.
   Autrefois on le fesait adject. et l' on disait dans tous les styles, bête brute: il ne se dit plus que dans le bâs style. _ Quelques Auteurs l' ont employé adjectivement, au lieu de brut, au figuré. "Shakespeare, malgré les traits sublimes, qui lui échapent assez fréquemment, sera toujours regardé comme un génie brute. Ann. Litt. Voy. BRUT.

BRUYAMMENT


*BRUYAMMENT, adv. [Bruyaman.] Avec grand bruit: "Il entra bruyamment. Retif. _ Ce mot n' est pas dans les dictionaires: il est, je crois, de nouvelle fabrique; mais on peut en bien augurer.

BRUYANT


BRUYANT, ANTE, adj. [2e lon. Bru--ian, iante.] Qui fait grand bruit: les flots bruyans; voix bruyante; homme bruyant. _ Rûe bruyante, où l' on fait, où l' on entend beaucoup de bruit.
   Rem. M. L' Ab. Feller done à bruyant un sens qu' il n' a pas. "Ces bruyans Encyclopédistes; ces bruyans Observateurs; il veut dire, qui ont fait tant de bruit, en prenant bruit pour renommée. L' usage n' admet pas ce sens dans bruyant.

BRUYèRE


BRUYèRE, s. f. [2e è moy. et lon. 3e e muet.] 1°. Petit arbuste qui croît dans des terres incultes. Fagot de bruyère. 2°. Le lieu où croissent ces arbustes. "Nous marchâmes long-temps dans de tristes bruyères.

BUANDERIE


BUANDERIE, s. f. BUANDIER, IèRE, s. m. et f. [2e lon. 3e e muet au 1er, é fer. et dout. au 2d, è moy. et long au 3e.] Buanderie est un lieu où sont des fourneaux et des cuviers pour faire la lessive. _ Buandier, ière, sont celui et celle qui font le premier blanchiment des toiles neûves. Voy. BUÉE.

BUBE


BUBE, s. f. BUBON, s. m. Le 1er se dit d' une petite élevûre, ou pustule qui vient sur la peau: le 2d, d' une tumeur, qui vient en certaines parties du corps.

BUCÉPHALE


BUCÉPHALE, s. m. C' était le nom du cheval d' Alexandre. Dans le style badin, on le fait synonyme de cheval.
   Tant qu' à la fin l' afligé bucéphale....
   Saute, bondit, s' anime,
   Se dresse et jète à bas l' illustrissime.
       Rouss.

BûCHE


BûCHE, s. f. BUCHER, s. m. [1re lon. au 1er, br. au 2d; 2e e muet au 1er, é fer. au 2d, où l' r ne se prononce pas. L' Acad. met l' acc. au 2d, comme au 1er, quoique la syll. soit brève: C' est une inattention.]
   BûCHE, est une pièce de gros bois pour le chaufage. Voy. BRANCHE. On dit d' un méchant feu, qu' il n' y a que deux bûches qui se baisent. Dans le st. fig. fam., on apèle grosse bûche, un homme stupide: et d' un homme lent et pesant, on dit: "Il ne se remue non plus qu' une bûche. _ Bucher; 1°. Lieu où l' on serre le bois; 2°. Grand amas de bois, sur lequel les anciens mettaient les corps morts pour les brûler.

BûCHERON


BûCHERON, s. m. BUCHETTE, s. f. [1re lon. au 1er, br. au 2d. 2e e muet au 1er, è moy. au 2d. _ L' Acad. écrit Bûchette; mais pourquoi cet accent, puisque l' u est bref?] Bûcheron est celui qui travaille à couper du bois dans les forêts. On a dit autrefois, bocheron et boquillon. * Les Gascons apèlent bucheron, un fendeur de bois. _ On ne dit ce mot que de celui qui travaille dans une forêt. Desgr.
   BUCHETTE; Petite Bûche, que les pauvres gens vont ramasser dans les bois, ou à la campagne.

BUCOLIQUE


BUCOLIQUE, adj. se dit des poésies Pastorales. Poème Bucolique. "Théocrite et Virgile ont excellé dans le genre bucolique. _ BUCOLIQUES, s. f. pl. "Les Bucoliques de Virgile; ses Églogues. Il ne se dit que dans cette phrâse.

BUÉE


*BUÉE, s. f. Vieux mot. Lessive: Faire la buée. C' est de-là que sont venus, buanderie et buandière.

BUFFET


BUFFET, ou BUFET, s. m. 1°. Espèce d' armoire pour enfermer la vaisselle et le linge de table. = 2°. En parlant d' orgue, il se dit de toute la menuiserie où sont renfermés les diférens jeux, et de la menuiserie de chaque jeu en particulier.

BUFFLE


BUFFLE, ou BUFLE, s. m. 1°. Beuf sauvage. _ On dit d' un homme qui n' a point d' esprit, que c' est un vrai bufle; et de celui qui se laisse tromper par trop de simplicité: qu' il se laisse mener par le nez comme un bufle. = 2°. Peau de bufle, ou d' autres animaux, qu' on porte à la guerre. _ On dit proverb. et bassem., repasser le bufle à quelqu' un; le bâtoner. Joubert.
   *BUGET. Cloison. Provençalisme. Voy. CLOISON.

BUîRE


BUîRE, s. f. Grand vâse à mettre des liqueurs. [1re lon. 2e e muet.] L' Académie avait dabord mis Buire, ou buye; dans la dern. édit. elle n' a mis que le 1er.

BUIS


BUIS, s. m. Espece d' arbrisseau, dont le bois est jaunâtre. "Parterre, bordûre, palissade de buis: cela se dit relativement aux feuilles toujours vertes. Tabatière de buis: il est là question du bois. Voy. BOUIS.

BUISSON


BUISSON, s. m. [Bui-son; 2 brèves.] Toufe d' arbrisseaux sauvages, épineux. Buisson épais. "Dieu aparut à Moyse dans un buisson ardent. = 2°. On apèle aussi buissons des arbres fruitiers nains, auxquels on a doné la forme de buisson. = 3°. Bois de peu d' étenduë, par oposition à forêt. Acad. _ On dit plus ordinairement, bosquet.
   On dit proverb.: Il n' y a si petit buisson qui ne porte ombre; Les plus petits peuvent nuire. _ Mde. de Sévigné parlant de la disgrâce de M. de Pompone, dit: "Un certain homme (M. de Louvois) avoit doné de grands coups, espérant tout réunir: mais on bat les buissons, et les aûtres prènent les oiseaux. Ce fut en éfet M. Colbert de Croissy, frère du grand Colbert, rival de M. de Louvois, qui eut la place de M. de Pompone. "Ceux qui auront le courage de recomencer, pourront s' amuser la seconde fois à battre les buissons, et tenter de parcourir les notes. J. J. Rouss. _ Trouver buissons creux, est au propre, en terme de chasse, ne trouver point dans l' enceinte la bête qu' on a détournée; au figuré, c' est ne pas trouver la persone qu' on était allé chercher.

BUISSONIER


BUISSONIER, IèRE, adj. [3e é fer. et dout. au 1er; è moy. et lon. au 2d.] Il ne se dit qu' avec lapin et école. On apèle lapins buissoniers, ceux qui ont leur terrier dans des buissons. _ Faire l' école buissonière; aler se divertir, au lieu d' aler à l' école. L' origine de cette expression vient des écoles que les Luthériens de Paris tenaient à la campagne, par la crainte d' être découverts par le Chantre de l' Église de Paris, qui présidait aux écoles. Sous Henri II, en 1552, le Parlement, par Arrêt du 6 Août, défendit les écoles buissonières. Près. Hénaut.

BULBE


BULBE, s. f. BULBEUX, EûSE, adj. [2e e muet au 1er, long aux deux dern.] Bulbe. (Botanique) Oignon de plante. _ Bulbeux, qui participe de la natûre de la bulbe, et qui en vient. Plante bulbeûse.

BULAIRE


BULAIRE, BULE, BULETIN. Richelet. Voy. BULLAIRE, BULLE, BULLETIN.

BULLAIRE


BULLAIRE, s. m. BULLE, s. f. [2e è moy. et long au 1er, e muet au 2d.] Bullaire est un recueil de Bulles. _ Bulle, est, 1°. une Lettre du Pape expédiée en parchemin et scellée en plomb. = 2°. BULLE, nom qu' on donait à de petites boules, qu' on pendait au cou des enfans. = 3°. En Physique, Bulle d' eau, ou bulle d' air; petite boule d' eau, qui contient de l' air.

BULLÉ


BULLÉ, ÉE, adj. [2e é fer. long au 2d.] Il se dit, 1°. d' une expédition en forme authentique: Expédition, commission bullée. = 2°. D' un bénéfice, dont les provisions ne s' expédient à Rome qu' en forme de bulles. "Ce Prieuré est bullé, n' est pas bullé. = 3°. D' un Éclésiastique qui a reçu ses bulles. Il est bullé; il n' est pas encôre bullé.

BULLETIN


BULLETIN, ou BULETIN, s. m. [bule--tein; 2e e muet.] Suiv. le Dict. Gramm. il ne se dit qu' en parlant du Pape; et non pas dans le sens de, petite gazette manuscrite. _ L' Acad. lui done cette dernière signification. "Avez-vous vu le buletin de l' Armée. Acad. Suivant le dernier buletin, le Prince était plus mal.

BULTEAU


BULTEAU, s. m. [Bulto; 2e dout. au sing. long, au pl. Bulteaux.] Arbre en boule.

BURALISTE


BURALISTE, s. m. [On pron. l' s] Celui qui tient un bureau pour recevoir des droits, pour des Loteries, etc.

BûRE


BûRE, s. f. [1re lon. 2e e muet.] étofe grossière et de peu de prix, faite de laine, dont se vêtent les paûvres gens.

BUREAU


BUREAU, s. m. [Buro, 2e dout. au sing. lon. au pl. Bureaux.] 1°. Comptoir sur lequel on compte de l' argent. = 2°. Table, sur laquelle on met des papiers. = 3°. Table à plusieurs tiroirs et tablettes, dans laquelle on renferme des papiers. = 4°. Lieu où plusieurs Compagnies s' assemblent pour travailler: Bureau des Trésoriers des Finances; le Bureau de la guerre; Commis d' un tel Bureau, etc.
   On dit figurément, dans le style famil. l' air du bureau, le vent du bureau; c. à. d. les aparences bones ou mauvaises du succès d' une afaire. * "Il s' étoit aperçu de bone heure que l' air du bureau ne lui étoit pas favorable. Charlev. Histoire du Japon. Cette expression est trop familière, et n' est pas du style de l' Histoire. Elle est plus suportable dans de simples Mémoires. "M. de Fourbin-Janson avoit changé de baterie, dès qu' il s' étoit aperçu que l' air du bureau n' étoit pas pour ce Prince. D' Avrigny.
   Tenir le bureau, Présider à une assemblée; et figurément, (st. fam.) tenir la conversation. Avoir le Bureau pour soi; avoir les Juges favorables.
   Bureau d' adresse, au propre, lieu où se débite la Gazette à Paris; au figuré, (st. plaisant) Persone qui s' informe de tout ce qui se passe dans la ville, et qui va le débiter de côté et d' aûtre. "Cette femme est le bureau d' adresse du quartier. _ On a dit, dans ce même style badin et critique: Bureau d' esprit, bureau de littératûre. "Lorsqu' Épicaris a voulu paroître, tous les bureaux d' esprit l' ont anoncé magnifiquement. Coyer. "Ce bon Financier, marié, pour son malheur, à un bel esprit, qui tient bureau de Littératûre. Ann. Litt.

BURETTE


BURETTE, s. f. [Burète, 2e è moy. 3e e muet.] Petite buire. Acad. Petit vaisseau à mettre du vin ou de l' eau. Trévoux. Il se dit particulièrement de ceux où l' on met le vin ou l' eau pour dire la Messe.

BURIN


BURIN, s. m. BURINER, v. a. [Bu--rein, riné.] Le Burin est un instrument d' acier pour graver. _ On dit d' un excellent Graveur, qu' il a le burin beau, délicat, etc. pour dire qu' il grâve bien, délicatement, etc. Buriner, travailler au burin, graver.

BURLESQUE


BURLESQUE, adj. BURLESQUEMENT, adv. [Burlèske, lèskeman; 2e è moy. 3e e muet.] On apèle burlesque, ce qui est boufon, facétieux; style burlesque, poème burlesque. Voy. GROTESQUE. _ Par extension, risible, extravagant: "Mine, posture, action burlesque.
   Remarq. BURLESQUE suit ordinairement le subst. En vers, il peut le précéder.
   Mais de ce style éflanqué, sans vigueur,
   J' aime encor mieux l' insipide langueur~
   Que l' emphatique et burlesque étalage
   D' un faux sublime, enté sur l' assemblage
   De ces grands mots, clinquant de l' oraison,
   Enflés de vent et vides de raison.        Rouss.
  BURLESQUEMENT; d' une manière burlesque; il se met, il parle, il gesticule, il danse burlesquement.

BURSAL


BURSAL, adj. Plur. BURSAUX. Il ne se dit qu' avec le mot édit, en parlant des édits que le Prince fait pour tirer de l' argent de la bourse des sujets.

BUSC


BUSC, s. m.[Busk.] La Touche dit qu' on peut dire busc ou busque. L' Acad. n' avait dabord mis que le 2d; ensuite elle n' a fait mention que du 1er; et c' est le seul admis par l' usage actuel. _ Petit bâton d' ivoire, de bois, ou de baleine, etc. plat et étroit, arrondi par les deux bouts, dont les femmes se servent pour tenir leur corps de jupe en état.

BûSE


BûSE, s. f. [Bûze, 1re lon. 2e e muet.] Espèce d' oiseau de proie. On dit proverbialement: c' est une bûse, un sot, un ignorant. _ D' une bûse on ne sauroit faire un épervier; ni d' un sot, un habile homme.

BUSIRIS


BUSIRIS, fameux Tyran, dont le nom est celui de la cruauté. _ Malherbe dit, Busire, pour le faire rimer avec pire.
   Et tous nos malheurs seroient pires,
   Que n' a guères, sous les Busires,
   Que cet Hercule avoit domptés.
On ne dit que Busiris, même en vers.
BUSQUE. Voy. BUSC.

BUSQUER


*BUSQUER, v. a. [Buské, 2e é fer.]   Chercher. Il ne se dit qu' avec fortune, et il est bâs et populaire. On blâme avec raison les Auteurs des Mémoires de Trévoux, d' avoir dit que "ce furent les Anglois et les Hollandois qui busquèrent fortune. Dict. Néol.
   BUSQUER se dit au réciproque et au passif, pour mettre un busc. "Elle se busque dès qu' elle se lève: elle est toujours busquée.

BUSQUIèRE


BUSQUIèRE; s. f. [Buskière; 2e è moy. et long.] L' endroit du corps de jupe où l' on met le busc.

BUSTE


BUSTE, s. m. [On pron. l' s.] Figure d' une persone en plein relief, qui ne représente que la tête, les épaules et la poitrine.

BUT


BUT, s. m. [On pron. le t final.] Point où l' on vise. Viser, fraper au but Ateindre, doner au but. Mettre sa boule sur le but, près du but. = Figurément, la fin qu' on se propôse: Je n' ai aûtre ou d' autre but en cela que... Avoir son but, se proposer un but. _ Avoir pour but, régit l' acusatif des noms et la prép. de devant les verbes: "J' ai pour but la réconciliation des deux parties; de les mettre d' acord, etc.
   BUT, Vûes, Dessein, (syn.) Le but, c' est où on veut aler: les vûes, ce qu' on veut procurer: le dessein, ce qu' on veut exécuter. On se propôse un but; on a des vûes: on forme un dessein. "Si mes vûes sont justes, j' ai un dessein dans la tête, qui me fera arriver à mon but. Le véritable Chrétien n' a d' aûtre but que le Ciel; d' aûtre vûe que de plaire à Dieu, ni d' aûtre dessein que de faire son salut. Gir. Synonymes.
   BUT et Terme paraissent aussi synonimes: ils ne le sont pas pourtant. Le 1er, dans ce sens, ne se dit qu' au figuré. Le 2d, ne s' emploie qu' au propre. "Après avoir afranchi (franchi) bien des montagnes et des valons, nous arrivâmes à notre but. Anon. Dites, au terme de notre voyage.
   DE BUT EN BLANC; adverb. Inconsidérément, brusquement, sans garder de mesûre. "Il est venu me dire de but en blanc que, etc. Me quereller de but en blanc. _ L' Acad. avait dabord dit, de but en blanc, ou de bute en blanc. Elle a retranché le dernier dans la suite. _ But-à-but, adv. Sans avantage de part ni d' aûtre. Jouer but-à-but; être but-à-but; troquer but-à-but.
   * Être en but: dites, en butte. Voyez BUTTE.
   BUTE, BUTER, avec un seul t, sont assez autorisés. Voy. pourtant BUTTE, BUTTER. _ L' Acad. met butte avec 2 t, et buter avec un seul. Cela paraît dabord inconséquent; mais aparemment elle dérive buter, de but, et non pas de butte.

BUTIN


BUTIN, s. m. BUTINER, v. n. _ Butin n' a pas de pl. Ce qu' on prend sur les énemis. Faire du butin, un riche, un grand butin. Partager le butin _ Malherbe et du Bellai ont usé de ce mot au pl.: riches butins. Ménage les justifie, en disant que la poésie, comme hyperbolique, aime les pluriels.
   Rem. On dit remporter la victoire, et emporter le butin. C' est une observation de M. de Wailly sur la phrâse suivante: "Après cette sanglante exécution, les enfans de Jacob vinrent dans la ville, et en remportèrent le butin.
   BUTINER, v. n. Faire du butin. "Les soldats ont bien butiné. On le dit, au fig. des abeilles, et il est plus du beau style qu' au propre. "Les abeilles vont butiner sur les fleurs.

BUTIREUX


BUTIREUX, EûSE, adj. [Buti-reû, reû-ze, 3e lon.] Qui est de la natûre du beûrre.

BUTOR


BUTOR, s. m. Espèce de gros oiseau, qui vit dans les marécages. _ On dit, au figuré, d' un homme stupide, que c' est un butor; et d' une femme: c' est une butorde. "Voyez cette mal-adroit, cette bouvière, cette butorde. Mol.

BUTTE


BUTTE, ou BUTE, s. f. BUTTER, ou BUTER, v. n. Butte est 1°. une motte de terre relevée naturellement ou par artifice: "Au haut de la butte. _ 2°. Il se dit particulièrement d' une élévation de terre ou de maçonerie, où l' on place le but où l' on tire.
   Être en butte se dit au figuré, et régit la prép. à: "Il est en butte aux persécutions. Le Trad. de l' Hist. de M. Hume dit, se trouver en but, pour, en butte: "Henry (VII) se trouvoit en but aux plus grands dangers. Et dans l' Ann. Litt. "en but aux soupçons les plus noirs. _ Bossuet dit, avoir en butte, pour, avoir en vûe: "Vous vous éloignez encore plus les uns des autres que vous ne faites de l' Église, que vous aviez principalement en butte. Je doute que cette expression soit française. À~ la vérité, elle est plus énergique qu' avoir en vûe, mais elle n' est pas aussi autorisée.
   BUTTER, c' est 1°. Fraper au but. Il ne se dit en ce sens qu' au Billard. = 2°. Se buter, se fixer, se déterminer: "Je me butte à cela: c' est à quoi je me butte. _ En parlant de deux persones, être contraire l' une à l' aûtre: "Ils se sont buttés l' un contre l' autre. _ Bourdalouë done ce sens à l' actif. "On passe les années, et souvent toute la vie, à butter sans cesse un homme, à le chagriner, à le traverser.
= 3°. Buter, tendre à quelque fin. "Il bute à une telle charge. "Un Savant peut-il buter à d' autres récompenses qu' à la louange et à l' estime. Neufville, Vie de Leibnitz.

BUVABLE


BUVABLE, adj. Qui se peut boire. "Ce vin là n' est pas buvable. Il est du style familier. Potable, qui a le même sens, est plus du bel usage.

BUVETIER


BUVETIER, s. m. BUVETTE, s. f. [2e e muet au 1er, è moyen au 2d: 3e é fer. et dout. au 1er, e muet au 2d.] La buvette est le lieu où les Oficiers de Judicatûre déjeunent et font collation. Buvetier est celui qui tient la buvette.
   Rem. La Touche, au commencement de ce siècle, prétendait qu' on dit indiféremment buvetier, ou beuvetier; buvette ou beuvette; buveur, ou beuveur, buvoter, ou beuvoter. Aujourd' hui, il n' y a que la première manière qui soit en usage.

BUVEUR


BUVEUR, s. m. Homme qui aime le vin, qui en boit beaucoup. Un buveur; un grand buveur. Il se dit absolument et sans régime, quand on parle du vin. _ On dit buveur d' eau d' un homme qui ne boit que de l' eau ou du vin fort trempé. _ Dans cette expression familière, du vin qui rapèle son buveur, c. à. d. qui invite à boire plus d' une fois; buveur signifie seulement celui qui boit.

BUVEûSE


BUVEûSE, s. f. [2e lon. Bu-veû-ze.] C' est un mot de Richelet. "Une femme dit en riant, quand elle boit beaucoup d' eau, je suis une grande buveûse. Rich. L' Acad. ne met pas ce mot. Je crois qu' on peut le dire dans le discours familier, et qu' on dit tous les jours buveûse d' eau, comme on dit buveûr d' eau.

BUVOTER


BUVOTER, v. n. Boire du vin à petits coups et souvent. "Il aime à buvoter: il ne fait que buvoter. St. famil.