Dictionnaire critique de la langue française Dictionnaire critique de la langue française 1787 Français 2007-4-4 ARTFL Converted to TEI


B.



B


B, s. m. [On prononce Bé. Voy. Alphabet. L' E est fermé. Les Maîtres d' École font prononcer Be, e muet.] Seconde lettre de l' Alphabet Français, et la premiere des consones. Elle aproche un peu, par sa prononciation, du bêlement des moutons. _ Les Espagnols et les Gascons, à leur imitation, lui donent le son de l' v consone, et prononcent boire comme voire: les Alemands le font soner comme un p, et disent poire; deux défauts qu' il faut éviter.
   1°. Les Italiens trouveront un son correspondant à celui du b Français dans bene, les Espagnols dans barbaro; les Anglais et les Alemands dans Bad.
   2°. B final, ne se prononce que dans radoub. On l' écrit, sans le prononcer, dans plomb, rumb (de vent.) Plon, ron.
   B, se prononce à la fin des noms étrangers: Job, Jacob, Raab, etc.
   3°. B, au milieu des mots devant une s ou un t, prend le son du p: observer, obtenir. Pron. Opservé, opteni.

BABEûRE


BABEûRE, Acad. BABEURRE, Trév. s. f. [2e long. ba-beû-re.] Lait de beurre, qui reste après que le beurre est fait.

BABIL


BABIL, s. m. [L' l finale se fait sentir, elle n' est pas mouillée.] Caquet. Superfluité excessive de parler. Acad. Abondance de paroles inutiles, hors de propos et importunes. Trév. Vice qui consiste à trop parler. Rich. Port. "Il nous étourdit par son babil: "Il n' a que du babil..
   Rem. BABIL, n' est pas un terme noble; et l' Ab. Des Fontaines a repris, avec raison. le P. Catrou de l' avoir employé dans son Hist. Rom. "Les Tribuns, par leur babil, entretinrent la discorde. Dict. Néol.

BABILLARD


BABILLARD, ARDE, adj. [Babi-gliar, le d ne se prononce jamais, gliarde; tout bref, mouillez les ll.] Qui aime à parler beaucoup. Acad. Qui parle continuellement, ne dit que des riens. Trév. Qui a du babil. Rich. Port. "Homme babillard, femme babillarde. _ Subst. C' est un babillard, une babillarde. = 2°. Qui ne saurait garder un secret: "Ne vous fiez pas à cet homme-là; c' est un babillard. Dans les deux dernières acceptions, l' Acad. ne met d' exemple que du masculin. On peut pourtant le dire au féminin; et on a peut-être plus d' ocasions de l' employer dans ce genre.
   On dit que la joie est babillarde, parce qu' on ne peut se tenir de faire part aux aûtres de ce qui nous arrive d' heureux.

BABILLER


BABILLER, v. n. [Babi-glié, mouillez les ll, tout bref.] Avoir du babil, caqueter. Acad. Parler sans cesse, ne dire que des bagatelles et des impertinences. Trév. Le dernier terme est trop fort. _ Il est du style familier. "Cet homme ne fait que babiller; il parle continuellement, et ne dit rien de solide. _ Suivant le Rich. Port. on le dit du cri des corneilles; suivant Trév. d' un limier qui donne de la voix.

BABINES


BABINES, s. f. (Style burlesque.) Lèvre. 1°. Au propre, il ne se dit que de quelques animaux, comme des vaches et des singes, chats et chiens; et toujours au pluriel. Au figuré, on dit proverbialement et bassement, d' un homme qui a mangé son bien, qu' il s' en est bien donné par les babines. Il s' en torchera les babines: il n' en aura pas. Tout cela est dans le style comique ou satirique.

BABIOLE


BABIOLE, s. f. [Tout bref, dern. e muet.] Jouet d' enfant. Il se dit figurément de toutes sortes de chôses puériles. Acad. Chôse de peu de valeur et puérile. Trév. Chôse de peu de conséquence et de petite valeur. Rich. Port. Cette derniere définition, est la plus juste; car la qualité de puérile n' est pas essentielle à l' idée de babiole. On dit d' un présent que l' on fait, c' est une babiole; acceptez cette babiole. Il n' y a rien là de puérile. _ Dans le Dict. Gramm., on ne marque ce mot que pluriel, et l' Acad. ne done d' exemple que de ce nombre. "Doner des babioles à un enfant. "Il ne s' amuse qu' à des babioles. "Ce cabinet n' est rempli que de babioles, de chôses de nulle valeur, comme l' explique l' Acad., en quoi elle done un petit souflet à sa définition. On le dit aussi au singulier, une babiole. Rich. Port.

BABOUCHES


BABOUCHES, s. f. pl. [Ba-bou-che, tout bref.] Le Rich. Port. ne le met qu' au pluriel comme de raison. L' Acad. met en titre babouche, et dans les exemples, babouches. Sorte de pantoufles ou de mules de chambre, qui ont un quartier de derrière, et sont venues du Levant. Les vraies babouches du Levant sont sans talon. On les a imitées en France, excepté sur ce dernier article.

BABOUIN


BABOUIN, s. m. [Ba-bouein; ces six lettres ne font qu' une syllabe.] Au propre, gros singe. _ Au figuré, bâs et populaire: figûre ridicule barbouillée sur la murâille d' un corps de garde, qu' on fait baiser aux soldats qui ont fait quelque faute légère. On dit proverbialement en ce sens, qu' on a fait baiser le babouin à quelqu' un, quand on l' a réduit à faire quelque chôse contre son gré et avec quelque espèce de honte.
   BABOUIN, babouine, se disent d' un enfant badin et étourdi. "C' est un petit babouin, une petite babouine. Allons donc, petit babouin!

BAC


BAC, s. m. [Bak, bref au singulier, long au pluriel, bacs.] Espèce de grand bateau plat, servant à passer les carosses, charrettes, etc., d' un bord de la rivière à l' autre, par le moyen d' une corde qui la traverse. Acad. Bateau plat pour traverser une rivière. Trév. En quelques Provinces, nomément en Provence, on l' apelle une trâille. _ Passer le bac, passer la rivière dans un bac.

BACCALAURÉAT


BACCALAURÉAT, ou BACALAURÉAT, s. m. [Bakaloré-a, 4e é fer. tout bref.] Le premier degré qu' on prend dans une Faculté pour parvenir au Doctorat.

BACCHANALE


BACCHANALE, s. f. [l' h ne se prononce point: Bakanale, tout bref.] Au propre, la représentation d' une danse de Bacchantes et de Satyres. "La Bacchanale du Poussin. _ Au figuré, débauche faite avec grand bruit. Faire bacchanale, sans article. "Ils ont fait une bacchanale qui a duré toute la nuit. _ Le Cousin Jacques dit Bacchanal, s. m. "Quel est donc ce bacchanal que j' entends à ma porte?
   BACCHANALES, s. f. pl. La Fête que les Payens célébraient en l' honeur de Bacchus.

BACCHANTE


BACCHANTE, s. f. [l' h est muette; bakante, 2e long.] Au propre, femme qui célébrait la Fête des Bacchantes. _ Au figuré, femme emportée et furieuse: C' est une Bacchante, une vraie Bacchante.

BACCHUS


BACCHUS, s. m. et non pas Bachus ou Bacus. Prononcez Bakus, et non pas Baku, comme prononce le peuple en certaines Provinces.

BACHELIER


BACHELIER, s. m. Celui qui est promu au Baccalauréat.
   Il se disait autrefois pour jeune Gentilhomme et pour amant. L' on disait aussi, bachelette pour maîtresse.

BACHIQUE


BACHIQUE, adj. Qui apartient à Bacchus. L' Acad. dit, fête bachique, liqueur bachique (le vin), chanson bachique. C' est son usage le plus commun. _ M. Brossette dit que c' est l' ancien langage, et qu' on dit, air à boire. M. de Saint-Marc, aûtre commentateur de Boileau, prétend au contraire qu' on dit encôre fort bien, chanson bachique, air bachique. et même ode bachique.

BACLÉ


BACLÉ, ÉE, adj. [2e é fer. long. au 2d.] Il se dit figurément et familièrement d' un traité conclu, d' une afaire terminée; cela est baclé, l' afaire est baclée.

BACLER


BACLER, v. a. [2e é fer.] Fermer une porte ou une fenêtre par derrière avec une barre ou toute autre chôse. _ Bacler un bateau, le mettre dans un lieu comode du Port, pour la charge et la décharge des marchandises.

BADAUD


BADAUD, AUDE, subst. m. et f. [Badô, dôde, 2e. lon.] Niais, qui s' amûse à tout et admire tout. "C' est un badaud, un franc badaud.
   Rem. Quelques-uns écrivent badaut avec un t à la fin; mais puisque le fém. est badaude, et les dérivés, badaudage, badauder, etc. il est clair qu' il faut terminer le primitif masc. par un d.

BADAUDAGE


BADAUDAGE, s. m. ou BADAUDERIE, s. f. Trév. Rich. Port. l' Acad. ne mettent que le second: ils sont tous deux fort bas. [Badodaje, doderi-e, 4e lon. au 2d.] Action, discours de badaud. Le badaudage est le défaut du peuple dans les grandes Villes: "Cet homme est d' une grande badauderie. "Ce que vous dites-là est une franche badauderie.

BADAUDER


BADAUDER, v. n. [Badodé, 2e dout. devant l' e muet elle est longue, il badaûde; pronon. badôde.] S' amuser à tout, niaiser. Acad. Faire le badaud; s' arrêter à une chôse qui n' en vaut pas la peine. Trév.

BADAUDISME


BADAUDISME, s. m. [Badodisme. L' Acad. ne le met pas.] Le badaudisme est le défaut d' être badaud. Le badaudage ou la badauderie, en sont les fruits et les effets. "Le peuple de Paris est fameux pour le badaudisme. On dit que celui de Lyon le lui dispute.

BADIN


BADIN, INE, adj. et subs. BADINAGE, s. m. Folâtre, qui s' amuse à des bagatelles. Homme badin, femme toujours badine; air badin, contenance badine. _ "C' est un vrai badin, une petite badine. _
   BADINAGE, action de badin. "Tout cela n' est que badinage. _ Il se dit figurément et en bonne part des ouvrages d' esprit.
   Imitons de Marot l' élégant badinage.        Boil.
= Chose aisée. "Les problêmes les plus dificiles, ne sont pour lui qu' un badinage. = Bagatelle, chôse peu importante.
   Le mariage, Agnès, n' est pas un badinage.        Mol.
Rem. Badin, se plait à suivre le substantif; esprit badin, humeur badine.
   Il nous vient étourdir de ses contes badins.        Mol.

BADINER


BADINER, v. n. BADINERIE, s. f. [3e é fer. au 1er, e muet au 2d. dont la 4e est long.] Faire le badin. "Il ne fait que badiner, il aime à badiner. _ Il se dit de l' esprit et en bone part.
   Ce n' est pas qu' une Mûse un peu fine,
   Sur un mot en passant ne joue et ne badine.        Boil.
"Il badine agréablement dans ses lettres, dans ses discours. = Au figuré et en morale, il se prend en mauvaise part. "La force du discours, l' obligea à baisser les yeux; car on ne badine pas avec sa conscience. Mariv.
   BADINER, se dit figurément aussi, mais familièrement, des petits ornemens qu' on atache et qui ont quelque petit mouvement agréable. "Il faut que cela badine un peu.
   BADINERîE, bagatelle, chôse frivole. "Ce qui n' est qu' une badinerîe pour un séculier, est un scandale dans un Éclésiastique.

BADINES


BADINES, s. f. pl. Pincettes légères. Auprès du feu, il a toujours les badines à la main.

BAFFOUER


BAFFOUER, Trév. BAFOUER, Acad. v. act. Le 2d est préférable. Traiter injurieûsement et avec mépris. "Il l' a bafoué, insulté, outragé.

BâFRER


BâFRER, v. n. BâFREUR, s. m. [1re lon. l' â doit porter un accent circonflexe. Le Rich. Port. ne le met pas. Joubert écrit bauffrer, mais mal.] Ces mots sont bas et populaires. L' Acad. marque le verbe actif, et dans les exemples il le marque neutre et sans régime. "Il aime à bâfrer, à manger; il ne fait que bâfrer. _ Grand bâfreur, gourmand, qui aime excessivement à manger.

BAGAGE


BAGAGE, s. m. Équipage de ceux qui sont en voyage ou à la guerre. Acad. Hardes, meubles, ustensiles, équipage de guerre ou de voyage. Trév. Le Rich. Port. le borne, mal à propos, à la guerre. Il se dit aussi des voyages des particuliers.
   On dit figurément, dans le style familier, plier bagage, trousser bagage, (le premier est le meilleur) s' enfuir, décamper, déménager. "Comptez qu' il aura plié bagage, et qu' il est peut être en chemin à l' heure que je vous parle. Marin. On le dit, par extension de métaphôre, de la mort: "Cet homme a plié bagage; il est parti pour l' aûtre monde.

BAGâRRE


BAGâRRE, ou BAGâRE, s. f. [2e longue, r forte, 3e e muet.] Grand bruit, causé ordinairement par une querelle. Acad. Emotion populaire qui assemble le monde. Trév. Bruit, tumulte. Rich. Port. Celui-ci ne dit pas assez; Trev. dit trop. La définition de l' Acad. est la plus juste: "Il y a de la bagârre; ne vous mêlez pas dans la bagârre. _ Il est du style familier.

BAGATELLE


BAGATELLE ou BAGATèLE, s. f. [3e è moy. 4e e muet, tout bref.] Chôse de peu de prix et peu nécessaire. "Dans cette boutique, dans ce cabinet, il n' y a que des bagatelles. = Figurément, chôse frivole et de peu d' importance; s' amuser à des bagatelles: "Il ne dit, il ne conte que des bagatelles. "Ce n' est qu' une bagatelle; cela ne vaut pas la peine. Cela se dit au propre et au figuré.
   S' amuser à la bagatelle, s' ocuper de toute autre chôse que de ses devoirs.
   BAGATELLE! Interj. Point du tout; je ne le crois, ou ne le crains pas! _ Il vous fera de la peine. Bagatelle!

BAGNE


BAGNE, s. m. [Mouillez le gn, 2e e muet.] Lieu où l' on renferme les esclâves en Turquie. Ce n' est pas un mot turc; il vient de l' italien bagno, qui a cette signification. _ On le dit aussi du lieu où logent les forçats qui ne sont pas sur les Galères.

BAGNOLET


BAGNOLET, s. m. ou BAGNOLETTE, n. f. [Trév. ne met que le 1er, l' Acad. que le 2d; le Rich. Port. les met tous deux. Bagnolè, lète, mouillez le gn; 3e è moy. tout bref.] Espèce de coîfûre de femme. Acad. Sorte de coîfe à l' usage des Dames. Trév. Ce n' est pas une coîfe proprement dite, mais une coîfure; et elle n' est pas seulement à l' usage des Dames, mais de toute sorte de Femmes.

BAGUE


BAGUE, s. f. [L' u est muet, il n' est là que pour doner au g un son fort, qu' il n' aurait pas sans cela devant l' e: c' est comme l' h des Italiens; Baghe, 1re brève.] 1°. Anneau où il y a une pierre enchâssée, et qu' on porte au doigt. Un belle bague. = On dit figurément, d' une maison ou autre chôse de prix, dont on peut aisément se défaire: C' est une bague au doigt. = Bagues et Joyaux; Pierreries, perles, et autres chôses de prix, qui apartiènent à une femme, et qu' elle reprend après la mort de son mari. _ On disait autrefois, bague pour boucle d' oreilles.
   2°. Anneau qu' on suspend vers le bout d' une carrière où se font des courses, et que ceux qui courent, tâchent d' emporter avec le bout de la lance: "Courre la bague, emporter la bague; course de bague.
   3°. Sortir vie et bagues sauves; c' est en termes de guerre, sortir d' une place avec permission d' emporter sur soi ce que l' on peut. _ Par extension; Sortir, s' en aler, ou revenir bagues sauves; c' est proverbialement, sortir d' une afaire sans perte, sans échec, sans qu' il en coûte rien.

BAGUENAûDE


BAGUENAûDE, s. f. BAGUENAUDIER, s. m. [Baghenôde, no-dié; 3e lon. au 1er, dout. au 2d.] Espèce de fruit; et l' arbre qui le porte.

BAGUENAUDER


BAGUENAUDER, v. n. BAGUENAUDIER, s. m. [Bagnenodé, no-dié, 2e e muet, 3e dout.: devant l' e muet, elle est longue; il baguenaûde; 4e é fer.] S' amuser à des chôses frivoles. Il ne faut pas baguenauder dans des chôses sérieûses. = Celui qui baguenaûde: C' est un vrai baguenaudier. Ils sont du style familier.

BAGUER


BAGUER, v. a. [Baghé, 2e é fer.] Arranger les plis d' un habit, d' une robe, etc. et les arrêter ensemble avec du fil ou de la soie: "Il faut baguer avant de coûdre.

BAGUETTE


BAGUETTE, s. f. [Baghète, 2e è moy. 3e e muet] Verge, houssine, bâton fort menu. Il avoit une baguette à la main. Baguette d' Huissier, de fusil ou de pistolet; de tambour, etc.
   On dit proverbialement, commander à baguette; (le Rich. Port. dit, à la baguette.) Avec hauteur et fierté. _ Être servi à la baguette; avec respect. _ Passer par les baguettes; (au propre on dit, par les verges.) Au figuré, recevoir des coups de langue successivement de plusieurs persones. "Mon chemin fut semé de complimens; et si c' étoit là passer par les baguettes, du moins étoient-elles les plus douces du monde. Marivaux.

BAGUIER


BAGUIER, s. m. [Ba-ghié, 2e é fer.] Petit cofret pour serrer des bagues.

BAHUT


BAHUT, s. m. BAHUTIER, s. m. [Le t ne se prononce point dans le 1er; l' h s' aspire: Ba-u, ba-u-tié, tout bref, 3e é fer.] Sorte de cofre, couvert ordinairement de cuir, et dont le couvercle est en voûte. = Artisan qui fait des bahuts et des malles.
   Rem. Bahut est vieux, et ne se dit plus que des malles énormes, et souvent par mépris. Pour les cofres de cette espèce d' une grandeur ordinaire, on dit malle. _ L' Acad. le met sans remarque.
   On dit proverbialement d' un homme, qui fait beaucoup de bruit et peu d' ouvrage, qu' il ressemble aux Bahutiers.

BAI


BAI, BAIE, adj. [Bè, è moy.] Couleur de rouge-brun. Il ne se dit que du poil des chevaux, et du cheval qui a ce poil. Ce cheval a le poil bai; il montait un cheval bai, une jument baie. = Bai clair, bai obscur, bai brun, bai doré. = On écrivait autrefois bay.

BAIE


BAIE, s. f. [Bê, ê ouv. long. Il est d' une seule syllabe dans la prononc. Ceux qui écrivent baye ne pensent pas qu' il faudrait le faire de deux syllabes, et prononcer bé-ie.] Plage, rade, espèce de golfe où les vaisseaux sont à l' abri de certains vents. Acad. _ Petit golfe ou bras de mer entre deux terres, plus large en dedans qu' à l' entrée. Rich. Port. Le mot d' enfoncement convient mieux que celui de plage, qui est à peu près également large par tout, et que celui de golphe, qui est beaucoup plus long que la baie.
   En Architectûre, Baie est l' ouverture d' un mur, où est placée une porte ou une fenêtre. "La baie d' une porte, d' une fenêtre.
   Dans le style familier; Tromperie qu' on fait à quelqu' un, pour le divertir. Doner la baie à, doner une baie à... "C' est un grand doneur de baies.

BAIGNER


BAIGNER, v. a. [Bègné, 1re è moy. 2e é fer. Mouillez le gn.] 1°. Mettre dans le bain. "On l' a baigné pendant vingt jours de suite. Se baigner dans la rivière. = 2°. Couler auprès; arroser. "Le Rhône baigne les murs d' Avignon. _ 3°. Figurément, Mouiller, arroser; baigner son visage de pleurs, son lit de larmes.
   Se baigner dans le sang, se dit des tyrans sanguinaires: se baigner dans les larmes des malheureux, de ceux qui se plaisent à les voir soufrir, à voir couler leurs larmes. _ Des yeux baignés de larmes, etc. _ On le trouva baigné dans son sang, et non pas baignant, comme on le lit dans le Journ. de Geneve.
   BAIGNER, neutre: Tremper. "Il faut que ces herbes baignent dans l' esprit de vin, dans le vinaigre.

BAIGNEUR


BAIGNEUR, EûSE, subst. m. et f. [1re è moy. 2e dout. dans le 1er au sing. longue au plur, Bèg-neûr; longue aussi au 2d, bèg-neû-ze; mouillez le gn.] 1°. Celui ou celle, qui se baigne à la rivière. "Le Rhône en été, est rempli de baigneurs. Les Baigneûses de Vernet. = 2°. Celui ou celle qui tient bains et étuves. On le dit sur-tout au masc. et même de celui qui tient des chambres garnies. "Il couche, il loge chez le baigneur.

BAIGNOIR


BAIGNOIR, s. m. BAIGNOIRE, s. f. [Bèg-noar, noâ-re; 1re è moy. mouillez le gn; 2e dout. au 1er, longue au 2d.] Lieu où l' on se baigne dans la rivière; Trév. _ L' Acad. ne met que le 2d. Cûve faite pour prendre les bains. _ Vaisseau où l' on se baigne à la maison. Rich. Port. Trév. = Dans les bains et étuves, on dit bain; cette baignoire est trop petite, ce bain est trop long.

BAIL


BAIL, s. m. [Ce mot est monosyllabe, l' a y conserve son propre son: mouillez l' l finale, Bail, et non pas bel, comme si ai avait le son de l' e.] Contrat par lequel on done une terre à ferme, ou une maison à louage. Au pluriel baux; bail à ferme; baux à ferme.
   On dit, figurément et familièrement: "Cela n' est pas de mon bail, je n' en suis pas chargé; ou cela s' est fait dans un temps où la chôse ne me regardait pas.

BâILLEMENT


BâILLEMENT, s. m. BâILLER, v. n. On écrivait autrefois baaillement, baailler. Ils expriment l' action de respirer en ouvrant la bouche extraordinairement et involontairement. "Avoir de fréquens bâillemens; bâiller d' ennui, de sommeil.
   Il se dit des chôses, figurément, dans le sens de s' entr' ouvrir~, être mal joint; porte qui bâille, cloison qui bâille.
   Rem. Dans ces deux mots l' â est long et doit porter un acc. circ. Dans les suivans, il est bref et sans acc. Bâ-glie-man, bâ-glié; mouillez les ll.

BAILLER


BAILLER, v. a. [ba-glié, 1re brève.] Doner, livrer, mettre en main. Il ne se dit plus que dans la Pratique. "Bailler à ferme, par contrat, par testament; Bailler une requête, etc.
   REM. Malherbe préférait et en prôse et en vers, le mot de bailler à celui de doner. _ Balzac l' emploie souvent dans ses lettres. Depuis long-temps il n' est plus du bel usage. On ne le dit plus qu' en termes de Pratique; et il ne s' est conservé que dans cette expression du style familier; Vous me la baillez belle, vous voulez m' en faire acroire. Vaug. Corn. L. T. = Il avait pourtant un aûtre sens que doner, et celui-ci ne le remplace pas. Doner, c' est faire un don, et bailler, signifie seulement, mettre entre les mains; Th. Corn. _ Depuis que bailler a été disgracié, il a falu que doner le supléât et ajoutât sa signification à celles qu' il avait déja.

BAILLERESSE


BAILLERESSE. Voy. BAILLEUR.

BâILLEUR


BâILLEUR, s. m. [Bâ-glieur; 1re lon. 2e dout. au sing. lon. au plur.] Qui bâille, qui est sujet à bâiller: "C' est un grand bâilleur. _ On ne dit point bâilleuse. Du moins les Dictionaires ne le mettent point. On pourrait le dire dans le style familier. _ Le proverbe dit: Un bâilleur en fait bâiller un aûtre.

BAILLEUR


BAILLEUR, s. m. BAILLERESSE, s. f. [1re brève, 2e dout. au 1er au sing. long. au plur. e muet au 2d; dont la 3e è moy. Ba-glieur, Ba-glie-rèce, mouillez les ll.] Celui ou celle qui baille à ferme, qui passe un bail. Terme de Pratique, style de Notaire.

BAILLI


BAILLI, ou BAILLIF, s. m. [La formation du fém. Baillive, avait fait conserver l' f finale. Comme on ne la prononçait plus, on l' a retranchée. Ba-gli, mouillez les ll; 1re brève.] 1°. Officier Royal d' épée, au nom duquel la Justice se rend dans un certain ressort. = 2°. Il se dit aussi d' un Officier de robe-longue, dont les apellations ressortissent immédiatement au Parlement. 3°. D' un Juge qui rend la Justice au nom d' un Seigneur, comme les Baillis des Pairies, etc. 4°. Dans l' Ordre de Malthe, d' une dignité ou d' un titre au-dessus de celle ou de celui de Commandeur.

BAILLIAGE


BAILLIAGE, s. m. [Baglia-je, mouillez les ll; tout bref.] 1°. Tribunal composé des Juges qui rendent la justice au nom du Bailli, ou avec le Bailli. = 2° Étendue du ressort de cette Juridiction. = 3°. Maison où le Bailli ou son Lieutenant rendent la justice.

BAILLîVE


BAILLîVE, s. f. [Ba-glî-ve, 2e lon.] Femme du Bailli, dans les 3 premiers sens.
   Vous irez visiter pour votre bien-venue
   Madame la Baillive et Madame l' Élue.

BâILLON


BâILLON, s. m. BâILLONER, v. a. [Bâ-glion, glio-né, 1re lon.] Ce qu' on met dans la bouche d' un homme, pour l' empêcher de parler ou de crier; ou dans la gueule d' une bête, pour l' empêcher de mordre et de faire du bruit. = Bâilloner, c' est mettre un bâillon à... Bâilloner une personne, un chien.
   On dit, figurément et familièrement, mettre un bâillon à la bouche de quelqu' un; lui doner de l' argent, pour l' empêcher de parler.

BAIN


BAIN, s. m. [Bein, dout. au sing. lon. au plur. bains.] Il se dit 1°. du lieu où l' on se baigne; "le bain le plus naturel est celui de la rivière. = 2°. Des bâtimens destinés pour se baigner; "à côté de cet apartement sont les bains. = 3°. De la cûve ou baignoire où l' on se baigne: "Ce bain est fort commode. = 4°. De chaque fois qu' on se baigne; j' ai pris plus de cent bains. = 5°. Enfin, de la liqueur où l' on se baigne: "Il y a des femmes qui se baignent dans un bain de lait. "Le peuple croit que les ladres se guérissent dans un bain de sang.
   Demi-bain, s. m. Prendre un demi-bain; ne se mettre dans l' eau que jusqu' à la ceintûre.

BAïONNE


BAïONNE, et non pas BAYONNE. Voy. l' Article suivant.

BAïONNETTE


BAïONNETTE, ou BAïONèTE, s. f. [Anciènement on écrivait bayonnette, et plusieurs l' écrivent encôre de la sorte; mais il faudrait alors prononcer bé-ionète, l' y faisant fonction de deux i. Voy. A au commencement.] Espèce de poignard, ou de long couteau. Acad. Dague ou petite épée, courte et large, que l' on met à présent au bout des fusils pour s' en servir comme de pertuisane. Trév. Sorte de petite épée. Rich. Port. Cette derniére définition et celle de l' Acad. sont trop vagues. Il faut s' en tenir à celle de Trévoux. "Mettre la baïonnette au bout du fusil. "Il a été blessé d' un coup de baïonnette.
   Rem. Le nom de cette arme lui vient de Baïonne, Ville où elle a été inventée.

BAJOûE


BAJOûE, s. f. [Ba-joû-e. 2e. lon. 3e e muet.] Partie de la tête du cochon, qui s' étend depuis l' oeil jusqu' à la machoire.

BAISEMAIN


BAISEMAIN, s. m. Il n' est usité au sing. qu' en matière féodale. Hommage rendu au Seigneur en lui baisant la main. Trévoux le dit aussi de l' ofrande qu' on fait à un Curé, en allant baiser la paix: "Les Curés de Paris n' ont que le baise-main, qui vaut mieux que les dîmes des Curés de la campagne.
   BAISEMAINS au pluriel; complimens, recommandations: "Mes baisemains à un tel, je vous en prie: "Je lui ai fait vos baisemains.
   On dit au fém. à belles baise-mains, avec soumission et suplication. "Il a été forcé de me payer, et de m' aporter son argent à belles baisemains.

BAISEMENT


BAISEMENT, s. m. [Bèzeman, 1re è moy. et long; 2e e muet.] Il ne se dit que de l' action de baiser les pieds du Pape. "Il a été admis au baisement des pieds de sa Sainteté.

BAISER


BAISER, v. a. [Bèzé, 1re è moy. et long. 2e é fer. la 1re est encôre plus longue devant l' e muet; il baise.] Apliquer sa bouche ou sa jouë sur le visage ou sur la main de quelqu' un, par amitié, par civilité, etc. Acad. Il me paraît que quand on n' aplique que la jouë, c' est embrasser et non pas baiser. D' ailleurs, aplique-t-on la jouë sur la main.? _ Trévoux dit doner un témoignage de respect, d' amitié, etc. par l' atouchement de la bouche. _ Le Rich. Port. "Aprocher sa bouche ou sa jouë de celle d' un autre pour marque d' amour ou d' amitié. Cette définition a les défauts de celle de l' Acad. et borne l' action de baiser au baiser de la bouche et de la joue, sans parler du baiser de la main, ni des pieds, etc. J' aime donc mieux la définition de Trév. qui est aplicable à toutes les manières de baiser. "Baiser quelqu' un à la jouë, à la bouche, au front, etc. Baiser la main; baiser les pieds, acte d' humilité, de mortification, en usage dans les maisons religieuses. Baiser la Croix, les Reliques; baiser l' anneau de l' Évêque, la paix, la terre par humilité. Baiser le bâs de la robe d' une Reine, d' une Princesse.
   BAISER les mains, est un terme de compliment et de civilité. On dit plus souvent, Faire ses baise-mains. _ Ironiquement, Je vous baise les mains, je suis votre serviteur; se dit, pour signifier qu' on ne croit rien de ce que quelqu' un dit, ou qu' on ne fera rien de ce qu' il demande. = Il est beau au figuré. Le P. Marion fait dire à Charles I.
   Ah! cessons de nous plaindre, et soufrons sans murmure...
   Tu le veux, ô mon Dieu, j' adore tes desseins,
   Et je baise les coups qui partent de tes mains.
       Cromwel.
La métaphôre est trop forte. On dit bien, baiser la main qui nous frape; mais baiser les coups, etc. c' est outrer les droits du style figuré.
   BAISER, se dit, au réciproque, des chôses qui se touchent, qui se joignent. Deux pains qui se baisent, deux tisons qui se baisent.

BAISER


BAISER, s. m. Action de celui qui baise. Baiser de paix, d' amitié, etc. On apèle proverbialement, baiser de Judas, le baiser d' un traître.

BAISEUR


BAISEUR, EûSE, s. m. et f. [Bè-zeur, zeû-ze, 1re è moy. et long: 2e dout. au sing. du prem. longue au pluriel; et au 2d.] Qui se plait à baiser.. "Un grand baiseur, une grande baiseûse. Sans parler des désordres secrets des femmes, on peut dire, que, généralement parlant, elles sont de grandes baiseûses, et entre elles et avec les enfans.
_ Par respect pour le beau sexe, l' Acad. ne met d' exemple que du masc.

BAISOTER


BAISOTER, v. n. [Bèzoté, 1re è moy. et long.] Baiser sans cesse. Il ne fait que baisoter.

BAISSE


BAISSE, s. f. [Bèce, 1re è moy. et long. 2e e muet.] Déchet, diminution. Il se dit des papiers royaux et comerçables, qui tombent au-dessous du prix qu' ils avaient.

BAISSER


BAISSER, v. act. et neut. [ai a le son d' un è moy. et long; bècé: il est encôre plus long devant l' e muet; il baisse.] 1°. Abaisser, mettre plus bas. Baisser les glaces d' un carrosse, d' une chaîse. Baisser la tête, se baisser. = 2°. Rendre plus bas; Baisser un toît, une muraille. = 3°. Baisser les yeux, regarder en bas; baisser la voix, parler plus bas; baisser l' oreille, se décourager; baisser la main à un cheval, le pousser à toute bride. Baisser la lance, ou baisser pavillon devant quelqu' un, lui céder, lui déférer. Au propre, on dit, baisser le pavillon, d' un vaisseau qui se rend: l' Acad. dit le pavillon, ou pavillon. Je crois le premier plus usité.
   Baisser, neutre. Aller en diminuant. "La rivière baisse sensiblement; le jour baisse; la vûe commence à lui baisser, etc. = Au figuré, on doit dire qu' un malade baisse, qu' il empire; que l' esprit d' un homme baisse, que son crédit, sa faveur baisse, et non pas s' abaisse, comme disent quelques-uns. _ * La Bruyere dit en ce sens: être baissé: "Je le sais Théobalde, vous êtes vieilli, mais voulez-vous que je croie que vous êtes baissé. _ Vous avez baissé ne serait pas meilleur; car baisser, en ce sens, ne se dit point dans les temps composés. _ Être vieilli a produit être baissé, qui ne fait point mal dans cette phrâse, quoique contre l' usage. "Le Chef des Confédérés (Volt.) n' est plus: ses apôtres baissent à vue d' oeil, et ne se soutiènent plus que par quelques mouvemens convulsifs. Ann. Litt.
   Rem. 1°. Baisser et abaisser ne doivent pas s' employer indiféremment; le 1er se dit des chôses qu' on veut placer plus bas, ou dont on veut diminuer la hauteur; le 2d, des chôses faites pour en couvrir d' aûtres: "On baisse une poûtre: on abaisse le dessus d' une cassette. Les oposés de baisser, sont élever et exhausser; ceux d' abaisser, sont, lever et relever. _ 2°. Baisser est d' usage dans le sens neutre; abaisser ne l' est pas. L' un et l' autre se joignent au pron. pers.; mais se baisser, garde toujours le sens littéral; s' abaisser, au contraire, prend toujours le figuré: " On se baisse en se courbant; On s' abaisse en s' humiliant.
   On dit proverbialement d' une chôse aisée qu' il n' y a qu' à se baisser et en prendre.
   BAISSÉ, ÉE. Doner tête baissée dans, etc. Inconsidérément, et sans envisager le péril; ce qui se dit au propre et au figuré. "S' en revenir les oreilles baissées, avec une contenance humiliée et un air mortifié.

BAISSIèRE


BAISSIèRE, s. f. [Bè-ciè-re, 2de lon. è moy.] Le reste du vin, quand il aproche de la lie. Trév. met aussi bessière; mais l' analogie demande que ce mot s' écrive par un ai, venant de baisser.

BAISûRE


BAISûRE, s. f. ou BISEAU, s. m. [Bè-zûre, bizo, 1re è moy. au 1er, 2de lon. au 1er, dout. au 2d.] L' endroit par lequel un pain en a touché un autre au four.

BAL


BAL, s. masc. [Il fait au plur. BALS et non pas BAUX. Bref au sing. long au plur.] = Assemblée pour danser; Acad. Le Dict. de Trév. le borne aux jeunes gens. Mais le bal assemble toute sorte de persones, et de tout âge, ou pour danser, ou pour voir danser. Grand bal; doner le bal à..... courir le bal, etc. Bal masqué, bal paré. L' Acad. ne met pas ceux-ci.
   On apèle Reine du bal, celle à qui on le done; et Roi du bal, celui qui en fait les honeurs, et danse le premier.

BALADE


BALADE, s. f. Richelet écrit Balâde avec un acc. circ.; mais ce 2d a est bref: il ne faut donc point y mettre d' accent. L' Acad. écrit ballade avec 2 ll, et baladin avec une seule. On ne voit pas la raison de cette diférence. _ Espèce de Poésie Française, qui a un refrein. Elle n' est plus à la mode.

BALADIN


BALADIN, INE, s. m. et f. [Bala-dein, di-ne, tout bref.] Il ne se dit plus que des farceurs. C' est un terme de mépris, et les Danseurs n' aimeraient pas à s' entendre nommer de la sorte, comme le fait Molière dans un endroit où il ne prétend pas critiquer.

BALAFRE


BALAFRE, s. f. [2e br. 3e e muet.] Blessure faite au visage par une arme tranchante. Grande balafre. _ On le dit plus communément de la cicatrice qui reste, quand la blessure est guérie. Acad.

BALAFRER


BALAFRER, v. a. [Balafré, tout bref, dern. é fer.] Blesser en faisant une balafre. On l' a cruellement balafré.

BALAI


BALAI, s. m. [Balè, è moy. et bref: au plur. il est long: Balais] Instrument servant à nettoyer, à ôter les ordures d' une rue, d' une chambre, d' un cabinet. Balai de jonc, de plume, de crin, de bouleau, etc.
   En style proverbial: Faire le balai neuf, c' est bien servir, bien faire les premiers jours qu' on est dans une maison, dans un emploi, etc. _ Rôtir le balai; c' est, ou mener une vie libertine, ou obscûre et peu aisée; ou être long-temps dans certains emplois. "Il a long-temps rôti le balai.

BALAIS


BALAIS, adj. masc. [Balê, ê ouv. et long.] Il ne se dit qu' avec rubis. Sorte de rubis de couleur de vin fort paillet.

BALANCE


BALANCE, s. f. BALANCEMENT, s. m. BALANCER, v. act. et neut. [2e lon. 3e e muet aux deux 1ers, é fer. au 3e. Dans le 2d, en a le son d' an; balanceman.] La balance est un instrument dont on se sert pour peser. Il se dit dans le propre au sing. et au plur. Une balance juste, de bones balances. Mais au fig. il ne se dit qu' au sing. "Je suis en balance, en suspens; mettre en balance avec: "L' autorité de l' Église avec laquelle nulle autre ne doit être mise en balance. Réfl. L. T. Tenir en balance, irrésolu et en suspens. Faire pencher la balance; Faire qu' une chôse l' emporte sur une aûtre. = Balance, en termes de comerce, est l' état final ou la solde du livre de compte. _ Balance de Commerce, est le résultat général de l' actif et du passif, de l' importation et de l' exportation dans une Nation. M. N...... a démontré que la balance du Commerce étoit en faveur de la France.
   BALANCEMENT ne se prend que dans le propre. Le balancement de la Terre. Les Astronomes l' apèlent mouvement de libration. "Il dandine en marchant: il fait avec son corps un balancement désagréable.
   BALANCER, au contraire, se dit le plus souvent au figuré, et sur-tout au neutre.
On dit bien qu' un Danseur balance, ou ne balance pas bien son corps; des oiseaux, qu' ils se balancent dans les airs; mais on dit plus souvent, balancer (peser) les raisons de part et d' aûtre: et neutralement: "Le succès balança entre les deux partis; Rollin. "Je ne balancerai pas à le faire. On dit aussi sans régime: Il l' a promis sans balancer. * Mde de Sévigné y joint le pron. y: Sans y balancer. Cet y est là de trop.
   BALANCER, act. est fort à la mode au figuré. "Balancer, avec sagesse la clémence du Prince avec l' intérêt de la justice. Thomas.

BALAYER


BALAYER, v. act. BALAYEUR, EûSE, s. m. et f. BALAYûRES, s. f. pl. [Balé-ié, lé-ieur, ieû-ze, lé-iû-res; 2e é fer. 3e dout. au 2d, au sing. longue au pl.; lon. aussi au 3e et au 4e. Devant l' e muet, il balaye, pron. balé-ie Ceux qui écrivent, balaïer, balaïeur, ne pensent pâs qu' avec cette ortographe il faudrait prononcer bala--ié, bala-ieur, comme on prononce aïeul, ce qui est contre l' usage.] Balayer, c' est ôter les ordûres d' un lieu avec un balai. Balayer se dit figurément:
   D' une robe à longs plis balayer le Barreau.
= Balayeur, eûse, celui ou celle qui balaye. = Balayûres, ordures qui ont été ramassées avec le balai. = On écrivait autrefois balayeures.

BALBUTIEMENT


BALBUTIEMENT, s. m. BALBUTIER, v. n. [L' e est muet dans le 1er: il n' est là que pour faire prononcer balbuciman, et non pas balbutiman; balbucié tout bref.] Balbutier, c' est prononcer imparfaitement; balbutiement, est l' action de balbutier. = Figurément, c' est parler sur quelque sujet confusément et sans conoissance. "Il a voulu parler sur cette afaire; il n' a fait que balbutier. _ On l' emploie aussi activement: "Il a balbutié son compliment, son rôle.

BALCON


BALCON, s. m. Espèce de petite terrasse en saillie, attachée à un bâtiment, environée d' une balustrade, et sur laquelle on va prendre l' air. Acad. Saillie qui est sur le devant d' une maison, environée d' une balustrade. Rich. Port. _ On apelle aussi balcon, la grille de fer qu' on met à une fenêtre, à la place de l' apui en pierre, quoiqu' il n' y ait aucune saillie.

BALDACHIN


BALDACHIN, ou BALDAQUIN, s. m. [Balda-kein, tout bref; le 1er désigne mieux l' étymologie italiène, (Baldacchino) et le 2d, la prononciat. C' est le seul que mette l' Académie, et qui soit de l' usage actuel.] _ 1°. Ouvrage d' Architectûre, orné de colonnes, qui sert à environer et à couvrir l' Autel d' une Église. = 2°. Dais qu' on porte sur le S. Sacrement dans les Processions. = 3°. On dit aussi baldaquin d' un catafalque, et lit à baldaquin.

BALE


BALE, BALER, BALET; Richelet. Voyez BALLE, etc. avec deux ll.

BALEINE


BALEINE, s. f. [Balène, 2e dout. è moy.] Poisson de mer d' une grosseur extraordinaire. "Huile de baleine, pêche de la baleine. = On apèle aussi baleine, certaine corne forte et pliante, tirée des fanons ou barbes de la baleine. _ Le petit de la baleine s' apèle baleineau; l' Acad. Trév. met baleinon; le Rich. Port. les met tous~ deux. _ On apelle Baleinier ceux qui sont employés à la pêche de la baleine. L' Acad. ne met pas ce mot.

BALIER


BALIER. Suivant Richelet, il est plus en usage que BALAYER, parce qu' il est plus doux à l' oreille. L' usage n' a pas été touché de cette douceur. On dit Balayer.

BALIVERNE


BALIVERNE, s. f. [3e è ouv. 4e e muet: tout bref.] Sornette, discours frivole et de peu d' importance. Dans Trév. et dans le Dict. Gram. on ne le met que pl.; et il est vrai que c' est son usage le plus ordinaire: "Il ne dit que des balivernes: on dit pourtant au sing. une baliverne: "Ce que vous dites-là n' est qu' une baliverne. Il est du style familier; ainsi que le mot suivant.

BALIVERNER


BALIVERNER, v. n. Dire des balivernes: "Il ne fait que baliverner. "Il a été avec nous trois heures: il a parlé sans cesse, et il n' a fait que baliverner.

BALLADE


BALLADE. Voy. BALADE.

BALLADIN


BALLADIN. Voy. BALADIN.

BALLE


BALLE, s. f. [Bale, 1re br. 2e e muet.] 1°. Petite pelote propre à jouer à la paûme. = 2°. Petites boules de plomb, dont on charge les mousquets, fusils, pistolets, etc. On le dit du canon, en parlant du poids du boulet; ce canon porte vingt-quatre livres de balle. = 3°. Gros paquet de marchandises, liées avec des cordes et envelopées de grosse toile pour être transportées d' un lieu à un aûtre.
   Rem. Ce mot fournit à plusieurs expressions du style familier et proverbial. Dans le 1er sens: prendre la balle au bond, ne pas laisser échaper l' ocasion de réussir. Ce sont balles perdûes; c. à. d. des éforts inutiles. Quand la balle me viendra; quand j' aurai ocasion de parler ou d' agir. "M. de Pompone ne manqueroit pas d' apuyer, si la balle lui venoit; Sévigné. _ La balle vient au bon joueur. "Il m' est tombé des nües le plus beau chapelet du monde: c' est assurément parce que je le dis si bien: la balle au bon joueur. La même. _ Se renvoyer la balle. _ À~ vous la balle, c' est à vous à parler ou à faire.
   Dans le troisième sens, de balle, se dit de ce qu' on méprise et qui est de médiocre qualité; marchandise de balle. _ Enfant de la balle; celui qui suit la profession de son père.

BALLET


BALLET ou BALET, s. m. [Balè, 2e è moy. tout bref.] 1°. Danse figurée et concertée entre plusieurs persones, qui représente quelque chôse de particulier. = 2° Espèce d' opéra, où la danse fait la principale partie: il est divisé, non pas en scènes, mais en entrées. Dans ce ballet, il y avait une entrée de Nymphes, une entrée de Furies, etc.
   On dit, proverbialement, d' un homme qui entre sans cérémonie dans un cercle et en sort bientôt, qu' il a fait une entrée de ballet.

BALLON


BALLON ou BALON, s. m. Vessie enflée d' air et couverte de cuir, dont on jouë en la frapant de la main ou du pied. _ Jouer au balon, grand joueur de balon. = Enflé comme un ballon, expression qu' on aplique aux hydropiques.

BALLOT


BALLOT, s. m. [Balo, 2 brèves.] Diminutif de balle. Paquet de meubles ou de marchandises. Balot de livres.
   BALOT, se dit figurément dans cette phrâse: voilà votre balot; cela fait bien votre balot; cela vous convient, vous acomode, est bien votre fait.

BALLOTADE


BALLOTADE. Voy. BALOTADE.

BALLOTAGE


BALLOTAGE, s. m. BALLOTE, s. fém. BALLOTER, v. act. On apèle balote une petite bale ou boule, dont on se sert pour doner les sufrages ou pour tirer au sort. Baloter, c' est donc se servir de balotes à ce dessein; et balotage, l' action de baloter.
   BALOTER, se dit rarement au propre où il est neutre. _ On dit au figuré, baloter une afaire, la discuter, en délibérer. Baloter quelqu' un, se jouer de lui, le tenir long-temps en suspens, le renvoyer de l' un à l' aûtre, sans avoir envie de rien faire pour lui. Me. de Sévigné dit, baloter en atendant partie. On dit peloter.

BALON


BALON, Voy. BALLON.

BALOTADE


BALOTADE, s. f. [L' Acad. l' écrit avec une seule l et un seul t; et ballotte, ballottage, ballotter avec deux tt et deux ll; pourquoi cette diférence?] Terme de manège Saut d' un cheval entre les pâsses, en jetant les quatre pieds en l' air.

BALOTAGE


BALOTAGE, BALOTE, BALOTER; voy. BALLOTAGE, etc.

BALOURD


BALOURD, OURDE, s. BALOURDISE, s. f. [Ba-lour, lour-de, lour-dîse, 4e lon. au dern.] Ce sont des termes de mépris. Ils se disent d' une persone grossière et stupide, de ses actions et de son caractère. "C' est un gros balourd; une grande ou une vraie balourde. "Il ou elle est d' une grande balourdise: il a fait une balourdise pommée. M. Linguet dit balourderie.

BALZAMIQUE


BALZAMIQUE, adj. [Balzamike, tout bref.] Qui a une vertu semblable à celle du baûme. Cette plante a une odeur, une vertu balzamique.

BALUSTRADE


BALUSTRADE, s. f. BALUSTRE, s. m. Le balustre est un petit pilier façoné; la balustrade est un assemblage de plusieurs balustres, servant d' ornement ou de clotûre. _ On dit quelquefois balustre pour balustrade. _ Le balustre de l' autel, le balustre de la chambre d' un Prince.

BALZAN


BALZAN, adj. Se dit d' un cheval noir ou bai, qui a des marques blanches aux pieds.

BAMBIN


BAMBIN, s. m. [Ban-bein, 1re longue.] Terme de mignardise. Petit enfant. "On a bu à la santé du petit bambin à plus d' une lieuë à la ronde. SÉV.

BAMBOCHE


BAMBOCHE, s. m. [Banboche, 1re lon.] 1°. Marionette plus grande qu' à l' ordinaire. = 2°. Persone de petite taille. "Cette femme n' est qu' une bamboche. = 3°. Sorte de canne, qui a des noeuds et qui vient des Indes.

BAMBOU


BAMBOU, s. m. Arbre des Indes, qui tient de la natûre du roseau. _ * L' Ab. Prévôt (Hist. des Voy.), dit Bambu, qui est le mot Anglais.

BAN


BAN, s. m. 1°. Mandement fait à cri public, pour ordoner ou défendre quelque chôse. = 2°. Proclamation qui se fait dans l' Eglise, pour avertir qu' il y a promesse de mariage entre deux persones~. _ (L' Acad. ajoute, ou que quelqu' un va être promu aux Ordres sacrés. Ce n' est qu' une publication du titre Clérical. Il est peu d' endroits où on lui done le nom de ban.) Publier des bans, obtenir dispense de deux bans, de tous les bans. Acheter des bans, c. à. d. la dispense des bans. On dit vulgairement, jeter, pour publier des bans. "On veut jeter des bans, avant que les articles soient présentés. Jamais il ne s' est vu tant de charrettes devant les boeufs. SÉV.
   3°. Assemblée de la Noblesse, lorsqu' elle est convoquée par le Prince, pour le servir à la guerre. On dit ordinairement, ban et arrière-ban.
   4°. Exil, bannissement. "Il lui a été ordonné de garder son ban. _ Mettre un Membre, un Vassal de l' Empire au ban de l' Empire; le déclarer déchu de ses dignités, de ses droits, le proscrire.
   Four à ban, moulin à ban. On dit plus comunément, banal.

BANAL


BANAL, ALE, adj. Il se dit des chôses à l' usage desquelles le Seigneur de Fief a droit d' assujétir ses Vassaux. Four banal, moulin banal. _ On dit figurément, témoin banal, caution banale, homme qui est prêt à servir de témoin et de caution à tout le monde. Coeur banal, ou galant banal, qui parait aimer tout le monde, et n' est attaché à persone.

BANALITÉ


BANALITÉ (droit de), s. f. Droit qu' a le Seigneur de Fief d' assujétir ses vassaux à moûdre à son moulin, à cuire à son four, etc.

BANC


BANC, s. m. [Le c ne se prononce pas.] 1°. Long siège où plusieurs persones se peuvent asseoir ensemble. _ Les bancs des Ecoles de Philosophie et de Théologie. Être sur les bancs, se mettre sur les bancs; faire sa licence, entrer en licence. "Laissons aux Bans cette dispute, dit Bossuet. Le c est retranché, sans doute par la faûte de l' Imprimeur. Les bans et les bancs sont deux chôses fort diférentes, quoiqu' ils se prononcent de même. = 2°. Ecueuil, roche cachée sous l' eau, ou grand amâs de sâble dans la mer.

BANCROCHE


BANCROCHE, s. m. Terme de mépris. Homme qui a les jambes tortûes. En parlant d' une femme, on dit bancalle.

BANDAGE


BANDAGE, s. m. 1°. Bande, lien qui sert à bander. = 2°. La manière de bander les plaies. = 3°. Bandage des rouës, les bandes de fer qui les entoûrent. = 4°. Brayer pour les Herniaires.

BANDE


BANDE, s. f. Lien plat et large pour enveloper et serrer quelque chôse. Bande de toile, de fer, de cuivre; bande d' une saignée, d' une plaie. = Ornement plus long que large qu' on joint à des meubles; bande de velours; un lit par bandes, etc.
   BANDE. Troupe, Compagnie. Voyez Troupe. _ Ce mot se disait autrefois pour signifier des Troupes de Gens de guerre: "Les Bandes Espagnoles. "Déjà les Bandes Grecques avoient joint le grôs de son armée, dit Vaugelas, dans son Quinte-Curce. Il n' est plus en usage en ce sens-là. On dira bien: la Cavalerie se sépara en deux bandes. Mais c' est autre chôse. L. T. = Parti ou ligue. "Il est d' une autre bande. _ Faire bande à part; se séparer d' une compagnie; n' être pas des afaires, ou des divertissemens comuns.
   BANDE, côté. Terme de marine. "Ce vaisseau est à la bande; sur le côté, pour le radouber.

BANDEAU


BANDEAU, s. m. [Bando, 1re longue, la 2e est douteuse au singulier, longue au plur. Bandeaux.] 1°. Bande qui sert à ceindre le front et la tête. = 2°. Le Bandeau Royal, le Diadème. = 3°. Bande qu' on met sur les yeux de~ quelqu' un pour l' empêcher de voir. "L' amour est peint avec un bandeau; allégorie pleine de sens. _ Figurément, avoir le bandeau sur les yeux; être prévenu ou aveuglé par la passion. "La discorde avoit mis un bandeau fatal sur tous les yeux. "Le bandeau fatal est toujours sur tes yeux: ton âme est toujours plongée dans la fange d' un monde corrompu. Jér. Dél.

BANDELETTE


BANDELETTE ou BANDELèTE, s. f. [1re longue, 2de et 4e e muet, 3e è moyen et bref.] Petite bande. _ On le dit sur-tout de celles qui étaient atachées à la coîfûre des Prêtres des faux Dieux et de celles dont on ornait les victimes.

BANDER


BANDER, v. act. [Bandé, 1re longue, 2e é fermé.] 1°. Lier et serrer avec une bande ou un bandeau: bander une plaie, bander les yeux. = 2°. Tendre avec éfort: bander un arc, un ressort, un pistolet. Le vent bandait les voiles. Il est quelquefois neutre en ce sens: "Cette corde bande trop: "Le vent faisoit bander les voiles. = 3°. Bander, soulever. "Il a bandé tout le monde contre moi. Rich. Port. L' Acad. ne met que le réciproque, se bander: "Ils se sont tous bandés les uns contre les aûtres.
   On dit, proverbialement, bander la caisse, bander les voiles; partir, s' enfuir.
   BANDÉ, ÉE, adj. Fusil bandé, arbalête bandée. = Figurément, avoir l' esprit bandé, ocupé, apliqué continuellement. "Il faut excuser un homme qui n' est point à lui et qui a toujours l' esprit bandé. Coul.

BANDEREAU


BANDEREAU, s. m. [Bandero, 1re lon. 2e e muet, 3e dout.] Cordon qui sert à pendre la trompette.

BANDEROLE


BANDEROLE, s. f. Espèce de petit étendard que l' on met pour ornement. Vaisseau avec ses banderoles; pain bénit orné de banderoles.

BANDI


BANDI. Voy. BANDIT.

BANDIèRE


BANDIèRE, s. f. [Ban-diè-re, 1re et 2e longues, 3e e muet, l' è de la 2de est moyen.] Suivant Trév. Parement que l' on met au-dessus des mâts. Suivant l' Acad. il se dit quelquefois pour bannière: "Les vaisseaux ont mis leurs bandières. Je le crois vieux en ce sens. _ Il ne se dit plus que dans cette façon de parler, en front de bandière: L' armée était campée en front de bandière, avec les étendards et les drapeaux.
   Dans la langue Provençale, bandière signifie, bannière, drapeau.

BANDIT


BANDIT ou BANDI, s. m. [L' Acad. ne met que le premier; Richelet a préféré le second, et l' Ab. Girard aussi. Le Rich. Port. les met tous deux. Trév. suivant les diverses Editions, a mis bandi ou bandit.] Autrefois banni, qui se mettait dans une troupe de voleurs. On le disait sur-tout de l' Italie. _ Aujourd'hui, et par extension, gens vagabonds et sans aveu.
   BANDIT dit plus que libertin et vagabond. Outre le dérèglement, il marque un manque de probité et de sentiment. GIR. synon.

BANDOULIER


BANDOULIER, s. m. [Ban-dou-lié, 1re longue, 2e br. 3e dout.] Brigand, qui vole dans les montagnes. _ Populairement, sorte de fripon, de gueux, de vagabond. Rich. Port. Mauvais garnement. Acad.
   * Corneille écrit bandolier, et l' emploie dans une Tragédie:
   On a vu des Césars, et même des plus brâves,
   Qui sortoient d' Artisans, de Bandoliers, d' Esclaves.       Attila.

BANDOULIèRE


BANDOULIèRE, s. f. [Ban-dou-liè-re, et non pas bandoullière. 1re longue, 2e br. 3e lon. è moy.] Espèce de baudrier qu' on met sur les habits. _ Doner la bandoulière à quelqu' un, l' établir Garde dans une terre. Lui ôter la bandoulière; le casser.

BANE


BANE, BANER. Voyez BANNE, BANNER.

BANERET


BANERET, BANIèRE. Voy. BANNERET, BANNIèRE.

BANIR


BANIR, BANISSEMENT. Voy. BANNIR, BANNISSEMENT.

BANLIEUE


BANLIEUE, s. f. [Ban-lieû, 2 longues.] Certaine étenduë de pays, qui est autour d' une Ville et qui en dépend. Acad. Environs d' une Ville, qui sont dans l' étenduë d' une lieuë. Trév. L' étendue de la Juridiction d' une Ville ou d' une Prévôté, où un Juge peut faire des proclamations. Rich. Port. Cette dernière définition est la meilleure. Trév. borne mal à propôs, la banlieuë à une lieuë.

BANNERET


BANNERET ou BANERET. adj. m. On apelait autrefois de ce nom celui qui avait droit de banière. Seigneur Baneret, Chevalier Baneret.

BANNI


BANNI, s. m. Obtenir le rapel d' un banni. Voy. BANNIR.

BANNIèRE


BANNIèRE ou BANIèRE, s. f. [Ba-niè-re, 2e lon. è moy.] Enseigne, drapeau, étendard. Acad. Trév. Il n' est plus guère usité en ce sens, sur-tout pour les Vaisseaux, où l' on dit pavillon. _ Banière, est plus usité pour signifier l' étendard d' une Eglise, d' une Confrérie, qu' on porte dans les Processions. _ On dit, proverbialement, qu' on est alé au-devant de quelqu' un avec la Croix et la Banière; pour dire, qu' on lui a fait une réception honorable.

BANNIR


BANNIR ou BANIR, v. act. [Bani, 1re br.] 1°. Condamner par autorité de Justice à sortir d' un Etat, d' une Province, d' un Ressort. = 2°. Chasser, éloigner, exclûre. "On l' a banni de cette société. = 3°. Eloigner de soi avec le régime des chôses. "Bannir le chagrin, la honte, la crainte; bannir une idée de son souvenir.
   Rem. Bannir et bannissement, se disent des condamnations faites en Justice, et d' après les formalités légales: exiler et exil, d' un éloignement de quelque lieu ordoné par le Gouvernement. "Les..... n' ont pas été banis, mais exilés.

BANNISSEMENT


BANNISSEMENT ou BANISSEMENT, s. m. [Baniceman, dern. lon. le reste bref.] Condamnation à être bani par autorité de Justice. Il n' a que le premier sens de bannir.

BANQUE


BANQUE s. f. [Banke, 1re lon. 2e e muet.] 1°. Lieu où celui qui fait commerce d' argent exerce sa profession: porter de l' argent à la banque. = 2°. Etat et fonction du Banquier. "Il tient la banque, il entend très-bien la banque. = 3°. Caisse publique en certains Etats; Banque de Venise, d' Amsterdam. = 4°. En certains jeux, fonds d' argent que celui qui tient le jeu a devant soi. La Banque perd ou gagne.

BANQUEROUTE


BANQUEROUTE, s. f. BANQUEROUTIER, s. m. [Banke-rou-te, rou-tié: 1re lon. 2e e muet.] Faillite que fait un Négociant, qui manque à payer ses créanciers par insolvabilité véritable ou feinte. Banqueroutier, est le Négociant qui fait cette faillite. Ces termes sont odieux, et quand on ne veut pas mépriser, on dit faillite et failli.
   On dit, dans le style familier, faire banqueroute à quelqu' un, lui manquer de parole; faire banqueroute à l' honeur, agir contre son devoir.

BANQUET


BANQUET, s. m. BANQUETER, v. neut. [Bankè, keté, 1re lon. 2e è moy. au 1er e muet au 2d.] Banquet est un festin, un repas magnifique.
   BANQUETER, faire un banquet. Le verbe est du style familier. Le substantif est du beau style. Le banquet des Dieux, des Sept Sages; Le banquet des Elus, de l' Agneau, la joie de la Béatitude Céleste. Le Sacré Banquet, la Sainte Eucharistie.

BANQUETTE


BANQUETTE, s. f. [Bankète, 1re lon. 2e è moy. et bref, 3e e muet.] 1°. En termes de Fortification, petite élévation de pierre, de terre ou de gazon, pour tirer par-dessus le parapet d' un bastion, ou le revers d' une tranchée. = 2°. Endroit relevé d' un chemin, d' un pont, où il n' y a que les gens de pied qui pâssent. = 3°. Sorte de banc rembourré.

BANQUIER


BANQUIER, s. m. [Ban-kié, 1re lon. 2e dout. é fer.] 1°. Celui qui tient banque et fait commerce d' argent de place en place. = 2°. En certains jeux, celui qui tient le jeu contre tous ceux qui veulent jouer avec lui.

BANVIN


BANVIN, s. m. [Ban-vein.] Droit qu' a le Seigneur de vendre le vin de son crû, à l' exclusion de tout aûtre, dans sa Paroisse, dans un temps marqué par la coutume.

BAPTêME


BAPTêME, s. m. [On ne prononce point le p; Batême, 2e ê ouvert et long.] Le premier des Sacremens de l' Eglise, et qui done droit aux aûtres Sacremens, etc. Conférer, administrer le Baptême, recevoir le Baptême, etc.

BAPTISER


BAPTISER, v. act. [Batizé, tout bref.] Doner, conférer le Baptême. _ On dit, proverbialement et bassement, baptiser son vin, y méler de l' eau; baptiser quelqu' un; lui jeter de l' eau dessus, ou lui doner un autre nom que le sien. _ "Le mariage des Coislins n' est pas encôre fait: c' est un enfant bien dificile à baptiser. SÉV. Manière de parler proverbiale.

BAPTISMAL


BAPTISMAL, ALE, adj. BAPTISTèRE, adj. et sub. m. [Dans le premier, le p et l' l se prononcent; dans le second, on prononce l' s; mais non pas le p. Baptismal, male, batistère, 3e è moy. et long; le reste bref.] Baptismal, ne se dit qu' avec eau, grâce, innocence, au fém.; et au plur. masc. avec fonts: "Eau baptismale, conserver la grâce, l' innocence baptismale; les fonts baptismaux, et non pas le font baptismal._ Suivant Ménage, avec le verbe tenir, on ne se sert point de fonts baptismaux. On dit: il m' a tenu sur les fonts de baptême.
   BAPTISTèRE, subst., était autrefois une petite Église près des Cathédrales où l' on administrait le Baptême. "Le baptistère de Constantin est auprès de Saint-Jean de Latran.
   BAPTISTèRE, adj., ne se dit qu' avec registre et extrait. Plusieurs le font substantif, et disent baptistère pour extrait baptistère. Avez-vous votre baptistère? Il faut envoyer~ votre baptistère. _ Bossuet, Mde. de Sévigné et autres, ont dit baptistaire. " Vous ne connaissez plus rien à votre baptistaire. SÉV. "Vous allez en avant pour la gaité et l' agrément de l' esprit, et en reculant contre le baptistaire. La Même.

BAQUET


BAQUET, s. m. [Bakè, 2 brèves, 2e è moy.] Trév. écrit bacquet. Petit cuvier de bois, qui a les bords fort bas. "Mettre de l' eau dans un baquet.

BARAGOUIN


BARAGOUIN ou BARAGOUINAGE, s. m. [L' Acad. ne met que le premier. Trév. et le Rich. Port. les mettent tous deux. _ Baragouein, goui-nage, tout bref.] 1°. Langage imparfait et corrompu. "Cet homme parle mal; son discours est un vrai baragouin, un sot baragouinage. = 2°. On le dit des langues étrangères qu' on n' entend pas: "Ce sont des Hollandais; je n' entends rien à leur baragouin. Dans ce second sens, baragouin vaut mieux que baragouinage; et dans le premier, celui-ci est préférable à l' aûtre.

BARAGOUINER


BARAGOUINER, v. n. BARAGOUINEUR, EûSE, s. m. et f. [Bara-goui-né, neur, neû-ze.] Le verbe a les deux sens de baragouin. Il se dit et d' un homme qui parle mal sa langue, et d' un étranger dont on n' entend pas la langue. Baragouineur n' a que le premier sens. _ Molière dit au masculin, baragouineux. "Quel baragouineux est cela? Deux baragouineûses me sont venuës acuser de les avoir épousées toutes les deux. Mol. Dans ce dernier exemple, il s' agit d' une Languedociène et d' une Picarde qui parlaient fort bien leur patois; mais Pourceaugnac ne l' entendait pas: ce qui est le second sens de baragouin. Mais ce n' est pas l' emploi ordinaire de baragouineur.

BARAQUE


BARAQUE, s. f. BARAQUER, v. a. [Ba--rake, baraké, 3e e muet au 1er, é fer. au 2d: tout bref.] Les baraques sont des hutes, que font les Soldats, pour se mettre à couvert: Baraquer, c' est faire des baraques. Il se dit sur-tout au réciproque, se baraquer.

BARATE


BARATE, s. f. BARATER, v. a. La barate est un vaisseau de bois, fait en forme de baril, plus large par en bas que par en haut, dans lequel on bat le beûrre. Barater le~ lait, c' est donc l' agiter dans une barate, pour faire du beûrre.

BARATERIE


BARATERIE, s. f. [4e lon. 3e et 5e e muet.] Terme de Marine. Tromperie d' un Patron de Navire, par déguisement de marchandises, ou fausse route.

BARBACANE


BARBACANE, s. f. Petite ouvertûre, pratiquée dans les murs des châteaux, pour pouvoir tirer à couvert sur les énemis.

BARBâRE


BARBâRE, adj. et subst. BARBâREMENT, adv. [La 2e est longue: il convient de la marquer d' un acc. circ. 3e e muet, en dans le 2d a le son d' an: barbâreman.] 1°. Cruel, inhumain; coeur barbâre, âme barbâre. = 2°. Sauvage, qui n' a ni loi, ni politesse. "Les Grecs et les Romains regardaient les autres nations comme barbâres. _ Dans ce 2d sens il s' emploie substantivement, sur-tout au pluriel: l' irruption des barbâres: "Quand le Scythe eut parlé, on admira une si grande éloquence dans un Barbâre.
   BARBâRE, adj. suit ou précède, au gré de l' Orateur. Action barbâre:
   Les barbâres accens, qui frappent mon oreille.
   3°. Barbâre se dit, en Gramaire, des termes très-impropres, inconus, forgés à plaisir, durs à prononcer et dificiles à entendre:
   D' un seul nom quelquefois le son dur ou bisarre
   Rend un Poème entier, ou burlesque ou barbâre.
       Boil.
Voy. BARBARISME.
Rem. Sur le 2d sens de ce mot, il y a une distinction à faire entre Barbâre et Sauvage. Tous les Sauvages sont Barbâres à notre égard et dans notre langue: mais tous les Barbâres ne sont pas Sauvages Par le mot de Barbâres, on entend des Infidèles, ou Mahométans, ou Idolâtres.
   Pour ce qui regarde les chôses, il faut encôre distinguer barbâre de sauvage: l' un va à la cruauté, et a je ne sais quoi de féroce; l' autre à la retraite et à l' éloignement du monde: moeurs barbâres, vie sauvage. _ Barbâre n' est quelquefois oposé qu' à poli dans le langage; & sauvage à poli dans le comerce de la vie.
   BARBâREMENT, d' une façon barbâre. "Traiter quelqu' un barbârement; vivre, parler barbârement. Son usage le plus ordinaire est dans le 1er sens de barbâre.

BARBARESQUE


BARBARESQUE, adj. & subst. [Barba--rèske, 3e è moyen et bref.] Il ne se dit que des peuples, qui habitent la Barbarie, contrée d' Afrique, du côté de la Méditerranée; un Barbaresque, les Barbaresques, les Nations Barbaresques. _ Un des Auteurs de l' Ann. Litt. s' en sert au lieu de barbâre, en relevant un barbarisme de Mr. d' Al... "C' est une façon de parler barbaresque, que de dire, vouloir avec suite. Le mot est impropre en ce sens: on dit, façon de parler barbâre. = Le Rich. Port. interprète barbaresque, par; qui apartient à des Barbâres, qui tient à des Barbâres. C' est l' adjectif barbâre, qui a ce sens. _ L' Acad. ne met pas Barbaresque.

BARBARIE


BARBARIE, s. f. [3e lon. 4e e muet.] 1°. Cruauté, inhumanité. = 2°. Manque de politesse, et de cultûre de l' esprit. "La France a été pendant plusieurs siècles plongée dans la barbarie. Plusieurs croient que l' afectation outrée du bel esprit et la fausse philosophie, nous y feront retomber. = 3°. On apèle barbarie de langage, les façons de parler grossières et impropres dont on se sert.

BARBARISME


BARBARISME, s. m. [On prononce l' s: dern. e muet: tout bref.] Il ne se dit qu' en Gramaire, et n' a trait qu' au langage, et point du tout aux moeurs. Le barbarisme est de se servir de quelque mot impropre, ou de quelque phrâse étrangère et, qui n' est pas naturelle à la langue, ou d' oublier des particules, des pronoms ou des prépositions dans les endroits où elles sont nécessaires. Vaug. _ On peut commettre un barbarisme, ou en une seule parole, comme pache, pour pacte: ce barbarisme est aisé à éviter; ou en une phrâse entière: il est plus facile d' y tomber; car tous les mots qui compôsent cette phrâse étant français, on ne s' aperçoit point de la faûte. Id.
   Mon esprit n' admet point un pompeux barbarisme.
       Boil.
Rem. 1°. Il me semble que Vaugelas ne distingue point assez le barbarisme du solécisme. Celui-là consiste dans des mots ou des expressions, composées de plusieurs mots, inconnus et inusités dans la langue: celui-ci, à construire, contre les règles de la Gramaire, les mots conus et usités. La fureur du néologisme a produit beaucoup de barbarismes. L' ignorance de la langue produit beaucoup de solécismes. La gêne de la rime et la contrainte de la mesure en a beaucoup ocasioné aux Poètes.
   2°. L' Ab. Prevot, traduisant, trop litéralement, M. Hume dit, en parlant de Shakespear, trop servilement imité par les Anglais: "Delà vient que la Nation a soufert de ses voisins le reproche de barbarisme. Hist. des Stuarts. _ Barbarie était là~ le mot propre; car il n' est pas question de l' impropriété des mots dans les reproches qu' on fait aux Anglais, mais de la barbâre conduite des pièces, de l' incohérence dans les moeurs et les caractères des persones, du mélange des boufoneries avec les évènemens les plus tragiques, etc. etc.

BARBE


BARBE, s. f. 1°. Poil du menton et des joûes. Faire la barbe à... se faire la barbe; faire sa barbe; bassin ou plat à barbe.
   On apèle par mépris un jeune homme, jeune barbe; et quand il veut faire l' entendu, on lui dit qu' il a la barbe trop jeune. _ Faire quelque chôse à la barbe de quelqu' un, ou à la barbe de Pantalon, en sa présence, et comme en dépit de lui. _ Rire dans sa barbe; c' est être bien aise de quelque chôse et n' oser le faire paraître; rire sous cape.
   2°. Longs poils de certains animaux; barbe de bouc, barbe du chat. _ Barbe du coq, les deux petits morceaux de chair qui pendent sous son bec. _ Barbes de baleine, les fanons de la baleine. Voy. BALEINE. = Figurément barbes de l' épi, les petits filets qui en sortent; barbes d' une plume, les filets qui tiènent au tuyau. = On done aussi ce nom à des bandes de toile ou de dentelles, qui pendent aux cornètes des femmes.
   BARBE, s. m. Cheval de Barbarie, dans l' Afrique. "Les Barbes ont beaucoup de vitesse.

BARBET


BARBET, ETTE, adj. et subst. [Barbè, bète: 2e è moy. 3e e muet.] Il se dit d' un chien à poil long et frisé, qui va à l' eau; chien barbet, chiène barbète; Tondre un barbet: une belle barbète.
   On dit, proverbialement, croté comme un barbet; et d' un homme, qui en suit toujours un aûtre, c' est son barbet; il le suit comme un barbet. _ On dit encôre d' un homme qui raporte tout ce qu' on dit; c' est un barbet. Jeu de mots sur le double sens de raporter, savoir; faire des raports et aporter comme font les barbets.

BARBICHON


BARBICHON, s. m. Diminutif de barbet: "Joli barbichon.

BARBIER


BARBIER, s. m. [Bar-bié: 2e dout. é fer.] Celui, dont la profession est de faire la barbe. = On dit proverbialement, un barbier râse l' aûtre; les gens d' une même profession se servent et se favorisent mutuellement.

BARBILLON


BARBILLON, s. m. [Barbi-glion: tout bref; mouillez les ll.] Petit barbeau. = Ce qui pend en forme de barbe à la bouche du barbeau. Trév.

BARBON


BARBON, s. m. Vieillard. Terme de mépris. "Les jeunes gens se moquent des barbons: "Ce jeune homme fait le barbon.

BARBOTER


BARBOTER, v. n. BARBOTEUR, s. m. Fouiller avec le bec dans la bourbe. Il ne se dit que de certains oiseaux aquatiques, particulièrement des cannes et des canards. _ Barboteur est un canard privé: "Vous croyez que c' est un canard sauvage: ce n' est qu' un barboteur.

BARBOUILLAGE


BARBOUILLAGE, s. m. [Bar-bou-glia--je, mouillez les ll: tout bref.] 1°. Mauvaise peintûre. = 2°. Récit; raisonement confus et embrouillé. "On ne comprend rien à tout ce barbouillage.

BARBOUILLER


BARBOUILLER, v. a. [Barbou-glié, mouillez les ll: tout bref.] 1°. Salir, gâter. On lui a barbouillé le visage, se barbouiller les mains, être barbouillé d' encre. = 2°. Peindre grossièrement de quelque couleur avec une brosse; barbouiller des portes, des fenêtres. On ne le dit que par mépris. On dit plus ordinairement peindre. = 3°. Barbouiller du papier, beaucoup écrire, mais fort mal. = 4°. Barbouiller un récit; le rendre d' une manière confuse et embrouillée.
   Se barbouiller, au figuré, ternir sa réputation. "Il s' est bien barbouillé dans le monde. Se barbouiller de grec et de latin, faire un amâs confus d' érudition grecque et latine. _ Se barbouiller se dit aussi d' un Orateur, qui manque de mémoire, d' un ivrogne qui balbutie.

BARBOUILLEUR


BARBOUILLEUR, s. m. [Bar-bou-glieur, mouillez les ll: 3e dout. au sing. lon. au pluriel.] Artisan, qui peint grossièrement avec une brosse, des apartemens, des portes, des fenêtres. = On apèle figurément un mauvais Peintre, un barbouilleur, et un mauvais Écrivain, un barbouilleur de papier, ou simplement un barbouilleur.
   "Va, va, petit grimaud, barbouilleur de papier.
       Mol.

BARBU


BARBU, ÛE, adj. [2e lon. au 2d.] Qui a de la barbe: "Il est tout barbu. "Cette femme est barbûe comme un homme.

BARDE


BARDE, s. f. BARDER, v. a. 1°. Anciène armûre, qui couvrait le poitrail et les flancs d' un cheval. _ 2°. Aujourd'hui, tranche de lard fort mince, dont on envelope des pièces de volaille ou gibier, au lieu de les larder. _ Barder, c' est couvrir de bardes.
   BARDÉ, ÉE, adj. Cheval bardé, chapon bardé, câilles bardées. Un Auteur moderne l' a employé au figuré. "Il (le Marquis de C...) est auteur de je ne sais combien de livres, bardés de proverbes, de néologismes, de pasquinades. Tart. Epist.

BARDOT


BARDOT, s. m. [Le t ne se prononce pas.] Petit mulet. _ Figurément, celui sur lequel les autres se déchargent de l' ouvrage. "Il est le bardot de la Compagnie, du Monastère. = L' Auteur du Tart. Espist. met bardeau en ce sens; c' est une méprise. "Il (M. de C...) consentira à être le bardeau (bardot) de toute cette afaire; c. à. d. à se charger de toute l' iniquité. _ Bardeau, est un petit ais dont on se sert pour couvrir les maisons.

BARGUIGNAGE


BARGUIGNAGE, s. m. BARGUIGNER, v. n. BARGUIGNEUR, EûSE, s. m. et f. [Barghignaje, ghigné, ghig-neur, neûze. Mouillez le gn: 3e lon. au dern.] Barguigner, c' est hésiter, avoir de la peine à se déterminer. "À~ quoi bon tant barguigner. _ Barguignage, est donc la dificulté de se déterminer à prendre son parti. "Point tant de barguignage. _ Barguigneur, celui qui barguigne. "Je n' avois à faire qu' à des barguigneurs et des barguigneûses.
   REM. Vaugelas dit que ce mot est de la lie du peuple. Il veut qu' on dise: Sans tant marchander, sans hésiter; au lieu de dire, sans barguigner. Menage pensait au contraire, que tout ce que Vaugelas voulait substituer en la place de barguigner, n' en exprimait pas tout le sens, et qu' il falait le retenir pour la conversation. L' usage a décidé en faveur de Ménage. Barguigner n' est pas du beau style, mais il est du discours familier. "Pourquoi tant barguigner? Ne barguignez donc pas! Je ne barguigne point. = Dans le Dict. de Trév. on lui fait régir la prép. à devant l' infinitif. "Il ne faut point barguigner à quiter ses foles amours. Il est peu usité avec ce régime.

BARIL


BARIL, s. m. [L' l finale se prononce, et un peu mouillée, quand ce mot termine la phrâse.] Petit tonneau. Baril de vin, d' huile, d' olives, d' anchois. Baril de poudre, de plomb; c. à. d. plein de vin, d' huile, etc.

BARILLET


BARILLET, s. m. [Barigliè; mouillez les ll; 3e è moy. tout bref.] Petit baril.

BARIOLAGE


BARIOLAGE, s. m. BARIOLER, v. act. Ils expriment l' action de peindre de diverses couleurs, mises sans règle. "Quel ridicule bariolage! Qui a bariolé cette cheminée? _ Le verbe s' emploie sur-tout au participe. Habit bariolé, fait de diverses étofes, de diverses couleurs mal assorties.

BARLONG


BARLONG, GUE, adj. [Barlon, lon--ghe; 2e lon.] Qui est plus long d' un côté que de l' aûtre: Habit barlong, soutane barlongue.

BAROMèTRE


BAROMèTRE, s. m. [3e è moy. et br.] Instrument servant à faire conaître la pesanteur de l' air.

BARON


BARON, s. m. BARONîE, s. f. [2e lon. au 2d.] Ce sont des titres de Seigneur et de Seigneurie. Le Baron, généralement parlant, est au-dessous du Marquis. _ Autrefois on apelait Barons les Grands du Royaume. "Le Roi assembla ses Barons.

BAROQUE


BAROQUE, adj. [Baroke; 3e e muet tout bref.] Au propre, il ne se dit que des perles, qui sont d' une rondeur imparfaite. = Au figuré, Irrégulier, bisârre, inégal. "Figure baroque, expression baroque, esprit baroque.

BARQUE


BARQUE, s. f. [Barke; 1re br. 2° e muet.] Petit vaisseau pour aler sur l' eau. Barque de pêcheur, barque d' avis; Patron de la barque; conduire la barque, etc.
   On emploie barque au figuré; mais seulement dans le style familier. "Plus il y a d' écueils, plus ils sont cachés, et plus la barque fragile de l' inocence et du bonheur a besoin d' un sage Pilote. Marm. _ Conduire la barque, être à la tête des afaires, et le chef d' une entreprise. _ On dit d' un homme, qui a su ménager sagement sa fortune, qu' il a bien conduit sa barque. "Le Roi d' Angleterre (Jaques II) a été pris: On tiendra le Parlement: Dieu conduise cette barque; Sév.
   La Barque de Caron, la Barque fatale, se prend figurément et poétiquement pour la mort. Malherbe a même mis la barque simplement et sans addition; en quoi il n' est pas à imiter.
   C' est cette mort seule....
   Qui fait revivre l' homme, et le met de la barque
   À~ la table des Dieux.
   On dit quelquefois dans le style familier, la barque à Caron.

BâRRE


BâRRE, s. f. [Bâre, 1re lon. r fo. 2e e muet.] 1°. Pièce de bois, de fer, etc. étroite et longue. _ 2°. Traits de plume qu' on pâsse sur un acte pour l' annuler. _ 3°. En termes de Marine, écueuil, qui barre une rivière ou un port. = 4°. Bârre de la Cour, lieu où se font quelques instructions de procès, et les adjudications de biens par décret.
   On dit proverbialement: roide comme une bârre de fer. On dit aussi, des promesses, auxquelles on peut se fier, et des billets, signés par des persones, dont la fortune est solide, que c' est de l' or en bârre.
   Bârre, pour Barrière, est vieux.
   Bien nous semble la mer une bârre assez forte.
   Pour nous ôter l' espoir qu' il puisse être batu.          Malherbe.
  Le Bourguignon dailleurs sépâre leurs Provinces,
  Et serviroit pour nous de bârre à ces deux Princes.
      Attila.
= 5°. Bârres, au pl. se dit de cette partie de la machoire du cheval, sur laquelle le mors apuie. "Ce cheval a les bârres usées. = C' est aussi le nom d' une espèce de jeu de course dans de certaines limites. _ On dit figurément: avoir bârre sur quelqu' un, avoir de l' avantage sur lui. _ Jouer aux bârres, se chercher réciproquement sans se trouver. Partir de bârres, partir sur le champ.

BâRREAU


BâRREAU, s. m. [Bâro, 1re lon. 2e dout. au sing. lon. au pl. Bârreaux.] 1°. Espèce de bârre, qui sert de clotûre. Les bârreaux d' une fenêtre. = 2°. Il se dit au Palais, du lieu où l' on plaide; on dit, l' éloquence du Bârreau, comme on dit: l' éloquence de la Chaire. _ Des bancs où se mettent les Avocats. _ Des Avocats eux-mêmes: "Il est l' honeur du Bârreau: on a consulté tout le Bârreau. = De la discipline du Palais. "C' est la règle, dit-on, c' est l' usage du Bârreau. _ Quiter le Bârreau, ne signifie quelquefois que quiter la plaidoirie, et quelquefois, quiter entièrement la profession d' Avocat.

BARRER


BARRER, v. a. [Bâré; 1re lon. r fort. 2e é fer.] Fermer avec une bârre par derrière. Bârer une porte, une boutique. _ Tirer des traits de plume sur quelque écrit: "Que de lignes il a fallu bârrer dans cet ouvrage.
   BâRER le chemin, c' est, au propre, clôre, fermer le passage; au figuré, mettre obstacle à l' avancement de... "Ses énemis ont trouvé moyen de lui bârrer le chemin.
   REM. Bârer n' est pas un terme noble, et l' Ab. Des Fontaines a repris, avec raison, le P. Catrou, d' avoir dit, dans son Hist. Rom.: "Le Romain, qui se vit bârré par ce campement inattendu. Dict. Néol.

BâRRETTE


BâRRETTE, s. f. [Bârète, 1re lon. r f. 2e è moy. et bref, 3e e muet.] 1°. Sorte de petit bonnet. "Les Nobles, à Venise, portent la bârette. = 2°. Le bonet rouge des Cardinaux. = On dit proverbialement: Parler à la bârette de quelqu' un; le tancer vigoureûsement et sans le ménager.

BâRRICADE


BâRRICADE, s. f. BâRRICADER, v. a. [Bârikade, kadé; 1re lon. r f. le reste bref.] La Bâricade est une espèce de retranchement, fait ordinairement avec des bâriques remplies de terre, d' où lui vient son nom. _ Bâricader, c' est faire des bâricades. "Bâricader une porte, une fenêtre; mettre derrière tout ce qu' on peut, pour empêcher qu' on ne les enfonce. Il se dit sur-tout au réciproque: Se bâricader; s' entourer de tout ce qui peut mettre en état de se défendre. = Figurément, s' enfermer dans une chambre pour ne voir persone.

BâRRIèRE


BâRRIèRE, s. f. [Bâ-riè-re; 1re lon. r f. 2e è moy. long aussi.] 1°. Assemblage de plusieurs pièces de bois, pour fermer un passage. = 2°. Enceinte que l' on faisait autrefois pour les joûtes et les tournois. = 3°. Ce qui sert de borne et de défense. "Les Pyrénées sont de fortes bârrières entre la France et l' Espagne; les Alpes entre la France et l' Italie. = 4°. Empêchement, obstacle. "Les Lois sont de fortes bârrières contre les abus, les crimes, les désordres.
   REM. Racine a employé ce mot de barrière, et l' a ennobli dans le sens qu' il lui done dans ce vers de Britannicus:
   Pour mettre une barrière entre mon fils et moi.
Il est employé au figuré par d' autres bons Auteurs.
   Dans ce moment, quelle vaste bârrière
   Vient de s' ouvrir à sa valeur guerrière.       Rouss.
  Cette divinité qui porte la lumière,
  Ã€~ peine de la nuit a fermé la barrière.
      Marin Fédéric
.
"Si vous aviez une fois rompu la barrière de l' honeur et de la bonne foi, cette perte est irréparable. Télém.

BARRIQUE


BARRIQUE, s. f. [Bârike, 1re lon. r f.] Sorte de gros toneau. Bârrique de vin, d' huile, etc.

BâS


BâS, s. m. [Bâ, long: devant une voyelle bâz.] Ce qui sert à couvrir le pied et la jambe: Bâs de soie, d' estame, de toile, etc.
   Rem. On dit toujours des bâs au plur., quand on parle de la paire de bâs. Rollin dit un bâs: "Henri II fut le premier qui porta un bâs de soie, aux nôces de sa soeur.

BâS


BâS, BâSSE, adj. [1re lon., Bâ, bâ--ce.] Qui a peu de hauteur. Siège bâs, plancher trop bâs, rivière bâsse, etc. _ Vuë basse, qui ne peut distinguer les objet que de près; voix bâsse, qui ne peut se faire entendre de loin. Parler d' un ton bâs, peu élevé. Temps bâs; lorsque l' air est fort chargé de nuages. Le carême est bâs: il vient de très-bonne heûre. Messe-bâsse; Messe qui se dit sans chant.
   BâS est élégant au figuré; esprit bâs, âme bâsse. "On le dit aujourd'hui des persones mêmes. "Il étoit très-insolent, très-bâs, et sur-tout très-méchant, de cette méchanceté, râre heureûsement, qui fait le mal pour le mal, et ne mord que pour avoir le plaisir de déchirer. Linguet. = En parlant des chôses; vil et méprisable. Bâsse extraction, bâsse condition, mine bâsse; inclinations, actions bâsses. _ Inférieur et moindre en dignité, bâs choeur, bâs Justicier, bâsses clâsses, bâsse Justice. _ Qui est de moindre valeur, de moindre prix. Or, argent de bâs aloi; bâs prix; acheter, vendre à bâs prix, à très bâs prix, à un prix fort bâs.
   Termes bâs, sont ceux qui ne se disent que par le peuple. Longin dit que les mots bâs sont comme autant de marques honteûses, qui flétrissent l' expression. Là-dessus Boileau remarque, qu' on soufrira plutôt, généralement parlant, une pensée bâsse, exprimée en termes nobles, que la pensée la plus noble, exprimée en termes bâs. _ Style bâs est donc un style rempli de manières de parler triviales et populaires, qui ne répondent nullement à la dignité du sujet. Le grand Corneille done souvent dans le bâs.
   On dit d' un homme paûvre et généreux, qu' il a le coeur haut, et la fortune bâsse; de celui qui est humilié, qu' il a les oreilles bâsses, qu' on l' a fait parler d' un ton plus bâs; de celui qui n' a pas d' argent, que les eaux sont bâsses chez lui; de celui qui n' a pas de quoi vivre, qu' il est bâs percé. Là-bâs est adv.
   À~ bâsse note, façon de parler adverbiale, du style familier; sans élever la voix: "Prier, chanter, dire des injûres à bâsse note. _ Plus populairement encôre on dit, en ce sens: Dire des Messes bâsses.

BâS


BâS, s. m. La partie inférieure de certaines chôses. Le bâs du ventre; le bâs du degré, de la ruë, du pavé, du visage, de la robe, etc. "Le vin est au bâs. = Figurément: Il y a du haut et du bâs dans son esprit, dans son humeur, dans sa conduite, dans ses ouvrages: il y a de grandes inégalités.
   BâS, adv. Être à bas: "Les énemis sont à bas. Boss. Le terme est peu noble et peu séant pour un discours relevé. _ Mettre bâs, se dit des animaux; et acoucher, des femmes. Mettre bâs, veut dire aussi déposer, mettre à quartier; mettre les armes bâs ou mettre bâs les armes: "Nous avons mis bâs toutes les considérations humaines. _ Mettre chapeau bâs, ôter son chapeau. Être chapeau bâs: avoir la tête découverte par respect. Mettre pavillon bâs; au propre, baisser le pavillon; au figuré, céder, se rendre: style familier.
   BâS, se dit aussi du son de la voix: Parler bâs, chanter bâs.
   Être bâs, se dit d' un malade à l' extrêmité. _ Tenir bâs quelqu' un, le tenir dans la crainte, le respect, la soumission. L' Acad. dit que, dans quelques-unes de ces phrâses, bâs peut être regardé comme adjectif.
   À~ BâS, adv. Se jeter à bâs, mettre à bâs, être à bâs. _ En bâs, descendre en bâs, tirer en bâs, par en bâs. _ Traiter quelqu' un de haut en bâs, le traiter avec fierté. _ Par bâs: "Il est logé par bâs; aler par haut et par bâs, vomir et aler à la garde robe.
   Là-bâs, et ici-bâs: "Il est là-bâs; venez ici-bâs. Le 1er, se dit du lieu où l' on n' est pas; le 2d, de celui où l' on est. _ Ici-bâs; les chôses d' ici-bâs; c. à. d. sur la terre, dans ce monde, dans cette vie; les chôses de la terre, etc.

BASANE


BASANE, s. f. [Bazane, 2e br. 3e e muet.] Peau de mouton préparée, dont on se sert ordinairement pour couvrir des livres. "Relié en basane.

BASCULE


BASCULE, s. f. 1°. Contrepoids servant à lever et à baisser un pont-levis. = 2°. Il se dit aussi d' un ais ou autre chôse, qui a un mouvement semblable à la bascule d' un pont-levis; bascule d' une souricière. _ Faire la bascule, c' est faire un mouvement semblable à celui de la bascule. "Cet ais a fait la bascule, et m' a fait tomber.

BAS-BORD


BAS-BORD. Voy. BABORD.

BâSE


BâSE, s. f. [Bâze, 1re lon. 2e e muet.] 1°. En Architectûre, ce qui soutient le fut de la colonne; le dé d' un piédestal. 2°. En Géometrie, le côté du triangle, oposé à l' angle, qui est regardé comme le sommet. = 3°. Figurément, Apui, soutien. "La Justice est la bâse de l' Autorité Royale; la probité et la bone foi sont les bâses du comerce.

BASER


*BASER, v. act. [Bazé; 1re br. 2e é fer. Devant l' e muet l' â est long; il bâse, il bâsera.] Mot nouveau, aujourd'hui fort à la mode. Apuyer comme sur une bâse. "L' Auteur veut-il baser son Histoire des Hommes sur les matériaux sacrés, dont la solidité est encôre aujourd'hui révérée de toutes les Nations, nous lui passerons son style. Grosier. "On se paye de phrâses, et l' on s' en payera toujours dans le Droit public, tant qu' on ne le bâsera pas sur les premiers principes de la morale. Moreau. "De quoi s' agissoit-il? De baser au moins sur des conventions un état, qui n' avoit plus les lois pour apui. Id. _ Voilà un néologisme des plus remarquables dans la foule immense de ceux qui naissent tous les jours.

BâS-FOND


BâS-FOND, s. m. [Bâfon; 1re et 2e lon.] Terme de Marine. Fond où il y a peu d' eau, et où l' on peut échouer.

BâS-RELIEF


BâS-RELIEF, s. m. [Bâre-lièf; 1re lon. 2e e muet, 3e è moy.] Ouvrage de sculpture, où ce qui est représenté a peu de saillie.

BâS-VENTRE


BâS-VENTRE, s. m. [Bâvantre, 1re et 2e lon. 3e e muet.] La partie la plus bâsse du ventre.

BASILIC


BASILIC, s. m. 1°. Plante odoriférante. = 2°. Serpent fabuleux, qui tue de sa seule vûe.

BASILIQUE


BASILIQUE, s. f. [Basilike; derniere e muet: tout br.] Nom qu' on done aux Églises principales, lorsqu' elles sont très-vastes et très-considérables. La Basilique de Saint-Pierre, de Saint-Jean de Latran.

BASIN


BASIN, s. m. [Ba-zein, deux brèves.] Étofe de lit de coton, semblable à de la futaine, mais plus fine et plus forte.

BASQUE


BASQUE, s. f. [Baske; 1re brève, 2e e muet.] Pièce du bâs d' un pourpoint ou d' un corps de jupe. Tirer un homme par la basque.

BASQUE


BASQUE, s. m. Qui est de Biscaie. On dit proverbialement, courir comme un Basque, aler comme un Basque; courir, aler fort vîte. = Langage qu' on parle dans la Biscaie: "Le Basque est un langage fort dificile à entendre et à parler.

BâSSE


BâSSE, s. f. [Bâce; 1re lon. 2e e muet.] 1°. La partie en musique, qui est la plus bâsse; chanter la bâsse. = 2°. Le Musicien qui la chante: "Cet homme est une bâsse excellente. = 3°. L' instrument qui joue cette partie; bâsse de viole, bâsse de violon. Celle-ci s' apèle aussi bâsse tout court.
   Rem. On doit dire, basse-contre, comme haute-contre, et non pas basse-conte, haute-conte. Men.

BâSSE-COUR


BâSSE-COUR, s. f. [Bâce-cour; 1re lon. 2e e muet.] Cour qui sert au ménage d' une maison de campagne. _ Dans les palais, cour séparée de la principale cour, et destinée pour les écuries, les remises, etc. _ On apèle proverbialement, nouvelles de bâsse-cour, des nouvelles fausses et mal fondées.

BâSSEMENT


BâSSEMENT, adv. [Bâceman, 1re lon. 2e e muet.] D' une manière bâsse. Il n' est d' usage qu' au figuré. Élevé, nourri bâssement. Penser, s' exprimer bâssement.

BâSSES


BâSSES, s. f. pl. [Bâce; 1re lon. 2e e muet.] Bancs de sable, ou roches cachées sous l' eau.

BASSESSE


BASSESSE, s. f. [Bacèce, 2e è moy. et brèf.] Il ne se dit qu' au fig. On dit: la bassesse de la naissance, des sentimens, du style; faire des bassesses: mais on ne dit pas: la bassesse d' un arbre, d' une maison.
   ABAISSEMENT, Bassesse (synon.) Si on les aplique à l' âme, le 1er, est volontaire, le 2d., est forcé. _ Pour la fortune et condition, abaissement n' en exprime que la diminution; bassesse en désigne l' état le plus vil et le plus éloigné de toute considération. Extr. de M. Beauzée. Voy. ABJECTION.

BASSET


BASSET, s. m. BASSETTE, s. f. [1re br. 2e è moy. br. aussi; Bacè, cète,] Basset se dit d' une espèce de chien de chasse, qui a les jambes fort courtes et tortues; et d' un petit homme, dont les jambes et les cuisses sont encôre trop courtes par raport à sa taille. _ Bassette est une espèce de jeu de cartes. Jouer à la bassette, tenir la bassette. On a défendu la bassette.

BASSIN


BASSIN, s. m. [Ba-cein; 2e br.] 1°. Espèce de grand plat rond ou ovale. Acad. Trév. = 2°. Bassin de Confrérie, où l' on reçoit les ofrandes. Cracher au bassin, (st. prov.) Contribuer à quelque dépense: "On l' a forcé de cracher au bassin. = 3°. Bassin, dans les jardins, grande pièce d' eau. Bassin de fontaine, lieu fait en forme de bassin, pour y recevoir les eaux. _ Bassin, dans un port de mer, le lieu où les vaisseaux jètent l' ancre. Ce port a un beau bassin. = 4°. Belle plaine entourée de montagnes: "Le beau bassin! = 5°. Plat; bassin à barbe; les deux bassins d' une balance. = 6°. Bassin de chambre ou de garderobe.

BASSINE


BASSINE, s. f. [Bacine; dern. e muet, tout bref.] Sorte de bassin large et profond.

BASSINET


BASSINET, s. m. [Bacinè: dernier è moy. tout bref.] La petite partie creûse d' une arme à feu, dans laquelle on met l' amorce. "Mettre l' amorce au bassinet.

BASSINOIRE


BASSINOIRE, s. f. [Baci-noâ-re, 3e lon. 4e e muet.] Bassin, ayant un couvercle percé de plusieurs trous, et servant à chaufer le lit.

BASSON


BASSON, s. m. [Baçon, 2 br.] Instrument de musique, basse du haut-bois. _ Le Musicien qui joûë de cet instrument.

BASTANT


BASTANT, ANTE, adj. BASTE! interj. *BASTER, v. n. Les deux premiers sont, l' un le participe actif; l' autre l' impératif du troisième, qui est vieux, et ne se dit plus: "Cela n' est pas bastant, sufisant; cette raison n' est pas bastante. "êtes-vous bastant pour.... Baste! C' est assez: baste pour cela, passe pour cela.

BASTIDE


BASTIDE, s. f. [l' s se prononce.] Nom qu' on done en Provence aux maisons de plaisance. Acad. Ce nom leur est sur-tout doné à Marseille et aux environs. Il y a beaucoup de cantons en Provence où il n' est pas en usage. À~ Arles, on dit un mas.

BASTINGUE


BASTINGUE, s. f. BASTINGUER (se), v. réc. [Bas-tein-ghe, tein-ghé, 2e long. 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Toiles matelassées qu' on tend sur les bords des Vaisseaux pour cacher à l' énemi dans un combat ce qui se fait sur le pont, et pour parer les bales de fusil. Acad. _ Trév. met aussi bastingûre; et ce qui est plus singulier, il dit qu' on l' apèle autrement, pavois ou pavesade. Mais ceux-ci ne sont que pour l' ornement, et l' aûtre pour la défense. _ Se bastinguer, c' est tendre des bastingues.

BASTION


BASTION, s. m. BASTIONÉE, adj. fém. [Bas-tion, tio-né-e.] Le bastion est un ouvrage de fortification, un peu avancé hors du corps de la Place. _ Une tour bastionnée, est un ouvrage qui tient de la tour et du bastion.

BASTONADE


BASTONADE, s. f. Coups de bâton: "Il craint la bastonade; doner des bastonades.

BASTONER


BASTONER, Trév. Voyez BâTONER. Doner des coups de bâton.

BâT


BâT, s. m. [Bâ, long le t ne se prononce pas.] Selle pour les bêtes de somme: bât de mulet, de cheval, d' âne. Cheval de bât.
   On dit, dans le style familier, d' un homme stupide, que c' est un cheval de bât; de celui qui a une afaire fâcheûse, que c' est là où le bât le blesse. "Quand il fut question de rendre le tout en Italien, vous sentites où le bât vous blessoit. Tart. Épist.~ _ On dit encôre de celui qui est trop vétu, qu' il est rembourré comme le bât d' un mulet.

BATAIL


BATAIL, Voy. BATTANT

BATâILLE


BATâILLE, s. f. [2e lon. mouillez les ll: batâ-glie.] Combat général entre deux armées. = La batâille est une action plus générale, et ordinairement précédée de quelque préparation. Le combat semble être une action plus particulière, et souvent imprévûe. = * On disait autrefois, batâille, pour corps de batâille. "La batâille des Indiens fut rompûë. Vaug. "Il dona beaucoup de hauteur à sa batâille. D' Ablanc. On dit aujourd'hui, corps de batâille. L. T.
   Rem. On dit livrer batâille, sans article.
   L' ataquer, le mettre en quartiers;
   Sire Loup l' eût fait volontiers;
   Mais il faloit livrer batâille.       La Font.
Mais ce n' est pas une conséquence pour d' aûtres verbes, et je pense qu' on ne doit pas dire, par exemple: présenter batâille, doner batâille, et qu' il faut dire: présenter la batâille; et livrer, au lieu de doner batâille. "Il n' y eut que de légères escarmouches de part et d' aûtre, sans que les Lacédémoniens osassent présenter batâille à l' énemi. Rollin. "Il se mit en état de doner (livrer) batâille à l' énemi. Hist. d' Angl.
   On dit, en parlant d' une armée, le corps de batâille, et non pas le corps de la batâille, comme dit M. Targe, Traducteur de Smollet: "Le corps de la batâille, et l' aile droite.... furent pris en flanc.
   On dit, figurément, qu' il a bien falu doner, ou qu' on a doné bien des batâilles, pour venir à bout d' une chôse, quand il a falu beaucoup contester et surmonter bien des obstâcles. Il a bien choisi son champ de batâille: le lieu, les circonstances lui sont favorables. Le champ de batâille lui est demeuré: il a tout l' avantage dans cette contestation. _ C' est son cheval de batâille; il en fait son cheval de batâille: c' est la chôse sur laquelle il compte le plus. _ Ce qu' on a sauvé de la batâille: le peu qui reste après des malheurs, des procès.

BATAILLER


BATAILLER, v. n. [Batâ-glié, mouillez les ll, 2e long.] Vieux, dans le sens de doner batâille; familier, dans celui de contester. "Il a bien falu batâiller pour l' obtenir.

BATAILLON


BATAILLON, s. m. [Bata-glion, mouillez les ll; tout bref.] Division d' un Régiment. Petit corps d' Infanterie depuis six jusqu' à huit cents hommes. Régiment de deux, de trois, de quatre bataillons.

BâTARD


BâTARD, ARDE, adj. et subst. [1re long. le d ne se prononce pas au premier.] Qui est né hors de légitime mariage. Enfant bâtard. Race bâtarde; c' est un bâtard, une bâtarde.
   Il se dit, au figuré, d' une chôse qui participe de deux natûres diférentes: pommes bâtardes, porte bâtarde, écriture bâtarde; mais il n' est noble, ni au propre, ni au figuré. Bossuet parle d' argumens bâtards, pour mieux traduire, dit-il, un passage de Photius. On est plus délicat aujourd'hui sur les expressions, et l' on dispense les Auteurs de si bien traduire. _ L' Ab. Desfontaines se moque de l' Auteur du Philosophe indigent, qui avait dit: "La vie que je mène, n' est pas bâtarde; elle vient en droite ligne de celle que j' ai menée, etc. Il faut avouer, dit le critique, que les Néologues ont le talent de prêter des grâces aux expressions les plus triviales.

BâTARDEAU


BâTARDEAU, s. m. [Bâtardo, 1re lon. au plur. bâtardeaux.] Petite digue faite de pieux, d' ais et de terre, pour détourner l' eau d' une rivière.

BâTARDISE


BâTARDISE, s. f. [1re et 3e lon.] État de celui qui est bâtard. "La bâtardise exclut de toute succession en France.

BATAVE


BATAVE, adj. et s. m. et f. Se dit en vers pour Hollandais.
   Le Batave vous vit oposer votre Egide
   Au cruel démon des combats.        Rouss.
P. Corneille dit la Batavie pour la Hollande; mais celui-ci n' a pas été admis par l' usage.
   Et ce Fort merveilleux, sous qui l' onde asservie
   Arrêta si long-temps toute la Batavie.

BâTÉ


BâTÉ, ÉE, adj. [1re lon. 2e é fer. long au 2d.] Ane bâté: lourdaut. "Il n' y a point d' âne plus mal bâté que celui du commun. Le public est plus mal servi que les particuliers; ou bien, une afaire est plus mal conduite par plusieurs que par une seule persone.

BATEAU


BATEAU, s. m. [Bato, 2e dout. au sing. lon. au plur. bateaux.] Espèce de barque, dont on se sert ordinairement sur les rivières. Acad. Petit vaisseau, qui sert à naviguer sur les rivières. Trév. Bâtiment dont on se sert pour voiturer diverses chôses par eau. Rich. Port. Cette dernière définition est la plus juste: le mot bâtiment, comme plus générique, convient mieux au bateau, que celui de barque, et sur-tout que celui de vaisseau, qui est ridicule en cette occasion. Bateau de Pêcheur; passer le bateau, etc.
   On dit, proverbialement, qu' un homme est encore tout étourdi du bateau, pour dire qu' il n' est pas encôre remis des fatigues ou du trouble qu' il a essuyés.

BATELAGE


BATELAGE. Voy BATELEUR.

BATELÉE~


BATELÉE~, s. f. [2e et 4e e muet, 3e é ferm. et long.] La charge d' un bateau: "Batelée de foin, de bois. _ Figurément et familièrement, multitude de gens ramassés. "Il vint une batelée de gens chez lui au moment du dîner.

BATELET


BATELET, s. m. BATELIER, IèRE, s. m. et fém. [2e e muet, 3e è moy. br. au 1er, dout. au 2d, long au 3e.] Le batelet est un petit bateau; Batelier, celui dont la profession est de conduire un bateau. Il y a aussi à Lyon et ailleurs des Batelières, qu' on dit plus méchantes et plus fortes en gueule que les Bateliers.

BATELEUR


BATELEUR, s. m. [1re br. 2e e muet, 4e dout. au sing. lon. au plur.] Faiseur de tours de passe-passe. Trév. ne met que le masc.; le Rich. Port. et l' Acad. mettent aussi le fém. bateleuse.
   On dit, d' un homme qui s' amuse à faire de petits tours de souplesse, qu' il fait le bateleur. Acad. _ On le dit aussi d' un mauvais plaisant, qui cherche à faire rire les sociétés où il se trouve.
   On apèle batelage, le métier ou le tour du Bateleur.

BATêME


BATêME, Richelet. Voy. BAPTêME.

BâTER


BâTER, v. act. [1re longue, 2e é ferm.] Mettre un bât sur une bête de somme: bâter un cheval, un mulet.

BATERIE


BATERIE. Voy. BATTERIE.

BâTI


BâTI, IE, adj. Construit. Édifice bien bâti, maison mal bâtie. _ Fig. Homme bien bâti, bien fait. _ Un grand mal bâti, mal fait, ou mal adroit. "Tu ne me parais ni sot, ni mal bâti. Mariv.

BâTIER


BâTIER, s. m. [1re lon. 2e é ferm. dout. Bâ-tié.] Artisan qui fait des bâts. _ En style proverbial, sot bâtier, grand bâtier; homme sot et grossier.

BATIFOLER


BATIFOLER, v. n. [Tout bref, dern. é fer.] Style familier. C' est jouer à la manière des enfans.

BâTIMENT


BâTIMENT, s. m. [Bâtiman, 1re lon.] 1°. Édifice. Bâtiment superbe, magnifique. Bâtiment antique, vieux bâtiment. = 2°. Vaisseau, Navire. Il commande un petit Bâtiment. _ Bâtiment, est un mot plus générique que celui de Vaisseau et de Navire. Il se dit des plus petites barques et des moindres bateaux. Voy. BATEAU.

BâTIR


BâTIR, v. act. [Bâti, 1re lon.] Édifier, construire, faire un édifice. Bâtir une maison, une Église de pierre, de brique. = Fig. Établir; bâtir sa fortune sur les ruines d' un aûtre. Rousseau dit du public:
   Que, qui bâtit sur sa volage estime,
   Sa sûreté, son bonheur, son apui,
   Est, s' il se peut, encor plus fou que lui.
   Bâtir en l' air, se mettre des chimères dans l' esprit, se repaître de vaines espérances. _ Bâtir sur le devant (styl. prov.), se dit de celui qui comence à avoir un gros ventre. Voy. CRACHAT.

BATISER


BATISER, BATISMAL, BATISTèRE, Richelet. Voy. BAPTISER, BAPTISMAL, etc.

BâTISSE


BâTISSE, s. f. BâTISSEUR, s. m. [Bâtice, bâti-ceur, 1re lon. 3e e muet au 1er, dout. au 2d.] Etat ou entreprise d' un bâtiment, quant à la maçonerie. _ On ne dit bâtisseur que par mépris, en parlant des mauvais Architectes. "Pourquoi n' avons-nous pas une police sur les bâtimens, qui empêche la cohûë des bâtisseurs de déshonorer nos Arts aux yeux des étrangers et de la postérité. L' Ab. Laugier. _ L' Acad. dit: bâtisseur, qui aime à bâtir: "C' est un grand bâtisseur. Il ne se dit ni du Maçon ni de l' Architecte. On peut ajouter, excepté quand on veut mépriser ou critiquer.

BATISTE


BATISTE, s. fém. [L' s se prononce, 3e e muet.] Espèce de toile très-fine. _ * Richelet écrit Jean-Batiste, pour Jean-Baptiste.

BATOIR


BATOIR, Voy. BATTOIR.

BâTON


BâTON, s. m. [1re longue.] Long morceau de bois qu' on peut tenir à la main, servant à divers usages. S' appuyer avec un bâton; marcher avec un bâton; doner des coups de bâton. Menacer du bâton. Faire mourir sous le bâton. = Bâton de commandement, bâton de Maréchal. Bâton de Chantre, de Confrérie. Bâton de la Croix, de la Banière. = Fig. bâton de vieillesse; celui ou celle qui sert d' apui à une vieille persone. "Cet enfant sera votre bâton de vieillesse. "Il est bien assuré de son bâton; il est sûr de son fait.
   BâTON, se dit aussi de diverses chôses qui ont la forme d' un petit bâton. Bâton de cire d' Espagne, de réglisse, de canelle etc.
   BâTON, fournit à plusieurs expressions proverbiales. Faire sauter le bâton à quelqu' un; l' obliger à faire quelque chôse contre son gré. Mener le bâton haut, avec hauteur et dûreté. "Les peuples jusqu' ici menés, le bâton haut, par des Oficiers, Domestiques gagés du Seigneur, demandèrent que l' on révoquât ces Prévôts, qui se regardoient plutôt comme exacteurs..... que comme chargés de la police du territoire. Moreau. Tirer au court bâton avec lui; ne vouloir rien céder. Être réduit au bâton blanc; être entièrement ruiné. Batre l' eau avec un bâton; faire des éforts inutiles. "Notre malade ne se lassait pas, quoiqu' on lui dît qu' elle batoit l' eau avec un bâton. Tour de bâton; profits casuels, et souvent illicites, d' un emploi. À~ bâtons rompus; sans ordre, sans suite, sans liaison. Rouss. de Genève dit, à bâton rompu, au sing. "J' ai ajouté quelques notes à cet ouvrage, selon ma méthode paresseûse de travailler à bâton rompu. L' usage, jusqu' à présent, n' a admis que le pluriel. _ Martin-bâton, locution employée dans les Fables.
   Déjà leur sang couloit, et leur rage mortelle
   Eût conduit l' un des deux au bord de l' Achéron,
   Si le Maître aussi-tôt, pour finir leur querelle,
   N' eût fait jouer martin-bâton.        Reyre.

BâTONER


BâTONER, v. act. [1re lon. 3e é fer. On disait autrefois, bastoner.] 1°. Doner des coups de bâton à..... on l' a rudement bâtoné. = 2°. En termes de Chancellerie; canceller, rayer. "Bâtoner un article, une claûse.

BâTONET


BâTONET, s. m. [3e è moy. le t ne se prononce pas.] Petit bâton amenuisé par les deux bouts, et qui sert à un jeu d' enfans: "Jouer au bâtonet; faire sauter le bâtonet.

BâTONIER


BâTONIER, s. m. [Bâtonié, 1re longue, 3° é fer.] 1°. Celui qui a le bâton d' une Confrérie et qui a droit de le porter à la Procession. = 2°. Bâtonier des Avocats; celui qui en est le chef, et comme le Prieur pendant quelque temps. M. Linguet a rendu fameux le Bâtonier de son temps. C' est un vieux nom de Confrérie que les Avocats ont conservé et qui ne blesse point leur délicatesse.

BATRE


BATRE, Voy. BATTRE

BATTANT


BATTANT ou BATANT, s. m. et adv. [Batan, 1re br. 2e lon. On ne prononce pas le t.] 1°. Espèce de marteau qui pend dans le milieu d' une cloche, et qui la fait soner. Trév. dit batail. = 2°. Chaque partie d' une porte qui s' ouvre en deux. "Porte à deux batans.
   BATANT, adv. Habit tout batant neuf.
   BATANT, ANTE, adj. Métier batant, actuèlement employé; porte batante, qui se ferme d' elle-même. On disait de Duguesclin, dans son enfance: Il n' y a point de plus mauvais garçon au monde; il est toujours battant ou battu.

BATTEMENT


BATTEMENT ou BATEMENT, s. masc. [Bateman, 2e e muet, 3e lon.] Il ne se dit qu' avec artères, coeur, aîles, mains. Batement du coeur, des artères; palpitation et mouvement. "J' ai un batement de coeur qui ne me quite point, quand je pense aux ennemis de, etc. Th. d' Éduc. Batement d' aîles, mouvement des aîles des oiseaux, batement des mains, aplaudissement qu' on done en batant des mains.

BATTERIE


BATTERIE ou BATERîE, s. f. [2e et 4e e muet, 3e lon.] 1°. Querèle où il y a des coups donés. = 2°. Plusieurs pièces de canons et mortiers, disposées pour tirer contre l' énemi. = 3°. La pièce d' acier qui couvre le bassinet des armes à feu, et contre laquelle done la pierre qui est au chien. = 4°. Manière de batre le tambour. = Baterie de cuisine; utensiles de cuisine, comme poelons, casseroles: il tirent leur nom de ce qu' ils sont ordinairement de cuivre batu.
   BATERIE s' emploie, dans le second sens, au figuré. Changer de baterie; prendre de nouvelles voies pour réussir dans une afaire. "Je vais dresser une aûtre baterîe. "* Il dressa de loin contr' eux ses baterîes, en les décriant dans l' esprit du peuple. Rollin. Il semble qu' on ne devrait point se servir de cette expression dans l' Histoire des Anciens Peuples, qui ne connoissaient pas nos baterîes.

BATTEUR


BATTEUR ou BATEUR, s. m. [Ba-teur, 2e dout. au sing. lon. au plur.] 1°. Celui qui aime à battre, à fraper. Il ne se dit que dans ces phrâses du style familier. Bateur de gens, bateur de paysans. On ne le dit point tout seul pour signifier celui qui bat. "On blâme le.... d' avoir fait mettre le batu à la B.... pour tranquiliser le bateur. On dit le batu; on ne dit pas le bateur ou on ne le dit que dans le style comique. = 2°. Bateur de bled; Trév. Ou mieux, bateur en grange; Acad. Qui bat le blé avec un fléau. = Bateur d' or, se dit d' un ouvrier qui fait passer le trait d' or ou d' argent sur le moulin pour l' aplatir; et de celui qui fait devenir l' or en feuilles fort minces propres à dorer, à force de le batre à coups de marteau. _ Bateur de pavé, fainéant, qui n' a d' autre ocupation que de se promener dans les rûës. _ Bateur d' estrade, Cavalier détaché pour batre les chemins et aler à la découverte.

BATTOIR


BATTOIR ou BATOIR, s. m. [Ba-toar, 2e douteuse.] Palette pour jouer à la courte paume, ou à la longue paume. La première est à manche court, et l' autre à long manche. = C' est aussi une grosse palette de bois avec laquelle on bat la lessive.

BATTOLOGIE


BATTOLOGIE ou BATOLOGIE, s. fém. [4e lon. 5e e muet.] Répétition inutile de la même chôse. "Ce n' est qu' une battologie continuelle. Ce mot n' est guère en usage que parmi les savans. Les aûtres disent tout bonnement, répétition.

BATTRE


BATTRE ou BATRE, v. act. [1re brève, 2 e muet.] Fraper, doner des coups pour faire du mal.
   Conjugaison. Je bats, nous batons, ils batent. Je batais je batis; j' ai batu; je batrai; je batrais; bats; que je bate, je batisse, batant, batu.
   BATRE, fraper, (synon.) Batre difère de fraper, en ce~ que pour fraper, il semble qu' il sufise de doner un seul coup, et que pour batre il faille les redoubler. On n' est jamais batu qu' on ne soit frapé; mais on peut être frapé sans être batu. Le plus fort bat le plus foible; le plus violent frape le premier. On bat les gens, et on les frape dans quelque endroit de leur corps. César, pour batre ses énemis, comanda à ses troupes de fraper au visage. Gir. synon.
   Batre et défaire ont beaucoup de raport, quand on parle d' un Général, d' une armée; mais ils ne sont pas entièrement synonymes. Le Président Hénaut dit, de Guillaume III, Roi d' Angleterre (qui détrôna son beau-père Jacques II) qu' il fut toujours batu, sans jamais avoir été défait. C' est que, pour être batu, il sufit de perdre la bataille; et que pour être défait, il faut que la bataille ait eu des suite funestes.
   BATRE, se combine avec beaucoup de noms substantifs, soit dans le discours ordinaire, soit dans le style proverbial. On trouvera ces combinaisons en cherchant ces noms substantifs~ à leur place respective. Voy. Aîle, eau, épée, bâton, campagne, moulin, oiseau, etc.

BATTU


BATTU ou BATU, ÛE, adj. [2e lon. au 2d] Frapé, maltraité. En ce sens, il s' emploie substantivement. "Les batus payerons l' amende: ceux qui auront été maltraités, seront encore blâmés. Injustice fort comune parmi les hommes. _ Frayé, chemin batu. _ Baigné de quelque rivière; cette Ville est batue des flots. _ Batu (tourmenté) de la tempête. _ Avoir les yeux batus, comme meurtris; les oreilles batûes de quelque chôse; en être importuné. _ Celui qui ne veut pas se modérer, dit: autant bien batu que mal batu; plus ou moins de mal, cela est égal! Mauvaise maxime, et pour le corps et encore plus pour l' âme.
   Ne pas se tenir pour batu, n' en pas démordre, quoiqu' on ait sucombé ou échoué dans un procès, dans une afaire. "On m' écrit que M. de... ne se tient pas pour batu. "Les Esprits forts furent moqués à leur tour; mais ils ne se~ tinrent pas pour batus. J. J. Rousseau.

BAVARD


BAVARD, ARDE, adj. et sub. BAVARDER, v. n. BAVARDERIE, s. f. [3e e muet, au 2d et 4e; é fermé au 3e; 4e lon. au dernier; dans le 1er, le d ne se prononce pas.] Le bavard est celui qui parle sans discrétion et sans mesûre. La bavarderie est le caractère du bavard. _ Bavarder, c' est parler en bavard; parler excessivement de chôses frivoles, ou qu' on devrait tenir secrètes.
   Rem. Bavard, s' emploie le plus souvent comme substantif; c' est un bavard, une bavarde, un grand bavard, une grande bavarde. On l' emploie quelquefois adjectivement: "Un mari bavard, et une femme comère, font un joli couple.
   Qui pourrait suporter cette Mûse bavarde?
   2°. Trévoux met bavarderie et bavardise. L' Acad. ne met que le premier: "Cet homme est d' une bavarderie insuportable. _ Je crois que tous les deux sont bons; mais ils n' ont pas le même sens. Bavarderie est le caractère du bavard, et bavardise exprime les fruits de ce caractère, les discours, les impertinences du bavard. "Il ne dit que des bavardises.

BAVAROISE


BAVAROISE, s. f. [Bava-roâ-ze, 3e lon. 4e e muet.] Infusion de thé, où l' on met du sirop de capillaire au lieu de sucre.

BAUDET


BAUDET, s. m. [1re dout. 2 è moyen. Bodè.] Âne. Être monté sur un baudet. = Figurément, ignorant, stupide.

BAUDRIER


BAUDRIER, s. m. [Bo-drié, les deux syll. sont douteûses.] Large bande de cuir ou d' étofe, qui pend en écharpe, et qui sert à porter l' épée. Baudrier de cuir, baudrier en broderie.

BâVE


BâVE, s. f. BAVER, v. n. BAVETTE, s. f. [1re lon. dans le 1er, et devant l' e muet: je bâve, il bâvera; br. dans les aûtres: 2e e muet au 1er, é fer. au 2d, è moy. au 3e; bavète.] Bâve est; 1°. la salive qui découle de la bouche. = 2°. Une espèce d' écume que jètent certains animaux. = 3°. La liqueur visqueûse qui est dans la coque du limaçon. = On dit populairement, qu' un homme n' a que de la bâve, c. à. d. du caquet.
   BAVER, jeter de la bâve: "Les petits enfans ne font que baver.
   BAVETTE. Linge qu' on met aux petits enfans au-devant de l' estomac. Il y a aussi des tabliers à bavette.
   On dit familièrement, qu' un homme est encôre à la bavette, pour dire qu' il est encôre trop jeune pour les chôses dont il s' agit. Et plus populairement, plus bâssement, que des femmes vont tailler des bavettes, quand elles s' assemblent pour caqueter.

BAVEUX


BAVEUX, EûSE, adj. [Ba-veû, veû-ze, 2e long.] Qui bâve. Enfant baveux, fille bâveuse. = On apèle baveuse une omelette qui n' est qu' à demi-cuite. Plusieurs l' estiment plus délicate.

BAûGE


BAûGE, s. f. [Bôje, 1re lon. 2e e muet.] Lieu où repôse le sanglier et aûtres bêtes noîres. _ 2°. Mortier de terre grâsse, mélée de paille. "Maçonerie faite de baûge. Enduire de baûge une muraille.
   À~ BAûGE, adv. En abondance. "Il a de tout à bauge; il est à son aise. Style familier.

BAûME


BAûME, s. m. [Bôme, 1re lon. 2e e muet.] Espèce de menthe. Plante très-odoriférante. = 2° Il se prend plus souvent pour la liqueur qui coule de certains arbres. Baûme d' Egypte, du Pérou, de la Mecque, etc. = 3°. Pâte de senteur, que l' on porte sur soi contre le mauvais air.
   On dit familièrement, cela fleûre comme baume, ce qui se dit quelquefois ironiquement de ce qui est fort puant. On le dit aussi figurément de quelque-chôse d' avantageux, que quelqu' un propôse. "Voilà un bon parti: cela fleure comme baûme.
   On le dit plus noblement au figuré des consolations. "Je me sens plus tranquile; il me semble qu' une main bienfaisante et divine, verse au fond de mon âme un baûme salutaire. Th. d' Educ.

BAYER


BAYER, v. n. BAYEUR, EûSE, s. m. et f. [Bé-ié, ieur, ieû-ze, 1re é fer. 2e é fer. au 1er, dout. au 2d, lon. au 3e.] Tenir la bouche ouverte, en regardant long-temps quelque chôse. On disait autrefois Béer. _ Celui ou celle qui regarde avec avidité, comme les gens du peuple.
   On dit figurément, dans le style familier: bayer, (soupirer) après les richesses, les honeurs.

BÉANT


BÉANT, ANTE, adj. [1re é fer. 2e lon.] C' est le participe de l' ancien verbe Béer. Il ne se dit qu' avec gueule et goufre: gueule béante, comme celle du lion, de la baleine; goufre béant, qui présente une grande ouvertûre.

BÉAT


BÉAT, ATE, subst. m. et fém. [1re é fer. 2 brèves.] Dévot. Il se dit souvent par dérision.
   À~ la fin, non sans peine,
   Dans le Couvent la béate l' emmène.        Ververt.

BÉATIFICATION

BÉATIFICATION, s. f. BÉATIFIER, v. act. BÉATIFIQUE, adj. [1re é fer. tout bref.] Béatifier, c' est mettre au nombre des Bienheureux. Béatification, c' est l' acte par lequel le Pape béatifie. _ Béatifique, ne se dit qu' avec vision. "La vision béatifique, dont nous jouïrons dans le Ciel.

BÉATILLES


BÉATILLES, s. fém. pl. [Bé-ati-glie, mouillez les ll: 1re é fermé, dern. e muet.] Menûes, chôses délicates et bones à manger, qu' on met dans les pâtés et les potages, comme ris de veau, crêtes de coq, foies gras, etc. Tourte de béatilles, assiète de béatilles. _ Quelques-uns le disent des petits ouvrages de Religieûses, comme agnus, pelote, etc. Boîte de béatilles.

BÉATITUDE


BÉATITUDE, s. f. [1re é fer. tout bref.] Il ne se dit guère que de la félicité éternelle. _ Rousseau s' en est servi, au lieu de félicité, bonheur.
   À~ quoi vous sert tant d' étude,
   Qu' à nourrir le fol orgueil,
   Où votre béatitude
   Trouva son premier écueil.
   La rime a ocasioné l' emploi de ce mot, qui ne se dit que du bonheur du Ciel. Il ne faut pourtant pas en faire un crime aux Poètes.

BEAU


BEAU, BELLE, adj. [Bo, dout au singul. lon. au plur. Beaux, bèle; 1re è moy. 2° e muet.] 1°. Qui plaît aux yeux par la proportion des traits et la vivacité tempérée des couleurs. Beau visage, beaux yeux. Belle bouche. Beau comme le jour, belle femme, etc. = 2°. Il se dit aussi par raport aux seules proportions: belle tâille, belle jambe, belle statûe; et en parlant des animaux: beau cheval, belle jument, etc. = 3°. En général, ce qui est excellent et agréable. Beau jardin, belle avenuë, beau temps, belle voix, beau jour, belle nuit, etc.
   4°. BEAU, se dit figurément des chôses spirituelles et morales. "Un bel esprit, une belle âme, une belle imagination, de ce qui est glorieux et honête:
   Il est beau de mourir maître de l' Univers.
Il se dit à la place de grand, de favorable. "Voilà une belle occasion; il a fait un beau coup; il a eu une belle peur, etc.
   Rem. 1°. On dit, avec raison, que le beau passe le joli; et Boileau voulant faire dire une impertinence au Campagnard, lui fait dire:
   À~ mon gré, le Corneille est joli quelquefois.
   Il y a cette diférence entre ces deux mots, que le beau est grand, noble, régulier; le joli est fin, délicat, mignon. Le premier tend avec plus de force à la perfection, et doit être la règle du goût: le second, cherche les grâces avec plus de soin et dépend du goût. Le beau, fait plus d' éfet sur l' esprit; le joli, fait quelquefois plus d' impression sur le coeur. Le beau, est plus sérieux, et il ocupe; le joli, est plus gai et il divertit: c' est pourquoi on ne dit pas une jolie Tragédie; mais on peut dire une jolie Comédie. Quelqu' un a dit que les Anciens étaient beaux, et les Modernes jolis. Je ne sais s' il a bien rencontré; mais cela même est du nombre des jolies chôses, et non pas des belles chôses. GIR. synon.
   Le mot de beau se place fort bien à l' égard de toutes sortes de chôses, quand elle en méritent l' épithète: celui de joli ne convient guère à l' égard des chôses qui ne soufrent point de médiocrité. Telles sont la Peinture et la Poésie (l' Ab. Girard entendait sans doute la grande Poésie). On ne dit pas un joli poème, un joli tableau: ces sortes d' ouvrages sont beaux, ou ils sont mauvais. Id. ibid.
   Lorsque les épithètes de beau et de joli sont donées à l' homme, ils cessent d' être synonymes. Un bel homme est tout aûtre chôse qu' un joli homme. Le sens du premier tombe sur la figûre du corps et du visage. Le second, tombe sur l' humeur et la manière d' agir. Id. ibid. _ On dit pourtant, en parlant de la figure, un bel homme, un joli homme, une belle femme, une jolie femme, avec la distinction établie au comencement de cette remarque.
   2°. Cet adjectif a deux masculins, beau et bel. On met celui-ci devant les noms substantifs qui comencent par une voyèle, et celui-là devant ceux qui comencent par une consone: bel homme, beau garçon. Cette règle n' a lieu que pour les noms substantifs; car on dit, beau à voir, et non par bel à voir. Vaug. On dit aussi, beau et bon, etc.
   3°. BEAU, se met toujours devant le nom qu' il modifie, jamais après; à moins qu' il ne soit suivi d' un autre adjectif, ou qu' il ne soit joint à quelque adverbe: on dit, un beau jour; mais on peut dire un jour beau~ et agréable; un jour fort beau, très-beau, moins beau que le précédent.
   BEAU, s. m. Le beau, l' honête et l' utile. Essai sur le Beau; Ouvrage très estimé du P. André, Jésuite. "Crébillon, dans Atrée, ne s' est pas sauvé de l' écueil du siècle: il a jeté de l' amour dans ce beau terrible. Le Chevalier des Sabl. "Il n' est ni beau, ni honête de faire.... Acad. Là, beau paraît adjectif. Dans faire le beau, la belle, il est substantif. "Il aime les belles; aller de belle en belle.
   BEAU, adv. Il a beau faire, il fait des éforts inutiles. "On a eu beau lui imposer silence.
   BEAU, entre dans plusieurs expressions du style familier. Il vous fait beau voir, faire, dire, etc. Vous avez mauvaise grâce de faire, de dire: "Il fait beau voir un Auteur (dramatique) se récrier contre les Acteurs, contre la cabale, contre le mauvais goût du Public. Marin. Doner beau à ses énemis, leur doner ocasion de nuire. Acad. On dit plus souvent, doner beau jeu à... Être en de beaux draps blancs, dans l' embarras. _ L' échaper belle, courir un grand danger auquel on échape. _ De plus belle, avec toujours plus de hardiesse, d' entêtement.
   On la trouve par-tout s' afichant de plus belle.
       Gresset.
"Nous nous sommes levées: le Monsieur nous a suivis de plus belle. Th. d' Educ.
   BEAU, est quelquefois employé comme une particule explétive: le beau premier; beaux petits Saints. "J' irai vous voir un beau matin; c. à. d. quelque matin.
   Un jour un coq détourna
   Une pierre qu' il dona
   Au beau premier Lapidaire.       La Fontaine.
  Le Chat et le Renard, comme beaux petits saints,
  S' en aloient en pélérinage. Id.
  TOUT BEAU! Interj. Doucement, arrêtez. N' alez pas plus loin. Il ne s' emploie qu' au figuré: "Tout beau! Revenez un peu à la volonté de Dieu, dont il ne faut jamais s' éloigner. SÉV.
   BIEN et BEAU, BEL et BEAU, adv. Il est populaire. Tout-à-fait; entièrement. "Il refusa bien et beau, ou bel et beau.

BEAUCOUP


BEAUCOUP, adv. [Bo-kou, et devant une voyelle, bo-koup. La 1re, est douteûse: dans le cours de la phrâse, elle est brève; quand elle la termine, elle est longue.] Cet adverbe exige l' article indéfini, ou la préposition de: beaucoup de monde, beaucoup d' art, beaucoup de gens; et non pas beaucoup du monde, de l' art, des gens, comme on dit dans les Provinces méridionales. L' oposé de beaucoup est peu, qui suit la même règle.
   Rem. 1°. Ce mot vient de beau et de coup, en prenant coup pour fois. Ménage, qui l' avait d' abord proposé ainsi dans sa première Édition de ses Origines Françoises, s' est assez mal-à-propos rétracté dans la seconde, où il a mieux aimé dire qu' il ne savoit d' où venoit ce mot. La Monn.
   2°. BEAUCOUP, et plusieurs regardent la quantité; mais beaucoup, est d' usage, soit qu' il s' agisse de calcul, de mesûre ou d' estimation: beaucoup de monde, beaucoup de terrein, beaucoup de mérite. Plusieurs, n' est jamais employé que pour les chôses qui se calculent. L' oposé de beaucoup, est peu; l' oposé de plusieurs, est un. GIR. synon. _ Nous sommes plusieurs, ne fait pas entendre un si grand nombre que, nous sommes beaucoup. Vaug. Th. Corn.
   3°. Les signes de comparaison, plus et moins, se mettent toujours après beaucoup; beaucoup plus, beaucoup moins. Quand ils sont joints à un adjectif, ils ne peuvent précéder qu' autant que beaucoup est lui-même précédé de la prép. de: "Vous êtes plus savant de beaucoup. On peut dire aussi: vous êtes de beaucoup plus savant; mais on ne peut dire, vous êtes plus savant beaucoup. Il faut qu' on dise: vous êtes beaucoup plus savant.
   4°. Devant un superlatif, beaucoup, est dur et surané: "De toutes les Héroïnes qui ont paru en ce lieu, celle-ci me paraît beaucoup la plus insuportable. Boil. Il se sert de cette construction en beaucoup d' endroits. On dit aujourd'hui, de beaucoup, et on le fait marcher après le superlatif: "La plus insuportable de beaucoup. _ Le Gendre le fait, mal-à-propos, précéder. "La Médecine extérieure, qui regarde les plaies, est de beaucoup la plus anciène. Il est mieux après; la plus anciène de beaucoup. _ Cet adverbe est encôre plus mal placé dans la phrâse suivante: La baie de Cumberland fournit de beaucoup la meilleure rade de toute l' Isle (de Juan Fernandes.) Voy. d' Anson. C' est une construction anglaise.
   5°. Avec les verbes, beaucoup se met toujours après les temps simples: Il mange beaucoup; il soufrira beaucoup. Pour les temps composés, il faut distinguer. Beaucoup, employé absolument, sans régime et à l' acusatif, se met toujours entre l' auxil. et le part. Il a beaucoup mangé; ils lui ont beaucoup coûté; et non pas: il a mangé beaucoup; ils lui ont coûté beaucoup. * "Voilà de grands aveux, et dont on doit savoir gré à M. d' Al.... parce que sûrement ils lui ont coûté beaucoup. Ann. Litt. _ Beaucoup, employé relativement, s' il est régi à l' acusatif, se met indiféremment devant ou après le partic. dans les temps composés, mais plus ordinairement après: "Il a beaucoup plus mangé que vous; il a mangé beaucoup plus que vous. On peut même dire, qu' on ne peut jamais se tromper en le mettant après, et que dans certaines ocasions, ce serait mal de le mettre devant. _ Si beaucoup est employé dans les câs obliques, il se met toujours après: Il est arivé à beaucoup de gens que, etc. Il s' est privé de beaucoup d' avantages, etc. Bien, adv. de comparaison, suit les mêmes règles.
   6°. BEAUCOUP, employé pour plusieurs, ne doit pas être mis tout seul: "Il donoit peu à beaucoup, n' est pas bien dit; il faut dire: à beaucoup de persones. Beaucoup l' ont assuré; dites: beaucoup de gens, etc. L' on dit, à la vérité: nous sommes beaucoup; ils sont beaucoup; mais alors le pron. pers. précède; et c' est la raison de cette diférence.
   7°. De Beaucoup se joint au comparatif, soit avant le comparatif, soit avant que, soit après le terme auquel le comparatif se raporte. De beaucoup plus grand que lui; plus grand de beaucoup que lui, plus grand que lui de beaucoup. Regn. _ Mais avec le superlatif, il doit toujours marcher après. Voy. n°. 3°. et 4°.
   8°. BEAUCOUP, est quelquefois précédé de la prép. à "Henri et Louis furent sans doute jaloux l' un de l' aûtre: les Princes le sont à beaucoup moins. Moreau; c. à. d. pour de moindres sujets.

BEAU-FILS


BEAU-FILS, BEAU-FRèRE, BEAU-PèRE, s. m. [Bofis, bofrère, bopère.] Ils se disent de ceux qui n' ont ces qualités que par aliance. Beau-fils est le gendre du beau-père, dont il a épousé la fille. Beau-frère est celui qui a épousé votre soeur, ou dont vous avez épousé la soeur. _ Beau-Père se dit encôre de celui qui a épousé une veuve, relativement aux enfans du premier lit.
   Rem. Dans l' abrégé de la Gazette des Tribunaux, on dit: Beaux-enfans, pour signifier le Beau-fils et la Belle-fille: c' est la première fois que j' ai vu ce mot. "Elle lègue à son beau-fils 25000 livres, et à sa belle-fille l' universalité du surplus de ses biens, substituant ses beaux-enfants, l' un à l' aûtre.

BEAUTÉ


BEAUTÉ, s. f. [Boté; 1re dout. Dans le cours de la phrâse, elle est brève: si elle la termine, elle est longue: 2e é fer.] 1°. Juste proportion des parties du corps avec un agréable mélange des couleurs. Il se dit proprement des persones, et particulièrement du visage. La beauté d' une femme, la beauté du corps, de la tâille, du visage, etc. On ne dit point la beauté d' un homme, qu' en critiquant: "Il est amoureux de sa beauté.
= 2°. Beauté se dit de la persone même, en parlant des femmes. Cette fière beauté: "Toutes les beautés de la ville étaient à cette assemblée. = 3°. Il se dit figurément des chôses spirituelles et morales; la beauté de l' esprit, des sentiments est plus estimable que celle du corps; la beauté des pensées, de la vertu. On le dit quelquefois au pluriel, dans un sens indéfini. "Il y a des beautés de tous les temps et de toutes les Nations, comme il y a en a de moins générales, qui réussissent dans un siècle, et qui déplairoient dans un aûtre. Marin.
   Rem. Quoiqu' on dise, les beautés d' un ouvrage, on ne le dit pas d' un Auteur. On dira: les beautés de l' Éneïde; on ne dira pas, les beautés de Virgile. * "Si vous louez les beautés du plus grand Philosophe que la France ait produit (Descartes) vous êtes assez équitable pour en blâmer les défauts. Poulian.
   Faire beauté; Être une beauté dans les ouvrages d' esprit, est une expression assez nouvelle et assez à la mode; mais elle n' est pas encôre assez autorisée. "Ce sont de ces figûres hardies, admises en poésie, et qui y font beauté. Anon.
   4°. BEAUTÉ, se dit même des chôses matérielles, qui touchent agréablement les sens. La beauté du ciel, de la terre, des fleurs, des eaux, du temps, etc.
   5°. Avec le mot fait, il signifie singularité.
   Je voudrois, m' en coutà-t-il grand' chose,
   Pour la beauté du fait avoir perdu ma cause.       Mol.

BEC


BEC, s. m. [Bèk, è moy. br.] La partie qui tient lieu de bouche aux oiseaux. Acad. La partie dure et pointûe, qui sert à l' oiseau à manger et à se défendre. Trév. La partie dure, et avec laquelle l' oiseau prend sa nourriture. Rich. Port. La définition de Trév. me paraît la meilleure.
   Il y a plusieurs instruments de Chirurgie, auxquels on done ce nom; Bec de canne, Bec de cygne, bec de corbeau, ou de corbin.
   BEC, se dit aussi figurément de la pointe de certaines chôses: le bec d' une plûme, d' une aiguière, d' un alambic, etc.
   Ce mot entre dans plusieurs expressions du style familier et proverbial. _ Bec afilé, grande parleûse, et ordinairement médisante. _ Coup de bec; trait satyrique. _ Faire le bec à quelqu' un; l' instruire, le sifler pour ce qu' il a à dire. _ Avoir bon bec; parler beaucoup. _ Mener quelqu' un par le bec; avoir de l' empire sur lui. _ Faire voir à quelqu' un son bec jaûne. (prononcez béjone) lui montrer qu' il se trompe, ou qu' il est trop hardi. _ Prendre quelqu' un par le bec; le prendre par ses paroles mêmes. _ Se défendre du bec; c. à. d. de paroles. _ Se prendre de bec avec quelqu' un; l' ataquer de paroles, et en être ataqué. _ Causer bec à bec; tête à tête. _ Cette femme fait le petit bec; la petite bouche.
   Bec de lièvre; Persone qui a la lèvre d' en-haut fendue. On le dit aussi de cette diformité. On guérit aujourd'hui le bec de liévre sans sutûre.
   Bec à bec, adv. Nez à nez; face à face l' un de l' autre. "Nous nous sommes trouvés bec à bec.

BECCAFIGUE


BECCAFIGUE. Voy. BECFIGUE.

BÉCARRE


BÉCARRE, s. m. [Békâre; 1re é fer. 2e lon. r fortÞ 3e e muet.] Caractère de Musique mis devant une note, pour la remettre dans son ton naturel, quand elle en a été écartée par un dièse ou un bémol.

BÉCASSE


BÉCASSE, s. f. [Bécace, 1re é fer. 2e br. 3e e muet.] Oiseau de passage, qui a le bec fort long, et qui est très-bon à manger. Tirer une bécasse; salmi; tourte de bécasses.
   Pour dire, tromper, ataquer quelqu' un: on dit proverbialement: brider la bécasse. "Ma foi, Monsieur, la bécasse est bridée.

BÉCASSEAU


BÉCASSEAU, s. m. BÉCASSINE, s. f. [Békaço, békacine; 1re é fer. 2e br. 3e dout. au sing. du 1er, lon. au plur. Bécasseaux.] La Bécassine est un oiseau plus petit que la bécasse, mais qui y a beaucoup de raport. Le bécasseau est une sorte de bécassine.

BECFIGUE


BECFIGUE, ou BECCAFIGUE, subst. m. Suivant Richelet, on dit l' un et l' autre; mais le 2d est le moins usité. L' Acad. ne met que le 1er avec un tiret: bec-figue. _ Petit oiseau qui se nourrit ordinairement de figues, et qui est très-délicat à manger.

BêCHE


BêCHE, s. f. BÉCHER, v. a. [1re ê ouv. et lon. au 1er; 2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] La bêche est un outil de jardinier et de paysan, qui sert à remuer la terre. Il y en a de droites et de courbes. Bécher, c' est remuer la terre avec une bêche. = On dit familièrement quand on nous propose une chôse, non pas dificile, comme dit l' Acad. mais pénible et qui n' est pas de notre goût, j' aimerois mieux bécher la terre.
   *BÉCHÉE. Voy. BECQUÉE.

BÉCHIQUE


BÉCHIQUE, s. f. [Béchike; 1er é fer. dern. e muet.] Terme de Médecine. Propre à guérir la toux. _ s. m. Le capillaire est un très-bon béchique.

BECQUÉE


BECQUÉE, s. f. [Bé-ké-e; 1re et 2e é fer. long à la 2de.] Ce qu' un oiseau prend avec le bec pour doner à ses petits. _ On a dit autrefois béchée; et quelques-uns le disent encôre. _ D' autres disent béquée sans c; ce c, en éfet, ne se prononce pas, et n' est là que pour l' étymologie.

BECQUETER


BECQUETER, ou BÉQUETER, v. act. [Beketé, 1re et dern. é ferm. 2e e muet.] Doner des coups de bec. "Des oiseaux ont béqueté tous ces fruits. _ Se béqueter, se batre, ou se caresser le bec.

BEDAINE


BEDAINE, s. f. [Bedène, 1er et dern. e muet, 2e è moy. et bref.] Mot comique; grôs ventre, "grosse bedaine; remplir, farcir sa bedaine. Le Rich. Port. met bédaine. Ce doit être une faute d' impression, d' autant plus qu' il écrit bedon sans accent.

BEDEAU


BEDEAU, s. m. [Bedo; 1re e muet; 2e dout. au sing. lon. au plur. Bedeaux.] Bas-Oficier portant baguette et masse, et servant aux Eglises ou aux Université. _ On a écrit autrefois bedeau ou bedaut; on ne dit plus que le 1er.

BEDON


BEDON, s. m. Autrefois Tambour: aujourd'hui, dans le style plaisant, homme qui a un gros ventre: c' est un gros bedon.

BÉE


BÉE, adj. Il ne se dit qu' avec gueule. Tonneau à gueule bée. c. à. d. défoncé par un des deux bouts.

BÉER


BÉER, v. n. On le disait autrefois pour bayer. "Je voulus aler dans la rûe, pour béer comme les aûtres. Sév. Voy. BAYER.

BEFFROI


BEFFROI, ou BÉFROI, s. m. [Bé--froa; 1er é fer. 2e dout.] Tour, ou clocher, d' où l' on fait le guet, où l' on sone l' alarme. = 2°. La cloche du béfroi: "Le béfroi sonne. = 3°. La charpente qui porte les cloches: le béfroi de cette tour menace ruine.

BÉGAIEMENT


BÉGAIEMENT, s. m. BÉGAYER, v. n. [Béghéman, béghé-ié: tous les é sont fermés. Au présent, il bégaye, et non pas bégaie. Au futur, il bégayera, et non pas bégaira. Dans le subst. l' e est tout-à-fait muet: on pourrait écrire, bégaiment.] Bégayer, c' est articuler mal les mots, les prononcer avec peine. Bégaiment, c' est l' action de bégayer. Le verbe se dit, ou d' un défaut naturel, ou d' un embarras produit par l' ivresse. "Il bégaye si fort qu' on a peine à l' entendre. "Dès qu' il a bu deux ou trois coups, il commence à bégayer. "Cet enfant ne fait encôre que bégayer. _ Figurément: "Les plus grands génies ne font que bégayer, quand ils veulent parler des perfections de Dieu. "Ce Comentateur ne fait que bégayer, en voulant comenter l' Apocalypse. = Il est quelquefois actif: "Il n' a fait que bégayer sa harangue. Voyez BALBUTIER, qui a à peu près le même sens.

BÉGU


BÉGU, GûE, adj. [1re é fer. 2e lon. au 2d.] Il se dit d' un cheval, qui marque toujours, quoiqu' il ait passé l' âge. Cheval bégu, jument bégûe.

BèGUE


BèGUE, adj. et subst. [1re è moy. L' Acad. met l' acc. aigu, mais devant l' e muet; le 1er e n' est point fermé. Bèghe.] Qui a peine à prononcer les mots, et qui répète souvent la même syllabe, malgré lui, avant que de pouvoir prononcer celle qui suit. Un homme bègue. _ S. m. C' est un bègue. "Les bègues ne le sont pas pour tous les mots, ni toujours pour les mêmes syllabes. Ils le sont plus ou moins par intervales. Et, ce qui est remarquable, ils le sont en parlant, et ne le sont pas en chantant.

BÉGUEULE


BÉGUEULE, s. f. BÉGUINE, s. f. [Bé--gheu-le, Béghine: 1re é fer. dern. e muet.] Termes de mépris et injurieux; sur-tout le 1er. _ On apèle Bégueule une femme sotte, ridicule, impertinente.
   Ou j' aurois une prude, au ton triste, excédant,
   Une bégueule enfin, qui seroit mon pédant.
   Ou, si, pour mon malheur, ma femme étoit jolie.
   Je serois le martyr de sa coqueterie.
       Le Méchant.
On le dit aussi d' une femme qui a doné dans la réforme, dans une dévotion austère.
   Lise a quité le rouge, et l' on se dit tout bâs,
   Quelle feroit bien mieux de quiter Licidas.
   On prétend qu' il n' est pas compris dans la réforme,
   Et qu' elle est seulement bégueule pour la forme.
       Ibid.
BÉGUINE se dit, dans le sérieux, de certaines Religieuses de Flandres. Dans le style plaisant et satirique, on le dit d' une fausse dévote.
   En débarquant auprès de la béguine,
   L' oiseau madré la conut à la mine.        Ververt.

BÉGUIN


BÉGUIN, s. m. [Bé-ghein: 1re é fer. 2 brèves.] Coîfe de linge pour les enfants, qui s' atache sous le menton avec une petite bride.

BÉJAûNE


BÉJAûNE, s. m. [Béjône, 1re é fer. 2e lon. 3e e muet; c' est une contraction de Bec jaûne.] Au propre, Oiseau jeune et niais; au figuré, jeune homme sot et niais. = On le dit plus souvent des sotises et inepties des jeunes gens. Montrer à quelqu' un son béjaûne.

BEIGNET


BEIGNET, s. m. [Bègné; 2e è moy.] Quelques-uns disent Bignet; Ménage décide qu' on dit l' un et l' aûtre. L' Acad. ne met que le 1er. On dit beignet, à Paris, et bignet dans les Provinces. _ Espèce de pâte frite à la poele. Quand il n' y a que de la pâte, on dit beignet tout seul: quand ce sont des quartiers de fruits envelopés dans de la pâte, on les désigne par le nom du fruit. Beignet de pommes, de pêches, etc.

BEL


BEL, Voyez BEAU; sur-tout, Rem. n°. 2°.

BÉLANT


BÉLANT, part. a. de Béler. _ On dit, proverbialement: Mouton bélant, et boeuf saignant, pour dire que le boeuf et le mouton rôtis, pour être bons, ne doivent être guère cuits.

BêLEMENT


BêLEMENT, s. m. BÉLER, v. n. [Bêle--man, belé: 1re lon. ê ouv. au 1er, 2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Ces mots expriment le cri des moutons et des brebis. "Le bêlement des brebis; les agneaux bêlent. _ Le proverbe dit: "Brebis qui bêle, perd sa goulée. À~ table il ne faut pas trop s' amuser à causer.

BEL-ESPRIT


BEL-ESPRIT, s. m. Au singulier les deux mots n' en font qu' un: on les unit avec un tiret. Au pluriel, on dit Beaux esprits: ce sont deux mots séparés. "C' est un bel-esprit; cette maison est le rendez-vous des beaux esprits. "Ils étoient râres chez nos Pères, ces distillateurs d' esprit: ils sont fréquens parmi nous. Être bel esprit n' est plus une distinction. Coyer. " La différence qu' il y a entre l' homme d' esprit et le bel-esprit, c' est que le premier ne s' afiche point, et laisse faire à l' aûtre ses preuves. Id. _ Adj. "Une Femme bel-esprit, qui tient bureau de Litératûre. Ann. Litt. "Le Bel-esprit de M. de V... a voulu lutter contre le génie de Pascal. Le Chev. des Sabl. _ On a dans cet exemple la diférence sensible du Bel-esprit et du génie.

BELETTE


BELETTE, s. f. [Belète, 1re e fort muet, 2e è moy.] Petit animal sauvage, long, bas de jambe, qui a le museau pointu, et qui fait la guerre aux pigeons.

BELGE


BELGE, adj. et subst. Il se dit en vers pour Flamand.
   Chez le Belge, dans l' Ausonie.
       Rousseau.
C. à. d. en Flandre et en Italie.

BELIER


BELIER, s. m. [Be-lié, 1re e muet, 2e é fer. et dout.] Le mâle de la Brebis. On l' apèle Mouton, quand il a été coupé. _ Chez les Anciens, c' étoit une machine de guerre, avec laquelle on batait les remparts d' une Ville qu' on assiégeait, et dont l' extrémité était armée d' une tête de Belier d' airain. _ Richelet écrit bélier, bélitre avec un acc. aigu sur l' é L' Acad. ne met point d' accent.

BELIèRE


BELIèRE, s. f. [1re e muet, 2e è moy. et long.] Anneau, qui est au-dedans d' une cloche, pour suspendre le batant.

BELîTRE


BELîTRE, s. m. [1re e muet, 2e lon.] Coquin, gueux, homme de néant: "C' est un vrai belître: Retirez-vous, belître que vous êtes!

BELLâTRE


BELLâTRE, s. m. [Bèlâtre, 1re è moy. 2e lon.] Qui a un faux air de beauté, une beauté mélée de fadeur: c' est un bellâtre.

BELLE


BELLE, adj. fém. de Beau. Voy. BEAU. [Bèle, 1re è moy. et bref. 2e e muet.] _ S. f. On dit une belle, les belles, ma belle, sa belle, etc. Tout cela est du style familier et souvent ironique et satirique. "Il s' avisa de faire la Cour à ma belle, que j' apèle belle en plaisantant; car, il y a cent mille visages, comme le sien, auxquels on ne prend pas garde. Mariv.
   L' échaper belle: courir un grand danger. La doner belle à... Alarmer, ou vouloir tromper.

BELLE-FILLE


BELLE-FILLE, BELLE-MèRE, BELLE-SOEUR, s. f. Qui n' ont ces titres que par alliance. La Belle-Fille est celle qui a épousé le fils d' un homme ou d' une femme, ou dont le père ou la mère se sont remariés. _ Belle-Mère, celle qui a doné son fils en mariage à une fille, ou qui a épousé son père en secondes noces. Belle-Soeur est celle qui a épousé notre frère, ou dont nous avons épousé la soeur. Il se dit aussi de deux filles, qui ont épousé deux frères.
   BELLE-FILLE. Ménage dit qu' il est seul du bel usage, et done à entendre que Bru n' est pas si bon. Ce dernier n' est pas désaprouvé par l' Académie: elle les dit tous deux également. L. T. Belle-Fille est pourtant plus usité parmi les honêtes gens. Fer. Du reste, Bru n' est synonyme de Belle-Fille que dans le 1er. sens.

BELLEMENT


BELLEMENT, adv. [Bèleman, 1re è moy. 2e e muet.] Il n' a pas le sens de beau: il signifie, doucement, avec modération. _ Il ne se dit guère que par le peuple ou par les honêtes gens, en plaisantant. L' Acad. ne le blâmait point d' abord. Dans les édit. postérieures, elle dit qu' on ne se sert de ce mot que dans le discours familier, et pour avertir quelqu' un d' être plus modéré: "Bellement! vous vous emportez, vous vous oubliez! Le Rich. Port. le met sans remarque. Doucement est plus usité.

BELLIGÉRANT


BELLIGÉRANT, ANTE, adj. BELLIQUEUX, EûSE, adj. [Les 2 ll se prononcent sans les mouiller.] Le 1er est un terme de Gazettes. L' Acad. le met sans remarque. Puissances, parties belligérantes, qui sont en guerre. _ Belliqueux est plus noble et plus usité dans tous les styles. Guerrier, martial. "Peuple, Prince belliqueux, nation, humeur belliqueûse. _ Il aime à suivre; mais il peut précéder: le belliqueux Menalipe. Mde. Dacier: Iliade. Il ne ferait pas toujours bien devant: Ce belliqueux Peuple, ce belliqueux Prince, seraient insuportables.

BELLISSIME


BELLISSIME, superlatif de beau. L' Acad. ne le met pas. Il n' est tolérable que dans la conversation.

BELLôNE


BELLôNE, s. f. (et non pas Bellonne, l' ô est long. On prononce les deux ll) Déesse de la guerre.

BELLOT


BELLOT, OTE, adj. [Bèlo, lote. 1re è moy. tout bref.] Diminutif de beau. Il ne se dit que des enfans. "Cet enfant est bellot; cette petite fille est bellote.

BELOUSE


BELOUSE, BELOUSER, Richelet. Voy. BLOUSE, BLOUSER.

BELVEDER


BELVEDER, s. m. Ce mot est Italien: il devroit porter un acc. aigu sur le 2dÞ e. Le Rich. Port. le met, l' Acad. n' en met point, Bèlveder, 1re è moy. 2e e muet, 3e ê ouv. l' r se prononce. _ Lieu pratiqué au haut d' un logis, et d' où l' on découvre une grande étenduë de pays.

BÉMOL


BÉMOL, s. m. Caractère de musique, en forme de petit b, qu' on met devant une note, pour la baisser d' un demi-ton. Acad. On la met aussi à la tête d' une pièce de musique: on en met même plusieurs quelquefois pour marquer que toutes les notes qui sont sur ces lignes ou sur ces intervales, chargés de b mol, doivent être baissées d' un demi-ton.

BÉNÉDICITÉ


BÉNÉDICITÉ, s. m. Mot latin, que l' usage a rendu français. _ Prière qu' on fait avant les repâs. Dire le bénédicité. "Cet enfant ne sait pas son bénédicité.

BÉNÉDICTION


BÉNÉDICTION, s. f. [Bénédik-cion, en vers, ci-on: les deux premières é fer. tout bref.] 1°. Action par laquelle un Prêtre bénit les Assistans, ou un Évêque ou un Prêtre bénit une Abesse, une chapelle, des fonts, des cloches, etc. ou un Père et une Mère bénissent leurs enfans. = 2°. Grâce, faveur particulière du Ciel. "Dieu a répandu ses bénédictions sur cet homme, sur cette famille. = 3°. Voeu, souhait que l' on fait pour la prospérité de quelqu' un. "Les Pauvres lui donoient mille bénédictions. _ En bénédiction. "Sa mémoire est en bénédiction.
   En style proverbial, un pays de bénédiction est un lieu où tout abonde, une maison de bone chère. On le dit aussi, et avec plus de raison, d' une famille sainte et vertueûse _ Doner à quelqu' un sa bénédiction: le renvoyer, le congédier. "Je lui ai doné ma bénédiction. = * En parlant de la bénédiction du St. Sacrement, on dit: recevoir la bénédiction; mais aller à la bénédiction est un gasconisme. Il faut dire, aller au salut. DESGR.

BÉNÉFICE


BÉNÉFICE, s. m. [Les deux premières é fer. tout bref. Richelet écrit benefice sans acc.: c' est une mauvaise ortographe.] 1°. Privilège acordé par le Prince ou par les Lois. Bénéfice d' âge, bénéfice d' inventaire, = 2°. Profit, avantage. "Tout a tourné à son bénéfice: Il y a du bénéfice dans cette afaire. = * 3°. Bénéfice s' est dit autrefois pour bienfait. "Adorant notre Seigneur et le remerciant de tous ses bénéfices. St. Fr. de Sales.
   Il remet à demain le pompeux sacrifice,
   Que nous devons aux Dieux pour un tel bénéfice.
       Corn.
Il s' est encôre conservé en ce sens, dans cette expression: "Profiter du bénéfice du temps. = 4°. Titre éclésiastique, acompagné de revenu. Bénéfice simple, Bénéfice ayant, ou avec charge d' âmes. _ Il se dit même du lieu où est l' Église, ou le bien du Bénéfice: "Ce Bénéfice est bien situé. Résider à son Bénéfice.
   On dit vulgairement, prendre le Bénéfice avec ses charges, c. à. d. un emploi avec ses peines et ses avantages. On dit aussi d' une chôse, dont on ne voit pas les preuves, qu' on la croit par bénéfice d' inventaire: allusion à l' héritier bénéficiaire, qui se réserve le droit de répudier l' héritage, s' il n' y trouve pas son compte. _ Il n' est aujourd'hui que trop de gens qui ressemblent à cet homme de La Fontaine.
   Et qui croyoit en Dieu, pour user de ce mot,
   Par bénéfice d' inventaire.

BÉNÉFICENCE


*BÉNÉFICENCE, s. f. Ce mot plaisait à l' Auteur des Réflexions: bien des persones s' en servaient de son temps. L. T. Il s' était établi dans les pays étrangers; mais on ne pouvait pas dire qu' il fût reçu en France. Trév. On ne le trouvait point dans les Dictionaires. Richelet ne l' avait pas mis dans le sien: On l' y insera dans la suite, en avertissant que l' usage était contre lui. L. T. Cependant ce mot manquait à notre langue: mais il n' a pu y être admis, et on l' a remplacé par celui de bienfaisance, qui est plus français, et qui est aujourd'hui universellement reçu. Bénéficence sentait trop le pays latin. Bienfaisant, au contraire, avait préparé les voies à bienfaisance.
   Le Rich. Port. met bénéficence, bonté particulière, grâce extraordinaire. L' Acad. ne le met pas.

BÉNÉFICIAIRE


BÉNÉFICIAIRE, adj. [Bénéfici-ère: les deux premiers é fer. 5e è moy. et long.] Il ne se dit qu' avec héritier. Celui qui a pris un héritage par bénéfice d' inventaire, est apelé héritier bénéficiaire.

BÉNÉFICIALE


BÉNÉFICIALE, adj. f. On ne le dit qu' avec matière: "Cet homme est très-savant dans les matières bénéficiales, qui concernent les Bénéfices. _ J' ai lu dans un Mémoire: "Rebuffe établit le même principe dans sa Pratique Bénéficielle. Si ce n' est pas le propre titre de cet ouvrage, il falait dire bénéficiale.

BÉNÉFICIER


BÉNÉFICIER, s. m. [Bénéficié, 3 é fer. tout bref.] Qui a un Bénéfice. "Un riche Bénéficier.

BÉNÉFICIER


BÉNÉFICIER, v. a. [Il difère du subst. en ce que, dans celui-ci, ier n' est que d' une syllabe, et que dans le verbe, il est de deux; Bénéfi-cié, Bénéfici-é.] Il se dit dans l' exploitation des mines, du plus ou du moins de facilité qu' il y a à tirer le métal du minéral. "Cet or, cet argent est dificile à bénéficier. "On recueille de l' or, qui n' a pas besoin d' être bénéficié par le secours de l' art. Goguet. _ L' Acad. ne met point ce verbe. _ Les Marchands l' emploient neutralement dans le sens de tirer du bénéfice, du profit de.. "Il n' y a pas beaucoup à bénéficier sur cette marchandise.

BENêT


BENêT, s. m. [1re e muet, 2 ê ouvert.] Sot, niais. Il régit quelquefois la prép. de: "Son grand benêt d' amant ne l' aime guère. SÉV. Ce benêt de laquais a fait la comission tout de travers.

BÉNÉVOLE


BÉNÉVOLE, adj. Il ne se dit qu' en badinant et dans ces phrâses: le Lecteur bénévole, Auditeur bénévole = Autrefois on le disait très-sérieusement, et c' était un compliment que les Auteurs et les Orateurs faisaient à leurs Lecteurs et à leurs Auditeurs.

BÉNIGNEMENT


BÉNIGNEMENT, adv. BÉNIGNITé, s. f. BÉNIN, IGNE, adj. [Mouillez le g: tout bref.: 1re é fer. 3e e muet au 1er. et dern.] Être bénin, c' est être doux et humain. La bénignité est donc douceur, humanité; et agir, parler, recevoir, traiter bénignement, c' est le faire d' une manière douce et humaine.
   Rem. Bénin se dit des astres, pour signifier propice, favorable; le ciel bénin, astre bénin, bénigne influence. Reste du langage de l' Astrologie. _ On le dit de l' humeur et du caractère; humeur bénigne, caractère bénin. Mais il ne se dit guère des persones mêmes que par dérision: "C' est le plus bénin de tous les maris.
   BÉNIN, doux, humain, (synon.) Le 1er. marque l' inclination ou la disposition à faire du bien; Le 2d un caractère d' humeur, qui rend très-sociable; le dernier une sensibilité sympathique aux maux, ou à l' état d' autrui. La bénignité est une qualité, qui afecte la volonté; la douceur, une qualité, qui se trouve particulièrement dans la tournûre d' esprit, par raport à la maniere de prendre les chôses dans le commerce de la vie civile. L' humanité réside principalement dans le coeur.

BÉNI


BÉNI, Voy. BÉNIT.

BÉNIR


BÉNIR, v. a. [Richelet ne met point d' accent. La Touche prétend que l' e est muet, et que de très-habiles Académiciens, qu' il fit consulter, faisaient cet e fém. dans benin, benit, et masc. dans bénignité, bénédiction, bénédicité. On a suivi cette décision dans le Dict. Gramm. Mais l' usage a changé, et l' é est fermé ou masc. dans tous ces mots.]
   BÉNIR: 1°. Consacrer au culte divin avec certaines cérémonies: bénir une Église, une chapelle, des cierges, des ornemens, etc. Bénir un Abé, une Abesse, des drapeaux, des armes, le lit nuptial, etc. = 2°. Doner la bénédiction en faisant le signe de la Croix, comme font les Évêques sur les Fidèles, les Pères et Mères sur les enfans, etc. = 3°. Louer, remercier; bénissez Dieu de la grâce qu' il vous a faite: je bénis l' heure et le moment où je vous ai conu. = 4°. Rendre heureux: je prie Dieu qu' il bénisse les éforts de votre zèle, vos travaux, vos bones intentions, etc.
   Rem. * On disait autrefois bénie à l' impératif pour bénisse. "La Cour comanda à un de ses Officiers de crier: Dieu bénie le Royaume d' Angleterre. Procès de Charles I. "Le Diable alla mettre dans l' esprit de Mlle... de faire comander aux violons de nous suivre, et d' aller donner des sérénades toute la nuit... mais de bonne fortune les bonnes gens avoient laissé leurs violons à la bârre, et Dieu les bénie. Voit. _ On dit aujourd'hui Dieu nous bénisse, les bénisse, etc. C' est une espèce d' interjection. "Il semble que nous voulions nous aller jeter chacune dans la mer, et laisser toute la France entre nous deux: Dieu nous bénisse. SEV.
   Dieu vous bénisse, dit-on à celui qui éternûe, ou à un pauvre à qui l' on ne veut rien doner.

BÉNIT


BÉNIT, BÉNITE, ou BÉNI, BÉNIE, part. et adj. Le premier se dit des chôses sur lesquelles la bénédiction du Prêtre a été donée avec les cérémonies ordinaires: Pain, cierge bénit, eau bénite, etc. Hors de là, il faut se servir du 2d: "Vous êtes bénie entre toutes les femmes. Peuple béni de Dieu, etc. _ Eau bénite de Cour, protestations feintes, comme celles des Grands.
   Bénit et béni doivent suivre le nom qu' ils modifient. * On disait autrefois: ce bénit enfant, ce béni fruit de ses entrailles. Boss. Vieille construction.

BÉNITIER


BÉNITIER, s. m. [Béni-tié, 1re et 3e é fer. dout. à la 3e.] Dans le Dict de Trév. on met benetier, ou benitier, et l' on dit seulement que le dernier est le meilleur. Ménage penchait pour benetier, en avouant que l' usage est pour benitier. Il était aparemment frapé de l' étymologie de ce mot et de ce qu' on a dit longtems benoistier, qu' on prononçait benaitier, et que quelques-uns écrivaient de même. Aujourd'hui l' usage est constant pour bénitier, et cet usage est raisonnable: car, puisqu' on dit, eau bénite, il est naturel qu' on apèle bénitier le vase où on la met.

BÉQUÉE


BÉQUÉE Voy. BECQUÉE.

BÉQUILLE


BÉQUILLE, s. f. [Mouillez les ll: 1re é fer.] Sorte de bâton avec une traverse pour s' apuyer. "Il ne marche qu' avec des béquilles. Il a pris la béquille.

BERCAIL


BERCAIL, s. m. [Bèrkail, 1re ê ouv. mouillez l' l finale de la 2de. tout bref.] Bergerie. Il ne se dit guère au propre: mais il est beau au figuré: "Ramener un hérétique, une brebis égarée au bercail de l' Église.

BERCEAU


BERCEAU, s. m. [Bèrso, 1re ê ouv. 2e dout. au sing. longue au pluriel, berceaux.] Petite machine de bois ou d' osier, carrée, et qui est portée sur deux pieds, faits en forme de croissant, dans laquelle on met un petit lit pour un enfant au maillot. "Il est encôre au berceau.
   Dès le berceau, dès l' enfance.
   Les puissantes faveurs, dont Parnasse m' honôre,
   Non loin de mon berceau commencèrent leur cours.
       Malherbe.
L' Acad. n' avait pas d' abord mis berceau au figuré: elle l' a admis dans la dern. édit. "Cette hérésie fut étoufée dans son berceau. Patru. "La Saxe a été le berceau du Luthéranisme. Acad.
   BERCEAU est aussi une couvertûre en forme de voûte, faite de treillages, qui règne le long d' une allée. _ En Architectûre, voûte en plein cintre: berceau d' une câve.

BERCER


BERCER, v. a. [Bèrcé, 1re ê ouv. 2e é fer.] Remuer le berceau d' un enfant pour l' endormir. Bercer un enfant. _ Figurément, amuser par de vaines promesses. Il régit la prép. de. "Il y a long-tems qu' il me berce de vaines espérances. "Il se berce de mille chimères. Être bercé d' une chôse, en avoir entendu parler souvent. "J' ai été bercé de cela. Acad.
   On dit, proverbialement, d' un homme toujours inquiet et agité, que le Diable le berce.

BERGER


BERGER, ÈRE, s. m. et f. [Bèrgé, gère: 1re ê ouv. 2e é fer. au 1er, è moy. et long au second.] Celui, celle qui garde les brebis. _ Figurément, l' heure du berger se dit de tout temps, de toute ocasion favorable pour réussir dans une afaire, quelle qu' elle soit. Ainsi, Sarasin a dit, que la naissance de l' aurôre étoit l' heûre du berger pour un Poète, voulant dire que, le matin est favorable, pour travailler à faire des vers. Et Mde de Sévigné dit, en parlant des Bretons: "Entre midi et une heûre, nous ne savons rien refuser: c' est l' heure du berger.

BERGERîE


BERGERîE, s. f. [1re ê ouv. 2e e muet, 3e lon.] Le lieu où l' on enferme les brebis.
   On ne dit guère Bergeries au pluriel, que pour signifier certains ouvrages en prôse ou en vers, qui traitent des amours des Bergers, et pour dire des tapisseries où l' on représente des actions de Bergers. "Les Bergeries de Racan: "Il n' est point à mon gré de plus agréables tapisseries que les bergeries. L. T. _ Tout cela est passé de mode et le nom aussi. _ Le Rich. Port. met sans remarque, Bergeries, Poésies pastorales. L' Acad. le met aussi, et ne cite pourtant pour exemple, que les Bergeries de Racan. On ne le dit que dans cette ocasion.

BERLINE


BERLINE, s. f. BERLINGOT, s. m. [1re ê ouv. tout bref.] La Berline est une sorte de carrosse suspendu entre deux brancards. Le Berlingot est une berline coupée. On dit plus ordinairement Brelingot.

BERLAN


BERLAN. Voy. BRELAN.

BERLûE


BERLûE, s. f. [1re ê ouv. 2e lon.] Sorte d' éblouissement passager. Il n' est que du style familier, et ne se dit qu' en ces phrâses: avoir la berlûe. "Vous ne voyez pas cela: vous avez donc la berlûe. On emploie plus souvent berlûe au figuré qu' au propre. "Quand vous avez avancé cette proposition, vous aviez la berlûe. Trév.
   Un papillon naissant faisoit le fanfaron,
   Et se préféroit, sans façon,
   À~ tous les animaux qui s' offroient à sa vûe.
   Qui pourroit, disoit-il, sans avoir la berlûe,
   À~ mes brillans attraits comparer sa beauté.
       L' Ab. Reyre.
Rem. On écrivait et on prononçait autrefois barlue. Il est à remarquer que bar ou ber marque quelque chôse de courbe, d' oblique, de travers. Ainsi barguigner, c' est ne pas guigner ou viser droit. Barlong, c' est ce qui est inégalement long. Bertauder, c' est tondre inégalement. On prononce bretauder; (on l' écrit même de la sorte.) Quelques-uns prononcent brelue, ajoute La Monnoie; mais cette prononciation n' est pas la bonne.

BERNE


BERNE, s. f. BERNEMENT, s. m. BERNER, v. a. [1re ê ouv. 2e e muet aux deux premiers, é fer. au 3e.] La berne est une espèce de jeu, où quatre persones, tenant les quatre bouts d' une couvertûre, mettent quelqu' un au milieu et le font sauter en l' air. Bernement est l' action de berner. _ Berner, c' est faire sauter quelqu' un en l' air par le moyen d' une couvertûre.
   Berne et Bernement ne se disent qu' au propre: berner se dit aussi au figuré: "Il se fait berner (tourner en ridicule) par-tout où il se montre. Trév. "Si je disois cela: je me ferois berner. Acad.
   Tous en chorus bernent le pauvre Sire.
       Ver-vert.
  Le seul Horace en tous genres excelle...
  Chante les Dieux, les Hérôs, les Buveurs,
  Des sots Auteurs berne les vers ineptes.   Rouss.

BERNEUR


BERNEUR, s. m. Celui qui berne. "Je ne crains ni la berne, ni les berneurs. Acad.

BESACE


BESACE, s. f. [1re et 3e e muet, 2e brève.] Longue pièce de toile, cousûe en forme de sac, ouverte par le milieu, qu' on porte sur une épaule, dont un des bouts pend par devant et l' autre par derrière. _ Figurément porter (ou être à) la besace, être pauvre. Réduire ou mettre à la besace, à la mendicité. Style familier.
   On dit, proverbialement, d' un homme qui a une grande atache à quelque chôse, qu' il en est jaloux comme un gueux de sa besace.

BESACIER


BESACIER, s. m. [Beza-cié, 1re e muet, 3e é fer.] Terme de mépris. Qui porte une besace.

BESET


BESET, s. m. [1re e muet, 2e è moy. On ne prononce point le t.] Au jeu de tric-trac, c' est deux as: "Un beset feroit bien mon afaire. Vous devez être content; vous avez amené beset. _ On disoit autrefois, ambesas.

BESICLE


BESICLE, s. f. [Bezikle, 1re. et 3e e muet: tout bref.] Sorte de lunettes qui s' atachent autour de la tête. On le dit en plaisantant de toute sorte de lunettes. Prenez vos besicles; vous n' avez pas bien mis vos besicles: c. à. d. Prenez mieux garde à..... vous n' avez pas bien considéré la chôse. "Vous n' avez pas bien bien chaussé vos besicles sur les prophéties que vous faites. Vous verrez toujours Mesdames de Créqui et de Richelieu, Dames d' honeur. SÉV.~

BESOGNE


BESOGNE, s. f. [1re et 3e e muet: mouillez le gn. On écrivait aûtrefois besongne.] Travail, ouvrage. Mettre la main à la besogne, aller à sa besogne, faire sa besogne. Il est moins noble que travail et ouvrage. = Il se dit aussi de l' éfet du travail, de l' ouvrage qui en résulte; besogne comencée ou achevée, délicate ou grossière, etc.
   On dit, proverbialement, aler doucement en besogne, agir lentement et avec circonspection; aler vite en besogne, promptement et souvent sans réflexion. "Il est étonant que le vainqueur ne se soit pas délivré plus promptement d' un rival aussi dangereux qu' Agis; mais il n' étoit pas de l' intérêt de l' Auteur que Léonidas alât si vite en besogne. _ Tailler de la besogne à quelqu' un; lui susciter des afaires fâcheuses~; faire naître des obstacles, des dificultés qu' il faut qu' il surmonte _ S' endormir sur la besogne; travailler nonchalamment. _ Faire plus de bruit que de besogne, avoir plus de parole que d' éfet. _ Aimer besogne faite, n' aimer pas à travailler. _ "Vous avez fait une belle besogne, se dit ironiquement à quelqu' un, qui a gâté une afaire dont il s' est mélé. _ Et en parlant d' un homme qui ne s' aplique qu' aux chôses de sa profession, on dit: "C' est un homme qui ne songe qu' à faire sa besogne.

BESOIN


BESOIN, s. m. [Be-zoein, 1re e muet, 2e douteûse.] Indigence, nécessité, manque de quelque chôse dont on a afaire. Grand besoin, extrême besoin. Être dans le besoin.
   Il régit de devant les noms et les verbes. J' ai besoin de cet argent. Qu' est-il besoin d' en parler davantage?
   Au besoin, adv. Cela servira au besoin. On conaît les amis au besoin.
   BESOIN, a beaucoup de raport avec pauvreté, indigence, disette, nécessité. Voici leurs diférences. Pauvreté, est une situation de fortune oposée à celle des richesses, dans laquelle on est privé des commodités de la vie; l' indigence, enchérit sur la pauvreté: on y manque des chôses nécessaires. La disette, est un manque de vivres. Le besoin et la nécessité, ont moins de raport à l' état habituel, que les trois mots précédens; mais ils en ont davantage au secours qu' on attend; avec cette diférence encore entr' eux deux, que le besoin semble moins pressant que la nécessité.
   Rem. 1°. Avoir besoin, se dit sans article, même quand il est modifié par des adverbes de comparaison: je n' ai pas besoin; j' ai plus besoin de cela que vous, et non pas plus de besoin. "Les productions de la terre, les plus délicates, celles qui ont le plus besoin d' être défendûes contre la gelée. Linguet.
   2°. Il semble inutile d' avertir qu' avoir besoin, régit l' ablatif (la prép. de). Cependant, en certaines Provinces, on lui fait régir l' accusatif. * On dit, ce que vous aurez besoin, pour, ce dont vous aurez besoin. "La Supérieure pourvoira la malade de ce qu' elle aura besoin, pour ce dont elle aura besoin. Et dans les Lettres Édifiantes, au sujet du Saint Chrême: "Ils distribuent aux Évêques ce qu' ils en ont besoin pour leurs Diocèses. "Vous vous mettez trop en peine du fournissement de ce qu' il aura besoin. Lettre de Jansénius à Saint Cyran. _ Les étrangers font aussi souvent cette faûte; ils doivent y faire attention.
   3°. On dit, à toute heûre; on ne dit pas à tous besoins, comme l' a dit un Biographe du siècle passé. "* On le consultoit (Saint Bernard) à toute heûre et à tous besoins. Vie de St. Felix de Valois.
   4°. Faire besoin; cela me fait besoin, pour j' ai besoin de cela, est un vrai gasconisme.
   5°. Il est besoin de, il est besoin que, ne se disent qu' en interrogation, ou avec la négative. Qu' est-il besoin d' excûse, où il n' y a pas de faûte, ou, il n' est pas besoin d' excûse, etc. Qu' est-il besoin, ou, il n' est pas besoin que vous vous en méliez. * L' Ab. de Houteville dit, parlant de la Religion: "Il est besoin que sa source soit divine. Il falait dire: "Il est nécessaire que, etc.

BESTIAL


BESTIAL, ALE, adj. BESTIALITÉ, s. f. BESTIALEMENT, adv. [1re è moy. tout bref.] Qui tient de la bête; physionomie bestiale. _ Vivre bestialement, en bête. _ Bestialité, péché abominable commis avec une bête.

BESTIOLE


BESTIOLE, s. f. [1re è moy. le t n' a pas le son du c: bèstiole, tout bref.] Au propre, petite bête. _ Au figuré, jeune persone qui a peu d' esprit. "Cet enfant n' est qu' une petite bestiole.

BÉTA


BÉTA, s. m. Bête (discours familier). C' est un gros béta.

BÉTAIL


BÉTAIL, s. m. [1re é fer. mouillez l' l finale.] Il fait au pluriel Bestiaux. _ Ménage dit, d' après Vaugelas, que bestail et bestial, sont tous deux bons, quoique bestail soit beaucoup meilleur. Aujourd'hui on ne dit plus que bétail. _ Troupeau de bêtes qu' on mène paître. On ne le dit que des boeufs, vaches, brebis, chèvres. Gros bétail, menu bétail; garder, nourrir le bétail.

BêTE


BêTE, s. f. [1re ê ouvert et long, 2e e muet.] Animal irraisonable. "Bête sauvage, bête farouche, bête privée. _ Bêtes fauves, les cerfs, les daims, les chevreuils: bête noire, le sanglier; bétes puantes, les renards, les blaireaux, etc.
   Figurément, bête se dit d' une persone stupide et qui n' a point d' esprit. On est bête par défaut d' intelligence; stupide par défaut de sentiment; idiot, par défaut de conoissance. GIR. Synon.
   Rem. 1°. Dans le style familier, bête régit quelquefois la prép. de: "Ma fille, voilà une sote bête de lettre: je ferois bien mieux de dormir. SÉV. _ On dit, d' une chôse qu' on déteste, c' est ma bête, ou, ma bête noire, ou, ma bête d' aversion. "Vous êtes bien aise que ce ne soit pas votre afaire de résoûdre. Une résolution est quelque chôse d' étrange pour vous; c' est votre bête. SÉV. "La jolie, l' heureûse disposition (d' aimer à lire), on est au-dessus de l' ennui et de l' oisiveté, deux vilaines bêtes. La Même. Voyez AVERSION. "Cet Auteur est devenu la bête noire du public. _ Voy. ANIMAL.
   2°. Dans le style précieux moderne, on emploie bête adjectivement. "Le sourire des sotes campagnardes, l' étonement bête des provinciaux. Observ. Fr. à Londres. "C' est une folie bien bête. Th. d' Éduc.
   On dit, en style proverbial, d' un désert, ou d' un endroit obscur: on n' y voit ni bêtes ni gens. _ Prendre du poil de la bête; se guérir par les mêmes chôses qui ont causé le mal. _ Remonter sur sa bête; rétablir sa fortune, recouvrer ses droits, son crédit. _ Faire la bête; refuser quelque chôse mal-à-propos. _ Vivre, mourir en bête, sans aucun sentiment de Religion. _ Morte la bête, mort le venin; un homme mort ne peut plus nuire.

BêTEMENT


BêTEMENT, adv. [Bêteman, 1re ê ouv. et long, 2e e muet.] En bête, sottement, stupidement. "Il parle, il agit bêtement.

BêTISE


BêTISE, s. f. [1re ê ouv. et long; 2e lon. aussi.] Ignorance crasse, stupidité, sottise. _ Il se dit plutôt de l' effet de la stupidité. _ On dit bien: cet homme, cette femme est d' une grande bêtise.
   Elle est bien, mais ma foi d' une horrible bêtise.        Méch.
Mais on dit plus souvent: il a fait, il a dit une grande bêtise; il ne dit que des bétises.

BEUF


BEUF ou BOEUF, s. m. L' étymologie est pour le second; suivant Richelet, l' usage actuel est pour le premier. L' Acad. pourtant ne met que boeuf. _ Suivant le même Richelet, on prononce beû. Cela n' est vrai que pour le pluriel: on prononce l' f au singulier.
   Et pour surcroît de maux, un sort malencontreux,
   Conduit en cet endroit un grand troupeau de Boeufs.       Boileau.
  BEUF. Taureau qu' on a châtré pour l' engraisser, ou pour le rendre plus doux pour le labourage. _ Par injûre, on le dit d' un homme stupide et hébété: "C' est un beuf, un vrai beuf.
   En style proverbial, on dit, de ce qui revient tous les jours: c' est la pièce de beuf. _ Je ne lui ai dit ni oeufs ni beufs; je ne l' ai point injurié, ni peu ni beaucoup. _ Mettre la chârûe devant les beufs; mettre devant ce qui devrait être derrière. M. de Sévigné dit chârette pour chârûe.
   Beuf à la mode. Beuf assaisoné et cuit dans son jus.
   OEil de beuf. Lucarne ronde ou ovale, dans la couvertûre d' un bâtiment. _ On ne les pratique plus de la sorte, parce qu' elles ne sont ni agréables ni commodes.

BEUGLEMENT


BEUGLEMENT, s. m. BEUGLER, v. n. [2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Ces mots expriment le cri du beuf et de la vache. On dit aussi, meuglement et meugler.

BEûRRE


BEûRRE, s. m. [Beû-re, 1re lon., r forte, 2e e muet.] Crême épaissie à force d' être batûe dans la barate. Beûrre frais, beûrre salé; fritûre, potage au beûrre, etc. Pot de beûrre, où il y a du beûrre; pot à beûrre, pot à mettre du beûrre. _ Beûrre noir, beûrre fondu et noirci dans la poele; des oeufs au beûrre noir. _ Beûrre fort, de mauvais beûrre. _ Lait de beûrre, lait qui demeure dans la barate après que le beûrre en a été tiré.
   On dit proverbialement, promettre plus de beûrre que de pain; abuser une persone par de belles promesses.
   Ils m' avoient plus promis de beûrre que de pain;
   Je suis Altesse et Duc, et si je meurs de faim.
       Grégoire.
Des yeux pochés au beûrre noir; des yeux meurtris par des contusions qui ont noirci les environs.

BEûRRÉ


BEûRRÉ, s. m. [Beû-ré, 1re lon., r forte, 2e é fer.] Sorte de poire fondante. Beûrré blanc, gris, doré, rouge.

BEûRRÉE


BEûRRÉE, s. f. BEûRRER, v. act. BEûRRIER, IèRE, s. m. et f. [Beû-ré-e, beû-ré, beû-rié, rière. 1re lon. r forte, 2e é fer. aux 3 premiers; long au premier, douteux au troisième, è moyen et long au dernier.] Beûrrée tranche de pain, sur laquelle on a étendu du beûrre. Beûrrer, étendre du beûrre sur du pain. Faire tremper dans du beûrre. L' Académie ne met point ce verbe. Il est dans Trév. et dans le Rich. Port.
   BEURRIER, IèRE. Qui vend du beûrre. = On dit figurément, d' un mauvais livre qui ne se vend point, qu' il faut l' envoyer à la beurrière.

BÉVûE


BÉVûE, s. f. [1re é fer. 2e lon. 3e e muet. On écrivait aûtrefois béveuë.] Méprise, erreur où l' on tombe par ignorance, par inadvertance. "Il a fait une infinité de bévûes dans la traduction de cet Auteur, dans la conduite de ce procès, etc.

BIAIS


BIAIS, s. m. [Biè, monosyllabe long., ê ouvert. En vers, il est de deux syllabes: "Des biais qu' on doit prendre. Mol.] 1°. Ligne oblique. "Il y a du biais dans ce bâtiment; cette maison, ce parterre est de biais, tout de biais. = 2°. Moyens dont on peut se servir pour réussir en quelque chôse. Prendre une afaire de bon biais, de mauvais biais, de tous les biais. _ Prendre un homme de biais, le gagner avec habileté. "Il ne faut pas ataquer les hommes de front; il faut les prendre de biais..
   L' homme étrange! on ne sait de quel biais s' y prendre,
   Pour lui tirer l' aveu de ses méfaits.
       Poinsinet de Sivry.

BIAISER


BIAISER, v. n. [Biè-zé; 1re è moy. 2e é fer.] Devant l' e muet, ai est long: Il biaise, il biaisera.] Au propre, il se dit des chôses. Être de biais: Ce chemin biaise. _ Au figuré, il se dit des persones: 1°. Se servir de mauvaises finesses, n' aler pas droit, ne pas agir sincèrement. "Il ne faut pas biaiser avec lui. = 2°. Prendre quelque tempérament dans une afaire. Alors il se prend en bone part. "Quand on se trouve entre deux extrémités fâcheuses, il y a de l' adresse à savoir biaiser. Acad.
   Rem. Danet est le seul qui fasse biaiser act. "J' ai un peu biaisé la pensée de l' Auteur, pour l' ajuster à notre Langue. Ce verbe ne se dit point en ce sens, et de cette manière.

BIBERON


BIBERON, s. m. [2e e muet: tout br.] Celui qui aime le vin et qui en boit volontiers. "C' est un bon biberon. Style familier.
   BIBERON est aussi un vâse, qui a un petit bec ou un tuyau par lequel on boit: "Boire avec un biberon.

BIBLE


BIBLE, s. f. Livre ou Recueil, qui contient les Livres de la Sainte Écriture, divisés en vieux et nouveau Testament. Bible latine, Bible grecque. La Sainte Bible, etc.

BIBLIOGRAPHE


BIBLIOGRAPHE, s. m. BIBLIOGRAPHîE, s. f. [Bibli-ografe, gra-fî-e.] Le Bibliographe est celui qui est versé dans la conaissance des livres, des éditions, etc. _ La Bibliographîe est la science de Bibliographe.

BIBLIOMANE


BIBLIOMANE, s. m. BIBLIOMANIE, s. f. Ces mots sont assez nouveaux. Le 2e exprime la passion d' avoir des livres; et le 1er, celui qui est possédé de cette passion.

BIBLIOPHILE


BIBLIOPHILE, s. m. Qui aime les livres. Trév. Ce mot est peu usité; l' Acad. ne le met pas.

BIBLIOPOLE


*BIBLIOPOLE, s. m. Libraire. Il ne peut se dire que dans le style badin, ou critique. "Ce seroit toujours pour l' intelligent Bibliopole un millier d' écus gagné tout d' un coup par cette combinaison. Linguet.

BIBLIOTHÉCAIRE


BIBLIOTHÉCAIRE, s. m. [Bibli-otékère, 4e é fer. 5e è moy. et long; 6e e muet.] Celui qui est préposé pour avoir soin d' une Bibliothèque.

BIBLIOTHèQUE


BIBLIOTHèQUE, s. f. [4e è moy. L' Académie met sur cet é un accent aigu: mais il n' est pas fermé.] 1°. Lieu où l' on tient un grand nombre de livres, rangés en ordre. = 2°. L' assemblage d' une grande quantité de livres: nombreûse bibliothèque; et dans le premier sens, vaste bibliothèque.
   C' est une bibliothèque vivante; se dit d' un homme très-savant; et Bibliothèque renversée, de celui qui a mal retenu ce qu' il a lu, et dont les idées sont confûses.
   On apèle aussi Bibliothèque, un Recueil et compilation d' ouvrages de même natûre; Acad.: ou simplement, une notice des ouvrages d' un même genre. La Bibliothèque de Photus, la Bibliothèque du Droit Français; la Bibliothèque Française, etc.

BIBUS


BIBUS: [On prononce l' s.] Terme de mépris qui ne s' emploie qu' avec la prép. de, pour dire, qui mérite peu d' atention, qui est de nulle valeur. Afaire de bibus, raisons de bibus. _ Il ne se dit point des persones, et je crois que c' est mal-à-propôs qu' on dit dans le Dict. de Trév. Poète de bibus, Avocat de bibus.

BICHE


BICHE, s. f. La femelle du cerf. Faon de biche, pied de biche.

BICHET


BICHET, s. m. [2e è moy.; le t ne se prononce point.] Mesure contenant à peu près un minot de Paris. Ce mot se dit aussi de ce qu' elle contient. "Un bichet. Acheter un bichet de blé, d' avoine, etc.

BICOQUE


BICOQUE, s. f. Petite ville, ou place de peu de conséquence, ou de peu de défense. Il ne se dit que d' une petite place relativement à la guerre; et l' Acad. ne done d' exemple que dans ce sens. Un Auteur moderne done ce nom à un bourg, où des Évêques s' étaient assemblés. * Ce petit nombre d' Evêques, qui dans la bicoque d' Austria, prenoient le nom de Concile OEcuménique. Le mot est impropre dans cette ocasion.

BIDET


BIDET, s. m. [2e è moy. On ne prononce point le t.] Petit cheval. "Petit bidet; il montoit un bidet. _ Double bidet, est un bidet plus grand et plus renforcé que les bidets ordinaires.
   On dit figurement, dans le style familier: Pousser son bidet; pousser sa pointe, sa fortune.
   BIDET, est aussi un meuble de garde-robe, qui sert à la propreté.

BIEN


BIEN, s. m. [Monosyllabe: en n' y a pas le son d' an. Un Auteur très-moderne fait rimer bien avec chagrin et avec refrein. Il prononce donc bein, comme font plusieurs: Je le veux bein. Cette prononciation ne vaut rien; ou comme prononcent les mêmes persones, ne vaut rein: prononciation normande.] 1°. Ce qui est bon, utile, avantageux, convenable. Le souverain bien; le bien public; rendre le bien pour le mal; il faut aler au bien de la chôse. _ Faire du bien, se dit des persones et des chôses. "Il aime à faire du bien à tout le monde: "Cette saignée lui a fait du bien: "Cette succession a fait grand bien à ses afaires. = 2°. Religion, vertu, probité. Homme de bien, femme de bien, gens de bien. Aimer le bien, se porter, se tourner au bien. "Narbal déplora en homme de bien le malheur de Pigmalion. "Il se hâta de ralier tous les gens de bien, pour s' oposer à Adherbal. Télém. Voy. Honête homme, au mot HONNêTE. = 3°. Ce qu' on possède en argent, en fonds de terre, ou autrement. Avoir du bien; aquérir du bien; manquer de bien; être sans bien. Autrefois on l' employait pour bonheur, avantage: "J' ai le bien de vous conoître, écrit M. Arnaud à N. Perraut.
   On apèle, en style didactique, biens du corps, la santé, la force; biens de l' esprit, les talens; biens de l' âme, les vertus. "Les biens de l' âme sont préférables aux biens de l' esprit, et ceux-ci le sont aux biens du corps. L' Ab. Prévôt, dans l' Hist. des Voy. met souvent biens pour marchandises. "Ce qu' on apèle les biens secs, l' ivoire, l' or, la cire, etc. C' est un anglicisme. Voy. Dict. Angl. de Boyer, au mot GOOD.
   Vouloir du bien à... Aimer: "Alexandre Sévère, dans le temps qu' Héliogobale ne lui vouloit pas de bien; Font. _ Dire du bien de... Louer: "Mde. de la Fayette vient de me mander que son fils est arrivé, qu' il lui a dit mille biens du vôtre. Sév. _ Sentir son bien; avoir l' air noble: "On ne cessoit de dire qu' il sentoit son bien, et qu' il ressembloit à Mde sa mère. Marm. Cette locution sent un peu le jargon moderne. _ On dit, dans le style familier: grand bien vous fasse: "Prenez-en tant que vous voudrez, et grand bien vous fasse. Volt. _ On dit, faire du bien, en parlant des chôses, ou faire grand bien: on l' a vu plus haut. Mde. de Sévigné dit, en ce sens: faire bien.: "Les eaux lui font très-bien depuis six jours. Cela n' est pas aussi conforme à l' usage. _ Faire bien, signifie mieux, ce qui est dans l' ordre, et convenable. "Ce morceau fait bien dans cet endroit; cette figûre dans ce tableau. "Cet adjectif fait très-bien devant le substantif, etc. Il est-là adverbe.
   En bien, adv. Changement en bien. Parler en bien de tout le monde. Cela ne me touche ni en bien, ni en mal.

BIEN


BIEN, adv. Qui sert à marquer un certain degré de perfection, d' avantage, de bonheur, etc. "Il se porte bien, il parle bien; tout va bien, etc. _ Il signifie aussi, beaucoup, fort, extrêmement; il travaille bien, il mange bien; il y avait bien du monde, etc.
   Rem. 1°. BIEN est le seul adverbe de comparaison après lequel on mette l' article du, de l' , ou des. On dit: beaucoup de monde, et bien du monde; peu d' argent, et bien de l' argent; plus ou moins de gens; et bien des gens, etc.
   2°. BIEN se met toujours après le verbe dans les temps simples, mais avec l' infinitif et les temps composés, il est mieux de le placer devant cet infinitif et le participe. "Il chante bien; il a bien chanté; il faut le bien faire, et non pas le faire bien; il a chanté bien.
   3°. BIEN, devant les adjectifs, régit quelquefois de et l' infinitif: "Vous êtes bien bon de vous gêner: "Tu es bien foible de t' afliger à cet excès.
   4°. BIEN, au comencement de la phrâse. Vaugelas le condamnait dans la prôse, mais il trouvait qu' il avait bone grâce en vers. On ne l' emploie plus que dans le style marotique.
   Bien est-il vrai qu' il parloit comme un livre.
       Ververt.
  Bien est-il vrai que par le temps mûri,
  D' autres leçons mon esprit s' est noûrri. Rouss.
  Bien le savez, Marot, mon maître cher.        Id.
  BIEN avec en et prendre, régit le datif, et est suivi de la conjonction que, ou de la prép. de. C' est la seule ocasion où il se mette à la tête de la phrâse dans la prôse. "Bien nous en prit qu' ils eussent saisi le bon moment. Voy. à la Mer du Sud. "Bien vous en a pris sur tout cela, de prendre les devans. Tart. Epist.
   Être bien, être joli; néologisme, qui a assez bien pris. "Je vous proteste que persone n' est moins avantageux que moi, et que si je suis bien, c' est sans le savoir. Marm.
   Lisidor, à la fin, a quité Doralise:
   Elle est bien, mais ma foi d' une horrible bêtise.
       Méchant.
Venir à bien; Réussir. "La natûre est prodigue en semences de plantes: il lui sufit que, sur un grand nombre de perdûes, il y en ait quelqu' une qui viène à bien.
   BIEN, à peu près, environ: "Il y a bien trois mois qu' il est parti. _ Quelquefois il ne s' emploie que pour doner plus de force à ce qu' on dit. "Je le savois bien: "Aurez-vous bien la hardiesse de le soutenir?
   Bel et bien, adv. du style familier.
   Leur Avocat disoit qu' il faloit bel et bien
   Recourir aux Arrêts~, etc.        La Font.
* On dit: Il s' en faut de beaucoup, mais on ne doit pas dire, il s' en faut de bien, comme on dit en Provence; et c' est une nouvelle preuve que bien ne peut pas toujours se mettre à la place de beaucoup.
   * Quand bien et quand bien-même, sont vieux: "Il y a bien des persones, à qui je n' en voudrois pas dire autant, quand bien elles me tiendroient l' épée sur la gorge; Voit. On dit à présent, quand même.
   Trop bien pour fort bien, est du style marotique.
   Ta plume baptise
   De noms trop doux gens de tel acabit;
   Ce sont trop bien maroufles que Dieu fit.
       Rouss.
Le même Poète l' emploie ailleurs dans son sens naturel.
   Tu sais trop bien que le sage,
   De son loisir studieux
   Doit faire un plus noble usage.
   On dit, dans le Dict. Gramm. que bien que, pour quoique, encôre que, a fort vieilli. Nous ajoutons ici qu' il serait à souhaiter que l' usage le rapelât. L' Acad. le met sans remarque. On doit lui apliquer tout ce qu' on dit de quoique. Voy. ce mot. _ On peut le mettre également bien, ou au commencement de la phrâse, ou au milieu, après le membre de la phrâse, auquel il répond. "Bien qu' il soit paûvre, il est honête homme, ou bien; il est honête homme, bien qu' il soit paûvre.
   Si bien que, De sorte que, est vieux aussi. Vaugelas blâmait ceux, qui ne voulaient pas s' en servir. Il n' est usité aujourd'hui que dans le style familier.
   Bien entendu que. Voy. ENTENDU.
   BIEN, beaucoup, fort (synon.) Voy. TRèS.

BIEN-AIMÉ


BIEN-AIMÉ, ÉE, adj. [Bié-némé, mée, 3 é fer. le 3e est long au 2d.] Qui est fort chéri, qui est aimé par préférence à tout aûtre. "C' est son fils bien-aimé, sa fille bien-aimée. _ Il est aussi subst. "Il est le bien-aimé de sa mère; elle est la bien-aimée de son père.

BIEN-AISE


BIEN-AISE, adj. [Bié-nèze; 1re é fer. 2e è moy. et long 3e e muet.] Qui est content, satisfait. Il régit de devant les noms et les verbes: "Je suis bien-aise de ce que vous me dites, de le savoir. = Il régit que et le subjonctif: "Je suis bien-aise que vous l' aprouviez. "Remarquez qu' on se sert de la prép. de, quand le verbe régi se raporte à Bien-aise, et de la conjonct. que, quand il ne s' y raporte pas: "Je suis bien-aise de le faire: "Je suis bien-aise que vous le fassiez.
   * J. J. Rousseau l' emploie substantivement. "Pour Dieu, laissez-les haranguer tout leur bien-aise. (Reine Fantasque.) c. à. d. tant qu' ils voudront. Je n' ai vu ni entendu nulle aûtre part cette façon de parler.

BIEN-DIRE


BIEN-DIRE, s. m. On le dit familièrement et en se moquant de quelqu' un qui se pique de bien parler. "Il s' est mis sur son bien dire. _ Trév. le définit, comme si on l' employait sérieûsement: Manière de s' exprimer agréable et polie; langage poli et disert. Il est vieux dans ce style.

BIEN-DISANT


BIEN-DISANT, ANTE, adj. 1°. Qui parle bien et avec facilité. Acad. Orateur, qui parle avec élégance. Trév. Qui parle poliment. Rich. Port. = 2°. Suivant l' Acad. il est quelquefois oposé à médisant. "C' est un homme bien-disant. _ Je crois que malgré une si grande autorité, on peut douter que ce mot soit aujourd'hui en usage dans le style sérieux, sur-tout dans le 2d sens. Je crois qu' on ne peut s' en servir qu' en se moquant, et seulement dans sa première signification.

BIEN-êTRE


BIEN-êTRE, s. m. [Bié-nêtre: 1re é fer. 2e ê ouv. et long, 3e e muet.] Subsistance aisée et commode. Acad. Situation et état d' une personne qui vit commodément, et à qui rien ne manque selon sa condition. Trév. "Il a le nécessaire, et même le bien-être. _ Il se dit aussi du bon état de la santé: "Je suis depuis quelques jours dans un bien-être qui me ravit; mais ce bien être durera-t-il longtemps? _ Les Dictionaires ne marquent pas ce 2d sens, aussi usité que le premier.

BIENFACTEUR


BIENFACTEUR, BIENFAICTEUR, BIENFAITEUR, s. m. Jamais mots n' ont eu de plus célèbres Partisans. Vaugelas, d' Ablancourt, Fléchier, Varillas et plusieurs Auteurs s' étaient déclarés pour le dernier. Voiture, Pelisson, Ménage, Charpentier, Thom. Corneille et l' Auteur des Réflexions étaient pour le second. La Rochefoucaut, Balzac, Patru, Chapelain et Bouhours préféraient le premier. _ L' Acad. n' avait d' abord mis que Bienfaicteur et Bienfacteur, laissant le choix entre ces deux mots: dans la dernière édit. elle ne met que Bienfaicteur.
   BIENFAITEUR a prévalu et les deux autres ont été abandonés La Touche, qui se décide pour lui, done de son goût une raison d' analogie; c' est qu' on dit malfaiteur, et que très-certainement malfaicteur et malfacteur ne sont plus en usage. On pourrait ajouter que bienfaiteur a l' air plus français, étant formé de bienfait; au lieu que bienfaicteur, et sur-tout bienfacteur, sentent encôre trop le latin. _ * Cependant l' Acad. a continué de dire bienfaicteur, malfaicteur. Pourquoi conserver ce c, qui ne se prononce pas? Si c' est pour l' étimologie latine, il faut dire bienfacteur, malfacteur; si l' on suit la française, on écrit bienfait sans c, et l' Acad. l' écrit de même.
   BIENFAITEUR, TRICE, s. m. et f. [Bien--fè-teur, trice, 2e è moy.] Celui ou celle, qui a fait quelque bien à quelqu' un. "Le bienfaiteur de la Patrie, de l' humanité; mon bienfaiteur, votre bienfaiteur. Quelle plus noire ingratitude que d' abuser des bienfaits pour outrager le bienfaiteur! "C' est la bienfaitrice de notre Communauté; votre bienfaitrice.

BIENFAISANCE


BIENFAISANCE, s. f. BIENFAISANT, ANTE, adj. [Bien-fézance, fézan, zante; 2e é fer. 3e lon.] Quelques-uns écrivent et prononcent bienfesance, bienfesant, et font l' e muet. Cette ortographe et cette prononciation comencent à s' introduire, mais elles ne sont pas encôre assez autorisées.
   La bienfaisance est l' inclination à faire du bien aux aûtres. _ L' homme bienfaisant est donc celui qui prend plaisir à faire du bien. Il se dit des persones et des chôses qui ont raport aux persones. Prince bienfaisant; âme bienfaisante; humeur, inclination bienfaisante.
   Rem. 1°. On a dit autrefois bénéficence. Voy. ce mot.
   2°. L' Ab. Desfontaines n' aimait pas bienfaisance, et le traitait de néologisme. Il l' était encôre de son temps; mais aujourd'hui il est universellement reçu, et il est du beau style.
   3°. On a demandé si de bienfaisant on pouvait former mieux faisant? L' Auteur des Réflexions semble répondre qu' oui, en disant que bien des gens blâment cette expression; mais qu' il y en a d' aûtres, qui l' emploient sans scrupule. Aujourd'hui persone n' ôse s' en servir. On dirait, c' est l' homme le plus bienfaisant, et non pas le mieux faisant.
   4°. Bienfaisant aime à suivre dans le discours ordinaire. En vers et dans le discours relevé, il peut précéder, sur-tout au fém.
   Et vous, ô maître des humains!
   Qui de vos bienfaisantes mains,
   Formez les Monarques célèbres.
       Rouss.
"On ne peut que déplorer l' aveuglement de l' homme, qui pour nourrir son fol orgueil, le fait courir avec ardeur après toutes les misères dont il est susceptible, et que la bienfaisante Natûre. avait pris soin d' écarter de lui. J. J. Rouss.
   Le masculin peut moins précéder le substantif. Bienfaisant Monarque fait fort bien, mais bienfaisant Prince sonerait mal, et bienfaisant homme encôre plus mal.

BIENFAIT


BIENFAIT, s. m. [Bien-fê, ê ouv. et long.] Grâce, faveur, plaisir, bon ofice. Voy. SERVICE. Combler, acabler de bienfaits. Recevoir des bienfaits: "On oublie plutôt les bienfaits que les injûres. = On dit, proverbialement, qu' on écrit les bienfaits sur le sâble, et les injûres sur le cuivre.
   Rem. Par lui-même, bienfait ne régit rien; il n' a de régime que celui des verbes auxquels il est joint. "Il gagna l' afection des Moines par ses bienfaits aux Couvens et aux Hopitaux. Hist. d' Angl. Il falait dire, par les bienfaits, dont il combla, etc. ou par les dons qu' il fit aux couvens, etc.~ Ce régime, inusité en français, a tout l' air d' un anglicisme.

BIENFAICTEUR


BIENFAICTEUR, BIENFAITEUR. Voy. BIENFACTEUR.

BIENFESANCE


BIENFESANCE, BIENFESANT. Voyez BIENFAISANCE, BIENFAISANT.

BIENHEUREUX


BIENHEUREUX, EûSE, adj. et subst. [Bié-neu-reû, reû-ze, et non pas bien-neureû, comme on le prononce en certaines Provinces: 1re é fer. 3e lon.] Fort heureux, extrêmement heureux. État bienheureux, vie bienheureûse. = Il se met quelquefois à la tête de la phrâse. "Bienheureux qui peut vivre en paix. "Bienheureux sont ceux qui soufrent persécution pour la Justice.
   Rem. 1°. Quand bienheureux est joint à un verbe, il ne fait plus un seul mot, mais alors bien est adverbe, et il est séparé d' heureux adjectif. "Je le tiens bien heureux d' en être échapé. Il est bien heureux d' avoir éviter ce danger.
   2°. BIENHEUREUX est consacré dans le langage de la Religion: "Les esprits bienheureux; et substantivement, les bienheureux, le séjour des bienheureux. _ Il signifie aussi béatifié. Le Bienheureux Laurent de Brindes.

BIENNAL


BIENNAL, ALE, adj. [Bi-en-nal, ale, tout bref.] Qui dure deux ans. Exercice biennal d' un ofice.

BIENSÉANCE


BIENSÉANCE, s. f. BIENSÉANT, ANTE, adj. [2e é fer. 3e lon.] La bienséance est la convenance de ce qui se fait par raport aux persones, à l' âge, au sexe, au temps, au lieu, etc. Bienséant est ce qui est conforme à la bienséance, ce qui sied, ce qui convient: "Les règles, les lois de la bienséance; pécher contre la bienséance. "Il est bienséant, c' est une chôse bienséante aux femmes de s' habiller modestement.
   BIENSÉANCE s' emploie souvent au pluriel: observer ou négliger les bienséances.
   Rem. On dit d' une chôse, elle est à ma bienséance, à sa bienséance, pour dire elle me conviendrait, m' arrangerait, me serait utile et comode: "Nous nous fimes suivre par la Lune... parce qu' elle étoit tout-à-fait à notre bienséance. Mondes de Fonten. _ Mais on le dit toujours au singulier. "Il se feroit un plaisir de leur acorder ce qu' ils croiroient être à leurs bienséances. Let. édif. Il falait, à leur bienséance.
   Bienséance du style. Elle consiste à employer des termes et des expressions qui conviènent aux genres des sujets qu' on traite, ou des ouvrages qu' on écrit; à éviter, par exemple, les expressions pompeûses dans la Comédie, et les expressions bâsses dans la Tragédie. Que dire donc des Prédicateurs, qui ne cherchent qu' à enluminer leurs sermons des mots du jour, mots souvent de ruelle, et à employer des expressions pleines d' afèterie, et ridiculement figurées.

BIENTôT


BIENTôT, adv. [Bientô, 2 longues: le t ne se prononce que devant une voyelle.] Dans peu, dans peu de temps. _ Il se place dans les temps simples des verbes, après, et dans les temps composés il est mieux devant le participe. "Je reviendrai bientôt, revenez bientôt, il faut revenir bientôt, il est bientôt revenu. On pourrait dire aussi, il est revenu bientôt; mais cela ne serait pas si bien. _ Quelquefois il se met à la tête de la phrâse. "Bientôt, suivant que les sages l' avoient prévû, les troubles recomencèrent, etc.

BIENVEILLANCE


BIENVEILLANCE, s. f. BIENVEILLANT, ANTE, adj. [Bien-vè-gliance, glian, glian--te; mouillez les ll, 2e è moyen. 3e lon. Quelques-uns écrivent et prononcent bienveuillance, bienveuillant, et l' étymologie favorise cette manière d' écrire et de prononcer; mais l' usage lui est contraire.] La bienveillance est une disposition favorable envers quelqu' un, Bienveillant est celui qui a de la bienveillance. _ L' adjectif est incomparablement moins en usage que le substantif. L' Acad. le met pourtant sans remarque: mais elle n' en done point d' exemple. Elle n' en done que du substant. "Gagner, captiver, se concilier la bienveillance d' un grand: "Le Prince l' honôre de sa bienveillance. _ Il ne se dit que du supérieur à l' égard de l' inférieur.

BIENVENU


BIENVENU, ÛE, BIEN-VOULU, ÛE, adj. [2e e muet aux 2 premiers, 3e lon. au fém. des deux.] Ces deux adjectifs ont à-peu-près le même sens; qui est bien reçu; mais le premier est plus d' usage que le second. L' Acad. au verbe vouloir, met pourtant bien voulu, mal voulu sans remarque. "Il est bien venu par-tout: il est bien voulu dans cette maison.
   BIEN-VENU est aussi employé substantivement: "Soyez le bien-venu, la bien-venûe. "Il n' a qu' à venir, il sera le bien-venu. Mais bien-voulu ne s' emploie pas comme substantif, et l' on ne dit pas, ils seront les bien-voulus, comme on dit, ils seront les bien-venus.

BIENVENûE


BIENVENûE, s. f. [2e e muet, 3e lon.] Il ne se dit que dans ces phrâses; faire la bienvenûe à quelqu' un, le féliciter sur son heureûse arrivée. _ Payer sa bienvenûe, son entrée, sa réception dans un corps: "Il a donné un grand repâs pour sa bienvenûe.

BIèRE


BIèRE, s. f. [Biè-re, 1re è moy. et long, 2e e muet.] 1°. Cofre de bois où l' on met un corps mort. = 2°. Espèce de boisson fort commune, qui se fait avec du blé ou de l' orge et du houblon.
   Rem. Pluche, qui aimait les doubles r, écrit bierre dans le second sens. Le Traducteur de l' Hist. d' Angl. de M. Hume emploie aussi cette ortographe. Elle serait utile pour distinguer bierre (boisson) de bière (cercueil.) L' Acad. met celui-ci pour les deux, mais elle en fait deux articles séparés.

BIERRE


BIERRE. Voy. une Remarque au mot précédent.

BIFFER


BIFFER, ou BIFER, v. a. [Bifé, 2e é fer.] Éfacer ce qui est écrit. Il ne se dit qu' en termes de Pratique. Il a bifé cette claûse de son testament: "L' écrou de son emprisonement a été rayé et bifé.
   BIFER, éfacer, rayer, raturer (synon.) Le mot de bifer n' est que du style d' Arrêt, (ou plutôt de Pratique.) éfacer est du style noble, et s' emploie au figuré; éfacer le souvenir: Rayer et raturer sont du style simple et familier. Rayer est moins fort qu' éfacer, et éfacer que raturer. On raie un mot en passant simplement une ligne dessus: On l' éface lorsque la ligne passée est assez forte pour empêcher qu' on ne lise ce mot aisément: On le ratûre lorsqu' on l' éface si absolument, qu' on ne peut plus le lire; ou même lorsqu' on se sert d' un aûtre moyen que la plume, comme d' un canif, gratoir, etc. (Encycl.) Beauzée, synon.

BIGAME


BIGAME, adj. et subst. Il se dit proprement, en Jurisprudence, de celui ou de celle qui est marié en même temps à deux persones: "il, ou elle est bigame: Autrefois les bigames ont été punis de mort. _ Il se dit aussi, dans le Droit Canon, de celui qui a été marié deux fois: "Les bigames ne sont point promus aux ordres sacrés sans dispense. "Les Canonistes traitent de bigame celui qui a épousé une veûve.

BIGAMîE


BIGAMîE, s. f. [3e lon. 4e e muet.] 1°. Mariage avec deux persones en même temps. = 2°. État de ceux qui ont passé à un second mariage. Voy. BIGAME.

BIGARRER


BIGARRER, v. a. BIGARRûRE, s. f. [Bigaré, garûre, 3e lon. au 2d.] On écrivait autrefois bigareure. _ Bigarrer, c' est diversifier de couleurs, qui tranchent, ou sont mal assorties. Bigarrûre est donc une variété de couleurs tranchantes, ou qui ne s' assortissent pas. Ces deux mots se disent au propre et au figuré: Ils se prènent en mauvaise part et ne sont pas un éloge. "Habit bigarré, parûres bigarrées; discours bigarré, compagnie bigarrée: "La bigarrûre de ce chapitre a de quoi plaire à ceux qui aiment la variété. "* Dieu gouverne toutes les créatûres, selon les variétés et bigareures nécessaires ou convenables à leur être. Vie de St. Henri. Le mot de bigareure est peu séant en cet endroit.
   BIGARRûRE du style. C' est un grand défaut. Elle consiste à méler dans le même ouvrage des expressions nobles avec des locutions bâsses. On était moins délicat là dessus autrefois. Corneille, Bossuet, Mascaron montrent souvent des exemples de cette bigarrûre de style.
   Elle est encore plus sensible dans le dernier, dont les expressions pompeûses sont souvent boursouflées et gigantesques. Il n' y a, à mon avis, que deux Auteurs, dont l' un vit encôre, J. J. Rousseau et Linguet, qui aient eu supérieurement l' art de méler les styles, sans qu' il parût dans leurs écrits de la bigarrûre. Il est vrai que le genre, auquel leur beau génie les portait, comporte un peu plus ce mélange d' expressions, qui siéent toujours bien, quand elles sont énergiques; mais il faut avouer aussi qu' ils savent admirablement bien les enchâsser dans leurs périodes nombreûses.

BIGEARRE


BIGEARRE. Voy. BIZARRE.

BIGLE


BIGLE, adj. et subst. BIGLER, v. n. [2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Bigle est celui qui est louche, qui a un oeil ou les deux yeux tournés en dedans. Bigler, c' est loucher, regarder en bigle. "Il est bigle, elle est bigle; méchant bigle: "Il bigle, il s' acoutume à bigler.

BIGNET


BIGNET, ou BEIGNET. Rich. Trév. Richelet préfère le 1er: on ne dit plus que le 2d. Voy. Beignet.

BIGôRRE


BIGôRRE, s. m. Petite Province de la Gascogne. Les bons Auteurs et le Dict. Géogr. le font masc. et disent le bigôrre. Les gens du pays, plusieurs du moins, le font fém. et disent La Bigôrre.

BIGOT


BIGOT, OTE, adj. et subst. Hypocrite, faux dévot: "Il est bigot, elle est Bigote: air bigot, manières bigotes: "C' est un bigot, une bigote.

BIGOTERIE


BIGOTERIE, s. f. BIGOTISME, s. m. Le premier exprime l' éfet de l' hypocrisie, de la fausse dévotion; le second, le caractère du faux dévot. "Sa dévotion n' est que bigoterie: "Cet homme a doné dans le bigotisme.
   St. Evremont dit qu' il y a des savans qui vont jusqu' à l' idolatrie, et jusqu' à la bigoterie pour l' Antiquité.

BIGUES


BIGUES, s. f. pl. Terme de Marine. Pièces de bois, qui soutiènent des machines pour mâter, ou pour d' aûtres travaux.

BIHOUAC


BIHOUAC, BIOUAC, BIVOUAC. s. m. La Touche dit que les deux premiers sont les plus usités, que l' Académie ne parle point du second, et préfère le dernier; et que M. Gillet, dans son Dict. du Gentilhomme ne dit que Biouac. _ Aujourd'hui on ne se sert que du dernier. Le Rich. Port. met, Bivac, Bivouac. L' Acad. ne met que Bivouac, et avertit qu' on prononce plus communément Bivac. Voy. BIVOUAC.

BIJOU


BIJOU, s. m. BIJOUTERîE, s. f. BIJOUTIER, s. m. [Bi-jou, jouterî-e, jou-tié, 3e e muet au 2d, é fer. et dout. au 3e; 4e lon. au 2d.] On apèle bijou un petit ouvrage curieux ou précieux, servant à la parûre d' une persone, à l' ornement d' un cabinet, d' une chambre, etc. "Cette femme a de beaux bijous. "Il a un cabinet tout plein de bijous. _ On dit, d' une jolie maison, d' un petit apartement bien orné, bien arrangé, c' est un bijou, un vrai bijou. = Bijoutier est celui qui fait commerce de bijous. _ Suivant L' Acad. on done aussi ce nom à celui qui aime, qui amasse des bijous. "C' est un bijoutier, un grand bijoutier. Cela n' est bon que dans le style badin ou critique. = Bijouterie exprime la profession de Bijoutier. Il fait un grand comerce de bijouterîe.

BILAN


BILAN, s. m. Livre où les Marchands et les Banquiers écrivent leurs dettes actives et passives. Acad. _ C' est aussi l' arrêté ou la clôture d' un compte général et final, où l' on voit ce qui leur est dû et ce qu' ils doivent: "Ce marchand a fait son bilan: il ne peut satisfaire à ses engagemens.

BILBOQUET


BILBOQUET, s. m. Il se dit de l' instrument d' un petit jeu d' adresse assez conu, et du jeu lui-même. "Un bilboquet de bois, d' ivoire. "Jouer au bilboquet.

BILE


BILE, s. f. Humeur du corps humain, dont la secrétion se fait dans le foie. "Être plein, ou regorger de bile. Emouvoir, exciter la bile, etc. _ On le dit figurément pour colère; émouvoir, échaufer la bile de... Décharger sa bile sur, etc. Faire de la bile etc. 

BILIAIRE


BILIAIRE, adj. BILIEUX, EûSE, adj. [3e lon. è moy. au 1er. Bilière, bili-eû, eûze.] Le 1er se dit, en Anatomie, des conduits de la bile; le 2d, dans le discours ordinaire, de ce qui abonde en bile; tempérament bilieux, complexion bilieûse: "Il est fort bilieux, elle est extrêmement bilieûse. _ S. m. Les bilieux sont sujets à de grandes maladies. _ Figurément, colère ou colérique. "C' est un homme bilieux.
   Toutefois, si jamais quelque ardeur bilieuse
   Allumoit dans ton coeur l' humeur litigieuse.
       Boil.

BILL


BILL, s. m. Terme anglais, devenu français par le grand usage qu' on en fait en France, en parlant des afaires d' Angleterre. Projet d' acte du Parlement d' Angleterre, qui a force de loi, quand il est agréé par les deux Chambres, et aprouvé par le Roi.

BILLARD


BILLARD, s. m. [Bi-gliar, mouillez les ll.] On done ce nom et au jeu et à la table où l' on jouë, et à l' instrument avec lequel on jouë.

BILLARDER


BILLARDER, v. n. C' est, au jeu de billard, toucher deux fois la boule d' ivoire; ce qui est une faûte.

BILLE


BILLE, s. f. [mouillez les ll: 2e e muet.] Boule d' ivoire, avec laquelle on jouë au billard. _ Faire une bille, c' est la mettre dans la blouse. _ On dit, proverbialement, de deux hommes qui, après quelque dispute, n' ont aucun avantage l' un sur l' aûtre, qu' ils sont à billes pareilles.

BILLEBARRER


BILLEBARRER, verbe act. [Billebarré; mouillez les ll: devant l' e muet, l' a est long: il billebârre.] Bigarrer par un mélange bisarre de diférentes couleurs. Style familier.

BILLEBAûDE


BILLEBAûDE, s. f. [Billebôde. Mouillez les ll. 3e longue, 2e et 4e e muet.] Confusion. (style familier.) "C' est une billebaûde que tout ce ménage-là. "Quand on ne les boit point (les eaux), on s' ennuie. C' est une billebaûde qui n' est pas agréable. SÉV.
   À~ la billebaûde, adv. Sans ordre et en confusion. "Tout s' est fait à la billebaûde.

BILLET


BILLET, s. m. [Bi-gliè. Mouillez les ll, 2e è moyen.] 1°. Petite lettre missive. _ Suivant l' Académie, la diférence qu' il y a entre lettre et billet, c' est que dans un billet, on ne commence pas par Monsieur ou Madame; ces mots n' y sont placés qu' après quelques aûtres. = 2°. Petit écrit imprimé ou à la main pour doner des avis au public ou à des particuliers. Billet de charlatan, billet d' enterrement. Jeter, semer des billets séditieux, satiriques, etc. = 3°. Écrit ou promesse, par laquelle on s' oblige de payer ou de faire payer une certaine somme. = 4°. Billet de loterie qu' on done à ceux qui y tirent, contenant un numéro correspondant à un aûtre billet qu' on tire au sort. _ Tirer au billet; tirer au sort. L' Académie ne le dit que des soldats qu' on décime. Boileau s' est servi de cette expression pour un aûtre sujet.
   Que l' on tire au billet ceux que l' on doit élire.
       Lutrin.

BILLEVESÉES


BILLEVESÉES, s. f. pl. [Mouillez les ll: 2e et 3e e muet, 4e é fer. et long.] Il signifiait aûtrefois une balle souflée et pleine de vent. On ne le dit plus qu' au figuré, pour signifier des discours frivoles, des contes vains et ridicules. "Sotes billevesées, pernicieux Romans, puissiez-vous être à tous les diables. Mol. "Voilà les billevesées dont on nous berce. Linguet, parlant des Économistes.

BILLON


BILLON, s. m. [Bi-glion. Mouillez les ll.] 1°. Monoie de cuivre, comme sont les sous. = 2°. Monoie décriée et défectueûse. = 3°. Le lieu où l' on porte ces monoies.
   Au figuré, mettre au billon, se dit des chôses qu' on n' estime point: "Il faut mettre ces vers au billon.
   Pour discerner par un choix équitable,
   L' or de billon d' avec l' or véritable.        Rouss.
  Mais ces vers, dignes du billon,
  Sont pires qu' un vin de lignage. Id.

BILLONAGE


BILLONAGE, s. m. BILLONER, v. n. BILLONEUR, s. m. [Mouillez les ll.] Billoner, c' est substituer des espèces defectueûses à la place des bonnes. Billoneur est celui qui fait ce vilain métier. Billonage, exprime cette sorte de friponerie. "Il s' est enrichi à billoner. "C' est un grand billoneur. "Il a été condamné pour billonage.

BILLOT


BILLOT, s. m. [Bi-glio. Mouillez les ll.] 1°. Tronçon de bois. "Couper sur un billot; billot de cuisine. "On lui a tranché la tête sur un billot, etc. = 2°. Bâton que l' on met en travers au cou des chiens, pour les empêcher de chasser ou d' entrer dans les vignes.

BINEMENT


BINEMENT, s. m. Second labour qu' on done à la vigne. Trévoux. L' Académie ne le met pas.

BINER


BINER, v. act. 1°. Doner une seconde façon aux terres labourables, aux vignes. = V. n. Il se dit des Prêtres qui, par nécessité, disent deux Messes par jour, avec la permission de leur Évêque.

BINET


BINET, s. m. [Binè, 2e è moy.] Petit instrument d' argent ou de fer blanc, qu' on met dans un chandelier, pour brûler une bougie ou une chandelle jusqu' au bout. Faire binet, exprime cette opération économique.

BIOGRAPHE


BIOGRAPHE, s. m. BIOGRAPHIE, s. f. [Bi-ografe, grafî-e, 4e lon. au 2d.] Biographe, est un Auteur d' une vie particuliére; et Biographie, exprime ce genre d' Histoire. _ Je ne sais qui a enrichi la Langue de ces deux mots, tout grecs. L' usage n' en est pas ancien, mais il est aujourd'hui très-autorisé. "Plutarque est le modèle des Biographes. "Les Ouvrages de Biographie de l' Ab. de Choisi, sont aujourd'hui fort négligés; indiférence que cet Auteur n' eut pas dû éprouver. Sab. Trois Siècles.

BIOUAC


BIOUAC. Voy. BIHOUAC et BIVOUAC.

BIPÉDAL


BIPÉDAL, ALE, adj. BIPèDE, adj. et subst. [2e é fer. au 1er, è moyen au 2d.] Le 1er, signifie qui a la mesûre de deux pieds; le second, se dit des animaux à deux pieds, qui marchent à deux pieds, à la diférence des quadrupèdes, qui en ont quatre. _ Celui-ci est aussi substantif. Animal bipède; l' homme est un bipède. M. Linguet le dit des Nègres. "On ne voudrait plus employer en Amérique, comme ici, que des journaliers libres, des citoyens pour bêcher les savanes et cuire le sucre, au lieu des bipèdes, aquis à prix d' argent, que l' on y dévoûe aujourd'hui. _ Dans l' Ann. Litt. on apèle aussi les hommes des animaux bipèdes; mais cela ne peut se dire qu' en plaisantant, ou dans le style critique. _ Platon avait défini l' homme, animal bipède et sans plume. Diogène pluma un coq, et le jetant dans l' école de Platon, il s' écria: voilà l' homme de Platon.

BIQUE


*BIQUE, s. f. BIQUET, s. m. Chèvre, chevreau. Ils sont vieux.
   La bique alant remplir sa traînante mamelle....
   Ferma sa porte au loquet,
   Non sans dire à son biquet.        La Font.
Le Rich. Port. dit que ces mots sont encôre usités dans quelques Provinces. L' Acad. les met sans remarque. _ On disait aussi biqueter, des chèvres, quand elles font leurs petits. L' Acad. ne le met pas.

BIS


BIS, adv. Mot latin, employé en Français. Deux fois.

BIS


BIS, BîSE, adj. [Bi, bî-ze, 1re longue.] Au propre, il ne se dit que du pain et de la pâte, et signifie brun. Pain bîs, pâte bîse. _ Au figuré, il se dit d' une femme brune: elle est bîse; elle a la peau bîse.

BISAïEUL


BISAïEUL, EULE, s. m. et fém. [Et non pas Bisayeul. Voyez AïEUL. _ Biza-ïeul, eule.] Père ou mère de l' aïeul ou de l' aïeule. Quelques-uns disent: arrière grand' père, arrière grand' mère. Mais ceux-ci ne sont pas aussi nobles que les aûtres.

BISâRRE


BISâRRE. Voy. BIZâRRE.

BISBILLE


BISBILLE, s. f. [Mouillez les ll.] Querelle, dissention. (style familier.) "Ils ont toujours quelque bisbille.; ils sont toujours en bisbille.

BISCORNU


BISCORNU, ÛE, adj. [3e long. au 2d.] Au propre, mal fait, mal bâti, qui a une figûre irrégulière. Bâtiment biscornu; globe biscornu. _ Au figuré, il se dit des ouvrages de l' esprit, et de l' esprit même. Ouvrage, raisonement, esprit biscornu. _ Mais, soit au propre, soit au figuré, il n' est que du style simple et familier.

BISCOTIN


BISCOTIN, s. masc. [Bisko-tein, tout bref.] Sorte de petit biscuit, ordinairement rond et extrêmement dur.

BISCUIT


BISCUIT, s. m. [Bis-kui] Pain auquel on a doné deux cuissons, et dont on fait provision pour les voyages sur mer. _ On dit proverbialement: s' embarquer sans biscuit; entreprendre une afaire, sans avoir les moyens et les chôses, nécessaires pour y réussir. = Biscuit, se dit aussi d' une sorte de pâtisserie, faite ordinairement avec de la pâte, des oeufs et du sucre.

BîSE


BîSE, s. f. [Bîze, 1re lon. 2e e muet.] Vent du Nord. "Il fait une bîse tranchante, une bîse qui coupe. Lieu exposé à la bîse.

BISEAU


BISEAU, s. m. [Bizo, 2e dout. au sing., longue au pluriel. Biseaux.] Extrêmité coupée en talus. Acad. Surface inclinée, faite sur l' arête d' un bois équarri. Trévoux. La définition de l' Acad. est plus juste, parce qu' elle est plus générale. Biseau, ne se dit pas seulement du bois; il se dit aussi des bords d' une glace de miroir coupée en talus, du dos d' un couteau, d' un rasoir coupé de même, d' un diamant taillé en table, etc. _ Biseau, baisûre. Voy. BAISûRE.
   BISEAUX, en termes d' Imprimerie, sont les morceaux de bois en forme de coins, qui servent à entourer les pages et à les serrer.

BISER


BISER, verbe n. Devenir bis. Trév. Rich. Port. Les bleds bisent. _ L' Acad. ne le met point.

BISET


BISET, s. m. BISETTE, s. f. [Bi-zè, zète, 2e è moyen.] Le premier se dit d' un pigeon sauvage dont la chair est bise; le second, d' une sorte de dentelle de bâs prix.

BISQUE


BISQUE, s. fém. L' avantage qu' un des joueurs done à l' aûtre au jeu de paûme, et qui vaut quinze. Doner une bisque, on ne peut prendre qu' une fois sa bisque. Doner quinze et bisque.
   On dit, proverbialement, de quelqu' un sur qui on croit avoir de l' avantage, je lui donerais quinze et bisque. _ Prendre sa bisque, prendre bien son temps, profiter de son avantage.
   BISQUE, est aussi une espèce de potage garni: Bisque d' écrevisse, de poisson, de pigeoneaux, etc. _ Demi-bisque, est celle où il entre moins d' ingrédiens que dans la bisque ordinaire.

BISSEXTE


BISSEXTE, s. m. [Bi-sèks-te, 2e è moy. 3e e muet.] L' addition qui se fait d' un jour tous les quatre ans au mois de Février.

BISSEXTIL


BISSEXTIL, ILE, adj. [Bi-sèks-til, tile, 2e è moyen.] Il se dit de l' année où se trouve le bissexte: l' an bissextil; l' année bissextile.

BISTOQUET


BISTOQUET, s. m. [Bistokè, 3e è moy.] Sorte de billard dont on se sert pour ne pas billarder.

BISTOURI


BISTOURI, s. m. [Bis-tou-ri, tout bref.] Instrument de Chirurgie.

BISTOURNER


BISTOURNER, v. act. Rendre les animaux inhabiles à la génération.

BISTRE


BISTRE, s. m. Suie détrempée, dont on se sert pour laver des desseins. "Un dessein lavé ou bistre.

BITUME


BITUME, s. m. BITUMINEUX, EûSE, adj. [4e lon. aux 2 dern. neû, neû-ze.] Le bitume est un limon gras, visqueux, adhérant, huileux, inflammable, etc. Bitumineux, est ce qui a les qualités du bitume. Les tourbes sont bitumineûses.

BIVAC


BIVAC. Voy. BIVOUAC.

BIVALVE


BIVALVE, s. f. Coquillage, qui a deux parties jointes par une espèce de charnière. "Les moules sont des bivalves.

BIVOIE


BIVOIE, s. f. [Bi-voâ, 2e lon.] Lieu où deux chemins aboutissent. Bivium.

BIVOUAC


BIVOUAC, s. m. [Bi-vouak. Terme emprunté de l' Allemand. On prononce plus communément Bivac.] Garde extraordinaire qu' on fait la nuit pour la sûreté d' un camp. Être de garde, aler, coucher au bivouac. Voyez BIHOUAC.

BIZâRRE


BIZâRRE, adj. BIZâRREMENT, adverbe; BIZâRRERIE, s. f. [2e longue. On ne prononce qu' une r forte; 3e e muet, 4e lon. au dernier _ En au 2d a le son d' an, bizâreman.] _ On a dit autrefois bigearre, et l' Acad. ne le condamnait point. Elle l' a suprimé dans les dernières Éditions.
   BIZâRRE, fantasque, extravagant, capricieux. "Esprit, humeur bisârre; sentimens, opinions bizârres. _ Extraordinaire, hors de l' ordre commun: "Couleur, poil, plumage, habit, ajustement bizârre.
   BISâRREMENT, d' une façon bizârre. Agir bizârrement; être mis, habillé bizarrement.
   BIZâRRERIE, humeur bizârre. "Il, ou elle est d' une singulière bizârrerie. "Il l' a fait par bizârrerie, par pûre bizârrerie. _ Il se dit quelquefois au pluriel, et signifie des actions bizârres: "Il est sujet à de grandes bizârreries.

BLAFARD


BLAFARD, ARDE, adj. [Le d ne se prononce point au masculin.] Il ne se dit que d' une couleur terne et d' une lumière faible: "Visage blafard, teint blafard; couleur blafarde, lueur blafarde.

BLAIREAU


BLAIREAU, s. m. [Blèro, 1re è moyen. 2e dout. au singulier, longue au plur. Blaireaux.] Taisson. Sorte de bête puante qui se terre.

BLâMABLE


BLâMABLE, adj. BLâME, s. masc. BLâMER, v. act. [1er longue, 2e douteûse au 1er, e muet au 2d, é fermé au 3e.] Blâmer, c' est reprendre, condamner.
   BLâME, est donc un sentiment, un discours par lequel on condamne une persone, une action. Blâmable, est ce qui est digne de blâme. "On ne saurait le blâmer: tout le monde pourtant le blâme; on blâme ce procédé, cette démarche. _ Tout le blâme tombe sur lui. Encourir, éviter, s' atirer le blâme. Rejeter le blâme sur un autre, etc. "Vous êtes très-blâmable; votre procédé est blâmé et blâmable.
   Rem. BLâME, se dit de la réprimande que fait le Juge. Il y a cette diférence entre le blâme et l' admonêté, que, dans le premier, on est blâmé d' un crime et averti de ne pas récidiver; dans le second, au contraire, on est simplement averti de ne pas récidiver. Cette dernière peine n' est pas infamante comme la première, qui emporte infamie. Ferrière.

BLANC


BLANC, CHE, adj. [1re long., 2e e muet. Le c ne se prononce pas au masc.] 1°. D' une couleur oposée au noir, comme la neige, le lait, etc. = 2°. Il se dit des chôses qui ne sont pas tout-à-fait blanches, pour les distinguer de celles de la même espèce qui sont d' une autre couleur. Vin blanc, verre blanc, bierre blanche, etc. = 3°. Il se dit aussi par oposition à sale: linge blanc, chemise blanche; ces draps ont servi, ils ne sont pas blancs.
   BLANC, entre dans plusieurs expressions figurées du style familier. _ Passer du blanc au noir, d' une extrêmité à l' autre. _ De butte en blanc; sans façon, hardiment, sans préambule. _ On dit, d' un homme heureux, qu' il est le fils de la poule blanche; d' un fanfaron, qu' il se fait tout blanc de son épée; de celui qui d' abord a été bien et ensuite mal, qu' il a mangé son pain blanc le premier.
   Rem. BLANC, se met toujours après le substantif; et le proverbe qui dit: blanc bonet, bonet blanc, n' est pas un proverbe de Gramaire.
   Non, tout ce que je sais n' est que blanche magie.
       Mol.
Cette inversion est dûre et irrégulière, même en vers.
  BLANC, s. m. Le blanc, la couleur blanche; le blanc de l' oeil, le blanc d' un oeuf; le blanc des volâilles, etc. = Marque blanche qu' on met à un but: tirer au blanc. = Anciène monoie, qui valait cinq deniers. = Mettre au blanc quelqu' un, lui gagner tout son argent, etc.
   En blanc, adv. Laisser ce côté en blanc, n' y écrire rien. Livre en blanc, où il n' y a rien d' écrit.

BLANC-BEC


BLANC-BEC, s. m. [Blanbèk, 1re lon. 2e è moy.] Terme de mépris. Jeune homme sans expérience. "Ce n' est qu' un blanc-bec.

BLANCHâILLE


BLANCHâILLE, s. f. [Blanchâ-glie. Mouillez les ll: 1re et 2e long. 3e e muet.] Fretin, menu poisson.

BLANCHâTRE


BLANCHâTRE, adj. [1re et 2e longues, 3e e muet.] Tirant sur le blanc. Couleur blanchâtre.

BLANCHEMENT


BLANCHEMENT, adv. [Blancheman: 1re long. 2e e muet.] Il est peu usité. On dit plus comunément, proprement: "Catherine était mise blanchement. MARIV. _ L' Acad. met ce mot; mais elle en borne l' usage à cette phrâse: "Il faut tenir les enfans le plus blanchement qu' on peut; il faut les changer souvent de linge.

BLANCHERIE


BLANCHERIE. Voy. BLANCHISSERIE.

BLANCHEUR


BLANCHEUR, s. f. La couleur blanche. "La blancheur du lait, de la neige. = L' Ab. Desfontaines se moque, avec raison, du P. Catrou, qui dit dans son Hist. Rom. "Quelques-uns se déterminèrent à doner de la blancheur à leurs habits, pour dire, qu' ils prirent la robe des candidats, qui était blanche. Ainsi, dit ce caustique censeur, au lieu de dire, prendre une chemise blanche, il est plus joli de dire: doner de la blancheur à sa chemise. Dict. Néol.

BLANCHIMENT


BLANCHIMENT, s. m. Il ne se dit que des pièces de toile entières et de la monoie d' argent; et il exprime l' action et de les blanchir et l' éfet qui en résulte.

BLANCHIR


BLANCHIR, v. act. et neut. 1°. Rendre blanc. Blanchir une murâille, des toiles, du linge, etc. = Neut. devenir blanc. Faire blanchir des toiles, les mettre blanchir. = Cet homme commence à blanchir; ses cheveux blanchissent. = 2°. Figurément, il se dit de ceux qui ont continué dans des emplois jusqu' à la vieillesse. Il a blanchi sous le harnois; il a passé toute sa vie dans les armées: "Ces saintes Filles ont blanchi dans la pratique laborieûse de la miséricorde chrétienne. Fléchier.
   Vieillir dans les forfaits, et blanchir dans le crime.
   3° Être inutile. _ "Vos soins n' ont fait que blanchir. _ Ne faire que blanchir, c' est aussi n' être pas comparable, être fort inférieur. "Nos Housards ne feroient que blanchir auprès des Marates: on les croit à trente lieûes, lorsqu' on les voit paroître tout-à-coup. Lett. Edifi.
   4°. Faire conaître l' innocence de quelqu' un: "Ses amis l' ont blanchi à la Cour. "Il a été blanchi.

BLANCHISSAGE


BLANCHISSAGE, s. m. L' action de blanchir du linge, et l' éfet qui en résulte. Le blanchissage ûse beaucoup le linge. Payer le blanchissage, etc.

BLANCHISSANT


BLANCHISSANT, ANTE, adj. Terme poétique. Il ne se dit que de la mer agitée par les flots ou par les rames. Des flots écumeux et blanchissans.
   Voyez tout l' Hélespont blanchissant sous nos rames.       Racine.
Le Dict. de Trévoux ajoute, cheveux gris et blanchissans. L' Académie ne le met pas.
   Eh quoi! ne vois-tu point ses flotes renaissantes,
   Courir de toutes parts les ondes blanchissantes?
          La Liberté des mers par M. Cuoeilhe.

BLANCHISSERIE


BLANCHISSERIE ou BLANCHERIE, s. f. L' Académie ne met que le premier. Le Rich. Port. renvoie du premier au second, et semble le préférer. Trévoux au contraire renvoie du second au premier. Lieu où l' on blanchit des toiles.

BLANCHISSEUR


BLANCHISSEUR, EûSE, s. m. et fém. [Blanchi-ceur, ceû-ze: 3e dout. au 1er, lon. au 2d.] Celui ou celle qui blanchit le linge. Blanchisseur au mois, à l' année, à la pièce. Doner le linge à la blanchisseûse. _ On dit d' un homme qui a du linge sale, qu' il porte le deuil de sa blanchisseûse.

BLANC-MANGER


BLANC-MANGER, s. m. Mets délicat fait en forme de gelée.

BLANC-SIGNÉ


BLANC-SIGNÉ ou BLANC SEING, s. m. Papier sur lequel on n' a mis que sa signatûre. Le Rich. Port. ne met que le premier; l' Académie et Trévoux les mettent tous les deux.

BLANDICES


BLANDICES, s. f. plur. Terme de Palais. Cajoleries, flateries pour tromper quelqu' un. _ Ce mot était usité autrefois dans le discours ordinaire. On disait aussi, blandir, pour cajoler, caresser, tromper. C' étaient des latinismes: blanditi‘, blandiri.

BLANQUE


BLANQUE, s. f. Sorte de jeu de hazard, ou de loterie, où l' on joûe dans un livre où il y a des feuillets noirs et des feuillets blancs.
   Notre fortune enfloit au prix de nos caprices,
   Et c' étoit une blanque à de bons bénéfices.
       Corn. Ép. à Ariste.

BLANQUETTE


BLANQUETTE, s. f. [Blankète; 1re lon. 2e è moy. 3e e muet.] 1°. Sorte de petite poire d' été, qui a la peau blanche. _ 2°. Sorte de vin blanc de Languedoc. _ 3°. Fricassée blanche de veau ou d' agneau.

BLASER


BLASER, v. act. [blazé, 1re br. 2e é fer. Devant l' e muet l' a est long. Il blâse.] User, brûler en parlant du vin, des liqueurs, relativement à l' estomac. "Les liqueurs, les excès l' ont blasé. _ Il s' est blasé à force de boire de l' eau-de-vie: "Vous vous blâserez. = Être blasé sur, être devenu sans goût relativement à... Il est blasé sur les plaisirs, sur les spectâcles. "Le Lecteur, dégoûté du solide, et blasé sur le bon sens. Ann. Litt. "La Nation rassasiée de chefs-d' oeuvres, blasée sur les beautés vraies et solides, fut aisément séduite par des Écrivains ambitieux, qui désespérant d' égaler leurs prédécesseurs en marchant sur leurs traces, abusèrent de leurs talens pour corrompre l' art. Ibid.

BLASON


BLASON, s. m. [Blazon.] 1°. Armoirie, Assemblage de tout ce qui compôse l' écu armorial. _ 2°. L' art des Armoiries.

BLASONER


BLASONER, verb. act. [Blazoné; tout bref.] 1°. Peindre les Armoiries. _ 2°. Les expliquer. _ 3°. Figurément, (styl. fam.) Médire, blâmer, critiquer: "Il blasone tout le monde. Voy. FARCER.
   * REM. Pomey met Blasonement, Blasoneur. Ces mots sont vieux et hors d' usage. _ On dit seulement, anciens blasoneurs, des anciens Auteurs, qui ont écrit sur le blason.

BLASPHÉMATEUR


BLASPHÉMATEUR, s. m. [Blasféma--teur; 2e é fer. 4e dout. au sing. lon. au pl.] Celui, qui blasphème. Blasphémateur forcené. On perce la langue aux blasphémateurs.

BLASPHÉMATOIRE


BLASPHÉMATOIRE, adj. [2e é fer. 4e lon. Blasféma-toâ-re.] Qui contient des blasphèmes. Écrit, proposition impie et blasphématoire.

BLASPHÉMATRICE


*BLASPHÉMATRICE, s. f. Celle qui blasphème. Ce mot est dur et peu usité; il n' est pas dans les Dictionaires.

BLASPHèME


BLASPHèME, s. m. BLASPHÉMER, v. act. [Blasfème, blasfémé; 2e è moy. au 1er, dont la 3e e muet; é fer. au 2d, dont la 3e est aussi un é fer.] Le blasphème est une parole, ou un discours tenu contre Dieu, et contre les chôses sacrées. Blasphémer, c' est proférer un blasphème, des blasphèmes: Blasphémer le Saint Nom de Dieu. _ Il est aussi neutre: "Vous blasphémez. On ne saurait dire cela sans blasphémer. = Régit-il les verbes? Non pas ordinairement. Massillon dit: "Chaque Nation et chaque âge a vu des esprits noirs et superbes, dire non-seulement dans leur coeur et en secret, mais oser blasphémer tout haut, qu' il n' y a point de Dieu.

BLATIER


BLATIER, s. m. [et non pas Bladier; 2e é fer. dout.] Marchand de blé. Suivant l' Acad. il ne se dit que de ceux qui transportent du blé, sur des chevaux, d' un marché à l' aûtre.

BLAYE


BLAYE, (ville.) Il serait mieux d' écrire Blaïe, puisqu' on prononce bla-ie, et non pas blé-ie.

BLÉ


BLÉ, s. m. On écrivait autrefois BLED, et quelques-uns l' écrivent encôre de même. _ 1°. Plante, qui produit le grain dont on fait le pain: Blé en herbe, blé en tuyau, en épi; gerbe de blé; scier, couper les blés, batre le blé, etc. _ 2°. Le grain que produit cette plante. Sac, boisseau, setier de blé. Vendre, acheter du blé, etc.
   Rem. On apèle blé toute plante qui porte du grain propre à faire du pain; et froment, la plus excellente de toutes ces plantes. Ainsi, dit La Touche, au lieu de dire, le blé est le meilleur de tous les grains, il faut dire, le froment, etc. La remarque est juste: cependant, comme les autres plantes ont leur nom propre, quand on dit blé tout seul, on entend le froment; et tel est l' usage universel.
   Manger son blé en herbe, ou en verd; Manger son revenu d' avance. _ Crier famine sur un tas de blé; se plaindre au milieu de l' abondance. "Si vous n' aviez du blé, je vous ofrirois du mien: j' en ai vingt mille boisseaux à vendre. Je crie famine sur un tâs de blé. Sév. _ Être pris comme dans un blé; être pris sans pouvoir s' échaper.

BLêCHE


BLêCHE, adj. et subst. Terme d' injûre. Il se dit d' un homme mou, sans fermeté. "C' est un homme bien blêche, c' est un vrai blêche.

BLêME


BLêME, adj. [1re ê ouv. et long, 2e e muet.] Pâle; teint blême; visâge blême.

BLÉMIR


BLÉMIR, v. n. [1re é fer. Blémi.] Pâlir, devenir blême; il a blémi tout d' un coup. Il blémit, il se trouve mal.

BLÉMISSEMENT


BLÉMISSEMENT, s. m. Trév. L' Acad. ne le met pas. On dit Pâleur, qui a le même sens. Pâle même et pâlir sont plus usités que blême et blémir.

BLESSÉ


BLESSÉ, ÉE, adj. Il est quelquefois subst. Les morts et les blessés. Il se dit ordinairement au pluriel. On pourrait dire pourtant au singulier: De tant de combatans, il n' y a eu qu' un mort et un blessé.
   Figurément, Cerveau blessé, qui a quelque grain de folie.

BLESSER


BLESSER, v. act. [Blècé, 1re è moy. 2e é fer.] 1°. Doner un coup, qui done de~ la douleur; soit que le coup fasse une plaie, soit qu' il n' en fasse point. Ainsi, blesser a un sens plus étendu que blessûre: _ Celui-ci ne se dit que des plaies; celui-là se dit aussi des contusions, etc. Cependant, quand à la guerre, on dit que quelqu' un a été blessé; on entend toujours parler d' un coup qui a fait plaie. = Figurément, Blesser le coeur; inspirer de l' amour: "Ses yeux, ses atraits ont blessé le coeur de... = 2°. Incomoder, causer une fâcheûse impression: Au propre, mes souliers me blessent; cet objet blesse la vûe, ce son blesse les oreilles, etc. Au figuré, ces nudités blessent la pudeur; blesser l' honeur, la réputation, la bone foi, l' amitié, etc. = 3°. Faire tort, faire préjudice: Ce contrat, cette démarche me blesse; blesse mes intérêts. = 4°. Se blesser, se faire du mal par accident, par mégarde. "Il est tombé, et il s' est blessé. _ En parlant d' une femme, se blesser, c' est acoucher avant terme. "Elle garde le lit, parce qu' elle s' est blessée. "On lui fait garder le lit, de peur qu' elle ne se blesse. "La Reine tomba si rudement, qu' elle se blessa, et perdit son fruit. D' Avrigni.

BLESSûRE


BLESSûRE, s. f. [Blè-sûre; 1re è moy. 2e lon.] Plaie: impression que fait un coup qui entame ou qui meurtrit les chairs. Blessûre profonde, dangereûse, mortelle; guérir une blessûre; mourir d' une blessûre, etc. _ Figurément, il se dit de ce qui offense l' honeur: Quelle blessûre vous avez faite à ma réputation; et de l' impression que les passions font sur les âmes.
   L' amour fait dans les coeurs de profondes blessures.

BLEU


BLEU, EûE, adj. [Bleu; dout. au sing. long. au plur. bleus; bleû-e, 1re. lon. 2e e muet.] Quelques-uns écrivent bleux au pluriel; et le peuple, en certaines Provinces, dit au fém. bleuse pour bleûe; dans d' autres, bleûre. Les Garçons disent blur, blure. _ Qui est de la couleur d' azur, de la couleur du Ciel. Satin bleu, robe bleûe; des yeux bleûs.
   Cordon-bleu; grand ruban de tabis bleu, que portent les Chevaliers de l' Ordre du St. Esprit. Porter le cordon-bleu. = Il se dit des Chevaliers eux-mêmes: "Il est Cordon-bleu.
   BLEU, s. m. La couleur bleûe: bleu céleste, bleu turquin, bleu pâle, bleu mourant. _ Mettre une carpe au bleu, au court bouillon. _ On a dit, en faisant allusion au cordon-bleu: "C' est un trop petit poisson pour être mis au bleu.

BLEUâTRE


BLEUâTRE, adj. [Bleu-âtre, 2e lon.] Tirant sur le bleu. Couleur bleuâtre.

BLOC


BLOC, s. m. Amâs, assemblage de diverses chôses, particulièrement de marchandises. Faire un bloc de; acheter, vendre en bloc. _ Bloc de marbre; grôs morceau de marbre, qui n' est point encôre taillé.
   EN BLOC, adv. Sans compter, et à la boule vûe. _ Doit-on dire, faire marché en bloc et en tas, ou en bloc et en tâche. Plusieurs, dit La Touche, préfèrent la première expression. Cependant, il n' y a que la seconde qui se trouve dans le Dict. de l' Acad. Il me semble, ajoute-t-il, que bloc, signifiant tas et total, en bloc et en tas, doit être la véritable expression.

BLOCAGE


BLOCAGE, s. m. BLOCâILLE, s. f. [2e br. au 1er, lon. au 2d, mouillez les ll, 3e e muet.] Menu moellon, petites pierres qui servent à remplir les vides que laissent entr' eux les grôs moellons.
   En termes d' Imprimerie, blocage se dit d' une lettre mise à la place de l' autre.

BLOCUS


BLOCUS, s. m. [On prononce l' s] Campement de troupes sur les avenûes d' une Place, pour empêcher qu' il n' y puisse entrer des secours d' hommes et de vivres.

BLOND


BLOND, BLONDE, adj. [1re lon. 2e e muet: le d ne se prononce point au masc.] Qui est d' une couleur moyène, entre le doré et le chatain clair. Il se dit particulièrement des cheveux et du poil. "Poil blond, cheveux blonds; barbe, péruque blonde, etc.
   Rem. Blond suit ordinairement: en vers il peut précéder. "Le blond Phébus, la blonde Cérès.
   Arethuse cherchant d' où partent ces sanglots,
   Montre ses blonds cheveux sur la voûte des flots.
       De Lille.
Ses blonds cheveux sentent un peu la Pucelle. _ Le même Poète dit ailleurs, les blonds épis: là l' inversion étoit nécessaire: Les épis blonds serait dur et insuportable. _ Le fém. blonde peut plus aisément marcher devant: Sa blonde chevelûre ne choque pas, comme ses blonds cheveux.
   BLOND, s. m. La couleur blonde: cheveux d' un beau blond. _ Blond ardent, blond fort vif: blond doré, tirant sur le jaûne. _ Ce subst. se dit aussi des persones: "Un blond bien fade; une belle blonde.
   On dit, proverbialement, d' un homme, qui fait le beau et le dificile, qu' il est délicat et blond. Voy. DÉLICAT; et de celui qui a le teint fort noir, que c' est un blond d' Egypte.
   BLONDE, s. f. Espèce de dentelle de soie. Coîfe de blonde.

BLONDIN


BLONDIN, INE, subst. [Blon-dein, dine. 1re lon.] Celui, celle, qui a les cheveux blonds. Beau blondin! belle blondine!
   On apèle aussi blondin, un jeune homme qui fait le beau. Style familier et railleur.

BLONDIR


BLONDIR, v. n. BLONDISSANT, ANTE, adj. [Blondi, di-san, sante: 1re lon. 3e lon. aussi.] Devenir blond. Il ne se dit, au propre, que des cheveux; au figuré et poétiquement, de la moisson; les épis commencent à blondir, à jaunir: Les épis blondissans, les campagnes blondissantes d' épis.

BLOQUER


BLOQUER, v. a. [Bloké, 2e é fer.] Il ne se dit que dans le sens de blocus: bloquer une place, en ocuper avec des troupes toutes les avenûes. C' est aussi un terme de Maçonerie et d' Imprimerie. Voy. BLOCAGE.

BLOTIR


BLOTIR, (se) v. réc. S' acroupir, se mettre tout en un tâs. "Se blotir dans un coin; dans le lit, etc. Les perdrix se blotissent devant le chien.
   Rem. La Fontaine dit à l' imparfait, il se blotoit, pour il se blotissoit.
   Je laisse à penser si ce gîte
   Étoit sûr; mais où mieux? Jean lapin s' y blotoit.

BLOUSE


BLOUSE, s. f. BLOUSER, v. a. [Bloû-ze, blouzé: 1re lon. au 1er, br. au 2d; 2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] C' est le nom des trous, qui sont aux coins et aux côtés d' un billard. Blouser une bille; la faire entrer dans une des blouses. On dit aussi blouser l' adversaire, pousser sa bille dans la bloûse; se blouser soi même; y mettre sa propre bille. _ Se blouser, figurément et familièrement, se tromper, se méprendre: "Vous vous blousez en cela: il s' est blousé.

BLUâTRE


*BLUâTRE, Richelet. Cette ortographe est contraire à la prononciation. V. BLEUâTRE.

BLUETTE


BLUETTE, s. f. [Blu-ète, 2e è moy.] Étincelle. "Une bluette, des bluettes de feu. _ On dit, figurément, dans le style simple, qu' il y a quelques bluettes d' esprit dans un ouvrage, pour dire, quelques traits d' esprit. Acad.

BLUTEAU


BLUTEAU, ou BLUTOIR, s. m. [2e dout. au sing. lon. au pluriel: bluto, blu-toar.]
  Ils sont tous deux bons, et se disent indiféremment d' une espèce de sâs, fait d' étamine, ou de crin, pour pâsser la farine. "Ce bluteau ou blutoir n' est pas assez fin.

BLUTER


BLUTER, v. a. Pâsser la farine au bluteau. Bluter de la farine.
   BLUTER, sasser, tamiser (synon.) Le 1er, se dit de la farine; le 2d, du ciment, du plâtre et de la terre; le 3e, des poudres des Apothicaires & des Parfumeurs. Cependant on confond souvent ces trois verbes, et l' Académie le fait. La Touche. Elle dit, sasser de la farine, comme du plâtre, etc. et tamiser de la farine comme de la poudre à poudrer. En éfet, quand on pâsse la farine dans un tamis, et non pas dans le blutoir, il faut bien dire tamiser, et non pas bluter _ Pour sasser, il ne paraît pas si propre pour la farine.

BLUTERîE


BLUTERîE, s. f. [2e e muet, 3e lon.] Lieu où les Boulangers blutent la farine.

BLUTOIR


BLUTOIR. V. BLUTEAU.

BOBèCHE


BOBèCHE, s. f. [2e è moy. 3e e muet.] Partie d' un chandelier, dans laquelle on met la bougie ou la chandelle. = Il se dit aussi d' un petit cylindre creux, avec un rebord, qu' on met dans un chandelier, pour empêcher que la bougie ou la chandelle ne le gâte.

BOBINE


BOBINE, s. f. Espèce de fuseau, sur lequel on dévide de la soie, de l' or, etc. "La bobine n' est pas assez pleine.

BOBO


BOBO, s. m. Mot pris du langage des enfans, qui se dit de quelque mal léger. "On lui a fait, ou il s' est fait bobo, un petit, un grand bobo.

BOCAGE


BOCAGE, s. m. BOCAGER, ÈRE, adj. [Bokaje, jé, jère, 3e e muet au 1er, é fer. au 2d, è moy. et long au 3e.] Bocage, est un petit bois: Il n' est d' usage qu' en Poésie, non plus que bocager.
   Dans un bocage frais, respecté du soleil
   BOCAGER suit toujours le substantif.
   Qui loueroit comme toi les Nymphes bocagères.
       Gresset.
L' Acad. dit que bocager vieillit: c' est que le genre de Poésie où il étoit employé, est assez hors de mode. Cependant, dans une Pastorale, un Poète s' en servirait sans scrupule, et l' on ne lui en ferait pas un crime.

BOCAL


BOCAL, s. m. Mot d' origine italiène: 1°. Bouteille de verre ou de grès, où l' on met du vin. = 2°. Bouteille ronde de cristal ou de verre, remplie d' eau, dont plusieurs Artistes se servent pour mieux voir en travaillant.

BOCHERON


*BOCHERON ou BUCHERON. Suivant l' Acad. dans les premières éditions, ces deux mots se disent également. La Touche dit qu' il aimerait mieux le dernier. Il en dit trop peu. Le 1er ne vaut rien: l' usage l' a réprouvé depuis longtemps; et la raison est d' acord avec lui; car, puisqu' on dit buche, et non pas boche, il est naturel de dire bucheron, et non pas bocheron. _ Dans la dern. édit. l' Acad. ne fait plus mention de ce dernier.

BODRUCHE


BODRUCHE, s. f. C' est ainsi qu' écrit l' Acad. Plusieurs écrivent Baudruche; Trév. et le Rich. Port. mettent les deux. _ Sorte de parchemin très-fin, fait de boyau de boeuf.

BOETE


*BOETE. Voy. BOITE. On a longtemps écrit ce mot avec un oe, et plusieurs, par habitude, l' écrivent encor de même. En conservant cette ortographe, il ne faut pas du moins mettre les deux points sur l' ë, boëte, comme on le fait communément; car alors il faudrait prononcer bo-ète, comme on prononce poète.

BOEUF


BOEUF, Voy. BEUF.

BOHEME


BOHEME, s. m. et f. ou BOHEMIEN, ÈNE, s. m. et f. [Pron. Boa-me, Boa-mien, miène.] On ne se sert pas de ces mots en parlant des peuples de la Bohème; mais seulement pour signifier ces coureurs de profession, qui disent la bone aventûre. Quand on veut parler d' un homme ou d' une femme de la Bohème, on doit dire un homme de Bohème, une femme de Bohème, et non pas un Bohémien, une Bohémiène.
   Quand on parle de la Province de Bohème, on prononce bo-ème, 2e è moy. 3e e muet.
   On dit: c' est une maison de Boheme, où il n' y a ni ordre ni règle. _ Vivre comme un Boheme; comme un homme qui n' a ni feu ni lieu.

BOïARD


BOïARD, (et non pas BOYARD) s. m. Nom qu' on done aux Seigneurs et Sénateurs de Russie, et aux parens des Vaivodes de Transilvanie.

BOIRE


BOIRE, v. a. [Boâ-re, 1re lon. 2e e m.] Je bois, tu bois, il boit; nous buvons, vous buvez, ils boivent. Je buvais; je bus, j' ai bu; je boirai. Bois; que je boive, nous buvions, vous buviez, ils boivent; je boirais; que je busse, que tu busses, qu' il bût, que nous bussions, etc. Buvant, bu.
   Rem. Les badauds de Paris disent, je burai, tu buras, il bura, etc. Il faut dire, je boirai, tu boiras, il boira, etc. Les Provinciaux disent, en boivant; il faut dire, en buvant. Mén.
   BOIRE, avaler une liqueur. Boire de l' eau, du vin, de la bierre, des liqueurs, etc. Boire frais, boire à la glace. Boire un grand coup, un grand trait; boire à longs traits; doner, verser à boire.
   On dit, proverbialement, boire comme un trou, boire en templier, en chantre, en soneur; à tire larigot, ou en tire larigot, boire excessivement. On dit aussi qu' un homme boit bien, qu' il boit sec, qu' il boit d' autant, pour dire qu' il boit beaucoup. _ Boire à sa soif, ne boire que quand on en a éfectivement besoin. _ Boire un doigt de vin; un petit coup; une rasade, un rouge bord; un verre tout plein jusqu' au bord.
   BOIRE la santé, ou~ à la santé de; boire à quelqu' un, façon de parler, dont on se sert à table, en buvant les uns aux aûtres. "On ne but point à votre santé... Je ne voudrois pas que la postérité prît une chôse pour l' autre, et que d' ici à deux mille ans, on crût qu' on a bu à vous, cela n' ayant point été. Voiture.
   À~ petit manger bien boire, boire beaucoup, quoiqu' on mange peu. Qui a bu boira, les habitudes nous suivent jusqu' au tombeau. _ En parlant du vin, qui bon l' achète, bon le boit; ce qui s' aplique au figuré, pour dire, qu' il ne faut pas plaindre l' argent à de bonne marchandise. _ On ne peut faire boire un âne s' il n' a soif; on ne peut pas persuader à de certaines gens de faire ce dont ils n' ont nullement envie. _ Le vin est tiré, il faut le boire, ou, qui fait la folie doit la boire; quand on est si fort engagé, on ne peut plus reculer; et quand on a fait une folie, il faut en suporter les fâcheuses suites.
   2°. BOIRE, signifie quelquefois s' ennivrer. "Il est sujet à boire, il boit. _ Le papier boit, l' encre perce à travers; la terre boit l' eau, elle s' en abreûve. En ce sens, on dit que l' éponge boit.
   3°. BOIRE se dit figurément, pour signifier soufrir avec patience quelqu' infortune qu' on ne peut éviter, faire une chôse par une force majeûre. "Il falut boire la râillerie. D' Abl. "Faut-il que je boive cet afront. Mol. Il faut boire le calice, le boire jusqu' à la lie.
   Qui fait une erreur la boit à repentance.
       Reg.
"Qui fait la faute la boit. _ Hors de là, boire ne se dit point au figuré. L' Ab. Desfontaines blâme la Motte d' avoir dit:
   La nuit se passe aux camps, où cependant les troupes
   Boivent dans les festins l' espoir à pleines coupes.
   Je pense qu' il n' aurait pas plus épargné Mde. Dacier, qui dit aussi: "Elle écoute leurs discours, les boit avec avidité. Odyssée. _ Boire des discours, et boire l' espoir, sont des expressions bizarres. _ Racine et Rousseau, employant des expressions pareilles, les adoucissent~ par des correctifs.
   Et d' enfants, à sa table, une riante troupe,
   Semble boire avec lui, la joie à pleine coupe.
       Racine.
  De ces vautours de la société,
  Qui, comme l' eau, boivent l' iniquité.
      Rouss.
Cette dernière expression est consacrée. _ Mais M. Roucher, plus hardi, dit crument et sans correctif, qu' un oeil boit les doux pavots du someil; qu' un coeur boit un long amour, etc. Dans cette dernière expression, il a voulu luter contre ces vers de Virgile.
   Nec non et vario noctem sermone trahebat
   Infelix Dido, longumque bibebat amorem.
Mais les goûts des langues sont diférens, et ce qui réussit dans l' une, déplait souvent dans l' aûtre.
   BOIRE, s. m. Le boire et le manger: "On m' aprête, on m' aporte mon boire et mon manger. " Il est si apliqué à cette afaire, qu' il en quitte, ou qu' il en perd le boire et le manger.

BOIS


BOIS, s. m. [Boâ, monos. long. l' s ne se prononce que devant une voyelle, boâz.] 1°. La substance dûre et compacte des arbres. Bois verd, sec, vermoulu, pourri, veiné, etc. = 2°. Lieu planté de certaines sortes d' arbres: bois de chênes, de pins, de sapins, etc. Bois épais, toufu. Bois de haute futaye, bois taillis. = 3°. Aux jeux des quilles et de trictrac, on le dit des quilles et des dames. Abatre bien du bois.
   BOIS, modifié par mort, adjectif, a des sens diférens, suivant qu' il est placé devant ou après. Du bois mort, c' est du bois séché sur pied: Du mort bois, c' est du bois de peu de valeur pour les ouvrages; comme saûle, peuplier, orme.
   Rem. Ce mot entre dans plusieurs expressions du style familier. Avoir l' oeil au bois, (n°. 2°.) prendre garde à ses afaires; ne pas se laisser surprendre. _ Aler au bois sans cognée, entreprendre un ouvrage, sans avoir les outils nécessaires. _ Qui craint les feuilles n' aille pas au bois; qui craint le péril n' aille point au lieu où il y en a sûrement. _ La faim chasse le loup hors du bois; l' indigence réduit les hommes à faire beaucoup de chôses contre leur inclination. _ Il verra de quel bois je me chaufe; (n°. 1°.) ce que je puis, ce que je sais faire. _ Il est du bois dont on les fait; il a les qualités nécessaires pour cela. "M de la Rochefoucaut dit, que l' ambition de Sévigné est de mourir d' un amour qu' il n' a pas; car, nous ne le tenons pas du bois dont on fait les fortes passions. SÉV. "Tu n' as que faire de me chercher un mari: n' es-tu pas du bois dont on les fait? _ Laissons-là le bois, lui dis-je, c' est un mot de mauvaise augûre. Mariv. On voit, par cet exemple, que cette expression proverbiale, prête à des allusions ridicules. _ Ne savoir de quel bois faire flèche; ne savoir comment faire pour réussir, pour subsister. Faire flèche de tout bois; mettre tout en oeuvre pour réussir. _ Tout bois n' est pas bon pour faire flèche; tout homme n' est pas propre à faire ce dont il s' agit. _ Il ne faut pas mettre le doigt entre le bois et l' écorce; s' ingérer dans les diférens des persones naturellement unies.

BOISÉ


BOISÉ, ÉE, adj. Il se dit d' un apartement garni de menuiserie; et d' une terre bien garnie de bois, de forêts. "Le Japon est un beau pays bien ârrosé, bien boisé. Charlev.

BOISER


BOISER, v. a. Garnir de menuiserie. "Faire boiser une chambre, un cabinet.

BOISERIE


BOISERIE, s. f. [Boâ-zeri-e: 1re et 3e longues, 2e et 4e e muet.] Ouvrage de menuiserie, dont on couvre les murs d' une chambre, d' un cabinet.

BOISEUX


BOISEUX, EûSE, adj. [Boa-zeû, zeû-ze: 2e lon.] C' est un terme de Jardinier, et il ne se dit que des plantes qui ont quelque solidité, qui sont de la natûre du bois. Plante, racine boiseûse. Les Auteurs disent ligneux. _ L' Académie met boiseux, sans remarque.

BOISSEAU


BOISSEAU, s. m. BOISSELÉE, s. fém. BOISSELIER, s. m. [Boa-so, selé-e, se--lié: 2e dout. au singulier du 1er, lon. au plur. Boisseaux: e muet au 2d et 3e; 3e é fer. aux deux derniers.] Boisseau, est une mesure servant à mesurer des chôses solides. Boisseau de blé, de farine, de sel, de charbon, etc. Demi-boisseau. _ Boisselée, est la mesûre d' un boisseau; autant qu' un boisseau peut en contenir: une boisselée de grain. _ Boisselier; artisan qui fait des boisseaux et divers ustensiles de bois servant au ménage.

BOISSON


BOISSON, s. f. [Boa-son: 1re dout.] Ce qu' on boit ordinairement. "Toute sa boisson est de l' eau claire: acheter du vin pour sa boisson. "La bierre, la limonade sont des boissons rafraîchissantes.

BOISûRE


*BOISûRE, s. f. Ab. Richard, dans sa Description de l' Italie, emploie ce mot au lieu de boiserie. C' est un vrai barbarisme.

BOîTE


BOîTE ou BOETE, s. f. Richelet les met tous deux, et semble préférer le premier. On a long-temps écrit le second. Enfin, Boîte l' a emporté. [Boâ-te: 1re lon. 2e e muet. Voy. Boete.] 1°. Sorte d' ustensile de bois fort mince ou de carton, servant à divers usages. = 2°. Ce que la boîte contient: une boîte d' abricots, de prunes, etc. = 3°. Il se dit de divers ustensiles de métal, qui ont un couvercle: boîte d' or, d' argent, de fer-blanc, de plomb, etc. Boîte à montre, boîte à portraits, etc. _ M. Mercier nous avertit que les tabatières ne s' apèlent plus que boîtes. Peut-être quand on lira ceci, la mode aura-t-elle changé.
   On dit (style familier) d' une persone qui est toujours propre et arrangée, qu' il semble qu' elle sorte toujours d' une boîte; et d' une chambre bien fermée, qu' elle est clôse comme une boîte.
   BOITE, s. f. [Boa-te: 1re brève; l' i ne doit donc pas être marqué de l' accent circonflexe, comme dans le mot précédent.] L' état où est le vin, quand il est dans le vrai temps de le boire. "Du vin en boite: ce vin n' est pas encôre dans sa boite. _ Il ne se dit que dans de pareilles phrâses, et son usage est fort borné.

BOITER


BOITER, v. n. BOITEUX, EûSE, s. m. et fém. [Boa-té, teû, teû-ze: 1re brève, 2e é fer. au 1er, longue aux deux aûtres.] Boiter, c' est ne pas marcher droit. Boiteux, est celui qui boite. _ Boiter d' un pied, de deux pieds, des deux hanches, des deux côtés. Cheval qui boite, qui boite tout bâs.
   Rem. BOITEUX, n' est adjectif que quand on parle des animaux: cheval boiteux, chèvre boiteûse. En parlant des hommes, on dit: un boiteux, une boiteûse, et non pas un homme boiteux, une femme boiteûse. _ * Pascal a apelé esprit boiteux, un esprit mal fait. La métaphôre n' est pas trop juste, et je pense qu' elle ne serait pas du goût d' aujourd'hui.
   On dit proverbialement, qu' il ne faut pas clocher devant les boiteux; pour dire, qu' il ne faut rien faire devant les gens qui semble leur reprocher quelque défaut naturel, ou leur rapeler quelqu' évènement désagréable. _ Et quand il est question de nouvelle: il faut atendre le boiteux, dit-on; ne pas se presser d' y croire, en atendre la confirmation.

BOîTIER


BOîTIER, s. m. [Boâ-tié: 1re lon. 2e dout.] Petite boîte d' argent ou de fer blanc que portent sur soi les Chirurgiens, et dans laquelle il y a plusieurs sortes d' onguens.

BOL


BOL ou BOLUS, s. m. [l' l et l' s finales se prononcent.] Petite boule de drogue médicinale, qu' on prend ou seule ou envelopée de pain à chanter. "De la casse en bol, un bolus de casse, etc.

BOMBANCE


BOMBANCE, s. f. [Bonbance: 1re et 2e lon. 3e e muet]. Somptuosité en bone chère. Acad. Grande dépense faite pour la parade, pour la vanité. Trévoux. Repas~, bone chère. Rich. Port. Celui-ci dit trop peu; l' Acad. dit trop, et le mot de somptuosité est trop pompeux. Trévoux ne parle que de dépense et de parade, sans l' apliquer à la bone chère, qui est le vrai sens de ce mot. On peut le définir: chère extraordinaire et abondante. Ce qui est bombance pour les paûvres, serait maigre chère pour les riches.

BOMBARDE


BOMBARDE, s. f. BOMBARDEMENT, s. m. BOMBARDER, v. act. La bombarde était une machine de guerre, dont on se servait pour lancer de grosses pierres. On dona ensuite ce nom à quelques-unes des pièces d' artillerie, après l' invention de la poudre. _ On ne le dit plus que d' un des jeux de l' orgue, qui fait le plus de bruit.
   BOMBARDEMENT, est l' action de bombarder; et bombarder, c' est jeter des bombes dans une place, dans un camp, dans une Ville.

BOMBARDIER


BOMBARDIER, s. masc. [Bonbar-dié: 1re lon. 3e é fer. dout.] Celui qui tire des bombes. Régiment, Compagnie, Capitaine de Bombardiers.