Dictionnaire critique de la langue française Dictionnaire critique de la langue française 1787 Français 2007-4-4 ARTFL Converted to TEI AMIT


AMIT, V. AMICT.

AMITIÉ


AMITIÉ, s. f. [Ami-tié, 3e é fer. tout bref.] 1°. Affection qu' on a pour quelqu' un, et qui ordinairement est mutuelle. Grande amitié, bone amitié, étroite amitié, etc. = 2°. Amitié se dit même des animaux, à l' égard des hommes. Ce Chien a bien de l' amitié pour son maître. = 3°. En peinture l' amitié des couleurs, leur convenance, leur acord.
   Rem. Faire amitié a deux régimes: 1°. le datif: Il lui fit amitié. 2°. La prép. avec: il fit amitié avec lui. Dans le premier cas, il signifie faire des caresses; dans le 2d. lier ou contracter amitié. Faire l' amitié de, avec l' infinitif, c' est faire le plaisir de... faites-moi l' amitié de m' acompagner; faites-moi cette amitié. Voy. AMOUR à la fin. Rem. 8e.
   2°. Quand on parle du sentiment de l' amitié, on ne le met jamais au pluriel. On dit à plusieurs persones. "Conservez-moi quelque part à votre amitié, et non pas à vos amitiés, comme~ on dit à votre estime, et non pas à vos estimes. On ne dit amitiés au pluriel, qu' en parlant des démonstrations que l' on en fait. "Dans le monde, on fait bien des amitiés à des gens pour qui l' on n' a pas d' amitié. _ On dit quelquefois amitiés pour amis.
   Vous ferez là des amitiés nouvelles.
       Boileau.
c. a. d. de nouveaux amis.
Combien n' ai-je pas vu dans mes longues disgraces
   D' illustres amitiés consoler mes ennuis.
       Rouss.
Dire des amitiés paraît être une expression singulière et bizârre: on l' emploie pourtant dans le style épistolaire. "Mr. et Mde. de Coulanges vous disent mille amitiés. SEV. _ On dit dans le même sens avoir des amitiés à faire avec le dat. et le génit. "J' ai mille amitiés à vous faire de Mr. de L. R. F. et de Mr. le Cardinal, etc. La même.
   En amitié. Prendre en amitié, concevoir de l' amitié pour... "Vous êtes Télémaque, que Narbal prit en amitié, lorsque nous revînmes d' Égypte. _ Avoir part en l' amitié, ou à l' amitié de... Voy. En prép.
   On dit proverbialement d' un homme qui a le visage long, qu' il est de bonne amitié, qu' il a le visage de bonne amitié. On dit aussi; l' amitié passe le gant, quand on se touche la main, sans se déganter.

AMMENT


AMMENT. Terminaison de plusieurs adverbes. Richelet met anment et le P. Folard l' a suivi; puissanment, étonanment, etc. C' est contre l' usage et la prononciation. Puissaman, étonaman. On doit donc écrire puissamment, étonamment.

AMMONIAC


AMMONIAC, AQUE, adj. [Anmoniak, ni-ake, 1re lon. Trév. dit Ammoniac ou Armoniac. Il le met subst. masc.] Sel ammoniac; qui se tire de l' urine et de l' excrément des chameaux. _ Gomme ammoniaque, gomme résineûse. Les anciens s' en servaient au lieu d' encens dans leurs sacrifices.

AMNE


AMNE, pénult. longue [âne] damne, condamne.

AMNISTîE


AMNISTîE, s. f. [Pron. A-menis-tî-e, en 4 syll. 3e lon. 4e e muet.] Quelques-uns écrivent Amnestie, et Ménage pensait que celui-ci est conforme à l' étymologie. Mais la Touche remarque fort bien que l' étymologie n' est pas plus pour le 2d. que pour le premier, parce que la prononciation de l' ita, ou de l' eta grec est fort disputée; les uns le prononçant comme un i, et les autres comme un ê ouvert. _ Pardon acordé aux Rebelles, ou aux Déserteurs.

AMODIATEUR


*AMODIATEUR, s. m. AMODIATION, s. f. AMODIER, v. act. Fermier. _ Bail à ferme. _ Affermer. _ Ces mots ne sont plus d' usage qu' en quelques Provinces.

AMOINDRIR


AMOINDRIR, v. act. AMOINDRISSEMENT, s. m. [A-moein-dri, driceman.] Diminuer, rendre moindre. _ Action d' amoindrir. _ Le verbe est aussi neutre: devenir moindre. "Cette inondation amoindrira son revenu; son revenu amoindrira en conséquence de, etc. "Cela aportera quelque amoindrissement à son autorité, à son revenu. _ Voy. Grossir.

AMOLLIR


AMOLLIR, ou AMOLIR, v. act. [Amoli, tout bref.] Au propre, rendre mou et maniable. Le soleil amolit la cire; au figuré, rendre mou et efféminé. "Les délices amollissent le courage. = 1°. La Touche regarde amolir et ramolir comme synonymes, de manière qu' on peut les employer indifféremment. Mais il me paraît que ramolir est plus propre pour le physique, et amolir pour le moral. Je doute qu' on dise, comme il le prétend, ramolir le courage. = L' Acad. ne le met pas. 2°. Amolir se prend toujours en mauvaise part, et adoucir en bonne part. Le Traducteur de l' Hist. d' Anglet. de Mr. Hume emploie mal à propos l' un pour l' autre dans une ocasion. "Richard amoli par les approches de la mort, commanda qu' on mit Gourdon en liberté. C' était un acte de justice: ainsi amoli était là un terme impropre.

AMOLLISSEMENT


AMOLLISSEMENT, ou AMOLISSEMENT, s. m. [Amoliceman.] Il se dit au propre et au figuré: l' amolissement de la cire; l' amolissement du courage.

AMONCELER


AMONCELER, v. act. [Amoncelé, 2e lon. 3e e muet, 4e é fer.] Devant l' e muet, la 3e se change en è moy. j' amoncèle, l' Acad. écrit j' amoncelle. Devant la syll. masc. l' e devient muet: J' amoncelois, amoncelai, amoncelant. Au fut. et au condit. J' amoncèlerai ou amoncellerai, etc. _ Entâsser, mettre plusieurs choses en un tas, en un monceau. Amonceler des gerbes, des grains.
   J' ai courbé le premier sous le poids d' un vaisseau,
   Les flots amoncelés d' un océan nouveau.
       Le Chev. de Langeac.
Voy. une remarque au mot Amâs.

AMONêTÉ


AMONêTÉ, AMONêTER, Voy. ADMONêTÉ, etc.

AMONT


AMONT. Voy. VAL.

AMORCE


AMORCE, s. f. Il se dit au propre des apâts pour prendre des poissons, des oiseaux, etc. et de la poudre à canon qu' on met dans le bassinet. _ Au figuré, il est beau:
   Craignez d' un vain plaisir les amorces trompeûses.
       Boil.

AMORCER


AMORCER, v. act. Garnir d' amorce; amorcer un hameçon; Attirer par l' amorce, amorcer des poissons, des oiseaux. _ Ce verbe ne se dit qu' au propre, dit l' Auteur des Reflexions, et la Touche après lui. Ils prétendent qu' on ne disait plus, comme avait dit l' Acad. "Elle sait bien les moyens d' amorcer ceux qu' elle voit. Ils traitent cette locution de surannée. _ Cependant l' Acad. a continué de le dire jusques dans sa dern. édit. où elle a mis un exemple à peu-près pareil à celui qu' on vient de citer. Elle en done deux de se laisser amorcer qui valent mieux, ce me semble. "Se laisser amorcer au gain. "Il s' est laissé amorcer par une aparence de gloire. _ Elle dit aussi, être amorcé par le gain. _ Ce serait être trop délicat et trop difficile de ne pas vouloir employer ces expressions.

AMORTIR


AMORTIR, v. act. 1°. Rendre moins ardent, moins violent: amortir le feu en y jetant de l' eau. = 2°. Faire perdre de la force à un coup de feu. "Son bufle amortit le coup. "Le coup s' amortit. = 3°. Affaiblir la vivacité des couleurs; ces couleurs sont trop vives, il faut les amortir. = 4°. Éteindre des pensions; amortir une rente, une redevance. = 5°. En termes de Pratique, payer le droit d' amortissement, amortir un fief, une terre, une maison. = 6°. Il se dit au figuré dans le 1er sens, et je suis étoné que l' Acad. n' en done point d' exemple. Amortir les passions. = * Dans le Rich. Port. On dit; le temps amortit les afflictions. Mais les aflictions, au pluriel, signifient, non la douleur, mais les maux qui la causent; or, le temps amortit la douleur, sans faire toujours cesser les maux.

AMORTI


AMORTI, IE, partic. Le feu amorti, les couleurs amorties, les rentes amorties, les passions amorties.

AMORTISSABLE


AMORTISSABLE, adj. [Amorti-sable, 4e dout.] Il ne se dit que des rentes, des pensions, des fiefs, qui peuvent être amortis. Il n' a de raport qu' aux sens d' amortir, marqués aux N°s 4e et 5e.

AMORTISSEMENT


AMORTISSEMENT, s. m. [Amortice--man.] Il ne se dit que dans les sens marqués aux N°s 4e et 5e d' amortir. _ En Architecture, il se dit de ce qui termine le comble d' un bâtiment. Mettre un vâse, une figure en amortissement. _ Par extension on le dit de tous les ornemens qui terminent des morceaux d' Architectûre: Consoles en amortissement, etc.

AMOVIBILITÉ


AMOVIBILITÉ, s. f. AMOVIBLE, adj. L' Acad. ni le Rich. Port. ne mettent pas le 1er. Il est dans Trévoux: il est usité et utile. _ Qualité qui fait qu' on est amovible, c. à. d. qu' on peut être destitué, ôté d' un poste. Vicaire amovible; l' amovibilité de cette place la rend désagréable. Il conteste son amovibilité. On a dit autrefois amobile pour amovible.

AMOUR


AMOUR, s. m. [A-mour.] Attachement à ce qui est ou qui paraît aimable. _ Il est masc. au sing. et fém. au pluriel: Amour paternel, maternel; amour filial, conjugal; éternelles amours; ses premières amours. _ Les Poètes le font quelquefois masc. au pluriel.
   Et mes premiers amours & mes premiers sermens.
       Volt.
Et fém. au singulier. _
  Dès ce moment plus d' amour paternelle.Rouss.
Ils personifient aussi l' amour, et traitent ce mot comme un nom propre, ils retranchent souvent l' article. Ils disent amour, ou l' amour, suivant que cela les acomode.
   ....Tout ce qu' Amour a de noeuds plus puissans,
   Beauté, gloire, vertu, je trouve tout en elle.
       Bérénice de Rac.
Rem. 1°. Amour au pluriel ne se dit que de la passion de l' amour: de nouvelles amours, de folles amours. _ Il se dit aussi de l' objet aimé; être avec ses amours, quiter ses amours; les tableaux, les livres, les médailles sont ses amours, amours bien inocentes.
   2°. AMOUR régit le génitif ou la prép. pour; le premier quand il est seul, le second quand il est joint à un verbe, l' amour de Dieu, de la Religion; l' amour qu' il a pour Dieu et pour la Religion.
   3°. L' article de ce génitif, régi par amour, doit être défini quand ce génitif est un nom apellatif.
   Je n' attendois pas moins de cet amour de gloire.
       Bérénice.
Il fallait de cet amour de la gloire. _ C' est une faute ocasionée par la contrainte de la mesure.
   4°. Avec ce régime de la prép. de, amour a un sens passif. Il se dit de celui qui est aimé, et non pas de celui qui aime. _ L' amour de Dieu, pour l' amour de vous, signifie non l' amour que Dieu a pour nous, que vous avez pour moi, mais l' amour que nous devons à Dieu; L' amour que j' ai pour vous. _ Mais quand la prép. de affecte un substantif et la prép. pour un autre; amour a le sens actif, l' amour de votre frere pour moi.
   5°. Quand Amour est joint aux pronoms, on doit employer la prép. pour plutôt que la prép. de (le génitif) mon amour pour la Religion, son amour pour Dieu; et non pas de la Religion, de Dieu.
   6°. On doit dire par l' amour de, et par amour pour; de sorte que quand amour est avec l' article, il régit le génitif, et quand il est sans article, il régit la prép. pour. Mallebranche dit l' amour pour Dieu, l' amour pour les chôses sensibles. Ramsay dit au contraire. Jeune Prince qui méprise la mort par amour de la vertu. Il falait, par amour pour la vertu, ou par l' amour de la vertu.
   * 7°. Ses amours, mes amours, ne sont que du style familier, on a blâmé Racine d' avoir dit.
   Impatient sur-tout de revoir ses amours,
   Il attend de mes soins ce fidele secours.
M. Racine le fils justifie cette expression peu noble, en disant que c' est un Afranchi, qui s' exprime de cette manière. Quel Afranchi que Narcisse, qui allait de pair avec tous les Grands de l' Empire!
   * 8°. M. de Voltaire dit nettement qu' on sent de l' amour, de l' amitié; mais qu' on ne fait pas de l' amitié, ni de l' amour. En faisant cette Remarque, il ne pensait pas qu' on dît tous les jours faire l' amour, faire amitié à quelqu' un, etc. Ces expressions ne sont pas du beau style, mais elles sont certainement Françaises. Ann. Litt. Voy. Amitié. Rem. 1re.
   AMOUR propre, Amour de soi-même (synon.). Il ne faut pas les confondre: ce sont deux passions très différentes par leur natûre et par leurs effets. L' amour de soi-même est un sentiment naturel, qui porte tout animal à veiller à sa propre conservation, et qui, dirigé dans l' homme par la raison, et modifié par la pitié, produit l' humanité et la vertu. L' amour propre n' est qu' un sentiment relatif et factice, qui porte chaque individu à faire plus de câs de soi, que de tout aûtre qui inspire aux hommes tous les maux qu' ils se font mutuellement, et qui est la véritable source de l' honeur. J. J. Rousseau. Il veut dire de l' orgueil, de la vaine gloire.
   Pour l' amour de Dieu, adv. (St. famil.) Sans aucun intérêt.

AMOURACHER


AMOURACHER (s' ) v. réc. Il n' est que du style familier, et se prend en mauvaise part. "Il s' est amouraché d' une comédienne, d' une grisette.

AMOURETTE


AMOURETTE ou AMOURèTE, s. f. [3e è moy. tout bref.] Attachement passager et sans grande passion. "Il a toujours quelque amourette. _ Dans, se marier par amourette, ce mot signifie un fol amour, et ne se dit ordinairement que d' un mariage disproportioné.

AMOUREûSEMENT


AMOUREûSEMENT, adv. [A-mou-reû--zeman, 3e lon.] Avec amour, d' une manière amoureuse. Trév. Soupirer, regarder amoureusement.

AMOUREûX


AMOUREûX, EûSE, adj. [Amou-reû, reû-ze, 3e lon.] Qui aime d' amour, Acad. Qui a de la passion pour quelqu' un ou pour quelque chôse. Trév. _ Il régit de; il est amoureux de cette femme, elle est amoureûse de lui: ou il se dit seul et sans régime: elle est amoureûse, il est amoureux. Mais il se dit sur-tout seul des chôses, et il précède ou suit au gré de l' orateur ou du poète: Amoureux transports, transports amoureux. _ Alors il signifie qui marque de l' amour.
   AMOUREUX, Amant (synon.) Il suffit d' aimer pour être amoureux: il faut témoigner qu' on aime, pour être amant. "On est souvent très-amoureux, sans ôser paraître amant; et plus souvent on se déclare amant sans être amoureux. C' est toujours la passion, qui rend amoureux: la raison ou l' intérêt peut rendre amant. GIR. synon. _ Suivant l' Ab. Girard Amoureux n' est pas substantif, et il n' y a que le bâs peuple qui dise mon amoureux pour dire mon amant. Il a raison pour amoureux joint aux pronoms; mais ailleurs amoureux se prend substantivement: "Un amoureux transi, l' amoureux des onze mille Vierges.
   2°. AMOUREUX se dit relativement aux chôses; amoureux de la gloire, des honeurs, de la Peinture, de la Musique, etc. _ Amoureux de ses pensées, de ses ouvrages, de ses opinions; qui en est entêté. _ Amoureux fou. "Il devient amoureux fou de, etc. Journ. de Mons. Il est du style. famil.

AMPHIBîE


AMPHIBîE, adj. [Amfibî-e. 1re. et 3e lon.] Il se dit d' un animal qui vit sur la terre et dans l' eau. "Le crocodile est un animal anphibie. _ s. m. "C' est un amphibie. _ On le dit figurément d' un homme, qui se mêle de différentes professions oposées; et ne se dit que par mépris.

AMPHIBOLOGIE


AMPHIBOLOGIE, s. f. [Anfibologî-e.] C' est un vice du discours, qui le rend ambigu et obscur. On le dit plutôt de la phrâse que des mots. L' amphibologîe est un vice en Morale, quand elle est afectée; et c' est un grand défaut en Gramaire, lors même qu' elle n' est le fruit que de l' ignorance ou de la négligence.

AMPHIBOLOGIQUE


AMPHIBOLOGIQUE, adj. AMPHIBOLOGIQUEMENT, adv. [Anfibologike, gikeman, tout bref.] Ambigu, obscur; ayant double sens; "discours, orâcle , réponse, amphibologique. _ Parler amphibologiquement, d' une manière ambigûe et obscûre.

AMPHIGOURI


AMPHIGOURI. s. m. L' Acad. écrit AMFIGOURI. Plusieurs écrivent Amphygouri: mais puisqu' on écrit amphibie, amphibologie, amphitéâtre, etc avec ph et i, il faut pour être conséquent écrire amphigouri. _ Ce mot est tout Français, quoique imité des mots Grecs, quant aux deux 1res syllabes. C' est un poème, une phrase, un discours, qui n' ont ni ordre, ni sens déterminé. Voy. Amfigouri.

AMPHIGOURIQUE


AMPHIGOURIQUE, adj. [Anfi-gou-rike, 1re lon. le reste bref.] Ce mot assez nouveau exprime le vice d' un style obscur, entortillé, précieux, où il entre du galimathias, des prétentions, de l' afèterîe. "Le cri du coeur de M. de F... pièce amphigourique, farcie d' apostrophes et chamârrée de mauvais goût. Ann. Litt. Et M. Sabatier de Castres parlant de l' Horloge de sâble, ou figûre du monde de M. de Caux, dit: "La morale n' en est pas amphigourique: elle est tirée avec beaucoup de justesse du sujet et énoncée sans prétention. _ L' Acad. ne met qu' amfigouri, elle ne met ni amphigourique, ni amfigourique.

AMPHITHÉâTRE


AMPHITHÉâTRE (et non pas AMPHITÉATRE, ni AMFITÉATRE) s. m. [4e lon. Il convient d' y mettre un acc. circ. 3e é fer. dern. e muet.] Bâtiment spacieux, rond ou ovale, pour voir plus commodément les combats de gladiateurs et des bêtes féroces. _ Parmi nous c' est un lieu élevé, vis-à-vis du Théâtre, d' où les spectateurs voient commodément le spectâcle.

AMPLE


AMPLE, adj. [Anple, 1re lon. 2e e muet.] Long, large, étendu au-delà de la mesure ordinaire. Robe, manteau, rideau fort ample. _ Il se dit de plusieurs chôses qui n' ont ni largeur, ni longueur physique, par raport à l' étendue ou à la durée morale, Ample repas, ample récit, ample matière, etc. etc. Ample congé, congé plus ample.
   Quand il est seul, il précède le substantif. Ample recueil, ample manteau; quand il est modifié par des adverbes de comparaison, il suit ou précède: un fort ample recueil, ou un recueil fort ample, etc.

AMPLEMENT


AMPLEMENT, adv. [Anpleman, 1re et 3e lon. 2e e muet.] D' une manière ample. Je lui ai écrit amplement; je vous parlerai plus amplement: "Il nous a donné amplement à dîner.

AMPLIFICATEUR


AMPLIFICATEUR, s. m. [Amplifi-ka--teur, 1re long. le reste bref.] Qui amplifie. Il se prend en mauvaise part. "Un petit Auteur, prosateur, versificateur, amplificateur, s' est distingué par son empressement à le flater. Linguet.

AMPLIFICATION


AMPLIFICATION, s. f. [Anplifi-kacion, 1re lon. le reste bref.] Discours par lequel on étend le sujet qu' on traite. L' Acad. ne le done que comme un terme de Rhétorique. Cependant on dit dans le discours ordinaire. "Il y a beaucoup d' amplification (d' exagération) à tout ce qu' il dit. "Il est sujet à faire des amplifications dans tout ce qu' il raconte.

AMPLIFIER


AMPLIFIER, v. a. [Anplifi-é, 1re lon. le reste bref.] Étendre, augmenter par le discours. "Il amplifie toujours les chôses, les nouvelles; ou simplement~, il amplifie toujours: on sous-entend, ce qu' il dit, ce qu' il raconte. Alors il est employé neutralement.

AMPLITUDE


AMPLITUDE, s. f. [Anplitude, 1re lon. le reste bref.] Terme d' Astronomie. "L' amplitude d' un astre est l' arc de l' horison compris entre l' Équateur et cet astre, quand il se trouve à l' Horison. Paulian, Dict. de Physique. _ * Le P. Catrou l' a dit pour étenduë, et le P. Berruyer pour ampleur. "Un terrain assez peu fréquenté, eu égard à son amplitude. Catrou. "Voyez-vous les manteaux dont ils ûsent; ils les font d' une largeur et d' une amplitude extraordinaire. Berruyer. Ces deux Auteurs ne sont pas à imiter en cela.

AMPOULLE


AMPOULLE, Trév. AMPOULE, Acad. s. f. [Le 2d. vaut mieux. Pourquoi ces 2 ll? Pour l' étymologie, ampulla? Mais les 2 ll se prononcent en latin, et on n' en prononce qu' une en Français.] Fiole, petite bouteille. En ce sens, il ne se dit plus que de la sainte Ampoule de Rheims, où l' on conserve précieusement l' huile dont on se sert pour le Sacre de nos Rois. _ On le dit ordinairement de ces enflûres qui se font à la peau, et qui sont pleines d' eau. Avoir des ampoules aux mains, sous les pieds.
   * Rem. Un Auteur moderne l' emploie au figuré. "Peut-être entraîné par l' habitude de faire parler des Héros sur la scène, et novice encore dans l' art oratoire, M. Du.... aura-t-il transporté dans la prôse les grands mots et les ampoules tragiques, trop ordinaires aux Elèves de Melpomène. _ C' est un latinisme: projicit ampullas. Horat. On dit style ampoulé, mais on n' avait pas encore dit ampoules.

AMPOULLÉ


AMPOULLÉ, Trév. AMPOULÉ, Acad. ÉE, adj. [Le 2d vaut mieux. Voy. AMPOULLE. _ Le Gendre écrit empoulé, mais mal. Cette ortographe est contraire et à l' usage et à l' étymologie, et à la prononciation, qu' il ne faut pas contredire sans nécessité; il faudrait plutôt écrire par am les mot en em, que d' écrire en em ceux qui comencent par am. _ An-pou-lé, lé-e. 1re lon. aux deux, 3e lon. au 2e, é fer.] _ Il ne se dit qu' au figuré, et seulement en parlant du style, de la prôse ou des vers; style ampoulé, vers ampoulés, discours ampoulé. Il suit toujours le substantif. "C' est dommage que la diction (de cet ouvrage) soit tantôt ampoulée, tantôt maniérée. Ann. Litt.

AMPOULETTE


AMPOULETTE s. f. Terme de marine. [An-pou-lète, 3e è moy. 4e e muet.] Horloge de sâble.

AMPUTATION


AMPUTATION, s. f. AMPUTER, v. a. [Anputa-cion, anputé; 1re lon. le reste bref.] Terme de Chirurgie. Retranchement. Action de couper, de retrancher; le subst. est plus usité que le verbe.

AMULETTE


AMULETTE, ou AMULèTE, s. f. [Amu--lète, 3e. è moy.] L' Ab. Prévot écrit Amulet. "Sous ces cottes de maille, les Nègres ont une multitude d' amulets qu' ils apellent gris-gris. Il le répète ailleurs. L' usage est pour amulette ou amulète; Remède, signe, caractère qu' on porte sur soi comme un préservatif. La crédulité et la superstition leur attribuent beaucoup de vertu.

AMUNITION


*AMUNITION. Barbarisme. On dit Munition. Voy. ce mot.

AMUSABLE


*AMUSABLE, adj. Qui peut être amusé. On attribue ce mot à Mde. de Maintenon. "Quel suplice d' amuser un homme qui n' est plus amusable?

AMUSANT


AMUSANT, ANTE, adj. [Amuzan, zan--te, 2e br. 3e lon.] Qui amûse, qui divertit. Il se dit des persones et de leurs discours. Homme fort amusant, femme amusante et divertissante, livre amusant, conversation amusante. = En prôse, il n' est bien placé qu' après le subst. En vers, le fém. plus que le masc. peut précéder, si l' oreille et le goût le permettent.
   Cette amusante comédie,
   Et qui cause toujours un plaisir plus nouveau.
       Anon.

AMûSEMENT


AMûSEMENT, s. m. [Amûzeman. La 2e est longue, et il convient de la marquer d' un acc. circ. 3e e muet, 4e long. en a le son d' an.] Ce qui amûse ou sert à amuser: doux amûsement, amûsement inocent. _ L' Acad. le dit aussi des promesses trompeûses. Tout ce que vous me dites-là n' est qu' un amûsement. Il est peu usité en ce sens, quoique le verbe amuser ait cette signification. Voy. DIVERTISSEMENT.

AMUSER


AMUSER, v. a. [l' u est bref, amuzé, mais devant l' e muet cet u devient long; j' amûse, j' amûserai.] On écrivait autrefois amuzer et ses dérivés avec un z, et Boileau a encore employé cette ortographe. = 1°. Arrêter inutilement, faire perdre le temps. Amuser quelqu' un; il ne faut qu' une mouche pour l' amuser. = 2°. Divertir. "Il nous amûse par ses saillies. = 3°. Tromper par de fausses promesses, par de vaines espérances. "Il y a long-tems que vous m' amusez; sachons à quoi nous en tenir. 4°. S' amuser n' a que les deux premiers sens. Il régit la prép. de, ainsi qu' amuser, tromper. "Il s' amuse de tout; Il m' amuse de cette espérance.
   Rem. S' amuser régit aussi le datif, mais des chôses, et non des persones. "On dit: s' amuser au jeu, à la bagatelle; mais on ne doit pas dire comme le P. Rapin. "On cherche les modernes à qui l' on s' amûse, parce qu' on ne conoît pas les anciens. _ Outre le faux régime de cette phrâse, le réciproque est mal employé. Quand on parlerait, non pas des Modernes, mais de leurs ouvrages, on devrait dire qu' ils nous amusent, et non pas que nous nous y amusons. Car s' amuser marque l' habitude du plaisir qu' on prend à une chôse, c' est s' ocuper agréablement à... et amuser, un plaisir passager que cette chôse nous done. Autre chôse est de dire: Molière m' amûse beaucoup; (on sous-entend, quand je le lis) et autre chôse de dire: je m' amûse beaucoup depuis quelque-tems à lire Molière. Dites-en de même d' ocuper actif, et d' ocuper réciproque, s' ocuper. _ S' amuser régit à devant les verbes, s' amuser à boire, à causer.
   On dit proverbialement, amuser le tapis, perdre le temps en de vaines propositions, sans en venir à la question principale, quand on a intérêt à ne rien conclûre. _ S' amuser à la moutarde, s' arrêter à des chôses légères qui ne signifient rien, et ne pas en venir au solide et à l' essentiel.

AMUSETTE


AMUSETTE, ou AMUSèTE, s. f. *AMUSEUR, s. m. [Amuzète, amuzeur, tout br. 3e è moy. au 1er.] Le 1er n' est bon que dans le style familier: petit amusement: "Les poupées sont des amusettes d' enfans. Dans le style soutenu, on dirait: jeux d' enfans, plutôt qu' amusettes. "Les plus grandes affaires du monde ne sont dans le fond que des jeux d' enfans. _ * Le 2d n' est pas non plus du beau style: il est encôre moins usité. L' Acad. ne le met point. "C' est un amuseur, un trompeur.

AMYDON


AMYDON. Voy. AMIDON.

AMYGDALE


AMYGDALE, s. f. Quelques-uns écrivent Amigdale avec un i; mais l' y grec marque mieux l' origine grecque de ce mot. _ On apelle ainsi les glandes en forme d' amande (c' est le sens du mot grec), qui sont aux deux côtés de la gorge, sous la luette. On l' emploie le plus souvent au pluriel: "Il a les amygdales enflées.

AN


AN, voyelle nazale, son simple, qui devrait n' être écrit qu' avec une seule lettre. Ce qui doit s' entendre d' an suivi d' une consone; Ancêtres, ancien, etc. Car, s' il est suivi d' une voyelle, a fait tout seul une syllabe, et l' n se lie avec la voyelle suivante; anagramme, pron. a-nagrame. _ Quand il est final, les Gascons, du moins dans le Bas-Languedoc, (car pour le langage ils le disputent aux vrais Gascons) ajoûtent dans la prononciation un e muet; l' enfant, ils prononcent l' ane-fanne. = Si cet an final est suivi d' un mot qui commence par une voyelle, il ne faut pas lier l' n avec cette voyelle. Par ex. ce ruban est beau; pron. ce ruban ê bô, et non pas ce rubanê bô, prononciation normande et vicieûse.
   An, au commencement et au milieu des mots, étant devant une consone, est long, blanche, danse, il chante, puissance, etc.
   À~ la fin des mots, il est très-bref dans ruban, turban, bouracan, carcan, pélican, encan, ouragan, relan, élan, ortolan, merlan, brelan, talisman, pan, tympan, trépan, cran, écran, cadran, safran, bougran, tan, orviétan, parmesan. Il est un peu moins bref dans les mots suivans, où l' a est plus ouvert: an, ban, océan, roman, vétéran, tyran, van, faisan, artisan, courtisan, partisan, paysan, alezan, bilan, plan, charlatan. Tous les pluriels sont longs: romans, courtisans, etc. D' Oliv.

AN


AN, s. m. ou ANNÉE, s. f. I. On ne se sert pas indifféremment de ces deux mots. Le dernier est d' un usage plus commun; mais il est des ocasions où il ne vaut rien, et où l' usage le proscrit. 1°. On se sert d' an quand l' adjectif ou le régime est après; l' an passé, l' an qui vient, l' an de Notre-Seigneur: on emploie année quand l' adjectif précède: la première année, la seconde année; et non pas le premier an, le second an. _ La Touche prétend pourtant, et avec raison, qu' on dit également l' an passé, et l' année passée, l' an qui vient, et l' année qui vient, mais on ne dirait pas le 3e an. = 2°. On dit an après les noms de nombre cardinaux, quand ils n' ont point de substantif pour régime: "Il a plus de trente ans; c' est une fille de quinze ans; il a vingt-cinq ans passés. _ * Voltaire dit dans le Siècle de Louis XIV: pendant neuf cens années, notre génie a presque toujours été rétréci sous un gouvernement gothique. Il falait dire pendant neuf cens ans. On lit aussi dans le Journ. de Paris: "Depuis environ huit années, il a entrepris de composer un Poëme de l' Harmonie imitative. _ On dit depuis huit ans, depuis dix ans, etc. = 3°. On dit an devant les nombres ordinaux, et année après; l' an quinzième et la quinzième année du siècle, l' an mil sept cent; car, cent est là pour centième. _ 4°. On dit le jour de l' an, le premier jour de l' an; bon an, mal an; une année compensant l' autre; l' an du monde, l' an de grâce, l' an de N. S.
   II. On se sert du mot année, 1°. après les mêmes noms de nombre: "il est dans sa vingtième année. 2°. Après les articles, l' année dernière, l' année qui vient. Voy. plus haut, n°. 1°. Voy. aussi ANNÉE. _ 3°. Devant ou après toute sorte d' épithètes. "Une bonne et heureûse année: "Nos belles années passent bien vite. _ On dit pourtant bonjour, bon an, en saluant; mais c' est sans conséquence pour d' autres adjectifs. L' Opéra dit vos beaux ans; c' est une exception en faveur des Poètes et des Musiciens. _ 4°. Devant ou après des noms substantifs. "Dix années de service, la suite des années, un grand nombre d' années, etc. La Touche.
   III. En parlant de l' âge des hommes, on dit an plutôt qu' année. Voy. I. n°. 2°. * M. de Burigny (Vie de Bossuet), parle d' une Dame qui avait vêcu plus de cent années; je crois qu' il falait dire: plus de cent ans. _ On dit encore : elle paroit soixante ans. SEV. On sous-entend avoir. _ On dit encore d' un homme qui a peine à vivre: qu' il peut à peine joindre les deux bouts de l' an.
   IV. On dit ordinairement, de deux en deux ans, de trois en trois ans, etc. * Rollin dit de quatre ans en quatre ans, et Le Gendre, de deux ans en deux ans; ce qui n' est pas aussi conforme à l' usage.
   V. On ne doit se servir de cette expression l' an passé, que quand on parle de l' année qui précède celle où l' on écrit. Un Historien, parlant d' un ancien événement doit dire l' année précédente. * Le P. Catrou n' a pas fait cette attention. "Une action si mémorable... fit oublier la désolation de l' an passé. Cet Historien écrivait en 1727. Il semblerait, à la manière dont il s' exprime, que cette désolation avait eu lieu en 1726. Voy. DICT. NÉOL.

ANABAPTISME


ANABAPTISME, ANABAPTISTE, s. m. [Le p s' écrit, mais ne se prononce pas; anabatisme, anabatiste.] Espèce d' hérésie.

ANACHORèTE


ANACHORèTE, s. m. [L' h n' est là que par respect pour l' étymologie. Anakorète, 4e è moy. 5e e muet.] Hermite, Moine, qui vit seul dans un désert. Il se dit par oposition aux Moines, qui vivent en Communauté, qu' on apelle Cénobites. "Les Anachorètes de la Thébaïde, de la Syrie.

ANACHRONISME


ANACHRONISME, s. m. [Anakronisme, tout bref.] Faute contre la Chronologie; comme par exemple, l' Épisode de Didon, que Virgile fait contemporaine d' Ènée.

ANACRÉONTIQUE


ANACRÉONTIQUE, adj. [A-nakréonti--ke, 3e é fer. tout bref.] Qui est dans le goût des Odes d' Anacréon. "Vers anacréontiques.

ANAGOGIQUE


ANAGOGIQUE, adj. tout bref. Sens anagogique; en Théologie, est un sens spirituel et mystique, tiré du sens naturel et littéral. Il ne se dit que dans cette acception.

ANAGRAMME


ANAGRAMME, ou ANAGRAME, s. f. tout bref. Arrangement des lettres d' un mot, disposées de telle sorte qu' elles font un autre mot, et un autre sens. Comme chanteloup, dont l' anagrame est plante-chou.
   Rem. Dans le temps que les anagrames étaient à la mode, on a dit, anagramatiser et anagramatiste. Ils sont dans Trév. avec deux m. _ L' Acad. ne les a point mis.

ANALèCTES


ANALèCTES, s. m. pl. Fragmens choisis d' un Auteur.

ANALOGîE


ANALOGîE, s. f. [4e lon. Il serait bon que l' î fût marqué d' un accent circonflexe.] Raport, proportion.
   Rem. C' est une source d' erreurs dans le langage, quand on ne consulte que l' analogie. Se servir d' une expression, uniquement parce qu' elle a quelque raport avec une autre, consacrée par l' usage, c' est s' exposer à faire des barbarismes, et à parler Italien, Espagnol, Anglais ou Allemand en Français. Pourquoi, par exemple, ne pas dire doner succès à quelqu' un, comme on dit lui doner compte, lui doner droit? Demandez-le à l' usage: c' est lui qui décide souverainement et sans apel. Vous pouvez vous plaindre de ses bisârreries; mais il faut vous y conformer.
   Les Mathématiciens confondent analogie avec proportion géométrique; les Physiciens avec similitude. Paulian, Dict. de Physique.
   1°. ANALOGIE régit-il à ou avec? M. le Gendre a employé le 1er: j' aimerais mieux le 2d: l' Acad. done un exemple du 1er. "La partie basse d' une montagne s' apelle le pied de la montagne, par analogie au pied de l' homme. "L' analogie des petits tourbillons aux grands, est destituée de toute vraisemblance. Le Gendre. _ On voit que la voie de l' analogie n' est pas plus sûre en Physique qu' en Gramaire. Au mot Analogue, l' Acad. dit, qui a de l' analogie avec. Voilà le 2d. régime autorisé.
   2°. On dit dans le Dict. Gramm. qu' analogue a deux régimes, le datif et la prép. avec. _ Analogie peut donc avoir ces deux régimes. On emploie plus souvent la prép. entre. "Le fer et l' aimant ont de l' analogie entr' eux.

ANALOGIQUE


ANALOGIQUE, adj. ANALOGIQUEMENT, adv. [Analogike, gikeman, tout bref.] Qui a de l' analogie, termes analogiques. _ D' une manière analogique. "Le mot de pied se dit analogiquement du bas d' une montagne.

ANALOGISME


ANALOGISME, s. m. Terme de Dialectique: Argument de la caûse à l' effet.

ANALOGUE


ANALOGUE, adj. [Analoghe, et non pas analogû-e.] Terme de Philosophie. Qui a de l' analogie avec une autre chôse. "Le pied de l' homme et le pied d' une montagne sont des termes analogues. Voyez. ANALOGIE, n°. 2°.
   * Rem. Un des Auteurs du Mercûre en fait un substantif. "On ne peut se persuader que notre langue n' ait point des analogues propres à rendre une pensée que la langue Espagnole a pu exprimer. _ L' Auteur entend par ce mot, des synonymes, des termes équivalens. Ce n' est pas tout-à-fait le sens de ce mot.

ANALYSE


ANALYSE, s. f. ANALYSER, v. a. [Ana--lîze, analizé, 3e lon. au 1er, brève au 2d; 4e e muet au 1er, é fer. au 2d.] 1°. Au propre, réduction, résolution d' un corps dans ses principes. _ 2°. En Mathématiques, l' art de résoudre les problêmes par l' Algèbre. _ 3°. Faire l' analyse d' un discours, c' est le réduire dans ses parties principales, pour en mieux conaître l' ordre et la suite. = Analyser n' a que le sens marqué au 1er et au 3e numéro. "Analyser un corps mixte, analyser un discours. Il se dit sur-tout dans cette dernière acception; pour l' autre, on dit plutôt faire l' analyse de.
   Rem. Ces termes sont fort à la mode dans le sens figuré. Jamais on n' a tant parlé d' analyse et d' analyser; mais ce n' est pas dans l' ancienne acception, marquée au n°. 3°. c' est par une métaphôre tirée de la Chimie. "En général, l' esprit de l' autre siècle, dit ironiquement, l' Ab. Coyer manquait d' une qualité essentielle: il n' était pas subtil: il ne saisissait que les grands traits. Le nôtre s' attache aux petits: nous analysons les sentimens, nous disséquons les vertus, nous fendrions un cheveu en quatre.

ANALYSEUR


*ANALYSEUR, s. m. ANALYSTE, s. m. [Anali-zeur, analiste.] Le 2d est un mot reçu: qui est versé dans l' analyse. Habile Analiste. Voy. ANALYSE, n°. 2°. _ Le 1er est un mot nouveau. Il ne se dit que par mépris. "Les Philosophes de nos jours paraissent plus justes à notre Analyseur. Ann. Litt.

ANALYTIQUE


ANALYTIQUE, adj. ANALYTIQUEMENT adv. [Analitike, tikeman, 5e e muet, tout bref.] Qui tient de l' analyse; méthode analytique. _ Par voie analytique; procéder analytiquement.

ANARCHîE


ANARCHîE, s. f. [3e lon. Il convient de marquer l' î d' un acc. circ. Le chi doit être prononcé à la Française.] État sans Chef et sans gouvernement. "L' irréligion conduit à l' anarchîe.

ANARCHIQUE


ANARCHIQUE, adj. [A-narchike, tout bref.] Qui tient de l' anarchîe; État anarchique.

ANATHÉMATISER


ANATHÉMATISER, v. a. [L' h n' est là que pour rendre homage à l' étymologîe; a-naté--matizé, tout bref, 3e et dern. é fer.] Excomunier, fraper d' anatême. Anathématiser les Hérétiques.

ANATHèME


ANATHèME, s. f. [Anatème; 3e è moy. et lon., 4e e muet.] Excomunication. "On dit sans article, dire anathème à, prononcer anathème contre; fraper d' anathème, lancer anathème.

ANATOCISME


ANATOCISME, s. m. Usûre; qui consiste à prendre l' intérêt de l' intérêt.

ANATOMîE


ANATOMîE, s. f. [4e lon. l' î marqué d' un acc. circ. serait utile pour en marquer la quantité.] Dissection du corps des animaux. _ Art de les disséquer, science qu' on aquiert par la dissection. = Au figuré, discussion particulière et exacte de quelque sujet que ce soit.
   Rem. Anatomîe et anatomiser se disent au propre et au figuré; mais anatomiste ne se dit qu' au propre. On dit, faire l' anatomîe d' un discours, anatomiser un ouvrage. _ Dissection anatomique de la Lettre de... C' est le titre d' un ouvrage bien reçu dans le temps, mais titre trop recherché. _ Anatomie même et anatomiser, employés figurément, ne sont que du style modéré, du style didactique, polémique ou critique: ils ne sont pas du beau style. L' Ab. Coyer plaît, quand il dit des femmes qu' elles anatomisent l' âme; mais Mascaron ne plaît pas, lorsque dans l' Or. Fun. de la Reine d' Angleterre, il souhaite de devenir l' interprète des sentimens de ce grand coeur... pour en faire l' anatomie.

ANATOMIQUE


ANATOMIQUE, adj. ANATOMIQUEMENT, adv. [Anatomike, mikeman, tout bref, 5e e muet.] Qui apartient à l' anatomie: observations anatomiques. _ D' une manière anatomique: Homère décrit les blessûres des combatans trop anatomiquement.

ANATOMISER


ANATOMISER, v. a. ANATOMISTE s. m. [Anatomizé, Ana-tomiste, tout bref; mais dans j' anatomîse, 4e lon.] Faire l' anatomie, la dissection d' un corps. _ Qui est savant en Anatomîe: grand anatomiste. _ Anatomiser se dit aussi au figuré, anatomiste ne se dit qu' au propre. Voy. ANATOMIE.

ANCE


ANCE, Voy. ANSE. Le 1er est du Dict. Gramm. le 2d. de l' Acad.

ANCêTRES


ANCêTRES, s. m. pl. [1re et 2e longues, ê ouvert.] Les aïeux, ceux de qui l' on descend. L' Acad. remarque fort bien que ce mot ne se dit que de ceux qui sont au-dessus du Grand-Père, et seulement des maisons illustres. _ Les autres doivent dire mes aïeux, et non pas mes ancêtres. Voy. AïEUL. _ Il se dit quelquefois de ceux qui nous ont précédés, quoique nous ne soyons pas de leur sang. "Nos ancêtres valoient mieux que nous. _ Remarquez pourtant, que quand il est employé absolument, il ne se dit que de ceux à qui l' on apartient par le sang. L' Ab. Houteville l' emploie au lieu d' Anciens. "Ce Dialogue (de St. Justin) est l' un des morceaux les plus travaillés et les plus didactiques, qui nous soient venus des ancêtres. Ce mot est là fort impropre. _ Remarquez encore qu' en disant nos ancêtres, pour ceux qui nous ont précédés, nous ne parlons que de ceux d' une même nation. Nous ne parlerions pas de même s' il s' agissait des Grecs et des Romains, et même des Italiens, des Espagnols, etc.
   ANCêTRES et Prédécesseurs ne sont donc pas synon. Le 1er est relatif à l' ordre naturel; le 2d. à l' ordre politique et social. "Les Ancêtres d' un Roi sont les hommes dont il descend par le sang; ses prédécesseurs, sont les Rois qui ont occupé le même trône avant lui. Ainsi les Rois de France, depuis Philippe le Hardi jusqu' à Henri III, sont les prédécesseurs d' Henri IV, sans être ses ancêtres. Beauzée, synon.
   Rem. Ancêtres n' a point de singulier, dit Th. Corneille: Il ne faut pas dire: un tel est mon ancêtre; mais, était un de mes ancêtres. Ronsard et Malherbe avaient dit: mon ancêtre, leur ancêtre. L' Ab. Laboureur s' en était aussi servi dans ses Généalogies. Ménage les condamne. _ M. L' Ab. Royou a dit tout récemment: Un descendant de cet habile négociateur, (le Card. Mazarin) qui a hérité de ses talens et de ses vertus, sans qu' on puisse lui reprocher aucun des défauts de son ancêtre. Je crois qu' encôre aujourd' hui cela ne se dit point.

ANCHE


ANCHE, s. f. [1re longue, 2e e muet.] 1°. Petit tuyau plat, par lequel on soufle dans les hauts-bois; bassons, etc. = 2°. Demi tuyau de cuivre qui se met dans les tuyaux d' orgue. = 3°. Petit conduit, par lequel la farine coule dans la huche du moulin.

ANCHOIS


ANCHOIS, s. m. [An-choâ, 2 longues.] Il vaut mieux qu' anchoie fém. dit la Touche. L' Acad. s' était d' abord contentée de dire que quelques-uns disent anchoie, et le font fém. Dans la dern. Edit. elle le met masc. sans remarque. _ Le peuple dit anchoie, qu' il prononce ancho-ïe; et Maynard a dit burlesquement d' un Poète, que
   Ses écrits serviront de simarre aux anchoyes.
qu' ils serviront à les enveloper. _ En Provence, on dit assez communément de belles anchois, de bonnes anchois, au lieu de beaux, de bons anchois qu' il faut dire. C' est que dans le patois, on dit anchoyos féminin.

ANCHRE


ANCHRE, ANCHRER. Voyez ANCRE, ANCRER, sans h.

ANCIEN


ANCIEN, ENNE, ou ène, adj. [An-cien; en n' a pas le son d' an, an-ciène, 2e è moy. 3e e muet.] Ancien est de trois syll. en vers: il se plaît à marcher plutôt devant qu' après le subst.
   Nous devons l' apologue à l' ancienne grèce
       La Font.
"L' ancien Testament, l' ancienne Loi; l' ancienne amitié qui nous lie. On dit indifféremment: c' est une ancienne maison, ou une maison ancienne.
   S. m. En parlant des Auteurs de l' antiquité, on dit: un ancien, les anciens.
   Laissez les Anciens, à l' exemple des Rois,
   Législateurs heureux, braver leurs propres Lois.
       Du Resnel.
  Anciens seulement dans leurs phrâses usées,
  Modernes dans le tour de leurs froides pensées.
       Idem.
C' est aussi un terme de dignité; les Anciens du peuple d' Israël; et aujourd' hui, même dans les compagnies, il se dit de celui qui y a été reçu avant un autre: je suis votre ancien, il est le mien.
   Rem. Ancien et vieux ne sont pas synon. Ancien a raport au siècle, et vieux à l' âge: ancien est oposé à moderne, et vieux à jeune. On dit, une maison ancienne, quand on parle de la famille; et une vieille maison, quand on parle du bâtiment. Voy. aussi ANTIQUITÉ.

ANCIENNEMENT


ANCIENNEMENT ou ANCIèNEMENT, adv. ANCIENNETÉ, ou ANCIèNETÉ, s. f. [1re lon. 2e è moy. 3e e muet; an-ciè-neman, neté.] Autrefois; dans les siècles passés. "Anciennement on vivait autrement qu' aujourd' hui. On le met ordinairement à la tête de la phrâse: il peut pourtant être au milieu ou à la fin, mais il ne se met jamais entre l' auxil. et le partic. "Ce qu' on faisait anciènement, ce qu' on avait fait anciènement, et non pas ce qu' on avait anciènement fait; ni même ce qu' anciènement on avait fait.
   ANCIèNETÉ. 1°. Antiquité: des chôses vénérables par leur ancièneté. Acad. là antiquité vaux mieux. _ De toute ancièneté; toujours et depuis très-long-temps: cela s' est fait de toute ancièneté. On dit aussi, et souvent mieux: de toute antiquité. = 2°. Priorité de réception. "Ils ont rang selon leur ancièneté.

ANCRAGE


ANCRAGE, s. m. [On écrivait autrefois Anchrage.] Lieu propre et commode pour ancrer.

ANCRE


ANCRE, s. f. [Autrefois anchre, par respect pour l' étymologie. Anchora.] Grosse pièce de fer, divisée aux extrémités en deux branches tournées en arc, et dont on se sert pour arrêter et fixer les vaisseaux, en la jetant dans la mer. Jeter l' ancre, mouiller l' ancre, ou simplement mouiller.
   * Rem. Quand on parle du mouillage indéfiniment, on dit: jeter l' ancre, lever l' ancre, et non pas les ancres, quand même on en jète plusieurs. "Le bâtiment Chinois y eut à peine jeté les ancres. Charlevoix. Il falait dire: jeté l' ancre.

ANCRER


ANCRER, v. a. Autrefois anchrer. [An--cré, 1re lon. 2e é fer.] 1°. Au prop. jeter l' ancre. Il est peu d' usage en ce sens. Rich. Port. On dit plutôt mouiller. L' Acad. le met sans remarque. "Le mouillage étoit bon: ils y ancrèrent. _ 2°. Au figuré, mais au réciproque et au passif seulement; et dans le style familier. "Il cherche à s' ancrer, il s' est ancré, il est ancré, bien ancré auprès du Prince, dans cette maison. _ * On dit, dans le Dict. Gramm. que s' ancrer se dit sans régime: on voit le contraire par ces exemples, qui sont de l' Académie.

ANDOUILLE


ANDOUILLE, ANDOUILLETTE, s. f. [An-dou-glie, gliè-te, mouillez les ll, 3e e muet au 1er, è moy. au 2d, 1re lon. le reste bref.] Le 1er se dit d' un boyau de porc, farci d' autres boyaux, ou de la chair même de l' animal. _ Le 2d, de la chair de veau hâchée et pressée en forme de petite andouille. Acad. ordinairement en ovale Rich. Port.

ANE


ANE. Ordinairement cette pénult. est brève. Cabane, organe, etc. Elle est longue dans âne, crâne, les mânes. D' OLIVET.

ÂNE


ÂNE, s. m. [1re lon. 2e e muet. On écrivait autrefois asne.] Bête de somme, qui a de grandes oreilles. Acad. Animal stupide assez connu. Trév. _ Au figuré, esprit lourd et grossier, stupide, ignorant.
   ÂNE, ignorant (synon.) On est âne par disposition d' esprit; et ignorant par défaut d' instruction. Le premier ne sait pas, parce qu' il ne peut aprendre; le second, parce qu' il n' a pas apris. Les ânes, pour l' ordinaire, ne conaissent, ni ne sentent pas même le mérite de la science: les ignorans se le figûrent quelquefois tout autre qu' il n' est. GIR. Synon.
   En style proverbial, on apelle contes de peau d' âne, des contes puériles. La Fontaine, après avoir raconté le trait de Démosthène, qui reveilla l' attention des Athéniens distraits, par un conte puérile, finit par cette moralité.
   Nous sommes tous d' Athène en ce point; et moi-même,
   Au moment que je fais cette moralité,
   Si peau d' âne m' étoit conté,
   J' y prendrois un plaisir extrême.
   Le monde est vieux, dit-on: je le crois: cependant
   Il le faut amuser encor comme un enfant.
   On dit aussi proverbialement: méchant comme un âne rouge. _ Brider l' âne par la queuë: faire une chôse à rebours: _ âne bâté: stupide, ignorant. _ Pont aux ânes: chôse commune que persone n' ignôre.

ANÉANTIR


ANÉANTIR, v. a. [A-né-anti, 2e é fer. 3e lon.] Réduire au néant. Dieu peut anéantir la fortune de... anéantir une objection, la détruire entièrement. = S' anéantir au propre, se détruire. "Cette fortune immense s' est anéantie en peu de tems. _ Au figuré et en termes de dévotion: s' humilier profondément devant Dieu. L' Écriture dit que J. C. s' est anéanti lui-même: exinanivit semet--ipsum.

ANÉANTISSEMENT


ANÉANTISSEMENT, s. m. [A-né-anti--ceman, 2e é fer. 3e lon. 5e. e muet.] 1°. Au propre, réduction au néant: l' anéantissement des créatures dépend de leur Créateur. = 2°. Au figuré, destruction, abaissement. L' anéantissement des trois premières monarchîes. "Il est tombé dans l' anéantissement. "L' anéantissement de sa fortune le fait mépriser de ceux dont ses richesses lui attiroient les basses flateries. Voy. ANGOISSE, à la fin. = 3°. En termes de dévotion; abaissement dans lequel on se met devant Dieu. "Les Saints se tenoient dans un continuel anéantissement en présence du Seigneur.

ANèCDOTE


ANèCDOTE, s. f. [Anèkdote, 2e è moy. tout bref.] Particularité secrète d' Histoire, omise ou suprimée par les Historiens précédens. Anècdote curieuse, satirique, vraie, fausse.
   Rem. Plusieurs Écrivains l' ont employé adjectivement: Fontenelle parle de l' Histoire anècdote des sciences. _ Du Bos: "Ces faits anècdotes, qui font admirer davantage les hommes illustres. _ Voltaire. "Le recueil de Lettres de Gui-Patin a été lû avec avidité, parce qu' elles contiennent des nouvelles anècdotes. _ l' Ab. Grosier: "Les pièces justificatives sont anècdotes pour la plupart. _ Il en est qui, à la place, ont dit anècdotique, et celui-ci paraîtrait être davantage dans l' analogie de la langue, si l' usage l' admettait. "Les faits anècdotiques, raportés d' après les Historiens, suffisent pour faire conoître tout entier l' homme que nous avons à représenter. Anon.
   J' avais fait cette remarque, quand j' ai lû cette note dans l' Année Littéraire: "Anècdotique n' est pas françois: il le deviendra peut-être. Anècdote est en même temps substantif et adjectif. On dit une anècdote historique, et une Histoire anècdote. _ Trév. et le Rich. Port. ne le marquent que subst. _ L' Acad. dit qu' il s' emploie aussi adjectivement, et ne cite que cette phrâse: "l' Histoire anècdote de Procope.

ANECDOTIQUE


*ANECDOTIQUE, adj. Mot nouveau. Il est dans le Journal de Littérature, des Sciences et des Arts. Voy. l' article précédent.

ANÉMôNE


ANÉMôNE, s. f. [A-né-mône, 2e é fer. 3e lon. 4e e muet] Fleur printanière, qui vient d' oignon, Acad. de plusieurs couleurs, et fort connûe. Trév. Anémône, simple, double; carré d' anémônes.

ÂNERîE


ÂNERîE, s. f. [1re et 3e lon. 2e e muet.] Grande ignorance de ce qu' on devrait savoir. _ Dans le principe, ânerîe est un défaut qui vient de la nature du sujet, stupide et incapable d' aprendre; ignorance est un défaut que la paresse entretient, dans le sujet, qui ne veut pas aprendre. Voy. Âne, ignorant, synon. au mot \âne. _ Mais dans l' usage, ânerîe se dit de l' effet de cette ignorance, et signifie plutôt faûte que défaut. Quelle ânerîe dans ce Médecin, dans cet Avocat! "Ce livre est plein d' ânerîes. Voy. Ânesse.

ÂNESSE


ÂNESSE, s. f. [1re lon. 2e è moy. 3e e muet ânèce.] La femelle d' un âne. Lait d' ânesse. _ Âne et ânerie se disent le 1er au propre et au figuré, le 2d. seulement au figuré: Ânesse ne se dit qu' au propre. On ne dit point d' une femme stupide et ignorante qu' elle est une ânesse, comme on dit d' un homme que c' est un âne.

ANGAR


ANGAR, Trév. Dict. Gramm. Rich. Port. D' autres écrivent angard, d' autres enfin engard. Celui-ci est le plus mauvais de tous. L' Acad. ne met que hangar, et c' est ainsi qu' il faut écrire ce mot, puisqu' il y a une aspiration et qu' on prononce le hangar et non pas l' angar. _ Le Dict. Gramm. et le Rich. Port. mettent l' un et l' autre, Angar sous la lettre A, et Hangar sous la lettre H sans remarque et sans renvoyer de l' un à l' autre. C' est une inattention. Voy. Hangar.

ANGE


ANGE, s. m. [1re lon. 2e e muet.] Être purement spirituel. _ Il est fém. quand il signifie une espèce de poisson, qui ressemble à la raie.
   Rem. Ange se dit figurément de celui, qui a des vertus, ou des talens supérieurs: "Cette fille est un ange; elle a le visage d' un ange; cet homme écrit, chante comme un ange. Il a la voix d' un ange: il vit en ange, etc. Mais il est ridicule de dire, j' ai dormi comme un ange, pour dire, j' ai très-bien dormi.
   St. Thomas d' Aquin est apelé à juste titre, l' Ange de l' Ecole. Cette locution est consacrée: on ne doit point l' apliquer à d' autres grands hommes; et dire par exemple: "Raphaël est l' ange de la Peintûre.
   On dit, dans le style familier, rire aux anges, être si content, qu' on rit tout seul et sans mot dire. _ Il voit des anges violets, se dit de celui qui a des visions creûses.

ANGÉLIQUE


ANGÉLIQUE, adj. ANGÉLIQUEMENT, adv. [1re lon. 2e é fer., 4e e muet. angé--like, likeman.] Qui apartient à l' Ange, qui est propre à l' ange. Acad. Qui est de la nature des anges, ou qui y a quelque raport. Trév. Esprit angélique, les Choeurs angéliques. _ Il se dit au figuré; Beauté, esprit, voix, pureté angélique, etc. St. Thomas est apelé Docteur angélique. _ En style proverbial, chère angélique, très-délicate.
   Rem. Angélique suit ordinairement: en vers, il peut précéder: vie angélique, visage angélique; angélique beauté, etc. angélique vie ne vaudrait rien, même en vers; angélique visage pourrait passer. _ Angéliquement. D' une manière angélique. Il est peu d' usage.

ANGÉLUS


ANGÉLUS, s. m. L' Acad. l' écrit sans accent. Elle supôse qu' on doit savoir que dans la Langue Latine l' e muet est inconu, et que tous les e y sont des é fer. Mais ceux qui ne savent pas le latin, sont induits en erreur; et plusieurs en effet prononcent comme il est écrit angelus, e muet, au lieu d' angélus, é fermé. _ Prière, qui se fait trois fois le jour, au son de la cloche, le matin, à midi et le soir.

ANGLE


ANGLE, s. m. [1re lon. 2e e muet.] Rencontre de deux lignes qui se coupent. Acad. De deux lignes inclinées l' une à l' autre dans un certain point. Trév. Ouvertûre de deux lignes qui se touchent en un point. Paulian, Dict. de Phys. La dernière définition est la meilleûre, et j' ôse dire que celle de l' Acad. est la plus mauvaise: la rencontre de deux lignes qui se coupent ne représente pas un angle. _ On dit figurément les angles, pour les coins d' un bataillon.
   Rem. Dans l' Ann. Litt. On critique cette phrâse de la Trad. de l' Odyssée par M. Gin. "Quatre fontaines, placées aux quatre angles, répandent au loin une molle fraîcheur. On y dit que "angle est un terme de Géométrie qui ne paroît pas convenable dans une description riante et poétique: mais, 1°. Angle n' est pas seulement un terme Géométrique: il est usité dans le langage ordinaire. On dit fort-bien les angles d' une chambre, etc. 2°. Aurait-on voulu que M. Gin mît aux quatre coins? Ce dernier mot est-il plus noble que celui d' angle? Aurait-il été plus convenable à une description riante et poétique?

ANGLEûX


ANGLEûX, EûSE, adj. [2e lon. comme la 1re, gleû, gleû-ze.] Il ne se dit que des noix qu' on a peint à tirer de la coquille.

ANGLAIS


ANGLAIS, AISE, adj. et s. m. et fém. [Anglè, glèze, 2e è ouvert et long.] Cette ortographe est plus conforme à la prononciation: mais elle a peine à prendre, malgré l' autorité de M. de Voltaire, et l' ardeur de ses Partisans à lui faire leur cour, jusques dans l' ortographe qu' il avait adoptée. Il serait à souhaiter qu' elle le fût universellement dans tous les mots où oi a le son de l' e Voy. OI.

ANGLICAN


ANGLICAN, ANE, adj. [Tout bref, excepté la 1re qui est longue, anglikan, kane.] Il ne se dit que de ce qui a raport à la Religion dominante en Angleterre. Le Rit anglican, l' Église anglicane. Il est anglican. Acad. _ Il me semble que l' on dit quelque-fois assez bien, les systêmes anglicans, les maximes anglicanes; mais c' est quand on veut critiquer.

ANGLICISME


ANGLICISME, s. m. Façon de parler et d' écrire propre de la langue Anglaise, et qui n' est pas reçue dans notre langue. Les Traductions des Livres Anglais sont pleines d' anglicismes, que les Auteurs auraient pu aisément éviter, en consultant seulement les Dictionaires. Nous en avons relevé une foule dans celui-ci.

ANGLOIS


ANGLOIS, OISE. Voy. ANGLAIS.

ANGLOMANE


*ANGLOMANE, s. m. ANGLOMANIAQUE, s. m. ANGLOMANIE, s. f. Le besoin d' exprimer de nouvelles manies a fait inventer ces mots. Ils ne sont bons que dans le style polémique ou critique. "Nos Philosophes anglomanes voudroient-ils achever l' ouvrage? Moreau. "L' anglomanie a passé de nos livres dans nos moeurs. Sabatier, Trois Siècles, etc. "Depuis que l' anglomanie s' est emparée de nous, il semble qu' on veuille, à quelque prix que ce soit, renverser toutes les idées reçues. Rigoley de Juvigny. _ Anglomaniaque enchérit encôre sur anglomane, mais il n' est bon que pour le sarcasme et l' amère critique. "Tous les anglomaniaques de cette Capitale (Paris) enivroient Garrick d' adorations. Linguet.

ANGOISSE


ANGOISSE, s. f. [An-goâ-ce, 1re et 2e lon.] Grande affliction d' esprit. Acad. _ La Touche trouvait ce terme fort expressif, et il croyait qu' on ne devait point faire difficulté de s' en servir dans le style relevé. Il s' apuye de l' autorité de l' Académie, qui l' aprouvait. _ Il avoue pourtant que quelques persones trouvaient ce mot vieux. Il est certain qu' il l' est, et qu' on ne s' en sert plus guère depuis long-temps que dans des discours de piété, ou dans le style familier. _ La Touche cite St. Real et Patru. Il aurait pu citer encore Bossuet et Mascaron, et plusieurs Auteurs de ce temps-là. Mais ceux qu' il cite, et les autres qu' il aurait pu citer, outre qu' ils sont anciens, n' ont employé ce mot que dans des matières de Religion. "Il parut dans de cruelles angoisses. St. Real, Vie de J. C. "Leur salut est en danger dans cette terre de tribulation et d' angoisse. Patru. _ Dans la dern. édit. de son Dict. l' Acad. met encôre angoisse sans remarque. _ M. Linguet l' a employé tout nouvellement: "De-là résulte pour le paysan cet état habituel d' angoisse, qui le flétrit; cet anéantissement absolu, qui éteint les facultés de son âme.
   *ANGOISSÉ, ÉE, vieux mot. "L' Hôte demeura tout angoissé de ce discours. Chron. "Le malade est fort inquiet et angoissé. Tissot, Avis au Peuple.

ANGUILLADE


ANGUILLADE, s. f. [Anghi-glia-de, mouillez les ll.] Coups qu' on done avec une peau d' anguille, ou avec un fouet ordinaire. Doner des anguillades à.... l' Acad. n' a pas cru qu' il fût nécessaire d' avertir que ce mot n' est bon que dans le style familier.

ANGUILLE


ANGUILLE, s. f. [mouillez les ll, Anghille, et non pas anghile, comme on le marque dans le Dict. Gram. Sarasin a eu raison de le faire rimer avec famille.] Poisson d' eau douce, long et menu, de la figure du serpent. Acad. _ Il y a aussi des anguilles de mer ou d' étang communiquant avec la mer. _ On dit proverbialement, écorcher l' anguille par la queuë; comencer une affaire par où il la faut finir. _ Il y a anguille sous roche: il y a quelque mystère caché sous ce qui se dit ou se fait. "Le bon homme (d' Aligre) fut si surpris d' être Chancelier par-dessus, (il avait déjà été nomé Garde des Sceaux) qu' il crut qu' il y avoit anguille sous roche, (c. à. d. qu' on vouloit lui ôter les sceaux.) Sév.

ANGULAIRE


ANGULAIRE, adj. [Angulère, 3e è moy. et lon.] Qui a un ou plusieurs angles; corps angulaire, figûre angulaire.

ANGULEUX


ANGULEUX, EûSE, adj. [Angu-leû, leû-ze, 3e lon.] dont la surface a plusieurs angles; corps anguleux.

ANICROCHE


ANICROCHE, s. f. Dificulté, embarras: "Il trouve des anicroches dans les chôses les plus aisées. "Cet homme vous fait toujours quelque anicroche. "Je trouve toujours quelque anicroche dans mon chemin. _ Il est du style familier.

ÂNIER


ÂNIER, s. m. [Âni-é, 1re lon. 2e é fer.] Celui qui conduit des ânes.

ANIMADVERSION


ANIMADVERSION, s. f. [4e è moyen, tout bref: Animadvèr-sion, et en vers, ci-on.] Correction en paroles seulement. Il ne se dit qu' au Palais: "Ce Procureur, cette procédure méritent l' animadversion de la Justice. _ * Autrefois on s' en servait pour signifier des observations critiques sur les anciens Auteurs: animadversions sur Horace, etc. _ Dans le Rich. Port. on le met sans remarque dans le 1er sens, et même dans le 2d.

ANIMAL


ANIMAL, s. m. Être, composé d' un corps organisé et d' une âme sensitive. Acad. Tout ce qui a vie, sentiment et mouvement. Trév. Être qui a du sentiment, et qui est capable d' exercer les fonctions de la vie. Rich. Port. De ces trois définitions, celle de l' Acad. est sans contredit la meilleûre. Animal terrestre, animal aquatique, animal amphibie, etc. "L' homme est un animal raisonable.
   ANIMAL, Bête, Brute (synon.) Le 1er est un terme générique, qui convient à tous les êtres organisés vivans. L' animal vit, agit, se meut de lui-même. Bête se prend souvent par oposition à l' homme. "L' homme a une âme, mais les Cartésiens n' en acordent point aux Bêtes. _ Brute est un terme de mépris, qui ne s' aplique qu' en mauvaise part. "Il vit comme la brute. (Encycl.) Beauzée. Synon.
   On apelle par injûre animal, un homme lourdaut, grossier, stupide. "Celui qui vous a dit cela est un animal.

ANIMAL


ANIMAL, ALE, adj. [tout bref.] Qui apartient à l' animal. Vie animale, fonctions animales, esprits animaux. _ Il suit toujours le substantif.

ANIMALCULE


ANIMALCULE, s. m. Petit animal. Il ne se dit que des animaux qu' on peut voir au microscope.

ANIMATION


ANIMATION, s. f. [Anima-cion, et en vers ci-on.] Terme didactique. Il se dit de l' union de l' âme au corps. Acad. Temps auquel~ l' âme est infuse dans le corps de l' homme. Trév. Rich. Port. L' animation du foetus.

ANIMÉ


ANIMÉ, ÉE, adj. [3e lon. au 2d, é fer.] Il se dit ou seul et sans régime, et il suit toujours le subst. Ton vif et animé, style animé; ou il régit de et pour; animé d' un zèle courageux pour la Religion et la Patrîe. _ Il régit quelquefois aussi la préposition à.
   À~ quoi bon d' une Mûse au carnage animée
   Échaufer ta valeur déjà trop allumée.
       Boil.

ANIMER

ANIMER, v. a. [Animé, 3e é fer. tout bref.] 1°. Mettre l' âme, le principe de la vie dans un corps organisé. "Il y a dans un corps vivant un principe qui les anime. En ce sens, il se dit au figuré. "le zèle de Dieu l' anime. = 2°. Doner de la vivacité, de l' action: rien ne peut l' animer. = 3°. Doner de la vivacité, de la sensibilité. "Cela serait capable d' animer une statuë; de la force à un discours, au style, à l' action de l' Orateur: cet endroit n' est pas assez animé; cet Orateur n' anime point ce qu' il dit. = 4°. Exciter, encourager, animer au combat. = 5°. Irriter: animer un homme contre un aûtre.
   Divers Régimes. La prép. de; animer les esprits d' ardeur et de courage. _ La prép. à: animer au combat, au carnage. _ La prép. contre: Pourquoi animer contre moi une persone déjà trop irritée. _ S' animer régit élégamment la prép. à devant les verbes. "Il s' anime à suivre leur exemple. Charlev.

ANIMOSITÉ


ANIMOSITÉ, s. f. [Animozité; dern. é fer.] Haine, aversion, ressentiment contre. "Il a de l' animosité contre moi, je ne sais pas pourquoi.
   * Rem. Le Trad. de l' Hist. d' Angl. dit animer l' animosité. Ces deux mots ne vont pas bien ensemble, précisément parce qu' ils se ressemblent trop. "Ces contestations violentes avoient animé l' animosité la plus vive entre les deux factions ennemies. _ Il falait dire, avaient alumé.

ANIS


ANIS, s. m. [On écrit l' s, mais on ne la prononce pas.] Plante odoriférante, qui porte une graine du même nom.

ANISÉ


ANISÉ, ÉE, adj. [Anizé, zé-e, 3e é fer. long au 2d.] Gâteau anisé, dragées anisées.

ANISER


ANISER, v. a. [Anizé, 3e é fer. tout bref.] Mettre une couche d' anis sur... Il ne se dit guère qu' au participe. Voyez ANISÉ.

ANN


ANN est bref: on ne prononce qu' une n; année, anneau, annoncer, etc. Pron. anée, ano, anoncer; excepté dans annal, annales, annate, annexe, annexer, annexion, annihilation, annihiler, anniversaire, annotateur, annotation, annuel et ses dérivés. Annalisé, annulaire, annuller. Il serait à souhaiter que l' on n' en écrivît qu' une dans les mots où l' on ne les prononce pas toutes les deux: cette double n ocasione de mauvaises prononciations. Non-seulement les étrangers, mais les habitans de plusieurs provinces trompés, par ces deux n, prononcent an-née, an-neau, an-noncer. Si c' est pour l' étymologie qu' on conserve cette réduplication embarrassante, on ne fait pas attention que les deux n se prononcent en latin, et qu' il ne faut pas les transporter dans une langue où elles ne se prononcent pas. Si c' est le prétexte de marquer que la syllabe est brève; ceux qui ne le devineraient pas en voyant une seule n, ne le savent pas davantage, quand ils en voient deux.

ANNAL


ANNAL, ALE, adj. [On prononce les 2 n, il faut donc les écrire. Annal, nale, tout bref.] Qui ne dûre qu' un an, ou qui n' est valable que pendant un an. Possession, procuration annale, fêtes annales, arrêts annaux, etc.

ANNALES


ANNALES, s. f. pl. [An-nale, tout br.] Histoire qui raporte les événemens année par année. Annales Ecclésiastiques. Annales Politiques, Civiles et Littéraires par M. Linguet.

ANNALISTE


ANNALISTE, s. m. [An-naliste, tout bref.] Historien qui écrit des Annales. Les Annalistes de France.

ANNATE


ANNATE, s. f. [An-nate, tout bref, 3e e muet.] Droit que l' on paye au Pape pour les Bulles des Évêchés et des Abayes, et qui consiste dans le revenu d' une année, fixé sur une ancienne taxe. Droit d' annate, payer l' annate, etc.

ANNE


ANNE, pénult. brève, panne, etc. Elle est longue dans manne, qu' on devrait pour cette raison écrire mâne, sans craindre de le confondre avec les mânes, qui ne se disent qu' au pluriel.

ANNEAU


ANNEAU, ou ANEAU, s. m. [Ano, l' o bref au sing. long au plur. anô.] 1°. Cercle qui est fait d' une matière dure, et qui sert à atacher quelque chôse. Les aneaux d' un rideau; le gros aneau d' une ancre. = 2°. Bague qu' on porte au doigt: aneau d' or, aneau nuptial, épiscopal, etc. = 3°. Figurément, boucles qui se font par la frisûre des cheveux. Être frisé par anneaux n' est plus à la mode.

ANNÉE


ANNÉE, ou ANÉE, s. f. [A-né-e, 2e long. é fer. 3e e muet. Voy. ANN.] Le temps que le Soleil met à parcourir les douze signes du zodiaque, et qui est de douze mois. Voyez AN.
   1°. On dit également bien l' année prochaine et l' année qui vient; Mde. de Sévigné dit toujours le dernier. La Fontaine dit l' an suivant pour l' année d' après. C' est contre l' usage.
   L' an suivant, elle mit son nid en lieu plus haut.
2°. Dit-on d' année à autre, ou d' une année à l' autre? La Bruyère a employé le premier: "Vous devenez d' année à autre plus raisonable. On dit, dans le même goût, de jour à autre, plutôt que d' un jour à l' autre. _ L' Acad. ne met en ce sens que d' année en année. Ce n' est pas une preuve qu' elle exclüë les autres: c' est peut-être qu' elle n' a pas voulu tout mettre. Il semble pourtant que pour éviter la rencontre désagréable de ces trois voyelles ou diphtongues e, a, au; our, à, au, il est beaucoup mieux de dire d' une année à l' autre, d' un jour à l' autre. Marin.
   3°. Peut-on dire de l' anée, dont on fixe l' époque générale et qui est comune à tous, qu' elle a été la dernière d' un homme? L' Ab. Prévôt l' a dit: "l' anée 1463 fut la dernière du Prince Henri, Auteur et Fondateur immortel de toutes les découvertes. Il veut dire qu' il mourut cette anée-là. _ Cette manière de parler ne me parait pas bone. Je ne voudrais pas dire: telle anée fut la trentième de ce Prince: je dirais du moins la 30e de son âge, la dernière de sa vie.

ANNEXE


ANNEXE, s. f. ANNEXER, v. a. [les 2 n s' y prononcent, an-nèkce, nèk-cé, 2 è moyen; tout bref.] Le subst. ne se dit que d' une terre et d' une Église dépendante d' une autre. Je ne voudrais pas dire avec Bossuet, que des États libres sont devenus l' annexe d' une Monarchie; et encore moins: "que l' hérésie des Monothélites est une annexe de celle des Eutychiens. L' emploi de ce mot est encore plus mauvais dans cette dernière phrâse. _ L' Acad. ne le dit que des terres Seigneuriales et des Églises. Dans le Rich. Port. on définit annexe: ce qu' on ajoute à une chôse. La définition est trop vague.
   ANNEXER a un emploi plus étendu que annexe; il a pour 2d. régime la prép. à. "Charles VIII annexa la Provence à la Couronne. "Annexer un fief à une terre, un Prieuré à une Abaye, un droit à un fief, etc. Un Auteur moderne done un usage plus étendu à ce mot: "Il y en a qui atribuent à Hérodote la vie d' Homère, et elle est annexée à son histoire dans plusieurs éditions. Hist. Univ. Angl. _ L' emploi d' annexer ne va pas jusques-là; il ne passe pas les exemples que nous avons cités.

ANNIVERSAIRE


ANNIVERSAIRE, s. m. [on prononce les 2 n: An-nivêrsère, 3e ê ouv., 4e è moy. et long, 5e e muet.] Service et Messe qu' on dit pour un mort, une fois l' année, à tel jour. _ Adject. Qui se fait d' année en année, au même jour. Fête, procession, anniversaire.

ANNONCE


ANNONCE, ou ANONCE, s. f. [2e lon. 3e e muet.] Il ne se dit que du compliment que fait un des Comédiens pour avertir le Public qu' un tel jour on jouera telle pièce; et des Publications de mariage qui se font chez les Protestans.

ANNONCER


ANNONCER, ou ANONCER, v. a. [A--non-cé, 2e lon. 3e é fer.] 1°. Faire savoir: Anoncer une bone, une mauvaise nouvelle. = 2°. Prédire: "Les Prophètes ont anoncé plusieurs siècles par avance la venûe du Messie. = 3°. Avertir de quelque chôse: "Le Curé anonce les Fêtes, les jeûnes; les Comédiens anoncent les pièces, les Ministres Protestans les mariages.

ANNONCEUR


ANNONCEUR, s. m. [Anonceur, 2e lon.] Comédien qui anonce les pièces. Trév. _ M. Mercier lui done un emploi plus étendu: "Plus d' anonceurs, plus de Prôneurs: il faut que le livre se soutienne par ses propres forces.

ANNONCIADE


ANNONCIADE, ANNONCIATION, s. f. Les uns prononcent les 2 n dans ces deux mots; d' aûtres, peut-être en plus grand nombre, n' en prononcent qu' une. Le 1er se dit d' un Ordre de Chevalerie en Savoie, et d' une Congrégation de Filles en France. Le 2d du message que l' Ange Gabriël fit à la Ste. Vierge, et du jour auquel l' Église célèbre ce Mystère. _ Ces deux mots ont le même sens, mais non pas le même emploi. Si l' on disait l' Ordre de l' Anonciation, ou la Fête de l' Anonciade, on parlerait mal.

ANNUEL


ANNUEL, ELLE, adj. ANNUELLEMENT, adv. [An-nuèl, èle, èle-man, 3e è moy. tout bref.] Qui~ dure une année: "L' exercice de cette charge est annuel. _ Qui revient toutes les années: "Revenu annuel, rente annuelle. _ "Il tire annuellement tant de revenu de sa terre; c. à. d. ordinairement toutes les années, bon an, mal an. _ Annuel suit ordinairement le substantif: le fém. peut précéder en vers.
   De ce jours si fameux l' annuelle mémoire.

ANNULLER


ANNULLER, ou ANNULER, v. a. [An--nulé, tout bref.] Rendre nul; casser, révoquer. Annuller un Testament, une procédure. Il ne se dit qu' au Palais. _ Un Auteur moderne a voulu s' en servir, parce que apparemment il l' a trouvé de son goût. "Un Amant se réjouit de voir annuller les tracasseries, qui s' oposoient à son mariage. Du Plaisir. _ Cela serait digne de la comédie des Plaideurs.

ANOBLIR


ANOBLIR, v. a. [A-nobli, tout bref.] Rendre noble, faire noble. "Le Roi l' a anobli: il y a des charges qui anoblissent. _ Dans cette dernière phrâse, il est employé neutralement, sans être v. neutre. On sous-entend, ceux qui les achètent.
   Rem. Anoblir se dit au propre: ennoblir au figuré, pour signifier rendre plus considérable, plus illustre: Ennoblir son style, plutôt qu' anoblir, qu' a employé d' Ablancourt. "Les Sciences et les beaux Arts ennoblissent une Langue. _ La Touche remarque (en 1730) que l' Acad. n' avait mis qu' ennoblir, qu' elle expliquait par rendre plus noble, plus illustre; mais cela ne signifie pas faire noble. doner des Lettres de noblesse. _ Dans la dern. Édit. l' Acad. met anoblir au propre, et ennoblir au figuré. _ Le Rich. Port. met anoblir pour les deux. Cela n' est pas si bien.

ANOBLISSEMENT


ANOBLISSEMENT, s. m. [A-noblice--man, tout bref, 4e e muet.] Grâce et concession du Prince, par laquelle il anoblit: Lettres d' anoblissement. On dit plutôt, dans le discours ordinaire, Lettres de noblesse; mais lettres d' anoblissement est plus exact.

ANODIN


ANODIN, INE, adj. Terme de Médecine. Remède anodin, qui opère doucement et sans causer de douleur. _ Dans le style badin et moqueur, on le dit de toute autre chôse que des remèdes. "Un jeune Poète, dans trois petits couplets anodins, place M. St. Ange sur la même ligne qu' Ovide. Journ. de Mons.

ANOMAL


ANOMAL, adj. ANOMALîE, s. f. Termes de Gramaire. Verbe anomal, qui ne suit pas les règles de conjugaison des autres verbes. Aller est un verbe anomal. _ L' anomalie des verbes est donc l' irrégularité de la conjugaison de certains verbes. _ Ces termes sont plus usités dans la Gramaire latine que dans la française.

ANONCER


ANONCER, ANONCIATION, Richelet. Voy. ANNONCER, etc.

ÂNON


ÂNON, s. m. Le petit d' un âne. L' ânesse et l' ânon.

ÂNONNEMENT


*âNONNEMENT, ou ÂNONEMENT, s. m. ÂNONNER, ou ÂNONER, v. n. [Âno--neman, noné. 1re lon. 2e e muet au 1er, é fer au 2d.] L' Acad. ne met que, Ânonner. C' est lire en tâtonant, comme font les enfans en épellant les lettres. _ Dans la lectûre, l' ânonement fait disparaître toutes les beautés d' un discours, d' un Poème. "Mes pauvres Lettres n' ont de prix que celui que vous y donnez, en les lisant comme vous faites: elles ne sont pas suportables, quand elles sont ânonées ou épellées. SEV. Remarquez le passif, sont ânonées, qui n' est pas selon l' usage.
   ÂNONNEMENT est l' action d' ânonner. Voy. plus haut.

ANONYME


ANONYME, adj. [Richelet écrit ANONIME, et ce ne serait pas une grande faute de l' écrire de la sorte.] Qui est sans nom. Il ne se dit que des Auteurs, Livres ou Écrits. _ Les Lettres anonymes ne méritent point de créance. _ s. m. L' anonyme qui a écrit cette Lettre, est un homme méchant, ou un ennemi secret.

ANONYMEMENT


*ANONYMEMENT, adv. Mot forgé par M. de Beaumarchais. "Anonymement parlant, il dit aujourd' hui: "c' est moi. Let. insérée dans le Journ. de Paris.

ANOTATEUR


ANOTATEUR, ANOTATION, ANOTER. Voy. ANNOTATEUR, etc.

ANSE


ANSE, s. f. La partie de certains vases, de certains ustensiles, par laquelle on les prend pour s' en servir, et qui est ordinairement courbée en arc. Acad. Ce qui sert à tenir ou à manier diverses sortes d' ustensiles. Trév. Sorte de demi-cercle attaché à un panier, à un seau, à un pot, etc. Rich. Port. Toutes ces définitions aboutissent au même. La dernière est plus sensible: celle de l' Acad. est plus vague, mais elle est plus générale, et comprend un plus grand nombre de chôses apellées anses. _ Anse à panier ou de panier, comme disent Trév. et le Rich. Port. est en Architecture une voûte sur-baissée, qui a la figure de l' anse d' un panier. L' Acad. au mot panier, dit aussi anse à panier. _ Plusieurs disent mal-à-propos une hanse.
   ANSE est aussi un bras de mer, qui se jette entre deux pointes de terre, et y forme un enfoncement. L' anse est moins large que la baie, et moins profonde que le golphe.

ANSPESSADE


ANSPESSADE, s. m. [Anspé-sade, 1re. lon. 2e é fer.] Bas Officier d' Infanterie, au-dessous du Caporal. _ Quoique ce mot vienne de Lancia spezzata, il faut dire, Anspessade, et non pas Lanspessade. L. T. Men.

ANTAGONISTE


ANTAGONISTE, s. m. Adversaire, celui qui est oposé à un aûtre dans quelque sentiment, dans quelque opinion. Acad. Celui qui dispute la supériorité à un aûtre, soit dans les exercices du corps, ou les contestations par écrit, ou aûtrement. Trév. Il faut réunir ces deux définitions. La dernière est plus conforme à l' étymologie, oar les antagonistes étaient les concurrens dans les combats et les exercices de la lutte, de la course, etc. et aujourd' hui encôre, il signifie souvent rival, concurrent.
   Rem. Antagoniste n' a point de féminin; et quand on parle des femmes, il faut se servir du masc. "Vous avez-là un charmant (et non pas une charmante) antagoniste. _ Il est adj. masc. en Anatomîe: les muscles antagonistes.

ANTARCTIQUE


ANTARCTIQUE, adj. [Quelques-uns écrivent antartique, et on le voit de la sorte dans le Dict. de Trévoux, au commencement du siècle. Le nouveau Trév. et l' Acad. mettent le c. Il se dit du pôle méridional, oposé au pôle arctique ou septentrional.

ANTÉCÉDENT


ANTÉCÉDENT, ENTE, adj. [Antécé--dan, dante: 1re et 4e lon. 2e et 3e é fer.] Qui est auparavant, qui précède en temps. _ Il n' a pas toute l' étenduë de l' emploi de précédent. "Trois de ces pièces n' étoient pas sur les répertoires des années antécédentes. Anon. Précédentes était là le mot propre. Antécédent adj. ne se dit guère que des actes, des procédures des Conciles: par-tout ailleurs il faut se servir de précédent.
   ANTÉCÉDENT, s. m. En Gramaire se dit par raport au relatif. "Dieu qui vous a créé. Dans cette phrâse, Dieu est l' antécédent, et qui le relatif. _ En Logique, c' est la 1re partie d' un argument, qu' on apelle enthymême, comme la 2de. partie est le conséquent ou la conséquence. "Vous avez~ fait la faute: Il faut donc la réparer.

ANTECHRIST


ANTECHRIST, s. m. [L' s ne se pron. pas, Antekri, 1re lon. 2e e muet.] Celui qui est oposé à J. C. _ Il se dit sur-tout du fameux séducteur, que les divins orâcles anoncent devoir arriver à la fin des temps.

ANTÉDILUVIEN


*ANTÉDILUVIEN, ENNE, adj. Qui a précédé le déluge. "L' Astronomie antédiluvienne. Bailly. C' est un mot tout nouveau.

ANTENNE


ANTENNE, ou ANTèNE, s. f. [2e è moy. 3e e muet.] Longue vergue, qui s' atache à une poulie vers le milieu ou vers le haut du mât pour soutenir les voiles; Acad. "à laquelle les voiles des Galères et des navires sont attachés. Trév. La Vergue. Rich. Port. _ Aucune de ces définitions n' est exacte. _ Vergue se dit de ce qui porte dans les vaisseaux les voiles quarrées, et qui se place transversalement et horisontalement: l' antène, de ce qui porte les voiles triangulaires, qu' on apelle autrement voiles latines, et qui se place en diagonale. Proportion gardée de la grosseur des bâtimens, l' antène est plus longue que la vergue. Les antènes ne sont guères conûës sur l' Océan: elles ne sont guère d' usage que dans la Méditerranée, dans la mâtûre des Galères, Pinques, Barques, Tartanes; excepté l' antène du mât d' artimon, qui est commune à tous les vaisseaux à trois mâts et mâtés en quarré, et qui est souvent tronquée.

ANTÉPÉNULTIèME


ANTÉPÉNULTIèME, adj. [1re lon. 2e et 3e é fer. 5e è moy. 6e e muet; tiè-me.] Qui précède immédiatement le pénultième, ou l' avant-dernier. En commençant par la fin, le dernier est le premier, le pénultième le 2d. l' antépénultième~ le troisième. _ Il s' emploie aussi substantivement. "L' accent est sur l' antépénultième, on sous-entend syllabe.

ANTÉRIEUR


ANTÉRIEUR, EûRE, adj. Qui est avant, qui précède en ordre de temps. Il régit la prép. à. "Dans des siècles antérieurs à cette époque.

ANTÉRIEûREMENT~


ANTÉRIEûREMENT~, adv. [1re et 4e lon. 2e é fer. 5e e muet. Antérieûreman.] Précédemment. Il régit à: "Cette dette a été contractée antérieûrement à la vôtre. "Antérieûrement à la fondation de cet Empire. "Antérieûrement à cette révolution, etc.

ANTÉRIORITÉ


ANTÉRIORITÉ, s. f. [Tout bref, excepté la 1re: 2e et dern. é fer.] Priorité de temps. _ Il n' a pas un sens et un emploi aussi étendu que antérieur. Il n' a d' usage qu' en Pratique: Antériorité de date, antériorité d' hypothèque.

ANTI


ANTI. Préposition tirée du grec, qui entre dans la composition de plusieurs mots, et qui signifie ordinairement contre. Ainsi des remèdes antiasthmatiques, antiapoplectiques, sont des remèdes contre l' asthme, contre l' apoplexie. Anti-chrétien est ce qui est oposé au christianisme, etc. Les Médecins font un grand usage de cette préposition anti, pour former des mots composés, dont ils ont besoin: et ils en fabriquent tous les jours. Il en est dans qui l' on a suprimé l' i d' anti; comme antaphrodisiaque, antarthritique, antasthmatique, antéphialtique, anthypnotique, anthypocondriaque, etc. Nous ne chargerons pas ce Dictionaire de tous ces mots aisés à deviner. Dès qu' on conaît les simples, on conaît les composés. Ainsi sachant ce que c' est que la dyssenterîe, l' épilepsîe, l' hectisie, l' hydropisie, l' hystérie ou les vapeurs hystériques, on comprend tout de suite ce que c' est que les anti-dyssentériques, les anti-épilectiques, anti-hydropiques, anti-hystériques, etc. etc. Nous ne mettrons ici que les mots ainsi composés, qui sont d' un usage ordinaire.

ANTICHAMBRE


ANTICHAMBRE, s. f. [Antichanbre. 1re et 3e lon.] Quelques-uns le font mal-à-propos masc. On doit dire une grande, et non pas un grand antichambre. "Son antichambre fut désert, dit La Baumelle: c' est peut-être une faute d' impression. Il faut lire déserte.

ANTICHRÉTIEN


ANTICHRÉTIEN, ENNE, adj. Oposé à la Doctrine Chrétienne. Maximes antichrétiennes.

ANTICIPATION


ANTICIPATION, s. f. [Tion, qu' on prononce cion, ne fait qu' une syll. en prôse, il en forme deux en vers, ci-on. 1re lon. le reste bref.] 1°. Action par la quelle on prévient, on devance. "Se servir contre un plaideur de la voie d' anticipation (de l' apel) obtenir des lettres d' anticipation. = 2°. Usurpation~. "C' est une anticipation sur mes~ droits. = 3°. Figure de Rhétorique, par laquelle~ l' Orateur refute d' avance les chôses qui peuvent lui être objectées.
   Par anticipation, adv. d' avance: "Il s' en, est emparé par anticipation.

ANTICIPER


ANTICIPER, v. a. 1°. Prévenir, devancer. Anticiper le payement, le temps, le jour, etc. Anticiper un apel. Faire assigner l' apelant, qui diffère de relever son apel. 2°. Usurper sur autrui "Vous anticipez sur mes droits; anticiper sur son voisin.

ANTICIPÉ


ANTICIPÉ, ÉE, adj. et partic. "Joie, douleur, conoissance anticipée.

ANTICOUR


*ANTICOUR, s. f. On dit avant-cour.

ANTIDATE


ANTIDATE, s. f. ANTIDATER, v. a. [1re lon. le reste bref: 4e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Mettre une antidate, ou antidater, c' est mettre faussement à une lettre, à un acte, une date antérieure au temps où ils ont été écrits ou passés.

ANTIDOTE


ANTIDOTE, s. m. On lui done le genre fém. dans l' Année Littéraire, sans doute par la faute de l' Imprimeur. "L' Ouvrage de M. l' Ab. Gérard (le Comte de Valmont) nous paroît être la meilleure (le meilleur) antidote contre le poison actif et violent d' une Histoire, soi disant politique et Philosophique (des Indes) malheureusement trop répanduë.

ANTIENNE


ANTIENNE, ou ANTIèNE, s. f. [1re lon. 2e è moy. An-tiè-ne] Verset que le Chantre dit en tout ou en partie dans l' office de l' Église avant un Pseaume ou un Cantique, et qui se répète après tout entier. Acad. Qui se chante ordinairement par les Choristes alternativement et en deux choeurs. Trév. Verset qui s' anonce avant le Pseaume, et qui se chante après le Pseaume. Rich. Port. _ Voilà trois définitions différentes, et dont aucune n' est exacte, du moins quant au Rit Romain. 1°. L' Acad. ne fait dire l' antiène que par le Chantre, et elle est entonée par différens Prêtres ou Clercs, suivant leur rang, la 1re par l' un, la 2de par l' autre, etc. continuée par le Choeur, et répétée après le Pseaume. 2°. Trév. la fait chanter par les Choristes alternativement et en deux choeurs. On ne comprend rien à cette méthode de dire les antiènes. 3°. Le Rich. Port. dit qu' on ne fait que l' anoncer avant le Pseaume; cela n' est vrai que pour les Offices semi-doubles ou simples et de la férie; dans les Offices doubles, on la dit toute entière avant comme après le Pseaume. Il est vrai que les Choristes ne font que l' anoncer en partie, et que celui qui l' entone n' en dit que les premiers mots, mais le Choeur l' achève toute entière.

ANTINATIONAL


ANTINATIONAL, ALE, adj. Trév. "Les vapeurs des marais d' Albion (l' Angleterre) ont engendré cette épidémie Philosophique, qui tûë le génie, fait fermenter les esprits et produit ce goût antinational, dont les ravages ne sont que trop sensibles. Rigoley de Juvigny. _ L' Acad. ne met pas ce mot. Il est bon et utile, et il a bien pris.

ANTIPAPE


ANTIPAPE, s. m. Celui qui se porte pour Pape, sans avoir été canoniquement élu.

ANTIPATHîE


ANTIPATHîE, s. f. [Richelet écrit an--tipatie, mais l' h est nécessaire pour ne pas prononcer antipacîe. 1re et 4e lon. 5e e muet.] Sentiment naturel d' oposition qu' on a pour quelqu' un ou pour quelque chôse. Antipathîe naturelle, invincible. Avoir de l' antipathîe pour ou contre.... "Il y a de l' antipathîe entre ces deux persones, etc. Voyez HAINE.

ANTIPATHIQUE


ANTIPATHIQUE, adj. [Richelet écrit antipatique sans h, et plusieurs Auteurs ont adopté cette ortographe. Pron. antipatike. 1re lon. le reste bref.] Contraire, oposé. Il ne se dit point des persones, mais des chôses qui ont raport aux persones: "humeurs, caractères antipathiques. _ Il suit ordinairement le substantif qu' il modifie.
   C' est cet amour du vrai, ce zèle antipathique.
   Contre tout faux brillant, tout éclat sophistique.
       Rouss.
Il ne se dit guère absolument et sans régime au singulier, parce que l' antipathîe supôse deux persones. Il est bien, en ce nombre, suivi de la prép. avec: "Mon humeur est antipathique avec la vôtre.

ANTIPHONIER


ANTIPHONIER, ou ANTIPHONAIRE, s. m. [Trév. et le Rich. Port. mettent les deux. L' Acad. ne met que le 1er: le 2d est le plus usité. _ Antifo-nié, fonère, 4e é fer au 1er, è moy. et long au 2d.] Livre qui contient les antiènes qu' on chante dans l' Église, notées en plain chant.

ANTIPHRâSE


ANTIPHRâSE, s. f. [Antifrâze, 1re et 3e lon.] Contre-vérité. En parlant d' un fripon, on dit par antiphrâse, cet honnête homme.

ANTIPODES


ANTIPODES, s. m. [1re lon. le reste bref.] Au propre, on le dit au pluriel, les antipodes: ceux qui marchent sur l' hémisphère qui nous est oposé. = On dit par exagération, d' un homme qu' on n' aime pas, qu' on voudrait qu' il fût aux antipodes. Au figuré, il se dit au singulier, et signifie contraire, oposé: c' est l' antipode de la raison. Depuis quelque temps on le fait adjectif. "Les peuples antipodes, les mers antipodes.

ANTIQUâILLE


ANTIQUâILLE, s. f. ANTIQUE, s. f. [Antikâ-glie, mouillez les ll, 1re et 3e lon. Antike.] Le 1er ne se dit que de ce qu' on veut mépriser en genre d' antiquités; le 2d. de ce qu' on estime. "Voilà une belle antique, mais ceci n' est qu' une antiquâille. On le dit aussi d' une vieille coquette: Ce n' est qu' une antiquâille.

ANTIQUAIRE


ANTIQUAIRE, s. m. [Antikère, 1re lon. 3e è moy. et lon.] Il ne se dit que des Savans curieux en médailles, bustes, statuës, inscriptions, manuscrits, antiques. * Ménage aplique ce mot à gens attachés aux anciènes méthodes dans les Belles-Lettres. "Le Cardinal du Perron, Bertaut, Desportes et Malherbe ont été les premiers qui ont ordinairement observé de ne point mettre en vers des mots, finissant par une voyelle masculine, devant des mots qui commencent par une voyelle, (ce qu' on apèle des hiatus) ce qui fait une des grandes beautés de notre Poésie. Je sais que cette règle n' est pas aprouvée par quelques Antiquaires. Men. Le mot est impropre. Certainement les vrais Antiquaires de ce temps là se mettaient fort peu en peine des innovations bones ou mauvaises, qu' on faisait en Poésie. _ * Le Trad. de l' Hist. d' Angl. le dit des Savans apliqués aux recherches des Lois, usages et coutumes antiques. Ce n' est pas non plus ce qu' on entend par Antiquaires. "Quelques Antiquaires ont pensé que ces compensations (en argent) n' avoient lieu que pour le meurtre volontaire. C' est évidemment un Anglicisme, une traduction trop littérale du mot Anglais Antiquary, employé par M. Hume.

ANTIQUE


ANTIQUE, adj. [Antike, 1re lon. 3e e muet.] Fort ancien. Il est oposé à moderne; Statuë antique, monument antique. _ Les Poètes s' en servent au lieu d' ancien.
   Un Prince nous poursuit, dont le fatal génie,
   Dans cette ignominie.
   De notre antique gloire éteint tous les rayons.
       Rousseau.
Le Poète aurait pu dire, de notre anciène gloire: il a préféré antique, comme plus Poétique.
   Rome n' a rien de son antique orgueil.
       Main.
  Gardez donc de doner, ainsi que dans Clélie,
  L' air et l' esprit français à l' antique Italie.
Boil.
On voit par cet exemple, que cet adjectif se plaît à précéder, du moins en vers. Mais il faut que l' oreille l' aprouve. Rousseau, ce grand Poète, a dit:
   Marchant toujours sur mes antiques traces.
Ces antiques traces ont quelque chôse de fort dur à l' oreille. Dans le style simple; antique aime mieux suivre: "Cet homme est d' une bonne foi antique; air antique, manières antiques.
   Il ne se dit des persones qu' en badinant.
   Très-rarement les antiques discrètes
   Logeoient l' oiseau. Des novices proprettes
   L' alcove simple étoit plus de sont goût.
       Ver-vert.
À~ l' antique, adv. à la manière antique. "Il est vêtu à l' antique.

ANTIQUITÉ


ANTIQUITÉ, s. f. [Antikité et non pas kuité, 1re lon. dern. é fer.] 1°. L' Acad. le traduit par Ancienneté. Mais, si ces deux mots se ressemblent pour le sens, ils ne se ressemblent pas pour l' usage que l' on en fait dans la langue. Ancienneté ne signifie que priorité de temps; mais antiquité signifie priorité de temps très-reculée. "Cette maison est illustre par sa noblesse et par son antiquité. On ne la louerait pas tant si l' on ne disait que, par son ancienneté. _ Suivant Bouhours, on dit l' ancienneté d' une famille, d' une maison; mais quand il s' agit d' un peuple, ou d' une ville, on ne peut se servir que d' antiquité. "L' antiquité des Egyptiens, de Babylone. _ Bossuet a mis antiquité pour ancièneté, et Mde. de Sévigné ancièneté pour antiquité. "Mon âge, mon antiquité (il veut dire mon ancienneté dans l' Episcopat) me donoient cette confiance. Boss. "Je crains que votre frère ne soit de votre avis, par le mépris que je lui ai vu pour Enée. Cependant tous les grands esprits sont dans le goût de ces anciennetés. Sév. _ Cela peut se suporter dans une femme et dans une lettre; et d' autant plus qu' on dit: les Anciens et non pas les antiques, en parlant des Auteurs Grecs et Romains. Cependant l' usage n' admet pas ancienneté en ce sens. 2°. Antiquité se prend collectivement pour tous ceux qui ont vêcu dans des siècles fort reculés du nôtre. Acad. On ne le dit pourtant que des Grecs et des Romains. On ne dirait pas, parlant des Indiens et Chinois: L' antiquité a cru que... vous ne verrez rien de pareil dans l' antiquité. Pour bien des points on peut joindre les Égyptiens aux Grecs et aux Romains; mais on se borne à ces trois nations en parlant de l' antiquité en général; les Héros de l' antiquité.
   3°. ANTIQUITÉ est aussi ce qui nous reste des ouvrages et monumens antiques. "Vous verrez dans cette ville une belle antiquité. "Les antiquités de Nismes, etc. Remarquez qu' antiquité se dit d' un monument plus considérable qu' antique, subst. fém. On ne dirait pas le premier d' une statue, ni le 2d. d' un amphithéâtre.
   De toute antiquité, de toute ancienneté; de tous les temps, ou dès les temps les plus reculés. Le 1er se dit dans le style élevé; le 2d. dans le style simple. Bouh. "Cela s' est fait de toute antiquité, de toute ancienneté.

ANTITHèSE


ANTITHèSE, s. f. [1re lon. 3e è moy. et long. tèze.] Oposition des pensées ou des mots dans le discours. "Il est petit dans le grand et grand dans le petit, est un exemple d' antithèse.
   + Ce mot ne se dit que des mots et des pensées et non pas des opinions. "Je ne ferai pas sitôt, dit le P. Daniel; cette antithèse de la Doctrine des Thomistes et de celle de St. Thomas. _ Le mot est impropre.

ANTITHÉTIQUE


ANTITHÉTIQUE, adj. [Antitétike, 1re lon. 3e é fer. dern. e muet.] Qui tient de l' antithèse. Trév. Rich. Port. Pensée antithétique. _ Qui est rempli d' antithèses; discours antithétique. Trév. _ L' Acad. ne met point ce mot, qui est reçu et utile.

ANTRE


ANTRE, s. m. [1re lon. 2e e muet.] Caverne, grotte faite par la natûre. Acad. Caverne naturelle. Trév. Caverne, qui a quelque chôse d' affreux. Rich. Port. Se cacher dans un antre profond; l' antre du Lion; l' antre de la Sibylle.

ANTYPATHIE


*ANTYPATHIE. C' est ainsi que ce mot est ortographié dans la Trad. de l' Hist. des Tudors. On ne voit pas pourquoi: car les Anglais même écrivent Antipathy. Voy. Antipathie.

ANUIT


*ANUIT (D' ) adv. Cette nuit. "Je n' ai pas dormi d' anuit. C' est un gasconisme. Desgr.

ANUITER


ANUITER (s' ) v. réc. [A-nui-té, tout bref.] Ce mot vieillit fort, disait-on dans Trévoux dès 1704. La Touche le trouvait aussi fort vieux. L' Acad. disait qu' il était bas et populaire. Il faut, dit La Touche, dire se laisser surprendre par la nuit. Mais voilà des périphrâses substituées à un seul mot: c' est donc une perte pour la langue. _ Dans la dern. Édit. l' Acad. le met sans remarque, et ne dit point qu' il soit ni vieux, ni bas. _ Voyager de nuit, dit Trév. la définition n' est pas juste. _ Se mettre à la nuit, s' exposer à être surpris de la nuit en chemin. Acad. C' est-là le vrai sens de ce mot. "Ne vous anuitez pas! Si vous partez si tard, vous vous anuiterez.

ÂNUS


ÂNUS, s. m. [La 1re est longue et doit porter un acc. cir. Plusieurs la prononcent brève et l' Acad. ne met point d' accent. Ce mot est tout latin et l' a y est long.] L' orifice du fondement. _ En Botanique, c' est l' orifice postérieur d' une fleur monopétale.

ANXIÉTÉ


ANXIÉTÉ, s. f. [Ankci-été, 1re lon. 3e et 4e é fer.] Pendant long-temps on a regardé ce mot, les uns comme trop vieux, les autres comme nouveau. Il paraît être assez bien établi aujourd' hui: anxiété d' esprit ou simplement anxiété; perplexité. "Les fâcheûses nouvelles, qui se multiplient de toutes parts, concoûrent à multiplier les anxiétés du Gouvernement. Linguet. "Nous attendons avec anxiété des nouvelles de toutes les parties du Théâtre de la guerre. _ l' Acad. dit que ce mot n' est d' usage que dans le style soutenu. Aujourd' hui on l' emploie dans tous les styles.

AON


AON. Les mots terminés par ces trois lettres ont le son d' an, (excepté taon, qui se prononce ton et non pas tan, comme on le marque dans le Dict. Gramm.) Paon, faon, laon, pron. pan, fan, lan. On pron. faoner, comme on l' écrit, fa-oné. _ L' a est muet dans saone rivière, dans Taon (Sône, ton) et dans Laon, nom de saint, qu' on prononce St. Lon.

AORISTE


AORISTE, s. m. [Pron. Oriste. Acad. Wailly; et non pas Aoriste, comme il est marqué dans le Dict. Gramm.] Prétérit des verbes, qui marque indéfiniment le temps passé: je lus, je donai, nous fîmes, vous vîtes, ils s' en allèrent, etc. sont à l' aoriste.

AOU


AOU. L' a ne se pron. point dans Saoul, saouler, Août. (pron. soûl ou soû, soûler, oût) Cette remarque n' est nécessaire que pour les anciens livres, du moins pour les deux 1ers mots. Car, depuis quelque temps, on écrit soûl, soûler, et l' Acad. a adopté cette ortographe. Il serait à souhaiter, dit M. de Wailly, qu' on écrivît aussi oût, mais cet usage est encore à naître. _ Dans aoûter, on pron. l' a: il est muet dans Aoûteron.

AOûT


AOûT, s. m. [Pron. oût monos. Il serait à souhaiter qu' on l' écrivît de même.] Le 8e mois de l' année. Le mois d' Août; le quinze d' août. _ L' août (l' oût) la moisson. Faire l' août; l' août est fini: il n' est pas encôre comencé. = Le salaire de la peine de moissoner; on lui a tant doné pour son août.
   Rem. M. Chapelain, qui avouait que août est monosyllabe, voulait pourtant que l' a s' y fît sentir: ce qui est assez difficile. Mais tous les Gramairiens, même les plus anciens sont pour , monosyll. oûteron, et non pas aoû, aoûteron. On ne pron. l' a que dans aoûté mûri par la chaleur du mois d' août. _ Ménage raporte qu' il avait ouï dire à M. le Prem. Présid. de Bellièvre qu' il s' imaginait entendre miauler des chats, quand il entendait dire aux Procureurs à l' Audience, la Notre-Dame de la mi-août. _ On écrivait autrefois aoust, aousté, aousteron. D' abord on y prononçait l' s: puis on continua long temps à l' écrire, quoiqu' on ne l' y prononçât plus. Il en est de même de l' a: il y a plus de cent ans qu' il a disparu de la prononciation, et il tient bon dans l' ortographe.

AOûTÉ


AOûTÉ, ÉE, adj. [On pron. l' a, a-oû--té, 2e lon.] Mûri par la chaleur du mois d' août; citrouille aoûtée. Cet adjectif est le participe du verbe aoûter, qui n' est pas d' usage.

AOûTERON


AOûTERON, s. m. [Oûteron, 1re lon. 2e e muet.] Moissoneur. Il faut à ce fermier un grand nombre d' aoûterons.

AP


AP. Il est toujours bref à la fin des mots; soit que le p se prononce comme dans cap, soit qu' il ne se prononce pas comme dans drap.

APAISER


APAISER, v. act. [2e lon. è moy. Apèzé. Il est un peu plus ouvert et un peu plus long dans j' apaise, il apaise; apèze.] Trév. écrit appaiser avec 2 p. On doit savoir gré à l' Acad. de n' en avoir mis qu' un. Mais apparence, apparenté, appel, appeler, etc. etc. etc. ne méritaient pas davantage d' en conserver deux. _ Adoucir, calmer la colère, l' émotion, l' agitation. Il régit les persones et les chôses; "apaiser Dieu, le Prince, etc. apaiser une querelle, une sédition, etc. apaiser la douleur, les flots, etc. _ Il est aussi réciproque; l' orage, le vent, la mer, s' apaise; la douleur commence à s' apaiser. Enfin, après avoir bien crié, il s' apaisa. Voy. une remarque à appaiser.
   * Rem. Ce verbe n' a que le régime absolu (l' accusatif) P. Corneille lui done un régime relatif, le datif.
   Je m' apaiserois Rome avec votre suplice.
c' est un latinisme, mihi placarem. Dict. Gram.

APANAGE


APANAGE, s. m. Ce que les Souverains donent à leurs puinés pour leur partage. Doner en apanage, ou pour apanage. Les apanages se multiplient; mais ils sont reversibles à la Courone, au défaut d' hoirs mâles. _ Figurément, ce qui est la suite et la dépendance de... "Les infirmités sont les apanages (ou l' apanage qui vaut mieux) de la vieillesse. "La présomption est l' apanage des petits génies; le foible des génies supérieurs. Millot. Voy. Apanager.

APANAGER


APANAGER, v. act. [4e é fer. tout bref.] Doner un apanage. L' Acad. l' emploie activement; le Roi a apanagé tous ses puinés. _ Dans Trév. on dit qu' on ne doit s' en servir qu' au mode passif; qu' apanager un fils ou une fille, se dit abusivement; et que pour parler correctement, il faut dire, ce fils, cette fille a été apanagé par son père d' une telle seigneurie. Quoiqu' il en soit de cette remarque, une observation à faire, c' est que l' Acad. restreint aux Princes l' usage de ces mots apanage et apanager, et que Trévoux l' étend aux particuliers. _ Ferrière, dans son Dict. de Droit, définit apanage, un fonds qu' on désigne à un cadet de famille pour le faire subsister honorablement selon sa condition: il ajoute seulement, que ce terme s' entend plus particuliérement des domaines que le Roi done à ses Fils puinés, etc.

APANAGER


APANAGER, APANAGISTE, s. m. Le 1er est de Trév. le 2d. de l' Acad. Celui-ci est le seul bon. Qui a un Apanage. Il est aussi adj. Un Apanagiste, un Prince apanagiste.

APARAMENT


APARAMENT. Voy. APPAREMMENT.

APARAT


APARAT, APAREIL. Voyez APPARAT, APPAREIL.

APARENCE


APARENCE, APARENT, APARENTÉ. Voy. APPARENCE, etc. avec 2 p.

APARIER


APARIER, APARITION. Voy. APPARIER, etc.

APARTEMENT


APARTEMENT, APARTENIR. Voy. APPARTEMENT, etc.

APâT


APâT, APAUVRIR. Voy. APPâT, APPAUVRIR.

APARTÉ


APARTÉ, s. m. Il ne prend point d' s au pluriel. Les Aparté ne doivent pas être trop fréquens et trop longs. M. Rétif dit à-part, contre l' usage. "Elle entreprit de le tirer de l' à-part où il se tenoit toujours. Il veut dire de la rêverie. Ce n' est ni l' ortographe, ni le sens de ce mot. _ L' aparté, c' est ce que l' Acteur dit sur le théâtre, comme s' il n' était pas entendu des autres Acteurs.

APATHîE


APATHîE, s. f. [et non pas Apatie, pour ne pas induire à prononcer apacîe, 3e lon. 4e e muet.] État de l' âme lorsqu' elle n' est agitée d' aucune passion. Acad. État d' insensibilité d' une persone qui ne ressent ni plaisir, ni douleur, qui est libre de toutes les passions. Trév. Indolence, insensibilité pour toute sorte de chôses. Rich. Port. Cette dernière définition me paraît plus courte et plus claire. _ Être dans l' apathîe. "Une apathîe modérée est l' effet de la vertu. Une apathîe totale serait la mort de l' âme. Les Stoïciens prétendaient à une apathîe chimérique.

APATHIQUE


APATHIQUE, adj. [Apatike, tout bref. dern. e muet.] Qui est insensible sur tout. "Cet homme est singulièrement apathique _ il n' est touché de rien. _ Il suit le substantif.
   À~ quoi peut être bon un mortel apathique?       Anon.

APE


APE. Des mots terminés en ape, il n' y a que râpe qui soit long. Râpe, râper, râpé. D' Oliv.

APEAU


APEAU. Voy. APPEAU.

APEL


APEL, APELLATIF, APELER. Voy. APPEL, etc. avec 2 p.

APENDICE


APENDICE, APENDRE. Voyez APPENDICE, etc.

À PENS


À PENS (Guet à pens.) Voy. GUET.

APERCEVABLE


APERCEVABLE, adj. [2e ê ouv. 3e et dern. e muet. 4e dout.] Qui peut être aperçu. Il ne se dit guère qu' avec la négative, et il est fort peu usité. "Il est des corps qui ne sont apercevables qu' au microscope.

APERCEVANT


APERCEVANT. Voy. APPERCEVANT.

APERCEVOIR


APERCEVOIR, v. a. [Aperce-voar, 2e ê ouv. 3e e muet, 4e dout.] Il n' est pas aisé de deviner la raison qui a déterminé l' Acad. à écrire apercevoir et apaiser avec un seul p, tandis qu' elle a conservé les 2 p dans tant d' autres mots. Mais soit: c' est toujours deux ou trois pas faits vers la simplicité de l' ortographe. = Commencer à voir, découvrir. "Je vous ai aperçu; il fit semblant de ne pas m' apercevoir. = Il est aussi réciproque, et signifie, conaître, remarquer. Il régit la conjonction que et l' indicatif. "On ne s' aperçoit pas qu' on descend; et non pas l' infinitif sans prép. *"On ne s' aperçoit pas descendre. Anon. "Dès qu' ils eurent aperçu les Troyens venir à eux. Il fallait les Troyens qui venaient ou que les Troyens venaient, etc. Il régit aussi de devant les noms. "Il est glorieux de s' apercevoir de ses fautes, et encôre plus de les avouer. * Un Auteur moderne lui done deux régimes, comme à distinguer. "On s' aperçoit aisément de ce qui est antique, avec ce qui est moderne. Barbarisme de phrâse, auroit dit Voltaire. L' Auteur aurait dû dire du moins d' avec; ç' aurait été une faute de moins.
   Faire Apercevoir régit le datif de la persone et l' acusatif de la chôse: "Un esprit médiocre fera quelquefois apercevoir, au plus habile homme, une méprise qu' il ne voyait pas. Vertot met l' acusatif à la place du datif, et l' ablatif à la place de l' acusatif: "Ce fut par une action si hardie, qu' il fit apercevoir le peuple de sa puissance. Il fallait~ qu' il fît apercevoir au peuple sa puissance; comme on dit, je vous ferai remarquer ce qu' il y a de curieux. Il est vrai que s' apercevoir régit l' ablatif: "Il s' est aperçu de ce que vous vouliez lui cacher; mais ce n' est pas une conséquence pour faire apercevoir.

APERÇU


APERÇU, Voy. APPERÇU.

APÉRITIF


APÉRITIF, ÎVE, adj. 2e é fer. 4e lon. au 2d. 5e e muet.] Qui oûvre et qui débouche le ventre. Il ne se dit que des remèdes: lavement apéritif; racines apéritîves. Il suit toujours le subst.

APESANTIR


APESANTIR, APÉTER. APÉTISSER. Voy. APPESANTIR, APPÉTER, APPÉTISSER.

APETISSEMENT


APETISSEMENT, s. m. APETISSER, v. a. [2e e muet, 4e e muet au 1er, é fer. au 2d; apeticeman, ticé: tout bref. Dans le Rich. Port. on met un acc. sur l' é, quoique ces mots soient composés de petit, qui n' a pas d' accent, c' est une inattention. Trév. écrit appetissement, appetisser avec 2 p, et l' on a suivi cette ortogr. dans le Dict. Gramm. _ Apetissement, diminution. "L' apetissement des objets éloignés. Apetisser, acourcir, rendre plus petit. "Ce manteau est trop long, il le faut apetisser. L' Acad. après avoir doné cet exemple, dit qu' on se sert plus communément, et dans le même sens, de rapetisser. Pour moi, je crois que, dans ce sens-là, l' on ne dit ni l' un ni l' autre; et que ces deux mots ne peuvent avoir d' usage qu' en parlant des objets vus dans le lointain; l' éloignement apetisse, ou mieux encôre, rapetisse les objets; mais qu' on ne dit ni apetisser, ni rapetisser une robe, un manteau; on dit acourcir, ou racourcir.
   Suivant l' Acad. il est aussi neutre: "Les jours apetissent; et réciproque: une étoffe s' apetisse à l' eau.

APÉTIT


APÉTIT. Voy. APPÉTIT.

À~-PEU-PRÉS


À~-PEU-PRÉS. Adv. Environ, presque entièrement. Il modifie et les subst. et les adj. "C' est à-peu-près tout ce que j' ai retenu de ce discours. "Je suis à-peu-près aussi incertain que je l' étais. On dit quelquefois, à peu de chôse près.
   Il est aussi subst. masc. "Les Physiciens ne sont pas si scrupuleux que les Géomètres, ils se contentent de quelques à-peu-près. Paulian, Dict. de Phys.

APHE


APHE, pron. Afe, pénult. brève, épitaphe, cénotaphe, etc. D' Oliv.

APHORISME


APHORISME, s. m. Proposition qui renferme en peu de mots une maxime générale. Il se dit sur-tout en Médecine. Aphorismes d' Hypocrate. Suivant l' Acad. on dit aussi aphorisme de Droit, de Morale, de Politique. Passe pour le Droit; mais pour la Morale et la Politique, on dit maximes plutôt qu' aphorismes, et celui-ci ne peut se dire qu' en se moquant et en critiquant, ou dans le style burlesque ou marotique.
   Et dans le monde, inondé d' aphorismes,
   De questions, de rêves, de sophismes,
   À~ la sagesse on voit en un clin-d' oeil
   Substituer la folie et l' orgueil.
       Rousseau.

APLANIR


APLANIR, v. a. APLANISSEMENT, s. m. On pourrait demander pourquoi l' Acad. écrit ces deux mots, et les suivans, avec un seul p, et applaudir, applaudissement, application, appliquer, et tant d' autres, avec 2 p. _ Aplanir, rendre uni ce qui était inégal; aplanir un chemin, une allée, une montagne, une table, etc. Et au figuré, aplanir les dificultés, les lever, les faire disparaître. Aplanissement, action d' aplanir: "l' aplanissement des allées d' un jardin. _ S' APLANIR: "Les montagnes, les difficultés s' aplanissent. Voy. APPLANIR.

APLATIR


APLATIR, v. a. APLATISSEMENT, s. m. [Aplati, ticeman, tout bref, 4e e muet. Trév. écrit applatir, etc. avec deux p. Voy. APLANIR.] Rendre plat. _ subst. L' effet produit dans un corps aplati par le choc, ou par l' impression d' un autre corps. "Les coups de marteau ont aplati cette balle de plomb; elle s' est aplatie en tombant. "L' aplatissement de cette balle la rend inutile pour ce que vous vouliez en faire. Voy. APPLATIR.

APLAUDIR


APLAUDIR, APLAUDISSEMENT. Voyez APPLAUDIR, etc.

APLICABLE


APLICABLE, APLICATION, APLIQUER. Voy. APPLICABLE, etc.

APOCALYPSE


APOCALYPSE, s. f. Révélation. L' Apocalypse de St. Jean.

APOCRYPHE


APOCRYPHE, adj. Trév. Acad. APOCRIFE, Richelet. Il ne se dit proprement que de certains livres que l' Église ne reçoit pas comme canoniques. = Par extension on le dit des Historiens et des Histoires dont l' autorité est suspecte; Auteur, Livre, Histoire, Anecdote apocryphe.

APOGÉE


APOGÉE, s. m. [3e lon. é fer. 4e e muet, gé-e.] En Astronomie, c' est le plus haut point où une planète se trouve à la distance de la terre. _ Il est un peu surané au figuré. On disait autrefois élégamment, l' apogée de sa gloire, c. à. d. le plus haut point. Cette expression est comme les vieilles modes. On le dit encore en se moquant. "L' âge présent est dans son plus brillant période, ou pour mieux dire, à son apogée. Coyer.
   Un corps sain, un esprit joyeux
   Et quelque prôse mélangée,
   De vers badins ou sérieux
   Me feront trouver l' apogée
   De la félicité des Dieux.       Gresset.
Cela est bon dans des ouvrages badins. Dans le style sérieux, apogée est hors de mode. Dans le Rich. Port. on met: figurément et poétiquement, apogée, le plus haut degré où une chôse puisse aller. _ L' Acad. ne le met que comme terme d' Astronomie. _ Joubert a dit depuis long-temps: apogée de la gloire, phrâse plus qu' usée.

APOINTEMENT


APOINTEMENT, APOINTER. Voyez APPOINTEMENT, APPOINTER.

APOLOGîE


APOLOGîE, s. f. [4e. lon. 5e e muet.] Discours par écrit ou de vive voix, pour la justification de... faire l' apologie de: Il a fait votre apologie, etc.

APOLOGISTE


APOLOGISTE, s. m. Celui qui fait l' apologîe de quelqu' un. Tertulien a été le plus éloquent apologiste de la Rel. Chrét.

APOLOGUE


APOLOGUE, s. m. [Apologhe, et non pas apologû-e: l' u n' est dans ce mot que pour doner au g un son fort, qu' il n' a pas devant l' e et pour empêcher de prononcer apologe comme éloge.] Fable morale et instructive. Acad. Aplication morale d' une Fable, d' une Histoire imaginaire, ou d' une relation inventée pour diriger, corriger et instruire. Trév. Fable morale, ou instruction morale, tirée de quelque Fable. Rich. Port. _ Toutes ces définitions laissent à desirer quelque chôse. Celle de l' Acad. ne distingue point assez l' Apologue de la Fable: celle de Trév. confond le corps de la narration avec l' aplication morale qu' on en fait; et la 2de partie de la définition du Rich. Port. a le même défaut: L' apologue n' est pas l' aplication de l' histoire feinte, ni l' instruction qu' on en tire; mais l' histoire même dont on fait l' aplication, d' où on tire l' instruction. _ Je crois que l' apologue est une histoire feinte pour instruire et pour corriger. Il est distingué de la Fable proprement dite, en ce que celle-ci ne fait parler que les animaux ou les chôses inanimées, et que l' Apologue a plus d' étenduë, et fait parler et met en jeu les hommes même, les anges et les Dieux. Ainsi Apologue est le genre, et Fable n' est que l' espèce. "Plusieurs des Fables de la Fontaine sont des apologues plutôt que des Fables.

APOPHTHèGME


APOPHTHèGME, s. m. [Apoftègme. On pourrait suprimer la 2e h, et écrire apophtègme, 3e è moy. et bref, 4e e muet.] Dit notable de quelque persone illustre. Les apophtègmes des sept Sages de la Grèce. Il ne se dit plus sérieusement que des Anciens: aûtrement on ne le dit qu' en badinant: "Il ne parle que par apophtègmes: ce qui se prend en mauvaise part. L' Acad. le met en ce sens sans remarque: tout discours qui a l' air de sentence et de maxime.
   Ses quolibets passent pour apophtègmes,
   Ses lieux communs sont propos réfléchis.
       Rousseau.

APOPLèCTIQUE


APOPLèCTIQUE, adj. APOPLEXîE, s. f. [Apoplèktike, plèkcî-e, pénult. lon. au 2d: 3e è moy. aux deux.] Qui apartient à l' apoplexîe; qui menace d' apoplexîe; qui guérit ou préserve de l' apoplexîe; c. à. d. d' une maladie qui attaque le cerveau, et qui ôte tout d' un coup le mouvement et le sentiment, ou l' un des deux. "Symptômes apoplèctiques: il a l' air apoplèctique; baume apoplèctique, ou anti-apoplèctique. _ S. m. c' est un apoplèctique. _ Apoplexîe de sang ou d' humeurs; fausse apoplexîe; être menacé ou frapé, ataqué d' apoplexîe; tomber en apoplexîe; mourir d' apoplexîe.

APORT


APORT, APORTER. Voyez APPORT, APPORTER.

APOSTASIE


APOSTASIE, s. f. APOSTASIER, v. n. [Apos-tazî-e, zi-é, 4e lon. au 1er, dont la 5e e muet; br. au 2d dont la 5e é fer.] L' apostasie est le renoncement à la Religion chrétienne. Apostasier c' est donc y renoncer. _ On le dit par extension d' un Religieux qui renonce à ses voeux, et quitte son habit sans en avoir obtenu la dispense: " L' apostasie est un grand crime; c' est le libertinage qui a fait apostasier ce Chrétien, ce Catholique, ce Religieux. M. l' Ab. Royou l' emploie figurément et activement. "Garder un lâche silence... ce seroit apostasier mes principes. J' en demande pardon à ce célèbre critique, cela ne se dit point.

APOSTAT


APOSTAT, adj. et s. m. Celui qui a quité la vraie Religion. Julien fut apostat. Religieux apostat, s. m. C' est un apostat; Julien l' apostat. Voy. APOSTASIE et APOSTASIER.

APOSTèME


APOSTèME. Il en est qui écrivent aposthême; Trév. dit apostume, et l' analogie paraît autoriser celui-ci, puisqu' on dit apostumer, et non pas apostémer. On dit aussi dans le Dict. Gramm. apostume, et non pas apostème. Dans Trév. on assûre que les Médecins disent apostheme. L' Acad. retranche l' h: le Rich. Port. aussi, et met l' acc. circ. au lieu de l' acc. grave. _ Voilà le procès instruit; le jugera qui voudra, [Apos-tème, 3e. è moy. douteux. 4e e muet.] Enflûre extérieure, avec putréfaction: "un abcès est un apostème ouvert. _ On dit figurément et proverbialement: il faut que l' apostème crève, que cette mauvaise action, ce vice caché, cette intrigue méchante, vienne enfin à se découvrir.

APOSTER


APOSTER, v. a. Mettre quelqu' un en avant pour épier, surprendre, tromper, insulter, etc. Aposter des espions, des témoins, un Notaire, etc. Aposter des brigands pour insulter quelqu' un, etc.

APOSTILLE


APOSTILLE, s. f. APOSTILLER, v. a. [Apos-ti-glie, ti-glié, mouillez les ll: tout bref.] L' apostille est une addition à la marge d' un livre ou au bas d' une lettre. Apostiller, c' est mettre des apostilles à un livre, à un mémoire. L' Acad. ne le dit pas des lettres. On dit mettre une apostille à... On ne dit pas apostiller une lettre. _ Ce Livre, ce Mémoire sont remplis d' apostilles; ce Savant a apostillé ce Livre; le Ministre apostilla de sa main le Mémoire. _ "Il lui manda par apostille que: il mit une apostille à sa lettre pour lui dire de, etc. L' apostille des lettres s' apèle autrement post-scriptum, qu' on écrit par abréviation. P. S.

APOSTOLAT


APOSTOLAT, s. m. [le t ne se pron. pas; apostola, tout bref.] Le ministère d' Apôtre: "St. Pierre, St. Paul furent apelés à l' apostolat.

APOSTOLIQUE


APOSTOLIQUE, adj. APOSTOLIQUEMENT, adv. [Apos-tolike, likeman; 5e e muet.] Qui vient des apôtres. Doctrine, ministère apostolique, travaux apostoliques. _ Qui vient du St. Siège. Bref apostolique, Notaire apostolique.
   APOSTOLIQUEMENT, à la façon des Apôtres: vivre, prêcher apostoliquement.

APOSTROPHE


APOSTROPHE, s. f. [Apos-trofe, tout bref.] 1°. Figûre de Rhétorique, par laquelle l' Orateur détourne son discours de l' auditoire, à qui il l' adressait, pour l' adresser à quelque personne éloignée, ou à quelque chôse, comme si c' était une personne. "O champs de Fontenoi, témoins de tant de prodiges de valeur, etc. exemple d' une apostrophe. = 2°. En Gramaire, c' est une virgule qui se met au haut d' une lettre, pour marquer l' élision d' une voyelle; comme l' Eglise, l' Etat, j' aime, j' enseigne. _ L' apostrophe ne sert que pour trois supressions. _ De l' e muet, dans les monosyllabes et dans les conjonctions terminées par la syll. que; le, me, te, se, que, quoique. _ De la voyelle a, dans l' article la, de la voyelle i dans la conjonction si, de l' e dans jusque, et dans grand devant certains substantifs. "L' ambition, il m' a insulté, il t' a donné, il s' est trompé; il dit qu' il viendra; quoiqu' il fasse; jusqu' aujourd' hui; s' il voulait, etc. grand' messe, grand' mère, etc. etc.
   * Les anciens Poètes prenaient plus de licence que ceux d' aujourd' hui: ils imitaient les Poètes Ital. et quand une syll. les incommodait, ils la retranchaient et la remplaçaient par une apostrophe. Ils disaient, par exemple: "El' le lui dit, elle le lui dit, phrénétiq' pour phrénétique.
   Le phrénétiq' se levant en courroux.
       Le Loyer.

APOSTROPHER


APOSTROPHER, v. a. [Apos-trofé, tout bref.] Il n' a que le 1er. sens d' apostrophe. "Ce Prédicateur apostropha le Crucifix, l' Autel, etc. _ Dans le style comique, il régit la prép. de: apostropher d' un souflet, d' un coup de pied.
   Un Magistrat s' empressant d' étoufer
   Quelque rumeur parmi la populace,
   D' un coup dans l' oeil se fit apostropher.
       Rousseau.
  APOSTROPHER, avec le seul régime simple, (l' accusatif) c' est adresser la parole à quelqu' un pour lui dire quelque chôse de désagréable. Pourquoi m' apostropher de la sorte? Il n' est que du style familier.

APOSTUME


APOSTUME, Voy. APOSTèME.

APOSTUMER


APOSTUMER, v. n. [L' Acad. dit apostumer, et apostème: l' analogie n' y est pas gardée; mais c' est dit-on l' usage, et les Médecins le disent de la sorte.] Se former en apostème. "La tumeur, la contusion commence à apostumer, à s' ouvrir, à doner du pus.

APOTHÉôSE


APOTHÉôSE, s. f. [Apotéôze, 3e é fer. 4e lon.] Déification. 1°. Il se dit ordinairement des Empereurs: "L' apothéôse d' Auguste. _ 2°. Quelquefois des Demi-Dieux, des Héros de la Fable: "L' apothéôse d' Hercule. _ * Il ne se dit que des persones: Mascaron le dit de la valeur. "En mourant l' épée à la main, pour le service de son Dieu et de son Roi, il (M. de Beaufort) a fait l' apothéôse de la valeur; c. à. d. que le Duc de Beaufort à mis la valeur au nombre des Dieux. Cela serait ridicule dans un discours profane, et est encore plus déplacé dans un Sermon. L' expression est impropre et barbâre.

APOTHICAîRE


APOTHICAîRE, s. m. [Apotikère, 4e è moy. et long, 5e e muet.] "Celui dont la profession est de préparer les drogues pour la guérison des malades. Acad. Qui prépare les remèdes suivant l' ordonance des Médecins. Praticien en Pharmacie. Trév. Celui qui prépare et vend les remèdes pour les malades. Rich. Port. La dernière définition est la plus courte et la meilleûre. "Bon, habile apothicaîre; apothicaîre consciencieux.
   En style proverbial, on apèle compte ou parties d' Apothicaîre, tout compte extrêmement chargé, dont il faut rabatre. _ Apothicaîre sans sucre, tout marchand qui n' est pas assorti; et en général, tout homme qui n' a pas les choses les plus nécessaires à sa profession. _ On dit aussi d' un homme, qui prend trop de remèdes, que: "il fait de son corps une boutique d' Apothicaîre; que: "c' est une boutique d' Apothicaîre.

APOTHICAîRERîE


APOTHICAîRERîE, s. f. [Apotikèrerî-e, 4e. è moy. et lon, 6e longue aussi, 5e et dern. e muet.] 1° Lieu, ou boutique où l' on garde et où l' on vend les drogues et les remèdes d' un Apothicaîre. = 2°. L' art de l' Apothicaîre. "Il entend très-bien l' apothicaîrerîe.

APOTHICAIRESSE


*APOTHICAIRESSE, s. f. [Apotikèrèce, 4e et 5e è moy. long à la 4e.] Il ne se dit que dans les Couvens de filles, et dans les Hôpitaux où il y a des Soeurs pour le service: La Soeur Apothicairesse. _ On ne doit point apeler de ce nom la femme d' un Apothicaîre.

APôTRE


APôTRE, s. m. [2e lon. 3e e muet.] Au propre, c' est celui que J. C. a élevé à l' apostolat. St. Pierre était le premier, (ou, comme on dit, le Prince) des Apôtres. St. Paul est apelé l' Apôtre des Gentils, des nations, et souvent l' Apôtre absolument. = Figurément, homme qui prêche avec zèle, c' est un Apôtre. On done aussi ce nom à des Missionaires illustres. St. Xavier est apelé l' Apôtre des Indes et du Japon. = En style comique et proverbial, on dit d' un bon compagnon, un peu hypocrite: "c' est un bon apôtre; il fait le bon apôtre.

APOZèME


APOZèME, s. m. [3e. lon. è moy. 4e. e muet. Apozème.] Potion médicinale, faite d' une décoction d' herbes. Prendre des apozèmes. _ Trév. écrit aposème avec une s. l' Acad. Apozème avec un z.

APP


APP. Les mots suivans sont écrits avec un seul p, par plusieurs Auteurs estimables; entr' autres par l' Ab. Girard et La Touche. _ On sait que c' est l' ortographe de Richelet dans son Dictionaire. _ L' ancienne manière d' écrire ces mots avec 2 p prévaut encore: mais on peut prédire qu' on ne tardera pas à en retrancher un. Déja l' Acad. l' a retranché dans Apaiser, Aplanir, Aplanissement, Aplatir, Aplatissement. Elle ne dit pas la raison pourquoi elle s' est arrêtée en si beau chemin, ni ce qui l' a engagée à comencer la réforme par ceux-là, qui ne la méritaient pas mieux que les autres. Mais c' est toujours un comencement. Il est à souhaiter qu' il ait des suites.

APPAISER


APPAISER. L' Acad. écrit APAISER. Voy. ce mot.
   * Rem. Apaiser comme calmer, se disent des choses à l' égard des persones, et des persones à l' égard des chôses, et non pas des persones envers elles-mêmes. On dit: "Vos soumissions l' ont apaisé: vous avez calmé son ressentiment: mais je ne crois pas qu' on puisse dire avec Racine
   Vous devez, ce me semble, apaiser votre haine.
Il serait plus régulier de dire.
   Ce sacrifice doit apaiser votre haine.
   On objectera que l' on dit s' apaiser, ce qui est contraire à notre remarque. Mais non; car, ce verbe n' est pas réciproque actif, mais il est passif: s' apaiser, c' est être apaisé. "Ce n' est que par paresse que l' on s' apaise et qu' on ne se venge point. La Bruyère.

APPARAT


APPARAT, ou APARAT, s. m. Éclat ou pompe qui acompagne certains discours, certaines actions. "Harangue; Discours, caûse d' aparat: "Il est venu avec grand aparat, dans un grand aparat. _ Quelquefois il se prend en mauvaise part; et alors il signifie ostentation. "Il ne dit, il ne fait rien qu' avec aparat. Voy. Appareil.

APPARAUX


APPARAUX, s. m. pl. Terme de Marine. Agrès et artillerie d' un vaisseau.

APPAREIL


APPAREIL, ou APAREIL, s. m. [Apa--reil, mouillez l' l finale.] Aprêt, préparatif, attirail et pompe. Acad. Ce qu' on prépare pour faire une chose plus solennellement. Trév. La définition que done l' Acad. vaut mieux, et renferme tous les divers emplois d' Apareil. "Faire de grands apareils, apareil de guerre, apareil, solennel, extraordinaire; lugubre; faire les choses avec apareil. "Il fit son entrée dans un magnifique apareil.
   Rem. APARAT et APAREIL ne sont pas synonymes. On dit une caûse, un discours d' aparat: dans ces ocasions apareil ne serait pas propre. Mais on dit l' apareil d' un festin, d' un spectacle: là aparat ne vaudrait rien. _ On dit pourtant venir avec aparat ou avec apareil: mais celui-ci vaut beaucoup mieux. Voy. Apparat.

APPAREILLER


APPAREILLER, v. actif [Aparéglié, 3e et 4e é fer. mouillez les ll.] Joindre une chôse à une autre pareille. Acad. _ Assortir, Trév. Rich. Port. Cette dernière définition n' est pas juste: car l' assortiment consiste souvent à unir des chôses différentes pour la couleur, pour la forme. Il faut donc s' en tenir à la définition de l' Acad. "Apareiller des chevaux, des vâses, des tableaux, etc.
   En termes de Marine, il est neutre. On doit dire, nous apareillâmes tout seul, et non pas nous apareillâmes le vaisseau, ou nous nous apareillâmes. Vaug. Th. Corn. La Touche.

APPAREMMENT


APPAREMMENT, ou APAREMMENT, adv. [Aparaman. Il y en a qui écrivent apparamment; mais tant qu' on écrira aparence, aparent, et non pas aparance, etc. L' analogie demandera qu' on écrive aparemment avec un e, et non pas avec un a. _ Richelet écrit aparanmant. Cette derniere ortographe est d' autant plus mauvaise, qu' elle induit à une mauvaise prononciation.] Selon les aparences, vraisemblablement. L' Acad. après cette définition, done un exemple qui n' y est pas conforme. _ Cela est aparemment vrai; c. à. d. cela est vrai selon les aparences, cela est vrai vraissemblablement. Ce n' est pas l' emploi de cet adverbe. Il se met ordinairement à la tête de la phrase. "Il l' a dit ainsi: aparemment il le pensait, ou avec que, aparemment qu' il le croyait. Aparemment nous aurons une bonne récolte; c. à. d. suivant les aparences, nous aurons, etc. Il est vraissemblable, il est probable que nous, etc. _ Plusieurs Auteurs ont doné à aparemment le sens de l' adv. En aparence. "Ils concluoient qu' on découvriroit bien des chôses, dont on n' eût jamais soupçoné un homme aparemment si vertueux. Marsolier, vie de St. Franç. de Sales. "Ils se séparèrent ainsi, aparemment (en aparence) fort satisfaits les uns des autres. Id. Vie du Card. Ximenès. _ Ces deux adverbes aparemment et en aparence ont des sens non seulement différens, mais oposés entr' eux. Le 1er signifie qu' il y a aparence que la chôse est ou sera; l' autre qu' elle n' est ou ne sera pas réellement; qu' elle n' a ou n' aura qu' une fausse apparence de réalité.

APPARENCE


APPARENCE, ou APARENCE, s. f. [Aparance, 3e lon.] 1°. Extérieur, ce qui paraît au-dehors. Belles aparences, les aparences sont trompeûses; il ne faut pas se fier à l' aparence ou aux aparences. "Cette maison a une belle aparence, mais le dedans est vilain. _ Sauver les aparences, faire ensorte qu' une conduite irrégulière ne paraîsse pas au-dehors. _ Aparence. Voy. Extérieur.
   En aparence, sous aparence, adverbes. Le 1er se dit sans régime. Voy. Aparemment; le 2d. régit le génitif avec l' art. indéfini de, quand aparence est sans article; et avec l' art. défini de le, quand aparence est précédé de l' article, sous aparence de dévotion, sous l' aparence de la dévotion. * L' Acad. dit sous aparence de l' amitié. Je crois qu' il falait dire, sous aparence d' amitié, ou sous l' aparence de l' amitié.
   2°. Il y a aparence, il est probable, vraissemblable. Il régit que, et l' indicatif, quand la phrâse est affirmative; et avec le subjonctif, quand le sens est négatif ou interrogatif. Avec la négation, on met ou l' on suprime la prép. d' : "Il y a aparence qu' il se moque de nous, qu' il ne le fera pas: Il n' y a pas d' aparence, ou aparence qu' il vienne: y a-t-il aparence qu' il le fasse comme il le dit. Quelle aparence qu' il revienne sitôt?
   3°. Outre ce sens, qui est l' ordinaire, quelle aparence, ou il n' y a pas d' aparence, signifient, cela n' est pas prudent ou convenable. Alors ils régissent de et l' infinitif. "Quelle aparence de perdre un temps si considérable, sans aucun espoir de former la moindre entreprise. Prévot. Quelle aparance de dire que je veux envoyer des troupes à Ithaque pour rétablir Télémaque, pendant que Télémaque est engagé dans la guerre contre les Dauniens. Télém. "Il n' y a pas d' aparence de s' aller livrer entre les mains d' un ennemi, etc. Vertot. "Je ne sais où laisser tous ces présens; car, il n' y a pas d' aparence de les laisser ici: ils deviendroient bientôt la proie du premier passant. Mde. Dacier, Odyssée.

APPARENT


APPARENT, ENTE, adj. [Aparan, ran--te, 3e lon.] 1°. Visible, manifeste. Son droit est aparent. Il n' a pas de bien aparent. = 2°. Qui est aûtre que ce qu' il paraît. "Le mouvement aparent du soleil autour de la terre: raisons spécieûses et aparentes, prétexte aparent. "Biens de la terre, biens aparens, les biens du Ciel sont les seuls véritables. = 3°. Avec le superlatif, il signifie considérable, remarquable. "La maison la plus aparente de la ville. "Il s' adressa au plus aparent de la compagnie.
   * Il est aparent que pour; il y a aparence que, est un anglicisme. "Quoiqu' il soit très-aparent qu' on trouveroit des mouillages sûrs, dans plusieurs de ces baies. Voy. d' Anson. "Il étoit fort aparent qu' ils ne croisoient dans ces parages que pour nous y attendre. Ibid.

APPARENTÉ


APPARENTÉ, ÉE, adj. [Aparanté, té-e; 3e lon. 4e é fer. lon. au 2d.] Il se dit avec bien ou mal: "Il est bien aparenté: il a des parens riches et qui lui font honneur, mal aparenté est tout le contraire. _ On peut aussi dire avec la prép. de: "Aparenté de fort honêtes gens, aparenté de canâilles. L. T.

APPARENTER


APPARENTER (s' ) v. réc. [Aparanté, 3e lon. 4e é fer.] Entrer dans une famille; s' allier. Celui-ci se dit avec régime, s' allier à ou avec. S' aparenter se dit sans régime: "Il s' est bien ou mal aparenté.

APPARIER


APPARIER, ou APARIER, v. a. [Apa--ri-é, tout bref.] 1°. Mettre ensemble deux chôses qui sont pareilles. Aparier des chevaux, des gants, des souliers, des bâs, etc. = 2°. En parlant de certains oiseaux, mettre ensemble le mâle avec la femelle; aparier des pigeons, des tourterelles. = S' aparier, en ce sens, s' acoupler.

APPARITEUR


APPARITEUR, s. m. 1°. Espèce de Sergent ou d' Huissier, dans les Cours Éclésiastiques. 2°. On donne aussi ce nom aux Bedeaux des Universités.

APPARITION


APPARITION, ou APARITION, s. f. [Apari-cion, et en vers, ci-on, tout br.] 1°. Manifestation de quelque objet, qui, étant invisible de sa nature, se rend visible. "L' aparition d' un Ange, des esprits, des spectres. = 2°. Manifestation subite d' un phénomène, qui n' avait pas encore paru: "Aparition d' une comète. _ Voy. VISION.
   On dit familièrement d' une persone, qui n' a pas resté long-temps dans un endroit; qu' elle n' y a fait qu' une courte aparition.

APPAROIR


APPAROIR, ou APAROIR, v. n. [Apa--roar, 3e dout.] Terme de Palais. Il ne se dit qu' avec faire, et il régit la prép. de. "Il a fait aparoir de son bon droit, de ses pouvoirs. Voyez APPAROîTRE. _ Aparoir n' a d' usage qu' à l' infinitif et à la 3e pers. du sing. du présent: il apert que, etc. comme il apert.

APPAROîTRE


APPAROîTRE, ou APARAîTRE, v. n. [Aparêtre, 3e lon. ê ouv. Il serait mieux d' écrire aparaître avec un ai.] Ce verbe prend indifféremment le verbe auxil. avoir ou être: "Il a paru, ou il est aparu L. T. Wailly. = D' invisible, se rendre visible; l' Ange qui aparut à Jacob, à la Sainte Vierge, à Saint Joseph, etc. En ce sens, il se met impersonellement: "Il lui aparut un spectre. _ Rich. Port. le met dans un autre sens: "Il m' aparoît que, etc. L' Acad. le met en style de Pratique. Hors delà on dit: Il me paroît que, etc.
   Quelques-uns font ce verbe réciproque, et disent s' aparaître: Minerve s' aparaît à eux. Brumoi. On le trouve ainsi dans Richelet, Joubert, Trév., mais non dans le Dict. de l' Acad. Aparaitre, neutre, est plus sûr et plus autorisé.
   Faire aparaître, se dit dans les négociations, comme faire aparoir se dit au palais: "Les Ambassadeurs ayant fait aparaître de leur pouvoir. Voy. APAROIR.

APPARTEMENT


APPARTEMENT, ou APARTEMENT, s. m. [Aparteman, 3e e muet.] 1°. Logement composé de plusieurs pièces de suite dans une maison. Acad. Portion d' une grande maison, où une persone peut loger séparément d' avec une autre. Trév. Chambre, anti-chambre, cabinet, logement composé de plusieurs pièces. Rich. Port. _ J' aimerais mieux la définition de Trévoux, qui convient aux plus petits apartemens comme aux plus grands, que celle de l' Acad. ou du Rich. Port. qui n' est aplicable qu' aux derniers. _ Bel apartement, grand apartement, petit apartement; apartement comode; apartement de Monsieur, apartement de Madame, etc. = 2°. Il se prend pour étage: "Il est logé au premier, au second apartement. = M. Desgrouais a raison de reprendre ceux qui apèlent apartement, une seule chambre: mais il a tort de critiquer ceux qui le disent pour étage.

APPARTENANCE


APPARTENANCE, ou APARTENANCE, s. f. [3e et dern. e muet: 4e lon.] Dépendance. Ce qui apartient à... Ce qui dépend de.. "Cette métairie est une apartenance de ma terre: Vendre une maison avec toutes ses apartenances et dépendances.

APPARTENANT


APPARTENANT, ou APARTENANT, ANTE, adj. [3e e muet. 4e lon.] Qui apartient de droit. Trév. Acad. _ Cet adjectif est du petit nombre des participes actifs, qui se déclinent suivant les genres et les nombres: question apartenante à la foi, biens apartenans, terres apartenantes au Seigneur. Mais il est décliné mal à propôs dans la phrâse suivante, où il n' est employé que comme participe. Le Pape demanda que cette ville lui fût cédée comme lui apartenante par la félonie de Roger. P. Barre, Hist. d' Allem.

APPARTENIR


APPARTENIR, ou APARTENIR, v. n. [3e e muet, tout bref.] 1°. Être de droit à quelqu' un: "Cette maison lui apartient: "Ces droits apartiènent à ma charge = 2°. Avoir une relation nécessaire ou de convenance: Cette question apartient à la foi. = 3°. Être parent. Il apartient à d' honêtes gens: "J' ai l' honeur de lui apartenir. = 4°. Être domestique de quelqu' un. "Cet homme vous apartient-il?
   APARTENIR s' emploie quelquefois impersonellement. Alors, outre le datif de la persone, il régit de et l' infinitif: "Il apartient aux Pères de châtier leurs enfans. _ Il s' emploie plus ordinairement avec la négation. "Il n' apartient pas à tout le monde de faire, etc. "Il n' apartient qu' à vous de dire, etc. Ce qui se dit quelquefois ironiquement et par manière de blâme. = Quelquefois on le dit par manière de reproche insultant, avec l' adv. bien. "Il vous, il lui apartient bien de, etc. c. à. d. vous êtes, ou il est bien hardi de, etc. "Qu' est-ce qu' un beau garçon sous des habits grossiers? On dirait volontiers: de quoi se mêle-t-il? (d' être beau) il lui apartient bien! Mariv. "Il vous apartient bien de prendre le haut ton! _ Dans l' exemple précédent, le régime est sous-entendu: On pourrait dire, en imitation, dans le 2d: "Vous prenez le haut ton: il vous apartient bien!

APPAS


APPAS, ou APâS, s. m. [Apâ, 2e lon.] Charmes. Ménage y trouve cette différence, qu' apas se dit des beautés qui attirent; et charmes, de celles qui agissent par une vertu oculte et magique. Cette distinction peut être fort bonne, dit la Touche, mais dans l' usage ordinaire, on confond ces deux mots. L' Académ. remarque que Apas ne se dit guère que pour exprimer les charmes de la volupté ou ceux de la beauté. Voy. Attraits. Voy. Apât, n°. 3°.

APPâT


APPâT, ou APâT, s. m. [Apâ, 2e lon.] 1°. Au propre, pâture, mangeaille pour attirer des bêtes, des oiseaux, des poissons dans des pièges, ou à l' hameçon. "Les vers et les moucherons sont des apâts friands pour prendre des poissons; le lard et le fromage pour prendre les rats. = 2°. * Suivant Trév. et le Rich. Port. Pâte qu' on donne à la volaille pour l' engraisser. L' Acad. ne met point apât en ce sens: on dit, pâtée. = 3°. Figurément; leurre pour atraper, surprendre, tromper, inviter à quelque chôse. Trév. Tout ce qui atire et engage à quelque chôse. Acad. "L' intérêt est un grand apât pour un avâre; le jeu pour la jeunesse. Acad. Le 2d exemple n' est pas si bon que le 1er; car l' intérêt engage l' avâre à faire l' usûre, par exemple: mais le jeu à quoi engage-t-il la jeunesse? Il vaut mieux, dans cette ocasion et autres semblables, se servir d' apâs: "Le jeu a de grands apâs pour la jeunesse; de grands charmes.

APPâTELER


*APPâTELER, APPâTER, v. a. La Touche trouve cette différence entre ces deux mots, que le 2d signifie atirer avec un apât; et le 1er, doner de l' aliment aux animaux, aux enfans, et aux persones qui n' en peuvent prendre d' eux-mêmes. Apâteler des oiseaux, des enfans: "Il faut l' apâteler comme un enfant. _ Mais apâteler ne se dit plus, et l' on dit apâter dans les deux sens.

APPAUVRIR


APPAUVRIR, ou APAUVRIR, v. a. [Apovri, 2e dout.] Rendre pauvre. S' apauvrir, devenir pauvre. _ Figurément, apauvrir une Langue, en retrancher des mots, des façons de parler, et la rendre par là moins abondante et moins expressive. "Une trop grande délicatesse a apauvri la Langue Française; mais on ne peut pas dire qu' elle s' apauvrisse tous les jours. On invente sans cesse des mots nouveaux, de nouvelles expressions. Il est vrai que quelquefois le néologisme ne l' enrichit que de guenilles, ou d' ornemens recherchés, qui la dépârent au lieu de l' embellir.

APPAUVRISSEMENT


APPAUVRISSEMENT, s. m. [Apovri--ceman, 4e e muet.] État de paûvreté. Ce subst. a un sens passif; il se dit, non de ce qui apauvrit, mais de ce qui est apauvri. Il se dit au propre et au figuré, comme apauvrir. Voy. ce verbe. "L' apauvrissement de cette famille, de cette Province, l' apauvrissement de la Langue Française date du dernier siècle.

APPEAU


APPEAU, ou APEAU, s. m. [Apo, l' o bref au sing. lon. au pl. Appeaux.] 1°. Sorte de Siflet avec lequel on contrefait le cri des oiseaux pour les faire tomber dans les filets. 2°. Les oiseaux même dont on se sert pour atirer d' autres oiseaux.

APPEL


APPEL, ou APEL, s. m. [2e è moy.] 1°. Recours au Juge Supérieur. "Acte d' apel, relief d' apel; interjeter apel, relever son apel, juger sans apel, etc. = 2°. Défi, assignation pour se battre en duel: Faire un apel, recevoir un apel. "Les apels sont défendus comme les duels. = 3°. Action d' apeler à haute voix ceux qui doivent se trouver à une assemblée, à une revuë, à un payement public. "Être ou n' être pas; se trouver ou ne pas se trouver à l' apel, etc. = 4°. Signal qui se fait avec le tambour ou la trompette, pour assembler les soldats. "Batre l' apel.

APPELANT


APPELANT, ANTE, adj. [2e e muet. Il ne faut donc pas écrire apellant, comme on le voit dans des livres.] Qui apelle d' un jugement: "Il est apelant de cette Sentence. _ Il se dit aussi absolument et sans régime: il est apelant, elle est apelante; il a été reçu apelant; les apelans.

APPELER


APPELER, ou APELER, v. a. [2e e muet, mais devant la syll. fém. il se change en è moy. J' apelle, ou j' apèle; il apellera, ou il apèlera.] 1°. Nommer, dire le nom de..... Comment apelez-vous cet homme? Comment vous apelez-vous? Il s' apelle Jean. Je m' apelle Pierre. = 2°. Faire l' apel de... Voyez APPEL, n°. 3°. = 3°. Il se dit du cri des animaux, qui atire ceux de leur espèce. Voy. Appeau. Et de toutes les chôses, dont le son sert de signe pour faire qu' on se trouve à un endroit. "Les cloches apèlent à l' Église. = 4°. À~ l' actif et au passif, il se dit de la vocation à un état. "Dieu l' apeloit à la solitude, au St. Ministère: "Il est apelé à briller dans le Barreau: "Il n' étoit point apelé à cette profession. Il n' y avait pas de disposition naturelle. = 5°. APELER; citer, faire venir devant le Juge. Apeler en Justice, en garantie, en témoignage, etc. = 6°. Apeler, neutre: provoquer d' un Juge subalterne à un Tribunal supérieur. "Apeler d' une Sentence; du Présidial au Parlement. = On dit, en ce sens, familièrement qu' on en apelle, quand on ne consent pas à quelque chôse, à quelque proposition. _ De celui qui est revenu d' une grande maladie, qu' il en a apelé.
   * En Provence, on dit s' apeler au Parlement, pour apeler. L' Ab. Vertot, qui n' était pas Provençal, a usé de la même expression. "Quand vous vous apeleriez cent fois devant le peuple, j' ordone qu' on vous arrête. Révol. Rom.
   * Robertson, ou son Traducteur, met en et de avec apeler: "Colomb en apela directement au Trône des procédures d' un Juge subalterne. Hist. de l' Amér. Retranchez chez en.
    Rem. 1°. Apeler est beau au figuré, avec la prép. à pour 2d. régime.
   Il sembloit à lui seul apeler tous les coups
       Racine.
Mais ce régime ne fait pas bien partout, l' Ab. Desfontaines a critiqué, avec raison, Lamotte pour avoir dit: "Le Poète frapé de l' éclat des Héros vertueux, apelle à eux l' admiration et l' amour.
   2°. Quand on veut fortifier ce qu' on vient de dire, on ajoute (mais seulement dans le discours familier) ce qui s' apelle. "Cela est bon, ce qui s' apelle bon.
   Mais, rien n' existe ici; ce qui s' apèle rien.
       Gresset.
"M. de la R. F. aloit revoir les lieux où il a chassé autrefois avec tant de plaisir; je ne dis pas, où il a été amoureux; car je ne crois pas que ce qui s' apelle amoureux, il l' ait jamais été. Sev. "Nous retournons ce soir pour trois ou quatre jours, et cela s' apellera encôre, enterrer la Synagogue avec le premier Président, etc. La même.

APPELLATIF


APPELLATIF, adj. [Pron. les 2 l; apèl--latif.] Terme de Grammaire. On apelle ainsi les noms qui sont communs à toute une espèce, comme homme, cheval, oiseau; par oposition aux noms propres, qui ne conviennent qu' à un seul; comme Louis, Hector, César, etc. Plusieurs disent les noms communs pour apellatifs.

APPELLATION


APPELLATION, s. f. [Pron. les 2 l: Apèl-la-cion.] 1°. Apel d' un jugement. Il ne se dit qu' au Palais: "La Cour a mis l' apellation au néant. = 2°. L' action d' épeler les lettres s' apelle apellation des lettres, ce qui fait croire qu' épeler se dit pour apeler.

APPENDICE


APPENDICE, s. f. [Dans le Dict. Gram. on le marque masc. par erreur; Apéndice, 2e lon.] Suplément, qui se joint à la fin d' un ouvrage, avec lequel il a du raport. Acad. Chôse qui est dépendante, et comme une suite nécessaire d' une autre. On le dit plus ordinairement des additions que l' on fait à un Livre écrit auparavant, dans lesquelles on explique plus clairement quelque partie du Livre, ou l' on suplée les articles qu' on avait omis. Trév. "Ce qui tient ou qu' on ajoute à quelque chôse, suplément à la fin d' un ouvrage, etc. Rich. Port. _ On peut dire que ce que dit l' Acad. est une définition, et ce que dit plus au long Trévoux est une description. Le Rich. Port. tient des deux. _ Joubert a raison de remarquer que ce mot n' est que des Savans. J' ajoute qu' on dit plus ordinairement additions et suplément. L' Acad. met Appendice sans remarque.

APPENDRE


APPENDRE, v. a. [Apandre, 2e long. 3e e muet.] Pendre, atacher à une voûte, à des piliers, à une muraille. Il ne se dit guère que des chôses que l' on offre, que l' on consacre dans un temple en signe de reconnoissance. Acad. Pendre, attacher quelque chôse dans une Église ou dans un Temple. Trév. "J' emporterai ses armes dans le haut Ilion, et je les appendrai au Temple de ce Dieu (Apollon.) Mde. Dacier. Iliade.
   Au retour des combats, ces vertueux guerriers,
   Au Temple de Cèrès, apendoient leurs lauriers.
       Poème des Saisons.
Hors de ces ocasions, il faut dire suspendre.

APPENTIS


APPENTIS, s. m. [Apanti.] Bâtiment bas et petit, apuyé contre un plus haut, et dont la couvertûre n' a qu' un égoût. Acad. Toit qui est apliqué contre un mur, et qui n' a de pente que d' un côté. Trév. C' est de cette dernière circonstance que vient le nom d' apentis. "Toit de charpente adôssé contre un mur. Rich. Port. La définition de Trév. me paraît la meilleure; car le mot de bâtiment est de trop dans celle de l' Acad. L' Apentis n' est point ce qu' on apelle un bâtiment. De plus, pente vaut mieux qu' égoût pour faire conaître l' origine de ce mot. Pour le Rich. Port., que signifie ce toit de charpente? Est-ce que les autres toits ne sont pas de même, ou si l' on veut dire que les apentis ne sont pas couverts de tuiles?

APPERCEVABLE


APPERCEVABLE. Voy. APERCEVABLE.

APPERCEVANT


*APPERCEVANT, ANTE, adj. C' est un mot de Mallebranche. "L' âme est une substance essentiellement pensante et apercevante tout ce qui la touche. Outre que cet adjectif verbal n' est pas reçu, aucun adjectif verbal n' a le régime direct. Il falait retrancher et, et se servant du participe, dire: apercevant tout, etc.

APPERCEVOIR


APPERCEVOIR. Voy. APERCEVOIR.

APPERÇU


APPERÇU, s. m. Mot nouveau. "Ce discours est un aperçu de la manière d' écrire en vers et en prôse de Voltaire. L' Ab. Grosier. "Ce Livre et les trois suivans ne sont qu' un aperçu des matières. Ann. Litt. _ "On a introduit dans la Langue Française, dit M. de Luc, un mot qu' on croiroit inventé pour exprimer ces notions vagues... C' est un aperçu, dit-on, et l' on s' en contente beaucoup de nos jours. "C' est un aperçu que le systême que j' examine.

APPESANTIR


APPESANTIR, v. a. [Apezanti, 2e e muet, 3e lon.] Rendre plus pesant, moins propre pour le mouvement, pour l' action: "L' âge, la vieillesse, l' oisiveté apesantit le corps; "il s' apesantit tous les jours, il devient plus lourd, plus pesant. _ Figurément, s' apesantir sur un sujet, en parler trop longuement. _ "Dieu a apesanti sa main ou son bras, ou la main de Dieu s' est apesantie sur ce peuple; il l' a châtié dans sa colère. _ "Son esprit baisse et s' apesantit; "les yeux et les paupières commencent à s' apesantir, le someil gagne: "La main de ce Peintre, de ce Chirurgien, commence à s' apesantir; elle n' est plus aussi ferme, aussi légère.

APESANTI


APESANTI, ÎE, partic. et adj. Il suit toujours le subst. "La douce vapeur du sommeil ne coule pas plus doucement dans les yeux apesantis. Télém.

APPESANTISSEMENT


APPESANTISSEMENT, ou APESANTISSEMENT, s. m. [Apezanticeman; 2e et 5e e muet, 3e et dern. longues, en y a le son d' an.] État d' une persone apesantie, soit de corps, soit d' esprit. "Il est dans un grand apesantissement. (Tout seul il ne signifie que celui du corps.) Apesantissement d' esprit.

APPÉTENCE


*APPÉTENCE, s. f. APPÉTER, v. a. [Apétance, pété, 2e é fer. 3e lon. au 1er.] Ils ne se disent qu' en Physique. Désirer par instinct, par inclination naturelle. L' estomac apète les viandes; l' apétence, l' action d' apéter. L' Acad. n' en done point d' exemple. _ Trévoux n' a point mis ce substantif dans les premières Éditions. Il est tout-à-fait hors d' usage dans le discours ordinaire, et il est regardé comme un mot pédantesque. On dit quelquefois apéter en conversation. _ M. de Mayer s' en est servi dans son Voyage en Suisse. "Cette belle Lorraine, si apétée par Richelieu et par Louis XIV. On le critique dans l' Ann. Litt.

APPETISSEMENT


APPETISSEMENT, APPETISSER. Trév. Ils sont distingués du mot précédent par l' e qui est muet. Voy. APETISSEMENT, APETISSER. Acad.

APPÉTIT


APPÉTIT, ou APÉTIT, s. m. [2e é fer. tout bref.] En général, passion. Passion de l' âme, qui la porte à désirer quelque chôse. Apétit sensuel, charnel, brutal. Contenter, satisfaire tous ses apétits, etc. _ Plus ordinairement et en particulier, désir de manger. "Avoir apétit, doner de l' apétit; exciter, éveiller, aiguiser l' apétit. Rentrer en apétit, manger d' apétit. Demeurer sur son apétit; cesser de manger, quoiqu' on ait encore apétit.
   À~ l' apétit de... adv. Faute de, pour épargner, etc. À~ l' apétit d' un écu, il a laissé mourir un cheval de cinquante pistoles.
   Rem. 1°. C' est un gasconisme de faire apétit fém. et de dire, j' ai une grande apétit; c' est un grand apétit qu' il faut dire.
   2°. Au propre, il se dit sans régime: on ne dit point j' ai apétit des melons, des fraises, des pois verds, etc. Au figuré, on dit: avoir apétit, ou être en apétit de, et avoir de l' apétit pour. "Il a apétit de tous les bénéfices qui sont à doner: "J' étois en apétit de fortune. Mariv. "Il a de l' apétit pour les emplois lucratifs. _ Doner apétit de manger. Mariv.
   3°. En style proverbial, on apèle apétit de femme grosse, un apétit bisarre; un cadet de haut apétit, un homme qui mange beaucoup; avoir l' apétit ouvert de bon matin, désirer trop tôt les biens de la fortune. "L' apétit vient en mangeant, plus on a, plus on veut avoir. _ Apétit: goût, plaisir, (style figuré familier.) M. le Prince l' a lû d' un bout à l' autre avec le même apétit. SEV.

APPLANIR


APPLANIR, APPLATIR. Voy. APLANIR, APLATIR. _ Le 1er signifie mettre de niveau; le 2d veut dire rendre plat. _ Aplanir se dit au figuré dans tous les styles: aplanir les difficultés; aplatir ne peut s' employer figurément que dans le style familier: encôre, encôre! "L' affaire des poisons est toute aplatie. SEV. c. à. d. on n' en parle plus. La même, en parlant de la mort d' un M. de St. Aubin, dit: "Les cris de cette petite femme suffoqués et aplatis par le P. Moret, afin qu' il n' y eût rien que de Chrétien dans cette sainte maison, etc. Métaphôre hardie, et qui paraîtrait peut-être forcée autre part que dans une Lettre de Mde. de Sevigné.

APPLAUDI


APPLAUDI, Dî-E, adj. [Aplodi, dî-e, 2e dout. 3e lon. au 2d.] Aprouvé. Il suit toujours le substantif qu' il modifîe. Ouvrage aplaudi, choix aplaudi, mariage aplaudi, démarche aplaudie. _ Il régit quelquefois la prép. de: aplaudi de tout le monde.

APPLAUDIR


APPLAUDIR, ou APLAUDIR, v. n. [A--plodi, 2e dout.] On peut demander, je crois, pourquoi l' Acad. écrit apaiser, aplanir, aplatir avec un p, et applaudir, appliquer, etc. avec deux p. Il est difficile d' en deviner la raison. = 1°. Battre des mains en signe d' aprobation. Il régit la prép à des persones; aplaudir aux Comédiens, aux Acteurs. Il en est qui pensent qu' on dit également bien, tout le monde lui aplaudit, ou l' aplaudit. M. de Vailly le dit ainsi dans le Rich. Port. _ L' Acad. ne met d' exemple de ce régime direct qu' avec aplaudir, signifiant aprouver. "Chacun l' a aplaudi de cette bonne action. Il a fait une harangue que tout le monde a aplaudie. _ Les Poètes le font indifféremment actif ou neutre.
   Sifler la pièce, aplaudir à l' acteur.       Anon.
  Le public dédaigneux hait ce vain artifice:
  Il sifle la coquette, il aplaudit l' actrice.
Dorat.
2°. figurément, aprouver ce que fait ou dit une persone, et le marquer de quelque manière que ce soit. "Tout le monde aplaudit à cette proposition.
   3°. S' aplaudir se dit ou tout seul: "Il s' aplaudit continuellement lui-même: il est le seul à s' aplaudir; ou avec la prép. de devant les noms et les verbes. Quelle horreur de s' aplaudir de ses méchancetés, d' avoir brouillé toute une famille!

APPLAUDISSEMENT


APPLAUDISSEMENT, ou APLAUDISSEMENT, s. m. [Aplodiceman, 2e dout. 4e e muet.] Grande aprobation, marquée ou par des battemens de mains, ou par aclamation, ou de quelque manière que ce soit. "Recevoir des aplaudissemens; être reçu avec de grands aplaudissemens. Chercher, avoir l' aplaudissement universel, ou public, ou de tout le monde.
   Rem. Par lui-même, aplaudissement n' a point de régime. Il ne régit les noms que par le moyen des verbes auxquels il est joint; et même joint à ces verbes, il ne régit point la prép. à, excepté avec doner, acorder, etc. qui la régissent. *"L' aplaudissement du peuple à quelque opinion sur une matière difficile, est une marque infaillible qu' elle est fausse. Mallebr. C' est un faux régime. Il falait dire: l' aplaudissement que done le peuple à une opinion, etc.

APPLAUDISSEUR


*APPLAUDISSEUR, s. m. Celui qui aplaudit. Il n' est bon que dans le style badin ou critique.
   Un vain amas de sentences usées,
   Qui de l' Olimpe excitant les nausées,
   Faisoient souvent, en dépit des neuf Soeurs;
   Transir de froid jusqu' aux aplaudisseurs.
   "Il a assuré que les aplaudisseurs de... étoient tous distingués. Linguet. "Les gens riches, qui se piquoient de bel esprit, avoient de ces aplaudisseurs à leurs gages. Sabat. de Châlons.

APPLICABLE


APPLICABLE, ou APLICABLE, adj. [A--plikable, 3e dout.] Destiné à; qui peut être apliqué à... "Cent écus aplicables à des oeuvres pies. "Ce passage n' est pas aplicable à cette question. "Il est des règles qui ne sont pas aplicables à tous les câs.

APPLICATION


APPLICATION, ou APLICATION, s. f. [Aplika-cion, et en vers ci-on.] 1°. Action par laquelle on aplique une chôse à une autre. "L' aplication d' un remède sur une partie malade. = 2°. Avec maxime, passage, etc. Il régit de et à. "L' aplication de cette maxime au cas présent, de ce passage à ce sujet n' est pas juste. On dit absolument et sans régime: il fait d' heureuses aplications. _ Se faire l' aplication de ce qu' on dit; l' apliquer à ce qu' on éprouve, à ce dont on est coupable. On la fait plus souvent aux autres qu' on ne se la fait à soi-même. = 3°. Attention: avoir de l' aplication à l' étude, au jeu, à ce qu' on fait. Ou sans régime: cela demande une grande aplication. "Ce jeu n' est pas un jeu, mais une étude, tant il demande d' aplication. _ Voy. CONTENTION.
   * Rem. Aplication et s' apliquer ne régissent pas les persones. Les Traducteurs des Livres Anglais sont sujets à dire: son aplication à ce Seigneur; il s' aplique, ou il s' est apliqué à ce Ministre; c. à. d. son attachement à ce Seigneur; il est attentif à faire sa cour à ce Ministre, etc. Ce sont de vrais anglicismes. _ Mde. de Sevigné a employé être apliqué dans le même sens et avec le même régime. "Vous êtes trop apliquée à votre pauvre Maman. Ocupée de étoit le mot propre; mais on passe ces petites incorrections de style dans une lettre.

APPLIQUÉ


APPLIQUÉ, ÉE, adj. [Apliké, ké-e, 3e é fer. lon au 2d.] Il se dit absolument en cette phrâse et autres semblables: homme apliqué, femme apliquée, c. à. d. ataché, ou atachée à l' étude ou aux affaires. Il ne se dit de cette manière, que de ce qui demande l' aplication de l' esprit. Il suit toujours le substantif. Hors de là il a les mêmes régimes que son verbe.

APPLIQUER


APPLIQUER ou APLIQUER, v. a. [Apli--ke, tout bref.] 1°. Mettre une chôse sur une autre. "Apliquer des couleurs sur une toile, un emplâtre sur l' estomac, etc. = 2°. Adapter, faire convenir à... Apliquer une maxime, un passage, une comparaison à un sujet, à une persone, etc. = 3°. Aporter une grande attention à... Apliquer son esprit à la méditation, s' apliquer à l' étude, s' apliquer à bien faire. = 4°. Destiner, consacrer. Apliquer une somme d' argent à telle oeuvre de charité; à bâtir, à faire des réparations, etc.
   Rem. S' apliquer a le 2e et le 3e sens d' apliquer. Dans le 2d, le se est au datif: il s' est apliqué cette histoire (Sibi, à lui-même); il l' a prise pour lui; il a cru qu' on la disait pour lui: Et dans le 3e, se est à l' acusatif; il s' aplique (s' adone lui-même) à l' étude. _ Voy. APPLICATION.

APPOINT


APPOINT, ou APOINT, s. m. [A-poein, deux syll.] Monoie qu' on ajoute pour compléter une somme. Ainsi, pour 25 francs, il faut quatre écus de six francs et vingt sols en monoie. Ces vingt sols sont l' apoint de cette somme.

APPOINTÉ


APPOINTÉ, ÉE, adj. [A-poein-té, té-e, 2e lon. 3e é fer. long au 2d.] Au Palais, procès apointé, cause apointée, c. à. d. destinés à être jugés par raport. = 2° Dans le Militaire, Soldat ou Officier apointé, qui a une plus grosse paye que les autres.
   Rem. La Ruë done à cet adjectif verbal le sens d' oposé, contraire: "Être d' esprit et de coeur oposés et apointés l' un à l' autre. L' expression est basse et populaire, et ne devait pas se trouver dans un Sermon. On dit, mais dans le style familier, de deux hommes qui se contredisent toujours, qu' ils sont apointés contraires. L' Acad. met cette manière de parler sans la caractériser; mais certainement elle n' est pas du beau style.

APPOINTEMENT


APPOINTEMENT, ou APOINTEMENT, s. m. [A-poein-teman, 2e lon. 3e e muet.] 1°. Règlement en Justice sur une affaire pour la faire juger en raport. Prendre un apointement à l' Audience, au Greffe. = 2°. Gages qu' on done à d' honêtes gens qui sont au service des Grands, à un Officier, etc. Le mot d' apointemens est honête, celui de gages est déshonorant.

APPOINTER


APPOINTER, ou APOINTER, v. a. _ Autrefois, acomoder, terminer à l' amiable. _ Aujourd' hui, régler par un apointement en Justice. Voy. APPOINTÉ et APPOINTEMENT. _ * Dans le Dict. de Trév. Doner des gages, des apointemens: "On l' a apointé, ou il est apointé de mille écus. _ Cela ne se dit point; il faut dire: on lui a promis, ou assuré; on lui done, ou il a mille écus d' apointement.

APPORT


APPORT ou APORT, s. m. Marché; concours qui se fait aux foires et aux marchés. L' aport de Paris.

APPORTER


APPORTER, ou APORTER, v. a. 1°. Porter d' un lieu à un autre; du lieu où l' on n' est pas, au lieu où l' on est: Aportez-moi le livre qui est sur ma table, dans mon cabinet. = 2°. Causer: aporter du domage à... "Les Réflexions Philosophiques aportent peu de soulagement aux maux. = 3°. Employer: aporter beaucoup de soin et d' attention à l' examen d' une affaire. = 4°. Alléguer: aporter de bones raisons, de bones autorités. _ Avec textes et passages, raporter vaut mieux; aussi bien que pour le produit d' une terre. "Ce champ ne raportait rien, et non pas n' aportait rien, comme dit Bouhours dans ses Entretiens.

APPOSER


APPOSER, ou APOSER, v. a. [Apozé, tout bref.] Apliquer, mettre: Aposer à des lettres son cachet; à une porte le scellé; à un contrat des clauses, des conditions. Il n' est pas du beau style; et dans un discours public, il vaut mieux dire mettre qu' aposer le sceau.

APPOSITION


APPOSITION, s. f. [Apozi-cion.] Action d' aposer. Il ne se dit que du scellé.

APPRÉCIATEUR


APPRÉCIATEUR, s. m. APPRÉCIATION, s. f. [ou APRÉCIATEUR, etc. 2e. é fer., tout bref. Apréci-a-cion, en vers ci-on.] Celui qui aprécie. _ Estimation d' une chôse. Apréciation juste. Faire l' apréciation de.

APPRÉCIER


APPRÉCIER, ou APRÉCIER, v. a. [Apré--ci-é, tout bref, 2e et dern. é fer.] Mettre à prix. Acad. Estimer. Mettre un prix à. Trév. Régler le prix de quelque chôse. Rich. Port. Les deux dernières définitions valent mieux, à mon avis, que celle de l' Acad. _ Il régit à. "On a aprécié ce meuble, ce bijou à tant, à cent écus, à cent pistoles, etc. _ Aprécier un livre, le mérite de quelqu' un, etc. "À le bien aprécier, ce livre est peu de chôse, cet homme n' a que du vent et du clinquant.

APPRÉHENDER


APPRÉHENDER, v. a. [Apré-andé, 2e é fer. 3e lon.] Craindre. Apréhender les voleurs, les ennemis, les dangers, les suites d' une afaire, etc. Apréhender d' être trompé, qu' on ne nous trompe. Voy. CRAINDRE. _ Au Palais: prendre, saisir. Il ne se dit que de la prise de corps. Apréhender au corps; si pris et apréhendé peut être.

APPRÉHENSION


APPRÉHENSION, ou APRÉHENSION, s. f. [Apré-an-cion, et en vers ci-on.] Crainte. Avoir de l' apréhension; être dans l' apréhension qu' on ne soit dupé. Dans l' apréhension qu' il a, ou bien où il est, qu' on ne le trompe, ou d' être trompé.

APPRENDRE


APPRENDRE, ou APRENDRE, v. a. et n. [Aprandre, 2e lon. 3e e muet.] Acquérir ou communiquer quelque conaissance qu' on n' avait pas. "J' ai apris l' algèbre: "Il m' a apris tout ce que j' en sai. _ Aprendre diffère d' étudier, en ce que celui-ci veut dire seulement qu' on travaille à devenir savant, et que celui-là marque qu' on y travaille avec succès: on étudie pour aprendre; et l' on aprend à force d' étudier. _ Il diffère du verbe s' instruire, en ce qu' il semble qu' on aprend d' un maître en écoutant ses leçons, et qu' on s' instruit par soi-même, en faisant des recherches.
   Régimes. Ce verbe a deux significations: il signifie tout ensemble le discere et le docere des Latins: être instruit et instruire. Dans le premier sens, il régit l' accusat. et l' ablat. "Il aprend de son maître le latin: "Edouard put aprendre de l' expérience dans quelle entreprise désespérée il s' était engagé. Hist. d' Angl. Dans le 2d. le dat. de la persone, l' accusat. de la chôse: "Son maître lui aprend le latin. _ Dans les deux sens, il régit à devant les verbes, ou sans régime des noms: j' ai apris à mes dépens, à me défier de lui. Mortels, aprenez à respecter la Divinité. Jer. Dél. ou avec le dat. des noms; je lui aprendrai à vivre; (d' Ablancourt dit: il aprit des singes à danser; il falait: il aprit à des singes.) ou avec l' ablatif des persones, ou chôses personifiées. "J' ai apris de lui à me tenir sur mes gardes. * Le P. Paulian met de à la place d' à. "On lui a apris de faire le signe de la Croix. C' est un faux régime: il falait, à faire, etc. _ Aprendre régit encore que et l' indicatif, quand le sens est affirmatif, et avec le subjonctif, quand le sens est négatif ou interrogatif. Aprenez qu' on ne se moque pas impunément du Seigneur: "Il n' a pas apris, ou a-t-il apris que son père soit mort. _ Enfin pour les noms, aprendre a quelquefois trois régimes, le dat. l' ablat. et l' accusatif: "Lui aprendrez-vous de la mort de son père quelque chôse de consolant.

APPRENTI


APPRENTI, ou APRENTI, ÎE, s. m. et f. [Apranti, aprantî-e, 2e lon. 3e lon. au 2d.] Autrefois on écrivait et on prononçait aprentif, aprentive. La Touche le trouve bon, quoiqu' il avoûë que l' Acad. ne dit qu' aprentîe. Il n' a pas l' usage actuel pour lui. On ne doit plus, dit La Monnoie, écrire aprentif, puisqu' on ne dit plus au fém. ni aprentive, ni aprentisse (ou aprentice), mais uniquement aprentîe, qui ne peut se former que du masc. aprenti. _ Richelet met Aprentisse, et le défend contre la critique d' un Savant de Province. _ Boileau a encore dit aprentive, et l' a employé adjectivement.
   De livres et d' écrits, bourgeois admirateur
   Vais-je épouser ici quelque aprentive Auteur.
       Sat. X.
La Grange fait rimer aprentif avec attentif.
Au propre, celui ou celle qui aprend un métier. _ Au figuré, persone peu habile aux chôses dont elle se mêle. "Ce Médecin est un aprenti. _ Aprenti est plus convenable dans le style familier et badin, ou critique; novice dans le style sérieux et relevé.

APPRENTISSAGE


APPRENTISSAGE, s. m. [Apranti-sage, 2e lon.] Au propre, l' état d' un aprenti, ou le temps qu' il met à aprendre son art. Acad. le Dict. de Trév. ne le dit que du temps. Le Rich. Port. aussi. Cependant, si faire son aprentissage, se mettre en aprentissage, être en aprentissage, sortir d' aprentissage, ne signifient que le temps; dans cette phrâse et autres semblables: "Dans ce métier, l' aprentissage est rude; on ne veut point parler du temps, mais de l' emploi, de l' état, de l' ocupation d' un aprenti. Ainsi, la définition de l' Acad. est plus complette.
   APRENTISSAGE, au figuré, veut dire: essai, épreuve, et il se prend en mauvaise part: "Ce Médecin, ce Chirurgien fait son aprentissage sur le corps de ce malheureux. Cependant on dit en bone part, l' aprentissage du métier de la guerre; et élégamment même, l' aprentissage des maux inévitables dans cette vie mortelle. "La plus longue vie est encore un aprentissage trop court pour le moment de la mort. Mascaron.

APPRêT


APPRêT, ou APRêT, s. m. [2e lon. ê ouv. aprê.] 1°. Préparatif. Faire de grands aprêts. En ce sens, il ne se dit qu' au pluriel. 2°. Manière d' aprêter, ou les étofes, cuirs, toiles, etc. Chapeau, toile sans aprêt; méchant aprêt; cet aprêt ne vaut rien; ou les viandes: souvent l' aprêt coûte plus que les viandes qu' on aprête.

APPRêTE


*APPRêTE, s. f. [Aprête, 2e lon. ê ouv. 3e e muet.] Mouillette; petite tranche de pain, étroite et longue, avec laquelle on mange des oeufs à la coque. _ Il vieillit: Acad. On dit, mouillette.

APPRêTER


APPRêTER, v. a. et n. [Aprêté, 2e lon. ê ouv. 3e é fer.] Préparer. Mettre en état. Trév. Acad. "Aprêtez mes hardes; aprêter le dîner. _ Neutre, il se dit avec la prép. à: "Ce Cuisinier aprête bien à manger; ou tout seul: il aprête bien. _ Figurément, aprêter à penser, à rire; doner ocasion de penser, de rire.
   * Rem. Autrefois aprêter avait un emploi aussi étendu que préparer: On le disait au récipr. et au passif.
   Quel nouveau spectacle s' aprête,
   D' augmenter notre étonnement.
       La Grange.
Outre la vétusté du mot, le régime est faux, il falait: à augmenter. Le même Auteur dit ailleurs, avec un régime plus régulier.
   Cependant un grand Roi s' aprête
   À~ te rétablir dans tes droits.
* Un Auteur moderne a dit depuis peu. "Déjà il s' aprêtait à battre ces pauvres gens, etc. pour, il se disposait~ à; il se mettait en dévoir de, etc. Et le Trad. de l' Hist. d' Angl. "Il s' aprêtoit à venir d' Irlande.
   Malherbe a dit aprêtés pour prêts à...
   Les oiseaux qui sommeillent;
   Aprêtés à chanter, dans les bois se réveillent.

APPREUVER


*APPREUVER. Voy. APPROUVER.

APPRIS


APPRIS, ÎSE, adj. [Apri, prî-ze, 2e lon. au 2d.] On dit, dans le style familier: il est bien apris, c. à. d. bien élevé, sage et honête: mais apris, en ce sens, n' a point de régime. N' imitez point Molière, qui dit: "Je suis apris à souffrir. On doit dire, avec le participe: j' ai apris à souffrir. _ L' Acad. ne met apris que participe; et le Rich. Port. se contente de dire, qu' apris a les significations du verbe.

APPRIVOISER


APPRIVOISER, ou APRIVOISER, v. a. [Apri-voa-zé, 3e br. 4e é fer.] Rendre doux et moins farouche. Au propre, il se dit des animaux; au figuré, des hommes. _ En ce dernier sens, il se dit au réciproque pour, se rendre familier: s' aprivoiser dans une maison, avec les grands; ou sans régime: il commence à s' aprivoiser, à devenir plus sociable.

APPROBATEUR


APPROBATEUR, ou APROBATEUR, s. m. [Aproba-teur, tout bref; eur est long au pluriel.] Celui qui aprouve par quelque témoignage d' estime. Acad. Celui qui donne son aprobation. Trév. Celui qui aprouve une chôse; celui qui donne une aprobation. Rich. Port. Je préfère la définition de l' Acad. en ce qu' elle vous fait conaître le sens du mot, sans renvoyer ni à aprobation, ni à aprouver. _ On le dit souvent au pluriel: "Une telle conduite peut-elle avoir des aprobateurs?

APPROBATIF


APPROBATIF, ÎVE, adj. [Aprobatif, tîve, 4e lon. au 2d.] Qui marque de l' aprobation. Geste aprobatif, mine aprobatîve, Sentence aprobatîve.

APPROBATION


APPROBATION, ou APROBATION, s. f. [Aproba-cion, en vers, ci-on.] Agrément, consentement qu' on done à quelque chôse. "Le père et la mère donent ou refusent leur aprobation à ce mariage. = Il signifie aussi, jugement favorable et avantageux. "Avoir l' aprobation générale de tout le monde, des honêtes gens, etc.

APPROBATRICE


*APPROBATRICE, s. f. Ce mot, disait-on dans le Dict. de Trév. en 1704, n' est pas encore bien établi, mais on ne doute pas qu' il ne s' établisse. La prédiction ne s' est pas acomplîe: ce mot n' a pas passé: il est trop dur. M. Cerutti l' a employé dans l' Apol. des Jés. "Si la prévoyance est le premier orâcle des Législateurs, l' expérience doit être la dernière aprobatrice des Loix. _ Richelet l' a mis dans son Dictionaire sans remarque. _ Dans le Rich. Port. on dit, qu' il est peu usité: l' Académie ne le met pas.

APPROCHANT


APPROCHANT ou APROCHANT, ANTE, adj. [Apro-chan, chante, 3e lon.] Qui a quelque ressemblance, quelque raport. "Deux couleurs fort aprochantes l' une de l' autre; style aprochant de celui des anciens. _ On voit par ces exemples qu' il régit la prép. de. * Le P. Rapin lui done pour régime la prép. à. "Il dit de Platon et d' Aristote: Mille siècles et mille vies, ne produiront jamais rien d' aprochant à l' étendue presque immense de leur capacité. On peut dire que la pensée est aussi outrée que le régime est irrégulier. _ Aprochant, prép. Quand il est devant le nom, il régit de; après il se dit sans régime: "Il a aprochant de dix mille livres de rentes. Il est aprochant de huit heures; ou bien: il est huit heures, ou aprochant.

APPROCHE


APPROCHE, ou APROCHE, s. f. 1°. Mouvement par lequel une persone s' avance vers une autre. Acad. Action par laquelle une chôse est renduë voisine d' une autre. Trév. Action de celui qui s' avance vers un lieu, ou auprès de quelque persone. Rich. Port. De ces trois définitions, on pourrait en composer une qui en réunirait les avantages. Mouvement vaut mieux qu' action; s' avancer mieux qu' être voisin; et s' avancer vers un lieu ou vers une persone, dit plus que s' avancer vers une persone seulement. "L' aproche de son ennemi le déconcerta. _ À~ l' aproche de l' ennemi, les troupes se mirent en bataille. = 2°. Il se dit aussi de tout ce qui avance, ou paraît avancer vers nous. L' aproche de la nuit, les aproches de la mort. = 3°. En termes de guerre, aproches sont les travaux que l' on fait pour s' avancer vers une place, qu' on ataque, et l' ataque même. Faire les aproches, pousser les aproches, empêcher les aproches, etc.

APPROCHER


APPROCHER, ou APROCHER, v. act. et neut. 1°. Avancer auprès, mettre proche, mettre près. Aprochez la table; aprocher le canon de la place; aprochez-vous du feu, etc. = 2°. Être en faveur auprès de.... Aprocher le Prince. = 3°. Devenir proche; l' heure, le temps aproche, ou s' aproche. = 4°. Avoir de la convenance, de la ressemblance, du raport avec... "Ces couleurs-là aprochent fort l' une de l' autre. = 5°. Il se dit sans régime dans le 3e sens: n' aprochez pas, empêchez qu' il n' aproche. = 6°. Aprocher du but; au propre, doner bien près du but; au figuré, deviner à peu près ce dont il s' agit.
   Rem. 1°. Ce verbe a différens sens, suivant les différens régimes. Aprocher le Roi, c' est être en faveur auprès du Roi; aprocher du Roi, c' est s' avancer vers le Roi. Du reste, la première locution ne se dit que des Grands et des Officiers de la Maison du Roi. Vaug. On dit en imitation, aprocher le Prince, un Grand, un Ministre, ou aprocher d' un Grand, etc.
   2°. Avoir accês, aborder, aprocher, (synon.) Ces verbes ont beaucoup de raport: voici la différence dans la manière de les employer: on a accês où l' on entre; on aborde les persones à qui l' on veut parler: on aproche celles avec qui l' on est souvent: les Princes donnent accês; ils se laissent aborder; ils permettent qu' on les aproche. L' accês en est facile ou difficile, l' abord en est rude ou gracieux, l' aproche en est utile ou dangereûse. Qui a beaucoup de connoissances peut avoir accês en beaucoup d' endroits. Qui a beaucoup de hardiesse aborde sans peine tout le monde. Qui joint à la hardiesse un esprit souple et flateur, peut aprocher les Grands avec plus de succês qu' un autre. GIR. synon.

APPROFONDIR


APPROFONDIR, ou APROFONDIR, v. a. Au propre, rendre plus profond: "Aprofondir un fossé, un canal: au figuré, creuser plus avant dans... Aprofondir une affaire, les sciences, les mystères, etc.
   1°. Creuser, aprofondir; le 1er se dit plus au propre qu' au figuré, le 2d. plus au figuré qu' au propre. Ni l' un ni l' autre ne régissent les persones, et creuser ou aprofondir un homme (pour dire pénétrer dans sa pensée et découvrir ce qu' il a de caché), est une expression qui paraît bien hardie à la Touche, quoique Bouhours la raporte come en usage à la Cour, de son temps, sans la désaprouver. _ L' Académie emploie creuser au figuré, et aprofondir au propre. Le Rich. Port. ne le met point en ce sens. _ Dans le Dict. Gram. on doute s' il faut aprouver ce vers de la Henriade.
   Ce malheureux combat ne fit qu' aprofondir
   L' abîme dont Valois voulait en vain sortir.
Pluche a dit aussi: "Il y a une charrûe plus légère... avec laquelle deux chevaux peuvent suffisamment remuer la terre maigre qu' on n' ôse aprofondir.
   Disons encôre, pour ne rien laisser en arrière, que creuser, au figuré, se dit plus souvent avec en et dans, qu' avec l' accusatif: "C' est en vain que les hommes veulent creuser dans l' avenir, et non pas creuser l' avenir. _ Aprofondir, au contraire, régit l' accusatif, et non pas la prép. dans: aprofondir une intrigue, et non pas dans une intrigue.
   2°. Fénélon emploie aprofondir neutralement: "Peut-être que le Roi, sans vouloir aprofondir davantage, vous laissera partir. Télém. Il sous-entend cette afaire. Voyez au mot ACTIF une remarque sur les verbes actifs employés neutralement. _ L' Auteur du Traité du Plaisir se sert de s' aprofondir, au lieu de s' enfoncer: "Mes idées se digèrent, s' aprofondissent, s' incrustent, pour ainsi dire, dans ma mémoire. Quand même aprofondir se dirait au propre, je doute que s' aprofondir soit aprouvé par l' usage.

APROFONDISSEMENT


*APROFONDISSEMENT, s. m. Action par laquelle on aprofondit. Épuisement d' une matière, d' un procès. Trév. _ Pour celui-ci, il n' est usité, ni au figuré, ni au propre. On ne dit pas plus l' aprofondissement d' une affaire que l' aprofondissement d' un procès. _ Dans le Rich. Port, on se contente de dire qu' il est peu usité. L' Acad. le condamne en ne le mettant pas.

APPROPRIATION


APPROPRIATION, ou APROPRIATION, s. f. [Apropri-a-cion, en vers ci-on, tout bref.] Action de s' aproprier une chôse. Acad. De la prendre à son usage, ajoute Trév. L' apropriation d' une terre.

APPROPRIER


APPROPRIER, v. act. Suivant Trév. Rendre une chôse propre, nette. Il est vieux en ce sens; M. Patte, Architecte, l' a employé au mode passif: "Les ruës de Madrid, il n' y a pas long-temps, n' étoient apropriées qu' une fois le mois. _ L' Acad. le met en ce sens sans remarque, et le troûve aparemment fort bon: aproprier une maison, une chambre, un cabinet, l' ajuster, l' agencer, les mettre~ dans un état de propreté. * Un Auteur moderne, que nous citons souvent, parce qu' il aime à créer des expressions, emploie aproprier au figuré, toujours à sa manière, qui est assez singulière. "Si la vertu n' a pas sa volupté, pourquoi en aproprier une au crime. Attribuer, acorder, étaient aparemment, au goût de cet Auteur, des termes trop communs et trop bourgeois. C' est l' Auteur du Traité du Plaisir. = 2°. Aproprier, au figuré, Conformer. "Il faut aproprier le style au sujet que l' on traite. L' Acad. ne le met point en ce sens: c' est un oubli; car cette expression est très-française.
   3°. Le véritable emploi de ce verbe est avec le pron. pers. s' aproprier; usurper la propriété d' une chôse; s' aproprier un héritage. _ M. Moreau, qui aime à employer les verbes actifs neutralement et sans régime, a dit s' aproprier tout seul. "Dévaster sans règle, et s' aproprier sans titre. _ S' aproprier une pensée, un ouvrage, se l' atribuer, s' en dire l' auteur. "Il s' aproprie les ouvrages d' autrui.

APPROVISIONEMENT


APPROVISIONEMENT, ou APROVISIONEMENT, s. m. [Aprovi-zio-neman; pénult. e muet, dern. lon. le reste toute bref.] Fournitûre des chôses nécessaires à une armée, à une flotte, à un hôpital, etc. L' Aprovisionement de la flote va si lentement qu' elle ne pourra partir que dans un mois.

APPROVISIONNER


APPROVISIONNER, ou APROVISIONER, v. a. [Aprovi-zio-né.] Faire l' aprovisionement de... Acad. Faire des provisions. Trév. Fournir les chôses nécessaires à... Aprovisioner une flote, une armée, etc. "Il faut équiper la flote, il faut l' aprovisioner: tout cela demande du temps.

APPROVISIONEUR


*APPROVISIONEUR, s. m. Terme de Gazette; "Il est entré dans le port plusieurs bâtimens aprovisioneurs. "Les Hollandois sont les plus grands aprovisioneurs du monde.

APPROUVER


APPROUVER, v. a. [A-prou-vé, tout bref. On disait autrefois apreuver.] 1°. Agréer une chôse, y doner son consentement. Acad. Consentir, trouver bon. Trév. Doner son aprobation à une chôse, l' avoir pour agréable. Rich. Port. Aprouver un contrat, un mariage, une démarche; etc. = 2°. Juger louable, trouver digne d' estime. J' aprouve fort son style, mais je n' aprouve pas les sujets qu' il traite. Peut-on aprouver une telle démarche? etc. = 3°. Autoriser par un témoignage authentique. Le Clergé de France a aprouvé cette doctrine: ce livre a été aprouvé par plusieurs Docteurs.
   Rem. Aprouver, dans le 1er et le 3e sens, régit que et le subjonctif: "J' aprouve que vous le fassiez, mais je n' aprouve pas que vous le disiez à tout le monde.

APPUI


APPUI, ou APUI, s. m. [Autrefois on écrivait appuy, et l' on voit encôre cette ortographe dans l' Hist. des Tudors, imprimée en 1763.] 1°. Au propre, soutien, suport. Mettre un apui à un mur, doner un apui à un arbre. _ Hauteur d' apui, ce qui n' est élevé qu' autant qu' il faut pour s' apuyer dessus, "Mur, balustrade, banquette à hauteur d' apui. Mde. de Sévigné l' emploie fort joliment au figuré: "Vous êtes bonne encôre, quand vous dites que vous avez peur des beaux esprits. Ah! si vous saviez qu' ils sont petits de près, et combien il sont quelquefois empêchés de leurs persones, vous les mettriez bientôt à hauteur d' apui. _ Un Auteur plus moderne a dit: "Un homme arrive à l' administration sans la conaître. Il renverse tout l' édifice de son prédécesseur, pour jeter les fondemens du sien, qui n' ira pas à hauteur d' apui. = 2°. Faveur, protection. Avoir de l' apui, être protégé; être sans apui, sans protection. = 3°. Secours, protection. Il se dit alors des persones: "Il est l' apui de la Religion, des malheureux, etc.
   Apui, soutien, suport (synon.) Ils conviennent dans une idée commune: ils différent pour la manière de les employer. L' apui fortifie, le soutien porte, le suport aide. Une muraille est apuyée par des arcs; une voûte est soutenuë par des colonnes: le toît d' une maison est suporté par les gros murs. _ Dans le sens figuré, l' apui a plus de raport à la force et à l' autorité; le soutien en a plus au crédit et à l' habileté; le suport en a davantage à l' affection et à l' amitié. "On cherche dans des protecteurs de l' apui contre ses ennemis, ou des soutiens de sa fortune; et dans des parens et des amis des suports dans ses revers et ses embarras. Abr. des Synon. de l' Ab. Gir.
   Aller à l' apui de la boule, c' est au propre, jouer de manière que sa boule pousse celle de son compagnon et l' aproche du but; au figuré, c' est aider à celui qui a commencé dans quelque affaire que ce soit. Faites la proposition: j' irai à l' apui de la boule.

APPUYER


APPUYER, ou APUYER, v. a. [Apu--ié.] 1°. Soutenir par le moyen d' un apui. Apuyer une muraille par des piliers, par des arcs-boutans. = 2°. Poser sur.... Apuyer une chôse sur une autre. = 3°. Au figuré, protéger, favoriser. Apuyer une affaire, une persone, un placet, une demande. "Faites la proposition, et j' apuyerai. = 4°. Il est neutre et sans régime direct, ayant le sens d' être apuyé. "Le plancher apuye sur les murs; il est posé sur, il est porté par les murs.
   Rem. 1°. Au fut. et au condit. apuyer n' est que de trois syll. en vers.
   Des Princes qu' apuyeront des sujets infidèles.
       Gustave.
Le Poète aurait dû écrire apuiront.
2°. Apuyer, actif, a quelquefois pour 2d régime la prép. de. "Il lui donoit des instructions qu' il apuyoit de divers exemples. Télém. _ Apuyer neutre, la prép. sur. "Il faut apuyer sur les bonnes raisons, et glisser sur les mauvaises. _ S' apuyer, aussi la prép. sur. "S' apuyer sur des bras de chair, (sur les hommes) c' est s' apuyer sur des roseaux fragiles. _ Être apuyé, au propre, la prép. contre, ou sur: il est apuyé contre un arbre, sur le coude, etc. Au figuré, les prép. de ou par: sa prétention est apuyée de bonnes raisons, par de puissantes recommandations, etc.
   3°. Apuyer ne se dit point activement des persones, du moins dans le sens propre. M. de Saint Marc reprend Boileau d' avoir dit de la Piété:
   L' espérance au front gai l' apuye et la soutient.
Il faut dire; que la Piété s' apuyait sur l' espérance, pour parler selon l' exactitude gramaticale. Dict. Gram.

APRE


APRE. Il n' y a sous cette terminaison que câpre et âpre, dont la pénult. soit longue.

ÂPRE


ÂPRE, adj. [1re lon. 2e e muet.] 1°. Rude, désagréable au goût par sa rudesse. Âpre à la langue, au goût; poires âpres, etc. = 2. Rude au toucher, qui fait une impression désagréable, incomode. Le froid est âpre, ce feu est bien âpre. = 3°. Difficile, raboteux en parlant des chemins; à travers les âpres montagnes, aspera montium. = 4°. On dit, au figuré, réprimande fort âpre, esprit âpre et austère, humeur, caractère âpre et difficile. "Le combat fut fort âpre. = 5°. Il se dit de certains animaux, et des homes même, dans le sens d' ardent, avec la prép. à devant les noms et les verbes: "Ce chien est âpre à la curée, à poursuivre le gibier. "C' est un homme âpre à l' argent, au gain, au jeu, à la chasse, âpre à se venger, etc.
   Rem. 1°. On écrivait autrefois, aspre, asprement.
   2°. Âpre est beau en vers: "Cette âpre vertu. Corn. Cet âpre courroux. Rac. Durant l' âpre saison. Boil. D' âpres frimats, les âpres chaleurs. Gress. On voit par tous ces exemples que cet adjectif se plaît à précéder le substantif; cependant âpre esprit, âpre humeur, âpre caractère, âpre froid, âpre chemin ne vaudraient rien. Il faut donc sans cesse en revenir à consulter l' oreille et le goût.
   3°. ÂPRE pour difficile, pénible, ne se dit que des chemins. La Bruyère n' est pas à imiter quand il dit: "Quelque grandes difficultés qu' il y ait à se placer à la Cour, il est encôre plus âpre et plus difficile de se rendre digne d' y être placé.

APRE


*APRE, s. m. Monnoie Turque. Trév. On prononce aspre. Il faut donc l' écrire de même. Voy. ASPRE.

APRÉCIATEUR


APRÉCIATEUR, APRÉCIATION, APRÉCIER. Voyez APPRÉCIATEUR, etc. avec deux p.

APRÉHENDER


APRÉHENDER, APRÉHENSION. Voyez APPRÉHENDER, etc.

ÂPREMENT


ÂPREMENT, adv. [Âpreman, 1re. lon. 2e e muet.] Il n' a pas tous les sens d' âpre. Il ne se dit que dans le 2d et le 5e sens. Voyez ÂPRE. "Le froid se fait sentir bien âprement. "Ce chien se jette âprement sur la viande. "Cet homme se porte trop âprement à tout ce qu' il fait.

APRENDRE


APRENDRE, APRENTI, APRENTISSAGE. Voyez APPRENDRE, etc. avec deux p.

APRèS


APRèS, adv. ou prép. [Aprè, et devant une voyelle aprèz, 2e lon. è ouv. Richelet écrit aprés avec l' acc. aigu sur l' é; mauvaise ortographe, qui induit à une mauvaise prononciation.] C' est une prép. de temps; après le déluge, après la Naissance de J. C.; ou d' ordre, après les Prêtres sont les Diacres, après les Présidens les Conseillers; ou de lieu: Après ce vestibule est un magnifique sallon. _ On l' emploie quelquefois dans le sens de contre; ne faites point crier après vous; de sur: ils sont deux chiens après un os; de, à la poursuite; les Archers courent après les voleurs; les chiens sont après le loup; l' on court après les honeurs; l' on soupire après la liberté; l' on aboie après une succession, etc.
   Rem. 1°. Après se met quelquefois après le nom qu' il régit: "Quelque temps après, quelque jours après, etc. _ Il s' emploie quelquefois adverbialement par ellipse. "Vous irez devant, et lui après: on sous-entend, vous: "nous en parlerons après: on sous-entend, avoir achevé ceci.
   2°. Il régit l' infinitif sans prép. Après avoir fait, et la conj. que avec l' indicatif, après qu' il eut dit ces mots, il se tut. Remarquez qu' on met l' infinitif lorsque le verbe se raporte au sujet de la phrâse, au nominatif du verbe régissant, et le que quand il ne s' y raporte pas. On lit dans l' Art. Crébillon du Dict. Hist. "Il eut une rechute, qui l' emporta à 88 ans, après avoir reçu les Sacremens avec édification. _ Suivant la construction, il semble que c' est la rechûte qui avait reçu les Sacremens. Il falait dire: il eut une rechûte, et il en mourut à l' âge de 88 ans, après avoir reçu, etc. Ainsi je dis: "Je vous parlerai; si c' est moi qui suis ocupé, je dois dire, après avoir fini; si c' est vous, après que vous aurez fini. _ "La bonté divine est si grande qu' elle nous sollicite long-temps, après nous être révoltés contre elle. Berthier. Je crois qu' il faut dire, après que nous nous sommes, etc. Il me paraît que après ne fait pas bien devant l' infinitif passif: "Susane, après être revenuë du trouble où l' a jetée cette délation calomnieûse, met sa confiance en la protection du Tout-Puissant. Journ. Gén. de Fr. Je crois qu' il vaut mieux dire, après qu' elle est revenuë. _ Enfin il semble inutile d' avertir que cette prép. ne peut régir le présent de l' infinitif. Cependant un Auteur moderne a dit: "M. Bossuet ne revint de Paris qu' après être Docteur, et Prêtre par conséquent. Après ne se dit que du temps passé; aprés avoir été fait, etc. "Après être resté quelques momens en station, il (le parachûte) est descendu fort lentement et perpendiculairement. Journ. de Paris. _ Cet exemple prouve que le prétérit même des verbes neutres ne fait pas bien à la suite d' après.
   3°. APRèS ne se met point devant toute sorte de noms, mais seulement devant ceux qui expriment le temps, l' ordre ou le lieu. P. Corneille dit:
   Après son sang pour moi mille fois répandu.
Et Crébillon:
   Après ce fils que je viens de te rendre.
Cela passe la licence acordée aux Poètes. Il faut, dans l' exactitude gramaticale; après que son sang a été mille fois répandu pour moi; après que je t' ai rendu ce fils, etc. _ M. de Fontenelle dit aussi, dans l' Eloge de M. de Monmort: "Après le Collège, pour dire, après qu' il fut sorti du Collège. Je doute que cette ellipse soit usitée, même dans le discours familier.
   4°. Aûtrefois on employait après adverbialement et sans régime, ni exprimé, ni sous-entendu, au lieu et dans le sens d' ensuite. Corneille a dit dans le Cid:
   Après, ne me répond qu' avecque cette épée.
Et Racine dans Alexandre, acte II, sc. 5e.
   Je vais les exciter par un dernier effort:
   Après, dans votre camp j' attendrai votre sort.
Et le P. Marion dans Cromvel. Le Ciel
   Dans l' abîme des maux quelquefois il nous laisse,
   Pour faire, après, sur nous éclater sa sagesse.
Et Bossuet: "Dieu laissa Abraham plusieurs années, sans lui donner d' enfans: après, il eut Ismaël, qui devoit être Père d' un grand Peuple. _ M. Racine le fils avouë qu' après pour ensuite, fait quelque peine en vers. On peut ajouter, à plus forte raison en prôse. Cependant Vaugelas et Th. Corneille ne le désaprouvaient pas. _ On dit en ce sens, après cela, après quoi; mais ils ne sont pas du beau style. _ Après, à la suite du verbe, est employé en aparence comme adverbe, mais en effet comme préposition, parce que le régime est sous-entendu. Ainsi Massillon a dit: "Les honeurs vont chercher l' homme sage, qui les mérite et qui les fuit: et ils fuyent l' homme vendu à l' iniquité qui court après. Et Mde. de Sévigné: "Savez-vous que votre souvenir fait ici la fortune de ceux que vous en favorisez? Les autres languissent après. _ Cette expression n' est pas du beau style, et elle est plus convenable dans la lettre, que dans le sermon. Voy. n°. 1°.
   5°. APRèS, régissant un subst. et un part. passif, pour après que avec un verbe, est un vrai latinisme. "Le feu Roi, s' il vivoit encôre, penseroit plus d' une fois, avant que de s' écarter de le paix d' Utrecht, sur-tout après la Suède bannie de notre continent. Leibnitz. Il faut, après que la Suède a été bannie, etc.
   6°. * On disait autrefois, être après à ou de, pour signifier, être occupé à ou de... Malherbe parlant de certains vers, dit: "Je suis après de les achever; et en un autre endroit: "La nature est toujours après à produire de nouveaux hommes. _ On l' employait aussi sans régime. "Ceux que vous me dites être après, en savent aussi peu. Malherbe. On sous-entendait à le faire. _ Vaugelas condamnait cette manière de parler: Chapelain la trouvait fausse avec de, et bonne avec à: La Touche aprouve être après à écrire: je crois qu' on peut s' en servir dans le style familier.
   Être après vaut mieux avec les noms. "Il y a long-temps qu' il est après son ouvrage, après cet emploi. On le dit même avec les persones: être après quelqu' un, le presser, le solliciter. "Il a été tout le jour après moi pour m' engager à aller avec lui. _ On l' emploie même sans régime avec les chôses. "Peut-on concevoir comment s' exécute cette attraction? (l' électricité.) Nos Physiciens la suivent: on est après. Pluche. L' Acad. ne restraignait point l' usage de ces expressions, mais je crois, dit la Touche, qu' elles ne sont bonnes que dans le style familier. Dans la 2de édition du Dict. de l' Académie on ne trouve point être après quelqu' un; mais seulement se mettre après quelqu' un: on l' a remis dans la dernière. En revanche, dit la Touche, on y voit attendre après quelqu' un, après quelque chôse. Il doutait que cette expression fût bien française. Je crois qu' elle l' est très-fort dans le style familier.
   7°. En conversation on dit, après, tout seul et avec un sous-entendu. "Vous avez déja manqué votre dernière leçon. _ Eh bien, après? Voulez-vous que Mdlle. danse dans l' état où elle est? Th. d' Educ.
   D' APRèS se dit quand on veut parler d' imitation ou de citation; peindre d' après l' antique, étudier d' après nature; copier d' après un bon modèle, etc. "Je le dis d' après les Auteurs les plus estimés. _ Bossuet a donc parlé peu exactement quand il a dit: Gagney parle après quelques Anciens. Il devait dire d' après. On peut parler après quelqu' un, sans parler d' après lui. _ Remarquez que d' après est prép. et non pas adverbe, qu' on ne doit pas l' employer sans régime, comme a fait M. Dandré Bardon. "C' est en portant un oeil de comparaison sur le modèle, qu' il imite et fait d' après. Il falait dire: et fait d' après ce modèle.
   Rem. La Touche prétend que d' après ne se dit qu' en termes de peinture; et l' Acad. proûve pour lui par les exemples qu' elle en done. Mais on le dit certainement aussi en citation; parler, raisoner d' après les Auteurs les plus graves, d' après les SS. Pères, les Livres SS., etc. _ Il se met quelquefois à la tête de la phrâse. "D' après l' exemple des Grecs et des Latins, il pose pour principe qu' un peuple ne peut porter les lettres à quelque perfection, tant que sa Langue n' est point formée. Journ. de Mons.
   D' Après se dit aussi et même adverbialement dans son sens ordinaire; l' année d' après le mariage de mon frère, je partis pour l' Italie. "J' en revins l' année d' après.
   APRèS TOUT, espèce de conjonction, qui a, à-peu-près, le sens de cependant, dit l' Acad. _ Elle a plus souvent le sens de, quand cela seroit. "Après tout, il est impossible de ne rien omettre. _ Il se met à la tête de la phrâse, ou de l' un des membres, du moins ordinairement. Il est du style de conversation. Racine l' emploie dans Andromaque.
   Et peut-être, après tout, en l' état où je suis
   Sa mort avancera la fin de mes ennuis.
   Mais après tout trouve une place si naturelle dans ce vers, qu' il en paraît plus du style simple.
   APRèS COUP, adv. Trop tard. Il se met après le verbe. "Vous vous en êtes avisé après coup; quand la chôse était faite, quand il n' en était plus temps.
   Ci-après, adv. Ensuite. "Comme on verra ci-après. Il n' est que du style didactique ou de Pratique.
   * Par après, et en après, sont vieux et hors d' usage. "Le Chanoine en fit par après autant. Chron. "Élevée et nourrie délicieusement par ses parens, pour être en après honorablement mariée. Ibid. _ Mascaron a encôre employé le 1er: "Le Roi mort (Louis XIII) avoit triomphé dans ses cendres par la félicité et le courage de son fils...... Ce premier jour n' eut par après que des suites avantageuse, etc. _ On dit ensuite, ou dans la suite.

APRèS-DEMAIN


APRèS-DEMAIN, adv. [Aprè-de-mein, 2e lon. è ouv. l' s ne se pronon. pas, 3e e muet.] Cet adverbe sert à marquer le second jour après celui où l' on est. "Il reviendra après-demain. _ s. m. Le lendemain de Pâque est une fête, et l' après-demain également.

APRèS-DINÉE


APRèS-DINÉE, APRèS-MIDI, APRèS-SOUPÉE, s. f. _ Il en est qui disent aussi après-souper ou après-soupé. L' on remarque dans le Dict. Gram. que quand ces mots se prènent substantivement, ils sont du genre fém. "Une belle après-dînée; mais que le 2d est aussi masc. quand il est sans adjectif: "Où irez-vous passer l' après-souper, ou l' après-soupé. On ajoute qu' on s' en sert toujours sans épithète, et qu' on ne dirait pas une après-soupée fort obscûre, comme on dit une belle après-dînée. _ Suivant Corneille, on dit: une agréable après-dînée: nous avons à passer un après-soupé ensemble. Il ne met point après-soupée, ni après-soupé, avec un adjectif. L' Acad. ne met ni après-souper, ni après-soupé. Elle met avec une épithète, une belle après-soupée, et au plur. "Il passe ses après-soupées en bonne compagnie. _ Pour après-midi, il n' y a pas de difficulté. "Voilà une belle après-midi. On dit pourtant plus souvent après-dînée substantivement; et l' on ne dit guère après-midi qu' adverbialement: "Il est arrivé après-midi, ou l' après-midi.

APRêT


APRêT, Voy. APPRêT.

ÂPRETÉ


ÂPRETÉ, s. f. [1e lon. 2e e muet, 3e é fer. On écrivait autrefois aspreté.] Qualité de ce qui est âpre. Il a tous les sens de son adjectif, Voyez ÂPRE. Âpreté des fruits, de la saison, des chemins, de l' esprit, du caractère. Âpreté au gain, à l' argent. _ Remarquez sur ce dernier exemple, qu' on ne le dit que du gain et de l' argent pris indéfiniment. "Pleins d' âpreté pour les richesses de ces misérables, (les Juifs) plusieurs conjurèrent leur perte. Villefore, Vie de St. Bernard. Et l' emploi et le régime de ce mot (pour au lieu d' à) ne sont pas à imiter. Cet Auteur dit mieux, du moins pour la propriété du mot dans la phrâse suivante. "Ce peuple trouvoit dans son âpreté pour l' argent, la justification de son zèle. _ Bourdalouë emploie âprêté tout seul et sans régime, d' une manière qu' on ne peut blâmer. "Cette chaleur et cette âpreté avec laquelle nous entrons dans tout ce qui est des intérêts du monde.
   Rem. Âpreté est beau au figuré. Rousseau dit à M. de La Fare:
   Toi... Qui par les leçons d' Aristipe,
   De la sagesse de Chrisipe,
   As su corriger l' âpreté.
"Ce n' est pas le ridicule de la vertu, que Molière a voulu jouer dans le Misantrope, mais un ridicule qui acompagne quelquefois la vertu; une fougue qui l' emporte au-delà de ses limites; une âpreté insociable. Marm. _ Mde. de B... (Hist. d' Angl.) le dit de la victoire. "La douceur naturelle du Roi et la prudence du Prince tempérèrent l' âpreté de la victoire.

APRêTER


APRêTER, APROBATION, APROUVER, etc. Voy. APPRêTER, etc. avec 2 p.

APROCHE


APROCHE, APROCHER; APROFONDIR, etc. Voy. APPROCHE, etc.

APROPRIATION


APROPRIATION, APROPRIER. Voyez APPROPRIATION, APPROPRIER.

APROVISIONEMENT


APROVISIONEMENT, APROVISIONER. V. APPROVISIONEMENT, etc.

APROXIMATION


APROXIMATION. V. APPROXIMATION.

APTE


APTE, adj. APTITUDE, s. f. Le 1er ne se dit qu' au Palais, apte et idoine, propre à et capable de... Pour aptitude: le P. Bouhours prétend que ce mot est un peu barbare, et qu' on peut s' en passer. L' Acad. avait dabord dit qu' il vieillissait. Dans une Édition postérieure, elle se contente de dire, qu' on ne le dit guère qu' en parlant de la disposition aux Arts, aux Sciences. Dans la dernière, elle le met sans remarque. _ L' Ab. du Bos, en l' employant, l' a fait imprimer en italique, pour montrer que l' usage de ce mot était encore douteux. "L' art ne sauroit faire autre chôse que de perfectioner l' aptitude et le talent que nous avons aporté en naissant. _ Aujourd' hui ce mot est bien établi: il se dit ordinairement avec la prép. à "Avoir une grande aptitude, ou n' avoir point d' aptitude aux mathématiques, à la Poésie, à la Peinture, etc.

AQUATIQUE


AQUATIQUE, adj. [Pron. A-koua-tike. M. de Wailly met aqùatique. Voudrait-il qu' on prononçât a-kua-tike: ce serait une mauvaise prononciation. Menage voulait qu' on prononçât akatike: celui-ci est encore plus mauvais.] 1°. Marécageux, plein d' eau; terres aquatiques. _ 2°. Qui se nourrit dans l' eau; plantes, oiseaux, animaux aquatiques.
   Rem. Dans ce dernier sens, Richelet disait aquatile, et on le met encôre dans le Rich. Port. où M. de Wailly veut qu' on prononce aquatile. On l' a mis aussi dans le Dict. Gramm. Il est dans Trév. _ L' Acad. ne le met pas. Elle met aquatique dans les deux sens.

AQUEDUC


AQUEDUC, s. m. [Akeduk, 2e e muet.] M. de Wailly, dans le Rich. Port. met un acc. sur l' é aquéduc; l' Acad. ne met point d' accent. Rich. met aussi acqueduc, et dit qu' on écrit ce mot de l' une et l' autre façon. La 1re est aujourd' hui la seule qui soit en usage.] Canal pour conduire l' eau d' un lieu à un autre. Trév. L' Acad. ajoute, malgré l' inégalité du terrain, et cela distingue l' aqueduc, qui souvent est élevé sur terre, des conduits souterrains des eaux. "Les Romains ont bâti un grand nombre d' aqueducs. "Le fameux Pont du Gard n' est qu' un magnifique aqueduc pour conduire l' eau de l' autre côté de la rivière du Gard.

AQUêT


AQUêT, Voy. ACQUêT.

AQUêTER


AQUêTER, Richelet. Acquérir: il ne se dit qu' au Palais.

AQUÉRIR


AQUÉRIR, AQUIESCER. Voy. ACQUÉRIR, ACQUIESCER. Le c est assez inutile: on pourrait le retrancher sans grand inconvénient. Richelet met les deux manières d' écrire ces mots.

AQUEUX


AQUEUX, EûSE, adj. [2e lon.] 1°. qui est de la nature de l' eau. "La partie aqueûse du sang; l' humeur aqueûse de l' oeil. = 2°. Qui est plein d' eau; tumeur aqueûse. = 3°. Qui a trop d' eau; les fruits trop aqueux n' ont point de goût.

AQUILIN


AQUILIN, adj. m. [Aki-lein. M. Formey écrit aquilain, contre l' usage.] Il ne se dit que du nez, quand il est courbé en bec d' aigle. "Nez aquilin.

AQUILON


AQUILON, s. m. [Akilon, tout bref.] Vent du Nord. "Le froid aquilon. _ Les Poètes apellent aquilons, tous les vents froids et orageux.

AR


AR, final, ou suivi d' un c, est très-bref: nectar, arc, etc.; un peu moins bref, quand il est suivi d' un d ou d' un t: dard, part, etc. Tous les pluriels sont longs: arcs, dards, etc. Au commencement et au milieu des mots, ar est toujours bref: carte, épargne, etc. D' OLIV.

ARABE


ARABE, adj. et s. m. et f. [2e br. 3e e muet.] Il se dit des persones et du langage; un arabe, une arabe; la langue arabe. Arabèsque ne se dit que des caractères. On dit: caractères arabes, ou arabèsques.

ARABèSQUE


ARABèSQUE, ARABIQUE, adj. [Ara--bèske, arabike, tout bref, 3e è moy. au 1er, dern. e muet aux deux.] Le Gendre a mis le 1er pour arabe, qui est le vrai mot en parlant de la langue. "Il savoit les langues grecque, latine et arabèsque. Quoiqu' on dise les caractères arabèsques, on dit la langue arabe. _ L' Acad. ne met qu' arabesques, subst. fém. pl., pour signifier des ornemens de sculptûre, qui consistent en des rinceaux et enfeuillages faits de caprice. = Arabique, ne se dit que de la gomme, et du golphe qui porte ce nom: gomme arabique, golphe arabique.

ARAIGNÉE


ARAIGNÉE, s. f. [Arè-gné-e, mouillez le gn; 2e è moy. 3e é fer: et long.] Il n' y a guère de mot qui se soit dit en plus de différentes manières: areigne, aragne, éragnée, iragnée, aragnée, arignée. Il n' y a de bon qu' araignée. Men. Th. Corn. L. T. _ Insecte fort conu. Grosse araignée; toile d' araignée.

ARAMBER


ARAMBER, v. a. [Aranbé, 2e lon.] Terme de Marine. Acrocher un vaisseau, pour venir à l' abordage. Trév. Acad. Rich. Port. Le 1er. dit un navire, l' autre un vaisseau, le 3e un bâtiment, c' est toute la différence de leurs définitions.

ARâSEMENT


ARâSEMENT, s. m. Se dit en menuiserie et en maçonerie des pièces égales en hauteur, unies et sans saillies.

ARâSER


ARâSER, v. a. [Arâzé, 2e lon.] Terme d' Architectûre. Mettre de niveau un mur, en élevant les endroits bâs à la hauteur de celui qui est le plus élevé. Acad. Mettre de niveau, élever à une égale hauteur. Trév. Conduire de même hauteur une assise de maçonerie. Rich. Port. La définition de l' Acad. est préférable, parce qu' elle peint mieux la chôse.

ARATOîRE


*ARATOîRE, adj. Un Académicien de Marseille apelle les paysans des machines aratoires. Le mot est très nouveau et figurerait très-bien dans le Dict. Néol. _ Un autre Auteur moderne apelle les instrumens du labourage, des instrumens aratoires; et l' Ab. Grosier, qui le cite, dit, de son chef, travail aratoire.

ARBALèSTRILLE


ARBALèSTRILLE, s. f. [mouillez les ll, 3e è moy. tout bref.] Instrument qui sert, en mer, à prendre la hauteur des astres. On le nomme aussi arbalète, arbalêtrille, bâton de Jacob. Mais le vrai mot est arbalestrille.

ARBALèTE


ARBALèTE, s. f. [3e è moy. 4e e muet.] On écrivait autrefois arbaleste, ou arbalestre; le P. Sicard écrit arbalêtre, le Dict. Gramm. arbalète, avec l' acc. circ. et marque l' ê ouvert. Mais cet accent ne se mettait que pour marquer la supression de l' s, et il peut induire en erreur. L' Acad. met l' accent grave, et cet accent est plus convenable. L' Ab. Millot écrit arbalètre, aparemment parce qu' on dit arbalétrier. _ Arme de trait, composée d' un arc, d' un bois, qu' on nomme montûre, d' une corde, d' une fourchette. _ Instrument pour prendre hauteur. Trév. Rich. Port. Acad. non. Voyez ARBALESTRILLE.

ARBALÉTRIER


ARBALÉTRIER, s. m. [3e et 4e é fer. dout. à la 4e, lé-trié.] On écrivait autrefois arbalestrier, parce qu' on disait arbalestre. Quoiqu' on dise aujourd' hui arbalète, on doit dire arbalétrier, et non pas arbalétier. Men. L' Acad. se contentait de dire que quelques-uns disent arbalétier. Dans la dern. Édit. elle a retranché cet avis. _ On apelait autrefois de ce nom un homme de guerre, qui tirait de l' arbalète.

ARBITRAGE


ARBITRAGE, s. m. Jugement d' un différend par arbitre. Acad. Décision de quelques persones, qu' on a choisies d' un commun acord pour terminer une affaire. Rich. Port. La définition de Trévoux revient au même, et est encore plus longue. Mettre une affaire en arbitrage, se soumettre, s' en tenir à l' arbitrage. Voy. ARBITRATEUR.

ARBITRAIRE


ARBITRAIRE, adj. ARBITRAIREMENT, adv. [Arbitrère, trèreman; 3e è moy. et long, 4e e muet] Qui dépend de la volonté de chacun; qui n' est pas fixé par la Loi. "Il n' y a ni loi; ni décision là-dessus; la chôse est arbitraire. "Il y a des cas où les peines à infliger par les Juges sont arbitraires. _ Pouvoir arbitraire: pouvoir absolu, qui n' a pas d' autre règle que la volonté du Souverain. _ Arbitraire est quelquefois employé substantivement. "La Religion est au dessus de l' arbitraire des conjectûres. Anon. "On introduit, dans les Sciences et dans les Arts, le scepticisme et l' arbitraire, qui en sont toujours la ruine. L' Ab. de Fontenai.
   ARBITRAIREMENT; d' une manière arbitraire, et sans autre motif que la volonté. Trév. D' une façon arbitraire et despotique. Acad. Rich. Port. "Agir, gouverner arbitrairement. La définition de Trév. est aplicable à tous les cas; au lieu que le mot despotique ne convient qu' à gouverner, et ne convient pas toujours à agir, se conduire et autres verbes semblables.

ARBITRAL


ARBITRAL, ALE, adj. ARBITRALEMENT, adv. Jugement arbitral, Sentence arbitrale, rendus par des arbitres. C' est le seul emploi de ce mot. Juger arbitralement; cette affaire fut jugée arbitralement, par Arbitres.

ARBITRATEUR


ARBITRATEUR, s. m. Il diffère de l' Arbitre, en ce que celui-ci doit garder les formalités de Justice; et que celui-là est un amiable compositeur, à qui l' on done pouvoir de se relâcher du Droit. _ L' Acad. ne met point Arbitrateur.

ARBITRE


ARBITRE, s. m. 1°. Celui, que des persones choisissent, de part et d' autre, pour terminer leur différend. Acad. Juge choisi par les parties, qui lui donent pouvoir de terminer leur différend. Trév. dans le Rich. Port. on dit: pour terminer un différend à l' amiable. C' est de l' Arbitrateur qu' on peut dire ces derniers mots, et non pas de l' Arbitre. V. ARBITRATEUR. = 2°. Maître absolu: "Dieu est l' Arbitre de l' univers, de la vie et de la mort: "Louis XIV fut un temps l' Arbitre de l' Europe, de la guerre et de la paix. = 3°. Libre Arbitre. Faculté de l' âme pour se déterminer plutôt à une chôse qu' à une autre. Puissance qui a la volonté de choisir. * Comme on dit le libre arbitre, Leibnitz a cru pouvoir dire: la liberté de l' arbitre. "Cette nécessité fatale détruiroit la liberté de l' arbitre. Il faut dire: détruirait la liberté ou le libre arbitre.

ARBITRER


ARBITRER, v. a. [Arbitré, 3e é fer. tout bref.] Régler comme arbitre; arbitrer les dépens, les dommages, etc. Les Experts ont arbitré les réparations. "Les Juges ont arbitré les dépens, dommages et intérêts à tant. Il ne se dit qu' au Palais. _ Suivant Trév. Estimer une chôse en grôs, sans entrer dans le détail. M. Necker s' en sert dans ce sens. "J' arbitrerai le contingent de... à tant de mille livres. Il se sert souvent de ce mot. Je crois qu' on peut l' imiter, quoique l' Acad. ne parle pas de cette 2de. signification de ce mot.

ARBORER


ARBORER, v. a. Planter quelque chôse haut et droit à la manière des arbres. Acad. Élever, faire paraître une enseigne, un étendard, une croix. Rich. Port. La 1re définition avec le sens du mot, en indique l' origine. _ Arborer un étendard, les enseignes, une croix, le pavillon, etc.
   Rem. L' Académie aprouva autrefois la critique de Scuderi, qui avait repris Corneille d' avoir dit: arborer ses lauriers: et la raison qu' elle en done, c' est qu' on ne peut pas dire arborer un arbre, et que ce verbe ne se prend que pour des chôses que l' on plante figurément en façon d' arbre, comme les étendards. Mais La Touche pense, avec raison, ce me semble, que cette expression de Corneille n' est pas blâmable, parce qu' elle est figurée, et que le Poète a voulu dire par-là, mettre des branches de laurier en manière d' étendards, pour signe de la victoire. J' ajoute, pour éclaircir la pensée de La Touche, que les lauriers, en ce sens, ne sont pas des arbres, mais des branches d' arbres, qui ne sont pas nécessairement élevées, et qu' on peut élever ou baisser à volonté. Ainsi arborer des lauriers, ce n' est pas arborer un arbre.
   ARBORER, au figuré, a le même sens qu' afficher, pris figurément: arborer le pyrronisme, l' impiété, est une des funestes modes de ce siècle. _ Arborer, en ce sens, est plus noble qu' afficher.

ARBORISTE


ARBORISTE, ARBORISER, HERBOLISTE, HERBOLISER, HERBORISTE, HERBORISER. Menage ne condamne point les deux 1ers, et préfère les deux seconds aux deux dern. Ceux-ci sont pourtant les seuls du bel usage, les seuls qu' admette l' Académie. Voy. HERBORISER, HERBORISTE.

ARBOûSE


ARBOûSE, s. f. ARBOUSIER, s. m. [Ar-boû-ze, bou-zié, 2e lon. au 1er, dont la 3e e muet, brève au 2d, dont la 3e é fer.] Le 1er est le fruit et l' autre l' arbre.

ARBRE


ARBRE, s. m. [Prononcez toutes les lettres.] Autrefois on prononçait à la Cour, abre, mabre Vaug. _ Plante boiseûse, qui croît en grosseur et en hauteur, plus que toutes les autres plantes, et qui pousse différentes branches. Acad. Le plus grand des végétaux, qui n' a qu' un seul et principal tronc, et qui pousse beaucoup de branches et de feuilles. Trév. Plante qui pousse de grosses racines, une grosse tige et de grosses branches. Rich. Port. La 1re définition est la meilleûre, à mon avis. "Grand arbre, grôs arbre; arbre haut et droit, ou tortu, etc. _ Il se dit, par extension, de certaines grosses pièces de bois, qui sont les principales pièces d' une machine. Arbre d' un navire, d' un moulin, d' un pressoir. Acad. Pour les navîres, on dit plutôt mât qu' arbre; et celui-ci est vieux en ce sens. On le dit en Provence, parce que c' est le mot du patois de cette Province. = Figurément, arbre généalogique, figure tracée en forme d' arbre, d' où l' on voit sortir, comme d' un tronc, diverses branches de consanguinité, de parenté. Acad. On dit dans Trévoux, que c' est la description d' une généalogie; mais cette définition est imparfaite, car toute description en ce genre n' est pas un arbre généalogique. _ La définition du Rich. Port. est à peu près semblable à celle de l' Acad.
   On dit, dans le style figuré familier, s' atacher ou se tenir au gros de l' arbre, c. à. d. à l' autorité légitime, sur-tout en matière de Religion. C' est le conseil que Quesnel dona à son neveu, à sa dernière maladie: il ne l' avait pas pris pour lui. _ Entre l' arbre et l' écorce, il ne faut pas mettre le doigt; c. à. d. se mêler dans les querelles des familles. _ Voy. Fourchu.

ARBRISSEAU


ARBRISSEAU, ARBUSTE, s. m. Petit arbre. Le second dénote un plus petit arbre encôre que le premier.

ARC


ARC, Les mots terminés en arc sont très-brefs: arc, parc, etc.

ARC


ARC, s. m. [Le c se prononce: mais dans la composition de certains mots, il ne se prononce pas; arc de triomphe, arc-boutant, etc.] Sorte d' arme, courbée en demi-cercle, et servant à tirer des flèches. Acad. Arme faite de bois, (ou d' autre matière) lequel étant courbé avec violence par une corde attachée à ses deux bouts, fait partir une flèche avec grand effort, en reprenant son état naturel. Trév. "Bander, débander un arc; tirer de l' arc; cela est courbé en arc. _ En Architectûre, cintre: l' arc d' une voûte. _ En Géométrie, portion de cercle.
   On dit proverbialement, avoir plus d' une corde, ou plusieurs cordes à son arc, plus d' un moyen de réussir et de sortir d' affaire. "Je voulois voir ce qui arriveroit de cette aventûre, et tirer parti de tout. On est bien aise d' avoir, comme on dit, plus d' une corde à son arc. Mariv.

ARCADE


ARCADE, s. f. [2e br. Arkade.] Ouverture en arc. Acad. Voûte courbée en arc. Trév. Ouverture cintrée et en arc. Rich. Port. Les arcades d' un bâtiment.

ARCANE


ARCANE, s. m. Secret. Les chimistes apellent de ce nom leurs opérations mystérieuses. "Ils (les charlatans) anoncent des arcanes, afin de surprendre la confiance des malades trop crédules.

ARCANGE


ARCANGE. Voy. ARCHANGE.

ARC-BOUTANT


ARC-BOUTANT, s. m. [Ar-bou-tan, tout bref, excepté la dern.] Pilier, qui finit en demi-arc, et qui sert à soutenir une voûte. Trév. Acad. Qui soutient une muraille. Rich. Port. Ce n' est pas là l' idée qu' on doit avoir d' un arc-boutant. _ Aux deux premières définitions, il manque ces mots, en dehors, pour distinguer les arcs-boutans, des piliers qui soutiènent les voûtes en dedans. Il fait au pluriel, arcs-boutans. On s' en sert au figuré. "Les Chefs du Peuple, et pour ainsi dire, les arcs-boutans du Tribunat. Vertot.

ARC-BOUTER


ARC-BOUTER, v. a. [Ar-bouté, tout bref.] Trévoux renvoie à contre-bouter. Soutenir, apuyer; arc-bouter un mur.

ARCEAU


ARCEAU, s. m. [Arso, 2e dout.; au pl. arceaux (arsô) 2e lon.] Courbûre d' une voûte. "Ces arceaux sont écrasés.

ARCENAL


ARCENAL, s. m. [2e e muet. On écrit aussi Arsenal. L' Acad. ne met que celui-ci: dans le Rich. Port. on les met tous les deux. Dans Trévoux on ne met que le 1er. _ On a dit autrefois Arcenac: il était aprouvé par Menage; mais Vaugelas ne l' aimait point. Th. Corneille, qui le désaprouvait aussi, dit pourtant qu' en parlant de l' Arcenal de Paris, on prononce communément arcenac; je vais à l' arcenac. Il ajoute que les uns écrivent arcenal avec un c, d' autres arsenal avec une s. _ Rollin écrit au plur. Arcenauls; mauvaise ortographe. On écrit Arcenaux ou Arsenaux. Voy. ARSENAL.
   * Autrefois on l' employait au figuré; mais cette métaphôre n' est plus de mode. "Jetez les yeux sur ce Crucifix... Voilà le divin Arcenal où elle (Henriette d' Angleterre) a pris les armes impénétrables, par lesquelles elle a triomphé de la mort. Mascar.

ARC-EN-CIEL


ARC-EN-CIEL, s. m. [Arkan-cièl, 2e lon. 3e è moy.] Il faut écrire ce terme avec les trois mots qui le compôsent, séparés par deux tirets, et non pas arcenciel, en un seul mot. Vaug. Th. Corneille en done une bone raison; c' est qu' en l' écrivant tout de suite et sans tirets, il faudrait prononcer arsensiel, comme on prononce la 2de syllabe d' encenser et la 1re de sentiment. _ M. de Wailly veut qu' on dise arcs-en-ciel. L' Acad. met arc-en-ciels. "On voyoit plusieurs arc-en-ciels en même temps. _ L' opinion de M. de Wailly paraît la plus raisonnable. Mais, prononcera-t-on arc-zanciel? Non sans doute. Il vaudrait donc mieux le rendre indéclinable, et ne mettre d' s ni à arc ni à ciel. _ Ce qu' il y a de plus certain, c' est que ciel ne doit point se décliner, dans ce mot composé.

ARCHAL


ARCHAL, s. m. Il se dit toujours au génitif, avec fil, en deux mots: fil d' archal, et non pas fid' archal, en un seul mot; et encore moins fil de richard, comme dit le peuple. Sa vraie origine est auricalchum, de M. de Vaugelas; c' est pourquoi il faut le terminer par une l. _ Laiton. Rich. Port. Fil de fer ou de léton passé à la filière. Trév. Cette définition est plus juste.

ARCHANGE


ARCHANGE, s. m. [On ne pron. point l' h: arkange, et non pas archange, à la française; 2e lon. 3e e muet.] Ange d' un ordre supérieur: St. Michel, St. Gabriel, St. Raphaël sont regardés comme Archanges. Trévoux dit que c' est le nom que la Ste. Écriture donne au chef et au premier des Anges; et qu' il se nomme aussi Michel; cela n' est pas exact.

ARCHE


ARCHE, s. f. [1re br. 2e e muet.] La partie d' un pont, sous laquelle l' eau passe. Acad. Espace qui est entre les deux piles d' un pont, couvert d' une voûte en arcade. Trév. Grande voûte, qui sert pour un pont; qui porte sur les piles et les culées d' un pont de pierre. Rich. Port. On choisira parmi ces définitions celle qu' on voudra. Pont à vingt arches; pont à une seule ou d' une seule arche. Avec une seule, de vaut mieux que à: avec plusieurs, à vaut mieux que de.
   ARCHE de Noé; vaisseau où Noé et sa famille se sauvèrent des eaux du déluge. _ Au figuré, être hors de l' Arche, hors de l' Église. = On dit de toute société fort mélangée, que c' est l' arche de Noé. L' Académie de... est l' Arche de Noé. _ Rousseau le Poète a dit: depuis l' arche, pour, depuis le déluge.
   Et des ayeux célèbres depuis l' arche.
La contrainte de la rime a ocasioné cette expression, qui, bone peut-être en vers, ne vaudrait rien en prôse.
   ARCHE d' aliance. Espèce de cofre, où l' on gardait les tables de la Loi.

ARCHER


ARCHER, s. m. [Arché, 2e é fer.] 1°. Homme de guerre, combattant avec l' arc. Il n' a plus d' Archers en France dans ce sens là; et l' on n' en parle plus que dans l' Histoire des anciens temps. = 2°. Petit Officier de Justice et de Police, employé, ou à saisir les malfaiteurs, ou à exécuter quelque ordre de la Justice ou de la Police. _ Archers à pied, Archers à cheval. Ceux qui sont à cheval, s' apellent aujourd' hui Cavaliers de la Maréchaussée: ils sont enrégimentés, et s' offensent, avec raison, d' être apelés Archers. Ce nom, comme celui de Moine, autrefois noble et respecté, a été singulièrement avili.

ARCHET


ARCHET, s. m. [Arché, 2e è moy.] 1°. Petit arc, qui a pour corde plusieurs crins de Cheval, dont on se sert pour tirer le son d' un violon, d' une viole, etc. = 2°. Arc d' acier, aux deux bouts duquel il y a une corde attachée, dont les ouvriers se servent pour tourner ou pour percer. = 3°. Châssis tourné en arc, que l' on met sur les berceaux des enfans; _ ou dont on se sert pour faire suer les malades. _ Être sous l' archet, passer sous l' archet, se dit pour suer, surtout de ceux qui passent par les grands remèdes. "La bonne Princesse se fait suer... C' est un des remèdes de Du Chêne, pour toutes les douleurs du corps; et si j' avois un torticolis, et que je prisse le remède de ma voisine, vous entendriez dire que je suis sous l' archet. SEV. On sent bien que Mde de Sevigné plaisante.

ARCHÉTYPE


*ARCHÉTYPE, s. m. [Pron. arkétipe, et non pas archétipe.] Original, patron, modèle. C' est un vieux mot de l' École, dont on ne se sert plus. M. Racine le fils l' a encôre employé en parlant du systême de Mallebranche, qui prétendait que nous voyons tout dans le verbe.
   Archétype, en qui seul je vois, sans le savoir,
   Les objets, qu' ici bas, de mes yeux je crois voir.
   Je ne conseillerais pas d' imiter en cela ce Poète, d' ailleurs si estimable. _ Dans le Rich. Port. on met ce mot sans remarque. _ L' Acad. dit qu' il n' a guère d' usage que dans cette phrâse: l' archétype du monde, qui est, selon le langage de Philosophes, l' idée de Dieu, sur laquelle il a créé le monde. Tout cela est surané, et pour la chôse même, et pour l' expression.

ARCHEVêCHÉ


ARCHEVêCHÉ, s. m. ARCHEVêQUE, s. m. [2e e muet, 3e ê ouvert et long, 4e é fer. au 1er e muet au 2d; Archevêché, vêke.] On écrivait autrefois, Archevesché, Archevesque. On faisait aussi Archevêché fém. Il est certainement masc. comme Evêché. _ L' Archevêque est autrement apelé Métropolitain, ayant plusieurs Evêques pour suffragans. _ Archevêché est 1°. le territoire, ou la Province où l' Archevêque a la supériorité. Acad. Où s' étend sa Jurisdiction. Trév. _ Le Rich. Port. le définit, Dignité métropolitaine, qui est au-dessus de l' Évêque. Mais la dignité s' apèle Archiépiscopat, et non pas Archevêché. La définition de Trév. est la meilleure; supériorité ne dit pas assez; Juridiction est le terme propre. = 2°. Palais Archiépiscopal. "Il loge à l' Archevêché.