Dictionnaire critique de la langue française Dictionnaire critique de la langue française 1787 Français 2007-4-4 ARTFL Converted to TEI ADVERSAIRE


*ADVERSAIRE, ADVERSE, ADVERSITÉ. Pendant long-temps les sentiméns étaient partagés sur la prononciation du d dans ces trois mots; Th. Corneille, Menage et La Touche, d' après eux, soutenaient qu' on ne le prononçait pas; les Mrs. de l' Acad. les Auteurs du Dict. de Trev. et autres, étaient d' un avis contraire sans doute, puisqu' ils n' avertissent pas que le d soit muet. Aujourd' hui, il n' y a plus de dispute, et tout le monde le prononce.
   ADVERSAîRE, s. m. et f. [Adversère; 3e è moy. et long. 4e e muet.] Quelques-uns prononcent aversaire sans d, d' autres l' écrivent de même: les uns et les autres pèchent contre l' usage. Celui ou celle qui est d' un parti oposé, d' une opinion contraire. _ Adversaire est peu usité au fém. "La Philosophie regarde la mort et la douleur comme ses puissantes adversaires. Le Gendre. Je crois que lors même qu' on parle des femmes, on peut se servir du masculin, et que cet Auteur pouvait dire: ses puissans adversaires. L' Acad. met seulement: elle est votre adversaire; mais votre est des deux genres, et l' on ne peut rien conclure d' un pareil exemple.

ADVERSE


ADVERSE, adj. fém. [Advèrce; 2e è ouvert et bref, 3e e muet.] Il ne se dit qu' avec partie et fortune, et se place toujours après, du moins en prôse. L' Ab. Collin dit: l' adverse partie; et Racine, dans les Plaideurs:
   Vous voyez devant vous mon adverse partie.
Cela est plus pardonable au Poëte qu' au Prosateur, et n' est à imiter dans aucun des deux. _ Voltaire a dit aussi: "Ne croyant pas que son adverse partie eût des armes, il se jette sur lui. _ Rousseau a dit l' adverse fortune. _
   Jamais l' adverse fortune,
   Ma surveillante importune,
   Ne parut plus loin de moi.
   Mr. Portalis, Avocat fameux au Parlement de Provence, et qui parle et écrit mieux qu' on ne le fait communément dans ces Provinces, dit: dans le systême adverse, pour, dans le systême de la partie adverse. Je crois qu' on ne doit pas le dire, même au Palais. _ Partie adverse ne se dit qu' en style de pratique. Acad.

ADVERSITÉ


ADVERSITÉ, s. f. [2e è ouvert, 4e é fer. tout bref.] L' état d' une fortune malheureûse. _ Être, tomber dans l' adversité. _ Avoir de grandes adversités à essuyer.

ADVERTANCE


*ADVERTANCE, s. f. Attention à... Réflexion sur. _ Il est vieux, et c' est dommage: ce mot serait très-utile, et attention ne le suplée pas. _ L' Acad. ne le met point. _ La fortune des mots est comme celle des persones: advertance a péri, et inadvertance, son contraire, s' est conservé.

ADVERTIR


ADVERTIR, ADVERTISSEMENT. Vieille orthographe. Voy. AVERTIR, AVERTISSEMENT.

ADVEU


*ADVEU, ADVIS. Voy. AVEU, AVIS.

ADULATEUR


ADULATEUR, TRICE, s. m. et f. [Tout bref; eur est long au plur. Adulateur, dern. e muet au 2d.] Bas flateur, basse flateûse. _ Ce mot dit plus que flateur: il anonce quelque chôse de plus bâs et de plus rampant. Il n' est pas ancien dans la langue, non plus que Adulation. Mais ils ont été bientôt à la mode, et depuis long-temps ils sont bien établis. Lâche adulateur; c' est une grande adulatrice; les adulateurs ont perdu ce Prince. "L' adulateur, en prêtant aux Grands les qualités qui leur manquent, leur fait perdre même celles que la nature leur avoit donées. Massill.

ADULATION


ADULATION, s. f. [Adula-cion, et en vers ci-on, tout bref.] Basse flatterie. "L' Adulation enfante l' orgueil, et l' orgueil est toujours l' écueil fatal de toutes les vertus. Massill.
   * On dit dans le Dict. Gramm. qu' adulation et adulateur sont peu usités, et seulement dans le style soutenu; et qu' on dit plus communément et dans tous les styles, flaterie, flateur. _ L' Acad. les met sans remarque. On peut dire d' ailleurs qu' adulateur et adulation disent plus que flateur et flaterie, et qu' ils anoncent quelque chôse de plus lâche et de plus bas.

ADULER


*ADULER, v. a. Flater bâssement. Néologisme, dont la Langue est redevable à Diderot.... "Quoi! Philosophe, dit-il, en apostrophant Sénèque; vous adulez bâssement le Souverain pendant sa vie, et vous l' insultez cruellement après sa mort! _ Deux Auteurs peu conus, ont employé depuis peu aduler. "Il savoit mieux aduler que raisoner. Vie de L. XV. "En dépit de tous ceux qui l' adulent et l' encensent. Journ. Polit.

ADULTE


ADULTE, adj. et s. m. et f. [3e e muet, tout bref.] Qui est parvenu à l' âge de raison. "Une persone adulte; il n' est pas encore adulte. _ Il est plus communément employé comme substantif, et au pluriel: les adultes; le Baptême des adultes. _ L' usage de ce mot est fort borné.

ADULTèRE


ADULTèRE, adj. et s. m. et f. [2e br. 3e è moy. et long. 4e e muet.] Qui viole la foi conjugale. _ Suivant l' Acad. il ne se dit guère dans l' adjectif que des femmes: Une femme adultère. _ s. m. crime de celui ou de celle qui viole la foi conjugale. L' adultère est un des plus grands crimes. _ s. m. et f. un adultère, une adultère. "Ni les fornicateurs ni les adultères n' entreront dans le Royaume des Cieux.
   Rem. Au propre, adultère se dit des persones et des chôses: une femme adultère; une flamme adultère. Au figuré, il ne se dit que des chôses.
   D' où peut venir ce mêlange adultère
   D' adversités, dont l' influence altère
   Les plus beaux dons de la terre et des Cieux.
       Rouss.
    Pourquoi de tant d' honneur et de tant de misère,
    Réunit il dans moi l' assemblage adultère?
       L. Rac.
"Quelle malignité a donc produit ce mêlange adultère de la licence et du génie? L' Ab. Boulogne.
   Cet adjectif peut précéder ou suivre, au goût du Poëte et de l' Orateur. On pourrait dire l' adultère mêlange; l' adultère assemblage: mais une adultère femme serait insuportable. Ce serait aussi une affectation de le faire précéder dans le discours ordinaire.

ADULTÉRIN


ADULTÉRIN, INE, adj. [3e é fer. tout bref.] Qui est né d' adultère. "Enfant adultérin, fille adultérine. "Les enfans adultérins ne peuvent être légitimés par le mariage subséquent.

ADURANTE


*ADURANTE, adj. f. Fièvre adurante, (brûlante) dit Rousseau. Ce mot n' est que du style marotique et burlesque.

AÉRÉ


AÉRÉ, RÉE, adj. [A-é-ré, ré-e; 2e et 3e é fer. long à la 3e du 2d.] Qui est en bel air, en grand air: il ne se dit que de la situation d' une maison: elle est bien aérée; cet appartement est bien aéré.

AÉRER


AÉRER, v. a. [A-é-ré, 2e et 3e é fer. tout bref; mais devant l' e muet, le 1er. è est moy. et long; il aère, ils aèrent.] Doner de l' air, mettre en bel air, chasser le mauvais air. Voy. AÉRIER.

AÉRIEN


AÉRIEN, ENNE, adj. [A-é-rien, riè-ne; 3e è moy. au 2d. tout bref.] Qui est d' air: corps aérien, esprits aériens. = Qui apartient à l' air: perspective aérienne. Il ne se dit qu' en ces phrâses.

AÉRIER


AÉRIER, v. a. Richelet distingue aérier d' aérer. Le 1er. selon lui, signifie purifier l' air d' une chambre, l' autre, mettre en bel air. L' Acad. ne met que le 2d. pour les deux sens. Voy. AÉRER.

AÉRONAUTE


AÉRONAUTE, s. m. Qui voyage dans les aérostats. Quelques-uns disent Aérostateur; mais celui-ci est moins usité.

AÉROSTAT


AÉROSTAT, ou AÉROSTATE, s. m. [On trouve l' un et l' autre dans les Journaux, plus souvent le 1er. A-éros-ta.] Globe de toile, rempli de fumée ou de gaz, qui s' éleve en l' air. L' invention en est dûë à Mrs. de Mongolfier: elle a été souvent agréable, quelquefois funeste, et elle est toujours dangereuse. On nommait d' abord ces machines frêles et légères, globe, balon. On les a ensuite nommées aérostat, nom plus savant.

AÉROSTATEUR


AÉROSTATEUR. Voy. AÉRONAUTE.

AÉROSTATIQUE


AÉROSTATIQUE, adj. [A-éros-tatike; 2e é fer. tout bref.] Machine, globe, balon, aérostatique. Voy. AÉROSTAT.

AFABLE


*AFABLE, AFAIRE, AFAMER, AFAISSER, etc. Richelet. Voy. AFFABLE, AFFAMER, etc. avec deux f.

AFECTATION


AFECTATION, AFECTER. Voy. AFFECTATION, AFFECTER.

AFECTION


*AFECTION, AFECTUEUX, etc. Voyez AFFECTION, AFFECTUEUX.

AFERMER


*AFERMER, AFERMIR, AFERMISSEMENT. Voy. AFFERMER, etc. avec deux f.

AFFABILITÉ


AFFABILITÉ ou AFABILITÉ, s. f. [dern. é fer. tout bref.] Qualité de celui qui est affable. Voy. AFFABLE. "Il a beaucoup d' affabilité. L' affabilité de ce Prince lui gagne tous les coeurs. "Il reçoit et écoute tout le monde avec affabilité.
   Rem. Affabilité et affable se disent rârement d' égal à égal, et jamais d' inférieur à supérieur. On ne dira pas non plus de soi-même qu' on est affable, qu' on a de l' affabilité.

AFFABLE


AFFABLE, adj. [On pourrait aussi écrire comme on prononce afable; 2e dout. elle est brève si ce mot est dans le cours de la phrâse, longue s' il la termine, 3e e muet.] Qui reçoit et écoute avec bonté ceux qui ont affaire à lui. _ Il se dit, ou tout seul: "c' est un homme fort affable; il est d' un caractère doux et affable; ou avec les prép. à ou envers: "Il est affable à tout le monde, ou envers tout le monde. "Affable à tous, avec dignité, elle savoit estimer les uns sans fâcher les aûtres. Voyez HONNêTE. _ L' Acad. ne met point d' exemple de ce régime.
   Rem. Il y a des antipathies pour les mots, comme pour les persones. Patru, un des plus délicats puristes de son temps, avait de la peine à souffrir affable: il le laissoit dire aux autres; et ne le disoit jamais. Bouhours.
   AFFABLE peut précéder ou suivre au goût de l' Orateur ou du Poëte: c' est à l' oreille à en décider; mais il suit ordinairement, surtout dans le discours familier. Affable Prince seroit dur; affable homme insuportable.

AFFABLEMENT


*AFFABLEMENT, adv. Il n' est presque plus d' usage aujourd' hui: on dit, avec affabilité.

AFFADIR


AFFADIR, ou AFADIR, v. a. [Afadi, tout bref.] Rendre fade. Il se dit au propre et au figuré. "Afadir une sauce en y mêlant quelque chose de trop doux. Afadir un discours par des pensées et un style doucereux. = 2°. Affadir, c' est aussi causer une sensation désagréable au palais, à l' odorat ou à l' estomac, par quelque chose de fade. Sauce qui affadit le coeur. _ On le dit aussi figurément: "des louanges outrées affadissent le coeur.

AFFADISSEMENT


AFFADISSEMENT ou AFADISSEMENT, s. m. [Afadiceman: 4° e muet, 5e lon. en a le son d' an.] Effet que produit la fadeur. Affadissement de coeur. Voy. AFFADIR, n°. 2°.

AFFAIRE


AFFAIRE, ou AFAIRE, s. f. [Afère, 2e è moy. et long, 3ee muet.] Tout ce qui est le sujet de quelque ocupation. Affaire importante. "Il a mille affaires.
   * Rem. 1°. C' est un gasconisme de faire ce mot masc. et de dire un bon affaire, au lieu de dire une bone affaire. _ Anciennement on lui donait ce genre. "S' il se présente quelqu' affaire duquel on ne puisse différer la résolution. St. Fr. de Sales.
   AFFAIRE a plusieurs sens. 1°. Il se dit des procès: Il y a une grande affaire au Parlement. 2°. De toutes les chôses qu' on a à discuter: affaire d' honneur, d' intérêt. 3°. Des soins, peines, embarras, démêlés: affaire fâcheuse; s' atirer des affaires; cela lui a fait une affaire, etc. 4°. Des actions de guerre: Il y a eu une affaire; il a fait des merveilles dans la dernière affaire.
   Avoir affaire régit à ou avec pour les persones, et de pour les chôses. On ne doit pas s' en servir en parlant des femmes, ou à des femmes, parce qu' il a un sens peu honnête. Pour les hommes, on dit: vous aurez affaire à moi; il a affaire à (ou avec une) forte partie. * _ M. Moreau et d' autres Ecrivains coupent affaire en deux: à faire. "Il avoit à faire à un jeune ambitieux. C' est contre l' usage. _ Avoir affaire de, avoir besoin de. Qu' ai-je affaire de cela? J' ai bien affaire de cet homme-là (ironiquement.) Qu' ai-je affaire de me tant tourmenter? _ En style proverbial, avoir affaire à la veuve et aux héritiers, c' est avoir à traiter pour une même affaire avec différentes persones, sur-tout si leurs intérêts sont oposés.
   Entrer dans une affaire: s' en mêler, y contribuer: "Il paroissoit être entré plus qu' aucun autre dans cette affaire. Let. Edif.
   Faire une affaire à. "Tout ce que je crains, c' est qu' elles ne vous fassent quelque méchante affaire. _ On dit en ce sens: se faire des affaires.
   Être hors d' affaire; tirer d' affaire, de danger, d' embarras. "Il est hors d' affaire; un jeune Médecin l' a tiré d' affaire. Th. d' Éd. _ Se tirer d' affaire. "On porta une ancre au large, et nous nous tirâmes d' affaire. Let. Édif. "J' ai choisi quelques pensées de Pascal: j' ai mis les réponses au bas: vous jugerez comment je me suis tiré d' affaire. Volt. On en a jugé, mais non pas à l' avantage de Voltaire. * On dit encore d' une chôse qui nous acomoderait, qu' elle ferait bien notre affaire. La Fontaine dit seroit, qui n' est pas si bon.
   Le moindre grain de bled seroit mieux mon affaire.

AFFAIRÉ


AFFAIRÉ, ÉE, adj. [Afèré, ré-e; 2e è moy. 3 é fer. long au 2d.] Qui a bien des affaires. Il n' est que du style familier. On le dit même souvent en riant et en se moquant.

AFFAISSÉ


AFFAISSÉ, ÉE, adj. et partic. [Afècé, 2e è moy. 3e é fer. long au 2d. cé-e.] Il se dit ordinairement avec la prép. sous, au propre et au figuré. "Le plancher fut affaissé sous le poids d' un trop gros tâs de bled. "Le génie Anglais parut tout-à-fait afaissé sous la puissance despotique de Henri VIII. Hist. des Tud. "Les peuples afaissés sous le poids des impôts commencèrent à murmurer. Anon.

AFFAISSEMENT


AFFAISSEMENT, ou AFAISSEMENT, s. m. [Afèceman, 2e è moy. et long, 3e e muet, 4e en a le son d' an.] État de ce qui est afaissé. Ce mot a donc le sens passif. L' afaissement des terres: "ce malade est dans un grand afaissement.

AFFAISSER


AFFAISSER, v. a. [Afècé, 2e è moy. 3e é fer.: devant l' e muet, le 1er e est long: il afaisse, ils afaissent; afêce.] 1°. Faire baisser: les pluies afaissent les terres. 2°. Faire ployer, courber sous le faix. "Un trop grand poids a afaissé le plancher. = S' afaisser a ces deux sens: les terres se sont afaissées, le plancher s' est afaissé; et figurément; ce vieillard s' afaisse; il commence à s' afaisser sous le poids des années. Voy. AFFAISSÉ.

AFFAMÉ


AFFAMÉ, ÉE, adj. [2e br. 3e é fer. long au 2d. mé-e.] Qui a grande faim. Le proverbe dit: ventre afamé n' a point d' oreilles. On n' écoute point la raison dans la famine. _ Écriture afamée, trop maigre; habit afamé, où l' on a épargné l' étoffe. Pour le figuré. Voy. AFFAMER.

AFFAMER


AFFAMER, v. a. [Afamé; 3eé fer. tout bref.] 1°. Oter, retrancher les vivres; affamer une place, une province. _ 2°. Causer la faim. "Vous ne faites que l' affamer en lui donant si peu à manger. = 3°. Affamer son écriture, la rendre trop déliée, trop maigre. _ Affamer un habit, un ameublement, y épargner l' étoffe. _ Dans ces deux derniers sens, son usage ordinaire est au participe. Voy. AFFAMÉ.
   Etre affamé, au propre, se dit sans régime: au figuré, il régit l' ablat. (la prép. de) Alexandre était affamé de gloire et de triomphes. On ne dit pas: il est affamé de pain, de viande, etc. On dit affamé tout seul.

AFFECTATION


AFFECTATION, ou AFECTATION, s. f. [Afèkta-cion, et en vers ci-on; 2eè moy. tout bref.] Attachement vicieux à faire, ou à dire certaines chôses d' une manière singulière. Acad. Manière de parler et d' agir qui n' a rien de naturel. Trév. "Il y a de l' affectation en tout ce qu' il fait: "elle est pleine d' affectation. _ Il s' emploie même au pluriel. "On ne peut la corriger de ses affectations. _ Affectation de langage. L' Acad. Je crois qu' il faut dire dans le langage. Car, avec la prép. de, affectation a un autre sens, et signifie prétention à.. L' affectation de la tyrannie. _ Ou dessein marqué: l' affectation de parler toujours de soi. Joint au pron. possessif à, vaut mieux: "Son affectation à paroître populaire. H. des Tud. _ Affectation, Afféterie. Voyez AFFECTÉ.
   * Rem. 1°. Affectation a un sens actif: il se dit de celui qui affecte, et non de celui qui est affecté. Il en est qui disent mal-à-propos, son affectation est visible, pour dire, le sentiment dont il est affecté, sa préocupation, son chagrin. C' est un barbarisme.
   * 2°. On dit, sans acception de persone: Bossuet, pour exprimer la même chôse, a dit sans affectation: "Je me contente d' être prêt à exposer mes sentimens, sans affectation de qui que ce soit. L' expression pèche contre l' usage et l' analogie. Affecter ne se dit pas des persones. Affectation ne doit donc pas leur être apliqué.

AFFECTÉ


AFFECTÉ, ÉE, adj. [Afèkté, té-e, 2e è moy. 3e é fer. long au 2e] Qui n' est pas naturel; plein d' affectation et de prétention. Il se dit des persones et des chôses. Il est fort affecté dans tout ce qu' il fait; manières affectées, gestes affectés. = Affecté de... affecté à... Voy. AFFECTER.
   Rem. Il semble à la Touche qu' affété marque de la coquetterie; et qu' affecté désigne d' ordinaire la passion qu' on a pour des manières singulières. Il en est de même d' Afféterie et d' affectation. _ On peut ajouter que, dans l' afféterie il y a quelque chôse de plus puérile et de plus ridicule; qu' elle est plus que l' autre l' effet du naturel, et qu' il y a plus de dessein et de réflexion dans l' affectation. "Elle le prit par ses petites afféteries. "Il met de l' affectation à tout ce qu' il dit, à tout ce qu' il fait. Dans le langage, on dit plutôt afféterie pour le ton et la prononciation, et affectation pour le choix des termes. Enfin, affectation se dit plutôt des hommes, et affeterie des femmes, et des hommes qui sont femmes sur bien des articles. "C' est une femme affétée; c' est une petite affetée, et non pas femme affectée; petite affectée. _ L' on voit par le 2e exemple, qui est dans la Touche, que selon lui, on peut employer affétée comme substantif, ce que je ne crois pas. L' Acad. ne le met point.

AFFECTER


AFFECTER, v. act. et neut. [Afèkté, 2e è moy. 3e é fer. tout bref.] 1°. Destiner, attribuer, hypothéquer. En ce sens il régit le datif. (la prép. à) On a affecté les revenus de ces bénéfices au paiement des pensions. On a affecté et hypothéqué cette terre au remboursement des sommes empruntées. = 2°. Faire les choses avec dessein ou avec ostentation. Il affecte un langage recherché. Il affecte de la modestie, elle affecte de l' indifférence. _ En ce sens, il se dit aussi neutralement avec de devant les verbes. "Pourquoi affectez-vous de paroitre méchant? = 3°. Faire une fâcheuse impression (Médec.) "Il est à craindre que l' usage de cet aliment n' affecte votre poitrine. = 4°. Toucher: "cela l' affecte beaucoup, il en est beaucoup affecté; il s' en affecte extrêmement: ou sans régime, il s' affecte aisément et toujours fortement
   Etre affecté à, être destiné, hypothéqué. Voy. n°. 1. Etre affecté de, être touché. Voy. n°. 4. être affecté de la poitrine, avoir la poitrine affectée. Voyez n°. 3.

AFFECTIF


AFFECTIF, ÎVE, adj. [l' f se prononce au masc. l' î est long au fém. î-ve; 2e è moy. 4e e muet.] Il ne se dit qu' en matière de dévotion, des persones et des chôses: "Il est fort affectif quand il parle de Dieu. Un discours affectif, plein d' onction. _ Suivant Bouhours, affectif ne se dit pas pour affectueux; cela est vrai pour les chôses profanes.

AFFECTION


AFFECTION, ou AFECTION, s. f. [Afèk--cion, et en vers ci-on.] Amour, attachement. Affection paternelle, maternelle. Avoir de l' affection pour quelqu' un. Mettre son affection à une persone, à une chôse. _ Porter de l' affection à une persone, etc.
   * Rem. 1°. On le disait autrefois pour passion, envie, desir, avec la prép. de devant les verbes. "J' ai une grande affection de vous servir: on ne le dit plus, depuis la remarque du P. Bouhours. = On disait aussi avoir de l' affection pour le mérite de, pour votre mérite; c' est encore du vieux langage. Avoir de l' affection pour, ne se dit que des persones.
   * 2°. Ce substantif ne se dit au pluriel que dans le langage ascétique. "Il sembloit que le même esprit qui a dicté ces passages aux Prophètes, les lui inspirât, (à M. Seguier) pour en tirer les plus tendres affections. Mascar. Hors de-là, on l' emploie au singulier, même quand on parle de plusieurs. "Il se faisoit écouter avec plaisir de ses Auditeurs, et gagnoit leurs affections. On doit dire, leur affection, comme on dit, leur amitié, leur estime, et non pas leurs estimes, leurs amitiés. = Voiture fesait un grand usage de ce mot, et ses lettres en sont pleines. Il l' employait volontiers au pluriel. L' Acad. met en exemple: "Le cadet est l' objet des affections de la mère. Mais c' est un exemple peut être unique, et une exception de la règle générale.
   En termes de Médecine, affection est une impression fâcheuse; Affection mélancolique, scorbutique, scrofuleûse, etc.

AFFECTIONNÉ


AFFECTIONNÉ, ou AFECTIONÉ, ÉE, adj. [Afèk-ci-oné, 2e è moy. 4e é fer. tout bref.] Qui a de l' affection pour. Ami très--affectioné. Il a donc le sens actif, et se dit de celui qui affectione. _ Dans le Rich. Port. on lui done ce sens, mais aussi celui d' aimé, chéri, qui est affectioné de... Ce 2e sens n' est pas usité. = Afectioné n' aime pas à précéder. "Il vous reste un ami, un tendre, un affectioné père. Mme. de Ricoboni. C' est une construction anglaise: On dit affectioné serviteur. On ne le met devant qu' en cette ocasion.
   Affectioné à son pays. Bien affectioné pour, mal affectioné envers.
   AFFECTIONÉ, est aussi un terme de civilité pour terminer les lettres. Il ne se met guère qu' à l' égard de ceux qui sont au-dessous de celui qui écrit, ou entre des persones amies. _ Voici les degrés de cette formule de civilité; depuis celui qui en marque le plus, jusqu' à celui qui en marque le moins. _ Votre très-humble et très-affectioné serviteur. _ Votre affectioné serviteur. _ Votre affectioné à vous servir. _ Votre affectioné à vous rendre service.

AFFECTIONNER


AFFECTIONNER, ou AFECTIONER, v. a. [Afèk-cio-né, 2e è moy. 4e é fer. tout bref.] 1°. Aimer. Il se dit des persones et des chôses, quoiqu' en dise le P. Bouhours: "C' est une persone, une étude que j' affectione fort. "Certains Auteurs qu' il semble tendrement afectioner. Sabatier, Trois Siècles. = 2°. S' intéresser à..... "C' est l' affaire que j' affectione le plus. Bouh. Acad. _ S' affectioner, s' apliquer avec affection. "Il s' affectione à l' étude, au jeu, etc.
   Le P. Bouhours lui done un autre sens, dont l' Acad. ne fait pas mention. "Il faut que les faiseurs de comédies affectionent les spectateurs à leurs principaux personages. En ce sens, dit-il, ce verbe peut régir les persones. Ce sens est bon et beau. Mais intéresser vaut mieux.
   Rem. Quoiqu' on ne dise pas affectioner, d' égal à égal, et encore moins, d' inférieur à l' égard de son supérieur, on ne laisse pas de le dire dans la signification passive. "Ce serviteur est fort afectioné à son maître. Mais on ne le doit pas dire de soi, en parlant à son supérieur. Vous savez combien je vous suis affectioné. Il ne vaudrait guère mieux que si l' on disait, combien je vous affectione. Voy. AFFECTIONÉ.

AFFECTUEûSEMENT


AFFECTUEûSEMENT, adv. [Afèktu-eû--zeman, 2e è moy. 4e lon. 5e e muet, 6e. en a le son d' an.] D' une manière affectueûse. "Il lui parla fort afectueûsement.

AFFECTUEUX


AFFECTUEUX, EûSE, adj. [Afèktu--eû, eûze 4e lon. 2eè moy. dern. e muet au 2e.] Qui marque beaucoup d' affection: discours affectueux, manières affectueuses. = On ne le dit point des persones, excepté peut-être, en parlant d' un orateur. Un orateur pathétique et affectueux. Voy. AFFECTIF. Mais on ne dit point un homme affectueux, une femme afectueûse.

AFFECTUôSITÉ


*AFFECTUôSITÉ, s. f. Mot forgé peu heureusement. Il a de l' affectuôsité; il lui parla avec affectuôsité. Ce mot n' a pas fait fortune.

AFFERMER


AFFERMER, ou AFERMER, v. a. [Afêr--mé, 2e ê ouvert, 3e é fer. tout bref.] Doner à ferme. "Il a affermé sa terre. = Prendre à ferme. Il a afermé la terre du Seigneur.

AFFERMIR


AFFERMIR, ou AFERMIR, v. a. [Afêr--mi, 2e ê ouvert, tout bref.] Au propre, 1°. Rendre ferme et stable; afermir une muraille, un plancher. = 2°. Rendre ferme et constant ce qui était mou: la gelée affermit le poisson. Dans ce sens on se sert plus souvent de raffermir. = 3°. Au figuré, rendre plus assuré, plus inébranlable. Affermir la tranquillité publique, l' autorité, la santé, etc. Il a quelquefois pour 2e régime les prép. dans ou contre. Ces exhortations l' ont affermi dans ses résolutions contre les dangers, les adversités.
   S' AFFERMIR, se dit aussi au propre et au figuré. "Les chemins s' afermissent, ce poisson s' est affermi. "Sa santé s' affermit. _ Il s' affermit tous les jours dans ses résolutions, contre toutes les injustices des hommes et de la fortune.

AFFERMISSEMENT


AFFERMISSEMENT, s. m. [Afêrmice--man, 2e ê ouvert, 4e e muet, dern. long. en a le son d' an.] Action d' affermir. État d' une chose afermie. = Il ne se dit point au propre: on ne dit pas l' afermissement d' un chemin, d' une muraille. _ Il ne se dit qu' au figuré. "La Religion est le soutien et l' afermissement des Empires. _ Mais il ne se dit point des persones: Son afermissement, (de Guillaume le Conquérant) en Angleterre lui laissa le loisir de, etc. Hist. d' Angl. Il fallait dire, l' afermissement de son autorité, de sa puissance, etc.

AFFÉTÉ


AFFÉTÉ, ÉE, adj. [Afété, tée; 2e et 3eé fer. long à la 3e du 2d.] Plein ou pleine d' affectation. Il ne se dit que d' une femme ou fille coquette. Acad. Voy. AFFECTÉ. _ On le dit de la persone et de l' air, des manières, des paroles, etc.

AFFÉTERîE


AFFÉTERîE, s. f. [Aféterî-e, 2e é fer. 3e et 5e e muet, 4e long.] Manière affétée de parler ou d' agir dans la vue de plaire. Voy. AFFÉTÉ et AFFECTÉ.

AFFICHE


AFFICHE, ou AFICHE, s. m. Placard pour avertir le public de quelque chôse. Affiche de Comédie; pour les enchères, les ventes des maisons, des terres, etc. _ Dans le style simple et modéré, il peut s' employer au figuré.
   Noblesse est une affiche, or l' affiche n' est rien,
   Le seul mérite est tout.      L' Ab. Monnier,
Voyez AFFICHER.

AFFICHER


AFFICHER, ou AFICHER, v. a. [Afiché, 3eé fer. tout bref.] Attacher un placard pour avertir le public de quelque chôse. "On a affiché l' Arrêt, le Monitoire. = Publier; je l' aficherai par-tout. = Au figuré, aficher le bel esprit, aficher sa honte. S' aficher. Il n' est que du style simple et critique.
   Rem. Ce verbe est aujourd' hui fort à la mode; mais, comme il arrive à toutes les modes, on en oûtre l' aplication. "Ce n' est pas tout que d' avoir une belle origine, il faut savoir l' afficher. Coyer.
   On la trouve par-tout s' afichant de plus belle,
   Et se moquant du ton, pourvu qu' on parle d' elle.
       Gresset~.
"Véritable Philosophe, qui pratiqua sans l' aficher cette sagesse, que tant d' autres afichent sans la pratiquer. D' Al. "Je n' ai pas eu l' art, aujourd' hui si usité, d' aficher mes bonnes actions, et d' avoir toujours à la bouche ma probité, ma vertu, mon humanité. Palissot. "S' aficher pour impie est une horrible folie, mais hélas! fort commune. Anon. "Un homme sensé ne s' afiche point.

AFFICHEUR


AFFICHEUR, s. m. [Afi-cheur; 2e br. eur est long au pluriel.] Celui qui afiche des placards dans les ruës. Il ne se dit qu' au propre.

AFFIDÉ


AFFIDÉ, ÉE, adj. [Afidé, dé-e, 3e é fer. long au 2d.] À~ qui l' on se fie. Il suit toujours le substantif, homme afidé, persone afidée. _ Il est quelquefois subst. lui-même. "C' est un de ses afidés.

AFFILER


AFFILER, ou AFILER, v. a. [Afilé; 3e é fer. tout bref.] Donner le fil à un instrument qui coupe, l' aiguiser. Affiler le tranchant d' un rasoir, d' un couteau, etc. = On dit d' une persone qui a beaucoup de babil, qu' elle a la langue bien affilée. On dit aussi bien penduë.

AFFILIATION


AFFILIATION, s. f. AFFILIER, v. act. Adoption, adopter. On ne le dit que des Communautés Religieuses qui font part à d' autres, ou à des laïques, de leurs prières et biens spirituels. Il se dit au passif: "Je suis affilié avec les Chartreux. _ L' Acad. le dit d' elle-même avec le pron. pers. "L' Académie Franç. s' est affiliée quelques Académies de province. _ Glorieuse afiliation pour celles-ci! _ L' Acad. de Marseille a cet honneur.

AFFINAGE


AFFINAGE, s. m. AFFINER, v. a. [Afi--nage, Afiné, 3e é fer. au 2d. tout bref.] Ces deux mots expriment l' action de purifier par le feu, ou par quelqu' autre moyen. L' afinage de l' or: affiner du fer, de l' étain, du sucre. "Le temps et la câve affinent le fromage. = S' affiner; le sucre s' afine avec du salpêtre, c. à. d. est afiné par le moyen du salpêtre.
   *AFINER a autrefois signifié, tromper, surprendre par quelque finesse. "Les hommes les plus fins sont tous les jours afinés. _ On le met encore dans le Rich. Port. sans remarque. l' Acad. ne le met point. il pourrait encore être employé dans une Fable et dans le style marotique.
   Notre maître Mitis
   Pour la seconde fois les trompe et les afine.
       La Font.

AFFINEMENT

*AFFINEMENT, s. m. Trév. L' Acad. ne met qu' Affinage, et c' est la même chôse.

AFFINERIE


AFFINERIE, s. f. AFFINEUR, s. m. [Afi--nerî-e, Afi-neur, 3e e muet au 1er, long. au 2d., quand il est au pluriel, 4e long au 1er.] Le premier se dit du lieu où l' on affine, et le 2d. de celui qui afine.

AFFINITÉ


AFFINITÉ, ou AFINITÉ, s. f. [dern. é fer. tout bref.] Alliance, proximité que le mariage produit entre deux familles. Les beaux-frères, les belles-soeurs sont dans le premier degré d' affinité collatérale.
   AFFINITÉ, exprime aussi le raport, la convenance qu' il y a entre certaines chôses. "Il y a de l' affinité entre la Poësie et la Peinture.

AFFIQUETS


AFFIQUETS, s. m. pl. [Afikè, 3eè moy. et long.] Il ne se dit qu' au pluriel, et dans le style plaisant et critique. Parûres, ornemens. "Avec tous ses afiquets elle est laide à faire peur.

AFFIRMATIF


AFFIRMATIF, ou AFIRMATIF, ÎVE, adj. [l' f se pron. au 1er, 4e lon. au 2d.] 1°. Qui afirme, qui soutient une chôse comme vraie. _ Il se dit des persones et des chôses. "Aristote est le plus modeste et le moins afirmatif des Philosophes. Rapin. Discours afirmatif. Parler d' un ton afirmatif. "Je consultai les Philosophes, dit J. J. Rousseau... je les trouvai tous affirmatifs, dogmatiques, même dans leur scepticisme prétendu, n' ignorant rien, ne prouvant rien, se moquant les uns des autres; et ce point, commun à tous, me parut le seul sur lequel ils avoient tous raison. _ En faisant le portrait des autres Philosophes, Jean-Jacques a fait le sien: et qui est plus afirmatif? 2°. Sens afirmatif en Gramaire, est oposé à sens négatif. "Je fais est l' ex. du 1er, je ne fais pas du 2e. La distinction de ces deux sens n' est pas inutile; car elle décide souvent du régime des verbes. Ainsi l' on dit, je crois qu' il viendra, et je ne crois pas qu' il vienne, etc. etc.

AFFIRMATION


AFFIRMATION, s. f. [Afirma-cion, en vers ci-on, tout bref.] En Logique, expression par laquelle une proposition afirme. "L' afirmation est oposée à la négation. Voy. AFFIRMATIF, n°. 2. = Au Palais, assurance avec serment. "Le Juge a pris leur afirmation. Je m' en raporte à votre afirmation. = Il s' emploie toujours au sing. excepté quand on parle des afirmations de voyages; le greffe des afirmations.

AFFIRMATîVE


AFFIRMATîVE, ou AFIRMATîVE, s. f. [4e lon. 5e e muet.] Proposition qui afirme. Prendre l' afirmatîve, afirmer, assurer: "Il prend toujours l' afirmatîve. "Il y eut tant de voix pour l' afirmatîve, etc. Prendre l' afirmatîve pour quelqu' un: se déclarer hautement en sa faveur. Il est tout au plus du style simple.

AFFIRMATîVEMENT


AFFIRMATîVEMENT, adv. [Afirmatî--veman; 4e lon. 5e e muet, 6e en a le son d' an.] D' une manière afirmatîve, avec assurance. "Il en parle aussi afirmatîvement que s' il l' avoit vu.

AFFIRMER


AFFIRMER, v. a. [Afirmé, 3eé fer. tout bref.] Assurer, soutenir qu' une chôse est vraie. "Il afirme tout, vrai ou non. = Au Palais, assurer avec serment. Voy. AFFIRMATION, n°. 2.
   AFFIRMER, régit la conjonction que avec l' indicatif, quand le sens est affirmatif, ou le subjonctif, quand le sens est négatif ou interrogatif: "J' afirme que cela est ainsi: "je n' afirme pas, et puis-je même afirmer que cela soit ainsi, quand je sais le contraire. _ Afirmer, assurer, confirmer. (synon.) Voy. ASSURER.

AFFLICTIF


AFFLICTIF, ÎVE, adj. [Aflictif, tîve, 3e lon. au 2d, 4ee muet.] Il ne se dit qu' au fém. avec peine. "Il y a eu des conclusions à peine afflictîve.

AFFLICTION


AFFLICTION, ou AFLICTION, s. f. [Aflik-cion, et en vers ci-on, tout bref.] Déplaisir et abatement d' esprit. Acad. Peine du corps ou de l' esprit. Trév. Il me semble que l' Acad. borne un peu trop le sens de ce mot, en le réduisant aux peines de l' esprit. Extrême affliction, causer une grande affliction, une affliction mortelle. _ Il se dit au pluriel. Recevoir les afflictions de la main de Dieu. Voy. TRISTESSE. Voy. aussi une Remarque au mot AMORTIR, à la fin.

AFFLIGÉ


AFFLIGÉ, ÉE, ou AFLIGÉ, adj. et s. m. et f. [3eé fer. long au 2d, gé-e.] Adj. Père afligé, mère afligée. _ La partie (du corps) afligée, malade. _ Subst. Allez consoler cette pauvre afligée. On ne le dit point au masc. sing. "Consoler les afligés, est une des oeuvres de miséricorde spirituelles. Afligé se plaît à suivre le subst. Rousseau le fait précéder. Mais c' est dans le style marotique. "L' afligé Bucéphale. Le fém. sur-tout ne doit jamais précéder.

AFFLIGEANT


AFFLIGEANT, ANTE, adj. [l' e est muet, et il n' est placé là que pour doner au g un son doux qu' il n' a pas devant l' a: afli-jan, jante, 3e lon.] Qui cause de la peine. Événement afligeant, nouvelle afligeante.
   Cet adjectif peut se placer devant, ou après le subst. au choix de l' Orateur. Dans le style modéré, il est mieux après; dans le style relevé et véhément, il fait mieux devant; pensées afligeantes, afligeantes pensées.

AFFLIGER


AFFLIGER, ou AFLIGER, v. a. [Afligé, 3e é fer. tout bref.] Causer du déplaisir, de la peine, de la douleur. Il a pour 2d. régime, par ou de. "Afliger son corps par des jeûnes, des macérations. "Dieu nous aflige de maladies, de pertes de biens. _ Il se dit aussi avec le seul régime simple (l' acusatif). "Cette nouvelle l' a extrêmement afligé. = S' afliger et être afligé, régissent l' ablatif. (la prép. de) "Il s' aflige de tout. "Nous nous afligeons souvent de ce qui devrait nous réjouir. "Il a été fort afligé de cette nouvelle: "il en est singulièrement afligé. "Il est afligé de la goutte.

AFFLUENCE


AFFLUENCE, s. f. [Afluance; 3e lon. en a le son d' an, 4e e muet.] Concours et chûte d' eaux; l' affluence des eaux après la fonte des neiges; l' afluence des humeurs dans le corps humain. = Au figuré, abondance. "Grande afluence de peuple; afluence de toute sorte de biens.

AFFLUER


AFFLUER, ou AFLUER, v. neut. [Aflué, 3e é fer. tout bref.] Au propre. il se dit d' une rivière qui tombe dans une autre: plusieurs rivières et ruisseaux afluent dans le Rhône, dans la Seine, etc. _ Au figuré, abonder, arriver en abondance. "Les vivres afluoient dans le camp, ou survenir en grand nombre. "Au temps du Jubilé les Pélerins afluent à Rome.
   *AFLUER déplaît aux Grammairiens, mais il ne déplaît pas à Mrs. de l' Académie. L' Auteur des Réflexions sur la Langue, assûre qu' aucun bon Auteur de son temps ne s' en servait. La Touche, dès le commencement du siècle, disait qu' il avait fort vieilli. Dans le Dict. de Trév. on avertit de ne pas s' en servir sans scrupule. _ Pour moi, je pense qu' il est bon à conserver, et qu' il ne faut pas être excessivement délicat sur les mots qui peuvent être utiles. _ Pluche l' a employé dans le 1er sens, et M. de Berault de Bercastel, dans le dernier.

AFFOIBLIR


*AFFOIBLIR, ou AFAIBLIR, v. a. [Afè--bli; 2e è moy. tout bref.] Débiliter, rendre faible. Au propre, et à l' actif, il se dit des persones comme des chôses: cette maladie l' a fort afaibli; l' âge afaiblit l' esprit; les débauches afaiblissent le corps et l' esprit tout à la fois. _ Mais au figuré, il ne se dit point des persones. "Cette scène n' afaiblit point les amans; Batilde se souvient qu' elle est Reine, etc. D' Arnaud "Les Nathans, les Prophètes eux-mêmes s' afoiblissent en l' aprochant. (le Souverain.) Massillon.
   Je pense qu' il serait plus selon l' usage de dire, leur zèle, leur courage s' afaiblit. V. AFFOIBLISSANT.
   * Un Auteur moderne l' emploie neutralement: Nous sommes tous faits pour affoiblir, vieillir et mourir. M. de St. Lambert. C' est un néologisme qui prendra peut-être.

AFFOIBLISSANT


AFFOIBLISSANT, ANTE, adj. Qui afaiblit. [Afèbli-san, sante, 4e lon.] Quelques-uns écrivent Afaiblir, afaiblissant. Cette orthographe est plus conforme à la prononciation.

AFFOIBLISSEMENT


AFFOIBLISSEMENT, ou AFAIBLISSEMENT, s. m. [Afèbliceman, 2e è moy. 4ee muet, 5e lon. en a le son d' an. Voy. AFFOIBLISSANT.] Diminution de forces. Il se dit des forces du corps, de celles de l' esprit, de celles d' un Empire, d' un parti, etc.

AFFOLÉ


AFFOLÉ, ÉE, partic. du verbe Affoler, qui est hors d' usage. Presque fou ou folle; il est affolé de sa femme; elle est affolée de son chien. Il n' est que du style familier. En termes de marine, il se dit de l' aiguille de la Boussole, quand elle n' indique pas exactement le nord.

AFFRANCHI


AFFRANCHI, IE, s. m. et f. [Afranchi, chî-e , 2e lon. 3e lon. au 2d.] Chez les Romains, esclave à qui l' on avait doné la liberté. Narcisse l' afranchi; Acté afranchie de Néron. * Dans un Journal Politique, on le dit des prisoniers réchapés des prisons. "Cela done lieu de suposer que ce Soldat se proposoit de voyager avec ses afranchis. Cela ne se dit point.
   AFRANCHI est aussi participe, souvent employé adjectivement. Il régit la prép. de.
   Vous, par qui le Danube afranchi de sa chaîne,
   Peut désormais sans peine,
   Du Tage débordé réprimer les efforts.       Rouss.

AFFRANCHIR


AFFRANCHIR, ou AFRANCHIR, v. a. [Afranchi, 2e lon.] 1°. Mettre en liberté: afranchir un esclâve. = 2°. Décharger, exempter. "Il a été afranchi de toutes sortes de charges. = 3°. Au fig. délivrer. "La mort nous afranchira des misères de ce monde. = 4°. S' afranchir ne se dit point au propre; et l' on ne doit pas dire d' un prisonier réchapé des prisons, qu' il s' est afranchi, pour dire qu' il s' est mis en liberté. Au fig. il régit la prép. de:
   Peu de Princes ont su comme eux
   S' afranchir de la main des Parques.      Rouss.

AFFRANCHISSEMENT


AFFRANCHISSEMENT ou AFRANCHISSEMENT, s. m. [Afranchiceman, 2e et dern. lon. 4e e muet, 5e en a le son d' an.] Il ne se dit que dans les deux premiers sens d' afranchir. "Il dut son afranchissement à sa basse complaisance, pour les goûts impurs de son maître. Anon. "L' afranchissement d' une terre, d' une Ville, etc.

AFFRE


AFFRE, ou bien mieux ÂFRE, s. f. [L' a est long, dit l' Acad. Il faudrait donc l' écrire avec une seule f et marquer l' â d' un acc. circ. car les lettres doubles désignent que la syll. est brève. C' est même la seule bone raison qui les a introduites et qui les fait conserver.] Il n' est d' usage qu' au pluriel: les âfres (les terreurs) de la mort.

AFFRèTEMENT


AFFRèTEMENT, s. m. AFFRÉTER, v. a. AFFRÉTEUR, s. m. [Afrèteman, Afrété, Afréteur; 2e è moy. au 1er. é fer. aux deux aûtres.] Convention pour le louage d' un vaisseau. = Prendre un vaisseau à louage. = Celui qui le prend et l' afrète.

AFFREUSEMENT


AFFREUSEMENT, adv [2e lon. 3ee muet, en à la 4e a le son d' an. Afreû-zeman.] Horriblement. "Afreûsement laid. _ Dans le Rich. Port. on dit que dans le style familier il signifie aussi beaucoup, fort, extrêmement. Mais c' est un abus, et c' est du jargon hyperbolique.

AFFREûX


AFFREûX, EûSE, adj. [2e lon Afreû, eû--ze.] Horrible, qui done de l' effroi. _ Il est indifférent de lui même à précéder ou à suivre le substantif.
   Les succès des méchans sont des succès affreux.
"Ciceron sut éventer et confondre l' affreux projet de Catilina. Il faut pour le choix de ces deux manières, consulter l' oreille et le goût. Il est en ce genre des inversions dûres: "le souvenir de ces affreux temps. Hist. d' Angl. "On voit ces affreux monstres (les Serpens) se glisser dans les cabanes. Prévot. C' est un des plus crians et des plus affreux abus de la guerre maritime. Linguet. Dites, temps afreux, monstres afreux; c' est un des abus les plus crians et les plus afreux de, etc.
   * Rem. Afreux ne se dit point des persones dans le moral. Je n' ôserais pourtant le condamner dans la phrâse suivante de Rousseau de Genève. "J' ai vu des hommes affreux pleurer de douleur aux aparences d' une année fertile. _ Il est à la mode dans le jargon des petits-maîtres.
   Séduisant quand il parle, affreux quand il agit.
       Palissot.
  Ce clinquant de l' esprit, ces trompeuses surfaces,
  Cachent un homme affreux, qui veut vous égarer,
   Et que l' on ne peut voir sans se déshonorer.
       Le Méchant.

AFFRIANDER


AFFRIANDER, AFFRIOLER, v. a. [3e lon. au 1er., le reste bref dans les deux dern. é fer. Afri-andé, Afri-olé.] Ces deux mots ont à peu près le même sens. Attirer par quelque apât. _ Le 2d. est moins usité que le 1er. ils sont, tout au plus, du style familier. _ L' Acad. met le 1er. sans remarque, et dit du 2d. qu' il est du style familier.

AFFRONT


AFFRONT, s. m. [2e lon. afron.] Injure, outrage, soit en paroles, soit par des coups et des mauvais traitemens.
   AFRONT, insulte, outrage, avanie, (Synon.) L' afront est un trait de reproche ou de mépris, lancé en face de témoins; l' insulte est une attaque faite avec insolence; l' outrage y ajoute un excès de violence qui irrite; l' avanie est un traitement humiliant, qui expôse au mépris et à la moquerie du Public. Gir. Synon.
   On dit faire un afront à... et recevoir un afront de... On dit encore, figurément, boire un afront, avaler un afront, essuyer un afront. Les deux premières expressions sont du style simple, la troisième est de tous les styles.
   2°. AFRONT, honte, déshoneur. C' est en ce 2d. sens qu' on dit faire afront sans article. "Il fait afront à ses parens. "Il ne vous fera point afront; sa mémoire lui fit afront. _ * L' Acad. dit, point d' afront; fit un afront. Mais il me semble que ces expressions indéfinies se disent toujours de même, et sans préposition ou article. On ne dit point, je n' ai point de tort, vous n' avez pas de raison; mais je n' ai pas tort, vous n' avez pas raison. Il faut donc dire, il ne vous fera pas afront, lui fit afront.
   *AFRONT régit la prép. de devant les verbes, et non pas devant les noms. On dit l' afront d' être refusé; mais l' afront d' un refus n' est guère bon, et les afronts d' un refus est encore plus mauvais. _ Aux afronts d' un refus craignant de vous comettre. Rac. Iphigenie. Acte II, Sc. 4. V. Rem. d' Olivet 39.

AFFRONTER


AFFRONTER, ou AFRONTER, v. a. [2e lon. 3e é fer. Afronté.] Dans le sens de tromper, il me parait bâs et surané. "Il afronte tout le monde. _ Mais afronter, braver, est noble et énergique: "où est le Soldat qui n' afronte pas les dangers en présence de son Prince? D' Ablanc. Il régit les persones et les chôses: afronter l' ennemi; afronter la mort. "Il faut quelque chôse de plus que de savoir faire des vers pour afronter des gens de la force de Clarke. Cependant Voltaire l' a afronté plusieurs fois. Gr. Hom. vengés.
   Rem. L' Acad. a mis afronter, tromper, sans remarque, et sans dire même à quel style il apartient.
   *AFRONTER s' est dit autrefois pour confronter.

AFFRONTERIE


AFFRONTERIE, s. f. Action d' afronter, de tromper. Acad.Trév.

AFFRONTEUR


AFFRONTEUR, EûSE, s. m. et f. [Afron--teur, teû-ze, 2e lon. 3e lon. au 2d.] Celui ou celle qui afronte, qui trompe.

AFFUBLEMENT


AFFUBLEMENT, s. m. AFFUBLER, v. a. [Afubleman, Afublé, 3e e muet au 1er. é fer. au 2d.] Il ne se dit que dans le style comique ou satirique. On l' afubla (le couvrit) d' un ample manteau. Elle s' afubla d' un domino bisarre. "Il étoit afublé d' une longue robe. Quel ridicule afublement! _
   Tristement afublés d' un long manteau de deuil,
   Deux vieux geais, aux flambeaux, conduisoient le cercueil
   D' une pie autrefois, l' honneur de son espèce.
       Linguet.

AFFûT


AFFûT, s. m. [2e. lon. Afû.] Machine de bois servant à soutenir le canon et à le faire rouler. _ En termes des chasse, poste où l' on attend le gibier à la sortie ou à la rentrée. = Figurément, être à l' afût de... Être au guet, épier les ocasions de... Il est à l' afût de tous les événemens, et de toutes les petites nouvelles de la Librairie. Anon. "Les singes de la Littérature, toujours à l' afût des nouveautés, qui réussissent, acâblent le Public de mauvaises copies. Journ. de Monsieur. Cela ne passe pas le style plaisant ou critique.

AFFUTAGE


AFFUTAGE, s. m. AFFUTER, v. a. [L' Acad. les écrit avec un acc. circ. sur l' u, affûtage, affûté. Pourquoi cet accent? l' u est bref.] La peine, le soin, l' industrie d' affuter le canon. _ Mettre le canon sur l' afût.

AFICHE


*AFICHE, AFICHER. Richelet. Voyez AFFICHE, AFFICHER.

AFILER


*AFILER, AFILIER. Voyez AFFILER, AFFILIER.

AFIN


AFIN, conjonct. [A-fein, 2. brèves] Quelques Auteurs ou Imprimeurs en font deux mots: à fin, avec l' acc. grave sur l' a. C' est une mauvaise orthographe.
   Rem. Cette conjonction se joint tantôt avec de, tantôt avec que. Afin de régit l' infinitif, afin que le subjonctif. Afin de vous convaincre; afin que vous n' en doutiez plus. _ Vaugelas ne désaprouve pas les deux régimes d' afin, réunis dans une même phrâse: afin de faire voir mon innocence à mes Juges, et que l' imposture ne triomphe pas de la vérité. Mais Th. Corneille, sans désaprouver la réunion de ces deux régimes, pense qu' il est mieux de l' éviter. On le peut de deux manières; en mettant les deux verbes à l' infinitif avec de, ou au subjonctif avec que: afin de faire voir mon inocence à mes Juges, et d' empêcher l' impostûre de triompher de la vérité; ou bien: "afin que les Juges conoissent mon inocence, et que l' imposture ne triomphe pas de la vérité. Je crois que cette manière est plus régulière et plus conforme au goût de la langue, qui ne souffre pas volontiers deux régimes différens, dans la même phrâse, aux verbes qui en ont deux de la même espèce qu' afin, comme on le voit dans l' exemple suivant, cité par Corneille. "Il croyoit le ramener par la douceur, et que ses remontrances feroient impression sur son esprit. Cela est moins net que si l' on disait: il croyait le ramener par la douceur, et faire impression sur son esprit par ses remontrances.

AFINAGE


AFINAGE, AFINEMENT, AFINER, AFINERIE, AFINEUR, AFINITÉ, Voy. AFFINAGE, AFFINEMENT, etc. avec deux f.

AFIQUETS


AFIQUETS. Voy. AFFIQUET.

AFIRMATIF


AFIRMATIF, AFIRMATION, AFIRMER, etc. Voy. AFFIRMATIF, etc.

AFLE


AFLE, pénult. toujours longue: râfle, j' érâfle, et la même quantité se conserve devant une terminaison masculine: râfler, érâfler; nous râflons, vous râflez, râflant, etc. D' OLIV.

AFLICTION


AFLICTION, AFLICTIVE. V. AFFLICTION, AFFLICTIVE.

AFLIGEANT


AFLIGEANT, AFLIGER. Voy. AFFLIGEANT, AFFLIGER.

AFLUENCE


AFLUENCE, AFLUENT, AFLUER. Voy. AFFLUENCE, etc. avec deux f.

AFOIBLIR


AFOIBLIR ou AFAIBLIR, AFOIBLISSEMENT ou AFAIBLISSEMENT. V. AFFOIBLIR, AFFOIBLISSEMENT.

AFOLÉ


AFOLÉ. V. AFFOLÉ.

AFRANCHI


AFRANCHI, AFRANCHIR. V. AFFRANCHIR, avec deux f.

AFRE


AFRE, pénult. brève: safre, balafre. D' OLIV.

ÂFRE


ÂFRE, s. f. C' est ainsi qu' il faut l' écrire. Voy. AFFRE.

AFRèTEMENT


AFRèTEMENT, AFRÉTER, AFRÉTEUR, Voy. AFFRèTEMENT, etc.

AFREûSEMENT


AFREûSEMENT, AFREUX. V. AFFREûSEMENT, AFFREUX.

AFRIANDER


AFRIANDER, AFRIOLER. V. AFFRIANDER, AFFRIOLER.

AFRONT


AFRONT, AFRONTER, AFRONTEUR. Voy. AFFRONT, etc.

AFUBLEMENT


AFUBLEMENT, AFUBLER. Voy. AFFUBLEMENT, AFFUBLER.

AFûT


AFûT, AFUTAGE, AFUTER. Voyez AFFûT, etc.

AGA


AGA, s. m. Mot très-commun dans l' histoire des Turcs. Commandant; Aga des Janissaires. = Gardien; Capou Aga-si, Gardien de la Porte; Kisler Aga-si, Gardien des filles. Si signifie de, on le met après Aga.

AGAÇANT


AGAÇANT, ANTE, adj. [Aga-san, sante. 3e lon. 4e e muet.] Qui agace, qui excite; regards, propos agaçants: manières agaçantes. Il ne se dit point des persones: femmes agaçantes. Mde. Riccoboni. Elle n' est pas à imiter. _ Agaçant suit toujours le subst. sur-tout le masc. Le fém. peut absolument précéder, mais non pas dans le discours ordinaire: agaçantes manières.

AGACEMENT


AGACEMENT, s. m. AGACER, v. a. [Agaceman, Agacé. 3e e muet, au 1er. é fer. au 2d., tout bref.] Au propre, c' est l' action de causer aux dents une sensation désagréable, telle que la produisent les fruits verds et acides. Il~ ne se dit qu' avec dents; l' agacement des dents; agacer les dents. = Le verbe a un autre sens plus étendu: picoter; il l' agace toujours;exciter, attirer; elle agace tout le monde. Voy. AGAÇANT. _ Agacement ne se dit point en ce sens; on dit agacerie.

AGACERîE


AGACERîE, s. f. [4e lon. rî-e.] Petites manières dont se sert une femme pour attirer ceux à qui elle veut plaire. Il se dit ordinairement au pluriel: "Elle lui fait des agaceries continuelles.

AGAMEMNON


*AGAMEMNON. Prononcez comme s' il était écrit, Agamémenon, 4e e muet sur--ajouté très-bref.

AGAPES


AGAPES, s. f. plur. Nom doné aux repâs que les 1ers. Chrêtiens faisaient dans les Églises.

AGATE


AGATE, S. f. Pierre précieuse de la nature des cailloux. _ Le grand nombre écrit agathe, mais l' h est inutile. DICT. D' ORTH. _ L' Acad. écrit agate sans h.

AGATHE


AGATHE. Voy. AGATE.

AGE


AGE. L' a est toujours bref, excepté dans le mot âge où il est long.
   Rem. Il n' y a pas encore deux cens ans que les mots terminés aujourd' hui en age, avaient leur terminaison en aige. On disait badinaige, couraige, etc.

ÂGE


ÂGE, s. m. [L' â est long. On écrivait autrefois aage.] Malherbe a fait âge, tantôt masc. et tantôt fém. Il n' est plus aujourd' hui que masculin.
   ÂGE 1°. La durée ordinaire de la vie. Il se dit des animaux comme des hommes. _ L' âge de l' homme ne passe pas ordinairement 80 ans. Il n' a pas vêcu âge d' homme. "L' âge des chevaux n' est guère que de 30 ans. = 2°. Il se dit des différens degrès de la vie de l' homme: bas âge, jeune âge, âge viril, âge avancé, âge décrépit, etc. = 3°. âge, siècle, temps. "Merveille de notre âge. "Il fut l' ornement de son âge. = 4°. Époque ou suite de plusieurs siècles: "Le déluge commence le second âge du monde. On dit dans ce sens l' âge d' or; époque fabuleûse, où l' on fait regner l' innocence et le bonheur sur la terre. C' est une suite de la Tradition du Paradis terrestre, obscurcie par les fables.
   * Corneille dit l' âge doré, pour l' âge d' or.
   Le Parnasse autrefois, dans la France adoré,
   Faisoit pour ses mignons un autre âge doré.
       Ép. à Ariste.
  ÂGE doré paraîtrait aujourd' hui ridicule. = 6°. L' âge de la Lune est le nombre de jours écoulés depuis qu' elle a été nouvelle.
   Rem. Ce mot entre dans beaucoup d' expressions.Être en âge ou hors d' âge de faire, de contracter, d' élire, d' agir, etc. _ Être de tel âge. Voiture dit à tel âge. "Nous découvrîmes dans une niche une Diane à l' âge de onze ans, plus belle que les forêts de Grèce et de Thessalie ne l' avoient jamais vuë. Il falloit de l' âge de onze ans. _ À~ l' âge, se dit de la mort: "Il est mort à l' âge de 60 ans, ou de certains événemens remarquables; elle a eu un enfant à l' âge de 50. = * Dit-on avoir de l' âge, pour être âgé? "L' empereur lui dit: "vous avez de l' âge: c' est à vous à prendre parti. P. Barre, Hist. d' Allem. "Les fils de ce Général Romain avoient déjà de l' âge. Rollin. _ L' Acad. au mot âgé, mis tout seul, dit: qui a beaucoup d' âge; mais elle ne dit point, qui a de l' âge.
   Entre deux âges, qui n' est ni jeune, ni vieux. "C' est un homme entre deux âges. Mariv.
   * M. de Bufon dit, parlant des Éléphans: "le plus âgé conduit la troupe: le second d' âge la fait aller et marche le dernier. Je doute que cette expression soit sûre et assez autorisée, quelque grande que soit l' autorité, même pour la langue et le style, du savant et élégant Auteur qui l' a employée. L' Acad. ne le met pas.
   * Fleuri dit, vivre un grand âge, pour dire, vivre long-temps; autre expression tout au moins douteûse. "St. Philippe avoit plusieurs filles, deux desquelles ayant vêcu un grand âge, furent enterrées avec lui, en un même lieu.
   Quelques-uns disent aussi, un homme d' âge, une femme d' âge, des persones d' âge: "Un homme d' âge, qui demeure chez une de mes soeurs. Mallebr. J' ai cru long-temps cette locution suranée; mais il faut croire qu' elle se dit encore, puisque l' Acad. la met en exemple sans remarque _ On dit être dans l' âge, sur l' âge, sur le retour de l' âge. "Étant déja sur l' âge, et incapables de faire autre chôse que de mendier leur vie. Let. Edif.
   * L' enfance s' apelle le bas âge, comme la jeunesse le bel âge. On doit donc dire dans le bas âge, ou en bas âge; dans le bel âge, et non pas dans un bas âge, dans un bel âge. "Elle en eut plusieurs enfans, qu' elle lui laissa dans un bas âge. Rollin. Dites, en bas âge.
   * On dit encore: à mon âge, à son âge, à notre âge, et non pas à nos âges, comme dit Mde. de Sevigné. "La bonne Marquise d' Huzelles a la petite vérole: on espère qu' elle s' en tirera. C' est un beau miracle à nos âges. _ En l' âge, ou à l' âge de... Voy. En prép.
   D' âge en âge, de siècle en siècle: "La vie des Grands, liée avec les événements~ publics, passe avec eux d' âge en âge. Massill. En style proverbial, celui à qui l' on demande son âge, répond que l' âge est pour les chevaux, chez lesquels en effet l' âge décide pour le prix.

ÂGÉ


ÂGÉ, ÉE, adj. [1re long. l' â doit porter un acc. circ. On écrivait autrefois aagé; 2e é fer. long au 2d. gé-e.] Sans régime, il signifie vieux, qui a de l' âge. Il suit toujours le nom qu' il modifie. = Avec le régime, qui a un tel âge; âgé de 40 ans, etc. Il régit de.

AGENCE


AGENCE, s. f. [Ajanse, 2e lon. en a le son d' an; 3e e muet.] La charge, l' emploi d' Agent. "Il a été nommé à l' agence du Clergé; durant son agence.

AGENCEMENT


AGENCEMENT, s. m. AGENCER, v. a. S' AGENCER, v. réc. [Ajanceman, Ajansé; 2e lon. 3e e muet au 1er, e fer. aux deux autres: en, à la 2e. et à la 4e., a le son d' an.] La Touche disait au commencement du siècle, que les deux derniers vieillissaient et qu' on ne s' en servait plus guère que dans le style familier, mais qu' agencement était toujours fort bon. L' Acad. disait alors qu' agencer ne se disait guère qu' en parlant de petites chôses rangées avec un soin trop curieux. Dans la dern. Edit. elle a retranché ces derniers mots, et met simplement avec soin. _ Elle ne parle point de s' agencer. Dans le Rich. Port. on dit qu' il est familier.

AGENDA


AGENDA, s. m. [2e lon. en n' y a pas le son d' an.] Mot emprunté du latin. Il se dit, et du mémoire des chôses qu' on a à faire, et du petit livret où on les écrit.

AGENOUILLER


AGENOUILLER, v. n. [Age-nou-glié, mouillez les ll: 2e e muet, tout bref.] Il est actif avec faire, il s' emploie aussi avec le pron. pers. On fit agenouiller tout le monde: "Les Chameaux et les Eléphans s' agenouillent. "On a honte aujourd' hui de s' agenouiller dans l' Eglise, même pendant l' élévation: il est du bel air de ne pas le faire.

AGENOUILLOIR


*AGENOUILLOIR, s. m. Ce mot est dans Trévoux. L' Acad. ne le met point. On dit Prié-Dieu.

AGENT


AGENT, s. m. [Ajan, en a le son d' an, il est lon.] 1°. En Philosophie, ce qui agit. "Le feu est un terrible agent. = 2° Qui fait, qui conduit les affaires d' un Prince, d' une Communauté, d' un particulier. "L' Agent du Roi de; des Villes anséatiques; Agens généraux du Clergé; Agent de l' Abaye de, etc. = Agent-de-change et de banque, entremetteur entre les Négocians et les Banquiers, pour faciliter entr' eux le commerce de l' argent, des lettres et des billets de change.
   * Le Trad. de l' Hist. d' Angl. de M. Hume, done à Agent un sens bien singulier. "Le Roi indiqua un passage souterrain... au travers duquel on introduisit ses Agens. _ Or, ces Agens étaient des Gardes, commandés pour arrêter un Seigneur, dans un fort, dont il était le maître. _ L' emploi de ce mot, en ce sens, a tout l' air d' un anglicisme.

AGENTE


*AGENTE, s. f. Mot forgé: "La Martinique mérite d' occuper les spéculateurs, comme agricole, et comme Agente des autres Colonies. Raynal.

AGG


AGG. Dans les mots qui commencent par cette syllabe, on ne prononce qu' un g. Plusieurs même n' en écrivent qu' un; et il serait à souhaiter que cette dernière manière d' écrire devînt générale; car ces deux g ne font qu' embarrasser.

AGGRANDIR


AGGRANDIR, AGGRANDISSEMENT. V. AGRANDIR, AGRANDISSEMENT. L' Acad. a adopté cette dernière orthographe. Elle aurait bien dû l' étendre à Aggravant, Aggraver.

AGGRAVANT


AGGRAVANT, adj. [Agravan, vante; 3e lon. 4e e muet.] Qui agrave, qui rend plus grief. Il ne se dit qu' avec circonstance.

AGGRâVE


AGGRâVE, s. m. [Agrâve, 2e. lon. 3e e muet.] La seconde fulmination solemnelle d' un Monitoire.

AGGRAVER


AGGRAVER ou AGRAVER, v. a. [Agravé, l' a est bref devant la terminaison mascul. Nous agravons, vous agravez, etc. Il est long devant l' e muet: il agrâve, ils agrâvent.] Rendre plus grief: "Vous agravez votre faûte en l' excusant.

AGGRÉGATION


AGGRÉGATION, AGGRÉGÉ, AGGRÉGER. Trev. Voy. AGRÉGATION, etc. avec un seul g Acad.

AGGRESSEUR


AGGRESSEUR, AGGRESSION, Trév. V. AGRESSEUR, AGRESSION. Acad.

AGILE


AGILE, adj. Léger, dispos, qui agit avec facilité et souplesse. _ Cet adjectif est indiférent à se placer devant ou après le subst. c' est à l' oreille et au goût à lui assigner sa place. Mais dans le discours ordinaire, il doit suivre: dans le style relevé, il peut précéder. _
   Ou presse un lièvre agile, ou la fronde à la main,
   Fait sifler un caillou, qui terrasse le daim.
       De Lille.
Planter la jeune vigne, ou d' une agile main.
Promener la navette errante sur le lin.Id.

AGILEMENT

AGILEMENT, adv. [Agileman; 3e e muet, en a le son d' an à la dern. il est lon. le reste bref.] d' une manière agile. "Ce cheval voltige agilement.

AGILITÉ


AGILITÉ, s. f. [Dre é fer. tout bref.] Légéreté, souplesse, disposition du corps à se mouvoir, à agir aisément. "Sauter avec agilité. "L' agilité de ces sauts, de ces mouvemens est admirable.

AGIO


AGIO, Acad. ou AGIOT. Trév. s. m. [3e br. Agi-o.] Agiotage et agioter, dérivés de ce mot, devraient, ce semble, faire préférer agiot. C' est un terme de change et de banque. Voy. AGIOTAGE.

AGIOGRAPHE


AGIOGRAPHE, s. m. Auteur de vies des Saints. Sous la lettre H l' Acad. répète le même mot, avec un sens un peu différent, Hagiographe. L' étymologie est la même: pourquoi cette double orthographe?

AGIOLOGIQUE


AGIOLOGIQUE, adj. [L' Acad. l' écrit avec une h, hagiologique.] Ce qui regarde les Saints, les choses saintes. Trév.

AGIOTAGE


AGIOTAGE, s. m. AGIOTER, v. n. AGIOTEUR, s. m. [Agi-otaje, oté, o-teur, tout bref; dern. e muet au 1er, é fer. au 2d.] Ces mots expriment l' action de vendre et d' acheter des billets, et sur-tout sur les fonds publics, pour en tirer un certain profit. "Il y a des agiotages usuraires: "Il s' est enrichi à agioter. "C' est un rusé agioteur.

AGIR


AGIR, v. n. Faire quelque chôse. C' est le sens qu' il a, quand il est sans régime. "Il n' est jamais sans agir. = 2°. Agir sur, opérer. "Le feu agit sur tous les métaux. = 3°. Agir pour, négocier, s' employer: agissez pour moi. = 4°. Agir contre, plaider: "Il a été obligé d' agir contre son tuteur. 5°. Agir en, se conduire, agir en homme d' honeur, en femme prudente. * En agir est un barbarisme. On voit dans une lettre de Racine à son fils, qui était fort jeune, qu' il le reprend d' avoir dit en agir, pour en user bien ou mal avec quelqu' un. Le P. Bouhours en a fait aussi une remarque. La raison qu' on done de cette critique, dans l' Ann. Litt. c' est, qu' agir n' est jamais neutre, mais toujours actif. C' est une forte distraction de l' Auteur de cet article. On peut dire au contraire, qu' agir est toujours neutre, et jamais actif; mais c' est que l' usage admet agir en; et réprouve en agir. = 6°. Avec le pron. se, il est adverbe impersonel, et il régit la prép. de, mais il ne se dit point à l' infinitif, s' agir. "Il s' agit de la gloire, des intérêts de la Religion: "Il s' agîssoit de la perte ou du salut de l' Empire. _ * Plusieurs retranchent mal-à-propos il, et disent l' afaire dont s' agit. * D' autres, au prétérit, disent: dont il a s' agi, pour, dont il s' est agi; cette dernière faûte est encore plus grossière. Les verbes réciproques ou pronominaux, prènent tous l' auxil. être.
   * Rem. On dit agir d' autorité; mais ce régime ne s' étend pas à d' autres noms~.
   Agissez donc, Seigneur, de puissance absoluë,
dit Corneille dans Pertharite. C' est contre l' usage.

AGISSANT


AGISSANT, ANTE, adj. [agi-san, sante, 3e lon. 4e e muet.] Il se dit des persones et des chôses, mais dans des sens diférens; homme agissant, femme agissante, qui se done beaucoup de mouvement. _ Remède fort agissant, qui opère fortement. = Cet adjectif suit toujours le subst. sur--tout au masc. Le fém. pourrait plutôt précéder: l' agissante Princesse. _ Il faut le demander au goût et à l' oreille, qui sont les deux grands oracles à consulter pour la construction des adjectifs.

AGITATION


AGITATION, s. f. [Agita-cion, et en vers, ci-on, tout bref.] 1°. Au propre, ébranlement, secouement: "l' agitation de la mer, des flots, d' un vaisseau, d' un carrosse, des esprits animaux, du sang, etc. = Au figuré, trouble que les passions caûsent dans l' âme. "être dans une grande agitation d' esprit.

AGITER


AGITER, v. a. [Agité, 3eé fer. tout bref.] 1°. Au propre, ébranler, secouer, pousser deçà et delà. "La mer agitoit les flots d' une étrange manière: "La mer s' agitoit violemment. = 2°. Au figuré, troubler.: "La colère l' agite, cela lui agite l' esprit. "Il s' agite, il se tourmente. = 3°. Discuter; "agiter une question; les questions qui s' agitèrent dans cette assemblée; il s' agita une question importante.
   * Rem. 1°. Dans Trévoux, au 2d sens, on donne à s' agiter la prép. de pour régime: "Il s' agite de mille visions qu' il a dans l' esprit. C' est le régime du passif: être agité: "il est agité de mille pensées différentes. "La conscience du parricide est agitée de continuelles frayeurs. Mais s' agiter se dit sans régime.
   "2°. On dit qu' une affaire est agitée, discutée: mais dire qu' elle est en agitation, pour dire, en délibération, c' est un anglicisme. "Tandis que cette affaire étoit en agitation dans la Chambre des Communes. Targe Trad. de Smollet.
   * 3°. Montesquieu donne à agiter le sens de soulever, révolter. "Le peuple d' Alexandrie, toujours prêt à se joindre au premier de ses Rois qui vouloit l' agiter. "Antoine l' agita (le peuple) au point qu' il mit le feu aux maisons des conjurés. _ Agiter n' est pas d' usage en ce sens.
   * 4°. Mallebranche emploie toujours agiter pour émouvoir, remuer. "C' est la vuë des chôses, comme bonnes ou mauvaises, qui nous agite. "Il faut avoir bien soin de remarquer les pensées qui nous agitent (qui nous frapent.) Il ne s' agit là que d' une impression ordinaire, et agiter ne se dit que d' une émotion violente.
   AGITÉ régit de, même dans le propre. "Ces particules de feu agitées d' un mouvement très-violent en tout sens, sont la vraie cause de la chaleur. Paulian, Dict. de Phys.

AGN


AGN. Dans les mots qui commencent par cette syll. on mouille le g, excepté dans agnat, agnation, ou l' on ne le mouille pas.

AGNAT


AGNAT, s. m. AGNATION, s. f. AGNATIQUE, adj. [le g n' est pas mouillé. Prononcez comme s' ils étaient écrits, aguenat, aguenation, aguenatique.] Les Agnats, en termes de droit, sont les collatéraux descendans par mâles d' une même souche masculine, comme cognats signifie ceux qui sont parens du côté des femmes. Agnation, qualité des agnats; agnatique, qui apartient aux agnats; ligne agnatique.

AGNE


AGNE, pénult. toujours brève, excepté dans gâgner, je gâgne. D' Oliv.

AGNEAU


AGNEAU, s. m. [Agno; 2e dout. au pl. elle est longue, Agnô; mouillez le gn.] Ménage et l' Auteur des Réflexions sur l' usage de la Langue, etc. disent qu' il faut prononcer comme les Parisiens, de l' anneau; mais qu' en parlant de l' animal, il faut dire agneau; c' est un gros agneau; voici l' agneau de Dieu, etc. _ Richelet dit aussi: prononcez anô. La Touche dit que le meilleur est de faire toujours sonner le g. Mrs. de l' Acad. s' étaient d' abord contentés de dire, que quelques-uns font sentir le g, d' autres non; dans les éditions suivantes de leur Dictionaire, ils disent que le g s' y prononce comme dans campagne; dans la dernière ils avertissent que le g se prononce mouillé ici et dans les mots suivants.
   AGNEAU, le petit d' une brebis. Agneau de lait.; quartier d' agneau, manger de l' agneau. _ Il se dit figurément d' une persone d' humeur fort douce: on le dit même des animaux. "Cet homme est un agneau, doux comme un agneau. "Ce cheval si fougueux est devenu un agneau.

AGNELER


AGNELER, v. n. AGNELET, s. m. AGNELIN, s. m. [Mouillez le gn: 2ee muet; 3e é fer. au 1er, è moy. au 2d.] Le verbe se dit de la brebis qui met bas, le 1ersubst. d' un petit agneau. (Il est vieux) le 2d. de la laine qu' on tire des peaux d' agneaux. Trév. dit laine agneline, et agnelins, s. m. pluriel.

AGNèS


AGNèS, s. f. [Pron. Ag-nèce, l' e muet ajouté très-bref, 2e è ouvert.] Jeune fille très-inocente. C' est une Agnès.

AGNUS


AGNUS, s. m. [Ag-nuce, mouillez le gn, pron. très-bref l' e muet ajouté: il n' est là que pour marquer que l' s finale se prononce.] Cire bénite par le Pape, sur laquelle est imprimée la figure d' un agneau. = Petite image de piété, ornée de broderie, et faite pour les enfans.

AGONIE


AGONIE, s. f. [3e lon. 4ee muet, nî-e.] Dernier combat de l' homme contre la mort. On ne le dit point des animaux. "Être à l' agonie, une longue agonie. _ Figurément, une extrême angoisse, une grande peine d' esprit; (Acad.) sur-tout quand elle dure long-temps. "La vie des pauvres esclâves est une longue mort, ou une agonîe continuelle. Pascal.

AGONISANT


AGONISANT, ANTE, adj. [Agonizan, zante; 4e lon. 5e e muet.] Qui est à l' agonie. "Il est agonisant. "Je l' ai laissée agonisante. _ s. m. et f. Priez pour ce pauvre agonisant, pour cette pauvre agonisante, pour les agonisans. Il se dit sur-tout au pl. masc.

AGONISER


AGONISER, v. n. [Agonizé; dern. é fer. tout bref.] Être à l' agonîe. "Elle agonise, on l' a laissé qui agonisoit. = Agoniser ne se dit que dans le sens propre: agonie se dit et dans le propre, et dans le figuré.
   Rem. Danet et du Cange écrivent, à caûse de l' étymologie, agonizant, agonizer avec un z; mais l' usage le plus autorisé est d' écrire ces mots avec une s.

AGRAFE


AGRAFE, s. f. AGRAFER, v. a. [2e. br. 3e e muet au 1er; au 2d. é fer. Dans le Dict. Gramm. on écrit ces mots avec 2 f, agraffe, agraffer. La double f est inutile.] L' agrafe est une sorte de crochet, qui passe dans une petite ouverture qu' on apelle porte, et qui sert pour attacher ensemble différentes choses. Agrafe d' or, d' argent, de diamant, etc.
   AGRAFER, c' est atacher avec une agrafe.
   * S' agrafer à, s' atacher à, est vieux et populaire: "Un homme qui se noie, s' agrafe à tout ce qu' il peut trouver.

AGRAIRE


AGRAIRE, adj. fém. [Agrère, 2e è moy. et long, 3e e muet.] Il ne se dit que dans l' Histoire Romaine, des Loix pour le partage des terres. Ce mot vient du latin, agrum, champ, terre. * L' Acad. dit que cet adjectif est de tout genre, mais elle ne cite et ne peut citer, à ce que je crois, que la Loi Agraire.

AGRANDIR


AGRANDIR, v. a. AGRANDISSEMENT, s. m. [2e lon. 4e e muet au 2d.; 3e lon. en a le son d' an, diceman.] Trév. et le Dict. Gramm. écrivent ces mots avec 2 g: l' Acad. n' en met qu' un. _ Acroître, Acroîssement. Agrandir une maison, un jardin; l' agrandissement de cette place, de sa famille. = S' agrandir se dit quelquefois tout seul, pour dire, étendre son logement, ses possessions aux environs.
   AGRANDIR, AUGMENTER, (synon.) On se sert d' agrandir, lorsqu' il est question d' étenduë; et lorsqu' il s' agit de nombre, d' élévation, ou d' abondance, on se sert d' augmenter. On agrandit une ville, une cour, un jardin; on augmente le nombre des citoyens, la dépense, les revenus. "En agrandissant son terrain, on augmente son bien.

AGRÉABLE


AGRÉABLE, adj. [2e é fer. 3e dout. l' a est bref, si le mot est dans le cours de la phrâse, able; il est long, si le mot la termine, âble.] Qui plaît. Il se dit des persones et des chôses; persone agréable, maison agréable. = Cet adjectif suit, ou précède, au choix de l' Orateur, dirigé par l' oreille et le goût: la peintûre agréable, l' agréable peintûre! _ Il s' emploie quelquefois substantivement; préférer l' utile à l' agréable.
   AGRÉABLE régit le datif. (la prép. à) "Cette demande a paru lui être fort agréable. _ Avec le v. être impers. il régit de et l' infinitif. "Il est agréable de vivre avec ses amis. * On disait autrefois plus souvent qu' aujourd' hui, avoir pour agréable, ou simplement avoir agréable. "Vous aurez pour agréable que nous détruisions ce qu' on nous opôse. Anon. M. de Boisrobert assura l' Assemblée que le Cardinal avoit agréable ce dessein. Pellisson, Hist. de l' Acad. "Cette dernière locution est tout-à-fait hors d' usage: l' aûtre ne s' est conservée que dans la conversation, et ne s' emploïe guère qu' en riant On dirait aujourd' hui dans le style sérieux: "Vous agréerez que, etc. "Le Cardinal agréoit ce dessein, ou, ce dessein lui étoit agréable. _ L' Acad. met avoir pour agréable, sans remarque.
   AGRÉABLE, GRACIEUX, (synon.) Le premier a plus de raport à l' esprit et à l' humeur; l' autre, à l' air et aux manières: l' homme agréable amûse, l' homme gracieux plaît. Les persones polies sont toujours gracieûses, et les persones enjouées sont ordinairement agréables. _ On dit, dans ce sens, abord gracieux, récéption gracieûse, et comerce agréable, conversation agréable. "Quand ces deux adjectifs se disent des chôses, gracieux exprime proprement quelque chôse qui flate les sens ou l' amour propre; et agréable, quelque chose qui convient au goût et à l' esprit. Il est gracieux d' avoir toujours de beaux objets devant soi, et d' être bien reçu par-tout. Rien n' est plus agréable à un bon esprit que la bonne compagnie. Il est quelquefois dangereux d' aprocher de ce qui est gracieux à voir, et il peut arriver que ce qui est très-agréable, soit très-nuisible. GIR. Synon.
   Faire l' agréable, c' est croire être agréable, et affecter de passer pour tel. _
   Cessez donc, mon ami, de faire l' agréable,
   Et sachez qu' un homme d' honneur
   Ne doit chercher à plaire, à se rendre estimable
   Que par les qualités de l' esprit et du coeur.
   On dit dans ce sens, c' est un agréable, pour dire, il fait l' agréable. _ Faire l' agréable auprès d' une femme; chercher à lui plaire.
   Rem. Depuis quelque temps, on apelle l' agréable d' une femme son complaisant, un diminutif du Sigisbé des Dames Génoises. J. J. Rousseau dit des femmes de ce siècle: "On les flate sans les aimer: on les sert sans les honorer: elles sont entourées d' agréables, mais elles n' ont plus d' amans. _ Je ne sais si cette mode dûre encore; mais on ne le dit que des hommes à l' égard des femmes. M. l' Ab. Guénée dit à M. de Volt. "Ces précautions ne sont pas nécessaires pour persuader à vos agréables, que vous savez supérieurement le grec.

AGRÉABLEMENT


AGRÉABLEMENT, adv. [Agré-able--man, 2e é fer. 4e e muet, 5e longue; en a le son d' an.] D' une manière agréable. "Il parle agréablement; il est agréablement logé, etc.

AGRÉER


AGRÉER, v. a. et n. [Agré-é, 2e et 3e é fer. tout bref, devant l' e muet, l' é fer. est long; j' agrée, il agrée, il s' agrée.] Avec le régime simple, recevoir favorablement: "Dieu agrée nos prières, nos ofrandes: Agréer le service de, une proposition, etc. = Neutre, il signifie plaire à, être au gré de. "Cela ne lui agrée pas: j' ai le malheur de ne pas lui agréer. "Marsolier l' emploie sans régime. "Si ce projet agrée, on n' aura pas de la peine à trouver les moyens de l' exécuter. Outre le défaut de régime, cette phrase pèche par le choix du mode; car avec projet, l' actif qui veut dire aprouver, vaut mieux que le neutre, qui signifie plaire. Il fallait dire, si l' on agrée ce projet, etc.
   AGRÉER régit que et le subjonctif: "Je vous prie d' agréer que j' aille et que je fasse, etc.
   Faire agréer régit-il à ou de? "Il promit de le faire agréér de l' Ab. de... Anon. Je crois qu' il faut à l' Ab. de... L' Acad. ne met d' ex. ni d' a ni de de.
   * Rem. Au futur et au conditionel, j' agréerai, j' agréerois, il n' est que de 3 syll. Les Poëtes écrivent agrérai, agrérois.
   Votre coeur d' Ardaric agréroit-il la flamme?
       Corn.

AGRÉER


AGRÉER, v. a. (Terme de Marine.) Fournir un vaisseau de ses. agrès Voyez AGRèS.

AGRÉEUR


AGRÉEUR, s. m. Qui fournit les agrès d' un vaisseau.

AGRÉGATION


AGRÉGATION, s. f. AGRÉGER, v. a. [Agréga-cion, et en vers ci-on. Agrégé, 2 é fer. tout bref.] Association, associer dans un corps. On s' est oposé à son agrégation. "La faculté de... l' a agrégé: Docteur agrégé.
   AGRÉGÉ est quelquefois subst. masc. "Les Agrégés en Droit, ou simplement, les Agrégés.

AGRÉMENT


AGRÉMENT, s. m. [Agréman, 2e é fer. 3e lon. en a le son d' an.] On écrivait autrefois agréement, et l' Acad. elle-même a écrit ce mot de la sorte dans ses sentimens sur le Cid. _ 1°. Aprobation, consentement: "Avoir, obtenir l' agrément du Roi pour une charge. Doner son agrément pour: "Ne rien faire sans l' agrément de, etc.
   * Rem. Ce mot a un sens passif: il se dit de celui qui est agréé, et non pas de celui qui agrée; avoir l' agrément pour un emploi, c' est être agréé pour cet emploi. St. Evremont done à ce mot un sens actif. "Ce fut un agrément général pour la conduite d' Auguste; c. à. d. tout le monde agréait, aprouvait la conduite de, etc. cela ne se dit point. _ 2°. Qualité par laquelle on plaît: "Cette femme, cette maison ont beaucoup d' agrémens. Que d' agrémens dans la solitude pour qui ne craint pas d' habiter avec soi! _ 3°. Plaisir, satisfaction. Avoir, trouver de grands agrémens à la Cour, à la Campagne, dans sa famille, dans son corps. Servir avec agrément. Avoir l' agrément de faire... "Loin de la Cour on a l' agrément d' être à soi, et de vivre en liberté.

AGRèS


AGRèS, s. m. pl. [Agrê, 2eê ouvert et long, l' s ne se prononce pas.] Trév. le Dict. d' Orth. et le Dict. Gramm. mettent agrets avec un t. Dans le Dict. de l' Acad. et le Rich. Port. on écrit agrès sans t; pourquoi ce t, en effet? il est inutile, et n' a aucun fondement, ni dans l' étymologie, ni dans la prononciation. _ Agrès, voiles, cordages, poulies, et tout ce qui est nécessaire pour mettre un vaisseau en état de naviguer. Voy. AGRETS.

AGRESSEUR


AGRESSEUR, s. m. AGRESSION, s. f. [Agrè-ceur, cion, en vers ci-on. 2eè moy. eur est long au plur. Agresseurs.] Celui qui attaque le premier. _ L' action de celui qui, etc. "L' agresseur a toujours tort. Lequel des deux est l' agresseur? _ Il y a preuve d' agression de sa part. L' usage de ces deux mots est fort borné.

AGRèSTE


AGRèSTE, adj. [2e è moy. 3e e muet, tout bref.] Rustique, sauvage, champêtre. Il se dit, au propre, des fruits verds, et au figuré, de l' humeur, de l' air, des manières des persones peu polies. "Le Kain y parut avec tout ce que ses désagrémens pouvoient avoir d' agreste. Linguet. "Ces liaisons avec les étrangers ne pouvoient qu' étendre les connoissances des Anglais, et les guérir des manières agrestes, qui caractérisent assez les Insulaires. Hist. d' Angl. _ Je doute qu' il se dise des persones même. "L' acomodement se fesoit ordinairement en bestiaux, principale propriété de ces peuples agrestes. Ibid. = Ce mot n' est guère usité que parmi les Savans; il n' est point d' usage en conversation. _ L' Acad. se contente de dire qu' il est plus d' usage au figuré (qu' au propre.) Elle ne cite point d' exemple des persones: elle dit seulement humeur agreste, moeurs agrestes.

AGRETS


*AGRETS, s. m. pl. Il est peu de mots qui aient été écrits plus diversement. Trév. dit, agreils, agrês, agrets. _ Du Tot, citê par Le Gendre, agrais, d' autres (et c' est la bonne manière) agrès. Quelques-uns enfin, agrez. Cette dern. orth. est la plus mauvaise; car l' è est ouvert, et le z marque l' é fer. Voy. AGRèS.

AGRICOLE


AGRICOLE, AGRICULTEUR, s. m. Mots nouveaux, qui sont nés depuis la dernière édit. du Dict. de l' Acad. Ils ont été reçus sans contradiction. "Elle imagina de se former un petit conseil d' agricoles. Marm. "Pline trouve qu' en cet endroit Virgile a été plus Poëte qu' Agriculteur. De Lille. "Dès que les Français, propriétaires et agriculteurs, eurent une administration civile. Moreau. "Il ne résulte nullement de ces deux titres, que la Nation des Francs ait été avant la conquête, une Nation agricole. Idem. "Monument de l' industrie agricole. Journ. de Paris. M. Freron emploie aussi ce mot, et le Mercûre; et l' Ab. Guénée se sert d' Agriculteur. "Les Romains n' étoient pas moins intelligens agriculteurs, que braves guerriers. Let. de quelques Juifs à M. de Voltaire. On lit aussi Agriculteur dans le Journ. de Paris, etc.

AGRICULTûRE


AGRICULTûRE, s. f. [4e lon. Il convient de mettre sur l' û l' acc. circ.] L' art de cultiver la terre.

AGRIPPER


AGRIPPER, ou AGRIPER, v. a. Il est bâs et populaire. Prendre, saisir avidement. "Elle agripe tout ce qui est à sa bienséance.

AGRONOME


*AGRONOME, s. m. AGRONOMIQUE, adj. le 1er est le titre du Dictionaire du Cultivateur. Plusieurs le disent de ceux qui ont écrit sur l' Agricultûre. _ Le second a été employé par M. l' Ab. Delille. "Les Auteurs Agronomiques, les Écrivains Agronomiques, qui ont écrit sur l' Agricultûre, qui en ont doné les loix, les méthodes, les procédés.

AGUERRIR


AGUERRIR, v. a. [Aguê-ri, 2eê ouv. et long.] Acoutumer à la guerre, à ses fatigues, à ses fonctions. "Ce Général a aguerri ses troupes. = Figurément, acoutumer à quelque chôse qui parait pénible au commencement. Il faut l' aguerrir, l' aguerrir à la raillerie. _ S' aguerrir, au propre, se dit sans régime: les troupes se sont aguerries: au fig. il se dit ou sans régime, ou avec celui du datif: Il s' y est aguerri, à la plaisanterie, par exemple.

AGUETS


AGUETS, s. m. pl.[Aghê, 2e lon ê ouvert.] Il ne se dit que dans ces phrases, être aux aguets, se tenir aux aguets, épier le temps, l' ocasion, soit pour surprendre, soit pour n' être pas surpris; mettre aux aguets, se mettre aux aguets, ont à peu près le même sens.

AH


AH! Interjection qui marque l' admiration, la douleur, la joie, suivant la différence des sujets. Ah! que cela est beau! Ah! quel malheur! Ah! que je me réjouis, que je suis aise de vous voir!

AHEURTEMENT


AHEURTEMENT, s. m. [A-eur-teman, 3ee muet, 4e lon. en a le son d' an.] Obstination. Quel étrange aheurtement!

AHEURTER


AHEURTER (s' ) v. réc. [A-eur-té, 3e é fer. tout bref.] S' opiniâtrer, s' obstiner; il régit le datif, ainsi que le participe; et la prép. à devant les verbes: "Il s' est aheurté, ou il est aheurté à cette opinion, à poursuivre ce procès. * Quelques-uns disent mal-à-propos, se heurter à, pour s' aheurter à: c' est un gasconisme.

AI


AI est une diphtongue, qui a ordinairement en français le son de l' e, tantôt ouvert, tantôt moyen. 1°. Il est ouvert, quand ai est suivi d' une s, d' un r, d' un x, ou de ts, ou de rs à la fin des mots; jamais, éclairs, portraits, pairs, airs, etc. Pron. jamê, éclêr, portrê, pêr; êr, ê ouvert. _ Exceptez la 1re pers. du prés. du verbe savoir, je sais, où ai a le son de l' é fer. je . _ Il a aussi ce son dans les prétérits et les futurs: je donnai, j' aimerai; pron. doné, émeré; et lorsqu' il termine le mot, sans être suivi d' aucune consone, mai, quai, geai, etc. pron. , , , etc. Exceptez, vrai, essai, délai, où il a le son de l' è ouvert, vrè, écè, délè.
   2°. Ai a le son de l' è moyen au milieu des mots et dans les pénultièmes, lorsqu' il n' est point affecté d' un acc., circ. et dans les finales, lorsqu' il est suivi d' un t, et que l' i n' a point l' acc. circ. Ex. raison, aide, aime, éclaire, aime, portrait, etc. Pron. rèzon, ède, ème, éclère, portrè, è moy. _ Dans les pénultièmes où il est immédiatement suivi d' un e muet, et par-tout où il est affecté de l' acc. circ. il a le son de l' ê ouvert: plaie, faîte, maître, il paît, etc. pron. plê, fête, mêtre, , ê ouvert.
   Rem. M. de Voltaire a tâché d' introduire ai à la place de l' oi, par-tout où celui-ci a le son de l' e: français, Anglais, conaître, paraître, je ferais, je dirais, etc. Cette ortographe est raisonable; elle n' a pas fait grande fortune pourtant. Il serait à souhaiter qu' elle fût adoptée universellement. Voy. OI.
   2°. Quand Ai est suivi d' une l, il n' a pas le son de l' é, mais l' a et l' l s' y font sentir; bail, émail, vaillant, bataille, qu' il faille, vaille, etc.
   Prosodie. Quand ai a le son de l' e ouvert, il est douteux, vrai, essai: il est bref, quand le son aproche plus de l' é fer. Quai, geai, j' ai, je chantai, je donnerai. Tous les pluriels sont longs, vrais, essais, geais, etc. D' Oliv.
   et ay On doit mettre le premier, quand l' a est détaché de l' i, comme dans aïeul, caïeu, camaïeu, caïenne; et le 2e quand joint à l' i, l' a forme la dipht. ai, qui a le son de l' e, comme dans j' essaye, payer, etc. Voy. A, n°. I.

AICHE


AICHE, a la pénult. longue; fraîche. Pron. êche, ê ouvert.

AIDANT


AIDANT, partic. act. masc. du v. aider. Il ne se dit qu' avec Dieu. "Au sortir d' ici, je me rendrai, Dieu aidant, à Gibraltar. Voit. _ On ne trouve aidant dans le Dict. de l' Acad. qu' au mot Dieu. On ne le trouve ni là, ni ici dans le Rich. Port. _ Dieu aidant, n' est que du style familier.
   * On disait autrefois, malgré lui et ses aidans, dont on a fait ce proverbe corrompu: malgré lui et ses dents.

AIDE


AIDE, s. f. et m. [Ède, 1reè moy. et bref.] s. f. Secours, assistance. Il a tantôt une signification passive: venez à mon aide, signifie que je veux être aidé; et tantôt une signification active. "Mon aide vous est inutile: vous n' avez pas besoin que je vous aide. Vaug. _ s. m. Celui qui en aide un autre; un aide de camp, un aide de cuisine; aide-major; aide à maçon, etc.
   À~ l' aide adv. régit la prép. de des persones et des chôses: "à l' aide de mes amis. "Ils ont avancé des principes, à l' aide desquels ils ont cru pouvoir justifier leurs démarches illégales. Anon. _ Il se dit aussi sans régime, crier à l' aide, au secours, quand on est attaqué.
   On dit, proverbialement, d' un homme qui emprunte de ses amis, d' un Auteur, qui se fait aider, &c. qu' ils vont à la Cour des Aides.

AIDER


AIDER, v. a. et n. [édé, 2 é fer.] secourir, assister. _ On écrivait autrefois ayder et l' on prononçait ei-de, et le peuple à Paris prononçait a-ïdé, en 3 syll.
   Rem. L' Auteur des Réflexions sur l' usage de la langue, cité par la Touche, fait une distinction judicieûse entre l' actif aider une persone, et le neutre aider à une persone. Celui-ci signifie proprement partager la peine avec, comme "il le pria de lui aider à porter sa charge. "Aidez un peu à ce pauvre homme. Mais si l' aide qu' on donne ne consiste pas à prendre sur soi-même une partie de la peine de celui qu' on secourt, on se sert de l' actif. Ainsi on dira d' une persone qui aura donné à quelqu' un une somme d' argent pour finir un édifice: "Il l' a aidé à bâtir sa maison; et non pas il lui a aidé _ Sur ce pied là, il faudra donc dire que: "on doit s' aider les uns les autres, et non pas les uns aux autres, comme dit Bossuet. Dieu aide aux fous et aux enfans, est une phrâse consacrée, qui ne doit pas tirer à conséquence pour d' aûtres. _ Avec les chôses aider à, fait fort bien: "Aider à la fortune de... aider à la lettre: "Il n' a pas peu aidé à cette affaire _ *.
   Lui pouvez-vous aider à me perdre d' honeur?       Corn.
Et pouvez-vous l' aider, aurait été mieux.
AIDER actif a pour 2d. régime la prép. de: "Il faut aider les pauvres de son superflu; il ne peut s' aider de sa main droite; il s' aide de la plume, comme de l' épée.

AIDES


AIDES, s. f. pl. Impositions. Il était autrefois masc. Fermier des aides, Cour des Aides, etc.

AïE


AïE, Interj. Exclamation de douleur: aïe que je souffre! dans le Rich. port. on écrit ahi. Celui-ci parait mieux exprimer, par le son des lettres, le cri de la douleur. Car, pourquoi cet e muet? Il serait encore plus simple d' écrire sans h et sans e: monosyllabe.
   AIE est toujours long: il se prononce comme un ê ouvert, haie, plaie, vraie; pron. , plê, vrê. voy. Oie.
   Aient, Terminaison de la 3e pers. du plur. du subj. du v. avoir, qu' ils aient. Avec ses cinq lettres, il n' a que le son d' un ê ouvert, ki-sê. _ Plusieurs donent cette terminaison au prés. des verbes en ayer, égayer, essayer, payer, ils égaient, ils essaient, ils paient. D' autres écrivent égayent, essayent, payent et pron. écé-ie, 3ee muet, et ainsi pé-ie, etc. Cette dernière manière est la meilleure pour l' orthographe et pour la prononciation. Dans le Dict. gramm. on a adopté l' autre. Voy. AVOIR, conjugaison. Voy. aussi AYE.

AïEUL


AïEUL, EULE, s. m. et f. [A-ïeul, A--ïeule, 2e br.] 1°. Le pluriel du masc. a varié. Les uns, d' après Ménage, voulaient qu' on dit ayeuls, et Massillon l' a encore écrit de la sorte. Ce sont les Poëtes, disent Mrs. de l' Acad. dans une édition de leur Dict. du commencement de ce siècle, qui pour faire rimer aïeux avec dieux, glorieux, ont suprimé l' l. Cette réflexion marque que l' Acad. préférait alors la prononciation de l' l pour la prôse. Aujourd' hui et en prôse et en vers, on écrit aïeux. 2°. L' Académie veut pourtant qu' on dise aïeuls, quand on veut désigner precisément le grand père paternel et maternel: "Ses deux aïeuls ont rempli les premières charges; mais que hors delà, on dise aïeux, pour signifier généralement ses Ancêtres, tous ceux de qui l' on descend.
   Ortogr. Autrefois on écrivait ayeul, ayeux; mais, cette orthographe est contre la prononciation; car il faudrait prononcer é-ieul et é-ieu, l' y faisant fonction de deux i, dont l' un s' unit avec l' a précédent pour former la dipht. ai qui a le son de l' é, et l' autre se joint à l' e qui suit. Voyez A, n°. I.
   Divers sens. Suivant Th. Corneille, dont nous adoptons la décision, aïeul au sing. signifie le grand-père, mais aïeux au plur. ne se prend que pour les Ancêtres. À~ moins qu' on ne le réduise au particulier, comme "Ses deux aïeux ont été honorés des plus belles charges de la Cour; ce qui ferait entendre l' aïeul paternel et maternel; car, si l' on disait seulement, ses aïeux ont possédé de grandes charges, on n' entendrait pas par-là les deux grands pères, mais les Ancêtres quelconques. _ C' est cette observation de Th. Corneille qui a fait sans doute imaginer à l' Acad. la distinction des deux pluriels, aïeuls et aïeux. Voyez plus haut, n°. 2.

AïEULE


AïEULE, s. f. Grand' mère, Aïeule paternelle, aïeule maternelle.

AIGADE


AIGADE, s. f. [Egade, bref.] Provision d' eau douce pour les vaisseaux. Il ne se dit que dans ces phrâses: faire aigade, lieu où il y a bonne aigade. _ Trévoux écrit aiguade, aiguayer, et il est plus conséquent que l' Acad. qui écrit le 1er avec un u, et l' autre sans u, quoique l' étymologie soit la même, et qu' il n' y ait pas de raison de la respecter pour l' un, et de la mépriser pour l' autre.

AIGAYER


AIGAYER, v. a. [Éghé-ié, 2e et 3e é fer.] Baigner, laver dans l' eau. Aigayer un cheval; le faire entrer dans la rivière jusqu' au ventre, et l' y faire promener pour le laver et le rafraîchir. Aigayer du linge; le remuer quelque temps dans l' eau avant que de le tordre. _ Trévoux écrit aiguayer. Voy. AIGADE.

AIGLAT


*AIGLAT, on dit AIGLON.

AIGLE


AIGLE, s. m. et f. [Ègle, 1erè moy. et bref, 2e e muet.] Au propre, il est toujours masc. (Le Gendre le fait toujours fem. Il dit toujours une aigle.) _ On dit aussi un aigle pour servir de pupitre, l' aigle blanc d' un Ordre de Chevalerie en Pologne, et aigle noir de celui de Prusse, _ On dit au fém. l' Aigle Romaine, l' Aigle Impériale, l' Aigle Constellation; une aigle dans les armoiries: "Il porte sur le tout d' azur une aigle éployée d' argent. _ Boileau et Rousseau ont fait aigle masc. au fig. Wailly. _ Dans le Dict. Gramm. on dit qu' aigle est de deux genres, tant au propre qu' au figuré. C' est une erreur à réformer.
   On dit figurément, d' un homme d' esprit, que c' est un aigle. Trév. Crier comme un aigle, crier bien fort, d' une voix aigûë et perçante. "De quoi parliez-vous donc tous si haut dans cette chambre? J' ai entendu quelqu' un qui crioit comme un aigle. Mariv. = Avoir des yeux d' aigle, se dit d' un homme qui a les yeux vifs et perçans, et aussi de celui qui a beaucoup de pénétration d' esprit.

AIGLEDON


*AIGLEDON. Barbarisme. Il faut dire Édredon.

AIGLON


AIGLON, s. m. [Églon, 1reé fer. tout bref.] Le petit de l' Aigle.

AIGNE


AIGNE, pron. ègne, è moy. et bref; chataigne, je daigne, etc.

AIGRE


AIGRE, pron. ègre, è moy. et long dans maigre, bref dans les autres, aigre, vinaigre, etc. D' Olivet.

AIGRE


AIGRE, adj. AIGRE-DOUX, OUCE, adj. [Ègre, Ègre-dou, douce, Ègrelè, lète, 1re è moy. et bref, 2ee muet, 3e è moy. et bref aux 2 dern.] Acide, piquant au goût. Fruits aigres. _ Il se dit aussi des sons aigus et rudes en même temps, des odeurs désagréables qui sortent des chôses corrompuës; des métaux dont les matières ne sont pas bien liées. Figurément, d' un esprit, d' une humeur, rudes, fâcheux, et des persones même de ce caractère. Une humeur aigre, un esprit aigre, une aigre réprimande, une aigre repartie. = Au propre, il suit ordinairement; au figuré, il peut suivre ou précéder, mais c' est à l' oreille et au goût à lui assigner sa place: aigre esprit, aigre humeur ne vaudraient rien; réprimande aigre, répartie aigre ne vaudraient pas mieux. _ Au propre, on l' emploie substantivement. "Cela sent l' aigre; l' aigre me déplait, m' incomode.
   AIGRE-DOUX ne se dit au propre que des fruits qui ont un goût mêlé d' aigre et de doux; fruits aigre-doux, oranges aigre-douces. L' Acad. avertit qu' aigre ne se décline point. C' est donc par inadvertance qu' on qu' on a mis aigres-douces. _ Aigre-doux se dit au figuré, du ton de voix et du style. _ Baïf avait inventé ce mot, qui d' abord ne fit pas fortune.
   AIGRELET est le diminutif d' aigre. Goût aigrelet, sauce aigrelette, un peu aigre.

AIGREFIN


AIGREFIN, s. m. [Ègre-fein, 1reè moy. et bref. 2e e muet.] Terme de mépris. Escroc, Chevalier d' industrie.

AIGRELET


AIGRELET. Voy. AIGRE.

AIGREMENT


AIGREMENT, adv. D' une manière aigre. [Ègreman, 1re è moy. 2e e muet, 3e lon. en a le son d' an.] Il ne se dit point au propre: on ne l' emploie qu' au figuré; parler aigrement, répondre, écrire fort aigrement. Voy. AIGRE à la fin.

AIGRET


AIGRET, ETTE, adj. [Égrè, grète, 1er é fer. 2eè moy. l' un et l' aûtre brefs.] Diminutif. Un peu aigre; goût aigret, sauce aigrette, abricot aigret, pomme aigrette.

AIGRETTE


AIGRETTE, ou AIGRèTE, s. f. [Ègrète, 1re et 2e è moy. 3e e muet.] Oiseau qui ressemble à un héron et qui a sur la tête une plume blanche et droite. Il a donné son nom à ces bouquets de plumes qu' on met sur la tête, ou à des pommes de lit. Il y a aussi des aigrettes de perles, de diamans, d' aûtres pierres précieuses. _ * Aigrette, herbe: on dit oseille.

AIGREUR


AIGREUR, s. f. [Ègreur, 1reè moy. et bref; eur est long au pluriel. Aigreurs.] Qualité de ce qui est aigre. Il se dit au propre des fruits, du vin; au figuré; d' une disposition à offenser les autres; "parler, répondre avec aigreur; d' un commencement de brouillerie; "Il n' y a pas encore de la haine entre ces deux persones, il commence à y avoir de l' aigreur.
   AIGREURS au pluriel ne se dit qu' au propre des raports que caûsent des alimens mal digérés: cela donne, caûse des aigreurs. _ En gravûre, ce sont des tâilles où l' eau forte a trop mordu.

AIGRIR


AIGRIR, v. a. [Ègri, 1ereè moy. et bref.] Faire devenir aigre. Il s' emploie et dans le physique et dans le moral. "La grande chaleur aigrit le lait; le levain aigrit la pâte. "Cette conférence a aigri les esprits, au lieu de les adoucir. "La misère a aigri son caractère. Marin. S' aigrir s' emploie de même: le vin s' aigrit; les coeurs se sont aigris.

AIGU


AIGU, ÛE, adj [2e lon. au 2d: 1re é fer. Égu, gûe.] Qui se termine en pointe, ou en tranchant: fer aigu, bâton aigu. = Il se dit figurément, 1°. des sons aigres et perçans. _ 2°. d' une douleur vive et piquante. = 3°. Maladie aigûe, fièvre aigûe, violente et dangereuse, qui se termine bientôt, par oposition aux maladies chroniques, aux fièvres intermittentes. = 4°. * Dans le Rich. Port. on lui done aussi le sens de subtil, ingénieux. L' Acad. ne le met point en ce sens, et il n' est pas d' usage.
   Accent aigu, (Gramm.) Qui va de droite à gauche, et qui se met sur l' é fer. Voy. ACCENT.

AIGUADE


AIGUADE, AIGUAYER, Voy. AIGADE, AIGAYER.

AIGUE-MARINE


AIGUE-MARINE, s. f. [Èghemarine. 1re. è moy. 2e et dern. e muet, tout bref. Les ignorans disent Aigle-marine.] Espèce de pierre précieuse tendre, qui est de couleur de verd de mer; d' où lui vient son nom.

AIGUIèRE


AIGUIèRE, s. f. [Éghiè-re, 1er é fer. 2e è moy. et long, 3e e muet.] Trév. met Aiguière ou Eguière. L' Acad. ne met que le 1er. qui est le plus conforme à l' étymologie, et qui pour cela même a été toujours le plus usité. On l' appelle autrement Pot-à-l' eau, et celui-ci est plus en usage; et la forme des aiguières ayant changé, le nom s' est peu-à peu perdu. _ L' Ac. le met sans remarque.

AIGUIÉRÉE


AIGUIÉRÉE, s. f. [Éghié-ré-e. 1re. 2e et 3e é fer. lon. à la 3e] plein une aiguière. "Il lui a jeté une aiguiérée d' eau sur la tête.

AIGUILLE


AIGUILLE, s. f. [Egu-glie, 1reé fer. 3e e muet, tout bref, mouillez les ll. Trév. met aiguille ou éguille. L' Acad. ne met que le 1er. plus conforme à l' étymologie acu; et outre cela, et peut-être pour cela même, constamment le plus usité.] Petite verge de fer, pointûë et déliée, qui sert à coûdre et à broder, etc. Il y en a de plus longues et de plus épaisses, qui servent à tricoter.
   On dit, dans le style familier, de fil en aiguille; c. à. d. d' un bout à l' autre; conter de fil en aiguille, sans omettre aucune circonstance. _ Disputer sur la pointe d' une aiguille, contester sans sujet, ou pour une affaire de peu de conséquence. "Cette lettre du vendredi est sur la pointe d' une aiguille; car, il n' y a point de réponse à faire, et dailieurs je ne sais point de nouvelles. Mde. de Sevigné. "On y trouve des vers sur la pointe d' une épingle, (dans les oeuvres de l' Ab. de Voisenon.) On me permettra de dire, dit un Journaliste, que l' Ab. de Voisenon a presque toujours fait de l' esprit sur la pointe d' une aiguille. Il avait pris dans les sociétés le ton des pointes et des calembourgs; ce qui fut toujours l' esprit de ceux qui n' en ont pas.
   AIGUILLE se dit aussi des obélisques et des clochers extrêmement pointus. Ceux-ci pourtant s' apellent plus communément des flèches, que des aiguilles.

AIGUILLÉE


AIGUILLÉE, s. f. [Égu-glié-e, 3e lon. é fer. comme à la 1re. 4e e muet.] Certaine quantité de fil, de soie ou de laine, etc. à passer dans une aiguille, proportionée à l' étendûë~ du bras qui la tire. "Il n' y a plus dans cet écheveau, dans ce peloton, que cinq ou six aiguillées:

AIGUILLETTE


AIGUILLETTE, s. f. [Égu-gliè-te, 1re é fer. 2e è moy. 3e e muet, tout bref.] Cordon, ou tissu ferré par les deux bouts. _ On le dit figurément des morceaux de la peau, ou de la chair, arrachés ou coupés en long. C' est dans ce sens qu' on dit, couper un canard par aiguillettes.

AIGUILLETTER~


*AIGUILLETTER~, v. a. Ce mot a vieilli avec la mode qui l' avait introduit. C' était autrefois attacher ses chausses à son pourpoint avec des aiguillettes. "La mode de s' aiguilletter a duré long-temps. Il n' est plus d' usage qu' en cette phrâse.

AIGUILLETTIER


AIGUILLETTIER, s. m. [Égu-glé-tié, 3 é fer.] Artisan dont le métier est de ferrer les aiguillettes~ et les lacets.

AIGUILLIER


AIGUILLIER, s. m. [Égu-glié, 1re et 3e é fer. cette 3e est douteuse.] Petit étui où l' on met des aiguilles.

AIGUILLON


AIGUILLON, s. m. [Pron. égu-glion, et non pas éghi-glion, comme on le dit dans le Dict. Gramm.] Au propre, bâton ferré et pointu, qui sert à piquer les boeufs. _ Petit piquant des mouches, abeilles, guêpes, etc. = Au figuré, tout ce qui sert à encourager, à exciter, "L' aiguillon des abeilles; la colère lui servait d' aiguillon. "Si Racine, dans quelques-unes de ses Préfaces, a fait sentir l' aiguillon à ses critiques, il l' a fait avec la sagesse d' un homme poli, et avec la discrétion d' un courtisan. Gr. Hom. vengés.

AIGUILLONNER


AIGUILLONNER, v. a. [Egu-glio-né, et non pas, éghi-glio-né, comme on le dit dans le Dict. Gramm. mouillez les ll; 1re et dreé fer.] Il n' a guère d' usage qu' au fig. et signifie inciter à... Il y a de bons Auteurs qui pensent, dit-on dans le Dict de Trév., que quoique le terme d' aiguillon soit du bel usage au figuré, il n' en est pas de même d' aiguillonner, et qu' à sa place, il faut dire, exciter, provoquer. D' autres bons Auteurs pensaient différemment, puisqu' ils ont employé ce mot. Il est plus énergique et plus pitoresque que les verbes qu' on voudrait lui substituer. Et pourquoi se priver d' une expression figurée, qui peut être utile? C' est la trop grande délicatesse des Puristes, qui a apauvri la langue. Aujourd' hui aiguilloner est parfaitement bien établi, et il n' a plus de contradicteurs. "Il faut l' aiguilloner pour le faire agir. "La misère dans les bons esprits aiguillone la paresse.

AIGUISER


AIGUISER, v. a. [Éghizé, 1re et dre é fer. tout bref.] Rendre aigu, plus pointu, ou plus tranchant. Aiguiser un couteau, un rasoir; pierre à aiguiser. _ Au fig. aiguiser l' esprit, le rendre plus vif, plus pénétrant, plus subtil; aiguiser l' apétit, le rendre aussi plus vif, aiguiser ses couteaux, se préparer au combat; aiguiser ses dents, se disposer à faire un bon repas. Les trois dern. expressions sont du style familier. Voy. ÉGUISER.

AIL


AIL. Les noms terminés en ail, au sing. ont ordinairement leur pluriel en aux: travail, travaux, etc. Exceptez attirail, bercail, camail, détail, éventail, gouvernail, mail, poitrail, portail, serrail, qui n' ont pas de pluriel, ou dont les pluriels se forment par la simple addition de l' s, attirails, détails, etc.
   Ail final est toujours bref, éventail, bercail, détail, etc. On apuye sur les plur. Eventails, bercails, détails. On mouille l' l finale. D' Oliv.

AIL


AIL, s. m. [Monosyllabe bref. Pronon. ail, en mouillant l' l finale.] Espèce d' oignon d' une odeur très-forte, et qui vient par petites gousses. L' assemblage de ces gousses s' apelle tête d' ail.
   Rem. Plusieurs ont pensé et pensent encore qu' ail n' a pas de pluriel. Balzac et autres Auteurs, que Ménage apelle modernes, et qui sont à présent anciens, ont dit aux. L' Auteur des Réflexions, etc. soutient qu' on doit dire ails, et il avoue pourtant qu' il aimerait mieux dire, deux têtes d' ail, que deux ails. C' est, je crois, celui qui a le mieux rencontré. On conseille dans le Dict. de Trév. d' éviter de se servir du plur. L' Acad. avait d' abord mis aux; dans la dern. édit. elle met aulx; et cependant elle ne donne d' exemple que du singulier. _ La Touche prétend avec Ménage qu' on ne dit ni ails, ni aux. M. de Wailly met aux, ou aulx. Le plus sûr donc est d' éviter de le dire, et de préférer deux têtes d' ail, à deux ails, ou aux ou aulx. _ Ce qui est sûr, c' est qu' on dit l' haleine lui sent l' ail, et non pas les aulx, une gousse d' ail, un gigot de mouton à l' ail, froter son pain d' ail, etc.

AILE


AILE, s. f. [Èle, 1eè moy. 2e e muet. Ce mot se prononce comme elle, pron. pers. fém. mais il s' écrit bien différemment.] 1°. Ce qui sert aux oiseaux à voler, et à quelques insectes. = 2°. Les Peintres et les Poëtes donnent des ailes aux vents, au temps, aux heures. = 3°. Il se dit au figuré: "Fille élevée sous les ailes de sa Mère.
   Cache la sous ton aile au jour épouvantable.
       Desportes
Et son âme étendant ses ailes
Fut toute prête à s' envoler.
Malherbe.
Mais c' est abuser de la permission que de doner des ailes à l' argent, pour qu' il s' envole dans les mains des paûvres.
   Que l' or prenne en vos mains des ailes charitables.
       Roucher.
Dans le style familier et proverbial, baisser les ailes, c' est être lâs, ou ruiné, confondu. _ Ne batre plus que d' une aile, ou en avoir dans l' aile, ne faire plus que de foibles efforts; avoir essuyé des revers. "L' Académie n' est point tombée; mais elle ne bat plus que d' une aile: peut-être qu' elle se remettra Leibnitz. _ Rogner les ailes, tirer une plume de l' aile, diminuer le pouvoir, les apointemens, etc. _ On dit aussi d' un téméraire, qu' il a voulu voler avant que d' avoir des ailes, et qu' il n' avoit pas l' aile assez forte pour aller si loin.
   4°. Par analogie, on dit les ailes d' un moulin à vent; les ailes d' un bâtiment, les deux parties d' un bâtiment qui sont jointes en retour au corps de logis; les ailes d' une Eglise, les bas côtés; les ailes d' une armée, les deux côtés d' une armée par raport au centre, au corps de bataille; l' aile droite, l' aile gauche.

AILÉ


AILÉ, ÉE, adj. [Élé, lé-e, 2 é fer. le 2d est long au 2d.] Qui a des ailes. Il ne se dit que de certains animaux, à qui il n' est pas ordinaire d' avoir des ailes. "Poissons ailés, serpens ailés.

AILERON


AILERON, s. m. [Èleron, 1reè moy. 2e e muet, tout bref.] L' extrémité de l' aile d' un oiseau, à laquelle tiennent les grandes plumes de l' aile. = Il se dit aussi des nageoires de quelques poissons, de la carpe, par exemple. = On le dit encore des petits ais qui font tourner les rouës des moulins à eau.

AILLADE


AILLADE, s. f. [A-glia-de, mouillez les 2 ll: tout bref.] Sauce faite avec de l' ail.

AILLE


AILLE; pron. A-glie: pénult. brève dans médaille, et dans ces verbes, je détaille, j' émaille, je travaille, je bataille; mais longue au subjonctif, que je travâille, etc. et dans tous les autres mots ainsi terminés, la batâille, canâille, etc. je râille, etc. D' Oliv.
   Aillé, Ailler; prononc. aglié; mouillez les 2 ll: ils suivent la quantité d' aille; brefs dans émailler, travailler, etc. longs dans mâillé, débrâillé, râiller, etc.
   Aillet; [prononc. Agliè; è moy.] pénult. brève; maillet, paillet, etc.

AILLEûRS


AILLEûRS, adv. [A-glieûr; 2e long. mouillez les ll.] Ménage dit que presque tous ceux de Paris prononcent a-lieur, et la Touche est surpris que Richelet ait fait cette faute dans son Dictionaire.
   = AILLEURS~, autre part. "On le souffre ici, ailleurs on ne le souffrirait pas. Il est quelquefois précédé de la prép. de: "Il est venu d' ailleurs, je le saurai d' ailleurs. Il ne faut pas le confondre avec dailleurs (outre cela, de plus.) Voy. plus bâs.
   Bien ailleurs, (en plusieurs endroits) me paraît une expression peu Française, quoique je l' aie trouvée dans deux Auteurs estimés. "À~ Salem, à Betsabée, à Hebron... et bien ailleurs. Pluche, qui l' emploie souvent. "On avoit oublié là, et l' on oublie bien ailleurs cette précaution. Linguet. Ces deux Auteurs sont Champenois: ne serait-ce pas un mot de leur Province? _ Ailleurs que: "J' ai souvent trouvé, ailleurs que chez les Poëtes, des descriptions de fleûves qui roulent de l' or. Pluche. _ Par ailleurs. "On me commande d' aller par ailleurs, (c. à. d. par un autre chemin.) Voit. "Ils pouvoient difficilement pénétrer dans la Perse par ailleurs. Montesq. Par ailleurs a raport au lieu; et je pense que Bossuet l' a mal employé dans la phrâse suivante; " * Elle n' avoit aucun besoin de ses grâces, étant pleine par ailleurs. Et un Auteur très-moderne: "Ils croient avoir par ailleurs les plus fortes preuves que, etc. Anon.
   D' AILLEURS (quelques-uns écrivent dailleurs sans apostrophe) de plus, outre cela, (synon.) De plus s' emploie lorsqu' il est seulement question d' ajouter encore une raison à celles qu' on a déja dites; d' ailleurs, lorsqu' il s' agit de joindre une autre raison, de différente espèce, à celles qu' on a déja raportées; outre cela, lorsqu' on veut augmenter, par une autre raison, la force de celles, qui suffiraient toutes seules.
   Construction. _ Dailleurs peut quelquefois~ être placé après le verbe, mais le plus souvent il est à la tête de la phrâse, ou d' un des membres. "C' est un homme brusque, qui a d' ailleurs beaucoup de probité. "Tous vos amis vous en prient: d' ailleurs votre honeur y est intéressé. Dict. Gramm.

AILLIR


AILLIR. (Pron. agli.) Pénult. toujours brève; saillir, jaillir, etc.

AILLON


AILLON, [A-glion] a bref dans médaillon, bataillon, nous émaillons, travaillons, détaillons. Hors delà il est long: hâillon; bâillon, penâillon; nous tâillons. D' Oliv.

AIM


AIM, [ein] à la fin des mots il est douteux; daim, essaim.

AIMABLE


AIMABLE, adj. [Émable, 1reé fer. 2e dout. Elle est brève, si le mot est dans le cours de la phrâse; longue, s' il la termine.]
   Qui mérite d' être aimé. Il se dit des persones et des choses; aimable homme, persone aimable, caractère aimable, manières aimables. = Il suit, ou précède, au choix de l' Orateur ou du Poète: "L' aimable Cybèle, l' aimable simplicité.
   De son empire aimable éterniser le cours.
       Rousseau.
On pourrait dire aussi, de son aimable empire. _ Avec les persones il se plait à précéder. = Dans le Mercûre on l' a employé substantivement: "Entourée de tous les pièges que les aimables de la Cour... avoient tendus sous ses pas. _ Voy. SOCIABLE.

AIMABLEMENT


*AIMABLEMENT, adv. Mde. de Sévigné croyait avoir fait ce mot: il n' a pas fait fortune. "Vous me répondez trop aimablement; il faut que je fasse ce mot exprès pour l' article de votre lettre. _ St. Fr. de Sales l' avait dit avant elle; et peut-être l' avait-elle pris dans ses oeuvres, sans s' en douter. "Se respectant aimablement. _ Bourdaloue s' en est aussi servi: "On prend plaisir à lui enfoncer le trait (de la satyre) dans l' âme dautant plus avant et plus sensiblement, qu' on paroit le faire plus charitablement et plus aimablement.
   Aimabilité, s. f. autre mot forgé par Madame de Sévigné. "Je suis persuadée de toute l' aimabilité de la belle Rochebonne. On dit amabilité.

AIMANT


AIMANT, s. m. On a écrit aussi AIMAN et AYMAN sans t. Le 1er se trouve dans la préface des oeuvres de Fontenelle, dans Pluche, Bougainville et le P. Paulian; mais aimanter, aimantin, démontrent qu' aimant s' écrit par un t. _ Pierre, qui a la propriété d' attirer le fer, dont l' un des pôles se tourne vers le Nord, et l' autre vers le Sud.

AIMANT


AIMANT, ANTE, adj. verbal. [Éman, ante, 1re é fer. 2e longue.] Quitter des enfans si aimans, si aimés. Mascar. Il est vieux. On l' a rajeuni depuis peu. "Cette âme aimante n' a plus de vie que pour se pénétrer des horreurs de la mort. L' Ab. Boulogne, Éloge du Dauphin. _ Mde. de Genlis le met dans la bouche d' un Fat et l' écrit en italique: "Rien n' attache comme une âme aimante. Th. d' Éduc.
   AIMANTÉ, ÉE, adj. [Émanté, é-e 1re é fer. 2e lon. 3e é fer. long au 2d.] Touché avec l' aimant: aiguille aimantée.

AIMANTER


AIMANTER, v. a. [Émanté, 1re et 3e é fer. 2e lon.] Toucher, froter avec l' aimant. Aimanter l' aiguille d' une boussole.

AIMANTIN


AIMANTIN, INE, adj. [Eman-tein, tine, 1r é fer. 2e lon.] Magnétique, qui apartient à l' aimant, qui lui est propre. "Vertu aimantine. Il est de peu d' usage. On dit plutôt vertu magnétique.

AIMER


AIMER, v. a. [Emé, 2 é fer. Mais devant l' e muet, le 1er è est moyen: j' aime, il aime, ème.] Avoir de l' affection, de l' atachement pour.... Il régit les persones: aimer Dieu, le prochain, ses parens, ses amis: et les chôses; aimer la vertu, le jeu, la chasse, la bonne chère, les chiens, les chevaux.
   AIMER est aussi neutre. Quand il est sans régime, il ne se dit guère que de la passion de l' amour. "Il est dangereux d' aimer. _ Il régit à et non pas de devant les verbes; et alors il signifie prendre plaisir à.... "Aimer à lire, à chanter, à jouer, et non pas de lire, etc.
   AIMER mieux régit la conjonction que et le subjonctif: "J' aime mieux qu' il s' en aille. Souvent il est suivi d' un infinitif et des particules que et de: "on aime mieux dire du mal de soi, que de n' en pas parler:
   Mais j' aime mieux périr sans l' avoir mérité,
   Que de sauver mes jours par une lâcheté.
       Marion, Cromvel.
Plusieurs retranchent de: p. ex.
  J' aimerois mieux mourir que l' avoir abusée.
       Mol.
Il fallait là, que de l' avoir abusée. _ Pour ne pas s' y tromper, il faut bien considérer le sens que aimer mieux a dans la phrâse; car aimer mieux dit tantôt une préférence de goût, tantôt une préférence de volonté. Ex. du 1er: j' aime mieux lire que jouer. Ex. du 2d: J' aime mieux mourir que de me déshonorer. _ Dans cette locution, mieux se place après aimer dans les temps simples, et dans les temps composés entre l' auxiliaire et le participe: j' aimois mieux, j' aurois mieux aimé. On peut passer aux Poètes, gênés par la mesure, d' intervertir cet ordre.
   Un successeur d' Ali... son nom n' importe guère.
   J' eusse aimé mieux savoir celui de son Visir.
       Anon.
On dit dans le style familier, si mieux l' aimez, pour, si vous l' aimez mieux. "Le lion devoit inspirer le courage et former des héros, ou, si mieux l' aimez, des hommes querelleux. Pluche, Hist. du Ciel.
   Rem. M. Beauzée done une distinction fort juste entre aimer mieux, et aimer plus. Le 1er ne marque qu' une préférence d' option et ne supôse aucun atachement; le 2d. marque une préférence de choix et de goût, et désigne un attachement plus grand. De deux objets, dont on aime mieux l' un que l' autre, on préfère le 1er pour rejeter le second; mais de deux objets, dont on aime plus l' un que l' autre, on n' en rejete aucun: on est attaché à l' un et à l' autre, mais plus à l' un qu' à l' autre. "Une âme honnête et juste aimeroit mieux être déshonorée par les calomnies les plus atroces, que de se déshonorer elle-même par la moindre des injustices, parce qu' elle aime plus la justice que son honeur même.
   Faire aimer de régit les persones, et faire aimer à les chôses. "La modestie, la politesse font aimer un jeune homme de tous ceux qui aperçoivent en lui ces bonnes qualités. "La Religion fait aimer les souffrances même à ceux dont elle a rempli l' âme de son esprit. Andry de Bois-Regard.
   Se faire aimer, et être aimé, régissent l' ablat. (la prép. de) Il se fait aimer, ou il est aimé de tout le monde. * Fénélon substituë la prép. par: "Faites-vous aimer par les étrangers. Je crois qu' il fallait, des étrangers.
   S' AIMER (se plaire) régit à ou dans; il se dit des persones, et figurément des chôses. "Il s' aime bien à la Cour: "les saules, les aulnes s' aiment dans les lieux humides. Trev.Se plaire vaut mieux et est plus sûr, sur-tout avec les chôses inanimées. S' aimer est plus suportable quand on parle des animaux. "Les éléphans ne s' aiment pas dans les lieux froids. Trév. _ L' Acad. le met sans remarque.
   On dit figurément aimer quelqu' un comme ses petits boyaux, ou bien comme la prunelle de ses yeux. Le 1er est bâs et populaire: le 2d peut être employé dans tous les styles. On dit dans le même sens, aimer comme sa vie, autant qu' on peut aimer.

AIN


AIN, [pron. ein] à la fin des mots est douteux, hautain, main, pain, etc.

AINDRE


AINDRE et Ainte ont la pénult. longue: craindre, crainte, etc.

AINE


AINE, pénult. longue dans haîne, aîné, chaîne, gaîne, je traîne, et leurs dérivés. Hors delà il est douteux. Capitaine, plaine, etc. Dans le 1er cas, ai se prononce comme un ê fort ouvert, dans le 2d comme un è moy.; êne, ène. D' Oliv.

AîNE


AîNE, s. f. [1re longue, êne.] Partie du corps où se fait la jonction de la cuisse et du bas-ventre. Avoir un bubon dans l' aîne.

AîNÉ


AîNÉ, ÉE, adj. [Êné, né-e, 1re long. 2e é fer. long au 2d.] Le premier né des enfans; fils aîné, fille aînée. _ Il~ est aussi subst. Mon aîné, son aîné: "Le cadet est plus sage, plus aimable que l' aîné. = Il se dit par extension de toute persone plus âgée qu' une autre. "Je suis votre aîné. On ajoute quelquefois de combien, de six ans, de quatre ans, etc.
   * On a écrit autrefois ainsné, puis aisné, et ensuite aîné.

AîNESSE


AîNESSE, s. f. [Ênèce, 1re lon. 2e è moy. et bref, 3ee muet.] Primogénitûre, priorité d' âge. Il ne se dit qu' entre frères et soeurs; et n' a d' usage qu' en cette phrâse, droit d' aînesse.

AINS


*AINS s' est dit autrefois pour mais. Voy. Fortune des mots, au terme MOT. Il est vieux, et n' a d' usage qu' en plaisanterie, et dans cette seule phrâse, ains au contraire.

AINSI


AINSI, conjonction. [Ein-ci, 1re lon.] De la sorte, de cette sorte. "Je le pense ainsi: il le veut ainsi.
   AINSI que, de même que, de la même manière que. Il régit l' indicatif. Ainsi que vous me l' avez promis. _ * Ainsi que, à la tête de la phrase, avec ainsi ou de même au 2d. membre, est un tour suranné. Moliere s' en étoit déja moqué en le mettant dans la bouche de Thomas Diafoirus. "Ainsi que la Statue de Memnon, etc. _ L' Ab. du Bos l' a encore employé dans ce siècle. "Ainsi que les mots sont les signes arbitraires de nos idées, de même les différens caractères qui compôsent l' écriture, sont les signes arbitraires des sons, dont les mots sont composés. On se sert aujourd' hui de comme, au lieu de ainsi que, au commencement de la période. _ L' Acad. cite une phrâse~ où ainsi est redoublé. "Ainsi que les rayons du Soleil dissipent les nuages, ainsi la présence du Prince dissipe les séditions. Ne peut-on pas croire que c' est une vieille phrâse conservée des anciennes Éditions? Elle avait dit auparavant: "Comme le Soleil chasse les ténébres~, ainsi la science chasse l' erreur. Cela est plus du goût d' aujourd' hui.
   * Qu' ainsi ne soit, autre tour suranné. Bossuet s' en est encore servi. "Qu' ainsi ne soit, cherchons dans ce divin Livre (l' Apocalipse) quelque caractère de l' Eglise Romaine en particulier. _ Ce tour de liaison et de transition a vieilli, et c' est encore une perte pour la langue. _ Cette manière de parler était fort en usage du tems de Vaugelas; il s' en sert souvent, et il lui a consacré une de ses remarques. Mais Th. Corneille assûre que déjà, de son temps, persone n' aurait voulu l' employer. _ Elle est encore d' usage dans le style marotique.
   Qu' ainsi ne soit, un fat aprivoisé
   Parle de tout; sûr de sa réussite.      Rouss.
   AINSI s' emploie dans les raisonemens, dans le sens de c' est pourquoi. Voici la différence que l' Ab. Girard trouve entre ces deux locutions. Le 2d. renferme un raport de cause et d' effet; le 1er. un raport de prémisse et de conséquence. Ex. Les femmes sont changeantes, c' est pourquoi les hommes deviennent inconstans à leur égard. "Les Orientaux les renferment, et nous leur donons une entiere liberté: ainsi nous paraissons avoir pour elles plus d' estime. GIR. Synon. _ Anciennement on disait par ainsi. Malherbe, Coeffeteau et autres Auteurs l' emploient au lieu d' ainsi. Vaugelas se contente de dire qu' il n' était presque plus en usage. Th. Corneille, bien peu de temps après, assurait qu' il ne l' était plus du tout.
   *AINSI donc est un vrai pléonasme, dit l' Auteur du Dict. Néol. Cependant plusieurs Auteurs modernes s' en sont servis. Il faut croire qu' ils pensaient que ainsi donc est plus énergique que ainsi ou donc, employés séparément.

AINT


AINT est long, soit à la fin, soit au milieu des mots, saint, craint, sainte, crainte, etc.

AJOINDRE


AJOINDRE, AJOINT, AJONCTION. V. ADJOINDRE, etc.

AJOURNEMENT


AJOURNEMENT, s. m. AJOURNER, v. a. [A-jour-neman; tout bref, 3e e muet au 1er. é fer. au 2d. On écrivait et on prononçait autrefois adjournement, adjourner.] Terme de Pratique. Assignation, assigner à tel jour. "Ajourner des témoins. Ajourner à comparaître. "Décret d' ajournement, décréter d' ajournement.

AJOUTER


AJOUTER, v. a. [A-jou-té, 3eé fer. tout bref.] Joindre une chôse à une autre. "Il a ajouté à cette somme cinq cens francs. = Il est quelquefois neutre avec le seul régime du datif. (de la prép. à) ajoutez à cela que, etc. "Le peu qui a été épargné, ne sert qu' à nous faire mieux connoître le prix de ce qui nous manque et ajoûte encore au sentiment de notre perte. Journ. de Mons. Cette décence, qui ajoûte à la beauté. Marin.
   AJOUTER, augmenter, (synon.) On ajoûte une chôse à une autre: on augmente la même: c' est la différence du sens pour ces deux verbes. Bien des gens ne se font pas scrupule, pour augmenter leur bien, d' y ajouter celui d' autrui. GIR. Synon.
   AJOUTER foi à... croire. Il régit les persones et les chôses. Je n' ajoûte pas foi à cet homme, à ce qu' il dit; je ne le crois pas. _ Ajouter au conte, à la lettre, au texte, amplifier, exagérer. St. Famil.

AIR


AIR. [pron. èr, è ouvert.] Il est douteux au sing. air, chair, etc. long au pluriel, airs, chairs, etc. D' OLIV.

AIR


AIR, s. m. [Èr, è ouv. dout. au sing. long au plur. les airs.] Il signifie, 1°. Un des quatre élémens. L' air est plus léger que l' eau; colonne d' air, l' air est pesant, il se dilate. "air sain, mal sain, doux, tempéré, subtil, grossier. = 2°. Il se prend pour le vent: il ne fait point d' air. = 3°. Manière, façon: "l' air dont il fait toutes chôses; dire les chôses d' un certain air, etc. _ 4°. Physionomie, ressemblance: "Il a l' air d' un tel; il a beaucoup de votre air. = 5°. En termes de manège, allure du cheval: "Ce cheval va à tous airs; on le manie comme on veut. 6°. En termes de musique, suite de tons qui composent un chant: "Air gai, air triste, air nouveau, air ancien. _ Il se dit aussi du chant et des paroles: air à boire.
   Rem. Ce substantif entre dans un grand nombre d' expressions. _ Prendre l' air, c' est ainsi qu' on parle, et non pas prendre de l' air. Bouh. On dit pourtant qu' un homme a pris du mauvais air, quand il a été en lieu où il a pris la peste, ou quelque autre maladie épidémique. _ * Mais prendre un air, ou un coup d' air, pour dire que l' air nous a saisi, nous a causé une fluxion, un rhume, est un provençalisme.
   Avoir l' air régit les noms, ou sans article, ou avec la pré. de. "Il avoit l' air Seigneur, lors même qu' il l' afectoit le plus. Creb. F. Ainsi l' on dira, il a l' air prélat, il a l' air pédant, et non pas l' air de Prélat, de pédant, etc. _ Avec un, la prép. de fait fort bien, soit que ce pron. un soit joint à air, ou au nom qui est régi: il a un air d' empire, il a l' air d' un Prélat, etc. Enfin, quand avoir l' air est suivi d' un adjectif, il n' y a ni article, ni prép. devant le régime: il a l' air triste, l' air content, etc. et c' est la raison pour laquelle les substantifs mêmes se mettent sans article; c' est qu' ils sont employés adjectivement. "Il a l' air Seigneur, etc. _ Quelquefois l' adjectif suit le genre du sujet et non celui d' air: "Elle a l' air bien étourdie. Th. d' Éduc. Le Prés. Henaut dit avoir bien de l' air de... "Cela a bien de l' air d' une chimère. Ce de est inutile et contre l' usage. Il faut dire, avoir bien l' air, etc. = Quand on parle de ressemblance, le de va bien devant air: "Le Général Banier avoit beaucoup de l' air de Gustave Adolphe. _ Avoir l' air régit de devant les verbes: "Il a l' air d' avoir trop bû: "Ils eurent l' air de se livrer enfin à un examen, par lequel ils auroient dû commencer. Moreau. "Il ne vouloit pas avoir l' air d' y être excité. Hist. d' Angl. _ Se doner les airs régit aussi de et l' infinitif. "Puisqu' il veut se doner les airs d' aimer, il faut qu' il commence par devenir discret. Th. d' Éduc.
   Prendre ou se doner des airs, se prend en mauvaise part. "Il se done des airs de Marquis; il prend de certains airs, etc. M. de Callières, (dans son Traité du bon ou du mauvais usage de la langue) condamne ces expressions; mais l' Acad. et l' usage les aprouvent. _ Les airs, dit Coyer, quel est le Français qui ne les connoît pas? Les petits airs, les grands airs: ce sont les grands qui vous conviennent. Let. à un Grand.
   Rem. 1°. Ce sont deux chôses bien différentes, avoir le grand air, et avoir l' air grand. Le premier se dit d' un homme qui vit en grand Seigneur; le second d' un homme dont la physionomie est noble et la mine haute. Bouh.
   2°. Le bel air et le bon air (synon.) L' un anonce l' élégance, le luxe, la magnificence; l' autre, l' ordre, le goût, la décence, la convenance. Mde. de Sevigné les réunit dans la même phrâse: "Ce n' est pas une chôse indifférente pour la dépense que le bel air et le bon air dans une maison comme la vôtre: cette magnificence est ruineuse. On dit, en ce sens, il est du bel air ou du bon air de faire, etc. "M. le Coadjuteur me disoit, que rien n' étoit d' un meilleur air que de bâtir pendant le procès: je n' en convenois pas; mais ce qui seroit sans difficulté d' un mauvais air, c' est la honte qu' il y auroit à ne pas achever ce qui est commencé. SEV.
   Faut-il donc s' ennuyer pour être du bon air?
       Gresset.
3°. Le bon air, le bon ton. "Le Chevalier de Méré formoit Mlle. d' Aubigné à ce qu' on apelloit alors le bon air, qui fait les précieux, et revenoit à notre bon ton, qui fait les frivoles. La Beaumelle.
   4°. On ne doit pas non plus confondre avoir l' air mauvais et avoir mauvais air. L' un tient au caractère, l' autre aux manières.
   Cléon, lorsque vous nous bravez,
   En démontant votre figure,
   Vous n' avez pas l' air mauvais, je vous jure:
   C' est mauvais air que vous avez.
       Le Cte. de Choiseul.
Remarquez que le premier se dit avec l' article, et le 2d. sans article.
   Dans le style familier on dit, changer d' air, quitter un pays où l' on est malade, pour aller dans un aûtre, dont on croit que l' air, le climat est plus salutaire. "Les Anglais viennent en France pour changer d' air. _ Avoir l' air à la danse: avoir l' air de réussir à ce qu' on entreprend, ou avoir l' air gai, éveillé. _ Avoir toujours un pied en l' air: être toujours remuant, coureur, etc. Battre l' air: agir inutilement, faire de vains efforts. _ Tirer en l' air: faire une démarche inutile, se vanter, mentir. _ Air de tête. Voy. TêTE.
   Les Poètes disent, la plaine des airs, le vague des airs. Ils apellent les oiseaux les habitans de l' air ou des airs.
   AIR fournit à quelques adverbes. _ En l' air: contes, discours en l' air; parler en l' air; vous dites cela en l' air. * Par analogie. Bossuet a dit: "On nous vante en l' air tous les caractères, etc. À~ ce compte, on pourrait dire, louer en l' air, blamer en l' air, etc. mais cela ne se dit point. L' emploi d' en l' air est très-borné en ce sens-là. = D' un air: "Protésilas écoutoit toutes ces louanges d' un air sec, distrait et dédaigneux. Telem. "Je lui répondis d' un air entre triste et mutin. * Bossuet a dit, en ce sens, pratiquer un air: barbarisme d' expression. "Quelle aûtre a mieux pratiqué cet air obligeant, qui fait qu' on se rabaisse sans se dégrader. = Par air: faire les chôses par air, pour se doner l' air d' un homme à la mode, ou opulent, etc. "Ce Marquis, fatigué de celle qu' il protège, la garde par air, comme il fait la guerre par air. Coyer. "J' ai vu... de ces coquettes par air, qui détruisoient cruellement dans le tête-à-tête les espérances, que leurs agaceries sembloient donner dans le public. Marin, l' Amante ingénue.

AIRAIN


AIRAIN, s. m. [È-rein, 1reè moy. 2e. dout.] Cuivre, métal de couleur rouge. On dit cuivre dans le discours ordinaire; airain est plutôt du style élevé. _ Avoir un front d' airain, une extrême impudence, se dit dans tous les styles. _ On dit en proverbe: "les injures s' écrivent sur l' airain, et les bienfaits sur le sâble. On n' oublie point les 1res. les aûtres sont bientôt oubliés. = On apelle sur-tout en Poésie, siècle d' airain, par oposition au siècle d' or, un temps où règnent les cruautés, les injustices, les trahisons, etc. _ Il est d' airain, il a des entrailles d' airain, il est dur et impitoyable.

AIRE


AIRE, pénult. longue [pron. ère, è moy.] aire, chaire, plaire, etc.

AIRE


AIRE, s. f. [Ère, 1reè moy. et lon. 2e e muet.] Place unie et préparée pour y battre les grains. = 2°. En Architecture, l' aire d' un bâtiment, l' espace compris entre les murs. = 3°. En Géométrie, l' aire d' une figure, est l' espace renfermé entre les côtés qui la terminent. Paulian, Dict. de Phys. "Ôn trouve l' aire d' un quarré, en multipliant un de ses côtés par lui-même. Id. Ibid. = 4°. En termes de Marine, aire de vent, est l' espace marqué dans la boussole pour chacun des trente-deux vens. = 5°. On apelle aire, le nid d' un oiseau de proie. = 6°. * Il ne faut pas confondre aire avec ère, époque, comme l' a fait un Auteur moderne ou son Imprimeur. "L' aire (l' ère) arménienne commence sous le Pontificat de Moïse I. l' an de J. C. 581. _ Ère et aire se prononcent de même, mais leur ortographe et leur signification respectives sont bien différentes.

AIRÉE


AIRÉE, s. f. [Éré-e, 1re et 2e é fer. il est long à la 2de du 2d, 3e e muet.] La quantité de gerbes, qu' on met en une fois dans l' aire. "Une airée de seigle, de froment.

AIRIER


*AIRIER, v. a. On dit Aërer. Voy. ce mot.

AIRRHES


*AIRRHES, vieux mot auquel le P. Bouhours a consacré une remarque. Il dit que airrhes se dit au propre et arrhes au figuré: doner des airrhes au coche, j' ai perdu mes airrhes; ce sont les arrhes et les prémices des biens à venir. Arrhes se dit aujourd' hui pour airres, et l' on ne dit plus au figuré les arrhes de l' héritage éternel. = L' Acad. au mot arrhes met bien une phrâse pareille sans remarque; mais c' est probablement une phrâse des anciennes Éditions, qu' on a laissée dans la nouvelle. _ Aûtrefois elle avait mis arrhe, qu' on prononce ordinairement erre. Elle suposait donc qu' on pouvait le dire au singulier. Dans la dernière Édit. elle ne met que arrhes. plur.

AIS


AIS, finale longue, ê ouvert. Jamais, Palais, pron. jamê, palê.

AIS


AIS, s. m. [Ès, long, è moy.] Plusieurs le font mal-à-propos fém. et disent une ais, cette ais est trop longue, trop courte: il faut dire un ais, cet ais est trop long, trop court. "Il prenoit durant la nuit un peu de repos sur quelques ais revêtues (revêtus) d' une méchante peau. Vie de St. P. d' Alcantara. _ Planches de bois. Faire des ais, scier des ais.

AISANCE


AISANCE, s. f. [Èzance, 1reè moy. 2e. lon.] 1°. Facilité, liberté d' esprit et de corps dans l' action, dans les manières, etc. Faire toutes chôses avec aisance. "Avoir de l' aisance dans ses manières. _ Au singulier, il se dit des persones pour exprimer un air aisé et dégagé. "Vous avez dans vos vers une aisance qu' on ne peut assez admirer.
   On trouve dans mes vers une certaine aisance,
   Qu' on peut louer, sans trop de complaisance.
       Boisrobert.
On disait dans Trévoux, au commencement de ce siècle, que ce mot commençait à vieillir en ce sens. Il a donc repris faveur, car encore aujourd' hui tous les bons Auteurs s' en servent. _ Quelques-uns le disent des chôses: doner de l' aisance à, c' est doner du jeu, de la place pour se mouvoir avec plus de facilité.
   2°. Biens, commodités de la vie, avoir de l' aisance, être, vivre dans l' aisance; être à son aise.
   3°. AISANCE, lieux-communs, garde-robe. _ * C' est à cause de cette dernière signification, que dans le siècle passé des persones trop délicates ne pouvaient souffrir ce mot dans les autres sens. * L' Acad. a dit autrefois: aisances au pluriel, pour signifier les commodités d' une maison. "Il faut lui doner toutes ses aisances. Elle ne l' a plus mis dans la dern. Edit.

AISE


AISE, pénult. longue, è moy. [Èze.] Braise, fournaise, qu' il plaise, etc. D' OLIV.

AISE


AISE, s. f. [Èze, 1re. è moy. et long, 2e e muet.] Le genre de ce mot est incertain au singulier: on ne l' unit qu' avec des pronoms, dont on ne peut distinguer le genre par la terminaison, à son aise, à votre aise. Au pluriel, l' usage le plus autorisé le fait fem. prendre toutes ses aises. L' Acad. ne lui done que ce genre. _ 1°. Contentement: "être ravi d' aise, transporté d' aise, ne pas se sentir d' aise. "Je ne me sens pas d' aise. Gresset. _ * Dans l' Année Littéraire on dit, se pâmer d' aise. "J. J. Rousseau se pâme d' aise en songeant aux petites buvettes qu' il faisoit. On dit ordinairement se pâmer de joie; mais je ne voudrais pas condamner se pâmer d' aise, quoique l' Acad. ne le mette pas. = 2°. Commodité, état commode et agréable; être, se mettre, travailler à son aise; vivre, être à son aise, dans l' aisance. _ Il n' est malade que de trop d' aise. _ Avoir ses aises, chercher ses aises. _ Mettre quelqu' un à son aise, lui ôter la gêne qu' il pourrait avoir. "Allons je vous crois, et cela me met à mon aise. Th. d' Éduc. = On dit à un homme, qui donne des conseils pour des chôses difficiles, ou qui étant content et à son aise, nous exhorte à prendre patience dans nos malheurs: "vous en parlez bien à votre aise.
   À~ L' AISE, adv. Aisément, commodément, sans peine.
   AISE, adj. Qui est content. Être aise, être bien aise, régissent l' ablatif des noms: que je suis aise de cette bone nouvelle; et pour les verbes de et l' infinitif, ou que avec le subjonctif. Le 1er. se met quand le verbe régi se raporte au sujet de la phrâse, (au nominatif) et l' autre quand il ne s' y raporte pas. "Je suis aise de vous voir; je suis fort aise, ou bien aise que vous soyez venu. * Leibnitz met l' indicatif: "Je suis bien aise que ce livre ne vous a pas déplu. Il fallait, ne vous ait pas déplu. _ Cette faute est bien pardonable à un étranger, qui dailleurs écrivait plus correctement en notre langue que plusieurs Auteurs français de son temps, et même du nôtre.

AISÉ


AISÉ, ÉE, adj. [Ézé, é-e, 2 é fer. Il est long à la 2de. du 2d.] 1°. Facile "Cela est aisé. Il régit la prép. à: aisé à faire; et quand il est avec le verbe être impersonel, la prép. de: il est aisé de le faire. * Le P. Sicard met dans le 1er. cas de au lieu de à: "C' est ce qui est aisé de reconoître par les vestiges qui en restent. Il fallait ce qui est aisé à reconoître, ou ce qu' il est aisé de reconoître. _ Le P. Daniel, au contraire, met dans le 2d. cas à pour de: "Plus la matiere sera débrouillée, plus il sera aisé à faire notre parallèle. Il fallait, plus il sera aisé de faire notre parallèle, ou bien, plus notre parallèle sera aisé à faire. = 2°. Commode: "Voiture aisée. Dévotion aisée, relâchée. = 3°. Exempt de contrainte, de gêne: manières aisées, conversation aisée; esprit aisé, facile; style aisé, naturel, clair: Coulant; vers aisés, qui paraissent faits sans peine, qui ne sentent point le travail. Ce sont ordinairement les plus travaillés. = 4°. Libre, dégagé: "air aisé, taille aisée. = 5°. Riche, à son aise: "c' est un homme aisé. _ En ce sens il est substantif, mais seulement au plur. et dans cette phrâse: "taxe des aisés, rôle des aisés.

AISÉMENT


AISÉMENT, adv. AISEMENT, s. m. [La différence est dans la 2de. syll. qui est un é fer. au 1er, un e muet au 2d, 3e lon. en a le son d' an. Ezéman, Ezeman] Aisément, facilement. "Il travaille aisément, il en viendra aisément à bout.
   AISÉMENT se met ordinairement après le verbe. Pour varier on peut le mettre à la tête de la phrâse. "On reconnoît aisément, etc. "Aisément on reconnoît que Mde. de Genlis prend dans son propre coeur les couleurs fines dont elle peint les sentimens. Ann. Litt.
   AISEMENT est vieux. On le disait autrefois pour commodité: il n' est resté que dans cette phrâse proverbiale, à son point et aisement, à ses bons points et aisemens; à son aise, à son loisir, à sa commodité. _ Aisement se dit encore d' un lieu de commodité, pratiqué dans une maison. Acad.

AISSE


AISSE, pénult. longue. [Èce, è moy.] caisse, graisse, il laisse, qu' il se repaisse, etc. D' OLIV.

AISSELLE


AISSELLE, s. f. [1re et 2eè moy. 3e e muet, tout bref. Rollin écrit esselle, mais l' usage et l' étymologie s' acordent à condamner cette manière d' écrire ce mot, qui vient d' ascella, qu' on a dit pour axilla.] Partie creûse du corps humain, qui est sous l' épaule, à la jointure du bras. "Porter quelque chôse sous ses aisselles.

AISSIEU


AISSIEU. Voy. ESSIEU.

AIT


AIT, finale, longue dans il naît, il paît, il plaît, etc. brève ailleurs: lait, attrait, il sait, etc. longue toujours au pluriel: attraits, parfaits, etc.

AITE


AITE, pénult. lon. dans faîte, brève ailleurs: parfaite, retraite, etc.

AITRE


AITRE, a la 1re lon. paître, naître, etc. pron. être, ê ouv.

AJUDANT


*AJUDANT. Voy. ADJUDANT.

AJUSTÉ


AJUSTÉ, ÉE, adj. [3e é fer. lon. au 2d. le reste bref.] Il se dit au figuré, comme au propre, avec la prép. à: "couvercle proprement ajusté à une boîte: voilà pour le propre. "La tournure que j' avois donnée à la chôse fut tout-à-fait de son goût: il n' y avoit rien de mieux ajusté à son caractère. Mariv. _ Acommodé vaut mieux pour le style sérieux et relevé, ajusté pour le style badin et familier. _ On dit, en style proverbial, d' un homme qui a été battu, maltraité, bien ajusté (ironiquement) mal ajusté, ajusté, comme il faut, ajusté de toutes pièces.

AJUSTEMENT


AJUSTEMENT, s. m. [Ajusteman, 3ee muet, 4e lon. en y a le son d' an.] 1°. Action de rendre juste. L' ajustement d' un poids, d' une mesure, d' une machine. = 2°. Parûre. "Elle a besoin d' ajustement. = 3°. Au figuré, acommodement, il se dit au pluriel. "Trouver des ajustemens dans une affaire.

AJUSTER


AJUSTER, v. a. [ajus-té, 3eé fer. tout bref.] 1°. Rendre juste: ajuster un poids, une mesûre. = 2°. Acomoder une chôse pour la joindre à une autre. Ajuster un couvercle à une boîte. = en ce sens il se dit élégamment au figuré. "Au lieu d' ajuster sa raison à l' autorité infaillible de Dieu, le Socinien veut ajuster l' autorité de Dieu à sa raison. Anon. _ Ajuster une Pièce au Théatre, la rendre propre à y être représentée. = 3°. Concilier, acorder deux persones ou deux chôses. "Vous seul pouvez les ajuster; ajuster deux passages, deux textes. = 4°. Embellir par des ajustemens. "Il a bien ajusté sa maison. = 5°. S' ajuster a tous les sens de l' actif, excepté le 1er. Il signifie sur-tout se parer. "Les sciences à leur tour ont voulu s' ajuster. Coyer.
   On dit dans le style proverbial: ajustez vos flûtes, acordez-vous.

AIX


AIX, finale longue: paix. L' x devant une voyelle se prononce comme un z, la paix est faite; [la pê-zê faite]

AIX


AIX. Nom de plusieurs Villes. L' x final se pron. comme une s. Ês, et non pas Êks.

AL


AL, est toujours bref: royal, bal, moral, etc. _ Les noms en al ont le pluriel en aux: cheval, chevaux, etc. Exceptez bal, cal, pal, régal, austral, boréal, conjugal, fatal, filial, final, frugal, jovial, littéral, naval, paschal, trivial, pastoral, vénal, qui forment le pluriel, quand ils en ont un, par la simple addition de l' s: bals, régals, etc.

ALAMBIC


ALAMBIC, s. m. ALAMBIQUER, v. a. [Alanbik, biké, 2e lon. 4eé fer. au 2d. Trév. écrit avec un eAlembic, alembiquer. _ L' Acad. le Dict. d' Orth. le Rich. Portatif avec un a.] Le subst. se dit au propre et au figuré; le verbe ne se dit qu' au figuré. On ne dit point alambiquer une liqueur, mais la mettre à l' alambic, la tirer, ou la passer par l' alambic. _ On se sert de cette dernière locution au figuré. "Cela a passé par l' alambic, a été bien examiné. Rousseau le dit des pensées alambiquées.
   Un froid sermon passé par l' alambic.
   ALAMBIQUER ne se dit qu' avec le pron. pers. et dans ces phrâses, s' alambiquer l' esprit, la cervelle: s' épuiser, se tourmenter à force de réflexions ou de tristes pensées. _ Rousseau l' emploie à l' actif.
   Fuyez sur-tout ces esprits téméraires,
   Ces écumeurs de dogmes arbitraires,
   Qu' on voit, tout fiers de leur corruption,
   Alambiquer toute religion.
Le plus grand usage d' alambiquer est au participe employé adjectivement. Questions, pensées, réflexions alambiquées, discours alambiqué, subtil, rafiné, et par là même obscur et peu intelligible.

ALAIGRE


ALAIGRE, ALAIGRESSE. Voy. ALèGRE, ALÉGRESSE.

ALAIS


ALAIS, ville des Cevennes. D' Avrigny écrit mal-à-propos Alets.

ALARMANT


ALARMANT. Voy. ALLARMANT.

ALARME


ALARME, s. f. [3e e muet, tout bref. Trév. écrit allarme, allarmer.] 1°. Cri, signal pour courir aux armes. Sonner l' alarme, donner l' alarme. = 2°. Émotion, causée dans un camp par l' aproche de l' ennemi, chaude alarme, fausse alarme. _ On le dit, en ce sens, de toute sorte de frayeur et d' épouvante subite. = 3°. Au pluriel, inquiétudes, soucis, chagrin, crainte. "Il est dans de continuelles alarmes. "Il n' est pas encore revenu de ses alarmes.
   En alarme, adv. L' Acad. blâme Corneille d' avoir dit le peuple en alarmes au plur. et décide qu' il faut dire en alarme au singul. Sent. sur le Cid. Voy. ALLARME.

ALARMER


ALARMER, v. a. [Alarmé, 3eé fer. tout bref. Trév. Allarmer.] 1°. Doner l' alarme. Voy. ALARME. = 2°. Doner de l' inquiétude, du souci, de l' émotion, de l' épouvante. "Pourquoi l' alarmer de la sorte, sans raison? "Ne vous alarmez pas: "Il s' alarme sans sujet.

ALBâTRE


ALBâTRE; s. m. [2e lon. 3ee muet.] Pierre de la natûre du marbre, mais plus transparente.

ALBERGE


ALBERGE, s. f. ALBERGIER, s. m. [2e è ouv. 3e e muet au 1er, é fer. au 2d, Al--ber-gié.] Le 1er est le fruit, petite pêche précoce: le 2e est l' arbre qui le porte.

ALCAïQUE


ALCAïQUE, adj. Se dit d' un vers grec ou latin. (Alka-ï-ke) Ce vers est compôsé de deux pieds et demi, suivis de deux dactyles.

ALCALI


ALCALI, s. m. Mot arabe, qui signifie la soude. Ce mot est fort renomé en chimie, en médecine et en physique. On y parle beaucoup des acides et des alcalis. _ Trév. et le Dict. Gramm. ont suivi l' ancienne orthographe. Alkali.

ALCHIMîE


ALCHIMîE, s. f. [3e lon. mî-e. Trév. écrit Alchymie, et le Dict. Gra. aussi. Dans le Dict. Gr. on fait prononcer Alkimie, alkimique, alkimiste: c' est la vieille prononciation. On doit prononcer à la française, alchi.] _ Alchimie, l' art de transmuer les métaux, art chimérique. _ Ce mot fournit une expression au style proverbial: Faire l' alchimie avec ses dents; c' est remplir sa bourse par l' épargne de sa bouche. C' est comme qui dirait, trouver la pierre philosophale par la frugalité.

ALCHIMIQUE


ALCHIMIQUE, adj. ALCHIMISTE, s. m. [mike, mis-te.] L' Acad. ne met que le subst. Celui qui cultive l' Alchimie. L' adjectif se dit de ce qui apartient à cet art chimérique; "opérations, travaux alchimiques.

ALCIDE


ALCIDE, surnom d' Hercule. Les Poètes emploient plus volontiers le 1er que le second.

ALCORAN


ALCORAN, s. m. Livre qui contient la Loi de Mahomet. _ La mode s' établit de dire le Coran, sous prétexte que Al, en arabe, signifiant le; dire l' Alcoran, c' est répéter deux fois l' article.

ALCOVE


ALCOVE, s. f. [Alkove, 2e br. 3e e muet.] Richelet le fait masc. et fém. mais plus souvent de ce dernier genre. _ M. Freron fut étoné de voir alcove délicieux dans un ouvrage de M. Dorat, après l' exemple d' un de ces grands Écrivains qui ont, dit-il, fixé le génie de notre Langue.
   Dans le réduit obscur d' une alcove enfoncée.
       Boil.
Malgré cet exemple, et l' usage aujourd' hui universel, plusieurs, en Provence sur-tout, disent grand alcove, pour grande alcove, cet alcove est trop petit, pour cette alcove est trop petite. _ Enfoncement pratiqué dans une chambre, pour y placer un lit. "Alcove dorée, belle alcove, alcove obscûre.

ALE


ALE, s. f. Bierre forte. On lit dans l' Hist. des Stuarts: "la bierre, l' halle, les liqueurs fortes: c' est probablement une méprise de la part de l' Imprimeur. Il faut lire l' ale..

ALèCHEMENT


ALèCHEMENT, ALÉCHER. Voy. ALLèCHEMENT, ALLÉCHER. _ ALÉE. Voy. ALLÉE.

ALèGRE


ALèGRE, adj. ALÉGREMENT, adv. ALÉGRESSE, s. f. [L' Acad. met un acc. aigu aux deux prem. mais il me semble que devant l' e muet, l' è est moy. et non pas fer. Alè--greman, alégrèce, 2e è moy. au 1er, é fer. au 2d, 3e è moy. au subst. 4e e muet. _ On a écrit aûtrefois alaigre, alaigrement, alaigresse; puis allègre, etc. avec deux l. Cette dern. orthographe est de Trév. l' anc.] Quelques persones trouvent ces mots un peu vieux. L' Acad. pourtant ne les désaprouve point: elle dit seulement que l' adverbe vieillit. Cet adv. et l' adj. ne sont bons que pour le style familier: "Il est alègre, gai, agile, dispos. "Allons, compagnon, alègrement; avec gaité et agilité. _ Le substantif, au contraire, n' est convenable que dans le style relevé; et suivant l' opinion de l' Acad. il se dit plus proprement d' une joie publique. J' ajouterai, et, dans le langage de la Religion, même d' une joie particulière. "Combien de démonstrations de l' alégresse publique, lorsque le Roi monta sur le trône! "Venez, louons le Seigneur avec alégresse. Port-Royal.

ALEMBIC


ALEMBIC, ALEMBIQUER. V. ALAMBIC, etc.

ALêNE


ALêNE, s. f. [2e lon. ê ouvert, 3e e muet.] Pointe d' acier emmanchée, qui sert à plusieurs Artisans, comme Bourreliers, Cordoniers, etc.

ALENTIR


*ALENTIR, v. a. Il a vieilli. On dit ralentir, et dans le physique et dans le moral. _ L' Acad. les disait dabord tous deux indifféremment. Dans la dern. Édit. elle n' a pas mis Alentir.
   À~ L' ENTOUR. Voy. ENTOUR.

ALERTE


ALERTE, adj. [2e ê ouv. et bref, 3e e muet.] 1°. Vigilant, attentif, qui est sur ses gardes. Il se dit, ou tout seul: "On ne sauroit le surprendre, il est toujours alerte, ou avec sur devant les noms, et à devant les verbes. "On est fort alerte ici sur le grand événement du siège de Namur. SEV. "Bayle a été l' homme le plus alerte à relever les Auteurs qu' il a vu broncher. D' Avr. = 2°. Vif, gai, parlant des jeunes gens.
   ALERTE, s. f. Alarme. "On a eu plusieurs alertes.
   ALERTE, adv. ou espèce d' interj. Debout, soyez sur vos gardes. Alerte! l' ennemi aproche.

ALESAN


ALESAN. Voy. ALEZAN.

ALEU


ALEU. Voy. ALLEU. _ Ferrière, dans son Dict. de Droit, écrit aleu avec une seule l, aussi bien que le Dict. de Trévoux, le Dict. Gramm. et autres. L' Acad. écrit alleu.

ALEVIN


ALEVIN, *ALEVINAGE, s. m. ALEVINER, v. a. [2e e muet, 3e. é fer. au der.] L' Acad. ne met point le 2d. il est dans Trév. _ Alevin est le menu poisson, qui sert à peupler les étangs. _ * Alevinage a le même sens. _ Aleviner un étang, c' est y jeter de l' alevin.

ALEXANDRIN


ALEXANDRIN, adj. m. [Alèk-san-drein, 2e. è moy. 3e. et 4e. longues.] Il ne se dit que des vers français de douze syllabes.
   Oui: je viens dans son Temple, adorer l' Éternel.
       Rac.

ALEZAN


ALEZAN, ou ALZAN, ANE, adj. l' Acad. ne met que le 1er. _ De couleur fauve, tirant sur le roux. Il ne se dit que des chevaux. "Cheval de poil alezan, cheval alezan, cavale alezane. _ Il est aussi subst. masc. un alezan. Trév. écrit Alesan ou Alsan. Rich. Port. Alezan ou Alzan.

ALèZE


ALèZE, s. f. [2e è moy. et long, 3e e muet.] Trév. écrit alaise. Le Rich. Port. alaise, alèse ou alèze. L' Acad. le dern. seulement. _ Sorte de petit drap qu' on met sous les malades.

ALGARADE


ALGARADE, s. f. Insulte faite avec bravade. Acad. avec mépris. Trév. Il ne se dit que dans le style familier. "Il ne s' est retiré de cette maison, que parce qu' on lui faisoit mille algarades.

ALGèBRE


ALGèBRE, s. f. [2e. è moy. 3e. e muet.] Science du calcul des grandeurs, représenté par des lettres. _ On dit figurément et familièrement de ce qui est très-difficile à comprendre, c' est de l' algèbre.

ALGÉBRIQUE


ALGÉBRIQUE, adj. [2e é fer. Algébrike. On a dit autrefois algébraique, et le Dict. d' orthogr. l' a mis ainsi. L' Acad. ne met qu' algébrique.] Qui apartient à l' algèbre. Calcul algébrique.

ALGÉBRISTE


ALGÉBRISTE, s. m. [2e. é fer. tout bref] Celui qui s' adone à l' algèbre, qui fait des opérations algébriques. "C' est un grand algébriste.

ALGUASIL


ALGUASIL, s. m. [Pron. Algoua-zil, en trois syll.] Mot espagnol, qui se dit par plaisanterie et par mépris d' un Sergent, d' un Archer "On a mis à ses trousses des Alguasils.

ALGUE


ALGUE, s. f. [Alghe et non pas algu-e.] Sorte d' herbe,. qui croît dans la mer, et qu' elle jette quelquefois sur ses bords. Elle ressemble à de petits rubans, et sert, comme la paille, à garnir des caisses, des paniers de verres, de bouteilles.

ALIAGE


ALIAGE, ALIANCE. Voyez ALLIAGE, ALLIANCE.

ALIBI


ALIBI, s. m. Mot latin, qui signifie ailleurs. Prouver son alibi, c. à. d. qu' on était ailleurs, quand s' est commis un crime dont on est acusé.

ALIBIFORAINS


ALIBIFORAINS, s. m. pl. Chercher des alibiforains; de mauvaises excuses, de mauvaises défaites. C' est comme qui dirait, prouver qu' on était ailleurs. Voy. ALIBI, dont ce mot est un composé.

ALIBORUM


ALIBORUM, Trév. ou ALIBôRON, Acad. (Maître.) Selon M. Huet on a dabord dit Aliborum d' un homme fécond et subtil à trouver des alibi. * Ensuite on le dit d' un homme qui fait le grand Seigneur ou l' habile homme. Rich. Addit. Dans le Rich. Port. on ne le dit que dans le 1er sens. _ L' Acad. au mot Maître, le dit de celui qui se mêle de tout, qui fait le conoisseur en tout, et ne se conoît en rien.
   Rem. Alibôrum est, en mauvais latin, le génitif pluriel d' alibi qui n' en a point, puisque c' est un adverbe. Suivant l' étymologie l' o doit être long. Plusieurs le font bref. On pron. alibôron, comme l' écrit l' Acad. comme on pron. facton, factoton.

ALIDADE


ALIDADE, s. f. Trév. met aussi alhidade. Règle mobile, qui roule sur le centre d' un instrument pour prendre la mesure des angles.

ALIÉ


ALIÉ. Voy. ALLIÉ.

ALIÉNABLE


ALIÉNABLE, adj. [Ali-énable, 3e é fer. 4e dout. le reste bref.] Qui peut être aliéné. Il ne se dit guère qu' avec la négative. "Cette terre n' est pas aliénable.

ALIÉNATION


ALIÉNATION, s. f. [Ali-éna-cion, et en vers ci-on, tout bref, 3e é fer.] Vente d' un fonds, ou de ce qui tient lieu de fonds. _ Au figuré, aliénation d' esprit, folie; aliénation des volontés, des affections, aversion, ressentiment.

ALIÉNER


ALIÉNER, v. a. [Ali-éné, 3e et 4e é fer. tout bref.] 1°. Au propre, vendre: il ne se dit que des fonds et de ce qui tient lieu de fonds. 2°. Aliéner l' esprit, faire devenir fou; aliéner les afections, les coeurs, doner de l' aversion, faire perdre l' affection. "La cruauté de Néron lui aliéna l' affection de tous ses sujets.

ALIER


ALIER. Voy. ALLIER.

ALIGNEMENT


ALIGNEMENT, s. m. ALIGNER, v. a. [mouillez le g; 3e e muet au 1er, é fer. au 2d: aligneman, aligné.] Action de ranger, de dresser sur une même ligne; l' alignement des rûës, aligner les rûës, des arbres, etc.

ALIMENT


ALIMENT, s. m. [Aliman, 3e lon.] Nourriture. Il se dit au propre, ou seul: le pain est un bon aliment, ou avec la prép. de: le superflu des riches est destiné à être l' aliment des pauvres. _ Et au figuré: le bois est l' aliment du feu, les sciences de l' esprit.
   L' honeur est l' aliment de l' âme des Héros.       Thomas.

ALIMENTAIRE


ALIMENTAIRE, adj. f. ALIMENTEûX, EûSE, adj. ALIMENTER, v. a. [Alimantère, man-teû, teû-ze, manté; 3e lon. dans tous, 4e lon. aux trois 1ers; è moy. au 1er, é fer. et bref au dern.] Le 1er ne se dit qu' avec pension et provision. _ Alimenteux n' est d' usage qu' en médecine. Remedes, sucs alimenteux, nourrissans. _ Alimenter (nourrir) n' est usité au propre qu' au Palais. Au figuré, il peut être heureusement employé. "Les plus heureux génies ont besoin de secours pour croître et s' alimenter. Sabat. de Castres. "Ce grand procès, qui a long-temps alimenté les Sociétés Littéraires et les Journaux. Mercûre. "Les passions nobles vivent d' elles-mêmes et s' alimentent de leur propre ardeur. Necker.

ALINÉA


ALINÉA, s. m. [L' Acad. ne met point d' acc. sur l' e.] À~ la ligne. "On n' a pas mis assez de points et d' alinéa aux Sermons du P. de Neuville; ce qui fait paroître les phrâses plus longues qu' elles ne le sont en effet. _ Alinéa ne prend point d' s au pluriel. _ Il est aussi, non pas adverbe, comme dit l' Acad. mais une espèce d' interjection. On dit en dictant, alinéa, à la ligne.

ALISE


ALISE, ALISIER. Trév. V. ALIZE, ALIZIER. Acad. _ ALISÉ. Voy. ALIZÉ.

ALITER


ALITER, v. a. Réduire à garder le lit. "La fièvre l' a alité. _ Il se dit plus ordinairement avec le pron. pers. s' aliter, se mettre au lit. Suivant la Touche, il ne se dit que dans le style familier: on dit plutôt, être au lit, être retenu au lit: Il avoûë pourtant que l' Acad. n' en distingue point l' usage. J' ajoute qu' être alité et s' aliter ne se disent que lorsqu' on se met au lit pour cause de maladie

ALIZE


ALIZE, s. f. ALIZIER, s. m. [2e lon. au 1er, br. au 2d; 3e e muet au 1er, é fer. au 2d. alî-ze, ali-zié.] Sorte de fruit aigret, de couleur rouge. _ Arbre qui porte ce fruit.

ALIZÉS


ALIZÉS, adj. m. pl. Se dit de certains vens qui règnent entre les tropiques, et souflent toujours du même côté. Vents alizés.

ALL


ALL. Dans les mots qui commencent par cette syllabe, on ne prononce qu' une l; excepté dans Allégorie et ses dérivés, Allobroge, Allocation, Allocution, Allodial, Allodialité. _ Il serait à souhaiter qu' on ne mît la double l que dans ces mots où elle se prononce. Non seulement des Étrangers, mais plusieurs dans les Provinces prononcent al-ler, al-liance, al-lié, al-léguer, al-louer, etc. Voilà uniquement à quoi est bone cette consone redoublée.

ALLAITER


ALLAITER, ou ALAITER, v. a. [Alété, 2 é fer. tout bref. Un des Auteurs des Let. Edif. écrit alléter; mais ce verbe vient de lait: il faut donc écrire allaiter.] Nourrir de son lait. Mère qui allaite son enfant; chienne qui allaite ses petits.

ALLANT


ALLANT, ANTE, adj. [Alan, ante, 2e lon.] Qui aime à aller et courir. "C' est un homme allant, une femme fort allante. _ Il est aussi s. m. pl. "Les allans et les venans: "Cette maison est ouverte à tous alans et venans. Acad. _ Mde. de Sévigné fait allusion à cette expression vulgaire dans la phrâse suivante: "La bonne Troche est toujours la bonté même; et allante et venante: On dit qu' elle est la femelle de d' Hacqueville, (qui alloit aussi et venoit continuellement pour le service de ses amis.)

ALLARMANT


ALLARMANT, ANTE, adj. [Alarman, mante, 3e lon.] L' Acad. ne le met point, même avec une seule l. Ce mot n' est en effet à la mode que depuis la dern. Édition de son Dictionaire: mais il est bien établi. "La situation de cette ville est très-alarmante. Journ. Polit. "Ces oiseaux ont chacun leur cri particulier, mais il n' y en a~ aucun qui ne soit lugubre et alarmant. Ouvr. des six jours. _ Il régit quelquefois la prép. pour: "Ce ne sont par tout (dans la plupart des Romans) que conversations tendres, que sentimens passionés, que peintûres séduisantes, que situations allarmantes pour la pudeur. L' Ab. Reyre, Ecole des Dem.

ALLARME


ALLARME, s. f. Presque tous les Écrivains écrivent ce mot avec 2 l: l' Acad. avec une seule, et le Rich. Port. aussi et le nouveau Trévoux. C' est un mot de moins avec la double l, et c' est toujours quelque chôse. V. ALARME. _ "Le Trad. de l' Hist. d' Angl. Mde. de B.. fait régir à alarme le génitif de la chôse, la prép. de. "À~ la première alarme de ce siège, le Duc de Glocester assembla quelques troupes à la hâte. Elle lui donne en cet endroit le sens de nouvelle. _ Et le sens et le régime sont inusités.

ALLARMER


ALLARMER. Voy. ALARMER.

ALLE


ALLE, pénult. brève, malle, salle, etc.

ALLèCHEMENT


ALLèCHEMENT, s. m. ALLÉCHER, v. a. [On ne pron. qu' une l: on ne devrait en écrire qu' une. Alècheman, Aléché, 2eè moy. au 1er, é fer. au 2d.; 3e. e muet au 1er., é fer. au 2d.; 4e lon. au 1er., en a le son d' an.] Attrait. _ Attirer. _ Ils ont paru vieux pendant long-temps; on travaille aujourd' hui à les rajeunir.
   Maître renard par l' odeur alléché.      La Font.
"Alléché par le produit d' une première Édition, il en fit une seconde, puis une troisième, puis une quatrième. Anon. "Alléché par cet apas, il est venu à Paris mendier des sufrages. Linguet.
   L' Acad. ne blâmait pas Allèchement: elle disait seulement qu' il se prend toujours en mauvaise part. "La volupté a de grands allèchemens. Dans la dern. Édit. elle n' en borne pas l' usage, et cite le même exemple à-peu-près: les allèchemens de la volupté. Mais elle dit qu' il vieillit. Pour Allécher, elle le met sans remarque.

ALLÉE


ALLÉE ou ALÉE, s. f. [On ne prononce qu' une l, 2e é fer. et long, alé-e.] 1°. Passage entre deux murs dans une maison. = 2°. Deux rangées d' arbres, qui forment un promenoir. = 3°. Les allées et les venûes, les démarches qu' on fait pour une affaire.

ALLÉGATION


ALLÉGATION ou ALÉGATION, s. f. Action d' Alléguer V. ALLÉGUER.

ALLèGE


ALLèGE, s. f. [L' Acad. met l' accent aigu, mais l' è est moy. Alège.] Petit bâteau, qui va à la suite d' un grand, pour le décharger de ce qu' il a de trop.

ALLÉGEANCE


*ALLÉGEANCE, s. f. adoucissement. Il est vieux.
   Porte à ses déplaisirs cette foible allégeance.
       Corneille.

ALLèGEMENT


ALLèGEMENT, ou ALèGEMENT, s. m. ALLÉGER ou ALÉGER, v. a. [2e è moy. au 1er, é fer. au 2d; 3e e muet au 1er, é fer au 2d.] Le verbe s' est toujours dit au propre dans le sens de décharger d' une partie d' un fardeau; alléger un portefaix, un bâteau, un plancher, etc. Mais au figuré, dès le commencement du siècle, ces deux mots ne se disaient plus guère en prose, au dire de La Touche: on disait plutôt soulagement, soulager. Il ajoutait qu' on pouvait toujours les employer en vers, et citait celui-ci du Duc de Montausier.
   On a beaucoup de mal et peu d' Allègement.
   L' exemple est un peu vieux. _ Dans les premières Éditions de son Dict. l' Acad. ne blâmait point ces mots: dans les suivantes, elle dit qu' aléger vieillit~. Le Rich. Port. en dit autant d' alègement. _ Dans la dern. Édition, elle met, et le substantif et le verbe sans remarque. _ Elle done pour exemples, doner allègement à un plancher, à un bâteau; recevoir allègement, de l' allègement; ne sentez vous pas d' allègement à vôtre mal. _ Alléger un bâteau, alléger la douleur de quelqu' un.
   Depuis peu ces mots reprènent faveur. M. Linguet sur tout l' emploie volontiers au fig. "Ses vertus, son attachement pour moi... m' ont allégé le fardeau du Gouvernement, dit le Roi de Suède, parlant de son frère, dans un discours inséré dans les Annales, ouvrage d' un mérite si singulier. Et dans la célèbre affaire du muet: "le Parlement auroit dû, ce semble, le consoler (Casaux) en allégeant les liens dont il est acablé. Aléger est d' autant mieux apliqué dans ces deux endroits~, qu' il se raproche plus du sens propre. _ Dans le Rich. Port. on ne le met point au figuré.

ALLÉGORîE


ALLÉGORîE, s. f. [On pron. les deux l: al-légorî-e; 2e é fer. 4e lon.] Métaphôre soutenuë dans tout le cours de la phrâse, dont tous les mots se raportent à la même figure. En voici un exemple en peu de paroles, tiré de Télémaque. "Après mon naufrage, il ne me convient pas de quitter le port, où la tempête m' a heureusement jeté, pour me remettre à la merci des flots.

ALLÉGORIQUE


ALLÉGORIQUE, adj. ALLÉGORIQUEMENT, adv. [Al-légorike, rikeman. 2e é fer. 5e e muet; on pron. les deux ll.] Qui tient de l' allégorie, qui lui apartient: discours allégorique, termes allégoriques. _ Adv. D' une manière allégorique. "Cela se doit entendre allégoriquement.

ALLÉGORISER


ALLÉGORISER, v. a. [Allégorizé, pron. les deux l; 2e et 5e é fer. tout bref; mais devant l' e muet, l' i est long: il allégorise.] Doner un sens allégorique. "Les Pères de l' Église ont allégorisé tout l' ancien Testament.

ALLÉGORISEUR


ALLÉGORISEUR, ALLÉGORISTE, s. m. [Pron. les deux ll: al-légori-zeur, ris-te.] Le 1er se prend en mauvaise part, et se dit par mépris de quelqu' un, qui cherche en tout un sens allégorique. Le 2d se dit sérieusement d' un Écrivain qui explique un Auteur dans un sens allégorique. "Origène étoit un grand allégoriste.

ALLÉGUER


ALLÉGUER ou ALÉGUER, v. a. [Pron. aléghé, et non pas alégu-é; l' u ne se prononce pas, il n' est mis là que pour doner au g un son fort, qu' il n' a pas lui-même devant l' e.] 1°. Citer une autorité. "Alléguer un texte, des Auteurs. En ce sens, il est quelquefois neutre. "Il allégue faux. Il me paraît que citer est plus usité en ce sens. = 2°. Mettre en avant, avancer. "Alléguer des raisons, des excuses, des prétextes. = Il est aussi neutre. "Il allégua pour ses raisons, que... avec l' indicatif. _ Être allégué: Un Juge est obligé de juger suivant ce qui est allégué et prouvé.

ALLÉLUIA


ALLÉLUIA, s. m. [Trév. Alléluya, pron. les deux ll. 2e é fer.] Il ne prend point d' s au pluriel: on dit des alléluia, et non pas des alléluias: on a chanté beaucoup d' alléluia.

ALLENTIR


ALLENTIR. Vieux. Voy. ALENTIR.
   J' allois me déclarer, sans l' offre d' Aristie,
   Non que ma passion s' en soit vuë alentie.
       Corneille.

ALLER


ALLER ou ALER, v. n. [Alé, 2e é fer.] Je vais, tu vas, il va, nous alons, vous alez, ils vont. J' alais; je suis alé; j' alai; j' irai; j' irais; va; que j' aille, que j' alasse; alant, alé. _ Ménage décide nettement qu' il faut dire je vais, et non pas je vas, et moins encore, je va, comme M. de Vaugelas soutenait que toute la Cour disait, ce qui n' était pas, ajoute Ménage. Je vas pourrait être souffert; mais je va est barbare, et il est étoné que Mr. de Vaugelas ait trouvé des sectateurs, et des sectateurs aussi célèbres que Mrs. de Port-Royal. _ L' Ab. Girard pense qu' avec la prép. en, je vas vaut mieux que je vais: je m' en vas, je m' en y vas _ Bouhours dit je vais ou je vas, et jamais je va. _ L' Acad. ne dit que je vais: c' est le plus sûr et le plus autorisé par l' usage. _ M. Moreau dit encore: je vas travailler à débrouiller le cahos où s' agiteront ces débris. _ L' impératif va prend une s, quand il est suivi du pron. y: vas y: mais quand après y il suit un verbe, va s' écrit sans s: va y doner ordre. _ Devant en, va est suivi d' un t: va-t' en.
   On met quelquefois, à la place d' aller, le v. être; j' ai été, je fus, pour je suis allé, j' alai; j' aurais été, j' eusse été, pour je serais alé, je fusse alé; et voici la différence qu' il faut mettre entre ces deux locutions. Être allé se dit quand on est parti pour se rendre dans un lieu; avoir été, quand on en est de retour. "Tous ceux qui sont allés à la guerre, n' en reviennent pas: tous ceux qui ont été à Rome, n' en sont pas meilleurs. GIR. synon. _ Ainsi l' on dira: il est alé à la Messe, de quelqu' un, qui n' est pas de retour; et il a été ce matin à la Messe. Mén. Trév. _ Cet usage du v. être est fort singulier. _ L' Acad. dit que dans ce sens il n' est que du style familier. L. T. Voy. Être.
   S' en aller se conjugue comme aller; je m' en vais, (ou mieux, je m' en vas) tu t' en vas, il s' en va, nous nous en allons, etc. Dans les temps composés, la part. en doit être placée entre le pron. pers. et le verbe auxiliaire: je m' en suis alé et non pas entre l' auxil. et le part. Je me suis en alé, comme disent certains. C' est une faute encore plus grossière de redoubler en, et de dire, il s' en est en allé. DICT. GRAMM.
   ALLER employé seul et sans pronom personnel, comme sans en, se dit toujours fort bien du passage d' un lieu à un autre, et il régit le datif des noms et l' infinitif des verbes sans prép. "Il va à l' armée, ils vont voyager, etc. Mais ordinairement parlant, quand il est joint au pron. pers. et à la particule en, il s' emploie sans régime et ne signifie que le départ, la sortie d' un lieu. "Je m' en vais, ils veulent s' en aler. il est néanmoins d' usage que dans le discours familier, s' en aler se dise dans le 1er sens, et s' emploie avec régime: "Je m' en vais à Versailles.
   ALLER, joint à la part. y, est v. impersonel et régit l' ablatif (la prép. de) "Il y va de ma vie; il y alait de mon honeur, etc.
   Divers sens. Après les verbes être et avoir, le v. aller est peut-être celui qui reparaît plus souvent dans la langue. Il signifie 1°. Se mouvoir, se transporter d' un lieu à un autre. Aller vite, aller doucement. Aller à Paris, aller à Rome, etc. = 2°. Se mouvoir ou être mû vers... les rivières vont à la mer; les nuées alaient du côté du couchant = 3°. S' avancer vers.. aller au combat, aux ennemis _ 4°. Recueillir: aller aux opinions, aux avis = 5°. S' adresser à... Aller au Roi, au Parlement, au Pape, à l' Evêque. = 6°. Il se dit du mouvement des chôses artificielles. "Cette montre va 30 heures: ce ressort ne va plus; faire aller un moulin. = 7°. Il se dit pour marquer l' état bon ou mauvais de certaines chôses: "Comment va votre santé? comment vous en va. Tout va bien; les affaires vont bien, vont mal, etc. Et dans un sens aprochant, ce manteau ne va pas bien, ce collet va fort mal. = 8°. Il se dit de ce qui sied bien ou mal, avec le dat. pour régime. "Cet habit lui va bien: votre péruque vous va mal. = 9°. Au figuré, tendre à... "Un sujet qui va à la terreur... tour à tour nous alarme et nous rassûre. Un sujet qui va à la liberté, semble soulever pour un instant les fers qui nous acâblent. Cerutti. "Je représenterois ce Prince (Stanislas) alliant dans sa persone la Philosophie, qui va au vrai, l' héroïsme qui va au grand, l' Humanité qui va au bien. Id. _ En ce sens, il régit à devant les verbes. "Ces changemens alloient principalement à ôter toutes les traces de l' Antiquité. Boss. = 10°. Convenir à... "La maison de Mde... est sur un ton, qui ne vous va pas. Marm. = 11°. Passer de... en. "Une fois échapés au frein de l' éducation, et maîtres d'~ eux~-mêmes, ils vont de plaisirs en plaisirs, de fêtes en fêtes. L' Ab. Poulle. _ 12°. Aller faire, dire, etc. être sur le point de faire, de dire, etc _ Quelques uns vont jusqu' à dire, je vais aller, nous alons aler; mais c' est pousser trop loin l' usage de cette expression. _ 13°. Se laisser aller, se livrer à; ne pas résister à... Se laisser aler au torrent, aux mauvais exemples, etc. = 14°. S' en aller signifie le départ d' un lieu, pour retourner chez soi; je m' en vais, elle s' en est allée; c. à. d. je vais à mon logis; elle est alée chez elle. Il se prend aussi simplement pour aler; je m' en vais en Italie, il s' en va chasser. _ En terme de jeu, il régit l' ablatif (la prép. de) s' en aler des hautes cartes, les jouer les premières = 15°. Faire en aller, chasser "donez-moi un secret pour faire en aler les écornifleurs. Trév.
   Rem. 1°. Plusieurs, et les étrangers sur-tout~, confondent aller avec venir. Etant à Paris, ils disent je suis venu à Versailles, je suis alé ici. Il faut dire, je suis alé à Versailles, je suis venu ici. Aller se dit du lieu où l' on est à celui où l' on n' est pas, et venir du lieu où l' on n' est pas à celui où l' on est.
   2°. ALLER, quoique verbe neutre, semble gouverner l' acusatif (avoir le régime simple) en certaines phrâses. "Aller son chemin, aller son train, aller son même pas, etc. 3°. Quelquefois il ne signifie rien par lui-même, et se met seulement par élégance et pour doner plus d' énergie à l' expression où on le fait entrer. "Si sa femme aloit savoir cela, il seroit perdu. L. T.
   4°. Ce verbe régit quelquefois aussi des noms au nominatif, comme les régissent les verbes être, devenir, etc. "M. de Croissi alla Ambassadeur en Angleterre et M. du Hamel l' acompagna. Fontenelle. C' est une ellipse. Alla Ambassadeur, pour, alla en qualité d' Ambassadeur _ Cette manière de parler n' est pas trop sûre: on ne doit l' employer qu' avec précaution. Il serait ridicule de dire p. ex. "Il est allé Gouverneur, Evêque, Intendant dans cette Ville, dans cette Province. _ * Mde. Dacier dit aller espion: elle dit même descendre espion, qui est encore plus mauvais.
   5°. On ne se sert guère plus du v. aller avec un participe actif, à moins qu' il n' y ait un mouvement visible. On dit bien d' une persone qui chante en marchant, qu' elle s' en va chantant, d' une riviere qu' elle va serpentant; mais on ne dit guère plus, aller croissant, aller faisant pour dire croître, faire, etc. Vaug. L. T. _ Malherbe a été le premier, qui ait blâmé cette façon de parler: cependant il s' en est souvent servi lui-même: "Va son couroux sollicitant. "Notre amitié va recherchant.
   Ainsi tes honeurs florissans
   De jour en jour aillent croissans.
   Plusieurs autres bon poètes ont parlé ainsi, et Menage trouvait que ces expressions ont fort bonne grace en poésie. Mais il y a peu de bons Auteurs, dit la Touche, qui les emploient ni en prôse, ni en vers. L' Acad. ne les condamne point et n' en restreint pas l' usage. Elle dit non seulement: un ruisseau qui va serpentant; il alait criant par la ville, mais un homme qui s' en va mourant. _ Celui-ci et aller croissant paraissent s' être conservés dans la déroûte des autres. "l' Empire des Perses alloit croissant. Boss. "L' intérêt va toujours croissant dans la lectûre de la vie d' Agricola par Tacite. La Bleterie. "La gradation de la pitié et de la terreur alloit croissant de scène en scène. "L' hérésie d' abord timide dans sa naissance va toujours croissant et ne garde plus de mesûres dans ses progrès. Massill. _ dans le style marotique ou satirique, on emploie encore aller avec le participe actif des autres verbes. Gresset dit de Boileau qu' il,
   Ne seroit point au nombre de ses Dieux
   Si de l' oprobre, organe impitoyable...
   Il n' eût chanté que les malheureux noms
   Des Colletets, des Cotins, des Pradons:
   Mânes plaintifs qui sur le noir rivage
   Vont regrettant, que ce censeur sauvage...
   Les ait privès du commun avantage
   D' être cachés dans la foule des morts.
S' en aler dans les petites pièces de poèsie est joint aussi à des participes passifs.
   Les fleurs, qu' Amour répand sur notre vie,
   Il ne les fait éclôre qu' au printemps;
   Et leur fraîcheur s' en va bientôt flétrie,
   Après avoir brillé quelques instans.
   Mais l' amitié, par qui l' âme est nourrie,
   Porte des fruits et les porte en tout tems.
       MM. du Brueil et de Pecmeja.
6°. Il en va, et il en est de, ont le même sens: mais le 1er. est moins usité. "Voici comment il en alla, dit la Fontaine, c. à. d. ce qu' il en fut, ce qu' il en arriva. "Il en va, ce me semble des églogues, dit Fontenelle, comme des habits que l' on prend dans des balets, pour représenter des paysans. On dit plus ordinairement, il en est de... comme, etc.
   7°. ALLER est subst. dans cette phrase: au pis aller.
   Style proverbial ou familier _ Aller vite en besogne, expédier les affaires promptement; aller à tout vent, n' avoir pas de résolution fixe. _ On dit d' un homme habile, qu' il sait aler et parler; de celui qui done tous ses soins à une affaire, qu' il y va de cul et de tête; et de celui qui frape de toute sa force, qu' il n' y va pas de main morte. _ On dit aussi d' une chôse incontestable, cela va sans dire; de ce qui se fait sans peine: cela va tout seul; de ce qui a trompé les espérances qu' on en avait conçues, cela s' en est allé en eau de boudin ou à vau-l' eau; des affaires qu' on néglige. Cela va comme il plaît à Dieu, etc. etc.
   ALLER par haut et par bas, se dit quand on a pris médecine.

ALLEU


ALLEU, ou ALEU, s. m. [A-leu. 2 brèves.] Plusieurs, et M. Moreau entr' autres, disent au pluriel tantôt alleux et tantôt alleus. Le Dict. de Trévoux écrit aleuds: le d est inutile; et si on le met au pluriel par respect pour l' étymologie, il faudrait, pour être conséquent, l' écrire aussi au singulier. Ferrière dans son Dict. de Droit, et le Dict. Gramm. écrivent aleu avec une seule l. Il n' a d' usage qu' avec franc;franc-alleu. Fonds de terre soit noble, soit roturier, qui est exempt de tous droits seigneuriaux.

ALLIAGE


ALLIAGE, s. m. [Ali-age, tout bref] Union de plusieurs chôses. Dabord l' Acad. avait décidé qu' il ne se dit que des métaux; et l' Auteur des Réflexions, etc. avait repris le P. Lami d' avoir dit l' alliage des lettres. (Art de parler) Aujourd' hui plus que jamais; et l' Acad. et l' usage l' admettent au figuré. "Quel alliage monstrueux des moeurs si scandaleuses, avec les exercices et les pratiques de la dévotion.

ALLIANCE


ALLIANCE, ou ALIANCE, s. f. [Ali--ance, 3e lon.] 1° Union par mariage "Il a fait une grande alliance = 2° Figurément l' union de plusieurs chôses: faire une alliance du sacré et du profane, du vice et de la vertu. Acad. _ La Touche ne goûtait pas l' emploi de ce mot au figuré: il blâme Pascal d' avoir dit: "L' alliance qu' ils ont faite des maximes du monde avec celles de l' Evangile. Il s' apuye de l' autorité de l' Acad. qui ne met point alliance en ce sens-là. Mais dabord l' Acad. s' est ravisée, et l' a mis dans la dern. édition: peut-être même dans les précédentes, c' était un oubli, et non un dessein formel d' exclure ce mot au figuré. Ensuite ce Gramairien judicieux me semble trop délicat dans cette occasion. Car, outre Pascal, il aurait pu voir dans Boileau: "Il faut que l' art vienne au secours de la natûre, parce que c' est leur parfaite alliance, qui fait la souveraine perfection. Il l' aurait trouvé aussi dans Nicole, qui l' emploie dans le même goût que Pascal. _ Avec les prép. de et avec, alliage est plus expressif, quand on veut critiquer, et aliance, quand on veut louer. "ce qui distingue essentiellement les lettres du Comte de Valmont, c' est cette alliance si précieuse et si rare de l' agréable et de l' utile. Ann. Litt.
   M. de Wailly condamne ce terme joint avec mots. "Il faut que les mots aient de la proportion entr' eux, qu' ils soient faits l' un pour l' autre, et que leur alliance soit autorisée par l' usage. Dites leur liaison, leur union. _ 3°. L' union et la confédération entre les états. "L' alliance très-ancienne des Suisses avec la France _ * Dit-on, en ce sens entrer en alliance avec? J' en doute, mais ce que je crois très-certain, c' est qu' on ne dit point entrer en aliance, absolument et sans régime. "Charles avoit promis d' entrer aussitôt en alliance. H. des Stuarts. Il falait, de former des alliances.

ALLIER


ALLIER, v. act. [Ali-é, Suivant M. de Wailly, alier est toujours de 3 syll. en vers: il supôse donc qu' il n' est que de 2 syll. en prôse. Je crois qu' il se trompe, ou il s' est mal exprimé. S' il s' était contenté de dire qu' il n' a également que 3 syll. en vers dans le futur et le conditionel, j' allierai, j' allierais, qu' on prononce, alirai, alirais, il aurait mieux dit, ce me semble.] 1°. Mêler, incorporer, "allier l' or avec l' argent. = 2°. Joindre par mariage. Alors il ne s' emploie qu' avec le pron. pers. S' ALLIER à une bonne famille, avec une bonne famille. Vaugelas est du sentiment que s' allier à est plus élégant que s' allier avec. Cela peut être vrai du sens propre, mais au figuré, avec vaut mieux. Il faut alier le plaisir avec le devoir, la gloire avec la vertu. L' Acad. ne met point d' exemple de ce mot au figuré: c' est un oubli. = 3°. Il se dit comme alliance, de l' union et de la confédération entre les États; mais alors encôre il se dit ordinairement avec le pron. pers. s' allier, ou au passif; ces deux Princes se sont alliés. "Cette République est alliée de toutes les Puissances. L' Acad. met un exemple de l' actif. "C' est l' intérêt de leurs États qui allie ces deux Princes. Il n' est guère usité en ce mode.

ALLIÉ


ALLIÉ, ÉE, participe. Il est aussi subst. c' est mon alié, mon alliée. "Il faut qu' un Prince assiste ses alliés, s' il veut en être assisté à son tour.

ALLIER


ALLIER, s. m. [Il n' est que de 2 syll. a-lié.] Sorte de filet à prendre des perdrix.

ALLOBROGE


ALLOBROGE, s. m. [on pron. les 2 l, al-lobroge, tout bref.] C' est l' ancien nom des Habitans de la Savoie. Aujourd' hui, excepté en vers, on ne le dit que par mépris. Traiter quelqu' un d' allobroge, de grossier, de rustre, d' animal. Richelet: c' est un franc allobroge. Acad.

ALLODIAL


ALLODIAL, ALE, adj. ALLODIALITÉ, s. f. [Al-lo-di-al, ale, alité. On pron. les 2 l, tout bref.] adj. qui est en franc-alleu, terre allodiale. s. f. qualité de ce qui est allodial.

ALLOI


ALLOI, Dict. Gramm. ALLOY. Trév. Voy. ALOI. Acad.

ALLONGE


ALLONGE, ALLONGEMENT, ALLONGER. Trév. Dict. Gr. Voy. ALONGE, etc. Acad.

ALLOUER


ALLOUER, v. act. [A-loué, tout bref, 3e é fer.] Aprouver, passer une dépense employée dans un compte. _ Il n' est pas du beau style, et ne se dit que dans la reddition des comptes.

ALLUMER


ALLUMER, ou ALUMER, v. act. [Alu--mé, tout bref, 3e é fer.] Au propre, mettre le feu à quelque chose de combustible. "Allumer un fagot, une chandelle, des bougies, un flambeau, etc. Remarquez qu' on dit allumer le feu, ou du feu, quoique ce soit le bois qu' on alume. = Au figuré, "allumer la guerre, le flambeau de la discorde, alumer les passions, la colère; alumer les humeurs, les esprits (animaux) "Les éforts, qu' on fait pour se délivrer de l' amour, ne servent bien souvent qu' à l' allumer. La Bruy.
   Ma flamme pour Hector fut jadis allumée,
   Avec lui dans la tombe elle s' est renfermée.      Rac.
Rem. Le passif se dit toujours sans régime. Boileau lui fait régir la prép. de.
   La grâce est dans ses yeux d' un feu pur allumée.
C' est le régime d' embrasée, enflamée, animée.
   ALLUMER est aussi réciproque dans le propre et dans le figuré. Le bois s' allume, la guerre s' alluma; sa bile s' allume tout d' un coup et avec quelle violence!

ALLUMETTE


ALLUMETTE, ou ALUMETTE, s. f. [Alumète, 3e è moy. 4ee muet, tout bref.] Espèce de roseau soufré par les deux bouts, et qui sert à alumer la chandelle, les bougies, etc.

ALLûRE


ALLûRE, ou ALûRE, s. f. [2e lon. l' u doit être marqué d' un acc. cir.] 1°. Démarche, façon de marcher: "Je l' ai reconu à son alûre. _ Il n' a d' usage au pluriel qu' en parlant des chevaux, "ce cheval a les allûres belles, de belles alûres; et au figuré, les allûres de cet homme; la manière dont il se conduit dans une affaire. = Ce mot est assez nouveau dans le sens figuré, et il se dit ordinairement au pluriel. "J' ai reconu~ à ses alûres qu' il briguait cet emploi. _ Fontenelle et Montesquieu l' emploient au singulier. "J' envoyai demander à la Marquise, si elle avoit pu dormir en tournant. Elle me fit répondre qu' elle étoit déja toute acoutumée à cette alûre de la Terre. Fonten. "Les Rois de Macédoine étoient ordinairement des Princes habiles. Leur monarchie n' étoit pas du nombre de celles, qui vont par une espèce d' allûre donée dans le commencement. Montesq. "L' allûre principale d' un État entraîne avec elle tous les accidens particuliers. Id. Au pluriel, le sens est plus figuré qu' au singulier: celui-ci tient plus du propre.

ALLUSION


ALLUSION, ou ALUSION, s. f. [Alu--zion et en vers zi-on, tout bref.] Figure du discours par laquelle on insinuë plutôt qu' on ne désigne ouvertement le rapport d' une chôse ou d' une persone à une autre: on dit, faire allusion à... mais allusion s' emploie indéfinitivement et sans article. On dira: l' orateur a fait allusion à ce qui s' est passé, a voulu qu' on apliquât ce qu' il disait à ce qui s' est passé: mais on ne dira pas: l' allusion qu' il a faite à ce qui s' est passé, a charmé tout le monde.

ALLUVION


ALLUVION, ou ALUVION, s. f. [Alu--vion, en vers vi-on: tout bref.] Acroîssement qui se fait le long des rivages de la mer ou des rivières, par les tempêtes ou les inondations. Trév. Rich. Port. "Droit d' aluvion. "cette terre s' est acrûe par aluvion.

ALMANACH


ALMANACH, s. m. [Pron. Al-mana, le 2d a bref au singulier, long au pluriel, des almanachs: on fait sentir foiblement le c, quand ce mot est au singulier et seul: un almanac; non quand il est accompagné d' un autre mot. L' almana de Liège; l' almana Royal. En vers, on prononce le c, quand il rime avec tabac, tric-trac, etc. MARIN. Le Peuple en Provence et ailleurs pron. armana.] Calendrier populaire. _ Il n' y aurait pas grand' chôse à dire de ce mot s' il n' entrait dans quelques expressions familières. Faire des almanachs, des prédictions. "Il y a encôre des gens, qui veulent faire des almanachs, mais pour cette année ils~ se sont trompés. SEV. _ Je ne prendrai pas de vos almanachs, je ne prendrai pas conseil de vous sur l' avenir: vos prédictions, vos conjectures ne sont pas sûres. "J' ai beau dire la vérité, on ne prend plus de mes almanachs. Lucien de d' Ablancourt. _ On dit aussi d' un homme qui se ressent des changemens de temps, que son corps est un almanach.

ALOèS


ALOèS, s. m. [Alo-ès, 3eè ouv. et long; l' s se pron. fortement. Dans Trévoux et le Dict. Gramm. on met Aloes ou Aloë, et l' on fait prononcer aloé. L' Acad. ne met que le 1er et c' est le seul bon] Nom d' un arbre qui croît aux Indes, et d' une plante qui vient en Arabie.

ALOI


ALOI, s. m. [A-loa, 2e dout. Trév. et le D. Gramm. écrivent alloi avec 2 l. L' Acad. a adopté l' orth. de Richelet et n' en met qu' une] Le titre que l' or et l' argent doivent avoir. L' argent est de bon aloi, quand il est au titre de l' Ordonance; de bâs aloi, quand il est au-dessous. On dit aussi figurément qu' une chôse est de bon ou de mauvais aloi.
   Mieux te vaudroit perdre ta renomée
   Que la cueillir de si chétif aloi.      Rouss.
  Et c' est depuis ce temps, que sans la modestie
  Il n' est point de vertu qui soît de bon aloi.
L' Ab. Reyre.

ALOïAU


ALOïAU, Richelet. Voy. ALOYAU. L' ï avec les 2 points ne marque pas la prononciation véritable de ce mot: il sert seulement à détacher l' ï de l' o et à faire prononcer alo-io et avec l' y grec on prononce aloa-io.

ALONGE


ALONGE, s. f. ALONGEMENT, s. m. ALONGER, v. act. Richelet. Acad.Dict. d' Orth. Rich. Port. _[Trév. et le Dict. Gramm. Allonge, etc. avec 2 ll: 2e lon. 3ee muet aux 2 1ers, é fer. au 3e; en a le son d' an au 2d. alongeman, alongé.] s. f. Pièce qu' on met à un habit, à un rideau, à un meuble pour l' alonger. _ s. m. Augmentation de longueur. v. act. Faire qu' une chôse soit ou paraîsse plus longue, plus étendue. Acad. Rendre plus long. Trév.
   Rem. Alongement se dit au figuré. "Cet homme cherche toujours quelque alongement ou des alongemens dans les affaires. "Ce sont des alongemens qui ne finissent plus. _ On dit dans le style familier, alonger un coup d' épée, une estocade, porter un coup d' épée, etc. en alongeant le bras. Et dans le style proverbial, alonger la courroie ou le parchemin, étendre les chôses au-delà du pouvoir qu' on a reçû, ou de la dispense qui nous a été donée. C' est aussi ménager la dépense pour joindre les deux bouts de l' an.

ALORS


ALORS, adv. [Pron. alor, et devant une voyelle, alorz] En ce temps-là. _ Alors se place à la tête de la phrâse et devant le sujet, (le nominatif) ou après le verbe; toujours après l' infinitif et après le participe dans les temps composés. Alors il me dit, il me dit alors; je ne pus le faire alors; il l' a fait alors. M. Moreau le met entre le pronom qui nominatif et le verbe: cette construction est un peu sauvage. "Ceux, qui alors recevoient une éducation un peu plus distinguée, ne conoissoient d' autre profession que les armes. _ Cet illustre Auteur a voulu sans doute raprocher, autant qu' il était possible, le verbe recevaient de son régime éducation, mais alors placé entre deux, ne les aurait pas trop éloignés. _ Après alors, placé à la tête de la phrâse, on met quelquefois le verbe devant le sujet (le nominatif). "Alors commençoit donc cette Lutte terrible de la puissance armée contre la liberté, qui ne l' étoit pas. Moreau.
   * Rem. 1°. Cet adverbe ne modifie pas les noms, mais les verbes. Cette règle parait sensible dans la phrâse suivante. "L' extrême jeunesse de Charles alors, l' incapacité de juger des chôses par lui-même, plaidaient en sa faveur. Hist. d' Angl. Cette jeunesse alors a quelque chôse de sauvage.
   * 2°. Alorsque pour lorsque, a commencé du temps de Vaugelas. Les Poètes ont introduit cette erreur, dit-il, quand ils ont eu besoin d' une syllabe.
   Alors que de ton passage,
   On leur fera le message.      Malherbe.
Mais quand ils ont une syllabe de trop, ils sont bien aises de dire lorsque, se servant aussi souvent de l' un que de l' autre dans les ocasions. _ On ne doit pas chicaner là-dessus les Poètes: ils ont trop d' entrâves qui les lient, et trop de difficultés à vaincre, pour qu' on leur dispute quelques libertés qu' ils se donent dans une Langue, qui en souffre si peu. _ Pour la prôse, Vaugelas témoigne qu' à la ville, à la cour, hommes, femmes, enfans disaient toujours lorsque; et qu' il était extrêmement rare d' entendre dire, alorsque. _ Mde. de Sévigné l' a pourtant employé; mais elle n' est pas à imiter. "Ce M. de Nevers, si extraordinaire qu' il glisse des mains, alors qu' on y pense le moins, il épouse enfin, etc. _ Quelques Prosateurs le disent encôre aujourd' hui, et des Prédicateurs de Province, qui croient se distinguer par-là, et ne réussissent qu' à se faire moquer. "On se croit un penseur profond, alors qu' on affiche le délire d' un raisoneur hardi ou extravagant.. Journ. de Monsieur. Pourquoi ne pas dire lorsque, comme tout le monde?
   ALORS est quelquefois suivi de la conjonction que, mais c' est un autre sens; et ce n' est pas lui qui régit cette conjonction dans cette ocasion. C' est alors que vous verrez l' effet de mes menaces. Le que dans cette phrâse est régi par c' est, et non pas par alors, et ce dernier y conserve son caractère d' adverbe. _ Le Rich. Port. admet alorsque pour la Poésie; l' Acad. n' en dit ni bien ni mal.
   3°. Dans le Dict. Gramm. on condamne dès alors, et les hommes d' alors. L' Acad. met pourtant, les manières d' alors, la mode d' alors, de ce temps-là.
   On dit proverbialement, alors comme alors; quand on sera à ce temps-là, on avisera à ce qu' il faut faire, ou l' on suportera ce qu' on ne pourra empêcher.

ALôSE


ALôSE, s. f. [Alôze, l' ô est long: il convient de le marquer d' un acc. circ.] Sorte de poisson de mer, qui remonte au printemps dans les rivières.

ALOUETTE


ALOUETTE, ou ALOUèTE, s. f. [3e è moy. 4e e muet. A-lou-ète, tout bref.] Petit oiseau fort conu. _ On apelle communément des terres sabloneûses, terres à alouettes. _ On dit proverbialement, pour se moquer d' une suposition absurde: si le ciel tomboit, il y auroit bien des alouettes prises. C' est un proverbe latin. _ Si coelum caderet, multoe caperentur alaudoe; Et d' un paresseux qui voudrait avoir les chôses sans peine: "Il attend que les alouettes lui tombent toutes rôties dans le bec.

ALOURDIR


ALOURDIR, v. a. [A-lour-di, tout bref.] Rendre lourd, apésantir. Il ne se dit qu' au participe et aux temps composés. Cela m' a tout alourdi, je suis tout alourdi, j' ai la tête toute alourdie. C' est un mot de conversation, qui ne passe pas le style familier. Il ne se dit point des chôses. L' Ab. Laugier parlant du Panthéon, dit que "les marches alourdissent la calotte, (la rendent plus pesante) et la font paroître plus écrasée. _ Dans le Rich. Port. on met s' alourdir, devenir lourd, que l' Acad. ne met pas, et que l' usage n' aprouve pas. On ne s' alourdit pas soi-même. _ Autrefois on lui donait le sens de rendre sourd. Il est vieux en ce sens-là.

ALOYAU


ALOYAU, s. m. [Aloa-io. Voy. ALOïAU.] Pièce de boeuf coupée le long du dôs. Aloyau rôti, aloyau en ragoût.

ALPHABET


ALPHABET, s. m. [Alfabè, 3eè moy. tout bref.] Recueil de toutes les lettres d' une Langue. _ Petit Livret, qui contient ces lettres.
   Rem. 1°. On dit ordinairement que l' Alphabet Français est composé de 23 lettres, (car l' E n' est pas un son particulier) on ne compte donc l' j consone et l' i voyelle que pour une seule lettre, et ainsi de l' u voyelle et du v, ou du ve consone. Mais puisque avec ces deux consones j et v il y a 25 caractères; il y a donc 25 lettres. _ L' Ab. Girard souhaitait que dorénavant, dans les Dictionaires, on observât cet ordre alphabétique de 25 lettres; en sorte que les mots, qui commencent par des J et des V. consones, y parussent réunis sous leurs propres caractères, et distingués de ceux qui comencent par I et U voyelles, au lieu d' y être mélés et confondus les uns entre les autres. L' Acad. a fait droit au désir de l' Ab. Girard, et d' un grand nombre de Gens de Lettres. Dans la dernière édition de son Dictionaire, elle a fait cette séparation juste et convenable des J et V consones, d' avec les I et U voyelles. Nous nous sommes fait aussi un devoir de suivre cette méthode, à laquelle nous nous étions déterminés d' après la remarque de l' Ab. Girard, avant de faire attention que l' Acad. l' avait adoptée.
   2°. Depuis quelques années on a changé la prononciation des lettres de l' Alphabet: on avait toujours dit, , , , èfe, , ache, èle, ème, ène, , qu, ère, èce, , ikce, zède; mêlant dans la prononciation de ces lettres l' é fer. avec l' è moy. et l' e muet, et plaçant les consones, tantôt à la tête, tantôt au milieu de la syllabe. Aujourd' hui on fait prononcer aux enfans qui aprènent à lire, be, ce, de, fe, ge, he, le, me, ne, pe, re, se, te, kce, ze. Je ne vois pas ce qu' on a gâgné à cette nouvelle méthode. On aprend à la vérité aux enfans, à prononcer l' e muet, mais cet e n' est pas le seul qui soit employé dans les mots de la Langue, et il est aussi ridicule de prononcer cet e muet lorsqu' il est fermé, que de le prononcer fermé, moyen, ou ouvert, quand il est muet. C' est une faute aussi grossière de prononcer la mémoire, que la mésure. Il faudra donc un alphabet pour chacun des quatre e qui se rencontrent dans les mots de la langue; et alors, j' ôse dire, que ce n' est pas par l' e muet qu' il falait comencer, cet e muet ayant un son sourd et obtus, qui est le désespoir des Musiciens. Le son de l' é fer., employé dans l' anciène prononciation des consones de l' Alphabet, est plus clair et plus aisé, et plus propre des élémens de la prononciation. Rien n' empêchait d' y ajouter la prononciation des autres e, et de rendre ainsi la première instruction plus utile. Le seul défaut à corriger dans l' ancien Alphabet est, à mon avis, ce mêlange de consones, qui comencent la syllabe, et de celles qui sont au milieu, , , èfe, èle, etc. On n' aurait pas dû les confondre. J' aurais voulu au moins deux Alphabets: , , , , , , , , , , , qué [], , , , , [kcé], , et èbe, èce, ède, èfe, ège, èje; èle, ème, ène, èpe, èque (èke) ère, èce, ète, ève, exe (ekce), èze. _ On aurait pu y ajouter le ch, qui est un son distingué des autres, et qui mériterait d' être mis au nombre des caractères de la Langue, de sorte qu' au lieu de 25 lettres, il y en eût eu 26; ché, èche.
   En style proverbial, on dit d' un homme qui n' a que les premiers élémens d' une science, qu' il n' est encore qu' à l' alphabet, et de celui qui n' a pas même les premiers principes d' une chôse dont on parle, qu' il faut le renvoyer à l' Alphabet. Voy. A B C.

ALPHABÉTIQUE


ALPHABÉTIQUE, adj. [Alfabétike; 3e é fer.] Qui est selon l' ordre de l' alphabet. Ordre alphabétique: table alphabétique.

ALTE


ALTE, s. f. Voy. HALTE.
   Alte-là! Interj. c. à. d. doucement, arrêtez-vous, n' allez pas plus avant.
   Alte-là! mon beau-frère,
   Vous ne conoissez pas celui dont vous parlez.

ALTÉRATION


ALTÉRATION, s. f. [Altéra-cion, et en vers ci-on, 2e é fer. tout bref.] 1°. Changement de bien en mal; altération dans la santé, dans le sang, dans les humeurs; et au fig. altération dans les esprits, dans l' amitié, etc. = 2°. Émotion d' esprit. "Il dit cela avec altération. Son discours causa une grande altération dans les esprits. = 3°. Grande soif: "l' altération est une suite de la fièvre. = 4°. Falsification des monnoies par l' excès de l' alliage. _ Voy. une remarque à ALTÉRER, n°. 1.

ALTERCATION


ALTERCATION, s. f. [Altèrka-cion, et en vers, ci-on.] Débat, dispute, contestation. Voy. CONTESTATION.

ALTÉRER


ALTÉRER, v. a. [Altéré, 2 é fer. tout bref.] Il a tous les sens que nous avons marqués à altération: "Le soleil altère les couleurs, et le grand chaud les liqueurs. La fièvre altére les humeurs. _ Altérer les esprits, l' amitié: altérer un discours, le raporter autrement qu' il n' a été prononcé ou écrit; altérer un texte, le sens des écritures, les détourner dans un sens différent de celui qui est reçu pour le véritable. _ Les médecines altèrent ordinairement. _ Altérer les monoies.
   S' ALTÉRER, v. réc. Le vin s' altère, les bones coutumes s' altèrent, (changent peu à peu.)
   * Rem. 1°. Le verbe et le subst. se disent de la soif: "Le poivre altère, ou cause de l' altération: mais altérer ne se dit pas neutralement dans un sens passif. Ne dites pas, j' altère beaucoup, comme je l' ai ouï dire à plusieurs: dites, je suis beaucoup altéré. _ Vaugelas, dans sa Traduction de Quinte-Curce, dit que; "la chaleur venant à croître, l' altération se ralluma. Est-ce de l' altération de l' air, ou de la soif des soldats qu' il a voulu parler? Ni avec l' une, ni avec l' autre, se rallumer n' était pas le terme propre. C' est le feu qui se rallume, et l' altération n' est pas le feu, mais son effet. _ L' Ab. Prévot dit: "Sa mort produisit une grande altération: il sous-entend dans les affaires; mais il aurait mieux valu l' exprimer.
   * 2°. Rousseau emploie s' altérer dans le sens d' être choqué, indigné.
   Et sa grande âme ne s' altère
   Ni des triomphes de Tibère,
   Ni des disgrâces de Varus.
On peut croire que la rime a nécessité le choix de cette expression, que l' usage n' admet pas.

ALTÉRÉ


ALTÉRÉ, ÉE. Partic. Il s' emploie au propre sans régime. Changé, corrompu, falsifié; qui a soif, qui a envie de boire. Troublé, ému. On dit au figuré, altéré de sang et de carnage. On le dit même des armes. "Les traits entrent bien avant dans la terre, sans pouvoir se rassasier du sang dont ils sont altérés. Mde. Dacier, Iliade. _ Mais on ne dit pas d' un homme qui a soif, qu' il est altéré d' eau ou de vin.

ALTERNATIF


ALTERNATIF, ÎVE, adj. [l' f se pron. au masc. l' î est long au fém.] Il se dit de deux chôses qui agissent l' une après l' autre continuellement; mouvement alternatif, ou de deux persones qui exercent tour-à-tour de certaines fonctions; office alternatif, charge alternative.
   En Gramaire on apelle conjonctions alternatives ces trois-ci, ou, sinon, tantôt: "l' un ou l' autre: "domptez vos passions, si non elles vous maîtriseront: "Tantôt l' un, tantôt l' autre.

ALTERNATîVE


ALTERNATîVE, s. f. [l' î est long, dern. e muet.] Option entre deux propositions, entre deux chôses. Offrir, doner l' alternative p. ex. ou de rendre, ou de payer.
   * Quelques-uns disent à l' alternative pour alternativement. Le P. Barre dit à l' alternatif: "Ils convinrent qu' ils commanderoient à l' alternatif. Hist. d' Allem. Un Auteur très-moderne a dit aussi: "Embarrasser le Ministre par l' alternatif ou de soutenir le choc de.... ou de sacrifier l' Administrateur des Finances. Le M. de C.... à M. d' Al..... C' est un vrai barbarisme. _ L' Académie ne met ni alternatif subst. ni à l' alternative, ou à l' alternatif, adverbes.

ALTERNATIVEMENT


ALTERNATIVEMENT, adv. [Altèrna--tîveman, 2e è ouv. 4e lon. 5e e muet; dans la 6e, en a le son d' an.] Tour-à-tour et l' un après l' aûtre. "Ils convinrent qu' ils commanderoient alternativement~. Voy. une Remarque au mot ALTERNATîVE.

ALTESSE


ALTESSE, s. f. [Altèce; 2eè moy. 3e e muet, tout bref.] Titre d' honeur qu' on done à différens Princes. Altesse Royale, ou Sérénissime, ou Électorale. Traiter d' Altesse, doner de l' Altesse à, etc.

ALTIER


ALTIER, IèRE, adj. [Al-tièr, ou tié, tiè-re.] L' Acad. avertit de prononcer l' r. M. de Wailly dans le Rich. Port. dit que plusieurs prononcent ce mot comme entier. _ Boileau dans l' Art Poétique le fait rimer avec fier.
   La colère est superbe et veut des mots altiers:
   L' abatement s' exprime en des termes moins fiers.
Et dans le Lutrin, avec quartier.
   Ce Péruquier superbe est l' effroi du quartier,
   Et son courage est peint sur son visage altier.
Voilà deux prononciations bien diférentes.
   La prononciation de ce mot n' est donc pas encôre bien fixée, et les sentimens, comme l' usage, sont partagés.
   ALTIER, superbe, qui a de la fierté. Il ne se dit guère des persones, mais de leur air, de leurs manières, de leurs discours. Il se place ordinairement après le substantif, sur-tout au masc. Esprit altièr, mine altière. Voy. les vers de Boileau ci-dessus. "Tel un lion..... Dès qu' il voit la main qui dompta sa farouche jeunesse, plie sous le poids de la chaine, sa tête altière. Jér. Dél. _ Le fém. en vers et dans la prose poétique peut précéder élégamment.
   Et fausse trop souvent, cette altière sagesse
   N' atend qu' un crime heureux pour montrer sa bassesse.       Gresset.

ALUMER


ALUMER. Richelet. Voy. ALLUMER avec 2 ll.

ALUMELLE


ALUMELLE, s. f. Lame de couteau. il vieillit. Acad.

ALUMINEûX


ALUMINEûX, EûSE, adj. Qui tient de l' alun. [Alumi-neû, neû-ze, 4e lon.] Eau alumineûse.

ALUN


ALUN, s. m. ALUNER, v. a. [A-leun, luné; tout bref.] Sorte de minéral d' un goût acide. _ Tremper dans de l' eau d' alun. Aluner du papier, des étoffes.

ALûRE


ALûRE, ALUSION. Richelet. Voy. ALLûRE, ALLUSION.

ALZAN


ALZAN. Voy. ALEZAN.

AM


AM est toujours long, quand il est suivi d' une autre consone: chambre, champ, jambe, lampe, pampre, etc. Quand l' m est redoublée, il est bref, excepté dans flamme. [Il conviendrait donc d' écrire flâme, et il n' y aurait pas d' exception.] Enflammer a la 2e brève. Il serait bon aussi de l' écrire avec une seule m, enflamer, comme entamer.

AMABILITÉ


AMABILITÉ, s. f. [tout bref, dern. é fer.] Amabilité est dans Danet et dans les Additions au Dict. de Richelet. L' Acad. ne l' avait pas d' abord mis dans les premières éditions de son Dict.; dans la dern. elle le met sans remarque et sans exemple: qualité de ce qui est aimable. _ Mde de Sévigné a dit aimabilité, et il y avait dans ce mot plus d' analogîe avec aimable, dont il est dérivé. L' usage a préféré l' étymologie latine, amabilis. _ Dit-on amabilités, au pluriel? Je pense qu' oui, et qu' on en trouverait des exemples dans de bons Auteurs.

AMADOU


AMADOU, s. m. [Ama-dou, tout bref.] Mêche faite avec une espèce de champignon.

AMADOUER


AMADOUER, v. a. [Ama-dou-é, tout bref.] Flater, caresser avec des paroles douces pour attirer à soi: "Il l' amadoua par de belles paroles. _ Il n' est que du style familier, et tout au plus du style simple et modéré. L' Acad. le met sans remarque.

AMAIGRIR


AMAIGRIR, v. a. et n. [Amégri, 2eé fer. tout bref.] Rendre maigre. _ Devenir maigre: "Le travail l' a amaigri: il amaigrit tous les jours. Acad.
   Rem. Plusieurs pensent, et je serais de ce sentiment, qu' amaigrir n' est pas neutre, comme maigrir n' est pas actif; et qu' au lieu de dire il amaigrit à vue d' oeil, il faut dire, il maigrit.

AMAIGRISSEMENT


AMAIGRISSEMENT, s. m. [Amégrice--man; 2e é fer. 4e e muet.] État d' une persone qui maigrit.

AMALGAMER


AMALGAMER, v. a. [tout bref, dern. é fer.] Terme de chimie. Unir l' or, l' argent, etc. avec le mercûre. Acad. Méler le mercûre avec quelque métal fondu. Le métal, par ce mélange, devient propre à s' étendre sur les ouvrages. Paulian. Dict. de Phys.
   Rem. Quelques Auteurs modernes ont employé amalgamer au figuré. Plusieurs ouvrages, d' ailleurs estimables, sont pleins de pareilles métaphôres, tirées de la Chimie, de la Physique, de la Géométrie, de l' Algèbre même, métaphôres souvent entassées dans un court espace, et aussi fatigantes pour les savans, qu' intelligibles pour le commun des lecteurs. L' Ab. Coyer s' est servi d' amalgamer, mais c' est dans le sens ironique et moqueur. "Le sel volatil de Sénèque et le sublime de Tacite sont amalgamés dans ses écrits, et en font le corps et l' âme.

AMANDE


AMANDE, s. f. [2e lon. 3ee muet.] Fruit de l' Amandier. Il se dit aussi du dedans des noyaux, des autres fruits à noyaux.
   Rem. Amande, fruit, se distingue par l' orth. d' amende, peine pécuniaire. Richelet écrit celui-ci avec un a comme l' autre. Voyez AMENDE.

AMANDEMENT


AMANDEMENT, AMANDER. Voyez AMENDEMENT, AMENDER.

AMANDIER


AMANDIER, s. m. [Aman-dié, 2e lon. 3e é fer.] Arbre qui porte les amandes. Les amandiers fleurissent de bonne heure: ils sont sujets à geler: plantation d' amandiers, allée d' amandiers.

AMANT


AMANT, AMANTE, s. m. et f. Celui ou celle qui aime avec passion une persone d' un autre sexe.
   AMANT, AMATEUR, AMOUREUX (synon.) Le 1er ne se dit que des persones, qui s' aiment d' amour. Amante ne se dit guère qu' en vers, maîtresse qu' en prôse. Amateur n' est en usage que pour marquer l' affection qu' on a pour les chôses; amateur de la gloire, des livres, des nouveautés. AMOUREUX réunit les deux: il se dit et de l' amour qu' on a pour les persones, et de l' affection qu' on porte aux chôses. Elle est amoureuse de lui. "Amoureux de livres, de tableaux, de la gloriole. L. T. _ Amant ne se dit qu' au propre; Amoureux se dit au propre et au figuré de tout ce qui peut plaire. N' imitez pas Desmarets quand il dit:
   Amans trop obstinés de la Langue Latine.
Quoiqu' il personifie en quelque sorte la Langue Latine dans ce vers, amant est une terme impropre.
   AMANT, GALANT, (synon.) L' Ab. Girard remarque avec raison que le mot de galant, quand il est synon. d' amant, n' est plus si en usage qu' il l' était autrefois: et que celui-ci s' est seul emparé de la place. Il ne doute pas que la préférence ne vienne des idées accessoires qui les caractérisent. Elles représentent un amant, comme quelque chôse de plus permis et de plus honête que n' est un galant; le premier ne demandant que d' être aimé; et le second voulant être favorisé. On peut être l' un et l' autre sans aimer véritablement, et uniquement par des vûës d' intérêt. "Une laide fille, qui est riche, est sujette à trouver de tels amans, et une vieille femme, qui paye, peut avoir de tels galans. "Un homme se fait amant d' une persone qui lui plait; il devient le galant de celle à qui il plait. _ "Une fille bien élevée ne doit jamais soufrir auprès d' elle d' autres amans que ceux que ses parens agréent: une femme adroite sait mettre son galant au nombre des amis de son mari. GIR. Synon. On peut dire que dans ce siècle il ne faut pas une très-grande adresse pour y réussir. _ Amant, amoureux. (Synon.) Voyez AMOUREUX.
   AMANS se dit au pluriel de deux persones de différens sexes qui s' aiment: "Ces deux amans sont sur le point de se marier. Acad. On le dit aussi, et au masc. et au fém. quand on parle, ou en général des persones qui s' aiment, ou en particulier de deux ou de plusieurs de ces persones. "Les amans sont indiscrets: les amantes sont capricieûses. "Les deux amans s' acordèrent à tromper leurs amantes: celles ci le comprirent, et se moquèrent de ces amans faux et mal habiles.

AMARANTE


AMARANTE, ou AMARANTHE, s. f. [3e lon. 4e e muet.] Il n' y a aucune raison pour écrire Amaranthe avec une h; l' étymologie n' exige point cette orthographe; et le Père Tachard, aussi bien que M. Ménage, avaient raison de dire qu' il faut écrire amarante. L' Acad. a été d' un autre avis, et écrit amaranthe. Le Dict. Port. de Richelet l' a suivie, comme il le fait ordinairement.
   AMARANTE (Amarantus) fleur d' Automne, qu' on nomme autrement passe-velours, fleur d' amour, immortelle. Trév.

AMARINER


AMARINER, v. a. [dern. é fer. tout br.] (Terme de marine.) Amariner un vaisseau, c' est y envoyer des gens, quand on l' a pris, pour remplacer l' équipage qu' on en retire, en tout, ou en partie.

AMARRAGE


AMARRAGE, s. m. AMâRRE, s. f. AMâRRER, v. a. [Amarage, amâre, amâ--ré; 2e br. au 1er, lon. aux 2 autres.] L' amârre est un câble avec lequel on atache; amârrer c' est donc attacher avec un câble, et amarrage, l' ancrage ou le mouillage, qui se fait par le moyen des câbles attachés aux ancres, ou aux anneaux qui sont sur le rivage, ou aux balises et bouées, etc.

AMâS


AMâS, s. m. [Amâ, 2e lon.] Assemblage de plusieurs chôses dans un même lieu, amâs de bled, d' huile, de provisions, de matériaux, d' argent, etc. etc. _ Il se dit plus rarement des persones; grand amâs de peuple, amâs de toute sorte de gens. Amâs est noble au figuré.
   Tout ce pompeux amâs d' expressions frivoles.
       Boil.
  Ce long amâs d' aïeux que vous diffamez tous.Id.
  Un long amâs d' honeurs rend Thésée excusable.
       Rac.
* Rem. M. le Blond a dit: "Les planchers s' afaissent sous l' amâs des grains amoncelés. Dans le Mercûre on trouve qu' amas amoncelés est un pléonasme très-défectueux.

AMâSSER


AMâSSER, v. a. [Amâcé, 2e lon. 3e é fer.] 1°. Faire amâs ou un amâs de.... Mettre ensemble. Il se dit ordinairement des chôses, et quelquefois des persones. Amâsser de l' argent, des fonds, de grands biens; amâsser des provisions, des matériaux, etc. _ Amâsser des troupes, des amis pour se défendre, etc. _ S' amâsser se dit en ce sens-là: les sâbles s' amâssent, les mauvaises humeurs s' amâssent; le peuple s' amâsse. = 2°. Relever de terre ce qui est tombé. Amâsser ses gants. Dans cette acception, il vieillit, et l' on dit plutôt ramâsser.
   * Rem. Ménage blâme Balzac d' avoir dit: amâsser des préparatifs de guerre. Le terme en effet est impropre: Il faut dire, faire des préparatifs de guerre. On amâsse des armes, des provisions, qui sont des préparatifs de guerre, mais en les amâssant, on fait ces préparatifs.
   2°. Amâsser s'~ emploie~ quelquefois neutralement.
   La vieillesse chagrine incessamment amâsse.
       Boil.
On sous-entend du bien, de l' argent.
3°. Actif, il régit quelquefois la prép. sur. Il amâsse sou sur sou. "Pourquoi, fou que vous êtes, amâssez-vous talent sur talent? Lucien, Traduct. de d' Abl.

AMATEUR


AMATEUR, adj. et s. m. [Ama-teur, tout bref.] Qui a beaucoup d' attachement pour: il ne régit que les chôses. Voyez AMANT: un héros, un savant, amateur de la gloire; amateur de la musique, de la la peinture. _ Aujourd' hui on l' emploie substantivement et sans régime. "C' est un amateur. "Ceux qui n' ôsent se dire conaisseurs, s' apellent amateurs.

AMATRICE


*AMATRICE, s. f. J. J. Rousseau et M. Linguet ont employé ce mot. Un inconu prétend que c' est un mot nouveau et inutile, et qu' on doit dire une femme amateur, comme on dit une femme auteur. Il est certain qu' amatrice est un mot nouveau, mais il n' est rien moins qu' inutile aujourd' hui que les femmes se piquent de goût pour les arts, autant et plus que les hommes. Pour la femme amateur, que l' inconu veut qu' on emploie au lieu d' amatrice, et à l' imitation de la femme auteur; c' est aussi une nouveauté, et moins autorisée, et qui choque bien plus l' oreille qu' amatrice.

AMAZôNE


AMAZôNE, s. f. [3e lon. il ne faut donc pas écrire Amazonne avec 2 n.] _ Femme de courage mâle, et guerrière.

AMBASSADE


AMBASSADE, s. f. AMBASSADEUR, s. m. [Anba-sade, sa-deur, tout bref. Dans le Dict. Gram. on met la 2e longue; c' est une méprise.] Emploi, fonction d' un homme envoyé par un Prince ou un État Souverain à un autre État, ou à un autre Prince. _ Celui qui est envoyé pour cette fonction.
   On le dit figurément dans le style familier, d' une négociation pour une afaire particulière; faire une ambassade, se charger, s' aquiter d' une ambassade: "Vous ne pouviez employer un plus habile ambassadeur. _ On dit aussi proverbialement et ironiquement: La belle ambassade! quand quelqu' un a fait tout de travers et n' a pas réussi. "Je suis très-content de mon ambassade; (c. à. d. de ma visite.) Marivaux.

AMBASSADRICE


AMBASSADRICE, s. f. [Dans une édition de d' Avrigny, on lit Ambassadrisse. C' est une faute d' imprimerie.] La femme de l' Ambassadeur. On l' a dit autrefois d' une Dame chargée d' une ambassade. _ On le dit encore dans le style familier d' une femme chargée de traiter quelqu' afaire entre particuliers. "Vous ne pouviez manquer de réussir avec une pareille ambassadrice.

AMBESAS


AMBESAS, s. m. [Anbezâs, 2ee muet, 1re et 3e lon.] Terme de trictrac. Il se dit quand les deux dés amènent deux as. On dit plus communément beset.

AMBIANT


AMBIANT, ANTE, adj. [Anbi-an, ante, 2e br. 1re et 3e lon.] Environant. Il ne se dit qu' en physique, en parlant de l' air. Le P. Laugier en a étendu l' usage; les maisons ambiantes, c. à. d. qui environent une place. Essai sur l' Archit. Il est vrai qu' il l' a mis en italique. _ Leibnitz l' a employé substantivement. "Les corps ont besoin d' être comprimés par les ambiants. On doit dire par les autre corps ambiants. Le substantif est plus court, mais il n' est pas selon l' usage.

AMBIDEXTRE


AMBIDEXTRE, adj. [Anbi-dèks-tre. 1re lon. 3e è moy. 4e e muet.] Qui se sert également de ses deux mains. _ On a apelé, par métaphôre, ambidextre un Juge qui reçoit des présens de l' une et de l' autre des parties. Cette aplication est une invention de la malignité.

AMBIGU


AMBIGU, ÛE, adj. [3e lon. au 2d.] douteux, qui peut avoir double sens, terme ambigu, parole, réponse ambigûe.

AMBIGU


AMBIGU, s. m. Repas où l' on sert tout à la fois la viande et le fruit, et qui tient de la collation et du souper. Ambigu magnifique. _ Au figuré, mélange de chôses oposées.
   Elle est un ambigu de prude & de coquette.

AMBIGUITÉ


AMBIGUITÉ, s. f. [Ambigu-ité, et non pas ghité, tout bref.] Défaut d' un discours équivoque et susceptible de plusieurs sens. Parler sans ambiguïté. "Il y a toujours de l' ambiguïté dans tout ce qu' il dit.

AMBIGUMENT


AMBIGUMENT, adv. [Anbiguman. On écrivait autrefois ambiguement. On a bien fait de retrancher l' e qui est inutile.] D' une manière ambigüe, équivoque. Il parle, il répond toujours ambigument.

AMBITIEûSEMENT


AMBITIEûSEMENT, adv. [Ambi-cieû--zeman, en vers ci-eû. 3e lon.] Avec ambition. Rechercher ambitieûsement les honeurs. _ Au figuré, il se dit du style, et signifie pompeusement, en employant des ornemens recherchés et ambitieux. Voy. AMBITIEUX.

AMBITIEûX


AMBITIEûX, EûSE, adj. [Anbi-cieû, cieû-ze, 2e et 3e lon. En vers, ci-eû, ci-eûze.] Qui a de l' ambition, homme ambitieûx, femme ambitieûse. _ On apelle ornemens ambitieux, dans un discours, des ornemens trop recherchés, trop afectés. "L' Auteur prouve que sans tous ces ornemens ambitieux, une narration est animée, rapide, énergique, et vraiment intéressante. Ann. Litt.
   Rem. Suivant le P. Bouhours, ambitieux ne régit point les noms: ambitieux d' honeur ne lui plaisait pas: Ménage trouvait l' expression très-bonne. La Touche pense qu' on peut doner un régime à cet adjectif, sur--tout en poésie. L' Académie paraissait être de ce dernier sentiment. Je ne sais si elle en a changé; mais dans la dern. édit. de son Dict., elle ne done point d' exemple d' ambitieux avec un régime. Plusieurs Auteurs lui en ont doné un: Boileau a dit, ambitieux de gloire. L. Racine dit des Saints:
   Ils sont ambitieux de plus nobles richesses.
   Ambitieux de vaincre, et non de discourir.
"Les sufrages d' une cabale ambitieûse d' inover, encouragent et multiplient nos Lucrèces modernes.
   AMBITIEUX, quand il est sans régime, suit ordinairement le substantif. Projet ambitieûx, cabale ambitieûse. Dans la Poésie ou la prôse Poëtique ou Oratoire, il peut précéder: ambitieux projets, ambitieûse faction.
   AMBITIEUX, s. m. Les ambitieux se permettent tout pour parvenir à leurs fins. Acad. "Un ambitieux a autant de maîtres qu' il y a de gens qui lui sont utiles. La Bruy.

AMBITION


AMBITION, s. f. [Anbi-cion, et en vers ci-on, 1re lon.] Desir immodéré d' honeur, d' élévation. Ambition démesurée, insatiable: avoir de l' ambition.
   L' AMBITION est presque toujours un vice, il y a pourtant une noble ambition, mais alors il faut en détourner le sens, dit l' Acad. par une épithète, ou par quelque chôse d' équivalent. Ambition louable, honête. "Ce Prince n' a pas d' autre ambition que de rendre ses peuples heureux. _ Ambition ne régit pas les noms; mais les verbes. On dit l' ambition d' aquérir de la gloire; mais on ne dit pas une noble ambition de gloire. Th. d' Educ._ Voy. AMBITIONER.

AMBITIONER


AMBITIONER, v. a. [Anbi-cio-né, 1re lon.] L' Acad. avait dabord aprouvé ce mot, condamné par Vaugelas et par Bouhours, aprouvé par Ménage et par Th. Corneille. Dans la 2e Édition, elle dit qu' il n' est guère d' usage que dans la phrâse suivante, et aûtres semblables. "La gloire de vous servir, est la chôse du monde que j' ambitione le plus. Ce mot est aujourd' hui si universellement établi, et dans le beau style, qu' il est inutile d' en citer des exemples. Dans la dern. Édit. l' Acad. dit, ambitioner les honeurs, les dignités, etc. Elle ajoute qu' il se dit par exagération dans les formules de civilité; et elle cite la phrâse raportée plus haut.
   AMBITION régit de devant les verbes: "Il a l' ambition de parvenir au premier rang. Ambitioner a le même régime: "Il ambitione de se faire une haute réputation. Mais le substantif ne régit par les noms. "Le discours du jeune Magistrat n' avoit aucune ambition d' éloquence. Journ. de Paris. Afectation aurait été un mot plus propre. Avec ce régime, Ambition est un néologisme.

AMBITIONÉ


AMBITIONÉ, ÉE, partic. Souhaité, désiré, recherché avec ambition: poste ambitioné, place ambitionée.

AMBLE


AMBLE, s. m. [Anble; 1re lon. 2e e muet.] Sorte d' alûre du cheval. On dit proverbialement, mettre quelqu' un à l' amble, le ranger à son devoir.

AMBLER


AMBLER, v. n. Aller à l'~ amble. Il vieillit.

AMBRE


AMBRE, s. m. [Anbre; 1re lon. 2e e muet.] Substance résineûse et inflamable. Essence d' ambre, sentir l' ambre. Rousseau l' emploie au figuré, parlant de l' aurôre, et de la rosée du matin.
   Et sur tous les côteaux voisins,
   On voit briller l' ambre fertile,
   Dont elle dore nos raisins.

AMBRER


AMBRER, v. a. Parfumer avec de l' ambre.

AMBRÉ


AMBRÉ, ÉE, adj. Qui a une odeur d' ambre.

AMBROSîE


AMBROSîE, Trév. AMBROISIE, Acad. s. f. [Anbrosî-e; 1re et 3e longues, 4e e muet.] Le latin est ambrosia, pourquoi donc ambroisie, et que fait là cet i après l' o? d' où vient-il? et qui l' a introduit? Si l' on invoque l' étymologie, elle est toute pour ambrosîe: Si l' on invoque l' usage, il est partagé. Nous nous somes décidés pour la manière d' écrire et de prononcer la plus naturelle.
   L' AMBROSIE est, selon la Fable, la nourriture ordinaire des Dieux. On apelle figurément de ce nom un mets délicieux. "C' est du nectar; c' est de l' ambrosîe. _ Ces métaphôres, tirées de la mythologie, sont pourtant un peu passées de mode.

AMBûCHE


*AMBûCHE, AMBUSCADE. Voy. EMBûCHE, EMBUSCADE. _ Mde Dacier emploie tantôt la première manière d' écrire, et tantôt la 2de. D' Avrigny ou son Imprimeur, a écrit aussi Ambuscade.

AMBULANT


AMBULANT, ANTE, adj. ou partic. du verbe inusité ambuler, aller, marcher, se promener, du latin ambulare. _ On ne le dit au propre que d' un Commis qui est obligé par son emploi d' aller de côté et d' autre: Commis ambulant; et de l' Hôpital qui suit l' armée: Hôpital ambulant. _ Suivant l' Acad. on le dit aussi d' un homme qui est toujours par voie et par chemin. "C' est un homme fort ambulant, mener une vie ambulante. Cela n' est que du style badin et familier.

AMBULATOIRE


AMBULATOIRE, adj. [Anbula-toâ-re, 4e lon. 5e e muet.] C' est la même chôse qu' ambulant; mais il ne s' emploie pas de même. Celui-là ne se dit que d' une Jurisdiction qui n' est pas fixée en un même lieu. Le grand Conseil est ambulatoire, le Parlement l' était autrefois. Qui dirait le Parlement ambulant, et un Commis ambulatoire, s' exprimerait très--mal. _ "La Chambre Impériale était au commencement ambulatoire. Charles Quint la rendit sédentaire à Spire. Le Gendre.
On dit proverbialement, la volonté de l' homme est ambulatoire; elle est sujette à changer.

AMBUSCADE


*AMBUSCADE. Voy. ici, AMBûCHE, et voyez, sous la lettre E, EMBUSCADE.

AME


AME, pénult. brève dans presque tous: dame, rame, etc. longue seulement dans âme, blâme, infâme. D' OLIV.

ÂME


ÂME, s. f. [1re lon. Il convient de mettre sur l' â l' acc. circ.] 1°. Ce qui est le principe de la vie dans tous les êtres vivans. Âme végétative, âme sensitive, âme raisonable. = 2°. Il se dit plus particulièrement de l' âme de l' homme; les facultés de l' âme, les puissances de l' âme; aimer Dieu de tout son coeur, de toute son âme. = 3°. Conscience: "Il sait bien en son âme que... "Il faut avoir l' âme bien noire pour faire une si horrible trahison. = 4°. Coeur, sentiment: "cet homme n' a point d' âme; Cet Orateur a de l' âme, il sent ce qu' il dit, et le fait sentîr. = 5°. Persone. "Il n' y avoit pas une âme. Il y a à Marseille plus de cent mille âmes. = 6°. L' âme d' une devise, ce sont les paroles; le corps, ce sont les objets représentés. = 7°. L' âme du canon: le creux où l' on met la poudre et le boulet. = 8°. Dans les instrumens de musique: l' âme, est un petit morceau de bois qu' on met dans le corps de l' instrument sous le chevalet pour soutenir la table. = 9°. On done aussi le nom d' âme aux figures de plâtre ou de terre, qui servent à celles qu' on jette en bronze ou en autre métal.
   Rem. Âme s' emploie au figuré avec la prép. de. "La vérité est l' âme de l' histoire: "La bonne foi est l' âme du commerce * 2°. Il faut prendre garde de ne pas mettre un pronom après les mots âme et esprit, quand ils sont pris personellement. P. ex. les âmes dévotes n' ont pas tant de fiel que la vôtre; les beaux esprits ne sont pas aussi modestes que le vôtre: il faut dire, que vous en avez, que vous l' êtes.
   * 3°. Il n' est pas moins ridicule de dire: "une Ville livrée aux flammes, où vingt mille âmes périssent à la fois. Mercûre. Des âmes qui périssent sont quelque chôse de curieux. Dans ce sens de persone (n°. 5°.), le mot âme prête à des aplications ridicules. "Il y a plus de mille âmes dans ce Village, toutes mal--propres, sourdes, boiteuses, borgnes, bossuës, contrefaites. On sent le ridicule de cette phrâse. On ne doit donc presque jamais doner d' épithète à âme, pris en ce sens. _ Rollin a dit comme M. Garat dans le Mercûre. "La peste emporta plus de huit cens mille âmes. _ Il ne faut parler dans cette acception que des âmes, ou, pour mieux dire, des persones vivantes. "Il y a huit cens mille âmes à Paris, et non pas un million, comme on le prétendait. "J' ai été aux Thuileries, je n' y ai pas trouvé une âme. _ Qu' on ne laisse monter aucune âme là haut. Rac.
   4°. Âme entre dans plusieurs expressions. Rendre l' âme, mourir. Avoir l' âme sur le bord des lèvres, être près d' expirer; avoir l' âme, ou mieux, le coeur sur les lèvres, être franc et sincère, dire facilement tout ce qu' on pense. N' avoir point d' âme, point de vivacité, de sentiment, ou d' ardeur, d' émulation. _ Dans l' âme, en son âme, adverbes. "Vous étiez résoluë dans l' ame à ne rien conclûre. Fonten. "Jûre en son âme de se venger de ce refus. Mercure.

AMÉ


*AMÉ, ÉE, adj. Aimé. Vieux mot, qui n' est plus en usage qu' en style de Chancellerie. "Nos Amés et Féaux les Gens tenant notre Cour de Parlement. Notre Amé et Féal, etc.

AMELETTE


*AMELETTE, s. f. Ménage ne désaprouvait point ce mot, quoiqu' il trouvât qu' omelette valait mieux. L' usage actuel n' aprouve que celui-ci.

AMEINER


*AMEINER. Voy. AMENER. Dans le siècle passé, le 1er était usité. Boileau a encore employé cette orthographe.
   Qui, dans ce champ d' honeur, où le gain les ameine.
   Osent chanter ton nom sans force et sans haleine.

AMÉLIORATION


AMÉLIORATION, s. f. Action d' améliorer, de rendre meilleur. [Améli-ora-cion, en vers, ci-on.] "Ce champ, cette terre sont susceptibles d' amélioration. _ Au pluriel, il se dit des effets de cette action d' améliorer. "Les améliorations qu' il a faites à sa terre, en ont doublé le revenu.

AMÉLIORER


AMÉLIORER, v. a. [Amélio-ré, 2e et dern. é fer. tout bref.] Rendre meilleur. Améliorer une métairie, une terre, etc.

AMEN


AMEN. [pron. amène; en n' y a pas le son d' an.] Terme d' Église, qui entre dans des phrâses françaises du style familier. "Il dit amen à tout; il consent à tout ce qu' on lui demande. "Il n' y a plus qu' à dire amen, dit-on, quand on est ennuyé des harangues de quelqu' un. "Attendez jusqu' à amen, jusqu' à la fin.

AMENDABLE


AMENDABLE, adj. [et non pas Amandable, quoique ce soit ainsi qu' on le prononce. 3e douteûse.] Qui est sujet à l' amende. Acad. Qui mérite d' être condamné à l' amende. Trév. _ Dans le Rich. Port. on lui done un 2d sens: qui peut s' amender, se corriger, se réparer. Celui-ci est douteux.

AMENDE


AMENDE, s. f. [et non pas AMANDE, avec un a, quoiqu' on le prononce de la sorte; 2e lon. 3e e muet.] Peine pécuniaire, imposée par la Justice. Payer l' amende, être mis ou condamné à l' amende.
   AMENDE honorable est une contre-vérité, car elle est infamante. C' est être condamné à aller nud en chemise demander pardon à Dieu, au Roi et à la Justice. Voy. AMENDEMENT.

AMENDEMENT


AMENDEMENT, s. m. [Amandeman; 2e et dern. lon. en a le son d' an 3e e muet.] Pluche écrit tantôt amandement, tantôt amendement. Les Imprimeurs doivent faire attention à ce mot et au suivant, et sur-tout à celui d' amende, pour ne pas le confondre avec amande, fruit de l' amandier.
   AMENDEMENT, 1°. Changement en mieux. Acad. par lequel on devient meilleur. Trév. Il se dit, au physique et au moral, de la santé du corps, et de celle de l' âme. "Il n' y a point d' amendement à sa santé, dans sa conduite. = 2°. Engrais de terres. "Cette terre est maigre; elle a besoin d' amendement.

AMENDER


AMENDER, v. a. [On prononce amandé, mais on ne doit pas l' écrire avec un a; 2e lon. 3e é fer.] 1°. Payer l' amende de.. Terme de Palais. La Cour l' a débouté de l' apel, et l' a condamné à l' amender, à en payer l' amende = 2°. Rendre meilleur. Il n' y a que Dieu qui le puisse amender. En ce sens, il est plus d' usage au réciproque: "Il s' amende, il s' est amendé, il s' amendera. = 3°. Amender des terres, les améliorer par des engrais. = 4°. Il est aussi neutre. "Ce malade n' amende point; il n' a pas amendé depuis la saignée, il n' est pas mieux. "Jamais cheval ni méchant homme n' amenda pour aller à Rome. Il se dit presque toujours avec la négative. = 5°. Baisser de prix: le blé est bien amendé; cela fera amender le vin.
   On dit proverbialement, cela n' amendera pas votre marché, n' en fera rien rabatre du prix; et figurément, ne rendra pas votre condition meilleûre.
   Le reveille-matin eut la tête coupée.
   Ce meurtre n' amenda nullement leur marché.
       La Font.
Car au lieu de se lever plus tard, les servantes se levèrent encore plus matin.
   Rem. AMENDER, pour diminuer de prix, n' est pas si bon, selon quelques-uns, que ramender. L' Acad. les dit également. "Le bled est bien amendé, bien ramendé.
   S' AMENDER, pour se corriger, n' est pas du beau style: le substantif amendement peut plutôt se montrer par tout. "Je veux m' amender, et cet amendement je le jure sans délai. Anon. _ L' Acad. les met l' un et l' autre sans remarque.
   On lit dans le RICH. PORT. amender un ouvrage, en corriger la défectuôsité. Il est vieux en ce sens, et ne se dit plus. On se moquerait d' un Auteur qui anoncerait une Édit. amendée et augmentée. On dit aujourd' hui corriger. On peut dire, en donant à M. de Wailly les éloges qui lui sont dûs, que le Rich. Port. a été bien amendé par ses soins, mais qu' il a besoin de l' être encore plus.

AMENER


AMENER, v. a. [Amené, 2ee muet, mais devant la syllabe fém. il se change en è moyen: j' amène, tu amènes, il amène, ils amènent. On écrivait autrefois, j' ameine, tu ameines, etc. Voy. AMEINER.] Conduire, mener vers quelqu' un ou quelque lieu. Trév. Cette définition n' est pas exacte, car amener ne se dit pas de tout lieu, mais de celui où l' on est. "Il m' a amené ici; amenez-le chez moi. "Quel sujet, quel bon vent, quelle affaire vous amène. _ Et figurément en parlant des chôses, ce vent nous amènera la pluye. = 2°. Introduire, mettre en usage. "Les femmes amènent les modes. 3°. On dit dans le style familier, amener à bien, réussir par sa bone conduite. "Il a amené cette affaire à bien "Son dernier enfant est le sixième qu' elle a amené à bien. Coyer.
   Rem. M. Fontanelle, dans Ericie, fait régir à ce verbe l' infinitif sans prép.
   Quelle fureur t' amène,
   Exposer mon honeur, et ta vie et la mienne.
T' amène, exposer n' est pas français, dit M. Freron.
   Il régit fort bien les noms au datif, et au figuré. "On l' amena au général; il vaut mieux amener les chôses à un acomodement, que de plaider ou de faire la guerre.

AMÉNITÉ


AMÉNITÉ, s. f. [2e et 4e é fer. tout bref.] Agrément, ce qui fait qu' une chôse est agréable et gracieûse. Acad. Il se dit au propre, aménité d' un lieu, de l' air: douce températûre; et au fig. aménité de l' humeur. Acad. "Il n' y a ni agrément, ni aménité dans ces vers. Rich. Port. (c. a. d. ni douce élégance)
   Rem. Ce mot est du commencement du siècle. La Touche trouvait qu' il sentait encôre beaucoup le pays latin. L' Académie ne l' avait pas d' abord mis dans son Dictionaire: elle l' y insera dans la 2e Édition. Aujourd' hui il est bien établi, et paraît noble et élégant. On ne le dit pourtant guère que des persones, du caractère, du style, du langage et de ce qui y a raport. L' Acad. le dit d' un lieu et de l' air, comme on l' a vû. J' oserais douter qu' il soit là bien employé. _ Le P. de Charlevoix lui done le sens d' enjolivement: "Toute cette aménité coûte peu. Hist. du Jap. En ce sens c' est un barbarisme.

AMENUISER


AMENUISER, Trév. AMÉNUISER, Acad. v. a. On pourrait demander pourquoi cet é fer., ce mot venant de menu. Je doute que cette ortographe et cette prononciation soit la véritable. On dit Menuiserie, menuisier, et non pas Ménuiserie, Ménuisier. _ Rendre plus menu, moins épais. amenuiser un bâton, une cheville, un ais.

AMER


AMER, ÈRE, adj. [A-mèr, è ouv. l' r se prononce: amère; 2eè moy. et long.] Qui a une saveur rude et très-désagréable à la langue: fruits amers; et au figuré: larmes amères, reproches amers. _ Il suit ou précède.
   Dans les champs d' Amphitrite et des ondes amères.
       Gresset.
  Là dormant sur les rocs, nourri d' amers feuillages,
De Lille.
_ On dit, avoir la bouche amère, et qu' une chôse nous la rend amère; cependant ce n' est pas la bouche, qui est amère, ce sont les sucs qui y sont, et qui y produisent ce goût et cette sensation.
   AMER est aussi subst. masc. "L' amer et le doux sont des qualités contraires; et en Médecine, les amers. "J' avale quelquefois des amers moins agréables que les vôtres. SEV. Mde de Sévigné passe ici du figuré au propre.
   AMER se dit aussi substantivement du fiel de certains animaux, et principalement des poissons. Crever l' amer d' une carpe, d' un brochet.

AMèREMENT


AMèREMENT, adv. [2e è moy. et long, 3e e muet, 4e lon. en a le son d' an, amère--man.] Il ne se dit qu' au figuré. Douloureûsement. Pleurer, se plaindre, gémir amèrement.

AMERTUME


AMERTUME, s. f. [2e è ouv. et bref, 3e br. aussi, 4e e muet.] Au propre: qualité, saveur de ce qui est amer; l' amertume de l' aloès et de la coloquinte. Au figuré, affliction, peine d' esprit; vivre dans l' amertume; les amertumes de la vie. Il n' a de pluriel qu' au figuré.

AMEUBLEMENT


AMEUBLEMENT, AMEUBLISSEMENT, s. m. Le 1er se dit de l' assortiment des meubles d' une chambre. L' autre est un terme de Palais, et signifie l' action de rendre mobiliaire, d' ameublir. Il ne faut pas les confondre.

AMEUBLIR


AMEUBLIR, v. a. terme de Pratique. Rendre meuble, ou de natûre mobiliaire: "sur trois cens mille livres de dot, on en a ameubli cent mille.

AMEUTER


AMEUTER, v. a. [A-meu-té.] Au prop. il vient de meute. Mettre des chiens en état de bien chasser ensemble. _ Au fig. atrouper et exciter à la sédition. "Il ameuta les Marchands du quartier; ameuter la Populace. _ Dans Trévoux il a un autre sens qui ne paraît pas avoir de raport au premier, qui lui est même contraire. _ Mettre l' union et la concorde dans un corps. C' est un terme populaire et ridicule.

AMFIGOURI


AMFIGOURI, s. m. Acad. Plusieurs écrivent amphigouri par analogie avec les aûtres mots de la langue, composés d' amphi. _ Phrâse, discours ou poème burlesque, dont les mots ne présentent que des idées sans ordre, et n' ont aucun sens déterminé. Les amfigouris ont été quelque tems à la mode, mais en France les modes ne sont pas de durée. Voy. AMPHIGOURI.

AMFIGOURIQUE


AMFIGOURIQUE. V. AMPHIGOURIQUE.

AMI


AMI, MîE, s. m. et f. [L' î est lon. au 2d, 3e é fer.] Celui ou celle, avec qui on~ est lié d' une affection réciproque. "Un véritable ami est un trésor inestimable. "Rien de plus rare que les vrais amis. "Les grands ont des flateurs, ils n' ont pas d' amis. "Ces deux femmes sont fort bonnes amies; c' est une de ses amies, etc. etc. = 2°. On le dit des animaux et des chôses inanimées; "le chien est ami de l' homme, l' ormeau de la vigne, le vin du coeur, de l' estomac. = 3°. Il est quelquefois adjectif: propice, favorable: les destins amis, la fortune amie. Il n' a guère d' usage qu' en Poésie, dans ce dernier emploi.
   AMI régit les chôses comme les persones, avec la prép. de: ami de mon frère, ami de la gloire, des vertus. _ Quelquefois il est suivi de l' article indéfini: amis de coeur, de table, de bouteille.
   On dit proverbialement, ami jusqu' à l' autel, tant que la conscience n' y est point intéressée; jusqu' à la bourse, tant qu' il n' en coûte point d' argent. Le dernier sentiment est aussi laid, que l' autre est beau et louable.

AMIABLE


AMIABLE, adj. [3e dout. 4ee muet.] Ce mot paraissait vieux à Ménage même. Il témoigne qu' on ne s' en servait plus qu' adverbialement, à l' amiable. _ Malherbe dit, le Ciel amiable: nous dirions aujourd' hui, le Ciel ami, dit le Critique, comme nous disons les destins amis. _ L' Acad. ne condamne point amiable, elle met sans remarque, acueil amiable, doux, gracieux; paroles amiables.
   À~ L' AMIABLE, adv. En ami, d' une manière paisible et honête. Rich. Port. avec douceur. Trév. Par la voie de la douceur et sans procès. Acad. "Convenir, traiter à l' amiable; vider un différend à l' amiable.

AMIABLEMENT


AMIABLEMENT, adv. [Amia-bleman.] D' une manière amiable. Acad. À~ l' amiable, Trév. La première définition est meilleure, car, amiablement ne se dit que de la manière de traiter en paroles; il lui a parlé amiablement, avec douceur: à l' amiable a un sens plus étendu.

AMIANTE


AMIANTE, s. m. ou f. Le genre de ce mot est douteux: l' Acad. le marque masc. le Rich. Port. fém. Trévoux des deux genres _ Matière minérale, dont on fait de la toile incombustible.

AMICAL


AMICAL, ALE, adj. Qui part de l' amitié. Il ne se dit donc pas des persones, mais des chôses qui viennent des persones. On ne dit point un homme amical, et encore moins amicaux.

AMICALEMENT


AMICALEMENT, adv. [Amikaleman.] D' une manière amicale. Il le traite, il l' a reçu, il lui a parlé fort amicalement; vivre, causer amicalement.

AMICT


AMICT ou AMIT, s. m. Trév. met les deux, l' Acad. ne met que le premier. Amict est plus conforme à l' étymologie; mais amit se raproche davantage de la prononciation, puisque le c ne s' y prononce pas. [Ami, le c et le t sont muets.] Linge bénit, que les Religieux mettent sur le capuce, et les Prêtres séculiers sur les épaules, et sous l' aube, quand ils s' habillent pour dire la messe.

AMIDON


AMIDON, s. m. Pâte qu' on fait avec du froment, et qu' on délaie pour faire l' empois. _ On la broie aussi pour en faire la poudre à poudrer.

AMIDONIER


AMIDONIER, Acad. AMIDONNIER, Trév. s. m. Le 1er vaut mieux; car, pourquoi cette double n? Celui qui fait l' amidon.

AMINCIR


AMINCIR, v. a. [Amein-ci, 2e lon.] Rendre plus mince. Amincir une pièce de bois.

AMIRAL


AMIRAL, s. m. AMIRAUTÉ, s. f. [On écrivait autrefois Admiral, Admirauté, 3e dout. au 2d; amiroté.] Grand Officier, Chef suprême de la Marine. _ Charge de ce grand Officier. _ Siège de sa jurisdiction.

AMISSIBILITÉ


AMISSIBILITÉ, s. f. AMISSIBLE, adj. Ils ne se disent qu' en Théologie, de la grâce qu' on peut perdre; l' amissibilité de la grâce; la grâce est amissible.