Dictionnaire critique de la langue française Dictionnaire critique de la langue française 1787 Français 2007-4-4 ARTFL Converted to TEI


A.



A


A, subst. masc., est la première lettre de l' alphabet, et la première des voyelles. _ Il est masc. Un a, un grand A, un petit a. Il ne se décline point, et ne prend point d' s au pluriel: on dit deux a, et non pas deux as.
   On dit, proverbialement, d' un ignorant qu' il ne sait ni a ni b, et de celui qui a entrepris un ouvrage et n' y a pas encore travaillé, ou qui donne pour sien et sous son nom l' ouvrage d' autrui, qu' il n' y a pas fait une panse d' a.
   I. Pron. et Prosodie. A garde presque toujours sa même prononciation. Les Allemands ont un exemple de ce son dans fragen; les Anglais dans water, les Italiens dans amare, les Espagnols dans amar, etc.
   Devant un i il forme quelquefois une diphtongue, qui a le son d' un e tantôt fermé, tantôt moyen, tantôt ouvert: aimable, raison, jamais. Pron. émable, rèzon, jamê. _ Il a le même son d' e, mais toujours fermé dans les mots où il est suivi d' un y; pays, paysan, payer, essayer. Pron. pé-ï; pei-zan (et non pas pe-ï-zan, comme veut La Touche.) pé-ié, écé-ié. Il est des Auteurs et des Imprimeurs, qui substituent à l' y l' ï trema, c. à. d. l' i voyelle surmonté de deux points: païs, païsan, païer, essaïer; mais cette orthographe ne vaut rien, et ne peut qu' induire en erreur pour la prononciation, et à faire prononcer, pa-ï, pa-ïzan, pa-ié. _ Cet ï trema doit être conservé pour les mots où l' a retient sa prononciation naturelle, aïeul, caïeu, baïonette, Caïenne, haïr, etc. Il est aussi mal d' écrire ces derniers mots et autres semblables avec un y, que d' écrire les premiers avec un ï trema. Richelet avait adopté cette derniere ortographe; et quelques-uns l' ont imité, et mettent par-tout des ï marqués de deux points. Le grand nombre met toujours l' y, et c' est une autre irrégularité. Notre Remarque indique quand il faut mettre l' un, et quand il convient d' employer l' autre. = Pour les autres prononciations extraordinaires d' a, Voyez , Aen, Aon, Aou.
   II. A doit se prononcer tantôt long, tantôt bref. On marque ordinairement l' a long d' un accent circonflexe, â: il serait à souhaiter qu' on le fît toujours. Voyez Accent. _ L' a, même avec l' accent grave, à, est bref.
   1°. Quand a se prend pour la premiere lettre de l' Alphabet, il est long: un petit a. Quand il est préposition, ou 3e. persone du verbe avoir; à, il a, il est bref.
   2°. Au commencement des mots, l' a est long dans âcre, âge, âgnus, âme, âne, ânus, âpre, et leurs dérivés.
   3°. Hors de là il est toujours bref et fermé, soit que tout seul il compose la syllabe, comme dans Apôtre, soit qu' il soit suivi d' une consone redoublée, comme dans apprendre; soit que les consones soient différentes, comme dans altéré.
   4°. À~ la fin du mot, a est fermé et très-bref dans les prétérits et les futurs; il aima, il aimera; dans l' article la; dans les pronoms ma, ta, sa; dans les adverbes çà, , déjà, oui-dà; et dans quelques mots du langage familier, dada, falbala, papa, etc.
   5°. A est un peu plus ouvert et un peu moins bref dans la plupart de nos aûtres substantifs, empruntés des langues étrangères: sofa, opéra, agenda.
   III. Régime. À~, devant les noms propres, et ceux qui s' emploient sans article, (soit qu' on l' appelle article indéfini ou préposition) s' emploie au singulier et au pluriel, et devant les noms masculins, et devant les noms féminins: à Pierre, à mon frère, à elle, à lui, à eux, à elles; j' ai cette affaire à coeur, matière à disputer. _ Il se joint le plus souvent à l' article, pour être le signe du datif; mais seulement au féminin du singulier: à la gloire de Dieu.
   Il se joint souvent aux verbes infinitifs, régi par des noms adjectifs ou substantifs, ou par d' autres verbes: beau à voir, maître à danser, doner à boire. _ Quelquefois il tient lieu du gérondif: rarement à courir le monde, on devient plus homme de bien; à courir, c. à. d. en courant.
   IV. À~ est quelquefois prép. et adv. de lieu: à la ville, à Paris, à Rome. Il tient la place d' après; poil à poil, c. à. d. poil après poil; d' avec, peindre à l' huile, pour, avec de l' huile; de pour, bois à brûler, pour brûler; d' environ, cinq à six pieds, pour, environ cinq ou six pieds, etc.
   La mort n' est point un mal à qui ne la craint pas.
       P. Marion. Cromwel.
Rem. Dans toutes ces occasions et aûtres semblables, on met un accent grave sur l' a, (à) pour le distinguer d' a, il a, 3e. pers. du sing. du prés. du v. Avoir, qui doit s' écrire sans accent.
   V. Divers emplois. On peut dire, d' après M. l' Abé Regnier des Marais, que pour marquer tous les usages de la prép. à, il faudrait faire passer en revûë presque tous les mots Français, n' y en ayant guère avec lesquels elle ne serve à former quelque phrâse, par la propriété qu' elle a de pouvoir être substituée à la plupart des prépositions. En voici quelques exemples, tirés de la Grammaire de l' Abbé Girard, trop négligée, peut-être parce qu' elle est trop savante, pleine d' une métaphysique trop subtile et trop abstraite; et sur-tout parce qu' elle est remplie de termes inusités, substitués aux termes employés par tous les autres Grammairiens; ce qui rend pénible et rebutante au commun des Lecteurs, la lecture de cet excellent ouvrage.
   À~ indique la spécification par 25 différens moyens.
   1°. Par la forme de la structûre.: lit à colonnes; table à pieds de biche; couteau à deux tranchans, etc.
   2°. Par la qualité: or à 22 carats; mot à double sens; fidélité à toute épreuve, etc.
   3°. Par la marque distinctive de la dignité et de l' état: Président à Mortier; gens à longue robe, etc.
   4°. Par la Propriété productive. Pays à paturages; côteau à vignoble; pierre à feu, etc.
   5°. Par l' objet du service: cuiller à café; bassin à barbe; table à jouer; pierre à aiguiser, etc.
   6°. Par la cause mouvante: arme à feu; moulin à bras; machine à ressort; fusil à vent, etc.
   7°. Par l' acompagnement: canne à lorgnette; table à tiroirs; habits à paremens d' or, etc.
   8°. Par le prix: place à six francs; journée à trois francs; étofe à dix écus l' aune; vin à dix sols le pot, etc.
   9°. Par la capacité: voiture à huit places; chaise à deux; table à vingt couverts; cafétière à dix tasses, etc.
   1°. Par la situation: porte à droite; route à gauche; château à mi-côte; vis-à-vis, etc.
   11°. Par l' attitude; fîgure à genou; prière à mains jointes; couché à la renverse, etc.
   12°. Par le sort que la chose doit avoir, ou mérite de subir: chiffons à brûler, fille à marier; bois à couper; arbre à planter; terre à vendre; procès à terminer; compagnie à éviter; coquin à pendre; homme à mépriser, etc.
13°. Par les effets conséquens: matière à procès; dispute à ne jamais finir; conseil à vous perdre; entreprise à vous ruiner, etc.
   14°. Par la manière d' exécuter: aller à grands pas; courir à toute bride; discourir à bâtons rompus; acheter à la douzaine, vendre à l' enchère, etc.
   15°. Par ce qui énonce ce que la chôse qualifiée produit ou peut produire: bon à purger; propre à guérir; disposé à servir; habile à peindre, etc.
   16°. Par ce qui énonce ce dont la chôse est l' objet et non l' agent: bon à manger; dur à digérer; facile à comprendre; dangereux à fréquenter, etc.
   17°. Par l' objet de l' action: monter à cheval; avoir à écrire; préparer à manger; offrir à boire; être encore à commencer, etc.
   18°. Par le point jusqu' où va la chôse: plaine à perte de vue; sot à l' excès; sévère à outrance, etc.
   19°. Par le modèle ou la ressemblance: bonnet à la turque; dessin à la chinoise; coiffure à l' antique; habit à la mode; pardoner à l' italienne; régaler à la française, etc.
   20°. Par l' aprêt: sauce à l' oignon; pigeon à la crapaudine; poulet à la marinade; peinture à l' huile; poudre à la maréchale.
   21°. Par l' instrument: bâs à l' aiguille; gravûre à l' eau forte; cuit à la broche, etc.
   22°. Par le contenu: pot à l' eau; bouteille à l' encre; grenier à foin; coffre à l' avoine, façade à quinze croisées, etc.
   23°. Par ce qui fixe le titre; Conseiller à la Cour des Aides; Procureur à la Sénéchaussée; commis à la Recette générale, etc.
   24°. Par le signalement: femme à la hotte; homme à la cocarde; Dame à la robe rouge; boule à la marque noire, etc.
   25°. Par le but de la qualification: utile à la santé; désagréable à l' oreille; contraire à ses intentions, etc. GIRARD.
   Dans les exemples donés, l' Abbé Girard, dans la crainte d' embrouiller les idées, n' a pas mis ceux où la prép. à fait syncope avec l' article: comme, marrons au sucre; soupe aux choux; au et aux ne sont que des contractions de: à le, à les. C' est une remarque à faire pour les exemples suivans.
   À~ prép. quoique du département des prépositions spécificatives, sert encore à d' autres indications, qui la rendent collocative, ordinale, unitive et terminale.
   Elle est collocative, lorsqu' elle indique le lieu ou la place; demeurant à Paris; se placer à la tête; être à deux pas; rester à la porte, etc.
   Elle est ordinale dans les ocasions où elle détermine un ordre de marche: deux à deux; pas à pas, etc.
   Elle est unitive pour les circonstances du temps, de la convenance et du motif: à midi; à présent; à votre commodité; à la pointe du jour; à la belle étoile; à votre considération; à la fortune du pot, etc.
   Enfin elle est terminale dans les ocasions où elle sert à exprimer le but de l' action ou le terme de la chôse: réduit à l' aumône; se livrer au bien public; de vous à moi; de dix à douze; à votre santé. GIR.
   À~ pour ou: deux à trois. Il est moins bon que deux ou trois. Voy. OU conjonction.
   REM. C' est une cacophonie de mettre trop d' a dans la même phrâse, comme a fait par exemple M. de la Harpe. *"C' est raisoner étrangement que de dire à un homme qu' il n' a dû sa célébrité qu' à sa méchanceté; et de l' inviter à renoncer à la seule chose qui l' a rendu célèbre. _ Ce mêlange trop fréquent et trop raproché d' à préposition et d' a 3e. pers. du v. avoir, produit un mauvais éfet.

ABAIE


*ABAIE. C' est ainsi qu' écrit Richelet, qui veut pourtant qu' on prononce Abéie. Il était ennemi de l' y, et l' a retranché par-tout. Voy. ABBAYE. Voy. aussi .

ABAISSE


ABAISSE, s. f. [Pron. Abèce; 2e. è moyen et long, 3e. e muet.] Pâte qui fait le dessous. (Rich. Trev.) ou le fond (Acad.) d' une pièce de pâtisserie. = ABAISSE et ABBESSE se prononcent à peu près de même; mais le son de l' e est plus ouvert et plus long dans le 1er. que dans le second.

ABAISSEMENT


ABAISSEMENT, s. m. [Abèceman: 2e. è moyen et long, 3e e muet; en y a le son d' an.] Diminution de hauteur. Voy. BASSESSE.
   Rem. Suivant La Touche, il ne se dit guère qu' au figuré: je ne crois pas, dit-il, que l' abaissement d' une muraille, d' une montagne soient de bonnes expressions; mais on dit fort bien, p. ex. l' élevation des uns vient souvent de l' abaissement des autres: et Racine a fort bien parlé, quand il a dit dans son Iphigénie.
   Ce triste abaissement convient à ma fortune.
   L' Académie se contente de dire qu' il est plus en usage au figuré: abaissement de fortune, abaissement de courage. _ Elle met pour exemples au propre: l' abaissement des eaux; l' abaissement d' un mur; l' abaissement du mercûre dans le baromètre; l' abaissement de la voix, par oposition à l' élévation de la voix. _ Richelet et Trevoux ne mettent qu' abaissement d' un mur.
   Au figuré, abaissement signifie; tantôt humiliation volontaire: un parfait chrêtien doit se plaire dans l' abaissement devant Dieu; tantôt humiliation forcée: c' est un esprit altier, qu' il faut tenir dans l' abaissement. Acad. _ Il signifie aussi diminution de crédit et d' honneur. Rich.
   Dans son abaissement il vit sans espérance. Mainard.

ABAISSER


ABAISSER, v. a. [Abècé, 2e. è moy. et long, 3e. é fer.] Au propre, faire aller en bas; abaisser un store; abaisser une lanterne. = Diminuer de hauteur; abaisser une muraille. = Au figuré, déprimer, humilier, ravaler: Dieu abaisse les superbes: "Abaisser l' orgueil de Carthage. Vaug.
   S' abaisser régit à ou devant: s' abaisser à des choses indignes; s' abaisser devant la Majesté divine.

ABALOURDIR


ABALOURDIR, v. a. Rendre stupide. Il n' est que du style familier. L' Acad. le met sans remarque.

ABANDON


ABANDON, s. m. [2e. longue.] État où est une persone ou une chôse délaissée. Ce mot a donc un sens passif, et se dit sans régime. _ D' abord l' Académie ne l' admettait que dans cette manière de parler adverbiale: à l' abandon; mais dans la dernière Édition, elle met: être dans l' abandon; il est dans un abandon général.
   Dans un tel abandon, leur sombre inquiétude.
   Ne voit d' autre recours que leur métier de prude.
       Mol.
À~ l' abandon, adv. aller à l' abandon, laisser à l' abandon, tout est à l' abandon. Acad. _ Cette manière de parler ne plaisait pas à l' Auteur des Réflexions, etc. Cependant, dit La Touche, Vaugelas, d' Ablancourt et d' autres bons Écrivains n' ont pas fait difficulté de s' en servir. _ Elle paraît n' être que du style familier; et l' usage ne l' a pas assez ennoblie pour la faire entrer dans le style élevé. Cependant laisser à l' abandon est une expression qui pourrait être utile, et elle n' a rien de bâs.
   ABANDON, avec le sens actif et le régime, n' est usité qu' au Palais: ce débiteur a fait l' abandon de tout son bien. Hors du Palais on dit abandonement: faire un abandonement de tous ses biens. Trev. Acad. Il ne fait pourtant pas mal dans la phrâse suivante. "Il y a peu d' hommes qui sachent faire un entier abandon de leurs opinions et de leurs pensées. Journ. de Paris. _ Abandon. Voyez ABDICATION.
   ABANDON ne choque pas, il plaît même dans cette phrâse de M. Marmontel. "Vous me désolez, Éraste, avec cet abandon de vous-même. Là, abandonement n' iroit pas si bien. Il est donc à souhaiter qu' abandon soit un peu mieux acrédité par l' usage: il ne déparerait aucun style.

ABANDONNÉ


ABANDONNÉ (ou ABANDONÉ) ée, s. m. et f. [2e. lon. le reste bref: 4e. é ferm. long au fém.] Il ne se dit que d' un homme perdu de libertinage et de débauche, et d' une femme qui se prostituë: c' est un abandoné, c' est une abandonnée. Il est plus en usage en parlant des femmes. Acad. _ Il n' est que du style familier ou satirique: l' Acad. le met sans remarque.

ABANDONNEMENT


ABANDONNEMENT, (ou ABANDONEMENT) s. m. Délaissement entier. _ [2e. lon. le reste bref, 4e. e muet; en a le son d' an: abandoneman.]
   Ce mot a le sens tantôt actif, tantôt passif. "Il a fait un abandonement général de tous ses biens; c. à. d. il a abandoné, etc. "Il est à plaindre dans l' abandonement où il est de tous ses parens, et de tous ses amis; c. à. d. étant abandoné de, etc. _ Mais sans régime, il correspond au réciproque s' abandoner: il signifie dérèglement excessif dans la conduite, dans les moeurs; prostitution. "Vivre dans l' abandonement, dans le dernier abandonement; c. à. d. s' abandoner aux vices honteux, à la crapule, etc. Voyez ABANDON.
   ABANDONEMENT n' est pas du beau style: l' Acad. le met sans remarque. Elle dit au mot dévouement: "Abandonement entier aux volontés d' un aûtre.

ABANDONNER


ABANDONNER (ou ABANDONER, avec une seule n), v. a. Abando-né. [Pron. aban--doné, 2e. lon. le reste bref, 4e. é fermé.]
   ABANDONER a plusieurs sens: 1°. quitter, délaisser entièrement: "il a abandoné le pays, abandoner sa femme et ses enfans; Dieu n' abandone pas les siens. = 2°. Laisser en proie, exposer, livrer: "abandoner une Ville au pillage, un vaisseau à l' orage: "Dieu abandone souvent les méchans à leur sens réprouvé. = 3°. laisser à la disposition de... Abandoner ses biens à ses créanciers: ce pere a abandoné son fils à la conduite de....
   ABANDONER régit donc l' accusatif et le datif: abandoner les restes aux domestiques. _ S' abandoner, la prép. à: pourquoi vous abandoner à la tristesse? il faut s' abandoner à la Providence. _ Être abandoné, les prép. de pour la persone, et à pour les choses; être abandoné de tous ses amis; à la tristesse, à la persécution, etc.

ABASOURDIR


ABASOURDIR, v. a. [Tout bref, l' s y a le son du z.: Abazourdi.] Vieux mot, qui se soutient encore, dit M. de Wailly, dans le Richelet Portatif. Il n' est que du style familier. L' Acad. le met sans rem. _ Il signifie étourdir, consterner, acabler. "Cette nouvelle l' a abasourdi. "Il a été abasourdi du coup.

ABâTARDIR


ABâTARDIR, v. a. [Abâtardi, 2e. lon. le reste bref.] Altérer la natûre de quelque chose, la faire déchoir de son état naturel. Trev.Acad. _ Ce mot est moins noble qu' expressif: l' actif est moins usité que le réciproque, s' abâtardir. Le premier ne s' emploie que dans le figuré: l' autre est bon, et pour le figuré et pour le propre, et dans le moral et dans le physique. "La misère et l' esclavage ont abâtardi le courage des Grecs. _ "Les plantes d' Orient s' abâtardissent en Europe. "Les meilleures choses s' abâtardissent avec le temps.

ABâTARDISSEMENT


ABâTARDISSEMENT, s. m. [Abâtardiceman, 2e. long. le reste bref. 5e. e muet, en y a le son d' an.] Altération d' une chose qui déchoit de son état naturel. _ Il a le sens passif, et se dit au propre et au figuré de ce qui est abâtardi. "L' abâtardissement du courage: l' abâtardissement du plant, fait que le vin devient mauvais.

ABATEMENT


*ABATEMENT, Abateur, Abatre. C' est l' orthographe de Richelet et de Trevoux; et il serait à souhaiter qu' elle prévalût. Le double t ne sert en effet à rien, si ce n' est d' hommage à l' ancien usage. L' Acad. a retranché le 2e. t à Abatis: pourquoi épargner les autres? Voy. ABATTEMENT, etc. avec deux t.

ABATIS


ABATIS, s. m. [Abati, tout bref: on ne prononce point l' s.] Quantité de choses abatuës, bois, pierres, maisons, arbres. "De grands abatis d' arbres. "Cette rûe est bouchée par un abatis de maisons.
   ABATIS, abatement. le 1er. se dit dans le sens propre, le 2e. dans le figuré: "les chemins étaient pleins d' abatis: "Je suis dans un grand abatement. _ Ces deux substantifs conviennent en ce qu' ils ont tous deux un sens passif. Cela est évident d' abatis: pour abatement, il n' exprime pas l' action d' abatre, mais l' état de ce qui est abatu. Ainsi, abatement d' esprit est l' état d' un esprit abatu, acablé, découragé.

ABATTEMENT


ABATTEMENT, ou ABATEMENT~, s. m. [Abateman, tout bref, 3e. e muet, en a le son d' an.] Diminution de force ou de courage. Il ne se dit qu' au figuré. Voy. ABATIS. _ Plusieurs l' emploient~ avec le régime du génitif, (de la prép. de.) Abatement d' esprit, abatement de courage: je n' ôserais les condamner. L' Acad. ne met que des exemples sans régime: "ce malade est dans un grand abatement. "Cette mauvaise nouvelle l' a mis dans un étrange abatement.

ABATTEUR


ABATTEUR, ou ABATEUR, s. m. [tout bref, Aba-teur.] Il ne se dit que dans ces phrâses: c' est un grand abateur de bois, un grand abateur de quilles. Voy. Abatre bien du bois, au mot ABATTRE.

ABATTRE


ABATTRE ou ABATRE, v. act. [Abatre, bref, 3e. e muet.] Au propre, mettre à bâs, faire tomber; au figuré, affoiblir, faire perdre les forces, le courage: "abatre des arbres, des maisons, des murailles: "abatre le courage: "cette maladie a bien abatu ses forces: "cette perte a abatu sa fierté; lui a abattu le courage. Remarquez le 2e. régime du dat. lui dans la derniere phrâse.
   ABATRE bien du bois (st. prov.) se dit d' un homme qui fait bien de la besogne; d' un Juge qui expédie beaucoup de procès; d' un joueur de tric-trac, qui tire du talon beaucoup de dames, etc.
   S' ABATRE, au propre se dit du cheval à qui les pieds manquent et qui tombe tout d' un coup; et du vent qui s' apaise, qui est apaisé; le vent s' abat, il est abatu. _ Richelet le met au figuré, perdre courage, se laisser acabler. On dit plutôt se laisser abatre, et Richelet le met ainsi dans l' exemple qu' il done. _ Il régit la prép. à: "Il se laisse abatre à la moindre affliction.

ABATU


ABATU, ÛE, part. pass. et adj. [abatu; tout bref au masc. l' u es long au fém. abatûë.] L' Acad. ne le met que participe. Il est pourtant aussi adjectif au figuré, et même très-élégant.
   Comme participe il s' emploie ou seul,
   Dieu voit l' orgueil à ses pieds abatu.
   Ou avec la prép. par: "L' esprit abatu par les soins rongeans de la pauvreté, n' est guère capable de mouvemens nobles et élevés. St. Evr. _ Comme adjectif, il suit toujours le subst. qu' il modifie: "Nos Cypriens abatus pleuraient comme des femmes. Télém.

ABB


ABB. Dans les mots qui commencent par cette syllabe on n' a jamais prononcé qu' un b. _ Aujourd' hui même on n' en écrit plus qu' un, excepté dans Abbé et ses dérivés. Autrefois on écrivait Abbécher, abboyer, abbréger, abbreuver, etc.

ABBATIAL


ABBATIAL, ALE, adj. [Abaci-al, ale, tout bref, le t y a le son du c;] apartenant à l' Abbé ou à l' Abbesse: "Palais abbatial, Maison abbatiale, Droits abbatiaux, etc.

ABBAYE


ABBAYE, s. f. [Pron. Abéïe. L' i est long; dern. e muet.] M. de Wailly remarque fort bien qu' on devrait écrire Abéïe, parce qu' en écrivant Abbaye, on confond la prononciation de ce mot avec ceux de cette terminaison en aye, je paye, j' essaye, et qu' on est par-là tenté de prononcer Abé-ie, comme on prononce je pé-ie. _ J' ajoute que, puisqu' on dit Abbé, Abbesse; Abéïe serait plus suivant l' analogie, mais le tyran des Langues, l' usage lui est contraire.
   Anciennement on écrivait Abbayie. On ne fesait pas attention que l' y grec fait fonction de deux i, dont le premier se joint à l' a pour former la dipht. ai, qu' on prononce é, et le 2e. s' unit avec la voyelle suivante. _ Plus récemment, les ennemis de l' y grec, parce qu' il est d' origine étrangère, ont écrit Abbaïe, ou avec Richelet, Abaïe avec un seul b. Mais ils pèchent contre la prononciation. Car avec cette orthographe il faudrait prononcer, Aba-ïe. Voy. A n°. I. ou .
   ABBAYE, est un Monastère gouverné par un Abbé ou une Abbesse. _ Il se prend quelquefois pour les seuls bâtimens du Monastère; Abbaye bien bâtie, Abbaye qui tombe en ruine.

ABBÉ


ABBÉ, s. m. [Abé, bref, 2e. é fermé] celui qui possède une Abbaye. Ce mot a fourni quelques proverbes à la Langue. _ Pour un moine on ne laisse pas de faire un Abbé; quoiqu' un homme manque à une assemblée ou à une partie, où on l' attendait, on ne laisse pas d' aller en avant. _ Et quand quelqu' un n' arrive pas au temps prescrit pour un repas, on l' attend, dit-on, comme les Moines font (attendent) l' Abbé. c. à. d. on ne laisse pas de se mettre à table. _ Le Moine répond, comme l' Abbé chante: les inférieurs se moulent sur leurs supérieurs. Abbé de sainte espérance, qui n' a point encore de bénéfices.
   ABBÉ, se dit aussi de tout homme, qui porte l' habit écclésiastique, quoiqu' il n' ait point d' Abaye.
   Rem. Depuis quelque tems, plus que jamais, on dit, l' Abbé tout court, même en adressant la parole. C' est le ton d' une grande supériorité, ou familiarité, ou fatuité: "Qu' est-ce que c' est, l' Abbé: contez-moi cela? Th. d' Educ. "J' ai quelques ordres à doner: l' Abbé, atendez-moi ici. Ibid.

ABBÉCHER


ABBÉCHER. Anc. Trev. Vieille orthographe. Voy. Abecquer.

ABBESSE


ABBESSE, s. f. [Abèce, 2e. è moy. et bref, 3e. e muet. Voy. Abaisse] Supérieure d' une Abbaye.

A. B. C.


A. B. C. s. m. [Abécé, bref, 2e. et 3e. é fer.] Petit livret contenant l' Alphabet. _ Renvoyer quelqu' un à l' a b c; le traiter d' ignorant.
   Figurément, c' est le commencement d' une science, d' un art. C' est l' a b c des Mathématiques, etc.

ABCÉDER


ABCÉDER, v. n. [Abcédé, tout bref, 2e. et 3e. é fer.] (Chirurgie) se tourner en Abcès: "cette tumeur abcèdera. _ Dans l' Anc. Trev. on lit abcèder.

ABCèS


ABCèS, s. m. [Abcê, 2e. ê ouv. et long.] Rich. l' Acad. le Rich. Portatif mettent Abcès; Trev. Abscès. Plusieurs écrivent abscez, quoique l' é soit fort ouvert et que le z soit le signe de l' é fermé. C' est une faute grossière. _ Abcès, apostême, tumeur formée par un amas d' humeurs corrompuës. Abcès dans le poumon, dans le foie. "Il est à craindre qu' il ne s' y forme un abcès.

ABDICATION


ABDICATION, s. f. Action par laquelle on renonce à une dignité, etc. [Abdikacion, tout bref, ti a le son de ci.] Ce mot a le sens actif et passif: il se dit de celui qui abdique, et de la chose qui est abdiquée: "l' abdication de Dioclétien; l' abdication de l' Empire.
   Abdication, Abandonement, Renonciation, Démission, Désistement (synon.) Il y a cette diférence entre ces diférens mots, qui ont beaucoup de raport pour le sens, que l' abdication, l' abandonement et la renonciation se font, le désistement se done, et la démission se fait et se done. Faire un abandonement de ses biens; une abdication de sa dignité, de son pouvoir, une renonciation à ses droits, à ses prétentions. Doner un désistement de ses poursuites; faire ou doner la démission de ses charges, de ses emplois. L' Ab. Gir.

ABDIQUER


ABDIQUER, v. a. [Abdiké, tout bref, 3e. é fer.] Renoncer au Souverain Pouvoir, à une dignité, après les avoir possédés quelque temps. "Abdiquer l' Empire, la Dictature, le Consulat. _ Il se dit aussi absolument et sans régime: "ce Prince fut forcé d' Abdiquer. Acad.
   ABDIQUER, se démettre, (synon.) Le 1er. ne se dit que des postes considérables, et supôse de plus un abandon volontaire; (l' Ex. de l' Acad. est contraire à cette 2de. condition,) le 2e. peut s' apliquer aux petites places comme aux grandes, et se dit d' un abandon forcé, comme de celui qui est volontaire. Encycl. Beauzée.

ABÉ


ABÉ. Rich. Voy. Abbé.
ABE; finale de quelques mots, dont la pénultième est longue dans Astrolâbe, breve, dans syllabe, et autres, s' il en est.

ABêCÉDAIRE


ABêCÉDAIRE, s. m. [Abécédère, 2e. et 3e. é fer. et bref, 4e. è moy. et long, 5e. e muet.] Livre élémentaire pour aprendre aux enfans les lettres de l' Alphabet. _ Trev. le grand Richelet, et le Richelet portatif le marquent aussi adjectif; qui est encore à l' a b c: il est peu d' usage. Fer. _ L' Académie ne le met point en ce sens: elle le qualifie de subst. masc.; et dans l' exemple qu' elle done, elle l' emploie adjectivement. (Ordre abecédaire, l' ordre des lettres suivant l' alphabet français.) On dit plus communément l' ordre alphabétique. FER.

ABECQUER


ABECQUER, v. a. Doner la becquée à un oiseau. [Abéké, tout bref, 2e. et 3e. é fer.] On disait autrefois Abéquer et abécher. Suivant Ménage, l' un et l' aûtre se dit, mais le 1er. est le plus en usage, et il en est de même de béquée et béchée. _ De tous ces mots l' Acad. n' avoit mis que béquée. Dans la dern. édit., elle a adopté abecquer. Dans le Richelet portatif on ne met qu' abequer.

ABEILLE


ABEILLE, s. f. [Abè-glie, mouillez les deux ll à l' italienne, 2e. è moy. et bref; 3e. e muet.] Mouche à miel: "essaim d' abeilles, ruche d' abeilles.

ABERRATION


ABERRATION, s. f. [Abéracion: 2e. è fer. tout bref: ti a le son du ci, cion ne forme qu' une syll. en prose: il en fait deux en vers, ci-on.] Éloignement aparent d' une étoile du lieu éfectif où elle est.
   Rem. Jusqu' à présent on ne l' avait dit que des astres et en terme d' Astronomie. Depuis peu, quelques Auteurs l' ont employé au figuré au lieu du mot erreurs: "Le Plaid pouvoit épier jusqu' aux plus légères aberrations, qu' une impulsion mal-adroite eût pu comuniquer aux loix, les mieux réfléchies. Moreau. "D' où vient cette perpétuelle aberration de la vérité? L' Ab. Grosier, Journ. de Littér. "Nous prémunir contre les fausses lueurs et les aberrations du bel-esprit. M. de S.... Trad. du Dial. sur les Orateurs. _ L' Acad. ne le met point en ce sens. C' est un néologisme, qui prendra, à ce que je crois. Aberration a le sens actif, Erreur, le sens passif: le 1er. se dit de l' action d' errer, le 2e. de l' éfet de cette action. Ces deux mots ne peuvent donc être remplacés l' un par l' aûtre.

ABESSE


ABESSE, Rich. Voy. Abbesse.

ABêTIR


ABêTIR, v. a. Rendre stupide. "Vous abêtirez cet enfant. _ Il est aussi neutre: "Il abêtit tous les jours. Acad. Il devient tous les jours plus stupide.

AB HOC ET AB HAC


AB HOC ET AB HAC, adv. [Abokétabak, tout bref, 3e. é fer.] Mots tirés du latin et naturalisés dans notre langue. Il est du style familier. Confusément, sans ordre, sans raison. "Il en parle ab hoc et ab hac.

ABHORRER


ABHORRER, ou ABHôRRER, v. a. [abôr-ré, pron. les deux r; 2e. longue, 3e. é fer. _ L' o etant long, il seroit bon de le marquer de l' acc. circ.] Ce verbe n' est guère d' usage qu' au présent, ainsi que détester. = Abhôrrer, avoir en horreur. "Les Saints abhôrrent l' impiété. _ Abhôrrer est plus l' effet du sentiment, et détester de la raison ou du jugement: on abhôrre ce qu' on ne peut souffrir: on déteste ce qu' on désaprouve.
   ABHôRRÉ, ÉE, part. pass. et adj. Il s' emploie sans régime, et même alors il suit toujours le substantif; ou avec l' ablat. (la prép. de.) Ce Tyran abhôrré: Princesse abhôrrée de ses sujets.

ABJECT


ABJECT, ECTE, adj. [Abjèk, jèkte, bref, è moy.] Trevoux met Abjet, abjette, mauvaise ortogr. qui induit à une mauvaise prononciation.
   ABJECT, méprisable, vil, bas. Il se dit des persones et des choses. "Homme vil et abject, créature abjecte, phisionomie abjecte; emplois, sentimens abjects. Acad.

ABJECTION


ABJECTION, s. f. [Abjèk-cion, bref, 2e. è moy. ti a le son de ci, et cion ne fait qu' une syllabe en prose: il en fait deux en vers;] État de mépris où est une persone. "Il vit dans une grande abjection. _ "Il est tombé dans une telle abjection que, etc. Acad.
   ABJECTION, Bassesse, (synon.) Avec le mot état, avec lequel ils se combinent souvent, le 1er. précède, le 2e. suit: état d' abjection; bassesse d' état. L' abjection se trouve dans l' obscurité où nous nous envelopons de notre propre mouvement; la bassesse dans le peu de naissance, de mérite, de fortune, de condition. "La piété diminuë les amertumes de l' état d' abjection: la stupidité empêche de sentir tous les désagrémens de la bassesse de l' état. GIR. Synon.
   Rem. Ce mot a été long-tems rélégué chez les Ascétiques, mais depuis peu de bons Ecrivains l' ont employé, et l' Acad. n' en borne point l' usage. "Ce n' est pas dans la prospérité ni dans l' élévation qu' on a besoin de l' aimer, (la vertu) c' est dans l' abjection et l' infortune. D' Alembert. On voit par cette phrase et celle de l' Acad. citée plus haut, qu' abjection n' est pas toujours ni volontaire, ni une vertu, et que la définition de l' Ab. Girard n' est pas exacte. Sa phrase même le prouve: "La piété diminuë les amertumes de l' état d' abjection.

ABîME


ABîME, s. m. [l' i est long et doit être accentué d' un accent circonflexe, 3e. e muet.] Le Dict. de l' Acad. et d' après, ceux d' Orthographe et du Richelet portatif écrivent abyme et abymer. Ceux-ci sont plus conformes à l' étymologie, dont on se met aujourd' hui moins en peine qu' autrefois: Abîme, abimer le sont plus à l' usage moderne, où l' on retranche tant qu' on peut l' y lettre étrangère, presque toujours inutile, et heureusement remplacée par l' i voyelle. On écrivait anciennement abysme, abysmer.
   ABîME, Gouffre très-profond. "Par un tremblement de terre, il s' est fait là un abîme. Acad. _ Il s' emploie élégamment au figuré. "Les dehors de l' homme ne sont pas toujours l' expression fidèle de ses sentimens, et le coeur des mortels est un abîme. Jér. Déliv. "Ô mon Dieu! toi, qui sondes l' abîme des âmes, toi dont l' oeil éclaire les replis les plus secrets de mon coeur! Ib. _ On dit aussi abîme de malheur, abîme de misère, abîme de science; les abîmes de la sagesse, de la miséricorde de Dieu. Les noirs abîmes, l' enfer.

ABIMÉ


ABIMÉ, ÉE, adj. et part. pass. [et non pas abîmé avec l' acc. circ. puisque l' i est bref; 3e. é fer. long dans le fém.] Perdu, ruiné sans ressource. Rich. Port. "C' est un homme abimé. L' Acad. ne le marque point adjectif: on peut croire que c' est un oubli. _ Il est aussi participe, et régit la prép. dans; abimé dans la douleur; ou de, abimé de dettes: mais ce dernier régime ne s' emploie qu' avec dettes.

ABIMER


ABIMER, v. a. [Abimé. Voy. ABIMÉ, adj.] Précipiter dans un abîme. "Les cinq villes que Dieu abima. Acad. Il est peu usité au propre. _ Au fig. Perdre, ruiner entiérement: "cette affaire, ces dépenses l' ont abimé. _ Marivaux lui done pour 2e. régime la prép. de. "Toutes ces considérations m' abimoient de douleur. Ce régime n' est bon qu' au passif et avec dettes: "il est abimé de dettes, et un homme abimé de dettes est rarement un homme qui n' est que malheureux.
   ABIMER, neut. et sans régime: périr, tomber dans un abîme. Dans le Dict. Gramm. On reprend d' Ablancourt d' avoir dit: "il semblait que le monde dût abimer. _ l' Acad. l' admet: "c' est un méchant homme: il abimera avec tout son bien.
   S' ABIMER. Le Dict. de l' Acad. n' en done d' exemple qu' au figuré. En voici un exemple au propre. "Leurs âmes criminelles... s' abîment dans les gouffres infernaux: mortels aprenez à respecter la Divinité. Jér. Dél. _ S' abimer dans l' étude, s' y apliquer profondément; s' abimer dans sa douleur, dans ses pensées, dans la débauche, dans les plaisirs.
   ETRE ABIMÉ régit aussi la prép. dans. "J' étais abimé dans la plus amère douleur, Télém. Voy. ABIMÉ, adj.

AB INTESTAT


AB INTESTAT, adv. Trev. le marque subst.; dans le Richelet Portatif on le met sans qualification de subst. ou d' adj. L' Acad. le place sous la lettre I: "Mourir intestat, héritier ab intestat. M. de Ferrières, dans son Dict. du Droit Civil, met Ab intestat sous la lettre A, en lettres italiques, en deux mots séparés; il le dit de l' héritier qui succède à un homme qui n' a pas testé, et intestat de celui, qui meurt sans testament. C' est la diférence de ces deux mots.

ABJURATION


ABJURATION, s. f. [Abjura-cion, tout bref: ti a le son de ci: cion est d' une seule syll. en prose, et de deux en vers, ci-on.] Action par laquelle on renonce à une mauvaise Religion. = Ce mot a un sens tantôt actif, tantôt passif; il se dit et de celui qui abjûre, il a fait son abjuration, et de l' erreur qui est abjurée;l' abjuration de l' hérésie.
   Rem. L' emploi du verbe est plus étendu que celui du subst. Abjurer n' est point restreint aux matières de Religion. On dit: "il a abjuré la Poësie. Scarr. Il a abjuré tout sentiment de pudeur et de vertu. Patru. Mais abjuration n' est d' usage que pour exprimer la renonciation solemnelle à une erreur, à une hérésie; et l' on ne diroit pas d' un Poëte, son abjuration de la Poësie, ni d' une femme, son abjuration de la pudeur.

ABJURER


ABJURER, v. a. [Abjuré, tout bref, 3e. é fer.: devant l' e muet, j' abjûre, l' u est long, et il est bon de le marquer d' un acc. circ.] Renoncer solemnellement et publiquement à l' hérésie, à une mauvaise doctrine. Il est peu usité au propre; mais il s' emploie élégamment au figuré: "Il a abjuré Aristote, Descartes, il y a renoncé. Bientôt on abjûrera Neuton et ses systêmes. Voy. ABJURATION.
   ABJURER, Renoncer. Le 1er. se dit du mal, et c' est un bien; le 2e. se dit du bien, et c' est un mal: on abjûre l' erreur, on renonce à la vérité. On dit abjurer une hérésie, mais je ne crois pas, dit la Touche, qu' on dise abjurer la vérité, abjurer la foi chrétienne; on doit dire renoncer à la foi, à la vérité, etc. Voy. RENONCER.

ABLATIF


ABLATIF, s. m. [l' f finale se prononce, Ablatif et non pas ablati, tout bref.] C' est le 6e. cas de la déclinaison des noms et des pronoms.
   La place naturelle de l' ablatif est après le verbe ou le nom qui le régit: mais il peut quelquefois se placer devant, et même à la tête de la phrâse, non seulement en vers, mais encore en prôse.
   De l' astre qui pour lui renaît tous les matins,
   Ainsi que la lumière, il attend ses destins.
       La Rélig. Poëme.
  D' un tronc qui pourrissoit le ciseau fit un Dieu.
      Ibid.
"De vous il ne restera que vous. Neuv. "De ces transports de douleur, je tombe soudainement dans un assoupissement profond. Télém.

ABLE


ABLE, pénult. douteuse dans les adjectifs admirable, aimable, etc. et dans ces deux subst. table et érable. Dans tous les autres subst. et les verbes, elle est longue. Câble, diâble, j' accâble, etc.

ABLUTION


ABLUTION, s. f. [Ablu-cion, et en vers abluci-on, tout bref.] Suivant l' Acad. il n' est usité que dans les cérémonies de la Messe. Avant l' ablution, après l' ablution, quand le Prêtre prend l' ablution. _ Dans le Rich. Port. on le met comme un terme d' Apothicaire. Préparation qu' on fait d' un médicament pour le nettoyer.

ABNÉGATION


ABNÉGATION, s. f. [Abnéga-cion, et en vers, ci-on: tout bref: 2e. é fer.] Terme de dévotion: l' abnégation de soi même, le renoncement à soi-même et le détachement de tout ce qui n' est pas Dieu. _ Il ne se dit qu' en cette phrase. = M. Elie de Beaumont l' emploie dans un Mémoire dans le sens de renoncement: "Par cette abnégation honteuse du plus beau de ses privilèges. Ce mot me paroît dans cette occasion heureusement employé.

ABOI


ABOI, ABOIEMENT, s. m. [Aboa, aboa-man, bref, en y a le son d' an. On pourrait écrire aboiment sans e.] L' un et l' autre expriment le cri du chien.

ABOîER


*ABOîER, Rich. Voy. ABOYER.

ABOIS


ABOIS, s. m. pl. [Aboâ, deux syll. 2e. longue.] Outre son sens ordinaire, comme pluriel d' Aboi, il signifie l' extrémité où le cerf est réduit quand il est sur ses fins.: "Le cerf est aux abois, tient les abois. = On l' emploie plus fréquemment au figuré en parlant d' une personne qui se meurt, d' une place qui ne peut se défendre, etc. on dit qu' elle est aux abois. L' on y voit tous les jours l' innocence aux abois. Boil.

ABOLI


ABOLI, IE, adj. [L' i est long au fém. devant l' e muet, abolî-e] Cassé, annullé, effacé. Crime aboli, loi abolie. _ Cet adjectif suit toujours le substantif.

ABOLIR


ABOLIR, v. a. [Aboli, bref] Annuller, mettre hors d' usage. L' Acad. le dit des loix, des coutumes; mais il paroit qu' abroger se dit plutôt des premières, et abolir des autres. _ On le dit aussi des crimes, mais seulement au Palais et en style de Chancellerie. = Il s' emploie avec le pron. pers. S' abolir: " cette coutume s' est abolie d' elle-même. "Tout crime s' abolit au bout d' un certain nombre d' années. Acad.

ABOLISSEMENT


ABOLISSEMENT, s. m. [Aboliceman; tout bref, 4e. e muet, en y a le son d' an.] Anéantissement. Il n' a d' usage qu' en parlant des coutumes et des lois.
   ABOLISSEMENT~, ABOLITION (synon.) l' un et l' autre se disent de l' extinction des coutumes, des usages; mais abolition se dit seul des lettres de pardon obtenues en Chancellerie, et de la destruction d' un Ordre: abolissement ne vaudrait rien pour ces deux objets. "L' Amnistie est une abolition générale de tout ce qui s' est commis durant la guerre civile. Trev. Un vrai acte de contrition emporte l' abolition de tous les péchés. Ibid. On ajoute qu' en ce cas il signifie absolution: on devroit dire, ce me semble, rémission; car l' absolution est la sentence du Prêtre, et la rémission en est l' effet. Ce dernier terme est plus propre à exprimer l' abolition des crimes; car on en reçoit tous les jours l' absolution, sans en obtenir de Dieu la rémission, quand on n' est pas bien disposé, ce qui n' arrive que trop souvent. _ L' abolition entière de l' Ordre des Templiers est encore un problême quant à la vérité des causes et à la justice des procédures.

ABOLITION


ABOLITION, s. f. [Aboli-cion, et en vers ci-on, tout bref.] Anéantissement, extinction. Voy. ABOLISSEMENT.
   ABOLITION, ABROGATION, (synon.) Le 1er. se dit plutôt des coutumes, et l' autre des lois. Le non-usage suffit pour l' abolition, mais il faut un acte positif pour l' abrogation. GIR. Synon.

ABOMINABLE


ABOMINABLE, adj. [La pénult. est douteuse: able, l' a est long, si le mot termine la phrase; il est bref, s' il est dans le cours de la phrase.] Détestable, qui est en horreur. _ Il se dit des personnes et des choses: homme abominable, crime abominable. = On le dit par exagération de tout ce qui déplait, mais seulement des chôses, "musique, comédie abominable. Trev. Acad.
   ABOMINABLE se plait à suivre. Monstre abominable, goût abominable. En vers il peut précéder et même élégamment.
   L' abominable auteur de mon malheureux sort.
   Mais cette inversion seroit dure devant beaucoup de mots: abominable monstre, abominable crime sonnent tout-à-fait mal: abominable homme choquerait encore plus. "C' est un abominable homme. Mol. Tartuff. "Tandis que ces abominables scènes se passoient en Angleterre. Me. de B.... Hist. d' Angl. Scènes abominables aurait été mieux.

ABOMINABLEMENT


ABOMINABLEMENT, adv. [Abomi-nableman, 5e. e muet, en a le son d' an. tout bref.] D' une manière abominable. _ Il se dit comme abominable, par exagération: "il chante, il écrit abominablement.

ABOMINATION


ABOMINATION, s. f. [Abomina-cion, en vers, ci-on, tout bref.] Détestation. Il se dit avec de et en. "Il est l' abomination des honnêtes gens; il est en abomination à tout le monde. _ Au pluriel, il signifie non l' action de détester, d' abominer, comme on disait autrefois, mais la chose qui est détestable, abominable: il a donc le sens passif. "Il commet tous les jours mille abominations.
   On dit être en abomination, avoir en abomination. Nous avons doné un ex. du 1er. en voici un du 2e.: "Le Seigneur a en abomination le sanguinaire, les impudiques, les impies, etc.

ABOMINER


*ABOMINER, v. a. Vieux mot qui ne peut plus être employé que dans le style burlesque, ou satirique marotique. _ Détester, avoir en horreur.

ABONDAMMENT


ABONDAMMENT, adv. [Abondaman, 2e. lon. en a le son d' an: on ne prononce jamais le t, même devant une voyelle.] En abondance. "Il ne doit plus souhaiter de biens, il en a abondamment. _ Il régit, comme on voit, l' ablatif. "Il a abondamment de tout ce qu' il peut desirer.

ABONDANCE


ABONDANCE, s. f. [2e. et 3e. longues; la 3e. plus que la 2e. parce qu' elle est l' apui de l' e muet qui termine.] Grande quantité. Il régit la prép. de, (l' ablat.) Abondance de biens. "Je n' entends plus rien aux productions modernes. Quelle stérile abondance de mots: ce n' est pas-là la noble et élégante simplicité de nos pères. Marin. L' Amante Ingénuë. = Avoir abondance, (sans article.) Avoir abondance de toutes choses. = Avoir en abondance, en grande abondance. = Être dans l' abondance, ou tout seul, ou avec le régime de. = Pays d' abondance: où tout abonde.
   On dit proverbialement: de l' abondance du coeur la bouche parle: on s' empêche difficilement de parler des choses, dont le coeur est plein. _ Parler d' abondance. Voy. Parler de tête.

ABONDANT


ABONDANT, ANTE, adj. [2e. et 3e. longues, et la 3e. plus que la 2e., parce qu' elle est devant l' e muet, qui termine le mot.] Qui abonde. Il se dit ou seul, récolte abondante, ou avec la prép. en: pays abondant en toute sorte de biens.
   ABONDANT, seul et sans régime, ne se dit point des persones. Fontenelle l' emploie pourtant fort à propos. Il dit de M. Parent, qu' il étoit si abondant, que quoiqu' il eût un Journal à lui, il ne laissoit pas pourtant de se répandre dans les autres. _ Avec le régime on peut le dire des persones: "il est abondant en paroles, en comparaisons. Acad. * On dit dans le Dic. Gramm. qu' abondant se met toujours après le substantif. On devait ajouter, dans la prôse ordinaire; car en vers, dans la prose poëtique, et dans le style élevé et oratoire, il peut élégamment précéder, quand il est sans régime. L' abondante moisson; d' abondantes bénédictions. _ Quand il régit la prép. en, il se place toujours après le subst. "La Langue Grecque abondante en mots et en tours de phrases.

D' ABONDANT


*D' ABONDANT, adv. [Dabondan, 2e. et 3e. lon. le t ne se prononce point.] Ce mot, qui signifie de plus, outre cela, avait déjà vieilli du tems de Vaugelas, et il dit qu' on ne s' en servait plus dans le beau style. Aujourd' hui il est tout-à-fait vieux et hors d' usage, même chez le commun des Praticiens. _ L' Acad. dit qu' il vieillit: dans le Rich. Port. et le Dict. Gramm. on le qualifie de terme de pratique.

ABONDER


ABONDER, v. n. [Abondé, 2e. lon. 3e. é fer.] Avoir ou être en grande quantité. Il se dit des persones à l' égard des choses, et des choses, des biens à l' égard des persones; toujours avec la prép. en ou dans: "cette maison, cette Province abonde en biens, en richesses, en vins, en soldats; (là maison et Province se prènent pour les habitans.) "Le bien abonde en cette maison.
   On dit figurément, abonder en son sens, pour dire, être fort attaché à son opinion.

ABONNEMENT


ABONNEMENT, s. m. [Aboneman, 3e. e muet; en a le son d' an, tout bref] Marché qu' on fait en composant avec quelqu' un à certain prix, pour toujours ou pour un espace de temps. Faire un abonnement avec... Voy. ABONNER.

ABONNER


ABONNER, ou ABONER, v. a. [Aboné, bref, 3e. é fer.] Composer à un prix certain d' une chôse casuelle. "On a aboné cette Province à telle somme. = Il s' emploie ordinairement avec le pron. pers. et il régit la prép. avec. S' abonner avec le Curé pour les dixmes.

ABONNIR


ABONNIR, ou ABONIR, avec une seule n, v. a. et n. [La 1ere. orthogr. est l' ordinaire, la 2e. serait plus commode. Aboni, tout bref.] Rendre meilleur, = devenir meilleur. "Les caves fraîches abonissent le vin. _ "Il est vieux pécheur, il n' abonit point en vieillissant. Il est du style familier. = Il est aussi réciproque, s' abonir: "ce vin-là s' abonira avec le temps.

ABORD


ABORD, s. m. [Abor, bref, le d ne se prononce jamais.] Ce mot a divers sens. 1°. accès: "ce port est de difficile abord; cette personne est de facile abord; l' abord de cette aûtre est gracieux, elle a l' abord facile. = 2°. Affluence. "Un grand abord de monde, de toute sorte de denrées.
   D' ABORD. Voy. Dabord, sous la lettre D.

ABORDABLE


ABORDABLE, adj. [la 3e. est douteuse, able, l' a est bref quand le mot est dans le cours de la phrâse: il est long, quand ce mot la termine.] Qu' on peut aborder. Il ne se dit guère qu' avec la négative; au propre: "cette côte n' est pas abordable. Au figuré: "cette persone n' est pas abordable, elle est de très-difficile accès.

ABORDAGE


ABORDAGE, s. m. [dern. e muet.] L' action d' aborder un vaisseau: Aller à l' abordage. _ On le dit aussi de deux vaisseaux qui se heurtent.

ABORDER


ABORDER, v. a. et n. [Abordé, 3e. é fer. tout bref.] Il n' est actif que dans ces deux sens, aborder un vaisseau, le joindre; aborder une persone, l' acoster: "je ne puis aborder ce Ministre. = Hors de-là il est neutre, ou sans régime, nous ne pumes aborder; ou avec les prép. à ou dans; aborder au rivage, dans une Isle. = Quand il signifie aprocher, il régit la prép. de: on ne sauroit aborder de cette Eglise, tant elle est pleine de monde. _ Mais il n' a pas ce dernier régime dans son sens naturel. "Il falloit remplir ce fossé, si l' on avoit envie d' en aborder (de ce roc.) Rollin. Cette phrase est vicieuse par le régime, ou par la propriété du mot.
   Rem. ABORDER, dans ses temps composés prend ordinairement l' auxil. avoir, j' ai abordé, nous avions abordé, etc. Plusieurs Auteurs lui donnent pour compagnon l' auxil. être; Trevoux, Bossuet, Dacier, Vertot, Rollin. _ L' Acad. met dans deux exemples, nous avons abordé, et nous sommes abordés. _ Cependant aucun Grammairien, que je connaisse, ne met aborder au nombre des verbes qui prennent être pour auxiliaire. Mais les Grammairiens n' ont pas épuisé les recherches.

ABORTIF


ABORTIF, ÎVE, adj. [3e. lon. au 2e. 4e. e muet: on pron. toujours l' f au 1er. abortif, tive.] Avorté, qui est venu avant terme, avant le temps. Enfant abortif, fruit abortif. L' Acad. ne cite d' exemple que des fruits. Elle dit que ce mot est de peu d' usage.

ABOUCHEMENT


ABOUCHEMENT, s. m. [Aboucheman, tout bref: 3e. e muet; en y a le son d' an, le t ne se prononce point, même devant une voyelle.] Entrevûe; conférence. "L' abouchement de Charles V avec François 1er. Richelet. "Je crois ce mot un peu vieux, et il me paraît qu' il n' est guère de l' usage actuel. L' Acad. le met sans remarque.

ABOUCHER


ABOUCHER, v. a. Faire trouver des persones dans un lieu pour conférer ensemble. "Il faut les aboucher ensemble. _ Son usage le plus ordinaire est avec le pron. pers. S' aboucher. On l' emploie ou absolument et sans régime: "ils se sont abouchés; ou avec la prép. avec: "je dois m' aboucher avec lui.

ABOUTIR


ABOUTIR, v. n. [Abouti, tout bref.] Toucher par un bout. Il régit la prép. à. Ce champ aboutit à un marais. = Il s' emploie aussi figurément; "Tout cela n' aboutira à rien. = Il régit encôre l' infinitif précédé de la prép. à; "cette démarche n' aboutira qu' à vous faire blâmer.
   Il se dit enfin des abcès lorsqu' ils viennent à crever. "Ce clou est près d' aboutir, faire aboutir un abcès. _ Il n' est actif qu' avec faire.

ABOUTISSANT


ABOUTISSANT, ANTE, adj. [A-bou-ti-san, sante, 4e. long. sur-tout au fém.] Qui aboutit à; "Terre aboutissante d' un côté à la rivière, de l' autre au grand chemin.
   ABOUTISSANS au plur. est subst. "les tenans et les aboutissans d' un champ, d' une affaire.

ABOUTISSEMENT


ABOUTISSEMENT, s. m. [Abouticeman, 4ee muet, en a le son d' an.] Richelet le dit d' une pièce qu' on a ajouté à une aûtre, qui n' est pas assez longue. On trouve aussi cette définition dans le Rich. Port. _ L' Acad. avertit qu' il ne se dit guère que d' un abcès qui vient à aboutir.

ABOYANT


ABOYANT, ANTE, adj. [Aboa-ian, ante, 3e. lon.] qui aboie; des chiens aboyans. _ M. Linguet, dans sa mauvaise humeur, parle d' une canaille aboyante. Cela n' est bon que dans le style comique ou satirique, qui a ses privilèges dans la langue.

ABOYER


ABOYER, v. n. [A-boa-ié, 3e. é fer. tout bref.] Japer. Il ne se dit au propre que d' un chien.
   ABOYER, Japer. l' Acad. avait dit d' abord que le 2e. ne se dit que du cri des petits chiens. Dans la dern. édit. Elle se contente de dire qu' il se dit de la sorte plus ordinairement. = Japer ne s' emploie qu' au propre: on se sert d' aboyer, et au propre et au figuré. "Pourquoi m' aboies-tu, disait un Avocat à un homme qui l' injuriait? Parce que je vois un voleur, lui répondit-il. Reflex.
   Je doute qu' aboyer soit actif hôrs peut-être de cette phrase, ce chien aboie les passans. M. d' Ablancourt dans les Dial. de Lucien dit: "Il y a de certaines gens qui aboient tout le monde; et Mde. Dacier. "Les chiens n' osent se jeter sur ces bêtes, et se contentent de les aboyer en reculant. Iliade. _ L' Acad. ne le dit pas même des chiens; elle ne dit que aboyer à la lune, aux voleurs, contre les passans, après tout le monde.
   Au figuré, aboyer après quelqu' un, c' est crier après lui, le presser, l' importuner: "Tous ses créanciers aboient après cet homme. = Aboyer après quelque chose, la désirer, la poursuivre: "que de gens aboient après cette succession, cette charge, ce bénéfice.
   En style proverbial, aboyer à la lune, c' est pester contre des gens puissans, à qui on ne peut faire de mal _ Aboyer le premier, prendre les devans; être le premier à se plaindre, quoiqu' on aie tort.

ABOYEUR


ABOYEUR, s. m. [A-boa-ieur, tout bref.] Chien qui aboie à la vue du sanglier, sans en approcher. _ Au fig. il régit de, Aboyeur de bénéfices.

ABRE


ABRE. La pénult. est toujours longue: sâbre, cinâbre, il se câbre; et elle conserve sa longueur devant la syll. masc. se câbrer, etc.

ABRÉGÉ


ABRÉGÉ, ÉE, adj. [2e. et 3e. é fer. long au fém. devant l' e muet. On écrivait autrefois Abbrégé. avec deux b.] Accourci, resserré. L' Acad. ne met pas ce mot. _ La place naturelle de cet adj. est après le subst. qu' il modifie: "Relation abrégée, chemin abrégé pour aller à la gloire.

ABRÉGÉ


ABRÉGÉ, s. m. [2e. et 3e. é fer. bref.] Raccourci d' un Livre, d' une Histoire, etc. Faire un abrégé de... Mettre par abrégé, en abrégé.
   En abrégé, adv. En peu de mots, de lignes, de pages.

ABREGEMENT


*ABREGEMENT, s. m. Racourcissement. Action d' abréger. _ Ce mot d' abord usité, ensuite abandoné, puis renouvelé, parce qu' il étoit commode, est devenu de nouveau suranné. Il serait pourtant utile, et mériterait que de bons Auteurs lui redonassent le crédit qu' il a perdu. _ L' Acad. ne le met point. _ Mrs. de Port-Royal s' en sont servis autrefois: "l' abrègement des paroles.

ABRÉGER


ABRÉGER, v. a. [Abrégé, 2e. et 3e. é fer. bref.] Rendre plus court. Ordinairement ce verbe n' a que le régime direct: (l' accusatif) abréger une narration. Quelquefois pourtant il a pour 2e. régime le datif: "ses débauches lui abrégerent la vie; ce fut une des causes qui lui abrégerent ses jours. Marsolier. Il devoit retrancher lui, et dire simplement, qui abrégérent ses jours. Car lui et ses dans la même phrase forment un pléonasme, une répétition d' idées. En effet, puisqu' il lui abrégea les jours ou la vie, il est bien clair que ce n' est pas la vie ou les jours d' un aûtre. C' est comme qui dirait, et comme disent certains: j' ai mal à ma jambe, au lieu de, à la jambe. = On dit aussi, avec ce 2e. régime: "vous lui avez abrégé la besogne, par la méthode que vous lui avez aprise, etc. etc.
   ABRÉGER, neut. sans régime. Pour abréger, je me borne à vous dire, etc. J' abrége pour ne pas lasser votre patience.
   * Rem. Boileau dit: _ Enfin pour abréger un si plaisant prodige: l' éllipse est un peu trop forte, même en vers. On n' abrége pas un prodige: on ne peut abréger que la narration qu' on en fait. Dict. Grammat.

ABRÉVIATEUR


ABRÉVIATEUR, s. m. [eur ne fait qu' une syll. abrévi-a-teur; 2e. é fer.; tout bref.] Qui fait un abrégé. Il régit la prép. de. L' abréviateur de Baronius.

ABRÉVIATION


ABRÉVIATION, s. m. [Abrévi-a-cion; en vers ci-on. 2e. é fer.] Manière d' écrire un mot, en retranchant quelques-unes des lettres, comme, Mr., Mde., Mgr., pour Monsieur, Madame, Monseigneur, etc. etc.

ABREUVER


ABREUVER, v. a. [A-breu-vé; 3e. é fer. eu n' est qu' une syllabe; tout bref: on écrivait autrefois abbreuver, avec deux b.] Dans le sens de faire boire, on ne le dit que des bêtes. _ Il se dit plus ordinairement de l' effet de la pluie, quand elle pénètre la terre.
   * Rem. La Touche prétend qu' on écrit et qu' on prononce abruver: il se trompe. Il se plaint que l' Académie ne distingue point l' usage de ce mot au figuré; & cite pour exemple cette phrase: tout le monde est abreuvé, ou, comme il écrit, abruvé de cette nouvelle; mais il remarque avec raison, que cela n' est que du style familier. Dans la dern. Édit. de son Dictionaire, l' Académie a inséré cette phrase. _ Abreuver est même actif en ce sens et avec ce régime: on dit abreuver une persone d' une nouvelle, d' une opinion.
   S' ABREUVER est beau au figuré: "Elle ne se repaît que de ses maux; elle ne s' abreuve que de ses larmes. Jer. Dél. _ * Rouss. substîtuë dans à de, mal-à-propos, à ce que je crois.
   Abreuvez-vous dans le sang de vos frères.
   C' est le régime de se baigner. On dit, s' abreuver de, et se baigner dans.

ABREUVOIR


ABREUVOIR, s. m. [A-breu-voar; trois syll. seulement: la 3e. est douteûse.] Lieu où l' on mène boire les chevaux. = Dans le style burlesque, abreuvoir à mouches: plaie large et sanglante.

ABRI


ABRI, s. m. [deux brèves.] Lieu à couvert du vent, ou du froid, ou du soleil, etc. c' est un bon abri; chercher un abri. _ Au fig. "La solitude est un abri contre les dangers du monde.
   À~ l' abri, adv. se dit aussi au fig. comme au propre: à l' abri de la tyrannie; à l' abri de l' orage.

ABROGATION


ABROGATION, s. f. [A-bro-ga-cion, et non pas ab-rogacion: tout bref: cion n' est qu' une syll. en prose, il en fait deux en vers: ci-on.] Action par laquelle une chose est annullée. Il ne se dit que des loix & des coutumes. Voy. ABOLITION et DÉROGATION.

ABROGER


ABROGER, v. a. Annuller, mettre hors d' usage. [Abrogé, 2e. é fer. tout bref.] Il ne se dit que des loix et des coutumes. _ * Mde. de B... (H. Angl.) dit: "La Reine, immédiatement après, abrogea le Parlement. Le terme est impropre. Je crois que c' est une faute d' impression, et qu' il faut lire prorogea.

ABRUTIR


ABRUTIR, v. a. [Abruti, tout bref.] Rendre bête et stupide. _ S' abrutir, devenir bête. "Le vin abrutit l' esprit. "cet homme s' abrutit. = * Abrutir se dit absolument et sans régime. "Il défendit de laisser monter à la tranchée, quiconque aurait été trouvé gorgé et abruti de vin. Anon. On dit gorgé de; on ne dit pas, abruti de vin.
   Dans le langage moderne, abrutir signifie aussi intimider jusqu' à rendre bête, stupide. Vous l' avez accablé, contredit, abruti. Gress.
   Loin de l' encourager, vous l' effrayez sans cesse,
   Et vous l' abrutissez dès que vous lui parlez.       Id.

ABRUTISSEMENT


ABRUTISSEMENT, s. m. [Abruticeman; tout bref, 4e. e muet, en a le son d' an.] État d' un homme abruti. Il se dit sur-tout avec le v. tomber, et la prép. dans. "Il est tombé dans le plus honteux abrutissement.

ABSCèS


ABSCèS. Voy. ABCèS.

ABSENCE


ABSENCE, s. f. Éloignement du lieu où l' on est ordinairement, ou bien où l' on devrait être. _ [Ab-san-ce; 2e. lon. en a le son d' an; 3e. e muet.] Une longue absence; en mon absence. = On ne le dit au pluriel que dans ces deux phrases, au propre, faire des absences; au figuré, avoir souvent des absences d' esprit, ou absolument des absences; c. à. d. des égaremens d' esprit, des distractions sensibles. _ En ce sens, on le dit même au singulier: "c' est une absence d' esprit, qui n' est pas excusable. Acad.
   Rem. 1°. Quoique absence au propre ne s' emploie ordinairement qu' au sing. on dit pourtant élégamment au pluriel: "Les longues absences éteignent l' amour. St. Evr. les courtes absences le redoublent. Scud.
   2°. Depuis peu on dit absence, des chôses, dans le sens de manque, privation. "Avec tant de vertus, il ne posséda jamais celle, dont l' absence rend toutes les autres inutiles au gouvernement. Moreau. "Ce n' est pas le pouvoir absolu, qui caractérise le despotisme, c' est son usage arbitraire; c' est l' absence des loix; c' est le mépris des formes, etc. L' Ab. Royou. "Dans ces guerres, nées de l' absence des loix et des désordres de l' anarchie. Mor. "L' absence encôre plus absolûe de toute distraction... lui a fait encore plus gagner que l' afoiblissement de sa vue n' a pu lui faire perdre de facilités et de moyens pour le travail. M. le M. de Condorcet, El. de M. Euler. Ce mot, en ce sens, est un néologisme heureux.
   EN L' ABSENCE. Voy. EN, prép.

ABSENT


ABSENT, ENTE, adj. [Ab-san, sante.; 2e. lon. en a le son d' an. 3e. e muet au 2e.] Éloigné de sa demeure ordinaire: _ il régit la prép. de, mais non pas des persones. On dit, absent de Paris, de la Cour; mais on ne doit pas dire avec Campistron.
   J' étois absent de vous, inquiet, désolé.
   ABSENT est quelquefois subst. mais il ne se dit qu' au pluriel. Les absents ont toujours tort. J. J. Rousseau met ce proverbe au sing. contre l' usage: "ne sait-on pas que l' absent a toujours tort.
   Rem. Dans l' Ann. Litt. on emploie absent au figuré. "Déclamateur hypocrite... qui prêche une morale absente de son coeur. L' expression est énergique et agréable. Voy. ABSENCE, Rem. 2e.

ABSENTER


ABSENTER (s' ) v. réc. [Ab-san-té. 2e lon. en a le son d' an. 3e. é fer.] S' éloigner de quelque lieu. Il régit la prép. de, mais non pas des persones. On dit s' absenter de la Cour, de la Ville; mais je ne crois pas qu' on dise s' absenter de ses amis, comme je l' ai lû et ouï dire.

ABSINTHE


ABSINTHE, s. f. [Ab-sein-te. 2e. lon. 3e. e muet.] Plante médicinale, qui est très--amère.
   Rem. Il est peu de mots qui aient été écrits de plus de manières différentes: Absinte, Absinthe, Absynthe, et même Apsinthe. Ce dernier est de M. Menage, et le plus mauvais de tous. Aujourd' hui l' on n' a à choisir qu' entre Absynthe et Absinthe; l' Acad. s' est déclarée pour le dernier, et avec raison; car, pourquoi cet y? ce n' est pas pour l' étymologie: elle lui est contraire: Absinthium.
   Selon Malherbe, Absinthe est masc. et fém. Vaugelas le fait toujours masc. Aujourd' hui il est constamment fém.

ABSOLU


ABSOLU, Ûë, adj. [ L' u est long au fem. lû-e: on doit mettre deux points sur l' e.] Indépendant, souverain. = Ordinairement il se dit des choses; pouvoir absolu, autorité absolûë, parler d' un ton absolu, impérieux. Il se dit pourtant des persones dans ces deux phrases: il est absolu dans sa maison, dans sa compagnie; persone ne lui résiste. "Il est absolu dans tout ce qu' il veut; il veut fortement qu' on fasse tout ce qu' il commande.
   Rem. Dans le discours ordinaire, absolu suit le subst. dans le discours relevé, et à plus forte raison en vers, il peut le précéder. Pouvoir absolu; l' absolu pouvoir. "La passion qu' il avoit de demeurer seul et absolu maître de toutes les affaires. Test. de Louv. _ Absolu est là mal placé.

ABSOLUMENT


ABSOLUMENT, adv. [Absoluman, tout bref: en a le son d' an.] Cet adverbe a plusieurs sens. 1°. D' une manière absolûë: "il le veut absolument. 2°. Tout-à-fait, entièrement: "il le nie absolument; tout le monde absolument fut de cet avis: "rien, absolument rien, n' y excite l' intérêt. Journ. de Mont. 3°. En grammaire on dit qu' un nom, qu' un verbe s' emploie absolument, pour dire qu' il s' emploie sans régime. Il prie: là prier est employé absolument. _ Ainsi nous disons que, impatient se dit toujours absolument, et qu' il est contre l' usage de dire, impatient du joug, et de donner un régime à un adj. auquel l' usage n' en attribue point. 4°. absolument parlant, à en juger en gros: "absolument parlant, cela est bon, cela n' est pas mauvais.

ABSOLUTION


ABSOLUTION, s. f. [Absolu-cion; en vers ci-on, tout bref.] Jugement par lequel un accusé est absous. = Sentence du Prêtre, qui remet les péchés; doner l' absolution~; recevoir l' absolution; refuser, différer l' absolution. _ Voy. ABOLITION et ABSOUTE.

ABSOLUTOIRE


ABSOLUTOIRE, adj. [Absolu-toâ-re; 4e. lon. 5e. e muet.] Qui porte absolution. _ L' emploi de ce mot est fort borné. L' Acad. le met sans rem. mais elle ne done pour exemple que, Bref absolutoire.

ABSORBANT


ABSORBANT, ANTE, adj. [Absorban, bante; 3e. lon. 4e. e muet.] Qui absorbe. On ne le dit qu' en médecine: remède absôrbant, terres absorbantes.
   M. Linguet, qui aime les métaphores, parle d' une justice absorbante: c' est en ce sens un néologisme.
   ABSORBANT est aussi substantif masc. "un absorbant, des absorbans: il s' emploie communément au pluriel.

ABSORBER


ABSORBER, v. a. [Absorbé; 3e. é fer. tout bref.] Engloutir, au propre; au figuré, consumer entièrement: "Les sables absorbent les eaux: "les procès ont absorbé tout son bien. _ Et ainsi s' absorber: les pluies s' absorbent dans les sâbles. "Tout son bien s' est absorbé dans les procès.
   ÊTRE ABSORBÉ régit dans au sens figuré; et par au sens propre: "il est absorbé en Dieu, dans l' étude, dans la méditation. "Les pluies sont absorbées par les sables; les acides sont absorbé par les alcalis.

ABSORPTION


ABSORPTION, s. f. [Absorp-cion, bref.] Action d' absorber. Ce terme est bien dur, et peu usité. L' Acad. le met sans remarque.

ABSOUDRE


ABSOUDRE ou ABSOûDRE, v. a. [Ab--soû-dre; la 2e est longue: il seroit bon de marquer l' û d' un acc. circonfl. 3e. e muet.] Décharger l' accusé du crime qu' on lui imputoit.
   Conjugaison d' Absoûdre. J' absous, tu absous, il absout: nous absolvons, vous absolvez, ils absolvent. J' absolvois. (Il n' a point de prétérit simple, ni d' imparf. du subj. on ne dit point j' absolvai, que j' absolvasse, ni j' absolus, que j' absolusse.) J' ai absous; j' absoudrai; j' absoudrois; absous, que j' absolve; absous, absoûte.
   Prosodie. L' ou devant l' e muet est long: absoûdre et absoûte. _ Devant la terminaison masculine, j' absoudrai, j' absoudrois, il est bref.
   Régime. Absoûdre se dit, ou avec le seul régime direct; il a été absous; il a eu tant de voix pour l' absoûdre; en absolvant ce criminel, on n' a pas fait justice; ou avec la prép. de pour 2e. régime de la chôse: on l' a absous du crime dont on l' accusoit.
   Il se dit de même de la rémission des péchés dans le sacrement de pénitence.

ABSOUTE


ABSOUTE, ou mieux ABSOûTE, s. f. [Ab--soû-te; 2e. lon. Il conviendrait de mettre sur l' û un acc. circ. 3e. e muet.] On dit faire l' absoûte et doner l' absolution. La 1re. façon de parler ne se dit que de l' absolution publique et solennelle, qui se done au peuple par l' Evêque le Jeudi-Saint, ou le mercredi au soir dans les cathédrales. L. T. Acad. L' absolution est la rémission des péchés par le Prêtre dans le Sacrement de Pénitence.

ABSTêME


ABSTêME, s. m. et f. [2e. lon. ê ouvert, 3e. e muet.] L' Acad. écrit abstème avec l' acc. grave sur le 1er. e; mais l' e étant ouvert, il est mieux, ce me semble, de le marquer de l' acc. circ. et de réserver l' acc. grave pour l' è moyen.
   ABSTêME, se dit de celui, ou de celle qui ne boit point de vin. "L' Eglise dispensait du calice les abstêmes.

ABSTENIR


ABSTENIR, (s' ) v. réc. [2e. e muet, tout bref.] Il se conjugue comme tenir. Voy. ce verbe. = s' abstenir, c' est se priver de l' usage de quelque chose. Il régit l' ablat. et la prép. de devant l' infinitif. "Ils s' abstient de ce qu' on lui a défendu. "Depuis lors il s' en est abstenu. "Il s' abstiendra de le faire.
   On le dit quelquefois absolument et sans régime. "Il est plus aisé de s' abstenir~ que de se contenir.

ABSTERGENT


*ABSTERGENT, ou ABSTERSIF. Trev. _ L' Acad. ne met que le 2e. Voyez-le à sa place.

ABSTERGER


ABSTERGER, v. a. [2e. è ouv. 3e. é fer. Abstèrjé: tout bref.] Terme de Chirurgie. Nettoyer. _ Il se dit des plaies, des ulcères.

ABSTERSIF


ABSTERSIF, IVE, adj. Propre à nettoyer.

ABSTERSION


ABSTERSION, s. f. [Abstèr-cion; 2e. è ouv. tout bref.] Action d' absterger, de nettoyer. Voy. ABSTERGER.

ABSTINENCE


ABSTINENCE, s. f. [lon. En a le son d' an; 4e e muet.] Vertu morale par laquelle on se prive de certaines choses, sur-tout du boire et du manger. "L' abstinence est utile au corps et à l' âme.
   Rem. Quand il se dit au pluriel, il ne marque pas la vertu de mortification, mais les oeuvres de cette vertu. Les abstinences et les macérations doivent être réglées par la prudence.
   Jours d' abstinence, jours maigres, où il est défendu de manger de la viande.

ABSTINENT


ABSTINENT, ENTE, adj. Sobre, modéré, tempérant. Je le crois peu usité. L' Acad. le met sans rem. Elle l' avoit mis dans la 1re. édit. de son Dict. Elle l' avoit ôté dans les suivantes; Elle l' a remis dans la dre.

ABSTRACTION


ABSTRACTION, s. f. [Abstrak-cion, en vers, ci-on.] séparation que l' esprit fait d' une qualité, d' une propriété, etc. d' avec le sujet où elle est inhérente. _ L' Acad. ne le done que comme un terme didactique. Cependant on l' emploie dans le discours ordinaire. "Faisons abstraction, je le veux, du ton et de la morgue de certains Philosophes, leurs maximes sont intolérables. Abstraction faite des circonstances, toutes odieuses, l' action ne laisse pas d' être condamnable.
   ABSTRACTION: distraction, défaut d' aplication. Il ne s' emploie qu' au pluriel. "Il est dans des abstractions continuelles. Acad. _ On se sert plus souvent de distraction. Voy. ABSTRAIT.

ABSTRAIRE


ABSTRAIRE, v. a. [Abstrère; 2eè moy. et lon. 3e. e muet.] Faire abstraction. Il est peu usité; l' Acad. le met sans rem. On dit plus ordinairement faire abstraction de. _ Leibnitz l' emploie au participe. "Toute action est individuelle et non générale, ni abstraite de ses circonstances. On doit regarder ce mot ainsi employé, comme un latinisme.

ABSTRAIT


ABSTRAIT, AITE, adj. [Abstrè, trète; 2e è moy. et bref, 3e. e muet.] Il se dit des persones et des chôses, et suit toujours le subst. qu' il modifie: esprit abstrait, homme abstrait, qui a des abstractions: termes abstraits, sciences abstraites. Voy. ABSTRACTION et ABSTRAIRE. Voy. ABSTRUS.
   ABSTRAIT, Distrait. (Synon.) C' est nos propres idées intérieures, qui nous rendent abstraits; et c' est un nouvel objet extérieur qui nous rend distraits. GIR. L' Auteur parle apparemment des distractions sensibles, et qui paraissent au dehors. Mais il y en a d' intérieures; et pour les exprimer on se sert plus communément de distractions que d' abstractions. Témoin les pensées qui distraient de l' attention à la prière. = "On est distrait, lorsqu' on regarde un autre objet que celui qu' on nous propôse, et que l' on écoute d' aûtres discours que ceux qu' on nous adresse: on est abstrait, quand on ne pense à aucun objet présent, ni a rien de ce qu' on dit. La rêverie produit des abstractions, et la curiosité des distractions. Gir Synon. "Phédon est abstrait, rêveur, et il a, avec de l' esprit, l' air d' un stupide. La Bruy. _ Abstrait marque une plus grande inattention que distrait. Bouh. _ Voy. ABSTRUS.

ABSTRAITEMENT


*ABSTRAITEMENT, adv. D' une manière abstraite. C' est un mot de M. Necker. "Il n' a plus qu' à les considérer abstraitement. Il met pour correctif, pour aïnsi dire. _ L' Acad. ne le met pas. Il serait utile, et il manque à la langue.

ABSTRUS


ABSTRUS, ÛSE, adj. [Abstrus-ûze; 2e. lon. au 2d.; 3e. e muet.] Qui est difficile à entendre. _ Abstrait se dit des persones et des chôses; et appliqué aux chôses, il signifie subtil, métaphysique; sciences abstraites, raisonnemens abstraits; abstrus ne se dit que des chôses, et signifie obscur, profond, difficile à comprendre: "ce que vous dites-là est fort abstrus.

ABSURDE


ABSURDE, adj. [bref, 3e e muet. Qui est contre la raison.]
   Rem. 1°. On dit dans le Dict. Gramm. que cet adjectif se met toujours après le substantif. Toujours, c' est trop dire: on devait se contenter du mot ordinairement; car en vers & dans la prose poëtique et oratoire, il peut élégamment précéder: opinion absurde, absurde systême.
   * 2°. Absurde se dit toujours des chôses, jamais des persones. On dit: une proposition absurde; mais on ne dit pas un Auteur, un homme absurde. "Ce Testament (du Cardin. de Richelieu) est l' ouvrage d' un faussaire aussi ignorant qu' absurde, dit Voltaire, qui s' est obstiné jusqu' à sa mort à le rejetter, malgré tant de preuves convaincantes. "Il (Johnson) a le même ton avec ses supérieurs, ses égaux et ses inférieurs; et il est par conséquent absurde avec au moins deux de ces trois classes d' Hommes. Milord Chesterfield. C' est un anglicisme. _ Absurde se dit des chôses et des actions. Rich. Port. _ L' Acad. le met sans Rem. mais elle ne done d' exemple que des chôses.
   ABSURDE, ridicule. (Synon.) Le premier a rapport à l' opinion, l' autre aux moeurs: l' un choque la raison, l' autre le goût. "On rejette les systêmes absurdes; et l' on se moque des discours et des manières ridicules. Fer.

ABSURDITÉ


ABSURDITÉ, s. f. [Tout bref: dern. é fer.] Ce mot se dit: 1°. du vice, du défaut de ce qui est absurde; l' absurdité d' un discours. 2°. De la chôse absurde: il a dit là une grande absurdité, c. à. d. une chôse très--absurde. _ Ce n' est que dans ce 2d. sens qu' on peut le mettre au pluriel. "Toutes ses prétenduës démonstrations ne sont que des absurdités.

ABUS


ABUS, s. m. [Abu, bref.] Mauvais usage, erreur, tromperie.

ABUSÉ


*ABUSÉ, ÉE, partic. d' Abuser: La Ruë en fait un subst. masc. "Il ne tiendra pas à vous que les abusés ne soient détrompés. Ce subst. est inconu dans la langue.

ABUSER


ABUSER, v. n. [Abuzé, tout bref; 3e é fer.] User mal. Il régit l' ablat. "Il abûse de tout: il en abûse.
   ABUSER est aussi actif: abuser les peuples, les tromper. _ L' Acad. ne le met point: c' est sans doute un oubli; car elle met s' abuser, se tromper, qui est un réciproque actif.
   * Rem. 1°. M. Moreau emploie neutralement abuser sans régime. Les Monarques, qui avoient abusé, furent moins absolus. Il sous-entend; de leur pouvoir. Ce n' est pas la seule phrâse où cet illustre Auteur ait employé abuser sans régime; mais il n' est point à imiter en cela. _ M. Necker a dit aussi: "Il n' est ni inspection, ni contrôle, qui puisse être une caution certaine, quand le comptable veut abuser.
   2°. Le neutre ne régit que rârement les persones, et il est susceptible de sens peu honnêtes: il ne faut pas l' employer inconsidérement. Mde. de Sévigné écrit à sa Fille. "Je n' ai que des riens à vous mander: c' est abuser d' une Lieutenante générale, qui tient les États. Et dans une autre Lettre: "Ma Fille, j' abuse de vous: Voyez quels fagots je vous conte. Si c' eût été un homme, qui eût écrit sur ce ton à Mde. de Grignan, il eût manqué à la décence.

ABUSEUR


*ABUSEUR, s. m. Qui abuse, qui trompe. Il est dans Richelet. On l' employait autrefois dans le style sérieux. "Nous aurions raison de l' attribuer aux esprits abuseurs. Boss. Mahomet a été un grand abuseur de Peuples. Dans la phrase de Bossuet, il est employé comme adjectif. _ L' Acad. l' admet pour le style familier.

ABUSIF


ABUSIF, ÎVE, adj. [On prononce l' f dans le 1er. l' î est long dans le 2d. Abuzif, zîve.] Qui est contraire aux règles; usage abusif, procédure abusive. Acad. _ Sens abusif, en grammaire, c' est un sens donné à un mot contre l' usage.

ABUSIVEMENT


ABUSIVEMENT, adv. D' une manière abusive. [Abuzîveman; 3e lon. 4e e muet: dans la 5e. en a le son d' an.] Il a été décrété abusivement. "mot employé abusivement. Acad. Voy. ABUSIF.

ABYME


ABYME, ABYMER. C' est ainsi qu' écrit l' Académie. Voy. ABîME, ABIMER.

AC


AC final est toujours bref, soit que le c ne se prononce point, comme dans almanach, tabac, soit qu' il se prononce, comme dans lac, bac, sac, tillac. Les pluriels sont longs almanachs, sacs.

ACABIT


ACABIT, s. m. [Akabi, bref.] On dit, dans le style simple et familier, des fruits et des légumes, qu' ils sont d' un bon ou mauvais acabit, soit pour dire qu' ils sont de bone ou mauvaise qualité, soit pour signifier qu' ils sont d' un bon ou mauvais débit. _ Quelques-uns le disent même des viandes et des étofes. _ L' Acad. avertit qu' on ne le dit guère que des fruits; et ne done à ce mot que le 1er. sens.
   Boursaut a dit acabie contre l' usage.
   Rousseau emploie acabit au figuré.
   - - Ta plume baptise
   De noms trop doux gens de tel acabit,
   Ce sont trop bien maroufles, que Dieu fit.
   Cela n' est bon que dans le style marotique ou comique.

ACABLEMENT


ACABLEMENT, ACABLER; Rich. Voyez ACCABLEMENT, ACCABLER.

ACACIA


ACACIA, s. m. Espèce d' arbre. Suivant Ménage et Th. Corneille il ne prend point d' s au pluriel. L' Acad. dit pourtant: plusieurs acacias.

ACADÉMICIEN


ACADÉMICIEN, s. m. [Akadé-mi-cien; en vers ci-en, 3e. é fer. tout bref.] Il se dit d' un Sectateur d' une ancienne secte de Philosophes, et d' un membre d' une compagnie de gens de lettres, établie par autorité publique. Voy. ACADÉMISTE.

ACADÉMîE


ACADÉMîE, s. f. [Akadémî-e; 3e é fer. 4e lon. 5e e muet.] Ce mot a plusieurs significations. Il se dit, 1°. d' une compagnie de gens de lettres. 2°. Du lieu où la Noblesse aprend à monter à cheval. 3°. D' un lieu où l' on done publiquement à jouer. 4°. En terme de peintûre, d' une figure entière, dessinée d' après le modèle, et qui n' est pas destinée à entrer dans la composition d' un tableau: celles qui y sont destinées, s' appellent études. _ Il y a aussi des Académies de danse, de musique.
   Les Auteurs étrangers, qui écrivent en français, appellent Académies les Universités, et fonctions académiques, celles des Professeurs. On l' a dit autrefois en France. On ne le dit plus.

ACADÉMIQUE


ACADÉMIQUE, adj. [Akadémike, 3e é fer. 5e e muet, tout bref.] Qui apartient, ou qui convient à des Académiciens. Discours académique.
   Rem. On dit, dans le Dict. Gramm. que cet adjectif se place toujours après le substantif. Il fallait ajouter, excepté en vers, où il peut marcher devant.
   Quittant le ton de la natûre,
   Répandent sur tous leurs discours
   L' Académique enluminûre.      Gresset.

ACADÉMIQUEMENT


ACADÉMIQUEMENT, ad. [Akadémike-man, 3e é fer. 5e e muet; dans la 6e. en a le son d' an.] D' une manière académique. "Traiter un sujet académiquement. _ Il ne se prend guère en bone part.

ACADÉMISTE


ACADÉMISTE, s. m. [Akadémis-te; 3e é fer. 5e e muet, tout bref.] Celui qui dans une Académie aprend ses exercices, et sur-tout à monter à cheval. Il ne faut donc pas confondre académiste avec académicien; et c' est un avis à doner aux étrangers.

ACAGNARDER


ACAGNARDER, v. a. [Akagnardé, mouillez le gn. dern. é fer. tout bref.] Il est du st. famil. _ Acoutumer à mener une vie obscure et fainéante. "La mauvaise compagnie l' a acagnardé. _ Il s' emploie plus ordinairement avec le pron. pers. S' acagnarder (avec les prép. dans pour les chôses, et auprès pour les persones) dans sa terre, auprès d' une femme.

ACANACÉ


*ACANACÉ, ÉE, adj. ou plutôt ACANTHACÉ. [Trev. et l' Acad. mettent le 1er.; mais le mot suivant, Acanthe, prouve qu' il faut préférer le 2d.] Il se dit des plantes épineuses.

ACANTHE


ACANTHE, s. f. [Acante, l' h est muette. 2e. lon. 3e e muet.] Plante autrement apelée, branche ursine.
   Rem. M. Clément écrit acante, et le fait masc. Ce sont deux chôses contre l' usage. "Le flexible Acante plié en berceau. _ Dites: la flexible Acanthe pliée, etc.

ACARIâTRE


ACARIâTRE, adj. [Akari-âtre; 4e. lon. 5e e muet.] Il dit plus que colère. Il anonce quelque chose de plus minutieux, de plus pointilleux, une humeur plus habituellement aigre et criarde. "On supporte un homme colère, mais on n' aime pas à vivre avec une persone acariâtre. _ Cet adjectif suit toujours le substantif.

ACATIQUE


*ACATIQUE, ou AQUATIQUE, adj. Suivant Richelet, l' un et l' autre se dit; mais le 1er. est plus doux et plus en usage. Il veut donc qu' on prononce akatike. Il a tort, et pour l' orthogr. et pour la prononciation Voy. AQUATIQUE.

ACCABLANT


ACCABLANT, ANTE, ou ACABLANT, adj. [Acablan, blante; 2e. br. 3e. lon. 4e. e muet. M. de Wailly (dans le Rich. Port.) écrit acâblant, acâbler, avec l' acc. circ. sur l' a; mais cet a n' est long. que devant l' e muet: il acâble; il ne faut donc mettre l' acc. circ. que là.] Qui acâble, qui est capable d' acabler. _ Il suit ou précède au goût de l' orateur: affaires acablantes; acablante nouvelle; poids acablans; acablant poids ne vaudrait rien.

ACCABLÉ


ACCABLÉ, ÉE, adj. ou ACABLÉ, avec un seul c. [Akablé, et non pas akâblé. Voyez ACCABLANT. Tout bref; 3e é fer.] Abatu, surchargé. _ l' Acad. ne le met que participe. _ Il se dit, ou absolument, ou avec la prép. de: soulager les peuples acablés; acablés du poids des impôts.

ACCâBLEMENT


ACCâBLEMENT, ou ACâBLEMENT, s. m. [2e. lon. 3e. e muet; dans la 4e. en a le son d' an; akâbleman.] Il a un sens passif: il signifie, non l' action d' acabler, mais l' état de celui qui est acablé. _ Il se dit, ou tout seul, ou avec la prép. de. "Je n' ai pas de ces heures de chagrin et d' acâblement, qui vont jusqu' à l' âme. Voit. "Il est dans un grand acâblement d' affaires. _ Acâblement tout seul, ne se dit que du chagrin, de la douleur, de la maladie.
   Rem. * Acâblement ne se dit qu' au figuré. Je ne voudrais pas dire, après un tremblement de terre, comme on le lit dans Trev. qu' il y a eu un acablement général, pour dire que tout le monde a été acablé par les ruines.

ACCABLER


ACCABLER ou ACABLER, v. a. [Akablé, et non pas akâblé, puisque l' a est bref; mais devant l' e muet il est long: il acâble, et il est bon de l' écrire. Voy. ACCABLANT.] Il est plus usité au figuré qu' au propre; et au passif qu' a l' actif, pour le sens propre. "La maison est tombée, et les a tous acablés. "Ils ont été acablés sous les ruines. "Ils furent acablés par le nombre, par la multitude des ennemis. _ Il est beau au figuré; à l' actif: le travail, les affaires l' accablent; au passif, il est acablé de dettes, de misère, de visites; au réciproque, ne vous acablez pas de travail; avec le v. se laisser: "Il se laisse accabler au mal, à la douleur, à la tristesse. Il régit dans cette occasion la prép. à, non par lui-même, mais à cause du v. se laisser. Hors de là, il régit l' ablatif. Accabler quelqu' un de reproches, d' injures, l' acabler de graces, de bienfaits.
   Je t' ai comblé de biens; je t' en veux acabler.
       Corn.
"Je suis acablé de sommeil, d' affaires.

ACCAGNARDER


ACCAGNARDER. Trev. Voy. ACAGNARDER, avec un seul c.

ACCAPAREMENT


ACCAPAREMENT, ou ACAPAREMENT, s. m. [Akapareman, tout bref; 4e. e muet, 5e. en a le son d' an.] Monopole sur les denrées. Il s' emploie sur-tout au pluriel: "la Police doit empêcher les acaparemens.

ACCAPARER


ACCAPARER, ou ACAPARER, v. a. [Aka--paré, 4e. é fer. tout bref.] Faire amas de denrées pour les vendre plus cher. "Il est défendu d' acaparer les bleds.

ACCAPAREUR


*ACCAPAREUR, s. m. Monopoleur. Mot nouveau. L' Acad. ne le met pas: "Les manoeuvres des Acapareurs subalternes. Anon. Je crois que ce mot passera.

ACCÉDER


ACCÉDER, v. n. [Akcédé, 2e. & 3e. é fer. tout bref.] Entrer dans les engagemens déjà contractés par les autres Puissances. Il régit le datif: "accéder à un traité. Il ne se dit que des Princes; et l' Ab. des Fontaines condamne justement un Auteur qui a dit, accéder à un parti. _ * Accéder prend pour auxiliaire, avoir, et non pas être: "Le traité auquel la Cour de... est accédée. Rép. de la Holl. Dites a accédé.

ACCÉLÉRANT


*ACCÉLÉRANT, ANTE, adj. M. Linguet l' a employé, et probablement inventé: lenteur accélérante.

ACCÉLÉRATEUR


ACCÉLÉRATEUR, TRICE, adj. [Akcé--léra-teur, trice; 2e. et 3e. é fer. dern. e muet au 2d.] Qui accélère (Anat.) muscles accélérateurs (Phys.) forces accélératrices. * Le Gendre dit accélérative.

ACCÉLÉRATIVE


*ACCÉLÉRATIVE. V. ACCÉLÉRATEUR.

ACCÉLÉRATION


ACCÉLÉRATION, s. m. [Akcéléra-cion, et en vers ci-on; 2e. et 3e. é fer. tout bref.] Augmentation de vitesse; Accélération du mouvement. = Prompte expédition: accélération de l' ouvrage, des affaires.

ACCÉLÉRER


ACCÉLÉRER, v. a. [Akcéléré, 3 é fer, tout bref.] 1°. Hater, presser, accélérer le travail, l' ouvrage, les affaires. _ 2°. Augmenter la vitesse, accélérer le mouvement.

ACCENT


ACCENT, s. m. [Ak-san: le t ne se prononce pas; en a le son d' an, il est long.] l' Acad. définit l' accent, une élévation plus ou moins forte de la voix sur certaines syllabes, et une manière de les prononcer plus ou moins longues ou brèves. Mais c' est confondre l' accent avec la prononciation. Leur signification est bien diférente. Tous deux ont raport au langage, mais la prononciation exprime le plus ou le moins d' exactitude à marquer les accens, les brèves et les longues, à suprimer ou à faire sentir les lettres qui doivent être muettes, ou se faire entendre: accent est une inflexion de voix et de gosier particulière aux diférentes Provinces. On peut avoir une bone prononciation, et un mauvais accent et vice versâ. Le peuple même, en certaines Provinces, a un joli accent, quoiqu' il fasse quelquefois des faûtes contre les règles de la prononciation: dans d' autres, au contraire, les persones les mieux élevées ont un accent rude et désagréable, quoiqu' elles observent ces règles très-exactement. La mauvaise prononciation peut se corriger; mais le mauvais accent ne se corrige jamais parfaitement. On peut doner des règles de prononciation, on ne peut pas doner des préceptes pour l' accent. Enfin, les nuances de l' accent sont plus fines et plus délicates que celles de la prononciation. FER.
   ACCENT est aussi un terme poétique. "Les doux accens de sa voix: tristes accens; accens plaintifs. Acad. Il se met toujours au pluriel.
   ACCENT est encore une petite marque mise sur une voyelle, ou pour en faire connoître la prononciation, ou pour distinguer le sens d' un mot, de celui d' un autre mot, qui s' écrit de même, comme adv. de la pronom.
   Il y a en français trois sortes d' accens; l' aigu (' ), le grave (`) et le circonflexe (^) qui, réunissant les deux autres, présente la figure d' un chevron.
   Le 1er. l' accent aigu, se met sur tous les é fermés, soit au commencement, soit au milieu, soit à la fin des mots: Édit, vérité, témérité. _ Lorsque l' e est suivi d' un z, on n' y met point l' aigu, le propre du z final étant de rendre fermé l' e qui précéde. Ex. nez, assez, vous avez, vous parlerez. _ La Touche se plaignait avec raison, au comencement de ce siècle, qu' il y eût peu d' Auteurs qui fussent exacts à marquer l' é fermé. "Les uns, dit-il, ne l' accentuent jamais; les autres le marquent en certaines syllabes et ne le font pas en d' autres, plus par coutume que par bone raison. Il ajoute que "il est très-fàché que Mrs. de l' Académie n' aient pas fixé dans leur Dictionaire la prononciation de l' é fermé, qui est souvent douteûse pour beaucoup de gens. Il auroit pû se plaindre aussi de Richelet, qui a eu la même négligence. _ Dans la dernière Édition de son Dictionaire, l' Académie a marqué régulièrement les accens. Et depuis l' impression de celui d' orthographe, les Imprimeurs sont plus exacts, et supléent à la paresse, et quelquefois à l' ignorance des Auteurs. Mais ils doivent se piquer d' une exactitude encore plus grande. _ Nous espérons que ce Dictionaire y contribuera de quelque chôse.
   L' accent grave se met sur les è fort ouverts, suivis d' une s à la fin: procès, succès, etc. Il se met encore sur à, lorsqu' il est article ou préposition, pour le distinguer d' a verbe, il a; sur adverbe, pour le distinguer de la article ou pronom; sur adv. (ubi) pour le distinguer de ou conjonction (vel).
   La Touche était fort surpris qu' il n' y eût que très-peu de gens qui se servissent de l' accent grave pour marquer l' e ouvert, quoique ce dût être là son véritable usage; les uns l' accentuant d' un aigu, les aûtres mettant un z après cet e, dans les mots qui viennent du latin: accés ou accez, procés ou procez, succés ou succez; ce qui confond les signes de la prononciation, pour lesquels sont établis les accens, et induit en erreur un grand nombre de persones. Il reproche cette méthode vicieûse d' accentuer, à Mrs. de l' Acad. qui écrivaient trés, prés, aprés, accés, etc. et procez, succez, congrez, etc. et il cherche vainement la diférence de ces deux ortographes, toutes deux irrégulières. _ Tout le monde, Auteurs, Imprimeurs, Lexicographes, et entre autres, l' Académie, s' est corrigé là-dessus.
   Rem. Depuis quelque temps, on place aussi l' accent grâve sur des e pénultièmes, qui ont un son moyen, et qui sont suivis d' un e muet: nièce, remède, collège, zèle, crème, cène, père, mère, thèse, prophète, brève, etc. _ L' Acad. marque plusieurs de ces e pénultièmes avec l' accent aigu; mais cet e n' est pas fermé: l' accent aigu ne doit donc pas en être le signe. Il serait à souhaiter qu' on consacrât l' accent grave à cet è moyen, et qu' on réservât le circonflexe pour l' e ouvert. _ Il conviendrait aussi qu' on marquàt d' un accent grâve la terminaison en et, comme l' ont fait quelques Auteurs et Imprimeurs, quoiqu' en petit nombre; projèt, regrèt, et qu' on marquât du circonflexe~ les è ouverts: succês, procês, etc.
   On écrit sans accent les noms terminés en er, et, el, ec; enfer, net, fiel, sec. Ce serait un secours pour les étrangers, les jeunes gens, & les provinciaux, d' y mettre un accent, ou grave, ou circonflexe, suivant que l' e est moyen ou ouvert. Les terminaisons des noms en er en auraient plus besoin encore que les autres, pour ne pas les confondre avec les verbes terminés de même, où l' e est fermé.
   L' accent grave serait aussi utile pour marquer l' e moyen, exprimé par des consones redoublées devant l' e muet; et au-lieu d' écrire belle, immortelle, musette, trompette, on devrait mettre avec l' accent, bèle, immortèle, musète, trompète, comme quelques-uns le fesaient autrefois, au dire de La Touc. Ce serait le moyen de simplifier l' orthographe, et de la mettre à portée du grand nombre.
   Enfin, l' accent circonflexe ne se doit mettre que sur les voyelles longues, tant au milieu qu' à la fin des mots. Il marque ordinairement le retranchement d' une lettre employée dans l' ancienne orthographe: âge, tête, gîte, tantôt, etc. qui s' écrivaient autrefois aage, teste, giste, tantost, etc.
   On met aussi l' acc. circ.sur la 3e. pers. sing. de l' imparfait du subjonctif: qu' il allât, qu' il vît, qu' il fût, qu' il eût. Outre que la syllabe est longue, cet accent distingue ce temps du préterit de l' indicatif où elle est brève. j' allas, je vis, je fus, j' eus; ou des participes vu, reçu, où plusieurs mettent mal-à-propos l' accent, sous prétexte qu' il remplace une voyelle retranchée; veu, reçeu, etc.
   Rem. Il serait à souhaiter qu' on marquât du circonflexe les syllabes longues, barbâre, colêre, empîre, aurôre, lectûre; emphâse, thêse, surprîse., chôse, mûse, ôser, etc. Cet accent ne choquerait pas les yeux: ce ne serait pas un nouveau caractère introduit dans la langue; & l' on aurait par ce moyen une prosodie abrégée; tout le monde étant averti qu' il n' y a de syllabes longues que celles qui seraient marquées de cet accent. J' avais eu cette pensée avant de la voir dans La Touche. Si cet usage utile s' établit, nous lui laisserons, si l' on veut, la petite gloire de cette invention.

ACCENTUER


ACCENTUER, v. a. et n. [Ak-santu-é, 2e. lon. 4e. é fer.] Mettre des accens sur des voyelles. L' Acad. ne le marque qu' actif, et ne done d' exemple que du neutre: "Il ne sait pas accentuer. Il se dit aussi activement. "Autrefois on n' accentuait pas les e ou on les accentuait fort mal. Voy. au mot ACCENT des remarques intéressantes.

ACCEPTABLE


ACCEPTABLE, adj. [Akcèptable, 2e. è moy. 3e. douteuse. 4e. e muet.] Qu' on peut, qu' on doit accepter. "Ces offres sont acceptables. Il se dit plus ordinairement avec la négative: ces conditions ne sont pas acceptables.

ACCEPTATION


ACCEPTATION, s. f. [Aksèpta-cion, tout bref.] Action par laquelle on accepte. Il régit la prép. de. Acceptation d' une donation, d' une lettre de change. Voy. ACCEPTER.

ACCEPTER


ACCEPTER, v. a. [Ak-sèpté, 2e è moy. 3e. é fer. tout bref.] Agréer ce qui nous est offert. Il a, outre le régime direct (l' accusatif,) la préposition de pour 2d. régime: "J' accepte volontiers ce don de votre main. _ L' Acad. ne met pas d' exemple de ce 2d. régime, mais il est bon.
   J' en accepte l' augûre; je souhaite que la chôse arrive, comme on me le fait espérer. Cette phrâse est de tous les stiles.
   ACCEPTER un défi, s' engager à faire une chôse dont on nous a défiés. _ Accepter une lettre de change, la souscrire et promettre de la payer à son échéance.

ACCEPTION


ACCEPTION, s. f. [Akcèp-cion, et en vers ci-on, 2e è moy. Tout bref.] Sorte de préférence. Il n' a d' usage que dans cette phrase, acception de persones; c. à. d. égard qu' on a pour les uns plutôt que pour les autres. Cette expression est tirée de l' Ecriture. Quelques-uns ont voulu introduire accepteur dans le même sens, mais ça été sans succès. Richelet.
   On dit faire et non pas avoir acception, comme a dit Bourdalouë: "le Dieu d' Israël n' avoit acception de persone. Remarquez de plus, persone au singulier; contre l' usage et l' esprit de l' expression, qui exige le pluriel.
   ACCEPTION, (Grammaire) Le sens dans lequel un mot se prend. "Ce mot a plusieurs acceptions; dans son acception naturelle il signifie, etc.

ACCèS


ACCèS, ou mieux ACCêS, s. m. [Akcê, l' ê est fort ouvert; il seroit bon de le marquer d' un acc. circ. Il est long.] Abord. Place de difficile accês; l' accês en est aisé. Il n' est usité que dans des phrâses semblables. = Pour les persones on dit, avoir accês auprès de quelqu' un, avoir la facilité de lui parler; avoir un libre accês, etc. "cet homme est de difficile accês. Voy. ABORD. = Accês se dit aussi de la fièvre; mais dit-on fièvre d' accês ou par accês, ou accês de fièvre: M. Tissot dit le 1er., que je crois qu' il avoit ouï dire à Montpellier. Le dernier m' a toujours paru le seul bon; et c' est le seul que l' Académie admette; le 2e. est tout au moins douteux. = Accês se dit aussi tout seul; "il en a été quitte pour un accês: l' accês lui a pris à deux heures, etc.
   ACCêS, se dit encore au figuré; Accês de dévotion, de libéralité.

ACCESSIBLE


ACCESSIBLE, adj. [Akcè-cible, 2e. è moy. 4e. e muet, tout bref.] Qui peut être abordé, dont on peut approcher. Il se dit des lieux et des persones. "Cette place n' est pas accessible; elle est accessible par un tel endroit. = Quand on parle des persones, ou il se dit sans régime: cet homme est accessible à toute heure; ou il régit la prép. à: "il est accessible à tout le monde. "L' affabilité ne seroit plus qu' une dérision pour les malheureux, si elle ne nous rendoit plus accessibles à leurs plaintes, que pour nous rendre plus insensibles à leurs peines. Massillon.
   On dit dans le Dict. Gramm. que accessible suit toujours le substantif; on a voulu dire dans le discours ordinaire, mais en vers il peut précéder. _ L' accessible bonté, qui lui gagne les coeurs.

ACCESSOIRE


ACCESSOIRE, adj. m. et f. et s. m. [Akcè-soâ-re, 2e. è moy. 3e. long. 4e. e muet.] Qui suit ou accompagne le principal. Idée accessoire. _ s. m. L' accessoire doit suivre le principal.

ACCIDENT


ACCIDENT, s. m. [akcidan, 2e. brève, 3e. long. en a le son d' an] Événement fortuit. Il se prend toujours en mal, à moins qu' il ne soit déterminé par quelque épithête. "Quel accident! c. à. d. quel malheur! Accident imprévu, inopiné. Étrange accident! ô l' heureux accident! favorable accident.
   Par accident, par malheur ou par hasard.

ACCIDENTEL


ACCIDENTEL, TELLE, adj. [Aksidan--tel, tèle, 3e long. 4e è moy. 5e e muet.] Qui n' est que par accident dans un objet. "La blancheur est accidentelle à la cire.

ACCIDENTELLEMENT


ACCIDENTELLEMENT, adv. [Ak--sidantèleman; 3e et dern. long. en a le son d' an; 4eè moy. 5e. e muet.] Par accident. (terme de Philos.) La blancheur, la rondeur ne sont qu' accidentellement dans la cire. _ On le dit aussi dans le discours ordinaire; "je ne suis ici qu' accidentellement: par hasard, en passant. L' Acad. ne le met pas en ce sens; c' est un oubli.

ACCLAMATEUR


ACCLAMATEUR, s. m. (Néologisme.) L' ouvrage entraîne la foule des acclamateurs. Merc. L' Auteur a mis le mot en italique. _ Ce mot serait utile, et vaudrait mieux que celui d' Aplaudisseur, que l' usage n' a pas adopté.

ACCLAMATION


ACCLAMATION, ou ACLAMATION, s. f. [Aklama-cion, en vers, ci-on, tout bref.] Cri, qui marque la joie ou l' estime. "À~ son arrivée, il se fit une aclamation générale. Il fut reçu avec de grandes aclamations. Il se dit ordinairement au pluriel. Faire des aclamations à.... Le Sénat faisoit des aclamations aux Empereurs. _ " Il se retira aux aclamations de tout le peuple. M. Targe. Cette dernière phrâse n' est pas aussi sûre que les autres.

ACCLIMATÉ


ACCLIMATÉ, ÉE, adj. Accoutumé au climat. Mot nouveau, employé par Raynal et un aûtre.

ACCOEUILLIR


ACCOEUILLIR, C' est ainsi qu' écrit M. de Wailly, et il paraît en effet que cette orthographe serait plus conforme à la prononciation, mais elle n' a pas encore le sceau de l' usage. Voyez ACCUEILLIR.

ACCOINTANCE


ACCOINTANCE, s. f. Habitude, familiarité, vieux mot, qui se soutient encore dans le style familier. _ Mais Acointer, s' acointer pour hanter, fréquenter, est entiérement hors d' usage. *"Vous vous êtes acointé d' un mal-honnête homme. Richelet.

ACCOLADE


ACCOLADE, s. f. [Akolade, tout bref, 4ee muet.] Embrassement, (style familier et badin.) Ils firent de grandes acolades.

ACCOLER


ACCOLER, v. a. [Akolé, 3eé fer. tout bref.] Dans le sens d' embrasser, il ne se dit qu' en plaisantant. Il me vint acoler; et ainsi s' acoler: "ils s' acolèrent avec grande amitié.

ACCOMMODABLE


ACCOMMODABLE, adj. [Akomodable: 4e dout.] Qui se peut acomoder. On ne le dit qu' en matière de différend, de procês. On ne dit point qu' une perruque, qu' une chaise est acomodable, pour dire qu' on peut l' acomoder.

ACCOMODAGE


ACCOMODAGE, s. m. [Akomodaje, pénult. dout.] Travail et salaire de celui qui acomode. Il ne se dit que des cuisiniers et des perruquiers. Il faut payer l' acomodage de ces viandes. Tant pour l' acomodage de la perruque de Mr. pendant un an.

ACCOMMODANT


ACCOMMODANT, ANTE, adj. [Ako--modan, dante, 3e long. le reste bref.] Complaisant, d' un commerce aisé. Homme acomodant. Humeur, persone acomodante.

ACCOMMODÉ


ACCOMMODÉ, ÉE, adj. [Akomodé, ée, 4e é fer. long. au fém.] Ajusté, propre, en ordre. Rich. Port. L' Acad. ne le met point en ce sens.
   *ACCOMMODÉ, Riche, à son aise. Trev: Rich. Port. _ La Touche dit que cet adjectif se dit quelquefois pour riche, mais seulement dans le style familier. Il ajoute qu' on dit par oposition, c' est un homme incommode, mais qu' alors il faut ajouter, dans ses affaires. _ L' Acad. met celui-ci; mais elle ne met pas acomodé tout seul pour à son aise: elle ne parle que d' homme mal accomodé, ou peu accommodé des biens de la fortune. _ * Il en est qui, au lieu d' acommodé, disent commode, qui est encore plus mauvais, il est commode, il est à son aise. C' est un gasconisme, un provençalisme.

ACCOMMODEMENT


ACCOMMODEMENT, s. m. [Akomo--deman. dern. long. en a le son d' an. pénult. e muet.] Au propre il est peu usité, quoiqu' en disent le Dict. de Trev. le Rich. Port. et La Touche. On ne l' emploie guère pour signifier l' action d' acomoder. L' Acad. ne met que cet exemple; "je louerai votre maison, si vous y voulez faire quelques accommodemens. _ On ne dit donc point l' acomodement d' une chaise, d' une table, d' une chambre, etc. = Au figuré il est plus en usage, et il signifie réconciliation, acord. (S' entremettre d' accommodement. _ Accommodement à l' amiable. Un méchant accommodement vaut mieux que le meilleur procès,) mais il n' est pas bon pour signifier commodité, ou intérêt; (c' est pour moi un accommodement, c. à. d. cela m' accommode, Bouh. L. T.

ACCOMMODER


ACCOMMODER, v. a. [Akomodé, dern. é fer. tout bref.] Ce verbe a plusieurs sens. 1°. Procurer de la commodité; "cette pièce de terre l' accommode: cela ne m' accommode pas. = 2°. Aprêter les viandes. Il se dit ou neutralement; accommoder à manger, ou activement: "il acommode fort bien le poisson. 3°. En parlant des affaires et des persones, les terminer, les accorder: "Il faut accommoder ce procès; ils étaient prêts à se batre, on les a acommodés. = 4°. Conformer avec à pour 2e régime. "Accommoder son goût , son humeur à ce qui plaît aux autres. "Que de gens accommodent la Religion à leurs intérêts!
   S' ACCOMMODER, sans régime, a deux sens, prendre ses commodités; "il sait s' accommoder; _ et s' accorder après s' être brouillés; "ils se sont accommodés. = Avec de pour régime, se servir de; tirer parti de; il s' accommode de tout; _ se conformer à... "la famille des Cornéliens étoit presque la seule, qui ne se fût pas acomodée à l' usage de brûler les corps. Journ. Gén. de Fr.
   À~ ses projets, au temps, aux lieux il s' acommode.
       Du Rênel.

ACCOMPAGNATEUR


ACCOMPAGNATEUR, ou ACOMPAGNATEUR, s. m. [Acon-pagna-teur. 2e. long. mouillez le gn.] Qui accompagne la voix avec un instrument. _ Comme rarement les femmes accompagnent les autres, on n' a pas dit encore accompagnatrice.

ACCOMPAGNEMENT


ACCOMPAGNEMENT, s. m. [Akon--pagneman: 2e. long. mouillez le gn. 4e. e muet; 5e. en avec le son d' an.] Action d' accompagner. Son usage est borné en ce sens; l' accompagnement du corps à la sépulture; l' accompagnement d' un Ambassadeur, etc. = 2°. Accords des instruments dont on accompagne la voix. Aprendre l' acompagnement; bon, mauvais accompagnement. = 3°. Ce qui sert de suite; "cette chambre manque des accompagnemens nécessaires.

ACCOMPAGNER


ACCOMPAGNER, v. a. [Akonpagné; 2e long. mouillez le gn, 4, é fer.]
   ACCOMPAGNER a plusieurs sens. Aller de compagnie, je vous accompagnerai. _ Suivre par honneur. _ Conduire par civilité. _ Escorter. Il se dit en tous ces sens avec le seul régime direct. (l' accusat.) _ Avec de pour 2e régime; joindre, ajouter une chose à une autre; accompagner un bienfait de manières obligeantes; il accompagna ses reproches de menaces.
   ACCOMPAGNER, (terme de musique.) V. Accompagnateur et Accompagnement.

ACCOMPLI


ACCOMPLI, ÎE, ou ACOMPLI, ÎE, adj. [2e long. 3e long. au fém. Akonplî-e.] Achevé, fini. _ Excellent, parfait. _ Il marche toujours après le subst. "Homme acompli, Femme acomplie.

ACCOMPLIR


ACCOMPLIR, v. a. [Akonpli, 2e lon.] Il a divers sens. _ 1°. Achever, acomplir le temps de son bail, de ses engagemens. = 2°. Effectuer; acomplir sa promesse. = 3°. Exécuter, acomplir la loi, acomplir ses obligations, faire ce qu' elles nous ordonent.
   S' ACCOMPLIR, ne s' emploie qu' au 2e sens; les Prophéties se sont acomplies. Le traité n' a pu s' acomplir.

ACCOMPLISSEMENT


ACCOMPLISSEMENT, ou ACOMPLISSEMENT, s. m. [Akonpliceman, 2e long. 4e e muet, 5e en a le son d' an.] Achèvement, exécution entière. Il ne se dit pas tout seul, mais avec la prép. de, ou les pron. possessifs; l' acomplissement de la Loi de Dieu; de tous vos desirs. "Voyez un heureux, et quelle sérénité l' acomplissement de ses desseins répand sur son visage. La Bruy. "Vos souhaits, vos prédictions ont eu leur acomplissement. Il ne se met jamais au pluriel, même quand on parle de plusieurs chôses ou de plusieurs persones. On ne doit jamais dire les acomplissemens, leurs acomplissemens.

ACCOQUINANT


ACCOQUINANT, ACCOQUINER. Voy. ACOQUINANT, ACOQUINER. L' Acad. les écrit avec un seul c; et nous l' imitons volontiers. Et que ne peut-on faire main-basse sur toutes ces lettres doubles, inutiles et embarrassantes!

ACCORD


ACCORD, ou ACORD, s. m. [Acor, bref, le d ne se pron. pas.] Convention; faire un acord. _ Union; ils vivent dans un acord parfait. _ Consonance de deux sons. Acords harmonieux.
   Mettre d' Acord, Acorder: on les a mis d' acord. _ Etre d' acord (sans rég.) Etre convenus, être unis; ils sont d' accord _ Etre d' accord avec. _ Tomber ou demeurer d' acord de; je suis d' acord avec lui; il tombe ou demeure d' acord de cela.
   D' Acord, interj. Dacord! c. à. d. j' y consens, je l' avoue.

ACCORDâILLES


ACCORDâILLES, s. f. pl. [Akordâ-glie, mouillez le gn, dern. e muet, 3e. longue.] Cérémonie qui se fait pour la signatûre d' un contrat de mariage ou des articles. _ Il est populaire. Acad.

ACCORDER


ACCORDER, ou ACORDER, v. act. [A--kordé, bref, 3e. é fer.] Il a plusieurs sens. 1°. Mettre d' acord; On vient de les acorder. = 2°. Concilier; Acordez ces deux textes. = 3°. Mettre des instrumens à l' unisson. = 4°. Concéder: Acordez lui cette grace. = 5°. Reconaitre pour vrai. J' acorde le principe; je nie la conséquence.
   S' acorder, s' acomoder, se mettre d' acord, convenir; ou sans régime: ils se sont acordés, ou avec à devant les noms et les verbes; il s' est acordé à cet arrangement, à me payer cette somme, mais il demande du temps. = Avoir de la convenance; ces deux couleurs s' acordent; ma santé s' acorde avec ce climat; sa voix s' acorde bien avec la mienne, mon humeur avec la vôtre, etc.
   Rem.Acorder, comme avouer, croire, etc. régit que avec l' indicatif, si la phrâse est afirmative, et avec le subjonctif, si elle est négative: J' acorde que cela est: je n' acorde pas que cela soit. "Ils avoûent que les mystères sont au-dessus de la raison: mais ils n' acordent pas qu' ils lui sont, (soient) contraires. Leibnitz.
   2°. ACORDER a pour régime ordinaire l' accusatif et la prép. avec.
   Il ne m' est pas permis d' acorder dans mon coeur
   les droits de la nature avec ceux de l' honneur.Créb.
  Faut-il donc que l' esprit ne puisse s' acorder
  Avec le jugement qui doit le seconder.
Il régit quelquefois la prép. de avec l' infinitif. "Les Dieux ne lui ont pas accordé de revoir sa patrie. Télém. On sous-entend le bonheur, le plaisir, etc. C' est une ellipse, mais ce régime et ce sous-entendu ne réussiraient pas toujours. _ Voy. CONCILIER.
   3°. S' ACORDER régit avec pour les persones, et sur pour les chôses. La Touche reprend Pascal de lui avoir fait régir la prép. de: "ils se sont avisés de s' acorder de ce terme de prochain. Il falloit dire, de s' acorder sur ce terme, ou de s' acomoder de ce terme. L. T.

ACCORT


ACCORT, ORTE, adj. Il paraît vieux; L' Acad. le met sans rem. _ Civil, conplaisant. _ Il avait un autre sens que l' Acad. ne met pas; Adroit, habile à trouver promptement des expédiens. Trev.

ACCORTEMENT


*ACCORTEMENT, ACCORTISE. Ils datent du temps de Pasquier, mais ils ont bientôt péri. Acort a duré plus long-tems; et suivant l' Acad. il dure encore. Elle le met sans le désaprouver.

ACCOSTABLE


ACCOSTABLE, adj. [Akostable, 3e dout.] Il y a plus de cinquante ans que ce mot commençait à vieillir. On peut tout au plus s' en servir en conversation et avec la négative; cet homme n' est pas accostable. _ Il est familier, dit l' Acad.

ACCOSTER


ACCOSTER, v. a. [Akosté, 3eé fer. tout bref.] Il est actif: acoster quelqu' un, l' aborder: et réc. s' acoster de quelqu' un, s' aprocher de lui pour lui parler. Famil.

ACCOTTER


ACCOTTER, v. a. ACCOTTOIR, s. m. [Voilà deux c et deux t bien inutiles, et même embarrassans; Akoté, Ako-toar, 3e é fer. au 1e. elle est dout. au 2d.] Apuyer, apui. Acoter sa tête, s' acoter sur une chaise.
   L' Acotoir sert à s' apuyer de côté, et l' acoudoir à s' apuyer en avant. Rich. Port.

ACCOUCHÉE


ACCOUCHÉE, s. f. [Akou-ché-e; 3e é fer. et long.] Femme qui est en couche.

ACCOUCHEMENT


ACCOUCHEMENT, s. m. [3e e muet, 4e lon. en a le son d' an, lon.] Enfantement. heureux acouchement. Acouchement difficile.

ACCOUCHER


ACCOUCHER, ou ACOUCHER, v. a. et n. [A-kou-ché, tout bref, 3e é fer.] Actif, Aider à enfanter: alors il prend l' auxil. avoir. Ce Chirurgien a acouché Mde. de... neutre. Mettre un enfant au monde; alors il prend l' auxil. être; elle est accouchée d' une fille. Il prend cet auxil. même quand il est sans régime. "Les coupables ôsent nier qu' elle soit accouchée. (Causes célèbres.) _ Dans certaine Province on emploie le récip. au lieu du neutre. On dit: cette Dame s' est accouchée, au lieu de est accouchée. Dans le Dict. Gramm. On dit: elle a accouché; c' est une autre faute, moins grossière, mais qu' il faut corriger.
   ACOUCHER se dit aussi au figuré; mais dans le style badin ou critique. "L' âge d' or est revenu parmi nous: nous acouchons sans douleur: notre prose coule doucement, et nos jeunes Poëtes font des vers de sang froid. Coyer. "Il est accouché d' une belle pensée.

ACCOUCHES


*ACCOUCHES, s. f. pl. On le dit sur les bords de la Garone, au-lieu de couches. "Fausses accouches: ses premières accouches. C' est un gasconisme barbâre. Desgr.

ACCOUCHEUR


ACCOUCHEUR, s. m. Celui dont la profession est d' accoucher les femmes. [A-kou--cheur, trois syll. brèves.] Il est bon acoucheur; il est l' acoucheur de Mde...

ACCOUCHEûSE


ACCOUCHEûSE, s. f. [A-kou-cheû-ze, 3e lon. 4e e muet.] On dit plus communément Sage-Femme. Voy. ACCOUCHEUR.

ACCOUDER


ACCOUDER, ou ACOUDER (s' ) v. réc. [A-kou-dé; 3e é fer.] Il ne se dit qu' avec le pron. et la prép. sur: s' acouder sur une table, sur une balustrade, etc.

ACCOUDOIR


ACCOUDOIR, s. m. [A-kou-doar; 3e. dout.] Ce qui est fait pour s' y acouder. Avoir un acoudoir sous les bras; avoir les bras sur un acoudoir. Voy. ACCOTTOIR.

ACCOUPLEMENT


ACCOUPLEMENT ou ACOUPLEMENT, s. m. [A-kou-ple-man; 3e e muet, 4een a le son d' an.] Assemblage. Il ne se dit que des animaux.
   REM. La Touche dit que ce terme, dans le sens de Mariage, ne se dit guère qu' en poësie, et qu' on le joint d' ordinaire à quelque épithète qui le relève. _ Acouplement fatal, et des Dieux détesté.
   Je crois qu' on serait plus délicat aujourd' hui, et qu' aucune épithète ne pourrait le faire passer. Le temps n' est plus où l' on pouvait dire come Malherbe.
   - - Tu menois le blond hyménée.
   Qui devoit solemnellement,
   De ce fatal acouplement,
   Célébrer l' heureuse journée.
   On ne le dit plus que des animaux.

ACCOUPLER


ACCOUPLER, ou ACOUPLER, v. a. [A-kou-plé; 3e é fer. tout bref.] Joindre deux choses ensemble. On dit de deux persones, qui sont mal associées; c' est vouloir acoupler le loup et la brebis. = Acoupler des boeufs, les mettre ensemble sous le joug. = C' est aussi, en parlant des animaux, aparier le mâle avec la femelle. On dit, en ce sens, s' acoupler.

ACCOURCIR


ACCOURCIR, v. n. [A-kour-ci, bref.] Rendre court; Acourcir une robe, un manteau, un bâton, etc. = S' acourcir, devenir court; les jours commencent à s' acourcir. * _ Les Gascons disent: à acourcir.

ACCOURCISSEMENT


ACCOURCISSEMENT, s. m. [Acourcice--man; 4e e muet, 5e en a le son d' an.] Il ne se dit guère que du chemin et des jours. On ne dit point, l' acourcissement d' une robe, etc. Ce mot a le sens passif, et se dit de ce qui est acourci.

ACCOURIR


ACCOURIR ou ACOURIR, v. n. [A-kou--ri; tout bref.] Il prend aux temps composés l' auxil. avoir ou être; j' ai acouru, ou je suis acouru. Voy. COURIR. Il régit le datif. Il acourt à la Ville; il y acourut. Acourir à l' immortalité par la vertu. Rich. Port. _ Courir vaudrait mieux là, ce me semble.
   * Rem. Me. de B. (H. d' Angl.) lui fait régir l' infinitif sans prép. "Alfred... acourut défendre son peuple. Harold se hâta d' acourir protéger ses sujets. _ Ce régime est inusité. Il faut dire, acourut promptement pour défendre; se hâta d' acourir pour protéger, etc.

ACCOURU


ACCOURU, ÛE, partic. pass. d' Acourir. [A-kou-ru, rû-e; 3e long. au 2d.] Bossuet l' emploie adjectivement: "Athalie acouruë au bruit. fut arrachée de l' enclos du Temple. Etant acouruë serait plus régulier. Il est peu de participes, parmi les verbes neutres, qui puissent être ainsi employés adjectivement.
Voy. PARTICIPE. II. n°. 4°.

ACCOUTREMENT


ACCOUTREMENT, s. m. ACOUTRER, v. a. Parer d' habits. [A-kou-treman, Akou--tré, 3e. e muet au 1er. é fer. au 2d.] Ces deux mots sont vieux, et l' on ne s' en sert qu' en riant, même dans le style familier. Et ils ne sont propres que de la Fable, de la Comédie, du satirique burlesque. _
   Là, considérant sa figure,
   Son acoutrement, son allûre,
   En vérité, disoit le Damoiseau,
   Je ne suis pas surpris si le monde m' admire.
       L' Ab. Reyre.
On dit aussi s' acoutrer. "Comment vous êtes-vous acoutré? "On l' a acoutré plaisamment.

ACCOUTUMANCE


ACCOUTUMANCE, s. f. [A-kou-tuman--ce; 4e. lon. 5e. e muet.] Habitude. _ Ce mot vieillissait déjà du temps de Vaugelas: il avait ensuite repris faveur, au dire du P. Bouhours, et tous les bons Écrivains s' en servaient. Il est encore devenu vieux, et c' est domage. Ce mot exprime une idée, qui revient souvent, et nous n' avons pas de terme dans la langue qui le remplace parfaitement. Coutume, habitude ne peuvent le supléer, et n' ont pas tout--à-fait le même sens. Ces deux mots marquent une habitude formée, et acoutumance exprime les actes qui la forment. "Un esprit abatu, et comme dompté par l' acoutumance au joug, n' oseroit plus s' enhardir à rien. Boileau, Trad. de Longin. "La capacité de l' esprit s' étend ou se resserre par l' acoutumance. Art de Penser.
   Le premier qui vit un chameau
   S' enfuit à cet objet nouveau:
   Le second aprocha, le troisième osa faire
   Un licou pour le dromadaire:
   L' acoutumance ainsi nous rend tout familier.
       La Font.
Dans ces occasions, coutume ne conviendrait pas, et habitude n' irait pas si bien. _ L' Acad. dans une Édit. de son Dict. dit que ce mot n' est guère en usage que dans le style familier. Dans la dern. Édit. elle dit qu' il vieillit. Encore une fois, c' est domage.

ACCOUTUMÉ


ACCOUTUMÉ, ÉE, adj. verb. [A-kou-tu--mé, mé-e, 4eé fer. long au 2d.] Il ne se dit point des persones. "Les Orateurs acoutumés éclatèrent, les uns en plaintes, les autres en reproches. Linguet. _ L' Acad. ne met que, à sa manière accoutumée.
   ACOUTUMÉ régit la prép. à (le datif.) Acoutumé à la fatigue. Voy. ACCOUTUMER.

ACCOUTUMÉE


ACCOUTUMÉE (à l' ) adv. [A-kou-tu--mé-e; 4e lon. é fer. 5e e muet.] À~ l' ordinaire, st. famil.

ACCOUTUMER


ACCOUTUMER ou ACOUTUMER, v. a. [A-kou-tumé; 4e é fer. tout bref.] Faire prendre une coutume. Il est aussi passif et réciproque, et il régit la prép. à, devant les noms et les verbes: on l' a acoutumé, il s' est acoutumé, il est acoutumé à la fatigue, à travailler long-temps sans peine. _ Neutre, il prend l' auxil. avoir, et il régit de devant les verbes: "Il a acoutumé de faire ses quatre repas.
   Rem. 1°. On dit également bien avoir acoutumé et avoir coutume de faire quelque chôse; mais le 2d. ne se dit que des persones, et quand il s' agit des chôses, il faut se servir d' avoir acoutumé. BOUH. "Ces arbres avoient acoutumé de doner beaucoup de fruits. "L' Automne a acoutumé d' être pluvieuse. Voyez COUTUME, n°. 1°.
   2° La Touche prétend qu' être acoutumé régit assez indifféremment de ou à. Il se trompe; car le sens n' est pas le même avec les deux régimes: avec à, il signifie une habitude, ou volontaire, ou à laquelle la volonté a quelque part. "Je suis acoutumé à travailler, à souffrir; on sous-entend pour le dernier, avec patience; mais avec de, il ne marque qu' une habitude forcée: "il est acoutumé d' être malade.
   * 3°. Avoir acoutumé veut de, quand il est neutre: il a acoutumé de dîner à midi; et il veut à, quand il est actif ou réciproque. On en a vu des exemples plus haut. Ainsi Th. Corneille a blâmé avec raison Voiture, d' avoir dit: "Il vous importe de vous acoutumer de haïr l' injustice. Il fallait dire, à haïr.

ACCOUVÉ


ACCOUVÉ, ÉE, adj. Qui garde le coin du feu. [A-kou-vé, vé-e; 3e é fer. long au 2d.] L' Acad. le met sans remarque. Il ne peut être que du stile familier.

ACCRAVANTER


ACCRAVANTER, v. a. [Akravanté; 3e lon. 4e. é fer.] Acabler, écraser. Il est vieux.

ACCRÉDITÉ


ACCRÉDITÉ, ÉE, adj. [Akrédité, ée; 4e lon. au 2d.] Qui a du crédit, qui est estimé, qui a de l' autorité. L' Acad. ne le met que participe.
   Il suit toujours le substantif; savant acrédité, erreur acréditée. Voy. ACHALANDÉ.

ACCRÉDITER


ACCRÉDITER, ou ACRÉDITER, v. a. [Akrédité, tout bref. 2e. et 4e. é fer.] Il se dit au propre des persones et des chôses: sa bone foi l' a acrédité; il ne peut venir à bout d' acréditer sa marchandise. _ Au figuré, il ne se dit que des chôses: acréditer une nouvelle, une calomnie; lui doner cours, l' autoriser.

ACCROC


ACCROC, ou ACROC, s. m. [Akrok, bref; le c final se prononce.] 1°. Déchirûre que fait ce qui acroche. "Il y a un grand acroc à votre robe. = 2°. Il se dit aussi de la chôse qui acroche. "J' ai rencontré un acroc qui a déchiré mon habit. = 3°. Au figuré, obstacle, difficulté. "Il est survenu un acroc à cette affaire. _ En ce sens il n' est que du style familier; l' Acad. le met sans remarque.

ACCROCHE


ACCROCHE ou ACROCHE, s. f. [Akro--che, bref; 3e e muet.] Difficulté, embarras, retardement dans une affaire. Il n' est que du discours familier, et il est moins usité qu' acroc. Voy. ACCROC, n°. 3°.

ACCROCHEMENT


*ACCROCHEMENT ou ACROCHEMENT, s. m. [Akrocheman; 3e e muet, 4e lon. en a le son d' an.] Il est peu usité. L' Acad. ne le met pas. On le dit en Physique: "l' acrochement des atômes. Le Gendre.

ACCROCHER


ACCROCHER ou ACROCHER, v. a. [A--croché; 3e é fer. tout bref.] Attacher à un crochet. Acrocher sa montre à un clou à crochet. = Il signifie aussi atraper par adresse. = Retarder, mettre obstacle. Voyez ACCROC, n°. 3°.
   S' ACROCHER, v. réc. Sa robe s' est acrochée. = Acrocher ne se dit que dans le propre; s' acrocher avec le régime du datif (à) se dit dans le propre et dans le figuré: mon habit s' est acroché à des ronces. "on s' acroche à tout pour défendre une mauvaise caûse. Il s' est acroché à ce Grand; il ne sait où s' acrocher.

ACCROIRE


ACCROIRE ou ACROIRE, v. n. [Dans le Dict. Gramm. on met Acrère ou Acroâre, 2e. lon. 3e. e muet. M. de Wailly (Rich. Port.) ne met que Acroire. Le 1er. pourtant peut se dire en conversation; mais l' aûtre seul est bon dans le discours soutenu.] Acroire ne se dit qu' avec faire, et toujours à l' infinitif. Avec cette association, il est actif, et a pour 2d. régime le datif: il lui a fait acroire cette Fable. _ Le P. Rapin et Mr. Le Gendre font d' acroire deux mots, et disent: faire à croire. Le 1er. parlant d' Homère et de Virgile, dit que: "ce sont de fort honêtes gens, qui ne s' en faisoient pas à croire. L' autre dit d' Eric, Roi de Suède, nommé Chapeau venteux: qu' il faisoit à croire que les vents soufloient de tous les côtés vers lesquels il tournoit son chapeau. Cette manière d' écrire est contre l' usage. _ On voit par le dernier exemple, que faire acroire régit que et l' indicatif.
   Rem. Faire acroire, faire croire. Tout le monde convient avec Vaugelas, que la 1re. expression se dit toujours des chôses fausses; mais La Touche a raison de ne pas convenir que la 2de. ne se dise que des chôses véritables; et il croit que faire croire se dit indifféremment de ce qui est faux, comme de ce qui est vrai.
   Avec en, faire acroire est neutre, et n' a que le régime du datif. "Ce n' est pas un homme à qui l' on puisse en faire acroire.
   S' en faire acroire, se dit d' un homme vain et présomptueux. "Il a du mérite; mais il s' en fait acroire.

ACCROîSSEMENT


ACCROîSSEMENT ou ACROîSSEMENT, s. m. [Akroâceman; 2e lon. 3e e muet. Pour la prononciation de l' oi, Voy. ACCROîTRE.] Augmentation, agrandissement. _ Au fig. augmentation de fortune, d' avantage.

ACCROîTRE


ACCROîTRE ou ACROîTRE, v. a. et n. Dans le Dict. Gramm. on met acrêtre, et a-kroâtre; 2e lon. 3e e muet. M. de Wailly (Rich. Port.) ne met qu' Acroitre. Voyez ACCROIRE. _ Brebeuf le fait rimer avec conoître et Crebillon avec naître.
   Le bruit de mes travaux vous le fera conoître;
   Vous résoudre à les voir, ce seroit les acroître.
       Bréb.
Crebillon fait dire à Idoménée, parlant de son amour.
Si, depuis mes malheurs, je ne l' ai pas vu naître;
   Malgré mes maux, du moins, je le sens bien s' acroître.
   Rem. M. de Wailly dit que acroître (sans doute quand il est neutre et sans régime) prend indifféremment être ou avoir pour auxil. (il a acru, ou il est acru.) L' Acad. n' en parle point. Je crois le 2d. plus usité.
   1°. ACROîTRE, au neutre et à l' actif, est peu usité; il se dit plus communément avec le pron. pers. s' acroître; il s' acroit, il s' est acru. _ Au figuré, l' actif est plus en usage.
   Tes discours superflus acroissent mes ennuis.       Mol.
  Ses bontés, ses vertus acroissent sa puissance.
      Anon.
2°. S' ACROîTRE se dit aussi plus au figuré qu' au propre. "Sa fortune s' acroit. "Sa gloire, son crédit, son pouvoir s' acroissent tous les jours. = 3°. En termes de droit, il signifie revenir à... "Si l' un des princes meurt, sa portion acroîtra aux deux autres, et sera partagée entr' eux. Moreau.
   4e. S' ACROîTRE régit élégamment la prép. de dans des phrases semblables à la suivante. "Je vous verrois heureuse, écrit une mère à sa fille; pourrois-je ne pas l' être? Ah! mon bonheur s' acroîtroit du vôtre, et toute la satisfaction qu' éprouveroit votre coeur, rejailliroit dans le mien. L' Abé Reyre, École des Demoiselles.

ACCROUPIR


ACCROUPIR, ou ACROUPIR (s' ) v. réc. [A-crou-pi, tout bref.] Abaisser son corps contre terre, en pliant les genoux, de sorte que le derrière touche presque les talons. C' est la manière de s' asseoir des Orientaux. "S' acroupir auprès du feu.

ACCROUPISSEMENT


ACCROUPISSEMENT ou ACROUPISSEMENT, s. m. [A-krou-pice-man; 4e e muet.] État d' une persone acroupie.

ACCUEIL


ACCUEIL ou ACUEIL, s. m. [A-keuil, bref; mouillez l' l finale.]
   Rem. Malherbe écrit accueuil, et c' est ainsi qu' il faudrait écrire; ou accoeuil, comme M. de Wailly, pour rendre l' orthographe conforme à la prononciation. Akeuil serait encore plus simple, et le meilleur de tous, si la lettre k n' était pas comme étrangère à la langue Française. _ En écrivant accueil, comme c' est l' ancien usage, on est induit à prononcer, ou aku-eil, ou akeil. Ue ne saurait peindre à l' oeil le son de la dipht. eu. _ Cet u est là muet, et ne sert qu' à doner au c un son fort qu' il n' a pas devant l' eu, pour indiquer le son de la dipht. eu: acueuil.
   ACCUEIL; Réception qu' on fait à quelqu' un qui vient à nous. _ Il se dit en bone ou en mauvaise part, suivant l' adjectif qui l' acompagne: "Il m' a fait un bon acueil; il lui lui fit un mauvais acueil. Mais faire acueil tout seul ne se dit qu' en bone part. "Le Prince lui fit acueil. L. T.

ACCUEILLIR


ACCUEILLIR ou ACUEUILLIR, v. a [A--keu-gli, mouillez les ll; tout bref. Voyez ACCUEIL.] Recevoir quelqu' un qui vient à nous. _ Suivant le P. Bouhours, on ne doit pas se servir de ce verbe en bone part; et au lieu de dire, il a été favorablement acueilli, on doit dire, il a été bien reçu, on lui a fait un accueil favorable. _ Il souffrait acueilli au figuré: acueilli de la tempête, de toute sorte de malheurs. Il aprouve même accueilli de la fièvre. D' autres, dit Th. Corneille, veulent qu' il soit beaucoup mieux de dire, batu de la tempête, surpris de la fièvre, acablé de toute sorte de malheurs. Cette dernière opinion paraît la plus sûre. Cependant l' Acad. aprouve Acueillir sans exception dans tous ces sens différens; et les bons Auteurs s' en servent sans scrupule. "L' Histoire de Saladin (par M. Marin) fut bien accueillie des Gens de Lettres.
   ACUEILLIR se conjugue comme cueillir. Voy. ce verbe.

ACCUL


ACCUL ou ACUL, s. m. [L' l se prononce: bref.] Lieu qui n' a point d' issûë, où l' on est aculé.

ACCULER


ACCULER ou ACULER, v. a. Pousser quelqu' un et le réduire en un endroit où il ne puisse plus reculer. [Aculé; 3e é fer. tout bref.] Il la poursuivit, et l' acula contre la muraille... _ s' aculer: "se voyant poursuivi par quatre hommes, il s' acula contre la muraille, et se défendit long-temps.
   *ACULER un soulier est un gasconisme: on dit, éculer. Desgr.

ACCUMULATION


ACCUMULATION, s. m. [A-cumula--cion, et en vers, ci-on; tout bref.] Amâs de plusieurs chôses, ajoutées les unes aux autres. Il régit de: Acumulation de biens, de droits, d' honeurs, de preuves.

ACCUMULÉ


ACCUMULÉ, ÉE, partic. et adj. [Acu--mulé, é-e; é fer. long au 2d.] Il suit toujours le substantif: les flots acumulés;trésors acumulés. Il ne s' emploie qu' au pluriel, et le bon sens le dicte.

ACCUMULER


ACCUMULER, ou ACUMULER, v. act. [Akumulé, 4e é ferm. tout bref.] Amasser et mettre ensemble. Accumuler des biens, des trésors.
   Des jours que j' acumule il me fait un fardeau.
       Du Buisson.
On n' acumule pas des jours et des années, comme on acumule des trésors; car enfin le trésor de la vie n' est pas en notre disposition. On est comblé d' années, on ne les acumule pas. Ann. Litt. La critique me paraît juste.
   Rem. Comme on dit au propre acumuler sou sur sou, on dit au figuré, acumuler crime sur crime. Cette dernière expression est aussi noble, que l' autre est basse.
   ACUMULER, actif, se dit des persones, et le récipr. s' acumuler, des chôses; les arrérages s' acumulent, les crimes s' acumulent.

ACCUSABLE


ACCUSABLE, ou ACUSABLE, adj. [Aku--zable, 3e dout. 4e e muet.] Qui peut être acusé. _ Il est peu usité; l' Acad. le met sans remarque.

ACCUSATEUR


ACCUSATEUR ou ACUSATEUR, s. m. [Akuza-teur, tout bref, eûrs est long au pl.] Celui qui acûse quelqu' un. L' Acad. ajoute en justice. Mais ce mot a un usage plus étendu.

ACCUSATIF


ACCUSATIF, ou ACUSATIF, s. m. C' est le régime direct des verbes; et il est régi par les verbes actifs, aimer Dieu et le prochain c' est toute la loi. Voy. Régime.

ACCUSATION


ACCUSATION, ou ACUSATION, s. f. [Akuza-cion: en vers ci-on, tout bref.] Il se dit proprement d' une action en justice par laquelle on acûse quelqu' un. Mais dans un sens plus étendu, on le dit de tout reproche, de toute imputation qu' on fait à quelqu' un, de quelque défaut que ce soit. Juste acusation, acusation mal fondée, calomnieûse.
   Rem. 1°. * Acusation a un sens actif, et non pas passif; il se dit de celui qui acuse, et non pas de celui qui est acusé. Le Traducteur de l' Histoire d' Angl. de M. Hume. n' a pas fait cette attention. "Pour montrer le peu de foi que l' on doit ajouter à cette acusation de Richard, nous observerons, etc. Cette accusation n' était pas intentée par Richard, mais elle était dirigée contre lui: il n' y était pas acusateur, mais acusé. Il fallait donc dire, non pas, cette accusation contre Richard, comme le dit le même Auteur, dans la même page, mais dirigée contre, ou intentée contre, etc.
   2°. * Peut-on dire faire une acusation à.... pour dire, acuser, faire un reproche? Je ne le crois pas, malgré l' autorité de Bossuet, qui a employé cette expression. "On tolère à M. Jurieu de dire qu' on peut se sauver dans une Communion Socinienne: c' est une acusation que je lui ai faite dans l' Histoire des Variations.

ACCUSATRICE


ACCUSATRICE, ou ACUSATRICE, s. f. [Akuzatrice, dern. e muet, tout bref.] Celle qui acuse. Voy. ACCUSATEUR. Il y avait déjà du temps qu' on se servait de ce mot au Palais, mais on n' osait l' employer dans le discours ordinaire, ni dans les livres. Racine a été un des premiers à l' acréditer. _
   par quel caprice
   Laissez-vous le champ libre à votre acusatrice.
       Phèdre.
Mrs. de l' Académie l' ont aprouvé.

ACCUSÉ


ACCUSÉ, ou ACUSÉ, ÉE, adj. et subst. m. et f. [Akuzé, zée, 3e é fer. long au 2e.] Qui est acusé. Quand il est adjectif, il se place toujours après le substantif. Le Ministre acusé, la Princesse acusée.
   On l' emploie aussi substantivement. "L' acusé ne peut point récriminer, avant que de s' être purgé: "on a pitié de l' acusée, on déteste son Acusateur. Anon.
   Il est encore participe du V. Acuser, et il régit la prép. de (l' ablat.) de la chose; acusé de meurtre, de vol: le crime dont il est acusé. Voy. ACCUSER.

ACCUSER


ACCUSER, ou ACUSER, v. a. [Akuzé, 3e é fer. tout bref.] Il a plusieurs sens. 1°. Déférer en justice. Il a pour 2e régime l' ablat. (la prép. de) qui est le seul régime du passif et du récipr. Être acusé et s' acuser? "Acuser un homme de vol, d' assassinat; le crime dont on l' acuse, il est acusé de concussion; il s' est acusé lui-même de violence, etc.
   Détracteurs éfrontés, que cent fois on a vu
   Des crimes qu' ils ont fait acuser la vertu.
       P. Marion, Cromvel.
Il a ce régime avec les verbes. On l' a acusé, il a été acusé d' avoir eu intelligence avec les ennemis. = 2°. Dans un sens plus étendu, imputer, reprocher quelque faute à quelqu' un; vous m' acusez de négligence; on l' acuse d' avoir fait cette satyre, ces couplets infâmes. = 3°. En confession, s' acuser de tous ses péchés, d' avoir offensé Dieu. = 4°. Au jeu, avec le seul régime direct, déclarer ce que les règles du jeu veulent qu' on déclare. Acusez votre point. = 5°. Etre, ou n' être pas exact dans ses récits; il acûse juste, vous acusez faux. = 6°. Acuser la réception d' une lettre, d' un paquet, doner avis qu' on les a reçus.
   Rem. 1°. Acuser a pour 2e régime l' ablatif, (la prép. de) mais cet ablatif doit être le nom qui désigne le crime, et non pas celui qui marque le criminel. On ne dit pas acuser quelqu' un de voleur, d' assassin, de simoniaque, de rebelle: on dit l' acuser de vol, d' assassinat, de simonie, de rebellion. L' Auteur de l' Article Barclai, dans le nouveau Dictionaire Historique s' est donc mal exprimé, quand il a dit d' un ennemi de Barclai: "il s' avisa d' acuser Barclai d' hérétique, au lieu de dire d' hérésie. Avec traiter, hérétique irait fort bien. _ Taxer est dans le même cas qu' acuser. Dans une nouvelle édition on a mis hérésie, au lieu d' hérétique.
   2°. Un autre Auteur done pour 2e régime à acuser le datif de la persone, (la prép. à.) "Il résolut d' acuser à l' Empereur les Chrétiens. "Vous pouvez nous acuser à l' Empereur. Ce régime est inusité: on dit en pareil cas, auprès de, (ou devant) l' Empereur.

ACE


ACE. Pénultième longue dans grâce, espâce, je lâce, délâce, entrelâce. Hors de--là il est toujours bref: audace, glace, préface, tenace, vorace, etc. D' OLIV.

ACÉPHALE


ACÉPHALE, adj. [Acéphale, 2e é fer. 4e e muet, tout bref.] Sans tête, sans chef. "Monstre acéphale, statue acéphale; et au fig. Concile acéphale, Secte acéphale. = Ce mot, long-temps peu usité, prend faveur depuis quelque temps. " * Un corps politique, dont les membres divisés et presque acéphales sentent que leur sécurité même supôse des règles, Moreau. Je crois qu' il y a quelque chose à dire à l' emploi de ce mot dans cette phrase, et qu' acéphale ne se dit que du corps, et non des membres, qui n' ont qu' une tête commune, et collectivement.

ACERBE


ACERBE, adj. [2e long. ê ouvert, 3e e muet.] Sur, âpre. Acad. Goût qui tient le milieu entre l' aigre et l' amer. Rich. Port. "Vin d' un goût acêrbe, fruits acêrbes.

ACÉRÉ


ACÉRÉ, ÉE, adj. Rendu tranchant par le moyen de l' acier; flèche acérée. _ M. Linguet l' emploie au figuré. "J' y suis compromis moi-même, ainsi que d' autres persones... qui assurément ne devoient pas se trouver sous la plume acérée du M....

ACÉRER


ACÉRER, v. a. [Acéré, 2e & 3e é ferm.] Mettre de l' acier avec le fer pour rendre celui-ci plus propre à couper.

ACÉTEUX


ACÉTEUX, EûSE, adj. [2e é fer. 3e long. Acé-teû, teû-ze.] Qui tient du goût du vinaigre: "Plante acéteûse.

ACHALANDÉ


ACHALANDÉ, ÉE, adj. [3e long. 4e é ferm. long. au 2e.] Qui a beaucoup de chalands. = Achalandé, acrédité. Il y a cette différence entre ces deux mots, que le 1er. a raport au débit, et l' autre au crédit. Un Marchand bien achalandé est celui qui a un bon débit; et celui qui a un bon crédit, on dit qu' il est bien acrédité. L. T.

ACHALANDER


ACHALANDER, v. a. [3e lon. 4eé fer. Achalandé.] Faire avoir des chalands. Il se dit à l' actif, au passif et au réciproque. "Le bon marché l' a fort achalandé; il est fort achalandé; il commence à s' achalander. _ On le dit, non-seulement du Marchand, mais encore de sa boutique.

ACHARNEMENT


ACHARNEMENT, s. m. [Acharne--man, 3ee muet.] Action d' un animal qui s' atache opiniâtrément à sa proie. = Fureur opiniâtre avec laquelle les animaux et même les hommes se battent les uns avec les autres. = Fig. Animosité opiniâtre.

ACHARNER


ACHARNER, v. a. [Acharné, 3eé fer. tout bref.] Exciter, animer, irriter. "Un rien les a acharnés l' un contre l' autre. = Il est plus usité au passif et au réciproque. "Il est fort acharné contre son frère; ils sont acharnés au combat. _ "Ces deux hommes s' acharnent indécemment l' un contre l' autre; il s' acharne au jeu. = Le passif régit aussi la prép. à devant l' infinitif. "On croit voir un combat de dogues acharnés à s' entredévorer. Anon. _ Rousseau l' emploie énergiquement à l' actif avec la prép. sur.
   Ce qui du ciel irritant le courroux,
   M' a suscité tant d' ennemis jaloux,
   Qu' une brutale et lâche calomnie
   Acharne encor sur ma vertu ternie       Ep.VIII.

ACHAT


ACHAT, s. m. [Acha, bref, le t ne se prononce pas.] Aquisition faite à prix d' argent. _ On écrivait d' abord achept, contrat d' achept. On a écrit ensuite achapt, puis achat. _ Bon achat, mauvais achat; et avec la prép. de; achat de marchandises. = Il signifie aussi la chose achetée. Voilà mon achat; combien estimez-vous mon achat?

ACHE


ACHE. Pénult. longue dans lâche, tâche et les autres, dont l' â porte un accent circonflexe; et la même quantité se conserve devant la terminaison masculine; lâcher, tâcher. Hors de là, brève; tache, (souillure,) moustache, vache, il se cache. D' OLIV.

ACHE


ACHE, s. f. [1ere br. 2ee muet.] Herbe qui ressemble au persil.

ACHEMINEMENT


ACHEMINEMENT, s. m. [dern. long. en a le son d' an. 2e et 4e e muet; Ache--mineman.] Disposition, préparation à... "C' est un grand acheminement à la paix. _ Il ne se dit qu' au fig.

ACHEMINER


ACHEMINER, v. a. [3e e muet, 4e e fer. Acheminé.] Actif; il n' est point d' usage au propre, et l' on ne dit point acheminer un voyageur, pour dire, le mettre dans le chemin. Il ne se dit dans ce mode qu' au figuré: "Cet événement peut acheminer la paix; la prépare, y dispôse. = Son usage le plus ordinaire est avec le pron. pers. S' acheminer. Il se dit au propre; nous nous acheminâmes vers la ville; et au figuré: "on est trop heureux de n' être trompé que dans les chôses médiocres, les grandes ne laissent pas de s' acheminer; et c' est la seule chôse dont un grand Homme doit être en peine. Fenelon.
   Depuis ce jour fatal, le pouvoir d' Agripine.
   Vers sa chûte à grands pas chaque jour s' achemine.
       RAC.

ACHÉRON


ACHÉRON, s. m. [Achéron, 2e é fer. tout bref. À~ l' opéra on prononce Akéron.] Fleuve des enfers poëtiques. Voy. RIVIèRE.

ACHETER


ACHETER, v. a. [Acheté, 2ee muet, 3e é fer. tout bref; devant l' e muet, la 2e est un è moyen. J' achète, tu achètes, etc. il achètera, etc. On écrivait autrefois achepter, on a ensuite écrit achetter, puis acheter. _ Plusieurs prononcent ajeté, ajeteur; et M. de Vaugelas avait déjà remarqué que ce défaut est particulier à Paris.] Acquérir à prix d' argent.
   Rem. Doit-on dire acheter de ou à;j' ai acheté ce cheval d' un Juif, ou à un Juif? Je préférerais le 1er; il y a des exemples de l' aûtre. "Il lui achète cette retraite tant desirée. Ann. Litt. "La Czarine vient d' acheter à la nièce du Seigneur de Ferney la Bibliothèque de son oncle. Linguet. _ L' Acad. ne met point d' exemple du régime de la persone. S' ACHETER pour acheter, est un gasconisme. "Je me suis acheté un manchon. Dites, j' ai acheté, etc. Desgr. = Au figuré, il régit de ou par pour 2e régime de la chôse. "Thetis auroit volontiers acheté de toutes ses eaux l' honeur de votre alliance. Fontenelle. _
   Je n' en exige rien, dès qu' il faut par un crime
   Acheter un bienfait que j' ai cru légitime.       Créb.
de ne vaudrait rien au 2e ex. ni par au 1er. "Je renoncerois presque à mon bonheur, s' il falloit l' acheter par la perte de ma liberté. Marin. La Fleur d' Agathon.
   ACHETER s' emploie aussi au figuré avec le seul régime simple. "Les Hommes achètent souvent fort cher un repentir. "Ils sont tellement amoureux de leur liberté, qu' ils l' achètent au prix de leur vie.
   En style proverbial, acheter chat en poche, c' est acheter ce qu' on ne conait pas. Etre à quelqu' un à vendre et à acheter, (d' autres disent, et à engager;) lui être entièrement dévoué.

ACHETEUR


ACHETEUR, s. m. [2e e muet, Ache--teur, au plur eurs est long.] Celui qui achète. Le vendeur et l' acheteur.
   ACHEVÉ. Voyez à la fin d' ACHEVER.

ACHèVEMENT


ACHèVEMENT, s. m. [Achèveman, 2e è moy. 3e e muet. l' Acad. écrit achévement avec un acc. aigu sur le 1er. e mais certainement cet e n' est pas fermé.] Fin, exécution entière, acomplissement d' une chôse. L' achèvement d' un édifice. Acad. = Perfection; achèvement d' un tableau. "Les Sauvages examinèrent avec une avide curiosité, la manière dont nos Grenadiers François s' y prenoient pour doner à ces sortes d' ouvrages le degré d' achèvement qu' ils exigent. Let. Edif.
   Rem. Mde. de Sevigné emploie ce mot assez singulièrement, mais toujours joliment, à son ordinaire. "Ma fille, je vous remercie plus de mille fois des trois lignes que vous m' avez écrites: elles m' ont doné l' achèvement d' une extrême joie. _ Comme cette Dame illustre est inimitable dans son style, elle n' est pas toujours à imiter dans ses expressions. Ce qui sied bien chez elle, déplaîrait dans un autre.

ACHEVER


ACHEVER, v. a. [Achevé, j' achève, nous achevons, etc. Dans le 1er et le 3e, 2e e muet, dans le 2e è moy. 3e é fer. au 1er, e muet au 2e.] Finir une chose commencée. "Il a achevé sa besogne; les bâtimens sont achevés. = Il ne régit pas toute sorte de noms. On ne dit pas achever, mais finir une affaire. On ne dit pas finir, mais achever une entreprise. = Achever est aussi neutre, et régit de devant les verbes. "Achevons de dîner. _ L' Acad. ne met pas d' exemple de ce régime: il n' en est pas moins bon.

ACHEVÉ


ACHEVÉ, ÉE, part. et adj. Suivant Bouhours, la Touche, l' Anc. Dict. de l' Acad. M. de Wailly, et autres, cet adjectif se prend en bone et en mauvaise part, lorsqu' on parle des persones: "un Auteur achevé, c. à. d. sans défauts; un fou achevé, c. à. d. un fou fieffé. Mais en parlant des chôses, il se dit toujours en bone part: "un ouvrage achevé, une beauté achevée. Malgré tant d' autorités, qui n' en font qu' une; car elles se réduisent toutes au P. Bouhours, que les autres ont copié, j' ôse douter qu' achevé se dise en bone part des persones, et que l' usage permette de dire un Auteur achevé, comme dit Bouhours ou un Prince achevé, comme on le lit dans Trévoux, ou un Poëte, un Orateur, un Avocat achevé, comme on pourrait le dire, si la remarque du P. Bouhours était juste. L' Acad. dans la dern. édit. de son Dict. ne cite d' exemple pour les persones, que fou achevé, sot achevé, scélérat achevé.
   * Rem. 1°. Th. Corn. examine la différence de ces deux expressions: S' achever de peindre, et achever de se peindre. La 1ere où le pron. se précède achever, est figurée, et veut dire, achever de se perdre, de se ruiner. La 2e où le même pron. se suit achever, signifie achever de faire son portrait. La Touche, l' anc. Acad. et M. de Wailly ont copié Corneille. Mais il me semble que les exemples sont mal choisis; car ces expressions ne sont pas ordinaires: il est rare sur-tout qu' on fasse son portrait. Mais ce qu' on dit plus communément, c' est, qu' en parlant d' un événement fâcheux, arrivé à quelqu' un, qui en a essuyé d' autres, on dise, c' est pour l' achever de peindre. Si c' est cela qu' on veut dire, il ne faut pas transporter le pron. le après achever, et dire, c' est pour achever de le peindre. Car alors la phrâse aurait un autre sens, et voudrait dire: c' est ce qui servira à finir son portrait, ce qui serait aûtre chôse que ce qu' on aurait dans l' esprit.
   * 2°. On faisait autrefois d' achever un usage plus étendu qu' on ne le fait aujourd' hui. Achever un dessein, dit Racine. Voy. Déssein. "Ma patience s' est achevée, dit Voiture, c. à. d. s' est lassée. Sans vouloir ici achever le jour à vous marquer ses autres exploits, dit Bossuet. Ce sont autant d' expressions surannées, et l' emploi d' achever est plus resserré aujourd' hui.

ACHIS


*ACHIS. C' est ainsi que certains Imprimeurs écrivent le mot HACHIS. "Ils ne feignent point de lui faire servir un simple Achis. Car. de Theophr. dans une édition de la Bruyère. C' est une mauvaise orthographe qui induit à une mauvaise prononciation. Voy. HACHIS.

ACHOPPEMENT


ACHOPPEMENT, ou ACHOPEMENT, s. m. [Achopeman, 3e e muet.] Il ne se dit point au propre. Richelet: il ne se dit guère que dans cette phrase, pierre d' achoppement. Acad. Ocasion de faillir, de pécher. _ Il s' emploie au figuré, mais seulement dans le style médiocre. "Les dates ont dû vous doner de la tablature: elles sont la pierre d' achopement de tout faussaire. M. l' Ab. B.... Tart. Epist. _ M. d' Alembert dit pierre tout seul. "Ils rencontrent de temps à aûtre quelque pierre d' achopement, qui trouble leur succès. Le docte Quesnay fut la pierre du Docteur Sylva. _ Cette syncope n' est pas du goût d' un des Auteurs de l' Ann. Litt. et j' avoue qu' elle ne serait pas du mien non plus. Il y en aura, et peut-être en grand nombre, qui diront que nous avons tort, et je n' en serai pas surpris.

ACIDE


ACIDE, adj. et subst. m. [3e e muet, tout bref.] Aigre, piquant. Sel acide, liqueur acide. _ s. m. les acides et les alcalis; acide nitreux, acide végétal. Il se place toujours après le subst. dans le discours ordinaire; qualité acide, goût acide. En vers il pourrait précéder.

ACIDITÉ


ACIDITÉ, s. f. [4e é fer. tout bref.] Qualité de ce qui est acide. "L' oseille a beaucoup d' acidité, le verjus en a encore davantage.

ACIDULE


ACIDULE, adj. [4e e muet tout bref.] Qui tient de l' acide. "Les eaux de Passy sont acidules.

ACIER


ACIER, s. m. [A-cié, bref, 2eé fer.] Fer rafiné et purifié par la trempe; acier de bone trempe; lame d' acier, couteau d' acier.
   La Touche trouve que ce mot est beau en poësie pour signifier le coutelas, dont on a tranché la tête à quelqu' un. Il n' en cite pas d' exemple, mais on peut l' imaginer d' après celui de fer, qu' il dit s' employer agréablement au figuré, pour dire une épée.
   Alors d' un fer tranchant on lui coupe la tête.
   Mde. des Houlieres s' est servi du mot d' acier en ce sens.
   Qu' un tranchant acier s' aprête
   À~ faire tomber sa tête,
   Rien ne le peut émouvoir.

ACLAMATION


ACLAMATION. Richelet. Voy. ACCLAMATION.

ACLAMATEUR


ACLAMATEUR. Voy. ACCLAMATEUR.

ACLE


ACLE, la pénult. est toujours longue; orâcle, mirâcle, obstâcle. _ Dans la dern. édit. de sa prosodie, d' Olivet ne la marque que douteûse, excepté dans il râcle, et il débâcle, où elle est longue.

ACLIMATÉ


ACLIMATÉ. Voy. ACCLIMATÉ.

ACOINTANCE


ACOINTANCE, ACOINTER. Voy. ACCOINTANCE.

ACOLADE


ACOLADE, ACOLER. Voy. ACCOLADE, ACCOLER.

ACOLYTAT


ACOLYTAT, s. m., ACOLYTE, s. m. On conserve l' y par respect pour l' étymologie, qui est grecque. Le 1er exprime la dignité, l' autre la persone du Clerc promu à l' un des quatre Ordres Mineurs, dont l' office est de porter les cierges, de préparer le feu, l' encensoir, le vin et l' eau, de servir le Prêtre à l' autel, etc.

ACOMODABLE


ACOMODABLE, ACOMODAGE, ACOMODEMENT, ACOMODER. Voy. ACCOMMODABLE, etc. ACCOMMODER, avec 2 c et 2 m.

ACOMPAGNATEUR


ACOMPAGNATEUR, ACOMPAGNEMENT, ACOMPAGNER. Voy. ACCOMPAGNATEUR, avec 2 c, etc.

ACOMPLIR


ACOMPLIR, ACOMPLISSEMENT. Voy. ACCOMPLIR, ACCOMPLISSEMENT, avec 2 c.

ACOQUINANT


ACOQUINANT, ANTE, adj. [3e lon. 4e e muet au 2e. _ Il n' est pas aisé de deviner la raison pourquoi l' Acad. qui écrit tant de mots commençans par Âc avec 2 c; Accointance, Accolade, Accommoder, etc. écrit acoquinant, acoquiner avec un seul.] Qui fait contracter une habitude de fainéantise et souvent de débauche. Le feu est acoquinant; une vie acoquinante. Il est du style familier.

ACOQUINER


ACOQUINER, v. a. [Akokiné, 3eé fer. tout bref. Voy. Acoquinant.] Faire, contracter une habitude. Acad. Cette définition est imparfaite; il fallait ajouter, ce me semble, de paresse, etc. L' oisiveté acoquine ceux qui s' y livrent. "En hiver le feu acoquine, on sous-entend ceux qui sont trop long-temps auprès. Il est familier.
   Son usage le plus ordinaire est avec le pron. pers. s' acoquiner, s' attacher, s' adoner trop. Il régit auprès, dans, en, à. "Il s' est acoquiné auprès de cette femme, en ce pays-là, dans cette ville, au jeu, à la taverne, etc.

ACORD


ACORD, ACORDER, ACORT, ACORTEMENT. Voy. ACCORD, ACCORT, etc.

ACOTER


ACOTER, ACOTOIR, ACOSTER. Voy. ACCOTER, ACCOSTER, etc.

ACOUCHÉE


ACOUCHÉE, ACOUCHEMENT, ACOUCHER. Voy. ACCOUCHÉE, ACCOUCHER, etc.

ACOUDER


ACOUDER, ACOUDOIR. Voy. ACCOUDER, ACCOUDOIR.

ACOUPLEMENT


ACOUPLEMENT, ACOUPLER, ACOURCIR, ACOURIR, ACOUTRER, ACOUTUMER, et leurs dérivés. Voy. ACCOUPLEMENT, ACCOURCIR, etc. avec 2 c.

ACOUVÉ


ACOUVÉ, Voy. ACCOUVÉ.

ACQUÉREUR


ACQUÉREUR, ou AQUÉREUR, s. m. [2e é fer. eur est long au pluriel; Aké-reur. Voy. Acquérir.] Celui qui aquiert. Il ne se dit que des immeubles: nouvel aquéreur, Aquéreur de bonne foi.

ACQUÉRIR


ACQUÉRIR, v. a. Plusieurs Auteurs écrivent Aquérir sans c. [Akéri, 2eé fer. tout bref.] Faire aquisition de quelque chôse d' utile ou d' agréable.
   Conjug. d' Aquérir. _ J' aquiers, nous aquérons, vous aquérez, ils aquièrent; j' aquérois, j' aquis; j' ai aquis; j' aquerrai, j' aquerrois; aquiers, que j' aquière, que nous aquérions, vous aquériez, ils aquièrent; j' aquisse, aquérant, aquis.
   * Rem. Il n' est point de verbe, sur la conjugaison duquel les Auteurs varient davantage. Un Auteur moderne anonyme, M. l' Ab. Grosier, le Gendre, M. l' Ab. de Mably, disent au présent, il acquière, pour il acquiert, et les deux derniers, ils acquèrent, pour ils aquièrent. D' autres Ecrivains disent au futur simple et au conditionel, aquérera, et aquérerois, au lieu de, aquerra, aquerrois. "La suie n' aquéreroit jamais cette qualité de la fumée du bois et du charbon. Miss. du Lev. "En multipliant nos subsistances, nous acquérerons, une population immense. Anon. "Si vous nous défendez, vous aquérerez des alliés. P. Barre, (Hist. d' Allem.) et M. Fréron père, ou son Imprimeur: "La plupart des faits aquéreront un nouveau degré de certitude. _ J' acquérerai, nous acquérerons, sont de barbarismes, dit M. de Wailly; et la Touche témoignait sa surprise d' avoir trouvé dans l' ép. dédic. d' un livre nouveau, vous aquérerez au lieu de vous aquerrez. _ Pluche dit tantôt, il aquérera, il aquéreroit, tantôt il aquerroit. Corneille avait long-temps auparavant employé aquérerois. _
   J' aquérerois par-là de bien puissans appuis.
   Rousseau enfin, au lieu de aquière pres. du subj. dit acquierre, pour le faire rimer avec équerre. _
   Vous êtes-vous, Seigneur, imaginé,
   Le coeur humain de près examiné,
   En y portant le compas et l' équerre;
   Que l' amitié par l' estime s' aquierre.
   AQUÉRIR a quelquefois pour 2e régime le dat. (la prép. à) Louis le Grand a acquis à la France plusieurs Provinces. "Sa conduite lui a aquis l' estime de tout le monde. _ Ce verbe régit quelquefois la prép. de, des persones. "J' ai aquis de mon voisin une pièce de terre, qui étoit fort à ma bienséance. _ Etre aquis, (dévoué) le datif, (la prép. à.) Je vous suis aquis (à vous) les veuves vous sont aquises. SEV. "Je suis entièrement aquis à votre maison. _ S' aquérir régit l' accusatif de la chose, le pron. pers. se étant au datif de la persone: "il s' est aquis beaucoup d' amis. "Un homme pacifique s' aquiert l' affection de tout le monde et l' estime même de ses ennemis.
   * REM. Acquérir ne s' emploie guère qu' en parlant des choses avantageuses, comme aquérir des honeurs, de la gloire, des richesses. On a repris autrefois M. de Balzac d' avoir dit, aquérir des fluxions et des caterres, au lieu de gagner, qui est le terme propre en cette ocasion. Cependant la Touche prétend qu' on dit fort bien aquérir une mauvaise réputation. Je ne suis pas de son avis. L' Acad. ne dit aquérir que des choses honêtes qui peuvent se mettre au nombre des biens et des avantages. _ On ne doit donc pas dire aquérir, mais gagner une maladie, la fièvre, un rhume, une fluxion, etc. si ce n' est en plaisantant. Voyez GAGNER.

ACQUêT


ACQUêT, ou AQUêT, s. m. [2e long. ê ouvert. Akê.] Terme de pratique; chose aquise: "Il a fait un bel aquêt. _ Acquêts et conquêts. Voy. CONQUêT. = En style familier, gain, profit. "Il n' y a pas grand aquêt à vendre cette marchandise. "Vous aurez plus d' aquêt de le payer que de le plaider. Acad. _ Cette dernière phrâse me paroît surannée.

ACQUIESCEMENT


ACQUIESCEMENT, ou AQUIESCEMENT, s. m. [Aki-è-ceman, 3e è moy. 4ee muet, 5e en a le son d' an.] Action par laquelle on aquiesce. Il régit la prép. à: aquiescement à la volonté de Dieu, à la demande, à la sentence. "Cette femme a regagné l' esprit de son mari, par un aquiescement absolu à ses volontés. St. Evr. _ La Touche écrit aquiescement, aquiescer sans c: il trouve qu' ils ont souvent meilleure grace que consentement, consentir. Plusieurs parmi les Philosophes veulent que l' aquiescement vienne de l' entendement, et le consentement de la volonté; l' un est l' assensus, l' autre le consensus des latins. Voy. ACQUIESCENCE.

ACQUIESCENSE


*ACQUIESCENSE, s. f. (Anglicisme.) Acquiescement: "Cette séance finit à l' ordinaire par une acquiescence complette aux intentions du Ministre. Journ. Polit. de Gen. Le mot anglois est acquiescence, or acquiescency, que Boyer traduit par acquiescement.

ACQUIESCER


ACQUIESCER, ou AQUIESCER, v. n. [Aki-écé, 3e et 4e é fer. tout bref.] Il régit la prép. à: c' est souvent un devoir, plus souvent une nécessité d' acquiescer à la volonté d' autrui.

ACQUIS


ACQUIS, ou AQUIS, ISE, partic. et adj. [Akis, îze, 2e long. au 2e.] Bien~ mal aquis; qualités aquises, par oposition aux qualités nâturelles. _ s. m. Avoir de l' aquis, du savoir, des conaissances. "Il n' a pas moins d' acquis que de naturel et d' agrément. St. Evr. L' Acad. ne dit point à quel style apartient cette locution~. Elle ne passe pas le style médiocre. _ On le dit ordinairement d' un Homme de Lettres, d' un Médecin, d' un Avocat, etc. Acad.

ACQUISITION


ACQUISITION, ou AQUISITION, s. f. [Akizi-cion, en vers ci-on, tout bref.] 1°. Action d' aquérir: "Il a fait aquisition d' une belle terre. = 2°. La chôse même qui est aquise; bonne aquisition; je veux vous montrer ma nouvelle aquisition.

ACQUIT


ACQUIT, ou AQUIT, s. m. [Aki, bref, le t ne se prononce que devant une voyelle, aquit à caution, pron. aki-ta-co-cion.] Quittance, décharge. _ On dit, faire quelque chôse pour l' acquit ou à l' acquit de sa conscience: (le 1er est le plus usité), afin de n' en avoir point la conscience chargée. On dit aussi, faire l' acquit de son devoir, de sa charge.
   Par manière d' acquit; expression adverbiale~. Négligemment, et seulement parce qu' on ne peut pas s' en dispenser. _ Bourdaloue dit dans le même sens, par forme d' acquit, contre l' usage. "Une Messe par cérémonie, un Sermon par curiosité, une légère aumône par forme d' acquit, ou par une compassion humaine: voilà à quoi se réduit toute sa vie selon Dieu.

ACQUITTEMENT


*ACQUITTEMENT, s. m. Ce mot n' a point été encore universellement adopté. Le Rich. Port. le met; l' Acad. non. Il serait utile: je crois qu' il passera. "Ses emplois, ses dignités, ses richesses, ne lui paroissoient qu' une dette, dont l' acquittement exigeoit le sacrifice de sa vie entière. Le Duc de Niv... parlant du Duc de Belle-Isle.

ACQUITTER


ACQUITTER ou AQUITER, v. a. [Akité, 3e é fer.] Rendre quitte, libérer des dettes: Il régit les persones et les chôses: "Il a aquité son ami, sa succession, sa charge, il s' est aquitté de cent mille francs. _ De--là le proverbe, qui s' aquite s' enrichit. = S' aquiter, dans son usage le plus ordinaire, se dit des obligations que l' on remplit. Il régit de pour les chôses, et envers pour les persones: "je me suis aquité de mon devoir envers vous. "La patrie qu' ils (les Forbins) ont défendûe et illustrée, s' est aquitée plusieurs fois envers eux du même tribut d' éloges, que nous rendons aujourd' hui à leur mémoire. Mourraille. Acad. de Marseille. * On a dit autrefois s' aquiter aux grands, pour envers les grands. Malherbe a employé ce faux régime. _
   Et je ne sais quelle offrande
   M' en peut aquitter aux Cieux.
   Cet aquiter à est remarquable, dit Menage. Il ne se souvenait pas de l' avoir vû ailleurs. Il n' est pas en effet suivant l' usage.
   On dit, en style proverbial, de celui qui a pris une charge à crédit, et qui prend de l' argent pour rendre la justice, qu' il s' aquite de sa charge. Ce jeu de mots vient de la double signification du verbe s' aquiter, qui tantôt signifie remplir les fonctions d' une charge; tantôt en payer le prix.

ACRAVANTER


ACRAVANTER, voy. ACCRAVANTER.

ACRE


ACRE; pénult. longue dans âcre (piquant) et sâcre, (oiseau) bref dans tout le reste: Diacre, nacre, acre, (de terre) sacre (du Roi) D' OLIV.

ÂCRE


ÂCRE, adj. Piquant, mordicant. [1re. lon. 2e e muet.] Bile, humeur, pituite âcre.

ACRE


ACRE, s. f. [1re brève, 2e. e muet.] Dans le Dict. Grammat. on le marque mal-à-propos masc. d' après Trevoux. _ Mesure de terre; cent acres de terre.

ACRÉDITER


ACRÉDITER. Voy. ACCRÉDITER.

ÂCRETÉ


ÂCRETÉ, s. f. [1re lon. 2e e muet, 3e é fer.] Qualité de ce qui est âcre. L' âcreté du sel, de la bile, etc. _ Au figuré: âcreté de l' humeur.

ACRIMONIE


ACRIMONIE, s. f. [4e lon. 5ee muet.] C' est la même chôse qu' âcreté; mais le 1er a l' air plus savant, et il est moins usité dans le discours ordinaire.

ACROC


ACROC, ACROCHER. Voyez ACCROC, ACCROCHER, etc.

ACROIRE


ACROIRE, ACROISSEMENT, ACROîTRE. Voy. ACCROIRE, etc. avec deux c.

ACROUPIR


ACROUPIR, ACROUPISSEMENT. Voyez ACCROUPIR, ACCROUPISSEMENT.

ACROSTICHE


ACROSTICHE, s. m. Vers qui commencent chacun par une lettre d' un nom proposé. Cette sorte de Poësie est hors de mode. _ Adj. Vers acrostiches, Sonet acrostiche.

ACTE


ACTE, s. m. [2e e muet, akte.] 1°. L' action d' un agent. "Dieu a créé le monde par un seul acte de sa volonté. = 2°. En morale, il se dit des actions de l' homme: "C' est par des actes réitérés que l' habitude se forme. Acte de foi, acte d' humilité, etc. Voyez ACTION.
   * Rem. La Touche fait sur ce mot une remarque, qui pèche par bien des endroits. Au sens d' action, dit-il, il ne se dit guère que dans la Poësie ou la prôse relevée. Il devait ajouter: et dans les matières de piété: on dit communément un acte d' espérance, un acte de contrition; et lui-même dit plus bas, un acte de vertu. _ Mais, ajoute-il, il se dit fort bien, au pluriel, des actions des Apôtres et des Martyrs; le livre des Actes des Apôtres; les Actes des Martyrs. Sur cela il s' exprime encore mal; car par ces actes, (des Martyrs) on n' entend pas leurs actions, mais les procès-verbaux de leurs interrogatoires, et de leurs réponses. _ On dit encore les actes du Sénat, les actes des Conciles, etc. pour signifier les résolutions et délibérations du Sénat et des Conciles, qui ont été écrites dans des Registres publics.
   L' Académie n' avait pas d' abord distingué l' usage de ce mot au singulier: un acte vertueux; un acte de vertu; un acte de scélérat, etc. mais dans les Éditions postérieures de son Dictionaire, elle dit qu' en termes de morale, il se dit de toute sorte d' actions, et plus particuliérement des mouvemens vertueux que l' ame produit au-dedans d' elle-même, et sur-tout de ceux qui regardent la Religion. Il faut ajouter, ce me semble, et des formules, par lesquelles ces mouvemens vertueux sont exprimés au dehors; acte de desir, acte de reconaissance, acte d' amour, etc. Il se dit même plus souvent de ces formules, que des sentimens qu' elles expriment.
   * Rem. On dit: faire des actes de cruauté, de violence, etc. et non pas rendre des actes, comme dit le Traducteur de l' Hist. d' Ang. de M. Hume. "Rendre des actes de barbarie, c' est justifier indirectement ceux du parti oposé. _ Même en parlant des représailles, cette manière de parler n' est pas française.
   3°. En termes de pratique, Acte se dit de tout ce qui se fait par le ministère d' un Officier de Justice, soit en Jugement, soit hors du Jugement. "Acte authentique; acte solemnel, public. Acte passé pardevant Notaire, etc. Prendre acte, demander acte, doner acte de, etc. = 4°. En termes d' école, dispute publique. "Faire un acte; soutenir un acte; présider à un acte, etc.= 5°. Dans les Pièces de Théâtre, actes sont les différentes parties, dont elles sont composées, séparées entr' elles par des intervalles, où les Acteurs ne paraissent pas. Pièce de ou en trois actes, cinq actes, etc.

ACTEUR


ACTEUR, TRICE, s. m. et f. [Ak-teur, trice; 2e dout. au sing. du 1er lon. au pluriel; 3e e muet.] Celui ou celle qui représente un personage dans une pièce de théâtre. "Bon Acteur, méchant Acteur, excellente Actrice. _ On dit figurément, dans des parties de jeu ou de plaisir: il nous manque un Acteur. Il est familier.
   ACTEUR, Comédien (Synon.) Ils sont le même dans le propre, mais non dans le fig. Acteur ne se prend pas en mauvaise part, comme Comédien. On dit d' un homme, qui a conduit une intrigue, qu' il a été grand Acteur dans cette affaire; mais on ne dit que d' un fourbe, qu' il est grand Comédien; et d' une femme qui, n' étant pas régulière, fait la modeste et la prude, qu' elle est une grande Comédienne. _ Actrice ne se dit point dans le figuré, = Remarquez encore qu' Acteur et Comédien ne sont le même dans le propre, que quand on parle en général de la profession. Hors de-là, il y a beaucoup de phrâses où le 2d. ne peut pas être à la place du 1er. P. ex. On dira, il est acteur dans cette pièce; on ne dira pas, il est Comédien dans, etc. _ En général, Acteur a des emplois plus variés et plus étendus que Comédien.

ACTIF


ACTIF, ACTîVE, adj. [l' f se prononce au 1er. l' î est long au 2d., 3e e muet.] 1°. Qui agit, ou qui a la vertu d' agir. Il se dit par oposition à passif. _ Dettes actives, les sommes dont on est créancier; dettes passives, les sommes dont on est débiteur. _ Avoir voix active et passive, pouvoir élire et être élu. = 2°. Qui agit avec force, avec promptitude. "Le feu est le plus actif des élémens. = 3°. en parlant des persones: agissant, diligent. "C' est un homme actif, fort actif.
   Rem. On dit dans le Dict. Gramm. que cet adjectif ne précède jamais, mais suit toujours le substantif. Cela n' est vrai que du discours ordinaire, et regarde sur-tout le masculin. "L' actif César fit autre chôse. Davon. L' inversion est dure. Le fém. active peut précéder, mais seulement en vers et dans la prôse poëtique ou oratoire: l' active ambition, l' active impiété.
   ACTIF, terme de Gramaire. Il se dit des verbes qui ont le régime simple. Aimer la vertu, enseigner les belles Lettres.
   * Rem. M. de Wailly s' éloigne des autres Gramairiens, en apelant actif tous les verbes qui expriment une action faite par le sujet, soit que ces verbes aient un régime simple, comme aimer, haïr, récompenser, punir; soit qu' ils n' aient que le régime composé, comme nuire à, médire de, etc. soit enfin qu' ils n' aient point de régime, comme danser, partir, venir. Il n' apele neutres que les verbes qui n' expriment ni une action faite par le sujet, ni une action reçuë dans le sujet. Cette nouvelle dénomination est en effet plus conforme au sens naturel du mot actif; mais elle ne l' est pas à son sens gramatical. D' ailleurs, étant contraire à un usage qui a prescrit, et étant propre à rendre embarrassante la lecture des anciennes Gram. et des Dict. qui procèdent sur d' autres principes, et à multiplier pour les étrangers, acoutumés à d' autres dénominations, les difficultés déja assez grandes de la langue française, nous pensons qu' elle ne fera pas fortune; et nous ne nous sommes pas pressé de l' adopter, malgré l' estime singulière dont nous faisons volontiers profession pour le mérite de cet excellent Gramairien.
   ACTIF est aussi s. m. Conjuguer l' actif et le passif.
   Rem. Il est des verbes actifs qui s' emploient neutralement et sans régime: mais alors le régime est sous-entendu: "Aujourd' hui, helas! l' impiété est devenuë un air de distinction et de gloire: c' est un titre qui honore, et souvent on se le done à soi-même par une affreuse ostentation. Massillon. Qui honore, on sous--entend, ceux qui le prènent, ou à qui on le done.
   On détruit, on élève, on s' intrigue, on projette,
   Sans cesse l' on écrit, et sans cesse on répète.
       L. RAC.
Écrire et répéter sont tellement employés par l' usage comme verbes neutres, quoique originairement actifs, qu' on n' a pas besoin de sous-entendre le régime; mais avec détruire et élever, il le faut sous-entendre. "C' est la réflexion qui remuë, qui attendrit qui passione. Neuville. On sous-entend ceux qui s' y livrent. "La délicatesse de leur conscience les engage à fuir tout ce qui peut distraire et amuser, dans la crainte qu' il ne parvienne à amolir et à affoiblir. Id. On sous-entend les. _ Remarquez que les deux premiers verbes sont plus usités, ainsi employés neutralement, que les deux derniers. = L' on ne doit pas croire que tous les verbes actifs puissent être ainsi employés sans régime. Il y en a quelques-uns dont l' emploi de cette manière est d' un usage universel. Pour les aûtres, il faut beaucoup de goût et une grande conaissance de la langue pour les employer de la sorte, sans ocasioner de l' embarras, de l' obscurité ou des équivoques dans la phrâse. _ M. Moreau est de tous ceux qui ont écrit, celui qui emploie plus souvent les verbes actifs neutralement. "L' intérêt de son Roi étoit alors de contenir et de recouvrer. "Dévaster sans règle, et s' aproprier sans titre. "Louis entre en Champagne pour ravager, brûler, exterminer. "Il ne faisait usage de son autorité que contre ceux qui, jusque-là, avaient oprimé avec plus de licence. Victor excomunioit; mais il ne disposoit, ni des Troupes, ni des Magistrats. "L' exercice de la puissance publique, qui règle, prescrit et dispôse, résidoit dans l' assemblée de la Cité. "Leur atentat contre le peuple avoit été de détruire: c' étoit justice de rétablir et de protéger, etc. etc.

ACTION


ACTION, s. f. [Ak-cion, et en vers ci-on, tout bref.] Ce mot a plusieurs sens. Il signifie, 1°. l' opération de l' agent, de l' être qui agit: l' action du feu sur le bois, du Soleil sur les plantes; l' action de l' esprit. = 2°. En morale, il se dit de tout ce qu' on fait. Acad. Suivant l' Ab. Girard, action se dit indifféremment de tout ce qui se fait, commun ou extraordinaire; acte se dit seulement de ce qu' on fait de remarquable. Action s' unit plus souvent aux adjectifs, acte aux substantifs. Acte de vertu, d' humanité, de justice, etc. Action vertueuse; bone action; action criminelle; action noire, lâche, etc. = 3°. Combat, rencontre entre des troupes: "Il y a eu une action. _ Mais remarquez qu' il ne s' unit point avec tous les verbes, avec lesquels combat ou bataille s' unissent. On ne doit point dire avec le P. Barre, (Hist. d' Allem.) doner une action, livrer une action; comme on dit doner une bataille, livrer un combat. "Une armée toute prête à donner une action. "Il fut obligé d' en venir à une action que le Comte Palatin lui livra: "On ne livra point d' action générale. Cela n' est pas français. = On dit que les troupes entrent en action, ou en campagne. La 1re. manière m' avait toujours déplu; mais elle plaît à l' Acad. qui la met sans remarque. Du moins elle paraît moins usitée que la 2de. = 4°. Discours public, comme est un sermon, un plaidoyer, une harangue: suivant l' Acad. il vieillit en ce sens. Dans le Rich. Port. on le met sans remarque, pour le discours prononcé par un Orateur. On ne l' a guère dit que des discours d' aparat; et l' on ne le dit presque plus aujourd' hui. _ Ce qu' on dit encore moins, et qu' on n' a jamais dû dire, c' est: faire une action, comme dit le P. Rapin. "Cette passion pour l' éloquence lui vint (à Demosthène) de l' aplaudissement extraordinaire qu' on donoit à Callistrate sur une action qu' il avait faite. = 5°. Action signifie les gestes de l' Orateur, le moûvement et le feu avec lequel il récite. "Le P. Mascaron avoit une belle action. "Cet Avocat n' a point d' action en plaidant. L. T. Quelques-uns disent mal-à-propos diction en ce sens. Voy. ce mot. = 6°. Action, demande, poursuite en justice~: action criminelle, action civile, action personelle, action réelle, etc. Intenter action à...avoir action contre... etc. = 7°. Par raport au Théatre, action est oposé à récit: "Il y a beaucoup d' action; tout est action dans cette pièce; les événemens naissent l' un de l' autre. _ On dit en ce sens figurément, mettre des préceptes en action, instruire par des exemples. "Ces fréquens tableaux de l' Ab. de Marsy sont autant de préceptes mis en action. L' Ab. Sabatier de Castres.
   * Rem. 1°. On dit être maître de ses actions~, et non pas le maître; n' avoir à répondre de sa conduite à persone. "Ma soeur est la maîtresse de ses actions, comme je la suis des miennes. Mariv. Je crois qu' il falait dire: ma soeur est maîtresse de ses actions, et non pas la maîtresse; et alors il fallait, comme je le suis des miennes, et non pas je la suis. Voy. LE _ On dit dans le même sens, ne pas répondre de ses actions. "Elle ne répondoit de ses actions à personne. Mariv.
   * 2°. On dit parler avec action, avec feu, avec vivacité. Marivaux dit parler d' action, manière de parler, que je ne crois pas française. "Ils causoient ensemble, et sembloient parler d' action.

ACTîVEMENT


ACTîVEMENT, adv. [Activeman; 2e lon. 3e e muet; 4e en a le son d' an.] Il ne se dit qu' en gramaire. On le dit d' un verbe neutre, qui s' emploie quelquefois dans une signification active. Par exemple, parler est neutre: il s' emploie activement dans ces phrâses: parler bien sa langue; parler nouvelles, politique, etc. _ Hors de-là, activement ne se dit point: "On ne dit pas administrer, gouverner activement, etc.

ACTIVITÉ


ACTIVITÉ, s. f. [dern. é fer. tout bref.] Il signifie, 1°. qualité active: "l' activité du feu. 2°. Diligence, vivacité dans l' action: "Cet homme a une grande activité. = * Un Auteur moderne lui fait régir, contre l' usage, la prép. à. "Louons-le de sa mâle activité au travail. Le Baron de St. Julien. _ On dit mieux doner de l' activité à... "Ils ont doné une nouvelle activité au commerce. Journ. Polit. _ Mettre en activité (terme de Gazette.) "Le gouvernement de... sera mis en activité dans le mois de Décembre. _ Dans le Corps du Génie, on le dit même des persones: il est en activité, il est employé.

ACTRICE


ACTRICE. Voy. ACTEUR.

ACTUEL


ACTUEL, ELLE, Adj. [Actu-èl, èle; 3e è moy. 4e e muet au 2d. tout bref.] Il signifie, 1°. effectif, réel, payement actuel. = 2°. Plus communément, présent: "l' état actuel. = En style dogmatique: intention actuelle, par oposition à la virtuelle, grace actuelle à l' habituelle; péché actuel à l' originel. = Actuel aime à suivre le nom qu' il modifie: vos dispositions actuelles, et non pas vos actuelles dispositions. En vers il pourrait précéder.

ACTUELLEMENT


ACTUELLEMENT, adv. [Actu-èleman, 3e. è moy. 4e. e muet, 5e. en a le son d' an.] Présentement: "Il demeure actuellement en tel endroit. = Dans le Rich. Port. et l' ancien Trev. on lui done aussi le sens de véritablement, effectivement. Il est vieux en ce sens. l' Acad. ne le met point.

ACUEIL


ACUEIL, ACUEILLIR, ACUL, ACULER. Voy. ACCUEIL, ACCUL, etc. avec deux c.

ACTUôSITÉ


*ACTUôSITÉ, s. f. mot forgé par Pluche. "Après avoir imprimé à la matière l' actuôsité.

ACUSABLE


ACUSABLE, ACUSATEUR, ACUSATION, ACUSER; Voy. ACCUSABLE, ACCUSER, etc. avec deux c.


AD. Dans les mots qui commencent par cette syllabe, on a conservé le d dans ceux où il se prononce, et on l' a retranché dans ceux où il n' est plus qu' une lettre muette, inutile et même embarrassante pour la prononciation. On écrivait autrefois: adjournement, adjourner; adjouter, adjustement, adjuster; Admiral, Admirauté;advancer, advantage; advenir; advertir, advertissement;advis, adviser; advouer, adveu; Advocat, advocasser. Depuis du temps, on a retranché de ces mots ce d, qui ne servait de rien qu' à embarrasser l' orthographe, et à en multiplier les difficultés. On écrit ajournement, ajourner, etc. etc.

ADAGE


ADAGE, s. m. [2e br. 3ee muet.] Proverbe, maxime. Ce mot est vieux, et il ne s' emploie plus que dans le style comique ou critique. "C' est là (à la Pologne) qu' il faut renvoyer les partisans de cet adage inconcevable de Montesq., qui est que, pour qu' un Empire soit bien constitué, il faut que sans cesse le pouvoir y arrête le pouvoir. Linguet. Dans le Rich. Port. on le met sans remarque. L' Acad. dit qu' il n' a guère d' usage qu' en plaisanterie et dans cette phrâse: on dit en commun adage. Je crois que cette phrâse est encore plus vieille que le mot.

ADAM


ADAM, s. m. [Adan, et non pas adame.] Ce nom si fameux du premier homme entre dans quelques expressions du style familier et proverbial. "Ne conaître quelqu' un, ni d' Eve, ni d' Adam, ce n' est pas le conaitre du tout. N' avoir pas péché en Adam; être si vertueux, qu' il semble qu' on n' ait point participé au péché originel et à ses suites.

ADAPTATION


ADAPTATION, s. f. [en prôse cion, en vers ci-on, tout bref.] Action d' adapter. _ Ce mot est peu usité.

ADAPTER


ADAPTER, v. a. [Adapté, 3eé fer. tout bref.] Apliquer, ajuster une chose à une autre. Il régit l' acusatif et le datif: s' adapter, le datif.

ADDITION


ADDITION, s. f. [On pron. les deux d, cion en prôse, ci-on en vers.] Ce qui est ajouté à quelque chôse: faire de grandes additions à un livre, à une maison. = 1re. Régle de l' Arithmétique. L' addition est la plus simple et la plus facile des quatres règles.

ADDITIONNER


ADDITIONNER, ou ADDITIONER, v. a. [Tout bref, les deux d se prononcent, ad--dicio-né en prôse, en vers ci-oné.] Il ne se dit qu' en Arithmétique. Mettre plusieurs nombres ensemble pour en savoir le total. "Il faut additioner toutes les sommes.

ADDONNER


ADONNER. Voy. ADONNER.

ADE


ADE. L' a est toujours bref: aubade, cascade, fade, il s' évade. D' OLIV.

ADèPTE


ADèPTE, s. m. [2e è moy. 3e e muet. Adèp-te.] Il ne s' est d' abord dit que des initiés au grand oeuvre, qui avaient aquis la science par excellence: quasi scientiam adepti. Le Gendre. _ On en a étendu la signification à tous ceux qui sont initiés dans les mystères d' une secte ou d' une science. Acad.
   À~ nos Auteurs, ce n' est point entre nous
   L' esprit qui manque: ils en ont presque tous.
   Mais je voudrois, dans ces nouveaux adèptes,
   Voir une humeur moins rétive aux précèptes,
   Qui du Théatre ont établi la loi.       Rouss.
"Je ne suis ni artiste, ni adèpte, ni connoisseur. L' Ab. Grosier. On le dit dans le Mercûre d' une débutante au théatre: si nous avons remarqué de défauts dans cette jeune Adèpte, ils ne sont pas de ceux qu' on ne corrige point. Quelle fureur pour le néologisme! On dira bientôt adèpte des aprentis et aprenties des arts mécaniques.

ADHÉRANT


ADHÉRANT, s. m. [2e é fer. 3e. lon. Adéran.] Plusieurs distinguent par l' orthographe adhérant subst. d' adhérent adj. L' Acad. ne les distingue point, et ne met que le der. = Ce substantif ne se met qu' au pluriel: "Ils demandoient qu' on chassât d' auprès de leurs Majestés le Maréchal d' Ancre et ses adhérans. D' Avrigny. _ Suivant l' Acad., il se prend en mauvaise part.

ADHÉRENCE


ADHÉRENCE, s. f. [Adérance; 2e é fer. 3e lon. 4e e muet.] Au propre, union étroite de deux corps: l' adhérence du poumon aux côtes; de la pierre à la vessie. _ Au fig. attachement à un mauvais parti: adhérence au parti des rebelles, des hérétiques.

ADHÉRENT


ADHÉRENT, ENTE, adj. [Adéran, rante, 2e é fer. 3e lon.] Qui est attaché à... Il ne se dit qu' au physique: pierre adhérente à la vessie.

ADHÉRENT


ADHÉRENT, s. m. Voy. ADHÉRANT.

ADHÉRER


ADHÉRER, v. n. [Adéré, 2e et 3e é fer. tout bref.] Être attaché à... Il n' est guère usité au propre. On dit plutôt qu' une pierre est adhérente à la vessie, que de dire qu' elle y adhère. Cependant l' Acad. le dit, et je m' en raporte. Au figuré il est plus usité: adhérer à une opinion, à un parti. _ Voy. CONSENTIR.

ADHÉSION


ADHÉSION, s. f. [Adé-zion, et en vers, zi-on; 2e é fer. tout bref.] Il se dit au physique: adhésion de deux corps; et au figuré: adhésion à un traité, à une décision, à une protestation, etc. Voy. CONSENTEMENT.

AD HONORES


AD HONORES. Mots empruntés du latin. [Adonôrès, 2e br. 3e long. 4e è moy.] Il se dit de ceux qui sont décorés d' un titre, sans en faire les fonctions, ou sans en avoir les apointemens; Conseiller d' Etat ad honores.

ADJACENT


ADJACENT, ENTE, adj. [on pron. le d, Adja-san, sante, et non pas ajasan, comme on le lit dans le Dict. Gramm. 3e long. 4ee muet.] Qui est situé auprès, qui est aux environs. = L' emploi de ce mot est fort borné. On ne le dit qu' avec terres, îles, pays. "Mortimer fut arrêté dans un apartement adjacent à celui de la Reine, dit le Traducteur trop servile de l' Histoire de M. Hume. "Contigu à, ou voisin de, étaient-là les termes propres. "L' Eglise et toutes les avenues adjacentes en étoient remplies. Ann. Litt. Ôn peut dire qu' adjacentes était-là tout au moins inutile. Avenues suffisait, et avenues adjacentes est un vrai pléonasme. _ L' Acad. ne met que pays adjacent, lieux adjacens, terres adjacentes; îles adjacentes.

ADJECTIF


ADJECTIF, s. m. [le d, le c et l' f se prononcent: Ad-jèktif: 2e. è moy.] Il tire son nom du latin adjectus, qui signifie, ajouté, parce qu' il est ajouté au substantif, pour en exprimer quelque qualité: homme aimable, femme vertueûse. _ Ce nom est subst. On dit, un adjectif masculin, un adjectif féminin; l' adjectif et le substantif doivent s' acorder en genre, en nombre et en cas. _ Il est aussi adj. un nom adjectif.
   REM. I. On a souvent et long-temps agité la question: Si un adjectif se raportant à deux substantifs de différent genre, doit être mis au pluriel, et quel genre il lui faut doner, le masc. ou le fém. T. Corneille sur Vaugelas fait une distinction qui me paraît judicieûse. Si ces deux subst. sont le sujet de la phrâse; ou, comme on dit, le nominatif du verbe, l' adjectif doit être mis au pluriel et au masculin. Ses yeux et sa bouche étaient ouverts. Si ces deux subst. sont régis par le verbe, l' adjectif suit le genre et le nombre du dernier. Il avait les yeux et la bouche ouverte; la bouche et les yeux ouverts.
   II. Il y a des adjectifs, qui s' emploient substantivement.
   Que le bon soit toujours camarade du beau.
       La Font.
"Il faut sacrifier l' utile à l' honnête. _ il y a, au contraire, des substantifs, qui s' emploient comme des adjectifs, comme père, Roi, maître, esclave. "Louis XIV fut toujours Roi par autorité, et père par tendresse. Wailly. "Un homme maître de ses passions, surmonte toujours l' homme esclave de ses vices. Ces substantifs sont adjectifs dans ces ocasions, parce qu' ils n' expriment que des qualités. _ Enfin, il est des adjectifs qui s' emploient quelquefois adverbialement: penser juste, chanter juste, parler haut, voir clair, etc.
   III. Il y a des adjectifs qui ne peuvent guère aller seuls (sans régime): digne, incapable, il faut dire de quoi; propre, comparable, il faut dire à quoi._ Il y en a qui ne gouvernent jamais rien, et c' est le plus grand nombre. _ Il y en a enfin, qui se mettent indifféremment ou avec un régime: je vis content de ma fortune; ou sans régime; je vis content. D' OLIV. On n' a à prendre conseil que de l' usage, dans une matière où le raisonnement n' entre pour rien. Id. * Il est aujourd' hui grand nombre d' Écrivains qui consultent fort peu cet arbitre souverain des langues, et qui donent aux adjectifs les régimes qui les acommodent, sans se mettre en peine si l' usage les aprouve ou non.
   IV. Régime des adjectifs. On doit apliquer aux adjectifs ce qu' on dit des verbes; qu' on ne doit pas en réunir avec le même régime deux, qui aient des régimes différens; et encore moins raprocher du régime l' adjectif qui ne le régit pas; comme dans cette phrâse: "l' esprit de conquête, passion funeste et ruineuse aux nations commerçantes. L' Auteur aurait évité en partie cette irrégularité, en plaçant funeste après ruineuse: passion ruineuse et funeste aux nations, etc. Alors du moins le faux régime de ruineuse n' aurait pas été si bien aperçu, ni si choquant. Mais pour rendre cette phrâse parfaitement régulière, il fallait doner à chaque adjectif son régime, et dire: passion si ruineuse pour les nations comerçantes, et qui leur a été si funeste.
   V. Construction des adjectifs. La place que doit ocuper l' adjectif dans la phrâse, n' est pas facile à assigner par des règles générales. La Langue Anglaise a là-dessus de l' avantage sur la nôtre, quant à la commodité de ceux qui la parlent et qui l' écrivent; mais d' autre part, elle manque de l' avantage de la variété, la construction de l' adjectif,qui se place toujours devant le substantif, étant toujours la même. _ Voici quelques remarques, ou anciennes, ou nouvelles sur cet article, si embârrassant dans notre Langue.
   1°. On met après les adjectifs qui expriment la couleur; exceptez les blancs-manteaux, du blanc manger; un blanc-bec; un rouge bord; rouge-gorge, rouge-trogne; verte jeunesse, verte vieillesse, verd galand. Acad. Wailly. Voy. JAûNE. _ Noir au figuré, se place aussi devant: de noirs orages. De Lille. _ Ceux qui expriment la figure; table ronde, tabatière quarrée. _ La saveur: herbe amère, pome aigre. _ Une qualité de l' ouïe et du tact: instrument sonôre, voix harmonieuse; bois dur, chemin raboteux, corps mou. _ Ceux qui expriment une sorte d' opération: Procureur actif, mot expressif, péché actuel. _ Les adjectifs qui peuvent s' employer seuls, comme noms des persones: on dira donc un homme bossu, une femme boiteuse, un enfant aveugle, puisqu' on peut dire l' aveugle, le boiteux, le bossu. _ N' imitez donc pas l' Auteur qui a dit: "Sénèque étoit le plus riche homme de l' Empire. On dit un homme riche, et non pas riche homme.
   2°. Les nombres ordinaux (premier, second, troisième, etc.) se placent après le subst. quand ils sont employés en citation et sans article: Livre second, chap. troisième, etc. Si le subst. a l' article, ces adjectifs numéraux peuvent suivre ou précéder: au livre troisième, ou au troisième livre, etc.
   3°. Devant les substantifs monosyllabes, les adjectifs de plusieurs syllabes font rârement bien. _
   Aux infidèles mers confier sa fortune.       De Lille.
  De vos champêtres airs répétez les plus beaux.
      Gresset.
  Mais ces droits, que sont-ils? d' imaginaires Lois.
      L. Rac.
"Les terrestres soins de cette vie. J. J. Rouss. "Ce ne sont que de très-médiocres Bourgs. Let. Édif. "Ce noble généreux et courageux Pair. M. Targe, dans la traduction de Smolet, pleine d' anglicismes. _ Un adjectif masculin par la terminaison, devant un subst. monosyllabe, est encore moins suportable, comme les brûlans feux; les sacrés os, (Mascaron) le souvenir de ces affreux temps. (H. des Stuarts.) On dit pourtant de jolis airs; mais c' est une exception, et s' il y en a d' autres, elles sont en petit nombre.
   4°. Les adjectifs verbaux, qui sont des participes actifs ou passifs, se placent toujours après le substantif, dit M. de.... mais il se trompe pour les premiers: on dit, charmant Auteur, étonante nouvelle. La remarque n' est vraie que pour les seconds. "Cette inatendûe nouvelle. Dites: "cette nouvelle inatendûe. _ Ménage blâmoit, avec raison, cet assuré secours, ce redouté Monarque. Il avait établi en conséquence cette règle; que, les adjectifs terminés par une voyelle masculine doivent être placés après le substantif. Mais cette règle est mal présentée, remarque fort bien M. l' Ab. d' Olivet. C' est moins à cause de leur terminaison que, assuré secours et redouté Monarque, choquent l' oreille, puisque fortuné séjour et éfronté plagiaire ne la choquent pas, quoique finissant de la même manière: c' est parce que assuré et redouté sont des adjectifs verbaux, ou des participes employés adjectivement. C' est pour cela qu' on ne peut dire, un soumis valet. Ainsi l' on dira: les énemis de la Religion les plus déclarés, et non pas les plus déclarés ennemis, comme dit le P. Charlevoix: c' est le Ministre le plus ocupé, et non pas le plus ocupé Ministre. "Manguchi étoit une des Villes les plus peuplées, et par conséquent les plus débordées du Japon; et non pas des plus peuplées, et des plus débordées Villes, etc.
   5°. Dans les exclamations, l' adjectif se plaît à marcher devant. Charmant Auteur! quelle étrange démarche! etc. mais cette règle n' est pas générale, et charmant livre sonerait mal.
   6°. Les adjectifs pluriels s' unissent ordinairement beaucoup mieux avec des subst. commençant par une voyelle, parce que l' s qui termine les premiers, se lie avec plus de douceur avec les voyelles par où les autres commencent; il en est de même des adjectifs qui, même au singulier, sont terminés par une x qui se prononce comme une s. Eloquens Avocats; généreuses adresses; courageux ami; jaloux amant, etc. etc.
   7°. Les adjectifs masc., modifiant un subst. de terminaison féminine, sont mieux après que devant: astres brillans, et non pas brillans astres. Mais les adjectifs de terminaison féminine précèdent élégamment: brillante lumière, vaste champ; et non pas champ vaste, comme dit un Auteur moderne. "Quel champ vaste ne pourroit-on pas offrir au Musicien, en aprofondissant le coeur humain?
   8°. Une règle assez générale, c' est qu' un adjectif qui a un régime, ou qui est modifié par un adverbe, doit être toujours placé après le substantif. "Malheur commun à tous; Fief dépendant de ce Duché; homme fortement ocupé. _ Au contraire, quand c' est le substantif qui a un régime, il faut, autant que l' usage peut le permettre, que l' adjectif précède, afin que ce régime suive le nom qui le régit: "L' incomparable Auteur de Ver-vert et de la Chartreuse, l' élégant Traducteur des Géorgiques, ou du moins on doit placer l' adjectif après le régime, et non pas après le subst. "Ce qui cause les révoltes, ....c' est la trop grande abondance d' hommes adonés à la guerre. Télém. "Une natte de jonc grossière lui servoit de lit. Ibid. _ Une abondance trop grande d' hommes, une natte grossière de jonc formeraient une mauvaise construction.
   9°. Quand un même nom subst. est modifié par deux adjectifs, il ne faut pas les mettre tous les deux devant, quand ils ne sont pas liés par la conjonction et. "Le Trad. de l' Hist. d' Angl. de M. Hume n' a pas fait cette attention. "Guillaume laisse ses nouveaux jaloux sujets à la merci d' une armée insolente. "Cet aimable et courageux jeune Seigneur. Et M. Targe. "À~ former une nouvelle grande confédération. "Sa situation étoit sur une belle grande rivière. Let. Edif. _ Cela est plus suportable quand on fait parler des gens du peuple. "Ma belle jeune Dame, ma chère jeune maîtresse, répondit la Jardinière. Trad. de Fielding.
   10°. C' est une autre irrégularité, quand il y a deux adjectifs, d' en placer un devant et l' autre après. Ex. "On demande quelle peut être la cause d' un si grand mouvement et si réglé. Art de penser. Il faut dire, d' un moûvement si grand et si réglé.
   11°. Quand les deux adjectifs sont liés par la conjonction et, ils peuvent tous deux être placés devant, à moins que quelqu' une des règles que nous avons donées ne s' y opôse; de sorte même que celui des deux, qui ne pourrait précéder, s' il était seul, profite de la compagnie de son voisin, qui peut, suivant l' usage, passer devant. "Son actif et infatigable génie. Moreau. "Dans la plus brillante et la plus passante Province de France. Sevigné. "Notre bone et comode compagnie s' en est allée. La même. _ Actif, passante, comode, s' ils étaient seuls, ne pourraient précéder, mais dans la compagnie d' infatigable, brillante, bone, ils marchent devant sans difficulté. Voy. GRATUIT.
   12°. Quand c' est, au contraire, un seul adjectif qui modifie deux noms substantifs joints par une particule conjonctive ou disjonctive, il doit être placé après le second. St. Evremont a manqué à cette règle: "Il y a une innocence héroïque, aussi bien qu' une valeur. Dites: il y a une innocence, aussi bien qu' une valeur héroïque.
   13°. Dans le style relevé, l' adjectif peut quelquefois se placer après le verbe, et loin du substantif. "Les bergers loin de secourir le troupeau, fuyent tremblans, pour se dérober à sa fureur. Télém. "Dans la langueur qui l' acâble, ce héros hésite et balance incertain. Jér. Déliv. "Les rênes de l' Empire ne flottent plus, incertaines au gré de mille passions contraires, qui se croisent. Royou, de l' Etat Monarchique.
   L' onde autour de son corps murmuroit écumante.
       Marin. Fédéric.
  Les cruels habitans fuyant épouvantés,
  Pour long-temps de ces lieux se tiendront écartés.
      Ibid.
14°. Nous disons ici de l' Adjectif ce que nous dirons du Participe en son lieu, que quand il est à la tête de la phrâse, il convient qu' il se raporte au sujet, (au nominatif) et non pas au régime (au cas). Ainsi l' on dira de Dieu: "inaccessible à nos regards, il habite en lui-même dans l' infinité de son être, mais accessible à nos voeux, il est toujours prêt à les écouter, à les exaucer. _ Les Poëtes ont peut-être le droit de faire raporter l' adjectif ainsi placé au régime du verbe: "Quoique absente il la voyoit. Télém. _ Présente il la déteste, absente il la regrette. Mais il faut que la netteté du sens n' en souffre point, et qu' il n' y ait ni obscurité, ni équivoque. Or, il y en a toujours, quand le régime est du même genre et au même nombre que le sujet. Ainsi, mettant dans ce vers l' adjectif au masc. on tombe dans cet inconvénient:
   Présent il le déteste, absent il le regrette.
   On ne sait si c' est il, sujet de la phrâse, ou le, qui est le régime des deux verbes, qui est présent ou absent. Et comme l' idée se présente naturellement d' attribuer l' adjectif, ainsi placé, au sujet; si l' intention du Poëte était qu' on l' attribuât au régime, le lecteur ou le spectateur prendrait le contre-pied de sa pensée. _ Il y a aussi de l' embarras, quand le régime, auquel on veut faire raporter cet adjectif, ainsi placé à la tête de la phrâse, en est fort éloigné. Il y en a même souvent quand il en est proche. "Le Roi Charles II (Roi d' Angleterre) fut gouverné par elle (Mlle. de Keroual); et quoique souvent infidèle, il fut toujours maîtrisé. Volt. _ Il semble que c' est Charles II qui était infidèle, et c' est de Mlle. de Keroual que parle l' Auteur.
   15°. Quand l' adjectif est régi par le verbe être, dans le style sérieux, il doit toujours être placé après. "Il est aimable, elle est douce et modeste; mais dans le style burlesque et marotique, il précède même le pron. pers. Ainsi M. de Voltaire a bien plus péché contre le goût, ou contre l' équité et la vérité, que contre la gramaire, quand il a dit des Cantiques sacrés de M. le Franc:
   Sacrés ils sont, car persone n' y touche.
   * Rem. L' adjectif ne doit pas être régi immédiatement par tout autre verbe que le verbe être. Les phrâses suivantes pèchent contre cette règle: "Somerset jugea indispensable de capituler. Me. de B. Hist. d' Angl. "Les opositions de leur caractère, leur rendirent impossible de persévérer dans cette harmonie, si essentielle au succès de leur expédition. Ibid. Il fallait dans le 1er, jugea qu' il était indispensable de capituler; et dans le 2e, furent cause qu' il leur fut impossible de persévérer, etc.
   16°. La Règle la plus générale, et que le bon sens tout seul nous dicte, c' est que, dans la construction de la phrâse, il faut placer l' adjectif de manière qu' on voie sans peine à quel nom il se raporte, et qu' il n' y ait point d' équivoque dans le sens. "S' il avoit parcouru les Histoires des Saints les plus authentiques, etc. Il semble que ce sont les Saints qui sont authentiques, et c' est à Histoires que l' Auteur aplique cet adjectif.
   * Rem. 1°. Aûtrefois on se donait plus de liberté pour la construction de l' adjectif: témoin la phrâse suivante de Balzac: "Que le Livre de M. A.... est un savant, sage et éloquent Livre!
   * 2°. depuis que nous sommes plus familiarisés avec la Langue Anglaise, un plus grand nombre de nos Écrivains imitent les Anglais dans la construction de l' adjectif. Ils le placent presque toujours devant le substantif, non-seulement dans les traductions d' ouvrages Anglais, mais dans leurs propres ouvrages. M. Linguet est remarquable entre tous ceux qui ont introduit cet usage.

ADJECTIVEMENT


ADJECTIVEMENT, adv. [Adjèktive--man, 2e è moy. 3e lon. 4e e muet, 5e en a le son d' an.] Il ne se dit qu' en Gramaire. Employer un substantif adjectivement, c' est l' employer comme adjectif. Un Roi esclave de ses passions, n' est pas maître de lui-même, comment le sera-t-il des autres? Le tonerre vengeur, le remords acusateur, etc.

ADIEU


ADIEU, s. m. et interj. [A dieu, il n' est que de deux syll. même en vers.] Terme de civilité et d' amitié dont on se sert en prenant congé les uns des autres. Interj. "Adieu Monsieur, adieu, je m' en vais. _ s. m. Un adieu éternel, de tendres adieux. [Au pl. ieû est long.] Les Gascons disent adieu, en abordant une persone. On doit dire bon jour. Adieu ne doit se dire que quand on se sépare. Desg. _ Dire adieu, au propre, prendre congé. Il régit le datif: (la prép. à) C' est une triste cérémonie de dire adieu à ses amis, quand on les quitte pour long-temps. = Au figuré, renoncer: "Il a dit adieu au monde, aux muses, aux plaisirs. _ On dit aussi au propre, faire ses adieux à... L' Acad. ne le met point. _ Mais, dit-on, à son adieu, pour dire, en prenant congé, ou quand il prit congé? À~ son adieu Henri lui dit ces paroles remarquables, etc. _ Je ne sais si ce mot est de la Baumelle ou de d' Aubigné, dont il parle, mais je ne le crois pas conforme à l' usage actuel.
   Outre la signification ordinaire de ce mot, on l' emploie dans le sens de, c' est fait de... c' est le conclamatum est des Latins. "Si l' on exige cela, adieu la réunion; c. à. d. elle n' aura pas lieu. Les taches de notre soleil peuvent s' épaissir.... s' accrocher les unes aux autres: ensuite elles iront jusqu' à former autour du soleil une croûte qui augmentera toujours; et adieu le Soleil. Fonten. c. à. d. il n' y aura plus de soleil. _ On dit en ce sens proverbialement, adieu panier, vendanges sont faites, ce qui se dit d' une persone ou d' une chôse dont on n' a plus besoin, ou des espérances quand elles sont détruites sans ressource. "Adieu ma bouteille, adieu la voiture, etc.
   * Rem. Quand on sépare à de Dieu, cela fait un autre sens, à Dieu l' honneur, c. à. d. gloire à Dieu. C' est une devise que certaine femme de vertu problématique avait prise; ce qui donna lieu aux rieurs de lire, comme s' il y avait: Adieu l' honeur; c. à. d. il n' y a plus d' honeur. La Monn.

ADJOINDRE


ADJOINDRE, v. a. [Ad-joein-dre, 2e long. 3e e muet.] Joindre avec: il ne se dit que des persones. "On fut contraint de lui adjoindre quelqu' un pour l' aider. Il régit le datif.

ADJOINT


ADJOINT, s. m. [Ad-joein, et non pas A-joein comme on le lit dans le Dict. Grammat.] Vaugelas voulait qu' on prononçat le d, Th. Corn. et Menage, étaient d' un avis contraire. L' usage moderne a décidé en faveur de Vaugelas. Celui qui est joint à un autre pour l' aider: "C' est mon adjoint. "Le Recteur et ses adjoints. D' Avrigny écrivait ajoint, comme bien d' autres: "Il avoit pour ajoint (dans son ambassade) le Comte de Bethune et l' Aubespine, Abbé de Préaux. Mém. Chronol.

ADJONCTION


ADJONCTION, s. f. [Adjonk-cion, et en vers ci-on.] L' Acad. ne le dit qu' en termes de Palais, l' adjonction de ces deux Commissaires fait bien espérer de son affaire. _ Dans le Rich. Port. on le dit aussi de l' addition de nouveaux moyens. Ce dernier sens est peu usité.

ADITION


ADITION, s. f. [Adi-cion, tout bref: il ne faut pas le confondre avec Addition.] Terme de droit. Il ne se dit qu' en cette phrâse; adition d' hérédité, acceptation d' un héritage.

ADJUDANT


ADJUDANT, (et non pas AJUDANT) s. m. [le d se prononce, 3e long. Adjudant.] Aide de Camp. On ne le dit que des Officiers étrangers. Trev. L' Acad. dit qu' on l' emploie dans le civil comme dans le militaire.

ADJUDICATAIRE


ADJUDICATAIRE, s. m. et f. ADJUDICATION, s. f. [Adjudikatère, adjudika--cion, 5e long. au 1er.] Suivant Vaugelas et la Touche, on y prononce le d, quoiqu' il soit muet dans adjuger; (ce qui est faux pour le dernier.) L' Acad. avait d' abord dit qu' on prononce ces mots sans d: dans la suite elle se contenta de dire que les uns le prononcent, et les autres non. Dans la dernière édition, elle les met sans remarque: mais comme elle n' a conservé le d dans l' orthographe qu' aux mots où il se prononce, c' est une preûve que son opinion est qu' il faut le prononcer. _ M. de Wailly qui a corrigé le Richelet d' après le Dict. de l' Acad. avertit qu' on prononce le d. _ Dans le Dict. Grammat. on s' était décidé, d' après plusieurs autorités anciennes et modernes, à l' écrire sans l' indiquer dans la prononciation. On change ici d' avis; et l' on croit, tout bien examiné, que le bon usage veut qu' on le prononce.
   1°. ADJUDICATAIRE, celui ou celle à qui on adjuge. Il régit l' ablatif, (la prép. de;) il est adjudicataire de cette maison; "elle s' en est rendue adjudicataire.
   2°. ADJUDICATION, s. f. Acte de justice par lequel on adjuge. Il régit, comme adjudicataire, l' ablatif; l' adjudication en a été faite.

ADJUGER


ADJUGER, v. a. [Adjugé, 3eé fer. tout bref.] La Touche est d' avis qu' on prononce et qu' on écrive ajuger sans d: il avait suivi Vaugelas. Rollin l' a écrit de même. _ l' Acad. l' écrit avec d. Voy. ADJUDICATAIRE.
   ADJUGER régit le datif de la persone; l' on lui a adjugé une pension, les dépens, la récréance, les fruits.

ADJURER


ADJURER, v. a. [Adjuré, l' u est bref devant la syll. masculine, il est long devant la syll. féminine. J' adjûre, il est bon de l' écrire avec un acc. circ.] L' Acad. dit qu' il n' a d' usage que dans les exorcismes: "Je t' adjûre par le Dieu vivant. _ Depuis peu on l' emploie dans le discours ordinaire, dans le sens de sommer quelqu' un de dire, de déclarer, etc. "J' adjûre tout homme sincère, de dire s' il ne sent pas au fond de son âme, qu' il y a dans ce trafic de soi-même quelque chose de servile et de bas. J. J. Rouss. Let. sur les spectacles. On lit aussi dans le Mercûre: "Le Ministre adjûre les assistans de déclarer, etc. M. l' Ab. Boulogne lui done un autre sens, celui de prendre à témoin. "Sainte religion, je vous adjûre ici. _ C' est un néologisme, qui prendra, à ce que je crois, du moins dans le sens de Rousseau et du Mercûre; car, pour celui de M. l' Ab. Boulogne, il est trop éloigné du sens propre et naturel.

ADJUSTEMENT


*ADJUSTEMENT, ADJUSTER, Voyez AJUSTEMENT, AJUSTER.

ADMETTRE


ADMETTRE, v. a. [Admètre, 2eè moy. et bref, 3e e muet; il se conjugue comme mettre.] 1°. Recevoir à la participation de quelqu' avantage. Il régit l' accusatif de la pers. et la prép. à, ou parmi de la chôse, ou dans, etc. "Il l' a admis à l' audience, dans leur société, parmi ses amis. Admettre à la Communion, aux Sacremens, etc. _ Il régit aussi à devant les verbes; on l' a admis, ou il a été admis à se justifier; à faire preuve. = 2°. Recevoir pour bon, reconoître pour véritable; il a admis ses excuses, ses raisons; pourquoi n' admettez-vous pas ce raisonement si clair, si solide? Pourquoi refusez-vous d' admettre un compte si juste?

ADMINICULE


ADMINICULE, s. m. [dern. e muet, tout bref.] L' Acad. ne l' admet qu' en termes de Pratique et de Médecine, pour, ce qui aide à faire preuve en justice, et ce qui sert à faciliter le bon effet d' un remède. _ On commence à le faire passer dans le langage ordinaire. "L' éloquence et la justice, sans être des ressources infaillibles, ne sont pas toujours des adminicules inutiles. Linguet. "Sans ces airs méphitiques, les fumiers les plus forts ne sont qu' un adminicule très-médiocre pour animer l' acroissement des végétaux. Frommel, de la cultûre du trèfle. _ À~ quoi n' apliquera-t-on pas le mot adminicule, puisqu' on le dit du fumier?

ADMINISTRATEUR


ADMINISTRATEUR, TRICE, s. m. et f. [Adminis-tra-teur, trice, tout bref, eur est long au pluriel.] Celui ou celle qui régit les biens d' une Communauté, d' un Hôpital, etc.

ADMINISTRATION


ADMINISTRATION, s. f. [Adminis--tra-cion, en vers, ci-on.] Il régit de: "l' administration de la Justice, son exercice avec l' autorité publique. L' administration des affaires, etc.
   * Rem. Ce substantif verbal a un sens actif; la prép. de qu' il régit, doit affecter celui qui administre, et non celui qui est administré; et même en parlant des Sacremens, il ne se dit point des persones. "Quel spectâcle que celui de l' administration de M. le Dauphin! L' Auteur veut dire, quand on lui administra les Sacremens. Cette expression est vicieuse. L' administration d' une persone est sa conduite, dans le gouvernement, dans les affaires. Il ne régit les chôses, et n' a le sens passif qu' avec le mot justice.

ADMINISTRER


ADMINISTRER, v. a. [Adminis-tré, 4e é fer. tout bref.] Gouverner, régir, administrer les affaires, les finances. _ Administrer la Justice, la rendre; les Sacremens, les conférer. En ce dernier sens, il régit les persones, ou en régime direct (à l' accusatif) ou au datif, (avec la prép. à) On l' a administré, on lui a administré les derniers Sacremens. _ Au Palais, administrer des témoins, des titres, des preuves, les fournir.

ADMIRABLE


ADMIRABLE, adj. [3e douteuse: si le mot termine la phrâse, elle est longue; elle est brève, s' il est dans le cours de la phrâse.] Il faut prononcer le d; et c' est une faute grossière de prononcer amirable, amiration, amirer, comme le peuple le fait en certaines Provinces.
   ADMIRABLE, qui attire l' admiration. Dans la prôse ordinaire, il suit le substantif, action admirable. = On ne le dit pas tout seul des persones, et sans quelque acompagnement. Dieu est admirable dans toutes ses oeuvres; cet homme est admirable dans sa conduite, etc. _ En vers, et dans la prose poëtique ou oratoire, il peut précéder élégamment.
   Toi qu' anonce l' Aurôre, admirable flambeau!
       L. Rac.
On s' en sert quelquefois ironiquement, et alors il se dit tout seul des persones, comme des chôses; vous êtes admirable.
   Le détour est fort bon, et l' excuse admirable!       Mol.

ADMIRABLEMENT


ADMIRABLEMENT, adv. [Admirable--man, dern. long. 4e e muet.] D' une manière admirable: "Il chante, il danse admirablement, il est peint admirablement bien. "Cette Tragédie est admirablement belle.

ADMIRAL


*ADMIRAL. Vieille orthographe. Voy. AMIRAL.

ADMIRANT


*ADMIRANT, ANTE, adj. Il a été probablement forgé par Mde. de Sevigné. "Je vois sa mine admirante et spirituelle, qui ne laisse point croire que son admiration soit fille de l' ignorance. Le mot est en italique, soit par les soins de l' Éditeur, soit qu' il fût souligné dans le manuscrit.

ADMIRATEUR


ADMIRATEUR, TRICE, s. m. et f. [ad--mira-teur, trice, tout bref, eur est long au pluriel. Voy. ADMIRABLE.] Qui admire, ou qui a coutume d' admirer. "C' est un grand admirateur de l' antiquité: il est de vos admirateurs.

ADMIRATIF


ADMIRATIF, ÎVE, adj. [Admiratif, tîve, 4e long. au 2e, 5e e muet. Voy. ADMIRABLE.] Il ne se dit qu' en grammaire, point admiratif (!) particule admirative, comme ah! eh! _ Mais le style critique qui s' arroge le droit de créer des mots, peut, à plus forte raison, étendre l' usage de ceux qui existent déjà dans la langue. "Il promene d' abord ses regards caressans sur l' admiratif auditoire. L' Ann. Litt. au sujet des lectures publiques des ouvrages annoncés, une des modes singulières qui caractérisent ce siècle. _ Je crois que auditoire admirateur aurait été mieux, et pour se conformer à l' usage, et pour éviter la cacophonie d' admiratif auditoire. Cette inversion est dûre.

ADMIRATION


ADMIRATION, s. f. [Admira-cion, et en vers ci-on, tout bref. Voy. ADMIRABLE.] Sentiment de celui qui admire, qui regarde une chôse comme merveilleûse en son genre. Doner, causer de l' admiration, avoir de l' admiration: être saisi d' admiration pour, etc.
   * On n' emploie admiration qu' au singulier, et l' on ne doit point imiter Brebeuf, qui dit à l' Arch. de Rouën: "qu' il a souhaité ardemment de montrer ses admirations à toute la France. Ep. dédic. de la Pharsale. _ Le singulier même n' irait guère bien dans cette occasion. En parlant à un Grand, on ne lui parlerait pas plus aujourd' hui d' admiration que d' estime Voy. ESTIME.
   2°. D' ailleurs, ADMIRATION ne se dit guère seul et sans régime, sans acompagnement. On dit, il est vrai, que les prodiges excitent l' admiration, que rien n' atire plus l' admiration de tout le monde que la vertu; que l' admiration, comme la flaterie, gâte et corrompt le coeur, et qu' elle nuit aux talens, etc. mais alors on parle de l' admiration en général. Quand on veut exprimer ce sentiment dans un sujet particulier, on lui fait régir la prép. pour. "L' admiration qu' on a pour les actions glorieuses, est souvent acompagnée d' un secret déplaisir de n' en pouvoir faire autant. Costar.
   3°. ADMIRATION se dit aussi de la chôse, et sur-tout de la persone admirée, et alors il a le sens passif: "Ce Prince a été l' admiration de son siècle: "St. Chrisostôme a été l' honeur de son siècle et l' admiration de la postérité. C' est une syncope: l' on dit l' admiration, pour l' objet de l' admiration, comme on dit, la terreur de, pour l' objet de la terreur de, etc. Voy. TERREUR.
   * 4°. On dit être en admiration, mais sans régime. "M. G... est par-tout en admiration de la pureté de nos moeurs actuelles. J. J. Rousseau. Ce régime est inusité. _ L' Acad. dit sans régime: "Quand il voit un beau tableau, il est en admiration. _ Bossuet avait dit avant Rousseau: "Ils n' étaient pas moins en admiration de leur rétablissement fait contre toute aparence.

ADMIRATRICE


ADMIRATRICE. Richelet. Voy. ADMIRATEUR.

ADMIRAUTÉ


*ADMIRAUTÉ. C' est l' ancienne orthographe. Voy. AMIRAUTÉ.

ADMIRER


ADMIRER, v. a. [Admiré, 3eé fer. Voyez ADMIRABLE.] 1°. Considérer avec étonnement ce qui paraît merveilleux. Admirer les oeuvres de Dieu: s' admirer. "Cet Auteur s' admire lui-même. = 2°. Admirer ne signifie souvent que la surprise. J' admire la folie des hommes. Je vous admire de vouloir qu' on suive aveuglément vos avis. Remarquez ce régime de l' infinitif. = Etre admiré et se faire admirer, régissent l' ablatif. "Il a été admiré, il se fait admirer de toute la terre. _ Dans le 2e sens, admirer régit aussi que avec le subjonctif: "J' admire, (je suis surpris) que vous ôsiez venir. "J' admire que de deux cent lieuës loin, c' est vous qui me gouvernez. Sev. Il faut, que ce soit vous qui me gouverniez.

ADMISSIBLE


ADMISSIBLE, adj. [Admi-cible, tout bref, 4e e muet.] Valable, recevable, qui peut être admis. _ Par les exemples que done l' Acad. on dirait que ce mot n' est en usage qu' au Palais. On le dit pourtant ailleurs. "Cette preuve, admissible dans tous les systêmes, donne un grand poids à celui-ci.

ADMISSION


ADMISSION, s. f. [Admi-cion, en vers, ci-on.] Action par laquelle on est admis: il a le sens passif, et régit à, dans, ou parmi: l' admission de ce jeune homme aux ordres sacrés, dans cette société; parmi nous, n' a pas été généralement aprouvée.

ADMONÉTÉ


ADMONÉTÉ, s. m. [Admonété, tout bref. Voy. ADMONÉTER.] Action d' admonéter. "L' admonété n' emporte point d' interdiction.

ADMONÉTER


ADMONÉTER, v. a. [On a dit long--temps admonester, et on le dit encore en Province. On a adopté mal-à-propos dans le Dict. Gramm. une orthographe et une prononciation plus vicieuse encore: on écrit amonêter sans d. _ Quand on suprima l' s, on la remplaça par l' acc. circonflexe, comme on le fesait pour tous les mots où cette s était muette. Aujourd' hui on ne met plus cet accent que sur les syllabes longues, et l' on écrit admonéter avec un accent aigu sur le 1er é: admonété, 2e é fer. tout bref.] Il se dit du Juge qui fait une remontrance à huis clos, avec défense de récidiver. Cette remontrance est mortifiante, sans être infamante. "On l' a admonété: "La Cour a ordoné qu' il seroit mandé et admonété.

ADMONITION


ADMONITION, s. f. [Admoni-cion, en vers ci-on, tout bref.] Action d' admonéter, avertissement. Acad. _ On le disait autrefois des avertissemens qui nous sont faits dans l' Écriture Sainte, et par les Pasteurs de l' Église. La Touche lui done encore ce sens, usité peut-être chez les Protestans. Il témoigne aussi qu' on le disait des avertissemens secrets qu' un Père fait à ses enfans: mais il avertit, qu' au sentiment de l' Académie, il n' a guère plus d' usage qu' en style de pratique. Dans la dern. édition, elle le met sans remarque. _ Je pense qu' il peut être employé ailleurs heureusement.

ADOLÉCENCE


*ADOLÉCENCE, ADOLÉCENT, Richelet. Voy. ADOLESCENCE, ADOLESCENT.

ADOLESCENCE


ADOLESCENCE, s. f. [l' s est muette. Adolé-sance, 3e é fer. 4e long. 5e e muet.] L' âge qui est depuis la puberté jusqu' à la majorité; c. à. d. depuis 14 jusqu' à 25 ans. Il ne se dit que des garçons.

ADOLESCENT


ADOLESCENT, s. m. [Adolé-san, 3eé fer. 4e lon.] Jeune garçon. Il ne se dit qu' en plaisantant. Acad. Jeune adolescent. Dans le style sérieux, on dit, jeune homme. Joubert.

ADONIS


ADONIS, s. m. [On pron. l' s, tout bref.] Plante; ou garçon extrêmement beau. Rich. Port. _ L' Acad. ne met que le 1er., c' est un oubli. _ Ce nom est tiré de la Fable. "Le Peintre, dit l' Ab. Reyre...
   En un mot d' un Eson il fait un Adonis

ADONISER


ADONISER, v. a. [Adonizé, 4eé fer. tout bref.] Ajuster avec trop d' affectation et de prétention, pour paraître plus jeune ou plus beau. Il s' emploie principalement avec le pron. pers. S' adoniser, ou au participe, adonisé.
   Un petit maître bien frisé.
   Bien musqué, bien adonisé.      L' Ab. Reyre.

ADONNER


ADONNER, ou ADONER (s' ) v. réc. [A--doné, 3e é fer. tout bref. En certaines Provinces on prononce adon-ner. Il serait à souhaiter qu' on n' écrivît ce mot, et tant d' autres, qu' avec une seule n.] S' apliquer fortement à... "Il s' adone à l' étude, à la chasse. _ S' adoner à un lieu, le fréquenter; à une persone, la voir fréquemment et familiérement. _ On dit en ce sens, qu' un chien s' est adoné à une persone; qu' il s' adone à la cuisine. _ On dit encore, (en style familier) passez chez moi, si votre chemin s' y adone, c. à. d. si c' est votre chemin.
   Être adoné, régit aussi le datif (la prép. à) il est adoné au jeu, au vin, aux femmes.

ADOPTER


ADOPTER, v. a. [Adop-té, 3eé fer. tout bref.] Choisir quelqu' un pour fils; ce qui n' était en usage que chez les Romains. Auguste adopta Tibère. _ Au figuré, il se dit des pensées, des sentimens, des opinions: "J' adopte vos sentimens: "c' est une opinion qu' on ne sauroit adopter.

ADOPTIF


ADOPTIF, ÎVE, adj. m. et f. [Adoptif, tîve, 3e lon. au 2d. 4e e muet.] Qui a été adopté. Fils adoptif, fille adoptîve.
   Rem. Adoptif et adoption ne se disent guère que dans le propre. On ne dit point des sentimens adoptifs, l' adoption des pensées; comme on dit adopter des pensées, des sentimens.

ADOPTION


ADOPTION, s. m. [Adop-cion, et en vers ci-on; tout bref.] Action d' adopter. "Tibère n' étoit fils d' Auguste que par adoption. Il ne se dit guère qu' au propre. Voy. ADOPTIF.
   Les peuples nés aux bords que la Vistule arrose,
   Sont par adoption devenus tes enfans.      Rouss.

ADORABLE

ADORABLE, adj. [3e dout. 4ee mu.] Qui est digne d' être adoré. _ Il ne devrait se dire que de Dieu; mais abusivement et par exagération, on le dit de ce qu' on estime ou qu' on aime extrêmement. _ Il suit ordinairement le substantif. "Ce qu' on apèle (en style précieux) un homme adorable n' est souvent qu' un fat. _ En vers et dans le style relevé, il peut précéder élégamment: adorable mystère! adorables desseins de la Providence! _ Adorable homme serait insuportable.

ADORATEUR


ADORATEUR, TRICE, s. m. et f. [4e longue au plur. du 1er.] L' Acad. ne met pas le fém. je ne sais pas pourquoi. Celui ou celle qui adôre. _ Adorateur se dit dans le sens propre et par exagération. _ Mais Adoratrice ne se dit qu' au propre. Voy. ADORABLE. _ Racine emploie élégamment adorateur comme adjectif.
   Je n' ai percé qu' à peine
   Les flots toujours nouveaux d' un peuple adorateur
   Qu' attire sur ses pas sa future grandeur.Bérénice.
  "Je ne suis plus ce Roi, craint, chéri, révéré
  D' un peuple adorateur à toute heure entouré.
      P. Marion Cromwel.

ADORATION


ADORATION, s. f. [Adora-cion, et en vers ci-on, tout bref.] Action par laquelle on adôre. Il se dit abusivement et par exagération d' une estime ou d' un amour extrême. _ "L' adoration n' est dûë qu' à Dieu seul; l' adoration des idoles. _ "Son amour va jusqu' à l' adoration, jusqu' à la folie.
   Rem. Être en adoration: expression dont s' est servi Rollin: "Le foible de Crésus... étoit de se nourrir des respects excessifs de ceux qui étoient comme en adoration devant lui. Comme, est un correctif pour faire passer cette expression exagérée et peu usitée. _ L' Acad. ne la met point, est-ce par oubli, ou parce qu' elle la désaprouve? Je n' en sais rien; mais je crois qu' on pourrait l' employer dans des ocasions pareilles. _ Elle est aujourd' hui à la mode; je veux dire cette expression. "Cet Historien est toujours en adoration devant les Despotes. Mercûre. "Lucie étoit en adoration devant elle, et ne cessoit de lui rendre grâce du bien qu' elle leur avoit fait. Marm.

ADORÉ


ADORÉ, ÉE, adj. [2e breve, 3e é fer. lon. au 2d.] Il se dit des persones et des chôses. Avec les persones il régit par ou de, ou il s' emploie sans régime. Baal adoré par les Phéniciens; Prince adoré de ses sujets; mortel adoré et adorable. Devant les chôses il s' emploie sans régime, et il suit toujours le substantif.
   Pour charmer, comme lui, ce séjour adoré,
   Héritez, cher Gallus, cet hautbois révéré.      Gresset.

ADORER


ADORER, v. a. [Adoré, 3e é fer. l' o est bref devant la syll. masc. vous adorez, nous adorons;adorant, etc. Il est long devant l' e muet, et il conviendrait de le marquer alors d' un accent circ. Il adôre, ils adôrent.] Rendre à Dieu le culte qui lui est dû. "Il ne faut adorer que Dieu. On adôre la Croix d' une adoration relative. "C' est une calomnie d' acuser les Catholiques d' adorer les images. _ Il se met quelquefois, mais rârement, sans régime. Les Juifs adoraient à Jérusalem, le Peuple d' Israël sur les montagnes.
   ADORER, chez les Peuples Orientaux, ne marquait souvent qu' un très-profond respect, témoigné par des prosternemens. "Esther adora Assuerus. = Il se dit aussi hyperboliquement et abusivement des transports de l' amour, et d' un attachement aveugle ou d' une basse soumission. "Vous m' aimez, je vous adôre. "Cette mère adôre ses enfans: "cet homme adôre les caprices de ce Grand.
   ADORER le veau d' or, se dit proverbialement des soumissions faites à un homme riche et sans mérite, par allusion au veau d' or qu' adorèrent les Israélites.

ADôSSER


ADôSSER, v. a. [Adôcé, 2e. lon. Il convient de la marquer d' un acc. circ.] Mettre le dôs contre. "Adôsser un enfant; s' adôsser contre la muraille; adôsser un bâtiment contre un rocher, etc.

ADOUBER


ADOUBER, v. n. [Adoubé; ou bref, même devant l' e muet.] Terme du jeu de trictrac; l' Acad. ajoute, et des Echecs: toucher une pièce pour la mieux ranger: il faut en avertir, à peine d' être obligé de la jouer: "J' adoube: "j' ai averti que j' adoubais. _ Dans le Rich. Port. on lui done un 2d. sens: acomoder, boucher. L' Acad. ne le met pas, et il n' est pas admis par le bel usage. _ Ce mot est un provençalisme, en ce sens.

ADOUCIR


ADOUCIR, v. a. [A-dou-ci, tout bref.] Rendre doux, tempérer. Conjugaison: j' adoucis, nous adoucissons; ils adoucissent; j' adoucissais; j' adoucis, j' ai adouci; j' adoucirai, j' adoucirais; adoucis;adoucissez; que j' adoucisse; (l' imparfait est comme le présent) adoucissant, adouci.
   Il se dit au propre et au figuré: adoucir la voix, adoucir la colère; l' air s' adoucit; notre homme s' est adouci.

ADOUCISSEMENT


ADOUCISSEMENT, s. m. [A-dou-cice-man, 4ee muet, 5e lon. en a le son d' an.] 2°. Action par laquelle une chose est adoucie, tempérée; l' adoucissement des couleurs, des contours (en Peinture.) 2°. État d' une chose adoucie: adoucissement à la douleur, dans les maux, dans l' état d' un malade, dans l' air, dans le temps, dans les affaires, etc.

ADOUÉ


ADOUÉ, ÉE, adj. [Adou-é, é-e, 3e é fer. long au 2d.] Terme de chasse. Perdrix adouées, acouplées, apariées.

ADRE


ADRE, pénult. brève dans ladre; longue dans câdre, escâdre; cela ne quâdre pas. Elle est pareillement longue dans la syll. masc. mâdré, encâdré. D' OLIV. Là où elle est longue, il convient de la marquer par l' ac. circ.

ADRESSANTE


*ADRESSANTE, adj. fem. ADRESSÉE. Saul obtint des lettres du Grand Conseil, qui était à Jérusalem, adressantes aux Synagogues qui étaient à Damas. Abbadie. Ce mot n' est usité qu' au Palais et en Chancellerie: "Lettres Patentes, adressantes au Parlement. Hors de là, on dit adressées. Dans le grand Richelet, et même dans le Portatif, on met adressante sans remarque.

ADRESSE


ADRESSE, s. f. [Adrèce, 2eè moy. 3e e muet; tout bref.] Dextérité, soit pour les chôses du corps, soit pour celles de l' esprit.
   ADRESSE, souplesse, finesse, rûse, artifice. (Synon.) L' adresse est l' art de conduire ses entreprises d' une manière propre à y réussir; la souplesse est une disposition à s' acomoder aux conjonctûres et aux événemens imprévus; la finesse est une façon d' agir secrette et cachée; la rûse est une voie déguisée pour aller à ses fins; l' artifice est un moyen recherché et peu naturel pour l' exécution de ses desseins. _ Les trois premiers de ces mots se prènent plus souvent en bone part que les deux autres. _ Ils sont encore distingués par leurs effets, et par les qualités qu' ils supôsent. L' adresse emploie les moyens: elle demande de l' intelligence: la souplesse évite les obstâcles: elle veut de la docilité: la finesse insinûë d' une façon insensible: elle supôse de la pénétration: la rûse trompe: elle a besoin d' une imagination ingénieuse: l' artifice surprend: il se sert d' une dissimulation préparée. GIR. Synon.
   ADRESSE, dextérité, habileté, (Synon.) La dextérité a plus de rapport à la manière d' exécuter les chôses; l' adresse en a davantage aux moyens de l' exécution; et l' habileté regarde plus le discernement des chôses mêmes. La première met en usage ce que la seconde dicte, suivant le plan de la troisième. GIR. Synon.
   * Rem. 1°. Dit-on Homme d' adresse, comme on dit, homme d' esprit, de génie? Je ne le crois pas. "Argyle, homme d' esprit et d' adresse. Hist. des Stuarts. Je dirais homme d' esprit et plein d' adresse.
   2°. Avec avoir et les pron. pers. adresse régit la prép. à devant les verbes. "Leur adresse à tirer de l' arc, leur légéreté à la course, sont des talens inconus parmi nous. Marm. _ Précédé de l' article, il régit la prép. de: "Metophis avoit eu l' adresse de sortir de prison. Télém. Ainsi l' on dit: avoir de l' adresse à faire, et avoir l' adresse de faire. L' Acad. ne met d' exemple que du 1er. "Il a beaucoup d' adresse à faire tous ses exercices. Mais l' autre régime est aussi sûr.
   ADRESSE. 1°. Le dessus d' une lettre ou d' un paquet. 2°. Lieu où on les adresse. Bureau d' adresse en style proverbial: maison où il se débite beaucoup de nouvelles.

ADRESSER


ADRESSER, v. a. [Adrècé, 2e è moy. 3e é fer. tout bref.] Envoyer directement à... Adresser une lettre, un paquet à un ami. _ Adresser le discours, la parole à quelqu' un, lui parler directement et spécialement; adresser ses voeux, ses prières à Dieu, aux Saints, à des Protecteurs, etc. _ Adresser ses pas vers, aller vers un endroit.
   S' ADRESSER a le même régime: (le datif, la prép. à.) Je m' adresse à vous comme à ma seule ressource. On répond souvent: vous vous adressez mal: à qui vous adressez-vous? _ Cette lettre s' adresse à vous, elle est à votre adresse. _ Cela s' adresse à vous, cela vous regarde, etc.
   ADRESSER s' emploie quelquefois neutralement et sans régime: adresser au but: vous avez bien adressé, mal adressé. Acad. "Un second coup de fusil adressa si bien, que la balle blessa le Lion à l' épaule, et le fit tomber à la renverse. Voy. à la MER DU SUD.

ADROIT


ADROIT, OITE, adj. [A-droa, droa-te, et non pas adrè, drète. Dict. Gramat. 2e br. 3e e muet.] Quelques Poëtes ont fait rimer adroit, adroite, avec des mots terminés en et, ète. _ Corneille, dans Agésilas.
   Ma soeur, vous êtes plus adroite,
   Souffrez que je ménage un moment de retraite.
Gresset dans le Méchant. _
   Et si l' on vous montroit
   Que vous le haïrez. Valere. On seroit bien adroit.
Voltaire fait aussi rimer adroite avec grisette, discrette. _ Peut-être adrè, drète, peut-il passer dans la conversation.
   ADROIT marche ordinairement après le subst. sur-tout au masc. le fém. peut précéder. Esprit adroit; adroite politique.
   Cet adjectif régit élégamment la prép. à devant les verbes. "Les méchans sont hardis, trompeurs, empressés à s' insinuer et à plaire, adroits à dissimuler. Télém. "C' étoit un homme adroit à se ménager la bienveillance des Souverains. Anon. Etre adroit à manier une affaire. Acad.

ADROITEMENT


ADROITEMENT, adv. [A-droa-teman. Voy. ADROIT. 3e e muet, 4e lon. en a le son d' an.] D' une manière adroite, avec adresse. "Il a fait cela fort adroitement; il a conduit cette intrigue; il s' est tiré d' affaire fort adroitement.

ADVANCER


*ADVANCER, ADVANTAGE. Vieille orthographe. Voy. AVANCER, AVANTAGE.

ADVÉNEMENT


ADVÉNEMENT, ADVENIR, ADVENTURE. Voy. AVèNEMENT, etc. sans d.

ADVENTIF


ADVENTIF, ÎVE, adj. [le d s' écrit et se prononce, Advantif, îve, 2e lon. en a le son d' an, 3e longue aussi au 2d. 4e e muet.] Terme de droit; biens qui arrivent à quelqu' un, soit par succession collatérale, soit par la libéralité d' un étranger. Biens adventifs.

ADVERBE


ADVERBE, s. m. [2e br. ê ouv. 3e e muet.] Partie du discours, qui acompagne le verbe, et en fixe encore mieux la signification. Il a tiré son nom de cette fonction. Il modifie aussi les adjectifs. = Il ne faut pas mettre les adverbes loin du verbe. Jamais, souvent, toujours et aûtres semblables, sont ceux qu' on peut éloigner le plus sans crainte. On peut les placer dès le commencement même de la phrâse.
   Construction des adverbes. 1°. On met ordinairement les adverbes devant les adjectifs et les participes: extrêmement heureux, fortement persuadé.
   2°. À~ l' égard des verbes, dans les temps simples, l' adverbe se place assez communément après le verbe: "Il aime éperdument; il combattoit vaillamment; il chante avec grâce; il vivoit innocemment lorsque, etc. _ Pour les temps composés, où l' auxiliaire avoir est employé, il y a une distinction à faire entre les adverbes simples, et ceux qui sont composés de plusieurs mots. Ceux là se mettent indifféremment devant ou après le participe: "On l' a soigneûsement traité, ou traité soigneûsement. Ceux-ci ne se mettent qu' après: on l' a traité avec soin, et non pas avec soin traité.
   3°. Pour les adverbes bien, mal, mieux, on peut les placer avant ou après l' infinitif, et le participe dans les temps composés; après, quand ils sont acompagnés ou suivis de quelqu' autre conjonction; avant, quand ils sont seuls: il a bien chanté;il a mal joué; il a mieux rencontré. "Il a parlé fort bien; il a raisoné extrêmement mal; il a joué mieux que vous ne dites. On pourrait dire aussi en les plaçant devant: "Il a fort bien chanté; extrêmement mal raisoné; il a mieux joué que, etc. Pis ne peut marcher qu' après. Il ne pouvait faire pis; il a fait pis encore. _ Dans les temps simples des verbes, ces adverbes ne peuvent être mis qu' après: il chante bien, ou très-bien; il commençait mal; il fera mieux, etc. Voy. BIEN, MAL, MIEUX, PIS.
   4°. Si les adverbes souvent, jamais, toujours sont joints à d' autres adverbes, on doit les placer les premiers: "Ils sont souvent ensemble; je n' en ûse jamais violemment; il considère toujours mûrement, etc.
   5°. Pas et point se placent devant ou après un infinitif, quoique plus ordinairement devant, toujours après les temps simples, et toujours devant le participe, dans les temps composés. Voy. PAS et POINT.
   Régime. La principale différence des adverbes d' avec les prépositions; c' est que les premiers, d' eux-mêmes n' ont aucun régime, et que les aûtres régissent toujours, ou un nom, ou un verbe. * Plusieurs donnent mal-à-propos un régime aux adverbes auparavant, alors, cependant, dedans, dehors, dessus, dessous, qu' ils confondent avec avant, lors, pendant, dans, hors, sur, sous, prépositions ou conjonctions. Voy. ces mots.
   Il est pourtant quelques adverbes, qui ont un régime, comme dépendamment, différemment de; préférablement, relativement, conformément à; assez, peu, beaucoup de; mais ils ne régissent pas les verbes.
   * Rem. Les Adverbes ne modifient pas les noms substantifs. Quelques Auteurs les font marcher en leur compagnie; entr' autres M. Linguet: C' est la conduite de tous les véritablement Grands Hommes. Révol. de l' Emp. Rom. "Dans ces assemblées, qui forment la véritablement bonne compagnie. Marin. L' Amante Ingénuë. _ Cette manière assez particulière de placer l' adverbe ne me déplairait pas dans cette occasion; mais je ne conseillerais pas, aux jeunes gens sur-tout, avides de nouveautés, de l' imiter dans d' aûtres substantifs et d' aûtres adverbes, comme les sincèrement amis, les certainement maîtres, etc.

ADVERBIAL


ADVERBIAL, ALE, adj. [tout bref, 2e ê ouvert.] Qui tient de l' adverbe: "Manière de parler adverbiale, comme par ex. sens-dessus-dessous.

ADVERBIALEMENT


ADVERBIALEMENT, adv. [5e e muet; en dans la 6e a le son d' an; adverbialeman.] D' une manière adverbiale: "ces façons de parler s' emploient adverbialement, comme à toute heure, sans rime ni raison, etc.