DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE Sixième Édition DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE Sixième Édition 1835 Français 2007-4-4 ARTFL Converted to TEI OFFRIR. v. a.

OFFRIR. v. a. (J' offre, tu offres, il offre; nous offrons, vous offrez, ils offrent. J' offrais. J' offris. J' offrirai. J' offrirais. Offre, offrez. Que j' offre. Que j' offrisse. Offert.) Présenter ou proposer quelque chose à quelqu' un, afin qu' il l' accepte. Offrir un présent. Offrir de l' argent. Il m' a offert sa maison, sa voiture, sa protection, son crédit, son secours, ses services, sa bourse.

Offrir ses amis à quelqu' un, Lui offrir d' employer, pour le servir, le crédit de ses amis.

Offrir le combat, Présenter la bataille, défier son ennemi.

Offrir le choix des armes à son ennemi, Lui en donner, lui en laisser le choix.

Offrir son épée à quelqu' un, Lui témoigner qu' on est prêt à tirer l' épée pour sa querelle.

Offrir la main à une dame, Lui présenter la main pour l' aider à marcher, ou par civilité.

Offrir l' hommage de son respect, de ses respects à quelqu' un, est une formule de civilité dont on se sert à l' égard de personnes pour lesquelles on a beaucoup de considération.

OFFRIR

OFFRIR se dit aussi en matière de religion. Offrir un sacrifice. Offrir en sacrifice, en holocauste. Offrir des victimes, de l' encens. Offrir les prémices des fruits de la terre. Offrir ses actions de grâces à Dieu.

Fig., Offrir à Dieu ses maux, ses douleurs, ses maladies, ses pertes, etc., Les présenter à Dieu, en expiation de ses péchés.

OFFRIR

OFFRIR se dit aussi en parlant De ce qu' on propose de donner ou de faire à telle ou telle condition. Il offre cent mille écus de cette étude de notaire, de cette charge d' agent de change. J' en ai refusé plus que vous n' en offrez. Il offre tant de ma ferme. Il offre de prendre ma maison à telle et telle condition. Il m' a offert de me vendre sa propriété. Offrir l' usage, la propriété d' une chose.

OFFRIR

OFFRIR se dit Des personnes et des choses, en parlant De ce qu' elles montrent, de ce qu' elles présentent, soit à la vue, soit à l' esprit. Jamais femme n' a offert à ma vue, à mes yeux, à mes regards, tant de charmes, tant de beautés. Cette campagne offre des aspects agréables, n' offre qu' une triste solitude. Ce pays offre beaucoup de singularités remarquables. Cette ville offre beaucoup de ressources. Cette question offre de grandes difficultés. Ce poëme offre de nombreuses beautés.

OFFRIR

OFFRIR s' emploie aussi avec le pronom personnel. Il s' est offert de lui-même à me servir. Il s' est offert de bonne grâce à y aller, d' y aller. Il faut prendre garde à ne pas s' offrir toujours de soi-même. Le premier objet qui s' est offert à mes yeux. Ne vous offrez jamais à ma vue. Il s' offre une grande difficulté. Il ne s' offrira jamais d' occasion plus favorable. Il a pris le premier emploi qui s' est offert.

OFFERT, ERTE. participe

OFFERT, ERTE. participe

OFFUSQUER. v. a.

OFFUSQUER. v. a. Il signifie, dans quelques phrases, Empêcher d' être vu: Les nuées offusquent le soleil, offusquent le jour. Dans d' autres, il signifie, Empêcher de voir: Ôtez-vous de devant moi, vous m' offusquez la vue. Dans quelques autres, il signifie, Empêcher de voir et d' être vu: Ces arbres offusquent la maison, Ils empêchent qu' on ne voie la maison, et que de la maison on ne voie les environs.

Fig., Les vapeurs du vin offusquent le cerveau, les passions offusquent la raison, etc., Les vapeurs du vin troublent le cerveau, les passions troublent la raison, etc.

OFFUSQUER

OFFUSQUER signifie aussi, Empêcher de voir en éblouissant, éblouir. Le soleil m' offusque les yeux. Une trop grande clarté offusque.

OFFUSQUER

OFFUSQUER signifie encore, figurément, Choquer, déplaire, donner de l' ombrage. Qu' est-ce qui vous offusque en cela? Cet homme l' offusquait depuis longtemps. Cet homme est né jaloux, tout l' offusque. La réputation dont vous jouissez l' offusque et le chagrine. Cet artiste a un rival qui l' offusque.

OFFUSQUÉ, ÉE. participe

OFFUSQUÉ, ÉE. participe

OGIVE. s. f.

OGIVE. s. f. T. d' Archit. Il se dit Des nervures ou arêtes saillantes qui, en se croisant diagonalement, forment un angle au sommet d' une voûte. Les ogives sont communes dans l' architecture gothique.

Il est aussi adjectif des deux genres, et se dit De toute arcade, voûte, etc., qui, étant plus élevée que le plein cintre, se termine en pointe, en angle. Voûte ogive. Cet arc ogive sert de décharge. Porte, fenêtre, arcade ogive. On dit aussi, Voûte, fenêtre en ogive.

OGRE. s. m.

OGRE. s. m. Personnage des contes de fées, espèce de monstre, de géant, d' homme sauvage, qu' on suppose se nourrir de chair humaine.

Fam., Manger comme un ogre, Manger excessivement.

OGRESSE. s. f.

OGRESSE. s. f. C' est le féminin d' Ogre.

OH.

OH. Interjection qui marque la surprise. Oh! quelle chute! Oh! oh! je n' y prenais pas garde.

Elle sert aussi à donner au sens plus de force. Oh! je me vengerai. Oh! je le ferai comme je vous le promets. Oh! vraiment, oui. Oh! pour cela, non. Oh! combien j' aimerais à le voir! Oh! si nous pouvions réussir! Oh! que ne puis-je vous prouver ma reconnaissance! Oh çà, parlons de nos affaires.

OIE. s. f.

OIE. s. f. Espèce d' oiseau aquatique, plus gros et plus grand qu' une cane. Oie sauvage. Oie domestique. Oie grasse. Plume d' oie.

Tirer l' oie, se dit D' une sorte d' exercice qui consiste à suspendre une oie vivante à un pieu, et à lancer horizontalement des bâtons contre cette espèce de but, jusqu' à ce que le cou de l' animal ait été rompu et détaché par des atteintes répétées. Tirer l' oie est un exercice barbare, qui devrait être interdit.

Jeu de l' oie, Jeu que l' on joue avec deux dés, sur un carton où il y a des figures d' oies placées dans un certain ordre.

Fig. et fam., C' est une oie, se dit D' une personne fort sotte, fort niaise.

Fam., Contes de ma mère l' oie, Contes dont on amuse les enfants. Cette nourrice fait des contes de ma mère l' oie.

Fig. et fam., Faire des contes de ma mère l' oie, Dire des choses où il n' y a nulle apparence de raison et de vérité.

Merde d' oie, Couleur verdâtre, mêlée de jaune. Couleur merde d' oie.

Patte-d' oie, Le point de réunion de plusieurs routes, de plusieurs allées divergentes, d' où on les aperçoit d' un coup d' oeil.

Petite-oie, désigne collectivement Le cou, les ailerons, et ce qu' on retranche d' une oie ou d' une autre volaille qu' on prépare pour la faire cuire.

Fig., Petite-oie, Les bas, le chapeau, les gants, et les autres ajustements nécessaires pour rendre un habillement complet. Il a vieilli, en ce sens.

Fig. et fam., Petite-oie, dans le langage de la galanterie, Les faveurs qui précèdent la dernière.

OIGNON. s. m.

OIGNON. s. m. (L' I ne se prononce point, mais il sert à mouiller le G. Quelques-uns écrivent, Ognon.) Nom générique que l' on donne à Cette partie de la racine de quelques plantes, qui est d' une forme renflée, et dont la base produit des racines fibreuses. Oignon de lis, de jacinthe, de tulipe.

Il se dit, plus particulièrement, d' Une plante potagère qui a une racine bulbeuse de figure ronde, communément un peu aplatie, de saveur et d' odeur fortes, composée de plusieurs tuniques ou pellicules qui s' enveloppent les unes les autres. Cette racine est ce que, dans l' usage ordinaire, on appelle Oignon. Tête, botte d' oignons. Oignon blanc. Oignon rouge. Soupe à l' oignon. Mettre des petits oignons dans une fricassée.

Chapelet d' oignons, Une grande quantité d' oignons attachés ensemble.

Fam., Être vêtu comme un oignon, Être fort couvert de vêtements.

Prov. et fig., Regretter les oignons d' Égypte, Regretter son ancien état, quoiqu' on soit dans un état meilleur.

Prov. et pop., Marchand d' oignons se connaît en ciboules, On est difficilement trompé sur les choses de son métier.

OIGNON

OIGNON se dit aussi d' Une certaine callosité douloureuse qui vient aux pieds. Avoir des oignons.

Il se dit également d' Une grosseur de la sole du cheval, qui se manifeste plus souvent en dedans qu' en dehors, et qui ne vient presque jamais aux pieds de derrière.

EN RANG D' OIGNON. Loc. adverbiale et familière

EN RANG D' OIGNON. Loc. adverbiale et familière dont on se sert en parlant De plusieurs personnes qui sont rangées sur une même ligne. Sitôt qu' il fut entré, il alla se mettre en rang d' oignon. Ils étaient tous en rang d' oignon.

Se mettre en rang d' oignon, signifie aussi, Prendre place dans une réunion où l' on n' est pas invité, dans une assemblée à laquelle on n' a pas le droit d' assister. D' Oignon était le nom d' un maître des cérémonies.

OIGNONET. s. m.

OIGNONET. s. m. Sorte de poire d' été.

OIGNONIÈRE. s. f.

OIGNONIÈRE. s. f. Terre semée d' oignons.

OILLE. s. f.

OILLE. s. f. (L' I ne se prononce point, mais il mouille les deux L.) Mot emprunté de l' espagnol. Espèce de potage dans lequel il entre plusieurs racines et plusieurs viandes différentes. On servit une excellente oille. Pot à oille.

OINDRE. v. a.

OINDRE. v. a. (J' oins, tu oins, il oint; nous oignons. J' oignais. J' oignis. J' ai oint. J' oindrai. Que j' oigne. Que j' oignisse. Oignant.) Frotter d' huile ou de quelque autre matière grasse. Autrefois on oignait les athlètes pour la lutte. La pécheresse qui oignit les pieds de Notre-Seigneur. Les anciens se faisaient oindre au sortir du bain. Oindre une tumeur avec de l' onguent, pour l' amollir.

Prov. et fig., Oignez vilain, il vous poindra; poignez vilain, il vous oindra, En faisant du bien à un malhonnête homme, on n' en reçoit que du déplaisir; et au contraire, en le gourmandant, on en tire ce qu' on veut.

OINDRE

OINDRE se dit aussi en parlant De l' huile consacrée dont on se sert dans quelques cérémonies religieuses, et dans l' administration de quelques sacrements. Samuel oignit Saül. On oignait les rois de France à leur sacre avec l' huile de la sainte ampoule. On oint les évêques à leur sacre. Oindre un malade avec les saintes huiles. Dans la confirmation, l' évêque oint avec du saint chrême le front de celui à qui il confère ce sacrement.

OINT, OINTE. participe

OINT, OINTE. participe Il est aussi substantif; et on dit, en termes de l' Écriture sainte: Les rois sont les oints du Seigneur. JÉSUS-CHRIST est appelé, par excellence, l' Oint du Seigneur.

OING. s. m.

OING. s. m. (On ne prononce pas le G.) Il n' est usité que dans cette expression, Vieux oing, Vieille graisse de porc fondue, dont on se sert pour frotter les essieux des voitures et pour d' autres usages. Graisser les essieux d' une voiture avec du vieux oing.

OISEAU. s. m.

OISEAU. s. m. Animal ovipare à deux pieds, ayant des plumes et des ailes. Bel oiseau. Oiseau rare. Gros oiseau. Petit oiseau. Oiseau mâle. Oiseau femelle. Oiseaux de proie. Oiseaux domestiques. Oiseaux privés, apprivoisés. Oiseaux nocturnes. Oiseaux de nuit. Oiseaux de jour. Oiseaux aquatiques. Oiseaux de mer. Oiseaux de rivière. Oiseaux pêcheurs. Oiseaux voyageurs. Oiseaux passagers. Oiseaux de passage. Oiseaux de volière. Les anciens observaient le vol des oiseaux. Oiseaux de bon, de mauvais, de sinistre augure. Entendre gazouiller les oiseaux. Le chant, le ramage des oiseaux. Le gazouillement des petits oiseaux. Quand les oiseaux muent, quand ils sont en mue. Mettre un oiseau en cage. Oiseau qui parle, qui chante, qui siffle. Un oiseau qui couve. Un oiseau qui a des petits. Ces oiseaux sont drus, ils s' envoleront bientôt. Un nid d' oiseau. Une collection d' oiseaux. L' oiseau-mouche. L' oiseau de paradis.

Poétiq., L' oiseau de Jupiter, L' aigle. L' oiseau de Junon, Le paon. L' oiseau de Minerve, La chouette. L' oiseau de Vénus, Le pigeon ou la colombe.

Fig. et pop., L' oiseau de saint Luc, Le boeuf. Léger comme l' oiseau de saint Luc.

Par extension, Oiseau de paradis, Plumes de l' oiseau de paradis, parure que des femmes mettent dans leur coiffure. Son oiseau de paradis lui a coûté fort cher.

Fig. et pop., Oiseau de bon augure, de mauvais augure, se dit d' Un homme dont l' arrivée fait prévoir quelque bonne ou quelque mauvaise nouvelle.

Prov., Être comme l' oiseau sur la branche, Être dans un état incertain, et sans savoir ce qu' on deviendra.

Prov. et fig., Petit à petit l' oiseau fait son nid, On fait peu à peu sa fortune, sa maison.

Prov. et fig., À chaque oiseau son nid est beau, Chacun trouve sa maison, sa propriété belle.

Prov. et fig., L' oiseau n' y est plus, ou L' oiseau s' est envolé, se dit D' un homme qui s' est évadé, qui n' est plus où l' on va le chercher. On dit dans le même sens, Les oiseaux sont dénichés.

Prov. et fig., Il a battu les buissons, et un autre a pris les oiseaux, Il a eu bien de la peine, et un autre a eu le profit.

Prov. et pop., Ne voilà-t-il pas encore un bel oiseau? se dit Pour se moquer d' un homme laid qui se pavane, ou d' un sot qui fait l' important.

OISEAU

OISEAU s' est dit absolument, en Fauconnerie, d' Un oiseau de proie. Un oiseau dressé pour la chasse. Oiseau niais, hagard, mué. Vieil oiseau. Oiseau de haut vol. Porter l' oiseau. Faire voler l' oiseau. Dresser un oiseau. Un oiseau qui vole la perdrix, le lièvre, le héron, la corneille. Un oiseau qui prend l' essor. Chasse à l' oiseau.

Oiseau branchier, Celui qui n' a encore que la force de voler de branche en branche. Oiseau dépiteux, Celui qui ne revient pas quand il a perdu sa proie.

Oiseaux de leurre, Les faucons, les gerfauts, et en général tous ceux qui servent à la haute volerie ou à la fauconnerie proprement dite, et qui sont dressés à revenir au leurre; à la différence des Oiseaux de poing, qui sont dressés à revenir sur le poing, tels que les autours et les éperviers.

Prov. et fig., Ce n' est pas viande pour vos oiseaux, Cela est trop cher pour vous; Cela est au-dessus de votre intelligence.

Prov. et fig., Être battu de l' oiseau, Être découragé, rebuté par une suite de mauvais succès, de traverses.

Tirer l' oiseau, se dit D' un certain exercice où l' on propose un prix pour celui qui abat d' un coup de fusil ou d' un coup de flèche la figure d' un oiseau attachée au haut d' une perche.

En Astron., Oiseau de paradis, Constellation de l' hémisphère austral, qui n' est point visible dans les latitudes de l' Europe.

À VOL D' OISEAU. loc. adv.

À VOL D' OISEAU. loc. adv. En ligne droite. De Paris à Rouen, il n' y a que vingt lieues à vol d' oiseau.

À VUE D' OISEAU. loc. adv.

À VUE D' OISEAU. loc. adv. T. de Dessin, de Peinture. De la manière dont un oiseau verrait l' objet dont il s' agit, s' il planait au-dessus. Il a dessiné cette ville à vue d' oiseau. Un plan à vue d' oiseau.

OISEAU. s. m.

OISEAU. s. m. Instrument dont les manoeuvres se servent pour porter le mortier sur leurs épaules. Porter l' oiseau. Cet architecte si riche a commencé par porter l' oiseau.

OISELER. v. a.

OISELER. v. a. T. de Fauconnerie. Dresser un oiseau pour le vol.

OISELER

OISELER signifie aussi, en termes de Chasse, Tendre des filets, des gluaux, etc., pour prendre des oiseaux. En ce sens, il est neutre.

OISELÉ, ÉE. participe

OISELÉ, ÉE. participe

OISELEUR. s. m.

OISELEUR. s. m. Celui qui fait métier de prendre des oiseaux à la pipée, aux filets, ou autrement. Les filets d' un oiseleur.

Il se disait aussi, autrefois, de Celui qui avait un goût décidé pour la chasse à l' oiseau. Henri l' Oiseleur.

OISELIER. s. m.

OISELIER. s. m. Celui dont le métier est d' élever et de vendre des oiseaux. À la solennité de l' entrée des rois, le corps des oiseliers de Paris était obligé de lâcher cinq cents petits oiseaux, auxquels on rendait ainsi la liberté.

OISELLERIE. s. f.

OISELLERIE. s. f. Art de prendre et d' élever des oiseaux. Il entend bien l' oisellerie.

OISEUX, EUSE. adj.

OISEUX, EUSE. adj. Qui, par goût ou par habitude, ne fait rien, ou ne fait que des riens. Gens oiseux et fainéants.

Il se dit aussi Des choses, et signifie, Inutile, vain, qui n' est bon à rien, ne sert à rien. Se livrer à des goûts oiseux. Des disputes, des questions oiseuses. Des occupations oiseuses. Des considérations oiseuses. Des paroles oiseuses. Ce sont paroles oiseuses. Son style est rempli d' ornements oiseux. Sa versification abonde en épithètes oiseuses.

OISIF, IVE. adj.

OISIF, IVE. adj. Qui ne fait rien, qui n' a point d' occupation. Un homme oisif. Il ne faut pas qu' un jeune homme reste oisif, soit oisif. Vous voilà bien oisif. Les gens oisifs sont le fléau des gens occupés. Une femme toujours oisive.

Vie oisive, La vie d' une personne oisive.

Il s' emploie quelquefois substantivement, au masculin. Les oisifs sont à charge à eux-mêmes et aux autres.

OISIF

OISIF se dit aussi De certaines choses, pour marquer qu' on n' en fait point d' usage. La valeur est oisive pendant la paix. Il y a bien des talents oisifs. Toutes les vertus civiles sont oisives dans la solitude.

Laisser son argent oisif, Laisser son argent sans le faire profiter.

OISILLON. s. m. Diminutif

OISILLON. s. m. Diminutif Petit oiseau. Il est familier.

OISIVEMENT. adv.

OISIVEMENT. adv. D' une manière oisive.

OISIVETÉ. s. f.

OISIVETÉ. s. f. État, habitude d' une personne qui est oisive. Demeurer, croupir, languir dans l' oisiveté. Il ne fait cela que pour éviter l' oisiveté. Vivre dans une molle oisiveté. Prov., L' oisiveté est la mère de tous les vices, est mère de tous vices.

OISON. s. m.

OISON. s. m. Le petit d' une oie. Un jeune oison. Un petit oison. Un oison farci.

Oison bridé, Celui à qui l' on a placé une plume dans les ouvertures de la partie supérieure du bec, afin de l' empêcher d' entrer dans les lieux fermés de haies.

Fig. et fam., Cet homme est un oison, un oison bridé, il se laisse mener comme un oison, C' est un imbécile, un esprit borné, à qui l' on fait croire ou faire tout ce qu' on veut.

OLÉAGINEUX, EUSE. adj.

OLÉAGINEUX, EUSE. adj. Dont on peut tirer de l' huile, ou Qui tient de la nature de l' huile. Il n' est guère usité que dans le style didactique. Les olives, les noix, les amandes, etc., sont des fruits oléagineux. Les pins, les sapins, etc., sont des bois oléagineux. Substance oléagineuse. Matière oléagineuse.

OLÉANDRE. s. m.

OLÉANDRE. s. m. Voyez Laurier-rose.

OLFACTIF, IVE. adj.

OLFACTIF, IVE. adj. T. d' Anat. Qui appartient, qui est relatif à l' odorat. Les nerfs olfactifs. Trous olfactifs.

OLIBAN. s. m.

OLIBAN. s. m. T. de Pharmacie. Le premier encens qui découle de l' arbre, en grosses larmes nettes, de couleur jaunâtre. Cet encens de première qualité est aussi appelé Encens mâle.

OLIBRIUS. s. m.

OLIBRIUS. s. m. (On prononce l' S.) Étourdi qui fait le brave ou l' entendu, qui se donne des airs avantageux. Il fait l' olibrius. C' est un olibrius. Il est familier.

OLIGARCHIE. s. f.

OLIGARCHIE. s. f. Gouvernement politique où l' autorité souveraine est entre les mains d' un petit nombre de personnes. L' aristocratie dégénère quelquefois en oligarchie. Dans ce pays, un petit nombre de familles riches constituent une forte oligarchie.

OLIGARCHIQUE. adj. des deux genres

OLIGARCHIQUE. adj. des deux genres Qui appartient à l' oligarchie. État, gouvernement oligarchique.

OLIM

OLIM Mot emprunté du latin, qui signifie, Autrefois, et dont on s' est servi comme d' un substantif pluriel, pour désigner Les anciens registres du parlement de Paris. Les olim furent commencés en mil trois cent treize par Montluc, greffier du parlement. Les registres olim. Consulter les olim.

OLINDE. s. f.

OLINDE. s. f. Sorte de lame d' épée. Les olindes viennent de la ville d' Olinde, dans le Brésil.

OLIVAIRE. adj. des deux genres

OLIVAIRE. adj. des deux genres T. d' Anat. et de Chirur. Qui ressemble à une olive. Corps, éminences olivaires. Cautère olivaire.

OLIVAISON. s. f.

OLIVAISON. s. f. Saison où l' on fait la récolte des olives.

Il se dit aussi de La récolte même.

OLIVÂTRE. adj. des deux genres

OLIVÂTRE. adj. des deux genres Qui est couleur d' olive. Il n' est guère usité que dans ces locutions, Teint olivâtre, peau olivâtre, visage olivâtre, Teint, peau, visage jaune et basané.

OLIVE. s. f.

OLIVE. s. f. Sorte de fruit à noyau, dont on tire de l' huile, et qui est bon à manger après une certaine préparation. Olive mûre, verte. Olive de Lucques, d' Espagne, de Vérone. Olives charnues. Les olives commencent à noircir. Fouler les olives. Mettre les olives au pressoir. De l' huile d' olive. La chair des olives. Des noyaux d' olives. Cueillir des olives. Olive farcie. Olives pochetées.

Baril d' olives, plat d' olives, Baril, plat d' olives vertes confites dans la saumure.

Couleur d' olive, ou Couleur olive, Couleur verdâtre qui tire un peu sur le jaune. Drap couleur d' olive. Drap de couleur olive.

Boutons faits en olive, ou Boutons en olive, ou simplement Olives, Boutons qui ont la forme d' une olive.

OLIVE

OLIVE se dit quelquefois pour Olivier. Un rameau d' olives. Le jardin des Olives. L' olive était consacrée à Minerve. L' olive est le symbole de la paix.

Poétiq. et fig., Joindre l' olive aux lauriers, Faire la paix après des victoires.

OLIVE

OLIVE se dit, en Architecture, de Certains ornements en forme d' olives, c' est-à-dire, oblongs et arrondis, qu' on taille sur les baguettes et les astragales, ou dans les cannelures.

OLIVÈTE. s. f.

OLIVÈTE. s. f. Plante qui porte sa graine en tête comme le pavot: on tire de cette graine une huile bonne à manger.

OLIVETTES. s. m. pl.

OLIVETTES. s. m. pl. Espèce de danse en usage chez les Provençaux, après qu' ils ont cueilli les olives. Danser les olivettes.

OLIVIER. s. m.

OLIVIER. s. m. Arbre toujours vert, qui porte les olives. Olivier franc, sauvage. Planter des oliviers. Enter un olivier franc sur un olivier sauvage. Les oliviers ne viennent que dans les pays chauds. Un plant, un bois d' oliviers. Une branche, une couronne d' olivier. Un meuble fait de bois d' olivier. Une table d' olivier. Une boîte de racine d' olivier. L' olivier est le symbole de la paix.

OLLAIRE. adj. f.

OLLAIRE. adj. f. Il se dit D' une pierre tendre et facile à tailler, qui sert à faire des pots. Pierre ollaire.

OLOGRAPHE. adj. m.

OLOGRAPHE. adj. m. T. de Jurispr. Il n' est usité que dans l' expression, Testament olographe, Testament écrit tout entier de la main du testateur.

OLYMPE. s. m.

OLYMPE. s. m. Montagne de Thessalie, dont le nom n' est placé ici que parce qu' on s' en sert, en poésie, pour désigner Le séjour des divinités du paganisme ancien. Les dieux de l' Olympe. Le haut Olympe. Du haut de l' Olympe.

OLYMPIADE. s. f.

OLYMPIADE. s. f. T. d' Antiq. Espace de quatre ans, qui s' écoulait d' une célébration des jeux Olympiques à une autre. Les Grecs supputaient les années par olympiades. Alexandre commença à régner la première année de la cent onzième olympiade, trois cent trente-sept ans avant l' ère vulgaire.

OLYMPIEN, IENNE. adj.

OLYMPIEN, IENNE. adj. Il se dit Des douze divinités de l' Olympe, savoir: Jupiter, Mars, Neptune, Pluton, Vulcain, Apollon, Junon, Vesta, Minerve, Cérès, Diane, et Vénus. Il y avait à Athènes un autel consacré aux dieux olympiens. Les divinités olympiennes.

OLYMPIEN

OLYMPIEN était aussi Un des surnoms de Jupiter et de Junon. Le temple de Jupiter Olympien. Junon Olympienne.

OLYMPIQUE. adj. des deux genres

OLYMPIQUE. adj. des deux genres T. d' Antiq. grecque. Il n' est guère usité que dans ces locutions: Jeux Olympiques, Jeux publics, ainsi nommés, parce qu' on les célébrait auprès d' Olympie, en Élide; et, Couronne olympique, La couronne qu' on décernait aux vainqueurs, dans ces jeux. Remporter le prix aux jeux Olympiques. Gagner, recevoir la couronne olympique.

OMBELLE. s. f.

OMBELLE. s. f. T. de Botan. Réunion de pédoncules ou de petits rameaux sans feuilles, qui, partant de l' extrémité d' une tige, s' évasent comme les rayons d' un parasol, et portent les fleurs et les semences. L' aneth, le panais, le cerfeuil, ont leurs fleurs en ombelle.

OMBELLIFÈRE. adj. des deux genres

OMBELLIFÈRE. adj. des deux genres T. de Botan. Il se dit Des plantes qui portent des ombelles. Le fenouil est une plante ombellifère. On l' emploie aussi comme substantif féminin. Une ombellifère. La famille des ombellifères.

OMBILIC. s. m.

OMBILIC. s. m. T. d' Anat. synonyme de Nombril.

OMBILIC

OMBILIC se dit par une espèce d' analogie, en Botanique, de L' enfoncement qui se trouve à l' une ou à l' autre extrémité de certains fruits, et quelquefois à toutes les deux. La pomme a deux ombilics, la poire n' en a qu' un.

OMBILICAL, ALE. adj.

OMBILICAL, ALE. adj. T. d' Anat. Qui appartient, qui a rapport à l' ombilic. Cordon ombilical. Région ombilicale. Vaisseaux ombilicaux.

OMBILIQUÉ, ÉE. adj.

OMBILIQUÉ, ÉE. adj. T. de Botan. Pourvu d' un ombilic.

Feuille ombiliquée, Feuille attachée au pétiole par le milieu de sa surface, qui est un peu enfoncé, et d' où les nervures divergent comme d' un centre commun. Les feuilles de la capucine sont ombiliquées.

OMBRAGE. s. m.

OMBRAGE. s. m. L' ensemble, la réunion des branches et des feuilles des arbres, qui produit de l' ombre. Ombrage frais, agréable, épais. Un ombrage impénétrable aux rayons du soleil. Promenons-nous sous cet ombrage. Ces arbres font un bel ombrage.

Poétiq., Les ombrages verts, L' ombrage que font les arbres quand ils sont bien garnis de leurs feuilles.

OMBRAGE

OMBRAGE signifie figurément, Défiance, soupçon. Donner de l' ombrage à quelqu' un. Il en a pris ombrage. Il en a pris de l' ombrage. Tout lui fait ombrage. Tout lui porte ombrage.

OMBRAGER. v. a.

OMBRAGER. v. a. Faire de l' ombre, donner de l' ombre. Un grand arbre ombrageait sa chaumière.

Poétiq., Un panache ombrageait sa tête, son front, Il avait un panache sur sa tête.

Fig. et poétiq., Les lauriers ombragent sa tête, son front, se dit D' un capitaine qui a remporté plusieurs victoires, d' un poëte qui a obtenu de grands succès.

OMBRAGÉ, ÉE. participe

OMBRAGÉ, ÉE. participe

OMBRAGEUX, EUSE. adj.

OMBRAGEUX, EUSE. adj. Il ne se dit au propre que Des chevaux, des mulets, etc., qui sont sujets à avoir peur, et à s' arrêter, ou à se jeter subitement de côté, quand ils voient leur ombre, ou quelque objet qui les surprend. Ce cheval est ombrageux. Défaites-vous de cette bête, elle est ombrageuse.

Il se dit, figurément, Des personnes qui prennent trop légèrement des soupçons, de l' ombrage sur des choses qui les regardent, qui les intéressent. C' est un homme fort ombrageux. Un esprit ombrageux.

OMBRE. s. f.

OMBRE. s. f. Obscurité que cause un corps opaque en interceptant la lumière. L' ombre de la terre cause l' éclipse de la lune. Les ombres s' allongent quand le soleil approche du couchant. L' ombre de l' aiguille marque les heures sur un cadran. Se coucher, se reposer, s' endormir à l' ombre d' un arbre, d' un buisson. Se mettre, se promener à l' ombre. Chercher l' ombre et le frais. Cet arbre ne fait guère d' ombre, ne donne guère d' ombre. Cette plante aime l' ombre, vient mieux à l' ombre qu' au soleil. Le soleil chasse, dissipe les ombres. L' ombre suit le corps, et en représente plus ou moins régulièrement la figure.

Prov., Il le suit comme l' ombre fait le corps, se dit D' un homme qui en suit un autre partout. On dit aussi, Il ne le quitte pas plus que son ombre; et, figurément, dans le même sens, C' est son ombre. Dans un sens analogue, on appelait Ombres, chez les anciens Romains, Les personnes que les convives invités amenaient avec eux.

Prov. et fig., C' est l' ombre et le corps, se dit De deux personnes qui ne se quittent pas, qui sont inséparables.

Prov. et par exagér., Il a peur de son ombre, se dit D' un homme qui s' effraye et s' alarme trop légèrement.

Fig., Prendre l' ombre pour le corps, Prendre l' apparence pour la réalité.

Fig., Courir après une ombre, Se livrer à une espérance chimérique.

Fig., Tout lui fait ombre, Il se défie de tout.

Fig., Faire ombre à quelqu' un, Obscurcir le mérite, le crédit de quelqu' un par un mérite plus éclatant, par un plus grand crédit. Il fait ombre à tous ses concurrents. Il n' a pas assez de mérite pour faire ombre à personne.

Fig., Les grandeurs du monde ne sont qu' ombre et que fumée, Elles n' ont rien de permanent, de solide.

Fig., Passer comme l' ombre, comme une ombre, se dit Des choses passagères, de courte durée. La vie des hommes passe comme l' ombre. Le plaisir passe comme une ombre.

Fig. et pop., Mettre un homme à l' ombre, Le mettre en prison, ou Le tuer.

Poétiq., Les ombres de la nuit, L' obscurité causée par l' absence du soleil.

Fig., Les ombres du mystère, L' obscurité qui couvre les choses secrètes. Les ombres de la mort, l' ombre du tombeau, La mort, le tombeau.

OMBRE

OMBRE signifie aussi, Légère apparence. Il n' y a pas ombre de doute, l' ombre du doute. Il n' a pas l' ombre de bon sens, de sens commun. On n' a pas trouvé l' ombre de trahison dans la conduite de ce général. Je n' y vois pas la moindre ombre de difficulté. L' ombre même du mal lui fait peur. Les Romains en ce temps-là n' avaient plus que l' ombre de la liberté.

Il signifie encore, Signe, figure d' une chose à venir; et, en ce sens, il ne se dit qu' en parlant De l' ancienne loi, par rapport à la nouvelle. Les cérémonies et les sacrifices du Vieux Testament n' étaient que les ombres des mystères et des vérités du Nouveau.

OMBRE

OMBRE en poésie et dans le langage des anciens païens, signifie tantôt L' âme après qu' elle a quitté le corps, tantôt Une apparence, un simulacre du corps, après que l' âme en a été séparée par la mort. L' ombre d' Achille lui apparut. L' ombre de César. L' ombre du grand Pompée. Les pâles ombres. Les ombres vaines. Pluton règne sur les ombres. Le royaume des ombres. Un magicien qui évoquait les ombres.

Il se dit, figurément, d' Une personne ou d' un établissement qui a perdu les qualités, les avantages qui faisaient sa force, sa grandeur, son éclat. Ce beau génie s' est affaibli avec l' âge, il n' est plus que l' ombre de lui-même. La république romaine n' était plus que l' ombre de ce qu' elle avait été autrefois.

OMBRE

OMBRE en termes de Peinture, se dit Des couleurs obscures qu' on emploie dans un tableau, pour représenter les parties des objets les moins éclairées, et qui servent à donner du relief aux autres. Donner des ombres plus ou moins fortes. Ménager les ombres. Les ombres sont bien entendues dans ce tableau.

Ombre portée, Toute ombre qu' un corps projette sur une surface; et L' imitation qu' on en fait dans un dessin, dans un tableau.

Fig., C' est une ombre au tableau, se dit D' un léger défaut qui n' efface point, ou même qui fait mieux sentir les beautés d' un ouvrage, les bonnes qualités d' une personne.

Terre d' ombre, ou simplement, Ombre, Terre brune et noirâtre qu' on emploie dans la peinture.

SOUS L' OMBRE, SOUS OMBRE. loc. prépositives et figurées

SOUS L' OMBRE, SOUS OMBRE. loc. prépositives et figurées Sous apparence, sous prétexte. Il a attrapé bien des gens sous ombre de dévotion, sous ombre de piété, sous l' ombre de la dévotion, de la piété. Il lui a fait un mauvais tour sous ombre d' amitié, sous ombre de lui vouloir du bien, sous ombre qu' il prend intérêt à lui.

À L' OMBRE. loc. prépositives et figurées

À L' OMBRE. loc. prépositives et figurées Sous la protection, à la faveur. Qu' a-t-il à craindre à l' ombre d' un si puissant protecteur? L' industrie ne se plaît qu' à l' ombre de la paix.

OMBRE. s. m.

OMBRE. s. m. Jeu. Voyez HOMBRE.

OMBRELLE. s. f.

OMBRELLE. s. f. Petit parasol dont se servent les dames.

OMBRER. v. a.

OMBRER. v. a. T. de Peint. Distinguer, par le moyen du crayon ou du pinceau, ce qui dans la nature n' est pas frappé de la lumière, d' avec ce qui en est frappé. Il faut ombrer cela davantage.

OMBRÉ, ÉE. participe

OMBRÉ, ÉE. participe

OMBREUX, EUSE. adj.

OMBREUX, EUSE. adj. Qui fait de l' ombre. Des bois ombreux. Les forêts ombreuses.

Il signifie aussi, Qui est couvert d' ombre. Les vallées ombreuses. Dans les deux acceptions, on ne l' emploie guère qu' en poésie.

OMÉGA. s. m.

OMÉGA. s. m. Nom de la dernière lettre de l' alphabet grec.

Fig., L' alpha et l' oméga, Le commencement et la fin; La première chose et la dernière, en parlant de choses rangées dans un certain ordre.

Fig. et fam., Cet écolier est toujours l' oméga de sa classe, Il est toujours le dernier.

OMELETTE. s. f.

OMELETTE. s. f. OEufs battus ensemble, et cuits dans la poêle avec du beurre, du lard ou de l' huile. Omelette au beurre, au lard, aux fines herbes, au rognon. Omelette soufflée. Omelette baveuse.

OMETTRE. v. a.

OMETTRE. v. a. (Il se conjugue comme Mettre.) Manquer, soit volontairement, soit involontairement, à faire ou à dire ce qu' on pouvait, ce qu' on devait faire ou dire. Je n' omettrai rien de ce qui dépendra de moi pour vous servir. Je ferai tout ce qu' il faut sans rien omettre. Il a omis ce qu' il y avait de plus important dans la cause. Il a omis deux ou trois mots dans sa lettre. Il a omis une formalité nécessaire. Prenez garde de rien omettre, d' omettre quelque chose d' essentiel. C' est un homme qui n' omet rien pour parvenir à ses fins. Ce qui paraît omis dans cette pièce, dans ce contrat, a été omis à dessein. J' ai omis de vous dire. Il a omis d' écrire la somme en toutes lettres dans son billet. J' omettais qu' il a fait, qu' il a dit telle chose. On peut omettre le reste de l' histoire, cela se devine.

OMIS, ISE. participe

OMIS, ISE. participe

OMISSION. s. f.

OMISSION. s. f. Action d' omettre, ou La chose omise. Faire une omission. Ce n' est qu' une faute d' omission. Omission volontaire et coupable. C' est une omission grave. Une omission considérable dans une matière importante. Signaler toutes les omissions que l' on remarque dans un ouvrage. Suppléer aux omissions. Sauf erreur ou omission.

En Théologie, Péché d' omission, Péché qui consiste à ne pas faire ce qui est commandé; par opposition à Péché de commission, Celui qui consiste à faire ce qui est défendu. C' est un péché d' omission que de manquer à entendre la messe un jour de fête.

OMNIBUS. s. m.

OMNIBUS. s. m. (On fait sentir l' S.) Mot latin qui signifie Pour tous, et dont on se sert depuis quelque temps pour désigner Certaines voitures fort grandes qui parcourent la ville dans des directions déterminées, et où chacun peut monter moyennant une rétribution assez modique. Un conducteur d' omnibus. Aller en omnibus. On dit quelquefois adjectivement, Une voiture omnibus.

OMNIPOTENCE. s. f.

OMNIPOTENCE. s. f. Toute-puissance. L' omnipotence est un des attributs de Dieu.

Il se dit, particulièrement, de La faculté de décider souverainement en certaines matières. Omnipotence parlementaire. L' omnipotence du jury.

OMNISCIENCE. s. f.

OMNISCIENCE. s. f. Terme dont les théologiens se servent quelquefois pour exprimer La science infinie de Dieu.

OMNIVORE. adj. des deux genres

OMNIVORE. adj. des deux genres Il se dit Des animaux qui se nourrissent également de chair et de végétaux. L' homme est omnivore.

OMOPLATE. s. f.

OMOPLATE. s. f. Os large, mince et triangulaire, qui forme la partie postérieure de l' épaule, et auquel s' articule l' os du bras. Il avait l' omoplate rompue.

Il se dit, familièrement, Du plat de l' épaule. Il lui a donné un coup sur l' omoplate. On l' a marqué d' un fer rouge sur l' omoplate.

ON.

ON. Pronom personnel indéfini, et des deux genres, qui indique d' une manière générale une ou plusieurs personnes, et qui ne se joint jamais qu' avec la troisième personne du verbe au singulier. On dit, on raconte que... On fait la guerre. Que fait-on ici? Aussi dit-on que... Prendra-t-on cette place? Ce qu' on aime. Si vous faites cela, que dira-t-on? Qu' en dira-t-on? On lui a confié un secret. On lui a écrit une lettre.

Quoique ce pronom soit ordinairement suivi d' un masculin, comme dans cette phrase, On n' est pas toujours heureux, il y a des circonstances qui marquent si précisément qu' on parle d' une femme, qu' alors On est suivi d' un féminin. On n' est pas toujours jeune et belle. Quand on est belle, on ne l' ignore pas. Il s' emploie aussi avec le pluriel des et un nom. On n' est point des esclaves, pour essuyer, pour endurer de si mauvais traitements.

Quelquefois, pour la douceur de la prononciation, on met avant ce pronom l' article le, dont l' e s' élide. Il faut que l' on consente. Si l' on nous entendait.

Prov., Se moquer du qu' en dira-t-on, être au-dessus du qu' en dira-t-on, braver le qu' en dira-t-on, Mépriser tout ce que les gens pourront dire. On dit aussi, Il est sensible au qu' en dira-t-on.

Fam., Croire sur un on dit, sur des on dit; condamner quelqu' un sur un on dit, sur des on dit, Croire quelque chose, condamner quelqu' un sur un simple rapport, sur des bruits vagues.

Prov., ON est un sot, Un rapport vague et sans autorité, un rapport qui n' est appuyé que sur des on dit, ne mérite aucune croyance, et peut être regardé comme une sottise.

ONAGRE. s. m.

ONAGRE. s. m. Âne sauvage. Les onagres du désert.

ONAGRE

ONAGRE se dit aussi d' Une ancienne machine de guerre qui servait à lancer des pierres.

ONANISME. s. m.

ONANISME. s. m. Voyez MASTURBATION.

ONC ou ONQUES. adv. de temps

ONC ou ONQUES. adv. de temps Jamais. Je ne vis onc un si méchant homme. C' est le plus méchant homme qui fut onques. Il n' en fut onques de plus maladroit. Il est vieux, et ne s' emploie guère que par plaisanterie.

ONCE. s. f.

ONCE. s. f. Ancien poids qui forme la huitième partie du marc, ou la seizième partie de la livre de Paris. Une once. Une demi-once. Une once et demie. Vendre quelque chose à l' once.

Fig. et fam., N' avoir pas une once de jugement, une once de sens commun, une once de bon sens, N' en avoir point du tout.

ONCE

ONCE est aussi Le nom de différentes monnaies dont on se sert en Espagne, en Sicile, etc.

ONCE. s. f.

ONCE. s. f. Quadrupède carnivore dont la peau est tachetée comme celle du léopard, mais plus irrégulièrement. En Perse, on se sert de l' once pour chasser et prendre les gazelles. Once sauvage, apprivoisée.

ONCIALE. adj. f.

ONCIALE. adj. f. T. d' Antiq. Il se dit Des grandes lettres dont on se servait anciennement pour les inscriptions et les épitaphes, et même pour les manuscrits. Lettres onciales. Écriture onciale.

ONCLE. s. m.

ONCLE. s. m. Le frère du père ou de la mère. Oncle paternel, maternel. L' oncle et le neveu. L' oncle et la nièce.

Grand-oncle, Le frère du grand-père ou de la grand' mère. Son grand-oncle du côté paternel, du côté maternel.

Oncle à la mode de Bretagne, Le cousin germain du père ou de la mère. Mon père et lui étaient cousins germains, par conséquent il est mon oncle à la mode de Bretagne.

ONCTION. s. f.

ONCTION. s. f. Action d' oindre. Il se dit surtout, en Médecine, de L' action de frotter doucement quelque partie du corps avec une substance grasse, huileuse.

Il se dit aussi, particulièrement, de L' action d' oindre qui entre dans l' administration de quelques sacrements, et dans plusieurs cérémonies de l' Église. L' onction du baptême, de la confirmation. Onction sacrée, sacerdotale. L' onction des évêques. L' évêque qui a fait les onctions.

Extrême-onction, Un des sept sacrements, celui qu' on administre aux malades qui sont en danger de mort.

ONCTION

ONCTION au figuré, se dit Des mouvements de la grâce, des consolations du Saint-Esprit. Onction intérieure. L' onction de la grâce. L' onction du Saint-Esprit.

Il signifie encore, Ce qui, dans un discours, dans un écrit, touche le coeur et porte à la dévotion ou à une sorte d' attendrissement. Il y a de l' onction dans ce sermon, dans ce discours, dans ce livre de piété. Cet homme parle, écrit avec onction.

ONCTUEUSEMENT. adv.

ONCTUEUSEMENT. adv. Avec onction. Il écrit, il parle onctueusement.

ONCTUEUX, EUSE. adj.

ONCTUEUX, EUSE. adj. Qui est d' une substance grasse et huileuse. Ce bois est onctueux. Cette liqueur a quelque chose d' onctueux. Une terre onctueuse.

Il signifie aussi, figurément, Qui a de l' onction; et il se dit Des choses et des personnes. Ce prédicateur parle de la religion de la manière la plus onctueuse. Un style onctueux. Un sermon onctueux. Un prédicateur onctueux.

ONCTUOSITÉ. s. f.

ONCTUOSITÉ. s. f. Qualité de ce qui est onctueux. Il n' est guère usité que dans le langage didactique. Les bois qui ont de l' onctuosité brûlent facilement.

ONDE. s. f.

ONDE. s. f. Flot, soulèvement de l' eau agitée. Le vent fait des ondes sur les rivières. Il ne fait pas bon sur la rivière, les ondes sont trop grosses. En ce sens, il ne s' emploie guère qu' au pluriel.

Il est principalement d' usage en poésie, et signifie, L' eau en général. L' onde claire, transparente, limpide, paisible, fugitive d' une source, d' un ruisseau, d' une rivière, d' un fleuve. Elle se regardait dans le cristal d' une onde pure.

Il se dit particulièrement, dans le même langage, de La mer. Sur la terre et sur l' onde. Le vaisseau vogue sur les ondes. Le soleil se cache dans les ondes, sort du sein de l' onde. L' onde amère. Les nymphes de l' onde. À la merci des ondes. Au gré de l' onde.

Poét., L' onde noire, Le Styx, le Cocyte. Passer l' onde noire, Mourir.

ONDES

ONDES au pluriel, se dit figurément de Ce qui ressemble à des ondes. Les ondes d' une moire, d' un camelot. Moire à grandes, à petites ondes. Tracer des ondes. Des cheveux en ondes. Les ondes spirales des colonnes torses. Les ondes d' un bois veiné.

ONDÉ, ÉE. adj.

ONDÉ, ÉE. adj. Qui offre des dessins, des lignes, etc., en forme d' ondes. Camelot ondé. Il y a de certains bois qui sont ondés.

ONDÉE. s. f.

ONDÉE. s. f. Grosse pluie qui vient tout à coup, et qui ne dure pas longtemps. Grosse ondée. Une bonne ondée. J' ai eu toute l' ondée sur le dos. Il faut laisser passer l' ondée. Il pleut par ondées.

ONDIN, INE. s.

ONDIN, INE. s. Nom que les cabalistes donnent aux prétendus génies élémentaires qu' ils supposent habiter les eaux.

ONDOIEMENT. s. m.

ONDOIEMENT. s. m. Baptême où l' on n' observe que l' essentiel du sacrement, en se réservant de suppléer ensuite les cérémonies qui ont été omises.

ONDOYANT, ANTE. adj.

ONDOYANT, ANTE. adj. Qui ondoie, qui a un mouvement par ondes. Vagues ondoyantes. Fumée ondoyante. Les moissons, les plaines ondoyantes. Les flammes ondoyantes. Des cheveux ondoyants. Des drapeaux ondoyants.

Il se dit, en Peinture, dans le même sens, Des lignes, des contours, des draperies. Trait ondoyant. Ligne ondoyante. Draperie ondoyante. Les contours ondoyants expriment la souplesse et concourent à la grâce des figures.

ONDOYER. v. n.

ONDOYER. v. n. (Il se conjugue comme Employer.) Flotter par ondes. Il ne se dit guère qu' au figuré. Les flammes ondoient. On voyait la fumée ondoyer. Les drapeaux ondoyaient dans la plaine. Ses cheveux ondoyaient au gré du vent.

ONDOYER

ONDOYER s' emploie aussi comme verbe actif; et alors il signifie, Répandre de l' eau sur la tête d' un enfant, au nom des trois personnes de la Trinité, sans observer les cérémonies ordinaires du baptême. Cet enfant est en danger, il faut l' ondoyer. Il a été ondoyé.

ONDOYÉ, ÉE. participe

ONDOYÉ, ÉE. participe

ONDULATION. s. f.

ONDULATION. s. f. Mouvement dans un fluide dont les parties s' élèvent et s' abaissent alternativement. Il s' emploie surtout en termes de Physique. Une pierre jetée dans l' eau y cause des ondulations, y produit une ondulation circulaire. Ondulation de l' air.

Il se dit, par extension, de Tout mouvement qui imite celui des ondes. Les ondulations d' un champ de blé agité par le vent.

Il se dit aussi, en Peinture, dans un sens analogue, en parlant Des lignes, des contours, des draperies. Ce peintre excelle à rendre les ondulations des draperies.

ONDULATOIRE. adj. des deux genres

ONDULATOIRE. adj. des deux genres T. de Phys. Il n' est guère usité que dans cette locution, Mouvement ondulatoire, Mouvement d' ondulation.

ONDULER. v. n.

ONDULER. v. n. Avoir un mouvement d' ondulation lent, mais sensible. Le vent faisait onduler l' eau de ce lac. L' eau commençait à onduler. Des moissons qui ondulent mollement.

ONDULÉ, ÉE. adj.

ONDULÉ, ÉE. adj. Dont la surface présente ou semble présenter des ondulations. La surface du lac était légèrement ondulée. Cette moire est bien ondulée.

ONDULEUX, EUSE. adj.

ONDULEUX, EUSE. adj. Qui forme des ondulations, des sinuosités. Des replis onduleux.

ONÉRAIRE. adj. des deux genres

ONÉRAIRE. adj. des deux genres T. de Jurispr. Qui a le soin et la charge d' une chose. Il est opposé à Honoraire, et ne s' emploie guère que dans ces qualifications, Tuteur onéraire, Syndic onéraire, et Marguillier onéraire. --- Des quatre marguilliers de cette paroisse, deux sont onéraires, et les deux autres honoraires.

ONÉREUX, EUSE. adj.

ONÉREUX, EUSE. adj. Qui est à charge, qui est incommode. Condition onéreuse. Succession, tutelle onéreuse. Charge onéreuse. Cela lui est onéreux. Il n' a point voulu accepter ce don, ce legs, parce qu' il lui était onéreux. Le voisinage de ces gens-là est fort onéreux.

En Jurispr., Titre onéreux, Celui par lequel on acquiert une chose à prix d' argent, ou sous la condition d' acquitter certaines charges. Il est opposé à Titre gratuit. Il avait été pourvu de cet office à titre onéreux. On lui avait donné cette maison à titre onéreux.

ONGLE. s. m.

ONGLE. s. m. Partie ferme et cornée qui couvre le dessus du bout des doigts. Les ongles des mains, des pieds. Arracher un ongle. L' ongle lui est tombé. L' ongle lui reviendra. Il a les ongles tendres. Rogner, couper, ronger ses ongles. Avoir les ongles trop longs. Donner un coup d' ongle. Égratigner avec les ongles. Les ongles croissent. Il souffre jusqu' au bout des ongles.

Prov. et fig., Rogner les ongles à quelqu' un, les lui rogner de bien près, Lui retrancher de ses profits ou de son pouvoir.

Fig. et fam., Il a bien rongé ses ongles, se dit D' un homme qui, travaillant à quelque ouvrage d' esprit, ne l' a pas fait sans beaucoup rêver, sans beaucoup s' appliquer.

Fam., Avoir du sang sous les ongles, au bout des ongles, Avoir du coeur.

Prov. et fig., Avoir bec et ongles, Avoir de l' esprit et du courage pour se bien défendre.

Fig. et fam., Avoir de l' esprit jusqu' au bout des ongles, En avoir beaucoup.

ONGLE

ONGLE se dit aussi Des griffes de plusieurs animaux. Les ongles des lions, des tigres, des ours, des chats. Les ongles crochus et rétractiles du lion, du chat, etc. Les ongles d' un aigle, d' un vautour. On dit plus ordinairement Serres, pour les oiseaux de proie.

Prov. et fig., À l' ongle on connaît le lion, On reconnaît aux moindres traits un homme d' un grand talent, d' un grand caractère.

Prov. et fig., C' est l' ongle du lion, se dit en parlant D' un trait qui décèle un grand talent, un grand caractère.

ONGLE

ONGLE se dit aussi Du sabot d' un cheval. Chute de l' ongle.

ONGLE

ONGLE en termes d' Oculiste, Pellicule qui commence en forme d' ongle ou de croissant vers l' angle interne de l' oeil, et qui s' étend peu à peu jusque sur la prunelle.

Il se dit aussi d' Un amas de pus entre l' iris et la cornée, qui forme une tache de la figure d' un croissant.

ONGLÉE. s. f.

ONGLÉE. s. f. Engourdissement douloureux au bout des doigts, causé par un grand froid. Je ne puis écrire, j' ai l' onglée.

ONGLÉE

ONGLÉE en termes d' Art vétérinaire, Excroissance membraneuse que les oculistes appellent Ongle.

ONGLET. s. m.

ONGLET. s. m. Bande de papier ou de parchemin que l' on coud au dos d' un livre en le reliant, pour y coller des estampes, des cartes, etc.

Il se dit, en termes d' Imprimerie, d' Un carton de deux pages. Il y a trois fautes dans ces deux pages, il faudra faire un onglet.

ONGLET

ONGLET se dit aussi de L' extrémité d' une planche, d' une moulure, qui, au lieu d' être terminée à angle droit, forme un angle de quarante-cinq degrés. Couper, tailler d' onglet. Assemblage à onglet ou en onglet. L' angle d' un cadre, d' une corniche extérieure ou intérieure forme deux onglets. Ces onglets ne sont pas d' équerre.

Il se dit également d' Une échancrure sur le plat d' une règle de fer ou de bois.

Il signifie encore, Une espèce de petit burin plat dont se servent les serruriers, et les graveurs sur métaux en creux et en relief. Dans ce sens et dans celui qui précède, on dit aussi, Onglette.

ONGLET

ONGLET en Botanique, se dit de La partie inférieure du pétale, par laquelle il s' insère au réceptacle. Dans l' oeillet, l' onglet des pétales est très-allongé.

ONGLETTE. s. f.

ONGLETTE. s. f. Voyez ONGLET.

ONGUENT. s. m.

ONGUENT. s. m. Médicament d' une consistance plus molle que dure, qu' on étend sur du linge, sur du papier, etc., et qu' on applique ensuite extérieurement pour guérir les plaies, les tumeurs, etc. Bon onguent. Onguent rosat. Onguent divin. Onguent mercuriel. Onguent populéum. Onguent basilicon. Onguent pour la brûlure. Faire de l' onguent. Une boîte d' onguent. Onguent composé de telle et telle substance. L' onguent a pour base les corps gras.

Fig. et pop., Onguent miton mitaine, Remède qui ne fait ni bien ni mal; Expédient inutile que l' on propose dans quelque affaire que ce soit.

Prov. et fig., Dans les petites boîtes sont les bons onguents. Flatterie populaire envers les personnes de petite taille, pour faire entendre qu' elles ont souvent plus de mérite que les autres.

ONGUENT

ONGUENT se disait anciennement Des drogues aromatiques et des essences dont on se parfumait, et dont on embaumait les corps. La Madeleine versa une boîte d' onguent sur les pieds de Notre-Seigneur; les trois Maries apportèrent des onguents précieux pour embaumer son corps.

ONGUICULÉ, ÉE. adj.

ONGUICULÉ, ÉE. adj. (On prononce UI diphthongue.) Il se dit, en Histoire naturelle, Des animaux qui ont un ongle à chaque doigt.

Il se dit, en Botanique, Des pétales qui sont pourvus d' onglets très-apparents, tels que ceux de l' oeillet.

ONGULÉ, ÉE. adj.

ONGULÉ, ÉE. adj. T. d' Hist. nat. Il se dit Des animaux dont le pied est terminé par un sabot continu, ou divisé seulement en deux parties.

ONIROCRITIE. s. f.

ONIROCRITIE. s. f. (On prononce Onirocricie.) Explication des songes.

ONIROMANCE ou ONIROMANCIE. s. f.

ONIROMANCE ou ONIROMANCIE. s. f. Divination par les songes.

ONOCROTALE. s. m.

ONOCROTALE. s. m. Voyez PÉLICAN.

ONOMATOPÉE. s. f.

ONOMATOPÉE. s. f. T. de Gram. Formation d' un mot dont le son est imitatif de la chose qu' il signifie. Les mots Trictrac, glouglou, coucou, cliquetis, sont formés par onomatopée.

Il se dit aussi Des mots imitatifs eux-mêmes. Dictionnaire des onomatopées françaises.

ONTOLOGIE. s. f.

ONTOLOGIE. s. f. T. didactique. Science de l' être en général. L' ontologie est une des parties de la métaphysique.

Il signifie aussi, Traité sur cette matière. L' Ontologie de Wolf.

ONTOLOGIQUE. adj. des deux genres

ONTOLOGIQUE. adj. des deux genres T. didactique. Qui a rapport à l' ontologie. Notions ontologiques. Termes ontologiques.

ONYX. s. m.

ONYX. s. m. Espèce d' agate très-fine, qui présente des couches parallèles de différentes couleurs. Il a une tête d' Auguste gravée sur un onyx. On dit adjectivement, Une agate onyx.

ONZE. adjectif numéral des deux genres

ONZE. adjectif numéral des deux genres Nombre qui contient dix et un. Ils étaient onze. Onze chevaux. Onze francs. Il est onze heures. Il est arrivé entre dix et onze.

Quoique ce mot commence par une voyelle, il arrive quelquefois, et surtout quand il est question de dates, qu' on prononce et qu' on écrit sans élision l' article, la préposition, ou la particule qui le précède. De onze enfants qu' ils étaient, il en est mort dix. De vingt, il n' en est resté que onze. On dit aussi, dans la conversation familière, Il n' en est resté qu' onze.

Quand Onze est précédé d' un mot qui finit par une consonne, on ne prononce pas plus la consonne finale que s' il y avait une aspiration. Vers les onze heures.

ONZE

ONZE est quelquefois pris substantivement. Onze multiplié par deux. Dans ce cadran, le onze n' est pas bien marqué.

Il se prend quelquefois pour Le nombre d' ordre qu' il forme. Le onze du mois. On dit de même adjectivement, Louis onze, page onze, numéro onze, etc.

ONZIÈME. adj. des deux genres

ONZIÈME. adj. des deux genres (La première syllabe est ordinairement aspirée.) Nombre d' ordre qui suit immédiatement le dixième. Le onzième du mois. Dans sa onzième année. La onzième page. Du onzième mois. Il vivait au onzième siècle. Elliptiq., Il est le dixième sur la liste, et vous le onzième. Quelques uns disent encore, L' onzième.

Il se prend aussi substantivement, et signifie, La onzième partie d' un tout. Il est héritier pour un onzième. Il a deux onzièmes dans cette affaire.

ONZIÈMEMENT. adv.

ONZIÈMEMENT. adv. En onzième lieu.

OOLITHE. s. m.

OOLITHE. s. m. Pierre composée de petites coquilles pétrifiées, qui ressemblent à des oeufs de poisson.

OPACITÉ. s. f.

OPACITÉ. s. f. T. didactique. Qualité de ce qui est opaque, impénétrable aux rayons de la lumière. Il se dit par opposition à Diaphanéité, transparence. L' opacité de ce corps.

OPALE. s. f.

OPALE. s. f. Pierre précieuse, dont le fond est de couleur laiteuse, mais qui, par différents changements de position, présente des couleurs très-vives, très-variées, et assez semblables à celles de la nacre de perle. Une belle opale.

OPAQUE. adj. des deux genres

OPAQUE. adj. des deux genres T. didactique. Qui n' est point transparent, qui ne laisse point passer la lumière. Corps opaque. La terre est opaque.

OPÉRA. s. m.

OPÉRA. s. m. Espèce de poëme dramatique, fait pour être mis en musique, et chanté sur le théâtre, avec des accompagnements, des danses et des changements de décorations. Un nouvel opéra. Un opéra nouveau. Un opéra bien exécuté. Composer la musique d' un opéra. Les opéras de Quinault. Les opéras de Gluck, de Mozart. J' ai vu plusieurs opéras. Jouer, représenter un opéra.

Il se dit aussi Du genre de spectacle que constituent les poëmes dramatiques mis en musique, et Du théâtre qui est destiné à leur représentation. L' opéra est un genre qui n' est pas goûté de tout le monde. Le théâtre, la salle de l' Opéra. Un musicien, un chanteur, une chanteuse, un danseur, une danseuse de l' Opéra. Les choeurs de l' Opéra. Les ballets de l' Opéra. Le machiniste de l' Opéra. L' orchestre de l' Opéra. Aller à l' Opéra. Avoir une loge à l' Opéra. Il loge en face de l' Opéra.

En Italie, Opéra sérieux, se dit d' Un opéra dont les personnages sont ceux de la tragédie; par opposition à Opéra bouffon, Celui dont les personnages appartiennent à la comédie.

En France, Opéra-comique, Drame mixte qui tient de la comédie par l' intrigue et les personnages, et de l' opéra par les paroles chantées qui entrecoupent le dialogue. Il se dit aussi Du genre de spectacle que constitue cette espèce de drame, et Du théâtre où il se représente. Suivant beaucoup de personnes, l' opéra-comique est un genre faux. Aller à l' Opéra-Comique. Une loge à l' Opéra-Comique. Acteur de l' Opéra-Comique.

Fig. et fam., C' est un opéra, se dit D' une affaire qui entraîne beaucoup d' embarras.

OPÉRATEUR. s.

OPÉRATEUR. s. Celui qui fait certaines opérations de chirurgie. Opérateur oculiste. Opérateur pour les dents. Opérateur pour la pierre. Fameux opérateur.

Il signifie aussi, Celui qui débite ses remèdes, et qui vend ses drogues en place publique. On emploie, quelquefois, dans les deux sens, le féminin Opératrice.

OPÉRATION. s. f.

OPÉRATION. s. f. L' action d' une puissance, d' une faculté qui agit, selon sa nature, pour produire un effet. Les opérations de Dieu. Les opérations de la nature.

En termes de Dévotion: L' opération du Saint-Esprit. L' opération, les opérations de la grâce.

En termes de Philosophie, Les opérations de l' esprit, de l' entendement. --- Il y a trois opérations principales de l' entendement: la perception, la comparaison, et le jugement.

OPÉRATION

OPÉRATION se dit particulièrement de L' action, de l' effet d' un remède, d' une médecine. La médecine commence à faire son opération. L' opération de ce remède est lente. Ce sens est peu usité.

OPÉRATION

OPÉRATION signifie aussi, Action méthodique de la main sur le corps de l' homme ou de l' animal, pour réunir ce qui est divisé, diviser ce qui est uni contre nature, extraire ce qui est étranger, couper, amputer, cautériser, etc. Ce chirurgien a fait plusieurs belles opérations. Le trépan est une opération délicate et dangereuse. L' opération césarienne.

Opérations de chimie ou chimiques, Tous les moyens particuliers employés pour faire réagir les corps, pour connaître leur nature, la proportion de leurs principes, leurs propriétés.

Opérations d' arithmétique, Les supputations, les calculs qu' on fait par l' addition, la soustraction, la multiplication et la division. Multiplier un nombre par un autre, est une opération d' arithmétique.

OPÉRATION

OPÉRATION en termes de Guerre, de Politique, d' Administration, de Finance, de Commerce, etc., se dit Des desseins qui sont ou qui doivent être mis à exécution. On a longtemps délibéré pour régler les opérations de la campagne prochaine. Ce général, en forçant les ennemis à lever le siége de la place, a fait une belle, une brillante opération. Ce traité de paix a été une des plus belles opérations de son ministère. L' amortissement de la dette publique est une opération longue et difficile. L' extinction de la mendicité est une opération qui exige beaucoup de temps et d' efforts. Les opérations du commerce. Ce négociant, depuis la paix, a beaucoup étendu ses opérations. Méditer, différer, tenter, manquer une opération.

Fam. et par ironie, Vous avez fait là une belle opération, voilà une belle opération, Vous n' avez rien fait qui vaille.

OPERCULE. s. m.

OPERCULE. s. m. T. d' Hist. nat. Couvercle. Il se dit Des pièces osseuses et mobiles qui ferment les ouïes d' un grand nombre de poissons; de La pièce testacée ou cartilagineuse, ou même membraneuse, qui ferme en tout ou en partie l' ouverture de quelques coquilles univalves; et d' Autres organes analogues, soit dans les animaux, soit dans les végétaux.

OPERCULÉ, ÉE. adj.

OPERCULÉ, ÉE. adj. T. d' Hist. nat. Muni d' un opercule. Coquillage operculé. L' urne des mousses est operculée.

OPÉRER. v. a.

OPÉRER. v. a. Faire, produire quelque effet. C' est Dieu qui a opéré ces miracles. Le général, en faisant attaquer sur ce point, a opéré une diversion utile à ses desseins. Il a opéré beaucoup de réformes dans son administration. Cette division a opéré sa jonction avec le corps d' armée.

Il s' emploie aussi absolument. Dans beaucoup de maladies, il faut laisser opérer la nature. Cet événement a opéré très-heureusement sur les esprits. La grâce opéra dans son âme.

Prov. et par ironie, Il a bien opéré, Il n' a rien fait qui vaille.

OPÉRER

OPÉRER se dit particulièrement en parlant De l' effet que produit une médecine, un remède. Cette médecine a bien opéré. Elle n' a pas encore opéré. Elle commence à opérer.

Il s' emploie aussi quelquefois avec le pronom personnel. Il s' est opéré en lui un grand changement. Ce changement ne s' est pas opéré sans difficulté.

OPÉRER

OPÉRER se dit encore en parlant De quelques arts ou sciences qui demandent une certaine pratique, comme la chirurgie, la chimie, l' arithmétique. On ne saurait être bon chimiste sans opérer. Ce chirurgien est habile, il opère parfaitement bien, je l' ai vu opérer de la main. Il a opéré dans la journée deux hommes qui avaient la pierre. Cet arithméticien opère avec beaucoup de facilité.

Être opéré, se faire opérer, Subir une opération. Il a été opéré par un habile chirurgien. Il a été mal opéré. Se faire opérer de la taille.

OPÉRÉ, ÉE. participe

OPÉRÉ, ÉE. participe

OPES. s. m. pl.

OPES. s. m. pl. T. d' Archit. Trous qui reçoivent les poutres, les solives, les chevrons, les boulins, etc. Les métopes sont entre les opes de la frise dorique.

OPHICLÉIDE. s. m.

OPHICLÉIDE. s. m. Serpent à clefs, instrument de basse dans la musique militaire.

OPHITE. s. m.

OPHITE. s. m. Espèce de porphyre antique, ainsi nommé, parce qu' il rappelle, par son fond vert tacheté de blanc, la peau bigarrée des serpents. On dit aussi, Du marbre ophite; et alors Ophite est adjectif.

OPHTHALMIE. s. f.

OPHTHALMIE. s. f. T. de Médec. Maladie des yeux, qui consiste dans l' inflammation de la conjonctive. Ophthalmie humide, Celle où il y a écoulement de larmes. Ophthalmie sèche, Celle où cet écoulement n' existe point.

OPHTHALMIQUE. adj. des deux genres

OPHTHALMIQUE. adj. des deux genres T. d' Anat. et de Médec. Qui a rapport ou qui appartient aux yeux; Qui est propre aux maladies des yeux. Artère ophthalmique. Nerf ophthalmique. Remèdes ophthalmiques. Plantes ophthalmiques. Cette racine, cette fleur a une vertu ophthalmique.

OPHTHALMOGRAPHIE. s. f.

OPHTHALMOGRAPHIE. s. f. Partie de l' anatomie, qui traite de la composition de l' oeil, et de l' usage des différentes parties dont il est composé.

OPIACÉ, ÉE. adj.

OPIACÉ, ÉE. adj. T. de Médec. Il se dit Des médicaments qui contiennent de l' opium.

OPIAT. s. m.

OPIAT. s. m. (Le T se prononce.) T. de Médec. Sorte d' électuaire d' une consistance un peu molle, et qui est composé de diverses substances. De l' opiat purgatif. Quelques -uns disaient, Opiate, substantif féminin. Voyez ÉLECTUAIRE.

OPIAT

OPIAT se dit aussi de Certaines pâtes dont on se sert pour nettoyer les dents. Composer un opiat pour les dents.

OPILATIF, IVE. adj.

OPILATIF, IVE. adj. T. de Médec. Qui a pour effet de boucher les passages, les conduits intérieurs du corps. Les viandes qui se digèrent difficilement sont opilatives.

OPILATION. s. f.

OPILATION. s. f. T. de Médec. Obstruction. Il est malade d' une opilation de rate. Cela cause des opilations.

OPILER. v. a.

OPILER. v. a. T. de Médec. Boucher, obstruer les vaisseaux, les conduits intérieurs du corps. Ces viandes opilent la rate.

OPILÉ, ÉE. participe

OPILÉ, ÉE. participe

OPIMES. adj. f. pl.

OPIMES. adj. f. pl. T. d' Antiq. Il n' est usité que dans cette locution, Dépouilles opimes, Celles que remportait, chez les Romains, un général d' armée qui avait tué de sa main le général de l' armée ennemie.

OPINANT. s. m.

OPINANT. s. m. Celui qui opine dans une délibération. Le premier opinant. Tous les opinants. Tout le monde fut de l' avis du premier opinant.

OPINER. v. n.

OPINER. v. n. Dire son avis dans une assemblée, dans une compagnie, sur un sujet qui a été mis en délibération. Quand on eut opiné sur cette affaire. Ceux qui opinèrent les premiers. Il ne voulut pas opiner. Il a bien opiné. Il a opiné longuement. Il a opiné en faveur de la proposition, contre la proposition. Il y eut trois juges qui opinèrent à la mort. Dans cette consultation, deux médecins opinèrent à la saignée, et trois à la purgation. Les arbitres ont opiné à renvoyer les parties par-devant les juges.

Prov. et fig., Opiner du bonnet, Être de l' avis des autres, sans y rien ajouter ni en rien retrancher. L' affaire était si claire, qu' après que le rapporteur eut dit son avis, tous les juges n' opinèrent que du bonnet. Il n' opine jamais que du bonnet.

OPINIÂTRE. adj. des deux genres

OPINIÂTRE. adj. des deux genres Obstiné, entêté, qui est trop fortement attaché à son opinion, à sa volonté. Il est trop opiniâtre. Un esprit opiniâtre. Il ne faut point être opiniâtre sur cela. Un enfant opiniâtre.

Il s' emploie aussi substantivement. C' est un opiniâtre. Je hais les opiniâtres. Un petit opiniâtre.

OPINIÂTRE

OPINIÂTRE se dit aussi Des choses où l' on met de la persévérance, de l' obstination, de l' acharnement. Le combat fut opiniâtre. La résistance ne fut pas opiniâtre. Le gouverneur fit une défense opiniâtre. Un travail opiniâtre vient à bout de tout. Il a gardé un silence opiniâtre. Une haine opiniâtre.

Un mal opiniâtre, une fièvre, un rhume opiniâtre, etc., Un mal, une fièvre, un rhume, etc., qui dure longtemps, qui résiste aux remèdes.

OPINIÂTRÉMENT. adv.

OPINIÂTRÉMENT. adv. Avec opiniâtreté. Il soutient opiniâtrément cette erreur.

Il signifie aussi quelquefois, Avec fermeté, avec constance. Il n' avait que cinq cents hommes avec lui, et il soutint opiniâtrément le combat contre deux mille hommes. Il a défendu opiniâtrément cette place.

OPINIÂTRER. v. a.

OPINIÂTRER. v. a. Contredire, contrarier quelqu' un, de manière à le rendre opiniâtre. N' opiniâtrez point cet enfant.

Il signifie aussi, Soutenir une chose avec obstination. N' opiniâtrez point cela. Il a vieilli dans ces deux acceptions.

Il s' emploie avec le pronom personnel, et signifie, S' obstiner fortement. Ne vous opiniâtrez point à cela. S' opiniâtrer à soutenir une erreur, une mauvaise cause. Ils s' y sont opiniâtrés.

OPINIÂTRÉ, ÉE. participe

OPINIÂTRÉ, ÉE. participe

OPINIÂTRETÉ. s. f.

OPINIÂTRETÉ. s. f. Obstination forte, trop grand attachement à son opinion, à sa volonté. Grande, extrême, furieuse opiniâtreté. Opiniâtreté invincible. Il soutient cette erreur, ce mensonge avec opiniâtreté.

Il signifie quelquefois, Fermeté, constance. Nos troupes lassèrent l' ennemi par l' opiniâtreté de leur défense. Il se livre à son travail, il suit son entreprise avec une opiniâtreté qui ne peut manquer de le faire réussir.

OPINION. s. f.

OPINION. s. f. Avis, sentiment de celui qui opine sur quelque affaire mise en délibération. Aller aux opinions. Recueillir, prendre les opinions. Résumer les opinions. Les juges sont aux opinions. Il y avait trois opinions. Les opinions sont partagées. Il a été de l' opinion d' un tel. Il appuya son opinion de plusieurs autorités, de plusieurs exemples, etc. L' opinion de la majorité, de la minorité d' une assemblée.

Il signifie aussi, Le sentiment particulier qu' on se forme d' une chose en la considérant en soi-même. Les opinions sont libres. C' est votre opinion, ce n' est pas la mienne. Je ne suis pas de cette opinion. Opinion ancienne, nouvelle. Opinion probable, raisonnable, bien fondée, problématique, folle, extravagante, erronée. La diversité des opinions. L' incertitude des opinions humaines. Je partage votre opinion. Je m' en rapporte à votre opinion. Être attaché à son opinion. Ne pas tenir à son opinion. Cette opinion est généralement reçue, établie. Cette opinion est démentie, confirmée par l' expérience. Je n' ai point changé d' opinion. Attaquer, combattre l' opinion de quelqu' un. Défendre, abandonner son opinion. Avoir une opinion d' emprunt. Cet homme n' a pas d' opinion à lui, n' a d' opinion sur rien. Je n' ai pas encore une opinion formée sur cet objet. Mon opinion n' est pas fixée sur ce point. La vérité jaillit souvent du choc, du conflit des opinions. Suivre, soutenir une opinion. Personne n' a adopté cette opinion. Cette opinion n' est qu' à vous. L' opinion commune, générale, universelle. C' est là l' opinion la plus sûre. Les opinions des stoïciens, des péripatéticiens, des cyniques. Les opinions des luthériens, des calvinistes. Favoriser les opinions nouvelles en matière de religion. Opinions philosophiques. Opinions religieuses.

C' est une affaire d' opinion, C' est une chose sur laquelle chacun peut penser comme il lui plaît.

C' est une opinion, C' est une assertion qui n' est pas sûre.

Un mal d' opinion, Un mal imaginaire.

L' opinion publique, ou simplement, L' opinion, Ce que le public pense sur quelque chose, sur quelqu' un. Il respecte, il craint, il brave l' opinion publique. Le pouvoir, l' empire, l' influence de l' opinion. En ce sens, on dit proverbialement, L' opinion est la reine du monde.

OPINION

OPINION signifie aussi, Jugement, en bien ou en mal, qu' on porte d' une personne ou d' une chose. Il a bonne opinion de lui-même. J' ai une grande opinion de cet homme. Je n' ai pas grande opinion de lui. Nous faisons consister une grande partie de nos peines et de nos jouissances dans l' opinion que les autres ont de nous. Quelle opinion avez-vous de cette affaire? J' ai mauvaise opinion de sa maladie, bonne opinion de cette affaire.

Absol., Avoir opinion de quelqu' un, de quelque chose, En bien augurer. J' ai opinion d' un tel. Je n' ai pas opinion du mérite, du succès de cet ouvrage.

OPINION

OPINION en termes de Logique, signifie, Croyance probable. La démonstration engendre la science, et l' argument probable engendre l' opinion. Cette acception a vieilli.

OPIUM. s. m.

OPIUM. s. m. (On prononce Opiome.) Suc épaissi et concret des capsules de pavot blanc, qui a une qualité narcotique et soporative. On lui a donné de l' opium. Deux grains d' opium. Une prise d' opium. Les Turcs font un grand usage d' opium. L' excès de l' opium est très-dangereux.

OPLOMACHIE. s. f.

OPLOMACHIE. s. f. T. d' Antiq. Escrime, combat de gladiateurs armés d' épées ou de poignards.

OPPORTUN, UNE. adj.

OPPORTUN, UNE. adj. Qui est à propos, selon le temps et le lieu. Dans un temps plus opportun. L' occasion est opportune.

OPPORTUNITÉ. s. f.

OPPORTUNITÉ. s. f. Qualité de ce qui est opportun. Opportunité de la circonstance, de la conjoncture, du lieu, etc.

Il se dit quelquefois, absolument, pour Occasion propre, favorable. Il a su se prévaloir de l' opportunité.

OPPOSANT, ANTE. adj.

OPPOSANT, ANTE. adj. T. de Jurispr. Qui s' oppose suivant les formes judiciaires à une sentence, à un arrêt, à un payement, à une vente, etc. Il s' est rendu opposant à l' exécution de cet arrêt. Elle a été reçue opposante. Se rendre opposant à la vente d' un immeuble.

Il est aussi substantif. Il y a un nouvel opposant. Un tiers opposant. Opposant à la levée des scellés. Les opposants à la saisie, à la vente.

Il s' emploie aussi dans le langage ordinaire, tant adjectivement que substantivement, et se dit De quiconque s' oppose à une mesure, combat une opinion, etc. Le parti opposant. Minorité opposante. Il y a eu plusieurs opposants à cette délibération. Les opposants sont en petit nombre dans cette assemblée.

OPPOSER. v. a.

OPPOSER. v. a. Placer une chose de manière qu' elle fasse obstacle à une autre. Opposer une digue à l' impétuosité de la mer. Opposer une batterie à une autre.

Il se dit aussi en parlant Des personnes. On leur opposa des troupes fraîches, de nouvelles troupes. On lui opposa un dangereux adversaire.

Il se dit, figurément, en parlant Des choses et des personnes dont on se sert pour résister à d' autres, pour les combattre, pour les vaincre. Vous mettrez en avant que.... mais à cela j' oppose que... Il opposa de fortes raisons à tout ce qu' on lui avait dit. Opposer la force à la force. Opposer un obstacle aux entreprises de quelqu' un. Opposer une puissante sollicitation, une puissante recommandation à une autre. Opposer l' autorité d' Aristote à celle de Platon. Opposer Aristote à Platon.

OPPOSER

OPPOSER signifie aussi, Mettre une chose vis-à-vis d' une autre, ou en placer plusieurs de manière à faire contraste. Opposer une porte feinte à la porte d' entrée, un trumeau à une cheminée. Opposer, dans un tableau, des bruns aux clairs.

Il signifie encore, Mettre en comparaison, en parallèle. Quel orateur avons-nous qu' on puisse opposer à Cicéron, à Démosthène? Il n' y a pas de statues modernes qu' on puisse opposer aux statues antiques.

OPPOSER

OPPOSER s' emploie aussi avec le pronom personnel, et signifie, Être contraire, se rendre contraire. Il s' est toujours opposé à mes desseins. Je m' oppose à cela. La fortune s' oppose à toutes mes entreprises.

Il signifie particulièrement, en termes de Jurisprudence, Déclarer suivant les formes judiciaires qu' on met empêchement à l' exécution de quelque acte, de quelque arrêt, de quelque formalité de justice. S' opposer à l' exécution d' un arrêt. S' opposer à la levée des scellés, à un payement, à un mariage.

OPPOSÉ, ÉE. participe

OPPOSÉ, ÉE. participe Deux armées opposées l' une à l' autre. Deux rivages opposés. Des angles opposés au sommet.

OPPOSÉ

OPPOSÉ est aussi adjectif et signifie, Contraire, de différente nature. Il se dit Des caractères, des esprits, des humeurs, des intérêts, etc. Ce sont deux humeurs directement opposées, deux caractères, deux esprits diamétralement opposés. Ils sont toujours opposés l' un à l' autre. Leurs intérêts sont tout à fait opposés. Ils ont des sentiments fort opposés là-dessus. Les opinions de ces deux hommes-là sont toujours opposées.

Il se dit de même, en Dialectique, D' un terme relatif ou contraire à un autre terme. Ainsi le mot de Fils, qui est relatif, est opposé à celui de Père; et le terme de Chaud est opposé à celui de Froid, qui est son contraire.

Dans le même langage, Tous les contraires sont opposés, mais tous les opposés ne sont pas contraires. Dans le second membre de cette phrase, Opposé est employé substantivement.

OPPOSÉ

OPPOSÉ s' emploie comme substantif dans quelques autres phrases. Cette proposition est l' opposé de telle autre, en est justement l' opposé, Elle lui est directement contraire. Cette personne est tout l' opposé de telle autre, Elle est d' un caractère tout différent. Ce fils est tout l' opposé de son père.

OPPOSITE. s. des deux genres

OPPOSITE. s. des deux genres Ce mot, qui signifie Opposé, et qui est originairement adjectif, ne s' emploie plus que substantivement, et il est peu usité. Ce caractère est l' opposite, tout l' opposite de l' autre. Ce que vous soutenez aujourd' hui est absolument l' opposite de ce que vous disiez hier.

À L' OPPOSITE. loc. prépositive et adverbiale

À L' OPPOSITE. loc. prépositive et adverbiale Vis-à-vis. Leurs maisons sont situées à l' opposite l' une de l' autre. Le château est sur la hauteur, et à l' opposite est un grand bois.

OPPOSITION. s. f.

OPPOSITION. s. f. Empêchement, obstacle qu' une personne met à quelque chose. Opposition formelle. Je n' y apporterai, je n' y mettrai aucune opposition. Vous n' aurez aucune opposition de ma part. Vous n' y trouverez aucune opposition. Cela éprouvera de l' opposition. Il s' en est emparé sans opposition. Il a été reçu dans ce corps malgré l' opposition de la plupart des membres. Esprit d' opposition.

Il se dit particulièrement, en Jurisprudence, de L' action de se rendre opposant. Faire opposition à un scellé, à un inventaire, à une vente. Former, mettre opposition à la publication des bans. Lever une opposition. Persister dans son opposition. Faire opposition à un jugement par défaut. Demander acte de son opposition. Voy. SAISIE et TIERS.

OPPOSITION

OPPOSITION signifie en outre, Contrariété, différence considérable dans la manière d' être, de sentir, de penser, d' agir de deux ou de plusieurs personnes. Il y a toujours eu de l' opposition entre eux. Ces deux savants sont toujours en opposition. Opposition d' humeurs, de sentiments. Opposition dans la manière d' agir.

Il se dit aussi en parlant Des choses. Il y a une grande opposition entre ces deux systèmes, entre ces deux méthodes.

Le parti de l' opposition, ou simplement, L' opposition, La partie d' une assemblée législative qui contrarie habituellement et s' efforce de balancer l' opinion de la partie dominante. L' opposition l' emporta, fut la plus forte. L' opposition s' affaiblissait chaque jour. Il est de l' opposition. Il siége sur les bancs de l' opposition. Un membre de l' opposition. Il se dit, par extension, Du parti qui s' attache a la minorité opposante d' une assemblée, et qui professe les mêmes opinions qu' elle. Écrivain, journaliste de l' opposition. On dit de même, Journal, écrit de l' opposition.

OPPOSITION

OPPOSITION en termes de Rhétorique, Figure par laquelle on réunit deux idées qui paraissent contradictoires, comme dans ces expressions: Une folle sagesse. Un avare fastueux.

OPPOSITION

OPPOSITION en termes d' Astronomie, L' aspect d' un corps céleste qui est à cent quatre-vingts degrés d' un autre. Les éclipses de lune ont lieu quand la lune est en opposition avec le soleil.

OPPRESSER. v. a.

OPPRESSER. v. a. Presser fortement. Il se dit en parlant De certaines affections corporelles, dans lesquelles il semble qu' on ait une espèce de poids sur l' estomac, sur la poitrine, etc. Je sens quelque chose qui m' oppresse, et qui m' ôte la respiration. Je me sens tout oppressé.

Il se dit aussi Des affections morales qui produisent le même effet. Il est oppressé par un violent chagrin. Le poids d' une mauvaise conscience oppresse.

OPPRESSÉ, ÉE. participe

OPPRESSÉ, ÉE. participe

OPPRESSEUR. s. m.

OPPRESSEUR. s. m. Celui qui opprime. Il fut l' oppresseur du peuple.

OPPRESSIF, IVE. adj.

OPPRESSIF, IVE. adj. Qui tend à opprimer, qui sert à opprimer. Système oppressif. Loi oppressive. Moyens oppressifs.

OPPRESSION. s. f.

OPPRESSION. s. f. État de ce qui est oppressé. Oppression de poitrine.

Il se dit, figurément, de L' action d' opprimer, et de L' état de ce qui est opprimé. Jamais on ne poussa l' oppression plus loin. Ce peuple gémissait sous la plus cruelle oppression. Le peuple est dans l' oppression, dans une grande oppression, dans un état d' oppression qui ne peut durer longtemps.

OPPRIMER. v. a.

OPPRIMER. v. a. Accabler par violence, par autorité. Les puissants oppriment trop souvent les faibles. Il n' était point de ces princes qui oppriment leurs peuples, leurs sujets. Opprimer l' innocence.

Il se prend aussi absolument. Malheur à ceux qui oppriment!

OPPRIMÉ, ÉE. participe

OPPRIMÉ, ÉE. participe Il s' emploie quelquefois substantivement. Il prend toujours la défense des opprimés, de l' opprimé.

OPPROBRE. s. m.

OPPROBRE. s. m. Ignominie, honte, affront. Grand opprobre. Opprobre éternel. Souffrir, endurer un opprobre, des opprobres. Il est couvert d' opprobres.

Être l' opprobre de sa famille, de sa nation, du genre humain, Faire honte à sa famille, à sa nation, au genre humain.

OPTATIF, IVE. adj.

OPTATIF, IVE. adj. Qui exprime le souhait. Formule optative.

En Grammaire, Mode optatif, ou simplement et plus ordinairement, Optatif, Mode qui, dans certaines langues, sert à exprimer le souhait, et qui est distingué du subjonctif. L' optatif manque à notre langue, et nous exprimons le souhait par le subjonctif.

OPTER. v. n.

OPTER. v. n. Choisir entre deux ou plusieurs choses qu' on ne peut avoir ensemble, entre deux ou plusieurs partis pour l' un desquels il faut se déterminer. Il a opté pour celle de ces deux places qui lui était la plus avantageuse. Il faut qu' il opte entre ces deux emplois. Voilà un domaine, voilà une rente, optez. Il a été ordonné qu' il opterait dans les six mois. Voulez-vous être pour nous ou contre nous? optez, il faut opter, il faut nécessairement opter.

OPTICIEN. s. m.

OPTICIEN. s. m. Celui qui sait, qui enseigne l' optique, qui est versé dans l' optique. Habile opticien.

Il signifie plus ordinairement, Celui qui fait, qui vend des instruments d' optique. Cet opticien m' a fait un excellent télescope, m' a vendu de fort bonnes lunettes.

OPTIMÈ

OPTIMÈ Mot latin qui signifie Très-bien, et qu' on emploie quelquefois en français, pour marquer son approbation de ce qu' une personne a dit ou a fait. Il est familier.

OPTIMISME. s. m.

OPTIMISME. s. m. T. didactique. Système des philosophes qui soutiennent que tout ce qui existe est le mieux possible.

OPTIMISTE. s. et adj. des deux genres

OPTIMISTE. s. et adj. des deux genres Celui ou celle qui admet l' optimisme. Leibnitz était optimiste.

Il se dit, par extension, de Quiconque, sans avoir fait de l' optimisme un système, est disposé naturellement à croire que tout est bien, que tout va bien, à être content de tout.

OPTION. s. f.

OPTION. s. f. Pouvoir, faculté, action d' opter. Avoir l' option. Cela est à votre option, n' est pas à votre option. Je laisse cela à votre option. Je vous donne l' option de ces deux choses, entre ces deux choses. Je vous en réfère l' option. Il a fait son option dans le temps prescrit.

OPTIQUE. s. f.

OPTIQUE. s. f. Partie des mathématiques mixtes qui traite de la lumière et des lois de la vision. L' optique comprend la dioptrique, la catoptrique et la perspective. Traité d' optique. Entendre bien l' optique. Instruments d' optique.

OPTIQUE

OPTIQUE signifie aussi, Perspective, aspect des objets vus dans l' éloignement. Les illusions de l' optique. C' est un effet, une illusion d' optique, de l' optique, de faire paraître proche ce qui est éloigné. L' optique du théâtre est favorable à la figure de cet acteur. Cette décoration est peinte avec beaucoup plus de fini qu' il ne convient pour l' optique du théâtre.

Optique du théâtre, se dit quelquefois, figurément, en parlant Des ouvrages dramatiques. L' optique du théâtre exige que les caractères soient peints à grands traits.

OPTIQUE

OPTIQUE se dit encore d' Une espèce de boîte dans laquelle on regarde, à travers une grosse lentille, des estampes enluminées qui, placées horizontalement au fond de la boîte, sont représentées comme perpendiculaires par un miroir incliné à quarante-cinq degrés. Acheter une optique. Une très-belle optique.

OPTIQUE. adj. des deux genres

OPTIQUE. adj. des deux genres Qui sert à la vue, qui a rapport à la vision. Le nerf optique. Apparence optique. Illusion optique. Verres optiques.

OPULEMMENT. adv.

OPULEMMENT. adv. Avec opulence. Ce financier vivait opulemment. Il est peu usité.

OPULENCE. s. f.

OPULENCE. s. f. Grande richesse, abondance de biens. Grande opulence. L' opulence de cette contrée. Il est, il vit dans l' opulence. Il y a dans cette maison un air d' opulence.

OPULENT, ENTE. adj.

OPULENT, ENTE. adj. Très-riche, qui est dans l' opulence. Cet homme est devenu opulent. Le commerce rend les villes opulentes. Une maison opulente.

OPUNTIA. s. f.

OPUNTIA. s. f. Plante de la famille des Cactiers, dont la tige, dépourvue de feuilles, est articulée, aplatie, et s' élargit, entre les articulations, en forme de raquette. On la nomme vulgairement Raquette et Figuier d' Inde.

OPUSCULE. s. m.

OPUSCULE. s. m. Petit ouvrage de science ou de littérature. Opuscule posthume. Les opuscules de Plutarque. Il a laissé quelques opuscules très-curieux.

OR.

OR. Particule dont on se sert pour lier un discours à un autre. Or, pour revenir à ce que nous disions.

Il sert aussi à lier une proposition à une autre, comme la mineure d' un argument à la majeure. Le sage est heureux: or Socrate est sage, ou or est-il que Socrate est sage; donc Socrate est heureux.

Il s' emploie familièrement pour exhorter, pour inviter. Or dites-nous... Or sus commençons notre ouvrage. Or çà, monsieur.

OR. s. m.

OR. s. m. Métal d' un jaune brillant, très-ductile, très-pesant, mou, inaltérable à l' air, insoluble dans les acides, et dont on fait les monnaies de la plus haute valeur, les ouvrages de bijouterie les plus précieux. Bon or. Vrai or. Faux or. Or pur. Or fin. Or de ducat. Or affiné. Or de coupelle. Bas or. Or au titre. Or à vingt-quatre carats. Or vierge, ou Or natif. Or de rivière. Or de Hongrie. Or pâle. Paillettes d' or. Grains d' or. Sable d' or. Poudre d' or. Mine d' or. Couleur d' or. Fondre de l' or. Épurer l' or. Affineur d' or. Or en lingot. Lingot d' or. Or mis en oeuvre. Enchâsser en or. Or émaillé. Battre de l' or. Batteur d' or. Or battu. Or en feuille. Or de coquille. Or en lames. Or trait. Tireur d' or. Or filé. Or mat. Or bruni. Or moulu. Écriture en lettres d' or. Un marc d' or. Un hectogramme d' or. Cela se vend plus cher que l' or. On a pesé cela juste comme l' or. Filets d' or. Chaîne d' or. Agrafe d' or. Bouton d' or. Vaisselle d' or. Épée à garde d' or. Tout cela était d' or, de pur or. Or massif. Étui, manche de couteau, etc., garni d' or. Louis d' or de poids. Cela vaut cent louis d' or. Pièce d' or de vingt francs, de quarante francs. Monnaie d' or. Or monnayé. Médaille d' or. On a décrié l' or léger, l' or d' Allemagne.

Or de Manheim, Composition de cuivre et de zinc qui a l' apparence de l' or.

Abusivement, Or blanc, Le platine. Il vieillit.

OR

OR se dit quelquefois, au pluriel, pour signifier Les différentes couleurs qu' on peut donner à l' or. Une boîte de deux ors. Des ors de différentes couleurs.

OR

OR se dit plus particulièrement de La monnaie d' or, des espèces d' or, par opposition à Celles qui sont d' argent ou d' autre métal. Il m' a payé tout en or. Il cherche de l' or pour porter en voyage. Demander de l' or pour de l' argent blanc.

OR

OR se dit aussi Du fil d' argent doré dont on fait des passements, des galons, des franges, des cordons, des étoffes, des broderies, etc. Or de Paris, de Lyon. Dentelles d' or. Clinquant d' or. Frange d' or. Cordon d' or. Toile d' or. Drap d' or. Fond d' or. Ouvrage frisé d' or, broché d' or, brodé d' or. Broderie d' or. Paillettes d' or. Passement d' or et d' argent.

Défendre l' or et l' argent, Défendre de porter des étoffes, des dentelles, etc., tissues de fil d' argent doré.

OR

OR signifie figurément, Richesse, opulence. L' or supplée trop souvent au mérite. La soif de l' or.

Fig. et fam., Je ne ferais cela ni pour or ni pour argent, je ne ferais pas cela pour tout l' or du monde, Aucun avantage ne pourrait me déterminer à le faire.

Fig. et fam., On n' en peut avoir ni pour or ni pour argent, se dit D' une chose extrêmement rare.

Fig. et fam., Un marché d' or, une affaire d' or, Un marché très-avantageux, une affaire très-avantageuse.

Fig., Acheter, vendre quelque chose au poids de l' or, L' acheter, le vendre fort cher.

Fig., Marcher sur l' or et sur l' argent, Être dans une grande opulence. On dit dans le même sens, Avoir des monceaux d' or, être tout cousu d' or.

Fig. et fam., C' est de l' or en barre, se dit D' un effet, d' un billet, d' une marchandise dont on aura de l' argent comptant quand on voudra.

Fig. et fam., Il vaut son pesant d' or, se dit D' un homme qui réunit beaucoup de qualités sociales; et D' un subalterne, d' un domestique laborieux, attaché à ses devoirs. On dit dans le même sens, C' est un homme d' or.

Fig. et fam., C' est un coeur d' or, C' est un excellent coeur.

Fig., C' est un livre d' or, se dit D' un livre excellent, et particulièrement D' un petit livre qui contient beaucoup d' idées justes et d' une utilité pratique. Le manuel d' Épictète est un livre d' or.

Fig. et fam., Il dit d' or, il parle d' or, Il dit ce qu' il y a de mieux à dire dans la circonstance, ou de plus satisfaisant pour celui à qui il parle.

Fig. et pop., Saint Jean bouche d' or, Homme qui dit toujours sa pensée avec franchise et sans ménagement. Je sais saint Jean bouche d' or. C' est un saint Jean bouche d' or.

Prov. et fig., Tout ce qui reluit n' est pas or, Tout ce qui a l' apparence de la richesse, du mérite, n' en a pas toujours la réalité.

Prov. et fig., Promettre des monts d' or, Faire de grandes promesses; promettre de grands avantages, de grands biens, de grandes richesses.

Prov. et fig., Faire un pont d' or à l' ennemi, Lui faciliter la retraite, même par quelque sacrifice. Faire un pont d' or à quelqu' un, Lui faire de grands avantages pour le déterminer à se désister de quelque prétention, à quitter une place, un emploi. On lui a fait un pont d' or, on lui a donné une belle ambassade pour lui faire quitter le ministère.

Prov., fig. et pop., Adorer le veau d' or, Faire sa cour à un homme riche, pour en tirer quelque avantage.

Prov. et fig., C' est l' histoire de la dent d' or, c' est la dent d' or, se dit D' une prétendue merveille, d' un prétendu prodige, qu' il faudrait vérifier avant d' y croire, et de vouloir l' expliquer.

OR

OR se dit, figurément et poétiquement, de Certaines choses qui sont jaunes et brillantes. L' or de sa chevelure. L' or des moissons.

L' âge d' or, le siècle d' or, Les premiers temps du monde, où l' on suppose que les hommes vivaient dans l' innocence et le bonheur. L' âge d' or est une des fictions les plus agréables de la mythologie. Les flatteurs disaient à ce prince qu' il ramenait le siècle d' or.

Fig., C' est un homme de l' âge d' or, C' est un homme qui rappelle l' âge d' or par sa vertu, par sa probité, par l' innocence de ses moeurs. On dit dans le même sens, Il a les moeurs de l' âge d' or.

Poétiq. et fig., Des jours filés d' or et de soie, Des jours heureux.

OR

OR se dit aussi d' Un des métaux du blason, que dans les armoiries peintes on représente avec de l' or ou avec du jaune, et que dans les armoiries gravées on distingue par des points. Il porte d' or à la tour de gueules. Il porte un lion d' or, trois aigles d' or.

Or fulminant, Poudre jaunâtre, qui s' obtient en ajoutant de l' ammoniaque à la dissolution d' or, et qui détone par la chaleur ou par la pression.

Or potable, Liqueur que les anciens chimistes disaient être de l' or dissous radicalement, et qu' ils prétendaient être très-efficace pour la santé.

En Astron. et en Chronol., Nombre d' or, Le nombre dont on se sert pour marquer chaque année du cycle lunaire, qui est une révolution de dix-neuf années, au bout desquelles les nouvelles et les pleines lunes retombent à peu près au même jour et à la même heure.

ORACLE. s. m.

ORACLE. s. m. Réponse que les païens s' imaginaient recevoir de leurs dieux. Les oracles étaient ordinairement ambigus. Rendre des oracles. Expliquer des oracles.

Les oracles des sibylles, les oracles sibyllins, Les prédictions attribuées aux sibylles.

ORACLE

ORACLE se dit aussi de La divinité même qui rendait des oracles. Consulter l' oracle. Aller à l' oracle. L' oracle est muet. L' oracle avait prédit que... L' oracle de Delphes.

Fam., Parler comme un oracle, Très-bien parler.

Fam., Parler d' un ton d' oracle, avoir un ton d' oracle, Affecter un ton confiant, imposant, sentencieux, qui commande la croyance.

Fam., S' exprimer en style d' oracle, S' exprimer d' une manière ambiguë, obscure.

ORACLE

ORACLE se dit, figurément, Des vérités énoncées dans l' Écriture sainte, ou déclarées par l' Église. Les oracles de la sainte Écriture. Les oracles des prophètes. Les oracles divins. L' Église prononce ses oracles dans les conciles.

Les oracles de la justice, Les arrêts, les sentences, les décisions des tribunaux. Ce grand magistrat était digne de rendre les oracles de la justice.

ORACLE

ORACLE se dit aussi, figurément, Des décisions données par des personnes d' autorité ou de savoir. Ses discours sont des oracles. Les réponses de ce grand prince, de ce sage étaient autant d' oracles. Les aphorismes d' Hippocrate sont des oracles dans la médecine.

Il se dit encore, figurément, Des personnes mêmes qui donnent ces sortes de décisions. Un tel est un oracle. C' est son oracle. Cet homme-là est l' oracle de son pays, de sa ville, de sa compagnie. Il passe pour un oracle dans son parti. En jurisprudence, Cujas est un oracle.

ORAGE. s. m.

ORAGE. s. m. Tempête, vent impétueux; grosse pluie ordinairement de peu de durée, et quelquefois accompagnée de vent, de grêle, d' éclairs et de tonnerre. Grand, furieux orage. Il s' éleva un orage. Sauvons-nous avant que l' orage vienne. Nous aurons de l' orage. Nous avons essuyé un grand orage. Se mettre à couvert de l' orage. Chercher un abri contre l' orage. L' orage passera bientôt. Un orage mêlé d' éclairs et de tonnerre. L' orage gronde. L' orage a crevé sur ce vallon. Le fort de l' orage est tombé sur cette ville. Il a fait un grand orage. L' orage passe, nous n' en aurons que la queue. Il a gagné le port malgré les vents et l' orage. Un vaisseau battu de l' orage. Lutter contre l' orage. Céder, résister à l' orage. Les orages sont très-fréquents dans cette saison, dans cette contrée, sur cette mer. L' orage s' apaise. L' orage a cessé. Le temps est à l' orage.

Il se dit, figurément, Des malheurs dont on est menacé, des disgrâces qui surviennent tout à coup, soit dans les affaires publiques, soit dans la fortune des particuliers. Il a détourné, conjuré, dissipé l' orage par sa prudence. Laissez passer l' orage, vos ennemis se lasseront de vous persécuter. Il a lutté avec succès contre l' orage qui l' avait assailli. Les orages d' une longue révolution.

Il se dit aussi Des reproches et des emportements que l' on essuie de la part de ses supérieurs. Votre père est fort en colère, vous allez essuyer un grand orage.

Il se dit encore Du tumulte de la société, et des agitations du coeur humain. Se soustraire, se dérober aux orages du monde. Les orages de la vie ne sauraient l' atteindre dans sa retraite. Les orages des passions. Les orages de la jeunesse. Le travail est le plus sûr moyen de prévenir ou de calmer les orages que les passions excitent dans notre coeur.

ORAGEUX, EUSE. adj.

ORAGEUX, EUSE. adj. Qui cause de l' orage, qui menace d' orage. Vent orageux. Le temps est orageux. Le ciel est orageux.

Il signifie aussi, Sujet aux orages. Une mer orageuse. La saison est orageuse.

Il signifie encore, Troublé par l' orage. Nous avons eu une année, une journée, une soirée, une nuit orageuse.

ORAGEUX

ORAGEUX se dit au figuré dans les mêmes acceptions qu' au propre, en parlant De la vie, de la société, des États, des assemblées, de l' âme, de la santé. Mener une vie orageuse. Ce peuple ne connut qu' une liberté orageuse. Une cour orageuse. Les deux passions les plus orageuses du coeur humain sont l' amour et l' ambition. L' assemblée, la séance a été fort orageuse. Ce malade a passé une nuit bien orageuse.

ORAISON. s. f.

ORAISON. s. f. T. de Gram. Discours, assemblage de mots qui forment un sens complet, et qui sont construits suivant les règles grammaticales. Les parties d' oraison ou de l' oraison sont les différentes espèces de mots. Le solécisme est un vice d' oraison, est un des vices de l' oraison.

ORAISON

ORAISON se dit aussi d' Un ouvrage d' éloquence composé pour être prononcé en public. Une oraison dans le genre démonstratif. L' exorde est une des parties de l' oraison. Les oraisons de Démosthène, de Lysias, d' Isocrate, de Cicéron. Il ne s' emploie jamais en ce sens que dans le didactique, ou en parlant Des discours des anciens orateurs. Pour les ouvrages modernes, il n' est plus usité qu' en parlant De certains discours prononcés à la louange des morts, et qu' on nomme Oraisons funèbres.

ORAISON

ORAISON se dit encore d' Une prière adressée à Dieu ou aux saints. Oraison vocale, mentale, jaculatoire. Faire l' oraison. Faire une oraison. Être en oraison. Se mettre en oraison. Aller à l' oraison. L' oraison dominicale. L' oraison de la messe. L' antienne et l' oraison de la Vierge, de tel saint. Livre d' oraisons.

ORAL, ORALE. adj.

ORAL, ORALE. adj. Qui passe de bouche en bouche. Il n' est guère usité qu' au féminin et dans ces deux locutions, Loi orale, tradition orale, Loi, tradition non écrite, mais transmise de bouche en bouche.

Il signifie aussi quelquefois, Qui est dit de vive voix, par opposition à Écrit. Enseignement oral.

ORANGE. s. f.

ORANGE. s. f. Fruit à pepin, de forme ronde, de couleur jaune doré, d' odeur agréable, et qui a beaucoup de jus. Orange douce, aigre. Orange de Portugal, de Malte, de la Chine. Petite orange. Orange confite. Du jus d' orange. Un bouquet de fleurs d' orange. De la pelure, de l' écorce, des zestes d' orange. Il y a des oranges amères qu' on appelle Bigarades.

Couleur d' orange, couleur orange, Couleur approchant de celle de l' orange. Du taffetas couleur d' orange, couleur orange. On dit de même, Du taffetas, une robe, un ruban orange.

ORANGE, ÉE. adj.

ORANGE, ÉE. adj. Qui est de couleur d' orange. Taffetas, velours, satin orangé. Rubans orangés.

Il s' emploie aussi substantivement. L' orangé est une des sept couleurs primitives données par le prisme.

ORANGEADE. s. f.

ORANGEADE. s. f. Sorte de boisson qui se fait avec du jus d' orange, du sucre et de l' eau. Boire de l' orangeade.

ORANGEAT. s. m.

ORANGEAT. s. m. Espèce de confiture sèche faite de petits morceaux d' écorce d' orange.

Il se dit aussi de Certaines dragées faites d' écorce d' orange.

ORANGER. s. m.

ORANGER. s. m. Arbre toujours vert, qui porte les oranges. Bel oranger. Oranger en caisse, en pleine terre. Une allée d' orangers. Dormir sous des orangers. Greffer, tailler des orangers.

ORANGER, ÈRE. s.

ORANGER, ÈRE. s. Celui, celle qui vend des oranges. Il se joint ordinairement au mot Fruitier. Un fruitier oranger. Une fruitière orangère.

ORANGERIE. s. f.

ORANGERIE. s. f. Lieu fermé, où l' on met, pendant l' hiver, des orangers en caisse et d' autres plantes frileuses. Il a fait bâtir une belle orangerie. Une orangerie bien garnie.

Il se dit aussi de La partie d' un jardin où les orangers sont placés pendant la belle saison.

ORANG-OUTANG. s. m.

ORANG-OUTANG. s. m. Espèce de singe sans queue, dont la taille et la conformation se rapprochent de celles de l' homme.

ORATEUR. s. m.

ORATEUR. s. m. Celui qui compose, qui prononce des discours, des ouvrages d' éloquence. Orateur éloquent, véhément. Un froid orateur. C' est un grand orateur. Il n' est pas orateur. Cet orateur improvise avec une étonnante facilité. Un trait d' orateur. Les orateurs grecs, latins, français.

Par antonomase, L' Orateur romain, Cicéron

Orateur sacré, Auteur de sermons, d' oraisons funèbres. Bossuet, Bourdaloue et Massillon sont nos premiers orateurs sacrés. On dit dans le même sens, Orateur évangélique, orateur de la chaire.

Orateur du barreau, Avocat plaidant. Gerbier est au premier rang des orateurs du barreau.

En Angleterre, L' orateur, Le président de la chambre des communes.

ORATOIRE. adj. des deux genres

ORATOIRE. adj. des deux genres Appartenant à l' orateur. L' art oratoire. Figure oratoire. Discours oratoire. Style oratoire. Précautions oratoires. Débit oratoire.

ORATOIRE. s. m.

ORATOIRE. s. m. Petite pièce qui, dans une maison, est destinée aux actes de dévotion. Petit oratoire. Il a fait un oratoire dans son cabinet. Il était retiré, enfermé dans son oratoire.

La congrégation de l' Oratoire, ou simplement, L' Oratoire, s' est dit d' Une congrégation d' ecclésiastiques établie en France par le cardinal de Bérulle, au commencement du dix-septième siècle. Les pères de l' Oratoire. Il était prêtre de l' Oratoire.

ORATOIRE

ORATOIRE se disait aussi de La maison et de l' église de la congrégation de l' Oratoire. J' ai été ce matin à l' Oratoire. J' ai entendu la messe, le sermon à l' Oratoire.

ORATOIREMENT. adv.

ORATOIREMENT. adv. D' une manière oratoire. Cela se dit oratoirement. C' est parler oratoirement.

ORATORIEN. s. m.

ORATORIEN. s. m. Membre de la congrégation de l' Oratoire. Massillon était oratorien. Beaucoup d' oratoriens ont été des hommes de grand mérite. On disait adjectivement, Les pères oratoriens.

ORATORIO. s. m.

ORATORIO. s. m. Terme emprunté de l' italien. Espèce de drame en latin ou en langue vulgaire, divisé par scènes à l' imitation des pièces de théâtre, dont le sujet est toujours religieux, et qu' on met en musique pour l' exécuter ordinairement dans une église, pendant le carême ou en d' autres temps. Composer, exécuter un oratorio.

ORBE. s. m.

ORBE. s. m. T d' Astron. Cercle. Il signifie particulièrement, L' espace que parcourt une planète dans toute l' étendue de son cours. L' orbe de Saturne, de Vénus.

Le grand orbe de la terre, Le chemin que la terre fait tous les ans autour du soleil.

ORBE

ORBE en poésie, signifie quelquefois, Globe, en parlant Des corps célestes.

ORBE. adj. des deux genres

ORBE. adj. des deux genres T. de Chirur. Il n' est guère usité que dans cette locution, Coup orbe, Coup qui n' entame pas la chair, mais qui fait une forte contusion, une grande meurtrissure.

ORBICULAIRE. adj. des deux genres

ORBICULAIRE. adj. des deux genres T. didactique. Qui est rond, qui va en rond. Figure orbiculaire. Mouvement orbiculaire.

ORBICULAIREMENT. adv.

ORBICULAIREMENT. adv. En rond. Cette machine se meut orbiculairement.

ORBITAIRE. adj. des deux genres

ORBITAIRE. adj. des deux genres T. d' Anat. Qui a rapport à l' orbite de l' oeil. Arcade orbitaire. Artère orbitaire. Nerf orbitaire.

ORBITE. s. f.

ORBITE. s. f. (Quelques-uns le font masculin.) T. didactique. La route, le chemin que décrit une planète par son mouvement propre. L' orbite de Saturne, de Jupiter, etc.

En Anat., L' orbite de l' oeil, La cavité dans laquelle l' oeil est placé. Le coup a été si violent, qu' il s' en est peu fallu que mon oeil ne sortît de son orbite.

ORCANÈTE. s. f.

ORCANÈTE. s. f. Plante de la famille des Bourraches, dont la racine sert à teindre en rouge.

ORCHESTIQUE. adj. m.

ORCHESTIQUE. adj. m. (On prononce Orkestique.) T. d' Antiq. Il n' est usité que dans cette locution, Genre orchestique, Celui des deux genres principaux de la gymnastique ancienne, qui embrassait tout ce qui avait rapport à la danse et à l' exercice de la paume.

ORCHESTRE. s. m.

ORCHESTRE. s. m. (On prononce Orkestre.) C' était, dans le théâtre des Grecs, Le lieu où l' on dansait; et, dans le théâtre des Romains, Le lieu où se plaçaient les sénateurs et les vestales. C' est, parmi nous, Le lieu où l' on place les musiciens.

Il se dit aussi de La réunion de tous les musiciens d' un théâtre, d' un concert, d' un bal. Un orchestre excellent, bien composé. L' orchestre de l' Opéra.

ORCHESTRE

ORCHESTRE se dit également de Plusieurs rangs de banquettes destinées à des spectateurs, et qui sont placées entre l' orchestre des musiciens et le parterre. Une place, un billet d' orchestre. Aller à l' orchestre.

ORCHIS. s. m.

ORCHIS. s. m. (On prononce Orkisse.) T. de Botan. Plante herbacée qui a sous ses racines deux tubercules ovales, et dont les fleurs en épi ont leur corolle divisée en six pétales et prolongée à sa base en éperon.

ORD, ORDE. adj.

ORD, ORDE. adj. Vilain, sale. Il est vieux.

ORDALIE. s. f.

ORDALIE. s. f. Il se dit Des diverses épreuves qui étaient usitées dans le moyen âge sous le nom de Jugement de Dieu. L' ordalie du fer chaud, de l' eau froide, du fromage bénit, etc.

ORDINAIRE. adj. des deux genres

ORDINAIRE. adj. des deux genres Qui est dans l' ordre commun, qui a coutume de se faire, qui arrive communément, dont on se sert communément. L' état ordinaire des choses. Le cours ordinaire de la nature. Le train ordinaire de la vie, des choses. L' effet ordinaire de telle cause. L' usage ordinaire. Le sort ordinaire des hommes. C' est sa conduite ordinaire, sa vie ordinaire. Ce sont ses discours ordinaires. C' est sa manière, son procédé ordinaire. Le langage ordinaire. Il est ordinaire, il est assez ordinaire de se fâcher quand on a tort. La dissimulation est ordinaire à la cour. Marcher de son pas ordinaire. La dépense ordinaire de sa maison se monte à tant. Un événement ordinaire.

Dans l' Art milit., Pas ordinaire, Le pas le plus lent de ceux qui sont réglés pour les troupes: elles doivent toujours le prendre lorsque celui qui commande n' en indique pas un autre. La longueur du pas ordinaire est de deux pieds, et sa vitesse de soixante et seize par minute. Marcher le pas ordinaire.

En Jurispr. crimin., Question ordinaire, se disait Des premiers degrés de la torture qu' on faisait subir à un accusé. Arrêt qui ordonne que préalablement l' accusé subira la question ordinaire et extraordinaire.

ORDINAIRE

ORDINAIRE se dit Des officiers de la maison du roi, qui remplissent leurs fonctions toute l' année, par opposition à ceux qui servent par quartier. Maître d' hôtel ordinaire. Médecin ordinaire.

Il se dit aussi De quelques autres officiers de la maison du roi, quoiqu' ils ne servent que par quartier. Gentilhomme ordinaire du roi. Musicien ordinaire de la musique du roi, de la chapelle du roi.

Il s' est dit également Des conseillers d' État qui siégeaient au conseil toute l' année, à la différence de ceux qui y siégeaient par semestre. Conseiller d' État ordinaire. Il y a aujourd' hui des conseillers d' État et des maîtres des requêtes en service ordinaire, et d' autres en service extraordinaire: ces derniers sont ceux auxquels le roi confie des fonctions qui les empêchent d' assister au conseil.

Il s' est dit pareillement Des juges, des cours qui servaient toute l' année, à la différence des juges et des cours qui ne servaient que par semestre. Juges ordinaires. Cours ordinaires.

Juges ordinaires, s' est dit aussi Des juges à qui appartenait naturellement la connaissance des affaires civiles ou criminelles; à la différence des juges de privilége, et de ceux qui étaient établis par commission. Il demande son renvoi par-devant les juges ordinaires.

ORDINAIRE

ORDINAIRE se dit encore Des ambassadeurs qu' on envoie résider dans une cour, à la différence de ceux qui sont envoyés pour un objet particulier. Ambassadeur ordinaire.

Il s' est dit aussi De certains officiers de guerre. Commissaire ordinaire des guerres. Commissaire ordinaire de l' artillerie.

ORDINAIRE

ORDINAIRE employé substantivement au masculin, signifie, Ce qu' on a coutume de servir pour le repas. Il a toujours un bon ordinaire. Un petit ordinaire. Un mince ordinaire. Si vous voulez manger chez moi, vous aurez mon ordinaire. Ordinaire bourgeois. Il ne fait point d' ordinaire chez lui. L' ordinaire de cette auberge n' est pas mauvais. Il n' a que deux plats à son ordinaire. Se contenter de l' ordinaire. Renforcer l' ordinaire. Retrancher de son ordinaire. Diminuer son ordinaire. Son ordinaire est la pièce de boeuf.

Il se dit aussi de La portion d' aliments que, dans les auberges, chez les traiteurs, on donne à une personne pour un repas. Prendre un ordinaire chez le traiteur. Faire venir un ordinaire de chez le traiteur.

Il se dit également de La mesure de vin qu' on donne par chaque repas aux domestiques: Il a eu son ordinaire; et de La mesure d' avoine qu' on donne le soir et le matin aux chevaux: Mon cheval a-t-il eu son ordinaire?

Vin d' ordinaire, Le vin de qualité ordinaire qu' on boit dans le cours du repas chez les gens riches, à la différence des vins plus fins, qu' on boit à l' entremets et au dessert. Un bon vin d' ordinaire.

ORDINAIRE

ORDINAIRE signifie aussi, Ce qu' on a coutume de faire, ce qui a coutume d' être. Ne vous en étonnez pas, c' est son ordinaire. Il fait telle chose à son ordinaire. L' ordinaire de la multitude est de juger sur les apparences. C' est l' ordinaire des princes d' en user ainsi. C' est un homme au-dessus de l' ordinaire.

L' ordinaire des guerres, se disait autrefois d' Un certain fonds établi pour payer la maison du roi, les commissaires des guerres, et les compagnies de gendarmerie. Cela est assigné sur l' ordinaire des guerres. Trésorier, caisse de l' ordinaire.

En Jurispr., Régler, un procès, une affaire à l' ordinaire, Ordonner qu' un procès intenté au criminel ne pourra être poursuivi qu' au civil. On dit dans le même sens, Recevoir les parties à l' ordinaire.

Ordinaire de la messe, Les prières qui se disent tous les jours à la messe.

ORDINAIRE

ORDINAIRE en Matière ecclésiastique, signifie, L' évêque diocésain, ou L' autorité diocésaine, le siége épiscopal vacant. Il s' est pourvu par-devant l' ordinaire. Il a pris son visa de l' ordinaire. Il a été pourvu par l' ordinaire. Un chapitre, un monastère soumis à l' ordinaire, exempt de l' ordinaire.

ORDINAIRE

ORDINAIRE se dit en outre Du courrier de la poste, qui part et qui arrive à certains jours précis. L' ordinaire de Lyon. Je vous écrirai par le premier ordinaire. Il vieillit en ce sens; on dit plus souvent, Je vous écrirai par le premier courrier.

Il se dit également Du jour où ce courrier part ou arrive. Je ne vous écrirai que cela aujourd' hui, le reste à l' ordinaire prochain. Il s' est passé trois ordinaires sans que j' aie eu de vos nouvelles. Je vous écrirai au premier ordinaire.

ORDINAIRES

ORDINAIRES au pluriel, se dit Des purgations menstruelles des femmes.

À L' ORDINAIRE. loc. adv.

À L' ORDINAIRE. loc. adv. Suivant la manière accoutumée. Traitez-moi à l' ordinaire. Accommodez cela à l' ordinaire. Je vous parle franchement, à mon ordinaire.

D' ORDINAIRE, POUR L' ORDINAIRE. loc. adverbiales

D' ORDINAIRE, POUR L' ORDINAIRE. loc. adverbiales Le plus souvent. D' ordinaire il étudie sept heures. On se repent d' ordinaire d' avoir trop parlé. Pour l' ordinaire, les sots sont présomptueux.

ORDINAIREMENT. adv.

ORDINAIREMENT. adv. Le plus souvent. Cela arrive ordinairement.

ORDINAL. adj. m.

ORDINAL. adj. m. Qui regarde l' ordre dans lequel les choses sont rangées. Premier, dixième, centième, sont des nombres ordinaux.

En Grammaire, Adjectif ordinal, adverbe ordinal, Adjectif, adverbe qui sert à indiquer l' ordre dans lequel sont rangées les choses. Premier, second ou deuxième, troisième, etc., sont des adjectifs ordinaux. Premièrement, secondement ou deuxièmement, troisièmement, etc., sont des adverbes ordinaux. On dit aussi, Nom de nombre ordinal.

ORDINAND. s. m.

ORDINAND. s. m. Celui qui se présente à l' évêque pour être promu aux ordres sacrés. Examiner les ordinands. Il ne se trouva pas un ordinand.

ORDINANT. s. m.

ORDINANT. s. m. Évêque qui confère les ordres sacrés.

ORDINATION. s. f.

ORDINATION. s. f. Action de conférer les ordres de l' Église. C' est tel évêque qui a fait l' ordination. Il s' est présenté à l' ordination.

ORDO. s. m.

ORDO. s. m. Mot emprunté du latin. Livret qui s' imprime tous les ans, pour indiquer aux ecclésiastiques la manière dont ils doivent faire et réciter l' office de chaque jour. Acheter un ordo. J' ai perdu mon ordo, prêtez-moi le vôtre.

ORDONNANCE. s. f.

ORDONNANCE. s. f. Disposition, arrangement. L' ordonnance d' une bataille. L' ordonnance d' un poëme, d' un tableau, d' un bâtiment. Ce dessin, ce tableau, ce bâtiment, sont d' une belle ordonnance. L' ordonnance est bien entendue dans ce tableau. L' ordonnance d' un festin, d' un ballet.

ORDONNANCE

ORDONNANCE signifie aussi, Règlement fait par une ou plusieurs personnes qui ont droit et pouvoir de le faire. Ordonnance juste, injuste, utile, inutile. Ordonnance difficile à observer. Faire, rendre, publier, afficher une ordonnance. Ordonnance du roi, de l' évêque, du tribunal, du juge commis à l' instruction d' une affaire. Suivant l' ordonnance de tel juge. Il faut appeler de cette ordonnance.

Il s' est dit particulièrement, dans l' ancien régime, Des lois et constitutions des rois de France. L' ordonnance, les ordonnances de saint Louis. Les ordonnances de François Ier. Les ordonnances de Louis XIV. L' ordonnance d' Orléans. L' ordonnance de Blois. Garder, observer les ordonnances. Contrevenir aux ordonnances. La conférence des ordonnances. Ordonnance civile. Ordonnance criminelle. On disait au pluriel, en termes de Palais, Ordonnances royaux.

Ordonnances du Louvre, Le recueil des ordonnances imprimées à l' imprimerie royale.

ORDONNANCE

ORDONNANCE se dit particulièrement, sous le régime actuel, Des règlements et actes faits par le roi, pour l' exécution des lois ou pour des objets d' administration qui ne doivent pas être la matière d' une loi. Toute ordonnance du roi doit être contre-signée par un ministre, qui en est responsable. Le mode d' exécution de cette loi a été réglé par une ordonnance. Il a été nommé par ordonnance du roi, ou simplement par ordonnance.

ORDONNANCE

ORDONNANCE se prend quelquefois au singulier dans un sens collectif, pour Toutes les ordonnances en général. Cela est contraire à l' ordonnance.

Fam., Être meublé suivant l' ordonnance, N' avoir que les meubles absolument nécessaires que la loi défend de saisir; et, par extension, Être mal meublé.

Compagnies d' ordonnance, se disait autrefois de Certaines compagnies de cavalerie qui ne faisaient partie d' aucun régiment. La compagnie des gendarmes du roi était la première compagnie d' ordonnance. La compagnie des chevau-légers de la garde était une compagnie d' ordonnance.

Habit d' ordonnance, L' habillement uniforme que les officiers et les soldats doivent avoir dans chaque corps militaire, ou dans une certaine compagnie du corps.

ORDONNANCE

ORDONNANCE se dit en outre Des militaires qui sont placés près d' un officier supérieur ou d' un fonctionnaire public, pour porter ses ordres et ses messages. Le général envoya une ordonnance le chercher. La lettre du ministre lui a été apportée par une ordonnance. On dit dans un sens analogue, Officier d' ordonnance.

ORDONNANCE

ORDONNANCE en termes de Finance, Mandement à un trésorier de payer une certaine somme. Ordonnance de trois cents francs, de mille francs. Contrôler, viser, réformer une ordonnance.

En termes de Palais, Une ordonnance de dernière volonté, Un testament. Il est vieux.

ORDONNANCE

ORDONNANCE se dit encore de Ce que prescrit le médecin, soit pour le régime à suivre, soit pour les remèdes à faire. Il a fait cela par ordonnance du médecin, par l' ordonnance de tel médecin. S' écarter de l' ordonnance du médecin.

Il se dit aussi de L' écrit par lequel le médecin ordonne quelque chose. Porter l' ordonnance chez l' apothicaire.

ORDONNANCER. v. a.

ORDONNANCER. v. a. T. de Finance. Écrire au bas d' un état, d' un mémoire, l' ordre d' en payer le montant. Ordonnancer un état de dépense. Ordonnancer un mémoire.

ORDONNANCÉ, ÉE. participe

ORDONNANCÉ, ÉE. participe

ORDONNATEUR. s. m.

ORDONNATEUR. s. m. Celui qui ordonne, qui dispose. Dieu est l' ordonnateur de l' univers, le suprême ordonnateur, le grand ordonnateur des mondes. Quel architecte a été l' ordonnateur de ce bâtiment? C' est lui qui est l' ordonnateur du ballet, de la fête, du festin. On lui donne quelquefois un féminin. Elle a été l' ordonnatrice de la fête.

Il signifie aussi, Celui qui ordonne des payements. Chaque ministre est l' ordonnateur des dépenses de son département.

Il se dit adjectivement pour qualifier Certains administrateurs qui ordonnancent les dépenses de l' armée, de la marine. Commissaire ordonnateur des guerres, de la marine.

ORDONNER. v. a.

ORDONNER. v. a. Ranger, disposer, mettre en ordre. Dieu a ordonné toutes choses. Les matières ont été bien ordonnées, mal ordonnées dans cet ouvrage. L' architecte qui a ordonné ce bâtiment est fort habile. Ordonner une fête, un festin. Cet auteur a bien ordonné son ouvrage.

ORDONNER

ORDONNER signifie aussi, Commander, prescrire. Il est plus aisé d' ordonner que d' exécuter. Le roi me l' a ordonné. On vous ordonne de dire, de faire, etc. La cour a ordonné que ce témoin fût entendu, serait entendu. Mon devoir me l' ordonne. N' avez-vous rien à m' ordonner? Le médecin lui a ordonné une médecine, le bain, la saignée. Il a ordonné par son testament qu' on lui fît les obsèques les plus simples.

Ordonner de quelque chose, En disposer. Vous n' avez qu' à ordonner de toutes choses comme il vous plaira. Jusqu' à ce qu' il en ait été autrement ordonné. La destinée en a ordonné autrement. De quelque manière que vous ordonniez de mon sort, je ne me plaindrai point. Dans cet emploi, Ordonner est neutre.

ORDONNER

ORDONNER en termes de Finance, signifie, Donner à un trésorier l' ordre, le mandement de payer une certaine somme à quelqu' un. Quelle somme vous a-t-on ordonnée pour votre voyage? On m' a ordonné trois mille francs. En ce sens, il a vieilli; voyez ORDONNANCER.

ORDONNER

ORDONNER en Matière ecclésiastique, signifie, Conférer les ordres de l' Église. C' est tel évêque qui l' a ordonné prêtre. Il a été ordonné diacre par tel évêque.

Il s' emploie aussi absolument. Un évêque ne peut ordonner dans le diocèse d' un autre sans sa permission.

ORDONNÉ, ÉE. participe

ORDONNÉ, ÉE. participe Prov., Charité bien ordonnée commence par soi-même, Il est naturel de songer à ses propres besoins, avant de s' occuper de ceux des autres.

Une tête bien ordonnée, Un esprit juste et méthodique, une tête dans laquelle les idées sont nettes et bien classées. On dit dans le sens contraire, Une tête mal ordonnée.

Une maison bien ordonnée, Une maison tenue avec beaucoup d' ordre.

ORDONNÉE

ORDONNÉE se dit substantivement, en Géométrie, d' Une ligne droite tirée d' un point de la circonférence d' une courbe perpendiculairement à son axe.

ORDRE. s. m.

ORDRE. s. m. Arrangement, disposition des choses mises en leur rang, à leur place. Bel ordre. Bon ordre. Merveilleux ordre. Ordre naturel. Ordre nécessaire. L' ordre admirable que Dieu a mis dans cet univers. L' ordre et l' enchaînement des causes. L' ordre des pensées, des mots. Il n' y a point d' ordre dans ce discours, dans cet écrit. Les matières ne sont point en ordre dans cet ouvrage. Ce livre manque d' ordre. Cela n' est pas dans son ordre. Parler en son ordre. Parler, écrire avec ordre. Changer l' ordre. Selon l' ordre des temps. Mettez vos papiers en ordre. Mettez de l' ordre dans vos papiers. Aimer l' ordre. Renverser, troubler, rompre, interrompre, intervertir l' ordre. Établir, maintenir l' ordre. Ranger, disposer, placer les choses dans un meilleur ordre. Tenir en ordre. Remettre en ordre. Traiter les choses par ordre. Procéder par ordre. Cette troupe marchait en ordre, en bon ordre, sans ordre. Aller, monter selon l' ordre du tableau, de la réception, de l' ancienneté, ou selon l' ordre de réception, d' ancienneté. Ordre chronologique. Ordre alphabétique. Ordre des matières.

Ordre de marche, ordre de bataille, La disposition selon laquelle une armée doit être rangée pour marcher ou pour combattre. Faire un ordre de bataille.

Marcher en ordre de bataille, se dit Des troupes, lorsqu' elles marchent dans le même ordre où elles combattraient, et gardent les rangs et les intervalles comme en un jour de combat.

En termes de Tactique, Ordre mince, Disposition suivant laquelle une troupe est rangée sur un front très-étendu, avec très-peu de profondeur. Ordre profond, Disposition suivant laquelle une troupe est rangée sur une grande profondeur.

Ordre oblique, Disposition d' après laquelle une armée ou un corps de troupes engage le combat par une de ses ailes, en refusant l' autre aile à l' ennemi.

En termes de Procédure, Ordre des créanciers, État qu' on dresse de tous les créanciers d' une personne, d' une succession, pour les payer suivant la date de leur hypothèque. Il est le premier créancier en ordre, le second en ordre. Dans cet ordre, tel avoué est le poursuivant. Instance d' ordre. Sentence d' ordre. Il y a un arrêt d' ordre. On a jugé l' ordre. Il est des derniers créanciers, il ne viendra pas utilement en ordre, en ordre utile. Il s' est fait colloquer en ordre, dans l' ordre. Ouvrir l' ordre.

ORDRE

ORDRE en parlant D' un État, d' une province, d' une ville, d' une armée, signifie, Tranquillité, police, discipline, subordination. L' ordre public. Les magistrats chargés d' établir, de maintenir l' ordre, le bon ordre, de veiller au bon ordre. Ce général a rétabli l' ordre dans l' armée. L' ordre a été troublé quelque temps dans cette province, dans cette ville. L' ordre, le bon ordre règne dans tout le royaume. Contenir les peuples dans l' ordre. Faire rentrer les mutins dans l' ordre.

Il se dit aussi en parlant Des finances d' un État, de la fortune, des affaires d' un particulier, et signifie, Régularité, exactitude, économie. Ce ministre a établi, a rétabli l' ordre dans les finances du royaume. Les finances de l' État sont en ordre, en bon ordre, en mauvais ordre, bien en ordre, mal en ordre. Cet homme a mis, a remis de l' ordre dans ses affaires. Il a mis ses affaires en ordre. Il n' y a point d' ordre dans cette maison, tout y est au pillage. Cet homme n' a point d' ordre, manque d' ordre, a beaucoup d' ordre. C' est un homme d' ordre.

Il se dit aussi en parlant D' une maison, d' un appartement, d' un jardin, etc., et signifie, L' arrangement, l' état des choses qu' ils contiennent. Sa maison, son appartement, sa chambre est bien en ordre, n' est pas en ordre, en trop bon ordre. Son jardin est à présent en bon ordre, en mauvais ordre, bien en ordre, mal en ordre.

ORDRE

ORDRE dans un sens général, signifie, Loi, règle établie par la nature, par l' autorité, par les bienséances, par l' usage, etc. Ce que vous faites là est dans l' ordre, n' est pas dans l' ordre. Il n' est pas dans l' ordre que les enfants meurent avant leurs parents. Cela est dans l' ordre de la nature, de la Providence. Selon l' ordre de la nature. Il n' est pas dans l' ordre que l' inférieur prenne le pas sur son supérieur, qu' on soit juge dans sa propre cause, etc. Je ne vous demande rien qui ne soit dans l' ordre. C' est un ordre établi, un ordre invariable.

L' ordre social, Les règles qui constituent la société. Les fondements de l' ordre social. L' ordre social fut ébranlé par cette révolution. Cette question intéresse tout l' ordre social.

Ordre de choses, Système, régime, ensemble des choses. Il se dit particulièrement d' Un système de gouvernement, d' administration. L' ancien ordre de choses. Le nouvel ordre de choses.

Ordre d' idées, Système, ensemble d' idées, classe particulière d' idées relatives à un objet déterminé. Cette réflexion est étrangère à la question, elle appartient à un autre ordre d' idées.

Ordre du jour, se dit, dans les assemblées délibérantes, Du travail dont l' assemblée doit s' occuper dans le jour. On écarta cette proposition, et l' on passa à l' ordre du jour.

Grand ordre du jour, Les affaires qui ont le plus d' importance. Petit ordre du jour, Celles qui ont le moins d' importance et qu' on traite les premières.

Mettre ordre, donner ordre, apporter ordre, Pourvoir. Voilà une mauvaise affaire, mettez-y ordre, donnez-y ordre. Vous serez ruiné, si vous n' y donnez ordre. Quel ordre y pouvez-vous apporter? Mettez ordre, donnez ordre à cette maladie, de crainte qu' elle ne devienne sérieuse. Mettez ordre à ce que je sois payé. J' y mettrai bon ordre. Il est bien malade, il faut qu' il mette ordre à sa conscience, à ses affaires.

ORDRE

ORDRE se dit aussi Des différentes classes subordonnées entre elles qui composent un État, une corporation. Il y avait à Rome l' ordre des patriciens, l' ordre des chevaliers, et l' ordre plébéien. En France, les états étaient composés de trois ordres. L' ordre du clergé. L' ordre de la noblesse. L' ordre du tiers état. Tous les ordres du royaume étant assemblés... Dans le clergé il y a deux ordres; les évêques forment le premier, et les autres ecclésiastiques le second. Député du premier, du second ordre.

Dans l' Église, L' ordre hiérarchique, Les différents degrés de dignité, d' autorité, de juridiction. Il se dit, par extension, en parlant De tous les établissements où l' on reconnaît divers degrés d' autorité et de pouvoir subordonnés les uns aux autres.

I' ordre des avocats, La compagnie des avocats exerçant près d' une juridiction et inscrits sur le tableau.

ORDRE

ORDRE se dit pareillement Des neuf classes, appelées autrement Choeurs, dans lesquelles on suppose que les anges sont distribués. Les neuf ordres des anges. L' ordre des séraphins, des chérubins, etc. C' est un ange du premier ordre.

ORDRE

ORDRE se dit, figurément, Des rangs qu' occupent entre eux les esprits, les talents, les ouvrages. Un esprit du premier ordre. Un talent du premier ordre. Un ouvrage du premier ordre, d' un ordre supérieur. Cette tragédie n' est pas un chef-d' oeuvre, c' est tout au plus une pièce du second ou du troisième ordre. Cela est d' un ordre inférieur.

ORDRE

ORDRE signifie aussi, Une compagnie dont les membres font voeu ou s' obligent par serment de vivre sous de certaines règles, avec quelque marque extérieure qui les distingue. Ordre religieux. L' ordre de Saint-Basile, de Saint-Benoît, des Frères prêcheurs, des Frères mineurs, etc. Le tiers ordre de Saint-François. Le chapitre général de l' ordre s' est tenu en tel endroit. Fondateur de l' ordre. Chef d' ordre. Les règles d' un ordre. Un général d' ordre. Ordre militaire. Ordre de chevalerie. Ordre des Templiers. L' ordre des Hospitaliers ou de Saint-Jean de Jérusalem, appelé, dans les derniers temps, l' ordre de Malte. L' ordre Teutonique. L' ordre de Saint-Jacques. L' ordre du Christ.

ORDRE

ORDRE se dit aussi de Certaines compagnies de chevalerie que des souverains ont instituées, et dans lesquelles on est admis en raison de sa naissance, de ses services, de son mérite, ou de la faveur du prince. L' ordre de Saint-Michel. L' ordre du Saint-Esprit. L' ordre de Saint-Louis. L' ordre royal de la Légion d' honneur. L' ordre de la Toison d' or. L' ordre de la Jarretière. L' ordre de l' Annonciade; etc. Chevalier de tel ordre.

En France, Chevalier des ordres du roi, Chevalier de Saint-Michel et du Saint-Esprit; Chevalier de l' ordre du roi, Chevalier de Saint-Michel; et simplement, Chevalier de l' ordre, Chevalier du Saint Esprit.

ORDRE

ORDRE se dit, par extension, Du collier, du ruban ou autre marque d' un ordre de chevalerie. Le roi a envoyé son ordre à tel prince, a donné l' ordre à un tel. Il porte l' ordre de la Toison, l' ordre de la Jarretière. On ne le reconnut pas, car il n' avait pas son ordre. Être décoré de plusieurs ordres.

ORDRE

ORDRE signifie aussi, Le commandement d' un supérieur. C' est à lui à donner l' ordre. Donner les ordres, des ordres, ses ordres. Un ordre par écrit. Un ordre verbal. Un ordre exprès. De l' ordre du roi. Les ordres du ciel. Être soumis aux ordres de la Providence. De quel ordre faites-vous cela? Cela s' est fait de l' ordre du roi. Il l' a fait sans ordre, il l' a fait par mon ordre. Suivre les ordres qu' on a reçus. Jusqu' à nouvel ordre. L' ordre est changé. J' attends vos ordres. Je suis à vos ordres. On lui a envoyé l' ordre de combattre. Porter les ordres de quelqu' un. Recevoir, exécuter l' ordre de quelqu' un. Expédier des ordres. Vos volontés sont des ordres pour moi.

ORDRE

ORDRE signifie encore, Le mot que l' on donne tous les jours aux gens de guerre pour distinguer les amis d' avec les ennemis. Le roi donne l' ordre. Le gouverneur, le général d' armée donne l' ordre. Aller à l' ordre. Prendre l' ordre. Envoyer l' ordre. Porter l' ordre aux capitaines. Qui est-ce qui vous a donné l' ordre? Les ennemis avaient surpris l' ordre. On dit aussi, Le mot de l' ordre, et plus ordinairement, Le mot d' ordre: voyez MOT.

Il signifie aussi, Le moment de la journée où le général distribue ses ordres à son armée. Cette nouvelle s' est débitée à l' ordre. N' y avait-il rien de nouveau à l' ordre?

Il se dit également Des publications qui se font par ordre du général. Cet avis, ce trait de bravoure a été mis à l' ordre de l' armée. Cette défense a été mise à l' ordre. Ordre du jour.

ORDRE

ORDRE en termes de Banque, de Commerce, d' Affaires, signifie, Endossement ou écrit succinct que le propriétaire d' un billet ou d' une lettre de change, met au dos de cet effet pour en faire le transport à une autre personne qui en devra recevoir le montant. Mettre un ordre, son ordre au dos d' un billet.

Billet à ordre, Billet payable à la personne qui y est dénommée, ou à telle autre personne qu' il lui conviendra de substituer à sa place. Je payerai à un tel ou à son ordre, est la formule d' un billet à ordre.

ORDRE

ORDRE est aussi Le nom du sacrement de l' Église, par lequel celui à qui l' évêque le confère, reçoit le pouvoir de faire les fonctions ecclésiastiques. Les ordres sacrés. L' ordre du sous-diaconat, du diaconat, de la prêtrise. Aller aux ordres. Prendre, recevoir les ordres. S' engager dans les ordres sacrés, dans les ordres. Donner, conférer les ordres. Le temps des ordres. Faire les ordres.

Les quatre moindres ordres, ou Les quatre mineurs, Les ordres de portier, de lecteur, d' exorciste et d' acolyte.

ORDRE

ORDRE en Histoire naturelle, Une des principales divisions admises dans la classification des animaux, des végétaux, etc. Les ordres sont en général des subdivisions de classes. Indiquer, déterminer la classe et l' ordre auxquels appartient un animal, une plante.

ORDRE

ORDRE en termes d' Architecture, se dit de Certaines proportions et de certains ornements qui distinguent la colonne et l' entablement, dans les diverses manières de construire les édifices. Il y a cinq ordres d' architecture, le Toscan ou Rustique, le Dorique, l' Ionique, le Corinthien, et le Composite. L' ordre corinthien a un caractère d' élégance et de richesse.

EN SOUS-ORDRE. loc. adv.

EN SOUS-ORDRE. loc. adv. Subordonnément. Voyez SOUS-ORDRE.

ORDURE. s. f.

ORDURE. s. f. Il se dit Des excréments et des autres impuretés du corps. Ce chien a fait là son ordure. Cette plaie, cet abcès a bien suppuré, a bien jeté de l' ordure.

Il se dit aussi de Tout ce qui rend un appartement, une cour, un escalier, etc., sale et malpropre. Balayez cette chambre, elle est toute pleine d' ordures. Jeter des ordures. Un panier d' ordures. Le panier aux ordures. Jeter quelque chose aux ordures, Parmi les ordures.

Il se dit encore, généralement, de La poussière, du duvet, de la paille, et de toutes les petites choses malpropres qui s' attachent aux babits, aux meubles, etc. Nettoyez votre chapeau, votre manteau, il est tout plein d' ordures. Il lui est entré une ordure dans l' oeil.

ORDURE

ORDURE signifie, figurément, Turpitude dans les actions, corruption honteuse dans les moeurs. Cet homme n' est pas innocent, il y a bien de l' ordure dans son fait. Ne parlez point de cela, il ne faut point remuer cette ordure.

Il se dit aussi, figurément et familièrement, Des paroles, des discours, des écrits obscènes. C' est un homme qui se plaît à dire des ordures, qui aime les ordures. Il y a bien des ordures dans Catulle et dans Martial. Vous dites là une ordure.

ORDURIER, IÈRE. adj.

ORDURIER, IÈRE. adj. Qui se plaît à dire ou à écrire des ordures, des choses sales et déshonnêtes. Cet homme-là est bien ordurier. Un auteur, un écrivain, un poëte ordurier. Il s' emploie quelquefois substantivement. C' est un ordurier.

ORDURIER

ORDURIER se dit aussi Des choses, et signifie, Qui contient des ordures, des choses obscènes. Un conte ordurier. Des chansons ordurières.

ORÉADE. s. f.

ORÉADE. s. f. T. de Mythologie. Nymphe ou divinité des montagnes.

ORÉE. s. f.

ORÉE. s. f. Le bord, la lisière d' un bois. Il était à l' orée du bois. Il est vieux.

OREILLARD, ARDE. adj.

OREILLARD, ARDE. adj. Il se dit D' un cheval, d' une jument dont les oreilles sont longues, basses, pendantes ou mal plantées, et qui les remue ordinairement en marchant. Un cheval oreillard. Une jument oreillarde. On dit aussi, Orillard.

OREILLE. s. f.

OREILLE. s. f. Organe de l' ouïe, placé de chaque côté de la tête. Oreille droite. Oreille gauche. Les deux oreilles. Le tympan, le trou de l' oreille. Se boucher les oreilles. Se mettre du coton dans les oreilles. Avoir mal aux oreilles. Les maux d' oreille sont douloureux. Avoir un bruit, un bourdonnement, un tintement d' oreille. Les oreilles me cornent. Parlez-lui du côté de sa bonne oreille. Curer ses oreilles. On appelle, en termes d' Anatomie, Oreille externe, La partie de l' oreille qui est en dehors de la tête; et, Oreille interne, Celle qui est au dedans.

Il se dit aussi, soit au singulier, soit au pluriel, de L' ouïe, du sens qui a la perception des sons. Avoir l' oreille bonne, l' oreille fine. Avoir bonne oreille. Avoir l' oreille dure. Être dur d' oreille. Avoir une dureté d' oreille. Cet homme a l' oreille très-exercée. Avoir l' oreille fausse. On lui faisait entendre un bon violon pour former son oreille, pour lui former l' oreille. Cette musique flatte, charme l' oreille. Ce mauvais instrument blesse, offense, choque, écorche, déchire l' oreille, les oreilles. Ce musicien a l' oreille juste, l' oreille délicate. Ce danseur n' a pas l' oreille juste, il ne saurait danser en mesure. Il n' a pus la moindre justesse d' oreille. Il a de l' oreille. Il n' a pas d' oreille. Ce poëte manque d' oreille, ses vers sont durs et rocailleux. Avoir l' oreille sensible à la mesure, à l' harmonie des vers. L' harmonie de ses vers, de sa prose, satisfait l' oreille la plus difficile, la plus sévère. Un ancien a dit que le jugement de l' oreille était fort rigoureux. Je n' ai pas l' oreille faite à cette musique. Mes oreilles ne sont pas accoutumées à ce grand bruit. Quel bruit me frappe l' oreille, frappe mon oreille?

OREILLE

OREILLE se dit souvent de L' oreille externe, de cette partie cartilagineuse qui est au dehors et autour du trou de l' oreille. Petite oreille. Grandes oreilles. Oreilles plates. Oreilles rebordées, ourlées. Oreilles rouges. Oreilles pointues. Oreilles de satyre. Le lobe de l' oreille. Tirer les oreilles à quelqu' un. On condamnait autrefois les coupeurs de bourses à avoir les oreilles coupées. Se faire percer les oreilles. Boucles, pendants d' oreilles. Un cheval qui a des oreilles de cochon, qui a les oreilles longues, courtes, droites, pendantes; qui dresse, qui baisse les oreilles; qui chauvit des oreilles; qui est boiteux de l' oreille. Cheval dont on a redresse les oreilles. Le mouvement de l' oreille du cheval. C' est un courtaud qui n' a ni queue ni oreilles. Un chien qui secoue les oreilles. Prendre un lapin par les oreilles. On lui a déchire, on lui a arraché l' oreille. Il s' est allongé l' oreille à force de se la tirer. Manger des oreilles de veau, des oreilles de cochon.

OREILLE

OREILLE dans les trois significations d' Organe de l' ouïe, d' Action de cet organe, et de Cartilage extérieur, s' emploie dans un grand nombre d' expressions propres, figurées et proverbiales.

Fig. et fam., Avoir l' oreille basse, Être humilié, mortifié par quelque perte, par quelque mauvais succès. On dit dans le même sens, Baisser l' oreille.

Fig. et fam., Avoir l' oreille basse, signifie aussi, Être fatigué, abattu par le travail, par quelque excès, par quelque maladie. On dit dans le même sens, En avoir sur l' oreille. Sa dernière maladie l' a beaucoup vieilli, il en a sur l' oreille. On dit, par extension, Avoir sur l' oreille, en parlant Des arbres fruitiers, des blés, des fleurs, etc., qui sont endommagés par la gelée, par les mauvais temps. Ces blés ont eu sur l' oreille.

Fig., Avoir les oreilles délicates, Se fâcher aisément, se choquer des moindres choses.

Fig., Avoir les oreilles chastes, Craindre les paroles qui blessent tant soit peu la pudeur.

Fam., Avoir les oreilles battues, rebattues d' une chose, En avoir souvent entendu parler, en être ennuyé. Je n' ai les oreilles battues d' autre chose. On a les oreilles rebattues de cette question.

Fig., Avoir l' oreille de quelqu' un, Avoir un libre accès auprès de lui, en être écouté favorablement. Il a l' oreille de ce ministre.

Fig. et fam., Avoir la puce à l' oreille, Être inquiet, occupé de quelque chose au point d' en perdre le sommeil, ou de se réveiller plus matin qu' à l' ordinaire. Il a la puce à l' oreille. Cette lettre lui a mis la puce à l' oreille.

Prov. et fig., Cela lui entre par une oreille et lui sort par l' autre, se dit en parlant D' une personne qui oublie facilement les conseils qu' on lui donne, les remontrances qu' on lui fait, ou en général qui ne fait aucune attention à ce qu' on lui dit.

Prov. et fig., Chien hargneux a toujours l' oreille déchirée, Il arrive toujours quelque accident aux gens querelleurs.

Fig. et fam., Corner aux oreilles de quelqu' un, Parler continuellement d' une chose à quelqu' un, dans le dessein de la lui persuader.

Fam., Dire un mot à l' oreille de quelqu' un, Parler à quelqu' un de fort près, et de manière à n' être entendu que de lui seul. On dit dans le même sens, Parler à l' oreille de quelqu' un.

Fig. et fam., Donner sur les oreilles à quelqu' un, Le frapper, le maltraiter. Je lui donnerai sur les oreilles. On dit dans le même sens, Il a eu sur les oreilles.

Fig. et fam., Dormir sur les deux oreilles, sur l' une et l' autre oreille, Être parfaitement tranquille. Vous pouvez dormir sur l' une et l' autre oreille, votre affaire réussira.

Fig. et fam., Échauffer les oreilles à quelqu' un, Le mettre en colère par quelque discours. Ne lui échauffez pas les oreilles. Si vous lui échauffez les oreilles, vous vous en repentirez.

Fam., Étourdir, rompre les oreilles à quelqu' un, Lui tenir des discours qui l' importunent, qui le fatiguent. Il m' a étourdi les oreilles de sa réclamation, de ses plaintes. Il m' a rompu les oreilles de ses projets.

Fig. et fam., Être toujours pendu aux oreilles de quelqu' un, Être assidu à le suivre, à lui parler. Il me fatigue, il est toujours pendu à mes oreilles. On ne saurait approcher d' un tel pour lui parler, il a toujours des gens pendus à ses oreilles.

Fam., Faire la sourde oreille, Faire semblant de ne pas entendre ce qu' on nous dit, et n' y avoir point d' égard.

Fig., Fermer l' oreille à quelque discours, Ne vouloir pas l' écouter.

Fig. et fam., Frotter les oreilles à quelqu' un, Le battre. Je lui frotterai les oreilles. On dit aussi par exagération et par menace, Je lui couperai les oreilles.

Prov. et fig., Les murailles, les murs ont des oreilles, se dit Lorsqu' on parle dans un lieu où l' on peut craindre d' être entendu.

Fig. et fam., Les oreilles ont bien dû vous corner, Nous avons beaucoup parlé de vous, nous avons souvent parlé de vous en votre absence.

Fam., Les oreilles vous cornent, se dit À quelqu' un qui croit entendre ce qu' on ne lui dit pas, ou un bruit qui n' est pas réel.

Fig. et fam., N' avoir point d' oreilles pour quelque chose, Ne vouloir pas le faire, ne vouloir pas y accéder. Ne lui parlez point de restituer, il n' a pas d' oreilles pour cela.

Fig., Ouvrir l' oreille, Écouter très-attentivement. J' ouvre l' oreille, et je n' entends rien.

Fig., Ouvrir les oreilles, Écouter favorablement une proposition par quelque motif d' intérêt. Quand je lui ai fait espérer telle chose, il a ouvert les oreilles, cela lui a fait ouvrir les oreilles, il a commencé à ouvrir les oreilles.

Prêter l' oreille, Être attentif, ou, figurément, Écouter favorablement. Prêtez-moi l' oreille. Prêtez l' oreille à ce que je vous dis. Prêter une oreille attentive à quelqu' un, à quelque discours. Il ne faut pas prêter l' oreille aux calomniateurs, à la calomnie.

Fig. et fam., Secouer les oreilles, Ne tenir compte de quelque chose, s' en moquer. Quand on veut lui représenter son devoir, il secoue les oreilles. Il se dit aussi D' une personne à qui il est arrivé quelque accident, quelque maladie, quelque affront, et qui témoigne ne s' en pas soucier. Il n' a fait que secouer les oreilles.

Fig. et fam., Se faire tirer l' oreille, Avoir de la peine à consentir à quelque chose. Il s' est fait tirer l' oreille pour s' accommoder avec moi.

Fig. et fam., Se gratter l' oreille, Avoir quelque souci; Avoir de la peine à se souvenir de quelque chose.

Fam., Souffler quelque chose aux oreilles de quelqu' un, Lui dire quelque chose secrètement.

Prov. et fig., Tenir le loup par les oreilles, Être dans une situation difficile et pressante, et ne savoir comment en sortir.

Venir aux oreilles, se dit Des choses dont on entend parler. Si cela vient aux oreilles de votre père, vous recevrez une forte réprimande.

Prov. et fig., Ventre affamé n' a point d' oreilles, Un homme pressé par la faim, n' entend point les représentations qu' on lui fait.

Fig. et fam., Y laisser ses oreilles, Être maltraité, ne pas revenir sain et sauf de quelque occasion périlleuse. Il y a laissé ses oreilles. Il y laissera ses oreilles. On dit dans le sens opposé, Il sera bien heureux, s' il en rapporte ses oreilles.

OREILLE

OREILLE se dit, figurément, de Plusieurs choses qui ont quelque ressemblance avec la figure de l' oreille, ou qui sont doubles comme les oreilles. Les oreilles d' un soulier. Les oreilles d' une écuelle. Une écuelle à oreilles. L' oreille d' une charrue. Les oreilles d' une ancre.

Il signifie particulièrement, Un pli qu' on fait à un feuillet de livre, au coin d' en haut ou d' en bas, pour marquer l' endroit où l' on a interrompu sa lecture, ou quelque passage qu' on veut pouvoir retrouver facilement. Marquez ce passage, faites-y une oreille. Ce livre est tout plein d' oreilles.

Il se dit également de La partie de toile d' emballage qu' on laisse aux quatre coins d' un ballot pour pouvoir le saisir, le remuer, le transporter plus facilement.

Il se dit encore de Chacune des deux dents d' un peigne qui sont placées aux extrémités, et qui, étant plus fortes que les autres, servent à les maintenir et à les préserver.

OREILLE

OREILLE en termes de Botanique, se dit Des appendices qui se trouvent à la base de certaines feuilles, et de quelques pétales. On les appelle aussi quelquefois Oreillons ou Oreillettes.

Oreille-d' ours, ou Cortuse, Petite plante printanière, à fleur monopétale, qui sert à l' ornement des jardins. Oreille-de-souris, ou Myosotis, Petite plante à fleurs bleues et quelquefois blanches, dont une espèce, à feuilles velues, croît au bord des eaux et dans les lieux humides.

JUSQU' AUX OREILLES. loc. adv.

JUSQU' AUX OREILLES. loc. adv. Des pieds à la tête. Être crotté jusqu' aux oreilles. Il s' est mis de la boue jusqu' aux oreilles.

Il s' emploie figurément, et signifie, Bien avant. Il est dans les procès jusqu' aux oreilles. Il s' y est mis, il s' y est plongé jusqu' aux oreilles. Si je le voyais dans la peine, je m' y mettrais jusqu' aux oreilles pour l' en tirer. Il est familier dans les deux acceptions.

PAR-DESSUS LES OREILLES. loc. adv.

PAR-DESSUS LES OREILLES. loc. adv. Il n' est d' usage qu' au figuré, et signifie, Plus qu' on ne peut endurer, supporter. J' ai de cet homme-là par-dessus les oreilles. Il est endetté par-dessus les oreilles. Il est familier.

OREILLER. s. m.

OREILLER. s. m. Coussin carré qui sert à soutenir la tête, quand on est couché. Petit oreiller. Gros oreiller. Oreiller de crin, de plume, de duvet. Taie d' oreiller.

Prov. et fig., Une conscience pure est un bon oreiller, Quand on n' a rien à se reprocher, on dort en repos.

OREILLETTE. s. f.

OREILLETTE. s. f. T. d' Anat. Il se dit Des deux cavités du coeur, qui reçoivent le sang des veines, et dont chacune est au-dessus de l' un des deux ventricules. Les oreillettes du coeur. L' oreillette droite. L' oreillette gauche.

OREILLONS. s. m. pl.

OREILLONS. s. m. pl. On appelle ainsi vulgairement Les tumeurs des parotides, qui sont des glandes voisines de l' oreille. On dit aussi, Orillons.

ORÉMUS. s. m.

ORÉMUS. s. m. (On fait sentir l' S finale.) Terme emprunté du latin. Prière, oraison. Dire des orémus. Il est familier.

ORÉOGRAPHIE. s. f.

ORÉOGRAPHIE. s. f. Description par écrit des montagnes, de quelque montagne. Il a publié l' oréographie des Pyrénées.

ORFÉVRE. s. m.

ORFÉVRE. s. m. Ouvrier et marchand qui fait et qui vend toute sorte d' ouvrages d' or et d' argent. Il a porté sa vieille vaisselle chez l' orfévre, pour en avoir de la neuve. Le quai des Orfévres.

Orfévre-bijoutier, Celui qui fabrique et vend des bijoux d' or. Orfévre-joaillier, Celui qui met en oeuvre et vend des diamants, des pierres précieuses, des perles.

ORFÉVRERIE. s. f.

ORFÉVRERIE. s. f. L' art des orfévres. Il sait fort bien l' orfévrerie. Ouvrage, chef-d' oeuvre d' orfévrerie. L' orfévrerie est aujourd' hui bien perfectionnée.

Il se dit aussi Des ouvrages faits par l' orfévre. Il y a dans cette boutique pour trente mille francs d' orfévrerie.

ORFÉVRI, IE. adj.

ORFÉVRI, IE. adj. Il se dit De l' or et de l' argent travaillé par l' orfévre. L' argent monnayé et l' argent orfévri.

ORFRAIE. s. f.

ORFRAIE. s. f. Oiseau de proie, qu' on nomme autrement Aigle de mer. Le cri de l' orfraie est fort désagréable.

ORFROI. s. m.

ORFROI. s. m. Nom qu' on donnait autrefois aux étoffes tissues d' or, et qui s' est conservé dans l' Église, pour signifier, Les parements d' une chape, d' une chasuble.

ORGANDI. s. m.

ORGANDI. s. m. Sorte de mousseline ou de toile de coton fort claire.

ORGANE. s. m.

ORGANE. s. m. Partie du corps organisé, laquelle remplit quelque fonction nécessaire ou utile à la vie. L' organe de la vue, de l' ouïe, de l' odorat, du goût, de la voix. Les organes des sens. Les muscles sont les organes du mouvement. La conformation, le jeu des organes. Il a une grande délicatesse d' organes. Il a fait une chute qui a ébranlé tous ses organes. Avoir les organes bien disposés, mal disposés. Les feuilles et les fleurs sont des organes essentiels des végétaux.

Il se dit particulièrement de La voix. Avoir un bon organe, un bel organe, un mauvais organe. Cet acteur manque d' organe.

ORGANE

ORGANE se dit figurément de La personne dont on se sert pour déclarer ses volontés, par l' entremise et par le moyen de laquelle on fait quelque chose. Il est l' organe du prince. Souvent les opprimés manquent d' organes pour faire entendre leurs plaintes. Ce magistrat est un digne organe des lois, de la justice. C' est lui qui m' a servi d' organe auprès du ministre. On dit dans le même sens: Sa bouche est l' organe de la vérité, de la sagesse. Cet homme ne fait rien que par l' organe d' un tel. Il s' en est expliqué par l' organe d' un tel. Etc.

ORGANEAU. s. m.

ORGANEAU. s. m. T. de Marine. Anneau de fer où l' on attache un câble. L' organeau d' une ancre. On a dit aussi, Arganeau.

ORGANIQUE. adj. des deux genres

ORGANIQUE. adj. des deux genres T. de Physiq. Il n' est guère usité que dans ces locutions, Corps organique, Le corps de l' animal, en tant qu' il agit par le moyen des organes; Partie organique, Partie qui sert d' organe, d' instrument pour quelque action; Molécules organiques, Particules qui, selon certains philosophes, sont les premiers éléments des corps organisés.

En Médecine, Lésion, maladie organique, Maladie qui attaque un des organes nécessaires à la vie.

En Législation, Loi organique, Celle qui a pour objet de régler le mode et l' action d' une institution, d' un établissement dont le principe a été consacré par une loi précédente.

ORGANIQUE. s. f.

ORGANIQUE. s. f. T. d' Antiq. Les anciens donnaient ce nom à La partie de la musique qui s' exécute avec les instruments.

ORGANISATION. s. f.

ORGANISATION. s. f. La manière dont un corps est organisé. L' organisation du corps humain. L' organisation des végétaux.

Il se dit, figurément, en parlant Des États, des établissements publics ou particuliers. L' organisation du corps politique. L' organisation d' un ministère. L' organisation de l' armée, des tribunaux, de la garde nationale, etc.

ORGANISER. v. a.

ORGANISER. v. a. Donner aux parties d' un corps la disposition nécessaire pour les fonctions auxquelles il est destiné. La nature est admirable dans la formation des corps qu' elle organise.

Il s' emploie aussi figurément, et signifie, Donner à un établissement quelconque une forme fixe et déterminée, en régler le mouvement intérieur. Organiser une armée, un tribunal, un ministère, une administration, etc.

Il s' emploie dans les deux sens avec le pronom personnel. Un corps, un établissement, une armée, une manufacture qui commence à s' organiser.

ORGANISER

ORGANISER signifie en outre, Joindre, unir un petit orgue à un forte-piano ou à quelque autre instrument semblable, de sorte qu' en abaissant les touches de cet instrument, on fasse jouer l' orgue en même temps. Organiser un forte-piano, un clavecin, une épinette.

ORGANISÉ, ÉE. participe

ORGANISÉ, ÉE. participe Un corps bien organisé. Nous sommes diversement organisés. Cet homme est bien organisé. Les êtres organisés. Les minéraux ne sont pas des êtres organisés. Une administration bien organisée. Un clavecin organisé. Une vielle organisée.

Fig., Une tête bien organisée, Une personne dont l' esprit a de la justesse et de la netteté, de la force et de l' étendue.

ORGANISME. s. m.

ORGANISME. s. m. T. de Physiologie. L' ensemble des fonctions qu' exécutent les organes. L' organisme du corps humain est un assemblage de merveilles.

ORGANISTE. s.

ORGANISTE. s. Celui, celle dont la profession est de jouer de l' orgue. Bon, savant organiste. L' organiste de telle église. Il y avait une bonne organiste dans ce couvent.

ORGANSIN. s. m.

ORGANSIN. s. m. T. de Manufact. Fil de soie très-fin composé de plusieurs brins de soie grége, déjà apprêtés isolément par une première opération qui les tord à droite, et qu' on retord une seconde fois ensemble à gauche sur le moulin à organsiner. Organsin de Piémont. Organsin de pays. Organsin bien monté.

ORGANSINAGE. s. m.

ORGANSINAGE. s. m. Action d' organsiner. L' organsinage piémontais est d' une grande perfection.

ORGANSINER. v. a.

ORGANSINER. v. a. Tordre ensemble plusieurs brins de soie pour en faire de l' organsin. Les Piémontais ont les premiers excellé dans l' art d' organsiner les soies, dans l' art d' organsiner. Moulin à organsiner.

ORGANSINÉ, ÉE. participe

ORGANSINÉ, ÉE. participe

ORGASME. s. m.

ORGASME. s. m. T. de Médec. État de gonflement et d' excitation des organes, et particulièrement de ceux de la génération. Faire cesser l' orgasme.

ORGE. s. f.

ORGE. s. f. Sorte de grain, du nombre de ceux qu' on appelle Menus grains, et qui se sèment ordinairement en mars. On le dit aussi de La plante qui porte ce grain. De belle orge. De l' orge bien levée. Voilà de belles orges. Des épis d' orge. Un setier d' orge. Du pain, de la farine d' orge. Eau d' orge. Grain d' orge. Semer les orges. Faire les orges. Orge d' automne. Orge de mars.

Fig. et fam., Être grossier comme du pain d' orge, Être fort grossier.

Prov., fig. et pop., Faire ses orges, faire bien ses orges, Faire son profit, faire bien ses affaires. Il ne se prend guère qu' en mauvaise part.

Sucre d' orge, Espèce de pâte jaunâtre, transparente et solide, faite avec du sucre fondu dans une légère décoction d' orge. Un bâton de sucre d' orge.

Grain d' orge, ou Toile, linge grain d' orge, de grain d' orge, à grain d' orge, Toile semée de points ressemblants à des grains d' orge. Service de linge de grain d' orge, à grain d' orge. On dit aussi, Futaine, broderie à grain d' orge.

ORGE

ORGE est aussi masculin mais seulement dans ces deux expressions: Orge mondé, Grains d' orge qu' on a bien nettoyés et bien préparés; et, Orge perlé, Orge réduite en petits grains dépouillés de leur son. Une tisane d' orge perlé, d' orge mondé. Elle a pris son orge mondé, son orge perlé, c' est-à-dire, Sa tisane d' orge, etc.

ORGEAT. s. m.

ORGEAT. s. m. Sorte de boisson rafraîchissante, faite avec de l' eau, du sucre, des amandes, et de la graine pilée des quatre semences froides. Un verre, une carafe d' orgeat.

Fam., Il est froid comme une carafe d' orgeat, C' est un homme extrêmement froid, que rien ne touche, n' émeut. Il se dit aussi D' un écrivain, d' un comédien qui manque absolument de chaleur.

ORGELET. s. m.

ORGELET. s. m. Maladie des paupières, qui consiste en une petite tumeur du volume et de la forme d' un grain d' orge.

ORGIES. s. f. pl.

ORGIES. s. f. pl. T. d' Antiq. Fêtes consacrées à Bacchus. Célébrer les orgies.

Il signifie aujourd' hui, Débauche de table; et en ce sens il a un singulier. Ce sont des orgies continuelles. Ils ont fait une orgie.

ORGUE. s. m.

ORGUE. s. m. ORGUES, au pluriel. s. f Instrument de musique à vent et à touches, composé de tuyaux de différentes grandeurs, d' un ou de plusieurs claviers, et de soufflets qui fournissent du vent. Un bon orgue. L' orgue de telle église est excellent. Il y a de bonnes orgues en tel endroit. Il y a tant de jeux à cet orgue. Un cabinet d' orgues. Un buffet d' orgues. Un jeu d' orgues. Clavier d' orgues. Tuyaux d' orgues. Montre d' orgue. Facteur d' orgues. Souffleur d' orgue. Jouer de l' orgue. Toucher de l' orgue. Souffler l' orgue. Il a mis cette pièce, cette allemande, ce menuet sur l' orgue. Des orgues portatives. Orgues hydrauliques.

Il se dit aussi Du lieu élevé où les orgues sont placées dans une église. Il était dans l' orgue, aux orgues, pour chanter un motet.

Ils sont comme des tuyaux d' orgue, se dit, par une espèce de proverbe, De plusieurs enfants qui sont tous d' une taille inégale.

Orgue de Barbarie, Instrument fabriqué à l' instar de l' orgue, mais dont les claviers et le soufflet sont mis en jeu par un cylindre qu' on fait mouvoir avec une manivelle. Il y a des hommes dont le métier est de parcourir les rues en jouant de l' orgue de Barbarie.

En Musique, Point d' orgue, Trait que la partie chantante exécute ad libitum, et pendant lequel l' accompagnement est suspendu.

ORGUE

ORGUE se dit aussi d' Une espèce de herse avec laquelle on ferme les portes d' une ville attaquée, et qui diffère de la herse ordinaire, en ce qu' elle est composée de plusieurs grosses pièces de bois détachées l' une de l' autre, qui tombent d' en haut séparément.

Il se dit également d' Une espèce d' arme qu' on employait autrefois à la défense des brèches d' une place assiégée, et qui consistait en un assemblage de plusieurs gros canons de mousquets joints ensemble, dont les lumières se communiquaient.

En Hist. nat., Orgue de mer, Espèce de madrépore qui offre un assemblage de petits tuyaux rangés par étages les uns contre les autres.

ORGUEIL. s. m.

ORGUEIL. s. m. (La finale se prononce comme celle de Deuil.) Présomption, opinion trop avantageuse de soi-même. Étrange orgueil. Orgueil insupportable. Être enflé, bouffi, plein d' orgueil. Je rabaisserai, je rabattrai bien son orgueil. Il crève d' orgueil. Il a un grand fonds d' orgueil. Il a l' orgueil de se comparer à son maître. On a flatté, on a nourri son orgueil. Déguiser, dissimuler, cacher son orgueil. Avoir des mouvements d' orgueil. Agir, parler avec orgueil. Il est sans orgueil. L' orgueil perçait à travers son apparente modestie. On l' emploie quelquefois d' une manière elliptique, comme dans ces phrases, L' orgueil de sa naissance, de ses richesses, de ses belles actions, L' orgueil que lui inspire sa naissance, etc.

ORGUEIL

ORGUEIL se prend aussi quelquefois en bonne part; et alors il signifie, Un sentiment noble et élevé, qui donne une raisonnable confiance en son propre mérite, qui porte à faire de grandes choses, et qui éloigne de toute sorte de bassesse. J' ai l' orgueil de croire que je ne suis pas indigne de votre amitié, de votre estime, que je ne suis pas incapable d' imiter cette action généreuse. Un noble orgueil convient au mérite indigent que l' on veut rabaisser. Un légitime orgueil.

ORGUEILLEUSEMENT. adv.

ORGUEILLEUSEMENT. adv. D' une manière orgueilleuse. Agir, parler orgueilleusement. Il lui répondit orgueilleusement.

ORGUEILLEUX, EUSE. adj.

ORGUEILLEUX, EUSE. adj. Qui a de l' orgueil. Il est insolent et orgueilleux. Un esprit orgueilleux. Il est orgueilleux de ses bons succès. Une beauté orgueilleuse. Ce prince brava l' orgueilleuse puissance des Romains. Josué fit tomber les murs de l' orgueilleuse Jéricho.

Il se dit aussi Des choses que l' orgueil inspire, ou dans lesquelles l' orgueil se montre. Il lui fit une réponse orgueilleuse. Il lui répondit d' une manière orgueilleuse, d' un ton orgueilleux. Il abaissa sur lui un regard orgueilleux. Il a formé des desseins bien orgueilleux. C' est une entreprise orgueilleuse et téméraire.

Il s' emploie quelquefois substantivement en parlant Des personnes. C' est un orgueilleux. Dieu se plaît à abaisser les orgueilleux.

Il se dit, figurément et poétiquement, De certaines choses inanimées, comme les flots de la mer, les montagnes. L' orgueilleux Apennin. Les cimes orgueilleuses des montagnes. Les flots orgueilleux.

ORIENT. s. m.

ORIENT. s. m. La partie, le point du ciel où le soleil se lève sur l' horizon. L' orient d' été. L' orient d' hiver.

Ce pays est à l' orient de tel autre, Il est situé, à son égard, du côté de l' orient.

ORIENT

ORIENT signifie plus précisément, Celui des quatre points cardinaux où le soleil se lève à l' équinoxe. L' orient, le midi, l' occident, le septentrion. De l' orient à l' occident. Entre l' orient et le midi.

Il se dit aussi Des États et des provinces de l' Asie orientale, comme l' Inde, les royaumes de Siam, de la Chine, etc.; à la différence Des États et des provinces de l' Asie occidentale, comme la Natolie, la Syrie, etc. Les régions de l' Orient. Les peuples, les princes d' Orient. Voyageur en Orient. Cela vient d' Orient, de l' Orient. L' Orient est le berceau des fables. Des perles d' Orient.

Commerce d' Orient, Le commerce qui se fait dans l' Asie orientale par l' Océan; à la différence du Commerce du Levant, Celui qui se fait dans l' Asie occidentale par la Méditerranée.

L' empire d' Orient, L' empire romain, lorsqu' il eut été transféré à Byzance.

L' orient d' une carte de géographie, Le côté qui est à notre droite, lorsque la carte est étendue sous nos yeux dans son sens naturel.

L' orient d' une perle, Son eau, sa couleur. Cette perle est d' un bel orient.

ORIENTAL, ALE. adj.

ORIENTAL, ALE. adj. Qui est du côté de l' orient, qui appartient à l' Orient. Pays oriental. Régions orientales. Peuples orientaux.

Indes orientales, La partie de l' Asie qui est entre la Perse et la Chine, et qu' on nomme ainsi pour la distinguer de l' Amérique, à laquelle on donne souvent le nom d' Indes occidentales.

Langues orientales, Les langues ou mortes ou vivantes de l' Asie; telles que l' hébreu, le syriaque, le chaldéen, l' arabe, le persan, etc.

Style oriental, Le style métaphorique et hyperbolique dont les peuples de l' Asie font usage.

Luxe oriental, pompe orientale, Luxe, pompe digne de l' Orient.

ORIENTAL

ORIENTAL signifie aussi, Qui croît en Orient, qui vient d' Orient. Les plantes orientales. Des perles orientales. Une topaze orientale.

ORIENTAUX

ORIENTAUX au pluriel, s' emploie substantivement pour désigner Les peuples de l' Asie les plus voisins de nous, et plus communément Les Turcs, les Persans, les Arabes. Les coutumes des Orientaux. Le style des Orientaux.

ORIENTALISTE. s. m.

ORIENTALISTE. s. m. Celui qui est versé dans la connaissance des langues orientales. C' est un de nos plus savants orientalistes.

ORIENTER. v. a.

ORIENTER. v. a. Disposer une chose selon la situation qu' elle doit avoir par rapport à l' orient et aux trois autres points cardinaux. Orienter avec la boussole. Orienter une serre, une salle de bains, etc. Orienter un cadran, un globe, une carte.

En Architecture, etc., Orienter un plan, un dessin, etc., Y placer la rose des vents, pour indiquer comment sont ou devront être orientés, dans la nature, les objets que le plan, le dessin représente.

En termes de Marine, Orienter les voiles, Les disposer de manière qu' elles reçoivent le plus avantageusement possible l' impulsion du vent.

ORIENTER

ORIENTER s' emploie aussi avec le pronom personnel, et signifie, Reconnaître l' orient et les trois autres points cardinaux du lieu où l' on est. Orientez-vous. Laissez-moi m' orienter.

Il s' emploie quelquefois figurément, et signifie, Reconnaître de quoi il s' agit dans une affaire, en considérer les différentes faces, et examiner comment on doit s' y prendre pour réussir. Ne me pressez pas tant de conclure, laissez-moi m' orienter, donnez-moi le temps de m' orienter. Je commence à m' orienter, je vous ferai bientôt part de mes résolutions.

ORIENTÉ, ÉE. participe

ORIENTÉ, ÉE. participe Un plan bien orienté. Une carte mal orientée.

Maison bien orientée, mal orientée, Maison qui est dans une bonne ou dans une mauvaise exposition, à l' égard de l' orient et des autres points cardinaux.

ORIFICE. s. m.

ORIFICE. s. m. Ouverture qui sert comme d' entrée et de sortie à certaines cavités du corps de l' animal. L' orifice inférieur de l' estomac. L' orifice de la matrice, de la vessie.

Il se dit aussi, en Chimie, en Hydraulique, etc., de L' entrée, de l' ouverture plus ou moins étroite de certains objets. L' orifice d' un matras, d' une retorte. L' orifice est bouché par une soupape.

ORIFLAMME. s. f.

ORIFLAMME. s. f. Étendard que les anciens rois de France faisaient porter devant eux quand ils allaient à la guerre. Le roi alla prendre l' oriflamme à Saint-Denis. Un tel portait l' oriflamme à telle bataille. Déployer l' oriflamme.

ORIGAN. s. m.

ORIGAN. s. m. T. de Botan. Genre de plantes de la famille des Labiées. La marjolaine est une espèce d' origan.

ORIGINAIRE. adj. des deux genres

ORIGINAIRE. adj. des deux genres Il se dit Des personnes, des familles et des peuples, lorsqu' on désigne les lieux d' où ils tirent leur origine. Les Francs qui conquirent les Gaules étaient originaires de Germanie. Il est né à Paris, mais sa famille est originaire de Languedoc. Il est originaire d' Italie.

Il se dit aussi. Des animaux et des plantes, en parlant des espèces. Les castors sont originaires du Canada. Le tabac est une plante originaire d' Amérique.

ORIGINAIREMENT. adv.

ORIGINAIREMENT. adv. Primitivement, dans le commencement, dans l' origine. Cet homme, cette famille est originairement d' Allemagne. Il avait originairement beaucoup de bien. Ce mot vient originairement du grec.

ORIGINAL, ALE. adj.

ORIGINAL, ALE. adj. Qui n' a pas été fait d' après un modèle de même nature, et qui sert de modèle pour des copies ou des imitations. Le tableau original. La statue originale. Le titre, l' acte original n' existe plus. La pièce originale est égarée, est perdue, est détruite. Le texte, le manuscrit original est déposé en tel endroit. J' ai lu la lettre originale.

Il se dit, par extension, D' une copie qui, à défaut de l' exemplaire primitif, perdu ou détruit, sert elle-même d' exemplaire, comme étant la copie la plus authentique. Au défaut du manuscrit, on a consulté l' édition originale. Il n' existe plus de ce tableau qu' une copie originale, d' après laquelle on en a fait beaucoup d' autres.

Le texte original de la Bible, Le texte hébreu qui représente le manuscrit de Moïse.

ORIGINAL

ORIGINAL signifie aussi par extension, Qui paraît inventé, imaginé sans aucun souvenir qui précède. Cette pensée, cette expression est originale. Cela n' est point imité, point emprunté, cela est original. Cela porte un caractère original. Le tour en est original. Le jeu de cet acteur est original.

Il se dit également Des auteurs et des artistes qui écrivent, qui travaillent d' une manière neuve, non empruntée, non imitée. C' est un écrivain, un peintre, un compositeur original. C' est un génie, un esprit original.

Avoir un caractère original, Avoir une manière de penser et d' agir qui est singulière, particulière, qui ne ressemble point à celle des autres.

ORIGINAL

ORIGINAL est aussi substantif et se dit de La minute, du manuscrit primitif des contrats, traités, actes, chartes, et autres écritures. Voilà l' original du contrat, du traité. Cet original est suspect. L' original est très-authentique. L' original est perdu. Je n' ai que la copie, on m' a dérobé mes originaux. Copié sur l' original. Collationné à l' original. Foi sera ajoutée aux copies comme à l' original. Étudier, consulter l' original. Altérer l' original, la pureté de l' original.

Il se dit Des ouvrages d' esprit, par opposition à Version, à Traduction. Ce traducteur a pris de grandes libertés avec son original. Il a rendu incomplétement le sens de l' original. La traduction s' éloigne ici de l' original.

L' original hébreu, Le texte hébreu de la Bible.

Il se dit aussi Des peintures, sculptures, etc., qui sont réellement du peintre, du sculpteur, etc., à qui on les attribue. Ce tableau est un original. Voilà une belle statue, l' original est à Rome. Tirer sur l' original. Tous les tableaux qu' il a chez lui sont des originaux. Il a des originaux des plus excellents peintres. De bons originaux. Il est quelquefois difficile de distinguer la copie de l' original.

Il se dit encore Des personnes dont on a fait le portrait, et des choses d' après lesquelles on copie. Je ne puis juger de la ressemblance de ce portrait, je n' ai pas vu l' original. Ce peintre n' imite aucun maître, la nature est son unique original. L' original d' après lequel il peint est une bonne copie d' un tableau du Guide.

Il se dit figurément D' un auteur qui excelle en quelque genre, sans s' être formé sur aucun modèle. Les anciens sont les vrais originaux qu' il faut étudier. La Fontaine, dans l' apologue, est un original admirable, inimitable.

Fam., C' est un original, un vrai original, un franc original, un grand original, un original sans copie, se dit, par raillerie, D' un homme qui porte la singularité jusqu' à se rendre plus ou moins ridicule.

EN ORIGINAL. loc. adv.

EN ORIGINAL. loc. adv. Ce traité existe en original dans les archives. Les actes doivent rester en original chez le notaire.

Fam., En propre original, En personne. C' est lui-même, en propre original.

D' ORIGINAL. Locution adverbiale

D' ORIGINAL. Locution adverbiale qui ne s' emploie guère que dans cette phrase peu usitée, Savoir une chose d' original, L' avoir apprise de ceux qui en doivent être les mieux informés.

ORIGINALEMENT. adv.

ORIGINALEMENT. adv. D' une manière originale. Il pense, il s' exprime toujours originalement. Il est peu usité.

ORIGINALITÉ. s. f.

ORIGINALITÉ. s. f. Qualité de ce qui est original; caractère de ce qui est neuf, sans modèle de même nature, digne de servir de modèle. L' originalité est une des qualités qui constituent le beau dans les arts. L' originalité n' est pas la bizarrerie. L' originalité d' une pensée, d' une expression. Il a de l' originalité dans l' esprit. Son style a de l' originalité, un caractère d' originalité fort piquant.

Il signifie aussi, Singularité, bizarrerie. L' originalité de son caractère, de ses manières le rend fort ridicule. Il est d' une originalité fâcheuse, fatigante.

ORIGINE. s. f.

ORIGINE. s. f. Principe ou commencement de quelque chose. L' origine du monde. Savez-vous l' origine de cette coutume, de cette cérémonie? Cet usage tire son origine d' une coutume de l' antiquité. On ne connaît pas l' origine de sa fortune. Chercher, découvrir, trouver, révéler l' origine d' une chose. Il faut aller à l' origine, remonter à l' origine. Il faut connaître les choses dans leur origine. L' origine en est obscure. L' origine et les progrès de la civilisation, des sciences, des arts. Ce vice a son origine dans un amour excessif de soi-même. L' intempérance est l' origine de la plupart des maladies. L' origine de ses malheurs est qu' il n' a pas su se défier d' un homme qui le trompait. Une mauvaise plaisanterie a été l' origine de cette longue guerre.

Il se dit aussi de L' extraction d' une personne, d' une race, d' une nation. L' origine des Français. Je connais son origine. Il était de basse origine, de noble origine. Il est Français d' origine. D' où tire-t-il son origine? Il dément son origine. Nous avons tous la même origine, une origine commune. L' origine de ce peuple se perd dans la nuit des temps.

Il signifie encore, Étymologie. L' origine d' un mot. Les origines des mots. Les origines d' une langue. L' origine de ce proverbe est douteuse.

DANS L' ORIGINE. loc. adv.

DANS L' ORIGINE. loc. adv. Originairement, dans le principe. Dans l' origine, son mal n' était rien. Cette grande ville, dans l' origine, n' était qu' un petit amas de huttes.

DÈS L' ORIGINE. loc. adv.

DÈS L' ORIGINE. loc. adv. Dès le commencement, dès le principe. Dès l' origine, j' ai vu qu' il se ruinerait dans son entreprise. Devenu riche, il a pris, dès l' origine, les airs les plus insolents.

ORIGINEL, ELLE. adj.

ORIGINEL, ELLE. adj. Qui vient de l' origine, qui remonte jusqu' à l' origine. Il y a dans cet ouvrage un vice originel. Elle a conservé son innocence, sa pureté, sa candeur originelle.

En Théol., Justice originelle, grâce originelle, L' état d' innocence où Adam a été créé. Péché originel, Le péché que tous les hommes ont contracté en la personne d' Adam.

Fig. et fam., Cet homme a le péché originel, Sa famille, sa nation, ses liaisons sont une espèce d' empêchement à ce qu' il parvienne à telle charge, à telle dignité.

ORIGINELLEMENT. adv.

ORIGINELLEMENT. adv. Dès l' origine, dans l' origine. Il ne se dit que dans le langage théologique. Selon les théologiens, l' homme est originellement pécheur.

ORIGNAL. s. m.

ORIGNAL. s. m. Nom que l' on donne à l' élan, dans le Canada.

ORILLARD, ARDE. adj.

ORILLARD, ARDE. adj. Voyez OREILLARD.

ORILLON. s. m.

ORILLON. s. m. (On mouille les L.) Petite oreille. Il n' est d' usage qu' au figuré. Ainsi on dit: Les orillons d' une charrue, Les pièces de bois qui accompagnent le soc de la charrue pour verser hors du sillon la terre enlevée par le soc; Écuelle à orillons, Écuelle à oreilles; et, en termes de Fortification, Bastion à orillons, Bastion aux côtés duquel il y a des avances, des épaulements de figure ronde ou carrée, pour couvrir le canon qui est dans le flanc retiré.

ORILLONS. s. m. pl.

ORILLONS. s. m. pl. Voyez OREILLONS.

ORIN. s. m.

ORIN. s. m. T. de Marine. Câble qui tient par un bout à l' ancre, et par l' autre à la bouée. L' orin sert à lever les ancres avec plus de facilité.

ORION. s. m.

ORION. s. m. T. d' Astron. Nom d' une constellation de l' hémisphère méridional. Le lever d' Orion.

ORIPEAU. s. m.

ORIPEAU. s. m. Lame de cuivre très-mince, polie et brillante, qui de loin a l' éclat de l' or.

Il se dit plus ordinairement de Toute étoffe, de toute broderie qui est de faux or ou de faux argent. On habille les poupées d' oripeau. Cet acteur était couvert d' oripeau.

Il se dit, par extension et familièrement, d' Une ancienne étoffe ou d' un vieux vêtement dont l' or est passé. Je vois dans votre garde-robe plusieurs vieux habits brodés ou galonnés d' or; que faites-vous de tous ces oripeaux?

Il se dit, figurément et familièrement, Des ouvrages d' esprit où il y a de faux brillants. Tout n' est pas or pur dans ce poëme, il y a bien de l' oripeau.

ORLE. s. m.

ORLE. s. m. T. d' Archit. Rebord ou filet sous l' ove d' un chapiteau.

Il se dit, en termes de Blason, d' Une pièce honorable qui est faite en forme de bordure, mais qui ne touche pas les bords de l' écu. Porter de sable à orle d' or, huit tours en orle.

ORMAIE ou ORMOIE. s. f.

ORMAIE ou ORMOIE. s. f. Lieu planté d' ormes. Sous l' ormaie.

ORME. s. m.

ORME. s. m. Arbre fort connu, qui sert ordinairement à border des routes, des avenues. Grand orme. Bel orme. Orme mâle ou à petite feuille. Orme femelle ou à large feuille. Orme pyramidal. Orme tortillard. Le bois de l' orme est très-propre au charronnage. Planter des ormes, une allée d' ormes. Une salle d' ormes. Danser sous l' orme. On voit encore de vieux ormes que Sully fit planter dans les villages, et qu' on appelle de son nom.

Prov., fig. et ironiq., Attendez-moi sous l' orme, se dit en parlant D' un rendez-vous où l' on n' a pas dessein d' aller, d' une promesse sur laquelle il ne faut pas compter. Vous croyez que j' irai à votre assemblée; attendez-moi sous l' orme. Vous aurez la somme que vous me demandez; attendez-moi sous l' orme.

ORMEAU. s. m.

ORMEAU. s. m. Jeune orme. Danser sous l' ormeau, à l' ombre des ormeaux. Marier la vigne à l' ormeau.

Il se dit quelquefois pour Orme, en général. De vieux ormeaux.

ORMILLE. s. f. coll.

ORMILLE. s. f. coll. (Les L sont mouillées. ) Plant de petits ormes. Bottes d' ormilles.

ORMIN. s. m.

ORMIN. s. m. T. de Botan. Plante du genre des Sauges.

ORNE. s. m.

ORNE. s. m. Arbre qui ressemble beaucoup au frêne ordinaire, et qui donne la manne. On le nomme aussi Frêne à fleurs.

ORNEMANISTE. s. m.

ORNEMANISTE. s. m. T. d' Archit. et de Sculpt. Artiste, ouvrier qui ne fait que des ornements.

ORNEMENT. s. m.

ORNEMENT. s. m. Parure, embellissement, ce qui orne, ce qui sert à orner. Ce meuble n' est que pour servir d' ornement à ma chambre. Les cheveux sont un grand ornement, sont d' un grand ornement. Un habit tout uni et sans ornement. Une chose dépourvue d' ornements, à laquelle il faudrait quelque ornement. Cette femme est assez belle pour se passer d' ornements, pour n' avoir pas besoin d' ornements. Ornement de bon goût. Des ornements superflus. Prodiguer les ornements.

Il se dit, au sens moral, de Ce qui sert à faire honneur, à donner du lustre à un pays, à un siècle, à une famille, etc. Il est l' ornement de son pays, de sa nation, de son siècle, de sa famille. Elle est l' ornement de son sexe. Il était l' ornement de la cour. La modestie est le plus bel ornement du mérite.

Il se dit, en Rhétorique et en Poésie, Des figures, des formes de style dont on se sert pour embellir le discours. Ornements naturels. Ornement superflu. Ornements affectés, recherchés, ambitieux. La simplicité tient lieu d' ornement. Les ornements du style. Ce récit est trop chargé d' ornements.

ORNEMENT

ORNEMENT se dit aussi Des figures de caprice, comme fleurons, rosaces, festons, etc., que différents arts ou métiers emploient comme embellissements. La peinture, la sculpture d' ornement. Ce jeune homme n' a pas réussi dans la figure, il s' est mis à dessiner l' ornement. Ce serrurier exécute fort bien les ornements. Il fait graver, il publie un recueil d' ornements.

Il se dit particulièrement, en Architecture et en Menuiserie, Des sculptures, moulures, etc., qui servent à décorer les différentes parties d' un bâtiment ou d' une boiserie. Les modillons, les mutules, les denticules, les oves, sont des ornements d' architecture. Les ornements de cet édifice n' ont pas été soignés. Cette façade est trop chargée d' ornements. Cette boiserie est trop nue, elle demanderait quelques ornements.

Ornement courant, Tout ornement qui se continue, qui se répète dans une frise ou une moulure. Les entrelacs, les rinceaux, les oves, sont des ornements courants. Mettre un ornement courant dans une frise.

ORNEMENT

ORNEMENT se dit encore particulièrement Des peintures faites dans une galerie, pour servir d' accompagnement au sujet principal, et qui n' en font point partie. Ce peintre réussit dans les figures, mais il n' entend pas les ornements. C' est un peintre d' ornements.

ORNEMENT

ORNEMENT se dit aussi Des habits sacerdotaux, et autres, dont on se sert pour l' office divin, dans le culte catholique. En ce sens, il se met toujours au pluriel, et comprend plusieurs pièces différentes, comme la chasuble, l' étole, etc. Le prêtre revêtu de ses ornements. L' évêque officia avec les ornements pontificaux.

Il se dit au singulier de Plusieurs pièces d' une même couleur ou d' une même parure, faisant un assortiment entier, dans lequel les habits sacerdotaux et les devants d' autel sont compris. Un ornement blanc. Un ornement rouge. Un tel a donné un ornement riche, magnifique, superbe, à telle église. En ce sens, il a aussi son pluriel, pour signifier Plusieurs assortiments de cette nature. Dans cette sacristie, il y a quantité de beaux ornements.

ORNER. v. a.

ORNER. v. a. Parer, embellir une chose, y en ajouter, y en joindre d' autres qui lui donnent plus d' éclat, plus d' agrément. Les glaces, les tapis, les beaux meubles, ornent bien un appartement. Orner une église, une chapelle, un autel.

Il se dit souvent au sens moral. Les vertus ornent l' âme. Il a orné son esprit des plus belles connaissances. On peut orner la vérité, mais il ne faut pas la déguiser. Orner la raison du charme des beaux vers. Une foule de grands personnages et de beautés célèbres ornaient la cour de ce prince. Orner son langage, son style. Les figures ornent le discours.

ORNÉ, ÉE. participe

ORNÉ, ÉE. participe Avoir l' esprit orné. Son style est trop orné.

ORNIÈRE. s. f.

ORNIÈRE. s. f. Trace profonde que les roues d' une voiture font dans les chemins. Les ornières sont trop creuses, la roue y entre jusqu' au moyeu. Tomber dans une ornière. Les chemins de traverse sont ordinairement pleins d' ornières.

ORNIÈRE

ORNIÈRE se dit figurément, au sens moral, en parlant Des habitudes auxquelles on ne peut renoncer aisément, des opinions adoptées et suivies sans examen. L' ornière des préjugés. Suivre l' ornière de l' habitude, de la routine. Il est tombé, retombé dans l' ornière. Il ne peut pas sortir de l' ornière. Esprit embourbé dans l' ornière.

ORNITHOGALE. s. m.

ORNITHOGALE. s. m. T. de Botan. Genre de plantes bulbeuses, dont les fleurs sont d' un beau blanc.

ORNITHOLOGIE. s. f.

ORNITHOLOGIE. s. f. La partie de l' histoire naturelle qui concerne les oiseaux. Gessner est le restaurateur de l' ornithologie.

Il signifie aussi, Ouvrage, traité fait sur cette matière. L' Ornithologie de Willughby.

ORNITHOLOGISTE ou ORNITHOLOGUE. s. m.

ORNITHOLOGISTE ou ORNITHOLOGUE. s. m. Celui qui s' applique à la connaissance des oiseaux. Le docteur Ray fut un grand ornithologiste.

ORNITHOMANCE ou ORNITHOMANCIE. s. f.

ORNITHOMANCE ou ORNITHOMANCIE. s. f. Divination par le vol ou par le chant des oiseaux.

OROBANCHE. s. f.

OROBANCHE. s. f. T. de Botan. Genre de plantes parasites qui ont une tige charnue garnie d' écailles au lieu de feuilles, et dont l' espèce commune croît principalement sur les racines des plantes légumineuses.

OROBE. s. f.

OROBE. s. f. T. de Botan. Plante légumineuse, assez semblable aux pois, et dont l' espèce commune porte, à sa racine, des tubercules bons à manger.

ORONGE. s. f.

ORONGE. s. f. Nom vulgaire d' une espèce de champignon qui croît dans le midi de la France, et qui est très-bon à manger.

ORONGE

ORONGE est aussi Le nom scientifique de tous les champignons qui sont bulbeux à leur base.

. s. m. Homme qui s' occupe à recueillir, au moyen du lavage, les paillettes d' or qui se trouvent dans le sable de certaines rivières.

ORPHELIN, INE. s.

ORPHELIN, INE. s. Enfant en bas âge, qui a perdu son père et sa mère, ou l' un des deux. Un pauvre orphelin. Il est orphelin de père et de mère. La veuve et les orphelins. Opprimer, protéger la veuve et l' orphelin. Dans l' usage ordinaire, on se sert peu du mot d' Orphelin, en parlant d' Un enfant à qui il reste son père.

ORPHIQUE. adj. des deux genres

ORPHIQUE. adj. des deux genres T. d' Antiq. Il se dit Des dogmes, des mystères et des principes de morale qu' Orphée passait pour avoir inventés ou établis. Vie orphique, Vie sage et réglée par l' amour de la vertu.

Il se dit, substantivement, de Certains philosophes pythagoriciens qui prétendaient avoir reçu d' Orphée les dogmes et la morale qu' ils professaient. Ce philosophe était de la secte des orphiques.

ORPHIQUES

ORPHIQUES au pluriel, s' emploie aussi comme substantif féminin, et se dit Des orgies ou fêtes de Bacchus, parce qu' Orphée avait péri dans une de ces solennités, ou, suivant d' autres, parce qu' il les avait instituées.

ORPIMENT. s. m.

ORPIMENT. s. m. Combinaison d' arsenic et de soufre, qui se sublime dans les fissures des matières volcaniques, et dont on se sert pour peindre en jaune. On le nomme aussi Orpin.

ORPIN. s. m.

ORPIN. s. m. T. de Botan. Plante à feuilles charnues, à fleurs à cinq pétales, qui croît sur les toits, sur les murs.

ORPIN

ORPIN se dit aussi de L' orpiment.

ORQUE. s. f.

ORQUE. s. f. Voyez ÉPAULARD.

ORSEILLE. s. f.

ORSEILLE. s. f. Espèce de lichen qui, préparé avec de la chaux et de l' urine, donne une belle couleur bleue tirant sur le violet, dont les teinturiers se servent.

ORT. adj. invariable

ORT. adj. invariable T. de Commerce, qui s' emploie dans cette locution, Peser ort, Peser avec l' emballage. Cette balle pèse cent livres ort ou brut.

ORTEIL. s. m.

ORTEIL. s. m. Doigt du pied. Se dresser sur ses orteils.

Il se dit particulièrement, et le plus souvent, Du gros doigt du pied. Avoir la goutte à l' orteil, au gros orteil.

ORTHODOXE. adj. des deux genres

ORTHODOXE. adj. des deux genres Conforme à la droite et saine opinion en matière de religion. Cette doctrine, cette proposition est orthodoxe. Ce sentiment n' est pas orthodoxe. Cet auteur est orthodoxe.

Il est aussi substantif. Les orthodoxes et les hérétiques.

ORTHODOXE

ORTHODOXE se dit, par extension, Des doctrines morales ou littéraires. Ses principes sur l' art dramatique ne sont pas orthodoxes. Cette opinion sur l' essence de la poésie n' est pas orthodoxe. Il n' est pas orthodoxe en matière de littérature, de goût.

ORTHODOXIE. s. f.

ORTHODOXIE. s. f. Conformité à la saine et droite opinion en matière de religion. L' orthodoxie de cette proposition est certaine.

Il se dit, par extension, en parlant Des doctrines morales ou littéraires. J' ai toujours douté de l' orthodoxie de ses principes en grammaire, en littérature.

ORTHODROMIE. s. f.

ORTHODROMIE. s. f. T. de Marine. Route qu' un vaisseau fait en droite ligne vers l' un des quatre points cardinaux. Il est peu usité.

ORTHOGONAL, ALE. adj.

ORTHOGONAL, ALE. adj. T. de Géom. Qui est perpendiculaire, qui est à angles droits.

ORTHOGRAPHE. s. f.

ORTHOGRAPHE. s. f. L' art et la manière d' écrire les mots d' une langue correctement, selon l' usage établi. Enseigner, montrer, apprendre, savoir l' orthographe. Il n' a pas d' orthographe. Il ne met pas l' orthographe. Il ne sait pas, il ne met pas un mot d' orthographe. Faute d' orthographe. L' ancienne, la nouvelle orthographe.

Il signifie aussi, La manière quelconque d' écrire les mots; et alors le sens est déterminé par une épithète. Orthographe correcte. Bonne orthographe. Mauvaise orthographe. Orthographe vicieuse. Son orthographe est détestable.

Il se dit, particulièrement, en parlant Des changements que différents écrivains ont essayé, avec plus ou moins de succès, d' introduire dans la manière d' écrire ordinaire. L' orthographe de Dumarsais, de Duclos, de Voltaire.

Fig. et fam., Faire une faute d' orthographe, Avoir un tort de conduite.

ORTHOGRAPHIE. s. f.

ORTHOGRAPHIE. s. f. T. d' Archit. Dessin représentant sans perspective la façade d' un bâtiment; élévation géométrale. L' orthographie de ce bâtiment est fort régulière et fort fidèle.

Il signifie, plus particulièrement, Le profil ou la coupe perpendiculaire d' une fortification.

ORTHOGRAPHIER. v. a.

ORTHOGRAPHIER. v. a. Écrire les mots suivant l' orthographe. Comment orthographiez-vous ce mot-là? Vous avez mal orthographié ce mot.

Il s' emploie quelquefois absolument. Il a appris à orthographier correctement, à orthographier. Il orthographie bien.

ORTHOGRAPHIÉ, ÉE. participe

ORTHOGRAPHIÉ, ÉE. participe

ORTHOGRAPHIQUE. adj. des deux genres

ORTHOGRAPHIQUE. adj. des deux genres Qui appartient à l' orthographe. Dictionnaire orthographique.

Il se dit aussi De ce qui appartient à l' orthographie. Un dessin orthographique.

ORTHOPÉDIE. s. f.

ORTHOPÉDIE. s. f. T. de Médec. Art de corriger ou de prévenir, dans les enfants, les difformités du corps. Il y a des traités d' orthopédie.

ORTHOPÉDIQUE. adj. des deux genres

ORTHOPÉDIQUE. adj. des deux genres Qui appartient à l' orthopédie. Un établissement orthopédique. Machines orthopédiques.

ORTHOPNÉE. s. f.

ORTHOPNÉE. s. f. T. de Médec. Oppression qui ne permet de respirer que debout ou assis, ou en élevant les épaules. L' orthopnée est le troisième degré de l' asthme.

ORTIE. s. f.

ORTIE. s. f. Plante sauvage et fort commune, dont la tige et les feuilles sont piquantes. Graine, racine d' ortie. Ortie brûlante. Ortie-grièche.

Ortie blanche, ortie jaune, ortie puante, Plantes labiées, qui ne sont point du même genre que l' ortie, mais qui ont avec elle une certaine ressemblance.

Fig. et fam., Jeter le froc aux orties, Renoncer à la profession monacale; et, par extension, Renoncer à l' état ecclésiastique. Il se dit aussi De toute personne qui, par inconstance, renonce à quelque profession que ce soit.

ORTIE

ORTIE en termes d' Art vétérinaire, Morceau de cuir ou mèche qu' on insinue, par le moyen d' une incision, entre le cuir et la chair d' un cheval, pour dégorger la partie malade. Pratiquer une ortie.

ORTIVE. adj. f.

ORTIVE. adj. f. T. d' Astron., qui ne s' emploie que dans cette expression, Amplitude ortive, L' arc de l' horizon qui est entre le point où se lève un astre, et l' orient vrai où se fait l' intersection de l' horizon et de l' équateur.

ORTOLAN. s. m.

ORTOLAN. s. m. Petit oiseau de passage, d' un goût délicat. Des ortolans et des becfigues. Une douzaine d' ortolans. Gras comme un ortolan.

ORVALE. s. f.

ORVALE. s. f. T. de Botan. Espèce de sauge nommée autrement Toute-bonne.

ORVIÉTAN. s. m.

ORVIÉTAN. s. m. Drogue composée, espèce de thériaque, qui avait autrefois beaucoup de vogue. Prendre de l' orviétan. Marchand, vendeur d' orviétan. Le premier orviétan fut fait à Orviète, ville d' Italie.

Marchand d' orviétan, se dit aujourd' hui de Tout charlatan qui débite des drogues en public.

Fig. et fam., Marchand d' orviétan, Homme qui débite beaucoup de paroles pompeuses, qui fait beaucoup de promesses magnifiques pour tromper le monde. Ne vous fiez pas à ses promesses, c' est un marchand d' orviétan.

ORYCTOGRAPHIE. s. f.

ORYCTOGRAPHIE. s. f. Description des fossiles.

ORYCTOLOGIE. s. f.

ORYCTOLOGIE. s. f. Partie de l' histoire naturelle, qui traite des fossiles.

OS. s. m.

OS. s. m. Partie du corps de l' homme ou de l' animal, dure et solide, qui sert à attacher, à soutenir toutes les autres parties. Gros os. Petit os. Les os de la jambe, du bras, de la tête. L' os de la hanche. La jointure, l' emboîture de l' os. Un os spongieux. La moelle des os. La fracture, la dislocation d' un os. Avoir l' os cassé. Avoir l' os carié. L' os est offensé. Un couteau à manche d' os. On préfère les moules de boutons d' os à ceux qui sont de bois. Broyer des os pour en extraire le suc. On extrait la gélatine des os, par des procédés chimiques. Du bouillon d' os. Des os de veau, de mouton, de poulet, etc. Les os grêles des poissons s' appellent communément Arêtes.

Os de seiche, Partie dure et friable qui soutient le dos de la seiche.

Fam., Il n' a que la peau et les os, il a la peau collée sur les os, les os lui percent la peau, Il est fort maigre.

Fam. et par exagérat., Il est percé jusqu' aux os, Il est extrêmement mouillé de la pluie ou de l' eau qui est tombée sur lui.

Fam. et par exagérat., Casser, rompre, briser les os à quelqu' un, Le battre cruellement.

Fam., Cet homme ne fera pas de vieux os, Il mourra jeune, ou Il mourra bientôt.

Fam., Il y laissera ses os, se dit D' un homme qui va ou qui est allé dans un pays d' où l' on croit qu' il ne reviendra pas. On dit dans le même sens, Il est allé porter là ses os.

Fig. et fam., Manger, ronger quelqu' un jusqu' aux os, Le ruiner petit à petit et complétement.

Fig. et fam., Donner un os à ronger à quelqu' un, Lui proposer une difficulté qui l' embarrasse; Lui susciter une affaire qui l' empêche de s' occuper d' autre chose. Ils n' ont plus à craindre ses intrigues, ils lui ont habilement donné un os à ronger. On dit, dans un sens analogue, C' est un os bien dur à ronger.

Donner un os à ronger à quelqu' un, signifie aussi, Lui donner quelque occupation qui l' aide à vivre, ou Lui faire quelque légère grâce, afin de se délivrer de ses importunités.

Jusqu' à la moelle des os, Profondément. Le froid l' a pénétré jusqu' à la moelle des os. Ce mal a pénétré jusqu' à la moelle des os.

Jusque dans la moelle des os, s' emploie figurément et familièrement, dans la même signification, au sens moral. Il est avare, intéressé, chicaneur jusque dans la moelle des os.

Os, en termes de Vénerie, se dit Des ergots du cerf, sur lesquels cet animal ne porte que lorsqu' il court. Dès que le cerf fuit, il donne des os en terre.

OSCILLATION. s. f.

OSCILLATION. s. f. (On prononce les L sans les mouiller, dans ce mot et dans les deux suivants.) T. de Mécan. Mouvement d' un pendule qui va et vient alternativement en deux sens contraires. Axe, centre d' oscillation. Les petites oscillations du pendule sont isochrones.

Il se dit aussi Du balancement de certains corps naturels ou artificiels. Les oscillations du flux et du reflux. Les oscillations d' un vaisseau, d' une cloche, d' une escarpolette.

Il s' emploie figurément, au sens moral, pour Fluctuation. Les oscillations de l' opinion publique. Les oscillations du crédit public.

OSCILLATOIRE. adj. des deux genres

OSCILLATOIRE. adj. des deux genres T. de Mécan. Qui est de la nature de l' oscillation. Mouvement oscillatoire.

OSCILLER. v. n.

OSCILLER. v. n. T. de Mécan. Se mouvoir alternativement en deux sens contraires. Il se dit particulièrement D' un pendule. Un pendule qui oscille.

OSEILLE. s. f.

OSEILLE. s. f. Plante potagère d' un goût acide. Oseille de jardin. Oseille sauvage. Planche d' oseille. Semer, cueillir de l' oseille. L' oseille ronde est plus aigre que l' oseille ordinaire. De la soupe à l' oseille. Des oeufs à l' oseille. Jus d' oseille. Sel d' oseille.

OSER. v. a.

OSER. v. a. Avoir la hardiesse, l' audace de dire, de faire quelque chose; Entreprendre hardiment. Oseriez-vous le blâmer? Je l' oserai. Je ne l' ose pas. Il l' eût fait assurément, s' il l' eût osé. Il a osé lui résister en face. C' est un homme à tout oser. Il peut tout oser. Il n' y a rien qu' il ne puisse oser. Vous n' osez rien, ce n' est pas le moyen de réussir.

Il s' emploie aussi absolument. Je n' oserais. Je n' ose. On n' oserait.

Par forme de défi, de menace, Vous n' oseriez.

Si j' ose le dire, si j' ose m' exprimer ainsi. Espèce de formule dont on se sert pour faire passer une idée ou une expression qui pourrait paraître hasardée.

OSER

OSER avec la négation, signifie quelquefois, Ne pas vouloir, par circonspection, faire ou dire certaines choses. Personne n' ose lui annoncer cette fâcheuse nouvelle.

OSÉ, ÉE. participe

OSÉ, ÉE. participe Il est aussi adjectif, et signifie, Hardi, audacieux. Serez-vous si osé que de dire.... assez osé pour dire... Cela est bien osé, trop osé.

OSERAIE. s. f.

OSERAIE. s. f. Lieu planté d' osiers. Planter une belle oseraie.

OSIER. s. m.

OSIER. s. m. Espèce de petit saule, dont les jets ou scions sont fort pliants, et propres à faire des liens, des paniers. Osier franc. Osier bâtard. Planter des osiers.

Il se dit aussi Des jets ou scions de cet arbrisseau. Une botte d' osier. Lier avec de l' osier. Tordre de l' osier. Un panier, un van d' osier. Une corbeille d' osier, faite d' osier. Cela plie, est pliant comme de l' osier.

Fam., Être pliant comme de l' osier, Avoir l' esprit souple et accommodant. Être franc comme l' osier, Être sincère, sans finesse et sans dissimulation.

OSMAZÔME. s. f.

OSMAZÔME. s. f. T. de Chimie. Principe qui se trouve surtout dans la chair du boeuf, et qui donne le parfum au bouillon. Il y a, dans le bouillon, sept parties de gélatine, contre une d' osmazôme.

OSMONDE. s. f.

OSMONDE. s. f. T. de Botan. Plante de la famille des Fougères, dont la fructification est en forme de bouquet. On nomme l' espèce commune Osmonde royale, et abusivement Fougère à fleurs.

OSSELET. s. m.

OSSELET. s. m. Petit os. Les osselets de l' oreille.

OSSELETS

OSSELETS au pluriel, se dit de Petits os avec lesquels les enfants jouent, et qui sont tirés de la jointure d' un gigot de mouton. Jouer aux osselets. Les tabletiers font des osselets d' ivoire.

Il se disait autrefois d' Un instrument de torture qui se mettait entre les doigts.

OSSELET

OSSELET en termes d' Art vétérinaire, Tumeur osseuse placée sur la partie inférieure de la jambe d' un cheval, à côté du boulet. L' osselet est une exostose.

OSSEMENTS. s. m. pl.

OSSEMENTS. s. m. pl. Os décharnés des personnes qui sont mortes. Des ossements humains. Un monceau d' ossements. Les cimetières sont pleins d' ossements.

Il se dit quelquefois en parlant Des animaux. Les ossements fossiles.

OSSEUX, EUSE. adj.

OSSEUX, EUSE. adj. T. didactique. Qui est de nature d' os. Partie, substance osseuse.

OSSIFICATION. s. f.

OSSIFICATION. s. f. Formation des os, changement insensible des parties membraneuses et cartilagineuses en os. L' ossification se fait peu à peu. L' ossification du coeur, de l' aorte. Le point d' ossification.

OSSIFIER. v. a.

OSSIFIER. v. a. Changer en os les parties membraneuses et cartilagineuses. Plusieurs causes contribuent à ossifier, dans la vieillesse, certaines parties du corps qui auparavant étaient molles.

Il s' emploie ordinairement avec le pronom personnel. Les membranes et les cartilages s' ossifient quelquefois. Son coeur s' était ossifie.

OSSIFIÉ, ÉE. participe

OSSIFIÉ, ÉE. participe

OSSUAIRE. s. m.

OSSUAIRE. s. m. Il n' est guère usité que dans cette phrase, Ossuaire de Morat, Monument que les Suisses formèrent avec les ossements des Bourguignons tués à la bataille de Morat.

OSTENSIBLE. adj. des deux genres

OSTENSIBLE. adj. des deux genres Qui peut être montré, qui est fait pour être montré. Lettre ostensible. Faites-moi par écrit une réponse ostensible. On lui donna une instruction ostensible, et une instruction secrète.

OSTENSIBLEMENT. adv.

OSTENSIBLEMENT. adv. D' une manière ostensible.

OSTENSOIR ou OSTENSOIRE. s. m.

OSTENSOIR ou OSTENSOIRE. s. m. Pièce d' orfévrerie dans laquelle les catholiques romains exposent la sainte hostie ou des reliques, qu' on y voit à travers une glace.

OSTENTATION. s. f.

OSTENTATION. s. f. Affectation de montrer quelque qualité ou quelque avantage dont on veut faire parade. Grande ostentation. Vaine ostentation. À quoi bon toute cette ostentation? Il est tout plein d' ostentation. Il y a de l' ostentation dans tout ce qu' il fait. C' est une personne sans ostentation et sans faste. Faire ostentation de ses richesses, de sa fortune. Les pharisiens faisaient leurs bonnes oeuvres par ostentation. Sa générosité n' est que de l' ostentation. L' ostentation de sa douleur n' abuse personne.

OSTÉOCOLLE. s. f.

OSTÉOCOLLE. s. f. Concrétion calcaire en forme de tube, que l' on croyait autrefois propre à accélérer la consolidation des os.

OSTÉOCOPE. s. f.

OSTÉOCOPE. s. f. T. de Médec. Maladie des os, douleur semblable à celle qu' éprouverait celui dont on briserait les os.

OSTÉOGRAPHIE. s. f.

OSTÉOGRAPHIE. s. f. T. d' Anat. Description des os.

OSTÉOLITHE. s. m.

OSTÉOLITHE. s. m. T. d' Hist. nat. Os pétrifié.

OSTÉOLOGIE. s. f.

OSTÉOLOGIE. s. f. Partie de l' anatomie qui enseigne les noms, la situation, les usages, la nature, et la figure des os. Traite d' ostéologie.

OSTÉOTOMIE. s. f.

OSTÉOTOMIE. s. f. T. d' Anat. Dissection des os.

OSTRACÉ, ÉE. adj.

OSTRACÉ, ÉE. adj. T. d' Hist. nat. Qui est de la nature de l' huître. Les mollusques ostracés. On l' emploie aussi comme substantif, au masculin. Les ostracés. Il est peu usité.

OSTRACISME. s. m.

OSTRACISME. s. m. T. d' Antiq. Jugement par lequel les Athéniens bannissaient pour dix ans les citoyens que leur puissance, leur mérite trop éclatant, ou leurs services rendaient suspects à la jalousie républicaine. L' ostracisme n' était point infamant.

OSTRACITE. s. f.

OSTRACITE. s. f. T. d' Hist. nat. Coquille d' huître pétrifiée.

OSTROGOT. s. m.

OSTROGOT. s. m. Nom qu' on a donné aux habitants des parties orientales de la Gothie, et qui a passé dans notre langue, où il signifie, familièrement, Un homme qui ignore les usages, les coutumes, les bienséances, tel que serait un barbare venu d' un pays lointain. Vous me prenez pour un ostrogot. Il est vêtu comme un ostrogot. Il parle, il écrit comme un ostrogot. C' est un ostrogot. Il s' emploie aussi quelquefois adjectivement. Cela est d' un goût ostrogot, bien ostrogot.

OTAGE. s. m.

OTAGE. s. m. La personne qu' un général, un prince, un gouverneur de place, etc., remet à ceux avec qui il traite, ou qu' il exige qu' on lui remette, pour la sûreté de l' exécution d' un traité, d' une convention. Il ne se dit proprement qu' en parlant D' affaires d' État. On donna six officiers, six magistrats en otage. Il était en otage chez les ennemis. On a demandé des otages de part et d' autre. Servir d' otage.

Il se dit quelquefois Des places qu' on donne à ceux d' un parti ennemi, pour garantie d' un traité de paix, d' un armistice. Les ennemis se firent donner des villes en otage, demandèrent des villes d' otage.

OTALGIE. s. f.

OTALGIE. s. f. T. de Médec. Douleur d' oreille.

ÔTER. v. a.

ÔTER. v. a. Tirer une chose de la place où elle est. Il se dit quelquefois en parlant Des personnes et des animaux. Ôtez cette table de là. Ôtez-moi tous ces papiers. Il a ôté tous les meubles de la maison. Ôtez les chevaux de la voiture. Ôtez cet enfant d' auprès du feu. Faites ôter ces plâtres qui encombrent le passage. Il y a trop de bois dans le feu, ôtez-en la moitié. Ôtez le couvert. Ôtez la nappe.

Il s' emploie, en ce sens, avec le pronom personnel. Il ne veut pas s' ôter de là. Ôtez-vous de devant moi, de devant mes yeux. Ôtez-vous du chemin. Ôtez-vous de ma place. Ôtez-vous de mon soleil.

Fig., au sens moral, Ôter à quelqu' un quelque chose de l' esprit, de la tête, de la fantaisie, Faire en sorte qu' il n' y songe plus, qu' il ne soit plus attaché à la pensée, à l' opinion, au dessein qu' il avait. Vous ne lui ôterez jamais cela de l' esprit. Je ne puis m' ôter cela de la tête.

Fig., au sens moral, Ôter quelqu' un de peine, d' inquiétude, Le tirer de peine, le délivrer d' inquiétude. On dit de même, Ôter de doute, d' un doute, d' incertitude.

ÔTER

ÔTER se dit en parlant Des différentes parties du vêtement, et signifie, Quitter, déposer, se dépouiller de. Ôter sa chemise, son habit, son gilet, son pantalon, ses bas, ses souliers, sa cravate, son manteau, ses gants, son épée, son chapeau.

Ôter son chapeau à quelqu' un, Le saluer en se découvrant la tête.

ÔTER

ÔTER signifie aussi, Ravir, enlever, prendre quelque chose à quelqu' un, l' en priver. Il se dit au sens physique et au sens moral. Les voleurs lui ont ôté son habit. Ils voulaient lui ôter la vie. On lui a ôté un coin de son jardin. On lui a ôté son emploi, sa place, la moitié de ses appointements. On lui a ôté son bien. On a ôté le pain à cette famille. Vous m' ôtez le soleil. Je ne veux point vous ôter la liberté, le plaisir de faire telle chose. Cette maladie lui a ôté l' usage de la parole. L' amour lui a ôté la raison, le jugement. Sa chute lui a ôté la connaissance. Son maître lui a ôté sa confiance. Ne m' ôtez pas cette erreur qui m' est chère.

Prov. et fig., Ôter le pain de la main à quelqu' un, Lui ôter le moyen de subsister.

Ôter l' honneur à quelqu' un, Le diffamer par des médisances, par des calomnies.

Ôter l' honneur à une femme, La séduire et en abuser.

Cet objet ôte la vue de tel autre, Il empêche qu' on ne puisse le voir. Cet arbre, ce mur ôte la vue de la rivière, de la prairie.

ÔTER

ÔTER signifie aussi, Retrancher. Il se dit au sens physique et au sens moral. Ce morceau de bois est trop long, il en faut ôter un pied. Les bords de ce chapeau sont trop larges, il faut en ôter un pouce. Ôter une branche d' un arbre. Ôtez de cette somme ce que vous avez payé pour moi. Qui de six ôte deux, reste quatre. Ôtez la santé et la paix de l' âme, vous ôtez tous les plaisirs de la vie.

ÔTER

ÔTER signifie encore, Faire cesser, faire passer; délivrer quelqu' un de quelque chose qui l' incommode. Il se dit au sens physique et au sens moral. Prenez un doigt de vin, cela vous ôtera votre mal de coeur. Le quinquina ôte la fièvre. Cela m' a ôté mon mal comme avec la main. Cette eau ôte les taches, ôte les rousseurs. Ôtez-moi mon mal. Ôtez-moi cette inquiétude, cette incertitude. Ôtez-lui ses fers, ses chaînes.

ÔTÉ, ÉE. participe

ÔTÉ, ÉE. participe Il s' emploie quelquefois comme préposition, et signifie, Excepté, hormis. Ôté deux ou trois chapitres, cet ouvrage est excellent.

OTTOMANE. s. f.

OTTOMANE. s. f. Sorte de grand siége sans dossier, où plusieurs personnes peuvent être assises à la fois.

OU.

OU. Conjonction alternative. J' irai aujourd' hui ou demain. Il payera, ou il ira en prison. Le bien ou le mal. Oui ou non. L' un ou l' autre. Mort ou vif. Vaincre ou mourir. La victoire ou la mort. Soit qu' il s' en aille, ou qu' il demeure. Lui ou elle viendra avec moi. Vous ou moi nous ferons telle chose. La douceur ou la violence en viendra à bout. Ou l' amour ou la haine en est la cause. La peur ou la misère lui a fait commettre cette faute. La peur ou la misère ont fait commettre bien des fautes.

Il signifie aussi, Autrement, d' une autre façon, en d' autres termes. La logique, ou la dialectique. Son beau-frère, ou le mari de sa soeur. Byzance, ou Constantinople.

Il se joint souvent dans les deux sens avec l' adverbe Bien. Il payera, ou bien il ira en prison. Byzance, ou bien Constantinople.

OUAICHE. s. m.

OUAICHE. s. m. T. de Marine. Sillage d' un vaisseau. Il est vieux. Il s' employait dans certaines occasions où l' on n' eût pas dit Sillage. Tirer un vaisseau en ouaiche, Le remorquer avec un autre vaisseau. Traîner un pavillon ennemi en ouaiche, Le traîner pendant à fleur d' eau à l' arrière d' un vaisseau.

OUAILLE. s. f.

OUAILLE. s. f. Brebis. Il est vieux au propre, et ne se dit qu' au figuré en parlant d' Un chrétien par rapport à son pasteur, à son supérieur spirituel, à son évêque. Voilà une de vos ouailles. Un bon pasteur a soin de ses ouailles. Les ouailles connaissent la voix de leur pasteur. Ce pasteur est allé chercher son ouaille égarée. Il ne s' emploie guère qu' au pluriel.

OUAIS Interjection familière

OUAIS Interjection familière qui marque de la surprise. Ouais! cet homme-là fait bien le fier. Ouais! cet homme le prend sur un haut ton.

OUATE. s. f.

OUATE. s. f. (On prononce Ouète.) Espèce de coton plus fin et plus soyeux que le coton ordinaire, et qui sert à garnir un vêtement, une couverture, etc., entre la doublure et le dessus. Une camisole, une couverture d' ouate, une jupe doublée d' ouate. Acheter de la ouate. Quelques-uns écrivent, De l' ouate.

Ouate de soie, Soie effilée et cardée qu' on emploie aux mêmes usages que la ouate de coton. On dit de même, Ouate de laine, de chanvre, etc.

OUATER. v. a.

OUATER. v. a. (On prononce Ouéter.) Mettre de la ouate entre une étoffe et la doublure. Ouater une robe, un couvre-pied.

OUATÉ, ÉE. participe

OUATÉ, ÉE. participe Un jupon ouaté. Une robe ouatée.

OUBLI. s. m.

OUBLI. s. m. Manque de souvenir. Un profond oubli. Un long oubli. Un éternel oubli. Mettre en oubli. Ensevelir dans l' oubli. Tirer de l' oubli. Tomber dans l' oubli. Cette coutume est en oubli. Ses écrits sont condamnés à l' oubli. Cette action a sauvé son nom de l' oubli. Il a échappé à l' oubli. Ne me sachez pas mauvais gré d' avoir manqué au rendez-vous, c' est un oubli, ce n' est qu' un oubli.

L' oubli des injures, L' action d' oublier les injures, les offenses, de les pardonner, de n' en garder aucun ressentiment. L' oubli des injures est ordonné par l' Évangile.

L' oubli de ses devoirs, L' action de manquer à ses devoirs. Il a poussé l' oubli de ses devoirs jusqu' à injurier son maître.

L' oubli de soi-même, L' abnégation de ses droits, de ses intérêts, de ses affections. Il a poussé l' oubli de soi-même jusqu' à s' immoler pour sa famille. L' oubli de soi-même n' est une vertu que lorsqu' on s' occupe beaucoup des autres.

Le fleuve d' oubli, Le fleuve qui, suivant les anciens, coulait dans les enfers, et dont les eaux, disaient-ils, faisaient perdre la mémoire à ceux qui en buvaient. On l' appelle autrement le Léthé.

OUBLIANCE. s. f.

OUBLIANCE. s. f. Oubli, faute de mémoire. Il est vieux.

OUBLIE. s. f.

OUBLIE. s. f. Sorte de pâtisserie fort mince, de figure ronde, et que l' on cuit entre deux fers. On roule ordinairement les oublies en forme de cornets. Cela est mince comme une oublie. Crier des oublies. Marchande d' oublies.

OUBLIER. v. a.

OUBLIER. v. a. Perdre le souvenir de quelque chose. Je savais tout cela par coeur, je l' ai oublié. Oublier sa leçon. Il apprend facilement, et oublie de même. Vous avez oublié de venir ce matin. J' avais oublié de vous dire telle chose. J' ai oublié qu' il devait venir me chercher. Vous avez oublié votre commission. N' oubliez pas que je vous attends. J' ai oublié tout net la note que vous m' aviez demandée.

Oublier l' heure, Laisser passer, par inattention, l' heure où l' on avait quelque chose à faire. J' avais un rendez-vous, j' ai oublié l' heure.

Oublier à chanter, à danser, etc., En perdre l' usage, l' habitude. Il vieillit.

Prov., Il a oublié la commission, Il a négligé de la faire, et a gardé l' argent.

OUBLIER

OUBLIER signifie aussi, Laisser quelque chose en quelque endroit, par inadvertance. Il a oublié ses gants, sa canne, sa bourse, sa clef, etc.

Il signifie aussi, Omettre, manquer à faire mention de quelque chose dans un écrit, dans un discours. Vous avez oublié le titre de ce livre dans votre catalogue. Vous avez oublié son nom sur votre liste. En citant ce passage, vous avez oublié le nom de l' auteur. Il a oublié, dans son discours, de parler de telle chose.

Il signifie aussi, Négliger. Oublier le soin de sa fortune. Je n' ai rien oublié pour le persuader. On n' a rien oublié de tout ce qui pouvait lui être utile ou agréable.

Il signifie aussi, Manquer à quelque obligation. Oublier ses devoirs. Oublier le respect, les égards qu' on doit à quelqu' un.

Il signifie aussi, Ne point conserver de reconnaissance. Il a oublié tout ce que j' ai fait pour lui. Je n' oublierai jamais vos bienfaits. Je n' oublierai jamais ce que je vous dois.

Il signifie aussi, Ne point garder de ressentiment. Il faut vous réconcilier, et oublier tout ce qui s' est passé. Oublier une injure, une offense. Prions Dieu d' oublier nos fautes. J' oublie le passé, mais ne recommencez pas. J' oublie ses torts et je lui pardonne.

OUBLIER

OUBLIER se dit souvent en parlant Des personnes, et signifie, Négliger quelqu' un, ne pas songer à lui, manquer à lui faire du bien dans une occasion qui se présente. Depuis qu il a fait fortune, il oublie ses parents, ses amis. Il a des parents pauvres, qu' il oublie tout à fait. On a donné des emplois à beaucoup de personnes, et l' on vous a oublié. Comptez sur moi, je ne vous oublierai pas dans l' occasion. N' oublions pas les absents. Il m' a oublié dans son testament. Ne m' oubliez pas. Je ne vous oublie pas.

Il se dit aussi par forme de reproche obligeant. Vous ne venez plus nous voir, vous nous oubliez.

N' oubliez pas les pauvres, n' oubliez pas l' oeuvre, n' oubliez pas les besoins de l' église, etc. Espèce de formule qui s' emploie à l' église, quand on quête pour les pauvres, pour l' oeuvre, pour les besoins de l' église, etc.

Oublier qui l' on est, Se méconnaître, vouloir s' élever par orgueil au-dessus de sa condition. Vous oubliez qui vous êtes. On dit aussi, Vous oubliez qui je suis, Vous n' avez pas pour moi le respect, les égards que vous me devez. Ces manières de parler vieillissent.

OUBLIER

OUBLIER s' emploie avec le pronom personnel, et signifie, Manquer à ce qu' on doit aux autres ou a soi-même. Se serait-il si fort oublié que de vous manquer de respect? Vous êtes-vous oublié jusqu' à ce point? Ce domestique s' est oublié au point de dire des injures à son maître. Elle s' est oubliée jusqu' à frapper son laquais. Vous vous oubliez, lorsque vous osez me parler si impoliment.

Il signifie aussi, Devenir vain, orgueilleux, insolent dans la prospérité. Les gens de fortune, les parvenus s' oublient aisément. La prospérité est souvent cause que l' on s' oublie.

Il signifie encore, Négliger ses intérêts, ne pas se servir de l' occasion, n' en pas profiter. Il fait le compte des autres; il ne s' oubliera pas. Il ne s' est pas oublié. En ce sens, on dit proverbialement, Est bien fou qui s' oublie.

OUBLIÉ, ÉE. participe

OUBLIÉ, ÉE. participe Prov. et fig., Mettre une personne, une chose au rang des péchés oubliés, N' y plus songer.

OUBLIETTES. s. f. pl.

OUBLIETTES. s. f. pl. Cachot où l' on renfermait ceux qui étaient condamnés à une prison perpétuelle; et, suivant une tradition populaire, Espèce de fosse couverte d' une fausse trappe, dans laquelle on faisait tomber ceux dont on voulait se défaire secrètement. Il fut mis aux oubliettes. On l' a fait passer par les oubliettes.

OUBLIEUR. s. m.

OUBLIEUR. s. m. (On prononce Oublieux.) Garçon pâtissier qui allait le soir par les rues crier des oublies. Appelez l' oublieur. La chanson de l' oublieur.

OUBLIEUX, EUSE. adj.

OUBLIEUX, EUSE. adj. Sujet à oublier. Les vieillards sont ordinairement oublieux. Cette femme est extrêmement oublieuse. Vous êtes bien oublieux. Il est familier.

OUEST. s. m.

OUEST. s. m. La partie de l' horizon qui est au soleil couchant. Cette province a tant de lieues de l' est à l' ouest. Tirant à l' ouest. Vers l' ouest. Un vent d' ouest. Maison exposée à l' ouest.

Il se dit quelquefois de La partie d' un pays située du côté de l' ouest. Les provinces de l' Ouest. Faire une tournée dans l' ouest de la France.

Le vent est à l' ouest, il est ouest, Il vient du couchant.

OUF. Interjection

OUF. Interjection qui annonce une douleur subite, ou l' étouffement, l' oppression.

OUI. particule d' affirmation

OUI. particule d' affirmation opposée à Non. Avez-vous fait cela? Oui. Cela est-il vrai? Oui. On l' obligea de répondre par oui ou par non. Il faut opiner par oui ou par non. Je crois que oui. Se quereller pour oui et pour non.

Fam., Il ne dit ni oui ni non, Il ne veut pas s' expliquer sur la chose dont il s' agit. On dit dans le même sens, Il ne m' a répondu ni oui ni non.

OUI

OUI s' emploie quelquefois d' une manière simplement affirmative, sans opposition directe à Non; et alors il ne se met guère qu' au commencement d' un discours, d' une phrase. Oui, je veux que tout le monde sache ce que j' en pense. Oui, puisque vous me promettez votre secours, je commence à bien augurer de mon affaire. Il se redouble quelquefois pour marquer davantage l' affirmation. Oui, oui, je le ferai. Oui, oui, je m' en souviens.

OUI

OUI s' emploie quelquefois substantivement, et alors il se prononce comme s' il était aspiré. Le oui et le non. Il a dit ce oui à regret. Il a dit ce oui-là de bon coeur. Il ne faut pas tant de discours, on ne vous demande qu' un oui ou un non. Dites un bon oui. Se quereller pour un oui ou pour un non.

Je veux savoir le oui ou le non de la proposition que je vous ai faite, Je veux savoir positivement si vous l' acceptez ou si vous la refusez.

Prov., Dire le grand oui, Se marier. C' est demain qu' elle dit le grand oui.

OUI

OUI marque quelquefois la surprise, et signifie, Quoi, cela est vrai? Il a dit telle chose; oui? Dans ce sens, on le prononce en l' allongeant, et il est toujours suivi d' un point d' interrogation.

OUI

OUI se joint quelquefois avec les adverbes Certes, vraiment, certainement, sans doute, etc., pour affirmer davantage. Oui certes. Oui vraiment, vraiment oui. Eh mais oui. Ces deux derniers sont familiers.

Fam., Oui-da, De bon coeur, volontiers, oui.

OUÏCOU. s. m.

OUÏCOU. s. m. Boisson faite de manioc, de patates, de bananes, et de cannes de sucre, dont se servent les sauvages de l' Amérique, et même les Européens quand le vin manque.

OUÏ-DIRE. s. m. invariable

OUÏ-DIRE. s. m. invariable Ce qu' on n' a ni vu ni entendu soi-même, et qu' on ne sait que par le rapport d' une autre personne ou par le bruit public. Je n' en sais rien que par ouï-dire. Je n' en parle que par ouï-dire. Il ne faut pas s' arrêter aux ouï-dire. Ce n' est qu' un ouï-dire.

OUÏE. s. f.

OUÏE. s. f. Celui des cinq sens par lequel on reçoit les sons. Il ne se dit qu' au singulier. Avoir l' ouïe bonne. Avoir mauvaise ouïe. Avoir l' ouïe fine, subtile, délicate, dure. Les sons trop forts, trop aigus, blessent, offensent l' ouïe. L' organe de l' ouïe. Le sens de l' ouïe.

OUÏES. s. f. pl.

OUÏES. s. f. pl. Ouvertures que les poissons ont aux côtés de la tête, et qui donnent issue à l' eau qui est entrée dans leur bouche pour la respiration. Prendre une carpe par les ouïes.

Il se dit aussi Des branchies, ou des organes en forme de peignes, qui sont renfermés dans les ouïes, et qui opèrent la respiration. Ce maquereau est frais, il a les ouïes toutes vermeilles.

OUÏES

OUÏES en termes de Luthier, se dit Des ouvertures pratiquées dans la table supérieure de certains instruments de musique, tels que le violon, la harpe, etc., et par lesquelles sort le son harmonieux.

OUÏR. v. a.

OUÏR. v. a. (J' ois, tu ois, il oit; nous oyons, vous oyez, ils oient. J' oyais. J' ouïs. J' oirai. J' oirais. Que j' oie ou que j' oye. Que j' ouïsse. Oyant. Ouï. On ne se sert aujourd' hui presque jamais de ce verbe qu' à l' infinitif, et aux temps formés du participe Ouï et du verbe Avoir.) Entendre, recevoir les sons par l' oreille. Avez-vous ouï ce grand bruit? Je l' ai ouï prêcher. J' ai ouï tous les bons prédicateurs. Si on l' eût ouï parler. Avez-vous ouï dire cette nouvelle? Il est las de vous ouïr causer, d' ouïr tous vos caquets. Ouïr en confession. Ouïr la messe, Assister à la messe.

Il signifie aussi, Donner audience, écouter, prêter attention. Le prince n' a pas voulu ouïr leurs députés. Un juge doit ouïr les deux parties. Il se fera bien ouïr. On l' a condamné sans l' ouïr.

Il signifie aussi quelquefois, Écouter favorablement, exaucer. Seigneur, daignez ouïr nos voeux. Daignez ouïr les prières de votre peuple. Il vieillit dans toutes ces acceptions.

En termes de Procédure, Ouïr des témoins, Recevoir leurs dépositions. On a fait ouïr tant de témoins. Les témoins ont été ouïs.

Il est assigné pour être ouï, se disait, en Matière criminelle, D' un prévenu assigné pour répondre en personne devant le juge. Décret d' assigné pour être ouï, Ordonnance judiciaire en vertu de laquelle un prévenu était assigné à comparaître en personne.

OUÏ, OUÏE. participe

OUÏ, OUÏE. participe En termes de Procédure: Ouï le rapport d' un tel. Ouï le procureur du roi en ses conclusions. Un jugement rendu parties ouïes.

OUISTITI. s. m.

OUISTITI. s. m. Petite espèce de singe qui vient d' Amérique.

OURAGAN. s. m.

OURAGAN. s. m. Tempête violente, causée par le choc de plusieurs vents qui forment des tourbillons. Ce pays est souvent dévasté par les ouragans.

OURDIR. v. a.

OURDIR. v. a. Préparer ou disposer sur une machine faite exprès les fils de la chaîne d' une étoffe, d' une toile, etc., pour mettre cette chaîne en état d' être montée sur le métier, où l' on doit la tisser, en faisant passer au travers, avec la navette, le fil de la trame. Ourdir de la toile. Ourdir la trame d' un drap.

Fig., Ourdir une trame, Former un complot. C' est lui qui a ourdi cette trame. On dit de même, Ourdir un complot, ourdir une trahison.

OURDI, IE. participe

OURDI, IE. participe Prov. et fig., À toile ourdie Dieu envoie le fil, La Providence fournit les moyens d' achever l' ouvrage qu' on a commencé.

OURDISSAGE. s. m.

OURDISSAGE. s. m. Action de l' ouvrier, de l' ouvrière qui ourdit; Façon de l' ouvrage ourdi.

OURDISSEUR, EUSE. s.

OURDISSEUR, EUSE. s. Celui, celle qui ourdit.

OURDISSOIR. s. m.

OURDISSOIR. s. m. Pièce de bois sur laquelle les tisserands, les rubaniers, les fabricants de draps mettent le fil, la soie, la laine, quand ils ourdissent.

OURLER. v. a.

OURLER. v. a. Faire un ourlet à du linge ou à quelque autre étoffe. Ourler des mouchoirs, des serviettes, etc.

OURLÉ, ÉE. participe

OURLÉ, ÉE. participe

OURLET. s. m.

OURLET. s. m. Repli qu' on assujettit, en le cousant, au bord d' une toile ou d' une étoffe, pour empêcher qu' elle ne s' effile. Ourlet rond, plat, large. Gros ourlet. Faire un ourlet.

OURS. s. m.

OURS. s. m. Quadrupède carnassier très-velu, à pattes larges, armées d' ongles courbés. L' ours vit dans les montagnes et dans les forêts. Un grand ours. Ours noir. Ours blanc. Peau d' ours. Il fut dévoré par un ours. Les ours peuvent se soutenir et marcher sur leurs pieds de derrière. Il est velu comme un ours. On dit que les ours lèchent leurs petits pour achever de les former. Faire danser l' ours.

Fam., Il est fait comme un meneur d' ours, se dit D' un homme qui est mal vêtu, ou dont les habits sont fort en désordre.

Fig. et fam., C' est un ours, C' est un homme qui fuit la société.

Fig. et fam., Un ours mal léché, Un homme difforme et mal fait, ou Un homme rustre, brutal, mal élevé.

Prov. et fig., Il ne faut pas vendre la peau de l' ours avant qu' on l' ait pris, avant qu' on l' ait mis par terre, Il ne faut pas disposer d' une chose avant de la posséder; il ne faut pas se flatter trop tôt d' un succès incertain.

OURSE. s. f.

OURSE. s. f. La femelle de l' ours.

OURSE

OURSE en Astronomie. Nom de deux constellations situées près du pôle arctique. La grande Ourse. La petite Ourse.

OURSE

OURSE en poésie, se prend quelquefois pour Le septentrion, parce que l' étoile polaire se trouve dans la petite Ourse. Du midi jusqu' à l' Ourse.

OURSIN. s. m.

OURSIN. s. m. T. d' Hist. nat. Nom d' un genre de zoophytes à coquille calcaire, hérissée d' épines mobiles.

OURSON. s. m.

OURSON. s. m. Le petit d' un ours. On a pris deux oursons.

OURVARI. s. m.

OURVARI. s. m. T. de Vénerie. Voyez HOURVARI.

OUTARDE. s. f.

OUTARDE. s. f. Gros oiseau à jambes hautes, dont les pieds n' ont que trois doigts, et qui vit ordinairement dans les grandes plaines. Manger une outarde, une jeune outarde. Pâté d' outarde.

OUTARDEAU. s. m.

OUTARDEAU. s. m. Le petit d' une outarde.

OUTIL. s. m.

OUTIL. s. m. (On ne prononce pas l' L.) Tout instrument dont les artisans, les laboureurs, les jardiniers, etc., se servent pour leur travail. Les outils d' un menuisier, d' un charpentier, d' un charron, d' un serrurier, d' un maçon, etc. Outils de labourage, de jardinage. Le marteau est un outil de grand usage. Apportez vos outils.

Prov., Méchant ouvrier ne saurait trouver de bons outils; et, Un bon ouvrier se sert de toute sorte d' outils.

OUTILLER. v. a.

OUTILLER. v. a. Garnir, fournir d' outils. Il est familier et ne s' emploie guère que dans ces phrases: Il a fallu l' outiller. On l' a outillé comme on a pu.

OUTILLÉ, ÉE. participe

OUTILLÉ, ÉE. participe Il s' emploie comme adjectif et avec les adverbes Bien ou Mal. Outillé tant bien que mal. Bien outillé. Mal outillé.

Il se dit, figurément et populairement, D' un homme bien ou mal pourvu de ce qui lui serait nécessaire pour ce qu' il entreprend. Vous n' êtes pas assez bien outillé pour réussir dans ce que vous entreprenez.

OUTRAGE. s. m.

OUTRAGE. s. m. Injure grave de fait ou de parole. Grand, cruel, sanglant outrage. Quel outrage! Faire un outrage. Faire outrage à quelqu' un. On lui a fait outrage en sa personne, en son honneur. Recevoir un outrage. Souffrir un outrage. Se venger d' un outrage.

Fig., Faire outrage à la raison, à la morale publique, Faire ou dire quelque chose qui y soit fort contraire. Dans le même sens, Faire outrage au bon sens, à la grammaire, Dire ou écrire quelque chose qui offense grossièrement le bon sens, la grammaire.

Poétiq., L' outrage des ans, les outrages du temps, Le dommage que la durée du temps cause à la solidité, à la beauté de certaines choses. Cet édifice se ressent des outrages du temps. Cette femme fait de vains efforts pour réparer l' outrage des ans.

OUTRAGEANT, ANTE. adj.

OUTRAGEANT, ANTE. adj. Qui outrage. Il ne se dit que Des choses. Paroles outrageantes. Procédé outrageant. Cela est outrageant.

OUTRAGER. v. a.

OUTRAGER. v. a. Offenser cruellement, faire outrage. Il ne l' a pas seulement offensé, il l' a outragé. Il est dangereux d' outrager un homme de coeur. On ne s' est pas contenté de maltraiter ses domestiques, on l' a outragé dans sa personne. Il a été outragé en son honneur. On l' a outragé de paroles.

Il se dit aussi en parlant De certaines choses morales. Outrager la pudeur. Outrager le bon sens, la raison.

OUTRAGÉ, ÉE. participe

OUTRAGÉ, ÉE. participe

OUTRAGEUSEMENT. adv.

OUTRAGEUSEMENT. adv. Avec outrage, d' une manière outrageuse. Il l' a traité outrageusement.

Il signifie quelquefois, Avec excès, à outrance. On l' a battu outrageusement.

OUTRAGEUX, EUSE. adj.

OUTRAGEUX, EUSE. adj. Qui fait outrage. Paroles outrageuses. Il est outrageux en paroles. On l' a traité d' une manière outrageuse.

OUTRANCE. s. f.

OUTRANCE. s. f. Il n' est usité que dans ces locutions adverbiales, À outrance, à toute outrance, Jusqu' à l' excès. Brave à outrance. Plaideur, chicaneur à outrance. Disputer à outrance. Persécuter, poursuivre à outrance. Soutenir une opinion à toute outrance. Il est platonicien, épicurien à outrance. Ils se sont battus à outrance.

Combat à outrance, Duel qui ne devait se terminer que par la mort d' un des combattants.

OUTRE. s. f.

OUTRE. s. f. Peau de bouc préparée pour recevoir des liquides, comme du vin, de l' huile, etc. Une outre de vin, une outre d' huile.

OUTRE. préposition de lieu

OUTRE. préposition de lieu Au delà. Il n' est en usage, comme préposition de lieu, que dans certains mots composés, tels que Outre-Meuse, outre-Rhin, outre-mer. Les pays d' outre-Meuse. Les guerres, les voyages d' outre-mer.

Il est aussi adverbe, et s' emploie tant au propre qu' au figuré. Il n' alla pas plus outre. La nuit qui survint l' empêcha de passer outre. Malgré les défenses et les oppositions, ils n' ont pas laissé de passer outre. Les juges ont passé outre sur l' instruction, et mieux à l' instruction de son procès.

OUTRE, préposition

OUTRE, préposition signifie aussi, Par-dessus. On lui donna cent écus, et outre cela on lui promit... Outre la somme de tant, il a reçu encore tant. Outre ce que je viens de dire, il faut remarquer que...

En Jurispr., Lésion d' outre moitié, Lésion de plus de la moitié. Dans ce partage, dans ce marché, il y a lésion d' outre moitié du juste prix.

OUTRE MESURE. loc. adv.

OUTRE MESURE. loc. adv. Avec excès, déraisonnablement. Il a été battu outre mesure. Il ne faut pas faire travailler un cheval outre mesure.

D' OUTRE EN OUTRE. loc. adv.

D' OUTRE EN OUTRE. loc. adv. De part en part. Un coup d' épée qui le perçait d' outre en outre.

EN OUTRE. loc. adv.

EN OUTRE. loc. adv. De plus, davantage. Je lui ai donné tant, et en outre je l' ai nourri.

OUTRE QUE. loc. conjonctive

OUTRE QUE. loc. conjonctive Outre qu' elle est riche, elle est belle et sage. Outre que votre père vous le commande, l' honneur vous y oblige.

OUTRECUIDANCE. s. f.

OUTRECUIDANCE. s. f. Présomption, témérité. Parler avec outrecuidance. Je n' ai jamais vu tant d' outrecuidance. Il est vieux, et ne se dit guère que par plaisanterie.

OUTRECUIDANT, ANTE. adj.

OUTRECUIDANT, ANTE. adj. Présomptueux, téméraire. C' est un personnage très-outrecuidant. Proposition outrecuidante. Propos outrecuidant. Il est vieux.

OUTRECUIDÉ, ÉE. adj.

OUTRECUIDÉ, ÉE. adj. Présomptueux, téméraire. Vous êtes bien outrecuidé. Il est vieux.

OUTRÉMENT. adv.

OUTRÉMENT. adv. D' une manière outrée. Il l' a battu outrément. Il s' est fatigué outrément. Il est peu usité.

OUTREMER. s. m.

OUTREMER. s. m. Couleur bleue extraite du lapis pulvérisé. Acheter, employer de l' outremer. On fait aujourd' hui de l' outremer artificiel aussi beau que celui du lapis.

OUTRE-PASSE. s. f.

OUTRE-PASSE. s. f. T. d' Eaux et Forêts. Abatis que l' adjudicataire d' une coupe de bois fait au delà des limites qui lui ont été marquées. La loi contient des dispositions relatives aux outre-passes.

OUTRE-PASSER. v. a.

OUTRE-PASSER. v. a. Aller au delà de. Il se dit au propre et au figuré. Son mur outre-passait l' alignement, on l' a fait abattre. Outre-passer les ordres qu' on a reçus. Cet ambassadeur a outre-passé ses pouvoirs.

OUTRE-PASSÉ, ÉE. participe

OUTRE-PASSÉ, ÉE. participe

OUTRER. v. a.

OUTRER. v. a. Porter les choses au delà de la juste raison. Les stoïciens ont outré la morale. Ces maximes sont bonnes, mais il ne faut pas les outrer. Outrer une pensée, un sentiment, une comparaison. Outrer la mode. C' est un homme qui outre tout. Il ne faut rien outrer.

Il s' emploie aussi absolument. Il ne faut jamais outrer. Vous outrez.

OUTRER

OUTRER signifie aussi, Accabler, surcharger de travail. C' est outrer des ouvriers, que de les faire travailler sans relâche. Dans cette acception, il a vieilli.

Il s' employait quelquefois, en ce sens, avec le pronom personnel. Cet homme s' est outré à courir la poste. Il faut travailler, mais il ne faut pas s' outrer.

Outrer un cheval, Le pousser au delà de ses forces. Mener un cheval si longtemps au galop, c' est l' outrer.

OUTRER

OUTRER signifie encore, Offenser quelqu' un grièvement, pousser sa patience à bout. Vous l' avez outré. Vous l' avez tellement outré, qu' il ne vous le pardonnera jamais.

OUTRÉ, ÉE. participe

OUTRÉ, ÉE. participe Un cheval outré, Excédé.

Outré de douleur, de dépit, de colère, etc., Pénétré, transporté de douleur, de dépit, de colère, etc.

Il est outré de vos refus, de vos injures, etc., Vos refus, vos injures l' irritent, le révoltent. En ce sens, on dit absolument: Il est outré. Je suis outré.

OUTRÉ

OUTRÉ s' emploie adjectivement, et se dit Des choses exagérées, excessives, qui passent les bornes prescrites par la raison. Une pensée outrée. Des sentiments outrés. Des louanges outrées. Une flatterie outrée. Sa morale est outrée. Le caractère de ce personnage est outré. En ce sens, il se dit quelquefois Des personnes. Cet homme est outré, il est outré en tout.

OUVERTEMENT. adv.

OUVERTEMENT. adv. Hautement, franchement, sans déguisement. Il s' est déclaré ouvertement pour moi. Il m' a déclaré ouvertement tout ce qu' il pense. Il ne faut pas choquer trop ouvertement le préjugé public.

OUVERTURE. s. f.

OUVERTURE. s. f. Fente, trou, espace vide, dans ce qui d' ailleurs est continu. Grande ouverture. Petite ouverture. Large ouverture. Faire une ouverture. Laisser une ouverture. Il y a une grande ouverture à la muraille. L' eau et l' air s' insinuent par les plus petites ouvertures.

Il se dit particulièrement, en Architecture, Des portes, des arcades, des croisées d' un édifice. Ce bâtiment a trop d' ouvertures.

Cette porte, cette fenêtre n' a pas assez d' ouverture, a trop d' ouverture, La baie de cette porte, de cette fenêtre est trop petite, est trop grande.

OUVERTURE

OUVERTURE signifie aussi, L' action par laquelle on ouvre. L' ouverture d' un coffre. L' ouverture d' un pâté. L' ouverture de la veine. L' ouverture d' un corps. L' ouverture d' une fosse. L' ouverture de la porte sainte. L' ouverture de la malle d' un courrier. L' ouverture d' une dépêche. À l' ouverture de la lettre. L' ouverture d' un testament.

À l' ouverture du livre, En ouvrant le livre au hasard. À l' ouverture du livre, il a trouvé ce qu' il cherchait.

En termes de Guerre, L' ouverture de la tranchée, Le premier travail que l' on fait pour pratiquer, pour creuser la tranchée.

OUVERTURE

OUVERTURE signifie figurément, Le commencement de certaines choses. L' ouverture de l' assemblée. L' ouverture des chambres. L' ouverture de la session. Le discours d' ouverture. L' ouverture du parlement. L' ouverture des états. L' ouverture du concile. L' ouverture de la campagne. L' ouverture d' un inventaire. L' ouverture de la chasse. L' ouverture de la foire, du théâtre. L' ouverture de la scène.

Il se dit, particulièrement, de La symphonie par laquelle commence un opéra. L' ouverture est belle. L' ouverture de cet opéra est trop longue. Je suis arrivé après l' ouverture, quand on finissait l' ouverture. L' ouverture de la Caravane, de Guillaume Tell.

OUVERTURE

OUVERTURE se dit encore, figurément, Des premières propositions relatives à une affaire, à une négociation, à un traité, etc. Faire des ouvertures de paix. Faire l' ouverture d' un avis. Faire l' ouverture d' un expédient. C' est lui qui m' a fait les premières ouvertures de ce mariage. Se prêter, se refuser, entendre à des ouvertures. Il n' a pas écouté mes ouvertures.

Il signifie aussi, Expédient, voie, occasion. Voilà une bonne ouverture pour vous faire sortir de cette affaire. C' est une ouverture que je vous donne. Je ne vois aucune ouverture pour parvenir à mon but. Je profiterai de l' ouverture. Je vous servirai si je trouve quelque ouverture à parler de votre affaire.

Il signifie quelquefois, Aveu, confidence. Faire des ouvertures inutiles, indiscrètes.

Fig., Ouverture de coeur, Franchise, sincérité, épanchement amical. Il m' a parle avec une grande ouverture de coeur.

Fig., Ouverture d' esprit, La facilité de comprendre, de saisir. Il n' a aucune ouverture d' esprit. Il a beaucoup d' ouverture d' esprit pour les mathématiques. On dit de même absolument, Il a beaucoup d' ouverture pour les sciences, etc.

En Jurispr., Il y a ouverture à la substitution, La substitution commence d' avoir lieu en faveur de quelqu' un.

L' ouverture d' une succession, Le moment où les biens d' un défunt sont dévolus à ses héritiers. L' ouverture de la succession se fait au lieu du dernier domicile du mort.

Il y a ouverture à cassation, à requête civile, à la requête civile, Il y a lieu de se pourvoir par cassation, par requête civile.

En Jurispr. féodale, on disait, Il y a ouverture de fief, Le seigneur de qui relève le fief est en droit d' en lever les fruits; et on appelait Ouverture de rachat, Le cas dans lequel le droit de rachat d' une terre était dû au seigneur dont elle relevait.

OUVERTURE

OUVERTURE en termes de Dioptrique, La surface plus ou moins grande que les verres des lunettes présentent aux rayons de la lumière. Plus l' oculaire d' une lunette a d' ouverture, plus l' instrument a de clarté; et plus l' objectif a d' ouverture, plus l' instrument a de champ.

En Géométrie, L' ouverture d' un angle, L' écartement plus ou moins grand de deux lignes droites qui, se rencontrant en un point, forment un angle. On dit dans un sens analogue, L' ouverture d' un compas, L' écartement plus ou moins grand de ses deux branches.

OUVRABLE. adj. m.

OUVRABLE. adj. m. Consacré au travail. Il n' est usité que dans l' expression, Jour ouvrable, Jour qui n' est point férié, où il est permis de travailler et d' ouvrir les boutiques.

OUVRAGE. s. m.

OUVRAGE. s. m. OEuvre, ce qui est produit par l' ouvrier, ce qui résulte d' un travail. Grand ouvrage. Bel ouvrage. Merveilleux ouvrage. Ouvrage accompli, parfait, achevé. Ouvrage de menuiserie, de charpenterie, de maçonnerie, de serrurerie, etc. Ouvrage de marqueterie, de mosaïque, de rapport. Ouvrage de tapisserie, de broderie. Ouvrage de peinture, de sculpture, d' architecture. Faire un ouvrage. Travailler à un ouvrage. Commencer, continuer, achever, finir un ouvrage. Négliger, interrompre, laisser, quitter un ouvrage. Laisser un ouvrage imparfait. Embellir, enrichir un ouvrage. Avancer son ouvrage. Entreprendre un ouvrage. Il est si appliqué à son ouvrage, qu' il y travaille continuellement. L' univers est l' ouvrage de Dieu, l' ouvrage de ses mains. La cire, le miel est l' ouvrage des abeilles. Cette grotte est l' ouvrage de la nature, et non l' ouvrage de l' art. Cette église est un ouvrage gothique.

Il s' emploie quelquefois figurément, au sens moral. Ce succès fut l' ouvrage du hasard, de la fortune. Vous ne pouvez réussir tout de suite, ce sera l' ouvrage du temps, ce ne peut être que l' ouvrage du temps. Mes malheurs ont été votre ouvrage. C' est à vous que je dois tout, je suis votre ouvrage. Après avoir donné la paix à son pays, il voulut consolider son ouvrage.

Prov. et fig., C' est l' ouvrage de Pénélope, se dit D' une chose commencée cent fois, que l' on défait à mesure, et qui ne finit jamais.

Fam., C' est un ouvrage de patience, C' est un ouvrage qui demande principalement du temps et de la constance.

OUVRAGE

OUVRAGE signifie aussi, La façon, le travail que l' on emploie à faire quelque ouvrage. Il y a beaucoup d' ouvrage à ce vase, à cette taille-douce, à ce plafond, etc. Il y a de l' ouvrage pour plus d' un an à ce tableau, à ce groupe. Ce bâtiment sera l' ouvrage de deux ans. Ce qu' on en doit priser le plus, c' est l' ouvrage. L' ouvrage l' emporte sur la matière.

OUVRAGE

OUVRAGE signifie quelquefois, dans un sens absolu, Travail, action de travailler. Se mettre à l' ouvrage. Il aime l' ouvrage. Cet ouvrier n' a pas d' ouvrage. Ce domestique se plaint de ce qu' il y a trop d' ouvrage pour lui dans la maison. C' est l' heure où les maçons quittent l' ouvrage. Changer d' ouvrage.

Fam., Avoir coeur à l' ouvrage, Travailler de bon coeur, avec ardeur.

OUVRAGE

OUVRAGE se dit particulièrement Des productions de l' esprit. Les ouvrages de Cicéron, de Virgile. Le sujet, la matière, le plan, le dessein d' un ouvrage. Le fond de l' ouvrage est bon, mais l' exécution en est défectueuse, les détails n' en sont pas heureux. Ouvrage instructif. Ouvrage d' agrément. Ouvrage d' imagination. Ouvrage d' érudition. Ouvrage de jurisprudence, de théologie, d' histoire, de politique, de littérature, de critique, de morale, etc. Ouvrage en prose. Ouvrage en vers. Ouvrage anonyme, pseudonyme. Ouvrage posthume. Ouvrage didactique. Ouvrage classique. Composer, faire imprimer, publier, mettre au jour, mettre en vente un ouvrage. Donner un ouvrage au public. Il vient de paraître un excellent ouvrage. Les beautés de cet ouvrage l' emportent sur les défauts. Polir, corriger un ouvrage. Admirer, louer, applaudir un ouvrage. Critiquer, blâmer, déchirer un ouvrage. Goûter un ouvrage. Ébaucher, esquisser un ouvrage. Le succès d' un ouvrage. Cet ouvrage a eu dix éditions.

Il se dit aussi Des lois, des institutions. La législation d' Athènes fut l' ouvrage de Solon. Cet établissement est son ouvrage.

OUVRAGE

OUVRAGE en termes de Fortification, Toute sorte de travaux avancés au dehors d' une place, et destinés à la fortifier. Ouvrage à corne. Ouvrage à couronne. Ouvrage couronné. Ouvrages extérieurs.

En termes de Maçonnerie, Les gros ouvrages, Les murs de fondation, de face, de refend, les contre-murs; et Les menus ouvrages, Les cheminées, les plafonds, les carrelages, etc.

OUVRAGÉ, ÉE. participe du verbe Ouvrager

OUVRAGÉ, ÉE. participe du verbe Ouvrager, qui n' est point en usage. Il ne se dit proprement que De certains ouvrages qui demandent beaucoup de travail de la main, comme les ouvrages de damasquinerie, de filigrane et de broderie. La garde de cette épée est fort ouvragée, bien ouvragée.

OUVRANT, ANTE. adj.

OUVRANT, ANTE. adj. Il n' est guère usité que dans ces locutions: À porte ouvrante, à la porte ouvrante, à portes ouvrantes, À l' heure où l' on ouvre la porte ou les portes d' une ville. La seconde de ces locutions a vieilli. On dit quelquefois, À jour ouvrant, Dès que le jour commence à paraître.

OUVREAUX. s. m. pl.

OUVREAUX. s. m. pl. Ouvertures latérales par lesquelles on travaille dans les fourneaux de verrerie.

OUVRER. v. n.

OUVRER. v. n. Travailler. Les règlements de police défendent d' ouvrer les fêtes et les dimanches. Il est vieux.

En termes de Monnayeur, Ouvrer la monnaie, Fabriquer, façonner des espèces. Dans cette phrase, Ouvrer est actif.

OUVRÉ, ÉE. participe

OUVRÉ, ÉE. participe Du fer ouvré, du cuivre ouvré, Du fer, du cuivre façonné en ouvrages; à la différence Du fer en barres, du cuivre en lames. Les droits de douane sur le fer et le cuivre ouvrés sont plus forts que ceux qui sont dus pour le fer et le cuivre non ouvrés.

OUVRÉ

OUVRÉ se dit particulièrement D' une sorte de linge façonné de manière à représenter des figures, des fleurs, des compartiments. Du linge ouvré. Des serviettes, des nappes ouvrées.

OUVREUR, EUSE. s.

OUVREUR, EUSE. s. Celui, celle qui ouvre. Il se dit particulièrement Des personnes commises pour ouvrir les loges dans les spectacles. L' ouvreur, l' ouvreuse de loges. Donnez votre billet à l' ouvreuse. On dit aussi, Ouvreuse d' huîtres.

OUVRIER, IÈRE. s.

OUVRIER, IÈRE. s. Celui, celle qui travaille habituellement de la main, et qui fait quelque ouvrage pour gagner sa vie. Habile ouvrier. Excellente ouvrière. Mauvaise ouvrière. Ouvrier en soie. Ouvrière en linge, en modes, en dentelles. Il y a tant d' ouvriers qui travaillent à ce bâtiment. Payer des ouvriers. Ouvrier à la journée, à la toise. Prov., A l' oeuvre on connaît l' ouvrier.

Cela est du bon ouvrier, de la bonne ouvrière, Cette chose est faite par l' ouvrier, par l' ouvrière qui a le plus de réputation dans son genre.

Dans le langage de l' Écriture sainte, La moisson est grande, mais il y a peu d' ouvriers, Il y a beaucoup de gens à instruire, à convertir, mais il y a peu de personnes pour y travailler. Dans le même style, Les ouvriers d' iniquité, Les méchants.

OUVRIER

OUVRIER se dit aussi quelquefois, figurément et familièrement, de Ceux qui font des ouvrages d' esprit. Je ne sais pas de qui est cette pièce de théâtre, mais elle est d' un bon ouvrier.

OUVRIER, IÈRE. adj.

OUVRIER, IÈRE. adj. Il n' est usité que dans ces locutions: La classe ouvrière, La partie de la population qui se compose des ouvriers, des artisans; Jour ouvrier, ou autrement, Jour ouvrable, Jour qui n' est pas férié, où il est permis de travailler et d' ouvrir les boutiques; et, Cheville ouvrière, Grosse cheville de fer, qui joint le train de devant d' un carrosse avec la flèche ou avec les brancards.

Fig. et fam., Cheville ouvrière, Le principal mobile, le principal agent d' une affaire.

OUVRIR. v. a.

OUVRIR. v. a. (J' ouvre, tu ouvres, il ouvre; nous ouvrons, etc. J' ouvrais. J' ouvris. J' ouvrirai. J' ouvrirais. Ouvre; ouvrez. Que j' ouvre. Que j' ouvrisse. Ouvert.) Faire que ce qui était clos, fermé, ne le soit plus. Il se dit en parlant De ce qu' on ouvre, et de ce qui sert à ouvrir. Ouvrir une chambre. Ouvrir un jardin. Ouvrir une armoire, un coffre. Ouvrir une caisse, un ballot, un paquet. Ouvrir sa bourse. Ouvrir une lettre. Ouvrir une porte, une fenêtre. Ouvrir une serrure, un cadenas. Cette clef ouvre plusieurs serrures. Ouvrir le robinet d' une fontaine. Ouvrir des écluses. Ouvrez le rideau. Ouvrir sa boutique. On dit absolument, Les marchands n' ouvrent pas les jours de fête.

Fig., Ouvrir sa maison à quelqu' un, L' accueillir, le recevoir chez soi.

Fig., Ouvrir sa bourse à quelqu' un, Lui offrir de l' argent.

Fig., Ouvrir la porte aux abus, aux désordres, etc., Donner lieu, donner occasion aux abus, aux désordres.

Fig., Ouvrir son coeur à quelqu' un, Lui confier ses plus secrets sentiments.

Fig., Ouvrir les oreilles, Écouter attentivement. Ouvrez les oreilles, et vous entendrez qu' on se querelle dans la pièce voisine. Il se dit aussi au sens moral, et signifie, Écouter favorablement une proposition par quelque motif d' intérêt. Il a ouvert les oreilles au premier mot de ma proposition. Ma proposition lui a fait ouvrir les oreilles.

Fig. et fam., Ouvrir de grandes oreilles, Entendre, écouter avec étonnement, avec curiosité.

Fig., Ouvrir l' esprit, Le rendre plus capable de connaître, de comprendre, de penser. Deux ou trois ans d' étude lui ont bien ouvert l' esprit. Les conversations, l' usage du monde, ouvrent l' esprit.

Fig., Ce mets ouvre l' appétit, Il donne de l' appétit, il excite l' appétit.

OUVRIR

OUVRIR s' emploie quelquefois absolument, dans le sens d' Ouvrir la porte. Qui est là? Ouvrez, c' est un tel. Ouvrir à quelqu' un. Ouvrez-moi. Ouvrirai-je? On va commencer l' audience, on a ouvert. Passé telle heure, le portier n' ouvre plus.

OUVRIR

OUVRIR signifie aussi, Pratiquer une ouverture, une percée. On a ouvert une porte, une fenêtre dans ce mur. Il avait fait ouvrir une vue sur son voisin, on la lui a fait boucher. On a ouvert beaucoup de chemins, de routes dans cette forêt, dans ce bois. On dit dans le même sens, Ouvrir un mur, ouvrir une forêt, un bois.

Il signifie aussi, Entamer, fendre, couper, percer quelque chose. Ouvrir un pâté. Ouvrir un melon. Ouvrir une pomme. Ouvrir un abcès. Ouvrir la veine. Il fallut lui ouvrir la tête. Il s' est ouvert la tête en tombant. Ouvrir un cadavre.

Ouvrir quelqu' un, Ouvrir son corps après sa mort. Sa famille l' a fait ouvrir.

En termes de Maréchalerie, Ouvrir les talons d' un cheval, Percer le pied d' un cheval. Il faut ouvrir les talons d' un cheval à plat, et non en creusant.

OUVRIR

OUVRIR signifie aussi, Commencer à creuser, à fouiller. Ouvrir la tranchée. Ouvrir la terre pour faire un fossé. Ouvrir un canal. Ouvrir une mine. Ouvrir une carrière.

Il signifie encore, Diviser une chose, séparer les parties jointes ou contiguës dont elle est formée. Ouvrir des noix. Ouvrir des huîtres. Ouvrir un livre. Ouvrir la bouche. Ouvrir les yeux.

Fig., Ouvrir la bouche, Parler. Il n' ose pas ouvrir la bouche.

Le pape ouvre la bouche aux cardinaux nouvellement créés, se dit en parlant De la cérémonie que le pape fait pour donner aux cardinaux le droit de parler dans les consistoires.

Fig., Ouvrir les yeux, Regarder. Ouvrez les yeux, et vous verrez que cette maison est plus basse que l' autre. Il se dit au sens moral, et signifie, Voir, découvrir des choses qu' on n' avait pas remarquées auparavant. Il a ouvert les yeux sur les défauts de son fils.

Fig. et fam., Ouvrir de grands yeux, Voir, regarder avec surprise, avec curiosité.

Fig. et au sens moral, Ouvrir les yeux, faire ouvrir les yeux à quelqu' un sur quelque chose, Lui donner sur cette chose des connaissances, des lumières qui lui manquaient. Ce que je lui ai dit lui a ouvert les yeux, lui a fait ouvrir les yeux.

OUVRIR

OUVRIR signifie aussi, Séparer, écarter. Ouvrir les rangs, les files d' un bataillon, d' un peloton. Ouvrir les jambes, ouvrir les bras.

Fig., Ouvrir les bras à quelqu' un, L' accueillir avec empressement. Dès qu' il s' est repenti, je lui ai ouvert les bras.

OUVRIR

OUVRIR signifie, tant au propre qu' au figuré, Rendre une chose libre, en rendre facile l' abord, le passage, l' occupation. Ouvrir les ports, les mers, les chemins. Ouvrir à quelqu' un le chemin des honneurs. Il lui a ouvert l' accès aux dignités. Il m' a ouvert la route de la fortune. Il lui a ouvert la carrière des emplois. Il lui ouvrit un passage, l' épée à la main, au travers des ennemis. Il s' ouvrit un passage les armes à la main. Cette conquête nous ouvrit la Flandre entière. Ce remède ouvre le ventre.

OUVRIR

OUVRIR signifie encore, figurément, Commencer. Ouvrir la campagne par un siége, par une bataille. Ouvrir les états, le parlement, les chambres. Ouvrir une session. Ouvrir une séance. Ouvrir un cours de médecine. Ouvrir le jubilé. Ouvrir la dispute. Dans cette pièce, c' est tel personnage qui ouvre la scène. Son nom ouvre la liste. Ouvrir un carrousel. Ouvrir le bal, la danse. Ouvrir la foire.

Ouvrir la lice, Entrer le premier dans la lice. Il se dit au propre et au figuré. Ce poëte a ouvert la lice, et il y a été bientôt suivi de nombreux concurrents.

Ouvrir la chasse, Déterminer l' époque où il sera permis de chasser. L' arrêté du préfet de ce département ouvre la chasse pour lundi prochain.

Fig., Ouvrir boutique, Commencer à tenir boutique.

Fig., Ouvrir une école, Commencer à tenir une école. On dit dans le même sens, Ouvrir une auberge, un café, un bureau d' affaires, une maison de commerce, etc.

Fig., Ouvrir sa maison, Commencer ou recommencer à tenir table ouverte, à tenir des cercles, des assemblées. Il est revenu de la campagne, mais il n' a pas encore ouvert sa maison.

Ouvrir un avis, Être le premier à proposer un avis. Ce fut tel conseiller qui ouvrit cet avis. Ce juge ouvrait toujours les avis les plus rigoureux. Quand on eut ouvert cet avis, tout le monde s' y rangea.

En termes de Commerce, Ouvrir un compte avec quelqu' un, Porter sur ses livres le nom d' une personne avec qui on entre en relation d' affaires.

Ouvrir un crédit à quelqu' un, L' autoriser à prendre à une caisse jusqu' à concurrence d' une certaine somme, ou même tout l' argent dont il aura besoin. On lui a ouvert un crédit de cent mille francs sur le trésor public. Il m' a ouvert chez son banquier un crédit illimité. On dit de même, Avoir un crédit ouvert.

Au Brelan et aux autres Jeux de renvi, Ouvrir le jeu, Faire la première vade.

OUVRIR, est aussi neutre en plusieurs acceptions

OUVRIR, est aussi neutre en plusieurs acceptions Cette porte n' ouvre jamais. Les boutiques n' ouvrent point les jours de fête. Le spectacle ouvre tard. La campagne ouvrira de bonne heure. Le parlement ouvrait à la Saint-Martin.

Cette porte ouvre sur le jardin, sur la cour, Elle donne accès dans le jardin, dans la cour.

OUVRIR

OUVRIR s' emploie aussi avec le pronom personnel, tant au propre qu' au figuré. Cette porte ne s' ouvre pas aisément. Les tombeaux s' ouvrirent à la mort de Notre-Seigneur. La foule, la presse s' ouvrit devant lui. Le bataillon s' ouvrit pour laisser tirer l' artillerie. Les fleurs s' ouvrent au soleil. Son coeur s' ouvre à la joie, à l' espérance, à la pitié. Son âme s' est ouverte au repentir. Une carrière immense s' ouvre devant vous. Après qu' on a passé le détroit, la mer s' ouvre, s' étend et s' élargit. On dit dans un sens analogue à celui de cette dernière phrase, Quand on a passé les monts, le pays s' ouvre.

Fig., S' ouvrir à quelqu' un, Lui confier, lui déclarer ce qu' on pense sur quelque chose. Il ne s' était jamais ouvert de cela à personne. Il faut que je m' ouvre à vous. Ce juge s' est trop ouvert. Il est bien dissimulé, il ne s' ouvrira pas.

OUVERT, ERTE. participe

OUVERT, ERTE. participe Boutique, chambre, porte ouverte. L' audience, la séance est ouverte. Livre ouvert. J' avais la bouche ouverte pour vous le dire. Dormir les yeux ouverts. Dès qu' il a les yeux ouverts, il demande à manger. Il a l' appétit ouvert dès le matin. Il a l' esprit ouvert. La place ne capitula qu' après deux mois de tranchée ouverte.

Tenir table ouverte, Tenir une table où l' on reçoit beaucoup de personnes, même celles qui n' ont pas été priées.

Ce port est ouvert à tous les étrangers, Ils peuvent y venir commercer librement et avec sûreté.

La porte de cette maison est ouverte à tous les honnêtes gens, Tous les honnêtes gens y sont bien reçus.

Prov. et fig., Un enfonceur de portes ouvertes, Un fanfaron, un homme qui se vante d' avoir surmonté des obstacles qui n' existaient pas.

Le pari est ouvert, les paris sont ouverts, Chacun est reçu à parier, l' on est prêt à parier contre qui voudra. Cela se dit aussi, figurément, en parlant D' une affaire incertaine, sur laquelle il y a des opinions contraires, et qui doit bientôt se décider.

Ce pays est ouvert, Il n' y a ni rivières, ni montagnes, ni places fortes, qui empêchent l' ennemi d' y entrer.

Cette ville est ouverte, Elle n' est point fortifiée.

Ce cheval est bien ouvert, Il est bien traversé, il a les jambes, particulièrement celles de devant, éloignées comme il faut l' une de l' autre.

En Jurispr., La succession, la substitution est ouverte; elle est ouverte à un tel, et mieux au profit d' un tel, La personne dont il s' agit est dans le cas de recueillir la succession, d' entrer en jouissance de la chose substituée.

En termes de Commerce, Compte ouvert, Celui qui n' est point arrêté, et auquel on ajoute journellement des articles.

Guerre ouverte, Guerre déclarée.

OUVERT

OUVERT s' emploie adjectivement dans le sens de Franc, sincère. C' est un homme ouvert. Caractère ouvert. Il a l' air ouvert. Il a le visage ouvert, la physionomie ouverte.

À FORCE OUVERTE. loc. adv.

À FORCE OUVERTE. loc. adv. Les armes à la main. Il est entré à force ouverte dans le pays ennemi.

À COEUR OUVERT. loc. adv.

À COEUR OUVERT. loc. adv. Sans déguisement. Il m' a parlé à coeur ouvert.

À BRAS OUVERTS. loc. adv.

À BRAS OUVERTS. loc. adv. Avec empressement, avec cordialité. Il m' a reçu à bras ouverts.

À LIVRE OUVERT. loc. adv.

À LIVRE OUVERT. loc. adv. Sans préparation, sans étude préalable. Chanter, accompagner à livre ouvert. Expliquer un auteur à livre ouvert.

À BUREAU OUVERT. loc. adv.

À BUREAU OUVERT. loc. adv. de Finance et de Commerce Le caissier paye à bureau ouvert, Dès qu' on se présente.

OUVROIR. s. m.

OUVROIR. s. m. Lieu où plusieurs ouvriers travaillent ensemble. Il se dit particulièrement, dans les Communautés de filles, Du lieu où elles s' assemblent à des heures réglées pour travailler à différents ouvrages.

OVAIRE. s. m.

OVAIRE. s. m. T. d' Anat. L' organe où sont renfermés les oeufs dans la femelle des animaux ovipares.

Il signifie aussi, en parlant De la femme et des femelles de mammifères, Chacun des deux corps glanduleux placés près des reins, au-dessus de la matrice, et que l' on suppose remplir les mêmes fonctions.

Il se dit par analogie, en Botanique, de La partie inférieure du pistil, où sont attachées les semences.

OVALAIRE. adj. des deux genres

OVALAIRE. adj. des deux genres Qui est de forme ovale. Il se dit, en Anatomie, Du trou dont est percé l' os ischion.

OVALE. adj. des deux genres

OVALE. adj. des deux genres Qui est de figure ronde et oblongue, à peu près semblable à celle d' un oeuf. Une table ovale. Une figure ovale. Trou ovale.

Il est aussi substantif masculin, et signifie, Figure ronde et oblongue. Un grand ovale. Un ovale bien formé.

OVATION. s. f.

OVATION. s. f. Espèce de triomphe, chez les Romains, où le triomphateur entrait dans la ville à pied ou à cheval, et sacrifiait une brebis; à la différence du grand triomphe, où le triomphateur était sur un char, et sacrifiait un taureau.

Il se dit quelquefois, par extension et familièrement, Des honneurs que plusieurs personnes assemblées rendent à une autre, en lui faisant cortége, en la saluant par des acclamations, en la portant dans leurs bras, etc. Il se déroba à l' ovation, à l' espèce d' ovation qu' on lui préparait.

OVE. s. m.

OVE. s. m. T. d' Archit., d' Orfévrerie, etc. Ornement taillé en forme d' oeuf.

OVIPARE. adj. des deux genres

OVIPARE. adj. des deux genres Il se dit Des animaux qui se reproduisent par des oeufs. Il y a des poissons qui sont vivipares, et d' autres qui sont ovipares. On l' emploie quelquefois comme substantif masculin. Les ovipares et les vivipares.

OVOÏDE. adj. des deux genres

OVOÏDE. adj. des deux genres T. didactique. Qui est en forme d' oeuf, qui a la forme d' un oeuf. Fruit ovoïde. Glandes ovoïdes.

OXYCRAT. s. m.

OXYCRAT. s. m. Boisson qui se fait avec de l' eau, du vinaigre et du sucre. Boire de l' oxycrat pour se rafraîchir.

OXYDABLE. adj. des deux genres

OXYDABLE. adj. des deux genres T. de Chimie. Qui peut s' oxyder. Le manganèse est un métal très-oxydable.

OXYDATION. s. f.

OXYDATION. s. f. T. de Chimie. Action d' oxyder; État de ce qui est oxydé.

OXYDE. s. m.

OXYDE. s. m. T. de Chimie. Résultat de la combinaison de l' oxygène avec quelque autre substance. Oxyde métallique. Oxyde d' or, de fer, de plomb, etc.

OXYDER. v. a.

OXYDER. v. a. T. de Chimie. Réduire à l' état d' oxyde. L' air oxyde le fer. Il s' emploie aussi avec le pronom personnel. Le fer s' oxyde à l' air.

OXYDÉ, ÉE. participe

OXYDÉ, ÉE. participe

OXYGÉNATION. s. f.

OXYGÉNATION. s. f. T. de Chimie. Action d' oxygéner; État de ce qui est oxygéné.

OXYGÈNE. s. m.

OXYGÈNE. s. m. T. de Chimie. L' un des principes de l' air atmosphérique, qui entretient la respiration et la combustion, et qui, combiné avec différentes substances, forme les oxydes et les acides.

OXYGÉNER. v. a.

OXYGÉNER. v. a. T. de Chimie. Opérer la combinaison d' un corps avec l' oxygène. On dit plus ordinairement Oxyder, quand il s' agit De métaux.

OXYGÉNÉ, ÉE. participe

OXYGÉNÉ, ÉE. participe

OXYGONE. adj. des deux genres

OXYGONE. adj. des deux genres T. de Géométrie. Il est principalement usité dans cette expression, Triangle oxygone, Triangle dont tous les angles sont aigus.

OXYMEL. s. m.

OXYMEL. s. m. Boisson qui se fait avec de l' eau, du miel et du vinaigre.

OYANT, ANTE. adj. verbal

OYANT, ANTE. adj. verbal employé substantivement. T. de Pratiq. Celui, celle à qui on rend un compte en justice. Le compte de tutelle se rend aux dépens des oyants. Les oyants compte.

P. s. m.

P. s. m. Lettre consonne, la seizième de l' alphabet. On la nomme Pé, suivant l' appellation ancienne et usuelle, et Pe, suivant la méthode moderne. Le p est une consonne labiale. Un grand P. Un petit p. Les mots qui commencent par un p. Il y a beaucoup de mots où le p ne se prononce pas, comme Temps, romps, exempter, etc.

Quand le P est suivi de la lettre H, ces deux consonnes se prononcent comme F. Ainsi on prononce Philosophe, pharmacie, oesophage, comme s' il y avait Filosofe, farmacie, oesofage, etc.

PACAGE. s. m.

PACAGE. s. m. Lieu où l' herbe est abondante, et où l' on mène paître les bestiaux. Pacage gras. Bons pacages. Un pays de pacages. Mettre les boeufs dans le pacage, au pacage.

Droit de pacage, Droit d' envoyer son bétail paître dans certains pâturages.

PACAGER. v. n.

PACAGER. v. n. T. de Coutume. Faire paître, faire pâturer. Il est permis de pacager en terre vaine et vague.

PACANT. s. m.

PACANT. s. m. T. de mépris. Un manant, un homme grossier. Il est populaire et vieux.

PACE (IN)

PACE (IN) (On prononce Ine pacé.) Expression latine usitée autrefois dans les monastères, pour désigner La prison où l' on enfermait pour leur vie ceux qui avaient commis quelque grande faute. Mettre un religieux in pace. On disait aussi substantivement: Mettre un religieux dans l' in pace d' un couvent.

PACHA. s. m.

PACHA. s. m. Titre d' honneur qui se donne en Turquie à des personnes considérables, même sans gouvernement. Les pachas font, à ce titre seul, porter deux queues de cheval devant eux. Pacha à deux queues. Pacha à trois queues. Anciennement on disait, Bacha.

PACHALIK. s. m.

PACHALIK. s. m. Étendue de pays soumise au gouvernement d' un pacha.

PACHYDERME. s. et adj. m.

PACHYDERME. s. et adj. m. T. d' Hist. nat. Il se dit Des animaux mammifères qui ont la peau très-épaisse, et les pieds terminés par plus de deux sabots. L' éléphant, le rhinocéros, l' hippopotame, le cochon, sont des pachydermes.

PACIFICATEUR. s. m.

PACIFICATEUR. s. m. Celui qui pacifie, qui apaise les troubles d' un État, les dissensions d' une ville, d' une famille, les différends des particuliers. C' est le pacificateur de l' État. Le pacificateur des troubles. Il a été le pacificateur de leurs différends. Il a fait l' office de pacificateur entre eux. Faire office de pacificateur.

Il s' emploie quelquefois adjectivement. Un pouvoir pacificateur.

PACIFICATION. s. f.

PACIFICATION. s. f. Le rétablissement de la paix dans un État agité par des dissensions intestines. Édit de pacification. C' est à lui qu' on doit la pacification du pays. Travailler à la pacification des troubles.

Il se dit aussi en parlant Du soin qu' on prend pour apaiser les dissensions domestiques, les différends entre particuliers. Ils étaient tous divisés dans cette famille, c' est lui qui a travaillé à la pacification de leurs différends.

PACIFIER. v. a.

PACIFIER. v. a. Apaiser, calmer en rétablissant la paix. Pacifier un État. Pacifier les troubles. Quand il eut pacifié toutes choses. C' est lui qui a pacifié leurs différends.

PACIFIÉ, ÉE. participe

PACIFIÉ, ÉE. participe

PACIFIQUE. adj. des deux genres

PACIFIQUE. adj. des deux genres Qui aime la paix, qui est favorable à la paix. Un prince pacifique. Un esprit doux et pacifique. Avoir une humeur pacifique. Ses desseins, ses vues sont pacifiques.

Il signifie aussi, Paisible, tranquille, exempt de guerre. Son règne fut pacifique. Mener une vie pacifique.

Mer Pacifique, La mer qui est au couchant de l' Amérique, et qu' on nomme autrement Mer du Sud.

PACIFIQUEMENT. adv.

PACIFIQUEMENT. adv. D' une manière pacifique, tranquillement. Cette entrevue se passa fort pacifiquement. Vivre pacifiquement.

PACOTILLE. s. f.

PACOTILLE. s. f. (On mouille les deux L.) Il se dit proprement d' Une certaine quantité de marchandises, qu' il est permis à ceux qui s' embarquent sur un vaisseau, comme officiers, matelots, gens de l' équipage ou passagers, d' emporter avec eux, afin d' en faire commerce pour leur propre compte. Une pacotille de quincaillerie, de montres, etc. Quand ce jeune homme est parti pour l' Inde, on lui a fait une jolie pacotille. Il a vendu fort avantageusement toute sa pacotille. Voyez Port permis.

Il se dit aussi, dans le Commerce, de Certaines parties de marchandises qui composent ensemble la cargaison d' un navire. Ce navire a des pacotilles de quincaillerie, de bijouterie, qui lui font une riche cargaison.

Marchandises de pacotille, Marchandises de qualité inférieure, qu' on ne pourrait débiter dans les marchés de l' Europe, et qu' on envoie ordinairement dans les colonies. Il s' emploie quelquefois par dénigrement. Ce que vous m' offrez là n' est que de la marchandise de pacotille, ou simplement, n' est que de la pacotille.

PACOTILLE

PACOTILLE se dit, figurément et familièrement, d' Une certaine quantité d' objets quelconques. Vous vous plaignez de n' avoir pas assez d' habits, de meubles, de livres; vous en avez pourtant une belle pacotille.

PACTA CONVENTA. s. m. pl.

PACTA CONVENTA. s. m. pl. (On prononce convainta.) Expression latine que l' usage a consacrée, pour signifier, Les conventions que le roi de Pologne, nouvellement élu, et la république, s' obligeaient mutuellement d' observer et de maintenir. Signer les pacta conventa.

PACTE. s. m.

PACTE. s. m. Convention. Il y a pacte entre eux. C' est un pacte exprès. Un pacte tacite. Pacte commissoire. Pacte contre le droit commun. Pacte illicite. Pacte secret. Faire un pacte. On prétendait qu' il avait un pacte avec le diable. Rompre un pacte. Renoncer au pacte, à un pacte.

Pacte de famille, Accord fait entre les membres d' une famille souveraine occupant des trônes différents.

PACTISER. v. n.

PACTISER. v. n. Faire un pacte, une convention. Il est interdit aux avoués de pactiser avec leurs clients sur le montant des sommes qui font la matière du procès.

Il s' emploie quelquefois figurément, au sens moral; et il signifie, Composer, transiger. Il ne faut jamais pactiser avec ses devoirs, avec sa conscience. Pactiser avec le crime, avec la rébellion.

PADOU. s. m.

PADOU. s. m. Ruban tissu moitié de fil et moitié de soie. Il ne faut pas du ruban de soie, il ne faut que du padou pour border cette étoffe.

PADOUANE. s. f.

PADOUANE. s. f. T. d' Antiq. Nom donné à certaines médailles qui ont été parfaitement contrefaites d' après l' antique, par deux graveurs de Padoue. Les coins des padouanes ont passé du cabinet de Sainte-Geneviève de Paris, dans celui du roi. Cette médaille n' est pas antique, c' est une padouane.

PAGAIE. s. f.

PAGAIE. s. f. Rame dont se servent les Indiens pour faire voguer leurs pirogues.

PAGANISME. s. m.

PAGANISME. s. m. Idolâtrie, religion des païens, culte des faux dieux. Durant les ténèbres du paganisme. Les superstitions du paganisme. La chute du paganisme.

PAGE. s. f.

PAGE. s. f. Un des côtés d' un feuillet de papier, de parchemin, de vélin, etc. Grande page. Petite page. Remplir la page. Cela tiendra tant de pages. La seconde page était blanche. Le haut, le bas de la page. Ce livre a tant de pages. Ce passage est à la page 102. Numéroter et parapher les pages d' un registre. Les deux pages d' un feuillet.

Il se prend quelquefois pour L' écriture ou pour l' impression contenue dans la page même. Il faut tenir, il faut faire la page plus longue d' une ligne. Dans ce volume, la page a trente lignes, il y a trente lignes à la page. Une page à deux, à trois colonnes. Cette page est trop blanche, le tirage n' a pas été égal. Il est payé à tant la page.

En Imprim., Mettre en pages, Rassembler plusieurs paquets de composition, pour en former des pages d' une longueur déterminée. Ce compositeur met habilement en pages. On appelle Metteur en pages, Le compositeur chargé de cette opération.

PAGE

PAGE se dit aussi Du contenu de la page considérée sous le rapport littéraire. La première page de ce discours est admirable. Il y a de belles pages dans cet ouvrage.

Fig., C' est la plus belle page de son histoire, C' est l' action qui lui fait le plus d' honneur, c' est le moment le plus honorable de sa vie.

PAGE. s. m.

PAGE. s. m. Jeune homme servant auprès d' un roi, d' un prince, d' un seigneur, etc., dont il porte la livrée. Petit page. Grand page. Page de la chambre du roi, ou simplement, Page de la chambre. Page de la reine. Le gouverneur des pages. On l' a mis, on l' a fait entrer dans les pages. Châtier, renvoyer un page.

Être sorti de page, être hors de page, Avoir accompli le temps de son service dans les pages.

Substantiv., Le hors de page, La récompense accordée aux pages qui sortent de service.

Fig. et fam., Hors de page, Hors de la puissance, hors de la dépendance d' autrui. On l' a mis hors de page. Il s' est mis hors de page. Il n' est plus en puissance de tuteur, il est hors de page.

Fam., Un tour de page, Un tour d' espiègle.

Prov., Être effronté comme un page de cour, comme un page, Être hardi jusqu' à l' impudence.

Pages de la musique, Enfants qui étaient élevés pour chanter devant le roi. Page de la chambre. Page de la musique de la chapelle.

Page de la vénerie, Jeune homme destiné à devenir officier de vénerie.

PAGINATION. s. f.

PAGINATION. s. f. T. d' Impr. et de Librairie. Série des numéros des pages d' un livre. La pagination de ce livre commence au titre. Il y a ici une faute de pagination, la page porte 24 au lieu de 26.

PAGINER. v. a.

PAGINER. v. a. Numéroter les pages d' un livre. La préface est paginée en chiffres romains; et le reste du livre en chiffres arabes.

PAGINÉ, ÉE. participe

PAGINÉ, ÉE. participe

PAGNE. s. m.

PAGNE. s. m. Morceau de toile de coton, dont les nègres et les Indiens qui vont nus, se couvrent depuis la ceinture jusqu' aux genoux.

PAGNON. s. m.

PAGNON. s. m. Drap noir très-fin, fabriqué à Sedan. Un habit de pagnon. Il s' emploie aussi adjectivement. Du drap pagnon.

PAGNOTE. s. m.

PAGNOTE. s. m. Poltron, lâche. C' est un vrai pagnote, un franc pagnote. Il a vieilli.

Prov. et fig., Mont pagnote, Tout lieu élevé d' où l' on peut, sans aucun péril, regarder un combat. Pendant l' action, il se tint sur le mont pagnote. Il a vieilli.

PAGNOTERIE. s. f.

PAGNOTERIE. s. f. Action de pagnote. Il a vieilli.

PAGODE. s. f.

PAGODE. s. f. Nom que l' on donne aux temples païens de certains peuples de l' Asie, particulièrement à ceux des Chinois, des Indiens et des Siamois. Il y a dans cette ville une pagode magnifique. Une pagode chinoise. La pagode de Jagrenat.

Il signifie aussi, L' idole qu' on adore dans un temple de ce genre. Une pagode d' or. Une petite pagode.

PAGODE

PAGODE se dit, par extension, de Petites figures, ordinairement de porcelaine, et qui souvent ont la tête mobile. Il a des pagodes sur sa cheminée. Il remue la tête comme une pagode. Il fait la pagode.

Fig., et fam., Ce n' est qu' une pagode, se dit D' une personne qui fait beaucoup de gestes insignifiants.

PAGODE

PAGODE est aussi Le nom d' une monnaie d' or en usage dans l' Inde, et dont la valeur et le poids varient selon les différents lieux. La valeur moyenne des pagodes est de 9 fr. 50 c.

PAIEMENT. s. m.

PAIEMENT. s. m. Voyez PAYEMENT.

PAÏEN, ENNE. adj.

PAÏEN, ENNE. adj. Idolâtre, adorateur des faux dieux, des idoles. Il se dit principalement par opposition à Chrétien, et en parlant Des anciens peuples, comme les Égyptiens, les Grecs, les Romains, qui demeurèrent idolâtres après la publication de l' Évangile. Les prêtres païens. Les philosophes païens. Sous Théodose le Grand, le sénat était encore païen.

Il se dit quelquefois Des peuples modernes qui adorent des idoles. En ce pays-là, ils sont presque tous païens. La plupart des habitants de l' Inde sont encore païens.

Il se dit aussi De tout ce qui est relatif au culte des faux dieux, des idoles. La religion païenne. Les superstitions païennes. Un temple païen.

Il est très-souvent employé comme substantif, en parlant Des personnes. Un païen. Une païenne. Les anciens païens. La religion des païens. Les coutumes des païens. Parmi les païens. Plusieurs païens se convertirent. Les dieux, les idoles, les sacrifices des païens.

Prov., Jurer comme un païen, Faire beaucoup de jurements, faire des jurements horribles.

PAILLARD, ARDE. adj.

PAILLARD, ARDE. adj. Luxurieux, adonné aux plaisirs charnels. Être paillard. Être d' humeur paillarde. On dit de même, Avoir les yeux paillards, la mine paillarde, etc. Ce mot est libre, ainsi que ses dérivés.

Il est aussi substantif. C' est un franc paillard. C' est une paillarde.

PAILLARDER. v. n.

PAILLARDER. v. n. Faire des actes d' impudicité. Tu ne paillarderas point. Il est vieux.

PAILLARDISE. s. f.

PAILLARDISE. s. f. Goût, habitude de l' impudicité. Être adonné à la paillardise.

Il se dit quelquefois, surtout au pluriel, Des actions que ce goût, cette habitude fait commettre. Il se livrait à toute sorte de paillardises.

PAILLASSE. s. f.

PAILLASSE. s. f. Amas de paille enfermé dans de la toile, qu' on étend sur un lit entre le bois ou le fond sanglé et les matelas. Paillasse piquée. Il n' y a pas de paillasse à ce lit. Coucher sur une paillasse. On a saisi tous ses meubles, on ne lui a pas laissé une paillasse. On a tout vendu chez lui, jusqu' à la paillasse.

Il signifie quelquefois, La toile où la paille est enfermée. Il faut vider cette paillasse, et y mettre d' autre paille. Cette paillasse est trop petite.

PAILLASSE. s. m.

PAILLASSE. s. m. Bateleur dont le rôle est d' imiter gauchement les tours de force ou d' adresse de ses camarades.

PAILLASSON. s. m.

PAILLASSON. s. m. Sorte de paillasse plate, et piquée entre deux coutils, qu' on met au devant des fenêtres, pour garantir une chambre du soleil, du bruit. Mettre des paillassons devant des fenêtres.

Il se dit, en termes de Jardinage, d' Une espèce de claie faite avec de la paille longue, étendue et attachée sur des perches, qui sert à garantir de la gelée les couches et les espaliers.

Il se dit aussi d' Une natte de paille ou de roseau qu' on met à l' entrée d' un appartement pour servir à essuyer les pieds.

PAILLE. s. f.

PAILLE. s. f. Le tuyau et l' épi du blé, du seigle, de l' orge, etc., quand le grain en a été séparé. Paille nouvelle. Paille fraîche. Vieille paille. Paille de froment, de seigle, d' orge. Coucher sur la paille. Mettre de la paille dans une paillasse. Donner de la paille à des chevaux. Hacher de la paille pour la mêler avec de l' avoine. De la paille pour les bestiaux. Des pailles pour faire du fumier. Les fruits mûrissent sur la paille. Botte de paille. Charretée de paille. Brin de paille. L' ambre attire la paille, lève la paille. Des ouvrages de paille. Chapeau de paille, de paille d' Italie. Cordon de paille. Chaise de paille.

Un cent, un millier de paille, Un cent, un millier de bottes de paille.

Une paille, Un fétu, un très-petit brin de paille. Il m' est entré une paille dans l' oeil.

Prov. et fig., dans le langage de l' Évangile, Voir une paille dans l' oeil de son prochain, et ne pas voir une poutre dans le sien, Remarquer jusqu' aux moindres défauts d' autrui, et ne pas voir les siens propres, quelque grands qu' ils soient.

Prov. et fig., Ils sont là comme rats en paille, se dit Des gens qui sont dans un lieu où ils ont tout à souhait, où ils font grand' chère, sans qu' il leur en coûte rien.

Fig. et fam., Homme de paille, Homme de néant, de nulle considération. Il se dit plus particulièrement de Ces gens qui prêtent leur nom, et qu' on fait intervenir dans une affaire, quoiqu' ils n' y aient point de véritable intérêt. C' est lui qui a signé le marché pour cette fourniture, mais il n' est qu' un homme de paille.

Fig. et fam., Feu de paille, Passion qui commence avec ardeur, avec véhémence, et qui est de peu de durée. Cet amour si violent n' a été qu' un feu de paille. Il se dit aussi Des troubles passagers. La sédition n' était qu' un feu de paille.

Prov. et fig., Cela lève, enlève, emporte la paille, se dit De certaines choses excellentes en leur genre. Ce conte est excellent, il lève la paille, il enlève la paille.

Prov. et fig., Rompre la paille, Annuler un accord, un marché. La paille est rompue.

Prov. et fig., Rompre la paille avec quelqu' un, Déclarer ouvertement qu' on cesse tout commerce, toute liaison avec lui. Après ce débat, ils ont rompu la paille.

Tirer à la courte paille, Tirer au sort avec des brins de paille d' une longueur inégale. Ils ont tiré à la courte paille à qui payerait.

Prov. et fig., Tout y va, la paille et le blé, se dit en parlant D' une dépense ruineuse pour celui qui la fait.

Par exagérat., Coucher sur la paille, être à la paille, Être dans une grande misère. Mettre quelqu' un à la paille, Le réduire à la misère, le ruiner. Il mourra sur la paille. se dit D' un homme qui se ruine.

Paille d' avoine, La balle du grain, que l' on en sépare par le van ou par le crible.

Vin de paille, Vin fait avec du raisin qu' on a laissé quelque temps sur la paille après la récolte.

En Hist. nat., Paille-en-cul, ou Paille-en-queue, Oiseau de mer dont la queue a deux longues plumes étroites.

PAILLE

PAILLE se dit aussi d' Un certain défaut de liaison dans la fusion des métaux. Cette lame est fine, mais il y a quelques pailles. La lame de son épée se cassa à l' endroit où il y avait une paille.

Il se dit également d' Un défaut qui se trouve quelquefois dans les pierreries, principalement dans les diamants, et qui en diminue l' éclat. Il y a une paille dans ce diamant. Ce diamant a une paille.

PAILLER. s. m.

PAILLER. s. m. La cour d' une ferme où il y a des pailles, des grains. Chapon de pailler. Poularde de pailler. On dit adjectivement, Chapon pailler, poularde paillère.

Prov. et fig., Être sur son pailler, Être en lieu où l' on est le plus fort, comme dans sa maison, dans son quartier. Un homme est bien fort sur son pailler. On dit dans le même sens, C' est un coq sur son pailler.

PAILLET. adj. m.

PAILLET. adj. m. Il ne se dit que Du vin rouge peu chargé de couleur. Du vin paillet. Le vin rosé se garde mieux que le paillet.

PAILLETTE. s. f.

PAILLETTE. s. f. Petit morceau d' une lame d' or, d' argent, de cuivre, ou d' acier, qui est mince, percé au milieu, ordinairement rond, et qu' on applique sur quelque étoffe pour l' orner. Il y a bien des paillettes à cette broderie. Un habit à paillettes, à paillettes d' or, d' acier. Paillettes en losange.

Il se dit aussi de Petites parcelles d' or, qu' on trouve dans le sable de quelques rivières.

PAILLEUR, EUSE. s.

PAILLEUR, EUSE. s. Celui, celle qui vend ou qui voiture de la paille.

PAILLEUX. adj. m.

PAILLEUX. adj. m. Il se dit Du fer et des autres métaux qui ont des pailles. Du fer, de l' acier pailleux.

PAILLON. s. m.

PAILLON. s. m. Grosse paillette. Un habit brodé de paillons.

Il se dit aussi de Ces lames de cuivre battu, très-minces, colorées d' un côté, dont les joailliers mettent de petits morceaux au fond des chatons des pierres précieuses et des cristaux.

Il signifie encore, en termes d' Orfévrerie, Un petit morceau de soudure.

PAIN. s. m.

PAIN. s. m. Aliment fait de farine pétrie et cuite. Bon pain. Mauvais pain. Pain bis. Pain blanc, bis-blanc. Pain noir. Pain tout chaud. Pain tendre. Pain frais. Pain rassis. Pain dur. Pain salé. Pain sans levain. Pain de froment, de seigle, d' orge, etc. Pain de pommes de terre, de châtaignes, etc. Pain long. Pain rond. Pain de pâte ferme. Pain de ménage. Pain de cuisson, ou Pain de bourgeois. Pain de boulanger. Gros pain. Pain de Gonesse, façon de Gonesse. Petit pain. Petit pain à café. Pain mollet, demi-mollet. Pain à la reine. Pain au lait. Pain bien cuit, bien levé. Pain gras-cuit. Ce pain est léger, est pesant. Du pain qui a des yeux. Le pain est au four. Une fournée de pain. Croûte de pain. De la mie de pain. Chapelures de pain. Soupe de pain ou au pain. Du pain trempé dans du vin. Ils ont chacun leur pain. C' est lui qui distribue le pain. Jeûner au pain et à l' eau. Couper du pain. Rompre un pain. Manger du pain. Manger son pain sec, du pain tout sec. Une bribe de pain. Un morceau de pain. Un quignon de pain.

Prov. et fig., Manger son pain dans sa poche, Manger seul ce qu' on a, n' en faire part à personne. C' est un égoïste qui mange son pain dans sa poche. Il ne mange pas son pain dans sa poche, il est fort généreux.

Fam., Manger du pain d' un autre, Être domestique. Il a mangé de mon pain pendant dix ans.

Prov. et pop., Pain coupé n' a point de maître, se dit Lorsqu' à table on prend le pain d' un autre.

Prov., Il a mangé de plus d' un pain, Il a beaucoup voyagé, il a couru le monde.

Prov., Il sait son pain manger, se dit D' un homme habile et intelligent. On dit, à peu près dans le même sens, Il sait plus que son pain manger.

Fam., Il ne vaut pas le pain qu' il mange, se dit D' un fainéant, d' un homme qui n' est bon à rien.

Prov. et fig., Il a mangé son pain blanc le premier, Il a été dans un état heureux, agréable, et n' y est plus.

Prov. et fig., Il a du pain quand il n' a plus de dents, se dit D' un homme à qui le bien arrive quand, par son âge ou ses infirmités, il n' est plus en état d' en faire usage.

Prov. et fig., Du pain cuit, du pain de cuit, se dit D' un ouvrage, d' un travail qui ne sert pas au moment où il vient d' être fait, mais qui servira plus tard. Voilà du pain cuit. Il a du pain de cuit. C' est autant de pain de cuit. Il se dit aussi De plusieurs autres choses qui se font par esprit de précaution, et en vue de l' avenir.

Fig. et fam., Avoir son pain cuit, Avoir sa subsistance assurée, avoir de quoi vivre en repos.

Prov. et fig., Liberté et pain cuit, Les deux plus grands biens sont d' être libre et d' avoir ce qui est nécessaire à la vie.

Prov. et fig., C' est du pain bien long, se dit D' un travail, d' une entreprise, d' une affaire qui exigera bien du temps avant de donner aucun profit.

Prov. et fig., C' est du pain bien dur, se dit D' une condition fâcheuse où le besoin contraint à rester.

Fig. et en style de Dévotion, Tremper son pain de ses larmes, Vivre dans une componction continuelle.

Prov. et fig., Donner une chose pour un morceau de pain, La vendre à fort bas prix.

Fig. et pop, Il y a là un morceau de pain, un bon morceau de pain à manger, C' est un ouvrage, une entreprise profitable.

Fig., Mettre à quelqu' un le pain à la main, Être le premier artisan de sa fortune, de son bien-être. Ôter le pain de la main à quelqu' un, Lui ôter les moyens de subsister.

Prov., Long comme un jour sans pain, Fort long, fort ennuyeux.

Prov., Il est bon comme le bon pain, comme du bon pain, C' est un homme extrêmement bon et doux.

Prov. et fig., Manger son pain à la fumée du rôt, ou simplement à la fumée, Être témoin, spectateur des plaisirs d' autrui, sans y avoir part.

Prov. et fig., Promettre plus de beurre que de pain, Promettre plus qu' on ne veut ou qu' on ne peut tenir.

Pop., Faire passer, faire perdre le goût du pain à quelqu' un, Le faire mourir.

Pain de munition, Pain qu' on fabrique pour les soldats.

Pain des prisonniers, Le pain qu' on distribue journellement aux prisonniers. On condamnait autrefois certains délinquants à payer tant pour le pain des prisonniers.

Pain du roi, se dit Du pain des soldats, et de celui des prisonniers. Être au pain du roi. Manger du pain du roi. Il a vieilli.

En style de Procéd. ecclésiast., Être condamné au pain de douleur, Être condamné à vivre de pain et d' eau.

Pain de chien, Pain grossier destiné à la nourriture des gros chiens. Pain de cretons, La même espèce de pain où l' on a mis les pellicules qui restent après la fonte des graisses de porc, de mouton, etc.

Pain d' épice, Certain pain qui est fait avec de la farine de seigle, de l' écume de sucre, du miel, des épices, etc. Pain d' épice de Reims.

Pain aux champignons, aux mousserons, à la crème, etc., Sorte de mets fait avec la croûte d' un pain, des champignons, des mousserons, de la crème, etc. Nous avions à l' entremets un excellent pain aux champignons.

Pain bénit, Pain qui est béni avec les cérémonies de l' Église, et que l' on distribue à la grand' messe, dans les églises paroissiales. Rendre, distribuer le pain bénit. Il y avait six pains bénits. Une part de pain bénit. Un morceau, un chanteau de pain bénit.

Prov. et fig., C' est pain bénit, se dit Quand il arrive quelque petit mal à une personne qui l' a bien mérité.

Pain à cacheter, Sorte de petit pain sans levain et très-mince, dont on se sert pour cacheter des lettres.

Pain à chanter, Pain sans levain, coupé en rond, portant l' empreinte de la figure ou de quelque symbole de JÉSUS-CHRIST, et que le prêtre consacre pendant la messe.

Fig., Le pain des anges, le pain céleste, L' eucharistie. On dit aussi figurément: La parole de Dieu est le pain des fidèles. Le pain de la parole de Dieu, ou simplement, Le pain de la parole.

En termes de l' Écriture sainte, Il ne faut pas donner aux chiens le pain des enfants, Il ne faut pas communiquer les choses saintes aux personnes profanes.

Dans l' Ancien Testament, Pains de proposition, Les douze pains qu' on offrait tous les jours de sabbat, dans le tabernacle ou dans le temple, qui demeuraient exposés durant sept jours sur la table, et dont les seuls prêtres avaient droit de manger.

Pain azyme, Le pain sans levain, que les Juifs mangent en faisant la pâque.

Pain quotidien. Expression employée dans l' oraison dominicale: La nourriture de chaque jour, ou Les besoins journaliers.

Fig. et fam., Pain quotidien, Ce que l' on fait tous les jours ou presque tous les jours. Ils passent leur vie à jouer, c' est leur pain quotidien. Il médit de tout le monde, c' est son pain quotidien.

PAIN

PAIN signifie aussi en général, La nourriture, la subsistance. Gagner du pain. Gagner son pain à la sueur de son corps. On me veut ôter mon pain. Je dispute, je défends mon pain. Il est contraint de servir pour son pain. Il est si gueux, qu' il demande son pain. Il a son pain assuré. Il n' a pas de pain. Il est sans pain. Il manque de pain. Il a du pain. Je lui ai donné, je lui ai fait avoir du pain. Ce petit emploi lui donnera du pain. Chaque jour amène son pain.

PAIN

PAIN se dit aussi de Certaines substances mises en masse. Pain de sucre. Sucre en pain. Pain de cire. Pain de savon. Pain de bougie. Pain de chènevis. Petit pain de beurre.

Pain de noix, pain d' olives, pain de roses, etc., Masse formée du résidu des noix, des olives, des roses, etc., quand on en a extrait l' huile, l' arome.

Arbre à pain. Nom vulgaire du Jaquier.

Pain-de-coucou, Plante. Voyez ALLELUIA.

Pain-de-pourceau, Plante. Voyez CYCLAMEN.

Pain-de-singe, Fruit. Voyez BAOBAB.

PAIR. adj. m.

PAIR. adj. m. Égal, semblable, pareil. Il est pair et compagnon avec lui. C' est un homme sans pair. Ce sont des gens sans pair.

En Arithmétique, Nombre pair, Nombre qui peut se diviser exactement par le nombre deux. Deux, quatre, six, sont des nombres pairs.

Pair ou non, Sorte de jeu dans lequel on donne à deviner si le nombre de plusieurs pièces de monnaie, de plusieurs jetons, ou d' autres choses que l' on tient dans la main, est pair ou impair. Jouer à pair ou non. Que prenez-vous, pair ou non?

Pair et impair, Sorte de jeu qui se joue avec trois dés, comme le passe-dix.

PAIR

PAIR est aussi substantif, au masculin. Vivre avec ses pairs. Être jugé par ses pairs.

Il se dit Du mâle ou de la femelle de certains oiseaux, et particulièrement de la tourterelle, en parlant de l' un par rapport à l' autre. Quand la tourterelle a perdu son pair.

Le pair, en termes de Commerce, L' égalité de change qui résulte de la comparaison du prix d' une espèce dans un pays, avec le prix de la même espèce dans un autre pays. Le change est au pair, Il n' y a rien à gagner ni à perdre dans les traites et dans les remises d' argent de tel pays à tel autre.

La rente est au pair, Elle ne perd rien sur la place; elle se vend et s' achète au prix de sa création. On le dit aussi en parlant Des autres effets publics.

Fig., Être au pair, N' avoir point de travail en arrière. J' étais en arrière dans mon travail, maintenant je suis au pair, je me suis mis au pair.

DE PAIR. loc. adv.

DE PAIR. loc. adv. D' égal, d' une manière égale. Il va de pair, il marche de pair avec les grands seigneurs. Il va de pair avec les plus savants.

Vivre avec quelqu' un, traiter quelqu' un de pair à compagnon, Le traiter comme si on était son égal. Cela se dit plus ordinairement en parlant D' un inférieur qui vit trop familièrement avec une personne qui est au-dessus de lui.

HORS DU PAIR, HORS DE PAIR. loc. adverbiales

HORS DU PAIR, HORS DE PAIR. loc. adverbiales Au-dessus de ses égaux. Il s' est mis, il s' est tiré hors du pair, hors de pair.

PAIR. s. m.

PAIR. s. m. Titre de dignité. Il se disait autrefois Des grands vassaux du roi. Il s' est dit plus tard de Ceux qui possédaient des terres érigées en pairies, et qui avaient droit de séance au parlement de Paris. Il y avait six pairs ecclésiastiques. L' archevêque de Reims était le premier duc et pair. Les évêques de Laon et de Langres étaient ducs et pairs. Les évêques de Beauvais, de Noyon et de Châlons, étaient comtes et pairs. La cour des pairs. Le roi fit tel seigneur duc et pair. Les douze pairs de France.

Il se disait également autrefois Des principaux vassaux d' un seigneur, qui, en certaines affaires, avaient droit de juger avec lui. Les pairs de fief avaient droit de juger leurs pairs ou égaux. Les pairs du comté de Toulouse, du comté de Champagne.

Il se dit aujourd' hui Des membres de la chambre qui exerce la puissance législative, avec le roi et la chambre des députés. La chambre des pairs. Les pairs de France. Le roi l' a fait pair, l' a nommé pair, lui a accordé, lui a conféré la dignité de pair. La chambre des pairs s' est constituée en cour de justice pour procéder au jugement. Les pairs s' assemblent aujourd' hui. Président de la chambre des pairs. Grand référendaire de la chambre des pairs. En Angleterre, la chambre des pairs se nomme aussi Chambre des lords, chambre haute.

PAIRE. s. f.

PAIRE. s. f. Couple d' animaux de la même espèce, mâle et femelle. Il ne se dit guère qu' en parlant De certains volatiles. Une paire de pigeons, de tourterelles, de poulets.

Une paire de boeufs, une paire de chevaux, Deux boeufs destinés à être attachés au même joug, deux chevaux destinés à être attelés à la même voiture.

Fam., Une paire d' amis, Deux amis.

PAIRE

PAIRE se dit aussi de Deux choses de même espèce, qui vont ou nécessairement ou ordinairement ensemble. Une paire de gants, de bas, de bottes, de souliers, de manches, de manchettes. Une paire de pistolets. On dit quelquefois, dans le langage familier: Une paire de joues. Une paire d' oreilles.

Abusivement, Une paire d' heures, Un livre qui contient les prières du jour et celles de la nuit.

En termes d' Anat., Paire de nerfs, ou simplement Paire, Chaque division de nerfs semblables qui ont une origine commune.

PAIRE

PAIRE se dit aussi d' Une chose unique, mais composée essentiellement de deux pièces. Une paire de lunettes, de ciseaux, de mouchettes, de tenailles, de pincettes. Une paire de caleçons, de culottes.

Fam., Les deux font la paire, se dit en parlant De deux personnes, de deux ouvrages qui ont les mêmes défauts. Ils sont étourdis, ignorants l' un et l' autre; les deux font la paire.

Prov. et fig., C' est une autre paire de manches, voici bien une autre paire de manches, C' est une autre affaire, voici bien une autre affaire.

PAIREMENT. adv.

PAIREMENT. adv. T. d' Arithmétique. Il n' est guère usité que dans cette locution, Nombre pairement pair, Nombre pair, dont la moitié est aussi un nombre pair, ou, ce qui revient au même, Nombre qui peut se diviser par quatre, c' est-à-dire, en quatre parties égales. Huit, douze, etc., sont des nombres pairement pairs.

PAIRESSE. s. f.

PAIRESSE. s. f. Il se dit Des femmes qui, en Angleterre, possèdent une pairie femelle. On donne aussi ce titre aux femmes de pair.

PAIRIE. s. f.

PAIRIE. s. f. Dignité de pair qui était attachée à un grand fief relevant immédiatement de la couronne. Les honneurs, les prérogatives de la pairie. Cette pairie s' éteignit faute d' hoirs mâles.

Il s' est dit également Du fief, du domaine auquel cette dignité était attachée. Cette terre était une pairie. Cette terre fut érigée en pairie, en duché-pairie. Un ou une duché-pairie. Le roi seul érigeait les pairies. Les pairies ressortissaient immédiatement au parlement.

Pairies femelles, Celles qui passaient aux femmes. Il existe encore des pairies femelles en Angleterre.

PAIRIE

PAIRIE signifie aujourd' hui, La dignité de membre de la chambre qui concourt avec le roi et avec la chambre des députés à la confection des lois. Le roi l' a élevé à la pairie.

PAISIBLE. adj. des deux genres

PAISIBLE. adj. des deux genres Qui est doux et pacifique. C' est un homme paisible, qui ne vous tourmentera point. Cet enfant est paisible. Caractère paisible. Humeur paisible.

Il se dit aussi Des animaux. Ce cheval est doux et paisible. Le mouton est un animal paisible.

Il signifie en outre, Qui n' est point inquiété, qui n' est point troublé dans la possession d' un bien. Paisible possesseur d' une terre, d' un héritage. Ce prince est paisible possesseur de ses États.

Il signifie aussi, en parlant Des choses, Qui n' est point troublé, point agité, qui est calme et tranquille. Le royaume est paisible. Mener une vie paisible. Sa douleur, sa joie est paisible. Un sommeil paisible. Une situation paisible. Des entretiens paisibles. Une rivière paisible. Un ruisseau paisible.

Il se dit également Des lieux, et signifie, Où l' on est en paix, où il n' y a point de bruit. Une retraite, une habitation paisible. Un séjour paisible. Bois paisibles. Forêts paisibles.

PAISIBLEMENT. adv.

PAISIBLEMENT. adv. D' une manière paisible, sans trouble. Il dormait bien paisiblement. Jouir paisiblement d' un bien, d' un héritage, etc. Vivre paisiblement. Discuter paisiblement.

PAISSON. s. f.

PAISSON. s. f. Nom collectif que l' on donne à tout ce que les bestiaux et les bêtes fauves paissent et broutent, principalement dans les forêts.

PAÚTRE. v. a.

PAÚTRE. v. a. (Je pais, tu pais il paît; nous paissons, etc. Je paissais. Je paîtrai. Je paîtrais. Paissez. Que je paisse. Paissant: les autres temps ne sont pas en usage.) Il se dit proprement Des animaux qui broutent l' herbe, qui la mangent sur la racine, ou qui se nourrissent de certains fruits tombés par terre. Les vaches, les moutons paissent l' herbe. Les cochons paissent le gland, la faîne dans les forêts.

Il s' emploie aussi neutralement. Mener paître des moutons. Faire paître ses chevaux dans un pré. Il y a des espèces d' oiseaux qui paissent. Les oisons, les grues, les poules paissent.

Fig. et pop., Envoyer paître quelqu' un, Le renvoyer avec mépris. S' il me vient parler de cela, je l' enverrai bien paître. Vous avez vu comme je l' ai envoyé paître.

PAÚTRE

PAÚTRE s' emploie quelquefois activement, et signifie, Faire paître, mener paître. Joseph et ses frères paissaient les troupeaux. Dans cette acception, il ne s' emploie guère qu' en poésie et dans le style soutenu.

En termes de Fauconnerie, Paître un oiseau, Lui donner à manger. On a oublié de paître ces oiseaux, il faut les paître.

Fig., dans le langage de la religion, Il faut qu' un curé ait soin de paître son troupeau, de paître ses ouailles du pain de la parole.

PAÚTRE

PAÚTRE avec le pronom personnel, signifie, Se repaître, se nourrir, et se dit Des oiseaux carnassiers. Les corbeaux se paissent de charogne.

Fig., Se paître de vent, Aimer les louanges; et, Se paître de chimères, Se livrer à de vaines imaginations. On dit plus ordinairement, Se repaître de vent, de chimères.

PU. participe

PU. participe Il n' est usité qu' en termes de Fauconnerie. Un faucon qui a pu.

PAIX. s. f.

PAIX. s. f. Situation tranquille d' un État, d' un peuple, d' un royaume qui n' a point d' ennemis à combattre. Paix générale, universelle. Paix perpétuelle. Paix sûre. Paix mal assurée. Longue, heureuse paix. Paix ferme et stable. Proposition de paix. Demander, offrir, donner, refuser la paix. Mettre la paix entre deux princes, entre deux royaumes. Traité de paix. Traiter de la paix. Négocier la paix. Faire la paix. Entretenir la paix. Troubler la paix. Il n' y a point de paix. La paix ne paraît pas prochaine. Nous avons la paix. Il y aura paix, amitié et concorde entre tels et tels États. Ce prince est en paix avec tous ses voisins. La paix régnait alors dans toute l' Europe. Paix sur terre et sur mer. Durant la paix. En temps de paix. En paix et en guerre. Le royaume, après une longue guerre, était en paix, jouissait de la paix. L' olivier est le symbole de la paix. La déesse de la paix, ou simplement, La Paix. Vespasien dédia un temple à la Paix. La Paix était représentée avec une branche d' olivier à la main.

PAIX

PAIX absolument, signifie quelquefois, Traité de paix. Faire une paix avantageuse, glorieuse. Faire une bonne paix, une paix honteuse. Négocier une paix. Les préliminaires de la paix. Les conditions de la paix. Les articles de la paix. Conclure, signer la paix. Publier, proclamer la paix. Garder la paix. Enfreindre, violer, rompre la paix. C' est une contravention, une infraction à la paix. Faire des réjouissances pour la paix. La paix à peine jurée, il fallut de nouveau courir aux armes. Le vainqueur a dicté la paix. Les suites de cette paix furent très-funestes. On fit une paix forcée, une paix simulée. Cette affaire a été réglée par les deux dernières paix. La paix est ratifiée.

La paix de Westphalie, des Pyrénées, de Nimègue, d' Amiens, etc., Le traité de paix conclu en Westphalie, au pied des Pyrénées, à Nimègue, à Amiens, etc.

Fig. et fam., Paix fourrée, et Paix plâtrée, Fausse paix, faite de mauvaise foi par les deux parties, chacune ayant intention de la rompre lorsqu' elle le croira utile à ses intérêts.

Les arts de la paix, Les arts auxquels la paix est favorable, qui fleurissent pendant la paix; par opposition aux Arts de la guerre, Ceux que la guerre enfante, et qui servent à la guerre.

PAIX

PAIX se dit aussi de La concorde, de la tranquillité intérieure qui règne dans les États, dans les familles, dans les sociétés particulières. Le royaume était agité, divisé, il y a mis la paix. Depuis les derniers troubles, le royaume est en paix, jouit de la paix la plus profonde. La paix a été troublée dans quelques provinces. La paix a été promptement rétablie dans cette ville. Ces deux maisons se ruineront, si quelque homme de bien n' y met la paix. Ayez soin d' entretenir la paix dans votre famille. Depuis que cet homme est entré dans notre famille, il en a banni la paix, la paix n' y est plus. Il m' avait chargé de porter des paroles de paix à son frère, avec qui il était brouillé. Vivre en paix. Nous vous demandons la paix. Cette maison est une maison de paix. Cet homme aime la paix, est ami de la paix.

Il se dit quelquefois en parlant Des animaux. Ces deux espèces d' animaux vivent en paix l' une avec l' autre. Les chiens et les chats ne sauraient vivre en paix.

Fig., Faire la paix, se dit en parlant De deux personnes qui étaient brouillées ensemble, et qui se réconcilient.

Fig., Il a fait sa paix, Il est rentré dans les bonnes grâces de son maître, de son protecteur.

Juge de paix. Voyez JUGE.

Paix du roi. Expression dont on se sert, en Angleterre, pour désigner la tranquillité intérieure, dans les provinces, dans les villes. Les lois portent des peines contre ceux qui troublent la paix du roi. On appelait aussi Paix du roi, Les vingt-quatre heures de trêve que, dans quelques guerres civiles, les deux partis s' imposaient le jour de la fête du roi.

PAIX

PAIX signifie aussi, La tranquillité de l' âme. Dieu nous veuille donner sa paix. Dieu vous maintienne en paix. La paix soit avec vous. Dieu est le Dieu de paix. Paix intérieure. La paix de l' âme. La paix du coeur. Son âme n' est point en paix. La paix habite au fond de son coeur. Être en paix avec soi-même. Mettre sa conscience en paix.

Dans l' Écriture sainte, L' ange de paix, JÉSUS-CHRIST.

Fig., C' est un ange de paix, se dit D' une personne qui porte toujours les esprits à l' union, à la concorde.

Baiser de paix, La cérémonie qui se fait à la grand' messe, lorsque le célébrant et ses ministres s' embrassent.

Fam., Ils se sont donné le baiser de paix, Ils se sont réconciliés.

Fig., Ne donner ni paix ni trêve à quelqu' un, Ne lui donner aucun relâche, le presser continuellement.

Laisser quelqu' un en paix, Ne plus le molester, ne plus l' importuner. Après m' avoir bien tourmenté, il m' a laissé en paix. Vous m' importunez, laissez-moi donc en paix.

Prov. et fig., Il faut laisser les morts en paix, Il ne faut point parler mal d' eux.

PAIX

PAIX signifie aussi, Calme, repos, silence, éloignement du bruit ou des affaires. Vous êtes ici bien en paix. On vit ici dans une paix profonde. Il veut achever en paix sa carrière. Jouir en paix du fruit de ses travaux. La paix des forêts, des campagnes. La paix des tombeaux.

Poétiq., Le séjour de l' éternelle paix, Le lieu où vont les âmes des justes après leur mort.

Dieu lui fasse paix. Souhait pieux en faveur de l' âme d' une personne morte.

Prov., Être en paix et aise, Avoir toutes ses commodités, et en jouir paisiblement. On dit dans le même sens: Vivre en paix et aise. Il ne veut que paix et aise. Ces phrases ont vieilli.

Prov., Paix et peu, Avoir peu et vivre en paix, il n' en faut pas davantage à l' homme raisonnable.

PAIX

PAIX est quelquefois Une sorte d' interjection dont on se sert pour faire faire silence. Paix-là, messieurs. Eh, paix donc. Chut, paix.

PAIX

PAIX se dit aussi de La patène que le prêtre donne à baiser quand on va à l' offrande, et de Cette plaque que l' acolyte, après l' Agnus Dei, porte à baiser aux principales personnes du choeur. Baiser la paix. Donner la paix à baiser.

PAL. s. m.

PAL. s. m. Pieu, pièce de bois longue et aiguisée par un bout. Le supplice du pal.

Il est principalement usité dans le Blason. Son pluriel est Paux ou Pals. Il porte d' or au pal de gueules, à deux pals de sinople.

PALADIN. s. m.

PALADIN. s. m. On appelle ainsi, dans les vieux romans, Quelques-uns des principaux seigneurs qui suivaient Charlemagne à la guerre; et, par extension, Les chevaliers qui couraient le monde en cherchant des aventures. Le paladin Roland.

Fig. et fam., C' est un vrai paladin, Il a beaucoup de prétention à la bravoure et à la galanterie.

PALAIS. s. m.

PALAIS. s. m. Maison vaste et somptueuse destinée à loger un souverain, un prince, un grand personnage, etc. Superbe palais. Grand palais. Palais magnifique. Beau palais. Le palais de l' empereur d' Autriche, de Russie. Quand le roi est dans son palais. Bâtir un palais. Loger dans un palais. Palais archiépiscopal, épiscopal, abbatial. Le Palais-Royal à Paris s' appelait autrefois le Palais-Cardinal. Le palais du Luxembourg. Le palais de l' ambassadeur de France à Rome. Les chagrins, les soucis habitent plus ordinairement les palais que les chaumières, que les cabanes.

Révolution de palais, Révolte qui a lieu dans l' intérieur du palais d' un souverain, et qui a pour but de lui ôter la vie ou de le détrôner.

Maire du palais. Voyez MAIRE.

PALAIS

PALAIS se dit, par exagération, d' Une maison magnifique. Voilà une belle maison, c' est un palais. Sa maison est un palais. Il habite un palais.

Il se dit également Des maisons considérables de la plupart des villes d' Italie. Le palais Pitti. Le palais Farnèse. Etc.

Le palais de justice, ou absolument, Le palais, Le lieu où les tribunaux rendent la justice. La grand' salle du palais de Paris. La cour du palais. Les grands degrés du palais. Il est fête au palais.

Jours de palais, Les jours où l' on plaide au palais. C' est aujourd' hui jour de palais.

Gens de palais, Les juges, avocats, avoués, huissiers, etc.

Style du palais, style de palais, termes de palais, Les formules, les termes de pratique dont on se sert dans les actes judiciaires, dans les plaidoiries.

PALAIS

PALAIS se dit aussi, collectivement, Des officiers et des gens du palais. Tout le palais vous dira que votre cause est mauvaise. Tel est l' usage constant du palais.

Il signifie quelquefois, figurément, La profession d' avocat. Suivre le palais. Le palais ne l' a pas enrichi, mais il l' a rendu célèbre.

PALAIS. s. m.

PALAIS. s. m. La partie supérieure du dedans de la bouche. Se brûler le palais. Avoir le palais tout en feu. Cela écorche, cela chatouille le palais.

Il se dit aussi en parlant Des animaux. Cette herbe blesse le palais des bestiaux. Ce cheval bat à la main, parce que le montant de l' embouchure porte contre le palais. Un ragoût de palais de mouton, de palais de boeuf.

Il se prend quelquefois, figurément, pour Le sens du goût. Il a le palais fin.

PALAIS

PALAIS en termes de Botanique, La partie supérieure du fond de la corolle, dans les labiées et les personnées.

PALAN. s. m.

PALAN. s. m. T. de Marine. Assemblage de poulies et de cordages, dont on se sert sur les bâtiments, soit pour exécuter quelques parties de la manoeuvre, soit pour mouvoir de pesants fardeaux.

PALANÇONS. s. m. pl.

PALANÇONS. s. m. pl. T. de Maçonnerie. Morceaux de bois qui retiennent les torchis.

PALANQUE. s. f.

PALANQUE. s. f. T. de Fortification. Retranchement formé de pièces de bois jointives et plantées verticalement.

PALANQUIN. s. m.

PALANQUIN. s. m. Sorte de chaise, de litière, que des hommes portent sur leurs épaules, et dont les personnes considérables se servent, dans l' Inde et à la Chine, pour se faire transporter d' un lieu à un autre. Se faire porter dans un palanquin. Un riche palanquin.

PALASTRE. s. m.

PALASTRE. s. m. T. de Serrurerie. Boîte de fer qui forme la partie extérieure d' une serrure, et où sont montées toutes les pièces qui servent à la faire agir.

PALATALE. adj. et s. f.

PALATALE. adj. et s. f. Il se dit Des consonnes produites par les mouvements de la langue qui va toucher le palais. D, T, L, N, R, sont des consonnes palatales.

PALATIN. adj. m.

PALATIN. adj. m. Titre de dignité qu' on donnait jadis à tous ceux qui avaient quelque office ou charge dans le palais d' un prince. Il y a eu quatre comtes palatins en Angleterre: celui de Lancastre, celui de Durham, celui de Chester, et celui d' Ély. Dans les derniers temps, il ne restait plus, en Allemagne, que l' électeur palatin ou comte palatin du Rhin, qui est aujourd' hui le roi de Bavière.

Il s' est dit aussi, très-anciennement, Des seigneurs qui avaient un palais où l' on rendait la justice. Les comtes palatins de Champagne, de Béarn, ou substantivement, Les palatins de Champagne, de Béarn. Les palatins de France.

Il se dit encore, substantivement, Du vice-roi de Hongrie, et de Chaque gouverneur de province en Pologne. Le palatin de Hongrie. Le palatin de Posnanie, de Cracovie. On dit aussi quelquefois adjectivement, Un seigneur palatin.

PALATIN, INE. adj.

PALATIN, INE. adj. T. d' Anat. Qui a rapport au palais. Os, nerfs palatins. Glandes palatines. Fosse palatine.

PALATINAT. s. m.

PALATINAT. s. m. La dignité de palatin. Le palatinat était une dignité ancienne dans la maison de Bavière.

Il s' est dit aussi Du pays qui était sous la domination de l' électeur palatin. Le Palatinat du Rhin. Les villes du Palatinat. Le haut Palatinat, ou Palatinat de Bavière. Le bas Palatinat.

PALATINAT

PALATINAT est aussi Le nom de chaque province de la Pologne. Le palatinat de Cracovie, de Posnanie.

PALATINE. adj. f.

PALATINE. adj. f. Il ne s' emploie que dans les qualifications suivantes: Maison palatine, La maison, la famille de l' électeur palatin. Princesse palatine, ou simplement, Palatine, Femme d' un palatin, ou Princesse de la maison palatine.

PALATINE. s. f.

PALATINE. s. f. Fourrure que les femmes portent sur le cou en hiver. Une palatine de martre.

PALE. s. f.

PALE. s. f. (L' A se prononce bref.) Espèce de petite vanne qui sert à ouvrir et à fermer le biez d' un moulin, la chaussée d' un étang, selon qu' on veut lâcher les eaux ou les retenir. Lever, baisser la pale du moulin.

PALE

PALE se dit aussi de La partie d' une rame, d' un aviron, qui est plate, et qui entre dans l' eau.

PALE

PALE se dit encore, à l' Église, d' Un carton carré garni ordinairement de toile blanche, et servant à couvrir le calice quand on dit la messe.

PÂLE. adj. des deux genres

PÂLE. adj. des deux genres Blême, décoloré par une teinte de blanc sans vivacité, sans éclat. En ce sens, il ne se dit guère que Des personnes, soit qu' elles aient naturellement cette couleur, soit qu' une maladie ou un saisissement la leur donne. Il est pâle comme un mort, comme la mort. Avoir le teint pâle, le visage pâle, les mains pâles, les lèvres pâles. Être pâle de colère, de fureur. Il est pâle et défait.

Poétiq., Les pâles ombres, Les âmes des morts.

PÂLE

PÂLE se dit aussi Des corps lumineux, quand ils ne répandent qu' une lumière faible, terne, blafarde. Le soleil est bien pâle aujourd' hui. Les pâles rayons de la lune. Cette bougie, cette lampe ne jette qu' une lumière pâle. La pâle lueur des éclairs.

Il se dit aussi Des couleurs qui sont déchargées, qui ne sont pas vives. Un bleu pâle. Du jaune pâle. De l' or pâle. La couleur de ces rideaux est devenue bien pâle.

Pâles couleurs, ou Chlorose, Maladie qui se montre surtout chez les jeunes filles, et qu' on nomme ainsi parce qu' elle leur rend le visage pâle.

PÂLE

PÂLE se dit quelquefois, figurément, Du style, quand il manque d' éclat, de couleur. Cet ouvrage est d' un style pâle, beaucoup trop pâle. Cette poésie est pâle.

PALÉE. s. f.

PALÉE. s. f. Rang de pieux enfoncés en terre à refus de mouton, pour former une digue, soutenir des terres, etc.

PALEFRENIER. s. m.

PALEFRENIER. s. m. Valet qui panse des chevaux. Bon palefrenier. Un cheval bon pour monter un palefrenier.

PALEFROI. s. m.

PALEFROI. s. m. On appelait ainsi autrefois Un cheval de parade, sur lequel les rois et les grands seigneurs faisaient leur entrée dans les villes. Il se dit aussi Des chevaux qui servaient ordinairement aux dames, avant qu' on eût l' usage des carrosses. Monter sur un palefroi. Autrefois les dames allaient sur des palefrois.

PALÉOGRAPHIE. s. f.

PALÉOGRAPHIE. s. f. Science des écritures anciennes, art de les déchiffrer. Traité de paléographie.

PALERON. s. m.

PALERON. s. m. Cette partie de l' épaule qui est plate et charnue. Il n' est usité qu' en parlant De certains animaux. Ce cheval est blessé au paleron.

PALESTINE. s. f.

PALESTINE. s. f. Caractère d' imprimerie entre le gros parangon et le petit canon, dont le corps est aujourd' hui de vingt-deux points.

PALESTRE. s. f.

PALESTRE. s. f. T. d' Antiq. Nom que les Grecs et les Romains donnaient aux lieux publics où les jeunes gens se formaient aux différents exercices du corps. Il y avait, dans les palestres, des portiques, des bains chauds et froids, et même des salles pour les leçons de philosophie et de grammaire. Vitruve a laissé le plan d' une palestre.

Il signifie quelquefois, Les exercices mêmes.

PALESTRIQUE. adj. des deux genres

PALESTRIQUE. adj. des deux genres Il se dit Des exercices qui se faisaient dans les palestres, et n' est guère usité.

Il s' emploie aussi comme substantif féminin. La palestrique se composait du pugilat, de la lutte, de la course, du saut, du disque, du pancrace, de l' oplomachie, etc.

PALET. s. m.

PALET. s. m. Pierre plate et ronde, ou morceau de métal de la même forme, avec lequel on joue en le jetant le plus près qu' on peut du but qui a été marqué. Jouer au palet, au petit palet. Son palet touche le but.

PALETTE. s. f.

PALETTE. s. f. Instrument de bois plat, qui a un manche, et avec lequel les enfants jouent quelquefois au volant. Une palette pour jouer au volant.

PALETTE

PALETTE se dit aussi d' Une petite planche fort mince, d' un bois dur, ordinairement de forme ovale, sur laquelle les peintres placent leurs couleurs, et qu' ils tiennent de la main gauche, à l' aide d' un trou pratiqué vers le bord pour y passer le pouce. Charger sa palette, Y mettre les couleurs. Faire des teintes sur sa palette, Y mélanger les couleurs.

Sentir la palette, se dit D' un tableau dont les couleurs sont crues, les teintes trop vives et sans accord.

Fait d' une seule palette, se dit D' un tableau dont l' harmonie et l' exécution sont si bien entendues et continuées, qu' on n' y peut apercevoir les reprises du travail.

Il a une palette brillante, se dit D' un peintre qui est bon coloriste; et, figurément, D' un poëte dont le style a de l' éclat. On dit dans le même sens: Sa palette est riche. Il a bien des couleurs sur sa palette.

PALETTE

PALETTE en termes de Chirurgie, Espèce de petite écuelle de métal, et d' une capacité déterminée, dans laquelle on reçoit le sang de ceux à qui on ouvre la veine. Apportez des palettes.

Il se dit, figurément, de La quantité de sang qu' on tire par la saignée. On lui a tiré trois palettes de sang.

PALÉTUVIER. s. m.

PALÉTUVIER. s. m. T. de Botan. Arbre des Indes, qui s' élève à dix ou douze pieds, et dont la semence commence à germer dans l' intérieur du fruit aussitôt qu' elle est parvenue à sa maturité.

PÂLEUR. s. f.

PÂLEUR. s. f. La couleur de ce qui est pâle. Il ne se dit guère qu' en parlant Des personnes. Il lui est resté une grande pâleur de sa maladie. Une pâleur mortelle. La pâleur de la mort paraissait déjà sur son visage.

PÂLI. s. m.

PÂLI. s. m. Langue sacrée de l' île de Ceylan et de la presqu' île au delà du Gange. Étudier le pâli. On dit adjectivement, La langue pâli.

PALIER. s. m.

PALIER. s. m. Espace ou plate-forme servant de repos dans un escalier, dans un perron, dans une rampe douce, ou dans les gradins d' un théâtre. Il y a un palier ou repos à chaque étage d' une maison. Quand on a monté dix marches, on trouve un grand palier.

Palier de communication, Celui qui est entre des appartements de plain-pied, et qui leur est commun. C' est dans ce sens qu' on dit, Demeurer sur le même palier.

Prov. et fig., Un homme est bien fort sur son palier, On est bien fort chez soi, dans sa maison. On dit aussi dans le même sens, Sur son pailler. Voyez PAILLER.

PALIFICATION. s. f.

PALIFICATION. s. f. T. d' Archit. hydraulique. Action d' affermir, de fortifier un sol avec des pilotis.

PALIMPSESTE. s. m.

PALIMPSESTE. s. m. Manuscrit sur parchemin ou sur papier dont on a fait disparaître l' écriture, pour y écrire de nouveau. Au moyen âge, le défaut de science et d' industrie rendit commun l' usage des palimpsestes. Cette légende est écrite sur un palimpseste. En faisant revivre la première écriture des palimpsestes, on a retrouvé plusieurs fragments d' auteurs anciens. On dit quelquefois adjectivement, Un manuscrit palimpseste.

PALINGÉNÉSIE. s. f.

PALINGÉNÉSIE. s. f. T. didactique. Régénération, renaissance. La palingénésie du phénix est une allégorie. Certains philosophes anciens admettaient la palingénésie universelle.

PALINOD. s. m.

PALINOD. s. m. On appelait ainsi autrefois Un poëme en l' honneur de l' immaculée Conception de la Vierge: des prix étaient décernés annuellement à la meilleure pièce de ce genre, par les académies de Rouen, de Caen et de Dieppe. Le palinod se faisait ordinairement en chant royal, ballade, ode, sonnet, etc., au gré du poëte.

PALINODIE. s. f.

PALINODIE. s. f. Rétractation de ce qu' on a dit. Il nous a parlé hier en termes honorables d' un homme qu' il avait souvent dénigré; son discours était une palinodie, une véritable palinodie.

Fig. et fam., Chanter la palinodie, Se rétracter, dire du bien d' une personne ou d' une chose dont on avait dit du mal précédemment.

PÂLIR. v. n.

PÂLIR. v. n. Devenir pâle. Pâlir à l' aspect du danger. Vous pâlissez, vous vous trouvez mal. La moindre émotion le fait pâlir. Il pâlit de colère. Le soleil pâlit. La couleur de cette étoffe a pâli.

Fig., Son étoile pâlit, se dit De quelqu' un dont la prospérité, la puissance, le crédit diminue.

PÂLIR

PÂLIR est quelquefois actif; et alors il signifie, Rendre pâle. La fièvre l' a beaucoup pâli. Le vinaigre pâlit les lèvres.

PÂLI, IE. participe

PÂLI, IE. participe

PALIS. s. m.

PALIS. s. m. Petit pieu pointu par un bout, dont plusieurs, enfoncés en terre et rangés à la suite les uns des autres, forment une clôture. Un jardin clos de palis. Un bois entouré de palis.

Il se dit aussi d' Un lieu entouré de palis. Entrer dans le palis.

PALISSADE. s. f.

PALISSADE. s. f. Clôture de palis; espèce de barrière faite avec des pieux, ou même avec des planches, fichés en terre. On l' emploie surtout en termes de Fortification. L' accès des ouvrages en terre est ordinairement protégé par des palissades. La contrescarpe était défendue par une bonne palissade. Rompre, couper une palissade. Tirer de derrière une palissade.

Il se dit quelquefois de Chacun des pieux qui forment la palissade. Il fut blessé en regardant entre deux palissades.

PALISSADE

PALISSADE en termes de Jardinage, Mur de verdure; suite d' arbres ou d' arbustes feuillus, plantés à la ligne, et dont les branches, qu' on laisse croître dès le pied, forment une espèce de haie, que l' on taille de temps en temps. Palissade de charme, de laurier, d' if, de troëne, de houx, de citronnier, etc. Tondre une palissade. Une palissade si bien entretenue, qu' une branche n' y passe pas l' autre. Des palissades fort hautes, fort touffues. Palissades à hauteur d' appui.

PALISSADER. v. a.

PALISSADER. v. a. Entourer une fortification de palissades. Fraiser et palissader une demi-lune.

Il signifie aussi, Dresser, établir des palissades autour des murailles d' un jardin, d' un parc. Palissader les murailles d' un jardin avec des charmes, avec des ifs.

PALISSADÉ, ÉE. participe

PALISSADÉ, ÉE. participe Une contrescarpe palissadée. Des allées palissadées.

PALISSAGE. s. m.

PALISSAGE. s. m. T. de Jardinage. Action de palisser un arbre.

PALISSANDRE ou PALIXANDRE. s. m.

PALISSANDRE ou PALIXANDRE. s. m. Bois violet propre aux ouvrages de tour et de marqueterie.

PÂLISSANT, ANTE. adj.

PÂLISSANT, ANTE. adj. Qui pâlit, qui devient pâle. Front, visage pâlissant.

PALISSER. v. a.

PALISSER. v. a. T. de Jardinage. Étendre et fixer contre une muraille ou un treillage les branches d' un arbre dont on veut faire un espalier. Palisser des pêchers, des poiriers. Ce jardinier palisse fort bien.

PALISSÉ, ÉE. participe

PALISSÉ, ÉE. participe

PALLADIUM. s. m.

PALLADIUM. s. m. (On prononce Palladiome.) Mot emprunté du latin et dérivé du grec. Nom d' une statue de Pallas, qui passait pour être le gage de la conservation de Troie. On a désigné depuis par ce nom Les divers objets auxquels certaines villes, certains empires attachaient leur durée. Le bouclier sacré qu' on croyait être tombé du ciel, sous Numa, était le palladium de l' empire romain.

Il se dit, figurément, de Tout ce qui est le garant de la conservation d' une chose. La loi civile est le palladium de la propriété. En Angleterre, on regarde l' acte d' Habeas corpus comme le palladium de la liberté individuelle.

PALLADIUM. s. m.

PALLADIUM. s. m. T. de Chimie. Espèce de métal blanc, extrêmement difficile à fondre.

PALLAS. s. f.

PALLAS. s. f. (On prononce l' S.) T. d' Astron. Nom d' une planète découverte par Olbers.

PALLIATIF, IVE. adj.

PALLIATIF, IVE. adj. (On prononce les deux L dans ce mot et dans les suivants.) Qui pallie. Il n' est guère usité que dans ces deux locutions, Remède palliatif, cure palliative, Remède qui ne guérit pas à fond, cure qui ne soulage que pour peu de temps.

PALLIATIF

PALLIATIF s' emploie aussi substantivement, au propre et au figuré. Ce remède n' est qu' un palliatif. Cette mesure n' est qu' un palliatif qui aggrave les maux de l' État en paraissant les soulager.

PALLIATION. s. f.

PALLIATION. s. f. Déguisement, action de pallier. Ce n' est pas une justification, c' est une palliation. En ce sens, il a vieilli.

Il signifie quelquefois, en termes de Médecine, Adoucissement, modération de la douleur et des symptômes les plus violents Il faut se contenter de la palliation du mal, quand on n' en peut obtenir la cure.

PALLIER. v. a.

PALLIER. v. a. Déguiser, couvrir une chose qui est mauvaise, l' excuser en y donnant quelque couleur favorable. Il essaye de pallier sa faute. Il eut l' adresse de bien pallier son crime. Il n' allégua que de mauvaises raisons pour pallier ce qu' il avait fait.

En Médecine, Pallier le mal, Ne le guérir qu' en apparence.

Pallier le mal, se dit aussi figurément et au sens moral. Les moyens employés pour remédier au mauvais état de ses affaires, n' ont point guéri le mal; ils n' ont fait que le pallier.

PALLIÉ, ÉE. participe

PALLIÉ, ÉE. participe

PALLIUM. s. m.

PALLIUM. s. m. (On prononce Palliome.) Mot emprunté du latin. Ornement fait de laine blanche, semé de croix noires, et béni par le pape, qui l' envoie aux archevêques, pour marque de leur dignité, et quelquefois l' accorde à des évêques comme faveur particulière. Cet archevêque a reçu le pallium. Les archevêques portent le pallium, en certaines cérémonies, par-dessus leurs habits pontificaux.

PALMA-CHRISTI. s. m.

PALMA-CHRISTI. s. m. Voyez RICIN.

PALME. s. f.

PALME. s. f. Branche de palmier. Ils portaient tous une palme à la main. La bénédiction des palmes se fait le dimanche des Rameaux. La palme est le symbole de la victoire.

Il se dit quelquefois Du palmier même. Du vin de palme.

Fig. et poétiq., Remporter la palme, Remporter la victoire: cela se dit, non-seulement Des avantages qu' on remporte dans un combat, mais de ceux qu' on obtient dans quelque lutte que ce soit. C' est lui qui a remporté la palme. On dit dans le même sens: Il vient d' obtenir une belle palme. Ce guerrier vient de cueillir, de moissonner des palmes, de nouvelles palmes. On lui décerna la palme. La palme du vainqueur.

Les palmes idumées ou d' Idumée, du nom d' un pays où il croît beaucoup de palmiers.

La palme du martyre, La gloire éternelle qui est le prix de la mort soufferte par les martyrs pour la confession de la foi.

PALME. s. m.

PALME. s. m. Espèce de mesure commune en Italie, et qui est de l' étendue de la main. Le palme n' est pas le même dans toutes les villes d' Italie. Le palme romain est de huit pouces trois lignes et demie.

PALME

PALME est aussi Le nom d' une mesure en usage chez les anciens. Le palme grec valait un peu plus de dix de nos lignes. Le palme romain valait, de nos mesures, deux pouces huit lignes.

PALMÉ, ÉE. adj.

PALMÉ, ÉE. adj. T. de Botan. Divisé profondément en plusieurs lanières allongées, de manière à ressembler à une main ouverte. Feuille palmée.

Il se dit, en Zoologie, Des pieds des oiseaux dont les doigts sont unis par une membrane.

PALMETTE. s. f.

PALMETTE. s. f. Ornement en forme de feuille de palmier, qu' on taille ou qu' on applique sur des moulures, qu' on peint ou qu' on brode sur des étoffes, etc.

PALMIER. s. m.

PALMIER. s. m. Arbre portant des fruits qu' on nomme Dattes, et qui ne vient guère que dans les pays chauds. Palmier mâle. Palmier femelle. Branche de palmier. Les feuilles du palmier servent à faire des nattes. Vêtu d' une natte de palmier. Les naturalistes appellent du nom général de Palmiers, Une famille d' arbres monocotylédones, tels que le dattier, le cocotier, le latanier, dont la plupart croissent entre les tropiques.

PALMIPÈDE. s. et adj. m.

PALMIPÈDE. s. et adj. m. T. d' Hist. nat. Il se dit Des oiseaux nageurs qui ont des pieds dont les doigts sont unis par une membrane. Les oies, les canards, etc., sont des palmipèdes.

PALMISTE. s. m.

PALMISTE. s. m. Nom générique et vulgaire des palmiers dont la cime porte une espèce de chou, appelé Chou-palmiste, qui est formé par les feuilles tendres de la pousse nouvelle, et qui se mange. Palmiste épineux. Palmiste franc.

PALMITE. s. m.

PALMITE. s. m. Nom donné à la moelle des palmiers, qui est une substance blanche comme du lait caillé, fort tendre, et d' une saveur douce et agréable.

PALOMBE. s. f.

PALOMBE. s. f. Espèce de pigeon ramier des provinces voisines des Pyrénées.

PALONNIER. s. m.

PALONNIER. s. m. Pièce qui fait partie du train d' une voiture, et à laquelle les traits des chevaux sont attachés. Il y a un palonnier de rompu au train de cette voiture.

PALOT. s. m.

PALOT. s. m. T. de mépris. Un villageois fort grossier. C' est un palot, un gros palot, un franc palot. Il est populaire.

PÂLOT, OTTE. adj.

PÂLOT, OTTE. adj. Un peu pâle. Cet enfant est pâlot. Cette petite fille est toute pâlotte. Il est familier.

PALPABLE. adj. des deux genres

PALPABLE. adj. des deux genres Qui se fait sentir au toucher. Tous les corps sont palpables.

Il signifie figurément, Fort évident, fort clair. Ce que je vous dis est clair et palpable. La raison en est palpable. C' est une chose palpable. Il a si bien expliqué la chose, qu' il nous l' a rendue palpable.

PALPABLEMENT. adv.

PALPABLEMENT. adv. D' une manière palpable. On lui a montré palpablement sa méprise. Il est peu usité.

PALPE. s. f.

PALPE. s. f. T. d' Entomologie. Il se dit de Ces petites antennes, au nombre de deux ou davantage, articulées, sensibles et mobiles, qui sont placées à la partie inférieure de la bouche d' un insecte. Les palpes d' un hanneton.

PALPÉBRAL, ALE. adj.

PALPÉBRAL, ALE. adj. T. d' Anat. Qui appartient aux paupières. Muscle palpébral. Artères, veines palpébrales. Ligaments palpébraux.

PALPER. v. a.

PALPER. v. a. Toucher avec la main doucement, à plusieurs reprises, et en pressant légèrement; manier. Son médecin l' a palpé pour savoir s' il n' avait pas des obstructions. En palpant le sein de cette femme, on a senti qu' elle y avait une glande.

Fig. et fam., Palper de l' argent, Le toucher, le recevoir. Il a déjà palpé la dot. J' ai palpé l' argent, la somme.

PALPÉ, ÉE. participe

PALPÉ, ÉE. participe

PALPITANT, ANTE. adj.

PALPITANT, ANTE. adj. Qui palpite. Des entrailles palpitantes. Des chairs palpitantes. Des membres palpitants. Le coeur tout palpitant. Il était tout palpitant d' amour, de crainte.

PALPITATION. s. f.

PALPITATION. s. f. Agitation convulsive de quelque partie du corps. Il a une palpitation à l' artère du cou, à la paupière.

Il se dit particulièrement Des battements du coeur, lorsqu' ils deviennent plus forts, plus sensibles qu' à l' ordinaire. Il a une palpitation de coeur continuelle. Il est sujet à des palpitations de coeur. Il a des palpitations, de grandes palpitations, de violentes palpitations.

PALPITER. v. n.

PALPITER. v. n. Avoir des palpitations. On voit souvent palpiter la tête des enfants nouveau-nés, à l' endroit de la fontanelle. Les entrailles de la victime palpitaient encore. La paupière lui palpite. Le coeur lui palpite. Ce souvenir fait palpiter son coeur. Par extension, Il palpite d' amour, de crainte, d' espérance.

Il se dit quelquefois Des mouvements réglés du coeur, du sein, etc. Son sein palpitait doucement. Son coeur palpite encore.

PALTOQUET. s. m.

PALTOQUET. s. m. T. de mépris. Un homme épais et grossier. C' est un franc paltoquet. Il est populaire.

PALUS. s. m.

PALUS. s. m. (On prononce l' S). T. de Géogr. Marais. Il n' est plus guère usité que dans le nom ancien de la mer d' Azof ou de Zabache: Le Palus Méotide, ou Les Palus Méotides.

PÂMER. v. n., ou SE PÂMER. v. pron.

PÂMER. v. n., ou SE PÂMER. v. pron. Tomber en pâmoison, en défaillance. Il n' en peut plus, il se pâme, il pâme. Cet enfant se pâme à force de crier. Pâmer de douleur. Pâmer de plaisir.

Fam. et par exagérat., Pâmer de rire, se pâmer de rire, ou Rire à pâmer, à se pâmer, Rire bien fort. Il vous ferait pâmer de rire. Il pâmait, il se pâmait de rire. Il riait à se pâmer. On dit de même, Pâmer de joie, se pâmer de joie, Se laisser aller au transport de la joie.

PÂMÉ, ÉE. participe

PÂMÉ, ÉE. participe Carpe pâmée.

PÂMOISON. s. f.

PÂMOISON. s. f. Défaillance, évanouissement. Tomber en pâmoison. On l' a fait revenir de sa pâmoison. Il est sorti de sa pâmoison.

PAMPE. s. f.

PAMPE. s. f. La feuille du blé, de l' orge, etc. Pampe de blé, d' avoine. Il n' est point usité en Botanique.

PAMPHLET. s. m.

PAMPHLET. s. m. Mot emprunté de l' anglais. Brochure. Il se prend souvent en mauvaise part. Un pamphlet injurieux, séditieux. Ce pamphlet est spirituel, et contient quelques idées fort justes. Un auteur, un faiseur de pamphlets.

PAMPHLÉTAIRE. s. m.

PAMPHLÉTAIRE. s. m. Auteur de pamphlets. Il ne se prend guère qu' en mauvaise part.

PAMPLEMOUSSE. s. f.

PAMPLEMOUSSE. s. f. Espèce d' oranger dont le fruit, qui prend le même nom, est très-bon à manger, et devient quelquefois aussi gros que la tête d' un homme.

PAMPRE. s. m.

PAMPRE. s. m. Branche de vigne avec ses feuilles. On peint Bacchus avec une couronne de pampre. Les Bacchantes entouraient leurs javelots de pampre et de lierre. Pampre bien vert.

Il se dit aussi d' Un ornement d' architecture imitant une branche de vigne.

PAN. s. m.

PAN. s. m. Partie considérable d' un vêtement, comme d' une robe, d' un manteau. Le pan d' une robe. Les pans d' un manteau. Les Romains se couvraient la tête d' un des pans de leurs robes lorsqu' il pleuvait. Quand Pompée fut assassiné par Achillas, il se couvrit le visage avec un pan de sa robe. On dit aussi, Un pan de tapisserie.

PAN

PAN se dit également d' Une partie d' un mur. Un pan de mur. Un pan de muraille. Le canon avait abattu un grand pan de la courtine.

Il se dit aussi d' Un des côtés, d' une des faces d' un ouvrage de maçonnerie, de menuiserie, d' orfévrerie, etc., qui a plusieurs angles. Un cabinet à pans. Une tour à pans, à six pans, à huit pans. Une table à pans. Une salière à pans.

Pan de comble, Un des côtés de la couverture d' un comble. Le côté le plus long s' appelle Long pan.

Pan coupé, Surface qui remplace l' angle à la rencontre de deux pans de mur. Faire un pan coupé à l' angle d' une rue. Un salon à pans coupés.

Pan de bois, Assemblage de charpente dont on remplit les vides de maçonnerie, et qu' on recouvre d' un enduit sur lattes. Autrefois la plupart des maisons de Paris étaient construites en pans de bois. Une cloison en pan de bois.

PANACÉE. s. f.

PANACÉE. s. f. Remède universel. Il se vante d' avoir trouvé la panacée. On a aussi donné ce nom à Quelques préparations pharmaceutiques. Panacée antimoniale. Panacée mercurielle. Etc.

PANACHE. s. m.

PANACHE. s. m. Assemblage de plumes flottantes, qui sert d' ornement. Son casque était ombragé d' un panache. Cet officier a sur son chapeau un panache d' une grande beauté. Les chevaux de la voiture du roi avaient la tête ornée de panaches. Ce lit, ce dais est surmonté d' un beau panache.

Panache de mer. Nom donné à divers animaux aquatiques dont quelques parties ont des formes de plumes.

PANACHE

PANACHE signifie aussi, La partie supérieure d' une lampe d' église. Le panache porte le culot par le moyen de plusieurs chaînes.

PANACHE

PANACHE en termes d' Architecture, La surface triangulaire de cette partie de voûte qu' on appelle Pendentif, et qui supporte un dôme ou un plafond en coupole.

PANACHER. v. n., ou SE PANACHER. v. pron.

PANACHER. v. n., ou SE PANACHER. v. pron. Il se dit Des plantes dont les fleurs, les feuilles ou les fruits sont rayés ou bigarrés de couleurs qui tranchent avec la couleur naturelle. Voilà une tulipe, une anémone, une rose, un oeillet qui se panache bien. Voilà une tulipe qui commence à panacher.

PANACHÉ, ÉE. participe

PANACHÉ, ÉE. participe Tulipe, anémone, rose panachée. Laitue panachée. Buis panaché.

Il se dit aussi De certains oiseaux. Poule panachée. Serin panaché.

Glace panachée, Glace formée de deux ou de plusieurs sortes de glaces, ordinairement de différentes couleurs.

PANACHURE. s. f.

PANACHURE. s. f. Il se dit Des veines, des taches blanchâtres ou de diverses couleurs qui se mêlent à la couleur principale d' une fleur, d' une feuille ou d' un fruit. De belles panachures. La panachure est un état de maladie.

PANADE. s. f.

PANADE. s. f. Espèce de soupe ordinairement faite avec de l' eau, du sel, du beurre, un jaune d' oeuf, et de la croûte de pain, qu' on laisse longtemps mitonner. Faire de la panade. Manger de la panade. On lui a ordonné une panade.

PANADER (SE). v. pron.

PANADER (SE). v. pron. Il se dit D' une personne qui marche avec un air d' ostentation et de complaisance, à peu près comme un paon quand il fait la roue. Voyez comme il se panade. Il est familier et peu usité.

PANAGE. s. m.

PANAGE. s. m. Droit que l' on paye au propriétaire d' une forêt, pour avoir la permission d' y mettre des porcs qui s' y nourrissent de gland, de faîne, etc. Droit de panage et glandée.

PANAIS. s. m.

PANAIS. s. m. Plante potagère, dont la racine, qui prend le même nom, est d' un blanc jaunâtre, et d' une saveur doucereuse. Manger des panais.

PANARD. adj. m.

PANARD. adj. m. T. de Manége. Il se dit D' un cheval dont les deux pieds de devant sont tournés en dehors. Cheval panard.

PANARIS. s. m.

PANARIS. s. m. Inflammation flegmoneuse qui vient au bout des doigts ou à la racine des ongles, et qui fait éprouver de vifs élancements. Il a un panaris qui lui cause une grande douleur.

PANATHÉNÉES. s. f. pl.

PANATHÉNÉES. s. f. pl. T. d' Antiq. Fêtes solennelles qu' on célébrait à Athènes en l' honneur de Minerve. Les grandes Panathénées revenaient tous les cinq ans. Les petites Panathénées étaient annuelles.

PANCALIERS. s. m.

PANCALIERS. s. m. Variété du chou frisé, qui tire son nom de la ville de Pancaliers, en Piémont, d' où elle nous a été apportée. Un pancaliers.

Il s' emploie aussi adjectivement. Des choux pancaliers.

PANCARTE. s. f.

PANCARTE. s. f. Placard affiché pour avertir le public de quelque chose, comme de certaines défenses, des droits imposés sur certaines denrées ou marchandises, sur le passage d' une rivière ou d' un pont, etc. Une pancarte affichée à l' entrée d' un pont.

Il se dit aussi, par une espèce de plaisanterie, de Toute sorte de papiers et d' écrits. Quelle pancarte portez-vous là? Ôtez-nous toutes ces pancartes, toutes ces vieilles pancartes.

PANCRACE. s. m.

PANCRACE. s. m. T. d' Antiq. Exercice qui faisait partie de la gymnastique, et qui consistait dans la réunion de la lutte et du pugilat.

PANCRATIASTE. s. m.

PANCRATIASTE. s. m. (On prononce Pancraciaste.) T. d' Antiq. Celui qui avait remporté le prix à la lutte et au pugilat.

PANCRÉAS. s. m.

PANCRÉAS. s. m. (On fait sentir l' S.) T. d' Anat. Corps glanduleux situé dans l' abdomen, et qui verse dans l' intestin une liqueur analogue à la salive.

PANCRÉATIQUE. adj. des deux genres

PANCRÉATIQUE. adj. des deux genres T. d' Anat. et de Médec. Qui appartient, qui a rapport au pancréas. Canal pancréatique. Artères, veines pancréatiques. Nerfs pancréatiques.

Suc pancréatique, La liqueur qui sort du pancréas.

PANDECTES. s. f. pl.

PANDECTES. s. f. pl. Recueil des décisions données par les anciens jurisconsultes romains, auxquelles Justinien, qui les fit compiler, donna force de loi. On nomme aussi ce recueil Le Digeste.

Pandectes florentines, L' édition des Pandectes faite sur le manuscrit de Florence.

PANDÉMONIUM. s. m.

PANDÉMONIUM. s. m. (On prononce Pandémoniome.) Lieu imaginaire que l' on suppose être la capitale des enfers, et où Satan convoque le conseil des démons. Il y a dans le Paradis perdu de Milton une belle description du Pandémonium.

Fig., C' est un Pandémonium, c' est un vrai Pandémonium, se dit D' une réunion de mauvais esprits, de gens qui ne s' assemblent que pour méditer le mal.

PANDICULATION. s. f.

PANDICULATION. s. f. T. de Médec. Action automatique et souvent forcée, par laquelle on porte les bras en haut, en renversant la tête et le tronc en arrière, et en allongeant les jambes: elle a lieu ordinairement lorsqu' on est très-fatigué ou près de céder au sommeil. Les pandiculations sont presque toujours accompagnées de bâillements.

PANDOUR ou PANDOURE. s. m.

PANDOUR ou PANDOURE. s. m. Nom de certains soldats hongrois.

PANÉGYRIQUE. s. m.

PANÉGYRIQUE. s. m. Discours public fait à la louange de quelqu' un. Faire, composer, prononcer un panégyrique. Le panégyrique d' un saint. Le panégyrique d' un prince. Pline a fait le panégyrique de Trajan.

Il signifie, par extension et familièrement, Tout ce qu' on dit à la louange de quelqu' un. Il fait le panégyrique de cet homme en toute occasion. Elle est bonne et belle, voilà son panégyrique en deux mots.

Il s' emploie quelquefois ironiquement pour signifier, Des discours médisants, malins. Il vous aura bien des obligations, vous lui faites là un beau panégyrique. Dispensez-vous de tenir de pareils propos sur mon compte; je ne vous ai pas chargé de faire mon panégyrique.

PANÉGYRISTE. s. m.

PANÉGYRISTE. s. m. Celui qui fait un panégyrique; et, par extension, Celui qui fait l' éloge de quelqu' un. Dans cette seconde acception, il se prend ordinairement en mauvaise part. C' est un éloquent panégyriste. Ce n' est pas un historien, c' est un panégyriste. Il s' est fait le panégyriste d' un tel.

PANER. v. a.

PANER. v. a. Couvrir de pain émietté de la viande qu' on fait griller ou rôtir. Paner des pieds de cochon, des côtelettes, une poularde.

PANÉ, ÉE. participe

PANÉ, ÉE. participe Des côtelettes panées.

Eau panée, Eau où l' on a fait tremper du pain grillé, pour en ôter la crudité, et pour la rendre plus nourrissante. Il ne boit que de l' eau panée.

PANERÉE. s. f.

PANERÉE. s. f. Le contenu d' un panier entièrement rempli. Il n' est guère usité qu' en parlant Des fruits. Une panerée de raisins, de pommes, de poires, etc.

PANETERIE. s. f.

PANETERIE. s. f. Le lieu où se fait la distribution du pain dans les grandes maisons, les communautés, les colléges, les hospices, etc. On a placé la paneterie près du réfectoire. Vous le trouverez à la paneterie.

Il se dit absolument de La paneterie du roi. Avoir une charge à la paneterie.

Il s' est dit aussi, collectivement, Des officiers qui servaient à la paneterie. Chef de la paneterie. Aide de la paneterie. La paneterie reçut tel ordre.

PANETIER. s. m.

PANETIER. s. m. Celui qui est chargé, dans les communautés, les colléges, les hospices, etc., de garder et de distribuer le pain.

Grand panetier, Grand officier de la couronne, qui avait autrefois la charge de faire distribuer le pain dans toute la maison du roi, et qui avait autorité sur tous les boulangers du royaume. Le grand panetier de France.

PANETIÈRE. s. f.

PANETIÈRE. s. f. Petit sac dans lequel les bergers, les bergères portent du pain en allant garder les moutons. La panetière d' un berger.

PANICULE. s. f.

PANICULE. s. f. T. de Botan. Disposition de fleurs ou de fruits dont les pédoncules, divisés plusieurs fois et de différentes manières, s' élèvent inégalement. Fleurs, fruits en panicule. Le millet porte ses grains en panicule.

PANICULÉ, ÉE. adj.

PANICULÉ, ÉE. adj. Il se dit Des tiges dont les rameaux, se divisant et se subdivisant diversement, forment une panicule.

PANIER. s. m.

PANIER. s. m. Ustensile fait d' osier, de jonc, etc., qui sert à contenir des marchandises, des denrées, des provisions, etc., et particulièrement celles qu' on veut transporter. Grand panier. Petit panier. Panier couvert. Le couvercle, le fond, le cul d' un panier. Panier à anse, sans anse. Prendre son panier, pour aller au marché. Panier de boulanger, de vendangeur. Un cheval de bât avec des paniers pleins de provisions. Un panier d' osier. Un panier de jonc. Un panier à claire-voie.

Panier d' un coche, Grande caisse faite d' osier, qui se mettait par devant ou par derrière le coche, et dans laquelle on plaçait des marchandises, quelquefois des voyageurs.

Panier de marée, Panier dans lequel on apporte d' ordinaire la marée à la halle.

Panier à bouteilles, Panier à compartiments, dans lequel on met des bouteilles. On dit de même, Le panier aux verres, le panier à l' argenterie.

Panier à ouvrage, Petite corbeille où les femmes mettent leurs ouvrages d' aiguille.

En Architect., Une voûte, une arcade à anse de panier, Une voûte, une arcade surbaissée, qui n' a pas son cintre parfait, son plein cintre.

Prov. et fig., Faire danser l' anse du panier, se dit D' une servante qui fait payer à ses maîtres ce qu' elle achète, plus cher qu' on ne le lui a vendu. On dit dans le même sens, L' anse du panier vaut beaucoup à cette servante.

Prov. et fig., À petit mercier, petit panier, ou simplement, Petit mercier, petit panier, Les personnes qui ont peu de bien doivent proportionner leur dépense à leur revenu. On le dit plus particulièrement, en parlant de commerce: Il ne faut pas faire des spéculations, des entreprises au-dessus de ses forces.

Prov. et fig., Il est sot comme un panier, se dit D' un homme fort sot. Il est resté sot comme un panier, se dit D' un homme qui, s' apercevant qu' il a été attrapé, est demeuré muet de surprise.

Fig. et fam., C' est un panier percé, se dit D' une personne qui dépense tout son argent, qui n' en saurait garder.

Prov. et fig., Mettre tous ses oeufs dans un panier, Faire dépendre d' une seule chose son sort, sa fortune, son bonheur, etc. Il signifie particulièrement, Placer tous ses fonds dans une même affaire ou dans un seul genre de propriété, d' industrie, ou enfin dans une seule créance. Il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans un panier.

Prov., Adieu paniers, vendanges sont faites, se dit Lorsque les vendanges sont passées ou qu' il est arrivé malheur aux vignes. Il se dit, figurément, De toutes les affaires manquées sans ressource, et quelquefois de celles qui sont entièrement terminées.

PANIER

PANIER signifie quelquefois, Panerée, contenu d' un panier. Un panier de raisins, de pêches, de fraises, de pommes, etc. Ces fruits se vendent au panier. Combien vaut le panier de ces fruits?

Le dessus du panier, Le choix, ce qu' il y a de plus beau et de meilleur, et qu' on place ordinairement en évidence pour faire valoir le reste. Le fond du panier, Le rebut, ce qu' il y a de moins beau et de moins bon. Prendre le dessus du panier. Il n' y a plus que le fond du panier. L' un et l' autre s' emploient quelquefois figurément, dans le langage familier. Il ne nous a fait voir que ses meilleurs dessins, il montrait le dessus du panier.

PANIER

PANIER se dit quelquefois d' Une ruche d' abeilles faite en osier ou en paille. Il a jusqu' à vingt paniers dans son jardin.

PANIER

PANIER se dit aussi d' Une espèce de jupon, garni de verges de baleine, qui soutenait et étendait les jupes et la robe des femmes à droite et à gauche jusqu' à une largeur d' un demi-pied au moins de chaque côté. Les femmes ne portent plus de paniers. Il n' y avait que les dames de condition, et quelques femmes riches, qui fissent usage de paniers. Les paniers étaient bien ridicules.

PANIFICATION. s. f.

PANIFICATION. s. f. Conversion des matières farineuses en pain. La pomme de terre est susceptible de panification.

PANIQUE. adj. des deux genres

PANIQUE. adj. des deux genres Il n' est usité que dans cette locution, Terreur panique, Frayeur subite et sans fondement. Une terreur panique s' empara des esprits. Une terreur panique se répandit au loin. Inspirer une terreur panique. Quelques personnes disent, par ellipse, Une panique.

PANNE. s. f.

PANNE. s. f. Sorte d' étoffe de soie, de fil, de laine, de coton, de poil de chèvre, fabriquée à peu près comme le velours, mais dont les poils sont plus longs et moins serrés. Panne de soie. Panne de fil, etc. Employé sans complément, il s' entend toujours de La panne de soie. Bonne panne. Panne forte. Panne noire. Panne grise. Manteau doublé de panne.

PANNE. s. f.

PANNE. s. f. Graisse dont la peau du cochon et de quelques autres animaux se trouve garnie au dedans, et principalement au ventre. Un cochon maigre qui n' a presque point de panne. On a fait tant de livres de graisse de la panne de ce cochon.

PANNE. s. f.

PANNE. s. f. T. de Marine. Il s' emploie principalement dans cette locution, Mettre en panne, Suspendre ou ralentir la marche d' un vaisseau, en disposant les voiles de manière que moitié de leur effort tende à le faire avancer, et que l' autre moitié tende à le faire reculer: dans cet état, le mouvement du vaisseau se borne à la dérive. Dès qu' on aperçut les ennemis, on mit en panne pour les attendre. On dit de même, Être en panne, se tenir en panne, rester en panne.

Fig. et fam., Se tenir en panne, rester en panne, Suspendre toute action en attendant l' événement ou un temps plus favorable. Trop de précipitation aurait pu gâter mon affaire, je me suis tenu en panne, je suis resté en panne jusqu' au moment d' agir.

PANNE. s. f.

PANNE. s. f. T. de Charpent. Pièce de bois placée horizontalement sur la charpente d' un comble pour porter les chevrons.

PANNE

PANNE se dit aussi, chez les Ouvriers, de La partie du marteau opposée au gros bout. Frapper de panne.

PANNEAU. s. m.

PANNEAU. s. m. Petit pan. Il se dit, en Architecture, de Chacune des faces d' une pierre taillée. Panneau de lit. Panneau de douelle.

Il se dit, par extension, d' Une plaque de carton, de fer-blanc ou de bois, qui sert à tracer les différentes faces d' une pierre.

PANNEAU

PANNEAU se dit encore de Toute partie d' un ouvrage d' architecture, de menuiserie, etc., qui offre un champ, une surface de médiocre grandeur encadrée, ou ornée de moulures. Un panneau de lambris. Un panneau de porte. Une porte à panneaux, des volets à panneaux. Les panneaux d' un carrosse. Tableau peint sur panneau.

Panneau de sculpture, se dit Des ornements sculptés dans un panneau.

Panneau de glace, Celui pour lequel on emploie une glace, au lieu de bois. On dit dans un sens analogue, Panneau de vitre.

Panneau de fer, L' ensemble des ornements fixés dans le cadre d' un balcon, d' une rampe, d' une porte de fer.

PANNEAU

PANNEAU signifie aussi, Un filet pour prendre des lièvres, des lapins, etc. Tendre un panneau, des panneaux.

Fig. et fam., Tendre un panneau à quelqu' un, Lui tendre un piége pour le faire tomber dans quelque faute, dans quelque méprise, pour lui causer quelque mal ou quelque désagrément. Donner dans le panneau, Se laisser tromper, attraper. C' est un homme à donner dans tous les panneaux qu' on lui tendra.

PANNEAU

PANNEAU en termes de Sellier, Chacun des deux coussinets, chacune des deux garnitures rembourrées de crin, qu' on met aux côtés d' une selle, sous les arçons, pour empêcher que le cheval ne se blesse. Il faut mettre, il faut attacher des panneaux à cette selle. Rembourrer des panneaux. Cambrer les panneaux d' une selle.

PANNEAUTER. v. n.

PANNEAUTER. v. n. T. de Chasse. Tendre des panneaux pour prendre des lapins ou d' autres animaux.

PANNETON. s. m.

PANNETON. s. m. La partie d' une clef qui entre dans la serrure. Les trois parties d' une clef sont l' anneau, la tige et le panneton.

Panneton d' espagnolette, Partie saillante sur le corps de l' espagnolette, qui sert à fermer les deux volets de la fenêtre, en entrant dans l' agrafe posée sur l' un, et en appuyant sur l' autre.

PANONCEAU. s. m.

PANONCEAU. s. m. Écusson d' armoiries mis sur une affiche, pour y donner plus d' autorité; ou sur un poteau, pour marque de juridiction. Les panonceaux du prince. Les panonceaux d' un seigneur. Autrefois on mettait, on affichait les panonceaux royaux sur la porte d' une maison, pour marquer qu' elle était saisie réellement.

Il se dit aussi Des écussons placés à la porte des notaires.

PANORAMA. s. m.

PANORAMA. s. m. Grand tableau circulaire et continu, disposé de manière que le spectateur qui est au centre voit les objets représentés, comme si, placé sur une hauteur, il découvrait tout l' horizon dont il serait environné. Le panorama d' Athènes, de Jérusalem, de Paris, de Londres, etc. Les panoramas procurent une illusion extraordinaire.

PANSAGE. s. m.

PANSAGE. s. m. Action de panser de la main un cheval, un mulet, etc. Le pansage de la main. Le pansage de ce cheval a été trop négligé. Il est particulièrement usité dans la cavalerie. Voyez PANSEMENT.

PANSE. s. f.

PANSE. s. f. Ventre. Grosse panse. Avoir la panse pleine. Il est familier.

Prov. et pop., Se faire crever la panse, Se faire tuer à la guerre ou dans un combat singulier.

Prov. et fig., Avoir plus grands yeux que grand' panse, ou Avoir les yeux plus grands que la panse, Après avoir annoncé un appétit vorace, se trouver bientôt rassasié.

Prov. et pop., Après la panse, vient la danse, Lorsqu' on a fait bonne chère, on ne songe qu' à se divertir.

PANSE

PANSE se dit aussi Du premier estomac des animaux ruminants.

PANSE

PANSE en termes de Maître d' écriture, La partie arrondie d' un petit a. La panse de cet a est mal faite.

Prov. et fig., N' avoir pas fait une panse d' a, N' avoir rien écrit, n' avoir rien composé. Cet enfant n' a pas fait aujourd' hui une panse d' a. C' est un homme qui de sa vie n' a fait une panse d' a. On dit aussi De celui qui s' attribue ou à qui d' autres attribuent quelque part à un ouvrage, mais qui cependant n' y a nullement travaillé, Il n' y a pas seulement fait une panse d' a.

PANSEMENT. s. m.

PANSEMENT. s. m. L' action de panser une plaie, une blessure. L' heure du pansement approchait. Quatre chirurgiens se sont trouvés à son pansement. Le pansement est quelquefois plus douloureux que l' opération. Après le pansement.

Il se dit aussi Des soins qu' on donne et des remèdes qu' on emploie pour panser une blessure, des blessés. Il est dû beaucoup au chirurgien pour ses pansements. On donne tant à ce maréchal pour les fers et les pansements des chevaux.

PANSEMENT

PANSEMENT signifie encore, L' action de panser les chevaux en santé. Ce domestique entend bien le pansement des chevaux, le pansement de la main.

PANSER. v. a.

PANSER. v. a. Lever l' appareil d' une plaie, d' une blessure; appliquer sur une plaie, sur une blessure les remèdes nécessaires à sa guérison. On l' a pansé ce matin. Le chirurgien vient le panser deux fois par jour. Sa plaie, sa blessure n' a pas été bien pansée. Panser un blessé. Panser quelqu' un à qui l' on a fait une opération. Panser un cheval blessé. Ce cheval a pris un clou de rue, le maréchal vient le panser tous les jours.

PANSER

PANSER en parlant D' un cheval, signifie aussi, L' étriller, le brosser, le nettoyer, et lui donner tout ce qui lui est nécessaire; ce qu' on appelle quelquefois, Panser de la main, pour distinguer cette acception de la précédente. Ce palefrenier emploie la plus grande partie de la matinée à panser ses chevaux. Dans la cavalerie, les chevaux sont pansés deux fois par jour. Un cheval bien étrillé est à demi pansé.

PANSÉ, ÉE. participe

PANSÉ, ÉE. participe Fig. et pop., Cet homme est bien pansé, Il a bien mangé et bien bu.

PANSU, UE. adj.

PANSU, UE. adj. Qui a une grosse panse. C' est un homme fort pansu. Il est familier et peu usité.

Il s' emploie aussi substantivement. C' est un gros pansu.

PANTALON. s. m.

PANTALON. s. m. Espèce de culotte longue qui descend jusque sur le cou-de-pied. Pantalon de drap, de casimir, de nankin, de tricot, etc. Pantalon de daim, de chamois. Pantalon large, étroit.

Pantalon à pieds, Pantalon qui a des pieds comme les bas.

PANTALON

PANTALON est aussi Le nom d' un personnage de la comédie italienne, qui porte une culotte longue, une espèce de robe de palais, un masque à barbe, et qui représente les vieillards.

Prov. et fig., À la barbe de Pantalon, En présence et en dépit de celui que la chose intéresse le plus.

PANTALON

PANTALON se dit encore, figurément et familièrement, d' Un homme qui prend toute sorte de figures, et qui joue toute sorte de rôles pour arriver à ses fins. C' est un pantalon. C' est un vrai pantalon.

PANTALONNADE. s. f.

PANTALONNADE. s. f. Il se dit de Bouffonneries et de postures comiques, semblables à celles d' un pantalon, d' un farceur. Il est venu faire une pantalonnade, une plaisante pantalonnade.

Il signifie, par extension, Subterfuge ridicule pour sortir d' embarras. Il s' en est tiré par une pantalonnade.

Il signifie aussi, Fausse démonstration de joie, de douleur, de bienveillance. Sa joie, sa douleur n' est que pantalonnade. Il est familier dans toutes ses acceptions.

PANTELANT, ANTE. adj.

PANTELANT, ANTE. adj. Qui halète, qui respire avec peine, par secousse. Il est tout pantelant. Estomac pantelant.

Chair pantelante, La chair d' un animal récemment tué, lorsqu' elle palpite encore.

PANTELER. v. n.

PANTELER. v. n. Haleter, avoir la respiration embarrassée et pressée. Il est vieux.

PANTHÉE. adj. f.

PANTHÉE. adj. f. T. d' Antiq. Il ne s' emploie que dans cette locution, Figure panthée, Statue qui réunissait les symboles ou les attributs de différentes divinités. La statue de la déesse syrienne était une figure panthée.

PANTHÉISME. s. m.

PANTHÉISME. s. m. Système de ceux qui n' admettent d' autre Dieu que le grand tout, l' universalité des êtres.

PANTHÉON. s. m.

PANTHÉON. s. m. Mot tiré du grec. On donnait ce nom aux temples consacrés à tous les dieux à la fois. Le panthéon le plus célèbre est celui de Rome, bâti par Agrippa, et qui subsiste encore.

PANTHÉON

PANTHÉON est aussi Le nom donné, en France, au monument national où l' on dépose les restes de ceux qui ont rendu de grands services à la patrie, qui l' ont illustrée. Le Panthéon est un des plus beaux monuments de Paris. Le dôme du Panthéon. Il fut mis, porté au Panthéon. Le Panthéon porte cette inscription: Aux grands hommes la patrie reconnaissante.

PANTHÉON

PANTHÉON se dit aussi Des figures panthées, des petites statues qui portaient les symboles de plusieurs divinités.

PANTHÈRE. s. f.

PANTHÈRE. s. f. Bête féroce du genre des Chats, dont la peau est semée de taches noires en forme de roses.

PANTIÈRE. s. f.

PANTIÈRE. s. f. T. de Chasse. Espèce de filet qu' on tend verticalement pour prendre certains oiseaux. Les braconniers se servent de la pantière pour prendre les compagnies de perdrix pendant la nuit.

PANTIN. s. m.

PANTIN. s. m. Petite figure de carton mince et colorié, qui représente un homme ou une femme, et dont on fait mouvoir les membres par le moyen d' un fil. Donner un pantin à un enfant.

Il se dit, figurément et familièrement, d' Un homme qui gesticule sans motif et ridiculement. C' est un pantin, un vrai pantin.

PANTOGRAPHE. s. m.

PANTOGRAPHE. s. m. Sorte d' instrument au moyen duquel on copie des dessins, des gravures, mécaniquement et sans aucune connaissance de l' art. On l' appelle aussi Singe.

PANTOIEMENT. s. m.

PANTOIEMENT. s. m. T. de Fauconnerie. Asthme dont les oiseaux sont attaqués.

PANTOIS. adj. m.

PANTOIS. adj. m. Haletant, hors d' haleine. Cette acception a vieilli.

Il signifie, figurément et familièrement, Stupéfait, interdit. Il resta tout pantois.

PANTOMÈTRE. s. m.

PANTOMÈTRE. s. m. T. de Géométrie. Instrument pour mesurer toute sorte d' angles, de longueurs et de hauteurs.

PANTOMIME. s. m.

PANTOMIME. s. m. Acteur qui exprime les passions, les sentiments, et même les idées, par des gestes et par des attitudes, sans proférer aucune parole. Les anciens avaient d' excellents pantomimes.

PANTOMIME. s. f.

PANTOMIME. s. f. Art ou action d' exprimer les passions, les sentiments, les idées par des gestes et par des attitudes, sans le secours de la parole. La pantomime de cet acteur est très-expressive.

Il se dit aussi d' Une espèce de drame où les acteurs suppléent à la parole par le geste. Jouer, exécuter une pantomime. Cet acteur joue bien la pantomime. La musique d' une pantomime. Air de pantomime.

Il est quelquefois adjectif des deux genres. Danse pantomime. Ballet pantomime.

PANTOUFLE. s. f.

PANTOUFLE. s. f. Chaussure dont on se sert dans la chambre, et qui ne s' attache pas comme le soulier. Pantoufle de maroquin, de peau de mouton, de lisières, etc. Une paire de pantoufles. Être en pantoufles et en robe de chambre.

Mettre ses souliers en pantoufle, Mettre le quartier de ses souliers sous ses talons, au lieu de le relever.

Prov. et fig., Raisonner comme une pantoufle, ou elliptiquement, Raisonner pantoufle, Parler au hasard, battre la campagne. Il n' a fait que raisonner pantoufle. Il en raisonne comme une pantoufle.

Fer à pantoufle, ou simplement, Pantoufle, Fer de cheval forgé de façon qu' il a plus d' épaisseur en dedans qu' en dehors, et qu' il s' amincit en talus du côté où il s' applique à la corne. Mettez un fer à pantoufle à ce cheval, dont le pied serait bientôt encastelé sans cette précaution.

EN PANTOUFLES. loc. adverbiale et proverbiale

EN PANTOUFLES. loc. adverbiale et proverbiale À son aise, avec toute sorte de commodité. Ce professeur loge dans le collége; il fait sa classe en pantoufles. Nous avons tout ce qu' il faut pour nous établir commodément autour de cette place, nous ferons ce siége en pantoufles.

PAON. s. m.

PAON. s. m. (On prononce Pan.) Grand oiseau domestique dont le cri est fort aigre, qui a un beau plumage, une petite aigrette sur la tête, et dont la queue se compose de longues plumes couvertes de marques de différentes couleurs en forme d' yeux. Un jeune paon. Un vieux paon. Queue de paon. Des plumes de paon. Un paon qui fait la roue.

Fig. et fam., Être glorieux comme un paon, Être fort glorieux, fort vain.

Prov. et fig., C' est le geai paré des plumes du paon, se dit, par allusion à une fable bien connue, D' une personne qui se fait honneur de ce qui ne lui appartient pas.

En Astron., Le Paon, Constellation de l' hémisphère austral, qui n' est point visible dans nos climats.

PAON

PAON se dit aussi de Plusieurs espèces de papillons qui ont sur leurs ailes des yeux chatoyants, à peu près semblables à ceux de la queue du paon. Le grand paon. Le petit paon, ou Paon du jour.

PAONNE. s. f.

PAONNE. s. f. (On prononce Pane.) La femelle du paon.

PAONNEAU. s. m.

PAONNEAU. s. m. (On prononce Paneau.) Jeune paon. Manger des paonneaux.

PAPA. s. m.

PAPA. s. m. Terme dont les petits enfants et ceux qui leur parlent ont coutume de se servir, au lieu du mot Père. Il commence à parler, il dit déjà papa et maman. Où est votre papa? Les enfants et ceux qui leur parlent disent aussi, Grand-papa, bon papa, au lieu de Grand-père.

Fam., C' est un gros papa, un gros papa de bonne mine, se dit D' un homme d' un certain âge, qui a de l' embonpoint et de la fraîcheur.

PAPABLE. adj. m.

PAPABLE. adj. m. Propre à être élu pape. Il n' est usité qu' en parlant Des prélats, et surtout des cardinaux, qu' on regarde comme pouvant parvenir quelque jour à la papauté. C' est un sujet papable, très-papable.

PAPAL, ALE. adj.

PAPAL, ALE. adj. Qui appartient au pape. Pouvoir papal. Dignité, autorité papale.

Terres papales, Les terres de la domination du pape.

PAPAS. s. m.

PAPAS. s. m. Nom que les peuples chrétiens du Levant donnent à leurs prêtres. Un papas arménien. Un papas grec.

PAPAUTÉ. s. f.

PAPAUTÉ. s. f. Dignité de pape. Aspirer à la papauté.

Il se dit aussi Du temps pendant lequel un pape a occupé le saint-siége. Pendant sa papauté, Rome a reçu beaucoup d' embellissements.

PAPAYER. s. m.

PAPAYER. s. m. Arbre des deux Indes, dont le fruit est gros comme un petit melon, charnu, jaunâtre, d' une saveur douce et d' une odeur aromatique. On mange les fruits du papayer confits au sucre ou au vinaigre.

PAPE. s. m.

PAPE. s. m. L' évêque de Rome, chef de l' Église catholique romaine. Notre saint-père le pape. Le pape Sixte-Quint. Élire, faire un pape. Appeler au pape. Appeler du pape au concile. Légat, nonce du pape. Une bulle, une constitution, un bref du pape.

PAPE

PAPE est aussi Le nom d' un bel oiseau de trois couleurs, gros comme un serin, qu' on trouve à la Caroline et au Canada.

PAPEGAI. s. m.

PAPEGAI. s. m. Oiseau de carton ou de bois peint, que l' on place au bout d' une perche pour servir de but à ceux qui s' exercent à tirer de l' arc, de l' arbalète, ou de l' arquebuse. Tirer au papegai. Celui qui abat le papegai, remporte le prix.

PAPELARD. s. m.

PAPELARD. s. m. Hypocrite, faux dévot. C' est un papelard, un franc papelard. Il est familier.

Il est aussi adjectif, et fait au féminin, Papelarde. Un air papelard. Le ton papelard. Voix, mine papelarde.

PAPELARDISE. s. f.

PAPELARDISE. s. f. Hypocrisie, fausse dévotion. Il est familier.

PAPELINE. s. f.

PAPELINE. s. f. Voyez POPELINE.

PAPERASSE. s. f.

PAPERASSE. s. f. Papier écrit qui ne sert plus de rien, qu' on regarde comme inutile. Vieille paperasse. Il faut jeter au feu toutes ces paperasses. Il m' a obligé de lire toutes ces paperasses, un tas de paperasses, qui ne servent de rien à son affaire. Il est familier.

PAPERASSER. v. n.

PAPERASSER. v. n. Remuer, feuilleter, arranger des papiers. Il a passé toute la matinée à paperasser. Il est familier.

Il signifie aussi, Faire des écritures inutiles. Cet avoué aime à paperasser.

PAPERASSIER. s. m.

PAPERASSIER. s. m. Homme qui aime à ramasser, à conserver des papiers inutiles. C' est un grand paperassier. Il est familier.

PAPESSE. s. f.

PAPESSE. s. f. Ce mot, qui signifie, Femme pape, n' est d' usage qu' en parlant de la Papesse Jeanne, Personnage féminin, imaginaire, que quelques-uns ont prétendu avoir occupé le trône pontifical.

PAPETERIE. s. f.

PAPETERIE. s. f. Manufacture de papier. Il a une belle papeterie dans le département des Vosges.

Il signifie aussi, L' art de fabriquer le papier, et Le commerce de papiers. La papeterie lui doit plusieurs procédés nouveaux. Il s' est enrichi dans la papeterie. Magasin de papeterie.

PAPETIER. s. m.

PAPETIER. s. m. Celui qui fait le papier, et Celui qui le vend. Ouvrier papetier. Marchand papetier. La boutique d' un papetier.

PAPIER. s. m.

PAPIER. s. m. Composition faite ordinairement de vieux linge détrempé dans l' eau. pilé par des maillets ou broyé par des cylindres armés de lames, et réduit en pâte, ensuite étendu par feuilles, que l' on fait sécher, soit à l' air, soit sur des cylindres chauffés par la vapeur, et qu' on met en presse, pour servir à écrire, à imprimer, etc. Bon papier. Mauvais papier. Papier fin. Papier qui a du corps. Papier de bonne pâte. Papier de cuve. Papier mécanique de toute longueur. Papier fort. De grand papier. De petit papier. Papier de compte. Papier tellière. Papier à lettres. Papier grand raisin. Papier coquille. Papier Joseph. Papier vélin. Papier bien collé. Papier qui boit. Papier battu, lavé, réglé. Papier doré sur tranche. Papier satiné. Papier à vignettes. Rame, main de papier. Il y a vingt mains de papier à la rame, et vingt-cinq feuilles à la main. Cela n' est pas plus épais qu' une feuille de papier. Moulin à papier. Papier blanc. Papier écrit. Livre imprimé sur grand papier, sur petit papier. Votre exemplaire vaut moins que le mien, c' est le petit papier. Papier de soie. On a fabriqué du papier avec de la paille, de l' ortie, du chardon, etc.

Papier de Chine, Papier fait avec la seconde pellicule de l' écorce de bambou, réduite en pâte.

Papier timbré ou marqué, Papier marqué d' un timbre, dont on est obligé de se servir pour les écritures judiciaires, et pour les actes publics ou privés, dans les cas déterminés par la loi.

Papier libre ou mort, Le papier non timbré.

Papier réglé, Papier où sont tracées d' avance les lignes sur lesquelles on place les notes de musique.

Mettre, jeter ses raisons, ses idées, ses réflexions sur le papier, Les mettre par écrit.

Fam., Cela est beau sur le papier, se dit D' un projet, d' un plan qui paraît beau en théorie; mais dont l' exécution serait impossible, ou inutile, ou dangereuse.

Prov., Brouiller, barbouiller, gâter du papier, Écrire des choses inutiles ou ridicules.

Prov., Le papier souffre tout, On écrit sur le papier tout ce qu' on veut, et il ne faut pas conclure qu' une chose soit vraie, de cela seul qu' elle est écrite.

Prov. et fig., Figure, visage de papier mâché, Visage blême, qui annonce un manque de force ou de santé.

PAPIER

PAPIER se dit aussi de Plusieurs sortes de papiers qui ne servent ni pour l' écriture, ni pour l' impression, mais qu' on emploie à beaucoup d' autres usages. Papier brouillard. Papier gris, bleu, rouge, etc. Papier marbré. Papier maroquiné. Papier à sucre. Papier à filtrer.

Papier peint, ou Papier-tenture, se dit Des papiers de différentes espèces et de toutes sortes de couleurs et de dessins, imitant les étoffes, les tableaux, les lambris, l' architecture, etc., que l' on emploie en guise de tapisserie. Manufacture de papiers peints. Appartement tendu de papier. Il a renouvelé les papiers de son appartement. Voilà un joli papier. Papier-damas. Papier velouté. Papier-tontisse. Papier à fleurs. Papier-lambris. Papier-marbre. Papier-granit. Papier uni. Papier rayé. Papier-arabesque.

PAPIER

PAPIER se dit encore de Toute sorte de titres, documents, mémoires et autres écritures. Perdre un papier de conséquence. On m' a remis hier un papier, je ne sais pas encore ce qu' il contient. Avez-vous apporté vos papiers? Je ne saurais compter avec vous aujourd' hui, je n' ai pas mes papiers. On m' a dérobé mes papiers. Confiez-moi ce papier. On a trouvé une obligation parmi ses papiers. Inventorier des papiers. Les papiers d' une succession. Il m' a vendu sa propriété, et m' en a remis tous les papiers. Mettre de l' ordre dans ses papiers. Je vous prouverai, papiers sur table, que vous êtes mon débiteur.

Fig., Être sur les papiers de quelqu' un, Lui devoir de l' argent. Il se dit aussi en parlant D' une personne contre laquelle il a été donné quelque mémoire, quelque renseignement à celui qui a droit d' inspection et de juridiction. Il est sur les papiers du préfet de police.

Fig. et fam., Être bien, être mal dans les papiers, sur les papiers de quelqu' un, Être bien, être mal dans son esprit.

Fig. et fam., Rayez cela, ôtez cela de vos papiers, Ne comptez pas là-dessus. Vous croyez que cet homme-là est votre ami, rayez, ôtez cela de vos papiers.

Papier volant, Feuille détachée sur laquelle on a écrit quelque chose. N' écrivez pas cela sur un papier volant qui peut se perdre, mettez-le dans un registre.

Papier terrier, Registre contenant le dénombrement de toutes les terres et de tous les tenanciers qui relevaient d' une seigneurie, et le détail des droits, cens et rentes qui étaient dus. Faire un papier terrier. La confection d' un papier terrier.

PAPIERS

PAPIERS au pluriel, se dit Du passeport, du livret, et des différents actes qui certifient la qualité, la profession, l' état civil d' une personne. Ce voyageur n' avait pas de papiers. Ses papiers étaient en règle. Il attend pour se marier que ses papiers soient arrivés de son pays.

PAPIER

PAPIER se dit aussi d' Un journal, d' un livre de compte. Papier-journal. Écrivez cela sur votre papier. Dans ce sens, il vieillit.

PAPIER

PAPIER se dit encore Des lettres de change, des billets payables au porteur, et autres effets de cette nature, qui représentent l' argent comptant. Tout son bien est en papier. Il m' a payé en papier.

Bon papier, mauvais papier, Papier dont le signataire est solvable ou n' est pas solvable, qui perd peu ou qui perd beaucoup sur la place.

Le papier d' un négociant, Les lettres de change et billets souscrits par lui. Je ne veux pas de son papier. Son papier perd tant sur la place.

PAPIER

PAPIER se dit aussi Des effets publics, des valeurs en papier données par le gouvernement. Papiers royaux. Papiers publics. Le papier hausse, baisse.

Papiers publics, papiers-nouvelles, Les journaux, les gazettes.

Papier-monnaie, Papier créé par le gouvernement pour avoir valeur et cours d' argent monnayé.

PAPILIONACÉ, ÉE ou PAPILLONACÉ, ÉE. adj.

PAPILIONACÉ, ÉE ou PAPILLONACÉ, ÉE. adj. T. de Botan. Il se dit Des fleurs dont les corolles, formées de cinq pétales inégaux, ont quelque ressemblance avec un papillon qui vole. Presque toutes les fleurs des légumineuses sont papilionacées. Corolle papilionacée.

Il se dit substantivement, au féminin, Des plantes à fleurs papilionacées. Le haricot, le trèfle, sont des papilionacées.

PAPILLAIRE. adj. des deux genres

PAPILLAIRE. adj. des deux genres (On fait sentir les deux L.) T. d' Anat. Qui a des papilles, des mamelons, ou qui est en forme de mamelon. Tunique, membrane papillaire. Corps papillaire. Éminences papillaires.

PAPILLE. s. f.

PAPILLE. s. f. (On fait sentir les deux L.) T. d' Anat. Il se dit de Certaines petites éminences semblables à des mamelons, qui sont répandues sur la surface du corps, et particulièrement sur la langue.

PAPILLON. s. m.

PAPILLON. s. m. Insecte volant, à quatre ailes, couvertes d' écailles fines comme de la poussière. Les papillons ont d' abord la forme de chenilles. Papillon blanc, rouge, bigarré, etc. Petit papillon. Gros papillon. Les enfants courent après les papillons. Les vers à soie se changent en papillons. Les ailes d' un papillon.

Prov. et fig., Il va se brûler à la chandelle comme un papillon, se dit D' un homme qui, se laissant tromper par des apparences agréables, est près de donner dans un piége.

Prov. et fig., C' est un papillon, se dit D' un esprit léger, qui voltige d' objets en objets.

Prov. et fig., Courir après les papillons, S' amuser à des bagatelles.

PAPILLONNER. v. n.

PAPILLONNER. v. n. Voltiger d' objets en objets, sans s' arrêter à aucun. On ne l' emploie qu' au figuré. Il ne fait que papillonner. Il est familier.

PAPILLOTAGE. s. m.

PAPILLOTAGE. s. m. Mouvement incertain et involontaire des yeux, qui les empêche de se fixer sur les objets. Le papillotage des yeux.

Il se dit, figurément, de L' effet d' un tableau qui éblouit et fatigue les yeux par des lumières également brillantes et des couleurs également vives. Il se dit, par extension, en parlant D' un écrit dont le style est semé d' un trop grand nombre d' expressions brillantes. Il y a beaucoup de papillotage dans ce tableau, dans ce style.

PAPILLOTAGE

PAPILLOTAGE en termes d' Imprimerie, se dit en parlant De la feuille imprimée, lorsque le caractère a marqué double, ou a laissé certaines petites taches noires aux extrémités des pages et des lignes.

PAPILLOTE. s. f.

PAPILLOTE. s. f. Morceau de papier dont on enveloppe les cheveux que l' on met en boucles, pour les faire tenir frisés. Mettre les cheveux sous les papillotes, dans des papillotes. Mettre des papillotes. Fer à papillotes.

Être en papillotes, avoir la tête en papillotes, Avoir les cheveux sous des papillotes. Elle était encore en papillotes, elle avait la tête en papillotes, lorsque j' entrai dans sa chambre.

Prov., Cela n' est bon qu' à faire des papillotes, se dit D' un écrit sans mérite, d' un papier sans valeur, bon à mettre au rebut.

Côtelette de veau en papillote, Côtelette de veau panée, que l' on enveloppe d' une feuille de papier pour la faire cuire.

PAPILLOTE

PAPILLOTE en termes de Confiseur, Dragée de sucre ou de chocolat enveloppée dans un morceau de papier. Une livre de papillotes.

PAPILLOTER. v. n.

PAPILLOTER. v. n. Il se dit Des yeux, lorsqu' un mouvement incertain et involontaire les empêche de se fixer sur les objets. Les yeux lui papillotent continuellement.

PAPILLOTER

PAPILLOTER se dit figurément D' un tableau qui fatigue les yeux, par des lumières également brillantes et des couleurs également vives.

Il se dit, par extension, Du style, lorsque les expressions brillantes y ont été répandues avec trop de profusion. Ce style papillote.

PAPILLOTER

PAPILLOTER en termes d' Imprimerie, se dit De la feuille imprimée, lorsque le caractère a marqué double, ou a laissé de petites taches noires aux extrémités des pages et des lignes.

PAPISME. s. m.

PAPISME. s. m. Terme dont quelques communions chrétiennes se servent pour désigner l' Église catholique romaine.

PAPISTE. s. et adj. des deux genres

PAPISTE. s. et adj. des deux genres Terme dont quelques communions chrétiennes se servent pour désigner les catholiques romains.

PAPYRACÉ, ÉE. adj.

PAPYRACÉ, ÉE. adj. T. d' Hist. nat. Qui est mince et sec comme du papier. Membrane papyracée. Nautile papyracé.

PAPYRUS. s. m.

PAPYRUS. s. m. (On fait sentir l' S.) Plante qui croît en Égypte le long du Nil, et dont la tige est triangulaire. On se servait autrefois, pour écrire, de feuilles faites avec des tiges de papyrus battues; et de là est venu le mot Papier.

PÂQUE. s. f.

PÂQUE. s. f. Fête solennelle que les Juifs célèbrent tous les ans, le quatorzième jour de la lune après l' équinoxe du printemps, en mémoire de leur sortie d' Égypte. La pâque des Juifs. Notre-Seigneur célébra la pâque avec ses disciples.

En termes de l' Écriture sainte, Immoler la pâque, manger la pâque, se dit en parlant De l' agneau que la loi de Moïse prescrit d' immoler et de manger pour célébrer la pâque.

PÂQUE et plus ordinairement PÂQUES

PÂQUE et plus ordinairement PÂQUES Fête que les chrétiens solennisent tous les ans en mémoire de la résurrection de Notre-Seigneur, et qu' on célèbre toujours le premier dimanche qui suit immédiatement la pleine lune de l' équinoxe du printemps. Dans cette acception, il est masculin. Quand Pâques sera venu. Quand Pâques sera passé. Le jour de Pâques. La veille de Pâques. Le temps de Pâques. Je vous payerai à Pâques, au terme de Pâques, à Pâques prochain.

La quinzaine de Pâques, Tout le temps qui est entre le dimanche des Rameaux et celui de Quasimodo inclusivement. La semaine de Pâques, Le temps qui est entre la fête de Pâques et le dimanche de Quasimodo aussi inclusivement. J' irai passer la quinzaine de Pâques, la semaine de Pâques à la campagne.

Pâques fleuries, Le dimanche des Rameaux, qui précède immédiatement celui de Pâques. Pâques closes, Le dimanche de Quasimodo, qui suit immédiatement celui de Pâques. Faire ses pâques, Faire ses dévotions, communier un des jours de la quinzaine de Pâques. Il a fait aujourd' hui ses pâques. Se mettre en état de faire de bonnes pâques. Dans ces diverses expressions, Pâques est féminin, et ne se dit jamais qu' au pluriel.

OEufs de Pâques, OEufs ordinairement teints en rouge, qu' il est d' usage de vendre dans le temps de Pâques; et, figurément, Les petits présents qu' on fait vers le temps de Pâques. Je lui ai donné ses oeufs de Pâques.

Prov. et fig., Se faire poissonnier la veille de Pâques, S' engager dans une affaire, lorsqu' il n' y a plus aucun avantage à en espérer.

Prov. et fig., Se faire brave comme un jour de Pâques, Se parer comme en un jour de fête.

PAQUEBOT. s. m.

PAQUEBOT. s. m. Petit bâtiment de mer, qui va et vient d' un pays à un autre, pour transporter des lettres et des passagers. Ils s' embarquèrent sur le paquebot qui va de Calais à Douvres. Paquebot à vapeur.

PÂQUERETTE. s. f.

PÂQUERETTE. s. f. Espèce de marguerite blanche, qui vient vers le temps de Pâques.

PAQUET. s. m.

PAQUET. s. m. Assemblage de plusieurs choses attachées ou enveloppées ensemble. Gros paquet. Petit paquet. Paquet de serviettes, de linge, de hardes. Paquet d' allumettes. Paquet de livres. Un paquet de lettres. Faire un paquet. Mettre en paquet. Mettre par paquets. Ce paquet pèse tant. J' ai reçu mon paquet. Charger quelqu' un d' un paquet.

Prov. et pop., Faire son paquet, S' en aller de la maison où l' on demeurait.

Fig. et fam., Plier son paquet, S' en aller furtivement.

Fig. et fam., Faire ses paquets pour l' autre monde, ou Plier son paquet, Mourir.

PAQUET

PAQUET se prend quelquefois pour Toutes les lettres et les dépêches que porte un courrier. Le paquet d' Angleterre. Le paquet d' Espagne.

PAQUET

PAQUET se dit, figurément et familièrement, d' Une personne qui a pris beaucoup d' embonpoint, et qui se remue difficilement; il se dit aussi d' Une personne qui n' apporte aucun agrément dans la société, qui y cause plutôt de la gêne. Cette femme est devenue un paquet; elle est devenue bien paquet. Ce n' est qu' un paquet. Quel paquet!

Prov. et fig., Donner un paquet à quelqu' un, Lui attribuer, lui imputer d' avoir fait quelque chose qui n' est pas de nature à être avoué. On le soupçonne d' être l' auteur du libelle, on lui donne ce paquet-là. C' est un paquet qu' on lui donne. Il a vieilli.

Donner un paquet à quelqu' un, signifie aussi, populairement, Lui faire une tromperie, une malice. Ne nous donnez plus de ces paquets-là.

Prov. et fig., Donner dans un paquet, Être trompé, attrapé. Il a donné dans le paquet. Je ne donnerai plus dans ses paquets, je n' y serai plus pris.

Prov. et fig., Donner à quelqu' un son paquet, Lui faire une réponse vive et ingénieuse qui le réduit au silence. Il m' a voulu railler, mais je lui ai donné son paquet. On dit dans le même sens, Il a bien eu son paquet.

Prov. et fig., Faire un paquet, des paquets sur quelqu' un, Tenir sur lui des propos désobligeants et faux. Il a fait des paquets sur toutes les personnes de cette société. On dit dans le même sens, C' est un faiseur de paquets.

Prov. et fig., Hasarder, risquer le paquet, S' engager dans une affaire douteuse. Il a eu bien de la peine à se résoudre, mais enfin il a hasardé, il a risqué le paquet.

PAQUET

PAQUET en termes d' Imprimerie, se dit d' Une certaine quantité de lignes de composition, à peu près de l' étendue d' une page ordinaire, mais sans folio ni titre courant, et liée avec une ficelle. Travailler en paquet. Composer en paquet. Ce compositeur fait tant de paquets par jour.

PAQUETIER. s. m.

PAQUETIER. s. m. T. d' Imprim. Compositeur qui travaille en paquet, qui fait des paquets. Ce metteur en pages occupe cinq paquetiers.

PAR. Préposition de lieu

PAR. Préposition de lieu qui sert à marquer le mouvement et le passage. Il a passé par Paris, par Bordeaux. Il court par monts et par vaux. Voyager par eau, par mer, par terre. Aller par le monde. Il est toujours par les chemins, par voies et par chemins. Jeter quelque chose par la fenêtre. Passer par la porte. Par où a-t-il passé? Entrer par la brèche. Ce purgatif l' a fait aller par haut et par bas. Il a passé par de rudes épreuves.

PAR

PAR signifie quelquefois, En, dans. Il se promène par la ville, par la rue, par les champs. Cela se fait par tout pays, par toute la terre, par toute la France.

Fam., De par le monde, Dans le monde. J' ai un cousin de par le monde, qui a fait une grande fortune.

PAR

PAR en termes de Marine, signifie quelquefois, À. Nous étions par trente degrés de latitude.

PAR

PAR sert aussi à désigner l' endroit, la partie d' une chose ou d' une personne qu' on saisit, qu' on tient. Prenez-le par le bras. Il le tenait, il l' a mené par la main. Je ne sais par où le prendre. Prenez le couteau par le manche. Il le tira par les pieds.

PAR

PAR sert encore à désigner la cause, l' agent, le motif, le moyen, l' instrument, la manière. Il a fait cela par crainte, par haine, par animosité, par bonté. Par cette raison. Par tel moyen. Par le moyen d' un tel. Par ce moyen-là. Il a été tué par un tel. Il a été instruit par un tel. Je lui ai fait dire cela par un tel. Ce temple fut fondé par un tel. La Henriade, par Voltaire. Cette guerre a été conduite par un habile général. Cela est dit par ironie, par jeu, par raillerie, par mépris. Par manière d' acquit. Il ne va que par sauts et par bonds. Il a obtenu cela par force, par adresse, par faveur, par l' intercession d' un tel, par chicane, par fraude, par bonheur, par hasard, par aventure. Il l' a épousée par amour. Ce paquet est venu par la poste, par le messager. Il est arrivé par le bateau. Il descendait de tel roi par les femmes. Il en a menti par la gorge. Donner quelque chose par charité, par aumône. Dire quelque chose par mégarde, par inadvertance. Commencer par un bout, finir par l' autre. Ranger par tas. Poëme divisé par chants. Distribution par cantons. Recevoir par parties. Toucher une rente par quartiers. Compter par ordre. Compter par le menu. S' en aller par pièces. Tomber par lambeaux. Couper par morceaux. Il a commencé par m' embrasser. J' ai fini par lui pardonner.

Par le roi. Formule du contre-seing des lois et ordonnances.

De par, Par l' ordre, par le commandement de. Cette locution s' emploie principalement dans la formule De par le roi, qui se met au commencement de divers actes publics portant sommation, injonction, etc. On met aussi en tête des jugements qui autorisent la saisie ou la vente des biens meubles et immeubles, De par le roi, la loi et justice.

Par quoi, Raison pour laquelle, en conséquence de quoi. Par quoi il fut unanimement résolu de décamper. Cette locution a vieilli.

PAR

PAR s' emploie aussi pour affirmer, jurer, conjurer. Il m' en a assuré par tout ce qu' il y a de plus saint. Il en jure par sa foi. Je vous conjure par notre ancienne amitié.

PAR

PAR est aussi préposition de temps, et signifie, Durant. Il faut labourer la vigne par le beau temps. Où allez-vous par cette pluie-là? Quoi, entreprendre un voyage par ce mauvais temps, par ce grand froid!

PAR

PAR se joint à plusieurs prépositions et adverbes de lieu, sans modifier beaucoup leur signification. Par delà les mers. Par delà les monts. Par deçà le grand chemin. Passer par dehors les murailles d' une ville. Cette maison est belle par dedans et par dehors. J' ai passé par devant sa maison, par derrière sa maison. Cette terre touche à sa maison par devant et par derrière. Un contrat passé par-devant notaire. Il a été ordonné qu' il comparaîtrait par-devant le commissaire, qu' il se retirerait par-devant son juge naturel. Un habit trop large par en haut, et trop étroit par en bas. On le prit par-dessous les bras. Porter un manteau par-dessus son habit. Sauter par-dessus les murailles. Je lui ai donné cent francs par-dessus ce qu' il demandait. Il est jeune, il est riche, et par-dessus tout cela il est sage. On lui a donné tout ce qu' il demandait, et quelque chose encore par-dessus. Il a le bon bout par-devers lui. Par-devers moi. Retenir des papiers par-devers soi. Voyez DEÇÀ, DELÀ, DEDANS, DEHORS, ETC.

Prov. et fig.: Par-dessus les maisons. Par-dessus les moulins. Par-dessus l' épaule. Etc. Voyez MAISON, MOULIN, ÉPAULE, etc.

PAR ICI. loc. adv.

PAR ICI. loc. adv. Par cet endroit-ci, vers cet endroit-ci. Passez par ici. Venez par ici. Cette locution s' emploie en parlant Du lieu où l' on est.

PAR LÀ. loc. adv.

PAR LÀ. loc. adv. Par ce lieu-là, par ce point-là. Passez, prenez par là. Allez par là. Cette locution s' emploie en parlant D' un lieu où l' on n' est pas.

PAR LÀ

PAR LÀ s' emploie figurément, et signifie, Par ce parti, par ce moyen, par ces paroles. Il a été forcé d' en passer par là. Par là vous réussirez. Qu' entendez-vous par là? Il désignait par là son ami.

Prov. et fig., Il faut passer par là ou par la fenêtre, C' est une nécessité, c' est le seul parti qui reste à prendre.

PAR-CI PAR-LÀ. loc. adv.

PAR-CI PAR-LÀ. loc. adv. En divers endroits, de côté et d' autre. Nous avons couru par-ci par-là. L' impression de ce livre est assez soignée; on y trouve pourtant quelques fautes par-ci par-là. Il n' a que ce qu' il peut attraper par-ci par-là.

Il signifie aussi, À diverses reprises, à diverses fois, et sans aucune suite. Il m' a entretenu de cette affaire par-ci par-là.

PAR APRÈS. loc. adv.

PAR APRÈS. loc. adv. Depuis. Cela n' est arrivé que par après. Cette locution a vieilli.

PAR TROP. loc. adv.

PAR TROP. loc. adv. Beaucoup trop. Il est par trop pressant. Il est par trop importun. Cette locution est familière.

PAR CONSÉQUENT. loc. adv.

PAR CONSÉQUENT. loc. adv. En conséquence, donc. L' équité l' exige, par conséquent vous le ferez.

PARCE QUE. conjonction

PARCE QUE. conjonction qui sert à marquer la raison de ce qu' on a dit, le motif de ce qu' on a fait, la cause d' un événement, d' un fait. D' autant que, à cause que. Je le veux, parce que cela est juste. Il est tombé, parce que le chemin est glissant. Ces flèches font des blessures mortelles, parce qu' elles sont empoisonnées.

PARA. s. m.

PARA. s. m. Monnaie turque qui vaut un peu plus de huit centimes de France. Cinquante paras.

PARABOLAIN. s. m.

PARABOLAIN. s. m. Nom qu' on donnait aux plus hardis des gladiateurs, et qu' on donna dans la suite à des clercs qui affrontaient les plus grands dangers pour secourir les malades, et surtout les pestiférés.

PARABOLE. s. f.

PARABOLE. s. f. Allégorie qui renferme quelque vérité importante. Il n' est guère usité qu' en parlant Des allégories employées dans l' Écriture sainte. Une belle parabole. Les paraboles de l' Évangile. Notre-Seigneur s' est servi de paraboles. La parabole de l' Enfant prodigue. Parler en paraboles, par paraboles, sans paraboles. Les Proverbes de Salomon sont aussi appelés Les Paraboles de Salomon.

PARABOLE

PARABOLE en Géométrie, Ligne courbe qui résulte de la section d' un cône quand il est coupé par un plan parallèle à un de ses côtés. Décrire une parabole. Les propriétés de la parabole.

PARABOLIQUE. adj. des deux genres

PARABOLIQUE. adj. des deux genres T. de Géom. Qui est courbé en parabole. Un miroir parabolique. Ligne parabolique.

PARABOLIQUEMENT. adv.

PARABOLIQUEMENT. adv. En parabole, par paraboles. Parler paraboliquement.

Il signifie aussi, En décrivant une parabole. Un corps qui se meut paraboliquement.

PARACHÈVEMENT. s. m.

PARACHÈVEMENT. s. m. Fin, perfection d' un ouvrage. Il est vieux.

PARACHEVER. v. a.

PARACHEVER. v. a. Achever, terminer, finir. Il est vieux.

PARACHEVÉ, ÉE. participe

PARACHEVÉ, ÉE. participe

PARACHRONISME. s. m.

PARACHRONISME. s. m. Espèce d' anachronisme qui consiste à placer un fait dans un temps postérieur à celui où il est réellement arrivé. Il est opposé à Prochronisme.

PARACHUTE. s. m.

PARACHUTE. s. m. Machine destinée à ralentir la chute des corps, en offrant, par son déploiement, une résistance à l' air: il se dit particulièrement de La machine de ce genre qu' emploient certains aéronautes, pour descendre en abandonnant leur ballon. Cet aéronaute a fait plusieurs descentes en parachute.

PARACLET. s. m.

PARACLET. s. m. Nom qui signifie, Consolateur, et qui est affecté particulièrement au Saint-Esprit.

PARADE. s. f.

PARADE. s. f. Montre, étalage de quelque chose. Mettre une chose en parade. Cela n' est mis là que pour parade, que pour la parade.

Il se dit, particulièrement, De tout ce qui est moins pour l' usage ordinaire, que pour l' ornement. Un lit, une chambre, un meuble de parade. Un carrosse, un cheval, un habit de parade.

Lit de parade, se dit particulièrement d' Un grand lit sur lequel on expose après leur mort les rois, les princes, les évêques, et autres personnages de grande distinction.

Fig. et au sens moral, Faire parade d' une chose, En faire ostentation, en tirer vanité. Il fait parade de son esprit, de son savoir. Elle fait parade de sa beauté, de ses pierreries. Faire parade de beaux sentiments.

PARADE

PARADE se dit aussi Des scènes burlesques que les bateleurs donnent au peuple à la porte de leur théâtre, pour engager à y entrer. La parade vaut mieux que la pièce. Il y a de fort plaisantes parades de Collé, de Fagan, etc.

Il se dit, par extension, d' Une imitation ridicule, d' un vain semblant, d' un étalage plein de fausseté. Cette cérémonie ne fut qu' une parade. Ces larmes, ce discours, cet empressement, n' étaient qu' une parade. Il jouait une parade.

PARADE

PARADE se dit encore Du lieu où ceux qui vendent des chevaux viennent habituellement les montrer aux acheteurs. Voyez MONTRE.

PARADE

PARADE en termes de Guerre, L' espèce de revue que l' on fait passer aux troupes qui vont monter la garde. La parade se fait ordinairement à midi. Aller à la parade.

PARADE

PARADE en termes d' Escrime, L' action par laquelle on pare un coup. Parade sûre, prompte, ferme. Aller à la parade. Être à la parade. Manquer la parade. Manquer à la parade. La parade est difficile. Il n' est pas heureux à la parade.

Fig. et fam., Il n' est pas heureux à la parade, se dit De celui qui ne sait pas écarter une plaisanterie, un reproche.

PARADE

PARADE en termes de Manége, L' arrêt d' un cheval qu' on manie. Ce cheval est sûr à la parade.

PARADER. v. n.

PARADER. v. n. T. de Manége. Faire parader un cheval, Faire manoeuvrer un cheval sur la parade ou la montre.

PARADER

PARADER signifie quelquefois, en termes de Marine, Croiser, aller et venir en paraissant se disposer à l' attaque.

PARADIGME. s. m.

PARADIGME. s. m. T. de Gram. Exemple, modèle. La conjugaison d' Aimer est le paradigme de la première conjugaison des verbes français.

PARADIS. s. m.

PARADIS. s. m. Jardin délicieux. Il n' est d' usage en ce sens que dans cette expression, Le paradis terrestre, Le jardin où Dieu mit Adam aussitôt qu' il l' eut créé. Adam fut mis dans le paradis terrestre. Dieu chassa Adam et Ève du paradis terrestre, ou simplement du paradis.

Il se dit, figurément et familièrement, d' Un lieu, d' un séjour délicieux, charmant, orné par la nature ou par l' art. Cette campagne, cette vallée, ce jardin est un paradis terrestre, est un vrai paradis, un petit paradis, un paradis.

PARADIS

PARADIS signifie aussi, Le séjour des bienheureux, le lieu de délices où les âmes des justes voient Dieu et jouissent d' un bonheur éternel. Les joies du paradis. Il est maintenant en paradis. Il a gagné le paradis par ses bonnes oeuvres.

Prov. et fig., Être en paradis, croire être en paradis, dans le paradis, Être dans une extrême joie; ou Se trouver délivré de quelque grande douleur, de quelque grande peine d' esprit. Depuis que mes douleurs de dents ont cessé, je suis en paradis, je crois être dans le paradis, en paradis.

Prov. et fig., Entendre les joies du paradis, Entendre des personnes qui se divertissent, qui prennent des plaisirs auxquels on n' a point de part.

Prov. et fig., C' est le chemin du paradis, se dit D' un chemin étroit, montant et difficile.

Prov. et fig., Se recommander à tous les saints du paradis, Implorer l' assistance, la protection de tout le monde.

Prov., Faire son paradis en ce monde, Se livrer à toute sorte de plaisirs.

Le paradis de Mahomet, Lieu où Mahomet a fait espérer aux sectateurs de sa loi, qu' après leur mort ils jouiront de tous les plaisirs des sens.

PARADIS

PARADIS se dit, figurément et au sens moral, de L' état le plus heureux dont on puisse jouir, et Du lieu où l' on en jouit. Un bon ménage est le paradis sur la terre. Paris est le paradis des femmes.

PARADIS

PARADIS dans les Théâtres, se dit d' Une espèce d' amphithéâtre placé au plus haut rang des loges.

Oiseau de paradis, Oiseau des Indes, dont les flancs ont des faisceaux de longues plumes effilées. On croyait autrefois que l' oiseau de paradis n' avait point de pieds. Il se dit aussi Des plumes de cet oiseau, que des femmes portent dans leur coiffure. Son oiseau de paradis lui a coûté fort cher.

Pommier de paradis, ou simplement, Paradis, Espèce de pommier nain. Greffer des paradis.

Pomme de paradis, Espèce de pomme rouge qui se mange en été.

PARADOXAL, ALE. adj.

PARADOXAL, ALE. adj. Qui tient du paradoxe. Opinion paradoxale.

Il signifie aussi, Qui aime le paradoxe. Esprit paradoxal.

PARADOXE. s. m.

PARADOXE. s. m. Proposition contraire à l' opinion commune. Avancer, soutenir un paradoxe. C' est un paradoxe de dire que la pauvreté est préférable aux richesses. Les Paradoxes de Cicéron. Il se prend quelquefois en mauvaise part. C' est un homme à paradoxes.

Il s' est dit aussi adjectivement. C' est un homme qui se plaît à avancer des propositions paradoxes. Cette opinion révoltera tout le monde, elle est trop paradoxe. Dans cet emploi, il a vieilli.

PARADOXISME. s. m.

PARADOXISME. s. m. Figure de rhétorique, qui consiste à réunir sur un même sujet des attributs qui semblent inconciliables.

PARAFE ou PARAPHE. s. m.

PARAFE ou PARAPHE. s. m. Marque faite d' un ou de plusieurs traits de plume, qu' on met ordinairement après sa signature; et qui, en certains cas, se met pour la signature même. Il a signé son nom avec parafe. Mettre son parafe pour approuver une addition, une rature. Mettez-y votre parafe. Collationné avec parafe. Plusieurs personnes signent sans mettre de parafe.

PARAFER ou PARAPHER. v. a.

PARAFER ou PARAPHER. v. a. Mettre un parafe à quelque acte. Il faut parafer cette pièce. Il a parafé toutes les pages. Quand il y a un renvoi dans quelque acte, il faut parafer le renvoi.

En termes de Palais, Parafer ne varietur, se dit D' un officier public qui met son parafe sur un papier, afin que ce papier ne puisse être changé, et qu' on n' en substitue point un autre à la place.

PARAFÉ ou PARAPHÉ, ÉE. participe

PARAFÉ ou PARAPHÉ, ÉE. participe

PARAGE. s. m.

PARAGE. s. m. Vieux mot, qui signifie, Extraction, qualité, et qui n' est usité que dans cette locution, De haut parage, De grande naissance, de haut rang. Gens, dame, demoiselle, personne de haut parage.

PARAGE. s. m.

PARAGE. s. m. T. de Marine. Endroit, espace de mer, partie de côtes, accessible à la navigation. Nous nous trouvâmes dans tel parage. Nos vaisseaux s' arrêtèrent dans tel parage pour attendre les ennemis. La mer est très-orageuse dans ces parages. Les corsaires fréquentent, infestent ces parages.

Il se dit, par extension et familièrement, d' Un lieu, d' un endroit sur terre, où des personnes se rencontrent. Que venez-vous faire dans nos parages, dans ces parages?

PARAGOGE. s. f.

PARAGOGE. s. f. T. de Gram. Addition d' une lettre ou d' une syllabe à la fin d' un mot. En latin, Egomet, pour Ego, est une paragoge.

PARAGOGIQUE. adj. des deux genres

PARAGOGIQUE. adj. des deux genres T. de Gram. Il se dit De la lettre ou de la syllabe ajoutée à la fin d' un mot. Lettre paragogique.

PARAGRAPHE. s. m.

PARAGRAPHE. s. m. Petite section d' un discours, d' un chapitre, etc. Il est principalement d' usage en parlant Des livres de droit. Paragraphe premier. Paragraphe second. Telle loi est au paragraphe cinq.

Il se dit aussi en parlant Des ouvrages de littérature, de science, etc. Il y a dans ce chapitre plusieurs paragraphes excellents. Ce paragraphe se lie mal au paragraphe précédent.

Il se dit, en Imprimerie, d' Un signe figuré de cette manière , que l' on met quelquefois en tête ou au commencement d' un paragraphe.

PARAGUANTE. s. f.

PARAGUANTE. s. f. (On prononce Paragouante.) T. emprunté de l' espagnol. Présent fait en reconnaissance de quelque service. Il a eu tant pour sa paraguante. Dix mille écus de paraguante. Voilà une bonne paraguante. On l' accusa d' avoir pris des paraguantes. Il en a tiré une paraguante. Il a vieilli, et ne se prenait guère qu' en mauvaise part.

PARAÚTRE. v. n.

PARAÚTRE. v. n. Être exposé à la vue, se faire ou se laisser voir, se manifester. Les boutons paraissent aux arbres. L' aurore, le soleil, la lune paraît. Une étoile qui commence à paraître sur l' horizon. Vous avez cru effacer cette tache, elle paraît encore. L' écriture de cet acte, de ce manuscrit est presque effacée, elle paraît à peine. Un homme qui commence à paraître dans le monde. Paraître en public. Paraître sur la scène. C' est l' acteur qui paraît le plus souvent. Il a paru comme un éclair. Dès qu' il paraît. Il n' a fait que paraître et disparaître. Je l' ai vu paraître un instant, et s' en aller. Depuis longtemps il ne paraît plus. Les ennemis ont paru sur la frontière. Il n' ose plus paraître. Il n' ose paraître devant vous. Il dit qu' il a des titres, mais il n' oserait les faire paraître. Qu' avez-vous affaire de paraître là? Il a des ennemis, mais ils ne paraissent pas. Les grands génies que ce siècle vit paraître. Alors parut un homme qui... On ne peut juger que de ce qui paraît. Il a fait paraître un grand courage. Il a laissé paraître des sentiments qui ne lui font pas honneur. Son innocence a paru dans tout son jour. Sa délicatesse paraît dans toutes ses actions. En ce sens, on l' emploie quelquefois impersonnellement. Il paraît une comète. Il paraissait des taches livides en plusieurs endroits de son corps. Il a paru de grands génies dans ce siècle-là.

Prov., Cela paraît comme le nez au milieu du visage; et ironiquement, Cela ne paraît pas plus que le nez au milieu du visage, se dit D' une chose qui est extrêmement visible.

Impersonnellement, Il y paraît, On le voit bien, il y en a des marques, il en reste des marques. L' orage a passé par cette contrée, il y paraît. Il a trop bu, il y paraît à sa démarche. Elle a eu la petite vérole, mais il n' y paraît pas, il n' y paraît plus. J' ai enlevé cette tache avec du sel d' oseille, et il n' y a plus paru. On n' en saurait si peu ôter qu' il n' y paraisse. Si je mets une fois la main à cette besogne, il y paraîtra. Il y a des gens qui ont l' art de se moquer des autres sans qu' il y paraisse. Sans qu' il y paraisse, c' est un homme fort instruit.

Fam., Il n' y a rien qui n' y paraisse, Cela est encore très-sensible, cela est évident. Vous avez reçu toute la pluie; il n' y a rien qui n' y paraisse, vos habits sont encore trempés. Il se dit quelquefois ironiquement. Vous dites qu' il est brave; il n' y a rien qui n' y paraisse, je l' ai vu lâcher pied en mainte circonstance.

PARAÚTRE

PARAÚTRE se dit particulièrement D' un livre qui est ou qui doit être publié, mis en vente. Quand votre ouvrage paraîtra-t-il? Quand ferez-vous paraître votre brochure? La troisième livraison de ce recueil n' a pas encore paru? Il paraît un excellent écrit depuis quelques jours.

PARAÚTRE

PARAÚTRE signifie encore, Éclater, se distinguer, briller, se faire remarquer. Il ne veut point de galon d' or sur le collet de son manteau, cela paraît trop. Les jeunes gens veulent quelque chose qui paraisse, aiment les choses qui paraissent. Il y a des gens qui paraissent plus avec dix mille francs de rente, que d' autres avec vingt mille. Il fait de grandes dépenses qui ne paraissent point. Il cherche à paraître. C' est un homme vain qui ne veut que paraître.

PARAÚTRE

PARAÚTRE signifie aussi, Sembler, avoir l' apparence. Cela me paraît beau. Cela me paraît ainsi. Cela me paraît tel. Il me paraît fort honnête homme. Il paraît savant. Ces raisons paraissent bonnes. Il paraît être satisfait. Il ne paraît pas ce qu' il est. Être et paraître sont deux. Il aime mieux être que paraître. Ce bijou paraît d' or, ce n' est que du cuivre. Il ne suffit pas de paraître homme de bien, il faut l' être. Ces lunettes font paraître les objets beaucoup plus grands qu' ils ne sont. L' armée était rangée en bataille d' une manière qui la faisait paraître beaucoup plus nombreuse qu' elle n' était. En ce sens, il est souvent impersonnel. Il me paraît que vous vous êtes trompé. Suivant, selon, autant qu' il me paraît, à ce qu' il me paraît, cette affaire est fort douteuse. Il paraît que vous avez tort.

PARALIPOMÈNES. s. m. pl.

PARALIPOMÈNES. s. m. pl. Titre d' une partie de la Bible, qui forme un supplément aux livres des Rois. Les deux livres des Paralipomènes.

PARALIPSE. s. f.

PARALIPSE. s. f. Figure de rhétorique, qui consiste à fixer l' attention sur un objet, en feignant de le négliger.

PARALLACTIQUE. adj. des deux genres

PARALLACTIQUE. adj. des deux genres T. d' Astron. Il n' est guère usité que dans ces locutions: Angle parallactique, L' angle de la parallaxe; et, Machine parallactique, Machine composée d' un axe dirigé vers le pôle du monde, et d' une lunette qui peut s' incliner sur cet axe, et suivre le mouvement diurne des astres, sur le parallèle qu' ils décrivent.

PARALLAXE. s. f.

PARALLAXE. s. f. T. d' Astron. L' angle formé au centre d' un astre par deux lignes droites menées de ce point, l' une au centre de la terre, l' autre au point de la surface terrestre où se fait une observation. Les étoiles fixes n' ont point de parallaxe sensible, à cause de leur grand éloignement. Observer la parallaxe de Mars, du soleil, de la lune.

Parallaxe annuelle, L' angle formé par deux lignes droites qui seraient ainsi menées aux extrémités d' un même diamètre de l' orbe de la terre.

PARALLÈLE. adj. des deux genres

PARALLÈLE. adj. des deux genres T. de Géom. Il se dit D' une ligne ou d' une surface également distante d' une autre ligne ou d' une autre surface dans toute son étendue. Deux lignes parallèles. Les tropiques et l' équateur sont parallèles. Ces deux rues sont parallèles l' une à l' autre. Cette muraille est parallèle à celle-là.

Il est aussi substantif féminin, et signifie, Une ligne parallèle à une autre. Tirer une parallèle. La théorie des parallèles.

PARALLÈLE

PARALLÈLE dans la Sphère, se dit Des cercles parallèles à l' équateur, tirés par tous les degrés du méridien terrestre. Sur tel parallèle. Tous les lieux qui sont sur le même parallèle, ont la même latitude, ont les jours et les nuits de la même longueur. Dans cette acception, il est substantif masculin.

PARALLÈLE

PARALLÈLE en termes de Fortification, Tranchée bordée d' un parapet avec banquette, et tracée parallèlement au côté de la place de guerre qu' on assiége. Première, seconde, troisième parallèle. Commencer, faire, former, tirer une parallèle. Continuer une parallèle. Les parallèles se communiquent par des chemins couverts.

PARALLÈLE. s. m.

PARALLÈLE. s. m. Comparaison au moyen de laquelle on examine, on explique les rapports et les différences que deux choses ou deux personnes ont entre elles. Un beau, un juste parallèle. Établir un parallèle. Mettre deux hommes en parallèle, deux choses en parallèle. Je ne veux point entrer en parallèle, je ne veux point qu' on me mette en parallèle avec cet homme-là. Faire le parallèle d' Alexandre avec César, d' Alexandre et de César. Les Parallèles des hommes illustres, de Plutarque.

PARALLÈLEMENT. adv.

PARALLÈLEMENT. adv. D' une manière parallèle. Ces murs sont construits parallèlement, parallèlement les uns aux autres.

PARALLÉLIPIPÈDE. s. m.

PARALLÉLIPIPÈDE. s. m. T. de Géom. Corps solide terminé par six parallélogrammes dont les opposés sont parallèles entre eux.

PARALLÉLISME. s. m.

PARALLÉLISME. s. m. État de deux lignes, de deux plans parallèles. Il y a un défaut de parallélisme entre les deux galeries du Louvre.

En Astron., Le parallélisme de l' axe de la terre, La propriété que l' axe de la terre a de rester sensiblement parallèle à lui-même, dans tous les points de la courbe que la terre décrit annuellement autour du soleil.

PARALLÉLOGRAMME. s. m.

PARALLÉLOGRAMME. s. m. T. de Géom. Figure plane dont les côtés opposés sont parallèles. Les propriétés du parallélogramme.

PARALOGISME. s. m.

PARALOGISME. s. m. Faux raisonnement, raisonnement qui porte à faux. Il croyait avoir trouvé une démonstration, mais ce n' est qu' un paralogisme, un pur paralogisme. Il n' est guère usité que dans le style didactique.

PARALYSER. v. a.

PARALYSER. v. a. Frapper de paralysie. Cet accident lui a paralysé le bras.

Il s' emploie aussi figurément, et signifie, Rendre nul, frapper d' inertie, neutraliser. La frayeur paralysait toutes ses facultés. Mes efforts ont été paralysés par sa mauvaise volonté. Une résistance à laquelle on ne s' attendait point paralysa l' action du gouvernement.

PARALYSÉ, ÉE. participe

PARALYSÉ, ÉE. participe Il est paralysé de la moitié du corps. Son bras est paralysé.

PARALYSIE. s. f.

PARALYSIE. s. f. Maladie qui consiste dans une privation ou dans une diminution considérable du sentiment, et du mouvement volontaire, ou de l' un des deux. Tomber en paralysie. Il a eu une attaque de paralysie. La paralysie lui est tombée sur un bras. L' apoplexie est souvent une cause de paralysie. Paralysie universelle. Paralysie de la moitié du corps. Ces eaux réussissent dans la plupart des paralysies.

PARALYTIQUE. adj. des deux genres

PARALYTIQUE. adj. des deux genres Atteint de paralysie. Il est paralytique de la moitié du corps. Elle est paralytique d' un bras. Il est demeuré, resté paralytique.

Il s' emploie quelquefois substantivement. Un paralytique. Le paralytique de l' Évangile. L' évangile du paralytique. Notre-Seigneur guérit le paralytique.

PARAMÈTRE. s. m.

PARAMÈTRE. s. m. T. de Géom. Il signifie, en général, Une ligne constante et invariable qui entre dans l' équation ou dans la construction d' une courbe. Il a d' ailleurs différentes acceptions selon les différentes courbes auxquelles on l' applique. Le paramètre d' une parabole est égal à quatre fois la distance du foyer de la parabole au sommet. Le paramètre d' une ellipse est la troisième proportionnelle au grand axe et au petit.

PARANGON. s. m.

PARANGON. s. m. Modèle, patron. Parangon de beauté, de chevalerie.

Il signifie aussi, Comparaison. Mettre en parangon. Cela est sans parangon. Faire le parangon d' une chose avec une autre. Dans ces deux premières acceptions, il est vieux.

Il est quelquefois adjectif des deux genres, comme dans ces locutions, Un diamant parangon, un rubis parangon, une perle parangon, Un diamant, un rubis, une perle qui n' a aucun défaut. Il est aussi substantif, dans le même sens. Ce diamant est un parangon.

PARANGON

PARANGON en termes d' Imprimerie, Caractère qui est entre le gros romain et la palestine. Il y a le petit parangon, dont le corps est de dix-huit points, et le gros parangon, dont le corps est de vingt et un points.

PARANGONNAGE. s. m.

PARANGONNAGE. s. m. T. d' Imprim. Action de parangonner. Faire un parangonnage.

PARANGONNER. v. a.

PARANGONNER. v. a. Comparer, mettre en égalité d' estime. Il ose se parangonner à un grand homme. Il est vieux.

PARANGONNER

PARANGONNER en termes d' Imprimerie, signifie, Faire qu' un caractère qui n' est pas du même corps que celui dont on se sert, s' aligne bien avec lui.

PARANGONNÉ, ÉE. participe

PARANGONNÉ, ÉE. participe

PARANT, ANTE. adj.

PARANT, ANTE. adj. Qui orne, qui pare. Une étoffe parante. Rien n' est si parant que les diamants.

PARANYMPHE. s. m.

PARANYMPHE. s. m. T. d' Antiq. Nom que les Grecs donnaient à une espèce d' officier qui présidait aux mariages, pour en régler les divertissements, et qui était spécialement chargé de la garde du lit nuptial.

Il se disait également, chez les anciens Romains, de Chacun des trois jeunes garçons qui conduisaient la mariée à la maison de son époux.

PARANYMPHE

PARANYMPHE s' est dit aussi Du discours solennel qui se prononçait, dans la faculté de théologie et dans celle de médecine, à la fin de chaque licence.

PARAPET. s. m.

PARAPET. s. m. Massif de terre ou de maçonnerie, qui borde un ouvrage de fortification, et qui donne aux soldats le moyen de faire feu sur l' ennemi, en ne laissant à découvert que la partie supérieure de leur corps. Le parapet d' un bastion. Le canon avait rasé le parapet. Les troupes de la garnison bordaient le parapet.

PARAPET

PARAPET se dit aussi d' Une muraille à hauteur d' appui, élevée sur le bord d' une terrasse, sur les côtés d' un pont, le long d' un quai, etc., pour servir de garde-fou. Le parapet d' une terrasse. Les parapets d' un pont, d' un quai. Garnir d' un parapet. Une balustrade qui tient lieu de parapet.

PARAPHERNAL. adj. m.

PARAPHERNAL. adj. m. T. de Jurispr. Il ne s' emploie guère qu' au pluriel, et dans cette locution, Biens paraphernaux, Les biens de la femme qui n' ont pas été constitués en dot, et dont elle conserve l' administration et la jouissance.

Il s' emploie quelquefois substantivement, au singulier et au pluriel. Le paraphernal. Les paraphernaux.

PARAPHIMOSIS. s. m.

PARAPHIMOSIS. s. m. (On prononce l' S finale.) T. de Chirur. Maladie dans laquelle le prépuce est tellement renversé et gonflé, qu' on ne peut le rabattre sur le gland.

PARAPHRASE. s. f.

PARAPHRASE. s. f. Explication plus étendue que le texte, ou que la simple traduction du texte. Paraphrase du Cantique des Cantiques. La paraphrase chaldaïque. Il y a plusieurs paraphrases sur les Psaumes. Sa traduction n' est qu' une lourde paraphrase.

Il se dit aussi, familièrement, Des interprétations malignes que l' on donne à des choses indifférentes. Il a fait une paraphrase maligne sur un propos très-innocent.

Il se dit encore, familièrement, Des discours, des écrits verbeux et diffus. Il pouvait dire la chose en deux mots, il nous a fait une longue paraphrase fort ennuyeuse. Cet ouvrage n' est que la longue et ennuyeuse paraphrase d' une vérité qui pouvait être exposée en quelques pages. Dites-nous la chose sans tant de paraphrases.

PARAPHRASER. v. a.

PARAPHRASER. v. a. Faire une paraphrase, des paraphrases. Ceux qui ont paraphrasé le Pentateuque. On a paraphrasé les Institutes de Justinien.

Il signifie aussi, Étendre, amplifier dans le récit. Vous ne rapportez pas le discours comme il est, vous le paraphrasez.

Il s' emploie quelquefois absolument. Ce n' est pas là traduire, c' est paraphraser. Dites la chose comme elle est, sans paraphraser. Il ne faut pas ainsi paraphraser.

PARAPHRASÉ, ÉE. participe

PARAPHRASÉ, ÉE. participe

PARAPHRASEUR, EUSE

PARAPHRASEUR, EUSE Celui, celle qui fait des paraphrases, qui étend, qui amplifie les choses en les rapportant. C' est un paraphraseur éternel. Il est familier, et ne se dit que dans un sens de blâme.

PARAPHRASTE. s. m.

PARAPHRASTE. s. m. Auteur de paraphrases. Les paraphrastes chaldaïques.

PARAPLUIE. s. m.

PARAPLUIE. s. m. Sorte de petit pavillon portatif, qu' on étend au-dessus de la tête pour se garantir de la pluie. Un parapluie de taffetas, de toile cirée. Le manche, les baleines d' un parapluie. Ouvrir, étendre, déployer son parapluie. Fermer son parapluie. Un parapluie à canne. Il ne porte jamais de parapluie.

PARASANGE. s. f.

PARASANGE. s. f. T. d' Antiq. Mesure itinéraire chez les anciens Perses. La parasange répond à environ cinq mille mètres.

PARASÉLÈNE. s. f.

PARASÉLÈNE. s. f. (On prononce Paracélène.) Image de la lune réfléchie dans un nuage.

PARASITE. s. m.

PARASITE. s. m. Écornifleur, celui qui fait métier d' aller manger à la table d' autrui. Un franc parasite. Un parasite affamé. C' est le parasite d' un tel.

Adj., Plantes parasites, Celles qui végètent sur d' autres plantes, et qui se nourrissent de leur substance. Insectes parasites, Certains insectes qui vivent sur d' autres animaux aux dépens de leur substance.

Adj. et fig., Mots, expressions, ornements parasites, Mots, expressions, ornements superflus, ou qui reviennent trop souvent dans un même ouvrage. Un style plein d' ornements parasites.

PARASOL. s. m.

PARASOL. s. m. (On prononce Paraçol.) Sorte de petit pavillon portatif, qu' on étend au-dessus de la tête pour être à couvert du soleil. Porter un parasol. Se couvrir d' un parasol. Ouvrir, fermer son parasol.

Plante en parasol, Plante ombellifère. Voyez OMBELLIFÈRE.

PARATITLAIRE. s. m.

PARATITLAIRE. s. m. Auteur de paratitles.

PARATITLES. s. m. pl.

PARATITLES. s. m. pl. Explication abrégée de quelques titres ou livres de jurisprudence civile ou canonique. Les Paratitles de Cujas.

PARATONNERRE. s. m.

PARATONNERRE. s. m. Verge de fer terminée en pointe, que l' on dresse sur la partie la plus élevée d' un édifice, et que l' on fait communiquer, par une chaîne, avec la terre humide ou avec l' eau: cet appareil est destiné à garantir du tonnerre, en soutirant le fluide électrique des nuages. Il y a des paratonnerres sur la plupart des grands édifices de Paris. Faire mettre un paratonnerre sur sa maison.

PARAVENT. s. m.

PARAVENT. s. m. Sorte de meuble fait de châssis de bois, couverts de papier peint ou d' étoffe, qui s' étendent et se plient l' un sur l' autre, et dont on se sert dans les chambres en hiver, pour se garantir du vent qui vient des portes. Des feuilles de paravent. Châssis de paravent. Paravent de la Chine. Paravent d' étoffe, de tapisserie, de papier. Paravent à quatre feuilles, à six feuilles, etc.

PARC. s. m.

PARC. s. m. Grande étendue de terre entourée de murs, ou de fossés, ou de pieux, ou de haies, pour conserver les bois dont elle est plantée, et pour réserver au propriétaire le plaisir de la chasse, ou la liberté de la promenade. Grand parc. Faire un parc. Clore un parc. Un parc de cinq cents arpents. Un parc d' une lieue, de deux lieues de tour. Le parc de Saint-Cloud, de Saint-Germain, etc. Il a enfermé ce bois, cette vallée, etc., dans son parc. Les murailles d' un parc. Le grand, le petit parc de Versailles.

PARC

PARC se dit également d' Un pâtis entouré de fossés, où l' on met les boeufs pour les engraisser. Mettre les boeufs au parc. C' est un parc assez grand pour engraisser deux cents boeufs.

Il signifie aussi, Une clôture faite de claies, où l' on enferme les moutons en été, quand ils couchent dans les champs. Le berger couche au parc. Il y a des chiens pour garder le parc. Le loup est entré dans le parc.

PARC

PARC en termes de Chasse, Enceinte de toiles dans laquelle on enferme les bêtes noires.

Il se dit, par analogie, en termes de Pêche, de Diverses clôtures que l' on fait pour prendre ou pour conserver du poisson; et plus particulièrement d' Un lieu préparé pour y mettre des huîtres, qu' on y laisse grossir et verdir.

PARC

PARC en termes de Guerre, Endroit où l' on place l' artillerie, les munitions, ou les vivres. Le parc de l' artillerie. Il y a, dans cette forteresse, un beau parc d' artillerie. Le parc aux projectiles. Le parc des vivres. Le commissaire du parc. Les munitions doivent être dans un parc.

Il se dit, par extension, de La réunion des voitures qui traînent à la suite d' une armée le matériel de l' artillerie, du génie, de l' administration. Faire marcher un parc. Ils enlevèrent à l' ennemi un parc de cinquante pièces de canon.

PARCAGE. s. m.

PARCAGE. s. m. Le séjour des moutons parqués sur des terres labourables. On paye tant par arpent à un berger pour le parcage de ses moutons.

PARCELLAIRE. adj. m.

PARCELLAIRE. adj. m. Il n' est usité que dans cette locution, Cadastre parcellaire, Cadastre fait par pièces de terre.

Il s' emploie aussi substantivement. Le parcellaire d' une commune.

PARCELLE. s. f.

PARCELLE. s. f. Petite partie de quelque chose. Une parcelle de l' hostie. Payer une somme par parcelles.

PARCE QUE. loc. conjonctive

PARCE QUE. loc. conjonctive Voyez PAR.

PARCHEMIN. s. m.

PARCHEMIN. s. m. Peau de brebis ou de mouton préparée pour écrire dessus, ou pour d' autres usages. Feuille de parchemin. Parchemin timbré. Contrat sur parchemin. Livre relié en parchemin.

Parchemin vierge, La peau préparée des petits chevreaux ou agneaux mort-nés.

Fig. et fam., Allonger le parchemin, Allonger inutilement, et multiplier des écritures sans nécessité, souvent par esprit de chicane ou d' intérêt. Ce procureur allongeait le parchemin.

Fig. et pop., Un visage de parchemin, Un visage couvert d' une peau sèche et jaune.

PARCHEMINS

PARCHEMINS se dit encore, figurément et familièrement, surtout au pluriel, Des titres de noblesse. Il est fier de ses parchemins. Il n' a lu que ses parchemins. Il est toujours dans ses vieux parchemins.

PARCHEMINERIE. s. f.

PARCHEMINERIE. s. f. Lieu où l' on prépare le parchemin.

Il se dit aussi de L' art de préparer le parchemin, et du négoce qui s' en fait.

PARCHEMINIER. s. m.

PARCHEMINIER. s. m. Celui qui prépare le parchemin, et qui le vend.

PARCIMONIE. s. f.

PARCIMONIE. s. f. Épargne minutieuse, qui porte sur les petites choses. Il est d' une excessive parcimonie. Il croit n' avoir que de l' économie, il a de la parcimonie.

PARCIMONIEUX, EUSE. adj.

PARCIMONIEUX, EUSE. adj. Qui a de la parcimonie. Un homme parcimonieux. Une femme parcimonieuse.

PARCOURIR. v. a.

PARCOURIR. v. a. (Il se conjugue comme Courir.) Aller d' un bout à l' autre; Courir çà et là. Ce cheval a parcouru la carrière en cinq minutes. Le soleil parcourt le zodiaque en un an. Il a parcouru toute l' Asie, toutes les mers. Il a parcouru toute la province. J' ai parcouru toute la ville pour le trouver.

Fig., Parcourir des yeux, ou simplement, Parcourir, Passer légèrement la vue sur quelque chose, examiner rapidement. J' ai parcouru des yeux tout l' appartement. Il a parcouru des yeux l' assemblée. J' ai parcouru toutes les curiosités que cette ville rassemble. J' ai parcouru ce livre en un quart d' heure. Il parcourut en moins de rien tous les titres de son client. On dit dans le même sens, De cette hauteur, la vue, l' oeil parcourt tout l' horizon, parcourt une vaste étendue, etc.

PARCOURU, UE. participe

PARCOURU, UE. participe

PARCOURS. s. m.

PARCOURS. s. m. Droit de mener paître, en un certain temps de l' année, ses troupeaux sur le terrain d' autrui ou sur un terrain commun.

PARDON. s. m.

PARDON. s. m. Rémission d' une faute, d' une offense. Accorder le pardon. Demander pardon. Je vous demande mon pardon, le pardon de ma faute. Je vous accorde votre pardon. Le pardon des injures. Le pardon des ennemis est commandé par l' Évangile. Digne, indigne de pardon. J' ai toujours de nouveaux pardons à vous demander. Vous m' avez déjà accordé bien des pardons.

Je vous demande pardon. Formule de civilité dont on se sert dans le langage familier, lorsqu' on veut interrompre quelqu' un, ou qu' on est d' un avis différent du sien, ou qu' on lui cause quelque dérangement. Je vous demande pardon, si je vous interromps. Je vous demande pardon, si je suis d' un autre avis que vous. Je vous demande pardon de venir vous voir si matin. On dit quelquefois simplement et absolument, Je vous demande pardon, Je suis d' un autre avis que vous. Ainsi une personne dira, Il est midi; l' autre répondra, Je vous demande pardon, il n' est pas encore onze heures et demie. On dit aussi simplement et par abréviation: Pardon. Mille pardons.

Lettres de pardon, Lettres que le prince accordait en petite chancellerie, pour remettre la peine de certains délits moins graves que ceux pour lesquels les lettres de grâce étaient nécessaires.

PARDONS

PARDONS au pluriel, se dit Des indulgences que l' Église catholique accorde aux fidèles. Il est allé gagner les pardons. Il a rapporté de son pèlerinage beaucoup de pardons, et peu de vertus.

PARDON

PARDON est aussi Le nom d' une certaine prière dont on avertit par trois coups de cloche sonnés à trois reprises; et qui se dit le matin, à midi et le soir. Sonner le pardon. Le pardon est sonné. Il est vieux: on dit plus ordinairement, Angelus.

PARDONNABLE. adj. des deux genres

PARDONNABLE. adj. des deux genres Qui mérite d' être pardonné, d' être excusé. Il ne se dit guère que Des choses. Une offense, une faute pardonnable. Cela n' est pas pardonnable à un homme aussi sage que lui. Cela n' est pas pardonnable à votre âge, à l' âge où vous êtes. Il n' y a rien de si pardonnable que ce que vous avez fait. Erreur pardonnable.

PARDONNER. v. a.

PARDONNER. v. a. Accorder le pardon d' une faute commise, ne garder aucun ressentiment d' une injure reçue. En ce sens, il régit la chose directement, et la personne avec la préposition à. Pardonner les offenses. Pardonner à quelqu' un. JÉSUS-CHRIST dit à Marie-Magdeleine: Tes péchés te sont pardonnés. Je lui pardonne de bon coeur tout le mal qu' il m' a fait. Je lui pardonne de m' avoir offensé. Je lui pardonne ses torts. Je vous pardonne pour cette fois, mais n' y retournez plus. Pardonner une faute légère, une faute d' inadvertance.

Il signifie aussi, Faire grâce. Le roi lui pardonna. Cet écolier avait mérité une punition, son maître lui a pardonné.

Il s' emploie quelquefois absolument. Il est plus beau de pardonner que de punir. Celui qui offense pardonne rarement.

Dieu me pardonne. Façon de parler qui s' emploie dans le discours familier, comme une espèce d' excuse et d' adoucissement. À l' entendre parler, je croirais, Dieu me pardonne, qu' il a perdu l' esprit.

PARDONNER

PARDONNER signifie encore, Excuser, supporter, tolérer. Je lui pardonne facilement la négligence de son style, mais je ne saurais lui pardonner toutes les puérilités dont il a rempli son livre. C' est une faute excusable dans un autre homme; mais à un homme aussi sage que lui, on ne saurait la pardonner, elle ne peut se pardonner, elle ne saurait être pardonnée. Le monde est un juge sévère qui ne pardonne pas les moindres fautes. Pardonnez mes craintes, mes soupçons. Cet homme ne se pardonne rien. Je ne me pardonnerai jamais la faute, la sottise que j' ai faite. Je ne me pardonne pas de m' être fié à ce malhonnête homme, de n' avoir pas pris plus de précautions contre lui. Dans l' amitié, dans le commerce de la vie, il faut se pardonner mutuellement beaucoup de choses.

Il signifie aussi, Voir sans chagrin, sans dépit, sans jalousie. On lui pardonne ses succès à cause de sa modestie. Cette femme a bien de la peine à pardonner aux autres leur beauté. Il ne lui pardonne pas son mérite. Il ne sait pas se faire pardonner sa supériorité.

PARDONNER

PARDONNER régit quelquefois les choses avec la préposition à, comme si elles étaient personnifiées. Pardonnez à ma franchise, à mon amitié les reproches que je vous fais. Je pardonne cela à l' état où vous êtes. Je pardonne la négligence de son discours au peu de temps qu' il a eu pour se préparer.

PARDONNER

PARDONNER s' emploie souvent comme un terme de civilité. Pardonnez-moi, ou simplement, Pardonnez si je vous contredis. Je vous supplie de me pardonner la liberté que je prends. Vous me pardonnerez si je vous dis que l' affaire ne se passa pas de la sorte. Dans cette acception, on dit quelquefois simplement, et sans rien ajouter, Pardonnez-moi, vous me pardonnerez, pour exprimer honnêtement qu' on n' est pas d' accord de ce qu' un autre dit.

PARDONNER

PARDONNER signifie quelquefois, Excepter, épargner. En ce sens, il ne s' emploie guère qu' avec la particule négative ne, et avec la préposition à. La mort ne pardonne à personne. Le temps ne pardonne à aucune chose.

Absol., Cette maladie ne pardonne point, On y succombe tôt ou tard.

PARDONNÉ, ÉE. participe

PARDONNÉ, ÉE. participe Crime pardonné. Offense, injure pardonnée. Faute pardonnée.

Prov., Péché caché est à demi pardonné, Quand le scandale n' est pas joint au péché, le péché en est beaucoup moindre.

Dans la conversation, s' il arrive à quelqu' un de demander, par civilité, pardon d' une liberté qu' il a prise, d' une inconvenance qui lui est échappée, on lui répond: Vous êtes tout pardonné. Hors ce seul cas, le participe Pardonné ne s' applique point aux personnes.

PARÉAGE ou PARIAGE. s. m.

PARÉAGE ou PARIAGE. s. m. T. de Jurispr. féodale. Égalité de droit et de possession que deux seigneurs avaient par indivis dans une même terre.

PARÉATIS. s. m.

PARÉATIS. s. m. (On prononce l' S.) Mot emprunté du latin. Il se disait De certaines lettres qu' on obtenait en chancellerie, afin de pouvoir mettre un arrêt, un jugement à exécution ailleurs que dans le ressort du tribunal par lequel il avait été rendu. Des lettres de paréatis. Un paréatis du grand sceau, du petit sceau. Prendre, envoyer un paréatis. Aujourd' hui les arrêts et jugements sont exécutoires dans tout le royaume sans visa ni paréatis.

PARÉGORIQUE. adj. des deux genres

PARÉGORIQUE. adj. des deux genres T. de Médec. Il se dit Des remèdes qui calment, adoucissent, apaisent les douleurs. User de remèdes parégoriques, et substantivement, de parégoriques. Il est peu usité: on dit ordinairement, Anodin, ine.

PAREIL, EILLE. adj.

PAREIL, EILLE. adj. Égal, semblable. Je voudrais d' une étoffe pareille à celle que vous m' avez montrée. On n' a rien vu de pareil. Ces deux choses-là ne sont pas pareilles. Ils ont une pareille ardeur pour l' étude. Que feriez-vous en pareille occasion, en pareil cas, en cas pareil? Voici ce qu' on fit en pareille occasion. À pareil jour, à pareille heure, telle chose m' est arrivée. Ils sont pareils en âge, en sagesse. Ils sont presque de pareil âge, de pareil tempérament. Il vieillit dans ces deux dernières phrases; on dit plus ordinairement: Ils sont égaux en âge, en sagesse. Ils sont presque de même âge, de même tempérament.

Sans pareil, Excellent, supérieur dans son genre. C' est un homme d' un sang-froid sans pareil. Il est d' une valeur, d' une probité sans pareille. Ce remède, ce spécifique est sans pareil.

C' est un homme sans pareil, C' est un homme d' un très-grand mérite. Il se dit plus souvent, en mauvaise part, D' un homme extraordinaire et singulier dans ses manières, dans sa conduite.

Toutes choses pareilles, Toutes choses étant égales. Un ami, un parent, toutes choses pareilles, doit l' emporter sur un homme qu' on ne connaît point.

PAREIL

PAREIL signifie aussi, Tel, de cette nature, de cette espèce. Ce poëme est fort beau, un pareil ouvrage annonce du génie. Comment avoir commis une pareille faute? Comment pouvez-vous vous trouver avec de pareilles gens? Pareil exemple n' est pas bon à suivre. De pareils amis sont précieux.

PAREIL

PAREIL est aussi substantif. C' est un homme qui n' a pas son pareil. Elle n' a pas sa pareille pour la malignité. Il a peu de pareils. Il se croyait bien plus fort que vous, mais il a trouvé son pareil. Il a un beau cheval de carrosse, mais il ne peut trouver le pareil.

PAREILS

PAREILS au pluriel, précédé des adjectifs possessifs Mes, tes, ses, nos, etc., signifie, Les gens de l' état, de la naissance, du caractère de la personne dont il s' agit. Vos pareils se comportent tout autrement que vous. Il en use mal avec ses pareils. Nous ne sommes tout à fait à notre aise qu' avec nos pareils. Fréquentez vos pareils.

Subst., La pareille, Le même traitement qu' on a reçu ou qu' on a fait. Je vous rendrai la pareille. Attendez-vous à la pareille.

À LA PAREILLE. loc. adv. et fam.

À LA PAREILLE. loc. adv. et fam. De la même manière, de la même façon. Je me comporterai à la pareille. Il est vieux en ce sens.

Il signifie aussi, Je vous rendrai la pareille. Si vous me faites ce plaisir-là, à la pareille. Si vous n' en usez pas bien, à la pareille.

PAREILLEMENT. adv.

PAREILLEMENT. adv. De la même manière. Vous m' avez traité avec bonté, je vous traiterai pareillement.

Il signifie plus ordinairement, Aussi. Vous le désirez, et moi pareillement. À une personne qui vous dit, Portez-vous bien; soyez heureux, etc.; on répond quelquefois, Et vous pareillement.

PARÉLIE. s. m.

PARÉLIE. s. m. Voyez PARHÉLIE.

PARELLE. s. f.

PARELLE. s. f. Plante. Voyez PATIENCE.

PAREMENT. s. m.

PAREMENT. s. m. Ornement, ce qui orne, ce qui pare. Il se dit Des étoffes dont on pare le devant d' un autel. Un beau parement d' autel. Un parement de velours, en broderie de perles. Donner un parement à une église.

Il se dit aussi de Certaines étoffes riches ou voyantes, que les hommes portaient autrefois sur les manches de leurs habits, et les femmes sur le devant de leurs robes; et que les militaires portent encore sur les manches de leurs uniformes. Les habits et les robes à parements d' étoffe d' or ou d' argent ne se voient plus qu' au théâtre. L' uniforme de ce régiment a des revers et des parements bleus, rouges, violets.

Il se dit aussi de L' espèce de retroussis qui est au bout des manches d' un habit, et qui est fait de la même étoffe. Les parements de cet habit sont usés, il en faut faire mettre de nouveaux, de neufs.

Les parements d' un fagot, Les plus gros bâtons d' un fagot, ceux que le bûcheron met en dessus pour parer sa marchandise. Il prit un parement de fagot, et lui en donna des coups sur les épaules.

PAREMENT

PAREMENT en termes de Maçonnerie, de Menuiserie, etc., La surface apparente d' un ouvrage. Le parement de plâtre, de pierre d' un mur. Le parement d' un revêtement de marbre, de menuiserie. Mettre une pierre en parement. Un ouvrage est à deux parements, quand il est fait pour être vu des deux côtés. Porte à deux parements.

Le parement d' une pierre, Le côté d' une pierre qui doit paraître en dehors du mur. Parement brut, taillé, poli. Pierre à deux parements.

PAREMENT

PAREMENT en termes de Pavage, Les gros quartiers de pierre ou de grès qui bordent un chemin pavé.

PARENCHYME. s. m.

PARENCHYME. s. m. T. de Médec. et d' Anat. Nom que l' on donne à la substance propre de chaque viscère.

Il se dit aussi, en Botanique, Du tissu tendre et spongieux des feuilles, des tiges et des fruits.

PARÉNÈSE. s. f.

PARÉNÈSE. s. f. T. didactique. Discours moral, exhortation à la vertu. Il est peu usité.

PARÉNÉTIQUE. adj. des deux genres

PARÉNÉTIQUE. adj. des deux genres T. didactique. Qui a rapport à la parénèse, à la morale. On divise les discours de religion en dogmatiques, parénétiques, ascétiques, et mystiques. Il est peu usité.

PARENT, ENTE

PARENT, ENTE Celui, celle qui est de même famille, qui est de même sang, qui touche par consanguinité à quelqu' un. Parent paternel, maternel. Parents au troisième degré. C' est mon parent. Il est de mes parents. De quel côté êtes-vous parents? Il est mon parent du côté de ma mère. Ils sont parents, proches parents. Ils sont parents éloignés. Elle est ma parente. Le mariage entre parents est prohibé à certains degrés. Je verrai aujourd' hui les parents de ma femme. Il n' a point de parents. Ils ne sont ni parents ni alliés. Convoquer une assemblée de parents. Avis de parents. Aux gens riches ou en faveur, il pleut des parents.

Prov., Un bon ami vaut mieux qu' un parent; et fam., Nous sommes tous parents en Adam.

Prov. et fig., Les rois et les juges n' ont point de parents, Ils doivent sacrifier leurs affections personnelles à l' intérêt public.

PARENT

PARENT se dit aussi de Ceux de qui on descend. Il est né de parents illustres.

Il se dit quelquefois plus particulièrement Du père et de la mère. Il s' est marié sans le consentement de ses parents. Un enfant doit obéir à ses parents. En ce sens, on ne l' emploie jamais au singulier pour désigner Le père ou la mère.

Nos premiers parents, Adam et Ève.

PARENT

PARENT se dit, par extension, de Ceux qui sont simplement alliés. Il est devenu mon parent en épousant ma cousine.

Fam., Les grands parents, Les plus considérables d' entre les proches parents. J' ai ouï dire à mes grands parents. On consulta les grands parents.

PARENTAGE. s. m.

PARENTAGE. s. m. Parenté. Il a vieilli.

PARENTÉ. s. f.

PARENTÉ. s. f. Consanguinité. Il y a parenté entre eux. Il n' y a entre eux qu' une parenté fort éloignée. Degré de parenté.

Il est aussi collectif, et signifie, Tous les parents et alliés d' une même personne. Il a donné à dîner à toute sa parenté. Il fallut assembler la parenté. Il n' a vu qu' une partie de sa parenté.

PARENTÈLE. s. f. coll.

PARENTÈLE. s. f. coll. Les parents. Il est vieux.

PARENTHÈSE. s. f.

PARENTHÈSE. s. f. Phrase formant un sens distinct et séparé de celui de la période où elle est insérée. Grande parenthèse. Longue parenthèse. Ne faites point de parenthèses. Cela soit dit par parenthèse. Il faut mettre cela en parenthèse. Quand la parenthèse est trop longue, elle rompt le sens. Style embarrassé de parenthèses. Il ne finit point à force de parenthèses.

Il se dit aussi Des marques dont on se sert dans l' écriture et dans l' imprimerie, pour enfermer les mots d' une parenthèse, et qui sont ainsi figurées (). Mettre une phrase entre deux parenthèses, entre parenthèses. Ouvrir la parenthèse. Fermer la parenthèse.

Fig. et pop., Avoir les jambes en parenthèse, Avoir les jambes arquées.

PAR PARENTHÈSE. Locution adverbiale

PAR PARENTHÈSE. Locution adverbiale dont on se sert lorsque dans la conversation on interrompt le discours, pour dire quelque chose qui n' y a pas un rapport direct. Par parenthèse, j' observerai, je remarquerai, j' ajouterai telle chose. Je dois, par parenthèse, vous avertir que...

PARER. v. a.

PARER. v. a. Orner, embellir. Parer une église, un autel, une maison, une chambre. Parer un enfant. Le printemps avait paré la terre de fleurs et de verdure. Chez les anciens, on parait la victime avant de l' immoler.

Il s' emploie figurément et au sens moral. Il est un art de parer la vertu, de parer la raison. Il a paré sa pensée, son discours, son langage des plus brillantes couleurs de l' imagination.

Il s' emploie souvent avec le pronom personnel, tant au propre qu' au figuré. Cette femme aime à se parer. Elle a passé trois heures à se parer. Au printemps, la terre se pare de mille couleurs.

Prov. et fig., Se parer des plumes du paon, des plumes d' autrui, S' approprier ce qui appartient à un autre, pour en tirer vanité. Il se dit principalement D' un plagiaire.

PARER

PARER avec le pronom personnel, signifie quelquefois, Faire parade. Se parer des vertus qu' on n' a pas. Les stoïciens se paraient d' une impassibilité fastueuse. Il se pare d' un vain titre. C' est en vain qu' il se pare de sa noblesse, ses actions la démentent.

PARER

PARER signifie aussi, Préparer, apprêter certaines choses de manière à leur donner meilleure apparence, à les rendre plus belles, plus commodes, plus propres au service. Parer sa marchandise. Parer des étoffes en les lustrant, ou en les mettant en presse. Parer un cuir, une peau. Les relieurs se servent d' un couteau à parer pour amincir leurs peaux. Parer les allées d' un jardin.

Parer le pied d' un cheval, Ôter de la corne du pied d' un cheval, pour le ferrer. Il faut parer le pied à ce cheval. On a paré le pied de ce cheval jusqu' au vif.

Parer du cidre, du poiré, Le faire fermenter, pour lui ôter le goût douceâtre qu' il a naturellement.

Parer un agneau, Lever la graisse qui est sur la panse, et l' étendre sur le quartier de derrière.

Parer un câble, une ancre, une barrique, Préparer un câble, une ancre, etc.

PARER

PARER en termes de Manége, signifie, S' arrêter. Ce cheval pare bien sur les hanches. En ce sens, il est neutre.

PARER

PARER signifie aussi, Empêcher, éviter un coup, soit en le détournant, soit en y opposant quelque chose qui l' arrête. Parer un coup, une botte, une estocade, un trait. Parer le coup. Parer la balle. En ce sens, il s' emploie quelquefois neutralement. Parer et porter en même temps. Parer du fort de l' épée. Parer de la main. Il n' a fait que parer. Vous ne parez pas. Parez donc.

Fig. et fam., Parer un coup, une botte, Se défendre d' un mauvais office, d' une demande fâcheuse, importune.

PARER

PARER joint avec les prépositions de et contre, signifie, Mettre à couvert, défendre contre quelque attaque, quelque incommodité. Cela vous parera du soleil, de la pluie. Le bois que vous plantez parera quelque jour votre maison contre le vent du nord.

Il s' emploie souvent, en ce sens, avec le pronom personnel, tant au propre qu' au figuré. Porter un manteau pour se parer de la pluie. Il tâche de se parer contre les incommodités de la saison. Il est difficile de se parer d' un ennemi couvert, de se parer des mauvais offices secrets. Je saurai bien me parer de ses coups.

Il s' emploie quelquefois neutralement, avec la préposition à. Il n' a fait que parer aux coups. On ne saurait parer à tout. Il faut parer à cet inconvénient.

En termes de Marine, Parer un cap, Le doubler, le laisser à côté en passant au delà.

PARÉ, ÉE. participe

PARÉ, ÉE. participe Fam., Elle est parée comme une épousée, comme une châsse, comme un autel, se dit D' une femme qui est excessivement parée.

En termes de Procéd., Ce titre est paré, il porte une exécution parée, il porte exécution parée, Il est en forme exécutoire; et, sans qu' il soit besoin de jugement, on peut, en vertu de ce titre, contraindre le débiteur au payement. Les grosses de contrats, obligations, sentences, arrêts, etc., sont des titres parés.

PARÈRE. s. m.

PARÈRE. s. m. Avis, sentiment de négociants sur des questions de commerce. Le livre des Parères de Savary.

PARESSE. s. f.

PARESSE. s. f. Fainéantise, nonchalance, négligence des choses qui sont de devoir, d' obligation. Grande paresse. Horrible paresse. Perdre toutes ses affaires par paresse, par sa paresse. Quelle paresse! La paresse est un des sept péchés capitaux.

Prov., Relever quelqu' un du péché de paresse, L' obliger, par des reproches, par des menaces, par des ordres pressants, à travailler, à mieux remplir ses devoirs. Je l' ai bien relevé, je le relèverai bien du péché de paresse.

PARESSE

PARESSE se dit familièrement, dans une acception moins dure, d' Une certaine faiblesse de tempérament, qui porte à se dispenser de faire tout ce qui demande un peu d' action. C' est par paresse qu' il ne va jamais se promener. Le spectacle est à ma porte; si je n' y vais pas, c' est la paresse qui me tient, qui m' en empêche.

Il se prend quelquefois dans une acception favorable, et signifie, Amour du repos, du loisir, tranquillité du corps et de l' esprit. Paresse aimable. Une douce paresse. Une paresse voluptueuse. Ce poëte a chanté la paresse. La paresse a ses douceurs.

Paresse d' esprit, Certaine lenteur, certaine nonchalance d' esprit, qui empêche de concevoir promptement ou de s' appliquer avec force, avec persévérance.

PARESSER. v. n.

PARESSER. v. n. Faire le paresseux, se laisser aller à la paresse. J' ai paressé toute la matinée dans mon lit. Aimer à paresser. Il est familier.

PARESSEUX, EUSE. adj.

PARESSEUX, EUSE. adj. Qui aime à éviter l' action, le travail, la peine. Vous êtes bien paresseux aujourd' hui d' être encore au lit. Il est si paresseux, qu' il néglige toutes ses affaires. Il est paresseux à servir, paresseux d' écrire. Un écolier paresseux. Il a l' esprit paresseux. Ce cheval est paresseux.

Il est aussi substantif. C' est un paresseux, un franc paresseux. C' est une paresseuse.

En Médec., Estomac, ventre paresseux, Estomac, ventre qui fait lentement ses fonctions. J' ai l' estomac fort paresseux. L' usage fréquent des lavements rend le ventre paresseux.

PARESSEUX

PARESSEUX en Histoire naturelle, est Le nom d' un quadrupède commun entre les tropiques, qui n' a point de dents incisives, et qui marche et se meut avec une extrême lenteur.

PARFAIRE. v. a.

PARFAIRE. v. a. Achever, compléter quelque chose en sorte qu' il n' y manque rien. Parfaire un ouvrage, un bâtiment. Il est peu usité dans le langage ordinaire.

En termes de Procéd. crim., Parfaire le procès de quelqu' un, Conduire ce procès jusqu' au jugement définitif. Cette locution vieillit.

En termes de Finance, Parfaire un payement, parfaire une somme, Ajouter à un payement, à une somme, ce qui y manquait.

En termes de Jurispr., Parfaire le juste prix, Réparer la lésion, le dommage qu' a éprouvé le vendeur d' un immeuble. L' acquéreur a été condamné à délaisser la maison, si mieux il n' aimait en parfaire le juste prix.

PARFAIT, AITE. participe

PARFAIT, AITE. participe Il n' est guère usité que dans la locution, Fait et parfait, Entièrement terminé. Cela est fait et parfait. Il a été ordonné que son procès lui serait fait et parfait, jusqu' à jugement définitif inclusivement.

PARFAIT, AITE. adj.

PARFAIT, AITE. adj. Qui réunit toutes les qualités, sans nul mélange de défauts. Dieu seul est parfait. Nul homme n' est parfait. Il n' y a rien de parfait sur la terre.

Il signifie aussi, Qui a beaucoup de qualités, qui paraît accompli dans son genre. C' est un homme parfait. Une statue d' une beauté parfaite. Une vertu, une bonté, une grâce parfaite. Il règne entre ces deux personnes un accord parfait. Un musicien, un danseur, un cuisinier parfait. Un parfait courtisan. Un parfait imbécile.

Il signifie quelquefois, Complet, total. Il est difficile d' obtenir le vide parfait. Dans cette chambre noire, l' obscurité n' est pas parfaite. Une solitude parfaite. Un repos parfait. Sa guérison n' est pas parfaite. Apoplexie parfaite.

En Musique, Accord parfait, L' accord fondamental, qui ne se compose que d' intervalles consonnants, c' est-à-dire, d' une tierce, d' une quinte, et de la réplique, à l' aigu, du premier son, que l' on nomme Octave. Consonnance parfaite, Intervalle consonnant, comme la quinte et l' octave. Cadence parfaite, Celle qui porte la note sensible et qui tombe de la dominante sur la finale.

En Grammaire, Prétérit parfait, ou substantivement, Parfait, Le prétérit qui marque une chose parfaite, une chose arrivée dans un temps qui n' est ni précis ni déterminé, comme J' ai aimé, j' ai dit; et, Prétérit plus-que-parfait, ou substantivement, Plus-que-parfait, Le prétérit qui marque une chose faite ou arrivée dans un temps plus éloigné que le temps marqué par le prétérit parfait, comme J' avais aimé. L' emploi de Parfait et de Plus-que-parfait comme substantifs est le plus ordinaire. Ce verbe est au parfait de l' indicatif, au plus-que-parfait du subjonctif.

En Arithmétique, Nombre parfait, Celui qui est égal à la somme de ses parties aliquotes. Le nombre six est un nombre parfait, parce qu' il est égal à la somme de ses parties aliquotes, un, deux, trois. Il est peu usité.

PARFAITEMENT. adv.

PARFAITEMENT. adv. D' une manière parfaite. Il joue parfaitement du violon. Il écrit parfaitement. Il s' acquitte parfaitement bien de son devoir.

Il signifie quelquefois, D' une manière complète, totale. Il est parfaitement ridicule. Il est parfaitement guéri.

PARFILAGE. s. m.

PARFILAGE. s. m. Action de parfiler. Le parfilage de cette étoffe sera long.

Il signifie aussi, Ce qui résulte du parfilage. Un tas, une botte de parfilage.

PARFILER. v. a.

PARFILER. v. a. Défaire fil à fil le tissu d' un morceau d' étoffe ou de galon, soit d' or, soit d' argent, et séparer de la soie l' or ou l' argent qui la recouvre. Parfiler du galon. Parfiler un morceau d' étoffe.

Il s' emploie aussi absolument. Cette femme passe son temps à parfiler.

PARFILÉ, ÉE. participe

PARFILÉ, ÉE. participe

PARFOIS. adv. de temps et de nombre

PARFOIS. adv. de temps et de nombre Quelquefois. On se trouve mal parfois de n' avoir pas demandé conseil. Il arrive parfois que...

PARFONDRE. v. a.

PARFONDRE. v. a. T. de Peintre en émail. Incorporer les couleurs à la plaque de verre ou d' émail, et les faire fondre également.

PARFONDU, UE. participe

PARFONDU, UE. participe Des couleurs bien parfondues.

PARFOURNIR. v. a.

PARFOURNIR. v. a. Fournir en entier, achever de fournir. Il est peu usité.

PARFOURNI, IE. participe

PARFOURNI, IE. participe

PARFUM. s. m.

PARFUM. s. m. Odeur aromatique, agréable, plus ou moins forte, plus ou moins subtile et suave, qui s' exhale d' une substance quelconque, et particulièrement des fleurs. Doux parfum. Agréable parfum. Des parfums exquis. Ce parfum est trop fort. Aimer, craindre les parfums. Les parfums entêtent. Le parfum des fleurs. Le parfum de la rose. Le parfum de l' encens.

Fig., Le parfum de la louange, des louanges, Le plaisir qu' on a de s' entendre louer. Il est peu de têtes assez fortes pour résister au parfum de la louange. Le parfum des louanges l' entête promptement. On dit aussi figurément, Le parfum de la prière s' élève jusqu' à Dieu, est agréable à Dieu.

Fig., Il y a dans ce livre un parfum d' antiquité, On sent, à la lecture de ce livre, que l' auteur s' est pénétré du génie des auteurs anciens.

PARFUM

PARFUM se dit aussi Des choses mêmes dont il s' exhale une odeur agréable. L' essence de rose est un délicieux parfum. La plupart des parfums viennent de l' Orient. Parfums simples, composés, secs, liquides.

Il se dit également Des compositions minérales ou végétales d' une odeur forte, dont on se servait dans les lazarets pour purifier les personnes et les effets regardés comme suspects.

PARFUMER. v. a.

PARFUMER. v. a. Répandre une bonne odeur dans quelque lieu, sur quelque chose, ou sur quelqu' un. Les fleurs parfument l' air. Il y a un pot de tubéreuses qui parfume toute la chambre. Parfumer des gants, du linge, des habits. Parfumer quelqu' un au sortir du bain.

Parfumer une maison, un lieu, un navire, Y faire des fumigations, en chasser le mauvais air, en y brûlant quelque chose d' une odeur forte, comme de la poudre à canon, du soufre, etc. Un foyer d' infection était dans cette maison, il a fallu la parfumer avec du soufre. Dans le même sens, Parfumer une lettre, Exposer au feu de soufre et tremper dans le vinaigre une lettre qui vient d' un pays où règne une maladie contagieuse.

PARFUMER

PARFUMER s' emploie aussi avec le pronom personnel, et signifie, Remplir ses habits, son linge de bonnes odeurs; embaumer sa peau avec des eaux ou des pommades odorantes. Il se parfume trop. L' habitude de se parfumer est bien moins répandue qu' autrefois.

PARFUMÉ, ÉE. participe

PARFUMÉ, ÉE. participe Des gants parfumés.

PARFUMEUR, EUSE. s.

PARFUMEUR, EUSE. s. Celui, celle qui fait et qui vend des parfums. Un excellent parfumeur. C' est une parfumeuse renommée.

PARHÉLIE ou PARÉLIE. s. m.

PARHÉLIE ou PARÉLIE. s. m. Image du soleil réfléchi dans une nuée. On vit ce jour-là deux parhélies.

PARI. s. m.

PARI. s. m. Gageure, promesse réciproque, par laquelle deux ou plusieurs personnes qui soutiennent des choses contraires, s' engagent de payer une certaine somme à celui qui se trouvera avoir raison. On a fait un gros pari. Le pari est de mille francs. Le pari est bien hasardeux. J' en fais le pari. Il y a des paris pour et contre la paix. J' ai gagné, j' ai perdu le pari, mon pari. Proposer, accepter un pari.

Tenir le pari, L' accepter, parier contre la personne qui le propose. Beaucoup de personnes parièrent; il tint tous les paris.

Le pari est ouvert, les paris sont ouverts, Tout le monde est reçu à parier. Il se dit, figurément, D' une affaire incertaine, sur laquelle il y a des opinions contraires, et qui doit bientôt se décider.

Il est hors de pari, se dit De celui qui, dans un pari fait entre plusieurs personnes, a perdu, et n' a plus de droit aux enjeux que les autres se disputent encore.

PARI

PARI se dit quelquefois de La somme pariée. Payer le pari.

Il se dit particulièrement, au Jeu, de La somme, indépendante de l' enjeu ordinaire, que des personnes parient entre elles, et dont le sort est décidé par celui de la partie.

PARI

PARI au Jeu du piquet à écrire, signifie, Le résultat des deux coups qui forment l' ide. Celui qui perd le pari est obligé de mettre à la queue.

PARIA. s. m.

PARIA. s. m. Homme de la dernière caste des Indiens qui suivent la loi de Brama. La caste des parias est réputée infâme par toutes les autres.

PARIADE. s. f.

PARIADE. s. f. T. de Chasse. État des perdrix, lorsqu' elles cessent d' aller par compagnies, pour s' apparier. Le temps de la pariade. La pariade est complète. La pariade est belle dans ce champ.

Il se dit aussi de La saison où les perdrix s' apparient. La chasse est défendue pendant la pariade.

Il se dit encore Des perdrix appariées. Il y a cinq ou six pariades dans ce champ.

PARIER. v. a.

PARIER. v. a. Faire un pari, une gageure. Ils ont parié deux cents francs. Il parie que cela n' est pas. Voulez-vous parier que cela est? Je parie cent contre un que cela est. Je parie que vous n' en viendrez pas à bout. Parier le double contre le simple. Les uns pariaient pour, les autres pariaient contre.

Fam., Il y a à parier, beaucoup à parier, gros à parier, tout à parier que, Il est presque certain que, il y a de fortes raisons de croire que. Il y a à parier qu' il ne viendra pas. Du train dont nous allons, il y a gros à parier que nous n' arriverons pas avant une heure.

Au Jeu, Parier pour quelqu' un, ou simplement, Parier, Gager que celui des deux joueurs qu' on désigne, gagnera la partie. Vous pariez pour monsieur, je tiens le pari, ou je parie contre. Pour qui pariez-vous? Il ne joue jamais, il ne fait que parier.

Parier à coup sûr, Parier avec la certitude qu' on gagnera le pari. Il n' y a qu' un malhonnête homme qui parie à coup sûr.

PARIÉ, ÉE. participe

PARIÉ, ÉE. participe Il y a eu cent louis de pariés. Payer toute la somme pariée.

PARIÉTAIRE. s. f.

PARIÉTAIRE. s. f. T. de Botan. Plante ainsi nommée parce qu' elle croît ordinairement sur les murailles. La pariétaire est diurétique.

PARIÉTAL. adj. m.

PARIÉTAL. adj. m. T. d' Anat. Il se dit De deux os qui forment les côtés et la voûte du crâne. Les deux os pariétaux, dans l' homme, couvrent la plus grande partie du cerveau. On dit aussi substantivement, Les pariétaux.

PARIEUR. s. m.

PARIEUR. s. m. Celui qui parie. C' est un grand parieur. Il y a des parieurs de part et d' autre.

Prov. et fig., Cela ne vaut rien pour les parieurs, se dit D' une chose qui doit faire craindre un résultat fâcheux à l' une des deux parties intéressées dans une affaire.

PARISIENNE. s. f.

PARISIENNE. s. f. Petit caractère d' imprimerie, qui est immédiatement au-dessous de la nonpareille, et dont le corps a cinq points. On le nomme aussi Sédanoise. Au-dessous de la parisienne, il n' y a que la perle.

PARISIS. adj. des deux genres

PARISIS. adj. des deux genres (On prononce l' S finale.) On le disait De la monnaie qui se frappait à Paris, et qui était plus forte d' un quart que celle qui se frappait à Tours. Sou, denier parisis.

PARISYLLABIQUE. adj. des deux genres

PARISYLLABIQUE. adj. des deux genres T. de Grammaire grecque. Il se dit Des déclinaisons qui ont à tous les cas le même nombre de syllabes. Les deux premières déclinaisons sont parisyllabiques.

PARITÉ. s. f.

PARITÉ. s. f. Égalité, similitude entre des objets de même qualité, de même nature. Il ne se dit guère Des personnes, et il appartient surtout au style didactique. Il y a parité de raison, de raisons pour et contre. Il n' y a point de parité entre ces faits.

Il se dit aussi d' Une comparaison que l' on emploie pour prouver une chose par une autre semblable. Je vais vous prouver cela par une parité. Je vais établir la parité que j' ai alléguée. On dit dans le même sens, Je nie la parité, Je nie que le cas allégué soit pareil à celui dont il s' agit. On dit encore, La parité n' est pas exacte.

PARJURE. s. m.

PARJURE. s. m. Faux serment; Violation de serment. Horrible parjure. Un parjure manifeste. Être convaincu de parjure. Commettre un parjure. Faire un parjure. Toutes ses paroles sont autant de parjures.

PARJURE. adj. des deux genres

PARJURE. adj. des deux genres Qui fait un faux serment, qui viole son serment, qui se parjure. Il est parjure. Ah! malheureuse, vous êtes parjure. Vous serez déclarée parjure. Un amant parjure.

Il s' emploie quelquefois substantivement. C' est un parjure.

PARJURER (SE). v. pron.

PARJURER (SE). v. pron. Violer son serment. Il m' avait fait mille serments, et cependant il s' est parjuré.

Il signifie aussi, Faire un faux serment en justice. Il s' est parjuré devant le juge. Voudriez-vous vous parjurer?

PARLAGE. s. m.

PARLAGE. s. m. Verbiage, abondance de paroles inutiles ou dépourvues de sens. Ce n' est là que du parlage. Un ennuyeux parlage. Il a un parlage facile, une grande facilité de parlage. Il est familier.

PARLANT, ANTE. adj.

PARLANT, ANTE. adj. Qui parle. L' homme est la seule créature parlante. Le poëte italien Casti a fait un poëme intitulé, Les Animaux parlants. Dans les pièces de théâtre, Personnages parlants; par opposition à Personnages muets, Ceux qui ne font que paraître et ne disent rien.

Cet homme est parlant, est peu parlant, Il parle volontiers, il parle rarement.

Par extension, Des regards, des gestes parlants, Des regards, des gestes expressifs.

Trompette parlante, Porte-voix.

PARLANT

PARLANT s' emploie figurément, et signifie, Fort ressemblant. Ce portrait est parlant. Cette tête est parlante. On dit dans le même sens, Vous êtes parlant dans votre portrait.

En termes de Blason, Armes parlantes, Armes dont la pièce principale exprime le nom de la famille à qui elles appartiennent. Les armes de Mailly, qui sont des maillets, sont des armes parlantes.

PARLEMENT. s. m.

PARLEMENT. s. m. On appelait ainsi, du temps de nos premiers rois, Une assemblée des grands du royaume, qui était convoquée pour traiter des affaires importantes. Ce roi tint trois parlements dans la même année.

PARLEMENT

PARLEMENT a signifié depuis, Une cour souveraine de justice connaissant directement des affaires qui lui étaient attribuées, et, par appel, des jugements des bailliages, sénéchaussées, duchés-pairies, et autres juridictions inférieures de son ressort. Les édits, les déclarations, les lettres patentes, et autres ordonnances du roi, s' enregistraient au parlement. Le parlement de Paris, de Toulouse, de Grenoble, de Bordeaux, de Dijon, de Rouen, d' Aix, de Rennes, de Pau, de Metz, de Besançon, de Douai, de Nancy. Les parlements du royaume. Le premier président du parlement. Président du parlement, c' est-à-dire, Président d' une chambre des enquêtes, des requêtes. Conseiller au parlement. Avocat au parlement. Avocat en parlement. Conseiller du roi en sa cour de parlement. Procureur au parlement. Le parlement se rendit en corps à Versailles. Arrêt du parlement. Remontrances du parlement.

Il signifiait quelquefois, Le ressort, l' étendue de la juridiction d' un parlement. Le parlement de Paris s' étendait jusqu' en Saintonge. Lyon était du parlement de Paris.

Il se disait aussi de La durée du parlement, depuis le jour de son ouverture jusqu' aux vacances. Son procès fut remis au parlement prochain.

L' ouverture du parlement, La première assemblée du parlement, qui se tenait après la Saint-Martin.

PARLEMENT

PARLEMENT lorsqu' il s' agit de l' Angleterre, se dit collectivement Des deux chambres ou assemblées qui exercent, avec le roi, le pouvoir législatif, et qui sont formées, l' une des pairs ecclésiastiques et séculiers, l' autre des députés des provinces; des villes et des bourgs. La chambre haute, la chambre basse du parlement. Le roi d' Angleterre a convoqué, a ajourné, a prorogé, a dissous, a cassé son parlement, le parlement. Un membre du parlement d' Angleterre.

Il signifie quelquefois collectivement, Les trois parties du pouvoir législatif. L' omnipotence du parlement.

PARLEMENTAIRE. adj. des deux genres

PARLEMENTAIRE. adj. des deux genres Qui appartient au parlement. On l' employait rarement en parlant Des parlements de France; mais on s' en sert très-souvent en parlant Du parlement d' Angleterre, et, par allusion, en parlant Des deux chambres qui, en France, font partie de l' autorité législative. Esprit, régime parlementaire. Usages, formes parlementaires. Discussion, éloquence parlementaire.

PARLEMENTAIRE

PARLEMENTAIRE se dit aussi en parlant De ceux qui, pendant les divisions de l' Angleterre, et, en France, pendant les troubles de la Fronde, tenaient le parti du parlement. L' armée parlementaire. La flotte parlementaire. En ce sens, il s' emploie aussi substantivement. Le parti des parlementaires.

Vaisseau parlementaire, ou substantivement, Parlementaire, Vaisseau qu' on envoie porter des paroles à une flotte, ou dans un port de la nation avec laquelle on est en guerre.

PARLEMENTAIRE

PARLEMENTAIRE se dit aussi, substantivement, d' Une personne que des assiégeants ou des assiégés envoient les uns aux autres pour porter quelque proposition, ou pour y répondre. Les assiégeants envoyèrent un parlementaire aux assiégés, pour les engager à capituler. Venir, se présenter en parlementaire.

PARLEMENTER. v. n.

PARLEMENTER. v. n. Faire et écouter des propositions pour rendre une place. Le gouverneur de la place demanda à parlementer.

Il s' emploie figurément, en parlant D' affaires, et signifie, Entrer en voie d' accommodement. Nous en viendrons à bout, il parlemente. D' abord il faisait le difficile, mais il commence à parlementer.

Prov. et fig., Ville qui parlemente est à demi rendue, Celui qui écoute les propositions qu' on lui fait pour l' amener à quelque composition, est à peu près décidé à les accepter.

PARLER. v. n.

PARLER. v. n. Proférer, prononcer, articuler des mots. L' homme est la seule créature qui ait véritablement le don de parler. Un enfant qui commence à parler, qui ne sait pas encore parler. Ce malade est à l' extrémité, il ne parle plus. Vous parlez si bas, que je ne vous entends point. Il ne faut pas parler haut dans la chambre d' un malade. Parler du nez, de la gorge. Parler à l' oreille de quelqu' un. Parler avec peine. Avoir de la peine à parler. Il parle toujours entre ses dents. Parler gras.

Il se dit, en ce sens, De certains oiseaux qui imitent le langage de l' homme, comme les perroquets, les sansonnets, les geais, les pies, etc. Apprendre à parler à un perroquet. Un oiseau qui commence à parler.

PARLER

PARLER signifie aussi, Discourir, s' énoncer par le discours, soit dans un entretien familier, soit en public. De quoi parlez-vous? Nous parlions de vos affaires. Parler de nouvelles. Il parle de cela en homme instruit, en habile homme. Il parle très-pertinemment de beaucoup de choses. Parler comme un ange, comme un oracle. Il parle de tout à tort et à travers, sans savoir ce qu' il dit. Je n' en parle que par ouï-dire. Il n' en parle que par envie. Je n' ai jamais entendu parler de cette affaire. Toute la ville en parle. Parler de tout en étourdi, comme un étourdi. Parler familièrement ensemble. Moi qui vous parle. Parler tête à tête. Parler sans témoin. Parler en public. Parler devant une grande assemblée. Parler sur-le-champ. Parler sans être préparé, sans préparation. Parler sur des matières difficiles. Parler sensément, raisonnablement, purement, correctement, etc. Parler inconsidérément, étourdiment, insolemment, grossièrement, etc. Parler en bons termes, en termes précis. Parler avec éloquence, avec véhémence, avec action, avec justesse, avec précision, avec clarté, etc. Parler avec ambiguïté, avec mystère. Parler avant d' avoir pensé. Parler sans rien dire. Parler autrement qu' on ne pense, autrement qu' on n' agit. Parler contre sa conscience. Parler beaucoup. Parler peu. Parler trop. Il a une grande démangeaison de parler. Parler de sang-froid. Parler de confiance. Le talent, l' art de parler. Parler avec quelqu' un. Parler à quelqu' un. Nous en parlerons tantôt ensemble. Je vous parlerai de quelque chose qui vous regarde. Je lui ai parlé de vos intérêts. Parlez de mon affaire au ministre. Je les ai laissés qui parlaient d' affaires. Il a de la grâce à parler Quand ce fut à lui de parler. Parler à son rang, à son tour. C' est à mon tour à parler. Monsieur un tel a parlé.

Parler bien, Parler avec élégance et pureté; et, dans le sens contraire, Parler mal, ou Ne savoir pas parler.

Parler juste, Raisonner et s' exprimer avec justesse.

Fam., Parler d' or, Parler de la manière la plus convenable dans la circonstance, ou la plus satisfaisante pour celui à qui on parle.

Parler avec passion, Dire des choses que la passion suggère.

Parler bien, parler mal d' une personne, En dire du bien, en dire du mal, en discourir en bien ou en mal. Il ne faut point mal parler de son prochain. Il ne faut point mal parler des absents.

Parler pour quelqu' un, en faveur de quelqu' un, Intercéder pour lui auprès d' un autre. Parler contre quelqu' un, Parler de quelqu' un à dessein de lui nuire.

En termes de Palais, Cet avocat, cet avoué parle pour un tel, Il plaide pour un tel.

Prov., Parler de la pluie et du beau temps, Discourir, s' entretenir de choses indifférentes.

Prov., Parler d' une affaire à bâtons rompus, En parler à diverses reprises, à diverses fois, et sans suite. Il ne m' a jamais parlé de son affaire qu' à bâtons rompus.

Prov., Parler en l' air, Parler sans aucun dessein, sans attacher la moindre importance à ce qu' on dit. Je vous parle de cela en l' air, et sans aucune intention.

Fam., Parler en l' air, signifie aussi, Parler sans fondement, sans être bien instruit. Il parle de cela en l' air, et sans savoir de quoi il est question.

Parler au hasard, Parler sans réflexion, parler de ce qu' on ne sait pas bien. C' est un homme qui parle de tout au hasard.

Parler légèrement, Parler sans être suffisamment informé. C' est un défaut assez ordinaire que de parler légèrement de son prochain.

Fam., Parler pour parler, Parler sans avoir rien à dire.

Prov., Parler comme un perroquet, Parler sans savoir ce qu' on dit, ou Parler d' après autrui.

Fam., Parler comme un livre, Parler avec facilité, mais en termes trop recherchés et trop arrangés pour la conversation. Il se prend aussi en bonne part, et signifie, S' exprimer heureusement sur toute sorte de sujets.

Prov., Il en parle comme un aveugle des couleurs, se dit D' un homme qui se mêle de parler de choses dont il n' a aucune connaissance.

Il en parle en maître, se dit D' un homme qui parle sur une matière qu' il possède à fond; et, Il en parle en écolier, se dit De celui qui n' a qu' une connaissance superficielle de ce dont il parle.

Parler à coeur ouvert, Parler avec une entière franchise.

Parler d' abondance de coeur, Parler avec épanchement, avec une pleine confiance; et, Parler d' abondance, Parler sans préparation, ou du moins sans réciter de mémoire.

Parler au coeur, à l' imagination, aux passions, Parler de manière à intéresser le coeur, à plaire à l' imagination, à flatter, à exciter les passions.

Fig., Parler à un mur, aux rochers, Parler à des gens qui ne sont point touchés de ce qu' on leur dit, des représentations qu' on leur fait.

Fig. et fam., Parler à un sourd, Parler à un homme qui est résolu de ne rien accorder, de ne rien faire de ce qu' on lui demande.

Fig. et fam., Parler à cheval à quelqu' un, Lui parler avec hauteur et dureté.

Fig., Parler haut, parler bien haut, Parler sans ménagement, et quelquefois avec insolence. Ne parlez pas si haut. Je saurai bien l' empêcher de parler si haut.

Prov., Il en parle bien à son aise, se dit D' un homme qui donne quelque conseil difficile à pratiquer, et qu' il n' est pas obligé de suivre, ou qui parle avec sang-froid des misères et des douleurs qu' il n' éprouve pas. Il parle fort éloquemment du mépris des richesses; mais il en parle bien à son aise, lui qui est fort riche.

Par menace, Je vous apprendrai à parler, Je saurai bien vous contraindre à parler avec plus de retenue, avec plus de respect.

Fam., Trouver à qui parler, Trouver de l' opposition, de la résistance, trouver des gens qui vous tiennent tête.

Je n' ai pu trouver à qui parler dans cette maison, dans cette société, Je n' y ai pas vu une personne de connaissance.

Prov., Trop gratter cuit, trop parler nuit, Un grand parleur s' attire souvent de méchantes affaires.

On en parle diversement, se dit D' une action, d' un événement qui est raconté de différentes manières, ou d' une chose que les uns louent et que les autres blâment.

On en parle fort, il en est fort parlé dans le monde, se dit D' une chose qui fait le sujet de l' entretien du public.

Prov., Il faut laisser parler le monde, ou simplement, Il faut laisser parler, Il ne faut pas se mettre en peine de ce que le monde dit mal à propos.

Cela ne vaut pas la peine d' en parler, se dit D' une chose qui est peu importante, ou à laquelle on veut paraître attacher peu d' importance. Il se dit aussi quelquefois, ironiquement, Pour relever l' importance de la chose dont on parle. Il ne lui a volé que cent mille écus; ce n' est pas la peine d' en parler, cela ne vaut pas la peine d' en parler, qu' on en parle.

Ne m' en parlez pas, Ne me mettez pas sur ce chapitre, n' agitez pas cette question. Votre affaire marche-t-elle? êtes-vous content de votre avocat? Oh! ne m' en parlez pas.

Parlez-moi de cela! se dit en signe d' approbation ou de consentement. Voilà un noble procédé, parlez-moi de cela! Voilà des offres raisonnables, parlez-moi de cela! On dit dans un sens analogue, Parlez-moi de cet homme-là!

Faire parler de soi, Faire des choses qui viennent à la connaissance de tout le monde, dont tout le monde s' entretient: cela se dit également en bien et en mal. C' est un homme qui a bien fait parler de lui dans le temps.

Cet homme n' a point fait parler de lui, Il n' a rien fait qui lui ait donné de la réputation.

Cette femme n' a jamais fait parler d' elle, Elle a toujours eu une conduite régulière, elle n' a jamais donné prise à la médisance. C' est une femme, une fille dont on a parlé, C' est une femme, une fille dont la réputation n' est pas intacte.

Il en sera parlé, on en entendra parler, Cela doit faire du bruit, de l' éclat dans le monde.

Il en sera parlé à jamais, La postérité en conservera le souvenir.

Il faut que quelqu' un ait parlé, Il faut que quelqu' un ait divulgué ce secret.

Fig. et fam., Parler des grosses dents à quelqu' un, Le réprimander, lui parler avec menaces.

Prov. et fig., Parler à son bonnet, Se parler à soi-même, parler sans adresser la parole à personne.

Fig., Faire parler quelqu' un, Ajouter aux paroles de quelqu' un, y donner un mauvais sens. On m' a fait parler. Il signifie aussi, Prêter à quelqu' un un discours qu' il n' a pas tenu.

Par forme de menace, Ne me faites point parler, Craignez que je ne dise des choses qui ne seraient pas à votre avantage.

Fam., Parlez donc. Sorte d' interpellation dont on se sert lorsqu' on se dispose à demander compte de quelque chose à quelqu' un. Parlez donc, n' avez-vous pas vu le livre que je cherche?

PARLER

PARLER signifie quelquefois dans une acception plus étendue, Expliquer ses sentiments, sa pensée, déclarer son intention, sa volonté. C' est un homme qui ne veut pas parler nettement. On a fait ce qu' on a pu pour le faire parler, mais il n' y a pas eu moyen d' en venir à bout. Je saurai bien le faire parler. Expliquez-vous mieux, ce n' est pas là parler. Parler au nom de quelqu' un. Parler de son chef. Parler avec mission. Parler par truchement, par interprète. Le roi a parlé par la bouche de son ministre. Vous n' avez qu' à parler, vous serez servi. Il parle de s' en aller. Il parle de se marier.

Fam., Voilà ce qui s' appelle parler, ou simplement, Voilà parler; ou encore, C' est parler, cela, se dit Lorsque quelqu' un fait des propositions plus avantageuses qu' on ne s' y attendait. On emploie aussi ces locutions Pour louer quelqu' un qui a dit, sur une question longtemps agitée, des choses claires, lumineuses, péremptoires.

Parler en maître, Parler comme un homme dont le sentiment fait autorité. Il signifie aussi simplement, Parler d' un ton d' autorité, soit qu' on en ait le droit, soit qu' on ne l' ait pas.

Dieu parle au coeur des pécheurs, Il leur envoie de saintes inspirations, il leur donne de bons mouvements.

PARLER

PARLER s' emploie figurément, et signifie, Manifester ses sentiments, ses pensées par un autre moyen que celui de la parole. Les muets parlent par signes. Il me parlait des yeux et du geste. Ils se parlent des yeux. Chaque mouvement de cet habile pantomime parlait aux yeux des spectateurs.

Il se dit aussi, figurément, Des choses morales ou inanimées qui ont ou qui semblent avoir une sorte de langage. La peinture parle aux yeux. Les cieux et toute la nature parlent de la puissance du Créateur. Ses yeux parlent plus éloquemment que sa bouche. Son visage parle. Son amour parlait par ses yeux. Son silence même a parlé. En votre absence, tout nous parlait ici de vous. La nature, le sang a parlé, quand il a revu son fils malheureux et repentant.

Les murailles parlent, Il se trouve souvent des témoins des choses mêmes les plus cachées.

Cela parle tout seul, parle de soi, Cela se comprend sans qu' il soit besoin d' explication. On dit dans le même sens, La chose parle d' elle-même.

Son mérite, ses services parlent, parlent pour lui, parlent en sa faveur, Son mérite, ses services le rendent recommandable, rendent ses prétentions légitimes.

Tout parle pour lui, Le bon droit, l' équité et la raison sont de son côté.

Il n' a rien qui parle pour lui, rien ne parle en sa faveur, tout parle contre lui, Il n' est recommandable sous aucun rapport; le bon droit, la raison est contre lui.

En matière d' Affaires et de Procès, Cette pièce parle contre lui, Elle est contraire à ses prétentions, elle les détruit.

La vérité, la raison, l' équité parle par sa voix, par sa bouche, Ce qu' il dit est rempli de vérité, de raison, d' équité.

PARLER

PARLER signifie encore, Expliquer sa pensée par écrit. Aristote a très-bien parlé de cette matière dans tel livre. Cet auteur parle de physique comme un homme qui n' y entend rien. Il ne me parle point de cela dans sa lettre.

Parler dans un contrat, parler au contrat, Déclarer sa volonté dans un contrat, intervenir au contrat, s' obliger par le contrat. Vous avez parlé dans le contrat, et par conséquent vous y êtes obligé. Sa femme n' a pas parlé au contrat.

PARLER

PARLER se dit quelquefois Des écrits, dans un sens analogue au précédent. La loi est formelle là-dessus, et parle très-clairement. Le contrat ne parle point de cette clause. Sa lettre me parle de vous.

PARLER

PARLER s' emploie aussi activement. Parler une langue. Parler français, italien, allemand, etc. Parler latin. Parler la langue française, la langue italienne, etc. Il parle bon français. Il parle bon espagnol. Il parle bien sa langue. Il parle plusieurs langues. Le langage que parlaient nos pères. Ce poëte dramatique, ce romancier fait parler à chacun son langage.

Fig., Parler français, S' exprimer clairement, intelligiblement. On dit dans le même sens, mais populairement, Parler chrétien.

Fig. et fam., Parler français, Expliquer nettement son intention sur une affaire. Parlez-nous français. On a bien de la peine à vous faire parler français.

Fig. et fam., Parler français à quelqu' un, Lui parler avec autorité, et d' un ton menaçant.

Fig. et fam., Parler grec, bas breton, haut allemand, S' exprimer d' une manière inintelligible, comme si l' on parlait une langue inconnue.

Prov. et fig., Il parle latin devant les cordeliers, se dit D' un homme qui parle de science devant des gens plus habiles que lui.

Fam., Parler phébus, S' exprimer avec emphase, en termes ampoulés.

Parler raison, Parler sagement, raisonnablement. Il faut de bonne heure parler raison aux enfants. Il signifie aussi quelquefois, Se mettre à la raison. Voilà parler raison. C' est parler raison, cela.

Parler affaires, S' entretenir d' affaires. Parler géométrie, musique, peinture, politique, etc., En raisonner, en discourir. Parler chasse, S' entretenir de chasse. Parler chicane, S' exprimer en termes de chicane; Parler de procès.

PARLER

PARLER se dit encore activement par rapport à la manière de prononcer une langue. Parler gascon, parler normand, Parler français avec un accent gascon, avec un accent normand.

PARLER

PARLER s' emploie aussi avec le pronom personnel, dans le sens passif. La langue française se parle, est parlée dans toute l' Europe.

GÉNÉRALEMENT PARLANT. loc. adv.

GÉNÉRALEMENT PARLANT. loc. adv. À prendre la chose en général. Cela est vrai, généralement parlant. On dit aussi, Absolument parlant, sérieusement parlant, etc.

SANS PARLER DE. loc. prépositive

SANS PARLER DE. loc. prépositive Indépendamment de. Sans parler de sa fortune, c' est un des hommes les plus heureux que je connaisse.

PARLÉ, ÉE. participe

PARLÉ, ÉE. participe Langue parlée, par opposition à Langue écrite.

PARLER. s. m.

PARLER. s. m. Langage, manière de parler. Il a un parler doux et gracieux. Il a un parler rude et choquant. Il a un parler niais, le parler niais. Il a le parler bref, lent, lourd.

Fam., Avoir son franc parler, S' être mis sur le pied de dire tout ce qu' on pense.

Prov. et fig., Jamais beau parler n' écorche la langue, Il est toujours bon de parler honnêtement.

PARLER

PARLER se dit aussi Du jargon, de l' accent particulier à certaines contrées de la France. Le parler picard. Le parler normand. Quel parler est-ce là? Je n' entends pas leur parler. Je l' ai reconnu à son parler.

PARLERIE. s. f.

PARLERIE. s. f. Babil. Une grande parlerie. Une parlerie continuelle. Il est familier et peu usité.

PARLEUR, EUSE. s.

PARLEUR, EUSE. s. Celui, celle qui a l' habitude de parler beaucoup, de parler trop. C' est un parleur. C' est une parleuse. Ce n' est qu' un parleur. On l' emploie plus ordinairement avec une épithète. C' est un grand parleur, une grande parleuse. Un parleur éternel. Un parleur perpétuel. Les demi-savants sont grands parleurs.

Cet homme est beau parleur, est un agréable parleur, Il s' énonce facilement, et d' une manière agréable.

PARLOIR. s. m.

PARLOIR. s. m. Lieu destiné pour parler, pour recevoir les étrangers. Il y a des parloirs dans presque toutes les maisons anglaises. Il est peu usité en ce sens.

Il se dit particulièrement, dans les Communautés religieuses, dans les Colléges, dans les Hospices, etc., Du lieu où les religieux et religieuses, les écoliers, les malades, etc., viennent parler aux personnes du dehors. On la fit venir au parloir. La grille d' un parloir.

PARMESAN. s. m.

PARMESAN. s. m. Nom d' un fromage qui tire son nom du duché de Parme. Mettre du parmesan dans des macaronis.

PARMI. préposition

PARMI. préposition Entre, dans le nombre de, etc. Il ne se met qu' avec un pluriel indéfini, qui signifie plus de deux ou trois, ou avec un singulier collectif. Il se mêla parmi eux. Parmi les honnêtes gens. J' ai trouvé un papier parmi mes livres. L' ivraie est mêlée parmi le bon grain. Parmi de grandes vertus, il y a souvent quelque défaut. Parmi les hommes. Parmi le peuple.

PARNASSE. s. m.

PARNASSE. s. m. Montagne de la Phocide, qui était consacrée à Apollon et aux Muses, et dont on ne met ici le nom que parce qu' il s' emploie figurément, dans quelques locutions relatives à la poésie. Les nourrissons du Parnasse, Les poëtes. Monter sur le Parnasse, Composer des vers, s' adonner à la poésie. Le Parnasse français, La poésie française; Les poëtes français.

PARODIE. s. f.

PARODIE. s. f. Sorte d' ouvrage en vers, fait sur une pièce de poésie sérieuse, que l' on rend comique au moyen de quelques changements, et que l' on détourne à un autre sujet dont on veut plaisanter ou se moquer. Parodie ingénieuse. Heureuse parodie. Boileau a fait la parodie d' une scène du Cid, sous le titre de Chapelain décoiffé.

Il se dit particulièrement d' Une pièce de théâtre d' un genre gai ou burlesque, faite pour travestir, pour tourner en ridicule une autre pièce de théâtre d' un genre noble ou pathétique. La parodie d' Inès de Castro, sous le titre d' Agnès de Chaillot, a beaucoup réussi dans le temps.

Il se dit aussi de Vers faits sur un air de musique donné.

PARODIER. v. a.

PARODIER. v. a. Faire une parodie. Parodier une scène, un air, une tragédie.

Parodier quelqu' un, Imiter, contrefaire ses gestes, ses manières, son langage.

PARODIÉ, ÉE. participe

PARODIÉ, ÉE. participe Des paroles parodiées sur un air de Gluck, de Sacchini.

PARODISTE. s. m.

PARODISTE. s. m. Auteur d' une parodie, de parodies.

PAROI. s. f.

PAROI. s. f. Muraille. Il désigne plus particulièrement Une cloison de maçonnerie, qui sépare une chambre ou quelque autre pièce d' un appartement d' avec une autre. S' appuyer contre la paroi. Les parois de cette chambre sont humides. Il est vieux en ce sens.

PAROI

PAROI en termes d' Anatomie, se dit Des parties qui forment la clôture, les limites des diverses cavités du corps, et principalement de Leurs faces internes. Les parois de l' estomac, de la poitrine, de la vessie, de la matrice. Les parois de la tête. Les parois des vaisseaux, des intestins.

Il se dit aussi, en Physique, Des côtés intérieurs d' un vase, d' un tube, etc. Les parois d' un vase, d' un tube, d' un tuyau.

PAROISSE. s. f.

PAROISSE. s. f. Certain territoire ou arrondissement dans lequel un curé exerce ses fonctions, et dirige, pour le spirituel, les habitants qui sont de sa communion. Grande, petite paroisse. Le curé de la paroisse. Il est de telle paroisse. Cette maison est de telle paroisse, sur telle paroisse. Les habitants d' une paroisse. Les marguilliers de la paroisse. Il y a tant de paroisses dans cet évêché. Être à la charité de la paroisse. Demeurer paroisse Saint-Eustache, paroisse Saint-Jean, etc. Habiter une paroisse, dans une paroisse, sur une paroisse.

Il signifie aussi, L' église de la paroisse. Il est allé à la messe à sa paroisse. Il demeure près de la paroisse. De la municipalité, ils sont allés à la paroisse pour recevoir la bénédiction nuptiale. Messe de paroisse. Un habitué de paroisse. Cette église est une succursale de telle paroisse. Le clocher de la paroisse.

Il se dit quelquefois de Tous les habitants d' une paroisse. Toute cette paroisse aime son curé. On assembla la paroisse.

Fig. et fam., Coq de paroisse, Celui qui est le plus riche et le plus considéré dans une paroisse de campagne. C' est le coq de sa paroisse. C' est un coq de paroisse.

Prov. et fig., Habit de deux paroisses, Habit de deux étoffes, ou de deux couleurs mal assorties.

PAROISSIAL, ALE. adj.

PAROISSIAL, ALE. adj. Appartenant à la paroisse. Église, messe paroissiale.

PAROISSIEN, IENNE. s.

PAROISSIEN, IENNE. s. Habitant d' une paroisse. Ce curé a bien soin de sa paroisse et de ses paroissiens. Les devoirs d' un paroissien. Bon paroissien.

PAROISSIEN

PAROISSIEN se dit aussi d' Un livre de prières dont on se sert principalement pour suivre l' office qui se dit à l' église. Paroissien romain. Paroissien complet.

PAROLE. s. f.

PAROLE. s. f. Mot prononcé. Parole bien articulée, mal articulée. Il ne sait pas articuler ses paroles. Paroles distinctes. Paroles entrecoupées de soupirs, de sanglots. Dieu a créé la lumière d' une seule parole. Prononcer une parole. En un jour il ne dit pas trois paroles. Il n' a pas dit une seule parole. Il faut lui arracher les paroles de la bouche. Il n' a pas la force d' achever ses paroles. Il traîne ses paroles. Je vous expliquerai cela en trois paroles, en peu de paroles. Il a répété tout ce qu' on lui a dit parole pour parole.

PAROLE

PAROLE signifie aussi, La faculté naturelle de parler. Dieu a donné la parole à l' homme. C' est un grand avantage que la parole. Il a perdu, il a recouvré la parole, l' usage de la parole. Les organes de la parole. Le mécanisme par lequel se forme la parole est admirable. JÉSUS-CHRIST a rendu la vue aux aveugles, la parole aux muets.

Avoir le don de la parole, avoir la parole à commandement, manier bien la parole; et fam., Avoir la parole à la main, en main, Bien parler, parler facilement.

Fig., Perdre la parole, Ne plus pouvoir parler. Le malade a perdu la parole depuis vingt-quatre heures. Il signifie aussi, Devenir muet de surprise, de crainte, etc.

Il ne lui manque, il n' y manque que la parole, se dit D' un portrait fort ressemblant, d' une statue bien faite.

PAROLE

PAROLE signifie aussi, Le ton de la voix, selon qu' elle est forte ou faible, douce ou rude, etc. Il a la parole rude, la parole agréable, la parole douce, la parole brève, la parole lente, la parole nette, la parole forte, la parole embarrassée, difficile. Il a la parole d' un homme malade. Il a encore la parole bonne. Il a la parole tremblante, la parole faible. Je l' ai reconnu à sa parole. Déguiser, contrefaire sa parole. Dans ces deux dernières phrases, il vieillit; on dit plus ordinairement: Déguiser, contrefaire sa voix. Je l' ai reconnu à sa voix.

Fig., Avoir la parole haute, Parler avec autorité, avec arrogance.

PAROLE

PAROLE signifie aussi, Sentence, beau sentiment, mot notable. Parole mémorable. C' est une belle parole, une parole digne d' un souverain. Il faudrait écrire cette parole en lettres d' or. Il a dit une belle parole, une parole remarquable, admirable, sublime, une parole pleine de justesse, pleine de sens.

PAROLE

PAROLE signifie encore, Mot ou discours considéré sous le rapport des qualités que lui donne l' idée ou le sentiment qu' il exprime. En ce sens, il s' emploie ordinairement au pluriel. Paroles civiles, obligeantes. Paroles amicales. Paroles amiables. Fâcheuses paroles. Paroles mystérieuses, énigmatiques, ambiguës, équivoques. Paroles claires. Paroles obscures. Paroles discrètes. Paroles indiscrètes. Paroles significatives. Paroles insignifiantes. Paroles dures, inciviles, outrageuses, outrageantes. Paroles aigres. Paroles douces, doucereuses. Paroles chrétiennes, pieuses. Paroles impies. Paroles honnêtes, déshonnêtes, sales. Vilaines paroles. Paroles hautaines. Paroles modestes. Paroles flatteuses; gracieuses, affectueuses, respectueuses. Paroles inutiles, superflues, oiseuses. Il est insolent en paroles. Avantageux en paroles. Libre en paroles. Réservé, modeste, retenu en paroles. Il l' a maltraité de paroles. Paroles de civilité, d' honnêteté. Paroles de colère. Ce sont les paroles d' un fou, d' un homme ivre. La douceur, la modestie de ses paroles. Mal interpréter, prendre en mauvaise part, empoisonner les paroles de quelqu' un. Il n' eut pas plutôt lâché la parole. Il eût bien voulu retenir sa parole. À quoi bon tant de paroles? Cet homme a un flux de paroles qui ne tarit pas. Sa conversation est un déluge de paroles. Il faut peser, mesurer ses paroles. Il dit plus en une parole que vous en mille. Ajoutez-vous foi à ses paroles? Dans tout ce qu' il vous dit, il n' y a pas une parole de vérité.

Ironiq., De belles paroles, De grandes promesses qu' on n' a pas dessein de tenir.

De bonnes paroles, Des discours qui annoncent des intentions favorables. Il m' a donné de bonnes paroles. On dit quelquefois, dans le sens contraire, Il m' a donné de mauvaises paroles.

Fig., Paroles emmiellées, Paroles flatteuses et d' une douceur affectée.

Porter la parole, Parler au nom d' une autorité, d' une compagnie, d' un corps, au nom de plusieurs personnes. C' était lui qui portait la parole au nom de la compagnie.

Avoir la parole, Avoir le droit de parler, en vertu de sa charge, de son emploi. Parmi les gens du roi, c' est l' avocat général qui a la parole.

Dans les Assemblées politiques, Avoir la parole, Avoir le droit, la permission de parler, conformément au règlement. Vous avez la parole. Vous n' avez pas la parole. On ne peut avoir trois fois la parole dans une même séance sur un même objet.

Demander la parole, Demander à parler, à être entendu. On dit aussi: Accorder, refuser la parole. Ôter, retirer la parole. Céder la parole.

Prendre la parole, Commencer à parler, à faire un discours dans une assemblée; et Reprendre la parole, Recommencer à parler après une interruption.

Adresser la parole à quelqu' un, Parler directement à quelqu' un.

Couper la parole à quelqu' un, L' interrompre dans son discours.

Faire passer la parole de main en main, Faire passer d' une personne à une autre un avis, un avertissement, un ordre, jusqu' à celles qui sont les plus éloignées.

En termes de Guerre, Passe parole, absolument, Faites passer l' avis, l' ordre, le commandement. Avance, cavalerie, passe parole. Il se dit aussi, à certains Jeux de renvi, Quand celui qui doit parler ne veut pas couvrir le jeu pour le moment.

Prov. et pop., Paroles ne puent pas, ou au singulier, Parole ne pue pas, se dit, par manière d' excuse, Lorsqu' on est obligé de parler de choses sales et dégoûtantes.

Fig. et adv., En paroles couvertes, En termes qui insinuent, qui font entendre quelque chose qu' on ne veut pas dire ouvertement. Je lui ai fait entendre cela en paroles couvertes. C' était lui dire en paroles couvertes qu' il était un ignorant. Cette locution vieillit; on dit plus souvent, À mots couverts.

PAROLE

PAROLE se dit quelquefois Des termes, des expressions considérées relativement à l' art de parler ou d' écrire. La parole doit répondre exactement à la pensée. La force du sens se perd dans la trop grande abondance des paroles. Cet auteur dit moins de paroles que de choses. On ne peut se défendre du charme de ses paroles. Des paroles choisies. Des paroles éloquentes. Ce ne sont que des paroles.

Il signifie quelquefois, Éloquence, diction. Il possède le talent de la parole. L' art de la parole a été plus cultivé, plus considéré chez les anciens que chez les modernes. Il porte au plus haut degré les grâces, les agréments, les charmes de la parole. L' autorité, le pouvoir, la puissance de la parole. Il domine par la parole. Mahomet subjugua l' Arabie par le glaive et par la parole.

PAROLE

PAROLE signifie aussi, Assurance, promesse verbale par laquelle on s' engage à faire certaines choses. Parole sacrée, inviolable. Parole solennelle. Parole expresse, positive, formelle. En foi et parole de roi. Tenir parole, sa parole. Donner parole. Donner sa parole, sa parole d' honneur. Tirer parole de quelqu' un. Retirer, reprendre, dégager sa parole. Se dédire de sa parole. On lui a rendu sa parole. J' ai pris leur parole. Je suis le dépositaire de leur parole. Manquer de parole. J' ai parole de lui. Je vous donne ma parole que cela sera. Cela sera, je vous en donne ma parole. Il m' a donné parole pour aujourd' hui. Sommer quelqu' un de sa parole. C' est une parole donnée. La parole vaut l' argent. Sa parole y est engagée. Un homme d' honneur n' a que sa parole. Se fier à la parole de quelqu' un. On a laissé aller ce prisonnier de guerre sur sa parole. Il n' est pas gardé, il est prisonnier sur sa parole. Un honnête homme doit se regarder comme esclave de sa parole.

Être homme de parole, un homme de parole, Tenir tout ce qu' on promet.

Ma parole, ma parole d' honneur, parole d' honneur, se dit quelquefois, dans la conversation, Pour affirmer fortement. Ma parole d' honneur, cela s' est passé comme je vous le dis. On dit aussi, Votre parole? à quelqu' un qui vient de faire une promesse ou d' avancer un fait, afin de s' assurer davantage de sa bonne foi, de sa sincérité.

Jouer sur sa parole, perdre une somme d' argent sur sa parole, Jouer, perdre à crédit et sur sa bonne foi. Les joueurs raisonnables évitent de jouer sur leur parole. Il a perdu vingt louis comptant, et cinquante sur sa parole. Dans le même sens, La parole fait le jeu, vaut le jeu, vaut jeu, On est obligé de tenir, d' exécuter ce qu' on a dit en se mettant au jeu ou pendant qu' on jouait. Cela se dit aussi, par extension, De toute parole donnée.

Cet homme est à deux paroles, il a deux paroles, Il parle tantôt d' une façon, tantôt d' une autre; il n' y a pas de fond à faire sur ce qu' il dit.

En fait de Commerce, de conventions, N' avoir qu' une parole, Ne point surfaire, dire tout d' un coup les conditions auxquelles on veut traiter.

En termes de Guerre, Se parler sur parole, se dit De deux personnes de partis contraires qui se voient, se parlent, sur la parole de ne rien entreprendre l' une contre l' autre.

PAROLE

PAROLE signifie encore, Une proposition que l' on fait de la part d' un autre. Parole d' accommodement. Parole de paix. Je lui ai porté parole de trois mille francs, s' il voulait renoncer au procès. Il a fait demander cette jeune personne en mariage, c' est moi qui en ai porté la parole. Ce n' est pas un homme assez considérable pour le charger de cette parole, d' une parole si importante. Je suis le porteur de paroles.

PAROLES

PAROLES au pluriel, signifie quelquefois, Discours piquants, aigres, offensants. Se prendre de paroles. Ils ont eu des paroles, quelques paroles ensemble. Des paroles en venir aux mains. On dit, dans le même sens: Ils ont eu de grosses paroles ensemble. Ils en sont venus aux grosses paroles.

Fig. et fam., Je lui ferai rentrer les paroles dans le corps, dans le ventre, Je saurai bien le faire taire. Cette phrase signifie aussi, Je lui ferai rétracter les paroles qu' il a dites.

PAROLES

PAROLES au pluriel, signifie encore, Promesses vaines et vagues, par opposition à Effets. Moins de paroles, plus d' effets. Il n' a que des paroles. Je veux avoir de l' argent, je ne me contente pas de paroles. Pense-t-il m' amuser de paroles, avec des paroles, me payer de paroles? On dit dans le même sens, Des paroles vagues, des paroles vaines, des paroles en l' air.

La parole éternelle, la parole incréée, la parole incarnée, JÉSUS-CHRIST. On dit plus ordinairement, Le Verbe.

La parole de Dieu, la parole divine, ou simplement, La parole, L' Écriture sainte et les sermons qui se font pour l' expliquer. Prêcher la parole de Dieu aux peuples. Annoncer la parole de Dieu. Écouter la parole de Dieu. C' est un homme qui abuse de la parole de Dieu, en y donnant des explications forcées. Figurément, Distribuer le pain de la parole.

La parole écrite, L' Écriture sainte; à la différence de La parole non écrite, La tradition.

Paroles sacramentales, et absolument, Paroles, Les mots que le prêtre prononce dans la consécration. Quand le prêtre a prononcé les paroles sacramentales, a dit les paroles, etc.

Fig. et fam., Paroles sacramentelles, mots sacramentaux, Les mots essentiels pour la conclusion d' une affaire, d' un traité. L' affaire est conclue; il a dit les paroles sacramentelles, le mots sacramentaux.

Paroles magiques, Les paroles dont le peuple croit que les magiciens se servent pour des opérations de magie.

Charmer, guérir avec des paroles, Faire un charme, guérir en prononçant certaines paroles, dans lesquelles on suppose une secrète vertu. Il prétendait guérir avec des paroles. Il prétendait charmer les armes à feu avec des paroles.

PAROLES

PAROLES signifie aussi, Les mots d' un air, d' une chanson, d' un motet, etc. Je me souviens de l' air, mais j' ai oublié les paroles. Il chante assez bien, mais il ne prononce pas nettement les paroles. Faire de belles paroles sur un air. Les paroles de cet opéra sont d' un auteur inconnu.

SUR PAROLE. loc. adv.

SUR PAROLE. loc. adv. D' après le témoignage d' autrui. Il ne faut ni approuver, ni surtout condamner sur parole. Estimer, louer quelqu' un sur parole.

Être prisonnier sur parole, jouer sur parole, Sur sa parole.

PAROLI. s. m.

PAROLI. s. m. T. employé dans certains Jeux, tels que la bassette, le pharaon, etc. Le double de ce qu' on a joué la première fois. Faire un paroli au roi, à l' as. Offrir, tenir, gagner le paroli. Jouer au trictrac, partie, paroli et le tout.

Fig. et fam., Faire paroli, rendre le paroli à quelqu' un, L' égaler ou enchérir sur lui en ce qu' il a dit, en ce qu' il a fait de bien ou de mal. Il fit paroli à sa raillerie par une repartie vive et piquante. Vous m' avez désobligé, mais je vous rendrai le paroli.

PAROLI

PAROLI se dit aussi de La corne qu' on fait à la carte sur laquelle on joue le double. J' ai fait trois parolis dans cette taille, et je les ai gagnés.

Paroli de campagne, Paroli qu' un joueur fait par friponnerie avant que sa carte soit venue, comme s' il avait déjà gagné.

PARONOMASE. s. f.

PARONOMASE. s. f. Figure de diction, qui consiste à employer, dans une même phrase, des mots dont le son est à peu près semblable, mais dont le sens est différent. Il y a une paronomase dans chacune des deux phrases suivantes: Ils donnent à la vanité ce que nous donnons à la vérité. Son âme se remplit d' erreurs et de terreurs.

PARONOMASIE. s. f.

PARONOMASIE. s. f. T. didactique. Ressemblance entre des mots de différentes langues, qui peut marquer une origine commune.

PARONYME. s. m.

PARONYME. s. m. T. de Gram. Mot qui a du rapport avec un autre par son étymologie, ou seulement par sa forme. Abstraire et Distraire, Amende et Amande, sont des paronymes.

PAROTIDE. s. f.

PAROTIDE. s. f. T. d' Anat. Il se dit Des deux grosses glandes salivaires qui sont situées chacune derrière une oreille, près de l' angle de la mâchoire inférieure.

Il se dit aussi Du gonflement douloureux, et souvent inflammatoire, qui survient à ces glandes. Parotides essentielles. Parotides symptomatiques.

PAROXYSME. s. m.

PAROXYSME. s. m. T. de Médec. Accès, redoublement, temps le plus fâcheux de la maladie. Il y a des paroxysmes réglés et périodiques, et d' autres qui ne suivent aucune règle. Paroxysme d' épilepsie ou épileptique. Il est dans le paroxysme de sa maladie, de sa fièvre.

PARPAING. s. m.

PARPAING. s. m. T. de Maçonnerie. Pierre, moellon qui tient toute l' épaisseur d' un mur, et qui a deux faces ou parements, l' un en dehors, l' autre en dedans. Mur de parpaing. Une pierre faisant parpaing. On dit dans le même sens, Une pierre parpaigne.

PARPAING

PARPAING se dit aussi Des pierres placées sous un pan de bois, pour l' isoler du sol et de l' humidité.

PARQUE. s. f.

PARQUE. s. f. Chacune des trois déesses, nommées Clotho, Lachésis et Atropos, qui, selon les anciens païens, filaient, dévidaient, et coupaient le fil de la vie des hommes. Les anciens confondaient souvent les Parques et les Destinées.

Poétiq.: Les Parques inexorables. Les ciseaux de la Parque. La Parque a tranché le fil de ses jours.

PARQUER. v. a.

PARQUER. v. a. Mettre dans un parc, dans une enceinte. Parquer des boeufs, des moutons. Parquer des juments poulinières, des pouliches, des poulains. Parquer des huîtres pour les engraisser et les rendre vertes.

Il se dit aussi en parlant Des munitions de guerre et de bouche, à l' armée. On parqua l' artillerie, les vivres en tel endroit.

Il se dit quelquefois avec le pronom personnel. Nos artilleurs se parquèrent du côté de la rivière.

Il s' emploie neutralement. Les moutons ne parquent pas encore. Faire parquer des boeufs, des moutons, des juments. L' artillerie parquait le long du bois.

PARQUÉ, ÉE. participe

PARQUÉ, ÉE. participe

PARQUET. s. m.

PARQUET. s. m. L' espace qui est enfermé par les siéges des juges, et par le barreau où sont les avocats. On fit entrer les parties dans le parquet. Traverser le parquet.

Il se dit aussi Du lieu où les officiers du ministère public tiennent leur séance, pour recevoir les communications qui les concernent. M. le procureur général est au parquet. Aller au parquet.

Tenir le parquet, Tenir séance au parquet.

Il se dit, par extension, Des officiers mêmes du ministère public, lorsqu' ils tiennent le parquet. C' est au parquet à ordonner là-dessus. On les a renvoyés au parquet. Communiquer au parquet. Les membres du parquet.

Le parquet des huissiers, Le lieu où les huissiers se tiennent pendant la séance des juges.

Le parquet des agents de change, L' enceinte où se réunissent les agents de change pour faire constater le cours de la bourse.

PARQUET

PARQUET se dit en outre de La partie d' une salle de spectacle, qui est entre l' orchestre des musiciens et le parterre, et où sont placés plusieurs rangs de banquettes pour les spectateurs. On dit plus ordinairement aujourd' hui, Orchestre.

PARQUET

PARQUET signifie aussi, Un assemblage à compartiments, fait de pièces de bois minces clouées sur des lambourdes, et qui forme le plancher d' en bas d' une salle, d' une chambre, etc. Un parquet de bois de chêne, de bois de noyer, de marqueterie. La toise de parquet de bois de chêne vaut tant.

Parquet en feuilles, Celui qui se compose de plusieurs assemblages pareils d' environ trois pieds carrés, qu' on appelle Feuilles de parquet. On dit en ce sens, Du parquet en point de Hongrie.

PARQUET

PARQUET se dit également de L' assemblage de bois sur lequel les glaces sont appliquées et fixées, au moyen d' une bordure d' encadrement. Parquet de glace. Le parquet de cette glace est trop haut pour l' appartement, il faut le raccourcir.

PARQUETAGE. s. m.

PARQUETAGE. s. m. Ouvrage de parquet. Le parquetage de ce cabinet coûte tant.

PARQUETER. v. a.

PARQUETER. v. a. Mettre du parquet dans un lieu. Il faut parqueter cette chambre, ce cabinet.

PARQUETÉ, ÉE. participe

PARQUETÉ, ÉE. participe Une salle parquetée.

PARQUETERIE. s. f.

PARQUETERIE. s. f. Art de faire du parquet.

PARQUETEUR. s. m.

PARQUETEUR. s. m. Ouvrier qui fait du parquet.

PARRAIN. s. m.

PARRAIN. s. m. Celui qui tient un enfant sur les fonts de baptême. Il est le parrain de mon fils. Les parrains donnent ordinairement leurs noms de baptême à leurs filleuls.

Il se dit aussi de Celui qui est choisi pour assister à la cérémonie de la bénédiction d' une cloche, et pour lui donner un nom. Il est le parrain de la cloche qu' on bénit aujourd' hui à l' église de la paroisse.

PARRAIN

PARRAIN se disait autrefois, dans les combats singuliers, de Celui que chaque combattant choisissait pour l' accompagner, pour empêcher la surprise, et pour lui servir de témoin. Les deux combattants se trouvèrent au lieu du combat, chacun avec son parrain.

PARRAIN

PARRAIN dans les Ordres militaires, Le chevalier qui présente le novice à sa réception.

PARRAIN

PARRAIN se dit encore de Celui qu' un soldat qui doit être passé par les armes, choisit pour lui bander les yeux.

PARRICIDE. s. m.

PARRICIDE. s. m. Celui qui tue son père ou sa mère, son aïeul ou son aïeule, ou quelque autre de ses ascendants. On qualifie aussi de Parricide, Celui qui attente à la personne du roi, ou qui porte les armes contre sa patrie. On étend cette dénomination à Ceux qui ôtent la vie à leurs très-proches parents, comme frères, soeurs, enfants, petits-enfants, etc.; et enfin à Tous ceux qui se rendent coupables d' un crime énorme et dénaturé. Il fut puni du supplice des parricides. Ravaillac, cet exécrable parricide.

PARRICIDE

PARRICIDE signifie aussi, Le crime que commet le parricide. Commettre un parricide. Henri IV fut ravi à l' amour des Français par un abominable, par un détestable parricide.

Il est quelquefois adjectif des deux genres. Dessein parricide. Main parricide. Catilina, au moment d' exécuter son dessein parricide. ..

PARSEMER. v. a.

PARSEMER. v. a. Semer, jeter çà et là, répandre. Il ne se dit guère qu' en parlant Des choses qu' on répand pour orner, pour embellir. Parsemer un chemin de fleurs. Cet habit est tout parsemé de perles et de pierreries. Le ciel est parsemé d' étoiles.

PARSEMÉ, ÉE. participe

PARSEMÉ, ÉE. participe

PARSI. s. m.

PARSI. s. m. Voyez GUÈBRE.

PART. s. m.

PART. s. m. (Le T final se prononce.) T. de Jurispr. L' enfant dont une femme vient d' accoucher. Il n' a point de pluriel, et il n' est guère usité que dans ces locutions, Supposition de part, suppression de part, confusion de part.

PART. s. f.

PART. s. f. Portion de quelque chose qui se divise entre plusieurs personnes. On a fait trois parts de tout le bien de la succession. Il a une part d' enfant dans cette succession. Il eut sa part d' aîné. Quand il y a tant d' héritiers, les parts sont petites. Voilà votre part, et voici la mienne. Bonne, grande, petite part. La principale part. La plus forte part. La meilleure part. La moindre part. Une part double. Une double part. Une part et demie. Une demi-part. Trois quarts de part. Céder sa part. Avoir sa part franche, une part franche dans une affaire. Il a eu tant pour sa part et portion. Donnez-moi ma part. Demander, réclamer, prendre sa part. Faire la part de quelqu' un, à quelqu' un. Faire les parts. Régler les parts. Il doit avoir les trois parts, les cinq parts des six, etc. Il en a eu tant à sa part, pour sa part. S' il y a du profit, j' en aurai ma part, j' y aurai part. J' y retiens part. J' en retiens part. Entrer en part, être de part avec quelqu' un. Ce comédien a part entière, demi-part, quart de part dans les bénéfices de la société. Cet acteur est à la part, à la demi-part. Une part de pain bénit. Une part de gâteau. Quote part: voyez QUOTE.

En termes de Marine, Être à la part, naviguer à la part, se dit Lorsque chacun de ceux qui composent un équipage a sa part dans les bénéfices de la campagne.

Fig. et fam., Avoir part au gâteau, Avoir part aux profits qui reviennent d' une affaire.

Prov., fig. et pop., Il n' en jetterait pas sa part aux chiens, se dit D' un homme qui se croit bien fondé dans les prétentions qu' il a sur quelque chose. On dit de même: Il n' en quitte pas sa part. Il compte bien en avoir sa part, sa bonne part. Il n' en donnerait pas sa part pour rien au monde.

Prov. et fig., La part du lion, se dit Lorsqu' un homme abuse de son autorité, de sa force pour s' attribuer la totalité d' une chose qu' il devrait partager avec d' autres.

PART

PART se dit aussi Des choses qui, sans être divisées, peuvent se communiquer à plusieurs personnes. Avoir part à la faveur, aux bonnes grâces du prince. Vous avez beaucoup de part à son amitié. Il lui accorde une grande part de confiance. C' est un honneur, c' est un plaisir dont je veux avoir ma part. Toute l' Europe a part aux avantages de la paix. Tous les élus auront part à la béatitude éternelle.

Avoir part à quelque chose, Y contribuer, y concourir. Il a eu part à la dépense. Il a eu la principale part à cet ouvrage. Il a eu part à cette bonne oeuvre. Lorsque le verbe Avoir est précédé de la négation, l' usage assez ordinaire est d' employer la préposition de. Il n' a point eu de part à cet ouvrage. Je n' ai point de part à ce fait-là. Il a beaucoup de part, peu de part à ce qui se fait.

Prendre part à quelque chose, Y participer. Il a pris part à cette entreprise, à cette négociation, à ce complot. Il n' a pris aucune part à la conspiration.

Prendre part à quelque chose, Y prendre intérêt. Je prends part à tout ce qui vous touche. Quelle part prenez-vous à cette affaire? Je prends part à votre douleur, à votre succès, à votre joie.

Faire part de quelque chose à quelqu' un, Partager avec lui quelque chose, l' y faire participer. Cet homme fait part de son bien aux pauvres. Il ne désire avoir de la fortune que pour en faire part à ceux qui l' entourent.

Faire part de quelque chose à quelqu' un, Lui communiquer quelque chose, le lui faire savoir, l' en informer. Quand vous aurez des nouvelles, faites-m' en part. Faites-moi part de vos sentiments, de votre opinion là-dessus. Il m' a fait part de ses regrets, de ses craintes, de ses espérances. On dit dans le même sens, en Diplomatie: Donner part d' un événement. Il y a déjà longtemps que la nouvelle en est arrivée, mais l' ambassadeur n' en a pas encore donné part.

Billets de faire part, ou elliptiquement Billets de part, Billets circulaires par lesquels on fait part d' un mariage, d' une naissance, d' un décès, qui intéresse celui qui écrit.

Dans une affaire, dans une entreprise, Faire la part des accidents, Prévoir et mettre comme en ligne de compte tout ce que les accidents pourront apporter d' obstacles et causer de préjudice. On dit en des sens analogues: En faisant la part du bonheur, du hasard, on trouve encore qu' il a mis beaucoup d' habileté dans cette affaire, dans cette négociation. Cet acteur a peu réussi dans son premier début, mais il faut faire la part du trouble, de la timidité. Etc.

Faire la part de la critique, Mêler quelques critiques aux éloges qu' on donne.

Fig. et fam., Faire la part du diable, Ne pas juger avec trop de rigueur les actions, la conduite d' une personne, et tenir compte de la faiblesse humaine.

PART

PART signifie encore, Lieu, endroit, côté. Je vais quelque part, je ne veux pas dire où. Je vous suivrai, quelque part que vous alliez, en quelque part du monde que vous alliez. Je ne puis aller où vous voulez, il faut que j' aille autre part. Mettez cela quelque autre part. De quelque part qu' il vienne. On a beau chercher, on ne le trouve nulle part. J' ai lu cela quelque part, Dans quelque écrit.

Fig., Prendre en bonne part, en mauvaise part, Trouver bon, trouver mauvais, interpréter en bien ou en mal. Il a pris en bonne part ce que vous lui avez dit. Il l' a pris en mauvaise part. Ce mot se prend tantôt en bonne, tantôt en mauvaise part.

PART

PART se dit aussi en parlant De la personne d' où vient quelque chose. De quelle part viennent ces nouvelles? Il est venu de la part du roi. Dites-lui cela de ma part. Saluez-le, complimentez-le de ma part. Cela vient de bonne part. Je le sais de bonne part. De quelque part qu' il vienne, il sera toujours bien reçu. Je sais cela d' autre part que vous. Il faut recevoir les biens et les maux comme venant de la part de Dieu.

Fam., Je prends cela de la part d' où il vient, Je ne fais nul cas de tout ce que cet homme a pu dire d' offensant pour moi, je ne l' estime pas assez pour m' en fâcher.

Pour ma part, pour sa part, Quant à moi, quant à lui. Vous ferez ce qu' il vous plaira; mais, pour ma part, je n' y consentirai jamais. Il y a fait, pour sa part, tout ce qu' il a pu. On disait de même, De ma part, de sa part; mais, dans ce sens, ces locutions ont vieilli.

DE PART ET D' AUTRE, DE TOUTE PART, DE TOUTES PARTS. loc. adverbiales

DE PART ET D' AUTRE, DE TOUTE PART, DE TOUTES PARTS. loc. adverbiales De côté et d' autre, de tout côté. Je suis allé, j' ai couru de part et d' autre. J' ai trouvé, j' ai ramassé cela de part et d' autre. Il arrive des soldats de toutes parts. De toute part, la nature offre des merveilles et des énigmes.

De part et d' autre, des deux parts, d' une part, d' autre part, de toute part, de toutes parts, se disent en parlant Des personnes, pour marquer Relation, réciprocité, opposition, concours. Ils se sont bien traités de part et d' autre. On est content de part et d' autre. Erreur, sottise des deux parts. Entre un tel d' une part, et un tel de l' autre, ou d' autre part, je suis embarrassé de faire un choix. Il m' est venu des félicitations de toutes parts.

De part et d' autre, d' une part, d' autre part, de toute part, de toutes parts, se disent en parlant Des choses que l' on considère, que l' on examine sous deux rapports, ou sous un grand nombre de rapports. D' une part, il considérait que... D' autre part, il envisageait... Après avoir tout examiné de part et d' autre. D' une et d' autre part je vois de grands avantages. Je ne vois qu' inconvénients de toutes parts, de toute part.

Dans les contrats, dans les procès, D' une part, d' autre part, servent à désigner Les parties contractantes ou plaidantes. Transaction entre un tel d' une part, et un tel d' autre part.

Dans les mémoires, dans les livres de compte, etc., En l' autre part, de l' autre part, De l' autre côté de la feuille. J' ai reçu le contenu en l' autre part, de l' autre part. Cette somme, jointe à celle qui est portée de l' autre part, forme un total de mille francs.

DE PART EN PART. loc. adv.

DE PART EN PART. loc. adv. D' un côté à l' autre, d' une superficie à l' autre. Un coup d' épée qui le perce de part en part. La muraille était percée de part en part.

À PART. loc. adv.

À PART. loc. adv. Séparément. Mettez cela à part. Il le tira à part. Il fait ses affaires à part. Faire bande à part. Un mari et une femme qui font lit à part. C' est un fait à part.

Raillerie à part, Sans raillerie, en mettant la raillerie de côté. On dit de même: Plaisanterie à part. Intérêt personnel à part. Prévention à part. Modestie à part. Etc.

C' est un homme, un esprit à part, C' est un homme que son genre d' esprit, que ses qualités distinguent de tous les autres.

À PART

À PART se met quelquefois au commencement de la phrase; et alors il signifie, Excepté. À part quelques auteurs favoris, j' ai renoncé à tous les livres. A part sa vivacité, on ne peut qu' être satisfait de son caractère.

À PART

À PART dans les pièces de théâtre, se dit en parlant De quelques mots ou de quelques phrases que les personnages qui sont en scène prononcent assez haut pour être entendus des spectateurs, mais que d' autres personnages, qui sont en scène avec eux, sont censés ne point entendre. Ce vers doit être dit à part. Voyez APARTÉ.

À PART MOI, À PART SOI. loc. adverbiales et familières

À PART MOI, À PART SOI. loc. adverbiales et familières En moi-même, en soi-même, tacitement. Je disais à part moi. Examinons bien, disait-il à part soi.

LA PLUSPART

LA PLUSPART Voyez PLUPART (LA).

PARTAGE. s. m.

PARTAGE. s. m. Division de quelque chose en plusieurs portions. Faire le partage d' une succession. Faire le partage des meubles qu' on a achetés en commun. Faire le partage du butin. Le partage d' un pays conquis. Les enfants peuvent venir à partage de la succession de leur père, ou y renoncer. Procéder à un partage. Il entre en partage avec les autres héritiers.

Il signifie aussi, Portion de la chose partagée, assignée à chaque partageant. Partage égal. Partage inégal. Cette ferme m' est échue, m' est tombée en partage. Voilà mon partage. Cela est de mon partage. J' ai eu cela pour mon partage. Le partage de l' aîné, du cadet. Partage d' aîné, de cadet. Les partages répondent l' un de l' autre. C' est un tel qui a fait les partages.

Il se dit aussi de L' acte, de l' instrument qui contient la division d' une succession. Il faut produire votre partage. J' ai vu leurs partages. Il a justifié par son partage que cette métairie lui appartient.

PARTAGE

PARTAGE se dit figurément en parlant Des biens et des maux, des qualités bonnes ou mauvaises que l' on tient de la nature ou de la fortune. Les maladies et les misères sont le partage du genre humain. La douceur et la commisération sont le partage des femmes. La témérité est le partage de la jeunesse, et la prudence celui de la vieillesse. Le ciel distribue ses dons comme il lui plaît, l' un a l' esprit en partage, l' autre la force de caractère, etc. Les princes de cette maison ont la valeur en partage. Le ciel lui a donné en partage un noble caractère. L' art de plaire est son partage. Un excessif amour-propre lui est tombé, lui est échu en partage. Il aura pour partage, pour son partage l' infortune et l' opprobre.

Fig., Posséder un coeur sans partage, Posséder seul toute la tendresse, toute l' affection de quelqu' un. On dit de même: Il veut un coeur sans partage. Un amour sans partage. Être à quelqu' un sans partage. Une âme comme la sienne ne souffre point de partage, Veut qu' on soit tout à elle.

PARTAGE

PARTAGE se dit aussi en parlant Des opinions, des votes, des suffrages d' une assemblée, d' une compagnie délibérante, lorsqu' il y en a autant d' un côté que de l' autre. Partage de voix, d' opinions. En cas de partage, on recommence ra le scrutin. Juger, vider un partage. Ils sont dix d' un avis et dix de l' autre, il y a partage. Arrêt de partage.

En termes d' Hydraulique, Point de partage, Point entre deux vallées, assez haut pour que les eaux qui s' y rendent, puissent couler indifféremment dans l' une ou dans l' autre; et, lorsqu' il s' agit d' un canal ou des branches d' un canal, Le point où l' on place le réservoir supérieur qui doit les alimenter.

PARTAGEABLE. adj. des deux genres

PARTAGEABLE. adj. des deux genres Qui peut être aisément partagé. Les experts ont reconnu que cette propriété n' est point partageable.

PARTAGEANT. s. m.

PARTAGEANT. s. m. T. de Jurispr. Celui qui reçoit une part de quelque chose, qui est intéressé dans un partage. Chacun des partageants.

PARTAGER. v. a.

PARTAGER. v. a. Diviser une chose en plusieurs parties séparées, pour en faire la distribution. Il a partagé également, inégalement son bien entre ses enfants. On a partagé la succession. Partager des immeubles, des meubles. Partager le butin. Partager des profits. Partager un gâteau. Partagez cela entre vous. Ils se sont partagé la somme. Partager le travail aux ouvriers. Il partage son bien avec les pauvres.

Prov. et fig., Partager le gâteau, Partager quelque profit. Il se prend le plus souvent en mauvaise part.

En termes de Manége, Partager les rênes, Prendre une rêne dans chaque main, et conduire ainsi son cheval.

PARTAGER

PARTAGER s' emploie quelquefois neutralement, et signifie, Avoir part, avoir droit à une part. Il ne partage pas dans cette succession. Il est appelé à partager. Achetez cette pièce d' étoffe pour nous deux, nous partagerons par moitié, nous partagerons.

Partager en frères, Partager également et amiablement, sans dispute, sans contestation.

Partager le différend par la moitié, ou simplement, Partager le différend, Se relâcher chacun de la moitié sur la différence qui existe entre le prix que l' un demande et celui que l' autre veut donner. Cela se dit surtout quand la différence de prix est légère.

PARTAGER

PARTAGER signifie quelquefois simplement, Diviser, former dans un tout des parties distinctes, mais non séparées les unes des autres. Partager un nombre en deux. Un nombre impair ne peut se partager en parties égales sans fraction. Ce fleuve partage la province. L' équateur partage le globe.

PARTAGER

PARTAGER figurément et au sens moral, signifie, Donner, prendre, avoir une part égale ou à peu près égale. Ce père partage également sa tendresse entre tous ses enfants. L' amour et la gloire partagent, se partagent son coeur. Il partage sa vie, son temps, sa journée entre l' étude et le plaisir. Ils partagent entre eux le pouvoir. Il partageait avec lui l' autorité. Il a partagé avec lui l' honneur, la gloire de cette journée. Je partagerai avec vous les fatigues et les dangers de cette entreprise. Je veux partager votre destinée, votre sort.

Il signifie aussi, S' intéresser à. Je partage votre joie, votre douleur, vos regrets, vos ressentiments, etc.

Partager l' opinion, l' avis, le sentiment de quelqu' un, Être de son opinion, de son avis, de son sentiment. On dit à peu près dans le même sens, Partager les soupçons, la défiance, les craintes de quelqu' un.

PARTAGER

PARTAGER signifie encore, Donner en partage à quelqu' un; et, en ce sens, il régit directement la personne. Son père l' a partagé en aîné, l' a partagé en cadet. On vous a bien partagé, mal partagé.

Il se dit aussi en parlant Des dons de la nature ou de la fortune. La nature ne l' a pas mal partagé. La fortune l' a bien partagé. Il est bien partagé du sort.

PARTAGER

PARTAGER signifie encore, Séparer en partis opposés. Cette querelle va partager toute la cour. Cette question a partagé toute l' école. Les avis se trouvent partagés. Les opinions sont partagées. La chambre était partagée.

PARTAGER

PARTAGER s' emploie quelquefois avec le pronom personnel, au propre et au figuré. Près de tel endroit, la route se partage en deux branches. Les avis se partagèrent sur cette question. Sa tendresse se partage également entre tous ses enfants.

PARTAGÉ, ÉE. participe

PARTAGÉ, ÉE. participe Un amour partagé, Un amour réciproque.

PARTANCE. s. f.

PARTANCE. s. f. T. de Marine. Départ d' une flotte, d' un vaisseau ou d' un autre bâtiment. Jour de partance. Faire une bonne partance, une mauvaise partance. Être sur le point de sa partance. Nous avons vu la partance de la flotte. Arborer la bannière de partance. Tirer le coup de partance. Il a vieilli, excepté dans la dernière phrase, qui s' emploie encore familièrement.

Par extension, Coup de partance, signifie, Le signal du départ, dans quelques autres occasions. Huit heures sonnent, voilà le coup de partance. La générale bat, c' est le coup de partance. Il est peu usité.

PARTANT. adv.

PARTANT. adv. Par conséquent. Vous avez signé au contrat, et partant vous êtes obligé. Reçu tant, payé tant, et partant quitte. Partant redoit la somme de... Sur quoi payé tant, partant reste... Ce mot est particulièrement d' usage en style de Pratique et de Comptabilité.

Il s' emploie aussi quelquefois dans le style familier. Il n' avait plus de fortune, partant plus d' amis.

PARTENAIRE. s. des deux genres

PARTENAIRE. s. des deux genres Terme dont on se sert à plusieurs jeux, et principalement au jeu de whist, pour désigner L' associé avec lequel on joue. Vous serez mon partenaire, ma partenaire. Nous sommes partenaires. Quelques-uns écrivent, Partner.

Il se dit aussi d' Une personne qui figure avec une autre dans un bal. Choisir son partenaire, sa partenaire.

PARTERRE. s. m.

PARTERRE. s. m. Jardin, ou partie d' un jardin, qu' on orne de compartiments de gazon ou de buis, de plates-bandes garnies de fleurs, etc. Parterre de buis, de gazon, de fleurs. Parterre orné de vases, de statues et de bassins. Tracer un parterre. Les plates-bandes, les bordures, les compartiments d' un parterre.

Parterre d' eau, Canaux découverts qui ornent un jardin, et qui forment des compartiments à peu près semblables à ceux des parterres ordinaires.

PARTERRE

PARTERRE signifie aussi, La partie d' une salle de spectacle qui, plus basse que le théâtre, forme un espace ordinairement garni de banquettes, au milieu de l' enceinte des loges, entre l' orchestre et l' amphithéâtre. Aller au parterre. Autrefois on était debout dans tous les parterres. On paye moins au parterre qu' aux loges. Une place, un billet de parterre.

Il se dit, collectivement, Des spectateurs qui sont placés au parterre. Le parterre a fort applaudi ce vers, cet acteur. Le parterre a mieux jugé que les loges. Les applaudissements, les sifflets du parterre.

Il se dit quelquefois, figurément, Du public, par rapport à ceux qui sont dans des emplois élevés, qui dirigent les affaires de l' État. Le ministre vient de faire une grande faute; voilà de quoi réjouir, amuser, égayer le parterre. On dit à peu près dans le même sens, Juger du parterre les actes, les opérations du gouvernement, Les juger de loin, sans y avoir aucune part.

PARTHÉNON. s. m.

PARTHÉNON. s. m. T. d' Antiq. Le temple de Minerve à Athènes. Le Parthénon d' Athènes est aussi célèbre dans l' antiquité, que le Panthéon de Rome.

PARTI. s. m.

PARTI. s. m. Union de plusieurs personnes contre d' autres qui ont un intérêt, une opinion contraire. Un grand, un puissant parti. Il est dans le bon parti, dans le mauvais parti, du bon parti, du mauvais parti. Il y a un parti formé. Le parti de la Ligue. Le parti des Guelfes. Le parti des Gibelins. Le parti des gens de bien. Se mettre dans un parti, d' un parti. Entrer dans un parti. Tenir le parti de quelqu' un. Se ranger du parti de quelqu' un. Se déclarer d' un parti. Se détacher d' un parti. Quitter, abandonner un parti. Son parti est abattu. Ruiner, relever un parti. Soutenir un parti. Se faire chef de parti. Il n' est d' aucun parti. Il n' a jamais pris parti dans les guerres civiles. Il est neutre entre les partis. Ils sont de partis opposés, de partis contraires. Le choc des partis. Chacun des deux partis, l' un et l' autre parti a des fautes à se reprocher.

Homme de parti, Celui qui se montre crédule ou passionné en tout ce qui intéresse son parti. Il faut se défier de tout homme de parti. Les hommes, les gens de parti sont souvent injustes de bonne foi.

Esprit de parti, Disposition morale d' un homme tellement attaché à son parti, qu' il est aveugle ou même injuste en tout ce qui regarde ce parti et le parti contraire. L' esprit de parti altère tous ses jugements et tous ses récits.

Fig., Prendre le parti de quelqu' un, Se déclarer pour lui, le défendre, le protéger. J' ai pris son parti. Il a pris mon parti envers et contre tous. On dit dans le même sens, Prendre parti pour quelqu' un; et dans le sens opposé, Prendre parti contre quelqu' un, Se tourner contre lui, l' attaquer.

Fig., Être, se ranger du parti de quelqu' un, de quelque chose, Favoriser, préférer quelqu' un, quelque chose. Il est toujours du parti des malheureux, des opprimés. Il faut être toujours du parti de la vérité. Je suis du parti, je me range du parti de la modération, de l' indulgence.

Fig., Avoir un parti, Avoir pour soi, avoir dans ses intérêts un certain nombre de personnes par qui l' on est soutenu, défendu, prôné. Il a un parti, un grand parti à la cour, dans l' armée. Ce poëte, ce peintre, ce musicien a un parti, un parti nombreux dans le public. On dit dans le sens opposé, Il a un grand parti, un nombreux parti, un violent parti contre lui.

PARTI

PARTI signifie aussi, Résolution, détermination. Prendre un parti modéré, un parti violent. Il a pris un grand parti. C' est le parti qu' il faut prendre. Il sait bien prendre son parti dans l' occasion. C' est un homme qui ne sait jamais prendre de parti.

Absol., Prendre son parti, Prendre une dernière et ferme résolution. Il est inutile de lui parler davantage de cette affaire, il a pris son parti. On dit à peu près dans le même sens, C' est un parti pris; et proverbialement, À parti pris point de conseil.

Prendre son parti, signifie aussi, Se résigner à ce qui doit arriver. Dès qu' on lui eut fait voir que sa maladie était sans espérance, il prit son parti, il en prit son parti.

PARTI

PARTI signifie aussi, Expédient. On lui a proposé plusieurs partis pour sortir d' affaire, il a choisi le pire. Les partis extrêmes ne sont point de son goût. Les partis moyens ne réussissent pas toujours. C' est le parti le plus sûr, le plus prudent, le plus sage, le plus honnête. Je me suis décidé pour le parti le plus prompt. C' est le plus court parti.

PARTI

PARTI signifie quelquefois, Condition, traitement qu' on fait à quelqu' un. On lui fera un bon parti. Son parti en sera meilleur. On lui offre tant d' appointements, c' est lui faire un bon parti. On lui voulait donner une préfecture, il ne devait pas refuser ce parti-là. C' est un bon parti pour lui. Il a accepté le parti.

Il signifie aussi, Avantage, utilité, profit. Il a tiré un bon parti de cette affaire. Il a tiré un parti avantageux, un grand parti, un parti médiocre de cette entreprise, de cette manufacture. C' est un homme qui sait tirer parti, tirer un grand parti de ses amis, de ses protecteurs, de ses subordonnés. Il tire parti de tout.

Fig., Tirer parti de la vie, En faire un bon et agréable usage.

Faire un mauvais parti, un méchant parti à quelqu' un, Lui faire essuyer quelque mauvais traitement, ou même Attenter à sa vie. Si vous ne vous tenez sur vos gardes, ces misérables vous feront un mauvais parti. On pourra bien lui faire un mauvais parti, un méchant parti.

PARTI

PARTI signifie encore, Profession, genre de vie, emploi. Il a pris le parti des armes, le parti de la robe, le parti du barreau. Il a pris le parti de l' Église, le parti de l' épée. Il ne sait encore s' il prendra parti dans l' épée ou dans la robe.

En termes de Guerre, Prendre parti, S' enrôler. La garnison ennemie a pris parti dans nos troupes. Il a déserté, et pris parti chez les ennemis.

PARTI

PARTI se dit aussi d' Une troupe de gens de guerre, soit de cavalerie, soit d' infanterie, que l' on détache pour battre la campagne, reconnaître l' ennemi, faire des prisonniers, etc. Un parti de cinq cents chevaux. Un parti d' ennemis. Un gros parti. Aller en parti. Mener, conduire, commander un parti.

Parti bleu, Petit parti de gens de guerre, sans commission et sans aveu. Il rencontra un parti bleu qui le vola et le dépouilla. Il a vieilli.

PARTI

PARTI se dit aussi d' Une personne à marier, considérée par rapport à son bien ou à sa naissance. Cette fille est le plus grand parti qui soit en France. Cette fille-là est un bon parti. C' est un grand parti, un riche parti. Il veut se marier, il cherche un parti sortable. On lui propose un bon parti. Il a refusé un grand parti. Elle n' est pas un assez bon parti pour lui. C' est un mauvais parti. On les marie ensemble, ce sont deux bons partis. Il est d' une grande naissance, fils unique et très-riche: c' est un excellent parti.

PARTIAIRE. adj. m.

PARTIAIRE. adj. m. (On prononce Parciaire.) T. de Jurispr. Il ne s' emploie que dans cette expression, Colon partiaire, Cultivateur qui rend au propriétaire une portion convenue des récoltes et des autres produits de sa ferme.

PARTIAL, ALE. adj.

PARTIAL, ALE. adj. (On prononce Parcial.) Qui s' affectionne de préférence, et par esprit de prévention, à une personne, à une opinion, à un parti. Vous n' êtes pas croyable, vous êtes partial. Il est bien partial. Il s' est montré fort partial dans cette occasion. Il veut un arbitre qui ne soit point partial. Un juge partial est un mauvais juge. Cet historien est trop partial pour qu' on ne se défie pas de ses jugements. Le pluriel Partiaux est inusité.

PARTIAL

PARTIAL dans le style didactique, signifie quelquefois, Partiel. Éclipse partiale.

PARTIALEMENT. adv.

PARTIALEMENT. adv. Avec partialité. Se conduire partialement dans une affaire. Agir partialement.

PARTIALITÉ. s. f.

PARTIALITÉ. s. f. Attachement de préférence et passionné à un parti, à une personne, à une opinion. Il a trop de partialité. Il est d' une partialité révoltante. Il est sans partialité. Il est exempt de partialité. Ce juge a marqué, a montré, a témoigné trop de partialité pour vous dans votre affaire. Les partialités nuisent extrêmement au bien public. Le pluriel est peu usité.

PARTIBUS (IN)

PARTIBUS (IN) (On sous-entend Infidelium.) Phrase latine qu' on emploie en parlant De celui qui a un titre d' évêché dans un pays occupé par les infidèles. Un évêque in partibus.

PARTICIPANT, ANTE. adj.

PARTICIPANT, ANTE. adj. Qui participe à quelque chose. Si cette entreprise donne des bénéfices, vous en serez participant.

Protonotaires participants, camériers participants, Les protonotaires, les camériers en charge à la cour de Rome.

PARTICIPATION. s. f.

PARTICIPATION. s. f. L' action de participer à quelque chose. La participation aux mérites de JÉSUS-CHRIST, aux prières des saints, aux prières des fidèles. La participation au corps et au sang de JÉSUS-CHRIST. La participation aux sacrements, aux saints mystères.

Il signifie aussi, La connaissance qu' on nous a donnée d' une affaire, et la part que nous y avons prise. Cela s' est fait sans ma participation, sans sa participation. Il n' a eu aucune participation à ce complot.

Parmi les Religieux, Lettres de participation, Lettres qu' un ordre religieux donne à une personne séculière, et en vertu desquelles elle participe aux prières et aux bonnes oeuvres de l' ordre.

PARTICIPE. s. m.

PARTICIPE. s. m. T. de Gram. Partie du discours qui est une des modifications du verbe. On l' appelle Participe parce que c' est un mot qui tient à la fois de la nature du verbe et de celle du nom. Il tient du verbe, en ce qu' il exprime les attributs d' existence, d' action et de temps qui constituent cette partie d' une langue: Étant, ayant, faisant, dormant, etc. Été, eu, aimé, frappé, etc. Il tient du nom, en ce qu' il fait quelquefois les fonctions d' adjectif, et qu' alors, semblable à l' adjectif variable, il s' accorde en genre et en nombre avec le sujet auquel il se rapporte: Un homme pensant, une âme aimante, des troupeaux errants, etc. Un homme estimé, une femme chérie, des marchandises prohibées, etc.

On distingue les participes en Participes présents ou actifs, et en Participes passés ou passifs. --- Les premiers, qui se terminent toujours en ant et qui marquent une coïncidence d' époque, expriment en général une action, et sont employés avec ou sans régime direct, selon que le verbe auquel ils appartiennent est actif ou neutre: Il lui parlait en marchant. Je le vis en passant. Parlant à quelqu' un. Portant un livre. Buvant du vin. --- Les seconds, qui prennent différentes terminaisons, comme Aimé, suivi, lu, souffert, etc., expriment, soit l' état passif; dans ce cas, ils se joignent à l' auxiliaire Être, sans jamais avoir de régime direct: Je suis aimé; vous serez reconnu; il était suivi; soit une idée de temps écoulé; alors on les joint avec l' auxiliaire Avoir, quand le verbe auquel ils appartiennent marque l' action, ou avec l' auxiliaire Être, quand ce verbe est pronominal ou indique un état, et on peut leur donner un régime direct, si le verbe lui-même est de nature à en recevoir un: J' ai étudié la musique; j' ai beaucoup ri de sa méprise; je me suis reproché mes fautes; elle s' en est bien repentie; je suis revenu depuis hier soir; elles sont parties. Les expressions que le participe passé ou passif forme ainsi avec les auxiliaires Être et Avoir sont ce que l' on nomme les temps composés des verbes.

Le participe passé doit rester invariable quand il précède le nom auquel on le rapporte. Je n' ai point reçu de réponse. Il a nommé plusieurs personnes. Quand, au contraire, c' est le régime qui précède, le participe passé doit s' accorder avec lui en genre et en nombre. La réponse que j' ai reçue. Les personnes qu' il a nommées.

Le participe en ant est invariable, c' est-à-dire, ne prend ni genre ni nombre, excepté dans les cas où le sens de la phrase le rend adjectif, comme, Eau courante, substance pensante, personnes agissantes, etc., et dans quelques phrases de Palais, comme, Femme usante et jouissante de ses droits.

PARTICIPE

PARTICIPE est aussi un terme de Finance, qui s' est dit de Celui qui avait part dans un traité, dans une affaire de finance. L' arrêt portait que tous les traitants et leurs participes seraient obligés de...

PARTICIPE

PARTICIPE en Jurisprudence criminelle, Celui qui prend part à un crime. Il sera informé contre les adhérents, fauteurs et participes du crime. Cette acception a vieilli.

PARTICIPER. v. n.

PARTICIPER. v. n. Avoir part. En ce sens, il s' emploie avec la préposition à. Je veux que vous participiez à ma fortune, comme vous avez participé à ma disgrâce. Il participe à tous les profits et à toutes les pertes de la société. On l' accusa d' avoir participé à la conjuration, d' avoir participé à cette trahison. C' est participer en quelque sorte au crime, que de ne le pas empêcher quand on le peut. Je ne veux point participer à vos mauvais desseins. On dit en langage de Dévotion. Participer aux prières des fidèles. aux saints mystères, aux sacrements, au corps et au sang de JÉSUS-CHRIST, aux mérites de JÉSUS-CHRIST.

Il signifie aussi quelquefois, Prendre part, s' intéresser. Je participe à votre douteur, à votre joie. Il participe à mes peines comme à mes plaisirs.

Il signifie encore, Tenir de la nature de quelque chose. En ce sens, il s' emploie avec la préposition de. Cela participe de la nature du feu. Cette maladie participe de telle autre. Le mulet participe de l' âne et du cheval, participe de l' un et de l' autre, participe de tous les deux. Son système participe de celui des anciens. L' enthousiasme de cet homme participe de la folie.

PARTICULARISER. v. a.

PARTICULARISER. v. a. Faire connaître le détail, les particularités d' une affaire, d' un événement. Il est bon dans de certaines affaires de particulariser jusqu' à la moindre circonstance. Particulariser un fait.

Il signifie quelquefois, Rendre particulier, par opposition à Généraliser. Son observation était générale, il n' a rien particularisé.

En Jurispr. criminelle, Particulariser une affaire, Poursuivre la vindicte d' un crime commun à plusieurs, contre un seul de ceux qui y ont eu part.

PARTICULARISÉ, ÉE. participe

PARTICULARISÉ, ÉE. participe

PARTICULARITÉ. s. f.

PARTICULARITÉ. s. f. Circonstance particulière. Particularité essentielle, remarquable, importante, curieuse. Il m' a conté toutes les particularités de cette affaire. Il a omis dans son récit plusieurs particularités nécessaires. Je ne savais pas cette particularité de sa vie. Raconter les particularités d' un voyage.

PARTICULE. s. f.

PARTICULE. s. f. Petite partie. Les particules dont les corps sont composés. La moindre particule. En ce sens, il ne s' emploie guère que dans le style didactique.

PARTICULE

PARTICULE en Grammaire, se dit de Certaines petites parties du discours, qui sont invariables et ordinairement d' une seule syllabe, telles que la plupart des prépositions, conjonctions et interjections. Particule conjonctive, adversative, copulative, disjonctive, etc. Et, ou, ni, mais, si, quand, que, etc., sont des particules.

Il se dit plus exactement de Petits mots qui ne peuvent point être employés seuls, et qui s' unissent à un radical, pour le modifier, et former un seul mot avec lui, comme très (très-bon), ex (ex-député), ci et (celui-ci, celui-là, voici, voilà), ou més (médire, mésuser).

PARTICULIER, IÈRE. adj.

PARTICULIER, IÈRE. adj. Qui appartient, proprement et singulièrement, à certaines choses ou à certaines personnes; qui n' est point commun à d' autres personnes, à d' autres choses de même espèce. Une raison particulière. Un motif particulier. Une considération particulière. Avoir une dévotion particulière à la Vierge. Cela est particulier à ce climat, à ce pays, à ce peuple, à cette profession. Cela vous est particulier, ne vous est pas particulier. Cette plante a une vertu particulière. Ce médecin a une méthode particulière. Cet homme a une façon de penser particulière, toute particulière. Être attaché à son intérêt particulier.

Il s' emploie souvent par opposition à Général. L' intérêt particulier doit céder à l' intérêt général. La volonté générale doit l' emporter sur les volontés particulières. Il faut séparer la question particulière de la question générale. Ce mot se prend tantôt dans un sens général, tantôt dans un sens particulier.

Il s' emploie aussi par opposition à Public. Il aime mieux être reçu en audience particulière qu' en audience publique. Beaucoup de fortunes particulières se sont faites aux dépens de la fortune publique. En sortant des fonctions publiques, il rentra avec joie dans la vie particulière.

Il signifie encore, Particularisé, détaillé, circonstancié. Il m' a fait un détail particulier de toute cette affaire. Il m' en a dit les circonstances les plus particulières.

Il signifie en outre, Qui est séparé, distinct d' une autre chose de même nature. Il a une habitation particulière. On lui a donné une chambre particulière. Il mange à une table particulière. Il boit d' un vin particulier. Il a son vin particulier.

Il signifie quelquefois, Singulier, extraordinaire, peu commun. Le cas est fort particulier. Je vais vous apprendre une aventure très-particulière. Il a un talent particulier, tout particulier. Il élève ses enfants avec un soin particulier. Cette affaire exige une attention particulière. J' ai pour lui une affection particulière. J' en fais un cas tout particulier. Il a un zèle particulier pour le bien de la religion, pour le salut de l' État, pour la gloire de son pays.

Un homme particulier, Un homme qui n' aime pas à voir le monde, qui se communique à peu de gens. Il est fort particulier.

Un esprit particulier, des opinions particulières, Une sorte d' esprit qui ne s' accommode pas avec le reste du monde; des opinions différentes de l' opinion commune.

Il y a quelque chose de particulier entre ces deux personnes, Elles ont ensemble quelque affaire qu' elles ne veulent pas qu' on pénètre.

Il n' y a rien de particulier entre cet homme et cette femme, Il n' y a aucune liaison suspecte entre eux.

PARTICULIER

PARTICULIER s' emploie quelquefois substantivement, et signifie, Ce qui est particulier. On m' a parlé en gros de l' affaire, on ne m' en a pas dit le particulier. Il ne faut jamais conclure du particulier au général.

PARTICULIER. substantif

PARTICULIER. substantif signifie aussi, Une personne privée, par opposition, soit à Une société, soit à Une personne publique ou d' un rang très-élevé. On ne doit pas préférer l' intérêt d' un particulier à l' intérêt de toute une nation. Il y a des choses qu' un particulier peut se permettre, mais qui ne conviennent pas à une personne publique. De pareilles dépenses conviennent à un prince, et ne conviennent point à un particulier, à un simple particulier, à des particuliers. Ce n' est qu' un particulier, qu' un simple particulier. Cela est bon de particulier à particulier. Cela est bon entre particuliers.

Pop., Un particulier, Un homme, un inconnu, un quidam. Un particulier s' approcha de nous. Que nous veut ce particulier?

DANS LE PARTICULIER. loc. adv.

DANS LE PARTICULIER. loc. adv. Dans la société particulière. Il est aimable dans le particulier.

EN PARTICULIER. loc. adv.

EN PARTICULIER. loc. adv. À part, séparément des autres. Il faut le voir en particulier. Je l' ai pris en particulier. J' ai un mot à vous dire en particulier. Il dîne en particulier. Il est agréable en particulier. En général et en particulier.

En mon particulier, Pour ce qui est de moi. En mon particulier, je suis d' avis qu' il a bien fait. On dit dans le même sens, familièrement et par une espèce de modestie, En mon petit particulier.

Être en son particulier, Être retiré dans sa chambre, dans son cabinet.

Vivre en son particulier, se mettre en son particulier, Faire ordinaire chez soi. Il vivait en pension, il s' est mis dans son particulier. Il vivait avec un de ses amis; il vit aujourd' hui en son particulier.

PARTICULIÈREMENT. adv.

PARTICULIÈREMENT. adv. Singulièrement. Il vous honore particulièrement. Il vous a recommandé particulièrement cette affaire.

Il signifie aussi, Spécialement. J' en connais plusieurs, et particulièrement un tel. Il a du talent pour la poésie, particulièrement pour la poésie lyrique.

Il signifie aussi, En détail. Je vous conterai cela tantôt plus particulièrement.

PARTIE. s. f.

PARTIE. s. f. Portion d' un tout. Il se dit au sens physique et au sens moral. Petite partie. Grande partie. La meilleure partie. Une bonne partie. J' en ai la meilleure partie. Parties essentielles, intégrantes. Partie d' un corps politique. Le tout est plus grand que sa partie. Cela est composé de parties différentes. Les parties physiques d' un corps. Les parties du corps humain. Parties homogènes, hétérogènes. Parties aliquotes. Parties proportionnelles. Parties contiguës, continues. Parties subtiles, grossières. L' union, l' arrangement des parties. Les cinq parties du monde. Les étoiles qui sont dans cette partie du ciel. La partie orientale, occidentale, méridionale, septentrionale. La partie haute, la partie basse d' une rivière. Ce prince perdit une partie de son royaume. Cet homme a perdu une partie de son bien. Il vendit son bien par petites parties, par parties. Cette maison fait partie de son bien. Ce livre a quatre parties; la première partie comprend... La plus grande partie des savants. La meilleure, la plus saine partie de cette assemblée. Une partie de l' armée était encore campée, l' autre était en marche. Il n' avait qu' une partie de ses troupes Il a donné une partie de son argent. Il a vendu une partie de ses livres. Il a employé une partie de sa vie à ce travail. Il y a donné une partie de son temps. Une partie de ses économies, une partie de son autorité, de son crédit, de sa puissance, fut employée à... Le jugement est une partie essentielle du génie. Il portait sa surveillance sur toutes les parties de l' administration. Il a bien disposé les parties de son sujet.

PARTIE

PARTIE se dit de Certaines parties du corps, considérées comme saines ou comme malades. Partie saine, malade, douloureuse. Partie offensée, blessée, affectée, affligée. La partie droite. La partie gauche. Appliquer une fomentation sur la partie. La maladie se jette toujours sur la partie la plus faible.

Il se dit aussi de Certains organes. Parties naturelles, ou Parties honteuses, ou simplement, Parties, Les parties qui servent à la génération. Parties nobles, Les viscères, les parties absolument nécessaires à la vie, comme le coeur, le poumon, le foie, le cerveau. Le coup a offensé les parties nobles.

Fig., Il est la partie honteuse de ce corps, de cette compagnie, Il fait déshonneur au corps, à la compagnie dont il est membre.

En parlant De l' âme, et dans le style de l' ancienne philosophie scolastique, La partie supérieure, La raison; et, La partie inférieure, la partie animale, L' appétit sensitif, la concupiscence. On dit aussi, La partie irascible, la partie concupiscible. Ces expressions ont vieilli, surtout les deux premières, et ne s' emploient guère que dans le style familier.

En Grammaire, Parties d' oraison, Les mots dont le discours est composé, comme l' article, le nom, le pronom, le verbe, l' interjection, la conjonction, etc. Faire les parties d' un discours, d' une période, etc., Analyser un discours, une période, etc., en marquant sous quelle partie d' oraison chaque terme doit être rangé.

PARTIE

PARTIE se dit aussi Des bonnes qualités naturelles ou acquises. Une des parties les plus essentielles d' un honnête homme, c' est... Il a toutes les parties d' un grand capitaine. Il vieillit en ce sens.

PARTIE

PARTIE en Musique, signifie, Chacune des mélodies séparées, dont la réunion forme l' harmonie ou le concert. Il y a quatre parties principales dans la musique vocale, qui sont le dessus, la haute-contre, la taille ou le ténor, et la basse. Dans la musique instrumentale, les quatre parties principales sont le premier dessus, le second dessus, la quinte et la basse. Ce morceau est à deux, à trois, à quatre parties. Les parties en sont très-bien écrites, en sont mal écrites. Il n' a fait que le sujet, un autre a fait les parties. Composer à plusieurs parties. Partie de violon, d' alto, de flûte, de basse, de piano, etc. Vous exécuterez telle partie. La partie qu' on lui a donnée à étudier est fort difficile. Il y a des instruments, comme le piano et la harpe, sur lesquels on peut exécuter plusieurs parties à la fois.

Partie récitante, Celle qui exécute le sujet principal, dont les autres font l' accompagnement.

Parties concertantes, ou Parties de choeur, Celles qui s' exécutent par plusieurs personnes chantant ou jouant à l' unisson, chacune selon la nature de sa voix ou de son instrument, et dont la réunion forme un ensemble que l' on nomme Choeur.

Chanter en partie, faire sa partie, Exécuter une partie dans un concert.

Fig. et fam., Tenir bien sa partie, Se bien acquitter de ce qu' il convient de faire dans la société où l' on est. Il tient bien sa partie à table. Il tient bien sa partie dans une conversation sérieuse.

PARTIE

PARTIE se dit aussi Du papier, du cahier sur lequel est écrite la partie séparée de chaque musicien. Distribuer les parties aux musiciens, aux exécutants.

PARTIE

PARTIE se dit encore d' Une quantité plus ou moins considérable de marchandises qu' on vend ou qu' on achète. Il a vendu, il a placé, il a acheté une grosse partie, une partie considérable de café, de cacao, de draps, de mousselines, etc. On dit dans le même sens, Acheter, vendre une partie de rente.

Il signifie aussi, Une somme d' argent qui est due. Acquitter une partie. Il avait à recevoir une partie de mille francs. Il a racheté une partie de cinq cents livres de rente. Il est vieux en ce sens.

PARTIE

PARTIE en matière de Comptabilité, Article de compte. Laisser une partie en souffrance, une partie rayée. Cette partie a été allouée par la cour des comptes. Il vieillit en ce sens.

En termes de Banque et de Commerce, Tenue des livres en partie simple ou à partie simple, Manière de tenir les livres, qui consiste à ne mentionner, dans chaque article, que celui qui doit, ou celui à qui l' on doit. On dit de même: Tenir les livres en partie ou à partie simple. Passer un article en partie simple. Etc. --- On appelle par opposition, Tenue des livres en partie double ou à partie double, Celle qui consiste à reconnaître à la fois un débiteur et un créancier, dans la rédaction d' un article quelconque, soit de recette, soit de dépense. On dit de même: Tenir les livres en partie ou à partie double. Comptes en partie double. Etc.

Les parties casuelles, Les droits et revenus éventuels qui étaient perçus au profit de l' État. Trésorier des parties casuelles.

PARTIES

PARTIES au pluriel, signifie quelquefois, Les articles d' un mémoire, de ce qui a été fourni par un marchand, un ouvrier, etc. Parties de tailleur, de maître d' hôtel. Parties d' apothicaire. Faire des parties. On a arrêté ses parties. Payer les parties. Il fait monter ses parties bien haut. Ces deux articles enflent bien ses parties. Il vieillit aussi dans ce sens.

Prov. et fig., Parties d' apothicaire, Comptes sur lesquels il y a beaucoup à diminuer, à rabattre. On dit plus ordinairement, Mémoire d' apothicaire.

PARTIE

PARTIE au Jeu, signifie, La totalité de ce qu' il faut faire pour qu' un des joueurs ait gagné ou perdu, suivant les règles de chaque sorte de jeu. Partie de jeu. Au piquet, il faut faire tant de points, ou gagner tant de paris, pour gagner la partie; à la paume, il faut gagner tant de jeux. Jouer une partie de paume, une partie de piquet, de trictrac, d' échecs, de reversi, etc. Il a gagné tant de parties tout de suite. Il a gagné une belle partie. Faire une partie de piquet, d' échecs, de dames, etc. Voulez-vous faire une partie? Il fait tous les jours sa partie, sa petite partie. Si vous souhaitez, je ferai votre partie. Faire la partie des enfants. Parier à la partie. Perdre la partie, une partie. Partie et revanche. Partie, revanche et le tout. Jouer en deux parties liées ou en parties liées.

La partie d' honneur, La troisième partie que l' on joue, lorsque chacun des deux joueurs en a gagné une.

Coup de partie, Coup qui décide le gain ou la perte de la partie.

Fig., Coup de partie, Ce qui décide du succès d' une affaire. Faire un coup de partie, Faire quelque chose qui emporte avec soi une décision heureuse, ou qui doit avoir des conséquences très-avantageuses.

La partie est bien faite, est mal faite, est inégale, Elle est faite entre des joueurs de même force, entre des joueurs de force inégale.

Fig. et fam., Il fait bien ses parties, C' est un homme qui sait prendre ses avantages.

Fig., La partie n' est pas égale, se dit Lorsque, dans une contestation, une concurrence, un jeu, etc., il y a d' un des deux côtés une grande supériorité. On dit, dans un sens analogue, La partie n' est pas tenable.

Fig., C' est une partie perdue, se dit Lorsqu' on désespère de réussir dans ce qu' on a entrepris.

Quitter la partie, Convenir que celui contre qui l' on joue a gagné.

Fig., Quitter la partie, Se désister de quelque chose, y renoncer. Il a quitté la partie au moment où il allait obtenir ce qu' il demandait.

Prov. et fig., Qui quitte la partie, la perd, Celui qui cesse de suivre une affaire, qui se décourage, ne peut réussir.

Prov. et fig., Peloter en attendant partie, Faire quelque chose de peu de conséquence, en attendant mieux; Faire par manière d' exercice ce qu' on fera plus sérieusement dans la suite.

PARTIE

PARTIE se dit en outre d' Un projet formé entre plusieurs personnes. Ils lièrent partie pour me chercher querelle ensemble, pour faire un voyage, etc. Nous avons fait la partie d' aller voir un tel, voulez-vous en être? Il faut remettre la partie à demain.

Il se dit particulièrement d' Un projet de divertissement. Faire une partie de promenade, de chasse, de pêche. Faire une partie de campagne. Faire la partie d' aller se promener, d' aller dîner en tel endroit, d' aller à la chasse. Lier, rompre, renouer une partie. Manquer à une partie. Nous étions six de cette partie. J' étais de la partie. On vous a mis de la partie. Il est de toutes les parties de plaisir. On a remis la partie. On a renoué la partie. La partie n' a pas eu lieu, est restée là.

Il se dit aussi Du divertissement même. Cette partie a été très-agréable, a été charmante, ennuyeuse, troublée par des fâcheux.

Partie carrée, Partie de plaisir faite entre deux hommes et deux femmes.

Partie fine, Partie de plaisir où l' on met quelque mystère.

Prov. et fig., Il ne faut pas remettre la partie au lendemain, Il ne faut point différer ce qu' on peut faire dans le moment.

PARTIE

PARTIE signifie encore, Celui qui plaide contre quelqu' un, soit en demandant, soit en défendant. Qui est votre partie? C' est ma partie adverse. Il s' est rendu partie. Il est juge et partie. On l' a reçu partie intervenante. Se rendre partie dans une affaire criminelle. Il n' est pas partie capable. Être partie opposante. Satisfaire la partie plaignante. Vous avez affaire à forte partie. Prendre quelqu' un à partie. Partie principale. Partie intervenante. Partie défaillante. Parties plaidantes. Un juge doit écouter les deux parties. Parties assignées. Parties ouïes. Les parties ont passé un compromis, et se sont mises en arbitrage. Faire consumer en frais une pauvre partie. Quand les parties sont d' accord, le juge n' y a que voir.

Il se dit aussi, relativement aux avocats et aux avoués, de Ceux dont ils défendent le droit ou les prétentions. Un avocat qui contente ses parties. Il défend bien le droit de sa partie. La partie de maître un tel a été condamnée aux dépens.

En Matière criminelle, Partie civile, Celui qui agit en son nom contre un accusé, pour des intérêts civils. Il est intervenu dans le procès, et s' est constitué partie civile.

Partie publique, Le procureur général ou ses substituts.

Prendre quelqu' un à partie, Attaquer en justice un homme qui n' était pas d' abord notre adversaire. Prendre son juge à partie, Se rendre partie contre son juge, l' accusant d' avoir prévariqué. Prise à partie, Acte par lequel on prend son juge à partie. Il a craint la prise à partie.

Fig., Prendre quelqu' un à partie, Lui imputer le mal qui est arrivé, s' en prendre à lui.

Fig., Avoir affaire à forte partie, Avoir un adversaire redoutable.

Fig., Il n' est pas partie capable, Il n' a pas les talents, les qualités, les ressources qu' il lui faudrait pour l' emporter sur ses adversaires, pour réussir dans son entreprise.

Prov., Qui n' entend qu' une partie n' entend rien, Il faut écouter les deux parties pour se mettre en état de bien juger.

PARTIES

PARTIES au pluriel, se dit Des personnes qui contractent ensemble. Les parties contractantes. Toutes les parties intéressées en sont d' accord. Il a été résolu pour le bien de toutes les parties. Cela s' est fait à la satisfaction de toutes les parties, du consentement de toutes les parties.

Parties belligérantes, Les puissances qui sont en guerre les unes contre les autres.

Parties prenantes, Créanciers de l' État, dont le payement a été assigné sur un fonds particulier. Il se dit aussi de Ceux qui participent à une distribution de vivres, d' habits, etc., faite par le gouvernement. Il se dit encore de Tous les créanciers qui viennent en ordre utile dans une distribution de fonds provenants de leur débiteur.

EN PARTIE. loc. adv.

EN PARTIE. loc. adv. Non en totalité, non entièrement. Il n' est héritier qu' en partie. Il n' est propriétaire de cette terre qu' en partie. Ce bâtiment n' est élevé qu' en partie. L' armée était en partie, en grande partie, composée d' aventuriers venus de tous les pays. Vous êtes cause en partie qu' il s' en est allé. Quand cette locution est répétée, elle a ordinairement le sens de Moitié, pris adverbialement. Un corps de troupes composé en partie de Français, en partie de Suisses. On omet quelquefois la préposition En. Le payement s' est fait partie avec de l' argent, partie avec des billets. Il a fait cela partie pour l' amour de vous, partie pour son propre intérêt. Partie bien, partie mal.

PARTIEL, ELLE. adj.

PARTIEL, ELLE. adj. (On prononce Parciel.) Qui fait partie d' un tout. Les sommes partielles.

Il signifie aussi, Qui n' existe ou qui n' a lieu qu' en partie. Éclipse partielle.

PARTIELLEMENT. adv.

PARTIELLEMENT. adv. Par parties. J' ai été payé partiellement, au lieu de recevoir toute la somme en un seul payement.

PARTIR. v. a.

PARTIR. v. a. Diviser en plusieurs parts. Il est vieux; on ne l' emploie guère qu' à l' infinitif, et dans cette phrase proverbiale et figurée, Avoir maille à partir avec quelqu' un, Avoir avec lui quelque démêlé. Ils ont toujours maille à partir ensemble.

PARTI, IE. participe

PARTI, IE. participe Il n' est guère usité qu' en termes de Blason, pour signifier, Divisé perpendiculairement en parties égales, et il se dit De l' écu. Il porte parti d' or et de gueules. On le dit aussi en parlant D' un aigle à deux têtes. Il porte de sable à l' aigle d' or au chef parti. Voyez MI-PARTI.

PARTIR. v. n.

PARTIR. v. n. (Je pars, tu pars, il part; nous partons. Je partais. Je partis. Je suis ou J' ai parti. Pars. Partez. Etc.) Se mettre en chemin, commencer un voyage. Nous partons pour la promenade. Il est parti de Paris. Il vient de partir pour Rome. Il partira dans trois jours pour la campagne. Il serait parti aujourd' hui, sans une affaire qui lui est survenue. Il ne fait que de partir. Vous n' avez pas été plutôt parti qu' il est arrivé. Cette voiture part tous les jours à telle heure. Ce navire partira bientôt. Vous partez bien vite. Les courriers partent à différents jours.

Il signifie aussi, Se mettre à courir; et, en parlant Des animaux, des oiseaux, Prendre sa course, son vol. Au moindre signe, il part comme l' éclair. Dès que le signal a été donné, il est parti comme un trait. Le lièvre partit à quatre pas des chiens. Le chien a fait partir la perdrix.

En termes de Manége, Ce cheval part bien de la main, Dès qu' on lui baisse la main, il prend bien le galop.

Fig. et fam., Il part de la main, se dit D' un homme qui fait avec promptitude ce qu' on lui ordonne, ce qu' on lui demande.

Fig., Partir d' un éclat de rire, d' un grand éclat de rire, Rire tout à coup avec éclat. En voyant cet homme, il est parti d' un grand éclat de rire.

Fig., Partir d' un principe, Poser ou admettre un principe, et raisonner en conséquence. Dans cette discussion, il est parti d' un bon, d' un faux principe. On dit à peu près dans le même sens: Partir d' un point, d' une donnée. Partons de là. Partant de là, je conclus. Etc.

PARTIR

PARTIR en parlant Des choses, signifie, Sortir avec impétuosité. La bombe part du mortier. La foudre qui part de la nue. Le trait partit avec impétuosité. Le coup part. J' ai vu partir le coup.

Il se dit également Des armes à feu dont le coup part, d' un ressort qui se détend brusquement, etc. Le fusil a parti tout d' un coup. Faire partir un ressort.

Il s' emploie aussi au sens moral. Il est vif, sa réponse ne tarde pas à partir. Cela part plus tôt que la réflexion. Ce mot est parti plus vite qu' il n' aurait voulu.

PARTIR

PARTIR en parlant Des choses physiques, signifie encore, Tirer son origine, avoir son commencement. Tous les nerfs partent du cerveau. Toutes les artères partent du coeur. C' est de cette montagne que part la source du fleuve. Cette rue part de telle place, et aboutit à telle autre. Il part de cette ville plusieurs grandes routes qui vont jusqu' aux extrémités du royaume.

Il s' emploie aussi en parlant Des choses morales, et signifie, Émaner. Ce conseil ne part pas de lui. Cet avis est parti de bon lieu. Tout ce qui part de son esprit a de l' originalité. Cela part d' un bon coeur, d' un bon naturel. Ce langage part du coeur. Cela part d' un mauvais principe. On dit figurément et populairement, Cela part de sa boutique, Cela vient de lui; et cette expression s' emploie toujours en mauvaise part.

PARTIR

PARTIR s' emploie substantivement en termes de Manége. Le partir du cheval. Ce cheval a le partir prompt, a de la grâce au partir.

À PARTIR DE. loc. prépositive

À PARTIR DE. loc. prépositive A dater de; En commençant à. À partir du règne de Louis le Gros, les communes ont commencé à être affranchies de la féodalité. À partir d' aujourd' hui, soyez plus exact. À partir du troisième acte, l' intérêt de cette tragédie va en s' affaiblissant.

À partir de là, En supposant telle chose. Vous prétendez que l' homme n' est pas libre; à partir de là, nos actions ne seraient ni bonnes, ni mauvaises.

PARTI, IE. participe

PARTI, IE. participe

PARTISAN. s. m.

PARTISAN. s. m. Celui qui est attaché à la fortune d' une personne ou d' un parti, qui en épouse les intérêts, qui en prend la défense. Les partisans de César, de Pompée. Les partisans de la république. Il est de vos partisans. Cet auteur a bien des partisans. Chacun a ses partisans.

Il se dit aussi en parlant Des choses. Les partisans de la musique italienne. Il est grand partisan de cette nouvelle invention.

PARTISAN

PARTISAN se disait autrefois de Celui qui avait fait un traité avec le roi, pour des affaires de finances, qui avait pris à ferme les revenus de l' État, les impôts, etc. Un riche partisan. Il s' était fait partisan. Les partisans étaient sujets à être recherchés, à être taxés.

PARTISAN

PARTISAN se dit encore d' Un officier de troupes légères ou irrégulières, détachées pour faire une guerre de surprises ou d' avant-postes. C' est un grand partisan. Un bon partisan. Faire la guerre en partisan.

Il se dit aussi Des troupes qui font cette espèce de guerre. Un corps de partisans.

PARTITIF, IVE. adj.

PARTITIF, IVE. adj. T. de Grammaire. Qui désigne une partie d' un tout. --- Moitié, dizaine, etc., sont des substantifs partitifs. Plusieurs, quelques, sont des adjectifs partitifs. La préposition De se prend souvent dans un sens partitif.

PARTITION. s. f.

PARTITION. s. f. L' ensemble, la réunion de toutes les parties d' une composition musicale, rangées les unes au-dessous des autres, selon la nature de leur diapason, et de manière à se correspondre exactement. La partition de l' opéra d' Alceste. La partition d' OEdipe à Colone, de Don Juan, etc. Cette partition est bien écrite. On m' a envoyé quelques opéras nouveaux en partition.

Les Partitions oratoires, Ouvrage de Cicéron, qui traite des parties de la rhétorique.

PARTNER. s.

PARTNER. s. Voyez PARTENAIRE.

PARTOUT. adv.

PARTOUT. adv. En tous lieux. Il va partout. Il est partout. Il passe partout. On dit partout.

Prov., On ne peut être partout, On ne saurait être en même temps en deux endroits, on ne peut vaquer à plusieurs affaires à la fois.

Fam., Se fourrer partout, fourrer son nez partout, Se produire, s' introduire dans toutes les maisons, s' ingérer dans toute sorte d' affaires.

Au Domino, Six partout, as partout, etc., se dit Pour annoncer que le nombre indiqué se trouve aux deux extrémités du jeu. On dit substantivement, Faire un partout.

PARTOUT

PARTOUT signifie aussi, En quelque lieu que ce puisse être. On reprend son bien partout où on le trouve. On se moque de lui partout où il va.

PARURE. s. f.

PARURE. s. f. Ornement, ajustement, ce qui sert à parer. Belle parure. La parure d' une femme. Elle ne s' occupe que de sa parure. Elle n' a pas besoin de parure. La parure ne lui sied pas bien. Les fleurs sont la parure d' un jardin. Il y avait à ce bal de fort jolies femmes et des parures très-élégantes.

Il s' emploie quelquefois figurément, au sens moral. La modestie est la plus belle parure d' une jeune fille. Dans ce genre d' écrits, une élégante simplicité est la véritable parure du style.

Parure de diamants, parure de rubis, etc., Garniture de diamants, de rubis, pour servir de parure. Elle a une parure de diamants complète. Elle a plusieurs parures de pierres fines.

PARURE

PARURE signifie aussi, Ressemblance, convenance entre deux ou plusieurs choses. Chevaux de même parure, Chevaux de même taille, de même poil. Meubles de même parure, Meubles de même étoffe, de même ouvrage.

Fig., Tout est de même parure, se dit en parlant D' un homme, d' un ouvrage dans lequel tout se ressemble, tout est d' accord. Son caractère, sa conduite, sa manière d' être, tout est en lui de même parure. Le sujet, les pensées, le style, tout dans cet ouvrage est de même parure. Il est peu usité, et ne se dit guère qu' en mauvaise part.

PARURE

PARURE dans plusieurs Arts, signifie, Ce qui a été retranché avec un outil. La parure du pied d' un cheval, La corne que le maréchal en a ôtée avant de le ferrer. La parure d' une peau de veau, Ce que le relieur en détache avec le couteau, avant de l' employer à couvrir un livre. Faire de la colle forte avec des parures.

PARVENIR. v. n.

PARVENIR. v. n. Arriver à un terme qu' on s' est proposé, y arriver avec difficulté. Après une longue route, ils parvinrent au pied des Alpes. Il ne put jamais parvenir au haut de la montagne. Il était environné de tant de monde, que je ne pus parvenir jusqu' à lui.

Il se dit aussi Des choses; et alors il signifie seulement, Arriver. Son nom est parvenu aux oreilles du roi. J' espère que ma lettre parviendra jusqu' à lui. Ce bruit n' est pas parvenu jusqu' à moi.

Il s' emploie figurément, au sens moral. Il est difficile de parvenir à la perfection chrétienne. Il est impossible de parvenir à la connaissance de tous les secrets de la nature. Parvenir à une charge, à une dignité, à un emploi. Parvenir aux honneurs par les bonnes voies, par les degrés ordinaires. Parvenir à un haut degré de fortune. Parvenir au trône, au pouvoir, à l' empire. Il est parvenu à un grand âge, à une extrême vieillesse. Il n' a jamais pu parvenir à être riche. Je n' ai jamais pu parvenir à le persuader. Je suis parvenu à le décider.

PARVENIR

PARVENIR s' emploie aussi absolument, et signifie, S' élever en dignité, faire fortune. C' est un homme qui ne peut pas manquer de parvenir. Il veut parvenir, à quelque prix que ce soit. Il y a tant de gens qui parviennent par de mauvaises voies. Il n' y a pas de meilleur moyen de parvenir, pour parvenir, que...

PARVENU, UE. participe

PARVENU, UE. participe Il s' emploie substantivement en parlant d' Un homme qui, né dans un état très-obscur, a fait une grande fortune, est arrivé aux emplois, aux honneurs. Il ne se dit guère qu' en mauvaise part. C' est un parvenu, un nouveau parvenu. Il a toute l' insolence d' un parvenu.

PARVIS. s. m.

PARVIS. s. m. Place devant la grande porte d' une église, et principalement d' une église cathédrale. Le parvis de Notre-Dame, et plus ordinairement, Le parvis Notre-Dame.

PARVIS

PARVIS en parlant De l' ancien temple de Jérusalem, signifie, L' espace qui était autour du tabernacle.

PARVIS

PARVIS au pluriel, se dit poétiquement pour Vestibule, enceinte. Les sacrés parvis. Les célestes parvis, Le ciel.

PAS. s. m.

PAS. s. m. Le mouvement que fait une personne ou un animal en mettant un pied devant l' autre pour marcher. Le pas d' un homme. Le pas d' un enfant. Le pas d' un cheval. Petit pas. Grand pas. Faire un pas. Il s' arrêtait à chaque pas. À tous les pas qu' il faisait. Il marchait à petits pas, à grands pas, à pas lents. Hâter, presser, précipiter, ralentir, allonger le pas, son pas, ses pas. Doubler, forcer le pas. Régler son pas. Il faut s' accommoder au pas, se régler sur le pas du plus faible. Je m' en allais mon petit pas. Nous irons bon pas. Marcher d' un pas léger, d' un pas rapide, d' un pas chancelant. Assurer ses pas. Où portez-vous vos pas? Où s' adressent vos pas? De quel côté tournez-vous vos pas? Guider, diriger, accompagner, suivre les pas de quelqu' un. Marcher sur les pas de quelqu' un. On dit aussi, Faire un pas, faire des pas en arrière.

Retourner sur ses pas, Retourner au lieu d' où l' on vient.

Fig., Suivre les pas de quelqu' un, marcher sur les pas de quelqu' un, L' imiter, le prendre pour modèle.

Fig., S' attacher, être attaché aux pas de quelqu' un, Le suivre partout.

Prov. et fig., Vous devriez baiser la trace de ses pas, chacun de ses pas, Il vous a rendu de très-grands services, vous lui devez beaucoup de reconnaissance.

Prov. et fig., Il n' y a que le premier pas qui coûte, En toute affaire, ce qu' il y a de plus difficile est de commencer; ou bien, Quand on a fait une première faute, on en commet d' autres plus aisément.

Prov. et fig., Tout dépend du premier pas, Le succès d' une affaire dépend ordinairement de la manière dont elle a été commencée, entamée.

Fig., En être au premier pas, N' être pas plus avancé dans une affaire, que si on venait de la commencer. Voilà déjà six mois d' écoulés, et nous n' en sommes encore qu' au premier pas.

Fig., Faire les premiers pas, Faire les avances, les premières démarches, les premières propositions pour une affaire, pour une réconciliation. Il était l' offenseur, il devait faire les premiers pas.

Fig. et pop., Faire aller quelqu' un plus vite que le pas, Lui donner de l' exercice en lui suscitant des affaires, des embarras.

Fig., Faire des pas, de grands pas, Faire des progrès. Faire de grands pas dans la carrière des sciences. Il a fait faire de grands pas à la science. Voilà déjà un pas de fait, un grand pas de fait vers le bien.

Faire un faux pas, Glisser ou chanceler en marchant, faute d' avoir bien assuré son pied.

Fig. et fam., Faire un faux pas, Faire quelque faute dans sa conduite, dans une affaire. Je ne lui ai jamais vu faire un faux pas. Il a fait beaucoup de faux pas, bien des faux pas dans sa vie. Gardez-vous de faire un faux pas.

Fig. et fam., Pas de clerc, Faute commise par imprudence dans une affaire. Il a fait un pas de clerc qui a ruiné son affaire. Il fait souvent des pas de clerc.

Fig., Marcher à pas comptés, Marcher avec une extrême lenteur.

Fig. et fam., Aller à pas de tortue dans le chemin de la fortune, dans une affaire, N' y avancer que lentement.

Fig., Aller à pas mesurés, Procéder dans une affaire avec beaucoup de circonspection.

Prov., Aller à pas de loup, Marcher si doucement qu' on ne soit point entendu, dans le dessein de surprendre ou de tromper quelqu' un.

Fig., Aller à grands pas aux dignités, aux honneurs, Franchir avec rapidité les degrés qui conduisent aux dignités, aux honneurs, être sur le point d' y parvenir.

Fig., Aller à pas de géant dans une entreprise, dans le chemin de la fortune, Y faire de grands progrès en peu de temps.

PAS

PAS en termes de Danse, se dit Des différentes manières de conduire ses pas en marchant, en sautant ou en pirouettant. Pas grave. Pas battu. Pas coupé. Pas glissé. Pas chassé. Pas marché. Pas de basque. Pas de menuet, de gavotte, de valse, etc.

Un pas de deux, un pas de trois, Une entrée de ballet dansée par deux ou par trois personnes.

PAS

PAS en termes d' Art militaire, se dit Des différentes manières de marcher qui ont été réglées pour les troupes. Pas ordinaire. Pas accéléré. Pas redoublé. Pas cadencé. Pas de route. Pas direct. Pas oblique. Pas de charge. Nos soldats ont emporté cette redoute au pas de charge. Il a mis, il a remis sa troupe au pas. Marcher au pas. Prendre le pas. Perdre le pas. N' être plus au pas.

Changer de pas, Quitter un pas pour en prendre un autre; et, Changer le pas, Rapporter le pied qui est derrière à côté de celui qui est devant, pour repartir de ce dernier pied.

Marquer le pas, Simuler le pas, en rapportant les talons à côté l' un de l' autre, sans avancer, et en observant la cadence du pas.

Fig. et fam., Mettre quelqu' un au pas, Le mettre à la raison, l' obliger à faire son devoir.

PAS

PAS en termes de Manége, L' une des allures naturelles du cheval. Ce cheval va bien le pas. Il n' a point de pas. Il a bon pas, un grand pas. Il a le pas rude, le pas fort doux. Mettre, remettre un cheval au pas. Mener un cheval au pas, au grand pas, au petit pas.

Ce cheval a le pas relevé, Quand il marche, il relève bien les jambes de devant.

Cheval de pas, Cheval qui va un grand pas, et fort à l' aise.

PAS

PAS se dit aussi Des allées et venues, des démarches que l' on fait pour quelque affaire, et des peines qu' on prend pour y réussir. Il a bien fait des pas pour son ami, pour ce mariage, pour obtenir cette place. Cela lui a coûté bien des pas, bien des pas inutiles. Il n' a pas ménagé, épargné ses pas dans cette circonstance. Je vous conseille de ne pas songer à cette affaire, vous y perdriez vos pas.

Je ne ferai pas un pas, un pas de plus, Je ne ferai aucune démarche, je ne ferai pas une démarche de plus pour cette affaire.

Regretter ses pas, Regretter les peines que l' on s' est données.

Plaindre ses pas, Ne pas aimer à prendre de la peine pour autrui. C' est un homme qui plaint ses pas, on n' en peut tirer aucun bon office. Il n' est pas homme à plaindre ses pas, dès qu' il s' agit d' obliger.

PAS

PAS signifie aussi, Le vestige, la marque qu' imprime, que laisse le pied d' une personne ou d' un animal, en marchant. En voyant des pas d' homme sur le sable du rivage, il connut que l' île était habitée. Ce n' est pas là le pas d' un homme, c' est celui d' une femme, d' un enfant. Il distingue fort bien le pas d' un cheval de celui d' un mulet.

Fig. et fam., Cela ne se trouve pas dans le pas d' un cheval, se dit D' une chose difficile à trouver, et principalement d' une somme considérable.

Pas-d' âne, ou Tussilage, Plante médicinale qui croît dans les lieux humides, et dont la fleur est jaune. Le pas-d' âne est particulièrement bon contre la toux.

Pas-d' âne, se dit aussi d' Une sorte de mors de cheval. C' est un mors à pas-d' âne. Ce cheval a la bouche forte, il lui faut un pas-d' âne.

Pas-d' âne, se dit encore d' Un instrument avec lequel les maréchaux tiennent la bouche d' un cheval ouverte, pour la considérer intérieurement. Voyez s' il a des surdents, prenez le pas-d' âne.

PAS

PAS se dit aussi de L' espace qui se trouve d' un pied à l' autre, quand on marche. Il y a tant de pas à la lieue française. La longueur, la distance de cent pas. Ce pistolet, ce fusil porte tant de pas, porte à tant de pas. Il y a des bornes de mille en mille pas. Avancer, reculer, s' éloigner d' un pas. Mesurer au pas.

Pas géométrique, Mesure précise de terrain, qui est longue de cinq pieds, ou un mètre soixante-deux centimètres. Il est peu usité.

Il ne veut pas s' éloigner, reculer, avancer d' un pas, Il ne veut pas s' éloigner, reculer, avancer du tout, il veut rester où il est. Il ne faut pas le quitter d' un pas, d' un seul pas, Il ne faut pas le quitter du tout, il faut toujours être avec lui.

Par exagér., Il n' y a qu' un pas, Il n' y a que très-peu de chemin à faire, qu' une très-courte distance à parcourir. Il n' y a qu' un pas d' ici chez moi. On dit dans le même sens, Il demeure à deux pas, à trois, à quatre pas d' ici.

Il n' y a qu' un pas, se dit figurément, au sens moral. Il n' y a qu' un pas de la vie à la mort; du plaisir à la douleur.

PAS

PAS signifie encore, figurément, Préséance, droit de marcher le premier. Le parlement avait le pas sur les autres compagnies. Il lui a cédé le pas. Il a pris le pas devant lui, sur lui. Disputer le pas à quelqu' un.

PAS

PAS signifie en outre, Passage étroit et difficile dans une vallée, dans une montagne. Le pas de Suse. Garder le pas. Défendre le pas. Le pas des Thermopyles.

Le pas de Calais, Le détroit entre Calais et Douvres.

Un mauvais pas, Un endroit par où il est difficile ou dangereux de passer, comme un bourbier, un précipice. Il y a là un mauvais pas.

Fig., Se tirer d' un mauvais pas, d' un pas difficile, Se tirer d' une affaire difficile, embarrassante.

Fig., C' est un pas glissant, C' est une occasion où il est difficile de se bien conduire.

Fig. et pop., Il a passé le pas, Il est mort. Il se dit plus ordinairement De ceux qui ont été exécutés par l' ordre de la justice.

Fig. et fam., Il lui a fallu passer le pas, se dit D' une personne qu' on a forcée à faire quelque chose.

Fig. et fam., Franchir le pas, Se décider à faire une chose, après avoir longtemps hésité. Il a balancé longtemps à se marier, mais enfin il a franchi le pas. On dit dans le même sens, Sauter le pas.

PAS

PAS signifie aussi, Seuil. Il est sur le pas de la porte.

Il se dit même quelquefois Des marches qui sont au devant d' une entrée. Prenez garde, il y a ici un pas. Il y a quatre pas à monter à ce perron.

Pas d' une vis, pas de vis, L' espace compris entre deux filets d' une vis. Plus le pas de la vis est petit, plus la vis augmente de force.

En Horlogerie, Pas d' une fusée, Chacun des tours de l' espèce de rainure en spirale qui est taillée autour de la fusée. La fusée d' une montre a ordinairement cinq ou six pas.

PAS À PAS. loc. adv.

PAS À PAS. loc. adv. Un pas après l' autre, et doucement. Aller pas à pas.

Prov., Pas à pas on va bien loin, Quand on va toujours, on ne laisse pas d' avancer beaucoup, quoiqu' on aille lentement. Il se dit au propre et au figuré.

DE CE PAS, TOUT DE CE PAS. loc. adverbiales

DE CE PAS, TOUT DE CE PAS. loc. adverbiales À l' heure même, à l' heure même où je vous parle. J' y vais de ce pas. Allez-y tout de ce pas.

PAS. Adverbe de négation

PAS. Adverbe de négation qui est toujours précédé ou censé précédé de l' une des négatives Ne ou Non. Point, nullement. Je ne le veux pas. N' y allez pas. Je n' entends pas cela. Il m' est indifférent d' écrire ou de ne pas écrire, d' écrire ou de n' écrire pas. Il est trop fier, pour ne pas dire impertinent. Nous ne le verrons pas, que l' hiver ne soit venu. Je n' en parlerai pas, que vous ne m' en ayez donné la permission. Il n' ira pas, à moins qu' on ne l' y force. Depuis trente ans je ne l' ai pas vu. Il ne mange pas depuis un mois. Il y a un mois qu' il ne mange pas. Il ne me l' a pas dit. Il n' est pas venu. Vous n' êtes pas sage. Il faut se conduire par la raison, et non pas par fantaisie. Il se déclara contre lui; non pas qu' il fût son ennemi, mais... Dans ces deux derniers exemples on peut supprimer Pas. Avez-vous de l' argent? Pas trop, pas beaucoup: on dit quelquefois, Point trop; on ne dit jamais, Point beaucoup. Voyez la différence de Pas et de Point au mot NE.

PAS

PAS joint avec le mot Un, une, signifie, Nul, nulle, aucun, aucune. Pas un ne le dit. Pas un ne le croit. Il n' y a pas un homme qui ose dire cela. Il n' y a pas un seul homme, pas une seule personne qui... Il n' y avait pas une âme. Pas une expérience ne lui a réussi.

Pour les autres emplois de l' adverbe Pas, voyez NE.

PASCAL, ALE. adj.

PASCAL, ALE. adj. Qui appartient à la pâque des Juifs, ou à la fête de Pâques des chrétiens. Les Juifs mangeaient l' agneau pascal, debout, les reins ceints, et un bâton à la main. Cierge pascal. Devoir pascal. Communion pascale. Lune pascale. Le pluriel masculin Pascaux n' est point usité.

PASIGRAPHIE. s. f.

PASIGRAPHIE. s. f. Écriture universelle.

PASQUIN. s. m.

PASQUIN. s. m. Nom moderne d' une vieille statue mutilée, qui est à Rome, et à laquelle on a coutume d' attacher de petits écrits satiriques. On désigne quelquefois par ce nom, Un méchant diseur de bons mots, un satirique dans le genre bas et bouffon. Cet homme est un Pasquin, n' est qu' un Pasquin.

PASQUINADE. s. f.

PASQUINADE. s. f. Il se dit Des placards satiriques qu' on attache à la statue de Pasquin à Rome; et, par extension, Des railleries bouffonnes et triviales. Faire des pasquinades. Un faiseur de pasquinades.

PASSABLE. adj. des deux genres

PASSABLE. adj. des deux genres Qui peut être admis, comme n' étant pas mauvais dans son espèce. Ce vin n' est pas excellent, mais il est passable. Cette femme n' est pas si laide que vous disiez, elle est passable. Cet acteur est passable. Ces vers sont passables.

PASSABLEMENT. adv.

PASSABLEMENT. adv. D' une manière supportable, de telle sorte qu' on peut s' en contenter. Du vin passablement bon. Il s' est acquitté passablement, passablement bien de cette commission, de ce message, de ce rôle.

PASSACAILLE. s. f.

PASSACAILLE. s. f. Espèce de chaconne d' un mouvement plus lent que la chaconne ordinaire. Une belle passacaille. On ne compose plus de passacailles.

Il se dit aussi de L' espèce de danse qu' on exécutait sur l' air d' une passacaille. Il y a longtemps qu' on ne danse plus de passacailles.

PASSADE. s. f.

PASSADE. s. f. Passage d' un homme dans un lieu où il fait peu de séjour. Il n' a pas séjourné là, il n' y a fait qu' une passade. Ce gîte serait mauvais pour un long séjour, mais il est assez bon pour une passade.

Prov., Cela est bon pour une passade, Cela est bon pour une fois, mais à la charge de n' y plus retourner.

PASSADE

PASSADE dans le langage de la galanterie, Commerce avec une femme qu' on quitte aussitôt après qu' on l' a possédée. Avoir une passade, quelques passades.

PASSADE

PASSADE signifie aussi, Aumône demandée par des gens qui ne font que passer, et qui n' ont pas coutume de mendier. Il y avait sur le chemin beaucoup de soldats qui demandaient la passade. Donner la passade à un pauvre soldat. Il a vieilli en ce sens.

PASSADE

PASSADE en termes de Manége, La course d' un cheval qu' on fait passer et repasser plusieurs fois sur une même longueur de terrain. Il fit faire plusieurs passades à son cheval.

PASSAGE. s. m.

PASSAGE. s. m. Action de passer. Il se dit activement De la personne qui passe, et passivement Du lieu qui est traversé, par lequel on passe. Le passage de l' armée. Le passage des troupes. Le passage de la mer Rouge. Le passage de la rivière. Le passage des Alpes. Cette ville est trop sujette au passage des gens de guerre. Le passage du pont est interdit pendant les grosses eaux.

Fam., Cette route, cette ville est d' un grand passage, Cette route est parcourue, cette ville est traversée par un grand nombre de personnes.

PASSAGE

PASSAGE se dit particulièrement en parlant Des oiseaux et des poissons qui changent de lieu dans certaines saisons. Le passage des ramiers, des cailles, des bécasses, etc. Le passage des harengs, des maquereaux, des morues, etc.

Oiseaux de passage, Les oiseaux qui en certaine saison passent d' un pays dans un autre. Les hirondelles, les cailles sont des oiseaux de passage.

Fig. et fam., C' est un oiseau de passage, se dit D' une personne qui n' est en quelque lieu que pour peu de temps.

PASSAGE

PASSAGE signifie quelquefois, Le moment de passer. Son passage fut court. J' attendrai, j' observerai son passage. On guetta son passage.

PASSAGE

PASSAGE signifie aussi figurément, Transition. Le passage de cette idée à celle qui la suit est trop brusque, n' est pas bien ménagé. Le passage du jour à la nuit. Le passage d' une teinte à une autre, dans un tableau. Passages d' ombre. Le passage d' un ton, d' un mode à un autre, dans un morceau de musique.

Il signifie particulièrement, au sens moral, Changement d' une situation, d' une disposition d' âme en une autre. Le passage d' une vie mondaine à une vie chrétienne est rare et difficile. Qui aurait pu s' attendre à un passage si subit de la plus violente colère à la plus parfaite modération? Le passage d' un amour violent à une haine implacable n' est pas chose très-rare.

Fig., La vie n' est qu' un passage, Elle est courte.

PASSAGE

PASSAGE signifie aussi, Le lieu par où l' on passe. Il l' attendit au passage. Il passe bien du monde par là, c' est un grand passage. Pourquoi voulez-vous passer dans ce champ? ce n' est pas un passage. Ôtez-vous du passage, de mon passage. Se saisir, s' emparer des passages. Garder les passages. Il a donné, livré passage par son pays. Boucher, fermer le passage. Défendre le passage. Le passage est embarrassé. Le passage est ouvert. Avoir droit de passage en quelque endroit. Se faire, s' ouvrir, se frayer un passage. Occuper, disputer, tenter un passage. Sa chambre communique à son cabinet par un petit passage. Cette galerie sert de passage. Ce passage est bien étroit. Un boulet de canon, un torrent qui se fait passage.

Il se dit particulièrement, à Paris et dans quelques autres grandes villes, de Certaines issues ordinairement couvertes, où ne passent que les piétons, et qui servent comme de dégagement aux rues voisines. Le passage de l' Opéra. Ce passage est éclairé au gaz. Construire un passage. Un passage pavé de dalles et couvert d' un vitrage. La plupart des passages sont fermés de portes ou de grilles pendant la nuit.

PASSAGE

PASSAGE en termes de Jurisprudence, signifie, Droit général ou particulier de passer sur la propriété d' autrui, par prescription ou par convention. Passage de souffrance, de servitude. Il doit un passage par son parc. Il est sujet au passage. J' ai acheté, on m' a vendu le passage. Ôter, retirer, racheter le passage.

Il se dit encore d' Un voyage au delà des mers, soit en allant, soit en revenant; et de La somme qu' on paye pour faire transporter par mer sa personne, ses effets, sa pacotille. J' ai payé mon passage sur le bateau à vapeur. Le passage de sa famille en Amérique lui a coûté fort cher. Nous avons eu un beau temps pendant notre passage.

Il se dit également Du droit qu' on paye pour traverser une rivière dans un bac ou dans un bateau, pour passer sous un pont, sur un pont, par une écluse, etc. Payez le passage, votre passage. Ce passage de pont appartient à la ville, qui l' afferme fort cher.

Droit de passage, La somme que payaient, au profit de l' ordre, ceux qui, sortis d' un ordre religieux, étaient reçus dans celui de Malte, ou dans quelques autres ordres religieux et militaires.

PASSAGE

PASSAGE signifie aussi figurément, Certain endroit d' un auteur, d' un ouvrage, que l' on cite, que l' on allègue, que l' on indique. Il y a dans ce livre un beau passage, un passage bien remarquable. Un passage formel. Passage obscur, difficile. Citer, rapporter, commenter, expliquer un passage. Passage de l' Écriture, de saint Augustin, de Cicéron, etc. Il a mis les passages en marge. Concilier des passages qui paraissent opposés. Cet auteur cite trop de passages. Son écrit est chargé de passages grecs et latins.

PASSAGE

PASSAGE en termes de Musique, Ornement qu' on ajoute à un trait de chant. Faire un beau passage, des passages. Il y a bien des passages dans cet air. Ce chanteur fait trop de passages. Exécuter un passage.

PASSAGE

PASSAGE en termes d' Astronomie, Le moment où un astre est interposé entre l' oeil d' un observateur et d' autres corps fixes ou mobiles auxquels il rapporte sa position. Observer le passage d' une étoile aux fils du micromètre. Observer le passage de Vénus sur le disque du soleil. Instrument des passages.

PASSAGE

PASSAGE en termes de Manége, Action mesurée et cadencée du cheval dans son allure, qui dès lors est ou doit être soutenue. Le passage qui tient du trot est plus brillant et plus sonore que le passage qui tient du pas.

PASSAGER. v. a.

PASSAGER. v. a. T. de Manége. Passager un cheval, Le conduire et le tenir dans l' action du passage.

Il se dit neutralement Du cheval qui est dans cette action. Ce cheval passage bien.

PASSAGÉ, ÉE. participe

PASSAGÉ, ÉE. participe

PASSAGER, ÈRE. adj.

PASSAGER, ÈRE. adj. Qui ne s' arrête point dans un lieu, qui ne fait que passer. Cet aubergiste n' a guère que des hôtes passagers. Les grues sont des oiseaux passagers. Les maquereaux sont des poissons passagers.

Il signifie figurément, Qui est de peu de durée. Un goût passager. Un succès passager. La beauté est passagère. Les plaisirs de ce monde sont passagers. Ce n' est qu' une douleur passagère. Fleurs passagères.

PASSAGER, ÈRE. s.

PASSAGER, ÈRE. s. Celui, celle qui s' embarque sur un bâtiment pour ne faire que passer en quelque lieu. Il y avait sur ce bâtiment cent soldats et vingt passagers.

Il signifie aussi, Celui, celle qui ne fait que passer dans un lieu, qui n' y a point de demeure fixe. Je ne fais pas ma demeure ici, je n' y suis que passager. Elle n' y est que passagère. Les hommes ne sont que passagers sur la terre. J' ai acheté cela d' un passager. Je l' ai ouï dire à des passagers. Dans cet deux dernières phrases, il vieillit.

PASSAGÈREMENT. adv.

PASSAGÈREMENT. adv. En passant, pour peu de temps. Je ne suis ici que passagèrement.

PASSANT, ANTE. adj.

PASSANT, ANTE. adj. Il n' est usité que dans ces locutions, Chemin passant, rue passante, Chemin, rue par lesquels il passe beaucoup de monde. Chemin passant, se dit aussi d' Un chemin public où tout le monde a droit de passer.

PASSANT. s. m.

PASSANT. s. m. Celui qui passe par une rue, par un chemin, etc. Un passant. Il fait chez lui un bruit à rassembler, à amasser les passants. Il vend du vin aux passants. Un voleur qui dévalise les passants. Demandez au premier passant. On l' a souvent employé dans les épitaphes: Arrête, passant, Arrête, toi qui passes ici.

PASSATION. s. f.

PASSATION. s. f. T. de Pratique. Action de passer un contrat. Assister à la passation d' un contrat, d' un acte.

PASSAVANT. s. m.

PASSAVANT. s. m. T. de Marine. Passage établi de chaque côté d' un grand vaisseau de guerre, pour servir de communication entre les deux gaillards.

PASSAVANT. s. m.

PASSAVANT. s. m. T. de Douanes et de Contributions indirectes. Acte, billet qui autorise à transporter d' un lieu à un autre une quantité de denrées ou marchandises, de moindre valeur que celles qui sont assujetties à l' acquit à caution. Se faire délivrer un passavant. Le passavant doit être représenté aux préposés, sur la route, toutes les fois qu' ils le requièrent.

PASSE. s. f.

PASSE. s. f. La petite somme qu' il faut ajouter à des pièces de monnaie, pour achever un compte. Vous me devez soixante-deux francs, et vous ne me donnez que trois pièces de vingt francs: il me faut encore deux francs pour la passe.

Il se dit plus ordinairement de La petite somme qui ramène à leur valeur primitive les pièces de monnaie que le gouvernement a réduites à leur valeur intrinsèque. Voilà un écu de six francs et vingt centimes pour la passe, un petit écu et vingt-cinq centimes pour la passe, un louis d' or et quarante-cinq centimes de passe, etc.

La passe du sac, Ce qu' on paye pour le prix du sac où est renfermée la somme qu' on reçoit. J' ai donné quinze centimes pour la passe du sac. La passe du sac est de quelque profit pour le payeur.

PASSE

PASSE dans certains Jeux de commerce La mise que chacun doit faire de quelques jetons ou fiches, à chaque nouveau coup. Mettez votre passe. On a oublié la passe. Gagner la passe. La passe est double.

En termes d' Impr., Main de passe, ou Chaperon, Main de papier qu' on délivre à l' ouvrier imprimeur en sus de chaque rame, pour servir à la mise en train, et pour suppléer aux feuilles qui seraient gâtées ou qui manqueraient dans la rame. La main de passe a produit douze exemplaires de plus que les cinq cents exemplaires demandés.

PASSE

PASSE en termes d' Escrime, L' action par laquelle on avance sur l' adversaire, en faisant passer le pied gauche devant le pied droit. Faire une passe sur quelqu' un. Faire une passe au collet.

PASSE

PASSE en termes de Danse, Mouvement du corps particulier à quelques figures.

PASSE

PASSE au Jeu de billard et au Jeu du mail, La petite arcade de fer, par laquelle il faut que la bille ou la boule passe, selon les règles du jeu. Cette passe est trop large, trop étroite. La passe est faussée. Jouer à la passe. Il n' y a presque plus de billards qui aient une passe.

Au Jeu du mail, Être en passe, se mettre en passe, venir en passe, Être, se mettre, venir vis-à-vis de la passe. Il joue bien au mail; dès le second, dès le troisième coup, il vient en passe.

Au Jeu de billard, Être en passe, venir en passe, etc., Être dans un lieu du billard, d' où l' on peut sans bricole, et en traversant la passe, toucher la bille opposée.

Fig. et fam., Être en passe d' avoir quelque emploi, quelque charge, etc., Être dans une position favorable pour l' obtenir. Il est en passe d' être, de devenir officier. Cet homme est en belle passe, dans une belle passe.

PASSE

PASSE en termes de Marine, Sorte de canal de mer entre deux bancs, par où les bâtiments peuvent passer sans échouer. On peut entrer dans ce port par deux passes. Ce pilote connaît bien les passes.

Lettres de passe, Lettres accordées pour passer d' un emploi à un autre.

PASSE

PASSE se dit encore de La partie d' un chapeau de femme, qui est attachée à la forme, et qui abrite le visage.

PASSE-CARREAU. s. m.

PASSE-CARREAU. s. m. Morceau de bois long sur lequel les tailleurs passent les coutures au fer.

PASSE-CHEVAL. s. m.

PASSE-CHEVAL. s. m. Espèce de petit bac destiné à passer un cheval d' un bord de la rivière à l' autre.

PASSE-DEBOUT. s. m.

PASSE-DEBOUT. s. m. T. de Finances. Permission donnée à un négociant ou à un voiturier, de faire entrer, sans payer l' octroi, des marchandises dans une ville, où elles ne pourront être vendues, ni même déchargées, et qu' elles ne feront que traverser pour être conduites à leur destination.

PASSE-DIX. s. m.

PASSE-DIX. s. m. Sorte de jeu qui se joue avec trois dés, et dans lequel un des joueurs parie amener plus de dix.

PASSE-DROIT. s. m.

PASSE-DROIT. s. m. Grâce qu' on accorde à quelqu' un contre le droit et contre l' usage ordinaire, sans tirer à conséquence. On l' a reçu docteur sans l' examiner, c' est un passe-droit qu' on a fait en sa faveur.

Il signifie plus ordinairement, Injustice qu' on fait à quelqu' un, en lui préférant, pour un grade, pour un emploi, pour une récompense, une personne qui a moins de titres que lui par l' ancienneté ou par les services. On lui a fait un passe-droit en donnant le brevet de colonel à un de ses cadets. Il a essuyé, éprouvé bien des passe-droits.

PASSÉE. s. f.

PASSÉE. s. f. T. de Chasse. Le moment du soir où les bécasses se lèvent du bois pour aller dans la campagne. Tuer, prendre des bécasses à la passée. Voici bientôt l' heure de la passée.

PASSE-FLEUR. s. f.

PASSE-FLEUR. s. f. Sorte de plante et de fleur, qu' ordinairement on appelle Anémone.

PASSÉGER. v. n.

PASSÉGER. v. n. T. de Manége. Voyez PASSAGER.

PASSEMENT. s. m.

PASSEMENT. s. m. Tissu plat et un peu large, de fil d' or, de soie, de laine, etc., qu' on met pour ornement sur des habits, sur des meubles. Passement d' or, d' argent, de soie, etc.

PASSEMENTER. v. a.

PASSEMENTER. v. a. Chamarrer de passements. Passementer un habit.

PASSEMENTÉ, ÉE. participe

PASSEMENTÉ, ÉE. participe

PASSEMENTERIE. s. f.

PASSEMENTERIE. s. f. Art et commerce du passementier.

PASSEMENTIER, IÈRE. s.

PASSEMENTIER, IÈRE. s. Celui, celle qui fait, qui vend des passements d' or, d' argent, de soie, etc.

PASSE-MÉTEIL. s. m.

PASSE-MÉTEIL. s. m. Blé où il y a deux tiers de froment sur un tiers de seigle.

PASSE-PAROLE. s. m.

PASSE-PAROLE. s. m. T. de Guerre. Commandement donné à la tête d' une troupe, et qu' on fait passer de bouche en bouche jusqu' à la queue.

PASSE-PARTOUT. s. m.

PASSE-PARTOUT. s. m. Clef faite de façon qu' elle puisse ouvrir plusieurs serrures différentes dans un même appartement, dans une même maison. Les supérieurs des communautés avaient des passe-partout pour ouvrir toutes les portes.

Il se dit aussi Des clefs qui, étant pareilles, servent à plusieurs personnes pour ouvrir une même porte. Chacun des locataires de cette maison a un passe-partout pour ouvrir la porte de l' allée.

Fig. et prov., L' argent est un bon passe-partout, L' argent donne entrée partout.

PASSE-PARTOUT

PASSE-PARTOUT en termes de Gravure, Planche gravée dans laquelle on a réservé une ouverture pour y placer une autre planche gravée exprès, à laquelle la première sert de bordure et d' ornement.

PASSE-PARTOUT

PASSE-PARTOUT en termes de Dessinateur, Cadre avec glace, dont le fond s' ouvre à volonté, pour recevoir les différents dessins qu' on voudra successivement y placer.

Il se dit aussi d' Un encadrement de papier, orné de filets et de teintes variées, dans lequel on place un dessin.

PASSE-PARTOUT

PASSE-PARTOUT en termes d' Imprimerie, Ornement de bois ou de fonte, dont le milieu est percé, et peut recevoir telle lettre qu' on veut y placer.

PASSE-PASSE. s. m.

PASSE-PASSE. s. m. Il n' est usité que dans cette locution, Tours de passe-passe, Tours d' adresse, de subtilité, que font les joueurs de gobelets, les charlatans. Voilà un beau tour de passe-passe. Faire des tours de passe-passe.

Fig. et fam., Faire des tours de passe-passe, Tromper, fourber adroitement.

PASSE-PIED. s. m.

PASSE-PIED. s. m. Espèce de danse sur un air à trois temps, dont le mouvement est fort vite. Danser le passe-pied.

Il se dit aussi de L' air sur lequel on danse le passe-pied. Jouer un passe-pied.

PASSE-PIERRE. s. f.

PASSE-PIERRE. s. f. Plante qui croît naturellement sur les bords de la mer, et qui sort des fentes des rochers. On la nomme aussi Bacile, Perce-pierre, et Fenouil marin.

PASSE-POIL. s. m.

PASSE-POIL. s. m. Liséré de soie, de drap, etc., qui borde certaines parties d' un habit, d' un gilet, etc., ou qui règne le long d' une couture: il est formé d' une bande étroite d' étoffe qu' on met entre les deux parties d' une couture, ou entre le dessus et la doublure, de manière qu' elle dépasse un peu l' un et l' autre. Des revers bleus avec un passe-poil rouge. Les passe-poils servent à distinguer les différents corps de troupes. Mettre un passe-poil à la couture d' un pantalon.

PASSE-PORT. s. m.

PASSE-PORT. s. m. Ordre par écrit donné par les autorités compétentes, pour la liberté et la sûreté du passage des personnes, des effets, des marchandises, etc. Signer, expédier, délivrer un passe-port, des passe-ports. Faire viser un passe-port. Passeport pour voyager dans l' intérieur. Passeport pour l' étranger. Les ambassadeurs furent quelque temps à attendre leurs passeports. Le général de l' armée lui a donné un passe-port. Il obtint un passe-port pour faire passer ses effets.

Fig. et fam., Il porte son passe-port avec lui, se dit D' un honnête homme reconnu pour tel, et D' un homme dont l' extérieur agréable et décent doit le faire bien recevoir partout.

PASSE-PORT

PASSE-PORT se dit quelquefois figurément Des choses qui en font passer, qui en font supporter d' autres. L' allégorie sert de passe-port aux vérités les plus hardies. Il y a certains adoucissements qui servent comme de passe-port aux plus fortes hyperboles. La louange est un passe-port dont la vérité a souvent besoin pour être accueillie chez les grands.

PASSER. v. n.

PASSER. v. n. Aller d' un lieu, d' un endroit à un autre, traverser l' espace qui est entre-deux; ou simplement, Traverser un lieu, une chose. Passez de ce côté-ci. Il a passé le long de la muraille. Il est passé de l' autre côté de l' eau. Passer par un lieu, par un pays. Il a passé par Lyon. Il est passé en Amérique depuis tel temps. Il a passé en Amérique en tel temps. Passer dans la ville. Passer par la porte. Passer par la fenêtre. Passer sur un pont, sur une planche. Passer de France en Angleterre. Passer de l' antichambre au salon. Il en a passé bien près. L' armée a passé par ce pays-là. La procession est passée depuis une demi-heure. Le courrier passe à midi. Il n' a fait que passer. Il ne fait que passer et repasser. Il a passe comme un éclair. Il passe beaucoup de monde, beaucoup de voitures dans cette rue. Passer outre. Il résolut de passer outre, malgré tous les obstacles. Passer plus avant. Avez-vous vu passer le lièvre? Laisser passer les plus pressés. Passez devant moi, je vous suivrai. Je ne passerai qu' après vous. Ils passèrent à quatre pas de moi. Le coup lui a passé sous le bras, entre les jambes. Le boulet lui a passé bien près de la tête. La rivière passe par là, passe à travers la ville, à côté de la ville, le long des murs de la ville. La route ne passe pas loin du village. La balle du joueur a passe par-dessus le mur; elle a passé à fleur de corde. Le vent, l' air, la lumière, le jour, passent par cette fenêtre. Le vent passe dans ces tuyaux. Le sang passe des artères dans les veines. Il a reçu un coup qui lui passe tout au travers du corps. Une barre de fer qui passe dans la muraille. Faire passer quelque chose de main en main. Faire passer quelque chose sous les yeux de quelqu' un. Faire passer l' or par la filière.

Il s' emploie aussi figurément. La maladie a passé par toutes ses périodes. Passer de l' amour à la haine, de la tristesse à la joie, de l' opulence à la pauvreté, etc. Les affaires doivent passer devant les plaisirs, avant les plaisirs. Votre affaire ne passera (ne sera examinée, jugée) qu' après telle autre, ne passera que dans un mois. Il fit passer dans l' âme de ses soldats l' enthousiasme dont il était animé. Faire passer ses idées dans l' esprit, dans la tête de quelqu' un. En termes de Musique, Passer d' un ton, d' un mode à un autre, dans un autre. En termes de Tactique, Passer de l' ordre en bataille à l' ordre en colonne.

Passer debout, se dit Des marchandises qui, pour être transportées à leur destination au delà d' une ville, la traversent sans pouvoir y être vendues, ni même déchargées.

En termes de Guerre, Passez au large! Cri par lequel les sentinelles avertissent, pendant la nuit, de passer à quelque distance de l' endroit où elles sont posées.

Fam., Passer chez quelqu' un, Aller, entrer chez quelqu' un dont la demeure se trouve sur la route que l' on a prise pour se rendre quelque autre part. Je passerai chez vous ce soir en allant au spectacle. On dit aussi, Je passerai par chez vous, Par votre ville, par votre pays, etc. Lorsque je ferai le voyage d' Italie, je passerai par chez vous.

Passer à l' ennemi, Déserter et se mettre du parti ennemi. Plusieurs corps passèrent à l' ennemi.

Fig., Passer de cette vie en l' autre, passer de cette vie à une meilleure, et absolument, Passer, Mourir, expirer. Il est à l' agonie, il va passer. Je l' ai vu passer. Il a passé, il est passé. Il a passé comme une chandelle qui s' éteint.

Prov. et fig., Passer du blanc au noir, Aller d' un extrême à l' autre; changer brusquement de conduite, d' opinion, de langage.

Fig., Faire passer la parole de main en main; et, en termes de Guerre, Passe-parole. Voyez PAROLE et PASSE-PAROLE.

Passer au conseil de recrutement, Être examiné par le conseil de recrutement. Passer à un conseil de guerre, Être jugé par un conseil de guerre.

Cette compagnie, ce régiment a passé en revue, On en a fait la revue.

Fig. et fam., Cet homme a passé par l' étamine, Il a été examiné sévèrement.

Fig., Passer par de rudes épreuves, par de grandes tribulations, Avoir beaucoup à souffrir en certaines occasions. On dit familièrement, dans un sens analogue, J' ai passé par là, je sais ce qui en est.

Fig., Passer par les emplois, par les dignités, S' élever des moindres dignités aux plus grandes, et y parvenir par degrés. On dit de même, Passer par tous les grades militaires, par tous les degrés d' honneur.

Fam., Le notaire y a passé, se dit D' une chose constatée par un acte en forme.

Fig. et fam., Cela lui a passé par la tête, par l' esprit, Il lui est arrivé d' y penser, il s' en est occupé; et, Cela lui a passé de la tête, de l' esprit, Il a cessé d' y penser, il l' a oublié.

Fig., Passer par-dessus toutes sortes de considérations, N' avoir égard à rien de ce qui pourrait déterminer à faire ou à ne pas faire quelque chose. Passer par-dessus toutes les difficultés, N' être point arrêté par les difficultés.

Fig., Passer par-dessus les plus beaux endroits d' un livre, par-dessus les défauts d' un ouvrage, Ne point s' y arrêter, ne point les remarquer.

Fig., Passer sur les défauts d' une personne, d' un ouvrage, Les voir avec indulgence, ne pas les faire remarquer.

En termes d' Escrime, Passer sur quelqu' un, Avancer sur lui en portant le pied gauche devant le pied droit.

Prov. et fig., Passer sur le ventre à quelqu' un, Le renverser, parvenir malgré lui à ce qu' on veut. Nos hussards passèrent sur le ventre à l' ennemi. Il ne craint point de pareils adversaires, il leur passera sur le ventre.

Fig., Passer outre, passer plus avant, Ajouter encore à ce qu' on a dit, à ce qu' on a fait. Il ne se contenta pas de dire que.... il passa outre. Après l' avoir insulté, il passa plus avant, et le maltraita.

En termes de Procédure, Passer outre, Commencer ou continuer d' exécuter, nonobstant une opposition. Il avait commencé de bâtir en tel endroit, il lui fut défendu par arrêt de passer outre. Nonobstant les défenses à lui faites, il ne laissa pas de passer outre. Défense de passer outre à la vente du bien.

Fig. et fam., Cette affaire a passé par ses mains, Il s' en est mêlé, il en a une connaissance particulière. On dit de même: Tout lui passe par les mains. Il lui en a bien passé par les mains.

Fig., Il est fâcheux d' avoir à passer par ses mains, se dit en parlant D' un homme sévère, épineux, ou peu expéditif.

Fig. et fam., par manière de menace, C' est un homme qui passera par mes mains, C' est un homme dont j' aurai occasion de me venger.

Fig. et par plaisanterie, Passer par les mains d' un médecin, Être traité par lui. Il n' en réchappe guère de ceux qui passent par ses mains.

Fig., Passer par la main du bourreau, Être puni corporellement par ordre de justice. On dit dans le même sens: Passer par les verges, par les baguettes, par les courroies, par les armes.

Fig., Laisser passer une proposition, une parole, une action, Ne pas la reprendre, ne pas la blâmer. Quoi! vous avez laissé passer cette extravagance? Laissera-t-on passer un livre si dangereux sans le réfuter? Il ne fallait pas lui laisser passer ce mot-là. Cette faute est trop grossière, je ne saurais la laisser passer.

Fig., Laisser passer une faute, une erreur, Ne pas la remarquer, ne pas l' apercevoir. Ce prote ne corrige pas exactement, il laisse passer bien des fautes. En parcourant un ouvrage, on laisse passer des erreurs qu' une lecture plus attentive ferait apercevoir.

Fig., Il faut passer là-dessus, Il faut pardonner, oublier cette faute. On dit de même, Je veux bien, pour cette fois, passer là-dessus.

En passer par, Se résigner, se soumettre à. J' en passerai par où il vous plaira. J' en passerai par l' avis de tels et tels. Il faut qu' il en passe par là. Il faut en passer par où il lui plaît. On dit proverbialement, et à peu près dans le même sens, Il faut passer par là ou par la fenêtre.

Fig. et fam., La chose a passé à fleur de corde, Il s' en est peu fallu qu' elle ne manquât.

En termes de Palais, Cette affaire a passé à l' avis du rapporteur, Elle a été jugée suivant l' avis du rapporteur. Elle a passé contre l' avis du rapporteur, Elle a été jugée contre le sentiment du rapporteur. Elle a passé du bonnet, ou Elle a passé tout d' une voix, Tous les juges ont été du même avis. On dit aussi impersonnellement, tant en matière civile qu' en matière criminelle: À quoi passe-t-il? Quelle est la décision des juges? Il passe à tel avis, La décision des juges est telle. --- En matière criminelle, seulement: Il passe in mitiorem, L' avis le plus doux l' emporte; et, Il passe au bannissement, il passe à la mort, Il y a condamnation au bannissement, à la mort. --- Toutes ces locutions ont vieilli, surtout les dernières.

La loi a passé, La loi est portée, est rendue.

Fam., Passe, Soit, je l' accorde, j' y consens. Eh bien, passe, je le veux. Passe encore de bâtir. Passe pour cela.

Passe pour celui-là, mais n' y revenez plus; passe pour cette fois-là, mais que cela n' arrive plus, se dit Quand une personne a fait quelque chose de mal, et qu' on lui pardonne pour cette fois-là.

PASSER

PASSER se dit particulièrement en parlant Des transitions qui se font d' un point ou d' une matière à l' autre. Passons au second point. Je passe à la seconde objection. Passons à autre chose, à d' autres choses, ou absolument, Passons: ce dernier s' emploie surtout pour exprimer qu' on n' insiste point.

PASSER

PASSER se dit aussi Des choses qui changent de main, qui sont transmises de l' un à l' autre. Cette terre, cette charge passa dans telle maison par mariage. Quand la couronne de France passa de la première race à la seconde. Sa place, son emploi doit passer à son fils. Ces titres, ces manuscrits passèrent en d' autres mains, en des mains étrangères, entre les mains d' autres personnes. Souvent les vices, les maladies des pères passent à leurs enfants. Passer de bouche en bouche, de génération en génération.

Cette nouvelle a passé jusqu' à lui, Elle est arrivée, elle est parvenue jusqu' à lui.

PASSER

PASSER signifie quelquefois, en parlant Des choses, S' introduire, se glisser. Ce mot a passé dans notre langue, est passé de l' italien dans le français. Une glose qui a passé dans le texte. Ces vices passèrent des hautes classes dans le peuple, parmi le peuple.

PASSER

PASSER signifie aussi, S' écouler, ne pas demeurer dans un état permanent. Les jours, les années passent. Le temps passe et la mort vient. L' hiver est bientôt passé. Vous avez laissé passer le temps de planter. La saison est passée. La beauté passe comme une fleur. Cette couleur passe bien vite. Les plaisirs passent. Tout passe en ce monde. Son temps est passé. Ses beaux jours sont passés.

Il signifie encore, Finir, cesser. Il est en colère, mais cela passera. Cette mode passera. Les paniers des femmes ont depuis long-temps passé de mode, sont passés de mode. La fantaisie m' en est passée. J' ai désiré autrefois de faire cette acquisition, l' envie m' en est passée. La faim lui a passé. Je vous en ferai passer l' envie. Cela fait passer le mal de dents.

PASSER

PASSER signifie en outre, Suffire pendant quelque temps, durer quelque temps. Il faut que ce peu de blé nous passe l' année. Ce manteau, cet habit me passera cet hiver.

PASSER

PASSER signifie aussi, Être admis, être reçu. Il ne passera pas à l' examen, il est trop ignorant. Cette monnaie ne passe plus. Cette pièce de vingt-quatre sous ne passe plus que pour vingt sous. Cette chose a passe, est passée en proverbe, en usage, en coutume, en force de loi, en force de chose jugée.

Passer à la montre. Voyez MONTRE.

PASSER

PASSER signifie également, Être supportable. Ce vin est bon, il peut passer. Cette pièce de vers a de nombreux défauts; cependant elle peut passer. La gaieté de cette plaisanterie fit passer ce qu' elle pouvait avoir d' inconvenant.

PASSER

PASSER aux Jeux de billard et du mail, Faire passer la boule ou la bille par la passe. J' ai passé. Avez-vous passé? On dit dans le même sens qu' Une bille passe, a passé.

PASSER

PASSER au Jeu d' hombre, etc., Ne point faire jouer; au Jeu de brelan, etc., Ne point ouvrir le jeu, ou ne point tenir la vade que fait un autre joueur. Je passe, personne n' y va-t-il? Tout le monde a-t-il passé? J' ai dit passe. J' ai passé, c' est à vous à parler.

Au Jeu de piquet; Voulez-vous passer de point? ou simplement, Passe de point, Voulez-vous que réciproquement nous n' accusions pas notre point?

A différents Jeux de cartes, La carte, la main passe, Aucun des joueurs ne la coupe. La main passe, signifie aussi qu' un joueur perd sa donne.

PASSER

PASSER suivi de la préposition pour, signifie, Être réputé. Il passe pour un homme de bien. Il passe pour sage, pour un sage, pour un homme sage. Il est avare, au moins il passe pour cela. C' est un galant homme, et qui passe pour tel. S' il n' est savant, du moins il passe pour l' être. Il passe pour bon médecin, pour grand géomètre. Il passe pour avoir fait, pour avoir dit telle chose. Si j' avais fait cette faute, pour qui passerais-je dans votre esprit, pour qui passerais-je dans le monde? Cela passe pour article de foi. Cela passe pour constant. Il passe pour constant que la paix est signée.

PASSER. v. a.

PASSER. v. a. Traverser. Passer la grande cour du Louvre. Passer le pont. Passer la rivière; la passer à gué; la passer à la nage; la passer en bateau. Passer la ligne. Passer les monts. Passer une forêt. Passer le détroit. Passer la mer. Passer l' eau.

Fig. et fam., Passer son chemin, Continuer son chemin sans s' arrêter.

Passez votre chemin, laissez-nous en paix, se dit À un importun pour le renvoyer. On le dit aussi Pour exhorter quelqu' un à ne pas s' inquiéter. Passez votre chemin, sans écouter les propos.

En passant chemin, En chemin, dans le chemin. Je l' ai rencontré en passant chemin. Il est vieux.

Absol. et adverb., En passant, se dit figurément en parlant De tout ce que l' on fait avec quelque sorte de précipitation, et sans y avoir donné le temps nécessaire. Je n' ai pas eu le loisir d' examiner ce livre, je ne l' ai vu qu' en passant. Je ne lui ai parlé de votre affaire qu' en passant. On se sert encore de cette locution Lorsqu' on interrompt un discours, une conversation, pour parler succinctement de quelque chose qui se présente à l' esprit. Vous remarquerez en passant. Je vous dirai en passant. Cela soit dit en passant.

Passer le pas, Mourir. Le pauvre homme a été longtemps malade, mais enfin il a passé le pas. Il se dit surtout en parlant D' une mort forcée. Si on l' attrape une fois, il passera le pas. On dit aussi D' un homme qu' on a contraint à faire quelque chose, Il a été obligé de passer le pas, on lui a fait passer le pas.

PASSER

PASSER signifie aussi, Transporter d' un lieu à un autre. On a passé le canon dans des bateaux. Le batelier m' a passé; il m' a passé à l' autre bord.

Il signifie également, Faire passer. Passez les bras dans les manches de votre robe de chambre. Passer un ruban, un lacet dans un oeillet. Il lui a passé son épée au travers du corps. Passer son doigt dans une bague.

Passer son habit, sa robe, etc., Mettre son habit, sa robe, etc.

Prov. et fig., Passer à quelqu' un la plume par le bec, Le frustrer adroitement des espérances qu' il avait conçues.

Passer une pièce de monnaie douteuse, légère, etc., L' employer, la faire recevoir. Je passerai bien cet écu. Ces trésoriers passent beaucoup de mauvais argent. Passer des pièces fausses.

PASSER

PASSER signifie aussi, Faire couler des substances liquides au travers d' un tamis, d' un linge, etc. Passer du ratafia, de la gelée dans une chausse. Passer une décoction dans un linge. Passer un bouillon à travers une étamine.

Il se dit pareillement en parlant De certaines substances qui ne sont pas liquides. Passer de la farine au tamis, dans un tamis, au bluteau. Il suffit de passer cette farine au gros sas.

Fig. et fam., Passer une chose au gros sas, Ne l' examiner que superficiellement.

PASSER

PASSER signifie encore, Transmettre. Passez-moi ce volume. Passez cela à votre voisin.

En termes de Commerce, Passer un billet, une lettre de change à l' ordre de quelqu' un, Lui en transmettre la propriété par un endossement.

PASSER

PASSER signifie aussi, tant au sens physique qu' au sens moral, Aller au delà, excéder. La boule a passé le but. Passer les bornes, la mesure. Achetez-moi un bon cheval, mais je ne veux pas y passer cent écus. Ne passez pas ce prix-là. La dépense passe la recette. Cela passe la raillerie, le jeu. Cela passe le vraisemblable. Ceci passe la permission. La doublure passe le drap. Des bas qui ne passent point le genou. Cet arbre passe la muraille de deux pieds. Cet homme vous passe de toute la tête. Il ne faut pas que cela passe d' un cheveu. Ce rire ne passe pas les lèvres.

Absol., Qui passe perd, se dit, à certains Jeux, Lorsqu' on excède le nombre de points nécessaire pour gagner.

Il ne passera pas l' année, la journée, la nuit, etc., Il ne vivra pas jusqu' à la fin de l' année, de la journée, de la nuit, etc. Il ne passera pas l' hiver. S' il passe ce mois-ci, il en passera bien d' autres.

Fam., Que cela ne nous passe pas, Que cela demeure secret entre nous.

PASSER

PASSER signifie encore, Devancer. Ce lévrier passe tous les autres à la course. Cet enfant passera bientôt tous ses camarades dans les études.

Il signifie aussi, Surmonter en mérite, valoir mieux, de quelque manière que ce soit. S' il continue d' étudier, il passera tous les savants de son siècle. Homère et Virgile ont passé de bien loin tous les autres poëtes épiques. Elle passait toutes ses compagnes en beauté. Ils nous passaient en nombre, mais non pas en valeur. Prov., Contentement passe richesse.

Il signifie encore, Être au-dessus des forces du corps ou des facultés de l' esprit. Cela passe mes forces. Cela passe ma capacité, mon intelligence. Cela passe la portée de l' esprit humain. Cela passe l' imagination. Cela passe toute imagination.

Cela me passe, Je n' y entends rien, je ne le conçois pas. Que ces vers soient d' un tel, cela me passe.

PASSER

PASSER signifie en outre, Faire mouvoir, faire glisser une chose sur une autre. Passer sa main sur son visage, sur ses cheveux. Passer la main sur le dos, sur le ventre d' un cheval. Passer le fer sur du linge. Passer des rasoirs sur la pierre, sur le cuir, passer des couteaux sur la meule, pour les aiguiser. Passer la lime sur un ouvrage. Passer l' éponge sur une table, pour l' essuyer. Passer la plume, un trait de plume sur quelques lignes d' un écrit, pour les rayer, pour les biffer.

Fig., Ne faire que passer les yeux sur un ouvrage, sur une chose, Ne la regarder qu' à la hâte, ne l' examiner que superficiellement.

PASSER

PASSER signifie quelquefois, Exposer, soumettre à l' action de. Passer du papier au feu pour le faire sécher. Passer du linge à la calandre.

En termes de Couturière et de Tailleur, Passer des coutures au fer, Les rabattre avec un fer, avec le carreau.

Passer un soldat par les armes, Le fusiller, par jugement d' un conseil de guerre. On disait autrefois, Passer un soldat par les baguettes, par les verges, Le punir en le faisant passer au travers des rangs d' une compagnie, dont chaque soldat le frappait avec une baguette. Dans la cavalerie, on disait de même, Passer par les courroies.

Passer au fil de l' épée, Tuer en passant l' épée au travers du corps. Il ne se dit guère qu' en parlant De gens massacrés de cette manière dans une ville, dans une place de guerre qui vient d' être prise. Si on prend la ville par force, on passera tout au fil de l' épée. Tout fut passé au fil de l' épée.

Passer des troupes en revue, En faire la revue. On dit de même, Passer en revue les actions d' une personne, etc. On dit aussi, Passer une revue, Faire une revue de troupes.

Passer un examen, Le subir. Il a passé son examen d' une manière brillante. Si vous ne travaillez pas davantage, vous passerez fort mal votre examen.

PASSER

PASSER signifie aussi, Préparer, accommoder, apprêter certaines choses, comme cuirs, étoffes, etc. Il faut passer ce cuir. Cette peau a été bien passée. Passer une étoffe en couleur.

PASSER

PASSER signifie quelquefois figurément, Toucher, mentionner adroitement une chose dans le discours, sans l' approfondir, sans s' y arrêter. Il a passé cela délicatement, adroitement, légèrement.

Il signifie aussi, Omettre quelque chose, ou n' en point parler. Vous avez passé deux mots dans votre copie. Passez cet endroit, ne le lisez pas. Passer un fait sous silence. Passez cela, on le sait.

PASSER

PASSER se dit, figurément, en parlant Des actes que l' on fait par-devant notaires. Passer un contrat, une procuration, une transaction, un compromis, etc. Vous me passerez acte. Nous en passerons acte. Cela fut fait et passé par-devant notaires.

PASSER

PASSER signifie encore, Approuver, allouer. Il faut que vous me passiez encore cela. Passez-moi cet article, je vous en passerai un autre. Passer une somme en compte, dans un compte, à compte. Passer un article en dépense. On ne vous passera jamais cela.

Fig., Passer condamnation, Avouer qu' on a tort. Je passe condamnation.

Prov. et fig., Passez-moi la rhubarbe, je vous passerai le séné, se dit en parlant De deux personnes qui se font mutuellement des concessions, qui ont l' une pour l' autre des complaisances intéressées. Il ne se dit qu' en mauvaise part ou par plaisanterie.

Passer quelqu' un maître, Le recevoir à la maîtrise. Nous l' avons passé maître. On l' a passé maître. On dit aussi neutralement: Il a passé maître ès arts. Il est passé maître; et figurément, Il est maître passé, ou Il est passé maître en friponnerie, en fourberie, Il y est fort habile.

PASSER

PASSER signifie aussi, Pardonner. Je vous le passe. Passer une faute à quelqu' un. Il ne faut rien lui passer. Je lui en ai déjà bien passé. Je ne lui passerai pas celle-là. C' est un homme qui ne se passe rien.

PASSER

PASSER en parlant Du temps, signifie, Consumer, employer. Passer le temps. Passer une année, un mois, un jour, une heure. Nous avons passé l' année. Nous avons passé ce jour bien agréablement. J' ai passé la nuit sans dormir. Il a passé l' été à la campagne. Passer la nuit à danser, à jouer. Il y passe les jours et les nuits. Passer la nuit en prières. Passer sa vie dans l' oisiveté, dans les plaisirs.

Passer le temps, Se divertir. Il a bien passé le temps, passé son temps. Il passe son temps comme un roi. Cette dernière phrase est du style familier.

Fig., Passer mal son temps, le temps, Souffrir, ou être maltraité. S' il avait affaire à des gens vindicatifs, il passerait mal son temps, on lui ferait mal passer le temps.

Passer son envie d' une chose, Satisfaire le désir qu' on a de quelque chose. Il souhaitait passionnément d' avoir cette maison de campagne, enfin il en a passé son envie.

PASSER

PASSER avec le pronom personnel, signifie, S' écouler. En ce sens, il se dit proprement Du temps. Les années se passent, le temps se passe insensiblement. Voilà la belle saison qui se passe. L' occasion se passe. Presque toute notre vie se passe à former de vains désirs. Tout leur temps se passe en de frivoles occupations. Ses jours se passent dans l' oisiveté.

Prov., Il faut que jeunesse se passe, On doit avoir de l' indulgence pour les fautes que la vivacité et l' inexpérience de la jeunesse font commettre.

PASSER

PASSER avec le pronom personnel, se dit aussi Des choses qui perdent leur beauté, leur éclat, leur force, etc. Les fleurs se passent en un jour. Les couleurs vives se passent facilement. Cette femme n' est plus aussi belle, elle se passe. Ce vin n' a plus guère de force, il se passe. On dit, dans un sens analogue: Cette mode se passe. Le goût des liqueurs fortes se passe de jour en jour. Etc.

Il signifie encore, Arriver, avoir lieu. Ce qui s' est passé avant nous. Ce qui se passera après nous. Ce qui s' est passé depuis deux jours. Depuis votre départ, il s' est passé bien des choses, bien des événements. Comment s' est passée votre dispute? Qu' est-il arrivé de votre dispute? Comment s' est passé votre voyage? Que vous est-il arrivé d' agréable ou de fâcheux dans votre voyage?

Il se dit de même au sens moral. Je ne saurais dire ce qui se passait en moi, ce qui se passait alors dans mon coeur, dans mon âme.

Il signifie quelquefois, Se contenter. Il se passe de peu. Il se passe à peu. Il ne se passera pas à cela. Il ne demande que cela; on ne saurait se passer à moins. Il a vingt mille francs de rente; on se passerait à moins.

Il signifie aussi, Savoir se priver, s' abstenir. Il ne saurait se passer de vin. Si l' on n' en peut avoir, il faut s' en passer. Je me passerai bien de lui. Il se fût bien passé de dire cela, de parler d' un tel.

Prov., Il ne peut non plus s' en passer que de sa chemise, que de chemise, se dit D' un homme qui a peine à s' abstenir d' une chose à laquelle il est accoutumé, et qui souffre quand il en est privé.

PASSÉ, ÉE. participe

PASSÉ, ÉE. participe Une fleur passée.

Il est aussi adjectif, et signifie, Qui a été autrefois et qui n' est plus. Le temps passé. Au temps passé. Du temps passé. Se ressouvenir de ses fautes passées. On connaît sa vie passée.

Il est aussi substantif, et signifie, Le temps passé. Le passé, le présent, et l' avenir. Le passé ne se peut plus rappeler. On rappela tout ce qu' il avait fait par le passé. Comme par le passé.

Il signifie aussi, Ce que l' on a fait ou dit autrefois. Il ne faut plus se souvenir du passé. J' ai oublié tout le passé. Ne parlons plus du passé.

Il s' emploie quelquefois comme préposition, et signifie, Après. Passé cette époque, il ne sera plus temps.

PASSÉ

PASSÉ en Grammaire, signifie, Le prétérit, l' inflexion du verbe, par laquelle on marque un temps passé. Le passé défini. Le passé indéfini. Le passé de l' indicatif, du subjonctif, de l' infinitif.

Participe passé. Voyez PARTICIPE.

PASSERAGE. s. f.

PASSERAGE. s. f. Plante crucifère, qui est antiscorbutique, et que l' on croyait autrefois propre à guérir la rage.

PASSEREAU. s. m.

PASSEREAU. s. m. Moineau; sorte de petit oiseau de plumage gris, qui fait son nid dans les trous des murailles. On dit plus communément, Moineau.

PASSEREAUX

PASSEREAUX au pluriel, se dit, en Histoire naturelle, de L' ordre d' oiseaux auquel le passereau commun appartient. Le merle, l' hirondelle, sont de l' ordre des passereaux.

PASSERELLE. s. f.

PASSERELLE. s. f. Sorte de pont étroit, qui ne sert qu' aux piétons. Établir une passerelle sur une rivière.

PASSE-ROSE. s. f.

PASSE-ROSE. s. f. Nom vulgaire de l' Alcée rose, appelée aussi Rose trémière.

PASSE-TEMPS. s. m.

PASSE-TEMPS. s. m. Divertissement, occupation légère et agréable. Passe-temps innocent, doux, agréable. Se donner du passe-temps, un passe-temps. Le jeu est le passe-temps ordinaire des gens oisifs. Vous en aurez le passe-temps. Il lit par passe-temps, et non pour s' instruire.

PASSEUR. s. m.

PASSEUR. s. m. Celui qui conduit un bac, un bateau pour passer l' eau. Appelez le passeur. Où est le passeur?

PASSE-VELOURS. s. m.

PASSE-VELOURS. s. m. Nom vulgaire de l' Amarante.

PASSE-VOLANT. s. m.

PASSE-VOLANT. s. m. Homme qui, sans être enrôlé, se présentait dans une revue pour faire paraître une compagnie plus nombreuse, et pour toucher la paye au profit du capitaine. Il y a des peines établies contre les passe-volants.

Il se dit, figurément et familièrement, d' Un homme qui s' introduit dans une partie de plaisir, sans payer sa part de la dépense comme les autres, ou qui entre au spectacle sans payer, quoiqu' il n' en ait ni le droit ni la permission. Nous ne voulons point de passe-volants parmi nous. Les comédiens ont établi une consigne sévère pour remédier à l' abus des passe-volants.

Il se dit aussi, figurément et familièrement, de Celui qui n' est dans une société que passagèrement, et sans y être invité.

PASSIBILITÉ. s. f.

PASSIBILITÉ. s. f. T. dogmatique. Qualité des corps passibles, des corps qui peuvent éprouver des sensations, le plaisir, la douleur.

PASSIBLE. adj. des deux genres

PASSIBLE. adj. des deux genres T. dogmatique. Capable d' éprouver des sensations, de souffrir la douleur, de sentir le plaisir. Le corps humain dans son état naturel est passible.

Il signifie, en termes de Législation et de Jurisprudence, Qui doit subir, qui a mérité de subir une peine. Celui qui commet ce délit est passible d' un emprisonnement d' un mois, d' une amende de cinquante francs.

PASSIF, IVE. adj.

PASSIF, IVE. adj. T. didactique. Qui souffre, qui reçoit l' action, l' impression. Il est l' opposé d' Actif. Corps passif. Principe passif. État passif. Qualité, puissance passive.

Il s' emploie par extension, dans le langage ordinaire, et signifie, Qui n' agit point. Un homme, un personnage passif, purement passif. Il faut dans cette affaire attendre, et se tenir passif. Votre rôle est tout passif.

Obéissance passive, Obéissance d' un homme qui exécute sans examen, sans objection, ce qu' on lui ordonne, ce dont on le charge.

En termes de Comptabilité et de Jurisprudence, Dette passive, Celle qu' on est tenu d' acquitter; par opposition à Dette active, Celle dont on peut exiger le payement. On appelle substantivement Passif, La totalité des dettes passives d' une personne. Comparer l' actif et le passif. Dans cette succession, l' actif surpasse à peine le passif.

PASSIF

PASSIF en termes de Grammaire, se dit Des verbes et des participes qui présentent le sujet comme recevant l' effet d' une action produite par un autre sujet. Les verbes passifs de la langue grecque et de la langue latine, dont les terminaisons diffèrent de celles des verbes actifs, s' expriment en français par le verbe substantif, et par le participe passif du verbe. Voyez PARTICIPE.

Signification passive, Celle des verbes ou des adjectifs verbaux qui servent à marquer l' action, l' impression reçue par le sujet; par opposition à Signification active, Celle des verbes ou des adjectifs verbaux qui servent à marquer l' action.

PASSIF

PASSIF en ce sens, s' emploie aussi substantivement. Conjuguer le passif d' un verbe. Ce verbe n' a point de passif.

PASSION. s. f.

PASSION. s. f. Souffrance. En ce sens, il ne se dit guère que Des souffrances de JÉSUS-CHRIST, pour la rédemption du genre humain. La passion de Notre-Seigneur. Sermon sur la passion.

La semaine de la Passion, Celle qui précède la semaine sainte, et dans laquelle l' Église commence à faire l' office de la passion de Notre-Seigneur. Le dimanche de la Passion, Le dimanche qui ouvre cette semaine.

PASSION

PASSION signifie, par extension, Le sermon qu' on prêche le vendredi saint sur le même mystère. Où avez-vous été à la passion? Il a prêché la passion. J' ai entendu la passion de tel prédicateur. Bourdaloue a composé plusieurs passions presque également belles.

Il signifie aussi, La partie de l' Évangile où est racontée la passion de Notre-Seigneur. La passion selon saint Jean, selon saint Matthieu, etc. Chanter la passion.

Fig. et fam., Souffrir mort et passion, Éprouver de grandes douleurs, ou Être fort impatienté. Ce mal de dents lui a fait souffrir mort et passion. Il hésitait à chaque moment dans son discours; je souffrais mort et passion de l' entendre, à l' entendre.

PASSION

PASSION se disait autrefois, en Médecine, de Certaines maladies très-douloureuses. Passion hystérique, iliaque, coeliaque, hypocondriaque, etc.

PASSION. s. f.

PASSION. s. f. Mouvement de l' âme, sentiment, agitation qu' elle éprouve, comme l' amour, la haine, la crainte, l' espérance, le désir, etc. Grande, forte passion. Passion violente, véhémente, ardente, déréglée, furieuse, aveugle. Passion noble, généreuse, abjecte, honteuse. Avoir les passions douces, les passions vives. Être maître, être esclave de ses passions. La passion l' emporte. La passion l' aveugle. Se laisser aller, se laisser emporter à ses passions. Dompter, réprimer, modérer, calmer ses passions. Commander, obéir, céder à ses passions. Triompher de ses passions. Il est bien sujet à ses passions. N' écoutez pas votre passion. Le trouble, le tumulte, l' orage, la violence, le choc, l' ivresse des passions. Toutes ses passions sont extrêmes. Être à l' abri des passions. Il est dans l' âge des passions. Satisfaire ses passions. Flatter les passions de quelqu' un. L' âge amortit les passions. Dans le silence des passions, la raison se fait entendre. Ses passions s' enflamment promptement, mais elles s' éteignent plus promptement encore. Ses passions étaient assoupies, elles se sont réveillées plus vives que jamais. L' amour est la passion dominante, prédominante des jeunes gens. Sa passion se ralentit. C' est la passion qui parle. La passion est l' âme de la parole. Voilà bien comme la passion s' exprime. Voilà bien le langage de la passion. Cet orateur excite, émeut, remue les passions. Il sait parler aux passions. La pitié et la terreur sont les passions que la tragédie se propose d' exciter.

Fig., Lâcher la bride à ses passions, S' y abandonner entièrement.

PASSION

PASSION se dit particulièrement de La passion de l' amour. Déclarer sa passion. Il meurt de passion pour elle. C' est sa première passion. Une passion naissante. Cette femme est l' objet de sa passion, ou simplement, est sa passion.

Fam., Aimer à la passion, Aimer extrêmement. Il aime cette femme à la passion.

Cette femme a fait, a causé de grandes passions, beaucoup de passions, Elle a été éperdument aimée, elle a été aimée par beaucoup de gens.

PASSION

PASSION signifie quelquefois, L' affection très-vive qu' on a pour quelque chose que ce soit. Il a une grande passion pour les tableaux, pour les médailles. Il a la passion des médailles, des tableaux. Il a la passion de la gloire, la passion des richesses, la passion du jeu, la passion d' acquérir du bien.

Il se dit aussi de L' objet de cette affection. Sa plus forte passion, c' est la chasse, c' est le jeu. L' étude est sa passion.

PASSION

PASSION signifie quelquefois, Prévention forte pour ou contre quelqu' un, pour ou contre quelque chose. Cet homme n' est pas croyable, il juge de tout avec passion. Je vous parle de cette chose-là, de cet homme-là sans passion. Il fait tout par passion. Il n' agit ainsi que par passion. La passion inspire toutes ses paroles. La passion dicte tous ses jugements. Il met trop de passion, il y a trop de passion dans ce qu' il dit.

PASSION

PASSION se dit aussi de L' expression, de la représentation vive des passions que l' on traite dans une pièce de théâtre, ou dans quelque autre ouvrage d' esprit. Les passions sont admirablement bien traitées dans cette pièce. Les passions sont bien entendues dans ce poëme. Cet auteur n' entend rien aux passions, à la passion. Il sait bien toucher la passion, les passions. Ce trait n' est que de l' esprit, il fallait là de la passion.

Cet orateur, cet acteur, etc., entre bien dans la passion, Il se pénètre bien du sentiment qu' il doit exprimer.

PASSION

PASSION se dit aussi, dans le même sens, en parlant De la musique et de la peinture. Il y a beaucoup de passion dans cet air-là. Les passions sont bien rendues dans ce tableau.

PASSION

PASSION en termes de Philosophie, se dit de L' impression reçue par un sujet, et il est opposé à Action. Le verbe actif marque l' action, le passif marque la passion du sujet.

DE PASSION. loc. adv.

DE PASSION. loc. adv. Passionnément. Sa femme l' aime de passion.

PASSIONNÉMENT. adv.

PASSIONNÉMENT. adv. Avec beaucoup de passion. Il ne se dit que De l' amour et du désir. Il aime passionnément sa femme, il en est passionnément amoureux, passionnément aimé. Il désire passionnément que vous partagiez son opinion.

PASSIONNER. v. a.

PASSIONNER. v. a. Donner un caractère animé, et qui marque de la passion. Passionner sa voix, son chant, son récit, sa déclamation, son langage.

Il s' emploie plus ordinairement avec le pronom personnel, et signifie, Se préoccuper par l' effet de quelque passion, prendre un extrême intérêt à quelque chose. Un homme sage agit toujours avec raison, et ne se passionne jamais. Il se passionne fort pour cette affaire. Vous vous passionnez trop.

Il signifie aussi, Devenir amoureux. Il se passionne pour toutes les femmes qu' il voit.

PASSIONNÉ, ÉE. participe

PASSIONNÉ, ÉE. participe Langage, discours, style passionné.

Il s' emploie souvent comme adjectif; et il signifie, Rempli de passion, d' affection pour une personne ou pour une chose. Amant passionné. Il parle d' un air, d' un ton passionné. Il joue, il fait le passionné. C' est un homme qui a naturellement l' âme tendre et passionnée. Des regards passionnés. Il est passionné pour la gloire, pour la justice. Il est passionné pour les richesses, pour la musique, pour la danse.

Il signifie aussi, Rempli d' une forte prévention, d' une chaleur immodérée pour ou contre quelqu' un ou quelque chose. C' est un homme passionné qui s' emporte au moindre mot. Il en parle en homme passionné. Écrivain passionné.

PASSIVEMENT. adv.

PASSIVEMENT. adv. D' une manière passive. Il y a plusieurs verbes qui se prennent activement et passivement.

PASSOIRE. s. f.

PASSOIRE. s. f. Vaisseau de terre ou de métal percé d' un grand nombre de petits trous, et dans lequel on écrase des pois, des lentilles, etc., pour en tirer la purée; des groseilles et d' autres fruits, pour en tirer le jus.

PASTEL. s. m.

PASTEL. s. m. Sorte de crayon fait de couleurs pulvérisées, mêlées, soit avec du blanc de plomb, soit avec du talc, et incorporées avec une eau de gomme. On fait des pastels de toute sorte de couleurs. Des pastels moelleux. Boîte de pastel. Dessiner au pastel. Peindre en pastel. Un portrait au pastel, en pastel.

Il se dit aussi de Ce qui est peint au pastel. Les pastels de la Rosalba, de Latour. Il a beaucoup de pastels chez lui. Il avait des pastels de toute la cour. Voilà un beau pastel.

PASTEL. s. m.

PASTEL. s. m. Plante dont on tire une fécule qui remplace l' indigo pour quelques usages. On l' appelle aussi Guède.

Orangé-pastel, Sorte de couleur orangée, qui tire un peu plus sur le brun que l' orangé ordinaire.

PASTENADE. s. f.

PASTENADE. s. f. Voyez PANAIS.

PASTÈQUE. s. f.

PASTÈQUE. s. f. Plante qu' on appelle aussi Melon d' eau, et dont le fruit, de même nom, ne mûrit que dans nos provinces méridionales. La pastèque est très-rafraîchissante.

PASTEUR. s. m.

PASTEUR. s. m. Celui qui possède ou qui garde des troupeaux. Dans cette acception, il ne se dit guère qu' en parlant Des peuples anciens. La plupart des anciens patriarches étaient pasteurs. Quand Romulus voulut fonder Rome, il assembla les pasteurs de la contrée. Les anges annoncèrent aux pasteurs la naissance du Messie.

Il s' emploie quelquefois adjectivement. Les rois pasteurs. Les peuples pasteurs.

PASTEUR

PASTEUR se dit au figuré de Celui qui exerce une autorité paternelle sur un peuple, sur une réunion d' hommes. Homère appelle les rois les pasteurs des peuples. On l' applique surtout à JÉSUS-CHRIST, et aux évêques, aux curés. JÉSUS-CHRIST est le souverain pasteur des âmes. Notre-Seigneur est le bon pasteur qui ramène la brebis égarée. Pasteur spirituel. Il faut écouter son pasteur. Un pasteur doit avoir soin de ses ouailles. Les brebis connaissent la voix du pasteur.

PASTEUR

PASTEUR est aussi Le titre des ministres protestants. Il étudie pour être pasteur. On l' a nommé pasteur.

PASTICHE. s. m.

PASTICHE. s. m. Mot emprunté de l' italien. Tableau où un peintre a imité la manière d' un autre, son goût, son coloris, ses formes favorites. Il prend pour un tableau du Guide ce qui n' est qu' un pastiche fait dans sa manière. Les pastiches du Bourdon, de Teniers, etc.

Il se dit aussi de L' imitation mélangée de la manière et du style de différents maîtres. C' est un pastiche des anciens maîtres.

PASTICHE

PASTICHE en Littérature, se dit d' Un ouvrage où l' on a imité les idées et le style de quelque écrivain célèbre. Certaines réflexions de ce moraliste sont un pastiche où il a imité le raisonnement et le style de Pascal.

PASTICHE

PASTICHE en Musique, se dit d' Un opéra dont la partition est composée de morceaux de différents maîtres.

PASTILLE. s. f.

PASTILLE. s. f. Il se dit de Petits pains de diverses formes, et composés de différentes substances odorantes, dont on se sert ordinairement pour parfumer l' air d' une chambre, en les brûlant. Pastilles à brûler. Pastille d' encens, de benjoin, etc.

Pastilles du sérail, Pastilles qui viennent de Constantinople, qui répandent une odeur agréable, et dont on fait différents bijoux.

PASTILLE

PASTILLE se dit aussi de Petits pains ronds faits avec du sucre, des aromates, des sucs de plantes, des jus de fruits, etc., et que l' on mange comme agréables au goût, ou utiles à la santé. Pastilles d' ambre, de cannelle, de menthe, de cédrat, d' ananas, etc. Pastilles de gomme. Pastilles de chocolat. Pastilles pectorales. Pastilles d' ipécacuana.

PASTORAL, ALE. adj.

PASTORAL, ALE. adj. Champêtre, qui appartient aux pasteurs ou bergers, et en général aux personnes des champs. Chant pastoral. Habit pastoral. Vie pastorale. Moeurs pastorales.

Il se dit également De ce qui retrace la vie, les moeurs pastorales. Poésies pastorales. Scène pastorale. Roman pastoral.

Il se dit aussi Des choses qui appartiennent aux pasteurs spirituels. Bâton pastoral. Le soin pastoral des âmes. Sollicitude pastorale. La fonction pastorale. Lettre, instruction pastorale. Le pluriel Pastoraux n' est point usité.

PASTORALE. s. f.

PASTORALE. s. f. Pièce de théâtre dont les personnages sont des bergers et des bergères. Composer, jouer une pastorale. L' Aminte du Tasse est la plus estimée de toutes les pastorales.

PASTORALEMENT. adv.

PASTORALEMENT. adv. En bon pasteur. Il n' est d' usage qu' au figuré. Il l' a repris pastoralement. C' est un saint évêque qui prêche pastoralement.

PASTOUREAU, ELLE. s.

PASTOUREAU, ELLE. s. Petit pasteur, petite bergère. Il n' est guère usité que dans les chansonnettes.

PAT. s. invariable

PAT. s. invariable (Le T se prononce.) Terme du Jeu des échecs, qui se dit Lorsqu' un des deux joueurs, n' ayant pas son roi en échec, ne peut plus jouer sans le mettre en prise. Faire pat. Je suis pat. Vous m' avez fait pat.

PATACHE. s. f.

PATACHE. s. f. Il s' est dit autrefois d' Une sorte de bâtiment léger, employé au service des grands navires, pour aller à la découverte, et pour envoyer des nouvelles en diligence. Une patache d' avis.

Il se dit aujourd' hui Des bâtiments de la douane et du fisc en général.

Il se dit particulièrement, en quelques villes, de Petits bâtiments ancrés dans des fleuves ou des rivières, pour la perception des droits sur les marchandises qui y entrent par eau, soit en descendant, soit en remontant la rivière. La patache de Bordeaux. La patache de la Rapée. La patache du Gros-Caillou. La patache d' aval.

Il se dit aussi de Certaines barques, de certains bâtiments qui portent des lettres ou des passagers, sur quelques fleuves, sur quelques rivières.

Il se dit, par extension, de Certaines voitures publiques, non suspendues, par lesquelles on voyage à peu de frais. Voyager par les pataches. Prendre les pataches. Je suis revenu dans une patache.

PATAGON. s. m.

PATAGON. s. m. Monnaie d' argent fabriquée au coin du roi d' Espagne, et valant à peu près trois livres tournois. Payer en patagons.

PATARAFFE. s. f.

PATARAFFE. s. f. Traits informes, lettres confuses et brouillées ou mal formées. Cette écriture ne se peut lire, elle est pleine de pataraffes. Une grande et vilaine pataraffe. Cet écolier, au lieu d' écrire son exemple, s' amuse à faire des pataraffes. Il est familier.

PATARD. s. m.

PATARD. s. m. Petite monnaie ancienne. Il ne s' emploie que dans ces phrases familières: Je n' en donnerais pas un patard. Cela ne vaut pas un patard. Il n' a pas un patard.

PATATE. s. f.

PATATE. s. f. Plante du genre des Liserons, qui a de grosses racines tuberculeuses semblables à des pommes de terre. Il se dit aussi de Ces racines mêmes.

PATATRAS

PATATRAS (On ne prononce pas l' S.) Onomatopée dont on se sert, dans le langage familier, pour exprimer le bruit d' un corps qui tombe avec fracas. Il pose le pied maladroitement, et, patatras, le voilà par terre.

PATAUD. s. m.

PATAUD. s. m. Il se dit d' Un jeune chien qui a de grosses pattes. Voyez quel gros pataud de chien, quel gros pataud, quel pataud.

Fam., Être à nage pataud, se dit D' un chien qu' on a jeté à l' eau, et, par plaisanterie, D' un homme qui est tombé dans l' eau, et qui se débat pour en sortir. Le voilà à nage pataud. Cela se dit aussi, figurément et populairement, D' un homme qui est dans l' abondance. Vous en parlez à votre aise, vous qui êtes à nage pataud.

PATAUD, AUDE. adj.

PATAUD, AUDE. adj. Il se dit D' une personne grossièrement faite. Cet homme est bien pataud. Cette femme est bien pataude. Le plus souvent il s' emploie substantivement. Quel gros pataud! C' est une pataude. Il est familier.

PATAUGER. v. n.

PATAUGER. v. n. Marcher dans une eau bourbeuse. Patauger dans les chemins, dans les rues, dans les ruisseaux, dans la boue. Il est familier.

Il s' emploie figurément, et signifie, S' embarrasser dans son raisonnement, dans son discours, dans ses opérations d' affaires.

PATE. s. f.

PATE. s. f. Voyez PATTE.

PÂTE. s. f.

PÂTE. s. f. Farine détrempée et pétrie, pour faire du pain, ou quelque autre chose de semblable bon à manger. Pâte dure. Pâte molle. Pâte blanche. Pâte bise. Pâte fine. Du pain de pâte ferme. Faire lever la pâte. De la pâte bien pétrie. Pâte levée. Pâte sans levain. Porter de la pâte au four. Ce pain n' est pas cuit, ce n' est que de la pâte.

Prov., Il n' y a ni pain ni pâte au logis, Il n' y a rien à manger.

Prov. et fig., Mettre la main à la pâte, Ne pas s' en remettre à d' autres du soin de faire quelque chose, y travailler soi-même. On dit, dans un sens analogue, Avoir la main à la pâte.

Mettre de la viande en pâte, La mettre dans la pâte préparée pour la faire cuire au four. Mettre un lièvre, des perdrix, des canards en pâte.

Prov., Être comme un coq en pâte, Être dans son lit bien chaudement et bien couvert, de sorte que la tête seule paraisse. Il signifie aussi, Être dans une situation très-commode, très-agréable.

Pâtes d' Italie, Pâtes faites de farine, auxquelles on donne différentes formes, et dont on fait des potages et des ragoûts. Les macaronis et le vermicelle sont les pâtes d' Italie dont il se fait le plus de consommation.

PÂTE

PÂTE se dit aussi de Plusieurs autres choses qui sont mises en une masse, et comme pétries ensemble. Pâte d' amandes pour décrasser les mains. Pâte de guimauve. Pâte de confitures. Pâte de groseilles, d' abricots, de coings. La pâte de ce fromage est fort bonne. Ce fromage est d' une excellente pâte. Réduire, mettre des olives en pâte pour en extraire l' huile.

Pâte de reliques, Pâte où il entre quelques particules de reliques.

PÂTE

PÂTE signifie figurément et familièrement, Constitution, complexion. Il est de bonne pâte. C' est un homme de bonne pâte.

Fig. et au sens moral, C' est une bonne pâte d' homme, une excellente pâte d' homme, la meilleure pâte d' homme qui fut jamais, C' est un bon homme, un bon coeur d' homme, un homme doux, accommodant.

PÂTE

PÂTE se dit encore de Certaines matières broyées, et mêlées dans les proportions convenables, et qu' on emploie à différents usages dans les arts. Pâte de porcelaine. Cette porcelaine est d' une pâte très-fine. Pâte d' argile pour faire des creusets. Pâte de stuc. Pâte de papier. Pâte de carton.

En termes d' Imprimerie, Cette forme est tombée en pâte, Elle s' est rompue par accident, les caractères en sont tombés et se sont brouillés.

PÂTÉ. s. m.

PÂTÉ. s. m. Sorte de pâtisserie qui renferme de la chair ou du poisson. Pâté chaud. Pâté froid. Petit pâté. Des petits pâtés tout chauds. Pâté de canard, de perdrix, de lièvre, de cerf, de sanglier, de venaison. Pâté de veau, de jambon, etc. Pâté de saumon, de truites, etc. Pâté de Strasbourg, d' Amiens. Pâté bien assaisonné, mal assaisonné. Croûte de pâté. Ouvrir, entamer un pâté.

Prov., Hacher menu comme chair à pâté, Mettre en pièces, hacher par morceaux.

Prov., C' est un prix fait comme celui des petits pâtés, se dit en parlant D' une chose dont le prix est réglé, et connu de tout le monde.

Pâté en terrine, on simplement, Terrine, Viande assaisonnée d' épices, de truffes, etc., et cuite dans une terrine, où on la laisse pour la servir froide. Les pâtés en terrine de Nérac sont fort estimés.

Pâté d' ermite, Figue sèche dans laquelle on a enfermé une noix, une noisette ou une amande.

Prov. et fig., Un gros pâté, Un gros enfant potelé. C' est un gros pâté. Quel gros pâté que cet enfant-là!

PÂTÉ

PÂTÉ se dit aussi, figurément et familièrement, d' Une goutte d' encre tombée sur du papier. Il ne saurait écrire trois lignes sans faire un pâté.

Faire le pâté, dans les Académies de jeu, Arranger les cartes par tricherie, pour se donner beau jeu. Prenez garde, quand il mêle les cartes, il fait le pâté. Il met tous les as, tous les rois ensemble, et se les donne; il a fait le pâté.

PÂTÉ

PÂTÉ en termes d' Architecture militaire, Sorte d' ouvrage avancé, placé dans un terrain inondé ou entouré d' eau. Le pâté de Blaye.

Il se dit aussi, en Architecture civile, d' Un assemblage de maisons, ou d' un seul édifice, isolé, et ayant une forme arrondie ou carrée, comme les pâtés.

PÂTÉ

PÂTÉ en termes d' Imprimerie, Certaine quantité de caractères mêlés et confondus sans aucun ordre; ce qui arrive quand une forme se rompt par quelque accident.

PÂTÉE. s. f.

PÂTÉE. s. f. Sorte de pâte faite avec de la farine et des herbes, dont on nourrit les jeunes dindons et quelques autres oiseaux.

Il se dit aussi d' Un mélange de pain émietté et de petits morceaux de viande, qu' on donne à manger aux animaux domestiques, particulièrement aux chiens et aux chats.

PATELIN. s. m.

PATELIN. s. m. Nom d' un personnage d' une vieille comédie, qui est devenu nom commun pour désigner Un homme souple et artificieux, qui, par des manières flatteuses et insinuantes, tâche de faire venir les autres à ses fins. C' est un patelin, un vrai patelin, un grand patelin, un maître patelin. Il est familier, ainsi que ses dérivés.

Il s' emploie aussi adjectivement, et se dit surtout Du ton, de l' air, des manières, etc.: son féminin est Pateline. Ton patelin. Air patelin. Voix pateline. Manières patelines.

PATELINAGE. s. m.

PATELINAGE. s. m. Manière insinuante et artificieuse d' un patelin. Toute son habileté, toute sa conduite, tout ce qu' il dit n' est que patelinage.

PATELINER. v. n.

PATELINER. v. n. Agir en patelin. Il ne va point droit, il ne fait que pateliner.

Il est quelquefois actif, et signifie, Ménager adroitement l' esprit d' une personne dans la vue de quelque intérêt. Il a si bien su pateliner ces gens-là, qu' il les a fait venir à ses fins.

Pateliner une affaire, La manier avec adresse pour la faire réussir comme on souhaite. Il a si bien ménagé, si bien pateliné cette affaire, qu' il l' a fait tourner comme il voulait. Il est peu usité.

PATELINÉ, ÉE. participe

PATELINÉ, ÉE. participe

PATELINEUR, EUSE. s.

PATELINEUR, EUSE. s. Celui, celle qui tâche de faire venir les autres à ses fins par des manières souples et artificieuses. C' est un patelineur. C' est une grande patelineuse.

PATELLE. s. f.

PATELLE. s. f. T. d' Hist. nat. Voyez LÉPAS.

PATÈNE. s. f.

PATÈNE. s. f. T. du Culte cathol. Vase sacré fait en forme de petite assiette, qui sert à couvrir le calice et à recevoir l' hostie, et qu' on donne à baiser aux personnes qui vont à l' offrande. Patène d' or, d' argent. Baiser la patène.

PATENÔTRE. s. f.

PATENÔTRE. s. f. L' oraison dominicale, ou le Pater noster. On comprend aussi sous ce nom l' Avé, et les autres premières prières qu' on apprend aux enfants. Cet enfant sait sa patenôtre. Il est populaire.

Il se dit aussi de Toute sorte d' autres prières chrétiennes. Dire ses patenôtres. Avez-vous achevé vos patenôtres? C' est une grande diseuse de patenôtres. Il est familier, et ne se dit qu' en plaisantant.

Prov. et fig., Il dit la patenôtre de singe, Il gronde et murmure entre ses dents.

PATENÔTRES

PATENÔTRES au pluriel, se dit populairement Des grains d' un chapelet, et d' Un chapelet tout entier.

Il se dit aussi d' Un ornement composé de petits grains ronds ou ovales qu' on taille sur les baguettes, dans les profils d' architecture.

PATENÔTRIER. s. m.

PATENÔTRIER. s. m. Fabricant, marchand de chapelets, de boutons, etc. Maître patenôtrier. Il a vieilli.

PATENT, ENTE. adj.

PATENT, ENTE. adj. Évident, manifeste. Une vérité patente. Cela est patent.

En termes de Chancellerie et de Finance, Acquit-patent, se disait d' Un brevet du roi, scellé du grand sceau, portant gratification de quelque somme d' argent, et servant d' acquit et de décharge à celui qui devait en faire le payement. Un acquit-patent de dix mille écus.

En termes de Chancellerie, Lettres patentes, était le nom de Toutes les lettres du roi en parchemin, scellées du grand sceau. Il se dit encore aujourd' hui de Certains actes de l' autorité royale. Obtenir des lettres patentes pour... Ses lettres patentes furent enregistrées au parlement.

PATENTE

PATENTE s' emploie substantivement, et se dit Des lettres, des commissions, des diplômes accordés, ou par le roi, ou par des corps, des universités, etc. Il alla prendre possession aussitôt qu' on lui eut délivré ses patentes. Il m' a fait voir sa patente de docteur. Obtenir une patente. Montrer, produire sa patente, ses patentes. Exercer d' après sa patente, sans patente. Il a patente pour cela. Il a patente en poche. Il a vieilli en ce sens.

Il se dit, particulièrement, d' Une contribution annuelle et proportionnelle imposée sur ceux qui font un commerce, ou qui exercent une industrie sujette à ce droit. Patente d' épicier, de tailleur, de logeur en garni, etc. L' impôt de la patente, des patentes.

Il se dit encore de La quittance de cette contribution. Prendre, payer une patente. Voici ma patente de cette année.

Il se dit aussi Des passe-ports et certificats de santé qui se délivrent dans les ports de mer aux vaisseaux qui partent. Patente nette, Celle qui atteste que le vaisseau est parti d' un pays non infecté. Patente brute, Celle qui atteste le contraire.

PATENTÉ, ÉE. adj.

PATENTÉ, ÉE. adj. Qui a une patente. Marchand patenté. Marchande patentée. Il n' est pas patenté.

PATER. s. m.

PATER. s. m. (On prononce l' R.) Mot qui commence l' oraison dominicale en latin, et dont on se sert pour nommer cette prière. Cet enfant a dit son Pater. Il ne sait pas son Pater.

Dire cinq Pater et cinq Avé, Réciter cinq fois de suite l' oraison dominicale et la salutation angélique.

Fam., Savoir une chose comme son Pater, La savoir très-bien par coeur.

Fig. et fam., Il ne sait pas son Pater, Il est fort ignorant.

PATER

PATER se dit aussi Des gros grains d' un chapelet, sur lesquels on dit le Pater. Les Pater de son chapelet sont d' émeraude.

PATÈRE. s. f.

PATÈRE. s. f. T. d' Antiq. Espèce de soucoupe de bronze ou d' argile, munie quelquefois d' un manche, dont les anciens faisaient usage dans les sacrifices. Il remplit de vin une patère.

Il se dit aussi d' Une espèce d' ornement de cuivre doré, à peu près de la forme d' une patère antique, qui est vissé à l' extrémité de ces verges de fer droites ou en croissant, dont on se sert pour tenir écartés et drapés les rideaux d' un lit ou d' une fenêtre.

Il se dit également, en Architecture, d' Un ornement de forme circulaire imitant une patère antique. La patère se place dans les métopes de la frise dorique.

PATERNE. adj. des deux genres

PATERNE. adj. des deux genres Paternel, qui appartient à un père. Il me parla d' un ton paterne. Il est vieux, et ne s' emploie qu' en badinant.

PATERNEL, ELLE. adj.

PATERNEL, ELLE. adj. Du père, qui appartient au père. Cet enfant a quitté la maison paternelle. Recevoir la bénédiction paternelle.

Il signifie aussi, Qui vient du père, qui est du côté du père. Succession paternelle. Biens paternels. Un propre paternel. Parents paternels, du côté paternel. Ligne paternelle.

Il signifie aussi, Qui est tel qu' il convient à un père, tel qu' il appartient à l' état, à la qualité de père. Amour paternel. Tendresse, affection paternelle. Soins, sentiments paternels. Entrailles paternelles. Correction paternelle. Avis paternels. Le pouvoir paternel. L' autorité, la puissance paternelle.

Il se dit, dans ce dernier sens, en parlant D' un souverain, d' un maître, d' un supérieur, etc. Ce monarque a pour ses sujets une tendresse paternelle. Il a des soins paternels pour ses domestiques. Il a fait à son élève une remontrance paternelle, toute paternelle.

PATERNELLEMENT. adv.

PATERNELLEMENT. adv. En père, comme un père doit faire. Il l' a traité paternellement.

PATERNITÉ. s. f.

PATERNITÉ. s. f. L' état, la qualité de père. La paternité et la filiation sont deux termes relatifs. Paternité légale, présumée, supposée. La paternité a de grandes douceurs et de grandes peines. Les désordres de sa femme ont rendu sa paternité fort douteuse. La recherche de la paternité est interdite par le code.

PÂTEUX, EUSE. adj.

PÂTEUX, EUSE. adj. Il se dit Du pain qui n' est pas assez cuit. Ce pain est pâteux.

Il se dit aussi Des choses qui font dans la bouche le même effet que ferait de la pâte. Ces poires sont pâteuses. Ces abricots sont pâteux. Ce fruit a la chair pâteuse.

Cette liqueur est pâteuse, ce vin est pâteux, Il y a dans cette liqueur, dans ce vin des filaments, des matières non fondues, qui empêchent son entière liquidité. On dit de même, Cette liqueur, ce vin a un oeil pâteux.

Ce diamant, cette agate a un oeil pâteux, Ce diamant n' est pas parfaitement clair, cette agate a quelque chose de trouble et de louche.

Avoir la bouche, la langue pâteuse, Avoir la bouche, la langue comme empâtée d' une certaine salive épaisse. Quand on a bu de ce vin, on a la bouche pâteuse. Il lui est resté de sa maladie un grand dégoût, il a toujours la bouche, la langue pâteuse. On dit dans le même sens, Cela rend la bouche pâteuse, la langue pâteuse.

Chemin pâteux, Chemin dont la terre est grasse, molle et à demi détrempée.

PATHÉTIQUE. adj. des deux genres

PATHÉTIQUE. adj. des deux genres Qui émeut les passions. Ce discours est très-pathétique. Un orateur pathétique. Le dernier acte de cette tragédie est fort pathétique. Il a traité cela d' une manière pathétique. Chaleur pathétique. Voix pathétique. Chant pathétique. Accent pathétique.

Il s' emploie aussi substantivement, au masculin. Il y a dans cette scène beaucoup de pathétique. Il ne faut pas confondre la déclamation avec le pathétique. Faux pathétique. Pathétique outré.

PATHÉTIQUEMENT. adv.

PATHÉTIQUEMENT. adv. D' une manière pathétique. Cette scène est écrite fort pathétiquement. Cet acteur a rendu son rôle très-pathétiquement.

PATHOGNOMONIQUE. adj. des deux genres

PATHOGNOMONIQUE. adj. des deux genres T. de Médec. Il se dit Des signes ou symptômes qui sont propres, particuliers à la santé et à chaque maladie, et qui en sont inséparables.

PATHOLOGIE. s. f.

PATHOLOGIE. s. f. T. didactique. Partie de la médecine qui traite de la nature, des causes et des symptômes des maladies.

PATHOLOGIQUE. adj. des deux genres

PATHOLOGIQUE. adj. des deux genres T. didactique. Qui appartient à la pathologie. Questions pathologiques. Signes pathologiques.

PATHOS. s. m.

PATHOS. s. m. (On fait sentir l' S.) Mot grec, qui signifie, Passion, et que nous employons en mauvaise part, pour signifier, Une chaleur, une emphase affectée et déplacée dans un discours, dans un ouvrage littéraire. Voilà bien du pathos. Tout cela n' est que du pathos. Il m' a fait un grand pathos. Il est familier.

Les rhéteurs donnent ce nom Aux mouvements, aux figures propres à toucher fortement l' âme des auditeurs; ils opposent le Pathos à l' Ithos.

PATIBULAIRE. adj. des deux genres

PATIBULAIRE. adj. des deux genres Qui appartient au gibet, qui est destiné à servir de gibet. Des fourches patibulaires.

Fam., Avoir la mine, la figure, la physionomie patibulaire, Avoir la mine, la figure, la physionomie d' un méchant homme, d' un homme qui mérite d' être pendu.

PATIEMMENT. adv.

PATIEMMENT. adv. Avec patience. Souffrir patiemment. Il a attendu patiemment. J' aurais supporté plus patiemment sa haine que son indifférence.

PATIENCE. s. f.

PATIENCE. s. f. Vertu qui fait supporter les adversités, les douleurs, les injures, les incommodités, etc., avec modération et sans murmurer. Grande patience. Il faut avoir une merveilleuse patience, un grand fonds de patience pour souffrir cela. Il faut avoir une patience d' ange, la patience d' un saint, la patience de Job. On a mis sa patience à une rude épreuve. Je prie Dieu qu' il vous donne la patience nécessaire. Vous avez besoin de patience. Il faut s' armer de patience. Il faut faire provision de patience. On a bien exercé votre patience. On a poussé sa patience à bout. On a épuisé ma patience. Je ne veux pas abuser plus longtemps de votre patience. La patience m' échappe. La patience lui manque. Ce serait lasser votre patience. Il nous a reçus avec bonté, et nous a écoutés avec patience. C' est un grand exemple de patience. Il faut avoir patience jusqu' au bout.

Prov., La patience est la vertu des ânes, Il y a de la sottise à rester dans une situation fâcheuse, d' où l' on peut sortir, à supporter ce qu' on ne doit pas endurer.

Prendre son mal en patience, Le supporter, le souffrir avec patience, avec résignation. Il ne m' eût servi à rien de me désespérer, j' ai pris mon mal en patience. Prenez votre mal en patience. Le chrétien prend ses afflictions en patience, et les offre à Dieu.

PATIENCE

PATIENCE se dit aussi de La tranquillité, du calme, du sang-froid avec lequel on attend ce qui tarde à venir ou à se faire. Il viendra dans un moment, prenez patience. Ayez patience. Donnez-vous patience. Il faut que vous ayez patience, si vous voulez être payé. Il faut avoir une belle patience pour attendre si longtemps.

Il signifie quelquefois, Constance, persévérance à faire une chose, à poursuivre un dessein, malgré la lenteur des progrès, malgré les difficultés, les obstacles, les peines, les dégoûts. La patience vient à bout des travaux les plus longs et les plus pénibles.

Ouvrage de patience, Ouvrage qui demande principalement du temps et de la constance.

PATIENCE

PATIENCE s' emploie quelquefois absolument et en manière d' adverbe. Si on lui laissait quelque chose, patience; mais on lui ôte tout. Eh bien, patience.

Fam., Patience, patience, s' il vous plaît, Ne m' interrompez point, laissez-moi dire. On dit aussi, dans une même phrase, Patience, un moment de patience. On dit aussi par menace, Patience, j' aurai mon tour.

PATIENCE. s. f.

PATIENCE. s. f. Genre de plantes dont l' espèce commune, appelée aussi Parelle, croît dans les terres incultes, et a des feuilles semblables à celles de l' oseille, mais plus longues. Racine de patience.

PATIENT, ENTE. adj.

PATIENT, ENTE. adj. Qui souffre avec modération et sans murmurer, les adversités, les injures, les mauvais traitements, etc. C' est l' homme du monde le plus patient. Il faut être bien patient pour souffrir tout cela sans rien dire. Il est fort patient dans la douleur.

Il signifie aussi, Qui supporte, qui tolère avec bonté, avec douceur les défauts, les importunités de ses inférieurs. Ce père a été fort patient à l' égard de son fils. Ce mari, ce maître est fort patient dans son domestique. Ce juge est bien patient dans les audiences qu' il donne.

Dans le langage de l' Écriture, Dieu est patient et miséricordieux, Il supporte nos fautes, pour nous donner le temps de nous corriger. Dans le même langage, La charité est patiente.

PATIENT

PATIENT signifie aussi, Qui attend et qui persévère avec tranquillité. Quand on a quelque affaire à conduire, il faut être patient.

PATIENT

PATIENT dans le style didactique, signifie, Qui reçoit l' impression d' un agent physique. Tous les êtres à l' égard les uns des autres sont agents ou patients.

Il est aussi substantif: ainsi on dit, L' agent et le patient, Le sujet qui agit, et celui sur lequel il agit.

Fam., Il n' a été que le patient, se dit De celui qui, dans une querelle avec un autre homme, a souffert les injures, sans rien faire pour les repousser.

PATIENT substantif

PATIENT substantif se dit aussi d' Un individu condamné à la peine capitale, et livré à l' exécuteur. Les prêtres qui accompagnent les patients au supplice. Le patient était dans la charrette.

Il se dit, par extension, de Celui qui est entre les mains des chirurgiens, et qui subit une opération douloureuse.

PATIENTER. v. n.

PATIENTER. v. n. Prendre patience, attendre avec patience. Patientez un peu, vous serez content. Il faut patienter.

PATIN. s. m.

PATIN. s. m. Sorte de soulier dont la semelle était fort épaisse, et que les femmes portaient autrefois pour se grandir. Elle portait des patins. Elle était montée sur des patins, sur de hauts patins.

Il se dit aussi d' Une certaine chaussure, garnie de fer par-dessous, dont on se sert pour glisser sur la glace. Aller sur des patins, en patin. Glisser sur des patins.

PATIN

PATIN en termes de Charpenterie, Pièce de bois qu' on pose de niveau sous la charpente d' un escalier, pour la porter et lui servir de base. Le patin d' un escalier.

En termes de Maréchalerie, Fer à patin, Sorte de fer qu' on met au pied d' un cheval, dans certains cas, pour le forcer à s' appuyer sur le pied opposé.

PATINE. s. f.

PATINE. s. f. Oxyde vert de bronze; vert-de-gris noirâtre qui se forme sur les statues et les médailles de bronze de l' antiquité, et qui leur sert en quelque sorte de vernis. La patine de cette médaille est fort belle. On applique sur les statues de bronze modernes un vernis qui imite assez bien la patine antique.

PATINER. v. a.

PATINER. v. a. Manier indiscrètement. Ces fruits ont perdu toute leur fleur, on les a trop patinés.

Il signifie aussi, Prendre et manier les mains et les bras d' une femme. En ce sens, il est libre et vieux.

PATINÉ, ÉE. participe

PATINÉ, ÉE. participe

PATINER. v. n.

PATINER. v. n. Glisser sur la glace avec des patins. Dans les pays froids, c' est un divertissement commun pendant l' hiver que de patiner, d' aller voir patiner.

PATINEUR. s. m.

PATINEUR. s. m. Celui qui prend et manie les mains et les bras d' une femme. C' est un grand patineur, un patineur insupportable. Les patineurs n' ont pas beau jeu avec elle. Il est libre et vieux.

PATINEUR. s. m.

PATINEUR. s. m. Celui qui glisse sur la glace avec des patins. Il y avait beaucoup de patineurs sur la rivière, sur le canal.

PÂTIR. v. n.

PÂTIR. v. n. Souffrir, avoir du mal, être dans la misère. L' armée pâtit beaucoup dans cette marche. Les chevaux y ont plus pâti que les hommes. Il faut qu' un soldat sache pâtir. Les pauvres pâtissent beaucoup en hiver. Il a été longtemps malade, il a bien pâti avant de mourir.

Nature pâtit, se dit en parlant D' une personne qui se fait violence pour cacher les sentiments pénibles qu' elle éprouve.

Pâtir de quelque chose, En être puni, en souffrir du dommage. Il a fait la faute, et j' en ai pâti. Les petits ont toujours pâti des sottises des grands. Tel en pâtira qui n' en peut mais. Qui en pâtira, si ce n' est vous? Vous vous êtes trop laissé aller à vos plaisirs, vous en pâtirez.

Pâtir pour quelqu' un, Souffrir d' une faute qu' il a faite, d' un tort qu' il a eu. Il ne faut pas que l' innocent pâtisse pour le coupable. Souvent les bons pâtissent pour les méchants.

PÂTIR

PÂTIR se dit aussi Des choses, et signifie, Souffrir du déchet, de l' altération, diminuer de profit. Votre bien pâtira de votre absence. Il a fait des excès, sa santé en a pâti. Ce champ, ce jardin a pâti. Cet arbre a pâti. Ce tableau a un peu pâti. Mon commerce en a pâti.

PÂTIS. s. m.

PÂTIS. s. m. T. d' Économie rurale. Espèce de lande ou de friche, dans laquelle on met paître des bestiaux. Mettre des moutons, des vaches dans le pâtis, dans un pâtis. Ce n' était qu' un pâtis, j' en ai fait un pâturage.

PÂTISSER. v. n.

PÂTISSER. v. n. Faire de la pâtisserie. Il pâtisse fort bien.

PÂTISSÉ, ÉE. participe

PÂTISSÉ, ÉE. participe Cela est bien pâtissé.

PÂTISSERIE. s. f.

PÂTISSERIE. s. f. Pâte préparée et assaisonnée, qu' on fait cuire ordinairement dans le four. Bonne, excellente pâtisserie. Manger de la pâtisserie. La pâtisserie charge l' estomac. Il aime beaucoup la pâtisserie, les pâtisseries.

Il signifie aussi, L' art de faire la pâtisserie. Il travaille bien en pâtisserie. Les pâtés, les tourtes, les biscuits, les gâteaux, etc., sont des ouvrages de pâtisserie.

PÂTISSIER, IÈRE. s.

PÂTISSIER, IÈRE. s. Celui, celle qui fait des pâtés et autres pièces de four. Bon pâtissier. Mauvaise pâtissière.

PÂTISSOIRE. s. f.

PÂTISSOIRE. s. f. Table avec des rebords, sur laquelle on pâtisse.

PATOIS. s. m.

PATOIS. s. m. Le langage du peuple et des paysans, particulier à chaque province. Chaque province a son patois. Le patois bourguignon, picard, normand, champenois, gascon, provençal, etc. Parler patois. Je n' entends point son patois. Il parle en franc patois. Il me dit en son patois que...

Il se dit quelquefois, par extension, de Certaines façons de parler qui échappent aux gens de province. Cela est du patois. Il parle encore patois.

PÂTON. s. m.

PÂTON. s. m. Il se dit de Certains morceaux de pâte dont on engraisse les chapons, les poulardes, etc. On a engraissé ce chapon avec des pâtons.

PATRAQUE. s. f.

PATRAQUE. s. f. Machine usée ou mal faite, et de peu de valeur. Cette montre n' est qu' une patraque, une vieille patraque. La voiture que ce sellier m' a livrée, est une patraque, une véritable patraque. Il est familier.

Il se dit, figurément et familièrement, d' Une personne faible et usée. Je ne suis plus qu' une vieille patraque. Il devient patraque. Il est employé adjectivement dans cette dernière phrase.

PÂTRE. s. m.

PÂTRE. s. m. Celui qui garde, qui fait paître des troupeaux de boeufs, de vaches, de chèvres, etc. Il y a beaucoup de pâtres dans ce pays.

PATRES (AD)

PATRES (AD) (On prononce Patrèsse.) Expression latine, qui s' emploie dans ces phrases familières: Aller ad patres, Mourir; Envoyer ad patres, Faire mourir. Cet homme est allé ad patres. Il a pris un médecin qui l' a envoyé ad patres.

PATRIARCAL, ALE. adj.

PATRIARCAL, ALE. adj. Qui appartient à la dignité de patriarche. Siége, trône patriarcal. Dignité patriarcale. Croix patriarcale. Il y a à Rome cinq églises patriarcales.

Il signifie aussi, Qui a rapport aux anciens patriarches; et, par extension, Qui rappelle la simplicité de leurs moeurs. Le gouvernement patriarcal. Une vie patriarcale. Des moeurs patriarcales. L' intérieur de sa maison offre un aspect patriarcal.

PATRIARCAT. s. m.

PATRIARCAT. s. m. Dignité de patriarche. Il fut élevé au patriarcat de Constantinople.

Il se dit aussi de L' étendue de territoire soumise à la juridiction d' un patriarche. Le patriarcat d' Alexandrie, d' Antioche, etc.

Il se dit encore Du temps pendant lequel un patriarche a occupé son siége. Durant son patriarcat.

PATRIARCHE. s. m.

PATRIARCHE. s. m. Nom donné à plusieurs saints personnages de l' Ancien Testament. Noé, Abraham, et les autres patriarches. Les saints patriarches.

Fig., Il a l' air d' un patriarche, se dit D' un vieillard qui a une figure vénérable.

Fig., C' est un patriarche, se dit D' un vieillard qui vit au milieu d' une famille nombreuse. On dit de même, Il mène une vie de patriarche, Il vit comme un patriarche.

PATRIARCHE

PATRIARCHE est aussi Un titre de dignité dans l' Église, qui se donnait autrefois aux évêques des premiers siéges épiscopaux. Patriarche de Constantinople. Patriarche d' Alexandrie. Patriarche d' Antioche. Patriarche de Jérusalem. On donne encore ce titre à quelques évêques. Le patriarche de Lisbonne. Le patriarche d' Aquilée.

PATRIARCHE

PATRIARCHE est aussi Le titre des chefs de l' Église grecque, et de quelques autres communions regardées comme schismatiques par l' Église romaine, telles que celles des maronites, des jacobites, des nestoriens, etc.

Il se dit aussi Du premier instituteur de certains ordres religieux, comme saint Basile, saint Benoît, etc.

PATRICE. s. m.

PATRICE. s. m. Titre d' une dignité instituée dans l' empire romain, par Constantin. Les patrices avaient le premier rang dans l' empire après les Césars. La dignité de patrice était à vie. Il y avait plusieurs patrices en même temps.

PATRICIAT. s. m.

PATRICIAT. s. m. Dignité de patrice. On ne parvenait ordinairement au patriciat, qu' après avoir passé par les plus grandes charges, comme celle de consul, de préfet du prétoire, de préfet de la ville.

Il signifie aussi, L' ordre des nobles dans les gouvernements où ils sont appelés Les patriciens. Cela offensa le patriciat.

PATRICIEN, IENNE. adj.

PATRICIEN, IENNE. adj. Il se dit De ceux qui, parmi les Romains, étaient issus des premiers sénateurs institués par Romulus. Dans les premiers temps de la république romaine, on ne faisait point de consuls qui ne fussent patriciens. La famille Cornélia était patricienne. Clodius était patricien, et se fit plébéien.

Dans plusieurs États, Les familles patriciennes, Les familles nobles.

PATRICIEN

PATRICIEN est aussi substantif. Les seuls patriciens furent longtemps en possession du consulat. Les anciens patriciens. Les nouveaux patriciens. Les patriciens de Sienne, de Bologne.

PATRIE. s. f.

PATRIE. s. f. Le pays où l' on a pris naissance. La France est notre patrie. Dans des contrées pauvres, dont le climat est rude, on voit les hommes chérir leur patrie. L' équipage poussa des cris de joie en revoyant la patrie. Dans l' exil, le coeur palpite au souvenir de la patrie. Chasser les armées étrangères du sol de la patrie.

Il signifie, dans un sens plus particulier, La province, la ville où l' on est né. Le Languedoc est sa patrie. Marseille est sa patrie. J' irai visiter encore une fois ma patrie. Lyon, sa patrie, a reçu des marques de sa munificence.

Il se dit souvent, dans un sens figuré, de La nation dont on fait partie, de la société politique dont on est membre. Solon donna des lois à sa patrie. Cicéron fut appelé le Père de la patrie. Les vertus de ce magistrat, les talents de ce poëte font honneur à votre patrie, honorent votre patrie. Se dévouer pour sa patrie. Asservir sa patrie. Porter les armes contre sa patrie. Il n' y a point de patrie sans liberté. L' amour de la patrie doit survivre aux institutions qui la rendaient heureuse. Les devoirs envers l' humanité sont encore plus sacrés que les devoirs envers la patrie.

PATRIE

PATRIE se dit quelquefois, par extension, Du climat, de la contrée propre à certains animaux, ou même à certains végétaux. La Laponie est la patrie du renne. La patrie des palmiers.

Fig., Athènes fut la patrie des philosophes, Beaucoup de philosophes célèbres habitèrent cette ville, y donnèrent leurs leçons. La France est la patrie des sciences et des arts, Les sciences et les arts y fleurissent, y sont particulièrement en honneur.

La céleste patrie, Le ciel, considéré comme le séjour des bienheureux.

PATRIMOINE. s. m.

PATRIMOINE. s. m. Le bien qui vient du père et de la mère, qu' on a hérité de son père et de sa mère. Ample patrimoine. Son père et sa mère lui ont laissé un grand patrimoine, un patrimoine opulent. Biens de patrimoine. Il a eu cent mille écus de patrimoine. Il a dissipé, mangé son patrimoine. Un mince patrimoine.

En certains lieux, Patrimoine paternel, Les biens qui viennent du côté du père. Patrimoine maternel, Les biens qui viennent du côté de la mère.

PATRIMOINE

PATRIMOINE se dit aussi, plus généralement, Des biens de famille, pour les distinguer des acquêts. Il n' a jamais voulu toucher à son patrimoine, il n' a disposé que de ses acquêts.

PATRIMOINE

PATRIMOINE se dit, figurément, d' Une chose qui est le revenu ordinaire et naturel d' un homme ou d' une classe d' hommes. L' industrie est son patrimoine. Les biens donnés à l' Église devaient être le patrimoine des pauvres.

Il se prend aussi en mauvaise part. Les mauvais procès sont le patrimoine des praticiens fripons. Les folies des jeunes dissipateurs sont le patrimoine des usuriers. Les maladies imaginaires forment au moins la moitié du patrimoine des médecins.

Le patrimoine de Saint-Pierre, et La province du Patrimoine, Une partie du domaine que le pape possède en Italie, et dont Viterbe est la capitale.

PATRIMONIAL, ALE. adj.

PATRIMONIAL, ALE. adj. Qui est de patrimoine. Héritage patrimonial. Biens patrimoniaux. Terre patrimoniale.

PATRIOTE. s.

PATRIOTE. s. Celui, celle qui aime sa patrie, et qui cherche à lui être utile. Un bon patriote. Un faux patriote. Il a parlé, il s' est conduit en vrai patriote, en zélé patriote. C' est un patriote.

Il s' emploie quelquefois adjectivement. Turgot fut un ministre patriote.

PATRIOTIQUE. adj. des deux genres

PATRIOTIQUE. adj. des deux genres Qui appartient au patriote. Sentiment patriotique. Discours patriotique. Action patriotique. Zèle, ardeur patriotique.

Don patriotique, Don fait à la patrie.

PATRIOTIQUEMENT. adv.

PATRIOTIQUEMENT. adv. En patriote. Il a agi patriotiquement.

PATRIOTISME. s. m.

PATRIOTISME. s. m. Amour de la patrie. Acte de patriotisme.

PATROCINER. v. n.

PATROCINER. v. n. Parler longuement et jusqu' à l' importunité, pour persuader. Il se joint ordinairement avec le verbe Prêcher. Prêchez et patrocinez tant qu' il vous plaira. Vous aurez beau prêcher et patrociner. Il est vieux, et ne s' emploie que par badinage.

PATRON, ONNE. s.

PATRON, ONNE. s. Protecteur. Il se dit Du saint dont on porte le nom, de celui sous l' invocation de qui une église est dédiée, et de celui qu' un pays, une ville, une confrérie, une communauté réclame comme son protecteur. Saint Jean est son patron, est le patron de cette ville. Saint Denis est un des patrons de la France. Sainte Geneviève est la patronne de Paris. Saint Fiacre est le patron des jardiniers; saint Éloi, celui des orfévres, etc. Le jour de la fête du patron.

PATRON

PATRON se dit aussi d' Un homme puissant sous la protection de qui l' on se met pour faire sa fortune, pour avoir de l' appui; et d' Un homme dont on obtient le secours dans une affaire, dans une circonstance difficile. Chez les Romains, les plébéiens s' attachaient, sous le nom de clients, à quelque patricien qu' ils appelaient leur patron. Tel prince est son patron. Il a été mon patron dans ce procès. Vous avez là un bon patron.

Il se dit, familièrement, Du maître d' une maison. Où est le patron? Avez-vous pris les ordres du patron? Je voudrais bien saluer le patron. Le patron fait bien les honneurs de chez lui. On dit, dans le même sens, Le patron de la case; et cela s' applique, par extension, à Un homme qui, sans être le maître d' une maison, y a tout pouvoir. Cette femme, depuis son veuvage, l' a reçu chez elle, et il est devenu le patron de la case.

PATRON

PATRON se dit en outre de Celui qui commande aux matelots d' un canot, d' une chaloupe ou d' un très-petit bâtiment. Le patron de la barque, du bateau.

Fig. et fam., Il est le patron de la barque, se dit De celui qui a le plus de crédit dans une société, dans une compagnie, dans une affaire.

Adjectiv., Galère patronne, ou simplement, Patronne, se disait de La seconde des galères du roi, que montait ordinairement le lieutenant général des galères. La patronne souffrit beaucoup dans cette tempête. La patronne essuya un grand feu.

PATRON

PATRON se disait, chez les Romains, Du maître à l' égard de son affranchi. L' affranchi devait respect à son patron.

Il se dit, dans le Levant, Du maître à l' égard de l' esclave. Réduit en esclavage, il eut le bonheur d' avoir pour patron un homme compatissant.

PATRON

PATRON se disait autrefois Du prélat ou du seigneur laïque qui avait droit de nommer à un bénéfice. Patron ecclésiastique. Patron laïque. Il était le patron de ce bénéfice. Il était seigneur et patron de sa paroisse. Le patron avait les droits honorifiques dans une église, comme successeur du premier fondateur.

Adjectiv., Cardinal patron, s' est dit, à la cour de Rome, Du cardinal qui gouvernait comme premier ministre. C' était ordinairement le neveu du pape qui était le cardinal patron.

PATRON

PATRON se dit aussi, par manière de qualification amicale, à un homme d' un rang inférieur. Bonjour, patron. Gare à vous, patron. Rangez-vous, patron.

PATRON. s. m.

PATRON. s. m. Modèle sur lequel travaillent certains artisans, comme les brodeurs, les tapissiers, et autres. Un beau patron. Un nouveau patron. Un patron extrêmement riche. Un patron trop chargé d' ouvrage. Un patron à dentelle. Un patron de dentelle. Voilà un velours à ramages, dont le patron est fort beau, est bien travaillé. Ce tapissier a de beaux patrons pour des chaises.

Dentelle d' un beau patron, Dentelle faite sur un beau patron.

PATRON

PATRON signifie aussi, Un morceau de papier, de carte, ou de parchemin, que les tailleurs, les lingères, les marchandes de modes, etc., découpent de manière à figurer les différentes parties de leurs ouvrages, et sur lequel ils taillent l' étoffe dont ces ouvrages doivent être faits. Le patron d' une veste, d' un gilet. Le patron d' une chemise, d' un bonnet. Le patron d' une passe de chapeau de femme. Avez-vous du papier pour tailler le patron? Elle a fait cette guimpe sur un mauvais patron.

Fig. et fam., Cet homme s' est formé sur un bon, sur un mauvais patron, Il s' est formé sur un bon, sur un mauvais modèle.

PATRON

PATRON en termes de Luthier, se dit de Certaines pièces de bois qui ont la forme des différentes parties d' un instrument, tel que violon, basse, guitare, etc., et d' après lesquelles on taille le bois dont ces instruments doivent être faits. Violon d' un grand patron, d' un petit patron.

PATRON

PATRON se dit également d' Un papier ou carton découpé, qu' on applique sur une surface quelconque, pour peindre les parties que ces découpures laissent à découvert. Les peintres en décor font souvent usage de patrons. Les cartes à jouer s' impriment avec des patrons.

PATRONAGE. s. m.

PATRONAGE. s. m. Le droit qu' un prélat ou un seigneur laïque avait de nommer à un bénéfice. Ce bénéfice était en patronage ecclésiastique, en patronage laïque. Sa terre lui donnait les droits de patronage sur cette chapelle.

Il se dit encore de La protection qu' un homme puissant accorde à un homme d' un état inférieur. Le patronage de ce ministre lui a été fort utile. Il exerce un grand patronage dans sa province, dans sa ville natale.

PATRONAL, ALE. adj.

PATRONAL, ALE. adj. Qui appartient au patron, au saint du lieu. Fête patronale.

PATRONNER. v. n.

PATRONNER. v. n. T. de Cartier. Enduire de couleur, en se servant d' un patron évidé aux endroits où la couleur doit paraître.

PATRONYMIQUE. adj.

PATRONYMIQUE. adj. Il n' est usité que dans cette locution, Nom patronymique, Nom commun à tous les descendants d' une race, et tiré du nom de celui qui en est le père. Héraclides, Séleucides, sont des noms patronymiques.

Nom patronymique, se dit aussi, chez les nations modernes, Du nom de famille; par opposition aux noms de terre ou de fief, et aux surnoms.

PATROUILLAGE. s. m.

PATROUILLAGE. s. m. Saleté, malpropreté qu' on fait en patrouillant. Quel patrouillage faites-vous là? Il est populaire.

PATROUILLE. s. f.

PATROUILLE. s. f. T. de Guerre. Marche qu' une partie des troupes de garde dans une ville fait, pendant la nuit, pour la sûreté des habitants; et, en général, Toute marche que fait un détachement de soldats, soit pour prévenir les désordres et arrêter les malfaiteurs, soit pour empêcher les surprises de la part de l' ennemi. Faire la patrouille. Faire patrouille. Aller en patrouille. Faire des patrouilles hors de la place, hors du camp.

Il se dit aussi Du détachement même qui fait la patrouille. La patrouille marche par la ville. Rencontrer la patrouille. Les patrouilles étaient nombreuses. On a doublé les patrouilles. Patrouille à pied, à cheval. Le chef de la patrouille. Patrouille de gardes nationaux. Reconnaître la patrouille.

PATROUILLER. v. n.

PATROUILLER. v. n. T. de Guerre. Faire la patrouille, aller en patrouille. Il est familier.

PATROUILLER. v. n.

PATROUILLER. v. n. Agiter, remuer de l' eau sale et bourbeuse avec les mains, les pieds, ou autrement. Des enfants qui patrouillent dans les rues, dans le ruisseau.

Il signifie aussi, Manier malproprement les choses auxquelles on touche, les gâter, les déranger en les maniant: il est actif, dans cette acception. Un cuisinier qui patrouille des viandes. Qui est-ce qui a patrouillé tous ces fruits-là? Il est populaire dans les deux acceptions.

PATROUILLÉ, ÉE. participe

PATROUILLÉ, ÉE. participe

PATROUILLIS. s. m.

PATROUILLIS. s. m. Patrouillage. Quel patrouillis est-ce là?

Il se dit aussi d' Un bourbier. Mettre le pied dans le patrouillis. Il est populaire dans les deux acceptions.

PATTE. s. f.

PATTE. s. f. Il se dit Du pied des animaux quadrupèdes qui ont des doigts, des ongles ou des griffes; et de Celui de tous les oiseaux, à l' exception des oiseaux de proie. Patte de singe, de lion, de chat. Un chien qui donne la patte. La patte de devant, la patte de derrière de ce chien. Un chat qui donne des coups de patte. La patte d' un perroquet. Patte d' oie.

Il se dit aussi Des pieds de certains animaux aquatiques, comme l' écrevisse, le homard, etc., et de certains insectes, comme l' araignée, la mouche, etc. Des pattes d' écrevisse, d' araignée. Un insecte à huit pattes.

Fig. et fam., Ce chat fait patte de velours, Il retire ses griffes en donnant la patte.

Fig. et au sens moral, Faire patte de velours, Cacher sous des dehors caressants le pouvoir ou le dessein qu' on a de nuire.

Prov. et fig., Se servir de la patte du chat pour tirer les marrons du feu, Se servir adroitement d' un autre pour faire quelque chose de périlleux, dont on espère recueillir le profit.

PATTE

PATTE se dit, figurément et familièrement, de La main de l' homme. Cet homme a une grosse vilaine patte. Cette fille, en voulant rajuster la coiffure de sa maîtresse avec sa grosse patte, l' a entièrement dérangée. Vous touchez à tout, ôtez vos pattes de là, rangez votre patte.

Fam., Marcher à quatre pattes, Marcher sur les pieds et sur les mains.

Prov. et fam., Il ne remue ni pied ni patte, Il est sans mouvement. Il ne saurait remuer ni pied ni patte, se dit D' un homme qu' une grande faiblesse ou une grande lassitude empêche de marcher.

Fam., Mettre la patte sur quelqu' un, Le battre, le maltraiter. Si je mets une fois la patte sur lui, il y paraîtra.

Fam., Tomber sous la patte de quelqu' un, Courir le risque d' en être maltraité; en être maltraité. Qu' il ne tombe pas sous ma patte, il s' en souviendrait longtemps. On dit à peu près dans le même sens, S' il passe jamais sous ma patte, il n' en sera pas quitte à bon marché.

Fam., Être entre les pattes de quelqu' un, Être soumis à l' examen d' un homme dont on a sujet de craindre la sévérité.

Fam., Sortir des pattes, se tirer des pattes de quelqu' un, N' être plus dans sa dépendance, n' avoir plus rien à redouter de lui. Je suis heureux de m' être tiré de ses pattes, d' être sorti de ses pattes.

Fam., Tenir quelqu' un sous sa patte, Être en état, en pouvoir de lui causer du déplaisir.

Fig. et fam., Donner un coup de patte, des coups de patte à quelqu' un, Lâcher avec finesse quelque trait vif et malin contre quelqu' un, soit en sa présence, soit en son absence.

Fig. et fam., Graisser la patte à quelqu' un, Le corrompre, le gagner par argent. On a graissé la patte au portier, au valet de chambre.

PATTE

PATTE signifie aussi, Le pied d' un verre, d' une coupe, et d' autres objets semblables. Un verre à patte.

En termes de Marine, Les pattes d' une ancre, Les pièces triangulaires qui terminent à ses deux extrémités la partie courbe d' une ancre, et qui la font mordre sur le fond.

PATTE

PATTE signifie encore, Un morceau de fer pointu d' un bout, et plat de l' autre: par le bout pointu il se fiche dans du bois, ou se scelle dans du plâtre; et par l' autre bout, il sert à fixer un lambris, un chambranle de porte, un châssis de croisée, etc. Une patte en bois, en plâtre, Une patte à mettre dans du bois, dans du plâtre.

PATTE

PATTE se dit aussi d' Un instrument qui sert à régler du papier de musique, en traçant à la fois les cinq lignes parallèles qui forment une portée.

PATTE

PATTE en termes de Tailleur, Petite bande d' étoffe qui est attachée par un de ses bouts à quelque partie d' un vêtement, et dont l' autre bout porte soit un bouton, soit une boutonnière.

Il se dit aussi d' Une petite bande d' étoffe de couleur tranchante qui fait partie du parement d' un habit uniforme.

PATTE

PATTE en termes de Botanique, Racine de certaines plantes, qui a quelque ressemblance avec la patte d' un animal. C' est ce qu' on nomme autrement Griffe. Patte d' anémone, de renoncule.

PATTE-D' OIE. s. f.

PATTE-D' OIE. s. f. Point de réunion de plusieurs routes, de plusieurs allées divergentes, d' où on les aperçoit d' un coup d' oeil.

Il se dit aussi, familièrement, de Ces rides divergentes que les personnes qui commencent à vieillir ont à l' angle extérieur de chaque oeil. Il n' est plus jeune, on lui voit déjà la patte-d' oie.

PATTE-PELU. s. m.

PATTE-PELU. s. m. Homme qui va adroitement à ses fins, sous des apparences de douceur et d' honnêteté. C' est un franc patte-pelu. On dit aussi Patte-pelue, au féminin, même en parlant D' un homme. Cet homme, cette femme est une vraie patte-pelue, est une dangereuse patte-pelue.

PATTU, UE. adj.

PATTU, UE. adj. Qui a ou qui semble avoir de grosses pattes. Il n' est usité qu' en parlant De certains oiseaux d' une espèce particulière, qui ont de la plume jusque sur les pieds. Pigeons pattus. Coqs pattus. Poules pattues.

PÂTURAGE. s. m.

PÂTURAGE. s. m. Lieu où les bestiaux pâturent. Bons pâturages. Gras pâturages. On ne saurait faire des nourritures dans ce domaine, il n' y a point de pâturages.

Il signifie aussi, L' usage du pâturage. Avoir droit de pâturage sur une terre. Il ne lui en coûte rien pour le pâturage de ses bestiaux.

PÂTURE. s. f.

PÂTURE. s. f. Ce qui sert à la nourriture des bêtes, des oiseaux, et même des poissons. Dieu a soin de tous les animaux, il leur donne à chacun leur pâture, il leur apprend à chercher leur pâture. Les petits poissons sont la pâture des gros. Son corps a été la pâture des loups, la pâture des vautours et des corbeaux. Nos corps deviendront la pâture des vers.

Il se dit aussi de L' herbe et de la paille qu' on donne aux bestiaux pour leur nourriture, et principalement à des boeufs et à des vaches. Mettre de la pâture devant des boeufs, leur donner de la pâture.

Il se dit même quelquefois Du lieu où croît la nourriture des animaux qui paissent. Une belle pâture. Une vaste pâture.

Mettre, envoyer des chevaux en pâture, Les mettre paître, les envoyer paître dans un pré. En de certains temps, la cavalerie envoie les chevaux en pâture.

Vaine pâture, Terres dont la pâture est libre, où tous les habitants d' une commune peuvent conduire leurs bestiaux; et, généralement, Toutes les terres où il n' y a ni semences ni fruits. Droit de parcours et vaine pâture, Droit de mener ses bestiaux dans les terres qui sont en cet état.

PÂTURE

PÂTURE se dit quelquefois, familièrement, de La nourriture de l' homme. C' est une bonne pâture, une excellente pâture que la pomme de terre. Vous ne mangez que des fruits et des salades, ce n' est pas là une pâture. Cet enfant n' a pas pâture suffisante.

PÂTURE

PÂTURE s' emploie aussi figurément, au sens moral. Il ne faut pas rester oisif, il faut donner de la pâture à son esprit. Ce livre est bien frivole; vous vous trompez, si vous croyez y trouver pâture. La parole de Dieu est la pâture de l' âme. Pâture spirituelle. Il y a dans ce poëme beaucoup de pâture pour la critique. Tout sert de pâture à sa malignité.

PÂTURER. v. n.

PÂTURER. v. n. Prendre la pâture. Les bêtes cherchent à pâturer, vont pâturer. C' est un lieu où les troupeaux pâturent commodément.

PÂTUREUR. s. m.

PÂTUREUR. s. m. Ce mot n' est guère usité qu' à la guerre, où il se dit Des cavaliers et des valets qui mènent les chevaux à l' herbe. Donner une escorte aux pâtureurs.

PATURON. s. m.

PATURON. s. m. T. d' Art vétérin. La partie du bas de la jambe d' un cheval, entre le boulet et la couronne. Un cheval blessé au paturon.

PAULETTE. s. f.

PAULETTE. s. f. Droit que la plupart des officiers de justice et de finance payaient tous les ans au roi, afin de pouvoir disposer de leurs charges, et pour que le prix en demeurât à leurs héritiers, s' ils venaient à mourir dans le cours de l' année. Les charges qui payaient paulette. Sa charge fut perdue pour ses héritiers, parce qu' il n' avait pas payé la paulette.

PAULÔ-POST-FUTUR. s. m.

PAULÔ-POST-FUTUR. s. m. Terme de Grammaire, composé de deux mots pris du latin et d' un mot français, et signifiant, Futur très-prochain. C' est le nom d' un temps propre à la langue grecque, dans les verbes passifs seulement.

PAUME. s. f.

PAUME. s. f. Le dedans de la main entre le poignet et les doigts. Avoir la paume de la main longue, courte, etc. Il a été blessé à la paume de la main.

Pop., Siffler en paume, Appeler en faisant du creux de la main une espèce de sifflet.

PAUME. s. f.

PAUME. s. f. Sorte de jeu auquel jouent deux ou plusieurs personnes qui se renvoient une balle avec une raquette ou un battoir, dans un lieu préparé exprès. Jeu de la paume. C' est un grand joueur de paume. Il joue parfaitement à la paume. Nous avons fait une belle partie de paume.

PAUME

PAUME absolument, signifie, Le jeu de la paume. J' ai perdu six francs à la paume. La paume est un exercice utile pour la santé.

Longue paume, Celle à laquelle on joue dans un long espace de terrain ouvert de tous côtés et disposé exprès. Jeu de longue paume, Le terrain où l' on y joue.

Courte paume, Celle à laquelle on joue dans un carré long enfermé de murailles ordinairement peintes en noir, et pavé de dalles de pierre. Jeu de courte paume, Le lieu où l' on y joue.

Jeu de paume, simplement, Le lieu où l' on joue à la courte paume. Jeu de paume couvert. Jeu de paume découvert. Cette salle est nue comme un jeu de paume.

Jeu de paume carré, ou simplement, Un carré. Jeu de paume à dedans, ou simplement, Un dedans. Voyez CARRÉ et DEDANS.

PAUMELLE. s. f.

PAUMELLE. s. f. Espèce d' orge très-commune dans quelques provinces.

PAUMER. v. a.

PAUMER. v. a. Il ne s' emploie que dans cette phrase très-populaire, Paumer la gueule, Donner un coup de poing sur le visage.

PAUMÉ, ÉE. participe

PAUMÉ, ÉE. participe

PAUMIER. s. m.

PAUMIER. s. m. Maître d' un jeu de paume. Maître paumier.

PAUMURE. s. f.

PAUMURE. s. f. T. de Vénerie. Voyez EMPAUMURE.

PAUPIÈRE. s. f.

PAUPIÈRE. s. f. La peau mobile qui sert à couvrir le globe de l' oeil, quand elle s' abaisse, et qui est bordée de petits poils appelés Cils. La paupière de dessus, de dessous. La paupière supérieure, inférieure. Ouvrir, fermer, clore la paupière. Dès qu' une personne est morte, on lui ferme les paupières, on abaisse ses paupières sur ses yeux. Elle se mit à rougir en baissant la paupière. L' envie de dormir appesantit la paupière.

Fig., Fermer la paupière, Dormir. Je n' ai pas fermé la paupière de toute la nuit. Il signifie aussi, Mourir. Il n' eut pas plutôt fermé la paupière, qu' on mit le scellé chez lui.

Fig., Fermer la paupière, les paupières à quelqu' un, L' assister jusqu' à la mort, lui rendre le dernier service. Je l' ai vu mourir, c' est moi qui lui ai fermé les paupières.

Fig., Ouvrir la paupière, S' éveiller.

PAUPIÈRE

PAUPIÈRE signifie aussi seulement, Le poil de la paupière, les cils. Paupière noire, blonde. De grandes, de longues paupières.

PAUSE. s. f.

PAUSE. s. f. Suspension, interruption momentanée d' une action. Faire une pause, de longues pauses. Il fit deux ou trois pauses en chemin. Le cortége fit une pause en tel endroit. Dans un long travail, il faut des pauses, de petites pauses de temps en temps. Le prédicateur fit une pause au milieu de son sermon.

PAUSE

PAUSE en termes de Musique, Silence, intervalle de temps pendant lequel un ou plusieurs musiciens, ou même tous les concertants, demeurent sans chanter, sans jouer. Marquer les pauses dans la musique. Compter des pauses.

Il signifie plus exactement, Un silence de la durée d' une mesure pleine.

Demi-pause, Silence de la valeur d' une blanche, quelle que soit la mesure.

PAUSER. v. n.

PAUSER. v. n. T. de Musique. Appuyer sur une syllabe en chantant. Pausez sur cette syllabe. Il a vieilli.

PAUVRE. adj. des deux genres

PAUVRE. adj. des deux genres Qui n' a pas le nécessaire, ou qui l' a trop strictement. Un pauvre homme. Une pauvre femme. Un pauvre artisan. En ce pays-là les paysans sont fort pauvres. Devenir pauvre. Il a vécu pauvre, et il est mort pauvre. Il est pauvre comme Job.

Il se dit, par extension, D' une personne qui n' a pas de quoi subsister honorablement selon sa condition. Il est bien pauvre pour un homme de son rang. Vous faites cet homme-là bien plus pauvre qu' il n' est.

Cet homme fait le pauvre, Il feint de n' avoir pas le nécessaire relatif à son état. En ce sens, Pauvre est pris substantivement.

PAUVRE

PAUVRE se dit aussi Des pays stériles ou dont les habitants sont misérables, et Des associations, des établissements qui ont des revenus très-modiques ou insuffisants. Ce royaume, cette province, cette ville, ce village, ce pays est pauvre. Cet hospice est pauvre, fort pauvre.

Il se dit encore De certaines choses dans lesquelles on ne trouve pas l' abondance qu' on y pourrait désirer. Une mine pauvre, Celle d' où l' on n' extrait que peu de métal. Une langue pauvre, Celle qui n' a pas tous les termes et tous les tours nécessaires pour bien exprimer les pensées. Un sujet pauvre, une matière pauvre, Un sujet, une matière stérile, qui fournit peu à l' écrivain.

PAUVRE

PAUVRE se dit quelquefois par sentiment de compassion. Le pauvre homme! il a bien souffert.

Il se dit encore par tendresse et par familiarité. Mon pauvre enfant. Mon pauvre ami. Le pauvre petit!

Il se dit aussi De diverses choses, par manière de plainte. Voilà mon pauvre habit tout gâté. Voilà nos pauvres vignes toutes gelées.

Il se dit souvent par mépris, et signifie, Chétif, mauvais dans son genre. Il a fait un pauvre discours. Il nous a donné une pauvre pièce. C' est un pauvre esprit. C' est un pauvre poëte. Un pauvre musicien. De pauvre pain. De pauvre vin. De pauvre étoffe. Il nous a fait une pauvre chère. Il a fait là une pauvre ambassade. Cela fait un pauvre effet. Un dessin pauvre, sec. Cet habit a pauvre mine.

Il ne m' a pas dit un pauvre mot, Pas un seul mot d' honnêteté, de consolation.

Prov., Un pauvre sire, Un homme sans considération, sans mérite. Un pauvre hère, un pauvre diable, Un homme qui est dans la misère. C' est un pauvre diable chargé de famille. Il faudrait qu' on aidât à ce pauvre diable, car il prend bien de la peine.

Un pauvre homme, Celui qui manque d' industrie, d' esprit, de coeur pour ses affaires. Vous êtes un pauvre homme de vous laisser mener ainsi, de vous laisser duper de la sorte. Ne me parlez point de cet homme-là, c' est un pauvre homme.

PAUVRE

PAUVRE est aussi substantif; et alors il signifie, Un mendiant, un homme qui est véritablement dans le besoin. Donnez l' aumône à ce pauvre, aux pauvres. On doit assister les pauvres. Les pauvres sont les membres de JÉSUS-CHRIST.

Prov., Le pauvre est toujours pauvre, Le moyens lui manquent pour se tirer de la misère.

Pauvres honteux, Personnes qui sont dans l' indigence, et qui n' osent demander publiquement l' aumône. Pauvres de la paroisse, de la commune, Ceux qui sont à l' aumône de la paroisse, de la commune.

En termes de l' Écriture, Pauvres d' esprit, Ceux qui ont le coeur et l' esprit entièrement détachés des biens de la terre. L' Évangile dit: Bienheureux les pauvres d' esprit, car le royaume des cieux est à eux.

Fam., Pauvre d' esprit, Une personne de peu d' esprit.

PAUVREMENT. adv.

PAUVREMENT. adv. Dans l' indigence, dans la pauvreté. C' est un homme qui vit pauvrement.

Être vêtu pauvrement, Être mal habillé, être habillé comme quelqu' un qui est dans la misère.

PAUVRESSE. s. f.

PAUVRESSE. s. f. Femme pauvre qui mendie. Donner l' aumône à une pauvresse. Il est familier.

PAUVRET, ETTE. s.

PAUVRET, ETTE. s. Diminutif de Pauvre: terme de commisération, d' affection. Le pauvret, la pauvrette ne sait où aller. Il est familier.

PAUVRETÉ. s. f.

PAUVRETÉ. s. f. Indigence, manque de biens, manque des choses nécessaires à la vie. Grande pauvreté. Une affreuse pauvreté. Tomber dans une extrême pauvreté. Tirer quelqu' un de la pauvreté. Il représenta au prince la pauvreté du pays. Cette province est d' une grande pauvreté.

Prov., Pauvreté n' est pas vice, Pour être pauvre, on n' est pas malhonnête homme.

En termes de Dévotion, Pauvreté évangélique, La renonciation volontaire aux biens temporels, suivant le conseil de l' Évangile. Pauvreté d' esprit, Le détachement entier des biens de la terre.

Fig., La pauvreté de la langue, se dit dans un sens analogue à celui de Langue pauvre.

PAUVRETÉ

PAUVRETÉ se dit encore, figurément et familièrement, de Certaines choses basses et méprisables qu' on dit ou qu' on fait. Il ne m' a dit, il ne m' a écrit que des pauvretés. C' est un grand diseur de pauvretés. Quelle pauvreté!

Il se dit également de Ce qui est commun, plat, mauvais, dans les ouvrages de l' art. Il y a bien des pauvretés dans cet ouvrage. Ses épîtres, ses odes ne sont que des pauvretés.

PAVAGE. s. m.

PAVAGE. s. m. Ouvrage fait avec du pavé. Un pavage bien fait. Pavage de grès, de pierre dure, de lave.

Il se dit aussi Du travail du paveur, et des matériaux fournis par lui. J' ai payé tant pour le pavage de ma cour. Un mémoire de pavage.

PAVANE. s. f.

PAVANE. s. f. Sorte d' ancienne danse grave et sérieuse. Danser la pavane. Danser une pavane.

PAVANER (SE). v. pron.

PAVANER (SE). v. pron. Marcher d' une manière fière, superbe, comme un paon qui fait la roue. Voyez comme il se pavane. Il aime à se pavaner.

PAVÉ. s. m.

PAVÉ. s. m. Morceau de grès, de pierre dure, de marbre, etc., dont on se sert pour paver. Le grès de Fontainebleau fait de bon pavé. Il manque quelques pavés de marbre dans cette salle à manger. Lorsqu' on ne désigne pas de quelle espèce sont les pavés dont on parle, on entend ordinairement Des pavés de grès ou de caillou, servant à paver les rues, les cours, etc. Lever un pavé. Arracher un pavé. Un cent de pavés. Une charretée de pavés.

Gros pavé, Celui dont on se sert pour les rues et les grands chemins. Petit pavé, Celui que l' on emploie pour paver les cours, les cuisines, les écuries.

Pavé refendu, Pavé qui n' a que la moitié de l' épaisseur du pavé ordinaire, et dont on se sert pour les lieux où les voitures ne circulent pas.

PAVÉ

PAVÉ se dit aussi de L' assemblage de pavés qui couvre une aire, une surface. Pavé de grès, de cailloux, de marbre, de brique, de lave, de pierre de liais. Ce pavé est bien fait, est mal fait. Pavé à compartiments de diverses couleurs. Pavé de mosaïque. Pavé uni, raboteux. Le pavé de l' église est tout de marbre. Le pavé d' une cour, d' une cuisine, d' une écurie, d' une antichambre, d' une salle à manger, d' un cabinet de bains.

Il se dit particulièrement en parlant D' un chemin, d' une rue, etc. Ne quittez pas le pavé. Suivez le pavé. Entretenir le pavé. Avoir soin du pavé. Le pavé de Paris à Orléans. On a refait le pavé de cette rue. Le pavé est mauvais, est glissant, est rompu en plusieurs endroits. D' ici à tel endroit, c' est tout pavé.

Fam., Se promener sur le pavé de Paris, Se promener dans les rues de Paris.

Prov., Être sur le pavé, se dit D' une personne qui n' a point de domicile, qui ne trouve pas où loger. Il signifie aussi, Être sans place, sans condition, sans emploi.

On l' a mis sur le pavé, On l' a fait sortir de son logement, sans qu' il sache où en trouver un autre. On a mis ses meubles sur le pavé, On les a mis dans la rue.

Prov. et fig., Être sur le pavé du roi, Être sur la voie publique, être dans un lieu où l' on a droit d' être comme tout le monde, et d' où l' on ne peut être exclu par personne. On n' a rien à lui dire, il est sur le pavé du roi.

Bride en main sur le pavé, Il est dangereux de galoper sur le pavé.

Prov. et fig., Bride en main sur le pavé, Il ne faut rien précipiter dans les affaires délicates, et qui peuvent avoir des suites fâcheuses.

Fam., Battre le pavé, Aller par les rues, courir par la ville sans aucune affaire et pour perdre le temps. Il ne fait que battre le pavé.

Fam., Batteur de pavé, Fainéant qui passe son temps à courir les rues.

Le haut du pavé, La partie du pavé qui est du côté des murailles. Prendre, céder, disputer le haut du pavé.

Fig. et fam., Tenir le haut du pavé, Être au premier rang, jouir d' une grande considération dans une ville, dans une compagnie. Il tient le haut du pavé dans ce pays-là. On dit de même: Je ne connais ici personne qui puisse lui disputer le haut du pavé. Il a pris le haut du pavé sur toutes les personnes de son état, de sa profession.

Fig. et fam., Ce médecin, ce maître de danse, de musique, etc., gagne beaucoup sur le pavé de Paris; le pavé de Paris lui vaut beaucoup, Il a beaucoup de pratiques, beaucoup d' écoliers dans Paris.

Fig. et fam., Faire quitter le pavé à quelqu' un, Le faire retirer, faire qu' il n' ose plus paraître.

Fig. et fam., Brûler le pavé, Aller très-vite à cheval ou en voiture.

Fig. et fam., Tâter le pavé, Agir avec circonspection.

PAVEMENT. s. m.

PAVEMENT. s. m. Il se dit de L' action de paver, et Des matériaux qu' on emploie pour cet effet. Il en a coûté tant pour le pavement de cette cour.

Il se dit, plus particulièrement, Des ouvrages de luxe et de goût qui forment les pavages intérieurs. Le pavement en mosaïque d' une église. Le pavement des édifices grecs et romains était souvent de marbre de couleur.

PAVER. v. a.

PAVER. v. a. Couvrir le terrain, le sol d' un chemin, d' une rue, d' une cour, d' une écurie, d' une salle, etc., avec du grès, de la pierre dure, du caillou, du marbre, de la brique, etc., pour le rendre plus solide et plus uni, pour y marcher, ou y faire passer des voitures plus commodément. Paver un chemin, une rue, une cour. Faire paver une écurie. Paver une église de dalles, de pierre de liais. Paver une salle à manger de carreaux de marbre. Paver de grès, de brique, de cailloux.

Il s' emploie quelquefois absolument. Chacun fut obligé de faire paver devant sa porte. Les voitures ne peuvent point passer dans cette rue, on y pave.

PAVÉ, ÉE. participe

PAVÉ, ÉE. participe Chemin pavé. Salle pavée de marbre, pavée de petits carreaux, pavée en mosaïque.

Prov. et fig., Les rues en sont pavées, se dit en parlant De choses dont il y a une grande abondance dans une ville, et De certaines gens dont il y a une multitude. Les oranges étaient autrefois fort rares, maintenant les rues en sont pavées. Les rues de cette ville sont pavées de filous.

Fig. et fam., Il a le gosier pavé, se dit D' un homme qui mange ou boit extrêmement chaud, ou qui fait un grand usage soit d' épices, soit de liqueurs fortes.

PAVESADE. s. f.

PAVESADE. s. f. T. de Marine. Toile ou étoffe qu' on tendait en dehors autour des bords d' une galère, le jour d' un combat, pour dérober aux ennemis la vue de ce qui se faisait, de ce qui se passait sur le pont. Tendre la pavesade.

PAVEUR. s. m.

PAVEUR. s. m. Celui dont le métier est de paver des rues, des chemins, des cours. C' est un bon paveur. Faire marché avec les paveurs.

PAVIE. s. m.

PAVIE. s. m. (On prononce Pavi.) Sorte de pêche dont la chair est adhérente au noyau. De gros pavies. Pavies rouges. Pavies jaunes. Le pavie nous a été apporté de Lombardie.

PAVILLON. s. m.

PAVILLON. s. m. Espèce de logement portatif de forme ronde ou carrée, et terminé en pointe par en haut, qui servait jadis au campement des gens de guerre. Les pavillons étaient ordinairement faits de coutil. L' arbre ou le mât d' un pavillon. Les cordages d' un pavillon. Tendre un pavillon.

PAVILLON

PAVILLON en termes de Tapissier, Tour de lit plissé par en haut, et suspendu au plancher, ou attaché à un petit mât vers le chevet. Un pavillon de taffetas, de toile des Indes, de serge. On dit aujourd' hui, Couronne.

PAVILLON

PAVILLON se dit aussi d' Un tour d' étoffe dont on couvre le tabernacle, dans quelques églises.

Il se dit également Du tour d' étoffe qu' on met sur le saint ciboire.

PAVILLON

PAVILLON en Architecture, Corps de bâtiment ordinairement carré, appelé ainsi, à cause de la ressemblance de sa forme avec celle des pavillons d' armée. Sa maison ne consiste qu' en un pavillon. Il a bâti un pavillon au bout de son jardin. Un corps de logis entre deux pavillons. Un corps de logis ayant un pavillon au milieu. Gros pavillon.

PAVILLON

PAVILLON signifie aussi, L' extrémité évasée d' une trompette, d' un cor, d' un porte-voix, etc.

En termes d' Anat., Le pavillon de l' oreille, Le cartilage de l' oreille.

PAVILLON

PAVILLON en termes de Marine, Espèce de bannière ou d' étendard, qui est en forme de carré long, et dont le principal usage est de faire connaître à quelle nation appartient le bâtiment sur lequel il est arboré. Quand il a cet usage, on le place au mât de l' arrière: placé à d' autres mâts, il sert à indiquer le rang de l' officier général de mer qui commande. Il n' y a que l' amiral qui porte le pavillon au grand mât. Le pavillon de France. Le pavillon d' Angleterre. Arborer le pavillon. Mettre le pavillon bas. Baisser le pavillon.

Amener le pavillon, Le baisser par déférence ou par force.

Assurer son pavillon, Tirer un coup de canon, en arborant le pavillon de sa nation.

Mettre le pavillon en berne, Le plier dans sa hauteur, de manière qu' il ne fasse qu' un faisceau, pour rappeler ceux de l' équipage qui sont à terre, ou pour demander du secours.

Fig. et fam., Baisser le pavillon, ou Baisser pavillon, ou Mettre pavillon bas, Céder et se reconnaître inférieur à la personne à qui l' on se trouve comparé, avec qui l' on est en concurrence, en contestation. Quant à cela, je baisse le pavillon, je baisse pavillon, et je reconnais que vous l' emportez sur moi. C' est un homme qui est au-dessus de tous les autres dans ce genre-là, il faut baisser pavillon devant lui, il faut mettre pavillon bas devant lui. Vos raisons sont meilleures que les miennes, je cède et je baisse pavillon.

Fig., Se ranger sous le pavillon de quelqu' un, Se mettre sous sa protection.

PAVILLON

PAVILLON s' emploie quelquefois, figurément, pour désigner Les vaisseaux, l' armée navale, la puissance maritime d' une nation. On est protégé, dans les parages étrangers, par le pavillon de sa nation. Le pavillon anglais domine sur ces mers. Cet amiral, dans la dernière guerre, a soutenu l' honneur du pavillon français.

Le pavillon couvre la marchandise, Le commerce des neutres doit être respecté par les puissances belligérantes.

Trafiquer sous le pavillon neutre, sous pavillon neutre, Employer, en temps de guerre, des bâtiments neutres pour le transport de ses marchandises.

PAVILLON

PAVILLON au Jeu de trictrac, Marque façonnée en étendard, qui annonce qu' on a la bredouille. Prendre le pavillon. À bas le pavillon.

PAVOIS. s. m.

PAVOIS. s. m. Sorte de grand bouclier. On n' emploie guère ce mot qu' en parlant De nos anciens usages, ou dans la poésie. Quand les Français élisaient un roi, ils l' élevaient sur un pavois, le portaient sur un pavois.

PAVOIS

PAVOIS en termes de Marine, Tenture de toile ou de drap qu' on étend sur le bord d' un bâtiment, les jours de solennité ou de réjouissance.

PAVOISER. v. a.

PAVOISER. v. a. T. de Marine. Garnir un bâtiment de ses pavois et de ses pavillons. L' amiral fit pavoiser tous les vaisseaux de la flotte. Tous les bâtiments qui étaient dans le port furent à l' instant pavoisés.

PAVOISÉ, ÉE. participe

PAVOISÉ, ÉE. participe

PAVOT. s. m.

PAVOT. s. m. Plante qui porte de grandes fleurs à quatre pétales, et dont le suc a la vertu d' assoupir. Pavot sauvage. Pavot de jardin. Pavot noir, blanc, rouge. Pavot double. Pavot panaché. Tête, graine, jus de pavot. Le suc de pavot fait dormir. C' est avec le suc d' une espèce de pavot qu' on fait l' opium. Le coquelicot est une espèce de pavot.

Poétiq., Les pavots du sommeil, les pavots de Morphée, Le sommeil. Les pavots du sommeil avaient appesanti ses yeux. On dit de même, Morphée avait versé sur lui tous ses pavots, Il était profondément endormi.

PAYABLE. adj. des deux genres

PAYABLE. adj. des deux genres Qui doit être payé à certains termes ou à certaines personnes. Une lettre de change payable à vue, payable à jour préfix ou à jour nommé, payable à tant de jours de vue, payable à une ou à plusieurs usances, payable par corps. Ce billet n' est payable qu' à Noël. Il est convenu de lui donner telle somme, payable en quatre termes égaux. Un billet payable au porteur, payable à un tel ou à son ordre, payable à volonté, payable en lettres de change, en papier.

PAYANT, ANTE. adj.

PAYANT, ANTE. adj. Qui paye. De dix que nous étions à ce dîner, il n' y en avait que quatre payants. Le nombre des payants était de six seulement. Dans cette dernière phrase, Payant est employé substantivement.

Billet payant, Billet que l' on achète pour voir un spectacle, pour aller à un bal, à un concert, etc.; par opposition à Billet gratis, Celui qu' on reçoit pour rien.

Chez les Restaurateurs, Carte payante, Le compte de la dépense que l' on y a faite; par opposition à la carte sur laquelle sont portés les noms des mets et leur prix.

PAYE. s. f.

PAYE. s. f. Ce qu' on donne aux gens de guerre pour leur solde. Donner la paye aux troupes. Paye de capitaine, de lieutenant, etc. On retient tant à chaque soldat sur sa paye pour sa chaussure. La paye de l' armée. Il a double paye.

Haute paye, Solde plus forte que la solde ordinaire. Il est à la haute paye. Il se dit aussi de Celui qui reçoit la haute paye; et, en ce sens, il s' emploie principalement au pluriel. Les hautes payes du régiment.

PAYE

PAYE se dit quelquefois Du salaire des ouvriers. Cet ouvrier reçoit sa paye tous les huit jours.

Il se dit aussi de L' action de donner la paye. La paye des soldats se faisait tous les cinq jours. La paye de ces ouvriers se fait tous les samedis. C' est aujourd' hui jour de paye.

PAYE

PAYE se dit aussi de Celui qui paye. C' est une bonne paye, une mauvaise paye, Il paye bien, il paye mal.

Prov., D' une mauvaise paye on tire ce qu' on peut, Quand un débiteur n' a pas la volonté ou le moyen de payer tout ce qu' il doit, il faut quelquefois se contenter du peu qu' il offre; et, figurément, Il ne faut pas exiger des gens plus qu' ils n' ont la volonté ou le pouvoir de faire.

Morte-paye. Nom que l' on donnait autrefois à un soldat entretenu à demeure dans une garnison, tant en paix qu' en guerre.

Morte-paye, se dit, par extension, d' Un vieux domestique, ou de quelque autre homme qu' on entretient dans une maison, sans qu' il y fasse aucune fonction, ni qu' il y rende aucun service. Il se dit également, surtout au pluriel, de Ceux qui ne peuvent pas payer la contribution à laquelle ils sont imposés.

PAYEMENT. s. m.

PAYEMENT. s. m. (L' usage autorise aussi à écrire Paiement et Paîment.) Ce qui se donne pour acquitter une dette. Un payement en numéraire, en papier. Le payement de telle somme. Il a reçu son payement. Après le premier payement. Pour son payement. Pour compléter, pour achever le payement. Donner, prendre des effets en payement. Exiger le payement d' une dette. Cet ouvrier demande son payement.

Il se dit aussi de L' action de payer. Faire un payement. Le payement s' en fit en trois termes. Le jour du payement. Le payement du prix.

PAYEN, ENNE. adj. et s.

PAYEN, ENNE. adj. et s. Voyez PAÏEN, ENNE.

PAYER. v. a.

PAYER. v. a. (Je paye, tu payes, il paye, ou il paie; nous payons, vous payez, ils payent, ou ils paient. Je payais; nous payions, vous payiez, ils payaient. Je payai. J' ai payé. Je payerai, ou je paierai ou paîrai. Je payerais, ou je paierais ou paîrais. Paye, payez. Que je paye; que nous payions, que vous payiez, qu' ils payent. Que je payasse. Payant.) Acquitter une dette. Payer une somme d' argent. Payer le prix d' une chose. Payer mille écus. Payer ce qu' on doit à son créancier. Je lui ai payé une forte somme. Il me doit encore tout, il ne m' a pas payé un sou.

Il se dit aussi en parlant De celui à qui on doit. Payer ses créanciers. Payer un marchand. Payer ses domestiques. Payer des ouvriers. Il paye ses ouvriers à la semaine, au mois, à l' année. Il m' a payé avec des marchandises, en marchandises. Je l' ai payé en or, en argent, en espèces, en papier. Payer les troupes. Les bons ouvriers ne se peuvent trop payer. Il a été bien payé de sa peine. Enfin je me suis fait payer.

Se faire bien payer, Vendre cher ses services, son travail. Cet ouvrier travaille bien, mais il se fait bien payer.

Se faire payer, Vendre ses services, tirer un profit de fonctions qui doivent être gratuites. Il n' a pas eu cette place pour rien, son protecteur a eu la bassesse de se faire payer.

PAYER

PAYER se dit encore en parlant De la chose pour laquelle on doit. Payer des marchandises. Payer une étoffe. Tout ce qu' il prend, il le paye argent comptant, il le paye comptant, il le paye à la minute. Payer les gages, les appointements. Payer les intérêts. les arrérages et le principal. Payer l' amende Payer la folle enchère. Payer une pension Payer les loyers d' une maison. Payer le dîner. Payer l' écot. Payer sa fête. Payer sa bienvenue. Payer sa part. Payer sa quote part. Payer le prix convenu.

Pop., Payer pinte, chopine, bouteille à quelqu' un, Mener quelqu' un boire au cabaret, et payer pour lui.

Payer une obligation, une promesse, un billet, une lettre de change, etc., Payer la somme portée dans une obligation, etc.

Fig., Payer le tribut à la nature, Mourir. Payer le tribut à la faiblesse humaine, Avoir quelqu' une des imperfections, commettre quelqu' une des fautes auxquelles l' espèce humaine est sujette.

Fig. et fam., Payer les violons, Faire les frais d' une affaire dont un autre tire tout le profit.

Prov. et fig., Il en payera les pots cassés, On fera retomber sur lui le dommage, la perte; on s' en vengera sur lui.

Prov., Les battus payent l' amende, Souvent ceux qui auraient droit à une réparation, sont réprimandés, condamnés, maltraités de nouveau.

Fig. et par menace, Il le payera, se dit Pour exprimer qu' on trouvera moyen de se venger du déplaisir, de l' injure qu' on a reçue de quelqu' un. Il m' a fait un mauvais tour, il m' a rendu un mauvais office, mais il me le payera. Dans le même sens, on dit familièrement, Il le payera plus cher qu' au marché, il me le payera au double.

PAYER

PAYER s' emploie aussi absolument. Il se défendait, il refusait de payer. Il a fallu payer. Il a été condamné à payer. C' est un homme qui n' aime pas à payer. J' ai été obligé de payer pour lui.

Se payer par ses mains, S' indemniser sur ce qu' on a en sa possession, et qui appartient au débiteur.

Cela est à payer, cela ne se peut payer, se dit De ce qui est excellent dans son genre, très-agréable, ou très-curieux. Ce conte-là est excellent, il ne se peut payer. C' est un plaisir qui ne se peut payer. Cet homme est à payer pour son originalité.

Fig., Payer pour les autres, Être seul puni d' une faute commune à plusieurs. Il a payé pour tous les autres.

Prov., Payer ric à ric, Payer avec lésinerie, s' acquitter, mais en payant le moins qu' on peut. Il n' est pas généreux, il paye ric à ric; et, Faire payer ric à ric, Faire payer tout ce qui est dû, sans grâce, ni remise. C' est un homme qu' il faut faire payer ric à ric.

Prov. et fig., Payer en monnaie de singe, en gambades, Se moquer de celui à qui on doit, et ne le point payer.

Prov. et fig., Payer en même monnaie, Rendre la pareille.

Prov., Qui répond paye, On est obligé de payer pour celui dont on s' est rendu caution. Il se dit au propre et au figuré.

Prov., Il faut payer ou agréer, Quand on doit, il faut donner de l' argent ou du moins de bonnes paroles.

PAYER

PAYER se dit quelquefois Des personnes ou des choses qui sont sujettes à quelque impôt, qui doivent quelque droit. Ce marchand paye cent francs de patente. Ce propriétaire paye mille francs d' impositions. Ce département paye tant de contributions. Cette marchandise paye tant à la douane. L' hectolitre de vin paye tant d' entrée.

PAYER

PAYER s' emploie aussi figurément, et signifie, Récompenser, reconnaître. On a bien payé, mal payé ses services, ses soins. Rien ne peut payer une telle marque de dévouement. Il n' a pas seulement payé cette belle action d' un coup d' oeil, d' une parole flatteuse. Je suis assez payé par le plaisir de vous avoir obligé. L' amitié ne se paye que par l' amitié. Un tel service ne saurait se payer que par une reconnaissance éternelle.

Il signifie quelquefois, Dédommager. Ce moment de bonheur l' a payé de toutes ses peines.

Il signifie aussi, Obtenir, acquérir quelque chose par un sacrifice. Il a payé de sa liberté, de sa vie, de son sang, un court instant de plaisir. La gloire, la fortune lui a fait payer, lui a bien fait payer, lui a fait payer bien cher ses faveurs.

Il signifie aussi quelquefois, Punir. On l' a payé de son insolence. Il a été payé de tous ses crimes.

Fam., Il a été bien payé de l' injure qu' il a dite, de l' insulte qu' il a faite, Il en a été bien puni, on s' en est bien vengé sur lui; et absolument, Il a été payé, Il a reçu son fait, il a reçu ce qu' il méritait.

PAYER

PAYER signifie encore, Expier. Il a payé de sa tête un si grand forfait. Il a payé sa scélératesse. Vous payerez cette injure.

PAYER

PAYER au figuré, se construit avec la préposition De dans un certain nombre de phrases faites.

Payer de belles paroles, Ne donner satisfaction qu' en paroles. On dit dans le même sens, Payer de mots.

Payer d' ingratitude, Manquer de reconnaissance pour un bienfait reçu.

Payer quelqu' un de retour, Reconnaître ses procédés ou ses sentiments par des procédés ou des sentiments pareils.

Payer de raisons, Donner de bonnes raisons sur les choses dont il s' agit. On dit en sens contraire, Payer de mauvaises raisons.

Se payer de raisons, Se rendre aux raisons qu' un autre allègue.

Payer d' effronterie, Soutenir effrontément un mensonge, se tirer d' un mauvais pas par effronterie.

Payer d' audace, Faire si bonne contenance, que par la on arrête, on intimide ses ennemis.

Payer de sa personne, S' exposer dans une occasion dangereuse, et y bien faire son devoir. C' est un homme brave, et qui a payé de sa personne en cent occasions. Il signifie aussi, Agir par soi-même dans les occasions qui le demandent. Cette compagnie a un chef qui sait au besoin payer de sa personne.

Il paye de bonne mine, il ne paye que de mine, se dit D' un homme de peu de mérite, mais d' une belle représentation.

Il ne paye pas de mine, se dit D' un homme dont l' apparence est chétive ou disgracieuse.

PAYÉ, ÉE. participe

PAYÉ, ÉE. participe Une somme payée. Des créanciers, des ouvriers payés. De la marchandise payée. Une lettre de change payée.

Subst., Plus-payé. Voyez PLUS.

Cela est bien payé, n' est pas payé, se dit D' une chose, d' une marchandise dont on donne tout ce qu' elle vaut, ou dont on n' offre pas la valeur.

Prov., Tant tenu, tant payé, se dit Pour exprimer que le service d' une personne, ou que l' usage d' une chose, a été ou sera payé en raison de sa durée.

Prov., Je suis payé pour cela, J' ai fait, à mes dépens, l' expérience de ce que telle chose a de dangereux, de nuisible, de désagréable. Je ne retournerai plus dans cette maison, je suis payé pour cela. Il ne fréquentera plus ces étourdis, il est payé pour cela. On dit de même, Il n' est pas payé pour aimer cet homme, pour se fier à cet homme.

PAYEUR, EUSE. s. m.

PAYEUR, EUSE. s. m. Celui, celle qui paye. C' est un bon payeur, une mauvaise payeuse.

PAYEUR

PAYEUR se dit aussi d' Un homme chargé par son emploi, par son office, de payer des dépenses, des traitements, des rentes. Il était payeur de l' armée. Payeur divisionnaire. Payeur de département. Il est payeur à la trésorerie. Son père était payeur des rentes à l' hôtel de ville.

PAYS. s. m.

PAYS. s. m. Région, contrée. Bon pays. Pays à blé. Pays de bois. Pays de chasse. Pays gras, maigre, riche, stérile, fertile, inculte, abondant. Pays montueux, montagneux, marécageux. Pays ouvert. Pays chaud, froid, humide. Mauvais pays. Beau pays. Les pays étrangers. Les pays lointains. Pays ruiné, désolé. Pays peuplé. Pays désert. Pays perdu. Je ne suis jamais allé dans ce pays-là. Je lui ferai vider le pays. Je le ferai sortir du pays. Il a bien vu du pays, bien fait, bien parcouru du pays. Il a visité, parcouru tous les pays du monde. L' homme est le même en tout pays. Courir le pays. Aller par le pays. Reconnaître le pays. S' habituer dans un pays. Il a fait cette carte à vue de pays. Les gens du pays m' ont assuré cela. Haut pays. Bas pays.

Il se dit quelquefois Des habitants mêmes du pays. Chaque pays a ses usages, ses moeurs, ses habitudes. Telle est la coutume, tel est l' usage constant du pays. Pays riche, florissant. Pays catholique. Pays protestant. Pays civilisé.

Pays plat, pays de plaines, par opposition à Pays montueux; et Plat pays, La campagne, par opposition aux lieux fortifiés.

Pays d' états, se disait Des provinces de France où les impositions étaient consenties et réparties par l' assemblée des états; Pays d' élection, de Celles où il y avait des généralités et des élections établies; et, Pays d' obédience, de Celles où le pape nommait à certains bénéfices.

Pays conquis. On nommait ainsi Les conquêtes faites par la France, depuis le règne de Louis XIII.

Pays coutumier, se disait Du pays où l' on suivait une coutume provinciale ou locale; et, Pays de droit écrit, Du pays où l' on suivait le droit romain.

À Paris, Le pays latin, Le quartier où sont la plupart des colléges.

Le pays de sapience, La Normandie.

Les Pays-Bas, La Belgique et la Hollande.

Prov. et fig., Pays de cocagne, Pays où tout abonde; où l' on fait bonne chère à bon marché.

Vin de pays, Vin recueilli dans le canton: cela se dit d' Un vin qui n' est pas de la première qualité, qui n' est pas d' un vignoble fameux. Voilà d' assez bon vin pour du vin de pays.

Gagner pays, Avancer, faire du chemin. La nuit vient, gagnons pays.

Pop., Tirer pays, S' enfuir, s' évader.

En termes de Guerre, Battre le pays, Explorer, reconnaître le pays.

Battre du pays, Voir, parcourir beaucoup de lieux différents; et, proverbialement et figurément, Traiter beaucoup de sujets différents.

Prov. et fig., Faire voir du pays à une personne, Lui donner bien de l' exercice, bien de la peine, lui susciter beaucoup d' embarras.

Fig. et fam., Savoir la carte du pays, Connaître les gens avec qui on a à vivre.

Prov., Être en pays de connaissance, Se trouver parmi des gens de sa connaissance. Il s' applique aussi en général à toutes les choses que l' on connaît.

Prov. et fig., Parler, juger à vue de pays, Parler, juger d' après un premier aperçu, et avant d' avoir approfondi les choses.

Prov., De quel pays venez-vous? se dit À une personne qui ignore quelque chose que tout le monde sait.

Fig., Un pays perdu, Un lieu où il y a peu de ressources; et, particulièrement, Un quartier éloigné du centre des affaires et de la société. Vous habitez un pays perdu. Il s' est allé loger en pays perdu.

PAYS

PAYS signifie aussi, Patrie, lieu de naissance. Il s' entend quelquefois de Tout l' État dans lequel on est né; et quelquefois de La province, de la contrée, de la ville où l' on a pris naissance. Pays natal. La France est mon pays. Mourir pour le salut de son pays, pour la gloire de son pays. Aimer son pays. L' amour du pays. Défendre, sauver son pays. Il n' est jamais sorti de son pays. Quitter son pays. Retourner dans son pays. Il a encore l' accent de son pays. De quel pays êtes-vous? Ils sont du même pays. La Bretagne était son pays. Rennes est son pays.

PAYS

PAYS dans l' acception qui précède, s' emploie quelquefois sans adjectif possessif. Écrire au pays. Recevoir des nouvelles du pays. Retourner au pays. Il est populaire, excepté dans cette phrase du style familier, Avoir la maladie du pays, Être triste, abattu, malade, parce qu' on est éloigné de son pays, et qu' on désire vivement d' y retourner.

Prov. et fig., Nul n' est prophète en son pays, Un homme de mérite est ordinairement moins considéré dans son pays qu' ailleurs.

Prov. et fig., Cet homme est bien de son pays, Il est bien simple, bien crédule. Vraiment vous êtes bien de votre pays, de croire...

PAYS

PAYS s' emploie quelquefois figurément. Les modernes ont découvert dans les sciences de nouveaux pays, des pays inconnus. Il faut renvoyer cela au pays des chimères.

PAYS

PAYS signifie quelquefois, populairement, Compatriote; et il fait au féminin, Payse. C' est mon pays, c' est un de mes pays. Bonjour, pays. Elle est allée avec une de ses payses.

PAYSAGE. s. m.

PAYSAGE. s. m. Étendue de pays que l' on voit d' un seul aspect. Voilà un beau paysage, un riche paysage. Agréable paysage. Paysage riant. Il y a des paysages délicieux sur les bords de la Seine, de la Loire.

Il se dit aussi d' Un tableau qui représente un paysage. Grand, petit paysage. C' est un paysage de tel peintre. Il fait des paysages. Paysage à la gouache, à l' aquarelle. Tableau de paysage.

Il se dit encore Du genre de peinture qui a pour objet la représentation des paysages. Il étudie le paysage. Il réussit très-bien dans le paysage. Il ne travaille qu' en paysage. Peintre de paysage. Peindre le paysage.

PAYSAGISTE. s. m.

PAYSAGISTE. s. m. Peintre qui fait des paysages. Il est bon paysagiste.

PAYSAN, ANNE. s.

PAYSAN, ANNE. s. Homme, femme de village, de campagne. Un bon paysan. Un pauvre paysan. Un riche paysan. Une belle paysanne. Les gens de guerre vivent sur le paysan. C' est un paysan du village où j' ai ma maison de campagne. Il y a dans la diète de Suède l' ordre des paysans.

C' est un paysan, un gros paysan, il a l' air d' un paysan, d' un franc paysan, C' est un homme rustre, impoli, grossier dans ses manières et dans son langage.

À LA PAYSANNE. loc. adv.

À LA PAYSANNE. loc. adv. À la manière des paysans. Être vêtu à la paysanne. S' habiller en masque à la paysanne. Une danse à la paysanne.

PAYSANNERIE. s. f.

PAYSANNERIE. s. f. Condition, manières, moeurs des paysans. Franche paysannerie. Il est peu usité.

PÉAGE. s. m.

PÉAGE. s. m. Droit qui se lève sur les personnes, les animaux, les marchandises, pour leur passage sur un chemin, sur un pont, sur une rivière, etc. Prendre le péage. Payer, acquitter le péage. Cela ne doit point de péage.

Il se dit aussi Du lieu où l' on paye le droit de passage. Il faut arrêter au péage.

PÉAGER. s. m.

PÉAGER. s. m. Celui qui reçoit le péage.

PEAU. s. f.

PEAU. s. f. Membrane qui enveloppe et couvre extérieurement toutes les parties du corps de l' homme et des animaux. La peau de l' homme. Avoir la peau dure, épaisse, tendre, déliée, noire, bise, blanche, belle, vilaine, ridée, sèche, rude, douce, fine, unie, huileuse, couperosée. Ce coup n' a fait qu' effleurer la peau. Il a la peau éraflée, égratignée, déchirée, emportée. La peau du front, du visage, de la langue, des mains, du ventre. La peau d' un animal. Les quadrupèdes ont la peau couverte de poils, les oiseaux de plumes, et les poissons d' écailles. Les serpents changent de peau, dépouillent leur vieille peau. Les serpents ont la peau mouchetée, tavelée. Les pores de la peau. Sa peau est comme un crible. Cette boisson porte légèrement, fortement à la peau.

Il se dit quelquefois, familièrement, Des parties de la peau qui sont flasques et pendantes. Il a de grandes peaux qui lui pendent au menton.

Maladies de peau, de la peau, Celles qui altèrent la peau. Le soufre est employé avec succès dans les maladies de la peau.

Prov. et fig., Les os lui percent la peau, il n' a que la peau et les os, il a la peau collée sur les os, se dit D' un homme ou d' un animal fort maigre.

Fam., Il est gras à pleine peau, se dit D' un homme ou d' un animal extrêmement gras.

Fig. et fam., Il crève dans sa peau, Il est gras à pleine peau, à ne plus tenir dans ses habits. Cela se dit aussi D' un homme qui a quelque grand dépit qu' il s' efforce de renfermer en lui-même.

Fig. et fam., Il ne saurait durer dans sa peau, se dit D' un homme inquiet, agité, tourmenté par quelque désir.

Fig. et fam., Vous avez beau faire, il ne changera jamais de peau, il mourra dans sa peau, Il ne changera point de moeurs, il ne se corrigera point. On dit dans le même sens, Il mourra dans la peau d' un insolent, d' un effronté, d' un fat, etc.

Prov. et fig., Dans sa peau mourra le renard, se dit en parlant D' un homme rusé, et pour faire entendre qu' il ne se corrigera pas. On dit de même, en parlant D' un méchant homme, Le loup mourra dans sa peau.

Fig. et fam., Je ne voudrais pas être dans sa peau, Je ne voudrais pas être à sa place, dans la position fâcheuse ou périlleuse où il se trouve.

Prov. et fig., La peau lui démange, se dit D' une personne qui, sans aucune nécessité, s' expose à se faire battre.

PEAU

PEAU se dit aussi Du simple épiderme, de la première peau. Cette femme s' est servie d' une drogue qui lui a enlevé la peau. Cette maladie lui a fait faire peau neuve.

PEAU

PEAU se dit, figurément et familièrement, dans plusieurs phrases, pour signifier, La personne même dont on parle. Faire bon marché de sa peau, Prodiguer sa vie, s' exposer au danger, aux coups, sans nécessité. Craindre pour sa peau, avoir peur pour sa peau, ménager sa peau, Craindre les coups, le danger, éviter de s' y exposer. Avoir soin de sa peau, Se dorloter, avoir soin de sa personne. Vendre bien cher sa peau, Se bien défendre contre ceux par qui l' on est attaqué. Je ne veux point me charger de votre peau, Je ne veux point me charger de vous, je ne veux point avoir l' embarras de vous mener. Ce dernier exemple est populaire.

PEAU

PEAU se dit aussi de La dépouille de l' animal, de sa peau séparée de son corps. Une peau d' ours, de renard, de tigre, de loutre, de lapin, de mouton, de veau, de bouc, etc. Une peau d' anguille. Ces sauvages sont vêtus de peaux de bêtes. On polit le bois avec de la peau de chien de mer. Corroyer, apprêter, appareiller, maroquiner une peau. Passer, parfumer une peau. Peau musquée. Peau de senteur. Peau d' Espagne. Gants de peau.

Peau de vélin, Peau de veau préparée pour la reliure ou pour l' impression. Un exemplaire imprimé sur peau de vélin.

Peau crue ou verte, Peau qui n' a point encore reçu de préparation.

Peau de bon apprêt, Peau facile à préparer.

Prov. et fig., Coudre la peau du renard avec celle du lion, Joindre la finesse à la force.

Prov. et fig., Il ne faut pas vendre la peau de l' ours avant de l' avoir pris, avant de l' avoir mis par terre, Il ne faut pas disposer d' une chose avant de la posséder; il ne faut pas se flatter trop tôt d' un succès incertain.

Contes de Peau d' âne, par allusion à un vieux conte dont l' héroïne s' appelle Peau d' âne, Petits contes inventés pour l' amusement des enfants.

PEAU

PEAU en termes de Palais, se disait Du parchemin. Greffier à peau ou à la peau.

PEAU

PEAU se dit quelquefois Des parties tendineuses et coriaces qui se trouvent dans la viande. Vous avez cru me donner de la viande, ce n' est rien qu' une peau. Ce bouilli ne vaut rien, il n' y a que des peaux.

PEAU

PEAU se dit aussi de L' enveloppe qui couvre les fruits, les amandes des noyaux, les oignons, etc. La peau des pêches, des fruits à noyau, est fort déliée. Le raisin muscat a la peau dure. La peau des noix fraîches est fort amère. La peau de cette orange est fort épaisse. Les oignons sont couverts de plusieurs peaux. Couleur de peau d' oignon. Confire des abricots sans peau.

PEAU

PEAU se dit encore d' Une espèce de croûte plus ou moins déliée qui se forme sur les substances liquides ou onctueuses, par l' épaississement qui résulte de l' évaporation. Il se forme une peau sur le lait bouilli, sur l' encre, sur les confitures, sur le fromage, etc.

PEAUSSERIE. s. f.

PEAUSSERIE. s. f. Commerce, marchandise de peaux. La peausserie est un commerce fort considérable en France. On a vendu beaucoup de peausserie à cette foire.

PEAUSSIER. s. m.

PEAUSSIER. s. m. Artisan qui prépare les peaux, pour en faire des cuirs propres à certains usages, comme gants, bourses, reliures de livres, etc.

En termes d' Anat., Muscle peaussier, Muscle qui adhère à la peau, et qui, dans plusieurs animaux, sert à la remuer. Dans cette locution, Peaussier est adjectif.

PEAUTRE. s. m.

PEAUTRE. s. m. Vieux mot qui n' est plus usité que dans cette phrase populaire, Envoyer quelqu' un au peautre ou aux peautres, Le brusquer pour le congédier, le chasser.

PEC. adj. m.

PEC. adj. m. Il n' est usité que dans cette expression, Hareng pec, Hareng en caque fraîchement salé. Manger un hareng pec.

PECCABLE. adj. des deux genres

PECCABLE. adj. des deux genres (On prononce les deux C dans ce mot et dans les suivants.) Qui est capable de pécher. Tout homme est peccable.

PECCADILLE. s. f.

PECCADILLE. s. f. Petit péché, faute légère. Sa conscience s' alarme de la moindre peccadille. Il a renvoyé son domestique pour une peccadille. Il ne se dit guère qu' en plaisanterie.

PECCANT, ANTE. adj.

PECCANT, ANTE. adj. Qui pèche. Il était d' usage autrefois dans cette phrase de médecine, Humeur peccante, Humeur qui pèche en quantité ou en qualité. Évacuer, corriger l' humeur peccante, les humeurs peccantes.

PECCATA. s. m.

PECCATA. s. m. Terme populaire par lequel on désigne Un âne, dans les combats publics d' animaux.

Il se dit, figurément, d' Un homme stupide, d' un sot. C' est un peccata.

PECCAVI. s. m.

PECCAVI. s. m. T. emprunté du latin. L' aveu qu' un pécheur fait de sa faute devant Dieu, et le regret qu' il en a. Il n' est usité que dans cette locution familière, Un bon peccavi, Une bonne contrition, un véritable repentir de ses péchés. Il ne faut à la mort qu' un bon peccavi, pour être sauvé.

PÊCHE. s. f.

PÊCHE. s. f. Gros fruit à noyau, qui a beaucoup d' eau, et qui est d' un goût excellent. Pêche vineuse. Pêche cotonneuse. Pêche pleine d' eau. La pêche quitte le noyau, n' adhère point au noyau. Pêche jaune. Pêche blanche. Pêche violette. Pêche hâtive ou précoce. Pêche tardive. Pêche de vigne. Il y a beaucoup de différentes espèces de pêches. Noyau de pêche. Le duvet de la pêche.

Prov., fig. et pop., Un matelas, un coussin rembourré de noyaux de pêches, Un matelas, un coussin fort dur.

PÊCHE. s. f.

PÊCHE. s. f. Art, exercice, action de pêcher. Cet homme entend bien la pêche, est adroit à la pêche. La pêche à la ligne, aux filets. Aimer la pêche. Se divertir, s' amuser à la pêche. Avoir droit de pêche. Un temps qui ne vaut rien pour la pêche. La pêche du hareng. Aller à la pêche de la morue, de la baleine. Aller à la pêche aux huîtres, aux écrevisses, aux goujons. Faire une bonne pêche, une grande pêche, une heureuse pêche. La pêche n' a rien valu aujourd' hui. Vivre de sa pêche.

Il se dit aussi Du droit de pêcher. Avoir la pêche d' une rivière, Avoir seul le droit d' y pêcher; et, Affermer la pêche d' une rivière, Affermer le droit d' y pêcher.

Il se dit quelquefois Du poisson qu' on a pêché, ou même de Celui qu' on pêchera. Combien voulez-vous vendre votre pêche? Combien la pêche que vous allez faire?

PÊCHE

PÊCHE se dit encore en parlant Des perles et du corail, qu' on prend dans certaines mers. La pêche des perles. La pêche du corail.

Il se dit aussi en parlant Des marchandises qu' on retire de l' eau, lorsqu' un navire a fait naufrage. La pêche du débris d' un vaisseau.

PÉCHÉ. s. m.

PÉCHÉ. s. m. Transgression volontaire de la loi divine ou religieuse. Péché originel. Péché actuel. Péché mortel. Péché véniel. Péché d' habitude. Péché contre le Saint-Esprit. L' orgueil a été le péché des anges révoltés. La désobéissance a été le péché du premier homme. Le péché de la chair. Péché contre nature. Péché de fragilité. Péché grave, irrémissible. Péchés secrets. Péché de commission. Péché d' omission. La rémission des péchés. Faire, commettre un péché. Être en péché. Tomber en péché. Croupir dans le péché, dans son péché. Être obstiné dans le péché. Mourir dans son péché. Confesser ses péchés. Pleurer ses péchés. Absoudre les péchés. Donner l' absolution des péchés. Ce péché ne peut être absous par un pouvoir ordinaire. Remettre les péchés. Pardonner les péchés. Il n' y a que Dieu qui puisse remettre les péchés. Les circonstances aggravent ou atténuent les péchés. La charité efface les péchés. JÉSUS-CHRIST est mort pour nos péchés. Racheter ses péchés par l' aumône. Cela ne lui a point été imputé à péché. La multitude des péchés. Le péché d' orgueil, d' avarice. Les sept péchés capitaux. Faire pénitence de ses péchés.

Fig. et fam., Ils se sont dit les sept péchés mortels, Ils se sont dit l' un à l' autre les plus grandes injures. Il a dit de cette femme les sept péchés mortels, Il en a dit tout le mal possible.

Fam., Péché mignon, Mauvaise habitude à laquelle on est sujet, et dont on ne veut pas se défaire. La paresse est son péché mignon.

Prov., Péché caché est à demi pardonné, Quand on a soin d' éviter le scandale, le mal en est moindre.

Prov., Mettre quelqu' un, mettre quelque chose au rang des péchés oubliés, Ne plus s' en soucier, ne vouloir plus y songer.

Ce n' est pas un grand péché, ce n' est pas un péché irrémissible, se dit Lorsqu' on veut diminuer quelqu' une des fautes légères qui regardent le commerce de la vie.

Prov., À tout péché miséricorde, signifie tantôt, Il faut avoir de l' indulgence; tantôt, Espérez votre pardon.

Fig. et fam., Rechercher les vieux péchés de quelqu' un, Rechercher sa vie passée, à dessein de lui nuire.

PÉCHER. v. n.

PÉCHER. v. n. Transgresser la loi divine ou religieuse. Pécher mortellement. Pécher véniellement. Pécher légèrement. Qui fait telle chose pèche. Ève fit pécher Adam. Pécher contre le Saint-Esprit. Pécher contre les commandements de Dieu, contre les commandements de l' Église.

Prov., Qui perd pèche, Celui qui éprouve quelque dommage, est exposé à passer les bornes de la justice et de la modération.

PÉCHER

PÉCHER signifie aussi, Faillir contre quelque règle de morale. Pécher contre les bonnes moeurs. Pécher contre l' honneur. Pécher contre la bienséance.

Il signifie, par extension, Faillir contre quelque autre règle que ce soit. Vous avez péché contre les règles de l' art. C' est pécher contre le bon sens, contre la vraisemblance, contre les règles de la logique, de la grammaire, de la versification. Cet acte pèche par la forme, contre la forme, dans la forme. Ce peintre a péché contre le costume.

Il signifie aussi quelquefois, Mal user d' une bonne qualité ou d' une bonne intention, la porter trop loin, en avoir l' excès. Il a péché par trop de précaution, par trop de zèle. Il a péché pour vouloir trop bien faire, par trop bien faire. Cela pèche par trop de soin. Cet ouvrage ne pèche que par trop d' esprit, par trop d' ornements. Cet écrivain ne pèche que par trop d' exactitude.

Fam., Ce n' est pas par là qu' il pèche, Ce n' est pas là son défaut. Vous ne direz pas qu' il manque d' esprit, de prudence; ce n' est pas par là qu' il pèche.

Ce vin pèche en couleur, par la couleur, Il n' a pas la couleur qu' il devrait avoir naturellement, ou Il est naturellement un peu louche.

PÊCHER. s. m.

PÊCHER. s. m. Arbre qui porte la pêche. Un beau pêcher. Un espalier de pêchers. Pêcher franc. Pêcher sur amandier. Pêcher sur prunier. Pêcher à fleur double. Du sirop de fleur de pêcher.

Couleur de fleur de pêcher, Sorte de couleur de chair, à peu près semblable à celle des fleurs de pêcher.

PÊCHER. v. a.

PÊCHER. v. a. Prendre du poisson avec des filets, ou autrement. Pêcher une anguille, un brochet, une carpe. Pêcher du poisson dans la mer, dans une rivière, dans un étang. Pêcher du poisson à la ligne, au filet, à l' épervier; et absolument, Pêcher à la ligne, au filet, etc.

Pêcher un étang, Pêcher tout le poisson d' un étang. On pêche les étangs de trois en trois ans. On met les étangs à sec pour les pêcher.

Prov. et fig., Toujours pêche qui en prend un, Ce n' est pas perdre tout à fait son temps que de faire un petit gain.

Prov. et fig., Pêcher en eau trouble, Se prévaloir du désordre des affaires publiques ou particulières, pour en tirer son profit, son avantage. Il y a des gens qui, durant les désordres d' un État, ne songent qu' à pêcher en eau trouble. Il a profité du désordre de cette maison, dont il maniait les affaires, et a pêché en eau trouble.

Fig., fam. et par une espèce de mépris, Où avez-vous pêché cela? où êtes-vous allé pêcher cela? Où avez-vous pris, où avez-vous trouvé cela? On dit aussi: Où avez-vous pêché cette nouvelle? Où pêche-t-il ce qu' il dit? On dit de même, Où êtes-vous allé pêcher cet homme-là? Qui vous a suggéré un pareil choix?

Fig. et pop., Pêcher au plat, Prendre dans le plat ce qu' on veut.

PÊCHER

PÊCHER se dit aussi en parlant De tout ce qu' on tire de l' eau. Pêcher des perles, du corail. Pêcher du bois qui est emporté par le courant de l' eau.

PÊCHÉ, ÉE. participe

PÊCHÉ, ÉE. participe

PÊCHERIE. s. f.

PÊCHERIE. s. f. Lieu où l' on a coutume de pêcher, ou qui est préparé pour une pêche.

PÉCHEUR, CHERESSE. s.

PÉCHEUR, CHERESSE. s. Celui, celle qui commet des péchés, qui est sujet au péché, qui est enclin au péché, qui est dans l' habitude du péché. Tout homme est pécheur. Nous sommes tous pécheurs. Pécheur public. Pécheur scandaleux. Pécheur endurci. Pécheur repentant. Un grand pécheur. Un misérable pécheur. Convertir les pécheurs. L' homme le plus saint n' est qu' un pécheur devant Dieu. Une grande pécheresse. La pécheresse, ou adjectivement, La femme pécheresse de l' Évangile.

Fam., Vieux pécheur, Vieux débauché.

Prov. et fig., Dieu ne veut pas la mort du pécheur, Il ne faut pas être inexorable.

PÊCHEUR. s. m.

PÊCHEUR. s. m. Celui qui fait métier et profession de pêcher, ou qui a le goût et l' habitude de la pêche. Bon, habile pêcheur. Une barque de pêcheur. Les filets d' un pêcheur. JÉSUS-CHRIST a dit à ses apôtres, qui étaient des pêcheurs, qu' il les ferait pêcheurs d' hommes. Il est si habile pêcheur, qu' il pourrait en faire métier.

L' anneau du pêcheur, Le sceau qui est apposé à certaines expéditions de la cour de Rome. Des brefs donnés sous l' anneau du pêcheur.

Martin-pêcheur, martinet-pêcheur, Oiseau de l' ordre des Passereaux, espèce d' alcyon, qui se tient ordinairement le long des rivières, et qui y plonge pour prendre de petits poissons.

PÉCORE. s. f.

PÉCORE. s. f. Il signifie au propre, Un animal, une bête. Ce sens est peu usité.

Il s' emploie plus ordinairement au figuré, comme terme injurieux, pour signifier, Une personne stupide. C' est une grosse pécore, une vraie pécore. Taisez-vous, petite pécore. Il est familier.

PECQUE. s. f.

PECQUE. s. f. T. injurieux. Femme sotte et impertinente, qui fait l' entendue. C' est une pecque. C' est une pecque provinciale. Il est familier et peu usité.

PECTORAL, ALE. adj.

PECTORAL, ALE. adj. Qui concerne la poitrine. Il se dit particulièrement Des remèdes propres aux maladies de la poitrine, des poumons. Julep, sirop pectoral.

Il signifie aussi, Qui est bon pour la poitrine. Ce vin léger est pectoral.

Croix pectorale, Celle que les évêques portent sur la poitrine, pour marque de leurs fonctions.

En termes d' Anat., Les muscles pectoraux, ou substantivement, Les pectoraux, Muscles qui s' attachent à la poitrine. On dit aussi substantivement, Le grand pectoral, le petit pectoral.

PECTORAL. s. m.

PECTORAL. s. m. Ornement garni de pierres précieuses que le grand prêtre des Juifs portait sur la poitrine.

PÉCULAT. s. m.

PÉCULAT. s. m. Vol des deniers publics, fait par ceux qui en ont le maniement et l' administration. Le crime de péculat. Être accusé de péculat.

PÉCULE. s. m.

PÉCULE. s. m. Ce qu' une personne en puissance d' autrui acquiert par son industrie, par son travail et par son épargne, et dont il lui est permis de disposer. Il avait acquis un petit pécule. Il a disposé de son pécule à l' insu de ses parents. Cet esclave avait amassé un pécule assez considérable. Il était défendu à la plupart des moines d' avoir un pécule.

PÉCUNE. s. f.

PÉCUNE. s. f. Argent comptant. Disette de pécune. Il est vieux.

PÉCUNIAIRE. adj. des deux genres

PÉCUNIAIRE. adj. des deux genres Qui a rapport à l' argent, qui consiste en argent. Peine pécuniaire, Somme d' argent à laquelle une personne est condamnée par justice, en réparation de quelque faute. Intérêt pécuniaire, Intérêt, profit d' argent. Ce n' est pas pour un motif d' honneur, c' est pour un intérêt pécuniaire qu' ils se sont brouillés.

PÉCUNIEUX, EUSE. adj.

PÉCUNIEUX, EUSE. adj. Qui a beaucoup d' argent comptant. Cet homme est pécunieux, n' est guère pécunieux, n' est pas fort pécunieux. Notre petite ville n' est pas fort pécunieuse. Il est familier.

PÉDAGOGIE. s. f.

PÉDAGOGIE. s. f. T. didactique. Instruction, éducation des enfants. La pédagogie est un art fort important, qui exige beaucoup de raison, de lumières et d' expérience.

Il se dit, en certains pays, d' Un établissement public d' éducation. Instituer, fonder une pédagogie. Chef de la pédagogie. Entrer à la pédagogie. Il est peu usité.

PÉDAGOGIQUE. adj. des deux genres

PÉDAGOGIQUE. adj. des deux genres Qui a rapport à l' éducation des enfants. Système, méthode, ouvrage pédagogique.

PÉDAGOGUE. s. m.

PÉDAGOGUE. s. m. Celui qui enseigne des enfants, et qui a soin de leur éducation. Il n' a plus besoin de pédagogue. Il est peu usité en ce sens, et ne se dit plus guère que par dérision.

Il se dit plus ordinairement, par extension, de Celui qui, sans en avoir le droit, censure les actions et les discours des autres. Cet homme est un vrai pédagogue, un franc pédagogue, un plaisant pédagogue. Il fait le pédagogue. Il s' érige en pédagogue du genre humain.

PÉDALE. s. f.

PÉDALE. s. f. Gros tuyau d' orgue, qu' on fait jouer avec le pied. Un jeu de pédales. Pédale de bombarde, de trompette, de clairon, etc.

Clavier de pédales, La rangée des touches que l' organiste abaisse avec les pieds pour faire parler le jeu de pédales.

Pédales de harpe, Touches de fer qui sont placées au bas du corps de la harpe, et qui, étant abaissées avec le pied, servent à faire les dièses et les bémols.

Pédales de piano, Touches de bois qui sont placées sous l' instrument, et qu' on abaisse avec le pied pour modifier le son de différentes manières.

PÉDALE

PÉDALE s' emploie aussi, dans l' Art de la composition musicale, pour désigner La tenue d' un même son pendant plusieurs mesures, dans une partie, tandis que les autres parties, sans cesser de chanter, continuent leur marche.

PÉDANÉ. adj. m.

PÉDANÉ. adj. m. Il n' était usité que dans cette dénomination, Juges pédanés, Les juges d' une petite justice subalterne, qui jugeaient debout, n' ayant point de siége d' audience particulier.

PÉDANT. s. m.

PÉDANT. s. m. Terme injurieux dont on se sert pour désigner Ceux qui enseignent les enfants. Un pédant de collége. Les pédants ont gâté cet enfant.

Il se dit aussi de Celui qui affecte mal à propos de paraître savant, ou qui parle avec un ton, avec un air trop décisif. C' est un franc pédant, un vrai pédant, qui cite à tout propos ses auteurs grecs et latins. Il n' y a pas moyen de souffrir l' air décisif de ce pédant.

Il se dit encore de Celui qui affecte trop d' exactitude, trop de sévérité dans des bagatelles, et qui veut assujettir les autres à ses règles. Cette femme a pour mari un pédant qui ne lui laisse pas la moindre liberté, qui ne lui permet pas le moindre divertissement. Cet homme est un pédant insupportable qui veut régenter tout le monde, qui blâme ou dédaigne tout ce qu' on fait.

Dans les deux sens qui précèdent, il a un féminin, Pédante. Elle fait la pédante. Quelle pédante insupportable!

Il est quelquefois adjectif. Cet homme est bien pédant. Cette femme a un mari pédant. Elle est très-pédante.

Il se dit aussi De l' air, du ton, des manières. Manières pédantes. Il parle d' un ton pédant. Cela est pédant. Quel air pédant!

PÉDANTER. v. n.

PÉDANTER. v. n. T. de mépris. Faire mal le métier de régent dans les colléges, dans les classes. Cet homme n' a fait toute sa vie que pédanter.

PÉDANTERIE. s. f.

PÉDANTERIE. s. f. T. de mépris. Profession de ceux qui enseignent dans les classes. Il a quitté la pédanterie. Il se ressent de la pédanterie. Il est peu usité en ce sens.

Il signifie aussi, Air pédant, manière pédante, affectation d' exactitude, de sévérité dans les choses peu importantes. Ce discours sent la pédanterie. Je hais la pédanterie. Il ne peut se défaire de sa pédanterie. Mettre en tout de la pédanterie. Il est d' une pédanterie choquante, ridicule, insupportable, assommante. Il y aurait de la pédanterie à relever de si légères fautes. Sa pédanterie le porte à contrôler tout ce qu' on fait et tout ce qu' on dit.

Il signifie encore, Érudition pédante. Ce livre, ce discours est rempli de pédanterie. Ce n' est pas là du savoir, c' est de la pédanterie.

PÉDANTESQUE. adj. des deux genres

PÉDANTESQUE. adj. des deux genres Qui tient du pédant, qui sent le pédant. Savoir pédantesque. Air pédantesque. Habit pédantesque. Discours pédantesque. Phrase pédantesque. Il a fait sur ce livre des notes, des observations pédantesques.

PÉDANTESQUEMENT. adv.

PÉDANTESQUEMENT. adv. D' un air, d' une manière qui sent le pédant. Gronder, raisonner, parler pédantesquement.

PÉDANTISER. v. n.

PÉDANTISER. v. n. Faire le pédant. Il ne fait que pédantiser. Il est familier.

PÉDANTISME. s. m.

PÉDANTISME. s. m. Pédanterie; air, ton, caractère, manière de pédant. Cette lettre, ce livre sent le pédantisme. Sa manière de parler, d' agir, tient du pédantisme. Il est, dans la société, d' un pédantisme qui révolte les personnes les plus modestes et les moins susceptibles.

PÉDÉRASTE. s. m.

PÉDÉRASTE. s. m. Celui qui est adonné à la pédérastie.

PÉDÉRASTIE. s. f.

PÉDÉRASTIE. s. f. Vice contre nature.

PÉDESTRE. adj. des deux genres

PÉDESTRE. adj. des deux genres Il est principalement usité dans cette locution, Statue pédestre, Celle qui représente un homme à pied; par opposition à Statue équestre, Calle qui représente un homme à cheval.

Il signifie aussi, Qui se fait à pied. Course, voyage, promenade pédestre. Exercice pédestre. Il est peu usité.

PÉDESTREMENT. adv.

PÉDESTREMENT. adv. Il n' est usité que dans cette phrase familière, Aller pédestrement, Aller à pied.

PÉDICELLE. s. m.

PÉDICELLE. s. m. T. de Botan. Petit pédoncule, le pédoncule propre de chaque fleur.

PÉDICULAIRE. adj.

PÉDICULAIRE. adj. Il n' est usité que dans cette locution, Maladie pédiculaire, Sorte de maladie dans laquelle il s' engendre une grande quantité de poux.

PÉDICULAIRE. s. f.

PÉDICULAIRE. s. f. T. de Botan. Plante qui croît dans les prés, les marais et autres lieux humides. On la nomme aussi Herbe aux poux.

PÉDICULE. s. m.

PÉDICULE. s. m. T. de Botan. Espèce de queue propre à certaines parties des plantes. Le pédicule d' une aigrette, d' un nectaire. On dit aussi, en Chirur., Le pédicule d' une verrue, etc.

PÉDICULÉ, ÉE. adj.

PÉDICULÉ, ÉE. adj. Qui a un pédicule. Aigrette pédiculée. Tumeur pédiculée.

PÉDICURE. adj. m.

PÉDICURE. adj. m. Il n' est usité que dans cette expression, Chirurgien pédicure, Celui qui extirpe ou réduit les cors, les oignons et les durillons des pieds.

Il s' emploie aussi substantivement. C' est un habile pédicure.

PÉDILUVE. s. m.

PÉDILUVE. s. m. T. de Médec. Bain de pieds. Les pédiluves sont très-favorables à la santé.

PÉDIMANE. s. m.

PÉDIMANE. s. m. T. d' Hist. nat. Il se dit Des mammifères carnassiers qui ont le pouce des pieds de derrière écarté des autres doigts, comme il l' est dans les singes. On l' emploie quelquefois adjectivement. Le sarigue est pédimane.

PÉDOMÈTRE. s. m.

PÉDOMÈTRE. s. m. Voyez ODOMÈTRE.

PÉDON. s. m.

PÉDON. s. m. Courrier à pied, dans certains pays méridionaux. Les pédons d' Avignon, de Gênes, de Rome.

PÉDONCULE. s. m.

PÉDONCULE. s. m. T. de Botan. La queue d' une fleur ou d' un fruit.

PÉDONCULÉ, ÉE. adj.

PÉDONCULÉ, ÉE. adj. T. de Botan. Porté par un pédoncule.

PÉGASE. s. m.

PÉGASE. s. m. Cheval fabuleux, auquel les anciens poëtes ont donne des ailes, et qui, selon eux, fit jaillir d' un coup de pied les eaux de l' Hippocrène. On ne met ici ce nom que parce qu' il s' emploie figurément dans plusieurs phrases poétiques ou relatives à la poésie. Monter sur Pégase, Faire des vers. Pégase est rétif pour lui, son Pégase est rétif, C' est un mauvais poëte.

PÉGASE

PÉGASE en Astronomie, est Le nom d' une constellation de l' hémisphère boréal.

PEIGNE. s. m.

PEIGNE. s. m. Instrument de buis, de corne, d' ivoire, etc., qui est taillé en forme de dents, et qui sert à démêler les cheveux et à nettoyer la tête. Peigne de buis, de corne, d' ivoire, d' écaille. Le dos d' un peigne. Peigne à deux côtés. Les petites dents, les grosses dents d' un peigne. Peigne de toilette. Peigne de poche. Se donner deux ou trois coups de peigne. Nettoyer un peigne. Brosse à nettoyer des peignes. Des peignes pour les chevaux, pour peigner les crins des chevaux.

Fam., Être sale comme un peigne, se dit D' une personne extrêmement sale.

Fig. et pop., Donner un coup de peigne à quelqu' un, Le maltraiter.

PEIGNE

PEIGNE se dit aussi d' Une sorte de peigne courbe et à longues dents, dont les femmes se servent pour retrousser leurs cheveux, ou seulement pour les orner. Elle avait un peigne d' écaille, un peigne d' or dans les cheveux. Son peigne tomba. Un peigne de diamants, de corail, Orné de diamants, de corail.

Il se dit encore d' Un instrument de fer dont se servent les cardeurs et les tisserands pour apprêter la laine, le chanvre et le lin. Peigne de cardeur, de tisserand.

PEIGNE

PEIGNE en Histoire naturelle, est Le nom d' un genre de mollusques acéphales à coquille bivalve, qui étaient fort estimés des anciens, et que l' on mange encore sur nos côtes.

PEIGNER. v. a.

PEIGNER. v. a. Démêler, arranger les cheveux, les poils, etc., avec un peigne. Peigner ses cheveux. Peigner une perruque. Peigner sa barbe, ses moustaches. Peigner la crinière et la queue d' un cheval. On l' emploie souvent avec le pronom personnel. Il se peigne tous les matins.

Il se dit aussi en parlant Du lin, du chanvre, etc. Peigner du lin. Peigner du chanvre.

PEIGNER

PEIGNER signifie aussi, figurément et populairement, Maltraiter, battre. Je le peignerai comme il faut. Je l' ai bien peigné. Il a été bien peigné. Il s' emploie dans le même sens avec le pronom personnel. Ces deux femmes se sont bien peignées.

PEIGNÉ, ÉE. participe

PEIGNÉ, ÉE. participe Une chevelure, une perruque bien peignée. Un homme bien peigné.

Fam., Il est peigné à la diable, se dit D' un homme qui a les cheveux ou la perruque en désordre.

Fig. et fam., Un mal peigné, Un homme malpropre et mal vêtu. Dans cette phrase, Peigné est employé substantivement.

Fig., Ce jardin est bien peigné, Il est bien tenu, bien soigné.

Fig., Ce discours, ce style est trop peigné, Le soin s' y fait trop remarquer, l' exactitude y paraît trop affectée.

PEIGNIER. s. m.

PEIGNIER. s. m. Celui qui fait et qui vend des peignes. Marchand peignier.

PEIGNOIR. s. m.

PEIGNOIR. s. m. Espèce de manteau fait de toile ou de mousseline, que l' on met sur ses épaules quand on se peigne, pour empêcher que la crasse, la poudre ne tombe sur les habits, sur la robe de chambre. Mettre un peignoir. Elle était en peignoir. Un peignoir à dentelle. Un peignoir uni. Elle était en déshabillé, elle n' avait qu' un peignoir sur les épaules.

Il se dit aussi d' Un manteau de toile, à peu près semblable, dont on se couvre dans le bain, ou quand on en sort. Faire chauffer un peignoir.

PEIGNURES. s. f. pl.

PEIGNURES. s. f. pl. Cheveux qui tombent de la tête quand on se peigne. Ramasser des peignures. On a fait des bourses et des bracelets avec ses peignures.

PEINDRE. v. a.

PEINDRE. v. a. Représenter une personne, une chose, par des lignes et par des couleurs. Peindre un homme, un arbre, un lion. Il a fait peindre son père, sa femme, ses enfants. Il s' est fait peindre. On l' a peinte en Diane, en bergère. Vous voilà peint trait pour trait. Peindre quelqu' un en grand, en petit, en pied, en buste, à demi-buste. Peindre quelqu' un en beau, en laid. Cette femme est difficile à peindre. Peindre une bataille, une prairie, une vallée, une montagne, un morceau d' architecture. On l' emploie souvent absolument. Peindre d' après nature. Peindre dans la manière, dans le goût de telle école, de tel maître. Peindre d' idée, de mémoire, de pratique. Peindre sur toile, sur bois, sur cuivre, sur ivoire, sur vélin, sur porcelaine. Peindre à l' huile, à fresque, en détrempe, à l' aquarelle, en pastel, au pastel, en camaïeu, en miniature, en émail.

Peindre l' histoire, Représenter des sujets historiques. On dit de même, Peindre le portrait, le genre, le paysage, l' ornement, etc.

Peindre une galerie, une chambre, un cabinet, un plafond, des lambris, Les embellir par diverses représentations de figures, par des arabesques, des ornements.

Cet homme est fait à peindre, Il est très-bien fait. Cet habit est fait à peindre, il va à peindre, Il est bien fait et sied bien.

PEINDRE

PEINDRE signifie aussi, Couvrir simplement avec des couleurs, sans qu' elles représentent aucune figure. Peindre un mur, une boiserie en rouge, en blanc, en noir, etc. Peindre une galerie, une chambre, un cabinet, etc., à l' huile, au vernis, à la colle. Peindre les roues et le train d' un carrosse. Il y a des sauvages qui se peignent le corps et le visage de plusieurs couleurs.

Ce vieillard se peint la barbe et les cheveux, Il se les teint d' une couleur propre à le faire paraître plus jeune.

PEINDRE

PEINDRE s' emploie figurément, et signifie, Décrire, représenter vivement quelque chose par le discours. Il a peint admirablement les combats dans son poëme. Personne n' a peint avec plus de vérité les passions et leurs effets. Il peint bien ses personnages et leurs différents caractères. Il peint si vivement la colère, la douleur, la joie, la crainte, qu' il en inspire les sentiments. Peindre le vice avec les couleurs les plus propres à en donner de l' horreur. On nous l' avait peint comme un homme d' honneur. On nous le peignit des plus noires couleurs. Il nous a peint sa détresse, sa misère.

PEINDRE

PEINDRE s' emploie aussi avec le pronom personnel, tant au propre qu' au figuré. Voilà son portrait, c' est lui-même qui s' est peint. Les objets se peignent sur la rétine, sur la glace d' un miroir, sur la surface de l' eau, sur la surface d' un corps poli. La douleur, la joie, la colère, etc., se peignait dans ses yeux, dans ses regards, sur son visage. La candeur, l' honnêteté de son âme se peint dans ses moindres discours.

Cet auteur se peint dans ses ouvrages, Ses pensées, son style font connaître son caractère et ses inclinations.

Prov., S' achever de peindre, se dit D' un homme qui se conduit de manière à compléter sa ruine, son déshonneur. Il se dit aussi D' un homme qui, après avoir beaucoup bu, recommence à boire.

Pour nous achever de peindre.... et Voilà qui nous achève de peindre, se disent de même en parlant D' un malheur ou d' un embarras nouveau qui vient accroître d' autres embarras ou d' autres malheurs.

PEINDRE

PEINDRE signifie encore, Écrire, former les lettres, les caractères. Il peint bien. Il peint mal. Il peint si mal, qu' on ne peut lire son écriture.

PEINT, EINTE. participe

PEINT, EINTE. participe Toiles peintes, Certaines toiles où sont empreintes différentes figures, et qui servent à l' habillement des femmes, aux tentures et aux meubles. On fait depuis long-temps des toiles peintes en Europe, à l' imitation de celles des Indes.

Papier peint. Voyez PAPIER.

PEINE. s. f.

PEINE. s. f. Châtiment, punition. Il a commis la faute, il en portera la peine. Ce bannissement est la peine de son crime. On lui a ordonné cela sur peine, sous peine, à peine de la vie. (De ces trois façons de parler, Sous peine est la plus usitée et la meilleure. ) Peine corporelle, capitale, légale, afflictive, infamante, pécuniaire, comminatoire. Prononcer, appliquer, infliger une peine. Subir une peine. Proportionner les peines aux délits. Établir, déterminer des peines. Condamner à une peine. Sous peine d' interdiction. Sous peine, à peine de désobéissance. Encourir une peine. Il y a peine de mort pour qui enfreindra cette défense, contre ceux qui contreviendront à cet ordre. Cela est défendu sous peine d' une amende, sous peine d' amende. La peine du talion. La peine du quadruple.

En Jurispr., Sous les peines de droit, Sous les peines portées par la loi. La réimpression de ce livre avait été défendue sous les peines de droit.

Peine arbitraire, Peine dont l' application est laissée à l' arbitrage du juge. Il se dit aussi Des peines qu' on fait subir par un abus d' autorité, sans qu' elles soient prononcées par la loi.

En Théologie, La peine du sens, Les douleurs que les damnés souffrent par les tourments de l' enfer; et, La peine du dam, Ce que la privation de la vue de Dieu leur fait souffrir.

Les peines de l' enfer, ou Les peines éternelles, Ce que les damnés souffrent en enfer; et, Les peines du purgatoire, Ce que les âmes souffrent dans le purgatoire.

PEINE

PEINE signifie aussi, Douleur, affliction, souffrance, sentiment de quelque mal dans le corps ou dans l' esprit. Les peines du corps. Les peines de l' esprit. Les peines de la vie. C' est de lui que sont venues mes plus grandes peines. Je n' ai jamais éprouvé une peine si cruelle. Vous m' avez fait une grande peine, une véritable peine. Il m' a fait bien de la peine. Cela fait peine. Cela fait peine à voir. Adoucir, partager les peines de quelqu' un. Consoler quelqu' un dans ses peines. Cacher ses peines.

Être dans la peine, Être dans le besoin.

PEINE

PEINE signifie encore, Inquiétude d' esprit. J' étais fort en peine de ce qu' il était devenu. Vous m' avez tiré de peine. On m' a mis hors de peine. Me voilà hors de peine. On est extrêmement en peine de lui. Je suis en peine de n' avoir point de ses nouvelles. Je suis en peine de savoir ce qu' il deviendra. Les dernières nouvelles que j' ai reçues me mettent fort en peine. Je n' ai point eu mes lettres, je suis fort en peine. Il ne se met guère en peine de ce qui peut lui arriver. Il était fort en peine de ce que vous aviez appris sa maladie.

Fam., Il est comme une âme en peine, c' est une âme en peine, se dit D' un homme fort inquiet.

PEINE

PEINE signifie aussi, Travail, fatigue. Il n' a pas fait cela sans peine. Il n' a ouvert cette porte qu' avec peine. Sa peine n' a pas été inutile, n' a pas été infructueuse. Il a un esprit facile, aisé, qui fait tout sans peine. Je ne regrette pas ma peine. Je voudrais vous épargner cette peine. Prendre, se donner de la peine, bien de la peine, beaucoup de peine. Cela ne demande pas, n' exige pas beaucoup de peine. Vous n' aurez pas grande peine à faire cet ouvrage. Je n' y ai pas eu grand' peine.

Prov.: Nul bien sans peine. Quelquefois la peine passe le plaisir.

Mourir à la peine, Mourir sans avoir exécuté, sans avoir obtenu une chose pour laquelle on s' était donné beaucoup de peine. Il voulait avoir cette place, et il n' a jamais pu l' obtenir; il est mort à la peine.

Prov., Je réussirai dans cette entreprise, ou je mourrai à la peine, Je ne veux point me désister de ce que j' ai entrepris, rien ne m' y fera renoncer.

Perdre sa peine, ses peines; et prov., Perdre son temps, aussi sa peine, Travailler inutilement à quelque chose.

Fam., Il compte pour rien la peine, ses peines; il ne plaint pas sa peine, ses peines, se dit D' un homme obligeant et actif.

Par politesse, Prenez la peine, donnez-vous la peine de faire cela, Je vous prie de faire cela. Il a pris la peine de venir me voir, Il est venu me voir.

Fam., La chose en vaut bien la peine, La chose mérite qu' on ne néglige rien afin d' y réussir. Si vous voulez obtenir cette grâce, il faut faire agir tous vos amis; la chose en vaut bien la peine. On dit dans le sens contraire: Cela n' en vaut pas la peine, ce n' est pas la peine. Voulez-vous que je lui écrive pour cela? Non, cela n' en vaut pas la peine. Ce n' est pas la peine d' attendre si longtemps pour si peu de chose.

Fam., Cela ne vaut pas la peine d' en parler, se dit D' une chose qui est peu importante, ou à laquelle on veut paraître attacher peu d' importance. Il se dit aussi quelquefois, ironiquement, Pour relever l' importance de la chose dont on parle. Il ne lui a volé que cent mille écus, ce n' est pas la peine d' en parler, cela ne vaut pas la peine d' en parler, qu' on en parle.

Un homme de peine, des gens de peine, Celui, ceux qui gagnent leur vie par un travail pénible de corps, sans avoir aucun métier particulier.

PEINE

PEINE signifie quelquefois, Le salaire du travail d' un artisan. Il ne faut pas retenir la peine du mercenaire. Payer à un ouvrier sa peine.

PEINE

PEINE se dit aussi Des difficultés, des obstacles que l' on trouve à quelque chose. Il aura beaucoup de peine à gagner ce procès-là. Il a eu beaucoup de peine à faire sa fortune, à venir à bout de telle chose. J' aurais peine, j' aurais de la peine à vous rendre compte de ce qui se passait dans mon esprit. J' ai peine à voir clair dans tout ceci. Je n' ai pas de peine à vous croire.

Avoir de la peine à parler, Avoir de la difficulté à parler par quelque empêchement naturel. On le dit aussi figurément. Répondez donc; vous avez bien de la peine à parler.

Avoir de la peine à marcher, Se servir difficilement de ses jambes. On dit, figurément, Cette affaire, cette entreprise a bien de la peine à marcher.

PEINE

PEINE se dit encore de La répugnance d' esprit qu' on a à dire ou à faire quelque chose. J' ai de la peine, j' ai peine à lui annoncer une si fâcheuse nouvelle.

Faire une chose sans peine, La faire de bon coeur, sans nulle contrainte.

À PEINE. Locution adverbiale

À PEINE. Locution adverbiale qui a différentes significations, selon les différentes façons de parler avec lesquelles on l' emploie. On s' en sert quelquefois pour marquer Le peu de temps qui s' est écoulé, depuis que la chose dont on parle est arrivée. À peine est-il hors de son lit, à peine il est hors du lit, à peine sommes-nous entrés, Il ne fait que de sortir du lit, il n' y a qu' un moment que nous sommes entrés. À peine le soleil est-il levé, on se met en marche. Dans ce cas, on met quelquefois que au commencement du second membre de la phrase. À peine le soleil était-il levé, à peine le soleil était levé, qu' on aperçut l' ennemi.

On s' en sert aussi dans la signification de Presque pas: on dit, par exemple, À peine est-il jour, à peine a-t-il le nécessaire, à peine sait-il lire, Il n' est presque pas encore jour, il n' a presque pas le nécessaire, il ne sait presque pas lire. On dit de même: Cela est à peine indiqué, à peine esquissé. Cette pensée doit être à peine présentée. Il a à peine touché ce point dans son discours. Il nous regarde à peine.

À PEINE

À PEINE signifie aussi, Difficilement. À peine voit-on à se conduire. À peine trouverait-on un de ces fruits qui ne fût pas piqué de vers. C' est à peine si ma tête entre dans ce chapeau. On trouvait à peine de l' eau pour boire.

À grand' peine, Malaisément, difficilement. À grand' peine lui persuaderez-vous cela.

PEINER. v. a.

PEINER. v. a. Faire de la peine, causer du chagrin, de l' inquiétude. Cette nouvelle m' a beaucoup peiné. Votre situation me peine extrêmement.

Il signifie aussi, Donner de la peine, fatiguer. Ce travail vous peinera trop, vous peinera beaucoup.

Il signifie encore, Travailler beaucoup et difficilement ce qu' on fait. Ce peintre peine beaucoup ses ouvrages.

PEINER

PEINER est aussi neutre, et signifie, Répugner à. On voit qu' il peine à punir, à gronder. On peine à vous faire de tels reproches.

Il signifie aussi, Faire des efforts pour, se fatiguer à. On peine beaucoup en voyageant dans les pays de montagnes et de marécages. Les chevaux peinent beaucoup à tirer des bateaux qui remontent la rivière. Je peinais à entendre cet homme.

Cette poutre, cette solive peine beaucoup, peine trop, Elle est chargée d' un faix trop pesant.

PEINER

PEINER avec le pronom personnel, signifie, Se donner de la peine. Se peiner pour faire quelque chose. Il s' est beaucoup peiné. Il ne s' est guère peiné dans cette affaire. Il n' aime pas à se peiner.

PEINÉ, ÉE. participe

PEINÉ, ÉE. participe Vous me voyez fort peiné de cela.

Il se dit surtout Des ouvrages de l' esprit ou de la main, dans lesquels la peine, le travail se fait beaucoup sentir. Cet ouvrage est peiné, paraît peiné. Il y a de belles choses dans ce tableau, mais il paraît trop peine. Un style peiné. Cette écriture est peinée, est trop peinée.

PEINTRE. s. m.

PEINTRE. s. m. Celui qui exerce l' art de peindre. Bon peintre. Grand peintre. Excellent peintre. Les peintres anciens. Les peintres modernes. Les peintres de l' école de Rome, de Lombardie, de Florence, de l' école vénitienne, flamande, française. Peintre en pastel. Peintre en émail. Peintre en miniature. Peintre sur verre, sur porcelaine. Peintre d' histoire. Peintre de genre. Peintre de portrait, de paysage. Une femme peintre.

Il se dit aussi de Celui dont le métier est de mettre en couleur des murailles, des lambris, des plafonds, etc. Un peintre en bâtiments. Un peintre au gros pinceau, à la grosse brosse. On a mis les peintres depuis hier dans cet appartement.

Fam., Être gueux comme un peintre, Être fort mal dans ses affaires.

PEINTRE

PEINTRE se dit, figurément, de Ceux qui représentent vivement les choses dont ils parlent, dont ils traitent, soit en prose, soit en vers. Cet orateur est un grand peintre. Ce poëte est un excellent peintre. Pline et Buffon sont les peintres de la nature. Molière est un grand peintre des vices et des travers de l' humanité. Les peintres du coeur humain.

PEINTURAGE. s. m.

PEINTURAGE. s. m. Action de peinturer, et L' effet qui en résulte.

PEINTURE. s. f.

PEINTURE. s. f. L' art de peindre. La peinture est un bel art. Il s' adonne à la peinture. Il excelle dans la peinture.

Il se dit aussi de Toute sorte d' ouvrages de peinture. Il y a de belles peintures dans ce palais. Les peintures de ce salon, de cette galerie sont admirables. On dirait que ces figures sont de relief, mais ce n' est que plate peinture. Peinture à l' huile, à fresque, en détrempe, en mosaïque, en pastel. Peinture sur verre, sur émail, sur porcelaine, sur bois, etc.

Pop., Cela est fait comme une peinture, se dit D' une chose bien faite, d' un ouvrage exécuté avec soin.

PEINTURE

PEINTURE se dit encore de Toute couleur qui est étendue, appliquée sur une surface. Prenez garde de vous gâter, de vous salir à ce tableau, à ce lambris, à ce carrosse, etc., la peinture en est toute fraîche, la peinture n' est pas sèche. Ces fenêtres ne seront pas de sitôt dégradées par la pluie, la peinture en est bonne, en est solide.

PEINTURE

PEINTURE se dit, figurément, d' Une description vive et naturelle. Ce poëte excelle dans la peinture des caractères, des passions, des moeurs, des faiblesses du coeur humain, des objets, des scènes de la nature. Il en a fait une peinture si vive, qu' on croit voir la chose même. Il a mal réussi dans la peinture qu' il en a faite. On voit éclater dans ces vives peintures tout ce que la passion a de plus animé.

EN PEINTURE. loc. adv. et fig.

EN PEINTURE. loc. adv. et fig. En apparence, sans réalité. Il n' a des richesses qu' en peinture. Il n' était roi qu' en peinture. Il est familier.

Je ne voudrais pas y être, même en peinture, se dit en parlant D' un endroit où l' on aurait beaucoup de répugnance à se trouver.

PEINTURER. v. a.

PEINTURER. v. a. Enduire d' une seule couleur. Peinturer un treillage, un lambris. Il est peu usité.

PEINTURÉ, ÉE. participe

PEINTURÉ, ÉE. participe

PEINTUREUR. s. m.

PEINTUREUR. s. m. Celui qui peinture, et qu' on appelle plus ordinairement Barbouilleur.

PÉKIN. s. m.

PÉKIN. s. m. Espèce d' étoffe de soie faite à la Chine, ou fabriquée en Europe à l' imitation de celle de la Chine. Le tissu du pékin ressemble à celui du taffetas.

PELADE. s. f.

PELADE. s. f. Sorte de maladie qui fait tomber les poils et les cheveux. Avoir la pelade. On la nomme autrement Alopécie.

PELAGE. s. m.

PELAGE. s. m. La couleur principale du poil de certains animaux. Ces deux chevaux ne sont pas de même pelage. Il a des chevaux de toutes sortes de pelages. Le pelage des cerfs est blond, fauve, brun, ou moucheté. Le pelage du tigre, de la panthère, etc.

PELAMIDE. s. f.

PELAMIDE. s. f. T. d' Hist. nat. Poisson de mer, dont la forme approche de celle du maquereau.

PELARD. adj. m.

PELARD. adj. m. Il n' est usité que dans cette locution, Bois pelard, Bois dont on ôte l' écorce pour faire du tan.

PÊLE. s. m.

PÊLE. s. m. T. de Serrurerie. Voy. PÊNE.

PÊLE-MÊLE. adv.

PÊLE-MÊLE. adv. Confusément. Ils étaient tous pêle-mêle. Ils entrèrent pêle-mêle dans la ville avec les ennemis. Il n' y a point d' ordre dans sa chambre, tout y est pêle-mêle. Mettre des hardes pêle-mêle dans un coffre.

Il s' emploie, quelquefois, comme substantif masculin. C' est un pêle-mêle où il est impossible de se reconnaître, de rien distinguer. En style d' étiquette de cour, Pour éviter les disputes de préséance, le prince ordonna le pêle-mêle.

PELER. v. a.

PELER. v. a. Ôter le poil. Mettre un cochon de lait dans de l' eau bouillante pour le peler. Peler des peaux, des cuirs. On l' emploie avec le pronom personnel. Ce velours se pèle promptement.

PELER

PELER signifie aussi, Ôter la peau d' un fruit, l' écorce d' un arbre, et en général la surface des choses qui ont une espèce de peau. Peler une poire, une pomme. Les lapins durant les neiges pèlent les jeunes arbres. Peler des langues de boeuf, des langues de cochon. Peler du fromage.

Peler la terre, En enlever du gazon. Peler des allées, En enlever de la terre et de l' herbe avec la bêche, la pelle, etc.

PELER

PELER s' emploie aussi neutralement en parlant Du corps de l' homme et des animaux, quand la première superficie de la peau s' en détache d' elle-même. Tout mon corps a pelé, tout le corps m' a pelé à la suite de cette maladie.

PELÉ, ÉE. participe

PELÉ, ÉE. participe Il est tout pelé. Une tête pelée. Du velours pelé. Des amandes pelées.

Fig., Un roc pelé, une montagne pelée, Un roc, une montagne où il n' y a ni arbre ni verdure.

PELÉ

PELÉ s' emploie quelquefois, substantivement et familièrement, en parlant Des personnes. Un vieux pelé.

Pop. et par mépris, Il y avait quatre pelés et un tondu, se dit en parlant D' une assemblée de peu de personnes et de gens de très-peu de considération.

PÈLERIN, INE. s.

PÈLERIN, INE. s. Celui, celle qui par piété fait un voyage à un lieu de dévotion. Un pèlerin qui va à Rome, à Jérusalem, à Saint-Jacques en Galice, à Notre-Dame de Lorette.

Absol., Pèlerin de Saint-Michel, pèlerin de Saint-Jacques, Pèlerin qui va à Saint-Michel, qui va à Saint-Jacques, ou qui en revient.

Les pèlerins d' Emmaüs, Les deux disciples qui allaient à Emmaüs, après la résurrection de JÉSUS-CHRIST.

PÈLERIN

PÈLERIN signifie, Voyageur, dans quelques phrases proverbiales. Rouge soir et blanc matin, c' est la journée du pèlerin, Le ciel rouge au soir et blanc au matin, présage un beau temps. Vent du soir et pluie du matin n' étonnent pas le pèlerin.

PÈLERIN, INE

PÈLERIN, INE se dit, figurément et familièrement, d' Un homme, d' une femme qui a de la finesse, de l' adresse, de la dissimulation. Vous ne connaissez pas le pèlerin. C' est un étrange pèlerin. C' est une adroite pèlerine.

PÈLERINAGE. s. m.

PÈLERINAGE. s. m. Le voyage que fait un pèlerin. Aller en pèlerinage. Il a fait un long pèlerinage. Il a fait le pèlerinage de Saint-Jacques. Les Turcs font le pèlerinage de la Mecque.

Fig., Cette vie n' est qu' un pèlerinage, N' est qu' un voyage, n' est qu' un passage à une autre vie.

PÈLERINAGE

PÈLERINAGE se dit aussi Du lieu où un pèlerin va en dévotion. Notre-Dame de Lorette est un des plus fameux pèlerinages de la chrétienté.

PÈLERINE. s. f.

PÈLERINE. s. f. Ajustement de femme, fait en forme de grand collet rabattu, qui couvre la poitrine et les épaules. Une pèlerine de percale.

PÉLICAN. s. m.

PÉLICAN. s. m. Oiseau aquatique, de l' ordre des Palmipèdes, dont le bec est très-large, et dont l' oesophage se dilate de manière à former une espèce de sac, où il met en réserve des aliments pour lui et pour ses petits. Le pélican est le symbole de l' amour paternel. En blason, le pélican est représenté se perçant l' estomac avec le bec, comme pour nourrir ses petits de son sang.

PÉLICAN

PÉLICAN en termes de Chimie, Alambic de verre d' une seule pièce, avec un chapiteau tubulé d' où sortent deux becs opposés et recourbés qui font anse et qui se rendent à la cucurbite, de manière à y rapporter les vapeurs condensées dans le chapiteau. Le pélican est un appareil que les chimistes ont cessé d' employer.

PÉLICAN

PÉLICAN est aussi Le nom d' un instrument de chirurgie recourbé en manière de crochet, qui sert à arracher les dents.

PELISSE. s. f.

PELISSE. s. f. Robe, manteau ou mantelet doublé ou garni de fourrure. La pelisse fait partie de l' habillement des hussards. Le sultan lui envoya une pelisse d' honneur. Être couvert d' une pelisse. Une pelisse de femme.

PELLE. s. f.

PELLE. s. f. (On prononce Pèle.) Instrument de fer ou de bois, large et plat, qui a un long manche, et qui sert à divers usages. Pelle de feu. Pelle de four. Pelle à feu. Pelle de jardin. Pelle d' écurie. Prendre du feu avec une pelle. Remuer le blé avec une pelle.

Fig. et fam., Remuer l' argent à la pelle, Avoir beaucoup d' argent.

Prov. et fig., La pelle se moque du fourgon, se dit en parlant D' une personne qui a les mêmes défauts que celle dont elle veut se moquer.

PELLÉE, PELLERÉE, PELLETÉE. s. f.

PELLÉE, PELLERÉE, PELLETÉE. s. f. Autant qu' il en peut tenir sur une pelle. Une pellée de plâtre. Une pellée de feu. Une pellerée de grains. Une pelletée de terre.

PELLETERIE. s. f.

PELLETERIE. s. f. Art d' accommoder les peaux garnies de leur poil, pour en faire des fourrures; Commerce de fourrures. Il entend bien la pelleterie. La pelleterie est un bon commerce pendant les hivers rigoureux.

Il se dit aussi Des peaux dont on fait les fourrures. Trafiquer, négocier en pelleterie. Il est riche en pelleterie. La traite de la pelleterie. Faire venir des pelleteries de Russie. Rapporter des pelleteries, de belles pelleteries du Canada.

PELLETIER, IÈRE. s.

PELLETIER, IÈRE. s. Celui, celle qui fait, qui vend des fourrures. Marchand pelletier.

PELLICULE. s. f.

PELLICULE. s. f. (On prononce les L.) Diminutif. Petite peau, peau extrêmement mince et déliée. L' épiderme est une pellicule qui couvre la peau. Il y a dans un oeuf deux pellicules, celle qui tapisse intérieurement la coque, et celle qui enveloppe le jaune. Les grains de grenade sont séparés les uns des autres par de petites pellicules. Enlevez la pellicule qui s' est formée sur cette tasse de lait bouilli.

PELOTE. s. f.

PELOTE. s. f. Espèce de boule que l' on forme avec du fil, de la laine, de la soie, etc., en les roulant sur eux-mêmes. Pelote de fil, de laine, de coton, de soie, etc. Pelote de ficelle. On appelle plus ordinairement cette sorte de boule Un peloton.

PELOTE

PELOTE se dit aussi d' Un petit coussinet dont les femmes se servent pour y ficher des épingles et des aiguilles. Pelote ronde. Pelote carrée. Grosse pelote de toilette.

Pelote de neige, Boule que l' on fait avec de la neige pressée. Ils se battaient à coups de pelotes de neige.

La troupe se grossit comme une pelote de neige, se dit D' une troupe de gens qui augmente à chaque instant, qui va toujours se grossissant: on dit absolument, La pelote se grossit. Cette dernière phrase s' emploie aussi, proverbialement et figurément, en parlant De torts, de profits, d' intérêts d' argent qui s' accumulent.

Fig. et fam., Cela fait une pelote au bout de quelque temps, se dit De petits profits qui, ajoutés les uns aux autres, finissent par former une certaine somme.

Fig. et fam., Faire sa pelote, Amasser les profits qu' on fait, de manière à s' en composer une fortune. Cet intendant peut maintenant se passer de place, il a fait sa pelote. Cette cuisinière a fait sa pelote.

PELOTE

PELOTE se dit encore de La marque blanche qui se trouve sur le front de quelques chevaux, et que l' on nomme autrement Étoile. Ce cheval est marqué en tête, il a la pelote.

PELOTER. v. n.

PELOTER. v. n. Jouer à la paume, sans que ce soit une partie réglée; ne faire que se jeter et se renvoyer la balle. Ils ne jouent pas partie, ils ne font que peloter.

Prov. et fig., Peloter en attendant partie, Faire quelque chose de peu de conséquence, en attendant mieux; Faire par manière d' essai, ce qu' on fera plus sérieusement dans la suite.

PELOTER

PELOTER est aussi verbe actif, et signifie, Battre, maltraiter de coups ou de paroles. On l' a bien peloté. Il a voulu faire le mutin, et il a été peloté. Il est familier.

Il a été bien peloté dans cette dispute, dans cette conversation, On a eu sur lui un grand avantage.

Avec le pron. person., Ces deux hommes se sont bien pelotés, Ils se sont bien battus, ou Ils ont bien disputé.

PELOTÉ, ÉE. participe

PELOTÉ, ÉE. participe

PELOTON. s. m.

PELOTON. s. m. Espèce de boule que l' on forme avec du fil, de la laine, de la soie, etc., en les roulant sur eux-mêmes. On emploie tant de pelotons de fil à faire cette toile.

Fig., Ce n' est qu' un peloton de graisse, se dit D' un petit oiseau extrêmement gras, comme sont ordinairement les ortolans et les becfigues. Il se dit aussi D' un enfant fort gras.

PELOTON

PELOTON se dit encore d' Une balle à jouer à la paume, lorsqu' elle n' est point encore couverte de drap.

PELOTON

PELOTON se dit, figurément, d' Un petit nombre de personnes réunies en groupe. Ils étaient dans cette place par pelotons.

Il se dit particulièrement, en termes de Guerre, d' Un petit corps de troupes. Quelques pelotons d' infanterie.

Il se dit plus exactement, dans les exercices, dans les manoeuvres, d' Une compagnie d' infanterie, ou d' Une demi-compagnie de cavalerie. Le premier, le second, le troisième peloton. Pelotons pairs. Pelotons impairs. Chef de peloton. Aligner son peloton. Rompre par peloton, pour passer de l' ordre en bataille à l' ordre en colonne. Une colonne de huit pelotons. Peloton, en avant, marche. Feu de peloton. École de peloton.

Un peloton de mouches à miel, de chenilles, Une grande quantité de mouches à miel, de chenilles, qui sont toutes ensemble en un tas. Les haies sont pleines de pelotons de chenilles.

Se mettre en peloton, Ramasser, rassembler ses membres de manière que le corps forme une espèce de boule. Il se met en peloton dans son lit, au lieu de s' étendre.

PELOTONNER. v. a.

PELOTONNER. v. a. Mettre en peloton. Pelotonner du fil, de la soie, de la laine, etc.

Il s' emploie figurément, avec le pronom personnel, et se dit De plusieurs personnes ou de plusieurs animaux qui se mettent en peloton. Ils se sont pelotonnés dans un coin de la salle pour causer d' affaires. Les abeilles se pelotonnent.

Il signifie aussi, Rassembler, réunir ses membres, se ramasser. Il s' est pelotonné en sautant en bas de cette fenêtre. Le hérisson se pelotonne.

PELOTONNÉ, ÉE. participe

PELOTONNÉ, ÉE. participe

PELOUSE. s. f.

PELOUSE. s. f. Terrain couvert d' une herbe épaisse et courte. Grande, belle pelouse. Se promener sur une pelouse.

PELTASTE. s. m.

PELTASTE. s. m. T. d' Antiq. Soldat qui était armé de l' espèce de bouclier appelé Pelte.

PELTE. s. f.

PELTE. s. f. T. d' Antiq. Petit bouclier d' une forme particulière, que portaient certaines troupes légères. Dans les bas-reliefs antiques, les Amazones sont ordinairement représentées armées de peltes.

PELU, UE. adj.

PELU, UE. adj. Garni de poil. Il n' est guère usité que dans cette locution figurée et familière, Patte-pelu, ou Patte-pelue, Personne qui va adroitement à ses fins, sous des apparences de douceur et d' honnêteté. C' est un patte-pelu. Cet homme est une vraie patte-pelue.

PELUCHE. s. f.

PELUCHE. s. f. Étoffe de laine, de soie, de fil, de poil de chèvre ou de coton, dont le poil est très-long d' un côté. Peluche de soie. Une couverture de peluche. Un manteau doublé de peluche. Plusieurs écrivent, Pluche.

PELUCHER. v. n.

PELUCHER. v. n. Il se dit D' une étoffe qui, par l' usage ou par le frottement, a le défaut de se couvrir de poils qui se dégagent du tissu. Ces bas commencent à pelucher. Cette étoffe peluchera bientôt.

PELUCHÉ, ÉE. adj.

PELUCHÉ, ÉE. adj. Il se dit Des étoffes et de quelques plantes qui sont velues. Bas peluchés. Anémone peluchée.

PELURE. s. f.

PELURE. s. f. Peau ou enveloppe de certains fruits, de certains légumes, et d' autres choses qu' on a coutume de peler. Pelure de poire, de pomme, de pêche, etc. Pelure d' oignon. Du vin couleur de pelure d' oignon. Pelure de fromage. Vous faites des pelures bien épaisses. On mange ordinairement les pommes d' api sans en ôter la pelure.

PELVIEN, IENNE. adj.

PELVIEN, IENNE. adj. T. d' Anat. Qui appartient ou qui a rapport au bassin. Membres pelviens. Cavité pelvienne.

PENAILLON. s. m.

PENAILLON. s. m. Haillon. Son habit était en penaillons. Que voulez-vous faire de ce penaillon? Il est familier et peu usité.

PENAILLON

PENAILLON se dit quelquefois par mépris, pour désigner Un moine.

PÉNAL, ALE. adj.

PÉNAL, ALE. adj. Qui assujettit à quelque peine, à des peines. Code pénal. Les lois pénales. Clause, disposition pénale.

PÉNALITÉ. s. f.

PÉNALITÉ. s. f. Système des peines établies par les lois. Une pénalité trop sévère ne diminue pas le nombre des délits. Traité de la pénalité. Il n' a pas de pluriel.

PENARD. s. m.

PENARD. s. m. Terme de raillerie qui n' est guère employé que dans cette locution familière, Vieux penard, Vieillard rusé; et, dans un autre sens, Vieux libertin. Ce vieux penard en conte aux jeunes filles.

PÉNATES. adj. m. pl.

PÉNATES. adj. m. pl. Il se dit Des dieux domestiques des anciens païens. Énée emporta de Troie ses dieux pénates.

Il s' emploie aussi substantivement. Emporter ses pénates.

Il s' emploie figurément comme substantif, pour signifier, L' habitation, la demeure de quelqu' un. Il a visité mes pénates. Je reverrai mes pénates chéris. J' irai voir vos pénates. Il a retrouvé ses pénates.

PENAUD, AUDE. adj.

PENAUD, AUDE. adj. Qui est embarrassé, honteux, interdit. Quand on lui dit cela, il demeura bien penaud, tout penaud. Qui fut penaud? Elle fut bien penaude. Il est familier.

PENCHANT, ANTE. adj.

PENCHANT, ANTE. adj. Qui penche, qui est incliné. Un mur penchant. Une muraille penchante.

Il signifie figurément, Qui est dans le déclin, qui est sur son déclin. Une fortune penchante. Il vit l' empire penchant et prêt à succomber sous son propre poids.

PENCHANT. s. m.

PENCHANT. s. m. Pente, terrain qui va en baissant. Le penchant d' une montagne. Le penchant d' un précipice.

Fig., Se retenir sur le penchant du précipice, se dit D' une personne qui, sur le point de se laisser aller au désordre, de prendre un mauvais parti, a la prudence et la force de s' arrêter.

Fig., Être sur le penchant de sa ruine, Être sur le point d' être ruiné, d' être détruit. Cet homme est sur le penchant de sa ruine. Cet État est sur le penchant de sa ruine.

Fig., La fortune, la faveur de cet homme est sur son penchant, Elle est sur le déclin.

Fig., Le penchant de l' âge, Le déclin de l' âge.

PENCHANT

PENCHANT signifie aussi, figurément, Propension, inclination naturelle de l' âme. Son penchant le mène au bien. Il a du penchant pour tous les plaisirs. Son penchant l' entraîne, l' emporte à trop de dépense. Suivre son penchant. Se laisser aller, s' abandonner, céder à son penchant. Résister à son penchant. Il a réformé ses mauvais penchants. C' est là son penchant. Avoir plus de penchant pour une personne que pour une autre. Il a plus de penchant à la sévérité qu' à l' indulgence. Nobles penchants. Penchants vertueux.

PENCHEMENT. s. m.

PENCHEMENT. s. m. Action d' une personne qui se penche; État d' un corps qui penche. Il a contracté un penchement de tête. Le penchement du corps.

PENCHER. v. a.

PENCHER. v. a. Incliner, baisser quelque chose de quelque côté, mettre quelque chose hors de son aplomb. Pencher la tête, le corps. Pencher un vase. Plier les branches d' un arbre et les pencher.

Il s' emploie aussi avec le pronom personnel. Se pencher sur le bord d' une fontaine. Penchez-vous, que je rajuste votre coiffure.

Il est aussi neutre, et se dit De tout ce qui est hors de son aplomb, hors de la ligne perpendiculaire; De tout ce qui n' est pas de niveau, qui va en descendant. Un arbre qui penche. Le mur penche un peu de ce côté-là. Il penche vers le nord. Le terrain va en penchant.

Fig., Cet État, cet empire penche vers sa chute, vers sa ruine, Il est sur le point d' être ruiné, détruit.

PENCHER

PENCHER neutre, signifie figurément, Être porté à quelque chose. La plupart des juges penchaient à le renvoyer absous. Il penche plus volontiers vers la clémence que vers la rigueur. Voilà deux avis, deux partis différents; vers lequel penchez-vous? De quel côté penchez-vous? De deux personnes qu' on lui proposait en mariage, il penchait bien plus pour l' une que pour l' autre.

PENCHÉ, ÉE. participe

PENCHÉ, ÉE. participe Fam., Airs penchés, Mouvements affectés de la tête ou du corps, que l' on fait dans le dessein de plaire. Elle a des airs penchés. Il prend des airs penchés.

PENDABLE. adj. des deux genres

PENDABLE. adj. des deux genres Qui mérite d' être pendu. Cet homme est pendable.

Cas pendable, Action dont l' auteur mérite d' être pendu, de subir une peine capitale. Le vol domestique était un cas pendable.

Fam., Jouer à quelqu' un un tour pendable, Lui faire quelque méchanceté insigne.

PENDAISON. s. f.

PENDAISON. s. f. Action d' attacher au gibet, exécution de pendu. Il risque, il craint la pendaison. Il est familier.

PENDANT, ANTE. adj.

PENDANT, ANTE. adj. Qui pend. Des manches pendantes. Des joues pendantes. Ce chien a de belles oreilles bien pendantes. Marcher, aller les bras pendants. Avoir les bras pendants.

En termes de Pratique, Les fruits pendants par les racines, ou simplement par racines, Les blés, les fruits qui sont sur la terre, et dont on n' a point encore fait la récolte.

Ce procès est pendant à tel tribunal, C' est tel tribunal qui en est saisi, il y a instance pour cela à tel tribunal. On dit dans le même sens, L' instance, la cause est pendante.

PENDANT

PENDANT est aussi substantif. Ainsi on appelle Pendant de baudrier ou de ceinturon, La partie d' en bas du baudrier ou du ceinturon, au travers de laquelle on passe l' épée; Pendants d' oreilles, Les parures de pierreries, de perles, etc., que les femmes attachent à leurs boucles d' oreilles. Des pendants d' oreilles de diamants. Cette femme a de beaux pendants d' oreilles.

PENDANTS

PENDANTS en termes de Peinture, de Gravure, de Sculpture, Deux tableaux, deux estampes, deux groupes de sculpture, d' égale grandeur, représentant des objets à peu près semblables, et destinés à figurer ensemble, à se correspondre. De deux pendants, il y en a presque toujours un qui est moins bon que l' autre. Ces deux tableaux, ces deux groupes font pendants, font à peu près pendants. J' ai les deux pendants. J' achèterai cette marine pour faire pendant à une autre que j' ai déjà. J' ai perdu le pendant de cette estampe. Il faut un pendant à ce tableau. Cela servira de pendant.

Il se dit, figurément et familièrement, Des personnes ou des choses qui ont entre elles beaucoup de rapports, qui sont à peu près pareilles. Vous et lui, vous êtes les deux pendants. Cet homme est le pendant de l' autre. Voici le pendant de votre histoire. Cet homme est un original qui n' a pas son pendant.

Le pendant des eaux, se dit, dans quelques traités de paix ou de partage, de Toutes les terres adjacentes aux eaux qui coulent d' un certain côté.

PENDANT. Préposition

PENDANT. Préposition servant à marquer la durée du temps. Pendant l' hiver, Pendant votre séjour.

PENDANT QUE. loc. conjonctive

PENDANT QUE. loc. conjonctive Tandis que, dans le temps que. Pendant que vous serez là. Pendant qu' ils étaient assemblés.

PENDARD, ARDE. s.

PENDARD, ARDE. s. Vaurien, fripon. C' est un grand pendard. C' est une vraie pendarde. Il est familier.

PENDELOQUE. s. f.

PENDELOQUE. s. f. Pierre précieuse en forme de poire, que l' on suspend à des boucles d' oreilles. Elle avait à ses boucles d' oreilles des pendeloques de diamants. Une paire de pendeloques. Elle a perdu une pendeloque.

Il se dit aussi Des morceaux de cristal ou de verre taillés, qui sont attachés aux lustres.

Il se dit, figurément et populairement, Des lambeaux d' étoffe qui pendent au bas des habits déchirés. Sa robe a plusieurs pendeloques qui traînent dans la boue.

PENDENTIF. s. m.

PENDENTIF. s. m. T. d' Archit. Portion de voûte sphérique placée entre les quatre grands arcs qui supportent un dôme, une coupole. Les pendentifs du Val-de-Grâce sont sculptés; ceux du dôme de Saint-Pierre sont ornés de mosaïque. Il y a de belles peintures dans ces pendentifs. Les pendentifs peints par le Dominiquin dans l' église de Saint-André, à Rome. Voyez PANACHE.

PENDILLER. v. n.

PENDILLER. v. n. Être suspendu en l' air et agité par le vent. Il ne se dit guère qu' en parlant Des choses de peu de valeur. Des hardes, des linges qui pendillent aux fenêtres. Il est familier.

PENDRE. v. a.

PENDRE. v. a. Attacher une chose en haut par une de ses parties, de manière qu' elle ne touche point en bas. Pendre de la viande au croc. Pendez ce linge afin qu' il sèche. Pendre des raisins au plancher.

Il se dit aussi Des personnes et des animaux. Pendre un homme par les aisselles. Pendre un lièvre par les pattes de derrière. On l' emploie quelquefois avec le pronom personnel. Se pendre par les mains à un arbre.

Fig. et fam., Pendre son épée au croc, Renoncer à la guerre.

Cet enfant est toujours pendu au cou de sa mère, de sa bonne, Il l' embrasse continuellement.

Fig. et fam., Être toujours pendu aux oreilles de quelqu' un, Affecter de lui parler souvent. Être toujours pendu aux côtés ou à la ceinture de quelqu' un, L' accompagner, le suivre partout.

PENDRE

PENDRE signifie particulièrement, Attacher quelqu' un à la potence, pour l' étrangler. Pendre des voleurs. Pendre et étrangler. Il a été pendu en effigie. Il fut condamné à être pendu.

Il signifie aussi, avec le pronom personnel, Se donner la mort, s' étrangler en se suspendant. De désespoir il se pendit.

Il y a de quoi se pendre, se dit par exagération, en parlant D' un événement désespérant.

Prov., Autant vaudrait être pendu que d' avoir fait cela, se dit en parlant D' une action blâmable ou d' un ouvrage mal fait.

Prov. et par forme de serment, Je veux être pendu si je consens à ce qu' on exige de moi, si l' on m' y rattrape, si j' ai compris un mot de son discours.

Fam., Être pendu haut et court, Être exécuté à la potence.

Fam., Cet homme ne vaut pas le pendre, Il ne vaut rien.

Fam., Dire pis que pendre d' un homme, Dire de lui toute sorte de mal.

PENDRE

PENDRE est aussi neutre, et signifie, Être suspendu. L' hôtellerie où l' Écu de France pend pour enseigne. Un grand sabre pendait à sa ceinture. Des lustres pendent au plafond. Des fruits pendent à l' arbre.

Prov. et fig., Autant lui en pend à l' oeil, à l' oreille, au nez, Il pourra bien lui en arriver autant.

PENDRE

PENDRE neutre, signifie encore, Tomber trop, descendre trop bas. Votre robe pend d' un côté. Remontez votre jupon qui pend. Relevez cette boucle de cheveux qui pend. Renouez ce cordon qui pend.

Les joues lui pendent, Ses joues sont flasques et tombantes.

PENDU, UE. participe

PENDU, UE. participe Prov. et fig., Aussitôt pris, aussitôt pendu, se dit en parlant Des choses ou des personnes sur lesquelles on prend une prompte décision, qu' on emploie aussitôt qu' elles se présentent.

Prov., Avoir la langue bien pendue, Avoir une grande facilité de parler.

PENDU

PENDU est aussi substantif. Il a l' air d' un pendu.

Prov. et fig., Il ne faut pas parler de corde dans la maison d' un pendu, Il ne faut pas parler de certaines choses qui peuvent être reprochées à ceux devant qui l' on parle.

Prov. et fig., Il a de la corde de pendu dans sa poche, se dit D' un homme qui gagne beaucoup, qui gagne toujours au jeu.

Prov., Être sec comme un pendu d' été, ou simplement comme un pendu, Être extrêmement maigre.

PENDULE. s. m.

PENDULE. s. m. Poids suspendu de manière qu' étant mis en mouvement, il fasse, en allant et venant, des oscillations régulières. L' oscillation du pendule. Les oscillations, les vibrations du pendule. Le pendule sert principalement à régler le mouvement d' une horloge. La longueur du pendule qui bat les secondes.

PENDULE. s. f.

PENDULE. s. f. Horloge à poids ou à ressort, à laquelle on joint un pendule, dont les oscillations servent à en régler le mouvement, et à la rendre plus juste. Une belle pendule. Une pendule à ressort. Pendule à répétition. Pendule à secondes. Pendule à équation. Boîte de pendule.

Pendule de bronze doré, de marbre, d' acajou, Pendule dont la boîte est de bronze doré, de marbre, d' acajou.

PÊNE. s. m.

PÊNE. s. m. Cette partie d' une serrure qu' on fait aller et venir avec la clef, et qui entre dans la gâche de manière à fermer la porte, l' armoire, etc., à laquelle est adaptée la serrure. Le pêne de cette serrure est brisé, est rouillé. Le pêne ne va point.

Pêne à demi-tour ou à ressort, L' espèce de pêne dont le bout est taillé en biseau, et qu' on peut faire aller et venir sans le secours de la clef. On l' appelle quelquefois simplement Pêne. La porte n' est fermée qu au pêne.

Pêne dormant, Le pêne ordinaire, c' est-à dire, celui qui ne se meut qu' avec le secours de la clef.

PÉNÉTRABILITÉ. s. f.

PÉNÉTRABILITÉ. s. f. T. didactique. Qualité de ce qui est pénétrable. La pénétrabilité d' une substance spongieuse.

PÉNÉTRABLE. adj. des deux genres

PÉNÉTRABLE. adj. des deux genres Qu' on peut pénétrer, où l' on peut pénétrer. Ce bois est si épais, qu' il n' est pas pénétrable.

PÉNÉTRANT, ANTE. adj.

PÉNÉTRANT, ANTE. adj. Qui pénètre. Le sel est caustique et pénétrant. Liqueur pénétrante. Odeur pénétrante. Il fait un froid pénétrant.

Fig., Être pénétrant, avoir l' esprit pénétrant, Avoir une intelligence vive, approfondir promptement les choses difficiles.

Fig., Avoir l' oeil, le coup d' oeil, le regard pénétrant, Lire dans le coeur, dans l' esprit des personnes qu' on regarde. Il est impossible de lui cacher ce qu' on éprouve, ce qu' on pense, tant il a l' oeil pénétrant, le regard pénétrant.

PÉNÉTRATIF, IVE. adj.

PÉNÉTRATIF, IVE. adj. T. didactique. Qui pénètre aisément. Qualité pénétrative. Il est peu usité.

PÉNÉTRATION. s. f.

PÉNÉTRATION. s. f. T. didactique. La propriété et L' action de pénétrer. L' activité et la pénétration du mercure.

Il se dit figurément de La sagacité de l' esprit, de la facilité à pénétrer dans la connaissance des choses. C' est un homme qui a une grande pénétration d' esprit. Il a de la pénétration, beaucoup de pénétration. Une grande pénétration en affaires. Je doute un peu de sa pénétration.

PÉNÉTRER. v. a.

PÉNÉTRER. v. a. Percer, passer à travers. La lumière pénètre le verre, pénètre tous les corps diaphanes. L' huile pénètre les étoffes. L' eau avait pénétré ses habits. Le coup pénètre les chairs et va jusqu' à l' os. On l' emploie avec le pronom personnel, dans le sens réciproque. Ces substances, mêlées ensemble, se pénètrent intimement.

Il signifie aussi, Entrer bien avant. Le grand froid pénètre la terre. Il fait un vent sec qui pénètre la poitrine.

Prov., Courte prière pénètre les cieux, Ce n' est pas la longueur, c' est la ferveur qui rend les prières efficaces.

PÉNÉTRER

PÉNÉTRER s' emploie figurément, et signifie, Découvrir, parvenir à connaître, avoir une profonde connaissance de quelque chose. Pénétrer le sens caché d' un mot. Pénétrer les ruses, les desseins de quelqu' un. J' ai pénétré sa pensée. Je pénétrerai ce mystère. Pénétrer les secrets de la nature. C' est un esprit qui pénètre tout. Dieu pénètre le fond des coeurs, les pensées les plus secrètes.

Pénétrer quelqu' un, Découvrir ses secrètes pensées, ses desseins cachés. Cet homme a beau feindre, il n' est pas difficile à pénétrer. Il ne se laisse pas facilement pénétrer. On le pénètre à la longue.

PÉNÉTRER

PÉNÉTRER signifie encore figurément, Toucher profondément. Les beautés de la religion le pénètrent, pénètrent son âme. Sa douleur me pénètre le coeur. Son état m' a pénétré.

PÉNÉTRER

PÉNÉTRER avec le pronom personnel, pris dans le sens réfléchi, signifie, Remplir son esprit, son âme de quelque pensée, de quelque sentiment. Il faut bien vous pénétrer de cette vérité. Se pénétrer du sentiment de ses devoirs.

PÉNÉTRER

PÉNÉTRER s' emploie comme verbe neutre dans la plupart de ses acceptions. Le coup pénètre dans les chairs, pénètre jusqu' à l' os. Le boulet a pénétré dans le corps du vaisseau. Pénétrer dans les rangs ennemis. Pénétrer à travers les obstacles. On a pénétré dans le hallier, dans la caverne. Ce voyageur n' a pas pénétré dans l' intérieur du pays. Je n' ai pu pénétrer jusqu' au ministre. Les commis ne me laissaient pas pénétrer. Pénétrer dans la confiance de quelqu' un. Il a pénétré fort avant dans la géométrie. J' ai pénétré dans sa pensée. Je n' ai pas voulu pénétrer dans ces mystères. Pénétrer dans l' avenir. Pénétrer dans les causes d' un événement.

PÉNÉTRÉ, ÉE. participe

PÉNÉTRÉ, ÉE. participe Pénétré de douleur. Pénétré de l' amour de Dieu, des vérités de la religion. Je suis pénétré de sa situation. Je suis pénétré de cette vérité.

Avoir l' air pénétré, Paraître très-affecté de ce qu' on dit ou de ce qu' on entend.

PÉNIBLE. adj. des deux genres

PÉNIBLE. adj. des deux genres Qui se fait avec peine, qui donne de la peine, de la fatigue. C' est un travail pénible. Un ouvrage pénible. Un travail ingrat et pénible. Une étude pénible. Un exercice pénible. Une situation pénible. Un chemin pénible. Une entreprise pénible. Un effort pénible.

Il se dit aussi au sens moral, et signifie, Qui fait de la peine, qui affecte désagréablement l' âme, l' esprit. Situation pénible. Sentiment pénible. Doute pénible. Il est pénible d' avoir à punir de pareilles fautes. Une chose pénible à voir, à entendre. Un aveu pénible à faire et à entendre. L' intrigue de cette pièce est pénible à suivre.

PÉNIBLEMENT. adv.

PÉNIBLEMENT. adv. Avec peine. Il a la goutte à la main, il écrit péniblement. Il marche péniblement. Ce peintre est correct, mais il travaille péniblement. Cet auteur a du savoir, mais il compose péniblement.

PÉNICHE. s. f.

PÉNICHE. s. f. T. de Marine. Petite embarcation de guerre. Les péniches sont des canots armés.

PÉNICILLÉ, ÉE.. adj.

PÉNICILLÉ, ÉE.. adj. (On fait sentir les deux L.) T. d' Hist. nat. Qui est en forme de pinceau. Stigmate pénicillé.

PÉNIL. s. m.

PÉNIL. s. m. T. d' Anat. Partie antérieure de l' os pubis qui est autour des parties naturelles, et où croît le poil qui est la marque de la puberté.

PÉNINSULE. s. f.

PÉNINSULE. s. f. Presqu' île; portion de terre environnée d' eau, excepté d' un seul côté. La Morée est une péninsule.

Il s' emploie quelquefois absolument pour désigner L' Espagne et le Portugal, qu' on nomme La péninsule ibérique. Voyager dans la Péninsule.

PÉNITENCE. s. f.

PÉNITENCE. s. f. Repentir, regret d' avoir offensé Dieu. La pénitence est une vertu chrétienne. La pénitence doit être sincère et confiante. La pénitence n' est point véritable, si elle n' est accompagnée d' une ferme résolution de ne plus pécher. Une pénitence tardive. Les fruits de la pénitence.

Sacrement de pénitence, Celui des sept sacrements de l' Église, par lequel le prêtre remet les péchés à ceux qui s' en confessent à lui.

Le tribunal de la pénitence, se dit Du prêtre qui confesse, et Du lieu où il confesse. Aller porter ses péchés au tribunal de la pénitence. On ne saurait avoir trop de recueillement quand on est au tribunal de la pénitence.

Les Psaumes de la pénitence. Voy. PSAUME.

PÉNITENCE

PÉNITENCE se dit aussi de Tout ce que le prêtre ordonne en satisfaction des péchés qu on lui a confessés. Son confesseur lui a donné pour pénitence les sept Psaumes. Accomplir sa pénitence, satisfaire à sa pénitence, faire sa pénitence. Les pénitences publiques ne sont plus en usage dans l' Église.

PÉNITENCE

PÉNITENCE se dit également Des jeûnes, des prières, des macérations, et généralement de toutes les austérités qu' on s' impose volontairement pour l' expiation de ses péchés. Faire pénitence de ses péchés. Vivre dans la pénitence, dans une pénitence continuelle, dans les exercices de la pénitence. Il faut faire pénitence, si l' on veut être sauvé. Nous sommes dans un temps de pénitence.

Fig., Faire pénitence de ses excès, de ses torts, de sa mauvaise conduite, En être puni par quelque maladie, par quelque infirmité, par quelque malheur. Il fait pénitence du passé. Il s' est abandonné à la débauche dans sa jeunesse, il en fait maintenant pénitence. Il s' est perdu par son indiscrétion, et il a maintenant tout le loisir d' en faire pénitence.

Fig. et fam., Faire pénitence, Faire mauvaise chère. Si vous voulez demeurer à dîner avec nous, vous ferez pénitence. Voulez-vous faire pénitence avec nous?

PÉNITENCE

PÉNITENCE se dit encore d' Une punition imposée pour quelque faute. Voilà une rude pénitence pour une faute bien légère. Vous mériteriez une rude pénitence, pour nous avoir fait attendre. Faire subir une pénitence. Mettre un enfant en pénitence. Des pénitences d' enfant.

PÉNITENCE loc. adverbiales

PÉNITENCE loc. adverbiales à certains petits Jeux, signifie, La peine qu' on impose à ceux qui ont manqué aux règles, aux conventions. On lui a donné telle pénitence. Votre pénitence sera de dire une chanson.

POUR PÉNITENCE, EN PÉNITENCE DE CELA, POUR VOTRE PÉNITENCE. En punition, pour peine. Vous n' avez pas voulu nous prévenir que vous viendriez; pour pénitence, pour votre pénitence, vous ferez un mauvais dîner. Vous avez oublié l' exemplaire de votre ouvrage que vous m' aviez promis, en pénitence de cela vous m' en donnerez deux.

PÉNITENCERIE. s. f.

PÉNITENCERIE. s. f. Charge, fonction, dignité de pénitencier. Il est pourvu de la pénitencerie de cette cathédrale. La pénitencerie de Rome. La grande pénitencerie.

Ce sont des affaires qui regardent la pénitencerie, se dit De certaines affaires qui se jugent à Rome par le tribunal de la pénitencerie.

PÉNITENCIER. s. m.

PÉNITENCIER. s. m. Prêtre commis par l' évêque, pour absoudre des cas réservés. Se confesser au pénitencier. À Rome, c' est toujours un cardinal qui est grand pénitencier. Dans plusieurs cathédrales, le pénitencier est un dignitaire.

Sous-pénitencier, Prêtre subordonné au pénitencier, et commis pour le suppléer dans ses fonctions.

PÉNITENT, ENTE. adj.

PÉNITENT, ENTE. adj. Qui a regret d' avoir offensé Dieu, qui est dans la pratique des exercices de la pénitence. Pécheur pénitent. Femme pénitente.

Il est plus ordinairement substantif, et il signifie, Celui, celle qui confesse ses péchés au prêtre. Interroger, absoudre un pénitent. Ce prêtre a beaucoup de pénitents, beaucoup de pénitentes. Je suis le confesseur, elle est ma pénitente.

Fam., Avoir l' air d' un pénitent, Avoir l' air contrit, humilié, ou affecter cet air par hypocrisie.

PÉNITENT

PÉNITENT est aussi la qualification de Ceux qui sont engagés dans certaines confréries où l' on fait une profession particulière de quelques exercices de pénitence. On les appelle Pénitents blancs, pénitents bleus, pénitents noirs, gris, etc., selon les différentes couleurs des sacs dont ils se couvrent en de certains jours.

PÉNITENTIAIRE. adj. des deux genres

PÉNITENTIAIRE. adj. des deux genres Il se dit Des moyens employés pour l' amélioration morale des condamnés. Régime pénitentiaire. Système pénitentiaire.

PÉNITENTIAUX, ELLES. adj.

PÉNITENTIAUX, ELLES. adj. (Il n' a point de singulier.) Qui appartient à la pénitence. OEuvres pénitentielles. Psaumes pénitentiaux.

Canons pénitentiaux, Canons de la primitive Église concernant les pénitences publiques.

PÉNITENTIEL. s. m.

PÉNITENTIEL. s. m. Rituel de la pénitence. Il y a différents pénitentiels.

PENNAGE. s. m.

PENNAGE. s. m. T. de Fauconnerie. Il se dit Du plumage des oiseaux de proie, qui se renouvelle à différents âges. Un faucon du second pennage.

Il signifie aussi, Les plumes des ailes de tout oiseau.

PENNE. s. f.

PENNE. s. f. T. de Fauconnerie. Il se dit Des grosses plumes des oiseaux de proie qui muent chaque année. Les pennes d' un faucon.

PENNON. s. m.

PENNON. s. m. Sorte de bannière, d' étendard à longue queue, qu' un chevalier qui avait sous lui vingt hommes d' armes, était en droit de porter.

PÉNOMBRE. s. f.

PÉNOMBRE. s. f. T. d' Astron. Demi-obscurité des parties de l' espace qui ne sont ni totalement dans l' ombre d' un corps opaque, ni complétement éclairées par le corps lumineux. Dans les éclipses de lune, on voit cet astre s' obscurcir graduellement à mesure qu' il entre dans la pénombre de la terre.

PENON. s. m.

PENON. s. m. T. de Marine. Assemblage de petites plumes montées sur des morceaux de liége traversés d' un fil, qu' on laisse flotter au gré du vent pour en connaître la direction: on y substitue souvent une petite flamme d' étamine, qui remplit le même objet.

PENSANT, ANTE. adj.

PENSANT, ANTE. adj. Qui pense, qui est capable de penser. Un être pensant. La faculté pensante.

Bien pensant, mal pensant, se dit De celui qui a de bons ou de mauvais sentiments. C' est un homme bien pensant. Tous les hommes instruits et bien pensants sont de cet avis. Il n' y a que les gens mal pensants qui puissent approuver cela.

Mal pensant, signifie aussi, Qui juge désavantageusement de son prochain. Vous êtes trop mal pensant, trop mal pensante.

PENSÉE. s. f.

PENSÉE. s. f. Opération de l' intelligence. La pensée est l' attribut de l' esprit, comme l' étendue est l' attribut de la matière. On ne peut distinguer cela que par la pensée. La pensée est essentiellement libre. On ne peut enchaîner la pensée.

Il signifie aussi, L' acte particulier de l' esprit. ce que l' esprit a pensé ou pense actuellement. Pensée vive, ingénieuse, spirituelle, fine, délicate, profonde, forte, brillante, lumineuse. Pensée neuve. Pensée sublime, commune. Pensée élevée, basse, triviale. Pensée claire, nette, obscure. Pensée juste, vraie, fausse. Une grande pensée. Pensée triste, fâcheuse, funeste. Pensée douce, agréable. Pensée honnête, innocente. Pensée criminelle, coupable, perverse. Cet ouvrage est plein de belles pensées. Toutes ses pensées sont nobles. Il a l' art de bien rendre, de bien exprimer, de bien développer ses pensées. Il faut vous expliquer ma pensée. Je ne sais si vous comprenez bien ma pensée. Telle est la pensée qui domine dans son ouvrage. Son expression ne rend pas sa pensée. Le style est le vêtement et la parure de la pensée. Mille pensées funestes roulaient dans son esprit. Sa première pensée est toujours la meilleure. Ses pensées le minent, le fatiguent.

Prov., Il n' est pas tourmenté par ses pensées, Il a peu d' esprit, peu d' intelligence.

Avoir de mauvaises pensées, Penser à des choses déshonnêtes, criminelles, etc.

Livre écrit par pensées détachées, Livre composé de plusieurs réflexions qui ne sont point liées les unes aux autres. On donne quelquefois le titre de Pensées aux livres composés de cette manière, et à ceux qui sont formés de réflexions extraites des ouvrages d' un auteur. Les Pensées de Pascal. Les Pensées de Cicéron, de Sénèque, etc.

Ce traducteur est bien entré, n' est pas bien entré dans la pensée de son auteur, Il a bien pénétré, il n' a pas bien pénétré le sens de son auteur. On dit de même, Il a affaibli, altéré, dénaturé la pensée de son auteur.

PENSÉE

PENSÉE signifie quelquefois, Méditation, rêverie; et, en ce sens, il ne s' emploie guère qu' au pluriel. Il est enfoncé dans ses pensées. Il se perd, il s' égare dans ses pensées. S' entretenir avec ses pensées.

PENSÉE

PENSÉE signifie aussi, Façon de penser, opinion, ce qu' on croit. Je serais fâché que vous eussiez de moi une pensée si contraire à l' amitié qui est entre nous. Sa pensée était qu' il valait mieux tout risquer. Parler contre sa pensée. Votre pensée est fort bonne, est fort juste. Ce n' est pas là ma pensée. Dites librement, naïvement votre pensée.

Entrer dans la pensée de quelqu' un, Comprendre et approuver les motifs qui le font penser de telle manière. J' entre dans votre pensée.

PENSÉE

PENSÉE signifie encore, Dessein, projet. Exécuter sa pensée. Remettre sa pensée à un autre temps. Il a perdu la pensée de se marier. Il a repris sa pensée. La peur lui inspira la pensée de s' éloigner. On n' a jamais eu la pensée, la moindre pensée de vous nuire. Il a changé de pensée. Il a eu là une bonne pensée. Quittez ces vaines pensées qui ne vous mèneront à rien.

En style de Dévotion, N' avoir aucune pensée de Dieu, aucune pensée de son salut, N' y faire aucune attention, aucune réflexion.

PENSÉE

PENSÉE signifie aussi quelquefois, La faculté de penser, l' esprit. En voyageant, il exerce à la fois son corps et sa pensée. Il a perdu l' usage de ses facultés physiques, la pensée est tout ce qui lui reste. La pensée le dévore.

Il y a de la pensée dans cet ouvrage, Il annonce un écrivain qui pense.

Cela m' est venu dans la pensée, en pensée, Cela m' est venu dans l' esprit. Cela n' est jamais entré dans ma pensée, Je n' ai jamais eu telle intention, telle pensée.

Lire dans la pensée de quelqu' un, Découvrir, apercevoir ce qui se passe dans son esprit. Vous avez lu dans ma pensée. On dit de même, Pénétrer la pensée de quelqu' un.

PENSÉE

PENSÉE en termes de Littérature, de Peinture, d' Architecture, de Sculpture, etc., La première idée, l' esquisse, le dessin, le plan qui n' est pas encore arrêté, qui n' est pas fini. Il n' a encore jeté sur le papier que la pensée de son ouvrage. Il n' a encore jeté sur la toile que la pensée de son tableau. Ce n' est pas là un dessin, ce n' est qu' une pensée. J' ai demandé un tableau à ce peintre, il m' a montré deux ou trois pensées à choisir. Vous voyez là une première pensée.

PENSÉE. s. f.

PENSÉE. s. f. Petite fleur du genre de la violette, qui n' a que cinq pétales nués de violet et de jaune. Bouquet de pensées.

Couleur de pensée, Certain violet brun, tel que celui des fleurs de pensée.

PENSER. v. n.

PENSER. v. n. Former dans son esprit l' idée, l' image de quelque chose. L' homme pense. L' âme pense. La matière est incapable de penser. "Je pense, donc je suis," a dit Descartes.

Penser finement, noblement, singulièrement, etc., Avoir des pensées fines, des pensées nobles, des pensées singulières, etc.

Bien penser, mal penser, Avoir en politique, en religion, en morale, des opinions, des sentiments conformes ou contraires aux véritables principes. C' est un homme qui pense bien, qui pense mal. Dans les temps de partis, mal penser, c' est penser autrement que celui qui vous en fait le reproche.

PENSER

PENSER signifie aussi, Raisonner. L' art de penser. Cet homme pense avec justesse, pense juste.

Il signifie encore, Réfléchir. Avant de parler, il faut penser. Il parle sans penser. C' est un homme qui pense beaucoup. Il pense peu. Il ne pense guère. Les gens qui pensent ont blâmé cette mesure. Cela donne à penser. J' ai pensé longtemps à ce que vous m' avez dit. L' affaire est trop importante pour ne pas prendre le temps d' y penser. Pensez-y mûrement. Ce que vous me proposez me paraît difficile à exécuter, j' y penserai. Il a fait cela sans y penser. Pensez-y bien. Penser en soi-même à quelque chose.

Il signifie en outre, Songer à quelque chose, se souvenir de quelque chose. Je devais vous apporter un livre, je n' y ai plus pensé. Je pense souvent à vous, pensez quelquefois à moi. Je ne pense plus au monde. Il pense encore à la perte qu' il a faite. Le mal vient sans qu' on y pense.

Il signifie souvent, Avoir une chose en vue, former quelque dessein. À quoi pensez-vous de faire cela? Ce parti est avantageux pour votre fille, vous y devriez penser. Je suis trop de vos amis pour avoir pensé à vous nuire. Je pensais à vous aller voir. Il ne pense plus à cette maison, il en veut acheter une autre. Lequel de vos amis pensez-vous aller voir? Que pensez-vous faire?

Penser à mal, Avoir quelque mauvaise intention. Faire ou dire une chose sans penser à mal, La faire, la dire sans aucune intention de fâcher personne. J' ai fait cela, j' ai dit cela sans penser à mal.

PENSER

PENSER s' emploie quelquefois pour Prendre garde. Vous avez des ennemis, pensez à vous. C' est un homme qui se perdra, s' il ne pense à lui.

Il signifie aussi, Être sur le point de. J' ai pensé mourir. Il a pensé être noyé. Nous pensâmes être enveloppés dans sa disgrâce.

PENSER

PENSER est aussi verbe actif, et signifie, Avoir dans l' esprit. C' est un homme qui ne dit jamais ce qu' il pense. Je crois que ce que vous dites est bien éloigné de ce que vous pensez. Il pense beaucoup de choses qu' il ne dit pas. On peut ne pas dire tout ce qu' on pense, mais il faut penser tout ce qu' on dit. Il témoignait avoir envie de vous servir, et pensait tout autre chose.

Penser tout haut, Faire connaître avec franchise, sans détour, sans réserve, ce qu' on a dans l' esprit.

PENSER actif

PENSER actif signifie encore, Imaginer. J' ai pensé une chose qui vous tirera d' affaire. Savez-vous ce que j' ai pensé pour faire réussir votre entreprise?

Il signifie aussi, Croire, juger. On pense de lui cent choses fâcheuses. On ne pense rien de vous qui ne soit honorable. Je dis les choses comme je les pense. Je le pense comme vous. Que pensez-vous de cet homme? Je sais ce que je dois en penser, ou simplement, Je sais qu' en penser. Je n' en pense ni bien ni mal. Il est difficile d' en penser du bien. Cela n' est pas si aisé qu' on le pense. Il s' emploie quelquefois absolument. Cela est plus vrai qu' on ne pense. Vous le croyez sincère, je pense de même. Il y a, je pense, six lieues de chez vous chez moi.

Il est souvent neutre dans la même acception. C' est un homme qui pense toujours mal de son prochain. Il pense être plus habile homme qu' il n' est. Il ne pensait pas être observé. Vous pensez faire des merveilles. Vous n' en êtes pas où vous pensez. Je pensais qu' il était de vos amis. Ne pensez pas que je dise cela pour vous contrarier. Pensez-vous que je me contente de vos excuses?

À ce que je pense, Suivant mon idée, suivant ma conjecture. Il y a bien une lieue d' ici chez vous, à ce que je pense du moins.

Façon de penser, Opinion, jugement sur quelque chose. Voilà ma façon de penser. Faites-moi connaître votre façon de penser. Il a sur tout cela une façon de penser singulière.

Prov., Honni soit qui mal y pense, Il ne faut pas interpréter en mal ce qui peut être innocent.

PENSÉ, ÉE. participe

PENSÉ, ÉE. participe Imaginé. Dessin bien pensé. Chose bien pensée. Cela n' est pas trop mal pensé.

Ouvrage bien pensé, Ouvrage bien conçu, dont les idées sont justes et ordonnées convenablement. Cet ouvrage est aussi bien pensé que bien écrit.

PENSER. s. m.

PENSER. s. m. Pensée. Il n' est guère usité qu' en poésie. De doux, de sinistres pensers.

PENSEUR. s. m.

PENSEUR. s. m. Celui qui a l' habitude de réfléchir, qui réfléchit fortement, profondément. C' est un penseur. Ce livre est l' ouvrage d' un penseur. Cet écrivain est un penseur profond.

PENSIF, IVE. adj.

PENSIF, IVE. adj. Occupé d' une pensée qui attache fortement. Je vous trouve tout pensif. Ce discours l' a rendu pensif. Elle est inquiète et pensive.

PENSION. s. f.

PENSION. s. f. Somme d' argent que l' on donne pour être logé, nourri. Bonne, forte, médiocre pension. Payer pension. Il a payé les deux premiers quartiers de sa pension. Voilà un quartier de votre pension échu.

Il se dit aussi Du lieu où l' on est nourri et logé pour un certain prix. Être en pension. Se mettre en pension. Prendre quelqu' un en pension. J' ai trouvé une pension assez commode. On dit de même, Tenir, mettre des chevaux en pension.

Il se dit particulièrement d' Une maison où des enfants sont logés, nourris et instruits, moyennant une certaine somme qui se paye par quartier. Il est maître de pension. Il tient pension. On l' a mis en pension chez un tel. L' éducation est bonne dans cette pension.

Il se dit aussi de La réunion des enfants que renferme une pension. Une pension nombreuse. Toute la pension est en promenade. Cette pension a remporté beaucoup de prix au concours général de l' université.

Demi-pension, Ce que donne celui qui ne fait que dîner au lieu où il est en pension. Il ne paye qu' une demi-pension, que demi-pension. Il est à demi-pension, en demi-pension. Il se dit aussi d' Une maison où l' on reçoit des demi-pensionnaires. Il tient pension et demi-pension.

PENSION

PENSION se dit encore de Ce qu' un souverain, un État, un particulier, etc., donne annuellement à quelqu' un, pour récompense de ses services, de ses travaux, ou par munificence, par libéralité. Le roi lui a donné deux mille francs de pension. Il a une pension de quatre mille francs. Une pension du roi. Une pension sur l' État. Pension viagère. Pension réversible. Il vient de toucher le premier quartier de sa pension. Il a fait une pension au précepteur de ses enfants. Cet employé, ce comédien a obtenu sa pension de retraite. On lui a retiré son emploi, et on l' a mis à la pension.

Pension alimentaire, Celle qu' on donne à une personne pour lui procurer des aliments, pour assurer sa subsistance. Il a légué à son ancien domestique une pension alimentaire et insaisissable de six cents francs.

PENSION

PENSION en Matière bénéficiale, Certaine portion à prendre, chaque année, sur les fruits d' un bénéfice. Il résigna son prieuré, et retint six cents francs de pension. Il obtint trois mille livres de pension sur tel évêché. Un brevet de pension sur une abbaye.

PENSIONNAIRE. s. des deux genres

PENSIONNAIRE. s. des deux genres Celui ou celle qui paye pension. Il paye fort bien, c' est un bon pensionnaire. Prendre des pensionnaires. Il ne veut de pensionnaires que pour la table.

Il signifie aussi, Celui ou celle qui, moyennant un prix convenu, loge dans une maison d' éducation pour y être instruit. Il y a plus de trois cents pensionnaires dans ce collége. Elle est pensionnaire chez une fort bonne institutrice.

Demi-pensionnaire, Celui ou celle qui est à demi-pension.

PENSIONNAIRE

PENSIONNAIRE signifie encore, Celui ou celle qui reçoit une pension d' un souverain, d' un État, d' un particulier, etc. Il est pensionnaire du roi, pensionnaire de l' État, du gouvernement.

Comédien pensionnaire, ou simplement, Pensionnaire, Comédien qui ne participe point aux bénéfices de la société, et qui reçoit un traitement fixe. Pensionnaire de la Comédie Française.

PENSIONNAIRE

PENSIONNAIRE en Matière bénéficiale, Celui qui jouit d' une pension sur un bénéfice. Cet évêque avait des pensionnaires qui diminuaient son revenu. Cet abbé a un pensionnaire.

PENSIONNAIRE

PENSIONNAIRE est aussi Le titre qu' on donnait, en Hollande, au premier ministre des États, ainsi qu' au ministre de la régence de chaque ville. Le pensionnaire de Hollande. C' étaient les pensionnaires qui portaient la parole dans l' assemblée des états.

PENSIONNAT. s. m.

PENSIONNAT. s. m. Le lieu où logent les pensionnaires dans un collége, ou dans quelque autre maison.

Il se dit, plus ordinairement, d' Un établissement particulier où l' on prend en pension des enfants de l' un ou de l' autre sexe, pour les instruire. Pensionnat renommé. Pensionnat de jeunes demoiselles.

PENSIONNER. v. a.

PENSIONNER. v. a. Donner, faire une pension à quelqu' un. Le roi, le gouvernement l' a pensionné.

PENSIONNÉ, ÉE. participe

PENSIONNÉ, ÉE. participe

PENSUM. s. m.

PENSUM. s. m. (On prononce Pènsome; autrefois, on prononçait Pènson.) Surcroît de travail qu' on exige d' un écolier, pour le punir. On lui a donné en pensum, pour pensum, quatre cents vers de Virgile à copier. Il a eu trois pensums à faire, il a eu trois pensums cette semaine.

PENTACORDE. s. m.

PENTACORDE. s. m. (On prononce Pènt dans ce mot et les six suivants, venus pareillement du grec.) Lyre des anciens, ainsi nommée parce qu' elle avait cinq cordes.

PENTAGONE. adj. des deux genres

PENTAGONE. adj. des deux genres T. de Géométrie. Qui a cinq angles et cinq côtés. Figure pentagone.

Il est aussi substantif masculin, et signifie, Une figure pentagone. Un pentagone régulier. Un pentagone irrégulier.

PENTAMÈTRE. adj. m.

PENTAMÈTRE. adj. m. Il ne s' emploie que dans cette expression, Vers pentamètre, Sorte de vers en usage chez les Grecs et les Latins, composé de cinq pieds ou mesures, et qui s' accouple avec le vers hexamètre pour former un distique. Les élégies et les épîtres d' Ovide sont composées de vers hexamètres et pentamètres. On dit aussi substantivement, Un pentamètre, le pentamètre.

PENTANDRIE. s. f.

PENTANDRIE. s. f. T. de Botan. Classe du système de Linné, qui renferme les plantes dont la fleur a cinq étamines.

PENTAPOLE. s. f.

PENTAPOLE. s. f. T. de Géographie ancienne. Territoire qui comprenait cinq villes principales.

PENTATEUQUE. s. m.

PENTATEUQUE. s. m. Nom collectif qu' on donne aux cinq premiers livres de la Bible. Moïse est l' auteur du Pentateuque.

PENTATHLE. s. m.

PENTATHLE. s. m. T. d' Antiq. Nom collectif qui désigne La réunion de cinq espèces de jeux ou combats, auxquels les athlètes s' exerçaient dans les gymnases.

PENTE. s. f.

PENTE. s. f. Penchant, inclinaison d' un terrain, d' un plan, d' une surface quelconque. Pente douce, aisée, insensible. Pente rapide. La pente de la montagne, de la colline. Cette maison est située sur la pente d' un cote au. La pente est bien roide. Il y a une pente douce de ce village à la rivière. Le terrain va en pente. Dans la longueur de l' allée, on a sauvé l' inégalité du terrain par une pente imperceptible. La pente de la rivière. La rivière a sa pente de ce côté-là. Donner de la pente aux eaux. Donner de la pente à un pavé pour l' écoulement des eaux.

PENTE

PENTE s' emploie figurément, et signifie, Inclination, propension. Il a beaucoup de pente au libertinage. Suivre sa pente. C' est sa pente naturelle. Il se laisse aller à sa pente naturelle.

PENTE

PENTE en termes de Tapissier, Bande qui pend autour d' un ciel de lit, sur le haut des rideaux. Les pentes du lit. Pentes de damas. Pentes garnies de crépines, de franges, etc. Les pentes de dehors. Les pentes de dedans, ou autrement, Les petites pentes.

PENTE

PENTE se dit aussi de Bandes d' étoffe qui, dans les bibliothèques, s' attachent aux tablettes, pour garantir les livres de la poussière.

PENTECÔTE. s. f.

PENTECÔTE. s. f. Fête que l' Église célèbre le cinquantième jour après Pâques, en mémoire de la descente du Saint-Esprit sur les apôtres. Nous serons bientôt à la Pentecôte. Je vous payerai à la Pentecôte. Passer les fêtes de la Pentecôte à la campagne.

PENTIÈRE. s. f.

PENTIÈRE. s. f. T. de Chasse. Voyez PANTIÈRE.

PENTURE. s. f.

PENTURE. s. f. Bande de fer clouée transversalement sur une porte, sur une fenêtre, pour la soutenir sur le gond. Il y a de fortes pentures à cette porte. Il manque des pentures à ces fenêtres, à ces contrevents.

PÉNULTIÈME. adj. des deux genres

PÉNULTIÈME. adj. des deux genres Avant-dernier, qui précède immédiatement le dernier. Le trentième jour de janvier est le pénultième du même mois. Dans le mot tempête, la pénultième syllabe est longue, ou substantivement, la pénultième est longue.

PÉNURIE. s. f.

PÉNURIE. s. f. Extrême disette. Il est dans une grande pénurie d' argent. Il y a cette année une grande pénurie de fruits.

Il s' emploie aussi quelquefois absolument; et alors il signifie, Disette d' argent, pauvreté, misère. Cet homme est dans une grande pénurie, dans une pénurie absolue. Il vit dans la pénurie.

PÉOTTE. s. f.

PÉOTTE. s. f. Espèce de grande gondole qui est fort en usage sur la mer Adriatique. S' embarquer sur une péotte.

PÉPERIN. s. m.

PÉPERIN. s. m. Pierre volcanique employée dans les édifices anciens et modernes de Rome.

PEPIE. s. f.

PEPIE. s. f. Petite peau blanche qui vient quelquefois au bout de la langue des oiseaux, particulièrement des poules, et qui les empêche de boire et de faire leur cri ordinaire. Une poule qui a la pepie. Arracher la pepie, ôter la pepie à une poule, à un oiseau.

Fig. et pop., Cet homme n' a pas la pepie, Il boit volontiers.

Fig. et pop., Il n' a point, elle n' a point la pepie, se dit aussi D' une personne babillarde.

Fig. et pop., Vous nous ferez avoir la pepie, Vous ne nous donnez pas à boire, vous tardez trop à nous faire boire.

PEPIN. s. m.

PEPIN. s. m. Semence qui se trouve au centre de certains fruits. Un pepin de pomme, de poire, de raisin, de groseille, etc. Les fruits à pepin n' ont pas réussi cette année. Les arbres à pepin se plaisent dans cette terre.

PÉPINIÈRE. s. f.

PÉPINIÈRE. s. f. Plant de petits arbres rangés sur une ou plusieurs lignes, et qu' on élève jusqu' à ce qu' ils puissent être transplantés. Planter une pépinière. Élever une pépinière de pommiers. Faire une pépinière de poiriers. Avoir des ormes, de la charmille en pépinière. Entretenir des pépinières.

Il s' emploie aussi figurément, et signifie, Collection, réunion de jeunes gens, de personnes destinées ou propres à un état, à une profession. Les séminaires sont des pépinières pour l' état ecclésiastique. Cette province est une pépinière de bons soldats. Le conservatoire est une pépinière de comédiens et de musiciens.

PÉPINIÉRISTE. s. m.

PÉPINIÉRISTE. s. m. Jardinier qui cultive une pépinière, des pépinières. Il s' emploie quelquefois adjectivement. Un jardinier pépiniériste.

PÉPLUM (on prononce Péplome) ou PÉPLON. s. m.

PÉPLUM (on prononce Péplome) ou PÉPLON. s. m. T. d' Antiq. Robe, manteau, ou voile brodé, à l' usage des femmes. On promenait en grande pompe, à Athènes, le péplum sur lequel avait été brodée la dispute de Minerve et de Neptune.

PERCALE. s. f.

PERCALE. s. f. Toile de coton, d' un tissu fin et serré, qui ne se fabriquait originairement que dans les Indes orientales, et qu' on imite maintenant dans toute l' Europe. De belle percale. Une robe, une chemise, une cravate, un mouchoir de percale. Des rideaux de percale. Percale teinte. Percale de couleur.

PERCALINE. s. f.

PERCALINE. s. f. Toile de coton légère et lustrée, qui sert principalement à faire des doublures. Percaline verte, rouge, noire, etc. Une robe doublée de percaline.

PERÇANT, ANTE. adj.

PERÇANT, ANTE. adj. Qui perce, qui pénètre. Un poinçon perçant, bien perçant. Cette alêne n' est pas assez perçante. Les tarières, les vilebrequins, les forets, sont des instruments perçants.

Un froid perçant, un vent perçant, Un froid, un vent qui pénètre. Des cris perçants, Des cris fort aigus. Une voix perçante, Une voix claire et aiguë, qui frappe vivement l' oreille. Des yeux perçants, Des yeux vifs et pénétrants. Une vue perçante, Celle qui aperçoit des objets très-petits, ou très-éloignés.

Fig., Avoir l' esprit perçant, Avoir beaucoup de pénétration d' esprit.

PERCÉ. s. m.

PERCÉ. s. m. Voyez PERCÉE.

PERCE (EN). Locution adverbiale

PERCE (EN). Locution adverbiale dont on ne se sert qu' en parlant Des pièces de vin ou d' autre sorte de boisson, auxquelles on fait une ouverture pour en tirer la liqueur. Mettre du vin en perce. Il n' y a que huit jours que cette pièce de vin est en perce. Il ne faut pas laisser si longtemps du vin en perce.

PERCE-BOIS. s. m.

PERCE-BOIS. s. m. Nom de plusieurs sortes d' insectes qui attaquent le bois.

PERCÉE. s. f.

PERCÉE. s. f. Ouverture qui se trouve naturellement dans un bois, ou qu' on y pratique, soit pour faire un chemin, soit pour se procurer un point de vue. Il y a plusieurs percées dans cette forêt, dans ce parc. On a fait de nouvelles percées dans cette forêt, afin d' y pouvoir chasser plus aisément. On dit dans le même sens, Un percé. Il faudrait là un percé.

Fig., Faire une percée, Pénétrer en voyageant. Dans ses courses il a fait une percée assez avant dans l' Écosse.

PERCE-FEUILLE. s. f.

PERCE-FEUILLE. s. f. Nom vulgaire d' une plante ombellifère appelée Buplèvre.

PERCE-FORÊT. s. m.

PERCE-FORÊT. s. m. Un chasseur déterminé. C' est un perce-forêt, un vrai perce-forêt. Il est familier et peu usité.

PERCEMENT. s. m.

PERCEMENT. s. m. Action de percer. Le percement d' un mur de pierre de taille est un travail pénible. Les percements dans les murs mitoyens ne doivent être faits que du consentement et en présence des voisins intéressés. Le percement d' une rue. Le percement d' un puits artésien.

PERCE-NEIGE. s. f.

PERCE-NEIGE. s. f. Petite plante à fleurs blanches, ainsi nommée parce qu' elle fleurit en hiver.

PERCE-OREILLE. s. m.

PERCE-OREILLE. s. m. Sorte d' insecte dont l' abdomen se termine par deux crochets en forme de tenaille.

PERCE-PIERRE. s. f.

PERCE-PIERRE. s. f. Voy. PASSE-PIERRE.

PERCEPTEUR. s. m.

PERCEPTEUR. s. m. Celui qui est commis, préposé pour la recette, pour le recouvrement de deniers, de fruits, de revenus, d' impositions. Percepteur des contributions.

PERCEPTIBILITÉ. s. f.

PERCEPTIBILITÉ. s. f. Qualité de ce qui peut être perçu. La perceptibilité d' un impôt.

Il signifie aussi, Qualité de ce qui peut être aperçu. La perceptibilité d' un objet au microscope.

PERCEPTIBLE. adj. des deux genres

PERCEPTIBLE. adj. des deux genres Qui peut être perçu. Un impôt perceptible.

Il signifie aussi, Qui peut être aperçu; et, dans ce sens, il ne s' emploie guère qu' avec la négation. Cela n' est point perceptible aux yeux. Il s' étend quelquefois aux autres sens, et aux choses de l' esprit. Cela n' est point perceptible au goût. Il y a un petit trait de raillerie dans son discours, mais cela n' est presque pas perceptible, est à peine perceptible. Tout ce qui est perceptible à nos sens.

PERCEPTION. s. f.

PERCEPTION. s. f. Recette, recouvrement de deniers, de fruits, de revenus, d' impositions. Il est commis à la perception de tels droits. Il est obligé de rendre compte du revenu de cet héritage après la perception des fruits. La perception des impôts, des contributions.

Il se dit quelquefois d' Un emploi de percepteur. Il a fait avoir une perception à son fils.

PERCEPTION

PERCEPTION en Philosophie, L' acte par lequel l' âme connaît, aperçoit les objets qui ont fait impression sur les sens. Perception distincte, confuse, imparfaite. Perception du son, de la couleur, de la saveur, de l' odeur, de la solidité. Nous ne jugeons de la simplicité ou de la composition des objets, que par le nombre des perceptions qu' ils produisent en nous.

PERCER. v. a.

PERCER. v. a. Faire une ouverture. Percer une planche, un morceau de bois. Percer un mur. Percer de part en part. Percer d' outre en outre. Ce vaisseau était percé à jour par les vers. On a percé cette montagne pour y faire passer un canal. On a percé l' abcès avec une lancette. Il reçut un coup d' épée qui lui perça la poitrine. Le coup perçait le crâne. Il s' est percé la main avec un canif. Elle s' est fait percer les oreilles pour mettre des boucles.

Percer un homme de coups, Lui faire plusieurs blessures avec une épée, avec un poignard.

Les os lui percent la peau, se dit, par exagération, D' une personne ou d' un animal fort maigre.

Percer un tonneau, une feuillette, etc., Y faire une ouverture pour en tirer le vin.

Absol., Percer du vin, Percer une pièce de vin. Ce vin n' est pas bon, il en faut percer un autre, percer d' un autre. Percer du vin au-dessus, au-dessous de la barre. Il a fait percer son meilleur vin pour régaler ses amis.

Percer une croisée, percer une porte dans un mur, Faire l' ouverture d' une croisée, d' une porte dans un mur.

Percer une rue, Ouvrir, faire une rue en abattant les constructions qui se trouvent dans sa direction. On dit de même, Percer une allée, une route dans un bois. On dit aussi, Percer une forêt, un bois, Y ouvrir des routes.

Par exagérat., Crier à percer les oreilles, Pousser des cris aigus, des cris perçants.

Fig., Cela perce le coeur, perce l' âme, se dit en parlant Des choses qui font éprouver une vive affliction. On dit dans le même sens, J' ai le coeur percé de voir une tel spectacle, d' apprendre une telle nouvelle.

Fig., Il s' est percé de ses propres traits, En voulant nuire à un autre, il a fait, il a dit telle chose qui a tourné contre lui-même. Dans cette phrase, Percer est employé pronominalement.

PERCER

PERCER signifie aussi, Pénétrer, passer à travers. La pluie a percé tous ses habits. Son manteau fut tout percé de l' orage. La pluie a percé la terre d' un pied. La pluie ne perce point cette étoffe.

Cette étoffe, ce cuir ne perce point, La pluie ne les pénètre point. Dans cette phrase, peu usitée, Percer s' emploie neutralement et passivement.

Il a été tout percé, il a été percé jusqu' aux os, se dit, par exagération, D' un homme qui a été extrêmement mouillé de la pluie, ou de l' eau qu' on a jetée sur lui.

Percer les buissons, les halliers, les forêts, les forts, Passer au travers des buissons, des halliers, etc.

Percer la foule, percer un escadron, percer un bataillon, etc., Se faire passage à travers la foule, à travers un escadron, un bataillon, etc. On dit aussi absolument, Percer, dans le même sens. La foule était prodigieuse, j' ai cependant trouvé le moyen de percer. Il faut tâcher de percer.

Le soleil perce le nuage, Les rayons du soleil passent à travers le nuage.

La lumière perce les ténèbres, Elle se fait apercevoir à travers les ténèbres; elle les écarte, elle les dissipe. On dit figurément, La vérité a percé les ténèbres de l' idolâtrie.

Ses cris percent l' air, percent la nue, Ses cris se font entendre au loin; il jette les hauts cris.

Fig., Percer les nuits, Passer les nuits sans dormir. Il ne se dit qu' en parlant De l' étude et du jeu. Il perce les nuits à étudier, à jouer.

Fig., Percer l' avenir, Prévoir l' avenir. Percer le fond d' une affaire, Pénétrer le fond d' une affaire.

PERCER

PERCER s' emploie neutralement, et signifie, Se faire ouverture. Les dents commencent à percer à cet enfant. Cet abcès a percé de lui-même. Le bois perce à ce jeune faon. Le soleil perce à travers le nuage. Le jour perce à travers les rideaux.

Cette maison perce dans deux rues, perce d' une rue à l' autre, Elle a issue dans deux rues différentes.

Le coup perce dans les chairs, Il entre dans les chairs.

En Vénerie, Le cerf perce, Il tire de long.

PERCER

PERCER s' emploie figurément comme verbe neutre, et signifie, Pénétrer. Percer dans l' avenir. Percer dans le fond d' une affaire. Percer dans les suites d' un principe, d' un événement.

Il signifie aussi, Se déceler, se manifester, se faire jour. Son intention perce à travers son silence. Son caractère perce dans tous ses discours. Le secret ne tarda pas à percer. Rien ne perce encore. Rien n' a percé de l' aventure. La vérité perce tôt ou tard.

Il signifie encore, Avancer dans une profession, dans le monde, acquérir de la réputation. Cet homme a percé par son mérite. Ce jeune homme pourra percer. Il n' a pas pu percer. Il a fini par percer. Il commence à percer au barreau. Son mérite perce déjà.

PERCÉ, ÉE. participe

PERCÉ, ÉE. participe Un habit percé. Un habit percé par le coude.

Une maison bien percée, Une maison qui a beaucoup de belles et grandes croisées, de grandes fenêtres bien placées, avec symétrie.

Une forêt bien percée, Une forêt traversée par de grandes et belles routes.

En Peinture, Un paysage bien percé, Un paysage dont les premiers plans sont disposés de manière à laisser voir les lointains.

Prov. et fig., Un homme bas percé, Un homme qui n' a plus guère de bien, et dont les affaires sont en désordre.

Fig. et fam., C' est un panier percé, C' est un homme qui dépense tout ce qu' il a, qui ne saurait garder d' argent.

Substantiv., Un percé. Voyez PERCÉE.

PERCEVOIR. v. a.

PERCEVOIR. v. a. (Il se conjugue comme Recevoir.) Recevoir, recueillir. Il ne se dit qu' en parlant De certaines choses, comme revenus d' une propriété, droits, impôts, etc. C' est lui qui perçoit les revenus de cette propriété. Il fut obligé de rendre cet héritage avec tous les fruits qu' il en avait perçus. Percevoir les contributions. Percevoir l' impôt du timbre, de la patente, etc.

PERCEVOIR

PERCEVOIR en termes de Philosophie, Recevoir l' impression des objets, la sensation qu' ils causent, et en concevoir l' idée. Percevoir une sensation. Percevoir les sons.

PERÇU, UE. participe

PERÇU, UE. participe Droits perçus. Fruits perçus.

PERCHE. s. f.

PERCHE. s. f. Poisson d' eau douce, à nageoires épineuses, dont la chair est blanche et ferme. Grosse perche. Petite perche. La perche est un bon poisson.

PERCHE. s. f.

PERCHE. s. f. Ancienne mesure, qui avait communément dix-huit, vingt, vingt-deux pieds de roi, selon les différents pays. Cent perches carrées faisaient un arpent. Mesurer à la perche. Selon l' ordonnance, la perche pour mesurer les bois était de vingt-deux pieds.

Il se dit aussi de La chose qui a l' étendue d' une perche carrée en superficie. Une perche de vigne. Six perches de pré. Je lui ai acheté vingt perches de son héritage, pour agrandir mon jardin.

PERCHE

PERCHE signifie encore, Un brin de bois long de dix à douze pieds, et de la grosseur du bras ou environ. Étendre du linge sur une perche. Clore un champ, une vigne avec des perches. Un treillage de perches. Mettre un oiseau de proie sur une perche.

Fig. et fam., C' est une grande perche, se dit D' une personne dont la taille est grande et toute d' une venue.

En Fauconnerie, Se battre à la perche, se dit D' un oiseau de proie, lorsque étant sur la perche il se débat continuellement, et étend les ailes comme pour voler.

PERCHE

PERCHE en Vénerie, Le bois du cerf, du daim, du chevreuil, qui porte plusieurs andouillers.

PERCHER. v. n., SE PERCHER. v. pron.

PERCHER. v. n., SE PERCHER. v. pron. Se mettre sur une perche, sur une branche d' arbre, sur une baguette, etc. Il se dit proprement Des oiseaux. Les coqs et les poules perchent toutes les nuits. Il vient tous les soirs grand nombre de corneilles percher sur les arbres de ce bois. Quantité d' oiseaux se vinrent percher, vinrent se percher sur ces arbres.

Il se dit quelquefois, absolument, Des oiseaux qui ont l' habitude de se percher; à la différence De ceux qui ne l' ont pas. Cet oiseau perche. Les perdrix grises, les cailles, les alouettes ne perchent pas.

PERCHER

PERCHER avec le pronom personnel, se dit quelquefois, figurément et familièrement, D' une personne qui se met sur quelque endroit élevé, pour mieux voir ou pour mieux entendre. Comment s' est-il allé percher là?

PERCHÉ, ÉE. participe

PERCHÉ, ÉE. participe Fig. et fam., Être toujours perché sur sa grandeur, sur ses aïeux, Être entêté de sa noblesse, de son rang.

Tirer les faisans au perché, Les tirer lorsqu' ils sont perchés. Dans cette phrase, Perché est pris substantivement.

PERCHOIR. s. m.

PERCHOIR. s. m. Le lieu où l' on met percher les volailles d' une basse-cour.

PERCLUS, USE. adj.

PERCLUS, USE. adj. Paralytique, impotent de tout le corps, ou d' une partie du corps. Il est perclus de tous ses membres. Cette femme est percluse d' un bras, d' une jambe, de la moitié du corps. Cette paralysie l' a rendu perclus. Il en est demeuré, il en est devenu perclus. Il est tout perclus, à moitié perclus.

Fig. et fam., Avoir le cerveau perclus, l' esprit perclus, Manquer de jugement, d' esprit.

PERÇOIR. s. m.

PERÇOIR. s. m. Sorte de foret pour percer des pièces de vin ou d' autre liqueur.

PERCUSSION. s. f.

PERCUSSION. s. f. T. didactique. Coup, action par laquelle un corps en frappe un autre. Percussion violente, soudaine. Le cerveau est quelquefois offensé par une violente percussion. Percussion directe. Percussion oblique. Les lois de la percussion des corps, ou simplement de la percussion. On juge maintenant des maladies de poitrine par la percussion.

Instruments de percussion, Instruments dont on joue en les frappant, tels que le tambourin, les timbales, les cymbales, etc.

PERDABLE. adj. des deux genres

PERDABLE. adj. des deux genres Qui peut se perdre. Ce procès, ce pari n' est pas perdable.

PERDANT. s. m.

PERDANT. s. m. Celui qui perd. Il n' est guère usité qu' en parlant D' un homme qui perd au jeu. Les gagnants et les perdants. Il est du nombre des perdants.

Il est aussi adjectif. Les billets, les numéros perdants.

PERDITION. s. f.

PERDITION. s. f. Dégât, dissipation. Tout son bien s' en va en perdition. Dans ce sens, il a vieilli.

Il s' emploie surtout dans le langage de la Dévotion, et signifie, L' état d' une personne qui est dans une croyance contraire à celle de l' Église, ou qui est dans l' habitude des vices. Il est dans le chemin de perdition, dans la voie de perdition, dans un état de perdition. Cette maison-là est une maison de perdition. Toute cette intrigue est une oeuvre de perdition, un ouvrage de perdition.

Dans l' Écriture sainte, Le fils de perdition, Judas; et, L' enfant de perdition, L' antechrist.

PERDRE. v. a.

PERDRE. v. a. (Je perds, tu perds, il perd; nous perdons, vous perdez, ils perdent. Je perdais. Je perdis. Je perdrai. Je perdrais. Perds. Que je perde. Que je perdisse, etc. Perdant. Perdu.) Être privé de quelque chose qu' on avait, dont on était en possession. Perdre son bien. Perdre sa place. C' est un homme qui n' a rien à perdre. Ce prince perdit ses États, perdit la couronne avec la vie. Lorsque les chrétiens perdirent Constantinople. Les ennemis perdirent leurs meilleures troupes dans cette bataille. Perdre sa bourse. Perdre son argent au jeu. Il perd tout ce qu' il joue.

Prov., Vous ne perdrez rien pour attendre, Votre payement, pour être retardé, n' en est pas moins assuré. Il se dit, par extension, Pour exprimer que le retard apporté à quelque chose n' est pas un préjudice, et peut même être un avantage. On tarde à vous placer, mais vous ne perdrez rien pour avoir attendu.

PERDRE

PERDRE signifie aussi, Être privé, par la mort ou autrement, d' une personne qu' on aimait, qu' on a sujet de regretter. Ce père a perdu depuis peu trois de ses enfants. Il a perdu son père et sa mère. Il vient de perdre une soeur qu' il aimait beaucoup. Il est cruel de perdre ainsi tous ses amis l' un après l' autre. Notre servante s' est mariée, et nous a quittés; nous avons perdu là un excellent domestique.

Il signifie encore, Être privé de quelque partie de soi, subir la perte ou la diminution sensible de quelque faculté, de quelque avantage physique ou moral que l' on possédait. Perdre un bras, une jambe, un doigt. Perdre du sang. Perdre son sang. Perdre la santé. Perdre ses forces. Perdre la vue. Perdre les yeux à force de lire. Perdre la connaissance. Perdre connaissance. Perdre toute connaissance. Perdre la raison, l' esprit, le jugement. Perdre la mémoire. Perdre le repos, le sommeil, l' appétit. Perdre son embonpoint, sa fraîcheur. Perdre sa gaîté, son égalité d' humeur. Perdre le courage. Perdre courage. Perdre l' usage de ses sens. Perdre la grâce de Dieu. Perdre les bonnes grâces, l' estime, la bienveillance, la faveur, la confiance de quelqu' un. Perdre sa réputation, son crédit, son honneur. Perdre de son crédit, de sa réputation. Perdre son emploi, ses dignités, ses honneurs.

Perdre la vie, Mourir.

Perdre la parole, l' usage de la parole, Ne plus pouvoir parler. Le malade a perdu la parole depuis vingt-quatre heures. Il signifie aussi, Devenir muet de surprise, de crainte, etc.

Perdre haleine, l' haleine, perdre la respiration, Manquer de respiration.

Perdre la tête, Avoir la tête coupée. Il a été condamné à perdre la tête.

Fig., Perdre la tête, Devenir fou. Il signifie aussi, Ne savoir plus où l' on en est. J' ai tant d' embarras, tant de chagrins, que j' en perds la tête. On dit, dans un sens analogue, Ma tête se perd, je m' égare.

Fam., Il en perd le boire et le manger, se dit D' un homme tellement appliqué à quelque travail, qu' il semble négliger toute autre chose. On le dit en général D' une personne fortement et uniquement occupée de quelque objet.

PERDRE

PERDRE signifie quelquefois, Égarer une chose. J' avais perdu mon mouchoir, je l' ai retrouvé. J' ai perdu mon chapeau, aidez-moi à le chercher. Voilà des gants que je viens de trouver, qui est-ce qui les a perdus? Il a perdu son chien, son perroquet.

Perdre quelqu' un, Le laisser s' égarer, ou L' égarer, le détourner de sa route. Cette bonne a perdu à la promenade un des enfants qui lui étaient confiés. Ce postillon nous a perdus.

PERDRE

PERDRE signifie aussi, Cesser d' avoir, n' avoir plus. Les arbres ont perdu leurs feuilles. Cette pierre a perdu de sa dureté. La cuisson fait perdre à ces fruits leur âpreté. Cette étoffe a perdu sa couleur, a perdu son lustre, a perdu de son lustre. Ses yeux ont perdu leur éclat, ont perdu de leur éclat. Cette action perd son prix, perd beaucoup de son prix. Perdre l' aplomb, l' équilibre. J' ai perdu l' envie d' aller là. J' en ai perdu l' espérance. Perdre l' usage, l' habitude. Perdre le souvenir d' une chose. Je ne me souviens plus de cela, j' en ai perdu l' idée. J' ai perdu la bonne opinion que j' avais de lui. Perdre l' estime, l' amitié qu' on avait pour quelqu' un. Vous perdez le respect. Il y a de quoi perdre contenance.

Cette rivière perd son nom dans telle autre, Cette rivière, en tombant dans telle autre, prend le nom de celle-ci.

PERDRE

PERDRE signifie aussi, Cesser de suivre ou d' occuper, laisser échapper ou laisser prendre. Perdre son chemin. Il s' arrêta pendant que le cortége marchait, et il perdit son rang. Le cocher s' est laissé couper, et il a perdu la file. Les chiens ont perdu la piste, la trace, la voie, les voies de la bête.

Fig., Perdre la trace, les voies, le train d' une affaire, N' être plus au courant d' une affaire, ne savoir plus où elle en est.

Fig., Perdre du terrain, Reculer dans une affaire, au lieu d' avancer.

Perdre un objet de vue, Cesser de le voir, ne le voir plus. Ne perdez pas cet enfant de vue. Le vaisseau s' éloigna, et nous le perdîmes de vue en un moment.

Fig., Perdre de vue une affaire, un dessein, Cesser de le suivre, de s' en occuper. Perdre quelqu' un de vue, Être longtemps sans en entendre parler.

Fig., On ne peut le suivre, on le perd de vue, se dit D' un homme qui se jette dans des discours trop élevés.

Fig., Cette mère ne perd point sa fille de vue, Elle la surveille soigneusement.

Perdre le fil d' un discours, Ne pouvoir plus suivre le discours qu' on avait commencé, ne pouvoir plus se ressouvenir de ce qu' on avait à dire. Je ne sais plus où j' en étais, vous m' avez fait perdre le fil de mon discours. On le dit aussi en parlant Du discours d' un autre. Cet orateur débite avec tant de rapidité, que l' on perd souvent le fil de son discours.

Perdre pied, perdre terre, Ne plus trouver le fond de l' eau avec les pieds. Il s' emploie aussi figurément, et signifie, Ne savoir plus où l' on en est.

Perdre terre, se dit aussi D' un bâtiment qui s' éloigne assez de terre pour la perdre de vue.

En termes de Marine, sur la Méditerranée, Perdre la tramontane, Ne plus voir l' étoile polaire, à cause des nuages qui couvrent le ciel; ne pouvoir plus s' aider de la boussole, à cause de l' agitation du vaisseau.

Fig. et fam., Perdre la tramontane, Être troublé, ne savoir plus où l' on en est, ne savoir plus ce qu' on fait ni ce qu' on dit.

Fig. et fam., Perdre la carte, Se troubler, se brouiller, se confondre dans ses idées.

PERDRE

PERDRE signifie aussi, Faire un mauvais emploi, un emploi inutile de quelque chose, manquer à en profiter. Perdre le temps. Perdre son temps. Perdre sa peine, ses soins, ses pas. Il a perdu sa jeunesse au service de tel prince. Perdre l' occasion. J' ai perdu ma journée. Il m' a fait perdre toute la matinée.

Prov. et fig., À laver la tête d' un âne, d' un More, on perd sa lessive, On perd les peines qu' on prend pour instruire une personne stupide, indocile, obstinée, ou pour lui faire entendre raison.

Prov. et fig., Vous y perdez vos pas, Vous ne réussirez pas à ce que vous entreprenez.

Prov. et fig., Perdre son latin, Employer, sans succès, son savoir et sa peine. Il a voulu le persuader, il y a perdu son latin.

PERDRE

PERDRE signifie encore, Être vaincu en quelque chose par un autre, avoir du désavantage contre quelqu' un en quelque chose. Perdre une gageure, un pari, un dédit. Perdre la partie. Qui quitte la partie, la perd. Perdre partie, revanche et le tout. Perdre une bataille. Perdre la bataille. Il a perdu son procès. Perdre son avantage, sa supériorité.

Prov., Il joue à tout perdre, se dit De celui qui expose tout d' un coup au hasard tout ce qu' il a, ou les plus grands intérêts dont il soit chargé.

PERDRE

PERDRE s' emploie quelquefois absolument, et signifie, Ne pas obtenir le gain, le profit, l' avantage qu' on désirait ou qu' on espérait. Vous n' avez pas perdu au change. Il faut savoir perdre pour gagner. J' ai perdu à beau jeu. Je ne perds ni ne gagne rien à ce changement.

Jouer à qui perd gagne, Jouer à un jeu où l' on convient que celui qui perdra selon les lois ordinaires, gagnera la partie. Il se dit, figurément et familièrement, Lorsqu' un désavantage apparent procure un avantage réel.

Ce marchand perd sur sa marchandise, Il la vend moins cher qu' il ne l' a achetée. Il perd dans son commerce, Il y souffre du dommage, du préjudice. On dit de même, Perdre tant sur une marchandise, sur un marché.

PERDRE

PERDRE signifie aussi, Diminuer de valeur. Son papier perd tant pour cent. Cette espèce d' effets perd sur la place. Cette marchandise, cette denrée perd dans le commerce.

Cet homme, cet ouvrage a beaucoup perdu, On en fait beaucoup moins de cas qu' auparavant. Sa réputation perd chaque jour, De jour en jour on diminue de l' estime qu' on faisait de lui.

PERDRE

PERDRE signifie figurément, Ruiner, déshonorer, décréditer; causer du préjudice à la fortune de quelqu' un, à sa réputation, à sa santé, etc. C' est un homme qui vous perdra. Il a perdu tous ceux qui se sont opposés à ses desseins. Ses ennemis l' ont perdu dans l' esprit du prince. Cette parole imprudente le perdit. La fréquentation de cette maison l' a perdu de réputation. Ses folles dépenses l' ont perdu. Ses débauches le perdront.

Il signifie aussi, Gâter l' esprit, le jugement; Corrompre les moeurs, débaucher. Il a perdu par ses maximes une infinité de jeunes gens. Vous le perdez par vos flatteries. Elle était sage, mais les mauvaises compagnies l' ont perdue.

Il signifie encore, Gâter, endommager quelque chose. La nielle a perdu les blés. La rivière s' est débordée, et a perdu toute la campagne. La pluie a perdu la robe de cette femme.

Un moment, une indiscrétion peut tout perdre, Il suffit d' un moment, d' une indiscrétion pour compromettre le sort de l' entreprise, pour la faire manquer.

PERDRE

PERDRE s' emploie avec le pronom personnel en plusieurs significations différentes.

Il signifie, Faire naufrage. Ce bâtiment s' est perdu sur une côte, contre un rocher. Ils se sont perdus au delà de la ligne. Ils se sont perdus corps et biens.

Il signifie aussi, Disparaître. Il se perdit dans la foule, et je ne pus le retrouver. Un ballon qui se perd dans les nues.

Il s' emploie absolument, en termes de Billard, et signifie, Mettre sa propre bille dans la blouse, ou la faire sauter hors du billard.

Fig. et fam., Se perdre dans les nues, dans les nuages, Rendre avec emphase des idées vagues, obscures, inintelligibles.

Fig., Se perdre dans des digressions, Se livrer à des digressions qui font oublier le sujet principal.

L' odeur de cette liqueur, de cette essence s' est perdue, Elle s' est dissipée, elle s' est évaporée.

Ces couleurs, ces nuances se perdent l' une dans l' autre, Insensiblement elles viennent à être tellement mêlées, qu' on n' en voit plus la différence.

Cette rivière se perd dans la terre, sous terre à tel endroit, Elle s' enfonce en terre, elle disparaît à tel endroit. Cette rivière se perd, va se perdre dans telle autre, dans un lac, etc., Elle se jette, elle tombe dans telle autre, dans un lac, etc. On dit à peu près de même, Ce fleuve, cette rivière se perd dans les sables.

Le chemin se perd en tel endroit, Il cesse d' être frayé dans tel endroit.

Cet usage se perd de jour en jour, De jour en jour on cesse de le suivre, on y renonce. On dit dans le même sens, Ce mot s' est perdu, cette acception du mot s' est perdue.

PERDRE

PERDRE avec le pronom, signifie aussi, S' égarer, se fourvoyer, ne plus retrouver son chemin. Nous nous perdîmes dans le bois. On dit neutralement, Mener perdre.

Fig., Je m' y perds, on s' y perd, l' esprit s' y perd, se dit en parlant D' une chose où l' on a peine à rien concevoir.

PERDRE

PERDRE avec le pronom, signifie encore, Se ruiner. Il se perd par ses dépenses excessives.

Il s' emploie figurément, et signifie, Se compromettre gravement, ou Se déshonorer, se faire tort dans l' opinion des autres. Malheureux, qu' allez-vous faire? vous vous perdez. Vous vous perdrez d' honneur et de réputation. Il s' est perdu en voyant mauvaise compagnie.

Prov., Il joue à se perdre, se dit D' un homme qui s' expose à ruiner sa fortune ou sa réputation.

Se perdre à crédit, à plaisir, de gaieté de coeur, Faire tort à sa fortune, ou à sa santé, ou à sa réputation, par étourderie et faute de suivre les plus simples conseils de la raison.

PERDU, UE. participe

PERDU, UE. participe Puits perdu, Puits dont le fond est de sable, et où les eaux se perdent. Les puisards sont des espèces de puits perdus.

Pays perdu, Pays écarté, désert, qui n' offre point de ressources.

Tout est perdu, Il n' y a plus de ressource, plus d' espérance.

Prov., Ce qui est différé n' est pas perdu.

Prov., Un bienfait n' est jamais perdu, Une bonne action a sa récompense tôt ou tard.

Prov., C' est du bien perdu, se dit De tout ce qui survient d' agréable ou d' utile pour une personne qui ne sait pas ou qui ne peut pas en profiter. Lire de beaux vers devant des gens qui n' ont ni goût ni oreille, c' est du bien perdu.

C' est temps perdu, c' est peine perdue, se dit en parlant Des choses pour lesquelles on emploie inutilement du temps ou de la peine, soit parce qu' elles ne le méritent pas, soit parce qu' elles ne doivent point réussir.

Tirer à coup perdu, à coups perdus, Tirer au hasard, ou tirer hors de portée.

Fig., en Maçonnerie, Ouvrage à pierres perdues, à pierre perdue, Construction qu' on établit dans l' eau en y jetant de gros quartiers de pierre. Les fondations de cette digue, de ce môle, ont été faites à pierres perdues.

Fig., Faire flotter du bois à bois perdu, à bûche perdue, Le jeter dans de petites rivières non navigables, pour le rassembler à leur embouchure dans de plus grandes rivières, et en former des trains.

Fig., Voyager à ballon perdu, S' élever dans l' air au moyen d' un aérostat qui n' est retenu à la terre par aucun lien.

Fam., À corps perdu, Avec impétuosité, sans songer à se ménager. Se jeter à corps perdu sur quelqu' un. Se jeter à corps perdu dans la mêlée. On l' emploie quelquefois au sens moral. Il se jette à corps perdu dans les entreprises les plus hasardeuses.

Mettre de l' argent à fonds perdus, à fonds perdu, Placer son argent en viager, c' est-à-dire, à condition d' en recevoir sa vie durant un intérêt convenu, en abandonnant le capital.

Fig., Salle des pas perdus, Grande salle qui précède ordinairement la chambre des audiences d' un tribunal, et où le public se promène.

Fig., Reprise perdue, Reprise faite de manière qu' on ne l' aperçoive pas, et qu' elle se confonde avec le tissu de l' étoffe.

Heures perdues, moments perdus, Les heures, les moments de loisir d' une personne qui est ordinairement fort occupée. On ne l' emploie guère que dans ces manières de parler adverbiales: À vos heures perdues; dans vos heures perdues, etc. Je vous irai voir à vos heures perdues, à quelqu' une de vos heures perdues, dans un de vos moments perdus.

Fig., en termes de Guerre, Sentinelle perdue, Sentinelle postée dans un lieu extrêmement avancé. Enfants perdus, Ceux que l' on charge des expéditions, des missions les plus périlleuses. Commander les enfants perdus. Il combattit à la tête des enfants perdus. Il se dit, par extension, de Ceux que l' on pousse à faire les premières et les plus périlleuses démarches dans une affaire de parti, ou qui s' y aventurent d' eux-mêmes. C' est l' enfant perdu du parti. Il s' est avancé dans cette affaire en enfant perdu.

Être perdu d' honneur, de réputation, perdu de débauches, perdu de dettes, etc., Avoir perdu l' honneur, la réputation; avoir ruiné sa santé par ses débauches, être accablé de dettes.

C' est un homme perdu, une femme perdue, se dit D' un homme, d' une femme sans ressources pour la santé, pour la fortune, pour la réputation, etc.

Fig., C' est une tête perdue, se dit D' une personne qui montre de l' égarement dans sa conduite, dans ses discours.

Prov., Pour un perdu, deux retrouvés, deux recouvrés, se dit en parlant Des choses dont on veut faire entendre que la perte est facile à réparer.

Prov., Courir comme un perdu, crier comme un perdu, Courir, crier de toute sa force. Dans ces phrases, Perdu est employé substantivement.