DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE Sixième Édition DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE Sixième Édition 1835 Français 2007-4-4 ARTFL Converted to TEI MEUBLER. v. a.

MEUBLER. v. a. Garnir de meubles. Meubler une maison, une chambre, etc.

Meubler une ferme, La garnir de ce qui est nécessaire pour la faire valoir. Meubler une ferme de bestiaux.

Absol., Cette étoffe meuble bien, Elle fait bon effet employée en tenture, en garniture de meubles.

Fig., Meubler sa tête, sa mémoire, L' orner, l' enrichir de connaissances utiles ou agréables. Il a meublé sa tête des meilleurs passages de nos auteurs classiques.

MEUBLÉ, ÉE. participe

MEUBLÉ, ÉE. participe Être bien meublé, Être bien en meubles; et, dans le sens contraire, Être mal meublé.

Fam. et par extension, Une cave bien meublée, Une cave garnie de beaucoup de vins de différentes espèces.

Fig. et fam., Avoir la bouche bien meublée, Avoir les dents belles.

Fig., Avoir la tête bien meublée, Avoir beaucoup de connaissances.

MEUGLEMENT. s. m.

MEUGLEMENT. s. m. Voyez BEUGLEMENT.

MEUGLER. v. n.

MEUGLER. v. n. Voyez BEUGLER.

MEULE. s. f.

MEULE. s. f. Corps solide, rond et plat, qui sert à broyer. Meule de moulin. Meule de dessus, ou Meule courante. Meule de dessous, ou Meule gisante. La machine qui fait tourner la meule. Meule d' une pièce, de plusieurs pièces. Lever, battre, piquer la meule. Les meules de moulin sont de pierre. Il y a des meules de bois pour faire du cidre.

MEULE

MEULE se dit aussi d' Une roue de grès, de fer ou d' acier, de bois, etc., dont on se sert dans plusieurs professions pour aiguiser, user, polir, etc. Aiguiser un couteau sur la meule. Passer un rasoir sur la meule.

Meule de fromage, Masse de fromage, de la forme d' une meule.

MEULE. s. f.

MEULE. s. f. Monceau, pile de foin, d' épis, de gerbes, etc., qu' on fait dans les prés, dans les champs, et à laquelle on donne ordinairement une forme conique, afin que la pluie glisse dessus plus facilement. Faire une grosse meule. Une meule de foin.

MEULE

MEULE en termes de Vénerie, La racine dure et raboteuse du bois des cerfs.

MEULIÈRE. s. f.

MEULIÈRE. s. f. Pierre rocailleuse dont on fait des meules de moulin, et qu' on emploie aussi comme moellon pour bâtir. On dit quelquefois, Pierre de meulière.

Il signifie encore, La carrière d' où l' on tire ces sortes de pierres. Il y a une meulière près de ce village.

Il s' emploie quelquefois adjectivement. Une pierre meulière.

MEUNIER. s. m.

MEUNIER. s. m. Celui qui conduit, qui gouverne un moulin à blé. Le meunier de tel moulin. Il est blanc comme un meunier. Garçon meunier.

MEUNIÈRE

MEUNIÈRE La femme d' un meunier, ou Celle qui gouverne un moulin à blé.

Prov. et fig., Il s' est fait d' évêque meunier, il est devenu d' évêque meunier, se dit D' un homme qui passe d' une condition avantageuse à une moindre condition.

MEURTRE. s. m.

MEURTRE. s. m. Homicide commis avec violence. Faire un meurtre. Commettre un meurtre. Crier au meurtre. Être coupable, accusé, prévenu, convaincu de meurtre. Il s' est fait, il s' est commis beaucoup de meurtres cette année. Il a vengé le meurtre de son père. Le meurtre commis avec préméditation ou de guet-apens est qualifié d' assassinat.

Fig. et fam., Crier au meurtre, Se plaindre hautement de quelque injustice, de quelque dommage qu' on prétend avoir reçu. Il crie au meurtre contre ceux qui lui ont fait perdre son procès. Si l' on ne vous a vendu cette étoffe que tant, il ne faut pas crier au meurtre.

Prov., Il s' en défend comme d' un meurtre, Il désavoue hautement et avec chaleur telle action, telle parole qu' on lui attribue.

Fig. et fam., C' est un meurtre, C' est grand dommage. Cueillir des fruits si verts, c' est un meurtre, c' est un vrai meurtre. Il y a deux jours et deux nuits qu' il n' a reposé, c' est un meurtre de l' éveiller.

MEURTRIER. s. m.

MEURTRIER. s. m. Celui qui a commis un meurtre. On a pris le meurtrier. Elle a poursuivi le meurtrier de son fils.

MEURTRIER, IÈRE. adj.

MEURTRIER, IÈRE. adj. Qui cause la mort à beaucoup de personnes. Les armes à feu sont meurtrières. Guerre meurtrière. Combat, siége meurtrier. Il règne en ce moment une fièvre, une maladie bien meurtrière Poétiq.: Le glaive meurtrier. La dent meurtrière du sanglier. Etc.

Cette place est meurtrière, On ne peut l' assiéger, la prendre, sans perdre beaucoup de monde.

MEURTRIÈRE. s. f.

MEURTRIÈRE. s. f. Ouverture pratiquée dans les murs d' une fortification, et par laquelle on peut tirer à couvert sur les assiégeants.

MEURTRIR. v. a.

MEURTRIR. v. a. Faire une meurtrissure. Les coups de pierre, les coups de bâton meurtrissent. La balle n' entra pas, elle ne fit que meurtrir les chairs. On l' a tout meurtri de coups. Il est tombé, et s' est tout meurtri le visage.

Il se dit aussi en parlant Des fruits. La grêle a meurtri ces pêches. Prenez garde de meurtrir ces poires.

Il s' emploie quelquefois avec le pronom personnel. En se heurtant contre la table, il s' est meurtri. Ce fruit s' est meurtri en tombant de l' arbre.

MEURTRI, IE. participe

MEURTRI, IE. participe Un homme tout meurtri de coups. Des fruits tout meurtris.

MEURTRI

MEURTRI s' emploie quelquefois poétiquement dans le sens de Tué, qui est l' ancienne signification du verbe Meurtrir. Vengeur de vos princes meurtris. Il est vieux.

MEURTRISSURE. s. f.

MEURTRISSURE. s. f. Contusion avec tache livide. Il a été bien battu, les meurtrissures en paraissent sur son corps.

Il se dit aussi d' Une tache sur les fruits, causée par leur chute ou par leur froissement. La meurtrissure des fruits en fait craindre la prochaine pourriture.

MEUTE. s. f. collectif

MEUTE. s. f. collectif T. de Chasse. Nombre de chiens courants dressés pour la chasse du lièvre, du cerf, du loup, etc. Belle meute. Meute de cinquante, de cent chiens. Meute de chiens courants. Meute pour le cerf, pour le lièvre, pour le chevreuil. Faire une meute. La vieille, la jeune meute. Un bon chien de meute.

Clefs de meute, Les meilleurs chiens d' une meute, qui servent à conduire les autres, et à les redresser.

Fig. et fam., Clef de meute, Homme qui a beaucoup de crédit dans sa compagnie, dans son parti. On dit plus ordinairement, Chef de meute.

MÉVENDRE. v. a.

MÉVENDRE. v. a. T. de Commerce. Vendre une chose moins qu' elle ne vaut. Ce marchand a mévendu plusieurs parties de son fonds. Il se prend aussi absolument. Il y a des temps où les marchands sont obligés de mévendre. Il a vieilli.

MÉVENDU, UE. participe

MÉVENDU, UE. participe

MÉVENTE s. f.

MÉVENTE s. f. Vente à trop bas prix. Il se plaint de la mévente qu' on a faite de ses meubles. Dans ce sens, il a vieilli.

Il se dit quelquefois, dans le Commerce, pour Non-vente, interruption, cessation de vente. Nos magasins sont encombrés de marchandises, par suite de mévente. La mévente occasionnée par les derniers événements.

MÉZAIR. s. m.

MÉZAIR. s. m. T. de Manége. Voyez MÉSAIR.

MEZZANINE. s. f.

MEZZANINE. s. f. T. d' Architect. Petit étage pratiqué entre deux grands.

Il se dit aussi d' Une petite fenêtre carrée, comme celles qu' on pratique aux entre-sols. Dans ce dernier sens, on l' emploie quelquefois adjectivement. Fenêtre mezzanine.

MEZZO-TERMINE. s. m.

MEZZO-TERMINE. s. m. (La dernière syllabe se prononce né.) T. emprunté de l' italien. Parti moyen qu' on prend pour terminer une affaire embarrassante, pour concilier des prétentions opposées. Il faut trouver un mezzo-termine pour accommoder cette affaire. Il est pour les mezzo-termine.

MEZZO-TINTO. s. m.

MEZZO-TINTO. s. m. T. emprunté de l' italien. Il se dit Du genre de gravure appelé plus ordinairement Gravure à la manière noire.

MI

MI Mot invariable, qui ne s' emploie jamais seul, qui se joint à plusieurs autres mots; et qui sert à marquer, soit le partage d' une chose en deux portions égales, soit l' endroit où la chose peut être partagée de la sorte.

Il sert à marquer le partage d' une chose en deux portions égales, lorsqu' il se joint au mot Parti: Mi-parti, mi-partie. Ainsi on dit: Les avis ont été mi-partis, les opinions ont été mi-parties, Il y en a eu autant d' un côté que de l' autre. Cette robe est mi-partie de blanc et de rouge, Tout un côté de cette robe par dehors est blanc, et tout l' autre côté, aussi par dehors, est rouge.

Il sert à marquer l' endroit où une chose peut être partagée en deux portions égales, lorsqu' il se joint à des noms substantifs. Mi-chemin. Mi-côte. Mi-corps. Mi-jambe. Mi-sucre. Mi-terme. Mi-carême. Mi-janvier, Mi-février. Etc.

Quand il se joint aux mots Corps, jambe, chemin, mur, terme, sucre et côte, on ne l' emploie qu' adverbialement, avec la préposition à, sans article. Ainsi on dit: À mi-corps, à mi-jambes, à mi-terme; ou bien, Jusqu' à mi-corps, jusqu' à mi-jambes, jusqu' à mi-terme. Il n' y a de l' eau qu' à mi-jambes, que jusqu' à mi-jambes. Cette poutre ne porte qu' à mi-mur. Cette femme est accouchée à mi-terme. Je vous conduirai jusqu' à mi-chemin. Une maison située à mi-côte. Des confitures à mi-sucre.

Lorsque Mi est joint au mot Carême ou aux noms de mois, ces mots reçoivent l' article, et l' article féminin, quoique tous soient masculins. Nous avons passé la mimai. Vers la mi-août. Cela arriva vers la mi-carême. Le mot de Mai se dit cependant sans article, dans ce proverbe, Mi-mai, queue d' hiver.

La mi-carême, Le jeudi de la troisième semaine du carême, qui est à peu près la moitié du carême. Nous aurons bientôt la mi-carême. Nous serons bientôt à la mi-carême. On vous payera à la mi-carême.

MI. s. m.

MI. s. m. T. de Musique. La troisième note de la gamme. C' est aussi le nom du signe qui représente cette note. Mi bémol. Ton de mi. Ce mi est effacé.

MIASME. s. m.

MIASME. s. m. T. de Médec. Il ne s' emploie guère qu' au pluriel, et signifie, Émanations contagieuses, morbifiques. Miasmes varioliques, pestilentiels, etc.

Il se dit aussi Des exhalaisons que répandent les matières animales ou végétales en décomposition, les marais, etc. Il s' exhale des miasmes de ce cimetière, de la vase de ces marais.

MIAULEMENT. s. m.

MIAULEMENT. s. m. Cri du chat. Le miaulement d' un chat.

MIAULER. v. n.

MIAULER. v. n. Il se dit Du chat, lorsqu' il fait le cri qui est propre à son espèce. J' entends un chat qui miaule.

MICA. s. m.

MICA. s. m. T. de Minéralogie. Pierre composée de feuillets minces, élastiques, flexibles et d' un éclat métallique.

MICACÉ, ÉE. adj.

MICACÉ, ÉE. adj. T. de Minéralogie. Qui est de la nature du mica, qui contient du mica.

MICHE. s. f.

MICHE. s. f. Pain d' une grosseur médiocre, pesant au moins une livre, et quelquefois deux.

Il se dit, par extension, Des pains ronds d' un poids plus considérable. Une miche de douze livres, de vingt livres.

MICMAC. s. m.

MICMAC. s. m. Intrigue, manigance, pratique secrète dont le but est blâmable. Il y a eu bien du micmac dans cette affaire. On ne connaît rien à tout ce micmac, à tous ces micmacs. Il est familier.

MICOCOULIER. s. m.

MICOCOULIER. s. m. Arbre qui a du rapport avec l' orme, et dont le bois compacte, presque incorruptible, est employé par les ébénistes. Le fruit du micocoulier ressemble à une petite cerise. Micocoulier de Provence.

MICROCOSME. s. m.

MICROCOSME. s. m. Petit monde, monde en abrégé. Quelques philosophes anciens ont dit que l' homme était un microcosme. Il est peu usité.

MICROGRAPHIE. s. f.

MICROGRAPHIE. s. f. Description des objets qui sont si petits, qu' on ne peut les voir sans le secours du microscope.

MICROMÈTRE. s. m.

MICROMÈTRE. s. m. Instrument d' astronomie, sorte d' appareil qui s' applique aux lunettes, et qui sert à mesurer, dans les cieux, avec une très-grande précision, de petites distances et de petites grandeurs.

MICROSCOPE. s. m.

MICROSCOPE. s. m. Instrument d' optique dont on se sert pour grossir à la vue les petits objets. Cet objet est si petit, qu' on ne le peut voir qu' avec un microscope. Avec le secours du microscope, on a fait bien des découvertes dans la physique. Microscope simple. Microscope composé.

Microscope solaire, Sorte de microscope qui fait voir, en grand, dans une chambre obscure, les images de très-petits objets, vivement éclairés par le soleil.

Fig., Il voit tout avec un microscope, Son imagination lui grossit tous les objets; il s' exagère tout.

MICROSCOPIQUE. adj.des deux genres

MICROSCOPIQUE. adj.des deux genres Qui se fait avec le secours du microscope. Observations, expériences microscopiques.

Il signifie aussi, Qui ne peut être vu qu' avec le microscope. Objet, animal, plante microscopique. Les animaux infusoires sont la plupart microscopiques.

MIDI. s. m.

MIDI. s. m. Le milieu du jour, le point qui partage le jour également entre le soleil levant et le soleil couchant; et, dans l' usage ordinaire, La douzième heure depuis minuit. À l' heure de midi. À midi sonnant. Il est midi, midi et demi, midi un quart, midi trois quarts. Midi est sonné. Je me rendrai là à midi, sur le midi. Avant midi. Entre onze heures et midi. Entre midi et une heure. Après midi. Le soleil de midi est quelquefois dangereux. Le cadran marque midi. L' aiguille est sur le point de midi.

Par exagérat., En plein midi, En plein jour, publiquement. Il a été volé dans la rue en plein midi.

Fam., C' est ne voir pas clair en plein midi, c' est dire qu' il n' est pas jour en plein midi, se dit À une personne qui doute d' une chose certaine, évidente, ou qui la nie.

Prov. et fig., Chercher midi à quatorze heures, Chercher des difficultés où il n' y en a point; Allonger inutilement ce qu' on peut faire ou dire d' une manière plus courte; Vouloir expliquer d' une manière détournée quelque chose de fort clair.

Poétiq., Le midi de la vie, L' époque de la vie qui est entre l' enfance et la vieillesse. On dit dans le même sens, Être dans son midi, à son midi.

MIDI

MIDI en termes d' Astronomie, signifie, Le moment où le centre du soleil se trouve dans le méridien, et où commence le jour astronomique.

Midi vrai, Le temps où le soleil est réellement au méridien.

Midi moyen, Le temps où il serait midi, si le soleil avait un mouvement uniforme dans l' équateur, et que l' écliptique et l' équateur coïncidassent.

MIDI

MIDI signifie aussi, Un des quatre points cardinaux du monde, qu' on nomme autrement Le sud. Le midi est opposé au nord. Les régions, les contrées du Midi. Se tourner vers le midi. Ce pays est borné au midi par une rivière, par une montagne. Cette colline regarde le midi, est exposée au midi, est à l' exposition du midi. Le vent du midi.

Il se dit, par extension, Des pays méridionaux. Cet homme est du Midi. Les peuples, les productions du Midi. Il a ses biens dans le Midi, dans le midi de la France. Les contagions sont plus fréquentes dans le Midi que dans le Nord. Voyager dans le Midi.

Il se dit encore d' Une exposition qui, étant en face du soleil à midi, reçoit toute la chaleur de ses rayons. Son appartement est au midi. Il faut mettre cette plante au midi. Vous avez dans votre jardin un beau mur d' espalier au midi.

MIE. s. f.

MIE. s. f. Toute la partie du pain qui est entre les deux croûtes. De la mie de pain. La mie d' un pain. Il n' a plus de dents, il ne mange plus que de la mie. Un morceau de mie.

MIE

MIE Particule explétive, qui signifie, Pas, point, et qui n' est presque plus usitée, même dans le langage familier. Il n' en tâtera mie. Vous ne l' aurez mie.

MIE. s. f.

MIE. s. f. Abréviation d' Amie, souvent employée dans le vieux langage. J' aime mieux ma mie! Sa douce mie. Les enfants donnent quelquefois ce nom à leur gouvernante. Cet enfant est fort attaché à sa mie. Il appelle sa mue. Ils disent plus ordinairement, Ma bonne.

MIEL. s. m.

MIEL. s. m. Substance liquide et sucrée que les abeilles composent avec ce qu' elles recueillent dans les fleurs et sur les feuilles des plantes. Bon miel. Miel d' été, de printemps. Miel roux, blanc. Un rayon de miel. Mouches à miel. Miel de Narbonne, de Mahon, de Moscovie. Miel sauvage. Miel commun. Des confitures au miel. Le miel du mont Hymette était célèbre chez les anciens.

Miel violat, rosat, etc., Compositions pharmaceutiques dont le miel est la base.

Prov. et fig., On prend plus de mouches avec du miel qu' avec du vinaigre, On réussit mieux dans les affaires, on subjugue plus de personnes par la douceur que par la dureté et la rigueur.

Prov. et fig., La lune de miel, Le premier mois du mariage. Ils sont encore dans la lune de miel, Ils ne connaissent du mariage que les plaisirs.

Fig. et fam., Être doux comme miel, être tout sucre et tout miel, Être doucereux, faire le doucereux.

Fig., Cet orateur a toujours le miel sur les lèvres, le miel découle de ses lèvres, Ses paroles sont douces et flatteuses.

MIELLEUX, EUSE. adj.

MIELLEUX, EUSE. adj. Qui tient du miel. Il se dit ordinairement en mauvaise part, et signifie, Fade, doucereux. Ce vin, cette liqueur a un goût mielleux.

Il s' emploie aussi figurément. Un homme mielleux. Des paroles mielleuses. Un ton mielleux.

MIEN, IENNE. Adj. possessif et relatif

MIEN, IENNE. Adj. possessif et relatif de la première personne. Quand vous m' aurez dit votre sentiment, je vous dirai le mien. Ce n' est pas votre avis, c' est le mien. Vous veillerez à votre intérêt, et moi au mien. Songez-y de votre côté, j' y songerai aussi du mien. Ses amis et les miens s' en sont mêlés. C' est son intention et la mienne. Vos affaires sont les miennes. Dans ce sens, Mien et Mienne ne se mettent jamais sans l' article, et ne se joignent à aucun substantif.

MIEN

MIEN dans le style familier, se joint quelquefois avec un, et se met devant un substantif. Un mien frère. Un mien parent. Un mien neveu. Une mienne cousine.

Il s' emploie encore, sans être accompagné de l' article ni du mot un; et alors il se met toujours après le substantif avec lequel il se construit. Ce livre que vous tenez est mien. Cette découverte est mienne. Je donne cette raison non comme bonne, mais comme mienne.

MIEN

MIEN est aussi substantif, au masculin, et signifie, Le bien qui m' appartient. Je ne demande que le mien.

Il signifie encore, Ce qui vient de moi. Je vous dis la chose comme elle est, je n' y mets rien du mien, je n' y ajoute rien du mien.

Le tien et le mien, La propriété. Le tien et le mien engendrent beaucoup de guerres et de procès.

Les miens, au pluriel, Mes proches, mes alliés, ceux qui m' appartiennent en quelque façon. Il est plein d' égards pour moi et pour les miens.

Fam., J' ai bien fait des miennes dans ma jeunesse, J' ai fait bien des folies quand j' étais jeune.

MIETTE. s. f.

MIETTE. s. f. Il se dit proprement de Toutes les petites parties qui tombent du pain quand on le coupe, ou qui restent quand on a mangé. Petite miette. Les miettes qui tombent de la table, sous la table. Ramasser les miettes.

Il signifie aussi, Un très-petit morceau de quelque chose à manger. Vous ne lui en avez donné qu' une miette. En voilà une belle miette. Donnez-m' en une miette. Nous avons mangé ce pâté en entier, il n' en est pas resté une miette, resté miette. Il est familier.

MIEUX. adv.

MIEUX. adv. Comparatif de Bien. D' une manière plus accomplie, d' une façon plus avantageuse. Personne n' entend mieux les affaires que lui, n' entend mieux la guerre que lui, n' écrit mieux que lui, ne parle mieux que lui. Il chante mieux, beaucoup mieux qu' il ne faisait. Vous ne sauriez mieux faire. Ses affaires vont mieux que jamais. Il a été mieux reçu qu' il ne croyait. Il est bien de prier, mais il est mieux de faire de bonnes oeuvres. Vous seriez mieux sur ce fauteuil que sur cette chaise. Tant mieux: voy. TANT.

Il signifie quelquefois, Plus. J' aime mieux cette étoffe que l' autre.

Il est quelquefois superlatif, et alors il prend ordinairement l' article. C' est l' homme du monde le mieux fait. De tous nos grands écrivains, c' est celui que j' aime le mieux.

Il vaut mieux, mieux vaut, Il est plus à propos, plus expédient. Il vaut mieux attendre un peu. Mieux vaut s' accommoder que de plaider. Il vaudrait mieux qu' il se tût, que de parler mal à propos.

Absol., Être mieux, Être en meilleure santé, en meilleur état. Il est mieux, un peu mieux, beaucoup mieux. Il n' est guère mieux. Il était mieux hier qu' aujourd' hui.

Être mieux, signifie aussi, Être d' une figure, d' un extérieur plus agréable. Cette femme est mieux, est beaucoup mieux que sa soeur. Ce jeune homme est mieux que son frère.

Être mieux, signifie encore, Être d' une meilleure conduite, d' un meilleur caractère. Ce jeune homme est corrigé de ses défauts, il est beaucoup mieux qu' il n' était avant ses voyages.

Mieux que tout cela, Il y a quelque chose de mieux à dire, à faire, que ce qu' on a proposé. On vous conseille de plaider, de vous désister; mieux que tout cela, offrez à votre partie adverse moitié de ce qu' elle demande.

MIEUX

MIEUX s' emploie substantivement, avec ou sans article. Le mieux est de n' en point parler. Il a tout arrangé pour le mieux. Il est changé en mieux. Je m' attendais à mieux que cela. Vous croyez qu' elle n' a que vingt ans, elle a mieux.

Aller de mieux en mieux, Faire toujours quelque progrès vers le bien, vers un état meilleur. Il faut espérer que cela ira de mieux en mieux. Ses affaires vont de mieux en mieux.

Fam., À qui mieux mieux, À l' envi l' un de l' autre.

Faute de mieux, À défaut d' une chose meilleure, plus convenable. Faute de mieux, je m' arrangerai du logement que vous me proposez.

Prov., Le mieux est l' ennemi du bien, On peut gâter une bonne chose en voulant la rendre meilleure.

Il y a du mieux dans son état, il y a un mieux sensible, le mieux se soutient, se dit D' un malade qui commence à se mieux porter.

Fam., Cette personne chante des mieux, Elle chante aussi bien que celles qui chantent le mieux.

MIEUX

MIEUX s' emploie quelquefois adjectivement, et signifie, Meilleur, plus convenable, plus propre à la chose dont il s' agit. Il n' y a rien de mieux, rien n' est mieux que ce que vous dites.

LE MIEUX DU MONDE, AU MIEUX, TOUT AU MIEUX. loc. adverbiales. Très-bien. Il en a usé le mieux du monde. Cela est au mieux. Cela va le mieux du monde, tout au mieux.

DU MIEUX, LE MIEUX, TOUT DU MIEUX, TOUT LE MIEUX QUE. loc. conjonctives. Aussi bien qu' il est possible dans telle circonstance; aussi bien qu' il est possible à telle personne. Il a fait du mieux qu' il a pu, le mieux qu' il a pu. Il s' en est tiré le mieux qu' il a pu. C' est le mieux que vous puissiez faire. On dit même: Il fera de son mieux. J' ai fait de mon mieux, tout de mon mieux. Etc.

MIÈVRE. adj.des deux genres

MIÈVRE. adj.des deux genres Il se dit proprement D' un enfant vif, remuant, et un peu malicieux. Cet enfant est mièvre, est bien mièvre. Il est familier.

Il s' emploie aussi substantivement. C' est un petit mièvre.

MIÈVRERIE. s. f.

MIÈVRERIE. s. f. Qualité de la personne qui est mièvre. Cet enfant est d' une mièvrerie amusante, fatigante.

Il signifie aussi, Une petite malice. Il m' a fait une mièvrerie. Ce n' est qu' une mièvrerie. Il est familier dans les deux acceptions.

MIÈVRETÉ. s. f.

MIÈVRETÉ. s. f. synonyme de Mièvrerie.

MIGNARD, ARDE. adj.

MIGNARD, ARDE. adj. Gracieux, délicat. Une femme mignarde. Un visage mignard. Des traits mignards. Dans ce sens, il a vieilli.

Il se dit plus ordinairement Des choses où l' on remarque un mélange de gentillesse et d' afféterie. Sourire, langage mignard. Manières mignardes.

MIGNARDEMENT. adv.

MIGNARDEMENT. adv. Avec délicatesse. Cet enfant a été élevé mignardement. Cet ouvrier travaille fort mignardement. Il est peu usité en ce sens.

Il signifie plus ordinairement, D' une manière mignarde, avec une gentillesse mêlée d' afféterie. Parler, sourire mignardement. Il est familier.

MIGNARDER. v. a.

MIGNARDER. v. a. Traiter délicatement. Mignarder un enfant. Il est familier, et se prend en mauvaise part.

Il signifie aussi, Affecter de la délicatesse, de la grâce. Mignarder son style, son langage.

Il s' emploie avec le pronom personnel, dans le premier sens. Cette femme se mignarde trop.

MIGNARDÉ, ÉE. participe

MIGNARDÉ, ÉE. participe

MIGNARDISE. s. f.

MIGNARDISE. s. f. Délicatesse. La mignardise de son visage, de ses traits. La langue italienne a des mignardises qui ne se trouvent dans aucune autre.

Il signifie aussi, Affectation de gentillesse, de délicatesse. Avoir, mettre de la mignardise dans ses manières, dans son langage, dans son style.

Il signifie quelquefois, au pluriel, Manières gracieuses et caressantes. Il s' est laissé prendre aux mignardises de cette femme. Cet enfant obtient tout ce qu' il veut de sa mère par ses mignardises.

MIGNARDISE

MIGNARDISE au singulier, se dit d' Une espèce de petits oeillets dont on garnit les plates-bandes des jardins. De la mignardise.

MIGNON, ONNE. adj.

MIGNON, ONNE. adj. Délicat, joli, gentil. Visage mignon. Bouche mignonne. Pied mignon. Une beauté mignonne. Des souliers mignons.

Fam., Argent mignon, Argent qu' on a mis en réserve, et qu' on peut, sans se gêner, employer en dépenses superflues. Pour faire cette dépense, il faudrait avoir de l' argent mignon.

Fam., Péché mignon, Péché qu' on se plaît à commettre, et dont on ne veut pas se corriger. La médisance est son péché mignon.

MIGNON

MIGNON s' emploie aussi comme substantif; et c' est alors un terme de flatterie dont on se sert en parlant À un enfant. Mon mignon. Mon petit mignon. Ma mignonne. Ma petite mignonne.

Vous êtes un joli mignon, un plaisant mignon, se dit ironiquement À quelqu' un qui a fait ou dit une sottise.

MIGNON substantif masculin

MIGNON substantif masculin signifie encore, familièrement, Favori. De ces deux enfants-là, il y en a un qui est le mignon de sa mère. Elle l' aime fort, c' est son mignon.

Il se prend quelquefois dans un sens obscène. Les mignons de Henri III.

MIGNONNE. s. f.

MIGNONNE. s. f. Petit caractère d' imprimerie qui est entre la nonpareille et le petit-texte. Cette dénomination commence à vieillir.

MIGNONNE

MIGNONNE est encore Le nom d' une espèce de poire fort belle et d' un rouge foncé, qu' on appelle aussi Grosse mignonne.

MIGNONNEMENT. adv.

MIGNONNEMENT. adv. Avec délicatesse, d' une manière délicate. Cela est mignonnement fait. Il est familier.

MIGNONNETTE. s. f.

MIGNONNETTE. s. f. Sorte de petite dentelle. Une robe garnie de mignonnette.

MIGNONNETTE

MIGNONNETTE se dit aussi d' Une espèce de petits oeillets, appelée autrement Mignardise.

MIGNONNETTE

MIGNONNETTE se dit encore Du poivre concassé.

MIGNOTER. v. a.

MIGNOTER. v. a. Traiter délicatement, dorloter, caresser. C' est gâter cet enfant, que de le mignoter comme vous faites. On l' emploie aussi avec le pronom personnel. Cette femme se mignote trop. Il est familier.

MIGNOTÉ, ÉE. participe

MIGNOTÉ, ÉE. participe

MIGNOTISE. s. f.

MIGNOTISE. s. f. Flatterie, caresse. Il est familier et vieux.

MIGRAINE. s. f.

MIGRAINE. s. f. Douleur qui occupe la moitié ou une moindre partie de la tête. Il a la migraine. Il est tourmenté d' une migraine. Il est sujet à des migraines périodiques. Les odeurs très-fortes donnent la migraine. La migraine cause ordinairement des maux de coeur.

MIGRATION. s. f.

MIGRATION. s. f. Transport, action de passer d' un pays dans un autre pour s' y établir. Il ne se dit qu' en parlant D' une quantité considérable de peuple. Il y eut de grandes migrations dans le quatrième siècle. Les migrations des peuples septentrionaux ont inondé le midi de l' Europe.

Il se dit aussi Des voyages que font certaines espèces d' animaux, soit périodiquement, soit à des époques irrégulières. Les migrations des oiseaux, des poissons, des reptiles.

MIJAURÉE. s. f.

MIJAURÉE. s. f. Fille ou femme qui montre des prétentions, par de petites manières affectées et ridicules. Elle fait la mijaurée. Voyez un peu cette mijaurée. Il est familier.

MIJOTER. v. a.

MIJOTER. v. a. T. de Cuisine. Faire cuire doucement et lentement. Mijoter du boeuf à la mode. Mijoter de la soupe.

MIJOTER

MIJOTER se prend aussi, familièrement, dans le même sens que Mignoter. Mijoter un enfant. On l' emploie avec le pronom personnel. Il aime à se mijoter. Il est peu usité.

MIJOTÉ, ÉE. participe

MIJOTÉ, ÉE. participe

MIL. adj. numéral

MIL. adj. numéral Voyez MILLE.

MIL. s. m.

MIL. s. m. (Il faut mouiller l' L.) Plante graminée qui porte une graine fort petite, à laquelle on a donné le même nom. Le mil est une céréale. Semer du mil. Un grain de mil. On dit plus ordinairement, Millet.

MILAN. s. m.

MILAN. s. m. Oiseau de proie à queue fourchue. Un milan qui plane. Les perdreaux craignent le milan.

MILIAIRE. adj.des deux genres

MILIAIRE. adj.des deux genres T. d' Anat. et de Médec. Qui ressemble à des grains de mil. Glandes miliaires.

Éruption miliaire, Éruption de très-petits boutons. Fièvre miliaire, Fièvre accompagnée d' une éruption miliaire.

MILICE. s. f.

MILICE. s. f. L' art et l' exercice de la guerre. Dans ce sens il a vieilli, et ne se dit qu' en parlant Des anciens. Végèce a écrit sur la milice des Romains.

Fig. et en termes de l' Écriture sainte, La vie de l' homme est une milice continuelle.

MILICE

MILICE est aussi collectif, et signifie, Un corps de troupes, une armée. En ce sens, il ne s' emploie guère que dans le style soutenu. Une si vaillante milice lui promettait la victoire. Ce capitaine perdit, dans telle bataille, la fleur de sa milice.

Il s' est dit particulièrement Des levées de bourgeois et de paysans, faites par la voie du sort, soit pour recruter l' armée, soit pour former des régiments provinciaux qu' on ne réunissait que dans certaines occasions. En ce sens, il est opposé à Troupes réglées, et s' emploie souvent au pluriel. On réunit les milices pour résister à l' invasion. Cette forteresse n' avait point de troupes réglées, elle fut défendue par la milice. La garde nationale mobile, la landwehr, sont des espèces de milices. Tirer au sort pour la milice, ou simplement, Tirer à la milice. Tomber à la milice. Officier, sergent, soldat de milice.

Fig. et fam., Soldat de la milice, Homme qui n' a aucun avancement dans sa condition.

Fig. et poét., Les milices célestes, Les anges.

MILICIEN. s. m.

MILICIEN. s. m. Soldat de milice.

MILIEU. s. m.

MILIEU. s. m. Le centre d' un lieu, l' endroit qui est également distant de la circonférence, des extrémités. Voici le milieu de la place. Nous voici justement au milieu, dans le milieu. Couper un fruit par le milieu.

Le point milieu, Le point du milieu. Dans cette expression, Milieu est employé adjectivement.

MILIEU

MILIEU se dit souvent, dans une acception moins rigoureuse, de Tout endroit qui est éloigné de la circonférence, des extrémités. Cette ville est située au milieu de la France, dans le milieu de la France. Le tonnerre tomba au milieu de l' église, au milieu de la cour. Quand ils furent au milieu du chemin, au milieu du bois. Un homme se leva du milieu de l' assemblée. Se trouver au milieu de la foule. La rivière passe au milieu de la ville. Il prit son adversaire par le milieu du corps.

Fam. et par exagér., Au beau milieu, Tout au milieu. Elle est tombée au beau milieu de la rue.

Cette langue de terre s' avance au milieu de la mer, Elle entre bien avant dans la mer. Ce bras de mer s' avance au milieu des terres, Il entre bien avant dans les terres. L' aigle s' élève au milieu des airs, Il s' élève à une distance considérable de la terre. Etc.

Fig., Au milieu des hommes, Dans le monde, dans la société de nos semblables. Nous sommes destinés à vivre au milieu des hommes.

MILIEU

MILIEU se dit aussi Du point qui est également éloigné des deux termes d' un espace de temps. Vers le milieu de la nuit. Sur le milieu du jour.

Être au milieu de l' été, de l' hiver, etc., Être dans un temps à peu près également éloigné du commencement et de la fin de l' été, de l' hiver, etc.

Poétiq., Le soleil était au milieu de son cours, la nuit était au milieu de sa course, Il était à peu près midi, à peu près minuit.

MILIEU

MILIEU se dit aussi en parlant Des ouvrages prononcés ou écrits, par rapport à leur commencement et à leur fin. Ce passage se trouve au milieu, dans le milieu, vers le milieu du livre. Le milieu de son discours est fort beau. Il fut interrompu, il demeura court au milieu, au beau milieu de sa harangue. Il se leva au milieu du sermon.

Il se dit également en parlant Des choses morales; mais alors il ne s' emploie guère qu' avec l' article au, et pour signifier, Dans, parmi. Il a été élevé au milieu des grandeurs. Il vit au milieu des plaisirs. Au milieu des affaires, au milieu des plus grandes affaires, il trouve des moments à donner à ses amis. Il a péri au milieu de ses succès, de ses victoires.

Fam., Au milieu de tout cela, Parmi tout cela, avec tout cela, nonobstant tout cela. C' est un homme qui, au milieu de tout cela, ne laisse pas d' être à plaindre. Au milieu de tout cela, je voudrais le pouvoir servir.

MILIEU

MILIEU en Morale, signifie, Ce qui est également éloigné des extrémités vicieuses. La vertu se trouve dans un juste milieu. La libéralité tient le milieu entre la prodigalité et l' avarice. Il faut savoir en tout garder le milieu, le juste milieu, un juste milieu. Trouver, saisir, prendre le milieu entre les extrêmes, c' est être sage.

MILIEU

MILIEU se dit, figurément, d' Un certain tempérament qu' on prend dans les affaires pour accommoder des intérêts différents, pour concilier des esprits opposés. Il faut chercher quelque milieu. Essayez de trouver quelque milieu pour contenter l' un et l' autre.

Il n' y a point de milieu, ou seulement, Point de milieu, Il faut absolument prendre un des deux partis qui sont proposés, il n' y a point de terme moyen à chercher. Point de milieu, il faut se rendre ou combattre.

MILIEU

MILIEU en termes de Physique, se dit de Tout corps, soit solide, soit fluide, qui peut être traversé par la lumière ou par un autre corps. La lumière se rompt différemment en traversant différents milieux. Milieu rare. Milieu dense.

Il se dit aussi Du fluide qui environne les corps. L' air est le milieu dans lequel nous vivons. L' eau est le milieu où vivent les poissons.

MILITAIRE. adj.des deux genres

MILITAIRE. adj.des deux genres Qui concerne la guerre, qui est relatif ou propre à la guerre. L' art militaire. La discipline militaire. Gloire militaire. Exploits militaires. Fonctions, emplois, grades militaires. Récompense, punition militaire. Il a de grands talents militaires. Il parlait avec une éloquence toute militaire.

Justice militaire, Celle qui s' exerce parmi les troupes, suivant des lois spéciales, suivant le code militaire.

Exécution militaire, La peine de mort infligée aux soldats pour délit militaire. C' est là que se font les exécutions militaires. Il se dit aussi Des violences qu' on exerce militairement dans un pays, pour punir les habitants de leur résistance, ou pour les contraindre à quelque chose. Menacer un pays d' exécution militaire. On a contraint les habitants, par exécution militaire, à payer contribution.

Architecture militaire, L' art de fortifier les places.

Testament militaire, Testament fait à l' armée, et dans lequel on est dispensé d' observer la plupart des formalités ordinaires.

MILITAIRE

MILITAIRE s' emploie quelquefois par opposition à Civil. Il s' est montré également propre aux emplois civils et aux emplois militaires. Les autorités civiles et les autorités militaires.

Les ordres religieux et militaires, Les ordres religieux dont les membres font voeu de combattre les infidèles.

MILITAIRE

MILITAIRE s' emploie souvent comme substantif masculin, et signifie alors, Un homme de guerre. C' est un bon militaire. On a donné des récompenses à tous les vieux militaires.

Il signifie aussi, quelquefois, La totalité des gens de guerre. L' esprit du militaire est généralement bon dans cette province. Cette ordonnance déplut au militaire.

MILITAIREMENT. adv.

MILITAIREMENT. adv. D' une manière militaire. Agir militairement. Juger militairement. Exécuter militairement un bourg, un village.

MILITANTE. adj. f.

MILITANTE. adj. f. T. de Théol. Qui combat. Il ne s' emploie que figurément et dans cette locution, L' Église militante, L' assemblée des fidèles sur la terre; par opposition à L' Église triomphante, L' assemblée des fidèles dans le ciel.

MILITER. v. n.

MILITER. v. n. Combattre. Il ne s' emploie que figurément, et n' est guère usité que dans les débats judiciaires, où l' on dit, par exemple, Cette raison, cet argument milite pour moi, ne milite point contre moi, Cette raison, cet argument est en ma faveur, n' est pas à mon désavantage.

MILLE. adj. numéral des deux genres

MILLE. adj. numéral des deux genres Il ne prend point la marque du pluriel. (Les deux L ne se mouillent pas dans ce mot, ni dans ses dérivés.) Dix fois cent. Mille hommes. Mille chevaux. Mille navires. Mille écus. Dizaine de mille. Centaine de mille. Dix mille hommes. Les Mille et une Nuits. Dans la date ordinaire des années, quand Mille est suivi d' un ou de plusieurs autres nombres, on met ordinairement Mil. Ainsi on écrit, L' an mil sept cent, pour L' an mille sept cent, etc.

MILLE

MILLE se dit quelquefois pour Un nombre incertain, mais fort grand. Mille personnes l' ont vu. Mille témoignages, mille preuves se réunissent contre lui. Il y en a mille et mille. Il lui a donné mille coups. J' ai mille affaires. Mille chimères lui passent par la tête. Il y a mille et mille choses à dire là-dessus. Je vous en rends mille grâces. Je vous ai dit cela mille fois. On a dit cela mille et mille fois. Mille gens l' ont fait, ou elliptiquement, Mille l' ont fait, mille pourraient le faire.

Il se prend quelquefois substantivement. Mille multiplié par vingt, par cent, donne tant. On dit aussi quelquefois: Le nombre mille. Numéro mille.

MILLE. s. m.

MILLE. s. m. Mesure itinéraire, dont l' étendue diffère selon les pays, et dont on se sert principalement en Angleterre et en Italie. Il y a un mille de ce lieu-là à tel autre. Ce cheval fait tant de milles par heure. Il courut dix milles. Mille d' Italie. Mille d' Angleterre. Le mille d' Allemagne équivaut à près de deux lieues de France.

MILLE-FEUILLE. s. f.

MILLE-FEUILLE. s. f. Plante de la famille des Radiées, ainsi nommée parce que ses feuilles sont découpées très-menu. On l' appelle aussi vulgairement Herbe à la coupure, Herbe au charpentier, ou Herbe militaire, parce qu' elle est vulnéraire, et propre à arrêter le sang qui coule d' une blessure.

MILLE-FLEURS. Substantif

MILLE-FLEURS. Substantif qui ne s' emploie que dans ces locutions: Rossolis de mille-fleurs, Sorte de rossolis, dans la composition duquel il entre quantité de fleurs distillées. Eau de mille-fleurs, Urine de vache reçue dans un vase pour être prise en remède. Eau de mille-fleurs, huile de mille-fleurs, Eau, huile extraite de la bouse de vache, par distillation.

MILLÉNAIRE. adj.des deux genres

MILLÉNAIRE. adj.des deux genres (Les deux L se font sentir, et ne se mouillent pas.) Qui contient mille. Le nombre millénaire.

Il s' emploie substantivement, au masculin, en termes de Chronologie, pour signifier, Dix siècles ou mille ans. Dans le premier millénaire. Le premier, le second millénaire.

MILLÉNAIRE subst.

MILLÉNAIRE subst. se dit aussi de Sectaires chrétiens qui croyaient qu' après le jugement universel, les élus demeureraient mille ans sur la terre à jouir de toute sorte de plaisirs. La secte des millénaires.

MILLE-PERTUIS. s. m.

MILLE-PERTUIS. s. m. T. de Botan. Plante ainsi nommée parce que, en la regardant au soleil, on voit sur ses feuilles quantité de petits points transparents qui paraissent autant de trous.

MILLE-PIEDS. s. m.

MILLE-PIEDS. s. m. T. d' Entomologie. Nom d' une famille d' insectes qui ont un très-grand nombre de pieds. Les scolopendres, les iules, sont de la famille des mille-pieds, sont des mille-pieds.

MILLÉPORE. s. m.

MILLÉPORE. s. m. T. d' Hist. nat. Genre de polypiers pierreux, dont la surface est creusée d' une multitude de pores.

MILLÉSIME. s. m.

MILLÉSIME. s. m. (On fait sentir les deux L.) L' ensemble des chiffres qui marquent l' année sur les médailles, monnaies et monuments, depuis que les années de l' ère vulgaire sont arrivées au nombre de mille. On ignore en quelle année cette médaille a été frappée, car le millésime n' y est pas, le millésime est tout effacé.

Il se dit, par extension, en parlant Des médailles frappées avant l' an mille. Le millésime de cette médaille fait connaître qu' elle fut frappée l' année du couronnement de Charlemagne.

MILLET. s. m.

MILLET. s. m. (On mouille les L.) Il est synonyme de Mil. Semer du millet. Un grain de millet. Farine de millet.

Prov., fig. et pop., C' est un grain de millet dans la gueule d' un âne, se dit Lorsque ce qu' on donne à quelqu' un n' est pas à beaucoup près suffisant pour ses besoins.

MILLIAIRE. adj.des deux genres

MILLIAIRE. adj.des deux genres Il se dit Des bornes, des pierres, etc., placées de distance en distance, sur les grands chemins, pour indiquer les milles, les lieues, etc. Borne, colonne, pierre milliaire.

Il s' emploie aussi substantivement, au masculin. Le premier, le second milliaire est à tel endroit.

Milliaire doré, Colonne qu' Auguste fit élever au milieu de Rome, et d' où l' on commençait à compter les milles pour tous les grands chemins de l' empire.

MILLIARD. s. m.

MILLIARD. s. m. Mille fois un million, ou dix fois cent millions.

Il se dit très-souvent absolument, en termes de Finances, d' Un milliard de livres ou de francs. La dette de cet État est de plusieurs milliards.

MILLIASSE. s. f.

MILLIASSE. s. f. Terme de dénigrement, qui signifie, Un fort grand nombre. Il y avait dans les rues de cette ville une milliasse de mendiants. Dans cette vieille maison il y a une milliasse de fourmis, de rats. Sur le bord de cet étang, il y a des milliasses de moucherons. Il est familier.

MILLIÈME. adj.des deux genres

MILLIÈME. adj.des deux genres Nombre ordinal qui complète le nombre de mille. Il est le millième. La millième année après la naissance de JÉSUS-CHRIST.

Il se dit aussi D' une des parties d' un tout que l' on suppose composé de mille parties. En ce sens, il s' emploie souvent par exagération. Si j' avais la millième partie de son bien, je serais assez riche. De tout ce qu' il vous dit là, il n' y a pas la millième partie de vrai.

Il est quelquefois substantif masculin; et alors il signifie, La millième partie. Il est intéressé dans cette affaire pour un millième. Cinq millièmes.

MILLIER. s. m.

MILLIER. s. m. Nom de nombre collectif contenant mille. Un millier d' épingles, de tuiles, de clous, de fagots, d' échalas, d' arbres à planter, d' écus.

Un millier de foin, de paille, Un millier de bottes de foin, de paille.

MILLIER

MILLIER signifie aussi, Mille livres pesant. Cette cloche pèse dix milliers. Une charrette qui porte deux milliers. Un millier de fer, de cuivre, etc.

MILLIER

MILLIER se dit encore pour exprimer Un nombre indéterminé, mais considérable. Je connais un millier de gens qui pensent ainsi. Je pourrais vous en citer un millier d' exemples. Il y a des milliers d' hommes qui ne savent comment vivre. Je vois dans cette affaire des milliers d' inconvénients.

À MILLIERS, PAR MILLIERS. loc. adverbiales

À MILLIERS, PAR MILLIERS. loc. adverbiales En très-grand nombre. On en trouve à milliers, par milliers.

MILLIMÈTRE. s. m.

MILLIMÈTRE. s. m. (On fait sentir les deux L.) Nouvelle mesure de longueur, la millième partie du mètre. Cinq mètres deux cent quarante-sept millimètres. Une épaisseur de douze millimètres.

MILLION. s. m.

MILLION. s. m. Mille fois mille, ou dix fois cent mille. On compte en France environ trente-deux millions d' habitants. Un million d' écus valait trois millions de livres tournois.

Il se dit très-souvent absolument, en termes de Finances, d' Un million de livres ou de francs. Il a deux millions de bien. On lui a compté un million.

Fam., Être riche à millions, Être extrêmement riche. On dit de même, Cet homme est si riche, qu' il ne compte que par millions.

MILLION

MILLION signifie aussi, Un nombre indéterminé, mais fort considérable; et alors il se dit ordinairement par exagération. J' ai ouï dire cela un million de fois. Je vous rends un million de grâces.

MILLIONIÈME. adj. numéral des deux genres

MILLIONIÈME. adj. numéral des deux genres Nombre ordinal qui complète le nombre d' un million.

Il se dit aussi Des parties d' un tout que l' on suppose composé d' un million de parties. La millionième partie.

Il est quelquefois substantif masculin, dans le même sens. Un millionième. Trois millionièmes.

MILLIONNAIRE. adj.des deux genres

MILLIONNAIRE. adj.des deux genres Qui possède des millions, qui est extrêmement riche. Cet homme est devenu millionnaire.

Il s' emploie aussi comme substantif. C' est un millionnaire.

MILORD. s. m.

MILORD. s. m. Voyez LORD. On dit, figurément et populairement, D' un homme riche, C' est un milord.

MIME. s. m.

MIME. s. m. Espèce de comédie, chez les Romains: le sujet et l' action en étaient, le plus souvent, bouffons et libres jusqu' à l' obscénité. Il ne nous reste que des fragments des anciens mimes joués à Rome.

Il se dit également Des acteurs qui représentaient ces sortes de pièces.

C' est un bon mime, se dit D' un homme qui a le talent d' imiter, de contrefaire d' une manière plaisante, l' air, l' action, le langage d' autres personnes. On dit aussi, adjectivement, Il est mime.

MIMIQUE. adj.des deux genres

MIMIQUE. adj.des deux genres Qui concerne les mimes. Pièce mimique. Poëte mimique. Jeux mimiques. On dit quelquefois substantivement, Un mimique, Un auteur de mimes.

Il signifie aussi, Qui imite, qui exprime par le geste. Action mimique. Signes mimiques. Langage mimique.

MIMIQUE. s. f.

MIMIQUE. s. f. Art d' imiter, de peindre par le geste. La mimique est le principal moyen de transmettre des idées aux sourds-muets.

MIMOSA. s. f.

MIMOSA. s. f. T. de Botan. Nom latin de la sensitive. On l' applique à un genre nombreux de plantes légumineuses qui donnent des signes évidents d' irritabilité. Une belle mimosa.

MINAGE. s. m.

MINAGE. s. m. Droit que l' on prenait sur les grains qui se vendaient au marché. Ce seigneur avait droit de minage.

MINARET. s. m.

MINARET. s. m. Tour élevée auprès d' une mosquée et faite en forme de clocher, du haut de laquelle on appelle le peuple à la prière, et d' où l' on annonce les heures.

MINAUDER. v. n.

MINAUDER. v. n. Faire certaines mines, affecter certaines manières pour plaire et paraître plus agréable. Cette femme ne fait que minauder.

MINAUDERIE. s. f.

MINAUDERIE. s. f. Action de minauder, défaut d' une personne qui minaude. Elle fait sa principale occupation de la minauderie. Elle est d' une minauderie insupportable.

Il se dit aussi Des mines et des manières affectées. En ce sens, il s' emploie plus ordinairement au pluriel. Je n' aime point toutes ces minauderies.

MINAUDIER, IÈRE. s.

MINAUDIER, IÈRE. s. Celui, celle qui est dans l' habitude de faire de petites mines affectées. Il se dit principalement Des femmes. C' est une minaudière, un minaudier.

Il est aussi adjectif. Une femme minaudière. Elle est trop minaudière. Figure minaudière.

MINCE. adj.des deux genres

MINCE. adj.des deux genres Qui a fort peu d' épaisseur. Étoffe mince. Cette doublure est bien mince. Cette lame d' argent est fort mince. Couper des tranches de pain trop minces.

Prov., Mince comme la langue d' un chat, Extrêmement mince.

MINCE

MINCE signifie figurément, Faible, peu considérable, médiocre. Revenu mince. Mince héritage. Il nous a donné un mince dîner. Mérite, esprit mince. Mince savoir. Noblesse mince. Rien de si mince que sa personne.

Cet homme a la mine bien mince, Il a l' air d' un homme de peu de considération, de peu de mérite. On dit, dans un sens analogue, C' est un homme bien mince, un homme de mince étoffe.

En termes de Tactique, L' ordre mince, par opposition à L' ordre profond. Voyez ORDRE.

MINE. s. f.

MINE. s. f. L' air qui résulte de la conformation extérieure de la personne, et principalement du visage. Bonne, mauvaise, méchante mine. Grande, petite mine. Mine fière. Mine insolente. Mine basse, ignoble. Il n' a pas de mine. Il a la mine fausse, trompeuse, hypocrite. Cette femme a une jolie mine. Il a la mine guerrière, la mine d' un homme de guerre, la mine patibulaire, toute la mine d' un pendard, d' un vaurien. Il fait triste mine. On se trompe souvent à la mine. Il ne faut pas toujours juger des gens à la mine, par la mine, sur la mine. On connaît, on voit à sa mine que c' est un méchant sujet.

Homme, femme de bonne mine, Homme, femme d' une figure agréable, d' un extérieur avantageux.

Homme de mauvaise mine, Homme mal vêtu, dont l' habillement et l' extérieur peuvent exciter des inquiétudes.

Fam., Payer de mine, Avoir un bel extérieur, mais peu de mérite. Il paye de mine, mais au fond c' est un sot. Il se dit quelquefois D' une personne qui est malade, mais qui conserve l' apparence de la santé. Je paye de mine, mais je ne me porte pas bien.

Avoir une bonne mine, une mauvaise mine, bonne mine, mauvaise mine, Avoir l' apparence d' une bonne, d' une mauvaise santé.

Avoir une bonne mine, une mauvaise mine, signifie quelquefois, Avoir l' apparence d' un bon, d' un mauvais caractère.

Fam., Avoir la mine d' être riche, d' être un peu fou, etc., en avoir toute la mine, Paraître tel.

Fam., Avoir la mine d' avoir fait, de vouloir faire une chose, Avoir un air, un maintien qui le fait conjecturer. Vous avez la mine, vous m' avez bien la mine d' avoir passé la nuit au bal. On le dit figurément Lorsque, par la connaissance qu' on a des habitudes, du caractère, de l' esprit d' un homme, on juge qu' il a fait ou qu' il fera telle chose. Il a bien la mine de se peu soucier de ce qui pourra arriver.

Fam., Porter la mine de, Avoir l' air de. Cela ne se dit guère qu' en mauvaise part. Il porte la mine d' un fripon.

MINE

MINE signifie aussi, La contenance que l' on prend, l' air qu' on se donne, dans une intention quelconque. Faire bonne mine, mauvaise mine. Il a pris cette mine riante, cette mine sévère que vous lui connaissez. Il a pris sa mine agréable. Affecter une mine grave. Toute sa vertu consiste en mines et en paroles.

Faire mine de quelque chose, En faire semblant. Il fait mine d' en être content. Il a fait mine de vouloir s' en aller, de vouloir se retirer.

Faire bonne mine, mauvaise mine à quelqu' un, Lui faire un bon, un mauvais accueil.

Fam., Faire triste mine, grise mine, froide mine à quelqu' un, Lui faire mauvais visage, le recevoir froidement.

Fam., Faire la mine à quelqu' un, Lui témoigner qu' on est mécontent de lui. Qu' a-t-il donc à nous faire la mine? Il nous fait la mine.

Fam., Il fait une laide mine, Il fait une vilaine grimace.

Fam. et absol., Faire la mine, Faire la grimace.

Prov. et fig., Faire bonne mine à mauvais jeu, Dissimuler adroitement, et cacher le mécontentement qu' on a, le mauvais état où l' on est.

MINE

MINE se dit, familièrement, de Certains mouvements du visage, de certains gestes qui ne sont pas naturels; et alors on l' emploie surtout au pluriel. Faut-il tant faire de mines et de façons? À quoi bon toutes ces mines? Cette femme fait bien des mines.

Faire des mines à quelqu' un, Lui faire des signes pour lui faire entendre une chose qu' on ne peut pas ou qu' on ne veut pas lui dire autrement. J' ai eu beau lui faire des mines, il ne m' a pas compris.

Faire des mines à quelqu' un, signifie aussi, L' agacer par des regards affectés, par des mouvements de visage particuliers. Cet homme fait des mines à toutes les femmes. Avez-vous vu les mines qu' elle lui a faites?

MINE

MINE se dit aussi de La bonne ou mauvaise apparence de quelque chose. Un mets qui a bonne mine, qui a mauvaise mine.

MINE. s. f.

MINE. s. f. Lieu souterrain où gisent, et d' où l' on peut extraire en grand, des métaux, des minéraux, et certaines pierres précieuses. Une mine d' or, d' argent, de cuivre, d' étain, de charbon de terre, de sel gemme, etc. Une mine de diamants, de rubis. Une mine riche, pauvre. Trouver, découvrir, ouvrir, fouiller, exploiter une mine. La France est riche en mines de fer. École des mines.

Il se dit quelquefois, plus particulièrement, de La cavité souterraine pratiquée pour extraire ce qu' une mine contient. Travailler aux mines, dans les mines. Descendre dans une mine. Les galeries d' une mine. La mine s' éboula sur les ouvriers.

Il se dit aussi Des métaux et des minéraux encore mêlés avec la terre, avec la pierre de la mine. Voilà de la mine d' or, d' argent, de cuivre. De la pierre de mine.

Mine de plomb, ou Plombagine, La pierre dont on fait les crayons de couleur de plomb. Dessiner à la mine de plomb, ou simplement à la mine.

MINE

MINE se dit quelquefois figurément, au sens moral. Ce sujet est une mine féconde de beautés poétiques.

C' est une mine de savoir, d' érudition, C' est un homme très-savant, très-érudit.

MINE

MINE se dit encore d' Une cavité souterraine pratiquée sous un bastion, sous un rempart, dans un roc, etc., pour le faire sauter par le moyen de la poudre à canon. Charger, faire jouer une mine. Mettre le feu à une mine. Les troupes étaient en bataille, attendant l' effet de la mine. La mine emporta l' angle du bastion et fit une brèche praticable. La mine bouleversa la tête de la sape.

Le puits de la mine, L' ouverture qu' on fait en terre à la profondeur de l' entrée des galeries de mine qu' on veut pratiquer. La chambre ou le fourneau de la mine, Le lieu destiné à recevoir la charge de la mine. Le saucisson de la mine, Le rouleau de toile rempli de poudre, dont on se sert pour mettre le feu à la charge de la mine. L' entonnoir de la mine, Le trou que forme la mine quand elle saute.

Éventer la mine, Découvrir le lieu où elle est pratiquée, et en empêcher l' effet. Les assiégés éventèrent la mine. La mine fut éventée.

Fig. et fam., Éventer la mine, Pénétrer un dessein secret, et empêcher par là qu' il ne réussisse.

MINE. s. f.

MINE. s. f. Ancienne mesure contenant la moitié d' un setier. Faire étalonner une mine.

Il signifie aussi, Ce qui est contenu dans la mine. Mine de froment, de blé, de sel. Ces chevaux ont mangé une mine d' avoine.

MINE. s. f.

MINE. s. f. T. d' Antiquité. Monnaie qui valait cent drachmes chez les Athéniens, et deux cent quarante chez les Hébreux. Une mine hébraïque. Une mine attique.

MINER. v. a.

MINER. v. a. Faire, pratiquer une mine sous un ouvrage de fortification, dans un roc, etc. Miner un bastion. Les ennemis avaient miné leur demi-lune avant de l' abandonner.

Il signifie aussi, Creuser, caver lentement. L' eau mine la pierre. Le courant de la rivière a miné les piles de ce pont. La Marne mine peu à peu ses bords.

Il signifie figurément, Consumer, détruire, ruiner peu à peu. Cette maladie le mine. Le chagrin le mine. Le temps mine tout. Il a des dettes qui le minent.

MINÉ, ÉE. participe

MINÉ, ÉE. participe

MINERAI. s. m.

MINERAI. s. m. Il est synonyme de Mine, dans le sens de Métal tel qu' on le retire de la mine. Un minerai rebelle. Un minerai fusible. Laver, écraser, broyer, fondre le minerai. Cependant on ne dit point, Un minerai d' or, un minerai de cuivre; il faut dire, Une mine d' or, une mine de cuivre.

Il se dit plus exactement, en Chimie, Des espèces métalliques qui résultent de la combinaison d' un métal avec un minéralisateur.

MINÉRAL. s. m.

MINÉRAL. s. m. Il se dit Des corps non vivants et non organisés qui se trouvent dans l' intérieur de la terre ou à sa surface, tels que les pierres, les métaux, les substances inflammables, les sels et les pétrifications. Des échantillons de minéraux.

MINÉRAL, ALE. adj.

MINÉRAL, ALE. adj. Qui appartient aux minéraux, qui tient des minéraux. Matière, substance minérale. Sel, charbon, cristal minéral.

Le règne minéral, L' ensemble des objets compris sous le nom de Minéraux.

Eau minérale, Eau dans laquelle un ou plusieurs minéraux sont en dissolution.

MINÉRALISATEUR. s. m.

MINÉRALISATEUR. s. m. T. de Chimie et de Minéralogie. Il se dit Des substances qui, par leur combinaison avec les matières métalliques, en changent beaucoup les caractères extérieurs. L' oxygène, les acides, le soufre, l' arsenic, sont les minéralisateurs les plus ordinaires.

MINÉRALISATION. s. f.

MINÉRALISATION. s. f. T. de Chimie et de Minéralogie. Action, opération par laquelle les métaux se combinent avec les diverses substances qu' on nomme Minéralisateurs.

MINÉRALISER. v. a.

MINÉRALISER. v. a. T. de Chimie et de Minéralogie. Il se dit Des substances qui, se combinant avec les matières métalliques, en changent beaucoup les caractères extérieurs.

MINÉRALISÉ, ÉE. participe

MINÉRALISÉ, ÉE. participe Plomb minéralisé par le soufre.

MINÉRALOGIE. s. f.

MINÉRALOGIE. s. f. Partie de l' histoire naturelle qui traite des minéraux. Traité, ouvrage de minéralogie.

MINÉRALOGIQUE. adj.des deux genres

MINÉRALOGIQUE. adj.des deux genres Qui concerne la minéralogie. Carte minéralogique.

MINÉRALOGISTE. s. m.

MINÉRALOGISTE. s. m. Celui qui possède la science des minéraux. C' est un savant minéralogiste.

MINERVE. s. f.

MINERVE. s. f. Nom propre devenu nom commun dans le sens de Tête, de cervelle. Il a tiré cela de sa minerve. C' est tout ce que j' ai pu tirer de ma minerve. Il est familier.

MINET, ETTE. s.

MINET, ETTE. s. Petit chat, petite chatte. Le minet joue avec le chien. Voilà une jolie petite minette. Il est familier.

MINEUR. s. m.

MINEUR. s. m. Celui qui fouille la mine pour en tirer la matière minérale.

In signifie aussi, Celui qui est employé aux travaux des mines pratiquées pour l' attaque ou la défense des places. Attacher le mineur à un bastion. Le trou du mineur. Une compagnie de mineurs. Capitaine de mineurs. On emploie souvent les mineurs aux travaux des fortifications.

MINEUR, EURE. adj. comparatif

MINEUR, EURE. adj. comparatif Moindre, plus petit. On ne l' emploie en ce sens que dans les expressions ou dénominations suivantes:

En Géographie, L' Asie Mineure, Partie occidentale de l' Asie.

En Matière ecclésiastique, Les quatre ordres mineurs, ou substantivement, Les quatre mineurs, Les quatre petits ordres, qui sont ceux de portier, de lecteur, d' exorciste et d' acolyte. Excommunication mineure, Excommunication qui prive de la participation aux sacrements, et du droit de pouvoir être élu ou présenté à quelque bénéfice, à quelque dignité ecclésiastique; par opposition à Excommunication majeure.

Frères mineurs, Religieux nommés autrement Cordeliers.

En Musique, Tierce mineure, Tierce composée d' un ton et d' un semi-ton. Ré fa est une tierce mineure. On appelle également Sixte mineure, Un intervalle tel que celui de mi à ut, et Septième mineure, Un intervalle tel que celui de mi à ré. On appelle encore Ton ou mode mineur, Celui où la tierce et la sixte, au-dessus de la tonique, sont mineures. Ton de la, mode mineur. On dit dans le même sens, Un air en mineur; passer du mineur au majeur, du majeur au mineur: alors Mineur est employé substantivement.

MINEUR

MINEUR signifie aussi, en Jurisprudence, Qui n' a point atteint l' âge prescrit par les lois pour disposer de sa personne, de son bien. Enfant mineur. Fille mineure. En Normandie, on cessait d' être mineur à vingt ans et un jour. Le roi était alors mineur.

Il est aussi substantif dans le même sens. Un mineur. Faire le profit d' un mineur. Émanciper une mineure. C' est le droit des mineurs.

MINEURE. s. f.

MINEURE. s. f. T. de Logique. La seconde proposition d' un syllogisme. Nier, accorder, prouver, distinguer la mineure, une mineure.

MINEURE

MINEURE se dit aussi de La thèse que les étudiants en théologie soutenaient durant le cours de la licence, et dans laquelle il ne s' agissait ordinairement que de théologie positive. On appelait cet acte Mineure, parce que c' était le plus court de tous ceux qu' on soutenait pendant la licence. Soutenir une mineure. Faire sa mineure. On le nommait aussi Mineure ordinaire.

MINIATURE. s. f.

MINIATURE. s. f. (On prononce ordinairement Mignature.) Sorte de peinture délicate qui se fait à petits points ou à petits traits, avec des couleurs très-fines délayées à l' eau gommée. Portrait en miniature. Peintre en miniature. On pointille la miniature.

Il se dit quelquefois, figurément, Des ouvrages de littérature faits dans de petites proportions. C' est une histoire en miniature. Il a donné une description en miniature de toutes les parties du globe.

MINIATURE

MINIATURE signifie aussi, Un tableau, un portrait peint en miniature. Voilà une jolie miniature.

Il se dit, figurément, d' Un objet d' art de petite dimension, et travaillé avec délicatesse. Cette boîte est une vraie miniature.

Il se dit aussi d' Une personne petite et délicate. C' est une miniature, c' est une jolie petite miniature.

MINIATURISTE. s. m.

MINIATURISTE. s. m. Peintre en miniature. C' est un bon miniaturiste.

MINIÈRE. s. f.

MINIÈRE. s. f. La terre, le sable ou la pierre dans lesquels on trouve et d' où l' on tire un métal ou un minéral. Minière d' or. Il y a quantité de minières dans ce pays-là. Cela sort de la minière. Il y avait autrefois un surintendant des mines et minières de France.

MINIME. adj.des deux genres

MINIME. adj.des deux genres Très-petit, très-peu considérable. Objet minime, d' un intérêt minime, d' une valeur minime.

MINIME. s. f.

MINIME. s. f. Il se disait, dans l' ancienne Musique, de La note qu' on appelle aujourd' hui Blanche.

MINIME. s. m.

MINIME. s. m. Religieux de l' ordre de Saint-François de Paule. Couvent de minimes.

MINIMUM. s. m.

MINIMUM. s. m. (On prononce Minimome.) T. de Mathém. emprunté du latin. Le plus petit degré auquel une grandeur puisse être réduite.

Il se dit aussi, dans le langage ordinaire, et par opposition à Maximum, de La plus petite somme dans l' ordre des sommes dont il s' agit. Le minimum des pensions de ce grade est de cinq cents francs. Il n' a été condamné qu' au minimum de l' amende.

Il se dit aussi de La moindre des peines que la loi inflige pour un crime, pour un délit. On lui appliqua le minimum de la peine.

MINISTÈRE. s. m.

MINISTÈRE. s. m. L' emploi, la charge qu' on exerce. Satisfaire aux obligations, remplir les devoirs de son ministère. Cela n' est pas de mon ministère. Se bien acquitter de son ministère. Abuser de son ministère. La sainteté de son ministère était encore relevée par l' éclat de ses vertus.

Le ministère des autels, Le sacerdoce, les fonctions de prêtre. Se vouer au ministère des autels.

Par extension, Le ministère de la parole, de l' éloquence, Les fonctions qui exigent le talent de l' orateur, telles que celles d' avocat, de prédicateur, etc.

Ministère public, Magistrature établie près de chaque tribunal, pour y veiller au maintien de l' ordre public, et y requérir l' exécution et l' application des lois. La poursuite des crimes est réservée au ministère public. Le ministère public a soutenu l' accusation.

MINISTÈRE

MINISTÈRE signifie aussi, L' entremise de quelqu' un dans une affaire, le service qu' il rend à une autre personne dans quelque emploi, dans quelque fonction. Si vous avez besoin en cela de mon ministère, vous n' avez qu' à parler. Il nous a offert, il nous a prêté son ministère. Vous pouvez compter sur son ministère.

MINISTÈRE

MINISTÈRE signifie particulièrement, La fonction d' un ministre ayant un département, et Ce département même. Le ministère des affaires étrangères, des finances, de l' intérieur, de la guerre, de la marine. Les bureaux d' un ministère. Ces deux ministères ont été réunis en un seul.

Il signifie aussi, Le temps pendant lequel la personne dont on parle a été ministre. Il s' est fait de grandes choses sous son ministère, pendant son ministère. Le ministère du cardinal de Richelieu, du cardinal Mazarin.

Il se dit, par extension, Du lieu où sont établis les bureaux d' un ministère, de l' hôtel destiné à l' habitation d' un ministre. Je vais au ministère des finances, de la marine.

Il se dit, collectivement, Du corps des ministres ayant département. Le ministère était opposé à cette proposition. Le ministère a été changé en totalité. Entrer au ministère.

MINISTÉRIEL, ELLE. adj.

MINISTÉRIEL, ELLE. adj. Qui appartient, qui a rapport au ministère, qui est propre à un ministre. Politique ministérielle. Lettre, circulaire, opération ministérielle. C' est une tête ministérielle. Il affecte avec moi une réserve ministérielle, des airs ministériels.

Il signifie aussi, Qui est partisan du ministère, dévoué au ministère. Un député ministériel. Le parti ministériel. Journal ministériel. Dans cette acception, il est quelquefois employé comme substantif. C' est un ministériel.

Au Palais, Officiers ministériels, Officiers publics ayant qualité pour faire certains actes, tels que les notaires, les avoués, les huissiers, etc.

MINISTÉRIELLEMENT. adv.

MINISTÉRIELLEMENT. adv. Dans la forme ministérielle. Il m' a répondu ministériellement. Ce commis fait l' important; il répond à tout le monde ministériellement.

MINISTRE. s. m.

MINISTRE. s. m. Celui dont on se sert pour l' exécution de quelque chose. Dans cette acception, il n' est guère usité qu' au sens moral. Être le ministre des passions d' autrui, le ministre de ses volontés, de ses vengeances.

MINISTRE

MINISTRE se dit plus ordinairement de Ceux dont le prince a fait choix pour les charger des principales affaires de l' État, et pour en délibérer avec eux. Le roi l' a fait, l' a nommé ministre. Les ministres furent d' un avis unanime. Le ministre de l' intérieur, de la guerre, de la marine, des finances, des affaires étrangères, de la justice. Le ministre ayant le département de l' intérieur. Le ministre secrétaire d' État au département de l' intérieur. Ministre à portefeuille. Président du conseil des ministres. Le premier ministre de telle cour.

Ministres d' État, ministres sans portefeuille, Ministres qui n' ont pas de département, et qui ne sont appelés que pour le conseil.

MINISTRE

MINISTRE se dit aussi Des ambassadeurs, des hauts agents diplomatiques, envoyés par les princes dans les cours étrangères. Les ministres étrangers jouissent de certains priviléges dans les cours où ils sont.

Ministre plénipotentiaire, Celui qui a un plein pouvoir pour traiter quelque affaire importante.

Les ministres de Dieu, de la parole de Dieu, de JÉSUS-CHRIST, de l' Évangile, de la religion; les ministres des autels, Les prêtres en général.

Parmi les Luthériens et les Calvinistes, Ministre du saint Évangile, ou Ministre de la parole de Dieu, ou simplement Ministre, Celui qui fait le prêche. Les ministres calvinistes, luthériens, protestants, anglicans.

MINIUM. s. m.

MINIUM. s. m. (On prononce Miniome.) T. de Chimie. Plomb uni à l' oxygène, oxyde rouge de plomb. Le minium s' obtient par la calcination du plomb dans un four.

MINOIS. s. m.

MINOIS. s. m. Visage d' une jeune personne plus jolie que belle. Cette jeune fille a un joli minois, un joli petit minois. Il est familier.

MINON. s. m.

MINON. s. m. Nom que les femmes et les enfants donnent quelquefois aux chats, quand ils les appellent.

MINORATIF. s. m.

MINORATIF. s. m. T. de Médec. et de Pharm. Remède qui purge doucement. La casse est un minoratif.

Il s' emploie aussi adjectivement. Purgatif, remède minoratif.

MINORITÉ. s. f.

MINORITÉ. s. f. Le petit nombre, par opposition à Majorité. La minorité des voix, des suffrages, des votants. La minorité des Français.

Minorité d' une assemblée, La partie la moins nombreuse, qui combat certaines opinions, certaines mesures préférées par la partie la plus nombreuse. Il était de l' avis de la minorité. La minorité a gagné quelques voix. Les ennemis du ministère sont en minorité, en faible minorité dans cette assemblée.

MINORITÉ

MINORITÉ signifie aussi, L' état d' une personne mineure. Le privilége de la minorité est de faire déclarer nuls tous les actes que le mineur a faits à son préjudice.

Il signifie aussi, Le temps pendant lequel on est mineur. Cela est arrivé pendant sa minorité. Durant la minorité du prince.

Il se dit, absolument, de La minorité des souverains. Durant la dernière minorité. Les minorités sont ordinairement des temps de troubles.

MINOT. s. m.

MINOT. s. m. Ancienne mesure de capacité, qui contenait la moitié d' une mine. Étalonner un minot. Le minot de Paris contenait un pied cube.

Il signifie aussi, Ce qui est contenu dans le minot. Un minot de sel, de blé, d' avoine, de charbon, de chaux.

Prov. et pop., Nous ne mangerons pas un minot de sel ensemble, Nous ne serons pas longtemps unis.

MINUIT. s. m.

MINUIT. s. m. Le milieu de la nuit. Allez vous coucher, il est minuit. Minuit est sonné. En plein minuit. Jusqu' à minuit. Sur le minuit. Vers minuit. La messe de minuit. À minuit et demi. À minuit un quart. À l' heure de minuit. Minuit sonnant.

MINUSCULE. adj.des deux genres

MINUSCULE. adj.des deux genres Il n' est usité que dans ces expressions, Lettre minuscule, caractère minuscule, Petite lettre.

Il est aussi substantif féminin, et se dit Des petites capitales, par opposition à Majuscules ou Grandes capitales.

MINUTE. s. f.

MINUTE. s. f. Petite portion de temps, qui forme la soixantième partie d' une heure. L' heure est composée de soixante minutes. La minute contient soixante secondes. Une minute et deux secondes. Une minute et demie. Une demi-minute. Un quart de minute. Il a fait ce trajet en cinq minutes. Compter les heures et les minutes. Quand on attend impatiemment des nouvelles, on compte jusqu' aux minutes.

MINUTE

MINUTE se prend souvent, dans la conversation, pour Un court espace de temps, qui n' est pas déterminé d' une manière précise. Il n' y a qu' une minute qu' il est parti. Je reviens dans une minute. Je suis à vous dans la minute. Je ne serai absent qu' une minute.

Fam., C' est un homme à la minute, il est à la minute, Il est d' une grande exactitude.

Côtelettes à la minute, Côtelettes grillées promptement et servies sur-le-champ.

MINUTE

MINUTE en termes d' Astronomie et de Géographie, signifie, La soixantième partie de chaque degré d' un cercle. Le diamètre du soleil se voit sous un angle de trente-deux minutes en hiver, et de trente et une en été. La terre, dans son mouvement diurne, fait quinze minutes de degré en une minute de temps.

MINUTE. s. f.

MINUTE. s. f. Lettre, écriture extrêmement petite. Écrire en minute.

Il signifie aussi, L' original, le brouillon de ce qu' on écrit d' abord pour en faire ensuite une copie, et le mettre plus au net. Faire la minute d' une lettre. Il ne fait point de minute de ses lettres, il n' en garde point les minutes.

Il se dit plus particulièrement de L' original des actes, qui demeure chez les notaires, et sur lequel s' expédient les copies qu' on appelle Grosses et Expéditions. La minute de ce contrat est chez le notaire un tel. La minute lui en est demeurée. C' est lui qui en garde la minute. Délivrer une grosse en parchemin sur la minute. On prétendait qu' il y avait une omission dans la grosse, il fallut avoir recours à la minute. Toutes les minutes doivent être sur papier timbré.

Il signifie aussi, L' original des sentences, des arrêts, des procès-verbaux qui demeurent au greffe. La minute d' une sentence, d' un arrêt, d' un rapport d' experts.

MINUTER. v. a.

MINUTER. v. a. Faire la minute d' un écrit qu' on se propose de mettre ensuite au net. Avez-vous minuté cet acte comme on vous a dit? Minuter une dépêche.

Il signifie, figurément et familièrement, Projeter quelque chose pour l' accomplir bientôt. Il minute son départ, sa retraite. Il minutait de s' en aller. Il minute quelque chose. Il y a longtemps qu' il minutait de faire ce qu' il a fait. Dans ce sens, il est peu usité.

MINUTÉ, ÉE. participe

MINUTÉ, ÉE. participe

MINUTIE. s. f.

MINUTIE. s. f. (On prononce Minucie.) Bagatelle, chose frivole, et de peu de conséquence. Il ne faut pas s' arrêter à des minuties. Ce sont des minuties grammaticales qui ne valent pas la peine qu' on y fasse attention. Ce que vous dites là est une minutie, n' est qu' une pure minutie.

MINUTIEUSEMENT. adv.

MINUTIEUSEMENT. adv. D' une manière minutieuse. Observer, relever minutieusement les fautes d' un ouvrage.

MINUTIEUX, EUSE. adj.

MINUTIEUX, EUSE. adj. Qui s' attache aux minuties, qui s' en occupe, et y donne trop d' attention. C' est un homme bien minutieux. Esprit minutieux.

Il se dit aussi Des choses. Recherches minutieuses. Soins minutieux. Attention, exactitude minutieuse.

MI-PARTI, IE. adj.

MI-PARTI, IE. adj. Composé de deux parties égales, mais dissemblables. Robe mi-partie d' écarlate et de velours noir, de blanc et de noir. Les échevins avaient des robes mi-parties. En termes de Blason, Écu mi-parti.

MI-PARTI

MI-PARTI signifie, au sens moral, Partagé en deux moitiés égales ou à peu près égales. Les avis sont mi-partis. L' opinion est mi-partie. Les électeurs étaient mi-partis.

Chambres mi-parties, Chambres instituées par l' édit de Nantes, et ainsi nommées parce qu' elles étaient composées, par moitié, de juges catholiques et de juges protestants. Louis XIV supprima toutes les chambres mi-parties.

MIQUELET. s. m.

MIQUELET. s. m. Il se disait autrefois de Bandits espagnols qui vivaient dans les Pyrénées, principalement sur les frontières de la Catalogne et de l' Aragon. Les miquelets étaient fort à craindre pour les voyageurs. L' Espagne avait un corps de miquelets dans ses troupes.

Il se dit aujourd' hui de Soldats qui forment la garde particulière des capitaines généraux, ou gouverneurs de province, en Espagne.

MIRABELLE. s. f.

MIRABELLE. s. f. Espèce de petite prune ronde, de couleur jaune. Mirabelle double ou dorée. Mirabelle commune.

MIRACLE. s. m.

MIRACLE. s. m. Acte de la puissance divine, contraire aux lois connues de la nature. Vrai, faux miracle. Miracle avéré. Le don des miracles. Opérer des miracles. Il a échappé à la mort comme par miracle.

Il se dit, par exagération, d' Une chose extraordinaire, d' une chose qui devait naturellement arriver, et qui cependant n' est pas arrivée. C' est un miracle qu' il n' ait pas été tué dans cette bataille. C' est un miracle qu' il se soit sauvé d' un si grand péril. C' est un miracle qu' il soit venu si vite, qu' il ait achevé si promptement cet ouvrage.

Il se dit aussi de Tout ce qui fait naître l' étonnement, l' admiration. Cette femme est un miracle de la nature, un miracle de beauté. Cette machine est un miracle de l' art.

Fam., C' est un miracle de vous voir, se dit A une personne qu' on n' avait pas vue depuis longtemps.

Fam., Il faut crier miracle, se dit Quand quelqu' un fait une chose qu' il n' a pas coutume de faire, qui est opposée à ses habitudes, à son caractère.

Fam., Voilà un beau miracle, se dit ironiquement À quelqu' un qui se vante d' une chose fort ordinaire; et, Vous avez fait là un beau miracle, À celui qui a fait une action maladroite.

Fam., Faire des miracles en quelque occasion, Se signaler, se distinguer en quelque occasion.

Fam., Cela se peut sans miracle, Cela est très-aisé. On dit aussi À une personne qui se vante après avoir fait une chose fort aisée, Il n' y a pas là de quoi crier miracle.

À MIRACLE. loc. adv.

À MIRACLE. loc. adv. Parfaitement bien. Cela est fait à miracle. La commission était difficile, il s' en est acquitté à miracle. Il est familier.

MIRACULEUSEMENT. adv.

MIRACULEUSEMENT. adv. D' une manière miraculeuse, d' une manière surprenante, d' une manière admirable. Saint Pierre fut délivré miraculeusement de ses liens par un ange. Cet homme échappa miraculeusement du naufrage. Cet ouvrage est travaillé miraculeusement.

MIRACULEUX, EUSE. adj.

MIRACULEUX, EUSE. adj. Qui s' est fait par miracle, qui tient du miracle. Effet, événement, fait miraculeux. Chose miraculeuse. On peut dire que sa guérison est miraculeuse.

Il signifie aussi, Surprenant, merveilleux, admirable. Ouvrage miraculeux. Action miraculeuse.

Il s' applique quelquefois Aux personnes, dans les deux sens. L' enfant miraculeux né pour la rédemption du genre humain. On trouve ce médecin miraculeux, mais je le crois un charlatan.

MIRAGE. s. m.

MIRAGE. s. m. Phénomène qui est l' effet de la réfraction, et qui fait paraître au-dessus de l' horizon les objets qui n' y sont pas. Dans la basse Égypte, le phénomène du mirage donne souvent à une plaine de sable l' apparence d' une grande étendue d' eau.

MIRE. s. f.

MIRE. s. f. Espèce de bouton placé vers le bout d' un fusil, d' un canon, et qui sert à mirer. La mire d' un canon, d' un fusil.

Ce canonnier prend sa mire, Il pointe le canon, et prend sa visée pour faire que le coup porte où il veut.

Point de mire, L' endroit où l' on veut que le coup porte.

Fig., Point de mire, But auquel on tend. Cette dignité est le point de mire de beaucoup d' ambitieux.

Coins de mire, Morceaux de bois qui servent à hausser ou à baisser un canon, un mortier.

MIRÉ. adj. m.

MIRÉ. adj. m. T. de Chasse. Il n' est usité que dans cette locution, Sanglier miré, Vieux sanglier dont les défenses sont recourbées en dedans.

MIRER. v. a.

MIRER. v. a. Viser, regarder avec attention l' endroit où l' on veut que porte le coup d' une arme à feu, d' une arbalète, etc. Mirer le but. Mirer son gibier. Il s' emploie aussi absolument. Après avoir bien miré, il n' approcha pas seulement du but.

Mirer des oeufs, Les regarder, en les plaçant entre son oeil et le jour, pour s' assurer qu' ils sont frais.

Fig. et fam., Mirer une place, un emploi, Y aspirer, y viser.

MIRER

MIRER s' emploie aussi avec le pronom personnel, et signifie alors, Se regarder dans un miroir ou dans quelque autre chose qui renvoie l' image des objets qu' on lui présente. Se mirer dans l' eau. Mirez-vous. Après qu' elle se fut longtemps mirée.

Par exagérat., On se mirerait dans ce parquet, Il est fort uni et fort luisant. On se mire dans cette vaisselle, Elle est très-nette et très-claire.

Fig. et fam., Se mirer dans son ouvrage, Regarder son ouvrage avec complaisance.

Prov. et fig., Se mirer dans ses plumes, Faire paraître une grande complaisance pour sa beauté et pour sa parure.

MIRÉ, ÉE. participe

MIRÉ, ÉE. participe

MIRLIFLORE. s. m.

MIRLIFLORE. s. m. Jeune homme qui fait l' agréable, le merveilleux. Il est familier.

MIRLIROT. s. m.

MIRLIROT. s. m. Voyez MÉLILOT.

MIRLITON. s. m.

MIRLITON. s. m. Espèce de flûte très-simple, formée d' un roseau bouché par les deux bouts, avec une pelure d' ognon ou avec un morceau de baudruche. Les enfants jouent du mirliton.

MIRMIDON. s. m.

MIRMIDON. s. m. (Quelques-uns, pour se conformer à l' étymologie, écrivent, Myrmidon.) Nom de peuple qui est devenu un nom appellatif, par lequel on désigne avec mépris, avec raillerie, Un jeune homme de très-petite taille. Voilà un plaisant mirmidon.

Il se dit, figurément, de Ceux qui ont des prétentions exagérées et ridicules, qui font de vains efforts pour paraître supérieurs aux autres et à eux-mêmes. Des mirmidons en littérature. Ces mirmidons prononcent sur ce qu' ils n' entendent pas. Il est familier dans ses deux acceptions.

MIROIR. s. m.

MIROIR. s. m. Glace de verre ou de cristal, qui, étant enduite par derrière avec une feuille d' étain et du mercure, réfléchit l' image des objets qu' on lui présente. Grand miroir. Miroir de toilette, de poche. Miroir de cristal de roche. Bordure de miroir. Glace de miroir. Miroir de Venise. Se regarder dans un miroir. S' ajuster au miroir. Un miroir qui flatte, qui enlaidit, qui n' est pas fidèle. Cette femme est sans cesse devant son miroir. Dès que cette femme arrive quelque part, elle court au miroir.

Il se dit aussi de Tout corps poli qui, ne donnant point passage à la lumière, la réfléchit, et renvoie l' image des objets. Les anciens avaient des miroirs d' airain. Plusieurs des miroirs qui servent aux expériences de catoptrique sont de métal. Ce ruisseau, cette rivière lui offrait le miroir de ses eaux.

MIROIR

MIROIR se dit, figurément et au sens moral, de Ce qui représente une chose et la met en quelque sorte devant nos yeux. Cet homme est un miroir de vertu, de patience. Le théâtre, la comédie est un miroir où nous nous voyons souvent sans nous reconnaître. La satire présente son miroir aux hommes pour les faire rougir de leurs vices. Les yeux sont le miroir de l' âme. C' est vainement qu' on offre à des hommes prévenus le miroir de la vérité.

Miroir ardent, Sorte de miroir, soit de verre, soit de métal, qui, étant exposé au soleil, en rassemble tellement les rayons dans un point appelé le foyer, qu' il brûle, presque en un moment, ce qui lui est présenté.

En termes de Catoptrique, Miroir convexe, concave, prismatique, pyramidal, parabolique, cylindrique, conique, miroir à facettes, etc., Miroir dont les formes diverses sont indiquées par leurs noms mêmes, et qui altèrent différemment la forme apparente des objets.

OEufs au miroir, OEufs qu' on fait cuire sur un plat enduit de beurre, sans les brouiller, et qu' on nomme aussi OEufs sur le plat.

MIROIR

MIROIR en termes de Chasse, Instrument monté sur un pivot et garni de petits morceaux de miroir, qui tourne au moyen d' un ressort, et qu' on expose au soleil, pour attirer par son éclat des alouettes et d' autres petits oiseaux. Prendre ou tirer des alouettes au miroir.

MIROIR

MIROIR en termes de Marine, Le cadre ou cartouche de menuiserie, placé à l' arrière du vaisseau, et chargé des armes du roi, quelquefois aussi de la figure qui donne son nom au vaisseau. Il est vieux en ce sens: on dit aujourd' hui, Tableau.

MIROIR

MIROIR en termes d' Eaux et Forêts, se dit Des places entaillées sur le tronc d' un arbre, et marquées avec le marteau.

MIROITÉ, ÉE. adj.

MIROITÉ, ÉE. adj. Il se dit D' un cheval dont le poil véritablement bai présente des marques plus brunes ou plus claires qui rendent sa croupe en quelque façon pommelée, et qui la différencient en partie du fond de la robe. Cheval bai miroité. On dit aussi, Bai à miroir.

MIROITERIE. s. f.

MIROITERIE. s. f. Commerce de miroirs.

MIROITIER. s. m.

MIROITIER. s. m. Marchand qui fait, répare et vend des miroirs.

MIROTON. s. m.

MIROTON. s. m. T. de Cuisine. Mets composé de tranches de boeuf déjà cuites, qu' on assaisonne de différentes manières.

MISAINE. s. f.

MISAINE. s. f. T. de Mar. Il se dit Du mât d' avant, du mât qui est près du mât de beaupré; il se dit aussi Des objets qui en dépendent. Le mât de misaine. La voile de misaine, ou simplement, La misaine. La vergue de misaine. La hune de misaine.

MISANTHROPE. s. m.

MISANTHROPE. s. m. Celui qui hait les hommes. Timon d' Athènes était un véritable misanthrope.

Il se dit particulièrement d' Un homme bourru, chagrin, ennemi du commerce des autres hommes. C' est un misanthrope, un vrai misanthrope. La comédie du Misanthrope.

Il s' emploie quelquefois adjectivement. Il devient chaque jour plus misanthrope. Esprit misanthrope.

MISANTHROPIE. s. f.

MISANTHROPIE. s. f. Haine des hommes, et, plus particulièrement, Caractère d' un homme bourru, chagrin, ennemi du commerce des autres hommes. Sa misanthropie le porte à désapprouver tout ce qui se fait.

MISANTHROPIQUE. adj.des deux genres

MISANTHROPIQUE. adj.des deux genres Qui naît de la misanthropie, qui en a le caractère. Réflexion misanthropique. Chagrin misanthropique. Humeur misanthropique.

MISCELLANÉES. s. m. pl.

MISCELLANÉES. s. m. pl. Mot formé du latin. Recueil de différents ouvrages de science, de littérature, qui n' ont quelquefois aucun rapport entre eux. Cet auteur a donné d' excellents miscellanées. On dit plus ordinairement, Miscellanea ou Mélanges.

MISCIBILITÉ. s. f.

MISCIBILITÉ. s. f. T. didact. Qualité de ce qui peut se mêler, s' allier. La miscibilité des métaux.

MISCIBLE. adj.des deux genres

MISCIBLE. adj.des deux genres T. didact. Qui a la propriété de se mêler avec quelque chose. L' huile n' est point miscible avec l' eau.

MISE. s. f.

MISE. s. f. Ce qu' on met, soit dans une société de commerce, soit au jeu. Sa mise dans cette affaire est de cent cinquante mille francs. Il a fait à la loterie une mise de deux cents francs. Nous jouons petit jeu, la mise n' est que de cinq francs. Retirer sa mise. Doubler sa mise.

Il se dit également pour Enchère. La dernière mise est à tant. Ma mise a couvert la sienne.

Il signifie aussi, L' emploi de l' argent qu' on a reçu, qu' on a dépensé, et L' état que l' on en dresse dans un compte. La mise excède la recette. La mise doit tant à la recette. Toute la mise monte à tant. Il est vieux dans cette acception.

MISE

MISE se dit encore Du débit, du cours de la monnaie. En ce sens, on ne l' emploie guère que dans les locutions suivantes: Monnaie, argent de mise.

Ces espèces-là ne sont plus de mise, N' ont plus de cours, ne sont plus de débit.

Fig. et fam., Cet homme est de mise, Il est fait pour la bonne compagnie, on peut le présenter partout.

Fig. et fam., Cette raison, cette excuse n' est pas de mise, Cette raison n' est pas valable, cette excuse n' est pas recevable. Cette étoffe n' est pas de mise, n' est plus de mise, Elle n' est plus de mode; ou bien, La saison de la porter est passée.

MISE

MISE signifie aussi, Manière de se mettre, de se vêtir. Avoir une mise décente, négligée, élégante.

En Jurisprud., Mise en possession, Formalité juridique par laquelle on est mis en possession d' un bien.

Mise en accusation, en jugement, Décision par laquelle on met un prévenu en accusation, un accusé en jugement.

Mise en liberté, Décision par laquelle le prévenu ou l' accusé est mis en liberté.

Mise en scène, Les préparatifs, les soins qu' exige la représentation d' une pièce de théâtre. La mise en scène de cette pièce a coûté beaucoup d' argent.

Mise en vente, L' action de mettre quelque chose en vente. Depuis la mise en vente de cet ouvrage, on en a déjà débité mille exemplaires.

En termes de Commerce, Mise hors, Argent déboursé, avancé pour les frais d' une entreprise. Sa mise hors ne sera couverte que lorsque sa manufacture sera en activité.

Mise en oeuvre, L' action de mettre en oeuvre une matière quelconque. Il était aisé de rassembler les matériaux, c' est la mise en oeuvre qui était difficile.

En Imprim., Mise en pages, L' action de rassembler les paquets de composition pour en faire des pages et des feuilles. Il est chargé de la mise en pages. On appelle, dans le même Art, Mise en train, L' action de tout disposer pour le tirage d' une forme.

MISÉRABLE. adj.des deux genres

MISÉRABLE. adj.des deux genres Malheureux, qui est dans la misère, dans la souffrance. Cet homme, cette famille est bien misérable. Être réduit à un état misérable. C' est une misérable condition que celle de l' homme. Il mène une vie, il a une existence bien misérable. Son sort est misérable.

Faire une fin misérable, Mourir dans la misère, ou Périr d' une manière très-fâcheuse.

MISÉRABLE

MISÉRABLE signifie aussi, Méchant. Il faut être bien misérable pour faire une telle action.

Il signifie également, Qui est fort mauvais dans son genre. Toutes les raisons qu' il allègue sont misérables. Il a fait un discours, une pièce misérable. Un livre, un auteur misérable. Une santé misérable.

Il s' emploie aussi comme un terme de mépris. Se tourmenter pour de misérables honneurs. Il n' a qu' un misérable cheval dans son écurie. Il n' est couvert que d' une misérable redingote.

MISÉRABLE

MISÉRABLE est quelquefois substantif, et signifie alors, Celui qui est dans la misère. Assister, secourir les misérables. Avoir pitié des misérables. Sécher les pleurs des misérables.

Par injure, C' est un misérable, ce n' est qu' un misérable, C' est un homme de néant, ou C' est un très-malhonnête homme. Dans ce dernier sens, on dit quelquefois, C' est un grand misérable. On dit aussi D' un enfant, d' un jeune homme vicieux, C' est un petit misérable; et D' une femme décriée pour sa mauvaise conduite, C' est une misérable.

MISÉRABLEMENT. adv.

MISÉRABLEMENT. adv. D' une manière misérable. Vivre misérablement. Finir misérablement. Écrire misérablement.

MISÈRE. s. f.

MISÈRE. s. f. État malheureux, condition malheureuse, extrême indigence, privation des choses nécessaires à la vie. Grande, profonde misère. Il est tombé, plongé dans la misère. Il est au comble de la misère, dans la dernière misère, dans une extrême misère. Il est mort de faim et de misère, de pure misère. Être sensible aux misères d' autrui. Il y a des misères qui font saigner le coeur. La vie est pleine de misères. Les misères de la vie. Ce monde est une vallée de misères. Quand verrons-nous la fin de nos misères?

Il sert particulièrement à exprimer La faiblesse et le néant de l' homme. Ce qui nous paraît de plus grand dans le monde n' est que misère et que vanité. On n' est jamais content de son état: rien ne marque davantage la misère de l' homme.

MISÈRE

MISÈRE signifie aussi, Peine, difficulté, gêne. C' est une grande misère que les procès. C' est une misère que d' avoir affaire à lui.

Fig. et fam., Collier de misère, Travail pénible, qu' on ne peut interrompre que pour le reprendre bientôt. Le voilà nommé à un emploi bien assujettissant, il va prendre le collier de misère. Les vacances sont finies, il faut reprendre le collier de misère.

La misère du temps, des temps, Le mauvais état des affaires. Il ne vend rien, c' est la misère du temps qui en est la cause.

MISÈRE

MISÈRE signifie encore, Bagatelle, chose de peu d' importance et de valeur. Ne vous inquiétez pas de cela, c' est une misère, ce n' est qu' une misère. Il s' est fâché pour une misère. On ne lui reproche que des misères. Je suis un peu souffrant, mais ce ne sont que des misères. Il a l' air de se bien porter, mais il a toujours quelques misères. Il ne nous a dit que des misères.

MISÉRÉRÉ. s. m.

MISÉRÉRÉ. s. m. T. de Lit. cathol. Le psaume cinquantième, qui commence en latin par ces mots, Miserere mei, Domine (Ayez pitié de moi, Seigneur). Dire un miséréré, le miséréré.

MISÉRÉRÉ

MISÉRÉRÉ se dit aussi, vulgairement, d' Une sorte de colique très-violente et très-dangereuse, dans laquelle on rend les excréments par la bouche. Le miséréré emporte un homme en peu de temps. Avoir le miséréré. Une colique de miséréré. Il est mort d' un miséréré.

MISÉRICORDE. s. f.

MISÉRICORDE. s. f. Vertu qui porte à avoir compassion des misères d' autrui, et à les soulager. Pratiquer, exercer la miséricorde, les oeuvres de miséricorde. C' est un homme sans miséricorde. Il n' a pas de miséricorde. Il n' a de miséricorde envers personne, pour personne.

Il signifie aussi, La grâce, le pardon accordé à ceux qu' on pourrait punir. Demander miséricorde. Crier miséricorde. Implorer la miséricorde du prince. Faire miséricorde. Il ne leur a fait aucune miséricorde. Obtenir miséricorde. Il ne mérite point de miséricorde.

La miséricorde de Dieu, la miséricorde divine, Bonté par laquelle Dieu fait grâce aux hommes, aux pécheurs. On dit de même: C' est une grande miséricorde que Dieu nous a faite. Il faut espérer que Dieu nous fera miséricorde, nous recevra dans sa miséricorde. Chanter les miséricordes de Dieu. Etc.

Préférant miséricorde à justice. Formule usitée dans les lettres de rémission, et dans celles d' abolition.

Prov., À tout péché miséricorde, signifie tantôt, Il faut avoir de l' indulgence; tantôt, Espérez votre pardon.

Être à la miséricorde de quelqu' un, Dépendre absolument de la pitié de quelqu' un, dans une circonstance où l' on a besoin qu' il fasse grâce.

Se remettre, s' abandonner à la miséricorde de quelqu' un, Se remettre, s' abandonner à sa merci, à sa discrétion.

MISÉRICORDE

MISÉRICORDE se dit quelquefois, par exclamation, et pour marquer une extrême surprise. Miséricorde! il va se tuer, s' il fait cela. On crie, À l' aide, miséricorde! quand on est battu, outragé, et qu' on demande du secours.

Fam., Crier miséricorde, se dit De quelqu' un qui souffre de violentes douleurs, et qui pousse de grands cris.

MISÉRICORDE

MISÉRICORDE signifie aussi, Une petite saillie de bois attachée sous le siége d' une stalle, et sur laquelle on peut être en quelque manière assis, lorsque le siége est levé.

MISÉRICORDIEUSEMENT. adv.

MISÉRICORDIEUSEMENT. adv. Avec miséricorde. Dieu reçoit miséricordieusement les pécheurs qui reviennent à lui.

MISÉRICORDIEUX, EUSE. adj.

MISÉRICORDIEUX, EUSE. adj. Qui a de la miséricorde, qui est enclin à la miséricorde. Dieu est miséricordieux, est miséricordieux envers les pécheurs. On l' emploie quelquefois substantivement. L' Évangile dit: Bienheureux sont les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.

MISSEL. s. m.

MISSEL. s. m. Livre qui contient les prières, le canon et les cérémonies de la messe. Missel romain, parisien. Missel à l' usage du diocèse de Paris.

MISSION. s. f.

MISSION. s. f. Charge, pouvoir qu' on donne à quelqu' un d' aller faire quelque chose. Il a reçu sa mission. Ce n' est pas de moi que vous devez attendre, que vous devez recevoir votre mission. Où est votre mission? Avez-vous mission pour parler, pour agir ainsi? Qui vous a donné mission pour cela? Vous agissez sans mission. Il a mal rempli sa mission.

Il s' emploie particulièrement en parlant Des choses qui regardent la religion, la prédication de l' Évangile, et la discipline ecclésiastique. La mission des apôtres vient de JÉSUS-CHRIST même. Il agit en vertu de la mission apostolique qu' il a reçue. Il a demandé, il a obtenu la mission de son supérieur.

Prov. et fig., Prêcher sans mission, N' être pas autorisé à dire ou à faire ce qu' on dit ou ce qu' on fait.

MISSION

MISSION se dit collectivement Des prêtres, séculiers ou réguliers, employés dans quelques pays, soit pour la conversion des infidèles, soit pour l' instruction des chrétiens. On envoya une mission dans les Indes. La mission de la Chine. La mission y a fait de grands fruits, a fait de grandes conversions. Il est arrivé une mission dans la ville.

Il signifie aussi, Une suite de prédications, de catéchismes et de conférences que les missionnaires font en quelque endroit, soit pour la conversion des infidèles, soit pour l' instruction des chrétiens. Faire une mission. Faire la mission. Il a fait longtemps la mission dans telle ville, dans telle paroisse. On l' a envoyé en mission. La mission a duré deux mois.

Pères de la Mission, Congrégation de prêtres réguliers qui vivent en communauté sous un supérieur général, et dont l' institution a principalement pour objet la prédication dans les campagnes. On les appelle autrement Lazaristes. Le supérieur général de la Mission. Le général de la Mission.

MISSION

MISSION s' est dit aussi de La maison où demeuraient les Pères de la Mission. Il est allé à la Mission. Il est en retraite à la Mission.

Prêtres des Missions étrangères, Prêtres séculiers qui vivent en communauté sous un supérieur général, et dont l' institution est d' aller prêcher l' Évangile dans les Indes. On appelle, à Paris, Séminaire des Missions étrangères, ou simplement, Missions étrangères, La maison où ces prêtres demeurent. Il loge aux Missions étrangères.

MISSIONNAIRE. s. m.

MISSIONNAIRE. s. m. Celui qui est employé aux missions pour la conversion ou pour l' instruction des peuples. Les missionnaires ont fait des conversions dans les Indes. Il y a des missionnaires dans cette province, dans cette paroisse. C' est un missionnaire fort zélé. Cet orateur a une éloquence de missionnaire.

Il se disait plus particulièrement autrefois Des Pères de la Mission. Les missionnaires sont établis en tel endroit. Ce sont les missionnaires qui desservent cette cure.

MISSIVE. adj. f.

MISSIVE. adj. f. qui signifie, Destinée à être envoyée. Il n' est usité que dans cette locution, Lettre missive.

Il s' emploie plus ordinairement comme substantif. Il m' a écrit une longue missive. Vous recevrez une missive qui vous instruira de tout. Il est familier.

MISTRAL. s. m.

MISTRAL. s. m. Nom que, dans les provinces de France voisines de la Méditerranée, on donne au vent de nord-ouest. Quelques-uns disent et écrivent, Maëstral.

MITAINE. s. f.

MITAINE. s. f. Sorte de gant de laine, de soie ou de peau, où la main entre tout entière, sans qu' il y ait de séparation pour les doigts, excepté pour le pouce. Une paire de mitaines.

Il se dit aussi d' Une sorte de petits gants de femme, qui ne couvrent que le dessus des doigts. Mitaines de soie.

Il se dit, figurément et familièrement, au pluriel, pour Précautions, soins, ménagements. Cela ne se prend pas sans mitaines. On ne peut toucher à cela qu' avec des mitaines. Il faut y aller avec des mitaines. J' ai été obligé de prendre des mitaines pour lui parler, pour l' avertir de son erreur.

Fig. et pop., Onguent miton mitaine, Remède qui ne fait ni bien ni mal. Ce que vous proposez là pour le guérir n' est que de l' onguent miton mitaine. Il signifie aussi, Expédient inutile que l' on propose dans quelque affaire que ce soit. On dit dans le même sens, Ce sont là des mitaines à quatre pouces.

MITE. s. f.

MITE. s. f. Petit insecte sans ailes et à huit pattes, dont une espèce, presque imperceptible, s' engendre dans le fromage. Ce fromage est plein de mites.

MITHRIDATE. s. m.

MITHRIDATE. s. m. Drogue composée, que l' on dit être de l' invention de Mithridate, et à laquelle on attribue des vertus antivénéneuses. Prendre du mithridate.

Vendeur de mithridate, Charlatan; et, figurément et familièrement, Homme qui parle avec jactance, qui promet beaucoup et ne tient rien.

MITIGATION. s. f.

MITIGATION. s. f. Adoucissement. La règle de cet ordre avait besoin de mitigation. Il faudrait apporter à cette loi quelque mitigation. La mitigation des peines.

MITIGER. v. a.

MITIGER. v. a. Adoucir, rendre plus aisé à supporter, à subir, à pratiquer. Mitiger une règle trop austère. Mitiger une loi, un jugement, une peine.

Mitiger une assertion, une proposition, La rendre moins absolue, y apporter quelque modification. Cette assertion a besoin d' être mitigée, demande à être mitigée.

MITIGÉ, ÉE. participe

MITIGÉ, ÉE. participe Peine mitigée.

Morale mitigée, Morale relâchée.

Ordres mitigés, Ceux qui vivent sous une règle moins austère et moins pénible que celle de leur première institution.

MITON. s. m.

MITON. s. m. Sorte de gant sans main ni doigt qui ne sert qu' aux femmes, et ne leur couvre que l' avant-bras. Miton de laine, de soie.

Onguent miton mitaine. Voyez MITAINE.

MITONNER. v. n.

MITONNER. v. n. Il se dit Du pain qu' on laisse tremper longtemps dans le bouillon sur le feu, avant de servir le potage. Le potage mitonne. Il faut le laisser mitonner quelque temps. Faire mitonner la soupe.

Il s' emploie quelquefois avec le pronom personnel, dans le même sens. La soupe se mitonne.

MITONNER

MITONNER est aussi actif, et signifie familièrement, Dorloter, prendre un grand soin de tout ce qui regarde la santé et les aises d' une personne. Il a une femme qui a un grand soin de lui, et qui le mitonne extrêmement. Il aime qu' on le mitonne.

Il s' emploie également avec le pronom personnel, dans la même acception. C' est un homme qui aime à se mitonner.

Fig. et fam., Mitonner quelqu' un, Ménager adroitement son esprit, dans des vues intéressées. C' est un homme qui peut leur être utile, ils le mitonnent avec soin. On dit aussi, Je vous ai mitonné cette ressource, ce protecteur, Je vous les ai ménagés par mes soins.

Fig. et fam., Mitonner une affaire, La disposer et la préparer doucement, pour la faire réussir quand il en sera temps.

MITONNÉ, ÉE. participe

MITONNÉ, ÉE. participe

MITOYEN, ENNE. adj.

MITOYEN, ENNE. adj. Qui est au milieu, qui tient le milieu, qui est entre deux choses. Espace mitoyen. Il s' emploie plus ordinairement dans les locutions suivantes:

Mur mitoyen, Mur qui appartient aux deux propriétés contiguës dont il forme la séparation. On dit de même, Fossé mitoyen, haie mitoyenne.

Puits mitoyen, Puits pratiqué sur la limite commune de deux propriétés contiguës, et qui est à l' usage de l' une et de l' autre.

Cloison mitoyenne, Cloison qui est commune à deux chambres, et qui les sépare.

Dents mitoyennes d' un cheval, Celles qui sont entre les pinces et les coins.

MITOYEN

MITOYEN au sens moral, signifie, Qui est placé entre deux choses extrêmes ou opposées, et qui tient un peu de l' une et de l' autre. On a ouvert un avis mitoyen pour tout concilier. Il a pris un parti mitoyen. Quelquefois les partis mitoyens sont les plus mauvais en affaires. La bourgeoisie formait un état mitoyen entre la noblesse et le peuple.

MITOYENNETÉ. s. f.

MITOYENNETÉ. s. f. Qualité de ce qui est mitoyen; Droit de copropriété de deux voisins sur le mur, la haie, le fossé qui les sépare. La mitoyenneté d' un mur, d' un puits. Indices, preuves de mitoyenneté.

MITRAILLADE. s. f.

MITRAILLADE. s. f. Décharge de plusieurs canons chargés à mitraille, sur une masse de personnes. La mitraillade a duré une demi-heure, et a tué beaucoup de monde. Il est peu usité.

MITRAILLE. s. f. collectif.

MITRAILLE. s. f. collectif. Toute sorte de vieille quincaillerie, de vieux morceaux de cuivre. Dans ce sens, il a vieilli.

Il se dit aussi, familièrement, de La basse monnaie. Il ne m' a payé qu' en mitraille.

Il signifie encore, Toute sorte de vieux clous, de vieux fers, etc., dont anciennement on chargeait quelquefois le canon; et, par extension, Les balles de fer ou biscaïens, ordinairement mêlés de ferraille, dont on fait des cartouches pour l' artillerie. Un canon chargé de mitraille, à mitraille. Tirer à mitraille.

MITRAILLER. v. n.

MITRAILLER. v. n. Tirer le canon à mitraille. On a mitraillé pendant une heure.

Il est aussi actif. On a mitraillé l' ennemi.

MITRAILLÉ, ÉE. participe

MITRAILLÉ, ÉE. participe

MITRE. s. f.

MITRE. s. f. Coiffure que portent les évêques, quand ils officient en habits pontificaux. Officier avec la mitre et la crosse. En quelques églises les chanoines portaient la mitre.

MITRE

MITRE en termes d' Antiquités, se dit d' Une coiffure qui était en usage chez les femmes romaines, et qui venait originairement des Perses.

MITRE

MITRE se dit aussi Des tuiles, des planches de plâtre qu' on dispose en forme de mitre au-dessus d' une cheminée, pour l' empêcher de fumer.

MITRÉ, ÉE. adj.

MITRÉ, ÉE. adj. Qui porte la mitre. Il n' est guère usité que dans ces locutions, Abbé crossé et mitré; abbaye crossée et mitrée.

MITRON. s. m.

MITRON. s. m. Garçon boulanger. Il est populaire.

MIXTE. adj.des deux genres

MIXTE. adj.des deux genres Qui est mélangé, qui est composé de plusieurs choses de différente nature, et qui participe de la nature des unes et des autres. Corps mixte.

Il s' emploie quelquefois au sens moral. Il s' est fait en politique une opinion mixte. Le drame est une espèce de genre mixte qui tient de la tragédie et de la comédie.

Commission mixte, Commission composée d' hommes pris dans deux ou plusieurs compagnies, dans deux ou plusieurs nations. On a établi une commission mixte pour la liquidation des créances respectives, pour la détermination des limites.

En Jurisprud., Causes, actions mixtes, Causes, actions qui sont à la fois personnelles et réelles. Causes personnelles, réelles et mixtes.

Causes mixtes, s' est dit aussi Des causes qui étaient de la compétence du juge séculier et du juge ecclésiastique en même temps.

MIXTE

MIXTE est aussi substantif, au masculin, et signifie, Un corps mixte. Toutes les parties d' un mixte. Réduire les mixtes à leurs principes.

MIXTILIGNE. adj.des deux genres

MIXTILIGNE. adj.des deux genres T. de Géom. Il se dit Des figures terminées en partie par des lignes droites, et en partie par des lignes courbes.

MIXTION. s. f.

MIXTION. s. f. T. de Pharm. Mélange de plusieurs drogues dans un liquide, pour la composition d' un médicament. Ce médicament se fait par la mixtion de telle et de telle drogue.

MIXTIONNER. v. a.

MIXTIONNER. v. a. Mélanger, mêler quelque drogue dans une liqueur, et faire qu' elle s' y incorpore. Mixtionner du vin, un breuvage. Il indique ordinairement un mélange mauvais, dangereux.

MIXTIONNÉ, ÉE. participe

MIXTIONNÉ, ÉE. participe Vin mixtionné, Vin qui n' est pas naturel, qui est mélangé, frelaté.

MIXTURE. s. f.

MIXTURE. s. f. T. de Pharm. Médicament liquide qui résulte du mélange de substances diverses.

MNÉMONIQUE. s. f.

MNÉMONIQUE. s. f. Art de faciliter les opérations de la mémoire; Méthode au moyen de laquelle on se forme une mémoire artificielle. Il a appris la mnémonique. Il a écrit sur la mnémonique. La mnémonique était en usage chez les anciens.

Il est aussi adjectif des deux genres. Art mnémonique. Figures mnémoniques. Opération mnémonique.

MNÉMOTECHNIE. s. f.

MNÉMOTECHNIE. s. f. Il est synonyme de Mnémonique.

MOBILE. adj.des deux genres

MOBILE. adj.des deux genres Qui se meut, ou qui peut être mû. L' aiguille aimantée est mobile sur son pivot. Cette roue n' est pas assez mobile. La surface mobile des eaux.

En termes d' Imprim., Caractères mobiles, Caractères séparés qu' on place les uns après les autres pour en former des mots; par opposition aux planches gravées en bois, stéréotypées, etc.

Fêtes mobiles, Certaines fêtes de l' année, ainsi nommées parce que le jour de leur célébration change tous les ans, selon la différence des lunaisons. Pâques, la Pentecôte, l' Ascension, etc., sont des fêtes mobiles.

Au sens moral, Caractère mobile, Caractère changeant. Imagination, esprit mobile, Imagination, esprit qui reçoit aisément des impressions différentes.

En Administration militaire, Troupes mobiles, se dit par opposition à Troupes, à corps sédentaires. Créer une garde nationale mobile.

MOBILE

MOBILE est aussi substantif, au masculin, et signifie, Le corps qui est mû. Un mobile imprime une partie de son mouvement à un autre mobile qu' il rencontre.

Il signifie particulièrement, en Horlogerie, Une roue ou quelque autre pièce du mouvement d' une montre ou d' une pendule, qui tourne sur son pivot.

MOBILE. subst.

MOBILE. subst. signifie aussi, La force mouvante. L' eau est le mobile de cette machine.

Le premier mobile, Le ciel que les anciens astronomes supposaient envelopper et faire mouvoir tous les autres cieux.

Fig., Premier mobile, se dit d' Une personne qui donne le mouvement à une affaire, à une association. Un tel est le premier mobile de cette affaire, de cette conjuration.

MOBILE. subst.

MOBILE. subst. se dit figurément de Ce qui porte, de ce qui excite à faire quelque chose. La gloire est le mobile de grandes actions, de grands travaux. L' argent est son unique mobile. L' amour du bien public fut le mobile de toutes ses actions.

MOBILIAIRE. adj. f.

MOBILIAIRE. adj. f. Qui consiste en meubles, ou qui concerne cette nature de biens. Propriété, richesse mobiliaire. Contribution, imposition mobiliaire.

MOBILIER, ÈRE. adj.

MOBILIER, ÈRE. adj. T. de Jurispr. Qui est de la nature du meuble. Les biens mobiliers de cette succession. Les effets mobiliers. D' après le code civil, les rentes constituées, les effets publics, les intérêts dans les entreprises de commerce, etc., sont des biens mobiliers.

Succession mobilière, Succession ou portion de succession qui consiste en meubles. Héritier mobilier, Celui qui hérite des meubles.

MOBILIER

MOBILIER s' emploie aussi comme substantif collectif, et se dit Des meubles, de ce qui sert à garnir et à orner une maison, sans en faire partie. Il a hérité d' un gros mobilier. Il a un fort beau mobilier. On a vendu son mobilier par autorité de justice.

MOBILISATION. s. f.

MOBILISATION. s. f. T. de Jurispr. et d' Administr. militaire. Action de mobiliser.

MOBILISER. v. a.

MOBILISER. v. a. T. de Jurispr. Faire une convention en vertu de laquelle un immeuble réel ou réputé tel, est considéré comme meuble. Par les contrats de mariage on mobilise quelquefois des immeubles. Dans ce sens, on dit aussi, Ameublir.

MOBILISER

MOBILISER signifie aussi quelquefois, en termes d' Administration militaire, Envoyer en expédition, mettre en campagne un corps ordinairement sédentaire. On mobilisa une partie de la garde nationale de telle ville.

MOBILISÉ, ÉE. participe

MOBILISÉ, ÉE. participe

MOBILITÉ. s. f.

MOBILITÉ. s. f. T. didact. Facilité à être mû. La mobilité des corps sphériques. La mobilité du mercure.

Au sens moral, Mobilité de caractère, d' esprit, d' imagination, Facilité à passer promptement d' une disposition à une autre, d' un objet à un autre. La mobilité des choses humaines, la mobilité des opinions, Leur incertitude, leur passage continuel d' un état à un autre.

MODALITÉ. s. f.

MODALITÉ. s. f. T. de Logique. Mode, qualité, manière d' être. La blancheur est une modalité de la neige.

MODE. s. f.

MODE. s. f. Usage passager qui dépend du goût et du caprice. Nouvelle mode. Vieille mode. Ancienne mode. Mode ridicule, extravagante. C' est la mode. C' est la dernière mode. Ce n' est plus la mode. La mode en est passée. Inventer des modes. Se mettre à la mode. Suivre la mode, les modes. Un habit, une étoffe à la mode. C' est un mot qui est fort à la mode. Une opinion de mode. Un système à la mode. Être esclave de la mode. Les caprices, les bizarreries, l' empire de la mode. Cela était autrefois à la mode. On revient aux vieilles modes. Il ne porte que des habits faits à l' ancienne mode. Les fous inventent les modes, et les sages les suivent.

Fam., Cet homme, cette femme est fort à la mode, Cet homme est fort recherché, cette femme est beaucoup fêtée.

Boeuf à la mode, Ragoût fait d' une pièce de boeuf piquée de gros lard.

MODES

MODES au pluriel, signifie, Les ajustements, les parures à la mode; mais, dans cette acception, il ne se dit qu' en parlant De ce qui sert à l' habillement des dames. Marchande de modes. Magasin de modes. Vendre des modes. Cette femme a du goût, elle fait bien les modes.

MODE

MODE signifie aussi, Manière, fantaisie. Il faut le laisser vivre à sa mode, le laisser faire à sa mode. Il s' est fait une philosophie à sa mode. Chacun vit à sa mode.

À la mode d' Italie, d' Espagne, etc., Suivant les usages d' Italie, d' Espagne, etc.

Oncle, tante à la mode de Bretagne, Cousin germain, cousine germaine du père ou de la mère. Mon père et lui étaient cousins germains; par conséquent il est mon oncle à la mode de Bretagne.

Neveu, nièce à la mode de Bretagne, Fils, fille du cousin germain ou de la cousine germaine.

MODE. s. m.

MODE. s. m. T. de Philosophie. Manière d' être. Les divers arrangements des parties d' un corps en sont les modes.

Il signifie aussi, dans le langage ordinaire, Forme, méthode. Mode de gouvernement, d' administration, de comptabilité, d' enseignement, d' élection. Le mode que nous avons adopté.

MODE

MODE en Grammaire, se dit Des inflexions générales du verbe, qui forment la conjugaison, et qui servent à exprimer les différents points de vue sous lesquels on considère l' existence ou l' action. On reconnaît cinq modes dans chaque verbe régulier: l' indicatif, l' impératif, le conditionnel, le subjonctif, et l' infinitif.

MODE

MODE en Musique, se dit Du caractère affecté au ton. Les Grecs avaient plusieurs modes, l' ionien, le dorien, le phrygien, l' éolien, le lydien, etc.

Mode majeur, Celui où la tierce et la sixte, au-dessus de la tonique, sont majeures; et, Mode mineur, Celui où la tierce et la sixte, au-dessus de la tonique, sont mineures. Le ton d' ut, mode majeur. Le ton de la, mode mineur.

Dans le Plain-chant, Mode authentique, Celui où la quinte de la tonique est au grave, et la quarte à l' aigu; et, Mode plagal, Celui où la quinte est à l' aigu, et la quarte au grave.

MODELAGE. s. m.

MODELAGE. s. m. T. de Sculpture. Opération de celui qui modèle.

MODÈLE. s. m.

MODÈLE. s. m. Exemplaire, patron. Un modèle d' écriture. Un modèle de broderie. Ce livre vous servira de modèle pour relier les autres de la même façon. Conformez-vous au modèle. Faire, donner un modèle. Suivre, imiter un modèle. Travailler sur un modèle, d' après un modèle. La nature est le modèle des arts. Cette église a été bâtie sur le modèle du Panthéon.

Il se dit particulièrement, en termes de Peinture et de Sculpture, de La personne, homme ou femme, d' après laquelle les artistes dessinent, peignent, modèlent, sculptent, etc. Figure dessinée, peinte d' après le modèle. Faire le métier de modèle.

Poser le modèle, Mettre le modèle dans l' attitude qu' on veut représenter.

Être fait comme un modèle, Être très-bien fait, avoir toutes les parties du corps dans des proportions régulières et élégantes.

MODÈLE

MODÈLE se dit aussi, en Sculpture, de La représentation en terre ou en cire d' un ouvrage qu' on se propose d' exécuter en marbre ou en quelque autre matière. Modèle de terre, de cire. Modèle en grand, en petit. Le modèle d' une statue, d' un groupe.

Il se dit également, dans plusieurs autres Arts, de La représentation en petit d' un objet qu' on se propose d' exécuter en grand. Modèle d' architecture. Le modèle d' un édifice. Modèle de plâtre, de stuc, de bois. Le modèle d' une machine. Modèle de vaisseau, de canon.

MODÈLE

MODÈLE se dit, figurément, Des ouvrages d' esprit, et Des actions morales. Homère et Virgile sont de beaux modèles. Formez-vous, réglez-vous sur ce modèle. Ayez ce modèle devant les yeux. Cela vous servira de modèle. La vie de cet homme est un modèle de vertu. Je le regarde comme un modèle de patience. Voilà un beau modèle qu' on vous propose à suivre. Se proposer un modèle. Prendre quelqu' un pour modèle. Sa conduite est le modèle de la mienne. Vous avez pris, vous avez choisi, vous imitez un mauvais modèle. Il a été le modèle des rois.

C' est un modèle, se dit D' une personne qui a de grandes vertus, de grandes qualités.

MODELER. v. a.

MODELER. v. a. T. de Sculpture. Former avec de la terre molle ou de la cire le modèle, la représentation d' un ouvrage qu' on veut exécuter en marbre ou en quelque autre matière. Modeler une statue, un groupe en terre, en cire. On l' emploie aussi absolument. Ce sculpteur a passé toute la nuit à modeler. Il modèle bien.

MODELER

MODELER s' emploie figurément, au sens moral, dans le langage ordinaire, et signifie, Régler, conformer. Il a modelé sa conduite sur celle de ses aïeux.

Il se joint quelquefois avec le pronom personnel. On doit se modeler sur les gens de bien.

MODELÉ, ÉE. participe

MODELÉ, ÉE. participe Figure bien modelée.

Il s' emploie quelquefois substantivement, au masculin, en termes de Peinture et de Sculpture, et se dit de La représentation, de l' imitation des formes. Un beau modelé. Un modelé savant.

MODÉNATURE. s. f.

MODÉNATURE. s. f. T. d' Architect. Proportion et galbe des moulures d' une corniche. La modénature détermine le caractère des divers ordres d' architecture. La modénature corinthienne est élégante.

MODÉRATEUR, TRICE. s.

MODÉRATEUR, TRICE. s. Celui, celle qui modère, qui dirige, qui règle. Il y avait à Lacédémone des modérateurs de la jeunesse. Ce terme n' est guère usité que dans le style soutenu. Le souverain modérateur. L' esprit modérateur du monde. Dieu est le modérateur de l' univers.

Il signifie quelquefois, Celui qui cherche à tempérer des opinions exaltées, à rapprocher des sentiments extrêmes. Il est le modérateur de son parti. Dans cette grande querelle, il se fit modérateur, il prétendit au rôle de modérateur.

MODÉRATION. s. f.

MODÉRATION. s. f. Retenue, vertu qui porte à garder une sage mesure en toutes choses. Grande modération. Modération d' esprit. Esprit de modération. Il s' est conduit dans cette affaire avec beaucoup de modération, avec peu de modération. Il y a porté toute la modération possible. User de modération. Il faut garder de la modération dans la bonne fortune, mettre de la modération dans ses désirs. Cet homme est un grand exemple de modération. Il faut user des meilleures choses avec modération. Sortir des bornes de la modération.

MODÉRATION

MODÉRATION signifie aussi, Retranchement, diminution d' un prix ou d' une taxe. La modération d' une contribution. On ne lui a fait aucune modération. On ne lui accorde aucune modération. Rôle de modération.

Il signifie encore, Adoucissement, mitigation. La modération d' une peine, d' une amende.

MODÉRÉMENT. adv.

MODÉRÉMENT. adv. Sans excès, avec modération. Il s' est comporté fort modérément dans cette occasion. Le vin est bon, mais il en faut user modérément. Boire, manger modérément. Il a été imposé modérément.

MODÉRER. v. a.

MODÉRER. v. a. Diminuer, adoucir, tempérer, rendre moins violent. Modérer le feu d' un fourneau. Modérer la course d' un cheval. Modérer l' action d' une machine. Vous allez trop vite, modérez vos pas, votre marche. Vous frappez ce cheval trop fort, modérez vos coups. Cette contribution est trop forte, il faut la modérer. Modérer les impôts. Modérer sa dépense.

Il s' emploie aussi en parlant De choses morales. Modérer sa colère, ses passions, ses désirs, son ambition, son ardeur. Il a trop de feu, il faut le modérer. Modérer ses prétentions. Modérer le zèle de quelqu' un. Modérer la rigueur, la sévérité d' une loi. Modérez votre douleur.

Il s' emploie aussi avec le pronom personnel, comme dans cette phrase, Le temps s' est modéré, le froid, le chaud commence à se modérer, Il y a du relâchement dans le temps, de la diminution dans le froid, dans le chaud.

Il signifie au sens moral, Se posséder, se contenir. Peu de gens savent se modérer dans la bonne fortune. Il a su se modérer dans les occasions les plus difficiles. Pourquoi vous emporter ainsi? modérez-vous un peu.

MODÉRÉ, ÉE. participe

MODÉRÉ, ÉE. participe Il est aussi adjectif, et se dit Des choses qui sont éloignées de toute sorte d' excès. Une chaleur modérée. Un feu modéré. Un pouls modéré. Un exercice modéré.

Il signifie au sens moral, Qui est sage et retenu, qui n' est point emporté. Un esprit modéré. Une passion modérée. Ce jeune homme est bien modéré pour son âge.

MODERNE. adj.des deux genres

MODERNE. adj.des deux genres Nouveau, récent, qui est des derniers temps. Il est opposé à Ancien et à Antique. Les auteurs, les philosophes, les peintres modernes. Des ouvrages modernes. Les usages modernes. Cela est moderne. C' est une invention moderne. Médailles modernes.

Architecture moderne, se dit de Tous les genres d' architecture qui ont été en usage dans l' Europe depuis le commencement du moyen âge, même de l' architecture gothique. Cependant lorsqu' on dit, Un bâtiment, un édifice moderne, on entend ordinairement Un bâtiment, un édifice fait suivant la manière de bâtir la plus récente.

MODERNE

MODERNE employé substantivement, au masculin, se dit Des auteurs, des savants, des artistes qui ont paru depuis la renaissance des lettres et des arts. Les anciens et les modernes sont d' accord sur ce point.

À LA MODERNE. loc. adv.

À LA MODERNE. loc. adv. Suivant la manière la plus récente. Bâtir à la moderne. Bâtiment à la moderne.

MODERNER. v. a.

MODERNER. v. a. T. d' Architecture. Restaurer, pour de nouveaux usages et dans un goût moderne, un ancien édifice. Presque toutes les anciennes basiliques de Rome ont été modernées.

MODERNÉ, ÉE. participe

MODERNÉ, ÉE. participe

MODESTE. adj.des deux genres

MODESTE. adj.des deux genres Qui a de la modestie. C' est un homme modeste, très-modeste. Il est modeste dans ses discours, mais il n' en a pas moins une haute opinion de lui-même. Il est trop modeste pour souffrir qu' on le loue en sa présence. Avoir un maintien modeste, une contenance modeste, un air modeste, un ton modeste. Garder un silence modeste. Faire une réponse modeste. Se renfermer dans un doute modeste. Avoir des sentiments modestes de soi-même, une opinion modeste de soi-même. Substantivement, Faire le modeste.

MODESTE

MODESTE signifie aussi, Qui a de la retenue, de la modération, qui ne donne dans aucun excès. Il est modeste dans sa dépense, dans toute sa conduite. Former des voeux modestes.

Il signifie, en parlant Des choses, Médiocre, simple, sans éclat. Avoir un train, un équipage modeste, une table modeste. Faire une dépense modeste. Il s' est borné à conserver le modeste héritage de ses pères.

Couleur modeste, Couleur qui n' est pas éclatante. Le gris est une couleur modeste. Cette locution ne s' emploie qu' en parlant Des vêtements.

MODESTE

MODESTE signifie encore, Qui a de la pudeur, de la décence. Il faut qu' une fille soit modeste. Ce jeune homme est aussi modeste que la fille la mieux élevée.

MODESTEMENT. adv.

MODESTEMENT. adv. D' une manière modeste, avec modestie, avec modération. Parler, s' habiller, vivre modestement. Une table modestement servie.

MODESTIE. s. f.

MODESTIE. s. f. Retenue dans la manière de penser et de parler de soi. Grande, véritable modestie. Modestie sincère. Parler de soi avec modestie. Il est d' une modestie qui l' empêche de tirer parti de ses talents. On n' ose le louer en sa présence, de peur de blesser, de gêner sa modestie. Il a fallu faire violence à sa modestie pour lui décerner cet honneur. Il y a une fausse modestie qui n' est qu' un raffinement de vanité.

Il signifie aussi, Modération. Vivre, agir, se comporter avec modestie. Se renfermer, se tenir dans les bornes de la modestie. Il est d' une grande modestie dans sa dépense, dans sa conduite.

Il se prend aussi quelquefois pour Pudeur, décence. La modestie est le plus bel ornement d' une fille. Ces paroles-là blessent la modestie, choquent la modestie.

MODICITÉ. s. f.

MODICITÉ. s. f. Petite quantité. Il ne se dit qu' en parlant De bien, d' argent. La modicité de son revenu, la modicité de sa fortune, l' oblige à beaucoup d' économie. La modicité d' une somme. J' ai été tenté par la modicité du prix. On ne saurait concevoir la modicité de sa dépense.

MODIFICATIF, IVE. adj.

MODIFICATIF, IVE. adj. Qui modifie. Un terme modificatif. Une proposition modificative.

Il s' emploie souvent comme substantif, au masculin, surtout en Grammaire, où il se dit Des mots qui déterminent le sens des autres. Les adverbes sont ordinairement des modificatifs.

MODIFICATION. s. f.

MODIFICATION. s. f. Modération, restriction, adoucissement d' une proposition, d' une convention, etc. Il faut apporter quelque modification à ces articles-là. Votre opinion est susceptible de beaucoup de modifications.

MODIFICATION

MODIFICATION se dit, en style didactique, d' Un changement qui s' opère dans la manière d' être d' une substance. Les corps reçoivent différentes modifications.

MODIFIER. v. a.

MODIFIER. v. a. Modérer, adoucir, restreindre. Modifier une peine, une amende, une taxe. Il faut un peu modifier les clauses de ce traité, de ce contrat. Ces propositions-là sont trop absolues, il faut les modifier.

Il signifie aussi, Corriger, changer une chose dans quelqu' une de ses parties. La nature de l' homme est diversement modifiée par le climat, par l' éducation, par les lois. On a modifié le projet de loi par plusieurs amendements.

MODIFIER

MODIFIER signifie, en style didactique, Opérer un changement dans la manière d' être d' une substance. Les différents arrangements des parties modifient la matière.

Il s' emploie quelquefois avec le pronom personnel. Leur opinion s' est beaucoup modifiée.

MODIFIÉ, ÉE. participe

MODIFIÉ, ÉE. participe Articles modifiés. Propositions modifiées. En termes de Physique, Corps modifié de telle ou de telle manière.

MODILLON. s. m.

MODILLON. s. m. T. d' Architect. Ornement propre aux ordres ionique, corinthien et composite, placé sous le larmier de la corniche, et figurant l' extrémité des chevrons du comble.

MODIQUE. adj.des deux genres

MODIQUE. adj.des deux genres Qui est peu considérable, de peu de valeur. Une somme, une taxe modique. Son père ne lui donnait qu' une pension modique. Il a une fortune modique, un bien fort modique, un modique revenu.

MODIQUEMENT. adv.

MODIQUEMENT. adv. Avec modicité. Il paye modiquement ses domestiques. Cette place n' est que bien modiquement rétribuée.

MODISTE. s. des deux genres

MODISTE. s. des deux genres Ouvrier, ouvrière en modes; marchand, marchande de modes. Un modiste. Une modiste. Une marchande modiste. Voyez MODE.

MODULATION. s. f.

MODULATION. s. f. T. de Musiq. Passage d' un ton, d' un mode à un autre, dans le chant ou dans l' harmonie. Une suite de modulations. L' ordre des modulations. Préparer une modulation.

Il se dit aussi de L' action de moduler le chant ou l' harmonie, et de L' effet qui en résulte. Les règles de la modulation. La modulation de cet air est fort agréable.

MODULE. s. m.

MODULE. s. m. T. d' Architect. Mesure arbitraire servant à établir les rapports de proportion entre toutes les parties d' un ouvrage d' architecture. Le diamètre ou le demi-diamètre du bas de la colonne sert ordinairement de module aux divers ordres. Échelle de module. Le module se divise en douze ou en dix-huit minutes ou parties. La colonne, l' entablement, le stylobate a tant de modules de haut.

MODULE

MODULE se dit quelquefois, par extension, de Tout ce qui sert à mesurer. Le mètre est le module des longueurs. Dans les tableaux, une figure d' homme placée au pied d' un monument est un module qui en fait évaluer la hauteur.

MODULE

MODULE signifie aussi, Le diamètre d' une médaille. Les médailles du petit bronze sont d' un moindre module que celles du grand, du moyen bronze. Les quinaires sont de toutes les médailles antiques celles qui ont le plus petit module.

MODULER. v. n.

MODULER. v. n. T. de Musiq. Faire passer le chant ou l' harmonie dans des tons ou des modes différents. Ce musicien module bien. Moduler d' une manière agréable, savante.

Il s' emploie quelquefois activement. Il a bien modulé cet air-là.

MODULÉ, ÉE. participe

MODULÉ, ÉE. participe Air bien modulé.

MOELLE. s. f.

MOELLE. s. f. Substance molle et grasse qui remplit la cavité des os. Moelle de boeuf. Tourte de moelle ou à la moelle. Sucer la moelle d' un os. Le froid l' a pénétré jusqu' à la moelle des os.

Moelle épinière, moelle de l' épine, Partie du système nerveux qui se trouve dans la cavité des vertèbres.

MOELLE

MOELLE se dit, par analogie, en Botanique, de La substance molle et spongieuse qui se trouve au dedans de certains arbres, de certaines plantes. De la moelle de sureau, de figuier.

Il se dit aussi de La substance que contient un bâton de casse. De la moelle de casse.

Fig. et fam., Il lui tire jusqu' à la moelle des os, il le suce jusqu' à la moelle des os, se dit D' un homme qui en ruine un autre, en tirant de lui peu à peu tout ce qu' il en peut tirer.

MOELLE

MOELLE s' emploie quelquefois, figurément, en parlant Des ouvrages d' esprit, et signifie, Ce qu' il y a de plus essentiel, de plus instructif. Il ne s' agit pas de retenir mot à mot un bon livre, il faut en tirer, en extraire la moelle.

MOELLEUSEMENT. adv.

MOELLEUSEMENT. adv. D' une manière moelleuse. Il ne s' emploie qu' au figuré. Ce tableau est peint moelleusement.

MOELLEUX, EUSE. adj.

MOELLEUX, EUSE. adj. Rempli de moelle. Un os moelleux. Un bois moelleux.

Fig., Vin moelleux, Vin qui joint la douceur à la force, et qui flatte agréablement le goût.

Fig., Étoffe moelleuse, Étoffe qui a du corps, et qui est souple, douce à la main.

Fig., Voix moelleuse, Voix pleine, douce, et qui n' a rien d' aigre ni de dur.

MOELLEUX

MOELLEUX s' emploie aussi, figurément, en termes de Peinture, surtout dans ces expressions:

Pinceau moelleux, Pinceau dont les touches sont larges, grasses et bien fondues. On dit, dans le même sens, Touche moelleuse.

Contours moelleux, Contours souples et gracieux.

Substantiv.: Avoir du moelleux dans la touche, dans la couleur. Le moelleux dans le dessin, dans les contours. Le moelleux des contours.

MOELLON. s. m.

MOELLON. s. m. T. de Maçonnerie. Pierre de petite dimension qui s' emploie dans les massifs de construction, et qu' on recouvre ordinairement de plâtre ou de mortier. Tirer du moellon de la carrière. Un mur construit en moellon.

Moellon d' appareil, Celui qui est équarri pour être employé en parement.

Moellon piqué, Moellon travaillé avec la pointe, et servant aux puits, aux voûtes, aux fossés, etc.

MOEUF. s. m.

MOEUF. s. m. T. de Grammaire, synonyme de Mode. Il est vieux. Voyez MODE.

MOEURS. s. f. pl.

MOEURS. s. f. pl. Habitudes naturelles ou acquises, pour le bien ou pour le mal, dans tout ce qui regarde la conduite de la vie. Bonnes, mauvaises moeurs. Moeurs pures, honnêtes, décentes, réglées. Moeurs corrompues, dépravées, dissolues. La science, la doctrine des moeurs. Former les moeurs de quelqu' un. Régler ses moeurs. Réformer ses moeurs. Changer de moeurs. Rien ne corrompt plus les moeurs que la mauvaise compagnie. L' innocence, la pureté, la dépravation, la corruption, la perversité, le déréglement, la dissolution de ses moeurs. Cette action est contraire aux bonnes moeurs, aux moeurs, porte une grave atteinte aux moeurs. Les moeurs du temps, du siècle, du jour. Ce satirique a violement attaqué les moeurs de son siècle. On dit, suivant une formule reçue: Un certificat de vie et de moeurs, de vie et moeurs. Faire information de vie et de moeurs.

Avoir des moeurs, Avoir de bonnes moeurs. N' avoir point de moeurs, En avoir de mauvaises. On dit, dans le même sens, Un homme, une femme sans moeurs.

Prov., Les honneurs changent les moeurs, On s' oublie dans la prospérité.

MOEURS

MOEURS signifie aussi, La manière de vivre, les inclinations, les habitudes, les coutumes particulières de chaque nation. Les moeurs d' une nation, d' un peuple, d' un pays. Chaque nation a ses moeurs. Ces peuples ont des moeurs bien différentes des nôtres. Moeurs barbares, civilisées. Ce voyageur a bien observé, a bien décrit les moeurs des nations qu' il a visitées. Ce prince a voulu donner à son peuple les moeurs et les coutumes des nations les plus policées. La culture des lettres adoucit, polit les moeurs. Selon nos moeurs. Autres temps, autres moeurs.

Il s' emploie quelquefois, dans le même sens, en parlant D' une personne ou de quelques personnes. Cet homme a des moeurs douces, des moeurs simples, des moeurs faciles, des moeurs sévères. Nous adoptons facilement les moeurs de ceux que nous fréquentons.

Cela est, n' est pas dans les moeurs de telle nation, Cela est, n' est pas conforme aux usages de telle nation. Cela n' est pas dans nos moeurs.

Les moeurs des animaux, Les habitudes naturelles des différentes espèces d' animaux, les habitudes qui résultent de leur instinct.

MOEURS

MOEURS signifie, en termes de Poétique, Ce qui concerne les habitudes morales du pays et du temps dont il est question dans un poëme, dans une pièce de théâtre, ce qui est conforme au caractère des personnages qui y sont introduits. Les moeurs sont parfaitement observées dans cette tragédie, dans cette comédie, dans cette épopée. Ce poëte observe bien, étudie bien, peint bien les moeurs.

Il signifie, en Peinture, Le costume, les usages des différents temps, des différents lieux. Les moeurs sont bien observées, ne sont pas bien observées dans ce tableau.

MOEURS

MOEURS signifie aussi, en termes de Rhétorique, La partie morale de l' éloquence, celle qui a pour objet de gagner la confiance des auditeurs.

MOFETTE. s. f.

MOFETTE. s. f. Exhalaison pernicieuse qui s' élève dans les lieux souterrains, et principalement dans les mines.

Il se dit, en général, de Toute exhalaison dangereuse.

MOHATRA. adj. m.

MOHATRA. adj. m. Il ne s' emploie que dans cette locution, Contrat mohatra, Contrat ou marché usuraire, par lequel un marchand vend très-cher, à crédit, ce qu' il rachète à très-vil prix, mais argent comptant. Il est vieux.

MOI. Pronom singulier

MOI. Pronom singulier de la première personne, qui est des deux genres, et dont Nous est le pluriel. Ce mot est un synonyme réel de Je et de Me; mais non un synonyme grammatical, puisqu' il s' emploie différemment, et que, dans aucun cas, il ne peut être remplacé ni par Je ni par Me.

MOI

MOI employé seul comme réponse, peut être sujet ou régime direct, et tenir lieu d' une phrase entière. Qui veut aller avec lui? Moi, Je veux bien aller avec lui: dans cet exemple il est sujet. Qui a-t-on voulu désigner? Moi, On a voulu me désigner: dans cet exemple, il est régime direct.

Il est aussi régime direct après ne que, mis pour seulement. Je ne plains que moi.

Il est encore régime direct dans les phrases où il est ajouté à d' autres mots qui sont régimes directs. Il a renvoyé son frère et moi. Il a mécontenté ses parents et moi.

Il entre aussi dans le sujet de la phrase, lorsqu' il est joint à d' autres mots qui forment le sujet. Son père, sa mère et moi, le lui avons défendu. Mon avocat et moi sommes de cet avis.

MOI

MOI se joint à Je, par apposition et réduplication, pour donner plus d' énergie à la phrase, soit qu' il vienne après le verbe, comme dans ces phrases, Je dis, moi; je prétends, moi; soit qu' il précède Je et le verbe, comme dans ces phrases: Moi, je dis. Moi, je prétends. Moi, dont il déchire la réputation, je ne lui ai jamais rendu que de bons offices. Moi, à qui il fait tant de mal, je cherche toutes les occasions de le servir. Moi, ne songeant à rien, j' allai bonnement lui dire ce qui se passait.

Par ellipse, Moi, trahir le meilleur de mes amis! faire une lâcheté, moi! etc., Moi, je pourrais trahir le meilleur de mes amis! je pourrais faire une lâcheté, moi!

MOI

MOI se met de même par apposition devant ou après Me. Voudriez-vous me perdre, moi votre allié? Moi! vous me soupçonneriez de vous avoir trahi!

Il se met aussi par apposition avec Nous et Vous, lorsqu' il est accompagné d' un nom ou d' un autre pronom. Vous et moi nous sommes contents de notre sort. Nous irons à la campagne lui et moi. Il est venu nous voir mon frère et moi. Dans ces phrases, Moi et le nom ou pronom qui lui est joint, sont tout ensemble l' apposition et l' explication de Nous.

MOI

MOI joint à un nom ou à un autre pronom, ne doit, d' après les convenances de notre politesse, être placé qu' en second, Vous et moi, un tel et moi; à moins que le nom auquel il est joint ne soit celui d' une personne très-inférieure: ainsi un père dira, Moi et mon fils; un maître, Moi et mon domestique.

MOI

MOI se construit encore avec les pronoms Ce et Il, dans les phrases suivantes et autres semblables. C' est moi qui vous en réponds. Qui fut bien aise? ce fut moi. Si c' était moi qui eusse fait cela. C' est de moi qu' il s' agit. C' est à moi qu' il faudra vous adresser. Il n' y eut que lui et moi de cet avis. Il n' y a que moi à qui ces choses-là arrivent.

Après une préposition, il n' y a que le pronom Moi qui puisse exprimer la première personne. Vous servirez-vous de moi? Il a parlé de moi. Il tient cela de moi. Pense-t-on à moi? Ils auront besoin de moi. Ils auront affaire à moi. Cela vient de moi. Cela est à moi. C' est un homme à moi, un habit à moi, de l' argent à moi. Cela est pour moi. Je prends cela pour moi. Selon moi, vous avez raison. Vous serez remboursé par moi. Cela roulera sur moi. Tout est contre moi. Venez avec moi.

Il en est de même après une conjonction. Mon frère et moi. Mon frère ou moi. Mon frère aussi bien que moi. Ni mon frère ni moi. Personne que moi. Nul autre que moi.

De moi, après un nom de personne ou un pronom personnel également précédé de la préposition de, se met quelquefois pour Le mien, etc. C' est le sentiment, ce sont les sentiments, c' est l' opinion de mon frère et de moi que je vous exprime.

Quand le verbe est à l' impératif, et que le pronom qu' il régit n' est point suivi du mot en, c' est Moi qu' il faut employer après le verbe, soit comme régime simple, Louez-moi, récompensez-moi; soit comme régime indirect, où la préposition à est sous-entendue, Rendez-moi compte, dites-moi la vérité; et alors Moi se joint au verbe par un tiret.

Quelquefois, mais dans le discours familier seulement, il se met par rédondance, et pour donner plus de force à ce qu' on dit. Faites-moi taire ces gens-là. Donnez-leur-moi sur les oreilles.

Dans le même cas, le pronom Moi se met après l' adverbe de lieu y, soit comme régime direct, soit comme régime indirect. Vous allez à l' Opéra, menez-y-moi. Vous allez dans votre voiture, donnez-y-moi une place. (Voyez ME.) Au contraire, l' adverbe y, dans le même sens, se met après le pronom Nous. Menez-nous-y. Donnez-nous-y une place.

À moi. Sorte d' exclamation, pour faire venir promptement quelqu' un auprès de soi. À moi, à moi, soldats!

De vous à moi. Façon de parler dont on se sert pour témoigner à une personne qu' on lui parle avec sincérité, mais qu' on lui demande le secret. de vous à moi, c' est un pauvre homme. De vous à moi, c' est un homme qui ne mérite pas l' opinion qu' on a de lui. De vous à moi, je ne crois pas que la chose réussisse. On dit dans le même sens, Ceci est de vous à moi, ceci de vous à moi.

Quant à moi, pour moi. Autres façons de parler dont on se sert pour marquer plus particulièrement ce qu' on pense. Vous en direz ce qu' il vous plaira; quant à moi, pour moi, je sais bien ce qui en est.

Quant-à-moi, s' emploie substantivement et comme un seul mot dans les phrases suivantes et autres semblables, où il signifie, Air fier ou réservé. Se tenir sur son quant-à-moi. On lui a dit telle chose, il s' est mis sur son quant-à-moi. Garder son quant-à-moi. Il est familier.

MOI

MOI se prend substantivement, pour signifier, L' attachement de quelqu' un à ce qui lui est personnel. Le moi choque toujours l' amour-propre des autres.

Il se prend aussi, en Philosophie, pour L' individualité métaphysique d' une personne. Malgré le changement continuel de l' individu physique, le même moi subsiste toujours.

MOIGNON. s. m.

MOIGNON. s. m. Ce qui reste d' un bras, d' une jambe, d' une cuisse coupés. Cet homme, au lieu de poignets, n' a plus que deux moignons dont il travaille. Il a fallu lui couper le bras fort près de l' épaule, et il ne lui reste plus qu' un moignon. Il n' a plus qu' un moignon.

Il se dit, par analogie, de Ce qui reste d' une grosse branche d' arbre qui a été coupée ou rompue.

MOINAILLE. s. f.

MOINAILLE. s. f. T. de mépris dont on se sert pour désigner Les moines en général. Il est familier.

MOINDRE. adj. comparatif des deux genres

MOINDRE. adj. comparatif des deux genres Plus petit en étendue ou en quantité. Cette colonne est moindre que l' autre en hauteur et en grosseur. La distance d' ici là est moindre que vous ne dites. L' épaisseur de ce mur est moindre que celle du mur voisin. Cette somme est moindre que l' autre. Nous sommes en moindre nombre que je ne croyais.

Il signifie aussi, Plus petit dans son genre, suivant les différents substantifs auxquels il se joint. Votre douleur en sera moindre. Son mal n' est pas moindre que le vôtre. C' est la moindre satisfaction, la moindre récompense qu' on lui doive. C' est le moindre service que je lui voudrais rendre, la moindre chose qu' il mérite.

Il signifie encore, Moins considérable. Une étoffe de moindre prix, de moindre valeur qu' une autre. Prendre toujours la moindre place. Il tient un moindre rang. Il est revêtu d' une moindre dignité qu' auparavant. De ces deux inconvénients, on doit préférer le moindre.

Il signifie aussi, Qui n' est pas si bon, ou qui est plus mauvais. Ce vin-là est moindre que l' autre. Cette étoffe-là est moindre, elle est moindre de beaucoup.

MOINDRE

MOINDRE avec l' article, est une espèce de superlatif qui signifie, Le moins considérable, le moins important, le plus petit, etc. C' est une chose que le moindre ouvrier peut faire. Le moindre mot que vous direz. La moindre quantité, le moindre espace possible. Au moindre bruit il s' éveille. Au moindre signe vous serez obéi. On dit quelquefois, familièrement, par une sorte d' exagération: Au moindre petit bruit. Le moindre petit morceau de pain. Etc.

MOINDRE

MOINDRE avec l' article, et précédé d' une négation, signifie, Aucun. Je n' en ai pas la moindre appréhension. Il ne lui a pas fait la moindre honnêteté, le moindre compliment. Il ne lui a pas dit le moindre mot. Je n' ai pas le moindre souvenir de ce que vous dites. Sentez-vous là quelque douleur? Pas la moindre.

Absolum., Les quatre moindres, Les quatre ordres inférieurs ou mineurs. Voyez MINEUR.

MOINE. s. m.

MOINE. s. m. Religieux faisant partie d' un ordre dont les membres vivent sous une règle commune, et séparés du monde, comme les bénédictins, les bernardins, les chartreux. L' usage a étendu cette dénomination aux religieux mendiants. Les anciens moines. Les moines réformés. Un moine défroqué.

Prov., Gras comme un moine, Fort gras.

Prov. et fig., L' habit ne fait pas le moine, On ne doit pas juger des personnes par les apparences, par les dehors.

Prov., Attendre quelqu' un comme les moines font l' abbé, Ne pas l' attendre pour dîner, quoiqu' il doive venir.

Prov. et fig., Pour un moine l' abbaye ne faut pas, ou Pour un moine on ne laisse pas de faire un abbé, L' absence d' une personne n' empêche pas, ne doit pas empêcher qu' une affaire ne se conclue, qu' une partie ne se fasse.

Moine lai, se disait d' Un laïque, ordinairement homme de guerre invalide, que le roi plaçait dans une abbaye de nomination royale, pour y être entretenu.

Moine bourru, Prétendu fantôme que l' ignorance faisait craindre dans les campagnes. Il signifie aussi, familièrement, Un homme de mauvaise humeur. Cet homme-là est un moine bourru, un vrai moine bourru.

MOINE

MOINE se dit aussi d' Un meuble de bois où l' on suspend une sorte de réchaud plein de braise pour chauffer le lit; et d' Un cylindre de bois creusé, doublé de tôle, dans lequel on introduit un fer chaud pour ce même usage. Il fait mettre le moine dans son lit pendant tout l' hiver.

MOINEAU. s. m.

MOINEAU. s. m. Passereau, petit oiseau de plumage gris, qui aime à faire son nid dans des trous de muraille. Moineau franc, à gorge noire. Moineau privé, apprivoisé.

Pot à moineau, Pot de terre qu' on attache en dehors d' une fenêtre, afin que les moineaux y viennent faire leurs nids.

Prov. et fig., Tirer sa poudre aux moineaux, Employer pour des bagatelles son crédit, ses amis, son argent, dont on aurait pu se servir plus utilement.

MOINEAU

MOINEAU en termes de Fortification, Petit bastion obtus, que l' on met au milieu d' une courtine très-longue, pour compléter le flanquement.

MOINERIE. s. f. collectif

MOINERIE. s. f. collectif Les moines en général. Il s' est attiré sur les bras toute la moinerie.

Il signifie aussi, L' esprit et l' humeur des moines. Il y a bien de la moinerie dans son fait. Ce religieux n' a point de moinerie. Dans les deux sens, il ne se dit que par mépris.

MOINESSE. s. f.

MOINESSE. s. f. Religieuse. Il ne se dit qu' en plaisanterie, et il est peu usité.

MOINILLON. s. m.

MOINILLON. s. m. Petit moine, ou Moine sans considération. Les moines et moinillons. Il ne se dit que par mépris.

MOINS. Adv. de comparaison

MOINS. Adv. de comparaison qui est opposé à Plus, et qui sert à marquer l' infériorité d' une personne ou d' une chose comparée à une autre ou à elle-même, sous quelque rapport de qualité, de quantité, d' action, etc. Elle est moins jolie que sa soeur. Elle a six ans de moins que son frère. Il est moins spirituel qu' il n' est instruit. Il a moins de savoir que de vanité. Il est moins bien portant qu' avant son voyage. Cette chambre est moins grande que l' autre, moins grande que je ne l' avais cru. Sa famille est bien moins nombreuse que la vôtre. J' ai bien moins, beaucoup moins d' intérêt à cela que vous. Ce que je vous en dis est moins pour vous faire de la peine que pour vous avertir. Il ne faut pas moins qu' une raison aussi forte pour me déterminer. Plus vous le presserez, moins il en fera. Moins vous en direz, plus il en fera. Cela n' a pas moins de trente pieds. Nous n' étions pas moins de cent personnes. Un peu plus, un peu moins. Je n' en donnerai ni plus ni moins. Il n' en sera ni plus ni moins. Parlez moins. Parlez moins haut. Soyez moins en colère, un peu moins en colère.

Il ne le menace pas de moins que de lui rompre bras et jambes, Il porte ses menaces jusqu' à dire qu' il lui rompra bras et jambes.

C' est moins que rien, se dit D' une chose de nulle considération, et aussi D' une personne qu' on méprise. Le présent que je vous fais est moins que rien. Cet homme-là est moins que rien.

MOINS

MOINS s' emploie substantivement dans plusieurs phrases différentes. Ainsi on dit: Le moins que vous puissiez faire, c' est de l' aller trouver, La moindre chose que vous puissiez faire. Ils sont à peu près d' accord, ils en sont sur le plus et sur le moins, il ne s' agit maintenant que du plus ou du moins, Il n' y a plus entre eux de débat que sur la quantité, sur la somme plus ou moins considérable à donner d' un côté et à recevoir de l' autre. La chose ne peut pas être arrivée ainsi, il faut qu' il y ait du plus ou du moins, Il faut qu' on ait supposé des circonstances qui ne sont pas vraies, ou qu' on en ait omis qui le sont.

Prov., Qui peut le plus, peut le moins.

MOINS subst.

MOINS subst. se dit, en termes d' Algèbre, d' Un trait horizontal qui est le signe de la soustraction. Le moins indique qu' il faut retrancher la seconde quantité de la première.

Il se dit, en termes d' Imprimerie, d' Un tiret long qui ordinairement sert à séparer des phrases, ou à remplacer des mots qu' on juge inutile de répéter. Il faut mettre ici un moins.

SUR ET TANT MOINS. loc. prépositive

SUR ET TANT MOINS. loc. prépositive En déduction. Sur et tant moins de la somme de mille écus, on lui a donné cinq cents francs. Je vous donnerai cela sur et tant moins de ce que je vous dois. Il est vieux.

À MOINS DE. loc. prépositive

À MOINS DE. loc. prépositive À un prix au-dessous de. Je ne lui donnerai pas ce cheval à moins de mille francs.

Il signifie aussi, Sans une certaine condition. Je ne lui pardonnerai pas à moins d' une rétractation publique.

Il s' emploie aussi absolument, comme dans ces phrases: Vous avez beau marchander ce livre, vous ne l' aurez pas à moins, Pour une moindre somme. On rirait, on se fâcherait à moins, Pour une moindre cause.

À MOINS QUE. loc. conjonctive

À MOINS QUE. loc. conjonctive qui régit le subjonctif avec une négation. Si ce n' est que. Il n' en fera rien, à moins que vous ne lui parliez. À moins que vous ne preniez bien votre temps, vous n' en viendrez pas à bout.

Il se construit, dans le même sens, avec l' infinitif et la préposition de, sans négation. Je ne pouvais pas lui parler plus fortement, à moins que de le quereller. On peut aussi supprimer le que. À moins d' être fou, il n' est pas possible de raisonner ainsi.

AU MOINS, DU MOINS. locutions conjonctives

AU MOINS, DU MOINS. locutions conjonctives qui servent à marquer quelque restriction dans les choses dont on parle. Si vous ne voulez pas être pour lui, au moins ne soyez pas contre. S' il n' est pas fort riche, du moins il a, du moins a-t-il de quoi vivre honnêtement. On dit à peu près de même, Tout au moins, tout du moins, pour le moins. Donnez-lui tout au moins de quoi vivre.

AU MOINS

AU MOINS signifie quelquefois, Sur toutes choses, et sert à avertir celui à qui l' on parle de se souvenir particulièrement de ce qu' on lui dit. Au moins prenez-y garde, c' est votre affaire. Au moins je vous en avertis. Au moins je m' en lave les mains. Au moins ne manquez pas de venir. N' y manquez pas au moins.

DE MOINS. loc. adv.

DE MOINS. loc. adv. De manque. Il y avait dix écus de moins dans ce sac.

Il sert aussi à exprimer quelque diminution, quelque rabais. On vous demande cinq francs de ce volume, vous l' aurez pour quelque chose de moins.

EN MOINS DE, DANS MOINS DE. loc. prépositives

EN MOINS DE, DANS MOINS DE. loc. prépositives Dans un moindre espace de temps. J' aurai achevé en moins d' un an, d' un mois, d' une heure, d' un jour. Dans moins d' une demi-heure je serai à vous.

EN MOINS DE RIEN. loc. adv.

EN MOINS DE RIEN. loc. adv. Très-promptement, en fort peu de temps. J' aurai fini en moins de rien. Il a mangé son bien en moins de rien.

RIEN MOINS

RIEN MOINS précédé du verbe Être, et suivi d' un adjectif, a le sens de la négation. Il n' est rien moins que sage, Il n' est point sage. --- Suivi d' un substantif, il peut avoir le sens positif ou négatif, selon la circonstance. Vous lui devez de la reconnaissance, car il n' est rien moins que votre bienfaiteur, Il est votre bienfaiteur. Vous pouvez vous dispenser de reconnaissance envers lui, car il n' est rien moins que votre bienfaiteur, Il n' est pas votre bienfaiteur.

RIEN MOINS

RIEN MOINS ou plutôt RIEN DE MOINS, employé avec un verbe impersonnel, a aussi un sens négatif. Il n' y a rien de moins vrai que cette nouvelle, Cette nouvelle n' est pas vraie. --- Avec un verbe actif ou neutre, le sens de Rien moins serait équivoque, s' il n' était déterminé par ce qui précède. Vous le croyez votre concurrent; il a d' autres vues, il ne désire rien moins, il ne se propose rien moins que de vous supplanter, il n' aspire à rien moins qu' à vous supplanter, Il n' est point votre concurrent. Vous ne le regardez pas comme votre concurrent; cependant il ne désire rien moins, il ne se propose rien moins que de vous supplanter, il n' aspire à rien moins qu' à vous supplanter, Il est votre concurrent. Dans le premier sens, Il n' aspire à rien moins qu' à vous supplanter, et les phrases semblables, veulent dire, Vous supplanter est la chose à laquelle il aspire le moins; et dans le second sens, Il n' aspire à rien moins qu' à vous supplanter, veut dire, Il n' aspire pas à moins qu' à vous supplanter. --- Au reste, il est bon d' éviter cette façon de parler, à cause de l' équivoque qu' elle entraîne.

MOIRE. s. f.

MOIRE. s. f. Apprêt que reçoivent, à la calandre ou au cylindre, par l' écrasement de leur grain, certaines étoffes de soie, de laine, de coton ou de lin, et qui leur communique un éclat changeant, une apparence ondée et chatoyante. Moire à grands, à riches effets. Moire à petites ondes. Cette popeline a bien pris la moire.

Il se dit aussi d' Une étoffe qui a reçu ce genre d' apprêt. Moire de soie, de laine, de coton, de fil. Moire grise, bleue. Habit, robe de moire.

MOIRER. v. a.

MOIRER. v. a. Donner à une étoffe, par la pression de la calandre ou du cylindre, un éclat changeant, une apparence ondée et chatoyante. Moirer un gros de Naples, des rubans, des popelines.

MOIRÉ, ÉE. participe

MOIRÉ, ÉE. participe Ruban moiré. Robe de soie moirée. Étoffe de laine moirée.

Substantiv., Moiré métallique, Fer-blanc auquel on a donné, par le moyen de quelque acide, une apparence cristalline et chatoyante. Des plateaux de moiré métallique.

MOIS. s. m.

MOIS. s. m. Une des douze parties de l' année, dont chacune contient trente ou trente et un jours, excepté la seconde (février), qui est de vingt-huit jours seulement dans les années ordinaires, et de vingt-neuf dans les années bissextiles. Le mois de janvier, de février, de mars, d' avril, de mai, de juin, de juillet, d' août, de septembre, d' octobre, de novembre, de décembre. Le premier, le second, le troisième jour du mois, ou absolument, Le premier, le second du mois, le deux, le trois du mois. Quel quantième du mois avons-nous? Sa lettre est écrite, est datée du mois dernier. Les plus beaux mois de l' année.

Il se dit, en général, de L' espace de trente jours consécutifs, de quelque jour que l' on commence à compter. Il y a un mois et demi qu' il est parti. On lui a donné deux mois de congé, à compter du quinze janvier. Le mois est expiré. Il en a pour un mois à déménager. Il a gardé le lit deux mois durant. Il lui tarde d' être majeur, il compte les mois et les jours. Payer par mois, mois par mois, au mois. Il gagne tant par mois. Ils servent par mois. Il a servi son mois. Louer une chambre au mois.

En termes de Palais, Les parties viendront au mois, Il a été ordonné qu' elles viendraient plaider dans un mois.

MOIS

MOIS signifie aussi, Le prix convenu pour un mois d' allaitement, de location, de leçons, de travail, etc. Payer le mois, les mois d' une nourrice, d' un enfant. Payer les mois d' une chambre garnie. Il doit un mois, deux mois au maître à danser, etc. Je lui ai avancé le mois. Je lui ai donné son mois.

Il se dit absolument Des mois de grossesse d' une femme. Cette femme est dans son septième mois. Elle a accouché avant le neuvième mois.

En Astronom., Mois solaire, L' espace de temps que le soleil met à parcourir un des signes du zodiaque. Mois lunaire, L' espace de temps qui s' écoule d' une nouvelle lune à une autre.

Fig., Mois romains, L' imposition qu' on levait sur les États de l' Empire dans les besoins extraordinaires.

Prov., On a tous les ans douze mois, On vieillit malgré qu' on en ait, ou On vieillit sans s' en apercevoir.

MOIS

MOIS au pluriel, se dit absolument de L' écoulement périodique des femmes. Cette femme a ses mois.

MOISE. s. f.

MOISE. s. f. T. de Charpent. Il se dit de Certaines pièces de bois plates assemblées deux à deux avec des boulons, et servant à maintenir la charpente.

MOISER. v. a.

MOISER. v. a. T. de Charpent. Mettre des moises. Moiser les fermes d' un comble.

MOISÉ, ÉE. participe

MOISÉ, ÉE. participe

MOISIR. v. a.

MOISIR. v. a. Faire qu' une matière se couvre d' une certaine mousse qui marque un commencement de corruption. C' est l' humidité qui a moisi ce pâté.

Il s' emploie plus ordinairement avec le pronom personnel. Des confitures qui se moisissent. Un fromage qui se moisit. Tout se moisit dans les lieux humides.

Il s' emploie aussi comme neutre. Ce pâté commence à moisir.

MOISI, IE. participe

MOISI, IE. participe Du pain, du fromage moisi. Confitures moisies. Vieux parchemins moisis.

Il s' emploie substantivement, au masculin, et signifie, Ce qui est moisi. Cela est à demi gâté, il en faut ôter le moisi.

Il signifie aussi, La moisissure. Cela sent le moisi.

MOISISSURE. s. f.

MOISISSURE. s. f. Espèce de végétation qui naît sur les corps où se trouve une matière végétale unie à une certaine quantité d' eau, et qui se développe surtout quand cette matière commence à entrer en putréfaction. C' est la moisissure qui a gâté tout cela. La moisissure s' y mettra.

Il signifie aussi, L' endroit moisi, le moisi. Ôtez la moisissure.

MOISSINE. s. f.

MOISSINE. s. f. Faisceau de branches de vigne où les grappes sont encore attachées. Les paysans suspendent des moissines au plancher.

MOISSON. s. f.

MOISSON. s. f. Récolte des blés et autres grains. Belle, bonne, riche, grande, ample, abondante moisson. Le temps de la moisson. Faire la moisson. Le temps est bon pour la moisson. Voilà une belle espérance de moisson. La campagne se couvre de riches moissons.

Il se prend aussi pour Le temps de la moisson. La moisson approche. Pendant la moisson.

Prov. et fig., Il ne faut pas mettre la faucille dans la moisson d' autrui, Il ne faut point empiéter sur les attributions, sur les droits d' autrui.

MOISSON

MOISSON s' emploie au figuré dans plusieurs phrases. Ainsi on dit: Ce savant a fait une riche moisson dans les archives du royaume, Il y a recueilli des matériaux précieux. Ce gouverneur avait fait dans sa province une riche moisson, Il s' y était enrichi par ses concussions. Cette quêteuse a fait une abondante moisson, Sa quête a produit beaucoup d' argent.

Fig. et poét., Une moisson de lauriers, Beaucoup de succès, un grand nombre de victoires. On dit dans le même sens, Une moisson de gloire.

MOISSON

MOISSON dans le langage de l' Écriture, se dit en parlant De la conversion des âmes. Ce missionnaire a fait, dans l' Inde, une grande moisson.

MOISSONNER. v. a.

MOISSONNER. v. a. Faire la récolte des blés et autres grains. Moissonner les froments, les orges, les avoines.

Moissonner un champ, Faire la moisson des grains qu' il a produits.

MOISSONNER

MOISSONNER s' emploie quelquefois absolument. On ne moissonne pas encore chez nous. On a moissonné ici.

Fig. et poét., Moissonner des palmes, des lauriers, Avoir de nombreux succès, remporter beaucoup de victoires.

Prov., d' après la Bible, Celui qui sème le vent moissonnera la tempête, Celui qui veut exciter des troubles, sera lui-même victime de troubles plus grands encore.

MOISSONNER

MOISSONNER signifie aussi figurément, Détruire, faire périr. La mort a moissonné un grand nombre d' hommes, des milliers d' hommes. La guerre, le fer, la peste a moissonné la plus grande partie des habitants de ce pays. Leur vie a été moissonnée dans sa fleur.

MOISSONNÉ, ÉE. participe

MOISSONNÉ, ÉE. participe

MOISSONNEUR, EUSE. s.

MOISSONNEUR, EUSE. s. Celui, celle qui moissonne, qui coupe les blés et autres grains. Bon moissonneur. Louer, payer des moissonneurs, des moissonneuses. On a mis des moissonneurs dans ce champ.

MOITE. adj.des deux genres

MOITE. adj.des deux genres Qui a quelque humidité, qui est un peu mouillé. Il a le front moite. Avoir les mains moites. Être tout moite de sueur. Ces draps ne sont pas bien séchés, ils sont encore moites. Durant le dégel, les murailles sont moites.

MOITEUR. s. f.

MOITEUR. s. f. Légère humidité, qualité de ce qui est moite. Ces draps ne sont pas bien secs, il y a encore de la moiteur. Il faut les chauffer pour en ôter la moiteur. Il a une petite moiteur aux mains. Il n' a plus de sueur, il ne lui reste qu' une légère moiteur. Après l' accès de la fièvre, il reste d' ordinaire un peu de moiteur.

MOITIÉ. s. f.

MOITIÉ. s. f. L' une des parties d' un tout divisé, partagé également en deux. Les deux moitiés d' un cercle, d' un carré. Il a acheté trop cher de moitié. Il a été trompé de moitié, de plus de la moitié du juste prix. Il y a lésion d' outre moitié. Ce marchand surfait toujours de moitié, de la moitié. L' un est plus grand que l' autre de moitié. Il y a déchet de moitié. Il en faut retrancher la moitié. La majorité absolue des suffrages se compose de la moitié des voix, plus une. La moitié de cette succession lui appartient. Il a moitié dans cette succession. Il a sa moitié dans cette maison, il y a sa moitié. Il a moitié dans tous les meubles, il lui en appartient la moitié. Il a moitié partout.

Il signifie assez ordinairement, dans une acception moins rigoureuse, Une portion, une part qui est à peu près de la moitié. La moitié d' un pain, d' un poulet. Une moitié d' agneau. Mettre la moitié d' eau, moitié d' eau dans son vin. Faire bouillir de l' eau jusqu' à ce qu' elle soit réduite à la moitié, à moitié. La moitié de la vie se passe à souffrir. Passer la moitié du temps à la campagne. La moitié du temps il est sans argent. La moitié de son discours ne valait rien. Il a mangé la moitié de son bien. Il n' a fait encore que la moitié de son ouvrage. Il est plus beau de moitié. Je l' ai trouvé crû de moitié, rapetissé de moitié. Venez auprès de moi, je vous donnerai la moitié de ma place.

Couper, partager une chose par la moitié, La couper, la partager en deux moitiés. Le diamètre coupe le cercle par la moitié. Scier une pierre par la moitié.

Partager un différend, le différend par la moitié, se dit en parlant D' un marché, et signifie, Se relâcher des deux côtés sur ce qui empêche de conclure.

Partager quelque chose par moitié, Prendre chacun la moitié d' une chose qui était à partager. Partager les revenus, les bénéfices par moitié.

Offrir la moitié de son lit à quelqu' un, Offrir place dans son lit à quelqu' un. On dit, dans un sens analogue, Prendre la moitié du lit de quelqu' un.

À moitié, se dit en parlant De terres et d' affaires commerciales, pour signifier que le produit doit être partagé par moitié entre le propriétaire et le fermier, ou entre les deux associés. Donner, prendre des terres à moitié. Il laboure cette terre à moitié. Il fait ces vignes-là à moitié. Donner à moitié fruits. Prendre un marché avec quelqu' un à moitié de perte et de gain, à moitié perte et gain.

À moitié chemin, À la moitié du chemin. Il est resté à moitié chemin.

À moitié prix, Pour la moitié du prix ordinaire.

Être de moitié, se mettre de moitié avec quelqu' un, Faire avec lui une société dans laquelle la perte et le gain se partagent par moitié. Ils sont de moitié dans cette affaire. Si vous voulez jouer, je serai de moitié avec vous, dans votre jeu. Je me mettrai de moitié avec vous. Ils sont de moitié ensemble.

Prov. et fig., En rabattre de moitié ou de la moitié, en parlant D' une personne, signifie, L' estimer bien moins qu' on ne faisait. Je le croyais honnête homme; mais s' il a fait ce que vous dites, j' en rabats de moitié. On dit aussi, pour donner à entendre qu' un récit, un éloge, une plainte sont exagérés, Il en faut rabattre la moitié, il faut en rabattre moitié.

Pour les autres emplois des expressions À moitié et De moitié, voyez à la fin de l' article.

MOITIÉ

MOITIÉ se dit, figurément et familièrement, d' Une femme à l' égard de son mari. Comment se porte votre moitié? Il a perdu sa chère moitié.

MOITIÉ

MOITIÉ s' emploie aussi adverbialement pour signifier, À demi. Du pain moitié seigle, moitié froment. C' est une étoffe moitié soie, moitié laine. Il boit toujours moitié eau, moitié vin. Moitié l' un, moitié l' autre.

Vaisseau moitié guerre, moitié marchandise, Vaisseau chargé de marchandises, qui est armé et en état de se défendre.

Prov. et fig., Moitié guerre, moitié marchandise, se dit en parlant D' une conduite, d' un procédé équivoque et douteux. Cet homme a fait sa fortune moitié guerre, moitié marchandise. Il signifie aussi, Moitié de force, moitié de gré. On l' a fait consentir à cet arrangement moitié guerre, moitié marchandise.

Prov. et fig., Moitié figue, moitié raisin, Partie à contre-coeur, partie de bonne volonté; Partie bien, partie mal; Moitié sérieusement, moitié en plaisantant; etc.

Fig. et fam., Cet homme est moitié chair, moitié poisson, On a peine à dire de quelles moeurs, de quel naturel il est, ce qu' il aime, ce qu' il hait, ce qu' il veut, ce qu' il ne veut pas.

À MOITIÉ. loc. adv.

À MOITIÉ. loc. adv. En partie, à demi. Cela est à moitié pourri. Le tonneau est à moitié vide. La bouteille n' est qu' à moitié pleine. Il est à moitié ivre. Une maison à moitié ruinée, à moitié découverte. De l' argent plus d' à moitié dépensé. Notre vin est à moitié bu.

DE MOITIÉ. locution adverbiale

DE MOITIÉ. locution adverbiale usitée dans certaines phrases, comme, Il a été trop long de moitié dans son discours; cette sauce est trop poivrée de moitié; etc., Il a été beaucoup plus long qu' il ne fallait; cette sauce est beaucoup trop poivrée; etc.

MOKA. s. m.

MOKA. s. m. Le café qui vient de Moka, ville d' Arabie. Du café de Moka, ou simplement, Du moka. Du bon moka. Du vrai moka.

MOL, OLLE. adj.

MOL, OLLE. adj. Voyez MOU.

MOLAIRE. adj. f.

MOLAIRE. adj. f. Il se dit Des grosses dents qui servent à broyer les aliments, et qu' on appelle autrement Mâchelières. Les dents molaires.

Il s' emploie aussi substantivement. Les petites molaires. Les grosses molaires.

MÔLE. s. f.

MÔLE. s. f. Masse informe et inanimée, dont les femmes accouchent quelquefois, au lieu d' accoucher d' un enfant. Cette femme, que l' on a crue grosse pendant six mois, n' est accouchée que d' une môle.

MÔLE. s. m.

MÔLE. s. m. Jetée de pierres fondée dans la mer, à l' entrée d' un port, pour rompre l' impétuosité des vagues, et pour mettre les vaisseaux plus en sûreté. Il n' est guère usité qu' en parlant De quelques ports de la Méditerranée. Les môles de Gênes. Le môle de Naples, de Barcelone. Les vagues passaient par-dessus le môle.

MOLÉCULAIRE. adj.des deux genres

MOLÉCULAIRE. adj.des deux genres Qui appartient, qui a rapport aux molécules.

MOLÉCULE. s. f.

MOLÉCULE. s. f. Petite partie d' un corps. Les molécules de l' air, du sang. Molécules organiques, élémentaires, intégrantes.

MOLÈNE. s. f.

MOLÈNE. s. f. T. de Botan. Genre de plantes laineuses dont une espèce, le Bouillon blanc, est employée en médecine comme pectorale.

MOLESTER. v. a.

MOLESTER. v. a. Vexer, tourmenter de quelque manière que ce soit, inquiéter par des embarras suscités mal à propos. Molester quelqu' un en lui suscitant des procès. Il les a fort molestés par ses chicanes, par ses propos, par ses sarcasmes.

MOLESTÉ, ÉE. participe

MOLESTÉ, ÉE. participe

MOLETTE. s. f.

MOLETTE. s. f. Partie de l' éperon qui est ordinairement faite en forme d' étoile, et qui sert à piquer le cheval. Une molette d' éperon.

MOLETTE

MOLETTE se dit aussi d' Une maladie des chevaux, qui consiste en une tumeur molle à la jambe.

MOLETTE

MOLETTE se dit encore d' Un morceau de marbre, de verre, etc., taillé ordinairement en cône, dont la base est plane, et sert à broyer des couleurs ou d' autres corps, sur le marbre, le verre, le porphyre, etc.

MOLINISME. s. m.

MOLINISME. s. m. Sentiment, opinion de Molina et de ses sectateurs sur la grâce.

MOLINISTE. s. et adj. des deux genres

MOLINISTE. s. et adj. des deux genres Celui, celle qui suit le sentiment, l' opinion de Molina sur la grâce.

MOLLAH. s. m.

MOLLAH. s. m. (On fait sentir les deux L.) Docteur, prêtre musulman qui fait, à certaines heures, la prière sur le toit de la mosquée.

MOLLASSE. adj.des deux genres

MOLLASSE. adj.des deux genres Qui est désagréablement mou au toucher. Chair, peau mollasse.

Il se dit aussi D' une étoffe qui n' a pas assez de consistance, assez de corps. Ce drap est mollasse.

MOLLEMENT. adv.

MOLLEMENT. adv. D' une manière molle. Il n' est guère usité au propre que dans ces phrases, Être couché mollement, être assis mollement, Être couché dans un bon lit, être assis sur un siége bien mollet.

MOLLEMENT

MOLLEMENT au figuré, signifie, Avec un abandon gracieux. Se balancer mollement.

Il signifie aussi, Faiblement, lâchement, sans vigueur. Agir, travailler mollement. Il s' est conduit mollement dans cette affaire. Ce siége a été conduit mollement.

Il signifie encore, D' une manière molle et efféminée. Vivre mollement.

MOLLESSE. s. f.

MOLLESSE. s. f. Qualité de ce qui est mou. Son plus grand usage, au propre, est dans le style didactique. La mollesse et la dureté des corps. La mollesse des chairs est une marque d' une mauvaise constitution, d' une mauvaise disposition.

Il se dit quelquefois en parlant Du climat, et signifie, Température douce et molle. La mollesse de leur climat n' affaiblissait pas leur courage.

Il se dit aussi en parlant De la complexion, du tempérament des personnes. La mollesse de sa complexion l' expose à beaucoup de maladies.

En termes de Peinture et de Sculpture, La mollesse des chairs, L' imitation vraie de la flexibilité, de la morbidesse des chairs. La mollesse du pinceau, Le défaut de fermeté dans le maniement du pinceau.

MOLLESSE

MOLLESSE signifie figurément, Manque de vigueur et de fermeté dans le caractère, dans la conduite, dans les moeurs. Il agit avec beaucoup de mollesse. Il y a trop de mollesse dans son caractère. La mollesse de nos moeurs. Je crains la mollesse de vos conseils. Cette affaire a été conduite avec mollesse.

Il signifie aussi, Excès d' indulgence. La mollesse de ce père a perdu ses enfants.

Il signifie encore, Délicatesse d' une vie efféminée. Vivre dans la mollesse. La mollesse des Sybarites. La mollesse asiatique. Les suites de la mollesse sont à craindre.

MOLLESSE

MOLLESSE en Littérature, se dit d' Un certain abandon gracieux, d' une certaine douceur de pensées et de style. Quinault a dans ses vers beaucoup de douceur et de mollesse.

MOLLET, ETTE. adj.

MOLLET, ETTE. adj. Diminutif de Mou. Qui a une mollesse agréable et douce au toucher. Des coussins bien mollets. Un lit mollet. Une étoffe douce et mollette.

Pain mollet, Sorte de petit pain blanc qui est léger et délicat.

OEufs mollets, OEufs à la coque, oeufs cuits de manière que le blanc et le jaune restent liquides.

Fam., Avoir les pieds mollets, se dit D' une personne qui marche encore avec peine après une attaque de goutte.

MOLLET. s. m.

MOLLET. s. m. Le gras de la jambe. Le mollet de la jambe, ou simplement, Le mollet. Il a de beaux, de gros mollets. Porter de faux mollets.

MOLLETON. s. m.

MOLLETON. s. m. Étoffe de laine, de coton ou de soie, tirée à poil, d' un seul côté ou des deux côtés, douce, chaude et mollette, dont on fait des camisoles, des gilets, des couvertures, etc. Molleton de laine, de coton, de soie. Camisole de molleton. Gilet doublé de molleton.

MOLLIFIER. v. a.

MOLLIFIER. v. a. T. de Médec. Rendre mou et fluide. Cela sert à mollifier les humeurs. Un cataplasme pour mollifier une tumeur.

MOLLIFIÉ, ÉE. participe

MOLLIFIÉ, ÉE. participe

MOLLIR. v. n.

MOLLIR. v. n. Devenir mou. La plupart des pommes mollissent cette année.

Il signifie aussi, Manquer de force, faiblir, fléchir. Ce cheval aura peine à fournir sa course, il commence à mollir. Le vent mollissait contre les voiles. Les troupes mollissaient et commençaient à plier.

Il signifie au sens moral, Céder trop aisément dans une occasion où il faudrait avoir de la fermeté. Il ne faut pas mollir dans cette affaire. Il se pique de fermeté, mais je l' ai vu mollir dans une occasion importante. Vous mollissez.

MOLLUSQUE. s. m.

MOLLUSQUE. s. m. T. d' Hist. nat. Nom donné aux animaux sans vertèbres, dont le corps est mou, et qui ont un coeur et des vaisseaux. Les mollusques habitent la terre, la mer et les eaux douces. Mollusques acéphales. L' huître est un mollusque testacé.

MOLY. s. m.

MOLY. s. m. Plante dont parle Homère, et à laquelle il attribue des vertus merveilleuses. On ne sait pas bien quelle est l' espèce du moly.

MOLYBDÈNE. s. m.

MOLYBDÈNE. s. m. T. de Chimie. Sorte de métal cassant, d' une couleur semblable à celle du plomb, et très-difficile à fondre.

MOMENT. s. m.

MOMENT. s. m. Instant, petite partie du temps, temps fort court. Le moment de la mort. Le dernier moment. Ses malheurs ont avancé son dernier moment, ses derniers moments. Attendez-moi pendant quelques moments, et par ellipse, Attendez un moment, attendez-moi quelques moments. Je reviens dans un moment. J' aurai fait en un moment. Il n' a plus qu' un moment à vivre. Il est arrivé trop tard d' un moment. Je vous demande un moment d' audience. Je viens vous dérober quelques moments. Prendre quelques moments de repos, de sommeil. Il compte les heures et les moments. On l' attend à tout moment. Il peut venir d' un moment à l' autre, de moment en moment. Il ne faut pas abuser de votre temps, car tous vos moments sont précieux. J' ai passé des moments bien heureux, bien agréables auprès de lui. J' ai eu des moments pénibles dans ma vie. Le moment fatal est arrivé. Le moment est venu de prendre un parti. Voici le moment de se décider. Le moment critique. Le moment présent. Il a des moments de bonté, d' indulgence, de sévérité. Cet acteur a des moments admirables. Il est sage, il est fou par moments, dans certains moments. Le moment est mal choisi pour faire cela. Ce travail a rempli, a occupé, a employé tous les moments de sa vie. Choisir, prendre, saisir un moment favorable, le moment favorable.

Un bon moment, Un instant favorable pour faire ce qu' on désire. Choisir, prendre un bon moment. Attendre les bons moments. Cet homme est habile et vigilant, il saisit toujours les bons moments. On dit dans le sens contraire, Un mauvais moment. Vous êtes arrivé dans un mauvais moment.

Avoir de bons moments, se dit D' une personne dont l' esprit est égaré, mais qui a quelques bons intervalles. On le dit aussi D' une personne qui, ayant quelque défaut habituel de caractère ou d' humeur, cesse parfois de le manifester. Il est ordinairement colère, mais il a de bons moments.

Un bon moment, un mauvais moment, se disent encore d' Une espèce d' inspiration subite et passagère pour faire le bien ou pour faire le mal.

Fam. et par ellipse, Un moment, Attendez un moment. Un moment, j' ai à vous parler. Un moment, je reviens sur la proposition que j' avais faite.

MOMENT

MOMENT en termes de Mécanique, se dit Du produit d' une puissance par le bras du levier, suivant lequel elle agit. Dans un levier, les moments de deux puissances qui se font équilibre, sont égaux.

AU MOMENT DE. loc. prépositive

AU MOMENT DE. loc. prépositive Sur le point de. Au moment de partir, je m' aperçus que j' oubliais mon manteau. Au moment de fermer ma lettre, j' apprends que...

AU MOMENT O, AU MOMENT QUE, DANS LE MOMENT QUE, DANS LE MOMENT O. loc. conjonctives. Lorsque. Au moment où il arrivera, j' irai le voir. Au moment que je le verrai, je lui parlerai de vous. J' arrivai dans le moment même qu' il venait de sortir, dans le moment où il sortait.

DU MOMENT QUE. loc. conjonctive

DU MOMENT QUE. loc. conjonctive Dès que, depuis que. Du moment que je l' ai aperçu, je l' ai salué. Du moment que je l' ai connu, je l' ai aimé. On dit de même, Dès ce moment, de ce moment, Depuis ce moment.

Il signifie aussi, Puisque. Du moment que votre père y consent, je n' ai plus rien à dire.

À TOUT MOMENT, À TOUS MOMENTS. loc. adverbiales

À TOUT MOMENT, À TOUS MOMENTS. loc. adverbiales Sans cesse, à toute heure. Je crois à tout moment le voir et l' entendre.

DANS LE MOMENT. loc. adv.

DANS LE MOMENT. loc. adv. Bientôt, dans très-peu de temps. Je reviens dans le moment.

EN CE MOMENT. loc. adv.

EN CE MOMENT. loc. adv. Présentement, à l' heure qu' il est. Revenez me voir demain, je suis trop occupé en ce moment pour vous recevoir.

MOMENTANÉ, ÉE. adj.

MOMENTANÉ, ÉE. adj. Qui ne dure qu' un moment. Un effort momentané. Une action momentanée. Hasarder sa vie pour un plaisir momentané.

MOMENTANÉMENT. adv.

MOMENTANÉMENT. adv. Passagèrement, pour un moment, pendant un moment. Je suis ici momentanément. Ce météore n' a paru que momentanément.

MOMERIE. s. f.

MOMERIE. s. f. Mascarade. Dans ce sens, il est vieux. Son usage le plus ordinaire est au figuré, où il se prend pour L' affectation ridicule d' un sentiment qu' on n' a pas. Cet héritier se montre fort affligé de la mort de son parent; mais c' est une momerie, une pure momerie, ce n' est que momerie, c' est pure momerie.

Il signifie aussi, Chose concertée pour faire rire, jeu joué pour tromper quelqu' un par plaisanterie. C' est une plaisante momerie. Dans cette acception, il est vieux.

Il signifie encore, Cérémonie bizarre, ridicule. Il y a peu de cultes qui ne soient défigurés par quelques momeries.

Ce mot est familier dans ses diverses acceptions.

MOMIE. s. f.

MOMIE. s. f. Corps embaumé par les anciens Égyptiens. On trouve encore des momies dans les anciens tombeaux d' Égypte.

Il se dit, par extension, Des corps de ceux qui ont été enterrés sous les sables mouvants que les vents élèvent dans les déserts de l' Arabie et de l' Égypte, et qu' on retrouve ensuite desséchés par les ardeurs du soleil. On trouve des momies dans les sables d' Égypte. Il est sec comme une momie.

Fig. et fam., C' est une momie, une vraie momie, se dit D' une personne sèche et noire.

MOMIE

MOMIE se dit aussi de La couleur brune tirée des bitumes dont les momies ont été enduites.

MON. Adj. possessif masculin

MON. Adj. possessif masculin qui répond au pronom personnel Moi, Je. Mon livre. Mon ami. Mon bien. Mon père. Mon frère.

Il fait au féminin, Ma. Ma mère. Ma soeur. Ma maison. Ma chambre. Ma plus grande envie. Ma principale affaire. Mais lorsque le substantif ou l' adjectif féminin, devant lequel il est placé, commence par une voyelle ou par h sans aspiration, au lieu de Ma, on dit, par euphonie, Mon. Mon âme. Mon épée. Toute mon espérance. Mon unique ressource. Mon affaire principale. Mon heure n' est pas venue. Devant une h aspirée, on dit Ma, au féminin. Ma hallebarde. Ma honte.

Il fait Mes au pluriel du masculin et du féminin. Mes amis. Mes livres. Mes affaires. Mes pensées.

MONACAL, ALE. adj.

MONACAL, ALE. adj. Appartenant à l' état de moine. L' habit monacal. L' esprit monacal. Vie, règle monacale. Cela est trop monacal. Un chant monacal.

MONACALEMENT. adv.

MONACALEMENT. adv. D' une manière monacale. Vivre monacalement.

MONACHISME. s. m.

MONACHISME. s. m. Il se dit Des institutions monastiques en général, et il marque ordinairement une sorte de mépris. Étudier l' influence du monachisme sur une nation. L' esprit du monachisme.

MONADE. s. f.

MONADE. s. f. Être simple et sans parties, dont les leibnitziens croient que tous les autres êtres sont composés. Le système des monades.

MONADE

MONADE se dit aussi, en Histoire naturelle, d' Un animal tellement petit, qu' au plus fort microscope il ne paraît que comme un point.

MONADELPHIE. s. f.

MONADELPHIE. s. f. T. de Botan. Classe du système de Linné, qui renferme les plantes à plusieurs étamines réunies par leurs filets en un seul corps ou faisceau.

MONANDRIE. s. f.

MONANDRIE. s. f. T. de Botan. Classe du système de Linné, qui renferme les plantes à une seule étamine.

MONARCHIE. s. f.

MONARCHIE. s. f. Le gouvernement d' un État régi par un seul chef. Monarchie héréditaire, élective. Monarchie absolue, tempérée, mixte. Ce prince aspirait à la monarchie universelle.

Monarchie constitutionnelle, Celle où la balance et l' exercice des pouvoirs sont réglés par des lois fondamentales.

MONARCHIE

MONARCHIE signifie aussi, État gouverné par un monarque. Une vaste monarchie. Cette monarchie fut heureuse sous tel prince, s' agrandit dans tel siècle. La monarchie française. Les monarchies de l' Europe.

MONARCHIQUE. adj.des deux genres

MONARCHIQUE. adj.des deux genres Qui appartient à la monarchie. État, gouvernement, pouvoir monarchique. Principes, idées monarchiques. Esprit monarchique.

MONARCHIQUEMENT. adv.

MONARCHIQUEMENT. adv. D' une manière monarchique.

MONARQUE. s. m.

MONARQUE. s. m. Chef d' une monarchie. Grand, puissant, glorieux, faible monarque.

MONASTÈRE. s. m.

MONASTÈRE. s. m. Couvent, lieu habité par des moines ou par des religieuses. Monastère d' hommes, de filles. Les anciens monastères. Bâtir un monastère. Se retirer, s' enfermer dans un monastère. Sortir du monastère.

MONASTIQUE. adj.des deux genres

MONASTIQUE. adj.des deux genres Qui appartient aux moines, qui concerne les moines. Vie, discipline, institution monastique. Les voeux monastiques. Ordre monastique.

MONAUT. adj. m.

MONAUT. adj. m. Qui n' a qu' une oreille. Un chien, un chat, un cheval monaut.

MONCEAU. s. m.

MONCEAU. s. m. Tas, amas fait en forme de petit mont. Un grand, un petit monceau. Monceau de blé, d' avoine, de pierres, d' argent. Mettre plusieurs choses en un monceau. Cela est tout en un monceau.

Fam., Avoir des monceaux d' une chose, En avoir beaucoup. Cet homme a des monceaux d' or.

MONDAIN, AINE. adj.

MONDAIN, AINE. adj. Qui aime les vanités du monde. C' est une femme extrêmement mondaine.

Il se dit Des choses, et signifie, Qui se ressent des vanités du monde. Air mondain. Plaisirs, honneurs mondains. Spectacle mondain. Habit mondain. Parure, vie mondaine. Dans l' une et l' autre acception, il ne s' emploie guère hors des sermons et des livres de dévotion.

C' est un sage mondain, se dit D' un homme sage, mais peu dévot. Il a vieilli.

MONDAIN

MONDAIN s' emploie aussi substantivement, et signifie, Celui qui est attaché aux choses vaines et passagères du monde. Les mondains ne cherchent que la dissipation et la joie.

MONDAINEMENT. adv.

MONDAINEMENT. adv. D' une manière mondaine.

MONDANITÉ. s. f.

MONDANITÉ. s. f. Vanité mondaine. Passer sa vie dans les plaisirs et dans la mondanité. Le mépris des mondanités. Il ne s' emploie qu' en style de dévotion.

MONDE. s. m.

MONDE. s. m. L' univers, le ciel et la terre, et tout ce qui y est compris. Dieu a créé le monde, a tiré le monde du néant. La création, la fin du monde. Plusieurs philosophes ont cru le monde éternel.

Fam., Depuis que le monde est monde, De tout temps.

L' an du monde deux mille, La deux millième année depuis la création du monde.

Le monde physique, Le monde considéré dans ce qu' il a de sensible; par opposition à Monde moral ou intellectuel, Le monde considéré sous les rapports qui ne peuvent être saisis que par l' intelligence, ou qui appartiennent à la morale.

Le monde idéal, L' idée archétype du monde qui est en Dieu de toute éternité, suivant la philosophie de Platon.

MONDE

MONDE dans un sens plus particulier, se dit de La terre, du globe terrestre. Les cinq parties du monde. Le monde sublunaire. Le centre, le bout, les extrémités, les confins, les bornes du monde. Aux deux bouts du monde. Alexandre aspirait à se rendre maître du monde. Courir le monde. Faire le tour du monde. Voyage autour du monde. Ce bas monde.

Venir au monde, Naître; et, Être au monde, cesser d' être au monde, n' être plus au monde, Exister, ne plus exister. Cela ne se dit que Des personnes. Quand cet enfant est venu au monde. Depuis que je suis venu au monde. Depuis qu' il n' est plus au monde, qu' il a cessé d' être au monde. On dit dans un sens analogue, Mettre un enfant au monde, Donner la naissance à un enfant. Les enfants qu' elle a mis au monde.

Le monde ancien, ou Le monde des anciens, Ce que les anciens connaissaient du globe terrestre.

Le nouveau monde, Le continent de l' Amérique. L' ancien et le nouveau monde, ou Les deux mondes, Les deux continents.

Hyperboliq. et fam., Il est allé loger, il est logé au bout du monde, Dans un quartier fort éloigné.

Fig. et fam., C' est le bout du monde, c' est tout le bout du monde, se dit Lorsqu' on estime quelque chose à son plus haut prix, à sa plus grande valeur. Si vous tirez cent francs de ce cheval, c' est le bout du monde. Si j' ai cent écus chez moi, c' est tout le bout du monde.

En style de l' Écriture, La figure de ce monde passe, Tout ce qui est dans le monde n' a rien de solide ni de permanent.

MONDE

MONDE se dit aussi Des planètes qu' on suppose habitées; et alors on ne l' emploie guère qu' au pluriel. Dieu a semé les mondes dans l' espace. La Pluralité des Mondes est le titre d' un ouvrage de Fontenelle.

Il se dit hyperboliquement d' Un lieu vaste et très-peuplé. Paris est un monde, un petit monde.

MONDE

MONDE signifie, par extension, La totalité des hommes, le genre humain. JÉSUS-CHRIST est le sauveur du monde. L' opinion est la reine du monde.

Le monde chrétien, La totalité des hommes qui professent le christianisme.

MONDE

MONDE signifie aussi, Les hommes en général, la plupart des hommes. Le monde ne pardonne point l' ingratitude. Le monde est bien méchant. Tout le monde sait cette nouvelle. Il est connu de tout le monde. Sa vie est utile au monde.

Il se prend quelquefois indéfiniment pour Gens, personnes. Il ne faut pas accuser le monde légèrement. Est-ce comme cela qu' il faut traiter le monde? Je crois que vous vous moquez du monde. Dans ce sens, il est familier.

Il se dit encore d' Un certain nombre de personnes. Il s' assembla quantité de monde autour de lui. Il a amené beaucoup de monde avec lui. Il y avait bien du monde à l' Opéra. Le monde n' est pas encore arrivé.

Peu de monde, pas grand monde, Peu de personnes. Il n' y avait pas grand monde à cette fête. Il ne put rassembler que peu de monde.

Hyperboliq., Un monde, Une grande quantité de personnes. Il a un monde d' ennemis.

MONDE

MONDE se dit quelquefois d' Une seule personne. N' entrez pas dans son cabinet, il y a du monde avec lui, il est avec du monde.

MONDE

MONDE avec l' adjectif possessif, se dit particulièrement Des domestiques de quelqu' un. Il a congédié tout son monde.

Il se dit également Des gens qui sont sous les ordres de quelqu' un. L' architecte a-t-il amené tout son monde? Ce capitaine n' avait que la moitié de son monde.

Il se dit pareillement d' Un certain nombre de personnes que l' on attend. On servira dès que votre monde sera venu.

MONDE

MONDE signifie en outre, La société des hommes, ou Une partie de cette société. Fréquenter, aimer le monde. Le commerce du monde. C' est un homme qui a vu le monde, qui a un grand usage du monde, une grande connaissance des affaires du monde. Observer, étudier le monde. Avoir l' expérience du monde. À son entrée dans le monde. Il n' aime pas le monde. Il ne voit qu' un certain monde. Loin du monde et du bruit. Se retirer du monde, de l' embarras du monde et des affaires. C' est le monde qui lui a formé l' esprit. Le monde est bien corrompu. Dans quel monde vivez-vous? Il s' est fait un monde à part dans lequel il passe sa vie. Il vit dans un monde qui n' a rien de commun avec celui où vous vivez. Faire figure dans le monde. Se faire un nom, de la réputation dans le monde. Faire parler de soi dans le monde.

Homme du monde, Homme qui vit dans le grand monde. Au pluriel, Les gens du monde.

Fam., Le grand monde, La société distinguée par les richesses, par les dignités de ceux qui la composent. Aller dans le grand monde. Il signifie aussi, Une société nombreuse. Le grand monde l' étourdit, il préfère un petit cercle d' amis.

Fam., Le petit monde, Les gens du commun. Cela n' a réussi que dans le petit monde. Le peuple dit, Il ne faut pas tant mépriser le petit monde.

Fam., Le beau monde, La société la plus brillante. Il va dans le beau monde, il voit le beau monde. On dit par extension, J' ai vu là beaucoup de beau monde, Beaucoup de personnes bien mises, élégantes.

Le monde savant, le monde lettré, Les hommes qui s' occupent particulièrement des sciences, des lettres.

Savoir bien le monde, son monde, Savoir bien la manière de vivre dans la société. C' est un homme qui sait bien le monde, qui sait bien son monde. On dit dans le même sens, Il a du monde, il n' a pas de monde; il a la science du monde, l' esprit du monde.

Connaître le monde, Connaître les hommes. Connaître bien son monde, Savoir bien démêler le caractère des gens à qui l' on a affaire.

N' être plus du monde, N' être plus dans le commerce du monde. C' est un homme qui n' est plus du monde. Je ne suis plus du monde. Je ne suis plus de ce monde. On dit dans le même sens: Quitter le monde. Renoncer au monde. Se retirer du monde. C' est un solitaire qui ignore les choses de ce monde.

Prov., Ainsi va le monde, C' est ainsi que les hommes agissent, se conduisent.

Prov. et fig., C' est le monde renversé, se dit D' une chose qui se fait contre l' usage et l' ordre commun.

Monde idéal, Monde imaginaire, meilleur que le monde où nous existons. Se former, se créer un monde idéal. Vivre dans un monde idéal. S' égarer dans un monde idéal. Les illusions du monde idéal font oublier le monde réel.

Prov., Devoir à Dieu et au monde, Être extrêmement endetté.

MONDE

MONDE en langage de dévotion, signifie, Les hommes qui ont les moeurs corrompues du siècle. Renoncer au monde, au monde et à ses pompes. L' esprit, le train du monde. Les vanités du monde. Les maximes du monde sont bien contraires à celles de l' Évangile.

MONDE

MONDE se dit aussi de La vie séculière, par opposition à La vie monastique. Il a quitté le monde pour se mettre dans un cloître. Il est sorti du couvent, et est entré, rentré dans le monde.

MONDE

MONDE est quelquefois un terme augmentatif, soit qu' on affirme, soit qu' on nie. Il a dit de vous tout le bien du monde. Je ne voudrais de cette maison pour rien au monde. Il ne manquerait pas à sa parole pour tous les trésors du monde. Je donnerais tout au monde pour l' avoir. Rien au monde ne lui fait tant de plaisir.

Cela est, cela va le mieux du monde, Cela est, cela va très-bien. Nous sommes le mieux du monde ensemble, Nous sommes parfaitement d' accord, nous sommes très-bien l' un avec l' autre.

Par exagérat., Le meilleur homme, le plus méchant homme du monde; la meilleure chose, la plus mauvaise chose du monde, Un homme très-bon, très-méchant; une chose très-bonne, très-mauvaise.

L' autre monde, La vie future. Dans l' autre monde il faudra rendre compte de ce que nous aurons fait dans celui-ci. La foi nous apprend qu' il y a un autre monde après celui-ci.

Pop., Il est allé dans l' autre monde, Il est mort.

Fam., De quel monde venez-vous? se dit À une personne qui paraît ne pas être instruite d' une chose que tout le monde sait.

Fig. et fam., C' est un homme de l' autre monde, se dit D' un homme dont les moeurs, les façons de vivre paraissent opposées à celles de la société commune des autres hommes.

Fig. et fam., Dire des choses de l' autre monde, Dire des choses étranges, incroyables.

MONDE. adj.des deux genres

MONDE. adj.des deux genres Pur, net. Il ne se dit qu' en style de l' Écriture sainte, et pour qualifier Les animaux dont la loi des Juifs permettait l' usage, soit pour les sacrifices, soit pour les repas. Il est opposé à Immonde. Les bêtes, les animaux mondes et immondes.

MONDER. v. a.

MONDER. v. a. Nettoyer. Il s' emploie surtout dans ces phrases: Monder de l' orge, Le dégager de sa pellicule; et, Monder de la casse, Tirer la casse de son bâton, et la préparer, après en avoir ôté les semences.

MONDÉ, ÉE. participe

MONDÉ, ÉE. participe De l' orge mondé. Du séné mondé. De la casse mondée.

Prendre de l' orge mondé, Boire de l' eau dans laquelle on a fait bouillir de l' orge mondé.

MONDIFIER. v. a.

MONDIFIER. v. a. T. de Médec. Nettoyer, déterger. Mondifier un ulcère, une plaie.

MONDIFIÉ, ÉE. participe

MONDIFIÉ, ÉE. participe

MONÉTAIRE. s. m.

MONÉTAIRE. s. m. Il se dit Des officiers publics qui présidaient à la fabrication des monnaies et des médailles. Les anciennes monnaies françaises portaient ordinairement le nom des monétaires qui les avaient faites.

MONÉTAIRE

MONÉTAIRE s' emploie aussi comme adjectif des deux genres, et signifie, Qui a rapport aux monnaies. Art monétaire. Science monétaire. Atelier monétaire. Système monétaire. Lois monétaires.

MONITEUR. s. m.

MONITEUR. s. m. Celui qui donne des avis, des conseils. Les jeunes gens ont besoin d' un sage moniteur.

MONITEUR

MONITEUR dans les Écoles d' enseignement mutuel, se dit de L' élève chargé d' instruire un certain nombre de ses condisciples. L' école de ce régiment a de bons moniteurs.

MONITEUR

MONITEUR est aussi Le titre de certains journaux. Le Moniteur universel. Le Moniteur des théâtres.

MONITION. s. f.

MONITION. s. f. T. de Juridiction ecclés. Avertissement juridique qui se fait en de certains cas par l' autorité de l' évêque, avant de procéder à l' excommunication. On a fait jusqu' à trois monitions. Procéder à la troisième monition. Pour la troisième et péremptoire monition.

MONITOIRE. s. m.

MONITOIRE. s. m. T. de Juridiction ecclés. Lettres d' un official pour obliger, sous des peines ecclésiastiques, tous ceux qui ont quelque connaissance d' un crime ou de quelque autre fait dont on cherche l' éclaircissement, à venir révéler ce qu' ils savent. On a publié un monitoire dans toutes les paroisses. Le juge ordonna que l' official décernerait un monitoire. Fulminer, jeter, lancer un monitoire. On dit aussi adjectivement, Des lettres monitoires; et alors Monitoire est féminin.

MONITORIAL, ALE. adj.

MONITORIAL, ALE. adj. Il n' est usité que dans cette locution, Lettres monitoriales, Lettres en forme de monitoire.

MONNAIE. s. f.

MONNAIE. s. f. Toute sorte de pièces de métal, servant au commerce, frappées par autorité souveraine, et marquées au coin d' un prince ou d' un État souverain. Battre, faire battre monnaie. Avoir droit de battre monnaie. Faire de nouvelle monnaie. Mettre une nouvelle monnaie en circulation. Refondre les monnaies. Monnaie d' or, d' argent. Toute sorte de monnaie ayant cours. Le décri de la monnaie. La monnaie a été instituée pour la facilité des échanges. Fausse monnaie. Il est accusé de fausse monnaie. Monnaie de cuivre, de billon. Petite monnaie. Monnaie forte. Monnaie faible ou légère. Monnaie au-dessous du titre, au-dessous du poids. De la monnaie bien frappée. De la monnaie qui s' empile bien. Altérer les monnaies. Monnaie étrangère. Pièce de monnaie.

Monnaie de compte, ou Monnaie imaginaire, Monnaie qui n' a jamais existé, ou qui n' existe plus en espèces réelles, mais qui a été inventée ou retenue pour faciliter les comptes, en les établissant toujours sur un pied certain et non variable; par opposition à Monnaie réelle ou effective, Monnaie dont il existe des pièces ayant cours dans le commerce. La livre tournois, la livre sterling, sont des monnaies de compte. Le franc est une monnaie réelle.

Papier-monnaie, Papier créé par le gouvernement pour faire office de monnaie.

Monnaie obsidionale, Monnaie frappée dans une ville assiégée, où on lui donne cours pendant le siége, pour une valeur ordinairement beaucoup plus forte que sa valeur intrinsèque.

Payer en monnaie forte, Payer en espèces évaluées sur un pied avantageux à celui qui reçoit.

Fig. et fam., Battre monnaie, Se procurer de l' argent. Il a battu monnaie, il a vendu ses livres.

Fam., Être décrié comme de la fausse monnaie, comme la fausse monnaie, comme fausse monnaie, Avoir une très-mauvaise réputation.

MONNAIE

MONNAIE dans un sens plus particulier, se dit Des petites espèces d' argent ou de billon. N' avez-vous point de monnaie sur vous? Je n' ai pas un sou de monnaie.

Il signifie aussi, La valeur d' une pièce monnayée, en plusieurs pièces moindres. N' avez-vous point la monnaie d' un louis, d' un écu, d' une pièce de vingt sous, etc.?

Donner à quelqu' un de belle monnaie, Lui donner des pièces d' or ou d' argent, au lieu de pièces de cuivre ou de billon.

Prov. et fig., Rendre, donner à quelqu' un la monnaie de sa pièce, Se venger, user de représailles.

Prov. et fig., Payer quelqu' un en monnaie de singe, Le payer en gambades, se moquer de lui, au lieu de le satisfaire.

Prov. et fig., Il l' a payé en même monnaie, se dit D' un homme qui, ayant reçu d' un autre ou quelque service ou quelque déplaisir, lui a rendu ensuite la pareille.

MONNAIE

MONNAIE se dit, figurément et au sens moral, Des paroles dont il se fait une espèce d' échange dans la société. Les compliments sont une monnaie dont chacun connaît la valeur.

MONNAIE

MONNAIE signifie aussi, Le lieu où l' on bat monnaie. Porter des lingots à la monnaie, pour qu' ils soient convertis en espèces. Ce lieu s' appelle autrement Hôtel de la monnaie, des monnaies. Hôtel des monnaies de Paris, de Lyon, de Bordeaux, etc.

La monnaie des médailles, Le lieu où l' on frappe les médailles, les jetons.

Cour des monnaies, Cour supérieure qui était établie pour juger souverainement tout ce qui concernait les monnaies. Le premier président de la cour des monnaies.

MONNAYAGE. s. m.

MONNAYAGE. s. m. Fabrication de la monnaie. Monnayage au marteau, au balancier. Il entend bien le monnayage. Droit de monnayage.

MONNAYER. v. a.

MONNAYER. v. a. Convertir un métal en monnaie. On a monnayé de l' argent pour plus d' un million.

Il signifie plus particulièrement, Donner l' empreinte à la monnaie. Ce balancier monnaye tous les jours tant de milliers de pièces d' or.

Il s' emploie aussi absolument. Avant l' invention du balancier, on monnayait au marteau. L' art de monnayer a fait de grands progrès.

MONNAYÉ, ÉE. participe

MONNAYÉ, ÉE. participe Argent monnayé, se dit par opposition à Argent ouvragé ou brut. Payer en argent monnayé.

MONNAYEUR. s. m.

MONNAYEUR. s. m. Celui qui travaille à la monnaie de l' État.

Faux monnayeur, Celui qui fait de la fausse monnaie.

MONOCHROME. adj.des deux genres

MONOCHROME. adj.des deux genres Qui est d' une seule couleur. Les camaïeux, les grisailles sont des peintures monochromes.

Il s' emploie aussi comme substantif masculin. Un monochrome.

MONOCLE. s. m.

MONOCLE. s. m. Petite lunette qui ne sert que pour un oeil. Voyez LORGNON.

MONOCORDE. s. m.

MONOCORDE. s. m. Instrument de bois, de cuivre, etc., sur lequel il y a une seule corde tendue, et divisée selon certaines proportions pour faire connaître les différents intervalles des sons. La division du monocorde. Diviser un monocorde. La trompette marine était une espèce de monocorde.

MONOCOTYLÉDONE. adj.des deux genres

MONOCOTYLÉDONE. adj.des deux genres T. de Botan. Il se dit Des plantes dont les semences n' ont qu' un seul lobe ou cotylédon. Les plantes monocotylédones. On l' emploie quelquefois substantivement, au féminin. Le lis est une monocotylédone.

MONOECIE. s. f.

MONOECIE. s. f. T. de Botan. Classe du système de Linné, dans laquelle on range les plantes qui portent, sur le même pied, des fleurs mâles et des fleurs femelles. Le maïs appartient à la monoecie.

MONOGRAMME. s. m.

MONOGRAMME. s. m. Chiffre ou caractère composé des principales lettres d' un nom, et quelquefois de toutes. La signature de la plupart de nos anciens rois était un monogramme.

MONOGRAPHIE. s. f.

MONOGRAPHIE. s. f. T. d' Hist. nat. Description d' un seul genre ou d' une seule espèce d' animaux, de végétaux, etc.

MONOÏQUE. adj.des deux genres

MONOÏQUE. adj.des deux genres T. de Botan. Il se dit Des plantes qui portent, sur le même pied, des fleurs mâles et des fleurs femelles. Le maïs est une plante monoïque.

MONOLITHE. adj.des deux genres

MONOLITHE. adj.des deux genres Qui est d' une seule pierre. Statue, monument, pyramide, aiguille, obélisque monolithe.

Il s' emploie aussi substantivement, au masculin. Beaucoup de monuments, en Égypte, sont des monolithes.

MONOLOGUE. s. m.

MONOLOGUE. s. m. Scène d' une pièce de théâtre où un personnage est seul et se parle à lui-même. Beau monologue. Monologue ennuyeux. Ce monologue est trop long. Les monologues manquent ordinairement de vraisemblance.

MONOMANE. adj. et s. des deux genres

MONOMANE. adj. et s. des deux genres Qui est atteint de quelque monomanie. Il est monomane. Elle est monomane. C' est une monomane.

MONOMANIE. s. f.

MONOMANIE. s. f. Espèce d' aliénation mentale, dans laquelle une seule idée semble absorber toutes les facultés de l' intelligence. Monomanie érotique. Le traitement de la monomanie.

MONÔME. s. m.

MONÔME. s. m. T. d' Algèbre. Grandeur qui est exprimée sans que celles qui la composent soient jointes par les signes plus ou moins.

MONOPÉTALE. adj.des deux genres

MONOPÉTALE. adj.des deux genres T. de Botan. Il se dit Des fleurs dont la corolle est d' un seul pétale, d' une seule pièce. La fleur de la mauve est monopétale. Corolle monopétale.

MONOPHYLLE. adj. m.

MONOPHYLLE. adj. m. T. de Botan. Il se dit D' un calice formé d' une seule pièce. Calice monophylle, à cinq divisions.

MONOPOLE. s. m.

MONOPOLE. s. m. Trafic exclusif, fait en vertu d' un privilége. Faire le monopole. Exercer le monopole. Les monopoles nuisent au commerce. C' est une compagnie qui a obtenu le monopole de cette denrée. Le gouvernement s' est réservé le monopole du tabac et de la poudre à canon.

Il se dit, par extension, Du trafic d' un ou de plusieurs marchands réunis, qui achètent quelque marchandise en si grande quantité, que ceux qui veulent s' en procurer sont obligés de s' adresser à eux, et de payer le prix qu' ils exigent. Quelques marchands ayant enlevé tous les draps pour se rendre maîtres des prix, on se plaignit de ce monopole.

Il se dit quelquefois figurément. Cet écrivain semble s' être réservé le monopole de l' injure et de la calomnie.

MONOPOLEUR. s. m.

MONOPOLEUR. s. m. Celui qui exerce un monopole.

MONOPTÈRE. adj.des deux genres

MONOPTÈRE. adj.des deux genres T, d' Architecture. Il se dit D' un édifice qui n' a qu' une seule rangée de colonnes; et surtout D' un édifice rond formé d' une simple colonnade, sans mur. Temple monoptère à six, à huit colonnes, surmonté d' une calotte, d' un toit.

MONOSTIQUE. s. m.

MONOSTIQUE. s. m. Épigramme, inscription en un seul vers.

MONOSYLLABE. s. m.

MONOSYLLABE. s. m. T. de Gram. Mot d' une seule syllabe. Cette langue abonde en monosyllabes. Vous, moi, toi, sont des monosyllabes.

Il s' emploie quelquefois comme adjectif des deux genres. Ce mot est monosyllabe.

MONOSYLLABIQUE. adj.des deux genres

MONOSYLLABIQUE. adj.des deux genres Il se dit particulièrement Des vers dont tous les mots sont des monosyllabes. Vers monosyllabiques.

Il se dit aussi Des vers d' une seule syllabe.

MONOTONE. adj.des deux genres

MONOTONE. adj.des deux genres Qui est presque toujours sur le même ton, qui n' est pas assez varié dans ses intonations ou dans ses inflexions. Chant, déclamation monotone. On dit dans un sens analogue, Un bruit monotone.

Par extension, Acteur, orateur monotone, Acteur, orateur dont le débit a de la monotonie.

MONOTONE

MONOTONE se dit, figurément, Des choses qui sont trop uniformes, qui manquent de variété. Cet homme mène une vie monotone. Les plaisirs de la campagne sont un peu monotones. Le style de cet écrivain est monotone.

MONOTONIE. s. f.

MONOTONIE. s. f. Uniformité, égalité ennuyeuse de ton dans la conversation; dans les discours prononcés en public; dans la musique, soit vocale, soit instrumentale. Sa manière de réciter est d' une monotonie fatigante. Cette musique est d' une monotonie assoupissante.

Il se dit, figurément, d' Une trop grande uniformité dans le style. Ce poëme a de la monotonie.

Il se dit, par extension, d' Une manière de vivre qui est toujours la même. Sa vie est d' une monotonie ennuyeuse. Il y a bien de la monotonie dans les habitudes de cette famille.

MONS. s. m.

MONS. s. m. (On prononce l' S.) Abréviation du mot Monsieur. Entre particuliers, elle est méprisante. Mons un tel.

MONSEIGNEUR. s. m.

MONSEIGNEUR. s. m. Titre d' honneur que l' on donne en parlant ou en écrivant à certaines personnes distinguées par leur naissance ou par leur dignité. Monseigneur le prince. Monseigneur le chancelier. Donner du monseigneur à quelqu' un. Traiter quelqu' un de monseigneur. On écrit souvent, par abréviation, Mgr.

MESSEIGNEURS

MESSEIGNEURS Pluriel de Monseigneur, dont on se sert, soit en parlant, soit en écrivant collectivement à plusieurs des personnes qui ont droit au titre de Monseigneur.

NOSSEIGNEURS

NOSSEIGNEURS Autre pluriel de Monseigneur, dont on se servait principalement dans les requêtes présentées au conseil du roi, aux cours de parlement, et autres cours souveraines. Au roi et à nosseigneurs de son conseil. À nosseigneurs de parlement, du parlement, supplie humblement un tel.

MONSEIGNEURISER. v. a.

MONSEIGNEURISER. v. a. Donner le titre de monseigneur. Je l' ai monseigneurisé. Il ne s' emploie que par plaisanterie.

MONSEIGNEURISÉ, ÉE. participe

MONSEIGNEURISÉ, ÉE. participe

MONSIEUR. s. m.

MONSIEUR. s. m. (On ne fait sentir ni l' N ni l' R.) Qualité, titre que l' on donne par civilité, par bienséance, aux personnes à qui on parle, à qui on écrit. Oui, monsieur. Je vous prie, monsieur, de...

Il fait au pluriel, Messieurs. Je vous prie, messieurs, d' observer que... Messieurs les membres de la chambre des députés. J' ai dit à ces messieurs ce que je pensais de l' affaire. On écrit souvent, par abréviation, au singulier Mr ou M., et au pluriel Mrs ou MM.

MESSIEURS

MESSIEURS se disait autrefois absolument, au parlement et dans les autres cours souveraines. Un de messieurs. L' avis de messieurs.

MONSIEUR

MONSIEUR se dit, par les domestiques d' une maison, Du chef, du maître de cette maison. Vous demandez monsieur, il est sorti.

Prov., Monsieur vaut bien madame, Le mari vaut bien la femme. Cela se dit le plus souvent par ironie.

MONSIEUR

MONSIEUR sert aussi à désigner Tout homme dont le langage et les manières annoncent quelque éducation. Il est venu un monsieur vous demander. Appelez ce monsieur.

Pop., Il fait le monsieur, il fait bien le monsieur, Il fait l' homme de conséquence. Il est devenu gros monsieur, Il a fait fortune. C' est un beau monsieur, Il est élégamment vêtu.

Fam., C' est un vilain monsieur, C' est un homme difficile à vivre, d' humeur maussade. Par mépris: Mon petit monsieur. Que veut donc ce petit monsieur?

MONSIEUR

MONSIEUR se joint quelquefois à un terme d' injure. Monsieur le sot, monsieur l' insolent, je vous donnerai sur les oreilles.

MONSIEUR

MONSIEUR employé absolument, s' est dit de L' aîné des frères du roi. La maison de Monsieur.

Prune de Monsieur, Sorte de prune ronde, d' un beau violet. C' est aussi le nom d' Une nuance de la couleur violette. Une robe prune de Monsieur.

MONSTRE. s. m.

MONSTRE. s. m. Animal qui a une conformation contre nature. Monstre horrible, effroyable, affreux, épouvantable, hideux. Un monstre à deux têtes. Cette femme accoucha d' un monstre. Les monstres n' engendrent point.

Il se dit aussi Des végétaux. Les fleurs doubles sont des monstres.

MONSTRE

MONSTRE se dit, par exagération, de Ce qui est extrêmement laid. Cette femme est horriblement laide, c' est un monstre. On dit dans le même sens, Un monstre de laideur.

Il se dit, figurément, d' Une personne cruelle et dénaturée. Néron était un monstre. C' est un monstre qu' il faudrait étouffer. On dit populairement, dans le même sens, Un monstre de nature.

C' est un monstre d' ingratitude, un monstre d' avarice, un monstre de cruauté, se dit D' une personne qui montre une noire ingratitude, qui est d' une sordide avarice, etc.

Poétiq., Les monstres des forêts, Les bêtes féroces qui habitent les forêts.

Monstres marins, Les grands cétacés.

On a servi des monstres sur cette table, On y a servi des poissons d' une grandeur extraordinaire.

Fig., Se faire un monstre de quelque chose, S' imaginer qu' une chose est très-pénible, très-difficile.

MONSTRUEUSEMENT. adv.

MONSTRUEUSEMENT. adv. Prodigieusement, excessivement. Il n' est guère usité que dans ces phrases: C' est un homme monstrueusement gros, monstrueusement gras.

MONSTRUEUX, EUSE. adj.

MONSTRUEUX, EUSE. adj. Qui a une conformation contre nature. Un enfant monstrueux. Un animal monstrueux. On dit de même, Conformation monstrueuse.

Il signifie aussi, Qui est contraire aux lois de la nature. Accouplement monstrueux.

Il s' emploie, dans la même signification, au sens moral. Union, association monstrueuse d' idées, d' expressions.

Il signifie encore, Prodigieux, excessif dans son genre. Cet enfant a la tête monstrueuse. C' est une femme d' une laideur monstrueuse. Un homme d' une grandeur, d' une grosseur monstrueuse. Un animal monstrueux. On servit des poissons monstrueux.

Il se dit, dans le même sens, en parlant Des choses morales. Une avarice, une prodigalité, une profusion, une fortune monstrueuse. Un crime, un événement monstrueux. Son action est une chose monstrueuse. Absurdités monstrueuses.

MONSTRUOSITÉ. s. f.

MONSTRUOSITÉ. s. f. Caractère, vice de ce qui est monstrueux. Il se dit au propre et au figuré, et s' emploie plus ordinairement pour désigner La chose monstrueuse. C' est une monstruosité que la tête, que la main de cet enfant. Son action est une monstruosité.

MONT. s. m.

MONT. s. m. Grande masse de terre ou de roche, élevée au-dessus du terrain qui l' environne. Ce mot ne s' emploie guère en prose qu' avec un nom propre. Le mont Etna. Le mont Cenis. Les monts Pyrénées. Le mont Liban. Il n' est jamais suivi de la préposition de, quand il sert à désigner Une certaine montagne; au lieu que le mot Montagne est toujours suivi de cette préposition. Le mont Sinaï, la montagne de Sinaï. Le mont Calvaire, la montagne du Calvaire.

MONTS

MONTS au pluriel et pris absolument, signifie ordinairement, Les Alpes. Passer, repasser les monts. Au delà des monts. Deçà les monts.

Poétiq., Le double mont, Le Parnasse.

Fig. et fam., Promettre des monts d' or à quelqu' un, Lui promettre de grandes richesses, de grands avantages. On dit dans le même sens, Promettre monts et merveilles.

Par exagérat. et fam., Vous me donneriez un mont d' or, des monts d' or, que je n' en ferais rien, Vous me donneriez tous les biens du monde, que, etc. Cela lui coûte des monts d' or, Cela lui coûte excessivement.

Adverb., Par monts et par vaux, En toute sorte d' endroits, de tous côtés. Aller, courir par monts et par vaux. On le cherche par monts et par vaux.

Fam., Mont pagnote, Éminence d' où l' on peut, sans aucun péril, regarder un combat. Pendant l' action, il se tint sur le mont pagnote. Cette expression a vieilli.

Mont-de-piété, Établissement où l' on prête sur nantissement et à intérêt. Mettre des effets au mont-de-piété. Retirer ses hardes du mont-de-piété. Reconnaissance du mont-de-piété.

MONTAGE. s. m.

MONTAGE. s. m. Action de transporter quelque chose de bas en haut. Payer le montage du bois, des grains.

MONTAGNARD, ARDE. adj.

MONTAGNARD, ARDE. adj. Qui habite les montagnes. Les peuples montagnards. Animaux montagnards.

Il est plus ordinairement substantif. Les montagnards d' Écosse. C' est un montagnard.

MONTAGNE. s. f.

MONTAGNE. s. f. Mont, grande masse de terre ou de roche fort élevée au-dessus du terrain qui l' environne. Grande, haute montagne. Montagne élevée, rude, escarpée. Le sommet, le haut, la cime, le mamelon d' une montagne. Le penchant, la pente, la croupe, les flancs, la descente, le revers, le versant, le pied d' une montagne. Monter, descendre, passer, traverser une montagne. Gagner le haut d' une montagne. Gravir une montagne, sur une montagne. Les brigands se sont retirés dans les montagnes. Les montagnes d' Auvergne. Pays de montagnes. Pays hérissé de montagnes.

Une chaîne de montagnes, Une suite de montagnes qui tiennent l' une à l' autre.

Prov. et fig., La montagne a enfanté une souris, se dit Lorsque de grands projets n' aboutissent à rien.

Prov., Deux montagnes ne se rencontrent point, mais deux hommes se rencontrent, se dit ou Par menace, pour faire entendre à un homme qu' on trouvera occasion de se venger de lui, ou Lorsqu' on rencontre inopinément quelqu' un qu' on ne s' attendait pas à voir.

Prov., Il n' y a point de montagne sans vallée, Chaque chose existe avec ses conditions naturelles.

Prov. et fig., Il a sa montagne dans la tête, Il est très-occupé d' un dessein qu' il a conçu.

Montagnes de glace, Amas considérables de glaces qu' on rencontre principalement dans les mers polaires.

MONTAGNEUX, EUSE. adj.

MONTAGNEUX, EUSE. adj. Où il y a beaucoup de montagnes. Pays montagneux. Province, région montagneuse.

MONTANT. s. m.

MONTANT. s. m. Pièce de bois, de pierre ou de fer qui est posée verticalement et à plomb dans certains ouvrages de menuiserie, de serrurerie, etc. Il y a un montant de rompu à cette croisée. Les montants d' une porte cochère, d' une devanture de boutique. Les montants d' une grille, d' une porte de fer.

Les montants d' une raquette, Les cordes qui vont du haut en bas.

MONTANT

MONTANT signifie aussi, Le total d' un compte, d' une recette, d' une dépense, etc. Le montant de ces sommes, de la recette, de la dépense, est de deux cent mille francs.

MONTANT

MONTANT se dit en outre d' Un ecclésiastique, d' un magistrat, d' un officier militaire, etc., à qui, par droit d' ancienneté, il appartient de monter à quelque place, à quelque charge, à quelque emploi, en cas de vacance. C' est un tel qui est le premier montant. Le premier montant à la grand' chambre. Ce lieutenant est le premier montant. Dans cette acception, il a vieilli.

MONTANT

MONTANT se dit encore Du goût relevé de certaines choses, de la vapeur qui sort de certaines substances. Ce vin a du montant. Donner du montant à une sauce. Ce tabac a beaucoup de montant.

MONTANT, ANTE. adj.

MONTANT, ANTE. adj. Il se dit De tout ce qui monte. Un bateau montant. Il y a dans ce puits un seau montant et descendant. Un chemin montant. La marée montante.

En Maçonnerie, Joint montant, Le joint vertical de deux pierres. On ne voit aucun joint montant à la façade du Louvre.

En termes de Guerre, Garde montante, Celle qu' on place dans un poste, par opposition à Celle qu' on relève, et qu' on appelle Garde descendante.

MONTE. s. f.

MONTE. s. f. L' accouplement des chevaux et des cavales. Ce cheval, cet étalon a fait la monte.

Il signifie aussi, Le temps de cet accouplement. La monte commence en avril, et finit en juin.

MONTÉE. s. f.

MONTÉE. s. f. Endroit par où l' on monte à une montagne, à un coteau, à une éminence, etc. La montée de ce coteau est fort roide, est extrêmement roide. La montée en est rude, pénible, douce, aisée.

Il se dit, particulièrement, d' Une rampe douce au devant d' un édifice. La montée du Capitole, à Rome, a beaucoup de majesté.

Il signifie quelquefois, L' action de monter. Les chevaux ont ordinairement plus de peine à la descente qu' à la montée.

MONTÉE

MONTÉE se dit encore d' Un petit escalier, dans une maison de pauvres gens. Montée étroite, roide, aisée. Monter, descendre la montée. Nettoyer, balayer une montée.

Il signifie en outre, populairement, Chacune des marches d' un escalier, d' un degré. Prenez garde, il y a là une montée rompue. Il monte, il descend les montées trois à trois, quatre à quatre.

Pop., Faire sauter les montées à quelqu' un, Le chasser honteusement de chez soi, et avec violence. S' il lui arrive de venir encore chez moi, je lui ferai sauter les montées.

MONTÉE

MONTÉE se dit aussi, en Architecture, de La hauteur d' une voûte. Cette voûte surbaissée a pour sa largeur peu de montée.

MONTER. v. n.

MONTER. v. n. Se transporter dans un lieu plus haut que celui où l' on était. En ce sens, il se dit Des hommes et des animaux. Monter vite, facilement. Monter avec peine. Monter lentement. Monter plus haut, bien haut. C' est un pays inégal, on ne fait que monter et descendre. Monter sur un arbre, à un arbre, au haut d' un arbre. Monter à une tour, au haut d' une tour, au haut d' une maison. Monter à une échelle. Notre-Seigneur est monté au ciel. Il a monté quatre fois à sa chambre pendant la journée. Il est monté dans sa chambre, et il y est resté. Monter dans une voiture, en voiture. Monter à l' autel. Monter sur une hauteur, sur une montagne. Monter sur un escabeau, sur une chaise. Les écureuils montent au haut des arbres. Les chamois montent au haut des rochers. Monter à cheval, sur un cheval.

Fig., Monter à cheval, signifie aussi, Manier un cheval, lui faire faire le manége. Ce jeune homme apprend à monter à cheval. Cet écuyer montre bien à monter à cheval.

Monter en croupe, Se placer à cheval derrière quelqu' un. (Voyez vers la fin de la colonne suivante, Monter un cheval.)

Monter à l' assaut, Attaquer une place afin de l' emporter de vive force. Monter à la brèche, Faire tous ses efforts pour entrer par la brèche dans une place assiégée.

Monter sur un vaisseau, monter sur mer, S' embarquer sur un vaisseau. Nous montâmes sur tel vaisseau pour faire le trajet.

Monter en chaire, Prêcher. C' est une chose très-pénible que de monter tous les jours en chaire.

Monter sur le théâtre, sur les planches, Se faire comédien; et, Monter sur les tréteaux, Se faire bateleur.

Monter dans les carrosses du roi, ou simplement, Monter dans les carrosses, Être admis à l' honneur de monter dans les carrosses du roi.

Fig., Monter au faîte des honneurs, Parvenir aux plus grandes dignités. Monter au trône, sur le trône, Devenir roi ou reine.

Fig., Monter sur le Parnasse, Composer des vers, se livrer à la poésie.

Prov. et fig., Monter sur ses grands chevaux, Prendre les choses avec hauteur, montrer de la fierté, de la sévérité dans ses paroles.

Prov., fig. et pop., Monter sur ses ergots, Élever sa voix et son geste avec chaleur et audace.

Prov. et fig., Monter aux nues, Se mettre en colère. Quand on lui parle de cela, il monte aux nues. Vous me feriez monter aux nues.

MONTER

MONTER signifie aussi, figurément, Passer à un poste, à un degré au-dessus de celui qu' on occupait. Il était sergent, et il est monté à la sous-lieutenance. Il était lieutenant, et il est monté au grade de capitaine, ou, par ellipse, quand l' avancement a lieu dans le même corps, Il est monté capitaine. On dit dans le même sens: Cet officier est monté en grade. Cet écolier était en troisième, il est monté en seconde.

MONTER

MONTER signifie encore, S' élever. Il n' y a point d' oiseau qui monte plus haut que l' aigle. En ce sens, il se dit plus ordinairement De certains corps, tels que l' eau, le feu, les vapeurs, le son, etc. L' eau monte jusqu' au niveau de sa source. La flamme montait au-dessus des plus hautes maisons. Les vapeurs, les fumées du vin montent au cerveau. Ce vin monte à la tête. Il lui monte des chaleurs à la tête. Le feu, le sang, la rougeur, me montent au visage. La séve monte aux arbres. Le brouillard monte. La voix monte par tons et par demi-tons.

Il s' emploie figurément, dans le même sens. Les prières du juste, les cris des innocents qu' on persécute, montent au ciel. Le cri de son peuple est monté jusqu' à lui.

Le soleil, les astres montent sur l' horizon, Ils s' élèvent ou paraissent s' élever sur l' horizon.

Le soleil monte tous les jours, se dit Lorsque le soleil s' approche tous les jours de plus en plus de notre zénith.

Le baromètre monte, Le mercure qui est dans le tube du baromètre, monte. On dit de même, Le thermomètre monte.

Cette plante monte en graine, Elle n' est plus bonne à manger, et dans peu elle produira de la graine.

Fig. et fam., Cette fille monte en graine, Elle avance en âge, et ne trouvera bientôt plus à se marier.

Cet arbre monte trop haut, On le laisse trop croître. Ce mur monte trop haut, Il a trop d' élévation. Ce collet d' habit, cette robe, montent trop haut, Ils ont trop de hauteur. On dit dans le sens contraire, Cet arbre, ce mur, ce collet, etc., ne montent pas assez haut.

MONTER

MONTER signifie aussi, Croître, s' accroître. Tout à coup la rivière monta de plusieurs pouces.

Il est plus usité au sens moral. Le luxe est monté au plus haut degré. Sa dépravation, sa cruauté, montèrent au comble. Sa vanité, depuis ce petit succès, monte à un tel point, qu' il en est ridicule. Son orgueil, son insolence, montèrent à un tel excès, que ses meilleurs amis furent forcés de l' abandonner.

MONTER

MONTER signifie, en outre, Hausser de prix, croître en valeur. Le blé est monté jusqu' à trente francs l' hectolitre. Faire monter bien haut des meubles, des livres, en les enchérissant. Les actions ont monté beaucoup. Les effets publics monteront, à la paix.

MONTER

MONTER se dit aussi D' un total composé de plusieurs sommes, de plusieurs nombres. Toutes ces sommes montent à cent mille francs. Les mémoires de ces ouvriers montent à tant. Son armée monte à vingt mille hommes. Les frais de son procès monteront bien haut. Dans la supputation d' un compte: Le tout montant à tant. Toutes les sommes montant à celle de tant.

Il s' emploie, dans le même sens, avec le pronom personnel. Toutes ces sommes se montent à cent mille francs. Son armée se montait à vingt mille hommes. Etc.

Ce mémoire monte bien haut, Il en coûtera beaucoup pour l' acquitter. Cette dépense n' a pas monté haut, Elle a peu coûté.

MONTER

MONTER se prend activement dans plusieurs acceptions; par exemple, dans le sens de Se transporter en un lieu plus haut que celui où l' on était. Monter une montagne. Monter les degrés. Il a monté l' escalier. Etc.

Monter un cheval, Être monté sur un cheval. Il monte un cheval blanc. Ce cheval ne se laisse pas monter facilement.

Monter un cheval, signifie aussi, S' en servir habituellement. Voilà le cheval que je monte. Il signifie encore, Instruire, dresser un cheval. C' est ce piqueur qui a monté mon cheval. Je monte moi-même mes chevaux.

Monter un vaisseau, Le commander. Le contre-amiral montait le vaisseau le Formidable.

MONTER

MONTER employé activement, signifie aussi, Fournir un établissement ou une personne de tout ce qui lui est nécessaire. Monter une maison, son ménage. Votre maison est montée sur un pied trop coûteux; la sienne est montée sur un pied trop mesquin. Monter un théâtre, un spectacle. Monter une imprimerie de ses presses. Monter une personne en linge. Dans ce sens, il s' emploie quelquefois avec le pronom personnel. Je me suis monté en linge. Cette dame s' est bien montée en dentelles. Se monter en argenterie, en livres.

Monter un cavalier, Lui fournir le cheval et l' équipement. Il lui en a coûté tant pour monter chaque cavalier. Il a monté toute une compagnie à ses dépens.

Monter un ouvrage d' orfévrerie, de serrurerie, de menuiserie, etc., En assembler les pièces les unes avec les autres. Monter une croix de diamants, des pendants d' oreilles. Monter une armoire, un buffet. Monter une porte de fer, une balustrade. Monter un fusil. Monter une charpente. Monter un lit. Monter un habit, une chemise, etc.

Fig., Monter une cabale, Préparer une cabale. Ils ont monté une cabale contre lui.

Monter un diamant, Le mettre en oeuvre. Ce diamant est bien monté, mal monté.

Monter une estampe, La mettre sous verre, dans un cadre.

Monter un métier, Accommoder et tendre sur le métier l' étoffe, la toile, le canevas, la chaîne, le fil, la soie, etc., pour travailler.

Monter un violon, une harpe, une guitare, un piano, Y mettre des cordes, y remettre de nouvelles cordes. Il m' en a coûté tant pour monter ma harpe. On dit en ce sens, Ce violon est bien, est mal monté, Les cordes en sont bonnes, en sont mauvaises.

Poétiq., Monter sa lyre, Se disposer à faire des vers.

Monter une horloge, une montre, un réveille-matin, un tournebroche, etc., En bander les ressorts, on en rehausser les contre-poids.

Monter la garde, se dit D' une troupe de gens de guerre qui vont faire la garde en quelque endroit. C' est à telle compagnie, à tel capitaine à monter la garde chez le général. Il se dit aussi De chaque soldat qui est de service dans un poste pour un temps déterminé. J' ai monté ma garde hier.

Fig. et fam., Monter une garde à quelqu' un, Lui faire une vive réprimande.

Monter la tranchée, Monter la garde dans la tranchée.

MONTER

MONTER employé activement, signifie aussi, Élever, accroître. Monter son train et sa dépense.

Monter un instrument de musique, En hausser le ton. On a monté ce violon trop haut. Monter un instrument au ton d' un autre. On dit dans le même sens, Monter une corde de violon, de harpe, etc.

En Peinture, Monter sa couleur, Rendre la couleur de son tableau plus vigoureuse qu' on n' avait fait d' abord.

Fig. et fam., Monter la tête à quelqu' un, Lui inspirer quelque idée qui s' empare de lui jusqu' à l' exalter. On lui a monté la tête sur cet objet.

MONTER

MONTER pris activement, signifie encore, Porter, transporter quelque chose en haut, ou l' y élever. Il faut monter tous ces meubles dans une chambre. Monter du foin au grenier. On monte les grosses pierres sur les édifices avec des grues.

Il s' emploie quelquefois, avec le pronom personnel, dans un sens figuré analogue au sens précédent. Il s' est monté au ton de la plus haute éloquence. Il s' est monté à un ton qu' il ne pourra soutenir.

Il signifie absolument, S' exalter, s' échauffer, s' irriter. Quand son imagination se monte, il devient intraitable. Sa tête s' est montée, et il nous a injuriés. Cet homme se monte aisément.

MONTÉ, ÉE. participe

MONTÉ, ÉE. participe Être bien monté, mai monté, Être monté sur un bon, sur un mauvais cheval. Il signifie aussi, Être bien, être mal monté en chevaux. J' ai vu ses chevaux, il est bien monté, il est fort mal monté.

Prov., Être monté comme un saint George, Être monté sur un cheval fort beau ou fort bon.

Ce vaisseau est percé pour cinquante canons, et monté de trente, Il peut porter cinquante canons, mais il n' en a que trente effectifs.

Monté sur le ton de, En usage de. Cette société n' est pas montée sur le ton de médire.

Fig. et fam., Il est monté sur un ton plaisant, sur un ton singulier, se dit D' un homme qui plaisante ou qui affecte de dire des choses extraordinaires.

Fam., Vous êtes aujourd' hui bien monté, mal monté, singulièrement monté, Vous êtes bien, mal, singulièrement disposé.

Cheval monté haut ou haut monté, Cheval dont les jambes sont trop hautes, et ne sont point proportionnées.

MONTEUR. s. m.

MONTEUR. s. m. Ouvrier qui monte des pierres fines, des pièces d' orfévrerie, etc.

MONTGOLFIÈRE. s. f.

MONTGOLFIÈRE. s. f. Sorte d' aérostat inventé par Montgolfier, et qui s' élève au moyen de la raréfaction opérée, par le feu, dans l' air que contient son enveloppe. Les montgolfières ont été les premiers aérostats.

MONTICULE. s. m.

MONTICULE. s. m. Diminutif de Mont. Petite montagne, simple élévation de terrain. Un monticule couvert de gazon.

MONT-JOIE. s. f.

MONT-JOIE. s. f. On appelait ainsi autrefois Un monceau de pierres jetées confusément les unes sur les autres, soit pour marquer les chemins, soit en signe de quelque victoire ou de quelque autre événement important.

MONT-JOIE

MONT-JOIE était aussi Un cri de guerre usité autrefois parmi les Français dans les batailles. Mont-joie Saint-Denis!

MONT-JOIE

MONT-JOIE était encore Le titre affecté au premier roi d' armes de France. Le roi d' armes Mont-joie, du titre de Mont-joie.

MONTOIR. s. m.

MONTOIR. s. m. Grosse pierre ou gros billot de bois, dont on se sert pour monter plus aisément à cheval. Il y a ordinairement un montoir aux portes des hôtelleries de campagne. Il n' a pas assez de force, il n' est pas assez grand pour monter à cheval sans montoir.

Le côté du montoir, Le côté gauche du cheval, ainsi appelé parce que c' est de ce côté-là qu' on monte d' ordinaire à cheval. Ce cheval est déferré du pied de devant du côté du montoir. On nomme L' autre côté, Le côté hors du montoir, hors le montoir, hors montoir.

Ce cheval est difficile, est rude au montoir, Il se tourmente, il est inquiet quand on veut monter dessus. Dans un sens opposé, Ce cheval est aisé, doux au montoir.

MONTRE. s. f.

MONTRE. s. f. Échantillon, portion, partie, morceau de quelque chose qui est à vendre, et dont on veut faire voir la qualité. Voilà une montre de blé, d' avoine. Une montre de pruneaux, de confitures.

Acheter du blé, de l' orge, de l' avoine sur montre, D' après l' échantillon que le vendeur a apporté au marché.

Ne point faire de montre, Faire voir d' abord ce qu' on a de plus beau, de meilleur, sans commencer par étaler les marchandises de moindre qualité. Donnez-nous du beau, ne nous faites point de montre.

MONTRE

MONTRE signifie aussi, Ce que les marchands exposent au devant de leur boutique, pour montrer quelles sortes de marchandises ils ont à vendre. Tout cela n' est mis, n' est pendu là que pour la montre, que pour servir de montre.

MONTRE

MONTRE se dit également d' Une boîte dans laquelle les orfévres, bijoutiers, tabletiers, etc., mettent leurs marchandises, afin qu' on les voie, sans pouvoir y toucher.

Montre d' orgues, Les tuyaux d' orgues qui paraissent au dehors. La montre de cet orgue est pur étain, est d' étain sonnant.

MONTRE

MONTRE signifie en outre, Le lieu que les marchands de chevaux ont choisi pour y faire voir aux acheteurs les chevaux qu' ils ont à vendre.

Il signifie encore, La manière dont ils essayent et conduisent ces mêmes chevaux. Prenez-y garde, la montre est trompeuse.

MONTRE

MONTRE se dit, figurément et au sens moral, pour Parade, étalage. Faire montre de son esprit. Faire montre d' érudition. Je ne veux point ici faire une vaine montre de sensibilité.

MONTRE

MONTRE signifie aussi quelquefois, Apparence, comme dans cette phrase, La montre des blés est belle, Ils annoncent une abondante moisson.

Fam., N' être que pour la montre, se dit De certaines choses qui ne sont que pour l' apparence et dont on ne se sert point. Il a un lit magnifique qui n' est que pour la montre; son lit ordinaire est un grabat.

Prov. et fig., Belle montre, peu de rapport, signifie que la personne ou la chose dont on parle, a de belles apparences aux quelles ne répond nullement la réalité. On dit qu' il est sage, riche; n' en croyez rien: c' est belle montre et peu de rapport.

MONTRE

MONTRE signifiait autrefois, La revue d' une armée, d' un régiment, d' un corps de troupes. Les officiers mirent leurs valets dans les rangs, et les firent passer à la montre.

Fam., Cela peut passer à la montre, se dit D' une chose qui, sans être tout à fait de la qualité de celles auxquelles on la joint, peut cependant être reçue sur le même pied, et passer dans la quantité.

MONTRE. s. f.

MONTRE. s. f. Petite horloge qui se porte ordinairement dans une poche destinée à cet usage. Montre ronde, plate. Montre d' or, d' argent. Montre à boîte d' or, à boîte d' argent. Montre à double boîte. Montre de cuivre. Montre émaillée, guillochée. Montre à sonnerie, à réveil, à répétition. Montre à secondes, à quantièmes. Montre à échappement. Montre à recul, à repos. Montre qui va bien, qui va mal, qui avance, qui retarde, qui va trente heures, plusieurs jours. La sonnerie, le mouvement, la chaîne, le ressort, les rouages, le cadran, les aiguilles d' une montre. J' ai oublié de monter ma montre. Régler sa montre. Mettre sa montre à l' heure. Cette montre est détraquée, est dérangée. J' ai donné ma montre à raccommoder, à réparer, à nettoyer.

Montre marine, Montre faite avec une extrême précision, pour donner les longitudes en mer.

MONTRER. v. a.

MONTRER. v. a. Faire voir, exposer aux regards. Il m' a montré sa maison, son appartement, sa bibliothèque, ses tableaux. Montrez-moi ce que vous avez acheté, ce que vous avez écrit. Montrer des animaux à la foire.

Fig. et pop., Montrer son nez quelque part, Se faire voir en quelque endroit: cela ne se dit guère que lorsqu' on y paraît pour peu de temps. Il est venu montrer là son nez un moment, et s' en est retourné. Je n' ai garde d' aller là montrer mon nez. On le dit aussi De ceux qui vont mal à propos en quelque endroit. Qu' avait-il à faire d' aller montrer là son nez?

Fig. et pop., Montrer les dents à quelqu' un, Lui faire voir qu' on ne le craint point, et qu' on est en état de se bien défendre. Ils voulaient l' attaquer, mais il leur a montré les dents.

Fig. et pop., Montrer les talons, S' enfuir, se retirer de quelque lieu. Hors d' ici, montrez-nous les talons.

Fam., Cet habit montre la corde, Il est si usé, qu' on en voit la trame.

Fig. et fam., Cet homme montre la corde, Il fait voir qu' il en est aux expédients, à ses dernières ressources.

Fig. et fam., Cela montre la corde, C' est une finesse grossière et facile à découvrir.

Fig. et fam., Montrer à quelqu' un son béjaune, Lui faire voir sa sottise, son ineptie. Il faisait l' habile homme, je lui ai montré son béjaune.

MONTRER

MONTRER signifie aussi, Indiquer. Montrez-moi l' homme dont vous parlez. Montrer quelque chose du doigt. Montrer le chemin à quelqu' un. Je lui ai montré ce qu' il cherchait. Un cadran qui montre l' heure.

Fig., Montrer le chemin aux autres, Faire quelque chose que les autres font ensuite, ou Faire quelque chose à dessein que d' autres le fassent.

Fig., Montrer quelqu' un au doigt, S' en moquer publiquement, s' en moquer comme d' une personne décriée ou ridicule. Partout on le montre au doigt. Il se fait montrer au doigt.

Fam., Montrer la porte à quelqu' un, Faire signe à quelqu' un dont on est mécontent, qu' il ait à sortir de la chambre, de la maison.

MONTRER

MONTRER signifie quelquefois, Faire voir une affection, un sentiment réel ou simulé. Montrer de la douleur, de la joie, de la tristesse, de la crainte, etc. On dit dans un sens analogue, Montrer un visage gai, un visage triste.

Il signifie aussi, Donner des marques, des preuves de quelque qualité bonne ou mauvaise. Montrer du courage, de la faiblesse, de la sagesse, de la retenue, etc. Montrer son courage, sa piété, etc. Montrer un bon, un mauvais coeur.

MONTRER

MONTRER signifie encore, Faire connaître, prouver. Je lui montrerai qu' il a tort, qu' il ne devait pas en user ainsi. Je lui montrerai à qui il a affaire. Je lui ai montré que sa proposition est fausse. Je vous ai montré par bonnes raisons que nous devons faire telle chose.

MONTRER

MONTRER signifie aussi, Enseigner. Montrer la grammaire. Montrer une langue. Montrer le latin, le grec, l' italien, la philosophie, les mathématiques, la musique, le dessin, etc. Montrer à lire, à écrire, à danser, à monter à cheval. Montrer à quelqu' un ce qu' il faut qu' il fasse; lui montrer son devoir, ses obligations; lui montrer à vivre. Ce dernier est familier, surtout quand on dit par menace, Je lui montrerai bien à vivre.

Il se prend, absolument, dans le même sens. Ce maître montre fort bien. Il montre à vingt écoliers. Il montre en ville.

MONTRER

MONTRER joint avec le pronom personnel, signifie, Paraître, se faire voir. Il n' a fait que se montrer dans cette compagnie. Le soleil ne s' est point montré d' aujourd' hui. Cet ouvrage serait meilleur, si l' art s' y montrait un peu moins.

Il n' oserait se montrer, se dit De celui que la crainte d' être maltraité, ou la honte, soit de quelque affront qu' il a reçu, soit de quelque mauvaise action qu' il a faite, oblige à se tenir caché. Depuis la sottise qu' il a faite, depuis le malheur qui lui est arrivé, il n' oserait se montrer. On dit dans un sens analogue: Il est bien hardi de se montrer après cela. Comment ose-t-il se montrer?

Fig., Se montrer homme de courage, se montrer humain, libéral, bon ami, etc., Faire voir par les effets qu' on est tel. Dans le même sens, Se montrer digne de sa fortune, de sa réputation, etc.

Se montrer tel qu' on est, Ne rien affecter, ne rien dissimuler.

Fig., Se bien montrer, se montrer mal, Faire bonne, mauvaise contenance dans les occasions qui exigent de la résolution et de la fermeté. Il s' est bien montré, il s' est mal montré dans cette circonstance. C' est un homme qui, à la guerre, se montre bien dans toutes les occasions. Voici le moment de se montrer.

MONTRÉ, ÉE participe

MONTRÉ, ÉE participe Avoir été bien montré, mal montré, Avoir eu un bon ou un mauvais maître, en quelque genre de science, d' art ou d' exercice que ce soit. Il avait des dispositions, mais il a été mal montré.

MONTUEUX, EUSE. adj.

MONTUEUX, EUSE. adj. Il se dit D' un terrain extrêmement inégal, et coupé d' espace en espace par des montagnes, des collines, etc. Pays montueux. Terrain montueux. Sol montueux. Contrée, province montueuse.

MONTURE. s. f.

MONTURE. s. f. Bête de charge qui sert à porter l' homme. Bonne, méchante monture. Il cherche une monture. Il est sans monture. Monture douce. Il faut avoir soin de sa monture. Le cheval est la meilleure de toutes les montures. Les mules sont la monture ordinaire en Espagne. Dans les Indes, on se sert assez ordinairement de boeufs pour monture. Les éléphants sont la monture ordinaire des princes orientaux.

Prov. et fig., Qui veut aller loin ménage sa monture, Il faut éviter les excès, si l' on veut prolonger ses jours; il faut user avec ménagement de toutes les choses dont on veut se servir longtemps.

MONTURE

MONTURE en termes d' Arts et Métiers, se dit de Ce qui sert à assembler, à supporter, à fixer la partie ou les parties principales d' un objet, d' un outil. La monture d' une scie.

La monture d' un fusil, d' un pistolet, Le bois sur lequel le canon et la platine sont montés.

La monture d' un éventail, L' assemblage des morceaux de bois ou d' autre matière, qui servent à soutenir le papier ou l' étoffe d' un éventail.

Monture de bride, Ce qui porte et soutient la partie du mors qui entre dans la bouche du cheval. Avez-vous bien examiné votre monture de bride?

MONTURE

MONTURE se dit particulièrement Du métal employé pour assembler, réunir, encadrer les différentes pièces dont se forment une tabatière, un étui, un vase, un bijou quelconque. Cette monture est de vermeil, de similor, d' or, d' argent. Cette monture pèse tant d' hectogrammes d' or.

Il se dit aussi Du travail de l' ouvrier qui a monté un ouvrage. Cette monture est fort belle, fort délicate. Il en a coûté tant pour la monture.

MONUMENT. s. m.

MONUMENT. s. m. Ouvrage d' architecture ou de sculpture, fait pour transmettre à la postérité la mémoire de quelque personne illustre, ou de quelque événement important. Monument glorieux, superbe, magnifique, durable, éternel. C' est un monument pour la postérité. Dresser, ériger, élever, consacrer un monument à la gloire d' un grand homme.

Il se dit aussi de Certains édifices publics ou particuliers, qui imposent par leur grandeur ou par leur ancienneté. Les monuments d' une ville. Les monuments publics. Les anciens monuments. Les monuments de l' antiquité, du moyen âge. La ville de Rome est remplie de monuments anciens et modernes. La Bourse de Paris est un beau monument.

Il signifie quelquefois, Tombeau; mais, en ce sens, il n' est guère usité que dans le discours soutenu. Elle a fait élever un magnifique monument à son époux. Descendre au monument. On dit aussi, Monument-funéraire; et cette expression peut être employée dans le langage ordinaire.

Il se dit, figurément, de Certains grands objets de la nature. Les cavernes, les basaltes, les précipices, sont autant de monuments des révolutions du globe.

Il se dit aussi Des ouvrages durables de littérature, de sciences et d' arts. Ce poëme, cette histoire est un beau monument élevé à la gloire de la nation, du héros. Cet ouvrage est un des plus beaux monuments du génie, de l' esprit humain, de la philosophie. Cette statue, ce tableau est un des plus beaux monuments de l' art. Cette médaille est un monument précieux.

MONUMENTAL, ALE. adj.

MONUMENTAL, ALE. adj. Qui a rapport, qui est propre aux monuments, qui est de la nature des monuments. Architecture, sculpture monumentale. Style, caractère monumental. Fontaine monumentale. Statue monumentale. On n' emploie guère le pluriel masculin Monumentaux.

MOQUER (SE). v. pron.

MOQUER (SE). v. pron. Se railler de quelqu' un ou de quelque chose, en rire, en faire un sujet de plaisanterie ou de dérision. On s' est moqué de lui. On s' est moqué de son habit, de sa danse. Cette femme s' est moquée de vous.

Il signifie aussi, Mépriser, braver, témoigner par ses actions, par ses paroles, qu' on ne fait nul cas de quelqu' un ou de quelque chose, qu' on ne s' en inquiète point. C' est un homme qui se moque du blâme, qui se moque de l' opinion publique, qui se moque de tout. Il s' est moqué des remontrances qu' on lui a faites, de tous les avis qu' on lui a donnés. C' est se moquer du monde, c' est se moquer des gens que d' agir ainsi, de parler de la sorte. Je me moque de lui, je ne le crains point. Je me moque de cela, je ne crains rien. Je m' en moque.

Il se prend quelquefois absolument, et signifie alors, Ne pas parler, ne pas agir sérieusement. Quand je dis cela, vous voyez bien que je me moque. C' est se moquer que de surfaire comme vous faites. C' est se moquer que de prétendre telle chose, de soutenir une telle proposition. Vous vous moquez, je pense.

Par civilité, Vous vous moquez de moi, vous vous moquez, Vous me traitez avec trop de cérémonie, vous poussez trop loin la politesse. Vous vous moquez, je ne passerai pas avant vous. Vous vous moquez de vouloir me reconduire.

Prov. et fig., La pelle se moque du fourgon, se dit Lorsqu' une personne se moque d' une autre qui aurait autant de sujet de se moquer d' elle.

Prov. et fig., Il ne faut pas se moquer des chiens qu' on ne soit hors du village, Il faut se mettre à l' abri du danger avant de se vanter qu' on le méprise.

MOQUER

MOQUER s' emploie quelquefois avec le verbe Faire. Si vous en usez comme cela, vous vous ferez moquer de vous, et absolument, vous vous ferez moquer.

Il s' emploie aussi au participe avec le verbe Être. Il fut moqué de tout le monde.

Ce verbe est familier dans toutes ses acceptions.

MOQUÉ, ÉE. participe

MOQUÉ, ÉE. participe

MOQUERIE. s. f.

MOQUERIE. s. f. Paroles ou actions par lesquelles on se moque. Moquerie maligne, outrageuse. Il fut exposé aux insultes et aux moqueries de la multitude.

Il signifie plus ordinairement, Chose absurde, chose impertinente. C' est une moquerie que de vouloir soutenir une telle proposition, de prétendre réussir dans un pareil projet.

MOQUETTE. s. f.

MOQUETTE. s. f. Étoffe à chaîne et à trame de fil, veloutée en laine, dont on fait des tapis ou dont on couvre des siéges. Moquette unie, à dessins. Moquette rouge. Fauteuils garnis de moquette. Fauteuil de moquette. Tapis de moquette.

MOQUEUR, EUSE. adj.

MOQUEUR, EUSE. adj. Qui se moque, qui raille, qui a l' habitude de se moquer, de railler. Il est naturellement moqueur. Il a l' humeur moqueuse. Ris, discours, air moqueur.

Il s' emploie aussi substantivement, et se dit d' Une personne qui ne parle pas sérieusement. Ne le croyez pas, c' est un moqueur. Cela ne peut pas être comme elle le dit, c' est une moqueuse. Il est familier.

MORAILLES. s. f. pl.

MORAILLES. s. f. pl. Instrument de maréchal, espèce de tenailles, avec lesquelles on pince le nez d' un cheval impatient, vicieux, pour le ferrer ou lui faire subir quelque opération. Mettez-lui les morailles.

MORAILLON. s. m.

MORAILLON. s. m. Pièce de fer attachée au couvercle d' un coffre, garnie d' un anneau qui entre dans la serrure, et dans lequel passe le pêne.

MORAL, ALE. adj.

MORAL, ALE. adj. Qui concerne les moeurs. Un discours moral. Doctrine, philosophie, théologie morale. Les oeuvres morales de Plutarque. Sens, instinct moral. Préceptes moraux. Réflexions morales. Contes moraux.

Vertus morales, Celles qui ont pour principe les seules lumières de la raison. S' il n' eut pas les vertus chrétiennes, il eut les vertus morales.

Ce livre, ce discours est fort moral, Il renferme une morale fort saine.

MORAL

MORAL signifie aussi, Qui a des moeurs, qui a des principes et une conduite conformes à la morale. Cet homme, qui passait pour fort moral, n' était qu' un franc hypocrite.

MORAL

MORAL se dit encore De ce qui ne tombe point sous les sens, de ce qui est uniquement du ressort de l' intelligence. Dans cette acception, il est opposé à Physique. Le monde moral. Causes morales. Preuves morales. Qualités morales. Il y a des démonstrations morales aussi convaincantes que les démonstrations matérielles, physiques, sensibles. Malgré l' affaiblissement de ses forces physiques, ses forces morales, ses facultés morales, n' ont rien perdu de leur énergie. Souvent on supporte plus facilement le mal physique que le mal moral. Ce mot s' emploie au sens moral dans beaucoup d' acceptions.

Certitude morale, Certitude fondée sur de fortes probabilités, telle qu' on peut l' avoir dans les choses ordinaires de la vie. Il est opposé à Certitude physique. Nous n' en avons point de démonstration rigoureuse, mais nous en avons une certitude morale.

MORAL

MORAL s' emploie substantivement, au masculin, et signifie, L' ensemble de nos facultés morales. Le physique influe beaucoup sur le moral, et le moral sur le physique. Il est mieux partagé au physique qu' au moral. Cet homme est bien malade, le moral même est affecté.

MORALE. s. f.

MORALE. s. f. Doctrine relative aux moeurs. Bonne, mauvaise morale. Morale dépravée, dangereuse, relâchée. Morale pure, austère, exagérée, aisée, commode, indulgente. La morale des païens. La morale chrétienne. La morale de JÉSUS-CHRIST. La morale de l' Évangile. Ce système renverse toute la morale. Traité, cours de morale. Leçon de morale. Il s' est fait un étrange système de morale. Les règles, les principes de la saine morale. Sa morale est en paroles et non pas en actions. Il prêche la morale plus qu' il ne la pratique. Il a fait de la morale en pure perte. Il n' y a pas deux morales. Il ne faut pas changer de morale suivant les circonstances.

Il signifie quelquefois, Traité de morale. La Morale d' Aristote. On dit aussi, Les Morales d' Aristote, parce que ce philosophe a fait plusieurs traités sous ce titre.

Il signifie encore, Réprimande. Son père lui a fait une morale, une bonne morale.

La morale d' un ouvrage, La leçon de morale qui en résulte.

MORALEMENT. adv.

MORALEMENT. adv. Suivant les règles de la morale. Comme il est privé de sa raison, il ne peut rien faire qui soit moralement mal. Action moralement bonne, moralement mauvaise.

Moralement parlant, Vraisemblablement, et selon les règles de la certitude morale. Cela est vrai moralement parlant. On dit dans le même sens, Cela est moralement impossible.

MORALISER. v. n.

MORALISER. v. n. Faire des réflexions, des dissertations, des leçons morales. On peut longtemps moraliser sur les vicissitudes de la fortune. Il se rend importun à force de moraliser.

Activ. et fam., Moraliser quelqu' un, Lui faire de la morale, ou une morale. On a beau le moraliser, il n' en continue pas moins son train de vie.

MORALISÉ, ÉE. participe

MORALISÉ, ÉE. participe

MORALISEUR. s. m.

MORALISEUR. s. m. Celui qui affecte de parler morale. Il ne se dit qu' en plaisanterie. C' est un grand moraliseur, un moraliseur éternel.

MORALISTE. s. m.

MORALISTE. s. m. Écrivain qui traite des moeurs. Un bon moraliste. Les moralistes ne s' accordent pas sur ce point.

MORALITÉ. s. f.

MORALITÉ. s. f. Réflexion morale. Il y a de belles moralités à tirer de cette histoire. Cet ouvrage est rempli de moralités instructives. Un recueil de moralités.

Moralités chrétiennes, Réflexions conformes aux principes et à l' esprit de la religion chrétienne.

MORALITÉ

MORALITÉ signifie aussi, Le sens moral que renferme un discours fabuleux ou allégorique. Il y a une belle moralité cachée sous cette fable. La moralité d' un apologue n' est pas toujours exprimée. Dans la plupart des fabulistes, la moralité est indifféremment placée avant ou après le récit de l' action.

Il s' est dit anciennement de Certaines pièces de théâtre que représentaient les clercs de la basoche.

MORALITÉ

MORALITÉ se dit encore pour Conscience, discernement moral. Les actions des insensés sont privées de moralité.

La moralité des actions humaines, Le rapport de ces actions avec les principes de la morale. La moralité d' une action suppose la liberté.

MORALITÉ

MORALITÉ signifie aussi quelquefois, Le caractère moral, les principes, les moeurs d' une personne. Il est d' une moralité reconnue, d' une moralité irréprochable.

MORBIDE. adj.des deux genres

MORBIDE. adj.des deux genres T. de Peint. et de Sculpt. Il se dit Des chairs mollement et délicatement exprimées.

MORBIDE

MORBIDE est aussi un terme de Médecine, et signifie, Qui a rapport à la maladie. Phénomènes morbides.

MORBIDESSE. s. f.

MORBIDESSE. s. f. T. de Peint. et de Sculpt., emprunté de l' italien Morbidezza. Mollesse et délicatesse des chairs dans une figure.

MORBIFIQUE. adj.des deux genres

MORBIFIQUE. adj.des deux genres T. de Médec. Qui cause la maladie. Humeur, matière morbifique.

MORCEAU. s. m.

MORCEAU. s. m. Partie séparée d' un corps solide et continu. Un morceau d' étoffe, de bois, de pain, de viande, etc. Couper un aloyau par morceaux. Mettre en morceaux. Cet habit n' est fait que de pièces et de morceaux.

Il se dit, absolument, d' Une portion séparée d' une chose solide qui peut être mangée. Gros, petit, bon morceau. Morceau délicat, friand. Manger, mâcher, avaler un morceau. Couper un morceau. Vous faites les morceaux trop gros.

Fam., Manger un morceau, Faire un repas fort léger. J' ai mangé un morceau avant de partir.

Aimer les bons morceaux, Aimer la bonne chère.

Fig. et fam., Doubler les morceaux, doubler ses morceaux, mettre les morceaux doubles, en double, Se hâter de manger.

Fam., Le morceau honteux, Le morceau qui reste le dernier sur le plat.

Fig. et fam., S' ôter le morceau, les morceaux de la bouche, Se priver du nécessaire pour secourir ou obliger quelqu' un.

Fig. et fam., Tailler les morceaux à quelqu' un, Régler, prescrire la dépense qu' il doit faire.

Fig. et fam., Tailler les morceaux bien courts à quelqu' un, Lui faire sa part bien petite.

Fig. et fam., Il a ses morceaux taillés, ses morceaux sont taillés, Il vit de son revenu, et n' a précisément que ce qu' il lui faut.

Fig. et fam., Il a ses morceaux taillés, On lui a prescrit tout ce qu' il doit faire, et il ne peut s' écarter en rien de ses instructions. Vous voulez qu' il vous accorde telle chose; il ne le peut pas, ses morceaux sont taillés.

Fig. et fam., Rogner les morceaux à quelqu' un, Diminuer ses profits, ses revenus; et, Compter les morceaux à quelqu' un, Ne lui donner que le juste nécessaire.

Prov. et fig., Morceau avalé n' a plus de goût, On fait peu de cas des plaisirs passés.

MORCEAU

MORCEAU signifie aussi, Une portion, une partie non séparée, mais distincte et considérée à part, d' un corps solide et continu. Morceau de terre. Voilà un beau morceau d' héritage. Tout son bien est en petits morceaux.

Fam., Il a attrapé un bon morceau de cette succession, Il en a eu une bonne partie.

Il se dit, dans le même sens, Des parties, des fragments d' un ouvrage d' esprit. Il y a de beaux morceaux dans ce panégyrique, dans ce poëme. Il a traduit plusieurs morceaux de Virgile. Il ne nous reste que quelques morceaux des ouvrages de cet auteur. Il n' a encore fait que quelques morceaux de son poëme.

MORCEAU

MORCEAU se dit quelquefois d' Un objet entier, d' un tout. Le Panthéon est un beau morceau d' architecture. La colonnade du Louvre est un beau morceau. Voilà un beau morceau de sculpture, d' orfévrerie, etc. Ce discours est un morceau achevé. Cette élégie, cette églogue, sont de beaux morceaux de poésie. Cette ouverture est un beau morceau de musique. Ce concerto est un morceau bien difficile. J' ai vu dans son cabinet d' histoire naturelle, des morceaux très-rares. Cette maison est un morceau trop considérable, trop cher pour moi. Un faisan est un morceau délicat. Il aime les morceaux friands.

Fig. et fam., C' est un morceau trop cher, ou C' est un morceau de prince, se dit D' une chose qui est d' un prix trop élevé, d' une acquisition trop difficile à faire. On dit dans le même sens, Il ne tâtera pas, vous ne tâterez pas de ce morceau-là.

Fig. et fam., C' est un friand morceau, un morceau de roi, se dit D' une jolie personne.

En Musiq., Morceau d' ensemble, Morceau à diverses parties, chanté par plusieurs voix.

MORCELER. v. a.

MORCELER. v. a. Diviser par morceaux. Morceler une terre, un héritage, un pays. Cet auteur a morcelé son sujet, au lieu d' en faire un tout dont les parties eussent de la suite et de la liaison.

MORCELÉ, ÉE. participe

MORCELÉ, ÉE. participe

MORCELLEMENT. s. m.

MORCELLEMENT. s. m. L' action de morceler. Le morcellement des héritages.

MORDACITÉ. s. f.

MORDACITÉ. s. f. T. didact. Qualité corrosive, par laquelle un corps agit sur un autre, et le dissout en tout ou en partie. La mordacité de l' eau-forte.

Il signifie au figuré, Médisance aigre et piquante. Dans ses épigrammes, dans ses écrits, il y a une grande mordacité, une mordacité révoltante.

MORDANT, ANTE. adj.

MORDANT, ANTE. adj. Qui mord. En termes de Chasse, Bêtes mordantes, Le blaireau, le renard, l' ours, le loup, la loutre, etc.

Il signifie figurément, Qui a une qualité corrosive. Un acide mordant.

Il signifie aussi, au sens moral, Qui censure, qui critique avec malignité. C' est un esprit mordant. Il a l' humeur mordante. Style mordant.

MORDANT. s. m.

MORDANT. s. m. Vernis qui sert à fixer l' or en feuilles que l' on applique sur du cuivre, du bronze, etc.

MORDANT

MORDANT en Teinture, se dit Des substances au moyen desquelles on parvient à fixer les couleurs sur la laine, la soie, le coton, etc. L' alun est le mordant le plus employé.

Fig., Cette voix a du mordant, Le timbre en est sonore et pénétrant.

Fig., Avoir du mordant dans l' esprit, Avoir de la force, du piquant, de l' originalité dans l' esprit.

MORDICANT, ANTE. adj.

MORDICANT, ANTE. adj. T. didact. Âcre, picotant, corrosif. Sel, suc mordicant. Humeurs mordicantes. Cette liqueur a quelque chose d âcre et de mordicant.

Il signifie aussi, figurément et familièrement, Qui aime à médire, à railler amèrement, à critiquer. Il est un peu mordicant. Il a l' humeur mordicante.

MORDICUS. adv.

MORDICUS. adv. emprunté du latin. (On fait sentir l' S.) Avec ténacité. Il ne se dit qu' au figuré, et dans cette phrase familière, Soutenir son opinion mordicus, La soutenir avec obstination.

MORDIENNE. s. f.

MORDIENNE. s. f. Il ne s' emploie que dans cette locution adverbiale et populaire, À la grosse mordienne, Sans façon, sans finesse, avec sincérité. On disait autrefois familièrement, Mordienne de vous! La peste soit de vous!

MORDILLER. v. a.

MORDILLER. v. a. (Les L sont mouillées. ) Mordre légèrement et à plusieurs reprises. Cet enfant mordille tout ce qu' il a dans les mains. Il s' emploie aussi absolument. Les jeunes chiens aiment à mordiller.

MORDILLÉ, ÉE. participe

MORDILLÉ, ÉE. participe

MORDORÉ, ÉE. adj.

MORDORÉ, ÉE. adj. Qui est d' une couleur brune mêlée de rouge. Drap mordoré. Couleur mordorée. Souliers mordorés.

Il s' emploie aussi substantivement, au masculin. Le mordoré est une couleur sérieuse.

MORDRE. v. a.

MORDRE. v. a. (Je mords, tu mords, il mord; nous mordons. Je mordais. Je mordis. Je mordrai. Mords. Que je morde. Que je mordisse. Mordant. Mordu.) Serrer avec les dents. Un chien l' a mordu, l' a mordu au bras. Ce chien mord les passants, leur mord les jambes. Être mordu d' un chien enragé. Il s' est mordu la langue.

Il s' emploie aussi absolument. Ce chien mord, mord bien serré. Les poissons mordent à l' hameçon. Mordre dans un morceau de pain.

Prov. et fig., Se mordre la langue, S' arrêter au moment de dire ce qu' on ne doit ou qu' on ne veut pas exprimer. J' allais lui dire quelque chose de mortifiant, je me suis à propos mordu la langue. On dit aussi, Se mordre la langue d' avoir parlé, S' en repentir.

Prov. et fig., S' en mordre les doigts, s' en mordre les pouces, Se repentir d' une chose qu' on a faite. J' ai eu trop de confiance en lui, je m' en mords les doigts.

Prov. et fig., Chien qui aboie ne mord pas, Ceux qui font beaucoup de bruit ne sont pas les plus à craindre.

Prov. et fig., Mordre à l' hameçon, se dit D' une personne qui se laisse séduire par une proposition qu' on lui a faite pour la surprendre.

Fig. et fam., Mordre à la grappe, Saisir avidement une proposition, croire aveuglément à une promesse.

Poétiq., Mordre la poussière, Être tué dans un combat.

Fig. et fam., Il n' y saurait mordre, se dit D' un homme qui aspire à une chose à laquelle il ne saurait parvenir. Il se dit encore De celui qui ne peut comprendre une chose, ou qui n' a pas de goût pour l' étudier. On dit dans le sens contraire, Cet enfant commence à mordre au latin.

MORDRE

MORDRE se dit aussi Des oiseaux, de quelques insectes, et de la vermine. Le perroquet mord. Cet enfant est tout mordu de puces.

Il se dit figurément De plusieurs choses inanimées qui rongent, qui creusent ou qui percent. L' eau-forte mord sur les métaux. L' eau-forte n' a pas assez mordu sur cette planche. La lime ne mord point dans l' acier bien trempé. Le burin a trop mordu en cet endroit. L' ancre n' a pu mordre sur ce fond de rocher.

En termes de Gravure, Mordre une planche, ou Faire mordre une planche, Lui faire éprouver l' effet de l' eau-forte, après avoir découvert en différents endroits, à l' aide d' une pointe à graver, le vernis dont elle est enduite.

En termes d' Imprimerie, La frisquette mord, se dit Lorsqu' un ou plusieurs des bords de la frisquette couvrent quelques portions de page, et les empêchent de recevoir l' impression. La vignette mord sur les lettres, Elle avance sur les lettres.

En termes de Couturière et de Tailleur, Il faut mordre plus avant dans l' étoffe, Il faut faire la couture un peu plus loin du bord de l' étoffe, pour qu' elle ne se défasse pas.

Les dents de cette roue ne mordent pas assez sur les ailes du pignon, Elles n' engrènent pas assez.

MORDRE

MORDRE signifie figurément, Médire, reprendre, critiquer, censurer avec malignité. Il cherche à mordre sur tout. Il n' y a point à mordre sur sa conduite. Il ne donne point à mordre sur lui.

MORDU, UE. participe

MORDU, UE. participe

MORE. s. m.

MORE. s. m. Nom de peuple, qu' on ne met ici que parce qu' il entre dans diverses phrases de la langue.

Prov. et fig., Traiter quelqu' un de Turc à More, en user avec lui de Turc à More, Le traiter avec une extrême dureté.

Prov. et fig., À laver la tête d' un More on perd sa lessive, Inutilement on se donne beaucoup de soin et de peine pour faire comprendre à un homme quelque chose qui passe sa portée, ou pour corriger un homme incorrigible.

Cheval cap de more ou cavecé de more, Cheval d' un poil rouan, dont la tête et les extrémités sont noires.

Gris de more, Couleur grise tirant sur le noir. Des bas gris de more.

MOREAU. adj. m.

MOREAU. adj. m. Il se dit D' un cheval qui est extrêmement noir. Un cheval moreau, de poil moreau. Il est vieux.

MORELLE. s. f.

MORELLE. s. f. Plante vénéneuse de la famille des Solanées.

MORESQUE. adj.des deux genres

MORESQUE. adj.des deux genres Qui a rapport aux coutumes, aux usages, au goût des Mores. Les galanteries moresques. Danse moresque. Fête moresque. Architecture moresque. Le genre moresque. Édifice moresque. Palais, église dans le goût moresque.

Il est aussi substantif, au féminin, et alors il signifie, Une espèce de danse à la manière des Mores. Danser la moresque. La moresque ressemble à la sarabande espagnole.

Peinture moresque, à la moresque, ou absolument, Moresque, Sorte de peinture faite de caprice, et représentant pour l' ordinaire des branchages, des feuillages qui n' ont rien de naturel. Cette galerie est toute peinte à la moresque. Les Turcs ne souffrent point de figures dans leurs peintures, et n' ont que des moresques et des arabesques.

MORFIL. s. m.

MORFIL. s. m. Certaines petites parties d' acier presque imperceptibles, qui restent au tranchant d' un couteau, d' un rasoir, etc., lorsqu' on les a passés sur la meule, et qu' il faut achever d' emporter pour se servir utilement ou du couteau ou du rasoir. Ôter, faire tomber le morfil d' un rasoir, d' un couteau. Un rasoir va mieux la seconde fois qu' on s' en sert, parce que la première fois le morfil n' est pas encore tombé.

MORFIL

MORFIL se dit aussi Des dents d' éléphant séparées du corps de l' animal, et avant qu' elles soient travaillées. Ce navire était chargé de morfil et de poudre d' or. On tire beaucoup de morfil des côtes de Guinée.

MORFONDRE. v. a.

MORFONDRE. v. a. Refroidir, causer un froid qui incommode, qui pénètre. Ce vent vous morfondra. Ne dessellez pas sitôt ce cheval, de peur de le morfondre.

Il s' emploie aussi avec le pronom personnel. Vous vous morfondez dans ce jardin.

Il signifie, figurément et familièrement, avec le pronom personnel, Perdre bien du temps à la poursuite d' une affaire, d' une entreprise qui ne réussit pas, dans l' attente d' une personne qui n' arrive pas, d' un succès qu' on n' obtient point. Ce général s' est morfondu devant cette place. Cet homme est à la cour assidûment, mais il ne fait que s' y morfondre. Je me suis morfondu à vous attendre.

Fig., en termes de Boulangerie, La pâte se morfond, Elle perd la force de fermentation qu' elle doit avoir pour faire de bon pain.

MORFONDU, UE. participe

MORFONDU, UE. participe

MORFONDURE. s. f.

MORFONDURE. s. f. T. d' Art vétérinaire. Sorte de maladie qui vient aux chevaux lorsqu' ils ont été saisis de froid après avoir eu chaud. Ce cheval jette des naseaux, mais ce n' est qu' une morfondure.

MORGELINE. s. f.

MORGELINE. s. f. Genre de plantes à petites fleurs et à feuilles pointues, que l' on nomme autrement Alsine. Le mouron des oiseaux est une espèce de morgeline.

MORGUE. s. f.

MORGUE. s. f. Mine, contenance grave et sérieuse, où il paraît quelque fierté, quelque orgueil. Avoir de la morgue.

Il signifie, par extension, Excès de suffisance, orgueil. Affecter de la morgue. Les pédants sont pleins de morgue. Il a bien de la morgue dans son langage, dans ses discours. Sa morgue le rend insupportable, le rend ridicule.

MORGUE. s. f.

MORGUE. s. f. Endroit à l' entrée d' une prison, où l' on tient quelque temps ceux que l' on écroue, afin que les guichetiers puissent les regarder, les examiner, pour les reconnaître ensuite. On l' a tenu longtemps à la morgue.

Il se dit aussi d' Un endroit où l' on expose les corps des personnes trouvées mortes hors de leur domicile, afin qu' elles puissent être reconnues. On a porté ce corps à la morgue.

MORGUER. v. a.

MORGUER. v. a. Braver quelqu' un en le regardant d' un air fier et menaçant. Il le morgue partout. Est-ce pour me morguer que vous faites cela? Il a vieilli.

MORGUÉ, ÉE. participe

MORGUÉ, ÉE. participe

MORIBOND, ONDE. adj.

MORIBOND, ONDE. adj. Qui va mourir. Il était moribond. Elle est moribonde. On le prend quelquefois substantivement. Un moribond.

Être tout moribond, Être dans un état de langueur, comme si l' on allait mourir.

MORICAUD, AUDE. adj.

MORICAUD, AUDE. adj. Qui a le visage de couleur brune. Il est moricaud. On l' emploie plus ordinairement comme substantif. C' est un moricaud, un gros moricaud. Une petite moricaude. Il est familier.

MORIGÉNER. v. a.

MORIGÉNER. v. a. Former les moeurs de quelqu' un, l' instruire aux bonnes moeurs. Un père est bien condamnable quand il n' a pas soin de morigéner ses enfants. Dans ce sens, il a vieilli.

Il signifie plus ordinairement, Corriger, remettre dans l' ordre et dans le devoir. Si vous manquez à votre devoir, je saurai bien vous morigéner. Il est familier.

MORIGÉNÉ, ÉE. participe

MORIGÉNÉ, ÉE. participe

MORILLE. s. f.

MORILLE. s. f. (On mouille les L.) Sorte de champignon qui vient au printemps, et dont le chapeau a de petites cavités comme une éponge ou comme un rayon de miel. Morille jaune. Morille fraîche. Un ragoût de morilles.

MORILLON. s. m.

MORILLON. s. m. Sorte de raisin noir.

MORILLONS. s. m. pl.

MORILLONS. s. m. pl. T. de Joaillerie. Émeraudes brutes qui se vendent à l' once.

MORION. s. m.

MORION. s. m. Sorte d' armure de tête plus légère que le casque. Il n' avait qu' un simple morion. Ce mot n' est usité qu' en parlant De l' armure des anciens chevaliers.

MORION

MORION s' est dit aussi d' Une espèce de punition qu' on infligeait autrefois aux soldats, et qui consistait à les frapper sur le derrière avec la hampe d' une hallebarde, ou avec la crosse d' un mousquet. Donner le morion.

MORNE. adj.des deux genres

MORNE. adj.des deux genres Triste, sombre et abattu. Vous êtes bien morne aujourd' hui. Il était morne et silencieux, morne et pensif. Visage, air, oeil morne. Un morne silence.

Fig., Temps morne, Temps obscur et couvert.

Fig., Couleur morne, Couleur sombre, obscure, qui n' a ni vivacité ni éclat.

MORNE. s. m.

MORNE. s. m. On donne ce nom, en Amérique, Aux petites montagnes. Le morne au Boeuf. Le morne de la Calebasse. Les mornes de Saint-Domingue.

MORNÉ, ÉE. adj.

MORNÉ, ÉE. adj. Il s' est dit, dans les Tournois, Des armes dont le fer était émoussé, et qu' on appelait aussi Armes courtoises. Lance mornée.

MORNIFLE. s. f.

MORNIFLE. s. f. Coup de la main sur le visage. Il lui a donné une mornifle. Il est populaire.

MOROSE. adj.des deux genres

MOROSE. adj.des deux genres Chagrin, difficile, bizarre. C' est un homme très-morose. Caractère, humeur morose.

MOROSITÉ. s. f.

MOROSITÉ. s. f. Caractère morose. C' est un homme d' une morosité insupportable.

MORPHINE. s. f.

MORPHINE. s. f. T. de Chimie et de Pharmacie. Alcali végétal qui donne à l' opium sa vertu soporifique et calmante. Acétate de morphine. Sirop de morphine.

MORPION. s. m.

MORPION. s. m. Espèce de pou qui s' attache d' ordinaire aux endroits du corps où l' on a du poil, et qui adhère à la peau avec tant de force, qu' on a de la peine à l' en séparer. On fait périr les morpions avec de l' onguent mercuriel. On doit éviter de se servir de ce mot.

MORS. s. m.

MORS. s. m. Assortiment de toutes les pièces de fer qui servent à brider un cheval, comme les branches, la gourmette, etc.

Il se dit, en particulier, de La pièce qui se place dans la bouche du cheval pour le gouverner. Mors rude, doux. Mors à bossettes. Les branches, les bossettes d' un mors. Ce mors blesse la bouche de votre cheval. Il faut à ce cheval un mors plus doux, plus fort, plus rude. Un cheval qui joue, qui se joue, qui badine avec son mors, qui mâche son mors.

Prendre le mors aux dents, se dit D' un cheval dont la bouche est tellement échauffée, qu' elle devient absolument insensible, et qu' il s' emporte, sans que le cavalier ou le cocher puisse le retenir, le mors n' opérant pas plus d' effet sur les barres, que si le cheval le tenait serré entre les dents. Les chevaux prirent le mors aux dents, et entraînèrent la voiture.

Fig. et fam., Prendre le mors aux dents, se dit D' un homme qui, n' écoutant plus les avis ni les remontrances de ceux qui dirigeaient sa conduite, se livre tout entier à ses passions. Si vous n' avez la main ferme, ce jeune homme prendra le mors aux dents et vous échappera. Il se dit aussi D' une personne qui se met en colère, qui s' emporte subitement. On lui a fait un léger reproche, il a pris le mors aux dents. Il se dit encore D' une personne qui, ayant été quelque temps dans l' indolence, dans l' inaction, change tout à coup, et se livre au travail avec ardeur. Ce jeune homme était paresseux, il a pris le mors aux dents, et maintenant il travaille avec une ardeur extraordinaire.

MORSURE. s. f.

MORSURE. s. f. Action de mordre; Plaie, meurtrissure, marque faite en mordant. Morsure dangereuse, envenimée, mortelle. Grande morsure. Faire une profonde morsure. La morsure d' un chien enragé. Guérir une morsure. Guérir d' une morsure. Morsure de cheval. Morsure de puce.

MORSURE

MORSURE se dit, figurément et au sens moral, Des effets de la médisance, de la calomnie. Les morsures de la calomnie laissent toujours des cicatrices.

MORT. s. f.

MORT. s. f. Fin, cessation de la vie. Mort naturelle, douce, violente, prompte, lente, douloureuse, tragique, funeste, déplorable. Mort subite, soudaine, imprévue, précipitée, prématurée. Mort glorieuse, sainte. Une belle mort. Une mort honteuse, infâme, ignominieuse. Il est menacé d' une mort prochaine. L' instant de sa naissance a été celui de sa mort. Souhaiter, désirer, affronter, braver la mort. Courir à la mort. Attendre la mort. Avoir toujours la mort devant les yeux. Avoir peur de la mort. Envisager la mort avec fermeté. Il a vu la mort de près. Le jour de sa mort. À l' heure de la mort. Les approches, les transes, les frayeurs, les affres de la mort. Le hoquet de la mort. Ce malade, cette maladie tourne à la mort. Donner, recevoir la mort. Se donner la mort. Il est allé chercher la mort dans les combats, et l' y a trouvée. Il n' y a point eu mort d' homme. Pendu jusqu' à ce que mort s' ensuive. En poésie et dans le style soutenu, la mort est souvent personnifiée. On représente la Mort sous la forme d' un squelette armé d' une faux. Il a longtemps combattu, lutté contre la mort. La mort l' a frappé, l' a enlevé à la fleur de son âge. La mort a moissonné presque tous les habitants de cette contrée. La mort est sourde à nos voeux, à nos cris. L' impitoyable mort. La faux de la mort n' épargne personne. Il passa des bras du sommeil dans ceux de la mort. Ce malheureux appelait la mort à son aide.

Fam., Mourir de sa belle mort, Mourir de mort naturelle.

Être à l' article de la mort, Être à l' agonie.

Être entre la vie et la mort, Être dans un fort grand péril, par maladie ou par accident. Pendant cette tempête, nous fûmes deux jours entre la vie et la mort.

Être malade à la mort, ou simplement, Être à la mort, Être fort malade et près de mourir.

Fig., Être au lit de la mort, au lit de mort, Être à l' extrémité. À son lit de mort, Avant de mourir, en mourant. À son lit de mort, il a fait restitution de ce qu' il s' était approprié injustement.

Prov. et fig., Avoir la mort entre les dents, Être fort vieux ou fort malade, n' avoir pas longtemps à vivre. Il a la mort entre les dents, et il songe encore à bâtir.

Fig., Avoir la mort sur les lèvres, Être près de mourir, ou Avoir la figure d' un mourant.

Prov. et fig., Après la mort le médecin, se dit en parlant D' un remède, d' un secours tardif.

Prov., Dieu ne veut pas la mort du pécheur, Il faut être indulgent pour la faiblesse humaine.

Par la mort! s' emploie par forme de serment et de menace.

Pop., Il serait bon à aller querir, à aller chercher la mort, se dit D' une personne qui est lente à revenir des endroits où on l' envoie.

MORT

MORT se dit particulièrement de La peine capitale, de la peine qui consiste dans la perte de la vie. Abolir la peine de mort. Condamner un homme à la mort, à la peine de mort. Toutes les voix allaient à la mort, ont été à la mort. Le procureur général a conclu à la mort. L' affaire est grave, il y va de la vie ou de la mort. Ce coupable a reçu, a subi, a souffert la mort avec courage. Il a marché à la mort avec courage.

Cette affaire va à la mort, Elle doit finir par un arrêt de mort.

Sentence, arrêt de mort, Condamnation qui porte la peine de mort. Il était appelant d' une sentence de mort.

Testament de mort, Déclaration dernière que fait un condamné avant son supplice.

Fig. et par extens., Testament de mort, Écrit qui atteste les derniers sentiments d' une personne. Cette lettre touchante fut son testament de mort.

Mort civile, Cessation de toute participation aux droits civils. La condamnation à mort, la peine des travaux forcés à perpétuité, et celle de la déportation, emportent la mort civile. La profession en religion avait les effets de la mort civile.

La mort éternelle, La condamnation des pécheurs aux peines de l' enfer.

MORT

MORT se dit, par exagération, Des grandes douleurs. La goutte lui fait souffrir mille morts. Il souffre mort et passion.

Il se dit aussi Des grands chagrins. Ce fils dénaturé lui donne la mort. La disgrâce de son ami lui a mis la mort dans le coeur. La conduite de son fils lui a mis la mort dans l' âme.

Fam., Souffrir mort et passion, Être contrarié, embarrassé, tourmenté. Ce prédicateur faisait souffrir mort et passion à ceux qui l' entendaient, tant il y avait d' hésitation dans son débit.

Fam., C' est une mort que d' avoir affaire à un pareil homme, que de poursuivre une telle affaire, C' est une grande peine, une grande misère.

Fig. et fam., C' est ma mort, C' est la chose la plus désagréable pour moi. C' est ma mort que d' être obligé de le voir, de lui parler.

MORT

MORT signifie encore, figurément, Cause de destruction. Les réquisitions forcées sont la mort du commerce. Le monopole est la mort de l' industrie.

Fam., Mort aux rats, Drogue dont on se sert pour faire mourir les rats. Acheter de la mort aux rats.

Fam., en termes de Jeu, Jouer à la mort de telle somme, Jouer jusqu' à ce que telle somme soit perdue.

À MORT. loc. adv.

À MORT. loc. adv. De manière qu' on en meure. Blesser à mort. Il fut frappé à mort.

Fig., Être frappé à mort, Être attaqué d' une maladie dont les symptômes annoncent une mort certaine.

Condamner, juger à mort, Condamner quelqu' un à la peine de mort. Mettre à mort, Faire mourir.

Combat à mort, Combat qui ne doit se terminer que par la mort d' un des combattants.

À LA MORT. loc. adv.

À LA MORT. loc. adv. Extrêmement, excessivement. Haïr quelqu' un à la mort. Je me suis ennuyé à la mort. Cela me déplaît à la mort. Il m' en veut à la mort. On dit aussi dans le même sens, Il me veut mal de mort, un mal de mort.

À LA VIE ET À LA MORT. loc. adv.

À LA VIE ET À LA MORT. loc. adv. Pour toujours. Je suis votre ami à la vie et à la mort. Je suis à vous à la vie et à la mort.

Entre nous, c' est à la vie et à la mort, Notre amitié durera toujours. Il ne me pardonnera ni à la vie ni à la mort, Il ne me pardonnera jamais.

MORTADELLE. s. f.

MORTADELLE. s. f. Espèce de gros saucisson qui vient d' Italie. Mortadelle de Bologne, de Florence.

MORTAILLABLE. adj.des deux genres

MORTAILLABLE. adj.des deux genres T. de Jurispr. féod. Il se disait De ceux qui étaient serfs de leur seigneur, et dont celui-ci héritait.

MORTAISE. s. f.

MORTAISE. s. f. T. d' Arts. Trou, entaillure faite dans une pièce de bois ou de métal, pour y recevoir le tenon d' une autre pièce, quand on veut les assembler. Petite, grande mortaise. Faire une mortaise. Ouvrage assemblé à tenons et à mortaises.

MORTALITÉ. s. f.

MORTALITÉ. s. f. Condition de ce qui est sujet à la mort. Épicure croyait la mortalité de l' âme. Le fils de Dieu s' est revêtu de notre mortalité.

Il signifie aussi, La mort d' une quantité plus ou moins considérable d' hommes ou d' animaux qui sont emportés en peu de temps par la même maladie. La mortalité se mit dans les troupes. La mortalité a été grande dans ce pays-là. La mortalité est sur le bétail, s' est mise sur le bétail, dans le bétail, sur les bestiaux. Il y a dans cette ville une grande mortalité.

Il se dit encore de La quantité d' individus de l' espèce humaine qui meurent annuellement sur un certain nombre de vivants. À Paris, la mortalité, si l' on en croit la plupart des calculs, est d' un individu sur trente.

Tables de mortalité, Listes qui, sur un nombre donné de naissances, indiquent le nombre des survivants à la fin de chaque année.

MORT-BOIS. s. m.

MORT-BOIS. s. m. Voyez BOIS.

MORTE-EAU. s. f.

MORTE-EAU. s. f. T. de Mar. Il se dit Des marées les plus faibles, qui ont lieu entre la nouvelle et la pleine lune; et de L' époque de ces marées. Nous sommes en morte-eau.

MORTEL, ELLE. adj.

MORTEL, ELLE. adj. Qui cause la mort, ou qui paraît devoir la causer. Maladie, plaie, blessure mortelle. Coup, poison mortel. La coque du Levant est mortelle aux poissons, pour les poissons.

Péché mortel, Péché qui fait perdre la grâce de Dieu, et qui donne une espèce de mort à l' âme.

MORTEL

MORTEL signifie quelquefois, Extrême, excessif dans son genre; et il ne se dit jamais qu' en mal. Haine, inimitié mortelle. Déplaisir mortel. Douleur, inquiétude, crainte, tristesse, offense mortelle. Effroi mortel. Ennui mortel. Je suis dans des transes mortelles. Il fait un froid mortel.

Il y a dix mortelles lieues de cette ville à telle autre, Dix lieues longues et ennuyeuses. On dit en des sens analogues: J' ai attendu deux mortelles heures dans une antichambre. Fallait-il faire deux mortels volumes pour traiter un pareil sujet? Etc.

Être l' ennemi mortel de quelqu' un, Le haïr profondément.

MORTEL

MORTEL signifie aussi, Qui est sujet à la mort. Tous les hommes sont mortels. Le corps est mortel. Cette vie mortelle est pleine de misères. D' anciens philosophes ont cru l' âme mortelle.

Dans le style soutenu, Quitter sa dépouille mortelle, Mourir.

MORTEL

MORTEL est aussi substantif, et signifie, Homme. C' est un heureux mortel, un infortuné mortel. Il serait le plus vil des mortels, s' il avait fait cette perfidie.

Absol., Les mortels, L' espèce humaine. Les pauvres mortels. Les misérables mortels.

MORTELLE sustantif féminin

MORTELLE sustantif féminin est moins usité. Une simple mortelle.

MORTELLEMENT. adv.

MORTELLEMENT. adv. À mort. Il est blessé mortellement, malade mortellement.

Pécher mortellement, Commettre un péché mortel.

Il signifie aussi, Excessivement. Haïr mortellement. Cet homme est mortellement ennuyeux. Outrager quelqu' un mortellement.

MORTE-PAYE. s. f.

MORTE-PAYE. s. f. Voyez PAYE.

MORTE-SAISON. s. f.

MORTE-SAISON. s. f. Temps où, dans certaines professions, on a moins de travail, moins de débit qu' à l' ordinaire. L' été est la morte-saison des marchands fourreurs. Les mortes-saisons ruinent les pauvres ouvriers.

MORT-GAGE. s. m.

MORT-GAGE. s. m. T. de Jurispr. Gage dont on laisse jouir le créancier, sans que les fruits dont il profite soient imputés sur la dette.

MORTIER. s. m.

MORTIER. s. m. Mélange de chaux et de sable, de ciment ou de pouzzolane, détrempé avec de l' eau, et servant à lier les pierres ou les moellons d' une construction. Faire du mortier. Mortier à chaux et à sable, à chaux et à ciment. Mortier de ciment.

Fig. et fam., Cette soupe est du mortier, n' est que du mortier, Elle est trop épaisse.

MORTIER

MORTIER se dit aussi d' Une sorte de vase qui est fait de métal, de pierre, de bois, etc., et dont on se sert pour y piler certaines choses. Un mortier de fonte, de marbre, de verre, de bois. Le pilon d' un mortier.

MORTIER

MORTIER en termes d' Artillerie, se dit d' Une bouche à feu, qui est faite à peu près comme un mortier à piler, et dont on se sert pour lancer des bombes, pour jeter des carcasses pleines de pierres ou de matières inflammables. Mettre la bombe dans le mortier. Charger le mortier. Mettre le feu au mortier. Une batterie de mortiers.

MORTIER

MORTIER se dit en outre d' Une espèce de bonnet rond de velours noir, bordé de galon d' or, que les présidents de parlement portaient dans l' exercice de leurs fonctions, et qui est encore aujourd' hui la coiffure des présidents des cours de justice. Président à mortier. Le mortier du premier président était bordé de deux galons d' or, l' un en haut, l' autre en bas. Une charge de président à mortier. Le chancelier de France avait un mortier qui était d' étoffe d' or avec un bord d' hermine.

MORTIFÈRE. adj.des deux genres

MORTIFÈRE. adj.des deux genres Qui cause la mort. Un poison, un suc mortifère. Une plante mortifère. Il ne s' emploie guère que dans le langage médical.

MORTIFIANT, ANTE. adj.

MORTIFIANT, ANTE. adj. Qui mortifie, qui humilie l' amour-propre, et cause de la confusion. C' est une chose bien mortifiante. Il est bien mortifiant d' essuyer publiquement des reproches mérités. Y a-t-il rien de plus mortifiant? Des humiliations mortifiantes. Un refus mortifiant.

MORTIFICATION. s. f.

MORTIFICATION. s. f. T. de Médec. et de Chirur. État du corps ou d' une partie du corps, dans lequel les fluides naturels, dont la circulation est arrêtée, s' altèrent et se corrompent de manière à détruire le tissu des chairs. Mortification des chairs. Dans la gangrène, il y a mortification imparfaite; dans le sphacèle, il y a mortification entière.

MORTIFICATION

MORTIFICATION se dit, par extension, dans le style ascétique, de L' action par laquelle on mortifie son corps, ses passions. La mortification de la chair, des sens, des passions.

Il signifie figurément, Chagrin, affliction qu' on donne à une personne par quelque réprimande ou par quelque procédé dur et fâcheux. Il a reçu, il a essuyé, il s' est attiré une grande, une cruelle mortification. On lui a donné de grandes mortifications.

Il se dit également, dans le style de la Chaire, Des accidents fâcheux qui arrivent dans la vie. Ce sont des mortifications que Dieu nous envoie.

MORTIFIER. v. a.

MORTIFIER. v. a. Faire que de la viande devienne plus tendre. Mettre de la viande à l' air, la battre pour la mortifier. Le grand air mortifie la viande. Ce faisan n' est pas encore assez mortifié.

MORTIFIER

MORTIFIER signifie figurément, Affliger son corps par des macérations, des jeûnes, des austérités. Mortifier sa chair.

Il s' emploie aussi avec le pronom personnel, dans l' un et dans l' autre sens. La viande se mortifie lentement dans un temps froid. Se mortifier pour l' amour de Dieu.

Mortifier ses sens, ses passions, Les réprimer dans la vue de plaire à Dieu.

MORTIFIER

MORTIFIER signifie encore, figurément, Humilier quelqu' un, lui faire de la peine par quelque réprimande ou par quelque procédé dur et fâcheux. Ce refus me mortifierait beaucoup. La disgrâce qui lui est arrivée l' a extrêmement mortifié.

MORTIFIÉ, ÉE. participe

MORTIFIÉ, ÉE. participe De la viande bien mortifiée.

Fig., Être mortifié d' une chose, En éprouver du chagrin. Je suis bien mortifié de vous dire que votre procès est perdu. Il avait l' air bien mortifié.

MORT-NÉ. adj.

MORT-NÉ. adj. Voyez , au mot NAÚTRE.

MORTUAIRE. adj.des deux genres

MORTUAIRE. adj.des deux genres Appartenant au service, à la pompe funèbre. Un drap mortuaire.

Registre mortuaire, Registre où l' on inscrit les noms des personnes décédées.

Extrait mortuaire, Extrait qu' on tire de ce registre.

Droits mortuaires, Droits perçus pour les cérémonies funèbres.

MORUE. s. f.

MORUE. s. f. Poisson de mer du genre des Gades, dont la plus grande pêche se fait au banc de Terre-Neuve. Morue fraîche, ou Morue verte. Morue nouvelle. Vieille morue. Morue sèche, salée. Morue de Terre-Neuve. Morue jaune. Pêcher de la morue. Une queue de morue. Aller à la pêche des morues. Un navire chargé de morues.

Une poignée de morues, Deux morues jointes ensemble.

MORVE. s. f.

MORVE. s. f. Humeur visqueuse qui découle des narines. Il a toujours la morve au nez.

MORVE

MORVE en termes d' Art vétérinaire, Maladie à laquelle les chevaux sont sujets, et qui est regardée par certains vétérinaires comme contagieuse. Quand on vend un cheval, on garantit la morve. Ce cheval a la morve.

MORVEAU. s. m.

MORVEAU. s. m. Morve épaisse et recuite. Jeter un gros morveau. C' est un mot désagréable dont on évite de se servir.

MORVEUX, EUSE. adj.

MORVEUX, EUSE. adj. Qui a la morve au bout du nez. Enfant morveux. Nez morveux. Il est toujours morveux.

En termes d' Art vétérinaire, Cheval morveux, Cheval qui a la maladie appelée Morve.

Prov. et fig., Il vaut mieux laisser son enfant morveux que de lui arracher le nez, Il est de la sagesse de tolérer un petit mal, lorsqu' on risque, en voulant y remédier, d' en causer un plus grand.

Prov. et fig., Qui se sent morveux se mouche, Que ceux qui reconnaissent en eux le défaut, le tort contre lequel on parle, s' appliquent ce qu' on en dit, si bon leur semble.

MORVEUX

MORVEUX est quelquefois substantif, et se dit alors, familièrement et par mépris, d' Un enfant, garçon ou fille. C' est un petit morveux, une petite morveuse. C' est un jeune morveux. Voilà un beau morveux, un plaisant morveux pour faire l' entendu.

Traiter quelqu' un comme un morveux, Le traiter avec un mépris humiliant.

MOSAÏQUE. adj.des deux genres

MOSAÏQUE. adj.des deux genres Qui vient de Moïse. La loi mosaïque.

MOSAÏQUE. s. f.

MOSAÏQUE. s. f. Ouvrage de rapport composé de petites pierres dures, ou de petits morceaux d' émail de différentes couleurs, liés par un mastic et assemblés de manière à former des figures, des arabesques, etc. Faire de la mosaïque. Voilà une belle mosaïque. Mosaïque tracée sur le sol d' un appartement, d' une salle. Les mosaïques les plus précieuses sont en pierres naturellement colorées. Pavé de mosaïque. Table de mosaïque. Tableau, peinture en mosaïque. Les plus beaux tableaux de Raphaël ont été exécutés en mosaïque pour orner l' église de Saint-Pierre.

Il se dit aussi de L' art dont ces ouvrages sont le produit. Il y a deux espèces de mosaïque, celle de Rome et celle de Florence. Il a été à Rome pour apprendre la mosaïque.

Fig., C' est un ouvrage en mosaïque, c' est une mosaïque, se dit D' un ouvrage d' esprit composé de morceaux séparés, dont les sujets sont différents.

MOSARABE. adj.

MOSARABE. adj. Voyez MOZARABE.

MOSCOUADE. s. f.

MOSCOUADE. s. f. Nom qu' on donne au sucre brut.

MOSQUÉE. s. f.

MOSQUÉE. s. f. Temple du culte mahométan, édifice où les mahométans s' assemblent pour faire leurs prières. Les mosquées de Constantinople, du Caire, etc., sont de vastes et beaux édifices. Cette mosquée a six minarets. Les Turcs ont changé plusieurs églises en mosquées. Il y a, dans l' enceinte de cette mosquée, des écoles, des plantations, etc.

MOT. s. m.

MOT. s. m. Une ou plusieurs syllabes réunies, qui expriment une idée. Mot français, latin, grec, etc. Mot barbare. Vieux mot. Mot suranné. Mot qui n' est plus en usage, qui est tombé en désuétude, qui a vieilli. Mot nouveau. Mot usité, inusité. Un mot qui commence à s' introduire. Mot rude, harmonieux. Mot de deux syllabes, de trois syllabes. Ces deux mots sont synonymes. Choisir ses mots. Effacer, rayer, ajouter un mot. Bien prononcer, bien articuler les mots. Ce mot est fort expressif, fort significatif. Ce mot n' est pas de la langue. L' emploi, l' arrangement, le choix des mots. Ce mot a plusieurs significations, plusieurs acceptions différentes. Ce mot est du style familier, est familier. Ce mot est dérivé du grec, est emprunté du latin. Mot simple, composé. Dire, expliquer une chose en peu de mots. Il lui a dit quelques mots obligeants, quelques mots de consolation, d' amitié. Il n' y a pas un mot de cela dans le contrat. Il n' en a pas mis un mot. Mauvais mot.

Mot propre, Mot qui exprime avec plus de justesse et d' exactitude que tout autre, l' idée qu' on veut faire entendre. Il faut, pour bien écrire, employer le mot propre. On dit par opposition, Mot impropre.

Mot faible, Celui qui n' exprime qu' imparfaitement l' idée.

Mot à deux ententes, à double entente, Mot qui a deux sens, qui est susceptible de deux interprétations. On dit aussi, Mot équivoque ou ambigu.

Jeu de mots, Allusion tirée de la ressemblance des mots.

Mot factice, Mot qui est dérivé d' un autre mot suivant l' analogie ordinaire, mais dont l' usage n' est pas établi.

Mot forgé, Mot créé par plaisanterie, et formé d' une manière bizarre. Dans Molière, Désamphitryonner, Dessosier, et Tartufiée, sont des mots forgés.

Mot hybride, Mot composé d' autres mots qui appartiennent à des langues différentes. Choléra-morbus est un mot hybride.

Mot artificiel, Mot dont on se sert pour aider la mémoire par l' arrangement des lettres. Ainsi les termes de logique, Barbara, Celarent, etc., sont des mots artificiels dont on se servait pour graver plus aisément dans la mémoire les différentes espèces de syllogismes.

Mots consacrés, Mots qui sont tellement propres et usités pour signifier certaines choses, qu' on ne peut pas se servir d' un autre mot sans parler improprement. Ainsi, en théologie, les mots Consubstantiel et Transsubstantiation, sont des mots consacrés; de même qu' en physique les mots Gravitation, Raréfaction, Condensation, etc.

Mots sacramentels ou sacramentaux, Mots qui appartiennent à un sacrement; et, par extension, Ceux qui sont essentiels à la validité d' un acte, d' une convention.

Fig. et fam., Gros mots, Jurements. Il a dit de gros mots, des gros mots. Il signifie aussi, Menaces, paroles offensantes. De la raillerie ils ont passé, ils en sont venus aux gros mots.

Fig., Grands mots, Expressions exagérées.

Le mot d' une énigme, d' un logogriphe, d' une charade, Le nom qu' on propose à deviner dans une énigme, dans un logogriphe, dans une charade.

Fig. et fam., Traîner ses mots, Parler très-lentement. Compter ses mots, Parler avec lenteur et avec affectation. Manger ses mots, la moitie de ses mots, Ne pas prononcer nettement toutes les lettres ou toutes les syllabes des mots.

Prov., Dire les mots et les paroles, Dire crûment une chose qui aurait besoin d' être adoucie par l' expression. Il n' a pas ménagé les oreilles de ceux qui étaient présents; il a dit les mots et les paroles.

Prov., Il n' y a qu' un mot qui serve, signifie tantôt, Décidez-vous, dites-moi votre mot; tantôt, Ce que je vous dis est mon dernier mot.

Fam., Ce sont des mots, ce ne sont que des mots, Ces paroles sont vides de sens. Les mêmes locutions signifient aussi, Ces paroles ne seront suivies d' aucun effet. Ne vous inquiétez pas de ses menaces, ne croyez pas à ses promesses, ce sont des mots, ce ne sont que des mots.

MOT

MOT se prend aussi pour Ce qu' on dit ou ce qu' on écrit brièvement à quelqu' un. Si vous le voyez, je vous supplie de lui dire un mot de ma part, un mot en mon nom, un mot en ma faveur. Il ne m' en a pas dit un mot, le traître mot. Il lui a dit un mot à l' oreille. Je n' ai pas pu placer un mot dans la conversation. Je lui ai glissé un mot de votre affaire. Ce mot, jeté à propos dans la discussion, a concilié tous les avis. Dites-lui un mot pour moi dans la lettre que vous lui écrivez. Vous avez lâché là un mot bien léger, bien indiscret, bien irréfléchi. Je lui en écrirai un mot. Je vous écris un mot pour vous apprendre... Faites-moi un mot de réponse. Je n' ai qu' un mot à vous dire. Je n' ai que deux ou trois mots à lui dire. Nous en dirons demain deux mots. Nous en dirons deux mots quand vous voudrez. Je vous expliquerai cela en un mot, en deux mots, en trois mots, en quatre mots: l' usage ne va pas plus loin; on ne dit pas, en cinq mots.

Entendre à demi-mot, Comprendre facilement ce qu' un autre veut dire, sans qu' il se soit entièrement expliqué.

Ne dire mot, ne répondre mot, Ne point parler, ne point répondre. Il demeura confus et ne dit mot. Il est parti sans dire mot, sans mot dire. Il n' eut pas le mot à dire, pas le petit mot, pas le moindre mot, pas le moindre petit mot. On eut beau l' interroger, il ne répondit jamais mot, pas un mot.

Fam., S' il ne dit mot, il n' en pense pas moins, se dit D' un homme qui parle peu, et signifie, Il a plus d' esprit, plus de sentiment qu' il ne paraît en avoir.

Prov., Qui ne dit mot consent, En certains cas, se taire, c' est consentir.

Fam., Ne sonner mot, Ne rien dire. On dit dans le même sens, Ne pas souffler mot, le mot.

Un mot, deux mots, s' il vous plaît. Façons de parler familières, dont on se sert lorsqu' on appelle quelqu' un pour lui parler.

Par forme de menace, Nous en dirons deux mots quand vous voudrez, Nous viderons notre querelle quand il vous plaira. On dit dans le même sens, J' ai à me plaindre de lui, je lui en dirai deux mots.

Bon mot, Trait ingénieux, vif et plaisant. Diseur de bons mots. Dire des bons mots. Ce que vous dites là est un des bons mots d' un tel. Il aimerait mieux perdre un ami qu' un bon mot. Il est rare de bien répliquer à un bon mot.

Mot fin, Expression d' une simplicité apparente, dont la force ne paraît qu' après qu' on y a réfléchi, et qui fait penser plus qu' elle ne semble dire. Il y a dans ce compliment un mot très-fin.

Fig. et fam., Je n' entends pas le fin mot de tout cela, Je ne comprends pas ce qu' on veut, à quoi tendent tous ces discours et cette conduite singulière.

Fig. et fam., Dire le fin mot, Manifester entièrement son projet, ses vues. Il n' a pas encore dit le fin mot. Ne nous faites plus attendre, dites-nous le fin mot.

Trancher le mot, Donner une réponse décisive. Tranchez le mot, c' est trop me faire attendre votre réponse. Il signifie aussi, Parler net, dire sa pensée sans ménagement. C' est un homme sans délicatesse; tranchons le mot, c' est un fripon.

Fam., Le grand mot est lâché, Le mot qu' on retenait est enfin échappé.

Fam., Mot pour rire, Ce que l' on dit en plaisantant pour amuser les autres. Il a toujours le mot pour rire, le petit mot pour rire.

Il n' y a pas là le mot pour rire, se dit Lorsque la chose dont on parle est trop sérieuse ou trop piquante pour être tournée en plaisanterie. On dit aussi Lorsqu' un homme veut être plaisant et qu' il manque son but: Il n' y a pas le mot pour rire à ce qu' il dit. Où est là le mot pour rire?

Vous dites là le mot, Ce que vous dites éclaircit la difficulté, est décisif.

MOT

MOT signifie encore, Sentence, apophthegme, dit notable, parole mémorable. C' est un mot de Socrate. Ce philosophe dit un beau mot, un grand mot, un excellent mot, un mot bien remarquable.

Il se dit aussi de Pensées moins importantes. Il lui échappe des mots fort heureux, fort spirituels.

MOT

MOT se dit en outre Du prix que l' on demande ou que l' on offre de quelque chose. Vous voulez vendre cela cinq cents francs? est-ce votre mot? ce n' est que votre premier mot? Non, c' est mon dernier mot. Je n' en rabattrai rien, je n' ai point deux mots. Je ne suis point homme à deux mots. Au dernier mot, qu' en voulez-vous? Si vous voulez acheter, dites le bon mot. Il veut être payé à son mot. Je l' ai fait venir à mon mot. Il n' a qu' un mot.

Lâcher le mot. Voyez LÂCHER.

Prendre quelqu' un au mot, Se hâter d' accepter une offre. Cela se dit surtout quand il s' agit Du prix d' un achat ou d' une vente. Il ne m' a fait ce cheval que six cents francs, je l' ai pris au mot. Je lui ai offert cinq francs de ce volume, il m' a pris au mot. N' ayez pas peur, vous ne serez pas pris au mot. Vous m' avez offert une chambre dans votre maison, je vous prends au mot. Je lui ai offert ma bourse, il m' a pris au mot.

MOT

MOT dans un sens encore plus particulier, signifie, Un billet portant assurance ou déclaration de quelque chose. Je vous prêterai mille francs, mais donnez-moi un mot de votre main, donnez-moi un mot d' écrit, deux mots de votre main.

MOT

MOT parmi les gens de guerre, se dit Du mot ou plutôt des deux mots qu' un chef donne à ceux qui sont sous ses ordres, pour qu' ils puissent se reconnaître entre eux. Quand le chef donne deux mots, ce qui a presque toujours lieu, le premier s' appelle Mot d' ordre, et le second Mot de ralliement. Cependant on comprend aussi quelquefois sous la dénomination de Mot d' ordre, l' un et l' autre de ces deux mots. Donner le mot. Aller prendre le mot. On l' envoya porter le mot. Le mot d' ordre, le mot qu' on avait donné, le jour du combat, était Saint-Louis et Paris. Quand un poste reconnaît une patrouille, il en reçoit le mot d' ordre et lui donne celui de ralliement. Les sentinelles avancées doivent avoir le mot de ralliement. Quand une patrouille rencontre une ronde, elle lui donne les deux mots d' ordre. On disait autrefois dans le même sens, Le mot du guet.

Prov. et fig., Avoir le mot, Être averti de ce qu' il convient de dire ou de faire dans une certaine circonstance. Vous pouvez compter sur lui, il a le mot.

Prov. et fig., Ces gens-là se sont donné le mot, le mot du guet, Ils sont de concert et d' intelligence ensemble.

MOT

MOT dans une devise, signifie, Les paroles de la devise. Dans la devise de Louis XII, le corps était un porc-épic, et le mot, Cominùs et eminùs; dans celle de Louis XIV, le corps était un soleil, et le mot, Nec pluribus impar.

Il se dit également d' Un mot ou d' une phrase courte que quelques maisons illustres placent dans leurs armoiries. La maison de Montmorency a pour mot, Aplanôs, qui en grec signifie, Sans dévier.

EN UN MOT. loc. adv.

EN UN MOT. loc. adv. Bref, enfin, en peu de mots. Il est vertueux, généreux; en un mot, c' est un homme accompli.

En un mot, je n' en ferai rien, Pour répondre en un mot à toutes vos raisons, je dis que je n' en ferai rien.

Autant en un mot qu' en cent, qu' en mille; en un mot comme en cent, en un mot comme en mille. Façons de parler familières, par lesquelles on marque sa dernière résolution. En un mot comme en mille, je suis décidé à n' en rien faire.

MOT À MOT, MOT POUR MOT. loc. adverbiales

MOT À MOT, MOT POUR MOT. loc. adverbiales Sans aucun changement ni dans les mots, ni dans leur ordre. Apprendre quelque chose mot à mot comme un perroquet. Transcrire, traduire, rendre mot à mot. Rapporter mot à mot, ou mot pour mot, tout ce qu' on a ouï dire.

Cette phrase est mot pour mot dans Montaigne, dans Voltaire, etc., Elle s' y trouve entièrement et dans les mêmes termes.

Dicter mot à mot, Dicter un mot après l' autre, ne dicter qu' un mot à la fois.

MOT À MOT

MOT À MOT s' emploie quelquefois substantivement, et signifie, Traduction littérale. Cette version n' est qu' un mot à mot. Voilà le mot à mot de la phrase, maintenant traduisez avec élégance.

À CES MOTS. loc. adv.

À CES MOTS. loc. adv. usitée dans la narration. Après avoir ainsi parlé. À ces mots, il monte à cheval, et s' élance dans la plaine.

MOTET. s. m.

MOTET. s. m. Psaume ou autres paroles latines mises en musique pour être chantées à l' église, et qui ne font point partie de l' office divin. Faire, composer, chanter, exécuter un motet. Un beau motet.

MOTEUR. s. m.

MOTEUR. s. m. Celui qui donne le mouvement. Dieu est le premier moteur, le souverain moteur de toutes choses.

Il se dit aussi au sens moral. Il fut le principal moteur de cette entreprise, de cette conjuration, le moteur secret de ces intrigues.

MOTEUR

MOTEUR en termes de Mécanique, signifie, Mobile, ce qui imprime le mouvement. L' eau, le feu est le premier moteur de cette machine. Le moteur doit être proportionné à l' effet qu' on veut produire.

MOTEUR

MOTEUR en termes d' Anatomie, se dit Des muscles qui font mouvoir un membre. Les moteurs internes, externes.

MOTEUR, TRICE. adj.

MOTEUR, TRICE. adj. Qui fait mouvoir, qui donne le mouvement. Muscles moteurs. Force, puissance, faculté, vertu motrice.

MOTIF. s. m.

MOTIF. s. m. Ce qui meut et porte à faire quelque chose, à adopter un avis. Bon, mauvais, puissant, faible motif. Motif secret, apparent. Motif louable, honnête. Exposer ses motifs. Quel a été son motif? Par quel motif a-t-il fait cela? Je devine ses motifs. Agir par un pur motif de zèle, de conscience. Il n' a point eu d' autre motif que celui de la gloire de Dieu. L' intérêt est le seul motif qui le fait agir. Tel a été son motif pour agir de la sorte. Il imagine des prétextes pour cacher son véritable motif.

Motif de crédibilité, Ce qui peut raisonnablement porter à croire une chose, indépendamment des preuves démonstratives. Il se dit surtout en parlant Des preuves qui établissent la vérité de la religion. Si ce n' est pas une preuve convaincante, c' est au moins un motif de crédibilité.

MOTIF

MOTIF en Musique, signifie, La phrase de chant, l' idée primitive qui domine dans tout le morceau. Le motif de cet air est heureux.

MOTION. s. f.

MOTION. s. f. T. didactique. Mouvement, action de mouvoir.

MOTION

MOTION se dit aussi d' Une proposition faite dans une assemblée délibérante, par un de ses membres. On a fait une motion pour tel objet, sur tel objet, relativement à tel objet. Il a fait la motion d' ajourner la délibération. Il y eut des motions très-diverses, et même il y en eut de contradictoires. Appuyer la motion. Délibérer sur la motion. Amender la motion. Retirer sa motion. Rejeter la motion.

Motion d' ordre, Motion qui a pour objet particulier l' ordre de la discussion.

MOTIVER. v. a.

MOTIVER. v. a. Alléguer, rapporter les motifs d' un avis, d' un arrêt, d' une déclaration quelconque. Motiver un arrêt. Il ne motive jamais son avis. Motiver son refus.

Il signifie aussi quelquefois, Servir de motif à. Voilà ce qui a motivé cette mesure.

Motiver les entrées et les sorties dans une pièce de théâtre, Faire que les entrées et les sorties des personnages paraissent naturelles et raisonnables. Les entrées et les sorties ne sont pas motivées dans cette pièce.

MOTIVÉ, ÉE. participe

MOTIVÉ, ÉE. participe

MOTTE. s. f.

MOTTE. s. f. Petit morceau de terre détaché avec la charrue, avec la bêche, ou autrement. Un champ plein de mottes. Rompre, casser, briser les mottes d' un champ. Se battre à coups de mottes. Une motte de gazon.

Il se dit aussi d' Une butte, d' une éminence isolée, faite de main d' homme ou par la nature. Il faut raser cette motte. Aplanir une motte.

Il signifie encore, La portion de terre qui tient aux racines des plantes, quand on les lève ou qu' on les arrache. Lever un arbre en motte, avec sa motte. Replanter un arbre avec sa motte.

Motte à brûler, Petite masse plate et ronde, qui est faite ordinairement avec le tan qu' on ne peut plus employer à préparer les cuirs, et qui sert à faire du feu. Brûler des mottes. Motte de tourbe.

MOTTER (SE). v. pron.

MOTTER (SE). v. pron. T. de Chasse. Il se dit Des perdrix, lorsqu' elles se cachent derrière des mottes de terre.

MOTUS

MOTUS (On prononce l' S.) Expression familière par laquelle on avertit quelqu' un de ne rien dire. Motus, ne parlez pas de cela.

MOU, MOLLE. adj.

MOU, MOLLE. adj. Qui cède facilement au toucher, qui reçoit facilement l' impression des autres corps. Il est opposé à Dur. Ce lit est mou, n' est guère mou. De la cire molle. Avoir les chairs molles. Du fromage mou. Poires molles.

On dit quelquefois Mol, au masculin, en poésie et dans le style soutenu, quand le mot qui suit commence par une voyelle. Un mol abandon. Le marcher mol et doux de la pelouse.

En Physique, Corps mous, Ceux qui ne tendent pas à reprendre la figure que le choc ou la compression leur a fait perdre.

Par extension, Le temps, le vent est mou, Le temps est relâché, le vent est chaud et humide.

MOU

MOU signifie, figurément, Qui a peu de vigueur. Ce cheval est mou et n' a point de force. Cet homme paraît fort et robuste, mais il est mou au travail.

Il signifie aussi, Indolent, inactif, qui manque de résolution, d' application. C' est un homme mou pour ses amis. C' est un homme mou. Un caractère mou. Un esprit mou.

Il signifie encore, Affaibli, énervé par les plaisirs. Un homme mou et efféminé. Une âme molle.

MOU

MOU se dit, au sens moral, Des choses qui annoncent ou qui causent la mollesse de l' âme. Une molle complaisance. Une molle indulgence. Une résolution molle. Une conduite molle. Une molle oisiveté. Une éducation molle.

Style mou, Style qui manque de vigueur.

En termes de Peinture, Touche molle, manière molle, Faiblesse d' expression dans le mécanisme de l' art. On dit dans le même sens, Un pinceau mou.

MOU. s. m.

MOU. s. m. Nom vulgaire du poumon de certains animaux. Bouillon de mou de veau. Fricassée de mou d' agneau.

MOUCHARD. s. m.

MOUCHARD. s. m. Espion de police. C' est un fin mouchard.

MOUCHE. s. f.

MOUCHE. s. f. Insecte à deux ailes, dont une espèce est fort commune. On appelle de même Tous les insectes dont les ailes sont transparentes. Mouche commune. Mouche à deux ailes, à quatre ailes. Mouche à miel. Mouche-guêpe. Grosse, petite mouche. Le bourdonnement d' une mouche. Le taon, le frelon, sont des espèces de mouches. En automne tout est plein de mouches. Les mouches sont importunes en automne. Un cheval tendre aux mouches.

Il se dit également de Quelques insectes coléoptères, c' est-à-dire, dont les ailes extérieures ne sont pas transparentes. Mouche cantharide.

Prov. et fig., Être tendre aux mouches, Être sensible aux moindres incommodités, ou S' offenser de peu de chose.

Prov., fig. et pop., Gober des mouches, Perdre le temps à attendre, à ne rien faire. Que fait-il là à gober des mouches?

Prov. et fig., Prendre la mouche, Se piquer, se fâcher mal à propos.

Prov. et fig., Quelle mouche le pique? quelle mouche l' a piqué? se dit en parlant D' un homme qui s' emporte, sans qu' on sache qu' il en ait aucun sujet.

Prov., On prend plus de mouches avec du miel qu' avec du vinaigre, On réussit mieux dans les affaires, on subjugue plus de personnes par la douceur que par la dureté et la rigueur.

Prov. et fig., Faire la mouche du coche, Faire l' empressé, le nécessaire, et s' attribuer le succès des choses auxquelles on a le moins contribué.

Prov. et fig., Faire d' une mouche un éléphant, Exagérer extrêmement une petite chose.

Fig. et fam., Pieds de mouches, Mauvaise écriture dont le caractère est menu, mal formé, et n' est point lié. Son écriture est bien mauvaise, ce sont des pieds de mouches que je ne saurais lire.

Adverb. et fam., Dru comme mouches, En grande quantité, en abondance. Les balles, les boulets pleuvaient sur nous dru comme mouches. À cette bataille, on voyait tomber les hommes dru comme mouches.

MOUCHE

MOUCHE se dit aussi d' Un petit morceau de taffetas noir préparé, que les femmes se mettaient autrefois sur le visage, ou pour cacher quelques élevures, ou pour faire paraître leur teint plus blanc. Elle a le visage couvert de mouches. Les mouches ne lui siéent pas bien. Une boîte à mouches.

MOUCHES

MOUCHES au pluriel, se dit quelquefois Des premières et des plus légères douleurs de l' enfantement. Cette femme commence à sentir des mouches, les mouches.

MOUCHE

MOUCHE signifie encore, figurément et familièrement, Celui ou celle que la police met à la suite de quelqu' un pour épier ses démarches et en rendre compte.

Fam., C' est une fine mouche, C' est une personne très fine et très-rusée.

MOUCHE

MOUCHE se dit aussi d' Une espèce de jeu de cartes qui se joue à plusieurs personnes, depuis trois jusqu' à six. Jouer à la mouche.

En Astronomie, La Mouche, Constellation de l' hémisphère austral, qui n' est point visible dans nos climats.

MOUCHER. v. a.

MOUCHER. v. a. Presser les narines pour en faire sortir la surabondance des humeurs qui tombent dans le nez. Mouchez cet enfant.

Il s' emploie aussi avec le pronom personnel. Mouchez-vous. Cet enfant ne se mouche jamais.

Il s' emploie quelquefois absolument, dans le même sens que s' il était accompagné du pronom. Si cet enfant pouvait moucher, il serait soulagé. Il ne mouche presque point. Le tabac fait moucher.

Moucher du sang, Rendre du sang par le nez, en se mouchant.

Prov. et fig., Qui se sent morveux se mouche, Que ceux qui se reconnaissent le défaut, le tort contre lequel on parle, s' appliquent ce qu' on en dit, si bon leur semble.

Prov. et pop., C' est un homme qui ne se mouche pas du pied, ce n' est pas un homme qui se mouche du pied, C' est un homme habile, intelligent, ferme.

Prov. et pop., Du temps qu' on se mouchait sur la manche, Au temps passé, au temps où l' on était fort simple.

MOUCHER

MOUCHER en parlant D' une chandelle, d' une bougie, d' une lampe, d' un flambeau, signifie, Ôter le bout du lumignon, lorsqu' il empêche la chandelle, la bougie, la lampe, le flambeau de bien éclairer. Mouchez cette bougie, cette chandelle. Vous avez mouché cette chandelle trop court, trop près.

MOUCHÉ, ÉE. participe

MOUCHÉ, ÉE. participe

MOUCHER. v. a.

MOUCHER. v. a. Espionner. La police a fait moucher cet homme. Il est familier.

MOUCHÉ, ÉE. participe

MOUCHÉ, ÉE. participe

MOUCHEROLLE. s. m.

MOUCHEROLLE. s. m. T. d' Hist. nat. Oiseau à bec très-aplati, qui se nourrit de mouches.

MOUCHERON. s. m.

MOUCHERON. s. m. Il se dit de Toute espèce de petite mouche. Il lui est entré un moucheron dans l' oeil.

MOUCHERON. s. m.

MOUCHERON. s. m. Le bout de la mèche d' une chandelle, d' une bougie qui brûle.

MOUCHETER. v. a.

MOUCHETER. v. a. Marquer une étoffe de petites taches rondes placées symétriquement. Moucheter du satin, du taffetas.

Moucheter de l' hermine, Y coudre de distance en distance de petits morceaux de fourrure noire.

MOUCHETÉ, ÉE. participe

MOUCHETÉ, ÉE. participe Satin moucheté. Hermine mouchetée.

Il est quelquefois adjectif, et signifie la même chose que Tacheté, en parlant De certains animaux. Tigre, chat, papillon moucheté.

Blé moucheté, Blé malade qui a une poussière noire dans les poils placés à l' une des extrémités du grain.

En termes d' Escrime, Sabre moucheté, épée mouchetée, Sabre, épée dont on a garni la pointe de manière à pouvoir les employer sans danger pour s' exercer à l' escrime.

MOUCHETTES. s. f. pl.

MOUCHETTES. s. f. pl. Instrument à deux branches, avec lequel on mouche les chandelles, les bougies. Mouchettes de cuivre, d' argent, d' acier. Apportez les mouchettes. Une paire de mouchettes.

MOUCHETURE. s. f.

MOUCHETURE. s. f. Il se dit Des taches naturelles qui se trouvent sur la peau de certains quadrupèdes, sur le plumage de plusieurs espèces d' oiseaux, sur les ailes de divers papillons, etc. Les mouchetures d' une peau de panthère, de léopard. Les ailes de ce papillon ont des mouchetures jaunes, rouges.

MOUCHETURE

MOUCHETURE se dit, par analogie, d' Un ornement qu' on donne à une étoffe en la mouchetant. La moucheture de cette étoffe est agréable.

Moucheture d' hermine, Les petits morceaux de fourrure noire qu' on met çà et là sur de l' hermine.

MOUCHETURE

MOUCHETURE en termes de Chirurgie, se dit d' Une scarification superficielle.

MOUCHEUR. s. m.

MOUCHEUR. s. m. Celui qui, dans un théâtre, était chargé de moucher les chandelles. Le moucheur de chandelles, le moucheur de la comédie.

MOUCHOIR. s. m.

MOUCHOIR. s. m. Morceau carré de toile de fil ou de coton, et quelquefois de tissu de soie, dont on se sert pour se moucher. Mouchoir de toile, de batiste. Mouchoir de soie. Mouchoir blanc. Mouchoir de couleur. Mouchoir des Indes. Mouchoir de poche. Une douzaine, une demi-douzaine de mouchoirs.

Mouchoir à tabac, Mouchoir d' une couleur ordinairement rembrunie, où le tabac paraît moins.

Mouchoir de cou, Morceau de toile de fil ou de coton, ou d' étoffe de soie, de la forme d' un mouchoir, dont les femmes se couvrent le cou et la gorge.

Prov. et fig., Jeter le mouchoir, Choisir à son gré, entre plusieurs femmes, celle qu' on préfère; par allusion à la manière dont on prétend qu' en use, chez les Turcs, le maître d' un harem, qui déclare la favorite en lui jetant un mouchoir. On eût dit, en le voyant parmi ces femmes, qu' il n' avait qu' à jeter le mouchoir. On dit, dans un sens analogue, Briguer, refuser le mouchoir.

MOUCHURE. s. f.

MOUCHURE. s. f. Il n' est usité que dans cette locution, Mouchure de chandelle, Bout du lumignon d' une chandelle, lorsqu' on l' a mouchée.

MOUÇON. s. f.

MOUÇON. s. f. Voyez MOUSSON.

MOUDRE. v. a.

MOUDRE. v. a. (Je mouds, tu mouds, il moud; nous moulons. Je moulais. Je moulus. Je moudrai. Que je moule. Que je moulusse. Moulant. Moulu.) Broyer, mettre en poudre par le moyen du moulin. Moudre du blé, du froment, du riz, des fèves, etc. Moudre du café. Faire moudre un setier de blé.

Il s' emploie quelquefois absolument. Le moulin n' a pas assez d' eau, il ne peut moudre que six mois de l' année. Ce moulin moud trop gros, ne moud pas assez fin.

Fig., Moudre un homme de coups, Le battre violemment. On l' a moulu de coups, tout moulu de coups.

Prov. et fig., Il n' est que d' être à son blé moudre, Il n' y a rien de tel, pour qu' une affaire réussisse, que de la suivre, de la surveiller soi-même.

MOULU, UE. participe

MOULU, UE. participe Or moulu, Or réduit en très-petites parties, et dont on se sert quelquefois pour dorer des métaux.

Fig., Avoir le corps tout moulu, être tout moulu, Sentir des douleurs par tout le corps, pour avoir couru la poste, ou pour avoir couché sur la dure, ou pour avoir enduré quelque autre fatigue.

MOUE. s. f.

MOUE. s. f. Grimace que l' on fait, en rapprochant et en allongeant les lèvres, en signe de dérision ou de mécontentement. Faire la moue. Faire la moue à quelqu' un. Une grosse, une vilaine moue.

Fig. et fam., Faire la moue, Bouder, témoigner de la mauvaise humeur par son silence et par son air.

MOUÉE. s. f.

MOUÉE. s. f. T. de Vénerie. Mélange de sang de cerf, de lait et de pain coupé, qu' on donne aux chiens à la curée.

MOUETTE. s. f.

MOUETTE. s. f. Oiseau de mer de l' ordre des Palmipèdes, et à longues ailes.

MOUFETTE. s. f.

MOUFETTE. s. f. Voyez MOFETTE.

MOUFLARD, ARDE. s.

MOUFLARD, ARDE. s. Celui, celle qui a le visage gros et rebondi. Voyez ce gros mouflard, cette mouflarde. Il est populaire.

MOUFLE. s. f.

MOUFLE. s. f. Machine, formée d' un assemblage de plusieurs poulies, qui sert à élever et à descendre des poids considérables. Lever un fardeau avec une moufle, avec des moufles.

MOUFLE

MOUFLE se dit aussi d' Une mitaine, d' un gros gant de cuir ou de laine, où il n' y a pas de séparation pour les doigts, excepté pour le pouce.

MOUFLE. s. m.

MOUFLE. s. m. T. de Chimie. Vaisseau de terre, dont on se sert pour exposer des corps à l' action du feu, sans que la flamme y touche immédiatement.

MOUFLÉ, ÉE. adj.

MOUFLÉ, ÉE. adj. Il n' est usité que dans cette locution, Poulie mouflée, Poulie qui agit concurremment avec une ou plusieurs autres.

MOUFLON. s. m.

MOUFLON. s. m. Quadrupède ruminant, espèce de bélier sauvage, que quelques-uns croient être la souche des nombreuses variétés du mouton domestique.

MOUILLAGE. s. m.

MOUILLAGE. s. m. Lieu de la mer propre à y jeter l' ancre. Il y a un beau mouillage dans cette rade. Cette rade est un bon mouillage, est un mauvais mouillage. Ce mouillage n' est pas sûr. Aller au mouillage. Être au mouillage. Vaisseau au mouillage.

MOUILLE-BOUCHE. s. f.

MOUILLE-BOUCHE. s. f. Espèce de poire fondante qui mûrit dans les mois de juillet et d' août.

MOUILLER. v. a.

MOUILLER. v. a. Tremper, humecter, rendre moite et humide. Mouiller un linge dans l' eau, une compresse dans du vin. La plaie a mouillé les près, les chemins. Il craint de se mouiller les pieds. Il n' a fait que s' en mouiller les lèvres, le bord des lèvres. Elle m' a mouillé de ses larmes. Des larmes mouillaient son visage. Je suis tout mouillé, mouillé comme un canard. On l' emploie quelquefois absolument. Il tombe une petite pluie qui mouille fort. Ce brouillard mouille comme de la pluie. On l' emploie aussi avec le pronom personnel. Il a peur de se mouiller.

En termes de Grammaire, Mouiller les L, les deux L, Les prononcer, non tout à fait selon leur valeur ordinaire, comme dans les mots Ville, Achille, etc., mais avec une sorte de mollesse, comme dans Fille, grille, bataille, etc. La double LL est presque toujours précédée d' un I; quand cette voyelle est seule, elle se prononce à l' ordinaire: Fille, grille. Mais quand l' I se trouve précédé de quelque autre voyelle ou de quelque diphthongue, il se fait peu sentir, n' étant mis là que pour faire mouiller la double LL: Bataille, bouteille, mouille, cueille, etc.

Mouiller l' ancre, ou simplement Mouiller, Jeter l' ancre en quelque endroit de la mer, pour arrêter le bâtiment. Ils mouillèrent l' ancre en tel endroit. Le vent étant devenu contraire, on fut obligé de mouiller. Nous étions mouillés dans la rade.

MOUILLÉ, ÉE. participe

MOUILLÉ, ÉE. participe Des yeux mouillés de larmes.

Fig. et fam., Poule mouillée, se dit d' Une personne qui manque de résolution et de courage.

Jouer au doigt mouillé, Jouer au jeu qui consiste à mouiller un de ses doigts secrètement, et à donner ensuite à deviner lequel est mouillé.

Tirer au doigt mouillé à qui fera telle chose, Le décider par le doigt mouillé, comme par une espèce de sort.

MOUILLETTE. s. f.

MOUILLETTE. s. f. Petit morceau de pain long et mince, qu' on trempe dans les oeufs à la coque. Faire des mouillettes.

MOUILLOIR. s. m.

MOUILLOIR. s. m. Petit vase dont les fileuses se servent pour y mouiller le bout de leurs doigts. Mouilloir d' argent. Son mouilloir était attaché à sa ceinture.

MOUILLURE. s. f.

MOUILLURE. s. f. Action de mouiller; État de ce qui est mouillé. La mouillure du papier avant l' impression. La mouillure du papier devient quelquefois de la moisissure. Les voituriers sont responsables de la mouillure.

MOULAGE. s. m.

MOULAGE. s. m. Action de mouler des ouvrages de sculpture. Atelier de moulage. Les travaux du moulage.

MOULAGE

MOULAGE s' est dit aussi de L' action de mesurer du bois.

MOULE. s. f.

MOULE. s. f. Mollusque bivalve, dont la coquille est de forme oblongue. Moule de rivière, de mer. Voilà de bonnes moules, des moules bien fraîches.

MOULE. s. m.

MOULE. s. m. Il se dit de Tout objet qui a un vide, un creux taillé ou façonné de telle sorte, que la matière en fusion, liquéfiée, molle ou détrempée, qu' on y introduit, reçoit une forme déterminée. Faire un moule. Faire le moule d' une statue qu' on doit jeter en bronze. Beau moule. Jeter en moule. Cela est fait au moule. Rompre le moule. Les statues de bronze, les canons, les cloches, etc., se jettent en moule. Moule d' une seule pièce. Moule de plusieurs pièces. Un moule à fondre des caractères d' imprimerie. Un moule à faire des balles de plomb, ou simplement, Un moule à balles. Un moule à faire des chandelles. Moule à faire des mottes. Moule à faire des biscuits de Savoie.

Prov. et fig., Cela ne se jette pas en moule, Cet ouvrage ne se peut faire qu' avec beaucoup de soin et de temps.

Fig., Le moule en est rompu, en est perdu, se dit en parlant De quelques personnes rares et uniques en leur genre.

Fig. et fam., Ces deux personnes ont été jetées dans le même moule, Elles ont des rapports surprenants de figure, de taille, de caractère, d' humeur, etc.

Moule de bouton, Petit morceau de bois ou d' os, plat, rond, et percé au centre qu' on recouvre d' étoffe pour en faire un bouton d' habit.

MOULE

MOULE se dit aussi d' Une ancienne mesure de bois ... brûler, qui n' est plus en usage, mais dont on a conservé le nom pour désigner Du bois choisi et de la meilleure qualité. Bois de moule.

MOULER. v. a.

MOULER. v. a. Jeter en moule, faire au moule. Mouler une figure, des médailles. Mouler des ornements, des bas-reliefs en plâtre, en terre, pour les frises. Mouler des chandelles. Quand il s' agit De métaux, on dit mieux, Fondre ou Couler.

Mouler un bas-relief, une statue, etc., Y appliquer une matière propre à en recevoir l' empreinte en creux et à servir de moule pour les reproduire exactement. On dit aussi, Mouler une chose sur une autre, La former sur une autre, faire qu' elle en reçoive l' empreinte en creux. Son buste a été fait d' après le masque qu' on avait moulé sur son visage.

Fig. et fam., Se mouler sur quelqu' un, Se former sur lui, le prendre pour modèle.

Mouler du bois, Mesurer une certaine quantité de bois, en la rangeant entre deux traverses qui doivent la contenir. On dit plus ordinairement, Corder du bois.

MOULÉ, ÉE. participe

MOULÉ, ÉE. participe Figure, médaille moulée. Chandelle moulée. Bois moulé.

Lettre moulée, Lettre imprimée. Il signifie aussi, Écriture à la main, dont les caractères sont de la même forme que ceux des livres imprimés. Cet écrivain fait très-bien la lettre moulée.

Prov., Croire tout ce qui est moulé, Déférer à l' autorité de quelque livre que ce soit. Il croit tout ce qui est moulé. On dit en plaisantant, Il faut lien que cela soit, puisque cela est moulé.

MOULÉ

MOULÉ se dit quelquefois, substantivement et absolument, Des caractères imprimés. Lire le moulé, dans le moulé. Il est populaire.

MOULEUR. s. m.

MOULEUR. s. m. Ouvrier qui moule des ouvrages de sculpture.

Mouleur de bois, Officier de police dont la charge était de visiter le bois qui se vendait, et de le mouler.

MOULIN. s. m.

MOULIN. s. m. Machine à moudre du grain, etc. Moulin à vent, à eau, à vapeur. Moulin à bras. Un moulin qui va bien. Un moulin bien achalandé. Un moulin banal.

Il se dit aussi de Plusieurs autres machines du même genre, qui servent à divers usages. Moulin à foulon, à huile, à papier, à poudre, à tabac, à sucre, à tan. Moulin à filer la soie. De la monnaie faite au moulin.

Moulin à café, Petit moulin à moudre du café.

Prov. et fig., Faire venir l' eau au moulin, Procurer du profit par son industrie, ou à soi, ou aux siens.

Prov., fig. et pop., Laissez-le faire, il viendra moudre à notre moulin, se dit en parlant D' un homme dont on n' est pas content, et signifie, Il aura besoin de nous à son tour.

Fig. et pop., Je jetai mon bonnet par-dessus les moulins. Phrase par laquelle on terminait les contes qu' on faisait aux enfants, et qui signifie, Je ne sais ce que tout cela devint, je ne sais comment finit le conte, l' histoire.

Prov. et fig., Jeter son bonnet par-dessus les moulins, Braver les bienséances, l' opinion publique. Cette femme a jeté son bonnet par-dessus les moulins.

Prov., Cette personne, cette chose ressemble à telle autre comme à un moulin à vent, se dit Lorsqu' on veut se moquer de la ressemblance que quelqu' un trouve entre deux personnes qui ne se ressemblent point, entre deux choses qui n' ont point de rapport.

Prov. et fig., Se battre contre des moulins à vent, Se forger des chimères, se créer des fantômes pour les combattre.

Prov. et fig., C' est un moulin à paroles, se dit D' une personne fort babillarde.

MOULINAGE. s. m.

MOULINAGE. s. m. Action de tordre ou de filer la soie avec une espèce de moulin garni de bobines et de fuseaux. Le moulinage de cette fabrique est parfait.

MOULINER. v. a.

MOULINER. v. a. Faire subir à la soie les opérations du moulinage.

MOULINER

MOULINER se dit aussi Des vers qui rongent le bois et le mettent, par places, en menue poussière.

MOULINÉ, ÉE. participe

MOULINÉ, ÉE. participe Soie moulinée. Bois mouliné.

MOULINET. s. m.

MOULINET. s. m. Espèce de tourniquet dont on se sert pour enlever ou pour tirer des fardeaux.

Il signifie aussi, Une certaine machine dont on se servait pour travailler à la monnaie. Écu d' or ou moulinet.

Faire le moulinet avec une épée, avec un bâton à deux bouts, etc., Se servir d' une épée, d' un bâton à deux bouts, ou d' une autre arme de même sorte, en les maniant en rond autour de soi avec tant de vitesse, qu' on puisse parer les coups qui seraient portés en même temps par plusieurs personnes.

MOULINEUR ou MOULINIER. s. m.

MOULINEUR ou MOULINIER. s. m. Ouvrier employé au moulinage de la soie.

MOULT. adv.

MOULT. adv. Vieux mot qui signifie, Beaucoup. Il était moult vaillant. Il avait moult d' argent.

MOULURE. s. f.

MOULURE. s. f. Nom générique des diverses parties d' un profil d' architecture, c' est-à-dire, des parties plus ou moins saillantes, carrées ou rondes, droites ou courbes, qui servent d' ornement dans un ouvrage d' architecture. Cette corniche est composée de trois principales moulures: la cymaise, le larmier et l' ove. Moulure saillante, plate, ornée, lisse, inclinée, etc.

Il se dit, dans un sens analogue, en parlant Des ouvrages de menuiserie et autres semblables. Ce cadre a plusieurs moulures. Un lambris orné de moulures.

MOURANT, ANTE. adj.

MOURANT, ANTE. adj. Qui se meurt. Il a les yeux d' un homme mourant, d' une personne mourante. Il a les yeux mourants, la voix mourante.

Fig., Des yeux mourants, Des veux languissants et pleins de passion. Voix mourante, Voix langoureuse et traînante.

En Jurispr. féodale, Homme vivant et mourant, Homme que les gens de mainmorte étaient obligés de désigner au seigneur du fief, et à la mort duquel ils devaient certains droits seigneuriaux.

MOURANT

MOURANT est aussi quelquefois substantif. Le champ de bataille était couvert de morts et de mourants. Les plaintes des blessés et des mourants.

MOURIR. v. n.

MOURIR. v. n. (Je meurs, tu meurs, il meurt; nous mourons, vous mourez, ils meurent. Je mourais. Je mourus. Je mourrai. Meurs. Que je meure. Je mourrais. Que je mourusse. Mourant. Mort.) Cesser de vivre. Il se dit Des hommes et Des animaux. Mourir d' une mort naturelle, de mort violente, de vieillesse, de maladie, d' un coup d' épée. Mourir subitement. Mourir vieux, jeune. Mourir à la fleur de l' âge. De quoi est-il mort? Il est mort d' apoplexie, d' une fluxion de poitrine. Il est mort de faim. Il est mort empoisonné. Il est mort content. Il est mort pauvre. Le chagrin l' a fait mourir. Il va mourir, il s' en va mourir, il s' en va mourant. Il est malade à en mourir. Il s' est laissé mourir de faim. Mourir avec fermeté, avec courage, avec résignation. Mourir en homme de coeur, en philosophe, en homme de bien, en bon chrétien. Mourir chrétiennement, comme un saint, dans la grâce de Dieu, de la mort des justes. Il faut bien vivre pour bien mourir. JÉSUS-CHRIST est mort pour tous les hommes. Mourir pour son roi, pour son pays, pour sa patrie, pour sa religion. Ses brebis sont mortes de la clavelée. Son chien est mort enragé. Son cheval vient de mourir.

Fam., Mourir de sa belle mort, Mourir de mort naturelle.

Mourir au champ d' honneur, au lit d' honneur, Être tué à la guerre en faisant son devoir. Voyez LIT.

Ironiq. et fam., Mourir dans les formes, Mourir en se faisant traiter suivant les règles de la médecine.

Faire mourir quelqu' un, Le mettre à mort en exécution d' une condamnation. On le fit mourir en place de Grève.

Mourir tout en vie, Mourir d' une maladie vive et prompte; être emporté par la violence du mal, lorsqu' on a encore toute la vigueur que l' on avait en santé.

Mourir martyr, Mourir en souffrant de grandes douleurs. Il est mort martyr.

Pop., Mourir comme un chien, Mourir sans vouloir témoigner le moindre repentir de ses fautes. Il est mort comme un chien.

Fam., Cet homme mourra dans sa peau, Il ne changera jamais ses mauvaises habitudes. On dit dans le même sens, Il mourra dans la peau d' un insolent, d' un impertinent, d' un fat, etc.

Par menace, Il ne mourra que de ma main, Je le tuerai.

Par forme de serment, Je veux mourir, que je meure à l' instant, si ce que je vous dis n' est pas vrai.

Je viendrai à bout de mon dessein, ou je mourrai à la peine, Je ne veux point démordre de ce que j' ai entrepris, rien ne m' y fera renoncer.

Prov., On ne sait qui meurt, ni qui vit, se dit, dans certaines occasions, Pour marquer l' incertitude de la vie. Il faut lui donner une reconnaissance de l' argent qu' il a prêté, car on ne sait qui meurt, ni qui vit.

Prov., Les envieux mourront, mais non jamais l' envie.

Nous mourons tous les jours, Chaque jour nous avançons en âge, nous faisons un pas vers la mort.

Prov. et fig., Un lièvre va toujours mourir au gîte, Après avoir beaucoup voyagé, on est bien aise de retourner dans son pays.

Fig., Les communautés ne meurent point, Elles se renouvellent sans cesse.

En France, le roi ne meurt pas, D' après le principe de successibilité établi, un roi de France qui meurt a immédiatement pour successeur son héritier présomptif.

Être mort civilement, se dit Des religieux et des religieuses, qui, en cette qualité, ont renoncé pour toujours à certains droits, à certains avantages de la société.

Être mort civilement, se dit aussi D' un homme condamné au bannissement perpétuel ou aux travaux forcés à perpétuité, et qui par là est privé à jamais des droits et des avantages de la société.

Être mort au monde, se dit D' une personne qui a quitté le monde pour vivre dans la retraite et dans les exercices de piété. On dit à peu près dans le même sens, Mourir au péché, au vice, à ses passions.

Être mort pour quelqu' un, Ne pouvoir plus lui être d' aucune utilité, ne conserver aucune relation avec lui. Ce jeune homme s' est expatrié, il est mort pour sa famille. On dit aussi, Être mort pour quelque chose, Ne pouvoir plus y être sensible, en être privé pour toujours. Il est mort pour les plaisirs.

MOURIR

MOURIR se dit souvent par exagération. Mourir de chaud, de froid, d' impatience, de chagrin, d' inquiétude. Je meurs de faim, de soif. Vous devriez mourir de honte. Mourir de douleur, de regret. Il meurt mille fois le jour. Cela le ferait mourir de joie. Il pensa mourir de rire. Il meurt d' amour pour cette femme-là. Il meurt d' envie de le voir. Mourir d' ennui. S' ennuyer à mourir.

Fig., Mourir de faim, N' avoir pas les moyens d' exister. Cet homme, cette famille meurt de faim. On dit substantivement dans le même sens, et par dénigrement, Un meurt-de-faim, Un homme qui n' a pas de quoi vivre.

Prov., Vous me faites mourir, Vous m' affligez beaucoup; Vous m' impatientez extrêmement.

Fig., Faire mourir quelqu' un à petit feu, Le faire languir en prolongeant des peines d' esprit, des inquiétudes, des chagrins qu' on pourrait lui épargner ou lui abréger.

MOURIR

MOURIR se dit également Des arbres et des plantes. Ces arbres ne viennent pas bien dans les sables, ils y meurent tous. J' avais planté des poiriers, des pommiers, qui sont morts. Le froid a fait mourir ces fleurs.

Il se dit aussi Des États, des institutions, des établissements. Les États, les empires meurent comme les hommes. Cette entreprise, cette manufacture meurt faute de capitaux, de fonds.

MOURIR

MOURIR se dit aussi Des choses morales, des passions, des productions de l' esprit, des ouvrages de l' art. Sa gloire, sa mémoire, son nom ne mourra jamais. Vos bienfaits ne mourront jamais dans ma mémoire. Les ouvrages de cet auteur, de ce peintre, de ce sculpteur, ne mourront jamais. Ses passions ne durent guère, elles meurent bientôt. Faire mourir le péché en soi. Faire mourir ses passions.

Il se dit encore figurément De certaines choses dont l' activité, le mouvement finit peu à peu. Ce feu mourra, si l' on n' y met du bois. Laisser mourir le feu. Laisser mourir un sabot. Le boulet de canon vint mourir là. La boule est allée mourir au but.

Il se dit pareillement De choses qui finissent par une dégradation insensible, comme les sons, les couleurs, etc. Dans ce tableau, les couleurs se perdent en mourant les unes dans les autres. Les sons arrivent, en mourant, jusqu' à mon oreille. Sa voix meurt à la fin de chaque phrase.

Les paroles lui meurent dans la bouche, Il laisse tomber sa voix, et traîne ses paroles.

MOURIR

MOURIR s' emploie aussi avec le pronom personnel, et alors il signifie, Être sur le point de mourir; mais, en ce sens, il ne se dit guère qu' au présent et à l' imparfait de l' indicatif. Il se meurt. Il se mourait. Votre feu, votre chandelle, votre lampe se meurt.

Par exagérat., Il se meurt d' amour, de peur, d' impatience, d' envie de dormir, etc.

MORT, ORTE. participe

MORT, ORTE. participe Il est mort. Il est tombé mort sous nos yeux. On l' a laissé pour mort. Il y avait ordre de le prendre mort ou vif. Mort-né: voyez le participe du verbe NAÚTRE.

Il est aussi adjectif. Un homme mort. Une femme morte.

C' est un homme mort, se dit D' un homme qui est ou qui paraît être dans un grand danger. Il s' est mis entre les mains de ce charlatan, c' est un homme mort. Le vésicatoire n' a pas pris, c' est un homme mort. S' il se bat avec ce spadassin, c' est un homme mort.

Avoir le teint mort, les yeux morts, les lèvres mortes, Avoir le teint décoloré, les lèvres pâles, les yeux éteints.

Chair morte, Chair insensible, qui est dans les escarres des plaies.

Fig. et pop., Il a la gueule morte, se dit D' un médisant, d' un fanfaron, d' un grand parleur qui se trouve réduit au silence.

Fam., Frapper sur quelqu' un comme sur bête morte, Le frapper violemment.

Fam., N' y pas aller de main morte, Frapper rudement. Il signifie aussi, figurément, Mettre de la rudesse, de la violence dans une discussion verbale ou par écrit.

En Jurispr., Main-morte. Voyez MAINMORTE.

Prov. et fig., Morte la bête, mort le venin, Un ennemi, un méchant qui est mort, ne peut plus nuire.

Balle morte, Balle qui a perdu la plus grande partie de l' impulsion qu' elle avait reçue. Il a été atteint par une balle morte qui lui a fait une contusion.

Cotte morte, Les meubles qu' un religieux laissait en mourant, ainsi que tout ce qui était provenu de ses épargnes.

Eau morte, Eau qui ne coule point, telle que celle des étangs.

Morte eau, Les marées les plus faibles, et L' époque de ces marées, par opposition au Vif de l' eau, qui se dit Des plus fortes marées, et Du temps où elles ont lieu. Nous sommes en morte eau.

Langue morte, Celle qu' un peuple a parlée, mais qui n' existe plus que dans les livres.

Argent mort, Argent qu' on ne fait pas valoir.

Papier mort, se dit par opposition à Papier timbré.

Pays mort, Pays où il n' y a ni commerce, ni industrie. Depuis la guerre, cette province est un pays mort.

Saison morte, Certain temps de l' année où le commerce, les affaires, n' ont pas la même activité que dans un autre temps. Le temps des vacations est une saison morte pour les affaires du palais. On dit plus communément, dans ce sens, Morte saison.

En Peinture, Nature morte, se dit Des animaux morts, des objets inanimés, dont l' imitation exclusive forme un genre particulier. Ce peintre rend bien la nature morte, ne peint que la nature morte. Des ustensiles, des instruments, des vases, des meubles, etc., sont de la nature morte. Tableau de nature morte.

En termes d' Eaux et Forêts, Mort-bois, Les épines, les ronces et le bois blanc, qui ne peuvent servir à aucun ouvrage. Bois mort, Tout le bois qui est effectivement séché sur pied, et qui ne tire plus aucune nourriture de la terre.

MORT

MORT est souvent employé comme substantif. Un mort. Une morte. Il est pâle comme un mort. Enterrer, ensevelir les morts. Porter un mort en terre. Il a eu la charge du mort. Prier Dieu pour les morts. Le service des morts. Oraison pour les morts. Quand Dieu viendra juger les vivants et les morts. Le jour des morts. L' office des morts. Il ne faut point insulter aux morts. Après le combat, il fut trouvé parmi les morts. Les ennemis envoyèrent un trompette pour demander à enterrer leurs morts.

Tête de mort, Tête dont il ne reste que la partie osseuse.

Faire le mort, Retenir ses mouvements et sa respiration de manière à faire croire qu' on est privé de la vie. Figurément, Ne pas répondre aux personnes par lesquelles on est questionné, interpellé par écrit. Il n' a rien répondu à plusieurs de mes lettres, il fait le mort.

Prov., Les morts ont toujours tort, Les morts ne pouvant se défendre, on excuse souvent les vivants à leurs dépens.

En Jurispr., Le mort saisit le vif, Une personne en mourant transmet son bien à son héritier, sans qu' il soit besoin d' un acte de mise en possession.

MOURON. s. m.

MOURON. s. m. Petite plante à fleurs bleues ou rouges, de la famille des Primevères, que l' on nomme autrement Anagallis. Mouron bleu. Mouron rouge.

Mouron des oiseaux, Petite plante à fleurs blanches, du genre Morgeline, qui sert principalement à la nourriture des petits oiseaux.

MOURRE. s. f.

MOURRE. s. f. Jeu que deux personnes jouent ensemble en se montrant rapidement les doigts, les uns élevés et les autres fermés, afin de donner à deviner le nombre des premiers. Les Italiens jouent beaucoup à la mourre.

MOUSQUET. s. m.

MOUSQUET. s. m. Arme à feu qui était en usage avant le fusil, et qu' on faisait partir au moyen d' une mèche allumée.

Porter le mousquet, signifie encore aujourd' hui, Être soldat dans l' infanterie. Il a longtemps porté le mousquet.

Prov., Crever comme un vieux mousquet, Mourir de trop boire, de trop manger, ou en général d' excès et de débauche. Cet homme crèvera comme un vieux mousquet.

MOUSQUETADE. s. f.

MOUSQUETADE. s. f. Coup de mousquet. Il fut blessé d' une mousquetade. Il essuya quelques mousquetades.

Il se disait aussi de Plusieurs coups de mousquet tirés à la fois ou continûment par un corps de gens armés. On a entendu une vive mousquetade. Nous avons essuyé une mousquetade de quelques braconniers. Il est vieux dans les deux sens.

MOUSQUETAIRE. s. m.

MOUSQUETAIRE. s. m. On appelait ainsi, originairement, Un soldat à pied armé du mousquet. On dit aujourd' hui, Fusilier.

Il s' est dit ensuite exclusivement de Certains cavaliers qui formaient, dans la maison du roi, deux compagnies distinguées l' une de l' autre par la couleur de leurs chevaux. Les mousquetaires gris. Les mousquetaires noirs. Entrer dans les mousquetaires. Il sortait des mousquetaires.

MOUSQUETERIE. s. f. coll.

MOUSQUETERIE. s. f. coll. Décharge de plusieurs mousquets, de plusieurs fusils tirés en même temps. C' était une affaire de mousqueterie, il n' a pas été tiré un seul coup de canon. Il a essuyé toute la mousqueterie de l' ennemi, tout le feu de la mousqueterie. On dit aussi, Une décharge de mousqueterie.

MOUSQUETON. s. m.

MOUSQUETON. s. m. Espèce de fusil dont le canon est plus court que celui du fusil ordinaire, et dont le calibre est égal à celui du mousquet. C' était autrefois le nom qu' on donnait au fusil court des cavaliers. Charger, tirer un mousqueton. Il a reçu un coup de mousqueton.

MOUSSE. adj.des deux genres

MOUSSE. adj.des deux genres Il se dit Des instruments de fer dont la pointe ou le tranchant est usé. Cette cognée est mousse. Pointe mousse. Il vieillit.

MOUSSE. s. m.

MOUSSE. s. m. Jeune apprenti matelot. On l' a vu mousse de vaisseau. Mousse de proue, de poupe.

MOUSSE. s. f.

MOUSSE. s. f. Il se dit de Certaines plantes cryptogames menues, herbacées, dont le fruit, en forme d' urne, est porté par un filet, et qui naissent sur les pierres, sur les troncs d' arbres, à la surface des marais, etc., où elles forment d' ordinaire une sorte de gazon ou de duvet serré. La famille des mousses. Se coucher sur la mousse. Un lit de mousse. Mousse de chêne.

Il se dit aussi de L' espèce de moisissure qui vient sur la tête des vieilles carpes. On pêcha une carpe qui avait un doigt de mousse sur la tête.

Mousse de Corse, Fucus menu et rougeâtre qu' on emploie en médecine comme vermifuge.

Prov. et fig., Pierre qui roule n' amasse pas de mousse, Un homme qui change souvent d' état, de profession, ne s' enrichit pas.

MOUSSE

MOUSSE se dit, par analogie, de Certaine écume qui se forme sur l' eau et sur quelques liqueurs, comme la bière, les sirops, le chocolat, l' eau de savon, le vin, etc., quand on les bat ou qu' on les verse de haut. La mousse de la bière, du savon. La mousse pétillante du vin de Champagne. Versez de haut, remplissez le verre de mousse.

Il se dit, chez les Pâtissiers, d' Une espèce de crème fouettée dans laquelle on mêle du chocolat, de la vanille, etc. Mousse au chocolat, à la vanille.

MOUSSELINE. s. f.

MOUSSELINE. s. f. Toile de coton très-claire, et ordinairement très-fine. Belle mousseline. Mousseline unie, brodée, brochée, rayée. Mousseline des Indes. Cravate, robe de mousseline.

MOUSSER. v. n.

MOUSSER. v. n. Il se dit Des liquides sur lesquels il se fait de la mousse. Verser une liqueur de haut pour la faire mousser. Le vin de Champagne mousse plus que les autres vins. Faire mousser le chocolat.

Fig. et fam., Faire mousser un succès, un petit avantage, Le présenter, le raconter de manière à le faire croire plus considérable, plus glorieux qu' il n' est en effet.

MOUSSÉ, ÉE. participe

MOUSSÉ, ÉE. participe Chocolat moussé, c' est-à-dire, qu' on a fait mousser.

MOUSSERON. s. m.

MOUSSERON. s. m. Nom vulgaire de plusieurs agarics d' une odeur et d' une saveur agréables, qui naissent ordinairement sous la mousse. Manger des mousserons. Un pain aux mousserons.

MOUSSEUX, EUSE. adj.

MOUSSEUX, EUSE. adj. Qui mousse, qui fait beaucoup de mousse. Vin de Champagne mousseux. Cette bière est bien mousseuse.

Rose mousseuse, se dit abusivement, pour Rose moussue, d' Une rose dont le calice et la tige sont garnis d' une espèce de mousse.

MOUSSOIR. s. m.

MOUSSOIR. s. m. Ustensile pour faire mousser le chocolat.

MOUSSON. s. f.

MOUSSON. s. f. Il se dit de Certains vents réglés et périodiques de la mer des Indes, qui soufflent six mois du même côté, et les autres six mois du côté opposé. La mousson du sud-ouest. La mousson du nord-est. Les variations de la mousson. Les moussons ne se font pas sentir au delà de tel degré de latitude.

Il se dit aussi de La saison de ces vents. Attendre la mousson d' été, la mousson d' hiver. Naviguer dans une mousson contraire, dans la mousson pluvieuse.

MOUSSU, UE. adj.

MOUSSU, UE. adj. Qui est couvert de mousse. Un arbre moussu. Une pierre moussue. Cette carpe était si vieille, qu' elle avait la tête toute moussue.

MOUSTACHE. s. f.

MOUSTACHE. s. f. Partie de barbe qu' on laisse au-dessus de la lèvre d' en haut. Grande, belle moustache. Moustache retroussée. Relever sa moustache.

Fig. et fam., Vieille moustache, Soldat qui a vieilli dans le service, qui a long-temps fait la guerre.

Fam., Brûler la moustache à quelqu' un, Lui tirer un coup de pistolet à bout portant.

Fig. et fam., Enlever quelque chose à quelqu' un sur la moustache, jusque sur la moustache, Enlever quelque chose à quelqu' un en sa présence et malgré lui. Les ennemis sont venus pour défendre cette place, on la leur a enlevée sur la moustache.

Fig. et pop., Donner sur la moustache à quelqu' un, Frapper quelqu' un au visage.

MOUSTACHE

MOUSTACHE se dit, par analogie, Des longs poils que les chats, les lions, et d' autres animaux, ont autour de la gueule.

MOUSTIQUAIRE. s. f.

MOUSTIQUAIRE. s. f. Rideau de gaze ou de mousseline très-claire, dont on entoure les lits dans les pays où l' on a besoin de se préserver de la piqûre des moustiques, des maringouins, etc. Quelques-uns le nomment Moustillier.

MOUSTIQUE. s. m.

MOUSTIQUE. s. m. Petit insecte d' Afrique et d' Amérique, dont la piqûre est très-douloureuse, et laisse sur la peau une tache semblable à celles du pourpre.

MOÛT. s. m.

MOÛT. s. m. Vin qui vient d' être fait, et qui n' a point encore fermenté. Boire du moût.

MOUTARDE. s. f.

MOUTARDE. s. f. Composition faite de graine de sénevé broyée avec du moût, du vinaigre, ou quelque autre liquide. Moutarde douce. Moutarde commune, grise. De la moutarde fort piquante. De la moutarde qui monte au nez.

Il se dit aussi de La graine de sénevé, et quelquefois de Cette plante même. Semer de la moutarde. Un grain de moutarde. De la graine de moutarde. La moutarde est une plante de la famille des crucifères.

Prov. et fig., S' amuser à la moutarde, S' arrêter à des bagatelles, à des choses inutiles. Vous vous êtes amusé à la moutarde, tandis que les autres faisaient leurs affaires.

Prov. et fig., La moutarde lui monte au nez, Il commence à s' impatienter de ce qu' on lui dit ou de ce qu' on lui fait.

Prov. et fig., C' est de la moutarde après dîner, Cela vient lorsqu' on n' en a plus besoin.

MOUTARDIER. s. m.

MOUTARDIER. s. m. Petit vase servant à mettre la moutarde. Moutardier d' étain, d' argent, de porcelaine.

MOUTARDIER

MOUTARDIER se dit aussi de Celui qui fait et vend de la moutarde.

Fig. et fam., Il se croit le premier moutardier du pape, se dit D' un homme médiocre qui a une grande opinion de lui-même, qui affecte de l' importance.

MOUTIER. s. m.

MOUTIER. s. m. Vieux mot qui signifie, Monastère.

Prov. et fig., Il faut laisser le moutier où il est, Il ne faut rien changer aux usages reçus.

MOUTON. s. m.

MOUTON. s. m. Bélier châtré que l' on engraisse. Gros mouton. Mouton gras. Mouton de Berry, de Beauvais. Ce boucher tue tant de moutons par an. Langue, pieds,gigot ou éclanche, épaule, collet, côtelettes, quartier, graisse, suif de mouton. Peau de mouton. Tondre des moutons.

Il signifie particulièrement, La viande de mouton. Du mouton bien tendre. Du mouton qui sent le serpolet. Le mouton est une viande noire.

MOUTON

MOUTON se dit quelquefois, dans un sens plus général, Des béliers, des brebis et des agneaux, quand ils sont en troupes. Un troupeau de moutons. Garder les moutons.

Fig. et fam., C' est un mouton, il est doux comme un mouton, Il est d' une humeur fort douce, fort traitable.

Prov. et pop., Il ressemble aux moutons de Berry, il est marqué sur le nez, se dit D' un homme qui a quelque marque sur le visage.

Prov., Le peuple fait comme les moutons, Il fait ce qu' il voit faire au premier venu, de même que les moutons passent tous où ils voient qu' un autre mouton a passé.

Prov. et fig., Revenons à nos moutons, Reprenons le discours que nous avons quitté, ou qui a été interrompu; Revenons à notre sujet.

MOUTON

MOUTON se dit aussi de La peau de mouton préparée. La reliure de ce livre n' est que de mouton.

MOUTON

MOUTON se dit, figurément et familièrement, dans les prisons, d' Un homme aposté pour gagner la confiance d' un prisonnier, découvrir son secret et le révéler. On mit près de lui un mouton pour le faire jaser.

MOUTON

MOUTON se dit en outre d' Une masse de fer, ou d' une grosse pièce de bois armée de fer, qu' on élève, et qu' on laisse retomber sur des pieux pour les enfoncer en terre. On a enfoncé ces pieux jusqu' à refus de mouton.

MOUTON

MOUTON se dit aussi de La grosse pièce de bois dans laquelle sont engagées les anses d' une cloche, pour la tenir suspendue.

MOUTONS

MOUTONS au pluriel, se dit, familièrement et par analogie, Des vagues blanchissantes qui s' élèvent sur la mer et sur les grandes rivières, lorsqu' elles commencent à être agitées.

MOUTONNER. v. a.

MOUTONNER. v. a. Rendre frisé et annelé comme la laine d' un mouton. Il n' est guère d' usage qu' au participe. Tête, coiffure, perruque moutonnée.

MOUTONNER

MOUTONNER s' emploie aussi comme verbe neutre, et se dit alors, familièrement, De la mer, d' un lac, d' une rivière dont les eaux commencent à s' agiter et à blanchir. La mer commence à moutonner. Voilà la rivière qui moutonne.

MOUTONNÉ, ÉE. participe

MOUTONNÉ, ÉE. participe

MOUTONNIER, IÈRE. adj.

MOUTONNIER, IÈRE. adj. Il se dit Des personnes qui, à la manière des moutons, font ce qu' elles voient faire, suivent aveuglément l' exemple des autres. Nation moutonnière. Engeance moutonnière. Peuple moutonnier. La multitude est moutonnière. Il est familier.

MOUTURE. s. f.

MOUTURE. s. f. Action de moudre du blé. Ce meunier prend tant pour sa mouture. Il y a des moulins qui font une meilleure mouture que les autres. Droit sur les moutures. Mouture économique.

Il signifie aussi, Le salaire du meunier. Ce meunier a pris double mouture.

Prov. et fig., Tirer d' un sac deux moutures, Prendre double profit dans une même affaire.

MOUTURE

MOUTURE signifie encore, Le mélange du froment, du seigle et de l' orge, par tiers. Un setier de mouture. La bonne mouture vaut seigle. Du blé-mouture.

MOUVANCE. s. f.

MOUVANCE. s. f. T. de Jurispr. féodale. La supériorité d' un fief à l' égard d' un domaine qui en relevait, et la dépendance de ce domaine à l' égard du fief: il exprimait plus ordinairement La relation de dépendance. Mouvance active, passive, médiate, immédiate. Ces fiefs n' étaient pas de la mouvance de ce comté. Tout ce qui était dans la mouvance de cette terre, de ce seigneur.

MOUVANT, ANTE. adj.

MOUVANT, ANTE. adj. Qui a la puissance de mouvoir. En ce sens, il n' est guère usité que dans cette locution, Force mouvante, Force qui produit un mouvement actuel. Ce savant a fait un traité de forces mouvantes.

MOUVANT

MOUVANT se dit aussi D' un sol où l' on enfonce aisément, des sables et des terres dont le fond n' est pas stable, solide. Ce sont des terres mouvantes. Il y a dans cette rivière des sables mouvants. Le fond en est mouvant. Sol mouvant. Terrain mouvant.

Fig., La cour est un terrain mouvant, Il est difficile de s' y tenir longtemps dans une même situation.

Tableau mouvant, Tableau où il y a des figures qui se meuvent par une mécanique cachée. Il se dit, figurément, d' Un point de vue animé par un passage fréquent d' hommes, de chevaux, de voitures. On a de cet appartement une vue charmante, c' est un tableau mouvant.

MOUVANT

MOUVANT en termes de Jurisprudence féodale, se disait Des fiefs, des terres qui relevaient d' un autre fief. Fief mouvant d' un autre. Ces terres étaient mouvantes de telle autre. La Flandre était autrefois mouvante de la couronne.

MOUVEMENT. s. m.

MOUVEMENT. s. m. Transport d' un corps ou de quelqu' une de ses parties, d' un lieu, d' une place dans une autre. Mouvement lent, rapide, doux, violent, égal, inégal, continu, progressif, périodique. Mettre une chose en mouvement. Donner, imprimer le mouvement à quelque chose. Accélérer, ralentir, suspendre, arrêter un mouvement. Les mouvements du corps. La paralysie lui ôte le mouvement du bras droit. Il fit un léger mouvement de tête. Le mouvement des doigts. Cet homme est brusque dans tous ses mouvements. Ce cheval a les mouvements beaux, des mouvements doux, gracieux. Ce navire exécute bien ses mouvements. Pour se bien porter, il faut se donner du mouvement.

Au propre et au figuré, Se donner bien du mouvement, bien des mouvements dans une affaire, Agir avec beaucoup d' empressement et d' ardeur pour la faire réussir. On dit aussi D' un homme actif et intrigant, C' est un homme qui se donne bien du mouvement.

Mouvement de terres, Transport de terres végétales d' un lieu dans un autre. Le propriétaire de ce parc a dépensé beaucoup d' argent, en mouvements de terres. Voyez plus bas Mouvement du terrain.

MOUVEMENT

MOUVEMENT se dit, dans un sens plus didactique, Du changement par lequel un corps est successivement présent en différentes parties de l' espace. Mouvement local, absolu, relatif, propre, impropre ou externe, simple, composé, uniforme, varié, accéléré, retardé, réfléchi, réfracté. Mouvement rectiligne, curviligne, circulaire, droit, oblique, perpendiculaire. Mouvement d' oscillation, d' ondulation, de vibration, de libration, de trépidation, de rotation. Mouvement intestin. Les lois du mouvement. Mouvement perpétuel.

Fig. et fam., Mouvement perpétuel, se dit d' Une personne qui a une excessive activité de corps. Il ne saurait rester en place, c' est le mouvement perpétuel, c' est un mouvement perpétuel.

Fig., Chercher le mouvement perpétuel, Chercher la solution d' une question insoluble.

MOUVEMENT

MOUVEMENT se dit particulièrement, en Astronomie, de La révolution, de la marche, réelle ou apparente, des corps célestes. Mouvement des astres. Mouvement d' un globe autour de son centre. Mouvement d' orient en occident, d' occident en orient. Mouvement diurne ou commun. Mouvement propre. Mouvement angulaire. Mouvement apparent. Mouvement géocentrique, héliocentrique.

MOUVEMENT

MOUVEMENT en termes de Médecine, se dit de Toute fonction animale qui change la situation, la figure, la grandeur de quelque partie intérieure ou extérieure du corps. La respiration, la circulation du sang, l' excrétion, l' action de marcher, etc., sont des mouvements animaux. Mouvement spontané ou musculaire, naturel ou involontaire. Mouvement du coeur, des artères. Mouvement péristaltique des intestins. Mouvements vitaux. Le mouvement des humeurs. Cela met les humeurs en mouvement. Avoir un mouvement de fièvre. Il demeura sans pouls et sans mouvement.

MOUVEMENT

MOUVEMENT se dit aussi Des marches, des évolutions, des différentes manoeuvres d' une armée, d' une troupe. La science du mouvement des troupes. Mouvement savant, judicieux. Ce mouvement a été bien exécuté. On fit faire divers mouvements à l' armée pour attirer l' ennemi au combat. Le mouvement que le général fit faire à une partie de l' aile gauche, décida le gain de la bataille. Surveiller tous les mouvements de l' ennemi.

Mouvement en avant, en arrière, Celui qu' on fait en avant ou en arrière de la première ligne de bataille. Mouvement en avant, signifie aussi, Le mouvement qu' on fait pour s' approcher de l' ennemi; par opposition à Mouvement rétrograde, Celui qu' on fait pour s' en éloigner.

MOUVEMENT

MOUVEMENT se dit encore Des variations qui arrivent dans certains établissements publics, dans certains corps, par les changements de situation des personnes qui en font partie. Le mouvement de cette prison, de cet hôpital est considérable. On fait chaque jour la feuille de mouvement d' une prison, d' un hôpital, d' un régiment. On dit de même, Le mouvement de la population d' une ville; et dans un sens analogue, Le mouvement d' un port, en parlant Des navires qui entrent, qui partent, etc.

Il se dit particulièrement Des changements qui arrivent dans un corps militaire ou civil, et qui y donnent lieu à des promotions. Il y a du mouvement dans ce régiment. Il y a eu un mouvement dans cette administration.

MOUVEMENT

MOUVEMENT se dit aussi Des variations de prix qui ont lieu dans le commerce. Il y a eu cette semaine de grands mouvements, beaucoup de mouvement dans le prix des denrées, dans le cours de la bourse.

MOUVEMENT

MOUVEMENT en Musique, signifie, Le degré de vitesse ou de lenteur que le caractère de l' air doit donner à la mesure. Cette pièce est d' un mouvement lent, d' un mouvement animé. Il a dénaturé le caractère de cet air, de ce morceau, de cette pièce, en n' y donnant point le mouvement convenable.

Presser, ralentir le mouvement, Battre la mesure plus ou moins vite, sans toutefois la changer ni l' altérer.

Air de mouvement, Air dont la mesure est très-marquée. Les contredanses, les valses sont des airs de mouvement.

Chanter, jouer de mouvement, Bien observer, bien marquer la mesure en chantant, ou en jouant de quelque instrument.

MOUVEMENT

MOUVEMENT en Musique, signifie aussi, La marche ou le progrès des sons du grave à l' aigu et de l' aigu au grave, entre des parties qui concertent ensemble. Mouvement direct, contraire, oblique.

MOUVEMENT

MOUVEMENT en Peinture, signifie, L' expression des mouvements du corps et des affections de l' âme. Cette figure n' a pas de mouvement, est sans mouvement. Ce peintre prodigue le mouvement sans nécessité.

Il signifie aussi, dans le même Art, lorsqu' il s' agit De paysages, Variété, diversité agréable. Ce peintre met du mouvement dans ses paysages.

Le mouvement, les mouvements du terrain, La succession et la diversité des plans d' un terrain. Les mouvements du terrain sont bien sentis dans ce paysage. On emploie aussi cette expression dans le langage ordinaire. Ce jardinier a tiré un grand parti des mouvements du terrain.

MOUVEMENT

MOUVEMENT en Littérature, se dit de Ce qui anime le style, de ce qui rend le discours propre à émouvoir les auditeurs. Le mouvement du style. Il y a beaucoup de mouvement dans son style. Son style est sans mouvement, est privé de mouvement. Ces vers ont du mouvement, n' ont point de mouvement. Il y a de beaux, de grands mouvements dans ce discours. Il s' est servi de tous les mouvements de l' éloquence. Les mouvements oratoires.

MOUVEMENT

MOUVEMENT se dit en outre Des différentes impulsions, passions et affections de l' âme. Mouvement naturel, volontaire, involontaire, impétueux. On n' est pas maître d' un premier mouvement. Les mouvements de l' âme. La volonté donne le mouvement aux autres facultés. Il a fait cela par un bon mouvement, par un mouvement d' équité, de pitié. Mouvement de colère, d' orgueil, de vanité. Il n' a pas fait cela de son propre mouvement. Le roi l' a nommé de son propre mouvement. Il n' a fait que suivre le mouvement d' autrui.

Arrêts du propre mouvement, se disait de Certains arrêts du conseil, qui étaient rendus sans que les parties eussent été entendues.

MOUVEMENT

MOUVEMENT signifie encore, Agitation, fermentation dans les esprits, petite émeute qui annonce une disposition au trouble, à la révolte. Il y a des mouvements dans cette province. On annonce un mouvement dans Paris, des mouvements populaires dans cette ville.

Il désigne quelquefois Une sorte d' agitation naturelle des corps et des esprits. Il y a dans Paris un mouvement qui étonne, qui étourdit les étrangers.

MOUVEMENT

MOUVEMENT en termes d' Horlogerie, signifie, L' assemblage des parties qui font aller une horloge, une pendule, une montre. Le mouvement de cette montre, de cette pendule est excellent.

Mouvement en blanc, Le mouvement d' une montre, lorsqu' il n' est qu' ébauché.

MOUVER. v. a.

MOUVER. v. a. T. de Jardinage. Remuer la terre d' un pot, d' une caisse, à la surface, y donner une espèce de labour,

MOUVÉ, ÉE. participe

MOUVÉ, ÉE. participe

MOUVOIR. v. a.

MOUVOIR. v. a. (Je meus, tu meus, il meut; nous mouvons, vous mouvez, ils meuvent. Je mouvais. Je mus. Je mouvrai. Meus. Que je meuve. Que nous mouvions. Je mouvrais. Que je musse. Mouvant. Mû. Plusieurs de ces temps ne sont en usage que dans le style didactique.) Remuer, faire aller d' un lieu à un autre, faire changer de place. Mouvoir une chose de sa place. Cent hommes ne sauraient mouvoir cette pierre. Le ressort qui meut toute la machine. On ne saurait expliquer comment l' âme, étant purement spirituelle, peut mouvoir le corps.

Il se dit aussi Des facultés de l' âme et des choses morales, et signifie, Exciter, donner quelque impulsion, faire agir. C' est la passion qui le meut. C' est la colère qui l' a mû à cette action.

Prov., L' objet meut la puissance, La présence de l' objet détermine à l' action.

Mouvoir une querelle, Susciter, faire une querelle. On dit aussi quelquefois, Émouvoir. L' un et l' autre sont peu usités.

En termes de Palais, Tous procès mus et à mouvoir, Tous procès présents et futurs. Pour terminer tous procès mus et à mouvoir.

À ces causes et autres considérations à ce nous mouvant, c' est-à-dire, Nous portant, nous excitant: formule qui s' employait dans les édits du roi.

MOUVOIR

MOUVOIR s' emploie aussi avec le pronom personnel. Le pauvre homme ne saurait se mouvoir. Un corps qui se meut en ligne droite.

Elliptiq., Faire mouvoir, Mettre une chose en mouvement, faire qu' elle se meuve. Il s' emploie au sens physique et au sens moral. Voilà le ressort qui fait mouvoir toute la machine. La volonté fait mouvoir les autres facultés.

MÛ, UE. participe

MÛ, UE. participe

MOXA. s. m.

MOXA. s. m. T. de Chirurgie. Espèce de cautérisation qui consiste à appliquer sur quelque partie du corps un cône de coton, d' étoupe, etc., auquel on met le feu. Appliquer le moxa. On lui a appliqué deux ou trois moxas.

MOYE. s. f.

MOYE. s. f. T. de Maçonnerie. Couche tendre qui se trouve dans la pierre, et qui la fait déliter; surface tendre d' une pierre dure.

MOYEN, ENNE. adj.

MOYEN, ENNE. adj. Qui tient le milieu entre deux extrémités. Il n' est ni grand ni petit, il est de moyenne grandeur, de moyenne taille. Il n' a ni trop ni trop peu d' embonpoint, il est de moyenne grosseur.

Des médailles de moyen bronze, ou absolument, Du moyen bronze, Des médailles de bronze d' une médiocre grandeur.

Être de moyen âge, Être entre deux âges, n' être ni jeune ni vieux.

Moyen âge, Le temps qui s' est écoulé depuis la chute de l' empire romain, en 475, jusqu' à la prise de Constantinople par Mahomet II, en 1453. Les auteurs, l' histoire du moyen âge.

Auteurs de la moyenne latinité, Auteurs qui ont écrit depuis le temps de Sévère, ou environ, jusqu' à la décadence de l' empire.

Fam., Femme de moyenne vertu, Femme d' une conduite suspecte, d' une réputation équivoque.

Moyenne justice. Voyez JUSTICE.

La moyenne région de l' air, La région de l' air qui est entre la haute et la basse. Les météores se forment dans la moyenne région de l' air.

En Logique, Moyen terme, La partie d' un syllogisme qui sert à unir les deux autres, à en prouver la convenance ou la disconvenance. On dit aussi, Moyen, substantivement. On appelle de même Termes moyens, ou Moyens, dans une proportion, Les deux termes du milieu. Dans toute proportion arithmétique, la somme des extrêmes est égale à celle des moyens.

Fig. et fam., Moyen terme, Parti moyen qu' on prend pour terminer une affaire embarrassante, pour concilier des prétentions opposées. Proposer, prendre un moyen terme.

Temps moyen, Le temps calculé dans la supposition qu' au bout de toutes les vingt-quatre heures le soleil se retrouve exactement au méridien où il était le jour précédent; par opposition à Temps vrai, Le temps calculé suivant l' heure où le soleil doit se trouver réellement au méridien, un peu plus de vingt-quatre heures avant, ou un peu plus de vingt-quatre heures après l' instant où il y était la veille. Il y a quelques jours dans l' année où le temps moyen s' accorde avec le temps vrai. Régler une horloge sur le temps vrai, sur le temps moyen.

En Mathémat., Moyenne proportionnelle géométrique, se dit d' Une quantité moyenne entre deux autres, en ce sens qu' elle a avec la première le même rapport géométrique que la seconde a avec elle. Quatre est moyenne proportionnelle entre deux et huit. --- Moyenne proportionnelle arithmétique, Quantité moyenne entre deux autres, qui excède autant la plus petite qu' elle est surpassée par la plus grande. Dans les deux cas, on peut dire simplement, Moyenne proportionnelle, ou même Moyenne.

Verbe moyen, Verbe qui, dans quelques langues, participe de l' actif et du passif, soit pour le sens, soit pour les terminaisons. Les Grecs avaient des verbes moyens. On dit de même, Voix moyenne, et Aoriste moyen, parfait moyen.

Écrire en moyen, Employer une écriture qui n' est ni grosse ni fine, qui est entre les deux.

MOYEN. s. m.

MOYEN. s. m. Ce qui sert pour parvenir à quelque fin. Bon, mauvais moyen. Moyen juste, légitime, permis, aisé, difficile, infaillible, naturel, surnaturel. Chercher, trouver, imaginer, employer un moyen. Proposer, suggérer, fournir un moyen à quelqu' un. S' avancer, parvenir par de mauvais moyens. De quel moyen s' est-il servi? J' en sais bien le moyen, les moyens. J' en sais un moyen admirable. C' est le moyen de faire fortune. Il n' a pas le moyen, les moyens de subsister. Il faut assurer à cette famille des moyens de subsistance. Il trouvera moyen de s' évader. C' est un excellent moyen pour réussir. Il a réussi par tel moyen. Il ne suffit pas que la fin soit bonne, il faut aussi que les moyens soient justes. Je lui en ai facilité les moyens. Par divers moyens on arrive à même fin. Qui veut la fin, veut les moyens.

Il signifie quelquefois, Le pouvoir, la faculté de faire quelque chose. Je vous prie de faire cela, si vous en avez le moyen. Je ne puis lui rien donner, je n' en ai pas le moyen.

Il n' y a pas moyen de faire cela, il n' y a pas moyen, La chose dont il s' agit ne se peut faire. On dit dans ce sens, et par manière d' interrogation, Le moyen? ou Quel moyen? Vous voulez que je fasse telle chose, le moyen? quel moyen? Le moyen que j' y parvienne? Le moyen d' y réussir?

MOYEN

MOYEN signifie aussi, Entremise, aide, assistance, secours. Il a obtenu cet emploi par le moyen d' un tel, par le moyen de ses amis. C' est par votre moyen que j' ai été admis dans cette maison. Il s' est avancé par le moyen de l' intrigue, de la flatterie.

MOYENS

MOYENS au pluriel, signifie quelquefois, Richesses, facultés pécuniaires. Je ne connais pas ses moyens. Ses moyens ne sont pas considérables. Ce petit emploi ajoute à ses moyens. Contribuer chacun selon ses moyens.

Il se dit quelquefois aussi Des facultés naturelles, morales ou physiques. Cet enfant a peu de moyens. Cet orateur aurait un débit plus heureux, s' il savait ménager ses moyens.

MOYEN

MOYEN en termes de Palais, se dit Des raisons qu' on apporte pour établir les conclusions que l' on a prises. Présenter, produire ses moyens dans une requête. Les causes et moyens d' appel, d' intervention. Moyens de faux. Moyens de nullité. J' ai trois moyens de cassation contre cet arrêt. Voilà un bon moyen de requête civile. Déduire ses moyens. Faire valoir ses moyens. Réfuter les moyens. L' avocat n' a pas plaidé ses moyens.

En style de Législation et de Finance, Voies et moyens, Les revenus de tout genre que l' État applique à ses dépenses. On va discuter le budget des voies et moyens.

AU MOYEN DE. loc. prépositive

AU MOYEN DE. loc. prépositive En conséquence de, avec, par. On lui a donné mille francs, au moyen de quoi il s' est obligé. Au moyen du payement qui lui a été fait, il promet de s' acquitter. Au moyen de la démarche que je ferai pour vous, au moyen de la lettre que vous écrirez, nous réussirons.

MOYENNANT. prép.

MOYENNANT. prép. Au moyen de. Il a acheté telle chose moyennant la somme de tant. Je lui remettrai mille francs, moyennant quoi nous serons quittes. J' en viendrai à bout moyennant la grâce de Dieu.

MOYENNEMENT. adv.

MOYENNEMENT. adv. Médiocrement. Est-il riche? Moyennement. Cela est moyennement bien. Il vieillit.

MOYENNER. v. a.

MOYENNER. v. a. Procurer quelque chose par son entremise. Moyenner un accommodement, une entrevue, une réconciliation entre deux personnes. Il est vieux.

MOYENNÉ, ÉE. participe

MOYENNÉ, ÉE. participe

MOYEU. s. m.

MOYEU. s. m. Milieu de la roue d' une voiture; gros morceau de bois tourné, où s' emboîtent les rais, et dans le creux duquel entre l' essieu. Moyeu de roue. Les moyeux de deux voitures ont cassé. L' essieu est hors du moyeu. L' emboîture du moyeu.

MOYEU. s. m.

MOYEU. s. m. Le jaune d' un oeuf. Il y a des oeufs qui ont deux moyeux. Il a vieilli; on dit, Jaune d' oeuf.

MOYEU. s. m.

MOYEU. s. m. Espèce de prune confite. Un pot de moyeux.

MOZARABE. s. m.

MOZARABE. s. m. Nom qu' on donne aux chrétiens d' Espagne venus des Mores et des Sarrasins.

Il se dit adjectivement De ce qui appartient à leur culte. Missel mozarabe. Dans cette acception, on dit aussi, Mozarabique.

MUABLE. adj.des deux genres

MUABLE. adj.des deux genres Inconstant, sujet au changement. Le vent est bien muable aujourd' hui. La volonté est muable. Il n' y a rien de certain en ce monde, tout est muable. Il est peu usité.

MUANCE. s. f.

MUANCE. s. f. T. de Musiq. Le changement d' une note en une autre, pour aller au delà des six anciennes notes de musique, soit en montant, soit en descendant. Depuis l' adoption de la note si, qui complète la gamme, on ne se sert plus de muances.

MUCHE-POT (À)

MUCHE-POT (À) Voyez MUSSER.

MUCILAGE. s. m.

MUCILAGE. s. m. Substance de nature visqueuse et nourrissante, qui est répandue dans presque tous les végétaux, et qui se trouve en plus grande quantité dans les racines et dans les semences que dans les autres parties.

MUCILAGINEUX, EUSE. adj.

MUCILAGINEUX, EUSE. adj. Qui contient du mucilage. Racine, plante mucilagineuse.

En Anat., Glandes mucilagineuses, Glandes destinées à filtrer des humeurs visqueuses.

MUCOSITÉ. s. f.

MUCOSITÉ. s. f. Fluide visqueux que les membranes muqueuses sécrètent, en plus ou moins grande quantité, dans leur état naturel et dans leur état d' irritation. La mucosité des narines, de l' estomac, des intestins.

Il se dit aussi d' Un suc qui n' est ni tout à fait fluide, ni tout à fait visqueux, que contiennent certaines plantes. Cette plante abonde en mucosité.

MUE. s. f.

MUE. s. f. Changement de poil, de plumes, de peau, de cornes, etc., qui arrive aux animaux, ou tous les ans, ou à certaines époques de leur vie. La mue du cerf, du serpent, des oiseaux, des vers à soie. Les oiseaux sont malades pendant leur mue, quand ils sont en mue. Cet oiseau est à la première, à la seconde, à la troisième mue.

Il se dit aussi Du temps où ces changements se font. La mue arrive. Voici la mue. La mue est passée.

Autour de trois mues, Autour qui a mué trois fois, qui a trois ans.

MUE

MUE signifie aussi, La dépouille d' un animal qui a mué. Ainsi on appelle Mue du cerf, Le bois que le cerf a mis bas; et Mue du serpent, La peau que le serpent a laissée.

MUE

MUE se dit encore, surtout en Fauconnerie, d' Une sorte de grande cage où l' on met un oiseau quand il mue. Une mue de faucon. Il ne faut pas laisser voler ces oiseaux, il faut les tenir dans la mue.

Il signifie aussi, Un lieu étroit et obscur où l' on tient la volaille pour l' engraisser. Mettre des chapons, des oisons en mue.

MUER. v. n.

MUER. v. n. Changer. Il se dit Des animaux quand ils changent de poil, de plumes, de peau, etc. Ce chien, ce chat mue, commence à muer. Cet oiseau muera bientôt. C' est ordinairement vers la fin de l' été et en automne que les oiseaux muent.

Il se dit aussi en parlant Des jeunes gens parvenus à l' âge où la voix change et devient plus grave. Sa voix commence à muer. Sa voix mue. La voix lui a mué.

MUÉ, ÉE. adj.

MUÉ, ÉE. adj. Qui a mué. Oiseau mué. Voix muée.

MUET, ETTE. adj.

MUET, ETTE. adj. Qui est privé de l' usage de la parole, naturellement ou par accident. Ceux qui sont sourds de naissance sont muets. Il est sourd et muet. Il est sourd-muet. Il est muet comme un poisson.

Fam., N' être pas muet, se dit D' une personne qui parle hardiment, ou qui parle beaucoup. Je vous assure qu' il n' est pas muet. Si vous lui dites quelque chose qui le blesse, il ne sera pas muet.

MUET

MUET se dit également Des personnes que la peur, la honte, l' étonnement, ou d' autres causes morales, empêchent momentanément de parler. Il demeura muet d' étonnement. Il fut si honteux qu' il resta muet. La frayeur le rendit muet. Les oracles furent muets. On dit de même, Sa bouche resta muette.

MUET

MUET se dit aussi Des choses morales, et signifie, Qui se tait. Les grandes joies sont muettes aussi bien que les grandes afflictions. Sa douleur était muette. Les lois sont muettes sur ce point.

Il se dit encore Des choses inanimées qui ont un genre d' expression, de signification. La peinture est un langage muet. Cette épée, trouvée dans ses mains, était un témoin muet de son crime. La loi est un juge muet. Ses regards, ses présents étaient de muets interprètes de son amour.

Au Théâtre, Jeu muet, La partie du jeu d' un acteur, par laquelle il exprime, sans parler, les sentiments dont il doit paraître affecté. Scène muette, Action d' un ou de plusieurs personnages qui ne parlent pas, mais qui expriment leurs sentiments par le geste, le maintien, l' air du visage, etc.

En Grammaire, H muette, Celle qui n' est point aspirée, comme dans ce mot, Honneur; et, E muet, L' E féminin, tel qu' il se prononce dans les mots Boire, flamme, crime, etc...

MUET

MUET est aussi substantif. Un muet. Une muette. L' institution royale des sourds et muets, des sourds-muets. On lui a fait son procès comme à un muet volontaire. Il a fait le muet.

MUETS

MUETS au pluriel, se dit particulièrement de Gens attachés au service des sultans, et qui, sans être privés de l' usage de la parole, ne s' expriment jamais que par signes. Le sultan lui envoya les muets, qui l' étranglèrent.

MUETTE. s. f.

MUETTE. s. f. Il ne s' est dit primitivement que d' Une petite maison bâtie, soit pour y garder les mues de cerfs, soit pour y mettre les oiseaux de fauconnerie, au temps de la mue. Depuis on a donné ce nom à Des pavillons, et même à des édifices considérables, servant de rendez-vous de chasse. La muette du bois de Boulogne. La muette de la forêt de Saint-Germain.

MUFLE. s. m.

MUFLE. s. m. Extrémité du museau de certains animaux, comme le boeuf, le taureau, et de certaines bêtes féroces, comme le lion, le tigre. Mufle de taureau, de lion, de léopard, de tigre.

Il se dit aussi Des ornements de sculpture qui représentent des mufles d' animaux.

Il se dit encore, par dérision, Du visage d' un homme qu' on veut injurier. Ce mufle effronté.

Mufle de veau. Voyez l' article suivant.

MUFLIER. s. m.

MUFLIER. s. m. Genre de plantes de la famille des Personnées. Le muflier des jardins s' appelle vulgairement Mufle de veau.

MUFTI. s. m.

MUFTI. s. m. Le chef de la religion mahométane. Le mufti est le souverain interprète de la loi.

MUGE. s. m.

MUGE. s. m. Poisson de mer à tête obtuse et à deux petites nageoires sur le dos. On le nomme aussi Mulet.

Muge volant, ou Exocet, Poisson approchant de la forme d' un muge, mais à très-longues nageoires pectorales qui le soutiennent en l' air comme des ailes.

MUGIR. v. n.

MUGIR. v. n. Il se dit proprement Du cri du taureau, des boeufs et des vaches. On entendait mugir les taureaux. Cette vache mugit après son veau.

Il se dit, figurément, De la voix humaine, quand on la force, et qu' elle approche du mugissement. Cet homme mugissait de colère, de fureur, de rage, de douleur. Cet acteur ne parle pas, il mugit.

Il se dit aussi, figurément, Du bruit que font les flots de la mer, les vents, les torrents, etc., quand ils sont violemment agités. On entendait mugir les flots. Le vent mugit dans les voiles. Ce torrent s' élance en mugissant à travers les précipices. Le Vésuve mugit.

MUGISSANT, ANTE. adj.

MUGISSANT, ANTE. adj. Qui mugit. Il se dit au propre et au figuré. Un taureau mugissant. Les ondes mugissantes. Les aquilons mugissants. Cet homme a la voix mugissante.

MUGISSEMENT. s. m.

MUGISSEMENT. s. m. Cri que font les boeufs, les taureaux et les vaches. Le mugissement des taureaux.

Il se dit, figurément, Des sons et des bruits analogues à ce cri. Le mugissement de la mer, des vagues, des flots, des vents, d' un volcan. Quand cet homme est en colère, ce sont des mugissements qu' il fait entendre.

MUGUET. s. m.

MUGUET. s. m. Plante qui fleurit au printemps, et qui porte de petites fleurs blanches d' une odeur agréable, qu' on appelle du même nom. Cueillir du muguet. De la fleur de muguet. Cela sent le muguet.

MUGUET. s. m.

MUGUET. s. m. Celui qui affecte de se parer avec soin, et d' être galant auprès des dames. C' est un muguet, un jeune muguet. Il fait le muguet. Il est familier et peu usité.

MUGUETER. v. a.

MUGUETER. v. a. Faire le galant auprès des dames. Il muguette toutes les femmes de son quartier. On l' emploie aussi neutralement. Il ne fait que mugueter. Il est familier et peu usité.

MUGUETÉ, ÉE. participe

MUGUETÉ, ÉE. participe

MUID. s. m.

MUID. s. m. (Le D ne se prononce point.) Certaine mesure dont on se servait autrefois pour les liquides, pour les grains, et pour plusieurs autres matières, comme sel, charbon, plâtre, chaux, etc., et qui était de différente grandeur, selon les différents pays. Un muid de blé, mesure de Paris, tenait douze setiers. Un muid de vin tenait deux cent quatre-vingt-huit pintes. Un muid de charbon, de sel, de chaux, de plâtre.

Il se dit plus particulièrement Du vaisseau, de la futaille qui contient la mesure d' un muid de vin ou de quelque autre liqueur. Percer, défoncer un muid. Ce muid n' est pas de jauge.

Fam., Cet homme est gros comme un muid, Il est fort gros.

MULÂTRE. adj.des deux genres

MULÂTRE. adj.des deux genres Qui est né d' un nègre et d' une blanche, ou d' un blanc et d' une négresse. Un valet mulâtre. Une servante mulâtre. Il se prend aussi substantivement. Un mulâtre. Une mulâtre. Quelques-uns disent au féminin, Mulâtresse.

MULCTER. v. a.

MULCTER. v. a. T. de Jurispr. Condamner à quelque peine, punir. On l' a mulcté. Il a été mulcté.

Il signifie, par extension, Maltraiter, vexer. Il a été horriblement mulcté dans cet écrit. Je suis las d' être mulcté par de prétendus amis qui m' outragent sous prétexte de me dire mes vérités.

MULCTÉ, ÉE. participe

MULCTÉ, ÉE. participe

MULE. s. f.

MULE. s. f. Nom qu' on donnait autrefois aux pantoufles des hommes, et à une chaussure sans quartier dont les femmes se servaient. Il n' est plus guère usité que lorsqu' il s' agit de La pantoufle du pape, sur laquelle il y a une croix. Baiser la mule du pape.

MULE. s. f.

MULE. s. f. Femelle de même nature que le mulet. Mule noire. Mule fantasque, quinteuse, opiniâtre, ombrageuse. Les magistrats et les médecins allaient autrefois sur des mules. Carrosse tiré par des mules.

Fam., Être fantasque, être têtu comme une mule, Avoir beaucoup de caprices, beaucoup d' entêtement, d' obstination.

Prov., À vieille mule, frein doré, On pare une vieille bête pour la mieux vendre. Cela se dit aussi, figurément et familièrement, D' une vieille femme qui aime à se parer.

Prov. et fig., Ferrer la mule, Profiter sur un achat qu' on fait pour autrui.

MULES. s. f. pl.

MULES. s. f. pl. Sorte d' engelures qui viennent aux talons dans les grands froids. Avoir les mules aux talons.

En termes d' Art vétérinaire, Mules traversières ou traversines, Fentes ou crevasses qui se montrent sur le derrière du boulet du cheval, et d' où suinte une sérosité fétide. Ce cheval a des mules dans le paturon.

MULET. s. m.

MULET. s. m. Quadrupède engendré d' un âne et d' une jument, ou d' un cheval et d' une ânesse, et qui n' engendre point. Petit, grand mulet. Mulet de pays. Mulet d' Auvergne. Mulet de bagage. Des oreilles de mulet. Croupe de mulet. Charge de mulet. Bât de mulet. Panache de mulet. Le mulet qui provient d' un âne et d' une jument, brait. Le mulet qui est né d' un cheval et d' une ânesse, hennit.

Fam., Être chargé comme un mulet, Être chargé d' un fardeau très-lourd.

Fam., Être têtu comme un mulet, Être fort opiniâtre.

Prov. et fig., Garder le mulet, Attendre longtemps quelqu' un avec ennui et impatience. J' ai gardé le mulet durant quatre heures dans son antichambre. Faire garder le mulet à quelqu' un.

MULET

MULET se dit en général de Tout animal provenu de deux animaux de différente espèce, et qui n' engendre point.

Il se dit, par extension, en Botanique, de Toute plante qui est le produit d' une semence fécondée par la poussière d' une plante d' une autre espèce.

MULET. s. m.

MULET. s. m. Sorte de poisson de mer, autrement nommé Muge.

MULETIER. s. m.

MULETIER. s. m. Conducteur de mulets; valet qui panse les mulets, et qui a soin de les charger et de les conduire. Les muletiers espagnols.

MULOT. s. m.

MULOT. s. m. Espèce de souris des champs, de couleur rousse. On donne aussi ce nom au Campagnol, autre souris des champs, brune et à queue courte. Trou de mulot. Les mulots coupent la racine des blés. Un champ ravagé par les mulots.

MULTIFLORE. adj.des deux genres

MULTIFLORE. adj.des deux genres T. de Botan. Qui a plusieurs fleurs.

MULTIFORME. adj.des deux genres

MULTIFORME. adj.des deux genres Qui a plusieurs formes ou figures. Il est peu usité.

MULTINÔME. s. m.

MULTINÔME. s. m. T. d' Algèbre. Grandeur exprimée par plusieurs termes que joignent les signes plus ou moins. Il est peu usité: on dit plus ordinairement et mieux, Polynôme.

MULTIPLE. adj.des deux genres

MULTIPLE. adj.des deux genres T. d' Arithmétique. Il se dit D' un nombre qui en contient un autre un certain nombre de fois exactement. Neuf est multiple de trois.

Il s' emploie quelquefois, dans le langage de la conversation, par opposition à Simple, à Unique. La question est multiple, elle a beaucoup de faces différentes. Il y a des poëmes dont on peut dire que le sujet est multiple.

Il est aussi substantif masculin, dans le premier sens. Neuf est un des multiples de trois.

MULTIPLIABLE. adj.des deux genres

MULTIPLIABLE. adj.des deux genres Qui peut être multiplié. Tout nombre est multipliable.

MULTIPLICANDE. s. m.

MULTIPLICANDE. s. m. T. d' Arithmétique. Nombre à multiplier par un autre. Dans la multiplication de quatre par trois, quatre est le multiplicande.

MULTIPLICATEUR. s. m.

MULTIPLICATEUR. s. m. T. d' Arithmétique. Nombre par lequel on en multiplie un autre. Dans la multiplication de quatre par trois, trois est le multiplicateur.

MULTIPLICATION. s. f.

MULTIPLICATION. s. f. Augmentation en nombre. Multiplication des êtres, des espèces, des hommes. La multiplication des cinq pains. La multiplication apparente des objets par les verres à facettes.

Il se dit, particulièrement, de L' opération d' arithmétique par laquelle on répète un nombre autant de fois qu' il y a d' unités dans un autre nombre donné. Le produit de la multiplication de trois par quatre est douze. Faire une multiplication, la preuve d' une multiplication.

MULTIPLICITÉ. s. f.

MULTIPLICITÉ. s. f. Nombre considérable et indéfini. La multiplicité des lois est une des causes de la multiplicité des procès. La multiplicité des noms rend l' étude de l' histoire naturelle fort difficile. La multiplicité des objets dont se compose cette science a rendu les divisions nécessaires.

MULTIPLIER. v. a.

MULTIPLIER. v. a. Augmenter le nombre, la quantité d' une chose. C' est une maxime de la philosophie, qu' il ne faut pas multiplier les êtres sans nécessité. Miroirs qui multiplient les objets. JÉSUS-CHRIST multiplia les cinq pains. Cet homme se plaît à multiplier les difficultés. Il a l' art de multiplier chez lui les amusements, les plaisirs.

Il s' emploie aussi avec le pronom personnel. Les plantes se multiplient par les semences, les marcottes et les boutures. Les obstacles se multipliaient à mesure qu' il avançait dans son entreprise.

Par exagérat., Il se multiplie, il a le don de se multiplier, se dit D' un homme fort actif, qui semble être en plusieurs lieux à la fois.

MULTIPLIER

MULTIPLIER en termes d' Arithmétique, signifie, Répéter un nombre autant de fois qu' il y a d' unités dans un autre nombre donné. Multiplier dix par quatre.

MULTIPLIER

MULTIPLIER est aussi neutre, et signifie, Augmenter en nombre par voie de génération. Dieu dit: Croissez et multipliez. Les enfants d' Israël multiplièrent en Égypte. Les lapins multiplient beaucoup. Son troupeau a fort multiplié.

MULTIPLIÉ, ÉE. participe

MULTIPLIÉ, ÉE. participe

MULTITUDE. s. f.

MULTITUDE. s. f. Grand nombre. Multitude innombrable d' hommes, d' animaux, de livres. Multitude d' objets, de paroles, de choses. Une grande multitude de peuple. Une multitude de spectateurs.

MULTITUDE

MULTITUDE absolument, se dit d' Un grand nombre d' hommes. Tout Paris était à cette fête, je n' ai jamais vu une si grande multitude. Les flots de la multitude.

Il signifie aussi, Le peuple, le vulgaire. Les opinions, les caprices de la multitude. Flatter l' esprit, respecter les préjugés de la multitude. Son système éblouit la multitude, mais révolte les esprits sages.

MULTIVALVE. adj.des deux genres

MULTIVALVE. adj.des deux genres T. d' Hist. nat. Il se dit Des coquilles composées de plusieurs pièces ou valves. Les coquilles multivalves. On l' emploie aussi comme substantif féminin. Les multivalves.

MUNICIPAL, ALE. adj.

MUNICIPAL, ALE. adj. Qui appartient, qui a rapport à une communauté d' habitants formant une municipalité. Droit municipal. Lois municipales. Garde municipal.

Il se dit aussi Des magistrats, des fonctionnaires qui administrent une commune, une ville ou une portion de ville. Les officiers municipaux. Le corps municipal. Le conseil municipal. On l' emploie quelquefois substantivement. Les municipaux.

MUNICIPALITÉ. s. f.

MUNICIPALITÉ. s. f. Le corps des officiers municipaux. On fit assembler la municipalité. La municipalité prononça, déclara.

Il signifie aussi quelquefois, La commune, le territoire administré par des magistrats municipaux. Il est de telle municipalité.

Il signifie encore, La maison où les officiers municipaux tiennent leurs séances et ont leurs bureaux. Aller à la municipalité pour faire viser son passe-port. Il est allé chercher à la municipalité l' acte de naissance de son fils.

MUNICIPE. s. m.

MUNICIPE. s. m. Titre que portaient les villes du Latium et de l' Italie, dont les habitants participaient au droit de bourgeoisie romaine, sans qu' elles cessassent de former des cités à part.

MUNIFICENCE. s. f.

MUNIFICENCE. s. f. Vertu qui porte à faire de grandes libéralités. Munificence royale. Le prince leur a laissé en partant des marques de sa munificence. On doit cet hospice à la munificence d' un simple particulier.

MUNIR. v. a.

MUNIR. v. a. Garnir, pourvoir des choses nécessaires pour la défense ou pour la nourriture. Munir une place. Munir une ville de vivres ou de provisions de bouche, d' armes, etc.

Il s' emploie aussi avec le pronom personnel, et signifie, Se pourvoir des choses nécessaires. Se munir de bonnes pièces pour la défense d' un procès. Se munir d' un bon manteau contre le froid. Se munir d' armes, de chevaux pour un voyage, etc. Se munir d' argent.

Fig., Se munir de patience, de résolution, de courage, Se préparer à soutenir avec patience, avec courage, tout ce qui peut arriver.

MUNI, IE. participe

MUNI, IE. participe

MUNITION. s. f.

MUNITION. s. f. Provision des choses nécessaires dans une armée ou dans une place de guerre. Il s' emploie surtout au pluriel. Munitions de guerre. La place était pourvue de munitions de guerre et de bouche. On manquait de munitions, de toute sorte de munitions.

Pain de munition, Le pain que l' on distribue aux soldats pour leur nourriture. Les soldats eurent ordre de prendre du pain de munition pour trois jours.

Fusil de munition, Fusil de gros calibre, qui est l' arme ordinaire des soldats d' infanterie, et auquel s' adapte une baïonnette.

MUNITIONNAIRE. s. m.

MUNITIONNAIRE. s. m. Celui qui est chargé de fournir les munitions nécessaires à la subsistance des troupes. Munitionnaire général.

MUPHTI. s. m.

MUPHTI. s. m. Voyez MUFTI.

MUQUEUX, EUSE. adj.

MUQUEUX, EUSE. adj. T. d' Anat., de Médec., etc. Qui a ou qui produit de la mucosité. Sinus, ligaments muqueux. Glandes muqueuses. Cette plante est très-muqueuse.

Membrane muqueuse. Nom des membranes qui tapissent certaines cavités du corps humain. On dit par abréviation, La muqueuse de l' estomac, des intestins, etc.

Fièvre muqueuse, Celle dont la cause est l' irritation des membranes muqueuses, qui sécrètent en abondance un fluide visqueux.

MUR. s. m.

MUR. s. m. Ouvrage de maçonnerie, qui sert à enclore quelque espace, à le séparer d' un autre, ou à le diviser. Bon mur. Mur épais de deux pieds et haut de trente. Mur de pierre de taille, de moellon, de brique, de terre, de pisé. L' épaisseur, la hauteur, la longueur d' un mur. Le pied, le chaperon d' un mur. Bâtir, élever un mur. Mur à hauteur d' appui. Mur mitoyen. Cela est scellé dans le mur. Prendre l' alignement d' un mur. Crépir un mur. Reprendre un mur, le reprendre sous oeuvre. Enclore d' un mur un terrain, un jardin, etc. Fermer un passage par un mur. Les murs d' une chambre, d' un cachot. Percer un mur. Les voleurs ont tout emporté, ils n' ont laissé que les quatre murs. Il tomba et donna de la tête contre le mur.

Les gros murs d' un bâtiment, Ceux qui en forment l' enceinte, et qui portent les combles, les voûtes, etc.

Mur de face, Gros mur qui forme l' une des principales faces d' un bâtiment. On appelle par opposition Mur latéral, Celui qui forme l' un des côtés.

Mur de pignon, Mur qui s' élève jusqu' au-dessous du toit, le supporte, et en a la forme.

Mur de refend, Celui qu' on élève entre les gros murs, pour diviser l' intérieur du bâtiment. Mur à refends: voyez REFEND.

Mur de parpaing, Mur formé de pierres qui en traversent l' épaisseur.

Mur de clôture, Mur qui enferme extérieurement une cour, un jardin, un parc, etc. Franchir un mur de clôture.

Mur d' appui, Mur qui n' est qu' à hauteur d' appui, qui n' est élevé que d' un mètre environ.

Murs d' un jardin, d' un parc, Les murs qui enferment un jardin, un parc.

Mur de terrasse, Mur qui retient les terres d' une plate-forme, d' une terrasse, d' un jardin, d' un boulevard, etc.

Murs d' une ville, Les murs qui entourent une ville. Les murs de cette ville sont flanqués de grosses tours. Dans ce sens, on dit quelquefois Murs, absolument. Cette église est hors des murs. J' ai été me promener hors des murs. Il se prend quelquefois pour Ville. Depuis quand êtes-vous dans nos murs?

Prov. et fig., C' est se donner la tête, c' est donner de la tête contre un mur, C' est tenter une entreprise dans laquelle il n' est pas possible de réussir.

Prov. et par exagér., On tirerait plutôt de l' huile d' un mur, se dit en parlant D' un homme dur, dont on ne peut rien obtenir.

Prov. et fig., Cet homme tirerait de l' huile d' un mur, Par son adresse et son industrie, il tirerait de l' argent, des secours, d' où les autres n' en pourraient jamais tirer.

Prov. et fig., Les murs ont des oreilles, Quand on s' entretient de quelque chose de secret, il faut parler avec beaucoup de circonspection, de peur d' être écouté. Parlons bas, les murs ont des oreilles.

Fig. et fam., Mettre quelqu' un au pied du mur, Le mettre hors d' état de reculer, et le forcer à prendre un parti; Le mettre dans l' impossibilité de répliquer.

Fig., Mur de séparation, mur d' airain, se dit Des causes qui divisent deux personnes, et empêchent qu' elles ne puissent se rapprocher, se réunir. Il y a un mur de séparation, un mur d' airain entre ces deux hommes. J' ai abattu le mur de séparation qui s' était élevé entre eux, c' est-à-dire, Je les ai rapprochés, réunis.

MUR

MUR dans les Mines, se dit de La partie inférieure, par opposition à La partie supérieure, qui se nomme Le toit.

MÛR, ÛRE. adj.

MÛR, ÛRE. adj. Il se dit Des fruits de la terre, et signifie, Qui est arrivé à un certain point de développement, qui le rend propre à être cueilli ou mangé. Blés, épis, raisins mûrs. Pommes mûres. Cerises mûres. Fruit mûr pour être cueilli. Fruit mûr pour être mangé. Ce melon n' est pas mûr, est trop mûr. Du fruit qui devient mûr. Du fruit mûr avant la saison. À demi mûr.

Il se dit aussi Du vin, quand il n' a plus de verdeur, et qu' il est bon à boire. Ce vin sera bientôt mûr, n' est pas encore mûr.

Fig., Cet abcès est mûr, Il est près de crever, de percer; ou Il est temps de l' ouvrir.

Fig. et fam., Cet habit est mûr, est bien mûr, Il est vieux, usé, facile à déchirer.

Fig., Cette affaire est mûre, n' est pas encore mûre, Il est temps, il n' est pas encore temps d' y travailler, de s' en occuper, ou de la terminer.

Fig. et par plaisanterie, Cette fille est mûre, Il y a longtemps qu' elle est en âge d' être mariée.

Fig., C' était un fruit mûr pour le ciel, se dit, dans le langage mystique, D' une personne pieuse qui est morte jeune. On dit de même, Être mûr pour l' éternité.

Fig., Âge mur, Âge qui suit la jeunesse. Homme mûr, esprit mûr, Homme, esprit sage, posé, réfléchi. Mûre délibération, Délibération où tout a été examiné avec beaucoup d' attention. Après une mûre délibération, après mûre délibération, la chose a été décidée ainsi.

Prov. et fig., Entre deux vertes, une mûre, Entre deux choses mauvaises, une bonne. Il allègue plusieurs excuses, entre deux vertes, une mûre. Il nous a montré plusieurs épigrammes, les unes bonnes, les autres mauvaises, entre deux vertes, une mûre.

Prov. et fig., Il faut attendre à cueillir la poire qu' elle soit mûre, Il ne faut point précipiter une affaire, et l' on doit attendre qu' elle soit en état d' être faite, d' être conclue, etc.

Prov. et fig., La poire est mûre, la poire n' est pas mûre, L' affaire dont il s' agit est arrivée, n' est pas arrivée au moment précis où il convient qu' on s' en occupe, qu' on songe à la terminer.

MURAILLE. s. f.

MURAILLE. s. f. Mur. Il se dit surtout Des murs épais et d' une certaine élévation. Bonne, haute muraille. Muraille fort épaisse. Muraille de pierre, de brique. Muraille sèche, à pierre sèche. Couvrir la muraille d' une tapisserie. Écrire sur la muraille d' une prison. Un pan de muraille. Le long de la muraille. Une muraille couverte d' affiches. Étayer une muraille. Abattre une muraille. Il fut écrasé par la chute d' une muraille. Il passa par-dessus la muraille. Le temple saccagé n' offrait plus que des murailles.

Il se dit particulièrement Des constructions de ce genre qui servent de clôture, de défense, de rempart à une ville, à un château, ou même à un pays. Les murailles d' une ville, d' une forteresse. Une muraille flanquée de grosses tours. Le canon avait mis par terre trente toises de muraille. Défendre, forcer la muraille. Le mineur était au pied de la muraille. Saper une muraille. Escalader les murailles. La grande muraille de la Chine.

Cette muraille pousse, Elle bombe et menace ruine.

En termes d' Escrime, Tirer à la muraille, Pousser de tierce et de quarte à quelqu' un qui ne fait que parer.

Fam., Enfermer quelqu' un entre quatre murailles, Le mettre en prison.

Il n' y a que les quatre murailles, se dit D' une maison, d' un appartement, où il n' y a point de meubles.

Fig., Être comme une muraille devant l' ennemi, se dit D' une troupe en bataille que l' ennemi ne peut ni entamer, ni faire reculer.

MURAILLES

MURAILLES au pluriel, se dit quelquefois, dans le style soutenu, pour Ville. Ce fleuve serpente autour de nos murailles. Dès qu' ils se virent assiégés dans leurs murailles, ils se livrèrent au désespoir.

MURAL, ALE. adj.

MURAL, ALE. adj. Il n' est guère usité que dans les locutions suivantes:

Couronne murale, Couronne qu' on donnait, chez les Romains, à ceux qui dans un assaut avaient monté les premiers sur les murs de la ville assiégée.

Cercle mural, Instrument astronomique qui est fixé à un mur.

Plantes murales, Plantes qui croissent sur les murs.

MÛRE. s. f.

MÛRE. s. f. Le fruit du mûrier. Mûres noires. Mûres blanches. Manger des mûres. Du sirop de mûres. Un panier de mûres.

Mûre sauvage, Le fruit de la ronce, qui ressemble à celui du mûrier.

MÛREMENT. adv.

MÛREMENT. adv. Il n' est en usage qu' au figuré, et signifie, Avec beaucoup de réflexion, d' attention. Après avoir mûrement délibéré, considéré, examiné. J' y ai mûrement réfléchi, mûrement pensé.

MURÈNE. s. f.

MURÈNE. s. f. Poisson de mer visqueux, qui ressemble beaucoup à l' anguille, mais qui n' a point de nageoires pectorales.

MURER. v. a.

MURER. v. a. Entourer de murailles. Cette ville n' était autrefois qu' un village, on l' a murée depuis peu de temps.

Il signifie plus ordinairement, Boucher une porte ou une fenêtre avec de la maçonnerie. Murer une porte, une fenêtre.

MURÉ, ÉE. participe

MURÉ, ÉE. participe Ville murée. Fenêtre murée.

MUREX. s. m.

MUREX. s. m. Mot emprunté du latin, dont on se sert pour désigner Différentes espèces de coquilles univalves, hérissées de pointes. On ne connaît plus l' espèce de murex d' où les anciens tiraient la pourpre.

MURIATE. s. m.

MURIATE. s. m. T. de Chimie. Nom générique des sels neutres formés par la combinaison de l' acide muriatique avec une base alcaline, terreuse ou métallique. Muriate d' antimoine, de baryte, de chaux, de cuivre, d' étain, de fer, de mercure, de potasse.

Muriate de soude, Le sel commun.

MURIATIQUE. adj. m.

MURIATIQUE. adj. m. T. de Chimie. Il se dit D' un acide connu autrefois sous le nom d' Acide marin, et qui entre dans la composition du sel commun. Acide muriatique.

MÛRIER. s. m.

MÛRIER. s. m. Arbre dont le fruit, appelé Mûre, est la réunion d' un assez grand nombre de petites baies charnues. On appelle Mûriers noirs, Les mûriers qui portent des mûres noires; et Mûriers blancs, Ceux qui portent des mûres blanches. On nourrit ordinairement les vers à soie avec des feuilles de mûrier blanc.

MÛRIR. v. n.

MÛRIR. v. n. Devenir mûr. Les raisins mûrissent en automne. Le soleil fait tout mûrir. Chaque chose mûrit en sa saison. Il a cueilli ses fruits trop tôt, il ne leur a pas donné le temps de mûrir. Les nèfles mûrissent sur la paille.

Il est quelquefois actif, et signifie, Rendre mûr. Le soleil du midi mûrit les fruits. Cet emplâtre mûrira l' abcès.

Il se dit figurément Des choses et des personnes, tant au neutre qu' à l' actif. Il faut laisser mûrir cette affaire. C' est un esprit qui mûrira avec le temps. L' âge et l' expérience lui ont mûri la tête, l' esprit. La lecture des bons écrits mûrit le style. Cet homme ne mûrira jamais. Cet emplâtre fera mûrir l' abcès.

MÛRI, IE. participe

MÛRI, IE. participe

MURMURE. s. m.

MURMURE. s. m. Bruit sourd et confus de plusieurs personnes qui parlent en même temps, ou qui font entendre des sons inarticulés en signe d' improbation ou d' approbation. Quel murmure est-ce que j' entends? Il s' éleva dans l' auditoire un murmure flatteur. Murmure d' approbation, d' improbation.

Il signifie aussi, Le bruit et les plaintes que font des personnes mécontentes. Dans ce sens, il s' emploie surtout au pluriel. Le nouvel impôt a excité de grands murmures. Il s' est élevé beaucoup de murmures contre cette disposition. Il faut tâcher d' apaiser les murmures du peuple, sans vouloir les étouffer. Tous ces murmures aboutiront à quelque chose de fâcheux.

Il se dit quelquefois de La plainte sourde d' une seule personne. Il apprit sa disgrâce sans se permettre la moindre plainte, le moindre murmure.

Fig., Le murmure du coeur, le murmure des passions, Le mouvement secret des passions contraintes ou contrariées. Il eut bien de la peine à étouffer les murmures de son coeur. La voix de la raison étouffa en lui les murmures de l' amour. On dit dans le même sens, Les murmures du sang, les murmures de la vanité. Ces expressions appartiennent au style soutenu.

MURMURE

MURMURE se dit aussi Du bruit que font les eaux en coulant, ou les vents quand ils agitent doucement les feuilles des arbres, etc. Le murmure des eaux. Le doux murmure des fontaines, des ruisseaux. Le murmure des zéphyrs.

MURMURER. v. n.

MURMURER. v. n. Faire du bruit en se plaignant sourdement, sans éclater. Il murmure entre ses dents. Il se soumit sans murmurer. On murmure fort de cela. Tout le monde murmure de sa conduite. Il murmure contre ses supérieurs, contre ses parents. En ce sens, il est quelquefois actif. Que murmurez-vous là? Je ne sais ce qu' il murmure entre ses dents.

Il se dit aussi Du bruit sourd qui court de quelque affaire, de quelque nouvelle. Cela n' est pas bien assuré, mais on en murmure. On commence à en murmurer, dans deux jours on en parlera tout haut. Dans ce sens, il est familier.

Cette nouvelle se murmure, se murmure à l' oreille, On commence à se la communiquer en secret.

MURMURER

MURMURER se dit aussi Des eaux, des vents, etc. Un ruisseau qui murmure sur les cailloux. Le vent murmure dans le feuillage.

MURMURÉ, ÉE. participe

MURMURÉ, ÉE. participe

MURRHIN, INE. adj.

MURRHIN, INE. adj. T. d' Antiquités. Il ne se dit qu' en parlant De certains vases fort estimés des anciens, et dont la matière est encore pour les savants un objet de discussion. On a fait plusieurs dissertations sur les vases murrhins. Matière murrhine.

MUSAGÈTE. adj. m.

MUSAGÈTE. adj. m. T. de Mythologie. Il ne s' emploie que dans cette dénomination, Apollon musagète, c' est-à-dire, Qui conduit les Muses.

MUSARAIGNE. s. f.

MUSARAIGNE. s. f. Petit animal sauvage, à peu près de la grosseur d' une souris, et dont le museau est fort pointu.

MUSARD, ARDE. adj.

MUSARD, ARDE. adj. Qui perd son temps à s' occuper, à s' amuser de petites choses. Il est musard. Il est familier.

Il se prend aussi substantivement. C' est un musard, un vrai musard.

MUSC. s. m.

MUSC. s. m. Quadrupède ruminant, de la taille d' un chevreuil, et qui a près du nombril une poche pleine d' une matière dont l' odeur est fort pénétrante. Un rognon de musc.

Il se dit aussi de La matière odorante qui sort de cet animal. Bon musc. Musc falsifié. Cela sent le musc. Un grain de musc. Odeur de musc.

Couleur de musc, Espèce de couleur brune. Gants, drap couleur de musc.

Peau de musc, Peau parfumée de musc.

MUSCADE. s. f.

MUSCADE. s. f. Graine très-odorante, de la forme d' une noisette, et qu' on met au nombre des épices. On l' appelle aussi Noix muscade; et alors Muscade est pris adjectivement. Aimez-vous la muscade?

Rose muscade, Espèce de rose, ainsi nommée à cause de son odeur particulière. Muscade est aussi adjectif dans cette expression.

MUSCADE

MUSCADE est encore Le nom que les escamoteurs donnent aux petites boules de la grosseur d' une muscade, dont ils se servent dans leurs tours de gibecière. Passez, partez, muscade.

MUSCADET. s. m.

MUSCADET. s. m. Sorte de vin qui a quelque goût de vin muscat.

MUSCADIER. s. m.

MUSCADIER. s. m. Arbre de la famille des Lauriers, qui porte la muscade. Le muscadier aromatique. Le muscadier porte-suif.

MUSCADIN. s. m.

MUSCADIN. s. m. Petite pastille à manger, où il entre du musc. Une livre de muscadins.

MUSCAT. adj. m.

MUSCAT. adj. m. Il se dit De certains raisins parfumés, et des vins qu' on en tire. Raisin muscat. Vin muscat.

Il s' emploie aussi substantivement. Les muscats de ce pays sont fort gros. Manger du muscat. Une grappe de muscat. Boire du muscat blanc, du muscat rouge. Muscat de Frontignan.

MUSCAT

MUSCAT pris substantivement, est aussi Le nom de plusieurs espèces de poires. Muscat fleuri. Muscat vert. Muscat royal. Petit muscat.

MUSCLE. s. m.

MUSCLE. s. m. T. d' Anat. Organe charnu, fibreux, irritable, dont les contractions produisent tous les mouvements des animaux. La plupart des muscles ont leurs extrémités attachées aux os, qu' ils font mouvoir en divers sens. La tête, la queue, le ventre d' un muscle. Muscle fléchisseur, extenseur, abaisseur, éleveur, adducteur, abducteur, rotateur. Gros muscle. Muscle large. Les muscles du visage. Les muscles des bras, des jambes, etc. Le tendon d' un muscle. Les fibres des muscles. Ce peintre, ce sculpteur rend bien les muscles.

MUSCLÉ, ÉE. adj.

MUSCLÉ, ÉE. adj. Qui a des muscles bien marqués. Il se dit principalement en termes de Peinture et de Sculpture. Cette figure, cette statue est bien musclée, trop musclée.

MUSCULAIRE. adj.des deux genres

MUSCULAIRE. adj.des deux genres T. d' Anat. Qui a rapport aux muscles, ou qui est propre aux muscles. Chair musculaire. Veine, artère musculaire. Fibres musculaires. Irritabilité musculaire. Mouvement, action, force musculaire.

MUSCULE. s. m.

MUSCULE. s. m. T. d' Antiq. Nom d' une machine de guerre des anciens, qui servait à couvrir les assiégeants. César, dans ses Commentaires, distingue souvent la tortue du muscule.

MUSCULEUX, EUSE. adj.

MUSCULEUX, EUSE. adj. Où il y a beaucoup de muscles. Partie musculeuse.

Il signifie aussi, Qui a les muscles très-apparents et très-forts. C' est un homme musculeux.

MUSE. s. f.

MUSE. s. f. Chacune des neuf déesses qui, suivant les anciens, présidaient aux arts libéraux, et principalement à l' éloquence et à la poésie. Les neuf Muses. Le séjour des Muses. Invoquer les Muses. Être inspiré par les Muses. Être favorisé des Muses. La Muse de l' histoire, de l' épopée, de la tragédie, de la comédie, de la poésie champêtre, de la danse, etc.

Fig., Les nourrissons, les favoris, les amants des Muses, Les poëtes.

MUSES

MUSES au pluriel, désigne aussi, figurément, Les belles-lettres, et principalement La poésie. Cultiver les muses. Les muses l' ont consolé de ses disgrâces.

Fig., Les muses grecques, les muses latines, les muses françaises, etc., La poésie grecque, latine, française, etc. Dans ce sens, Muse se dit quelquefois au singulier. La muse latine. La muse française.

MUSE

MUSE se dit aussi absolument, dans certaines phrases figurées, en parlant De l' inspiration poétique. Il est de ceux à qui la muse accorde aisément ses faveurs.

Il se dit encore, figurément, Du génie de chaque poëte, du caractère de sa poésie. La muse de Racine était tendre et passionnée. Il vient d' offrir au public les fruits de sa muse. Une muse enjouée, badine, sévère, déréglée.

Il se dit aussi de La personne ou du sentiment qui inspire un poëte. La vérité a été sa muse. Cette femme est sa muse.

MUSE. s. f.

MUSE. s. f. T. de Vénerie. Le commencement du rut des cerfs. La muse dure cinq ou six jours.

MUSEAU. s. m.

MUSEAU. s. m. La partie de la tête du chien et de quelques autres animaux, qui comprend la gueule et le nez. Il se dit surtout lorsque cette partie est pointue. Le museau d' un chien. Le museau d' un renard, d' une belette, d' un blaireau.

Il se dit quelquefois, populairement, en parlant Des personnes, mais seulement par mépris ou par plaisanterie. Qu' avait-elle à faire d' aller montrer là son museau? On lui a donné sur son museau, sur le museau.

Ironiq. et pop., Voilà encore un beau museau, un plaisant museau, se dit D' un homme qui fait l' agréable.

MUSÉE. s. m.

MUSÉE. s. m. Lieu destiné, soit à l' étude des lettres, des sciences et des beaux-arts, soit à rassembler les productions, les monuments qui y sont relatifs. Le musée des antiques. Le musée Clémentin. Le musée britannique. Le musée d' histoire naturelle.

MUSELER. v. a.

MUSELER. v. a. Mettre une muselière à un animal. Museler un chien, un cheval, un ours.

Il signifie figurément, Empêcher de parler. Il faudrait pouvoir museler ce calomniateur.

MUSELÉ, ÉE. participe

MUSELÉ, ÉE. participe

MUSELIÈRE. s. f.

MUSELIÈRE. s. f. Ce qu' on met à la gueule, à la bouche de quelques animaux pour les empêcher de mordre ou de paître, etc. Mettre une muselière à un cheval, à un mulet, à un chien. Mettre une muselière de fer à un cheval. Mettre une muselière à un veau, pour l' empêcher de téter.

MUSER. v. n.

MUSER. v. n. S' amuser et perdre son temps à des riens. Cet homme ne fait que muser. Il est familier.

Prov., Qui refuse, muse, Souvent celui qui refuse une offre, perd une occasion qu' il ne retrouvera plus.

MUSER

MUSER en termes de Vénerie, se dit Du cerf qui est près d' entrer en rut. Les cerfs commencent à muser.

MUSEROLLE. s. f.

MUSEROLLE. s. f. La partie de la bride d' un cheval, qui se place au-dessus du nez.

MUSETTE. s. f.

MUSETTE. s. f. Instrument de musique champêtre, auquel on donne le vent avec un soufflet qui se hausse et se baisse par le mouvement du bras. Jouer de la musette. Danser au son de la musette.

Il signifie aussi, Un air fait pour la musette, ou dont le caractère convient à cet instrument. Jouer, chanter, composer, danser une musette.

MUSÉUM. s. m.

MUSÉUM. s. m. (On prononce Muséome.) Il a le même sens que le mot Musée; cependant on l' emploie plus particulièrement pour certains pays. Le muséum de Florence. Le muséum britannique. L' histoire vante le muséum d' Alexandrie.

MUSICAL, ALE. adj.

MUSICAL, ALE. adj. Qui appartient, qui a rapport à la musique. Art musical. Phrase musicale. Caractères musicaux. Composition musicale. Soirée musicale.

MUSICALEMENT. adv.

MUSICALEMENT. adv. Relativement, conformément aux règles de la musique.

MUSICIEN, IENNE. s.

MUSICIEN, IENNE. s. Celui, celle qui sait l' art de la musique. C' est un excellent musicien, une grande musicienne. On l' emploie quelquefois adjectivement. Ce jeune homme est bon musicien, n' est pas musicien.

Il signifie plus spécialement, Celui, celle qui fait profession de composer ou d' exécuter de la musique. L' Italie, l' Allemagne et la France, sont les pays qui comptent le plus de musiciens. Mozart, Haydn, Gluck, Grétry, Sacchini, etc., sont de grands musiciens, des musiciens célèbres. Les musiciens du roi. Les musiciens de la chapelle. Un musicien de l' Opéra. Une musicienne de concert. Des musiciens ambulants.

MUSICO. s. m.

MUSICO. s. m. C' est, dans les Pays-Bas, et surtout en Hollande, Un lieu où le bas peuple et les matelots vont boire, fumer, entendre de la musique, etc. Pendant son séjour en Hollande, il a beaucoup hanté les musicos. Il vieillit.

MUSIQUE. s. f.

MUSIQUE. s. f. L' art de combiner les sons d' une manière agréable à l' oreille; La théorie de cet art, ou la science des sons considérés sous le rapport de la mélodie, du rhythme et de l' harmonie. La musique est un des beaux-arts. La musique des anciens différait de la nôtre. Il sait, il entend, il possède parfaitement bien la théorie de la musique, la musique. Des mathématiciens, sans savoir solfier, ni jouer d' aucun instrument, ont fait sur la musique des traités fort estimés.

Il se dit aussi Des productions de cet art. Composer de la musique. Mettre des vers en musique. Il fait de belle, d' excellente musique. Sa musique est savante, agréable, faible, bien écrite, mal écrite, correcte. C' est lui qui a fait, qui a composé la musique de cet opéra, de cette cantate. Messe, Te Deum en musique. Musique vocale, instrumentale. Musique pour le piano, pour la harpe, etc. Musique de piano, de flûte, de violon, etc. Musique de scène, ou Musique dramatique. Musique d' église. Musique de bal. Musique militaire. Exécuter de la musique. Musique d' une exécution difficile. Musique gravée. Musique copiée. Écrire, copier de la musique. Lire de la musique. Marchand, éditeur de musique. Copiste de musique. Acheter de la musique. Musique italienne. Musique française.

Instrument de musique, Instrument avec lequel on exécute de la musique.

Notes de musique, Les signes ou caractères dont on se sert pour indiquer les divers tons de la musique; et, Livre, cahier, papier de musique, Livre, cahier, papier où il y a des airs de musique écrits avec ces sortes de notes.

Prov., Être réglé comme un papier de musique, Être exact et ponctuel dans tout ce qu' on fait.

Apprendre la musique, Apprendre, soit à composer, soit à exécuter de la musique, ou l' un et l' autre à la fois. On dit dans la même signification: Savoir la musique. Enseigner, montrer la musique. Maître de musique. Classe de musique. Avoir du goût pour la musique. Etc.

MUSIQUE

MUSIQUE signifie aussi, L' exécution de la musique, soit avec la voix, soit avec les instruments. Nous avons eu, nous avons entendu ce soir beaucoup de musique. Nous ferons de la musique. Il nous a donné de la musique, de fort bonne musique. Une musique de voix et d' instruments.

Prov. et fig., Musique enragée, musique de chiens et de chats, Musique discordante, qui déchire l' oreille. Il se dit aussi, populairement, Du bruit confus de plusieurs personnes qui se querellent.

MUSIQUE

MUSIQUE signifie encore, Une compagnie de musiciens de profession qui ont coutume d' exécuter de la musique ensemble. La musique du roi. La musique de la chapelle. Maître de musique de la chapelle. Il était de la musique du roi. La musique de cette église est très-bonne. Il est attaché à la musique de l' Opéra. La musique du régiment.

MUSIQUE

MUSIQUE se dit figurément de Certains sons agréables ou désagréables. La voix de cette femme est une musique délicieuse. Ironiq. et fam., Cet enfant ne cesse de crier; il nous fait là une belle musique.

MUSQUER. v. a.

MUSQUER. v. a. Parfumer avec du musc. Musquer une peau, des gants. Avec le pronom personnel, Se musquer.

MUSQUÉ, ÉE. participe

MUSQUÉ, ÉE. participe Gants musqués. Cet homme est toujours musqué.

Il se dit aussi De certaines choses dont l' odeur a quelque rapport avec celle du musc. Poire musquée. Cette poire a une eau musquée.

Fig. et fam., Écrivain, orateur, poëte musqué, Écrivain, orateur, poëte qui a trop d' apprêt, de recherche, qui affecte les ornements futiles. On dit, dans le même sens, Style musqué, phrases musquées. On dit aussi, Comédie musquée, Comédie dont le dialogue manque de naturel, tombe dans l' affectation, est semé de petits traits d' un esprit maniéré.

Fig. et fam., Paroles musquées, Paroles obligeantes et flatteuses. Tout ce qu' il dit, ce sont des paroles musquées; mais cela n' a guère de suite.

Fig. et fam., Fantaisies musquées. Fantaisies singulières, bizarres. Cet homme a des fantaisies musquées. Il est peu usité.

Fig. et fam., Messe musquée, La dernière messe, où assistent ordinairement les gens du grand monde.

MUSSER (SE) . v. pron.

MUSSER (SE) . v. pron. Se cacher. Il est vieux.

Fam., À musse-pot, et, par corruption, À muche-pot, En cachette.

MUSSÉ, ÉE. participe

MUSSÉ, ÉE. participe

MUSULMAN, ANE. s.

MUSULMAN, ANE. s. Titre par lequel les mahométans se distinguent des autres hommes, et qui signifie dans leur langue, Vrai fidèle, vrai croyant. Un musulman. Un bon musulman. Se faire musulman. La religion des musulmans. Une musulmane.

Il est aussi adjectif, et se dit surtout De ce qui concerne la religion des mahométans. Les rites musulmans. La religion musulmane.

MUSURGIE. s. f.

MUSURGIE. s. f. T. de Musique. Art d' employer à propos les consonnances et les dissonances.

MUTABILITÉ. s. f.

MUTABILITÉ. s. f. Qualité de ce qui est muable, de ce qui est sujet à changer. La mutabilité des choses du monde.

MUTATION. s. f.

MUTATION. s. f. Changement, remplacement d' une personne par une autre. Il y a eu de nombreuses mutations dans ce régiment, dans cette administration. À chaque mutation de propriétaire foncier, il est dû un droit d' enregistrement.

Il signifie aussi, Révolution. En ce sens, il ne s' emploie guère qu' au pluriel. Les grandes mutations dans les États ont été causées par la faiblesse ou par la violence des princes. Les fréquentes mutations qui arrivent dans l' atmosphère causent des maladies.

MUTILATION. s. f.

MUTILATION. s. f. Retranchement d' un membre ou de quelque autre partie extérieure du corps. L' amputation de la cuisse est une cruelle mutilation. Un coup de sabre lui a abattu le nez; cette mutilation le défigure horriblement.

Il se dit aussi en parlant Des statues, des tableaux, des édifices, et même des productions littéraires. Réparer les mutilations d' une statue, d' un tableau, d' un arc de triomphe. Les censeurs avaient fait subir à cet ouvrage de grandes mutilations.

MUTILER. v. a.

MUTILER. v. a. Retrancher, couper. Il est principalement d' usage Lorsqu' on parle du retranchement d' un membre ou de quelque autre partie extérieure du corps humain, ou de quelque partie d' une statue. Mutiler quelqu' un d' un bras, d' un pied. Qui l' a ainsi mutilé? Mutiler une statue.

MUTILER

MUTILER signifie quelquefois, absolument, Châtrer. La jalousie des Orientaux les porte à mutiler les esclaves auxquels ils confient la garde de leurs femmes. En ce sens, il s' emploie aussi avec le pronom personnel. Origène se mutila dans un accès de pieuse frénésie.

MUTILER

MUTILER par extension, se dit en parlant De tableaux, d' édifices, etc., et signifie, Défigurer, briser. On a mutilé le chapiteau de cette colonne. Ce tableau a été mutilé à coups de couteau.

Il se dit figurément en parlant Des ouvrages d' esprit. La censure à cruellement mutilé cet ouvrage. En voulant abréger son poëme, il l' a mutilé.

MUTILÉ, ÉE. participe

MUTILÉ, ÉE. participe

MUTIN, INE. adj.

MUTIN, INE. adj. Obstiné, têtu, querelleur. Il est mutin. Elle est mutine. Enfant mutin. Esprit, caractère mutin.

Il signifie aussi, Séditieux. Ces peuples sont légers et mutins.

Il s' emploie substantivement, dans les deux sens. C' est un mutin. Il fait le mutin. Voyez le petit mutin! Les mutins se rendirent les maîtres. On punit le chef des mutins.

Un visage, un air mutin, Un visage, un air vif, éveillé, piquant. On dit dans le même sens, Des yeux mutins.

MUTINER (SE). v. pron.

MUTINER (SE). v. pron. Se porter à la sédition, à la révolte. Les troupes se mutinèrent. Le peuple se mutinait. Cet ordre rigoureux fit mutiner les soldats. Dans cette dernière phrase, il y a ellipse du pronom.

Il se dit aussi D' un enfant qui se dépite. Il se mutine à chaque instant. Il est sujet à se mutiner.

MUTINÉ, ÉE. participe

MUTINÉ, ÉE. participe Troupes mutinées. Peuple mutiné.

Poét. et fig., Les flots, les vents mutinés, Les flots agités, les vents impétueux.

MUTINERIE. s. f.

MUTINERIE. s. f. Tumulte de gens mécontents, sédition. La mutinerie des troupes, du peuple. Apaiser la mutinerie.

Il signifie aussi, L' obstination d' un enfant qui se dépite. Il faut punir les enfants de leur mutinerie. Les mutineries de cet écolier, de cet apprenti, sont insupportables.

MUTISME. s. m.

MUTISME. s. m. État de celui qui est muet. Le mutisme de naissance est presque toujours incurable. Le mutisme est ordinairement une suite de la surdité de naissance. Son mutisme provient d' accident.

MUTUEL, ELLE. adj.

MUTUEL, ELLE. adj. Réciproque entre deux ou plusieurs personnes, entre deux ou plusieurs choses. Amour mutuel. Haine mutuelle. Ils s' aiment d' une affection mutuelle. Obligation mutuelle entre le mari et la femme, entre le souverain et les sujets. Devoirs mutuels d' un père et d' un fils. Le mari et la femme se sont fait un don mutuel de leurs biens, ou simplement un don mutuel. Ces deux amis se sont fait une donation mutuelle. L' attraction mutuelle de deux corps. Société de secours mutuels. Enseignement mutuel.

MUTUELLEMENT. adv.

MUTUELLEMENT. adv. Réciproquement. Ils s' aident mutuellement. Ils se sont assuré leur bien mutuellement.

MUTULE. s. f.

MUTULE. s. f. T. d' Archit. Ornement propre à la corniche de l' ordre dorique, et qui représente, au-dessous du larmier, l' extrémité des chevrons. C' est ce qu' on appelle Modillon, dans les autres ordres. Les mutules sont placées au-dessus des triglyphes et des métopes, et ont des gouttes pendantes à leur surface saillante et inclinée.

MYOGRAPHIE. s. f.

MYOGRAPHIE. s. f. Représentation des muscles. Il s' emploie quelquefois pour Myologie.

MYOLOGIE. s. f.

MYOLOGIE. s. f. Partie de l' anatomie, qui traite des muscles.

MYOPE. s.

MYOPE. s. Celui, celle qui a la vue fort courte, et qui ne peut voir les objets éloignés sans le secours d' un verre concave. Un myope. Une myope.

Il s' emploie aussi adjectivement. Il est myope. Un enfant myope. La vue myope est l' opposé de la vue presbyte.

MYOPE. s. m.

MYOPE. s. m. T. d' Entomologie. Genre d' insectes à deux ailes, qui vivent sur les fleurs, et qui sont très-communs en Europe.

MYOPIE. s. f.

MYOPIE. s. f. État de ceux qui ont la vue courte. La cause de la myopie est la trop grande convexité du globe de l' oeil.

MYOSOTIS. s. m.

MYOSOTIS. s. m. (On fait sentir l' S finale. ) Plante que l' on nomme aussi Oreille de souris. Voyez OREILLE.

MYOTOMIE. s. f.

MYOTOMIE. s. f. Partie de l' anatomie, qui a pour objet la dissection des muscles.

MYRIADE. s. f.

MYRIADE. s. f. T. d' Antiq. Nombre de dix mille.

Il se dit, dans le langage ordinaire, d' Une quantité indéfinie et innombrable. Il y a des myriades d' étoiles qu' on ne peut apercevoir à l' oeil nu. Des myriades de sauterelles, de cousins.

MYRIAMÈTRE. s. m.

MYRIAMÈTRE. s. m. Mesure itinéraire, qui vaut dix mille mètres, ou environ deux lieues de poste. Une distance de cinq myriamètres.

MYRIAPODE. s. m.

MYRIAPODE. s. m. T. d' Entomologie. Voyez MILLE-PIEDS.

MYRMIDON. s. m.

MYRMIDON. s. m. Voyez MIRMIDON.

MYROBOLAN. s. m.

MYROBOLAN. s. m. On donne ce nom à plusieurs espèces de fruits desséchés qui sont apportés de l' Amérique et de l' Inde, et qui entrent dans quelques compositions pharmaceutiques. Autrefois on administrait les myrobolans comme laxatifs.

MYRRHE. s. f.

MYRRHE. s. f. Sorte de gomme odorante, médicinale, qui vient de l' Arabie Heureuse. La myrrhe transparente passe pour la meilleure de toutes. La myrrhe est fort amère. On se servait de myrrhe pour embaumer les corps.

MYRRHIS. s. m.

MYRRHIS. s. m. (On fait sentir les deux R et l' S.) Plante ombellifère et médicinale, dont les feuilles sont assez semblables à celles de la ciguë. On la nomme aussi Cerfeuil musqué, et Cicutaire odorante.

MYRTE. s. m.

MYRTE. s. m. Arbrisseau toujours vert, dont les feuilles sont menues, et qui porte de petites fleurs blanches d' une odeur agréable. Myrte mâle, femelle, commun, double. La feuille et la fleur du myrte sont odoriférantes. Encaisser un myrte. Chez les anciens, le myrte était consacré à Vénus.

MYRTIFORME. adj. des deux genres

MYRTIFORME. adj. des deux genres T. d' Anat. Qui a la forme d' une feuille de myrte. Les caroncules myrtiformes.

MYSTAGOGUE. s. m.

MYSTAGOGUE. s. m. T. d' Antiq. grecque. Prêtre qui initiait aux mystères de la religion.

MYSTÈRE. s. m.

MYSTÈRE. s. m. Secret Il se dit proprement en matière de religion, et signifie, Ce qu' une religion a de plus caché. Toutes les religions ont leurs mystères. Les mystères de Cérès, d' Éleusis, de la bonne déesse, d' Isis et d' Osiris. Être initié aux mystères. Les anciens punissaient sévèrement ceux qui avaient violé, révélé les mystères. Les profanes étaient écartés des mystères.

Il signifie plus particulièrement, dans la religion chrétienne, Tout ce qui est proposé pour être l' objet de la foi des fidèles. Mystère sacré, adorable, ineffable, incompréhensible. Le mystère de la Trinité, de l' Incarnation. Il faut adorer les mystères sans vouloir les approfondir. Les mystères que Dieu a révélés. Pénétrer dans les mystères. Le mystère du corps et du sang de JÉSUS-CHRIST. La profanation des mystères. Les principaux mystères de la foi. Les lieux où Dieu a opéré le mystère de notre salut.

Les saints mystères, Le sacrifice de la messe. Célébrer les saints mystères. Participer aux saints mystères.

MYSTÈRE

MYSTÈRE se dit figurément Des opérations secrètes de la nature, des mouvements cachés du coeur humain, et des moyens les moins vulgaires employés par les beaux-arts. Étudier, approfondir, pénétrer, révéler les mystères de la nature, les mystères du coeur humain. Les mystères de la poésie, de l' éloquence, etc. Tous les arts ont leurs mystères.

MYSTÈRE

MYSTÈRE signifie aussi, figurément, Ce qu' il y a de caché, de secret dans les affaires humaines. Les mystères de la politique. Mystère d' État. Il y a quelque mystère caché là-dessous. C' est un mystère qu' on ne saurait pénétrer, qu' on ne peut développer. On découvrira bientôt ce mystère d' iniquité. Ses crimes sont ensevelis dans l' ombre du mystère. C' est un mystère que le temps révélera. Le plus profond mystère enveloppe toute cette aventure.

Il se dit aussi de Certains soins, de certaines précautions que l' on prend pour n' être point entendu, pour n' être point observé. Il m' a entretenu, avec beaucoup de mystère, de tous ses chagrins. Ils sont sortis tous deux, en grand mystère.

Il signifie également, Difficulté que l' on fait touchant quelque chose, importance qu' on y attache. Il se prend ordinairement en mauvaise part. Pourquoi faire tant de mystère pour nous dire ce que tout le monde sait? Faut-il faire tant de mystère pour si peu de chose? Voilà bien des mystères, bien du mystère. Je n' entends pas tous ces mystères. Il n' y a pas grand mystère à cela. Y a-t-il tant de mystère à cela? Voilà un beau mystère. C' est donc là que gît le mystère.

Faire mystère, un mystère d' une chose, La tenir secrète, la cacher avec soin. Il nous a fait mystère de sa naissance, de sa profession. Il fait un mystère de sa méthode. C' est un homme qui fait mystère de tout. Il fait mystère des moindres choses. Il n' en fait pas mystère. On dit dans le même sens, Mettre du mystère à quelque chose. On dit proverbialement, dans le même sens, Il est tout cousu de petits mystères, il est tout mystère de la tête aux pieds.

MYSTÈRE

MYSTÈRE est aussi Le nom que nos pères donnaient à certaines pièces de théâtre dont le sujet était tiré de la Bible, et où ils faisaient intervenir Dieu, les anges, les diables, etc. Le mystère fut beau et fort dévot. Les diables jouèrent plaisamment le mystère.

MYSTÉRIEUSEMENT. adv.

MYSTÉRIEUSEMENT. adv. D' une façon mystérieuse. Les prophètes ont parlé mystérieusement.

Il signifie aussi, D' une manière cachée, secrète. C' est un homme qui se conduit mystérieusement en tout, qui parle de tout mystérieusement.

MYSTÉRIEUX, EUSE. adj.

MYSTÉRIEUX, EUSE. adj. Qui contient quelque mystère, quelque secret, quelque sens caché. Il se dit proprement en matière de religion. Les anciens Égyptiens ont caché les secrets de leur religion sous des caractères mystérieux. Les paroles mystérieuses de l' Écriture. Les sens mystérieux de la Bible. Cela doit s' entendre dans un sens mystérieux, d' une façon mystérieuse.

Il se dit aussi en parlant Des affaires humaines, et pour l' ordinaire en mauvaise part. Il y a quelque chose de mystérieux dans cette affaire. C' est un homme qui a une conduite mystérieuse. Ils ont eu ensemble un entretien mystérieux. Cette affaire est toute mystérieuse.

Il se dit encore Des personnes, et signifie, Qui fait mystère de beaucoup de choses qui n' en valent pas la peine. C' est un homme fort mystérieux, tout mystérieux. Il est mystérieux en toutes choses.

MYSTICITÉ. s. f.

MYSTICITÉ. s. f. Recherche profonde en fait de spiritualité, raffinement de dévotion. Cet ouvrage respire une douce, une tendre mysticité. De telles opinions conduisent à une extravagante mysticité. Donner dans la mysticité.

MYSTIFICATEUR. s. m.

MYSTIFICATEUR. s. m. Celui qui a le goût, l' habitude de mystifier; celui qui en fait métier.

MYSTIFICATION. s. f.

MYSTIFICATION. s. f. Action de mystifier.

MYSTIFIER. v. a.

MYSTIFIER. v. a. Abuser de la crédulité de quelqu' un, pour s' amuser à ses dépens. Il a été mystifié de la manière la plus plaisante.

MYSTIFIÉ, ÉE. participe

MYSTIFIÉ, ÉE. participe

MYSTIQUE. adj. des deux genres

MYSTIQUE. adj. des deux genres Figure allégorique. Il ne se dit que Des choses de la religion. Le sens mystique de l' Écriture sainte. Il ne faut pas entendre ce passage à la lettre, cela est mystique. L' Église est le corps mystique de JÉSUS-CHRIST.

Il signifie aussi, Qui raffine sur les matières de dévotion, et sur la spiritualité. Auteur, livre mystique.

Il s' emploie quelquefois substantivement, dans ce dernier sens. C' est un grand mystique. Les vrais, les faux mystiques.

MYSTIQUEMENT. adv.

MYSTIQUEMENT. adv. Selon le sens mystique. Ce passage doit être expliqué, doit s' entendre mystiquement.

MYSTRE. s. m.

MYSTRE. s. m. T. d' Antiq. Une des mesures dont les Grecs se servaient pour les liqueurs. Il y avait le grand et le petit mystre.

MYTHE. s. m.

MYTHE. s. m. Trait, particularité de la fable, de l' histoire héroïque ou des temps fabuleux. C' est un mythe commun à toutes les religions de l' Orient. Plusieurs des mythes de l' ancien paganisme se retrouvent dans la religion des Indous.

MYTHOLOGIE. s. f.

MYTHOLOGIE. s. f. Histoire fabuleuse des dieux, des demi-dieux et des héros de l' antiquité. Les fictions de la mythologie. Les dieux de la mythologie. La mythologie des Grecs, des Romains. L' étude de la mythologie est indispensable aux peintres et aux poëtes.

Il signifie aussi, La science, l' explication des mystères et des fables du paganisme. Il est savant en mythologie. Il a bien traité de la mythologie.

MYTHOLOGIQUE. adj. des deux genres

MYTHOLOGIQUE. adj. des deux genres Qui appartient à la mythologie. Discours, livre mythologique.

MYTHOLOGUE. s. m.

MYTHOLOGUE. s. m. Celui qui traite de la science appelée Mythologie. Telle est l' opinion des mythologues. Quelques-uns disent aussi, Mythologiste.

MYURE. adj. m.

MYURE. adj. m. T. de Médec. Il ne s' emploie que dans cette expression, Pouls myure, Pouls dont les pulsations s' affaiblissent peu à peu.

N. s. f. et m.

N. s. f. et m. Consonne, la quatorzième lettre de l' alphabet. Lorsqu' on la nomme Enne, suivant la prononciation ancienne et usuelle, le nom de cette lettre est féminin. Une N (enne). Lorsqu' on l' appelle Ne, suivant la méthode moderne, ce nom est masculin. Un N (ne) majuscule.

Cette lettre, quand elle est à la fin d' une syllabe ou d' un mot, change quelquefois la prononciation de la voyelle qui la précède, et produit un son nasal, comme dans les mots Ban, bon, bien, chacun, encan, indice, ondée, etc. Quelquefois elle se prononce fortement, comme dans les mots Hymen, amen, abdomen, Éden, etc.

N. majuscule suivie d' un point, se met à la place d' un nom propre qu' on ignore, on qu' on ne veut pas faire connaître; et sert encore à une désignation générale et indéterminée de personne. N. est moins affaibli par l' âge que par la maladie. N. a de l' esprit, mais dix fois moins qu' il ne croit en avoir. N. n' a jamais eu en toute sa vie que deux affaires, savoir, de dîner le matin, et de souper le soir.

NABAB. s. m.

NABAB. s. m. Mot arabe qui signifie, Lieutenant, et qui est le titre des princes de l' Inde musulmane.

Il se dit, par dérision, Des Anglais qui ont rempli de grands emplois ou fait le commerce dans l' Inde, et qui en sont revenus avec des richesses considérables.

NABABIE. s. f.

NABABIE. s. f. Dignité de nabab.

Il signifie aussi, Le territoire soumis à la puissance d' un nabab. La nababie d' Arcate.

NABOT, OTE. s.

NABOT, OTE. s. T. de mépris qui signifie, Une personne d' une très-petite taille. C' est un nabot, un petit nabot, une petite nabote. Il est familier.

NACARAT. adj. invariable

NACARAT. adj. invariable Qui est d' un rouge clair entre le cerise et le rose. Satin, velours, ruban nacarat.

Il est aussi substantif masculin, et signifie, La couleur nacarat. Le nacarat tire sur le rouge de la nacre de perle. Cette étoffe est d' un beau nacarat.

NACELLE. s. f.

NACELLE. s. f. Petit bateau qui n' a ni mât ni voile. Nacelle de pêcheur. Il passa la rivière dans une nacelle.

Fig., La nacelle de saint Pierre, L' Église catholique romaine.

NACELLE

NACELLE en termes d' Architecture, se dit d' Une moulure en demi-ovale.

NACRE. s. f.

NACRE. s. f. Matière blanche et brillante qui réfracte la lumière de manière à produire un mélange agréable de couleurs, et qui forme l' intérieur de beaucoup de coquilles. Nacre de perles. Un étui de nacre. Un couteau de nacre, à manche de nacre.

NACRÉ, ÉE. adj.

NACRÉ, ÉE. adj. Qui a l' éclat, l' apparence de la nacre. Couleur nacrée.

NADIR. s. m.

NADIR. s. m. T. d' Astron., emprunté de l' arabe. Le point du ciel qui est directement sous nos pieds, et auquel aboutirait une ligne verticale tirée du point que nous habitons, par le centre de la terre. Le nadir est diamétralement opposé au zénith.

NAFFE. s. f.

NAFFE. s. f. Il n' est usité que dans cette expression, Eau de naffe, Sorte d' eau de senteur, dont la fleur d' orange est la base.

NAGE. s. f.

NAGE. s. f. Il ne s' emploie que dans les locutions suivantes:

À la nage, En nageant. Il passa la rivière à la nage. Il s' est sauvé à la nage.

Se jeter à la nage, Se jeter à l' eau pour nager.

Fig. et fam., Être en nage, tout en nage, Être tout trempé, tout mouillé de sueur. Où vous êtes-vous si échauffé? vous êtes tout en nage. Vous avez fait trop galoper ce cheval, il est tout en nage.

NAGÉE. s. f.

NAGÉE. s. f. Espace qu' on parcourt, en nageant, à chaque impulsion qu' on donne à son corps, par le mouvement simultané de ses bras et de ses jambes. Il a traversé ce bras de rivière en vingt nagées. Il est peu usité.

NAGEOIRE. s. f.

NAGEOIRE. s. f. Organe extérieur des poissons, des animaux marins, qui leur sert à nager. Les nageoires d' un poisson, d' un phoque. Nageoire dorsale. Nageoires pectorales.

Il se dit aussi de Ce qu' on met sous ses bras pour se soutenir sur l' eau, quand on apprend à nager. Se servir de nageoires.

NAGER. v. n.

NAGER. v. n. Se soutenir et avancer sur l' eau par le mouvement de certaines parties du corps. Il se dit De l' homme et des animaux. C' est un homme qui nage bien. Apprendre à nager. Il nage comme un poisson. Nager sur le dos. Nager entre deux eaux. Un chien, un cheval qui nage.

Fig. et fam., Nager en grande eau, Être dans l' abondance, jouir d' une grande fortune, se trouver dans de grandes occasions d' avancer ses affaires.

Fig., Nager dans l' opulence, Jouir de grandes richesses. Nager dans la joie, Être rempli de joie. Nager dans les plaisirs, Vivre au milieu des plaisirs, s' y abandonner.

Fig. et fam., Nager entre deux eaux, se dit D' une personne qui, entre deux factions, entre deux partis, se conduit de manière à les ménager l' un et l' autre.

NAGER

NAGER signifie aussi, Ramer pour voguer sur l' eau. Allons, bateliers, nagez. Il faut nager de toutes les rames pour mener la chaloupe à bord. Ceux qui mènent les gondoles nagent debout. En ce sens, il est quelquefois actif. Ainsi on dit, Nager la chaloupe à bord, La faire avancer vers le bord, l' y conduire.

NAGER

NAGER signifie encore, Flotter sur l' eau, ne point aller à fond. Il se dit Des corps légers qui n' enfoncent pas dans l' eau. Le bois, le liége nage sur l' eau. L' huile nage sur l' eau et sur les autres liqueurs.

NAGER

NAGER signifie, par extension, Être dans un liquide quelconque. Pendant neuf mois, le foetus nage dans le fluide qui remplit l' amnios. Ces pois nagent dans la sauce. Il faut que les cornichons, pour se conserver, nagent dans le vinaigre.

Par exagér., Nager dans son sang, Être tout couvert de son sang.

NAGEUR, EUSE. s.

NAGEUR, EUSE. s. Celui, celle qui nage, qui sait nager. Grand nageur. Bonne nageuse.

Il signifie aussi quelquefois, Un batelier qui rame. Nous avions quatre nageurs.

NAGUÈRE ou NAGUÈRES. adv.

NAGUÈRE ou NAGUÈRES. adv. Il y a peu de temps, il n' y a pas longtemps. Cette ville, naguère si florissante. Naguère encore vous me disiez... Il est surtout usité dans la poésie et dans le style soutenu.

NAÏADE. s. f.

NAÏADE. s. f. Chacune des divinités qui, suivant la Fable, présidaient aux fontaines et aux rivières. La plus belle des naïades.

NAÏF, ÏVE. adj.

NAÏF, ÏVE. adj. Naturel, ingénu, sans fard, sans apprêt, sans artifice. Une beauté naïve. Les grâces naïves de l' enfance. Une réponse simple et naïve. Des manières naïves et agréables. Un ton naïf et doux. Il a quelque chose de naïf dans l' humeur, dans l' esprit. Une pensée naïve.

Il signifie aussi, Qui retrace simplement la vérité, qui imite la nature sans laisser paraître d' artifice, ni d' effort. Faire une description, une relation, une peinture naïve de quelque chose. Expression naïve. Il y a dans ce tableau des airs de tête bien naïfs. Il y a quelque chose de naïf dans tout ce que ce peintre compose. L' attitude, la pose de cette statue est naïve.

NAÏF

NAÏF se dit aussi Des personnes, et signifie, Qui dit sa pensée sans détour, ingénument. C' est l' homme du monde le plus naïf. Une personne franche et naïve.

Il se prend quelquefois en mauvaise part, et signifie, Qui dit, par un excès de simplicité, ce qu' il aurait intérêt à cacher. C' est un homme naïf dont vous tirerez tout ce que vous voudrez.

Il se dit aussi Des choses, dans un sens analogue. Un amour-propre naïf. Une vanité naïve. Il lui est échappé une réponse bien naïve. Cela est naïf.

NAÏF

NAÏF s' emploie substantivement pour signifier, Le genre naïf dans les arts et en littérature. Le naïf, en peinture, distingue les ouvrages de l' école flamande. Le naïf, en littérature, n' est pas le bas et le trivial.

NAIN, AINE. s.

NAIN, AINE. s. Celui, celle qui est d' une taille beaucoup plus petite que la taille ordinaire. Un joli nain. Une jolie naine. Les nains sont d' ordinaire contrefaits. Vous êtes, vous paraissez un nain auprès de lui.

NAIN

NAIN est aussi adjectif, et alors il se dit Des choses. Ainsi on appelle Arbres nains, Des arbres à fruit qui ne croissent, ou qu' on ne laisse croître que jusqu' à une hauteur médiocre, et que l' on élève en buisson; et Buis nain, Une sorte de buis qui ne devient jamais aussi grand que le buis ordinaire.

OEuf nain, OEuf de poule qui ne contient point de jaune.

NAÏRE. s. m.

NAÏRE. s. m. Nom que les Indiens du Malabar donnent à leurs nobles, surtout aux militaires.

NAISSANCE. s. f.

NAISSANCE. s. f. Sortie de l' enfant hors du ventre de la mère. Heureuse naissance. Naissance désirée, attendue. Depuis la naissance de Notre-Seigneur jusqu' à présent. La naissance d' un prince. À sa naissance. Au jour de sa naissance. Les astres qui ont présidé à sa naissance. Le temps qui s' est écoulé entre sa naissance et sa mort. Le lieu de sa naissance. Le pays où il a reçu la naissance, où il a pris naissance. Il est sourd et muet de naissance, dès sa naissance. Le moment, l' heure, l' époque, l' anniversaire de sa naissance. On a fêté son jour de naissance. L' administration tient registre des décès et des naissances. Acte de naissance.

Il se dit quelquefois en parlant Des animaux. Deux jours avant la naissance de ce poulain, de ce veau, la mère ne voulait plus ni manger ni boire.

NAISSANCE

NAISSANCE signifie aussi, Extraction. Haute naissance. Être de grande, d' illustre naissance. Être d' une naissance obscure. On n' a pu savoir quelle était sa naissance. Naissance illégitime. Il nous a révélé le secret de sa naissance. Ses talents réparèrent le vice, le défaut de sa naissance. S' enorgueillir, rougir de sa naissance. Avoir des sentiments dignes de sa naissance. Sa vertu rehausse l' éclat de sa naissance. Sa naissance est commune.

Il se dit quelquefois, absolument, pour Noblesse. Ils avaient du mérite tous deux, mais l' un avait l' avantage de la naissance. C' est un homme de naissance, qui a de la naissance. C' était un honnête homme, mais il n' avait point de naissance. C' était un homme sans naissance.

NAISSANCE

NAISSANCE se dit aussi quelquefois en parlant Des bonnes et des mauvaises qualités avec lesquelles on est né. La plus heureuse naissance a besoin encore d' une bonne éducation. Dans cette acception, il a vieilli; on dit, Le plus heureux naturel, etc.

NAISSANCE

NAISSANCE signifie figurément, Origine, commencement. La naissance du monde. La naissance d' un État, d' une ville. La naissance de l' hérésie. C' est de là que les désordres, les troubles prirent naissance. Étouffer une sédition dès sa naissance, dans sa naissance, sur le point de sa naissance. Tout dans ce pays favorisa la naissance et les progrès de l' industrie. C' est la politesse, c' est le désir de plaire qui a donné naissance à cet usage. La naissance du printemps. La naissance du jour.

Naissance de la verdure, des fleurs, Le moment où la verdure, les fleurs commencent à pousser.

NAISSANCE

NAISSANCE signifie encore, Le point, l' endroit où commence, d' où part, d' où s' élève une chose qui se prolonge ensuite dans une certaine direction. Ce fleuve, à sa naissance, reçoit plusieurs ruisseaux qui le grossissent. La naissance d' une tige, d' un rameau. Couper une branche à sa naissance.

En Architecture, La naissance d' une colonne, Le commencement du fût. La naissance d' une voûte, Le commencement de sa courbure.

NAISSANT, ANTE. adj.

NAISSANT, ANTE. adj. Qui naît, qui commence à paraître. Enfant naissant. Jour naissant. Fleurs naissantes. Arbres naissants. Vert naissant. Passion naissante. Amour naissant. État naissant. République, ville, colonie naissante. Une compagnie, une société naissante. Une fortune naissante. Il faut encourager les talents naissants.

Cheveux naissants, Cheveux qui flottent en liberté comme ceux des enfants, ou qui sont frisés en long, comme l' étaient autrefois ceux des magistrats. Perruque naissante, Perruque qui imite les cheveux naissants. Tête naissante, Tête nouvellement rasée, dont les cheveux commencent à repousser.

NAÚTRE. v. n.

NAÚTRE. v. n. (Je nais, tu nais, il naît; nous naissons, vous naissez, ils naissent. Je naissais. Je naquis. Je naîtrai. Que je naisse. Je naîtrais. Que je naquisse. Naissant. Né.) Sortir du ventre de la mère, venir au monde. Un enfant qui vient de naître. Ils naquirent le même jour, dans la même année. Le moment où il est né. Il est né dans telle ville. Il était né gentilhomme. Il est né Français. Il est né sous une heureuse étoile. Il est né dans l' abaissement, dans la grandeur. Il est né de parents illustres, obscurs, riches, pauvres. Les enfants qui naîtront de ce mariage. Naître aveugle, boiteux. Il est né avec une excroissance au front. Il est né avec un esprit inquiet, turbulent. L' homme naît sensible. Il lui est né un fils. Tout ce qui naît est sujet à mourir.

Être né poëte, peintre, musicien, etc., Avoir des dispositions naturelles à être poëte, peintre, etc.

Être né pour une chose, Avoir un talent naturel, une grande disposition pour une chose. C' est un homme qui est né pour la guerre, pour les armes. Il est né pour les lettres, pour le plaisir, pour l' amour.

Fam., Être innocent d' une chose comme l' enfant qui est à naître, comme l' enfant qui vient de naître, En être tout à fait innocent, n' y avoir aucune part.

Fam., Son pareil est à naître, Il n' y a point d' homme semblable à lui, d' homme qui agisse, qui parle comme lui. On dit dans un sens analogue, Il est à naître que, Il n' est jamais arrivé que, Il est à naître qu' un fils en ait jamais si mal usé avec son père. Cette dernière locution vieillit.

NAÚTRE

NAÚTRE se dit, en Théologie, Du fils de Dieu. Le Verbe naît éternellement du Père d' une manière ineffable. Le Verbe est né avant tous les temps.

NAÚTRE

NAÚTRE se dit aussi Des animaux. Un poulain, un agneau qui vient de naître. Le poulet naît d' un oeuf. D' anciens philosophes ont cru faussement que les insectes naissaient de la corruption.

Il se dit également Des végétaux qui sortent de terre, qui commencent à pousser. L' herbe qui commence à naître. Les fleurs naissent au printemps. Les palmiers ne naissent que dans les pays chauds.

Il signifie encore, figurément, Prendre son origine, être produit. Ce ruisseau naît à deux lieues d' ici. Le tremblement de terre fit naître des îles en des lieux où il n' y en avait jamais eu. Beaucoup de maladies naissent d' intempérance.

Il se dit au sens moral, dans la même acception. Nos plus grands plaisirs naissent de nos besoins. Les affaires naissent les unes des autres. Il est né de là une foule de procès. Cet incident m' en a fait naître la pensée. Cette querelle fit naître une haine irréconciliable entre les deux familles. Cela peut faire naître de grands soupçons, des doutes, des scrupules. L' esprit de parti a fait naître de nouveaux troubles. Les inventions utiles sont nées du besoin. Beaucoup de grandes découvertes sont nées du hasard. Les sciences ne prospèrent pas toujours dans les pays où elles naissent.

NAÚTRE

NAÚTRE signifie aussi, figurément et au sens moral, Commencer. L' empire romain ne faisait alors que de naître. J' ai vu naître cet amour. Les empires naissent, se développent et périssent. Il faut s' opposer aux passions quand elles naissent, et ne pas attendre qu' elles aient pris des forces. Les arts naissent, se perfectionnent et déclinent. J' ai vu naître la fortune de cet homme. On dit aussi absolument, Je l' ai vu naître, J' ai vu le commencement de sa fortune.

NÉ, ÉE. participe

NÉ, ÉE. participe Un enfant nouvellement né. Aveugle-né. Né coiffé. Voyez COIFFÉ.

NÉ s' emploie adjectivement, en parlant De certains droits attachés à quelques dignités. Ainsi l' on disait autrefois que L' archevêque de Paris et l' abbé de Cluny étaient conseillers d' honneur nés du parlement de Paris, pour dire que Les archevêques de Paris et les abbés de Cluny avaient droit de séance au parlement. On disait, dans un sens pareil, que L' archevêque de Reims était légat-né du saint-siége; que L' archevêque de Narbonne était président-né des états de Languedoc.

Fig., Il est l' ennemi-né des talents, Il a pour les gens de talent une aversion si générale et si constante, qu' elle semble lui être naturelle. Il est le protecteur-né des sciences et des arts, Il protége en toute occasion les hommes qui cultivent les sciences, les arts: cela peut signifier aussi que sa place, ses fonctions lui font un devoir de les encourager.

BIEN NÉ, ÉE. adj.

BIEN NÉ, ÉE. adj. Né d' une famille honnête, honorable. C' est un jeune homme, un homme bien né.

Il signifie aussi, Qui a de bonnes inclinations. Un enfant bien né. Une fille bien née. On ne peut pas être mieux né que ce jeune homme.

MAL NÉ, ÉE. adj.

MAL NÉ, ÉE. adj. Qui a de mauvaises inclinations. Un enfant mal né. Une fille mal née.

MORT-NÉ, ÉE. adj.

MORT-NÉ, ÉE. adj. Mort avant que de naître. Un enfant mort-né. Un veau, un agneau mort-né. Deux enfants mort-nés. Une brebis mort-née.

Il se dit, figurément, Des ouvrages d' esprit qui n' ont aucun succès. C' est un ouvrage mort-né. Un poëme mort-né. Une tragédie mort-née.

NOUVEAU-NÉ, ÉE. adj.

NOUVEAU-NÉ, ÉE. adj. Qui est né depuis peu de temps, qui vient de naître. Un enfant nouveau-né. Dans cet adjectif composé, Nouveau est pris adverbialement. Des enfants nouveau-nés. Une fille nouveau-née.

Il s' emploie quelquefois substantivement, mais seulement au masculin. Je viens de voir le nouveau-né.

PREMIER-NÉ. adj. m.

PREMIER-NÉ. adj. m. T. de l' Écriture sainte. Le premier enfant mâle. Sous la loi de Moïse, on offrait à Dieu les enfants premiers-nés.

Il est aussi substantif. L' ange extermina les premiers-nés des Égyptiens.

Il se dit quelquefois en parlant Des animaux. Les premiers-nés des animaux étaient offerts à Dieu.

NAÏVEMENT. adv.

NAÏVEMENT. adv. Avec naïveté. Parler naïvement. Avouer naïvement une chose. Exprimer, représenter naïvement quelque chose.

NAÏVETÉ. s. f.

NAÏVETÉ. s. f. Ingénuité, simplicité d' une personne qui manifeste naturellement ses opinions et ses sentiments. La naïveté d' un paysan. La naïveté d' un enfant.

Il signifie aussi, La simplicité naturelle et gracieuse avec laquelle une chose est exprimée ou représentée, selon la vérité ou la vraisemblance. Il y a beaucoup de grâce et de naïveté dans ses expressions, dans son style. Cela est dépeint avec une naïveté et une vérité admirables. Il y a une grande naïveté dans l' expression, dans la pose, dans l' attitude de cette figure. Cet acteur est d' une extrême naïveté dans son jeu. Cet auteur exprime le sentiment avec beaucoup de naïveté. Naïveté de style, de langage. Naïveté de pinceau.

Il signifie aussi, Simplicité niaise, ou défaut de retenue dans l' expression de sentiments qu' on aurait intérêt à cacher. Admirez la naïveté de ce garçon. Son orgueil est d' une naïveté comique, d' une naïveté risible.

Il se dit encore Des propos, des expressions qui échappent par ignorance. Voilà une grande naïveté. Les jeunes personnes sont sujettes à dire des naïvetés.

NANAN. s. m.

NANAN. s. m. Mot dont les enfants se servent, et dont on se sert en leur parlant, et qui signifie, Des friandises, des sucreries. Vous aurez du nanan.

NANKIN. s. m.

NANKIN. s. m. Toile de coton qui est ordinairement d' un jaune approchant de la couleur du chamois, qui se fabrique à Nankin, ville de la Chine, et qu' on imite aux Indes et en Europe. Pièce, pantalon, gilet, guêtres de nankin. Nankin des Indes.

NANTIR. v. a.

NANTIR. v. a. Donner des gages pour assurance d' une dette. Cet homme ne prête point si on ne le nantit auparavant. Il faut qu' on le nantisse. Il ne veut rien prêter s' il n' est nanti.

Il s' emploie aussi avec le pronom personnel. Il ne perdra rien dans cette mauvaise affaire, il s' était nanti de bons effets, il s' était nanti.

En termes de Palais, Se nantir des effets d' une succession, S' en saisir comme y ayant droit, s' en emparer par précaution, sauf à rapporter.

NANTIR

NANTIR avec le pronom personnel, signifie familièrement, Se garnir, se pourvoir de quelque chose par précaution. Je me suis nanti d' un bon manteau contre la pluie, d' un bon déjeuner avant de partir.

Il signifie encore, absolument, Faire des profits dans un emploi, dans une place, et les mettre en réserve. Cet homme s' est bien nanti avant de sortir de sa place. On dit dans le même sens, Il a perdu sa place, mais il est bien nanti.

NANTI, IE. participe

NANTI, IE. participe

NANTISSEMENT. s. m.

NANTISSEMENT. s. m. Gage, ce qu' on donne à un créancier pour sûreté de ce qui lui est dû. Il a un bon nantissement. Il a exigé, on lui a donné des pierreries pour son nantissement, en nantissement. Prêt sur nantissement.

Pays de nantissement, Les lieux où la coutume voulait que pour avoir privilége sur les biens d' un débiteur, on fit inscrire sa créance sur le registre public.

NAPÉE. s. f.

NAPÉE. s. f. Chacune des nymphes qui, suivant la Fable, présidaient aux forêts et aux montagnes.

NAPEL. s. m.

NAPEL. s. m. Espèce d' aconit.

NAPHTE. s. m.

NAPHTE. s. m. Espèce de bitume transparent, léger, et très-inflammable. L' huile de naphte, purifiée par la distillation, est très-limpide.

NAPOLÉON. s. m.

NAPOLÉON. s. m. (Analogue de Louis.) Pièce de vingt ou de quarante francs à l' effigie de Napoléon. Il se dit plus ordinairement Des pièces de vingt francs. Il perdit dans la soirée cinquante napoléons.

NAPPE. s. f.

NAPPE. s. f. Linge dont on couvre la table pour prendre ses repas. Nappe fine, ouvrée, damassée, unie, blanche, sale. Mettre, lever, ôter la nappe. Nappe de cuisine. Nappe de cabaret.

Fig. et fam., La nappe est toujours mise dans cette maison, On y trouve à boire et à manger à quelque heure qu' on y vienne.

À l' église, Nappe d' autel, Le linge dont on couvre l' autel. Nappe de communion, Le linge placé devant les communiants.

Nappe d' eau, Espèce de cascade dont l' eau tombe en forme de nappe. Une belle nappe d' eau. Une nappe d' eau bien garnie. Les nappes d' eau, en tombant de trop haut, se déchirent. On appelle aussi Nappe d' eau, Une grande étendue d' eau tranquille, comme celle d' un lac, d' un étang.

NAPPE

NAPPE en termes de Chasse, La peau du cerf qu' on étend par terre, quand on veut donner la curée aux chiens.

Il se dit aussi d' Un filet de bon fil, qui sert à prendre des cailles, des alouettes, des ortolans.

NAPPERON. s. m.

NAPPERON. s. m. Petite nappe ou serviette qu' on étend sur la nappe pour la garantir des taches, et qu' on enlève au dessert. Mettez un napperon sur cette nappe.

NARCISSE. s. m.

NARCISSE. s. m. Plante bulbeuse, dont les espèces sont nombreuses et presque toutes très-odoriférantes. Narcisse blanc, jaune, simple, double. Narcisse de Constantinople.

NARCISSE. s. m.

NARCISSE. s. m. Nom propre devenu appellatif, pour signifier, Un homme amoureux de sa figure. C' est un Narcisse, un beau Narcisse.

NARCOTINE. s. f.

NARCOTINE. s. f. T. de Chimie. Nom donné à un principe cristallisable, que l' on tire de l' opium.

NARCOTIQUE. adj. des deux genres

NARCOTIQUE. adj. des deux genres T. de Médec. Qui assoupit. Remède narcotique.

Il s' emploie quelquefois substantivement. L' effet des narcotiques peut être dangereux.

Fig. et fam., Ce livre est un bon, un vrai narcotique, Il est assoupissant, ennuyeux.

NARD. s. m.

NARD. s. m. Nom que l' on donne à une espèce de lavande très-odoriférante, à un genre de graminées, à la racine de l' asaret, etc.

NARD

NARD se dit aussi d' Un parfum que les anciens tiraient de certaines racines odoriférantes.

NARGUE

NARGUE Substantif qui ne s' emploie guère que dans ces phrases: Dire nargue d' une chose, Exprimer le peu de cas qu' on fait d' une chose. Faire nargue à quelqu' un, Le braver avec mépris. Nos vins font nargue aux vôtres, Nos vins sont très-supérieurs aux vôtres.

NARGUE

NARGUE se dit aussi, en forme d' interjection, dans un sens analogue à celui de la première phrase. Nargue de cet homme! Nargue du bon vin! Nargue de l' amour! Nargue du chagrin! Il est familier dans les deux emplois.

NARGUER. v. a.

NARGUER. v. a. Faire nargue, braver avec mépris. Narguer ses ennemis. Il est familier.

NARGUÉ, ÉE. participe

NARGUÉ, ÉE. participe

NARINE. s. f.

NARINE. s. f. Chacune des deux cavités, des deux ouvertures du nez, par lesquelles l' homme respire et flaire. Les narines externes. Les narines postérieures. Narine droite, gauche. La cloison des narines. Le sang lui coulait par les narines. La colère lui enfle les narines.

Il se dit aussi en parlant D' un grand nombre d' animaux. Les narines d' un cheval, d' un taureau.

NARQUOIS, OISE. s.

NARQUOIS, OISE. s. Homme fin, subtil, rusé, qui se plaît à tromper les autres, ou à s' en moquer. C' est un narquois, un fin, un franc narquois. C' est une narquoise. Ce vieux narquois a voulu me tromper. C' est un narquois, un railleur qui plaisante à vos dépens. Il est familier et peu usité.

Fam., Parler narquois, Parler un certain jargon, un certain langage qui n' est entendu que de ceux qui sont d' intelligence ensemble pour tromper quelqu' un.

NARRATEUR. s. m.

NARRATEUR. s. m. (On fait sentir les deux R dans ce mot et dans les suivants.) Celui qui narre, qui raconte quelque chose. C' est un narrateur ennuyeux, fastidieux, amusant, exact, fidèle.

NARRATIF, IVE. adj.

NARRATIF, IVE. adj. Qui appartient à la narration. Style narratif. Poésie narrative.

Il s' emploie quelquefois avec la préposition de, et alors il signifie, Qui fait connaître, qui expose en détail. Procès-verbal narratif du fait. Mémoire narratif de ce qui s' est passé à la réception de l' ambassadeur.

NARRATION. s. f.

NARRATION. s. f. Récit historique, oratoire ou poétique. Belle narration. Narration simple, naïve, sans ornement. Narration pompeuse, magnifique, éloquente. Narration obscure, confuse, diffuse, sèche. Narration historique, oratoire, poétique. Le fil de la narration. La narration est la partie du discours où l' orateur déduit le fait. Cicéron, Démosthène, excellent dans la narration. La narration de Tacite est semée de traits fins et profonds.

Il se dit, quelquefois, d' Un simple récit fait en conversation. Abrégez votre narration. Il a interrompu sa narration pour nous faire observer que...

NARRÉ. s. m.

NARRÉ. s. m. Discours par lequel on narre, on raconte quelque chose. Long narré. Narré ennuyeux. Faire le narré d' une chose. Il a insinué dans son narré, par son narré, que...

NARRER. v. a.

NARRER. v. a. Raconter. Une des premières qualités de l' historien est de bien narrer. Il narre bien les faits. Il narre agréablement. Il a mal narré cette histoire.

NARRÉ, ÉE. participe

NARRÉ, ÉE. participe

NARVAL. s. m.

NARVAL. s. m. T. d' Hist. nat. Cétacé, nommé autrement Licorne de mer, qui porte à l' extrémité de sa mâchoire supérieure une dent en forme de corne, droite, et longue quelquefois de quinze ou seize pieds.

NASAL, ALE. adj.

NASAL, ALE. adj. Il se dit, en Grammaire, D' un son modifié par le nez, comme celui des premières syllabes d' Embrasser, tinter, tomber; et celui des dernières d' Océan, raison, parfum. --- Son nasal. Voyelles, consonnes nasales. Prononciation nasale.

Il se dit, substantivement, Des voyelles dont la prononciation est nasale. Nos quatre nasales sont an, comme dans la première syllabe du mot Anchois; en, dans la dernière syllabe de Bien, dans la dernière de Frein, dans la première d' Ainsi, dans la première d' Ingrat, etc.; on, dans la première syllabe de Onze; et un, dans la dernière syllabe de Commun, de Parfum.

NASAL

NASAL se dit, en Anatomie, De ce qui appartient au nez. Canal nasal. Os nasaux. Fosses nasales. Artère nasale.

NASALEMENT. adv.

NASALEMENT. adv. T. de Gram. Avec un son nasal. La dernière syllabe, dans Océan, doit être prononcée nasalement.

NASALITÉ. s. f.

NASALITÉ. s. f. T. de Gram. Qualité d' une voyelle ou d' une consonne nasale. N, à la fin d' une syllabe, est ordinairement le signe orthographique de la nasalité.

NASARD. s. m.

NASARD. s. m. Un des jeux de l' orgue, qu' on appelle ainsi parce qu' il imite la voix d' un homme qui chante du nez. Jouer le nasard.

NASARDE. s. f.

NASARDE. s. f. Chiquenaude sur le nez. Donner une nasarde. Recevoir des nasardes.

Fig. et fam., Donner une nasarde, des nasardes à quelqu' un, Se moquer de lui, le critiquer, le censurer d' une manière mortifiante.

Fig. et fam., Homme à nasardes, Homme fait pour être méprisé et moqué impunément.

NASARDER. v. a.

NASARDER. v. a. Donner des nasardes.

Il signifie, figurément et familièrement, Se moquer de quelqu' un avec des marques de mépris.

NASARDÉ, ÉE. participe

NASARDÉ, ÉE. participe

NASEAU. s. m.

NASEAU. s. m. Une des deux ouvertures du nez par lesquelles l' animal respire et flaire. Il se dit surtout Des narines du cheval. Ce cheval a les naseaux fort ouverts. Fendre les naseaux à un cheval.

Prov. et fig., Fendeur de naseaux, Bravache, fanfaron.

NASI. s. m.

NASI. s. m. Président du sanhédrin, chez les Juifs.

NASILLARD, ARDE. adj.

NASILLARD, ARDE. adj. Il se dit Du son de voix de celui qui nasille, qui parle du nez. Parler d' un ton nasillard. Une voix nasillarde.

Il est aussi substantif, et se dit de La personne qui nasille. C' est un nasillard.

NASILLER. v. n.

NASILLER. v. n. Parler du nez. On ne l' entend pas parler, il ne fait que nasiller.

NASILLEUR, EUSE. s.

NASILLEUR, EUSE. s. Celui, celle qui parle du nez. C' est un triste nasilleur. Cette nasilleuse est fatigante à entendre.

NASILLONNER. v. n.

NASILLONNER. v. n. Diminutif de Nasiller.

NASSE. s. f.

NASSE. s. f. Instrument d' osier servant à prendre du poisson. La nasse d' un pêcheur. Pêcher à la nasse.

Fig. et fam., Être dans la nasse, Être engagé dans une affaire fâcheuse dont on ne peut se tirer.

NATAL, ALE. adj.

NATAL, ALE. adj. dont le masculin n' a point de pluriel. Il se dit Du lieu et De l' époque de la naissance. Pays, lieu natal. Ville, terre, maison natale. Respirer l' air natal. Les anciens célébraient leur jour natal. L' usage de fêter le jour natal, de célébrer des fêtes natales, commence à s' établir parmi nous.

NATATION. s. f.

NATATION. s. f. L' art de nager. On a établi des écoles de natation.

Il signifie aussi, L' action de nager. La natation est bonne à la santé.

NATIF, IVE. adj.

NATIF, IVE. adj. Il se dit Des personnes, en parlant De la ville, du lieu où elles ont pris naissance, et suppose ordinairement l' établissement fixe des parents, l' éducation, etc.; à la différence de Né, qui peut supposer seulement la naissance accidentelle. Il est natif de Paris, de Lyon. Elle est native de Rouen.

Il s' emploie aussi substantivement. Les natifs d' un pays, Les naturels, les habitants originaires d' un pays.

NATIF

NATIF en termes de Minéralogie, se dit D' un métal qui se trouve dans la terre sous la forme métallique, sans être minéralisé par sa combinaison avec d' autres substances. Or, argent, cuivre natif.

Il s' emploie quelquefois figurément et au sens moral, et il signifie, Naturel. Il n' a pas encore perdu sa candeur native. Il a toute sa simplicité, toute sa pudeur native.

NATION. s. f. coll.

NATION. s. f. coll. La totalité des personnes nées ou naturalisées dans un pays, et vivant sous un même gouvernement. Nation puissante, belliqueuse, guerrière, civilisée, policée, barbare, sauvage, riche, pauvre, commerçante, industrieuse, florissante. Nation grave, spirituelle. Deux nations rivales, amies, ennemies, alliées. Chaque nation a ses coutumes, ses moeurs. Il n' a aucun des défauts de sa nation. La nation française, espagnole, anglaise. Les diverses nations de l' Asie, de l' Amérique. L' humeur, l' esprit, le génie d' une nation. Toutes les nations de la terre. Les nations septentrionales, méridionales, orientales, occidentales. Il a visité, fréquenté les nations étrangères. Il a voyagé chez différentes nations. Soutenir l' honneur de sa nation. Les droits, les libertés, les lois, la constitution, le gouvernement d' une nation. Les arts civilisent, polissent une nation. Un prince qui commande à diverses nations. Il est Espagnol de nation, Italien de nation.

Il se dit quelquefois Des habitants d' un même pays, encore qu' ils ne vivent pas sous le même gouvernement. Ainsi, quoique l' Italie et l' Allemagne soient partagées en divers États et en divers gouvernements, on ne laisse pas de dire, La nation italienne, la nation allemande.

Il se dit encore Des personnes d' une même nation qui se trouvent dans un pays étranger. Dans cette occasion, l' ambassadeur assembla la nation. Toute la nation se rendit chez l' ambassadeur.

NATIONS

NATIONS au pluriel, signifie, en termes de l' Écriture sainte, Les peuples infidèles et idolâtres.

NATION

NATION se disait autrefois, dans la faculté des arts de l' université de Paris, pour classer ceux qui la composaient. On distinguait quatre nations: celle de France, celle de Picardie, celle de Normandie, et celle d' Allemagne.

NATIONAL, ALE. adj.

NATIONAL, ALE. adj. Qui concerne toute une nation, qui appartient à une nation. Esprit, caractère, préjugé, honneur national. Prévention, haine nationale. Qualités nationales. Assemblée nationale. Propriété, récompense, fête nationale. Bien, domaine national. Les biens nationaux. Pavillon national. L' église de Saint-Louis est, à Rome, l' église nationale des Français.

Troupes nationales, Les troupes levées dans l' État même qu' elles servent; par opposition à Troupes étrangères, Celles qu' un État tire d' un pays étranger, et qu' il tient à sa solde.

Garde nationale, Troupe non soldée, qui est composée de citoyens, et qui sert au maintien du bon ordre, ainsi qu' à la défense intérieure du royaume. Officier de la garde nationale. La garde nationale de Paris, de Lyon. On réorganisa toutes les gardes nationales du royaume. La garde nationale mobile. La garde nationale sédentaire.

Garde national, Celui qui fait partie de la garde nationale. Deux gardes nationaux sont venus, et se sont emparés de lui.

Concile national, Assemblée des évêques de toutes les métropoles d' une nation.

Cardinal national, se dit, à Rome, d' Un cardinal attaché à quelqu' une des couronnes, par sa naissance, ou par un engagement personnel et connu. Dans le dernier conclave, il y avait tant de cardinaux nationaux.

NATIONAUX

NATIONAUX au pluriel, s' emploie substantivement pour désigner La totalité de ceux qui composent une nation; par opposition à Étrangers, Ceux qui appartiennent aux autres nations. Les nationaux et les étrangers s' accordent à reconnaître la supériorité de Molière sur tous les autres poëtes comiques.

NATIONALEMENT. adv.

NATIONALEMENT. adv. D' une manière nationale.

NATIONALITÉ. s. f.

NATIONALITÉ. s. f. État, condition d' une réunion d' hommes formant une nation distincte des autres. La nationalité d' un peuple peut survivre longtemps à son indépendance.

NATIVITÉ. s. f.

NATIVITÉ. s. f. Naissance. Il ne s' emploie guère qu' en parlant de Notre-Seigneur, de la sainte Vierge et de quelques saints. La nativité de Notre-Seigneur, celle de la Vierge, et celle de saint Jean-Baptiste, sont les seules qu' on fête dans l' Église.

NATIVITÉ

NATIVITÉ absolument, signifie, La naissance de JÉSUS-CHRIST, ou la fête de Noël.

NATIVITÉ

NATIVITÉ en termes d' Astrologie, signifiait, L' état et la disposition du ciel, des astres, au moment de la naissance de quelqu' un. Les astrologues firent le thème de sa nativité. Dresser, juger une nativité.

NATRON ou NATRUM. s. m.

NATRON ou NATRUM. s. m. (Le second de ces mots se prononce Natrome.) Carbonate de soude, solide et naturel, ordinairement mêlé à du sel marin et à du sulfate de soude. Plusieurs lacs de l' Égypte fournissent beaucoup de natron.

NATTE. s. f.

NATTE. s. f. Sorte de tissu de paille, de jonc, de roseau, etc., fait de trois brins ou cordons entrelacés, et servant ordinairement à couvrir les planchers et à revêtir les murailles des chambres. Natte de paille, de jonc. Faire de la natte. Brocher de la natte avec de la ficelle. Assembler de la natte. Vendre de la natte à la toise. Clouer de la natte sur un plancher. Rouleau de natte. Coucher sur de la natte.

NATTE

NATTE employé seul, s' entend ordinairement de La natte de paille. Ce voyageur porte toujours avec lui une natte sur laquelle il couche.

NATTE

NATTE se dit aussi de Toute sorte de tresses de fil, de soie, etc., lorsqu' elles sont faites de trois brins ou cordons. Une natte d' or et d' argent.

Natte de cheveux, Cheveux tressés en natte.

NATTER. v. a.

NATTER. v. a. Couvrir de natte. Natter les murailles d' une chambre, le plancher d' un cabinet.

Natter de la paille, du jonc, des cheveux, les crins d' un cheval, etc., Les tresser en natte. On dit dans le même sens, Natter un cheval.

NATTÉ, ÉE. participe

NATTÉ, ÉE. participe Une chambre nattée. Des cheveux nattés. Un cheval natté.

NATTIER. s. m.

NATTIER. s. m. Celui qui fait et vend de la natte, des nattes.

NATURALIBUS (IN)

NATURALIBUS (IN) Expression purement latine, et qui signifie, Dans l' état de nudité. Il m' a surpris in naturalibus. On dit quelquefois, Puris in naturalibus. Ces locutions sont familières.

NATURALISATION. s. f.

NATURALISATION. s. f. Action de naturaliser; Effet des lettres de naturalité. Obtenir des lettres de naturalisation. Depuis sa naturalisation, il est admissible aux emplois publics.

NATURALISER. v. a.

NATURALISER. v. a. Accorder à un étranger les droits et les priviléges dont jouissent les naturels du pays. Il est étranger, il faut des lettres du prince pour le naturaliser. Il s' est fait naturaliser Français.

Il se dit aussi en parlant Des animaux et des plantes que l' on apporte dans un pays, et qui y réussissent. Le continent de l' Afrique renferme plusieurs espèces d' animaux qu' on ne pourrait naturaliser en Europe. On est parvenu à naturaliser cette plante, cet arbre en France.

Il se dit, au sens moral, en parlant Des sciences, des arts, des inventions, des institutions qu' on apporte dans un pays, et qui y prospèrent. Les colons ont naturalisé dans le nouveau monde toutes les sciences et tous les arts de l' Europe. L' institution du jury a été naturalisée dans ce royaume.

Il se dit, particulièrement, en parlant Des mots et des phrases que l' on transporte d' une langue dans une autre. Déficit est un mot latin, mais nous l' avons naturalisé. L' usage seul peut naturaliser les mots étrangers. C' est une locution italienne, espagnole, qui n' est pas encore naturalisée en France.

NATURALISÉ, ÉE. participe

NATURALISÉ, ÉE. participe

NATURALISME. s. m.

NATURALISME. s. m. T. didactique. Qualité de ce qui est produit par une cause naturelle. Le naturalisme d' un prétendu prodige.

Il signifie aussi, Le système de ceux qui attribuent tout à la nature comme premier principe. Le naturalisme de Straton.

NATURALISTE. s. m.

NATURALISTE. s. m. Celui qui s' applique particulièrement à l' histoire naturelle, qui s' attache à la connaissance des plantes, des minéraux, des animaux, etc. Aristote était un grand naturaliste. Pline le naturaliste. Les ouvrages des naturalistes. Buffon est le plus éloquent des naturalistes.

NATURALITÉ. s. f.

NATURALITÉ. s. f. État de celui qui est naturel d' un pays, ou qui s' y est fait naturaliser. On appelle Droit de naturalité, Le droit dont jouissent les habitants naturels d' un pays, à l' exclusion des étrangers; et Lettres de naturalité, Les lettres par lesquelles le gouvernement accorde le droit de naturalité aux étrangers. Le droit de naturalité s' acquiert par lettres du prince. Obtenir des lettres de naturalité.

NATURE. s. f.

NATURE. s. f. L' universalité des choses créées. Dieu est l' auteur, le maître de la nature. Toute la nature annonce, révèle, publie qu' il y a un Dieu.

Par exagérat., Il n' y a rien de meilleur, de plus mauvais, de plus beau, de plus laid dans la nature, dans toute la nature, se dit D' une personne ou D' une chose très-bonne, très-mauvaise, etc.

NATURE

NATURE signifie aussi, L' ordre établi dans l' univers. Pénétrer dans les secrets de la nature. Les lois de la nature. Les mystères de la nature. Les merveilles de la nature. L' étude de la nature. Le spectacle de la nature. Lire dans le grand livre de la nature. Tout périt et se renouvelle dans la nature.

Il signifie encore, par une sorte de personnification, La puissance, la force active qui a établi cet ordre, et qui le conserve suivant de certaines lois. La nature ne fait rien en vain. La nature agit, opère par les voies les plus simples et les plus courtes. La nature répand ses dons, ses richesses en tous lieux. Prodigue dans certains climats, la nature semble avare dans quelques autres. La nature étale ici toute sa magnificence. La nature est admirable jusque dans ses moindres ouvrages. Les jeux, les caprices de la nature.

Payer le tribut à la nature, Mourir.

NATURE

NATURE se dit en outre de Ce qui constitue tout être en général, soit incréé, soit créé. La nature divine. La nature angélique. La nature humaine.

La nature humaine, signifie aussi, Le genre humain. Il veut du mal à toute la nature humaine.

NATURE

NATURE signifie encore, L' essence d' un être, avec les attributs qui lui sont propres. La nature de Dieu est d' être bon. La nature de l' âme est de penser. La nature de la matière consiste dans l' étendue. Il est dans la nature du feu de s' élever. La nature de l' aimant est d' attirer le fer. Il est dans la nature des choses que cela soit ainsi.

Il se dit plus particulièrement, en parlant Des êtres animés, pour désigner L' organisation particulière de chacun d' eux, le mouvement qui le porte vers les choses nécessaires à sa conservation. Chaque animal a sa nature particulière. La nature de l' homme est plus flexible que celle des animaux. La nature du poisson est de vivre dans l' eau. Chaque animal obéit à sa nature, suit l' instinct de la nature. On peut améliorer, corriger sa nature. La nature pâtit à la vue d' un grand danger. Satisfaire aux besoins de la nature. Contenter la nature. Il faut donner quelque chose à la nature.

Fam., Être ennemi de nature, S' opposer à ce que la nature demande, ou pour les autres, ou pour soi-même. Cette locution a vieilli.

Forcer nature, Vouloir faire plus qu' on ne peut.

Prov., Nourriture passe nature, L' éducation a plus de pouvoir sur nous que la nature même. On dit de même, pour marquer le pouvoir de l' habitude, L' habitude est une autre nature, une seconde nature.

L' état de nature, de pure nature, L' état de l' homme tel qu' on le suppose antérieurement à toute civilisation. Dans l' état de société, les hommes ont des besoins, des plaisirs et des maux qu' ils ne connaissent pas dans l' état de nature.

Fam., Être dans l' état de pure nature, Être tout nu.

NATURE

NATURE se dit aussi de La constitution du corps humain, du principe de vie qui l' anime et le soutient. La nature commence à s' affaiblir en lui. La nature a manqué en lui. Une nature défaillante. L' art de la médecine consiste à aider, à soulager la nature. Ce médecin a pour système de laisser agir la nature. Il y a des maladies où il faut abandonner la nature à elle-même. Les forces de la nature ont un terme. Vivre selon le cours de la nature.

Il se dit encore de La complexion, du tempérament de chaque individu. Sa nature est sèche, bilieuse, sanguine, flegmatique. Il est de nature bilieuse, cacochyme. Il y a des natures qui sont plus maladives, plus rebelles aux remèdes que les autres. Il est bilieux, mélancolique de nature, de sa nature.

NATURE

NATURE se dit, au sens moral, de La lumière qui est née avec l' homme, et qui le rend capable de discerner le bien et le mal. La nature nous ordonne de ne pas faire à autrui ce que nous ne voudrions pas qui nous fût fait à nous-mêmes. La nature nous donne les premières notions du juste et de l' injuste. Il faut se secourir les uns les autres, c' est la loi de la nature. Ce crime fait frémir la nature. Cette action, ce sentiment est conforme, est contraire à la nature, est contre nature. La nature se révolte à ce spectacle.

Il se dit particulièrement Des affections naturelles de l' homme, de celles qui ont pour objet les personnes auxquelles on est uni par les liens du sang. Le cri, la voix, les sentiments de la nature. Brutus, en condamnant ses fils, imposa silence à la nature, étouffa la voix de la nature, sacrifia la nature à l' amour de la patrie.

Il désigne, également, Une certaine disposition ou inclination de l' âme. Une nature heureuse. Une nature perverse, dépravée. Il est enclin de sa nature à tel vice. Il est triste, il est gai de sa nature.

Il signifie aussi, La partie morale de l' instinct des animaux. Le singe est malin et imitateur de sa nature. De sa nature, le chien est ami de l' homme.

NATURE

NATURE en Théologie, signifie, L' état naturel de l' homme, par opposition à L' état de grâce. La nature corrompue. La nature déchue et rétablie par JÉSUS-CHRIST. La nature fragile. De l' état de nature, le baptême nous fait passer à l' état de grâce.

La loi de nature, par opposition à L' ancienne loi, et à La loi de grâce.

NATURE

NATURE se dit souvent Des opérations, des productions de la nature, par opposition à Celles de l' art. L' art perfectionne la nature, ajoute à la nature. La nature imprime à ses ouvrages un caractère de simplicité qui manque souvent aux ouvrages de l' art. Dans ce magnifique jardin, l' art surpasse la nature, l' emporte sur la nature.

Il se dit aussi de La nature, soit physique, soit morale, considérée comme modèle des arts d' imitation. Il faut, dans les arts, prendre la nature pour guide. Il faut prendre la belle nature pour modèle. Cet auteur, ce peintre, ce comédien s' éloigne, s' écarte de la nature. Ce poëte n' a pas assez étudié, consulté la nature. Il ne connaît pas la nature. La Fontaine est le poëte de la nature.

Il se dit particulièrement, en Peinture et en Sculpture, de L' objet naturel que le peintre ou le sculpteur a sous les yeux pour l' imiter. Dessiner, peindre, modeler d' après nature. Un paysage fait d' après nature. Peindre la nature morte. Un tableau de nature morte.

Figures plus grandes, plus petites que nature, Figures qui ont des proportions plus grandes, plus petites que les proportions naturelles. Figures de demi-nature, Figures qui n' ont que la moitié des proportions naturelles.

NATURE

NATURE se dit quelquefois Des parties qui servent à la génération, surtout dans les femelles des animaux.

NATURE

NATURE se dit encore de Certaines choses considérées telles qu' elles sont matériellement, par opposition à L' argent qu' elles peuvent valoir. On lui a laissé le choix de recevoir sa nourriture en argent ou en nature. On lui a ordonné de me restituer mes meubles en nature, ou de m' en payer le prix.

Payer en nature, Payer avec les productions naturelles du sol. Il y a des rentes, des fermages qui sont payables en nature.

NATURE

NATURE signifie aussi quelquefois, Sorte, espèce. Je n' ai point vu d' arbres de cette nature. Avant de planter, il faut considérer la nature du terrain. Qui a jamais vu des affaires de cette nature? J' aimerais mieux une autre nature de biens, de rentes. Pour frustrer ses héritiers de son bien, il l' a changé de nature. Cette plante, cette pierre, ce minéral est d' une nature particulière et distincte de toute autre.

NATUREL, ELLE. adj.

NATUREL, ELLE. adj. Qui appartient à la nature, qui est conforme à l' ordre, au cours ordinaire de la nature. La physique a pour objet les corps naturels. Les lois, les forces, les causes, les facultés, les lumières naturelles. Les effets naturels. Les besoins, les sentiments naturels. Le cours, l' ordre, l' état naturel des choses. La défense est de droit naturel.

Philosophie naturelle, Celle qui a pour objet l' étude des lois et des causes des phénomènes naturels.

Histoire naturelle, Science qui a pour objet la description et la classification des animaux, des végétaux et des minéraux. Étudier l' histoire naturelle. Professeur d' histoire naturelle. Il se dit aussi de Certains ouvrages qui traitent de cette science. L' Histoire naturelle de Buffon.

Enfant naturel, Enfant qui n' est pas né en légitime mariage. On dit, dans le même sens, Fils naturel, fille naturelle.

Enfant légitime et naturel, Celui qui est né d' un mariage légitime, par opposition à L' enfant illégitime et à L' enfant adoptif.

Parties naturelles, Les parties destinées à la génération.

NATUREL

NATUREL signifie aussi, Qui est conforme à la nature particulière de chaque espèce, de chaque individu. La raison est un attribut naturel de l' homme. La curiosité est une passion naturelle à l' homme. Par une générosité naturelle à cette nation. La férocité naturelle du tigre, naturelle au tigre. Cette haine lui est devenue naturelle. Il a suivi en cela son penchant naturel, son inclination, sa pente naturelle. On a une affection naturelle pour son pays, pour ses enfants. Son humeur naturelle le porte à la solitude. Nous avons un désir naturel d' être heureux.

Il se dit, dans le même sens, en parlant Des choses. L' Océan est sorti de ses bornes naturelles. La flamme, en s' élevant, suit sa direction naturelle.

NATUREL

NATUREL se dit encore De ce qui vient de la nature seule, par opposition À ce qui est artificiel, factice, acquis, cultivé. Il manque de culture, mais il a de l' esprit naturel. Ses qualités acquises l' emportent de beaucoup sur ses qualités naturelles. Sa gaieté n' est pas naturelle, elle est forcée.

Il se dit, dans le même sens, en parlant Des choses. Les eaux minérales naturelles sont souvent remplacées avec avantage par les eaux minérales artificielles. J' aime mieux une chute d' eau naturelle que toutes les cascades produites par l' art. Ce baume est-il naturel ou artificiel? Cet oiseau est peint, ce n' est pas sa couleur naturelle. Cette perruque imite très-bien les cheveux naturels.

Vin naturel, Vin qui n' a pas été frelaté, où l' on n' a rien mêlé d' étranger.

NATUREL

NATUREL se dit aussi De ce qui est conforme aux lois de la nature, par opposition à Surnaturel. La résurrection d' un mort n' est pas un effet naturel. Les miracles sont des effets produits par la volonté de Dieu, et non par des causes naturelles.

Il signifie encore, Qui est conforme à la raison ou à l' usage commun. Il est naturel de se confier à ses amis. Il est naturel de demander un service à ceux qu' on a obligés soi-même. Il n' est pas naturel de s' attaquer à plus fort que soi. Ce n' est pas une chose naturelle qu' il ait été guéri d' une si grande blessure en si peu de temps.

Cela n' est pas naturel, ce n' est pas une chose naturelle, se dit aussi D' une chose où l' on soupçonne quelque tromperie. Ce n' est pas une chose naturelle de gagner toujours au jeu. Il faut qu' il y ait quelque supercherie là-dessous, car cela n' est pas naturel.

Juges naturels, Ceux que la loi assigne aux accusés, aux parties, suivant leur qualité et l' espèce de la cause. Nul ne peut être distrait de ses juges naturels.

Juges naturels, se dit quelquefois par extension. Les gens de goût sont les juges naturels des productions littéraires.

NATUREL

NATUREL se dit aussi De ce que nous faisons en conséquence de nos habitudes. Il était naturel à Ovide d' écrire en vers. Il lui est naturel de marcher très-vite. Il lui est naturel de s' affliger pour peu de chose.

NATUREL

NATUREL signifie en outre, Qui s' offre naturellement à l' esprit. Le sens que vous donnez à ce passage n' est pas le sens naturel. Vous n' avez pas pris cette phrase dans son sens naturel. Voilà l' explication la plus naturelle qu' on puisse donner de sa conduite, l' interprétation la plus naturelle qu' on puisse donner à son propos.

Il signifie aussi, Qui est sans affectation, sans contrainte, sans effort. Elle a des grâces naturelles. Tous ses gestes, tous ses mouvements sont faciles et naturels. Sa démarche est naturelle et gracieuse. Il a un air naturel qui plaît et qui inspire la confiance. Le maintien, le débit, le jeu de ce comédien est naturel.

Il se dit, dans le même sens, De l' esprit et de ses productions. Il a l' esprit naturel. Toutes ses pensées, toutes ses expressions sont naturelles. Son langage, son style n' est pas naturel. Les vers qu' il fait sont naturels.

NATUREL

NATUREL s' emploie substantivement, et signifie, Habitant originaire d' un pays. Les naturels du pays.

Il signifie en outre, Propriété inhérente à la nature de l' être animé ou inanimé dont on parle. C' est le naturel du feu de tendre en haut. Le naturel de l' homme est d' être sociable. C' est le naturel du poisson de vivre dans l' eau, de l' oiseau de s' élever dans l' air. C' est le naturel de la sensitive de replier ses feuilles sous le doigt qui la touche.

Il signifie aussi, Inclination, humeur naturelle. Bon, mauvais, méchant naturel. Naturel doux, humain, vertueux, compatissant, bienfaisant, reconnaissant, etc. Naturel pervers, féroce, vicieux, malfaisant, ingrat, etc. C' est un plaisir de cultiver, d' orner un beau naturel. Il est jaloux, il est colère de son naturel. Il est d' un naturel jaloux, d' un naturel colère. On ne force guère son naturel. Il y a des naturels que rien ne peut adoucir, ne peut dompter. Le tigre est d' un naturel farouche et cruel, le cerf d' un naturel doux et timide. On a beau chasser le naturel, il revient toujours.

Il se dit encore Des sentiments que la nature inspire aux pères et aux mères pour leurs enfants, et aux enfants pour leurs pères et pour leurs mères. C' est un enfant qui a beaucoup de naturel, qui n' a point de naturel, qui est sans naturel. C' est une méchante mère, elle n' a point de naturel, elle manque de naturel.

Il se dit également Des sentiments d' humanité et de compassion qu' on doit avoir pour tous les hommes. Il faut être sans naturel pour ne pas soulager un malheureux quand on le peut.

NATUREL substantif

NATUREL substantif signifie souvent, La facilité, l' aisance naturelle avec laquelle on fait une chose, avec laquelle une chose est faite. Il est l' opposé d' Art, d' affectation. Il y a beaucoup d' art et d' étude dans tout ce qu' il écrit, mais point de naturel. Il n' a pas le moindre naturel dans le langage, dans le geste, dans le maintien. Il a du naturel dans l' esprit. Le débit, le jeu de cet acteur manque de naturel. Cette femme est jolie, spirituelle, bonne; mais elle gâte toutes ses qualités par le défaut de naturel.

Il signifie quelquefois, La forme naturelle et extérieure de chaque chose. Cela est peint au naturel, pris, tiré sur le naturel.

Il signifie pareillement, en termes de Peinture et de Sculpture, Le modèle qu' on a sous les yeux pour l' imiter. Dessiner, peindre, modeler d' après le naturel.

Statue plus grande que le naturel, Statue qui excède les proportions naturelles. Une statue monumentale doit être plus grande que le naturel.

AU NATUREL loc. adv.

AU NATUREL loc. adv. D' après nature, selon la nature. Cette figure le représente au naturel.

Il se dit quelquefois au sens moral. Je lui ai représenté, retracé au naturel l' injustice de son procédé. Cette acception vieillit.

AU NATUREL

AU NATUREL se dit aussi De la manière la plus simple d' apprêter certaines viandes. Du boeuf au naturel. De la tête de veau au naturel. Des côtelettes au naturel.

NATURELLEMENT. adv.

NATURELLEMENT. adv. Par un principe naturel, par une impulsion, une propriété naturelle. Tout retourne naturellement à son principe. Tous les animaux désirent naturellement la conservation de leur être. Cet homme est naturellement porté à la douceur, naturellement sensible. Le lion est naturellement courageux. Le lièvre est naturellement timide.

Il signifie aussi, Par le seul secours, par les seules forces de la nature. Cela ne peut pas se faire naturellement.

Cela ne se fait pas naturellement, se dit Des choses qui ne sont pas dans l' usage ordinaire, qui n' arrivent pas ordinairement. Il se dit aussi Des choses où l' on veut faire entendre qu' on soupçonne quelque supercherie. Il a gagné tant de parties de suite, cela ne se fait pas naturellement. On dit dans le même sens, Cela ne peut pas être arrivé naturellement.

NATURELLEMENT

NATURELLEMENT signifie aussi, D' une manière naturelle, simple, facile. Cet orateur est entré fort naturellement dans son sujet. Son éloge est venu, a été amené fort naturellement, tout naturellement dans cet endroit du discours. Cela s' explique naturellement, tout naturellement. Voilà le sens qui s' offre naturellement à l' esprit.

Il signifie encore, D' une manière naïve, propre à imiter exactement la nature. Il nous a dépeint cela très-naturellement. Il contrefait tout le monde fort naturellement.

Il signifie également, Sans affectation, sans recherche, sans effort. Penser, parler, écrire naturellement. Cet acteur joue naturellement.

Il signifie en outre, Sans déguisement, avec franchise. Parlez-moi naturellement. Je lui ai répondu naturellement que je ne consentais pas à ce qu' il me demandait. Il n' y va pas naturellement avec moi, il dissimule, il agit avec finesse.

Naturellement parlant, En parlant sans figure. Cela se dit aussi par opposition à Surnaturellement. Naturellement parlant, un mort ne peut ressusciter.

NAUFRAGE. s. m.

NAUFRAGE. s. m. Perte d' un vaisseau, causée par quelqu' un des accidents qu' on éprouve sur mer. Le vaisseau a fait naufrage, mais l' équipage s' est sauvé. Ils firent naufrage sur tel banc, à telle côte. Le navire s' entr' ouvrit, et l' on ne put rien sauver du naufrage. Après leur naufrage. Les débris, les restes d' un naufrage. Une mer fameuse par plusieurs naufrages.

Il se dit, par extension, en parlant Des autres bâtiments de mer, et même des barques, des bateaux, etc., qui vont sur les fleuves, les rivières et les lacs. La chaloupe, l' esquif, le bateau, la barque a fait naufrage.

Fig., Faire naufrage au port, Voir tous ses projets ruinés, renversés au moment où l' on était près de réussir.

NAUFRAGE

NAUFRAGE se dit figurément de Toute sorte de pertes, de ruines et de malheurs. Le naufrage de son honneur, de sa réputation, de sa fortune. Son honneur a fait naufrage. On dit qu' il est ruiné, mais il lui reste encore des débris de son naufrage. Cette maison, voilà tout ce qu' il a pu sauver du naufrage.

NAUFRAGÉ, ÉE.. adj.

NAUFRAGÉ, ÉE.. adj. Il se dit De ce qui a péri, et de ce qui a été submergé, par l' effet d' un naufrage. Vaisseau, bateau naufragé. Effets naufragés. Marchandises naufragées. Des personnes naufragées. En parlant Des personnes, il s' emploie aussi substantivement. Les naufragés. Un malheureux naufragé.

NAULAGE. s. m.

NAULAGE. s. m. T. de Marine, qui n' est guère usité que dans la Méditerranée. Fret, louage d' un navire, d' une barque pour le transport, par mer, de personnes ou de marchandises. Le naulage d' un navire, d' une barque. On dit aussi, Nolis.

NAUMACHIE. s. f.

NAUMACHIE. s. f. Spectacle d' un combat naval qu' on donnait au peuple de l' ancienne Rome. Les Romains faisaient des dépenses prodigieuses pour leurs naumachies.

Il se dit aussi Du lieu même où se donnait ce spectacle. On voit encore les ruines d' une naumachie à la maison de campagne d' Adrien.

NAUSÉABOND, ONDE. adj.

NAUSÉABOND, ONDE. adj. Qui cause des nausées. Aliment, remède nauséabond. Odeur, saveur nauséabonde.

Il se dit, figurément, Des ouvrages littéraires qui déplaisent, rebutent, excitent le dégoût. Discours, ouvrage nauséabond.

NAUSÉE. s. f.

NAUSÉE. s. f. Envie de vomir. Il a eu de grandes nausées. Exciter des nausées.

Il se dit, figurément, Du dégoût qu' inspirent les discours et les ouvrages littéraires qui sont rebutants, fastidieux, insipides. Cet écrit est si insipide, que j' en ai eu des nausées. Quand on l' entend parler, on en a des nausées.

NAUTILE. s. m.

NAUTILE. s. m. Mollusque testacé à coquille divisée en plusieurs cellules.

Nautile papyracé, ou Argonaute, Mollusque de la famille des Seiches, qui conduit sa coquille comme une barque, en s' aidant de ses pieds, dont deux sont élargis et servent de voiles.

NAUTIQUE. adj. des deux genres

NAUTIQUE. adj. des deux genres Qui appartient à la navigation. Art nautique. Astronomie nautique. Cartes nautiques. Observations nautiques.

NAUTONIER, IÈRE. s.

NAUTONIER, IÈRE. s. Celui, celle qui conduit un navire, une barque. Un hardi nautonier. Il est principalement d' usage en poésie. Le nautonier des sombres bords, Caron.

NAVAL, ALE. adj.

NAVAL, ALE. adj. Qui regarde, qui concerne les vaisseaux de guerre. Combat naval. Armée, victoire navale. Forces navales. Il n' a point de pluriel au masculin.

NAVÉE. s. f.

NAVÉE. s. f. Charge d' un bateau. Il est arrivé au port deux navées de tuiles.

NAVET. s. m.

NAVET. s. m. Plante crucifère que l' on cultive dans les jardins, dans les champs, et dont la racine, qui prend le même nom, sert à la nourriture des hommes et des bestiaux. Manger des navets. Potage aux navets. Canard aux navets.

NAVETTE. s. f.

NAVETTE. s. f. Espèce de navet sauvage dont la graine, nommée aussi Navette, donne une huile qui est bonne à brûler et qu' on emploie aussi à d' autres usages. Huile de navette.

NAVETTE. s. f.

NAVETTE. s. f. Petit vase de cuivre, d' argent, etc., fait en forme de navire, et où l' on met l' encens qu' on brûle à l' église dans les encensoirs.

NAVETTE

NAVETTE signifie aussi, Un instrument de tisserand, qui sert à porter et à faire courir le fil, la soie, la laine entre les fils de la chaîne. Faire courir la navette. Les femmes se servaient autrefois de petites navettes d' or, de laque, d' écaille, pour faire des noeuds ou du filet.

Fig. et fam., Faire la navette, faire faire la navette, Faire beaucoup d' allées et de venues, en faire faire à d' autres. On le dit quelquefois Des choses, dans un sens analogue. Cette somme, envoyée de Paris à Lyon, a été renvoyée de Lyon à Paris; elle a fait la navette.

NAVICULAIRE. adj. des deux genres

NAVICULAIRE. adj. des deux genres T. d' Anat. Qui a la forme d' une nacelle. Fosse naviculaire. Os naviculaire.

NAVIGABLE. adj. des deux genres

NAVIGABLE. adj. des deux genres Où l' on peut naviguer. Cette mer est pleine d' écueils, elle n' est pas navigable. Ce fleuve est navigable dès sa source. Une rivière navigable. Canaux navigables.

NAVIGATEUR. s. m.

NAVIGATEUR. s. m. Celui qui a fait sur mer des voyages de long cours. Grand navigateur. Les découvertes des navigateurs. Les modernes ont été plus hardis navigateurs que les anciens.

Adjectivem., Peuple navigateur, Peuple adonné particulièrement à la navigation.

NAVIGATEUR

NAVIGATEUR se dit aussi d' Un marin, d' un homme qui entend la conduite d' un vaisseau. C' est un excellent navigateur.

NAVIGATION. s. f.

NAVIGATION. s. f. Voyage sur mer ou sur les grandes rivières. Longue navigation. Navigation périlleuse. La navigation est facile et sûre dans ces parages. Cela gêne la navigation de la rivière.

Il signifie aussi, L' art, le métier du navigateur. Les peuples qui s' adonnent à la navigation. Rétablir le commerce et la navigation. Il entend bien la navigation. Cet auteur a fait un livre sur la navigation, sur l' art de la navigation.

Canal de navigation, Canal qui porte des bateaux; par opposition à Canal d' irrigation, Canal qui ne sert qu' à distribuer des eaux.

NAVIGUER. v. n.

NAVIGUER. v. n. Aller sur mer ou sur les grandes rivières. Naviguer le long des côtes. Naviguer en pleine mer. Naviguer sur un fleuve. Après qu' ils eurent longtemps navigué.

NAVIGUER

NAVIGUER se dit aussi en parlant De la manoeuvre qu' un pilote fait faire à un vaisseau, et De la manière dont un vaisseau va sur mer. Une mer où il est malaisé de bien naviguer. Ce pilote navigue bien, entend l' art de naviguer. Ce vaisseau navigue bien.

NAVILLE. s. f.

NAVILLE. s. f. Petit canal qui sert à conduire des eaux pour arroser les terres. Il se dit principalement Des canaux d' irrigation de la Lombardie.

NAVIRE. s. m.

NAVIRE. s. m. Bâtiment pour aller sur mer. Grand, bon, vieux navire. Un navire de cinq cents tonneaux, de douze cents tonneaux de port, du port de cinq cents, de douze cents tonneaux. Navire qui va bien à la voile, qui est bon voilier. Bâtir, construire, mâter un navire. La construction d' un navire. Charger, décharger un navire. Équiper, armer un navire en guerre. Fréter un navire. Un navire à l' ancre. Couler à fond un navire. Un navire marchand. Il y avait beaucoup de navires dans le port. Capitaine de navire. En parlant De vaisseaux de guerre, on dit plus ordinairement Vaisseau que Navire.

En Astron., Le Navire Argo, Constellation de l' hémisphère austral.

NAVRANT, ANTE. adj.

NAVRANT, ANTE. adj. Qui navre, qui cause une vive et profonde affliction. C' est un spectacle navrant. Aventure, histoire navrante.

NAVRER. v. a.

NAVRER. v. a. Blesser, faire une grande plaie. Navrer à mort. Navrer mortellement. Il est vieux dans ce sens.

Il ne s' emploie guère que figurément, et signifie, Causer une grande peine, une extrême affliction. En m' apprenant cette nouvelle, vous m' avez navré, vous m' avez navré de douleur. J' en suis navré. J' en ai le coeur navré.

NAVRÉ, ÉE. participe

NAVRÉ, ÉE. participe

NE.

NE. Mot qui rend une proposition négative, et qui précède toujours le verbe. On l' accompagne souvent de Pas ou Point, ce qui donne lieu de placer ici diverses observations.

On peut indifféremment mettre Pas et Point devant ou après le verbe, s' il est à l' infinitif. Pour ne point souffrir, pour ne souffrir pas. Toutefois la première façon de parler est la plus usitée. Dans les temps simples du verbe, Pas et Point doivent toujours suivre le verbe. Il ne souffre point. Il ne chante pas. Au contraire, dans les temps composés, ils se mettent entre l' auxiliaire et le participe. Il n' a point souffert. Il n' a pas chanté.

Point nie plus fortement que Pas. On dira également: Il n' a pas d' esprit; il n' a point d' esprit; et on pourra dire, Il n' a pas d' esprit ce qu' il en faudrait pour sortir d' un tel embarras; mais quand on dit, Il n' a point d' esprit, on ne peut rien ajouter. Ainsi, Point, suivi de la particule de, forme une négation absolue; au lieu que Pas laisse la liberté de restreindre, de réserver.

Par cette raison, Pas vaut mieux que Point, devant Plus, moins, si, autant, et autres termes comparatifs. Cicéron n' est pas moins véhément que Démosthène. Démosthène n' est pas si abondant que Cicéron.

Par la même raison, Pas est préférable devant les noms de nombre. Il n' en reste pas un seul petit morceau. Il n' y a pas dix ans. Vous n' en trouverez pas deux de votre avis.

Par la même raison encore, Pas convient mieux à quelque chose de passager et d' accidentel; Point à quelque chose de permanent et d' habituel. Il ne lit pas, Il ne lit pas dans ce moment. Il ne lit point, Il ne lit jamais.

Point se met au lieu de Non, soit pour terminer une phrase elliptique, Je le croyais mon ami, mais point; soit pour répondre à une interrogation, Lirez-vous ces vers? Point. On ne pourrait employer Pas qu' en disant la phrase entière: Je ne les lirai pas.

Quand Pas et Point entrent dans l' interrogation, c' est avec des sens différents. Si la question est accompagnée de doute, on dira: N' avez-vous point été là? N' est-ce point vous qui me trahissez? Mais s' il n' y a pas de doute, on dira, par manière de reproche: N' avez-vous pas été là? N' est-ce pas vous qui me trahissez?

On peut supprimer Pas et Point après les verbes Cesser, oser et pouvoir. Il n' a cessé de gronder. On n' ose l' aborder. Je ne puis me taire. On peut aussi dire, Ne bougez, mais dans la conversation seulement.

On peut les supprimer avec élégance dans ces sortes d' interrogations: Y a-t-il un homme dont elle ne médise? Avez-vous un ami qui ne soit des miens?

Après le verbe Douter, précédé d' une négation et suivi de la conjonction que, la phrase amenée par cette conjonction demande ordinairement qu' on répète ne, mais tout seul. Je ne doute pas que cela ne soit.

Après Prendre garde, quand il signifie, Éviter, on met le subjonctif, et l' on supprime Pas et Point; et au contraire, quand il signifie, Faire réflexion, il faut mettre l' indicatif, et ajouter Pas ou Point. Prenez garde qu' on ne vous séduise. Prenez garde que l' auteur ne dit pas ce que vous pensez.

Après Savoir, pris dans le sens de Pouvoir, on doit toujours les supprimer. Je ne saurais en venir à bout. Après ce même verbe précédé de la négation, et signifiant, Être incertain, le mieux est de les supprimer. Je ne sais où le prendre. Je ne saurai que devenir. Il ne sait ce qu' il veut. Il ne sait ce qu' il dit. Mais il faut employer Pas ou Point, quand Savoir est pris dans son vrai sens. Je ne sais pas l' anglais. Je ne savais point ce que vous racontez.

On supprime Pas et Point, quand l' étendue qu' on veut donner à la négation est suffisamment exprimée par d' autres termes qui la restreignent: Je ne soupe guère; je ne sortirai de trois jours; ou par d' autres termes qui excluent toute restriction: Je ne soupe jamais; je ne vis personne hier; je ne dois rien; je n' ai nul souci; ou enfin par des termes qui désignent les moindres parties d' un tout, et qui se mettent sans article: Je n' y vois goutte; je ne dis mot.

Après toutes ces phrases, si la conjonction que, ou les relatifs qui et dont amènent une autre phrase qui soit négative, on y supprime Pas et Point. Je ne soupe guère, je ne soupe jamais que je ne m' en trouve incommodé. Je ne vois personne qui ne vous loue. Vous ne dites mot qui ne soit applaudi.

Si un nom de nombre est joint à Mot, il faut employer Pas. Il ne dit pas un mot qui ne soit à propos. Il n' y a pas trois mots à reprendre dans cette pièce de vers.

On supprime souvent Pas et Point après ne suivi de l' adjectif autre et de que. Je n' ai d' autre but, d' autre désir que celui de vous être utile. Mais on peut dire aussi: Je n' ai pas d' autre but, etc. Quand autre est sous-entendu, Pas et Point se suppriment toujours. Je n' ai de volonté que la tienne. Il ne fait que rire (autre chose que rire). Etc. --- Souvent ne.... que équivaut à Seulement. Je ne veux que la voir.

On supprime Pas et Point après que, mis à la suite d' un terme comparatif, ou de quelque équivalent. Vous écrivez mieux que vous ne parlez. C' est autre chose que je ne croyais. Peu s' en faut qu' on ne m' ait trompé. Il est moins riche, plus riche qu' on ne croit.

On les supprime, quand le mot que signifie Pourquoi, au commencement d' une phrase: Que n' êtes-vous arrivé plus tôt? ou quand il sert à exprimer un désir, à former une imprécation: Que ne m' est-il permis.... Que n' est-il à cent lieues de nous!

Après Depuis que, ou Il y a, suivi d' un mot qui indique une certaine quantité de temps, on supprime Pas et Point, quand le verbe est au prétérit. Depuis que je ne l' ai vu. Il y a six mois que je ne lui ai parlé. Mais il faut l' un ou l' autre, si le verbe est au présent; ce qui forme un sens tout différent. Depuis que nous ne nous voyons pas. Il y a six mois que nous ne nous parlons point.

Après les conjonctions À moins que, et Si, dans le sens d' À moins que, on les supprime. Je ne sors pas, à moins qu' il ne fasse beau. Je ne sortirai point, si vous ne me venez prendre en voiture.

On les supprime encore lorsque deux négations sont jointes par ni, comme, Je ne l' estime ni ne l' aime; et quand cette conjonction ni est redoublée, soit dans le sujet, Ni les biens ni les honneurs ne valent la santé, soit dans l' attribut: Il est avantageux de n' être ni trop pauvre ni trop riche. Heureux qui n' a ni dettes ni procès!

Après le verbe Craindre, suivi de la conjonction que, on supprime Pas et Point, lorsqu' il s' agit d' un effet qu' on ne désire pas. Je crains que vous ne perdiez votre procès. Au contraire, il faut Pas ou Point, lorsqu' il s' agit d' un effet qu' on désire. Je crains que ce fripon ne soit pas puni. La même règle est à observer après ces manières de parler, De crainte que, de peur que. Ainsi lorsqu' on dit, De crainte qu' il ne perde son procès, on souhaite qu' il le gagne; et, De crainte qu' il ne soit pas puni, on souhaite qu' il le soit.

Après les verbes Nier, disconvenir, on peut indifféremment supprimer le Ne, ou l' employer. Je ne nie pas, je ne disconviens pas que cela ne soit, que cela soit.

Dans ces phrases, Je crains que mon ami ne meure, vous empêchez qu' on ne chante, et autres semblables, ce mot Ne n' exprime point une négation; c' est le NE ou le QUIN des Latins, qui a passé dans notre langue.

On dit quelquefois dans le style familier, N' était pour Si ce n' était. Cet ouvrage serait fort bon, n' était la négligence du style.

L' e de Ne s' élide toujours devant une voyelle ou une H non aspirée. Il n' aime rien. Il n' héritera pas de son parent.

NÉANMOINS. adv.

NÉANMOINS. adv. Toutefois, pourtant, cependant. Il est encore très-jeune, et néanmoins il est fort sage. Il lui avait promis de l' aller voir, néanmoins il ne l' a pas fait.

NÉANT. s. m.

NÉANT. s. m. Rien, ce qui n' est point, ce qui ne se conçoit que par une négation. Dieu a tiré toutes choses du néant. Il peut les réduire au néant, les faire rentrer dans le néant d' où elles sont sorties. Le néant n' a point de propriété. Le chrétien voit comme un néant tous les honneurs de ce monde.

En termes de Palais, Mettre une appellation au néant, Déclarer que la partie qui a appelé d' une sentence, est déboutée de son appel. Mettre l' appellation et ce dont est appel au néant, Annuler et l' appel et la sentence dont il a été appelé.

NÉANT

NÉANT se dit, par exagération, pour marquer, ou Le peu de valeur d' une chose, ou Le manque de naissance et de mérite dans une personne. Le néant des grandeurs humaines. C' est un homme de néant. On l' a fait rentrer dans son néant, dans le néant d' où on l' avait tiré.

NÉANT

NÉANT signifiant, Rien, s' emploie quelquefois sans article, comme dans cette phrase: On n' a pas mis cet homme en prison pour néant. Il est vieux.

Mettre néant sur une requête, sur un article de compte, Mettre le mot Néant au bas d' une requête, à côté d' un article de compte, pour marquer qu' on rejette cette demande, cet article. La locution et l' usage qu' elle indique ont vieilli.

Fig. et fam., Mettre néant à la requête de quelqu' un, Refuser ce qu' il demande.

NÉANT

NÉANT s' emploie familièrement dans le sens de Non. Je vous accorde votre première demande; mais, quant à l' autre, néant.

NÉBULEUX, EUSE. adj.

NÉBULEUX, EUSE. adj. Obscurci par les nuages. Temps, ciel nébuleux. Horizon nébuleux.

Fig., L' horizon est nébuleux, On est menacé de troubles, d' événements tristes, funestes.

Fig., Visage, front nébuleux, Visage, front sur lequel se peint le souci, l' inquiétude. On dit dans le même sens, Avoir l' air nébuleux, tout nébuleux.

Étoiles nébuleuses, Étoiles qui sont beaucoup moins brillantes que les autres, et dont la lumière est faible, terne. On dit substantivement dans le même sens, Une nébuleuse, les nébuleuses. La nébuleuse d' Orion.

NÉCESSAIRE. adj. des deux genres

NÉCESSAIRE. adj. des deux genres Dont on ne peut se passer, dont on a absolument besoin pour quelque fin. La respiration est nécessaire à la vie. Avoir les choses nécessaires à la vie. Se servir des moyens nécessaires pour réussir dans son entreprise. L' étude de l' histoire est fort nécessaire.

Cet homme s' est rendu nécessaire dans cette maison, Il s' y est rendu si utile ou si agréable, qu' il est malaisé qu' on puisse se passer de ses conseils, de ses soins, de sa société. On dit, dans un sens analogue, Cette personne m' est devenue nécessaire, m' est nécessaire.

Il fait le nécessaire, Il fait l' empressé, il se mêle de tout, comme si l' on ne pouvait se passer de lui. Dans cette phrase, Nécessaire est employé substantivement.

C' est un mal nécessaire, se dit De certaines choses qui ont de grands inconvénients, mais qui sont ou indispensables ou inévitables. Il y a des personnes qui croient que la guerre est un mal nécessaire.

En Philosophie, Lois nécessaires, Lois sans lesquelles l' univers ne saurait exister. Causes nécessaires, agents nécessaires, Les causes et les agents qui n' agissent pas librement, et qui produisent infailliblement leur effet. Les agents naturels privés de raison, sont des agents nécessaires, des causes nécessaires à l' égard des effets qui en proviennent. Le soleil est la cause nécessaire du jour.

Effet nécessaire, L' effet qui suit infailliblement de la cause destinée à le produire. La lumière est un effet nécessaire du soleil. On dit dans le même sens: Tirer une conséquence, une induction nécessaire. C' est la suite nécessaire de ce principe.

Il est nécessaire, Il faut. Il est nécessaire d' être sage, pour être content de soi-même. Il n' est pas nécessaire d' entrer dans ce détail. Il n' est pas nécessaire que vous sortiez.

NÉCESSAIRE

NÉCESSAIRE s' emploie comme substantif, au masculin, et signifie, Tout ce qui est essentiel pour les besoins de la vie. Il est opposé à Superflu, et ne se dit point au pluriel. Il n' est pas riche, mais il a le nécessaire. Le nécessaire lui manque. Combien de gens manquent du nécessaire, lorsque tant d' autres ont du superflu! Lorsqu' on n' est pas riche, il faut savoir se contenter du nécessaire. Il se prive du nécessaire pour soutenir sa famille. Il ne dépense que pour le nécessaire. Il s' est réduit, borné, restreint au nécessaire, au strict nécessaire, au seul nécessaire.

Il signifie généralement, Ce qui est essentiel, ce qui est indispensable. Il faut s' occuper du nécessaire avant de songer à l' agréable.

En termes de l' Écriture, Le salut, l' affaire du salut est l' unique nécessaire.

NÉCESSAIRE, substantif

NÉCESSAIRE, substantif se dit aussi d' Une boîte, d' un étui qui renferme différents petits meubles et ustensiles nécessaires ou commodes. Nécessaire de bois de noyer, de bois d' acajou. Nécessaire d' homme, de femme, de toilette, de voyage. Les pièces de ce nécessaire sont d' argent, de vermeil.

Il se dit également Des choses qui sont contenues dans la boîte. Un nécessaire d' argent, de vermeil.

NÉCESSAIREMENT. adv.

NÉCESSAIREMENT. adv. Par un besoin absolu. Il faut nécessairement manger pour vivre. Il faut nécessairement que je m' en aille. J' en ai nécessairement affaire.

Il signifie aussi, Infailliblement. Lorsque le soleil luit, nécessairement il est jour. Les causes étant ainsi disposées, il faut nécessairement que tel effet ait lieu.

NÉCESSITANTE. adj. f.

NÉCESSITANTE. adj. f. Il s' emploie seulement dans cette locution familière, De nécessité nécessitante, De nécessité absolue et indispensable; et dans cette expression du langage théologique, Grâce nécessitante, Grâce qui contraint, et qui ôte la liberté. S' il y avait une grâce nécessitante, la créature n' aurait plus de mérite.

NÉCESSITÉ. s. f.

NÉCESSITÉ. s. f. Il se dit proprement de Tout ce qui est absolument nécessaire, et indispensable; et il se prend dans une signification plus ou moins étroite, suivant les choses dont on parle. Ainsi on dit: C' est une nécessité de mourir, La mort est inévitable; Je ne vois pas la nécessité de cette conséquence, Je ne vois pas que cette conséquence soit une suite nécessaire du principe dont on la tire; À Paris, quand on a beaucoup d' affaires, c' est une nécessité de prendre des voitures, Il est très-incommode de n' en point prendre; Si vous voulez qu' on vous pardonne, c' est une nécessité que vous pardonniez, C' est une condition nécessaire; La nécessité d' aimer Dieu, L' obligation indispensable d' aimer Dieu. Nécessité absolue, indispensable, dure, fâcheuse, fatale. Une heureuse nécessité. Faire une chose par nécessité. Multiplier les êtres sans nécessité.

NÉCESSITÉ

NÉCESSITÉ dans un sens général et absolu, Tout ce à quoi il est impossible de se soustraire, de résister. Il faut se soumettre à la nécessité, plier sous le joug de la nécessité. Les dures lois de la nécessité.

NÉCESSITÉ

NÉCESSITÉ dans un sens restreint et particulier, Ce qui contraint dans quelque circonstance déterminée. On lui tenait le poignard à la gorge, ce lui fut une nécessité de signer cet acte. Ne me réduisez pas à la nécessité de vous dire des choses désagréables.

Il signifie aussi, Besoin pressant. C' est une nécessité que j' y mette ordre de bonne heure. Quelle nécessité y avait-il de faire ce qu' il a fait? Quelle nécessité si pressante de lui en parler? Une urgente nécessité.

Il signifie encore, Indigence, dénûment. Grande, extrême nécessité. Être réduit à la dernière nécessité. Il est tombé dans la nécessité. Être dans la nécessité, dans la nécessité de toutes choses.

Une chose de première nécessité, Une chose dont il est impossible ou très-difficile qu' on se passe pour exister. Le pain est une chose de première nécessité. Une denrée de première nécessité. Les arts de première nécessité.

Prov., Faire de nécessité vertu, Faire de bonne grâce une chose qui déplaît, mais qu' on est obligé de faire.

Prov., Nécessité n' a point de loi, Un extrême péril, un extrême besoin, peuvent rendre excusables des actions blâmables en elles-mêmes.

NÉCESSITÉS

NÉCESSITÉS au pluriel, signifie, Les besoins de la vie, les choses nécessaires à la vie. Il n' a pas toutes ses nécessités. Il sait bien demander ses nécessités. Les nécessités de la vie.

Il se dit aussi Des besoins d' argent qu' éprouve un pays, un gouvernement, une corporation. Pourvoir par une nouvelle contribution aux urgentes nécessités de l' État. D' abondantes collectes ont pourvu aux nécessités pressantes de cette église.

Les nécessités de la nature, Les besoins auxquels la nature de l' homme est assujettie, comme, boire, manger, dormir, etc. Satisfaire aux nécessités de la nature.

Aller à ses nécessités, Aller aux commodités, à la chaise percée.

DE NÉCESSITÉ. loc. adv.

DE NÉCESSITÉ. loc. adv. Nécessairement. Il faut de nécessité que cela soit. Il s' ensuit de nécessité, de toute nécessité, d' une nécessité absolue... Il est de nécessité que je reste ici encore quelque temps.

PAR NÉCESSITÉ. loc. adv.

PAR NÉCESSITÉ. loc. adv. À cause d' un besoin pressant. Il vend ses livres par nécessité. Il s' est fait soldat par nécessité.

NÉCESSITER. v. a.

NÉCESSITER. v. a. Contraindre, réduire à la nécessité de faire quelque chose. Dès que vous l' attaquez, vous le nécessitez à se défendre. Vous l' avez nécessité à faire telle chose. La grâce ne nécessite point la volonté.

Il signifie plus ordinairement, Rendre une chose nécessaire. Cela nécessite une démarche de votre part.

NÉCESSITÉ, ÉE. participe

NÉCESSITÉ, ÉE. participe

NÉCESSITEUX, EUSE. adj.

NÉCESSITEUX, EUSE. adj. Indigent, pauvre, qui manque des choses nécessaires à la vie. Je l' ai vu bien riche, il est à présent fort nécessiteux. La classe nécessiteuse. Ce sont des gens nécessiteux.

NEC PLUS ULTRÀ

NEC PLUS ULTRÀ Voyez NON PLUS ULTRÀ.

NÉCROLOGE. s. m.

NÉCROLOGE. s. m. Livre, registre sur lequel on inscrit les noms des morts. On trouve le nom de cet évêque dans le nécrologe de son église. Les communautés religieuses ont chacune leur nécrologe.

Il se dit aussi de Certains ouvrages consacrés à la mémoire des hommes célèbres morts récemment. Le nécrologe des hommes illustres.

NÉCROLOGIE. s. f.

NÉCROLOGIE. s. f. Il se dit de Certains petits écrits consacrés à la mémoire des personnes considérables mortes depuis peu de temps. Une nécrologie, la nécrologie est toujours un peu suspecte d' exagération.

NÉCROLOGIQUE. adj. des deux genres

NÉCROLOGIQUE. adj. des deux genres Qui appartient à la nécrologie. Article, notice nécrologique.

NÉCROMANCE ou NÉCROMANCIE. s. f.

NÉCROMANCE ou NÉCROMANCIE. s. f. L' art prétendu d' évoquer les morts pour avoir connaissance de l' avenir, ou de quelque autre chose de caché. De ces deux mots synonymes, Nécromance a été le premier en usage; on le dit encore quelquefois, quand on parle des temps anciens; mais Nécromancie est plus usité. La nécromance avait quelque vogue autrefois, quoiqu' elle fût défendue par les lois et par les canons. Les progrès de la raison ont fait tomber la nécromancie. Ces deux mots se prennent aussi pour Magie en général.

NÉCROMANCIEN, NÉGROMANCIEN. s.

NÉCROMANCIEN, NÉGROMANCIEN. s. Celui, celle qui se mêle de nécromancie. On l' accuse d' être nécromancien. Le vulgaire croit que cet homme est un grand nécromancien.

Il se prend aussi pour Magicien.

NÉCROMANT ou NÉGROMANT. s. m.

NÉCROMANT ou NÉGROMANT. s. m. On appelait ainsi autrefois Celui qui exerçait la nécromance.

NÉCROSE. s. f.

NÉCROSE. s. f. T. de Médec. Mortification des os. La nécrose est aux os ce que la gangrène est aux parties molles.

NECTAIRE. s. m.

NECTAIRE. s. m. T. de Botan. Partie de certaines fleurs qui contient le suc dont les abeilles composent leur miel.

NECTAR. s. m.

NECTAR. s. m. Le breuvage des dieux, suivant la Fable. Hébé et Ganymède versaient, servaient le nectar aux dieux.

Il se dit, figurément, de Toute sorte de vin excellent, ou de liqueur agréable. Il nous a donné d' un vin qui est du nectar.

NEF. s. f.

NEF. s. f. (On prononce l' F.) Navire. En ce sens, il n' est plus d' usage qu' en poésie. Sur sa nef vagabonde.

Moulin à nef, Moulin à eau construit sur un bateau.

NEF

NEF signifie aussi, La partie d' une église qui est comprise entre les bas côtés, et qui s' étend depuis la porte principale jusqu' au choeur. Une belle nef. La nef de l' église Notre-Dame.

Nefs latérales, Les bas côtés d' une église. Église à trois nefs, à cinq nefs, Église qui a une nef principale et deux ou quatre nefs latérales.

NÉFASTE. adj. des deux genres

NÉFASTE. adj. des deux genres T. d' Antiq. On distinguait par ce nom, dans le calendrier romain, Les jours consacrés au repos, et où il était défendu par la religion de vaquer aux affaires publiques. Ainsi Jours néfastes est synonyme de Jours défendus.

Il désignait aussi Les jours de fêtes solennelles qui étaient accompagnées de sacrifices ou de spectacles; et, plus ordinairement, Les jours de deuil et de tristesse destinés à l' inaction et regardés comme funestes, en mémoire de quelque disgrâce éclatante du peuple romain. L' anniversaire de la journée d' Allia et celui de la défaite de Cannes, étaient des jours néfastes.

NÈFLE. s. f.

NÈFLE. s. f. Sorte de fruit qui a plusieurs noyaux, dont la peau est de couleur grisâtre, et qui n' est bon à manger que quand il est amolli par le temps. Grosse nèfle. Nèfle molle. On met les nèfles sur un lit de paille pour les amollir.

Prov. et fig., Avec le temps et la paille les nèfles mûrissent, On vient à bout de bien des choses avec du soin et de la patience.

NÉFLIER. s. m.

NÉFLIER. s. m. Arbre de la famille des Rosacées, qui porte les nèfles.

NÉGATIF, IVE. adj.

NÉGATIF, IVE. adj. T. didactique. Qui exprime une négation. Proposition, particule négative. Terme négatif.

Argument négatif, preuves négatives, par opposition à Argument positif, à preuves positives.

Fam., Cet homme est négatif, a l' air négatif, Il refuse toujours, ou Il a l' air d' un homme toujours prêt à refuser ce qu' on lui demande.

En Algèbre, Grandeurs ou Quantités négatives, Celles qui sont l' opposé des grandeurs ou des quantités positives, et qu' on fait précéder du signe de la soustraction. Ce qu' un homme doit au delà de ce qu' il possède, est un avoir négatif, une quantité négative.

NÉGATIVE

NÉGATIVE s' emploie substantivement, et signifie, Proposition qui nie. L' un soutenait l' affirmative, et l' autre la négative. Demeurer, persister dans la négative.

Il signifie aussi, Refus. Dans ce sens, on dit, Il est fort sur la négative, Il est accoutumé à refuser ce qu' on lui demande.

Il signifie, en termes de Grammaire, Mot qui sert à nier. Non, ni, ne, sont des négatives. Dans ce sens, on dit plus ordinairement, Négation.

NÉGATION. s. f.

NÉGATION. s. f. T. didactique. Action de nier. Il est opposé à Affirmation. Toute proposition contient affirmation ou négation.

Il se dit aussi, en Grammaire, Des mots qui servent à nier, comme Ne, pas, etc. En latin, deux négations valent une affirmation.

NÉGATIVEMENT. adv.

NÉGATIVEMENT. adv. D' une manière négative. Il répondit négativement.

NÉGLIGEMENT. s. m.

NÉGLIGEMENT. s. m. Action de négliger avec dessein. Ce mot n' est usité que dans les arts. Négligement de pinceau.

NÉGLIGEMMENT. adv.

NÉGLIGEMMENT. adv. (On prononce Néglijaman.) Avec négligence. Agir négligemment. S' habiller négligemment.

NÉGLIGENCE. s. f.

NÉGLIGENCE. s. f. Défaut de soin, d' exactitude, d' application. Grande, extrême négligence. Négligence coupable, punissable. Quelle négligence! Vit-on jamais telle négligence? Il y a en cela de la négligence de votre part. Ce livre est imprimé avec beaucoup de négligence.

Négligence de style, ou simplement, Négligence, se dit Des fautes légères que fait un auteur, lorsqu' il n' apporte pas assez de soin à corriger son style. Il y a dans cet ouvrage de grandes négligences de style. Trop de négligences de style déparent ce traité. Ceci est une petite négligence de style. Ce critique est si sévère, qu' il ne pardonne pas la moindre négligence dans un ouvrage.

NÉGLIGENCES

NÉGLIGENCES au pluriel, se dit en bien dans plusieurs acceptions. Il y a quelquefois des négligences qui ont de la grâce. Négligences heureuses. L' Arioste a dit d' Alcine que ses négligences étaient des artifices, et on l' a dit ensuite de lui-même.

NÉGLIGENT, ENTE. adj.

NÉGLIGENT, ENTE. adj. Qui n' a pas les soins qu' il devrait avoir. Je ne vis jamais homme plus négligent. Peut-on être si négligent? Il est négligent en tout. Négligent en affaires. Cet écolier est le plus négligent de sa classe.

Il se prend substantivement. C' est un insupportable négligent. Quelle négligente!

NÉGLIGER. v. a.

NÉGLIGER. v. a. N' avoir pas soin de quelque chose comme on le devrait, ne pas s' en occuper. Négliger son salut, sa fortune, ses affaires, le soin de ses affaires, ses intérêts, ses études. Il ne faut rien négliger. Il a négligé son devoir. Négliger sa charge. Cet auteur néglige son style. Ce n' est pas là une chose à négliger. Négliger sa santé. Négliger une maladie. Négliger de faire valoir son bien. Négliger de voir ses amis. Négliger de faire sa cour.

Il signifie particulièrement, Ne pas mettre en usage. Il n' a négligé aucun des moyens qui pouvaient assurer la réussite de son affaire. Il a trop négligé les moyens, les ressources de ce genre. Il n' a rien négligé de ce qui pouvait apaiser son ennemi.

Négliger quelqu' un, N' avoir pas soin de le voir assidûment, ou aussi souvent que l' exigeraient les devoirs de société. Vous négligez fort vos amis. Vous me négligez bien depuis quelque temps.

Cet homme néglige sa femme, Il n' a pas pour elle les soins, les attentions qu' il devrait avoir; il ne lui donne pas les marques d' affection qu' elle a droit d' attendre de lui.

Négliger une occasion, La laisser échapper, ne pas en profiter. Il a négligé une occasion de faire fortune. Il a négligé une occasion qui ne reviendra pas.

NÉGLIGER

NÉGLIGER se dit aussi en parlant De quantités fort petites qu' on omet dans un calcul, parce qu' elles ne peuvent influer sensiblement sur le résultat, sur le total. Dans les calculs d' approximation, on néglige les quantités extrêmement petites.

NÉGLIGER

NÉGLIGER s' emploie souvent avec le pronom personnel, et signifie, N' avoir pas soin de sa personne pour la propreté, pour l' ajustement. Je l' ai vu très-bien vêtu, mais aujourd' hui il se néglige. Il commence à se négliger.

Il signifie aussi, S' occuper moins exactement qu' à l' ordinaire de son devoir, de sa profession, de son travail, etc. Cet auteur travaillait autrefois avec grand soin, maintenant il se néglige. Cet artiste, cet ouvrier ne travaille plus comme à l' ordinaire, il se néglige.

NÉGLIGÉ, ÉE. participe

NÉGLIGÉ, ÉE. participe Style négligé. Extérieur négligé. Éducation négligée.

Il est aussi substantif, au masculin, et signifie, L' état où est une femme quand elle n' est point parée. Elle était dans son négligé. Vous voilà dans un grand négligé. Un négligé élégant. Un négligé plus piquant que la parure. Elle était ce matin dans le plus joli, dans le plus galant des négligés. On dit aussi en Peinture, dans un sens à peu près pareil, Un beau négligé plaît souvent plus qu' une froide correction.

NÉGOCE. s. m.

NÉGOCE. s. m. Trafic, commerce. Bon, grand négoce. Suivre le négoce. Se mettre dans le négoce. S' adonner au négoce. Entendre bien le négoce. Faire le négoce. Faire négoce de toiles, de draps, d' épicerie, etc. Il fait négoce de tout. La guerre a fait tort au négoce, a fait cesser le négoce. Le négoce ne va plus comme autrefois. Le négoce ne vaut plus rien. Il y a grand négoce, il se fait grand négoce de telle marchandise en tel pays. Ce banquier fait d' énormes profits dans son négoce. Entrer dans le négoce. Quitter le négoce. Il se mêle de plusieurs négoces, de toute sorte de négoces. Il s' est jeté dans le négoce. On dit Commerce, et non pas Négoce, en parlant D' un État, d' une nation, d' un peuple. Le commerce, et non pas Le négoce de la France.

NÉGOCE

NÉGOCE se dit, figurément, de Certaines industries auxquelles il est honteux, messéant, dangereux de se livrer. Cet homme fait un vilain, un étrange négoce. Il se mêle d' un dangereux négoce. Il se mêle de bien des négoces. On ne sait quel négoce font ces gens-là. L' usure est un infâme négoce. La contrebande est un périlleux négoce.

NÉGOCIABLE. adj. des deux genres

NÉGOCIABLE. adj. des deux genres Qui peut se négocier. Il ne se dit guère que Des effets publics, des lettres de change, des billets, etc. Cette action, cette lettre de change, cet effet, ce billet n' est pas négociable. Du papier négociable.

NÉGOCIANT. s. m.

NÉGOCIANT. s. m. Celui qui fait le négoce. Gros, bon, riche, habile négociant. Les négociants français. Les négociants de Hollande, d' Angleterre, etc. La guerre a ruiné beaucoup de négociants. Une compagnie de négociants. Le mot Négociant a un sens plus relevé que celui de Marchand: le négociant fait le commerce en grand.

NÉGOCIATEUR. s. m.

NÉGOCIATEUR. s. m. Celui qui négocie quelque affaire considérable auprès d' un prince, d' un État. Sage, grand, bon, habile, fin, adroit négociateur. Mauvais négociateur. Négociateur intelligent. Négociateur malheureux.

Il se dit quelquefois Des personnes qui négocient quelque affaire particulière; et, en ce sens, il prend une terminaison féminine lorsqu' on parle d' une femme. Il s' est servi d' un mauvais négociateur. Elle a été la négociatrice de ce mariage.

NÉGOCIATION. s. f.

NÉGOCIATION. s. f. L' art, l' action de négocier les grandes affaires, les affaires publiques. Il entend bien la négociation. Il est habile dans la négociation. Il a été employé dans la négociation de la paix. Il n' a eu nulle part à cette négociation. Sa négociation a été heureuse, a été bien conduite. Il a réussi, il a échoué dans sa négociation. La négociation eut lieu dans telle ville. Mettre une affaire en négociation. Il est employé dans les négociations. Il a passé sa vie dans les négociations. Il a écrit l' histoire de ses négociations.

Il signifie quelquefois, L' affaire même qu' on traite et qu' on négocie. Il a une négociation difficile, délicate entre les mains. On l' a chargé d' une négociation importante.

NÉGOCIATION

NÉGOCIATION se dit aussi en parlant Des affaires particulières. Vous voulez que je l' engage à vous donner sa fille en mariage: vous me chargez là d' une négociation difficile. Il est en négociation pour acheter une étude de notaire.

En termes de Commerce, La négociation d' un billet, d' une lettre de change, etc., Le trafic qui se fait de ces sortes d' effets par les agents de change, les banquiers, les marchands, etc.

NÉGOCIER. v. n.

NÉGOCIER. v. n. Faire négoce, faire trafic. Il s' est mis depuis peu à négocier dans le Levant. Négocier en Espagne. Négocier en épicerie, en draperie, en soie, en pierreries.

Il s' emploie activement en parlant Des effets publics, des lettres de change, des billets, etc., et signifie, Les transporter, les céder à un autre qui en donne la valeur, en retenant ordinairement l' intérêt de la somme. Négocier des lettres de change, des billets. J' ai besoin d' argent, voilà un effet que je voudrais négocier. Adressez-vous à ce banquier, il vous négociera votre lettre de change.

NÉGOCIER

NÉGOCIER signifie encore, Traiter une affaire avec quelqu' un; et alors il est aussi actif. C' est lui qui a négocié cette affaire, ce mariage, cette réconciliation. Il a négocié cela fort secrètement, fort adroitement. Il a négocié la paix entre ces deux princes. Négocier un traité, une ligue.

Il s' emploie absolument, dans le même sens. C' est un homme qui négocie avec beaucoup d' adresse. Il négocie pour l' État dans tel pays, auprès de tel prince.

NÉGOCIER

NÉGOCIER s' emploie aussi avec le pronom personnel, dans un sens passif. Le papier sur Londres se négocie au pair. On dit qu' il se négocie quelque chose d' important.

NÉGOCIÉ, ÉE. participe

NÉGOCIÉ, ÉE. participe

NÈGRE. s. m.

NÈGRE. s. m. Nom qu' on donne en général à la race des noirs, et spécialement aux habitants de certaines contrées de l' Afrique. La traite des nègres est abolie.

Il se dit, particulièrement, Des esclaves noirs employés aux travaux des colonies. Il a cent nègres dans son habitation.

Fam., Traiter quelqu' un comme un nègre, Le traiter avec beaucoup de dureté et de mépris.

Fam., Faire travailler quelqu' un comme un nègre, Exiger de lui un travail pénible, le faire travailler sans relâche.

NÉGRESSE. s.

NÉGRESSE. s. C' est le féminin de Nègre. Une jeune négresse. Une négresse maronne.

NÉGRERIE. s. f.

NÉGRERIE. s. f. Lieu où l' on renferme les nègres dont on fait commerce.

NÉGRIER. adj. m.

NÉGRIER. adj. m. Il n' est usité que dans les locutions suivantes: Vaisseau ou bâtiment négrier, ou simplement, Négrier, Bâtiment qui sert à la traite des nègres; Capitaine négrier, Capitaine d' un bâtiment qui a cette destination.

NÉGRILLON, ONNE. s.

NÉGRILLON, ONNE. s. Petit nègre, petite négresse.

NÉGROMANCIEN, NÉGROMANT. s. m.

NÉGROMANCIEN, NÉGROMANT. s. m. Voyez NÉCROMANCIEN, NÉCROMANT.

NEIGE. s. f.

NEIGE. s. f. Eau, vapeur congelée qui tombe des nues sur la terre, en flocons blancs et légers. Neige menue. De gros flocons de neige. Ce temps couvert nous amènera, nous apportera de la neige. Il tombe de la neige. De la neige fondue. De la neige durcie. La campagne est couverte de neige. Il y avait deux pieds de neige sur la terre. Les premières neiges. Des montagnes couvertes de neige, de neiges, de neiges éternelles. Il s' est perdu dans les neiges. Un torrent formé par la fonte des neiges. Se battre à coups de pelotes de neige, de boules de neige. Boire à la neige. Blanc comme neige. Plus blanc que neige, que la neige.

Prov. et fig., C' est une pelote de neige qui grossit; cela grossit comme une pelote de neige; cela fait la pelote, la boule de neige, se dit Des séditions qui croissent progressivement, des sommes qui grossissent par l' accumulation des intérêts, etc.

OEufs à la neige, Blancs d' oeufs battus de manière qu' ils forment une mousse semblable à de la neige.

NEIGER. v. n.

NEIGER. v. n. qui n' est usité qu' à l' infinitif et aux troisièmes personnes du singulier. Il se dit De la neige qui tombe. Il neige bien fort. Il y a deux jours qu' il neige. Il neigeait, il a neigé hier. Je voudrais bien qu' il ne neigeât plus. Il neige à gros flocons. Il ne fait que neiger. Il neigera demain.

Fig. et fam., Il a neigé sur sa tête, Il a les cheveux blancs.

NEIGEUX, EUSE. adj.

NEIGEUX, EUSE. adj. Chargé, couvert de neige; où il y a beaucoup de neige. Temps neigeux. Saison neigeuse. Les cimes neigeuses, les sommets neigeux de l' Apennin.

NÉMÉENS. adj. m. pl.

NÉMÉENS. adj. m. pl. T. d' Antiq. Il ne s' emploie que dans cette dénomination, Jeux Néméens, Jeux établis par les Argiens, près de Némée.

NÉNIES. s. f. pl.

NÉNIES. s. f. pl. T. d' Antiq. Chants funèbres en usage aux funérailles, dans l' ancienne Rome.

NENNI

NENNI Mot dont on se sert pour répondre négativement à une interrogation expresse ou sous-entendue. Il n' est usité que dans la conversation familière. Voulez-vous aller à la chasse? Nenni.

Il n' y a point de nenni, C' est une chose forcée, nécessaire. Il faut que vous partiez demain, il n' y a point de nenni.

Un doux nenni, Un refus engageant. Dans cette phrase, Nenni est employé substantivement.

NÉNUFAR. s. m.

NÉNUFAR. s. m. Plante aquatique qui a de larges feuilles rondes, et de grandes fleurs en forme de roses. Les fleurs du nénufar passent pour réfrigérantes. Sirop de nénufar.

NÉOCORE. s. m.

NÉOCORE. s. m. T. d' Antiq. Officier préposé à la garde et à l' entretien des temples, et de ce qu' ils renfermaient de précieux.

Il se dit aussi Des villes et des provinces qui avaient fait bâtir des temples en l' honneur de Rome et des empereurs. Smyrne, Éphèse, étaient des néocores d' Auguste.

NÉOGRAPHE. adj. des deux genres

NÉOGRAPHE. adj. des deux genres Qui veut introduire ou qui admet une orthographe nouvelle et contraire à l' usage. Écrivain néographe.

Il s' emploie plus ordinairement comme substantif masculin. Les néographes ont quelquefois de bonnes raisons à donner.

NÉOGRAPHISME. s. m.

NÉOGRAPHISME. s. m. Manière d' orthographier, contraire à l' usage. Le néographisme a des inconvénients; mais il peut être approuvé, s' il est raisonné dans ses principes, et circonspect dans ses changements.

NÉOLOGIE. s. f.

NÉOLOGIE. s. f. Invention, usage, emploi de termes nouveaux; et, par extension, Emploi des mots usuels, dans un sens nouveau, ou différent de la signification ordinaire. La néologie, ou l' art de faire, d' employer des mots nouveaux, demande beaucoup de jugement et de goût.

NÉOLOGIQUE. adj. des deux genres

NÉOLOGIQUE. adj. des deux genres Qui appartient à la néologie ou au néologisme. Langage, style, expression néologique. Il ne se prend guère qu' en mauvaise part.

NÉOLOGISME. s. m.

NÉOLOGISME. s. m. Habitude d' employer des termes nouveaux, ou de donner aux mots reçus des significations différentes de celles qui sont en usage. Il ne se prend qu' en mauvaise part. La néologie est un art, le néologisme est un abus. La manie du néologisme.

NÉOLOGUE. s. m.

NÉOLOGUE. s. m. Celui qui, soit en parlant, soit en écrivant, fait un usage fréquent de termes nouveaux, ou détournés de leur véritable sens. Il se prend presque toujours en mauvaise part. Cet auteur est un néologue. Les néologues sont nombreux aujourd' hui.

NÉOMÉNIE. s. f.

NÉOMÉNIE. s. f. T. d' Astron. ancienne. Nouvelle lune.

NÉOMÉNIE

NÉOMÉNIE est aussi Le nom d' une fête qui se célébrait chez les anciens à chaque renouvellement de lune.

NÉOPHYTE. s. des deux genres

NÉOPHYTE. s. des deux genres Une personne nouvellement convertie, nouvellement baptisée. Un zèle, une ardeur, une ferveur de néophyte.

NÉPHRÉTIQUE. adj. des deux genres

NÉPHRÉTIQUE. adj. des deux genres T. de Médec. Qui appartient aux reins. Il ne s' emploie guère que dans cette expression, La colique néphrétique, ou simplement, La néphrétique, Sorte de colique causée par le gravier qui se détache des reins, et qui cause de grandes douleurs en passant par les uretères. Il est sujet à la colique néphrétique. Il est tourmenté de la néphrétique. Il a déjà eu quelques attaques de néphrétique.

Il s' emploie aussi comme substantif masculin, et signifie, Celui qui est affligé de la colique néphrétique. Les néphrétiques sont à plaindre.

NÉPHRÉTIQUE

NÉPHRÉTIQUE se dit encore, tant adjectivement que substantivement, Des remèdes propres aux maladies des reins, et en particulier à la colique néphrétique. La graine de lin, la pariétaire, sont des remèdes néphrétiques, sont des néphrétiques.

NÉPOTISME. s. m.

NÉPOTISME. s. m. Autorité que les neveux d' un pape ont eue quelquefois dans l' administration des affaires, durant le pontificat de leur oncle. Les abus du népotisme ont été funestes au pouvoir pontifical.

Il se dit, par extension, de La faiblesse qu' un homme en place a d' avancer ses parents.

NÉRÉIDE. s. f.

NÉRÉIDE. s. f. Chacune des nymphes qui, suivant la Fable, habitaient dans la mer.

NERF. s. m.

NERF. s. m. (On prononce l' F au singulier. ) Il se dit de Petits filaments blanchâtres qui, distribués dans les diverses parties du corps, transmettent au cerveau les sensations occasionnées par les objets extérieurs, et portent aux muscles les ordres de la volonté. Le cerveau est le principe des nerfs. Les conjugaisons des nerfs. C' est un nerf de la première, de la seconde conjugaison, etc. Nerf de la première, de la seconde paire, etc. Le nerf intercostal. Le nerf caverneux. Le nerf optique. Ce chirurgien maladroit, ignorant lui a coupé, lui a piqué le nerf. Le nerf a été offensé. Maladie de nerfs. Attaque de nerfs. Avoir mal aux nerfs. Avoir des maux de nerfs. Avoir les nerfs irritables, les nerfs agacés. Cela fait mal aux nerfs. Cela est bon pour les nerfs. Il a les nerfs en mauvais état. Cela irrite, cela calme les nerfs.

Il se dit improprement, dans le langage vulgaire, Des tendons des muscles. Un nerf foulé. Il s' est foulé le nerf. Un nerf tressailli. La contraction des nerfs. Le nerf du jarret.

Nerf de boeuf, Le membre génital du boeuf, arraché et desséché. (Dans cette acception, on prononce Nêr.) Donner des coups de nerf de boeuf. --- Nerf, se dit aussi Du membre du cerf.

NERF

NERF signifie figurément, au sens moral, Force, vigueur. Cet homme a du nerf, on ne le fait pas fléchir aisément. Il n' a pas de nerf, la moindre résistance le fait céder. Ce style manque de nerf. Il n' y a point de nerf dans ses discours. Cet ouvrage est plein de nerf.

Prov., L' argent est le nerf de la guerre, On ne soutient la guerre qu' avec beaucoup d' argent.

NERF

NERF en termes de Relieur, se dit Des cordelettes qui sont attachées au dos du livre, et sur lesquelles les cahiers sont cousus.

NERF-FÉRURE. s. f.

NERF-FÉRURE. s. f. T. d' Art vétérin. Coup, atteinte qu' un cheval a reçu du pied d' un autre cheval, sur le tendon de la partie postérieure d' une jambe de devant ou de derrière.

NÉRITE. s. f.

NÉRITE. s. f. Coquillage univalve, operculé et de forme à peu près sphérique, dont il existe plusieurs espèces. La plupart des nérites vivent dans la mer, et quelques-unes dans l' eau douce.

NÉROLI. s. m.

NÉROLI. s. m. Essence tirée de la fleur d' orange.

NERPRUN. s. m.

NERPRUN. s. m. Arbrisseau qui porte un petit fruit noir, dont on se sert en médecine et dans la teinture. Sirop de nerprun.

NERVER. v. a.

NERVER. v. a. Garnir et couvrir du bois avec des nerfs que l' on colle dessus, après les avoir battus et comme réduits en filasse. Nerver un battoir, les arçons d' une selle.

En termes de Relieur, Nerver un livre, Dresser les nerfs ou les cordelettes sur le dos d' un livre, et les fortifier avec de la colle forte et de la toile ou du parchemin.

NERVÉ, ÉE. participe

NERVÉ, ÉE. participe Un battoir bien nervé. La pointe de cet arçon n' est pas bien nervée.

NERVEUX, EUSE. adj.

NERVEUX, EUSE. adj. Qui appartient aux nerfs. Affection, maladie, fièvre, toux nerveuse.

Fluide nerveux, Fluide que l' on supposait en circulation dans les nerfs, et que l' on regardait comme l' agent de la sensibilité et du mouvement.

Être nerveux, Avoir les nerfs irritables. Cette femme est très-nerveuse.

Le genre nerveux, le système nerveux, Les nerfs du corps humain, pris collectivement.

NERVEUX

NERVEUX signifie aussi, dans le langage ordinaire, Qui a de bons nerfs, qui a beaucoup de force dans les muscles. Bras, corps nerveux. C' est un petit homme nerveux. Un cheval nerveux.

Fig., Ce style, ce discours est nerveux, Il a de la fermeté, de la vigueur.

NERVEUX

NERVEUX signifie encore, Plein de nerfs et de muscles. Le pied est la partie du corps la plus nerveuse.

NERVIN. adj. et s. m.

NERVIN. adj. et s. m. T. de Médec. Il se dit Des remèdes propres à fortifier les nerfs. On dit substantivement et plus communément, Les nervins.

NERVURE. s. f.

NERVURE. s. f. T. de Relieur. La réunion des parties saillantes qui sont formées sur le dos d' un livre par les nerfs ou cordes qui servent à relier. La nervure d' un livre. En général, on se contente maintenant de figurer la nervure.

NERVURE

NERVURE en Architecture, se dit Des moulures saillantes et rondes placées sur les arêtes d' une voûte, sur les côtés des cannelures, sur les arêtes des volutes, sur les angles des pierres, etc. Les nervures d' une voûte gothique.

NERVURE

NERVURE en Botanique, se dit Des filets saillants qui parcourent la surface des feuilles de certaines plantes et des pétales de certaines fleurs. Feuille à deux, à trois nervures.

NESCIO VOS

NESCIO VOS Formule familière de refus, empruntée du latin. (On prononce Vosse.) Je vous ai accordé votre première demande; mais pour celle-ci, nescio vos.

NESTOR. s. m.

NESTOR. s. m. Nom propre devenu appellatif, par allusion au Nestor d' Homère. Le vieillard le plus âgé ou le plus respectable. C' est le Nestor du conseil. Le Nestor de la littérature.

NESTORIANISME. s. m.

NESTORIANISME. s. m. Hérésie des sectateurs de Nestorius.

NESTORIEN, IENNE. adj. et s.

NESTORIEN, IENNE. adj. et s. Partisan de la doctrine de Nestorius.

NET, ETTE. adj.

NET, ETTE. adj. Propre, qui est sans ordure, sans souillure. Une chambre nette. De la vaisselle nette. Les rues sont nettes. Avoir les mains nettes, les dents nettes. Il faut tenir les enfants nets. Il a la tête nette. Cette eau n' est pas nette. Des souliers nets.

Prov., Net comme une perle, Très-net, très-propre. On dit proverbialement et populairement, dans le même sens, Net comme un denier.

Un enfant net, Un enfant qui ne laisse plus rien aller sous lui. Cet enfant a été net dès l' âge de deux ans.

Un cheval sain et net, Un cheval qui n' a aucun des défauts, aucune des maladies qu' il est d' usage de garantir. Je vous ai vendu ce cheval sain et net. Je vous garantis ce cheval sain et net.

NET

NET signifie aussi, Qui est pur, sans mélange. Ainsi on dit: Ce froment est net, Il n' y a ni seigle, ni orge, ni ivraie, etc. Ce vin est net, On n' y a mêlé ni liqueurs étrangères, ni drogues. Ce riz, ce poivre, ce café est net, On en a ôté tous les corps étrangers qui pouvaient s' y trouver.

Il signifie aussi quelquefois, Clair, transparent. Ce vin est bien net depuis qu' on l' a soutiré, depuis qu' on l' a laissé reposer.

Il signifie encore, Uni, poli, sans tache. Cette femme a le teint net. La glace de ce miroir est bien nette. Ce diamant n' est pas net. On trouve difficilement du cristal qui soit bien net. Une perle d' une eau bien nette.

NET

NET signifie aussi, Qui n' est point confus, qui est distinct, facile à discerner. Cette écriture, cette impression est bien nette. Ce caractère d' impression est net, fort net.

Voix nette, Voix qui a le son clair et fort égal. On dit dans le même sens, Cet instrument, cette corde rend un son fort net.

Avoir la vue nette, Avoir des yeux qui distinguent bien les objets. On dit populairement, dans le même sens, Avoir la visière nette.

NET

NET dans certaines façons de parler, signifie, Vide. Les huissiers étant allés pour saisir ses meubles, ils trouvèrent maison nette. Faire place nette.

Au Jeu, Faire tapis net, Gagner tout l' argent qui est sur le tapis.

Fig. et fam., Faire maison nette, Chasser tous ses domestiques.

NET

NET s' emploie figurément, en parlant Du bien, du revenu, et signifie, Clair, liquide, quitte de dettes, aisé à recevoir. Son bien, son revenu est clair et net. Cet homme ne doit rien, il a dix mille livres de rentes bien nettes. Ses dettes payées, il lui reste de quitte et de net cent mille francs, il lui reste quitte et net cent mille francs.

Produit net, Ce qu' on retire d' un bien, d' un héritage, tous frais faits et toutes charges déduites. On dit dans un sens analogue, en termes de Commerce, Prix net, bénéfice net. Dans la même acception, on dit en parlant D' un reliquat de compte, Il reste tant de net.

Poids net, Le poids d' une chose, sans ce qui la contient ou l' enveloppe.

NET

NET s' emploie figurément, en parlant Des opérations et des productions de l' esprit, et signifie, Clair, pur, aisé. Une pensée nette. Une expression nette. Un style net et facile. Je n' ai pas, je ne me forme pas une idée bien nette de ce projet. Toutes ses explications sont claires et nettes.

Avoir la conception nette, l' esprit net, Concevoir clairement les sujets auxquels on s' applique; avoir de la clarté, de la méthode dans l' esprit.

NET

NET signifie aussi figurément, Qui est sans difficulté, sans embarras, sans ambiguïté. Il y a bien des embarras dans cette affaire, elle n' est pas nette. Jamais il ne m' a fait une proposition nette, une réponse nette. Cela est clair et net. Rendez-moi un compte net. Cela n' est pas net.

Il signifie encore figurément, en parlant Des personnes et des choses, Franc, sans supercherie, qui ne donne lieu à aucun doute, à aucun soupçon. Il n' y a rien à lui reprocher, il est net. J' ai fait tout ce que j' ai pu faire, je suis net. Il est sorti net de cette affaire. Le procédé de cet homme est net, n' est pas net, n' est pas bien net. Sa conduite est nette.

Fam., Son cas n' est pas net, Il n' est pas sans reproche dans cette affaire.

Il a l' âme nette, la conscience nette, Sa conscience ne lui reproche rien.

Fig., Avoir les mains nettes, Se conduire avec probité, administrer fidèlement, ne faire aucun profit illégitime. C' est un bon comptable, il a les mains nettes. Ce fonctionnaire a quitté sa place les mains nettes. On dit aussi, Avoir les mains nettes de quelque chose, Ne s' en être pas mêlé, n' y avoir pris aucune part. Cela s' est fait sans moi, j' en ai les mains nettes.

Prov. et fig., Je veux en avoir le coeur net, Je veux savoir ce qui en est, je veux me délivrer de mes doutes sur ce fait.

Patente nette, Attestation légale qui constate qu' un bâtiment est sorti d' un pays exempt de maladies contagieuses.

NET

NET s' emploie substantivement dans cette phrase, Mettre au net un écrit, un dessin, un plan, etc., En faire une copie correcte sur l' original qui est brouillé, qui a des ratures.

NET

NET s' emploie aussi adverbialement, et signifie, Uniment et tout d' un coup. Cela s' est cassé net, s' est cassé net comme un verre.

Il se dit encore, adverbialement, au figuré. Trancher net la difficulté. Il a refusé tout net. Je lui ai parlé net. Je lui ai dit tout net ce que j' en pensais. J' ai oublié tout net ce que vous m' avez recommandé. Entendre net. Voir net.

NETTEMENT. adv.

NETTEMENT. adv. Avec netteté, avec propreté. Se tenir nettement. Il aime à être toujours nettement. Tenir nettement un enfant.

Il signifie figurément, D' une manière claire, distincte. Cette lunette fait voir nettement les objets. Je ne distingue pas nettement la nuance qui sépare ces deux idées. Je ne conçois pas bien nettement ce que vous voulez dire. Écrire nettement. Exposer nettement un fait. Cela est nettement expliqué dans le contrat.

Il signifie aussi, Franchement et sans rien déguiser. Je lui ai dit nettement la vérité. Parlez-lui nettement. Pourquoi tant de détours? expliquez-vous nettement.

NETTETÉ. s. f.

NETTETÉ. s. f. Qualité de ce qui est net. Il se dit au propre et au figuré dans les mêmes acceptions que l' adjectif Net. Il est propre, il aime la netteté. Son appartement, sa chambre est d' une grande netteté. La netteté d' une glace, d' un diamant. La netteté de son écriture flatte l' oeil. Cette lunette fait voir les objets avec une netteté parfaite. Il a beaucoup de netteté dans la voix, dans l' esprit, dans les idées. Son style est d' une netteté admirable. Il conçoit, il s' exprime avec beaucoup de netteté. Cette expression manque de netteté.

NETTOIEMENT ou NETTOYAGE. s. m.

NETTOIEMENT ou NETTOYAGE. s. m. Action de nettoyer. Le nettoiement, le nettoyage des rues, des places publiques. Le nettoiement d' un port.

NETTOYER. v. a.

NETTOYER. v. a. (Il se conjugue comme Envoyer.) Rendre net. Nettoyer un habit, des souliers, des bottes. Se nettoyer les dents. Nettoyer des assiettes, des verres. Nettoyer une maison. Nettoyer les rues. Nettoyer les fossés d' un château. Nettoyer un port. Nettoyer un canon, un fusil, une montre. Nettoyer du blé. En ce sens, il s' emploie quelquefois avec le pronom personnel. Vous êtes couvert de poussière, nettoyez-vous. Quand aurez-vous fini de vous nettoyer?

Fig. et fam., Nettoyer une maison, une chambre, Prendre et emporter tout ce qui s' y trouve. Les huissiers ont nettoyé cette maison. Les voleurs ont nettoyé sa chambre.

Fig., Nettoyer la mer de corsaires, les chemins de voleurs, Rendre la mer, les chemins libres; en chasser les corsaires, les voleurs.

Fig., Nettoyer la tranchée, En chasser les assiégeants.

Fig., Nettoyer les affaires, le bien d' une personne, d' une famille, En acquitter les dettes, et en terminer les procès.

Fig., au Jeu, Nettoyer le tapis, Gagner tout l' argent qui est sur le jeu.

En Peinture, Nettoyer des contours, Les rendre plus purs et plus corrects.

NETTOYÉ, ÉE. participe

NETTOYÉ, ÉE. participe

NEUF

NEUF nom de nombre des deux genres. Nombre impair qui suit immédiatement le nombre de huit. Les neuf choeurs des anges. Les neuf Muses. Je vous attendrai jusqu' à neuf heures. Neuf cents. Neuf mille. Neuf cent mille. Dix-neuf. Vingt-neuf. L' an mil sept cent neuf, mil sept cent quatre-vingt-neuf, etc. On dit de même: Le nombre neuf. Numéro neuf. Le chiffre neuf.

L' F ne se prononce point dans le mot Neuf, quand il est suivi immédiatement d' un mot qui commence par une consonne: Neu cavaliers, neu chevaux. Quand il est suivi d' un substantif qui commence par une voyelle, l' usage ordinaire est de prononcer l' F comme un V, Neuv-écus, neuv-ans, neuv-aunes, neuv-hommes. Mais quand Neuf n' est suivi d' aucun mot, ou qu' il n' est suivi ni d' un adjectif ni d' un substantif, l' F se prononce. De cent qu' ils étaient, ils ne restèrent que neuf. Neuf et demi. Ils étaient neuf en tout. Les neuf arrivèrent à la fois.

NEUF

NEUF est aussi quelquefois employé comme nombre ordinal. Le roi Louis neuf. Page neuf. Chapitre neuf. Verset neuf. En l' an neuf.

Fam., Cette femme est, entre dans le neuf, dans son neuf, Dans le neuvième mois de sa grossesse. On dit aussi D' un malade qui est, qui entre dans le neuvième jour de sa maladie, Il est, il entré dans le neuf, dans son neuf.

NEUF

NEUF est quelquefois substantif masculin. Le produit de neuf multiplié par trois est vingt-sept. Un neuf de chiffre. Faire un neuf, deux neuf.

Au Jeu de cartes, Un neuf de coeur, un neuf de carreau, etc., Une carte qui est marquée de neuf points de coeur, de carreau, etc. Il a brelan de neuf. Le neuf de trèfle lui est entré. J' ai tous les neuf dans mon jeu.

NEUF, EUVE. adj.

NEUF, EUVE. adj. Qui est fait depuis peu. Maison neuve. Habit neuf. Chapeau neuf. Un meuble neuf. Des souliers neufs.

Il signifie aussi, Qui n' a point encore servi. Voilà un habit neuf que je garde depuis deux ans. Voilà des souliers neufs que j' ai fait faire il y a trois ans.

Il signifie encore, Qui a peu servi. Cet habit n' est pas usé, il est encore tout neuf.

Pop., Tout battant neuf, Tout neuf. Cet habit est tout battant neuf.

Prov. et fig., Faire balai neuf, se dit Des domestiques qui servent bien dans les premiers jours de leur entrée en maison. J' ai été bien servi pendant huit jours, il a fait balai neuf. On dit dans le même sens, C' est un balai neuf, et Il n' est rien tel que balai neuf.

Prov. et fig., Faire corps neuf, Rétablir sa santé, après avoir pris beaucoup de médicaments qui semblent avoir renouvelé le corps.

Prov. et fig., Faire maison neuve, Renvoyer tous ses domestiques, et en prendre d' autres. Il a chassé tous ses valets, il a fait maison neuve.

Terre neuve, Terre qui n' a point encore été défrichée, ou qui était demeurée long-temps inculte, ou qui n' est mise en valeur que depuis peu. On appelle aussi Terre neuve, De la terre rapportée qui n' a point encore servi à la végétation.

Bois neuf, Bois qui est venu par voiture ou par bateau; par opposition à Bois flotté, Celui qui est venu en train ou à flot perdu.

NEUF

NEUF se dit pareillement Des chevaux qui n' ont point encore servi, ou qui ont peu servi, et principalement des chevaux de carrosse. Acheter des chevaux neufs.

NEUF

NEUF se dit aussi De certaines choses à l' égard d' autres de même espèce qui sont plus anciennes. Dans cette ville-là il y a deux châteaux, le château vieux et le château neuf. La vieille tour et la tour neuve. La vieille ville et la ville neuve.

NEUF

NEUF en parlant Des personnes, signifie, Novice, qui n' a point encore d' expérience en quelque chose. Il est tout neuf dans ce métier-là. Il est neuf aux affaires. Si on lui donne cet emploi, il y sera bien neuf. Ce laquais n' a jamais servi, il est tout neuf. Ce jeune homme est neuf, tout neuf dans la société, dans le monde.

Avoir un coeur tout neuf, une âme toute neuve, Avoir un coeur, une âme que les passions n' aient pas agitée. On dit dans une acception analogue, Avoir des sens tout neufs.

NEUF

NEUF en parlant Des pensées et des ouvrages d' esprit, signifie, Qui n' a pas encore été dit, traité, produit, employé. Ce qui paraît neuf n' est souvent qu' une redite. Une pensée, une idée, une image, une expression, une tournure neuve. Sujet neuf et traité d' une manière neuve. Ce livre est un ouvrage neuf. Il a fait sur ce sujet des réflexions aussi neuves qu' importantes.

Fam., Voilà qui est tout neuf pour moi, voilà une chose toute neuve pour moi, Voilà une chose dont je n' avais pas d' idée, dont je n' avais pas encore entendu parler.

NEUF

NEUF est quelquefois employé substantivement. Donnez-nous du neuf. Coudre le neuf avec le vieux. Il y a du neuf dans ce poëme. C' est du vieux qui vaut du neuf.

À NEUF loc. adv.

À NEUF loc. adv. Il se dit en parlant De choses qu' on raccommode, et qu' on renouvelle en quelque sorte. Refaire un bâtiment à neuf, tout à neuf. Remettre un tableau à neuf. Blanchir des dentelles, des bas à neuf. Il a refait sa tragédie à neuf.

DE NEUF, locution adverbiale

DE NEUF, locution adverbiale qui s' emploie surtout dans cette phrase, Habiller de neuf, tout de neuf, c' est-à-dire, Avec des habits neufs. Il a fait habiller ses gens tout de neuf.

NEUTRALEMENT. adv.

NEUTRALEMENT. adv. T. de Gram. D' une manière neutre. Le verbe actif s' emploie quelquefois neutralement.

NEUTRALISATION. s. f.

NEUTRALISATION. s. f. T. de Chimie. Action de neutraliser.

NEUTRALISATION

NEUTRALISATION signifie aussi, L' action de rendre neutre un territoire, une ville, un vaisseau. La neutralisation d' un pays, d' une ville, est le préliminaire des négociations qui doivent y être entamées. Il sollicite la neutralisation de son navire.

NEUTRALISER. v. a.

NEUTRALISER. v. a. T. de Chimie. Rendre neutre un sel, par une opération chimique. Neutraliser un acide par un alcali, un alcali par un acide.

NEUTRALISER

NEUTRALISER s' emploie au sens moral, dans le langage ordinaire, et signifie, Diminuer, réduire à rien, à presque rien. Neutraliser un projet en le modifiant. Je suis parvenu à neutraliser ses efforts, ses mauvais desseins contre moi.

Il se joint quelquefois avec le pronom personnel, employé dans le sens réciproque. Ces deux causes, ces deux effets se neutralisent mutuellement.

NEUTRALISÉ, ÉE. participe

NEUTRALISÉ, ÉE. participe

NEUTRALITÉ. s. f.

NEUTRALITÉ. s. f. État d' une puissance qui ne prend point parti entre deux ou plusieurs autres puissances qui sont en guerre. Garder, observer, violer la neutralité. Respecter la neutralité d' une puissance, d' un État, d' une ville, d' un territoire. Demeurer dans la neutralité. Déclarer sa neutralité. Accorder la neutralité.

Neutralité armée, Neutralité dans laquelle la puissance qui reste neutre tient sur pied des troupes suffisantes pour faire respecter son territoire, son commerce, ses droits.

NEUTRALITÉ

NEUTRALITÉ se dit, par extension, en parlant De ceux qui ne prennent point de parti dans des disputes, dans des différends. Aux époques de dissensions politiques ou religieuses, il est difficile de garder, d' observer la neutralité, une entière neutralité.

NEUTRE. adj. des deux genres

NEUTRE. adj. des deux genres Qui ne prend point parti entre des puissances belligérantes, entre des personnes qui ont des opinions, des sentiments, des intérêts opposés. Ce prince demeure, reste neutre, et laisse ses voisins s' épuiser par la guerre. Il veut être neutre pour se rendre l' arbitre de tous les différends. Les États, les princes, les villes neutres. C' est un égoïste qui, dans nos dissensions politiques, est toujours resté neutre.

Il s' emploie quelquefois substantivement, au pluriel masculin. Il serait temps de proclamer les principes qui doivent protéger la navigation des neutres.

Droit des neutres, Droit reconnu par les puissances belligérantes, aux États qui ne prennent point de part à la guerre. Cela s' applique surtout au droit maritime. Il est rare que, dans une longue guerre, on respecte toujours le droit des neutres.

Lieu, territoire neutre, Lieu, territoire appartenant à un État neutre, ou dans lequel les puissances belligérantes conviennent d' établir la neutralité. On a décidé que ce lieu serait neutre, on veut y négocier la paix. L' entrée du territoire neutre est interdite aux troupes des deux puissances qui sont en guerre.

Pavillon neutre, Pavillon d' une puissance qui ne prend point part à la guerre. Ces marchandises ont été transportées sous pavillon neutre.

NEUTRE

NEUTRE en Grammaire, se dit Des noms latins et des noms de quelques autres langues, qui ne sont ni du genre masculin, ni du genre féminin. Nom neutre. Substantif, adjectif neutre. On le dit aussi Du genre de ces noms. Le genre neutre. Ce nom est du genre neutre. Il n' y a point de genre neutre dans la langue française.

Il s' emploie quelquefois substantivement. Cet adjectif latin est au neutre. Les écoliers confondent quelquefois le neutre avec le masculin.

Verbe neutre, Verbe qui ne peut point avoir de régime direct, comme Aller, venir, marcher, etc.

En Chimie, Sel neutre, Sel qui n' est ni acide, ni alcalin.

En Botan., Fleur neutre, Fleur qui ne contient point d' étamines ni de pistils.

NEUVAINE. s. f.

NEUVAINE. s. f. L' espace de neuf jours consécutifs, pendant lesquels on fait quelque acte de dévotion, quelque prière en l' honneur d' un saint, pour implorer son secours. Faire une neuvaine à Notre-Dame, à sainte Geneviève. Elle a achevé sa neuvaine.

NEUVIÈME. adj. ordinal des deux genres

NEUVIÈME. adj. ordinal des deux genres Qui suit immédiatement le huitième. Le neuvième mois de l' année. Le neuvième jour du mois. Le neuvième jour de la lune. C' est la neuvième personne que je vois depuis ce matin. Cette femme est dans le neuvième mois de sa grossesse.

Il s' emploie quelquefois substantivement. Cette femme accouchera bientôt, elle est dans son neuvième. Il est arrivé le neuvième du mois. Nous sommes dans le neuvième de la lune. Ce malade est dans le neuvième de sa fièvre. Il est le neuvième, elle est la neuvième de sa classe.

NEUVIÈME, substantif

NEUVIÈME, substantif signifie aussi, La neuvième partie d' un tout; et alors il est toujours masculin. Il est pour un neuvième, il est intéressé pour un neuvième, il a un neuvième dans cette affaire.

NEUVIÈMEMENT. adv.

NEUVIÈMEMENT. adv. En neuvième lieu. Il se dit pour indiquer une neuvième preuve de quelque chose, ou un neuvième article.

NEVEU. s. m.

NEVEU. s. m. Fils du frère ou de la soeur. C' est mon neveu. Faire du bien à ses neveux. L' oncle et le neveu.

Petit-neveu, Le fils du neveu ou de la nièce.

Neveu à la mode de Bretagne, Le fils du cousin germain ou de la cousine germaine.

Cardinal neveu, Cardinal qui est le neveu du pape vivant.

Dans le style soutenu et en poésie, Nos neveux, nos derniers neveux, nos arrière-neveux, La postérité, ceux qui viendront après nous.

NÉVRALGIE. s. f.

NÉVRALGIE. s. f. T. de Médec. Douleur des nerfs. Névralgie frontale, maxillaire, etc.

NÉVRITIQUE. adj. des deux genres

NÉVRITIQUE. adj. des deux genres T. de Médec. Il se dit Des médicaments propres aux maladies des nerfs.

NÉVROGRAPHIE. s. f.

NÉVROGRAPHIE. s. f. T. d' Anat. Description des nerfs.

NÉVROLOGIE. s. f.

NÉVROLOGIE. s. f. Partie de l' anatomie qui traite des nerfs.

NÉVROPTÈRE. adj. et s. m.

NÉVROPTÈRE. adj. et s. m. T. d' Hist. nat. Nom générique des insectes dont les ailes sont transparentes, et sont traversées de veines croisées en réseau. Les insectes névroptères. L' ordre des névroptères.

NÉVROSE. s. f.

NÉVROSE. s. f. T. de Médec. Affection nerveuse, maladie des nerfs en général.

NÉVROTOMIE. s. f.

NÉVROTOMIE. s. f. T. de Chirur. Dissection des nerfs.

Il signifie aussi, L' opération qui consiste à couper un nerf.

NEWTONIANISME. s. m.

NEWTONIANISME. s. m. (Dans ce mot et le suivant, la première syllabe se prononce Neu.) La philosophie naturelle de Newton. Voltaire est un des premiers qui aient fait connaître le newtonianisme en France.

NEWTONIEN, IENNE. adj.

NEWTONIEN, IENNE. adj. Qui a rapport à la doctrine de Newton. La physique, l' astronomie, la philosophie, l' école newtonienne. Les principes newtoniens.

Il signifie aussi, Qui a adopté cette doctrine. Il n' y a plus aujourd' hui un physicien, un astronome qui ne soit newtonien. En ce sens, il s' emploie plus ordinairement comme substantif. Un newtonien. La lutte des newtoniens et des cartésiens dura longtemps.

NEZ. s. m.

NEZ. s. m. Cette partie saillante du visage qui est entre le front et la bouche, et qui est l' organe de l' odorat. Grand, petit nez. Nez aquilin, retroussé, épaté, pointu. Nez de perroquet, de furet. Nez camus, camard. Nez enluminé, bourgeonné, boutonné, gravé. Avoir mal au nez. Il est tombé sur le nez. Il a donné du nez en terre. Il s' est cassé le nez. Il saigne du nez.

Il se dit aussi en parlant De quelques animaux. Le nez d' un chien. Les chiens qui se portent bien ont le nez frais et humide. Ce cheval porte le nez au vent.

Parler, chanter du nez, Parler, chanter d' une manière désagréable, comme si le nez était bouché.

Les phrases figurées et proverbiales qui suivent sont toutes du style familier.

Fig., Saigner du nez, Manquer de résolution, de courage dans l' occasion. Il s' était vanté de faire hardiment cette proposition, mais il a saigné du nez. Il n' a point répondu au défi, il à saigné du nez.

Fig., Ne pas voir plus loin que son nez, que le bout de son nez, Avoir peu de lumières, peu de prévoyance.

Fig., Tirer les vers du nez à quelqu' un, Tirer de lui un secret en le questionnant adroitement.

Fig., Jeter à quelqu' un une chose au nez, La lui reprocher. Il me jette toujours mon âge au nez.

Fig., Mettre son nez, mettre le nez, fourrer son nez où l' on n' a que faire, Se mêler indiscrètement de quelque chose. On dit dans un sens analogue, Mettre son nez partout.

Fig., Mettre le nez dans une affaire, Commencer à l' examiner. À peine eut-il mis le nez dans cette affaire, qu' il vit le point de la difficulté.

Fig., Mettre le nez dans les livres, Commencer à étudier. Il n' a jamais mis le nez dans un livre, Il n' a jamais lu.

Fig., Avoir toujours le nez sur quelque chose, Y être toujours appliqué. Cette femme a toujours le nez sur son ouvrage. Il a toujours le nez sur ses livres. On dit dans le même sens, Ne pas lever le nez de dessus quelque chose. Cette fille est fort laborieuse, elle ne lève pas le nez de dessus son ouvrage.

Fig., Mener quelqu' un par le nez, par le bout du nez, Abuser de l' ascendant qu' on a sur quelqu' un pour lui faire faire tout ce qu' on veut.

Fig., Donner du nez en terre, Échouer dans quelque entreprise. Il espérait faire une grande fortune, mais il a donné du nez en terre. On dit à peu près dans le même sens, Se casser le nez. Il croyait gagner des monts d' or dans cette affaire, il s' y est cassé le nez.

Fig., Avoir toujours quelqu' un sur le nez, à cheval sur le nez, En être perpétuellement occupé d' une manière désagréable.

Prov. et fig., Se couper, s' arracher le nez pour faire dépit à son visage, Faire par dépit contre quelqu' un une chose dont on souffre le premier.

Prov. et fig., Avoir un pied de nez, Avoir la honte de ne pas obtenir un succès dont on s' était flatté. Faire un pied de nez à quelqu' un, Se moquer de lui.

Prov. et fig., Il vaut mieux laisser son enfant morveux, que de lui arracher le nez, Il est de la sagesse de tolérer un petit mal, lorsqu' on risque, en voulant y remédier, d' en causer un plus grand.

Prov. et par exagér., Il est si jeune, que, si on lui tordait le nez, il en sortirait encore du lait, se dit D' un très-jeune homme qui se veut mêler de choses au-dessus de son âge.

Prov., Cela paraît comme le nez au milieu du visage; et, par ironie, Cela ne paraît pas plus que le nez au milieu du visage, se dit D' une chose qui paraît et qu' on s' efforcerait en vain de cacher.

Prov. et pop., Ce n' est pas pour son nez, La chose dont il s' agit ne lui est pas destinée. On dit ironiquement dans le même sens, C' est pour son nez; vraiment c' est pour son nez.

NEZ

NEZ se dit aussi, familièrement, pour Tout le visage. On voyait autrefois des femmes qui avaient toujours un masque sur le nez. Donner sur le nez à quelqu' un. Mettre le nez à la fenêtre. Il avait bien à faire de venir montrer là son nez. Les ennemis sont resserrés dans leurs lignes, ils n' oseraient montrer le nez. Ils se sont rencontrés nez à nez. Regarder quelqu' un sous le nez. On lui a fermé la porte au nez.

Fig., Donner sur le nez à quelqu' un, Lui faire éprouver quelque mortification.

Fam., Au nez de quelqu' un, En sa présence et en le bravant. Il lui a soutenu cela à son nez. Il lui a dit des injures à son nez, à son nez et à sa barbe.

Fam., Rire au nez de quelqu' un, Se moquer de lui en face. Il dit des choses si hors de propos, qu' on ne saurait s' empêcher de lui rire au nez.

NEZ

NEZ signifie quelquefois, Le sens de l' odorat. Il a bon nez, il sent de loin. Il a le nez fin. Cette odeur est forte, elle prend au nez. Cette moutarde monte au nez. Ce chien a du nez. Les lévriers n' ont point de nez.

Fig. et fam., Avoir bon nez, Avoir de la sagacité, prévoir les choses de loin. Cette entreprise a fort mal tourné, il a eu bon nez de ne pas s' en mêler. Vous avez eu bon nez de nous venir voir, nous avons une heureuse nouvelle à vous apprendre. On dit de même, Avoir le nez fin, avoir du nez.

NEZ

NEZ signifie figurément, en termes de Marine, L' éperon, l' avant, la proue d' un vaisseau. On ne l' emploie guère que dans cette phrase, Ce vaisseau est trop sur le nez, Il penche trop en avant.

NI. Particule conjonctive et négative

NI. Particule conjonctive et négative Il n' est ni bon ni mauvais. Il ne boit ni ne mange. Il n' y en a ni plus ni moins. Ni l' un ni l' autre n' a fait son devoir. Ni vous ni moi ne le pouvons. Elle n' est ni laide ni belle. Elle n' est ni belle ni riche. Vous ne devez ni le dire, ni l' écrire. Je ne crois pas qu' il vienne, ni même qu' il pense à venir.

NIABLE. adj. des deux genres

NIABLE. adj. des deux genres Qui peut être nié. Cette proposition est très-niable.

NIAIS, AISE. adj.

NIAIS, AISE. adj. Il s' est dit au propre Des oiseaux de fauconnerie que l' on prenait dans le nid, et qui n' en étaient pas encore sortis. Un oiseau niais.

NIAIS

NIAIS signifie figurément, Qui est simple, qui n' a encore aucun usage du monde. C' est un garçon bien niais. Il est encore tout niais. Elle est toute niaise. Il n' est pas niais. Il n' est pas trop niais.

Il se dit aussi De l' air, des manières, du ton, etc. Il a l' air niais, la mine niaise, la contenance niaise. Il a quelque chose de niais dans la physionomie. Il m' a dit cela d' un ton niais.

Il se dit également, au sens moral, Des choses qui annoncent la sottise ou l' inexpérience. Il a fait une démarche fort niaise. Des raisonnements niais. Un écrit, un conte niais.

Il s' emploie souvent comme substantif, en parlant Des personnes. C' est un niais, un franc niais, un grand niais. Un niais en affaires, en politique. Une grande niaise.

Faire, contrefaire le niais, se dit D' un homme fin et adroit qui fait semblant d' être simple.

Prov. et fig., C' est un niais de Sologne, il est de ces niais de Sologne qui ne se trompent qu' à leur profit, se dit D' un homme adroit et alerte sur ce qui regarde son intérêt, et qui contrefait le simple.

Prov., fig. et pop., C' est de la graine de niais, C' est une chose qui ne peut tromper que les plus simples.

NIAISEMENT. adv.

NIAISEMENT. adv. D' une façon niaise. Parler niaisement.

NIAISER. v. n.

NIAISER. v. n. Badiner, s' amuser à des choses de rien. Il ne fait que niaiser. Il n' est pas question de niaiser, il s' agit d' une affaire sérieuse. Il est familier.

NIAISERIE. s. f.

NIAISERIE. s. f. Bagatelle, chose frivole. Ne nous amusons point à des niaiseries. Vous nous débitez cela comme une chose sérieuse, et c' est une niaiserie. Il ne dit que des niaiseries.

Il signifie aussi quelquefois, Le caractère de celui qui est niais. Il est d' une niaiserie dont on ne soupçonnerait pas un homme de son âge.

NICE. adj des deux genres

NICE. adj des deux genres Simple, niais. Il est vieux.

NICHE. s. f.

NICHE. s. f. Enfoncement pratiqué dans l' épaisseur d' un mur pour y placer une statue, un buste, un vase, un poêle, etc. Niche ronde. Niche carrée. Ces niches sont alternativement rondes et carrées. Mettre une statue dans une niche. Le choeur de cette église est orné de saints placés dans des niches. Cet ancien tombeau a des niches où l' on plaçait les urnes cinéraires. Une niche de poêle. Mettre un poêle dans la niche d' une salle à manger.

Il signifie aussi, Un petit réduit pratiqué dans un appartement pour y mettre un lit, ou dans un jardin pour s' y retirer en particulier. Lit en niche. Il y a une petite niche au bout de ce jardin.

Il se dit encore d' Un petit meuble portatif dans lequel se retire et couche un chien d' appartement, un chat favori. Elle a toujours auprès d' elle la niche de son chat, de son chien.

NICHE. s. f.

NICHE. s. f. Malice, espièglerie que l' on fait à quelqu' un. Faire une niche à quelqu' un. Il lui a fait une niche, cent niches. Ces niches-là ne me plaisent point. Je suis las de souffrir toutes ces niches. Il est familier.

NICHÉE. s. f. coll.

NICHÉE. s. f. coll. Les petits oiseaux d' une même couvée, qui sont encore dans le nid. Il a pris la mère et toute la nichée. La nichée était de quatre ou cinq petits rossignols. On dit aussi, Une nichée de souris.

Il se dit, familièrement et par mépris, de Plusieurs personnes de mauvaise vie, de mauvaise conduite, rassemblées en un même lieu. On a mis dehors toute la nichée.

NICHER. v. n.

NICHER. v. n. Il se dit D' un oiseau qui fait son nid. Les hirondelles nichent dans les cheminées, aux fenêtres, etc. Les pigeons nichent dans les murailles. Les petits oiseaux nichent dans les arbres, dans les buissons.

NICHER

NICHER s' emploie aussi comme verbe actif, et signifie alors, Placer en quelque endroit. Il ne se dit guère qu' en plaisanterie, et se met quelquefois avec le pronom personnel. Qui vous a niché en cet endroit? Pourquoi s' est-il allé nicher là-haut? Ce chat s' est niché dans l' armoire.

Fig., Cet homme s' est niché dans une bonne maison, Il a trouvé une bonne retraite, un bon établissement.

NICHER

NICHER employé avec le pronom personnel, s' applique aussi figurément À des idées métaphysiques. Où la vertu va-t-elle se nicher? Où l' orgueil va-t-il se nicher? Ces phrases expriment la surprise de trouver la vertu ou l' orgueil dans telle personne, dans telle condition.

NICHÉ, ÉE. participe

NICHÉ, ÉE. participe

NICHET. s. m.

NICHET. s. m. OEuf qu' on met dans les nids préparés pour la ponte des poules.

NICHOIR. s. m.

NICHOIR. s. m. Cage propre à mettre couver des serins.

NICKEL. s. m.

NICKEL. s. m. T. de Chimie. Espèce de métal, qui a, comme le fer, la propriété magnétique, mais à un moindre degré. Il y a du nickel dans les aérolithes. On se sert des oxydes de nickel dans la peinture sur porcelaine et dans la fabrication des émaux.

NICODÈME. s. m.

NICODÈME. s. m. Nom propre devenu nom commun pour signifier, Un homme simple et borné, un niais. C' est un nicodème, un grand nicodème. Il est populaire.

NICOTIANE. s. f.

NICOTIANE. s. f. Voyez TABAC.

NID. s. m.

NID. s. m. (Le D ne se prononce point.) Espèce de berceau, de logement que les oiseaux construisent pour y déposer leurs oeufs et y élever leurs petits. On appelle Aire, Le nid de l' aigle et des autres grands oiseaux de proie. Nid de pie, de corneille, de rossignol, etc. Il y a des oiseaux qui font leur nid sur terre. Chercher, trouver un nid. L' oiseau est dans son nid. Les petits sont hors du nid. Les oiseaux sont envolés, il n' y a plus que le nid.

Prov. et fig., Il croit avoir trouvé la pie au nid, se dit par plaisanterie D' un homme qui s' imagine avoir fait quelque découverte importante.

Prov. et fig., Il n' y a plus que le nid, on n' a plus trouvé que le nid, se dit Lorsqu' on est allé chercher quelqu' un chez lui pour l' arrêter, et qu' on ne l' y a pas trouvé.

Prov. et fig., Petit à petit l' oiseau fait son nid, On fait peu à peu sa fortune, sa maison.

Prov. et fig., À chaque oiseau son nid est beau, Chacun trouve sa maison, sa propriété belle.

Fig. et fam., Un bon nid, Un bon établissement où l' on est à son aise. Il a épousé une veuve fort riche, il a trouvé là un bon nid. Il est dans un bon nid, qu' il s' y tienne.

Fig. et fam., C' est un nid à rats, un vrai nid à rats, se dit D' une méchante petite maison, d' une méchante petite chambre.

Nid d' oiseau, se dit particulièrement de Nids que certains oiseaux de mer, semblables à des hirondelles, forment avec du frai de poisson, et qui passent pour un mets friand, à la Chine et dans les Indes.

NIDOREUX, EUSE. adj.

NIDOREUX, EUSE. adj. Qui a une odeur et un goût de pourri, de brûlé, d' oeufs couvis. Il s' emploie surtout dans le langage médical. Les crudités qui s' engendrent dans les premières voies, sont acides et nidoreuses.

NIÈCE. s. f.

NIÈCE. s. f. Fille du frère ou de la soeur. La nièce d' un tel. L' oncle et la nièce. La tante et la nièce.

Petite-nièce, La fille du neveu ou de la nièce.

Nièce à la mode de Bretagne, La fille du cousin germain ou de la cousine germaine.

NIELLE. s. f.

NIELLE. s. f. Plante qui croît dans les blés, et dont la semence est noire.

NIELLE

NIELLE se dit aussi d' Une maladie des grains, dont l' effet est de convertir la substance farineuse en une poussière noire.

NIELLE. s. m.

NIELLE. s. m. T. d' Orfévrerie. Ornements ou figures que l' on grave en creux sur un ouvrage d' orfévrerie, et dont les traits sont remplis d' une sorte d' émail noir, fait d' un mélange d' argent, de plomb et de soufre liquéfiés. Les nielles de Russie, de Perse. Marquer en nielles de l' argenterie, de la vaisselle plate.

NIELLER. v. a.

NIELLER. v. a. Orner de nielles. Nieller la poignée d' un sabre.

NIELLÉ, ÉE. participe

NIELLÉ, ÉE. participe Tabatière niellée.

NIELLER. v. a.

NIELLER. v. a. Gâter par la nielle. Le mauvais temps a niellé les blés.

NIELLÉ, ÉE. participe

NIELLÉ, ÉE. participe Blés niellés.

NIER. v. a.

NIER. v. a. Dire qu' une chose n' est pas vraie, soutenir qu' une chose n' est pas. Nier un fait. C' est une vérité qu' on ne peut nier. Nier cette vérité, c' est nier qu' il fait jour en plein midi. Il demeure d' accord du droit, mais il nie le fait, il le nie fort et ferme, il le nie tout à plat. Je ne nie pas qu' il n' ait fait cela, qu' il ait fait cela. Il nie que cela soit.

Nier une dette, un dépôt, Nier qu' on ait une dette à payer, qu' on ait reçu un dépôt.

NIER

NIER signifie aussi, en termes d' argumentation, Ne pas demeurer d' accord d' une proposition. Il ne faut point disputer contre ceux qui nient les principes. Nier une proposition, un principe, une conséquence. Il a accordé la majeure et nié la mineure.

Il s' emploie quelquefois absolument. Toutes les fois que j' affirme, vous niez.

NIÉ, ÉE. participe

NIÉ, ÉE. participe

NIGAUD, AUDE. adj.

NIGAUD, AUDE. adj. Sot et niais. Que cet homme est nigaud! Qu' elle est nigaude! Il est familier.

Il s' emploie aussi substantivement. Un grand nigaud. Un vrai, un franc nigaud. Une grande nigaude.

NIGAUD. s. m.

NIGAUD. s. m. Oiseau, petit cormoran.

NIGAUDER. v. n.

NIGAUDER. v. n. Faire des actions de nigaud, s' amuser à des choses de rien. Il ne fait que nigauder. Il passe son temps à nigauder.

NIGAUDERIE. s. f.

NIGAUDERIE. s. f. Action de nigaud. C' est une nigauderie, une grande nigauderie. Il ne fait que des nigauderies.

Il signifie aussi, Le caractère du nigaud. Il est d' une nigauderie qu' on n' excuserait pas dans un enfant.

NILOMÈTRE. s. m.

NILOMÈTRE. s. m. Nom de certaines colonnes qui sont divisées dans leur longueur en coudées et en parties de coudée, et qui, placées en différents lieux de l' Égypte, servent à mesurer la crue des eaux du Nil dans ses débordements périodiques. Hérodote est le premier qui ait parlé des nilomètres.

NIMBE. s. m.

NIMBE. s. m. T. didactique. Cercle de lumière que les peintres et les sculpteurs mettent autour de la tête des saints.

Il se dit aussi, en Numismatique, Du cercle que, sur certaines médailles, et particulièrement sur des médailles du Bas-Empire, on remarque autour de la tête de quelques empereurs.

NIPPE. s. f.

NIPPE. s. f. Il se dit Des vêtements, des meubles, et de tout ce qui sert à l' ajustement et à la parure. Son usage le plus ordinaire est au pluriel. Il a de belles nippes, de bonnes nippes. Il n' a laissé que de vieilles nippes à ses héritiers. Ce marchand vend bien cher ses nippes. Qu' il garde ses nippes.

Fig. et fam., Il en a eu, il en a tiré de bonnes nippes, se dit D' un homme qui a tiré beaucoup d' utilité, beaucoup d' avantage de quelque liaison, de quelque commerce, de quelque emploi.

NIPPER. v. a.

NIPPER. v. a. Fournir de nippes. Son père l' a nippé, l' a bien nippé en le mariant.

Il s' emploie aussi avec le pronom personnel. Il s' est fort bien nippé avant de prendre femme.

NIPPÉ, ÉE. participe

NIPPÉ, ÉE. participe

NIQUE. s. f.

NIQUE. s. f. Signe de mépris ou de moquerie. Il n' est usité que dans cette locution, Faire la nique, Se moquer de quelqu' un, de quelque chose, comme ne s' en souciant point. Faire la nique à quelqu' un. Il croit que j' ai grand besoin de lui, mais je lui fais la nique. Un vrai philosophe fait la nique à la fortune et aux richesses. Il est familier.

NITÉE. s. f.

NITÉE. s. f. Voyez NICHÉE.

NITOUCHE. s. f.

NITOUCHE. s. f. Il n' est usité que dans cette locution familière, Sainte nitouche, par laquelle on désigne Une personne qui contrefait la sagesse ou la dévotion, qui affecte des airs d' innocence, de simplicité. C' est une sainte nitouche. Il fait la sainte nitouche. Voyez-vous cette sainte nitouche, elle est bien maligne.

NITRATE. s. m.

NITRATE. s. m. T. de Chimie. Nom générique des sels formés par la combinaison de l' acide nitrique et des bases salifiables. Nitrate d' argent, de chaux, de fer, de cuivre, de magnésie, de potasse, de soude, etc.

NITRE. s. m.

NITRE. s. m. T. de Chimie. Sel formé par la combinaison de l' acide nitrique et de la potasse jusqu' au point de la saturation.

NITREUX, EUSE. adj.

NITREUX, EUSE. adj. T. de Chimie. Qui tient du nitre. Gaz nitreux. Acide nitreux. Terres, eaux nitreuses.

NITRIÈRE. s. f.

NITRIÈRE. s. f. Lieu où se forme le nitre, et d' où on le tire. Nitrières naturelles. Nitrières artificielles.

NITRIQUE. adj. des deux genres

NITRIQUE. adj. des deux genres T. de Chimie. Qui a rapport au nitre. Acide nitrique.

NIVEAU. s. m.

NIVEAU. s. m. Instrument par le moyen duquel on connaît si un plan, un terrain est uni et horizontal, et l' on détermine de combien un point de la surface de la terre est plus haut ou plus bas qu' un autre. Dresser au niveau, avec le niveau. Mesurer, ajuster au niveau, avec le niveau. Niveau à bulles d' air. Niveau d' eau. Niveau de charpentier, de paveur, de maçon, de canonnier. Niveau à plomb ou à pendule. Niveau de réflexion. Niveau hydraulique.

Il signifie aussi, L' état d' un plan horizontal, ou de plusieurs points qui sont dans le même plan horizontal. Prendre le niveau d' un terrain.

Niveau de pente, Surface d' un terrain qui a une pente réglée par le niveau.

DE NIVEAU, AU NIVEAU, loc. adverbiales ou prépositives

DE NIVEAU, AU NIVEAU, loc. adverbiales ou prépositives Selon le niveau. On le dit Des choses dont la surface est unie, égale, horizontale. Mettre de niveau. La cour n' est pas au niveau du jardin. Cette terrasse est de niveau avec le rez-de-chaussée de la maison.

DE NIVEAU, AU NIVEAU

DE NIVEAU, AU NIVEAU s' emploient aussi figurément, et signifient, De pair, à la même hauteur. Il est au niveau des grands écrivains, ou de niveau avec les grands écrivains. Son caractère était au niveau de son génie. Cet ouvrage n' est pas au niveau des connaissances actuelles.

À son niveau, à leur niveau, à votre niveau, etc., De pair avec lui, avec eux, avec vous, etc. Je ne saurais m' élever à son niveau. Il faudrait pouvoir se mettre à leur niveau, se tenir, se soutenir à leur niveau. Il n' est pas à votre niveau pour la fortune.

NIVELER. v. a.

NIVELER. v. a. Mesurer avec le niveau, au niveau. Niveler une avenue, une allée. On nivelle la rivière depuis tel endroit jusqu' à tel autre, pour savoir combien elle a de pente. Niveler les eaux.

Il signifie aussi, Rendre un plan uni et horizontal. On a bien nivelé le terrain de cette place, le pavé de cette rue.

Il s' emploie au sens moral, et signifie, Rendre égal. Cette révolution tendait à niveler les fortunes, les conditions, les rangs.

NIVELÉ, ÉE. participe

NIVELÉ, ÉE. participe

NIVELEUR. s. m.

NIVELEUR. s. m. Celui qui nivelle, qui fait profession de niveler.

NIVELLEMENT. s. m.

NIVELLEMENT. s. m. Action de mesurer avec le niveau. Travailler au nivellement d' un aqueduc. Ce nivellement a été fait avec exactitude. On a fait de grands nivellements pour la construction de ce canal.

Il signifie aussi, Action de rendre un plan uni et horizontal. On travaille au nivellement de ce terrain, qui est fort inégal.

NIVET. s. m.

NIVET. s. m. Bénéfice illicite et caché qu' un agent, un mandataire obtient sur un marché qu' il fait pour autrui. Il est populaire.

NIVÔSE. s. m.

NIVÔSE. s. m. Le quatrième mois du calendrier républicain.

NOBILIAIRE. s. m.

NOBILIAIRE. s. m. Catalogue détaillé des familles nobles d' un pays. On trouve la généalogie de cette maison dans le nobiliaire de la province.

NOBILIAIRE. adj. des deux genres

NOBILIAIRE. adj. des deux genres Qui appartient à la noblesse. On l' emploie souvent par une sorte de dénigrement. L' ordre nobiliaire. La caste nobiliaire. Être exempt d' orgueil, de vanité, de morgue nobiliaire.

NOBILISSIME

NOBILISSIME T. d' Antiq. Pris adjectivement, c' est Le titre d' honneur accordé, dans le Bas-Empire, aux césars et à leurs femmes. Pris substantivement, c' est Le nom d' une dignité créée par Constantin, laquelle donnait le droit de porter la pourpre. Le nobilissime était inférieur au césar, il avait le pas sur le patrice.

NOBILISSIME

NOBILISSIME se disait aussi, dans le cours des études théologiques en Sorbonne, de Celui qui était le premier de la licence ou du cours, non par sa science, mais par sa naissance.

NOBLE. adj. des deux genres

NOBLE. adj. des deux genres Qui, par droit de naissance ou par lettres du prince, fait partie d' une classe distinguée dans l' État. Il est noble par sa naissance, noble de naissance, noble d' extraction. Être de noble sang, d' un sang noble, de race noble. Être noble de race, noble de père et de mère, noble des deux côtés, noble par lettres du prince. Noble en vertu de certaines charges qu' on achetait, telles que celle de secrétaire du roi.

Prov., Être noble comme le roi, Être d' une extraction fort noble, que personne ne conteste.

Prov., Il est fou, ou le roi n' est pas noble, Il est fou incontestablement.

En Jurispr. féodale, Biens nobles, Les biens qui étaient tenus en fief.

Noble homme. Qualité que prenaient quelquefois, non-seulement ceux qui étaient nobles, mais aussi quelques bourgeois, dans les actes qu' ils passaient.

NOBLE

NOBLE est aussi substantif. Nouveau noble. Faux noble. Petit noble de campagne. Les anciens nobles. Les nobles étaient exempts de taille. Il y avait souvent discorde entre le peuple et les nobles. Nobles vénitiens. Nobles génois. Un noble romain.

Il signifiait quelquefois, plus particulièrement, Celui qui était noble par lettres, et non de race. Ainsi l' on disait: Tout gentilhomme est noble, mais tout noble n' est pas gentilhomme. Le prince fait des nobles, mais le sang fait des gentilshommes.

NOBLE, adjectif

NOBLE, adjectif signifie figurément, Qui a ou qui annonce de la grandeur, de l' élévation, de la supériorité. Une âme noble et généreuse. Un coeur noble. Il a l' air noble, la taille, le geste noble, la démarche noble. Il a des sentiments nobles. Un style noble. Des pensées nobles. Noble orgueil. Noble simplicité. Noble audace. Politesse noble. Des plaisirs nobles. Il n' y a rien que de noble dans ses discours, dans sa conduite, dans ses manières, dans ses procédés. Toutes les figures de ce tableau sont nobles.

En Physiologie, Les parties nobles, Le coeur, le foie, le cerveau, etc.

NOBLE

NOBLE se dit quelquefois substantivement, au masculin, de Ce qui est grand, élève. Son goût était pour le grand et pour le noble.

NOBLEMENT. adv.

NOBLEMENT. adv. D' une manière noble, avec noblesse. Il fait les choses noblement, très-noblement. Il s' exprime, il écrit, il pense, il se conduit noblement.

Vivre noblement, signifiait autrefois, Vivre sur sa terre, ou à la ville, sans exercer aucune profession, ou sans en avoir d' autre que celle des armes. Ses ancêtres n' ont jamais dérogé, ils ont toujours vécu noblement. Il n' est pas noble, mais il vit noblement.

En Jurispr. féodale, Tenir noblement une terre, La tenir en fief.

NOBLESSE. s. f.

NOBLESSE. s. f. Qualité par laquelle un homme est noble. Bonne, haute, ancienne, nouvelle noblesse. Noblesse d' épée, de robe. Noblesse personnelle. Noblesse transmissible, héréditaire. On lui conteste sa noblesse. Prouver sa noblesse. Faire preuve de noblesse. Faire ses preuves de noblesse. Il ne se pique point de noblesse. Déroger à noblesse, à sa noblesse. Dégradé de noblesse. Des lettres de noblesse. Il est entêté de sa noblesse.

Noblesse d' extraction, Celle dont l' origine est inconnue.

Noblesse de la cloche, Celle qui venait de mairie ou d' échevinage. Voyez CLOCHE.

Dans un sens particulier, Ancienne noblesse, Celle qui existait avant la révolution de 1789; et, Nouvelle noblesse, Celle qui a été créée depuis.

Fig., Soutenir noblesse, Faire une dépense convenable à la noblesse de sa naissance. Cette locution a vieilli.

Prov., Noblesse vient de vertu, Un homme n' est proprement au-dessus d' un autre que par la vertu et par le mérite.

Prov., Noblesse oblige, Quiconque prétend être noble, doit se conduire noblement.

NOBLESSE

NOBLESSE se dit aussi collectivement de Tout le corps des hommes qualifiés nobles, ou d' Une partie de ce corps. Les trois états du royaume étaient le clergé, la noblesse, et le tiers état. Les cahiers de la noblesse. La chambre de la noblesse. Le corps de la noblesse. Il se tint une assemblée de la noblesse. La noblesse française. Brave, généreuse, vaillante noblesse. Le roi accompagné de sa noblesse. La noblesse monta à cheval. La fleur de la noblesse périt dans cette guerre. La noblesse bretonne. La noblesse de province. La noblesse de cour.

Haute noblesse, La partie de la noblesse qui a le plus d' ancienneté ou d' illustration; par opposition à Petite noblesse, Celle qui en a le moins. Dans cette ville, la haute et la petite noblesse sont divisées d' opinion, et ne se fréquentent pas.

Assemblée de noblesse, Assemblée particulière de gentilshommes. Il y eut une grande assemblée de noblesse. Il se fit une assemblée de noblesse.

NOBLESSE

NOBLESSE signifie encore, figurément, Grandeur, élévation, dignité Noblesse de coeur, de sentiments, d' âme. Noblesse d' expression, de style, de langage, de pensées. Il y a beaucoup de noblesse dans sa conduite, dans son action, dans son procédé. La noblesse de sa physionomie, de sa démarche, de ses manières, impose à tous ceux qui le voient.

Il signifie particulièrement, en Peinture et en Sculpture, Le caractère élevé de la composition, des airs de tête, des formes, et généralement du système d' imitation. Que ce peintre a de noblesse dans ses compositions! Cette figure a de la noblesse, manque de noblesse, est sans noblesse.

NOCE. s. f.

NOCE. s. f. Mariage. En ce sens, il ne se dit qu' au pluriel. Il épousa une telle en premières noces. Convoler en secondes noces. Elle était veuve d' un tel en premières noces, et elle a épousé un tel en secondes noces. Le jour de ses noces.

Il signifie aussi, Le festin, la danse et les autres réjouissances qui accompagnent le mariage. En ce sens, il se dit au singulier aussi bien qu' au pluriel. Les noces de tel prince. Une noce de village. Quand il se maria, il ne fit point, il ne voulut point faire de noces. Il vient de la noce. Êtes-vous de noces? Je suis de noces. J' ai été aujourd' hui de la noce, à la noce. Au retour de la noce. Salle à faire noces. Ce traiteur fait noces et festins. Repas de noce. Habit de noces. Présent de noce. C' est un des garçons de la noce. Qui est-ce qui fera la noce? Qui fera la dépense du festin? Dans ces deux dernières phrases, Noce ne se dit qu' au singulier.

Il signifie encore, Toute l' assemblée, toute la compagnie qui s' est trouvée à la noce. Après le dîner, toute la noce est allée à l' Opéra.

Prov., fig. et pop., Il ne fut jamais, il n' a jamais été à telles noces, à pareilles noces, Il n' a jamais reçu un pareil traitement (cela ne se dit guère qu' en mauvaise part); ou Il n' a jamais couru un pareil danger.

Prov., fig. et pop., N' être pas à la noce, Être dans une situation pénible, inquiétante.

Prov., Il y va comme aux noces, comme à des noces, comme à la noce, se dit D' un homme de guerre qui va gaiement au combat.

Prov. et pop., Tant qu' à des noces, Abondamment. Ils burent tant qu' à des noces.

Prov. et pop., Faites cela, je vous servirai le jour de vos noces, se dit Pour demander à une personne quelque petit service, et comme pour lui promettre qu' on lui en rendra quelque autre.

NOCHER. s. m.

NOCHER. s. m. Celui qui gouverne, qui conduit un vaisseau, une barque. Il n' est guère usité qu' en poésie. Un habile nocher. Le nocher du Styx, le vieux nocher des morts, Caron.

NOCTAMBULE. adj. et s. des deux genres

NOCTAMBULE. adj. et s. des deux genres Celui, celle qui marche la nuit en dormant.

NOCTAMBULISME. s. m.

NOCTAMBULISME. s. m. État de ceux qui marchent la nuit en dormant.

NOCTURNE. adj. des deux genres

NOCTURNE. adj. des deux genres Qui a lieu, qui arrive durant la nuit. Vision, apparition nocturne. Rendez-vous, visite, assemblée nocturne.

Il se dit, en Histoire naturelle, Des animaux qui veillent la nuit, et des végétaux dont les fleurs ne s' ouvrent que dans l' obscurité. Animaux nocturnes. Oiseau, reptile, insecte, poisson nocturne. Plante nocturne.

NOCTURNE

NOCTURNE s' emploie aussi comme substantif masculin, et se dit d' Une partie de l' office de la nuit, composée d' un certain nombre de psaumes et de leçons. Le premier, le second, le troisième nocturne.

Il se dit aussi d' Un morceau de musique à plusieurs voix ou à plusieurs instruments, qui est d' un caractère tendre et plaintif. Nocturne à deux voix, à trois voix. Chanter, exécuter des nocturnes.

NODOSITÉ. s. f.

NODOSITÉ. s. f. T. de Chirur. et de Botan. État de ce qui a des noeuds. Il se dit plus ordinairement Des noeuds mêmes. Il a des nodosités à tous les doigts de la main. Le tronc de cet arbre est couvert de nodosités.

NODUS. s. m.

NODUS. s. m. (On prononce l' S.) T. de Chirur., emprunté du latin. Tumeur dure et indolente qui vient sur les os, les tendons et les ligaments du corps humain. Il a un nodus au doigt. La goutte fait venir des nodus aux articulations.

NOÔL. s. m.

NOÔL. s. m. Fête de la nativité de Notre-Seigneur. À la fête de Noël, ou elliptiquement, À la Noël, à Noël. Les fêtes de Noël. Noël est une des quatre grandes fêtes de l' année. Le terme de Noël. La messe de Noël. Les trois messes de Noël.

Bûche de Noël, Grosse bûche qu' on met au feu la veille de Noël au soir, afin qu' elle entretienne le feu pendant toute la nuit.

Prov., fig. et pop., On a tant chanté, tant crié Noël, qu' à la fin il est venu, se dit en parlant D' une chose qui arrive après qu' on l' a fort désirée, et qu' on en a souvent parlé.

NOÔL

NOÔL se dit aussi d' Un cantique spirituel fait à l' honneur de la nativité de Notre-Seigneur. Un beau noël. Un noël sur tel air. Chanter des noëls. Chanter noël. Les noëls bourguignons de la Monnoye. Un recueil de noëls.

Il se dit encore Des airs sur lesquels ces cantiques ont été faits. Exécuter des noëls sur l' orgue.

Il se dit également de Certaines chansons satiriques qui se font sur ces airs. Il courut un noël contre le ministère. Ce sens vieillit.

NOEUD. s. m.

NOEUD. s. m. (Le D ne se prononce point.) Enlacement fait de quelque chose de flexible, comme ruban, soie, fil, corde, etc., dont on passe les bouts l' un dans l' autre en les serrant. Noeud de ruban. Noeud simple. Double noeud. Gros noeud. Faire, défaire un noeud. Un noeud qui n' est pas serré. Ce noeud est trop lâche. Corde à noeuds. Noeud de tisserand. Noeud de chirurgien. Alexandre coupa le noeud gordien.

Noeud coulant, Noeud d' une forme particulière qui le rend facile à dénouer.

Fig., Noeud gordien, Difficulté qu' on ne peut résoudre. Il y a dans cette affaire un noeud gordien qu' il faut trancher.

Noeud d' épée, Rosette de ruban dont on orne la poignée d' une épée.

Faire des noeuds, Former, au moyen d' une navette, sur un cordon de fil ou de soie, des noeuds serrés les uns contre les autres. Les dames s' amusaient autrefois à faire des noeuds.

NOEUD

NOEUD se dit aussi de Certaines choses qui sont disposées en forme de noeuds de ruban, et qui servent à la parure des femmes. Des noeuds de perle. Des noeuds de diamant. Un gros noeud de rubis.

NOEUD

NOEUD signifie figurément, La difficulté, le point essentiel d' une affaire, d' une question. Voilà le noeud de l' affaire. Vous avez trouvé le noeud. Trancher le noeud de la question, de la difficulté.

Il se dit particulièrement, dans les pièces de théâtre, de L' obstacle qui donne lieu à l' intrigue d' une action dramatique. Il n' y a pas de noeud dans cette comédie. Le noeud de cette pièce est mal formé.

NOEUD

NOEUD signifie encore, figurément, Attachement, liaison entre des personnes. Noeud de parenté, d' alliance. Le noeud sacré du mariage. Les noeuds les plus forts, les plus étroits, les plus sacrés. Un noeud indissoluble. Les divers noeuds qui les joignent ensemble. Ils sont attachés, liés d' un double noeud. Former un noeud. Former de nouveaux noeuds. Serrer, resserrer les noeuds de l' amitié. Rompre les noeuds de l' amitié. La mort rompit les noeuds de leur union, de leur mariage. La mort rompt les plus beaux noeuds, les noeuds les plus doux.

NOEUD

NOEUD se dit en outre de Ces bosses ou saillies qui viennent à l' extérieur d' un arbre, d' un arbrisseau. Le bois d' épine, le bois de cornouiller est tout plein de noeuds. Le tilleul est un bois où il y a peu de noeuds.

Il signifie encore, Certaine partie, fort serrée et fort dure, qui se trouve quelquefois dans l' intérieur de l' arbre. Ce bois ne saurait se fendre droit, il a trop de noeuds. Cette poutre s' est rompue à cet endroit, parce qu' il y avait un noeud. Noeuds de sapin.

Il se dit aussi Des endroits où la tige des graminées et de quelques autres plantes, telles que la vigne, le fenouil, etc., est renflée et comme articulée. Il faut tailler la vigne au second, au troisième noeud. Des cannes à noeuds, à petits noeuds. Il y a plus de noeuds à la paille de froment qu' à celle d' avoine.

Il désigne pareillement, L' article, la jointure des doigts de la main; et, par analogie, Cette partie du gosier ou de la gorge qu' on nomme autrement Le larynx. Le noeud du petit doigt, du doigt du milieu. Le noeud de la gorge.

Fam., Ce ris ne passe pas le noeud de la gorge, Il n' est pas naturel, il est forcé.

NOEUD

NOEUD se dit également Des os qui forment la queue du cheval, du chien, du chat, etc. On a coupé à ce cheval deux noeuds de la queue.

Il se dit aussi, en Chirurgie, Des tumeurs dures qu' on nomme autrement Nodus.

NOEUD

NOEUD en Astronomie, se dit de Chacun des deux points opposés où l' écliptique est coupée par l' orbite d' un corps céleste. Les noeuds de la lune. Les noeuds de Jupiter.

NOEUD

NOEUD se dit particulièrement, en termes de Marine, Des noeuds de la ligne de loch, formés à la distance d' environ cinquante pieds les uns des autres, et par le moyen desquels on estime le nombre des lieues que le navire a parcourues. Le noeud répond à un mille. Ce vaisseau file tant de noeuds à l' heure.

NOIR, OIRE. adj.

NOIR, OIRE. adj. Qui est de la couleur la plus obscure, et la plus opposée au blanc. Une barbe noire. Des cheveux noirs. Un cheval noir. Du drap noir. Habit noir. Robe noire. Cette encre n' est pas assez noire. Du raisin noir. De la bile noire. Noir comme jais. Noir comme de l' encre. Noir comme du charbon, comme la cheminée. Noir comme un corbeau. Les hommes de race noire, de la race noire.

Cheval noir mal teint, Cheval dont la couleur noire tire sur le roux.

En termes de Graveur, Manière noire, Manière de graver en taille-douce, qui consiste à couvrir d' abord entièrement le cuivre de points uniformes, et à rétablir ensuite le poli de la planche plus ou moins, selon qu' on veut avoir des tons plus ou moins clairs. Gravure à la manière noire. Estampe à la manière noire.

NOIR

NOIR se dit aussi De certaines choses qui approchent de la couleur noire. Du pain noir. Cette femme a la peau noire. Des yeux noirs. Des dents noires.

Bêtes noires, Certaines bêtes, comme le sanglier, à la différence de celles qu' on appelle fauves, comme le cerf, etc.

Viandes noires, Certains animaux dont la chair tire un peu sur le noir, comme le lièvre, la bécassine, etc., à la différence des autres viandes qui sont blanches, comme le veau, le poulet, etc. Il préfère la viande noire à la viande blanche.

Blé noir, Sorte de blé qu' on nomme autrement Blé sarrasin.

NOIR

NOIR signifie aussi, Livide, meurtri. On l' a tant battu, qu' il en est tout noir. Elle a la peau toute noire des coups qu' elle a reçus.

Il signifie aussi, Obscur. Nuit noire. Des cachots, des antres noirs. Une chambre noire. Il y fait noir comme dans un four. Le temps est noir. Une nuée noire.

Froid noir, Le froid qu' il fait quand le temps est fort couvert.

Chambre noire ou obscure, Chambre dans laquelle on intercepte toute lumière extérieure, pour y introduire ensuite des rayons solaires, directs ou réfléchis, qu' on soumet à diverses analyses. On donne plus particulièrement ce nom à Des instruments d' optique de formes très-variées, à l' aide desquels on voit, sur un papier blanc ou sur un verre dépoli, une peinture exacte, mobile, et pour ainsi dire animée de tous les objets extérieurs.

NOIR

NOIR signifie encore, Sale, crasseux. Il se dit surtout Du linge et des mains. Son linge est toujours noir. Lavez vos mains, elles sont toutes noires.

NOIR

NOIR signifie figurément, Triste, morne, mélancolique. C' est un esprit noir et rêveur. Il a une humeur noire. Il a des vapeurs noires qui lui montent au cerveau. Un noir chagrin. Les noirs soucis. Un noir pressentiment. Des idées noires.

Il voit tout noir, il voit en noir, il voit noir, il voit bien noir, Il est sujet à prendre les choses du côté fâcheux, à prévoir des événements tristes et funestes. Noir est employé adjectivement dans la première phrase, et adverbialement dans les trois autres.

NOIR

NOIR se dit aussi figurément Des crimes, des mauvaises actions, et Des personnes qui les commettent. Un crime extrêmement noir. Une noire trahison. Une malice noire. Une noire ingratitude. Une noire calomnie. Un noir attentat. Fut-il jamais d' action plus noire, que de livrer son ami? Avoir l' âme noire. On m' a fait cet homme bien noir, on me l' d dépeint bien noir.

Rendre noir, Diffamer, faire passer quelqu' un pour méchant, pour criminel. On l' a rendu bien noir dans cette affaire.

Prov., Il n' est pas si diable qu' il est noir, Il n' est pas si méchant qu' il le paraît.

Prov., Cet homme est ma bête noire, Il est pour moi l' objet d' une aversion particulière.

Poétiq., L' onde noire, Le Styx. Il a passé l' onde noire, Il est mort.

NOIR

NOIR est aussi substantif, et signifie, La couleur noire, et Ce qui est de couleur noire. Le noir est l' absence de toutes les couleurs. Un beau noir. Noir de jais. Un vilain noir. Noir foncé. Teint en noir. Noir à noircir, ou Noir de fumée. Noir d' ivoire. Noir de cerf. Noir de terre. Noir d' Allemagne, d' Espagne. Noir de teinturier. Chambre tendue de noir. On a barbouillé cette muraille de noir. Il s' habille de noir. Il porte le noir. Il est en noir. Il n' y a pas longtemps qu' elle a pris le noir. Il y a autant de différence de l' un à l' autre, que du blanc au noir.

Fig. et fam., Passer du blanc au noir, aller du blanc au noir, Passer d' une opinion à l' opinion contraire, passer d' une extrémité à l' autre.

Prov. et par exagérat., Si vous lui dites blanc, il répondra noir, Il se plaît à contredire.

Fam., Mettre du noir sur du blanc, Écrire, composer. Depuis qu' il met du noir sur du blanc, il se croit un personnage.

Fig. et fam., Faire du noir, broyer du noir, Se livrer à des réflexions tristes, à des pensées mélancoliques, sombres. On dit également, S' enfoncer dans le noir, dans son noir.

NOIR. s. m.

NOIR. s. m. Nègre. Il se dit par opposition à Blanc. Il y a vingt noirs et trois blancs dans cette habitation.

NOIRÂTRE. adj. des deux genres

NOIRÂTRE. adj. des deux genres Qui tire sur le noir, qui approche du noir. Couleur noirâtre. De l' eau noirâtre. Un teint noirâtre.

NOIRAUD, AUDE. adj.

NOIRAUD, AUDE. adj. Qui a les cheveux noirs et le teint brun. Un homme noiraud. Une femme noiraude. Le plus souvent il s' emploie substantivement. Un gros noiraud. Une petite noiraude. Il est familier.

NOIRCEUR. s. f.

NOIRCEUR. s. f. Qualité qui fait qu' un corps est noir, paraît noir. La noirceur de l' ébène, de l' encre. La noirceur des cheveux, des sourcils.

Il signifie aussi, Tache noire. Il a des noirceurs au visage, une noirceur à la jambe.

NOIRCEUR

NOIRCEUR signifie figurément, Atrocité d' une action, d' un caractère. La noirceur de son crime. La noirceur de son ingratitude, de son infidélité, de sa trahison. La noirceur de cet attentat. Il y a de la noirceur dans cette action. La noirceur de son âme.

Il signifie aussi, figurément, Une action faite ou une parole dite dans l' intention de nuire. Il m' a fait une noirceur, cent noirceurs. C' est une noirceur. Il a dit des noirceurs contre cette femme.

NOIRCIR. v. a.

NOIRCIR. v. a. Rendre noir. Noircir une muraille. Se noircir les cheveux, les sourcils. Il s' est tout noirci les mains. Le soleil noircit le teint. Le cachou noircit les dents. La vapeur des boues et le mauvais air noircissent l' or et l' argent.

Fig., Noircir l' esprit, Y faire naître des pensées tristes, sombres. Cette lecture m' a noirci l' esprit.

Fig. et fam., Noircir du papier, Écrire. On a bien noirci du papier dans cette affaire.

NOIRCIR

NOIRCIR signifie encore, figurément et au sens moral, Diffamer, faire passer pour méchant, pour infâme. La calomnie peut noircir l' homme le plus innocent, la conduite la plus pure. Cette accusation l' a tellement noirci, qu' il n' en sera jamais bien lavé. Noircir la réputation de quelqu' un.

NOIRCIR

NOIRCIR est aussi neutre, et signifie, Devenir noir. Ses cheveux ont noirci. Le teint noircit au soleil. Ce bois ne brûle point, il ne fait que noircir, il noircit au feu.

Il s' emploie aussi avec le pronom personnel, dans le même sens. Cela s' est noirci à la fumée.

Le temps se noircit, le ciel se noircit, Le temps devient obscur, le ciel se couvre de nuages épais.

NOIRCIR

NOIRCIR avec le pronom personnel, signifie figurément, Se rendre odieux, infâme par quelque mauvaise action. Il s' est noirci par beaucoup de méchancetés. Voudrait-il se noircir d' un tel crime?

NOIRCI, IE. participe

NOIRCI, IE. participe

NOIRCISSURE. s. f.

NOIRCISSURE. s. f. Tache de noir. D' où vient cette noircissure?

NOIRE. s. f.

NOIRE. s. f. T. de Musiq. Note qui vaut pour la durée le double d' une croche, la moitié d' une blanche.

NOISE. s. f.

NOISE. s. f. Querelle, dispute. Grande noise. Chercher noise. Chercher noise à quelqu' un. Exciter une noise. Il a ému la noise entre eux. Il a commencé la noise. Ils ont eu noise ensemble pour une bagatelle. C' est lui qui est auteur de la noise, cause de la noise. Ce que j' en fais, c' est pour éviter noise. Apaiser la noise. Il est familier.

NOISETIER. s. m.

NOISETIER. s. m. Arbre qui porte les noisettes, et qu' on appelle autrement Coudrier.

NOISETTE. s. f.

NOISETTE. s. f. Espèce de petite noix ou d' amande que porte le coudrier. Noisettes franches. Cueillir, casser, manger des noisettes. Pain, beurre qui sent la noisette.

Prov., fig. et pop., Donner des noisettes à ceux qui n' ont plus de dents, Donner à quelqu' un des choses dont il n' est plus en état de se servir.

Couleur de noisette, ou Couleur noisette, Gris roussâtre qui approche de la couleur de la noisette. Voilà un drap d' un beau couleur de noisette. Un drap noisette. Un habit noisette.

NOIX. s. f.

NOIX. s. f. Sorte de fruit ayant une coque dure et ligneuse, couverte d' une écale verte. Noix verte, nouvelle, huileuse, angleuse. Un sac, un cent de noix. Abattre, écaler, casser, cerner des noix. Écale, coquille de noix. Le zeste d' une noix. Une cuisse de noix. De l' huile de noix. Il en a pris gros comme une noix. Jouer aux noix. Confire des noix. Noix confite.

NOIX

NOIX se dit aussi d' Autres fruits qui ont quelque ressemblance avec la noix. Noix muscade. Noix d' Inde. Noix vomique. Noix de coco. Noix d' acajou.

Noix de galle, ou Galle, Excroissance produite, sur le chêne et sur d' autres arbres, par la piqûre de certains insectes. La noix de galle sert à teindre en noir et à faire de l' encre.

NOIX

NOIX se dit encore de Cette petite glande qui se trouve dans une épaule de veau, proche la jointure des deux os. La noix de veau est un morceau délicat.

Il se dit aussi de La rotule, ou de l' os qui est sur l' articulation de la cuisse avec la jambe. La noix du genou.

NOIX

NOIX signifie encore, La partie du ressort d' une arbalète, où la corde est arrêtée quand elle est tendue.

Il signifie également, La partie du ressort d' un fusil, d' un pistolet, etc., qui est garnie de deux crans, dont l' un sert pour le repos et l' autre pour la détente, et qui s' engrènent dans la mâchoire de la gâchette.

Il se dit aussi de La roue dentelée qui fait partie d' un moulin à café, à poivre, etc., et qui sert à broyer la graine. La noix de ce moulin est usée.

NOLI ME TANGERE. s. m.

NOLI ME TANGERE. s. m. (On prononce mé tangéré.) Expression latine, qui signifie, Ne me touchez pas, et qui s' emploie dans notre langue pour désigner Certaines plantes que le moindre attouchement flétrit, ou qui sont armées de fortes épines, ou dont les semences, s' élançant avec roideur quand on les touche, causent une espèce de surprise et une légère douleur.

Il se dit aussi d' Une espèce d' ulcère incurable, qu' on aggrave quand on y touche.

NOLIS. s. m.

NOLIS. s. m. T. de Marine, qui n' est guère usité que dans la Méditerranée. Fret ou louage d' un navire, d' une barque, etc. J' ai payé tant pour le nolis de ce navire. On dit aussi, Naulage.

NOLISER. v. a.

NOLISER. v. a. T. de Marine, qui n' est guère usité que dans la Méditerranée. Affréter. Noliser un bâtiment.

NOLISÉ, ÉE. participe

NOLISÉ, ÉE. participe

NOLISSEMENT. s. m.

NOLISSEMENT. s. m. T. de Marine. Action de noliser, de faire un nolis. On l' a chargé du nolissement des navires nécessaires au transport des troupes.

NOM. s. m.

NOM. s. m. Le terme dont on a coutume de se servir pour désigner une personne ou une chose, une agrégation de personnes ou de choses. Un nom propre. Un nom de baptême. Louis premier du nom. Philippe II du nom. Nom de famille. Nom patronymique. Nom de terre, de seigneurie, de fief. Donner son nom à un enfant au baptême. Un nom de saint. Imposer un nom. L' imposition des noms. Il a un beau nom. Il porte un grand nom. Il porte le même nom que moi. C' est le nom que je tiens de mes ancêtres. Comment a-t-il pu donner sa main et son nom à une telle femme? Hériter du nom et des armes. Ce nom est un nom illustre. Un nom connu. Un nom inconnu. Un nom obscur. Signaler, illustrer, dégrader, déshonorer son nom. Éterniser, immortaliser son nom. Quitter son nom. Changer de nom. Déguiser son nom. Il a pris un faux nom. Je ne le connais que de nom. Est-ce là votre vrai nom? On fait courir sous son nom une plate épigramme. Appeler quelqu' un par son nom. Il est assez connu par son nom. Faire enregistrer, écrire son nom. Usurper, emprunter le nom de quelqu' un. Prêter son nom. Il plaide en son nom. Il a fait cette acquisition sous un nom emprunté. Il ne s' appelle pas ainsi, c' est un nom supposé. Supposition de nom. Je ne sais pas le nom de cette plante. Quel est le nom qu' on a donné à cette rue?

Il se prend quelquefois pour La personne. Son nom figure souvent dans l' histoire. Son nom restera gravé dans tous les coeurs. Son nom sera béni. Il est fâcheux qu' on ait mêlé son nom dans des contes ridicules.

Nom de guerre, Nom que chaque soldat prenait autrefois en entrant au service. On le dit encore d' Un nom supposé que l' on prend dans certains états, dans certaines situations où l' on ne veut pas être connu sous son nom de famille. Beaucoup de comédiens ont des noms de guerre. Il a pris un nom de guerre pour vivre chez l' étranger. On le dit aussi quelquefois d' Un sobriquet sous lequel une personne est connue.

Nom de religion, Nom que des religieux, des religieuses prennent en entrant au couvent, et qui rappelle ordinairement des idées de dévotion. Elle a pris pour nom de religion Marie de l' Incarnation, Élisabeth du Saint-Sacrement.

Fig. et fam., Décliner son nom, Dire qui l' on est, afin de se faire connaître. Il a été obligé de décliner son nom.

Prov., Je ne lui ai jamais dit pis que son nom, Je ne lui ai jamais rien dit d' injurieux ni d' offensant.

Prov., On ne saurait lui dire pis que son nom, Son nom est si décrié, si diffamé, que c' est la plus grande injure qu' on lui saurait dire.

Prov., C' est un homme à qui il ne faut pas dire plus haut que son nom, C' est un homme qui s' offense aisément.

Prov., Nommer les choses par leur nom, Donner, sans aucun ménagement, aux choses et aux personnes les noms qu' elles méritent. Il nomme les choses par leur nom, il appelle les voleurs voleurs, les fripons fripons.

Nommer les choses par leur nom, signifie aussi, Employer dans la conversation des termes que la bienséance en a bannis. Il se donne la liberté de nommer toutes les choses par leur nom.

Prov., Je réussirai ou j' y perdrai mon nom, Je suis décidé à ne rien ménager, à tout sacrifier pour réussir dans cette affaire.

NOM

NOM en style de Pratique, signifie, Titre, qualité en vertu de laquelle on agit, en vertu de laquelle on prétend à quelque chose. Il procède au nom et comme tuteur. Ès noms qu' il procède.

Céder ses droits, noms, raisons et actions, Transporter les droits et titres en vertu desquels on prétend quelque chose.

Répondre d' une chose en son propre et privé nom, En être personnellement responsable. On dit aussi, Être attaqué, poursuivi en son propre et privé nom, Être attaqué, poursuivi directement et personnellement.

En termes de Commerce, Nom social, Le nom que des associés doivent signer pour représenter la raison de leur commerce.

NOM

NOM signifie aussi, Réputation. Il s' est acquis, il a acquis un grand nom. Il s' est fait un grand nom dans les lettres. C' est un homme qui a un grand nom dans la guerre. Il a rempli toute la terre de son nom. Aucun législateur n' a eu un si grand nom parmi les hommes. Il a porté son nom jusqu' aux extrémités du monde. Son nom efface tous les autres noms. Il ne laissera aucun nom. Il a laissé un nom odieux, exécré. Cet auteur a déjà quelque nom.

La gloire de son nom, Sa gloire, sa renommée. La gloire de son nom était parvenue jusqu' en ces contrées lointaines. Il a porté en tous lieux la gloire de son nom.

Cet homme est sans nom, c' est un homme sans nom, On ne le connaît point dans le monde, il est sans crédit, sans autorité, sans réputation.

NOM

NOM signifie encore, Naissance, noblesse. C' est un homme de nom. Il n' est pas riche, il n' a pour lui que son nom.

C' est un nom qui s' éteint, se dit D' une famille dont le nom ne peut plus se continuer, faute d' héritiers mâles.

NOM

NOM se dit quelquefois d' Une épithète, d' une qualification morale. Ce prince a mérité le nom de grand. Il est indigne du nom d' ami, de bienfaiteur.

Le nom chrétien, le nom romain, le nom français, etc., Tous les chrétiens, le christianisme; tous les Romains, l' empire romain; tous les Français, la monarchie française, etc. Ce soudan fut un redoutable ennemi du nom chrétien. Le nom romain s' était répandu par toute la terre.

Le nom de père, le nom d' époux, etc., Le titre, la qualité de père, d' époux, etc. On avilit le nom d' époux en se prêtant aux déréglements de sa femme.

NOM

NOM en Grammaire, se dit d' Un mot qui sert à désigner ou à qualifier une personne ou une chose, les personnes ou les choses. Le nom est susceptible de nombre et de genre. Le nom est une des principales parties du discours. On ne peut former une proposition qu' il n' y ait un nom et un verbe exprimés ou sous-entendus. Nom substantif. Nom adjectif. Nom propre. Nom appellatif ou commun. Nom collectif. Nom partitif. Nom diminutif. Nom masculin. Nom féminin. La langue grecque et la langue latine ont des noms neutres.

AU NOM DE.loc. prépositive

AU NOM DE.loc. prépositive De la part de. Il est allé emprunter de l' argent au nom de son maître. On dit aussi dans le même sens, En mon nom, en son nom, etc.

AU NOM DE

AU NOM DE signifie aussi, En considération de. Je vous demande cela au nom de notre ancienne amitié, au nom de tout ce que vous avez de plus cher. Je vous en conjure au nom de Dieu.

DE NOM. loc. adverbiale

DE NOM. loc. adverbiale qui se dit par opposition à Réellement et de fait. Il n' était roi que de nom; le maire du palais gouvernait l' État.

NOMADE. adj. des deux genres

NOMADE. adj. des deux genres Errant, qui n' a point d' habitation fixe. Il se dit surtout Des nations, des tribus, des peuplades. Nation nomade. Peuple nomade. Tribu nomade. Les Tartares sont des peuples nomades.

Il se prend aussi substantivement. C' est un peuple de nomades.

NOMARQUE. s. m.

NOMARQUE. s. m. T. d' Antiq. Gouverneur d' un nome dans l' ancienne Égypte.

NOMBRANT. adj. m.

NOMBRANT. adj. m. Qui nombre. Il n' est usité que dans cette locution, Nombre nombrant. Voyez NOMBRE.

NOMBRE. s. m.

NOMBRE. s. m. Il se dit de L' unité, d' une collection d' unités, des parties de l' unité. Le nombre se considère de deux manières, comme nombre abstrait, ou comme nombre concret.

NOMBRE ABSTRAIT

NOMBRE ABSTRAIT Tout nombre considéré en lui-même, sans application à rien de déterminé. On dit aussi, mais plus rarement, Nombre nombrant. --- L' unité est le principe des nombres. Deux font nombre. Multiplier un nombre par un autre. Diviser un nombre par un autre nombre. Les anciens ont prétendu qu' il y avait une grande vertu dans les nombres. Les propriétés des nombres. Nombre pair, impair. Le nombre de dix, de vingt, de cent. La division des nombres.

Nombre cardinal, Tout nombre qui sert à marquer la quantité, comme, Un, deux, trois, etc. Nombre d' ordre ou ordinal, Tout nombre qui sert à marquer l' ordre, comme, Premier, second, troisième, etc. Nombre collectif, Tout nombre qui exprime l' assemblage de plusieurs nombres, comme, Une dizaine, une vingtaine, une centaine, etc.

Nombre entier, Celui qui contient l' unité un certain nombre de fois exactement, comme, Un, deux, trois, quatre, cinq, etc.; et, Nombre rompu ou fractionnaire, Celui qui ne contient que des parties de l' unité, comme, Un demi, deux tiers, trois quarts, etc.: on l' appelle autrement Fraction.

Nombre premier, Tout nombre qui ne peut être divisé exactement et sans reste par aucun autre nombre que par l' unité, comme, Trois, cinq, sept, onze, treize, etc.

Nombre carré, Tout nombre qui vient de la multiplication d' un nombre par lui-même, comme, Quatre, qui vient de la multiplication de deux par deux; neuf, qui vient de la multiplication de trois par trois; vingt-cinq, qui vient de la multiplication de cinq par cinq, etc.

Nombre cube ou cubique, Le produit d' un nombre multiplié deux fois par lui-même. Ainsi, Huit est un nombre cube, dans lequel quatre, qui est le nombre carré, est multiplié par sa racine, qui est deux.

Nombre décimal, Nombre de parties de l' unité divisée en dix.

Dans la Numération, Nombre, dizaine, centaine, mille, etc., Unité, dizaine, centaine, etc.

NOMBRE CONCRET

NOMBRE CONCRET se dit de L' application du nombre abstrait à quelque sujet que ce soit. On dit aussi, mais beaucoup plus rarement, Nombre nombré. --- Un petit nombre. Un grand nombre. Un nombre fixe, déterminé. Les juges n' étaient pas en nombre, en nombre suffisant, en nombre compétent. Ils n' étaient pas alors en assez grand nombre. Le plus grand nombre était d' avis... Ils étaient en nombre égal, en pareil nombre. Nous étions le même nombre que l' autre fois. Nous étions un grand nombre. Ils étaient en assez bon nombre. Vous n' étiez pas de ce nombre-là. Le nombre est complet. Il a fourni le nombre d' exemplaires convenu. Il n' y a place que pour dix, il ne veut pas qu' on passe ce nombre. Compléter, remplir le nombre. Cela fait nombre. Augmenter, accroître, diminuer, excéder, surpasser le nombre. Mettre un nombre déterminé pour un indéterminé.

N' être là que pour faire nombre, se dit D' une personne qui n' est de nulle considération dans la compagnie dont elle est membre.

Le livre des Nombres, ou Les Nombres, Le quatrième des livres de Moïse, ainsi appelé, parce qu' il contient le dénombrement du peuple hébreu.

En Astron. et en Chronol., Nombre d' or, Le nombre dont on se sert pour marquer chaque année du cycle lunaire, qui est une révolution de dix-neuf années, au bout desquelles les nouvelles et les pleines lunes retombent à peu près au même jour et à la même heure.

NOMBRE

NOMBRE signifie aussi, Quantité, multitude. Un nombre prodigieux. Il y avait un nombre infini de personnes à cette fête. Il a nombre d' amis, il en a un bon nombre. Nous étions nombre de gens. La valeur dut céder au nombre. Nombre d' historiens l' ont ainsi raconté. Je l' ai vu nombre de fois.

NOMBRE

NOMBRE en termes de Grammaire, se dit Des noms et des verbes, selon qu' ils s' appliquent à une chose ou à plusieurs. Nombre singulier. Nombre pluriel. Dans la plupart des langues, le substantif et l' adjectif doivent s' accorder en genre et en nombre.

NOMBRE

NOMBRE signifie encore, L' harmonie qui résulte d' un certain arrangement de mots dans la prose et dans les vers. Cette période, cette phrase, ce style, cette prose, cette poésie a du nombre, manque de nombre.

DANS LE NOMBRE. loc. adverbiale

DANS LE NOMBRE. loc. adverbiale qui signifie, Parmi plusieurs, entre plusieurs; et qui s' emploie relativement à des personnes ou à des choses dont on vient de parler. J' ai vu ces tableaux; dans le nombre, il y en a beaucoup de médiocres, il n' y en a qu' un d' excellent.

AU NOMBRE, DU NOMBRE. loc. prépositives

AU NOMBRE, DU NOMBRE. loc. prépositives Parmi, au rang. On l' a mis au nombre des saints, des martyrs. Il est au nombre des hommes illustres. Ceux qui sont du nombre des élus. Il m' a mis au nombre de ses amis. Je suis du nombre de ceux qui l' estiment. L' ancienne Rome mettait souvent ses empereurs au nombre des dieux après leur mort.

DU NOMBRE

DU NOMBRE s' emploie quelquefois adverbialement. J' ai vu la liste des personnes invitées, vous n' êtes pas du nombre. Plusieurs s' y rendaient, je me suis mis du nombre.

SANS NOMBRE. loc. adverbiale

SANS NOMBRE. loc. adverbiale qui se dit D' une grande multitude, d' une quantité que l' on suppose innombrable. Cet événement a eu des témoins sans nombre. Il a de l' argent sans compte et sans nombre. Les réclamations étaient sans nombre.

NOMBRER. v. a.

NOMBRER. v. a. Supputer combien il y a d' unités dans une quantité. Il ne s' emploie presque plus que dans un sens négatif, et relativement à des choses qui ne sont pas de nature à être comptées. On ne saurait nombrer les grains de sable de la mer. Qui pourrait nombrer les désordres et les malheurs que causent les guerres civiles? Cet argent lui a été compté et nombré en présence des notaires. Cette dernière phrase est une ancienne formule de pratique.

NOMBRÉ, ÉE. participe

NOMBRÉ, ÉE. participe

NOMBREUX, EUSE. adj.

NOMBREUX, EUSE. adj. Qui est en grand nombre. Un peuple nombreux. Armée nombreuse. L' assemblée, la compagnie était fort nombreuse.

Il signifie aussi, en parlant Du style, Harmonieux, qui flatte l' oreille par un heureux choix et une habile disposition des mots. Une période nombreuse. Son style est nombreux. Ses vers sont nombreux.

NOMBRIL. s. m.

NOMBRIL. s. m. (On prononce Nombri.) Cette partie qui est au milieu du ventre de l' homme et des quadrupèdes, et qui est la cicatrice du cordon ombilical, par lequel le foetus reçoit sa nourriture. Lier le nombril aux enfants nouveau-nés. Il a été blessé au-dessous du nombril.

NOMBRIL

NOMBRIL se dit, en Botanique, de Certaines cavités qu' on aperçoit à la partie des fruits qui est opposée à la queue, et auxquelles les jardiniers donnent le nom d' OEil.

NOME. s. m.

NOME. s. m. T. d' Antiq. Mot emprunté du grec, et qui signifie proprement, Loi. Ce mot, lorsqu' on parle de la poésie des anciens, désigne, Une sorte de poëmes qui se chantaient en l' honneur d' Apollon, comme les dithyrambes se chantaient en l' honneur de Bacchus. Lorsqu' on parle de la musique des anciens, ce mot désigne, Un chant ou un air assujetti à une certaine cadence, à laquelle il n' était pas permis de manquer, en changeant à son gré le ton de la voix, ou celui des cordes de l' instrument: les Nomes empruntaient leur dénomination de certains peuples, Nome éolien, nome béotien; ou de la nature du rhythme, Nome orthien, nome trochaïque; ou de leurs inventeurs, Nome hiéracien, nome polymnestan; ou de leur sujet, Nome pythique; ou enfin de leur mode, Nome aigu, nome grave.

NOME

NOME dans une autre acception, signifie, Préfecture, gouvernement; et il se dit surtout Des différentes parties de l' Égypte, suivant une ancienne division du pays. L' Égypte fut divisée par Sésostris en trente-six nomes.

NOMENCLATEUR. s. m.

NOMENCLATEUR. s. m. Esclave dont les Romains qui briguaient les magistratures se faisaient accompagner, afin qu' il leur dît le nom des citoyens qu' ils rencontraient, et qu' ils avaient intérêt de saluer.

NOMENCLATEUR

NOMENCLATEUR signifie, parmi nous, Celui qui s' applique à la nomenclature d' une science ou d' un art.

NOMENCLATURE. s. f.

NOMENCLATURE. s. f. Collection des mots employés pour désigner les différents objets d' une science ou d' un art. La nomenclature de la géométrie, de la botanique, de la grammaire, etc. La nomenclature chimique a été changée.

Il se dit aussi de L' ensemble des mots qui composent un dictionnaire. La nomenclature de ce dictionnaire n' est pas exacte, n' est pas complète.

NOMINAL, ALE. adj.

NOMINAL, ALE. adj. Qui dénomme, ou Qui est dénommé. Il ne s' emploie guère que dans les locutions suivantes:

Appel nominal, Action d' appeler successivement par leur nom les membres d' une assemblée. On procéda à l' appel nominal; tous les membres se trouvèrent présents et votèrent.

Prières nominales, se disait en parlant Du droit honorifique qu' avaient les patrons et hauts justiciers d' être nommés aux prières du prône.

Valeur nominale, Valeur exprimée sur un papier-monnaie, sur un effet de commerce, etc., et qui est ordinairement au-dessus de la valeur réelle. Il lui avait donné dix mille francs en assignats, en effets publics, valeur nominale. La valeur de ces billets, dans le commerce, est bien au-dessous de leur valeur nominale.

NOMINATAIRE. s. m.

NOMINATAIRE. s. m. T. de Matière bénéficiale. Celui qui était nommé par le roi à un bénéfice.

NOMINATEUR. s. m.

NOMINATEUR. s. m. T. de Matière bénéficiale. Celui qui nomme, qui a droit de nommer. Le roi était le nominateur des bénéfices consistoriaux, des bénéfices qui vaquaient en régale.

NOMINATIF. s. m.

NOMINATIF. s. m. T. de Gram. Le nom tel qu' il est avant d' être décliné, dans les langues qui ont des cas. Le nominatif d' un nom, d' un adjectif, d' un pronom. Ce mot est au nominatif. Chercher le nominatif de la phrase.

NOMINATIF

NOMINATIF lorsqu' il s' agit de notre langue, signifie, Le mot qui, dans l' ordre direct, précède le verbe, et qu' on appelle en logique Le sujet de la proposition; parce que, dans les langues qui ont des cas, ce mot est toujours au nominatif. Dans cette phrase, Le père aime le fils, c' est le père qui est le nominatif; et dans cette autre, Le fils aime le père, c' est le fils qui est le nominatif.

NOMINATIF, IVE. adj.

NOMINATIF, IVE. adj. Qui dénomme, qui contient des noms. L' état nominatif des employés d' un ministère. La liste nominative des jurés.

NOMINATION. s. f.

NOMINATION. s. f. Action de nommer à quelque emploi, à quelque charge, à quelque dignité, etc. On a fait la nomination aux places vacantes dans ce tribunal. La nomination aura lieu la semaine prochaine.

Il se dit aussi Du droit de nommer à un emploi, à une charge, à une dignité, etc. Cette place est à la nomination du roi. Adressez-vous au ministre pour cet emploi, la nomination lui en appartient. Les préfets ont la nomination aux emplois de ce genre, sur la présentation des maires.

Il se dit aussi, dans le sens passif, en parlant De celui qui a été nommé à un emploi, à une charge, à une dignité, etc. Je ne l' ai point encore vu depuis sa nomination au ministère, Depuis qu' il a été nommé ministre.

NOMINATIVEMENT. adv.

NOMINATIVEMENT. adv. Par son nom. Interpellé nominativement de répondre, il a déclaré que...

NOMINAUX. s. m. pl.

NOMINAUX. s. m. pl. On a donné ce nom à ceux des scolastiques qui étaient opposés aux réalistes.

NOMMÉMENT. adv.

NOMMÉMENT. adv. Avec désignation par le nom. Ce terme est principalement en usage lorsque, après avoir parlé de plusieurs personnes ou de plusieurs choses en général, on vient à en désigner quelques-unes par leur nom. On accuse plusieurs personnes, et nommément tels et tels. Le roi a fait fortifier plusieurs villes, et nommément...

NOMMER. v. a.

NOMMER. v. a. Donner, imposer un nom. Nommer un enfant au baptême. Son parrain l' a nommé François, Jacques. Il fut le premier qui découvrit cette île, qui rapporta en France cette plante, et il la nomma de son nom. Ce fort fut nommé le Fort-Louis, du nom du roi.

Il se dit aussi en parlant De certaines épithètes, de certaines qualifications qu' on joint quelquefois aux noms propres, soit des personnes, soit des villes. Charles V a été nomme le Sage. Louis XII a été nommé le Père du peuple. François Ier a été nommé le Père des lettres. Gênes a été nommée la Superbe, à cause de la beauté de ses édifices.

NOMMER

NOMMER signifie aussi, Dire le nom d' une personne, d' une chose; dire comment une personne, une chose s' appelle. Si vous voulez, je vous nommerai mon auteur. Je vous nommerai plusieurs personnes. Je vous les ai nommées par nom et par surnom. Il y a des choses qu' on ne saurait nommer par leur nom. Je ne me souviens pas d' avoir entendu nommer cette plante; comment la nommez-vous? Comment nommez-vous cet homme? On le nomme Pierre, Jean, Jacques, etc.

Nommer ses complices, Les déclarer, les faire connaître.

Nommer quelqu' un son protecteur, son libérateur, son bienfaiteur, L' appeler son protecteur, son libérateur, son bienfaiteur.

Nommer quelqu' un à un emploi, à une charge, à une dignité, Choisir, constituer quelqu' un pour posséder un emploi, une charge; l' élever à une dignité. Le roi l' a nommé à l' ambassade de Rome. Le roi l' a nommé à cette place, sur la présentation du ministre de l' intérieur. On dit dans le même sens: Le roi l' a nommé ministre des affaires étrangères, ambassadeur en Angleterre. Il fut nommé maire de sa commune. Il a été nommé pape, cardinal, évêque. On l' a nommé préfet, sous-préfet. On a nommé des députés, des experts, des arbitres. On vient de nommer un président. Les magistrats de cette république étaient nommés tous les ans par le peuple. À Rome, on nomma des décemvirs pour composer les lois, et des questeurs pour faire juger les crimes publics. Il le nomma son successeur à l' empire. Etc.

Nommer quelqu' un son héritier, L' instituer son héritier.

Nommer d' office, se dit Du juge qui, d' après la loi, choisit et nomme des experts, des arbitres, des défenseurs, etc. L' une des parties n' ayant pas nommé d' expert, le tribunal en a nommé pour elle un d' office. Cet avocat a été nommé d' office pour défendre l' accusé.

NOMMER

NOMMER s' emploie quelquefois avec le pronom personnel, et signifie alors, Déclarer son nom. Vous êtes obligé de vous nommer.

Il s' emploie aussi avec le pronom personnel dans une signification passive. Comment se nomme-t-il? Comment est-il nommé? quel est son nom? Comment vous nommez-vous? Il se nomme Pierre, Jacques, Paul. Comment se nomme cette place, cette rue?

NOMMÉ, ÉE. participe

NOMMÉ, ÉE. participe Fam., Être bien nommé, mal nommé, se se dit D' une personne dont le nom propre est un nom significatif qui lui convient ou qui ne lui convient pas.

Évêque nommé, Évêque qui a été nommé par le roi, mais qui n' a pas encore reçu ses bulles du pape.

NOMMÉ

NOMMÉ s' emploie aussi substantivement. Un nommé Pierre. Le nommé Jacques. Les nommés tels et tels. À qui est cette maison? C' est à un nommé Dubois. Cette manière de parler emporte l' idée d' infériorité dans celui qu' on désigne.

À POINT NOMMÉ loc. adv.

À POINT NOMMÉ loc. adv. Précisément, au temps qu' il faut, fort à propos. Il arriva à point nommé, comme le combat allait commencer. Vous venez à point nommé, pour juger notre différend.

À JOUR NOMMÉ loc. adv.

À JOUR NOMMÉ loc. adv. Au jour qui avait été marqué, dont on était convenu. Il se trouva au rendez-vous à jour nommé.

NON. Particule négative

NON. Particule négative qui est directement opposée à la particule affirmative Oui. Il ne dit jamais non. Cette affaire est aisée à conclure, il n' y a qu' à dire oui ou non. Je gage que non. Il ne répond ni oui, ni non. Avez-vous fait telle chose? Non. Le voulez-vous? Non. Répondez catégoriquement par oui ou par non.

Il se joint souvent avec la particule Pas. Prendrai-je cela? Non pas, s' il vous plaît. Je lui payerai ce que je lui dois, mais non pas tout à la fois. Il avait des flatteurs, et non pas des amis.

NON

NON s' emploie aussi d' une manière simplement négative, sans opposition directe à Oui. Il en est fâché, non sans cause. Il en est en peine, non sans raison. Il vous a fait plaisir, non pas tant pour l' amour de vous, que par vanité. Non toutefois que je prétende à lui plaire. Non qu' il ne soit fâcheux de le mécontenter. Non, que je sache. Non loin de la ville, se trouve le château qu' il habite.

Il se met, quelquefois, au commencement d' une phrase négative pour en annoncer le caractère, et pour fortifier l' expression de la pensée. Non, je n' en ferai rien. Non, jamais la vertu n' exerça plus d' empire. On le redouble même quelquefois, pour s' exprimer plus énergiquement. Non, non, je n' y consentirai jamais. Non, non, cent fois non.

Il se joint aussi aux adverbes Certes, certainement, vraiment, etc., qui rendent la négation plus formelle. Non certes, non vraiment, je ne le ferai pas.

Il se joint quelquefois à des noms adjectifs ou substantifs, et à des verbes. Tous les gens non intéressés, non préoccupés, non solvables, non recevables. Non-prix: voyez PRIX. Fin de non-recevoir: voyez FIN.

NON

NON s' emploie aussi substantivement. Ils sont gens à se brouiller pour un oui ou pour un non. Il m' a répondu un non bien sec. Il lui répondit par un non, par un non significatif. Le oui et le non.

NON-SEULEMENT. loc. adverbiale

NON-SEULEMENT. loc. adverbiale qui est ordinairement suivie de la conjonction adversative Mais. Non-seulement il n' est pas savant, mais il est très-ignorant. Non-seulement je l' ai payé, mais encore je lui ai fait un présent. Un chrétien doit aimer non-seulement ses amis, mais même ses ennemis.

NON PLUS loc. adv.

NON PLUS loc. adv. Pas plus. Il n' en fut non plus ému que s' il eût été innocent. On n' en parle non plus que s' il n' eût jamais été. Je n' en sais rien, non plus que vous.

Il signifie aussi quelquefois, Pareillement; mais il n' a cette acception que dans une phrase négative. Vous ne le voulez pas, ni moi non plus. Ceux-ci n' en sont pas, ni ceux-là non plus.

NONAGÉNAIRE. adj. des deux genres

NONAGÉNAIRE. adj. des deux genres Qui a quatre-vingt-dix ans. Il n' est guère usité qu' en parlant De l' espèce humaine. Un homme, une femme nonagénaire.

NONAGÉSIME. adj. m.

NONAGÉSIME. adj. m. Il n' est usité qu' en Astronomie, dans cette locution, Le nonagésime degré, ou simplement, Le nonagésime, Le point de l' écliptique qui est éloigné de quatre-vingt-dix degrés des points où l' écliptique coupe l' horizon.

NONANTE. adj.

NONANTE. adj. Nom de nombre cardinal composé de neuf dizaines. Il a vieilli; on dit, Quatre-vingt-dix.

NONANTIÈME. adj. des deux genres

NONANTIÈME. adj. des deux genres Nombre ordinal qui répond à l' adjectif numéral Nonante. La nonantième année de son âge. Il a vieilli; on dit, Quatre-vingt-dixième.

NONCE. s. m.

NONCE. s. m. Prélat que le pape envoie en ambassade. Le nonce du pape en France, en Espagne. Nonce ordinaire, extraordinaire. Le pape a envoyé un nonce. Nonce apostolique.

NONCE

NONCE est aussi Le titre des députés que la noblesse des diétines polonaises envoyait à la grande diète, pour composer la chambre de la noblesse.

NONCHALAMMENT. adv.

NONCHALAMMENT. adv. Avec nonchalance. Il agit si nonchalamment, qu' il manque toutes ses affaires.

Il signifie aussi, Mollement, avec abandon. Il était couché nonchalamment sur un lit de repos. Elle s' appuyait nonchalamment sur le bras de son amie.

NONCHALANCE. s. f.

NONCHALANCE. s. f. Négligence, manque de soin. Grande, extrême nonchalance. Quelle nonchalance! Il laisse ses affaires en désordre par nonchalance. Il s' est fait tort par sa nonchalance. Il fait tout avec nonchalance.

Il signifie aussi, Mollesse, abandon. Elle marche, elle parle avec nonchalance, avec une certaine nonchalance qui n' est pas sans grâce.

NONCHALANT, ANTE. adj.

NONCHALANT, ANTE. adj. Qui, par insouciance, par mollesse, par négligence, ne se donne pas les soins qu' il devrait. Vous êtes bien nonchalant. On dit de même: Une humeur nonchalante. Une démarche nonchalante. Une voix, une parole nonchalante.

Il s' emploie quelquefois substantivement. Un nonchalant. Une nonchalante.

NONCIATURE. s. f.

NONCIATURE. s. f. L' emploi, la charge de nonce. Le pape a nommé tel prélat à la nonciature de France. Le tribunal de la nonciature d' Espagne.

Il se dit aussi Du temps pendant lequel on exerce cet emploi. Cela arriva pendant, avant, après sa nonciature.

NON-CONFORMISTE. s. et adj. des deux genres

NON-CONFORMISTE. s. et adj. des deux genres Terme générique par lequel on désigne, en Angleterre, Tous ceux qui s' écartent de la religion anglicane.

NONE. s. f.

NONE. s. f. T. de Liturgie cathol. Celle des sept heures canoniales qui se chante ou qui se récite après sexte. Où en êtes-vous de votre bréviaire? J' en suis à none. Après none, on dit vêpres.

NONES. s. f. pl.

NONES. s. f. pl. C' était, chez les Romains, Le cinquième jour dans quelques mois, le septième dans d' autres, et toujours le huitième avant les ides.

NONIDI. s. m.

NONIDI. s. m. Le neuvième jour de la décade, dans le calendrier républicain.

NONIUS. s. m.

NONIUS. s. m. (On fait sentir l' S.) Échelle de certains instruments de mathématique, formée de très-petites parties, et qui sert à déterminer avec une grande précision les quantités que l' on mesure.

NON-JOUISSANCE. s. f.

NON-JOUISSANCE. s. f. T. de Palais. Privation de jouissance. Il lui est dû une indemnité pour la non-jouissance du terrain qui lui était affermé.

NONNE ou NONNAIN. s. f.

NONNE ou NONNAIN. s. f. Religieuse. Une nonne. Une nonnain. Un couvent de nonnains, de nonnes. Une petite, une jeune nonnain. Il ne se dit plus qu' en plaisanterie.

NONNETTE. s. f.

NONNETTE. s. f. Jeune nonnain.

NONNETTE

NONNETTE est aussi Le nom qu' on donne à de petits pains d' épice de forme ronde et d' un goût délicat, que des religieuses ont fabriqués les premières. Une boîte de nonnettes de Reims.

NONOBSTANT. préposition

NONOBSTANT. préposition Malgré, sans avoir égard à. Il a été obligé de payer, nonobstant l' appel. Il s' est opiniâtré, nonobstant toutes les remontrances de ses amis. Nonobstant ces difficultés, il est venu à bout de son entreprise. Il fut massacré dans le temple, nonobstant la sainteté du lieu. Nonobstant ce, ou Ce nonobstant. Au Palais, Nonobstant opposition ou appellation quelconque.

NON-PAIR, NON-PAIRE. adj.

NON-PAIR, NON-PAIRE. adj. Il signifie la même chose qu' Impair, et il est moins usité.

NONPAREIL, EILLE. adj.

NONPAREIL, EILLE. adj. Qui excelle par-dessus tous les autres, qui est sans pareil, sans égal. Un mérite nonpareil. Une vertu nonpareille. Sa grâce nonpareille. Il est peu usité.

NONPAREILLE. s. f.

NONPAREILLE. s. f. Il désigne, dans plusieurs Arts, Ce qu' il y a de plus petit.

Il se dit, en Mercerie, d' Une sorte de ruban fort étroit. Un noeud de nonpareille. Acheter de la nonpareille.

Il se dit, chez les Confiseurs, d' Une sorte de dragée fort menue. De la nonpareille de Verdun.

Il se dit, en termes d' Imprimerie, d' Un des plus petits caractères, que l' on fond maintenant sur un corps de six points. La nonpareille est entre le petit-texte et la sédanoise ou parisienne. Nonpareille petit oeil, gros oeil. Belle nonpareille. On appelle par opposition Grosse nonpareille, Le plus gros caractère, celui qui est au-dessus du triple canon.

NON-PAYEMENT. s. m.

NON-PAYEMENT. s. m. T. de Finance. Défaut de payement. En cas de non-payement.

NON-PLUS-ULTRÀ, NEC-PLUS-ULTRÀ. Locutions

NON-PLUS-ULTRÀ, NEC-PLUS-ULTRÀ. Locutions empruntées du latin, qu' on emploie dans le style familier comme substantif masculin, pour signifier, Le terme qu' on ne saurait passer. Metz fut le non-plus-ultrà de Charles-Quint. Sa conduite est le nec-plus ultrà de la fourberie.

NON-PRIX. s. m.

NON-PRIX. s. m. Voyez PRIX.

NON-RÉSIDENCE. s. f.

NON-RÉSIDENCE. s. f. Absence du lieu où l' on devrait résider.

NON-SENS. s. m.

NON-SENS. s. m. Défaut de sens, de signification. Cette phrase est un non-sens. Ce discours est plein de non-sens, est un non-sens continuel.

NONUPLE. adj. des deux genres

NONUPLE. adj. des deux genres Qui contient neuf fois. Il est peu usité.

NONUPLER. v. a.

NONUPLER. v. a. Répéter neuf fois. Il est peu usité.

NONUPLÉ, ÉE. participe

NONUPLÉ, ÉE. participe

NON-USAGE. s. m.

NON-USAGE. s. m. Cessation d' usage. L' usufruit, les servitudes se prescrivent, s' éteignent par le non-usage pendant trente ans.

NON-VALEUR. s. f.

NON-VALEUR. s. f. Manque de produit dans une terre, dans une ferme, dans une maison. Cette terre n' est pas bien cultivée, elle est en friche en bien des endroits, elle est en non-valeur. La non-valeur de cette terre vient de ce qu' on la néglige depuis trois ans. Cette terre était affermée trente mille francs, mais elle a fort diminué à cause des non-valeurs. Cette maison n' est jamais louée en totalité, elle est sujette à bien des non-valeurs.

NON-VALEUR

NON-VALEUR en termes de Finance et de Commerce, se dit de Certaines parties d' impositions qu' on n' a pu lever, de certaines créances qu' on n' a pu recouvrer. Il y a dans la masse des contributions de ce département pour cent mille francs de non-valeurs. Ce marchand a perdu l' année dernière dix mille francs en non-valeurs.

NON-VUE. s. f.

NON-VUE. s. f. T. de Marine. L' effet de la brume, quand elle est si épaisse, qu' on ne peut avoir connaissance du parage où l' on se trouve. Nous fûmes en risque de périr par non-vue. Il a vieilli.

NOPAL. s. m.

NOPAL. s. m. Nom qu' on donne, en Amérique, à tous les cactiers qui ont les tiges aplaties et articulées, principalement à celui sur lequel se trouve la cochenille. Un beau nopal. Il y a des nopals de plusieurs espèces.

NORD. s. m.

NORD. s. m. Septentrion, la partie du monde qui est opposée au midi. Ce pays est borné au nord par telle rivière, a au nord telle province. Les pays, les contrées, les régions du nord. Le vent est au nord, souffle du nord. Le vent du nord. Une maison exposée au nord. Du nord au midi.

Il signifie particulièrement, Celui des pôles du monde qui répond à l' étoile polaire arctique, et qui est opposé au sud. L' étoile du nord. L' aiguille aimantée se tourne vers le nord. On dit aussi adjectivement, Le pôle nord.

En Géographie, Degrés de latitude nord, Ceux qui vont de l' équateur au pôle septentrional.

En termes de Marine, Faire le nord, Faire route au nord.

NORD

NORD employé absolument, signifie, Le vent du nord. Le nord est le plus froid de tous les vents. Le nord règne ordinairement dans cette saison. Le nord souffle dans votre avenue. On dit plus ordinairement, Le vent du nord. On dit adjectivement, Le vent est nord.

Il se dit aussi Des pays septentrionaux, considérés absolument ou relativement. Cet homme est du Nord, est du nord de la France. Les plus belles fourrures viennent du Nord. Il a voyagé dans le Nord. Les peuples, les rois du Nord.

NORD-EST. s. m.

NORD-EST. s. m. La partie du monde qui est entre le nord et l' est. Cette ville est au nord-est de telle autre. Le vent souffle du nord-est.

Il signifie aussi, Le vent qui souffle entre le nord et l' est. Le nord-est est extrêmement froid dans ce pays. On dit adjectivement, Le vent est nord-est.

NORD-OUEST. s. m.

NORD-OUEST. s. m. La partie du monde qui est entre le nord et l' ouest. Cette ville est au nord-ouest de Paris. Le vent souffle du nord-ouest.

Il signifie aussi, Le vent qui souffle entre le nord et l' ouest. Le nord-ouest est d' ordinaire froid et pluvieux. On dit adjectivement, Le vent est nord-ouest.

NORMAL, ALE. adj.

NORMAL, ALE. adj. Qui sert de règle. Il se dit principalement Des écoles destinées à former des maîtres pour l' enseignement public. École normale. Les leçons, les cours, les professeurs, les élèves de l' école normale. Les écoles normales.

Établissement normal, Établissement qui sert de modèle pour en former d' autres du même genre.

État normal, État d' un être organisé ou d' un organe qui n' a éprouvé aucune altération; état ordinaire et régulier. Il s' emploie surtout en termes d' Anatomie. À l' état normal, cet organe offre telle apparence.

NORMALE. féminin

NORMALE. féminin se dit substantivement, en Géométrie et en Physique, de La ligne verticale ou perpendiculaire. Les corps tombent suivant la normale.

NORMAND, ANDE. adj.

NORMAND, ANDE. adj. Ce nom de peuple ne se met ici que parce qu' il est usité dans quelques phrases familières. Répondre en Normand, Ne répondre ni oui, ni non. C' est un fin Normand, C' est un homme adroit, et à qui il ne faut pas se fier. Réponse normande, Réponse ambiguë. Réconciliation normande, Réconciliation simulée.

NOS

NOS pluriel de l' adjectif possessif Notre. Voyez ce mot.

NOSOGRAPHIE. s. f.

NOSOGRAPHIE. s. f. Classification et description des maladies.

NOSOLOGIE. s. f.

NOSOLOGIE. s. f. Partie de la pathologie qui traite des maladies en général.

NOSTALGIE. s. f.

NOSTALGIE. s. f. Maladie causée par un désir violent de retourner dans sa patrie. On dit vulgairement, La maladie du pays, le mal du pays.

NOSTOC. s. m.

NOSTOC. s. m. Plante de la famille des Algues, qui ressemble à une espèce de gelée gluante, membraneuse, et d' un vert brun.

NOTA

NOTA Terme emprunté du latin, et qui signifie, Remarquez. On dit aussi quelquefois, Nota benè. --- Il voulait me conter son procès; nota, nota benè qu' il était tard, et que je n' avais pas dîné. Dans cet emploi, il est souvent familier.

Il est quelquefois substantif masculin, et signifie, Une remarque, une note que l' on met à la marge d' un écrit, d' un livre. Mettez là un nota. Tel article du compte est alloué, mais avec un nota. Il n' a point de pluriel.

NOTABLE. adj. des deux genres

NOTABLE. adj. des deux genres Remarquable, considérable. Dits, faits notables. Parole, arrêt notable. Un cas notable. Cela est notable. Dommage, préjudice, perte, gain, somme notable. Lésion notable. Une différence notable. Notre armée a remporté un avantage notable sur les ennemis. L' élection des échevins était faite par les notables bourgeois. Les notables commerçants élisent les membres du tribunal de commerce. Il a rassemblé chez lui tous les gens notables, toutes les personnes notables de la ville.

Il est aussi substantif, et il se dit Des principaux et des plus considérables citoyens d' une ville, d' une province, d' un État. Une assemblée de notables. L' assemblée des notables.

NOTABLEMENT. adv.

NOTABLEMENT. adv. Grandement, considérablement, beaucoup. Il est notablement lésé dans cette affaire.

NOTAIRE. s. m.

NOTAIRE. s. m. Officier public qui reçoit et qui passe les contrats, les obligations, les transactions, et les autres actes volontaires. Notaire royal. Notaire public. Notaire de ville, de village. Le corps des notaires. Contrat passé, quittance faite par-devant notaires. S' obliger par-devant notaires. Un acte signé de deux notaires. Le notaire y a passé, on ne peut plus s' en dédire. Le notaire qui a reçu son testament. Protester, faire protestation par-devant un notaire, par-devant notaire. Les registres, les minutes d' un notaire. L' étude d' un notaire. Il a acheté la pratique, la clientèle, la charge, l' étude de tel notaire. Clerc, premier clerc de notaire. Il travaille chez le notaire. Chambre de discipline des notaires

Notaire en second, Celui des deux notaires qui ne retient pas la minute de l' acte qu' ils signent tous deux.

Prov., C' est comme si le notaire y avait passé, se dit en parlant D' une chose sur laquelle on peut compter, sur laquelle il n' y a pas à revenir. Je vous l' ai promis, vous l' aurez; c' est comme si le notaire y avait passé.

Notaire apostolique, Officier établi pour les expéditions en cour de Rome, et affaires ecclésiastiques.

NOTAMMENT. adv.

NOTAMMENT. adv. Spécialement. Il a cité plusieurs lois, et notamment celle-là. Il a accusé plusieurs personnes, et notamment un tel.

NOTARIAT. s. m.

NOTARIAT. s. m. Charge, fonction de notaire. Il a exercé longtemps le notariat.

NOTARIÉ, ÉE. adj.

NOTARIÉ, ÉE. adj. Il s' emploie surtout dans cette locution, Acte notarié, Acte passé devant notaire. Quittance notariée.

NOTATION. s. f.

NOTATION. s. f. Action, manière d' indiquer, de représenter par des signes convenus. Notation musicale. Notation prosodique.

NOTE. s. f.

NOTE. s. f. Marque que l' on fait, avec une plume ou un crayon, en quelque endroit d' un livre, d' un écrit. J' ai mis une note sur mon exemplaire, pour retrouver ce passage. Je veux revoir quelques articles de ce compte, j' ai mis des notes à la marge.

Il signifie aussi, Remarque, espèce de commentaire sur quelque passage d' un écrit, d' un livre. J' ai fait des notes sur sa lettre, sur ce livre-là. On a imprimé ce poëme avec des notes. Les notes de Jean Bond sur Horace. Notes marginales. Notes au bas des pages. Notes renvoyées à la fin du volume. Les satiriques anciens ont besoin de notes pour être bien compris.

Il se dit encore d' Une observation qu' on fait sur un mot, sur une phrase. Il faut mettre ce mot dans le dictionnaire, avec la note Il est vieux, il est bas, etc.

NOTE

NOTE signifie aussi, Extrait sommaire, exposé succinct. J' ai pris note de ce que j' ai à payer et à recevoir à la fin du mois. Je prendrai note de ce que vous me dites. J' ai gardé note de ce qu' il m' a demandé. Remettez-moi une note de votre affaire, afin que je ne l' oublie pas.

Il signifie quelquefois, Mémoire. J' ai dit au marchand de me remettre la note de ce que je lui dois.

NOTE

NOTE en Diplomatie, se dit d' Une communication entre des agents diplomatiques. Note officielle, confidentielle, secrète.

NOTE

NOTE se dit aussi quelquefois Du déshonneur qui résulte d' une action blâmable ou de l' exercice d' une profession honteuse. Les mauvais traitements qu' il a fait éprouver à sa femme sont une note, une mauvaise note dans sa vie. Il a été espion de police; c' est une note qu' il portera toujours, qu' il n' effacera jamais.

Note d' infamie, ou Note infamante, Note imprimée juridiquement pour quelque cause grave. Le blâme en justice était une note infamante.

NOTE

NOTE se dit en outre Des caractères dont on se sert pour écrire la musique. Ce copiste n' emploie pas de l' encre assez noire pour faire ses notes. On a cherché à remplacer les notes par des chiffres. Chanter sur la note.

Il se dit aussi Des noms qu' on donne à ces différents caractères. Ut est la première note de la gamme,la seconde, etc. Quelle est cette note? C' est un sol. Cet enfant connaît déjà, nomme déjà toutes ses notes.

Il se dit encore Des sons représentés par ces caractères, selon leurs divers degrés du grave à l' aigu, et selon leurs différentes durées. Les sept notes de la gamme, par leurs combinaisons, forment tous les chants possibles. Il ne connaît pas, il ne sait pas, il n' observe pas la valeur des notes.

Note tonique, La note principale ou fondamentale d' un ton ou d' un mode.

Note sensible, La note qui est d' un demi-ton au-dessous de la tonique.

Notes de goût, Celles qui, appartenant à la mélodie et non à l' harmonie, entrent dans la mesure et n' entrent pas dans l' accord. Il se dit aussi de Certaines petites notes qui n' entrent ni dans la mélodie ni dans l' harmonie, et dont la durée très-rapide se prend sur la note qui précède ou sur celle qui suit.

Chanter la note, Solfier. On dit aussi, Ce musicien chante la note, Il chante juste, mais sans expression.

Bien attaquer la note, Faire une intonation juste et nette.

Prov. et fig., Ne savoir qu' une note, chanter toujours sur la même note, Dire toujours la même chose, proposer toujours le même expédient.

Prov. et fig., Changer de note, chanter sur une autre note, Changer de façon d' agir ou de parler. Je vous ferai bien changer de note.

Prov. et fig., Cela change la note, Cela change l' état des choses.

NOTER. v. a.

NOTER. v. a. Faire une note sur quelque chose. J' ai noté deux passages dans le premier volume. J' ai noté ces vers sur mes tablettes.

Il signifie figurément, Remarquer. Notez bien cela. Notez bien ce point-ci, ces deux points. Notez qu' il était son ennemi. Cela est à noter. Il est à noter que je ne l' ai pas vu une seule fois depuis le service que je lui ai rendu.

NOTER

NOTER signifie aussi figurément, Marquer d' une manière défavorable. Ce dernier trait le note bien mal dans mon esprit. Voilà qui le notera aux yeux du public.

Noter d' infamie, Couvrir de honte, d' opprobre.

NOTER

NOTER signifie en outre, Écrire de la musique avec les caractères destinés à cet usage. Noter un chant, un air. L' art de bien noter consiste à placer convenablement tous les signes de la musique.

NOTÉ, ÉE. participe

NOTÉ, ÉE. participe De la musique bien notée. Des airs notés.

Homme noté, Homme qui a une mauvaise réputation, méritée par quelques fautes qui ont fait de l' éclat.

NOTEUR. s. m.

NOTEUR. s. m. Copiste de musique. Le noteur de l' Opéra.

NOTICE. s. f.

NOTICE. s. f. Livre, traité où l' on donne une connaissance particulière des dignités, des charges, des lieux, des chemins d' un royaume, d' une province, d' un pays. La notice de l' Empire. La notice des Gaules.

Il signifie aussi, Indication ou extrait raisonné qui se met à la tête d' un manuscrit, pour faire connaître l' auteur, le temps où il a vécu, et pour donner une idée générale de l' ouvrage. On travaille depuis longtemps à faire les notices des manuscrits de la bibliothèque du roi.

Il se dit, par extension, Du compte succinct que l' on rend d' un ouvrage quelconque. Ce journal contient de bons extraits et des notices exactes.

Notice historique, biographique, Écrit de peu d' étendue contenant les principales circonstances de la vie d' un écrivain, d' un savant, d' un artiste, etc. Notice nécrologique, Celle qui a pour sujet un personnage mort depuis peu de temps.

NOTICE

NOTICE en Librairie, se dit de La liste imprimée des livres d' un cabinet, quand elle n' est pas assez étendue pour s' appeler Catalogue. On vient de distribuer la notice des livres du cabinet de monsieur un tel.

NOTIFICATION. s. f.

NOTIFICATION. s. f. Action de notifier, Acte par lequel on notifie. Ils ne peuvent plus en douter, la notification leur en a été faite.

NOTIFIER. v. a.

NOTIFIER. v. a. Faire savoir dans les formes légales, dans les formes usitées. Cet acte ne sera point valable, si on ne le fait notifier. Cet acte ne m' a point été notifié. On fit notifier le traité aux ambassadeurs. On fit notifier aux ambassadeurs que la paix était conclue. On lui notifia qu' il eût à se retirer dans les vingt-quatre heures. Après que l' ambassadeur eut notifié son arrivée. L' ambassadeur a notifié les ordres dont il était chargé.

NOTIFIÉ, ÉE. participe

NOTIFIÉ, ÉE. participe

NOTION. s. f.

NOTION. s. f. Connaissance, idée qu' on a d' une chose. Notion claire, précise, exacte, distincte, certaine, vague, confuse, imparfaite. Faible notion. Je n' ai pas une connaissance parfaite de cela, je n' en ai qu' une simple notion, qu' une faible notion. Il n' en a pas les premières notions. Sur une même chose on peut se former diverses notions. Il vous donnera des notions sur cette matière. Selon la notion que j' en ai, selon la notion commune. Je n' en ai pas la moindre notion. Je n' en ai aucune notion, nulle notion. Il manque des notions les plus familières au commun des hommes. Il y a des notions communes qui composent la raison universelle.

NOTOIRE. adj. des deux genres

NOTOIRE. adj. des deux genres Connu généralement. Le fait est notoire. C' est une vérité notoire. Cela n' est que trop notoire. Voilà une preuve notoire et convaincante. Cette ordonnance est notoire. Rendre notoire. On disait autrefois, en style d' Ordonnance et de Palais, Soit notoire à tous que...

NOTOIREMENT. adv.

NOTOIREMENT. adv. Évidemment, manifestement. Cela est notoirement vrai, notoirement faux. Il est notoirement coupable de tel crime.

NOTORIÉTÉ. s. f.

NOTORIÉTÉ. s. f. Connaissance générale, publique, d' une chose de fait. Cela est de toute notoriété. Il est de notoriété que... On l' a constitué prisonnier sur la notoriété du fait. Ceci est de notoriété publique.

Acte de notoriété, Acte par lequel les officiers d' un tribunal attestaient un usage établi dans ce tribunal, et faisant jurisprudence. On appelle aussi Actes de notoriété, Certains actes passés devant notaires, par lesquels des témoins suppléent à des preuves par écrit.

NOTRE. adj. possessif des deux genres

NOTRE. adj. possessif des deux genres Qui est à nous, qui nous appartient, qui est relatif à nous. Il précède toujours le substantif, et il fait Nos au pluriel. Notre père. Notre patrie. Notre religion. Notre bien. Notre vie. Nos aïeux. Nos ancêtres. Nos amis. Nos biens. Un de nos rois. Un de nos plus grands rois. Avez-vous vu notre poëte?

NOTRE

NOTRE parmi le peuple, est quelquefois synonyme de Mon. Ainsi un artisan dit: Notre femme, notre ménagère; une servante, Notre maître; etc.

Il est également employé au lieu de Mon, par le roi, par les évêques, etc., dans les mêmes cas où ils emploient Nous pour Je ou Moi. Notre conseil d' État entendu, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit. Voyez NOUS.

NÔTRE. Pronom possessif des deux genres

NÔTRE. Pronom possessif des deux genres qui a un sens analogue à celui de Notre adjectif, et qui se dit par rapport à une personne ou à une chose dont on a déjà parlé. Il est ordinairement précédé de l' article, et fait au pluriel Les nôtres. C' est votre avis, mais ce n' est pas le nôtre. Leur famille est alliée de la nôtre. Vos intérêts sont les nôtres. Vous avez vos raisons, et nous les nôtres. On supprime quelquefois l' article dans le langage familier. Nous pouvons compter sur lui, il est nôtre, Il est de notre parti, il nous est dévoué. Ces effets sont nôtres, Ils nous appartiennent.

NÔTRE

NÔTRE s' emploie quelquefois comme substantif masculin, et signifie, Ce qui est à nous, ce qui nous appartient, soit bien, soit réputation, etc. Nous défendons le nôtre. Il y va trop du nôtre. Il n' y a rien du nôtre. Le vôtre et le nôtre, chacun le sien.

Il signifie aussi, Ce qui vient de nous. Ne mettons rien, n' ajoutons rien du nôtre dans le compte que nous avons à rendre.

NÔTRES

NÔTRES au pluriel, s' emploie de même substantivement, et signifie, Ceux qui sont de notre famille, nos parents. Nous et les nôtres. C' est un devoir pour nous d' avoir soin des nôtres, de les aider dans leur établissement, de les secourir dans leur détresse.

Il signifie aussi, Ceux qui sont de notre pays, de notre parti, de notre compagnie. Celui-là est-il des nôtres? Il n' est pas des nôtres, il s' entend avec nos ennemis. Les nôtres se sont bien comportés dans le combat. Ne serez-vous pas des nôtres?

Fam., Nous avons bien fait des nôtres, Nous avons fait beaucoup de folies, de bons tours, nous nous sommes bien divertis.

NOTRE-DAME. s. f.

NOTRE-DAME. s. f. Fête de la sainte Vierge. La Notre-Dame d' août, de septembre.

Il se dit aussi quelquefois Des églises consacrées à la sainte Vierge. Notre-Dame de Paris. Notre-Dame d' Amiens.

Il se dit aussi de Certaines images de la Vierge qui sont l' objet d' une vénération particulière. La Notre-Dame de Lorette.

NOUE. s. f.

NOUE. s. f. Endroit où se rencontrent les surfaces inclinées de deux combles.

Il se dit aussi d' Une lame de plomb ou de cuivre placée dans la noue.

Il se dit également d' Une tuile creuse servant à l' écoulement des eaux. Les noues d' une lucarne.

NOUE

NOUE se dit encore d' Une terre grasse et humide, qui est une espèce de pré servant à la pâture des bestiaux.

NOUEMENT. s. m.

NOUEMENT. s. m. Action de nouer. Il n' est usité que dans cette locution populaire, Nouement de l' aiguillette.

NOUER. v. a.

NOUER. v. a. Lier en faisant un noeud, faire un noeud à quelque chose. Nouer un ruban, des jarretières.

Pop. et fig., Nouer l' aiguillette, Faire un prétendu maléfice pour empêcher la consommation du mariage.

Fig., en termes de Manége, Ce cheval noue l' aiguillette, Il détache vivement la ruade. Cette locution a vieilli.

Fig., Nouer une partie, Faire une partie, lier une partie. Nouer une intrigue, Former une intrigue. Nouer amitié, Lier amitié. Cette dernière locution vieillit.

NOUER

NOUER se dit figurément, en parlant Des pièces de théâtre, et signifie, Former le noeud, l' obstacle qui donne lieu à l' intrigue. Il a bien noué, mal noué sa tragédie, sa comédie. Il a noué fortement l' action, l' intrigue de sa pièce.

NOUER

NOUER signifie aussi, Envelopper dans quelque chose, en faisant un noeud. Nouer de l' argent dans le coin d' un mouchoir. Nouez ces drogues dans un linge, et faites-les bouillir dans l' eau.

NOUER

NOUER s' emploie quelquefois avec le pronom personnel, en parlant Des arbres à fruit, et signifie, Passer de l' état de fleur à celui de fruit. Les pommes, les citrons, les poires commencent à se nouer. Dans le temps où les fruits se nouent.

Il s' emploie aussi comme neutre, dans la même acception. Les fruits commencent déjà à nouer. Les abricots ne nouent pas encore.

Cet enfant se noue, Il devient rachitique.

La goutte se noue, elle est nouée, se dit Lorsque l' humeur qui cause la goutte s' épaissit, se durcit dans les jointures.

Les intestins se nouent dans la colique de miséréré, Ils rentrent en eux-mêmes.

NOUÉ, ÉE. participe

NOUÉ, ÉE. participe Cet enfant est noué, Les noeuds qui se sont formés dans ses articulations, l' empêchent de croître. Voyez RACHITIS.

Cet homme est noue de goutte, L' humeur de la goutte s' est arrêtée, s' est fixée dans les jointures de ses membres.

NOUET. s. m.

NOUET. s. m. Linge noué, dans lequel on a mis quelque substance pour la faire infuser ou bouillir. Mettez un nouet de telle drogue dans votre bouillon. Un nouet de rhubarbe. Mettez un nouet de fines herbes dans cette sauce.

NOUEUX, EUSE. adj.

NOUEUX, EUSE. adj. Qui a beaucoup de noeuds. Il ne se dit guère que Du bois. C' est un bois fort noueux. Le hêtre n' est pas si noueux que le chêne. Un bâton noueux. L' épine est fort noueuse.

NOUGAT. s. m.

NOUGAT. s. m. Espèce de gâteau fait d' amandes ou de noix au caramel. On a servi du nougat, un nougat.

NOUILLES. s. f. pl.

NOUILLES. s. f. pl. Espèce de pâte d' Allemagne, faite avec de la farine et des oeufs, et qui, par la manière dont elle est coupée, ressemble au vermicelle. Un potage aux nouilles. Les nouilles sont un mets fort nourrissant. Dans les livres de cuisine, on écrit ordinairement, Noules.

NOULET. s. m.

NOULET. s. m. Canal pour l' écoulement des eaux, fait avec des noues, c' est-à-dire avec des tuiles creuses, des lames de cuivre ou de plomb courbées, etc.

Il se dit aussi Des petits chevrons qui forment le fond de la noue entre deux combles.

NOURRAIN. s. m.

NOURRAIN. s. m. Le fretin, le petit poisson qu' on met dans un étang pour le repeupler. Il est synonyme d' Alevin.

NOURRICE. s. f.

NOURRICE. s. f. Femme qui allaite l' enfant d' une autre. Bonne nourrice. La nourrice du prince. Sa mère nourrice. Des contes de nourrice.

Il se dit aussi d' Une mère qui allaite son propre enfant. Elle a voulu être la nourrice de son dernier-né. Elle a été la nourrice de tous ses enfants.

Mettre un enfant en nourrice, Le donner à une nourrice hors de chez soi. Retirer un enfant de nourrice, Le retirer de chez la nourrice.

Cet enfant a été changé en nourrice, La nourrice l' a substitué à celui qu' elle avait reçu des parents. On le dit aussi De l' enfant qui a été remplacé. Cette mère est désolée, elle croit que son enfant a été changé en nourrice.

Prov., Il faut qu' il ait été changé en nourrice, se dit D' un enfant qui ne ressemble point à ses parents, pour les traits, pour le caractère. On dit, dans le sens opposé, Il n' a pas été changé en nourrice.

Prov. et fig., Battre sa nourrice, Attaquer les choses ou les personnes auxquelles on est redevable de son éducation, de sa fortune. Les écrivains modernes qui attaquent les anciens, sont des enfants qui battent leur nourrice.

NOURRICE

NOURRICE se dit figurément d' Une province qui fournit à une ville, à un pays de quoi subsister. La Sicile était la nourrice de Rome.

Il se dit aussi, figurément et familièrement, Des choses qui, dans certaines professions, procurent le plus de gain. Les maladies chroniques sont les nourrices du médecin. Il y a certaines questions de droit qui sont les nourrices des gens de palais. Il est vieux dans ce sens.

NOURRICIER. s. m.

NOURRICIER. s. m. qui s' emploie aussi adjectivement. Le mari d' une nourrice. Le nourricier d' un enfant. Son père nourricier.

Fig. et fam., C' est son père nourricier, se dit D' un homme qui en fait subsister un autre. Cet homme est le père nourricier des pauvres.

NOURRICIER, IÈRE. adj.

NOURRICIER, IÈRE. adj. Qui opère la nutrition, qui sert à la nutrition, qui se répand dans un corps pour en augmenter la substance. Le suc nourricier. La séve nourricière. Cet aliment renferme beaucoup de substance nourricière. On a cru de certaines plantes qu' elles attiraient les sucs nourriciers du sol qui les produit.

NOURRIR. v. a.

NOURRIR. v. a. Sustenter, servir d' aliment. Les aliments les plus propres à nourrir l' homme. Dieu a créé les fruits de la terre pour nourrir l' homme et les animaux.

Il s' emploie souvent absolument. Il y a des aliments qui nourrissent trop. Le pain nourrit beaucoup. Les fruits, les légumes ne nourrissent pas autant que la viande. Certaines viandes nourrissent plus que d' autres. Cela est fort succulent et nourrit beaucoup. Le vin nourrit.

Il se dit quelquefois figurément, au sens moral. Nourrir son imagination de chimères. Nourrir son esprit des plus saines maximes.

NOURRIR

NOURRIR se dit aussi D' une femme qui donne à téter à un enfant. C' est elle qui l' a nourri. Elle lui a nourri trois enfants. Une mère qui nourrit son enfant, est doublement sa mère. Elle a nourri entièrement cet enfant. Elle ne l' a nourri qu' à moitié. La nourrice qui a achevé de le nourrir.

Cette femme ne saurait nourrir d' enfants, Elle a le malheur de perdre tous ses enfants, dès leur bas âge.

NOURRIR

NOURRIR signifie encore, Entretenir d' aliments. Je l' ai vêtu et nourri pendant dix ans. Les enfants sont obligés de nourrir leur père et leur mère dans le besoin. Il nourrit tant de valets. Il ne nourrit pas ses domestiques, il leur donne leurs vivres en argent. Je lui donne tant par an pour me loger et pour me nourrir. On est bien nourri, on est mal nourri dans cette pension, dans cette auberge. Si les guerriers défendent la patrie, les laboureurs la nourrissent. Il nourrit tant de chiens, tant de chevaux. Si on veut que des chevaux travaillent bien, il faut les bien nourrir. Nourrir des bestiaux, des poulets, des pigeons, des vers à soie.

Fig., N' être pas nourri, N' être pas suffisamment nourri, être mal nourri. Les enfants ne sont pas nourris dans cette pension, dans ce collége. Les domestiques ne sont pas nourris dans cette maison.

NOURRIR

NOURRIR signifie figurément, Instruire, élever. Il faut avoir soin de nourrir les enfants dans les sentiments de piété et d' honneur. Il a été nourri dans l' amour de la vertu, dans la haine du vice, dans la mollesse, dans les délices, dans les fatigues de la guerre, etc.

Prov. et fig., Il nourrit un serpent dans son sein, Il élève, il protége, il assiste un ingrat, un méchant qui le perdra, qui le ruinera quelque jour.

NOURRIR

NOURRIR se dit aussi D' un pays qui ordinairement en fournit un autre de vivres; d' une terre, d' un héritage qui donne au propriétaire de quoi le faire subsister; d' une profession qui procure de quoi vivre à celui qui l' exerce. La Sicile nourrissait Rome. Ces provinces nourrissent la capitale. Cette terre le nourrit, lui et toute sa famille. Le métier qu' il fait ne suffit pas pour le nourrir. Je veux un métier qui me nourrisse, moi et mes enfants.

Prov., Il n' y a si petit métier qui ne nourrisse son maître, On peut, en travaillant, gagner de quoi vivre, quelque peu lucrative que soit l' industrie qu' on exerce.

NOURRIR

NOURRIR signifie quelquefois, Produire, porter, renfermer. L' Afrique nourrit beaucoup d' animaux féroces. Cette terre nourrit une race d' hommes forts et courageux. Cette mer nourrit des poissons voraces et destructeurs.

NOURRIR

NOURRIR signifie aussi figurément, Entretenir, faire subsister, faire durer. Nourrir l' espoir, le mécontentement, l' orgueil de quelqu' un. Nourrir la discorde, les troubles. Nourrir la haine, la défiance dans son coeur, dans le coeur de quelqu' un. Nourrir dans son âme une passion malheureuse, un amour sans espérance, des souvenirs pleins de charmes.

Nourrir une action, Fournir un supplément de finance au capital d' une action.

Nourrir un numéro à la loterie, Mettre sur le même numéro à chaque tirage, en augmentant toujours la mise.

NOURRIR

NOURRIR se dit également De certaines choses qui en entretiennent d' autres, qui les font profiter. La bonne terre nourrit les plantes, les arbres. Mettre du fumier au pied d' un arbre pour le nourrir. Le bois nourrit le feu. La pommade nourrit les cheveux. On a amené plusieurs ruisseaux pour nourrir ce canal. Cette année les melons ont été trop nourris d' eau.

Il se dit de même au sens moral. L' espérance nourrit l' amour. Les services mutuels nourrissent l' amitié. L' étude, la lecture, la conversation des hommes éclairés nourrit l' esprit.

En Peinture, Nourrir un tableau de couleurs, Mettre les couleurs avec une certaine abondance qui donne le moyen de les mêler aisément, de les empâter. Nourrir le trait, Éviter la maigreur et la sécheresse.

En Musique, Nourrir les sons, Faire qu' ils soient pleins et retentissants, et les soutenir exactement pendant leur durée.

NOURRIR

NOURRIR s' emploie avec le pronom personnel dans plusieurs de ses acceptions, tant propres que figurées. L' homme se nourrit de pain, de viandes, de légumes, etc. Cet anachorète ne se nourrissait que de racines sauvages. Les oiseaux de proie se nourrissent de chair. Cet homme se nourrit bien. Au sens moral: Se nourrir de la lecture des bons livres. Se nourrir de saines doctrines. Se nourrir de la parole de Dieu. Se nourrir d' idées tristes.

Cet enfant, cet animal se nourrit bien, se nourrit mal, Les aliments lui profitent bien, ne lui profitent pas.

Cet arbre n' a pas de quoi se nourrir, Il est planté dans une mauvaise terre, où il ne trouve pas un suc convenable et suffisant.

NOURRI, IE. participe

NOURRI, IE. participe Par plaisanterie, Cet homme est bien nourri, Il a beaucoup d' embonpoint.

Ce blé, ce grain est bien nourri, Il est bien plein, bien rempli.

Fig., Un style nourri, Un style riche, plein, abondant. Un ouvrage nourri de pensées, de réflexions, Un ouvrage où les pensées justes, où les réflexions judicieuses abondent. On dit aussi, Un écrivain nourri des bons auteurs, Un écrivain qui fait preuve d' une grande connaissance des bons auteurs.

En Calligraphie, Cette lettre est bien nourrie, Les traits qui la forment ont beaucoup de corps; et, Elle n' est pas bien nourrie, Elle est plus déliée qu' il ne faut.

En Peinture, Une couleur nourrie, Une couleur bien empâtée. Un trait nourri, Un trait qui n' est pas trop fin.

NOURRISSAGE. s. m.

NOURRISSAGE. s. m. T. d' Économie rurale. Il n' est usité que dans cette locution, Le nourrissage des bestiaux, Le soin et la manière de nourrir et d' élever les bestiaux.

NOURRISSANT, ANTE. adj.

NOURRISSANT, ANTE. adj. Qui sustente, qui nourrit beaucoup. Une viande bien nourrissante. Cette viande contient des sucs bien nourrissants. Ce consommé est fort nourrissant. Cela n' est pas assez nourrissant.

NOURRISSEUR. s. m.

NOURRISSEUR. s. m. On appelle ainsi, à Paris et dans les autres grandes villes, Celui qui nourrit des vaches dans l' étable, pour faire commerce de leur lait.

NOURRISSON. s. m.

NOURRISSON. s. m. Enfant qui est en nourrice. C' est une bonne nourrice, elle ne manquera pas de nourrissons. Elle a rendu son nourrisson.

Il se dit quelquefois figurément, pour Élève, dans le style soutenu. Télémaque fut le nourrisson de Mentor. Les nourrissons des Muses, Les poëtes.

NOURRITURE. s. f.

NOURRITURE. s. f. Aliment; subsistance des hommes et des animaux au moyen des aliments. Bonne, mauvaise nourriture. Nourriture succulente. Cette racine fournit une nourriture facile à digérer. Il refuse toute nourriture. La moindre nourriture lui suffit. Son travail lui procure, lui donne la nourriture. Faire des excès de nourriture. La nourriture est bonne, est mauvaise dans cette pension, dans ce collége. Prendre de la nourriture. Il est bien malade, il ne prend plus de nourriture. Il meurt faute de nourriture. Cet homme dépense tant pour sa nourriture. On ne donne point de gages à ce domestique, on ne donne point de salaire à cet ouvrier, on l' a pris pour sa nourriture. Il lui en coûte cher pour la nourriture de ses poulets, de ses pigeons.

Stipuler par contrat de mariage tant d' années de nourriture, Faire insérer dans le contrat que les conjoints seront nourris durant tant d' années par les parents de l' un d' eux.

NOURRITURE

NOURRITURE se dit aussi de Certaines humeurs, de certains sucs qui servent au développement et à l' entretien des corps animés et des végétaux. Son bras était amaigri, mais il recommence à prendre nourriture. Sa main ne prend plus de nourriture. Cet arbre prend nourriture, ne prend point de nourriture.

NOURRITURE

NOURRITURE se dit quelquefois figurément et au sens moral. L' esprit a besoin de nourriture aussi bien que le corps. La science est la nourriture de l' âme.

NOURRITURE

NOURRITURE se dit encore de L' allaitement, de l' action de nourrir un enfant de son lait. Cette femme a déjà fait plusieurs nourritures, en est à sa deuxième, à sa troisième nourriture, a fait deux nourritures du même lait. La première nourriture de cette femme n' a pas réussi, elle avait trop peu de lait. Cette femme a fait une belle nourriture.

Il se dit aussi, figurément, de Celui qu' on a élevé, du disciple qu' on a formé. Sa chère nourriture. Ironiquement, Vous avez fait là une belle nourriture. Il a vieilli dans cette acception.

Prov., Nourriture passe nature, La bonne éducation peut corriger les défauts d' un mauvais naturel.

Faire des nourritures, Nourrir, élever du bétail, de la volaille dans une terre, dans une maison de campagne. C' est une terre propre à y faire des nourritures.

NOUS. Pronom

NOUS. Pronom de la première personne, qui est le pluriel de Je ou Moi, et qui est des deux genres.

Il peut être ou sujet, ou régime direct, ou régime indirect. Nous partons. On nous observe. On nous parle. Nous nous voyons souvent. Nous nous parlons tout bas. Il est sujet dans la première phrase, régime direct dans la seconde, régime indirect dans la troisième, sujet et régime direct dans la quatrième, sujet et régime indirect dans la cinquième.

NOUS

NOUS sujet, se place avant le verbe. Nous partons. Il faut excepter les phrases interrogatives, dans lesquelles il se place après le verbe. Partons-nous?

Quelquefois, par une répétition qui donne de l' énergie à la phrase, on place Nous, sujet, avant et après le verbe. Nous voulons, nous, que telle chose se fasse. Nous pensons, nous, que telle chose doit être.

NOUS

NOUS régime direct ou indirect, se place avant le verbe. Il nous regarde. Il nous parle. Nous regarde-t-il? Nous parle-t-il? Ne nous regardez pas. Ne nous parlez pas. Il faut excepter les phrases impératives sans négation, dans lesquelles il se place après le verbe. Regardez-nous. Parlez-nous.

NOUS

NOUS régime, quand il est précédé d' une préposition, se met toujours après le verbe, l' adjectif ou l' adverbe dont il est le complément. Il parle de nous. Il s' en rapporte à nous. Il est pour nous, contre nous. On est content de nous, injuste envers nous. Il n' a rien dit relativement à nous. Je vous l' avouerai entre nous. Mais on dit familièrement, dans le sens de cette dernière phrase, Entre nous soit dit.

Fam., Nous autres, Ce que nous sommes de personnes du même côté, du même avis, du même rang. Vous allez jouer, nous autres nous allons à la promenade. Vous désirez une grande opulence, nous autres nous sommes contents du pur nécessaire.

NOUS

NOUS s' emploie au lieu du singulier Je ou Moi, par le roi dans les lois, dans les ordonnances, etc.: Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit; par les évêques dans leurs mandements, et en général par les personnes qui ont caractère et autorité: Nous N., certifions. Nous N., déclarons. Un auteur, un orateur, le dit quelquefois en parlant De lui-même.

Il s' emploie aussi quelquefois, dans le style familier, au lieu du pronom personnel Il ou Elle. On l' a fait apercevoir plusieurs fois de sa faute, mais nous sommes opiniâtre, nous ne voulons pas nous corriger.

NOUVEAU ou NOUVEL, NOUVELLE. adj.

NOUVEAU ou NOUVEL, NOUVELLE. adj. Qui commence d' être ou de paraître, qui n' existe ou qui n' est connu que depuis peu de temps. Nouveau se met devant un nom masculin qui commence par une consonne ou une h aspirée, et Nouvel devant un nom masculin qui commence par une voyelle ou une h muette. Un nouveau livre. Un nouvel ouvrage. Un ouvrage nouveau. Vin, blé, fruit nouveau. Un nouveau harnais. De nouveaux hasards. Nouvel instrument. Nouveau dessein. Nouvel armement. Nouvel accident. Nouvel hommage. Nouvelle invention. Nouvelle relation. Mode, pièce nouvelle. Nouvelle manière. Nouvelle édition. Nouvelle découverte. Les auteurs anciens et les nouveaux. Nouvelle religion. Nouvelle doctrine. Nouveau culte. Opinion nouvelle. Un objet nouveau. N' avez-vous rien, ne savez-vous rien, ne nous direz-vous rien de nouveau? Qu' y a-t-il de nouveau? Quoi de nouveau? Il s' est ouvert une nouvelle carrière. Il a formé de nouveaux noeuds. La chose a pris une face nouvelle. Mener une nouvelle vie. Recommencer sur nouveaux frais. Cela est nouveau pour moi. Cela m' est nouveau. C' est pour moi une chose nouvelle. Sa franchise parut à la cour une vertu nouvelle, toute nouvelle. Il a trouvé de nouveaux défenseurs. Prov., Tout ce qui est nouveau paraît beau.

Mots nouveaux, Mots qui commencent à se répandre, mais que l' usage n' a pas encore autorisés.

Un habit nouveau, Un habit d' une nouvelle mode. Un nouvel habit, Un habit différent de celui qu' on avait auparavant. L' habit que vous avez est nouveau. Il met tous les jours un nouvel habit.

Le nouvel an, et L' an nouveau, Le commencement de l' année. La saison nouvelle, Le printemps. La nouvelle lune, La lune qui commence. Le nouveau monde, Cette partie du monde qui a été découverte à la fin du quinzième siècle, et à laquelle on a donné le nom d' Amérique. Le nouveau style, La manière de compter dans le calendrier, depuis qu' il a été réformé par Grégoire XIII.

Nouveau Testament, Le livre des Évangiles, avec les Actes des apôtres, les Épîtres de saint Paul, les autres Épîtres canoniques, et l' Apocalypse; par opposition à l' Ancien Testament, Les livres saints qui ont précédé la naissance de JÉSUS-CHRIST.

En termes de Pratique, Passer titre nouvel. Nouvel ne s' emploie après le substantif que dans ce seul exemple. On dit aussi, dans le même style, Articuler faits nouveaux.

Prov. et fig., C' est du fruit nouveau que de le voir, se dit À l' arrivée d' un homme qu' on n' a pas vu depuis longtemps.

NOUVEAU

NOUVEAU en parlant Des personnes, signifie, Novice, inexpérimenté. Cet homme est bien nouveau dans son métier, dans son emploi. Cet homme est bien nouveau dans le monde, est bien nouveau, est tout nouveau dans les affaires.

Un homme nouveau, Celui qui a fait fortune, qui n' a pas de naissance; le premier de sa race qui se fasse remarquer. Cicéron était un homme nouveau.

Nouvel homme, et Homme nouveau, Le chrétien régénéré par la grâce.

Un nouveau visage, Une personne qu' on n' a pas encore vue. Je change de domestiques le moins que je peux, je n' aime pas les nouveaux visages. Il ne se plaît pas dans cette société, parce qu' on y voit toujours de nouveaux visages.

NOUVEAU

NOUVEAU se dit quelquefois D' une personne ou d' une chose qui a de la ressemblance, de la conformité avec une autre personne ou avec une autre chose. C' est un nouveau César, un nouvel Alexandre, un nouvel Attila. La terre semblait être menacée d' un nouveau déluge.

NOUVEAU

NOUVEAU s' emploie aussi substantivement. Voici du nouveau. Vous aimez le nouveau. Il me faut du nouveau. Souvent on préfère le nouveau à l' excellent.

Il s' emploie quelquefois adverbialement, et signifie, Nouvellement. Du beurre nouveau battu. Du vin tout nouveau percé. On ne l' emploie pas en ce sens avec un substantif féminin, excepté dans la locution Une fille nouveau-née: voyez le participe de NAÚTRE.

Il s' emploie encore, dans le sens de Nouvellement, avec quelques autres participes qui deviennent des substantifs; et alors il est adjectif variable. Un nouveau marié. De nouveaux mariés. Une nouvelle mariée. Les nouveaux convertis. Les nouvelles converties. Les nouveaux venus. Il faut fêter la nouvelle venue.

DE NOUVEAU loc. adv.

DE NOUVEAU loc. adv. Derechef, encore une fois. Il a été accusé de nouveau. On l' a emprisonné tout de nouveau.

À NOUVEAU loc. adv.

À NOUVEAU loc. adv. à l' usage de la Banque, du Commerce. Sur un nouveau compte. Créditer, débiter, porter à nouveau.

NOUVEAUTÉ. s. f.

NOUVEAUTÉ. s. f. Qualité de ce qui est nouveau, ce qu' il y a de nouveau dans une chose. La nouveauté plaît à la plupart des hommes. Cet air, que j' ai entendu si souvent, a toujours pour moi le charme de la nouveauté. La nouveauté d' une opinion, d' une doctrine, d' un sentiment, d' une découverte. Souvent la nouveauté d' une mode en fait tout l' agrément. La nouveauté du fait me surprend.

Il signifie aussi, Chose nouvelle. Je n' avais jamais entendu parler de cela, c' est une nouveauté pour moi.

Fam., C' est nouveauté, c' est une nouveauté que de vous voir, se dit À une personne qu' on avait coutume de voir souvent, et qu' il y a longtemps qu' on n' a vue.

NOUVEAUTÉ

NOUVEAUTÉ en parlant De religion, de politique, signifie, Innovation, introduction de quelque doctrine, de quelque pratique nouvelle. Toute nouveauté trouve des partisans. Il ne faut introduire qu' avec prudence des nouveautés dans un État. Le peuple est amateur de nouveautés, court après les nouveautés.

NOUVEAUTÉ

NOUVEAUTÉ se dit aussi Des étoffes les plus nouvelles et les plus à la mode. On trouve toujours quelque nouveauté chez ce marchand. Ce marchand est toujours fourni de nouveautés. Cette femme se ruine en nouveautés, à acheter des nouveautés.

Il se dit également Des livres qui viennent de paraître. Ce libraire a toujours quelque nouveauté. Cet homme aime à lire toutes les nouveautés qui paraissent.

Marchand de nouveautés, Celui qui fait particulièrement métier de vendre des étoffes nouvelles, ou des livres nouveaux. Vous trouverez de cette étoffe chez les marchands de nouveautés. Cette brochure se trouve chez tous les marchands de nouveautés.

Magasin de nouveautés, Magasin où l' on vend toute sorte d' objets de fantaisie, en mercerie, bijouterie, tabletterie, etc.

NOUVEAUTÉ

NOUVEAUTÉ se dit aussi d' Un spectacle, d' une pièce nouvelle qui a une certaine vogue. Avez-vous vu la nouveauté? Je n' ai pas encore vu la nouveauté.

Il se dit aussi Des légumes, des fruits qui sont dans leur primeur. Des pois au commencement d' avril, c' est de la nouveauté, c' est une nouveauté.

NOUVEAUTÉ

NOUVEAUTÉ se dit encore Du temps pendant lequel une chose est nouvelle. Cette mode est encore dans sa nouveauté. J' ai vu cette tragédie dans sa nouveauté. Les cerises sont encore dans leur nouveauté.

NOUVEL. adj.

NOUVEL. adj. Voyez NOUVEAU.

NOUVELLE. s. f.

NOUVELLE. s. f. Le premier avis qu' on reçoit d' une chose arrivée récemment. Bonne, mauvaise, fâcheuse nouvelle. Vieille nouvelle. Nouvelle importante. C' est une nouvelle toute fraîche. Ce que vous nous dites est une vieille nouvelle. D' où avez-vous appris cette nouvelle? La confirmation d' une nouvelle. Cette nouvelle ne s' est point confirmée. Cette nouvelle n' a aucun fondement. Cette nouvelle est vraie, est fausse, est sûre, est douteuse, est invraisemblable, est inexacte, est apocryphe. Nouvelle agréable, fâcheuse, triste, alarmante. Une époque fertile en nouvelles. Quelle nouvelle? Savez-vous quelques nouvelles? Je ne sais point de nouvelles. Je ne sais pas la moindre nouvelle. Il m' a donné des nouvelles de son voyage, de son expédition, de sa santé. Être curieux de nouvelles. Écrire, porter des nouvelles. J' ai des nouvelles certaines. Il court certaines nouvelles. Il est venu des nouvelles. Faire courir, semer, répandre une nouvelle. De qui tenez-vous cette nouvelle? Je ne savais point cela, c' est une nouvelle pour moi. Aimer à débiter des nouvelles. Se plaire à inventer, à fabriquer, à forger des nouvelles. On a eu nouvelle de l' arrivée de la flotte. On a eu nouvelle que les ennemis ont été battus. Il n' est resté personne pour venir en dire des nouvelles.

Être à la source des nouvelles, Être au lieu où se passent les choses les plus importantes, et où l' on est le plus tôt instruit des événements.

Fig. et fam., Nouvelles d' antichambre, de basse-cour, nouvelles de l' arbre de Cracovie, Nouvelles fausses, ridicules.

Nouvelles à la main, Espèce de journal manuscrit qu' on distribuait à des abonnés.

Ne faites rien que vous n' ayez de mes nouvelles, que je ne vous aie donné, que vous n' ayez reçu de mes nouvelles, Que je ne vous aie fait savoir quelque chose de nouveau sur l' affaire dont il s' agit.

Par menace, Vous aurez, vous entendrez de mes nouvelles, Je me vengerai de vous.

En plaisantant, Je sais de vos nouvelles, Je sais de vos aventures secrètes, je sais des particularités que vous m' aviez cachées.

Fam., Vous en pouvez dire des nouvelles, Vous êtes mieux instruit de cela que personne. Je puis en dire des nouvelles, Je le sais pertinemment.

Envoyer savoir des nouvelles de quelqu' un, Envoyer demander quel est l' état de sa santé. Mandez-moi de vos nouvelles, Écrivez-moi, faites-moi savoir l' état où vous vous trouverez, ce que vous ferez. Recevoir des nouvelles de quelqu' un, Recevoir de ses lettres. Il y a longtemps que je n' ai reçu de ses nouvelles.

En termes de Guerre, Envoyer aux nouvelles, Envoyer quelqu' un pour s' instruire de la position, de la force des ennemis.

On ne sait point de nouvelles, on est sans nouvelles de ce pays, de cette armée, On n' en a point reçu de lettres, on ignore ce qui s' y passe.

Fam., N' avoir ni vent ni nouvelles d' une personne, N' en point entendre parler, et ne savoir ce qu' elle est devenue.

Il y a bien des nouvelles, voici bien des nouvelles, on dit de grandes nouvelles, Il est arrivé quelque chose de fort surprenant, de fort extraordinaire, de fort important.

Prov. et absol., Point de nouvelles, se dit Lorsqu' on ne peut obtenir un résultat qu' on attend, la décision d' une affaire, l' exécution d' une promesse, etc. Il me dit souvent qu' il me payera; mais pour de l' argent, point de nouvelles. On a beau heurter à sa porte, point de nouvelles, Personne n' ouvre.

Prov., Point de nouvelles, bonnes nouvelles, Quand on ne reçoit pas de nouvelles d' une personne, on doit présumer qu' il ne lui est point arrivé de mal.

NOUVELLE

NOUVELLE se dit aussi de Certains romans très-courts, de certains récits d' aventures intéressantes ou amusantes. Une jolie nouvelle. Nouvelle italienne, espagnole. Nouvelle historique, tragi-comique. Les Nouvelles de Boccace. Les Nouvelles de la reine Marguerite. Les Nouvelles de Cervantes. Les Nouvelles de Scarron. Les cent Nouvelles nouvelles.

NOUVELLEMENT. adv.

NOUVELLEMENT. adv. Depuis peu. Maison nouvellement bâtie. Livre nouvellement imprimé. Ouvrage nouvellement fait. Pays nouvellement découvert. Terre nouvellement défrichée. Des arbres nouvellement plantés. Cela est arrivé nouvellement, tout nouvellement.

NOUVELLETÉ. s. f.

NOUVELLETÉ. s. f. T. de Jurispr. Entreprise faite sur le possesseur d' un héritage, trouble dans la possession. Le possesseur peut former complainte en cas de saisine et nouvelleté.

NOUVELLISTE. s. m.

NOUVELLISTE. s. m. Celui qui est curieux de savoir des nouvelles, et qui aime à en débiter. C' est un nouvelliste. Les nouvellistes sont crédules.

Nouvelliste à la main, Rédacteur de nouvelles à la main.

NOUURE. s. f.

NOUURE. s. f. État d' un enfant noué, rachitisme.

Il se dit aussi Des fruits, lorsqu' ils commencent à se former, après que les fleurs sont tombées. Le temps de la nouure. Voyez NOUER.

NOVALE. s. f.

NOVALE. s. f. Terre nouvellement défrichée et mise en valeur. Il a défriché cette terre et l' a mise en novale. Les curés avaient droit de dîme sur les novales.

NOVALES

NOVALES au pluriel, signifie aussi, La dîme que les curés levaient sur les novales. Les novales et les vertes dîmes.

Il s' emploie adjectivement dans les deux sens. Terre novale. Dîmes novales.

NOVATEUR. s. m.

NOVATEUR. s. m. Celui qui fait ou qui tente de faire des innovations. Un hardi novateur. Un novateur dangereux, imprudent. Il y a des novateurs en religion, en politique, en philosophie, en littérature, en grammaire, en orthographe, etc. Les néologues, les néographes sont des novateurs.

NOVATION. s. f.

NOVATION. s. f. T. de Jurispr. Changement d' une obligation en une autre. Ils ont stipulé dans la transaction qu' il n' y aurait point de novation au premier contrat. Sans novation d' hypothèque.

NOVELLES. s. f. pl.

NOVELLES. s. f. pl. T. de Jurispr. Constitutions de l' empereur Justinien, qui forment la quatrième et dernière partie du corps du droit romain. Quand on cite une de ces constitutions, on dit au singulier, La novelle X, la novelle XII, etc.

NOVEMBRE. s. m.

NOVEMBRE. s. m. Le neuvième mois de l' année, lorsque l' année commençait en mars, et le onzième mois selon notre manière actuelle de compter. C' était au mois de novembre. Il est né en novembre. Les pluies froides de novembre.

NOVICE. s. des deux genres

NOVICE. s. des deux genres Il se dit d' Un homme, d' une femme qui a pris nouvellement l' habit de religion dans un couvent, pour y passer un temps d' épreuve avant de faire profession. Un jeune novice. Une jeune novice. Le directeur, le père maître des novices. La maîtresse des novices. Prendre l' habit de novice. Ferveur de novice.

Fig. et fam., Ferveur de novice, L' empressement, l' ardeur qu' on met à remplir les obligations d' un nouvel état. Il n' est que depuis deux mois en place, aussi il a une ferveur de novice.

NOVICE

NOVICE est aussi adjectif, et signifie, Qui est nouveau et peu exercé, peu habile en quelque métier, en quelque profession. Un orateur novice. Une chanteuse novice. Il est encore bien novice dans son métier, dans sa profession. C' est être bien novice à la guerre, au métier de la guerre, que de se laisser battre ainsi.

Il se dit aussi D' une personne qui n' a point encore la connaissance du monde. Une jeune personne, un jeune homme encore novice.

N' être pas novice, Avoir une habileté, une finesse, une expérience portées trop loin. Défiez-vous de lui, il n' est pas novice en affaires. La femme qu' il a épousée n' est pas novice.

NOVICE

NOVICE se dit quelquefois, par extension, Des choses prises pour la personne. Une main, une plume novice.

NOVICIAT. s. m.

NOVICIAT. s. m. L' état des novices avant qu' ils fassent profession; Le temps pendant lequel ils sont dans cet état. Un long, un rude noviciat. Les épreuves du noviciat. Il est entré dans son noviciat. Il est encore dans son année de noviciat. Faire, achever son noviciat. Sortir de noviciat.

NOVICIAT

NOVICIAT signifie aussi, Maison ou partie d' une maison religieuse que les novices habitent, et où ils font leurs exercices pendant leur année de probation. Il demeure au noviciat. Il est au noviciat.

NOVICIAT

NOVICIAT signifie, figurément, Apprentissage qu' on fait de quelque art, de quelque profession. Il a fait son noviciat à la guerre sous un excellent général. Il a fait un rude noviciat dans sa première campagne.

NOVISSIMÉ. adv.

NOVISSIMÉ. adv. Mot emprunté du latin. Tout récemment. Ce fait est arrivé novissimé, tout novissimé. Il est familier.

NOYALE. s. f.

NOYALE. s. f. (Quelques-uns écrivent, Noyalle.) Toile de chanvre écru, très-forte et très-serrée, dont on fait des voiles. Noyales rondelettes. Noyales à quatre, à six fils.

NOYAU. s. m.

NOYAU. s. m. Cette substance dure et ligneuse qui est enfermée au milieu de certains fruits, comme la prune, l' abricot, la pêche, etc., et qui contient une amande. Casser un noyau pour en avoir l' amande. Il y a des fruits à pepins, et des fruits à noyau. Une pêche, une prune qui quitte le noyau. Les pavies ne quittent pas le noyau. Planter des noyaux. Ce pêcher est venu de noyau.

Eau de noyau, Liqueur dans la préparation de laquelle entrent des noyaux.

Prov. et fig., Il faut casser le noyau pour en avoir l' amande, Il faut prendre de la peine avant de retirer de l' utilité, du profit de quelque chose.

Prov., fig. et pop., Il a amassé des noyaux, Il a gagné bien des écus.

NOYAU

NOYAU se dit, en Architecture, de Toute partie plus ou moins brute et massive, qui est enveloppée d' un revêtement. Ce piédestal de marbre a un noyau de maçonnerie. Le noyau de cette colonne de stuc, de plâtre, est de bois.

Noyau d' escalier, La partie d' un escalier à vis qui est au centre, et sur laquelle porte l' extrémité des marches.

NOYAU

NOYAU signifie, en termes de Fonderie, La masse de terre à potier, de plâtre, de brique, ou autre matière, qui remplit l' intérieur d' un moule, et qui est destinée à soutenir la cire que doit remplacer le métal en fusion. Le noyau d' une statue, d' une cloche, d' un canon, d' un mortier, etc.

Il se dit, en Minéralogie, de La substance qui s' est moulée et durcie dans l' intérieur d' une coquille pétrifiée.

Il se dit encore de La partie la plus dure qui se trouve au centre de certains cailloux.

Il se dit pareillement de La partie centrale d' un cristal, dont la forme diffère souvent beaucoup de celle du cristal lui-même.

En Astronomie, Le noyau d' une comète, La. partie la plus lumineuse de la comète.

NOYAU

NOYAU signifie, figurément, L' origine, le fonds, le commencement d' une société politique ou civile, d' une compagnie littéraire ou scientifique, d' un corps militaire, ou d' un rassemblement d' hommes. Dix magistrats désignés par le sort ont formé le noyau de cette compagnie. Quelques hommes s' étant réunis, ce noyau grossit insensiblement, et devint un rassemblement considérable.

NOYER. s. m.

NOYER. s. m. Arbre qui porte les noix. Grand, vieux noyer. Planter des noyers. Une allée de noyers. Battre un noyer pour en faire tomber les noix. Bois, racine de noyer. Une commode de bois de noyer.

Par abréviation, Une table de noyer, un lit de noyer, De bois de noyer.

NOYER. v. a.

NOYER. v. a. (Il se conjugue comme Employer.) Faire périr, causer une suffocation dans l' eau ou dans quelque autre liquide. Noyer un homme, un chien. Il le jeta dans l' eau et le noya.

Prov. et fig., Qui veut noyer son chien, dit qu' il a la gale, ou l' accuse de la rage, On ne manque point de prétexte quand on veut quereller ou perdre quelqu' un.

Fig., Noyer sa pensée dans un déluge de mots, de paroles, L' exprimer avec diffusion, l' affaiblir en prodiguant inutilement les mots. On dit à peu près dans le même sens, Il y a dans cet ouvrage des traits ingénieux, des idées neuves et profondes; mais tout cela est noyé dans une mer, dans un déluge de phrases.

Fig. et fam., Noyer son chagrin dans le vin, Perdre le souvenir de son chagrin en buvant. Noyer sa raison dans le vin, Perdre la raison à force de boire.

NOYER

NOYER signifie aussi, Inonder. Les pluies ont noyé la campagne. Le déluge noya toute la terre. Les écluses qu' on lâcha noyèrent deux lieues de pays.

Noyer son vin d' eau, Mettre trop d' eau dans son vin.

Au Jeu de boule, Noyer une boule, La pousser ou la chasser de manière qu' elle passe une certaine ligne qui est au delà du but. Noyer sa boule. Il a noyé la boule de celui qui a joué avant lui.

En Peinture, Noyer les couleurs, En mêler les extrémités avec celles des couleurs voisines, de manière qu' elles se fondent insensiblement les unes dans les autres.

NOYER

NOYER s' emploie aussi avec le pronom personnel, et signifie, Mourir, suffoquer dans l' eau ou dans quelque autre liquide. Il s' est noyé dans la rivière. Il tomba dans une cuve de vin où il se noya. Les mouches se noient dans le lait, dans l' huile.

Fig., Se noyer dans la débauche, dans les plaisirs, dans le vin, Faire excès de débauche, de plaisirs, de vin. Se noyer dans les larmes, Pleurer excessivement. Se noyer dans le sang, Commettre d' horribles cruautés.

Prov. et par exagér., Il se noierait dans son crachat, dans un crachat, se dit D' un homme malheureux et malhabile.

Prov., Il se prend à tout comme un homme qui se noie, se dit D' un homme qui se sert de toute sorte de moyens pour sortir d' une mauvaise affaire.

Prov. et fig., C' est un homme qui se noie, se dit D' un homme qui se ruine, qui se perd.

NOYER

NOYER avec le pronom personnel, signifie, au Jeu de boule, Pousser sa boule plus loin que la ligne qui est marquée au delà du but. Il a trop poussé sa boule et s' est noyé.

NOYÉ, ÉE. participe

NOYÉ, ÉE. participe Des yeux noyés de larmes, Des yeux pleins de larmes.

Fig., Un homme noyé de dettes, Un homme qui doit plus qu' il n' a de bien. Fam., Un homme noyé, Un homme dont les affaires sont en mauvais état, qui n' a plus de ressources, ou qui a perdu toute espérance de s' avancer.

NOYÉ

NOYÉ s' emploie quelquefois substantivement, en parlant Des personnes. On a perfectionné les moyens de rappeler les noyés à la vie. Un noyé qu' on vient de retirer de l' eau. Secours pour les noyés et les asphyxiés.

NOYON. s. m.

NOYON. s. m. (On prononce populairement Néyon.) T. du Jeu de boule. Ligne qui borne le jeu, et au delà de laquelle la boule est noyée.

NU, NUE. adj.

NU, NUE. adj. Qui n' est point vêtu, qui n' est couvert d' aucun vêtement. Il ne se dit proprement que De l' espèce humaine. Un homme nu. Une femme nue. Tout nu, toute nue. Il s' était déshabillé, il était nu. Il l' a dépouillé et l' a mis tout nu. Il l' a mis nu comme la main, nu comme un ver, aussi nu qu' il est sorti du ventre de sa mère. Ces sauvages vont tout nus. Il avait la tête nue. Il lui parle tête nue. Il allait pieds nus. Les bras nus. Les jambes nues.

NU

NU est invariable, lorsqu' il précède le substantif. Il était nu-tête, nu-jambes. Il lui parle nu-tête. Aller nu-pieds, nu-jambes, nu-tête.

Fig. et fam., Un va-nu-pieds, Un gueux, un misérable.

Être nu en chemise, N' avoir sur soi que sa chemise.

Par exagér., Être tout nu, Avoir de méchants habits tout déchirés, ou N' être pas vêtu comme l' exigerait la saison ou la bienséance.

Fig., Il est arrivé tout nu, je l' ai pris tout nu, se dit en parlant D' un homme qui était dans le dénûment, et à qui l' on a prodigué les bienfaits.

Prov., S' enfuir un pied chaussé, l' autre nu, S' enfuir en toute hâte, sans avoir le temps de s' habiller.

En Astron., en Physiq., Observer quelque chose à l' oeil nu, L' examiner, l' observer sans lunette, sans microscope.

En Chimie, Feu nu, Celui dont l' action est dirigée immédiatement vers le corps sur lequel on travaille.

NU

NU se dit aussi D' un cheval, lorsqu' on le vend ou qu' on l' achète sans selle ni bride. Ce cheval-là tout nu me coûte mille francs. La selle et la bride n' en sont pas, je vous le vends tout nu.

NU

NU s' applique par extension À certaines choses qui n' ont pas l' enveloppe, la couverture, l' ornement qu' elles ont d' ordinaire. Ainsi on dit: Une épée nue, Une épée hors de son fourreau. Une muraille nue, Une muraille sans boiserie, ni tenture. Une maison nue, Une maison dégarnie de meubles. Les arbres sont nus en hiver, Ils sont dépouillés de leur feuillage.

Il signifie aussi, Qui manque des ornements convenables. Vous ne voulez ni dentelles, ni rubans, ni ganses sur votre robe, cela sera bien nu. Il n' y a nul ornement à la bordure de ce tableau, elle est trop nue. Il faudrait quelque enrichissement à cette reliure, elle est trop nue. La façade de cet édifice est trop nue.

Pays nu, Pays qui est sans arbres, sans verdure.

NU

NU se dit encore figurément et au sens moral. Une morale nue cause de l' ennui. La vérité a besoin d' ornements; toute nue, elle risque de déplaire. Cette composition est bien nue, il faudrait l' enrichir de quelques détails. Ce style est trop nu, il y a trop peu d' ornements.

Il signifie particulièrement, Qui est sans fard, sans déguisement. C' est la vérité toute nue. Il lui a montré son âme toute nue.

En Jurispr., Nue propriété, Propriété d' un fonds dont un autre a l' usufruit.

NU

NU est quelquefois employé substantivement, et signifie, en termes de Peinture et de Sculpture, Les figures non drapées, les parties des figures qui ne sont pas drapées. Le nu de cette figure n' est pas correct. Ce sculpteur a l' art de draper, mais il est faible quand il traite le nu. De beaux nus. On dit en parlant Des parties des figures que les draperies recouvrent, mais sans empêcher de voir les formes: Ces figures sont bien dessinées, la draperie suit bien le nu. Cette draperie accuse bien le nu, fait bien sentir le nu, laisse apercevoir le nu. Etc.

Il se dit, en Architecture, de L' absence d' ornements. Il y a trop de nu dans cette décoration.

Le nu du mur, La partie du mur qui est plane, où il n' y a point de ressaut, d' ornements qui excèdent. Voilà le nu du mur, c' est là qu' il faut en mesurer l' épaisseur. Les pilastres ont une grande saillie sur le nu du mur.

NUS

NUS au pluriel, en langage de Dévotion, s' emploie substantivement dans cette phrase, Vêtir les nus, Donner des habits aux pauvres. C' est une des oeuvres de miséricorde que de vêtir les nus.

À NU. loc. adv.

À NU. loc. adv. À découvert. Toucher un bras à nu. Toucher le corps à nu.

Monter un cheval à nu ou à dos nu, Monter dessus sans selle.

Fig., Découvrir, faire voir son coeur à nu, Ne rien cacher de ce qu' on a dans le coeur.

NUAGE. s. m.

NUAGE. s. m. Amas de vapeurs élevées dans l' air, et qui se résolvent ordinairement en pluie. Nuage épais. Le ciel est couvert de nuages. Le vent chasse les nuages. Le soleil dissipe les nuages. Le nuage creva. La lune sort d' un nuage.

Fig., Se perdre dans les nuages, Rendre avec emphase des idées vagues, obscures, inintelligibles.

NUAGE

NUAGE se dit figurément de Tout ce qui offusque la vue, et qui empêche de voir distinctement les objets. Il a un nuage devant les yeux. Avoir les yeux couverts d' un nuage. Un nuage de poussière, de fumée. La poussière formait un nuage qui enveloppait les combattants.

Il se dit aussi, figurément et au sens moral, Des difficultés qui répandent le doute, l' incertitude dans notre esprit, et qui obscurcissent pour nous la vérité. Les nuages qui offusquent l' entendement. La vérité dissipe les nuages de l' erreur. La vérité a percé le nuage qui la couvrait. En ce monde, nous ne voyons la plupart des choses qu' au travers d' un nuage. Les passions et les préjugés élèvent sans cesse des nuages dans notre esprit.

Il se dit également en parlant Du chagrin, de la tristesse, de la mauvaise humeur. Aucun nuage ne trouble la sérénité de son âme. Un nuage de tristesse s' est répandu sur son front. Ne boudez plus, chassez ce nuage.

Il se dit aussi Des soupçons qui s' élèvent sur la conduite de quelqu' un, des incertitudes répandues sur sa réputation, sur son amitié, etc., d' un commencement ou d' un reste de brouillerie. Il a dissipé par des explications franches les nuages qui s' étaient élevés, qui s' étaient répandus sur sa conduite. Leur querelle n' a point duré, ce n' était qu' un nuage. Tous les jours de leur union ont été des jours sans nuagé. Il s' est élevé entre eux des nuages qui ont été promptement dissipés. Nous les verrons se réconcilier; il ne reste plus entre eux que de légers nuages.

NUAGE

NUAGE en Médecine, se dit d' Une substance légère et blanchâtre qui nage quelquefois dans l' urine.

NUAGEUX, EUSE. adj.

NUAGEUX, EUSE. adj. Où il y a des nuages. Un ciel nuageux.

En termes de Joaillerie, Pierre nuageuse, Pierre précieuse dont la transparence est terne en quelques endroits.

NUAISON. s. f.

NUAISON. s. f. T. de Marine. Tout le temps que dure un vent fait et soutenu.

NUANCE. s. f.

NUANCE. s. f. Il se dit Des degrés différents par lesquels peut passer une couleur, en conservant le nom qui la distingue des autres. La dégradation d' une seule couleur produit un nombre infini de nuances. Le mélange de plusieurs couleurs produit des nuances variées à l' infini. Les nuances par lesquelles se dégradent l' ombre et la lumière, sont insensibles.

Il se dit aussi Du mélange et de l' assortiment de plusieurs couleurs qui vont bien ou mal ensemble. Nuance douce, rude. Les nuances de cette garniture ne sont pas bien entendues.

Il se dit quelquefois, figurément, de La différence délicate et presque insensible qui se trouve entre deux choses de même genre. Les nuances qui distinguent l' astuce de la finesse. Les nuances qui distinguent les synonymes entre eux. Il y a entre ces deux idées une nuance qu' il est difficile d' apercevoir, de distinguer, de discerner, de saisir. La nuance qui sépare ces deux opinions est légère, est fine, est peu sensible, est imperceptible.

NUANCER. v. a.

NUANCER. v. a. Assortir, disposer des couleurs de manière qu' il se fasse une diminution insensible d' une couleur à l' autre, ou d' une même couleur, en allant soit du clair à l' obscur, soit de l' obscur au clair. Nuancer les couleurs.

Il s' emploie quelquefois figurément. Cet auteur sait bien nuancer les caractères de ses personnages.

NUANCÉ, ÉE. participe

NUANCÉ, ÉE. participe

NUBÉCULE. s. f.

NUBÉCULE. s. f. T. de Médec. Maladie de l' oeil qui fait voir les objets comme à travers un nuage ou un brouillard.

NUBILE. adj. des deux genres

NUBILE. adj. des deux genres Qui est en âge d' être marié. Il se dit principalement Des jeunes filles, ainsi que le mot suivant. D' après le code civil, les filles sont nubiles à seize ans, et les garçons à dix-huit.

Âge nubile, L' âge auquel on est en état de se marier.

NUBILITÉ. s. f.

NUBILITÉ. s. f. État d' une personne nubile; Âge nubile.

NUDITÉ. s. f.

NUDITÉ. s. f. État d' une personne qui est nue. La charité ordonne de couvrir, de revêtir la nudité du pauvre. Ils le laissèrent dans la plus complète nudité.

Il se dit aussi Des parties que la pudeur oblige de cacher. Couvrir, cacher sa nudité. Les sauvages n' ont pas honte de leur nudité.

NUDITÉ

NUDITÉ en termes de Peinture, se dit d' Une figure nue, et s' emploie communément au pluriel. Ce peintre se plaît à faire des nudités. C' est l' intention du peintre qui fait l' indécence d' un tableau, ce ne sont pas les nudités.

NUE. s. f.

NUE. s. f. Nuage. Nue lumineuse, épaisse. L' éclair qui sort de la nue. Le soleil perce la nue. Le tonnerre gronde dans la nue. Cet oiseau fend les nues, se perd dans les nues. Cette montagne a son sommet au-dessus des nues.

Fig., Porter, élever une personne, une action aux nues, jusqu' aux nues, La louer excessivement.

Fig., Cette pièce a été aux nues, Cette pièce de théâtre a obtenu un très-grand succès.

Prov. et fig., Faire sauter quelqu' un aux nues, L' impatienter, le mettre en colère. Quand on lui parle de son procès, on le fait sauter aux nues. Ne me dites pas cela, vous me feriez sauter aux nues.

Prov. et fig., Tomber des nues, Être extrêmement surpris. Quand je vois, quand j' entends de pareilles choses, je tombe des nues, ou il me semble que je tombe des nues.

Fig. et fam., Il semble tomber des nues, se dit D' un homme qui est embarrassé, décontenancé, qui ne sait à qui s' adresser dans la compagnie où il se trouve.

Fig. et fam., Il est tombé des nues, Il n' est connu ni avoué de personne.

Fig., en parlant D' une pièce de théâtre, Ce dénoûment tombe des nues, Il n' est point amené, point préparé, il ne sort point du sujet. On dit dans le même sens, Ce personnage, cet incident tombe des nues.

Fig., Se perdre dans les nues, S' élever dans ses discours, dans ses raisonnements, de manière à faire perdre aux autres et à perdre soi-même de vue le sujet qu' on traite, ou la chose qu' on a entrepris de prouver. À force de vouloir s' élever, il se perd dans les nues.

NUÉE. s. f.

NUÉE. s. f. Nuage étendu, épais, sombre. Grosse nuée. Nuée épaisse. Il pleuvra furieusement à l' endroit où cette nuée crèvera. Il faut laisser passer la nuée. Le vent chasse la nuée. La nuée passe.

Il se dit, figurément, d' Une entreprise, d' un complot, d' une conspiration, d' une punition, d' une vengeance, etc., qui se prépare et qui est près d' éclater. La nuée se forme. On ne sait où la nuée crèvera. L' ennemi menaçait plusieurs provinces; la nuée a crevé sur le point où l' on était le moins en défense.

NUÉE

NUÉE se dit aussi, figurément, d' Une multitude de personnes, d' oiseaux, d' animaux venus par troupes. Il vint une nuée de barbares qui désolèrent tout le pays. On vit une nuée de corbeaux, de cailles, de sauterelles, etc. On dit par exagération: Il est tombé chez lui une nuée de parents qui le grugent. Il s' est fait une nuée d' ennemis. Etc.

NUEMENT. adv.

NUEMENT. adv. Voyez NÛMENT.

NUER. v. a.

NUER. v. a. Assortir, disposer des couleurs, dans des ouvrages de laine ou de soie, etc., de manière qu' il se fasse une diminution insensible d' une couleur à l' autre, ou d' une même couleur, en allant du clair à l' obscur, ou de l' obscur au clair. Nuer les couleurs. Cela est parfaitement bien nué.

Il s' emploie aussi absolument. Cet ouvrier sait bien nuer, s' entend à nuer.

NUÉ, ÉE. participe

NUÉ, ÉE. participe

NUIRE. v. n.

NUIRE. v. n. (UI forme une diphthongue dans ce mot et les suivants. Cette diphthongue ne compte, dans les vers, que pour une syllabe.) Je nuis, tu nuis, il nuit; nous nuisons, vous nuisez, ils nuisent. Je nuisais. Je nuirai. Nuis. Que je nuise. Que je nuisisse. Nuisant. Nui. Faire tort, porter dommage, faire obstacle, empêcher, incommoder. Il cherche à me nuire. Accommodez-vous avec cet homme, il peut vous nuire dans vos affaires. Il vous nuira. Il n' a pas l' intention, le dessein, l' envie, les moyens, le pouvoir de vous nuire. Il ne peut pas vous nuire. Cette boisson, cet aliment nuit à la santé. Cette affaire a nui à sa réputation, à sa fortune. Personne ne m' aide, et tout le monde me nuit. Cela m' a bien nui. Je veux abattre cette muraille, elle me nuit. Ôtez-vous de là, vous me nuisez. Cela ne nuit en rien, ne nuit à rien. Trop parler nuit.

Ne pas nuire, signifie quelquefois, Aider, servir, être utile. Je ne lui ai pas nui. Je ne lui nuirai pas à obtenir ce qu' il sollicite. Cela ne nuira pas dans notre affaire. Impersonnellement, Il ne nuit pas d' avoir étudié, d' avoir voyagé.

Prov.: Abondance de bien ou de biens ne nuit pas. Surabondance de droit ne nuit pas.

NUIRE

NUIRE s' emploie avec le pronom personnel, régime indirect, dans le sens réfléchi et dans le sens réciproque. Il s' est nui dans mon esprit par son ton louangeur. Ils ont tenté tous les moyens de se nuire l' un à l' autre.

NUISIBLE. adj. des deux genres

NUISIBLE. adj. des deux genres Dommageable, qui nuit. Cela est nuisible à vos affaires. Nuisible à la santé, à la vue. Tout excès est nuisible. Détruire les animaux nuisibles.

NUIT. s. f.

NUIT. s. f. L' espace de temps pendant lequel le soleil est sous notre horizon. Nuit obscure, claire, calme, profonde. Nuit close. Nuit fermée. À nuit tombante. En hiver, la nuit vient presque tout d' un coup. Il est nuit noire. Il fait nuit. Il se fait nuit. La nuit nous a pris, nous a surpris à une lieue de la couchée. La nuit de Noël, de la Saint-Jean. La nuit du dimanche au lundi, du lundi au mardi, etc. Au commencement, à l' entrée, au milieu, à la fin de la nuit. À deux heures de nuit. Une partie de la nuit. Bien avant dans la nuit. Pendant, durant la nuit. Les ténèbres, l' obscurité, les ombres, la solitude, le calme, le repos, le silence de la nuit. Une belle nuit d' été. Une longue nuit d' hiver. Sous les pôles, la nuit dure six mois. Les nuits sont courtes en été. À la faveur de la nuit. La première nuit de ses noces. Avez-vous bien dormi cette nuit? Veiller toutes les nuits. Voyager nuit et jour. La nuit est faite pour dormir. Faire de la nuit le jour, et du jour la nuit. Voleur de nuit. Le hibou, les orfraies, etc., sont des oiseaux de nuit. La nuit est bien longue à qui ne dort point. Cette nuit m' a bien duré.

Bonnet de nuit, Bonnet dont on se couvre la tête pour dormir. Chemise de nuit, Chemise que l' on met le soir en se couchant, et que l' on quitte le jour, pour en prendre une autre. Table de nuit, Table que l' on place la nuit à côté de son lit pour divers besoins. Sac de nuit, Sac dans lequel on emporte ce qui est nécessaire dans un voyage, surtout pour la nuit.

Nuit blanche, Nuit qu' on passe sans dormir.

Bon soir et bonne nuit, ou Je vous souhaite une bonne nuit, se dit en prenant congé, le soir, des personnes avec qui l' on vit en familiarité.

Se mettre à la nuit, Se mettre au hasard d' être surpris par la nuit, avant qu' on soit arrivé au lieu où l' on veut aller. Il est tard, ne vous mettez pas à la nuit. Je ne veux pas me mettre à la nuit.

Passer la nuit à étudier, à jouer, à danser, à boire, etc., Étudier, jouer, etc., pendant toute la nuit.

Passer une bonne nuit, Bien dormir dans son lit; et, Passer une mauvaise nuit, Être agité ou souffrant dans son lit, et ne point dormir ou peu dormir. On dit de même, Bien passer, mal passer la nuit. On dit aussi D' un malade: Comment a-t-il passé la nuit? Il a eu une bonne, une mauvaise nuit.

Passer la nuit, absolument, Veiller hors de son lit. Il a passé la nuit auprès de ce malade. Voilà cinq nuits que je passe.

Ce malade ne passera pas la nuit, Il mourra dans la nuit.

Prov., La nuit porte conseil, Il faut se donner le temps de réfléchir, il est bon de remettre au lendemain pour prendre un parti dans une affaire grave.

Prov. et fig., La nuit tous chats sont gris, La nuit, il est aisé de se méprendre, de ne pas reconnaître ceux à qui on parle. Il signifie aussi que, Dans l' obscurité, il n' y a nulle différence, pour la vue, entre une personne laide et une belle personne.

Poétiq., Les feux de la nuit, Les étoiles. L' astre des nuits, La lune. Les voiles de la nuit, L' obscurité de la nuit. La nuit a déployé, a replié ses voiles.

Poétiq. et fig., La nuit du tombeau, l' éternelle nuit, La mort.

Fig., La nuit des temps, Les temps reculés dont les traditions sont effacées. L' origine de cet usage se perd dans la nuit des temps.

Fig., La nuit de l' ignorance, se dit en parlant Des époques et des pays où l' on était privé de connaissances, de lumières. La nuit de l' ignorance couvrait alors tout l' Occident. Le flambeau des lettres a dissipé la nuit de l' ignorance.

En Peinture, Effet de nuit, Tableau représentant une scène de nuit, éclairée par une lumière artificielle ou seulement par la faible lueur que l' atmosphère conserve durant la nuit.

DE NUIT loc. adv.

DE NUIT loc. adv. Pendant la nuit. Aller, marcher, partir, courir de nuit.

NUIT ET JOUR ou JOUR ET NUIT. loc. adverbiales

NUIT ET JOUR ou JOUR ET NUIT. loc. adverbiales Sans cesse. Il travaille nuit et jour. Cette fontaine coule jour et nuit. Cette lampe brûle jour et nuit.

NI JOUR NI NUIT loc. adv.

NI JOUR NI NUIT loc. adv. Jamais. Il n' a de repos ni jour ni nuit.

NUITAMMENT. adv.

NUITAMMENT. adv. De nuit. Il ne se dit guère qu' en parlant D' un vol, ou de quelque autre mauvaise action faite de nuit, et il est particulièrement d' usage en style de Palais. Un assassinat, un vol commis nuitamment. Après l' avoir tué, ils l' enterrèrent nuitamment. Il s' en alla nuitamment.

NUITÉE. s. f.

NUITÉE. s. f. L' espace d' une nuit. Il ne se dit guère qu' en parlant De l' ouvrage, du travail fait pendant une nuit; et De ce qu' on paye par nuit en certains endroits pour le gîte et pour la dépense. On fait payer tant dans cette hôtellerie par nuitée. On a fait travailler les maçons trois nuits durant, et on leur a payé tant par nuitée. Il est populaire.

NUL, NULLE. adj.

NUL, NULLE. adj. Aucun, pas un. Nul homme. Nul homme vivant. Nulles gens. Nulles troupes. Nuls frais. Il n' y a nulle justice à cela. Il n' a nulle raison. Il n' a nulle exactitude. Je n' en ai nulle connaissance. Cela n' est de nul usage, de nul service, de nul secours. Cela est frivole et de nulle conséquence. En nulle manière. En nulle façon. Je ne l' ai envoyé nulle part.

NUL

NUL au masculin, employé absolument et comme sujet de la phrase, signifie, Nul homme, personne. Nul n' est exempt de mourir. Nul n' en sera excepté. De tous ceux qui y sont allés, nul n' en est revenu.

NUL

NUL signifie aussi, Qui est sans valeur, sans effet, qui se réduit à rien. Votre observation est nulle. Le résultat de ses négociations a été complétement nul. Si vous manquez à nos conventions, marché nul.

Il se dit particulièrement Des actes qui, étant contraires aux lois, pour le fond ou dans la forme, sont comme s' ils n' étaient pas, et ne peuvent avoir leur effet. Ce testament est nul dans le fond et dans la forme. Je le ferai déclarer nul. Cette clause le rend nul. L' arrêt le déclare nul, de nul effet, de nulle valeur. Toutes ces procédures ont été déclarées nulles. Leur mariage a été déclaré nul. Cela est nul, de toute nullité.

Son crédit est nul, son talent est nul, Il n' a point de crédit, point de talent.

Fig., C' est un homme nul, C' est un homme sans mérite, qui n' est propre à rien. Cela se dit quelquefois dans un sens restreint: C' est un homme nul dans sa compagnie, C' est un homme qui n' a, dans sa compagnie, ni autorité, ni considération.

NULLE. s. f.

NULLE. s. f. Caractère qui ne signifie rien, et qu' on emploie dans les lettres en chiffre pour les rendre plus difficiles à déchiffrer. Les nulles d' un chiffre. Cette lettre a donné bien de la peine à déchiffrer à cause des nulles. Ne vous arrêtez pas à ce caractère-là, c' est une nulle.

NULLEMENT. adv.

NULLEMENT. adv. En aucune manière. Je ne le souffrirai nullement. Je ne le veux nullement. Je ne suis nullement instruit de cette affaire. Il n' est nullement capable de ce dont on l' a chargé. Voulez-vous telle chose? Nullement. Lui céderez-vous vos droits? Nullement. Il n' est nullement question de cela. Je ne lui en veux nullement. J' en veux à lui, et nullement à vous.

NULLITÉ. s. f.

NULLITÉ. s. f. T. de Jurispr. Vice, défaut qui rend un acte nul, de nul effet, de nulle valeur. Je proteste de nullité contre tout ce que vous ferez. Je vous prouverai la nullité de cet acte. Moyens de nullité. Nullité essentielle. Nullité dans la forme. Nullité au fond. Nullité de droit. Il y a plusieurs nullités dans ce testament. À peine de nullité. Nul de toute nullité.

Fig., Cet homme est d' une parfaite nullité, Il est absolument nul, il est sans aucun mérite.

NÛMENT. adv.

NÛMENT. adv. Sans déguisement. Je vous dirai nûment la vérité. Je vous conterai nûment le fait.

En Jurispr. féodale, on disait, Ce fief relève nûment de la couronne, ou de telle seigneurie, Il est mouvant immédiatement du roi, ou de telle seigneurie.

NUMÉRAIRE. adj. des deux genres

NUMÉRAIRE. adj. des deux genres Il ne se dit que De la valeur légale des espèces qui ont cours. La pièce d' or nouvelle est de vingt francs, valeur numéraire.

Il se dit substantivement et absolument, au masculin, de L' argent monnayé. Le numéraire est fort augmenté en France depuis un siècle. Il m' a payé moitié en numéraire, moitié en billets de banque.

NUMÉRAL, ALE. adj.

NUMÉRAL, ALE. adj. Qui désigne un nombre. Nom numéral. Adjectif numéral. Lettre numérale. I, V, X, L, C, D, M, sont des lettres numérales dans le chiffre romain.

Vers numéraux ou chronologiques, Vers dont toutes les lettres numérales marquent le millésime de quelque événement.

NUMÉRATEUR. s. m.

NUMÉRATEUR. s. m. T. d' Arithmétique. Le nombre qui indique, dans une fraction, combien elle contient de parties de l' unité. Dans la fraction 7/10, 7 est le numérateur.

NUMÉRATION. s. f.

NUMÉRATION. s. f. Art de nombrer, de compter. Les principes de la numération. Numération décimale. Il y a des peuples sauvages qui n' ont presque aucune idée de la numération.

Il signifie aussi, en style de Notaire, Action de compter. Il n' y a pas eu numération de deniers. La numération a eu lieu en présence des notaires.

NUMÉRIQUE. adj. des deux genres

NUMÉRIQUE. adj. des deux genres Qui appartient aux nombres. Opération numérique. Rapport numérique. L' unité numérique.

Calcul numérique, Calcul qui se fait avec des nombres, et qu' on appelle Arithmétique; à la différence du Calcul littéral, qui se fait avec des lettres, et qu' on appelle Algèbre.

NUMÉRIQUEMENT. adv.

NUMÉRIQUEMENT. adv. En nombre exact. Trente témoins qui se répètent, n' en font souvent qu' un ou deux numériquement.

NUMÉRO. s. m.

NUMÉRO. s. m. Le nombre, la cote qu' on met sur quelque chose, et qui sert à la reconnaître. Dites-moi le numéro de la page. Donnez-moi le numéro de sa maison. Il demeure dans telle rue, à tel numéro. Le numéro d' une voiture de place. Les numéros d' un billet de loterie. Ce contrat est inventorié sous le numéro dix-sept. J' ai pris le numéro de ce conducteur de cabriolet, pour porter plainte contre lui à la police. Il sait tous les numéros de ses balles, de ses ballots.

Il se dit aussi de La marque particulière qu' un marchand met sur ses étoffes ou autres marchandises, marque qui n' est connue que de lui, et qui est destinée à le faire souvenir du prix auquel il a acheté et de celui auquel il peut vendre. Donnez à monsieur de tel numéro.

Prov., fig. et pop., Cet homme entend le numéro, Il est habile dans le commerce dont il se mêle, et son habileté lui est profitable.

NUMÉRO

NUMÉRO signifie encore, dans le Commerce, La grosseur, la longueur, la largeur, la qualité de certaines marchandises. Les épingles des numéros trois, quatre et cinq sont les plus petites de toutes. Donnez-moi du ruban, du fil, du coton, de la laine, de la soie de tel numéro. Si vous voulez des lunettes qui aillent à votre vue, ne prenez pas ce numéro, on va vous donner du seize. Acheté cent rames de papier du numéro un, du numéro deux des Vosges.

Fig. et fam., Cette marchandise, cette denrée est du bon numéro, Elle est de bonne qualité.

NUMÉRO

NUMÉRO se dit aussi Des parties d' un ouvrage publié par cahiers ou par feuilles numérotées. Un numéro du Spectateur. Il me manque des numéros de ce journal.

NUMÉROTAGE. s. m.

NUMÉROTAGE. s. m. Action de numéroter. On a renouvelé le numérotage des maisons, des voitures de place.

NUMÉROTER. v. a.

NUMÉROTER. v. a. Mettre un numéro, une cote, distinguer par des numéros. On n' a pas numéroté ces pièces. On vient de numéroter les maisons de cette nouvelle rue.

NUMÉROTÉ, ÉE. participe

NUMÉROTÉ, ÉE. participe

NUMISMATE. s. m.

NUMISMATE. s. m. Celui qui étudie les médailles, qui est versé dans la numismatique. Un savant numismate.

NUMISMATIQUE. adj. des deux genres

NUMISMATIQUE. adj. des deux genres Qui a rapport aux médailles antiques. Art, science numismatique.

Il s' emploie aussi substantivement, au féminin, et signifie, La science des médailles. Il a étudié la numismatique. Il est savant en numismatique, dans la numismatique.

NUMISMATOGRAPHIE. s. f.

NUMISMATOGRAPHIE. s. f. Description des médailles antiques.

NUMMULAIRE. s. f.

NUMMULAIRE. s. f. Plante ainsi nommée, parce que ses feuilles ont la forme ronde d' une pièce de monnaie.

NUMMULAIRE

NUMMULAIRE se dit aussi d' Une petite coquille pétrifiée, en forme de lentille, qui compose souvent des roches entières.

NUNCUPATIF. adj. m.

NUNCUPATIF. adj. m. T. de Jurispr. Il se dit D' un testament dicté par le testateur avec les formalités prescrites par la loi. Les testaments solennels sont nuncupatifs, ou mystiques.

NUNDINALES. adj. f. pl.

NUNDINALES. adj. f. pl. T. d' Antiq. Il se disait, chez les Romains, Des huit premières lettres de l' alphabet, qui s' appliquaient de suite à tous les jours de l' année, de même que nos lettres dominicales; en sorte qu' il y en avait tous les ans une qui indiquait les jours de marché, lesquels revenaient de neuf en neuf jours. Lettres nundinales.

Jour nundinal, Jour de marché indiqué par une de ces lettres.

NUPTIAL, ALE. adj.

NUPTIAL, ALE. adj. Qui concerne la cérémonie des noces, qui appartient au mariage. Bénédiction nuptiale. Anneau nuptial. Les habits nuptiaux. Robe nuptiale. Chambre nuptiale. Le lit nuptial. Souiller la couche nuptiale. Il ne s' emploie guère que dans le style soutenu.

En Jurispr., Gains nuptiaux ou de survie. Voyez GAIN.

NUQUE. s. f.

NUQUE. s. f. Le derrière du cou, et surtout sa partie creuse, immédiatement sous l' occiput. La nuque du cou. Il lui donna un coup sur la nuque. Appliquer un vésicatoire sur la nuque.

NUTATION. s. f.

NUTATION. s. f. T. d' Astron. Balancement. Il est principalement usité dans cette phrase, Nutation de l' axe de la terre, Balancement de cet axe pour s' approcher et s' éloigner alternativement de quelques secondes du plan de l' écliptique.

En Botanique, Nutation des plantes, L' habitude qu' elles ont de pencher leurs fleurs, leurs feuilles, ou de les redresser, dans certains moments de la journée.

NUTRITIF, IVE. adj.

NUTRITIF, IVE. adj. Qui nourrit, qui sert d' aliment. Ce remède est nutritif et purgatif. Il y a dans cet aliment beaucoup de parties nutritives. Cette substance est fort nutritive.

Faculté nutritive, Propriété par laquelle l' aliment se convertit en la substance de l' animal.

NUTRITION. s. f.

NUTRITION. s. f. Fonction naturelle par laquelle le chyle est converti en la substance de l' animal; ou L' effet qui en résulte. Les parties de l' aliment qui servent à la nutrition.

Il se dit dans un sens analogue en parlant Des végétaux.

NYCTALOPE. s. des deux genres

NYCTALOPE. s. des deux genres Celui ou celle qui voit mieux de nuit que de jour.

NYCTALOPIE. s. f.

NYCTALOPIE. s. f. Maladie des yeux, qui fait qu' on n' y voit pas si bien le jour que la nuit.

NYMPHE. s. f.

NYMPHE. s. f. Chacune des divinités subalternes de la Fable, qui, selon les païens, habitaient les fleuves, les fontaines, les bois, les montagnes et les prairies. Les nymphes des bois, des eaux.

Il se dit quelquefois, en poésie, d' Une jeune fille belle et bien faite.

Elle a une taille de nymphe, se dit D' une jeune personne dont la taille est élégante et légère.

NYMPHE

NYMPHE en Histoire naturelle, L' insecte au premier degré de ses métamorphoses. Le ver devient nymphe ou chrysalide, et mouche.

NYMPHES

NYMPHES en Anatomie, Les deux productions membraneuses des parties génitales de la femme, placées en dedans des grandes lèvres.

NYMPHÉE. s. f.

NYMPHÉE. s. f. T. d' Archit. Lieu où il y a de l' eau, et qui est orné de statues, de vases, de bassins et de fontaines. Dans presque toutes les maisons de plaisance des anciens, il y avait des nymphées, qui servaient ordinairement de bains.

NYMPHOMANIE. s. f.

NYMPHOMANIE. s. f. T. de Médec. Fureur utérine.

O. s. m.

O. s. m. La quinzième lettre de l' alphabet, et la quatrième des voyelles. Un grand O. Un petit o. Former un o.

Prov. et fig., C' est un o en chiffre, se dit D' un homme qu' on regarde comme inutile, qui n' est propre à rien.

Ô, avec l' accent circonflexe, est une interjection qui sert à marquer diverses passions, divers mouvements de l' âme, etc. Ô temps! ô moeurs! Ô douleur! ô regret! Ô le malheureux d' avoir fait une si méchante action! Ô le plaisant homme de prétendre que...

Il marque aussi le vocatif, l' apostrophe. Ô mon fils! Ô mon Dieu!

Les O de Noël, Neuf antiennes qui commencent chacune par la particule latine O, et que l' Église chante successivement dans les neuf jours qui précèdent Noël.

OASIS. s. f.

OASIS. s. f. (On prononce l' S finale.) Lieu, espace qui, dans les déserts de sable de l' Afrique ou de l' Asie, offre de la végétation. La grande oasis. On découvre chaque jour en Égypte de nouvelles oasis.

OBÉDIENCE. s. f.

OBÉDIENCE. s. f. Obéissance. Il ne se dit ordinairement qu' en parlant Des religieux. Le supérieur a commandé à ce religieux en vertu de sainte obédience.

Il signifie aussi, L' ordre, la permission par écrit qu' un supérieur donne à un religieux ou à une religieuse pour aller en quelque endroit, pour passer d' un couvent à un autre. Il ne saurait partir sans obédience, s' il n' a son obédience. Elle a montré son obédience.

Il signifie encore, L' emploi particulier qu' un religieux ou une religieuse a dans son couvent. Cette religieuse est cellérière, c' est son obédience.

Ambassadeur d' obédience, Ambassadeur que le roi envoie vers le pape, pour l' assurer de son obéissance filiale. L' ambassadeur fut reçu à l' obédience, Il fut reçu par le pape en plein consistoire, avec les cérémonies accoutumées.

Pays d' obédience, Pays dans lequel le pape nomme aux bénéfices qui viennent à vaquer dans certains mois de l' année. L' Allemagne est un pays d' obédience. La Bretagne était un pays d' obédience.

OBÉDIENCE

OBÉDIENCE dans les temps de schisme, où il y avait deux papes à la fois, servait à désigner Les différents pays qui reconnaissaient l' un ou l' autre pape. L' obédience d' Urbain, et l' obédience de Clément.

OBÉDIENCIER. s. m.

OBÉDIENCIER. s. m. Religieux qui, par ordre de son supérieur, dessert un bénéfice dont il n' est pas titulaire.

OBÉDIENTIEL, ELLE. adj.

OBÉDIENTIEL, ELLE. adj. Qui appartient, qui est relatif à l' obédience.

OBÉIR. v. n.

OBÉIR. v. n. Se soumettre à la volonté, aux ordres de quelqu' un, et les exécuter. Obéir à Dieu, aux lois, au prince, au magistrat. Obéir à justice. Commandez et j' obéirai. Obéir aux ordres de quelqu' un. Il sait bien se faire obéir. Il s' est fait obéir par force. Il obéit aveuglément. Pour bien commander, il faut avoir obéi. Obéir de gré ou de force. Ce chien, ce cheval obéit docilement à la voix de son maître. Il veut être obéi. Dans ce dernier exemple, obéi est participe passif, comme si Obéir était verbe actif.

Fig., Obéir à la force, obéir à la nécessité, Faire ce que la force, ce que la nécessité contraint de faire.

Fig., Il faut que les passions obéissent à la raison, Il faut que les passions soient soumises, soient assujetties à la raison.

Fig., Les corps obéissent à la loi de l' attraction, de la gravitation, etc., Ils suivent les mouvements qui leur sont imprimés par celles de leurs propriétés naturelles qu' on nomme Attraction, Gravitation, etc.

Fig., Ce cheval obéit bien à l' éperon, à la main, aux aides, Il se laisse gouverner, manier aisément.

OBÉIR

OBÉIR se dit aussi Des peuples, des provinces, des villes qui sont soumises à l' autorité d' un prince, d' un État. Les provinces qui obéissent au roi. Les peuples qui obéissaient à l' empire romain.

OBÉIR

OBÉIR figurément et en parlant De choses inanimées, signifie, Céder, plier. L' acier obéit plus que le fer. Du fer qui obéit sous le marteau. Une lame d' épée qui obéit. L' osier obéit. Ce bois obéit sans se rompre, sans se casser.

OBÉI, IE. participe

OBÉI, IE. participe

OBÉISSANCE. s. f.

OBÉISSANCE. s. f. Action de celui qui obéit. Un acte d' obéissance. Il a manqué d' obéissance. Vous n' apaiserez votre père que par une prompte obéissance.

Prêter obéissance à un prince, Se soumettre solennellement à sa domination.

OBÉISSANCE

OBÉISSANCE signifie aussi, La disposition à obéir, l' habitude d' obéir, la soumission d' esprit aux ordres des supérieurs. Grande, parfaite, entière obéissance. Obéissance aveugle, servile. Obéissance passive. Obéissance filiale, chrétienne. Faire voeu de pauvreté, de chasteté et d' obéissance. Cet enfant est d' une grande obéissance. J' aime l' obéissance dans les enfants.

Prov., en termes de Dévotion, Obéissance vaut mieux que sacrifice, Rien ne plaît à Dieu autant qu' une entière soumission à ses volontés.

OBÉISSANCE

OBÉISSANCE en parlant Des princes, se prend quelquefois pour Domination, autorité. Vivre sous l' obéissance d' un prince. Les peuples qui sont sous son obéissance. Il a réduit, il a rangé cette province sous son obéissance. Dans tous les pays, dans toutes les terres de son obéissance. Se soustraire à l' obéissance d' un prince. Rentrer dans l' obéissance, sous l' obéissance de son prince.

Être sous l' obéissance de père et de mère, Être soumis à l' autorité légale de son père et de sa mère.

OBÉISSANT, ANTE. adj.

OBÉISSANT, ANTE. adj. Qui obéit. Un fils obéissant. Il a toujours été très-obéissant à son père. Une fille bien obéissante. Des sujets obéissants. Un chien, un cheval obéissant. On dit, par formule de civilité, en terminant une lettre, Votre très-humble et très-obéissant serviteur.

OBÉISSANT

OBÉISSANT signifie figurément et au sens moral, Soumis, docile. Rendre ses passions obéissantes à la raison. Elle a consenti d' une âme obéissante à tout ce que son père exigeait d' elle.

Il se dit aussi, figurément, De certaines choses inanimées, et signifie, Souple, maniable, qui cède, qui se plie facilement. Du cuir, du bois obéissant. De la matière qui est obéissante.

OBÉLISQUE. s. m.

OBÉLISQUE. s. m. Monument quadrangulaire en forme d' aiguille, élevé sur un piédestal, et ordinairement monolithe. Les obélisques qui sont à Rome ont été apportés d' Égypte. Dresser, ériger un obélisque. Un obélisque de cinquante pieds de haut. Un obélisque chargé de caractères hiéroglyphiques. Obélisque de pierre, de granit, de marbre. Obélisque de plusieurs assises, recouvert de stuc, de plâtre, de marbre, de bronze. Obélisque indiquant un rendez-vous de chasse.

OBÉRER. v. a.

OBÉRER. v. a. Endetter. Il a fort obére sa maison. Ses folles dépenses l' ont obéré. On l' emploie aussi avec le pronom personnel. S' obérer. Je crains de m' obérer.

OBÉRÉ, ÉE. participe

OBÉRÉ, ÉE. participe Une succession, une famille obérée. Des gens obérés. Un État obéré.

OBÉSITÉ. s. f.

OBÉSITÉ. s. f. Excès d' embonpoint.

OBIER. s. m.

OBIER. s. m. (Quelques-uns écrivent Aubier.) Arbrisseau fort dur qui ressemble un peu au cornouiller, et qui porte de petites baies rouges. L' obier est un viorne.

OBIT. s. m.

OBIT. s. m. (On fait sentir le T.) T. de Liturg. cathol. Service fondé pour le repos de l' âme d' un mort, et qui doit être célébré à des époques déterminées. Fonder, dire, chanter un obit. Les prêtres ont tant pour leur assistance à chaque obit.

OBITUAIRE. adj. m.

OBITUAIRE. adj. m. Il n' est usité que dans cette locution, Registre obituaire, Le registre qu' on tient, dans une église, des obits qui y sont fondés. On l' emploie quelquefois substantivement. Toutes les fondations qui sont sur l' obituaire.

OBITUAIRE

OBITUAIRE s' est dit aussi, substantivement, de Celui qui était pourvu en cour de Rome, d' un bénéfice vacant par mort, Per obitum, en termes de daterie. Ce bénéfice était poursuivi par trois prétendants, l' un obituaire, l' autre résignataire, et l' autre dévolutaire.

OBJECTER. v. a.

OBJECTER. v. a. Opposer une difficulté à une proposition, à une demande; opposer quelque chose à ce qu' une personne dit ou prétend. On peut objecter de bonnes raisons à cette hypothèse. N' avez-vous rien à objecter? À cela j' objecte que... Je sais bien tout ce que vous pouvez y objecter. Vous m' objecterez peut-être que... On lui objecta sa jeunesse.

Il signifie quelquefois, Reprocher. Ce témoin est irréprochable, on ne peut rien lui objecter. On lui a objecté la corruption de ses moeurs. On lui objecta qu' il avait été repris de justice.

OBJECTÉ, ÉE. participe

OBJECTÉ, ÉE. participe

OBJECTIF, IVE. adj.

OBJECTIF, IVE. adj. T. didactique. En termes d' Optique, Verre objectif. Le verre d' une lunette, destiné à être tourné du côté de l' objet qu' on veut voir; à la différence du Verre oculaire, Celui qui est destiné à être placé du côté de l' oeil.

Il s' emploie plus ordinairement comme substantif. L' objectif de cette lunette est défectueux; l' oculaire est excellent.

OBJECTIF

OBJECTIF en termes de Philosophie, Qui a rapport à l' objet. La réalité objective.

En Théologie, Dieu est notre béatitude objective, Dieu est le seul objet qui puisse faire notre bonheur.

OBJECTION. s. f.

OBJECTION. s. f. Difficulté qu' on oppose à une proposition, à une demande. Objection forte, solide, fondée, sans réplique, pressante, subtile, spécieuse, ingénieuse, insoluble, faible, frivole, sans solidité. Faire une objection. Résoudre, repousser, réfuter une objection. Répondre à une objection. Prévoir, prévenir une objection. Aller au-devant d' une objection. Insister sur une objection. Il n' y a pas d' objection à cela. Cela ne fait pas objection contre l' usage. Cette objection se détruit, tombe d' elle-même. Vous nous apportez là des objections rebattues, cent fois réfutées. Ce que je demandais m' a été accordé sans objection.

OBJET. s. m.

OBJET. s. m. Tout ce qui s' offre, tout ce qui est présenté à la vue. Objet agréable. Les plus beaux objets du monde. Cet objet a frappé mes yeux. Je ne sais quel objet a passé rapidement devant mes yeux. Voilà un vilain objet, un objet horrible. Il y a cette différence entre l' objet lumineux et l' objet éclairé, que le premier contient en soi la lumière, et que l' autre la reçoit. À la vue de tant d' objets charmants. Cette lunette grossit trop les objets. Les objets se peignent sur la rétine.

Il se dit, figurément et au sens moral, de Tout ce qui se présente à l' esprit, de tout ce qui l' occupe. Les objets se peignent confusément dans son esprit, dans son imagination. Il a la tête remplie, occupée de mille objets, d' un objet important. Il ne saurait donner une attention suivie au même objet. Son esprit troublé confond et défigure les objets. Il est éloquent lorsqu' il parle des objets qui le touchent.

OBJET

OBJET dans le style philosophique, signifie, Tout ce qui touche, tout ce qui affecte les sens. Les objets des sens. Les couleurs sont les objets de la vue. Le son est l' objet de l' ouïe. Les saveurs sont l' objet du goût. Les odeurs sont l' objet de l' odorat.

Il signifie, dans le même style, Tout ce qui meut, occupe les facultés de l' âme. Le vrai est l' objet de l' entendement. Le bien est l' objet de la volonté.

Prov., L' objet meut, émeut la puissance, La présence de l' objet excite le désir.

OBJET

OBJET signifie encore, Tout ce qui sert de matière à une science, à un art. Les corps naturels sont l' objet de la physique. La logique a pour objet les opérations de l' entendement. Chaque science a son objet. L' objet qu' elle considère. Une science doit se borner à son objet.

Il signifie aussi, Tout ce qui est la cause, le sujet, le motif d' un sentiment, d' une passion, d' une action. Être l' objet de la raillerie, de la médisance, de la calomnie, du mépris. Objet de pitié. L' objet de son amour, de son respect, de sa passion. Objet de tristesse, d' affliction, de douleur, etc. Vous étiez l' objet de notre entretien. La conversation a changé d' objet.

Il signifie également, Le but, la fin qu' on se propose. Cet homme n' a pour objet que la gloire, que sa fortune, que son intérêt. La poésie a pour objet de plaire, de toucher et d' instruire. L' objet de ma remarque. L' objet que je me propose, que j' ai en vue. Voilà mon objet. Remplir son objet. Suivre son objet. Quel est l' objet de cette démarche? Discours, action sans objet.

OBJET

OBJET se prend quelquefois pour Chose, dans un sens indéterminé. C' est un objet considérable, un objet de peu de valeur. Il vend toute sorte d' objets. Objets de première nécessité.

OBJURGATION. s. f.

OBJURGATION. s. f. Reproche violent, réprimande vive. C' est un terme didactique par lequel on désigne Les reproches animés qui entrent dans un discours.

OBLAT. s. m.

OBLAT. s. m. Il se disait autrefois d' Un laïque, ordinairement homme de guerre invalide, qui était logé, nourri et entretenu dans une abbaye ou dans un prieuré de nomination royale. On disait autrement, Moine lai.

OBLATION. s. f.

OBLATION. s. f. T. consacré en Religion. Offrande, action par laquelle on offre quelque chose à Dieu. JÉSUS-CHRIST, étant sur la croix, fit une oblation de lui-même à son père. L' oblation du pain et du vin.

Il se dit aussi Des choses qui sont offertes à Dieu. Les prêtres ne vivaient autrefois que d' oblations. Le bien mal acquis qu' on offre à Dieu, est une oblation qu' il rejette.

OBLIGATION. s. f.

OBLIGATION. s. f. Lien, engagement qui impose quelque devoir concernant la religion, la morale, ou la vie civile. S' acquitter des obligations d' un bon citoyen, d' un bon chrétien. Satisfaire aux obligations de son état, à toutes ses obligations. Remplir ses obligations. Les obligations d' un père envers ses enfants, des enfants envers leur père. C' est une obligation de droit naturel. Obligation de conscience. Obligation d' honneur. Fête, précepte d' obligation. Cela est d' obligation stricte. Vous êtes dans l' obligation de lui répondre.

Il se dit, en Jurisprudence, d' Un lien de droit, qui oblige à donner, à faire, ou à ne pas faire une chose. Ce professeur explique le titre du code intitulé: Des contrats ou des obligations. Les obligations naissent des conventions ou contrats, ou des quasi-contrats, des délits, ou des quasi-délits. Obligation solidaire. Les obligations du vendeur, de l' acheteur. Obligation exécutée, non exécutée, conditionnelle, divisible, indivisible. Obligation éteinte, prescrite.

OBLIGATION

OBLIGATION se dit encore de L' acte, fait par-devant notaire ou sous seing privé, par lequel on s' oblige à payer une certaine somme, à donner ou à faire telle chose dans un temps fixé. Une obligation de dix mille francs. Obligation par corps. Il lui en a passé obligation devant notaire. Il lui en a fait une obligation. La minute, la grosse d' une obligation. Sceller une obligation. Une obligation n' est pas exécutoire si elle n' est scellée. Cette obligation est payable dans tel temps. Prêter de l' argent par obligation. Endosser une obligation d' un à-compte qu' on a reçu. Rendre, acquitter une obligation.

Faire honneur à ses obligations, Payer ses dettes, acquitter ses engagements.

OBLIGATION

OBLIGATION signifie aussi, Un lien de reconnaissance envers les personnes qui nous ont rendu des services plus ou moins importants, ou qui nous ont fait quelque plaisir. Il vous a obligation de la vie. Il prétend ne vous avoir aucune obligation. C' est une nouvelle obligation que je vous ai. Je lui en aurai une grande obligation. Je lui en aurai obligation toute ma vie. Je lui en ai autant d' obligation que si la chose avait réussi. C' est un homme à qui j' ai les plus grandes obligations, à qui j' ai bien des obligations, à qui j' ai obligation.

Il s' emploie quelquefois dans des occasions de peu d' importance. Prêtez-moi ce livre pour une huitaine de jours; je vous en aurai une grande obligation. Il m' a cédé son billet de spectacle; je lui ai bien de l' obligation.

OBLIGATOIRE. adj. des deux genres

OBLIGATOIRE. adj. des deux genres Qui a la force d' obliger suivant la loi. Clauses obligatoires. Ce traité est obligatoire.

OBLIGEAMMENT. adv.

OBLIGEAMMENT. adv. D' une manière obligeante. Il m' a reçu obligeamment. Il les a traités aussi obligeamment qu' ils pouvaient le désirer. Il en a usé fort obligeamment à mon égard. Il parle obligeamment de vous.

OBLIGEANCE. s. f.

OBLIGEANCE. s. f. Disposition, penchant à obliger. Vous avez mis beaucoup d' obligeance dans cette affaire. C' est un homme d' une extrême obligeance.

OBLIGEANT, ANTE. adj.

OBLIGEANT, ANTE. adj. Officieux, qui aime à obliger, à faire plaisir. C' est un homme fort obligeant, extrêmement obligeant, tout à fait obligeant. Une humeur obligeante. Il a les manières obligeantes. Elle lui parle d' un ton fort obligeant. Un air, un accueil, un sourire obligeant. Il ne lui a pas dit seulement une parole obligeante. Ce que vous me dites n' est pas obligeant.

OBLIGER. v. a.

OBLIGER. v. a. Imposer l' obligation de dire ou de faire quelque chose. La loi naturelle, la loi divine nous oblige à honorer père et mère. Votre devoir vous y oblige. L' équité nous oblige à restituer ce qui ne nous appartient pas. Obliger à restitution. La sentence, l' arrêt l' oblige à rapporter...

Il signifie aussi, Porter, exciter, engager à faire quelque chose. Mes réprimandes, mes exhortations l' ont obligé à changer d' avis, de conduite. L' envie de parvenir l' a obligé d' étudier. Quelle raison vous oblige à faire ce que vous faites? Cela doit vous obliger à observer de plus près.

OBLIGER

OBLIGER signifie encore, Lier quelqu' un par un acte, en vertu duquel on puisse l' appeler en justice, s' il n' exécute pas la chose à laquelle il s' est engagé. Son contrat l' oblige à cela. Faire obliger le mari et la femme. Il est obligé par le contrat de faire telle chose. Il y a dans le bail une clause qui l' y oblige.

Il se dit aussi en parlant Des biens. Il a obligé tous ses biens.

Il s' emploie souvent avec le pronom personnel, dans le même sens. S' obliger solidairement. S' obliger par-devant notaire. S' obliger corps et biens. S' obliger par corps.

S' obliger pour quelqu' un, Lui servir de caution, répondre des pertes ou des dommages qui peuvent arriver par sa faute, des engagements qu' il ne remplirait pas.

OBLIGER

OBLIGER avec le pronom personnel, signifie quelquefois, Se lier par une simple promesse. Prêtez-moi ce livre, je m' oblige à vous le rendre dans deux jours.

OBLIGER

OBLIGER signifie en outre, Contraindre, forcer. Après un mois de siége, le gouverneur fut obligé de se rendre. La nécessité de le payer m' a obligé de vendre ma maison. La crainte l' oblige à se taire. Je suis obligé de sortir, de vous quitter. Vous m' obligerez à me fâcher. Je serai obligé de vous punir. Je vous obligerai à marcher droit.

OBLIGER

OBLIGER signifie aussi, Rendre service, faire plaisir. Il m' a obligé quand j' étais malheureux. Vous m' obligerez extrêmement, infiniment. C' est un honnête homme, il oblige de bonne grâce, très-promptement. Il oblige tout le monde. Il m' a obligé de son crédit, de sa bourse. Vous m' obligerez beaucoup d' aller lui parler pour moi.

Obliger un apprenti, L' engager chez un maître pour y apprendre pendant un certain temps le métier de ce maître.

OBLIGÉ, ÉE. participe

OBLIGÉ, ÉE. participe Je vous suis fort obligé de votre attention, de la peine que vous avez prise, Je vous suis fort redevable. On dit souvent par forme de remercîment, Je vous suis bien obligé, ou, par ellipse, Bien obligé.

Je suis votre obligé, votre obligée, se dit À quelqu' un dont on a reçu un service; et, dans ce sens, Obligé est substantif.

Substantiv., Le principal obligé, Le principal débiteur, pour le distinguer de la caution.

OBLIGÉ, substantif masculin

OBLIGÉ, substantif masculin se dit aussi d' Un acte passé entre un maître et un apprenti, sous des conditions réciproques.

OBLIGÉ

OBLIGÉ pris adjectivement, signifie, Qui est d' usage, dont on ne peut guère se dispenser. C' est le compliment obligé. La formule obligée d' une lettre, d' une pétition.

En Musique, Partie obligée, Partie qu' on ne pourrait retrancher sans gâter l' harmonie ou le chant. Récitatif obligé, Récitatif accompagné et coupé par les instruments.

OBLIQUE. adj. des deux genres

OBLIQUE. adj. des deux genres Qui est de biais, ou incliné. Ligne oblique. Plan oblique. Couper un cône par une section oblique. Les rayons du soleil sont plus obliques en hiver qu' en été. Il a le regard oblique.

Sphère oblique, Celle où l' équateur n' est ni parallèle ni perpendiculaire à l' horizon.

OBLIQUE

OBLIQUE signifie, figurément, Qui manque de droiture, de franchise. Sa conduite est oblique. Il suit une marche oblique, des voies obliques. Il emploie des moyens obliques.

Il signifie aussi, Indirect, détourné. Une louange oblique. Une accusation oblique. En ce sens, il est peu usité.

En Grammaire, et dans les langues où les noms se déclinent, Cas obliques, Tous les cas, hors le nominatif singulier.

En Grammaire, Modes obliques, Ceux qui ne peuvent servir qu' à énoncer une proposition subordonnée, tels que le subjonctif et le conditionnel. Propositions obliques, Les propositions subordonnées qui sont énoncées par ces modes.

En termes de Tactique, Ordre oblique, Disposition d' après laquelle une armée ou un corps d' armée engage le combat par une de ses ailes, en refusant l' autre aile à l' ennemi. Pas oblique, Celui d' une troupe qui marche sur une ligne diagonale, supposée tirée du point d' où elle part à celui où elle tend, de manière que le front reste toujours parallèle à lui-même. Feux obliques, Feux dirigés à droite ou à gauche, au lieu d' être directs. Feux obliques à droite. Feux obliques à gauche.

OBLIQUEMENT. adv.

OBLIQUEMENT. adv. De biais, d' une manière oblique. Une ligne tirée obliquement. Le zodiaque coupe obliquement l' équateur.

Il signifie, figurément, D' une manière insidieuse, contraire à la droiture, à la franchise, à la probité. Il est parvenu à ses fins, mais obliquement. Il agit toujours obliquement. Il va toujours obliquement en tout ce qu' il fait.

Il signifie encore, Indirectement. Louer, blâmer, désigner obliquement. En ce sens, il est peu usité.

OBLIQUITÉ. s. f.

OBLIQUITÉ. s. f. T. de Mathém. Inclinaison d' une ligne, d' une surface sur une autre. L' obliquité d' une ligne. L' obliquité des rayons du soleil. L' obliquité de la sphère.

En Astron., L' obliquité de l' écliptique, L' angle que l' écliptique fait avec l' équateur, et qui est d' environ vingt-trois degrés vingt-huit minutes.

Fig., L' obliquité de sa conduite, de ses démarches, Ce qu' il y a de contraire à la droiture, à la franchise dans sa conduite, dans ses démarches.

OBLITÉRATION. s. f.

OBLITÉRATION. s. f. Action d' oblitérer; État de ce qui est oblitéré.

OBLITÉRER. v. a.

OBLITÉRER. v. a. Effacer insensiblement et de manière à laisser des traces. Il se dit principalement en parlant De ce qui a souffert du laps de temps, ou de quelque autre cause naturelle. Le temps a oblitéré cette inscription, a oblitéré plusieurs caractères, plusieurs mots dans ce manuscrit. La circulation des monnaies oblitère insensiblement les figures et les lettres qui y sont empreintes.

Il s' emploie avec le pronom personnel. Ces caractères se sont oblitérés.

Il se dit quelquefois au sens moral. Cette coutume s' est oblitérée avec le temps. Cette opinion s' oblitère de jour en jour. Il est peu usité, dans cette acception.

Il se dit aussi, en termes d' Anatomie, D' un canal qui se ferme peu à peu, et dont les parois finissent par adhérer l' une à l' autre, en sorte que sa cavité ne paraît presque plus. Cette partie de l' intestin, cette veine s' est tout à fait oblitérée.

OBLITÉRÉ ÉE. participe

OBLITÉRÉ ÉE. participe Vaisseau oblitéré.

OBLONG, ONGUE. adj.

OBLONG, ONGUE. adj. Qui est beaucoup plus long que large. Un carré oblong. Un jardin oblong. Une place oblongue. Ce jardin, cette place est d' une figure oblongue.

Il se dit, en Librairie, Des livres qui ont moins de hauteur que de largeur. Un in-folio, un in-quarto oblong. Les livres de musique sont souvent oblongs.

OBOLE. s. f.

OBOLE. s. f. Nom d' une ancienne petite monnaie de cuivre valant la moitié d' un denier tournois. Il s' emploie encore dans cette phrase proverbiale, Je n' en donnerais pas une obole, Je ne fais aucun cas de cela, je n' en donnerais pas le moindre prix.

Il se dit aussi d' Une petite monnaie d' Athènes, qui faisait la sixième partie d' une drachme.

Il s' est dit en outre d' Un petit poids qui pesait douze grains.

OBOMBRER. v. a.

OBOMBRER. v. a. Couvrir de son ombre. Il ne s' emploie guère que dans le sens mystique. Les anges l' obombraient de leurs ailes.

OBOMBRÉ, ÉE. participe

OBOMBRÉ, ÉE. participe

OBREPTICE. adj. des deux genres

OBREPTICE. adj. des deux genres T. de Chancellerie. Il se dit Des grâces obtenues en taisant une vérité qu' on aurait dû exprimer pour qu' elles fussent valables; à la différence des subreptices, qui sont Celles qu' on a obtenues sur l' exposé d' un fait faux. Privilége obreptice. Lettres, provisions obreptices.

OBREPTICEMENT. adv.

OBREPTICEMENT. adv. D' une manière obreptice.

OBREPTION. s. f.

OBREPTION. s. f. T. de Chancellerie. Réticence d' un fait vrai qui aurait dû être exposé, et dont l' omission rend les lettres obreptices. Il y a obreption dans ces lettres. Déduire des moyens d' obreption.

OBSCÈNE. adj. des deux genres

OBSCÈNE. adj. des deux genres Qui blesse la pudeur. Paroles obscènes. Mot obscène. Ce poëte est obscène. Chanson obscène. Peinture, image obscène. Il y a quelque chose d' obscène dans ce tableau. Cela laisse des idées obscènes.

OBSCÉNITÉ. s. f.

OBSCÉNITÉ. s. f. Parole, image, action qui blesse la pudeur. Il y a de l' obscénité dans ce discours, dans ce tableau, dans cette danse. Cette chanson est pleine d' obscénités. Il nous a dit des obscénités. Ce tableau est une obscénité.

OBSCUR, URE. adj.

OBSCUR, URE. adj. Sombre, ténébreux, qui n' est pas éclairé. Lieu obscur. Chambre obscure. Antre obscur. Prison obscure. Église obscure. Forêt obscure. Nuit obscure. Temps obscur.

Il fait obscur, Le jour est sombre, le temps est bas. Il fait obscur dans cet endroit, Ce lieu n' est pas bien éclairé, on n' y voit pas bien clair.

Chambre obscure. Voyez, au mot NOIR, Chambre noire.

OBSCUR

OBSCUR en parlant De couleurs, signifie, Qui est moins clair, moins vif, moins éclatant, plus brun, plus chargé. Couleurs obscures. Bleu obscur. Un cheval bai obscur.

En Peinture, Clair-obscur, L' imitation de l' effet que produit la lumière en éclairant les surfaces qu' elle frappe, et en laissant dans l' ombre celles qu' elle ne frappe pas. Le clair-obscur est la principale source de l' illusion que produit la peinture. C' est à l' aide du clair-obscur qu' on fait sentir le relief des objets peints sur une surface plate. Les peintures des Chinois font voir qu' ils ont peu de connaissance des principes du clair-obscur, et des règles de la perspective. L' entente du clair-obscur. Il signifie aussi, Ce qui est peint sans mélange d' autres couleurs que du blanc et du noir, ou du blanc avec une seule couleur, comme les camaïeux. Des dessins de clair-obscur.

OBSCUR

OBSCUR signifie figurément, Qui n' est pas bien clair, bien intelligible, qui ne se fait pas comprendre, ou se fait difficilement comprendre. Discours obscur. Livre fort obscur. Passage, terme obscur. En termes obscurs. La glose de ce livre est plus obscure que le texte. Cet auteur est obscur, affecte d' être obscur. Les oracles étaient obscurs.

OBSCUR

OBSCUR signifie aussi, Peu connu, caché. C' est un homme obscur. Il mène une vie obscure. État obscur. Condition obscure. Mérite obscur. Vertu obscure.

Cet homme est d' une naissance, d' une famille obscure, est né de parents obscurs, Il n' est pas né dans une classe distinguée.

OBSCURCIR. v. a.

OBSCURCIR. v. a. Rendre obscur. Les nuages obscurcissent le jour, le soleil. Les vapeurs obscurcissent l' air. Ce mur élevé devant ma maison l' obscurcit entièrement.

Il s' emploie avec le pronom personnel, et signifie, Devenir obscur, perdre sa clarté. Le soleil s' obscurcit quand des nuages s' élèvent. L' air, le jour, le temps s' obscurcit.

La vue s' obscurcit dans la vieillesse, Dans la vieillesse, la vue diminue, s' affaiblit.

OBSCURCIR

OBSCURCIR s' emploie aussi figurément. Quand l' entendement est obscurci par les passions, par les préjugés. Cela a beaucoup obscurci sa gloire. Sa brillante renommée obscurcissait toutes les réputations contemporaines. Quelquefois le commentaire obscurcit le texte en voulant l' éclaircir. Ses réponses captieuses et ambiguës ont obscurci la vérité. On l' emploie aussi avec le pronom personnel. Quand la raison vient à s' obscurcir. Sa gloire s' est obscurcie peu à peu. Son esprit s' obscurcit.

OBSCURCI, IE. participe

OBSCURCI, IE. participe

OBSCURCISSEMENT. s. m.

OBSCURCISSEMENT. s. m. Affaiblissement de lumière. L' obscurcissement du soleil. L' obscurcissement de la vue.

Il s' emploie aussi figurément. La manière dont il interprète ce passage l' obscurcit, et l' obscurcissement vient du sens qu' il attache à tel mot. Sa gloire en reçoit un grand obscurcissement. Dans ce sens, il est peu usité.

OBSCURÉMENT. adv.

OBSCURÉMENT. adv. Avec obscurité. Il se dit au propre et au figuré. La nuit approchait, on ne voyait les objets qu' obscurément. Il parle, il écrit obscurément. Nous ne voyons qu' obscurément les choses de la foi. C' est un homme qui a toujours vécu obscurément.

OBSCURITÉ. s. f.

OBSCURITÉ. s. f. Privation de lumière. Grande, profonde obscurité. L' obscurité de la nuit, du temps, d' un bois, d' un antre, d' une chambre. À travers l' obscurité. À la faveur de l' obscurité. Percer, chasser, dissiper l' obscurité.

Fig., L' obscurité des temps, l' obscurité de l' avenir, Le peu de connaissance qu' on a des temps éloignés, l' ignorance où l' on est de l' avenir.

OBSCURITÉ

OBSCURITÉ signifie figurément, Défaut de clarté dans les idées, dans les expressions. Son discours est plein d' obscurité, d' obscurités. Il y a dans son livre bien des obscurités, bien de l' obscurité. Cet auteur affecte l' obscurité. Perse est un poëte d' une grande obscurité. L' obscurité des oracles. La sainte obscurité des mystères. Les premiers temps de notre histoire étaient pleins d' obscurités que ce savant a éclaircies.

OBSCURITÉ

OBSCURITÉ signifie encore figurément, Privation de célébrité, d' éclat. Il n' a point voulu s' élever, il est demeuré dans l' obscurité. Il aime mieux vivre dans l' obscurité, que de paraître dans le grand monde. Il préfère l' obscurité à l' éclat. Il est sorti de son obscurité. Il est rentré dans son obscurité. L' obscurité de sa naissance, de sa famille, de son état, de sa condition.

OBSÉCRATION. s. f.

OBSÉCRATION. s. f. Figure de rhétorique, par laquelle l' orateur implore l' assistance de Dieu ou de quelque personne.

OBSÉCRATIONS

OBSÉCRATIONS au pluriel, Prières publiques que, chez les Romains, on ordonnait pour apaiser les dieux, lorsque la république était affligée de quelque calamité.

OBSÉDER. v. a.

OBSÉDER. v. a. Être assidûment autour de quelqu' un, pour empêcher que d' autres n' en approchent, et pour se rendre maître de son esprit. Ce ministre obsédait le prince. Il était obsédé par deux ou trois de ses domestiques. Ses héritiers l' obsèdent si fort, qu' ils ne laissent approcher personne de lui. Il se prend toujours en mauvaise part.

Il signifie aussi, Importuner quelqu' un par ses assiduités, par ses démarches. Il est obsédé par la foule des solliciteurs. Cet homme me vient voir chaque jour, il m' obsède.

Il se dit, dans un sens particulier, en parlant D' une personne qu' on suppose tourmentée par des illusions du malin esprit. Il y a un malin esprit qui l' obsède. Dans ce sens, on l' emploie quelquefois absolument, au passif. Cet homme est obsédé. Il n' est pas possédé, il n' est qu' obsédé.

OBSÉDÉ, ÉE. participe

OBSÉDÉ, ÉE. participe

OBSÈQUES. s. m. pl.

OBSÈQUES. s. m. pl. Funérailles accompagnées de pompe et de cérémonies. Faire les obsèques d' un prince. J' ai assisté à ses obsèques. On lui fit de magnifiques obsèques. Ses obsèques durèrent trois jours.

OBSÉQUIEUSEMENT. adv.

OBSÉQUIEUSEMENT. adv. D' une manière obséquieuse.

OBSÉQUIEUX, EUSE. adj.

OBSÉQUIEUX, EUSE. adj. Qui porte à l' excès le respect, les égards, la complaisance, les attentions. C' est un homme obséquieux. Esprit obséquieux. Humeur obséquieuse.

OBSERVABLE. adj. des deux genres

OBSERVABLE. adj. des deux genres T. didactique. Qui peut être observé. La différence de ces deux quantités n' est pas observable.

OBSERVANCE. s. f.

OBSERVANCE. s. f. Pratique d' une règle, exécution de ce que prescrit une règle, une loi. Il n' est usité qu' en matière de religion. L' observance de la règle dans les maisons religieuses. L' étroite observance. Les pharisiens se piquaient de l' exacte observance des cérémonies prescrites par la loi.

Il se dit aussi de La règle, de la loi même. Le judaïsme était chargé d' un nombre infini d' observances. Manquer aux observances. Se dispenser des observances de la vie religieuse.

Observances légales, Certaines pratiques ou cérémonies que prescrivait la loi de Moïse. L' Évangile nous a délivrés du joug des observances légales.

OBSERVANCE

OBSERVANCE se dit aussi Des communautés religieuses où certaines règles s' observent. Observance relâchée. Observance mitigée. Les observances régulières diffèrent des communautés ecclésiastiques.

Étroite observance, La partie d' un ordre religieux qui fait profession d' observer la règle plus littéralement que les autres religieux du même ordre. L' étroite observance de Cîteaux. L' étroite observance de Saint-François.

OBSERVANTIN. adj. et s. m.

OBSERVANTIN. adj. et s. m. Religieux de l' observance de Saint-François. Religieux observantin. Frère mineur observantin.

OBSERVATEUR, TRICE. s.

OBSERVATEUR, TRICE. s. Celui, celle qui accomplit ce que prescrit quelque loi, ou quelque règle. Dans ce sens, il ne s' emploie guère sans épithète. Religieux observateur des commandements de Dieu. Fidèle observateur des ordres du prince. Socrate fut grand observateur des lois. Cette religieuse est une exacte observatrice de sa règle. Cet homme est un fidèle observateur de sa parole, de sa promesse.

Il signifie aussi, Qui s' applique à observer les phénomènes de la nature, les événements du monde, les moeurs et les actions des hommes. Observateur attentif, exact. C' est un bon observateur, un excellent observateur. Observateur de la nature. Observateur du mouvement des cieux. Observateur de la société. Observateur du coeur humain.

Il se dit quelquefois par opposition à Celui qui agit. Je n' ai pris aucune part à ce qui se faisait, j' étais là comme observateur.

Il s' emploie adjectivement dans la seconde acception. Médecin observateur. Esprit, génie, coup d' oeil observateur.

OBSERVATION. s. f.

OBSERVATION. s. f. Action par laquelle on observe ce qui est prescrit par quelque loi, ce que l' on a promis à quelqu' un. L' observation des commandements de Dieu, des lois. L' observation de sa parole, de sa promesse.

Il signifie aussi, Action de considérer avec attention, avec étude les choses physiques ou les choses morales. L' observation est le premier fondement de toutes les sciences. Une observation bien faite. Des observations exactes. Il a fait de belles observations sur la structure du corps humain. Molière et la Bruyère ont fait de profondes observations sur la société et sur le coeur de l' homme.

Il se dit également Du résultat de l' observation. Il a fait une belle observation. Observations astronomiques, météorologiques, médicales. Observations sur la conformation du corps humain. Je vous ferai part de mes observations.

Avoir l' esprit d' observation, Savoir remarquer les causes et les effets des phénomènes, des évènements, des actions des hommes.

OBSERVATION

OBSERVATION signifie encore, Remarque sur des écrits de quelque auteur. En ce sens, il s' emploie ordinairement au pluriel. Observations sur la Rhétorique d' Aristote. Il a fait imprimer tel auteur avec de savantes observations.

Il signifie aussi, dans le langage de la conversation, de la discussion, Réflexion, considération. Je demande à faire une observation. Permettez que je fasse une observation. Avez-vous encore quelque observation à faire? Je vous prie de faire une observation; je vous ferai faire une observation, c' est que... Votre observation me paraît juste.

Armée, corps d' observation, Armée, corps d' armée dont la destination est d' observer, de surveiller les mouvements d' une armée étrangère.

Être en observation, se tenir en observation, Être, se tenir dans un lieu d' où l' on observe, d' où l' on surveille, d' où l' on épie l' arrivée de quelqu' un ou de quelque chose.

OBSERVATOIRE. s. m.

OBSERVATOIRE. s. m. Édifice destiné aux observations astronomiques. L' observatoire de Paris, de Greenwich. Bâtir un observatoire.

OBSERVER. v. a.

OBSERVER. v. a. Accomplir, suivre ce qui est prescrit par quelque loi, par quelque règle. Observer les commandements de Dieu. On peut observer à son aise certaines ordonnances des médecins. Observer le silence, le jeûne, etc. Observer la discipline, les règles de la discipline. Observer les statuts, les lois, les coutumes, les bienséances.

Prov. et fig., Observer les longues et les brèves, Être très-cérémonieux, être extrêmement exact dans les plus petites choses. On dit aussi, Observer les points et les virgules.

En termes de Manége: Ce cheval observe parfaitement les hanches, sa ligne, etc. Ce cavalier observe bien son terrain.

OBSERVER

OBSERVER signifie aussi, Regarder, considérer avec application, avec étude, les choses physiques ou les choses morales. Observer le cours des astres, le changement du temps, le vol des oiseaux. Observer la nature. Observer les symptômes d' une maladie. Les astronomes observent les comètes, les éclipses. Observer le flux et reflux de la mer. Le moraliste observe les hommes, la société, le coeur humain. Observer les moeurs des différentes nations. Molière a observé profondément le moral de l' homme. Cet homme n' a rien observé.

Il s' emploie quelquefois absolument, dans le même sens. Observer avec de bons instruments. Ce savant a beaucoup observé. Il a l' habitude d' observer.

Il signifie aussi simplement, Remarquer, faire attention. J' ai observé qu' il n' adressait la parole qu' à vous. J' ai observé du coin de l' oeil qu' il lui donnait quelque chose. J' ai observé, dans mon voyage, que... J' ai observé dans tel auteur que... Avez-vous observé que la clause de ce contrat porte.... Avez-vous observé ce passage? Observez bien toutes ces choses. Je vous prie d' observer, je vous fais observer que... Je vous prie d' observer la différence qu' il y a entre ces deux choses. La cour observera, s' il lui plaît, que... Lui avez-vous fait observer que je n' y consentais pas?

Il signifie encore, Épier, remarquer les actions, les discours, les gestes d' une personne. On a mis autour de lui des gens qui l' observent. Prenez garde à ce que vous direz, on vous observe, vous êtes observé. Les grands sont malheureux, on observe toutes leurs paroles, toutes leurs démarches. Un bon général doit observer, faire observer tous les mouvements des ennemis. J' ai bien observé cet homme, et je ne l' ai pas encore pénétré.

OBSERVER

OBSERVER s' emploie quelquefois avec le pronom personnel, et signifie, Être fort circonspect dans ses actions, dans ses paroles. C' est un homme qui s' observe beaucoup, qui s' observe fort.

Il signifie aussi, lorsque le pronom est employé comme réciproque, Se regarder l' un l' autre avec attention. Ces deux champions, avant d' en venir aux mains, s' observent, se mesurent des yeux. Le créancier et le débiteur, avant de s' adresser la parole, se sont observés fort attentivement.

OBSERVÉ, ÉE. participe

OBSERVÉ, ÉE. participe

OBSESSION. s. f.

OBSESSION. s. f. État des personnes qu' on croit obsédées du malin esprit. Les accidents extraordinaires qu' on remarquait en lui firent croire qu' il y avait de l' obsession du démon, de l' obsession. On distingue l' obsession de la possession.

Il signifie aussi, L' action de celui qui obsède quelqu' un, qui est tellement assidu auprès de lui, que d' autres personnes ne peuvent en approcher. Il ne le quitte point, on n' a jamais vu une pareille obsession.

Il se dit également de L' état de celui qui est obsédé. Cet homme, avec ses visites continuelles, me tient en obsession, dans un état d' obsession, de véritable obsession.

OBSIDIANE ou OBSIDIENNE. s. f.

OBSIDIANE ou OBSIDIENNE. s. f. Pierre noire, qui est un verre volcanique, et qui prend un très-beau poli. Les anciens employaient l' obsidiane à faire des miroirs.

OBSIDIONAL, ALE. adj.

OBSIDIONAL, ALE. adj. Qui concerne les siéges. Il n' est guère usité que dans ces deux locutions: Couronne obsidionale, Couronne d' herbes que les Romains donnaient à celui qui avait fait lever le siége d' une ville; et, Monnaie obsidionale, Monnaie qu' on frappe dans une place assiégée, pour suppléer au défaut ou à la rareté du numéraire, et à laquelle on donne ordinairement cours, durant le siége, pour une valeur beaucoup plus forte que sa valeur intrinsèque. On a employé le cuir à faire des monnaies obsidionales.

OBSTACLE. s. m.

OBSTACLE. s. m. Empêchement, opposition, ce qui empêche qu' une personne n' arrive à son but, ne parvienne à ses fins, qu' une chose ne se fasse, ne réussisse. Grand obstacle. Obstacle invincible. Lever tout obstacle. Vaincre, surmonter, franchir, renverser, forcer un obstacle. Triompher d' un obstacle. Former des obstacles. Faire naître un obstacle, des obstacles. Faire cesser des obstacles. Rencontrer un obstacle. Vous n' y trouverez point d' obstacle. Beaucoup d' obstacles. Faire obstacle à quelqu' un. Mettre obstacle à quelque chose, à un dessein. Il n' y a nul obstacle. Il lui a opposé des obstacles insurmontables, invincibles. Les obstacles se sont multipliés. Aucun obstacle ne l' arrête. Son courage s' enflamme par les obstacles. Ce n' est qu' un léger obstacle.

OBSTINATION. s. f.

OBSTINATION. s. f. Entêtement, opiniâtreté. Ridicule, étrange obstination. Quelle obstination! Obstination au mal, dans le mal. L' obstination d' un sot.

OBSTINÉMENT. adv.

OBSTINÉMENT. adv. Avec obstination. Soutenir obstinément un mensonge.

OBSTINER. v. a.

OBSTINER. v. a. Rendre opiniâtre, faire qu' une personne mette de l' obstination à quelque chose. Si vous ne cessez de lui parler, vous l' obstinerez davantage. Cela ne fait que l' obstiner. N' obstinez point cet enfant. Pourquoi l' avez-vous tant obstiné? Il est familier.

Il s' emploie plus ordinairement avec le pronom personnel, et signifie, S' opiniâtrer, s' attacher opiniâtrément à quelque chose. Plus on le prie, plus il s' obstine. Ne vous obstinez point à cela. S' obstiner à persécuter quelqu' un. Il s' obstine dans son opinion. Il s' est obstiné à ne pas faire ce qu' on exigeait de lui.

OBSTINÉ, ÉE. participe

OBSTINÉ, ÉE. participe Il est souvent adjectif, et signifie, Qui s' obstine. Un enfant obstiné. Plaideur obstiné.

Il se dit aussi D' un mal qu' on ne peut faire cesser. Rhume obstiné.

Il s' emploie quelquefois substantivement dans le même sens. Les obstinés sont bien à charge. C' est un petit obstiné.

OBSTRUCTIF, IVE. adj.

OBSTRUCTIF, IVE. adj. T. de Médec. Qui cause obstruction. Aliment obstructif.

OBSTRUCTION. s. f.

OBSTRUCTION. s. f. T. de Médec. Engorgement, embarras qui se forme dans les vaisseaux par lesquels les liqueurs se portent dans tout le corps de l' animal, et qui en arrête le passage, ou le rend moins libre. Le quinquina occasionne des obstructions, s' il est donné mal à propos. Ce remède guérit les obstructions. Il y a obstruction dans le mésentère, dans le foie. Il a une obstruction au foie, au pylore. Maladies qui viennent d' obstruction.

OBSTRUER. v. a.

OBSTRUER. v. a. Interposer un obstacle. Vous obstruez le passage. Un grand nombre de voitures obstruaient la rue.

Il signifie aussi, Former, causer une obstruction, un engorgement. Cela peut obstruer les vaisseaux. Le dépôt des eaux a obstrué ces canaux de fonte.

OBSTRUÉ, ÉE. participe

OBSTRUÉ, ÉE. participe Ce canal est obstrué. Il a le foie obstrué, le pylore obstrué.

OBTEMPÉRER. v. n.

OBTEMPÉRER. v. n. Obéir. Obtempérer à un ordre, à un commandement, à une sommation, à un jugement. Obtempérer aux magistrats. Obtempérer à justice. À quoi obtempérant. Il est principalement usité en style de Palais.

OBTENIR. v. a.

OBTENIR. v. a. Parvenir à se faire accorder ce qu' on demande. J' ai obtenu de lui qu' il demeurerait encore trois jours avec nous. On a obtenu de lui qu' il se désisterait. J' ai obtenu de le voir. Obtenir une grâce du roi. Ce criminel a obtenu sa grâce. Obtenir une place, un emploi. Obtenir permission, la permission. Je n' ai jamais pu rien obtenir de cet homme-là. Ne saurais-je obtenir cela de vous? Ces sortes de grâces ne s' obtiennent pas aisément. Il ne saurait obtenir cela de lui-même. Obtenir les suffrages du public, la faveur du prince, les bonnes grâces, l' amitié, l' estime de quelqu' un. Obtenir satisfaction d' un outrage.

En termes de Palais, Obtenir un arrêt, Parvenir à avoir un arrêt qu' on poursuivait. Obtenir ses fins et conclusions, Obtenir en justice ce qu' on demande par sa requête, par ses conclusions.

OBTENIR

OBTENIR en termes de Science, et particulièrement de Chimie, signifie. Parvenir à un effet, à un résultat. Par ce procédé chimique, j' ai obtenu tel résidu. Depuis qu' on a changé la mécanique de cet instrument, on en obtient de plus beaux sons. La lumière qu' on obtient de ce gaz en combustion est plus vive et plus pure que celle qui est produite par l' huile. En greffant tel arbre sur tel autre, il a obtenu une nouvelle variété de fruits.

OBTENU, UE. participe

OBTENU, UE. participe

OBTENTION. s. f.

OBTENTION. s. f. Impétration, action d' obtenir. Il ne se dit guère qu' en style de Chancellerie et de Palais. L' obtention d' un privilége, d' un arrêt, d' une grâce.

OBTURATEUR. s. m.

OBTURATEUR. s. m. T. de Chirur. Plaque d' or ou d' argent, destinée à boucher un trou contre nature à la voûte du palais, aux os du crâne, etc.

OBTURATEUR

OBTURATEUR se dit également, en Chimie, d' Une plaque de verre que l' on met sous les cloches remplies de gaz ou de liquide, pour les boucher, et pour pouvoir les transporter d' un lieu à un autre.

OBTURATEUR, TRICE. adj.

OBTURATEUR, TRICE. adj. T. de Chirur. Il se dit De certaines parties destinées à boucher le trou ovale de l' os des iles. Muscle, nerf, ligament obturateur. Artère obturatrice.

OBTURATION. s. f.

OBTURATION. s. f. T. de Chirur. Il se dit de La manière dont on bouche les trous qui se font, contre l' ordre naturel, à la voûte du palais, aux os du crâne, etc.

OBTUS, USE. adj.

OBTUS, USE. adj. T. de Géom. Il se dit D' un angle plus grand, plus ouvert qu' un angle droit. Angle obtus.

Fig., Esprit obtus, Esprit peu pénétrant, qui a de la peine à concevoir. Cet homme a l' esprit obtus.

Fig., Sens obtus, Sens dont les perceptions manquent de vivacité, de netteté. Dans la vieillesse, les sens deviennent obtus. Le toucher est le plus obtus de nos sens.

OBTUS

OBTUS se dit aussi, en Histoire naturelle, De ce qui est comme écrasé, arrondi, émoussé, au lieu d' être anguleux ou pointu. Poisson à tête obtuse. Les feuilles de cette plante sont obtuses.

OBTUSANGLE. adj. des deux genres

OBTUSANGLE. adj. des deux genres T. de Géom. Il se dit principalement D' un triangle qui a un angle obtus. Triangle obtusangle.

OBUS. s. m.

OBUS. s. m. (On prononce Obuze.) T. d' Artillerie. Sorte de petite bombe sans anse, que l' on jette au moyen d' un obusier.

OBUSIER. s. m.

OBUSIER. s. m. T. d' Artillerie. Espèce de mortier monté sur un affût à roues, qui se tire sous un degré peu élevé, et dont on se sert pour lancer les petites bombes appelées Obus.

OBVENTION. s. f.

OBVENTION. s. f. T. de Droit can. Impôt ecclésiastique.

OBVIER. v. n.

OBVIER. v. n. Prendre les précautions, les mesures nécessaires pour prévenir, pour empêcher un mal, un accident fâcheux. Obvier à un malheur. On ne saurait obvier à tous les inconvénients. Il faut obvier à cela.

OCA. s. m.

OCA. s. m. Sorte de racine longue dont on fait une espèce de pâte, appelée Cavi, qui tient lieu de pain dans quelques contrées de l' Amérique.

OCCASE. adj. f.

OCCASE. adj. f. T. d' Astron. Il ne s' emploie que dans cette expression, Amplitude occase, L' arc de l' horizon compris entre le point où se couche un astre, et l' occident vrai, qui est l' intersection de l' horizon et de l' équateur. Voyez ORTIVE.

OCCASION. s. f.

OCCASION. s. f. Rencontre, conjoncture de temps, de lieux, d' affaires, convenable pour quelque chose. L' occasion présente. Belle occasion. Occasion favorable, importante. Chercher, saisir, embrasser, fuir l' occasion, les occasions. Je lui ferai plaisir dans l' occasion, quand l' occasion s' en présentera, s' en offrira, s' en trouvera. Il faut attendre l' occasion. Ne pas perdre l' occasion. Manquer l' occasion. Ménager l' occasion, les occasions. Se servir, se prévaloir, profiter de l' occasion. Laisser échapper, laisser passer l' occasion. Procurez-moi l' occasion de vous servir. En toute occasion. Dans toutes les occasions. Dans les occasions. Par occasion. À la première occasion. Se conduire suivant les occasions, selon les occasions. Il a montré de la fermeté dans une occasion difficile. On connaît les gens dans l' occasion. Il se présente toujours dans les bonnes occasions. Je n' ai pas souvent l' occasion de lui parler. J' ai pris occasion de son départ pour l' engager à régler notre affaire. Je pris de là occasion.

Prov. et fig., L' occasion fait le larron, Souvent l' occasion fait faire des choses auxquelles on n' aurait pas songé.

Les anciens représentaient l' Occasion sous la figure d' une femme qui a un toupet de cheveux au-dessus du front, et qui est chauve par derrière; de là viennent ces manières de parler proverbiales et figurées: Il faut prendre l' occasion aux cheveux, au toupet, Dès que l' occasion se présente, il faut la saisir et en profiter; L' occasion est chauve, Elle est difficile à saisir, on n' a qu' un moment pour la saisir.

OCCASION

OCCASION signifie aussi, Combat et rencontre de guerre. Une occasion bien chaude. Se porter aux occasions. Il a été, il s' est trouvé aux occasions. En ce sens, il a vieilli.

OCCASION

OCCASION signifie encore, Sujet, ce qui donne lieu à quelque chose. Cela est arrivé à l' occasion de la guerre. Cela fut l' occasion de sa perte. Il s' est fâché pour une légère occasion. Il n' en est pas la cause, il n' en est que l' occasion, l' occasion innocente. Une occasion de dispute, de procès, de scandale, de péché. Fuir les occasions du péché. À mon occasion. À l' occasion d' un tel.

Occasions prochaines de péché, ou simplement, Occasions prochaines, Celles qui sont présentes, ou qui peuvent porter facilement au péché.

D' OCCASION. loc. adv.

D' OCCASION. loc. adv. Par occasion. Cela se dit en parlant De choses que l' on achète à bon marché, soit parce qu' elles ont déjà servi, soit parce que le marchand est pressé de s' en défaire, etc. J' ai acheté, j' ai eu ce livre d' occasion, il m' aurait coûté plus cher chez le libraire. On dit dans un sens analogue: Marchandise d' occasion, meuble d' occasion. Magasin d' occasion.

OCCASIONNEL, ELLE. adj.

OCCASIONNEL, ELLE. adj. T. didactique. Qui occasionne, qui sert d' occasion. Cause occasionnelle.

OCCASIONNELLEMENT. adv.

OCCASIONNELLEMENT. adv. Par occasion.

OCCASIONNER. v. a.

OCCASIONNER. v. a. Donner lieu à, être cause de. Cela occasionna bien des malheurs, bien des troubles. C' est lui qui occasionne mon chagrin.

OCCASIONNÉ, ÉE. participe

OCCASIONNÉ, ÉE. participe

OCCIDENT. s. m.

OCCIDENT. s. m. Celui des quatre points cardinaux qui est du côté où le soleil se couche. L' occident est opposé à l' orient. Se tourner à l' occident, vers l' occident. Tirant à l' occident. Côté d' occident.

OCCIDENT

OCCIDENT désigne, dans un sens plus particulier, Cette partie de notre hémisphère qui est au couchant par rapport aux Orientaux. Les régions, l' empire, l' Église d' Occident.

OCCIDENTAL, ALE. adj.

OCCIDENTAL, ALE. adj. Qui est à l' occident. Pays occidental. Régions, nations occidentales. Peuples occidentaux. Les Indes occidentales.

Substantivement, Les Occidentaux, Les Européens.

OCCIPITAL, ALE. adj.

OCCIPITAL, ALE. adj. T. d' Anat. Qui appartient à l' occiput. L' os occipital. Muscles, sinus occipitaux. Protubérance occipitale. Artère occipitale. Trou occipital.

OCCIPUT. s. m.

OCCIPUT. s. m. (On prononce le T.) T. d' Anat. Le derrière de la tête. On lui a fait un cautère au-dessous de l' occiput.

OCCIRE. v. a.

OCCIRE. v. a. Tuer. Il est vieux.

OCCIS, ISE. participe

OCCIS, ISE. participe

OCCISEUR. s. m.

OCCISEUR. s. m. Tueur. Il est vieux.

OCCISION. s. f.

OCCISION. s. f. Tuerie. Il est vieux.

OCCLUSION. s. f.

OCCLUSION. s. f. T. de Médec. État des intestins, lorsque la cavité en est bouchée ou rétrécie, oblitérée en quelque endroit.

OCCULTATION. s. f.

OCCULTATION. s. f. T. d' Astron. Disparition passagère d' une étoile ou d' une planète cachée par la lune. Occultation des fixes par la lune.

OCCULTE. adj. des deux genres

OCCULTE. adj. des deux genres Caché. Cause occulte. Faculté, vertu, qualité, propriété occulte. Les causes occultes. Maladie occulte. Sciences occultes. Philosophie occulte. Il n' est guère usité que dans ces sortes de locutions.

OCCUPANT, ANTE. adj.

OCCUPANT, ANTE. adj. Qui occupe, qui est en possession. Nous étions occupants, nous avons été dépossédés.

Il se dit aussi D' un avoué qui occupe pour une partie dans un procès. Une même personne ne peut avoir sur une même demande deux avoués occupants.

Il s' emploie substantivement dans cette locution, Premier occupant, Celui qui s' empare, qui se saisit le premier. Un pays exposé au premier occupant. Le droit du premier occupant est souvent sujet à contestation.

OCCUPATION. s. f.

OCCUPATION. s. f. Emploi, affaire à laquelle on est occupé. Occupation importante. Sérieuse, pénible occupation. Frivole, légère occupation. J' ai assez d' occupation. Voilà une belle occupation pour un homme sage. Quelles sont maintenant vos occupations? Avoir de l' occupation. Manquer d' occupation. Être sans occupation. Être surchargé, écrasé d' occupation. Ce genre d' occupation me déplaît. L' éducation de ses enfants fait sa principale occupation, sa plus douce occupation. Donner de l' occupation à quelqu' un.

Fam. et par extension, Donner de l' occupation à quelqu' un, Lui susciter des affaires, de l' embarras. Laissez-moi faire, je lui donnerai bien de l' occupation.

OCCUPATION

OCCUPATION en termes de Droit, signifie, Habitation. Il a été forcé de payer les loyers des lieux, à proportion du temps, et de l' occupation qu' il a faite.

Il signifie aussi, L' action d' occuper, de s' emparer d' un lieu, d' un bien. L' occupation a précédé la propriété.

OCCUPATION

OCCUPATION signifie, en termes de Guerre, L' action de s' emparer, de se rendre maître d' un pays, d' une place, d' en prendre possession militairement. On a fortement réclamé contre l' occupation de ces provinces. L' occupation de cette province par l' armée française, fut un des premiers résultats de la guerre. L' occupation de cinq places fortes par les troupes alliées, fut une des conditions de l' armistice.

Armée d' occupation, Armée destinée à contenir un pays nouvellement conquis ou envahi.

OCCUPER. v. a.

OCCUPER. v. a. Tenir, remplir un espace de lieu ou de temps. Ce meuble occupe trop de place, trop d' espace. Ce lit occupe toute ma chambre. Il occupe toute la place. Cette affaire a occupé les plus belles années de ma vie. Ce rapport a occupé une heure entière de la séance.

OCCUPER

OCCUPER signifie aussi, Habiter. Occuper un logement, une maison, un appartement. Il occupe deux chambres dans ma maison. Il occupe toute la maison. Il occupe sa maison. Les bâtiments qu' on n' occupe point dépérissent promptement. Il occupe le rez-de-chaussée, le premier, le second, etc.

OCCUPER

OCCUPER signifie encore, Se rendre maître, demeurer maître d' un pays, d' une place forte, d' un poste militaire. Notre armée a d' abord occupé la plupart des places frontières de l' ennemi. Nos troupes occupèrent les hauteurs. Il fit occuper ce défilé par deux bataillons d' infanterie. Les Sarrasins ont occupé l' Espagne pendant plusieurs siècles.

Il signifie également, en termes de Jurisprudence, S' emparer, se saisir, se rendre possesseur d' un bien. Il a occupé le premier ce bien abandonné, cette alluvion. On peut occuper sans devenir propriétaire.

OCCUPER

OCCUPER signifie aussi, figurément, Remplir, posséder. Occuper une place, un emploi. Il occupe un rang distingué dans la société. Cette affaire occupe toute ma pensée, ma pensée tout entière.

OCCUPER

OCCUPER signifie encore, Donner de l' occupation, employer. Il faut occuper les jeunes gens. Il se débauchera, si on ne l' occupe à quelque chose. Il y a là de quoi occuper plusieurs ouvriers. Cet écrivain occupe seul plusieurs copistes.

Il se dit pareillement Des choses qui sont l' objet d' un travail du corps ou d' une application de l' esprit. Son métier l' occupe beaucoup, l' occupe tout le jour. Cette affaire m' occupe sans cesse. Cette nouvelle occupe tous les esprits. Cette étude m' occupe agréablement. Cela ne mérite pas de vous occuper. Ce tableau occupe moins les yeux que l' esprit. Cette étude occupe l' esprit sans le fatiguer.

OCCUPER

OCCUPER s' emploie souvent avec le pronom personnel, et reçoit alors deux significations différentes, selon qu' il est suivi de la préposition de ou de la préposition à.

S' occuper de quelque chose, Y penser, en avoir la tête remplie, chercher les moyens d' y réussir. Il s' occupe beaucoup de ses affaires. Il s' occupe de détruire les abus. Il s' occupe de son jardin. Il ne s' occupe que de bagatelles. Il s' occupe trop du soin de sa santé. Cette femme ne s' occupe que de son ménage, de son mari et de ses enfants. Je m' occupe de vous. L' esprit ne peut s' occuper trop long-temps d' un objet sans se fatiguer. Il ne s' occupe que de sa fortune.

S' occuper à quelque chose, Y travailler. Il s' occupe à son jardin. Il s' occupe à détruire les abus. Il s' occupe à l' étude des belles-lettres. Tout le jour il s' occupe à lire. Il ne sait à quoi s' occuper.

Absol., Aimer à s' occuper, Aimer le travail.

OCCUPER

OCCUPER en termes de Palais, se dit neutralement D' un avoué qui est chargé d' une affaire en justice. C' est tel avoué qui occupe pour moi dans cette cause.

OCCUPÉ, ÉE. participe

OCCUPÉ, ÉE. participe Les lieux étaient occupés. Il était occupé à faire ses préparatifs de voyage.

Il est aussi adjectif, et signifie, Qui a de l' occupation. C' est un homme fort occupé. Une vie doucement occupée.

OCCURRENCE. s. f.

OCCURRENCE. s. f. Rencontre, événement fortuit, occasion. Favorable occurrence. Dans cette fâcheuse occurrence. Je m' en souviendrai dans l' occurrence. Il a disposé cela pour s' en servir dans les occurrences, selon les diverses occurrences.

OCCURRENT, ENTE. adj.

OCCURRENT, ENTE. adj. Il se dit Des choses, des circonstances qui surviennent. Il faut se gouverner selon les cas occurrents. Les affaires occurrentes. Il est peu usité.

OCÉAN. s. m.

OCÉAN. s. m. La vaste étendue d' eau salée qui baigne toutes les parties de la terre. Le vaste Océan. Au milieu de l' Océan. Naviguer sur l' Océan.

Il désigne aussi Quelques-unes des grandes portions de l' Océan. L' océan Atlantique, ou absolument, L' Océan. Les ports de l' Océan. Les îles de l' Océan. L' océan Pacifique.

Il signifie quelquefois, figurément, Une grande quantité, une grande étendue. Un océan de lumière. Ce désert est un océan de sable.

OCÉANE. adj. f.

OCÉANE. adj. f. Il ne s' emploie que dans cette locution, qui vieillit, La mer océane, L' Océan.

OCHLOCRATIE. s. f.

OCHLOCRATIE. s. f. Sorte de gouvernement où le pouvoir est dans les mains de la multitude turbulente, du bas peuple. L' ochlocratie est l' abus du gouvernement démocratique.

OCRE. s. f.

OCRE. s. f. Terre ferrugineuse dont on fait une couleur jaune. Broyer de l' ocre. J' ai fait peindre cette boiserie en jaune d' ocre. Jaune comme de l' ocre. Quand l' ocre est calcinée, on en fait une couleur rouge.

OCREUX, EUSE. adj.

OCREUX, EUSE. adj. Qui est de la nature de l' ocre. Couche, terre ocreuse.

OCTAÈDRE. s. m.

OCTAÈDRE. s. m. T. de Géom. Corps solide à huit faces.

Il se dit plus particulièrement de L' octaèdre régulier, dont les faces font huit triangles équilatéraux.

OCTAÉTÉRIDE. s. f.

OCTAÉTÉRIDE. s. f. T. d' Astron. et de Chronol. Espace, durée de huit ans.

OCTANDRIE. s. f.

OCTANDRIE. s. f. T. de Botan. Classe du système de Linné, qui renferme les plantes dont les fleurs ont huit étamines.

OCTANT. s. m.

OCTANT. s. m. T. d' Astron. Instrument ou secteur qui contient la huitième partie du cercle, c' est-à-dire, quarante-cinq degrés, et dont on se sert pour mesurer les angles. L' octant sert, en mer, à prendre la hauteur du soleil.

Il signifie aussi, Une distance de quarante-cinq degrés entre deux astres. Ainsi on dit, La lune est dans les octants, Elle est à quarante-cinq degrés du soleil.

OCTANTE. adj. numéral des deux genres

OCTANTE. adj. numéral des deux genres Quatre-vingts. Il est vieux.

OCTANTIÈME. adj. des deux genres

OCTANTIÈME. adj. des deux genres Nombre ordinal qui répond à l' adjectif numéral Octante. Il est vieux: on dit maintenant, Quatre-vingtième.

OCTAVE. s. f.

OCTAVE. s. f. Huitaine, espace de huit jours consacré, dans l' Église romaine, à solenniser quelque grande fête. Octave de Pâques, de la Pentecôte, de la Fête-Dieu. Pendant l' octave du saint Sacrement. Le premier, le dernier jour de l' octave. Prêcher une octave, l' octave.

Il se dit particulièrement Du dernier jour de l' octave, qui répond au jour de la fête qu' on célèbre. C' est aujourd' hui l' octave du saint sacrement. Le jour de l' octave.

OCTAVE

OCTAVE en termes de Musique, se dit d' Un ton éloigné d' un autre de huit degrés, les deux extrémités comprises. L' octave d' en haut, d' en bas. Chanter à l' octave.

Il signifie aussi, La consonnance que font deux tons éloignés l' un de l' autre de huit degrés, les deux extrémités comprises. L' octave est la plus parfaite des consonnances. Dans certains cas, plusieurs octaves de suite sont vicieuses, en harmonie.

Il se dit également Des huit degrés pris ensemble. Parcourir toute l' octave. L' étendue commune de la voix humaine est de deux octaves.

Double octave, L' octave de l' octave.

OCTAVE

OCTAVE se dit encore Des stances de huit vers, employées dans la poésie italienne, espagnole et portugaise. Les poëmes de l' Arioste, du Tasse, du Camoëns, d' Alonzo de Ercilla, etc., sont écrits en octaves.

OCTAVIN. s. m.

OCTAVIN. s. m. Instrument de musique à vent, espèce de petite flûte dont on tire des sons très-aigus.

OCTAVO

OCTAVO Voyez IN-OCTAVO.

OCTAVON, ONNE. s.

OCTAVON, ONNE. s. Celui, celle qui provient d' un quarteron et d' une blanche, ou d' un blanc et d' une quarteronne.

OCTIDI. s. m.

OCTIDI. s. m. Le huitième jour de la décade, dans le calendrier républicain.

OCTIL. adj. m.

OCTIL. adj. m. T. d' Astron. Il ne s' emploie que dans cette expression peu usitée, Aspect octil, La position de deux planètes qui sont éloignées l' une de l' autre de la huitième partie du zodiaque, ou de quarante-cinq degrés.

OCTOBRE. s. m.

OCTOBRE. s. m. Le mois qui était le huitième de l' année, quand elle commençait au mois de mars, et qui est maintenant le dixième. Au mois d' octobre. En octobre. Octobre a trente-un jours. Le premier, le deuxième jour d' octobre. Le deux d' octobre. Le deux octobre.

OCTOGÉNAIRE. adj. des deux genres

OCTOGÉNAIRE. adj. des deux genres Qui a quatre-vingts ans. Il ne se dit guère qu' en parlant De l' espèce humaine. Cet homme, cette femme est octogénaire. Un vieillard octogénaire.

Il est aussi quelquefois substantif. C' est un octogénaire, une octogénaire.

OCTOGONE. adj. des deux genres

OCTOGONE. adj. des deux genres T. de Géom. Qui a huit angles et huit côtés. Figure octogone.

Il est aussi substantif masculin. Un octogone. Un octogone parfait, régulier, irrégulier.

OCTOSTYLE. adj. des deux genres

OCTOSTYLE. adj. des deux genres T. d' Architect. Qui a huit colonnes. Temple, façade octostyle.

OCTROI. s. m.

OCTROI. s. m. Concession. Il ne s' emploie guère que dans les lettres de chancellerie. L' octroi des lettres de noblesse appartient au prince. Le prince a révoqué cet octroi. Lettres d' octroi.

OCTROI

OCTROI se dit aussi de Certains droits que les villes sont autorisées à lever sur les denrées qui entrent dans leur enceinte, et dont elles appliquent le produit à leurs différents besoins. L' octroi de Paris. L' octroi municipal de Paris. Employé dans l' octroi, dans les octrois. Bureau, commis de l' octroi.

OCTROYER. v. a.

OCTROYER. v. a. (Il se conjugue comme Employer.) Concéder, accorder. Il n' est guère d' usage qu' en style de Chancellerie. Octroyer une grâce, une demande.

OCTROYÉ, ÉE. participe

OCTROYÉ, ÉE. participe

OCTUPLE. adj. des deux genres

OCTUPLE. adj. des deux genres Qui contient huit fois. Seize est octuple de deux. Il est peu usité.

OCTUPLER. v. a.

OCTUPLER. v. a. Répéter huit fois. Il est peu usité.

OCTUPLÉ, ÉE. participe

OCTUPLÉ, ÉE. participe

OCULAIRE. adj. des deux genres

OCULAIRE. adj. des deux genres Il se dit, en Anatomie, De ce qui appartient à l' oeil. Nerfs oculaires.

En Optique, Verre oculaire, ou substantivement, Oculaire, Le verre d' une lunette d' approche qui est destiné à être placé du côté de l' oeil. L' oculaire de cette lunette est cassé.

Témoin oculaire, Celui qui rend témoignage d' une chose qu' il a vue de ses propres yeux. J' en suis témoin oculaire. J' en parle comme témoin oculaire.

OCULAIREMENT. adv.

OCULAIREMENT. adv. Par le secours de ses propres yeux. Je m' en suis convaincu oculairement. Il est peu usité.

OCULISTE. s. m.

OCULISTE. s. m. Celui qui fait profession de connaître les différentes maladies de l' oeil, et de les traiter. C' est un très-bon, un très-habile oculiste.

Il s' emploie aussi adjectivement. Médecin, chirurgien oculiste.

ODALISQUE. s. f.

ODALISQUE. s. f. Femme du sérail destinée aux plaisirs du sultan.

ODE. s. f.

ODE. s. f. C' était, chez les anciens, Un poëme fait pour être chanté. C' est, chez les modernes, Un poëme divisé en strophes, semblables entre elles par le nombre et la mesure des vers. On appelle Ode héroïque, Celle dont le sujet et le style sont nobles, élevés; et Ode anacréontique, Celle dont le sujet et le style sont légers, gracieux. Ode bachique. Les odes de Pindare, d' Horace, de Malherbe. Faire une ode. Composer une ode. Les strophes d' une ode.

ODÉUM ou ODÉON. s. m.

ODÉUM ou ODÉON. s. m. Édifice destiné, chez les anciens, à la répétition de la musique qui devait être chantée sur le théâtre. Le plus magnifique odéon de l' antiquité était celui que Périclès fit bâtir dans la ville d' Athènes.

On a donné le nom d' Odéon à l' un des théâtres de Paris. Aller à l' Odéon. Il a fait jouer sa pièce à l' Odéon.

ODEUR. s. f.

ODEUR. s. f. Sensation que produisent sur l' odorat les émanations des corps. Bonne, mauvaise odeur. Odeur forte. Odeur qui entête. Odeur douce, suave. Odeur agréable. Cela n' a point d' odeur. L' odeur de la rose, des parfums. Je ne saurais souffrir cette odeur. Il y a ici, il vient de là une mauvaise odeur.

ODEURS

ODEURS au pluriel, se prend quelquefois pour Parfums, pour toute sorte de bonnes odeurs. Ainsi on dit, Cet homme craint les odeurs, Il craint même celles qui seraient agréables pour d' autres que lui.

Fig. et fam., Être en bonne odeur, en mauvaise odeur, Avoir une bonne réputation, une mauvaise réputation.

Fig., Mourir en odeur de sainteté, se dit D' une personne qui, ayant vécu saintement, meurt de même. Cette religieuse est morte en odeur de sainteté.

Prov. et fig., N' être pas en odeur de sainteté auprès de quelqu' un, N' être pas bien dans son esprit, être soupçonné par lui de mauvaise conduite.

ODIEUSEMENT. adv.

ODIEUSEMENT. adv. D' une manière odieuse. Ce que j' ai dit a été interprété odieusement. Il s' est comporté odieusement dans cette affaire.

ODIEUX, EUSE. adj.

ODIEUX, EUSE. adj. Haïssable, qui excite l' aversion, la haine, l' indignation. Un homme odieux. Se rendre odieux. Devenir odieux. Cela est odieux. C' est une chose odieuse. Il est odieux de plaider contre sa promesse. Ce discours est odieux. Les méchants sont odieux à tout le monde. La mémoire des méchants est odieuse. La vie lui est devenue odieuse.

Prov., Toute comparaison est odieuse, se dit en parlant Des comparaisons que quelqu' un fait d' une personne avec une autre, parce qu' ordinairement une de ces deux personnes, et quelquefois toutes deux, croient avoir à s' en plaindre.

ODOMÈTRE. s. m.

ODOMÈTRE. s. m. Instrument qui sert à mesurer le chemin qu' on a fait, soit à pied, soit en voiture, et qui s' appelle autrement Compte-pas.

ODONTALGIE. s. f.

ODONTALGIE. s. f. T. de Chirur. Douleur des dents.

ODONTALGIQUE. adj. des deux genres

ODONTALGIQUE. adj. des deux genres Il se dit Des remèdes propres à calmer la douleur des dents. Élixir, poudre odontalgique. On l' emploie aussi comme substantif masculin. Un bon odontalgique.

ODONTOÏDE. adj.

ODONTOÏDE. adj. T. d' Anat. Qui a la forme d' une dent. Il se dit De l' apophyse de la seconde vertèbre du cou. Apophyse odontoïde.

ODONTOLOGIE. s. f.

ODONTOLOGIE. s. f. Partie de l' anatomie, qui traite des dents.

ODORANT, ANTE. adj.

ODORANT, ANTE. adj. Qui répand une bonne odeur. Les fleurs odorantes. Il y a des bois odorants. Le cèdre est un bois odorant.

ODORAT. s. m.

ODORAT. s. m. Le sens qui perçoit les odeurs. Odorat excellent, subtil, fin. Il n' a point d' odorat. Cela blesse l' odorat.

ODORIFÉRANT, ANTE. adj.

ODORIFÉRANT, ANTE. adj. Il signifie la même chose qu' Odorant. Des parfums odoriférants. Des aromates odoriférants.

ODYSSÉE. s. f.

ODYSSÉE. s. f. Poëme épique d' Homère, qui contient le récit des aventures d' Ulysse, et dont on applique le nom, par plaisanterie, à Tout voyage semé d' aventures variées et singulières. Racontez-nous votre odyssée. Vous avez fait là un étrange voyage, c' est toute une odyssée, c' est une odyssée tout entière.

OECUMÉNICITÉ. s. f.

OECUMÉNICITÉ. s. f. (OE se prononce É dans ce mot et dans les deux suivants.) Qualité de ce qui est oecuménique. L' oecuménicité d' un concile.

OECUMÉNIQUE. adj. des deux genres

OECUMÉNIQUE. adj. des deux genres Universel, de toute la terre habitable. Il n' est guère usité que dans cette locution, Concile oecuménique, Concile de l' Église universelle.

OECUMÉNIQUEMENT. adv.

OECUMÉNIQUEMENT. adv. D' une manière oecuménique.

OEDÉMATEUX, EUSE. adj.

OEDÉMATEUX, EUSE. adj. (OE se prononce É dans ce mot et dans les deux suivants. ) T. de Chirur. Qui est attaqué d' oedème; Qui est de la nature de l' oedème.

OEDÈME. s. m.

OEDÈME. s. m. T. de Chirur. Tumeur molle, non douloureuse, cédant à l' impression du doigt, et la retenant quelque temps.

OEDIPE. s. m.

OEDIPE. s. m. Nom propre devenu nom commun, pour désigner Un homme qui trouve facilement le mot des énigmes, des logogriphes, ou la solution de questions obscures. Il faudrait être un OEdipe pour deviner ce que cela veut dire. Je ne suis pas un OEdipe. Tout l' art de nos OEdipes échouerait devant cette énigme. Il est familier.

OEIL. s. m.

OEIL. s. m. (On prononce Euil.) L' organe de la vue. Il fait au pluriel Yeux. Le globe de l' oeil. Le fond de l' oeil. La cavité de l' oeil. Le coin de l' oeil. La prunelle de l' oeil. Le blanc de l' oeil. Le blanc des yeux. Les différentes parties de l' oeil. Faire un clin d' oeil. Faire signe de l' oeil. Cligner les yeux. Regarder du coin de l' oeil. Avoir mal à l' oeil, mal aux yeux. Il a un dragon dans l' oeil, une taie à l' oeil. L' oeil lui pleure. Les yeux lui pleurent. Avoir de grands, de petits yeux. Avoir l' oeil trouble. Avoir l' oeil vif, perçant, brillant. Avoir les yeux beaux, de beaux yeux. Avoir les yeux bleus, noirs, gris, verts, bien fendus, à fleur de tête, vifs, perçants, brillants. Avoir les yeux louches, creux, enfoncés, hagards, de travers, battus, chassieux, cernés, rouges, morts. Ouvrir, fermer, lever, baisser, ciller les yeux. Lever les yeux au ciel. Rouler les yeux dans la tête. Se frotter, s' essuyer les yeux. Les yeux me cuisent. Le trop grand jour blesse, offense les yeux, fait mal aux yeux. La lumière éblouit les yeux. J' ai peine à voir, le soleil me donne dans les yeux. J' ai le jour, le soleil dans les yeux. Avoir la larme à l' oeil, les larmes aux yeux. Les larmes ont coulé de ses yeux. Ses yeux ont versé, ont répandu des larmes, se sont mouillés, humectés de larmes. Ses yeux étaient humides, baignés, noyés de larmes.

Par exagérat., Les yeux lui sortent de la tête, se dit en parlant D' une personne qui a de fort gros yeux, ou dont les yeux sont enflammés de fureur.

Ce cheval a l' oeil vairon, Il a un oeil dont la prunelle est entourée d' un cercle blanchâtre; ou Il a un oeil d' une façon, et un d' une autre.

Ce poisson a deux pieds entre oeil et bat, Il a deux pieds entre les yeux et la queue.

OEil de verre, OEil artificiel de verre ou d' émail, qu' on met à la place d' un oeil naturel.

Fig., Un bel oeil, de beaux yeux, deux beaux yeux, Une belle femme. Il est épris de deux beaux yeux. Il est de ces hommes qu' un bel oeil séduit, que de beaux yeux, que deux beaux yeux subjuguent.

OEIL

OEIL se dit quelquefois de L' organe de la vue, considéré comme l' indice des qualités et des défauts de l' esprit ou du caractère, des passions et des sentiments. Avoir l' oeil spirituel, malin, doux, tendre, amoureux, mélancolique, riant, stupide, distrait, inquiet, méchant, dur, etc. Elle a l' oeil fripon, éveillé, agaçant. Et au pluriel: Avoir les yeux spirituels, malins, doux, etc. Il a les yeux, des yeux mourants, languissants, langoureux, ardents, pleins de feu. Elle a les yeux fripons, éveillés, agaçants. La gaieté, l' espoir, le courage brille dans ses yeux. Les yeux sont le miroir de l' âme.

OEIL

OEIL signifie souvent, tant au singulier qu' au pluriel, Action de la vue, regard. Arrêter, fixer, jeter, porter ses yeux sur quelqu' un, sur quelque chose. Tous les yeux étaient tournés vers lui, étaient fixés sur lui. Il avait les yeux fixés en terre. Être exposé aux yeux du public. Ce spectacle arrête, attache agréablement les yeux. Détourner les yeux de dessus quelque objet. Suivre quelqu' un des yeux. Il attire sur lui les yeux. Il a vu son désastre d' un oeil ferme. L' orage a dérobé le ciel à nos yeux. Il a' jeté sur nous un oeil de colère. Nous parcourions d' un oeil avide toutes les beautés de ces sites variés. Ses yeux se sont tournés vers moi, arrêtés, fixés sur moi. Nos yeux furent témoins de cette étrange aventure. Cet objet fait plaisir à l' oeil, aux yeux, plaît aux yeux, charme les yeux. Nos yeux ont été frappés d' un spectacle nouveau pour nous. J' ai jeté les yeux, en passant, sur cette boutique.

Je n' ai fait que jeter les yeux sur cette brochure, Je n' ai fait que la parcourir superficiellement.

En langage de Dévotion, L' oeil de Dieu voit tout, pénètre tout, perce le fond des abîmes, etc., Il n' y a rien de caché à Dieu.

Coup d' oeil, Regard prompt et de peu de durée. Jeter un coup d' oeil sur quelqu' un, sur quelque chose. Je vais donner un coup d' oeil à ce qui se passe, à ce qui se fait chez moi. Un coup d' oeil expressif, dédaigneux. Il nous a lancé un coup d' oeil furieux, menaçant. Il n' a pas seulement obtenu la faveur d' un coup d' oeil. Du haut de cette maison, on embrasse d' un coup d' oeil tout un vaste horizon. On l' emploie quelquefois au figuré. Jetons un coup d' oeil sur les événements remarquables de cette période.

Fig., Avoir le coup d' oeil excellent, Voir promptement le parti qu' on doit prendre dans une circonstance inopinée; et, en général, discerner rapidement ce qu' il y a d' important, d' intéressant dans les affaires. On dit à peu près dans le même sens, Avoir le coup d' oeil juste, pénétrant, sûr; et absolument, Avoir du coup d' oeil.

Coup d' oeil, se dit aussi de La vue d' un paysage, de l' aspect d' un édifice, d' une assemblée, etc. Le coup d' oeil en est beau. C' est un beau coup d' oeil, un charmant coup d' oeil.

Le premier coup d' oeil, Ce qu' on voit d' abord, ce qui s' offre d' abord à la vue. Le premier coup d' oeil de ce jardin est assez agréable. Au premier coup d' oeil, sa figure déplaît. On a peine à sauver le premier coup d' oeil, tant elle est laide et mal faite. Le premier coup d' oeil passé, on s' accoutume à la voir.

Clin d' oeil, Mouvement de la paupière qu' on baisse et qu' on relève au même instant. Faire un clin d' oeil. Il se fait obéir par un clin d' oeil, d' un clin d' oeil.

En un clin d' oeil, en moins d' un clin d' oeil, En un moment, en fort peu de temps. En un clin d' oeil, en moins d' un clin d' oeil, ils avaient tous disparu.

Fam., C' est l' affaire d' un clin d' oeil, cela fut fait d' un clin d' oeil, se dit D' une chose qui doit se faire ou qui a été faite très-promptement.

YEUX

YEUX au pluriel, se dit quelquefois, figurément et familièrement, pour Lunettes. Il porte ses yeux dans sa poche. Il a oublié ses yeux chez lui.

OEIL

OEIL signifiant, L' organe de la vue et l' action de la vue, le regard, s' emploie dans un grand nombre de manières de parler propres ou figurées.

Aimer quelqu' un comme ses yeux, plus que ses yeux, L' aimer beaucoup, l' aimer tendrement.

Fig. et fam., Avoir des yeux, Ne pas être dupe, s' apercevoir de ce qui se passe. J' ai des yeux, Dieu merci, et l' on ne me trompe pas facilement.

Avoir de bons yeux, Voir promptement et distinctement de certaines choses qui échapperaient aux autres. Ce joaillier se connaît bien en diamants, il a de bons yeux. Il se dit aussi figurément et au sens moral. Les défauts de cet homme ne lui ont point échappé, il a de bons yeux.

Fig., Avoir des yeux d' aigle, Avoir les yeux vifs et perçants; et, au sens moral, Avoir une grande pénétration d' esprit.

Fig., Avoir des yeux de lynx, Voir, découvrir les objets de loin; et, au sens moral, Voir clair dans les affaires, dans les desseins, dans les pensées des autres.

Fig. et fam., Avoir des yeux d' Argus, Être fort vigilant, observer tout avec soin, exercer une active surveillance.

Fig., Avoir des yeux au bout des doigts, Avoir le tact très-fin, faire avec habileté des ouvrages de la main très-délicats.

Fig. et fam., Avoir des yeux de boeuf, Avoir de gros yeux. Avoir des yeux de chat, Avoir les yeux entre gris et roux.

Fig. et pop., Avoir les yeux plus grands que la panse, Annoncer un appétit vorace, et se trouver bientôt rassasié.

Fig. et fam., Avoir les yeux malades, les yeux bouchés, les yeux de travers, Ne pas voir les choses telles qu' elles sont et qu' elles paraissent à ceux qui ont de bons yeux. On dit de même À une personne à qui l' on reproche de n' avoir pas aperçu ce qui devait la frapper: Où aviez-vous donc les yeux? Aviez-vous les yeux aux talons?

Fig. et pop., Avoir les yeux pochés, les yeux au beurre noir, les yeux en compote, Les avoir livides et meurtris de quelque coup, rouges et malades de quelque fluxion.

Fig., Avoir l' oeil à quelque chose, sur quelque chose, En avoir soin, y veiller, y prendre garde. Avoir l' oeil sur quelqu' un, Prendre garde à sa conduite. J' aurai l' oeil à cela. J' aurai l' oeil à tout. Ayez les yeux sur tout. Ayez les yeux sur les ouvriers.

Fig., Avoir les yeux sur quelqu' un, Le regarder, l' observer attentivement. Il se dit au sens physique et au sens moral. On était charmé de le revoir, tout le monde avait les yeux sur lui. Tout le monde a les yeux sur l' homme en place, il ne peut cacher au public aucune de ses démarches.

Fig., Avoir l' oeil exercé, Avoir acquis, par l' habitude de regarder attentivement, la faculté de voir bien et promptement. Il se dit au sens physique et au sens moral. Pour bien corriger des épreuves, il faut avoir l' oeil très-exercé. Il a l' oeil trop exercé, pour que les ridicules de cet homme lui échappent.

Fig. et fam., Avoir l' oeil au guet, Prendre garde à tout ce qui se passe, afin d' en profiter ou de s' en garantir suivant l' occurrence.

Prov. et fig., Avoir un oeil aux champs et l' autre à la ville, Prendre garde à tout, être attentif à tout.

Fig. et fam., Avoir bon pied, bon oeil, Être vigoureux, se porter bien. Il ne se dit guère que D' une personne qui commence à n' être plus jeune. Il est un peu âgé, mais il a bon pied, bon oeil. Il signifie aussi, Être vigilant, se tenir sur ses gardes. En ces sortes d' affaires et avec ces gens-là, il faut avoir bon pied, bon oeil. On dit quelquefois par ellipse, Bon pied, bon oeil, Prenez garde à vous.

Fig. et fam., Avoir le compas dans l' oeil, Mesurer presque aussi juste à l' oeil qu' on pourrait le faire avec un compas.

Fig., Avoir un bandeau sur les yeux, Être préoccupé de quelque passion, de quelque prévention qui empêche de juger sainement des choses.

Fig., Avoir quelque chose devant les yeux, En avoir la pensée tellement remplie, qu' on en fasse la règle de sa conduite. Il a son devoir, il a l' honneur devant les yeux.

Fig. et au sens moral, Blesser les yeux, Déplaire, causer du chagrin, de la jalousie, etc. L' indécence de ces figures, la saleté de cet appartement blesse les yeux. Cet homme est dévoré d' envie, le bonheur d' autrui lui blesse les yeux.

Fam., Conserver une chose comme la prunelle de l' oeil, comme la prunelle de ses yeux, La conserver soigneusement, précieusement.

Fig. et fam., Couver des yeux une personne, une chose, Regarder cette personne, cette chose avec intérêt, avec complaisance. Il couve des yeux son fils. Il couve des yeux son or.

Fig. et fam., Crever les yeux, se dit D' une chose tellement en vue, qu' il soit en quelque façon impossible de ne pas la voir. Vous cherchez votre livre, il vous crève les yeux. Il s' emploie aussi au sens moral. Vous disputez à tort; la chose est évidente, elle crève les yeux.

Fig., Dessiller les yeux à quelqu' un, Le désabuser, le détromper, lui faire voir clair sur quelque chose.

Fig. et au sens moral, Donner dans les yeux de quelqu' un, à quelqu' un, L' éblouir, le tenter, le séduire par un certain éclat. Depuis que la fortune de son voisin lui a donné dans les yeux, il brûle de s' enrichir.

Fig. et fam., Donner dans l' oeil à quelqu' un, Faire une impression vive sur lui par des agréments extérieurs. Cette femme lui a donné dans l' oeil.

Fig. et fam., Être près de s' arracher les yeux, se dit De deux personnes qui ont ensemble une altercation violente. On dit dans le même sens, Se manger les yeux, le blanc des yeux. On dit aussi, Se sauter aux yeux.

Fig. et fam., Faire les doux yeux, les yeux doux à une personne, Lui témoigner de l' amour par ses regards.

Fig., Fasciner les yeux, Les éblouir par des tours de subtilité. Il signifie aussi, Tromper par un faux éclat, par une fausse apparence.

Fig., Fermer les yeux sur quelque chose, Faire semblant de ne pas s' en apercevoir. Il ferme les yeux sur les fautes de son enfant, pour n' être pas obligé de le punir. Il signifie aussi, Se refuser à voir ce qui est évident, à croire ce qui est prouvé. Il ferme les yeux à la vérité. Il ferme les yeux à toutes les considérations qu' on lui expose.

Fig., Fermer les yeux de quelqu' un, à quelqu' un, L' assister à ses derniers moments. Il est arrivé assez à temps pour fermer les yeux de son père, pour lui fermer les yeux.

Fig., Fermer les yeux, Mourir. Lorsque mon père eut fermé les yeux, je songeai à remplir fidèlement ses dernières volontés.

Fig., Frapper les yeux, Être fort visible. Cette tache frappe les yeux, et vous ne la voyez pas! Il se dit au sens moral, et signifie, Être évident. Cette vérité frappe les yeux, et vous hésitez à la reconnaître!

Fig. et fam., Jeter de la poudre aux yeux, Éblouir, surprendre par quelque éclat extérieur, par quelque apparence trompeuse.

Fig., Jeter les yeux sur quelqu' un pour quelque chose, Songer à lui par rapport à cette chose. On a jeté les yeux sur lui pour cet emploi, pour cette commission.

Fig., La chronologie et la géographie sont les yeux de l' histoire, La connaissance des dates et des lieux est d' un secours indispensable pour l' étude de l' histoire.

Prov. et fig., Les yeux fermés, les yeux clos, Sans avoir besoin du secours de la vue. Je connais si bien le chemin, que j' irais les yeux fermés. On le dit au sens moral, Lorsque, par confiance en quelqu' un, ou par déférence, on fait ce qu' il désire, sans vouloir rien examiner après lui. Il signa le contrat les yeux clos, les yeux fermés.

Prov., L' oeil du maître engraisse le cheval, Quand un maître va voir souvent ses chevaux, les valets en prennent plus de soin. Il signifie aussi figurément, Quand on surveille soi-même ses affaires, elles en vont mieux.

Prov., Loin des yeux, loin du coeur, Ordinairement l' absence détruit ou refroidit les affections.

Fig. et fam., Manger, dévorer quelqu' un des yeux, Attacher sur lui, avec plaisir, des regards attentifs et en quelque sorte avides. On dit dans le même sens, Manger, dévorer quelque chose des yeux.

Fig., Mettre une chose sous les yeux de quelqu' un, La soumettre à son examen, à sa décision. On a mis votre demande sous les yeux du roi, sous les yeux du ministre.

Fig., N' avoir des yeux que pour une personne, N' avoir d' affection que pour elle, lui accorder une préférence exclusive. Elle n' a des yeux que pour son fils aîné, ses autres enfants lui sont presque indifférents.

Fig., Ne pouvoir fermer l' oeil, n' avoir pas fermé l' oeil, les yeux, de toute la nuit, Ne pouvoir dormir, n' avoir pu reposer de toute la nuit.

Fig., Ne rien voir que par les yeux d' autrui, Ne connaître les choses, n' en juger que par le rapport d' autrui; ne trouver rien de bien ou de mal que suivant le jugement qu' en fait la personne pour qui on est prévenu.

Prov. et fig., OEil pour oeil, dent pour dent, se dit en parlant De la peine du talion, qui consiste à traiter un coupable de la même manière qu' il a traité ou voulu traiter les autres.

Fig., Ouvrir les yeux, Regarder. Ouvrez les yeux, et vous verrez que cette étoffe est verte. Au sens moral, cette locution signifie, Découvrir des choses que la prévention avait empêché de voir. J' ai longtemps été sa dupe; mais enfin j' ai ouvert les yeux. Il commence à ouvrir les yeux sur les défauts de son fils.

Fig., Ouvrir les yeux, faire ouvrir les yeux à quelqu' un sur quelque chose, Lui donner sur cette chose des connaissances qu' il n' avait pas. Il m' a ouvert les yeux sur les beautés de cet ouvrage, sur les avantages de cette affaire. Il m' a fait ouvrir les yeux sur la conduite de cet homme en qui j' avais toute confiance.

Fig. et fam., Ouvrir de grands yeux, Être très-étonné. Quand je lui ai parlé de cela, il a ouvert de grands yeux.

Fig. et fam., Pour les beaux yeux de quelqu' un, Pour lui, en vue de lui faire plaisir. Je ne veux point me compromettre pour vos beaux yeux, pour ses beaux yeux. Il signifie aussi, Gratuitement. Croit-il que je le logerai chez moi pour ses beaux yeux?

Fig., Sauter aux yeux, Être évident, manifeste. Il y a dans cet ouvrage des défauts qui sautent aux yeux. Il ne faut pas chercher bien loin la raison de son procédé, elle saute aux yeux.

Fig. et pop., Se battre l' oeil de quelque chose, de quelqu' un, S' en soucier peu, s' en moquer, n' en faire aucun cas. Je m' en bats l' oeil.

Fig., Suivre quelqu' un de l' oeil, Faire attention à sa conduite, à ses démarches.

Fig., Voir une personne, une chose de bon oeil, de mauvais oeil, La voir avec satisfaction ou avec déplaisir, avec affection ou avec inimitié. Avant notre démêlé, il me voyait de bon oeil. Il voit de bon oeil les assiduités de son fils dans cette maison. Je ne sais ce qu' il a contre moi, il me voit de mauvais oeil. Il a vu de mauvais oeil ma liaison avec sa partie adverse.

Fig., Voir une personne, une chose d' un oeil indifférent, jaloux, dédaigneux, chagrin, d' un oeil de pitié, de compassion, d' envie, de concupiscence, de mépris, d' indignation, de colère, etc., Voir cette personne, cette chose avec indifférence, avec des sentiments de jalousie, de dédain, de chagrin, de pitié, etc. On dit aussi au pluriel, Voir avec des yeux indifférents, jaloux, avec des yeux d' envie, de pitié, etc. On dit de même, Regarder d' un oeil indifférent, jaloux, ou avec des yeux indifférents, jaloux, etc.

Fig., Voir une chose d' un oeil sec, Voir sans s' affliger une chose qui est propre à causer de l' affliction. Il a vu d' un oeil sec la mort de son ami, la perte de sa fortune.

Fig., Voir les choses d' un autre oeil, avec d' autres yeux qu' auparavant, Les voir avec des sentiments différents de ceux qu' on avait.

Fig., Voir une chose par les yeux de l' esprit, des yeux de l' esprit, L' examiner par la raison; et, La voir par les yeux de la foi, La considérer avec les dispositions, les sentiments que donne la foi. Cette dernière phrase se dit aussi, par extension et ironiquement, Pour donner à entendre qu' on ne veut pas contester une chose, mais qu' on ne la conçoit pas. Il faut donc voir cela des yeux de la foi.

Fig., Voir tout par ses yeux, Ne s' en rapporter qu' à soi pour voir les choses et pour en juger.

Prov. et fig., Voir une paille dans l' oeil de son prochain, et ne pas voir une poutre dans le sien, S' apercevoir aisément des défauts d' autrui, quelque légers qu' ils puissent être, et ne pas voir les siens, quelque grands qu' ils soient.

Pour les locutions adverbiales et prépositives, voyez à la fin de l' article.

OEIL

OEIL se dit, par une sorte de ressemblance, Des ouvertures pratiquées dans quelques outils ou instruments. L' oeil d' un marteau, d' une meule, etc.

L' oeil d' une grue, d' une chèvre, d' un engin, Le trou par où passent les câbles.

En Architect., OEil-de-boeuf, Fenêtre ronde ou ovale. Dans cette acception, on dit au pluriel, Des oeils-de-boeuf. Les oeils-de-boeuf de la cour du Louvre sont ornés de sculptures.

Absol., L' OEil-de-boeuf, se disait autrefois, à Versailles, de L' antichambre du grand appartement, qui était éclairée par un oeil-de-boeuf, et où les courtisans se rassemblaient avant d' entrer chez le roi. Cet homme ne quittait point l' OEil-de-boeuf. Ce sont des contes de l' OEil-de-boeuf.

En Architect., OEil de dôme, Ouverture ronde qui est au haut de la coupole d' un dôme. L' oeil de la volute, Le milieu de la volute du chapiteau ionique.

YEUX

YEUX au pluriel, se dit de Certains vides, de certains trous qui se trouvent dans la mie du pain et dans plusieurs espèces de fromages. Un pain qui a des yeux, qui a de grands yeux. Un fromage qui n' a point d' yeux.

Il se dit aussi de Certaines marques de graisse qu' on aperçoit dans le bouillon. Ce bouillon est très-gras, il a beaucoup d' yeux.

OEIL

OEIL en termes de Jardinage et de Botanique, signifie, Un bouton, une petite excroissance qui paraît sur une tige ou sur une branche d' arbre, et qui annonce une feuille, une branche, un fruit. Il se dit particulièrement de L' endroit par où sort le petit bourgeon de la vigne et des arbres fruitiers.

Tailler à deux yeux, à trois yeux, Laisser sur la branche que l' on coupe, deux, trois boutons à fruit.

Enter à oeil poussant, à oeil dormant, Greffer en écusson, à la première, à la seconde séve.

OEIL

OEIL signifie aussi, figurément, Le lustre des étoffes, l' éclat des pierreries, la nuance d' une couleur: en ce sens, il n' est d' usage qu' au singulier. Ces perles n' ont pas un bel oeil. Cette étoffe a un oeil verdâtre. Ce saphir blanc a l' oeil d' un diamant.

Ce vin a un oeil louche, Il a une couleur un peu trouble.

Fig. et fam., Cette affaire a un oeil louche, Elle a quelque chose de suspect, une apparence peu satisfaisante.

Un oeil de poudre, Une légère teinte de poudre mise sur les cheveux. Il n' a qu' un oeil de poudre.

OEIL

OEIL en termes d' Imprimerie, signifie, Le relief de la lettre, la partie de la lettre qui laisse son empreinte sur le papier, et qui, dans les caractères de même corps, varie souvent de dimension. L' oeil de la lettre. Cicéro gros oeil. Cicéro petit oeil. OEil ordinaire. OEil moyen.

Il se dit aussi, dans le même Art, de L' ensemble que présentent à la vue les caractères imprimés. L' oeil de ce caractère ne me plaît point, il est trop gros, il est trop petit.

OEIL

OEIL entre dans les dénominations vulgaires de diverses productions naturelles qu' il serait trop long et superflu d' énumérer ici. OEil-de-bouc (coquillage). OEil-de-chèvre (plante). OEil-d' or (poisson). Etc.

En Joaillerie, OEil-de-chat, Sorte de pierre précieuse chatoyante. OEil-de-serpent, Petite pierre de peu de valeur, qu' on monte en bague, et qui a quelque ressemblance avec un oeil de serpent.

Vin couleur d' oeil de perdrix, ou simplement, Vin oeil de perdrix, Vin qui a une légère teinte de rouge.

À L' OEIL. loc. adv.

À L' OEIL. loc. adv. Avec l' oeil, à la vue. Cette chose se voit à l' oeil, on en juge à l' oeil, Il suffit de la regarder pour la connaître, pour en juger.

En termes d' Optique, À l' oeil nu, Avec l' oeil seulement, sans le secours d' une lunette, d' un microscope. On ne peut apercevoir ces insectes à l' oeil nu.

Fig. et fam., Faire la guerre à l' oeil, Observer avec soin toutes les démarches de ceux avec qui l' on a quelque chose à démêler, afin de profiter des conjonctures.

Fig. et fam., Faire toucher une chose au doigt et à l' oeil, La démontrer clairement, en convaincre par des preuves indubitables, telles que sont ordinairement celles de la vue et du toucher.

Fam. et par plaisanterie, Cette montre va au doigt et à l' oeil, Elle est fort mauvaise, et il faut toucher souvent à l' aiguille pour la mettre sur l' heure.

À VUE D' OEIL. loc. adv.

À VUE D' OEIL. loc. adv. Autant qu' on en peut juger par la vue seule. Je n' ai jugé de cette distance qu' à vue d' oeil et sans la mesurer.

Il signifie aussi, Visiblement, et se dit, par exagération, en parlant Des choses dans lesquelles il arrive quelque changement qui est imperceptible aux yeux pendant qu' il s' opère, mais qui ne laisse pas d' être sensible au bout d' un temps très-court. Cet enfant croît à vue d' oeil. Cette femme embellit à vue d' oeil. Ce malade dépérit, s' affaiblit à vue d' oeil.

AUX YEUX, SOUS LES YEUX. loc. prépositives

AUX YEUX, SOUS LES YEUX. loc. prépositives Sous les regards, en présence. Cela s' est passé aux yeux de toute la ville, sous les yeux de toute la ville. Cet accident est arrivé sous mes yeux. Cet enfant ne m' a point quitté, il a toujours été sous mes yeux. Il y a longtemps qu' il en use ainsi aux yeux de tout le monde. Il a étalé à nos yeux toutes ses richesses. Cette fille a été élevée sous les yeux de sa mère.

AUX YEUX

AUX YEUX signifie aussi, figurément et au sens moral, Suivant la manière de voir, selon le sentiment. Aux yeux du monde, la vertu est quelquefois ridicule. À mes yeux, c' est une grande faute qu' il a faite. À vos yeux, il n' a point de tort; mais aux miens, il est fort blâmable. Aux yeux de la raison, cette conduite est condamnable. Vous pouvez l' excuser; mais, aux yeux de la loi, il est coupable.

ENTRE DEUX YEUX, ENTRE LES DEUX YEUX. loc. adverbiales

ENTRE DEUX YEUX, ENTRE LES DEUX YEUX. loc. adverbiales Fixement. Il ne s' emploie que dans cette phrase familière, Regarder quelqu' un entre deux yeux, entre les deux yeux, Avoir les yeux fixés sur les siens. Je l' ai regardé entre les deux yeux, et j' ai vu qu' il se troublait. Regardez-moi entre les deux yeux, et osez me répéter ce que vous m' avez dit.

ENTRE QUATRE YEUX. loc. adv.

ENTRE QUATRE YEUX. loc. adv. (On prononce ordinairement, par euphonie, Entre quatre-z-yeux.) Tête à tête. Je lui dirai cela entre quatre yeux. Il est familier.

PAR-DESSUS LES YEUX. loc. adv. et figurée

PAR-DESSUS LES YEUX. loc. adv. et figurée Plus qu' on n' en peut faire ou supporter. J' ai des affaires par-dessus les yeux, jusque par-dessus les yeux. Je suis las de toutes ces fêtes, j' en ai par-dessus les yeux. Il est familier.

NON PLUS ou PAS PLUS QUE DANS MON OEIL. loc. adv.

NON PLUS ou PAS PLUS QUE DANS MON OEIL. loc. adv. Point du tout. On dit aussi, Ce qu' il en tiendrait dans l' oeil, pour exprimer Une très-petite quantité. Il est populaire.

OEILLADE. s. f.

OEILLADE. s. f. Regard, coup d' oeil jeté comme furtivement, à dessein et avec une expression marquée, en signe de tendresse ou de bienveillance. Jeter une oeillade. Jeter des oeillades à la dérobée. Lancer une oeillade amoureuse, des oeillades amoureuses. Elle ne l' a pas seulement favorisé d' une oeillade.

OEILLÈRE. adj. f.

OEILLÈRE. adj. f. Il n' est guère usité que dans cette expression, Dents oeillères, Dents de la mâchoire supérieure, qui sont entre les incisives et les molaires: on les nomme plus exactement Dents canines.

Il est aussi substantif. On lui a arraché une oeillère.

OEILLÈRE. s. f.

OEILLÈRE. s. f. Chacune des deux petites pièces de cuir que l' on attache à la têtière d' un cheval, pour l' empêcher de voir de côté, l' assujettir à regarder devant lui, et lui garantir les yeux des coups de fouet.

OEILLÈRE

OEILLÈRE se dit aussi d' Une espèce de petit bassin ovale, monté sur un pied, dont on se sert pour se baigner les yeux.

OEILLET. s. m.

OEILLET. s. m. Petit trou entouré de fil, de soie, etc., qu' on fait à du linge, à des habits, pour passer un lacet, une aiguillette, un cordon, etc. Faire un oeillet. Faire des oeillets à un corset, à des brodequins.

OEILLET. s. m.

OEILLET. s. m. Sorte de fleur odoriférante. OEillet simple, double, panaché. Un bouquet d' oeillets.

Il se prend aussi pour La plante même. Planter, lever des oeillets. Un pied, un pot d' oeillets. Marcotter des oeillets. Une marcotte d' oeillets. Il y a une espèce de petits oeillets qu' on nomme de la Mignardise.

OEillets d' Espagne, Sorte de petits oeillets qui sont d' un rouge fort vif. OEillets de poëte, Autre sorte d' oeillets, encore plus petits, qui viennent dans les bois.

OEillet d' Inde, Sorte de fleur d' automne, dont la corolle veloutée tire sur l' orangé, et qui a une odeur forte et peu agréable.

OEILLETON. s. m.

OEILLETON. s. m. Rejeton d' oeillet, marcotte d' oeillets. Ôter les oeilletons d' un pied d' oeillet.

Il se dit aussi Des bourgeons que poussent les racines de certaines plantes, telles que les artichauts, et qu' on détache afin de multiplier ces plantes. Lever des oeilletons d' artichaut.

OEILLETTE. s. f.

OEILLETTE. s. f. Nom vulgaire du pavot cultivé, dont on tire de l' huile. Huile d' oeillette.

OENOLOGIE. s. f.

OENOLOGIE. s. f. Art de faire le vin; Traité sur cette matière.

OENOMANCIE. s. f.

OENOMANCIE. s. f. T. d' Antiq. Divination qui se faisait avec le vin destiné aux libations.

OENOMÈTRE. s. m.

OENOMÈTRE. s. m. Instrument pour mesurer le degré de force du vin.

OENOPHORE. s. m.

OENOPHORE. s. m. T. d' Antiq. Grand vase où les anciens mettaient du vin.

Il signifie aussi, L' officier qui avait soin du vin, qui portait le vin.

OESOPHAGE. s. m.

OESOPHAGE. s. m. T. d' Anat. Canal membraneux qui s' étend depuis le fond de la bouche jusqu' à l' orifice supérieur de l' estomac, dans lequel il conduit les aliments.

OESTRE. s. m.

OESTRE. s. m. Fureur, enthousiasme. L' oestre poétique et musical. Il est peu usité.

OEUF. s. m.

OEUF. s. m. (Dans ce mot, on ne prononce l' F qu' au singulier.) Corps qui se forme dans la femelle de plusieurs classes d' animaux, et qui, sous une enveloppe dure ou molle, renferme des fluides où se développe le germe d' un animal de la même espèce, qui s' y nourrit jusqu' à ce qu' il éclose. Gros oeuf. Petit oeuf. OEuf de poule, de perdrix, de pigeon, d' autruche, etc. OEufs de carpe, de brochet, de tanche, etc. OEufs de couleuvre, de tortue, de fourmi, de vers à soie. Les oiseaux viennent d' oeufs, pondent des oeufs, couvent des oeufs. On a donné à cette poule tant d' oeufs à couver. Faire éclore des oeufs. Coque, coquille, jaune, moyeu, blanc, germe d' oeuf. Le mâle et la femelle ont abandonné leurs oeufs. OEuf stérile. OEuf fécondé. On a pris la mère sur les oeufs.

OEUF

OEUF employé sans déterminatif, s' entend presque toujours Des oeufs de poule, qui sont d' un grand usage dans l' économie domestique, surtout comme aliment. OEuf frais. OEuf vieux. OEufs couvis. Une couple d' oeufs. Un quarteron, un cent d' oeufs. Manger des oeufs. Faire cuire des oeufs. Des oeufs à la coque. OEuf mollet. OEuf dur. Avaler un jaune d' oeuf. Ces oeufs sont bien frais, ils sont tout pleins de lait. Battre des oeufs pour en faire une omelette. Des oeufs pochés. Des oeufs au miroir, sur le plat. Des oeufs au beurre noir. Des oeufs brouillés. Des oeufs à la tripe. Des oeufs farcis. Des oeufs au lait, à l' oseille, à la neige, etc. Ce cuisinier sait faire de vingt sortes d' oeufs.

OEufs rouges, oeufs de Pâques, OEufs durcis dans de l' eau bouillante, dont la coque est teinte en rouge, et qu' il est d' usage de vendre vers le temps de Pâques.

Fig. et fam., Donner à quelqu' un ses oeufs de Pâques, Lui faire quelque petit présent dans le temps de Pâques.

Prov., Plein comme un oeuf, Tout à fait plein.

Prov. et par exagér., Il tondrait sur un oeuf, se dit D' un homme fort avare, qui cherche à faire du profit sur les moindres choses.

Prov. et fig., Pondre sur ses oeufs, Être riche dans son état, et jouir tranquillement de son bien.

Prov. et fig., Mettre tous ses oeufs dans un panier, Placer tous ses fonds dans une même affaire. Il signifie aussi, Faire dépendre d' une seule chose son sort, sa fortune, son bonheur, etc.

Prov. et fig., Marcher sur des oeufs, Se conduire dans des circonstances délicates, avec une extrême circonspection.

Fam., Se ressembler comme deux oeufs, se dit De deux choses qui sont parfaitement semblables. Cela est égal comme deux oeufs, se dit D' une chose indifférente.

OEUVÉ, ÉE. adj.

OEUVÉ, ÉE. adj. Il se dit Des poissons qui ont des oeufs. Carpe oeuvée. Hareng oeuvé.

OEUVRE. s. f.

OEUVRE. s. f. Ce qui est fait, ce qui est produit par quelque agent, et qui subsiste après l' action. Les oeuvres de Dieu. Les oeuvres de la nature. Les oeuvres de la grâce. Dieu est admirable dans ses oeuvres. L' homme est l' oeuvre des mains de Dieu. Travailler à l' oeuvre de son salut. Il a laissé l' oeuvre imparfaite. L' oeuvre de la création fut achevée en six jours. L' oeuvre de la rédemption fut accomplie sur la croix. Dans le style soutenu, il est quelquefois masculin, au singulier. Un si grand oeuvre. Ce saint oeuvre. Un oeuvre de génie.

Prov., À l' oeuvre on connaît l' ouvrier, C' est par le mérite de l' ouvrage qu' on juge du mérite de celui qui l' a fait.

Prov., La fin couronne l' oeuvre, Ce n' est pas assez de bien commencer, il faut bien finir. Il se dit aussi en parlant De quelqu' un qui, ayant bien ou mal commencé, finit encore mieux ou plus mal. Il a vécu en dissipateur, et il est mort à l' hôpital: la fin couronne l' oeuvre. Après une vie toute chrétienne, il est mort comme un saint: la fin couronne l' oeuvre.

Fam., Ne faire oeuvre de ses dix doigts, Ne faire rien du tout.

Fam. et ironiq., Voilà de vos oeuvres, se dit À quelqu' un qui a gâté ou brisé quelque chose.

Prov., Jamais un tel n' y fit oeuvre, Jamais un tel, quoique fort habile, ne fit ou n' aurait pu faire aussi bien. Cela se dit ordinairement par exagération. Il écrit en latin mieux que personne, jamais Muret n' y fit oeuvre. Il compose des vers admirables, jamais Boileau n' y fit oeuvre.

L' oeuvre de la chair, ou L' oeuvre de chair, La conjonction charnelle de l' homme et de la femme. Dans la traduction vulgaire des commandements de Dieu, on dit, OEuvre de chair ne désireras qu' en mariage seulement.

En termes de Palais, Cette femme est enceinte des oeuvres d' un tel, Elle est grosse du fait d' un tel.

Mettre en oeuvre, Employer à quelque usage. Mettre du bois, des pierres en oeuvre. Il s' emploie figurément. Mettre toute sorte de remèdes en oeuvre pour guérir. Mettre tout en oeuvre pour réussir. Cet auteur a fort bien mis en oeuvre le sujet qu' on lui avait indiqué. Ce poëte excelle à mettre en oeuvre les idées d' autrui. Il se dit aussi en parlant Des personnes. Il est excellent ouvrier, c' est dommage qu' on ne le mette pas en oeuvre. C' est à ceux qui mettent les ouvriers en oeuvre à les payer.

Mettre à l' oeuvre, Faire commencer un travail à quelqu' un, le mettre à un travail. On dit dans un sens analogue, Se mettre à l' oeuvre, et Être à l' oeuvre, en oeuvre.

Main-d' oeuvre. Voyez ce mot composé à son rang alphabétique, dans la lettre M.

Maître des oeuvres, Officier qui avait juridiction et inspection sur les ouvrages de maçonnerie et de charpenterie.

Maître des basses oeuvres, Cureur de retraits, vidangeur.

Maître des hautes oeuvres, Le bourreau, l' exécuteur de la haute justice.

En termes de Marine, OEuvres de marée, Radoub, carénage que l' on donne aux vaisseaux, soit en haute mer, soit sur un banc, quand la mer est retirée. OEuvres mortes, Les parties d' un vaisseau qui sont hors de l' eau; par opposition à OEuvres vives, Les parties qui sont dans l' eau.

OEUVRE

OEUVRE en termes de Joaillerie, L' enchâssure d' une pierre, le chaton dans lequel une pierre est enchâssée. Mettre un diamant en oeuvre. Voilà un rubis qui est bien mis en oeuvre. L' oeuvre de ce diamant est fort délicate. Son diamant sortit de l' oeuvre et tomba.

Un diamant qui est hors d' oeuvre, hors de l' oeuvre, Un diamant qui n' est pas encore monté, ou qui est sorti de sa sertissure.

OEUVRE

OEUVRE signifie aussi, La fabrique d' une paroisse, le revenu affecté à la construction et à la réparation des bâtiments, à l' achat et à l' entretien des choses nécessaires au service divin. L' oeuvre de cette paroisse est fort riche. Il a donné tant à l' oeuvre.

Il se dit également Du banc particulier que les marguilliers d' une paroisse occupent dans la nef de l' église. Les marguilliers sont assis dans l' oeuvre, entendent le sermon dans l' oeuvre. L' oeuvre de cette paroisse est fort belle. Le banc de l' oeuvre.

OEUVRE

OEUVRE se dit souvent Des productions de l' esprit, des ouvrages en prose ou en vers, considérés relativement à celui qui en est l' auteur; et, dans cette acception, il n' est d' usage qu' au pluriel, si ce n' est en poésie. OEuvres poétiques. OEuvres morales. OEuvres philosophiques. OEuvres mêlées. OEuvres posthumes. OEuvres inédites. OEuvres complètes. OEuvres choisies. Les oeuvres de Platon, d' Aristote, de Cicéron. Les oeuvres de saint Thomas. Les oeuvres de Corneille, de Racine, de Molière. Ses oeuvres ne sont pas encore imprimées. Ses oeuvres sont imprimées en tant de volumes. Ce sont toutes ses oeuvres.

Chef-d' oeuvre. Voyez ce mot composé à son rang alphabétique, dans la lettre C.

OEUVRE

OEUVRE se dit encore de Toute sorte d' actions morales, et particulièrement de celles qui ont rapport au salut. Chacun sera jugé selon ses oeuvres, selon ses bonnes ou mauvaises oeuvres. OEuvre méritoire. La foi sans les oeuvres est une foi morte. Vous avez fait une bonne oeuvre. OEuvre de miséricorde. OEuvre de charité.

En langage de Dévotion, Gagner les oeuvres de miséricorde, Faire certaines actions de charité, comme d' assister les pauvres, de visiter les malades, etc.

Prov. et pop., Bon jour, bonne oeuvre, se dit en parlant D' une bonne action faite le jour d' une grande fête. Ils se sont réconciliés le jour de Pâques: bon jour, bonne oeuvre. On ne le dit guère que par ironie. Il a volé le jour de Pâques: bon jour, bonne oeuvre.

OEuvre pie, OEuvre de charité faite dans la vue de Dieu. Il a fait de grands legs pour être employés à doter les hôpitaux, et en autres oeuvres pies.

OEuvres de surérogation, Les bonnes oeuvres qu' on fait sans y être obligé. Ce qui est d' obligation et de devoir, doit aller avant toutes les oeuvres de surérogation. Il se dit aussi de Tout ce qu' on fait au delà du devoir, ou au delà de ce qui est nécessaire pour l' affaire dont il s' agit. Ce sont des oeuvres de surérogation dont on se passerait bien.

OEUVRE

OEUVRE est aussi masculin et signifie, Le recueil de toutes les estampes d' un même graveur. Avoir tout l' oeuvre d' Albert Durer, de Callot, de Mellan, etc. Tout l' oeuvre de Marc-Antoine.

Il se dit également Des ouvrages des musiciens. Le premier, le second oeuvre de ce musicien.

OEUVRE

OEUVRE en Métallurgie, se dit Du plomb qui contient de l' argent.

En termes d' Alchimie, Le grand oeuvre, La pierre philosophale. Travailler au grand oeuvre.

DANS OEUVRE, HORS D' OEUVRE. loc. adverbiales

DANS OEUVRE, HORS D' OEUVRE. loc. adverbiales T. d' Architect. Dans le corps du bâtiment, hors du corps du bâtiment. Ce petit escalier, ce cabinet est dans oeuvre, pratiqué dans oeuvre, On l' a ménagé dans le corps du bâtiment. Il est hors d' oeuvre, Il est en saillie, hors du bâtiment, hors de l' aplomb des gros murs.

DANS OEUVRE, HORS D' OEUVRE

DANS OEUVRE, HORS D' OEUVRE se disent aussi en parlant Des bâtiments et parties de bâtiments que l' on mesure en comprenant l' épaisseur des murs, ou en ne la comprenant pas. Cette chambre, cette salle a tant de pieds dans oeuvre, Elle a tant de pieds du dedans d' un mur au dedans de l' autre. Cette maison a tant de pieds hors d' oeuvre, Elle a tant de pieds du dehors d' un mur au dehors du mur opposé.

HORS D' OEUVRE

HORS D' OEUVRE se dit figurément, dans le langage ordinaire, en parlant Des choses qui, dans un ouvrage de littérature ou d' art, ne font point partie essentielle du sujet, qu' on semble avoir ajoutées après coup, et qu' on pourrait retrancher sans nuire à l' ensemble. Cette description est hors d' oeuvre. C' est une chose hors d' oeuvre, dans son tableau, que ce groupe, que cette figure.

HORS-D' OEUVRE

HORS-D' OEUVRE s' emploie quelquefois substantivement, tant au propre qu' au figuré. Ce morceau d' architecture est un hors d' oeuvre. Cet épisode est un hors-d' oeuvre. Les hors-d' oeuvre plaisent quelquefois, mais il y en a trop dans cet ouvrage.

HORS-D' OEUVRE

HORS-D' OEUVRE se dit aussi substantivement de Certains mets qu' on sert avec le potage. On servit plusieurs hors-d' oeuvre. Ce hors-d' oeuvre est fort appétissant. Les radis, les figues, le beurre, les anchois, etc., se servent en hors-d' oeuvre.

SOUS OEUVRE. loc. adv.

SOUS OEUVRE. loc. adv. T. d' Architecture, qui s' emploie dans ces phrases, Travailler sous oeuvre, reprendre sous oeuvre ou en sous oeuvre, un bâtiment, un mur, En réparer les fondations sans l' abattre, et en le soutenant.

Fig. et fam., Reprendre sous oeuvre, se dit en parlant Des ouvrages d' esprit. Il a vu que sa tragédie péchait par le plan, il l' a reprise sous oeuvre.

À PIED D' OEUVRE. loc. adv.

À PIED D' OEUVRE. loc. adv. T. de Maçonnerie. À la proximité du bâtiment que l' on construit. Il tire la pierre à pied d' oeuvre. Le moellon se trouve à pied d' oeuvre. Amener des matériaux à pied d' oeuvre.

OFFENSANT, ANTE. adj.

OFFENSANT, ANTE. adj. Qui offense, qui est injurieux. Discours, procédé offensant. Paroles offensantes. Cela est offensant.

OFFENSE. s. f.

OFFENSE. s. f. Injure de fait ou de parole. Grande offense. Griève offense. Offense mortelle. Légère offense. Offense irréparable. Offense faite au prince en la personne de son ambassadeur. Faire une offense à quelqu' un. Souffrir une offense. Mépriser une offense. Réparer une offense. Demander réparation d' une offense. Tenir à offense. Repousser une offense. Oublier, pardonner les offenses. Il ne se souvient point des offenses qu' il a reçues. Venger, expier une offense.

Il signifie, en style de Dévotion, Faute, péché. Seigneur, pardonnez-nous nos offenses. Expier ses offenses.

OFFENSER. v. a.

OFFENSER. v. a. Faire une offense. Il l' a mortellement offensé, grièvement offensé. Il l' a offensé dans son honneur, dans sa personne. Cela m' offense. Je n' ai pas cru, je n' ai pas voulu vous offenser. Je n' ai pas dit cela pour vous offenser. Je n' ai rien dit qui pût l' offenser. On a offensé la mémoire de son père dans un écrit anonyme.

Prov., Il n' y a que la vérité qui offense, Les reproches les plus sensibles sont ceux que l' on mérite, et dont on sent soi-même la justice.

Offenser Dieu, Pécher. Offenser Dieu mortellement. Ne faites pas cela, c' est offenser Dieu.

OFFENSER

OFFENSER signifie aussi, Blesser. Ce coup lui a offensé le cerveau. Le nerf, le muscle a été offensé. La trop grande lumière offense la vue, les yeux. Un son trop aigre offense l' oreille.

Il s' emploie figurément, et signifie, Blesser, choquer. Ces paroles offensent les oreilles chastes. Cela offense ma délicatesse. Cette action offense la piété. Cette peinture offense la pudeur. Les louanges excessives offensent la modestie. Il est facile d' offenser sa vanité, son orgueil, son amour-propre. Offenser l' amitié. Offenser la bienséance.

OFFENSER

OFFENSER s' emploie avec le pronom personnel, et signifie, Se piquer, se fâcher. Il s' offense de ce que je ne le vais pas voir. Un petit esprit s' offense de tout. Ne vous offensez pas si je vous contredis. Il ne s' offense de rien. Il s' offense de rien, d' un rien.

OFFENSÉ, ÉE. participe

OFFENSÉ, ÉE. participe Il s' emploie substantivement. C' est moi qui suis l' offensé. L' offensé et l' offenseur ont fini par avoir également tort.

OFFENSEUR. s. m.

OFFENSEUR. s. m. Celui qui offense ou qui a offensé. L' offenseur et l' offensé se sont réconciliés.

OFFENSIF, IVE. adj.

OFFENSIF, IVE. adj. Qui attaque, qui sert à attaquer. Il est corrélatif de Défensif, et ne s' emploie guère que dans les locutions suivantes:

Traité offensif, ligue offensive, Traité par lequel deux princes ou deux États s' obligent d' entrer conjointement en guerre contre un autre prince ou contre un autre État.

Traité offensif et défensif, ligue offensive et défensive, Traité par lequel deux princes ou deux États conviennent de s' assister mutuellement, soit pour attaquer, soit pour se défendre.

Guerre offensive, Guerre dans laquelle on attaque l' ennemi; par opposition à Guerre défensive, Celle où l' on ne fait que se défendre.

Armes offensives, Les armes dont on se sert pour attaquer; par opposition à Armes défensives, Celles qui ne sont propres qu' à la défense.

OFFENSIVE

OFFENSIVE s' emploie substantivement, et signifie, Attaque. Prendre l' offensive. Le général, après avoir été longtemps sur la défensive, a repris l' offensive.

OFFENSIVEMENT. adv.

OFFENSIVEMENT. adv. D' une manière offensive. Agir offensivement contre l' ennemi, contre quelqu' un.

OFFERTE. s. f., ou OFFERTOIRE. s. m.

OFFERTE. s. f., ou OFFERTOIRE. s. m. T. de Liturg. cathol. La prière qui dans la messe précède immédiatement l' oblation du pain et du vin.

Il signifie aussi, La partie de la messe dans laquelle le prêtre offre à Dieu le pain et le vin avant de les consacrer. Le prêtre en était à l' offertoire, à l' offerte.

OFFICE. s. m.

OFFICE. s. m. Devoir de la vie humaine, de la société civile. Il est de l' office d' un magistrat, d' un bon pasteur, d' un bon citoyen, de... Tous les offices de la vie civile. C' est l' office d' un bon père, d' un bon mari, d' un bon ami. Cicéron a fait un traité des Offices. Le livre des Offices de saint Ambroise.

En termes de Palais, Le juge a informé d' office, Il a informé sans en être requis, et par le seul devoir de sa charge. Avocat, expert nommé d' office, Avocat, expert nommé par le juge. On conviendra d' experts, sinon il en sera nommé d' office. Personne ne s' étant présenté pour défendre l' accusé, un avocat fut nommé d' office par le tribunal.

Fig., Faire quelque chose d' office, Faire quelque chose de son propre mouvement, sans en être requis.

OFFICE

OFFICE signifie aussi, Protection, assistance, service. Accordez-moi vos bons offices auprès d' un tel. De bons offices mutuels, réciproques. Je vous demande vos bons offices pour un de mes amis. Il est d' un coeur noble et généreux d' aimer à rendre de bons offices. C' est un bon office, c' est un office d' ami que vous lui avez rendu. On dit dans le sens opposé, Rendre de mauvais offices à quelqu' un, Le desservir, lui nuire.

OFFICE

OFFICE signifie en outre, Le service de l' église, les prières publiques et les cérémonies qu' on y fait. L' office divin. L' office de la cathédrale est pompeux. Entendre l' office. Dire l' office. On fait bien l' office dans cette église. Assister à l' office. Il est à l' office. L' office de la nuit, du matin, du soir.

Il signifie aussi, La manière particulière de dire l' office de chaque jour, en raison du mystère ou du saint dont l' Église fait commémoration. L' office du jour. Aujourd' hui l' office est double, semi-double, simple. L' office de cette fête est fort long. L' office du saint sacrement, du Saint-Esprit. L' office de saint Jean-Baptiste. L' office de la Vierge.

Le petit office, Office abrégé de la Vierge.

L' office des morts, Certaines prières que l' Église a réglées en commémoration des morts.

OFFICE

OFFICE signifie encore, Cette partie du bréviaire que tout ecclésiastique dans les ordres sacrés, est obligé de dire chaque jour; et, en ce sens, il se joint ordinairement avec l' adjectif possessif. Dire son office. À quoi en êtes-vous de votre office? Quand j' aurai achevé mon office.

Livre d' office, Livre qui contient les prières chantées ou récitées au service divin. Acheter un livre d' office.

OFFICE

OFFICE se disait autrefois de Certains emplois, de certaines charges avec juridiction. L' office de connétable, de chancelier, de maréchal de France, etc. Office de la maison du roi. Office de grand maître, de grand aumônier, etc. Office de judicature, de président, de conseiller, etc. Office de notaire. Office de finance, de contrôleur, d' élu, etc. Office royal. Office de ville. Office municipal. Office ancien, alternatif, triennal, quatriennal. Office héréditaire. Office casuel. Office vénal. La vénalité des offices. Traiter d' un office. Acheter un office. Créer des offices. Création d' offices. Office de nouvelle création. Supprimer des offices. Suppression d' offices. Lever un office aux parties casuelles. Les provisions d' un office. Il a un office. Exercer un office. Être pourvu, être revêtu d' un office. Remplir un office.

Procureur d' office, ou Procureur fiscal, se disait, dans les Juridictions seigneuriales, de Celui qui faisait les fonctions du ministère public.

Le saint office, La congrégation de l' inquisition établie à Rome; Le tribunal de l' inquisition. Familier du saint office. Il a été détenu deux ans dans les prisons du saint office.

OFFICE

OFFICE se dit aussi pour Fonction. Il n' a plus de secrétaire, mais un de ses domestiques en fait l' office. Mon estomac fait fort bien son office, ne fait plus son office.

OFFICE

OFFICE signifie encore, L' art de faire, de préparer ce qu' on met sur la table pour le dessert. Ce domestique sait bien l' office, sait très-bien l' office, entend bien l' office.

Il se dit aussi de La classe de domestiques qui mange à l' office dans une maison. Dans cette maison, l' office est très-nombreux.

OFFICE. s. f.

OFFICE. s. f. Lieu dans une maison, où l' on fait, où l' on prépare tout ce qui se met sur la table pour le dessert, et dans lequel on garde le linge et la vaisselle. Manger, boire à l' office. Une office placée bien commodément.

OFFICES

OFFICES au pluriel, comprend Tous les lieux où l' on prépare, où l' on garde les diverses choses nécessaires pour le service de la table. Il y a dans ce palais de grandes offices. Voilà de belles offices. Des offices bien éclairées.

OFFICIAL. s. m.

OFFICIAL. s. m. Juge ecclésiastique délégué par l' évêque pour exercer en son nom la juridiction contentieuse. L' official de Paris, l' official de Lyon, etc. On le cita devant l' official.

OFFICIALITÉ. s. f.

OFFICIALITÉ. s. f. Juridiction de l' official. L' officialité de Paris, de Lyon, etc. Promoteur, procureur de l' officialité. Le parlement les renvoya à l' officialité. Sentence de l' officialité. Les prisons de l' officialité.

Il signifie aussi, Le lieu où l' official rend la justice. Il y avait beaucoup de monde à l' officialité. Il était logé près de l' officialité.

OFFICIANT. adj. m.

OFFICIANT. adj. m. Qui officie à l' église. Le prêtre officiant.

Il est aussi substantif. L' officiant encensa l' autel.

OFFICIANTE, substantif féminin

OFFICIANTE, substantif féminin se dit, dans les Monastères de filles, de La religieuse qui est de semaine au choeur.

OFFICIEL, ELLE. adj.

OFFICIEL, ELLE. adj. Il signifie, en style de Négociations, Qui est déclaré, dit, proposé en vertu d' une commission expresse, d' une autorité reconnue. Déclaration, proposition, réponse officielle.

Il s' emploie aussi en style d' Administration publique, et signifie, Qui émane du gouvernement, qui est déclaré, publié par lui. Le ministre m' a écrit une lettre officielle. Cette nouvelle est officielle. J' en ai reçu l' avis officiel, la nouvelle officielle. Journal officiel. La partie officielle du Moniteur.

OFFICIELLEMENT. adv.

OFFICIELLEMENT. adv. D' une manière officielle. La cour n' a pas été instruite officiellement de ce traité. Je n' en ai pas encore reçu l' avis, la nouvelle officiellement.

OFFICIER. v. n.

OFFICIER. v. n. (Il est de quatre syllabes. ) Faire l' office divin à l' église. Ces prêtres officient bien. On officie longuement dans cette église.

Il se dit, plus particulièrement, De celui qui célèbre une grand' messe, ou qui préside à l' office divin. C' était l' évêque qui officiait à cette cérémonie. C' est au curé à officier dans son église.

Fig. et fam., Cet homme officie bien, Il mange et boit bien à table.

OFFICIER. s. m.

OFFICIER. s. m. (Il n' est que de trois syllabes.) Celui qui a un office, une charge, un emploi, qui est à la tête de quelque compagnie. Officier de justice. Officier de police. Officiers municipaux. Les officiers, les grands officiers de la couronne. Le directeur, le chancelier, et le secrétaire perpétuel de l' Académie française, sont les officiers de cette compagnie.

Il se dit, particulièrement, Des gens de guerre qui ont quelque commandement. Officier d' infanterie, de cavalerie, d' artillerie. Officier de grenadiers, de dragons, de chasseurs, de lanciers. Officier du génie. Officier de marine, dans la marine. Officier de garde nationale, de la garde nationale, dans la garde nationale. Officier au deuxième régiment. Officier d' état-major. Officier de l' état-major de la place de Paris. Sous-officier. C' est un officier. Des épaulettes d' officier. C' est un bon officier. On le punit pour avoir injurié son officier.

Officiers généraux, Ceux dont le commandement n' est pas restreint à une seule compagnie, à un seul régiment, mais qui ont sous leurs ordres un corps de troupes composé de plusieurs régiments: tels sont les maréchaux de France, les lieutenants généraux, et les maréchaux de camp.

OFFICIER

OFFICIER signifie aussi, Le domestique d' une grande maison, qui a soin de l' office, qui prépare le fruit, et qui garde le linge, la vaisselle, etc. C' est un officier de maison.

OFFICIERS

OFFICIERS au pluriel, comprend L' officier proprement dit, le cuisinier et le maître d' hôtel. Il est bien servi, Il a de bons officiers. Il ne saurait donner à manger, car il n' a pas ici ses officiers.

Officiers de la bouche, chez le roi, Ceux qui travaillent pour la table du roi; Officiers du gobelet, Ceux qui sont chargés de fournir le vin pour la table du roi; et, Officiers du commun, Tous ceux qui travaillent pour les autres tables de la maison du roi.

OFFICIEUSEMENT. adv.

OFFICIEUSEMENT. adv. D' une manière officieuse. Il s' est offert à moi fort officieusement. Il l' a accompagné officieusement chez son juge.

OFFICIEUX, EUSE. adj.

OFFICIEUX, EUSE. adj. Qui est prompt à rendre de bons offices, serviable. Il est très-officieux. Il est officieux envers tout le monde. Vous êtes trop officieux. Civil et officieux. Une personne officieuse.

Il s' emploie quelquefois substantivement, dans un sens ironique. Il fait l' officieux. Il faut écarter tous ces officieux. C' est un officieux maladroit.

Mensonge officieux, Mensonge qu' on se permet pour faire plaisir à quelqu' un, ou pour lui rendre service, sans nuire à personne.

OFFICINAL, ALE. adj.

OFFICINAL, ALE. adj. T. de Pharmacie. Il n' est guère usité que dans ces expressions: Plantes officinales, Celles qui entrent dans des préparations utiles ou agréables, et qu' on trouve dans les boutiques d' herboristes, etc. Compositions officinales, Préparations pharmaceutiques qui se trouvent toutes composées chez les apothicaires; à la différence des Compositions magistrales, qui sont composées immédiatement, et conformément à l' ordonnance du médecin.

OFFICINE. s. f.

OFFICINE. s. f. Il se dit quelquefois, chez les pharmaciens, pour Laboratoire.

OFFRANDE. s. f.

OFFRANDE. s. f. Don que l' on offre à Dieu, à ses saints, ou à ses ministres. Belle offrande. Offrande agréable à Dieu. Faire une offrande. Les offrandes et les aumônes.

Il signifie aussi, La cérémonie qui se pratique aux messes, dans lesquelles le prêtre, tourné vers le peuple, présente la patène à baiser, et reçoit les offrandes des fidèles. Aller à l' offrande. On donne ce qu' on veut à l' offrande. Pendant l' offrande. Présenter le pain bénit à l' offrande.

OFFRANDE

OFFRANDE se dit encore de Tout ce qu' on offre à quelqu' un pour lui marquer son respect, son dévouement, son zèle. Je viens vous présenter mon offrande. Veuillez bien agréer, accepter mon offrande, l' offrande de mes voeux.

OFFRANT. adj. m.

OFFRANT. adj. m. Celui qui offre. Il n' est usité que dans cette phrase de Pratique, Au plus offrant, À celui qui offre le plus haut prix de la chose mise à l' enchère. On a vendu ses meubles à l' encan, et on les a adjugés au plus offrant et dernier enchérisseur.

OFFRE. s. f.

OFFRE. s. f. Action d' offrir. Faire une offre. Recevoir une offre. Offre de service. Il m' a fait l' offre de me conduire chez vous.

Il signifie aussi, Ce que l' on offre. Une belle offre. De grandes offres. Des offres avantageuses, magnifiques. Accepter une offre, des offres. Agréer des offres. Refuser, rejeter, repousser des offres. Des offres suffisantes. C' est ma dernière offre. On m' avait fait des offres séduisantes. Mon offre a été mal reçue.

Il se dit particulièrement, en Jurisprudence, d' Un acte par lequel on propose de payer ce qu' on doit, ou de faire quelque autre chose, afin de prévenir une action judiciaire ou d' arrêter des poursuites. Ses offres ont été reçues en justice, ont été déclarées bonnes et valables. Ces offres sont raisonnables, suffisantes. Je lui en ai fait l' offre, on lui en a fait l' offre par un huissier. Offres réelles, à deniers découverts. Offres par écrit. Offres verbales, labiales. Révoquer ses offres.