DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE Sixième Édition DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE Sixième Édition 1835 Français 2007-4-4 ARTFL Converted to TEI IMPRIMERIE. s. f.

IMPRIMERIE. s. f. L' art d' imprimer des livres, etc. L' imprimerie est l' invention la plus féconde en grands résultats. On ne sait pas bien qui a été l' inventeur de l' imprimerie. Depuis l' invention de l' imprimerie.

Il se dit aussi, collectivement, Des caractères, des presses, et de tout ce qui sert à l' impression des ouvrages. Acheter une imprimerie. Les ustensiles, le matériel d' une imprimerie. Une imprimerie portative.

Il se dit encore d' Un établissement ou l' on imprime des livres, etc. Entrer dans une imprimerie. Aller à l' imprimerie royale. Les ouvriers, le prote d' une imprimerie.

Imprimerie en taille-douce, imprimerie lithographique, Établissement, lieu où l' on imprime des gravures en taille-douce, des lithographies.

IMPRIMEUR. s. m.

IMPRIMEUR. s. m. Celui qui fait imprimer des livres, etc., par des ouvriers qu' il paye et qu' il dirige. Imprimeur du rot. Imprimeur de l' Institut. Envoyer une feuille à l' imprimeur. Brevet d' imprimeur. Un ouvrage publié sans nom d' auteur ni d' imprimeur. Maître imprimeur. Imprimeur-libraire. Un bon, un habile imprimeur. Un imprimeur célèbre.

Imprimeur en taille-douce, imprimeur lithographe, Celui qui a un établissement dans lequel on imprime des gravures, des lithographies.

IMPRIMEUR

IMPRIMEUR se dit aussi de L' ouvrier qui travaille à la presse, qui tire les feuilles d' un ouvrage, ou des gravures, des lithographies, etc. Il y a vingt imprimeurs dans cette imprimerie. Une presse est ordinairement servie par deux imprimeurs. Compagnon imprimeur.

Il se dit quelquefois, par extension, de Tout ouvrier qui travaille dans une imprimerie.

IMPROBABLE. adj. des deux genres

IMPROBABLE. adj. des deux genres Qui n' a point de probabilité. Rien ne me paraît plus improbable que cette assertion.

IMPROBATEUR, TRICE. adj.

IMPROBATEUR, TRICE. adj. Qui désapprouve, qui marque improbation. Geste improbateur. Coup d' oeil improbateur.

Il se prend aussi substantivement. C' est un improbateur décidé de tout ce que font les autres.

IMPROBATION. s. f.

IMPROBATION. s. f. Action d' improuver. Se taire quand on entend louer un ouvrage, est une marque d' improbation. Manifester son improbation. Murmure d' improbation.

IMPROBITÉ. s. f.

IMPROBITÉ. s. f. Défaut de probité, mépris de la justice et de l' honnêteté. Il ne trompera plus personne, son improbité est maintenant reconnue. Il y a de l' improbité à se conduire ainsi.

IMPRODUCTIF, IVE. adj.

IMPRODUCTIF, IVE. adj. Qui ne produit point, qui ne rapporte point. Des capitaux improductifs. Une terre improductive.

IMPROMPTU. s. m.

IMPROMPTU. s. m. T. emprunté du latin. Ce qui se fait sur-le-champ, sans avoir été prémédité, préparé. Il ne nous attendait pas, le dîner qu' il nous donna était un impromptu. Ce concert était un impromptu. On l' emploie souvent comme adjectif. Un dîner, un bal, un concert impromptu.

Il se dit particulièrement d' Une épigramme, d' un madrigal, ou d' une autre petite pièce de poésie faite sur-le-champ. Un joli, un agréable impromptu. Personne ne fait mieux que lui des impromptu. Il fait des impromptu sur tout. Des vers impromptu. Quelques-uns lui donnent un s au pluriel. Faire des impromptus.

Un impromptu fait à loisir, se dit, par plaisanterie, d' Une petite pièce de poésie, d' un bon mot, etc., qui a été préparé d' avance, et que l' auteur donne comme fait, comme trouvé sur-le-champ.

IMPROPRE. adj. des deux genres

IMPROPRE. adj. des deux genres Qui ne convient pas, qui n' est pas juste, exact. Il ne se dit guère qu' en parlant Du langage. Ce terme est impropre. Il s' est servi d' un mot impropre, d' une expression impropre.

IMPROPREMENT. adv.

IMPROPREMENT. adv. D' une manière qui ne convient pas, qui n' est pas juste, exacte. Il ne se dit qu' en parlant Du langage. C' est parler improprement que de s' exprimer ainsi.

IMPROPRIÉTÉ. s. f.

IMPROPRIÉTÉ. s. f. Qualité de ce qui est impropre. Il ne se dit qu' en parlant Du langage. L' impropriété de ses expressions rend son style obscur.

IMPROUVER. v. a.

IMPROUVER. v. a. Désapprouver, blâmer. Tout le monde improuve sa conduite. Improuver hautement ce que fait une personne.

IMPROUVÉ, ÉE. participe

IMPROUVÉ, ÉE. participe

IMPROVISATEUR, TRICE. s.

IMPROVISATEUR, TRICE. s. Celui, celle qui improvise, qui a le talent d' improviser. Célèbre improvisateur. Grande improvisatrice.

IMPROVISATION. s. f.

IMPROVISATION. s. f. Action d' improviser des vers, un discours, de la musique. S' habituer à l' improvisation.

Il se dit également Des vers, du discours, de la musique qu' on improvise. Cette brillante improvisation fut couverte d' applaudissements. Improvisation musicale.

IMPROVISER. v. n.

IMPROVISER. v. n. Faire, sans préparation et sur-le-champ, des vers sur une matière donnée. Les Italiens improvisent beaucoup. Il improvise avec une étonnante facilité.

Il se dit pareillement D' un musicien qui compose et exécute sur-le-champ un morceau de musique. Improviser sur le piano.

Il signifie également, Parler d' abondance. Cet orateur n' improvise jamais, tous ses discours sont écrits d' avance.

Il s' emploie aussi comme verbe actif, et se dit alors en parlant De toute chose faite sans préparation et sur-le-champ. Improviser des vers, un discours. Improviser des variations sur un air, sur un thème, sur un motif donné. À peine ose-t-il improviser quelques phrases. Improviser une fête, un bal, un concert, etc. Quand il ne s' applique point à Des vers, à un discours ou à de la musique, il est ordinairement familier.

IMPROVISÉ, ÉE. participe

IMPROVISÉ, ÉE. participe Chanson improvisée. Discours improvisé. Variations improvisées. Fête improvisée.

IMPROVISTE (À L' ). loc. adv.

IMPROVISTE (À L' ). loc. adv. Subitement, lorsqu' on y pense le moins. Nous étions à table, il est survenu à l' improviste.

IMPRUDEMMENT. adv.

IMPRUDEMMENT. adv. Avec imprudence. Il avait agi fort imprudemment en cette rencontre. Parler imprudemment. Répondre imprudemment.

IMPRUDENCE. s. f.

IMPRUDENCE. s. f. Défaut, manque de prudence. Cet homme est d' une grande imprudence. Il l' a fait par imprudence. Il s' est conduit en cela avec une grande imprudence, avec une extrême imprudence. Il y a bien de l' imprudence à se conduire ainsi. Il y aurait de l' imprudence à le mécontenter. Il y a eu un peu d' imprudence. Un moment d' imprudence peut tout perdre. Quelle imprudence!

Il signifie aussi, Action contraire à la prudence. Il a commis une grande imprudence, une légère imprudence. Il a fait souvent des imprudences.

IMPRUDENT, ENTE. adj.

IMPRUDENT, ENTE. adj. Qui manque de prudence. C' est un homme fort imprudent. Elle a été bien imprudente de se confier à lui.

Il se dit aussi Des actions et des discours. Tenir une conduite imprudente. Discours imprudent. Faire une action imprudente. Zèle imprudent.

IMPUBÈRE. adj. des deux genres

IMPUBÈRE. adj. des deux genres T. de Droit romain. Il se dit De celui ou celle qui n' a pas encore atteint l' âge de puberté. Il est impubère. Elle est encore impubère. L' homme est impubère jusqu' à quatorze ans, la femme jusqu' à douze ans.

Il s' emploie aussi substantivement. Les impubères ne peuvent tester.

IMPUDEMMENT. adv.

IMPUDEMMENT. adv. Effrontément, avec impudence. Parler impudemment. Répondre impudemment. Quoique déshonoré, il se montre impudemment partout. Mentir impudemment.

IMPUDENCE. s. f.

IMPUDENCE. s. f. Effronterie, manque de pudeur. Il a l' impudence de soutenir une chose qu' il sait être fausse. Il a eu l' impudence de nier sa signature. Quelle impudence! Cela est de la dernière impudence.

Il se dit aussi Des actions et des paroles impudentes. Il mérite d' être châtié pour ses impudences.

IMPUDENT, ENTE. adj.

IMPUDENT, ENTE. adj. Insolent, effronté, qui n' a point de pudeur. Homme impudent. Fille impudente. C' est une impudente créature. C' est un impudent menteur.

Il se dit aussi Des actions et des paroles qui blessent la pudeur, ou qui sont trop libres, trop hardies. Action impudente. Discours impudent. Proposition impudente.

Il s' emploie quelquefois substantivement; et alors il ne se dit que Des personnes. C' est un impudent, un grand impudent.

IMPUDEUR. s. f.

IMPUDEUR. s. f. Défaut, manque de pudeur. Il a tenu des discours pleins d' impudeur. Il y a de l' impudeur dans son geste, dans son attitude.

Il signifie aussi, Défaut, manque de cette honnête retenue que doit imposer à tout homme le sentiment de sa dignité personnelle. Gorgés de biens, ils osent, avec impudeur, solliciter de nouveaux dons.

IMPUDICITÉ. s. f.

IMPUDICITÉ. s. f. Vice contraire à la chasteté. Être plongé dans l' impudicité. L' impudicité l' a conduit à cet état avilissant. L' impudicité perd le corps et l' âme.

Il se dit quelquefois Des actions impudiques. Les révoltantes impudicités de Néron.

IMPUDIQUE. adj. des deux genres

IMPUDIQUE. adj. des deux genres Qui fait des actions contraires à la chasteté. Une femme impudique est la honte de sa famille.

Il se dit aussi De tout ce qui blesse la chasteté dans les actions ou dans les discours. Désirs impudiques. Regards, gestes impudiques. Posture impudique. Paroles impudiques. Chansons impudiques.

Il est quelquefois substantif, et alors il ne se dit que Des personnes. C' est un impudique.

IMPUDIQUEMENT. adv.

IMPUDIQUEMENT. adv. D' une manière impudique.

IMPUGNER. v. a.

IMPUGNER. v. a. Attaquer, combattre une proposition, un point de doctrine, un droit. Je n' oserais impugner l' opinion d' un si grand philosophe. Impugner un acte, un titre. Il est vieux.

IMPUGNÉ, ÉE. participe

IMPUGNÉ, ÉE. participe

IMPUISSANCE. s. f.

IMPUISSANCE. s. f. Manque de pouvoir, de moyens pour faire quelque chose. Je suis dans l' impuissance de vous servir. Il est dans l' impuissance de payer ses dettes. Mon zèle vous est inutile par l' impuissance où je suis de vous rendre service. Mettre quelqu' un dans l' impuissance d' agir. Le gouvernement se trouva dès lors comme frappé d' impuissance.

Il se dit plus particulièrement de L' incapacité d' avoir des enfants, causée ou par un vice de conformation, ou par quelque accident. On ne l' emploie qu' en parlant D' un homme. L' impuissance ne peut être alléguée pour désavouer un enfant.

IMPUISSANT, ANTE. adj.

IMPUISSANT, ANTE. adj. Qui a peu ou point de pouvoir. Ses ennemis sont faibles et impuissants.

Il se dit plus ordinairement en parlant Des choses, et signifie, Incapable de produire aucun effet. Une haine impuissante. Une colère impuissante. Faire des efforts impuissants.

IMPUISSANT

IMPUISSANT se dit particulièrement De celui qui, par vice de conformation ou par quelque faiblesse naturelle ou accidentelle, est incapable d' engendrer. Cet homme est impuissant.

Il est aussi substantif, dans cette dernière acception. C' est un impuissant. Épouser un impuissant.

IMPULSIF, IVE. adj.

IMPULSIF, IVE. adj. Qui agit par impulsion. Force impulsive.

IMPULSION. s. f.

IMPULSION. s. f. Action de pousser; mouvement ou tendance à se mouvoir qu' un corps donne à un autre par le choc. La plus légère impulsion suffit pour mettre cette machine en mouvement. Force d' impulsion. Un corps qui résiste à l' impulsion d' un autre. Une boule qui conserve longtemps l' impulsion qu' elle a reçue d' une autre.

Il se dit figurément, au sens moral, de L' action d' exciter, d' encourager, de pousser quelqu' un à faire une chose. Il agit ainsi par l' impulsion d' un tel. Obéir, céder aux impulsions d' une volonté étrangère. Suivre l' impulsion de son coeur. Les esprits reçurent une impulsion nouvelle. Cette première découverte donna l' impulsion. Une impulsion irrésistible.

IMPUNÉMENT. adv.

IMPUNÉMENT. adv. Avec impunité, sans subir aucune punition. Voler impunément. Commettre impunément des crimes. C' est un homme qu' on n' offense point impunément. On ne m' attaquerait pas impunément.

Il s' applique souvent À des actions qui ne sont ni des crimes, ni des fautes, mais desquelles il peut résulter quelque préjudice, quelque désagrément ou inconvénient pour celui qui les fait. Cet homme est d' une santé délicate, il ne saurait faire impunément le moindre excès, Il ne peut faire le moindre excès sans en être incommodé.

IMPUNI, IE. adj.

IMPUNI, IE. adj. Qui demeure sans punition. Il est principalement d' usage en parlant Des offenses, des fautes, des crimes. Cette faute ne demeurera pas impunie. Dieu ne laisse point les crimes impunis. Cette action est trop noire pour demeurer impunie.

Il se dit quelquefois aussi Des personnes. Le coupable ne restera pas impuni.

IMPUNITÉ. s. f.

IMPUNITÉ. s. f. Manque de punition, exemption d' une peine méritée. L' impunité enhardit au crime. Les coupables puissants se flattent de l' impunité. Ils sont assurés de l' impunité. Faire le mal avec impunité.

IMPUR, URE. adj.

IMPUR, URE. adj. Qui n' est pas pur, qui est altéré ou corrompu par quelque mélange, qui est souillé. Séparer les métaux de ce qu' ils ont d' impur. Ce qu' il y avait d' impur est demeuré au fond. Des eaux impures.

Fig., Être né d' un sang impur, Être né de parents flétris, connus pour de malhonnêtes gens. On dit dans un sens analogue, Une race impure.

IMPUR

IMPUR signifie aussi, figurément, Impudique. Dans ce sens, il ne se dit guère Des personnes. Des pensées impures. Une vie impure. Des moeurs impures. Des amours impures.

IMPURETÉ. s. f.

IMPURETÉ. s. f. Ce qu' il y a dans une chose d' impur, de grossier et d' étranger, qui l' altère ou la gâte. L' impureté de l' air cause plusieurs maladies. L' impureté des métaux se corrige par le feu. Il faut filtrer les liqueurs pour en ôter toutes les impuretés. L' impureté des humeurs.

Impureté légale, La souillure que l' on contractait en faisant certaines choses défendues par la loi des Juifs.

IMPURETÉ

IMPURETÉ se prend, figurément, pour Impudicité. Vivre dans l' impureté: Être plongé dans l' impureté. C' est un monstre d' impureté. Le péché d' impureté. Le démon de l' impureté.

Il se dit également, au pluriel, pour Obscénités. Ce livre est rempli d' impuretés.

IMPUTABLE. adj. des deux genres

IMPUTABLE. adj. des deux genres Qui peut, qui doit être attribué à. Ces abus ne sont imputables qu' à la mauvaise administration du pays.

Il se dit aussi, en termes de Finances et de Jurisprudence, D' une somme, d' une valeur qui doit être imputée sur une autre. Cette somme est imputable sur telle autre. Les avantages qu' un père fait à ses enfants sont imputables sur la quotité disponible.

IMPUTATION. s. f.

IMPUTATION. s. f. Action d' attribuer à quelqu' un une chose digne de blâme. Il se dit surtout Des accusations faites sans preuve. Il s' est justifié des imputations dont ses ennemis l' avaient chargé. Voilà une imputation faite bien légèrement. Imputation fausse, calomnieuse. Cette imputation n' est pas fondée.

IMPUTATION

IMPUTATION en termes de Finances et de Jurisprudence, signifie, Compensation d' une somme avec une autre; déduction d' une somme, d' une valeur sur une autre. L' imputation des sommes payées pour intérêt d' un capital qui n' en doit point produire, se fait sur le capital même. Un débiteur de plusieurs dettes peut, lorsqu' il fait un payement partiel, en déterminer lui-même l' imputation. Faire, sur la quotité disponible, l' imputation d' un avancement d' hoirie.

IMPUTATION

IMPUTATION en termes de Théologie, se dit de L' application des mérites de JÉSUS-CHRIST. Les protestants prétendent que nous ne sommes justifiés que par l' imputation des mérites de JÉSUS-CHRIST.

IMPUTER. v. a.

IMPUTER. v. a. Attribuer à quelqu' un une chose digne de blâme. On lui impute une mauvaise action. On lui impute d' avoir voulu corrompre des témoins. On lui impute que, loin d' avoir cherché à calmer les esprits, il les a encore plus irrités. Ne m' imputez pas cette faute. Il ne m' en faut rien imputer. On vous impute un ouvrage anonyme. Les deux partis s' imputaient réciproquement les malheurs publics. Vous ne pouvez l' imputer qu' à vous-même. On ne doit imputer cela qu' au hasard.

Imputer à crime, à faute, à blâme, à déshonneur, Trouver, dans une action qui paraît indifférente ou même louable, de quoi blâmer celui qui l' a faite, et lui en faire un reproche, un crime.

Imputer à négligence, à oubli, etc., Attribuer à négligence, à oubli, etc.

IMPUTER

IMPUTER en termes de Finances et de Jurisprudence, signifie, Appliquer un payement à une certaine dette; déduire une somme, une valeur sur une autre, l' en rabattre. Les payements que fait un débiteur doivent être imputés sur les dettes qui lui sont le plus à charge. L' avancement d' hoirie doit être imputé, doit s' imputer sur la quotité disponible.

IMPUTER

IMPUTER en termes de Théologie, se dit en parlant De l' application des mérites de JÉSUS-CHRIST. Les mérites de JÉSUS-CHRIST nous sont imputés.

IMPUTÉ, ÉE. participe

IMPUTÉ, ÉE. participe

IN

IN Particule qui entre, avec deux sens différents, dans la composition de beaucoup de mots: 1 comme In en latin, elle signifie Dans; 2 comme In et Non en latin, et comme l' A privatif en grec, elle emporte une idée négative ou privative.

Elle a le premier sens dans les mots Imbu, incorporer, induire, importer, etc.

Elle conserve ce même sens, avec la prononciation latine ou italienne, dans plusieurs expressions empruntées du latin et de l' italien, comme In manus, In naturalibus, In pace, In reatu, In statu quo, In petto, etc. Voyez MANUS (IN), NATURALIBUS (IN), PACE (IN), REATU (IN), ETC.

On dit, en termes d' Imprimerie et de Librairie, In-folio, in-quarto, in-octavo, in-douze, in-seize, in-dix-huit, etc., pour dire que La feuille de papier est pliée en deux, en quatre, en douze, etc.; et, dans ces expressions, In prend le son nasal; mais il le perd dans In-octavo, qui se dit de La feuille pliée en huit: on prononce I-noctavo, à cause de la voyelle initiale du second mot.

Dans un très-grand nombre de mots français, la particule In donne au mot composé un sens contraire à celui du mot simple. Elle est alors négative ou privative: Docile, indocile; patient, impatient; habile, inhabile; supportable, insupportable; etc.

On trouvera dans le Dictionnaire les mots ainsi composés que l' usage a autorisés. Il y en a beaucoup d' autres que des écrivains ont faits et employés, mais qui ne sont pas généralement admis.

Dans les mots composés dont le simple commence par L, M, ou R, l' I garde le son qui lui est propre, et l' n s' assimile à la consonne dont elle est suivie: Illettré, illimité; immédiat, immortel; irréligieux, irrévérence.

Quand le simple commence par une des labiales B ou P, l' n se change en m, et l' on prononce Èn, avec le son nasal: Imbu, importer (Ènbu, ènporter).

Partout ailleurs, In reste tel qu' il est; et il prend toujours le son nasal devant les consonnes, à moins que le simple ne commence par N: Inattendu, inutile (prononcez, I-nattendu, i-nutile); Indocile, injuste (prononcez, Èn-docile, èn-juste); Inné,innombrable (prononcez, I-nné, i-nombrable). Par exception, on dit, Ignoble, ignominie, ignare, ignorer, etc., au lieu de Innoble, ingnare, etc.

INABORDABLE. adj. des deux genres

INABORDABLE. adj. des deux genres Qu' on ne peut aborder. Cette partie de la côte est inabordable.

Il se dit quelquefois, par extension, D' un endroit dont on ne peut approcher. Les bureaux de la comédie sont inabordables, tant la foule est grande.

Il se dit, figurément, D' une personne de difficile accès. Ce ministre est inabordable. Dans ces deux derniers sens, il est familier.

INACCEPTABLE. adj. des deux genres

INACCEPTABLE. adj. des deux genres Qu' on ne peut, qu' on ne doit pas accepter. Une telle offre est inacceptable.

INACCESSIBLE. adj. des deux genres

INACCESSIBLE. adj. des deux genres Dont on ne peut approcher, dont l' accès est impossible. Un château inaccessible. Un rocher inaccessible. Une plage inaccessible.

Il se dit figurément, au sens moral. La connaissance des causes premières est inaccessible à l' esprit humain. Les hauteurs inaccessibles de la science.

Il se dit aussi, figurément, Des personnes auprès de qui on ne peut trouver d' accès, à qui il est très-difficile de parler. Depuis qu' il est en place, il est devenu inaccessible.

Il se dit encore, figurément, D' une personne qui n' est point touchée de certaines choses, qui n' éprouve point certains mouvements de l' âme, certaines passions. Il est inaccessible aux prières, aux sollicitations. Il reste inaccessible à la flatterie. Être inaccessible à la peur, à l' amour, à la pitié, etc.

INACCOMMODABLE. adj. des deux genres

INACCOMMODABLE. adj. des deux genres Qui ne se peut accommoder. C' est une querelle inaccommodable. Ils ont poussé l' affaire si loin, qu' elle est devenue inaccommodable. Il est peu usité.

INACCORDABLE. adj. des deux genres

INACCORDABLE. adj. des deux genres Qu' on ne peut mettre d' accord. Des caractères inaccordables.

Il signifie aussi, Qu' on ne peut accorder, octroyer. Cette demande est inaccordable.

INACCOSTABLE. adj. des deux genres

INACCOSTABLE. adj. des deux genres Qu' on ne peut accoster. C' est un homme inaccostable. Il est familier et peu usité.

INACCOUTUMÉ, ÉE. adj.

INACCOUTUMÉ, ÉE. adj. Qui n' a pas coutume de se faire, d' arriver. Sentir des mouvements inaccoutumés qui présagent une maladie. Des cérémonies inaccoutumées. Des honneurs inaccoutumés.

INACHEVÉ, ÉE. adj.

INACHEVÉ, ÉE. adj. Qui n' a point été achevé. Un ouvrage qui reste inachevé. Une oeuvre inachevée.

INACTIF, IVE. adj.

INACTIF, IVE. adj. Qui n' a point d' activité. C' est l' homme du monde le plus inactif. Rester inactif.

INACTION. s. f.

INACTION. s. f. Cessation de toute action. Être dans l' inaction. Des troupes qui restent dans l' inaction. Tirer une personne de son inaction.

INACTIVITÉ. s. f.

INACTIVITÉ. s. f. Manque, défaut d' activité. Son inactivité m' impatiente.

INADMISSIBILITÉ. s. f.

INADMISSIBILITÉ. s. f. Qualité de ce qui ne peut être admis. L' inadmissibilité d' une preuve. Après avoir établi l' inadmissibilité de ce premier moyen, il ajouta...

INADMISSIBLE. adj. des deux genres

INADMISSIBLE. adj. des deux genres Qui n' est point recevable, qui ne saurait être admis. Ses moyens ont été trouvés inadmissibles. Cette preuve est inadmissible. Cette proposition, cette demande est inadmissible. La cour a déclaré le pourvoi inadmissible.

INADVERTANCE. s. f.

INADVERTANCE. s. f. Défaut d' attention à quelque chose. Il a fait cela par inadvertance. C' est pure inadvertance.

Il se dit aussi d' Une action, d' une faute que l' on fait par inadvertance. C' est une inadvertance. Pardonnez-lui ses inadvertances. Commettre des inadvertances.

INALIÉNABILITÉ. s. f.

INALIÉNABILITÉ. s. f. Qualité de ce qui est inaliénable. L' inaliénabilité du domaine de la couronne.

INALIÉNABLE. adj. des deux genres

INALIÉNABLE. adj. des deux genres Qui ne peut s' aliéner. Le domaine de la couronne est inaliénable. Les biens dotaux sont inaliénables.

INALLIABLE. adj. des deux genres

INALLIABLE. adj. des deux genres Il ne s' emploie guère qu' en parlant Des métaux qui ne peuvent s' allier l' un avec l' autre. Ces deux métaux sont inalliables.

Il s' emploie quelquefois figurément. Les intérêts de Dieu et ceux du monde sont inalliables.

INALTÉRABLE. adj. des deux genres

INALTÉRABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être altéré. On prétend que l' or est inaltérable.

Il s' emploie figurément, surtout au sens moral. Il supporte les maux de la vie avec une tranquillité inaltérable. Il est d' une gaieté, d' une douceur inaltérable. Comptez sur mon inaltérable amitié. Les élus jouissent d' un bonheur inaltérable.

INAMISSIBILITÉ. s. f.

INAMISSIBILITÉ. s. f. Qualité de ce qui est inamissible. Il ne s' emploie que dans cette locution du langage théologique, L' inamissibilité de la justice.

INAMISSIBLE. adj. des deux genres

INAMISSIBLE. adj. des deux genres Qui ne se peut perdre. Il ne s' emploie que dans cette locution du langage théologique, Grâce inamissible.

INAMOVIBILITÉ. s. f.

INAMOVIBILITÉ. s. f. Qualité de ce qui est inamovible. L' inamovibilité d' un emploi.

INAMOVIBLE. adj. des deux genres

INAMOVIBLE. adj. des deux genres Qui ne peut être ôté d' un poste, qui ne peut être destitué de sa place arbitrairement. En France, les juges sont inamovibles. Magistrat inamovible.

Il se dit également Des emplois à vie. Emploi, dignité, magistrature inamovible.

INANIMÉ, ÉE. adj.

INANIMÉ, ÉE. adj. Qui n' est point animé, ou qui a cessé de l' être. Créatures inanimées. Corps inanimé. Ce n' est plus qu' un corps froid et inanimé.

Il se dit au figuré De ce qui manque de mouvement, de vivacité, d' expression. C' est une personne inanimée. Une figure inanimée. Un chant inanimé.

INANITÉ. s. f.

INANITÉ. s. f. Le vide d' une chose. Il ne s' emploie que figurément, en parlant Des choses vaines, inutiles. L' inanité des choses terrestres.

INANITION. s. f.

INANITION. s. f. Faiblesse, manque de force causé par défaut de nourriture. Il ne mange point, il mourra d' inanition. Il tombe d' inanition.

INAPERCEVABLE. adj. des deux genres

INAPERCEVABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être aperçu. Il est peu usité.

INAPERÇU, UE. adj.

INAPERÇU, UE. adj. Qui n' est point aperçu. Le hasard n' est que l' effet de causes inaperçues. Des effets presque inaperçus.

INAPPÉTENCE. s. f.

INAPPÉTENCE. s. f. T. de Médec. Défaut d' appétit, de goût pour les aliments. La plupart des maladies sont accompagnées d' inappétence, causent de l' inappétence.

INAPPLICABLE. adj. des deux genres

INAPPLICABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être appliqué. Cet exemple est inapplicable au fait dont il s' agit.

INAPPLICATION. s. f.

INAPPLICATION. s. f. Inattention; défaut, manque d' application. Il est d' une inapplication que rien ne peut corriger. Son inapplication est cause qu' il ne fera jamais rien.

INAPPLIQUÉ, ÉE. adj.

INAPPLIQUÉ, ÉE. adj. Qui n' a point d' application, d' attention. Un homme inappliqué. C' est un esprit inappliqué. Les esprits inappliqués ne réussissent en rien, à rien.

INAPPRÉCIABLE. adj. des deux genres

INAPPRÉCIABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être apprécié, déterminé. Quantité inappréciable. Ces deux objets se ressemblent tellement, que la différence en est presque inappréciable.

Il se dit aussi De ce qui est d' un grand prix, de ce qu' on ne saurait trop apprécier, estimer. Ce tableau est inappréciable, est d' une valeur inappréciable. Talent, mérite inappréciable. Il obtint la faveur inappréciable de...

INAPTITUDE. s. f.

INAPTITUDE. s. f. Défaut d' aptitude à quelque chose. Son inaptitude l' exclut de tout emploi.

INARTICULÉ, ÉE. adj.

INARTICULÉ, ÉE. adj. Qui n' est point articulé, ou qui ne l' est qu' imparfaitement. Cet enfant ne forme encore que des sons inarticulés. Quelques mots inarticulés s' échappaient de sa bouche.

INATTAQUABLE. adj. des deux genres

INATTAQUABLE. adj. des deux genres Qu' on ne peut attaquer. Un poste inattaquable.

Il s' emploie aussi figurément. Un droit, un titre inattaquable.

INATTENDU, UE. adj.

INATTENDU, UE. adj. Qu' on n' attendait pas, qu' on n' avait pas lieu d' attendre. Visite inattendue. Malheur inattendu. Disgrâce inattendue.

INATTENTIF, IVE. adj.

INATTENTIF, IVE. adj. Qui n' a point d' attention. Un enfant inattentif. Un esprit inattentif. Vous êtes bien inattentif.

INATTENTION. s. f.

INATTENTION. s. f. Défaut d' attention. Il a fait cette faute par inattention. C' est pure inattention.

INAUGURAL, ALE. adj.

INAUGURAL, ALE. adj. Qui a rapport à l' inauguration. Fête, cérémonie inaugurale. Discours inaugural. Harangue inaugurale.

Discours inaugural, se dit aussi Du discours qu' un professeur prononce lorsqu' il prend possession de sa chaire.

INAUGURATION. s. f.

INAUGURATION. s. f. Cérémonie religieuse qui se pratique au sacre, au couronnement des souverains. L' inauguration d' un empereur. On dit plus ordinairement, Sacre ou Couronnement.

Il signifie, par extension, Consécration, dédicace. L' inauguration d' un temple, d' un monument. L' inauguration d' une statue. C' est un tel qui a prononcé le discours d' inauguration.

Discours d' inauguration, se dit aussi Du discours inaugural d' un professeur. Ce professeur a fait son discours d' inauguration.

INAUGURER. v. a.

INAUGURER. v. a. Faire l' inauguration d' un temple, d' un monument, d' une statue, etc. Inaugurer un temple. On a inauguré la statue de ce prince.

INAUGURÉ, ÉE. participe

INAUGURÉ, ÉE. participe

INCAGUER. v. a.

INCAGUER. v. a. Défier quelqu' un, le braver, en lui témoignant beaucoup de mépris. Il me menace, mais je le défie de me rien faire; je l' incague. Ce mot familier a vieilli.

INCAGUÉ, ÉE. participe

INCAGUÉ, ÉE. participe

INCALCULABLE. adj. des deux genres

INCALCULABLE. adj. des deux genres Qui ne peut se calculer. Le nombre des étoiles est incalculable.

Il se dit, par extension, pour Très-nombreux, ou très-considérable, très-grave. Les maux qu' entraîne la guerre sont incalculables. C' est une perte incalculable.

INCAMÉRATION. s. f.

INCAMÉRATION. s. f. T. de Chancellerie de la cour de Rome. Union de quelque terre au domaine de la chambre ecclésiastique.

INCAMÉRER. v. a.

INCAMÉRER. v. a. T. de Chancellerie de la cour de Rome. Unir quelque terre au domaine de la chambre ecclésiastique. Cette terre ne peut plus se vendre, elle est incamérée.

INCAMÉRÉ, ÉE. participe

INCAMÉRÉ, ÉE. participe

INCANDESCENCE. s. f.

INCANDESCENCE. s. f. État d' un corps qui est échauffé et pénétré de feu jusqu' à devenir blanc. Barre de fer échauffée jusqu' à l' incandescence. Ce métal est dans l' état d' incandescence.

INCANDESCENT, ENTE. adj.

INCANDESCENT, ENTE. adj. Qui est en incandescence. Une masse de fer incandescente.

INCANTATION. s. f.

INCANTATION. s. f. Action de faire des enchantements pour opérer un charme, un sortilége; cérémonies, pratiques des prétendus magiciens.

INCAPABLE. adj. des deux genres

INCAPABLE. adj. des deux genres Qui n' est pas capable, qui n' est pas en état de faire une chose. Il est incapable de se tenir debout, de marcher, de courir. Cet enfant, ce cheval est incapable de porter un si grand fardeau.

Il signifie particulièrement, Qui n' a pas la capacité, le talent, l' aptitude nécessaire pour certaines choses. Il est absolument incapable d' exercer son emploi. Il est incapable d' application.

Il se dit quelquefois, absolument, D' une personne qui est sans capacité, malhabile. C' est un homme incapable, tout à fait incapable. C' est l' homme du monde le plus incapable.

Il signifie aussi, Qui est dans une disposition, dans une situation qui ne lui permet pas certaines choses. Sa mauvaise santé le rend incapable de toute attention. Dans ses accès de colère, il est incapable de raison.

Il se dit également, dans un sens favorable, en parlant D' un homme tellement fortifié dans une bonne habitude, qu' il ne peut rien faire qui y soit contraire. C' est un homme incapable de manquer à sa parole. Il est incapable d' une mauvaise action. Il est incapable de bassesse, de lâcheté. Il en est incapable.

INCAPABLE

INCAPABLE se dit, en Jurisprudence, De celui que la loi prive de certains droits ou qu' elle exclut de certaines fonctions. Un mineur est incapable de disposer de son bien entre-vifs. On l' a déclaré incapable de remplir aucune fonction publique. Être incapable de tutelle et de curatelle. En ce sens, on l' emploie quelquefois absolument et substantivement. Toute disposition au profit d' un incapable est nulle.

INCAPABLE

INCAPABLE se dit en outre De ce qui n' a pas les qualités et les conditions nécessaires pour quelque chose. Son estomac est incapable de digérer les aliments les plus légers. Une terre incapable de rien produire. Cet arbre est incapable de porter de bon fruit.

INCAPACITÉ. s. f.

INCAPACITÉ. s. f. Défaut de capacité. On ne le dit qu' en parlant Des personnes. Il a laissé voir toute son incapacité. Complète incapacité. Il est d' une telle incapacité, qu' on ne peut l' employer à rien.

Il se dit, en Jurisprudence, de L' état d' une personne que la loi prive de certains droits. Incapacité légale. Être frappé d' incapacité. Opposer à quelqu' un son incapacité.

INCARCÉRATION. s. f.

INCARCÉRATION. s. f. T. de Jurispr. Action d' incarcérer, ou État de celui qui est incarcéré. Ordonner l' incarcération d' une personne. Être en état d' incarcération. Son incarcération dura dix jours.

INCARCÉRER. v. a.

INCARCÉRER. v. a. T. de Jurispr. Mettre en prison. Faire incarcérer son débiteur.

INCARCÉRÉ, ÉE. participe

INCARCÉRÉ, ÉE. participe

INCARNADIN, INE. adj.

INCARNADIN, INE. adj. Il se dit D' une couleur plus faible que l' incarnat ordinaire. Du ruban incarnadin. Moire incarnadine. Il y a des anémones qu' on appelle incarnadines.

Il est aussi substantif, au masculin. Incarnadin d' Espagne. Ce ruban est d' un très-bel incarnadin.

INCARNAT, ATE. adj.

INCARNAT, ATE. adj. Espèce de couleur entre le couleur de cerise et le couleur de rose. Du satin, du velours incarnat. Avoir les lèvres incarnates.

Il est aussi substantif, au masculin. Voilà de bel incarnat. L' incarnat de son teint.

INCARNATION. s. f.

INCARNATION. s. f. Action de la Divinité qui s' incarne, ou Le résultat de cette action. L' incarnation de JÉSUS-CHRIST. L' incarnation du Fils de Dieu. La mythologie indienne raconte les prétendues incarnations de Vichnou.

Il se dit absolument de L' incarnation de JÉSUS-CHRIST. Le mystère de l' Incarnation.

INCARNER (S' ). v. pron.

INCARNER (S' ). v. pron. Il se dit De la Divinité qui prend un corps de chair, qui se fait homme. C' est la seconde personne de la Trinité qui a voulu s' incarner. Selon les Indiens, leur dieu Vichnou s' est plusieurs fois incarné.

INCARNÉ, ÉE. participe

INCARNÉ, ÉE. participe Le Verbe incarné.

Fig. et fam., C' est un diable incarné, un démon incarné, se dit D' une personne très-méchante.

INCARNÉ

INCARNÉ se joint adjectivement À certains noms abstraits pour exprimer que la qualité, le défaut, le vice qu' ils désignent domine chez une personne. C' est la vertu, la prudence incarnée. C' est la malice incarnée que cet homme-là. Ces façons de parler sont familières.

INCARTADE. s. f.

INCARTADE. s. f. Espèce d' insulte qu' une personne fait brusquement et inconsidérément à une autre. Étrange incartade. Il lui a fait une incartade fort mal à propos. C' est une incartade bien extravagante.

Il se dit encore, surtout au pluriel, Des extravagances, des folies que fait une personne. Il a fait mille incartades. Il fait chaque jour de nouvelles incartades. Je ne m' attendais pas à cette nouvelle incartade.

INCENDIAIRE. s. des deux genres

INCENDIAIRE. s. des deux genres Auteur volontaire d' un incendie. Les incendiaires sont punis de mort.

Il signifie au figuré, Séditieux; et alors il peut s' employer comme adjectif. C' est un écrivain incendiaire. C' est un incendiaire.

Il se dit également Des choses, mais toujours adjectivement. Un propos, un discours, un écrit incendiaire.

INCENDIE. s. m.

INCENDIE. s. m. Grand embrasement. Un horrible, un vaste incendie. L' incendie d' une maison, d' un temple, d' un palais, d' une ville. L' incendie d' une forêt. L' incendie a tout dévoré. On ignore la cause de cet incendie. L' auteur d' un incendie. Cette partie de l' édifice fut détruite par un incendie, fut la proie d' un incendie. Éteindre, apaiser, arrêter l' incendie.

Il se dit, figurément, Des troubles que les factions excitent dans un État, des grandes guerres, etc. Il s' efforça vainement d' éteindre l' incendie allumé par le fanatisme. Leur politique sut prévenir l' incendie qui était près d' éclater.

Prov., au propre et au figuré, Il ne faut qu' une étincelle pour allumer un grand incendie.

INCENDIER. v. a.

INCENDIER. v. a. Brûler, consumer par le feu. Il ne se dit que D' un grand embrasement. Il incendia lui-même sa maison. L' ennemi incendia tous les villages qui se trouvèrent sur sa route. Incendier une forêt. Cette ville a été incendiée.

INCENDIÉ, ÉE. participe

INCENDIÉ, ÉE. participe Maison incendiée.

Il se dit substantivement Des personnes dont l' habitation a été brûlée. On fit, dans ce village, une quête pour les incendiés. Le gouvernement accorda des secours aux incendiés.

INCERTAIN, AINE. adj.

INCERTAIN, AINE. adj. Douteux, qui n' est pas assuré. Le succès en est fort incertain. Rien n' est plus incertain. La victoire fut longtemps incertaine. L' avenir est incertain. Chances incertaines. Nouvelle incertaine.

Il signifie aussi, Variable, mal assuré. Le temps est bien incertain. La faveur des rois est incertaine.

Il signifie encore, Qui n' est pas fixé, qui n' est pas déterminé. L' heure de la mort est incertaine. À une époque incertaine. On prend quelquefois un nombre certain pour en désigner un incertain.

Il se dit aussi Des personnes, et sert à exprimer, tantôt L' incertitude qui ne dépend pas de nous: Je suis incertain de ce qui doit m' arriver; tantôt L' irrésolution: Je suis in certain de ce que je dois faire.

INCERTAIN

INCERTAIN se dit quelquefois substantivement de Ce qui est douteux, peu certain. Quitter le certain pour l' incertain.

INCERTAINEMENT. adv.

INCERTAINEMENT. adv. Avec doute et incertitude. Il ne faut pas assurer les choses quand on ne les sait qu' incertainement. On n' en peut parler qu' incertainement. Il est peu usité.

INCERTITUDE. s. f.

INCERTITUDE. s. f. État d' une personne irrésolue sur ce qu' elle doit faire, ou incertaine de ce qui doit arriver. Il est dans l' incertitude du parti qu' il doit prendre. L' incertitude où nous sommes de ce qui doit arriver, nous empêche de prendre les mesures convenables. L' incertitude où l' on est du succès, tient les esprits en suspens.

Il s' applique également Au caractère, à l' esprit, aux opinions d' une personne irrésolue. L' incertitude de son caractère. L' incertitude habituelle de ses opinions.

Il se dit aussi De tout ce qui est susceptible de doute. L' incertitude des jugements humains. L' incertitude des doctrines philosophiques. Il y a beaucoup d' incertitude dans la médecine, dans l' histoire.

L' incertitude du temps, L' état incertain du temps.

INCESSAMMENT. adv.

INCESSAMMENT. adv. Sans délai, au plus tôt. Dans ce sens, il ne s' emploie que par rapport au temps futur. Le roi a ordonné à son ambassadeur de partir incessamment. Il doit arriver incessamment. On l' attend incessamment.

Il signifie plus ordinairement, Continuellement, sans cesse. Il travaille incessamment.

INCESSIBLE. adj. des deux genres

INCESSIBLE. adj. des deux genres T. de Jurispr. Qui ne peut être cédé. Les droits et priviléges personnels sont incessibles.

INCESTE. s. m.

INCESTE. s. m. Conjonction illicite entre les personnes qui sont parentes ou alliées au degré prohibé par les lois. Commettre un inceste avec sa soeur.

Inceste spirituel, Conjonction illicite entre les personnes alliées par une affinité spirituelle, comme entre le parrain et la filleule. Il se dit également d' Un commerce criminel entre le confesseur et sa pénitente.

INCESTE

INCESTE s' est dit aussi d' Une personne coupable d' inceste. Autrefois les incestes étaient punis de mort. Dans ce sens, on l' a quelquefois employé comme adjectif, surtout en poésie.

INCESTUEUSEMENT. adv.

INCESTUEUSEMENT. adv. Avec inceste, dans l' inceste. Vivre incestueusement.

INCESTUEUX, EUSE. adj.

INCESTUEUX, EUSE. adj. Coupable d' inceste. Un homme incestueux. Une femme incestueuse. On dit de même, surtout en poésie: Des mains incestueuses. Un oeil incestueux. Des regards incestueux. Etc.

Il se dit aussi Des choses où il y a inceste. Amour, commerce incestueux. Mariage incestueux. Union incestueuse.

Il se dit quelquefois substantivement, en parlant Des personnes. C' est un incestueux.

INCHOATIF, IVE. adj.

INCHOATIF, IVE. adj. (On prononce Inkoatif.) T. de Gram. Qui commence. Il se dit Des verbes qui expriment le commencement d' une action. Suivant quelques grammairiens, Vieillir, s' endormir, verdir, sont des verbes inchoatifs, ou substantivement, sont des inchoatifs.

INCIDEMMENT. adv.

INCIDEMMENT. adv. Par incident, ou Par occasion. Il s' est constitué incidemment demandeur. On n' a traité cette question qu' incidemment. Il en a parlé incidemment dans son histoire.

INCIDENCE. s. f.

INCIDENCE. s. f. T. de Géom. La rencontre d' une ligne ou d' une surface avec une autre ligne ou une autre surface. Il s' applique spécialement à La rencontre des corps par les rayons lumineux: alors Le point où la rencontre a lieu est appelé Point d' incidence; et l' on nomme Angle d' incidence, L' angle formé par le rayon incident avec la surface rencontrée.

INCIDENT. s. m.

INCIDENT. s. m. Événement qui survient dans le cours d' une entreprise, d' une affaire. Toutes ses mesures furent rompues par un incident imprévu. Comme il continuait son voyage, il survint un incident qui l' obligea à revenir. Un heureux incident le tira d' affaire. Un incident a rompu la partie que nous avions faite.

Il se dit aussi en parlant D' un poëme dramatique, d' un roman, etc., et signifie, Un événement plus ou moins important qui survient dans le cours de l' action principale. Une pièce de théâtre trop chargée d' incidents. Cet incident est bien amené. Cet incident manque de vraisemblance. Des incidents habilement ménagés.

Il signifie aussi, en matière de procès, Une difficulté, une contestation accessoire qui naît, qui survient pendant l' instruction de la cause principale. Il arriva, il survint, on fit naître un incident durant le procès. Faire juger l' incident. On videra cet incident avec le principal. Multiplier les incidents. L' incident fut réglé sommairement.

Il se dit également, dans le langage ordinaire, Des mauvaises difficultés qu' une personne élève dans une dispute, au jeu, etc. Au lieu de répondre à la question, il élève des incidents. C' est un mauvais joueur, il fait à tout coup des incidents.

INCIDENT, ENTE. adj.

INCIDENT, ENTE. adj. Il se dit De certains cas qui surviennent dans les affaires, et s' emploie principalement dans le style de Pratique. Une demande incidente. Une requête incidente. Une question, une contestation incidente.

En Gram., Proposition, phrase incidente, Celle qui est insérée dans une proposition principale dont elle fait partie. Dans cette phrase, Dieu, qui est juste, rendra à chacun selon ses oeuvres; les mots qui est juste forment une proposition, une phrase incidente.

INCIDENT

INCIDENT en termes d' Optique, sert pour qualifier Les rayons lumineux dans l' acte de leur rencontre avec les surfaces des corps. Rayon incident.

INCIDENTAIRE. s. m.

INCIDENTAIRE. s. m. Celui qui forme des incidents, chicaneur. Il est peu usité.

INCIDENTER. v. n.

INCIDENTER. v. n. T. de Procéd. Faire naître, élever un incident, des incidents dans le cours d' un procès. Il éloigne le jugement du procès, à force d' incidenter.

Il signifie aussi, dans le langage ordinaire, Chicaner, faire des objections peu importantes, élever de mauvaises difficultés. On pourrait incidenter sur ce récit. Il incidente sur tout. Au lieu de répondre à la question, il ne fait qu' incidenter. C' est un mauvais joueur, il incidente à tout moment.

INCINÉRATION. s. f.

INCINÉRATION. s. f. T. de Chimie. Action de réduire en cendres, ou État de ce qui est réduit en cendres.

INCINÉRER. v. a.

INCINÉRER. v. a. T. de Chimie. Réduire en cendres.

INCINÉRÉ, ÉE. participe

INCINÉRÉ, ÉE. participe

INCIRCONCIS, ISE. adj.

INCIRCONCIS, ISE. adj. Qui n' est point circoncis. Le mâle incirconcis, dit l' Écriture, sera retranché du milieu du peuple. Nation incirconcise.

Il se disait également, chez les Juifs, de Ceux qui n' étaient pas de leur nation; et, en ce sens, il est ordinairement substantif. Les incirconcis.

Il se dit figurément, dans le style de l' Écriture, pour Immortifié. Incirconcis de lèvres. Incirconcis de coeur. Incirconcis d' oreilles.

INCIRCONCISION. s. f.

INCIRCONCISION. s. f. État de celui qui est incirconcis. Il ne se dit qu' au figuré. L' incirconcision du coeur.

INCISE. s. f.

INCISE. s. f. T. de Gram. Petite phrase qui forme un sens partiel, et qui entre dans le sens total de la période ou d' un membre de la période. Cette période est embarrassée de trop d' incises.

INCISER. v. a.

INCISER. v. a. Faire une fente avec quelque chose de tranchant. Il se dit principalement De cette opération de chirurgie qui consiste à faire des taillades sur la chair. Le chirurgien lui a incisé le bras. Il a fallu lui inciser la paume de la main.

Il se dit aussi Des taillades qu' on fait à des arbres en certaines occasions. Inciser l' écorce d' un arbre, pour le greffer. Inciser un pin, pour en tirer la résine.

INCISER

INCISER s' est dit autrefois, en Médecine, pour Dissoudre, diviser, en parlant Du suc gastrique et de certains médicaments. Les physiologistes modernes nient que le suc gastrique ait la propriété d' inciser les aliments. Remèdes propres à inciser les humeurs.

INCISÉ, ÉE. participe

INCISÉ, ÉE. participe Il se dit adjectivement, en Botanique, Des parties dont le limbe ou les bords sont divisés comme avec un instrument tranchant.

INCISIF, IVE. adj.

INCISIF, IVE. adj. T. de Médec. Il se disait autrefois Des remèdes que l' on croyait propres à diviser, à atténuer les humeurs grossières. Remèdes incisifs. On l' employait souvent comme substantif, au masculin. Les incisifs.

En termes d' Anat., Dents incisives, ou substantivement, Incisives, Les dents de devant, qui sont faites pour couper les aliments. Muscles incisifs, ou substantivement, Incisifs, Les muscles de la lèvre supérieure.

INCISION. s. f.

INCISION. s. f. Fente, taillade, ouverture faite avec un instrument tranchant. Faire une incision dans les chairs. Faire une incision au bras, à la cuisse. Faire une incision à l' écorce d' un arbre, pour le greffer.

En Chirur., Incision cruciale, Double incision dont les taillades se croisent.

INCITANT, ANTE. adj.

INCITANT, ANTE. adj. T. de Médec. Qui donne du ton. Remèdes incitants. On l' emploie aussi comme substantif, au masculin. Les incitants.

INCITATION. s. f.

INCITATION. s. f. Instigation, impulsion. Incitation au crime, à la débauche. Incitation à la vertu. Il n' eût pas fait cela de lui-même; il a cédé à l' incitation d' autrui.

Il se dit, en Médecine, de L' action de donner du ton aux organes.

INCITER. v. a.

INCITER. v. a. Pousser, déterminer, induire à faire quelque chose. Inciter à bien faire. Inciter au mal. Les bons exemples incitent à la vertu. Inciter les peuples à la révolte.

INCITÉ, ÉE. participe

INCITÉ, ÉE. participe

INCIVIL, ILE. adj.

INCIVIL, ILE. adj. Qui manque de civilité. Un homme incivil. Une personne incivile.

Il se dit également Des manières, des actions, des paroles, etc., qui sont contraires à la politesse, à la bienséance. Des manières inciviles. Un procédé fort incivil. Cette réponse est bien incivile. Demande incivile.

En Jurispr., Clause incivile, Clause faite contre la disposition des lois civiles. Cette locution a vieilli.

INCIVILEMENT. adv.

INCIVILEMENT. adv. D' une manière incivile. Entrer incivilement dans une compagnie. Parler incivilement. Traiter quelqu' un incivilement.

INCIVILITÉ. s. f.

INCIVILITÉ. s. f. Manque de civilité. Son incivilité choque tout le monde. Il y a de l' incivilité à répondre ainsi. Une incivilité marquée.

Il signifie aussi, Action ou parole contraire à la civilité. Faire une incivilité. Il a commis une grande incivilité. Il m' a fait toutes sortes d' incivilités.

INCIVIQUE. adj. des deux genres

INCIVIQUE. adj. des deux genres Qui n' est point civique. Il ne se dit que Des choses. Une conduite, une proposition incivique.

INCIVISME. s. m.

INCIVISME. s. m. Défaut de civisme. Acte d' incivisme.

INCLÉMENCE. s. f.

INCLÉMENCE. s. f. Rigueur. Il ne s' emploie guère au propre que dans cette phrase poétique, L' inclémence des dieux.

Il se dit plus ordinairement au figuré, en parlant Du temps, de la saison. L' inclémence de l' air. L' inclémence du temps. L' inclémence de la saison.

INCLÉMENT, ENTE. adj.

INCLÉMENT, ENTE. adj. Qui n' a pas de clémence, rigoureux. Des dieux incléments. Il ne s' emploie guère qu' en poésie.

Fig., Un ciel inclément, se dit d' Un temps ou d' un climat rigoureux. Sous un ciel inclément.

INCLINAISON. s. f.

INCLINAISON. s. f. Dans le langage ordinaire, il exprime spécialement L' obliquité des lignes droites ou des surfaces planes sur le plan de l' horizon. L' inclinaison du terrain facilite l' écoulement des eaux. L' inclinaison de ce mur est très-sensible. Une légère inclinaison.

INCLINAISON

INCLINAISON dans les Sciences mathématiques, s' emploie généralement pour exprimer La relation d' obliquité. L' inclinaison de deux plans l' un sur l' autre. Angle d' inclinaison. L' inclinaison de l' axe de la terre sur l' écliptique.

INCLINANT. adj. m.

INCLINANT. adj. m. T. de Gnomonique. Il se dit Des cadrans solaires tracés sur un plan qui n' est pas perpendiculaire à l' horizon, mais qui incline du côté du midi. On les appelle aussi Inclinés.

INCLINATION. s. f.

INCLINATION. s. f. Action de pencher. Dans ce sens, il ne se dit guère que de L' action de pencher la tête ou le corps en signe d' acquiescement ou de respect. Il fit une légère inclination de tête. Faire une profonde inclination devant le saint sacrement.

En Chimie, Verser par inclination, Verser quelque liqueur en penchant doucement le vaisseau.

INCLINATION

INCLINATION signifie figurément, Disposition et pente naturelle à quelque chose; et, dans ce sens, on ne l' applique ordinairement qu' aux personnes. Inclinations naturelles, vertueuses, vicieuses, basses. De bonnes, de nobles, de mauvaises inclinations. Gêner, combattre les inclinations d' une personne. Il a les mêmes inclinations que son père. Inclination au bien, à la vertu, au jeu, à la débauche. Inclination pour les beaux-arts, pour les lettres. Avoir de l' inclination pour les armes. Avoir de l' inclination à bien faire, à mal faire, à médire. Il faut quelquefois forcer son inclination. Faire une chose contre son inclination, contre sa propre inclination.

Il se prend aussi pour Affection, amour. Avoir, se sentir de l' inclination pour quelqu' un. Il a beaucoup d' inclination pour elle. Mariage d' inclination. On dit familièrement, dans un sens analogue: Avoir une inclination. Changer d' inclination. Une inclination contrariée. N' aurait-il pas quelque secrète inclination?

Il se dit encore, familièrement, de La personne qu' on aime. Cette demoiselle est l' inclination d' un tel, est son inclination.

Au pluriel, Boire aux inclinations de quelqu' un, Boire à la personne qu' il aime.

INCLINATION

INCLINATION se dit aussi de La chose pour laquelle on a du penchant. La chasse est son inclination. C' est son inclination dominante, son inclination favorite.

INCLINER. v. a.

INCLINER. v. a. Mettre dans une situation oblique, pencher. On le dit surtout par rapport au plan de l' horizon. Incliner un vase pour verser la liqueur qu' il renferme. On incline un peu les mâts de certains bâtiments sur l' arrière. Incliner une surface plane.

Il signifie aussi, Baisser, courber. Incliner le corps, la tête. Le vent incline la cime de cet arbre.

Il s' emploie souvent avec le pronom personnel, et se dit, surtout dans les Sciences mathématiques, De ce qui est dans une situation oblique par rapport à une ligne, à une surface quelconque. Deux droites qui s' inclinent l' une sur l' autre forment un angle aigu. L' écliptique s' incline vers l' équateur de vingt-trois degrés et demi. Un plan qui s' incline sur un autre.

Il signifie plus ordinairement, Se baisser, se courber. S' incliner respectueusement, s' incliner profondément devant quelqu' un. L' arbre plie et s' incline, battu par les vents.

Il s' emploie quelquefois absolument, dans le style élevé, pour dire, Se prosterner par respect, par crainte. L' univers s' incline devant son créateur. L' Asie entière s' inclinait devant ce conquérant.

INCLINER

INCLINER s' emploie aussi comme verbe neutre, et alors il signifie, Être incliné, penché. Un plan qui incline. Cette colonne semble incliner à gauche. Cette balance incline plus d' un côté que de l' autre.

Il signifie au figuré, Avoir du penchant, de la prédilection pour quelque chose, être porté à quelque chose. Incliner à la miséricorde, à la pitié, à la paix. Incliner vers la miséricorde, etc. Incliner à un avis, à une opinion, pour un avis, pour une opinion. J' incline pour cette couleur. J' incline à prendre ce parti.

La victoire incline de ce côté, se dit en parlant De l' armée qui commence à obtenir l' avantage dans une bataille.

INCLINÉ, ÉE. participe

INCLINÉ, ÉE. participe Plan incliné. Avoir le corps incliné, la tête inclinée. Se tenir incliné.

INCLUS, USE. participe

INCLUS, USE. participe du verbe Inclure, qui n' est plus usité. Enfermé, enveloppé. Le paquet ci-inclus. Le billet ci-inclus. La lettre ci-incluse. Vous trouverez ci-inclus copie du contrat, ou ci-incluse la copie du contrat.

Absol. et substant., L' incluse, La lettre enfermée dans un paquet. Je vous prie de remettre l' incluse à un tel.

Dans certaines élections, Demeurer inclus, se dit De ceux sur qui l' élection peut encore tomber, lorsqu' une partie des prétendants ont été rejetés.

INCLUSIVEMENT. adv.

INCLUSIVEMENT. adv. Il est opposé à Exclusivement, et signifie, En y comprenant, y compris. Depuis le six janvier jusqu' au trente inclusivement. Depuis tel lieu jusqu' à tel autre inclusivement. Tels juges lui furent nommés pour lui faire son procès jusqu' à sentence définitive inclusivement.

INCOERCIBLE. adj. des deux genres

INCOERCIBLE. adj. des deux genres T. de Physique. Qui n' est pas coercible. Fluide incoercible.

INCOGNITO. adv.

INCOGNITO. adv. (On mouille GN.) T. emprunté de l' italien. Sans être connu. Il se dit en parlant Des personnes de qualité, qui, en pays étranger, ne voulant pas être connues, ou traitées selon leur dignité, n' ont pas leur train ordinaire ou leurs autres marques distinctives, et qui le plus souvent prennent un autre nom, un autre titre que le leur. Ce prince passa incognito par la France. Il séjourna incognito à Rome. L' empereur d' Autriche voyageait alors incognito, sous tel nom.

Il peut se dire également De toute personne qui ne veut pas être connue dans la ville, dans le pays où elle se trouve, ou qui veut laisser ignorer qu' elle y est. Je suis à Paris incognito, et je n' y vois personne.

Il s' emploie quelquefois substantivement. Garder l' incognito, le plus strict incognito. Faire cesser l' incognito de quelqu' un. Je profitai de mon incognito pour...

INCOHÉRENCE. s. f.

INCOHÉRENCE. s. f. Qualité de ce qui est incohérent. L' incohérence des parties de l' eau.

Il se dit aussi figurément. L' incohérence des idées.

INCOHÉRENT, ENTE. adj.

INCOHÉRENT, ENTE. adj. Qui manque de liaison. Les parties de l' eau sont incohérentes.

Il se dit aussi figurément. Ces idées, ces images sont incohérentes.

INCOLORE. adj. des deux genres

INCOLORE. adj. des deux genres T. didactique. Qui n' est pas coloré. L' eau est un fluide incolore.

INCOMBUSTIBILITÉ. s. f.

INCOMBUSTIBILITÉ. s. f. Qualité de ce qui est incombustible. L' incombustibilité de l' amiante.

INCOMBUSTIBLE. adj. des deux genres

INCOMBUSTIBLE. adj. des deux genres Qui ne peut être brûlé, qui ne se consume point au feu. Corps incombustible. Mèche incombustible. La toile qu' on fait avec l' amiante est incombustible.

INCOMMENSURABILITÉ. s. f.

INCOMMENSURABILITÉ. s. f. T. de Géom. État, caractère de ce qui est incommensurable.

INCOMMENSURABLE. adj. des deux genres

INCOMMENSURABLE. adj. des deux genres T. de Géom. Il se dit De deux quantités qui n' ont point de commune mesure. Le côté d' un carré et sa diagonale sont incommensurables.

INCOMMODE. adj. des deux genres

INCOMMODE. adj. des deux genres Qui n' est pas commode, dont on ne se sert pas facilement. Outil incommode. Être logé dans une maison fort incommode. Des habits incommodes. Cela est fort incommode.

Il se dit aussi De ce qui cause du malaise, qui fatigue, qui ennuie. La chaleur est incommode. C' est un mal bien incommode. Situation, posture incommode. Le bruit est incommode. Ce grand vent était fort incommode.

Il se dit encore Des personnes qui sont importunes et à charge, et Des animaux dont on est importuné. Homme incommode. Femme incommode. C' est un voisin bien incommode. C' est un homme d' une société fort incommode, d' une humeur fort incommode. Il n' y a rien de plus incommode que les cousins, que les mouches.

INCOMMODÉMENT. adv.

INCOMMODÉMENT. adv. Avec incommodité. Être logé incommodément. Être assis incommodément.

INCOMMODER. v. a.

INCOMMODER. v. a. Apporter, causer quelque sorte d' incommodité, de gêne, de malaise. La moindre chose l' incommode. La foule incommode. Il ne peut rien souffrir qui l' incommode. J' ai peur de vous incommoder. Je vous prie, si cela ne vous incommode point, de permettre qu' il aille vous voir. La prise de cette place, de ce poste incommode fort les ennemis. Cet homme a un asthme, une toux qui l' incommode beaucoup.

Il signifie aussi, Mettre à la gêne, mettre dans l' embarras relativement à la fortune. La perte de ce procès l' a fort incommodé. Cette dépense l' incommodera. On peut, dans ce sens, l' employer avec le pronom personnel. Il s' est beaucoup incommodé par cette dépense, par cette acquisition.

Il se dit également Des choses, surtout dans le premier sens. Il faut couper ces arbres qui incommodent la vue du château. C' est une servitude qui incommode beaucoup sa maison.

INCOMMODER

INCOMMODER signifie quelquefois, Rendre un peu malade; et, dans ce sens, on l' emploie souvent au passif. Ce petit excès m' a incommodé. Il est incommodé depuis plusieurs jours.

INCOMMODÉ, ÉE. participe

INCOMMODÉ, ÉE. participe En termes de Marine, Un bâtiment incommodé, Un bâtiment qui a perdu quelqu' un de ses mâts, ou qui a souffert quelque autre dommage.

Être incommodé d' un bras, d' une jambe, N' avoir pas l' usage d' un bras, d' une jambe.

Fam., Être incommodé dans ses affaires, se dit D' une personne dont les affaires sont en mauvais état.

INCOMMODITÉ. s. f.

INCOMMODITÉ. s. f. La peine, la gêne, le malaise que cause une chose incommode. C' est une grande incommodité que d' être mal logé. Cela est d' une grande incommodité. Je serais fâché de vous causer la moindre incommodité. Il n' y a rien qui n' ait ses incommodités. Il en souffre, il en ressent déjà l' incommodité. L' incommodité du vent, du soleil. L' incommodité des voyages. L' incommodité des chemins.

Il se dit quelquefois De ce qui met dans l' embarras relativement à la fortune. La perte de son procès lui causera de l' incommodité. Ce sens est peu usité.

Il signifie aussi, Indisposition ou maladie. Les incommodités de l' âge, de la vieillesse. Il commence à ressentir quelque incommodité. Il est sujet à beaucoup d' incommodités. Il a de grandes incommodités. Son incommodité ne lui permet pas de sortir. Son incommodité l' excuse, le dispense. Il faut excuser son incommodité.

En termes de Marine, Signal d' incommodité, Signal par lequel un bâtiment fait connaître qu' il a besoin d' être secouru. Donner, faire le signal d' incommodité. On dit, plus communément, Signal de détresse.

INCOMMUNICABLE. adj. des deux genres

INCOMMUNICABLE. adj. des deux genres Qui ne se peut communiquer, dont on ne peut faire part. La toute-puissance de Dieu est incommunicable. C' est un bien incommunicable. Des honneurs, des droits incommunicables.

INCOMMUTABILITÉ. s. f.

INCOMMUTABILITÉ. s. f. T. de Jurisprudence, qui se dit en parlant D' une possession où l' on ne peut être légitimement troublé. Il prouve l' incommutabilité de sa possession par une possession centenaire.

INCOMMUTABLE. adj. des deux genres

INCOMMUTABLE. adj. des deux genres T. de Jurisprudence, qui est principalement usité dans ces locutions, Propriétaire incommutable, possesseur incommutable, Propriétaire, possesseur qui ne peut être légitimement dépossédé. On dit dans un sens analogue, Propriété incommutable, possession incommutable.

INCOMMUTABLEMENT. adv.

INCOMMUTABLEMENT. adv. T. de Jurispr. En telle sorte qu' on ne puisse être dépossédé légitimement. Posséder incommutablement une terre. Il est peu usité.

INCOMPARABLE. adj. des deux genres

INCOMPARABLE. adj. des deux genres À qui ou à quoi rien ne peut être comparé. C' est un homme d' une valeur incomparable. Un homme d' une sagesse, d' une piété incomparable. Il est d' une modestie incomparable. C' est une femme d' une beauté incomparable. C' est une beauté incomparable. C' est un orateur incomparable.

Fam., Il est incomparable, se dit par ironie, et pour témoigner la surprise qu' on a de ce qu' un homme fait ou dit. C' est un homme incomparable. Vous êtes vraiment incomparable.

INCOMPARABLEMENT. adv.

INCOMPARABLEMENT. adv. Sans comparaison. Il ne s' emploie jamais sans être suivi de quelque autre adverbe de comparaison, comme plus, moins, mieux. Elle est incomparablement plus belle que sa soeur. Cela est incomparablement plus noble, plus grand, etc. Il se porte incomparablement mieux.

INCOMPATIBILITÉ. s. f.

INCOMPATIBILITÉ. s. f. Contrariété, opposition qui fait que deux personnes, que deux choses ne peuvent s' accorder, exister ensemble. Il se dit principalement de L' antipathie des caractères, des esprits. Il y a entre eux de l' incompatibilité, une grande incompatibilité d' humeur. Incompatibilité de vues, de principes, de doctrines.

Il se dit aussi de L' impossibilité qu' il y a, selon les lois, que deux places soient remplies en même temps par la même personne. Il n' y a point incompatibilité entre les fonctions de ministre et celles de député. Il faut que vous optiez entre ces deux emplois, car il y a incompatibilité, il y a de l' incompatibilité. Démission fondée sur l' incompatibilité. On dit dans un sens analogue, Il y a incompatibilité que le père et le fils, que les deux frères, que l' oncle et le neveu, soient juges dans un même tribunal.

INCOMPATIBLE. adj. des deux genres

INCOMPATIBLE. adj. des deux genres Qui n' est pas compatible. Ces deux caractères sont incompatibles. Attribuer à la matière des propriétés incompatibles. L' amour de Dieu et l' amour des richesses sont incompatibles. La douceur n' est pas incompatible avec la fermeté. De telles lois sont incompatibles avec nos moeurs. Les fonctions de juge sont incompatibles avec celles de notaire. Ces deux emplois sont incompatibles.

INCOMPÉTEMMENT. adv.

INCOMPÉTEMMENT. adv. T. de Jurispr. Sans compétence, par un juge incompétent. Cela a été mal et incompétemment jugé.

INCOMPÉTENCE. s. f.

INCOMPÉTENCE. s. f. T. de Jurispr. Défaut, manque de compétence. L' incompétence d' un juge, d' un tribunal. L' incompétence est notoire, manifeste. Alléguer, soutenir l' incompétence. Faire juger l' incompétence.

INCOMPÉTENT, ENTE. adj.

INCOMPÉTENT, ENTE. adj. T. de Jurispr. Qui n' est pas compétent. Juge incompétent. Le tribunal s' est déclaré incompétent. Il est incompétent pour connaître de cette affaire. Partie incompétente.

Il s' emploie aussi dans le langage ordinaire. C' est un juge incompétent, fort incompétent en littérature.

INCOMPLET, ÈTE. adj.

INCOMPLET, ÈTE. adj. Qui n' est pas complet. Un recueil incomplet. Cet ouvrage est incomplet, il en manque un volume. Idées, notions incomplètes.

En Botan., Fleur incomplète, Fleur qui manque de calice ou de corolle.

INCOMPLEXE. adj. des deux genres

INCOMPLEXE. adj. des deux genres Qui est simple, qui n' est pas complexe.

INCOMPRÉHENSIBILITÉ. s. f.

INCOMPRÉHENSIBILITÉ. s. f. État de ce qui est incompréhensible. L' incompréhensibilité de Dieu. L' incompréhensibilité des mystères.

INCOMPRÉHENSIBLE. adj. des deux genres

INCOMPRÉHENSIBLE. adj. des deux genres Qui ne peut être compris. Dieu est incompréhensible. Les voies de Dieu sont incompréhensibles.

Il se dit aussi, dans une acception moins rigoureuse, D' une chose très-difficile à expliquer, à concevoir. Cela est vraiment incompréhensible. Sa conduite est tout à fait incompréhensible.

Il se dit également D' une personne dont on ne peut expliquer les inégalités, la conduite, les procédés. Cet homme est incompréhensible. C' est un caractère incompréhensible.

INCOMPRESSIBILITÉ. s. f.

INCOMPRESSIBILITÉ. s. f. T. de Physique. Qualité de ce qui est incompressible. L' incompressibilité de l' eau n' est pas absolue.

INCOMPRESSIBLE. adj. des deux genres

INCOMPRESSIBLE. adj. des deux genres T. de Physique. Qui ne peut être comprimé. Aucun corps matériel n' est absolument incompressible.

INCONCEVABLE. adj. des deux genres

INCONCEVABLE. adj. des deux genres Qui n' est pas concevable, explicable; dont on ne peut aisément se rendre raison. Vous me dites là une chose inconcevable. Cette conduite est inconcevable. Il est inconcevable que l' on n' ait point encore songé à détruire cet abus.

Il se dit quelquefois, par exagération, Des choses qui sont surprenantes, extraordinaires dans leur genre. Il est d' une activité, d' une patience inconcevable. Il parle avec une inconcevable facilité. Une hardiesse inconcevable.

INCONCILIABLE. adj. des deux genres

INCONCILIABLE. adj. des deux genres Il se dit Des choses qui ne peuvent se concilier, qui s' excluent mutuellement. Voilà des faits inconciliables. La bienfaisance et l' égoïsme sont inconciliables.

Il se dit quelquefois Des personnes. Ces deux plaideurs sont inconciliables.

INCONDUITE. s. f.

INCONDUITE. s. f. Défaut de conduite. C' est par son inconduite qu' il s' est mis dans cette pénible situation. Voilà où mène l' inconduite.

INCONGRU, UE. adj.

INCONGRU, UE. adj. Il se dit D' une locution, d' une phrase qui pèche contre les règles de la syntaxe. Une façon de parler incongrue. Phrase incongrue.

Il se dit, dans une acception plus étendue, et familièrement, De ce qui n' est convenable ni aux personnes, ni aux circonstances. Réponse incongrue. Question incongrue.

Il se dit figurément, et par plaisanterie, D' une personne qui est sujette à manquer aux bienséances du monde. C' est un homme fort incongru.

INCONGRUITÉ. s. f.

INCONGRUITÉ. s. f. Faute contre la syntaxe, contre les règles de la construction. Tout ce qu' il écrit est plein d' incongruités.

Il se dit, dans une acception plus étendue, et familièrement, Des fautes contre le bon sens et contre la bienséance, soit dans le discours, soit dans les actions et dans la conduite. Conduite pleine d' incongruités. Il n' y a point de jour qu' il ne fasse quelque incongruité, de grandes incongruités.

Il signifie plus ordinairement, Une de ces choses sales qu' on rougirait de faire et même de nommer en bonne compagnie. Il a fait une incongruité. Quelle incongruité!

INCONGRÛMENT. adv.

INCONGRÛMENT. adv. D' une manière incongrue. Parler incongrûment.

INCONNU, UE. adj.

INCONNU, UE. adj. Qui n' est point connu. Pays inconnu. Úle, terre inconnue. Ce sont des gens inconnus. Cet homme, ce visage ne m' est pas tout à fait inconnu. Il veut rester inconnu. Vivre inconnu. Auteur inconnu. L' usage de la boussole était inconnu aux anciens. Des crimes jusqu' alors inconnus. Agir par des moyens inconnus. Faire jouer des ressorts inconnus. Les voies inconnues de la Providence.

En Mathém., Quantité inconnue, ou substantivement, Inconnue, La quantité que l' on cherche pour la solution d' un problème. Dégager l' inconnue, La faire sortir des relations algébriques où elle est engagée.

INCONNU

INCONNU signifie quelquefois, Qu' on n' a point encore éprouvé, ressenti. Ces chagrins lui sont inconnus. Éprouver des sensations inconnues, un trouble inconnu.

Il s' emploie substantivement, en parlant Des personnes. Cet avis lui a été donné par un inconnu. Une jeune inconnue.

Il se dit quelquefois, particulièrement, d' Une personne qui n' est guère connue, ou qu' on regarde comme peu digne de l' être. Elle s' est entêtée d' un inconnu.

Il se dit aussi, mais toujours absolument, Des choses que l' on ignore, par opposition à celles que l' on connaît. Aller du connu à l' inconnu est le meilleur mode d' instruction.

INCONSÉQUENCE. s. f.

INCONSÉQUENCE. s. f. Défaut de conséquence dans les idées, dans les discours, dans les actions. Il y a de l' inconséquence dans ses discours, dans ses procédés. Il a fait cela par inconséquence. C' est pure inconséquence.

Il se dit aussi Des choses que l' on fait, que l' on dit par inconséquence ou d' une manière irréfléchie. Sa conduite est pleine d' inconséquences. Il a fait, il a dit mille inconséquences.

INCONSÉQUENT, ENTE. adj.

INCONSÉQUENT, ENTE. adj. Qui agit, qui parle sans se conformer à ses propres principes. Il est aussi inconséquent dans sa conduite que dans ses propos. On le dit aussi Des choses, dans un sens analogue. Raisonnement inconséquent. Propos inconséquents. Conduite inconséquente.

Fam., Cette femme est bien inconséquente, Cette femme a de la légèreté dans sa conduite, elle oublie ce qu' exigent les bienséances.

INCONSÉQUENT

INCONSÉQUENT s' emploie quelquefois substantivement, en parlant Des personnes. Ce jeune homme est un inconséquent.

INCONSIDÉRATION. s. f.

INCONSIDÉRATION. s. f. Légère imprudence, ou dans le discours, ou dans la conduite. Faire quelque chose par inconsidération. Il y a bien de l' inconsidération en cela. Il n' y a point de malice dans son fait, il n' y a qu' un peu d' inconsidération, qu' une légère inconsidération. Il parle avec inconsidération.

INCONSIDÉRÉ, ÉE. adj.

INCONSIDÉRÉ, ÉE. adj. Étourdi, imprudent, qui fait les choses sans attention, sans considération. Homme inconsidéré. Personne inconsidérée. Il est fort inconsidéré.

Il se dit également Des choses, dans un sens analogue. Action inconsidérée. Discours inconsidéré. Conduite inconsidérée.

Il s' emploie quelquefois substantivement, en parlant Des personnes. C' est un inconsidéré.

INCONSIDÉRÉMENT. adv.

INCONSIDÉRÉMENT. adv. Étourdiment, d' une manière inconsidérée. Il s' est conduit fort inconsidérément. Il agit toujours inconsidérément. Parler inconsidérément.

INCONSOLABLE. adj. des deux genres

INCONSOLABLE. adj. des deux genres Qui ne peut se consoler, qu' on ne peut consoler. Homme inconsolable. Il est inconsolable de cette perte, de cette mort. Elle en est inconsolable. Douleur inconsolable.

INCONSOLABLEMENT. adv.

INCONSOLABLEMENT. adv. De manière à ne pouvoir être consolé. Il est affligé inconsolablement.

INCONSTAMMENT. adv.

INCONSTAMMENT. adv. Avec inconstance et légèreté. Il s' est conduit fort inconstamment dans cette affaire.

INCONSTANCE. s. f.

INCONSTANCE. s. f. Facilité à changer d' opinion, de résolution, de passion, de conduite, de sentiment. Il ne se prend qu' en mauvaise part. Il n' y a rien de plus indigne d' un homme sage que l' inconstance. Son inconstance lui a fait perdre des amis, a fait beaucoup de tort à sa fortune. L' inconstance d' un amant.

Il signifie aussi, L' action de changer. Cette femme n' a plus voulu se fier à lui après son inconstance.

Il se dit également en parlant Des choses sujettes à changer. L' inconstance du temps, des saisons. L' inconstance des vents, de la mer. L' inconstance de la fortune. L' inconstance des choses humaines.

INCONSTANT, ANTE. adj.

INCONSTANT, ANTE. adj. Volage, qui est sujet à changer. Homme inconstant. Femme inconstante. Esprit inconstant. Inconstant dans ses résolutions, dans ses desseins, dans ses amitiés. Inconstant en amour.

Il se dit également Des choses qui ne demeurent pas longtemps en même état. Voilà un temps bien inconstant. L' automne est une saison inconstante. Toutes les choses d' ici-bas sont inconstantes.

INCONSTITUTIONNEL, ELLE. adj.

INCONSTITUTIONNEL, ELLE. adj. Qui n' est pas constitutionnel, qui est en opposition avec la loi constitutionnelle de l' État. Cette proposition est inconstitutionnelle.

INCONTESTABLE. adj. des deux genres

INCONTESTABLE. adj. des deux genres Qui est certain, qui ne peut être contesté. Cette vérité est incontestable. Principe incontestable. Fait incontestable. Autorité incontestable. Preuve incontestable. Son droit est d' une évidence incontestable.

INCONTESTABLEMENT. adv.

INCONTESTABLEMENT. adv. Certainement, sans difficulté, d' une manière incontestable. Cette proposition est incontestablement vraie.

INCONTESTÉ, ÉE. adj.

INCONTESTÉ, ÉE. adj. Qui n' est point contesté. Un droit incontesté. Des principes incontestés.

INCONTINENCE. s. f.

INCONTINENCE. s. f. Vice opposé à la vertu de continence, à la chasteté. Être adonné à l' incontinence. Son incontinence fut cause de sa perte. Il a ruiné sa santé par son incontinence.

En Médec., Incontinence d' urine, Écoulement involontaire de l' urine.

INCONTINENT, ENTE. adj.

INCONTINENT, ENTE. adj. Qui n' a pas la vertu de continence, qui n' est pas chaste. C' est un homme incontinent.

INCONTINENT. adv. de temps.

INCONTINENT. adv. de temps. Aussitôt, au même instant, sur-le-champ. Je reçus votre lettre, et je partis incontinent. Je vous parlerai incontinent après. Je vais incontinent lui parler. Il commence à vieillir.

INCONVENANT, ANTE. adj.

INCONVENANT, ANTE. adj. Qui ne convient pas, qui blesse les convenances. Cela est fort inconvenant. Une réponse inconvenante.

INCONVÉNIENT. s. m.

INCONVÉNIENT. s. m. Ce qui survient de fâcheux dans quelque affaire, ce qui résulte de fâcheux d' un parti qu' on prend. Je le vois engagé dans une affaire dont il résultera pour lui de grands inconvénients, qui peut lui attirer de fâcheux inconvénients. Il n' y a nul inconvénient, je ne vois pas d' inconvénient à faire ce que vous dites. Je n' y vois pas d' inconvénient. Vous n' avez nul inconvénient à craindre. En voulant éviter un inconvénient, il est tombé dans un autre. Il n' y a pas d' inconvénient à cela. Cela ne peut se faire sans inconvénient.

Il se dit aussi Des désavantages attachés à une chose, des résultats fâcheux qu' elle doit nécessairement produire. Ce système offre beaucoup d' inconvénients, a ses avantages et ses inconvénients. Les avantages balancent les inconvénients. C' est un inconvénient grave. Remédier aux inconvénients.

INCORPORALITÉ. s. f.

INCORPORALITÉ. s. f. T. dogmatique. Qualité des êtres incorporels.

INCORPORATION. s. f.

INCORPORATION. s. f. Action d' incorporer, de s' incorporer; ou État des choses incorporées. Il se dit tant au propre qu' au figuré. Il faut pétrir ces drogues jusqu' à ce que l' incorporation soit parfaite. L' incorporation du peuple vaincu avec les vainqueurs ne s' opéra que lentement. On a ordonné l' incorporation de cette compagnie, de ces conscrits dans tel régiment. L' incorporation d' une terre au domaine. Une propriété acquise par incorporation.

INCORPOREL, ELLE. adj.

INCORPOREL, ELLE. adj. Qui n' a point de corps. Dieu est incorporel. Les substances incorporelles.

Il se dit également, en Jurisprudence, Des choses qui ne tombent pas sous nos sens, et qui n' ont qu' une existence morale. Les choses incorporelles. Tous les droits sont incorporels.

INCORPORER. v. a.

INCORPORER. v. a. Mêler, unir ensemble certaines matières, et en faire un corps qui ait quelque consistance. Incorporer une substance avec une autre. Il faut que ces drogues soient bien incorporées ensemble.

Il s' emploie aussi figurément. Plusieurs des lois anciennes furent incorporées dans le nouveau code.

Il se dit particulièrement en parlant Des corps politiques, ou ecclésiastiques, ou militaires. Incorporer un peuple avec un autre. Le chapitre de cette collégiale fut incorporé dans le chapitre de la cathédrale. Ce régiment ayant été supprimé, les soldats qui le composaient furent incorporés dans tel autre. Incorporer les nouvelles levées, les incorporer dans l' armée.

Il se dit également, en parlant De pays, de terres, de propriétés. Incorporer une province au royaume. Incorporer une terre au domaine.

Il s' emploie, dans ses divers sens, avec le pronom personnel, soit comme verbe réfléchi, soit comme verbe réciproque. La cire s' incorpore facilement avec la gomme. Ces deux substances ne s' incorporent pas bien ensemble. Ces lois vieillies ne pouvaient s' incorporer dans la législation nouvelle. Les deux peuples s' incorporèrent lentement. Les alluvions ou atterrissements s' incorporent à l' héritage auquel ils se joignent immédiatement.

INCORPORÉ, ÉE. participe

INCORPORÉ, ÉE. participe

INCORRECT, ECTE. adj.

INCORRECT, ECTE. adj. Qui n' est pas correct. Cette édition est fort incorrecte. Style incorrect. Dessin incorrect. Figure incorrecte.

Il se dit aussi D' un écrivain dont le style n' est pas correct, d' un artiste dont la manière est incorrecte. Écrivain, auteur incorrect. Peintre incorrect.

INCORRECTION. s. f.

INCORRECTION. s. f. Défaut de correction. Incorrection de style. Il y a beaucoup d' incorrection dans le dessin de ce tableau.

Il se dit aussi Des endroits incorrects d' un ouvrage d' esprit ou d' art. Faire disparaître une incorrection. Plusieurs incorrections déparent cet ouvrage.

INCORRIGIBILITÉ. s. f.

INCORRIGIBILITÉ. s. f. Défaut de celui qui est incorrigible. Son incorrigibilité, l' incorrigibilité de son caractère ne se conçoit pas.

INCORRIGIBLE. adj. des deux genres

INCORRIGIBLE. adj. des deux genres Qu' on ne peut corriger. Il se dit surtout Des personnes et de leurs défauts. Un esprit incorrigible. Un enfant incorrigible. Il est incorrigible là-dessus. Il n' y a guère de défauts qui soient absolument incorrigibles.

INCORRUPTIBILITÉ. s. f.

INCORRUPTIBILITÉ. s. f. Qualité de ce qui est incorruptible. L' incorruptibilité est une des qualités, une des propriétés des corps glorieux.

Il signifie figurément, L' intégrité d' un homme incapable de se laisser corrompre pour agir contre son devoir. L' incorruptibilité de ce juge.

INCORRUPTIBLE. adj. des deux genres

INCORRUPTIBLE. adj. des deux genres Qui n' est pas sujet à corruption. Il n' y a que les substances spirituelles qui soient incorruptibles. Le bois de cèdre passait autrefois pour incorruptible.

Il signifie figurément, Qui est incapable de se laisser corrompre pour agir contre son devoir. Un juge incorruptible. Un magistrat d' une vertu, d' une probité incorruptible. Fidélité incorruptible.

INCRASSANT, ANTE. adj.

INCRASSANT, ANTE. adj. T. de Médec. Qui épaissit. Il s' est dit De certains remèdes que l' on croyait propres à épaissir le sang ou les humeurs. On l' employait aussi comme substantif, au masculin. Administrer des incrassants.

INCRÉDIBILITÉ. s. f.

INCRÉDIBILITÉ. s. f. T. dogmatique. Ce qui fait qu' on ne peut croire une chose. L' incrédibilité de ce fait, de cette opinion.

INCRÉDULE. adj. des deux genres

INCRÉDULE. adj. des deux genres Qui ne croit que difficilement, qu' on a peine à persuader. Vous êtes bien incrédule. C' est un esprit incrédule.

INCRÉDULE

INCRÉDULE à l' égard des choses de foi, signifie, Qui ne croit point et ne veut point croire aux mystères. Dans cette acception, il s' emploie ordinairement comme substantif. C' est un incrédule. Convaincre les incrédules.

INCRÉDULITÉ. s. f.

INCRÉDULITÉ. s. f. Opposition, répugnance à croire ce qui est pourtant croyable. Incrédulité opiniâtre.

Il se prend aussi pour Manque de foi. L' incrédulité des Juifs.

INCRÉÉ, ÉE. adj.

INCRÉÉ, ÉE. adj. Qui existe sans avoir été créé. Dieu seul est un être incréé. Des philosophes ont enseigné que la matière était incréée.

Chez les Chrétiens, La sagesse incréée, se dit Du Fils de Dieu.

INCRIMINER. v. a.

INCRIMINER. v. a. Accuser quelqu' un de crime, imputer une chose à crime. Incriminer quelqu' un. Incriminer les actions d' une personne.

INCRIMINÉ, ÉE. participe

INCRIMINÉ, ÉE. participe

INCROYABLE. adj. des deux genres

INCROYABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être cru, ou qui est difficile à croire. Il ne se dit que Des choses. Cela est incroyable. Cet auteur rapporte des faits incroyables. Une merveille incroyable.

Il est incroyable, se dit quelquefois, impersonnellement, pour On ne saurait croire, concevoir. Il est incroyable combien cet homme-là fait de choses. Il est incroyable toutes les sottises qu' ils font. Cette phrase est familière.

INCROYABLE

INCROYABLE se dit, par exagération, pour Excessif, extraordinaire, qui passe la croyance. Une incroyable activité. Une joie incroyable. Un plaisir incroyable. Des douleurs incroyables. Des maux incroyables. Une peine incroyable.

Il se dit quelquefois substantivement et absolument. Il leur faut du merveilleux, de l' incroyable.

INCROYABLEMENT. adv.

INCROYABLEMENT. adv. D' une manière incroyable, excessivement. Il y en avait incroyablement. Ce mot est familier.

INCRUSTATION. s. f.

INCRUSTATION. s. f. Action d' incruster, ou Le résultat de cette action. Les mosaïques, les tables de pierres fines de Florence, se font par incrustation. Une belle incrustation. Les ouvrages de marqueterie sont des incrustations. Un meuble orné d' incrustations.

INCRUSTATION

INCRUSTATION signifie aussi, La croûte ou l' enduit pierreux qui se forme autour de quelques corps lorsqu' ils séjournent dans des eaux.

INCRUSTER. v. a.

INCRUSTER. v. a. Appliquer à la surface d' une chose, soit au moyen d' un mortier ou d' un mastic, soit par la pression, des lames ou des plaques de matières plus ou moins précieuses, pour l' orner, pour y former des dessins, etc. Incruster de marbre, de jaspe, une colonne, un pilastre, un portique, ou simplement, Incruster un pilastre, un portique, etc. Incruster d' or une tabatière d' écaille.

Il a quelquefois pour régime le nom des choses mêmes qu' on applique de cette manière. Incruster une mosaïque dans le pavé d' un temple.

Il s' emploie aussi avec le pronom personnel, et se dit Des choses qui adhèrent fortement à la surface d' une autre, qui font corps avec elle. Les tuyaux s' incrustent de stalactites. Cela s' est profondément incrusté dans la pierre.

INCRUSTÉ, ÉE. participe

INCRUSTÉ, ÉE. participe Une boîte incrustée d' or. Des lettres d' or incrustées dans une plaque de marbre.

INCUBATION. s. f.

INCUBATION. s. f. Action des volatiles qui couvent des oeufs. La chaleur de certains fours peut suppléer à l' incubation.

INCUBE. s. m.

INCUBE. s. m. Sorte de démon qui, suivant une erreur populaire, abuse des femmes. Il est opposé à Succube.

INCULPATION. s. f.

INCULPATION. s. f. Action d' attribuer une faute à quelqu' un, accusation. Se justifier d' une inculpation. Repousser victorieusement une inculpation. C' est une grave inculpation. Inculpation hasardée.

INCULPER. v. a.

INCULPER. v. a. Accuser quelqu' un d' une faute. Inculper quelqu' un sans preuves. C' est à tort que l' on m' inculpe.

INCULPÉ, ÉE. participe

INCULPÉ, ÉE. participe La personne inculpée. On dit substantivement, en Matière criminelle, L' inculpé, Celui qui est soupçonné d' un crime ou d' un délit.

INCULQUER. v. a.

INCULQUER. v. a. Imprimer une chose dans l' esprit de quelqu' un à force de la répéter. Il faut lui inculquer cette maxime, cette vérité. Cette opinion est profondément inculquée dans leurs esprits.

Il s' emploie aussi avec le pronom personnel. Les proverbes s' inculquent facilement dans la mémoire.

INCULQUÉ, ÉE. participe

INCULQUÉ, ÉE. participe

INCULTE. adj. des deux genres

INCULTE. adj. des deux genres Qui n' est point cultivé. Jardin inculte. Terres incultes. Lieux incultes.

Il se dit aussi figurément. Un esprit inculte. Un naturel inculte. Des moeurs incultes et farouches.

INCULTURE. s. f.

INCULTURE. s. f. État de ce qui est inculte. Ces terres sont dans un état d' inculture qui afflige. Il est peu usité.

INCURABILITÉ. s. f.

INCURABILITÉ. s. f. État de ce qui est incurable. L' incurabilité de sa maladie a été reconnue par tous les hommes de l' art.

INCURABLE. adj. des deux genres

INCURABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être guéri. Mal incurable. Maladie incurable. Plaie incurable. Ce malade est incurable.

Il s' emploie aussi figurément. Passion incurable. Défaut, vice incurable. Caractère incurable.

Il est substantif en parlant Des malades incurables qui habitent un hôpital. C' est un incurable.

Il se dit par extension, au pluriel, d' Un hôpital d' incurables. Avoir une place aux Incurables. Aller aux Incurables.

INCURIE. s. f.

INCURIE. s. f. Défaut de soin, négligence. Il a dérangé ses affaires par son incurie. Une coupable incurie.

INCURIOSITÉ. s. f.

INCURIOSITÉ. s. f. Insouciance, négligence d' apprendre ce qu' on ignore. L' incuriosité des Orientaux empêche leurs progrès dans les sciences et dans les arts.

INCURSION. s. f.

INCURSION. s. f. Course de gens de guerre en pays ennemi. Faire des incursions. Grande incursion. Incursions continuelles. Les incursions des barbares dans tel pays. Ces provinces sont à l' abri des incursions de l' ennemi.

Il se dit, par extension, Des courses, des voyages que l' on fait dans un pays par curiosité. Les incursions de nos savants dans cette contrée ont eu d' importants résultats.

Il se dit figurément, au sens moral, comme dans cette phrase: Ce savant ne s' est pas toujours borné aux études philologiques, il a fait quelques incursions dans le domaine de la poésie, Il s' est quelquefois occupé de poésie.

INCUSE. adj. f.

INCUSE. adj. f. Il se dit Des médailles dont la fabrication a été manquée, de manière que l' un des côtés, ou même les deux, sont gravés en creux, au lieu de l' être en relief. Médaille incuse. On dit quelquefois substantivement, Une incuse.

INDE. s. m.

INDE. s. m. Couleur bleue que l' on tire de l' indigo. On dit, en Peinture, Employer de l' inde, du bleu d' inde.

INDÉBROUILLABLE. adj. des deux genres

INDÉBROUILLABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être débrouillé. Un point d' histoire indébrouillable. Une affaire indébrouillable. Il est familier.

INDÉCEMMENT. adv.

INDÉCEMMENT. adv. Contre la décence, contre les bienséances. Il agit, il se comporte indécemment. Il a répondu fort indécemment à mes représentations.

INDÉCENCE. s. f.

INDÉCENCE. s. f. Vice de ce qui est contraire à la décence, à l' honnêteté, aux bienséances. Il y a de l' indécence à parler ainsi.

Il se dit également d' Une action, d' un propos indécent. Dire, commettre une indécence, une grossière indécence. Faire des indécences. Il y a beaucoup d' indécences dans cet ouvrage. Il est plein d' indécences.

INDÉCENT, ENTE. adj.

INDÉCENT, ENTE. adj. Qui est contre la décence, contre l' honnêteté, contre les bienséances. Paroles indécentes. Habit indécent. Action indécente. Postures indécentes. Tableau indécent. Il est indécent à un magistrat de dormir à l' audience.

INDÉCHIFFRABLE. adj. des deux genres

INDÉCHIFFRABLE. adj. des deux genres Qui ne se peut lire, déchiffrer, deviner. Un chiffre bien fait et à double clef est indéchiffrable.

Il se dit, par extension, D' une écriture mal formée, et qui est difficile à lire. Cette lettre est indéchiffrable. Un manuscrit indéchiffrable.

Il signifie encore, Obscur, embrouillé, qu' on ne peut expliquer. Il y a dans cet auteur des passages indéchiffrables pour tous les commentateurs.

Il se dit, figurément et familièrement, D' une personne dont on ne saurait pénétrer les desseins, les vues. Cet homme est indéchiffrable. On dit dans un sens analogue, Sa conduite est indéchiffrable.

INDÉCIS, ISE. adj.

INDÉCIS, ISE. adj. Qui n' est pas décidé. Un point qui est demeuré indécis. Question indécise.

Il signifie quelquefois, Douteux, incertain. La victoire fut longtemps indécise.

Il se dit également D' une personne irrésolue, qui a peine à se déterminer, qui ne s' est pas déterminée. C' est un homme indécis, toujours indécis. Je suis encore indécis sur ce que j' ai à faire.

Il se dit encore, au propre et au figuré, pour Vague, difficile à distinguer, à reconnaître, à déterminer. Les traits de cette figure sont indécis. La lumière indécise du crépuscule. Les formes de son style sont vagues et indécises.

INDÉCISION. s. f.

INDÉCISION. s. f. Indétermination, caractère, état d' un homme indécis. Son indécision est cause qu' on ne finit rien avec lui. Je suis encore dans l' indécision du parti que je prendrai, sur le parti que je prendrai. Flotter dans l' indécision.

INDÉCLINABILITÉ. s. f.

INDÉCLINABILITÉ. s. f. T. de Gram. Qualité des mots indéclinables.

INDÉCLINABLE. adj. des deux genres

INDÉCLINABLE. adj. des deux genres T. de Gram. Qui ne peut être décliné, qui ne se décline point. Nom indéclinable.

Il se dit quelquefois Des mots qui ne reçoivent pas les signes du genre et du nombre. Participe indéclinable. Mot, particule indéclinable. Dans ce sens, on dit mieux, Invariable.

INDÉCOMPOSABLE. adj. des deux genres

INDÉCOMPOSABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être décomposé. Une substance indécomposable.

INDÉCROTTABLE. adj. des deux genres

INDÉCROTTABLE. adj. des deux genres Qu' on ne peut décrotter. Il ne s' emploie guère que dans ces locutions figurées et populaires, Homme indécrottable, animal indécrottable, qui se disent, en plaisantant et par dénigrement, d' Un homme d' un caractère très-difficile. Quel homme, quel animal indécrottable!

INDÉFECTIBILITÉ. s. f.

INDÉFECTIBILITÉ. s. f. T. dogmatique. Qualité de ce qui est indéfectible. Il n' est guère usité que dans cette locution, L' indéfectibilité de l' Église.

INDÉFECTIBLE. adj. des deux genres

INDÉFECTIBLE. adj. des deux genres T. dogmatique. Qui ne peut défaillir, cesser d' être. Il n' est guère usité que dans cette phrase, L' Église est indéfectible.

INDÉFINI, IE. adj.

INDÉFINI, IE. adj. Dont la fin, les bornes ne sont ou ne peuvent point être déterminées. Temps indéfini. Nombre indéfini. Ligne indéfinie. Espace indéfini.

Il se dit, en Grammaire, De ce qui exprime une idée vague ou générale qu' on n' applique point à un objet particulier et déterminé. Sens indéfini. On, quelque, quiconque, sont des mots, des pronoms indéfinis. Un est article indéfini dans cette phrase, qui a elle-même un sens indéfini, Un homme sage doit toujours, etc.

Prétérit ou passé indéfini, Temps de l' indicatif du verbe, qui indique l' action comme passée, mais sans relation nécessaire à une époque déterminée. Le prétérit indéfini est un temps composé: J' ai vu, j' ai fait, je suis venu, etc.

INDÉFINIMENT. adv.

INDÉFINIMENT. adv. D' une manière indéfinie. Ajourner indéfiniment une affaire, la décision d' une affaire.

Il signifie aussi, en Grammaire, Dans un sens indéfini. Un mot pris indéfiniment.

INDÉFINISSABLE. adj. des deux genres

INDÉFINISSABLE. adj. des deux genres Qu' on ne saurait définir. Il y a des termes si simples, qu' ils sont indéfinissables.

Il se dit, figurément, Des choses qu' on ne peut s' expliquer. Une sensation, un trouble indéfinissable.

Il se dit quelquefois Des personnes. C' est un caractère, c' est un homme indéfinissable.

INDÉLÉBILE. adj. des deux genres

INDÉLÉBILE. adj. des deux genres Qui ne peut être effacé. Il se dit au propre et au figuré. Encre indélébile. Couleur indélébile. Tache, marque indélébile. Le baptême, le sacrement d' ordre, impriment un caractère indélébile.

INDÉLIBÉRÉ, ÉE. adj.

INDÉLIBÉRÉ, ÉE. adj. Il se dit D' une action ou d' un mouvement sur lequel on n' a point délibéré, point réfléchi. Les premiers mouvements de la colère peuvent être excusables, parce qu' ils sont indélibérés. Acte involontaire et indélibéré.

INDÉLICAT, ATE. adj.

INDÉLICAT, ATE. adj. Qui manque de délicatesse dans les sentiments. C' est être bien indélicat que d' agir ainsi.

Il se dit aussi Des choses. Ce procédé me semble fort indélicat.

INDÉLICATESSE. s. f.

INDÉLICATESSE. s. f. Manque de délicatesse dans les sentiments; ou Procédé indélicat.

INDEMNE. adj. des deux genres

INDEMNE. adj. des deux genres (EM se prononcent dans ce mot comme dans Jérusalem.) T. de Jurispr. Indemnisé, dédommagé. Il s' emploie principalement dans ces phrases: Rendre quelqu' un indemne. Sortir indemne d' une affaire.

INDEMNISER. v. a.

INDEMNISER. v. a. (On prononce Indamniser.) Dédommager; payer à quelqu' un le dommage qu' il souffre ou qu' il a souffert. Il a agi en vertu de votre procuration, c' est à vous de l' indemniser. Il faut l' indemniser des pertes qu' il a souffertes. Vous serez condamné à l' indemniser.

Il s' emploie aussi avec le pronom personnel. Vous pourrez vous indemniser là-dessus. Il s' est indemnisé du dommage qu' il avait souffert.

INDEMNISÉ, ÉE. participe

INDEMNISÉ, ÉE. participe

INDEMNITÉ. s. f.

INDEMNITÉ. s. f. (On prononce Indamnité.) Dédommagement. Il a eu tant pour son indemnité. Il demande une indemnité. On lui a adjugé, accordé une indemnité, des indemnités. Indemnité préalable.

Il se dit, quelquefois, d' Un acte par lequel on promet d' indemniser.

Il s' est dit, en Jurisprudence féodale, Du droit que les gens de mainmorte devaient au seigneur, pour le dédommager des droits qui lui auraient été dus aux mutations. Cette communauté, en faisant telle acquisition, paya le droit d' indemnité.

INDÉPENDAMMENT. adv.

INDÉPENDAMMENT. adv. Sans dépendance, d' une manière indépendante. Dieu peut agir par lui-même, indépendamment des causes secondes.

Il veut dire aussi, Sans aucun égard, sans aucune relation à une chose. Indépendamment de tout ce qui pourra en arriver.

Il signifie encore, Outre, par-dessus. Indépendamment de ces avantages, vous en aurez encore un autre.

INDÉPENDANCE. s. f.

INDÉPENDANCE. s. f. État d' une personne indépendante. Il est, il vit dans l' indépendance. Il aspire à l' indépendance. L' amour, le goût de l' indépendance. Tenir, renoncer à son indépendance. Une grande indépendance d' opinions, de caractère.

Il se dit également en parlant Des nations, des corps politiques. Proclamer l' indépendance d' une nation. La guerre de l' indépendance des États-Unis d' Amérique.

Il signifie quelquefois, Le goût de l' indépendance. Un esprit d' indépendance.

INDÉPENDANT, ANTE. adj.

INDÉPENDANT, ANTE. adj. Qui ne dépend point de telle personne ou de telle chose, qui ne lui est point subordonné. Il commande un petit corps d' armée indépendant du général en chef. Son zèle fut toujours indépendant des circonstances, des événements.

Il se dit également Des choses qui n' ont point de rapport, de relation avec une autre. Ce point est indépendant de la question.

Il signifie absolument, Qui est libre de toute dépendance. Peuple indépendant. Nation indépendante. Il a sa liberté, il est indépendant, tout à fait indépendant.

Il signifie aussi, Qui aime à ne dépendre de personne, qui ne se laisse pas dominer par la volonté d' autrui. Esprit indépendant. Un vrai sage a l' âme indépendante, le caractère indépendant.

Il se dit, substantivement, d' Une secte qui ne reconnaissait point d' autorité ecclésiastique. La secte des indépendants.

INDESTRUCTIBILITÉ. s. f.

INDESTRUCTIBILITÉ. s. f. Qualité ou état de ce qui est indestructible.

INDESTRUCTIBLE. adj. des deux genres

INDESTRUCTIBLE. adj. des deux genres Qui ne peut être détruit. Germe indestructible. L' essence des choses est indestructible.

INDÉTERMINATION. s. f.

INDÉTERMINATION. s. f. Irrésolution. Il est encore dans l' indétermination.

INDÉTERMINÉ, ÉE. adj.

INDÉTERMINÉ, ÉE. adj. Qui n' est pas déterminé, fixé. Un espace indéterminé. Un temps indéterminé. Un nombre indéterminé. Sens indéterminé.

Il signifie aussi, Irrésolu, indécis. Il ne sait s' il fera son voyage, il est encore indéterminé. Ce sens a vieilli.

En Mathém., Problèmes indéterminés, Ceux qui ont un nombre illimité de solutions. Quantités indéterminées, Celles que l' on introduit dans le calcul sans leur assigner actuellement une valeur déterminée.

INDÉTERMINÉMENT. adv.

INDÉTERMINÉMENT. adv. D' une manière indéterminée, vague; sans rien spécifier. Il lui a promis beaucoup de choses, mais indéterminément. Un mot employé, pris indéterminément.

INDÉVOT, OTE. adj.

INDÉVOT, OTE. adj. Qui n' a point de dévotion, qui ne respecte pas les pratiques religieuses. Cet homme est indévot. Femme indévote.

Il se dit quelquefois Du ton, des manières, etc. Parler d' un ton indévot. Discours indévot.

Il s' emploie aussi substantivement, en parlant Des personnes. C' est un indévot, une indévote.

INDÉVOTEMENT. adv.

INDÉVOTEMENT. adv. D' une manière indévote. Assister à la messe indévotement.

INDÉVOTION. s. f.

INDÉVOTION. s. f. Manque de dévotion, manque de respect pour les pratiques religieuses. Son indévotion scandalise tout le monde. Il se pique d' indévotion.

INDEX. s. m.

INDEX. s. m. (L' X se prononce fortement. ) Mot pris du latin, qui signifie, La table d' un livre. Il est principalement d' usage en parlant de La table d' un livre latin. L' index d' un livre. Il y a plusieurs index dans ce livre. Index géographique. Index historique. Il faut chercher dans l' index.

INDEX

INDEX se dit aussi Du catalogue des livres défendus à Rome. La congrégation de l' index. Ce livre est à l' index, est mis, a été mis à l' index.

Index expurgatoire, Catalogue des livres dont la publication et la vente sont défendues jusqu' à ce qu' ils aient été purgés et corrigés: en quoi ils diffèrent de ceux qui sont définitivement prohibés.

Fig., Mettre une chose à l' index, L' interdire, en défendre l' usage. Il se dit plus particulièrement De la défense que fait une autorité quelconque de publier, d' exposer en vente un livre, une gravure, etc. Ce livre fut mis à l' index. La police a mis ce livre à l' index. On dit de même, Ce livre, cette gravure est à l' index de la police, est à l' index.

INDEX

INDEX se dit encore Du doigt le plus proche du pouce, parce que c' est de celui-là qu' on se sert ordinairement pour indiquer, pour montrer quelque chose. Entre le pouce et l' index. Le muscle extenseur de l' index. On dit aussi adjectivement, Le doigt index.

Il se dit également d' Une aiguille portée par un pivot, et dont l' extrémité parcourt un limbe divisé.

INDICATEUR. s. et adj. m.

INDICATEUR. s. et adj. m. Celui qui fait connaître, qui dénonce un coupable. On reçut la déposition de l' indicateur. Un esclave peut être indicateur, mais il ne doit pas servir de témoin. Ce sens a vieilli.

INDICATEUR

INDICATEUR en termes d' Anatomie, signifie, L' index. On dit aussi adjectivement, Le doigt indicateur.

INDICATIF, IVE. adj.

INDICATIF, IVE. adj. T. didactique. Qui indique. Ce symptôme est indicatif d' une crise, d' une grande révolution d' humeurs. Le médecin doit observer soigneusement tous les signes indicatifs d' une maladie.

INDICATIF. s. m.

INDICATIF. s. m. T. de Gram. On appelle ainsi Le mode des verbes qui exprime l' état ou l' action d' une manière positive, certaine et absolue. Dans la conjugaison, l' indicatif est le premier mode. Un verbe à l' indicatif. J' aime est le présent de l' indicatif du verbe Aimer. J' aimerai est le futur de l' indicatif. On dit quelquefois adjectivement, Le mode indicatif.

INDICATION. s. f.

INDICATION. s. f. Action par laquelle on indique. Il fut arrêté dans la foule, sur l' indication d' un tel. Sur votre indication, je me suis adressé à un tel pour être mieux informé.

Il se dit quelquefois pour Renseignement, désignation. Cela peut fournir d' utiles indications. Vous m' aviez donné une fausse indication. La table de ce livre est pleine d' indications fautives.

Il signifie encore, Ce qui indique, ce qui donne à connaître quelque chose, et qui est une espèce de signe. Son embarras est une indication de sa faute, une indication qu' il se sent coupable. Dans ce sens, il s' emploie souvent en termes de Médecine. C' est une indication que la bile est en mouvement. C' en est une indication infaillible.

Il se dit également, en Médecine, Du moyen, du mode de traitement que les symptômes de la maladie indiquent au médecin. Indication curative. Indication palliative.

INDICE. s. m.

INDICE. s. m. Signe apparent et probable qu' une chose est, existe. Puissant indice. Léger indice. Faible indice. Des indices trompeurs. Vous dites que cela est, quel indice en avez-vous? J' en ai de grands indices. Fournir des indices. Les indices d' un crime. On ne condamne pas un homme sur de simples indices. Je ne voyais aucun indice que ce lieu fût habité. Cette action est l' indice d' une belle âme.

INDICE

INDICE se dit aussi de L' index ou du catalogue imprimé des livres défendus à Rome par la congrégation chargée d' exercer la censure. La congrégation de l' indice. On a mis tel livre à l' indice. Dans ce sens, il est moins usité qu' Index.

INDICIBLE. adj. des deux genres

INDICIBLE. adj. des deux genres Qu' on ne saurait exprimer. Joie indicible. Douleur indicible. Plaisir indicible. Il n' est guère usité que dans ces sortes de locutions.

INDICTION. s. f.

INDICTION. s. f. Convocation d' une grande assemblée à certain jour. Il ne se dit guère qu' en parlant de La convocation d' un concile ou d' un synode. Depuis l' indiction du concile de Trente jusqu' à l' ouverture. La bulle de l' indiction du concile.

INDICTION

INDICTION est aussi un terme de Chronologie, qui se dit d' Une période de quinze années. Il n' est plus en usage que dans les bulles du pape, et dans certaines cours ecclésiastiques. L' indiction est un des trois cycles qui entrent dans la période Julienne.

Indiction première, indiction seconde, etc., La première année, la seconde année, etc., de chaque indiction.

INDICULE. s. m. diminutif.

INDICULE. s. m. diminutif. Petit indice; Ce qui montre, ce qui enseigne, annonce quelque chose. Il est peu usité.

INDIENNE. s. f.

INDIENNE. s. f. Il se dit proprement d' Une étoffe de coton peinte qui se fait aux Indes; et, par extension, Des étoffes du même genre fabriquées en Europe. L' indienne est une étoffe légère. Une belle indienne. Indienne de Jouy. Fabrique d' indiennes. Marchand d' indiennes. Robe, lit d' indienne. Le dessin, la couleur d' une indienne.

INDIFFÉREMMENT. adv.

INDIFFÉREMMENT. adv. Avec indifférence, avec froideur. Il fut reçu indifféremment. Elle l' a toujours traité indifféremment. Tout ce qu' on dit contre lui, il le reçoit indifféremment.

Il signifie plus souvent, Sans distinction, sans faire de différence. Il lit toutes sortes de livres indifféremment et sans choix. Il mange de tout indifféremment.

INDIFFÉRENCE. s. f.

INDIFFÉRENCE. s. f. L' état d' une personne indifférente. Voilà une grande indifférence. Sous cet air d' indifférence, il cache beaucoup d' ambition. Affecter de l' indifférence pour quelque chose. Il fut navré de l' indifférence que lui montrèrent alors ses prétendus amis. J' ai de l' indifférence, une extrême indifférence pour cela. Il est dans une indifférence générale pour les choses du monde. L' indifférence religieuse, ou L' indifférence en matière de religion.

Liberté d' indifférence, État d' une âme libre de choisir entre deux partis, parce qu' aucun motif ne la fait pencher vers l' un plutôt que vers l' autre.

INDIFFÉRENCE

INDIFFÉRENCE se dit particulièrement en parlant D' une personne qui n' est point sensible à l' amour. Être, vivre dans l' indifférence. Vaincre l' indifférence d' une maîtresse. Elle a pour lui la plus complète indifférence. Il ne la voit pas avec indifférence. Le calme de l' indifférence.

INDIFFÉRENT, ENTE. adj.

INDIFFÉRENT, ENTE. adj. Qui ne présente en soi aucune cause de détermination, aucun motif de préférence. Le choix entre ces deux choses est indifférent. Il est indifférent de suivre cette opinion ou l' autre. Il est indifférent lequel des deux on prenne. Il m' est indifférent d' aller là ou ailleurs. Tous les chemins sont indifférents.

Actions indifférentes, Les actions qui, d' elles-mêmes, ne sont ni bonnes ni mauvaises.

INDIFFÉRENT

INDIFFÉRENT signifie aussi, Qui touche peu, dont on ne se soucie point; et ce sens est plus ou moins étendu selon la qualité des choses dont on parle. Tout cela m' est indifférent, je n' y prends aucune part. Il m' est fort indifférent quel jugement vous en portiez. Cet homme-là lui est fort indifférent. Ses bonnes grâces me sont fort indifférentes.

Il signifie encore, Qui est de peu d' intérêt, qui n' est d' aucune importance, d' aucune conséquence. Nous ne parlions que de choses indifférentes. Après quelques propos sur des sujets indifférents. Après une conversation indifférente.

Il se dit aussi Des personnes, et signifie, Qui n' a pas plus de penchant pour une chose que pour une autre, pour un parti que pour un autre. Il n' est plus temps de demeurer indifférent, il faut prendre un parti.

En termes de Philosophie, La matière est d' elle-même indifférente au repos ou au mouvement, Elle n' a d' elle-même ni l' une ni l' autre de ces qualités, et elle est également susceptible de l' une ou de l' autre.

INDIFFÉRENT

INDIFFÉRENT signifie également, Qui n' est point touché de quelque chose, qui ne prend point d' intérêt à quelqu' un ou à quelque chose. Il reste indifférent à tout ce qui se passe. Il est indifférent aux applaudissements qu' on lui prodigue. Recevoir quelque chose d' un air indifférent. Il est indifférent pour tout, sur tout. Il regarde tout d' un oeil, d' un esprit indifférent, d' un air indifférent. Il fut surpris de trouver indifférents ces amis naguère si dévoués.

Il signifie absolument, Qui n' a d' attachement à rien, qui n' est touché de rien. C' est un homme indifférent, rien ne peut l' émouvoir. Il est d' une humeur indifférente.

Il se dit, particulièrement, D' une personne qui n' est point sensible à l' amour. Une femme indifférente. Avoir le coeur indifférent. Une âme indifférente. Je suis très-indifférent pour cette femme-là.

Il se prend quelquefois substantivement, en parlant Des personnes. Il fait l' indifférent. Les indifférents jugent au moins avec impartialité. Vos amis pourront vous approuver, mais les indifférents ne penseront pas de même. On dit en plaisantant, Une aimable, une belle indifférente; et ironiquement, Un bel indifférent.

INDIGENCE. s. f.

INDIGENCE. s. f. Grande pauvreté, privation du nécessaire. Extrême indigence. Grande indigence. Il est tombé dans l' indigence, dans la plus affreuse indigence. Être dans l' indigence. Certificat d' indigence.

Il se dit absolument Des indigents en général. Secourir l' indigence.

Il s' emploie quelquefois figurément, au sens moral. Indigence d' idées. Indigence d' esprit.

INDIGÈNE. adj. des deux genres

INDIGÈNE. adj. des deux genres Qui est du pays, qui en est originaire. Plantes indigènes. Animaux indigènes. Productions indigènes.

Il se dit, particulièrement, Des peuples établis de tout temps dans un pays. Peuples indigènes. Dans ce sens, il est souvent employé comme substantif. Les indigènes de l' Amérique.

INDIGENT, ENTE. adj.

INDIGENT, ENTE. adj. Nécessiteux, extrêmement pauvre. Assister ceux qui sont indigents. Il est si indigent, qu' il vit d' aumônes.

Il se prend aussi substantivement. On doit secourir l' indigent, les indigents.

INDIGESTE. adj. des deux genres

INDIGESTE. adj. des deux genres Qui est difficile à digérer. Viande indigeste.

Il signifie aussi, Qui n' est pas digéré. Il rend les viandes crues et indigestes.

Il signifie encore figurément, Qui est embrouillé, confus, mal ordonné, surtout en parlant Des ouvrages d' esprit. Ouvrage, compilation indigeste. Pensées indigestes.

INDIGESTION. s. f.

INDIGESTION. s. f. Mauvaise digestion; coction imparfaite des aliments dans l' estomac. Avoir une indigestion. Il a eu une indigestion de porc frais. Vous mangez trop, vous aurez une indigestion. Cela cause, donne des indigestions. Cela provient d' indigestion. Il est mort d' indigestion, d' une indigestion.

INDIGÈTE. adj. des deux genres

INDIGÈTE. adj. des deux genres Nom que les anciens donnaient aux héros divinisés, aux demi-dieux particuliers d' un pays. Énée était à Rome un dieu indigète. Divinités indigètes.

INDIGNATION. s. f.

INDIGNATION. s. f. Sentiment de colère et de mépris, qu' excite un outrage, une injustice criante, une action honteuse, etc. Cela donne de l' indignation, excite l' indignation. Frémir d' indignation. Être rempli d' indignation. Il en eut une telle indignation, il en conçut une si grande, une si profonde, une si vive indignation, que... Il ne saurait voir cela sans indignation. Exprimer son indignation. Il fit éclater une vertueuse, une noble indignation. Il n' est plus maître de son indignation. Il regarde la prospérité des méchants avec indignation. Soulever, calmer l' indignation publique.

INDIGNE. adj. des deux genres

INDIGNE. adj. des deux genres Qui n' est pas digne, qui ne mérite pas. Il est indigne des grâces que vous lui faites. Il est indigne de vivre. Il s' est rendu indigne de vos bienfaits. Puisque vous le jugez indigne de votre confiance. Il est indigne de foi. Il est indigne du rang qu' il occupe. Il est indigne qu' on lui témoigne le moindre intérêt.

Il s' applique également Aux choses. Un crime, une faute indigne de pardon. Cet ouvrage est indigne de votre attention.

Il se dit particulièrement, en Jurisprudence, De ceux qui, pour avoir manqué à quelque devoir essentiel envers une personne, de son vivant ou après sa mort, sont privés de sa succession. Ceux que la loi déclare indignes de succéder, déclare indignes. On l' emploie aussi comme substantif. Les enfants de l' indigne.

INDIGNE

INDIGNE est quelquefois Un titre que l' on se donne par humilité. Signé: Un tel, prêtre indigne, capucin indigne. Serviteur indigne. J' osai, moi indigne, retoucher son ouvrage.

INDIGNE

INDIGNE signifie aussi, Qui n' est pas séant, convenable. Une telle conduite est indigne d' un homme d' honneur. Ces paroles sont indignes de vous. Cela est indigne de votre rang.

Il signifie encore, Méchant, odieux, très-condamnable; et alors il s' emploie absolument. Malheur à l' homme indigne qui oublie à ce point ses devoirs! Action indigne. C' est une chose indigne. C' est une conduite indigne. Cela est indigne. Traitement indigne. Un indigne attachement.

Communion indigne, Communion qui n' est pas faite avec les dispositions requises.

INDIGNE

INDIGNE se dit, substantivement, d' Une personne vile, méprisable. Ne me parlez pas de cet homme-là, c' est un indigne. Ce sens est familier.

INDIGNEMENT. adv.

INDIGNEMENT. adv. D' une manière indigne. S' acquitter indignement de ses devoirs. S' allier indignement. On l' a traité indignement. Communier indignement.

INDIGNER. v. a.

INDIGNER. v. a. Exciter l' indignation. Cette action indigna tout le monde contre lui.

Être indigné, Éprouver de l' indignation. Je suis indigné de sa conduite. Je suis indigné que vous ayez manqué à votre ami. On ne saurait en entendre parler sans être indigné. Il en fut si indigné, qu' il sortit brusquement.

INDIGNER

INDIGNER avec le pronom personnel, signifie, Être indigné, courroucé. Ils s' indignèrent de ce joug honteux. On lui a fait des propositions dont sa vertu s' est indignée. S' indigner contre quelqu' un. S' indigner contre une injustice. Il s' indigne de voir que...

INDIGNÉ, ÉE. participe

INDIGNÉ, ÉE. participe

INDIGNITÉ. s. f.

INDIGNITÉ. s. f. Qualité odieuse par laquelle on est réputé indigne d' une grâce, d' un emploi, d' un héritage, etc. L' indignité du pécheur. Il en fut exclu pour cause d' indignité, à cause de son indignité, de l' indignité de sa personne. Intenter contre quelqu' un une action en indignité. Indignité civile. Indignité politique.

Il signifie aussi, Méchanceté, noirceur, énormité. L' indignité de cette action, de ce procédé, de cette conduite souleva tout le monde contre lui.

Il signifie encore, Action indigne, odieuse. Quelle indignité! C' est une indignité. Commettre, faire des indignités.

Il se dit particulièrement pour Outrage, affront. Traiter avec indignité. On lui a fait mille indignités. Souffrir des indignités.

INDIGO. s. m.

INDIGO. s. m. Matière colorante qui sert à teindre en bleu, et que l' on retire, par la fermentation ou autrement, des feuilles et des tiges de certaines plantes légumineuses des régions équatoriales. Le bleu que donne l' indigo est le plus beau et le plus solide. Tablettes d' indigo. Teindre en indigo.

Il se dit, quelquefois, Des plantes mêmes qui fournissent l' indigo, et qu' on nomme plus ordinairement Indigotiers. La culture de l' indigo.

Il se dit, par extension, de Toute couleur semblable à celle de l' indigo. L' indigo est une des sept couleurs primitives.

INDIGOTERIE. s. f.

INDIGOTERIE. s. f. Lieu où l' on prépare, où l' on fait l' indigo.

INDIGOTIER. s. m.

INDIGOTIER. s. m. T. de Botan. Genre de plantes légumineuses, qui croissent la plupart dans la zone équatoriale, et dont quelques espèces fournissent la matière colorante qu' on nomme Indigo. Indigotier franc. Indigotier des Indes.

INDIQUER. v. a.

INDIQUER. v. a. Montrer, désigner une personne ou une chose. Indiquez-moi le plus jeune de ces trois hommes. Indiquer une chose du doigt. Allez à la place que je vous indique. L' aiguille de cette horloge indique trois heures.

Il signifie aussi, Faire connaître, enseigner à quelqu' un une chose ou une personne qu' il cherche ou qui lui peut être utile. Indiquez-moi le lieu où je pourrai le trouver. Indiquez-moi sa demeure. Pourriez-vous m' indiquer telle rue? Je lui ai indiqué une terre qui est à vendre. Je lui ai indiqué un fonds pour se faire payer. Indiquez-moi un bon avocat. Je lui ai indiqué cet homme-là, qui l' a bien servi dans son affaire. Il m' indiqua ce passage, cette loi. La table de ce livre n' indique point les pages, elle n' indique que les chapitres. Ce poteau est là pour indiquer le chemin. Cette carte vous indiquera la route. Le baromètre indique les variations du temps. En Médecine, La force du pouls indique la saignée, Elle avertit qu' il faut saigner le malade.

Il signifie quelquefois simplement, Déterminer, assigner. Indiquer les causes d' un phénomène. Indiquer les différences qui existent entre deux choses. Indiquer tous les emplois d' un mot.

Indiquer une assemblée, une session, etc., Fixer le jour, l' époque où elle aura lieu.

INDIQUER

INDIQUER se dit également De ce qui fait connaître l' existence d' une chose. La fumée indique le feu. Ces monuments indiquent une civilisation fort avancée. Ces symptômes indiquent un dérangement grave.

INDIQUER

INDIQUER signifie encore, dans les Arts du dessin, Marquer, représenter quelque objet, sans trop s' attacher aux détails. N' indiquer que les masses dans un tableau. Indiquer par quelques traits de crayon une pensée, un projet d' ornement, etc.

Il se dit figurément, dans un sens analogue, en parlant Des ouvrages d' esprit. Les situations, les caractères, etc., sont à peine indiqués dans cette pièce.

INDIQUÉ, ÉE. participe

INDIQUÉ, ÉE. participe Au lieu indiqué. À l' heure indiquée.

INDIRECT, ECTE. adj.

INDIRECT, ECTE. adj. Qui n' est pas direct. Chemin indirect. Voie indirecte.

Il s' emploie plus ordinairement au figuré. Critique indirecte. Louanges indirectes. Avis indirect. Question indirecte. Moyens indirects. Cet homme ne va jamais que par des voies indirectes. Cette nouvelle m' est parvenue par une voie indirecte. Ne vous fiez pas aux propositions de cet homme, il a des vues indirectes.

En Gram., Régime indirect, Celui sur lequel ne tombe pas directement l' action du verbe. Dans, Je donne ce livre à Pierre, ce livre est le régime direct de je donne, et à Pierre le régime indirect. Il y a ordinairement une préposition devant le régime indirect. Les pronoms personnels me, te, se, nous etc., s' emploient fréquemment, comme régimes indirects, pour à moi, à toi, etc. On dit dans le même sens, Complément indirect.

En Jurispr., Avantage indirect, Avantage que l' on fait à quelqu' un contre la loi, au moyen d' une personne interposée ou de quelque acte simulé. Ligne indirecte ou collatérale, se dit par opposition à Ligne directe.

Contributions indirectes, Les impôts établis sur les objets de commerce et de consommation, ou sur certaines choses dont le besoin est éventuel: tels sont les droits d' octroi, de douanes, de timbre, d' enregistrement, etc.

INDIRECTEMENT. adv.

INDIRECTEMENT. adv. D' une manière indirecte. Il ne s' emploie qu' au figuré. Ce qu' il disait à un autre s' adressait indirectement à moi. Je n' ai appris son arrivée qu' indirectement. Cette nouvelle m' est parvenue indirectement. La plupart des anciennes coutumes défendaient aux maris d' avantager leurs femmes, ni directement ni indirectement. Il ne l' assiste ni directement ni indirectement.

INDISCIPLINABLE. adj. des deux genres

INDISCIPLINABLE. adj. des deux genres Indocile, qui n' est pas capable de discipline. Il est indisciplinable. C' est un enfant indisciplinable. Des soldats indisciplinables. Une armée indisciplinable.

INDISCIPLINE. s. f.

INDISCIPLINE. s. f. Manque de discipline. L' indiscipline des soldats fut la principale cause de la perte de cette bataille.

INDISCIPLINÉ, ÉE. adj.

INDISCIPLINÉ, ÉE. adj. Qui n' est pas discipliné, qui manque à la discipline. Soldats indisciplinés. Troupes indisciplinées. Écoliers indisciplinés.

INDISCRET, ÈTE. adj.

INDISCRET, ÈTE. adj. Qui manque de discrétion, de retenue, de prudence. Cet homme est trop indiscret. Cette femme est fort indiscrète. Il faut être bien indiscret pour faire une pareille question.

Il se dit aussi Des choses contraires à la retenue que les égards, les bienséances, la prudence, etc., nous imposent. Des paroles indiscrètes. Action indiscrète. Zèle indiscret. Demande indiscrète. Prière indiscrète. Curiosité indiscrète. Rapports indiscrets. Les meilleurs remèdes deviennent nuisibles, quand on en fait un usage indiscret.

INDISCRET

INDISCRET signifie aussi, Qui ne sait point garder le secret. Un amant indiscret. La plupart des enfants sont indiscrets. C' est l' homme du monde le plus indiscret, on ne peut rien lui confier qu' il ne le redise.

Il se dit également Des choses par lesquelles on révèle ce qu' on devrait taire, cacher. Mot indiscret. Des regards, des gestes indiscrets. Une langue indiscrète.

Il se prend quelquefois substantivement, en parlant Des personnes. Écarter, fuir les indiscrets. C' est un indiscret, une indiscrète à qui l' on ne peut se fier.

INDISCRÈTEMENT. adv.

INDISCRÈTEMENT. adv. D' une manière indiscrète, imprudemment, étourdiment. Il parle indiscrètement. Il en a usé bien indiscrètement.

INDISCRÉTION. s. f.

INDISCRÉTION. s. f. Manque de discrétion. Il a beaucoup d' indiscrétion. Son indiscrétion le perdra. L' indiscrétion est un grand défaut. Son indiscrétion fait qu' il ne mérite aucune confiance. Il y a de l' indiscrétion dans son fait. Y aurait-il de l' indiscrétion à vous demander si...

Il se prend quelquefois pour Action indiscrète. Faire une indiscrétion, des indiscrétions. C' est la seule indiscrétion qu' il ait faite en sa vie.

INDISPENSABLE. adj. des deux genres

INDISPENSABLE. adj. des deux genres Dont on ne peut se dispenser. Une obligation, un devoir indispensable. Engagement indispensable. Affaire indispensable.

Il se dit aussi Des choses qui sont très-nécessaires, dont on ne peut se passer. Ces objets me sont indispensables. Il faut que vous veniez, cela est indispensable. Ce mot est indispensable pour rendre en français telle idée. Ces corrections-là sont indispensables

INDISPENSABLEMENT. adv.

INDISPENSABLEMENT. adv. Nécessairement, par un devoir indispensable. Il y est indispensablement engagé.

INDISPONIBLE. adj. des deux genres

INDISPONIBLE. adj. des deux genres T. de Jurispr. Il se dit Des biens dont les lois ne permettent pas de disposer à titre gratuit. Portion indisponible.

INDISPOSÉ, ÉE. adj.

INDISPOSÉ, ÉE. adj. Qui a une légère incommodité, qui a quelque altération dans sa santé. Un tel est indisposé. Ils sont tous indisposés dans cette maison. Il y a huit jours que je me sens indisposé.

INDISPOSER. v. a.

INDISPOSER. v. a. Aliéner, fâcher, mettre dans une disposition peu favorable. Cette démarche nous a tous indisposés contre lui. Ce rapport l' indisposera contre vous.

INDISPOSÉ, ÉE. participe

INDISPOSÉ, ÉE. participe

INDISPOSITION. s. f.

INDISPOSITION. s. f. Incommodité légère, légère altération dans la santé. Je n' ai point su votre indisposition. Il est remis de son indisposition.

Il se dit aussi d' Une disposition peu favorable, d' un éloignement pour quelqu' un, pour quelque chose. Tout le monde est dans une grande indisposition contre lui. Ce sens est peu usité.

INDISSOLUBILITÉ. s. f.

INDISSOLUBILITÉ. s. f. T. didactique. Qualité de ce qui est indissoluble. Il se dit surtout en Chimie. L' indissolubilité de l' or dans l' acide nitrique.

Il se dit aussi figurément. L' indissolubilité d' un lien, d' un contrat, d' un engagement. L' indissolubilité du mariage.

INDISSOLUBLE. adj. des deux genres

INDISSOLUBLE. adj. des deux genres Qui ne peut être dissous. L' argent est indissoluble dans l' eau régale.

Il se dit aussi figurément. Le mariage est indissoluble parmi les catholiques. Les liens de l' amitié doivent être indissolubles. Union indissoluble. Attachement indissoluble.

INDISSOLUBLEMENT. adv.

INDISSOLUBLEMENT. adv. D' une manière indissoluble. Ils sont unis indissolublement.

INDISTINCT, INCTE. adj.

INDISTINCT, INCTE. adj. Qui n' est pas bien distinct. Le crépuscule ne permettait de voir les objets que d' une manière fort indistincte. Il se dit plus ordinairement en parlant Des sons et des idées. On n' entendait que des voix confuses et indistinctes. Je n' en ai qu' une idée confuse et indistincte. Notions indistinctes.

INDISTINCTEMENT. adv.

INDISTINCTEMENT. adv. D' une manière indistincte. On ne peut voir ces objets que fort indistinctement. Il prononce si indistinctement, qu' on a de la peine à l' entendre. Cette idée ne s' offre à mon esprit qu' indistinctement.

Il signifie aussi, Sans distinction, sans mettre de différence entre une personne et une autre, entre une chose et une autre. On embarqua indistinctement les Français et les étrangers. On les chassa, on les punit tous indistinctement. Il calomnie indistinctement ses amis et ses ennemis.

INDIVIDU. s. m.

INDIVIDU. s. m. T. didactique. Il se dit de Chaque être organisé, soit animal, soit végétal, par rapport à l' espèce à laquelle il appartient. Le genre, l' espèce et l' individu. Chaque individu.

Il se dit particulièrement Des personnes. Tous les individus qui composent une nation. Suivant la loi, tout individu qui se permet de... Ce sens n' est guère employé qu' en termes de Législation, d' Administration et de Statistique.

Il se dit quelquefois d' Un homme que l' on ne connaît pas, qu' on ne veut pas nommer, dont on parle en plaisantant ou avec mépris. Un individu s' est présenté chez moi ce matin. Quel est cet individu? C' est un individu qui m' a déjà trompé. Ce sens est familier.

Fam. et par plaisanterie, Avoir soin de son individu, conserver, soigner son individu, Avoir grand soin de sa personne, de sa santé, etc.

INDIVIDUALISER. v. a.

INDIVIDUALISER. v. a. T. de Philosophie. Considérer, présenter une chose quelconque isolément, individuellement; ou Faire qu' elle ait un caractère propre et qui la distingue de toutes les autres choses de son espèce.

INDIVIDUALISÉ, ÉE. participe

INDIVIDUALISÉ, ÉE. participe

INDIVIDUALITÉ. s. f.

INDIVIDUALITÉ. s. f. T. de Philosophie. Ce qui constitue l' individu; ce qui fait qu' il est tel être, et qu' il a une existence distincte de celle des autres êtres. Tout être pensant connaît son individualité.

INDIVIDUEL, ELLE. adj.

INDIVIDUEL, ELLE. adj. (U EL font deux syllabes dans ce mot et dans le suivant. ) T. didactique. Qui est de l' individu, qui appartient à l' individu. Qualité individuelle. Différence individuelle.

Il signifie aussi, Qui concerne chaque personne, ou une seule personne. Traité des garanties individuelles. Les pétitions adressées aux chambres doivent être individuelles, et non collectives.

INDIVIDUELLEMENT. adv.

INDIVIDUELLEMENT. adv. T. didactique. D' une manière individuelle, isolément. Pierre est individuellement différent de Paul, et ne l' est pas spécifiquement. Considérer un objet individuellement.

Il signifie aussi, Chacun en particulier, chacun pour ce qui le concerne. Les membres de l' assemblée prêtèrent individuellement le serment prescrit par la loi.

INDIVIS, ISE. adj.

INDIVIS, ISE. adj. T. de Pratique. Qui n' est point divisé. Ses biens sont demeurés communs et indivis. La succession resta indivise.

Propriétaires indivis, Ceux qui possèdent une chose par indivis.

PAR INDIVIS. loc. adv.

PAR INDIVIS. loc. adv. Sans être divisé. Ils possèdent tous deux cette maison, cette propriété par indivis.

INDIVISÉMENT. adv.

INDIVISÉMENT. adv. T. de Pratique. Par indivis. Posséder indivisément.

INDIVISIBILITÉ. s. f.

INDIVISIBILITÉ. s. f. Qualité de ce qui ne peut être divisé. L' indivisibilité d' un atome. L' indivisibilité du point mathématique. L' indivisibilité de l' hypothèque.

INDIVISIBLE. adj. des deux genres

INDIVISIBLE. adj. des deux genres Qui ne peut être divisé. Un point indivisible. L' atome est indivisible. L' hypothèque est, de sa nature, indivisible. La question est indivisible.

INDIVISIBLEMENT. adv.

INDIVISIBLEMENT. adv. D' une manière indivisible. Ils sont indivisiblement unis.

INDIVISION. s. f.

INDIVISION. s. f. T. de Pratique. État d' une chose possédée par indivis, ou des personnes qui possèdent une chose par indivis. Nul ne peut être contraint à demeurer dans l' indivision. Faire cesser l' indivision.

IN-DIX-HUIT. adj. et s. m.

IN-DIX-HUIT. adj. et s. m. T. d' Imprimerie et de Librairie. Il se dit Du format où la feuille est pliée en dix-huit feuillets; et Des livres, des volumes qui ont ce format. Le format in-dix-huit, l' in-dix-huit. Un volume in-dix-huit. Un in-dix-huit.

INDOCILE. adj. des deux genres

INDOCILE. adj. des deux genres Qui n' est pas docile, qui est très-difficile à instruire, à gouverner. Un caractère, un esprit indocile. Un enfant indocile. Un homme indocile. Un cheval indocile. Un peuple sauvage et indocile. Indocile au joug, à la règle, aux leçons de ses maîtres.

INDOCILITÉ. s. f.

INDOCILITÉ. s. f. Caractère de celui qui est indocile. L' indocilité d' un enfant. Cet écolier est d' une indocilité désespérante. L' indocilité de son esprit. L' indocilité d' un peuple sauvage. L' indocilité d' un cheval.

INDOLENCE. s. f.

INDOLENCE. s. f. Nonchalance. Cet enfant est d' une indolence qui désespère. Molle indolence. Lâche indolence.

Il signifie aussi, Le caractère, l' état d' une personne peu sensible à la plupart des choses qui touchent ordinairement les autres hommes. L' indolence est un grand obstacle à la fortune. Cet homme vit dans une grande indolence, est d' une indolence extrême. Il est tombé dans une indolence qui a ruiné ses affaires.

Il se prend quelquefois pour Insensibilité, impassibilité, état d' une âme qui s' est mise au-dessus des passions. L' indolence des stoïciens est difficile à concevoir. Ce sens a vieilli.

INDOLENT, ENTE. adj.

INDOLENT, ENTE. adj. Nonchalant. Cet enfant est si indolent, qu' il n' a jamais fait son devoir à temps. C' est un ouvrier indolent.

Il signifie aussi, Indifférent, sur qui rien ne fait impression. C' est un homme indolent qui ne s' émeut de rien. Avoir l' air indolent. C' est l' homme du monde le plus indolent, de l' humeur la plus indolente. Avoir l' âme indolente, le naturel indolent.

Il est quelquefois substantif, dans les deux sens. C' est un grand indolent, qui ne se met en peine de rien.

INDOLENT

INDOLENT signifie, en termes de Médecine, Qui ne cause point de douleur. Gonflement indolent. Tumeur indolente.

INDOMPTABLE. adj. des deux genres

INDOMPTABLE. adj. des deux genres (Dans ce mot et dans le suivant, on ne fait pas sentir le P, et OM se prononce comme ON.) Qu' on ne peut dompter, qu' on ne peut soumettre à l' obéissance. Animal indomptable. Caractère indomptable. Un peuple indomptable.

Il signifie aussi figurément, Qu' on ne peut maîtriser, réprimer. Un courage indomptable. Un orgueil indomptable.

INDOMPTÉ, ÉE. adj.

INDOMPTÉ, ÉE. adj. Qui n' est pas dompté, ou Qui n' a pu encore être dompté. Cheval indompté.

Il se dit aussi pour Furieux, fougueux, sauvage. On l' attacha à la queue d' un cheval indompté. Un taureau indompté.

Il signifie aussi figurément, Qui ne peut être contenu, réprimé. C' est un courage indompté. Un orgueil indompté.

IN-DOUZE. adj. et s. m.

IN-DOUZE. adj. et s. m. T. d' Imprimerie et de Librairie. Il se dit Du format où la feuille est pliée en douze feuillets; et Des livres, des volumes qui ont ce format. Le format in-douze. L' in-douze. Un volume in-douze. Un in-douze.

INDU, UE. adj.

INDU, UE. adj. Qui est contre ce qu' on doit, contre la raison, contre la règle, contre l' usage. À heure indue. À une heure indue. Indue vexation. Il n' est guère usité que dans ces phrases.

INDUBITABLE. adj. des deux genres

INDUBITABLE. adj. des deux genres Dont on ne peut douter, certain, assuré. Le succès de cette affaire est indubitable. Sa cause est indubitable. Son droit est indubitable. Son affaire est indubitable. Principes indubitables. Les nouvelles que je vous dis sont indubitables. Il est indubitable qu' il faut mourir.

INDUBITABLEMENT. adv.

INDUBITABLEMENT. adv. Sans doute, certainement, assurément. Il arrivera indubitablement tel jour. S' il continue comme il a commencé, il se ruinera indubitablement.

INDUCTION. s. f.

INDUCTION. s. f. Instigation, impulsion, suggestion. Il s' est laissé aller à cela par l' induction d' un tel. Il est peu usité en ce sens.

Il se dit plus ordinairement d' Une manière de raisonner qui consiste à inférer une chose d' une autre, à reconnaître, à établir qu' une chose doit ou peut être, puisqu' une ou plusieurs autres sont ou pourraient être. Raisonner par induction. Établir, prouver, démontrer une chose par induction.

Il se dit également d' Une conséquence que l' on tire par induction. Tirer une induction d' une proposition. Votre induction est fausse. Cette expérience confirme les inductions que l' on avait tirées de tel phénomène. On ne doit point se hâter de juger sur de simples inductions.

INDUIRE. v. a.

INDUIRE. v. a. Porter, pousser à faire quelque chose. Il se prend ordinairement en mauvaise part. Induire à mal faire. Qui est-ce qui vous a induit à cela?

Induire à erreur, Être la cause volontaire ou involontaire de l' erreur où tombe une personne. Il fut induit à erreur par une fausse citation. On dit également, Induire en erreur, mais toujours dans le sens de Tromper à dessein. Il voulait m' induire en erreur.

Dans l' Oraison dominicale, Ne nous induisez point en tentation, Ne permettez pas que nous soyons tentés au-dessus de nos forces.

INDUIRE

INDUIRE signifie aussi, Inférer, tirer une conséquence. Qu' induisez-vous de là? La conséquence que j' en induis. J' en veux induire que...

INDUIT, ITE. participe

INDUIT, ITE. participe

INDULGENCE. s. f.

INDULGENCE. s. f. Qualité opposée à la sévérité; facilité à excuser et à pardonner les fautes, les défauts. Grande indulgence. User d' indulgence. Avoir besoin d' indulgence. Avoir droit à l' indulgence. Avoir de l' indulgence pour une personne. Trop d' indulgence. Excès d' indulgence. Son indulgence fut cause... Réclamer l' indulgence de ses auditeurs. Traiter quelqu' un avec indulgence. Ce critique est d' une extrême indulgence pour les fautes légères.

Il signifie aussi, chez les Catholiques, La rémission des peines que les péchés méritent, accordée par l' Église sous de certaines conditions. Dans ce sens, on l' emploie souvent au pluriel. Indulgence de quarante jours, de vingt ans, etc. Indulgence plénière. Donner, accorder des indulgences. Gagner, mériter des indulgences. Il y a des indulgences dans cette église. Il y a indulgence plénière à telle église. Indulgence à quiconque se confessera et communiera, etc.

Fig. et fam., Gagner, mériter les indulgences, les indulgences plénières, se dit, en plaisantant, D' une personne qui fait une chose pénible, difficile, désagréable. Vous avez mérité les indulgences par votre empressement.

INDULGENT, ENTE. adj.

INDULGENT, ENTE. adj. Qui a de l' indulgence, qui pardonne aisément les fautes, les défauts. Un maître indulgent. Un prince indulgent. Un père indulgent. Il est trop indulgent pour ses enfants, à ses enfants. Vous lui êtes trop indulgent. Être indulgent à soi-même. Être indulgent pour les fautes de ses amis. Je vous prierais de revoir cet ouvrage, mais vous êtes trop indulgent. Un critique indulgent. On dit de même: Religion indulgente. Morale indulgente. Critique indulgente.

INDULT. s. m.

INDULT. s. m. (On fait sentir le T.) Privilége accordé, par lettres du pape, à quelque corps, ou à quelque personne, de pouvoir nommer à de certains bénéfices, ou de pouvoir les tenir contre la disposition du droit commun. Le roi avait un indult pour nommer aux bénéfices en pays d' obédience. Ampliation d' indult. Indult ampliatif.

Il se disait communément, autrefois, Du droit particulier qu' avaient le chancelier de France et les officiers du parlement de Paris, de requérir sur un évêché ou sur une abbaye, le premier bénéfice vacant, soit pour eux-mêmes, soit pour un autre, après y avoir été autorisés par lettres du prince. Chaque officier ne pouvait exercer le droit d' indult qu' une fois en sa vie. Mettre son indult sur une abbaye. Placer son indult. Son indult est rempli.

INDULT

INDULT signifie aussi, Le droit que le roi d' Espagne lève sur l' argent et sur les marchandises qui arrivent d' Amérique. L' indult avait été plus fort cette année-là que l' année précédente.

INDULTAIRE. s. m.

INDULTAIRE. s. m. Celui qui a droit à un bénéfice en vertu d' un indult. L' un est l' indultaire, l' autre le résignataire. L' indultaire est préféré au gradué.

INDÛMENT. adv.

INDÛMENT. adv. T. de Pratique. D' une manière indue. Il a été mal et indûment procédé contre lui. On a indûment procédé. Il a reçu, il a payé cette somme indûment.

INDUSTRIE. s. f.

INDUSTRIE. s. f. Dextérité, adresse à faire quelque chose. Cela est fait avec beaucoup d' industrie. Merveilleuse, admirable industrie. Avoir de l' industrie. Employer son industrie. Mettre, appliquer son industrie à... Il y a de l' industrie à faire... Il a eu l' industrie de faire... Il n' a pas assez d' industrie pour en venir à bout. C' est un homme d' industrie, de beaucoup d' industrie, d' une grande industrie. Il fait subsister sa famille par son travail, par son industrie. Une coupable industrie. Une dangereuse industrie.

Il se dit quelquefois d' Une profession mécanique ou mercantile, d' un art, d' un métier que l' on exerce pour vivre. Exercer quelque industrie. Cette petite industrie lui donne de quoi subsister. C' est une industrie comme une autre.

Vivre d' industrie, Trouver moyen de subsister par son adresse et par son savoir-faire. Il ne se dit qu' en mauvaise part.

Fig. et fam., Chevalier d' industrie, se dit d' Un homme qui vit d' adresse, d' expédients. On le prend toujours en mauvaise part. Autrefois on disait aussi, Chevalier de l' industrie.

INDUSTRIE

INDUSTRIE se dit aussi Des arts mécaniques et des manufactures en général, ordinairement par opposition à l' agriculture. L' industrie est pour les États une source abondante de richesses. Encourager, protéger, favoriser le commerce et l' industrie. Les progrès de l' industrie. Toutes les branches, tous les genres d' industrie. Les procédés de l' industrie. Taxer l' industrie, les produits de l' industrie. L' industrie française.

INDUSTRIEL, ELLE. adj.

INDUSTRIEL, ELLE. adj. Qui appartient à l' industrie. Les arts industriels. Les professions industrielles.

Il signifie aussi, Qui provient de l' industrie. Les produits industriels, les richesses industrielles d' un État.

INDUSTRIEL

INDUSTRIEL se dit quelquefois, substantivement, d' Une personne qui se livre à l' industrie. Un industriel. Concilier l' intérêt des industriels avec celui des agriculteurs.

INDUSTRIEUSEMENT. adv.

INDUSTRIEUSEMENT. adv. Avec industrie, avec art. Cela est fait industrieusement. Il travaille industrieusement. Cela est industrieusement travaillé, industrieusement exécuté.

INDUSTRIEUX, EUSE. adj.

INDUSTRIEUX, EUSE. adj. Qui a de l' industrie, de l' adresse. Un homme très-industrieux. Un ouvrier industrieux. Une ouvrière industrieuse. C' est un homme qui a l' esprit fort industrieux, les mains fort industrieuses. Cet ouvrage est fait d' une manière très-industrieuse.

INDUTS. s. m. pl.

INDUTS. s. m. pl. Terme qui s' emploie dans plusieurs églises, et par lequel on désigne Les ecclésiastiques qui assistent aux messes hautes, revêtus d' aubes et de tuniques, pour servir le diacre et le sous-diacre.

INÉBRANLABLE. adj. des deux genres

INÉBRANLABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être ébranlé. Une masse inébranlable. Ce roc est inébranlable à l' impétuosité des vents. Il demeure inébranlable contre la violence des vagues. Leurs bataillons semblaient inébranlables.

Il signifie figurément, Constant, ferme, qui ne se laisse point abattre. Un coeur, un courage inébranlable. Inébranlable aux coups de l' adversité. Rester inébranlable au milieu des plus grandes infortunes. Une inébranlable fermeté.

Il signifie aussi, Qu' on ne peut faire changer de dessein, d' opinion, etc. Mon parti est pris, je suis inébranlable. C' est un homme inébranlable dans les résolutions qu' il a une fois prises.

Il se dit également Des choses morales. Sa résolution est inébranlable. Sa foi fut inébranlable.

INÉBRANLABLEMENT. adv.

INÉBRANLABLEMENT. adv. Fermement, d' une manière inébranlable. Il s' emploie surtout au figuré. C' est un homme inébranlablement attaché à son devoir. Quand il s' entête une fois d' une opinion, il y demeure, inébranlablement attaché.

INÉDIT, ITE. adj.

INÉDIT, ITE. adj. Qui n' a point été imprimé, publié. Poëme inédit. Histoire inédite. OEuvres inédites. Cet ouvrage est demeuré inédit, est encore inédit.

INEFFABILITÉ. s. f.

INEFFABILITÉ. s. f. Impossibilité d' exprimer quelque chose par des paroles. Il n' est usité que dans ces phrases: L' ineffabilité des mystères. L' ineffabilité des grandeurs de Dieu.

INEFFABLE. adj. des deux genres

INEFFABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être exprimé par des paroles. Une joie, un plaisir ineffable. Une ineffable douceur. D' ineffables voluptés.

Il se dit, particulièrement, en parlant De Dieu et des mystères de la religion. La grandeur ineffable de Dieu. Le nom ineffable de Dieu. Le mystère ineffable de l' Incarnation.

INEFFAÇABLE. adj. des deux genres

INEFFAÇABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être effacé. Des traits ineffaçables. Une empreinte ineffaçable.

Il se dit figurément, au sens moral. Un souvenir ineffaçable. Des impressions ineffaçables. Le caractère du baptême, de l' ordre est ineffaçable. Il a fait à son honneur, à sa réputation une tache ineffaçable.

INEFFICACE. adj. des deux genres

INEFFICACE. adj. des deux genres Qui n' a point d' efficacité, qui ne produit point son effet. Dieu nous donne souvent, pour nous sauver, des secours que nous rendons inefficaces. Tous les remèdes qu' on a faits à ce malade ont été inefficaces.

INEFFICACITÉ. s. f.

INEFFICACITÉ. s. f. Manque d' efficacité. L' inefficacité d' un moyen. L' inefficacité d' un secours. L' inefficacité d' un remède.

INÉGAL, ALE. adj.

INÉGAL, ALE. adj. Qui n' est point égal; qui n' est pas de même étendue, de même durée, de même valeur, de même intensité, etc. Deux choses de grandeur inégale. Les pieds de cette table sont inégaux. Ces deux tours sont inégales en hauteur. Surfaces inégales. Parts inégales. Durée inégale. Forces inégales.

Il se dit figurément, dans le même sens. Deux personnes de condition inégale.

INÉGAL

INÉGAL signifie aussi, Qui n' est pas uni, qui est raboteux. Un terrain, un chemin, un plancher inégal. Surface inégale.

Il signifie encore, Qui n' est pas réglé, régulier, uniforme. Marcher d' un pas inégal. Démarche inégale. Mouvement inégal. Pouls inégal. Respiration inégale.

Il se dit figurément, dans le même sens. Conduite inégale. Le jeu de cet acteur est fort inégal. Le style de cet écrivain est bien inégal.

Il se dit pareillement Des personnes. Un homme inégal dans sa conduite. C' est un esprit inégal. Cet acteur est fort inégal. C' est un écrivain bien inégal.

INÉGALEMENT. adv.

INÉGALEMENT. adv. D' une manière inégale. Les parts sont faites inégalement. C' est un homme qui s' est toujours conduit fort inégalement.

INÉGALITÉ. s. f.

INÉGALITÉ. s. f. Défaut d' égalité. Il se dit dans tous les sens d' Inégal. L' inégalité de deux lignes. L' inégalité des lots dans un partage. L' inégalité des saisons. Inégalité d' âge. Une grande inégalité de forces. L' inégalité des conditions. L' inégalité entre les hommes. L' inégalité d' un chemin. L' inégalité d' un plancher. L' inégalité d' un mouvement. Inégalité de style, d' esprit, d' humeur. L' inégalité du pouls. Avoir de l' inégalité dans le caractère.

Il se dit quelquefois au pluriel, tant au propre qu' au figuré, Des irrégularités, des défectuosités de ce qui est inégal. Les inégalités d' un terrain. C' est un homme qui a de grandes inégalités. Son style est plein d' inégalités.

INÉLÉGANCE. s. f.

INÉLÉGANCE. s. f. Défaut d' élégance. L' inélégance du style.

INÉLÉGANT, ANTE. adj.

INÉLÉGANT, ANTE. adj. Qui manque d' élégance. Expression inélégante. Style inélégant.

INÉLIGIBLE. adj. des deux genres

INÉLIGIBLE. adj. des deux genres Qui n' a pas les qualités requises pour être élu. On reconnut que le candidat était inéligible.

INÉNARRABLE. adj. des deux genres

INÉNARRABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être raconté. Il ne s' emploie guère que dans certaines phrases tirées de l' Écriture sainte. Saint Paul, étant transporté au troisième ciel, vit des choses inénarrables. Gémissements inénarrables.

INEPTE. adj. des deux genres

INEPTE. adj. des deux genres Qui n' a nulle aptitude à certaines choses. C' est un homme tout à fait inepte aux sciences. Il est inepte à tout. Autant il a de dispositions pour les sciences, autant il est inepte en affaires.

Il signifie aussi, Sot, impertinent, absurde; et, dans cette acception, il se dit Des personnes et des choses. C' est un homme inepte, l' homme du monde le plus inepte. Tout ce qu' il dit est inepte. Raisonnement inepte.

INEPTIE. s. f.

INEPTIE. s. f. (On prononce Inepcie.) Caractère de ce qui est inepte, absurde. Cet homme est d' une grande ineptie. Il a montré bien de l' ineptie. Il y a de l' ineptie dans une pareille conduite.

Il se dit également Des actions, des idées, des paroles absurdes, impertinentes. Il a dit une véritable ineptie. Ce projet est une pure ineptie. Ce livre est plein d' inepties. Il ne débite que des inepties.

INÉPUISABLE. adj. des deux genres

INÉPUISABLE. adj. des deux genres Qu' on ne peut épuiser, tarir, mettre à sec. Une source d' eau inépuisable.

Il se dit, par extension, De certaines choses autres que les sources, etc. Cette mine est inépuisable. Des richesses inépuisables.

Il s' emploie aussi figurément. Cet homme a un fonds de science, de savoir inépuisable. Cette matière est inépuisable. Bonté, complaisance, patience inépuisable. La miséricorde de Dieu est inépuisable.

INERME. adj. des deux genres

INERME. adj. des deux genres T. de Botan. Qui n' a ni aiguillons ni épines. La tige de cette plante est inerme.

INERTE. adj. des deux genres

INERTE. adj. des deux genres Qui est sans ressort et sans activité. La matière inerte. Une masse inerte. Un membre inerte.

Il se dit quelquefois figurément. Un esprit inerte.

INERTIE. s. f.

INERTIE. s. f. (On prononce Inercie.) T. didactique. État de ce qui est inerte. Il s' emploie principalement dans cette locution, Force d' inertie, La propriété qu' ont les corps de rester dans leur état de repos ou de mouvement, jusqu' à ce qu' une cause étrangère les en tire.

Fig., Force d' inertie, Résistance passive, qui consiste principalement à ne pas obéir. Il rencontra dans la nation une force d' inertie qui neutralisa toutes ses mesures.

INERTIE

INERTIE se dit figurément, au sens moral, Du manque absolu d' activité ou d' énergie. Rester dans une complète inertie. Être plongé dans une profonde inertie. Tirez-le de cette inertie. Vivre dans un état d' indifférence et d' inertie. Tomber, languir dans l' inertie.

INESPÉRÉ, ÉE. adj.

INESPÉRÉ, ÉE. adj. Imprévu, à quoi on ne s' attendait pas. Il ne se dit qu' en bonne part. Événement inespéré. Succès inespéré. Victoire inespérée. Bonheur inespéré.

INESPÉRÉMENT. adv.

INESPÉRÉMENT. adv. Contre toute espérance, lorsqu' on s' y attendait le moins. On ne le dit que Des événements heureux. Il était ruiné, il lui est survenu inespérément une succession qui a rétabli ses affaires. Il est peu usité.

INESTIMABLE. adj. des deux genres

INESTIMABLE. adj. des deux genres Qu' on ne peut assez estimer, assez priser. Il ne se dit que Des choses. Cela est d' une valeur inestimable, d' un prix inestimable. C' est un tableau, un manuscrit inestimable. Votre amitié m' est un trésor inestimable.

INÉVITABLE. adj. des deux genres

INÉVITABLE. adj. des deux genres Qu' on ne peut éviter. Un malheur inévitable. Cet inconvénient est inévitable. Le piége était inévitable.

INÉVITABLEMENT. adv.

INÉVITABLEMENT. adv. Nécessairement, sans qu' on puisse l' éviter. Vous tomberez inévitablement dans ce malheur.

INEXACT, ACTE. adj.

INEXACT, ACTE. adj. Qui manque d' exactitude. Calcul inexact. Copie inexacte. Image inexacte de la réalité.

Il se dit aussi Des personnes. Copiste inexact. C' est un homme fort inexact.

INEXACTEMENT. adv.

INEXACTEMENT. adv. D' une manière inexacte.

INEXACTITUDE. s. f.

INEXACTITUDE. s. f. Défaut d' exactitude. L' inexactitude d' un calcul. Il est d' une grande inexactitude à remplir ses devoirs.

Il se dit aussi Des fautes, des erreurs commises par inexactitude. On a remarqué beaucoup d' inexactitudes dans cet ouvrage.

INEXCUSABLE. adj. des deux genres

INEXCUSABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être excusé. Faute inexcusable. L' indiscrétion est un défaut inexcusable.

Il se dit aussi Des personnes. Vous êtes inexcusable d' en avoir usé ainsi.

INEXÉCUTABLE. adj. des deux genres

INEXÉCUTABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être exécuté. Des lois inexécutables. Votre projet est inexécutable. Ce plan est inexécutable. Cette musique est inexécutable.

INEXÉCUTION. s. f.

INEXÉCUTION. s. f. Manque d' exécution. L' inexécution d' un contrat, d' un testament, d' un arrêt, d' un traité. L' inexécution des lois. L' inexécution d' un projet.

INEXERCÉ, ÉE. adj.

INEXERCÉ, ÉE. adj. Qui n' est point exercé. Cet ouvrage est d' une main inexercée.

INEXIGIBLE. adj. des deux genres

INEXIGIBLE. adj. des deux genres Qui n' est point encore exigible, qui ne peut être exigé. Il ne s' emploie guère que dans ces locutions: Dette inexigible. Capital inexigible.

INEXORABLE. adj. des deux genres

INEXORABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être fléchi, apaisé. Il est inexorable. Le public est un censeur inexorable. Les pécheurs endurcis trouveront Dieu inexorable. Il fut inexorable à toutes les prières. Une inexorable sévérité.

INEXORABLEMENT. adv.

INEXORABLEMENT. adv. D' une manière inexorable. Ne lui demandez point cette grâce, il vous refuserait inexorablement.

INEXPÉRIENCE. s. f.

INEXPÉRIENCE. s. f. Manque d' expérience. L' inexpérience d' un jeune homme. L' inexpérience du monde est cause de bien des fautes.

INEXPÉRIMENTÉ, ÉE. adj.

INEXPÉRIMENTÉ, ÉE. adj. Qui n' a point d' expérience. Général inexpérimenté. Chirurgien inexpérimenté.

INEXPIABLE. adj. des deux genres

INEXPIABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être expié. Crime inexpiable.

INEXPLICABLE. adj. des deux genres

INEXPLICABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être expliqué par aucun discours. Difficultés inexplicables. Les mystères de la religion chrétienne sont inexplicables. L' homme est une énigme inexplicable à lui-même.

Il signifie aussi, Incompréhensible, bizarre, étrange; et alors il se dit Des personnes et des choses. C' est un homme, un caractère inexplicable. Sa conduite est inexplicable. Ces retours de fortune sont inexplicables.

INEXPRIMABLE. adj. des deux genres

INEXPRIMABLE. adj. des deux genres Qu' on ne peut exprimer par des paroles. Douleur inexprimable. Joie inexprimable. Reconnaissance inexprimable. Sentiments inexprimables. Un charme inexprimable.

INEXPUGNABLE. adj. des deux genres

INEXPUGNABLE. adj. des deux genres (Le G se prononce fortement.) Qui ne peut être forcé, pris d' assaut. Ville inexpugnable. Fort inexpugnable. Il n' y a plus de forteresses inexpugnables.

INEXTINGUIBLE. adj. des deux genres

INEXTINGUIBLE. adj. des deux genres (GUI fait diphthongue.) Qui ne peut s' éteindre. Un feu inextinguible. Lampe inextinguible.

Il s' emploie figurément dans certaines locutions. Ainsi on dit: Une soif inextinguible, Une soif que rien ne peut apaiser. Un rire inextinguible, Un rire éclatant et prolongé. Les dieux, à l' aspect de Vulcain boitant, furent saisis d' un rire inextinguible.

IN EXTREMIS

IN EXTREMIS Voyez EXTREMIS (IN).

INEXTRICABLE. adj. des deux genres

INEXTRICABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être démêlé. Un labyrinthe inextricable. Un chaos inextricable de difficultés.

INFAILLIBILITÉ. s. f.

INFAILLIBILITÉ. s. f. Qualité de ce qui est infaillible. L' infaillibilité d' un succès. L' infaillibilité d' une règle, d' un principe. L' infaillibilité d' une promesse. L' infaillibilité d' un remède.

Il se dit particulièrement de L' impossibilité de se tromper, d' errer. L' infaillibilité de l' Église.

INFAILLIBLE. adj. des deux genres

INFAILLIBLE. adj. des deux genres Qui est certain et immanquable. Le succès de cette affaire est infaillible. Ce que je vous promets est infaillible. Sa perte est infaillible. C' est une chose infaillible. Règle, vérité, principe infaillible. Science infaillible. Moyen infaillible. Remède, recette infaillible.

Il signifie aussi, Qui ne peut ni tromper, ni errer. Dieu est infaillible dans ses promesses. Croyez-vous cet homme-là infaillible?

INFAILLIBLEMENT. adv.

INFAILLIBLEMENT. adv. Immanquablement, assurément, sans aucun doute. Infailliblement cela arrivera. Je m' y trouverai infailliblement.

INFAISABLE. adj. des deux genres

INFAISABLE. adj. des deux genres (On prononce Infesable.) Qui ne peut être fait. C' est une chose infaisable.

INFAMANT, ANTE. adj.

INFAMANT, ANTE. adj. Qui porte infamie. Des paroles, des injures infamantes. Condamnation infamante. Arrêt infamant. Supplice infamant. Peine infamante, afflictive et infamante. Voyez AFFLICTIF.

INFAMATION. s. f.

INFAMATION. s. f. T. d' ancienne Jurispr. criminelle. Note d' infamie. La condamnation au blâme emportait infamation.

INFÂME. adj. des deux genres

INFÂME. adj. des deux genres Qui est diffamé, noté, flétri par les lois, par l' opinion publique. Il y a des châtiments qui rendent infâmes. Ceux qui sont réputés infâmes par la loi, ne peuvent être admis en témoignage. C' est un homme infâme. Une infâme prostituée.

Il signifie aussi, Qui est indigne, honteux, avilissant. Action infâme. La chose est infâme. Une infâme trahison. Conduite infâme. Moeurs infâmes. Avarice infâme. Faire un trafic, un commerce infâme. Profession infâme. Lieu infâme, Maison de prostitution.

Il se dit quelquefois, par exagération, De tout ce qui est sale, malpropre, malséant. On le logea dans un taudis infâme. Vous avez là un habit infâme.

INFÂME

INFÂME est aussi substantif, et signifie, Celui qui est flétri par la loi, ou qui a fait des choses déshonorantes. Les infâmes ne sont pas reçus en témoignage. Ne me parlez point de lui, c' est un infâme. C' est une infâme.

INFAMIE. s. f.

INFAMIE. s. f. Flétrissure imprimée à l' honneur, à la réputation, soit par la loi, soit par l' opinion publique. Note d' infamie. Noter d' infamie. Encourir infamie. Cela porte infamie. Cette peine emporte infamie. Couvrir quelqu' un d' infamie. L' infamie est plus à craindre que la mort. Vivre dans l' infamie.

Il se dit quelquefois en parlant D' une chose infâme, déshonorante. Je dévoilerai l' infamie de sa conduite.

Il signifie aussi, Action vile, honteuse, indigne d' un honnête homme. C' est une infamie de manquer à sa parole. C' est un malhonnête homme, il a fait cent infamies.

Il signifie également, Parole injurieuse à l' honneur, à la réputation. Dans ce sens, on ne l' emploie qu' au pluriel. Il lui a dit mille infamies, toutes les infamies imaginables, toutes les infamies du monde.

INFANT, ANTE. s.

INFANT, ANTE. s. Titre qu' on donne aux enfants puînés des rois d' Espagne et de Portugal. L' infant d' Espagne. Le cardinal infant. Ce prince épousa l' infante de Portugal, une des infantes.

INFANTERIE. s. f.

INFANTERIE. s. f. Il se dit Des gens de guerre qui marchent et qui combattent à pied. Bonne infanterie. Vieille infanterie. Nouvelle infanterie. Infanterie française. Infanterie espagnole. Régiment, bataillon, détachement d' infanterie. Compagnie d' infanterie. Colonel, officier, soldat d' infanterie. L' infanterie ennemie fut taillée en pièces.

INFANTICIDE. s. m.

INFANTICIDE. s. m. Meurtre d' un enfant. Il se dit surtout, dans la Législation criminelle, en parlant D' un enfant nouveau-né. Cette fille est accusée d' infanticide. Commettre un infanticide. L' infanticide est puni de mort.

Il signifie aussi, Meurtrier d' un enfant, ou de son propre enfant. Dans ce sens, il est des deux genres, et on l' emploie souvent comme adjectif. Cette fille est infanticide. Une mère infanticide.

INFATIGABLE. adj. des deux genres

INFATIGABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être lassé par le travail, par la peine, par la fatigue. Un homme infatigable. Courrier infatigable. Cheval infatigable. Un corps infatigable. Un esprit infatigable. Zèle, ardeur infatigable. Ce ministre est infatigable.

INFATIGABLEMENT. adv.

INFATIGABLEMENT. adv. Sans se lasser. Attaché, appliqué infatigablement à son travail.

INFATUATION. s. f.

INFATUATION. s. f. Prévention excessive et ridicule en faveur de quelqu' un ou de quelque chose. On ne peut le guérir de son infatuation. Il est dans une grande infatuation de sa noblesse, de son opulence, de son mérite.

INFATUER. v. a.

INFATUER. v. a. Prévenir, préoccuper tellement quelqu' un en faveur d' une personne, d' une chose qui ne le mérite pas, qu' il n' y ait presque pas moyen de l' en désabuser. Qui vous a infatué de cet homme-là, de ce livre-là? Se laisser infatuer de sa richesse.

Il s' emploie souvent avec le pronom personnel. S' infatuer de quelqu' un. S' infatuer d' une opinion.

INFATUÉ, ÉE. participe

INFATUÉ, ÉE. participe Il est infatué de sa personne. Il est bien infatué de son mince talent.

INFÉCOND, ONDE. adj.

INFÉCOND, ONDE. adj. Stérile. Il se dit surtout en parlant Des terres qui ne produisent point ou qui produisent peu. Une terre inféconde. Ce champ est infécond. Lorsqu' on parle Des animaux ou des plantes, il ne se dit guère qu' en poésie. Une vache inféconde. Des germes inféconds.

Il se dit aussi figurément. Esprit infécond. Génie infécond. Veine inféconde.

INFÉCONDITÉ. s. f.

INFÉCONDITÉ. s. f. Manque de fécondité, stérilité. Il se dit surtout en parlant Des terres. L' infécondité des terres où il y a des mines n' est pas toujours compensée par la richesse des métaux qu' elles produisent.

INFECT, ECTE. adj.

INFECT, ECTE. adj. Puant, gâté, corrompu, qui est infecté, ou qui infecte Il a l' haleine infecte. Il est puant et infect. Des eaux infectes. D' infectes vapeurs. Un lieu infect. Un air infect.

INFECTER. v. a.

INFECTER. v. a. Gâter, corrompre, incommoder par communication de quelque chose de puant, de contagieux, ou de venimeux. Ce marais infecte l' air. Cette puanteur, cette charogne infecte tout le voisinage. Il nous infecte avec son haleine, de son haleine. On jeta des immondices dans le puits, pour l' infecter. La peste avait infecté toute la ville, tout le pays. Ceux qui étaient infectés de cette maladie.

Il se dit aussi figurément, au sens moral. Il infecta le pays de cette hérésie, de sa pernicieuse doctrine. Si vous le fréquentez, il vous infectera par ses dangereuses maximes, de ses dangereuses maximes.

INFECTÉ, ÉE. participe

INFECTÉ, ÉE. participe Fuir les lieux infectés de la peste, les lieux infectés.

INFECTION. s. f.

INFECTION. s. f. Grande puanteur. Cet égout est de la plus grande infection. Il en sort une horrible infection. Infection insupportable.

Il signifie aussi, Corruption, altération produite dans un corps par les substances ou miasmes délétères qui s' y introduisent. On le dit principalement De l' air et de l' économie animale. L' infection de l' air. L' infection se répandit au loin. Les maladies produites par infection.

INFÉODATION. s. f.

INFÉODATION. s. f. T. de Jurispr. féodale. Acte par lequel le seigneur aliénait une terre, et la donnait pour être tenue de lui en fief. L' inféodation était en bonne forme.

INFÉODER. v. a.

INFÉODER. v. a. T. de Jurispr. féodale. Donner une terre pour être tenue en fief. Inféoder des héritages.

INFÉODÉ, ÉE. participe

INFÉODÉ, ÉE. participe Domaine inféodé.

Dîmes inféodées, Dîmes aliénées par l' Église et possédées par des laïques.

INFÉRER. v. a.

INFÉRER. v. a. Tirer une conséquence de quelque proposition, de quelque fait, etc. Vous dites que telle chose est: que voulez-vous inférer de là? J' en infère telle chose. Vous n' en pouvez rien inférer.

INFÉRÉ, ÉE. participe

INFÉRÉ, ÉE. participe

INFÉRIEUR, EURE. adj.

INFÉRIEUR, EURE. adj. Qui est placé au-dessous, en bas. La région inférieure de l' air. La partie inférieure du corps, d' un édifice, d' un tableau, etc. Les membres inférieurs. La mâchoire inférieure. Les planètes inférieures. L' orbe de Mercure est inférieur à celui de Vénus.

Il se dit particulièrement, surtout en termes de Géographie ancienne, De la partie d' un pays qui est la plus éloignée de la source d' un fleuve, ou la plus voisine de la mer; et alors on ne l' emploie guère qu' au féminin. Germanie inférieure, Germanie supérieure. Pannonie inférieure, Pannonie supérieure.

Département de la Seine-Inférieure, de la Loire-Inférieure, Département de la France où se trouve l' embouchure de la Seine, de la Loire. On dit quelquefois, par ellipse, La Seine-Inférieure, la Loire-Inférieure. Préfet, député de la Seine-Inférieure, de la Loire-Inférieure.

INFÉRIEUR

INFÉRIEUR signifie aussi, figurément, Qui est au-dessous d' un autre en rang, en dignité, en mérite, en forces. Inférieur en science. Inférieur en savoir, en mérite. Les ennemis nous étaient inférieurs en forces, en nombre, en infanterie. Les classes inférieures de la société. Les rangs inférieurs. Un ordre inférieur.

Il se dit également Des choses, tant au sens physique qu' au sens moral. Ces marchandises sont d' une qualité fort inférieure. Pour le coloris, ce tableau est inférieur à tel autre. Son mérite, son talent est inférieur au vôtre.

Tribunal inférieur, Celui dont il y a appel. On dit dans le même sens, Juges inférieurs.

Dans un Collége, Classes inférieures, Celles par où commence le cours des études, où l' on enseigne les éléments du latin, etc.

INFÉRIEUR

INFÉRIEUR est aussi substantif; et alors il ne se dit proprement que de Celui qui est au-dessous d' un autre en rang, en dignité, et ordinairement avec subordination et dépendance. Les inférieurs doivent respect aux supérieurs. C' est mon capitaine, je suis son inférieur. Il en use bien avec ses inférieurs. Ce terme ne s' emploie qu' en parlant à un inférieur.

INFÉRIEUREMENT. adv.

INFÉRIEUREMENT. adv. Au-dessous. Deux auteurs ont écrit sur cette matière, mais l' un bien inférieurement à l' autre.

INFÉRIORITÉ. s. f.

INFÉRIORITÉ. s. f. Désavantage, inégalité en ce qui concerne le rang, la force, le mérite, etc. Il ne reconnaît pas assez son infériorité. Son infériorité devrait le rendre plus modeste. Infériorité de talent, de mérite. Il fit l' aveu de son infériorité. L' infériorité des forces. L' infériorité du nombre.

INFERNAL, ALE. adj.

INFERNAL, ALE. adj. Qui appartient à l' enfer. Monstre infernal. Les puissances infernales. Le serpent, le dragon infernal, Le démon.

Il s' emploie très-souvent en poésie, surtout lorsqu' on parle De l' enfer des païens. Séjour infernal. Demeure infernale. Les divinités infernales. Les dieux infernaux. La rive infernale. Le peuple infernal. Les juges infernaux.

INFERNAL

INFERNAL se dit figurément De ce qui annonce beaucoup de méchanceté, de noirceur, de cruauté. Rage, malice, ruse infernale. Complot infernal. Piége infernal. Machinations infernales. Art infernal.

Il se dit aussi, familièrement, D' un grand bruit, ou de ce qui fait un grand bruit. Bruit, tapage, vacarme, tintamarre infernal. Quelle musique infernale!

En Chimie, Pierre infernale, Nitrate d' argent fondu, pierre factice qui a la propriété de brûler, de consumer les chairs sur lesquelles on l' applique. Cautériser une morsure avec la pierre infernale. Appliquer la pierre infernale sur quelque partie gangrenée.

INFERTILE. adj. des deux genres

INFERTILE. adj. des deux genres Stérile, qui ne produit rien, qui ne rapporte rien, ou qui ne rapporte que fort peu. Un champ, un sol infertile. Des terres infertiles. Pays infertiles.

Il se dit aussi, figurément, De l' esprit, de l' imagination. Un esprit infertile. Veine infertile.

Sujet, matière infertile, Sujet, matière qui fournit peu de choses à dire.

INFERTILITÉ. s. f.

INFERTILITÉ. s. f. Stérilité. L' infertilité de ces terres est cause qu' on ne les cultive plus.

INFESTER. v. a.

INFESTER. v. a. Ravager, désoler, tourmenter par des irruptions, par des courses hostiles, par des actes fréquents de violence et de brigandage. Les pirates infestaient toutes ces côtes-là. Les ennemis infestaient le pays par leurs courses, infestaient les frontières. Sous ce règne malheureux, la France était infestée par des brigands.

Il se dit, par extension, Des animaux nuisibles ou incommodes, des malins esprits, etc. Les sauterelles infestent souvent de grandes provinces en Orient. Les rats infestent cette maison. On prétendait que les malins esprits infestaient ce château. Les mauvaises herbes qui infestent nos champs.

INFESTÉ, ÉE. participe

INFESTÉ, ÉE. participe Des mers infestées de pirates. Une forêt infestée de voleurs.

INFIBULATION. s. f.

INFIBULATION. s. f. Opération par laquelle on réunit, au moyen d' un anneau, ou même d' une suture, les parties dont la liberté est nécessaire à l' acte de la génération.

INFIBULER. v. a.

INFIBULER. v. a. Faire l' opération de l' infibulation.

INFIBULÉ, ÉE. participe

INFIBULÉ, ÉE. participe

INFIDÈLE. adj. des deux genres

INFIDÈLE. adj. des deux genres Qui ne garde point sa foi, qui ne remplit point ses devoirs, ses engagements; qui n' est pas constant dans ses affections. Être infidèle à ses serments, à sa parole. Être infidèle à son ami. Messager, guide, dépositaire infidèle. Une femme infidèle à son mari. Amant infidèle. Ami infidèle.

Il se dit quelquefois particulièrement D' un employé, D' un domestique, etc., qui commet des soustractions. Commis infidèle. Domestique infidèle.

Il se dit, figurément, Des choses sur lesquelles on ne peut pas ou on ne peut plus compter. La mer est un élément infidèle. La victoire, la fortune lui devint infidèle, L' abandonna.

Il signifie encore, Qui n' a pas la vraie foi. Les nations, les peuples infidèles. Une race infidèle.

INFIDÈLE

INFIDÈLE signifie en outre, Qui manque à la vérité, inexact; et il se dit alors Des personnes et des choses. Narrateur, traducteur, interprète infidèle. Rapport infidèle. Copiste infidèle. Cette traduction est bien infidèle. Portrait infidèle. Copie infidèle. On dit, à peu près dans le même sens, Miroir, glace infidèle.

Mémoire infidèle, Mémoire faible, qui retient mal, inexactement. J' ai une mémoire très-infidèle.

INFIDÈLE

INFIDÈLE s' emploie aussi comme substantif, et se dit de Celui ou de celle qui manque à la fidélité, à la foi promise. Elle essaya vainement de ramener son infidèle. C' est une infidèle.

Il se dit également de Celui ou de celle qui n' a pas la vraie foi. L' infidèle n' a point de part au royaume de Dieu. Dans ce sens, il est plus souvent d' usage au pluriel. Prêcher, convertir les infidèles. Combattre les infidèles. Aller, marcher contre les infidèles.

INFIDÈLEMENT. adv.

INFIDÈLEMENT. adv. D' une manière infidèle. Agir infidèlement avec ses amis. Cet ouvrage est infidèlement traduit.

INFIDÉLITÉ. s. f.

INFIDÉLITÉ. s. f. Manque de fidélité, ou de probité. L' infidélité d' un amant. L' infidélité d' une maîtresse. L' infidélité d' une femme, d' un mari. L' infidélité d' un ami. L' infidélité d' un dépositaire. L' infidélité d' un domestique, d' un employé.

Il signifie aussi, Manque d' exactitude, de vérité, et se dit Des personnes et des choses. L' infidélité d' un historien, d' un traducteur, d' un copiste. L' infidélité d' un récit, d' un rapport, d' une citation.

L' infidélité de la mémoire, Le défaut de mémoire. Il ne faut en accuser que l' infidélité de sa mémoire.

INFIDÉLITÉ

INFIDÉLITÉ se dit également Des actes d' infidélité. Il a fait une infidélité, bien des infidélités à sa maîtresse. Ce domestique a commis une infidélité, des infidélités. Une grande infidélité.

Il se dit aussi Des simples inexactitudes. Il y a de grandes infidélités dans cette traduction.

INFIDÉLITÉ

INFIDÉLITÉ signifie encore, L' état de ceux qui ne sont pas dans la vraie religion. Être obstiné dans son infidélité. Il était chrétien, et tomba dans l' infidélité.

INFILTRATION. s. f.

INFILTRATION. s. f. Action d' un fluide qui s' insinue dans les pores des parties solides. L' infiltration de l' eau dans le bois.

Il se dit particulièrement, en Médecine, D' un liquide qui pénètre et s' amasse dans un tissu quelconque. Infiltration de sérosités, de bile, de sang, d' urine. Hydropisie par infiltration.

INFILTRER (S' ). v. pron.

INFILTRER (S' ). v. pron. Passer comme par un filtre; filtrer, pénétrer à travers les pores, les interstices d' un corps solide. L' eau s' infiltre dans le bois le plus dur.

Il se dit particulièrement, en Médecine, D' un liquide qui pénètre et s' amasse dans un tissu quelconque. Des sérosités qui s' infiltrent dans le tissu cellulaire.

INFILTRÉ, ÉE. participe

INFILTRÉ, ÉE. participe Tissu cellulaire infiltré.

INFIME. adj. des deux genres

INFIME. adj. des deux genres Dernier, placé le plus bas. Il ne se dit qu' au figuré. Les rangs infimes de la société.

INFINI, IE. adj.

INFINI, IE. adj. Qui n' a ni commencement ni fin, qui est sans bornes et sans limites. Quelques philosophes ont prétendu que l' espace est infini. L' être infini. Dieu seul est infini. Il n' y a rien d' infini que Dieu.

Il se dit aussi Des attributs de Dieu. La miséricorde de Dieu est infinie. Sa puissance est infinie. Etc.

Il se dit, par extension, De ce dont on ne peut assigner les bornes, le terme, etc. Un espace infini. Une durée infinie.

Il se dit également De ce qui ne doit point avoir de fin. La gloire, la béatitude infinie des élus.

Il se dit encore, par exagération, tant au sens physique qu' au sens moral, De tout ce qui est très-considérable en son genre. Des astres placés à une distance infinie. La différence est infinie. Elle a une grâce infinie. Je vous en sais un gré infini. Nous eûmes une peine infinie à l' y déterminer. Il y a un temps infini que je suis de retour.

Il se dit particulièrement pour Innombrable. Il y a un nombre infini d' auteurs qui ont écrit sur ce sujet. Une infinie variété d' objets. Des peines infinies. Des travaux infinis. Je vous ai des obligations infinies. Il y avait un monde infini dans cette assemblée. Cette dernière phrase est du langage de la conversation.

INFINI

INFINI se dit substantivement, et presque toujours absolument, de Ce que l' on suppose sans limites. L' homme ne peut bien concevoir l' infini. Le calcul de l' infini. La géométrie de l' infini.

À L' INFINI. loc. adv.

À L' INFINI. loc. adv. Sans fin, sans bornes, sans mesure. Il se dit principalement De certaines choses auxquelles on peut toujours ajouter, comme le temps, l' espace, l' étendue et le nombre. Cela irait à l' infini. La divisibilité de la matière à l' infini. Progrès à l' infini. Supposer une ligne tirée, prolongée à l' infini. Multiplier un nombre à l' infini.

INFINIMENT. adv.

INFINIMENT. adv. Sans bornes et sans mesure. Dieu est infiniment bon, infiniment juste.

Il signifie aussi, Extrêmement. C' est un homme infiniment heureux. Elle est infiniment aimable. Il souffre infiniment. Il a infiniment d' esprit. Je vous suis infiniment obligé.

En Mathém., Quantité infiniment petite, Celle qui est conçue comme moindre qu' aucune quantité assignable. On dit dans un sens analogue, Le calcul des infiniment petits.

INFINITÉ. s. f.

INFINITÉ. s. f. Qualité de ce qui est infini. L' esprit humain ne saurait comprendre l' infinité de Dieu. Quelques philosophes soutiennent l' infinité de l' esprit.

Il signifie quelquefois, Un très-grand nombre. Une infinité de personnes. Une infinité de gens ont cru cette nouvelle. Une infinité de choses. On pourrait vous alléguer une infinité de raisons.

INFINITÉSIMAL, ALE. adj.

INFINITÉSIMAL, ALE. adj. T. de Mathém. Il s' emploie principalement dans cette locution, Calcul infinitésimal, Le calcul des infiniment petits. Le calcul infinitésimal a deux branches: le calcul différentiel, et le calcul intégral.

INFINITIF. s. m.

INFINITIF. s. m. T. de Gram. On appelle ainsi, dans les verbes, Le mode qui exprime l' état ou l' action, sans déterminer ni le nombre, ni la personne. Aimer est l' infinitif du verbe dont j' aime est le présent. Un verbe à l' infinitif. Le présent de l' infinitif. Boire, courir, prendre, sont des infinitifs. On dit quelquefois adjectivement, Le mode infinitif.

INFIRMATIF, IVE. adj.

INFIRMATIF, IVE. adj. T. de Palais. Qui infirme, qui rend nul. Il ne se dit guère que dans cette phrase, Un arrêt infirmatif d' une sentence, d' un jugement.

INFIRME. adj. des deux genres

INFIRME. adj. des deux genres Qui a une constitution faible, qui est sujet à des infirmités; ou Qui a actuellement quelque indisposition qui le rend languissant. C' est un corps extrêmement infirme. Un homme, un vieillard infirme. Vieillesse infirme. On l' emploie souvent comme substantif. Nous avons plusieurs infirmes. Voilà le lieu où l' on met les infirmes.

Il signifie au figuré, Faible, fragile, qui manque de force pour faire le bien. Le péché a rendu l' homme infirme, a rendu la volonté infirme.

INFIRMER. v. a.

INFIRMER. v. a. Affaiblir, diminuer, ôter la force. Il n' est d' usage qu' au figuré. Infirmer l' autorité d' un historien. On l' emploie surtout en termes de Palais. Voilà une pièce bien forte; qu' opposez-vous pour l' infirmer? Il disait, pour infirmer cet acte, que...

Dans le style didactique, Infirmer une preuve, un témoignage, Montrer le faible d' une preuve, d' un témoignage.

En Jurispr., Infirmer un jugement, une décision, une sentence, se dit D' un juge supérieur qui annule ou réforme la sentence rendue par un juge inférieur. La cour royale infirma le jugement du tribunal de première instance.

INFIRMÉ, ÉE. participe

INFIRMÉ, ÉE. participe

INFIRMERIE. s. f.

INFIRMERIE. s. f. Lieu destiné aux malades et aux infirmes, dans les communautés et maisons religieuses, dans les colléges, etc. Il est à l' infirmerie, dans une des salles de l' infirmerie. L' infirmerie d' un collége.

INFIRMERIE

INFIRMERIE dans certaines Abbayes d' hommes, se dit d' Un office claustral dont le revenu est destiné à l' entretien des religieux malades. Il était dû tant de blé de rente à l' infirmerie de telle abbaye.

INFIRMIER, IÈRE. s.

INFIRMIER, IÈRE. s. Celui, celle qui soigne et sert les malades dans une infirmerie, dans un hôpital. S' adresser à l' infirmier. C' est l' infirmier qui est chargé de ce soin.

INFIRMIER

INFIRMIER dans certaines Abbayes d' hommes, se dit Du religieux qui est revêtu de l' office claustral qu' on appelle Infirmerie.

INFIRMITÉ. s. f.

INFIRMITÉ. s. f. Indisposition ou maladie habituelle. Les infirmités corporelles. La surdité, la cécité, sont des infirmités. Il est sujet à de grandes infirmités. Une infirmité gênante. Les infirmités de l' âge, de la vieillesse.

Il signifie aussi, Faiblesse, fragilité pour le bien, défaut, imperfection. L' infirmité humaine. L' infirmité de la nature, causée par le péché. Il faut supporter les infirmités de son prochain.

INFLAMMABLE. adj. des deux genres

INFLAMMABLE. adj. des deux genres Qui s' enflamme facilement. Le soufre, le camphre, sont des matières fort inflammables. Gaz inflammable.

INFLAMMATION. s. f.

INFLAMMATION. s. f. Action par laquelle une matière combustible s' enflamme, ou Le résultat de cette action. Le feu prit aux poudres; et l' inflammation fut si prompte, qu' elle fit un ravage affreux.

Il s' emploie aussi figurément, et signifie, L' âcreté et l' ardeur qui surviennent aux parties du corps excessivement échauffées. Il y a de l' inflammation à cette plaie. Inflammation de poitrine. L' inflammation des viscères. Inflammation de poumon. Inflammation d' entrailles.

INFLAMMATOIRE. adj. des deux genres

INFLAMMATOIRE. adj. des deux genres T. de Médec. Qui cause de l' inflammation, qui tient de l' inflammation. Maladie inflammatoire. Fièvre inflammatoire. Symptôme inflammatoire.

INFLÉCHIR. v. a.

INFLÉCHIR. v. a. T. d' Optique. Il s' emploie surtout avec le pronom personnel, et se dit Des rayons lumineux qui dévient. Le point où des rayons lumineux s' infléchissent. Voyez INFLEXION.

INFLÉCHI, IE. participe

INFLÉCHI, IE. participe

INFLEXIBILITÉ. s. f.

INFLEXIBILITÉ. s. f. Qualité de ce qui est inflexible. L' inflexibilité absolue n' existe dans aucun corps.

Il se dit figurément, au sens moral. L' inflexibilité d' un juge. L' inflexibilité de son caractère.

INFLEXIBLE. adj. des deux genres

INFLEXIBLE. adj. des deux genres Qu' on ne peut fléchir, plier, courber. Aucun métal n' est absolument inflexible.

Il signifie au figuré, Qui ne se laisse point émouvoir à compassion, qui ne se laisse ébranler par aucune considération. On le dit en bien et en mal. Inflexible aux prières. Tyran inflexible. Il est rigide et inflexible. Une vertu inflexible. Une constance inflexible. Opiniâtreté inflexible. Juge inflexible.

INFLEXIBLEMENT. adv.

INFLEXIBLEMENT. adv. D' une manière inflexible. Il demeure inflexiblement attaché à son opinion. Il résiste inflexiblement à leurs menaces.

INFLEXION. s. f.

INFLEXION. s. f. Action de fléchir, de plier, d' incliner. Inflexion du corps, de corps. Saluer en faisant une légère inflexion de corps.

Il se dit, en termes d' Optique, pour exprimer Une espèce particulière de déviation que les rayons lumineux éprouvent lorsqu' ils passent dans les confins de deux milieux dont le pouvoir réfringent est différent. Le point d' inflexion.

INFLEXION

INFLEXION se dit aussi Des changements de ton, d' accent dans la voix, soit en chantant, soit en parlant. Ce chanteur, cet acteur a des inflexions de voix agréables. Les inflexions justes font une bonne déclamation.

Il se dit quelquefois de La disposition, de la facilité qu' on a à faire ces changements, et à passer d' un ton à un autre. Cet orateur n' a point d' inflexion de voix. Un homme qui n' a point d' inflexion dans la voix, ne saurait bien chanter.

INFLEXION

INFLEXION en termes de Grammaire, signifie, La manière de décliner ou de conjuguer. L' inflexion des noms. L' inflexion des verbes.

Il se dit plus ordinairement Des différentes formes que prend un nom quand on le décline, un verbe quand on le conjugue. Les diverses inflexions qu' un mot peut recevoir.

INFLIGER. v. a.

INFLIGER. v. a. Prononcer une peine contre quelqu' un, lui imposer une peine pour quelque transgression, quelque crime, quelque faute. Les peines que les lois infligent aux meurtriers, aux incendiaires, etc. La peine qui est infligée par le juge. Infliger une amende. Infliger un châtiment, un supplice. Infliger une pénitence. S' infliger des privations.

INFLIGÉ, ÉE. participe

INFLIGÉ, ÉE. participe

INFLORESCENCE. s. f.

INFLORESCENCE. s. f. T. de Botan. Disposition particulière des fleurs d' une plante.

INFLUENCE. s. f.

INFLUENCE. s. f. Action d' une chose qui influe sur une autre. Il se dit tant au propre qu' au figuré. L' influence de la lune sur les marées. L' influence de la chaleur sur les corps. Des influences contraires. On croyait autrefois que les astres avaient de l' influence sur la destinée des hommes. L' influence du climat sur le tempérament, sur les moeurs. L' influence de l' opinion publique. L' influence du langage sur les idées. Les premières démarches qu' on fait dans le monde ont beaucoup d' influence sur le reste de la vie. L' influence des lois nouvelles commençait à se faire sentir. Subir, éprouver une influence. Influence salutaire, dangereuse. Douce influence. L' influence des passions.

Il signifie particulièrement, Autorité, crédit, ascendant. C' est un homme sans influence dans le gouvernement. Il a beaucoup d' influence à la cour. Il a perdu toute influence. Exercer une grande influence sur les esprits.

INFLUENCER. v. a.

INFLUENCER. v. a. Exercer une influence, un ascendant. Influencer les esprits, les opinions. Influencer une assemblée. Il s' est laissé influencer par une faction, par telle personne.

INFLUENCÉ, ÉE. participe

INFLUENCÉ, ÉE. participe

INFLUENT, ENTE. adj.

INFLUENT, ENTE. adj. Qui a de l' influence, du crédit. C' est un homme très-influent, un personnage influent. Une personne influente.

INFLUER. v. n.

INFLUER. v. n. Faire impression sur une chose, exercer sur elle une action qui tend à la modifier. Il se dit principalement Des choses qui agissent par une vertu secrète, non apparente ou peu sensible. La lune influe sur les marées. L' électricité influe sur la végétation. Le climat, la température influe sur la santé, sur les moeurs, sur le caractère.

Il se dit aussi figurément. La bonne ou mauvaise éducation d' un jeune homme influe sur tout le reste de sa vie. Ces lois influèrent beaucoup sur les moeurs. Ce motif a influé sur sa résolution. Dans cette acception, il se dit quelquefois Des personnes. Un tel influa beaucoup dans la détermination que l' on prit.

INFLUÉ, ÉE. participe

INFLUÉ, ÉE. participe

IN-FOLIO. adj. et s.

IN-FOLIO. adj. et s. T. d' Imprimerie et de Librairie. Il se dit Du format où la feuille est pliée en deux; et D' un livre, d' un volume qui a ce format. Format in-folio. L' in-folio est le double de l' in-quarto. Volume in-folio. Manuscrit, dictionnaire in-folio. Deux gros in-folio. Un in-folio de tant de pages.

INFORMATION. s. f.

INFORMATION. s. f. T. de Jurispr. Acte judiciaire où l' on rédige les dépositions des témoins sur un fait, en matière criminelle. C' est ce qu' on nomme Enquête en matière civile. Faire une information, des informations. Procéder à une information. Travailler à des informations. Informations secrètes. Continuer l' information, les informations. L' information porte... Dans les informations, toutes les ratures et surcharges doivent être approuvées. Les charges et informations. Ce sens est maintenant peu usité: voyez INSTRUCTION.

Convertir les informations en enquête, signifiait autrefois, Civiliser un procès criminel.

Information de commodo et incommodo, Enquête administrative qui se fait pour connaître les avantages et les inconvénients de quelque mesure projetée, d' un établissement, etc.

Information de vie et moeurs, Enquête qui se faisait autrefois de la conduite et des moeurs de celui qui devait être reçu dans une charge, dans une dignité, etc.

INFORMATION

INFORMATION se dit aussi, dans le langage ordinaire, Des recherches que l' on fait pour s' assurer de la vérité d' une chose, pour connaître la conduite, les moeurs d' une personne, etc.; et il s' emploie ordinairement au pluriel. Aller aux informations. Prendre des informations. Quand il fallut en venir aux informations. Les informations que j' ai prises là-dessus, que j' ai prises sur sa conduite ne sont pas fort satisfaisantes.

INFORME. adj. des deux genres

INFORME. adj. des deux genres Imparfait, qui n' a pas la forme qu' il doit avoir. Il se dit au propre et au figuré. Une masse, un animal informe. C' est un ouvrage informe, et qui n' est pas encore mis dans l' ordre où il doit être. Des essais informes.

Il signifie particulièrement, Qui ne fait pas foi, qui n' est pas revêtu des formes prescrites. Cet acte est informe. C' est une pièce informe qui ne peut servir.

En Astron., Étoiles informes, se dit Des groupes d' étoiles qui, en raison de leur petitesse ou de leur peu d' éclat, n' ont pas été compris dans les constellations désignées par des noms particuliers.

INFORMER. v. a.

INFORMER. v. a. Avertir, instruire. Informer les juges de la vérité du fait. Informer le prince de ce qui se passe. Informez-moi régulièrement de tout ce que vous aurez appris. À cet égard, je suis bien informé. Quand vous serez mieux informé. Vous êtes mal informé.

Il s' emploie aussi avec le pronom personnel, et signifie, S' enquérir. S' informer de la vérité du fait. Je m' en suis informé à tous ceux que je connaissais. Je ne m' informe point de ce qu' il peut être. S' informer de la santé de quelqu' un.

INFORMER

INFORMER s' emploie neutralement en Jurisprudence criminelle, et signifie. Faire une information, une instruction. Informer contre quelqu' un. Informer d' un assassinat. Informer sur un fait. Autrefois, les juges pouvaient, en certains cas, ordonner qu' il serait plus amplement informé, pendant un temps déterminé, comme six mois, un an; ou usque quò, pendant un temps indéfini. Dans ce sens, on dit mieux maintenant, Instruire.

Informer des vie et moeurs de quelqu' un, se disait autrefois en parlant De l' enquête que l' on faisait sur la conduite de celui qui devait être reçu dans une charge, dans une dignité, etc.

INFORMÉ, ÉE. participe

INFORMÉ, ÉE. participe On disait autrefois, et l' on dit encore aujourd' hui, substantivement, en Matière criminelle, Un plus amplement informé, ou Un plus ample informé, Une nouvelle et plus ample instruction de l' affaire, l' audition de nouveaux témoins, la production ou la recherche de pièces, de documents nouveaux. Conclure à un plus ample informé. Pendant le plus amplement informé.

INFORTUNE. s. f.

INFORTUNE. s. f. La mauvaise fortune, l' adversité. Il s' emploie surtout dans le style soutenu. Tomber dans l' infortune. Vivre dans l' infortune. Je plains son infortune. Grande infortune. Illustre infortune.

Il signifie aussi, Revers de fortune, désastre, disgrâce. De grandes infortunes. Faire le récit de ses infortunes. Au milieu de tant d' infortunes. La mort termina ses infortunes, le cours de ses infortunes.

INFORTUNÉ, ÉE. adj.

INFORTUNÉ, ÉE. adj. Malheureux. Prince infortuné. Reine infortunée. Père infortuné. Mère infortunée. Vie infortunée. Jours infortunés. Sort infortuné.

Il s' emploie comme substantif, dans le style soutenu. C' est un infortuné, une infortunée. Secourir les infortunés.

INFRACTEUR. s. m.

INFRACTEUR. s. m. Transgresseur, celui qui viole une loi, un ordre, un traité, etc. Infracteur des lois, des traités. Les infracteurs d' une loi, d' une ordonnance. À peine contre les infracteurs d' être condamnés à, etc.

INFRACTION. s. f.

INFRACTION. s. f. Transgression, contravention, violation d' une loi, d' un ordre, d' un traité, etc. Ils ont fait une infraction au traité. C' est une infraction à la loi. Infraction au droit des gens. Une telle infraction sera punie. L' infraction des lois, des priviléges.

Infraction du ban, Action d' une personne condamnée au bannissement, qui revient dans le pays, dans les lieux d' où elle est bannie.

INFRUCTUEUSEMENT. adv.

INFRUCTUEUSEMENT. adv. Sans profit, sans utilité. Il a travaillé infructueusement.

INFRUCTUEUX, EUSE. adj.

INFRUCTUEUX, EUSE. adj. Qui ne rapporte point de fruit, ou qui en rapporte fort peu. Terroir infructueux. Terre infructueuse. Champ infructueux. Année infructueuse.

Il signifie figurément, Qui n' apporte aucun profit, aucune utilité, qui ne donne aucun résultat. Travail infructueux. Soins infructueux. Emploi infructueux. Peine infructueuse. Recherches infructueuses. Tentative infructueuse.

INFUS, USE. adj.

INFUS, USE. adj. Il se dit Des connaissances ou des vertus que l' on possède pour ainsi dire naturellement, sans avoir travaillé à les acquérir. Science infuse. Sagesse infuse. On l' emploie rarement au masculin.

Fam., Il croit avoir la science infuse, se dit, par raillerie, D' un homme qui se croit savant sans avoir étudié.

INFUSER. v. a.

INFUSER. v. a. Mettre et laisser plus ou moins de temps une plante ou une drogue dans quelque liquide, afin que le liquide en tire le suc. Infuser de la rhubarbe dans de la tisane. Infuser du quinquina dans du vin. Infuser une substance dans de l' eau bouillante. Infuser à froid. Infuser sur de la cendre chaude.

Il s' emploie aussi avec le pronom personnel, dans un sens analogue. Il faut donner au thé le temps de s' infuser. Faites infuser deux gros de séné. Laisser infuser une plante. Dans ces deux derniers exemples, il y a ellipse du pronom.

INFUSÉ, ÉE. participe

INFUSÉ, ÉE. participe

INFUSIBLE. adj. des deux genres

INFUSIBLE. adj. des deux genres Qu' on ne peut fondre, qui n' est pas susceptible de fusion.

INFUSION. s. f.

INFUSION. s. f. Action d' infuser, opération qui consiste à laisser séjourner des substances dans une liqueur. Cette tisane se fait par infusion. Faire une infusion dans de l' eau bouillante. Infusion à froid.

Il signifie aussi, La liqueur dans laquelle les substances ont séjourné. Une infusion de camomille. Une infusion de rhubarbe. Une légère infusion de thé, etc.

INFUSION

INFUSION signifie encore, La manière dont certaines facultés surnaturelles sont infuses dans l' âme. Les apôtres avaient le don des langues, par l' infusion du Saint-Esprit.

INFUSOIRES. s. m. pl.

INFUSOIRES. s. m. pl. T. d' Hist. nat. Animalcules qui vivent dans les liquides, et que l' on y découvre à l' aide du microscope. Les infusoires se trouvent principalement dans les infusions de certaines plantes, et dans les eaux corrompues. On dit aussi, adjectivement, Vers infusoires, animalcules infusoires.

INGAMBE. adj. des deux genres

INGAMBE. adj. des deux genres Léger, dispos, alerte. Ce vieillard est encore ingambe. Il est familier.

INGÉNIER (S' ). v. pron.

INGÉNIER (S' ). v. pron. Chercher, tâcher de trouver dans son esprit quelque moyen pour réussir. Ingéniez-vous pour sortir de cet embarras. S' ingénier pour venir à bout de quelque chose. Il est familier.

INGÉNIEUR. s. m.

INGÉNIEUR. s. m. Celui qui invente, qui trace et qui conduit des travaux et des ouvrages, pour attaquer, défendre, ou fortifier les places. Ingénieur militaire. Habile ingénieur. Bon ingénieur. Cet ingénieur a tracé ce bastion, a conduit ces travaux. Ingénieur en chef.

Il se dit aussi de Celui qui conduit quelques autres ouvrages ou travaux publics, tels que la construction et l' entretien des routes, l' exploitation des mines, etc. Ingénieur des ponts et chaussées. Ingénieur des mines. Ingénieur de la marine ou maritime. Ingénieur-constructeur de vaisseaux.

Ingénieur-géographe, Celui qui dresse des cartes de géographie.

Ingénieur pour les instruments de mathématique, Celui qui fait des instruments de mathématique. Ingénieur-opticien, Celui qui fait des instruments d' optique.

INGÉNIEUSEMENT. adv.

INGÉNIEUSEMENT. adv. D' une manière ingénieuse. Cela est ingénieusement imaginé, ingénieusement dit, ingénieusement disposé, arrangé.

INGÉNIEUX, EUSE. adj.

INGÉNIEUX, EUSE. adj. Plein d' esprit, plein d' invention et d' adresse. Homme ingénieux. Femme ingénieuse. Un machiniste ingénieux.

Il se dit également Des choses qui marquent de l' adresse, de l' esprit, de la sagacité dans celui qui en est l' auteur. Pièce, machine fort ingénieuse. Cette invention est bien ingénieuse. Cet ouvrage est tout à fait ingénieux. Cette comparaison est ingénieuse. Repartie ingénieuse. Trait ingénieux.

Il signifie aussi, Qui met de l' application et de l' adresse à faire quelque chose. Être ingénieux à faire le bien. On le prend quelquefois dans un sens défavorable. Un homme ingénieux à se tourmenter. Vous êtes ingénieux à leur trouver des torts.

INGÉNU, UE. adj.

INGÉNU, UE. adj. Naïf, simple, franc, qui est sans déguisement, sans finesse. Il se dit Des personnes et des choses. Un homme ingénu. Un esprit ingénu. C' est l' homme du monde le plus ingénu. Cette jeune personne est très-ingénue. Il a l' air ingénu, fort ingénu. Il a quelque chose d' ingénu dans la physionomie, dans l' air du visage. Elle a dit cela d' une manière tout à fait ingénue. Discours ingénu. Déclaration, réponse ingénue. Il fit un aveu ingénu.

Il s' emploie quelquefois substantivement. Faire l' ingénu, l' ingénue. Il y a un roman de Voltaire intitulé l' Ingénu.

Au Théâtre, Jouer les ingénues, Jouer les rôles de jeunes filles naïves. On dit de même, L' emploi des ingénues.

INGÉNU

INGÉNU se dit substantivement, dans le Droit romain, de L' homme né libre, et qui n' a jamais été dans une légitime servitude. Ce mot s' emploie par opposition à Affranchi, comme le mot Libre par opposition à Esclave. Auguste permit à tous les ingénus qui n' étaient pas sénateurs, d' épouser des affranchies.

INGÉNUITÉ. s. f.

INGÉNUITÉ. s. f. Naïveté, simplicité, franchise. Elle a beaucoup d' ingénuité. Elle est d' une grande ingénuité. Il n' y a que trop d' ingénuité dans tout ce qu' il dit. Une grande ingénuité dans son air, dans ses paroles. Avec un air d' ingénuité, avec une ingénuité affectée, il trompe ceux qui ne le connaissent pas.

INGÉNUITÉS

INGÉNUITÉS au pluriel, se dit, au Théâtre, Des rôles de jeunes filles naïves. Jouer les ingénuités. On dit aussi, Jouer les ingénues.

INGÉNUMENT. adv.

INGÉNUMENT. adv. D' une manière ingénue et naïve. Il dit cela ingénument, trop ingénument.

Il signifie aussi, Franchement, sincèrement. Je vous avouerai ingénument que... Pour vous parler ingénument.

INGÉRER (S' ). v. pron.

INGÉRER (S' ). v. pron. Se mêler de quelque chose sans en avoir le droit, l' autorisation, ou sans en être requis. Il s' est ingéré de faire... Je ne m' ingère point de vos affaires. Il s' ingère de donner des avis. Cet homme s' ingère toujours dans vos affaires. Il s' ingère des choses qui ne le regardent pas. Il s' ingère de tout. S' ingérer dans une négociation.

INGRAT, ATE. adj.

INGRAT, ATE. adj. Qui n' a point de reconnaissance, qui ne tient point de compte des bienfaits qu' il a reçus. Il a été ingrat envers son bienfaiteur. Des fils ingrats. Coeur ingrat. La patrie ne fut point ingrate envers lui.

Il s' emploie souvent comme substantif, dans le même sens. C' est un ingrat. Il faudrait punir les ingrats. Faites-moi ce plaisir, vous n' obligerez pas un ingrat. Quand on oblige facilement, on doit s' attendre à faire des ingrats. Allez, vous êtes un ingrat, une ingrate.

INGRAT

INGRAT signifie figurément, Stérile, infructueux, qui ne dédommage point des dépenses qu' on fait, ou des peines qu' on se donne. Sol ingrat. Terre ingrate. Affaire ingrate.

Étude ingrate, travail ingrat, etc., se disent d' Une étude, d' un travail où aucune sorte d' agrément, de plaisir, de profit ne dédommage des peines que l' on se donne.

INGRAT

INGRAT se dit encore figurément, en Littérature, et même quelquefois dans les Beaux-Arts, D' un sujet qui n' est pas favorable au développement du talent, qui fournit peu d' idées. Le sujet de ce poëme, de ce tableau était vraiment ingrat. Vous me proposez là un sujet bien ingrat. Vous avez choisi une matière fort ingrate. Vous travaillez sur un fond bien ingrat.

INGRATITUDE. s. f.

INGRATITUDE. s. f. Vice des ingrats; manque de reconnaissance pour un bienfait reçu. L' ingratitude est la marque d' une âme basse. Haïr, détester l' ingratitude. Il m' a payé d' ingratitude. Trait, acte d' ingratitude. Extrême, horrible ingratitude. C' est une noire ingratitude. Il s' est rendu coupable d' ingratitude envers son maître, envers son bienfaiteur. Reprocher à quelqu' un son ingratitude. Une donation peut être révoquée pour cause d' ingratitude.

INGRÉDIENT. s. m.

INGRÉDIENT. s. m. Il se dit Des choses qui entrent dans la composition d' un médicament, d' une boisson, d' un mets, ou de quelque autre mélange. Les ingrédients d' un remède, d' un breuvage, d' un ragoût, d' un vernis, etc. Il entre beaucoup d' ingrédients dans la composition de la thériaque. Les ingrédients nécessaires. Bon, mauvais ingrédient. Le principal ingrédient. Il n' y faut pas tant d' ingrédients.

INGUÉRISSABLE. adj. des deux genres

INGUÉRISSABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être guéri. Il se dit surtout Des personnes. Avec la vie qu' il mène, c' est un homme inguérissable.

INGUINAL, ALE. adj.

INGUINAL, ALE. adj. (L' U se prononce. ) T. d' Anat. et de Chirur. Qui appartient ou qui a rapport à l' aine. Ligament inguinal. Glande inguinale. Hernie inguinale. Bandage inguinal.

INHABILE. adj. des deux genres

INHABILE. adj. des deux genres Qui manque d' habileté, d' aptitude. Un artiste inhabile. La vieillesse est inhabile au métier des armes.

Il signifie, en Jurisprudence, Qui n' a pas les qualités requises pour faire une chose. Être inhabile à contracter, à tester. Un mineur est inhabile à gérer son bien, à disposer de sa fortune.

INHABILETÉ. s. f.

INHABILETÉ. s. f. Manque d' habileté. L' inhabileté de ce général lui a fait perdre la bataille. Cet ouvrage a été manqué par l' inhabileté de l' ouvrier.

INHABILITÉ. s. f.

INHABILITÉ. s. f. T. de Jurispr. Incapacité. La condamnation à une peine infamante perpétuelle emporte inhabilité à recueillir aucune succession.

INHABITABLE. adj. des deux genres

INHABITABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être habité. Maison inhabitable. Pays inhabitable.

INHABITÉ, ÉE. adj.

INHABITÉ, ÉE. adj. Qui n' est point habité. Lieu inhabité. Lieux inhabités. Ville inhabitée. Maison inhabitée.

INHÉRENCE. s. f.

INHÉRENCE. s. f. T. de Philosophie. Il se dit de L' union des choses inséparables par leur nature, ou qui ne peuvent être séparées que mentalement et par abstraction. L' inhérence de l' accident à la substance.

INHÉRENT, ENTE. adj.

INHÉRENT, ENTE. adj. Qui par sa nature est joint inséparablement à un sujet. La pesanteur est inhérente à la matière, est une qualité inhérente aux corps graves. Vice inhérent au sujet d' un ouvrage. Faiblesse inhérente à la nature humaine.

INHIBER. v. a.

INHIBER. v. a. T. de Pratique et de Chancellerie. Défendre, prohiber. Nous avons inhibé et défendu. Il vieillit.

INHIBÉ, ÉE. participe

INHIBÉ, ÉE. participe Les choses inhibées.

INHIBITION. s. f.

INHIBITION. s. f. T. de Jurispr. Défense, prohibition. Il se joint presque toujours avec le mot Défense, et il est plus usité au pluriel qu' au singulier. Inhibitions et défenses sont faites à toutes personnes. L' arrêt, l' ordonnance portait inhibitions et défenses.

INHOSPITALIER, IÈRE. adj.

INHOSPITALIER, IÈRE. adj. Qui n' exerce point l' hospitalité, inhumain envers les étrangers. Un peuple inhospitalier.

Il se dit quelquefois D' un lieu où les étrangers sont mal accueillis, qui n' offre point un refuge assuré. Rivage inhospitalier. Terre inhospitalière.

INHOSPITALITÉ. s. f.

INHOSPITALITÉ. s. f. Refus de recevoir les étrangers, inhumanité envers eux. La barbarie et l' inhospitalité de ces peuples.

INHUMAIN, AINE. adj.

INHUMAIN, AINE. adj. Cruel, sans pitié, sans humanité. Il se dit Des personnes et des choses. Un tyran inhumain. Un maître inhumain. Il s' est montré inhumain envers ces malheureux. Un acte inhumain. Action inhumaine. Cela est inhumain. Il lui fit un traitement inhumain. Il y avait dans ce pays une loi inhumaine, une coutume inhumaine.

INHUMAINE

INHUMAINE au féminin, s' est dit particulièrement, dans le langage des amants et des poëtes, D' une femme qui ne répond pas à la passion de celui dont elle est aimée. Beauté inhumaine. On ne le dit plus guère qu' en plaisantant.

Il est aussi substantif, dans le même sens. Belle inhumaine. C' est une inhumaine.

INHUMAINEMENT. adv.

INHUMAINEMENT. adv. Cruellement. Il l' a traité inhumainement.

INHUMANITÉ. s. f.

INHUMANITÉ. s. f. Cruauté, barbarie. Grande inhumanité. Il y a de l' inhumanité à cela. Acte d' inhumanité envers des vaincus. Il l' a traité avec inhumanité.

Il se dit aussi Des actes d' inhumanité. Exercer de grandes inhumanités.

INHUMATION. s. f.

INHUMATION. s. f. Action d' inhumer. L' inhumation d' un corps. Aucune inhumation ne peut être faite sans une autorisation de l' officier de l' état civil. Un lieu consacré aux inhumations. Frais d' inhumation.

INHUMER. v. a.

INHUMER. v. a. Enterrer. Il ne se dit qu' en parlant Des corps humains. Inhumer les morts. Il fut inhumé, on l' inhuma dans l' église, dans le cimetière.

INHUMÉ, ÉE. participe

INHUMÉ, ÉE. participe

INIMAGINABLE. adj. des deux genres

INIMAGINABLE. adj. des deux genres Qu' on ne peut imaginer. Ce contre-temps est inimaginable.

INIMITABLE. adj. des deux genres

INIMITABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être imité, qu' on ne saurait imiter. Action inimitable. Ouvrage inimitable. Style inimitable. Grâce inimitable. Un homme inimitable dans son art, dans ses manières d' agir. C' est un auteur inimitable.

INIMITIÉ. s. f.

INIMITIÉ. s. f. Haine, malveillance, aversion qu' on a pour quelqu' un, et qui ordinairement dure longtemps. Inimitié cachée, couverte, déclarée. Vieille inimitié. Inimitié héréditaire. Inimitié enracinée, irréconciliable. Il existait entre ces familles d' anciennes inimitiés. Mettre un terme à de longues inimitiés. Par inimitié. Avoir de l' inimitié pour une personne. Concevoir de l' inimitié contre quelqu' un, encourir son inimitié.

Il se dit, par extension, de L' antipathie naturelle qui existe entre certains animaux. Il y a de l' inimitié, une inimitié naturelle entre le chien et le chat.

ININTELLIGIBLE. adj. des deux genres

ININTELLIGIBLE. adj. des deux genres Qui n' est pas intelligible, qu' on ne peut comprendre. Phrase inintelligible. Ce discours, ce langage, ce raisonnement est inintelligible.

INIQUE. adj. des deux genres

INIQUE. adj. des deux genres Injuste à l' excès, qui blesse grièvement l' équité. Il se dit Des personnes et des choses. Juge inique. Jugement inique. Cela est inique.

INIQUEMENT. adv.

INIQUEMENT. adv. D' une manière inique. Juger iniquement.

INIQUITÉ. s. f.

INIQUITÉ. s. f. Vice de ce qui est inique; injustice excessive, criante, manifeste. L' iniquité des juges. L' iniquité des jugements. L' iniquité évidente d' un arrêt. Un acte d' iniquité. C' est le comble de l' iniquité. Un mystère d' iniquité.

Il se dit aussi d' Un acte d' injustice. Commettre une iniquité, des iniquités. C' est une iniquité révoltante.

INIQUITÉ

INIQUITÉ signifie plus généralement, Le péché, la corruption des moeurs, le débordement des vices. L' iniquité régnait, avait couvert la face de la terre. L' iniquité du siècle. C' est un homme rempli d' iniquité. Les hommes, comme enfants d' Adam, portent l' iniquité de leur premier père. Enfant d' iniquité.

Il se dit également, surtout au pluriel, Des péchés, des actes contraires à la religion, à la morale. JÉSUS-CHRIST a porté nos iniquités, a lavé nos iniquités, s' est chargé de nos iniquités. Cet homme a comblé la mesure de ses iniquités. Les enfants portent souvent la peine des iniquités de leurs pères. Seigneur, remettez-nous nos iniquités. Fig., en termes de l' Écriture, Boire l' iniquité comme l' eau.

INITIAL, ALE. adj.

INITIAL, ALE. adj. (On prononce Inicial.) Il se dit Des lettres, des syllabes qui commencent un mot. La lettre initiale d' un nom propre est toujours une majuscule. Un a, un b initial. Consonne, voyelle, syllabe initiale. En termes de Calligraphie et d' Imprimerie, on appelle plus particulièrement Lettre initiale, La lettre qui commence un livre, un chapitre: elle est ordinairement plus grande que les majuscules du texte, et quelquefois accompagnée d' ornements.

Il s' emploie aussi substantivement, au féminin, pour Lettre initiale. Il n' a signé ce billet que de l' initiale de son nom, que de son initiale. Dans ce manuscrit, les initiales sont en rouge.

INITIATION. s. f.

INITIATION. s. f. (On prononce Iniciation.) Admission à la connaissance de certaines choses secrètes. Il se dit particulièrement de La cérémonie par laquelle on était initié à la connaissance et à la participation de certains mystères, chez les païens. Les cérémonies d' initiation.

INITIATIVE. s. f.

INITIATIVE. s. f. (On prononce Iniciative.) Action de celui qui propose le premier quelque chose. Prendre l' initiative.

Il se dit également Du droit de faire le premier certaines propositions. En France, l' initiative pour la proposition des lois appartient à chacun des trois pouvoirs. On dit dans le même sens, Droit d' initiative.

INITIER. v. a.

INITIER. v. a. (On prononce Inicier.) Il se dit proprement en parlant De la religion des anciens païens, et signifie, Recevoir au nombre de ceux qui font profession de quelque culte particulier, admettre à la connaissance et à la participation de certaines cérémonies secrètes qui regardaient le culte particulier de quelque divinité. Il se fit initier aux mystères de Cérès, de Bacchus. Ceux qui n' étaient pas initiés aux mystères de Cérès, ne pouvaient assister à certains sacrifices. Initier quelqu' un aux mystères.

Il se dit, par extension, en parlant De quelque religion que ce soit. Quand les Pères ont parlé à ceux qui n' étaient pas encore initiés aux mystères de la religion, ils ont usé d' une sage réserve.

Initier quelqu' un dans une compagnie, dans une société, L' admettre, le recevoir au nombre des membres qui la composent. Nous l' avons initié parmi nous. Il n' est pas encore initié parmi eux.

INITIER

INITIER signifie aussi, figurément, Donner la connaissance d' une chose, mettre au fait d' une science, d' un art, d' une profession, etc. Il n' est pas initié dans cette affaire, dans le secret. La nature semblait l' avoir initié à ses secrets. Initier quelqu' un à la philosophie, à la politique, dans les secrets de la philosophie, de la politique.

INITIÉ, ÉE. participe

INITIÉ, ÉE. participe On l' emploie aussi comme substantif, surtout en parlant De l' initiation à certains mystères. Un initié. Les initiés.

INJECTER. v. a.

INJECTER. v. a. T. de Médec. Introduire, par le moyen d' une seringue ou de tout autre instrument, un liquide émollient, ou détersif, ou stimulant, etc., dans une cavité du corps, dans une plaie. Injecter une décoction dans le rectum, dans une fistule. Injecter du lait dans l' oreille.

Il prend aussi pour régime le nom des parties et surtout des plaies dans lesquelles on injecte une liqueur. On a injecté plusieurs fois sa plaie.

INJECTER

INJECTER signifie également, en termes d' Anatomie, Introduire une matière colorée, ou du mercure, dans les vaisseaux d' un cadavre, soit pour le conserver, soit pour rendre ces parties plus apparentes et pour en faciliter la dissection. Injecter un cadavre. Injecter les veines, les artères. Injecter de cire ou de térébenthine colorée avec du noir de fumée, avec du vermillon. Injecter les vaisseaux lymphatiques avec du mercure. L' art d' injecter.

INJECTÉ, ÉE. participe

INJECTÉ, ÉE. participe Cadavre injecté.

INJECTION. s. f.

INJECTION. s. f. T. de Médec. Action par laquelle on injecte une liqueur dans quelque cavité du corps ou dans une plaie. Faire des injections dans l' oreille. Il a fait faire des injections pour guérir cette plaie.

Il se dit aussi Du liquide que l' on injecte. L' injection était trop chaude, trop froide. Injection détersive, aromatique. Injection d' eau de graine de lin.

INJECTION

INJECTION se dit également, en termes d' Anatomie, de L' action d' injecter un cadavre, ainsi que de La matière liquide ou liquéfiée dont on se sert pour cette opération. L' injection d' un cadavre. Injection colorée. Injection de suif, de cire, de térébenthine.

Il se dit encore Des pièces anatomiques préparées au moyen de l' injection. Le Hollandais Ruysch a fait de belles injections.

INJONCTION. s. f.

INJONCTION. s. f. Commandement exprès. Faire une injonction à quelqu' un. Après cette injonction. Un arrêt portant injonction. On a fait injonction à tous les officiers de ce corps de se trouver dans telle ville, à telle époque. Injonction formelle.

INJURE. s. f.

INJURE. s. f. Insulte, outrage, ou de fait, ou de parole, ou par écrit. Grande injure. Injure grave, atroce, sanglante, irréparable. Faire injure. Vous me faites injure en me supposant de telles intentions. Faire une injure à quelqu' un. Endurer, souffrir une injure. Oublier, pardonner les injures. Repousser les injures. Venger l' injure de quelqu' un. Venger sa propre injure. Laver une injure dans le sang. L' oubli, le mépris, le pardon des injures. Une injure à l' honneur, faite à l' honneur. Il tient, il répute cela à injure. Faire satisfaction d' une injure. Réparer l' injure qu' on a faite. Faire assigner en réparation d' injures.

Il se prend, particulièrement, pour Une parole offensante, outrageuse. Dire des injures à quelqu' un. Ils en vinrent aux injures. Vomir des injures. Éclater en injures contre quelqu' un. Charger quelqu' un d' injures. Une injure grossière.

Pop., Se chanter mille injures; et fam., Dire ou se dire de grosses injures.

Fig., L' injure du temps, les injures du temps, de l' air, des saisons, Les intempéries de l' air ou des saisons, comme le vent, la pluie, la grêle, le brouillard, considérés par rapport aux incommodités ou aux dommages qu' elles causent. Être exposé à l' injure du temps, aux injures du temps. Cette statue est exposée aux injures de l' air, du temps.

L' injure du temps, l' injure des temps, signifie aussi, La dégradation, la ruine, la perte de certaines choses par l' effet de la durée, du laps de temps. Ces monuments, ces édifices ont éprouvé, ont ressenti l' injure du temps. L' injure des temps a presque anéanti ces beaux ouvrages. Nous avons perdu beaucoup d' écrits, beaucoup de connaissances, beaucoup de secrets par l' injure des temps.

Fig., Les injures du sort, Les revers, les malheurs extraordinaires et non mérités.

INJURIER. v. a.

INJURIER. v. a. Offenser quelqu' un par des paroles injurieuses. Il l' a grièvement injurié. Il injurie tout le monde. On l' emploie aussi comme verbe réciproque. S' injurier l' un l' autre.

INJURIÉ, ÉE. participe

INJURIÉ, ÉE. participe

INJURIEUSEMENT. adv.

INJURIEUSEMENT. adv. D' une manière injurieuse, outrageante. Il l' a traité si injurieusement, que... Il a parlé fort injurieusement de vous, contre vous.

INJURIEUX, EUSE. adj.

INJURIEUX, EUSE. adj. Outrageux, offensant. Ce mémoire est injurieux aux magistrats. Cela est injurieux à la mémoire, à la famille de mon ami. Un discours, un écrit injurieux. Injurieux pour lui, pour sa maison, pour ses amis. Se servir de termes injurieux. Paroles injurieuses. Une injurieuse pitié. Soupçons injurieux. Procédé injurieux.

Il se dit quelquefois, figurément et poétiquement, pour Injuste ou nuisible. Le sort injurieux. Le destin injurieux. Les ans injurieux.

INJUSTE. adj. des deux genres

INJUSTE. adj. des deux genres Qui n' a point de justice, qui agit contre les règles de la justice. Cet homme est bien injuste. Un maître injuste. Il fut injuste à mon égard, envers moi. Sa douleur le rend injuste.

Il se dit également De ce qui est contraire à la justice, à l' équité; et même De ce qui est déraisonnable, mal fondé. Un arrêt injuste. Une sentence injuste. Un châtiment injuste. Une guerre injuste. Des moyens injustes. Une demande injuste. Des propositions injustes. Des prétentions injustes. Il est injuste de vouloir que... Une injuste colère. Un injuste mépris. D' injustes soupçons.

Il se dit substantivement, et absolument, de Ce qui est injuste. La distinction du juste et de l' injuste.

INJUSTEMENT. adv.

INJUSTEMENT. adv. D' une manière injuste. Il fut condamné injustement. C' est injustement que vous vous plaignez.

INJUSTICE. s. f.

INJUSTICE. s. f. Manque de justice, d' équité. Abhorrer l' injustice. Punir l' injustice. Son injustice les indigna. Son procédé est plein d' injustice. Acte d' injustice.

Il se dit aussi d' Un acte d' injustice. Il a fait une grande injustice. Commettre des injustices. Commettre une injustice envers quelqu' un. Souffrir une injustice. Essuyer, réparer une injustice. Se plaindre d' une injustice. C' est une horrible injustice. Ne me faites pas l' injustice de croire que je vous ai oublié.

INLISIBLE. adj. des deux genres

INLISIBLE. adj. des deux genres Qu' on ne peut lire, ou qu' on ne lit que très-difficilement. Écriture inlisible. Des caractères inlisibles. Plusieurs disent et écrivent, Illisible.

Il se dit figurément D' un écrit dont la lecture n' est pas supportable. Cet ouvrage est inlisible.

IN MANUS

IN MANUS Voyez MANUS (IN).

IN NATURALIBUS

IN NATURALIBUS Voyez NATURALIBUS (IN).

INNAVIGABLE. adj. des deux genres

INNAVIGABLE. adj. des deux genres Où l' on ne peut naviguer. Les glaces rendent cette mer innavigable.

INNÉ, ÉE. adj.

INNÉ, ÉE. adj. (On prononce les deux N.) T. didactique. Qui est né avec nous, que nous apportons en naissant. Idées innées. Qualités innées. Maladies innées.

Il s' emploie aussi dans le langage ordinaire. Nous avons dans l' âme un principe inné de justice. Le désir inné du bien-être.

INNOCEMMENT. adv.

INNOCEMMENT. adv. (On prononce Inoçaman.) Avec innocence, sans dessein de mal faire, sans fraude ni tromperie. Je n' y voyais point de mal, je l' ai fait innocemment. On ne saurait agir plus innocemment. Il a vécu innocemment. Parole dite innocemment. Le plus innocemment du monde. Cette phrase est familière.

Il signifie aussi, Sottement, niaisement. Il vint innocemment raconter la sottise qu' il avait faite.

INNOCENCE. s. f.

INNOCENCE. s. f. (On prononce Inoçance.) État de celui qui n' est point coupable. On a reconnu son innocence. Défendre la cause de l' innocence. Persécuter, poursuivre l' innocence. Protéger, sauver, faire triompher l' innocence.

Il signifie aussi, L' état, la qualité de celui qui ne commet point le mal sciemment, qui est pur et candide. L' innocence de nos premiers parents. Adam fut créé dans un état d' innocence. Avec son air d' innocence, elle m' a trompé. Vivre dans l' innocence. Il a conservé son innocence dans les occasions où elle courait le plus grand danger. Perdre son innocence. Abuser de l' innocence d' une jeune fille. L' innocence d' une vie passée dans la pratique des bonnes oeuvres. On le dit également en parlant Des animaux qui ne sont point malfaisants. L' innocence d' un agneau, d' une colombe.

L' âge d' innocence, L' enfance. Figurément, en style de Dévotion, La robe d' innocence, L' état d' innocence. Dépouiller la robe d' innocence.

INNOCENCE

INNOCENCE signifie aussi, Trop grande simplicité. Admirez l' innocence de cet homme. Il est d' une grande innocence.

INNOCENT, ENTE. adj.

INNOCENT, ENTE. adj. (On prononce Inoçan.) Qui n' est point coupable. Il est innocent du crime dont on l' accuse. Il en est innocent. Il fut absous et reconnu innocent. On l' a accusé de ce crime, mais il en est aussi innocent que l' enfant qui vient de naître.

Il s' emploie aussi comme substantif, dans ce premier sens. Protéger les innocents. Persécuter les innocents. Opprimer, accabler, condamner l' innocent. Un innocent malheureux. Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que de condamner un innocent.

Il se dit également De ce qui ne vient point d' une mauvaise intention. C' est une action fort innocente. Propos innocent.

INNOCENT

INNOCENT signifie encore, Exempt de toute malice, de tout vice, pur et candide. Elle a l' air bien innocente. Une jeune fille innocente. C' est une âme innocente, un coeur innocent. Il est innocent comme un enfant. On l' emploie quelquefois, dans ce sens, comme substantif. Faire l' innocent, l' innocente. Une jeune innocente. La pauvre innocente ne soupçonnait pas le piége qu' on lui tendait.

Il se dit, dans un sens analogue, De la conduite, des actions, des paroles, etc. Mener une vie innocente. Ses moeurs, ses pensées sont innocentes. Il était dans cet âge innocent où l' on ne soupçonne point le mal. Plaisirs innocents. Badinage innocent. C' est un jeu bien innocent. Je ne vois rien là que de fort innocent.

Jeux innocents, Petits jeux de société, où l' on impose des pénitences à ceux qui se trompent.

INNOCENT

INNOCENT signifie en outre, Qui ne nuit point, qui n' est point malfaisant, dangereux. L' agneau est un animal fort innocent. Remède, breuvage innocent. Cet écrit est bien innocent.

Il se dit aussi pour Simple, crédule. Vous êtes bien innocent de croire ce que cet homme vous dit, de croire à de pareils contes.

Il s' emploie comme substantif, en parlant Des enfants au-dessous de l' âge de sept à huit ans. On a dépouillé ces pauvres innocents. Un pauvre petit innocent. Il a laissé trois ou quatre petits innocents. Ces deux dernières phrases ne sont que du langage familier.

Les Innocents, les saints Innocents, Les petits enfants que le roi Hérode fit égorger. Le massacre des Innocents. La fête des Innocents, ou simplement, Les Innocents. Ce fut le jour, le lendemain des Innocents.

INNOCENT substantif

INNOCENT substantif se dit quelquefois d' Un homme qui a l' esprit faible, borné. C' est un innocent, un vrai, un pauvre innocent, un franc innocent, un grand innocent. Vous faites l' innocent.

Prov. et fig., C' est un innocent fourré de malice, se dit D' un homme qui est malicieux, et qui feint d' être simple et bon.

INNOCENTS

INNOCENTS au pluriel, se dit aussi de Pigeons nouveau-nés qu' on sert à table. Une tourte d' innocents.

INNOCENTER. v. a.

INNOCENTER. v. a. (On prononce Inoçanter.) Absoudre, déclarer innocent. L' arrêt les innocente sur le premier chef. Ils ont été innocentés.

INNOCENTÉ, ÉE. participe

INNOCENTÉ, ÉE. participe

INNOCUITÉ. s. f.

INNOCUITÉ. s. f. (On prononce les deux N.) T. didactique. Qualité d' une chose qui n' est pas nuisible. L' innocuité d' un végétal, d' un breuvage. Il est peu usité.

INNOMBRABLE. adj. des deux genres

INNOMBRABLE. adj. des deux genres (On ne prononce qu' une N dans ce mot et dans le suivant.) Qui ne se peut nombrer. Il s' emploie quelquefois par exagération. Multitude, armée innombrable. Nombre innombrable. Des troupes innombrables. D' innombrables obstacles. D' innombrables bienfaits.

INNOMBRABLEMENT. adv.

INNOMBRABLEMENT. adv. D' une manière innombrable. Il est peu usité.

INNOMÉ, ÉE. adj.

INNOMÉ, ÉE. adj. (On prononce les deux N.) Qui n' a pas encore reçu de nom. Il se dit particulièrement, en Droit romain, Des contrats qui n' ont point de dénomination particulière, tels que ceux où l' un promet de faire, et l' autre de donner, etc. L' engagement d' un domestique est un contrat innomé.

INNOMINÉ, ÉE. adj.

INNOMINÉ, ÉE. adj. (On prononce les deux N.) T. d' Anat. Sans nom, qui n' a pas reçu de nom particulier. On a donné cette épithète à divers organes: Os innominés, Les deux os qui, s' unissant entre eux antérieurement, et avec l' os sacrum postérieurement, forment ce qu' on appelle le bassin. Artère innominée, Une des grandes artères du corps. Etc.

INNOVATEUR. s. m.

INNOVATEUR. s. m. (On prononce les deux N, dans ce mot et dans les deux qui suivent.) Celui qui innove, qui fait des innovations. Les innovateurs ont en général plus de hardiesse que de prudence. En parlant De religion, on dit mieux, Novateur.

INNOVATION. s. f.

INNOVATION. s. f. Introduction de quelque nouveauté dans le gouvernement, dans les lois, dans un acte, dans une croyance, un usage, une science, etc. C' est une innovation en politique, en législation, en médecine, en littérature. Sans innovation. Ces innovations à l' ancienne croyance trouvèrent de nombreux partisans. Faire dès innovations, d' heureuses innovations. C' est une innovation dangereuse. Vouloir empêcher toute innovation.

INNOVER. v. n.

INNOVER. v. n. Faire une innovation, des innovations. Il ne faut point innover légèrement. Ils veulent innover en tout. Il est dangereux d' innover dans les choses de religion, etc. On le prend activement dans ces phrases: Il ne faut rien innover. Sans rien innover.

INNOVÉ, ÉE. participe

INNOVÉ, ÉE. participe Il n' est rien innové quant à telle chose.

INOBSERVATION. s. f.

INOBSERVATION. s. f. Manque d' obéissance aux lois, aux règlements, etc.; inexécution des promesses qu' on a faites, des engagements qu' on a contractés. L' inobservation des règles détruit la discipline. L' inobservation des lois. L' inobservation des traités, d' une convention. L' inobservation d' une condition, d' une clause. L' inobservation du carême, des commandements de l' Église.

INOCCUPÉ, ÉE. adj.

INOCCUPÉ, ÉE. adj. Qui est sans occupation. Une vie inoccupée. Un homme inoccupé doit périr d' ennui.

IN-OCTAVO. adj. et s.

IN-OCTAVO. adj. et s. T. d' Imprimerie et de Librairie. Il se dit Du format où la feuille est pliée en huit feuillets; et Des livres, des volumes qui ont ce format. Le format in-octavo, l' in-octavo est actuellement fort employé. Un volume in-octavo. Un in-octavo. Des in-octavo.

INOCULATEUR, TRICE. s. f.

INOCULATEUR, TRICE. s. f. T. de Médec. Celui, celle qui fait l' opération de l' inoculation. Un habile inoculateur. Le féminin ne se dit guère que Des femmes grecques qui apportèrent ou renouvelèrent la pratique de l' inoculation à Constantinople.

INOCULATION. s. f.

INOCULATION. s. f. T. de Médec. Action de communiquer artificiellement une maladie contagieuse, en introduisant le virus dans le corps. L' inoculation de la petite vérole, de la peste, du claveau, etc. Une maladie contagieuse a ordinairement moins de danger lorsqu' elle est communiquée par inoculation. On dit aussi, L' inoculation d' un virus.

Il se dit, absolument, de L' inoculation de la petite vérole. La pratique de l' inoculation est fort ancienne dans les pays voisins de la mer Caspienne, aux Indes, à la Chine, et en Afrique. L' inoculation passa de Constantinople à Londres en 1721, et à Paris en 1755.

INOCULER. v. a.

INOCULER. v. a. Communiquer une maladie, transmettre un virus par inoculation. Inoculer la petite vérole. Inoculer le virus vaccin ou variolique. Inoculer la peste.

Il signifie absolument, Inoculer la petite vérole. Il y a plusieurs manières d' inoculer. On inocule à la Chine par aspiration, en Turquie par piqûre, ailleurs par friction, par incision, ou par vésicatoires.

Inoculer une personne, Lui communiquer la petite vérole par inoculation. Se faire inoculer.

INOCULER

INOCULER s' emploie avec le pronom personnel, dans le sens de Se communiquer, et se dit Des maladies qui se communiquent par la transmission d' un virus. L' endroit du corps où le mal, où le virus s' est inoculé.

INOCULÉ, ÉE. participe

INOCULÉ, ÉE. participe La petite vérole inoculée est ordinairement plus bénigne que la petite vérole naturelle.

INOCULISTE. s. m.

INOCULISTE. s. m. Partisan de l' inoculation. On a dit, dans le sens contraire, Anti-inoculiste. Ces mots sont maintenant peu usités.

INODORE. adj. des deux genres

INODORE. adj. des deux genres Sans odeur. Fleurs inodores. L' eau est un fluide inodore. Fosse inodore. Cabinet inodore.

INOFFENSIF, IVE. adj.

INOFFENSIF, IVE. adj. Qui n' est pas capable d' offenser, de nuire; qui ne fait de mal, d' offense à personne. Esprit inoffensif. Le lièvre est un animal inoffensif. Cette brochure est assurément très-inoffensive.

INOFFICIEUX, EUSE. adj.

INOFFICIEUX, EUSE. adj. T. de Jurisprud. Il ne s' applique guère qu' Aux testaments et aux donations. Testament inofficieux, Celui où l' héritier légitime est déshérité sans cause par le testateur. Donation inofficieuse, Celle par laquelle un des enfants est avantagé aux dépens de la légitime des autres.

INOFFICIOSITÉ. s. f.

INOFFICIOSITÉ. s. f. T. de Jurispr. Qualité d' un acte inofficieux.

Action d' inofficiosité, Action intentée, plainte faite contre un testament inofficieux, une donation inofficieuse, etc.

INONDATION. s. f.

INONDATION. s. f. Débordement d' eaux qui inondent un pays. L' inondation causée par les pluies, par la fonte des neiges. Les ravages de l' inondation. Ces inondations périodiques fertilisent l' Égypte. L' inondation d' un pays.

Faire des inondations autour d' une place, Lâcher les eaux autour d' une place, pour empêcher les approches de l' ennemi.

INONDATION

INONDATION se dit également Des eaux débordées. L' inondation couvrait une immense étendue de pays. Il entra dans la place en passant à travers l' inondation.

Il se dit, figurément, d' Une grande multitude de peuple qui envahit un pays: Une grande inondation de barbares; et par dénigrement d' Une grande quantité de certaines choses: Une inondation de pamphlets, de brochures.

INONDER. v. a.

INONDER. v. a. Submerger un terrain, un pays par un débordement d' eaux. Quand la rivière déborde, elle inonde tout le pays. Le Nil inonde l' Égypte en certaines saisons. La mer a inondé bien des terres dans les Pays-Bas.

Il signifie, par exagération, Mouiller beaucoup. Inonder quelqu' un en jetant un seau d' eau sur lui. Cette pluie nous inonde. Les pleurs inondaient son visage. Dans ce sens, il est souvent familier.

Il se dit, figurément, Des nations, des grandes armées qui envahissent un pays, ou D' une grande multitude qui se porte vers un même lieu. Quand les Goths, quand les Lombards inondèrent l' Italie. Les Sarrasins ont inondé l' Espagne. L' Asie fut inondée par les Tartares. La campagne est inondée de soldats. La foule inondait les lieux voisins du désastre.

Il se dit aussi, et presque toujours par dénigrement, De certaines choses répandues, multipliées avec une extrême profusion. Le public est inondé de mauvais écrits, de mauvaises brochures.

INONDÉ, ÉE. participe

INONDÉ, ÉE. participe

INOPINÉ, ÉE. adj.

INOPINÉ, ÉE. adj. Imprévu, à quoi on ne s' attendait point. Il ne se dit proprement que Des événements qui surviennent tout d' un coup, et sans qu' on y eût songé auparavant. Accident inopiné. Querelle inopinée. Il lui est survenu une affaire inopinée. Bonheur inopiné.

INOPINÉMENT. adv.

INOPINÉMENT. adv. D' une manière inopinée. Il se dit Des personnes et des choses. Cela est arrivé inopinément. Il arriva inopinément, et lorsqu' on le croyait encore bien loin. Tomber inopinément sur l' ennemi.

INOPPORTUN, UNE. adj.

INOPPORTUN, UNE. adj. Qui n' est pas opportun, à propos. Vous ne pouvez choisir un moment plus inopportun. Cette mesure ne vous semble-t-elle pas inopportune?

INOPPORTUNITÉ. s. f.

INOPPORTUNITÉ. s. f. Qualité de ce qui n' est pas opportun, à propos. L' inopportunité d' une démarche.

INORGANIQUE. adj. des deux genres

INORGANIQUE. adj. des deux genres T. d' Hist. nat. Il se dit Des corps qui ne sont point organisés, et qui ne peuvent s' accroître que par juxtaposition, tels que les minéraux. Êtres inorganiques. Corps inorganiques. La matière inorganique.

INOUÏ, INOUÏE. adj.

INOUÏ, INOUÏE. adj. Dont on n' a jamais ouï parler. Il est inouï que pareille chose soit jamais arrivée.

Il se dit, particulièrement, De ce qui est tel, que jusque-là on n' avait ouï parler de rien de semblable. C' est une chose inouïe. Voilà qui est inouï. Sa conduite est inouïe. Des cruautés inouïes.

IN PACE

IN PACE Voyez PACE (IN).

IN PARTIBUS

IN PARTIBUS Voyez PARTIBUS (IN).

IN PETTO

IN PETTO Voyez PETTO (IN).

IN-PLANO. adj. et s.

IN-PLANO. adj. et s. T. d' Imprimerie et de Librairie. Il se dit Du format où la feuille imprimée ne contient qu' une page de chaque côté. Le format in-plano. L' in-plano est un format de luxe.

IN-PROMPTU

IN-PROMPTU Voyez IMPROMPTU.

INQUART. s. m.

INQUART. s. m. T. de Chimie. Action de joindre trois parties d' argent contre une d' or, pour en faire le départ. On dit aussi, Quartation.

IN-QUARTO. adj. et s.

IN-QUARTO. adj. et s. T. d' Imprimerie et de Librairie. Il se dit Du format où la feuille est pliée en quatre feuillets; et Des livres, des volumes qui ont ce format. Le format in-quarto, l' in-quarto s' emploie souvent pour les dictionnaires. Un volume in-quarto. Un manuscrit in-quarto. Un in-quarto. Des in-quarto.

INQUIET, ÈTE. adj.

INQUIET, ÈTE. adj. Qui est dans quelque trouble, dans quelque agitation d' esprit, soit par crainte, soit par irrésolution et incertitude. Il appréhende telle chose, cela le rend inquiet, il en est tout inquiet. Elle a l' air inquiète. Elle est inquiète de ne point recevoir de nouvelles. Il est inquiet sur cette affaire.

Il se dit aussi Des passions et des mouvements de l' âme. La jalousie est une passion inquiète. Une politique inquiète et soupçonneuse. Une inquiète curiosité.

Il se dit également De ce qui marque de l' inquiétude. Des regards inquiets.

INQUIET

INQUIET signifie aussi, Qui ne peut se tenir en repos, qui n' est jamais content de la situation, de l' état où il se trouve, et qui désire toujours quelque changement. Il est si inquiet, qu' à peine entré dans un lieu, il en veut sortir. C' est un esprit brouillon et inquiet. Il a l' humeur inquiète. Il est d' humeur inquiète, d' un tempérament inquiet.

Il s' applique également, dans ce sens, Aux passions, aux mouvements de l' âme. Une inquiète ambition le domine. Une inquiète activité.

Il se dit encore, particulièrement, D' une personne que la souffrance met dans une agitation continuelle. Le malade a été fort inquiet toute la nuit.

Sommeil inquiet, Sommeil qui est souvent interrompu, qui est troublé par quelque peine d' esprit, ou par la mauvaise disposition physique où se trouve celui qui dort.

INQUIÉTANT, ANTE. adj.

INQUIÉTANT, ANTE. adj. Qui cause de l' inquiétude. Voisinage inquiétant. Situation inquiétante. Nouvelles inquiétantes. L' état de ce malade n' a rien d' inquiétant.

INQUIÉTER. v. a.

INQUIÉTER. v. a. Rendre inquiet. Dans ce sens, il ne se dit qu' en parlant De l' âme. Cette nouvelle m' inquiète. Cette pensée m' inquiète. Ce qu' il vient d' apprendre l' inquiète. Cela m' inquiète fort peu.

Il signifie aussi, Troubler, faire de la peine en quelque chose que ce soit. Dès qu' il est dans son cabinet, il ne veut point qu' on l' interrompe, qu' on l' inquiète. Il avait un camp volant avec lequel il inquiétait à toute heure les ennemis. Il inquiétait les assiégeants par de continuelles sorties.

Il signifie particulièrement, Troubler quelqu' un dans la possession d' une chose, lui faire un procès, lui chercher querelle. On ne m' a jamais inquiété dans la possession de cette maison, de cette terre. Si l' on m' inquiète, je ferai assigner mon vendeur en garantie. Il fut inquiété dans la possession de ses nouvelles conquêtes. On l' inquiéta sur la légitimité de sa naissance, sur sa noblesse.

Il s' emploie avec le pronom personnel, dans le premier sens. S' inquiéter d' un rien. C' est un homme qui s' inquiète aisément. De quoi vous inquiétez-vous? C' est un homme sans souci, qui ne s' inquiète de rien. Il ne s' en inquiète nullement.

INQUIÉTÉ, ÉE. participe

INQUIÉTÉ, ÉE. participe

INQUIÉTUDE. s. f.

INQUIÉTUDE. s. f. Trouble, souci, agitation d' esprit, impatience causée par quelque passion. Grande, vive, cruelle inquiétude. Continuelle inquiétude. Inquiétude mortelle. Cela lui cause, lui donne de graves inquiétudes. D' où viennent ces inquiétudes? Avoir des inquiétudes sur sa santé. Ce jeune homme donne de l' inquiétude à sa famille. Il est sans inquiétude de l' avenir, sur l' avenir. N' en ayez point d' inquiétude. Soyez sans inquiétude. Cela me jette, me met dans l' inquiétude. Être dans l' inquiétude. Je l' ai tiré d' inquiétude.

Il signifie quelquefois, Inconstance d' humeur, amour du changement qui fait que l' on est toujours mécontent de l' état où l' on se trouve. L' inquiétude naturelle à l' homme.

Il signifie également, Une agitation de corps causée par quelque malaise. Ce malade a passé la nuit dans une grande inquiétude, dans de grandes inquiétudes.

INQUIÉTUDES

INQUIÉTUDES au pluriel, se dit de Certaines petites douleurs qui donnent de l' agitation et de l' impatience, et qui se font sentir ordinairement aux jambes. Il a des inquiétudes aux jambes, dans les jambes.

INQUISITEUR. s. m.

INQUISITEUR. s. m. Juge de l' inquisition. Inquisiteur de la foi. Grand inquisiteur. Inquisiteur général.

Inquisiteur d' État, Magistrat de la république de Venise, qui était chargé de découvrir et de prévenir les complots formés contre le gouvernement.

INQUISITION. s. f.

INQUISITION. s. f. Recherche, enquête. On ne le dit guère, dans ce premier sens, que d' Une recherche, d' une perquisition rigoureuse où il se mêle de l' arbitraire. Sa conduite fut l' objet de l' inquisition la plus offensante. C' est une véritable inquisition.

Il se dit plus ordinairement d' Un tribunal établi en certains pays pour rechercher et punir ceux qui ont des sentiments contraires à la foi catholique. Pays d' inquisition. Il fut livré à l' inquisition. On le mit à l' inquisition. Il est à l' inquisition. Les prisons de l' inquisition. L' inquisition d' Espagne, de Portugal, d' Italie. Le tribunal de l' inquisition. Les juges de l' inquisition. Les familiers de l' inquisition. On nomme quelquefois ce tribunal Le saint-office.

INQUISITORIAL, ALE. adj.

INQUISITORIAL, ALE. adj. Il se dit De tout pouvoir ombrageux, trop sévère, de tout acte, de toute recherche arbitraire, et se prend toujours en mauvaise part. Pouvoir inquisitorial. Tyrannie inquisitoriale. Recherche inquisitoriale. Visites inquisitoriales. Il y a quelque chose d' inquisitorial dans cette mesure.

INSAISISSABLE. adj. des deux genres

INSAISISSABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être saisi. Il se dit particulièrement, en Jurisprudence, Des choses qu' on ne peut saisir valablement. Les objets que la loi déclare insaisissables. Des biens insaisissables. Une pension insaisissable. Une rente viagère stipulée insaisissable.

Il se dit quelquefois, figurément, De ce qui ne peut être perçu, compris. J' avoue que, pour moi, cette différence est tout à fait insaisissable. Des abstractions insaisissables.

INSALUBRE. adj. des deux genres

INSALUBRE. adj. des deux genres Malsain, qui nuit à la santé. Un logement humide est insalubre.

INSALUBRITÉ. s. f.

INSALUBRITÉ. s. f. Qualité de ce qui est nuisible à la santé. L' insalubrité d' un pays, d' un canton, d' un climat. L' insalubrité de l' air cause des maladies.

INSATIABILITÉ. s. f.

INSATIABILITÉ. s. f. Avidité de manger qui ne se peut rassasier. Il a une faim canine, une insatiabilité que rien ne peut contenter, que rien ne peut assouvir.

Il s' emploie aussi figurément. Insatiabilité de gloire, de renommée. L' insatiabilité de cet avare, de cet ambitieux. L' insatiabilité des richesses, des honneurs.

INSATIABLE. adj. des deux genres

INSATIABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être rassasié. Avidité, gourmandise insatiable. Il a une faim insatiable.

Il se dit aussi figurément. Avarice insatiable. Il ne se contente de rien, il est insatiable. Insatiable de gloire. Insatiable d' honneurs, de richesses, de louanges.

INSATIABLEMENT. adv.

INSATIABLEMENT. adv. D' une manière insatiable. Il est insatiablement avide d' honneur et de gloire.

INSCRIPTION. s. f.

INSCRIPTION. s. f. Caractères gravés ou fixés sur le cuivre, sur le marbre, sur la pierre, etc., soit pour conserver la mémoire d' une personne ou d' un événement, soit pour indiquer la destination d' un édifice, etc. On mit, on grava sur ce marbre une inscription en lettres d' or. Une inscription pompeuse. Ce monument porte plusieurs inscriptions, est chargé d' inscriptions. L' inscription d' un arc de triomphe, d' une fontaine. Le temple de Delphes avait pour inscription cette maxime: CONNAIS-TOI TOI-MÊME. On conserve dans ce musée beaucoup d' inscriptions antiques. Les caractères qui formaient l' inscription ont été enlevés. Inscription hiéroglyphique. Déchiffrer une inscription. Le sens d' une inscription. L' Académie des inscriptions et belles-lettres.

Il se dit également d' Une courte indication, d' un avis écrit, imprimé, peint, etc., qu' on place dans un lieu apparent, pour servir d' instruction, de renseignement. Des inscriptions placées à tous les carrefours du bois, en indiquent les différentes routes. On a mis en cet endroit une inscription, pour avertir les gens de n' y point passer.

INSCRIPTION

INSCRIPTION se dit aussi de L' action d' inscrire une personne ou une chose sur un registre, une liste, etc.; et Du résultat de cette action. Il a requis son inscription sur la liste des jurés. L' inscription d' un acte de naissance sur les registres de l' état civil.

Il se dit, particulièrement, de L' inscription d' un étudiant sur le registre de la faculté dans laquelle il étudie pour prendre ses grades. Prendre des inscriptions en droit, en médecine. Prendre ses inscriptions. Première, seconde, troisième inscription. Perdre une inscription, pour avoir manqué plusieurs fois aux appels du professeur. Avoir toutes ses inscriptions. Il ne lui manque plus qu' une inscription.

Inscription maritime, Enregistrement, au bureau des classes, de ceux qui peuvent être requis pour le service de la marine de l' État.

En termes de Finances, Inscription sur le grand-livre de la dette publique, Titre d' une rente perpétuelle due par le Trésor. Il a cinquante mille francs de rente en inscriptions sur le grand-livre.

En termes de Jurispr., Inscription hypothécaire, Mention que le conservateur des hypothèques fait, sur ses registres, de l' hypothèque ou privilége qu' une personne déclare et justifie avoir sur les biens d' une autre. Prendre, requérir une inscription. Faire l' inscription d' une créance hypothécaire. Bordereau, certificat d' inscription. L' inscription conserve l' hypothèque pendant dix ans. Radiation, réduction d' inscription.

En termes de Pratique, Inscription de faux, Acte par lequel on soutient en justice qu' une pièce est fausse ou falsifiée. Inscription de faux principal. Inscription de faux incident. Former une inscription de faux.

INSCRIRE. v. a.

INSCRIRE. v. a. Écrire le nom de quelqu' un, ou prendre note, faire mention de quelque chose sur un registre, sur une liste, etc. Inscrire quelqu' un au rôle des contributions. On l' inscrivit sur la liste des candidats, des souscripteurs. Vous êtes-vous fait inscrire? J' inscrirai cela dans mes tablettes. Inscrire, jour par jour, sur un registre, toutes ses opérations commerciales. Inscrire un bordereau, une créance, un droit d' hypothèque. Inscrire une rente au grand-livre, sur le grand-livre.

Il signifie quelquefois, Mettre une inscription. Inscrire une maxime sur un monument. La plupart des personnes qui visitent ce lieu inscrivent leurs noms sur les murailles.

Il s' emploie aussi dans certaines phrases figurées. Inscrire son nom au temple de mémoire, dans les fastes de la gloire, Se rendre célèbre par ses écrits, par des exploits guerriers.

En Mathém., Inscrire une figure dans une autre, Tracer, dans l' intérieur d' une figure géométrique, une autre figure qui en touche le contour intérieurement. Inscrire un triangle dans un cercle. Inscrire un cercle dans un carré.

INSCRIRE

INSCRIRE avec le pronom personnel, signifie, Inscrire ou faire inscrire son nom dans un registre, sur une liste, etc. S' inscrire sur une liste d' abonnés. On a ouvert un registre, je me suis inscrit. S' inscrire sur les registres d' une faculté. S' inscrire sur la liste des orateurs qui doivent parler pour ou contre un projet de loi.

En termes de Pratique, S' inscrire en faux, Soutenir en justice qu' une pièce que la partie adverse produit, est fausse. Je me suis inscrit en faux contre ce billet, contre ce contrat. Il signifie, par extension, dans le langage ordinaire, Nier quelque proposition qu' une personne allègue. Je m' inscris en faux contre ce que vous dites.

INSCRIT, ITE. participe

INSCRIT, ITE. participe La dette inscrite. Les orateurs inscrits pour et contre. Créancier inscrit.

INSCRUTABLE. adj. des deux genres

INSCRUTABLE. adj. des deux genres Impénétrable, qui ne peut être conçu, qui ne peut être compris par l' esprit humain. Il n' est guère usité qu' en style de l' Écriture. Les desseins de Dieu sont inscrutables. Le coeur de l' homme est inscrutable.

INSÇU (À L' )

INSÇU (À L' ) Voyez INSU.

INSECTE. s. m.

INSECTE. s. m. Petit animal sans vertèbres, dont le corps est divisé par étranglements ou par anneaux. Il y a des insectes qui rampent, comme les vers; d' autres qui marchent, comme les fourmis; et d' autres qui volent, comme les mouches, les hannetons, les papillons. Les diverses classes d' insectes. Insectes coléoptères, névroptères, etc. Un petit insecte. Vil insecte. Des milliers d' insectes. Herbe, procédé pour détruire les insectes.

IN-SEIZE. adj. et s.

IN-SEIZE. adj. et s. T. d' Imprimerie et de Librairie. Il se dit Du format où la feuille est pliée en seize feuillets; et Des volumes, des livres qui ont ce format. Le format in-seize, l' in-seize ne s' emploie que rarement. Un volume in-seize.

INSENSÉ, ÉE. adj.

INSENSÉ, ÉE. adj. Fou, qui a perdu le sens, qui a l' esprit aliéné. C' est un homme insensé. Une femme insensée.

Il se dit, par exagération, D' une personne dont les actions ou les discours ne sont pas raisonnables. Il faut être insensé pour parler ainsi, pour se conduire ainsi.

Il se dit également Des choses qui ne sont pas conformes à la raison, au bon sens. Discours insensé. Action, entreprise, conduite insensée. Passion insensée. Propos insensé.

Il se dit substantivement, en parlant Des personnes. Courir comme un insensé. Parler comme un insensé. C' est un insensé. Jeune insensé, que faites-vous!

INSENSIBILITÉ. s. f.

INSENSIBILITÉ. s. f. Manque, défaut de sensibilité. Insensibilité complète. Un froid extrême produit l' insensibilité dans les parties du corps qui l' éprouvent.

Il se dit également au sens moral. L' insensibilité aux reproches est moins la marque de l' innocence que celle de l' endurcissement. Une grande, une profonde insensibilité. Vit-on jamais une telle insensibilité? Il faudrait avoir beaucoup d' insensibilité pour n' être pas touché d' un tel malheur.

INSENSIBLE. adj. des deux genres

INSENSIBLE. adj. des deux genres Qui ne peut point éprouver de sensations. Une matière insensible et inerte. Les végétaux, quoique pourvus d' organes, paraissent insensibles.

Il signifie plus ordinairement, Qui ne sent point, qui ne reçoit point l' impression que l' objet doit faire sur les sens. Être insensible au froid, au chaud. Le froid engourdit les parties du corps, et les rend insensibles. Il souffre si patiemment les douleurs, qu' on le croirait insensible.

Il s' emploie également au sens moral. Insensible à nos maux. Insensible à nos plaintes. Il a l' âme dure et insensible. Les longues et perpétuelles afflictions l' ont rendu insensible. Il est devenu insensible. Une femme insensible à l' amour. Il est insensible aux louanges comme aux reproches.

Il se prend quelquefois substantivement, dans ce dernier sens; et alors il se dit plus ordinairement d' Une personne qui n' est point sensible à l' amour. C' est un insensible.

INSENSIBLE

INSENSIBLE signifie aussi, Imperceptible, qu' on n' aperçoit, qui n' est connu que difficilement par les sens, ou même dont on ne peut s' apercevoir. Le mouvement de l' aiguille d' une horloge, de l' ombre d' un cadran, est insensible, est insensible à l' oeil. Cela se fait d' une manière insensible. Ce remède agit par transpiration insensible. Pente insensible. Des nuances presque insensibles.

INSENSIBLEMENT. adv.

INSENSIBLEMENT. adv. Peu à peu, d' une manière peu sensible, qui se connaît difficilement par les sens ou par l' esprit. Les plantes croissent insensiblement. Le temps passe insensiblement. Les montagnes s' abaissent insensiblement. L' eau creuse insensiblement les pierres. Une secrète langueur le consumait insensiblement. Cet abus s' est glissé insensiblement dans l' administration. S' habituer insensiblement à quelque chose.

INSÉPARABLE. adj. des deux genres

INSÉPARABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être séparé. La chaleur est inséparable du feu. L' ombre est inséparable du corps. Ces deux corps sont inséparables l' un de l' autre. Ce droit est inséparable de la couronne. Le remords est inséparable du crime.

Il se dit aussi Des personnes qui ne se quittent presque jamais, ou qui sont très-souvent ensemble. Deux amis inséparables. Ils sont devenus inséparables. Ils sont inséparables.

Il s' emploie substantivement, dans ce dernier sens. Ce sont deux inséparables. Cette acception est familière.

INSÉPARABLEMENT. adv.

INSÉPARABLEMENT. adv. De manière à ne pouvoir être séparé. Ils sont unis inséparablement.

INSÉRER. v. a.

INSÉRER. v. a. Mettre parmi, ajouter, faire entrer, introduire. Insérer un cahier, un feuillet dans un livre. Insérer une branche, un oeil, un bourgeon dans la fente d' une greffe. Insérer le virus vaccin sous la peau.

Il se dit, par extension, en parlant Des ouvrages d' esprit, des actes, tels que contrats, etc., et de certaines publications. Il faut insérer cette anecdote, cette singularité, cette pièce dans votre histoire. Ces vers ne sont pas de tel auteur, ils ont été mal à propos insérés dans son poëme. Il inséra une clause dans le testament, dans le contrat, dans le traité. Il demanda que son observation fût insérée au procès-verbal, dans le procès-verbal. Insérer une annonce, un article, une réclamation dans un journal. Insérer une ordonnance au Bulletin des lois.

INSÉRÉ, ÉE. participe

INSÉRÉ, ÉE. participe

INSERTION. s. f.

INSERTION. s. f. Action par laquelle on insère, ou État de la chose insérée. L' insertion d' un feuillet dans un livre. L' insertion du vaccin. L' insertion d' une note marginale dans le texte. L' insertion d' une annonce, d' un article dans un journal. On demanda l' insertion au procès-verbal. L' insertion d' une ordonnance au Bulletin des lois. L' insertion d' un article dans un traité.

Il se dit, en termes d' Anatomie, de L' attache d' une partie sur une autre. L' insertion des fibres musculaires sur un tendon. L' insertion d' un tendon, d' un ligament sur un cartilage. Point d' insertion. Mode d' insertion. On dit de même, en Botanique, L' insertion des étamines, de la corolle, etc.

INSIDIEUSEMENT. adv.

INSIDIEUSEMENT. adv. D' une manière insidieuse et qui tend à surprendre.

INSIDIEUX, EUSE. adj.

INSIDIEUX, EUSE. adj. Qui tend ou qui cherche à surprendre quelqu' un. Des présents insidieux. Des caresses insidieuses. Question insidieuse. Esprit insidieux.

INSIGNE. adj. des deux genres

INSIGNE. adj. des deux genres Signalé, remarquable. Il se dit Des personnes et des choses. Bonheur insigne. Malheur insigne. Une grâce, une faveur insigne. Je lui ai des obligations insignes. C' est une fausseté insigne, une insigne fausseté. Une calomnie insigne. Un insigne faussaire. Un insigne fripon.

Il se dit, particulièrement, De quelques églises cathédrales. L' insigne église de...

INSIGNE. s. m.

INSIGNE. s. m. Marque distinctive. Il ne se dit qu' en parlant Des personnes ou des grades, des dignités, etc., et s' emploie le plus souvent au pluriel. On avait placé sur le cercueil les insignes du défunt, les insignes de son grade. Les insignes de duc et pair. Les insignes royaux. Les insignes de la royauté. Les insignes de l' ordre du Saint-Esprit.

INSIGNIFIANCE. s. f.

INSIGNIFIANCE. s. f. Qualité de ce qui est insignifiant. C' est un homme d' une grande insignifiance. L' insignifiance de sa physionomie, de ses discours.

INSIGNIFIANT, ANTE. adj.

INSIGNIFIANT, ANTE. adj. Qui ne signifie rien. Il ne s' emploie qu' au figuré, et se dit De ce qui est sans importance, de ce qui est sans caractère, insipide. Action, démarche insignifiante. Phrase insignifiante. Ouvrage insignifiant. Propos insignifiant.

Il se dit également Des personnes. C' est un homme tout à fait insignifiant. Une physionomie insignifiante.

INSINUANT, ANTE. adj.

INSINUANT, ANTE. adj. Qui a l' adresse et le talent de s' insinuer, d' insinuer quelque chose. C' est un homme fort insinuant. Femme insinuante.

Il se dit également Des manières, des discours, etc. Manières insinuantes. Air insinuant. Langage insinuant. Exorde insinuant.

INSINUATION. s. f.

INSINUATION. s. f. Adresse dans le style, dans le langage, par laquelle on insinue quelque chose. Il désigne particulièrement, en Rhétorique, Ce que dit un orateur pour s' insinuer dans la bienveillance de son auditoire. Exorde par insinuation.

Il se dit également de Tout discours par lequel, sans énoncer positivement une chose, on la donne à entendre, ou on prépare l' esprit à la recevoir. Une insinuation adroite. Une légère insinuation. Une insinuation perfide. Il est quelquefois plus difficile de se défendre contre une insinuation maligne que contre une accusation ouverte.

INSINUATION

INSINUATION s' est dit autrefois, en termes de Pratique, de L' enregistrement des actes qui doivent être rendus publics. L' insinuation d' un acte de donation, d' un testament. Droit d' insinuation. Le greffe des insinuations.

INSINUER. v. a.

INSINUER. v. a. Introduire doucement et adroitement quelque chose. Insinuer le doigt, une sonde dans une plaie.

Il signifie, au figuré, Faire entendre adroitement, faire entrer dans l' esprit. Insinuez-lui cela doucement. Il faut en parlant lui insinuer que... Insinuer de bons sentiments. Insinuer une doctrine.

En termes d' ancienne Pratique, Insinuer, faire insinuer une donation, un testament, Faire enregistrer une donation, un testament à un certain greffe destiné pour cet effet.

INSINUER

INSINUER avec le pronom personnel, signifie, Pénétrer, et se dit tant au propre qu' au figuré. L' air s' insinue dans les corps. L' eau s' était insinuée par les pores du bois, par les fentes. L' espoir s' insinuait peu à peu dans mon âme. Une éloquence pleine d' onction qui s' insinue dans les coeurs.

Il signifie également, en parlant Des personnes, Se faire admettre quelque part, s' y introduire avec adresse. S' insinuer dans une société. Il s' est insinué à la cour je ne sais comment. Il est adroit, il s' insinue partout.

S' insinuer dans l' esprit de quelqu' un, s' insinuer dans ses bonnes grâces, dans sa bienveillance, Se mettre bien dans son esprit, gagner adroitement ses bonnes grâces, sa bienveillance.

INSINUÉ, ÉE. participe

INSINUÉ, ÉE. participe

INSIPIDE. adj. des deux genres

INSIPIDE. adj. des deux genres Qui n' a nulle saveur, nul goût. Liqueur, breuvage insipide. Mets insipide. Viande insipide. Cela est insipide, cela ne sent rien.

Il se dit figurément Des choses qui n' ont aucun agrément, qui n' ont rien qui touche et qui pique. Discours, ouvrage, poëme insipide. Une conversation plate et insipide. Un discours froid et insipide. Un conte fade et insipide. Raillerie, plaisanterie insipide. Des louanges insipides. Il est un âge où ces divertissements deviennent insipides.

Il se dit dans le même sens Des personnes. Un harangueur insipide. Un orateur insipide. Un railleur froid et insipide.

INSIPIDITÉ. s. f.

INSIPIDITÉ. s. f. Qualité de ce qui est insipide. L' insipidité de l' eau. L' insipidité d' une viande, d' un mets.

Il se dit aussi figurément. L' insipidité de ce poëme. L' insipidité de ces railleries, de ces amusements.

INSISTANCE. s. f.

INSISTANCE. s. f. Action d' insister. Son insistance dégénère en importunité.

INSISTER. v. n.

INSISTER. v. n. Faire instance, persévérer à demander, à vouloir une chose. Il insiste à demander telle chose. N' insistez pas davantage sur cette prétention. Il n' insista pas.

Il signifie aussi, Appuyer sur quelque chose, s' y arrêter avec force. Il insista beaucoup sur cette preuve. L' avocat insista principalement sur ce moyen. Je n' insisterai pas sur ce point. Il a insisté fortement sur la nécessité de mettre un terme à ces abus.

INSOCIABILITÉ. s. f.

INSOCIABILITÉ. s. f. Caractère de celui qui est insociable.

INSOCIABLE. adj. des deux genres

INSOCIABLE. adj. des deux genres Fâcheux, incommode, avec qui l' on ne peut avoir de société, avec qui l' on ne peut vivre. Un homme insociable. Une humeur insociable. Les caprices de cette femme la rendent insociable.

INSOLATION. s. f.

INSOLATION. s. f. T. didactique. Action d' exposer quelqu' un ou quelque chose à la chaleur du soleil. L' insolation est très-favorable aux enfants nés faibles. Faire sécher des plantes par insolation.

INSOLEMMENT. adv.

INSOLEMMENT. adv. Avec insolence. Parler insolemment. Répondre insolemment.

INSOLENCE. s. f.

INSOLENCE. s. f. Hardiesse excessive, effronterie, manque de respect. Grande, extrême insolence. L' insolence d' un laquais. On ne peut souffrir son insolence. Porter, pousser l' insolence jusqu' à faire telle chose. Y eut-il jamais une telle insolence, une insolence pareille? Cela va jusqu' à l' insolence. Cela est de la dernière insolence. Des regards pleins d' insolence.

Il signifie quelquefois, Orgueil offensant. L' insolence d' un parvenu.

Il se dit aussi Des paroles et des actions où il y a de l' insolence. Il a fait, il a dit mille insolences.

INSOLENT, ENTE. adj.

INSOLENT, ENTE. adj. Effronté, qui perd le respect. Un homme insolent, extrêmement insolent. Insolent au dernier point. Cette femme est bien insolente. Il est si insolent, qu' il se fait haïr partout. Si vous étiez assez insolent pour oser... Il est insolent en paroles.

Il se dit également De l' air, des manières, des discours, etc. Il a le ton bien insolent. Il dit des paroles insolentes. Il tient des discours insolents. Une demande, une réponse insolente. Des regards insolents.

Il se dit quelquefois De celui qui offense la modestie, la pudeur. Il est insolent, fort insolent avec les femmes.

Il signifie aussi, Orgueilleux, qui en use avec orgueil, avec dureté. Il ne faut pas être insolent dans la victoire, dans la bonne fortune. La prospérité l' a rendu insolent. Les gens insolents se font détester.

Il se dit également, en ce dernier sens, De l' air, des discours, etc. Les airs insolents, le ton insolent d' un nouvel enrichi. Cet ordre insolent les irrita. Une insolente présomption.

Il s' emploie aussi comme substantif, en parlant Des personnes, surtout dans le premier sens. C' est un insolent. C' est une insolente.

INSOLITE. adj. des deux genres

INSOLITE. adj. des deux genres Qui n' est point d' usage, qui est contraire à l' usage, aux règles. Procédé bizarre et insolite. Expression insolite. Clause insolite.

INSOLUBILITÉ. s. f.

INSOLUBILITÉ. s. f. T. didactique. Qualité des substances qui ne peuvent se dissoudre.

Il se dit aussi de L' impossibilité de résoudre un problème, une question, etc. L' insolubilité d' un problème, d' une question.

INSOLUBLE. adj. des deux genres

INSOLUBLE. adj. des deux genres T. de Chimie. Qui ne peut se dissoudre. La résine est insoluble dans l' eau.

Il signifie aussi figurément, dans le langage ordinaire, Qu' on ne peut résoudre, expliquer. Argument insoluble. Difficulté insoluble. Problème insoluble. Question insoluble.

INSOLVABILITÉ. s. f.

INSOLVABILITÉ. s. f. Impuissance de payer. L' insolvabilité de cet homme-là m' a empêché de traiter avec lui.

INSOLVABLE. adj. des deux genres

INSOLVABLE. adj. des deux genres Qui n' a pas de quoi payer. Il est devenu insolvable.

INSOMNIE. s. f.

INSOMNIE. s. f. (On prononce l' M.) Privation de sommeil causée par quelque indisposition, quelque chagrin, quelque inquiétude. Il y a un mois qu' il ne dort point, cette insomnie lui a échauffé le sang. Une longue, une continuelle insomnie. Il est travaillé d' une cruelle insomnie. Avoir, éprouver de fréquentes insomnies. Être sujet à des insomnies.

INSOUCIANCE. s. f.

INSOUCIANCE. s. f. État ou caractère de celui qui est insouciant. Il est là-dessus d' une grande insouciance. C' est un homme d' une grande insouciance, d' une extrême insouciance. Une coupable insouciance.

INSOUCIANT, ANTE. adj.

INSOUCIANT, ANTE. adj. Qui n' a aucun souci d' une chose, ou qui ne se soucie et ne s' affecte de rien. Il est trop insouciant pour ses affaires. Être insouciant du lendemain. C' est un homme insouciant. Quelle femme insouciante! Caractère insouciant.

INSOUMIS, ISE. adj.

INSOUMIS, ISE. adj. Non soumis. Peuples insoumis.

INSOUTENABLE. adj. des deux genres

INSOUTENABLE. adj. des deux genres Qu' on ne peut soutenir, défendre, justifier. Il ne se dit que Des choses. Cette assertion, cette cause, cette opinion est insoutenable.

Il signifie aussi, Qu' on ne peut supporter, qui choque extrêmement. Dans ce sens, il se dit Des personnes et des choses. Vanité insoutenable. C' est un homme insoutenable. Il a des manières insoutenables.

INSPECTER. v. a.

INSPECTER. v. a. Examiner avec autorité, ou avec une mission spéciale d' une autorité compétente. Il fut chargé d' inspecter ces magasins. Ils ne se retirèrent qu' après avoir soigneusement inspecté toute la maison. Inspecter des travaux publics, un collége, etc. Inspecter des troupes, un régiment.

INSPECTÉ, ÉE. participe

INSPECTÉ, ÉE. participe

INSPECTEUR. s. m.

INSPECTEUR. s. m. Celui dont la fonction est d' inspecter, de surveiller quelque chose. C' est un inspecteur fort vigilant. Inspecteur général. Inspecteur divisionnaire. Inspecteur adjoint. Inspecteur de l' université. Inspecteur des études. Inspecteur des prisons. Inspecteur aux revues. Inspecteur de cavalerie, d' infanterie. Inspecteur des bâtiments. Inspecteur des fortifications. Inspecteur des ponts et chaussées, des mines, des forêts, des finances, etc. Un inspecteur en tournée.

INSPECTION. s. f.

INSPECTION. s. f. Action par laquelle on regarde, on considère, on examine quelque chose. J' ai connu par l' inspection des pièces du procès que... À la première inspection on connaît que cet acte est faux. L' inspection du ciel, des astres. Il lui prédit, par l' inspection de sa main, que... L' inspection du visage. Les aruspices prétendaient juger de l' avenir par l' inspection des entrailles des victimes. Ce procès ne peut se juger que par l' inspection des lieux. Faire l' inspection des armes. Faire l' inspection d' un corps de troupes. Des soldats qui passent à l' inspection. Pendant, après l' inspection. Votre inspection a été longue.

Il signifie aussi, La fonction et le soin d' examiner quelque chose, de le surveiller. On lui donna l' inspection du matériel, l' inspection sur le commerce, sur les manufactures. Il a l' inspection des travaux. Il a droit d' inspection là-dessus. Son inspection, son droit d' inspection s' étend sur tels et tels objets. Il a inspection sur ces ouvriers.

Il se dit également d' Une place, d' un emploi d' inspecteur. Il obtint une inspection dans les ponts et chaussées.

INSPIRATEUR, TRICE. adj.

INSPIRATEUR, TRICE. adj. Qui inspire. Un génie inspirateur. Les anciens croyaient à des divinités inspiratrices.

En termes d' Anat., Muscles inspirateurs, se dit Des muscles qui contribuent à l' inspiration.

INSPIRATION. s. f.

INSPIRATION. s. f. Action d' inspirer quelqu' un, de le conseiller, de lui suggérer quelque chose. C' est par votre inspiration que j' ai agi. L' inspiration divine.

Il se dit aussi de La chose inspirée. Je vous dois cette inspiration. Il n' écoute que les inspirations de sa fureur. C' est là que ce poëte a puisé ses plus belles inspirations.

Il se dit particulièrement Des sentiments, des pensées, des desseins qui semblent naître spontanément dans le coeur, dans l' esprit, et que l' on regarde souvent comme inspirés par le génie, par l' enthousiasme, ou même par la Divinité. Inspiration divine. Inspiration du ciel, de Dieu, d' en haut. Il lui vint une sainte inspiration. J' ai eu une bonne inspiration. Avoir d' heureuses, de sublimes inspirations. C' est une inspiration. Les inspirations du génie. Des inspirations surnaturelles. Cette idée m' est venue comme par inspiration.

Il se dit absolument de L' enthousiasme, dans la poésie, dans les beaux-arts, etc. Ce vers a été fait d' inspiration. On sent dans cette poésie la chaleur de l' inspiration. Céder à l' inspiration.

INSPIRATION

INSPIRATION en termes de Physiologie, Action par laquelle l' air entre dans le poumon; mouvement opposé à l' expiration.

INSPIRER. v. a.

INSPIRER. v. a. Faire naître dans le coeur, dans l' esprit, quelque mouvement, quelque dessein, quelque pensée. C' est un sentiment que la nature inspire. Inspirer un mauvais dessein, une mauvaise pensée. C' est le démon qui lui a inspiré ce pernicieux dessein. C' est la jalousie, l' envie, l' ambition, qui lui ont inspiré cette mauvaise action. Cette circonstance lui inspira l' idée d' un grand ouvrage. Il s' attache à leur inspirer l' horreur du vice. Sa belle conduite m' inspirait le désir de le connaître. Inspirer des soupçons. Sa présence inspire la joie, la tristesse. Il inspire le courage à ses soldats. Ses richesses lui inspirent de l' orgueil. Inspirer de l' amour, des désirs, de l' horreur, du mépris, du respect, de la crainte. Il m' inspire beaucoup d' estime. L' aspect de ces lieux inspire la mélancolie.

Il s' emploie aussi avec le nom de la personne pour complément direct, et signifie alors, Conseiller, diriger, animer. À cette conduite du prince, on reconnut le ministre qui l' inspirait. La fureur qui l' inspire. C' est la charité qui l' inspire.

Il se dit, particulièrement, en parlant De ceux qui reçoivent de la Divinité des lumières surnaturelles, qui sont pleins d' une fureur divine, ou qui sont animés de quelque enthousiasme. C' est le Saint-Esprit qui l' a inspiré. Les païens croyaient qu' Apollon inspirait la pythie. Les poëtes disent qu' Apollon, que les Muses les inspirent. Ces événements l' inspirèrent, et nous leur devons le beau poëme qu' il a laissé. Ce poëte a été mieux inspiré, n' a pas été aussi bien inspiré, lorsqu' il a traité tel sujet.

Fam., Je fus bien inspiré quand je fis telle chose, Je fus bien avisé, j' eus une bonne idée lorsque, etc.

En Médec., Inspirer de l' air dans les poumons d' un noyé, d' un enfant nouveau-né, Y souffler de l' air. Voyez INSUFFLER.

INSPIRÉ, ÉE. participe

INSPIRÉ, ÉE. participe Il se dit substantivement d' Une personne qui est ou que l' on suppose inspirée de la Divinité. Un inspiré. Une inspirée.

INSTABILITÉ. s. f.

INSTABILITÉ. s. f. Défaut de stabilité. Il ne se dit guère qu' au figuré. L' instabilité de la fortune. L' instabilité du monde, des choses du monde, des choses humaines. L' instabilité de l' esprit humain.

INSTALLATION. s. f.

INSTALLATION. s. f. Action par laquelle on est installé. L' installation du président d' un tribunal. L' installation d' un curé dans son église. Après son installation dans cet emploi. On s' opposa à son installation.

INSTALLER. v. a.

INSTALLER. v. a. Mettre solennellement en possession d' une place, d' un emploi, d' une dignité. Installer le président d' un tribunal. On l' a installé dans cette dignité, dans cette charge il y a six mois. Il est nommé à cet emploi, mais il n' est pas encore installé. Êtes-vous tout à fait installé dans votre nouvel emploi?

Il signifie quelquefois simplement, Placer, établir quelqu' un en quelque endroit. Installer un commis à son bureau. On les a installés dans leur nouveau logement.

Il s' emploie aussi avec le pronom personnel, dans ce dernier sens; et alors il est souvent familier. S' installer dans un fauteuil. Ce marchand s' est installé en tel endroit. Je m' installerai bientôt dans mon nouvel appartement. Il s' est si bien installé dans cette maison, qu' on l' en croirait le maître.

INSTALLÉ, ÉE. participe

INSTALLÉ, ÉE. participe

INSTAMMENT. adv.

INSTAMMENT. adv. Avec instance, d' une manière pressante. Il vous en prie instamment. Il me l' a demandé instamment. Vous êtes instamment prié de...

INSTANCE. s. f.

INSTANCE. s. f. Sollicitation pressante. Dans ce sens, il s' emploie surtout au pluriel. Faire instance auprès de quelqu' un. Avec instance. Faire de grandes instances, de vives instances, des instances pressantes auprès de quelqu' un, envers quelqu' un. Je l' en ai sollicité avec toutes les instances possibles.

Il signifie aussi, Demande, poursuite en justice. L' instance était pendante à tel tribunal. Il y a instance entre tel et tel. Former une instance. Suivre une instance. Faire vider une instance. Péremption d' instance. L' instance est périe. Reprendre une instance. Reprise d' instance.

Première instance, Poursuite d' une action devant le premier juge. Il perdit son procès en première instance.

Tribunal de première instance, Tribunal inférieur qui connaît de toutes les contestations en matière civile, à partir d' une certaine somme. Le tribunal de première instance de l' arrondissement de... Les tribunaux de première instance prononcent, dans certains cas, en dernier ressort. Avoué près le tribunal de première instance. On dit de même, Juge de première instance.

INSTANCE

INSTANCE en termes de l' École, signifie, Un nouvel argument qui a pour objet de détruire la réponse faite au premier. Voilà une bonne instance, une forte instance. Que répondez-vous à cette instance?

INSTANT, ANTE. adj.

INSTANT, ANTE. adj. Pressant. Instante sollicitation. Instantes prières. Aux instantes prières d' un tel.

Il signifie aussi, Imminent, urgent. Le péril est instant. Le besoin est instant.

INSTANT. s. m.

INSTANT. s. m. Moment très-court, le plus petit espace de temps. Il fit cela en un instant. En cet instant. Il ne faut qu' un instant. Il a eu quelques instants de relâche. Je reviens dans un instant. Restez encore un instant. Il peut revenir d' un instant à l' autre. Dans le même instant. Au même instant. Dès l' instant que...

Elliptiq. et fam., Un instant, Attendez, arrêtez un instant. Un instant, ne soyez pas si pressé.

À CHAQUE INSTANT, À TOUT INSTANT. loc. adverbiales

À CHAQUE INSTANT, À TOUT INSTANT. loc. adverbiales Continuellement, sans cesse. Il le répète à chaque instant, à tout instant.

À L' INSTANT, DANS L' INSTANT. loc. adverbiales

À L' INSTANT, DANS L' INSTANT. loc. adverbiales Aussitôt, à l' heure même, tout à l' heure. Il partit à l' instant, à l' instant même. Je reviens à l' instant, tout à l' instant. Je suis à vous dans l' instant.

INSTANTANÉ, ÉE. adj.

INSTANTANÉ, ÉE. adj. Qui ne dure qu' un instant. Ce mouvement n' a été qu' instantané. Une frayeur instantanée.

INSTAR (À L' ). loc. prépositive

INSTAR (À L' ). loc. prépositive empruntée du latin. À la manière, à l' exemple de, de même que. Cet édifice est construit à l' instar des monuments gothiques. À l' instar des cours souveraines. À l' instar de Paris.

INSTAURATION. s. f.

INSTAURATION. s. f. Établissement. Instauration des jeux Olympiques.

INSTIGATEUR, TRICE. s.

INSTIGATEUR, TRICE. s. Celui, celle qui incite, qui pousse à faire quelque chose. Il se prend le plus souvent en mauvaise part. Il a été l' instigateur de ce mauvais dessein. C' est lui qui en a été l' instigateur. Elle en est l' instigatrice.

INSTIGATION. s. f.

INSTIGATION. s. f. Incitation, suggestion, sollicitation pressante par laquelle on pousse quelqu' un à faire quelque chose. Il se prend le plus souvent en mauvaise part. Il a fait cela à l' instigation d' un tel. Il s' est laissé séduire aux instigations de ce méchant homme. L' instigation du malin esprit.

INSTIGUER. v. a.

INSTIGUER. v. a. Exciter, pousser quelqu' un à faire quelque action. Cet homme est instigué par un tel. Il est peu usité.

INSTIGUÉ, ÉE. participe

INSTIGUÉ, ÉE. participe

INSTILLATION. s. f.

INSTILLATION. s. f. (On prononce les L sans les mouiller.) Action d' instiller. Verser par instillation.

INSTILLER. v. a.

INSTILLER. v. a. (On prononce les L sans les mouiller.) Faire couler, verser goutte à goutte. Instiller quelques gouttes d' essence dans une plaie.

INSTILLÉ, ÉE. participe

INSTILLÉ, ÉE. participe

INSTINCT. s. m.

INSTINCT. s. m. Sentiment, mouvement intérieur qui est naturel aux animaux, et qui les fait agir sans le secours de la réflexion. La nature a donné à tous les animaux l' instinct de leur propre conservation. Chaque animal a son instinct particulier. Les bêtes se conduisent, se gouvernent par instinct, par pur instinct. Ce chien a beaucoup d' instinct. Quel admirable instinct! Son instinct l' avertit que... L' instinct belliqueux du cheval.

Il se dit, en parlant de l' homme, Du mouvement intérieur et involontaire auquel on attribue les actes non réfléchis, les sentiments indélibérés; et, quelquefois, d' Une très-grande aptitude, d' une propension irrésistible à quelque chose. Il a fait cela plutôt par instinct que par raison. Un secret instinct m' a poussé. Je ne sais quel heureux instinct m' a fait éviter ce danger. J' ai eu un bon instinct, un malheureux instinct. Suivre son instinct. L' art de la guerre semblait en lui un instinct naturel. Avoir l' instinct du crime.

INSTINCTIF, IVE. adj.

INSTINCTIF, IVE. adj. Qui appartient à l' instinct, qui naît de l' instinct. Mouvement, sentiment instinctif. Facultés instinctives.

INSTINCTIVEMENT. adv.

INSTINCTIVEMENT. adv. Par instinct. Les animaux n' agissent qu' instinctivement.

INSTITUER. v. a.

INSTITUER. v. a. Établir quelque chose de nouveau, donner commencement à quelque chose. JÉSUS-CHRIST a institué le sacrement de l' eucharistie. Instituer une fête. Instituer des jeux solennels. Instituer un ordre, une confrérie. Henri III institua l' ordre du Saint-Esprit. Instituer des tribunaux. Ces magistrats furent institués pour rendre la justice.

En Jurispr., Instituer un héritier, instituer héritier, Nommer, faire quelqu' un son héritier par testament. Il institua un tel son héritier.

INSTITUER

INSTITUER se dit aussi en parlant De ceux qu' on établit en charge, en fonction. Le pape a été institué par JÉSUS-CHRIST comme son premier vicaire. Un seigneur pouvait instituer ou destituer ses officiers comme il lui plaisait. Instituer un juge, un notaire.

INSTITUÉ, ÉE. participe

INSTITUÉ, ÉE. participe Héritier institué.

INSTITUT. s. m.

INSTITUT. s. m. Constitution d' un ordre religieux, règle de vie qui est prescrite à cet ordre au temps de son établissement. Un louable, un pieux, un saint institut. Il ne faut pas toucher à cet institut. Cela est de leur institut.

Il se dit quelquefois de L' ordre même. Le chef d' un institut religieux.

INSTITUT

INSTITUT est aussi Le titre de certaines sociétés savantes. L' institut de Bologne.

L' Institut royal de France, ou simplement, L' Institut. Nom de la première société savante de France, établie à Paris, et composée de cinq Académies; savoir: l' Académie française, l' Académie des inscriptions et belles-lettres, l' Académie des sciences, l' Académie des beaux-arts, et l' Académie des sciences morales et politiques. Les membres de l' Institut. Être reçu, entrer à l' Institut. On le dit aussi Du lieu où se tiennent les séances de l' Institut. Aller à l' Institut.

INSTITUTS

INSTITUTS au pluriel, est quelquefois employé comme synonyme d' Institutes.

INSTITUTES. s. f. pl.

INSTITUTES. s. f. pl. T. de Droit. Ouvrage élémentaire qui renferme les principes du droit romain. On appelle Institutes de Justinien celles qui furent composées par l' ordre de cet empereur. Les Institutes de Gaïus, jurisconsulte romain. Quelques-uns disent Instituts, et le font masculin.

Il se dit absolument Des Institutes de Justinien. Étudier les Institutes. Il sait bien les Institutes. Commentaire sur les Institutes.

Il s' applique, par extension, à Certains autres ouvrages élémentaires de jurisprudence. Les Institutes du droit français.

INSTITUTEUR, TRICE. s.

INSTITUTEUR, TRICE. s. Celui, celle qui institue, qui établit. L' instituteur de cet ordre religieux. Instituteur des jeux Olympiques. La reine Jeanne, fille de Louis XI, est institutrice de l' ordre de l' Annonciade.

Il se dit aussi d' Une personne chargée de l' éducation et de l' instruction d' un ou de plusieurs enfants. L' instituteur d' un jeune prince. Un bon, un sage, un savant instituteur. Une habile institutrice.

Il se dit particulièrement, dans ce dernier sens, de Celui ou de celle qui tient une pension, une maison d' éducation, une école. C' est un des instituteurs les plus renommés de la capitale. Instituteur primaire.

INSTITUTION. s. f.

INSTITUTION. s. f. Action par laquelle on institue, on établit. L' institution des jeux Olympiques. L' institution de tel ordre religieux. L' institution des cours royales. L' institution de la pairie. Tout ce qui est d' institution humaine est sujet au changement.

Il se prend aussi pour La chose instituée. C' est une louable, une pieuse, une sainte institution. Les hôpitaux, les écoles, sont des institutions utiles. Une institution naissante. Institutions politiques, religieuses. Institutions nationales. Il y avait dans cette institution un vice essentiel qui devait la détruire. Ils défendirent leurs institutions menacées.

En Jurispr., Institution d' héritier, Nomination d' un héritier. Faire institution d' héritier.

INSTITUTION

INSTITUTION se prend quelquefois pour Éducation. L' institution de la jeunesse est d' une grande importance dans l' État. Ce livre est intitulé, Institution d' un prince.

Il se dit encore d' Une école, d' une maison d' éducation. Ouvrir, établir, tenir une institution. Le chef d' une institution. Entrer dans une institution. Institution de jeunes demoiselles. L' institution des Aveugles, des Sourds-muets.

INSTRUCTEUR. s. m.

INSTRUCTEUR. s. m. Celui qui instruit. Instructeur mercenaire. Instructeur de son siècle. Il est peu usité dans ce sens.

Il se dit, particulièrement, de Celui qui est chargé d' enseigner aux jeunes soldats l' exercice et le maniement des armes. Manuel de l' instructeur. On le prend quelquefois adjectivement. Capitaine instructeur.

Au Palais, Juge instructeur, signifie la même chose que Juge d' instruction. Voyez INSTRUCTION.

INSTRUCTIF, IVE. adj.

INSTRUCTIF, IVE. adj. Qui instruit. Il ne se dit que Des choses. Ce livre est fort instructif. Je lui ai donné un mémoire instructif. C' est une méthode bien instructive. Sa conversation est instructive.

INSTRUCTION. s. f.

INSTRUCTION. s. f. Éducation, enseignement. L' instruction de la jeunesse, des enfants. Travailler à l' instruction de quelqu' un. Avoir soin de son instruction. L' instruction des nouvelles recrues. Se consacrer à l' instruction publique. Le ministre de l' instruction publique. Répandre le bienfait de l' instruction.

Il signifie aussi, Connaissances, savoir, notions acquises. Avoir de l' instruction. Manquer d' instruction. C' est un homme d' une grande instruction, d' une instruction peu commune. Il est sans instruction.

Il signifie encore, Leçon précepte qu' on donne pour instruire. Vous lui donnez là une bonne instruction, une instruction salutaire. Les instructions qu' il recevait de lui. On puise dans cet ouvrage d' utiles instructions.

Instruction pastorale, Mandement d' évêque sur quelque point de doctrine.

INSTRUCTION

INSTRUCTION signifie aussi, Connaissance qu' on donne à quelqu' un de certains faits, de certains usages qu' il ignore. Je vous demande cela pour mon instruction. J' ai fait un mémoire pour l' instruction de mon rapporteur. Instruction sur la manière de se servir d' une chose.

Il se dit également Des ordres, des explications, des avis qu' une personne donne à une autre pour la conduite de quelque affaire, de quelque entreprise; et, dans ce sens, il s' emploie surtout au pluriel. J' irai prendre vos instructions sur l' affaire dont vous m' avez chargé. Donnez-lui vos instructions là-dessus. J' ai mes instructions, dont il m' est impossible de m' écarter. Instructions détaillées.

Il se dit particulièrement Des ordres, des explications écrites ou verbales qu' un prince ou un gouvernement donne à son ambassadeur, à son envoyé, à son délégué, sur la manière de se conduire dans la mission dont il le charge. Cet ambassadeur serait parti, s' il avait reçu ses instructions. Mes instructions portent cela. Ce que vous me demandez est contre mes instructions. Il n' a pas suivi ses instructions. Il attend de nouvelles instructions. Dresser des instructions. Instructions verbales. Instructions secrètes.

INSTRUCTION

INSTRUCTION se dit encore, dans les Tribunaux, de Toutes les formalités nécessaires pour mettre une cause, une affaire civile ou criminelle en état d' être jugée. Travailler à l' instruction d' un procès. L' instruction de l' affaire est très-avancée. Instruction par écrit. Le code d' instruction criminelle. Faire un acte d' instruction. Nullités d' instruction.

Juge d' instruction, Magistrat établi pour rechercher les crimes et délits, en recueillir les preuves ou indices, et faire arrêter et interroger les prévenus, les inculpés. Un mandat d' amener décerné par le juge d' instruction. Vous avez déclaré telle chose devant le juge d' instruction.

INSTRUIRE. v. a.

INSTRUIRE. v. a. Enseigner quelqu' un, lui apprendre quelque chose, lui donner des leçons, des préceptes pour les moeurs, pour quelque science, etc. Instruire la jeunesse. Instruire les enfants. Il a fort bien fait instruire ses enfants. Ces enfants sont bien instruits, mal instruits. Instruire un prince à gouverner; l' instruire dans la science du gouvernement. On l' a instruit aux armes, aux affaires. Instruire des soldats à manier les armes. Absolument, C' est un homme qui instruit fort bien, qui sait bien instruire.

Il se dit figurément, avec un nom de chose pour sujet. Il fut instruit par le malheur, par l' expérience. Un tel exemple instruit mieux que tous les préceptes. Nous sommes instruits par la nature à...

Il se dit, par extension, en parlant Des bêtes. Instruire un cheval. On instruit l' éléphant à se mettre à genoux. On instruit les chiens à chasser, à rapporter, etc. La nature instruit les animaux à chercher ce qui leur est propre.

Il signifie aussi, Informer, avertir, donner connaissance de quelque chose. J' instruirai sa famille de la conduite qu' il tient. Ce général, cet ambassadeur est bien instruit de ce qui se passe, ou absolument, est bien instruit. On l' a mal instruit de cette affaire. C' est un homme bien instruit des affaires de la cour, des affaires du monde. Instruisez-le de tout ce que vous voulez qu' il fasse.

Il s' emploie avec le pronom personnel, dans les sens qui précèdent, soit comme verbe réfléchi, soit comme verbe réciproque. Aimer, chercher à s' instruire. Avoir le désir de s' instruire. Il s' est instruit lui-même. S' instruire dans un art, dans une science. S' instruire de sa religion. On s' instruit mieux par la pratique que par la théorie. S' instruire par l' exemple d' autrui. Il voulut s' en instruire par lui-même. Je veux m' instruire par mes propres yeux. Ils s' instruisaient mutuellement dans la vertu. Nous nous instruisons régulièrement l' un l' autre de ce qui se passe aux lieux où nous sommes.

INSTRUIRE

INSTRUIRE dans les Tribunaux, signifie, Mettre une cause, une affaire civile ou criminelle en état d' être jugée. Il instruit bien un procès, une affaire. L' affaire est suffisamment instruite. Instruire une cause par écrit. Le magistrat chargé d' instruire les causes criminelles.

Instruire le procès de quelqu' un, Lui faire son procès, en matière criminelle. Son affaire s' instruit à l' heure qu' il est. On dit de même, absolument, Instruire contre quelqu' un.

INSTRUIT, ITE. participe

INSTRUIT, ITE. participe Un homme instruit d' une affaire. Un procès instruit, bien instruit.

Il signifie absolument, Qui a beaucoup de connaissances, de savoir. C' est un homme instruit, fort instruit.

INSTRUMENT. s. m.

INSTRUMENT. s. m. Nom générique de la plupart des outils, machines, ou appareils, qui servent, dans un art ou dans une science, à exécuter quelque chose, à faire quelque opération. Bon instrument. Instrument nécessaire. Instrument de charpentier, de maçon, etc. Un ouvrier fourni de tous ses instruments. Ce faux monnayeur fut pris avec tous ses instruments. Instrument de chirurgie. Il est l' inventeur de cet instrument. Un instrument d' agriculture. Les instruments aratoires. Les alambics, les cornues, etc., sont des instruments de chimie. La machine électrique, la pile voltaïque, etc., sont des instruments de physique. La règle, le compas, le quart de cercle, etc., sont des instruments de mathématique. Des instruments d' optique, d' astronomie.

Il se dit particulièrement Des instruments de musique. Monter un instrument. L' orgue, le cor, la flûte, sont des instruments à vent. Le violon, la harpe, le piano, sont des instruments à cordes. La timbale est un instrument de percussion. Un instrument mélodieux. Voilà un bon instrument. Un concert de voix et d' instruments. Au son des instruments. Jouer d' un instrument.

Prov., C' est un bel instrument que la langue, Il est plus aisé de parler que d' exécuter.

INSTRUMENT

INSTRUMENT se dit, par extension, de Tout ce dont on se sert pour faire une chose quelconque, une action bonne ou mauvaise. Frapper quelqu' un avec un instrument tranchant, avec un instrument contondant. Les instruments de la passion de Notre-Seigneur. Il portait encore sur lui l' instrument de son crime.

Il se dit aussi, figurément, Des personnes ou des choses qui servent à produire quelque effet, à parvenir à quelque fin. Nous ne sommes que les instruments de la Providence. Servir d' instrument à la vengeance de quelqu' un. Ses propres lettres ont servi d' instrument pour le perdre. Ses domestiques ont été les instruments de sa ruine. Ses amis ont été l' instrument de sa fortune.

INSTRUMENT

INSTRUMENT se dit quelquefois Des contrats et des actes publics par-devant notaire. C' est un instrument authentique. Ce sens vieillit.

INSTRUMENTAIRE. adj. m.

INSTRUMENTAIRE. adj. m. T. de Jurispr. Il ne s' emploie que dans cette locution, Témoin instrumentaire, Celui qui assiste un notaire ou quelque autre officier public dans les actes pour la validité desquels la présence de témoins est nécessaire.

INSTRUMENTAL, ALE. adj.

INSTRUMENTAL, ALE. adj. Qui sert d' instrument. La cause instrumentale.

Il signifie, en termes de Musique, Qui s' exécute, qui doit être exécuté par des instruments. Musique instrumentale. La partie instrumentale de cet opéra est d' une exécution très-difficile. Concert vocal et instrumental.

INSTRUMENTATION. s. f.

INSTRUMENTATION. s. f. T. de Musique. Manière dont la partie instrumentale d' un morceau de musique est disposée. L' instrumentation de ce choeur est fort savante.

INSTRUMENTER. v. n.

INSTRUMENTER. v. n. T. de Pratique. Faire des contrats, des procès-verbaux, des exploits, et autres actes publics. Les notaires ne peuvent pas instrumenter hors de leur ressort. Cet huissier instrumente fort bien.

INSU. s. m.

INSU. s. m. Ignorance de quelque fait, de quelque chose. Il ne s' emploie que dans la locution prépositive, À l' insu de, et dans les locutions analogues, À mon insu, à votre insu, à leur insu, etc. À l' insu de tout le monde. Il s' est marié à l' insu de ses parents, de sa famille. C' est à mon insu qu' il a fait cela. Nous sommes quelquefois dirigés, à notre insu, par nos passions.

INSUBORDINATION. s. f.

INSUBORDINATION. s. f. Défaut de subordination, manquement à la subordination. Il règne dans ce corps une grande insubordination. Esprit d' insubordination. Punir l' insubordination. Acte d' insubordination. Cet officier a été cassé pour fait d' insubordination.

INSUBORDONNÉ, ÉE. adj.

INSUBORDONNÉ, ÉE. adj. Qui a l' esprit d' insubordination, qui manque fréquemment à la subordination. Ce soldat est insubordonné. Des troupes insubordonnées.

INSUFFISAMMENT. adv.

INSUFFISAMMENT. adv. D' une manière insuffisante. Il ne pourvoit que bien insuffisamment à leurs besoins.

INSUFFISANCE. s. f.

INSUFFISANCE. s. f. Incapacité, manque de suffisance. Je reconnais toute mon insuffisance. L' insuffisance de ses raisons, de ses moyens. Pourvoir à l' insuffisance d' une loi.

INSUFFISANT, ANTE. adj.

INSUFFISANT, ANTE. adj. Qui ne suffit pas. Ces moyens sont insuffisants. La raison est insuffisante pour pénétrer les mystères de la foi.

INSUFFLATION. s. f.

INSUFFLATION. s. f. T. de Médec. Action d' insuffler. Recourir à l' insufflation.

INSUFFLER. v. a.

INSUFFLER. v. a. T. de Médec. Souffler, introduire à l' aide du souffle un gaz, une vapeur dans quelque cavité du corps. Insuffler de l' air dans la bouche d' une personne asphyxiée.

INSUFFLÉ, ÉE. participe

INSUFFLÉ, ÉE. participe

INSULAIRE. adj. des deux genres

INSULAIRE. adj. des deux genres Qui habite une île. Les peuples insulaires.

Il est aussi substantif. Un insulaire. Les insulaires de la mer Pacifique.

INSULTANT, ANTE. adj.

INSULTANT, ANTE. adj. Qui insulte. Il ne se dit que Des choses. Discours insultant. Air insultant. Procédé insultant. Un insultant mépris. Paroles insultantes. Manières insultantes.

INSULTE. s. f.

INSULTE. s. f. Injure, outrage, mauvais traitement de fait ou de parole, avec dessein prémédité d' offenser. Faire insulte à quelqu' un. Faire une insulte, des insultes à quelqu' un. Il a reçu une cruelle insulte, une insulte grave. De telles insultes veulent une éclatante réparation. Autrefois ce mot était masculin.

Il signifie aussi, en termes de Guerre, Coup de main, attaque brusque et vive. Cette place est hors d' insulte. Mettre un poste à l' abri de toute insulte. Nous n' étions point exposés aux insultes de l' ennemi.

INSULTER. v. a.

INSULTER. v. a. Maltraiter, outrager quelqu' un de fait ou de parole, de propos délibéré. Insulter quelqu' un, l' insulter de paroles. Il est allé l' insulter jusque chez lui. Être insulté publiquement. Insulter une femme par des propositions qui outragent sa pudeur. Leur pavillon fut insulté par des pirates.

Il signifie aussi, Manquer à ce que l' on doit aux personnes ou aux choses. Dans ce sens, il s' emploie avec la préposition à. Insulter aux misérables. Il ne faut pas insulter aux malheureux. Insulter à ses juges. Insulter au public. Insulter à la misère de quelqu' un, à la misère publique. Insulter à la raison, au bon sens, au bon goût. On dit de même, figurément: Leur faste insulte à la détresse publique. Leur allégresse insulte à ma douleur. Etc.

Il signifie encore, Attaquer vivement et à découvert, et se dit surtout en parlant D' une place de guerre et des fortifications. Insulter une place. Insulter les dehors d' une place. Insulter une demi-lune.

INSULTÉ, ÉE. participe

INSULTÉ, ÉE. participe

INSUPPORTABLE. adj. des deux genres

INSUPPORTABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être supporté, souffert; ou Qui est extrêmement fâcheux, désagréable. Il se dit Des personnes et des choses. Il sent des douleurs insupportables. Quel joug insupportable! Cet homme est insupportable. Il est devenu insupportable à tout le monde. Une humeur insupportable. Cette façon d' agir, de parler est insupportable. Ses manières sont insupportables. Il est d' un orgueil insupportable.

INSUPPORTABLEMENT. adv.

INSUPPORTABLEMENT. adv. D' une manière insupportable. Cet ouvrage est insupportablement long.

INSURGENTS. s. m. pl.

INSURGENTS. s. m. pl. Nom qu' on donnait autrefois à certains corps de troupes hongroises levées extraordinairement pour le service de l' État. Les insurgents s' assemblèrent.

Il se dit aussi Des Américains qui se soulevèrent pour la cause de l' indépendance, dans les colonies anglaises. L' armée des insurgents.

INSURGER

INSURGER (S' ). v. pron. Se soulever, se révolter. La plupart des provinces s' insurgèrent. Avec ellipse du pronom, Faire insurger un peuple, une province, etc.

INSURGÉ, ÉE. participe

INSURGÉ, ÉE. participe Un peuple insurgé. Les provinces insurgées.

Il s' emploie aussi comme substantif. Les insurgés se portèrent vers telle ville. L' armée des insurgés. Un parti, une troupe d' insurgés.

INSURMONTABLE. adj. des deux genres

INSURMONTABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être surmonté. Il a trouvé dans ce dessein des difficultés insurmontables. Obstacle insurmontable. Envie de dormir insurmontable.

INSURRECTION. s. f.

INSURRECTION. s. f. Soulèvement contre le gouvernement. Ceux qui emploient ce mot y attachent ordinairement une idée de droit et de justice. L' insurrection des Grecs, ou L' insurrection grecque. L' insurrection fit des progrès. L' insurrection devint générale. Le peuple était en pleine insurrection.

INSURRECTIONNEL, ELLE. adj.

INSURRECTIONNEL, ELLE. adj. Qui tient de l' insurrection. Mouvement insurrectionnel.

INTACT, ACTE. adj.

INTACT, ACTE. adj. (On prononce le C et le T.) À quoi l' on n' a point touché, dont on n' a rien retranché. Le dépôt s' est trouvé intact.

Il signifie, par extension, Sain, entier, qui n' a point souffert d' altération. Ce monument est resté presque intact. Les objets trouvés dans ce tombeau paraissent aussi intacts que lorsqu' ils y furent placés. Ces meubles n' arriveront pas intacts à leur destination.

Il s' emploie aussi figurément, surtout dans les locutions suivantes: Réputation intacte, Réputation qui n' a jamais été attaquée, ou sur laquelle la calomnie n' a pu attirer aucun soupçon; Vertu, probité intacte, Vertu, probité qui est à l' abri de toute espèce de reproche; Honneur intact, Honneur qui n' a souffert aucune atteinte, que rien n' a terni.

C' est un homme intact, C' est un homme a qui l' on ne peut rien reprocher de contraire à la probité.

INTACTILE. adj. des deux genres

INTACTILE. adj. des deux genres T. didactique. Qu' on ne peut toucher, qui échappe au sens du tact. La lumière est intactile.

INTARISSABLE. adj. des deux genres

INTARISSABLE. adj. des deux genres Qui ne peut tarir, être tari, épuisé. Source intarissable. Larmes, pleurs intarissables.

Il s' emploie aussi figurément. Une imagination intarissable. Une érudition intarissable. Une source intarissable d' érudition. La veine de ce poëte est intarissable. Le babil de cette femme est intarissable. C' est pour nous un sujet de conversation intarissable.

INTÉGRAL, ALE. adj.

INTÉGRAL, ALE. adj. Total. Payement intégral. Restitution intégrale. Le renouvellement intégral d' une chambre législative.

En Mathém., Calcul intégral, Le calcul par lequel on remonte des incréments infiniment petits aux quantités finies dont ils dérivent. On dit substantivement, L' intégrale d' une quantité différentielle, La quantité finie dont cette différentielle est l' incrément infiniment petit.

INTÉGRALEMENT. adv.

INTÉGRALEMENT. adv. En totalité. Ces sommes ne purent être payées intégralement. La chambre des députés fut renouvelée intégralement.

INTÉGRANT, ANTE. adj.

INTÉGRANT, ANTE. adj. Il ne se dit que dans cette locution, Partie intégrante, Chacune des parties qui contribuent à l' intégrité d' un tout, à la différence Des parties qui en constituent l' essence. Les bras, les jambes sont des parties intégrantes du corps humain. Faire partie intégrante de...

INTÉGRATION. s. f.

INTÉGRATION. s. f. T. de Mathém. Action d' intégrer.

INTÈGRE. adj. des deux genres

INTÈGRE. adj. des deux genres Qui est d' une probité incorruptible. Juge intègre. Il est fort intègre. On dit de même, Une vertu intègre.

INTÉGRER. v. a.

INTÉGRER. v. a. T. de Mathém. Trouver l' intégrale d' une quantité différentielle. Intégrer une différentielle.

INTÉGRÉ, ÉE. participe

INTÉGRÉ, ÉE. participe

INTÉGRITÉ. s. f.

INTÉGRITÉ. s. f. L' état d' un tout, d' une chose qui a toutes ses parties. Cela détruit l' intégrité du tout. Il a remis le dépôt dans toute son intégrité. Conserver l' intégrité du territoire. Ce monument est encore dans son intégrité, dans toute son intégrité.

Il se dit quelquefois figurément. Défendre l' intégrité de ses droits.

Il signifie, par extension, L' état d' une chose saine et sans altération. Les parties intérieures du corps étaient dans leur intégrité, dans toute leur intégrité. Il a gardé des fleurs, des fruits d' une année à l' autre dans leur intégrité.

Il signifie encore figurément, Vertu, qualité d' une personne intègre. Grande intégrité. Parfaite intégrité. L' intégrité d' un juge. Tenter, corrompre l' intégrité de quelqu' un. L' intégrité des moeurs.

INTELLECT. s. m.

INTELLECT. s. m. (On prononce le C et le T; on fait aussi sentir les deux L dans ce mot et dans tous les mots suivants qui sont de la même famille.) T. didactique. La faculté de l' âme qu' on nomme aussi l' Entendement.

INTELLECTIF, IVE. adj.

INTELLECTIF, IVE. adj. Appartenant à l' intellect. Il n' est guère usité qu' au féminin et dans ces locutions, La faculté, la puissance intellective.

INTELLECTUEL, ELLE. adj.

INTELLECTUEL, ELLE. adj. Qui appartient à l' intellect, qui est dans l' entendement. La faculté intellectuelle. L' espérance et la foi sont des vertus intellectuelles. Objet intellectuel. Vérités intellectuelles.

Il signifie aussi, Spirituel, par opposition à Matériel. L' âme est une substance intellectuelle, un être intellectuel.

INTELLIGENCE. s. f.

INTELLIGENCE. s. f. Faculté intellective, capacité d' entendre, de concevoir, de comprendre; ou L' esprit, en tant qu' il conçoit. L' intelligence humaine. Le développement de l' intelligence. Cet homme a l' intelligence vive, prompte, dure, tardive, etc. Cet enfant est plein d' intelligence. Il a de l' intelligence, peu d' intelligence. Il est sans intelligence. Ce livre est à la portée de toutes les intelligences. On le dit quelquefois Des animaux. L' éléphant a beaucoup d' intelligence. L' intelligence du cheval.

Il signifie aussi, Connaissance approfondie, compréhension nette et facile. L' intelligence des langues, des affaires. Parfaite intelligence, grande intelligence des affaires. Il m' a donné l' intelligence de ce passage. Il a l' intelligence des Écritures.

Il se dit particulièrement, en termes de Peinture, de L' entente de certains effets, et Du talent, du goût avec lequel l' artiste sait les produire. L' intelligence du clair-obscur, de la lumière. Ce peintre n' a aucune intelligence des effets de lumière.

Il signifie encore, Adresse, habileté, et s' applique surtout Au choix des moyens employés pour obtenir un certain résultat. Il s' est acquitté de sa mission avec beaucoup d' intelligence. Il a fait preuve d' intelligence dans cette affaire. On remarque une certaine intelligence dans la manière dont cet animal creuse son terrier.

Il signifie aussi, Amitié réciproque, accord, union de sentiments. Ils sont, ils vivent en bonne intelligence, en parfaite intelligence. Il est survenu un démêlé qui a rompu leur intelligence. La meilleure intelligence subsiste entre ces deux cabinets. Il ne règne plus entre eux la même intelligence.

Il signifie également, Correspondance, communication entre des personnes qui s' entendent l' une avec l' autre. Ils sont d' intelligence pour vous surprendre, pour vous tromper. Je vis qu' ils étaient d' intelligence. Il y a de l' intelligence entre eux. Faire à quelqu' un des signes d' intelligence. Entretenir intelligence avec les ennemis. Avoir des intelligences secrètes. Il avait, il entretenait des intelligences dans cette place pour la surprendre. Il comptait sur une intelligence qui a manqué.

Avoir une double intelligence, Avoir des intelligences dans les deux partis, dans les deux armées.

INTELLIGENCE

INTELLIGENCE se dit quelquefois d' Une substance purement spirituelle. Dieu est la souveraine Intelligence, la suprême Intelligence. Les intelligences célestes, Les anges.

INTELLIGENT, ENTE. adj.

INTELLIGENT, ENTE. adj. Pourvu de la faculté, intellective, capable de concevoir et de raisonner. L' homme est un être intelligent. L' âme est une substance intelligente.

Il signifie aussi, Qui a beaucoup d' intelligence, qui conçoit facilement. Cet enfant est fort intelligent. Il n' est guère intelligent pour son âge. On le dit quelquefois Des animaux. Ce chien est très-intelligent.

Il signifie particulièrement, Qui a beaucoup d' habileté, d' adresse. C' est un homme intelligent, très-intelligent. Il a un commis, un domestique fort intelligent, des plus intelligents. Il est fort intelligent dans les affaires, dans les négociations. Il s' est conduit en homme intelligent.

INTELLIGIBLE. adj. des deux genres

INTELLIGIBLE. adj. des deux genres Qui peut être ouï facilement et distinctement. Parler à voix haute et intelligible, à haute et intelligible voix. Prononcer d' une manière intelligible. Des sons distincts et intelligibles.

Il signifie aussi, Qui est aisé à comprendre. Ce passage est fort intelligible. Cet auteur n' est pas intelligible.

INTELLIGIBLE

INTELLIGIBLE en termes de l' École, se dit De ce qui ne subsiste que dans l' entendement, comme les êtres de raison; et, dans ce sens, il est opposé à Réel. Les universaux, les catégories sont purement intelligibles. Les êtres intelligibles.

INTELLIGIBLEMENT. adv.

INTELLIGIBLEMENT. adv. D' une manière intelligible. Lire intelligiblement. Prononcer intelligiblement. Écrire intelligiblement.

INTEMPÉRANCE. s. f.

INTEMPÉRANCE. s. f. Vice opposé à la tempérance, à la sobriété. Son intempérance a ruiné sa santé.

Il s' étend quelquefois à Toute espèce d' excès. Intempérance d' étude, de travail.

Intempérance de langue, Trop grande liberté qu' on se donne de parler.

INTEMPÉRANT, ANTE. adj.

INTEMPÉRANT, ANTE. adj. Qui a le vice de l' intempérance. C' est un homme intempérant.

Il est aussi substantif. L' intempérant abrége ses jours.

INTEMPÉRÉ, ÉE. adj.

INTEMPÉRÉ, ÉE. adj. Déréglé dans ses passions et dans ses appétits. C' est un homme intempéré en toutes choses. Il est peu usité.

INTEMPÉRIE. s. f.

INTEMPÉRIE. s. f. Déréglement. Il ne se dit plus guère que De l' air, des saisons, etc. On souffre beaucoup de l' intempérie de l' air. Les corps se ressentent de l' intempérie des saisons. Être exposé à toutes les intempéries de l' air, ou simplement, à toutes les intempéries.

INTEMPESTIF, IVE. adj.

INTEMPESTIF, IVE. adj. Qui n' est pas fait à propos, ou qu' il n' est pas à propos de faire pour le moment. Démarche intempestive. Demande intempestive. Projet intempestif.

INTEMPESTIVEMENT. adv.

INTEMPESTIVEMENT. adv. D' une manière intempestive. Vous ne pouviez faire une pareille demande plus intempestivement.

INTENDANCE. s. f.

INTENDANCE. s. f. Direction, administration d' affaires importantes. Il a l' intendance sur telle chose. Il lui a donné l' intendance de sa maison, de ses finances.

Il se dit particulièrement de Certaines charges, de certaines fonctions publiques ou autres, dont quelques-unes sont maintenant abolies. L' intendance des bâtiments. L' intendance des Menus Plaisirs. L' intendance des vivres. L' intendance d' une province. Intendance générale.

Il signifie, par extension, Le temps que dure l' administration d' un intendant. Pendant son intendance on en usait ainsi.

Il se disait également, autrefois, Du district où s' étendait le pouvoir d' un intendant de province. Cela n' est pas de son intendance. Cette élection était de l' intendance d' un tel.

Il signifie aussi, La maison où demeure un intendant, où il a ses bureaux. Aller à l' intendance.

INTENDANT. s. m.

INTENDANT. s. m. Celui qui est chargé de régir les biens, de conduire et de surveiller la maison d' un prince, d' un grand seigneur, d' un riche particulier. L' intendant de la maison d' un prince. L' intendant d' un grand seigneur, d' une grande maison. Depuis qu' il a recueilli ce riche héritage, il a pris un intendant. Donner des ordres à son intendant. Il a un intendant qui le vole.

Il se dit également de Certains fonctionnaires qui surveillent et dirigent un service public ou un grand établissement. Intendant de la marine. Intendant militaire. Intendant des bâtiments.

Il se disait pareillement, autrefois, de Ceux qui étaient à la tête de l' administration des provinces, ou qui avaient des attributions relatives aux finances du royaume. Intendant des finances. Intendant de province. Intendant de justice, police et finances en telle province. Intendant du Languedoc, etc.

INTENDANTE. s. f.

INTENDANTE. s. f. Il se disait autrefois de La femme d' un intendant de province. Madame l' intendante.

INTENSE. adj. des deux genres

INTENSE. adj. des deux genres T. didactique. Grand, fort, vif. Une chaleur intense. Un froid intense. Une maladie intense. Le son devient plus intense.

INTENSITÉ. s. f.

INTENSITÉ. s. f. T. didactique. Degré de force ou d' activité d' une chose, d' une qualité, d' une puissance. L' intensité de la lumière, du son, du froid, d' une force mouvante, etc. L' intensité du son ne change rien à sa propagation.

INTENTER. v. a.

INTENTER. v. a. T. de Jurispr. Il n' est usité que dans ces phrases, Intenter une action, intenter un procès, intenter une accusation contre quelqu' un, Faire un procès à quelqu' un, former une accusation contre quelqu' un. On dit aussi, Intenter un procès à quelqu' un.

INTENTÉ, ÉE. participe

INTENTÉ, ÉE. participe

INTENTION. s. f.

INTENTION. s. f. Dessein, vue; mouvement de l' âme par lequel on tend à quelque fin. Bonne intention. Mauvaise intention. Une intention droite, louable. Avoir intention, l' intention de faire quelque chose. Mon intention n' était pas de vous déplaire. Si j' ai fait cela, c' est bien contre mon intention, c' est sans intention. Cet homicide a-t-il été commis avec intention? Il faut considérer l' intention du testateur, du fondateur. Quelle a été l' intention du législateur? Rechercher la commune intention des parties contractantes. Il faut regarder l' intention. Dieu est juge de nos intentions. Intention secrète. Juger de l' intention. Je l' ai fait à bonne intention. Je ne l' ai fait à autre intention. Je lui sais gré de l' intention. Je rends justice à ses intentions. La droiture, la pureté des intentions.

Il s' emploie quelquefois dans le sens de Volonté. L' intention de votre père est que vous partiez. Le roi lui a fait savoir ses intentions. Agir contre les intentions d' une personne. Les intentions du testateur furent scrupuleusement remplies. Telle est l' intention du fondateur.

Faire une chose à l' intention de quelqu' un, Pour lui, à sa considération.

Faire des prières, donner des aumônes, dire la messe, etc., à l' intention de quelqu' un, Faire ces choses dans le dessein qu' elles lui servent devant Dieu. Il a dit, il a fait dire la messe à l' intention du défunt.

En termes de Dévotion, Diriger ou dresser son intention, Rapporter ses actions, ses vues à une fin déterminée, et ordinairement à une bonne fin. On dit dans un sens analogue, Direction d' intention ou de l' intention.

Direction d' intention, s' emploie plus ordinairement en parlant De ceux qui, pour sauver ce qu' il y a de mauvais dans un discours, dans une action, allèguent l' innocence de leur motif, de leur intention. Il n' y a rien qu' on ne prétende justifier par la direction d' intention.

INTENTIONNÉ, ÉE. adj.

INTENTIONNÉ, ÉE. adj. Qui a certaine intention. Il ne s' emploie guère qu' avec bien, mal, ou mieux. Une personne bien intentionnée. Des gens mal intentionnés.

INTENTIONNEL, ELLE. adj.

INTENTIONNEL, ELLE. adj. Qui appartient à l' intention. Le sens apparent de cette proposition est bien différent du sens intentionnel de l' auteur. L' accusé fut absous sur la question intentionnelle.

Espèces intentionnelles. Les anciens nommaient ainsi Les images qu' ils supposaient sortir des corps pour frapper les sens. Ils les nommaient aussi Espèces impresses.

INTERCADENCE. s. f.

INTERCADENCE. s. f. T. de Médec., qui se dit en parlant Du pouls, lorsqu' il offre par intervalles une pulsation surnuméraire. L' intercadence, les intercadences du pouls.

INTERCADENT, ENTE. adj.

INTERCADENT, ENTE. adj. T. de Médec. , qui se dit Du pouls, lorsqu' il offre des intercadences. Pouls intercadent.

INTERCALAIRE. adj. des deux genres

INTERCALAIRE. adj. des deux genres Qui est ajouté et inséré. Il se dit proprement Du jour que l' on ajoute au mois de février dans l' année bissextile. Jour intercalaire.

Lune intercalaire, La treizième lune qui se trouve dans une année, de trois ans en trois ans. Il y aura une lune intercalaire cette année.

INTERCALAIRE

INTERCALAIRE se dit aussi De vers qu' on répète plusieurs fois dans de petits poëmes, tels que les chants royaux, les ballades, les virelais, etc. Vers intercalaires.

INTERCALATION. s. f.

INTERCALATION. s. f. Action d' intercaler, ou Le résultat de cette action. Il se dit, proprement, de L' addition d' un jour dans le mois de février, aux années bissextiles. L' année où l' on fait l' intercalation, le mois de février a vingt-neuf jours.

Il se dit, par extension, en parlant D' écrits. L' intercalation d' un mot, d' une ligne dans un acte, d' un article dans un compte, d' un passage dans un texte.

INTERCALER. v. a.

INTERCALER. v. a. Insérer. Il se dit, proprement, en parlant Du jour qu' on ajoute, de quatre ans en quatre ans, dans le mois de février, afin que la manière de compter cadre plus exactement avec le cours du soleil. Dans les années bissextiles on intercale un jour.

Il se dit, par extension, en parlant D' écrits auxquels on ajoute quelque chose après coup. Intercaler un mot, une ligne dans un acte, un article dans un compte, un passage dans un texte.

INTERCALÉ, ÉE. participe

INTERCALÉ, ÉE. participe Passages intercalés. Les mots intercalés sont d' une autre main.

INTERCÉDER. v. n.

INTERCÉDER. v. n. Prier, solliciter pour quelqu' un, afin de lui procurer quelque bien ou de le garantir de quelque mal. La Vierge, les saints intercèdent auprès de Dieu pour les hommes. Il a intercédé auprès du roi pour le coupable. Je vous prie d' intercéder pour lui obtenir cette grâce.

INTERCEPTER. v. a.

INTERCEPTER. v. a. Arrêter, interrompre le cours direct de quelque chose. Intercepter les communications. Les nuages interceptent les rayons du soleil. Intercepter la lumière. Intercepter le son.

Il signifie, particulièrement, S' emparer par surprise de ce qui est adressé, envoyé à quelqu' un. On intercepta une lettre, un paquet d' importance. Intercepter un convoi.

INTERCEPTÉ, ÉE. participe

INTERCEPTÉ, ÉE. participe Des lettres interceptées découvrirent l' intrigue.

INTERCEPTION. s. f.

INTERCEPTION. s. f. T. didactique. Il se dit en parlant De quelque chose dont le cours direct est interrompu. Interception du son. Interception des rayons de lumière.

INTERCESSEUR. s. m.

INTERCESSEUR. s. m. Celui qui intercède. Puissant intercesseur. Faible intercesseur. Les saints sont nos intercesseurs. Je veux être votre intercesseur auprès du ministre. Être intercesseur pour quelqu' un, en faveur de quelqu' un.

INTERCESSION. s. f.

INTERCESSION. s. f. Prière, action d' intercéder. Puissante, faible intercession. L' intercession des saints. Demander quelque chose à Dieu par l' intercession de la sainte Vierge, etc. J' ai employé l' intercession d' un tel.

INTERCOSTAL, ALE. adj.

INTERCOSTAL, ALE. adj. T. d' Anat. Il se dit De ce qui est entre les côtes. Muscles intercostaux. Nerf intercostal. Veine intercostale. Artères intercostales.

INTERCURRENTE. adj. f.

INTERCURRENTE. adj. f. T. de Médec. Il ne s' emploie que dans cette locution, Maladies intercurrentes, Celles qui surviennent en différents temps de l' année.

INTERDICTION. s. f.

INTERDICTION. s. f. Défense, prohibition. L' interdiction d' un genre de commerce. Cette interdiction blesse des intérêts qu' il eût fallu ménager.

Il signifie particulièrement, Défense, perpétuelle ou temporaire, de continuer l' exercice de certaines fonctions, faite par sentence ou arrêt, par décision d' une autorité supérieure. Cet huissier a été puni d' interdiction. L' interdiction d' un fonctionnaire public. Les actes que fait un officier pendant son interdiction sont nuls. On lui défendit à peine d' interdiction, à peine d' interdiction de sa charge... Fixer la durée d' une interdiction.

En Jurispr. criminelle, Interdiction des droits civiques, civils et de famille, Privation, déchéance totale ou partielle des droits civiques, etc., prononcée contre celui qui a été reconnu coupable.

INTERDICTION

INTERDICTION se dit également, en Jurisprudence civile, de L' action d' ôter à quelqu' un la libre disposition de ses biens, et même de sa personne, quand on reconnaît qu' il est en état d' imbécillité, de démence, ou de fureur. Provoquer l' interdiction d' une personne. Demande en interdiction. Jugement d' interdiction. Il ne peut procéder en justice qu' il n' ait fait lever l' interdiction, qu' il n' ait obtenu la mainlevée de son interdiction.

INTERDIRE. v. a.

INTERDIRE. v. a. (Il se conjugue comme Dire, excepté à la seconde personne du pluriel du présent de l' indicatif, qui fait, Vous interdisez.) Défendre quelque chose à quelqu' un. On lui a interdit l' entrée de la ville, de telle maison. La ville lui est interdite. Interdire sa porte à quelqu' un. Interdire le barreau à un avocat. Interdire la chaire à un prédicateur. Interdire à quelqu' un l' exercice des droits civiques, civils et de famille. Interdire l' usage des sacrements. Interdire l' entrée de l' église. Interdire le commerce. Interdire toute communication. Interdire la parole. Cela vous est interdit. Il lui est interdit de rien faire sans autorisation. Les médecins lui ont interdit le vin, le travail. Il s' interdit tous les plaisirs.

Il se dit quelquefois figurément, en parlant Des choses à l' égard desquelles on se trouve dans une sorte d' impossibilité. Cet espoir m' est interdit. Une affaire imprévue m' interdit ce plaisir.

Il se dit, particulièrement, D' une sentence par laquelle on défend à un ecclésiastique l' exercice des ordres sacrés, ou à tout ecclésiastique la célébration des sacrements et du service divin dans les lieux marqués par la sentence. L' évêque, le pape a interdit ce prêtre, cette ville. Il a droit de suspendre et d' interdire. On a interdit cette église.

Il signifie aussi, Défendre à quelqu' un, temporairement ou pour toujours, de continuer l' exercice de ses fonctions. On l' a interdit de ses fonctions, de sa charge. On les a interdits pour deux ans. Ils ont été interdits par arrêt. On disait de même autrefois, Interdire un présidial, un bailliage.

Il signifie également, en Jurisprudence, Ôter à quelqu' un la libre disposition de ses biens, et même de sa personne. Faire interdire une personne en démence. Il doit être interdit. Il faut l' interdire.

Il signifie encore, Étonner, troubler quelqu' un, en sorte qu' il ne sache ce qu' il dit ni ce qu' il fait; et alors on l' emploie principalement dans les temps composés. La peur l' avait interdit, l' avait tellement interdit, qu' il ne put prononcer un mot.

Interdire le feu et l' eau. Formule usitée, chez les Romains, dans les sentences de bannissement.

INTERDIT, ITE. participe

INTERDIT, ITE. participe Il signifie souvent, Étonné, troublé, qui ne peut répondre, ou qui ne sait ce qu' il fait, ce qu' il dit. Il demeura tout interdit. Il était si interdit, que...

Il se dit substantivement, en Jurisprudence, de Celui contre lequel une interdiction a été prononcée. L' interdit est assimilé au mineur pour sa personne et pour ses biens.

INTERDIT. s. m.

INTERDIT. s. m. Sentence ecclésiastique, qui défend à un ecclésiastique en particulier l' exercice des ordres sacrés, ou à tout ecclésiastique la célébration des sacrements et du service divin dans les lieux marqués par la sentence. Mettre une église, une ville entière, un royaume en interdit. Fulminer un interdit sur... Jeter, lancer, lever l' interdit. Durant l' interdit.

INTÉRESSANT, ANTE. adj.

INTÉRESSANT, ANTE. adj. Qui intéresse. Ouvrage intéressant. Pièce intéressante. Sujet intéressant. Nouvelle intéressante. Figure, physionomie intéressante. Il cherche à se rendre intéressant. Cette jeune personne est fort intéressante.

INTÉRESSER. v. a.

INTÉRESSER. v. a. Faire entrer quelqu' un dans une affaire, en sorte qu' il ait part au succès. On l' a intéressé dans cette affaire, dans cette entreprise.

Il signifie aussi, Donner quelque chose à quelqu' un, pour le rendre favorable à une affaire, à une entreprise. Cette affaire ne saurait se faire sans lui, il faut l' intéresser.

Il signifie encore, Être de quelque importance pour quelqu' un. En quoi cela vous intéresse-t-il? Cela ne vous intéresse en rien, ne vous intéresse en aucune façon. Cela m' intéresse fort peu. La décision de cette affaire intéresse tous les propriétaires, toute la ville, tout le monde.

Il s' emploie également en parlant Des choses. Cela intéresse ma santé, intéresse mon honneur, ma réputation.

Il signifie quelquefois figurément, en termes de Chirurgie, Atteindre, blesser. On doit prendre garde, en faisant cette incision, d' intéresser les parties voisines.

INTÉRESSER

INTÉRESSER signifie en outre, Inspirer de l' intérêt, de la bienveillance, de la compassion, etc. L' auteur de ce roman a su nous intéresser aux moindres actions de son héros. Ce jeune homme m' intéresse, m' intéresse beaucoup. Sa triste situation est faite pour intéresser en sa faveur les gens de bien.

Il signifie pareillement, Fixer l' attention, captiver l' esprit, toucher, émouvoir. Son récit commençait à m' intéresser. Cette étude vous intéressera beaucoup. Cette aventure intéresse tout le monde. Dans cette tragédie, il n' y a rien qui intéresse le spectateur.

Il s' emploie souvent absolument, dans les deux sens qui précèdent. Sa physionomie intéresse. Cela doit intéresser en sa faveur. Cette pièce de théâtre n' intéresse point. Ce roman est bien écrit, mais il n' intéresse pas. Cet écrivain connaît l' art d' intéresser et d' attendrir.

Le gros jeu intéresse, le petit jeu n' intéresse guère, Il n' y a que le gros jeu qui attache. Intéresser le jeu, Le rendre plus attachant par l' appât du gain.

INTÉRESSER

INTÉRESSER avec le pronom personnel, signifie, Prendre part dans une affaire. Il s' est intéressé dans cette entreprise.

Il signifie plus ordinairement, Entrer dans les intérêts de quelqu' un, prendre intérêt à quelque chose. Personne ne s' intéresse plus que moi à tout ce qui vous regarde, dans tout ce qui peut vous arriver. Je m' intéresse à cette affaire comme si c' était la mienne propre. On leur laissa démêler leur querelle, sans que personne s' y intéressât de côté ni d' autre. Toute l' Europe s' intéresse dans cette affaire, dans cette guerre.

INTÉRESSÉ, ÉE. participe

INTÉRESSÉ, ÉE. participe Les parties intéressées.

Être intéressé à une chose, à faire une chose, Y avoir intérêt, y être obligé, y être engagé par le motif de son intérêt. Tous les citoyens sont intéressés au bonheur, au repos de l' État. Vous êtes intéressé à empêcher cet abus d' autorité.

INTÉRESSÉ

INTÉRESSÉ signifie adjectivement, Qui est trop attaché à ses intérêts, qui a son profit particulier en vue dans tout ce qu' il fait. Il ne fera rien pour rien, il est fort intéressé. Cette femme est bien intéressée.

Il se dit aussi Des sentiments et des actions. Vues intéressées. Démarche intéressée. Motif intéressé.

Il s' emploie souvent comme substantif, surtout au pluriel, et se dit de Ceux qui ont intérêt à quelque chose. Je suis un des intéressés dans cette affaire. Pour conclure l' affaire, il faut la signature de tous les intéressés.

Il se disait plus particulièrement, autrefois, de Ceux qui avaient intérêt dans les affaires du roi. Les intéressés dans les fermes. Les intéressés dans tel traité.

INTÉRÊT. s. m.

INTÉRÊT. s. m. Ce qui importe, ce qui convient, en quelque manière que ce soit, ou à l' honneur, ou à l' utilité de quelqu' un. Intérêt public, général, commun. Intérêt de famille. Intérêt particulier. Intérêt d' honneur. Intérêt pécuniaire. Léger, médiocre intérêt. Cela est d' un haut intérêt. L' intérêt de l' État. L' intérêt du public. L' intérêt de l' humanité. Connaître bien, entendre bien les intérêts d' un État. Un homme éclairé sur ses intérêts. La plupart des hommes n' entendent pas leurs intérêts, ne connaissent pas leurs véritables intérêts. Il a un grand intérêt à empêcher cela, d' empêcher cela. C' est un vil intérêt, un intérêt sordide qui le fait agir. C' est un intérêt de rien qui cause ces débats. Il trahirait son meilleur ami pour le plus mince intérêt. Prendre, embrasser, soutenir, abandonner, trahir les intérêts de quelqu' un. J' aurai soin de vos intérêts. Veiller aux intérêts de quelqu' un. Cette mesure me semble propre à concilier tous les intérêts. Sacrifier ses intérêts au bien public. Recommander ses intérêts à quelqu' un; lui mettre, lui remettre ses intérêts entre les mains. Agir, aller contre ses propres intérêts. Cela ne blesse point vos intérêts. Il y va de votre intérêt. Avoir son intérêt en recommandation. Avoir ses intérêts en vue. Être attaché à ses intérêts. Ne voir que son intérêt. Ne songer qu' à ses intérêts. Dès qu' il s' agit de son intérêt, de ses intérêts, il ne connaît plus personne. Discussion d' intérêts. Relâcher, se relâcher de ses intérêts. Ne relâcher rien de ses intérêts. Il faut le prendre par son intérêt. Il est de votre intérêt, il n' est pas de votre intérêt d' en user comme vous faites. Je parle sans intérêt. Je n' ai en cela d' autre intérêt que le leur. C' est l' intérêt de votre fortune, de votre gloire, de votre santé, de votre conservation qui me fait parler. J' ai intérêt que cela soit ainsi.

Mettre quelqu' un hors d' intérêt, Le dédommager, faire qu' il ne reçoive aucun préjudice. Soyez tranquille, on vous mettra hors d' intérêt.

Avoir un intérêt dans une société, dans une entreprise, etc., Y avoir part. J' ai un léger intérêt dans cette entreprise. On dit dans un sens analogue, Prendre un intérêt dans une entreprise, etc.

INTÉRÊT

INTÉRÊT se dit absolument Du sentiment qui nous attache à nos intérêts, qui nous fait rechercher l' agréable ou l' utile, le bien-être, la fortune, le profit. La plupart des gens ne se conduisent, ne se gouvernent que par intérêt, que par l' intérêt. L' intérêt le domine. C' est l' intérêt qui les guide. C' est un homme au-dessus de l' intérêt. L' intérêt ne le tente point. L' intérêt ne lui fera jamais rien faire de malhonnête. L' intérêt est la pierre de touche de l' amitié. Il y a peu de gens à l' épreuve de l' intérêt.

INTÉRÊT

INTÉRÊT se dit aussi Du profit qu' on retire de l' argent prêté ou dû. Intérêt à cinq, à six pour cent par an. Intérêt au denier vingt, au denier dix-huit. Prêter, mettre, placer de l' argent à intérêt. Prêt à intérêt. Emprunter de l' argent sur la place à gros intérêt. L' intérêt provenant de cette somme. Intérêt légal. Intérêt usuraire. Je n' en veux point d' intérêt. Joindre l' intérêt au principal. Tirer l' intérêt de l' intérêt. Cet argent porte intérêt. Combien vous rapporte-t-il d' intérêt? L' intérêt court, les intérêts courent depuis le jour de la demande, du jugement, du protêt. On lui en fait, on lui en paye l' intérêt. Recevoir les intérêts d' un cautionnement. Les intérêts échus. Je lui ai remis tous les intérêts. Donner quittance du capital et des intérêts. On lui a adjugé l' intérêt de cette somme. Intérêt simple. Intérêt composé, ou Intérêt d' intérêt.

En Jurispr., Dommages et intérêts, ou Dommages-intérêts, L' indemnité qui est due à quelqu' un pour le préjudice, pour le dommage qu' on lui a causé. À peine de tous dépens, dommages et intérêts. La liquidation des dommages-intérêts.

Intérêts civils, Le dédommagement que l' on adjuge, en matière criminelle, à celui qui a été lésé en sa personne ou dans ses biens par le crime ou le délit, et qui s' est constitué partie civile contre l' accusé.

INTÉRÊT

INTÉRÊT se dit encore Du sentiment qui nous fait prendre part à ce qui regarde une personne, à ce qui lui arrive d' agréable ou de fâcheux. Il m' inspire beaucoup d' intérêt, un tendre intérêt, un vif intérêt. Prendre intérêt à quelqu' un. Il est digne de l' intérêt que vous lui accordez. Je prends intérêt à tout ce qui le regarde. Témoignages, marques d' intérêt. Prendre intérêt à la joie, à l' affliction de quelqu' un, à la perte qu' il a faite, à la disgrâce qui lui est survenue; n' y prendre aucun intérêt.

Prendre intérêt à une affaire, Désirer qu' elle réussisse, travailler à la faire réussir. C' est une affaire à laquelle je prends intérêt.

INTÉRÊT

INTÉRÊT se dit également de L' attention, de la curiosité, en tant qu' elle est ou peut être excitée, captivée. Pendant ce récit, mon intérêt croissait avec ma surprise. J' ai lu cet ouvrage avec un vif intérêt. Captiver l' intérêt. Ces découvertes excitèrent l' intérêt des savants. Cela est bien digne d' intérêt. Faire naître l' intérêt dans l' âme du spectateur.

Il se dit pareillement de Cette qualité de certaines choses, qui les rend propres à captiver l' attention, à charmer l' esprit, ou à toucher le coeur. Cette histoire est pleine d' intérêt. Cette étude n' offre aucun intérêt. Sa conversation a de l' intérêt et du charme. Il y a beaucoup d' intérêt dans cette tragédie, dans ce roman. Cette pièce est bien écrite, mais elle est dénuée d' intérêt. La duplicité d' action affaiblit l' intérêt. Cela détruit tout l' intérêt.

INTERFOLIER. v. a.

INTERFOLIER. v. a. Brocher ou relier un livre, manuscrit ou imprimé, en insérant des feuillets blancs entre les feuillets qui portent l' écriture ou l' impression. Faire interfolier un livre où l' on veut écrire des notes.

INTERFOLIÉ, ÉE. participe

INTERFOLIÉ, ÉE. participe Exemplaire interfolié.

INTÉRIEUR, EURE. adj.

INTÉRIEUR, EURE. adj. Qui est au dedans, ou Qui a rapport au dedans. Il est opposé à Extérieur. Les parties intérieures du corps. La conformation intérieure du corps humain. Il sent un feu intérieur qui le consume. La membrane intérieure. La tunique intérieure de l' oeil. Les parties intérieures de la terre. Les provinces intérieures. Maintenir la tranquillité intérieure. L' administration intérieure. Le commerce intérieur.

Il se dit, particulièrement, en parlant De l' âme. Un mouvement intérieur. Sentiments intérieurs. La paix intérieure. Le for intérieur.

Mer intérieure, Celle qui se trouve au milieu d' une grande contrée, ou entre des continents, comme la mer Caspienne, la mer Noire, la Méditerranée.

En termes de Dévotion, L' homme intérieur, L' homme spirituel, qui est opposé à L' homme charnel. On dit aussi, La vie intérieure.

En termes de Spiritualité, Être fort intérieur, Être fort recueilli, rentrer souvent en soi-même.

INTÉRIEUR

INTÉRIEUR s' emploie aussi comme substantif masculin, et signifie, La partie de dedans, le dedans. L' intérieur d' un temple. L' intérieur du corps. Un cri partit de l' intérieur de la maison, de l' intérieur. L' intérieur d' un pays. S' enfoncer, pénétrer dans l' intérieur des terres.

Il se dit quelquefois absolument de L' intérieur du pays, surtout en termes de Commerce et d' Administration. Tous ces produits se consomment à l' intérieur, dans l' intérieur. Le ministre de l' intérieur.

En termes de Peinture, Tableau d' intérieur, ou simplement, Intérieur, Tableau de genre qui a pour objet principal la représentation de l' architecture et des effets de lumière à l' intérieur des maisons, des édifices. Il se dit également d' Un tableau qui représente quelque scène de la vie domestique, dans l' intérieur d' une maison.

L' intérieur d' une personne, signifie quelquefois, L' intérieur de sa maison, sa vie domestique. C' est un homme qui se plaît beaucoup dans son intérieur. Il est fort malheureux dans son intérieur. Cet homme si triste, si grave en public, est fort gai dans son intérieur. On dit de même, L' intérieur d' un ménage, d' une famille.

INTÉRIEUR

INTÉRIEUR se dit encore, figurément, de Ce qu' il y a de plus caché dans une chose, et s' applique particulièrement Aux secrets de la vie privée. Il connaît l' intérieur de cette famille, de ce ménage.

Il se dit également, surtout en termes de Dévotion, Des pensées les plus secrètes, des mouvements les plus intimes de l' âme. Dieu seul connaît l' intérieur. Il a l' intérieur fort bon. Découvrir son intérieur à son confesseur. Rentrer dans son intérieur. La grâce de Dieu agit dans l' intérieur. Quand on veut vivre chrétiennement, il faut commencer par réformer l' intérieur.

INTÉRIEUREMENT. adv.

INTÉRIEUREMENT. adv. Au dedans. En faisant l' autopsie du corps, on trouva qu' il était bien conformé intérieurement. Ce fruit est beau en apparence, mais il est gâté intérieurement. Un remède que l' on prend intérieurement.

Il se dit, particulièrement, en parlant De la conscience et de l' état de l' âme. La grâce de Dieu agit intérieurement. Il se sentit intérieurement touché. Dieu lui parlait intérieurement.

INTÉRIM. s. m.

INTÉRIM. s. m. (On prononce l' M.) Mot emprunté du latin, que l' on emploie quelquefois pour dire, L' entre-temps. Six mois s' écoulèrent avant que le vice-roi fût remplacé; un tel gouverna dans l' intérim, par intérim. Administrer par intérim. Il a le portefeuille de la guerre par intérim.

Il se dit également de L' action de gouverner, d' administrer par intérim. Le préfet est absent; tel conseiller fait l' intérim, est chargé de l' intérim.

Il se dit aussi, dans l' Histoire ecclésiastique, d' Un formulaire que Charles-Quint avait fait dresser, en trente-six articles, sur les matières de foi, pour pacifier les troubles de la religion en Allemagne, et dont l' autorité ne devait durer que jusqu' à la décision d' un concile général sur les mêmes matières. L' intérim de Charles-Quint. L' Intérim permettait le mariage des prêtres et la communion sous les deux espèces.

INTERJECTION. s. f.

INTERJECTION. s. f. Partie d' oraison qui sert à exprimer les passions, comme la douleur, la colère, la joie, l' admiration, etc. Ah! hélas! sont des interjections. Les interjections sont trop fréquentes dans ce discours.

En termes de Pratique, Interjection d' appel, Action d' interjeter un appel.

INTERJETER. v. a.

INTERJETER. v. a. T. de Jurispr. Il n' est usité que dans cette phrase, Interjeter appel, un appel, Appeler d' un jugement. Ils interjetèrent appel de ce jugement.

INTERJETÉ, ÉE. participe

INTERJETÉ, ÉE. participe

INTERLIGNE. s. m.

INTERLIGNE. s. m. L' espace qui est entre deux lignes écrites ou imprimées. Écrire dans l' interligne, en interligne. De grands interlignes.

INTERLIGNE

INTERLIGNE en termes d' Imprimerie, se dit Des lames de métal qui servent principalement à séparer les lignes et à les maintenir. Dans ce sens, il est féminin. La longueur d' une interligne.

INTERLIGNER. v. a.

INTERLIGNER. v. a. T. d' Impr. Séparer pas des interlignes. Cette composition n' est pas interlignée partout également.

INTERLIGNÉ, ÉE. participe

INTERLIGNÉ, ÉE. participe

INTERLINÉAIRE. adj. des deux genres

INTERLINÉAIRE. adj. des deux genres Qui est écrit dans l' interligne, dans les interlignes. Glose interlinéaire. Traduction interlinéaire.

INTERLOCUTEUR, TRICE. s.

INTERLOCUTEUR, TRICE. s. Il se dit proprement Des personnages qu' on introduit dans un dialogue. Les interlocuteurs de tel dialogue. Le premier, le second interlocuteur.

Il se dit, par extension, de Toute personne qui converse avec une autre. Vous aviez un ennuyeux interlocuteur.

INTERLOCUTION. s. f.

INTERLOCUTION. s. f. T. de Pratique. Jugement par lequel on prononce un interlocutoire. Arrêt d' interlocution. Il est peu usité.

INTERLOCUTOIRE. adj. des deux genres

INTERLOCUTOIRE. adj. des deux genres T. de Pratique. Jugement qui ordonne une preuve, une instruction préalable, à l' effet de parvenir au jugement définitif, mais qui préjuge le fond. Arrêt interlocutoire. Sentence interlocutoire. Jugement interlocutoire.

Il se dit quelquefois De la preuve ordonnée. Enquête interlocutoire.

Il est aussi employé comme substantif masculin. Ordonner un interlocutoire. Instruire l' interlocutoire avant de juger l' affaire au fond.

INTERLOPE. s. m.

INTERLOPE. s. m. Navire marchand qui trafique en fraude dans les pays de la concession d' une compagnie de commerce, ou dans les colonies d' une autre nation que la sienne.

Il se prend aussi adjectivement; et alors il est des deux genres. Vaisseau interlope. Commerce interlope.

INTERLOQUER. v. a.

INTERLOQUER. v. a. T. d' ancienne Pratique. Ordonner un interlocutoire. On a interloqué cette affaire. On l' employait aussi absolument. Les juges n' ont pas voulu juger définitivement, ils ont interloqué.

INTERLOQUER

INTERLOQUER signifie encore, dans le langage familier, Embarrasser, étourdir, interdire. Cette plaisanterie m' a interloqué.

INTERLOQUÉ, ÉE. participe

INTERLOQUÉ, ÉE. participe

INTERMÈDE. s. m.

INTERMÈDE. s. m. Sorte de représentation et de divertissement, comme ballet, danse, choeur, etc., entre les actes d' une pièce de théâtre. Intermèdes de musique, en musique. Intermèdes agréables. Les intermèdes du Malade imaginaire. Les pièces de théâtre ne sont plus représentées avec des intermèdes.

INTERMÈDE

INTERMÈDE en Chimie, se dit en parlant D' une substance au moyen de laquelle deux autres substances peuvent s' unir ou se décomposer. Le soufre s' unit au plomb par l' intermède de la chaleur. La potasse décompose le plâtre par l' intermède de l' eau.

INTERMÉDIAIRE. adj. des deux genres

INTERMÉDIAIRE. adj. des deux genres T. didactique. Qui est entre-deux. Temps intermédiaire. Espace intermédiaire. Corps intermédiaire. Idées intermédiaires.

Gages intermédiaires, se disait autrefois Des gages d' un office échus pendant la vacance.

INTERMÉDIAIRE

INTERMÉDIAIRE s' emploie aussi comme substantif masculin. Adoucir par un intermédiaire deux couleurs tranchantes. Passer brusquement d' une idée à une autre sans intermédiaire.

Il se dit particulièrement pour Entremise, moyen, voie, et quelquefois pour La personne entremise, interposée, etc. Je me suis procuré cela par l' intermédiaire d' un tel. Il fut leur intermédiaire pour cette correspondance. Vous nous servirez d' intermédiaire.

INTERMÉDIAT, ATE. adj.

INTERMÉDIAT, ATE. adj. Il se dit D' un intervalle de temps entre deux actions, entre deux termes, et ne s' emploie guère que dans cette locution, Le temps intermédiat. On dit plus ordinairement, Le temps intermédiaire.

Dans les Sociétés religieuses, Congrégation intermédiate, Assemblée qui se tient entre deux chapitres, soit généraux, soit provinciaux.

Substantiv., Lettres d' intermédiat, Lettres que le roi accordait pour faire jouir des gages d' un office, depuis la mort du titulaire, jusqu' à ce que le successeur fût pourvu et qu' il eût pris possession.

INTERMINABLE. adj. des deux genres

INTERMINABLE. adj. des deux genres Qui ne saurait être terminé, qui dure très-longtemps. Ouvrage interminable. Difficultés interminables. Procès interminable. Disputes interminables.

INTERMISSION. s. f.

INTERMISSION. s. f. Interruption, discontinuation. On l' emploie surtout en termes de Médecine. La fièvre lui a duré trente heures sans intermission. Il y a eu quelque intermission, quelque légère intermission à son mal.

INTERMITTENCE. s. f.

INTERMITTENCE. s. f. Caractère, qualité de ce qui est intermittent. Il ne se dit guère que dans cette locution, L' intermittence du pouls, de la fièvre.

Il signifie quelquefois la même chose qu' Intermission. Sans intermittence. Sans la moindre intermittence.

INTERMITTENT, ENTE. adj.

INTERMITTENT, ENTE. adj. Qui discontinue, et reprend par intervalles. Il n' est guère usité que dans les locutions suivantes:

En Médec., Pouls intermittent, Pouls dont les battements cessent par des intervalles inégaux. Fièvre intermittente, Fièvre qui cesse et qui reprend à des intervalles réglés. Type intermittent, Ordre suivant lequel les symptômes d' une maladie se montrent et disparaissent alternativement.

Fontaine, source intermittente, Fontaine, source qui coule et qui s' arrête alternativement.

INTERMUSCULAIRE. adj. des deux genres

INTERMUSCULAIRE. adj. des deux genres T. d' Anat. Qui est placé entre les muscles. Aponévroses intermusculaires.

INTERNE. adj. des deux genres

INTERNE. adj. des deux genres Qui est au dedans, qui appartient au dedans. Une qualité, une vertu interne. Les causes externes et les causes internes. Principes internes. Douleur interne. Maladie interne. Sa fièvre ne paraît pas au dehors, elle est interne. Les angles internes d' un polygone. La face interne du crâne.

Dans les Colléges, Élève interne, ou simplement, Interne, Élève qui habite dans le collége. Le nombre des externes dépasse de beaucoup celui des internes.

INTERNONCE. s. m.

INTERNONCE. s. m. Ministre chargé des affaires de Rome au défaut d' un nonce. Il avait été internonce à Bruxelles.

Internonce autrichien, se dit Du ministre chargé des affaires de l' Autriche auprès du Grand Seigneur, en l' absence de l' ambassadeur autrichien.

INTEROSSEUX, EUSE. adj.

INTEROSSEUX, EUSE. adj. T. d' Anat. Qui est place entre les os. Muscles interosseux. Ligaments interosseux. Artères, veines interosseuses.

INTERPELLATION. s. f.

INTERPELLATION. s. f. (On prononce les deux L dans ce mot et le suivant.) T. de Palais. Sommation, demande, interrogation. Sur l' interpellation de signer, il déclara ne savoir. Il ne répondit point à l' interpellation. Il ne répondit à aucune des interpellations qui lui furent faites.

Il s' emploie quelquefois dans le langage ordinaire. Cette brusque interpellation me troubla.

INTERPELLER. v. a.

INTERPELLER. v. a. T. de Palais. Requérir, sommer. L' huissier l' ayant interpellé de signer, il déclara ne savoir.

Il se dit, particulièrement, De la sommation de répondre, de s' expliquer sur la vérité ou la fausseté d' un fait. Il fut sommé et interpellé de répondre. Je vous interpelle de dire la vérité.

Il s' emploie quelquefois, en ce dernier sens, dans le langage ordinaire. Il m' interpella d' une manière assez incivile. J' interpelle votre bonne foi, votre conscience.

INTERPELLÉ, ÉE. participe

INTERPELLÉ, ÉE. participe De ce requis et interpellé.

INTERPOLATEUR. s. m.

INTERPOLATEUR. s. m. Celui qui interpole. Un interpolateur maladroit.

INTERPOLATION. s. f.

INTERPOLATION. s. f. Action d' interpoler, ou Le résultat de cette action. L' interpolation de ce passage est évidente. Ce passage est une interpolation faite par le copiste.

INTERPOLER. v. a.

INTERPOLER. v. a. Insérer par ignorance ou par fraude un mot, une phrase dans le texte d' un acte, d' un manuscrit. Le copiste a interpolé la glose dans le texte.

INTERPOLÉ, ÉE. participe

INTERPOLÉ, ÉE. participe Passage interpolé.

INTERPOSER. v. a.

INTERPOSER. v. a. Mettre une chose entre deux autres. Il n' est guère usité au propre que dans le langage didactique, et avec le pronom personnel. Quand la lune vient à s' interposer entre le soleil et la terre, etc. La terre venant à s' interposer, etc.

Il s' emploie aussi figurément. Interposer son autorité. Interposer l' autorité, le nom, la faveur, le crédit, la médiation de quelqu' un.

Il signifie également, avec le pronom personnel, Intervenir comme médiateur. Des amis communs se sont interposés pour les réconcilier.

INTERPOSÉ, ÉE. participe

INTERPOSÉ, ÉE. participe Ce qui est interposé entre l' oeil et l' objet, peut changer l' apparence de l' objet.

Négocier par personne interposées, Se servir de la médiation, de l' entremise de quelques personnes, pour la négociation d' une affaire.

En Jurispr., Personne interposée, Donataire qu' on suppose n' avoir reçu une libéralité que pour la transmettre à une personne à laquelle le donateur n' aurait pu faire directement cet avantage. Toute donation faite à des personnes interposées est nulle.

INTERPOSITION. s. f.

INTERPOSITION. s. f. Etat, situation d' un corps interposé entre deux autres. L' interposition de la terre entre le soleil et la lune. L' interposition de la lune entre le soleil et la terre. L' interposition d' un nuage empêche que les rayons du soleil ne viennent jusqu' à nous.

Il se dit aussi pour Intervention, surtout en parlant D' une autorité supérieure. L' interposition de l' autorité du roi.

En Jurispr., Interposition de personne, se dit en parlant D' une libéralité faite à une personne interposée. La donation est nulle, il y a interposition de personne.

INTERPRÉTATIF, IVE. adj.

INTERPRÉTATIF, IVE. adj. Qui interprète, qui explique. Déclaration interprétative.

INTERPRÉTATION. s. f.

INTERPRÉTATION. s. f. Explication d' une chose. Il prend tous les sens du verbe. Interpréter. Ceux qui ont travaillé à l' interprétation de l' Écriture sainte. L' interprétation qu' on donne à ce passage. Trouvez une autre interprétation. Interprétation littérale. Interprétation allégorique. Ce passage ne peut recevoir de meilleure interprétation. Se pourvoir en interprétation d' arrêt. L' interprétation des lois. L' interprétation des conventions. Règles d' interprétation. L' interprétation des songes, des augures. On donne à tous vos discours, à toutes vos actions, une mauvaise interprétation, de dangereuses, d' étranges interprétations. Cette action peut recevoir, peut souffrir diverses interprétations. Cela est sujet à interprétation.

INTERPRÈTE. s. des deux genres

INTERPRÈTE. s. des deux genres Traducteur, celui qui rend les mots, les phrases d' une langue par les mots, par les phrases d' une autre langue. Il a traduit ce discours, cette harangue, non pas en simple interprète, mais en orateur. Les interprètes grecs de l' Ancien Testament, qu' on appelle les Septante. Cet écrivain grec n' a pas encore trouvé de meilleur interprète.

Il signifie particulièrement, Truchement, celui qui traduit à une personne, dans la langue qu' elle parle, ce qui a été dit ou écrit par une autre dans une langue différente. Interprète de la Porte. Interprète du roi pour les langues orientales. Ce traité a été mis en français par les interprètes. Secrétaire interprète. Ils se parlent par interprète. Ils ne peuvent s' entendre sans le secours d' un interprète. Vous nous servirez d' interprète. Vous serez notre interprète. On donna, on nomma un interprète à l' accusé. Bon, savant, habile, fidèle interprète. Mauvais interprète.

Il se dit aussi de Celui qui fait connaître, qui éclaircit le sens d' un auteur, d' un discours. L' Église est la seule interprète sûre de l' Écriture sainte. Cela n' a pas besoin d' interprète. Les interprètes de Platon, d' Aristote, etc. Cet interprète a mal entendu, mal expliqué ce passage.

Il se dit encore de Celui qui a charge de déclarer, de faire connaître les intentions, les volontés d' un autre. Les augures, chez les païens, étaient regardés comme les interprètes de la volonté des dieux. Les interprètes des dieux. Soyez l' interprète de mes sentiments.

Il se dit également de Celui qui explique ce que présage quelque chose. Interprète des songes. Interprète du vol des oiseaux.

Il s' emploie quelquefois au figuré, comme dans cette phrase, Les yeux sont les interprètes de l' âme, Les yeux servent à faire connaître les sentiments, les mouvements de l' âme.

INTERPRÉTER. v. a.

INTERPRÉTER. v. a. Traduire d' une langue en une autre. Les Septante ont interprété l' Ancien Testament. Cet ambassadeur fit à ce prince un discours qui fut interprété en français.

Il signifie aussi, Expliquer ce qu' il y a d' obscur et d' ambigu dans un écrit, dans une loi, dans un acte, etc. Interpréter bien. Interpréter mal. Ceux qui ont interprété l' Écriture sainte. Comment interprétez-vous ce passage? Les jurisconsultes interprètent cette disposition de plusieurs manières. Les clauses d' une convention doivent s' interpréter les unes par les autres.

Il signifie, dans une acception plus étendue, Expliquer, deviner une chose par induction, ou Tirer d' une chose quelque induction, quelque présage, etc. Est-ce à vous à interpréter ma pensée, ma volonté, mes intentions? Si j' interprète bien vos sentiments, voilà quel était votre dessein. Je ne sais comment interpréter leur silence. Interpréter les songes. Interpréter le vol des oiseaux

En Législation, Interpréter une loi, En expliquer, en déterminer le sens par une loi supplémentaire. On disait de même, en termes de Pratique ancienne, Interpréter un arrêt, L' expliquer par un second arrêt.

INTERPRÉTER

INTERPRÉTER signifie encore, Prendre un discours ou une action en bonne ou en mauvaise part. Il a fait, il a dit telle chose, je ne sais comment cela sera interprété. Cette action peut s' interpréter en bien, s' interpréter en mal, s' interpréter en mauvaise part. Cela peut être diversement interprété. Interpréter malicieusement, malignement, favorablement.

INTERPRÉTÉ, ÉE. participe

INTERPRÉTÉ, ÉE. participe

INTERRÈGNE. s. m.

INTERRÈGNE. s. m. (On prononce les deux R.) C' est, dans un royaume, soit héréditaire, soit électif, Un intervalle de temps pendant lequel il n' y a point de roi. Après la mort de tel roi, il y eut un interrègne de six mois. Publier l' interrègne.

Il se dit aussi en parlant Des États gouvernés par d' autres que par des rois. Après la mort du doge de Venise, l' interrègne était fort court. Du temps des juges d' Israël, il y eut de longs interrègnes. Lorsque les Romains ne s' accordaient pas pour l' élection des consuls, il y avait un interrègne.

INTERROGANT. adj.

INTERROGANT. adj. (L' E est ouvert, et on ne prononce qu' un R dans ce mot et les suivants.) T. de Gram. Il n' est usité que dans cette locution, Point interrogant, Point dont on se sert dans l' écriture pour marquer l' interrogation, et que l' on figure ainsi (?). On dit plus ordinairement, Point d' interrogation.

INTERROGATEUR, TRICE. s.

INTERROGATEUR, TRICE. s. Celui, celle qui interroge. On ne l' emploie guère que comme synonyme d' Examinateur. Il ne put répondre à aucune des questions que lui firent les interrogateurs.

INTERROGATIF, IVE. adj.

INTERROGATIF, IVE. adj. T. de Gram. Qui sert à interroger, qui marque interrogation. Particule interrogative. La même façon de parler peut être simple ou interrogative. Se servir de termes interrogatifs.

INTERROGATION. s. f.

INTERROGATION. s. f. Question, demande qu' on fait à quelqu' un. Il a bien répondu aux interrogations qu' on lui a faites.

Il signifie aussi, Une figure de rhétorique par laquelle on interroge. Il commença son discours par cette interrogation: Jusques à quand souffrirons-nous que? Quand viendra le temps? A-t-on jamais vu? Sera-t-il dit?

En Gram., Point d' interrogation, Point dont on se sert dans l' écriture pour marquer l' interrogation, et que l' on figure ainsi (?).

INTERROGATOIRE. s. m.

INTERROGATOIRE. s. m. T. de Pratique. Il se dit Des questions que fait un juge sur des faits civils ou criminels, et Des réponses que fait celui qui est interrogé. Procéder à un interrogatoire. Subir un interrogatoire. Il s' est coupé dans son interrogatoire. Cet interrogatoire a duré deux heures. Interrogatoire sur faits et articles. Cette dernière phrase ne s' emploie qu' en matière civile.

Il signifie aussi, Le procès-verbal qui contient les interrogations du juge et les réponses de l' accusé. J' ai lu l' interrogatoire de cet accusé.

INTERROGER. v. a.

INTERROGER. v. a. Faire une question ou des questions à quelqu' un. Pourquoi m' interrogez-vous? Interrogez-le sur ce fait-là, sur cette matière-là. Interroger un accusé. Il le fit interroger sur faits et articles. Le juge l' a interrogé d' office. Il a fait interroger tant de témoins.

Il signifie particulièrement, Faire des questions à quelqu' un, pour s' assurer qu' il a bien appris certaines choses, qu' il possède certaines connaissances. Interroger un récipiendaire, un candidat. Les examinateurs l' ont interrogé sur telle matière.

Il s' emploie aussi, figurément, en parlant Des choses, et signifie, Consulter, examiner. Interroger la nature. Interroger les faits. Interroger l' histoire. Interroger le bon sens. Interroger sa conscience. Interroger l' Écriture.

INTERROGER

INTERROGER avec le pronom personnel, signifie, S' examiner, se consulter. Je me suis interrogé moi-même, et ne me suis point trouvé coupable.

Il s' emploie également comme verbe réciproque, et signifie, Se faire mutuellement des questions. Nous nous interrogions l' un l' autre sur ce qui était arrivé à chacun de nous pendant cette séparation. S' interroger mutuellement pour mieux se préparer à subir un examen.

INTERROGÉ, ÉE. participe

INTERROGÉ, ÉE. participe

INTERROMPRE. v. a.

INTERROMPRE. v. a. Couper, rompre la continuité d' une chose; ou Arrêter, empêcher, suspendre la continuation d' une chose. Cette allée est interrompue par un fossé qui la traverse. On a fait une digue, un batardeau pour interrompre le cours de la rivière. Les obstacles qui interrompent le cours d' un ruisseau.

Il s' emploie souvent au figuré. Interrompre un discours. Interrompre le fil du discours. On a interrompu la discussion. Interrompre le sommeil de quelqu' un. Ces événements interrompirent nos travaux. Les négociations furent soudainement interrompues. La mort vint interrompre le cours de tant de victoires. Il se vit obligé d' interrompre son travail, ses études. Interrompre ses prières, ses méditations, le cours de ses méditations.

Il peut avoir pour régime un nom de personne. On a interrompu l' orateur au milieu de son discours. Écouter quelqu' un sans l' interrompre. Interrompre quelqu' un dans ses prières. Pourquoi m' interrompez-vous?

Fam., Sans vous interrompre, se dit Pour faire une sorte d' excuse de ce qu' on interrompt le discours de quelqu' un.

En Jurispr., Interrompre la possession, interrompre la prescription, interrompre la péremption, Empêcher qu' une possession, une prescription, une péremption ne continue.

INTERROMPRE

INTERROMPRE avec le pronom personnel, signifie ordinairement, Cesser de faire une chose. Il se dit surtout D' une personne qui s' arrête au milieu d' un discours, d' une lecture, etc. Il s' interrompit au milieu de son récit. L' orateur s' interrompit tout à coup.

INTERROMPU, UE. participe

INTERROMPU, UE. participe Des travaux interrompus. Sens interrompu. Possession non interrompue.

Propos interrompu, Discours, conversation sans suite, sans liaison. Il y a un jeu de société auquel on donne aussi ce nom. Jouer au propos interrompu.

En Botan., Épi interrompu, Épi qui est entrecoupé d' un ou de plusieurs espaces sans fleurs.

INTERRUPTEUR. s. m.

INTERRUPTEUR. s. m. Celui qui interrompt une personne qui parle. On mit les interrupteurs à la porte.

INTERRUPTION. s. f.

INTERRUPTION. s. f. Action d' interrompre, ou État de ce qui est interrompu. Cette fontaine coule sans interruption. Éprouver des interruptions. Travailler, parler sans interruption. Interruption de travail. L' interruption du commerce. L' interruption d' une séance. Longue interruption. Interruption de prescription, de péremption.

Il se dit, particulièrement, de L' action d' interrompre une personne qui parle. La moindre interruption peut troubler un orateur. Cette interruption est venue fort mal à propos. Bruyante interruption. De fréquentes interruptions.

Il signifie quelquefois, L' action d' interrompre le fil de son discours, pour se livrer à d' autres idées. L' interruption est une figure de rhétorique.

INTERSECTION. s. f.

INTERSECTION. s. f. T. de Géom. Point où deux lignes, deux plans, etc., se coupent l' un l' autre. Le centre d' un cercle est situé à l' intersection de deux diamètres. Point d' intersection. L' intersection de deux plans.

INTERSTICE. s. m.

INTERSTICE. s. m. Intervalle de temps, déterminé par quelque loi, par quelque usage, etc. Il se dit en parlant Du temps que L' Église fait observer entre la réception de deux ordres sacrés. Garder les interstices. Les interstices sont ordinairement de trois mois. Dispenser des interstices.

Il se dit, en Physique, Des petits intervalles que les parties d' un corps laissent entre elles. Les interstices d' un corps. Remplir les interstices.

INTERVALLE. s. m.

INTERVALLE. s. m. Distance d' un lieu ou d' un temps à un autre. Grand, long intervalle. Il y a un intervalle de tant de lieues entre ces deux villes. Il n' y a que quatre pieds d' intervalle entre ces deux colonnes. Lorsqu' on range une armée en bataille, on laisse certains intervalles entre les bataillons. Franchir un intervalle. Un intervalle de temps. Dans cet intervalle dans l' intervalle. il arriva plusieurs événements. Il y a tant d' années d' intervalle entre le règne de tel prince et le règne de tel autre. Cette comète ne reparaît qu' à de longs intervalles. Cette maladie le prend et le quitte par intervalles. La lune se montrait par intervalles, et disparaissait de nouveau. Après un intervalle de silence, il répondit. Cet homme n' est pas toujours dans sa folie, il a de bons intervalles, des intervalles lucides.

Il se dit particulièrement, en termes de Musique, de La distance qu' il y a d' un son à un autre, en allant de l' aigu au grave ou du grave à l' aigu. Intervalle de tierce, de quarte, de quinte. L' intervalle d' une octave. Intervalle consonnant. Intervalle dissonant.

INTERVENANT, ANTE. adj.

INTERVENANT, ANTE. adj. T. de Pratique. Qui intervient. Il demande à être reçu partie intervenante dans ce procès, au procès.

Il est aussi substantif. L' intervenant a été condamné.

INTERVENIR. v. n.

INTERVENIR. v. n. Prendre part à une chose, entrer dans une affaire par quelque intérêt que ce soit. Intervenir dans une négociation. Le mari intervient dans ce contrat pour autoriser sa femme.

Il signifie, en termes de Pratique, Demander d' être reçu dans une instance, dans un procès. Une des parties a fait intervenir un tiers, et le jugement est retardé. Intervenir dans un procès, au procès.

Il signifie aussi, Se rendre médiateur dans une affaire. Le pape intervint dans le différend de ces deux princes pour les accorder.

Il signifie également, Interposer son autorité, etc. L' autorité royale intervint dans cette affaire, et fit cesser les troubles. L' autorité souveraine y est intervenue. Faire intervenir la force armée.

INTERVENIR

INTERVENIR se dit encore Des jugements qui se rendent dans un procès, et de toutes les choses qui arrivent pendant la durée d' une affaire, etc. Il intervint plusieurs arrêts. Tous les arrêts qui intervinrent. Il serait long de dire tous les incidents qui intervinrent durant cette affaire. Une ordonnance intervint, qui régla la manière de procéder en pareil cas.

INTERVENU, UE. participe

INTERVENU, UE. participe

INTERVENTION. s. f.

INTERVENTION. s. f. Action par laquelle on intervient dans un acte, dans une affaire controversée, dans un procès, etc. Par son intervention au contrat, il s' est rendu caution du prêt. Cette intervention fit suspendre l' affaire pour quelque temps. Une intervention mendiée. Requêtes, causes et moyens d' intervention. Sans avoir égard à l' intervention. L' intervention a été reçue. Demander l' intervention. Juger l' intervention. L' intervention de l' autorité souveraine était nécessaire. Cela nécessita l' intervention de la force armée. Ils sollicitèrent l' intervention de la France, de l' Angleterre. Droit d' intervention. Intervention armée.

En Jurispr. commerciale, Intervention à protêt, Action d' un tiers qui intervient pour accepter une lettre de change, lorsqu' elle est protestée faute d' acceptation. On dit aussi, dans le même sens, Acceptation par intervention.

INTERVERSION. s. f.

INTERVERSION. s. f. Renversement, dérangement d' ordre.

INTERVERTIR. v. a.

INTERVERTIR. v. a. Déranger, renverser. Intervertir l' ordre des droits, l' ordre des créances. Intervertir l' arrangement des mots d' une phrase.

INTERVERTI, IE. participe

INTERVERTI, IE. participe

INTESTAT

INTESTAT T. de Jurispr. Il ne s' emploie que dans ces phrases: Mourir, décéder intestat, Mourir sans avoir fait de testament. Hériter ab intestat, Hériter d' une personne qui n' a point fait de testament: on dit dans un sens analogue, Héritier ab intestat, succession ab intestat.

INTESTIN, INE. adj.

INTESTIN, INE. adj. Qui est interne, qui est dans le corps. Mouvements intestins. Douleur, chaleur, fièvre intestine.

Il se dit figurément, surtout en parlant De guerres civiles. Guerre intestine. Discorde intestine. Divisions intestines.

INTESTIN. s. m.

INTESTIN. s. m. Boyau. Le gros intestin. L' intestin grêle. On distingue six intestins dans le corps humain. Il a les intestins gangrenés, les intestins offensés.

INTESTINAL, ALE. adj.

INTESTINAL, ALE. adj. T. d' Anat. Qui appartient aux intestins. Conduit intestinal. Vers intestinaux.

INTIMATION. s. f.

INTIMATION. s. f. Action d' intimer; et, particulièrement, L' acte de procédure par lequel on intime. L' exploit ne porte point intimation. Intimation en cas d' appel.

INTIME. adj. des deux genres

INTIME. adj. des deux genres Intérieur et profond. Il se dit surtout De ce qui fait l' essence d' une chose, ou De ce qui lie étroitement certaines choses entre elles. Connaître la nature intime d' une chose. Ce qu' il y a de plus intime et de plus caché dans une chose. La liaison intime de toutes les parties. Connexion intime.

Il se dit figurément en parlant D' amitié, d' attachement, de confiance réciproque. Union intime. Liaison intime. Avoir des relations intimes avec quelqu' un. Leur commerce paraît fort intime.

Il signifie également, Qui a et pour qui l' on a une affection très-forte. C' est mon ami, mon ami intime. Ils sont très-intimes. Confident intime de tous ses secrets.

Il s' emploie quelquefois substantivement, dans ce dernier sens; et alors il est familier. C' est son intime.

INTIME

INTIME se dit encore, au sens moral, De ce qui existe au fond de l' âme. Persuasion intime. J' en ai l' intime conviction. Le sentiment intime de la conscience, ou simplement, Le sens intime.

INTIMEMENT. adv.

INTIMEMENT. adv. Étroitement, fortement. Des parties intimement liées entre elles.

Il signifie aussi, figurément, Avec une affection très-particulière et très-étroite. Ils sont unis intimement.

Intimement persuadé, convaincu, Intérieurement et profondément persuadé, convaincu.

INTIMER. v. a.

INTIMER. v. a. Déclarer, faire savoir, signifier avec autorité. On lui intima l' ordre de partir.

Il se dit particulièrement, dans la Pratique, en parlant D' une signification légale. Il lui a fait intimer la vente de ses meubles.

Il signifie aussi, Appeler en justice; et alors il se dit principalement en parlant D' une assignation pour procéder sur un appel. Il m' a fait signifier son appel, mais il ne m' a point intimé. Il l' a intimé en son propre et privé nom.

Intimer un concile, Assigner le lieu et le temps auxquels un concile doit se tenir.

INTIMÉ, ÉE. participe

INTIMÉ, ÉE. participe Il est aussi substantif, et signifie, Défendeur en cause d' appel. L' intimé. L' intimée. L' appelant et l' intimé.

INTIMIDER. v. a.

INTIMIDER. v. a. Donner de la crainte, de l' appréhension à quelqu' un. Il l' intimida en lui disant un seul mot. Il n' y a qu' à l' intimider pour venir à bout de lui. C' est un esprit qu' on intimide facilement par des menaces. C' est un homme qui ne se laisse point intimider. Son aspect m' intimide. On l' emploie quelquefois avec le pronom personnel. Il commence à s' intimider.

INTIMIDÉ, ÉE. participe

INTIMIDÉ, ÉE. participe

INTIMITÉ. s. f.

INTIMITÉ. s. f. Qualité de ce qui est intime. L' intimité des rapports qui unissent toutes les parties de ce système.

Il signifie particulièrement, Liaison intime. Ces deux personnes vivent ensemble dans la plus grande intimité.

INTITULER. v. a.

INTITULER. v. a. Donner un titre à un livre, à une comédie, à quelque ouvrage d' esprit. Il a intitulé sa pièce... Il a donné au public un ouvrage qu' il a intitulé ainsi...

Il se dit particulièrement, en Jurisprudence, De la formule que l' on met en tête d' une loi, d' une ordonnance, d' un jugement, etc. Les expéditions des jugements doivent être intitulées comme les lois, doivent être intitulées au nom du roi. Intituler un acte.

Il s' emploie quelquefois avec le pronom personnel, et signifie, Se donner un titre. Il s' intitule prince de... Ce sens familier ne s' emploie guère que par dénigrement.

INTITULÉ, ÉE. participe

INTITULÉ, ÉE. participe Un livre intitulé, Essai sur... Considérations sur...

En termes de Pratique, L' intitulé d' un acte, d' un jugement, La formule usitée qui se met en tête d' un acte, d' un jugement. Un acte n' est point exécutoire s' il n' a pas d' intitulé. Dans cette locution, Intitulé est pris substantivement.

INTOLÉRABLE. adj. des deux genres

INTOLÉRABLE. adj. des deux genres Qu' on ne peut souffrir, supporter patiemment. Des douleurs intolérables. La chaleur est intolérable.

Il signifie plus ordinairement, Qu' on ne peut tolérer. Cela est intolérable. Injure intolérable.

INTOLÉRANCE. s. f.

INTOLÉRANCE. s. f. Défaut de tolérance, disposition à violenter, à persécuter ceux avec lesquels on diffère d' opinions. Il se dit surtout en matière de religion. Son intolérance lui fit beaucoup d' ennemis. Le fanatisme et l' intolérance désolèrent ce beau pays.

INTOLÉRANT, ANTE. adj.

INTOLÉRANT, ANTE. adj. Qui manque de tolérance, qui ne veut souffrir aucune autre opinion que la sienne. Il se dit surtout en matière de religion. On ne peut être fanatique sans être intolérant. Secte intolérante. On le dit également Des choses. Religion, doctrine intolérante.

Il s' emploie aussi comme substantif, surtout au pluriel. Les intolérants ne sont pas toujours les plus sincèrement religieux.

INTOLÉRANTISME. s. m.

INTOLÉRANTISME. s. m. Sentiment de ceux qui ne veulent souffrir aucune autre religion que la leur.

INTONATION. s. f.

INTONATION. s. f. T. de Musiq. Action, manière d' attaquer une note, un son. Intonation fausse. Intonation douteuse. Toutes ses intonations sont justes. Il connaît les notes, mais il n' est pas encore ferme sur l' intonation. Avoir l' intonation juste.

Il signifie aussi, surtout en parlant Du plain-chant, L' action de mettre un chant sur le ton dans lequel il doit être. Faire l' intonation d' un chant. L' intonation de ce psaume est de tel ton.

Il se dit encore, par extension, Des divers tons que l' on prend en parlant ou en lisant. Cet acteur a des intonations fausses, désagréables. Varier ses intonations. Intonation forte, élevée. Des intonations sourdes.

INTRADOS. s. m.

INTRADOS. s. m. T. d' Archit. La partie intérieure et concave d' une voûte. On l' appelle aussi Douelle intérieure.

INTRADUISIBLE. adj. des deux genres

INTRADUISIBLE. adj. des deux genres Qu' on ne peut traduire. Ce passage, ce jeu de mots est intraduisible. Ce genre de beauté, de finesse est intraduisible.

INTRAITABLE. adj. des deux genres

INTRAITABLE. adj. des deux genres Rude, d' un commerce difficile, avec qui on ne peut traiter. Homme intraitable. Esprit intraitable. Il est d' une humeur intraitable. On ne sait comment l' aborder, il est intraitable.

Il signifie quelquefois, À qui on ne peut faire entendre raison sur quelque chose. Il est intraitable sur ce point.

INTRANSITIF, IVE. adj.

INTRANSITIF, IVE. adj. (On prononce Intranzitif.) T. de Gram. Il se dit Des verbes neutres, lesquels expriment des actions qui ne passent point hors du sujet. Dîner, souper, marcher, parler, sont des verbes intransitifs. Signification intransitive.

INTRANT. s. m.

INTRANT. s. m. Nom que l' on donnait autrefois, dans l' université de Paris, à celui qui était choisi par l' une des quatre nations pour élire le recteur.

IN-TRENTE-DEUX. adj. et s.

IN-TRENTE-DEUX. adj. et s. T. d' Imprimerie et de Librairie. Il se dit Du format où la feuille est pliée en trente-deux feuillets; et Des livres, des volumes qui ont ce format. Le format in-trente-deux. Volume in-trente-deux. On préfère l' in-trente-deux pour ce genre d' ouvrages. Un petit in-trente-deux.

INTRÉPIDE. adj. des deux genres

INTRÉPIDE. adj. des deux genres Qui ne craint point le péril. Il se dit Des personnes et de ce qui leur est propre. Homme intrépide. Courage intrépide. Marcher à la mort d' un pas intrépide.

Il se dit quelquefois D' une personne qui s' obstine à quelque chose, qui n' est point rebutée par les désagréments, par les obstacles. Un solliciteur intrépide. Ce sens est familier.

INTRÉPIDEMENT. adv.

INTRÉPIDEMENT. adv. D' une manière intrépide. S' avancer intrépidement vers l' ennemi.

INTRÉPIDITÉ. s. f.

INTRÉPIDITÉ. s. f. Courage, fermeté inébranlable dans le péril. Intrépidité héroïque. Il a fait preuve d' intrépidité, d' une grande intrépidité. Avec intrépidité.

INTRIGANT, ANTE. adj.

INTRIGANT, ANTE. adj. Qui se mêle de beaucoup d' intrigues. C' est un homme fort intrigant, une femme fort intrigante.

Il est aussi substantif. C' est un intrigant, une intrigante.

INTRIGUE. s. f.

INTRIGUE. s. f. Pratique secrète qu' on emploie pour faire réussir ou pour faire manquer une affaire. Intrigue difficile à démêler, à débrouiller. Former une intrigue. Démêler, dénouer une intrigue. Conduire, mener une intrigue. Un homme, une femme d' intrigue. Les intrigues de la cour, du cabinet. Pénétrer les secrets d' une intrigue. Esprit d' intrigue. Vivre d' intrigue.

Il signifie, dans la Littérature dramatique, Les différents incidents qui forment le noeud d' une pièce. L' intrigue de cette comédie est bien conduite. Intrigue compliquée. Le fil de l' intrigue. Le noeud de l' intrigue. Le dénoûment de l' intrigue.

Comédie d' intrigue, Celle où l' auteur s' occupe surtout d' intéresser et d' amuser, par une action fortement intriguée, et par la multiplicité et la variété des incidents. Les Fourberies de Scapin, le Barbier de Séville, sont des comédies d' intrigue.

INTRIGUE

INTRIGUE signifie quelquefois, Un embarras, un incident fâcheux. Me voilà hors d' intrigue. Il s' est tiré d' intrigue. On ne l' emploie guère que dans ces phrases.

Il signifie en outre, Un commerce secret de galanterie. Il a une intrigue qui l' empêche de partir. Intrigue galante. Cette femme a eu plusieurs intrigues.

INTRIGUER. v. a.

INTRIGUER. v. a. Embarrasser, donner à penser. Je l' ai bien intrigué par certaines choses que je lui ai dites. Cela m' intrigue beaucoup.

Il signifie, avec le pronom personnel, Se donner beaucoup de peine et de soin, mettre divers moyens en usage pour faire réussir une affaire. Il s' est bien intrigué pour parvenir à ce but.

S' intriguer partout, Se fourrer partout, chercher à se donner de l' accès partout où l' on peut.

INTRIGUER

INTRIGUER s' emploie aussi neutralement, dans le sens de Faire une intrigue, des intrigues. C' est un homme qui intrigue continuellement, qui ne fait qu' intriguer et cabaler. Ils intriguèrent pour le perdre.

INTRIGUÉ, ÉE. participe

INTRIGUÉ, ÉE. participe Le voilà fort intrigué.

Cette pièce de théâtre est bien intriguée, Elle est remplie d' événements qui embarrassent les personnages intéressés, et qui amusent le spectateur.

INTRINSÈQUE. adj. des deux genres

INTRINSÈQUE. adj. des deux genres Qui est intérieur et au dedans de quelque chose, qui lui est propre et essentiel. Qualités, propriétés intrinsèques. Bonté intrinsèque.

Valeur intrinsèque, La valeur qu' ont les objets indépendamment de toute convention. Il se dit, particulièrement, de La valeur des pièces de monnaie par rapport à leur poids.

INTRINSÈQUEMENT. adv.

INTRINSÈQUEMENT. adv. D' une manière intrinsèque. Cela est bon intrinsèquement.

INTRODUCTEUR, TRICE. s.

INTRODUCTEUR, TRICE. s. Celui, celle qui introduit. Je serai votre introducteur. Il m' a servi d' introducteur. Elle a été mon introductrice.

Introducteur des ambassadeurs, Celui dont la fonction est de conduire les ambassadeurs et les princes étrangers à l' audience du roi.

INTRODUCTIF, IVE. adj.

INTRODUCTIF, IVE. adj. T. de Procédure. Il se dit De ce qui sert de commencement à une procédure. Requête introductive. Exploit introductif.

INTRODUCTION. s. f.

INTRODUCTION. s. f. Action d' introduire quelqu' un. L' introduction d' un ambassadeur auprès du roi. Son introduction dans leur société ne doit pas vous surprendre. Donner à quelqu' un une lettre d' introduction auprès d' un grand. L' introduction d' un personnage dans une pièce, dans un roman.

Il se dit, figurément, de Ce qui sert comme d' entrée, d' acheminement, de préparation à une science, à une étude, etc. Introduction à une science. Introduction à la physique, à la géographie. Introduction à la vie dévote.

Il signifie, particulièrement, Une espèce de discours préliminaire qu' on met à la tête d' un ouvrage. L' ouvrage est précédé d' une introduction.

INTRODUCTION

INTRODUCTION se dit également de L' action d' introduire, de faire entrer une chose dans une autre. On reconnut, par l' introduction de la sonde, qu' il avait la pierre, que la balle était aplatie contre l' os. L' introduction d' une substance dans le corps. L' introduction en France de telles marchandises fut prohibée.

Il se dit aussi figurément, dans ce dernier sens. L' introduction d' une coutume nouvelle, d' un usage étranger.

En termes de Procéd., L' introduction d' une instance, Le commencement d' une procédure à quelque tribunal.

INTRODUIRE. v. a.

INTRODUIRE. v. a. Faire entrer, conduire quelqu' un dans un lieu. Il m' introduisit dans le cabinet du roi. Nous fûmes aussitôt introduits. Il a introduit les ennemis dans la place.

Il signifie particulièrement, Faire admettre dans un lieu, dans une société, auprès de quelqu' un, etc. Il vous a introduit chez un tel. Il vous a introduit à la cour. Qui a introduit cet homme dans notre société? Il s' est adressé à moi pour l' introduire auprès de vous. Il a eu le secret d' introduire presque tous ses parents dans les bureaux de son ministère.

Il signifie aussi, Faire paraître, faire figurer un personnage dans un dialogue, dans une pièce de théâtre, etc. Il a introduit dans sa pièce un nouveau personnage. Introduire un personnage sur la scène. Les interlocuteurs que l' on introduit dans un dialogue.

INTRODUIRE

INTRODUIRE signifie encore, Faire entrer une chose dans une autre. L' ouverture était assez grande pour qu' on y pût introduire la main. Introduire une sonde dans une plaie, dans la vessie. Introduire des marchandises, des denrées dans un pays.

Il s' emploie aussi figurément, et se dit surtout en parlant Des choses qu' on établit, qu' on fait adopter, auxquelles on donne cours, ou De celles qui sont amenées par certaines circonstances. Introduire un usage, une coutume chez un peuple. Il voulut introduire un nouveau système. Cela dut nécessairement introduire le désordre, la confusion.

INTRODUIRE

INTRODUIRE s' emploie avec le pronom personnel dans presque toutes ses acceptions. Il s' introduisit dans la maison par une fenêtre. Cet homme s' introduit partout, s' introduit dans toutes les sociétés. Il s' est introduit lui-même. L' air qui s' introduit dans les poumons. Rechercher comment les idées s' introduisent ou se forment dans l' esprit. Beaucoup d' abus s' étaient introduits. Les usages qui s' introduisent chez un peuple, dans un État.

INTRODUIT, ITE. participe

INTRODUIT, ITE. participe

INTROÏT. s. m.

INTROÏT. s. m. (On prononce le T final.) Prières que le prêtre dit à la messe quand il est monté à l' autel, et qui sont chantées par le choeur au commencement des grandes messes.

INTROMISSION. s. f.

INTROMISSION. s. f. T. de Physique. Action par laquelle un corps, soit solide, soit fluide, s' introduit ou est introduit dans un autre. L' intromission de l' air dans l' eau.

INTRONISATION. s. f.

INTRONISATION. s. f. Action par laquelle on intronise. Après son intronisation.

INTRONISER. v. a.

INTRONISER. v. a. Il n' est d' usage qu' en parlant De la cérémonie qui se fait en plaçant un évêque sur son siége épiscopal, lorsqu' il prend possession de son église. Après l' avoir intronisé, on chanta le Te Deum. On lui fit prêter le serment avant de l' introniser.

INTRONISÉ, ÉE. participe

INTRONISÉ, ÉE. participe

INTROUVABLE. adj. des deux genres

INTROUVABLE. adj. des deux genres Qu' on ne peut trouver. Vous êtes un homme introuvable. Il est familier.

INTRUS, USE. participe

INTRUS, USE. participe du verbe Intrure, qui n' est point en usage. Introduit, établi par force, par ruse, ou contre le droit, et sans titre, dans quelque dignité ecclésiastique. Il s' est intrus dans ce bénéfice, dans cette charge, dans cet évêché. Il s' y est intrus de lui-même.

Il se dit, par extension, D' une personne qui, sans droit, et sans être légitimement appelée, s' est introduite dans quelque charge, dans quelque emploi, etc. Il s' est intrus dans cette charge, dans cette tutelle, dans cette gestion.

Il s' emploie également comme adjectif. Un évêque intrus. Cette abbesse est intruse.

Il est aussi quelquefois substantif. C' est un intrus. Celui-là est le vrai titulaire, l' autre est l' intrus.

Il se dit, par extension et familièrement, de Celui qui s' introduit quelque part, sans avoir qualité pour y être admis. Nous nous aperçûmes qu' il y avait plusieurs intrus parmi nous.

INTRUSION. s. f.

INTRUSION. s. f. Action par laquelle on s' introduit, contre le droit ou la forme, dans quelque dignité ecclésiastique, dans quelque bénéfice, et, par extension, dans quelque charge, dans quelque compagnie, etc. Intrusion violente. Après son intrusion. Par intrusion.

INTUITIF, IVE. adj.

INTUITIF, IVE. adj. T. de Théol. Il se dit De la vision, de la connaissance claire et certaine d' une chose. Les bienheureux ont la vision intuitive de Dieu.

INTUITION. s. f.

INTUITION. s. f. T. de Théol. Vision intuitive. Il se dit proprement de La vision de Dieu telle que les bienheureux l' ont dans le ciel.

Dans le langage philosophique, Vérité d' intuition, Vérité frappante et qui se manifeste d' elle-même à l' intelligence, à la raison.

INTUITIVEMENT. adv.

INTUITIVEMENT. adv. T. de Théol. D' une vision intuitive. Voir Dieu intuitivement.

INTUMESCENCE. s. f.

INTUMESCENCE. s. f. T. didactique. Action par laquelle une chose s' enfle. L' intumescence des chairs.

INTUSSUSCEPTION. s. f.

INTUSSUSCEPTION. s. f. (On prononce les deux S.) T. didactique. Introduction d' un suc ou d' une matière quelconque dans un corps organisé. Les plantes se nourrissent et croissent par intussusception.

INUSITÉ, ÉE. adj.

INUSITÉ, ÉE. adj. Qui n' est point usité. Jusqu' ici cela était inusité. C' était une chose inusitée parmi nous. Ce mot est inusité. Une façon de parler inusitée.

INUTILE. adj. des deux genres

INUTILE. adj. des deux genres Qui n' apporte aucun profit, aucun avantage; qui n' est ou ne peut être d' aucune utilité, qui ne sert à rien. Un travail, une peine inutile. Un serviteur inutile. Un homme inutile à l' État. Faire des pas inutiles. Démarche inutile. Voilà bien des paroles inutiles. Soins inutiles. Précautions inutiles. Efforts inutiles. Souhaits inutiles. Regrets inutiles. Il est inutile de vous affliger ainsi. Sa protection me devient inutile.

Il signifie quelquefois, Dont on ne se sert pas. Un meuble inutile.

Laisser quelqu' un inutile, Ne pas employer ses talents. C' est un homme qu' il ne faut pas laisser inutile.

INUTILEMENT. adv.

INUTILEMENT. adv. Sans utilité, en vain. Il a travaillé inutilement. Se fatiguer, se tourmenter inutilement. Ce serait inutilement que vous feriez cette démarche.

INUTILITÉ. s. f.

INUTILITÉ. s. f. Manque d' utilité. On a reconnu l' inutilité de cette machine. Il s' est aperçu de l' inutilité de ses visites. Il s' est retiré, voyant l' inutilité de ses soins, de ses peines.

Il signifie aussi, Défaut d' emploi, ou d' occasion de servir. C' est un homme qu' on laisse dans l' inutilité.

Il signifie encore, Chose inutile, chose superflue; et, dans ce sens, il ne s' emploie guère qu' au pluriel. Un discours rempli d' inutilités. C' est un homme qui ne dit que des inutilités.

INVAINCU, UE. adj.

INVAINCU, UE. adj. Qui n' a jamais été vaincu. Il ne s' emploie guère qu' en poésie et dans le style soutenu.

INVALIDE. adj. des deux genres

INVALIDE. adj. des deux genres Infirme, qui ne saurait travailler ni gagner sa vie. Les mendiants, tant valides qu' invalides.

Il se dit, particulièrement, Des gens de guerre que l' âge ou leurs blessures ont rendus incapables de servir. Les officiers, les soldats invalides.

Il est quelquefois substantif. C' est un invalide. L' hôtel des Invalides.

Il se dit souvent au pluriel de L' hôtel des Invalides. Aller aux Invalides.

INVALIDE

INVALIDE signifie aussi figurément, Qui n' a point les conditions requises par les lois pour produire son effet. Acte invalide. Cette donation est nulle et invalide. Ce qui rend le mariage invalide, c' est le défaut d' une condition essentielle.

INVALIDEMENT. adv.

INVALIDEMENT. adv. D' une manière invalide, nulle, sans force, sans effet. Un prêtre suspens consacre illicitement, mais non pas invalidement. Un homme interdit ne peut contracter qu' invalidement.

INVALIDER. v. a.

INVALIDER. v. a. T. de Jurispr. Rendre nul; déclarer, rendre invalide. Son second testament a invalidé le premier. Le mariage d' un tel a invalidé la donation qu' il avait faite. Le défaut de cette formalité a invalidé l' acte. Qu' avez-vous à dire pour invalider cet acte? c' est-à-dire, Pour prouver qu' il est invalide, de nul effet, etc.

INVALIDÉ, ÉE. participe

INVALIDÉ, ÉE. participe

INVALIDITÉ. s. f.

INVALIDITÉ. s. f. T. de Jurispr. Manque de validité. Il démontra l' invalidité de la procédure. L' invalidité d' un contrat, d' un titre. L' invalidité d' un mariage.

INVARIABILITÉ. s. f.

INVARIABILITÉ. s. f. Qualité de ce qui est invariable. L' invariabilité de ses principes.

INVARIABLE. adj. des deux genres

INVARIABLE. adj. des deux genres Qui ne change point. Le cours invariable des astres. L' ordre invariable des saisons. Être invariable dans ses principes, dans ses promesses, dans ses résolutions. Ma détermination est invariable. Règle invariable.

Il se dit particulièrement, en Grammaire, Des mots dont la terminaison n' éprouve jamais de changement. Les adverbes sont des mots invariables. Particule invariable.

INVARIABLEMENT. adv.

INVARIABLEMENT. adv. D' une manière invariable. Il est invariablement attaché à son devoir.

INVASION. s. f.

INVASION. s. f. Irruption faite dans le dessein de piller un pays, ou de s' en emparer. L' invasion de la Chine par les Tartares. Grande, subite invasion. De fréquentes invasions. Faire une invasion. Les Tartares firent une invasion dans la Pologne. Guerre d' invasion.

Il se dit quelquefois figurément. L' invasion des fausses doctrines. L' invasion du mauvais goût.

Il se dit aussi, en Médecine, Du début de la maladie, des symptômes par lesquels elle se déclare. L' invasion de la maladie. L' invasion de la variole est accompagnée de nausées, de lassitudes, etc.

INVECTIVE. s. f.

INVECTIVE. s. f. Discours amer et violent, expression injurieuse contre quelque personne ou contre quelque chose. Sanglante, longue, furieuse invective. Se répandre en invectives, vomir des invectives contre quelqu' un. Un plaidoyer plein d' invectives. Il s' emporte toujours en invectives, à des invectives. Il se jette dans l' invective. Les invectives ne sont permises que contre le vice.

INVECTIVER. v. n.

INVECTIVER. v. n. Dire des invectives. Invectiver contre le vice, contre quelqu' un.

INVENDABLE. adj. des deux genres

INVENDABLE. adj. des deux genres Qu' on ne peut vendre. Cette terre est invendable. Ces marchandises sont invendables.

INVENDU, UE. adj.

INVENDU, UE. adj. Qui n' a pas été vendu. Ces étoffes sont restées invendues. Marchandises invendues.

INVENTAIRE. s. m.

INVENTAIRE. s. m. T. de Jurisprudence, de Commerce, etc. Rôle, mémoire, état, catalogue dans lequel sont énumérés et décrits, article par article, les biens, meubles, titres, papiers d' une personne, d' une maison. Faire, dresser l' inventaire des biens, des meubles, des marchandises de quelqu' un. Faire l' inventaire d' une succession. Faire l' inventaire d' un magasin. Faire inventaire. Les notaires seuls ont droit de faire les inventaires après décès. Mettre, coucher dans l' inventaire, sur l' inventaire. Il a assisté, on l' a appelé à l' inventaire. Cette femme s' est remariée sans faire inventaire. Il faut représenter l' inventaire en justice. Remplir un inventaire. Clore un inventaire. Récolement d' un inventaire.

Bénéfice d' inventaire, La faculté accordée à un héritier de ne payer les dettes de la succession que jusqu' à concurrence de ce qui est porté dans l' inventaire. Héritier sous bénéfice d' inventaire. Renoncer au bénéfice d' inventaire.

En termes de Pratique ancienne, Inventaire de production, se disait de L' état contenant l' énumération et la description des pièces produites dans un procès, et les conclusions de la partie qui les produisait. Faire l' inventaire des pièces. Fournir l' inventaire.

INVENTAIRE

INVENTAIRE signifie quelquefois, par extension, Une vente de meubles inventoriés par un officier ministériel. Il y a un inventaire sur telle place publique, dans cette maison-là. J' ai acheté cela à un inventaire. Ce sens vieillit: on dit, Encan.

INVENTER. v. a.

INVENTER. v. a. Trouver quelque chose de nouveau, d' ingénieux, par la force de son esprit, de son imagination. Inventer un art, une science. Inventer un système, une machine, un procédé. Inventer un moyen, un expédient. Celui qui a invente la poudre à canon, qui a inventé l' imprimerie. Il a inventé cet instrument. Inventer une mode, un jeu. Il l' a inventé le premier. Cela est bien inventé, heureusement inventé. Cela n' a pas été inventé tout d' un coup. Ce poëte invente bien. Inventer une malice.

Il signifie aussi, Supposer, controuver. C' est un menteur, il a inventé cela. Ce fait est inventé. Inventer une fausseté, une calomnie. Il a inventé cette histoire, ce conte.

Prov. et fig., Il n' a pas inventé la poudre, se dit D' un homme sans esprit.

INVENTÉ, ÉE. participe

INVENTÉ, ÉE. participe

INVENTEUR, TRICE. s.

INVENTEUR, TRICE. s. Celui, celle qui a inventé. Le premier inventeur. L' inventeur de l' art d' écrire, de l' imprimerie, etc. C' est lui qui en est l' inventeur. Accorder un brevet à l' inventeur d' une machine, d' un procédé. Il est l' inventeur de cette mode. Inventeur de nouveaux mots. Il est l' inventeur de cette calomnie, de cette fable, de cette ruse. Les poëtes ont regardé cérès comme l' inventrice du labourage.

INVENTIF, IVE. adj.

INVENTIF, IVE. adj. Qui a le génie, le talent d' inventer. Homme inventif. Esprit inventif. Une imagination inventive.

INVENTION. s. f.

INVENTION. s. f. Faculté d' inventer, disposition de l' esprit à inventer. Ce poëte, ce peintre n' a point d' invention. Cet homme est plein d' invention.

Il se prend aussi pour L' action d' inventer, ou pour La chose inventée. Depuis l' invention de l' imprimerie. L' invention de là boussole. L' invention du baromètre est due à Pascal. Voilà une belle invention. Il est fertile en inventions. Cela est de son invention. Une heureuse invention. Invention diabolique. Des inventions ingénieuses. Damnable, malheureuse invention. La nécessité est la mère de l' invention.

Il signifie particulièrement, en Rhétorique, La recherche et le choix des arguments que l' on doit employer, des idées que le sujet fournit, dont on peut faire usage. Il nous reste deux livres des quatre que Cicéron avait écrits sur l' invention.

Brevet d' invention, Brevet que le gouvernement délivre à un inventeur, à l' auteur d' une nouvelle découverte, pour lui en assurer la propriété et l' exploitation exclusive, pendant un certain nombre d' années. Par brevet d' invention.

INVENTION

INVENTION se dit encore de La découverte de certaines reliques; et, par extension, de La fête que l' Église célèbre en mémoire de cette découverte. L' invention de la sainte croix, etc. L' invention des corps de saint Gervais et de saint Protais.

INVENTORIER. v. a.

INVENTORIER. v. a. Dresser l' inventaire de certaines choses, ou Mettre dans un inventaire. Inventorier les meubles d' une maison. On a inventorié ces livres. Inventorier les pièces d' un procès. On n' a pas inventorié cette pièce.

INVENTORIÉ, ÉE. participe

INVENTORIÉ, ÉE. participe

INVERSABLE. adj. des deux genres

INVERSABLE. adj. des deux genres Qui ne peut verser. On a fait plusieurs mémoires sur la construction des voitures inversables.

INVERSE. adj. des deux genres

INVERSE. adj. des deux genres Opposé, renversé, par rapport à l' ordre, au sens, à la direction actuelle ou naturelle des choses. L' arrangement de ces objets ne me plaisait pas, je les ai disposés dans un ordre inverse, dans l' ordre inverse. Tourner en sens inverse. Dans le sens inverse. Les objets sont réfléchis dans l' eau en sens inverse. Prendre la direction inverse.

Substantiv., Faire l' inverse, Reprendre une opération, une action accomplie, mais dans l' ordre, dans le sens, dans la direction inverse. Faites l' inverse de ce que vous avez fait. Il signifie aussi, familièrement, Faire le contraire de ce qu' on attendait, de ce qui était prescrit. J' ai cru qu' il traiterait cette affaire avant l' autre, il a fait l' inverse. Je lui avais dit de placer cela de telle manière, il a fait l' inverse.

INVERSE

INVERSE se dit particulièrement, en Logique et en Mathématique, D' une proposition, d' un théorème, d' un problème dont les termes sont dans un ordre inverse par rapport à ceux d' une autre proposition, etc. Dans la proposition inverse, l' attribut de la proposition directe est mis à la place du sujet. Trois est à six comme six est à douze, est la proportion inverse de, Six est à trois comme douze est à six. On l' emploie quelquefois substantivement, au féminin. Tous les fous sont méchants, est l' inverse de, Tous les méchants sont fous. L' inverse d' une proportion est toujours aussi exactement vraie que la proportion même.

Il se dit également, en Physique, pour exprimer L' état actuel ou la loi de variation d' une chose qui augmente ou qui diminue, à mesure qu' une autre dont elle dépendait, qui lui est comparée, diminue ou augmente. L' intensité de la lumière est en raison inverse des carrés de la distance du corps lumineux, c' est-à-dire qu' elle diminue dans le même rapport que ces carrés croissent.

INVERSION. s. f.

INVERSION. s. f. T. de Gram. Transposition, changement de l' ordre dans lequel les mots sont ordinairement rangés dans le discours. Inversion élégante, heureuse, poétique. Inversion trop hardie, bizarre, forcée. Les inversions sont rarement permises en français, si ce n' est dans la poésie. Il y a de trop fréquentes inversions dans ce discours.

INVERSION

INVERSION dans la Théorie militaire, Formation en bataille par les principes contraires aux principes généraux.

INVERTÉBRÉ, ÉE. adj.

INVERTÉBRÉ, ÉE. adj. T. d' Hist. nat. Il se dit Des animaux qui n' ont point de colonne vertébrale, tels que les insectes, les mollusques, les vers, etc. Les animaux invertébrés.

Il s' emploie aussi comme substantif, au masculin. La classe des invertébrés.

INVESTIGATEUR, TRICE. s.

INVESTIGATEUR, TRICE. s. Celui, celle qui fait des recherches suivies sur quelque objet. Investigateur des secrets de la nature.

Il s' emploie aussi comme adjectif; et alors il se dit De toute sorte d' examen, de recherche faite avec ardeur et persévérance. Un génie investigateur. Des regards investigateurs. Une curiosité investigatrice.

INVESTIGATION. s. f.

INVESTIGATION. s. f. Recherche suivie sur quelque objet. L' investigation de la vérité. Cette longue investigation ne produisit aucun résultat. Poursuivre son investigation, ses investigations. De savantes investigations.

En Gram., L' investigation du thème, La recherche analytique du radical d' un verbe.

INVESTIR. v. a.

INVESTIR. v. a. Donner ou ratifier, avec de certaines formalités, avec de certaines cérémonies, le titre d' un fief ou d' une dignité ecclésiastique et la faculté de le posséder. L' Empereur l' avait investi de cet électorat, de ce duché. Autrefois les princes investissaient les évêques en leur donnant la crosse et l' anneau.

Il signifie, par extension, Revêtir, mettre en possession d' un pouvoir, d' une autorité quelconque. Il fut investi de la souveraine puissance. Il l' investit de toute l' autorité nécessaire pour faire exécuter ces mesures. Le droit dont il est investi.

INVESTIR

INVESTIR signifie aussi, Cerner, entourer avec des troupes une citadelle, une place de guerre, etc.; environner de gardes une maison, de manière à empêcher l' entrée et la sortie. Il investit la place avec dix mille hommes. On investit l' armée ennemie dans son camp. Les gendarmes investirent la maison où il s' était réfugié.

INVESTI, IE. participe

INVESTI, IE. participe

INVESTISSEMENT. s. m.

INVESTISSEMENT. s. m. Action d' investir une place, une ville, etc. L' investissement de la place a été fait promptement, à propos, etc.

INVESTITURE. s. f.

INVESTITURE. s. f. Acte par lequel on investit quelqu' un d' un fief, ou d' une dignité ecclésiastique. Donner l' investiture d' un fief, d' un évêché. Lettres d' investiture. La querelle des investitures entre le saint-siége et l' Empire.

INVÉTÉRER (S' ). v. pron.

INVÉTÉRER (S' ). v. pron. Devenir ancien. Il ne se dit que Des maladies, des mauvaises coutumes, des préjugés, des haines, etc., qui persistent, que l' on garde longtemps. Le mal s' est tellement invétéré, qu' on ne peut le guérir. Lorsqu' une telle habitude s' invétère. Quand il est précédé immédiatement du verbe Laisser, on sous-entend presque toujours le pronom. Le mal qu' on laisse invétérer est plus difficile à guérir. Une mauvaise coutume, une mauvaise habitude qu' on a laissée invétérer. Il ne faut pas laisser la maladie s' invétérer. Il ne faut pas laisser invétérer les maladies.

INVÉTÉRÉ, ÉE. participe

INVÉTÉRÉ, ÉE. participe Cette maladie est si fort invétérée, qu' elle est devenue incurable. Un mal invétéré. Une habitude invétérée. Une haine invétérée.

INVINCIBLE. adj. des deux genres

INVINCIBLE. adj. des deux genres Qu' on ne saurait vaincre. Ce prince est invincible. Une armée invincible. Un courage invincible.

Il se dit figurément De ce qu' on ne peut surmonter, faire céder, et De ce qui est irrésistible, plus fort que la volonté. Obstacle invincible. Opiniâtreté invincible. Ascendant invincible. Dégoût invincible. Attrait invincible.

Argument invincible, raison invincible, raisonnement invincible, Argument, raison, raisonnement auquel il n' y a point de bonne réplique.

Ignorance invincible, L' ignorance des choses dont il est impossible qu' une personne ait eu connaissance.

INVINCIBLEMENT. adv.

INVINCIBLEMENT. adv. D' une manière invincible. Ce fait prouve invinciblement ce que j' avance.

INVIOLABILITÉ. s. f.

INVIOLABILITÉ. s. f. Qualité de ce qui est inviolable. L' inviolabilité du monarque. L' inviolabilité des ambassadeurs. L' inviolabilité des serments, du droit des gens. L' inviolabilité d' un asile.

INVIOLABLE. adj. des deux genres

INVIOLABLE. adj. des deux genres Qu' on ne doit jamais violer, auquel on ne doit jamais attenter. La personne du roi est inviolable. Les serments doivent être inviolables. Le droit des gens est un droit inviolable. Un asile inviolable. Les droits de l' amitié sont inviolables. Il lui a juré une fidélité inviolable.

Il signifie aussi, Qu' on ne viole point, qu' on n' enfreint jamais. C' est une coutume, c' est une loi inviolable parmi ces peuples. C' est un homme dont la parole est inviolable.

INVIOLABLEMENT. adv.

INVIOLABLEMENT. adv. D' une manière inviolable. Ce qu' il a une fois promis, il le tient inviolablement.

INVISIBILITÉ. s. f.

INVISIBILITÉ. s. f. État de ce qui est invisible. L' invisibilité des atomes. L' invisibilité des esprits.

INVISIBLE. adj. des deux genres

INVISIBLE. adj. des deux genres Qu' on ne peut voir, qui échappe à la vue par sa nature, par sa petitesse, par sa position, ou seulement à cause de la distance. Les anges, les esprits, les âmes sont invisibles. Dieu est le créateur des choses visibles et invisibles. Des atomes invisibles. Invisible à l' oeil nu. La distance rend ces étoiles presque invisibles à nos yeux, presque invisibles. Cette partie de la lune reste toujours invisible pour nous. Mû par des ressorts invisibles.

Il signifie au figuré, Qui ne se laisse point voir, qui se cache, ou que l' on ne saurait trouver. Il affectait de se rendre invisible pour mieux imprimer le respect, la crainte à ses sujets. C' est vainement que je sollicitais une audience, le ministre était invisible pour moi. Cet homme est invisible, on ne le trouve jamais chez lui.

Devenir invisible, Disparaître subitement, sans que personne s' en aperçoive. Il était là tout à l' heure, il est devenu invisible. Cela se dit aussi Des choses qu' on vient de voir, de toucher, et qu' on ne peut plus retrouver. Je tenais cette montre dans mes mains, elle était tout à l' heure sur cette table, elle est devenue invisible.

INVISIBLEMENT. adv.

INVISIBLEMENT. adv. D' une manière invisible. Le corps de Notre-Seigneur JÉSUS-CHRIST est réellement, quoique invisiblement, sous les espèces sacramentelles.

INVITATION. s. f.

INVITATION. s. f. Action d' inviter. Invitation à un festin, à un bal, à une noce. Recevoir, accepter une invitation. Se rendre à une invitation. On a fait les invitations aux corps constitués pour assister à cette cérémonie. Il a reçu l' invitation de se rendre à tel endroit. C' est sur votre invitation que je suis venu. Invitation pressante. Lettre, billet d' invitation.

INVITATOIRE. s. m.

INVITATOIRE. s. m. Il se dit, dans la Liturgie catholique, de L' antienne qui se chante avec le Venite exultemus. L' invitatoire du dimanche. L' invitatoire du commun des apôtres.

INVITER. v. a.

INVITER. v. a. Convier, prier de se trouver, de se rendre quelque part, d' assister à. Inviter à dîner. Inviter aux noces de quelqu' un. Il ne se trouva pas à l' assemblée, parce qu' on ne l' avait pas invité. Vous êtes invité à vous rendre à tel endroit.

Il signifie, dans une acception plus générale, Engager, exciter à quelque chose, porter à. je vous invite à vous tranquilliser, à vous calmer. On l' invite à s' expliquer, il persiste à se taire.

Il se dit figurément Des choses. Le beau temps nous invite à la promenade. La raison, le devoir, l' honneur, vous invitent à faire cette démarche.

Il s' emploie aussi avec le pronom personnel, et se dit, familièrement, D' une personne qui vient d' elle-même quelque part, sans y avoir été conviée. C' est lui-même qui s' est invité.

Il s' emploie également comme verbe réciproque. Ils s' invitent tour à tour à de petites réunions de famille.

INVITÉ, ÉE. participe

INVITÉ, ÉE. participe Les personnes invitées.

Il se dit quelquefois substantivement. Quel est le nombre des invités?

INVOCATION. s. f.

INVOCATION. s. f. Action d' invoquer. Invocation à Dieu, à la Divinité. Après l' invocation du Saint-Esprit. L' invocation des saints. L' invocation des démons, des esprits malins. Le magicien fit ses invocations.

Cette église, cette chapelle est consacrée sous l' invocation, est sous l' invocation de la sainte Vierge, de tel saint, Est dédiée à la sainte Vierge, etc.

INVOCATION

INVOCATION se dit particulièrement, en poésie, de La prière que le poëte adresse à une Muse, à un génie, à quelque divinité, pour lui demander son secours. L' invocation est propre au poëme épique. Une belle invocation. Invocation à la Muse de l' histoire, à la Vérité.

INVOLONTAIRE. adj. des deux genres

INVOLONTAIRE. adj. des deux genres Qui se fait sans le concours, sans le consentement de la volonté. Toutes les actions vitales sont involontaires. Acte involontaire. Mouvements involontaires.

INVOLONTAIREMENT. adv.

INVOLONTAIREMENT. adv. Sans le vouloir. Il a fait cela involontairement.

INVOLUCRE. s. m.

INVOLUCRE. s. m. T. de Botan. Assemblage de bractées ou de feuilles florales qui entourent la base commune de plusieurs pédoncules, ou qui enveloppent plusieurs fleurs comme une sorte de calice.

INVOLUTION. s. f.

INVOLUTION. s. f. T. de Palais. Assemblage d' embarras, de difficultés. Involution de procès, de procédures.

INVOQUER. v. a.

INVOQUER. v. a. Appeler à son secours, à son aide. Il se dit surtout en parlant De la Divinité, ou de quelque autre puissance surnaturelle. Invoquer Dieu à son aide. Invoquer la Divinité. Invoquer le Saint-Esprit. Invoquer les saints. Invoquer les démons. Les poëtes invoquent souvent Apollon, les Muses et les autres divinités de la Fable. On dit dans un sens analogue: Invoquer le secours, l' aide, etc., de quelqu' un. Invoquer la clémence du roi.

En termes de l' Écriture sainte, Invoquer le nom de Dieu, du Seigneur, L' adorer et faire un acte de religion. Énos commença d' invoquer le nom du Seigneur.

INVOQUER

INVOQUER signifie aussi, figurément, Citer en sa faveur, en appeler à. Invoquer une loi, un témoignage, une autorité. Invoquer le droit commun.

INVOQUÉ, ÉE. participe

INVOQUÉ, ÉE. participe

INVRAISEMBLABLE. adj. des deux genres

INVRAISEMBLABLE. adj. des deux genres (S se prononce fortement dans ce mot et dans le suivant.) Qui n' est pas vraisemblable. Ce fait est invraisemblable.

INVRAISEMBLANCE. s. f.

INVRAISEMBLANCE. s. f. Défaut de vraisemblance. L' invraisemblance de ce fait, de ce récit.

Il se dit aussi Des choses invraisemblables que contient une pièce de théâtre, un roman, etc. Cette tragédie est pleine d' invraisemblances. Une invraisemblance choquante.

INVULNÉRABLE. adj. des deux genres

INVULNÉRABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être blessé. La Fable a dit qu' Achille était invulnérable, excepté au talon.

Il se dit aussi figurément. Être invulnérable aux traits de la médisance.

IODE. s. m.

IODE. s. m. T. de Chimie. Substance simple, lamelleuse, d' un gris bleuâtre et d' un éclat métallique, volatile à une température un peu élevée, et qui, lorsqu' on la chauffe, répand une vapeur violette. Teinture d' iode. L' iode est employé avec succès contre les goîtres. L' iode se trouve dans les eaux mères des salines, uni au potassium.

IONIEN, IENNE. adj.

IONIEN, IENNE. adj. On ne le met point ici comme nom de nation, mais seulement parce qu' il est quelquefois synonyme d' Ionique. Mode ionien. Vers ionien. Le dialecte ionien, ou substantivement, L' ionien.

IONIQUE. adj. des deux genres

IONIQUE. adj. des deux genres Qui appartient, qui est particulier à l' ancienne Ionie; ou Qui est imité des Ioniens. Le dialecte ionique. Le mode ionique. La secte ionique ou de Thalès. Le vers ionique ou ionien est un vers latin composé de trois mesures, dont chacune est de deux brèves et de deux longues. Le vers ionique est employé dans la douzième ode du troisième livre d' Horace. L' ordre ionique est le troisième des cinq ordres d' architecture. Colonne ionique. Corniche ionique.

IOTA. s. m.

IOTA. s. m. La neuvième lettre de l' alphabet grec, et dont la figure est la plus simple de toutes. Ce mot n' est mis ici qu' à cause de son emploi figuré dans certaines phrases familières, où il signifie, Pas la moindre chose, rien. Voilà un ouvrage parfait, il n' y manque pas un iota. Il n' y a pas un seul iota à retrancher. Je n' oublierai pas un seul iota. Je copie textuellement et sans changer un iota. C' est un homme si exact, qu' il n' omet pas le moindre iota.

IOTACISME. s. m.

IOTACISME. s. m. T. de Gram. Emploi fréquent du son i dans les mots d' une langue. On reproche l' iotacisme à la langue grecque moderne.

IPÉCACUANA. s. m.

IPÉCACUANA. s. m. T. de Botan. et de Pharm. Nom d' une petite racine brune ou grise, noueuse, inodore, d' une saveur âcre et nauséabonde, qui nous est apportée d' Amérique, et qu' on emploie en médecine. L' ipécacuana est un vomitif plus doux que l' émétique. L' ipécacuana brun est le plus estimé. Prendre de l' ipécacuana. Pastilles d' ipécacuana.

IPSO FACTO

IPSO FACTO Expression adverbiale empruntée du latin, qui se dit De tout ce qui suit infailliblement et immédiatement de quelque fait. On l' emploie surtout en parlant D' une excommunication encourue par le seul fait. Celui qui frappe un prêtre, est excommunié ipso facto.

IRASCIBLE. adj. des deux genres

IRASCIBLE. adj. des deux genres Qui s' emporte facilement, qui est prompt à se mettre en colère. C' est un homme fort irascible. On dit de même, Caractère, tempérament irascible.

IRASCIBLE

IRASCIBLE est aussi un terme de Philosophie scolastique, qui ne s' emploie guère que dans ces locutions, L' appétit irascible, la partie irascible, la faculté irascible, La faculté par laquelle l' âme se porte à surmonter les difficultés qu' elle rencontre dans la poursuite du bien ou dans la fuite du mal.

IRATO (AB) Locution

IRATO (AB) Locution latine qui signifie, Par un homme en colère. Testament ab irato. Une satire écrite ab irato.

IRE. s. f.

IRE. s. f. Courroux, colère. Il est vieux, et n' est plus usité que dans la poésie familière.

IRIS. s. m.

IRIS. s. m. (On prononce l' S.) Météore qu' on appelle vulgairement l' Arc-en-ciel. Les couleurs de l' iris. L' iris se forme dans les gouttes de pluie par les rayons da soleil rompus et réfléchis.

Il se dit, par extension, Des couleurs qui paraissent autour des objets quand on les regarde avec une lunette. Cette lorgnette est mauvaise, elle produit un iris très-marqué.

Pierre d' iris, ou simplement Iris, Pierre dans laquelle on voit les couleurs de l' arc-en-ciel.

IRIS

IRIS en termes d' Anatomie, se dit de Cette partie colorée de l' oeil, qui environne la prunelle, et qui présente quelquefois des nuances circulaires et concentriques. Les yeux bleus, les yeux noirs, sont ceux dont l' iris est bleu, est noir.

IRIS

IRIS en termes de Botanique, se dit d' Un genre fort nombreux de plantes monocotylédones, parmi lesquelles on remarque: l' Iris d' Allemagne, cultivé dans les jardins à cause de ses belles fleurs bleues; l' Iris des marais, dont la fleur est jaune, et qui croît en France dans presque tous les lieux aquatiques; et l' Iris de Florence, dont la racine sert pour faire les pois à cautère appelés Pois d' iris.

Vert d' iris, ou simplement Iris, Couleur qui sert pour la miniature et pour la gouache, et qui est faite avec de la chaux et des pétales d' iris d' Allemagne.

Poudre d' iris, ou simplement Iris, Poudre de senteur faite de la racine d' iris.

IRISÉ, ÉE. adj.

IRISÉ, ÉE. adj. T. d' Hist. nat. Qui présente les couleurs de l' arc-en-ciel. Pierre irisée.

IRONIE. s. f.

IRONIE. s. f. Figure de rhétorique, par laquelle on dit le contraire de ce qu' on veut faire entendre. Ce compliment n' est qu' une ironie. L' ironie était la figure favorite de Socrate. Il dit cela par ironie. Ironie fine. Ironie amère, cruelle.

IRONIQUE. adj. des deux genres

IRONIQUE. adj. des deux genres Où il y a de l' ironie. Il dit cela d' un ton ironique. Discours ironique.

IRONIQUEMENT. adv.

IRONIQUEMENT. adv. D' une manière ironique, par ironie. Il a dit cela ironiquement.

IROQUOIS. s. m.

IROQUOIS. s. m. On ne met pas ici ce mot comme nom de nation, mais parce qu' il se dit quelquefois, figurément et familièrement, pour désigner Une personne dont les actions et la conduite sont bizarres, contraires au bon sens ou aux usages. C' est un Iroquois. Quel Iroquois!

IRRACHETABLE. adj. des deux genres

IRRACHETABLE. adj. des deux genres (Dans ce mot et dans les suivants, on prononce les deux R.) Qu' on ne peut racheter. Des rentes irrachetables.

IRRADIATION. s. f.

IRRADIATION. s. f. T. didactique. Émission des rayons d' un corps lumineux. Il se dit proprement de L' espèce d' effusion que l' on suppose opérée dans les images des corps lumineux, et par laquelle leur diamètre apparent se trouve agrandi au delà de la réalité.

Il se dit aussi de Tout mouvement qui se fait de l' intérieur à l' extérieur, dans un corps organisé.

IRRADIER. v. n.

IRRADIER. v. n. T. de Physique et de Médec. Diverger, se développer, s' étendre de l' intérieur à l' extérieur, ou d' un point quelconque vers les parties environnantes. Il est peu usité.

IRRAISONNABLE. adj. des deux genres

IRRAISONNABLE. adj. des deux genres Qui n' est pas doué de raison. Animal irraisonnable. Il ne s' emploie guère que dans le langage didactique.

IRRATIONNEL, ELLE. adj.

IRRATIONNEL, ELLE. adj. T. de Géom. Il se dit Des quantités qui n' ont aucune commune mesure avec l' unité, c' est-à-dire, qui ne peuvent être représentées ni par des nombres entiers, ni par des fractions. Nombre irrationnel. Quantité irrationnelle.

IRRÉCONCILIABLE. adj. des deux genres

IRRÉCONCILIABLE. adj. des deux genres Qu' on ne peut réconcilier. Ce sont des ennemis irréconciliables. Haine irréconciliable. Une inimitié irréconciliable.

IRRÉCONCILIABLEMENT. adv.

IRRÉCONCILIABLEMENT. adv. D' une manière irréconciliable. Ils ont rompu irréconciliablement. Ils sont brouillés irréconciliablement.

IRRÉCUSABLE. adj. des deux genres

IRRÉCUSABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être récusé. Un juge irrécusable. Des témoins irrécusables. Des témoignages irrécusables.

IRRÉDUCTIBILITÉ. s. f.

IRRÉDUCTIBILITÉ. s. f. T. didactique. Qualité de ce qui est irréductible. L' irréductibilité d' une équation.

IRRÉDUCTIBLE. adj. des deux genres

IRRÉDUCTIBLE. adj. des deux genres T. de Chimie. Il se dit D' un oxyde métallique qu' on ne peut ramener à l' état de métal.

Il se dit aussi, en Chirurgie, Des luxations, des fractures, des hernies qui ne peuvent être réduites. Luxation, fracture, hernie irréductible.

Il se dit, en Algèbre, De ce qui ne peut être réduit sous une autre forme plus simple. Dans ce sens, on l' applique particulièrement Aux équations qui ne peuvent être abaissées à un moindre degré que celui sous lequel elles se présentent; et, plus particulièrement encore, Au cas où une équation cubique a trois racines réelles, toutes trois inégales, et se présentant sous une forme imaginaire. Le cas irréductible du troisième degré. Ce cas est ainsi appelé, quoiqu' on n' en puisse pas démontrer l' irréductibilité.

IRRÉFLÉCHI, IE. adj.

IRRÉFLÉCHI, IE. adj. Qui n' est pas réfléchi, qui est dit ou fait sans réflexion. Un propos irréfléchi. Des actions irréfléchies.

IRRÉFLEXION. s. f.

IRRÉFLEXION. s. f. Défaut, manque de réflexion. L' irréflexion est un défaut des esprits légers. Cette bévue lui est échappée dans un moment d' irréflexion.

IRRÉFORMABLE. adj. des deux genres

IRRÉFORMABLE. adj. des deux genres T. de Palais. Qui ne peut être réformé. Jugement irréformable.

IRRÉFRAGABLE. adj. des deux genres

IRRÉFRAGABLE. adj. des deux genres Qu' on ne peut contredire, qu' on ne peut récuser. Docteur irréfragable. Une autorité irréfragable. Un témoignage irréfragable. Il n' est guère usité que dans l' École.

IRRÉGULARITÉ. s. f.

IRRÉGULARITÉ. s. f. Manque de régularité. L' irrégularité d' un bâtiment. L' irrégularité d' un poëme. L' irrégularité des traits du visage. L' irrégularité du pouls. L' irrégularité des saisons. Considérez un peu l' irrégularité de sa conduite. L' irrégularité d' un procédé.

Il signifie aussi, L' état où est un clerc, un prêtre irrégulier. Tomber dans l' irrégularité. Encourir l' irrégularité.

IRRÉGULIER, IÈRE. adj.

IRRÉGULIER, IÈRE. adj. Qui n' est point selon les règles, qui ne suit point les règles. Ce bâtiment est irrégulier. Fortification irrégulière. Poëme irrégulier. Nom, verbe irrégulier. Avoir des traits irréguliers. Procédé irrégulier. Conduite irrégulière.

Il se dit également De ce qui n' est pas symétrique ou uniforme. Un corps de forme, de figure irrégulière. Un corps irrégulier. Le tout offre un ensemble fort irrégulier. La disposition en est fort irrégulière. Pouls irrégulier. Mouvement irrégulier. Marche irrégulière.

Vers irréguliers ou libres, Ceux où l' on ne s' assujettit point à une marche régulière, soit pour la mesure des vers, soit pour la disposition des rimes. Conte en vers irréguliers. Idylle en vers irréguliers.

En Botan., Fleur, corolle irrégulière, Celle dont les divisions ou les pétales ne sont point semblables. La fleur, la corolle de la capucine est irrégulière.

IRRÉGULIER

IRRÉGULIER signifie quelquefois, au sens moral, Qui ne sait ou qui ne peut s' assujettir aux règles. Esprit irrégulier. Génie irrégulier.

Il se dit, en termes de Droit canon, De celui qui, après avoir reçu les ordres ecclésiastiques, devient incapable d' en exercer les fonctions, pour avoir encouru les censures. Ce prêtre est devenu irrégulier pour un meurtre qu' il a commis.

IRRÉGULIÈREMENT. adv.

IRRÉGULIÈREMENT. adv. D' une façon irrégulière. Cela est bâti fort irrégulièrement.

IRRÉLIGIEUSEMENT. adv.

IRRÉLIGIEUSEMENT. adv. Avec irréligion. Vivre irréligieusement. Il se comporte dans l' église fort irréligieusement.

IRRÉLIGIEUX, EUSE. adj.

IRRÉLIGIEUX, EUSE. adj. Qui ne respecte pas la religion, qui l' offense par sa conduite, par ses discours, par ses écrits. Cet homme est bien irréligieux. Un écrivain irréligieux.

Il se dit plus ordinairement Des choses qui blessent le respect dû à la religion. Sentiments, discours irréligieux. Acte irréligieux.

IRRÉLIGION. s. f.

IRRÉLIGION. s. f. Manque de religion. On l' accuse d' irréligion. La débauche, les mauvaises compagnies, l' ont jeté dans l' irréligion. Entretenir l' esprit d' irréligion.

IRRÉMÉDIABLE. adj. des deux genres

IRRÉMÉDIABLE. adj. des deux genres À quoi on ne peut remédier. C' est un mal irrémédiable.

Il se dit aussi figurément. Une faute irrémédiable. La calomnie cause des maux irrémédiables.

IRRÉMISSIBLE. adj. des deux genres

IRRÉMISSIBLE. adj. des deux genres Qui n' est pas pardonnable, qui ne mérite point de pardon, de rémission. Faute irrémissible. Crime irrémissible. Le case est irrémissible.

IRRÉMISSIBLEMENT. adv.

IRRÉMISSIBLEMENT. adv. Sans rémission, sans miséricorde. Il sera puni, condamné irrémissiblement.

IRRÉPARABLE. adj. des deux genres

IRRÉPARABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être réparé. La perte du temps est irréparable. C' est une injure irréparable. Il lui a fait un affront irréparable. Un dommage, un tort irréparable. En perdant un tel ami, il a fait une perte irréparable.

IRRÉPARABLEMENT. adv.

IRRÉPARABLEMENT. adv. D' une manière irréparable.

IRRÉPRÉHENSIBLE. adj. des deux genres

IRRÉPRÉHENSIBLE. adj. des deux genres Qu' on ne saurait blâmer, reprendre. Il est irrépréhensible dans ses moeurs, dans ses actions. C' est une action irrépréhensible. Il mène une vie irrépréhensible.

IRRÉPROCHABLE. adj. des deux genres

IRRÉPROCHABLE. adj. des deux genres Qui ne mérite point de reproche, à qui on n' en peut faire aucun. C' est un homme irréprochable. La conduite de cet homme est irréprochable. Sa vie, ses moeurs sont irréprochables.

En termes de Palais, Témoin irréprochable, Témoin contre lequel on ne peut alléguer aucune cause de récusation.

IRRÉPROCHABLEMENT. adv.

IRRÉPROCHABLEMENT. adv. D' une manière irréprochable. Cet homme a toujours vécu irréprochablement. Il est peu usité.

IRRÉSISTIBLE. adj. des deux genres

IRRÉSISTIBLE. adj. des deux genres À quoi on ne peut résister. Charme irrésistible. Un penchant irrésistible m' entraîne. Force irrésistible.

IRRÉSISTIBLEMENT. adv.

IRRÉSISTIBLEMENT. adv. D' une manière irrésistible. Il est entraîné irrésistiblement.

IRRÉSOLU, UE. adj.

IRRÉSOLU, UE. adj. Qui a peine à se résoudre, à se déterminer. Un homme irrésolu. Un caractère, un esprit irrésolu. Il y a trois jours que je suis irrésolu sur cette affaire. Il n' a montré dans cette affaire qu' une âme timide et irrésolue.

IRRÉSOLUMENT. adv.

IRRÉSOLUMENT. adv. D' une manière irrésolue, incertaine.

IRRÉSOLUTION. s. f.

IRRÉSOLUTION. s. f. Incertitude, état de celui qui demeure irrésolu, qui ne prend point de résolution. C' est un état pénible que celui de l' irrésolution, que l' irrésolution. Il est toujours dans l' irrésolution. Il est dans de perpétuelles irrésolutions.

IRRESPECTUEUX, EUSE. adj.

IRRESPECTUEUX, EUSE. adj. Qui manque au respect, ou Qui blesse le respect. Il se montra fort irrespectueux envers son supérieur. Contenance irrespectueuse. Propos irrespectueux.

IRRÉVÉREMMENT. adv.

IRRÉVÉREMMENT. adv. Avec irrévérence. Il est peu usité.

IRRÉVÉRENCE. s. f.

IRRÉVÉRENCE. s. f. Manque de respect, de révérence. Grande, extrême irrévérence. Affecter l' irrévérence.

Il se dit aussi Des actions, des paroles irrévérentes. Quelle irrévérence! Commettre des irrévérences.

IRRÉVÉRENT, ENTE. adj.

IRRÉVÉRENT, ENTE. adj. Qui est contre le respect, contre la révérence qu' on doit. Il ne se dit guère qu' en parlant De religion, et de choses saintes. Être dans une posture irrévérente. Des discours irrévérents, des manières irrévérentes.

IRRÉVOCABILITÉ. s. f.

IRRÉVOCABILITÉ. s. f. Qualité de ce qui est irrévocable. L' irrévocabilité des jugements, des décrets de Dieu.

IRRÉVOCABLE. adj. des deux genres

IRRÉVOCABLE. adj. des deux genres Qui ne peut être révoqué. Serment irrévocable. Loi irrévocable. Donation irrévocable. Arrêt irrévocable. Les décrets de Dieu sont irrévocables.

IRRÉVOCABLEMENT. adv.

IRRÉVOCABLEMENT. adv. D' une manière irrévocable. Cela a été décidé irrévocablement.

IRRIGATION. s. f.

IRRIGATION. s. f. Arrosement des prés, des terres, par des rigoles ou saignées qui amènent l' eau d' une rivière, d' un ruisseau, etc. Canaux d' irrigation.

IRRITABILITÉ. s. f.

IRRITABILITÉ. s. f. Qualité de ce qui est irritable. L' irritabilité des fibres, des muscles. L' irritabilité du genre nerveux. Il est d' une grande irritabilité. L' irritabilité du caractère.

IRRITABLE. adj. des deux genres

IRRITABLE. adj. des deux genres T. de Physiologie. Susceptible d' irritation, de contraction. Les muscles sont irritables.

Il se dit aussi en parlant De la disposition à éprouver très-vivement les impressions qu' on reçoit. Il est d' un tempérament fort irritable. Avoir le genre nerveux irritable.

Il signifie particulièrement, Susceptible, qui se pique, s' irrite facilement. C' est un homme très-irritable, d' un esprit irritable.

IRRITANT, ANTE. adj.

IRRITANT, ANTE. adj. T. de Jurispr. Qui casse, qui annule. Il s' emploie surtout dans cette locution, Condition, clause irritante, Condition, clause tellement essentielle à la validité d' un acte, que l' acte serait nul, si elle n' était pas remplie.

Décret irritant. On appelle ainsi Les clauses, insérées dans les bulles de la cour de Rome, dont l' inexécution fait perdre la grâce et emporte nullité.

IRRITANT, ANTE. adj.

IRRITANT, ANTE. adj. T. de Médec. Il se dit Des médicaments qui déterminent une irritation en quelque partie du corps. Médicaments irritants.

Il s' emploie aussi comme substantif, au masculin. Faire usage des irritants. Le sel est un irritant.

IRRITATION. s. f.

IRRITATION. s. f. Action de ce qui irrite les membranes, les organes, les nerfs, etc.; ou L' état qui résulte de cette action. L' irritation d' une membrane. L' application de ce médicament sur la peau y détermine une irritation très-vive. Le siége d' une irritation. Ses nerfs sont dans une grande irritation. On a dit de même autrefois, L' irritation des humeurs.

Il se dit figurément d' Une agitation, d' une effervescence violente de l' esprit. J' ai tâché d' adoucir l' irritation de son esprit. Calmer l' irritation des esprits.

IRRITER. v. a.

IRRITER. v. a. Mettre en colère. Rien ne m' irrite plus que de pareils discours. N' irritez pas cet homme. Un rien suffit pour l' irriter. On vous a irrité contre moi. Irriter les esprits par des mesures imprudentes. Irriter un lion, un taureau.

Il signifie aussi, figurément, Augmenter, exciter, rendre plus fort, plus violent. Vous irritez sa colère, son courroux, au lieu de chercher à l' apaiser. Les obstacles irritaient son courage. Les sauces irritent l' appétit. Irriter la soif. Cela ne fit qu' irriter sa passion, ses désirs, sa douleur. Irriter la fièvre, la maladie. Son mauvais régime a irrité le mal. Les liqueurs fortes irritent la goutte.

Il se dit, en Médecine, De ce qui détermine de la douleur, de la chaleur et de la tension dans un organe, dans un tissu quelconque. La piqûre des orties irrite la peau. Cette membrane est fort irritée. On disait de même autrefois que Les humeurs étaient irritées, lorsqu' elles devenaient plus âcres, et qu' elles étaient dans un mouvement extraordinaire.

Il se dit, quelquefois, en parlant D' une simple excitation des membranes, des nerfs, etc. Irriter la membrane pituitaire par des sternutatoires. Cela m' irrite les nerfs.

IRRITER

IRRITER s' emploie aussi avec le pronom personnel, dans ses divers sens. C' est un homme qui s' irrite facilement. Pourquoi vous irriter ainsi? Ma fureur s' en irritait. Mon amour s' irritait par les obstacles. La fièvre s' irrite, s' est beaucoup irritée. Une membrane qui s' irrite aisément

Fig., La mer s' irrite, commence à s' irriter, La mer s' agite, commence à s' agiter.

IRRITÉ, ÉE. participe

IRRITÉ, ÉE. participe Un père irrité. Un vainqueur irrité.

Il se dit figurément et poétiquement dans le sens de Courroucé, en parlant Des choses inanimées, telles que les flots, les vents, etc. Une mer irritée. Les flots irrités. Le fleuve irrité franchit ses rivages. Les vents irrités.

IRRORATION. s. f.

IRRORATION. s. f. T. didactique. Action d' exposer à la rosée, ou à un arrosement. Bain par irroration.

IRRUPTION. s. f.

IRRUPTION. s. f. Entrée soudaine et imprévue des ennemis dans un pays, ordinairement accompagnée de dégât et de ravage. Grande irruption. Soudaine irruption. Les ennemis firent une irruption dans telle province. Ils ruinent le pays par de continuelles irruptions. Cette frontière n' a pas de place qui mette le pays à couvert de l' irruption des ennemis. L' irruption des barbares dans l' empire romain.

Il se dit quelquefois, par extension, pour Débordement, envahissement de la mer, d' un fleuve, sur les terres. L' irruption des eaux fut soudaine. Les irruptions de l' Océan sur les terres.

ISABELLE. adj. des deux genres

ISABELLE. adj. des deux genres Qui est de couleur mitoyenne entre le blanc et le jaune, mais dans lequel le jaune domine. Il se dit surtout Du poil des chevaux. Couleur isabelle. Cheval isabelle. Ruban isabelle.

Il se prend aussi substantivement, au masculin. Voilà un bel isabelle. Isabelle clair. Isabelle brun. Isabelle foncé.

ISCHION. s. m.

ISCHION. s. m. (CH a le son de K dans ce mot et dans les deux suivants.) T. d' Anat. Nom qu' on donne à un des trois os qui forment les os innominés. L' os de la cuisse est emboîté dans l' os ischion, dans l' ischion.

ISCHURÉTIQUE. adj. des deux genres

ISCHURÉTIQUE. adj. des deux genres T. de Médec. Il se dit Des remèdes propres à guérir l' ischurie.

ISCHURIE. s. f.

ISCHURIE. s. f. T. de Médec. Rétention d' urine complète.

ISIAQUE. adj.

ISIAQUE. adj. Qui appartient à Isis, divinité égyptienne. Il ne se dit qu' en parlant D' un célèbre monument de l' antiquité, sur lequel sont représentés les mystères d' Isis. La table isiaque est à Turin, et a été gravée.

ISLAMISME. s. m.

ISLAMISME. s. m. Nom que l' on donne quelquefois au mahométisme.

Il se dit aussi relativement Aux pays mahométans, dans le même sens que Chrétienté par rapport aux pays chrétiens.

ISOCÈLE. adj. des deux genres

ISOCÈLE. adj. des deux genres T. de Géom. Il se dit D' un triangle qui a deux côtés égaux entre eux. Triangle isocèle.

ISOCHRONE. adj. des deux genres

ISOCHRONE. adj. des deux genres (CH se prononce K dans ce mot et dans le suivant. ) T. de Mécanique. Il se dit Des mouvements qui se font en temps égaux. Vibrations isochrones.

ISOCHRONISME. s. m.

ISOCHRONISME. s. m. T. de Mécanique. Égalité de durée dans les mouvements d' un corps. L' isochronisme des vibrations du pendule.

ISOLATION. s. f.

ISOLATION. s. f. T. de Physique. Action d' isoler le corps que l' on veut électriser.

ISOLEMENT. s. m.

ISOLEMENT. s. m. État d' une personne qui vit isolée. Vivre dans l' isolement, dans un grand, dans un complet isolement. Cet état d' isolement lui est pénible.

ISOLEMENT

ISOLEMENT se dit, en Architecture, de La distance entre deux parties de construction qui ne se touchent pas.

ISOLEMENT

ISOLEMENT est aussi un terme de Physique, employé dans l' exposition des phénomènes de l' électricité, pour exprimer La séparation opérée par des milieux non conducteurs entre un corps qu' on électrise, et les corps environnants qui pourraient lui enlever son électricité.

ISOLÉMENT. adv.

ISOLÉMENT. adv. D' une manière isolée, séparément, à part. Si l' on considère chacun de ces objets isolément.

ISOLER. v. a.

ISOLER. v. a. Faire qu' un corps ne tienne à aucun autre. Pour isoler son palais, il a fait abattre toutes les maisons qui y tenaient.

Il signifie particulièrement, en termes de Physique, Faire en sorte que le corps que l' on veut électriser ne soit en contact avec aucun de ceux qui pourraient lui enlever son électricité. On isole un corps en le suspendant à des cordons de soie ou de crin, en le plaçant sur de la résine, sur du soufre, sur un tabouret garni de pieds de verre, etc.

Il s' emploie quelquefois figurément. On l' isola de ceux qui auraient pu l' éclairer sur sa position.

Il s' emploie aussi avec le pronom personnel: alors il se dit principalement au figuré, et signifie, Se séparer de la société. Cet homme trouve moyen de s' isoler au milieu de la cour. Vous vous isolez trop.

ISOLÉ, ÉE. participe

ISOLÉ, ÉE. participe Cet hôtel est entouré de quatre rues, il est isolé.

Colonne isolée, statue isolée, Colonne, statue qui ne tient point au mur de l' édifice.

ISOLÉ

ISOLÉ se dit adjectivement D' un lieu solitaire. Un endroit isolé. Habiter une maison isolée.

Il signifie aussi figurément, Qui vit sans relations de parenté, d' affection ou de société, qui ne tient à rien; ou À qui personne ne s' intéresse. C' est un homme isolé. Vivre isolé. Elle se trouva bien isolée après la perte de son fils.

Dans l' Administration militaire, Homme isolé, soldat isolé, Celui qui se trouve n' appartenir momentanément à aucun corps.

ISOLOIR. s. m.

ISOLOIR. s. m. T. de Physique. Appareil formé de substances non conductrices de l' électricité, et sur lequel on pose les corps que l' on veut électriser, afin de les isoler des corps environnants. Il se dit plus particulièrement d' Une espèce de tabouret ou support de bois garni de pieds de verre, qui sert ordinairement à cet usage. Se mettre sur l' isoloir.

ISRAÉLITE. s. m.

ISRAÉLITE. s. m. On ne met pas ici ce mot comme un nom de nation, mais parce qu' il entre dans cette phrase, C' est un bon Israélite, C' est un homme simple et plein de candeur.

Il s' emploie quelquefois adjectivement en parlant De certaines choses qui appartiennent aux juifs. Culte israélite. Consistoire israélite.

ISSU, UE. participe du verbe Issir

ISSU, UE. participe du verbe Issir, qui n' est plus en usage. On ne s' en sert que pour signifier, Venu, descendu d' une personne ou d' une race. De ce mariage sont issus tant d' enfants. Il est issu de la race de... Elle est issue des comtes de... Issu du sang des rois. Issu d' un père malheureux. Issu de bas lieu.

Cousins issus de germain, Les enfants de deux cousins germains. Il est son cousin issu de germain. On dit aussi absolument, Ils sont issus de germain.

ISSUE. s. f.

ISSUE. s. f. Sortie, lieu par où l' on sort. Ce logis n' a point d' issue sur le derrière. Il a issue dans telle rue. Il boucha toutes les issues de cette maison. Ce château a des issues secrètes. S' emparer de toutes les issues.

Il se dit également d' Un passage, d' une ouverture par laquelle une chose peut sortir. Cette eau n' a point d' issue. Donner issue à la fumée. Ménager une issue. Étroite, large issue.

Les issues d' une ville, d' une maison, Les dehors et les environs. Dans ce sens, il ne se dit guère qu' au pluriel. Cette maison de campagne a de belles issues.

Adverb., À l' issue du conseil, à l' issue du sermon, à l' issue de la grand' messe, à l' issue du dîner, etc., À la sortie du conseil, du sermon, etc.

ISSUE

ISSUE signifie au figuré, Succès, événement final. Bonne, heureuse issue. Mauvaise, triste, funeste issue. Il faut voir quelle issue aura cette affaire. Nous en attendons l' issue. Cela dépend de l' issue de cette guerre. On attendait l' issue du combat.

Il signifie aussi, Moyen, expédient pour sortir d' une affaire. Je ne vois point, je ne trouve point d' issue à cette affaire. Se ménager des issues.

ISSUE

ISSUE signifie encore, Les extrémités et les entrailles de quelques animaux, comme les pieds, la tête et la queue, le coeur, le foie, le poumon, la rate, etc. Une issue d' agneau.

Il signifie également, surtout au pluriel, Ce qui reste des moutures après la farine, comme le son, la recoupe, etc. Des issues de blé.

ISTHME. s. m.

ISTHME. s. m. T. de Géogr. Langue de terre entre deux mers ou deux golfes, qui joint une terre à une autre, une presqu' île au continent. L' isthme de Suez. L' isthme de Corinthe. L' isthme de Panama.

Il se dit, en termes d' Anatomie, de Certaines parties qui ont quelque ressemblance de forme avec un isthme. L' isthme du gosier.

ITALIANISME. s. m.

ITALIANISME. s. m. T. de Gram. Manière de parler propre à la langue italienne. On ne le dit guère qu' en parlant D' un tour italien, d' une expression italienne transportée dans une autre langue. Il lui échappe souvent des italianismes.

ITALIQUE. adj. des deux genres

ITALIQUE. adj. des deux genres T. d' Impr. Caractère différent du caractère romain, et un peu incliné de droite à gauche, comme l' écriture. Il y a beaucoup de livres imprimés en lettres italiques, en caractères italiques.

Il se prend aussi substantivement, au masculin. Voilà un bel italique. On se sert ordinairement de l' italique pour les passages que l' on veut distinguer du reste du discours.

ITEM. adv.

ITEM. adv. Mot tiré du latin. De plus. On s' en sert dans les comptes, dans les états que l' on fait. J' ai donné tant pour cela, item pour cela...

Il est quelquefois substantif, et signifie, Un article de compte. C' est un bon item. Voilà bien de petits item. En premier item. Ce sens, peu usité, est familier.

Fam., Voilà l' item, Voilà de quoi il s' agit, voilà le point de la difficulté.

ITÉRATIF, IVE. adj.

ITÉRATIF, IVE. adj. T. de Pratique. Fait une seconde, une troisième ou quatrième fois. Faire des mandements itératifs. Itératif commandement. Itérative défense. Itératives remontrances.

ITÉRATIVEMENT. adv.

ITÉRATIVEMENT. adv. T. de Pratique. Pour la seconde, troisième ou quatrième fois. On l' a sommé itérativement.

ITINÉRAIRE. s. m.

ITINÉRAIRE. s. m. Chemin à suivre pour aller d' un lieu à un autre. Je vais vous tracer votre itinéraire.

Il signifie, par extension, Un mémoire de tous les lieux par où l' on passe pour aller d' un pays à un autre, et quelquefois aussi des choses qui sont arrivées à ceux qui en ont fait le chemin. Dans ce sens, il se dit principalement lorsqu' on parle de Certains voyages topographiques. Itinéraire de Suisse. Bon itinéraire. Curieux itinéraire. Itinéraire fidèle, exact. Itinéraire d' Antonin. Itinéraire de la terre sainte.

Il se dit aussi de Certaines prières marquées dans les livres d' église pour ceux qui voyagent. L' itinéraire des clercs.

Adjectiv., Mesures itinéraires, Celles dont on fait usage pour mesurer et indiquer la longueur de chemin d' un lieu à un autre. Traité sur les mesures itinéraires des anciens.

IULE. s. m.

IULE. s. m. T. d' Entomologie. Genre d' insectes sans ailes, qui appartient à la même famille que les scolopendres. Voyez MILLE-PIEDS.

IVE ou IVETTE. s. f.

IVE ou IVETTE. s. f. T. de Botan. Espèce de germandrée ou de bugle, dont les feuilles, légèrement amères et aromatiques, sont employées en médecine.

IVOIRE. s. m.

IVOIRE. s. m. Nom que l' on donne à la matière des dents d' éléphant, surtout lorsqu' elles ont été détachées de la mâchoire de l' animal pour être mises en oeuvre. Morceau d' ivoire. Crucifix d' ivoire. Table d' ivoire. Cet ivoire est bien blanc. Tourner en ivoire. Travailler en ivoire. Cela est blanc comme de l' ivoire.

Il s' emploie aussi, quelquefois, en parlant Des dents ou défenses de certains autres animaux, tels que l' hippopotame, le narval, etc. La dent du narval est d' un bel ivoire.

Poétiq., Un cou d' ivoire, Un cou bien fait et très-blanc. On dit de même, L' ivoire de son cou, de son sein, etc.

Noir d' ivoire, Poudre noire très-fine faite d' ivoire calciné et pulvérisé.

IVRAIE. s. f.

IVRAIE. s. f. Espèce de mauvaise herbe à graine noire, qui croît parmi le froment, et qui est de la famille des Graminées. Un champ plein d' ivraie. Arracher l' ivraie.

Fig., Séparer l' ivraie d' avec le bon grain, Séparer la mauvaise doctrine d' avec la bonne, ou les méchants d' avec les bons.

IVRE. adj. des deux genres

IVRE. adj. des deux genres Qui a le cerveau troublé par les fumées et par les vapeurs du vin ou de quelque autre boisson. Il est ivre, il chancelle. Il est tellement ivre, qu' il ne saurait desserrer les dents.

Prov., Être ivre mort, Être ivre au point d' avoir perdu tout sentiment. On dit populairement dans le même sens, Être ivre comme une soupe.

Fig., Ivre de sang, Qui s' est plu à répandre le sang, qui a commis beaucoup de meurtres. On dit dans un sens analogue, Ivre de carnage.

IVRE

IVRE se dit figurément de L' espèce de transport, de délire, d' égarement qu' une passion produit dans l' âme. Être ivre de joie, d' amour, de bonheur. Être ivre d' ambition, de vanité, d' orgueil.

IVRESSE. s. f.

IVRESSE. s. f. État d' une personne ivre. Il n' est pas encore revenu de son ivresse. Ivresse de bière, de cidre, etc. Être plongé dans l' ivresse.

Il s' emploie aussi figurément. L' ivresse des passions, des grandeurs, du succès. Une douce ivresse. Dans l' ivresse du plaisir, de la joie. On dit également, L' ivresse des sens.

Il se dit quelquefois, particulièrement, de L' enthousiasme poétique. La docte ivresse. Dans une poétique ivresse.

IVROGNE. adj.

IVROGNE. adj. Qui est sujet à s' enivrer ou à boire avec excès. Un valet ivrogne.

Il est aussi substantif. Un grand ivrogne. Un franc ivrogne. Un vieil ivrogne. C' est un ivrogne.

IVROGNER. v. n.

IVROGNER. v. n. Boire avec excès et souvent. Il est tous les jours dans les cabarets à ivrogner. Il ne fait point d' autre métier que d' ivrogner. Il est populaire.

IVROGNERIE. s. f.

IVROGNERIE. s. f. Habitude de s' enivrer. L' ivrognerie de cet homme mérite punition.

Il se dit au pluriel de L' action même de s' enivrer. Cette femme a beaucoup à souffrir des ivrogneries de son mari.

IVROGNESSE. s. f.

IVROGNESSE. s. f. Femme sujette à s' enivrer. C' est une ivrognesse, une vieille ivrognesse. Il est populaire.

IXIA. s. f.

IXIA. s. f. T. de Botan. Genre de plantes bulbeuses, dont presque toutes les espèces sont cultivées dans les jardins, à cause de leurs fleurs.

J. s. m.

J. s. m. Lettre consonne, la dixième de l' alphabet, qu' on nomme Ji, suivant l' appellation ancienne et usuelle, et Je, suivant la méthode moderne. On a long-temps appelé cette lettre I consonne, parce que sa forme était anciennement la même que celle de l' I, auquel on donnait, par opposition, le nom d' I voyelle. Un grand J. Un petit j. Le J ne se redouble jamais. On met un point sur le j, excepté quand il est majuscule: Junon, Janus.

JÀ. adverbe

JÀ. adverbe qu' on employait pour Déjà. Il est vieux.

JABLE. s. m.

JABLE. s. m. T. de Tonnellerie. Rainure qu' on fait aux douves des tonneaux, pour arrêter les pièces du fond.

JABLER. v. a.

JABLER. v. a. T. de Tonnellerie. Faire le jable des douves.

JABLÉ, ÉE. participe

JABLÉ, ÉE. participe

JABOT. s. m.

JABOT. s. m. Espèce de poche que les oiseaux ont sous la gorge, et dans laquelle la nourriture qu' ils prennent est d' abord reçue, et séjourne quelque temps avant de passer dans l' estomac. Gros jabot. Cet oiseau a bien mangé, il a le jabot plein. Il n' a rien dans le jabot.

Fig. et pop., Remplir son jabot, se remplir le jabot, Manger beaucoup, faire un bon repas.

JABOT

JABOT se dit aussi de La mousseline, de la dentelle, etc., qu' on attache par ornement à l' ouverture d' une chemise, au devant de l' estomac. Un jabot de dentelle. Un jabot de point d' Angleterre. Un jabot plissé. Il porte un jabot. Chemise à jabot.

Fam., Faire jabot, Tirer en dehors le jabot de sa chemise pour en faire parade. Il signifie, au figuré, Se rengorger, se donner des airs avantageux.

JABOTER. v. n.

JABOTER. v. n. Caqueter, parler sans cesse, dire des bagatelles. Elle ne fait que jaboter tout le long du jour. Entendez-vous comme elles jabotent. Il est très-familier.

JACASSER. v. n.

JACASSER. v. n. Crier. Il ne se dit que De la pie. Cette pie ne fait que jacasser.

JACÉE. s. f.

JACÉE. s. f. T. de Botan. Genre de plantes de la famille des Composées, dont quelques espèces sont cultivées dans les jardins, à cause de la beauté de leur fleur.

JACENT, ENTE. adj.

JACENT, ENTE. adj. T. de Palais. Il se dit Des biens qui n' ont point de propriétaire connu, d' une succession dont l' héritier n' apparaît point. Biens jacents. Succession jacente.

JACHÈRE. s. f.

JACHÈRE. s. f. T. d' Agricult. État d' une terre labourable qu' on laisse reposer. Dans ce pays, une terre est ordinairement en jachère de trois années l' une. Laisser une terre en jachère. On ne met jamais ces terres en jachère.

Il se dit aussi de La terre même quand elle repose. C' est une jachère. Labourer des jachères.

JACHÉRER. v. a.

JACHÉRER. v. a. T. d' Agricult. Labourer des jachères, donner le premier labour à une terre qu' on a laissée reposer.

JACHÉRÉ, ÉE. participe

JACHÉRÉ, ÉE. participe

JACINTHE. s. f.

JACINTHE. s. f. T. de Botan. Genre de plantes liliacées, dont plusieurs espèces sont cultivées dans les jardins, à cause de l' élégance et de l' odeur suave de leurs fleurs. Jacinthe double. On dit aussi, Hyacinthe.

JACOBÉE. s. f.

JACOBÉE. s. f. T. de Botan. Plante à fleurs radiées, espèce de seneçon qu' on nomme aussi Herbe de Saint-Jacques.

JACOBIN, INE s.

JACOBIN, INE s. Nom qu' on donnait autrefois, en France, aux religieux et religieuses qui suivent la règle de Saint-Dominique. Le couvent des jacobins. Il n' était que du langage familier; dans le style grave, on disait, Dominicains, et Filles de Saint-Dominique.

JACONAS. s. m.

JACONAS. s. m. Espèce de mousseline. Une pièce de jaconas. Acheter du jaconas. Un jabot de jaconas.

JACTANCE. s. f.

JACTANCE. s. f. Ce mot vient du verbe Jacter, qui n' est plus en usage. Vanterie. Il a bien de la jactance. Il disait cela par jactance. Des discours pleins de jactance.

JACULATOIRE. adj. des deux genres

JACULATOIRE. adj. des deux genres Il ne s' emploie que dans cette locution, Oraison jaculatoire, Prière courte et fervente.

JADE. s. m.

JADE. s. m. Pierre d' une couleur verdâtre ou olivâtre, fort dure. Un vase de jade. De beau jade. Une pierre de jade.

JADIS. adv.

JADIS. adv. Autrefois, au temps passé, il y a longtemps. On pensait jadis tout autrement. Ce palais fut jadis la demeure de tel prince.

Il s' emploie quelquefois adjectivement avec le mot temps. Les bonnes gens du temps jadis. Cela était bon au temps jadis. Cet emploi est familier.

JAGUAR. s. m.

JAGUAR. s. m. T. d' Hist. nat. Quadrupède du genre des Chats, dont la peau est mouchetée comme celle des léopards et des panthères.

JAÏET. s. m.

JAÏET. s. m. Voyez JAIS.

JAILLIR. v. n.

JAILLIR. v. n. Saillir, sortir impétueusement. Il se dit surtout De l' eau, ou de quelque autre chose de fluide. L' eau qui jaillit de sa source. Moïse fit jaillir une fontaine du rocher. Quand on lui ouvrit la veine, le sang jaillit avec force. Ce cheval a fait jaillir de la boue en galopant. Une vive lumière jaillit tout à coup à nos yeux.

Il s' emploie aussi figurément. La lumière jaillit du choc des opinions. Les traits brillants qui jaillissent de la veine, de l' imagination de ce poëte.

JAILLISSANT, ANTE. adj.

JAILLISSANT, ANTE. adj. Qui jaillit. Il a dans son jardin des eaux jaillissantes. Fontaine jaillissante.

JAILLISSEMENT. s. m.

JAILLISSEMENT. s. m. Action de jaillir. Le jaillissement des eaux. Le jaillissement du sang.

JAIS. s. m.

JAIS. s. m. Substance bitumineuse, solide, et d' un noir luisant, qu' on taille pour en faire divers petits ouvrages, comme des colliers, des bracelets, des boutons de deuil, etc. Collier de jais. Bouton de jais. Broderie de jais. Cela est noir comme jais, comme du jais. Huile de jais.

Il se dit aussi de Certain verre qu' on teint de différentes couleurs, et dont on fait divers ouvrages. Du jais blanc. Du jais bleu. Le jais fait de verre est creux en dedans.

JALAGE. s. m.

JALAGE. s. m. Nom d' un droit seigneurial qui se levait sur le vin vendu en détail.

JALAP. s. m.

JALAP. s. m. (On prononce le P.) Plante dont la fleur ressemble à celle du liseron, et dont la racine, qu' on appelle également Jalap, est un purgatif violent. Racine, résine de jalap. Prendre du jalap. On nomme aussi cette plante Belle-de-nuit.

JALE. s. f.

JALE. s. f. Espèce de grande jatte ou de baquet.

JALET. s. m.

JALET. s. m. Petit caillou rond. Il est vieux, et ne s' emploie plus que dans cette locution, Arbalète à jalet, ou Arc à jalet, Arbalète avec laquelle on lance des cailloux, de petites boules de terre cuite, ou même des balles.

JALON. s. m.

JALON. s. m. Perche ou grand bâton qu' on plante en terre pour prendre des alignements. Couper des branches d' arbres pour faire des jalons. Planter des jalons de distance en distance. Marquer les palissades d' une allée, l' alignement d' un mur avec des jalons.

Il s' emploie dans certaines phrases figurées, surtout en parlant Des idées préliminaires ou principales qui servent à diriger dans une étude, dans un travail, etc. Ces grandes époques sont comme des jalons, sont des jalons, à l' aide desquels on se dirige dans l' étude des siècles passés.

JALONNER. v. n.

JALONNER. v. n. Planter des jalons de distance en distance. On le fait aussi actif. Jalonner une allée pour la dresser.

Dans la Théorie militaire, Jalonner une ligne, une direction, ou simplement, Jalonner, Placer des jalonneurs, ou se placer en jalonneur, pour déterminer une direction, un alignement.

JALONNER

JALONNER s' emploie quelquefois figurément. Ces savants jalonnèrent la route pour ceux qui viendraient après eux.

JALONNÉ, ÉE. participe

JALONNÉ, ÉE. participe

JALONNEUR. s. m.

JALONNEUR. s. m. T. de Théorie militaire. Homme qu' on place, ou qui se place, en guise de jalon, pour déterminer d' avance une direction, un alignement. Établir, placer des jalonneurs. Le premier, le second jalonneur.

JALOUSER. v. a.

JALOUSER. v. a. Avoir de la jalousie contre quelqu' un. Jalouser ses concurrents.

Il s' emploie avec le pronom personnel, comme verbe réciproque. On ne voit que trop souvent les gens de même métier se jalouser entre eux.

JALOUSÉ, ÉE. participe

JALOUSÉ, ÉE. participe

JALOUSIE. s. f.

JALOUSIE. s. f. Chagrin, dépit qu' on a de ne pas obtenir ou posséder ce qu' un autre obtient ou possède, comme la richesse, les succès, la gloire, les talents, etc. Grande, violente, furieuse jalousie. Prendre, concevoir de la jalousie. La jalousie le tourmente. Vos succès lui inspirent un peu de jalousie. Les victoires de Miltiade excitaient la jalousie de Thémistocle. Il en a quelque jalousie. Il a fait cela par jalousie. Je suis l' objet de sa jalousie. Une basse jalousie. Une secrète jalousie. Il y a une ancienne jalousie entre ces deux maisons, entre ces deux nations. Il y a souvent de la jalousie entre les gens de même métier. Jalousie de métier. On le dit quelquefois Des animaux. Ce chien témoigne beaucoup de jalousie lorsqu' il en voit caresser un autre.

Il s' emploie particulièrement en parlant De l' amour, et se dit surtout de La crainte que la personne aimée n' éprouve un sentiment de préférence pour quelque autre, ne soit infidèle. Sa femme, sa maîtresse lui donne beaucoup de jalousie. La jalousie de sa femme le tourmente beaucoup. Être possédé du démon de la jalousie. Les tourments de la jalousie.

Il se dit, quelquefois, de La crainte, de l' inquiétude, de l' ombrage qu' un prince, qu' un État donne à d' autres par sa puissance, par ses forces. Les troupes que levait ce prince donnaient de la jalousie à tous ses voisins.

JALOUSIE

JALOUSIE se dit en outre d' Un treillis de bois ou de fer au travers duquel on voit sans être vu. On le dit surtout d' Une espèce de contrevent formé de planchettes minces assemblées parallèlement, de manière qu' on peut les remonter et les baisser à volonté au moyen d' un cordon, et qui servent à se garantir de l' action trop vive du soleil ou de la lumière. Regarder par une jalousie, au travers d' une jalousie. Les cordons d' une jalousie. Baisser, lever la jalousie. Mettre, poser une jalousie à une fenêtre. Peindre des jalousies.

En termes de Fleuriste, Fleur de jalousie, ou simplement, Jalousie, Fleur que l' on cultive dans les jardins, et que les botanistes nomment Amarante tricolore.

JALOUX, OUSE. adj.

JALOUX, OUSE. adj. Qui a de la jalousie, envieux. Être jaloux de son concurrent. Il est jaloux de votre gloire, de votre puissance. Cet enfant est jaloux des caresses que l' on fait aux autres. Coeur jaloux. Âme jalouse. Regarder d' un oeil jaloux, avec des yeux jaloux, la prospérité d' autrui. Une jalouse haine. On l' emploie aussi, dans ce sens, comme substantif. Votre sort fait bien des jaloux.

Il se dit particulièrement en parlant De la jalousie que cause l' amour. Cet homme est jaloux de sa femme, est jaloux. Elle est jalouse de son mari. Il est jaloux de tous ceux qui parlent à sa maîtresse. Un amant, un mari jaloux. Une femme jalouse. Il est fort jaloux, extrêmement jaloux. Il est jaloux de son ombre. Transports jaloux. Soupçons jaloux; etc. On l' emploie également, dans ce sens, comme substantif. C' est un jaloux, une jalouse. Un vieux jaloux.

Prov., Il ne dort non plus qu' un jaloux, Il ne saurait dormir.

JALOUX

JALOUX se dit quelquefois, figurément et poétiquement, De ce qui fait obstacle aux désirs. Un voile jaloux dérobait ses charmes à tous les yeux.

Il signifie encore, Qui tient beaucoup, qui est fort attaché à quelque chose. Être jaloux de sa réputation, jaloux de son honneur, de ses droits, de ses prérogatives, de son autorité.

Il signifie également, Qui a à coeur, qui est très-désireux de. Je suis jaloux d' acquérir, de conserver votre estime. Je suis jaloux de vous prouver le désir que j' ai de vous servir. Il est jaloux de lui plaire.

Dans l' Écriture sainte, Dieu s' appelle Le Dieu jaloux, Pour faire entendre aux hommes qu' il doit être seul adoré.

JALOUX

JALOUX se dit, en termes de Marine, mais seulement dans la Méditerranée, D' un petit bâtiment, d' une barque, etc., qui incline facilement, qui roule et se tourmente beaucoup. Cette barque est jalouse. Il n' y a point de bâtiment plus jaloux.

Il se dit également Des berlines et autres voitures semblables, quand elles sont sujettes à pencher d' un côté ou de l' autre.

JAMAIS. adv. de temps

JAMAIS. adv. de temps En aucun temps. On n' a jamais rien vu de pareil. Je n' en ai jamais entendu parler. Ne me parlez jamais de ces choses-là. On sous-entend quelquefois la négation et le verbe. Son style est toujours ingénieux, jamais recherché. Avez-vous été à Rome? Jamais. Elle m' est plus chère que jamais.

Il se dit aussi quelquefois sans être négatif, comme dans ces phrases: C' est ce qu' on peut jamais dire de plus fort, de mieux. Si vous venez jamais me voir, je vous montrerai telle chose. La puissance des Normands était une puissance exterminatrice, s' il en fut jamais.

À jamais, Toujours: c' est dans ce sens qu' on dit, Dieu soit béni à jamais.

Pour jamais, Pour toujours. Adieu pour jamais.

JAMAIS

JAMAIS s' emploie quelquefois substantivement, et signifie, Un temps sans fin. À tout jamais. Au grand jamais je n' irai là. Jamais, au grand jamais je ne ferai cela. Ce sens est familier.

JAMBAGE. s. m.

JAMBAGE. s. m. Chaîne de pierre de taille ou de maçonnerie, qui soutient l' édifice, et sur laquelle on pose les grosses poutres. Une poutre posée sur un jambage de pierre dure, de brique.

Jambage de cheminée, Assises de pierres qui soutiennent le manteau d' une cheminée. On dit de même, Le jambage d' une porte.

JAMBAGE

JAMBAGE parmi les Maîtres d' écriture, se dit Des lignes droites de l' m, de l' n, et de l' u. Les jambages de ces lettres sont mal formés, sont mal liés. Faire des jambages trop maigres.

JAMBE. s. f.

JAMBE. s. f. Cette partie du corps humain qui s' étend depuis le genou jusqu' au pied. La jambe d' un homme, d' une femme. Avoir les jambes grosses, menues, courtes, tortues, cagneuses. Avoir la jambe leste. Être haut des jambes. Être haut sur jambes. De belles jambes. Avoir une belle jambe. Avoir la jambe bien faite, la jambe fine. Le gras de la jambe. Avoir la jambe rompue, cassée, brisée. Avoir les jambes enflées. Avoir des inquiétudes dans les jambes. C' est à peine s' il peut se tenir sur ses jambes, tant il est faible. Une femme qui va à cheval jambe deçà, jambe delà. Avoir un bon cheval entre les jambes. En termes de Manége: La science du cavalier consiste dans l' accord de la main et des jambes. Se servir de la jambe de dedans. Soutenir la jambe de dehors. Ce cheval sent très-bien les jambes, Il est sensible aux aides de ces parties.

Il se dit également de La partie du corps de certains animaux qui répond à la jambe dans l' homme. Les jambes d' un cheval, d' un boeuf, d' un chien. Les jambes d' une autruche. Les jambes de devant, les jambes de derrière d' un cheval, d' un chien, etc. Un cheval qui a les jambes bien saines. Ce cheval a les jambes arquées, enflées, foulées, ruinées, usées. Ce chien va à trois jambes. On l' emploie aussi très-souvent, dans ce sens, en termes de Manége. Retenir la jambe de dedans du cheval, ou celle du dehors, la gauche ou la droite, celle du montoir ou du hors montoir, en mettant la rêne à soi. La jambe de devant du côté du montoir. Changer la direction de telle ou telle jambe de l' animal par l' action oblique et croisée de l' une ou de l' autre rêne. Saisir avec précision le temps des jambes du cheval.

Jambe de cerf, La partie du pied d' un cerf comprise entre le talon et les ergots qu' on appelle Les os.

Jambe de bois, Morceau de bois taillé pour tenir lieu de jambe. Porter, avoir une jambe de bois. Il se dit quelquefois, par extension, de Celui qui porte une jambe de bois. C' est un vieux invalide, une jambe de bois.

Fam., Avoir de bonnes jambes, les jambes bonnes, Être en état de bien marcher, de marcher longtemps. Figurément, N' avoir plus de jambes, N' avoir plus la force de marcher.

Aller, courir à toutes jambes, Aller, courir fort vite, soit à pied, soit à cheval. Je trouvai un homme à pied qui courait à toutes jambes. Ce cavalier allait à toutes jambes.

Par menace et par exagération, Je lui romprai bras et jambes, Je le maltraiterai, je le rouerai de coups.

Fig. et fam., Couper bras et jambes à quelqu' un, Lui retrancher beaucoup de ses prétentions, de ce qu' il regarde comme ses droits. Cet arrêt nous a coupé bras et jambes. Il signifie plus ordinairement, Ôter à quelqu' un le moyen d' agir, d' arriver à ses fins, de réussir. La perte de son protecteur lui a coupé bras et jambes. Ce malheur, ce contre-temps lui a coupé bras et jambes. Il signifie encore, Frapper d' étonnement, de stupeur. Cette nouvelle me coupa bras et jambes.

Fig. et pop., Prendre ses jambes à son cou, Partir sur l' heure, s' enfuir. On dit quelquefois, dans le même sens, Jouer des jambes.

Fig. et fam., Avoir ses jambes de quinze ans, se dit D' une personne âgée qui est encore ferme sur ses jambes.

Fam., Renouveler de jambes, Recommencer à marcher avec de nouvelles forces; et, figurément, Reprendre une nouvelle ardeur dans l' affaire, dans l' entreprise dont on s' occupe.

Prov., fig. et pop., Faire jambes de vin, Boire deux ou trois coups, pour être en état de marcher plus délibérément.

Prov. et fig., Cela ne lui rend pas la jambe mieux faite, ou par ironie, Cela lui fait une belle jambe, se dit De ce qui n' apporte aucun avantage à quelqu' un, de ce dont il ne retire que peu ou point d' utilité. Vous n' en aurez pas la jambe mieux faite, pour l' avoir empêché d' obtenir cet emploi. En aurai-je la jambe mieux faite?

Prov. et fig., Jeter un chat aux jambes à quelqu' un, Rejeter la faute sur lui, ou Lui susciter malignement un embarras.

Prov. et fig., Jouer quelqu' un par-dessous jambe, par-dessous la jambe, Déranger avec facilité les projets de quelqu' un, et, par supériorité d' esprit ou de conduite, l' amener aux vues que l' on a soi-même. N' ayez rien à démêler avec lui, il vous jouerait par-dessous la jambe. Il les a tous joués par-dessous jambe.

Prov. et pop., Il a la jambe tout d' une venue comme la jambe d' un chien; ou simplement, Il a la jambe tout d' une venue, se dit D' un homme qui n' a pas le gras des jambes marqué.

JAMBE

JAMBE se dit, par analogie, Des deux branches d' un compas, des deux règles mobiles d' un compas de proportion, etc.

Jambes de force, se dit de Deux grosses pièces de bois qui, étant posées sur les extrémités de la poutre du dernier étage d' un bâtiment, vont se joindre dans le poinçon pour former le comble. Ces jambes de force sont trop faibles, sont trop grosses. Remettre une jambe de force à la place d' une autre qui est cassée, qui est pourrie.

Jambe sous poutre, La chaîne de pierre de taille mise dans un mur pour porter la poutre. La jambe sous poutre a manqué, il faut la rétablir.

JAMBÉ, ÉE. adj.

JAMBÉ, ÉE. adj. Qui a la jambe bien faite. Il ne s' emploie guère qu' avec l' adverbe bien. C' est un jeune homme bien jambé. Il est très-familier.

JAMBETTE. s. f.

JAMBETTE. s. f. Petit couteau de poche dont la lame se replie dans le manche. Porter une jambette dans sa poche.

JAMBIER, IÈRE. adj.

JAMBIER, IÈRE. adj. T. d' Anat. Qui appartient ou qui a rapport à la jambe. Aponévrose jambière. Les trois muscles jambiers.

Il se dit, substantivement, Des muscles jambiers. Le jambier antérieur. Le jambier postérieur.

JAMBON. s. m.

JAMBON. s. m. La cuisse ou l' épaule d' un cochon ou d' un sanglier, qui a été salée. Jambon de sanglier. Jambon de cochon. Jambon fumé. Jambon bien salé. Gros jambon. Jambon de devant. Jambon de derrière. Jambon de Mayence, de Bayonne. Jambon de Portugal ou de Lamego. Une tranche de jambon. Pâté de jambon. Jambon à la broche.

JAMBONNEAU. s. m. diminutif.

JAMBONNEAU. s. m. diminutif. Petit jambon. Manger du jambonneau.

JAN. s. m.

JAN. s. m. T. du Jeu de trictrac, qui désigne Les deux tables de jeu: celle dans laquelle on range la pile des dames en commençant la partie, est le Petit jan; l' autre est le Grand jan.

Faire son petit jan, faire son grand jan, Remplir toutes les cases dans l' une de ces deux parties.

Jan de retour, se dit Lorsque, après avoir passé toutes ses dames dans le jeu de l' adversaire, on revient dans son propre jeu. Faire son jan de retour. En être au jan de retour.

JANISSAIRE. s. m.

JANISSAIRE. s. m. Soldat de l' infanterie turque, qui servait à la garde du Grand Seigneur. Les janissaires firent bien leur devoir dans cette bataille. Le corps des janissaires a été détruit par le sultan Mahmoud, en 1826.

JANSÉNISME. s. m.

JANSÉNISME. s. m. Doctrine de Jansénius sur la grâce et la prédestination. La morale austère du jansénisme.

JANSÉNISTE. adj. et s. des deux genres

JANSÉNISTE. adj. et s. des deux genres Partisan du jansénisme. Il était janséniste. C' était un zélé, une zélée janséniste. La querelle des molinistes et des jansénistes. On dit aussi, Les principes jansénistes, la morale janséniste, etc.

JANTE. s. f.

JANTE. s. f. Pièce de bois courbée qui fait une partie du cercle de la roue d' un carrosse, d' un chariot, d' une charrette, etc. Il y a une jante rompue. Il faut remettre une jante. Les jantes de la roue.

JANVIER. s. m.

JANVIER. s. m. Le premier mois de l' année, suivant l' usage actuel. Ce fut Charles IX qui, par l' ordonnance de Roussillon du mois de janvier 1563, établit que l' année, au lieu de commencer à Pâques, commencerait le premier janvier, au premier janvier. Au mois de janvier. Cela eut lieu en janvier.

JAPON. s. m.

JAPON. s. m. Nom que l' on donne à la porcelaine apportée du Japon. Ces tasses et cette théière sont d' ancien japon.

JAPPEMENT. s. m.

JAPPEMENT. s. m. Action de japper. Il ne se dit que Des petits chiens.

JAPPER. v. n.

JAPPER. v. n. Aboyer. Il se dit plus ordinairement Du cri des petits chiens. Ce chien ne fait que japper.

JAQUE. s. f.

JAQUE. s. f. Vieux mot qui signifiait, Un habillement court et serré. Il n' est plus usité que dans la locution suivante: Jaque de mailles, Armure faite de mailles ou annelets de fer qui couvrent le corps depuis le cou jusqu' aux cuisses. Il avait, il portait une jaque de mailles.

JAQUEMART. s. m.

JAQUEMART. s. m. Figure de fer, de plomb ou de fonte, qui représente un homme armé, et qu' on met quelquefois sur le haut d' une tour pour frapper les heures avec un marteau sur la cloche de l' horloge. Le jaquemart qui est sur le clocher de telle église.

Prov. et par dérision, Être armé comme un jaquemart, se dit D' un homme armé de cuirasse, et embarrassé de ses armes.

JAQUETTE. s. f.

JAQUETTE. s. f. Sorte d' habillement qui descend jusqu' aux genoux ou plus bas, et qui était anciennement à l' usage des paysans et des hommes du peuple. Une grande jaquette. Jaquette à pointe. Jaquette grise.

Il se dit encore de La robe que portent les petits garçons avant qu' on leur donne la culotte. Il était à la jaquette. Il portait encore la jaquette. Enfant à la jaquette.

Pop., Trousser la jaquette à un enfant, Le fouetter.

JAQUIER. s. m.

JAQUIER. s. m. T. de Botan. Genre de plantes monoïques, dont l' espèce la plus connue est l' Arbre à pain, ainsi nommé parce que son fruit contient une pulpe blanche et farineuse qui a le goût de la mie de pain frais: cet arbre croît naturellement dans les îles de la mer du Sud, dans les Moluques, etc.

JARDIN. s. m.

JARDIN. s. m. Lieu découvert, ordinairement fermé de murailles, de fossés, de haies, et joignant les maisons, dans lequel on cultive des légumes, des fleurs, des arbres, etc. Grand jardin. Beau jardin. Jardin potager. Jardin fruitier. Le jardin des Tuileries. Jardin des plantes, des simples, ou Jardin botanique. Jardin d' agrément. Jardin français, ou Jardin régulier. Jardin anglais, ou Jardin agreste, pittoresque. Les allées d' un jardin. Les fruits d' un jardin. Faire un jardin. Travailler à un jardin. Se promener dans un jardin.

Prov. et fam., Faire d' une chose comme des choux de son jardin, En disposer comme si on en était le maître, le possesseur. Il semble que cela soit à vous, vous en faites comme des choux de votre jardin.

Prov. et fig., Jeter une pierre, des pierres dans le jardin de quelqu' un, Mêler dans un discours des paroles qui attaquent quelqu' un indirectement. Ne voyez-vous pas qu' en disant telle chose, il jetait des pierres dans votre jardin? Ce mot est une pierre jetée dans mon jardin.

JARDIN

JARDIN se dit quelquefois, figurément, d' Un pays fertile et dont la culture est très-variée. La Touraine est le jardin de la France.

JARDINAGE. s. m.

JARDINAGE. s. m. L' art de cultiver les jardins, ou Le travail que l' on fait aux jardins. Il entend bien le jardinage. Les produits du jardinage.

Il s' emploie aussi comme nom collectif, et se dit Des parties d' un terrain qui sont cultivées en jardins. Il n' y a dans cette ville que les deux tiers de maisons, le reste est en jardinage.

Il se dit quelquefois Des plantes potagères que le jardin produit. Mener une voiture de jardinage au marché.

JARDINER. v. n.

JARDINER. v. n. Travailler au jardin. Il ne se dit guère que D' une personne pour laquelle ce genre de travail est un amusement, un passe-temps. Il s' occupe à jardiner. Il s' amuse à jardiner. Il se plaît à jardiner. Il est familier.

JARDINET. s. m. diminutif.

JARDINET. s. m. diminutif. Petit jardin. Il n' y a qu' un jardinet. Petit jardinet.

JARDINEUSE. adj. f.

JARDINEUSE. adj. f. T. de Joaillerie. Il se dit Des émeraudes qui ont quelque chose de sombre et de peu net. Une émeraude jardineuse.

JARDINIER, IÈRE s.

JARDINIER, IÈRE s. Celui, celle dont le métier est de travailler aux jardins, ou qui cultive un jardin pour en vendre les produits. Bon jardinier. C' est votre jardinier, votre jardinière. Jardinier-fleuriste. Vous trouverez de ces fruits, de ces fleurs, de ces arbustes chez tel jardinier.

Il se dit aussi de Celui qui entend bien l' ordonnance, la culture, l' embellissement des jardins, et qui en donne les dessins. Cet homme est un très-habile jardinier, un excellent jardinier. Ce sens est maintenant peu usité.

JARDINIÈRE

JARDINIÈRE féminin, se dit aussi d' Un meuble d' ornement qui supporte une caisse dans laquelle on cultive des fleurs. Une jardinière d' acajou. Cette jardinière est fort élégante.

JARDINIÈRE

JARDINIÈRE en termes de Cuisine, Mets composé de diverses sortes de légumes, principalement de navets et de carottes. Servir une jardinière pour entremets.

JARDINIÈRE

JARDINIÈRE en termes de Couture, Petite broderie de fil, étroite et légère, faite au bord d' une manchette de chemise, ou de quelque autre vêtement semblable.

JARDONS. s. m. pl.

JARDONS. s. m. pl. T. d' Art vétérinaire. Tumeurs calleuses qui viennent aux jambes d' un cheval, et qui sont placées en dehors du jarret, au lieu que l' éparvin est en dedans.

JARGON. s. m.

JARGON. s. m. Langage corrompu. Cet homme parle si mal français, que je n' entends point son jargon.

Il se dit aussi, abusivement et par mépris, Des langues étrangères qu' on n' entend pas. Je ne sais quelle langue parlent ces gens-là, je n' entends pas leur jargon.

Il signifie encore, Le langage particulier que certaines gens adoptent. Les bohémiens, les gueux, les filous ont leur jargon particulier que personne n' entend. Le jargon des précieuses. Le jargon des petits-maîtres.

Ce mot est familier dans toutes ses acceptions.

JARGON. s. m.

JARGON. s. m. T. de Joaillerie. Espèce de diamant jaune.

JARGONNER. v. n.

JARGONNER. v. n. Parler un langage barbare, corrompu, non intelligible. Ils jargonnaient ensemble.

Il est quelquefois actif. Qu' est-ce qu' ils jargonnent? Ils jargonnaient je ne sais quoi. Il est familier dans les deux sens.

JARGONNÉ, ÉE. participe

JARGONNÉ, ÉE. participe

JARRE. s. f.

JARRE. s. f. Grand vaisseau de terre vernissé dans lequel on met de l' eau, pour la conserver, particulièrement sur les navires. Mettre de l' eau dans des jarres. Les jarres se fabriquent en Provence.

Il se dit également Des fontaines de terre cuite dont on se sert dans les maisons.

JARRET. s. m.

JARRET. s. m. La partie du corps humain qui est derrière le genou, et qui lui est opposée. Il a le jarret souple. Plier le jarret. Roidir, tendre le jarret.

Il se dit aussi de L' endroit où se plie la jambe de derrière des animaux à quatre pieds. Les jarrets d' un cheval ne sont beaux qu' autant qu' ils sont proportionnés, larges, souples, secs et nerveux. Couper les jarrets aux chevaux. Mettre un jarret de veau dans le pot.

Fig. et fam., Être ferme sur ses jarrets, Faire bonne contenance.

JARRET

JARRET en Architecture, Espèce de saillie ou de bosse qui est une défectuosité. Cette voûte a un jarret.

JARRETÉ, ÉE. adj.

JARRETÉ, ÉE. adj. Il se dit De tout quadrupède qui a les jambes de derrière tournées en dedans, et si peu ouvertes, que les deux jarrets se touchent presque en marchant. Je ne veux point de ce mulet, il est jarreté. Cette jument serait belle, si elle n' était pas jarretée.

Il se dit aussi, en Architecture, D' une surface qui a un jarret. Pilastre jarreté. Voûte jarretée.

JARRETIÈRE. s. f.

JARRETIÈRE. s. f. Sorte de ruban, de courroie, de tissu dont on lie ses bas au-dessus, ou au-dessous du genou. Belles jarretières. Jarretières de rubans. Jarretières de laine. Jarretières élastiques. Attacher, détacher, nouer, dénouer ses jarretières, une jarretière. Votre jarretière traîne. La jarretière de la mariée. L' ordre de la Jarretière.

Fig. et fam., Il ne lui va pas à la jarretière, Il a bien moins de mérite, de capacité, de science que lui.

JARS. s. m.

JARS. s. m. Le mâle de l' oie. Un beau jars. Il faut un jars à vos oies.

Fig. et pop., Il entend le jars, Il est fin, on ne lui en fait pas accroire aisément.

JAS. s. m.

JAS. s. m. T. de Marine. Assemblage de deux pièces de bois qui sont ajustées par le milieu à l' extrémité de la verge d' une ancre, et qui servent, lorsqu' on jette l' ancre, à la tenir placée de manière qu' une de ses pattes ou becs morde sur le fond. On dit aussi, Jouail.

JASER. v. n.

JASER. v. n. Causer, babiller. Vous jasez beaucoup. Elles ont jasé toute la soirée. Il ne fait que jaser. Prov., Vous jasez bien à votre aise, vous avez les pieds chauds. Voyez PIED.

Il signifie familièrement, Dire et révéler quelque chose qu' on devait tenir secret. Gardez le secret, car si vous allez jaser, vous nous perdrez. Ah! je vois bien qu' un tel a jasé. Dans son interrogatoire, on le fit jaser.

Il se dit, par extension, Des geais et de quelques autres oiseaux, particulièrement des pies, des perroquets, des merles qui parlent. Cette pie jase tout le jour.

Prov., Jaser comme une pie, comme une pie borgne, Parler beaucoup, babiller.

JASERIE. s. f.

JASERIE. s. f. Babil, caquet. Jaserie continuelle. Il est familier.

JASEUR, EUSE s.

JASEUR, EUSE s. Causeur, babillard. C' est un grand jaseur, une grande jaseuse.

Il se dit aussi de Celui qui est sujet à redire ce qu' il entend. Défiez-vous de lui, c' est un jaseur. Il est familier dans les deux sens.

JASMIN. s. m.

JASMIN. s. m. Arbuste sarmenteux, dont on connaît plusieurs espèces, et qui produit des fleurs odoriférantes. Jasmin commun. Jasmin d' Espagne. Fleurs de jasmin. Jasmin jaune, ou Jasmin de jonquilles. Un berceau de jasmin.

Il se prend souvent pour Les fleurs de cette plante. Jasmin double. Cueillir du jasmin. Bouquet de jasmin. Le jasmin s' emploie souvent en parfumerie. Eau de jasmin. Huile de jasmin. Poudre de jasmin. Pommade de jasmin. Gants parfumés avec du jasmin, ou simplement, Gants de jasmin.

JASPE. s. m.

JASPE. s. m. Pierre dure et opaque, de la nature de l' agate. Jaspe-onyx. Jaspe sanguin. Jaspe panaché. Jaspe d' Orient. Jaspe purpurin. Jaspe blanc. Vase de jaspe.

JASPER. v. a.

JASPER. v. a. Bigarrer de diverses couleurs, en imitant le jaspe. Jasper la tranche d' un livre.

JASPÉ, ÉE. participe

JASPÉ, ÉE. participe Peint et bigarré, naturellement ou par art, d' une manière qui imite le jaspe. Marbre bien jaspé. Colonne jaspée. Cette tulipe est jaspée. Ce livre est relié en veau jaspé. Poules jaspées.

JASPURE. s. f.

JASPURE. s. f. Action de jasper, ou Le résultat de cette action. La jaspure d' un livre.

JATTE. s. f.

JATTE. s. f. Espèce de vase de bois, de faïence, de porcelaine, etc., qui est rond, tout d' une pièce, et sans rebord. Grande jatte. Petite jatte. Jatte de bois. Jatte de porcelaine. Une jatte pleine de lait, ou simplement, Une jatte de lait.

Fig. et fam., Cul-de-jatte, se dit d' Une personne estropiée qui ne peut faire usage ni de ses jambes ni de ses cuisses pour marcher. Il est cul-de-jatte. C' est un cul-de-jatte.

JATTÉE. s. f.

JATTÉE. s. f. Plein une jatte. Une grande jattée de soupe. Une jattée de lait.

JAUGE. s. f.

JAUGE. s. f. La juste mesure que doit avoir un vaisseau fait pour contenir quelque liqueur ou du grain. Ce tonneau, ce boisseau, cette pinte n' est pas de jauge, n' a pas la jauge.

Il se prend quelquefois pour Cette verge de bois ou de fer avec laquelle on mesure la capacité des futailles. Il avait une jauge. Mesurer avec la jauge.

Il se dit aussi d' Une futaille qui sert d' échantillon, d' étalon pour ajuster et échantillonner les autres. Cela est échantillonné, étalonné à la jauge et fût de Paris.

Il signifie encore, Une boîte percée de plusieurs trous, qui sert aux fonteniers à mesurer la quantité d' eau fournie par une source.

Il se dit pareillement, dans quelques autres Arts, de Divers instruments qui servent à prendre des mesures. Jauge de charpentier. Jauge pour mesurer la grosseur des cordages. Etc.

JAUGEAGE. s. m.

JAUGEAGE. s. m. Action de jauger. Il a fait le jaugeage de ces tonneaux. Il entend le jaugeage.

Il signifie aussi, Le droit que prennent les jaugeurs. Il y a tant pour le jaugeage et courtage.

JAUGER. v. a.

JAUGER. v. a. Mesurer un tonneau, une futaille, et en général un vase quelconque, pour voir s' il est de la mesure dont il doit être. Il a jaugé ces tonneaux, ces futailles, etc. Ces pintes, ces pots ont été jaugés.

Il signifie aussi, Mesurer un navire pour en connaître la capacité. Méthode pour jauger les navires. On a jaugé ce bâtiment, il est de cinq cents tonneaux.

JAUGÉ, ÉE. participe

JAUGÉ, ÉE. participe

JAUGEUR. s. m.

JAUGEUR. s. m. Celui dont l' emploi est de jauger. Maître jaugeur.

JAUNÂTRE. adj. des deux genres

JAUNÂTRE. adj. des deux genres Qui tire sur le jaune. Cela est jaunâtre, de couleur jaunâtre.

JAUNE. adj. des deux genres

JAUNE. adj. des deux genres Qui est de couleur d' or, de citron, de safran. Drap jaune. Couleur jaune. Fleur jaune. Cela est jaune. Il a le teint jaune. Cela est jaune comme du safran, comme de l' or, comme de l' ocre.

Fam., Être jaune comme un coing, comme souci, comme safran, Avoir le teint fort jaune.

Prov. et fig., Montrer à quelqu' un son bec jaune, Lui faire voir sa sottise, son ineptie, lui montrer qu' il est encore fort ignorant. On dit aussi, Faire payer à quelqu' un son bec jaune, Lui faire payer sa bienvenue. Dans ces deux phrases, on prononce, et dans la première on écrit plus ordinairement, Béjaune.

En Médec., Fièvre jaune, ou Typhus d' Amérique, Affection aiguë très-grave, dans le cours de laquelle la peau et les tissus blancs se teignent ordinairement en jaune.

JAUNE

JAUNE est aussi substantif masculin, et signifie, La couleur jaune. Jaune pâle. Jaune doré. Jaune couleur de citron, ou Jaune-citron. Quelle couleur est-ce-là? C' est du jaune, de beau jaune.

Il se dit également de Certaines matières qui ont une couleur jaune, et qui servent à teindre ou à colorer en jaune, comme le Jaune de Naples, et le Jaune de montagne.

Jaune d' oeuf, Cette partie de l' intérieur de l' oeuf qui est jaune. Avaler un jaune d' oeuf. Dorer de la pâte avec des jaunes d' oeufs.

JAUNIR. v. a.

JAUNIR. v. a. Rendre jaune, peindre ou teindre en jaune. Le soleil jaunit les moissons. Il faut jaunir cette toile. Jaunir un plancher.

JAUNIR

JAUNIR est aussi neutre, et signifie alors, Devenir jaune. Ces fruits commencent à jaunir. Les blés jaunissent. Toute la campagne jaunissait. Cet homme a beaucoup de bile, il jaunit à vue d' oeil.

JAUNI, IE. participe

JAUNI, IE. participe

JAUNISSANT, ANTE. adj.

JAUNISSANT, ANTE. adj. Qui jaunit. On ne l' emploie guère que dans le style poétique. Les blés jaunissants. Des moissons jaunissantes.

JAUNISSE. s. f.

JAUNISSE. s. f. Maladie qui jaunit la peau, et qu' on peut attribuer à la présence de la bile dans le sang. Les médecins la nomment Ictère. Cette fille a la jaunisse. Tel remède guérit de la jaunisse. Ces animaux sont sujets à la jaunisse.

JAVART. s. m.

JAVART. s. m. T. d' Art vétérinaire. Tumeur dure et douloureuse qui vient au bas de la jambe des chevaux, et qui est analogue à celle que, dans l' homme, on appelle Clou ou Furoncle. Un gros javart. Il est venu un javart à ce cheval. Javart simple. Javart nerveux. Javart encorné.

JAVEAU. s. m.

JAVEAU. s. m. T. d' Eaux et Forêts. Nom qu' on donne à une île formée de sable et de limon par un débordement d' eau.

JAVELER. v. a.

JAVELER. v. a. T. d' Agricult. Mettre les blés par petites poignées, et les laisser couchés sur les sillons, afin que le grain sèche et jaunisse. Il faut javeler ces blés, ces avoines.

Il est aussi verbe neutre; et dans ce sens on dit: Le blé javelle. Il faut laisser javeler ce blé, cette avoine.

JAVELÉ, ÉE. participe

JAVELÉ, ÉE. participe Avoines javelées, Celles dont le grain est devenu noir et pesant par la pluie qui les a mouillées tandis qu' elles étaient en javelle.

JAVELEUR. s. m.

JAVELEUR. s. m. T. d' Agricult. Celui qui javelle. Il y avait tant de javeleurs dans ce champ.

JAVELINE. s. f.

JAVELINE. s. f. Espèce de dard long et menu. Lancer une javeline. On ne se sert plus de javeline à la guerre.

JAVELLE. s. f.

JAVELLE. s. f. T. d' Agricult. Plusieurs poignées de blé scié, qui demeurent couchées sur le sillon jusqu' à ce qu' on en fasse des gerbes. Mettre du blé, de l' avoine en javelle. Grosse javelle. Javelles épaisses. Glaner entre les javelles. Amasser les javelles. Mettre les javelles sur le lien.

Il se dit aussi Des petits faisceaux de sarment. Mettez une javelle au feu.

JAVELOT. s. m.

JAVELOT. s. m. Espèce de dard, arme de trait. Lancer, darder un javelot.

JE. Pronom de la première personne du singulier, et des deux genres

JE. Pronom de la première personne du singulier, et des deux genres Voyez NOUS.

Il est toujours le sujet de la proposition, ou, comme on parle en Grammaire, le nominatif du verbe. Quand le verbe commence par une voyelle ou une h non aspirée, on élide l' e. Je dis. Je fais. Je lirai. J' aime. J' écrirai. J' honore. Je hais. Je vous assure que... Je m' y trouverai. Je ne lui en veux rien dire.

Il est quelquefois séparé du verbe, dans certaines formules, par l' énonciation des qualités de celui qui parle; comme, Je soussigné, conservateur des hypothèques, certifie que...

Il se met après le verbe, soit dans les façons de parler interrogatives ou admiratives, comme: Que ferai-je? Que répondrai-je? Que deviendrai-je? Où suis-je? soit quand le verbe se trouve enfermé dans une espèce de parenthèse, comme: Vous remarquerez, lui dis-je, que... Osez-vous, lui répondis-je, me parler de la sorte? soit quand on l' emploie par manière de souhait, comme: Puissé-je vous voir aussi heureux que vous le méritez! soit dans ces phrases et autres semblables: Dussé-je en périr, Fussé-je au bout du monde, Quand je devrais en périr, Quand je serais au bout du monde; soit quand on s' en sert pour exprimer le doute, comme: Peut-être irai-je, peut-être n' irai-je pas; Encore ne sais-je; soit enfin quand il est précédé de la conjonction Aussi, ou de certains adverbes semblables, comme: Aussi puis-je vous assurer; Aussi ne lui en ai-je rien dit; En vain prétendrais-je le persuader; Malaisément viendrais-je à bout de cela; Inutilement voudrais-je m' y opposer. Lorsqu' il est ainsi placé après le verbe, c' est toujours immédiatement, sans qu' on puisse rien mettre entre-deux.

Fam., Je ne sais quoi, ou substantivement, Un je ne sais quoi, se dit d' Une qualité, d' un sentiment indéfinissable. Je ne sais quoi, ce je ne sais quoi qui charme, qui séduit. Un je ne sais quoi m' avertit que je dois me défier de cet homme.

JECTISSES. adj. f. pl.

JECTISSES. adj. f. pl. Il se dit Des terres qui ont été remuées ou rapportées. Il ne faut pas bâtir sur ce fonds, ce sont des terres jectisses.

En termes de Maçonnerie, Pierres jectisses, se dit Des pierres qui peuvent se poser à la main, dans toutes sortes de constructions.

JÉHOVAH. s. m.

JÉHOVAH. s. m. Nom de Dieu en hébreu. Les Juifs, par respect, ne prononçaient point le nom de Jéhovah.

Il se dit aussi de L' assemblage de caractères qui représente ce nom. On a gravé un Jéhovah au-dessus de l' autel.

JEJUNUM. s. m.

JEJUNUM. s. m. (On prononce Jéjunome.) T. d' Anat., emprunté du latin. Le second intestin grêle, ainsi nommé parce qu' on le trouve souvent vide.

JÉRÉMIADE. s. f.

JÉRÉMIADE. s. f. Il se dit, par allusion aux Lamentations de Jérémie, d' Une plainte fréquente et importune. C' est une jérémiade. Aurez-vous bientôt fini vos jérémiades? Il est familier.

JÉSUITE. s. m.

JÉSUITE. s. m. Nom des membres de l' ordre religieux appelé Compagnie ou Société de Jésus. Le général des jésuites. Les jésuites furent expulsés de France en 1764. Un collége tenu par des jésuites. Il étudia chez les jésuites.

Jésuite de robe courte, Laïque affilié à l' ordre des jésuites.

JÉSUITIQUE. adj. des deux genres

JÉSUITIQUE. adj. des deux genres Qui appartient, qui est propre aux jésuites. Il ne se dit qu' en mauvaise part. Morale jésuitique. Imbu des doctrines jésuitiques.

JÉSUITISME. s. m.

JÉSUITISME. s. m. Système de conduite des jésuites ou de leurs adhérents; caractère de ce qui est propre aux jésuites ou conforme à leur doctrine.

JÉSUS. s. m.

JÉSUS. s. m. T. de Papeterie. On appelle Papier nom de Jésus, ou simplement, Papier jésus, Une sorte de papier de grand format, qui s' emploie principalement dans l' imprimerie, et dont la marque portait autrefois le nom de JÉSUS (I. H. S.).

JET. s. m.

JET. s. m. Action de jeter, ou Mouvement qu' on imprime à un corps en le jetant. Le jet d' une bombe, d' une pierre. Un jet rapide.

Le jet des bombes, L' art de lancer les bombes.

Arme de jet, Toute arme propre à lancer des corps avec force, comme une arbalète, une fronde, etc.

Jet de pierre, se dit d' Autant d' espace qu' en peut parcourir une pierre qu' un homme jette de toute sa force.

Jet de marchandises, se dit, à la mer, Quand on est forcé de jeter, pour alléger le navire, une partie des marchandises dont il est chargé.

En termes de Pêche, Le jet d' un filet, se dit en parlant D' un filet qu' on jette pour prendre du poisson. Acheter le jet du filet, Acheter tout le poisson qui sera pris par le coup de filet.

En termes de Peinture, Le jet d' une draperie, La manière plus ou moins naturelle dont les mouvements, les plis d' une draperie sont rendus dans un tableau. Des draperies d' un beau jet.

JET

JET se dit aussi Du calcul qui se fait par les jetons. Calculer au jet et à la plume. Ce sens a vieilli.

JET

JET en termes de Fonderie, Action d' introduire, de faire couler la matière dans le moule, lorsqu' elle est en fusion. On ne l' emploie guère que dans cette locution adverbiale, D' un seul jet, qui se dit en parlant D' une pièce dont toutes les parties sont fondues à la fois dans un seul moule. Fondre, couler une figure d' un seul jet. Cette statue équestre est d' un seul jet.

Fig., D' un seul jet, se dit, en Littérature et dans les Arts, en parlant D' une composition faite avec rapidité et sans y revenir à plusieurs fois. Cette pièce de vers a été faite d' un seul jet. On dit aussi, Ce n' est qu' un premier jet, en parlant De ce qui n' est qu' ébauché, des idées que l' on s' est hâté de fixer sur la toile ou sur le papier, dans un moment d' inspiration. On dit dans le même sens, Le premier jet d' un ouvrage. On dit encore, adverbialement, Du premier jet, Du premier coup, sans qu' il ait été nécessaire d' y revenir. J' ai fait cette tirade du premier jet.

JET

JET se dit aussi, en termes de Fonderie, Des ouvertures ménagées pour donner passage à la matière en fusion, et la distribuer dans toutes les parties du moule.

JET

JET se dit encore d' Un liquide qui jaillit avec force en filet, en colonne, etc. Un jet de sang. L' eau s' échappait de tous côtés par petits jets. Un jet plus gros que le bras. On dit de même, Un jet de vapeur.

Jet d' eau, se dit surtout de L' eau qui s' élance d' une fontaine jaillissante, et qui s' élève. Un beau jet d' eau. Ce parterre est orné de jets d' eau.

Jet de lumière, Rayon de lumière qui paraît subitement.

Jet d' abeilles, Nouvel essaim qui sort de la ruche.

JET

JET se dit en outre Des bourgeons, des scions que poussent les arbres, les vignes. Cet arbre a fait, a donné de beaux jets cette année.

Cette canne est d' un seul jet, Elle n' a point de noeuds, elle n' est point entée. Voilà une canne d' un seul jet, d' un beau jet. On dit quelquefois absolument, Un jet, Une canne d' un seul jet. Voilà un beau jet, un jet bien droit. Ce jet est fort cher.

JET

JET en termes de Fauconnerie, Menue courroie qu' on met autour de la jambe de l' oiseau. Ôter les jets à un oiseau.

JETÉ. s. m.

JETÉ. s. m. Un des pas de la danse. Jeté battu.

JETÉE. s. f.

JETÉE. s. f. Amas de pierres, de sable, de cailloux et d' autres matériaux jetés à côté du canal qui forme l' entrée d' un port, liés fortement, et ordinairement soutenus de pilotis, pour servir à rompre l' impétuosité des vagues. Faire une jetée à l' entrée d' un port. À l' extrémité de la jetée.

Il se dit aussi Des amas de pierres, de sable et de cailloux jetés dans la longueur d' un mauvais chemin pour le rendre plus praticable. Ce chemin est devenu très-commode depuis qu' on y a fait une jetée.

JETER. v. a.

JETER. v. a. (Je jette. Je jetais. J' ai jeté. Je jetterai. Jetant.) Lancer avec la main ou de quelque autre manière. Jeter des pierres. Jeter un dard, un javelot. Jeter des fusées, des grenades. Jeter ses armes pour s' enfuir. Jeter quelque chose au vent. Jeter quelque chose en l' air. Jeter quelque chose à la tête. Jeter de l' eau par la fenêtre. Jeter un filet dans l' eau pour pêcher. Jeter un palet. Jeter les dés hors du cornet. Jeter quelque chose au feu. Jeter de l' huile dans le feu. Cela n' est bon qu' à jeter au feu. Jeter de l' argent au peuple. Jeter des fleurs devant le saint sacrement. Jeter des semences en terre. Jeter des marchandises à la mer pour alléger le navire. Jeter de l' eau bénite. Jeter quelque chose de haut en bas.

Jeter un châle, une mante, un manteau, etc., sur ses épaules, sur les épaules de quelqu' un, Mettre avec quelque promptitude un châle, etc., sur ses épaules, sur les épaules de quelqu' un. On dit aussi, Ce vêtement, cette draperie, etc., est jetée avec grâce, avec élégance, en parlant D' un vêtement, d' une draperie disposés avec une négligence qui a de la grâce, etc.

En termes de Peinture, Jeter une draperie, Donner une certaine disposition aux plis de la draperie dont on revêt une figure. Ce peintre jette mal ses draperies. Les plis de cette draperie sont bien jetés.

En termes de Marine, Jeter l' ancre, La faire tomber dans la mer, pour arrêter le navire. Jeter le plomb, la sonde, Laisser tomber la sonde pour connaître la hauteur de l' eau ou la qualité du fond.

Aux Jeux de cartes, Jeter ses cartes, Les jouer.

Jeter les fondements d' un édifice, Les asseoir, les établir. Figurément, Jeter les fondements d' un empire, d' un royaume, d' une république, etc., Fonder un empire, etc.

Jeter un pont sur une rivière, Construire, établir un pont sur une rivière. Cela se dit surtout en parlant Des ponts que l' on fait à la hâte pour le passage des troupes, des armées.

Prov. et fig., Jeter de l' huile sur le feu, dans le feu, Exciter une passion déjà très-vive, très-violente; aigrir des esprits qui ne sont déjà que trop aigris.

Prov. et fig., Il n' en jetterait pas sa part aux chiens, se dit D' un homme qui se croit bien fondé dans les prétentions qu' il a sur quelque chose.

Prov. et fig., Jeter son bien, jeter tout par les fenêtres, Dissiper son bien en folles dépenses. C' est un homme d' ordre, et qui ne jette point son bien par les fenêtres. On dit aussi, C' est un homme d' ordre, et qui ne jette rien.

Fig. et fam., Jeter une marchandise à la tête, L' offrir à vil prix. Il y avait tant de gibier au marché, qu' on le jetait à la tête.

Fig. et fam., Jeter une chose à la tête de quelqu' un, La lui offrir sans qu' il la demande. Ne pensez pas que je lui jette mon bien à la tête, que je lui jette ma fille à la tête. On dit de même, avec le pronom personnel, Se jeter à la tête de quelqu' un, et absolument, Se jeter à la tête, S' offrir à lui avec empressement, et sans être recherché. Il ne faut pas se jeter à la tête des gens. Il est fort imprudent de se jeter ainsi à la tête.

Fig. et fam., Jeter de la poudre aux yeux, Éblouir, surprendre par de faux brillants, par des raisons spécieuses, etc. Il a jeté de la poudre aux yeux à toute l' assemblée. Ce discours a jeté de la poudre aux yeux. Il croyait nous jeter de la poudre aux yeux.

Fig. et fam., Jeter le froc aux orties, Renoncer à la profession monacale; et, par extension, Renoncer à l' état ecclésiastique. On le dit aussi De toute personne qui, par inconstance, renonce à quelque profession que ce soit.

Fig. et fam., Jeter le grappin sur quelqu' un, Se rendre maître de son esprit.

Prov. et fig., Jeter son plomb sur quelque chose, Porter ses vues sur quelque chose, former un dessein pour parvenir à quelque chose. Il a jeté son plomb sur cet emploi.

Prov. et fig., Jeter le manche après la cognée, Abandonner une affaire, une entreprise, par chagrin, par dégoût, par découragement.

Fig. et fam., Je jetai mon bonnet par-dessus les moulins. Phrase par laquelle on terminait les contes que l' on faisait aux enfants, et qui signifie, Je ne sais ce que tout cela devint, je ne sais comment finit le conte, l' histoire.

Prov. et fig., Jeter son bonnet par-dessus les moulins, Braver les bienséances, l' opinion publique. Cette femme a jeté son bonnet par-dessus les moulins.

Prov. et fig., Jeter sa langue aux chiens, Renoncer à deviner quelque chose. Il m' est impossible de trouver le mot de cette énigme, je jette ma langue aux chiens.

Prov. et fig., S' il disait, s' il faisait telle chose, il ne serait pas bon à jeter aux chiens, Tout le monde le blâmerait et crierait après lui.

Fig., Jeter un voile sur quelque chose, Le passer sous silence. Jetons un voile sur le passé, sur les horribles détails de ce crime.

Fig., Jeter quelqu' un dans un cachot, dans les fers, Le mettre ou le faire mettre au cachot, en prison.

Fig., en termes de Guerre, Jeter des hommes, jeter de l' infanterie, de la cavalerie, jeter des munitions, des vivres, etc., dans une place, Les y faire entrer promptement dans le besoin.

En termes de Fauconnerie, Jeter le faucon, Le laisser partir pour le vol. En parlant De l' autour, on dit, Lâcher.

JETER

JETER s' emploie aussi figurément, tant au sens physique qu' au sens moral, dans l' acception de Mettre, placer, diriger, envoyer, etc., et souvent avec l' idée d' une certaine violence, de quelque soudaineté ou rapidité dans l' action. Quand le Créateur nous jeta sur la terre. Il fut malgré lui jeté sur le trône. Il prétendait qu' on avait jeté un sort sur son troupeau. Jeter rapidement ses idées sur le papier, sur la toile, etc. Jeter un coup d' oeil sur quelqu' un, sur quelque chose. Jeter un regard, des regards de compassion sur une personne. Jeter des oeillades. Jeter les yeux sur quelqu' un, sur quelque chose. En jetant les yeux de ce côté, j' aperçus une lumière. Avez-vous jeté les yeux sur son mémoire? Jeter un regard sur le passé. Jeter l' effroi, l' épouvante dans une maison, dans le camp, etc. Jeter du ridicule sur quelqu' un. Jeter de l' odieux sur une action. Jeter son soupçon, ses soupçons sur quelqu' un. Jeter des soupçons dans l' esprit de quelqu' un. Jeter des semences de vertu dans le coeur d' un jeune homme. Ce mot jette quelque obscurité dans la phrase. Cela peut jeter une vive lumière, un grand jour sur les causes de tel événement. Jeter quelqu' un dans le péril, dans un danger. Jeter dans l' inquiétude. Cela me jette dans un grand embarras. La surprise où les jeta cette nouvelle. Jeter dans l' illusion. Jeter dans l' erreur.

Jeter les yeux sur quelqu' un, signifie quelquefois, Avoir sur quelqu' un des vues particulières. Il a jeté les yeux sur ce jeune homme pour en faire son gendre.

Jeter des propos, Avancer des propos qui vont indirectement à insinuer ou à découvrir quelque chose. Ce ministre a jeté des propos de paix, de guerre.

Jeter des soupçons contre quelqu' un, Faire soupçonner quelqu' un.

Jeter au sort, Décider quelque chose par la voie du sort.

Le sort en est jeté, Le parti en est pris. On dit dans le même sens, Lé dé en est jeté.

Fig. et fam., Jeter son dévolu sur quelqu' un, sur quelque chose, Arrêter ses vues, fixer son choix sur quelqu' un, sur quelque chose.

En termes d' Impr., Jeter un blanc, Ménager, laisser un blanc. On dit à peu près de même, Jeter une espace, une interligne.

JETER

JETER se dit quelquefois dans le sens de Pousser avec violence, tant au propre qu' au figuré. Jeter un homme par terre. Les vents nous jetèrent sur un écueil. La tourmente politique les avait jetés loin de leur patrie.

Fig. et fam., Jeter une maison, une cloison, un mur, etc., par terre, Démolir, abattre une maison, une cloison, etc. On dit dans le même sens, Jeter bas.

En termes de Marine, Jeter son navire à la côte, ou Se jeter à la côte, S' y échouer exprès, afin d' éviter un danger plus grand.

JETER

JETER signifie aussi, Pousser, envoyer, lancer hors de soi. Un animal qui jette son venin. Le tronc de cet arbre jette une espèce de gomme. Cette fontaine jette beaucoup d' eau. Une montagne qui jette des feux. Un tison qui jette des étincelles. Cette lampe jette beaucoup de lumière, jette un éclat très-vif.

Jeter des larmes, Pleurer. Il ne jeta pas une larme.

Jeter un soupir, un cri, Faire un soupir, un cri. Fig. et fam., Jeter les hauts cris, Se récrier, se plaindre hautement.

Fig. et fam., Cet homme jette un vilain coton, Il perd son crédit, sa réputation. On dit ironiquement, dans le même sens, Il jette un beau coton. On dit aussi D' un homme atteint d' une maladie qui le fait dépérir, Il jette un mauvais coton.

Fig. et fam., Il a jeté tout son venin, Dans l' emportement de la colère, il a dit tout ce qu' il avait sur le coeur contre un tel.

Fig. et fam., Jeter son feu, tout son feu, Faire et dire tout ce qu' inspire la colère, de manière que l' on en est plus tôt apaisé. Jeter feu et flamme, Se livrer à de grands emportements de colère.

Jeter son feu, signifie aussi, Faire d' abord preuve de talent, de génie, et ne pas réaliser ensuite les espérances que l' on avait données de soi. On dit dans un sens analogue, Cet auteur a jeté son feu, tout son feu dans le premier acte de sa tragédie, dans son premier volume.

JETER

JETER se dit particulièrement Des ulcères, des abcès, etc. Cet abcès jette du pus. Absol. : Ces ulcères, ces pustules jettent beaucoup. Sa plaie commence à jeter.

Il se dit également Des chevaux. Ce cheval jette sa gourme, une fausse gourme. Absol., Ce cheval jette, il est morfondu.

JETER

JETER se dit en outre Des mouches à miel qui produisent et mettent dehors un nouvel essaim. Ces mouches n' ont point jeté cette année. Les bonnes mouches jettent deux fois l' an. Cette ruche n' a pas encore jeté.

Il se dit encore Des arbres et des plantes qui produisent des bourgeons ou des scions. Cette vigne a bien jeté du bois. Cet arbre a jeté des scions. Absol.: Les arbres commencent à jeter. La vigne ne jette pas encore.

Jeter de profondes racines, S' enraciner profondément. Il se dit au propre et au figuré. Ces arbres ont jeté de profondes racines. Cet abus avait jeté de si profondes racines, qu' il était bien difficile de l' extirper.

En termes de Vénerie, Ce cerf jette sa tête, Il quitte son bois.

JETER

JETER signifie aussi, Calculer avec des jetons. Jetez ces sommes-là. Je les ai jetées, et j' ai trouvé qu' elles montent à... Apprendre à jeter. Ce sens est vieux.

JETER

JETER en termes de Fonderie, Faire couler du métal fondu dans quelque moule, afin d' en tirer une figure. Jeter une figure, une statue en bronze. Jeter en argent. Jeter en sable. Jeter en moule. Ce fondeur jette bien.

Fig. et fam., Cela ne se jette pas en moule, Cet ouvrage ne peut se faire qu' avec beaucoup de soin et de temps.

JETER

JETER avec le pronom personnel, signifie, tant au propre qu' au figuré, Se lancer, se précipiter, se porter impétueusement dans, contre, vers quelqu' un ou quelque chose. Se jeter par la fenêtre. Se jeter dans le feu, dans un puits, dans la mer. Notre vaisseau alla se jeter contre les rochers. Se jeter au cou de quelqu' un pour l' embrasser. Je me jette à vos pieds. Il s' est jeté dans mes bras. Se jeter sur quelqu' un pour le maltraiter. Il se jeta sur son ennemi. Les chiens se jetèrent sur le loup. Un animal qui se jette sur sa proie. Il se jeta au milieu des ennemis. Il s' y jette à corps perdu. Se jeter dans les réformes. Se jeter dans la dévotion. Abandonner un excès pour se jeter dans l' excès contraire. Se jeter volontairement dans le péril. Se jeter dans un parti.

Ce fleuve, cette rivière se jette dans telle autre, se jette dans la mer, dans un lac, etc., Ce fleuve, cette rivière se rend, va se perdre dans telle autre, etc.

Se jeter sur quelque chose, signifie quelquefois, S' y porter avidement. Les soldats se jetèrent sur ces provisions et les pillèrent. On servit une pyramide de fruits, tout le monde se jeta dessus.

JETER

JETER avec le pronom personnel, signifie quelquefois particulièrement, Entrer, se réfugier précipitamment en quelque endroit. On poursuivit le voleur, mais il se jeta dans une allée obscure et disparut. Il se jeta dans le plus épais du bois. Il se jeta dans telle place avec trois mille hommes, et y fit une longue résistance.

Fig., Se jeter dans un couvent, S' y retirer.

JETÉ, ÉE. participe

JETÉ, ÉE. participe

JETON. s. m.

JETON. s. m. Pièce de métal, d' ivoire, etc., plate et ordinairement ronde, dont on se servait autrefois pour calculer des sommes, et dont on se sert encore pour marquer et payer au jeu. Jetons de cuivre. Jetons d' argent. Jetons d' or. Jetons d' ivoire. Faire faire des jetons. Une bourse de jetons. Compter avec des jetons. Marquer avec des jetons.

Jeton de présence, Jeton de métal que l' on donne, dans certaines sociétés ou compagnies, à chacun des membres qui sont présents à une séance, à une assemblée.

Prov., Être faux comme un jeton, Avoir un caractère faux.

JEU. s. m.

JEU. s. m. Divertissement, récréation, tout ce qui se fait par esprit de gaieté et par pur amusement. Les jeux de l' enfance. Des jeux bruyants. Leurs jeux sont quelquefois troublés par des rixes. Il était grave jusque dans ses jeux. C' est un jeu bien innocent. Jeu sans malice. Jeu d' enfant. Jeux de société. Jouer à de petits jeux. Il a dit cela par manière de jeu. On ne veut pas lui faire de mal, ce n' est qu' un jeu.

Jeux d' esprit, Certains petits jeux qui demandent quelque facilité, quelque agrément d' esprit. On appelle aussi, figurément, Jeux d' esprit, Certaines productions d' esprit qui n' ont aucune solidité, comme les anagrammes, les énigmes, les bouts-rimés, etc.

Jeux de main, Jeux où l' on se frappe légèrement les uns les autres. La main chaude est un jeu de main. On appelle aussi Jeux de main, L' action de lutter, de se porter des coups réciproques en plaisantant. Les jeux de main finissent souvent par des querelles.

Prov., Jeux de main, jeux de vilain, ou au singulier, Jeu de main, jeu de vilain, Les jeux de main ne conviennent qu' à des gens mal élevés.

C' est un rude jeu, se dit D' un jeu qui va à fâcher ou à blesser quelqu' un. On dit proverbialement, dans le même sens, Ce sont jeux de prince qui ne plaisent qu' à ceux qui les font; ou absolument, Ce sont jeux de prince.

Fig. et fam., C' est un jeu à se rompre le cou, les jambes, etc., se dit D' une action qui expose à se tuer, à se rompre les jambes, etc.

Fig. et fam., Le jeu lui plaît, se dit en parlant D' une personne qui veut recommencer à faire une chose qui lui plaît.

Fig. et fam., Ce n' est pas un jeu d' enfant, ce n' est pas jeu d' enfant, se dit D' une affaire grave et sérieuse, ou d' un engagement dont on ne peut se dédire.

Prendre quelque chose en jeu, Le prendre en plaisanterie.

Cela passe le jeu, cela est plus fort que le jeu, Cela passe la raillerie.

Fam., Ce n' est qu' un jeu, se dit D' une chose qu' on fait facilement. Les plus grandes fatigues, les plus grandes difficultés ne sont qu' un jeu pour lui.

Se faire un jeu de quelque chose, Y mettre son plaisir. Il ne se dit qu' en mauvaise part. Il se fait un jeu de mes tourments. Il se faisait un jeu de l' affliger.

Jeu de mots, se dit d' Une certaine allusion fondée sur la ressemblance des mots. C' est un froid jeu de mots. Ce jeu de mots est assez heureux, assez plaisant.

Fig., Jeu de la nature, se dit de L' action de la nature qui produit une chose bizarre, extraordinaire; ou de La chose même qui est ainsi produite. On admire le jeu de la nature dans les pierres qui représentent des arbres, des animaux, des ruines. La nature, dans ses jeux, est infiniment variée. Cette coquille est un jeu de la nature.

Poétiq., Les jeux de la scène, Les représentations théâtrales.

Poétiq. et fig., Les jeux sanglants de Mars, La guerre, les combats.

Fig., C' est un jeu du hasard, se dit De ce qui n' est qu' un effet du hasard.

Fig., Le jeu, les jeux de la fortune, Les vicissitudes de la fortune.

JEUX

JEUX au pluriel, se dit quelquefois, en poésie, de Certaines divinités allégoriques qui sont censées présider à la gaieté, à la joie. Les Jeux, les Ris et les Grâces. Les Jeux et les Plaisirs. Les Jeux et les Amours. Etc.

JEU

JEU se prend particulièrement pour Un exercice de récréation qui a de certaines règles, et auquel on hasarde ordinairement de l' argent. Il y a des jeux de hasard, comme le passe-dix, le trente et quarante, le biribi; des jeux de calcul ou de combinaison, comme les dames, les échecs; des jeux mêlés de combinaisons et de hasard, comme le trictrac, le piquet; des jeux de commerce, comme la plupart des jeux de cartes; des jeux d' adresse, comme le jeu de paume, le jeu du billard, etc. Le brelan est un jeu de renvi. Un beau jeu. Un jeu divertissant. Un sot jeu. Un vilain jeu. Un jeu ennuyeux. Un jeu sérieux. Les règles du jeu. Intéresser le jeu. Aucun jeu ne lui plaît. Les phrases suivantes et d' autres semblables s' appliquent surtout Aux jeux de commerce ou de hasard, comme les cartes et les dés. La passion du jeu. Aimer le jeu. Être adonné au jeu. Être âpre, ardent, attaché au jeu. Heureux, malheureux au jeu. Je crains le jeu. Perdre au jeu. Gagner au jeu. Vivre du jeu. Le jeu l' a ruiné. On ne saurait le tirer du jeu. Sortir du jeu. Se mettre au jeu. S' engager au jeu. Tromper au jeu. Escamoter au jeu. C' est de l' argent du jeu. La perte, le gain du jeu. Le hasard, la bizarrerie du jeu. Le jeu lui en dit, ne lui en dit pas. Ils prirent querelle sur le jeu. Ceux qui regardent ne doivent point parler sur le jeu.

Par extension, Jeu de bourse, se dit de Toute espèce d' agiotage sur les fonds publics.

Académies de jeux, ou Jeux publics, Lieux où l' on donne à jouer à toutes sortes de jeux. Maison de jeu, Lieu où l' on ne joue habituellement qu' à des jeux de hasard. Les banquiers d' une maison de jeu. On demanda la suppression des maisons de jeu.

La ferme des jeux, La ferme des maisons de jeu publiques.

Il y a grand jeu dans cette maison, Il s' y rassemble beaucoup de joueurs.

Tenir un jeu, Donner à jouer chez soi ou en public. On tient un jeu dans cette maison. Les gens qui tiennent des jeux dans une foire.

Tenir le jeu de quelqu' un, Jouer pour quelqu' un.

Mettre au jeu, Donner, déposer son enjeu. Tout le monde a mis au jeu.

L' argent qui est sur le jeu, sur jeu, La somme des enjeux, ce que les joueurs ont mis au jeu. Il y avait cent francs sur le jeu, sur jeu.

Tenir jeu, Continuer à jouer avec une personne qui perd. Couper jeu, Se retirer avec gain, et ne vouloir pas tenir jeu.

Aux Jeux de renvi, Ouvrir le jeu, Faire la première vade. Fermer le jeu, Tenir la dernière vade, et ne point faire de renvi.

Entrer en jeu, se dit, à certains Jeux de cartes, De celui qui, ayant levé une main, est en état de jouer comme il lui plaît. Cela signifie aussi, figurément et familièrement, Entrer dans une affaire, dans une discussion, avoir son tour, soit pour agir, soit pour parler, etc.

D' entrée de jeu, Dès le commencement du jeu. Il se mit à jouer, et d' entrée de jeu il perdit la moitié de son argent. Cela se dit aussi, figurément et familièrement, pour D' abord. D' entrée de jeu il fit voir son extravagance.

Se piquer au jeu, S' opiniâtrer à jouer, malgré la perte. Il se pique aisément au jeu. On dit aussi, figurément et familièrement, Se piquer, être piqué au jeu, en parlant D' une personne qui veut venir à bout de quelque chose, malgré les obstacles qu' elle y trouve.

Jouer bon jeu, bon argent, Jouer sérieusement et avec l' intention de payer sur-le-champ. On dit dans un sens analogue, Jouer de franc jeu.

Fig. et fam., Bon jeu, bon argent, Tout de bon, sérieusement. Ils se sont battus bon jeu, bon argent. Ils vont plaider bon jeu, bon argent.

Prov. et fig., Le jeu ne vaut pas la chandelle, La chose dont il s' agit ne mérite pas les soins qu' on prend, les peines qu' on se donne, la dépense qu' on fait.

Prov. et fig., À quel jeu l' a-t-on perdu? se dit en parlant D' un homme qui ne va plus dans une maison, dans une compagnie où il avait coutume d' aller.

Fig. et fam., Mettre quelqu' un en jeu, Le citer sans sa participation, le mêler à son insu dans une affaire. Il m' a mis en jeu mal à propos. On dit aussi, Mettre une chose en jeu, La faire agir, l' employer. Il mit en jeu toutes les ressources de son imagination.

JEU

JEU se prend aussi pour Les règles du jeu, la manière dont il convient de jouer, ou dont une personne joue. Jouer le jeu. C' est le jeu, le vrai jeu. Ce n' est pas mon jeu que de jouer ainsi. Ce joueur a un jeu perfide.

Fig. et fam., C' est son jeu, se dit en parlant De celui qui fait précisément ce qui convient le plus à ses intérêts, ce qu' il doit faire pour réussir. C' est son jeu de tirer l' affaire en longueur. On dit de même, C' est un homme qui sait bien son jeu.

JEU

JEU signifie encore, L' assemblage des cartes qui viennent à chacun des joueurs, et dont il doit se servir; Les points qu' on amène aux dés; ou, en général, La situation dans laquelle on se trouve par rapport à son adversaire, à quelque jeu que ce soit. Regarder son jeu. Avoir une carte de trop dans son jeu. Il lui est venu beau jeu, bien du jeu. Il lui est rentré vilain jeu, un jeu détestable. J' ai ruiné mon jeu en écartant. Cette carte a bien raccommodé mon jeu. On voit votre jeu. Cachez votre jeu. J' ai gagné à jeu découvert. Voilà mon jeu sur la table. Montrez votre jeu. Nous ne ferons pas un grand coup, le jeu est trop partagé. J' ai fort mauvais jeu. Je n' ai point de jeu. Mon jeu s' est bien fait. Mon jeu est meilleur, vaut mieux que le vôtre. Avoir jeu sûr. Il ne joue jamais qu' à jeu sûr. Il ménage, il conduit bien son jeu.

Donner beau jeu, Donner des cartes qui font un jeu favorable.

Fig. et fam., Donner beau jeu, faire beau jeu à quelqu' un, Lui présenter une occasion favorable de faire ce qu' il souhaite. On dit dans un sens analogue, Avoir beau jeu.

Perdre à beau jeu, Perdre quoiqu' on ait un beau jeu; et, figurément et familièrement, Échouer dans une tentative dont le succès paraissait assuré.

Prov. et fig., À beau jeu beau retour, se dit Pour faire entendre qu' on saura bien rendre la pareille, ou même qu' on l' a déjà rendue.

Prov. et fig., À tout venant beau jeu, se dit Pour exprimer qu' on est en état de tenir tête à tous ceux qui se présenteront.

Prov. et fig., Faire voir beau jeu à quelqu' un, Le maltraiter, lui nuire par vengeance, par un mouvement de colère; ou L' emporter sur lui dans une discussion.

Prov. et fig., Si on le fâche, on verra beau jeu, se dit Pour donner à entendre qu' on ne peut s' attaquer à quelqu' un sans éprouver les effets de son ressentiment.

Prov. et fig., Faire bonne mine à mauvais jeu, Dissimuler adroitement et cacher le mécontentement qu' on éprouve, ou le mauvais état où l' on est. Dans le même sens, on dit simplement, Bonne mine et mauvais jeu, en parlant D' une personne qui, sous une apparence de joie, cache du chagrin et de l' inquiétude.

Fig. et fam., Jouer à jeu sûr, Être certain du succès des moyens qu' on emploie dans une affaire.

Fig. et fam., Jouer bien son jeu, Se comporter adroitement en quelque affaire, savoir bien dissimuler pour arriver à ses fins.

Fig. et fam., Cacher son jeu, Dissimuler son habileté en feignant de ne pas savoir bien jouer. Dans une acception plus figurée, Cacher, couvrir son jeu, Cacher ses desseins, ses vues, etc., ou les moyens qu' on met en oeuvre pour réussir. On dit dans le même sens, Le jeu de cet homme est fort caché, fort couvert.

Aux Jeux de cartes, Avoir le jeu serré, Ne jouer qu' à beau jeu, et ne point se hasarder. Figurément, Agir avec beaucoup de prudence, de réserve, de manière à ne pas donner prise sur soi. Aux Échecs, Avoir le jeu serré, se dit D' un joueur qui n' étend pas assez son jeu. Au Trictrac, Le jeu de ce joueur est serré, est pressé, Les cases les plus éloignées sont faites, et s' il amène des cinq ou des six, il ne pourra les jouer utilement.

JEU

JEU signifie également, Ce que l' on met au jeu. Jouer gros jeu, petit jeu. Jouer un jeu d' enfer. Il joue un jeu à se ruiner. Tirer le jeu. Faire le jeu. Jeu fait.

J' y vais du jeu, Je suis du jeu, et par abréviation, J' en suis. Expressions qu' on emploie, au Jeu du brelan, et aux autres jeux de renvi, Pour avertir que l' on joue une somme pareille à celle qui est sur le jeu.

Jouer beau jeu, Jouer le jeu que les autres veulent.

Fig. et fam., Jouer gros jeu, jouer un jeu à se perdre, S' engager dans une affaire où l' on hasarde beaucoup pour sa réputation, pour sa fortune, pour sa vie.

Prov. et fig., Tirer son épingle du jeu, Se dégager adroitement d' une mauvaise affaire. Il s' était mis dans ce parti, dans une fâcheuse intrigue, mais il a tiré son épingle du jeu. Il signifie particulièrement, Retirer à temps les avances qu' on avait faites dans une affaire qui devient mauvaise.

JEU

JEU se dit encore, au Jeu de paume, de Chacune des divisions de la partie. Une partie de quatre jeux, de six jeux. Jouer en six jeux. Gagner le premier jeu. Avoir trois jeux à deux, trois jeux à point. Ils sont à deux de jeu.

Fig. et fam., Être à deux de jeu, se dit De deux personnes qui ont, l' une à l' égard de l' autre, un avantage ou un désavantage égal. On le dit aussi De deux personnes qui se sont rendu réciproquement de mauvais offices. On le dit encore De deux personnes qui ont été également maltraitées dans quelque affaire.

JEU

JEU se dit, par extension, d' Un lieu où l' on joue à certains jeux. Un jeu de paume. Un jeu de longue paume. Un jeu de courte paume. Un jeu de boule. Un jeu d' arquebuse. Entrer dans un jeu de paume. Faire faire des jeux de boule.

Il se dit également de Ce qui sert à jouer à certains jeux. Un jeu d' échecs. Un jeu de quilles. Un jeu d' oie. Un jeu de cartes. Un jeu neuf. Un vieux jeu. Un jeu complet. Un jeu entier. Il manque une carte à ce jeu, une pièce à ce jeu d' échecs.

En termes de Marine, Un jeu de voiles, L' assortiment complet de toutes les voiles d' un bâtiment. Un jeu d' avirons, Le nombre d' avirons nécessaires pour un canot.

JEUX

JEUX au pluriel, se dit Des spectacles publics des anciens, comme les courses, les luttes, les combats de gladiateurs, etc.; tels étaient chez les Grecs, Les jeux Olympiques, les jeux Néméens, etc.; et chez les Romains, Les jeux séculaires, les jeux du cirque, les jeux scéniques, etc. --- Jeux publics. Jeux solennels. Jeux anniversaires. Jeux funèbres. Jeux célèbres. Des jeux en l' honneur de Jupiter, d' Hercule. On fit, on célébra des jeux sur le tombeau de Patrocle, d' Achille, d' Anchise. On ordonna des jeux en l' honneur de l' empereur. Conduire les jeux. Donner des jeux au peuple. Faire la dépense des jeux. Ouvrir les jeux. Donner le signal des jeux. Commencer les jeux. Voir les jeux.

Jeux de prix, se dit, en parlant des anciens ou des modernes, Des jeux, des exercices qui exigent de la force, de l' agilité ou de l' adresse, et dans lesquels un prix est destiné au vainqueur, tels que la lutte, la course, le jeu de l' arc, le tir au fusil, etc.

Jeux floraux, Assemblée qui se tient chaque année à Toulouse, pour la distribution de divers prix qui représentent des fleurs d' or et d' argent, et qu' on donne à ceux qui ont le mieux réussi dans certains genres de poésie, ou dans un discours d' éloquence. Remporter un prix aux Jeux floraux. On nomme Académie des Jeux floraux, Le corps littéraire qui tient cette assemblée et qui décerne ces prix.

JEU

JEU se dit aussi Du maniement des hautes armes. Le jeu de la hallebarde. Le jeu de la pique. Le jeu du bâton à deux bouts. Le jeu de l' espadon. Ce sens vieillit.

Il se dit également de La façon d' escrimer, de faire des armes. Je sais son jeu. J' ai étudié son jeu. Son jeu est de porter en parant, etc.

Fig. et fam., Savoir le jeu de quelqu' un, Connaître sa manière d' agir.

JEU

JEU se dit également de La manière de jouer d' un instrument de musique. Avoir le jeu beau, le jeu brillant, le jeu large, hardi. Un jeu doux, pur, délicat. Demi-jeu.

Fig. et fam., C' est le vieux jeu, se dit De certaines vieilles habitudes, ou de plaisanteries rebattues.

Jeu d' orgues, se dit de L' instrument qu' on appelle aussi simplement Orgues. Le jeu de voix humaine, le jeu de flûtes, le jeu de trompettes, le jeu de clairon, se dit Des registres qui servent, dans les orgues, à imiter le son de la voix humaine, celui des flûtes douces, celui des trompettes, etc. On dit aussi, Le plein jeu, en parlant de Ce qui sert, dans le même instrument, à produire des sons plus forts.

Jeu de viole, se disait autrefois de Quatre ou cinq violes de différentes grandeurs, pour jouer les différentes parties de la musique.

JEU

JEU se dit en outre de La manière dont un comédien remplit ses rôles. Ce comédien a le jeu brillant, touchant, pathétique. Il a le jeu noble. Le jeu de cette actrice charme tous les spectateurs, son jeu est parfait.

Jeu de théâtre, se dit de Certains effets de scène qu' on produit surtout par les gestes et par les expressions du visage. Ces jeux de théâtre plaisent beaucoup au public. Jeu muet.

Prov., C' est un jeu joué, se dit D' une feinte concertée entre deux ou plusieurs personnes.

JEU

JEU en parlant De certains ouvrages d' art, se dit de L' aisance, de la facilité du mouvement qu' ils doivent avoir. Le balancier de cette horloge n' a pas assez de jeu. Il faut donner, laisser plus de jeu à ce ressort, à la penture de cette porte.

En Peinture, Il y a du jeu dans cette composition, se dit D' un tableau où il y a du mouvement, une variété d' aspects, où les objets ne sont point entassés, et laissent entre eux l' espace nécessaire à la facilité de leur mouvement.

JEU

JEU se dit encore de L' action d' un ressort: Le jeu d' un ressort; et aussi de L' action régulière et combinée des diverses parties d' une machine: Le jeu d' une machine. Le jeu des différentes parties d' une machine. Étudier le jeu des organes du corps humain.

Il s' emploie quelquefois figurément, dans le sens qui précède. Le jeu des passions humaines. Le jeu de la machine politique.

En Archit. hydraulique, Jeu d' eau, se dit de La diversité des formes que l' on fait prendre aux jets d' eau en variant celle des ajutages.

JEUDI. s. m.

JEUDI. s. m. Le cinquième jour de la semaine. Jeudi passé. Jeudi dernier. Jeudi prochain. De jeudi en huit. Il y a séance tous les jeudis.

Prov. et pop., La semaine des trois jeudis, trois jours après jamais, ou simplement, La semaine des trois jeudis, Jamais. Je vous le donnerai la semaine des trois jeudis.

Jeudi gras, Le jeudi qui précède le mardi gras. Jeudi saint, ou Jeudi absolu, ou Jeudi de l' absoute, Le jeudi de la semaine sainte.

JEUN (À). loc. adv.

JEUN (À). loc. adv. On l' emploie en parlant D' une personne qui n' a rien mangé de la journée. Il est encore à jeun. Prendre un remède à jeun. Vous ne devriez pas rester si longtemps à jeun.

JEUNE. adj. des deux genres

JEUNE. adj. des deux genres Qui n' est guère avancé en âge. Un jeune enfant. Un jeune garçon. Un jeune homme. Une jeune fille. Une jeune personne. Une jeune demoiselle. Une jeune femme. Je l' ai connu tout jeune. Elle est trop jeune pour pouvoir se marier. Il s' est marié très-jeune. Ce garçon est bien jeune. Un jeune avocat. Un jeune médecin. Des jeunes gens nouvellement mariés. Il fait le jeune homme. Elle fait la jeune, mais elle ne l' est plus. Il commence à n' être plus jeune. Un jeune coeur s' enflamme aisément. C' est un jeune fou, un jeune étourdi. Ce sont des jeunes gens. Il est plus jeune, il est moins jeune que moi de deux ans. Quelle est la plus jeune des trois?

Il se dit quelquefois par rapport Aux emplois, aux dignités qu' on ne donne ordinairement qu' à des hommes faits ou à des personnes déjà avancées en âge. Ce précepteur me paraît bien jeune. Il est trop jeune pour un emploi si important. Il a été fait chancelier bien jeune. Il fut maréchal de France très-jeune.

Jeunes de langue, Jeunes gens que quelques gouvernements entretiennent pour apprendre les langues orientales, et devenir capables de servir de drogmans. Dans cette dénomination, Jeunes est pris substantivement.

JEUNE

JEUNE se dit aussi, surtout au sens moral et dans le style élevé, De ce qui appartient, de ce qui est propre à une personne jeune. De jeunes désirs. De jeunes ardeurs. Cette pensée enflammait son jeune courage.

Le jeune âge, L' âge, le temps où l' on est jeune. Dès son plus jeune âge. Dans mon jeune âge. On dit de même, surtout en poésie, Jeunes ans, jeunes années, jeune saison. Dès ses plus jeunes ans. Dans ses jeunes années. Dans ma jeune saison. On dit encore, familièrement, Dans son jeune temps, dans mon jeune temps, etc.

Fig. et fam., Une jeune barbe, Un jeune homme. Il veut décider de tout, et ce n' est qu' une jeune barbe.

Fig. et fam., Il a la barbe trop jeune, se dit D' un jeune homme, quand il veut faire des choses qui demandent plus de maturité, plus d' expérience qu' on n' en peut avoir à son âge.

Cette couleur est jeune, Elle ne convient qu' à des personnes jeunes. Cette couleur est trop jeune pour moi.

JEUNE

JEUNE se dit particulièrement pour Cadet, par opposition à Aîné. Un tel, le jeune. Dubois jeune, pharmacien.

Il se dit aussi, par opposition à Ancien, pour distinguer certains personnages historiques. Pline le jeune. Denys le jeune.

JEUNE

JEUNE se dit, par extension, De celui qui a encore quelque chose de l' ardeur, de la vivacité et de l' agrément de la jeunesse. Il ne vieillit point, il est toujours jeune. On le dit, dans le même sens, De ce qui appartient aux personnes. Il a le visage aussi jeune que s' il n' avait que vingt ans. Avoir la voix jeune. Il a toujours l' esprit jeune, l' humeur jeune, le coeur jeune.

Avoir encore le goût jeune, les goûts jeunes, se dit D' une personne avancée en âge qui conserve les inclinations de la jeunesse.

JEUNE

JEUNE signifie quelquefois, Étourdi, évaporé, qui n' a point encore l' esprit mûr. Mon Dieu, qu' il est jeune! Je crois qu' il sera longtemps jeune, qu' il sera toujours jeune.

JEUNE

JEUNE se dit également Des animaux, par rapport à l' âge qu' ils vivent ordinairement. Un jeune chien. Un jeune chat. Un jeune oiseau. Un jeune coq.

Prov., Il est fou comme un jeune chien, se dit D' un jeune garçon étourdi et folâtre.

Prov., Jeune chair et vieux poisson, La viande des jeunes bêtes est la plus délicate, et les plus grands poissons sont ordinairement les meilleurs.

JEUNE

JEUNE se dit pareillement Des arbres et des plantes. Un jeune chêne. Un jeune noyer. Un jeune arbre. Un jeune arbrisseau. Un jeune bois. Un jeune taillis. Un jeune plant. Une jeune vigne. Une jeune plante.

Il se dit particulièrement, dans l' Administration forestière, Des baliveaux de l' âge du taillis, par opposition aux baliveaux modernes, qui ont deux ou trois âges, et aux baliveaux anciens, qui ont plus de trois âges.

JEÛNE. s. m.

JEÛNE. s. m. Pratique religieuse, acte de dévotion, qui consiste à s' abstenir d' aliments par esprit de mortification. L' usage du jeûne est de la plus haute antiquité. Les fêtes d' Éleusine étaient accompagnées de jeûnes. Le jeûne des Turcs pendant la fête du Ramadan. Le jeûne des brahmanes. Le jeûne de Moïse et celui d' Élie durèrent quarante jours. Le jeûne de JÉSUS-CHRIST fut de quarante jours. Parmi les Juifs, la fête des Expiations était précédée d' un jeûne solennel. Ordonner un jeûne public, un jeûne solennel en expiation de quelque crime. Rompre son jeûne. Jeûne de précepte. Jeûne de dévotion. Jeûne volontaire. Par le jeûne et par la prière.

Il se dit particulièrement Du jeûne des catholiques, qui consiste à s' abstenir de viande en ne faisant qu' un repas dans toute la journée, soit à dîner avec une légère collation à souper, soit à souper avec une légère collation à dîner. Le jeûne est de précepte ecclésiastique. Le jeûne du carême. Tous les jours de jeûne. Il est jeûne aujourd' hui. Un jeûne de commandement. Un jeûne ordonné par l' Église. Il y a tant de jeûnes dans l' année. Dans l' ancienne Église, le jeûne se pratiquait d' une autre manière qu' à présent. Pour observer le jeûne, on ne mangeait qu' après le soleil couché, comme font encore les protestants et les calvinistes.

Prov. et fig., Il a fait bien des jeûnes qui n' étaient pas de commandement, Il a été longtemps sans trouver de quoi manger.

JEÛNE

JEÛNE se dit aussi, dans une signification générale, de Toute abstinence d' aliments. Un trop long jeûne ruine la santé.

Il se dit quelquefois, figurément et familièrement, de Toute autre espèce d' abstinence ou de privation. Depuis un mois mon médecin m' a défendu de rien lire: c' est un long jeûne qu' il m' a imposé.

JEUNEMENT. adv.

JEUNEMENT. adv. Nouvellement. T. de Chasse, qui n' est usité que dans cette phrase, Cerf de dix cors jeunement, Cerf qui a pris depuis peu un cors de dix andouillers de chaque côté.

JEÛNER. v. n.

JEÛNER. v. n. S' abstenir d' aliments, ou de certains aliments, par esprit de dévotion, de mortification. JÉSUS-CHRIST jeûna pendant quarante jours. Jeûner et prier. Il jeûne pour se mortifier. Jeûner fort régulièrement. Jeûner au pain et à l' eau. Jeûner par dévotion. Il jeûne tous les samedis. Dans l' ancienne Église, on jeûnait jusqu' au soleil couché. Jeûner tout le carême. Jeûner durant tout le carême. Jeûner deux fois la semaine.

Il signifie aussi, Manger peu, manger moins qu' il ne faut, ou même ne point manger du tout, soit par une abstinence volontaire, soit par une abstinence forcée et faute d' aliments. C' est un avare qui fait jeûner ses domestiques. Il est trop replet, il faut le faire jeûner pour le guérir. Les soldats ont souvent jeûne pendant cette campagne.

Il signifie quelquefois, figurément et familièrement, S' abstenir ou être privé de certaines jouissances, etc. Il y a plus de six mois que je n' ai pu aller au spectacle: c' est trop longtemps jeûner.

JEUNESSE. s. f.

JEUNESSE. s. f. Cette partie de la vie de l' homme, qui est entre l' enfance et l' âge viril; ou L' état d' une personne jeune. Durant la jeunesse. La jeunesse passe bien vite. Dans sa première jeunesse. Dès sa plus tendre jeunesse. Dans sa verte jeunesse. La vigueur, le feu, les feux, l' ardeur, les ardeurs de la jeunesse. L' éclat, la fraîcheur de la jeunesse. Les premiers temps de la jeunesse. Les plaisirs de la jeunesse. Passer sa jeunesse dans les plaisirs. Du tempérament dont il est, il doit avoir eu une jeunesse bien vigoureuse. Les fautes, les erreurs, les égarements de la jeunesse. Il eut une jeunesse étourdie, une jeunesse folle. Il a employé sa jeunesse à voyager. Il a bien employé sa jeunesse. Il a perdu sa jeunesse. Il a bien fait des traits de jeunesse.

Adverbial. et fam., De jeunesse, Dès la jeunesse. Il est accoutumé à cela de jeunesse. Je sais cela de jeunesse.

Prov. et fig., Jeunesse est forte à passer, ou mieux, est difficile à passer, Dans la jeunesse on a bien de la peine à modérer ses passions. On dit à peu près dans le même sens, Il faut que jeunesse se passe, On doit avoir de l' indulgence pour les fautes que la vivacité et l' inexpérience de la jeunesse font commettre.

Avoir un air de jeunesse, Paraître encore jeune, quoique l' on soit déjà d' un certain âge.

JEUNESSE

JEUNESSE signifie, collectivement, Ceux qui sont dans l' âge de la jeunesse, et même Ceux qui sont encore dans l' enfance. Enseigner la jeunesse. Corriger la jeunesse. Élever la jeunesse. L' instruction de la jeunesse. Il ne faut pas donner tant de liberté à la jeunesse. Avoir de l' indulgence pour la jeunesse. Il faut pardonner bien des choses à la jeunesse. La jeunesse est folâtre.

Prov. et fig., La jeunesse revient de loin, Les personnes jeunes réchappent souvent des maladies les plus dangereuses. Cela se dit aussi pour faire entendre que La jeunesse peut revenir de grandes erreurs, de grands égarements.

Prov. et fig., Si jeunesse savait et vieillesse pouvait, Si la jeunesse avait de l' expérience, et que la vieillesse eût de la force.

JEUNESSE

JEUNESSE signifie aussi, collectivement, Ceux qui sont de l' âge de vingt ans à trente-cinq ou environ. Il y avait à ce bal bien de la jeunesse. Avez-vous jamais vu plus de jeunesse ensemble, de plus belle jeunesse, une jeunesse mieux faite, plus adroite, plus brave, plus leste?

Il s' entend quelquefois, dans ce dernier sens, Du sexe masculin seulement. Toute la jeunesse de la ville s' exerçait. On arma toute la jeunesse. La fleur de notre jeunesse a péri dans ce combat.

Il se dit quelquefois, populairement, d' Une personne jeune, et surtout d' Une jeune fille. C' est une jeunesse, une jolie jeunesse. Cette jeunesse-là fait la fière.

JEUNESSE

JEUNESSE se dit aussi, dans un sens analogue au premier, en parlant Des animaux et même des arbres. Cet animal est très-folâtre dans sa jeunesse. On remarque, dans la jeunesse de l' arbre, que...

JEUNET, ETTE. adj. diminutif.

JEUNET, ETTE. adj. diminutif. Qui est extrêmement jeune. Il est tout jeunet. Elle est bien jeunette. Elle est encore jeunette. Il est familier, et ne s' emploie guère qu' au féminin.

JEÛNEUR, EUSE. s.

JEÛNEUR, EUSE. s. Celui, celle qui jeûne. Il n' est guère usité qu' avec l' adjectif Grand. C' est un grand jeûneur. C' est une grande jeûneuse. Les Orientaux sont de grands jeûneurs. Il est familier.

JOAILLERIE. s. f.

JOAILLERIE. s. f. Art, métier, commerce de joaillier. Il se mêle de joaillerie. Il s' est enrichi à la joaillerie.

Il se dit aussi Des marchandises qui consistent en joyaux, en pierreries, etc. Une pacotille de joaillerie. Des articles de joaillerie.

JOAILLIER, IÈRE. s.

JOAILLIER, IÈRE. s. Celui, celle qui travaille en joyaux, en pierreries, ou dont la profession est d' en vendre. Riche joaillier. Marchand joaillier.

JOCKEY. s. m.

JOCKEY. s. m. Mot emprunté de l' anglais, qui se dit d' Un très-jeune domestique principalement chargé de conduire la voiture en postillon.

JOCKO. s. m.

JOCKO. s. m. T. d' Hist. nat. Espèce de singe, qu' on nomme aussi Pongo.

JOCRISSE. s. m.

JOCRISSE. s. m. T. injurieux. Il se dit d' Un benêt qui se laisse gouverner, ou qui s' occupe des soins les plus bas du ménage. C' est un jocrisse. Il est populaire.

Il se dit aussi d' Un valet niais et maladroit.

JOIE. s. f.

JOIE. s. f. Mouvement vif et agréable que l' âme ressent dans la possession d' un bien réel, ou imaginaire. Grande joie. Joie extraordinaire, excessive, immodérée. Longue joie. Courte joie. Fausse joie. Joie publique. Épanchement de joie. Mouvement de joie. Transport de joie. Cris de joie. Larmes de joie. Signes de joie. Marques de joie. Être saisi de joie. Être ravi, transporté de joie, ivre de joie. Donner, causer de la joie à quelqu' un. Le combler de joie. Recevoir de la joie. Tressaillir de joie. Pleurer de joie. Pâmer, mourir de joie. Nager dans la joie. Il ne se sent pas de joie. Vous êtes bien en joie. La joie paraissait sur son visage. Dans la joie où elle était de le revoir, qu' elle avait à le revoir. J' ai eu la joie de les voir unis. La joie épanouit le coeur. J' en ai bien de la joie. Je prends part à votre joie. Quelle joie pour un père! Je vous servirai avec joie. Cette nouvelle remplit la ville de joie. Leur joie se changea en tristesse.

Feu de joie, Feu qu' on allume dans les rues, dans les places publiques, en signe de réjouissance. On fit des feux de joie pour la naissance de ce prince, pour la prise de cette ville.

Fam., Être à la joie de son coeur, et mieux, Être dans la joie de son coeur, Être transporté de joie.

Faire la joie, être la joie de quelqu' un, Être pour lui un grand sujet de joie, faire son bonheur. Ce jeune homme est la joie de ses parents. Ce fils vertueux fait la joie de sa mère.

Prov., Se donner au coeur joie, ou mieux, à coeur joie de quelque chose, En jouir pleinement, abondamment, s' en rassasier. On dit dans le même sens, S' en donner à coeur joie.

JOIE

JOIE se prend quelquefois pour Gaieté, humeur gaie. Cet homme est toujours en joie. Son air inspire la joie. La joie bruyante des convives. La joie d' un festin.

Il se dit aussi quelquefois, au pluriel, pour Plaisirs, jouissances. Les joies d' une mère. Vivre dans les joies du monde. Les joies du paradis.

Une fille de joie, Une prostituée.

JOIGNANT, ANTE. adj.

JOIGNANT, ANTE. adj. Qui est contigu. Il ne se dit que Des maisons, des jardins, et autres possessions en terres. Une maison joignante à la mienne. Un champ joignant la prairie. Les maisons joignantes ont été brûlées.

Il est quelquefois préposition; et alors il signifie, Tout proche, sans qu' il y ait rien entre-deux. Une maison joignant, tout joignant la sienne. Joignant l' hôtel de... Joignant l' église de...

JOINDRE. v. a.

JOINDRE. v. a. (Je joins, nous joignons. Je joignais. Je joignis. J' ai joint. Je joindrai. Je joindrais. Joins. Que je joigne. Que je joignisse. Joignant.) Approcher deux choses l' une contre l' autre, en sorte qu' elles se touchent ou qu' elles se tiennent. Ces pièces de bois n' ont pas été jointes, ne sont pas bien jointes. Joindre deux planches avec de la colle forte, avec des chevilles. Joindre deux morceaux d' étoffe en les cousant ensemble.

Joindre les mains, Approcher les deux mains en sorte qu' elles se touchent en dedans. Joindre les mains pour prier Dieu, pour demander pardon. Joignez les mains.

Prov. et fig., Avoir de la peine à joindre les deux bouts de l' année, ou simplement, à joindre les deux bouts, Fournir difficilement à sa dépense annuelle.

JOINDRE

JOINDRE signifie aussi, Ajouter, mettre une chose avec une autre, en sorte qu' elles fassent un tout, ou que l' une soit le complément de l' autre. Joignez cette maison à la vôtre. Il a joint ces deux jardins. En joignant ces deux sommes, on a pour total... Joindre les intérêts au capital. On a joint à l' ouvrage une table analytique des matières. On est tenu de joindre à sa réclamation les pièces qui constatent, etc. Joignez à cela que...

En termes de Procédure: Joindre deux instances, deux causes. Joindre un incident à l' instance principale. Joindre le profit du défaut. Etc.

En Grammaire, Joindre un mot à un autre, avec un autre. On joint quelquefois ce verbe, ou ce verbe se joint quelquefois au pronom personnel, avec le pronom personnel.

JOINDRE

JOINDRE signifie aussi, Unir, allier. Joindre l' utile à l' agréable. Joindre l' autorité spirituelle avec la temporelle. Joindre la prudence et la valeur, à la valeur, avec la valeur. Joindre la douceur et la majesté. Joignons nos familles par cette alliance. Ils sont joints ensemble pour leur intérêt commun. Ils sont joints d' amitié, il faut les joindre encore d' intérêt. Ils résolurent de joindre leurs forces, de joindre leurs armes, etc. Joindre ses prières à celles d' un autre. Ils joignirent leurs efforts.

Il signifie aussi, Se réunir à. L' armée de... a joint l' armée de... L' escadre de tel chef a joint l' armée navale.

Il signifie encore, Atteindre, attraper. Quoiqu' il fût parti avant moi, je le joignis bientôt.

Joindre quelqu' un, signifie aussi, Se rencontrer avec lui, parvenir à le trouver et à lui parler. Si une fois je puis le joindre, je lui parlerai comme il faut.

JOINDRE

JOINDRE s' emploie aussi avec le pronom personnel, soit comme verbe réfléchi, soit comme verbe réciproque. L' endroit où une chose se joint à une autre, où deux choses se joignent. Ces deux fruits se sont joints de manière à n' en former qu' un seul. Cette rivière va se joindre à telle autre en tel endroit. À ces premières difficultés vint se joindre une difficulté plus grave encore. En lui se joignaient les qualités les plus opposées. Quand la douceur se joint à une grande fermeté. Ces deux familles se sont jointes par plusieurs alliances. Quand il a vu qu' il était trop faible, il s' est joint à un tel, avec un tel. Il se joignit au parti contraire. Ils se sont joints pour défendre leurs intérêts communs. Ce corps d' armée est allé se joindre à tel autre. Ils se joignirent en tel endroit. Depuis huit jours que nous sommes à Paris l' un et l' autre, nous n' avons pu nous joindre une seule fois.

Il est quelquefois neutre, mais seulement dans le premier sens. Ces planches, cette porte, ces fenêtres ne joignent pas bien. Faites que cela joigne mieux. Faire joindre deux ais.

JOINT, OINTE participe

JOINT, OINTE participe Des ais bien joints. À mains jointes. Sauter à pieds joints. Une instance jointe au principal. Deux armées jointes.

Ci-joint, Ici joint, ou joint à ceci. Il ne se dit que D' un écrit, d' une pièce que l' on joint à une lettre, à un mémoire, etc. Les papiers ci-joints. Les pièces ci-jointes. La déclaration ci-jointe. Vous trouverez ci-jointe la copie, une copie du traité. Il reste invariable quand le substantif qui suit est employé sans article, ou lorsque, précédant un substantif qui a l' article, il commence la phrase. Vous trouverez ci-joint copie de sa lettre. Ci-joint quittance. Ci-joint l' expédition du jugement.

JOINT QUE loc. conjonctive

JOINT QUE loc. conjonctive Ajoutez que, outre que. Il n' a pas fait votre affaire, parce qu' il était malade, joint qu' il n' avait pas les papiers nécessaires. On dit plus ordinairement, Joint à ce que, joint à cela que.

JOINT. s. m.

JOINT. s. m. Articulation, l' endroit où deux os se joignent. Il a le bras cassé au-dessus du joint. Le joint de l' épaule. Trouver le joint.

Il se dit aussi en parlant De quelques autres choses, comme des pierres, des pièces de menuiserie. Remplir les joints des pierres. Il faut que les pierres aient tant de pouces de joint. Ces ouvrages de menuiserie, de marqueterie, de rapport, sont si bien travaillés, qu' on n' en voit pas les joints.

Fig. et fam., Trouver le joint, Trouver la meilleure façon de prendre une affaire.

JOINTÉ, ÉE. adj.

JOINTÉ, ÉE. adj. T. d' Art vétérinaire, qui s' emploie surtout avec les mots Court et Long, pris adverbialement. Cheval court-jointé, cheval long-jointé, Cheval qui a le paturon trop court et disproportionné, ou qui a cette partie trop longue. Les chevaux court-jointés deviennent aisément bouletés et droits sur leurs membres. Les chevaux long-jointés ont rarement de la force, ils ne réussissent pas au travail.

JOINTÉE. s. f.

JOINTÉE. s. f. Autant que les deux mains rapprochées peuvent contenir. Une jointée d' orge. Une jointée d' avoine.

JOINTIF, IVE. adj.

JOINTIF, IVE. adj. T. d' Archit. et de Menuiserie. Qui est joint. Les lattes de ce plafond sont jointives.

JOINTOYER. v. a.

JOINTOYER. v. a. T. de Maçonnerie. Remplir les joints des pierres avec du mortier ou du plâtre.

JOINTOYÉ, ÉE. participe

JOINTOYÉ, ÉE. participe

JOINTURE. s. f.

JOINTURE. s. f. Joint. Toutes les jointures du corps. Au-dessus de la jointure. Il avait des douleurs dans les jointures. Ces deux pierres, ces deux morceaux de bois sont si bien ajustés, qu' on ne peut apercevoir la jointure. Il est moins usité que Joint, lorsqu' on parle d' autre chose que des os.

JOLI, IE. adj.

JOLI, IE. adj. Gentil, agréable. Il ne se dit guère que De ce qui est petit en son espèce, et qui plaît plutôt par la gentillesse que par la beauté. Un joli enfant. Une jolie fille. Une jolie personne. Elle est plus jolie que belle. Elle n' est pas belle, mais elle est jolie. Elle a un joli minois. C' est un joli garçon, un joli homme, un joli soldat, un joli officier, un joli cavalier. Il est d' une jolie taille. Avoir de jolis yeux, un joli pied, une jolie main. Un joli chien. Un joli cheval. Un joli cabinet. Un joli habit. Une jolie coiffure. Sa maison de campagne est très-jolie. Un joli site. Un joli paysage. Un joli spectacle. Une jolie fête. Dire de jolies choses. Faire de jolis vers, un joli madrigal, une jolie chanson.

Fig., C' est un joli sujet, se dit D' un jeune homme qui se distingue et se fait estimer par sa bonne conduite, par son mérite. On a dit, dans le même sens, Il est joli garçon.

Ironiq. et pop., Il est joli garçon, se dit D' un homme qui s' est enivré, qui a été battu, qui est en mauvais état. Vous venez du cabaret, vous voilà joli garçon. Vous vous êtes fait joli garçon. Cela se dit également De celui qui a mis ses affaires en désordre par la débauche, par sa mauvaise conduite. Il a dissipé son bien, il s' est fait joli garçon. On dit aussi, dans une acception analogue au premier sens, Il est dans un joli état.

Fam., Le tour est joli, Le tour est plaisant. On dit de même, Il lui a joué un joli tour.

JOLI

JOLI se dit familièrement De ce qui est avantageux. Le voilà maintenant dans une très-jolie position. Il vient d' obtenir une assez jolie place. On lui donne cent mille francs de dot; cela est fort joli.

Il se dit aussi De ce qui est digne d' être apprécié, remarqué. Ce militaire a fait une jolie action à tel siége, à telle bataille. Ce sens est vieux.

JOLI

JOLI se dit souvent, par ironie et familièrement, D' une personne ou d' une chose déplaisante, ridicule, etc. Je vous trouve bien joli. Vraiment vous êtes joli de me parler de la sorte. Vous tenez là de jolis discours. Cela est joli de se faire attendre. Vous avez fait une jolie action. Il vient de faire là quelque chose de joli.

JOLI

JOLI est quelquefois substantif, dans le premier sens. Le beau est au-dessus du joli. Cela passe le joli.

Fam., Le joli de l' affaire est que... Le plaisant, le plus piquant de l' affaire est que...

JOLIET, ETTE. adj.

JOLIET, ETTE. adj. Diminutif de Joli. Il n' est guère d' usage qu' au féminin, et dans le langage familier. Elle est joliette.

JOLIMENT. adv.

JOLIMENT. adv. D' une manière jolie, bien. Cela est joliment travaillé. Il danse fort joliment. Cet enfant répond joliment. Il écrit joliment, très-joliment.

Il se dit quelquefois par ironie, dans le langage familier. J' ai joliment arrangé le drôle.

Il se dit encore, dans un langage très-familier, pour Beaucoup, extrêmement. Elle l' a joliment tancé. Vous vous êtes joliment trompé.

JOLIVETÉ. s. f.

JOLIVETÉ. s. f. Il se dit Des babioles, des bijoux, et de certains petits ouvrages qui n' ont pas ou qui ont peu d' utilité. On ne l' emploie guère qu' au pluriel. Il sait faire mille petites jolivetés. Il apporta d' Italie mille petites jolivetés.

Il se dit aussi Des gentillesses d' un enfant. C' est un aimable enfant, il fait, il dit cent petites jolivetés. Dans les deux sens, il est vieux.

JONC. s. m.

JONC. s. m. Genre de plantes, à tige droite et flexible, qui croissent ordinairement le long des eaux, ou même dans l' eau, et dont plusieurs espèces servent à faire des liens, des nattes, des cannes, etc. Jonc de marais. Une touffe de joncs. C' est un mauvais terrain, il n' y croît, il n' y vient que du jonc, que des joncs. Lier avec du jonc. Des paniers de jonc. Balai de jonc. Nattes de jonc. Canne de jonc.

Il se dit aussi de Quelques autres plantes qui ne sont pas de véritables joncs, telles que le Jonc marin, le Jonc fleuri, le Jonc odorant, etc.

Il se dit quelquefois absolument d' Une canne de jonc. Acheter un jonc. Cela plie comme un jonc.

Fam., Être droit comme un jonc, Avoir la taille bien droite. Cette jeune fille est droite comme un jonc.

JONC

JONC se dit aussi d' Une espèce de bague dont le cercle est égal partout. Un jonc d' argent. Un jonc de diamants. Un jonc de rubis. Un jonc entouré de rubis ou de diamants.

JONCHÉE. s. f.

JONCHÉE. s. f. Toutes sortes d' herbes, de fleurs et de branchages dont on jonche les rues, les églises, etc., un jour de cérémonie. Jeter de la jonchée. Faire une jonchée d' herbes et de fleurs.

JONCHÉE

JONCHÉE signifie aussi, Un petit fromage de crème ou de lait caillé, fait dans une espèce de panier ou de clisse de jonc. Une jonchée de crème. Vendre, acheter de la jonchée.

JONCHER. v. a.

JONCHER. v. a. Parsemer de jonc, de feuillages, de fleurs, de branchages verts, pour une cérémonie. Les habitants jonchèrent les rues d' herbes odoriférantes. Toutes les églises étaient jonchées de fleurs.

Il se dit aussi, figurément, en parlant D' une grande quantité d' objets que l' on épand, ou qui sont épars çà et là. Les débris dont l' ouragan avait jonché le sol. Les ennemis jonchèrent de leurs morts le champ de bataille. Plus de vingt mille cadavres jonchèrent la place. La terre était jonchée de morts, de cadavres.

JONCHÉ, ÉE. participe

JONCHÉ, ÉE. participe

JONCHETS. s. m. pl.

JONCHETS. s. m. pl. Certains petits bâtons fort menus, que l' on jette confusément les uns sur les autres pour jouer à qui en retirera le plus avec un crochet, sans en faire remuer d' autres que celui qu' on cherche à dégager. Des jonchets d' ivoire. Jouer aux jonchets. Les jonchets sont un jeu d' enfants. Quelques-uns disent, Honchets.

JONCTION. s. f.

JONCTION. s. f. Action de joindre; union, réunion. Les deux armées opérèrent leur jonction. La jonction de deux armées. La jonction des deux mers. La jonction de deux rivières, de deux chemins, etc. Depuis la jonction de ces deux princes. La jonction d' un incident au principal. Jugement de jonction.

JONGLERIE. s. f.

JONGLERIE. s. f. Charlatanerie, tour de passe-passe.

Il se dit, figurément et familièrement, de Toute fausse apparence par laquelle une personne cherche à en imposer. Je ne suis pas la dupe de ses jongleries.

JONGLEUR. s. m.

JONGLEUR. s. m. Il se disait autrefois d' Une espèce de ménétrier qui allait, chantant des chansons, dans les cours des princes et dans les maisons des grands seigneurs. Il signifie maintenant, Joueur de tours de passe-passe, bateleur, charlatan. C' est un jongleur, un vendeur d' orviétan. Plusieurs peuples sauvages ont des jongleurs qui exercent la médecine et la magie. Les jongleurs indiens.

Il se dit, figurément et familièrement, de Tout homme qui cherche à en imposer par de fausses apparences. Il déjoua les ruses de ces jongleurs politiques.

JONQUE. s. f.

JONQUE. s. f. Sorte de vaisseau fort en usage dans les Indes et à la Chine. Une jonque chinoise.

JONQUILLE. s. f.

JONQUILLE. s. f. Plante du genre des Narcisses, que l' on cultive dans les jardins à cause de l' élégance de son port et du parfum que ses fleurs répandent. On le dit également de La fleur de cette plante. Jonquille simple. Jonquille double. Odeur de jonquille. Essence de jonquille. Des gants parfumés de jonquille.

JOSEPH. adj.

JOSEPH. adj. T. de Papeterie. Nom que l' on donne à une sorte de papier mince et transparent. Une feuille de papier joseph.

JOUAIL. s. m.

JOUAIL. s. m. T. de Marine. Voyez JAS.

JOUAILLER. v. n.

JOUAILLER. v. n. Jouer petit jeu, et seulement pour s' amuser. Il ne fait que jouailler. Il est familier.

JOUBARBE. s. f.

JOUBARBE. s. f. T. de Botan. Plante grasse et toujours verte, dont l' espèce la plus commune croît ordinairement sur les toits et sur les murs. Le suc de joubarbe est calmant et rafraîchissant.

JOUE. s. f.

JOUE. s. f. La partie du visage de l' homme qui est au-dessous des tempes et des yeux, et qui s' étend jusqu' au menton. Joue droite. Joue gauche. Avoir les joues rouges, les joues vermeilles, les joues enflées, les joues creuses. Avoir une fluxion sur la joue. Baiser à la joue, sur la joue.

Fig. et fam., Avoir les joues cousues, Avoir les joues creuses, le visage extrêmement maigre.

Fam., Donner sur la joue, couvrir la joue à quelqu' un, Lui donner un soufflet.

Tendre la joue, Présenter la joue. Cet enfant vous tend la joue, pour que vous l' embrassiez.

Coucher, mettre en joue, Ajuster son fusil et viser, pour tirer sur quelqu' un, sur quelque chose. J' ai couché l' animal en joue. Il le tenait couché en joue. On dit elliptiquement, dans les commandements militaires, En joue, feu.

Fig. et fam., Coucher en joue, Observer, ne pas perdre de vue une personne ou une chose sur laquelle on a quelque dessein. Il était dans un coin, il la regardait, il la couchait en joue. Il aspire à cette charge, à cette place, il recherche cette fille en mariage, depuis longtemps il la couche en joue.

JOUE

JOUE se dit aussi de Cette partie de la tête du cheval qui répond à la joue dans l' homme. Ce cheval a trop de joue.

JOUE

JOUE en termes de Marine, signifie, Cette partie arrondie de la coque d' un navire, qui est comprise entre le mât de misaine et l' étrave. Ce vaisseau a la joue forte.

JOUÉE. s. f.

JOUÉE. s. f. T. d' Archit. Épaisseur du mur dans l' ouverture d' une porte, d' une fenêtre, d' un soupirail. Cette fenêtre a beaucoup de jouée. On dit dans un sens analogue, La jouée d' un abat-jour, d' une lucarne.

JOUER. v. n.

JOUER. v. n. Se récréer, se divertir, s' ébattre, folâtrer. Ces enfants jouent ensemble. Menez-les jouer Ils jouent l' un avec l' autre. Vous jouez un peu rudement, vous m' avez blessé. Ne sauriez-vous jouer sans vous fâcher? Un petit garçon qui joue avec un cheval de bois. Ne jouez pas avec ce pistolet, il est chargé.

Fig., Jouer avec sa vie, avec sa santé, etc., N' user d' aucun ménagement pour conserver sa vie, sa santé, etc. On dit aussi quelquefois, Jouer avec la vie, Ne point la regarder comme une chose sérieuse, et agir en conséquence.

Ce cheval joue avec son mors, se dit D' un cheval qui mâche son mors avec action.

Jouer sur le mot, sur les mots, Faire des allusions, des équivoques sur les mots. Il aime à jouer sur le mot. Ne jouons pas sur les mots, et parlons sérieusement.

JOUER

JOUER s' emploie souvent avec le pronom personnel, dans le même sens. Cet enfant se joue avec tout ce qu' on lui donne. Les petits chats se jouent avec des balles, avec des boules de papier. Des oiseaux qui se jouent dans le feuillage. Il se dit quelquefois, poétiquement, Des choses. Un ruisseau qui semble se jouer, qui se joue dans la prairie.

Faire quelque chose en se jouant, Faire quelque chose en s' amusant, en badinant, sans application et sans peine. Cet ouvrage aurait paru difficile à tout autre, il l' a fait en se jouant.

Se jouer de quelque chose, Surmonter, braver sans peine, et comme en se jouant, ce qui, pour d' autres, semble difficile, dangereux, etc. Ces hommes robustes se jouent des travaux les plus rudes. Il se joue de toutes les difficultés.

Fig., Se jouer de quelque chose, S' en moquer, le traiter d' une manière frivole ou dérisoire, témoigner qu' on n' en fait point de cas. C' est un homme sans foi, il se joue de ses engagements. Il ne faut pas se jouer ainsi des lois. Il signifie aussi, Disposer de quelque chose arbitrairement et selon son caprice. Se jouer de la vie des hommes.

En Jurispr. féodale, on disait qu' Un seigneur pouvait se jouer de son fief, lorsqu' il lui était permis de le démembrer, et même d' en vendre une partie, sans qu' il fût rien dû au suzerain, pourvu qu' il retînt la foi entière et quelque droit seigneurial et domanial sur la partie aliénée. Ce seigneur n' avait pas le droit de se jouer de son fief.

Fig., Se jouer de quelqu' un, Se moquer de lui, le railler adroitement. Ne voyez-vous pas qu' on se joue de vous? Penserait-il se jouer de moi? On dit dans un sens analogue, Ce chat se joue de la souris qu' il a prise, ce tigre se joue de sa proie, etc., lorsqu' il feint à plusieurs reprises de la laisser échapper, pour la ressaisir aussitôt.

Se jouer de quelqu' un, signifie aussi, Le décevoir, tromper ses projets, ses conjectures, etc. La fortune se joue des hommes. La nature semble quelquefois se jouer de la science.

Se jouer de quelqu' un, signifie encore, Le tromper en lui donnant de belles paroles. Il m' a longtemps fait des promesses, donné des espérances, il se jouait de moi.

Fig. et fam., Se jouer à quelqu' un, L' attaquer inconsidérément. Ne vous jouez pas à lui, il n' entend pas raillerie. Quoi! il a osé se jouer à moi? Il s' est joué à son maître. On dit aussi, Ne vous jouez pas à cela, ne vous y jouez pas, Ne soyez pas assez fou, assez téméraire pour faire cela, vous vous en repentiriez.

JOUER

JOUER signifie quelquefois, au figuré, Se mettre en danger de; et, dans cette acception, il est toujours suivi de la préposition à. Cet homme joue à se faire pendre. Il joue à tout perdre. Vous jouez à vous casser le cou, à vous noyer. Vous jouez à vous perdre.

JOUER

JOUER signifie aussi, Se divertir, s' occuper à un jeu quelconque. Jouer à colin-maillard, à la main chaude, au roi dépouillé, au propos interrompu, etc. Jouer aux échecs, au trictrac, à la boule, aux cartes, aux dés. Jouer aux barres, à la paume, au volant, au billard, au mail, etc. Jouer à qui fera une chose plus vite, mieux, etc. Jouer à qui perd gagne. Jouer avec quelqu' un. Jouer contre quelqu' un. Jouer deux contre deux. Tirer au sort à qui jouera le premier. Jouer bien. Jouer mal. Il ne sait pas jouer. Il joue de son mieux. Il joue de son reste. Il joue bien, mais il joue de malheur. Gagner avec un aussi mauvais jeu, c' est jouer de bonheur. Il joue à jeu sûr. Jouer à quitte ou double, ou Jouer quitte ou double. Aller jouer dans un tripot. On ne donne plus à jouer dans cette maison.

Il se dit quelquefois absolument en parlant De l' habitude de jouer à des jeux de commerce ou de hasard, et se prend ordinairement dans un sens défavorable. C' est un homme qui joue. Il commence à se ranger, il ne joue plus. Rien ne peut l' empêcher de jouer.

À certains Jeux de cartes, Faire jouer, Nommer la couleur dans laquelle le coup doit être joué. C' est lui qui fait jouer. On dit aussi, Jouer sans prendre, ou simplement Jouer, et Faire jouer sans prendre, ou simplement Faire jouer, Jouer, obliger l' adversaire à jouer sans écarter et sans prendre de nouvelles cartes. Jouez-vous? Faites-vous jouer?

Au Quadrille et au Tri, Jouer sans prendre, Jouer sans demander le roi.

Prov. et par exagérat., Il jouerait les pieds dans l' eau, se dit D' un joueur déterminé.

Fam. et en plaisantant, Ne jouer que pour l' honneur, ou activement, Ne jouer que l' honneur, Jouer sans intéresser le jeu.

Fig. et fam., Jouer au roi dépouillé, se dit Quand plusieurs personnes sont autour de quelqu' un pour le piller, le ruiner.

Fig. et fam., Jouer au plus sûr, Choisir de deux expédients celui où il y a le moins de risque, dont les inconvénients paraissent moins grands et le succès plus certain. Jouer à jeu sûr, Être certain du succès des moyens qu' on emploie dans une affaire.

Fig. et fam., Jouer au fin, au plus fin, Employer l' adresse, la finesse pour venir à bout de ses desseins.

Fig. et fam., Jouer de bonheur, Réussir dans une affaire où l' on avait à craindre d' échouer. On dit dans le sens contraire, Jouer de malheur.

Fig. et fam., Jouer à quitte ou double, ou Jouer quitte ou double, Risquer, hasarder tout, pour se tirer d' une mauvaise affaire.

Fig. et fam., Jouer à qui perd gagne, se dit Lorsqu' un désavantage apparent procure un avantage réel.

Fig. et fam., Jouer de son reste, Prendre un moyen extrême après lequel on n' a plus de ressource. Il signifie aussi, Achever de consumer son bien. Il a si bien joué de son reste, qu' il en est à l' aumône. Cela se dit encore en parlant Du dernier parti, des dernières ressources qu' on tire de sa place, de sa situation, etc. Ce ministre joue de son reste. Cette coquette joue de son reste.

JOUER

JOUER s' emploie quelquefois avec le nom de l' espèce de monnaie qu' on met au jeu. Jouer aux écus, aux louis.

Il s' emploie aussi, à certains Jeux de Cartes, avec le nom de la couleur dans laquelle on joue. Jouer en carreau, en coeur, en trèfle, etc.

JOUER

JOUER signifie encore, Se servir de l' instrument qui est nécessaire pour jouer à tel ou tel jeu. Jouer du battoir, au battoir. Jouer avec une raquette. Jouer de masse. Jouer de queue.

Jouer des gobelets, Faire des tours de passe-passe avec des gobelets. On le dit aussi, figurément et familièrement, D' un fourbe, d' une personne qui cherche à tromper ceux avec qui elle traite.

Jouer des mains, Badiner avec les mains, se donner des coups l' un à l' autre avec les mains. C' est une très-mauvaise habitude que de jouer des mains. Ces enfants jouent toujours des mains.

Jouer de l' espadon, jouer du bâton à deux bouts, etc., Les manier avec adresse. On dit dans un sens analogue, Jouer du drapeau.

Fig. et pop., Jouer des jambes, Courir. On le dit surtout D' une personne qui s' enfuit. Il se mit aussitôt à jouer des jambes.

Fig. et fam., Jouer de la prunelle, Jeter des oeillades, faire quelques signes des yeux. Il se dit ordinairement en parlant Des signes qu' un homme et une femme se font l' un à l' autre, quand ils sont d' intelligence.

Fig. et pop., Jouer des couteaux, Se battre à l' épée.

Fig. et pop., Jouer de la poche, Tirer de l' argent de sa poche pour payer. Jouer du pouce, Compter de l' argent pour payer.

JOUER

JOUER signifie, par extension, Se servir d' un instrument de musique, en tirer des sons. Jouer du violon, de la harpe, de la flûte, du hautbois, etc. Il joue de toutes sortes d' instruments. Il joue sur tous les tons. Il joue dans le goût, dans la manière d' un tel. Faites jouer les violons.

JOUER

JOUER signifie encore, Se mouvoir, agir d' une certaine façon. En ce sens, il se dit surtout Des ressorts, des machines, etc. Ce ressort joue en sens inverse de l' autre. Expliquer la manière dont les pièces d' une machine jouent entre elles.

Il signifie également, Avoir l' aisance et la faculté du mouvement. Ce ressort joue bien, ne joue point. Cette serrure ne joue pas bien. Faites en sorte que la clef joue mieux dans cette serrure. Cet os ne joue pas comme il faut dans l' emboîture.

Fig., Faire jouer toutes sortes de ressorts, Employer tout son pouvoir, tous les moyens dont on peut disposer.

JOUER

JOUER se dit aussi Des cascades, des jets d' eau, etc., qu' on lâche pour les faire couler ou jaillir. On fit jouer les eaux. Les eaux jouèrent tout le jour. Autrefois, on disait activement, dans le même sens: On joua les eaux. On a joué les eaux.

Il se dit encore D' une mine que l' on fait sauter, d' une pièce d' artillerie, d' un artifice que l' on fait partir, en y mettant le feu. La mine, le fourneau joua. Quand le canon eut joué. Faites jouer la mine, le canon. Faites jouer les pétards. On dit dans un sens analogue, Faire jouer une pompe, des pompes, Les faire aller.

JOUER

JOUER s' emploie aussi comme verbe actif, et signifie, Faire, en parlant D' un jeu ou d' une partie de jeu, d' un coup au jeu, etc. Jouer un jeu. Jouer une partie. Jouer un coup. Jouer une partie de boston. Jouer le piquet. Jouer un cent de piquet. jouer une partie de trictrac. Jouer la partie d' honneur.

À la Paume, Jouer une balle, Pousser une balle.

Jouer une carte, Jeter une carte. Jouer coeur, jouer carreau, etc., Jouer une carte de ces couleurs.

Au Piquet, Jouer bien les cartes, Tirer tout le parti possible de ses cartes. Il écarte bien, mais il joue mal les cartes.

Jouer le jeu, Jouer suivant les règles du jeu. Vous ne jouez pas le jeu.

Fig. et fam., Jouer bien son jeu, Se comporter adroitement en quelque affaire, savoir bien dissimuler pour arriver à ses fins. Il a bien joué son jeu.

Jouer un jeu, Le savoir bien jouer, le jouer par préférence, être dans l' usage, dans l' habitude de le jouer. Quel jeu jouez-vous? est-ce le boston? est-ce le piquet? Je ne joue que le trictrac.

JOUER, actif

JOUER, actif se dit aussi en parlant De ce que l' on hasarde au jeu. Jouer gros jeu. Jouer un jeu d' enfer. Jouer petit jeu. Jouer deux louis sur une carte. Jouer tant à la partie. Nous ne jouons que dix sous. C' est un homme qui joue tout. Dès qu' il a quelque chose, il va le jouer.

Fam., Il jouerait jusqu' à sa chemise, Il jouerait tout ce qu' il a.

Fig. et fam., Jouer gros jeu, S' engager dans une affaire où l' on hasarde beaucoup pour sa réputation, pour sa fortune, pour sa vie.

Fig., Jouer sa vie, S' exposer témérairement.

Jouer quelqu' un, Jouer avec quelqu' un. En ce sens, il ne se dit que dans ces phrases des Jeux de paume et de volant. Je l' ai joué du battoir. Il me gagne toujours, quoiqu' il me joue par-dessous la jambe, par-dessous jambe.

Fig. et fam., Jouer quelqu' un par-dessous jambe, par-dessous la jambe, Déranger avec facilité les projets de quelqu' un, et, par supériorité d' esprit ou de conduite, l' amener aux vues que l' on a soi-même. N' ayez rien à démêler avec lui, il vous jouerait par-dessous la jambe. Il les a tous joués par-dessous jambe.

Fig., Jouer quelqu' un, Le tromper, l' abuser. Il le joue depuis trois ans, en lui faisant espérer cet emploi. Je vois que l' on m' a joué, que je suis joué. Il avait quelque dépit de se voir joué.

Fig. et fam., Jouer les deux, Tromper deux personnes ou deux parties qui ont des intérêts opposés, en faisant semblant de les servir l' une contre l' autre.

Prov. et fig., Jouer une pièce, un tour à quelqu' un, Lui faire un tour ou malin ou méchant. Il a voulu me jouer un tour auprès d' un tel. On lui a joué une pièce sanglante. On dit neutralement, dans le même sens, Jouer d' un tour à quelqu' un, lui en jouer d' une, lui en jouer d' une bonne. S' il me joue de celui-là, je lui en jouerai d' un autre.

JOUER, actif

JOUER, actif signifie en outre, Exécuter un air, un morceau de musique sur un instrument, avec des instruments. Jouer un air. Jouer une ouverture à grand orchestre. Jouer une contredanse. Jouer un air sur le violon, sur le piano, etc. Écoutez l' air qu' on joue.

Il signifie encore, Représenter, et se dit en parlant soit De la pièce de théâtre qu' on représente, soit Du personnage qu' on est chargé d' y représenter. Jouer une comédie, une tragédie, une farce. Jouer un personnage, un rôle. Jouer les amoureux, les pères nobles, les ingénues, etc. On a joué Andromaque. Un tel a joué le rôle d' Oreste, a joué Oreste. Absolument: Ce comédien joue fort bien. C' est la première fois qu' il joue. Etc.

Jouer la comédie, Exercer la profession de comédien. Il veut jouer la comédie. Absolument, Cet acteur a cessé de jouer.

Jouer la comédie, signifie, par extension, Faire des actions plaisantes pour exciter à rire; et, figurément, Feindre des sentiments qu' on n' a pas, chercher à paraître ce qu' on n' est pas réellement. Vous le croyez affligé, il joue la comédie.

Fig., Jouer la douleur, la surprise, etc.; jouer l' affligé, jouer l' homme d' importance, etc., Feindre d' être affligé, d' être surpris, d' être un homme d' importance, etc.

Par extension, Jouer tel rôle, Figurer dans quelque affaire en telle ou telle qualité, ordinairement pour faire ou pour faciliter quelque tromperie. Le prétendu mariage eut lieu: un tel joua le rôle de prêtre, et deux valets du séducteur celui de témoins.

Fig., Jouer un rôle, Figurer dans quelque affaire, dans certains événements, y prendre part, soit à son avantage, soit d' une manière fâcheuse, avilissante, etc. Il vit bien qu' il jouait le rôle de dupe. Il y a joué un sot rôle, un fort mauvais rôle. Tous ceux qui jouèrent un rôle dans cette grande révolution. Il joua un grand rôle dans ces événements. On le dit quelquefois De choses personnifiées. Le rôle que joue la mémoire dans les opérations de l' entendement. On dit aussi, mais seulement en parlant Des personnes, Jouer un mauvais personnage, un sot personnage, etc.

Jouer un grand rôle, signifie quelquefois, plus particulièrement, Faire une grande figure, occuper une grande place dans l' État. On dit, par opposition, Jouer un petit personnage, Être dans un poste peu honorable, ou Avoir peu d' influence dans une affaire.

JOUER

JOUER signifie aussi, Railler quelqu' un, le tourner en ridicule sur le théâtre. C' est un tel qu' on a joué dans cette pièce, sous un nom emprunté. Molière a joué les faux dévots.

JOUER

JOUER se dit encore D' une chose qui en imite une autre, qui en a l' apparence. Ce papier joue le velours. Cette étoffe joue la soie. Cette composition joue le diamant.

JOUÉ, ÉE. participe

JOUÉ, ÉE. participe Au Jeu de dames, de trictrac, Dame touchée, dame jouée, Lorsqu' on a touché une dame, on est obligé de la jouer.

Prov., C' est un jeu joué, se dit D' une feinte concertée entre deux ou plusieurs personnes.

JOUEREAU. s. m.

JOUEREAU. s. m. (On prononce Joûreau.) Celui qui ne joue pas bien à quelque jeu, ou qui joue petit jeu. Il est familier et peu usité.

JOUET. s. m.

JOUET. s. m. Il se dit Des bagatelles qu' on donne aux enfants pour les amuser, et avec lesquelles ils jouent. Jouet d' enfant. Le hochet est le jouet ordinaire des petits enfants. Cela lui sert de jouet. Acheter des jouets.

Il se dit, par extension, Des choses avec lesquelles jouent les animaux, Le jouet d' un chat, d' un jeune chien. Tout sert de jouet aux jeunes animaux.

Il se dit figurément d' Une personne dont on se joue, dont on se moque. Pensez-vous qu' il veuille être votre jouet?

Il se dit quelquefois au figuré, surtout dans le style poétique, De ce qui est abandonné à l' action impétueuse des éléments. Un vaisseau qui est le jouet des vents, des flots, des tempêtes.

Il se dit plus souvent au sens moral, dans une acception analogue. Être le jouet de la fortune, du sort, des événements, etc. Être le jouet de ses passions, de sa vanité. Être le jouet des caprices d' un maître.

JOUET

JOUET en termes de Manége, se dit d' Une petite chaînette suspendue à la brisure du canon qui forme l' embouchure. Mettre un jouet dans la bouche du cheval, pour en solliciter l' action.

JOUEUR, EUSE s.

JOUEUR, EUSE s. Celui, celle qui joue, qui folâtre avec quelqu' un. En ce sens, il ne s' emploie que dans ces locutions familières, Un rude joueur, une rude joueuse, Une personne qui ne sait point jouer, folâtrer, sans blesser ceux avec qui elle joue.

Fig. et fam., C' est un rude joueur, C' est un homme à qui il ne fait pas bon se jouer.

JOUEUR

JOUEUR signifie plus ordinairement, Celui qui joue à quelque jeu où il y a des règles. Combien sont-ils de joueurs? Les académies de jeux sont pleines de joueurs de mauvaise foi. Joueur de paume, joueur de boule, etc. Bon joueur de trictrac. Sot joueur.

Prov. et fig., La balle cherche le joueur, va au joueur, se dit Quand l' occasion de faire quelque chose se présente à celui qui est le plus capable de s' en bien acquitter. On dit elliptiquement, dans le même sens, Au bon joueur la balle, et La balle au joueur.

Beau joueur, ou Bon joueur, se dit D' un homme qui joue franchement, et qui est d' une humeur égale, soit qu' il gagne, soit qu' il perde. On dit dans le sens contraire, Mauvais joueur.

JOUEUR

JOUEUR se dit absolument de Celui qui a la passion du jeu, qui fait en quelque sorte métier de jouer. Ne donnez point votre fille à ce jeune homme, c' est un joueur. Cette femme est une grande joueuse, une joueuse de profession.

Joueur d' instrument, Celui qui joue de quelque instrument de musique. Il ne se dit guère aujourd' hui que Des musiciens de bas étage. Joueuse de harpe. Joueur de flûte. Joueur d' orgues. Joueur de guitare. Joueur de violon.

Joueur de farces, joueur de gobelets, joueur de marionnettes, se dit de Ceux qui divertissent le public par des farces, etc.

JOUFFLU, UE. adj.

JOUFFLU, UE. adj. Qui a de grosses joues. Cette femme est trop joufflue.

Il s' emploie aussi substantivement. Gros joufflu. Grosse joufflue. Ce mot est familier.

JOUG. s. m.

JOUG. s. m. (On fait sentir un peu, et comme gue, le G final, même devant une consonne.) Pièce de bois qu' on met par-dessus la tête des boeufs, et avec laquelle ils sont attelés pour tirer, pour labourer. Mettre les boeufs au joug. Leur ôter le joug.

Il signifie figurément, Servitude, sujétion. Joug pesant, rude, insupportable. Joug honteux. Le joug de la servitude. Le joug de la loi. Mettre sous le joug. Tenir sous le joug. Imposer un joug. Porter le joug. Subir le joug. S' affranchir du joug. Secouer le joug. Le joug s' est appesanti sur leurs têtes. JÉSUS-CHRIST dit, dans l' Évangile, que son joug est doux. Le joug de l' étiquette.

Le joug du mariage, Le lien du mariage. Il est marié, le voilà sous le joug.

JOUG

JOUG se dit, dans l' Histoire romaine, d' Une pique attachée en travers au bout de deux autres piques fichées en terre, et sous laquelle on faisait passer des ennemis vaincus. Faire passer une armée sous le joug. Passer sous le joug était un opprobre.

JOUJOU. s. m.

JOUJOU. s. m. Jouet d' enfant. Il faut lui donner un joujou pour l' apaiser. Donner des joujoux à un enfant. Il est familier.

JOUIR. v. n.

JOUIR. v. n. Avoir l' usage, la possession actuelle de quelque chose, et en tirer tous les fruits, tous les émoluments, tous les avantages, etc. Jouir d' une terre, d' un emploi, d' une pension. Jouir d' une entrée à un spectacle. Jouir d' un privilége, du droit de... Jouir des droits civils, des droits politiques. Il jouit de cent mille francs de rente. Il est majeur, il jouit de son bien. Il jouit de ses droits. Il ne jouit de rien. Jouir d' une chose en bon père de famille. On l' emploie souvent absolument. Il jouissait paisiblement. Il faut le laisser jouir. Vous m' avez vendu votre terre, votre charge, faites-moi jouir. Qui vous empêche de jouir? Jouir de bonne foi.

Il se dit, dans une acception plus étendue, en parlant De toute chose qui procure du bien-être, de l' avantage, de l' agrément, etc. Jouir d' une honnête aisance. Jouir d' une parfaite santé. Jouir du repos, de la paix. Jouir de la félicité. Jouir de la gloire éternelle. Jouir d' une grande réputation, d' un immense crédit. Jouir de la considération publique. Jouir de l' estime de quelqu' un. Jouir de la présence, de la société de quelqu' un. On le dit quelquefois Des animaux et des choses. Les animaux qui jouissent de la faculté de... La réputation dont cet ouvrage a si longtemps joui.

Il signifie aussi, Profiter d' une chose qu' on a, qu' on possède, en goûter le plaisir, l' agrément, etc. Savoir jouir de sa fortune. Jouir de sa bonne fortune. Il sait jouir de la vie. Il jouit du présent, sans trop s' occuper de l' avenir. Jouir de la victoire. Ce guerrier, cet auteur n' a pas assez vécu pour jouir de toute sa renommée, de toute sa gloire. Jouir du monde, des plaisirs du monde. Dans ce sens, on le dit quelquefois absolument, surtout lorsqu' il s' agit Des biens de la fortune ou des plaisirs. Il est riche, mais il ne sait pas jouir. Le temps fuit, jouissons.

Jouir de l' embarras de quelqu' un, de son affliction, de sa détresse, etc., Éprouver du plaisir à le voir ou à le savoir embarrassé, affligé, malheureux, etc.

Jouir de quelqu' un, Avoir la liberté, le temps de conférer avec lui, de l' entretenir, d' en tirer quelque service, quelque plaisir. Nous jouirons de lui pendant son séjour à la campagne. Il est si occupé, que l' on n' en saurait jouir. On n' en jouit pas comme on veut.

Jouir d' une femme, Avoir commerce avec elle.

JOUISSANCE. s. f.

JOUISSANCE. s. f. Usage et possession de quelque chose. Jouissance paisible. Longue jouissance. Pleine jouissance. La jouissance d' un privilége, d' un droit. La jouissance des droits civils, des droits politiques. Avoir pleine et entière jouissance de ses biens. Il obtint un arrêt qui le mit en jouissance de cette terre. Entrer en jouissance. On lui en a accordé, donné, laissé la jouissance. Après une jouissance de longues années. Assurer à quelqu' un la jouissance d' une chose. Maintenir dans la jouissance. Troubler dans la jouissance. Il n' a point la propriété de cette terre, il n' en a que la jouissance, que l' usufruit, sa vie durant.

En termes de Finances, Jouissance de telle époque, se dit en parlant De l' époque de l' année où le Trésor public paye les intérêts d' une rente inscrite au grand-livre. Jouissance du vingt-deux mars, du vingt-deux juin, etc.

Fam., Avoir la jouissance d' une femme, Avoir commerce avec elle. Cette phrase est libre.

JOUISSANCE

JOUISSANCE signifie quelquefois, Plaisir, volupté. Pour lui ce travail est une jouissance. Il trouve une sorte de jouissance à remplir ce devoir. Privé de toute jouissance. Goûter de nobles jouissances. Les jouissances que l' homme goûte ici-bas. La civilisation multiplie nos besoins avec nos jouissances.

JOUISSANT, ANTE. adj.

JOUISSANT, ANTE. adj. T. de Jurispr. Qui jouit. Majeur usant et jouissant de ses droits. Fille usante et jouissante de ses droits.

JOUR. s. m.

JOUR. s. m. Clarté, lumière que le soleil répand lorsqu' il est sur l' horizon, ou qu' il en est proche. Le jour et la nuit. Avant le jour. Le jour va bientôt paraître. Le jour commence à poindre. Il commence à faire jour. À l' aube du jour. Au point du jour. À la pointe du jour. Il faisait à peine petit jour. La naissance du jour. Il est, il fait jour. Il était déjà grand jour. Le jour brille. Il fait encore jour. Le jour baisse. À la chute du jour. Sur le déclin du jour. Jour pur. Jour serein. Jour brillant. Beau jour. Grand jour. Jour faible. Jour sombre. Jour bas. Il faut travailler à cela de jour, en plein jour. De nuit et de jour. Voir le jour au travers de quelque chose. Il ne faut pas voir cette étoffe dans la boutique, il faut la voir au grand jour, au jour, portez-la au jour. Cette femme n' aime pas le grand jour. Cette beauté peut soutenir le grand jour. Il avait le jour dans les yeux. Le jour vient par là, vient de là, de ce côté-là. Le jour vient d' en haut. Il ne peut souffrir le jour. Cette chambre ne reçoit pas assez de jour. Le jour n' a jamais pénétré dans ces abîmes. Loin du jour. Fuir le jour, la lumière du jour, l' éclat du jour. Poétiq., Le soleil est le père du jour, l' astre du jour, le flambeau du jour, l' astre qui donne, qui fait le jour, etc.

Prov., Elle est belle comme le jour, se dit D' une très-belle personne. On dit dans un sens analogue, Cet enfant est beau comme le jour.

Fig., Clair comme le jour, se dit De ce qui est évident ou facile à comprendre, de ce qui est sans obscurité. Cette proposition est aussi claire que le jour. Il est clair comme le jour que c' était là son intention.

Fig. et fam., C' est le jour et la nuit, ou C' est la nuit et le jour, se dit De deux choses ou même de deux personnes qui diffèrent beaucoup entre elles. On dit dans le même sens, Ces deux personnes, ces deux choses ne se ressemblent pas plus que le jour et la nuit; elles diffèrent autant que le jour et la nuit; etc.

Fig. et fam., Brûler le jour, se dit Quand on allume des flambeaux pendant qu' il fait encore jour.

Fig. et fam., Il est jour chez lui, chez elle, se dit en parlant D' une personne qui vient de se lever et chez laquelle on peut entrer. Je crois qu' il n' est pas encore jour chez un tel. On dit aussi, Il est petit jour chez lui, chez elle, en parlant D' une personne qui ne fait que de s' éveiller.

Demi-jour, Clarté faible. Se placer dans le demi-jour. La chambre n' était éclairée que par un demi-jour.

Percé à jour, Percé de part en part, en sorte qu' on voie le jour au travers. On dit dans un sens analogue, Broderie à jour, et Points à jour.

Cet édifice, cette maison est à jour, tout à jour, se dit D' un édifice, d' une maison dont les portes et les fenêtres ne sont pas encore placées, ou n' existent plus.

Poétiq., Voir le jour, Être né, vivre. Depuis que je vois le jour. Il n' avait pas encore vu le jour. On dit aussi: Mettre au jour, Donner la naissance. Ceux à qui je dois le jour, qui m' ont donné le jour, Ceux de qui je suis né. Perdre le jour, Mourir. Etc.

Voir le jour, se dit aussi, figurément, Des choses qu' on expose au jour, qu' on retire du lieu où elles étaient cachées, enfouies. Il y a bien des années que ce meuble n' a vu le jour. On le dit quelquefois en parlant De la publication des ouvrages d' esprit. Ce livre n' a vu le jour qu' après la mort de son auteur.

Fig., Mettre un livre, un ouvrage au jour, Le faire imprimer, le rendre public. Quand mettrez-vous vos poésies au jour?

Fig., Mettre une chose au jour, au grand jour, La divulguer, la rendre publique. Mettre au jour la perfidie de quelqu' un. On dit de même qu' Un homme craint le jour, pour dire qu' Il craint de se montrer, d' être connu. Il n' ose se produire, il craint le grand jour. On dit quelquefois, dans un sens analogue, Le grand jour de la publicité, le grand jour de l' impression.

JOUR

JOUR se dit quelquefois de Toute autre clarté que celle du jour. Le jour artificiel que donnent les bougies, les lampes. Le faible demi-jour que la lune répand sur les objets.

Il s' emploie aussi figurément. Rien n' est plus propre à jeter du jour sur ces questions. Sa découverte répandit un grand jour sur les causes de ce phénomène. L' Évangile fit luire un jour nouveau.

JOUR

JOUR se dit particulièrement de La manière dont un objet est frappé par la lumière. Ce tableau devrait être placé dans un autre jour. Vous avez placé votre modèle dans un mauvais jour. Mettre une chose à un jour ou dans un jour convenable. Cette statue est dans un jour qui en fait ressortir toutes les beautés. Tourner et retourner une étoffe, la présenter à différents jours.

Faux jour, Lumière qui éclaire mal les objets, de manière à les faire voir autrement qu' ils ne sont. Dans la boutique de ce marchand il y a un faux jour, de faux jours qui trompent sur la couleur des étoffes. Ce tableau est en faux jour, dans un faux jour.

Mettre quelque chose dans son jour, Le placer à un jour convenable, de manière qu' on puisse le bien voir. Cette étoffe n' est pas dans son jour. Il faut mettre ce tableau dans son jour.

JOUR

JOUR s' emploie aussi figurément, dans le sens qui précède. Il me présenta la chose sous un jour si avantageux, que j' acceptai sa proposition. Une chose qui s' offre, qui se présente, que l' on voit sous un jour favorable. Mettre une affaire dans un faux jour, la présenter sous un faux jour. Mettre une pensée dans son jour, dans tout son jour.

JOUR

JOUR en Peinture, se dit de L' imitation de la lumière qui se répand sur les objets représentés dans un tableau. Dans ce tableau, le jour vient d' en haut, le jour vient de tel côté.

Placer, mettre un tableau à son jour, Le placer de manière que le jour de l' endroit où on l' expose vienne du même côté que le jour par lequel les objets représentés dans le tableau paraissent éclairés. Ce tableau n' a pas été placé à son jour, n' est pas à son jour.

JOUR

JOUR se dit également, en Peinture, surtout au pluriel, Des touches les plus claires d' un tableau. Savoir bien mêler les jours et les ombres. Observer bien les jours et les ombres. Les jours sont bien entendus et bien ménagés dans ce tableau. Des jours de reflet.

JOUR

JOUR se dit encore Des fenêtres, des ouvertures qu' on fait aux bâtiments, pour qu' ils puissent recevoir le jour. Un jour bien pratiqué. Des jours bien ménagés.

Tirer du jour d' un certain côté, Pratiquer de ce côté une fenêtre, une ouverture.

En Jurispr., Jour de coutume, Jour, fenêtre que le propriétaire d' une maison fait ouvrir dans un mur non mitoyen. Jour de servitude, Ouverture ou fenêtre faite dans un mur, en vertu d' un titre, d' une convention particulière. Jour de souffrance, Ouverture ou fenêtre donnant sur la propriété d' un voisin, qui le souffre ou qui l' a permis. On dit dans le même sens, Cette maison a des jours sur la maison, sur la propriété voisine.

JOUR

JOUR se dit pareillement de Certaines ouvertures par où le jour, l' air peut passer. Ces planches ne sont pas bien jointes, il y a du jour entre-deux. Il y a de grands jours dans cette muraille, des jours à y passer la main.

Se faire jour, Se faire ouverture et passage. Il s' est fait jour au travers des ennemis. On l' emploie aussi figurément. Tôt ou tard la vérité se fait jour.

JOUR

JOUR signifie en outre figurément, Facilité, moyen pour venir à bout de quelque affaire. Si je vois jour à cette affaire. Si je vois jour à cela. Je n' y vois point de jour. S' il y a jour. Je vois jour à le servir.

JOUR

JOUR signifie aussi, Certain espace de temps par lequel on divise les mois et les années. Il se dit proprement de L' espace de vingt-quatre heures, que l' on appelle Jour civil, et qui se prend, parmi nous, d' un minuit à l' autre; mais on le dit souvent aussi Du temps qui s' écoule entre le lever et le coucher du soleil, et que l' on nomme par opposition Jour naturel. Le sens du discours suffit ordinairement pour déterminer quelle est, de ces deux acceptions, celle que le mot doit recevoir. Il y a tant de jours au mois, à la semaine, dans l' année. Le premier jour, le second jour, etc. Quel jour est-il, quel jour est-ce aujourd' hui? Le saint du jour. Les nouvelles du jour. Jour ouvrier. Jour ouvrable. Jour de fête. Jour férié. Jour gras. Jour maigre. Le jour de Noël. Le jour de Pâques. Le premier jour de l' année, le premier jour de l' an, ou Le jour de l' an. Jour solennel. Jour d' audience. Le jour du courrier. Le jour d' hier. Le jour de devant. Le jour d' après. Un jour devant. Un jour après. Un jour trop tôt. Un jour trop tard. Le jour de ses noces. Le jour de son sacre. Un jour de bataille. Un jour de triomphe. Un jour de conseil. Un jour de séance, d' audience. Un jour de cérémonie. Un jour de marché. Il fut condamné à huit jours de prison, d' emprisonnement. Après avoir marché pendant huit jours. Après huit jours de marche. Il fut deux jours absent. On lui a donné huit jours pour mettre ordre à ses affaires. Durant tout le jour. Tout le long du jour. Tant que le jour dure. Travailler tout le jour. Travailler jour et nuit. Passer les nuits et les jours à l' étude. Il vient ici tous les jours. De deux jours l' un. Tous les deux jours. Tous les huit jours. Dans quinze jours. C' est mon habit de tous les jours. Mettre un habit à tous les jours. Passer plusieurs jours à la campagne. Ce fut le plus beau jour de ma vie. En ce beau jour. En ce grand jour. Le jour fatal approchait. Il n' a plus que quelques jours à vivre. Un heureux jour. Un malheureux jour. Marquer, fixer, indiquer, assigner un jour. Prendre un jour. Donner un jour. Prendre jour pour faire telle chose. À jour préfix. À jour nommé. Quand le jour fut venu. Ces trois généraux commandaient alternativement chacun leur jour. C' était le jour d' un tel. Il était de jour. Je l' attends de jour en jour. De jour à autre. D' un jour à l' autre. Il paye tant par jour. J' en ai fait la relation jour par jour. Je l' ai compté jour par jour. Il est mort un an après sa femme, jour pour jour. Le jour du jugement. Le jour du Seigneur sera un jour terrible. Lorsque le Seigneur viendra au jour de sa colère. Un jour viendra que... Souhaiter le bon jour, donner le bon jour à quelqu' un. Bon jour, monsieur. Dans ces trois dernières phrases, on écrit plus ordinairement Bonjour, en un seul mot. Voyez BONJOUR.

Il se dit quelquefois par rapport à la saison, à l' état de l' atmosphère, de la température. Un jour de printemps, d' été, d' automne, etc. Les jours caniculaires. Un jour de beau temps. Un beau jour. Un jour de pluie. Un jour pluvieux. Etc.

Jour astronomique, L' espace de vingt-quatre heures solaires moyennes, compté d' un midi à l' autre.

Jours complémentaires, s' est dit, dans le Calendrier républicain, Des cinq ou six jours que l' on comptait à la fin de l' année, pour compléter le nombre de trois cent soixante-cinq ou de trois cent soixante-six jours, les mois de ce calendrier n' étant chacun que de trente jours.

Les beaux jours, Les premiers jours du printemps. Remettez votre voyage aux beaux jours.

Fig., Les beaux jours, Le temps de la première jeunesse, ou Les temps les plus heureux de la vie. Ses beaux jours sont passés.

Les jours gras, signifie particulièrement, Les derniers jours du carnaval, qui sont le jeudi, le dimanche, le lundi et le mardi. Pendant les jours gras.

Un bon jour, Un jour de grande fête. Le jour de Pâques est un bon jour.

Prov., Bon jour, bonne oeuvre, se dit en parlant D' une bonne action faite en un jour solennel. Ils se sont réconciliés le jour de Pâques: bon jour, bonne oeuvre. On le dit plus ordinairement par ironie. Il a volé le jour de Noël: bon jour, bonne oeuvre.

Pop., Faire son bon jour, Faire ses dévotions, recevoir la communion.

Fam., C' est aujourd' hui son mauvais jour, il est dans son mauvais jour, Il a aujourd' hui un accès de la maladie, de la mauvaise humeur, ou de la mélancolie, etc., à laquelle il est sujet. On dit de même: C' est son jour de fièvre, son jour de mauvaise humeur, de mélancolie, son jour de gaieté, de bonne humeur, etc. Avoir des jours de fièvre. Avoir des jours de gaieté et des jours de tristesse. Avoir de bons et de mauvais jours.

Jours de barbe, Les jours où l' on a l' habitude de se faire la barbe. Jour de médecine, Le jour où une personne malade prend médecine. Etc.

Jour critique, Jour où il arrive ordinairement quelque crise, dans certaines maladies. Le septième et le neuvième sont ordinairement des jours critiques. On le dit aussi Des jours où les femmes ont leurs règles.

Prendre le jour de quelqu' un, Prendre le temps, le moment qui lui convient. Je prendrai votre jour.

Fam., Gagner sa vie au jour la journée, vivre au jour la journée, au jour le jour, N' avoir pour subsister que ce qu' on gagne chaque jour par son travail.

Prov. et fig., Vivre au jour le jour, au jour la journée, S' inquiéter peu du lendemain, être sans prévoyance.

Prov., À chaque jour suffit sa peine, suffit son mal, Il ne faut pas se tourmenter inutilement sur l' avenir, se faire des chagrins d' avance.

Fig., Faire du jour la nuit et de la nuit le jour, Dormir le jour et veiller la nuit.

Fig. et fam., Mettre quelqu' un à tous les jours, L' employer trop souvent, se familiariser trop avec lui, ne point user de discrétion à son égard. Quand on a un aussi bon protecteur, il ne faut pas le mettre à tous les jours. On dit aussi, Se mettre à tous les jours, S' exposer trop, se prodiguer. Il ne faut pas qu' un général d' armée s' expose si souvent aux périls, qu' il se mette trop à tous les jours. Ce grand comédien se met à tous les jours, Il joue très-souvent, presque tous les jours. Ces phrases ont vieilli.

Fig. et fam., Le saint du jour, se dit d' Un homme qui est à la mode ou en crédit depuis peu.

Fig., Le goût du jour, Le goût qui règne présentement. C' est le goût du jour. On dit dans un sens analogue: Un homme du jour. Les élégants du jour. La curiosité du jour. Etc.

Être à son dernier jour, Être au jour, au moment où l' on doit mourir. On dit dans le même sens: Jusqu' à mon dernier jour. Son dernier jour approche. Etc.

En termes de Commerce, Se mettre à jour, Mettre toute sa correspondance, tous ses comptes en règle. On dit aussi, Être à jour.

Tous les jours, signifie quelquefois, De jour en jour. Il devient tous les jours plus intraitable.

Adverbial., Un jour, se dit D' une époque indéterminée dans le passé ou dans l' avenir. Je lui dis, un jour, qu' il m' était impossible de... Un jour que je me promenais. Un jour vous vous repentirez de ne l' avoir point écouté. S' il arrivait, un jour, qu' on voulût...

Fam., Un beau jour, Un certain jour. Un beau jour, il prit la fuite.

En termes de Commerce, Jours de faveur, ou Jours de grâce, Dix jours de délai qu' on accordait autrefois à celui sur lequel une lettre de change était tirée.

Grands jours, se disait autrefois d' Une assemblée ou compagnie extraordinaire de juges, tirés ordinairement des cours supérieures, qui avaient commission d' aller dans les provinces éloignées pour écouter les plaintes des peuples et faire justice. Les grands jours étaient à Clermont en Auvergne. Messieurs des grands jours. Il fut condamné par les grands jours. On transféra les grands jours de Limoges à Poitiers.

En style de l' Écriture sainte, L' Ancien des jours, Dieu. Mourir plein de jours, Mourir très-vieux.

JOUR

JOUR se dit quelquefois, figurément, d' Un temps plus ou moins long, pour exprimer la rapidité avec laquelle il s' écoule ou s' est écoulé. La vie de l' homme n' est qu' un jour. Ce bonheur n' a duré qu' un jour.

JOURS

JOURS au pluriel, se dit quelquefois d' Une certaine durée, d' une certaine époque, par rapport à ce qui s' y passe, aux événements qui la remplissent. Aux premiers jours du monde. En ces tristes jours. En ces jours de calamité. Des jours malheureux. Elle a connu des jours meilleurs. Les seuls amis qui lui restèrent aux jours de l' infortune. J' ai vu les beaux jours de ce règne glorieux. Nous ne reverrons plus ces jours heureux. Les jours de notre enfance.

Il signifie plus particulièrement, La vie, l' existence. À la fin de nos jours. Le fil, la trame de mes jours. Trancher le fil de nos jours. Prolonger ses jours. Je tremblais pour vos jours. Les chagrins ont abrégé ses jours. Sauver les jours d' une personne. Souhaiter à quelqu' un des jours longs et heureux. Quand il sera sur ses vieux jours. Nous ne verrons point cela de nos jours. Il coule doucement ses jours.

JOURNAL. adj. m.

JOURNAL. adj. m. Qui est relatif à chaque jour. Il ne se dit guère que dans cette locution, Livre journal, Registre où l' on écrit, jour par jour et de suite, ce qu' on reçu ou payé, acheté ou vendu, etc. On a dit aussi, dans le même sens, Papier journal, papiers journaux.

JOURNAL

JOURNAL est aussi substantif, et signifie, Relation jour par jour de ce qui se passe ou s' est passé en quelque pays, en quelque endroit, en quelque affaire, etc. Il a un journal de la campagne de Flandre de telle année. Journal de ce qui s' est passé au siége de... Journal du siége de... Tenir un journal. Faire un journal. Écrire un journal. J' en ai vu deux journaux différents. Journal historique. Journal d' un voyage. Journal d' une traversée. Le journal du bâtiment. Journal des audiences de telle cour.

Il se dit, particulièrement, d' Un ouvrage quotidien ou périodique qui se publie par feuilles, par numéros, et qui fait connaître, soit par de simples annonces, soit par des articles raisonnés, les nouvelles politiques, scientifiques et littéraires, les ouvrages nouveaux, etc. Publier un journal. Les numéros d' un journal. Travailler à un journal, à la rédaction d' un journal. Écrire dans un journal. Rédiger un journal. Les rédacteurs d' un journal. Le bureau d' un journal. Les propriétaires d' un journal. Ce journal ne paraît que tous les deux jours, que deux fois par semaine, que trois fois par mois. Ce journal a cessé de paraître. Que dit le journal, que disent les journaux aujourd' hui? J' ai lu cela dans le journal, dans les journaux. Insérer un article dans un journal. Tous les journaux en parlent. Publier une chose par la voie du journal. Le journal du département. Le journal de telle ou telle ville. Les journaux français, anglais, etc. Les journaux de France, d' Allemagne, d' Angleterre. Journal politique. Journal scientifique et littéraire. Journal de médecine, de jurisprudence, etc.

JOURNAL

JOURNAL signifie aussi, Une ancienne mesure de terre, en usage encore dans certains départements. Le journal varie suivant les provinces. Deux journaux de terres labourables.

JOURNALIER, IÈRE. adj.

JOURNALIER, IÈRE. adj. Qui se fait chaque jour. C' est un travail journalier. Exercice journalier. Occupation journalière. Ma tâche journalière.

Il signifie aussi, Inégal, qui est sujet à changer. Son esprit est journalier. Son humeur est journalière. La beauté est journalière. Les armes sont journalières.

JOURNALIER

JOURNALIER s' emploie aussi comme substantif, et se dit d' Un homme qui travaille à la journée. C' est un pauvre journalier. Payer des journaliers.

JOURNALISTE. s. m.

JOURNALISTE. s. m. Celui qui fait, qui rédige un journal, qui travaille, comme rédacteur, à un journal. La profession de journaliste. Il s' est fait journaliste. Le journaliste a été mal informé. Le journaliste anglais prétend que...

JOURNÉE. s. f.

JOURNÉE. s. f. L' espace de temps qui s' écoule depuis l' heure où l' on se lève, jusqu' à l' heure où l' on se couche. Il a passé la journée tristement. Il a bien employé la journée. La journée fut très-belle, nous n' eûmes pas une goutte de pluie. Je garderai longtemps le souvenir de cette belle, de cette heureuse, de cette grande journée.

Fam., Vivre au jour la journée, N' avoir pour subsister que ce qu' on gagne chaque jour par son travail; et, proverbialement et figurément, S' inquiéter peu du lendemain, être sans prévoyance.

JOURNÉE

JOURNÉE se dit aussi Du travail d' un ouvrier pendant un jour. Il travaille à la journée. Un homme de journée. Louer des gens à journée, à la journée. Ce sont des gens de journée. La journée d' un ouvrier, ses journées. Perdre sa journée. Il n' y a pas une journée entière.

Fig. et fam., Mentir à la journée, Avoir l' habitude de mentir.

Prov. et fig., Faire tant par ses journées, que... Faire en sorte par son travail, par ses soins, par son industrie, que... Il a tant fait par ses journées, qu' il est venu à bout de telle chose. En mauvaise part et par plaisanterie, Il a tant fait par ses journées, qu' il a été chassé de la cour. Ces phrases ont vieilli.

JOURNÉE

JOURNÉE signifie également, Le salaire qu' on donne à un ouvrier pour le payer du travail qu' il a fait pendant un ou plusieurs jours. Il a bien gagné sa journée. Il faut lui payer sa journée. On lui doit quinze journées. Tenez, voilà vos journées.

Il se prend quelquefois pour Le chemin qu' on fait d' un lieu à un autre dans l' espace d' une journée. Il y a une journée de chemin de ce lieu à tel autre. La journée est trop grande. Il marchait à grandes journées, à petites journées. Faire de grandes journées. Journée de messager. Journée d' armée.

JOURNÉE

JOURNÉE signifie encore, Un jour de bataille, ou La bataille même. Ce fut une grande journée, une sanglante journée. On désespéra quelque temps du succès de la journée. Il eut presque tout l' honneur de cette journée, de cette fameuse journée. La journée de Poitiers, de Bouvines, de Rocroy, de Fleurus. La journée mémorable de Fontenoy, de Marengo, etc.

JOURNELLEMENT. adv.

JOURNELLEMENT. adv. Tous les jours, chaque jour. Il travaille à cela journellement. Il s' y emploie journellement. C' est ce que je lui répète journellement.

JOUTE. s. f.

JOUTE. s. f. Combat à cheval d' homme à homme avec la lance. S' exercer à la joute. Ce n' est plus le temps des joutes et des tournois. Il emporta le prix de la joute. Une joute à lances brisées, à fer émoulu.

Joute sur l' eau, Espèce de divertissement dans lequel deux hommes, placés chacun sur l' avant d' un batelet, tâchent de se faire tomber dans l' eau, en se poussant l' un l' autre avec de longues lances, au moment où les bateaux s' approchent. À telle fête, il y eut une joute sur l' eau.

JOUTE

JOUTE se dit aussi en parlant De certains animaux qu' on fait combattre les uns contre les autres. La joute des coqs. La joute des cailles.

JOUTER. v. n.

JOUTER. v. n. Combattre avec des lances l' un contre l' autre. S' exercer à jouter. Le lieu où l' on joutait.

Faire jouter des coqs, des cailles, Les faire combattre.

JOUTER

JOUTER signifie figurément, Discuter. Je ne vous conseille pas de jouter contre lui. Je n' ai garde de jouter contre un si habile homme, contre un homme d' une si grande réputation.

JOUTEUR. s. m.

JOUTEUR. s. m. Celui qui joute. Un grand, un habile jouteur.

Fam., C' est un rude jouteur, C' est un homme avec lequel il ne fait pas bon se mesurer. On le dit au propre et au figuré.

JOUVENCE. s. f.

JOUVENCE. s. f. Jeunesse. Il n' est usité que dans cette locution, La fontaine de Jouvence, Fontaine fabuleuse qu' on suppose avoir la vertu de rajeunir. Je crois, vraiment, qu' il vient de la fontaine de Jouvence. Il a bu de l' eau de la fontaine de Jouvence.

JOUVENCEAU. s. m.

JOUVENCEAU. s. m. Jeune homme qui est encore dans l' adolescence. On ne le dit que par plaisanterie. Un beau jouvenceau. Un aimable jouvenceau. Vous êtes un joli jouvenceau de me venir donner de semblables conseils.

JOUVENCELLE. s. f.

JOUVENCELLE. s. f. Jeune fille. Une aimable jouvencelle. Il est vieux, mais on l' emploie quelquefois encore dans le style badin.

JOUXTE. préposition.

JOUXTE. préposition. Vieux mot qui signifie, Proche: Jouxte le palais; et Conformément à: Jouxte la copie originale.

JOVIAL, ALE. adj.

JOVIAL, ALE. adj. Gai, joyeux. Esprit jovial. Il est jovial. Humeur joviale. Être de complexion joviale. Face joviale. Il est familier, et n' a point de pluriel au masculin.

JOYAU. s. m.

JOYAU. s. m. Ornement précieux d' or, d' argent, de pierreries, qui sert à la parure des femmes, comme sont les bracelets, les pendants d' oreilles, etc. Beau joyau. Riche joyau.

En Jurispr., Bagues et joyaux, Les pierreries, perles et autres semblables objets de prix qui appartiennent à une mariée, et que son contrat de mariage lui donne le droit de reprendre après la mort de son mari. Les bagues et joyaux de cette femme furent estimés cinquante mille francs. Allouer tant à une veuve pour ses bagues et joyaux.

Les joyaux de la couronne, Les joyaux qui appartiennent à la couronne.

JOYEUSEMENT. adv.

JOYEUSEMENT. adv. Avec joie. Nous allâmes et nous revînmes joyeusement. Nous passâmes joyeusement la journée.

JOYEUSETÉ. s. f.

JOYEUSETÉ. s. f. Plaisanterie, mot pour rire. On ne le dit guère que par raillerie. C' est un homme de belle humeur, qui dit force joyeusetés. Ces sortes de joyeusetés ne réussissent pas toujours avec des gens de bon goût. Il est familier.

JOYEUX, EUSE. adj.

JOYEUX, EUSE. adj. Qui a de la joie, qui est rempli de joie. Un homme joyeux, bien joyeux. Cela l' a rendu plus joyeux. J' en suis bien joyeux. Je suis tout joyeux de vous voir. Vous le ferez, vous le rendrez bien joyeux. Vivre joyeux et content. Il est d' humeur joyeuse. Tenez-vous joyeux.

Mener une vie joyeuse, mener joyeuse vie, Vivre dans les plaisirs, se livrer au plaisir.

Fam., Bande joyeuse, Compagnie de gens qui ne cherchent qu' à se réjouir. Voici la bande joyeuse. Êtes-vous de la bande joyeuse?

JOYEUX

JOYEUX signifie aussi, Qui exprime la joie. Des cris, des chants joyeux. Des acclamations joyeuses. De joyeux transports. Le joyeux concert des oiseaux.

Il signifie encore, Qui donne, qui inspire de la joie. Une joyeuse nouvelle. Une chanson joyeuse.

Le droit de joyeux avénement, se disait d' Un impôt qu' on payait autrefois au roi de France lors de son avénement au trône. Louis XVI fit remise du droit de joyeux avénement.

JUBÉ. s. m.

JUBÉ. s. m. Espèce de tribune, lieu élevé dans une église en forme de galerie, et qui est ordinairement entre la nef et le choeur. Il était dans le jubé. Monter au jubé. Chanter l' évangile au jubé. Un beau jubé.

Prov. et fig., Venir à jubé, Se soumettre, venir à la raison par contrainte, malgré qu' on en ait. Je le ferai bien venir à jubé. Il est venu à jubé.

JUBILAIRE. adj. des deux genres

JUBILAIRE. adj. des deux genres Qui appartient au jubilé. Année jubilaire.

Il est quelquefois synonyme de Jubilé, adjectif. Docteur jubilaire. Voyez ci-après JUBILÉ.

JUBILATION. s. f.

JUBILATION. s. f. Réjouissance. Il y avait grande jubilation dans cette maison. Ils étaient en jubilation. Avoir un air de jubilation. C' est un vrai visage de jubilation. Il est familier.

JUBILÉ. s. m.

JUBILÉ. s. m. C' était, chez les Juifs, dans la loi de Moïse, Une solennité publique qui se célébrait de cinquante ans en cinquante ans, et lors de laquelle toutes sortes de dettes étaient remises, tous les héritages restitués aux anciens propriétaires, et tous les esclaves rendus à la liberté. Quand le jubilé fut venu. Les Juifs ne vendaient pas leurs biens et leurs terres à perpétuité, mais seulement jusqu' à l' année du jubilé.

Il signifie, dans la Religion catholique, Une indulgence plénière, solennelle et générale, accordée par le pape en certains temps et en certaines occasions. Le grand jubilé. Jubilé universel. Le pape a accordé le jubilé. La bulle du jubilé. Recevoir, publier, ouvrir le jubile. Les stations, les prières du jubilé. Gagner le jubilé. Jubilé pour la paix. Le grand jubilé n' était autrefois que de cent ans en cent ans; il fut ensuite de cinquante en cinquante ans; il est maintenant de vingt-cinq en vingt-cinq ans. Les papes donnent communément un jubilé extraordinaire à leur avénement.

Faire son jubilé, Faire toutes les pratiques de dévotion ordonnées par la bulle du jubilé.

Fam., Faire jubilé, signifie, en termes de Jeu, Brouiller le jeu, de manière qu' il n' y ait ni perdants, ni gagnants.

JUBILÉ

JUBILÉ s' emploie aussi comme adjectif, et se dit D' un religieux, d' un chanoine, d' un docteur qui a cinquante ans de profession, de service, de doctorat. Chanoine jubilé. Docteur jubilé.

JUCHER. v. n.

JUCHER. v. n. Il se dit Des poules, et de quelques autres oiseaux qui se mettent sur une branche, sur une perche pour dormir. Les poules juchent dans le poulailler. Les faisans juchent sur les arbres.

Il s' emploie, dans le même sens, avec le pronom personnel. Quand les poules se juchent.

Il se dit, figurément et populairement, D' une personne logée très-haut, ou placée dans un lieu élevé et peu convenable. Il est allé jucher à un quatrième étage, à un cinquième. Où est-il allé se jucher?

JUCHÉ, ÉE. participe

JUCHÉ, ÉE. participe En termes d' Art vétérinaire, Cheval juché, Cheval dont le boulet se porte tellement en avant, qu' il marche et repose sur la pince. Un cheval, un mulet juché. On dit plutôt Bouleté, lorsqu' il s' agit des pieds de devant.

JUCHOIR. s. m.

JUCHOIR. s. m. L' endroit où juchent les poules.

JUDAÏQUE. adj. des deux genres

JUDAÏQUE. adj. des deux genres Qui appartient aux Juifs. La loi judaïque. Les antiquités judaïques. Superstition judaïque.

En termes d' Hist. nat., Pierres judaïques, Pierres que l' on trouve en Judée, en Palestine, en Silésie, etc., et qui ressemblent à des olives.

JUDAÏSER. v. n.

JUDAÏSER. v. n. Suivre et pratiquer en quelques points les cérémonies de la loi judaïque. C' est judaïser que de garder le jour du sabbat. Ces hérétiques judaïsaient en s' abstenant de manger de la chair de pourceau.

JUDAÏSME. s. m.

JUDAÏSME. s. m. La religion des juifs. Faire profession du judaïsme.

JUDAS. s. m.

JUDAS. s. m. On ne le met point ici comme nom propre du disciple qui trahit JÉSUS-CHRIST, mais seulement à cause de son emploi dans le sens de Traître. C' est un Judas, un vilain Judas. Il est familier.

Prov. et fig., Baiser de Judas, Le baiser d' un traître.

JUDAS

JUDAS se dit, figurément, d' Une petite ouverture pratiquée à un plancher, pour voir ce qui se passe au-dessous. Ouvrir, fermer le judas. Regarder par le judas.

JUDELLE. s. f.

JUDELLE. s. f. T. d' Hist. nat. Sorte d' oiseau aquatique.

JUDICATUM SOLVI

JUDICATUM SOLVI Expression empruntée du latin, et dont on se sert au Palais dans cette locution, Caution judicatum solvi, La caution qu' on peut obliger un étranger à fournir lorsqu' il veut intenter une action devant les tribunaux de France contre un Français. La caution judicatum solvi est exigée pour assurer le payement des frais et dommages-intérêts auxquels le procès pourrait donner lieu.

JUDICATURE. s. f.

JUDICATURE. s. f. État, condition, profession du juge, de toute personne employée à l' administration de la justice. Charge de judicature. Office de judicature. Il a mieux aimé se mettre dans la judicature que dans les finances.

JUDICIAIRE. adj. des deux genres

JUDICIAIRE. adj. des deux genres Qui est relatif à la justice, à l' administration de la justice. Les membres de l' ordre judiciaire. La hiérarchie judiciaire. Police judiciaire.

Il signifie aussi, Qui se fait en justice, par autorité de justice. Acte judiciaire. Cela est contre toutes les formes judiciaires. Enquête judiciaire. Poursuites judiciaires. Caution judiciaire.

Témoin judiciaire, se dit de Toute personne appelée à déposer en justice.

Bail judiciaire, se disait autrefois Du bail d' un héritage saisi réellement, fait à la poursuite du commissaire aux saisies réelles. On disait, dans un sens analogue, Fermier judiciaire.

Combat judiciaire, Manière de procéder en justice, qui consistait à soutenir son droit en se battant contre son adversaire.

En Rhétorique, Genre judiciaire, Celui des trois genres d' éloquence par lequel on accuse ou l' on défend. Ce discours est dans le genre judiciaire.

Astrologie judiciaire, L' art prétendu de connaître l' avenir par l' observation des astres. L' astrologie judiciaire est une pure chimère.

JUDICIAIRE. s. f.

JUDICIAIRE. s. f. La faculté de juger. Cet homme a la judiciaire fort bonne, excellente. Avoir une bonne judiciaire. Il est familier.

JUDICIAIREMENT. adv.

JUDICIAIREMENT. adv. En forme judiciaire. Informer judiciairement contre quelqu' un.

JUDICIEUSEMENT. adv.

JUDICIEUSEMENT. adv. Avec jugement, d' une manière judicieuse. Il agit toujours judicieusement. Cela est judicieusement pensé.

JUDICIEUX, EUSE. adj.

JUDICIEUX, EUSE. adj. Qui a le jugement bon. Un homme judicieux. Il est fort judicieux. Il est peu judicieux.

Il signifie aussi, Fait avec jugement. Réflexion judicieuse. Critique judicieuse. Remarque judicieuse. Ce discours est peu judicieux. Trouvez-vous cette action-là bien judicieuse?

JUGE. s. m.

JUGE. s. m. Celui qui juge, qui a le droit et l' autorité de juger. Dieu est le souverain juge, le juge suprême. L' Église est juge de tout ce qui a rapport à la foi. Les jurés ne sont juges que du fait. Les juges d' un concours.

Il se dit, particulièrement, d' Un homme préposé par autorité publique pour juger, pour rendre la justice aux particuliers. Bon juge. Juge équitable, intègre, désintéressé, incorruptible. Mauvais juge. Juge prévaricateur. Juge corrompu, inique, intéressé, préoccupé, passionné. Juge sévère, rigoureux. Juge impassible. Juge compétent. Juge incompétent. Juge favorable, suspect. Juge souverain, supérieur, inférieur, subalterne. Juge civil, criminel. Premier juge, ou Juge en première instance. Il soutint cela devant les premiers juges. Juge en dernier ressort. Juges d' appel. Juge de police. Juge de commerce. Un tribunal composé de tant de juges. Juge suppléant. Juge auditeur. Être juge dans une cour royale, dans un tribunal inférieur. Nommer, instituer des juges. Les fonctions de juge. Établi juge. Nommé juge. Règlement de juges. Récuser un juge. Prendre le juge à partie. Un juge assisté du greffier. Plaider, procéder par-devant tel juge. Ils sont juges souverains en cette partie. Donner des juges à quelqu' un. On lui donna pour juges ses plus cruels ennemis. Avoir ses pairs pour juges. Elle tremblait comme un criminel devant son juge. Quand il parut devant ses juges. Adresser la parole à ses juges. Émouvoir ses juges. Personne ne peut être juge dans sa propre cause, n' est bon juge dans sa propre cause. On ne peut être à la fois juge et partie.

Il se dit quelquefois, collectivement et absolument, pour Tribunal. Renvoyer devant le juge, par-devant le juge.

Juges de rigueur, Les juges qui doivent prononcer selon la rigueur de la loi; à la différence Des arbitres, qui peuvent se décider d' après l' équité naturelle. Juges de rigueur, s' est dit aussi Des juges subalternes; à la différence Des juges qui prononçaient en dernier ressort, et qui se permettaient quelquefois d' adoucir la rigueur de la loi.

Juges naturels, Ceux que la loi assigne aux accusés, aux parties, suivant leur qualité et l' espèce de la cause. Nul ne peut être distrait de ses juges naturels.

Juges ordinaires, se disait autrefois Des juges à qui appartenait naturellement la connaissance des affaires civiles ou criminelles; à la différence Des juges de privilége, et de ceux qui étaient établis par commission. Il demanda son renvoi par-devant les juges ordinaires. On appelait aussi Juges ordinaires, Ceux qui servaient toute l' année, à la différence de Ceux qui ne servaient que par semestre.

Juges royaux, se disait autrefois, par opposition aux Juges des seigneurs, de Ceux qui rendaient la justice au nom du roi.

Juge délégué, Celui qui était commis pour connaître d' une affaire particulière. Il se disait par opposition à Juge permanent.

Juge-commissaire, Juge désigné par le tribunal dont il fait partie pour procéder à certaines opérations, et en faire son rapport, s' il y a lieu. Nommer un juge-commissaire. Ordonnance du juge-commissaire. Procès-verbal du juge-commissaire.

Juge d' instruction, Magistrat établi pour rechercher les crimes et délits, en recueillir les preuves ou indices, et faire arrêter et interroger les prévenus. Il fut interrogé par le juge d' instruction.

Juge de paix, Magistrat principalement chargé de juger sommairement, sans frais, et sans ministère d' avoués, les contestations de peu d' importance, et de concilier, s' il se peut, les différends dont le jugement est réservé aux tribunaux civils ordinaires. Les juges de paix ne sont pas nommés à vie. Le juge de paix du canton de... Le greffier du juge de paix. Citer quelqu' un devant le juge de paix. Le juge de paix ne put concilier les parties.

Grand juge. Titre qu' on donnait, sous l' empire, au ministre de la justice.

Juge mage, ou maje. Titre qu' on donnait, dans quelques provinces méridionales de la France, au lieutenant du sénéchal.

Juge botté, se disait anciennement d' Un juge qui n' était pas gradué. On ne le dit plus que figurément et par dénigrement d' Un juge sans lumières et sans capacité; encore cette acception est-elle peu usitée.

JUGE

JUGE se dit aussi de Toute personne choisie pour prononcer sur un différend, ou au jugement, à l' opinion de laquelle on s' en rapporte sur quelque chose. Il vous a reconnu pour juge. Faire l' office de juge. Convenir d' un juge. Vous serez notre juge. Vous en serez le juge. Je vous en fais juge. Je vous prends pour juge. Je veux bien que monsieur un tel, que madame une telle soit mon juge, en soit le juge.

Il se dit, par extension, de Celui qui est capable de juger d' une chose. Vous êtes mauvais juge, bon juge en cela. Vous n' êtes pas bon juge en poésie, en musique, en peinture, etc. Il a approuvé cet ouvrage, et vous savez qu' il est bon juge. Il n' est pas juge de ces choses-là. Les gens de goût sont les juges naturels des productions littéraires.

Se faire, s' établir, se constituer juge de quelqu' un, de quelque chose, Prétendre avoir le droit de juger, se croire capable de juger.

Prov., De fou juge briève sentence, Les ignorants décident sans examiner.

JUGE

JUGE se dit figurément, dans un sens analogue à celui qui précède, en parlant Des sens, de la conscience, etc. L' oreille est un juge difficile. La raison est un juge sévère. L' oeil, l' oreille, sont des juges difficiles à tromper. Les sens sont quelquefois des juges bien trompeurs. La conscience est juge de la moralité des actions.

JUGE

JUGE se dit aussi de Certains magistrats suprêmes qui gouvernèrent le peuple juif, durant la période qui commence à la mort de Josué et qui finit à la naissance de Samuel.

Le livre des Juges, ou simplement, Les Juges, Le septième livre de l' Ancien Testament, qui contient l' histoire des Juifs pendant la domination des juges.

JUGEMENT. s. m.

JUGEMENT. s. m. Action de juger, de prononcer une décision; ou La décision prononcée. On l' emploie surtout en termes de Jurisprudence. Il se réserva le jugement de certaines affaires. Assister au jugement d' un procès. Le prononcé d' un jugement. Jugement équitable, juste. Jugement préparatoire. Jugement interlocutoire. Jugement définitif. Jugement provisoire. Jugement contradictoire. Jugement par défaut. Jugement arbitral. Rendre un jugement. Prononcer un jugement en faveur de quelqu' un. Il a été condamné, par jugement de tel tribunal, à... Quand le coupable entendit son jugement. Après son jugement. Subir un jugement. Les motifs, le dispositif d' un jugement. La minute, la grosse, l' expédition d' un jugement. Confirmer un jugement. Infirmer, casser, déclarer nul un jugement. Appeler d' un jugement. Faire signifier un jugement. Exécuter un jugement. En vertu de tel jugement. En parlant Des cours supérieures, on dit, Arrêt.

Mettre quelqu' un en jugement, Lui faire un procès criminel. Ester en jugement, Être partie dans un procès. La femme ne peut ester en jugement sans l' autorisation de son mari.

Jugement de Dieu, Dessein, décret de la justice, de la providence, de la miséricorde divine. Les secrets jugements de Dieu. C' est un juste jugement de Dieu. Adorer les jugements de Dieu. Par un jugement de Dieu. Dieu, dont les jugements sont impénétrables.

Jugement de Dieu, se dit particulièrement de Preuves extraordinaires, comme le duel, l' épreuve du feu, du fer chaud, etc., auxquelles on recourait anciennement pour décider certaines contestations.

Le jugement dernier, Le jugement par lequel Dieu jugera les vivants et les morts, à la fin du monde. On dit dans le même sens, Le jugement universel, le grand jugement, le jugement final; et absolument, Le jugement, surtout dans ces locutions, Le jour du jugement, la trompette du jugement, etc.

Jugement particulier, Celui par lequel Dieu juge les âmes aussitôt après la mort.

JUGEMENT

JUGEMENT se dit aussi d' Un acte de l' entendement par lequel on décide qu' il y a ou qu' il n' y a pas convenance entre deux idées. En logique, tout jugement qu' on exprime est une proposition. Faire un faux jugement.

Il se dit également pour Avis, sentiment, opinion. Je me rends à votre jugement. On ne s' en rapporte pas à votre jugement. J' en demeure, je m' en tiens à votre jugement. Porter, donner son jugement sur quelque chose, sur un écrit, sur un ouvrage, sur un auteur. Asseoir, fonder son jugement sur... Je l' ai fait revenir sur son premier jugement. La postérité a réformé le jugement des critiques, elle a confirmé leur jugement. Le jugement de l' histoire.

Il signifie pareillement, L' approbation ou la condamnation de quelque action morale. Vous pensez mal de votre prochain, vous en faites de mauvais jugements, des jugements téméraires. Un jugement favorable, charitable.

Il signifie encore, La faculté de l' entendement qui compare et qui juge. Il a le jugement bon, le jugement solide, le jugement sain. Il a du jugement. Le jugement lui manque. Il manque de jugement. C' est un homme de bon jugement, de grand jugement. C' est un homme sans jugement, dénué, destitué, dépourvu de jugement. Il a de l' esprit, mais il n' a point de jugement. Sa passion lui ôte le jugement. Si vous croyez cela, vous ferez tort à votre jugement. Je trouve, selon mon jugement, que... Vous montrez que vous n' avez point de jugement, que vous êtes sans jugement. Il a perdu le jugement. Vous me feriez perdre le jugement. Former le jugement à un jeune homme.

JUGER. v. a.

JUGER. v. a. Décider une affaire, un différend en qualité de juge. Juger un procès. Quand jugerez-vous cette affaire? Bien juger. Mal juger. Juger définitivement. Juger précipitamment. Juger impartialement. Juger sur les pièces. Juger avec connaissance de cause. Juger contre droit et raison. Juger en dernier ressort. Juger les causes d' appel. Juger une requête civile. L' affaire est prête à juger, est en état d' être jugée, se jugera demain.

Prov. et fig., Juger sur l' étiquette du sac, ou absolument, sur l' étiquette, Porter son jugement sur quelque affaire, sur quelque personne, sans avoir examiné les pièces, les raisons. Vous y allez bien légèrement, vous jugez sur l' étiquette du sac. Il ne faut pas juger sur l' étiquette.

Juger une personne, Juger son procès. Je serai jugé demain. Je vous jugerai quand j' aurai vu les pièces. Juger par contumace. Il a été jugé, on l' a jugé à mort. On l' a jugé, il est absous. On dit dans un sens analogue, Dieu viendra juger les vivants et les morts.

JUGER

JUGER signifie aussi, Décider comme arbitre, et comme étant choisi par ceux qui sont en différend. C' est notre arbitre, il nous jugera. Jugez-nous, je vous prie. Jugez ce coup-là. Je m' en rapporte à ce qu' il en jugera. Un coup difficile à juger. On l' emploie, dans le même sens, avec la préposition de. Regardez-nous jouer, vous jugerez des coups.

Il signifie encore, absolument, Reconnaître la convenance ou la disconvenance de deux idées. Dès que l' enfant est en état de raisonner et de juger.

Il signifie souvent, Se former, avoir, énoncer un avis, une opinion sur une personne ou sur une chose. Vous jugez cet homme trop sévèrement. Vous le jugez bien, c' est un vrai fripon. Vous me jugez fort mal, si vous avez une telle opinion de moi. Je l' ai jugé tel au premier abord. Juger un ouvrage, un tableau, une pièce de théâtre. C' est là nous juger témérairement. Les préventions nous empêchent de juger sainement. On l' emploie avec le pronom personnel, soit comme verbe réfléchi, soit comme verbe réciproque. Il se juge lui-même très-sévèrement. Nous nous jugeons rarement comme les autres nous jugent. Ce poëte s' est jugé lui-même dans sa préface. Ils ne se jugeaient pas l' un l' autre bien favorablement.

Il s' emploie souvent aussi, dans le sens qui précède, avec la préposition de, ou un équivalent. Juger des gens sur l' apparence, sur la mine. Juger de la pièce par l' échantillon. Je ne pouvais pas bien juger de la distance. Pour mieux juger de la chose, pour mieux en juger. Il juge mal des événements, parce qu' il n' en connaît point les véritables causes. Juger sainement des choses. On dit dans un sens analogue: L' oeil juge des couleurs. L' oreille juge des sons. Etc.

Il signifie particulièrement, Décider du défaut ou de la perfection de quelque chose. Il juge bien de la poésie, de la peinture. Il juge mal de ces sortes de choses, il ne s' y connaît point. J' en jugerais comme un aveugle des couleurs.

Il signifie également, Décider en bien ou en mal du mérite d' autrui, de ses pensées, de ses sentiments, du motif de ses actions. Bien juger, mal juger de quelqu' un, ou de ses actions. Juger mal de son prochain. Il faut toujours bien juger de tout le monde. Vous en jugez légèrement, témérairement. Jugez favorablement de lui. Absolument: Ne jugez point, si vous ne voulez être jugé. Jugez équitablement.

Juger d' autrui par soi-même, Estimer les sentiments d' autrui par les siens. Jugez d' autrui par vous-même, et voyez si vous seriez bien aise qu' on se conduisît ainsi avec vous.

JUGER

JUGER signifie aussi, Conjecturer. Si j' en juge par ce premier essai, nous réussirons. Je jugeai, à son air, qu' il était fort inquiet. Il n' est pas difficile de juger ce qui en arrivera. Je jugeai que telle chose arriverait. Que jugez-vous de cela? Je ne sais qu' en juger.

Au Jeu de paume, Juger la balle, Prévoir où la balle doit tomber; et, figurément et familièrement, Prévoir quel tour une affaire prendra.

JUGER

JUGER signifie encore, Croire, estimer que, être d' avis, d' opinion que, etc. Si vous jugez qu' il puisse remplir cette mission. Si vous jugez qu' il en soit capable. Si vous l' en jugez digne. Le parti que vous jugerez le meilleur, le plus convenable. Que jugez-vous que je doive faire? Je juge qu' il conviendrait de partir. Il n' a pas jugé à propos de s' y trouver. Jugez-vous cela nécessaire? On a jugé nécessaire d' y pourvoir de bonne heure. On l' emploie aussi avec le pronom personnel, soit comme verbe réfléchi, soit comme verbe réciproque. Vous en jugez-vous capable? Ils se jugèrent faits l' un pour l' autre.

Il signifie aussi, Se figurer, s' imaginer. Vous jugez, vous pouvez bien juger qu' il n' en fut pas fort content. Jugez combien je fus surpris. Jugez un peu de ma surprise. Jugez si je fus ravi de le voir. Jugez quelle fut ma joie. Il est aisé de juger d' où cela part.

JUGÉ, ÉE. participe

JUGÉ, ÉE. participe En Jurispr., La chose jugée, se dit d' Un point de contestation qui a été jugé par les tribunaux. Il y a chose jugée quand... Le respect dû à la chose jugée. L' autorité de la chose jugée.

Jugement passé en force de chose jugée, Décision qui ne peut plus être réformée par aucune voie légale, attendu que la partie condamnée ne s' est pas pourvue dans le délai fixé.

Bien jugé, mal appelé; mal jugé, bien appelé. Formules employées dans les arrêts, quand un juge supérieur confirme ou casse la sentence d' un juge subalterne. On dit substantivement, dans le même sens, Le bien jugé. Maintenir le bien jugé.

JUGULAIRE. adj. des deux genres

JUGULAIRE. adj. des deux genres T. d' Anat. Qui appartient à la gorge. Les glandes jugulaires. Fosse jugulaire. Veines jugulaires.

Il se prend quelquefois substantivement au féminin, et se dit Des veines jugulaires. Les jugulaires. On l' a saigné à la jugulaire.

JUGULAIRE, substantif

JUGULAIRE, substantif se dit aussi, dans le langage ordinaire, Des mentonnières d' un shako, d' un casque, etc., qui sont de cuir, et recouvertes de lames de métal. Baisser, relever les jugulaires d' un shako.

JUIF, IVE. adj. et s.

JUIF, IVE. adj. et s. Celui, celle qui professe la religion judaïque. Il est juif. Elle est juive. Un marchand juif. Les juifs de Pologne, d' Allemagne, de France. Une juive.

Prov., Être riche comme un juif, Être fort riche.

Le Juif errant, Personnage imaginaire que l' on suppose condamné à errer jusqu' à la fin du monde.

Fig. et fam., C' est le Juif errant, se dit D' un homme qui change souvent de demeure, qui voyage sans cesse.

JUIF

JUIF se dit aussi, figurément et familièrement, de Celui qui prête à usure ou qui vend exorbitamment cher, et en général de Quiconque cherche à gagner de l' argent par des moyens injustes et sordides. C' est un juif, il prête à quinze pour cent. Vous êtes un juif, un vrai juif.

JUILLET. s. m.

JUILLET. s. m. (On mouille les L.) Le septième mois de l' année. Au mois de juillet. Le premier, le deux de juillet. Le premier, le deux juillet. Il est né en juillet. À la mi-juillet.

JUIN. s. m.

JUIN. s. m. Le sixième mois de l' année. Au mois de juin. Le premier, le deux de juin. Le premier, le deux juin. À la mi-juin.

JUIVERIE. s. f.

JUIVERIE. s. f. Quartier d' une ville habité par les juifs. La juiverie de Metz.

JUIVERIE

JUIVERIE se dit aussi, familièrement, d' Un marché usuraire. C' est une vraie juiverie. Il m' a fait une juiverie.

JUJUBE. s. f.

JUJUBE. s. f. Le fruit du jujubier, qui consiste en un noyau à deux loges renfermé dans une enveloppe pulpeuse, et qui s' emploie fréquemment en médecine comme pectoral et adoucissant. Pâte de jujube.

JUJUBIER. s. m.

JUJUBIER. s. m. T. de Botan. Arbre de la même famille que le houx et le fusain, dont le bois tortueux est armé de fortes épines. Le jujubier croît naturellement en Provence et dans les autres contrées méridionales.

JULE. s. m.

JULE. s. m. T. d' Entomologie. Voyez IULE.

JULE. s. m.

JULE. s. m. Nom d' une monnaie qui a cours en Italie, et surtout à Rome. Le jule vaut environ trente centimes, et tire son nom du pape Jules II.

JULEP. s. m.

JULEP. s. m. (On prononce le P.) T. de Médec. Potion adoucissante que l' on administre particulièrement la nuit. Julep rafraîchissant. Julep cordial. Julep somnifère. Donner, prendre un julep, des juleps.

JULIENNE. adj. f.

JULIENNE. adj. f. T. de Chronologie. Il se dit De l' année commune de trois cent soixante-cinq jours, ou bissextile de trois cent soixante-six, ainsi que De la correction qui a introduit les années bissextiles, suivant le calendrier de Jules César. Année julienne. Correction julienne.

Période Julienne, Espace de temps qui renferme sept mille neuf cent quatre-vingts ans, et qui résulte de la multiplication des trois cycles ordinaires, c' est-à-dire, le cycle solaire, le cycle lunaire, et l' indiction. Scaliger est l' inventeur de la période Julienne.

JULIENNE. s. f.

JULIENNE. s. f. T. de Botan. Genre de plantes crucifères, qui se rapprochent beaucoup des giroflées, et dont plusieurs espèces sont employées en médecine, ou cultivées dans les jardins d' agrément.

JULIENNE. s. f.

JULIENNE. s. f. T. de Cuisine. Potage fait avec plusieurs sortes d' herbes et de légumes. Servir une julienne. On dit aussi, Potage à la julienne.

JUMART. s. m.

JUMART. s. m. Animal qu' on supposait engendré soit d' un taureau et d' une ânesse, ou d' un âne et d' une vache, soit d' un cheval et d' une vache, ou d' un taureau et d' une jument.

JUMEAU, ELLE. adj.

JUMEAU, ELLE. adj. Il se dit De deux ou de plusieurs enfants nés d' un même accouchement. Deux frères jumeaux. C' est sa soeur jumelle. On le dit quelquefois en parlant Des animaux. Deux chiens jumeaux.

Il est souvent substantif. Elle accoucha de deux jumeaux, de trois jumeaux. C' est un jumeau.

JUMEAU

JUMEAU se dit aussi Des fruits quand il s' en trouve deux joints ensemble; et alors il ne s' emploie jamais que comme adjectif. Une pomme jumelle. Des abricots jumeaux. Des cerises jumelles. Cette noix est jumelle. Amande jumelle. Des grains de raisin jumeaux.

Lits jumeaux, Deux lits de même forme et de même dimension, placés parallèlement dans la même pièce.

En termes d' Anat., Muscles jumeaux, ou substantivement, Jumeaux, se dit de Deux petits muscles qui concourent au mouvement de la jambe; et, Artères, veines jumelles, nerfs jumeaux, de Certaines artères, etc., qui aboutissent, qui se perdent dans les muscles jumeaux.

JUMELÉ, ÉE. adj.

JUMELÉ, ÉE. adj. T. de Blason. Il se dit D' un sautoir, d' un chevron, de toute pièce formée de deux jumelles.

JUMELLES. s. f. pl.

JUMELLES. s. f. pl. T. de Charpenterie. Il se dit de Deux pièces de bois montantes qui entrent dans la composition d' un pressoir.

Il se dit en général, dans presque tous les Arts, de Deux pièces de bois ou de métal qui sont semblables, et qui entrent dans la composition d' une machine ou d' un outil. Les jumelles d' une presse de bois, d' un tour. Les jumelles d' un étau. Etc.

JUMELLES

JUMELLES en termes de Blason, se dit de Deux petites fasces, bandes, barres, etc., parallèles, qui n' ont que le tiers de la largeur ordinaire.

JUMELLES

JUMELLES se dit aussi d' Une espèce de double lorgnette, dont on se sert principalement au spectacle.

JUMENT. s. f.

JUMENT. s. f. Cavale, la femelle du cheval. Bonne, grande, petite, belle jument. Jument poulinière. Jument de haras. Être monté sur une jument. Monter une jument. Jument pleine. Cette jument fait, porte de beaux poulains.

Prov., fig. et pop., Jamais coup de pied de jument ne fit mal à cheval, Un galant homme ne s' offense point de recevoir un coup ou une injure d' une femme.

JUNON. s. f.

JUNON. s. f. T. d' Astron. Planète qui est entre Vesta et Cérès, et qui fait sa révolution autour du soleil en mille cinq cent quatre-vingt-onze jours.

JUNTE. s. f.

JUNTE. s. f. Nom qu' on donne à différents conseils, en Espagne et en Portugal. Junte sanitaire. La junte du commerce. La junte apostolique. La junte suprême.

JUPE. s. f.

JUPE. s. f. La partie de l' habillement des femmes qui descend depuis la ceinture jusqu' aux pieds. Jupe de dessus. Jupe de dessous. Jupe de serge. Jupe de taffetas, de satin, etc. Corps de jupe. Cette femme met deux, trois jupes. Sous la jupe. Lever sa jupe. Troussez vos jupes.

JUPITER. s. m.

JUPITER. s. m. (On prononce l' R.) T. d' Astron. Planète qui est entre Pallas et Saturne, et qui fait sa révolution autour du soleil en quatre mille trois cent trente-trois jours. Quand Jupiter est en conjonction avec Saturne... Les satellites de Jupiter. Jupiter est la plus grosse des planètes. Les bandes de Jupiter. Les taches de Jupiter.

JUPITER

JUPITER est aussi Le nom de l' étain, en termes d' Alchimie.

JUPON. s. m.

JUPON. s. m. Courte jupe que les femmes mettent sous les autres jupes. Jupon de ratine, de basin, etc. Jupon piqué.

JURANDE. s. f.

JURANDE. s. f. La charge de juré d' un métier, ou Le temps pendant lequel on l' exerçait. Passer par la jurande. Pendant sa jurande. Les jurandes ont été abolies en France.

Il signifiait aussi, Le corps des jurés. La jurande était assemblée.

JURAT. s. m.

JURAT. s. m. Nom que l' on donnait aux consuls ou échevins de Bordeaux. Les jurats de Bordeaux. Le premier jurat. La livrée, le chaperon des jurats. Faire des jurats. Élire des jurats.

JURATOIRE. adj.

JURATOIRE. adj. T. de Jurispr. Il n' est usité que dans cette locution, Caution juratoire, Serment que fait quelqu' un en justice de représenter sa personne, ou de rapporter quelque chose dont il est chargé. On l' a élargi à sa caution juratoire. Il a eu main-levée sur sa caution juratoire. Il a reçu l' usufruit des meubles sous sa caution juratoire.

JURÉ, ÉE. adj.

JURÉ, ÉE. adj. Il se disait autrefois, dans les Corporations, De celui qui avait fait les serments requis pour la maîtrise. Chirurgien juré. Écrivain juré. Juré vendeur de marée, de volaille. Juré crieur. Jurée lingère.

Il se disait aussi, dans les Corps d' artisans, Des hommes qui étaient préposés pour faire observer les statuts et règlements à ceux de leur métier. Les maîtres jurés. Dans ce sens, il s' employait quelquefois substantivement. La visite des jurés. Il était juré de sa communauté. Il fut fait juré.

Écolier juré, se disait autrefois de Celui qui avait fait ses études de philosophie dans l' université, et qui en avait le certificat, pour être ensuite reçu maître ès arts.

JURÉ

JURÉ se dit aujourd' hui, substantivement, de Chacun des citoyens appelés à prononcer sur l' existence d' un délit, d' un crime, et sur la part que l' accusé y a prise. Les jurés ne sont juges que du fait. La liste des jurés pour telle session. Tirer au sort le nom des douze jurés auxquels une affaire doit être soumise. Récuser un juré. Faire prêter serment aux jurés. Jugement par jurés.

JUREMENT. s. m.

JUREMENT. s. m. Serment qu' on fait en vain, sans nécessité et sans obligation. On ne vous croira pas, malgré tous vos jurements.

Il se dit plus ordinairement dans le sens de Blasphème, imprécation, exécration. Il fit d' horribles jurements. Proférer un jurement, un affreux jurement.

JURER. v. a.

JURER. v. a. Affirmer par serment, en prenant Dieu, ou quelqu' un, ou quelque chose à témoin. Dieu en vain tu ne jureras. Jurer sa foi. Il jure son Dieu, sa foi, que...

Il signifie quelquefois simplement, Assurer, certifier une chose. Je vous jure qu' il n' en est rien.

Il signifie aussi, Blasphémer. Il ne fait que jurer le nom de Dieu. Jurer Dieu.

JURER

JURER signifie souvent, Confirmer, ratifier une chose par serment; ou S' engager par serment à quelque chose. Jurer la paix. Jurer l' alliance. Quand la paix fut jurée par les deux rois. Jurer fidélité. Jurer obéissance. Vous jurez de dire la vérité.

Il signifie aussi, Promettre fortement, quand même ce serait sans jurer. Ils se sont juré une amitié éternelle. Il lui avait juré le secret. Jurer fidélité à son ami. Jurer une haine mortelle à quelqu' un.

Il signifie également, Résoudre fermement une chose. Jurer la mort de quelqu' un, jurer sa ruine, sa perte. Ils ont juré de le perdre. J' ai juré qu' on ne m' y reprendrait plus.

JURER

JURER s' emploie souvent comme neutre, dans le sens d' Affirmer ou de s' engager par serment. Il en a juré par son Dieu et par sa foi. Il jure sur son honneur... Il faut le croire, puisqu' il en jure. En voudriez-vous bien jurer? Je n' en jurerais pas. Jurer sur les saints Évangiles, sur l' Évangile. Jurer sur les autels. Il a juré devant le juge. Je l' en ferai jurer. Jurer en levant la main. Il a juré faux. Jurer en vain.

Prov., Il ne faut jurer de rien, Il ne faut jamais répondre de ce qu' on fera, ni de ce qui peut arriver.

JURER, neutre

JURER, neutre signifie aussi, Faire des serments sans nécessité, par emportement, ou par une mauvaise habitude. Il jure à tout propos. On ne croit pas ceux qui jurent tant.

Il signifie également, Blasphémer. J' ai horreur de l' entendre jurer. Il vint à moi en jurant. Jurer comme un païen. Il jure comme un charretier, comme un charretier embourbé.

JURER, neutre

JURER, neutre se dit encore figurément De deux choses dont l' union est choquante. Le vert jure avec le bleu. Des airs évaporés jurent avec des cheveux gris. Des airs évaporés et des cheveux gris jurent ensemble.

Il se dit aussi D' un violon ou de quelque autre instrument, lorsqu' il rend un son aigre. Un violon qui jure sous l' archet.

JURÉ, ÉE. participe

JURÉ, ÉE. participe Ennemi juré, Ennemi irréconciliable et déclaré.

JUREUR. s. m.

JUREUR. s. m. Celui qui jure beaucoup par mauvaise habitude ou par emportement. C' est un jureur, un grand jureur du nom de Dieu.

JURI. s. m.

JURI. s. m. Voyez JURY.

JURIDICTION. s. f.

JURIDICTION. s. f. Pouvoir du juge, de celui qui a droit de juger. Juridiction ecclésiastique. Juridiction laïque. Juridiction ordinaire. Juridiction contentieuse. Juridiction gracieuse. Cela est de votre juridiction, sous votre juridiction. Ces officiers-là n' ont point de juridiction. Exercer sa juridiction. Faire acte de juridiction. On lui a attribué la juridiction sur toute cette étendue de pays. Chaque juge peut défendre sa juridiction. Usurper la juridiction. Conflit de juridiction. Reconnaître la juridiction. Décliner la juridiction.

Degré de juridiction, Chacun des tribunaux devant lesquels une même affaire peut être successivement portée. Cette affaire a passé par les deux degrés de juridiction. Le premier, le second degré de juridiction.

JURIDICTION

JURIDICTION signifie quelquefois, Le ressort, l' étendue du lieu où le juge a pouvoir de juger. La juridiction de cette cour est fort étendue. Cela est dans votre juridiction, hors de votre juridiction. Vous passez les limites de votre juridiction.

Fig. et fam., Cela n' est point de votre juridiction, se dit À quelqu' un qui se mêle d' une chose qu' il n' entend pas.

JURIDICTION

JURIDICTION se dit aussi, quelquefois, Des corps mêmes de judicature. Ce juge appartient à telle juridiction. Les juridictions inférieures. Cette juridiction est bien, est mal composée.

JURIDICTIONNEL, ELLE. adj.

JURIDICTIONNEL, ELLE. adj. Qui est relatif à la juridiction. Droit, pouvoir juridictionnel.

JURIDIQUE. adj. des deux genres

JURIDIQUE. adj. des deux genres Qui se fait en justice, qui est conforme à la manière de procéder en justice. Sentence juridique. Cela n' est pas juridique. Intenter une action juridique. Procédure, acte juridique. Formes juridiques.

JURIDIQUEMENT. adv.

JURIDIQUEMENT. adv. D' une manière juridique. Une sentence prononcée juridiquement. Il faut y procéder juridiquement. Être condamné juridiquement à...

JURISCONSULTE. s. m.

JURISCONSULTE. s. m. Celui qui est versé dans la science du droit et des lois, et qui fait profession de donner son avis sur des questions de droit. Savant jurisconsulte. Bon jurisconsulte. Les jurisconsultes romains. Les réponses des jurisconsultes. Nos jurisconsultes disent... Il n' est pas grand jurisconsulte.

JURISPRUDENCE. s. f.

JURISPRUDENCE. s. f. La science du droit et des lois. Il est savant en jurisprudence. Il entend, il sait la jurisprudence. Enseigner la jurisprudence. Termes de jurisprudence.

Il signifie particulièrement, L' ensemble des principes de droit qu' on suit dans chaque pays ou dans chaque matière. La jurisprudence romaine. La jurisprudence française. La jurisprudence commerciale. Ce principe n' est point admis dans notre jurisprudence. Jurisprudence criminelle.

Il se dit aussi de La manière dont un tribunal juge habituellement telle ou telle question. La jurisprudence de la cour n' a jamais varié sur ce point. Jurisprudence constante. Jurisprudence des arrêts de la cour de cassation.

JURISTE. s. m.

JURISTE. s. m. Celui qui écrit, qui a écrit sur les matières de droit. Tous les juristes disent que... C' est un savant juriste.

JURON. s. m.

JURON. s. m. Certaine façon de jurer dont une personne se sert habituellement. Ventre-saint-gris était le juron de Henri IV. C' est son juron, son grand juron.

Il se dit aussi de Toute espèce de jurement. Lâcher un juron, un gros juron. Il est familier dans les deux sens.

JURY. s. m.

JURY. s. m. (Quelques-uns écrivent, Juri.) T. de Jurispr. Criminelle. Le corps, la réunion des jurés. Il se dit, soit de Tous les citoyens qui peuvent être jurés, soit de Tous les jurés désignés pour une session, ou seulement Des douze jurés auxquels une affaire est soumise. Former, dresser la liste générale du jury. Former la liste du jury pour telle session. Former le jury. Les membres du jury. Faire partie du jury. Le chef du jury auquel une affaire est soumise. La déclaration, la décision du jury.

Jury d' accusation, Jury qui décide s' il y a lieu d' admettre une accusation. Jury de jugement, Jury qui décide si l' accusé est coupable des faits qui lui sont imputés. Nous n' avons en France que le jury de jugement.

JURY

JURY se dit quelquefois de L' usage de faire prononcer sur les faits criminels par des jurés. L' institution du jury. L' établissement du jury en France.

JURY

JURY se dit également de Certaines commissions chargées d' un examen particulier. Le jury de l' exposition des produits de l' industrie.

JUS. s. m.

JUS. s. m. Suc, liqueur que l' on tire de quelque chose, soit par pression, soit par coction, soit par préparation. Jus de citron. Jus d' orange. Du jus d' herbes. Ces pommes ont bien du jus, rendent beaucoup de jus. Exprimer, tirer le jus. Le jus d' un gigot de mouton. Jus de viande. Cela est plein de jus. Le jus en est nourrissant. Des oeufs au jus.

Prov., Le jus de la vigne, le jus de la treille, Le vin.

Jus de réglisse, Le suc de la racine de réglisse préparé, soit en blanc, soit en noir. Du jus de réglisse anisé. Un bâton de jus de réglisse.

JUSANT. s. m.

JUSANT. s. m. T. de Marine. Reflux de la marée. Ces navires attendent le jusant pour sortir du port. On dit, Flot et jusant, pour Flux et reflux.

JUSQUE. Préposition

JUSQUE. Préposition qui marque un certain terme au delà duquel on ne passe pas, qu' on n' excède point. Depuis la Loire jusqu' à la Seine. De Paris jusqu' à Rome. Depuis Pâques jusqu' à la Pentecôte. Il alla jusqu' en Afrique. Jusqu' à ce que cela soit fait. Jusqu' à ce qu' on l' ait contenté. Jusqu' à la mort. On n' avait point vu cela jusqu' à cette heure, jusqu' ici, jusqu' à présent, jusqu' à notre temps. Lisez ce livre jusqu' au dixième feuillet, jusqu' au bout. Jusqu' où faut-il que j' aille? Jusque-là. Jusqu' à quel temps, jusqu' à quand souffrirez-vous que... Allons ensemble jusqu' à tel endroit. Ils en vinrent jusque-là qu' on crut qu' ils s' allaient battre. Jusque sur le trône. Jusque dans les enfers. Jusque par-dessus la tête. Jusqu' au revoir. Jusqu' à nouvel ordre. Jusqu' à concurrence de telle somme. On écrit quelquefois, Jusques, avec une s à la fin, quand une voyelle suit; et l' on fait sentir la liaison. Jusques au ciel. Cette nouvelle n' était pas encore venue jusques à nous. Jusques à quand?

Fam., Jusqu' à tant que, se dit quelquefois pour Jusqu' à ce que.

JUSQUE

JUSQUE marque aussi quelque excès, quelque chose qui va au delà de l' ordinaire, soit en bien, soit en mal. Il aime jusqu' à ses ennemis. Ils ont tué jusqu' aux enfants. Il n' est pas jusqu' aux valets qui ne s' en mêlent. Tous les pères, jusqu' aux plus graves, jouent avec leurs enfants. Il salua tout le monde, jusqu' au moindre des valets. Il fait sa cour à tout le monde, jusqu' aux derniers commis des ministres.

JUSQUIAME. s. f.

JUSQUIAME. s. f. T. de Botan. Genre de plantes de la famille des Solanées, dont l' espèce commune, la Jusquiame noire, ou Hanebane, est vénéneuse, narcotique, d' une odeur désagréable, et s' emploie en médecine comme calmant.

JUSSION. s. f.

JUSSION. s. f. Commandement. Il se disait autrefois de Lettres scellées, adressées par le prince aux juges d' une compagnie supérieure, ou d' une autre, pour leur enjoindre de faire quelque chose qu' ils avaient refusé de faire. La première, la seconde, la troisième jussion. Après trois jussions réitérées. Le roi envoya des lettres de jussion au parlement.

JUSTAUCORPS. s. m.

JUSTAUCORPS. s. m. Espèce de vêtement à manches qui descend jusqu' aux genoux et qui serre le corps. Justaucorps de drap. Justaucorps de velours. Justaucorps brodé.

JUSTE. adj. des deux genres

JUSTE. adj. des deux genres Équitable, qui est conforme au droit, à la raison et à la justice. Un arrêt, une sentence juste. Rien de plus juste, assurément. Ce que vous me demandez n' est pas juste. Est-il juste de vouloir que... Il est juste que vous le dédommagiez. Cela est tout à fait juste et raisonnable. Juste punition. Juste récompense. Juste jugement de Dieu. On l' emploie quelquefois substantivement, au masculin. La science du juste et de l' injuste.

Il signifie aussi, Fondé, légitime. Une juste colère. Un juste ressentiment. Je respecte une douleur si juste. Un juste orgueil. De justes prétentions. De justes espérances. De justes motifs d' espérer. De justes soupçons. De justes craintes.

Il se dit également Des personnes qui jugent ou qui agissent selon l' équité. Un prince juste. Ce magistrat est très-juste. Dieu est juste.

Par exclamation, Juste Dieu! Juste ciel!

JUSTE

JUSTE signifie encore, Qui observe exactement les devoirs de la religion, qui unit la piété à la vertu. Un homme juste. Il était juste et craignant Dieu. Dans ce sens, on l' emploie souvent comme substantif. Dieu fait luire le soleil sur les justes et sur les pécheurs. Dieu est le protecteur du juste.

Le séjour, la demeure des justes, Le paradis, le ciel.

JUSTE

JUSTE signifie aussi, Qui est exact, ou qui s' ajuste bien, qui convient bien, qui est tel qu' il doit être. Balance juste. La juste mesure. La juste proportion. Le juste poids. Juste prix. Calcul juste. Juste grosseur. Habit juste. Un son juste. Une cadence juste. Une voix juste. Expression juste. Métaphore juste. Comparaison juste. Avoir une idée juste de quelque chose. S' en faire une juste idée. Votre conjecture était juste.

Cette montre, cette pendule, etc., est juste, Elle marque exactement l' heure.

Prov., Cela est juste comme l' or, se dit De ce qui a précisément le poids, la qualité, etc., qu' il doit avoir.

JUSTE

JUSTE signifie quelquefois particulièrement, Qui a le caractère de la justesse et du bon sens. Cette pensée est plus brillante que juste. Réflexion, observation juste. Ce raisonnement est fort juste, est on ne peut plus juste.

Il signifie également, Qui apprécie bien, qui juge des choses avec exactitude. Avoir l' oreille juste, le coup d' oeil juste. Cet homme a l' esprit juste. C' est un esprit très-juste.

JUSTE

JUSTE signifie en outre, Qui est plus court, plus étroit, etc., qu' il ne faut. Dans ce sens, il se dit surtout Des vêtements, et on ne l' emploie guère qu' avec les adverbes bien, trop, etc. Ce tailleur m' a fait mon habit bien juste. Voilà des souliers qui me sont trop justes. Ils sont si justes, que je ne puis les mettre. On dit adverbialement, Être chaussé trop juste, Avoir des souliers trop étroits.

JUSTE

JUSTE se dit aussi D' une arme de jet qui porte droit au but. Cette arbalète est juste. Ce fusil est très-juste.

Il se dit pareillement De celui qui tire, quand il donne au point où il vise. C' est un bon tireur, il est bien juste. Juste arquebusier. Cette acception vieillit.

JUSTE

JUSTE est quelquefois adverbe, et signifie, Dans la juste proportion, ou Exactement, comme il faut. Peser juste. Mesurer juste. Cela entre juste. Il chante juste. Il a deviné juste. Il raisonne juste. Il faut parler bien juste devant vous. Il tire fort juste.

Il a aussi la signification de Précisément. Voilà tout juste l' homme qu' il nous faut. Il est arrivé juste à l' heure du dîner. N' est-ce pas là ce que vous me demandez? Juste, tout juste.

AU JUSTE. loc. adv.

AU JUSTE. loc. adv. Justement et précisément. Il se dit Du prix, du nombre, du poids et de la mesure. Je vous dirai au juste ce que cela coûte, à combien cela me revient. Dites-m' en le prix au juste, au plus juste, tout au plus juste. Je voudrais savoir au juste le nombre des soldats. Je veux savoir au juste quel âge il a. Voyez au juste ce que cela pèse.

JUSTE. s. m.

JUSTE. s. m. Habillement de paysanne.

JUSTEMENT. adv.

JUSTEMENT. adv. Avec justice. Il a jugé justement. Il agit justement. Il a été puni justement.

Il signifie aussi, Dans la juste proportion, ni plus ni moins qu' il ne faut, précisément. Voilà justement ce qu' il vous faut. Vous arrivez justement à l' heure qu' il faut. C' est justement cela. Vous entrez justement dans ma pensée.

JUSTESSE. s. f.

JUSTESSE. s. f. Qualité de ce qui est juste, exact, convenable, tel qu' il doit être. Cette balance est d' une grande justesse, d' une extrême justesse. La justesse de la voix. La justesse des sons. La justesse d' une expression, d' une métaphore. La justesse d' une idée, d' une observation, d' un raisonnement. Des réflexions pleines de justesse.

Il se dit aussi de La qualité qui fait apprécier les choses d' une manière exacte. La justesse de l' oreille. La justesse du coup d' oeil. La justesse de l' esprit.

Il signifie encore, La manière de faire une chose avec exactitude, avec précision, sans faute ni écart. Il tire de l' arquebuse, il vise avec beaucoup de justesse. Il joue du violon, il chante avec justesse. Il manie un cheval, il va sur les voltes avec une justesse parfaite. Il écrit, il pense, il parle avec beaucoup de justesse. Répondre avec justesse.

JUSTICE. s. f.

JUSTICE. s. f. Vertu morale qui fait que l' on rend à chacun ce qui lui appartient, que l' on respecte tous les droits d' autrui. La justice est la première des vertus. Ce prince gouverne avec justice. On vante sa justice. La justice règne dans ses conseils. Des actes de justice. Chacun le sien, c' est justice. Il n' y a point de justice à cela. Il se conduit avec justice et raison. Il a bien servi, il faut le récompenser; c' est justice. Cela est de toute justice.

Justice commutative, Celle qui regarde le commerce, les ventes, etc., et qui, dans l' échange d' une chose contre une autre, oblige à rendre autant qu' on reçoit.

Justice distributive, Celle par laquelle on adjuge à chacun ce qui lui appartient, on distribue les récompenses et les peines.

JUSTICE

JUSTICE signifie aussi, Bon droit, raison. Ne comptez pas tant sur la justice de votre cause. J' ai la justice de mon côté. Il a reconnu la justice de mes prétentions. On le blâme avec justice.

Il signifie encore, Le pouvoir de faire droit à chacun, de récompenser et de punir; ou L' exercice de ce pouvoir. La justice divine. La justice humaine. Avoir droit de justice. L' administration de la justice. Le garde des sceaux, ministre de la justice. Il y a bonne justice en ce pays. Bonne et briève justice. Prompte justice. Exercer la justice. La justice aura son cours. Les magistrats chargés par le souverain d' exercer la justice, de rendre la justice aux peuples. Toute justice émane du roi.

Avoir justice d' un juge, Obtenir qu' il s' occupe de l' affaire, qu' il la juge.

Déni de justice, Le refus qu' un juge fait de juger.

Faire justice de quelqu' un, Punir, châtier, traiter quelqu' un comme il le mérite. Il se dit au propre et au figuré. On à fait justice de ces brigands. Il en a fait une sévère justice. On dit de même, Faire justice de quelque chose, surtout au figuré. La comédie fait justice des ridicules et des travers de la société. L' opinion publique a fait prompte, a fait bonne justice de ces impostures, de ces doctrines absurdes, etc.

JUSTICE

JUSTICE signifie particulièrement, L' action de reconnaître le droit de quelqu' un à quelque chose, d' accueillir sa plainte, etc.; et, dans une acception plus étendue, L' action d' accorder à une personne ce qu' elle demande et qu' il est juste qu' elle obtienne. Faire justice à quelqu' un. Soyez certain que l' on vous fera justice, que justice vous sera faite. Demander, obtenir justice. Se faire rendre justice. Ne vous pourvoyez pas à ce tribunal, car vous n' aurez pas de justice. Nous ne pouvons obtenir justice. On dit à peu près dans le même sens: Il n' y a plus de justice, il n' y a pas de justice en ce pays. N' y a-t-il donc plus de justice? Etc.

Se faire justice à soi-même, Se venger soi-même, se payer par ses mains, etc., sans avoir recours aux voies ordinaires de la justice. On ne doit pas se faire justice à soi-même.

Absol., Se faire justice, Se condamner quand on a tort. Examinez votre conduite, et faites-vous justice à vous-même. Personne ne se fait justice.

Rendre justice à quelqu' un, lui rendre la justice qui lui est due, etc., Apprécier ses bonnes qualités, sa conduite, etc. Je lui rends justice, il a fait tout ce qu' il pouvait faire. Le public lui rendra tôt ou tard justice. Au fond de son coeur, il me rend justice, il me rend plus de justice. Les historiens n' ont pas rendu assez de justice à ce prince. On doit lui rendre cette justice, ou simplement, On lui doit cette justice. C' est une justice que j' aime à lui rendre. On dit aussi, Rendre justice au mérite, au courage, aux bonnes intentions de quelqu' un, etc.

JUSTICE

JUSTICE désigne aussi Les tribunaux, les officiers et magistrats qui sont chargés d' administrer la justice. Les gens de justice. Un homme de justice. La justice en connaîtra. Déférer quelqu' un à la justice. Mettre en justice. Appeler en justice. La justice est descendue en tel endroit. La justice s' est saisie du corps. La justice est à sa recherche. Pour obéir à justice. Un homme repris de justice. Le garde des sceaux est le chef de la justice. Ce criminel a demandé pardon à Dieu et à la justice. De par le roi, la loi et justice. Sous le nom de Gens de justice, sont compris quelquefois les officiers inférieurs.

Fam., Se brouiller avec la justice, S' exposer aux poursuites de la justice par quelque méfait. On dit dans un sens analogue, Ce qu' il a fait le brouillera, pourrait bien le brouiller avec la justice.

JUSTICE

JUSTICE se prend aussi pour Juridiction. Justice civile. Justice criminelle. Justice militaire. Justice de paix.

Justice seigneuriale, Celle qui s' exerçait au nom des seigneurs, et que l' on nommait aussi Justice subalterne, par opposition à La justice exercée au nom du roi, qu' on appelait Justice royale. On disait de même, La justice de ce seigneur, de cette terre s' étend sur tant de paroisses. Par extension, on appelait aussi Justice, Les fourches patibulaires. Ce seigneur avait tant de piliers à sa justice.

Haute justice, La juridiction d' un seigneur dont le juge connaissait de toutes les affaires civiles et criminelles, excepté des cas royaux. Moyenne justice, La justice d' un seigneur dont le juge connaissait de toutes les actions civiles, mais ne pouvait juger au criminel que les délits dont la peine n' excédait pas soixante et quinze sous d' amende. Basse justice, Celle des seigneurs dont le juge connaissait seulement des droits dus aux seigneurs, des actions personnelles au civil jusqu' à soixante sous parisis, et des délits dont l' amende n' excédait pas dix sous parisis. Ce seigneur avait, dans sa terre, haute, moyenne, basse justice.

JUSTICE

JUSTICE signifie encore, La rectitude que Dieu met dans l' âme par sa grâce. La justice originelle. Persévérer dans la justice.

Il se prend aussi, dans le style de l' Écriture, pour L' observation exacte des devoirs de la religion. Accomplir toute justice. Souffrir persécution pour la justice. Marcher dans les voies de la justice. Des oeuvres de justice et de charité.

JUSTICIABLE. adj. des deux genres

JUSTICIABLE. adj. des deux genres Qui doit répondre devant certains juges. Il est domicilié à Versailles, et par conséquent justiciable de la cour royale de Paris. Vous êtes justiciable de ce juge de paix.

Il s' emploie aussi comme substantif. Je ne suis pas votre justiciable. Il fut regretté de tous ses justiciables.

JUSTICIER. v. a.

JUSTICIER. v. a. (Il est de quatre syllabes. ) Punir quelqu' un d' une peine corporelle, en exécution de sentence ou d' arrêt. Il a été justicié. On en a justicié quatre.

JUSTICIÉ, ÉE. participe

JUSTICIÉ, ÉE. participe

JUSTICIER. s. m.

JUSTICIER. s. m. (Il n' est que de trois syllabes.) Celui qui aime à rendre, à faire justice. Ce prince était grand justicier.

Il signifie aussi, tant adjectivement que substantivement, Celui qui a droit de justice en quelque lieu. Il en était seigneur justicier. Haut justicier.

JUSTIFIABLE. adj. des deux genres

JUSTIFIABLE. adj. des deux genres Qui peut être justifié. Sa conduite n' est pas justifiable. Ses procédés ne sont pas justifiables.

JUSTIFIANT, ANTE. adj.

JUSTIFIANT, ANTE. adj. T. de Théologie. Qui rend juste intérieurement. Il n' est guère usité que dans ces deux locutions: La grâce justifiante. La foi justifiante.

JUSTIFICATIF, IVE. adj.

JUSTIFICATIF, IVE. adj. Qui tend, qui sert à justifier quelqu' un, ou à prouver ce qu' on avance, ce qu' on allègue. Fait justificatif. Moyen justificatif. Mémoire justificatif. Titre justificatif. Pièce justificative. Le mémoire est accompagné des pièces justificatives. Les pièces justificatives d' une histoire, d' une relation, d' un rapport, etc.

JUSTIFICATION. s. f.

JUSTIFICATION. s. f. Action de justifier quelqu' un, de se justifier; ou Les preuves qui servent à justifier. J' entreprendrai leur justification. Il sera reçu, admis à sa justification. Je veux travailler à ma justification. Publier sa justification. Ce mémoire contient ma justification. La justification de mes actes, de ma conduite. Après sa justification.

Il signifie quelquefois, La preuve que l' on fait de quelque chose par titres, par témoins, etc. La justification d' un fait.

Il signifie aussi, en termes de l' Écriture sainte, L' action et l' effet de la grâce pour rendre les hommes justes. La justification des hommes. La justification des pécheurs.

JUSTIFICATION

JUSTIFICATION en termes d' Imprimerie, signifie, La longueur des lignes. La justification est fixée invariablement dans le composteur de l' ouvrier. Justification ordinaire. Grande justification. Ce vers dépasse la justification.

JUSTIFIER. v. a.

JUSTIFIER. v. a. Montrer, prouver, déclarer que quelqu' un est innocent, qu' il ne mérite point de châtiment, de blâme. Il a été justifié de ce crime. Cela le justifie pleinement. Justifier la mémoire de quelqu' un. Vous ne parviendrez point à le justifier de cette faute, à le justifier. On le dit également en parlant Des actions, des paroles, etc. Je dois justifier ma conduite, mes actions. Vous ne sauriez justifier un tel procédé, une telle faute. On l' emploie aussi avec le pronom personnel. Je vous aiderai à vous justifier. On me reproche telle chose, mais je m' en justifierai. Je me justifierai de ce reproche, de ces imputations, de ces calomnies.

Il signifie également, Faire qu' une chose soit juste, légitime. Les qualités du défunt justifient bien les regrets de ses amis. Il justifie, par sa conduite, la sévérité qu' on a déployée contre lui. L' intérêt public ne saurait justifier une telle violation des lois.

Il signifie particulièrement, Prouver, faire voir qu' une chose n' était point fausse, erronée, mal fondée. On disait que ce conseil était dangereux, mais l' événement l' a justifié. Il n' a point justifié les espérances qu' on avait conçues de lui. Il a justifié ma confiance.

Il signifie aussi, Montrer la vérité de ce qu' on avance, de ce qu' on allègue. Justifier un fait. Je vous justifierai le contraire. Je justifierai qu' il n' en est rien. J' ai avancé telle proposition, je puis la justifier par des passages de l' Écriture sainte, par les conciles, etc. Il justifiait sa noblesse de père en fils, depuis quatre cents ans, par de bons titres. C' est ce que vous ne sauriez justifier. On dit aussi, Justifier de quelque chose, mais seulement en termes de Jurisprudence. Il devra justifier de sa qualité. Il justifia du dépôt, en produisant un récépissé. Justifier de son hypothèque par le certificat du conservateur. Il en a justifié.

Il signifie encore, Donner la justice intérieure. Dieu l' a justifié par sa miséricorde. Nous sommes justifiés par le sang de JÉSUS-CHRIST.

JUSTIFIER

JUSTIFIER en termes d' Imprimerie, signifie, Donner à une ligne la longueur qu' elle doit avoir. Justifier une ligne. Cette ligne n' a pas été bien justifiée. Absolument, Cet ouvrier justifie avec exactitude.

JUSTIFIÉ, ÉE. participe

JUSTIFIÉ, ÉE. participe

JUTEUX, EUSE. adj.

JUTEUX, EUSE. adj. Qui a beaucoup de jus. Melon juteux. Pêche juteuse.

JUXTAPOSER (SE). v. pron.

JUXTAPOSER (SE). v. pron. T. de Physique. Il se dit Des molécules matérielles qui viennent se joindre successivement à d' autres déjà réunies en une masse sensible. Un minéral croît par l' agrégation successive de molécules qui se juxtaposent.

JUXTAPOSÉ, ÉE. participe

JUXTAPOSÉ, ÉE. participe Molécules juxtaposées.

JUXTAPOSITION. s. f.

JUXTAPOSITION. s. f. T. de Physique. Action des molécules qui se juxtaposent. Les cristaux qui se forment avec lenteur dans une dissolution tranquille, augmentent graduellement de volume par juxtaposition.

K.. s. m.

K.. s. m. Lettre consonne, la onzième de l' alphabet. On la nomme Ka suivant l' appellation ancienne et usuelle, et Ke suivant la méthode moderne. Un grand K. Un petit k.

Cette lettre ne s' emploie guère que dans quelques noms propres, comme Stockholm, York, Locke, etc., et dans quelques mots tirés du grec ou des langues étrangères.

KABAK. s. m.

KABAK. s. m. T. de Relation. Nom que les Moscovites donnent à une espèce d' estaminet où l' on vend du vin, de la bière, de l' eau-de-vie, des cartes, etc.

KABIN. s. m.

KABIN. s. m. T. de Relation. Mariage en usage chez les mahométans, par lequel un homme épouse une femme pour un temps limité.

KAHOUANNE. s. f.

KAHOUANNE. s. f. Espèce de tortue dont l' écaille s' emploie dans les ouvrages de marqueterie.

KAKATOÔS. s. m.

KAKATOÔS. s. m. (On prononce Kakatoua. Quelques personnes disent, par corruption, Katakoua.) T. d' Hist. nat. Sorte de perroquet remarquable par une huppe formée de longues plumes, jaunes ou rouges, qui se couchent et se redressent au gré de l' oiseau. Un kakatoës de la grande espèce.

KALI. s. m.

KALI. s. m. T. de Botan. Nom que les Arabes donnent à la soude. Il se dit particulièrement, en français, d' Une espèce de soude à feuilles épineuses qui croît abondamment sans culture sur les bords de lamer, dans les parties méridionales de l' Europe.

KAMICHI. s. m.

KAMICHI. s. m. T. d' Hist. nat. Grand oiseau noir de l' ordre des Échassiers, dont la tête est ornée d' une espèce de casque, et dont les ailes sont armées d' éperons. Le kamichi habite dans les marécages de la Guyane et du Brésil.

KAN. s. m.

KAN. s. m. T. de Relation. Prince, commandant chez les Tartares, les Persans, etc. Le kan des Tartares. Le grand kan.

KAN

KAN se dit aussi d' Un lieu où les caravanes se reposent. Nous atteignîmes le kan avant la nuit.

KANDJAR. s. m.

KANDJAR. s. m. (Quelques-uns écrivent et prononcent, Kangiar.) Sorte de poignard à lame très-large, dont se servent les Asiatiques et les Africains.

KANGUROO. s. m.

KANGUROO. s. m. T. d' Hist. nat. Quadrupède de la Nouvelle-Hollande, remarquable par le volume de sa queue, sur laquelle il s' appuie en sautant, et par l' extrême longueur de ses membres postérieurs. Une peau de kanguroo.

KAOLIN. s. m.

KAOLIN. s. m. Nom chinois d' une terre qui entre dans la composition de la porcelaine.

KARABÉ. s. m.

KARABÉ. s. m. Voyez CARABÉ.

KARAT. s. m.

KARAT. s. m. Voyez CARAT.

KARATA. s. m.

KARATA. s. m. Espèce d' aloès qui croît en Amérique, et dont les sauvages tirent une sorte de fil qui leur sert à faire de la toile, des filets, des hamacs, etc.

Il se dit aussi d' Une autre espèce d' aloès fort commune aux Antilles et à la Jamaïque, dont le fruit, assez semblable à une prune, est d' un goût aigre-doux fort agréable.

KARMESSE. s. f.

KARMESSE. s. f. Voyez KERMESSE.

KATAKOUA. s. m.

KATAKOUA. s. m. Voyez KAKATOÔS.

KÉRATOPHYTE. s. m.

KÉRATOPHYTE. s. m. Nom donné par les anciens naturalistes à toute production polypeuse dont la substance est transparente comme la corne.

KERMÈS. s. m.

KERMÈS. s. m. (On prononce l' S.) T. d' Hist. nat. Espèce de cochenille qui vit sur un petit chêne vert, et qui donne une belle teinture écarlate. Le kermès est aujourd' hui beaucoup moins employé pour la teinture que la cochenille du Mexique. Les anciens naturalistes prenaient le kermès pour une excroissance du chêne vert. Par opposition au sens qui suit, on dit, Kermès animal.

KERMÈS

KERMÈS se dit aussi d' Une préparation rouge d' antimoine, qui est souvent employée en médecine comme expectorante, et qu' on nomme vulgairement Poudre des chartreux. Par opposition au sens qui précède, on dit, Kermès minéral.

KERMESSE ou KARMESSE. s. f.

KERMESSE ou KARMESSE. s. f. Nom qu' on donne, en Hollande et dans les Pays-Bas, à des foires annuelles qui se célèbrent avec des processions, et avec des mascarades, des danses et autres divertissements.

KILOGRAMME. s. m.

KILOGRAMME. s. m. Poids de mille grammes, équivalant à un peu plus de deux livres de l' ancien poids de marc. Cinq cents kilogrammes. On dit souvent par abréviation, dans le Commerce, Kilo. Cinquante kilos.

KILOLITRE. s. m.

KILOLITRE. s. m. Mesure de capacité, qui contient mille litres.

KILOMÈTRE. s. m.

KILOMÈTRE. s. m. Mesure itinéraire de mille mètres, qui vaut environ cinq cents toises, ou un quart de lieue ancienne. À deux kilomètres de distance.

KING. s. m.

KING. s. m. Il se dit Des livres sacrés des Chinois, contenant la doctrine et la morale de Confucius. Les cinq Kings.

KININE. s. f.

KININE. s. f. Voyez QUININE.

KINO. s. m.

KINO. s. m. Substance dure, opaque et d' un rouge foncé, qui s' emploie souvent en médecine comme tonique, et qui est fournie par un arbuste de la même famille que le caféier et le quinquina.

KIOSQUE. s. m.

KIOSQUE. s. m. Mot emprunté du turc. Il se dit de Certains pavillons dont on décore les jardins, les parcs, et qui sont dans le goût oriental.

KIRSCH-WASSER. s. m.

KIRSCH-WASSER. s. m. Mot emprunté de l' allemand, qui signifie Eau de cerises, et qui se dit d' Une espèce d' eau-de-vie obtenue par distillation du suc des cerises sauvages. Une bouteille de kirsch-wasser. On dit souvent, par abréviation, Kirsch. Boire du kirsch. Un verre de kirsch.

KLEPHTE. s. m.

KLEPHTE. s. m. Voyez CLEPHTE.

KNOUT. s. m.

KNOUT. s. m. (On prononce le T.) Supplice usité en Russie, qui consiste à frapper le dos du patient avec un fouet dont les coups emportent la chair Le supplice du knout. Donner le knout.

Il se dit aussi Du fouet même. Le patient mourut sous les coups du knout.

KOPECK. s. m.

KOPECK. s. m. Monnaie de cuivre, qui est en usage dans la Russie, et qui vaut à peu près quatre centimes de France. Cent kopecks font un rouble. Une pièce de dix kopecks, de cinq kopecks.

KORAN. s. m.

KORAN. s. m. Voyez CORAN.

KOUAN. s. m.

KOUAN. s. m. T. de Botan. Plante dont la graine sert à faire du carmin.

KREUTZER. s. m.

KREUTZER. s. m. Monnaie d' Allemagne, qui est la soixantième partie du florin.

KURTCHIS. s. m. pl.

KURTCHIS. s. m. pl. T. de Relation. Il se dit, chez les Persans, d' Un corps de cavalerie composé de l' ancienne noblesse.

KYNANCIE. s. f.

KYNANCIE. s. f. T. de Médec. Voyez CYNANCIE.

KYRIELLE. s. f.

KYRIELLE. s. f. Litanie. Il est peu usité dans ce sens.

Il se dit, figurément et familièrement, d' Une longue suite de choses ennuyeuses ou fâcheuses. Une kyrielle d' invectives, de reproches. Une longue kyrielle d' injures. Une longue kyrielle de noms inconnus et barbares.

KYSTE. s. m.

KYSTE. s. m. T. de Chirur. Membrane en forme de vessie qui renferme des humeurs ou autres matières contre nature. Extirper un kyste.

KYSTIQUE. adj. des deux genres

KYSTIQUE. adj. des deux genres T. de Chirur. Qui appartient, qui a rapport au kyste. Tumeur kystique.

KYSTOTOME. s. m.

KYSTOTOME. s. m. Voyez CYSTOTOME.

KYSTOTOMIE. s. f.

KYSTOTOMIE. s. f. Voyez CYSTOTOMIE.

L. s. f. et m.

L. s. f. et m. Consonne, la douzième lettre de l' alphabet. Lorsqu' on la nomme Elle, suivant la prononciation ancienne et usuelle, le nom de cette lettre est féminin. Une L (elle). Lorsqu' on l' appelle Le, suivant la méthode moderne, ce nom est masculin. Un L (le) majuscule.

Cette lettre, quand elle est double, et qu' elle est précédée de ai, ei, oui, se prononce mouillée, comme dans ces mots, Travailler, maille, bailler, veiller, recueillir, fouiller, grenouille. Elle se prononce de même dans quelques mots où elle n' est précédée que d' un i, comme dans ceux-ci, Fille, quille, briller, et dans plusieurs autres qui seront indiqués en leur lieu.

La même prononciation est suivie dans les mots qui finissent en ail, eil, ueil et ouil, comme Travail, réveil, cercueil, œil, fenouil; et dans quelques autres qui finissent par il, comme Péril, mil, lorsqu' il signifie millet.

Dans quelques mots, comme Vil, subtil, puéril, etc., on fait sonner l' l; on ne la prononce point dans quelques autres, tels que Sourcil, outil, baril.

LA. article des noms féminins.

LA. article des noms féminins. Voyez LE.

LA. pronom relatif

LA. pronom relatif Voyez LE.

LÀ. adv. démonstratif

LÀ. adv. démonstratif Il se dit d' Un lieu qu' on désigne d' une manière expresse. Je sens du mal là, en montrant la partie du corps qui est affectée. Mettez là ce livre. Venez là. Il a été pris là. C' est là qu' il demeure. Il est encore là où il était hier. Halte là.

Il se dit aussi d' Un lieu considéré comme différent de celui où l' on est; et, dans ce sens, il est opposé à Ici. Allez-vous-en là, je vous attendrai ici. Demeurez là, et n' approchez pas d' ici. D' ici là, nous comptons deux lieues.

Il se dit de même en parlant Du temps. Revenez demain; d' ici là, j' aurai arrangé votre affaire.

Il se met quelquefois au commencement d' un membre de période, et il marque la différence des lieux, sans aucun rapport au plus ou au moins de distance. Le peintre avait rassemblé dans un même tableau plusieurs objets différents: là une troupe de bacchantes, ici un groupe de jeunes gens; là un sacrifice, ici une réunion de philosophes.

Il se joint à quelques adverbes de lieu, pris au sens physique ou au sens moral, et il les précède toujours. Là-haut. Là-bas. Là-dessous. Là-dessus. Là dedans. Là dehors. Là auprès. Là contre. Que pensez-vous là-dessus? Qu' avez-vous à voir là dedans?

Çà et là, De côté et d' autre. Tous ses meubles étaient jetés çà et là. Les fuyards étaient errants çà et là. Ils allèrent çà et là, sans savoir précisément quel chemin ils prendraient.

LÀ se met souvent à la suite des pronoms démonstratifs et des noms, pour leur donner une désignation plus précise. Celui-ci, celui-là. Celle-ci, celle-là. En ce temps-là. En ce lieu-là. Cet homme-là. Cette femme-là. Quel discours est-ce-là? Quelles gens sont-ce-là?

LÀ n' est employé quelquefois que par une espèce de rédondance, et pour donner plus de force au discours. C' est là une belle action. Que dites-vous là? Qu' avez-vous fait là? Sont-ce là nos gens? Est-ce là ce que vous m' aviez promis? Vous avez fait là une belle affaire!

LÀ dans le style familier, s' emploie explétivement, pour insister sur quelque circonstance, pour exciter l' attention ou le souvenir de celui à qui l' on parle. Voyez-vous toujours ce certain monsieur, là, qui disait de si plaisantes choses? Vous souvenez-vous de ce grand homme sec, là, qui venait si souvent chez moi autrefois?

LÀ placé à la suite de certains verbes, signifie, À ce point, à ce parti, à cette chose. S' en tenir là. En demeurer là. En rester là. En venir là. S' arrêter là. Voyez les verbes TENIR, DEMEURER, etc.

LÀ tant au sens physique qu' au sens moral, se joint aux prépositions De, dès, par et jusque.

De là, De ce lieu-là, de ce point-là. De là au village, il y a deux cents pas. De là là, il y a deux mètres. Quand vous serez près de là. Il faut aller de là en tel lieu. Ôtez-vous de là. Tirez-vous de là. Au sortir de là. En sortant de là. À quelques pas de là.

De là, se dit aussi en parlant Du temps, de la durée. À quelques jours, à quelques heures, à quelques minutes de là.

De là, au sens moral, signifie, De cette cause-là, de ce sujet-là, de cette chose-là. De là sont venues les guerres civiles. De là résulte mon malheur. Que voulez-vous inférer de là? Dans ce sens, il se construit quelquefois avec que. De là que cet homme a eu quelques torts, ne le croyez pas méchant. Ce tour vieillit.

De-là ou Delà. préposition. Voyez DELÀ.

Dès-là, Dès lors, dès ce temps-là. Il leur échut une succession, et dès-là ils se brouillèrent. Il a vieilli.

Dès-là, Cela étant. C' est votre père, et dès-là vous lui devez du respect. Dès-là je vis bien que ce n' était pas un homme à qui il fallût se fier. Il a vieilli.

Par là, Par ce lieu-là, par ce point-là. Allez par là. Passez, prenez par là. Vous viendrez, vous arriverez par là.

Par là, au sens moral, signifie, Par ce parti, par ce moyen, par ces paroles. Il faut en passer par là. Par la vous êtes sûr de réussir. Qu' entendez-vous par là?

Par-ci par-là, En divers endroits, de côté et d' autre. Nous avons couru par-ci par-là. L' impression de ce livre est assez soignée; on y trouve pourtant quelques fautes par-ci par-là.

Par-ci par-là, signifie aussi, À diverses reprises, à diverses fois, et sans aucune suite. Il m' a entretenu de cette affaire par-ci par-là.

Jusque-là, Jusqu' à ce lieu. Allez, venez, avancez, reculez jusque-là.

Jusque-là, signifie aussi, Jusqu' à ce temps. Venez à deux heures, je vous attendrai jusque-là. Vous tarderez, vous différerez jusque-là.

Jusque-là, s' emploie aussi au sens moral. Quoi! il a pu vous insulter jusque-là! Vous avez poussé jusque-là la patience!

LA LA. Locution familière

LA LA. Locution familière espèce d' interjection, qu' on emploie tantôt pour apaiser, pour consoler, tantôt pour réprimer, pour menacer. La la, rassurez-vous, il n' y a rien à craindre. La la, Monsieur, nous nous retrouverons. On dit aussi, à peu près dans ce sens, La seul. La, en voilà assez.

LA LA adverbe

LA LA adverbe sert de réponse à certaines questions, et signifie, Médiocrement. Est-il fort savant? La la. Avez-vous bien dormi? La la.

LA. s. m.

LA. s. m. (A est long.) T. de Musique. La sixième note de la gamme. C' est aussi le nom du signe qui représente cette note. Entonner le la. La dièse. La bémol. Le ton de la. Ce la est effacé.

Donner le la, Faire sonner le la sur son instrument, afin qu' un autre musicien puisse mettre le sien à l' unisson. On dit dans un sens analogue, Prendre le la.

LA

LA se dit aussi de La troisième corde de quelques instruments. Remettez un la à ce violon.

LABARUM. s. m.

LABARUM. s. m. (On prononce Labarome.) Terme d' Histoire emprunté du latin, qui signifie, L' étendard impérial sur lequel Constantin fit mettre une croix et le monogramme de J. C.

LABEUR. s. m.

LABEUR. s. m. Travail pénible et suivi. Grand labeur. Labeur ingrat. Être récompensé de son labeur. Vivre de son labeur. Dieu bénira son labeur. Il jouit du fruit de ses labeurs. Hors de ces sortes de phrases, il n' est guère usité que dans la poésie et dans le style soutenu.

Ces terres sont en labeur, Elles ne sont pas en friche, elles sont façonnées, cultivées.

LABEUR

LABEUR en termes d' Imprimerie, se dit Des ouvrages considérables et tirés à grand nombre, par opposition Aux ouvrages de peu d' étendue, qui se tirent ordinairement à petit nombre, et qu' on nomme Ouvrages de ville.

LABIAL, ALE. adj.

LABIAL, ALE. adj. Qui a rapport aux lèvres. Muscle labial. Artère labiale. Articulation labiale.

Lettre labiale, ou simplement et substantivement, Labiale, Lettre qui se prononce avec les lèvres. B, P, F, V, M, sont des consonnes labiales, sont des labiales.

En Jurisprudence, Offres labiales, Offres de payer faites de bouche ou par écrit, sans qu' il y ait exhibition réelle des deniers.

LABIÉ, ÉE. adj.

LABIÉ, ÉE. adj. T. de Botanique. Il se dit De certaines plantes dont la fleur est découpée en forme de lèvres, et De la fleur même de ces plantes. Plante labiée. Fleur labiée. On dit dans un sens analogue, Calice labié.

Il s' emploie très-souvent comme substantif, au féminin. La lavande est une labiée. La famille des labiées.

LABILE. adj. des deux genres

LABILE. adj. des deux genres Caduc, sujet à manquer. Il n' est guère usité que dans cette expression, Mémoire labile, Mémoire faible qui manque souvent au besoin. Il a la mémoire labile.

LABORATOIRE. s. m.

LABORATOIRE. s. m. Local disposé pour y exécuter les opérations de la chimie. Voilà un vaste laboratoire, un laboratoire bien complet.

Il se dit, par extension, Des ateliers garnis de fourneaux, où les distillateurs, confiseurs, limonadiers, etc., font leurs préparations.

LABORIEUSEMENT. adv.

LABORIEUSEMENT. adv. Avec beaucoup de peine et de travail. L' animal nommé le Paresseux se traîne pesamment et laborieusement sur la terre. Il est une classe d' hommes qui passent laborieusement leur vie à ne faire que des riens.

LABORIEUX, EUSE. adj.

LABORIEUX, EUSE. adj. Qui travaille beaucoup, qui aime le travail. Un homme très-laborieux. Un esprit laborieux.

Il se dit aussi Des choses, et alors il signifie, Pénible, qui coûte beaucoup de travail, de fatigues, d' efforts. Vie laborieuse. Longues et laborieuses recherches. Examen laborieux et difficile. Digestion laborieuse. Accouchement laborieux.

LABOUR. s. m.

LABOUR. s. m. Façon qu' on donne aux terres en les labourant. Il faut donner un seul labour, deux labours à cette terre. Labour superficiel, léger, profond. Donner tant à un fermier pour ses labours, pour ses labours et semences. Ce fermier a six chevaux de labour.

Cette pièce de terre est en labour, Elle est préparée pour recevoir la semence.

LABOURABLE. adj. des deux genres

LABOURABLE. adj. des deux genres Propre à être labouré. Cette ferme a deux cents arpents de terres labourables.

LABOURAGE. s. m.

LABOURAGE. s. m. L' art de labourer la terre. Il entend bien le labourage. Il a quitté le labourage pour le commerce. Les instruments du labourage.

Il signifie aussi, L' ouvrage, le travail du laboureur. Je donne quatre cents francs pour le labourage de ma terre. Le labourage des terres légères est plus aisé que celui des terres grasses.

LABOURER. v. a.

LABOURER. v. a. Remuer retourner la terre avec la charrue, la bêche ou la houe, etc. Labourer la terre. Labourer un champ. Labourer des vignes, le pied d' un arbre. Il faut labourer ces arbres au pied. Labourer une allée pour la nettoyer.

Il s' emploie aussi absolument. Labourer avec des bœufs, avec des chevaux.

Labourer à deux charrues, à trois charrues, Occuper deux charrues, trois charrues pour le labourage de ses terres.

LABOURER

LABOURER se dit, par analogie, De certains animaux et des choses qui font sur la superficie de la terre à peu près le même effet que la charrue, la bêche, etc. Les taupes ont labouré tout mon jardin. Le canon a labouré ce champ.

En termes de Manége, Ce cheval laboure le terrain, se dit D' un cheval qui butte.

LABOURER

LABOURER se dit, en termes de Marine, D' une ancre qui ne tient pas sur le fond où on l' a jetée, ou D' un navire qui passe par un endroit où il y a peu d' eau, et qui touche le fond sans être arrêté. Cette ancre laboure le fond, ou simplement laboure. Notre vaisseau labourait.

LABOURER

LABOURER signifie figurément et familièrement, Avoir beaucoup à souffrir. Il aura bien à labourer avant de parvenir à son but.

Fig. et pop., Labourer sa vie, Avoir beaucoup de peine, d' embarras, de traverses.

LABOURÉ, ÉE. participe

LABOURÉ, ÉE. participe Champ labouré. Terres labourées.

LABOUREUR. s. m.

LABOUREUR. s. m. Celui dont l' état est de labourer, de cultiver la terre. Bon, pauvre, riche laboureur. Les enfants nombreux et robustes font partie de la richesse des laboureurs.

LABYRINTHE. s. m.

LABYRINTHE. s. m. T. d' Antiq. Édifice composé d' un grand nombre de chambres et de galeries dont la disposition était telle, que ceux qui s' y engageaient parvenaient difficilement à en trouver l' issue. Les plus célèbres labyrinthes étaient celui d' Égypte et celui de Crète, construit, disait-on, par Dédale sur le modèle du premier.

LABYRINTHE

LABYRINTHE en termes de Jardinage, se dit d' Un petit bois coupé d' allées tellement entrelacées, qu' on s' y peut égarer facilement. Le labyrinthe de Versailles. On a fait dans ce jardin un beau labyrinthe.

Il signifie figurément, Un grand embarras, une complication d' affaires embrouillées. Il est engagé dans un labyrinthe fâcheux. Le labyrinthe de la chicane. Il est dans un grand labyrinthe d' affaires. Les hommes de loi l' ont jeté dans un labyrinthe dont il aura de la peine à sortir, à se tirer, à se démêler.

LABYRINTHE

LABYRINTHE en termes d' Anatomie, se dit de La cavité intérieure de l' oreille, parce qu' elle contient plusieurs conduits diversement dirigés, tels que le limaçon et les canaux semi-circulaires.

LAC. s. m.

LAC. s. m. Grande étendue d' eau environnée par les terres. Il sort une rivière de ce lac. Le lac de Genève, le lac de Constance, le lac de Côme, etc. Les lacs du Canada.

LACER. v. a.

LACER. v. a. Serrer avec un lacet. Lacer un corps, un corset, un bas de peau. Lacer une femme. On ne l' a pas lacée droit. On l' emploie aussi avec le pronom personnel. Cette femme s' est lacée elle-même.

En termes de Marine, Lacer la voile, Attacher à la vergue une partie de la voile; ce qui est nécessaire quand on fait route par un vent violent.

LACER

LACER se dit en outre D' un chien qui couvre sa femelle. Je crains qu' un mâtin n' ait lacé cette chienne.

LACÉ, ÉE. participe

LACÉ, ÉE. participe

LACÉRATION. s. f.

LACÉRATION. s. f. T. de Jurisprudence. Action de lacérer un écrit, un livre. Le jugement ordonne la lacération de cet écrit, comme d' un libelle injurieux.

LACÉRER. v. a.

LACÉRER. v. a. Déchirer. Il ne se dit guère qu' en parlant Du papier, et en termes de Jurisprudence. Lacérer un billet. Lacérer un mémoire au pied du grand escalier du palais. Ce livre fut lacéré et brûlé par arrêt du parlement.

LACÉRÉ, ÉE. participe

LACÉRÉ, ÉE. participe

LACERNE. s. f.

LACERNE. s. f. T. d' Antiq. rom. Habit grossier qui ne fut d' abord en usage que pour la campagne, et dont ensuite on se servit à la ville pour se garantir de la pluie.

LACERON. s. m.

LACERON. s. m. Voyez LAITERON.

LACET. s. m.

LACET. s. m. Cordon plat ou rond, de fil ou de soie, ferré par un bout ou par les deux bouts, qu' on passe dans des œillets pour serrer une partie de vêtement quelconque, et principalement les corps et les corsets des femmes. Serrer un lacet. Passer un lacet. Ferrer un lacet. Coupez-lui son lacet. Il faut lâcher son lacet.

Il signifie aussi, Un lacs avec lequel on prend les perdrix, les lièvres, etc. Tendre un lacet. Prendre un lièvre au lacet.

Il s' emploie figurement au pluriel et signifie, Piéges, embûches. Je me suis laissé prendre aux lacets de cet intrigant.

LÂCHE. adj. des deux genres

LÂCHE. adj. des deux genres Qui n' est pas tendu, qui n' est pas serré comme il pourrait ou devrait l' être. Ce nœud, cette ceinture est trop lâche. Danser sur la corde lâche. Il faut tenir cette corde un peu lâche.

Toile, drap, étoffe lâche, Toile, drap, étoffe dont la trame n' est pas assez battue ou la chaîne assez serrée.

Ventre lâche, Ventre trop libre. Avoir le ventre lâche. Le raisin rend, tient le ventre lâche.

Temps lâche, Temps mou. Il fait un temps lâche.

Fig., Style lâche, Style qui manque d' énergie et de concision. Cela est écrit d' un style lâche.

LÂCHE

LÂCHE signifie figurément, Qui manque de vigueur et d' activité. Cet ouvrier est lâche au travail. Les grands chevaux sont ordinairement plus lâches que les petits. Vie lâche et efféminée.

Il signifie aussi, Poltron, qui manque de courage. Ce soldat est lâche. Un extrême danger peut donner du courage à l' homme le plus lâche.

Il signifie encore, Qui n' a que des sentiments vils, méprisables. C' est être bien lâche que d' abandonner son ami. Cela est d' une âme lâche.

Il se dit également Des actions honteuses, indignes d' un homme d' honneur. Il a tenu une conduite, eu un procédé, fait une action bien lâche. Que cela est lâche!

LÂCHE

LÂCHE s' emploie aussi substantivement, et signifie alors, Poltron, homme sans cœur. C' est un lâche. Il n' y a que les lâches qui en usent de la sorte.

Fam., C' est un grand lâche, C' est un homme très-mou, très-paresseux.

LÂCHEMENT. adv.

LÂCHEMENT. adv. Mollement, avec nonchalance, sans vigueur. Il travaille bien lâchement. Il va trop lâchement en besogne. Il y va si lâchement!

Écrire lâchement, Écrire sans force, sans précision.

LÂCHEMENT

LÂCHEMENT signifie aussi, Sans coeur et sans honneur, honteusement, avec bassesse. S' enfuir lâchement. Trahir lâchement son ami. Il souffrit lâchement cet affront, et s' en vengea plus lâchement encore.

LÂCHER. v. a.

LÂCHER. v. a. Détendre, desserrer quelque chose. Cette corde est trop tendue, lâchez-la un peu. Il faut lâcher ce corset, qui est trop serré.

Cet aliment lâche le ventre, ou simplement lâche, Il rend le ventre libre. Les mauves, les pruneaux lâchent le ventre.

En termes de Manége, Lâcher la bride, la main à un cheval, Lui tenir la bride moins courte, pour le laisser ou le faire courir.

Fig. et fam., Lâcher la main, la bride, la gourmette à quelqu' un, Lui donner plus de liberté qu' à l' ordinaire. Lâcher la bride à ses passions, S' y abandonner entièrement.

À certains Jeux de cartes, Lâcher la main, La laisser aller à un autre, quoiqu' on ait de quoi la lever.

Fig. et fam., Lâcher la main, Céder de ses prétentions, diminuer du prix qu' on demandait d' une chose.

Lâcher pied, lâcher le pied, Reculer, s' enfuir.

Fig., Lâcher pied, Céder, montrer de la faiblesse. N' allez pas lâcher pied dans cette occasion; tenez ferme.

En termes d' Escrime, Lâcher la mesure, Reculer devant son adversaire.

LÂCHER

LÂCHER signifie aussi, Laisser aller, laisser échapper. Il s' applique Aux personnes et aux choses. Il tenait cela dans ses mains, il l' a lâché. Lâcher un prisonnier. Lâcher un oiseau. Lâcher sa proie. Lâcher un âne dans un pré. Fig., Lâcher un livre, un pamphlet dans le public.

Lâcher prise, Laisser aller ce qu' on tient avec force. Il signifie aussi figurément, Cesser une poursuite, une dispute, un combat, etc., ou Rendre malgré soi ce qu' on a pris.

Lâcher les chiens, Les laisser courre après la bête. Lâcher une laisse de lévriers.

À la Chasse du vol, Lâcher l' autour, l' épervier, etc., Le laisser partir.

Fig. et fam., Lâcher une personne après une autre, La mettre à sa poursuite, pour l' inquiéter, pour la tourmenter, ou pour l' amener à faire quelque chose qu' on désire.

Lâcher les huissiers après un débiteur, Leur donner charge de faire contre lui des actes de leur ministère.

Lâcher la bonde d' un étang, lâcher une écluse, Lever la bonde d' un étang, lever la vanne d' une écluse. On dit aussi dans le même sens, Lâcher les eaux.

Lâcher le robinet d' une fontaine, Le tourner de manière que l' eau s' échappe.

Ce malade lâche tout sous lui, Il ne peut retenir ses excréments.

Fam., Lâcher de l' eau, Uriner. Lâcher un vent, Laisser échapper un vent par en bas.

Fig., Lâcher une parole, lâcher un mot, Dire inconsidérément quelque chose qui peut nuire ou déplaire. Lâcher une épigramme contre quelqu' un. Il a lâché une parole qu' il voudrait bien avoir retenue. Je suis fâché de ce que j' ai dit, mais le mot est lâché. Il signifie aussi, Dire une chose avec quelque dessein. Il lâcha un mot qui fit une grande impression.

Fig. et fam., Lâcher la parole, lâcher le mot, Dire le dernier prix qu' on veut avoir ou donner, quand on discute les conditions d' un marché, ou Donner son consentement, dans une négociation, après avoir fait quelques difficultés. Le mot est lâché, vous ne pouvez vous en dédire.

Lâcher un coup de fusil, un coup de pistolet, un coup de canon, Faire partir ces armes, en tirer un coup. Il lui lâcha un coup de pistolet dans la tête. Le vaisseau lâcha toute sa bordée, quand il fut à la portée du mousquet.

Pop., Lâcher un coup, Donner un coup. Il lui lâcha un soufflet.

Au Jeu de la paume, Lâcher la balle, Ne la point toucher, la laisser passer.

LÂCHER

LÂCHER s' emploie aussi avec le pronom personnel, et signifie, Se détendre, se débander. Un ressort qui se lâche. Un fusil qui se lâche. Les cordes de cette harpe se sont lâchées.

Il signifie aussi figurément, Tenir des propos offensants, indiscrets, indécents. Il se repentit de s' être tant lâché devant eux. Se lâcher en propos imprudents, en propos injurieux contre quelqu' un.

LÂCHER

LÂCHER est quelquefois neutre, et alors il signifie, S' échapper, se détendre. Prenez garde que la corde ne lâche. Si le fusil vient à lâcher, vous blesserez quelqu' un.

LÂCHÉ, ÉE. participe

LÂCHÉ, ÉE. participe

LÂCHETÉ. s. f.

LÂCHETÉ. s. f. Poltronnerie, défaut de courage. Il a montré bien de la lâcheté. Il s' est déshonoré à la guerre par sa lâcheté.

Il signifie aussi, Action basse, indigne. Ne point défendre ses amis absents est une lâcheté. En ce sens, il se dit au pluriel. Il a fait mille lâchetés.

LACINIÉ, ÉE. adj.

LACINIÉ, ÉE. adj. T. de Botanique. Il se dit Des feuilles découpées de manière à figurer d' autres feuilles étroites et longues. La tige de l' artichaut a ses feuilles laciniées.

LACIS. s. m.

LACIS. s. m. Espèce de réseau de fil ou de soie. Un lacis bien fin. Faire du lacis.

Il se dit par analogie, en termes d' Anatomie, d' Un réseau plus ou moins compliqué, formé de vaisseaux ou de nerfs.

LACONIQUE. adj. des deux genres

LACONIQUE. adj. des deux genres Concis à la manière des habitants de la Laconie, des Lacédémoniens. Discours laconique. Style laconique. Cet auteur est laconique. Il est laconique dans ses réponses.

LACONIQUEMENT. adv.

LACONIQUEMENT. adv. En peu de mots, brièvement, d' une manière laconique. Il parle laconiquement. Il lui répondit laconiquement.

LACONISME. s. m.

LACONISME. s. m. Expression ou phrase concise et énergique, à la manière des Lacédémoniens. Quand, à une longue lettre par laquelle Philippe, roi de Macédoine, les menaçait de sa vengeance s' il entrait victorieux dans leur ville, ils se contentèrent de répondre Si, c' était un laconisme.

Il se dit aussi, en général, de La grande concision du langage ou du style. Il se pique de laconisme. Son laconisme n' est pas sans obscurité.

LACRYMAL, ALE. adj.

LACRYMAL, ALE. adj. T. d' Anatomie. Qui a rapport aux larmes. Sac, conduit lacrymal. Points lacrymaux. Glande, humeur lacrymale.

En Chirurgie, Fistule lacrymale, Ulcère à l' angle interne de l' oeil, avec perforation du conduit des larmes. Avoir une fistule lacrymale.

LACRYMATOIRE. s. m.

LACRYMATOIRE. s. m. T. d' Antiquités romaines. Il se dit de Petits vases de terre cuite ou de verre, déposés dans la plupart des tombeaux, et qui, selon toute apparence, contenaient les huiles odorantes dont on parfumait le bûcher avant de l' allumer. On a cru longtemps, avec peu de vraisemblance, que les lacrymatoires servaient à recueillir les larmes répandues aux funérailles du mort.

Il s' emploie aussi adjectivement, et alors il est des deux genres. Urne, vase lacrymatoire.

LACS. s. m.

LACS. s. m. (On ne prononce pas le C.) Cordon délié. Autrefois le sceau était attaché aux édits avec des lacs de soie de diverses couleurs. Les muets du sérail étranglent avec un lacs de soie ceux que le sultan leur ordonne de faire mourir.

Il se dit aussi d' Un noeud coulant qui sert à prendre des oiseaux, des lièvres, et autre gibier. Un lacs de crin. Vendre des lacs.

Il se dit encore d' Une corde qui a une certaine longueur, et que l' on emploie pour abattre les chevaux. Abattre un cheval avec le lacs.

Il signifie figurément, Piége, embarras dont on a de la peine à se tirer. Il est tombé dans le lacs. On lui a tendu des lacs. Elle le retient dans ses lacs. Il s' est tiré, il est échappé des lacs. Ce chicaneur le tient dans ses lacs.

Lacs d' amour, Cordons repliés sur eux-mêmes, de manière à former un 8 renversé. Un chiffre fait en lacs d' amour.

LACTATION. s. f.

LACTATION. s. f. T. de Médecine. Action d' allaiter un enfant, de le nourrir avec du lait.

LACTÉ, ÉE. adj.

LACTÉ, ÉE. adj. Qui a rapport au lait, ou Qui est de la couleur du lait. Il n' est usité que dans les expressions suivantes:

En Médecine, Diète lactée, Régime dans lequel les malades font du lait leur principal aliment.

En Anatomie, Vaisseaux lactés, veines lactées, Petits conduits qui sont dispersés dans le mésentère, et qui des intestins portent le chyle au réservoir de Pecquet.

En Astronomie, Voie lactée, Blancheur irrégulière qui entoure le ciel en forme de ceinture, et dans laquelle on observe un nombre infini de petites étoiles.

LACUNE. s. f.

LACUNE. s. f. Interruption, vide dans le texte d' un auteur, dans le corps d' un ouvrage, etc. Il y a une grande lacune dans cette décade de Tite-Live. Cet auteur ne nous est pas parvenu en entier; ce qui nous en reste présente des lacunes, de grandes lacunes. Il y a dans la chronologie des anciens empires d' Orient des lacunes que les érudits ne peuvent remplir.

LADRE. adj. des deux genres

LADRE. adj. des deux genres Lépreux, attaqué de lèpre, de ladrerie. Il est ladre. Il a été déclaré ladre. Un homme ladre. Une femme ladre. Lièvre ladre qui habite des lieux marécageux. Pourceau, truie ladre.

Il signifie figurément, Insensible, soit physiquement, soit moralement. Il est ladre, il ne sent pas les coups. Il faudrait être ladre pour ne pas sentir cette injure.

Il signifie aussi, Excessivement avare. C' est un homme très-ladre. Dans ce sens et dans le précédent, il est familier.

LADRE

LADRE est substantif dans la signification de Lépreux et d' Avare; alors il fait au féminin Ladresse. C' est un ladre. C' est une ladresse. Voilà l' action d' un ladre.

Fig., Ladre vert, Homme d' une avarice sordide.

En termes d' Art vétérinaire, Ce cheval a du ladre, se dit D' un cheval qui a le tour des yeux, le bout des naseaux ou le tour des lèvres dénués de poil.

LADRERIE. s. f.

LADRERIE. s. f. Lèpre, maladie qui couvre la peau de pustules et d' écailles. Être entaché de ladrerie.

Il se dit aussi d' Une maladie particulière au porc, et qui est analogue aux scrofules. Un pourceau qui a des grains de ladrerie.

Il signifie, figurément et familièrement, Avarice sordide. Quelle ladrerie! Voyez un peu la ladrerie de cet homme.

LADRERIE

LADRERIE se dit aussi d' Un hôpital destiné aux lépreux.

LADY. s. f.

LADY. s. f. (On prononce Lédi.) Mot emprunté de l' anglais. Titre qui appartient en Angleterre aux femmes des lords et des chevaliers, et qu' on donne aussi, par courtoisie, aux filles des lords et des chevaliers baronnets, en y joignant les noms de baptême. Lady Marie. Lady Betty. Des ladys.

LAGOPHTHALMIE. s. f.

LAGOPHTHALMIE. s. f. T. de Médec. Maladie des paupières, qui sont tellement retirées, que l' oeil reste ouvert pendant le sommeil, comme chez les lièvres.

LAGUNE. s. f.

LAGUNE. s. f. Espèce de petit lac ou de flaque d' eau, dans des lieux marécageux. Il ne se dit guère qu' au pluriel, et en parlant Du terrain couvert ou coupé par les eaux de la mer, sur lequel la ville de Venise est bâtie. Les lagunes de Venise.

LAI, AIE. adj.

LAI, AIE. adj. Laïque. Un conseiller lai. Traduire un ecclésiastique en cour laie. Patron lai.

Frère lai, moine lai, Frère servant qui n' est point destiné aux ordres sacrés. On a dit aussi, Soeur laie, pour Soeur converse, qui est seul usité maintenant.

Moine lai, se disait autrefois d' Un laïque, ordinairement homme de guerre invalide, que le roi plaçait dans une abbaye de nomination royale, pour y être entretenu.

LAI

LAI s' emploie aussi comme substantif, au masculin. Les clercs et les lais.

LAI. s. m.

LAI. s. m. Vieux mot qui signifie, Complainte, doléance, et qui était jadis le nom particulier d' une espèce de petit poëme.

LAÏC

LAÏC Voyez LAÏQUE.

LAÚCHE. s. f.

LAÚCHE. s. f. Genre de plante vivace, appelée autrement Carex, qui croît dans les lieux humides, et dont une espèce a l' inconvénient de blesser la langue des chevaux. Ce foin ne vaut rien, il est tout plein de laîche.

LAID, LAIDE. adj.

LAID, LAIDE. adj. Qui a quelque défaut remarquable dans les proportions, dans les formes ou dans les couleurs qui constituent la beauté naturelle de l' espèce humaine. Homme laid. Femme laide. Fort laid. Extrêmement laid. Horriblement laid. Elle est laide à faire peur, laide comme le péché, laide comme un démon. Il est laid comme une chenille, etc. Il n' y a rien de si laid. Avoir les mains laides, la gorge laide.

Il se dit aussi Des animaux dont la conformation ou la couleur est désagréable. Voilà un chien bien laid. Voilà une laide bête, un laid animal. Le hibou est un oiseau très-laid.

Fig. et fam., C' est un laid magot, se dit D' un homme extrêmement laid; et, C' est une laide guenon, D' une femme extrêmement laide.

LAID

LAID se dit généralement De tout ce qui est désagréable à voir. Cette maison, cette tapisserie, cette étoffe est fort laide. Le temps est bien laid.

Il signifie, au sens moral et familièrement, Déshonnête, contraire à la bienséance, au devoir. Ce que vous faites là, ce que vous dites là est bien laid. Il est bien laid à vous d' avoir manqué à votre promesse.

Prov., Il n' y a point de laides amours, On trouve toujours belle la personne qu' on aime.

LAID

LAID s' emploie aussi substantivement. Fi! le laid! Fi! la laide! On a dit qu' une laide ne peut être aimée médiocrement.

Il s' emploie encore substantivement au masculin, en parlant Des choses. La satiété du beau nous fait aimer et préférer le laid. Je vous ai dit le beau de l' aventure, mais voici le laid.

LAIDERON. s. f.

LAIDERON. s. f. Jeune fille ou jeune femme laide. C' est une laideron. Voyez cette petite laideron qui fait la coquette. C' est une laideron qui ne déplaît pas. C' est une laideron assez piquante. Il est familier.

LAIDEUR. s. f.

LAIDEUR. s. f. Difformité, défaut remarquable dans les proportions, dans les formes ou dans les couleurs qui constituent la beauté naturelle de l' espèce. Grande laideur. Horrible laideur. Laideur amère. La laideur de cette femme est étrange. Il y a des laideurs qui ne sont pas désagréables.

Il se dit, au sens moral, en parlant Des vices et des actions vicieuses ou malhonnêtes. La laideur du vice. La laideur de cette action. J' ai vu là le vice dans toute sa laideur.

LAIE. s. f.

LAIE. s. f. La femelle du sanglier. Une laie avec ses marcassins. Une laie prête à mettre bas.

LAIE. s. f.

LAIE. s. f. T. d' Eaux et Forêts. Route étroite percée dans une forêt, dans une futaie. Tracer, faire une laie dans une forêt. Une laie de trois pieds de large.

LAINAGE. s. m.

LAINAGE. s. m. Marchandise de laine. Faire commerce de lainage.

Il se dit aussi de La toison des moutons. Ce mouton, ce bélier, cette brebis a un beau lainage.

LAINAGE

LAINAGE signifie encore, La façon qu' on donne aux draps en les tirant avec des chardons, pour en faire ressortir le poil.

LAINE. s. f.

LAINE. s. f. Poil doux, épais et frisé qui croît sur la peau des moutons, et de quelques autres animaux. Laine de mouton, de mérinos, de métis, de vigogne. Laine d' Espagne. Mère laine. Laine crue. Basse laine. Laine blanche. Laine noire. Laine grasse ou en suint. Laine fine. Grosse laine. Bonne laine. Grande laine. Laine courte. Mouton bien couvert, bien fourni de laine. Écheveau, flocon, pelote de laine. Échauder, carder, filer, fouler de la laine. Ouvrier en laine. Cardeur de laine. Le commerce des laines. Un bonnet, un bas de laine. Cette étoffe est moitié fil et moitié laine, moitié soie et moitié laine.

Bêtes à laine, Béliers, moutons, brebis et agneaux. Ce fermier a deux troupeaux de bêtes à laine.

Prov. et fig., Se laisser manger la laine sur le dos, Souffrir tout, ne pas savoir se défendre. Il se laisse, il ne se laisse pas manger la laine sur le dos.

Prov., Tirer la laine, Voler de nuit des manteaux dans les rues. On appelait Ceux qui commettaient ces sortes de vols Tireurs de laine. Ces deux locutions ont vieilli.

Laine de Moscovie, Le duvet que l' on tire adroitement de la peau des castors, sans offenser le grand poil.

LAINE

LAINE se dit aussi Des cheveux épais et crépus des nègres.

LAINER. v. a.

LAINER. v. a. Faire sortir le poil du fond d' une étoffe de laine, par l' opération du lainage. Lainer du drap.

LAINÉ, ÉE. participe

LAINÉ, ÉE. participe

LAINERIE. s. f. collectif

LAINERIE. s. f. collectif Toute sorte de marchandises de laine. La lainerie s' est bien vendue à cette foire.

LAINEUX, EUSE. adj.

LAINEUX, EUSE. adj. Qui a beaucoup de laine, qui est extrêmement fourni de laine. Il se dit Des moutons, et des étoffes faites de laine. Il y a des pays où les moutons sont plus laineux qu' ailleurs. Un drap bien laineux. Une étoffe très-laineuse.

Il se dit, en Botanique, Des plantes ou parties de plantes qui sont couvertes de poils imitant la laine ou un tissu drapé, telles que la molène, etc. Plante, tige laineuse.

LAINIER. s. m.

LAINIER. s. m. Marchand qui vend des laines en gros, en écheveau, etc. Dans ce sens, il est vieux.

Il se dit plutôt maintenant d' Un ouvrier en laine.

LAÏQUE. adj. des deux genres

LAÏQUE. adj. des deux genres (Plusieurs écrivent Laïc, au masculin.) Qui n' est ni ecclésiastique, ni religieux, ni du clergé séculier, ni du clergé régulier. Une personne laïque. Un officier laïque.

Il se dit également De ce qui est propre aux personnes laïques. De condition laïque. Habit laïque.

Il est aussi substantif. Un laïque. Les ecclésiastiques et les laïques.

LAIS. s. m.

LAIS. s. m. T. d' Eaux et Forêts. Jeune baliveau de l' âge du bois, qu' on laisse quand on coupe le taillis, afin qu' il vienne en haute futaie.

LAIS

LAIS est aussi un terme de Jurisprudence, qui signifie, Atterrissement, alluvion, ce que la mer ou une rivière donne d' accroissement à un terrain. Les lois et relais de la mer.

LAISSE. s. f.

LAISSE. s. f. Corde dont on se sert pour mener des chiens attachés. Une laisse de crin. Mener des lévriers en laisse, les tenir en laisse. Des chiens de chasse qui vont en laisse.

Une laisse de lévriers, se dit de Deux lévriers, qu' ils soient ou ne soient pas attachés.

LAISSE

LAISSE se dit aussi en parlant D' un chien seul que l' on conduit avec un cordon, un ruban. Mener son chien en laisse.

Fig. et fam., Mener quelqu' un en laisse, Le gouverner, lui faire faire tout ce qu' on veut.

LAISSE

LAISSE se dit aussi d' Une espèce de cordon de chapeau, fait de crin, de fil, de soie, etc.

LAISSÉES. s. f. plur.

LAISSÉES. s. f. plur. T. de Vénerie. La fiente du loup et des autres bêtes noires.

LAISSER. v. a.

LAISSER. v. a. Quitter; se séparer d' une personne ou d' une chose qui reste dans l' endroit dont on s' éloigne. Il a laissé son fils à Paris. Il a laissé ses gens à la porte de la ville. Il avait laissé sa voiture à Lyon. J' ai laissé votre ami à la campagne. Je l' ai laissé seul chez lui. J' ai laissé votre père en bonne santé. Laisser une place de guerre bien pourvue, la laisser en bon état.

Laisser quelqu' un loin de soi, loin derrière soi, Le devancer beaucoup. Il se dit au propre et au figuré.

LAISSER

LAISSER signifie aussi, Ne pas emmener, ne pas emporter avec soi. Il a laissé son fils avec son précepteur. Laissez-nous votre enfant jusqu' à ce soir. Laissez ici votre manteau. Laissez ici votre sac d' argent, si vous craignez les voleurs.

Il signifie encore, Oublier de prendre avec soi. Il a laissé sa montre dans son cabinet. J' ai laissé ces papiers sur mon bureau. Il a laissé sa canne chez moi.

LAISSER

LAISSER signifie en outre, Confier, mettre en dépôt. Il a laissé tous ses papiers à son avocat. Il laisse son argent entre les mains de son notaire. Je vous laisse cela en garde. Laisser une chose en dépôt.

Laisser une chose au soin, à la discrétion, à la prudence, etc., de quelqu' un, La confier, l' abandonner au soin, à la discrétion, la remettre à la prudence de quelqu' un. On dit dans le même sens, Je vous en laisse le soin, la conduite, etc.

LAISSER

LAISSER signifie quelquefois simplement, Donner une chose à quelqu' un pour qu' il la remette à un autre. Je ne l' ai point trouvé chez lui, j' ai laissé votre lettre à son domestique. J' ai laissé ma carte de visite chez son portier.

Il signifie aussi, Ne pas ôter, ne pas retirer de quelque endroit ou de chez quelqu' un une chose ou une personne que l' on peut en ôter, en retirer. Il laisse son enfant en nourrice. Pourquoi laissez-vous si long-temps cela chez moi? Il laisse son tableau à l' exposition.

Il signifie également, Ne pas ôter une personne ou une chose de la place où elle est, de la situation où elle se trouve. Laissez-moi auprès du feu. Laissez cela, n' y touchez point. Laissez ces livres sur mon bureau. Il le laissa à genoux.

Il signifie par extension, Ne pas changer l' état où se trouve une chose. Ainsi on dit: Laisser un champ en friche, Ne pas le cultiver; Laisser un ouvrage imparfait, Ne pas l' achever; Laisser une chose intacte, Ne point l' endommager, ou N' en rien prendre; etc.

Fig. et fam., Laisser quelqu' un dans la nasse, L' abandonner dans une méchante affaire où on l' a engagé, et dont on se tire soi-même.

Fig., Laisser quelqu' un dans l' embarras, dans le danger, dans la misère, Ne pas lui donner les secours qu' on pourrait ou qu' on devrait lui donner.

Laisser quelqu' un en paix, en repos, le laisser tranquille, Souffrir, permettre, ne pas empêcher qu' il demeure en paix, en repos; ne pas l' importuner, ne pas le tourmenter. On dit dans le même sens: Laissez-moi là. Laissez-moi donc. Laissez-moi.

Fam., Laissez le monde comme il est, Ne vous embarrassez pas de ce qui se passe dans le monde, ne prétendez pas le réformer.

Laisser quelqu' un en son particulier, Le laisser seul.

Laisser quelqu' un maître d' une chose, La laisser entièrement à sa disposition.

Laisser un ouvrier sans ouvrage, Ne pas lui fournir d' ouvrage.

Laisser à l' abandon, Ne prendre aucun soin de. Vous laissez ce jardin à l' abandon. C' est un homme qui laisse tout à l' abandon.

Laisser en blanc, Réserver, dans un écrit, une place, un espace qu' on remplira plus tard. Laissez, dans votre projet d' acte, deux lignes en blanc. Laisser un nom en blanc.

Prov. et fig., Il vaut mieux laisser son enfant morveux que de lui arracher le nez, Il est de la sagesse de tolérer un petit mal, lorsqu' on risque, en voulant y remédier, d' en causer un plus grand.

En termes de Manége, Laisser la bride sur le cou à un cheval, Lui rendre la main, le laisser aller de lui-même.

Fig. et fam., Laisser la bride sur le cou à quelqu' un, L' abandonner à lui-même, à ses caprices, à ses volontés.

LAISSER

LAISSER signifie encore, Ne pas prendre, ne pas enlever, ne pas détruire ce qu' on pourrait prendre, enlever, détruire, etc. Les voleurs lui ont laissé son habit, lui ont laissé la vie. Les ennemis ont brûlé le village et n' ont laissé que l' église. Les brigands ne lui ont rien laissé, ne lui ont laissé que sa chemise. Laissez-moi un peu de place. Ils ont tout mangé, ils n' ont rien laissé. Ses occupations ne lui laissent pas un moment de repos. Laisser de la marge.

Ne laisser que les quatre murailles, Tout emporter, tout enlever d' une maison ou d' un appartement.

LAISSER

LAISSER signifie aussi, Abandonner. Cette rivière a laissé son ancien lit. Depuis l' invention de la poudre, on a laissé l' usage de certaines armes défensives.

Laisser un chemin, une maison, etc., à droite, sur la droite, Prendre sur la gauche, en sorte que le chemin, la maison, etc., soit sur la droite. On dit de même, Laisser un chemin à gauche, sur la gauche.

Laisser là quelqu' un, quelque chose, Rompre avec quelqu' un, discontinuer quelque chose. Laissez là cette femme, elle vous perdra. Il a laissé là son projet, son entreprise. Laissez là votre ouvrage, vous le reprendrez plus tard.

Laisser quelqu' un pour mort, S' en éloigner avec la conviction qu' il est mort. Son assassin l' avait laissé pour mort, mais il n' était qu' évanoui.

Fam., Laissez-le pour ce qu' il est, N' ayez aucun égard aux injures, aux outrages d' un pareil homme.

Fam., Cette marchandise est à prendre ou à laisser, Il faut en donner le prix demandé, ou on ne l' aura pas.

Il y a à prendre et à laisser dans ces marchandises, Il s' y trouve du bon et du mauvais, et il faut savoir choisir. On dit figurément, dans le même sens, Il y a à prendre et à laisser dans cette affaire, dans cette entreprise, dans ce que vous proposez.

Fam., Avoir le prendre et le laisser, Avoir le choix. Dans cette phrase, Laisser est pris substantivement.

Je vous laisse à penser ce qui en arrivera; je vous laisse à juger s' il profita de l' occasion, etc., C' est à vous à penser aux conséquences de cela; je vous donne à juger si, etc.

Laisser beaucoup à penser, se dit D' une personne qui s' exprime mystérieusement ou avec finesse. On dit à peu près dans le même sens, Cela laisse beaucoup à penser, Cela donne matière à bien des réflexions.

Laisser quelque chose, laisser beaucoup à dire, à faire, Ne pas épuiser une matière; et dans le sens contraire, Ne rien laisser à dire, à faire.

Laisser à désirer, N' être pas entièrement satisfaisant. Cet ouvrage a du mérite, cependant il laisse beaucoup à désirer.

Ne pas laisser de, ne pas laisser que de, Ne pas cesser, ne pas s' abstenir, ne pas discontinuer de. Il ne faut pas laisser d' aller toujours votre chemin. Malgré leur brouillerie, il n' a pas laissé que de lui écrire. On dit dans des sens analogues: Il est pauvre, mais il ne laisse pas d' être honnête homme, La mauvaise fortune n' empêche pas qu' il ne soit honnête homme. Il ne laisse pas que de gagner beaucoup à ce marché, Il y gagne beaucoup. Cette proposition ne laisse pas d' être vraie, que d' être vraie, Ce qu' on objecte contre n' empêche pas qu' elle ne soit vraie. Cela ne laisse pas d' être embarrassant, d' étonner, que d' être embarrassant, que d' étonner, etc., Cela est embarrassant, cela étonne, etc.

Fam., Laissez que, Permettez, souffrez que. Laissez que je vous réponde.

Fam., Laissez donc, Finissez. Laissez, laissez, C' est assez, ne continuez pas.

Fig., Laisser la vie, et pop., Laisser ses os, ses bottes en quelque occasion, Y mourir.

Laisser des poils, des plumes en quelque endroit, se dit D' un animal, d' un oiseau, dont il est resté des poils, des plumes, dans l' endroit par où il a passé. On dit de même, Laisser des traces, des vestiges, etc.

Fig. et fam., Laisser des plumes, Faire quelque perte, et particulièrement une perte d' argent. Il a laissé de ses plumes au jeu. Il a laissé quelques plumes dans ce procès.

LAISSER

LAISSER signifie particulièrement, Passer sous silence. Je laisse une infinité d' autres preuves, d' autres détails.

Laissons cela, Ne parlons plus de cela.

LAISSER

LAISSER signifie aussi, Céder. Je lui en laisse l' honneur. Je lui en laisse le profit. Les ennemis furent contraints de nous laisser le champ de bataille.

Laisser une chose à un certain prix, à bon compte, Consentir à la vendre pour un certain prix, etc. Je vous laisse ce cheval pour six cents francs. Il m' a laissé ce drap à trente francs l' aune.

Laisser le champ libre à quelqu' un, Ne pas vouloir se mettre en concurrence avec quelqu' un, ou Se retirer, abandonner ses prétentions.

LAISSER

LAISSER signifie encore, Léguer, transmettre par des dispositions testamentaires. Il a laissé une somme considérable à l' hôpital de la ville. Il a laissé des legs à tous ses amis. Il a laissé par testament sa bibliothèque à son frère.

Il se dit également en parlant Des personnes ou des choses qui ont été à quelqu' un, et qui subsistent après sa mort. Il laisse une femme et des enfants. Il a laissé ses enfants avec peu de bien. Laisser de grands biens, laisser peu de biens après sa mort. Laisser plusieurs ouvrages manuscrits. Cet homme a laissé ses affaires en bon, en mauvais état. Il a laissé une succession obérée, embarrassée.

Il se dit, dans un sens analogue, en parlant Du souvenir, de l' opinion, etc., qui reste de quelqu' un lorsqu' il est mort, ou seulement lorsqu' il a quitté le lieu où il était. Il a laissé une bonne, une mauvaise réputation après lui. Il a laissé une grande opinion de sa vertu, un nom honoré, une grande réputation de probité, un grand regret de sa perte, etc. Il a laissé dans le pays une excellente réputation. Il a laissé de grands regrets partout où il a passé.

Il se dit pareillement, tant au sens physique qu' au sens moral, en parlant De la sensation, de l' impression qui reste de quelque chose, ou de ses suites, etc. Cette liqueur laisse un bon goût, un mauvais goût. Ce vin-là est agréable au commencement, mais il laisse un mauvais goût à la fin. Ce voyage m' a laissé des souvenirs agréables. Sa conduite avait laissé des soupçons sur son compte. Sa maladie lui a laissé une incommodité fâcheuse.

LAISSER

LAISSER suivi d' un infinitif, signifie, Permettre, souffrir, ne pas empêcher. Je l' ai laissé sortir. Je l' ai laissée reposer. Laissez-moi parler. Laissez jouer ces enfants. Je les ai laissés aller. On a laissé aller, on a laissé échapper ce prisonnier. Laisser tomber ce qu' on a dans les mains. Se laisser faire du tort. Se laisser dire des injures.

Laisser faire, laisser dire, Ne se pas soucier, ne se pas mettre en peine de ce que fait ou dit quelqu' un. Laissez-les dire. Laissez-les faire. On n' a qu' à le laisser faire. Prov., Il faut bien faire, et laisser dire.

Fam., Je me suis laissé dire telle chose, J' ai ouï dire telle chose, mais sans y ajouter grande foi.

Laisser voir, Montrer, découvrir. Cette percée laisse voir une vaste plaine.

Fig., Laisser voir sa pensée, Parler, agir de manière à faire deviner sa pensée.

Laisser tout aller sous soi, se dit D' un enfant ou d' une personne infirme qui n' a pas la force de retenir ses excréments.

Fig. et fam., Laisser tout aller, Négliger entièrement ses affaires.

Fam., Laisser tout traîner, Ne mettre rien à sa place, laisser tout en désordre.

En termes de Chasse, Laisser courre les chiens, ou simplement Laisser courre, Les découpler, afin qu' ils courent après la bête. Substantivement, Laisser-courre, Le lieu où l' on découple les chiens. Quand ils furent au laisser-courre. Voyez COURRE.

LAISSER

LAISSER s' emploie souvent avec le pronom personnel, dans un sens analogue au précédent; et alors il est toujours suivi d' un verbe neutre. Se laisser tomber. Ces enfants se sont laissés tomber. Cette femme s' est laissée tomber. Se laisser mourir de faim. Se laisser aller à la douleur, à la paresse, à son goût pour les plaisirs.

Se laisser aller, Se relâcher, ne pas tenir ferme, suivre ses mouvements naturels, sans projet, sans réflexion.

Fam., Cette jeune fille s' est laissée aller, Elle a cédé à la séduction.

Fam., Avoir du laisser aller, Avoir une sorte de négligence, d' abandon. Dans cette phrase, Laisser aller est pris substantivement.

Fam., Se laisser mourir, Mourir. Il s' est laissé mourir il y a trois mois.

On ne doit pas confondre l' emploi qui vient d' être indiqué, avec celui où le verbe qui suit Laisser est actif, et régit le pronom, comme dans ces phrases: Se laisser tromper, séduire. Se laisser battre. Se laisser injurier.

Se laisser battre, signifie quelquefois simplement, Être battu; et alors il est familier.

Fig. et fam., Ce livre, cet ouvrage se laisse lire, On le lit sans fatigue, sans ennui. Cela se laisse manger, On le mange avec plaisir.

Se laisser pénétrer, Ne pas cacher avec assez de soin ses intentions, ses projets.

Se laisser gouverner, conduire, mener, et fig. et fam., Se laisser mener par le nez, Laisser prendre de l' empire sur soi, et n' avoir pas la force de s' y opposer.

LAISSÉ, ÉE. participe

LAISSÉ, ÉE. participe

LAIT. s. m.

LAIT. s. m. Liqueur blanche qui se forme dans les mamelles de la femme pour la nourriture de son enfant, et dans celles des animaux mammifères femelles pour la nourriture de leurs petits. Lait de femme. Cette nourrice n' a point de lait, a beaucoup de lait. Son lait est échauffé. Une frayeur lui a troublé son lait, lui a fait perdre son lait. Cette nourrice a fait deux nourritures, a nourri d' un seul lait, d' un même lait deux enfants l' un après l' autre. Ils ont tété d' un même lait, le même lait. Cet enfant a été nourri de deux laits. Lait de vache, de brebis, de chèvre, d' ânesse, de jument. Les médecins lui ont ordonné de prendre le lait de chèvre. Se mettre, se remettre au lait. Être au lait. Ne vivre que de lait. Lait doux, aigre, caillé. Du lait bouilli. Café au lait. Un potage, une soupe, des oeufs au lait. Un pot au lait. Blanc comme lait, comme du lait.

Jeune lait, Lait d' une femme accouchée depuis peu. Lait d' un an, Lait d' une femme accouchée depuis un an. Vieux lait, Lait d' une femme accouchée il y a longtemps.

Fièvre de lait, Fièvre qui vient aux femmes dans les premiers jours de leurs couches.

Lait répandu, se dit de Certaines maladies auxquelles sont exposées les femmes qui n' allaitent pas, ou qui cessent d' allaiter. Elle est malade, elle est morte d' un lait répandu.

Frères de lait, soeurs de lait, L' enfant de la nourrice et le nourrisson qui a sucé le même lait.

Dents de lait, Les premières dents qui viennent aux enfants. Cet enfant a perdu toutes ses dents de lait. Il se dit aussi en parlant Des animaux. Ce cheval est trop jeune pour travailler, il a encore des dents de lait.

Prov., Avoir une dent de lait contre quelqu' un, lui garder une dent de lait, Lui vouloir du mal depuis longtemps, avoir quelque ancienne rancune contre lui.

Vache à lait, Vache à laquelle on a enlevé son veau, et dont le lait est employé pour les besoins de l' homme.

Fig. et fam., Vache à lait, se dit d' Une personne, et par extension d' une chose dont on tire un profit continuel. Cette dupe-là est une vache à lait pour lui. Cette affaire est une vache à lait pour ce procureur. Ce malade est une vache à lait pour ce médecin.

Veau de lait, cochon de lait, Veau, cochon qui tette encore, ou qu' on ne nourrit que de lait.

Petit-lait, ou Lait clair, La sérosité qui se sépare du lait lorsqu' il se caille. Petit-lait clarifié. Prenez un verre de petit-lait, de lait clair, pour vous rafraîchir.

Lait de beurre, Espèce de petit-lait qui reste dans la baratte, après qu' on a fait le beurre.

Lait coupé, Lait dans lequel on a mis une portion d' un autre liquide. Lait coupé avec du bouillon, avec de l' eau d' orge.

Fig., Sucer avec le lait une doctrine, une opinion, un sentiment, Recevoir, dès l' enfance, une doctrine, une opinion, un sentiment. Ce sont des principes qu' il a sucés avec le lait. Il existe entre ces deux familles une vieille haine que les enfants sucent avec le lait. On dit à peu près dans le même sens, Il a sucé le lait de la doctrine évangélique, le lait des saines doctrines, etc.

Prov. et fig., Le vin est le lait des vieillards.

Prov., Il avale cela doux comme lait, se dit D' un homme qui reçoit avidement toutes sortes de louanges, ou qui, par lâcheté, par dissimulation, passe doucement sur les choses qu' on lui dit pour le piquer.

Fam., S' emporter comme une soupe au lait, S' abandonner facilement et promptement à la colère. On ne peut rien lui dire, il s' emporte comme une soupe au lait.

Prov. et fig., Bouillir du lait à quelqu' un, Lui faire plaisir. C' est lui bouillir du lait que de lui parler de ses vers, de cette femme. Dans cette phrase, le verbe bouillir est actif.

Prov. et par exagération, Il est si jeune, que, si on lui tordait le nez, il en sortirait encore du lait, se dit D' un très-jeune homme qui vient se mêler de choses au-dessus de son âge et de sa capacité.

Soupe de lait, s' applique adjectivement Aux chevaux qui sont d' un blanc tirant sur l' isabelle, et aux pigeons de la même couleur. Chevaux soupe de lait. Pigeons soupe de lait.

LAIT

LAIT se dit, par analogie, d' Une certaine liqueur blanche qui est dans les oeufs frais, quand ils sont cuits à point pour être mangés à la coque. Cet oeuf est bien frais, il a bien du lait.

Il se dit également Du suc blanc qui sort de quelques plantes et de quelques fruits. Lait de figuier. Lait de coco. Le lait qui sort du tithymale est corrosif.

Il se dit encore de Certaines liqueurs artificielles qui ont une ressemblance de couleur avec le lait. Prendre du lait d' amande. Se nettoyer le visage avec du lait virginal. Blanchir une muraille avec du lait de chaux.

Lait de poule, Jaune d' oeuf délayé dans de l' eau chaude, avec du sucre.

LAITAGE. s. m. collect.

LAITAGE. s. m. collect. Le lait, ce qui vient du lait, ce qui se fait avec le lait, comme beurre, crème, fromage. Il ne vit que de laitage.

LAITANCE ou LAITE. s. f.

LAITANCE ou LAITE. s. f. Sperme des poissons mâles, substance blanche et molle, ressemblant à du lait caillé. La laite, la laitance d' un hareng, d' une carpe, d' un brochet. Manger des laitances de carpe. Un poisson qui n' a point de laite.

LAITÉ, ÉE. adj.

LAITÉ, ÉE. adj. Il se dit Des poissons qui ont de la laite, de la laitance. Carpe laitée. Hareng laité.

Prov. et fig., Poule laitée, Homme faible et sans vigueur.

LAITERIE. s. f.

LAITERIE. s. f. Lieu où l' on serre, où l' on met le lait des vaches, des chèvres, des brebis, etc.; où l' on fait la crème, le beurre, les fromages, etc. Une laiterie bien exposée, bien propre, bien fraîche.

LAITERON. s. m.

LAITERON. s. m. Plante laiteuse de la famille des Composées, qui sert à la nourriture des lapins domestiques. Cueillir des laiterons. Des lapins nourris de laiterons. On dit aussi, vulgairement, Laceron.

LAITEUX, EUSE. adj.

LAITEUX, EUSE. adj. Il se dit De certaines plantes qui ont un suc de la couleur du lait. Le tithymale est une plante laiteuse.

Il se dit aussi De certaines choses qui ont une couleur de lait. Liqueur laiteuse. Suc laiteux. Verre laiteux.

Cette opale est laiteuse, Le blanc en est trouble.

LAITIER. s. m.

LAITIER. s. m. T. de Fonderie. Sorte de matière vitrifiée qui nage au-dessus de quelques métaux en fusion.

LAITIÈRE. s. f.

LAITIÈRE. s. f. Femme qui fait métier de vendre du lait. La laitière n' est point encore venue.

C' est une bonne laitière, se dit D' une vache qui donne beaucoup de lait.

Fam., Cette nourrice est une bonne laitière, se dit D' une nourrice qui a beaucoup de lait.

Vache laitière, Vache à lait, vache nourrie uniquement pour donner du lait. Dans cette locution, laitière est pris adjectivement.

LAITON. s. m.

LAITON. s. m. Cuivre rendu jaune par le mélange du zinc. Boucles de laiton. Fil de laiton.

LAITUE. s. f.

LAITUE. s. f. Herbe potagère du genre des plantes laiteuses. Petite laitue. Laitue pommée, sauvage, romaine. Salade de laitue. Suc, sirop de laitue. La laitue est rafraîchissante.

LAIZE. s. f.

LAIZE. s. f. T. de Manufacture. Différence, ordinairement légère, en plus ou en moins, de la largeur réelle d' une étoffe à sa largeur légale ou convenue. Drap quatre tiers, grande ou petite laize, c' est-à-dire, qui a un peu plus ou un peu moins de quatre tiers. Dans les bonnes fabriques, on est scrupuleux sur les laizes.

Il se dit aussi quelquefois de La largeur même. Ce châle cinq quarts a bien sa laize.

LAMA. s. m.

LAMA. s. m. Nom des prêtres de Bouddha, au Thibet et chez les Mongols. Les lamas sont regardés comme des incarnations de différentes divinités. Les peuples qui adorent le grand lama.

LAMA ou LLAMA. s. m.

LAMA ou LLAMA. s. m. (On mouille les deux L.) T. d' Hist. nat. Quadrupède ruminant du Pérou, semblable à un petit chameau, mais sans bosse. Le lama était, au Pérou, la seule bête de somme, avant la conquête de ce pays par les Espagnols.

LAMANAGE. s. m.

LAMANAGE. s. m. T. de Marine. Travail, profession des pilotes lamaneurs.

LAMANEUR. s. m.

LAMANEUR. s. m. Pilote qui connaît particulièrement l' entrée d' un port, et qui y réside pour conduire les navires étrangers à l' entrée et à la sortie. On dit aussi, Locman.

Il s' emploie quelquefois adjectivement. Pilote lamaneur.

LAMANTIN. s. m.

LAMANTIN. s. m. Voyez LAMENTIN.

LAMBEAU. s. m.

LAMBEAU. s. m. Morceau, pièce d' une étoffe déchirée. Son habit est tout en lambeaux, s' en va en lambeaux, par lambeaux. Il y a laissé un lambeau de son habit.

Il se dit aussi Des morceaux de chair déchirée. Sa chair tombait par lambeaux, en lambeaux.

Il signifie figurément, Partie détachée, fragment, débris. On n' a retenu que quelques lambeaux de ce discours. Il a arraché un lambeau de cette succession. Plusieurs États se formèrent des lambeaux de l' empire romain.

LAMBEL. s. m.

LAMBEL. s. m. T. de Blason. Certaine brisure dont les puînés chargent en chef les armes de leur maison.

LAMBIN, INE. subst.

LAMBIN, INE. subst. Celui, celle qui agit habituellement avec lenteur. C' est un vrai lambin. C' est une lambine. Il est familier.

Il s' emploie aussi adjectivement. Êtes-vous assez lambin? Je n' ai pas vu d' homme plus lambin.

LAMBINER. v. n.

LAMBINER. v. n. Agir lentement. Il ne fait que lambiner. Il est familier.

LAMBOURDE. s. f.

LAMBOURDE. s. f. T. de Charpent. Pièce de bois de charpente qui sert à soutenir un parquet ou les ais d' un plancher. Poser des lambourdes. Mettre du plâtre entre les lambourdes.

Il se dit aussi Des pièces de bois qu' on met le long des murs ou des poutres, pour soutenir les bouts des solives, lorsqu' ils n' entrent pas dans les murs ou ne portent pas sur les poutres.

LAMBOURDE

LAMBOURDE se dit aussi, en Maçonnerie, d' Une espèce de pierre tendre et calcaire. Lambourde d' Arcueil, de Saint-Maur, etc.

LAMBREQUINS. s. m. plur.

LAMBREQUINS. s. m. plur. T. de Blason. Ornements qui pendent du casque et entourent l' écu.

LAMBREQUINS

LAMBREQUINS en termes d' Architecture, Découpures de bois ou de tôle, imitant le coutil et couronnant un pavillon, une tente, un store, etc.

LAMBRIS. s. m.

LAMBRIS. s. m. Revêtement de menuiserie, de marbre, de stuc, etc., sur les murailles d' une salle, d' une chambre, etc. Les panneaux de ce lambris sont de bois de sapin, et les pilastres de chêne. Ce lambris est de marbre de diverses couleurs. Ce lambris est peint en blanc, avec des moulures dorées. Lambris de stuc.

Lambris d' appui, Lambris de deux à trois pieds de haut qui règne autour d' une pièce. Les lambris d' appui de la salle à manger sont de marbre, ceux du salon sont de chêne.

Lambris feint, Imitation d' un lambris par le moyen de la peinture.

LAMBRIS

LAMBRIS se dit également d' Un enduit de plâtre fait au dedans d' un grenier, d' un galetas, sur des lattes jointives clouées aux chevrons.

LAMBRIS

LAMBRIS se dit aussi d' Un revêtement de menuiserie appliqué aux solives d' une salle, d' une chambre, etc., et où l' on forme quelquefois des caissons. Des lambris peints et dorés. On dit dans le même sens, Lambris de plafond.

Par extension et poétiq., De vastes lambris, des lambris dorés, de riches lambris, etc., se dit De la décoration intérieure d' une maison vaste et magnifique. Le bonheur se trouve rarement sous les lambris dorés.

Fig., en poésie, Le céleste ou les célestes lambris, Le ciel.

LAMBRISSAGE. s. m.

LAMBRISSAGE. s. m. Ouvrage de celui qui a lambrissé. Le lambrissage de cette pièce est riche, est beau, a coûté beaucoup de peine, de temps, d' argent.

LAMBRISSER. v. a.

LAMBRISSER. v. a. Revêtir de lambris. Lambrisser de bois les murs d' une chambre à coucher, d' un cabinet. Lambrisser de marbre ou de stuc une salle à manger. Lambrisser de plâtre un galetas. Faire lambrisser un plafond.

LAMBRISSÉ, ÉE. participe

LAMBRISSÉ, ÉE. participe Chambre lambrissée, se dit particulièrement d' Une chambre sous le toit, dont l' intérieur est revêtu d' un enduit de plâtre.

LAMBRUCHE ou LAMBRUSQUE. s. f.

LAMBRUCHE ou LAMBRUSQUE. s. f. Espèce de vigne sauvage.

LAME. s. f.

LAME. s. f. Morceau de métal plat, de peu d' épaisseur, et ordinairement plus long que large. Lame de cuivre, d' étain, de plomb, d' argent, d' or. Une inscription, une épitaphe gravée sur une lame de cuivre, etc.

LAME

LAME se dit aussi, surtout au pluriel, de L' or ou de l' argent trait, battu, ou aplati entre deux cylindres, qu' on fait entrer dans la fabrication de quelques étoffes, de quelques broderies, de quelques galons, pour les rendre plus riches et plus brillants. La robe de cette femme était toute couverte de lames. Il y a beaucoup de lames et de paillettes dans cette broderie. Mousseline brodée de lames.

Il se dit quelquefois par analogie, en termes d' Histoire naturelle, Des parties minces et plates, des espèces de feuillets qui garnissent ou composent certaines productions naturelles. Les lames qui garnissent le chapeau des agarics. Une pierre qui peut aisément se partager en lames.

Les lames d' un trictrac, Les languettes pointues qui sont tracées au fond du trictrac. On les nomme plus ordinairement Flèches.

LAME

LAME signifie aussi, Le fer de l' épée. Bonne lame. Lame fine, pesante, légère. Lame de Vienne, d' Espagne, de Damas. Lame vidée. Lame de bonne trempe. Lame tranchante. Lame damasquinée. La lame se cassa. La lame est faussée.

Fig. et fam., C' est une bonne lame, se dit D' un homme qui manie bien l' épée; et, C' est une fine lame, D' une femme fine et rusée.

Prov. et fig., La lame use le fourreau, se dit Des personnes en qui une grande activité d' âme ou d' esprit nuit à la santé.

LAME

LAME se dit également Du fer de plusieurs autres armes, et de beaucoup d' instruments propres à percer, tailler, couper, trancher, raser, gratter, etc. Lame de sabre, de couteau de chasse, de poignard, de baïonnette, de fleuret. Lame de couteau, de canif, de rasoir, de lancette, de grattoir, de serpette. Couteau à deux lames. Couteau à lame d' acier, de fer, d' or, d' argent. Lame ébréchée, dentelée, épointée. Lame à deux tranchants.

LAME

LAME en termes de Marine, Une vague de la mer. Il vint une lame qui couvrit le vaisseau. La lame vient du large. Lame longue. Lame courte. La tempête était si forte, que les lames entraient dans le vaisseau.

LAMÉ, ÉE. adj.

LAMÉ, ÉE. adj. Il ne se dit que Des étoffes enrichies de lames d' or ou d' argent. Étoffe lamée, lamée d' or, lamée d' argent. Elle portait ce jour-là une robe lamée d' or.

LAMELLÉ, ÉE et plus souvent LAMELLEUX, EUSE. adj.

LAMELLÉ, ÉE et plus souvent LAMELLEUX, EUSE. adj. (On fait sentir les deux LL.) T. d' Hist. nat. Qui est garni de lames ou feuillets, ou Qui se laisse diviser en lames, en feuilles. Le chapeau de certains champignons est lamellé en dessous. Le talc est lamelleux. L' ardoise est une pierre lamelleuse.

LAMENTABLE. adj. des deux genres

LAMENTABLE. adj. des deux genres Déplorable, qui mérite d' être pleuré. Une mort lamentable. Un accident lamentable. Un sort lamentable.

Il signifie aussi quelquefois, Douloureux, qui porte à la pitié. Un discours, un accent, un ton de voix lamentable. Une histoire lamentable. Des cris lamentables.

LAMENTABLEMENT. adv.

LAMENTABLEMENT. adv. D' un ton lamentable, d' un ton propre à exciter la pitié. Il nous conta ses adversités si lamentablement, que...

LAMENTATION. s. f.

LAMENTATION. s. f. Plainte accompagnée de gémissements et de cris. On n' entendit que lamentations. Souvent il signifie seulement, Expression de douleur et de regret. Après une longue lamentation. Il se répand en lamentations. Il fait d' éternelles lamentations sur la perte de son procès.

Les Lamentations de Jérémie, Sorte de poëme que ce prophète a fait sur la ruine de Jérusalem. On chante à Ténèbres les Lamentations de Jérémie.

LAMENTER. v. a.

LAMENTER. v. a. Déplorer, regretter avec plaintes et gémissements. Lamenter la mort de ses parents, la ruine de sa patrie. Lamenter son malheur. Dans le sens actif, il n' est guère usité qu' en poésie.

Il s' emploie plus ordinairement avec le pronom personnel. Vous vous lamentez en vain. Des femmes qui se lamentaient. Il se lamente sans cesse sur la perte de son emploi.

Il se prend aussi neutralement. Vous avez beau pleurer et lamenter. Cet emploi est peu usité.

LAMENTÉ, ÉE. participe

LAMENTÉ, ÉE. participe

LAMENTIN. s. m.

LAMENTIN. s. m. (Quelques-uns écrivent, Lamantin.) Animal vivipare marin qui n' a que les extrémités de devant, et dont les mamelles sont sous la poitrine. On a pris quelquefois la femelle du lamentin pour une femme marine.

LAMIE. s. f.

LAMIE. s. f. Espèce de requin, de squale d' une grandeur extraordinaire. Il y a des lamies qui pèsent jusqu' à trente milliers.

Il se dit aussi de Certains êtres fabuleux qui passaient, chez les anciens, pour dévorer les enfants, et qu' on représentait ordinairement avec une tête de femme et un corps de serpent.

LAMINAGE. s. m.

LAMINAGE. s. m. Action de laminer.

LAMINER. v. a.

LAMINER. v. a. Réduire un métal en lame, en lui donnant une épaisseur uniforme par une compression toujours égale. Laminer du plomb.

LAMINÉ, ÉE. participe

LAMINÉ, ÉE. participe

LAMINOIR. s. m.

LAMINOIR. s. m. Machine composée de deux cylindres d' acier, entre lesquels on fait passer des lames de métal, pour en réduire plus ou moins l' épaisseur, suivant qu' on rapproche plus ou moins les cylindres. Métal passé au laminoir, par le laminoir.

LAMPADAIRE. s. m.

LAMPADAIRE. s. m. T. d' Hist. ancienne. Nom d' un officier qui portait des flambeaux devant l' empereur, l' impératrice, et devant quelques autres personnes considérables.

LAMPADAIRE

LAMPADAIRE se dit aussi d' Une espèce de lustre ou de candélabre propre à soutenir des lampes. Les lampadaires sont ordinairement de bronze.

LAMPADISTE. s. m.

LAMPADISTE. s. m. T. d' Antiq. On appelait ainsi, chez les Grecs, Ceux qui disputaient le prix à la course des flambeaux.

LAMPADOPHORE. s. m.

LAMPADOPHORE. s. m. T. d' Antiq. On nommait ainsi, chez les Grecs, Ceux qui portaient les lumières dans les cérémonies religieuses.

Il se dit aussi dans le même sens que Lampadiste.

LAMPAS. s. m.

LAMPAS. s. m. Étoffe de soie qu' on tirait originairement de la Chine, et qui est en général à grands dessins d' une couleur différente de celle du fond. Le lampas sert surtout à l' ameublement.

LAMPAS. s. m.

LAMPAS. s. m. T. d' Art vétérinaire. Engorgement ou allongement de la membrane qui tapisse le palais du cheval près des dents incisives. C' est ce qu' on nomme autrement Fève. Ce cheval ne mangera que quand vous lui aurez ôté le lampas.

Pop., Humecter le lampas, Se mouiller le palais, boire du vin. Il humecte volontiers le lampas.

LAMPE. s. f.

LAMPE. s. f. Vase, ustensile où l' on met une mèche et de l' huile pour éclairer. Lampe de terre, de bronze, de cuivre, d' argent, de verre, de cristal. Lampe portative. Lampe de nuit. Lampe à l' antique. Lampe sépulcrale. Lampe à double courant d' air. Lampe astrale. Lampe à becs, à plusieurs becs. Lampe à pompe. Lampe de mineur. Lampe à l' esprit-de-vin. Allumer, éteindre, moucher, entretenir une lampe. Mettre de l' huile dans la lampe. Il y a une lampe qui brûle toujours devant cet autel. Les émailleurs travaillent au feu de la lampe. Les chimistes se servent du feu de lampe.

Fig. et fam., Il n' y a plus d' huile dans la lampe, se dit D' une personne qui se meurt d' épuisement, dont les forces naturelles s' éteignent.

Fig. et fam., Veiller comme une lampe, se dit D' une personne qui aime à veiller.

Prov. et fig., Il ne faut pas mettre la lampe allumée sous le boisseau, Il ne faut ni ôter ni refuser à autrui les moyens de s' éclairer, de s' instruire.

En Architecture, Cul-de-lampe, Certain ornement de lambris ou de voûte, qui est fait comme le dessous d' une lampe d' église. Il se dit aussi de Certains cabinets saillants en dehors d' une maison, et dont la partie inférieure a cette forme.

En Imprimerie, Cul-de-lampe, Ornement, aujourd' hui peu employé, qui se termine ordinairement en pointe, et qui servait principalement à remplir le blanc de la page où finissait un livre, un chapitre, etc. Édition ornée de vignettes, fleurons et culs-de-lampe.

LAMPÉE. s. f.

LAMPÉE. s. f. Grand verre de vin. Il en avala cinq ou six lampées. Il est populaire.

LAMPER. v. a.

LAMPER. v. a. Boire avidement de grands verres de vin. En un instant il eut lampé cinq ou six verres de vin. On peut l' employer absolument. Il aime à lamper. Il est populaire.

LAMPÉ, ÉE. participe

LAMPÉ, ÉE. participe

LAMPERON. s. m.

LAMPERON. s. m. Petit tuyau ou languette qui tient la mèche dans une lampe.

LAMPION. s. m.

LAMPION. s. m. Petit vaisseau de terre, de fer-blanc ou de verre, dans lequel on met du suif ou de l' huile avec une mèche, pour faire des illuminations.

LAMPION

LAMPION signifie aussi, Le vase de verre qu' on suspend au milieu des lampes d' église, entre le panache et le culot.

LAMPISTE. s. m.

LAMPISTE. s. m. Ouvrier qui fait et vend des lampes.

LAMPROIE. s. f.

LAMPROIE. s. f. Poisson de mer, de forme cylindrique et allongée, qui a, de chaque côté, sept trous pour la respiration, et qui, au printemps, remonte les fleuves et les rivières. Grosse lamproie. Petite lamproie.

LAMPROYON ou LAMPRILLON. s. m.

LAMPROYON ou LAMPRILLON. s. m. Espèce de petite lamproie. Manger des lamproyons.

LANCE. s. f.

LANCE. s. f. Arme d' hast, ou à long bois, qui est terminée par un fer pointu, et qui est fort grosse vers la poignée. La poignée, le tronçon de la lance. Le bois, le fer de la lance. Faire la levée de la lance. Tenir la lance en arrêt. Lance de combat, de joute, de tournoi. Coucher, baisser la lance. Il rompit trois lances pour les dames. Il l' abattit d' un coup de lance. Les champions brisèrent leurs lances. Les lances volèrent en éclats. Ils venaient, l' un contre l' autre, lances baissées ou à lances baissées. Un beau coup de lance. Il combattit avec la lance et l' écu.

Lance brisée, Lance dont on se servait dans les joutes, et qui était à demi sciée près du bout, en sorte qu' elle pouvait facilement se briser.

Lance à outrance, ou Lance à fer émoulu, Lance dont le fer était pointu, et avec laquelle on combattait à outrance. Lance courtoise, ou Lance mousse, ou Lance frétée, ou Lance mornée, Lance dont le fer n' était pas pointu, et qui était garnie au bout d' une sorte d' anneau qu' on appelait Frette ou Morne.

En termes de Manége, La main de la lance, La main droite du cavalier. Le pied de la lance, Le pied droit du cheval. Fig., Coup de lance, Marque naturelle que quelques chevaux ont entre le poitrail et l' épaule.

Fig. et fam., Baisser la lance, Fléchir, mollir, se relâcher. Il a tenu bon plus d' un an, mais enfin il a baissé la lance. On dit aussi, Baisser la lance devant quelqu' un, Lui céder, reconnaître sa supériorité.

Prov. et fig., Rompre une lance, rompre des lances pour quelqu' un, Le défendre contre ceux qui l' attaquent. On vous attaquait rudement dans cette compagnie, j' ai rompu bien des lances pour vous. On dit dans un sens différent, Rompre une lance avec quelqu' un, contre quelqu' un, Disputer avec lui.

Prov. et fig., Il est venu, il est retourné à beau pied sans lance, Il est venu, il est retourné à pied.

Prov. et fig., Le royaume de France ne peut tomber de lance en quenouille, Les femmes ne peuvent hériter du trône de France.

LANCE

LANCE se prenait autrefois pour Un gendarme armé d' une lance. Une compagnie de cent lances.

Lance fournie, s' est dit d' Un homme d' armes ayant tout son accompagnement, qui consistait en un certain nombre de soldats, de valets et de chevaux.

LANCE

LANCE se dit aujourd' hui d' Une longue pique dont certains corps de cavalerie sont armés. Ce régiment a reçu sa fourniture de lances. La lance d' un Cosaque.

Lance de drapeau, d' étendard, Bâton surmonté d' un fer de lance, et auquel est attaché le drapeau, l' étendard.

LANCE

LANCE se dit aussi d' Un long bâton garni d' un tampon, pour jouter sur l' eau.

Lance à feu, Fusée emmanchée qui sert à mettre le feu à une pièce d' artillerie ou d' artifice.

LANCE

LANCE se dit encore d' Un météore igné dont la forme est à peu près celle d' une lance.

LANCE

LANCE se dit en outre de Deux instruments de chirurgie, dont l' un sert à faire l' opération de la fistule lacrymale, et l' autre à percer la tête du foetus mort et arrêté au passage.

LANCÉOLÉ, ÉE. adj.

LANCÉOLÉ, ÉE. adj. T. de Botan. Qui a la forme d' un fer de lance. C' est une plante à feuilles lancéolées.

LANCER. v. a.

LANCER. v. a. Darder, jeter en avant avec force, avec roideur, pour atteindre au loin. Lancer un trait, un dard, un javelot. Les anciens, dans les combats, lançaient des dards, des traits et des javelots. Lancer une pierre, des pierres, une grêle de pierres, de traits, etc. Lancer une balle contre un mur. Les balistes, les catapultes servaient à lancer de grosses pierres. Poétiquement et dans le style soutenu: Dieu lance le tonnerre, lance la foudre. Le soleil lance ses rayons sur la terre. Etc.

LANCER

LANCER s' emploie aussi figurément. Lancer un regard de colère. Lancer des oeillades. Lancer des traits de raillerie. Lancer une épigramme, des épigrammes contre quelqu' un. Ils se sont lancé mille traits des plus piquants. Lancer un monitoire, une bulle, un interdit, un mandement, un anathème. Lancer une brochure, une satire, un pamphlet contre quelqu' un.

En termes de Vénerie, Lancer la bête, le cerf, le sanglier, le loup, le lièvre, etc., Les faire sortir de l' endroit où ils sont, pour leur donner les chiens.

En termes de Marine, Lancer un vaisseau à la mer, dans un fleuve, etc., Le faire descendre du chantier à la mer, dans un fleuve, en le laissant glisser sur un plan incliné. Ce vaisseau lance bâbord, lance tribord, se dit D' un vaisseau qui, se détournant accidentellement de sa route, se jette à gauche ou à droite. Dans cette dernière phrase, Lancer est employé neutralement.

En termes de Manége, Lancer un cheval, Le faire partir très-vite, au galop.

LANCER

LANCER s' emploie aussi avec le pronom personnel, et signifie, Se jeter avec impétuosité, avec effort. Il se lança au travers des ennemis. Il se lança dans le bois. Il se lança le premier dans l' eau. Ils se sont lancés l' un sur l' autre.

Fig. et fam., Se lancer dans le monde, dans la littérature, dans les affaires, Y entrer, s' y produire, s' y jeter avec peu de réflexion.

LANCE, ÉE. participe

LANCE, ÉE. participe

LANCETTE. s. f.

LANCETTE. s. f. Instrument de chirurgie, servant à ouvrir la veine, à percer un abcès, etc. Donner un coup de lancette. Enfoncer la lancette bien avant. Percer, ouvrir un abcès avec une lancette.

LANCIER. s. m.

LANCIER. s. m. Cavalier dont l' arme principale est une lance. On a levé un régiment de lanciers.

LANCINANT, ANTE. adj.

LANCINANT, ANTE. adj. T. de Médecine. Il n' est guère usité que dans cette locution, Douleur lancinante, Douleur qui se fait sentir par élancements.

LANDAMMAN. s. m.

LANDAMMAN. s. m. (On prononce Landamane.) Titre du premier magistrat dans quelques républiques de la Suisse. Les fonctions de landamman sont temporaires. Il a été élu landamman.

LANDAU ou LANDAW. s. m.

LANDAU ou LANDAW. s. m. Sorte de voiture à quatre roues, dont le dessus est formé de deux soufflets, qui se replient à volonté. Découvrir un landau. Il se promenait dans un landau fort élégant. Des landaus.

LANDE. s. f.

LANDE. s. f. Grande étendue de terre inculte et stérile. Ce pays n' est qu' une lande. Les landes de Bordeaux. Un pays plein de landes. Au milieu des landes. Changer des landes en pâturages.

LANDGRAVE. s. m.

LANDGRAVE. s. m. Titre, dignité de quelques princes d' Allemagne. Ce nom signifie, Comte du pays. Le landgrave de Hesse.

LANDGRAVIAT. s. m.

LANDGRAVIAT. s. m. État, pays soumis à un landgrave. Le landgraviat de Hesse.

LANDIER. s. m.

LANDIER. s. m. Gros chenet de fer servant à la cuisine.

LANDWEHR. s. f.

LANDWEHR. s. f. Nom donné, en Prusse, et dans d' autres États de l' Allemagne, à une partie de la population qui est armée pour servir d' auxiliaire aux troupes de ligne. La landwehr reçut l' ordre de marcher.

LANERET. s. m.

LANERET. s. m. Oiseau de proie, le mâle du lanier.

LANGAGE. s. m.

LANGAGE. s. m. Emploi que l' homme fait des sons et des articulations de la voix, pour exprimer ses pensées et ses sentiments. On a publié de nombreux écrits sur l' origine du langage.

Il se dit, par extension, Des cris, du chant, etc., dont les animaux se servent pour se faire entendre. Les oiseaux ont une sorte de langage. Le langage des bêtes.

LANGAGE

LANGAGE se dit, figurément, de Tout ce qui sert à exprimer des idées et des sensations. Langage du geste, des yeux. Langage d' action. Les yeux ont un langage très-expressif. En Turquie, on forme avec les fleurs un langage symbolique. La pantomime est un langage. La peinture est un langage muet. On a composé, pour les sourds-muets, un langage au moyen de divers mouvements de la main et des doigts.

LANGAGE

LANGAGE se dit aussi de L' idiome d' une nation. Le langage des Turcs. Le langage persan. Personne n' entend ce langage. C' est un langage barbare, un langage inconnu.

Il signifie également, Discours, style, manière de s' exprimer. Langage naïf, pur, simple, sans ornement. Langage figuré, allégorique, mystique, poétique, orné, affecté, fleuri, pompeux. Langage obscur, incorrect. Cela est écrit en beau langage, en vieux langage. La pureté, la correction du langage. Les beautés, les agréments, les finesses, les irrégularités, les anomalies, les vices du langage. Dénaturer, défigurer, corrompre le langage. Faire des fautes de langage.

LANGAGE

LANGAGE signifie encore, La manière dont on parle de quelque chose, eu égard au sens plutôt qu' aux mots ou à la diction. Vous me tenez là un étrange langage. Ce langage-là ne me plaît point. Je n' entends point ce langage. Je vous ferai bien changer de langage. Il a bien changé de langage. Il tient maintenant un autre langage. Le langage de la religion, du barreau, des cours. Le langage de l' Écriture sainte. Le langage des Pères, des théologiens scolastiques. Ce n' est pas là le langage d' un homme de bien. Voilà bien le langage de la passion. Vous tenez là le langage de la peur, de la présomption, etc. Emprunter le langage de la bienveillance. Composer son langage. Quittez ce langage qui ne s' accorde point avec votre sincérité. Ces gens-là se sont bien concertés, ils n' ont tous qu' un même langage.

LANGE. s. m.

LANGE. s. m. Morceau d' étoffe ou de toile, dont on enveloppe les enfants au berceau. Des langes fins, de beaux langes. Un lange de futaine, de molleton, de piqué. Grâce aux conseils éloquents de J. J. Rousseau, les enfants ne sont plus gênés, serrés dans leurs langes, comme ils l' étaient autrefois.

LANGOUREUSEMENT. adv.

LANGOUREUSEMENT. adv. D' une manière langoureuse. Regarder langoureusement.

LANGOUREUX, EUSE. adj.

LANGOUREUX, EUSE. adj. Qui est en langueur. Il a été longtemps malade, il est encore tout langoureux. Il est peu usité en ce sens.

Par dérision, Faire le langoureux auprès d' une femme, Lui faire la cour d' une manière doucereuse et fade.

LANGOUREUX

LANGOUREUX signifie aussi, Qui marque de la langueur. Il a un air langoureux. Il parle d' un ton langoureux. Un regard langoureux. Des vers langoureux.

LANGOUSTE. s. f.

LANGOUSTE. s. f. Sorte d' écrevisse de mer, à corselet épineux. Manger des langoustes.

LANGUE. s. f.

LANGUE. s. f. Cette partie charnue et mobile qui est dans la bouche, et qui est le principal organe du goût et de la parole. La langue d' un homme, d' un oiseau, d' un cheval, d' un poisson. La pointe ou le bout, le dessus, le dessous de la langue. Le filet ou le frein de la langue. Grosse langue. Langue épaisse, mince, déliée, pointue. Avoir la langue sèche, rude, chargée, pâteuse, noire et enflée. Remuer, tirer, montrer la langue. Tirer la langue par dérision. Se brûler, se mordre, s' écorcher la langue. Arracher, percer, couper la langue à quelqu' un. On l' a saigné sous la langue. Les chiens lèchent et guérissent leurs plaies avec la langue. Les serpents dardent leur langue. Des langues de mouton, de boeuf, de porc. Accommoder des langues en ragoût. Un ragoût de langues. Langues fumées, fourrées, farcies.

En termes de Chasse et de Manége, Donner de la langue, Appeler, exciter le chien, le cheval, par un bruit qui se fait en appuyant fortement la langue contre le palais et en la retirant vivement. On dit dans un sens analogue, mais seulement en termes de Manége, Aides, appel de la langue.

Prov., Je lui verrais tirer la langue d' un pied de long, que je ne lui donnerais pas un verre d' eau, se dit en parlant D' une personne dont on n' a nulle compassion.

Fam., Avoir soif à avaler sa langue, Avoir une grande soif.

Fam., Ennuyeux à avaler sa langue, se dit De ce qu' on ne peut voir, entendre ou lire, sans éprouver un excessif ennui.

Fam., Mince comme la langue d' un chat, comme une langue de chat, se dit D' une chose mince et déliée.

Avoir la langue grasse, Avoir la langue épaisse, éprouver quelque embarras dans la prononciation, prononcer mal certaines consonnes, principalement les r. On dit plus ordinairement aujourd' hui, dans le même sens, Parler gras, grasseyer.

Fam., Avoir la langue bien pendue, Avoir une grande facilité de parler.

Fig. et fam., Avoir la langue bien affilée, Parler beaucoup et avec facilité, avoir beaucoup de babil.

Avoir une grande volubilité de langue, Parler avec une grande rapidité.

Cette opération lui a dénoué la langue, Elle lui a donné plus de facilité pour parler.

Fig., Dénouer, délier la langue à quelqu' un, Faire rompre le silence à quelqu' un qui voulait le garder. La peur lui avait lié la langue, l' argent la lui a dénouée, la lui a déliée.

Fam., La langue lui va toujours, Cette personne babille continuellement.

Fam., Il a bien de la langue, il a la langue bien longue, il ne saurait tenir sa langue, Il parle beaucoup, il dit tout ce qu' il sait, il ne saurait garder un secret.

Par exclamation, Quelle langue! Quel bavard! quelle bavarde!

Fig. et fam., Il a la langue dorée, c' est une langue dorée, se dit De quelqu' un qui tient des discours faciles, élégants, propres à séduire.

Fig. et fam., N' avoir point de langue, se dit D' une personne qui parle très-peu, ou qui, devant parler, garde le silence. Il n' a point de langue. Vous ne dites rien, est-ce que vous n' avez pas de langue?

Être maître, n' être pas maître de sa langue, Savoir, ne pas savoir se taire. Il est trop peu maître de sa langue, pour que je lui confie mon secret.

Ne pas savoir conduire sa langue, mal gouverner sa langue, Dire des choses qu' il faudrait taire, commettre des indiscrétions.

Fam., La langue lui a fourché, se dit en parlant D' une personne qui, par méprise, a prononcé un mot pour un autre à peu près semblable.

Fam., Avoir un mot sur la langue, sur le bout de la langue, Croire qu' on est près de trouver, de dire un mot qu' on cherche dans sa mémoire.

Fig., C' est une mauvaise langue, une méchante langue, une langue dangereuse, une langue de serpent, une langue de vipère, se dit D' une personne qui aime à médire, à déchirer la réputation d' autrui.

Fig. et fam., Coup de langue, Médisance ou mauvais rapport que l' on fait. Donner un coup de langue, le coup de langue. Prov., Un coup de langue est pire qu' un coup de lance.

Fig. et fam., Donner du plat de la langue, Faire de belles promesses qu' on n' a pas dessein d' exécuter. Faire merveilles du plat de la langue, Chercher à étonner, à étourdir par de grandes phrases, par des récits extraordinaires. Ces deux phrases sont peu usitées.

Fig. et fam., Se mordre la langue, S' arrêter au moment de dire ce qu' on ne doit pas ou ce qu' on ne veut pas exprimer. J' allais lui dire quelque chose de mortifiant, mais je me suis mordu la langue.

Fig. et fam., Se mordre la langue d' avoir parlé, S' en repentir. Je n' ai pas eu plutôt lâché cette parole, que je m' en suis mordu la langue.

Prov., Il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler, Il faut, avant de parler, mûrement réfléchir.

Prov., Beau parler n' écorche point la langue, Il est toujours bon de parler honnêtement.

Prov. et fig., Jeter sa langue aux chiens, Renoncer à deviner quelque chose. Votre énigme est trop difficile, je jette ma langue aux chiens. Jetez-vous votre langue aux chiens? je vous dirai le mot.

Prov., Qui langue a, à Rome va, Qui sait parler, s' expliquer, peut aller partout.

Prendre langue, S' informer de ce qui se passe, de l' état d' une affaire, du caractère, des dispositions de ceux avec qui l' on doit traiter. On envoya quelques gens en avant pour prendre langue. Quand on arrive dans un pays où l' on n' est jamais allé, on a besoin de prendre langue. Avant que de s' engager dans cette affaire, il est bon de prendre langue.

LANGUE

LANGUE signifie aussi, L' idiome d' une nation. La langue grecque, la langue latine, la langue française, etc. Les langues orientales. Une belle langue. Une langue abondante, riche, féconde, harmonieuse, douce, sonore. Une langue stérile, pauvre, rude, dure, sifflante, barbare. Une langue énergique, forte, pompeuse. Cette langue est fort répandue. Cette langue a cours dans tout l' Orient. La langue italienne s' est formée de la langue latine. Enrichir, polir, perfectionner, fixer, altérer, appauvrir une langue. La richesse, la beauté, la politesse d' une langue. Le génie, le caractère, les étymologies, les dialectes, la grammaire, la syntaxe, l' orthographe, la prosodie d' une langue. La pureté de la langue. Les propriétés de la langue. Étudier, apprendre, oublier une langue. Il sait bien cette langue. Il parle bien, il écrit bien sa langue. Il parle plusieurs langues. L' origine, la formation, la multiplication, la diversité des langues. L' étude des langues. La confusion des langues à la tour de Babel. Les apôtres avaient le don des langues. Professeur en langue grecque, en langue hébraïque. Écrit en langue latine, en langue grecque, en langue arabe. Enseigner les langues. Langue corrompue, dégénérée.

Prov., L' usage est le tyran des langues, L' usage prévaut sur les règles de la grammaire.

Prov., On ne s' entend pas, c' est la confusion des langues, se dit D' une conversation où tout le monde parle à la fois.

Langue primitive, Celle qu' on suppose que les hommes ont parlée la première. Les nombreuses dissertations des érudits n' ont pu nous conduire à savoir quelle était la langue primitive.

Langue primitive ou originelle, se dit aussi de Celle qu' on suppose ne s' être formée d' aucune autre.

Langue mère ou matrice, Celle qui, n' étant formée d' aucune autre langue connue, a servi à en former d' autres. Et, par opposition, Langue dérivée, Celle qui est formée d' une autre.

Langue morte, Celle qu' un peuple a parlée, mais qui n' existe plus que dans les livres. Et, par opposition, Langue vivante, Celle qu' un peuple parle actuellement. On dit dans le même sens, Langue ancienne ou savante, par opposition à Langue moderne ou vulgaire.

Langue littérale. Voyez LITTÉRAL.

Langues sémitiques, Langues qu' on regarde comme ayant été parlées par les enfants de Sem et par leurs descendants. Ces langues sont l' hébreu et plusieurs autres sorties de la même source, telles que l' arabe, le syriaque, etc.

Langue naturelle ou maternelle, Celle du pays où l' on est né, par opposition à Langue étrangère, Celle d' un autre pays.

Langue nationale, Celle que parle généralement une nation, aussi par opposition à Langue étrangère.

La langue sainte, La langue hébraïque.

Langue sacrée, Toute langue dans laquelle sont écrits des livres qu' on suppose inspirés par la Divinité.

Langue transpositive, Celle où les rapports des mots entre eux sont indiqués par leurs terminaisons, et où, par conséquent, on n' est pas obligé de les placer suivant l' ordre analytique de la pensée. Le latin, le grec, sont des langues transpositives.

Langue philosophique, Langue où l' on suppose que la génération des mots suivrait exactement celle des pensées, où il n' y aurait ni anomalies, ni distinction du propre et du figuré, etc.

Langue universelle, Langue qui serait commune à tous les peuples. Leibnitz a conçu le projet d' une langue universelle. Le latin, qui est su des gens instruits de tous les pays, est une espèce de langue universelle.

Maître de langue, Celui qui enseigne une langue vivante. Maître de langue anglaise, de langue italienne.

Enfants de langue, jeunes de langue, Jeunes gens que quelques gouvernements entretiennent pour apprendre les langues orientales, et devenir capables de servir de drogmans.

LANGUE

LANGUE signifie quelquefois, Langage, manière de parler, abstraction faite de l' idiome dont on se sert. La poésie est la langue des dieux. Personne n' a mieux parlé que lui la langue du sentiment, la langue de l' amour.

LANGUE

LANGUE s' est dit autrefois Des différentes nations ou divisions de l' ordre de Malte. La langue de Provence, d' Auvergne, de France, d' Aragon, etc.

LANGUE

LANGUE se dit, par similitude, de Certaines choses qui ont la forme d' une langue. Le Saint-Esprit est descendu sur les apôtres en langues de feu.

Langue de terre, Certain espace de terre beaucoup plus long que large, qui ne tient que par un bout aux autres terres, et qui est environné d' eau de tous les autres côtés. Il y a sur la côte de Provence plusieurs langues de terre qui s' avancent dans la mer. Il se dit aussi Des pièces de terre longues et étroites qui sont enclavées dans d' autres terres. Il y a une langue de terre labourable qui traverse la prairie.

Langue-de-cerf, ou Scolopendre, Plante de la famille des Capillaires.

Langue-de-chien. Voy. CYNOGLOSSE.

Langue-de-serpent, ou Ophioglosse, Plante ainsi nommée parce qu' elle a une double feuille, dont la plus petite a quelque rapport avec la langue d' un serpent. Il se dit aussi Des dents de poisson pétrifiées; et, en ce sens, il est synonyme de Glossopètre.

LANGUETTE. s. f.

LANGUETTE. s. f. Ce qui est taillé, découpé, etc., en forme de petite langue. Tailler un morceau d' étoffe en languette.

LANGUETTE

LANGUETTE signifie aussi, Une petite pièce mobile de métal, qui, en s' élevant ou s' abaissant, ouvre ou ferme les trous faits à un instrument à vent. La languette d' un hautbois, d' une clarinette.

LANGUETTE

LANGUETTE signifie encore, Cette petite pièce de fer d' une balance, qui sert à marquer l' équilibre quand elle est d' aplomb. La languette d' une balance. On l' appelle aussi Aiguille.

LANGUETTE

LANGUETTE en termes de Maçonnerie, Séparation de quelques pouces d' épaisseur faite de pierres, de briques, ou de plâtre, dans l' intérieur des souches de cheminée, dans un puits mitoyen, etc. Diviser un puits, un tuyau de cheminée par une languette.

LANGUETTE

LANGUETTE en termes de Menuiserie, Espèce de tenon continu formé par le rabot sur l' épaisseur d' une planche, et fait pour entrer dans une rainure. Assemblage à languettes et rainures.

LANGUETTE

LANGUETTE en termes d' Orfévrerie, Petit morceau d' argent ou d' or que les orfévres laissent en saillie à chaque pièce qu' ils fondent, et qui sert à faire l' essai avant de marquer la pièce du poinçon légal.

LANGUEUR. s. f.

LANGUEUR. s. f. Abattement, état d' une personne faible et malade. Grande langueur. Langueur mortelle. Être en langueur. Tomber en langueur. Maladie de langueur. Il est dans un état de langueur qui nous afflige. Il est mort en langueur, de langueur.

LANGUEUR

LANGUEUR se dit aussi d' Une sorte d' abattement moral et physique, causé par les fatigues de l' esprit, par les peines de l' âme, et principalement par celles qui viennent de l' amour. L' excès du travail l' a mis dans un état de langueur dont il a peine à sortir. La mort de sa femme l' a jeté dans une langueur d' où rien ne peut le tirer. Une secrète langueur s' est emparée de son âme. Son âme est dans la langueur. Des yeux pleins de langueur, d' une amoureuse langueur.

Langueur d' estomac, État d' un estomac qui a perdu le ton, le ressort dont il a besoin pour bien faire ses fonctions.

Fig., Il y a de la langueur dans cet ouvrage, Souvent cet ouvrage manque de chaleur, de force, d' intérêt, de mouvement.

LANGUEURS au plur.

LANGUEURS au plur. se dit d' Un état d' affaiblissement, d' abattement. Il ne sent point les langueurs de l' âge. Les langueurs d' une vie sans occupation, sans attachement.

LANGUEYER. v. a.

LANGUEYER. v. a. Visiter la langue d' un porc, pour voir s' il est sain ou ladre. Langueyer un porc.

LANGUEYÉ, ÉE. participe

LANGUEYÉ, ÉE. participe

LANGUEYEUR. s. m.

LANGUEYEUR. s. m. Celui qui est commis pour langueyer les porcs. Le langueyeur doit dire si le porc est ladre ou non.

LANGUIER. s. m.

LANGUIER. s. m. La langue et la gorge d' un porc, quand elles sont fumées. Des languiers du Mans, d' Anjou. Une demi-douzaine de languiers.

LANGUIR. v. n.

LANGUIR. v. n. Être dans un état d' abattement et de faiblesse causé par quelque maladie qui ôte peu à peu les forces. Il est pulmonique, il y a trois ans qu' il languit. On languit long-temps de ce mal-là avant que d' en mourir. Il ne fait que languir.

Il signifie aussi, Souffrir de la continuité, de la durée d' un supplice, d' un châtiment, d' un besoin, d' un mal physique autre que la maladie. On le fit languir dans de cruels tourments. Tuez tout de suite cet animal, ne le faites pas languir. Languir de faim, de soif, de misère. Languir dans les fers, dans une prison, dans un long exil.

Il se dit, figurément, en parlant Des peines de l' esprit et de l' âme. Languir d' ennui. Languir d' amour. Languir dans l' attente d' un bien. Ne le faites pas languir après ce que vous lui avez promis.

LANGUIR

LANGUIR se dit aussi, figurément, Des végétaux qui ne sont pas en bon état, qui poussent faiblement, qui donnent peu de fruits. Cet arbre languit, ces fleurs languissent faute d' eau.

La nature languit, toutes choses languissent pendant l' hiver, La nature est alors comme engourdie.

LANGUIR

LANGUIR se dit encore, figurément, Des ouvrages d' esprit qui manquent de force, de chaleur, de vivacité. Ces vers languissent. Cette pièce commence bien, mais sur la fin elle languit. On dit aussi, fréquemment, dans des sens analogues: La conversation languissait, Personne ne soutenait la conversation, on la laissait tomber. Les nouvelles, les plaisirs languissent, Il y a peu de nouvelles importantes, il y a peu de divertissements. Les affaires languissent, On n' en fait guère. L' affaire languit, Elle traîne en longueur, on ne l' expédie point.

LANGUISSAMMENT. adv.

LANGUISSAMMENT. adv. D' une manière languissante, avec langueur. Il laissait tomber languissamment ses paroles. Il la regardait languissamment.

LANGUISSANT, ANTE. adj.

LANGUISSANT, ANTE. adj. Qui languit. Il est languissant dans un lit. Languissant dans une prison. Languissant d' ennui. Languissante d' amour. Cet enfant, cet oiseau est tout languissant.

Il se dit aussi Des choses, tant au sens physique qu' au sens moral. Vieillesse languissante. Santé languissante. État languissant. Voix languissante. Il mène une vie languissante. Le commerce est languissant. Ces vers sont froids et languissants. Style, discours languissant.

Regards languissants, Regards qui marquent beaucoup d' abattement ou beaucoup d' amour.

LANICE. adj. f.

LANICE. adj. f. Il n' est usité que dans cette expression, Bourre lanice, Bourre qui provient de la laine.

LANIER. s. m.

LANIER. s. m. La femelle du laneret, qui est une grande espèce de faucon. Le lanier était un oiseau de leurre.

LANIÈRE. s. f.

LANIÈRE. s. f. Sorte de courroie longue et étroite. La lanière d' un fouet.

LANIFÈRE. adj. des deux genres

LANIFÈRE. adj. des deux genres Qui porte de la laine. Il se dit Des animaux et des plantes qui produisent une matière laineuse ou cotonneuse.

LANISTE. s. m.

LANISTE. s. m. T. d' Antiq. On donnait ce nom à Celui qui achetait, formait ou vendait des gladiateurs.

LANSQUENET. s. m.

LANSQUENET. s. m. On appelait autrefois ainsi Un fantassin allemand. Une levée de lansquenets.

LANSQUENET

LANSQUENET se dit aussi d' Une sorte de jeu de hasard que l' on joue avec des cartes. Jouer au lansquenet.

LANTERNE. s. f.

LANTERNE. s. f. Ustensile de verre, de corne, de toile, ou d' autre matière transparente, dans lequel on enferme une lumière. Lanterne ronde, carrée. Lanterne de corne, de verre, de toile, de papier. Prendre, avoir, tenir, porter une lanterne. Lanternes de carrosse, de cabriolet. Lanternes à réverbères. Les maisons de Paris étaient autrefois taxées pour les boues et lanternes. Allumer, éteindre une lanterne.

Lanterne sourde, Sorte de lanterne faite de manière que celui qui la porte voit sans être vu, et qu' il en cache entièrement la lumière à volonté.

Prov. et fig., Il veut faire croire que des vessies sont des lanternes, Il veut faire croire des choses absurdes et bizarres.

Lanterne magique, Instrument d' optique qui, au moyen de lentilles et de verres peints, fait voir différents objets sur une toile ou sur une muraille blanche. Montrer la lanterne magique.

Fig. et fam., C' est une lanterne magique, une vraie lanterne magique, se dit D' une société où un grand nombre de personnes ne font que passer, et se succèdent les unes aux autres. On dit dans le même sens, Le monde est une lanterne magique.

LANTERNE

LANTERNE en termes d' Essayeur d' or et d' argent, Espèce de petite armoire dont le dessus et les côtés sont vitrés, pour empêcher l' action de l' air sur les trébuchets, ou balances très-fines, qui y sont placés.

LANTERNE

LANTERNE en termes d' Architecture, Sorte de tourelle ouverte par les côtés, posée sur le comble d' un édifice, et ordinairement au-dessus d' un dôme, d' une coupole. La lanterne du dôme des Invalides.

Il se dit également d' Une espèce de cage circulaire ou carrée, garnie de fenêtres et de vitraux, et placée au-dessus d' un édifice pour en éclairer l' intérieur par en haut. La lanterne de la salle de la bourse.

Il se dit encore d' Espèces de loges ou de cabinets qui sont placés dans quelques salles d' assemblées publiques, et d' où, sans être vu, on peut voir et écouter. Lorsque le roi tenait un lit de justice, ou qu' il y avait quelque autre acte public au parlement, les dames se plaçaient dans les lanternes de la grand' chambre.

LANTERNE

LANTERNE en Mécanique, signifie, Une petite roue formée de plusieurs fuseaux, dans laquelle engrènent les dents d' une autre roue.

LANTERNES

LANTERNES au pluriel,se dit, figurément et familièrement, de Fadaises, de contes absurdes, ridicules. Tout ce qu' il nous a dit là, ce sont des lanternes. Conter des lanternes.

LANTERNER. v. n.

LANTERNER. v. n. Être irrésolu en affaires, perdre le temps à des riens. Il ne fait que lanterner, et n' avance à rien. Il s' est amusé à lanterner.

Il s' emploie activement, et signifie, Remettre quelqu' un de jour en jour, l' amuser par de vaines paroles. Vous me lanternez depuis longtemps.

Il s' emploie aussi, activement et absolument, dans le sens de Tenir des discours frivoles et ridicules. Je ne sais ce qu' il me vient lanterner tous les jours. Qu' est-ce qu' il me vient lanterner? Il est familier dans toutes ses acceptions.

LANTERNÉ, ÉE. participe

LANTERNÉ, ÉE. participe

LANTERNERIE. s. f.

LANTERNERIE. s. f. Irrésolution, difficulté futile qui retarde quelque affaire. Il est d' une lanternerie qui ne finit point. Il a manqué son affaire à force de lanternerie. Il est familier.

Il signifie aussi, Fadaise, discours frivole et ridicule. Il ne nous a dit que des lanterneries.

LANTERNIER. s. m.

LANTERNIER. s. m. Celui qui fait des lanternes; Celui qui est chargé d' allumer les lanternes publiques. Il est peu usité dans ces deux sens.

Il se dit, figurément et familièrement, d' Un homme irrésolu, indéterminé en toutes choses, avec qui l' on ne peut rien conclure. Vous ne finirez jamais rien avec lui, c' est un lanternier, un franc lanternier. Ce n' est qu' un lanternier.

Il signifie aussi, Diseur de fadaises. N' écoutez point ce qu' il dit, c' est un lanternier, un vrai lanternier. Qui est le lanternier qui vous a dit cette nouvelle?

LANTIPONNAGE. s. m.

LANTIPONNAGE. s. m. Action de lantiponner, discours frivole et importun. Point de lantiponnage. Il est populaire.

LANTIPONNER. v. n.

LANTIPONNER. v. n. Tenir des discours frivoles, inutiles et importuns. Il ne fait que lantiponner, au lieu de venir au fait. Il est populaire.

Il s' emploie aussi activement. Que me vient-il lantiponner?

LANTIPONNÉ, ÉE. participe

LANTIPONNÉ, ÉE. participe

LANTURLU ou LANTURELU.

LANTURLU ou LANTURELU. Façon de parler tirée d' un refrain de chanson, et qui n' a aucun sens propre. On l' emploie pour marquer un refus accompagné de mépris, ou pour indiquer une réponse évasive. Il lui a répondu lanturlu. Il est familier.

LANUGINEUX, EUSE. adj.

LANUGINEUX, EUSE. adj. T. de Botanique. Il se dit De toutes les parties des plantes, feuilles, fruits, tiges, etc., qui sont couvertes d' une espèce de duvet semblable à la laine ou au coton. La pêche est un fruit lanugineux. Les feuilles de la guimauve sont lanugineuses.

LAPER. v. n.

LAPER. v. n. Boire en tirant avec la langue. Il se dit De quelques quadrupèdes, et particulièrement du chien. Ce chien fait bien du bruit en lapant.

Il s' emploie aussi activement. Ce chien a lapé en un instant la jatte de lait qu' on lui avait donnée.

LAPÉ, ÉE. participe

LAPÉ, ÉE. participe

LAPEREAU. s. m.

LAPEREAU. s. m. Jeune lapin de trois ou quatre mois ou au-dessous. Une tourte de lapereaux. Une accolade de lapereaux.

LAPIDAIRE. s. m.

LAPIDAIRE. s. m. Ouvrier qui taille les pierres précieuses.

LAPIDAIRE. adj. des deux genres

LAPIDAIRE. adj. des deux genres Il n' est guère usité que dans cette expression, Style lapidaire, Style des inscriptions, qui sont ordinairement gravées sur la pierre, le marbre, etc. La langue latine est particulièrement propre au style lapidaire.

LAPIDATION. s. f.

LAPIDATION. s. f. Action d' assommer quelqu' un à coups de pierres, et Supplice de ceux qu' on faisait mourir ainsi. La lapidation de saint Étienne. La lapidation était en usage chez les Juifs.

LAPIDER. v. a.

LAPIDER. v. a. Tuer à coups de pierres. Les Juifs lapidaient les adultères, les blasphémateurs.

Il signifie aussi, Attaquer, poursuivre à coups de pierres. Comme il sortait du village, les enfants se mirent à le lapider.

Il se dit hyperboliquement De plusieurs personnes qui se déchaînent contre quelqu' un. Quand je leur ai reproché leur conduite, elles ont pensé me lapider, j' ai vu l' heure qu' elles m' allaient lapider. Vous vous ferez lapider si vous parlez ainsi.

LAPIDÉ, ÉE. participe

LAPIDÉ, ÉE. participe

LAPIDIFICATION. s. f.

LAPIDIFICATION. s. f. Formation des pierres. La lapidification diffère de la pétrification, qui s' empare de substances animales, végétales ou minérales, pour les convertir en pierre.

LAPIDIFIER. v. a.

LAPIDIFIER. v. a. Donner à une substance la dureté de la pierre. Il y a des sucs propres à lapidifier les substances qu' ils pénètrent. On l' emploie aussi avec le pronom personnel. Un corps qui se lapidifie.

LAPIDIFIÉ, ÉE. participe

LAPIDIFIÉ, ÉE. participe

LAPIDIFIQUE. adj. des deux genres

LAPIDIFIQUE. adj. des deux genres Il se dit Des substances propres à former les pierres. Les sucs lapidifiques.

LAPIN, INE. s.

LAPIN, INE. s. Petit animal quadrupède, de l' ordre des Rongeurs, qui creuse sous terre pour se loger, et dont la conformation a beaucoup de rapport avec celle du lièvre. Lapin sauvage, domestique. Lapin de garenne, de clapier. Lapin gris, blanc. Fourrure, peau de lapin. Marchand de peaux de lapin. Gants de poil de lapin. Terrier de lapin. Chasser, fureter, tirer des lapins. Gibelotte de lapin. Une lapine près de mettre bas.

Prov. et pop., Il est brave comme un lapin, se dit D' un homme habillé de neuf; Il est propre comme un lapin, D' un homme qui est d' une propreté remarquable; et, Il court comme un lapin, D' un homme qui court ou qui marche avec vitesse.

Fig. et pop., C' est une lapine, une vraie lapine, C' est une femme qui fait beaucoup d' enfants.

LAPIS. s. m.

LAPIS. s. m. (On prononce l' S.) Sorte de pierre dure et opaque, d' un bleu plus ou moins foncé, et ordinairement parsemée de petites veines de pyrite semblables à de l' or. De beau lapis. On imite assez bien le lapis. On fait avec le lapis mis en poudre un bleu qui s' appelle outremer. On dit aussi communément, Lapis-lazuli.

LAPS. s. m.

LAPS. s. m. (On prononce le P et l' S.) Il n' est d' usage qu' au singulier, et dans cette locution, Laps de temps, Espace de temps. Après un grand laps de temps. Cette coutume s' est abolie par laps de temps. La prescription s' acquiert par un certain laps de temps.

LAPS, APSE. adj.

LAPS, APSE. adj. T. de Droit can. Tombé. Il ne se dit que De celui qui a quitté la religion catholique après l' avoir embrassée volontairement, et il ne s' emploie qu' avec le réduplicatif Relaps. Il est laps et relaps.

LAQUAIS. s. m.

LAQUAIS. s. m. Valet de livrée, destiné principalement à suivre son maître ou sa maîtresse. Grand, petit laquais. Laquais en grande, en petite livrée. Il a trois ou quatre grands laquais. Il a toujours deux laquais derrière sa voiture.

Prov. et fam., Mentir comme un laquais, Mentir avec impudence, mentir habituellement.

LAQUE. s. f.

LAQUE. s. f. Sorte de gomme-résine, d' un rouge jaunâtre, que certains insectes déposent sur plusieurs espèces d' arbres des Indes orientales. La laque entre dans la composition des vernis, de la cire d' Espagne et de quelques teintures. Couleur de laque. On dit quelquefois adjectivement, Gomme laque.

Il se dit aussi d' Une terre alumineuse, teinte d' un suc colorant, qu' on emploie dans la peinture. Laque de Venise, de Florence.

LAQUE

LAQUE se dit encore Du beau vernis de la Chine, ou noir, ou rouge, ainsi que Des meubles qui en sont revêtus. En ce sens, il est masculin. On n' a pu encore parvenir à imiter parfaitement le beau laque de la Chine. Acheter une table de laque. Voilà de vrai, de beau laque.

LAQUETON. s. m.

LAQUETON. s. m. Diminutif de Laquais. Il est familier et vieux.

LAQUEUX, EUSE. adj.

LAQUEUX, EUSE. adj. Qui est de la nature ou de la couleur de la laque. Gomme laqueuse. Il y a trop de tons laqueux dans ce tableau.

LARAIRE. s. m.

LARAIRE. s. m. T. d' Antiquité romaine. Sorte de chapelle domestique où l' on plaçait les dieux lares.

LARCIN. s. m.

LARCIN. s. m. Genre de vol, action de celui qui dérobe, qui prend furtivement et sans violence. Faire, commettre un larcin. Être accusé, convaincu de larcin.

Il signifie aussi, La chose dérobée. Il alla cacher, porter son larcin en tel endroit. Recéler un larcin.

LARCIN

LARCIN se dit aussi d' Un passage ou d' une pensée qu' un auteur prend d' un autre, pour se l' approprier. Les plus beaux endroits de son livre sont des larcins, sont autant de larcins. Il faut savoir déguiser ses larcins.

Fig. et poétiq., Faire un doux larcin, Dérober un baiser à une femme.

LARD. s. m.

LARD. s. m. Couche de graisse qui se trouve entre la peau et la chair du porc. Bon lard. Lard à larder. Petit lard. Lard frais ferme. Lard jaune, rance. Du vieux lard. Du lard qui sent le vieux. Une tranche, une flèche, un quartier, un morceau de lard. Un cochon qui a quatre doigts de lard. Piqué, garni, bardé de lard. Omelette au lard.

Prov., Il est vilain comme lard jaune, Il est très-avare.

Prov. et pop., Faire du lard, Conserver ou augmenter son embonpoint, en dormant la grasse matinée. Être gras à lard, Être fort gras.

LARD

LARD se dit aussi de Cette partie grasse qui est entre la peau et la chair de la baleine, du marsouin, et d' autres gros poissons de même espèce. Du lard de baleine.

LARDER. v. a.

LARDER. v. a. Mettre des lardons dans la viande. Larder de la viande dru et menu, la larder de gros lard.

Il s' emploie quelquefois absolument. Un rôtisseur qui larde bien, qui larde proprement.

Fig. et fam., Larder quelqu' un de coups d' épée, Le percer de plusieurs coups d' épée. Larder quelqu' un d' épigrammes, de brocards, etc., Lui lancer coup sur coup plusieurs épigrammes, plusieurs brocards. Larder ses discours, ses écrits de citations, de mots grecs ou latins, etc., Faire, en parlant, en écrivant, un usage trop fréquent de citations, de mots grecs ou latins.

LARDÉ, ÉE. participe

LARDÉ, ÉE. participe

LARDOIRE. s. f.

LARDOIRE. s. f. Sorte de brochette pointue par un des bouts, pour piquer la viande et y laisser les lardons contenus dans l' autre bout, qui est creux et fendu en plusieurs branches. Grosse, petite lardoire. Lardoire fine. Lardoire de cuivre, de bois, de fer.

LARDON. s. m.

LARDON. s. m. Petit morceau de lard coupé en long, qu' on introduit dans la viande avec une lardoire. Menus lardons. Gros lardons. Faire des lardons. Mettre des lardons loin à loin, près à près.

LARDON

LARDON se dit, figurément et familièrement, d' Un brocard, d' un sarcasme, d' une raillerie piquante contre quelqu' un. Le pauvre homme fut mal accommodé, chacun lui donna, lui jeta son lardon. Il n' y eut personne qui n' eût son lardon. Vous aurez aussi votre lardon.

LARE. s. et adj. masc.

LARE. s. et adj. masc. Nom que les anciens Romains donnaient à leurs dieux domestiques, autrement appelés Pénates. Cette figure représente un dieu lare. On plaçait les lares, les dieux lares auprès du foyer.

Poétiq., Les lares, La maison, la demeure. Abandonner, revoir ses lares, les lares paternels.

LARGE. adj. des deux genres

LARGE. adj. des deux genres Il se dit D' un corps considéré dans l' extension qu' il a d' un de ses côtés à l' autre, et par opposition à Long ou à Étroit. Ce champ, ce jardin est large, plus long que large. Un chemin large. La rivière est plus large en cet endroit. Une étoffe large. Du ruban large. Avoir le visage large. Un chapeau trop large d' entrée, trop large de bord. Prendre des souliers, des bas qui soient larges. Un homme large des épaules.

Un cheval large du devant, Un cheval qui a beaucoup de poitrail.

Une large blessure, Une grande blessure.

Une large base, Une base étendue.

Fam., Avoir la conscience large, Être peu scrupuleux sur la probité, le devoir.

Prov. et fig., Faire du cuir d' autrui large courroie, Être libéral du bien d' autrui.

LARGE

LARGE s' emploie quelquefois au figuré, dans le sens d' Étendu. Je vous fais une large concession. Ce prince a donné à son agent un pouvoir bien large, les pouvoirs les plus larges.

LARGE

LARGE dans les Arts du dessin, signifie, Qui est fait par masses et à grands traits, qui n' a rien de maigre, de mesquin, de timide. Des contours, des draperies, des lumières larges. Une touche, une manière large. Un pinceau large.

LARGE

LARGE s' employait autrefois pour Libéral; et l' on disait dans ce sens, Autant dépend (pour dépense) chiche que large, L' économie mal entendue ne fait point de profit.

LARGE

LARGE s' emploie quelquefois adverbialement. Ainsi on dit: Peindre large, Peindre d' une manière large. En termes de Manége, Ce cheval va large, trop large, Il s' étend sur un trop grand terrain, il se porte de côté.

LARGE

LARGE s' emploie aussi substantivement, au masculin, pour Largeur. Ce royaume a trois cents lieues de long, et deux cents de large. Cette étoffe a tant de large. De la toile qui a un mètre, une demi-aune de large.

LARGE subst.

LARGE subst. en termes de Marine, La haute mer, la partie de la mer qui est éloignée des côtes. Prendre le large. Gagner le large. Courir au large. Attirer l' ennemi au large.

La mer vient du large, Les vagues sont poussées par le vent de la mer, et non par celui de la terre.

Fig. et fam., Prendre le large, gagner le large, S' enfuir.

AU LARGE. loc. adv.

AU LARGE. loc. adv. Spacieusement. Il est logé bien au large. Il ne tient qu' à lui de se mettre au large. Vous êtes trop pressé, trop serré, mettez-vous un peu plus au large.

Fig. et fam., Être au large, Être dans l' opulence; et, Mettre au large, Mettre dans un état plus commode, plus opulent. Il est au large maintenant. Il lui est venu une succession qui l' a mis plus au large qu' il n' était.

AU LONG ET AU LARGE. loc. adv.

AU LONG ET AU LARGE. loc. adv. En tout sens, et avec autant de développement qu' il est possible. S' étendre au long et au large, Prendre, acquérir beaucoup de terrain, d' espace autour de soi.

EN LONG ET EN LARGE. loc. adv.

EN LONG ET EN LARGE. loc. adv. En longueur et en largeur alternativement. On ne l' emploie guère que dans cette phrase, Se promener, aller en long et en large. On dit quelquefois, dans le même sens, De long en large.

DU LONG ET DU LARGE. loc. adv.

DU LONG ET DU LARGE. loc. adv. qui n' est guère usitée que dans cette phrase populaire, Il en a eu, on lui en a donné du long et du large, Il a été bien battu, ou bien moqué.

LARGEMENT. adv.

LARGEMENT. adv. Abondamment, autant et plus qu' il ne faut. Il a été payé largement. On l' a récompensé largement. On leur donna largement tout ce qu' ils demandaient. Boire largement. Se nourrir largement. Vivre largement. User largement de son pouvoir.

Peindre, dessiner, composer largement, D' une manière large. Voyez LARGE, dans les Arts du dessin.

LARGESSE. s. f.

LARGESSE. s. f. Libéralité, distribution d' argent ou d' autre chose. Ce n' est pas un homme qui fasse de grandes largesses. Quelle largesse!

Pièces de largesse, Pièces d' or et d' argent que les hérauts jetaient parmi le peuple, au sacre des rois et aux autres grandes cérémonies.

LARGEUR. s. f.

LARGEUR. s. f. Étendue d' une chose considérée d' un de ses côtés à l' autre, par opposition à Longueur. La largeur d' un fossé, d' une rue, d' une rivière. Cette toile a tant de largeur.

LARGO. adv.

LARGO. adv. T. de Musique emprunté de l' italien. Ce mot, placé en tête d' un morceau, indique qu' on doit le jouer d' un mouvement très-lent.

LARGUE. adj. m.

LARGUE. adj. m. T. de Marine, usité principalement dans cette locution, Vent largue, Le vent qui s' écarte au moins d' un quart de vent de la route que l' on tient. Aller vent largue. Avoir vent largue.

Il est aussi substantif, et signifie, La haute mer. Prendre le largue. Tenir le largue. On dit plus ordinairement, Le large.

LARGUER. v. a.

LARGUER. v. a. T. de Marine. Lâcher une manoeuvre, lâcher ou filer le cordage qui retient une voile par le bas. Larguer l' écoute.

LARGUÉ, ÉE. participe

LARGUÉ, ÉE. participe

LARIGOT. s. m.

LARIGOT. s. m. Espèce de flûte ou de petit flageolet, qui n' est plus en usage, et qu' imite un des jeux de l' orgue qu' on appelle Le jeu du larigot.

Prov. et pop., Boire à tire-larigot, Boire excessivement.

LARIX. s. m.

LARIX. s. m. (On prononce l' X.) Voyez MÉLÈZE.

LARME. s. f.

LARME. s. f. Goutte d' humeur limpide qui sort de l' oeil, par l' effet d' une impression vive, soit physique, soit morale. Il a souffert l' amputation sans jeter une larme. Il ne lui est pas tombé une larme des yeux. Il l' en conjura la larme à l' oeil, les larmes aux yeux. Répandre, verser des larmes. Arroser de larmes les mains de quelqu' un. Les larmes sortaient, coulaient de ses yeux avec abondance. Les larmes lui en sont venues aux yeux. Des larmes roulaient dans ses yeux. Il tira les larmes des yeux de toute l' assemblée. Le visage baigné, mouillé de larmes. Des yeux noyés de larmes. J' aurais voulu pouvoir renfoncer mes larmes. Elle eut peine à retenir ses larmes. Son sort arracherait des larmes au plus insensible. Être touché, attendri jusqu' aux larmes. Ce crime mériterait d' être pleuré avec des larmes de sang. Un ruisseau, un torrent de larmes. Rire aux larmes. Larmes feintes. Larmes de joie, de tendresse, de fureur, de rage, d' admiration. Les larmes de la pénitence, du repentir. Cette faute lui a coûté bien des larmes, des larmes bien amères. Son retour m' a fait verser de douces larmes.

Fig., Pleurer à chaudes larmes, être tout en larmes, fondre en larmes, se noyer dans ses larmes, Pleurer abondamment.

Fig., S' abreuver de larmes, vivre dans les larmes, vivre de larmes, Pleurer sans cesse, vivre dans la douleur, dans l' affliction.

Fig., Sécher, essuyer ses larmes, Se consoler. Essuyer les larmes de quelqu' un, Calmer son affliction, le consoler. Mêler ses larmes à celles de quelqu' un, Partager sa douleur, s' affliger avec lui.

Avoir recours aux larmes, Pleurer pour fléchir, pour attendrir celui qu' on supplie.

Fam., Avoir toujours la larme à l' oeil, S' attendrir très-facilement, ou affecter une grande sensibilité.

Avoir le don des larmes, Pleurer à volonté.

Prov. et fig., Larmes de crocodile, Larmes hypocrites que répand une personne dans le dessein d' en tromper une autre, comme le crocodile feint, dit-on, de gémir pour attirer sa proie.

LARME

LARME se dit aussi d' Un ornement, figurant à peu près une larme, qu' on fait entrer, comme un symbole de tristesse, dans la décoration des catafalques, des mausolées, etc. Un drap mortuaire semé de larmes.

LARME

LARME se dit, par similitude et familièrement, d' Une goutte, d' une petite quantité de vin ou de quelque autre liqueur. Une larme de vin. Il n' a pris qu' une larme de vin. Je n' en veux qu' une larme.

Il se dit également, surtout au pluriel, Du suc qui coule de plusieurs arbres ou plantes, soit naturellement, soit quand on les taille. Les larmes de la vigne, du sapin. Manne en larmes.

Larmes de cerf. Voyez LARMIÈRES.

Larme-de-verre, ou Larme batavique, Goutte de verre fondu en forme de larme, et qui, dès qu' on en rompt la pointe, se réduit en poussière.

Larme-de-Job, Plante graminée à feuilles de maïs, dont les semences ont la forme d' une larme.

LARMIER. s. m.

LARMIER. s. m. T. d' Archit. Partie saillante au haut d' un édifice, d' un ouvrage de maçonnerie, destinée à éloigner l' eau de pluie, à la faire tomber en gouttes à une distance convenable du pied de l' édifice, etc. Le larmier de la corniche. Le larmier d' un mur de clôture.

Il se dit aussi d' Une pièce de bois mise en saillie au bas d' un châssis de croisée, de porte, pour empêcher l' eau de pénétrer dans l' intérieur.

LARMIÈRES. s. f. pl.

LARMIÈRES. s. f. pl. Fentes qui sont au-dessous des yeux du cerf, et d' où sort une liqueur jaune qu' on nomme Larmes de cerf. Quelques-uns disent, Larmiers.

LARMIERS. s. m. pl.

LARMIERS. s. m. pl. T. de Médecine vétérinaire. Parties qui, dans le cheval, répondent aux tempes de l' homme. Saigner un cheval aux larmiers.

LARMOIEMENT. s. m.

LARMOIEMENT. s. m. Écoulement de larmes involontaire et continuel. Le larmoiement est un des symptômes de la rougeole.

LARMOYANT, ANTE. adj.

LARMOYANT, ANTE. adj. Qui fond en larmes. On la trouva toute larmoyante.

Il signifie aussi, Qui est propre à faire verser des larmes; et il ne s' applique, en ce sens, qu' à un genre de comédies plus attendrissantes que gaies. Le comique larmoyant. La comédie larmoyante.

Il s' emploie quelquefois substantivement, au masculin, dans cette acception. Le mélange du comique et du larmoyant forme un genre de comédie réprouvé par les critiques d' un goût sévère.

LARMOYER. v. n.

LARMOYER. v. n. (Il se conjugue comme Employer.) Pleurer, jeter des larmes. Il ne fait que larmoyer. Il est familier.

LARRON, ONNESSE. s.

LARRON, ONNESSE. s. Celui, celle qui dérobe, qui prend furtivement quelque chose. Fin, subtil larron. C' est un larron. C' est une larronnesse. Le larron a été découvert. On a pris le larron. Les chiens aboient au larron.

Prov. et fig., L' occasion fait le larron, Souvent l' occasion fait faire des choses répréhensibles, auxquelles on n' aurait pas songé.

Fam., Donner la bourse à garder au larron, Confier la garde de l' argent, le soin de la dépense à celui dont on devrait le plus se défier. On dit proverbialement, dans le même sens, Au plus larron la bourse.

Prov., Ils s' entendent comme larrons en foire, Ils sont d' intelligence pour faire quelque chose de blâmable.

Prov., Il ne faut point crier au larron, se dit Quand une marchandise n' a été vendue que ce qu' elle vaut.

LARRON

LARRON se dit particulièrement Des deux voleurs qui furent mis en croix avec Notre-Seigneur JÉSUS-CHRIST, quoiqu' on n' entende pas ordinairement par ce mot Un voleur de grand chemin. Notre-Seigneur fut crucifié entre deux larrons. Le bon larron. Le mauvais larron.

LARRON

LARRON en termes d' Imprimerie, Pli qui se trouve dans une feuille de papier mise sous la presse, et qui cause une défectuosité dans l' impression. Il se dit aussi d' Un petit morceau de papier qui, se trouvant sur la feuille à imprimer, reçoit l' impression, et laisse un blanc.

Il signifie, en termes de Librairie, Le pli d' un feuillet qui n' a pas été rogné, quand on a relié le livre. Le relieur a laissé plusieurs larrons dans ce volume.

LARRONNEAU. s. m.

LARRONNEAU. s. m. Petit larron, qui ne dérobe que des choses de peu de valeur. Il est familier.

LARVE. s. f.

LARVE. s. f. T. d' Entomologie. L' insecte dans l' état où il est en sortant de l' oeuf, et où il passe un temps plus ou moins long avant ses métamorphoses. La chenille est la larve du papillon.

LARVES. s. f. pl.

LARVES. s. f. pl. T. d' Antiq. Nom que les poëtes donnaient aux génies malfaisants, aux âmes des méchants, qui, selon la croyance superstitieuse, se montraient, revenaient, sous des figures hideuses, pour tourmenter les vivants.

LARYNGÉ, ÉE. adj.

LARYNGÉ, ÉE. adj. T. d' Anat. Qui appartient au larynx. Muscles, nerfs laryngés. Artères laryngées.

En Médecine, Phthisie laryngée, Phthisie dont le siége est le larynx.

LARYNGIEN, ENNE. adj.

LARYNGIEN, ENNE. adj. T. d' Anatomie, synonyme de Laryngé. Muscle laryngien.

LARYNGOTOMIE. s. f.

LARYNGOTOMIE. s. f. Voyez BRONCHOTOMIE.

LARYNX. s. m.

LARYNX. s. m. T. d' Anat. Partie supérieure de la trachée-artère. Le larynx est un des organes de la respiration, et le principal instrument de la voix.

LAS. Interjection plaintive

LAS. Interjection plaintive Hélas! Las! qui pourrait le croire? Las! que j' ai souffert de peines! Il est du style naïf et familier.

LAS, ASSE. adj.

LAS, ASSE. adj. Fatigué, qui éprouve le sentiment de la lassitude. J' ai bien fait du chemin aujourd' hui, j' ai beaucoup travaillé, je suis las, bien las, fort las. Être las de marcher. Las de travailler. Reposez-vous, si vous êtes las. Je suis si las, que je n' en puis plus. Je suis las sans avoir encore rien fait. J' ai la main lasse d' avoir écrit, les yeux las d' avoir lu.

Il signifie aussi, Dégoûté, ennuyé à l' excès de quelque chose que ce soit. Je suis las d' entendre des sottises. Je suis las de ces impertinences. Je suis bien las de cet homme. Il est las d' être bien. Êtes-vous déjà las de bien faire? Il est las de la vie. Il est las de lui-même. Je ne serais jamais las de l' entendre, de le voir. Je suis las de ne rien faire.

Prov. et pop., Un las d' aller, Un homme mou, paresseux et lâche.

Fig., Faire quelque chose de guerre lasse, Le faire après avoir longtemps résisté. Je lui ai cédé de guerre lasse.

LASCIF, IVE. adj.

LASCIF, IVE. adj. Fort enclin, fort porté à la luxure. Le bouc est un animal très-lascif.

Il se dit aussi Des choses qui portent, qui excitent à la luxure. Une posture, une danse lascive. Un tableau lascif. Des regards, des vers lascifs. Des paroles lascives.

LASCIVEMENT. adv.

LASCIVEMENT. adv. D' une manière lascive. Regarder lascivement. Danser lascivement.

LASCIVETÉ. s. f.

LASCIVETÉ. s. f. Forte inclination à la luxure. Sa lasciveté l' a entraîné dans beaucoup d' excès, a ruiné entièrement sa santé.

Il signifie aussi, Ce qui porte, ce qui excite à la luxure. Il y a beaucoup de lasciveté dans ce tableau, dans ces vers.

LASSANT, ANTE. adj.

LASSANT, ANTE. adj. Qui fatigue. Un travail lassant. Une besogne lassante. Des discours lassants et ennuyeux.

LASSER. v. a.

LASSER. v. a. Fatiguer, causer de la lassitude. C' est un travail qui me lasse extrêmement. Il les a tous lassés l' un après l' autre. Il m' a lassé le bras en s' appuyant sur moi.

Il s' emploie quelquefois absolument. Cette sorte de danse lasse beaucoup.

Il s' emploie aussi au sens moral. Une trop grande contention lasse l' esprit. Il a lassé ma patience. Vous lassez ma bonté, mon indulgence.

Il signifie encore, Ennuyer, dégoûter. Il lasse tout le monde par ses importunités. Il nous lasse avec ses vieux contes. La musique, qu' il étudiait avec tant d' ardeur, a fini par le lasser.

LASSER

LASSER s' emploie souvent, dans ses différentes acceptions, avec le pronom personnel. On se lasse plus à rester debout qu' à marcher. Il ne se lasse point, il est infatigable. L' esprit se lasse par une trop grande application. Ma patience se lasse. On se lasse d' entendre toujours dire les mêmes choses. Il s' est lassé de feindre. On se lasse de tout. Je me lasse de lui prêter toujours de l' argent.

LASSÉ, ÉE. participe

LASSÉ, ÉE. participe

LASSITUDE. s. f.

LASSITUDE. s. f. Abattement où l' on se trouve après un travail excessif de corps ou d' esprit. Grande lassitude. Tomber de lassitude. Être excédé de lassitude. N' en pouvoir plus de lassitude.

Il se dit aussi d' Un état, d' une sensation semblable causée par une mauvaise disposition de santé. Je ne sais d' où me vient cette lassitude. Sentir de grandes lassitudes dans les membres, dans tout le corps. J' ai des lassitudes dans les jambes.

Il signifie quelquefois, Ennui, dégoût. Il a renoncé à cette correspondance par pure lassitude d' avoir toujours les mêmes choses à dire.

LAST ou LASTE. s. m.

LAST ou LASTE. s. m. T. de Commerce maritime. Il se dit d' Un certain poids, d' une certaine mesure qui diffère selon les lieux et les denrées, mais qui est ordinairement de deux tonneaux ou quatre milliers. Un navire charge de cent lasts de froment, de farine, de houblon, etc.

LATANIER. s. m.

LATANIER. s. m. Espèce de palmier dont les feuilles sont en éventail.

LATENT, ENTE. adj.

LATENT, ENTE. adj. Caché. Il n' est guère usité que dans les locutions suivantes:

En termes de Physique, Chaleur latente, Chaleur qui n' est point sensible au thermomètre.

En termes de Médecine vétérinaire, Vices latents, maladies latentes, Certaines maladies des chevaux, dont les symptômes peuvent rester longtemps cachés. La pousse, la morve et la courbature sont des vices latents. Les maladies latentes au moment de la vente donnent lieu à l' action rédhibitoire.

LATÉRAL, ALE. adj.

LATÉRAL, ALE. adj. Qui appartient au côté de quelque chose. Les sinus latéraux du cerveau. Les parties latérales d' un chapiteau. L' opération latérale de la taille. Chapelle latérale. Porte latérale.

LATÉRALEMENT. adv.

LATÉRALEMENT. adv. De côté, sur le côté.

LATERE (À)

LATERE (À) Expression latine. Voyez LÉGAT.

LATICLAVE. s. m.

LATICLAVE. s. m. Tunique bordée par devant d' une large bande de pourpre, et garnie de noeuds ou boutons de pourpre ou d' or, imitant des têtes de clous. Le laticlave était le vêtement des sénateurs et de la plupart des magistrats.

LATIN, INE. adj.

LATIN, INE. adj. Il ne se met point ici comme nom de peuple, ni de pays; mais il a différents usages dans notre langue. La langue latine, La langue des anciens Romains. Un discours latin, une harangue latine, Un discours, une harangue en langue latine. Mot latin, Mot de la langue latine. Dictionnaire grec et latin, latin et français, Dictionnaire où le sens des mots grecs est expliqué en latin, etc.

Fig., Le pays latin, Le quartier de Paris où sont la plupart des colléges.

Fam., Cela sent le pays latin, se dit De tout ce qui retient un certain air de collége.

L' Église latine, Toute l' Église d' Occident, par opposition à l' Église grecque ou d' Orient. Les Pères de l' Église latine. On dit de même, Le rit latin, Le rit de l' Église romaine. On appelle aussi substantivement Latins, Ceux qui sont de l' Église latine. Les Latins et les Grecs diffèrent de croyance et de pratique en plusieurs points.

En termes de Marine, Voile latine, Voile faite en forme de triangle. Cette espèce de voile est plus en usage sur la Méditerranée que sur l' Océan.

LATIN

LATIN est aussi substantif, au masculin, et signifie, La langue latine. Enseigner, apprendre le latin. Savoir bien le latin. Parler latin. Composer, écrire en latin, en bon latin. Mauvais latin. Latin de Cicéron. Ce latin n' est pas pur.

Prov. et pop., Du latin de cuisine, De fort mauvais latin.

Fig. et fam., Il est au bout de son latin, se dit D' un homme qui ne sait plus où il en est, qui ne sait plus que dire, que faire. Il y a perdu son latin, se dit D' un homme qui a travaillé inutilement à quelque chose, qui y a perdu son temps et sa peine.

LATINISER. v. a.

LATINISER. v. a. Donner une terminaison, une inflexion latine à un mot d' une autre langue. Tite-Live a latinisé tous les noms étrangers qui entrent dans son Histoire. Beaucoup de nos vieux auteurs qui ont latinisé leurs noms, les ont rendus tout à fait méconnaissables.

LATINISÉ, ÉE. participe

LATINISÉ, ÉE. participe En matière de Controverse, Un Grec latinisé, Un Grec qui adopte les sentiments de l' Église latine.

LATINISME. s. m.

LATINISME. s. m. Construction, tour de phrase propre à la langue latine. Son français est plein de latinismes.

LATINISTE. s. m.

LATINISTE. s. m. Celui qui entend et parle la langue latine. Bon, grand latiniste. Mauvais latiniste.

LATINITÉ. s. f.

LATINITÉ. s. f. Langage latin. Belle, bonne latinité. Élégante, mauvaise latinité. Sa latinité n' est pas pure.

La basse latinité, Le latin corrompu qu' écrivaient les auteurs du dernier temps où le peuple parlait encore la langue latine, alors très-défigurée.

LATITUDE. s. f.

LATITUDE. s. f. T. de Géogr. Hauteur du pôle sur l' horizon, ou distance d' un lieu à l' équateur, mesurée en degrés sur le méridien. Latitude nord. Latitude sud. Paris est à quarante-huit degrés, cinquante minutes, quatorze secondes de latitude nord.

LATITUDE

LATITUDE en termes d' Astronomie, signifie en général, L' angle que fait, avec un plan parallèle à l' écliptique, la ligne droite qui passe par un astre et par un centre donné sur ce plan. Latitude australe. Latitude boréale. Latitude héliocentrique, géocentrique, etc. Latitude de Sirius.

Il se dit, par extension, Des différents climats, considérés par rapport à leur température. À la différence des animaux, l' homme peut vivre sous les latitudes les plus opposées.

LATITUDE

LATITUDE se prend figurément, au moral, dans le sens d' Étendue, d' extension. Ce principe peut avoir une grande latitude. Donner trop de latitude à une proposition, à l' application d' un principe. Laisser beaucoup de latitude aux agents chargés d' une mission.

LATOMIE. s. f.

LATOMIE. s. f. T. d' Histoire ancienne. Carrière où l' on renfermait des prisonniers.

LATRIE. s. f.

LATRIE. s. f. Il n' est usité que dans cette locution, Culte de latrie, Culte d' adoration que l' on rend à Dieu seul; par opposition à Culte de dulie, Culte de respect et d' honneur que l' on rend aux saints.

LATRINES. s. f. pl.

LATRINES. s. f. pl. Retrait, privé, lieu où l' on satisfait les besoins naturels. Il y avait à Rome des latrines publiques. Aller aux latrines.

LATTE. s. f.

LATTE. s. f. Morceau de bois refendu selon son fil, long, mince, étroit, que l' on attache avec des clous sur les chevrons, pour porter la tuile, ou dans l' intérieur, sur la charpente, pour recevoir l' enduit de plâtre des plafonds et des cloisons. Un cent de lattes. Des lattes de chêne, de châtaignier. Une botte de lattes. Clouer des lattes. Un grenier lambrissé sous lattes.

LATTER. v. a.

LATTER. v. a. Garnir de lattes. Le comble de cette maison est posé, il ne reste plus qu' à le latter. Il faut latter et contre-latter cette cloison.

Il s' emploie aussi absolument. La charpente du toit est faite, il ne reste plus qu' à latter. Latter à claire-voie. Latter à lattes jointives.

LATTÉ, ÉE. participe

LATTÉ, ÉE. participe

LATTIS. s. m.

LATTIS. s. m. Ouvrage de lattes. Faire un lattis. Enduire un lattis avec du plâtre. Couvrir un lattis avec des tuiles.

LAUDANUM. s. m.

LAUDANUM. s. m. (On prononce Laudanome.) T. de Pharmacie. Préparation, extrait d' opium, liquide ou solide. Dix grains de laudanum liquide.

LAUDATIF, IVE. adj.

LAUDATIF, IVE. adj. Qui loue. Il ne se dit que Des écrits et des discours. Genre laudatif. Discours laudatif. Phrase laudative. Il est peu usité.

LAUDES. s. f. pl.

LAUDES. s. f. pl. T. de la Liturgie catholique. La seconde partie de l' office divin, celle qui se dit immédiatement après matines. On est à laudes. Dire laudes. Chanter laudes.

LAURÉAT. adj. m.

LAURÉAT. adj. m. Il se dit Des poëtes qui ont reçu solennellement une couronne de laurier. Pétrarque est un poëte lauréat.

Il se dit, par extension, De ceux qui ont remporté un prix dans un concours académique; et, dans ce sens, on l' emploie quelquefois substantivement. Un jeune lauréat.

Il s' emploie aussi pour désigner Des poëtes qui, dans quelques cours, sont pensionnés pour célébrer les événements remarquables.

LAURÉOLE. s. f.

LAURÉOLE. s. f. Genre de plantes à suc corrosif, dont la feuille ressemble, par sa forme, à celle du laurier. Lauréole mâle. Lauréole femelle. Lauréole blanche. Lauréole odorante. Voyez GAROU et SAINBOIS.

LAURIER. s. m.

LAURIER. s. m. Arbre toujours vert, qui porte une petite graine noire et amère. Pour distinguer le véritable laurier de quelques arbustes qui portent le même nom, on l' appelle Laurier franc ou Laurier commun. Chez les anciens, le laurier était consacré à Apollon. On donnait des couronnes de laurier aux vainqueurs, aux poëtes.

Fig., Cueillir des lauriers, moissonner des lauriers, Remporter des victoires. Flétrir ses lauriers, Souiller sa gloire. Être chargé de lauriers, Avoir acquis beaucoup de gloire. S' endormir sur ses lauriers, Ne point poursuivre une carrière glorieusement commencée. Se reposer sur ses lauriers, Jouir d' un repos mérité par des succès éclatants.

Laurier-rose, ou Oléandre, Arbuste toujours vert, qui porte des fleurs de couleur rose. Il y a une variété d' oléandre dont les fleurs sont de couleur blanche.

Laurier-tin, Arbuste du genre des viornes.

Laurier-cerise, Arbuste toujours vert, qui porte un petit fruit rouge, et qui appartient au genre des Cerisiers.

LAVABO. s. m.

LAVABO. s. m. T. du Culte cathol. La prière que le prêtre dit en lavant ses doigts durant la messe. Dire le lavabo. La messe en est au lavabo.

Il signifie, par extension, Le petit linge dont le prêtre qui dit la messe se sert pour essuyer ses doigts.

LAVABO

LAVABO se dit aussi, dans le langage ordinaire, d' Un meuble de toilette, souvent en forme de trépied, qui porte un pot à l' eau et sa cuvette.

LAVAGE. s. m.

LAVAGE. s. m. Action de laver. Le lavage des vitres. Le lavage des carreaux d' une salle. Le lavage d' une forme d' imprimerie.

Il se dit aussi d' Une trop grande quantité d' eau répandue pour laver. Vous avez jeté trop d' eau sur ce plancher, quel lavage avez-vous fait là?

Il se dit plus ordinairement Des aliments et des breuvages où l' on a mêlé plus d' eau qu' il ne fallait. Cette soupe n' est pas faite, ce n' est qu' un lavage, qu' un mauvais lavage. Vous avez mis trop d' eau dans ce vin, ce n' est que du lavage.

LAVAGE

LAVAGE se dit aussi de L' eau ou de quelque autre breuvage pris en trop grande quantité. Vous vous trouverez mal de tout ce lavage.

Médecine en lavage, Médecine étendue dans beaucoup d' eau.

LAVAGE

LAVAGE en termes de Métallurgie, Opération qui consiste à laver le minerai, pour séparer de la partie terrestre et pierreuse, la partie propre à être fondue. Le lavage des métaux. Or de lavage.

LAVANCHE ou LAVANGE. s. f.

LAVANCHE ou LAVANGE. s. f. Voyez AVALANCHE.

LAVANDE. s. f.

LAVANDE. s. f. Plante aromatique, labiée, portant de petites fleurs bleues qui viennent par épi. Botte de lavande. Mettre de la lavande dans du linge. Eau de lavande. Eau-de-vie de lavande.

LAVANDIER. s. m.

LAVANDIER. s. m. Nom qu' on donne, dans la maison du roi, à ceux qui ont la charge de faire blanchir le linge.

LAVANDIÈRE. s. f.

LAVANDIÈRE. s. f. Femme qui lave le linge. Il est peu usité: on dit, Blanchisseuse.

LAVARET. s. m.

LAVARET. s. m. Poisson de la famille des Truites, mais sans grandes dents, qui se trouve dans les lacs.

LAVASSE. s. f.

LAVASSE. s. f. Il se dit de La pluie lorsqu' elle tombe tout à coup, avec impétuosité, et qu' elle coule à grands ruisseaux. Il vint tout à coup une grande lavasse. Il est peu usité.

Fam., Cette soupe ne vaut rien du tout, ce n' est qu' une lavasse, que de la lavasse. Il y a trop d' eau dans cette soupe; elle est fade, insipide.

LAVE. s. f.

LAVE. s. f. Matière fondue et enflammée, que les volcans vomissent dans le temps de leur éruption, et qui s' écoule en torrents. La lave, les laves du Vésuve. Des flots, des torrents de lave. Les villes voisines des volcans sont souvent pavées de lave. Constructions de lave. Villes ensevelies sous la lave.

LAVEMENT. s. m.

LAVEMENT. s. m. Action de laver. En ce sens, il n' est guère usité que dans ces locutions, qui appartiennent au langage de l' Église: Le lavement des pieds. Le lavement des mains. Le lavement des autels.

LAVEMENT

LAVEMENT signifie aussi, Un clystère, un remède liquide qu' on introduit par l' anus dans les intestins. Lavement rafraîchissant, purgatif, laxatif. Lavement de tabac, de graine de lin. Préparer, donner, prendre, garder, rendre un lavement. Faire un lavement avec des herbes émollientes. Prendre en lavement une décoction de têtes de pavot.

LAVER. v. a.

LAVER. v. a. Nettoyer avec de l' eau, ou avec quelque autre liquide. Laver du linge. Laver la lessive. Laver la vaisselle. Se laver le visage, les mains, les pieds, la bouche, la barbe. Se laver les mains avec de la pâte d' amandes. Laver une plaie avec du vin. La pluie a bien lavé les rues.

Il s' emploie quelquefois absolument, et alors il signifie, Se laver les mains avant le repas. Ne voulez-vous pas laver?

Donner à laver à quelqu' un, Lui présenter de l' eau et un linge, quand il va se mettre à table, afin qu' il se lave les mains.

Pierre à laver, Pierre en forme de table, dont la surface est légèrement creusée, et sur laquelle on lave la vaisselle, les formes d' imprimerie, etc. Il n' y a point de pierre à laver dans cette cuisine.

Fig. et fam., Laver la tête à quelqu' un, Lui faire une sévère réprimande.

Prov. et fig., À laver la tête d' un âne, d' un More, on perd sa lessive, On perd les peines qu' on prend pour instruire une personne stupide, indocile, obstinée, ou pour lui faire entendre raison.

Fig. et fam., Je m' en lave les mains, se dit Pour faire entendre qu' on ne veut point prendre ou qu' on n' a point pris de part à une affaire, et qu' on ne doit pas être responsable des suites.

Fig., Laver une tache, laver quelqu' un d' une tache, se dit en parlant De choses qui flétrissent l' honneur, qui ternissent la réputation. Rien ne peut laver cette tache. C' est une tache dont rien ne peut le laver, dont il ne se lavera jamais.

Fig., Laver ses péchés avec ses larmes, Pleurer ses péchés. Se laver d' un crime, S' en purger, s' en justifier.

Fig., Laver une injure, un outrage dans le sang de quelqu' un, Se venger de quelque insulte flétrissante, en tuant ou blessant celui de qui on l' a reçue. Les sauvages lavent leurs injures dans le sang. Suivant un préjugé cruel, il est des affronts qu' on ne lave que dans le sang.

Ce fleuve lave les murs de telle ville, Il passe auprès des murs, au pied des murs de telle ville, il les baigne.

Laver un livre, les feuillets d' un livre, Les tremper dans une eau chargée d' acide muriatique, pour en ôter les taches.

Laver du papier, Le tremper dans une eau chargée d' alun, pour lui donner plus de consistance et l' empêcher de boire.

En termes de Dessinateur, Laver un dessin, Ombrer, colorier un dessin en étendant, sur ses différentes parties, une ou plusieurs teintes d' encre de Chine, de bistre ou d' autre couleur délayée dans de l' eau de gomme. Laver un dessin sur un trait au crayon, à l' encre, à la plume. Laver un plan. Laver, dans un plan, les masses de construction en rouge, et les masses de verdure en vert.

LAVÉ, ÉE. participe

LAVÉ, ÉE. participe Il est aussi adjectif; mais alors il ne s' emploie qu' en parlant De certaines couleurs peu vives et peu chargées, comme dans ces expressions: Cheval de poil bai lavé, Cheval de poil bai clair. En Peinture, Couleur lavée, Couleur faible et déchargée.

LAVETTE. s. f.

LAVETTE. s. f. Petit morceau de linge dont on se sert pour laver la vaisselle.

LAVEUR, EUSE. s.

LAVEUR, EUSE. s. Celui, celle qui lave. Laveur de vaisselle. Laveuse d' écuelles.

LAVIS. s. m.

LAVIS. s. m. T. de Dessinateur. Manière de colorier un dessin avec de l' encre de Chine, du bistre, de la sépia ou quelque autre substance colorante. Lavis à l' encre de Chine, au bistre. Dessin fait au lavis, ou Dessin au lavis.

LAVOIR. s. m.

LAVOIR. s. m. Lieu destiné à laver. Il se dit plus particulièrement d' Un réservoir d' eau où on lave le linge. Lavoir commun. Aller au lavoir. Construire un lavoir. Il y a un beau lavoir dans ce village. Le lavoir d' un hospice.

Lavoir de cuisine, Lieu où on lave la vaisselle.

LAVOIR

LAVOIR se dit, dans les Communautés et dans les Sacristies, du Lieu où on se lave les mains.

Il se dit, dans les Manufactures, de Certains appareils destinés à laver les substances qu' on y emploie; et, dans les Mines, de La machine dont on se sert pour laver le minerai.

LAVURE. s. f.

LAVURE. s. f. Il n' est guère usité que dans cette locution, Lavure de vaisselle, d' écuelles, Eau qui a servi à laver la vaisselle, les écuelles.

Fam. et par exagérat., Lavure de vaisselle, Un bouillon, un potage fade et insipide, où il y a trop d' eau.

LAVURE

LAVURE se dit aussi de L' action de laver un livre avant de le relier.

LAVURE

LAVURE en termes d' Orfévrerie et de Monnayage, Opération par laquelle on retire l' or ou l' argent des cendres, des terres auxquelles il est mêlé, ou des creusets dans lesquels on l' a fondu.

Il se dit aussi, au pluriel, Des parcelles d' or ou d' argent qui proviennent de cette opération, et de celles qu' on tire des balayures.

LAXATIF, IVE. adj.

LAXATIF, IVE. adj. T. de Médec. Qui a la vertu, la propriété de lâcher le ventre. Remède laxatif. Tisane laxative.

LAYER. v. a.

LAYER. v. a. T. d' Eaux et Forêts. (Il se conjugue comme Payer.) Tracer une laie, une route étroite dans une forêt. Layer un bois, une forêt. Voyez LAIE.

LAYÉ, ÉE. participe

LAYÉ, ÉE. participe

LAYETIER. s. m.

LAYETIER. s. m. Celui qui fait des layettes, des caisses de bois blanc.

LAYETTE. s. f.

LAYETTE. s. f. Tiroir d' armoire où l' on serre des papiers. Mettre des papiers dans une layette. Dans le trésor des chartres, la plupart des layettes étaient marquées par les noms des provinces.

Il se dit aussi d' Un coffret de bois. Petite layette. Dans ce sens et dans celui qui précède, il est peu usité.

LAYETTE

LAYETTE signifie encore, Le linge, les langes, le maillot, et tout ce qui est destiné pour un enfant nouveau-né. Préparer, donner une layette, une belle layette.

LAYEUR. s. m.

LAYEUR. s. m. T. d' Eaux et Forêts. Celui qui trace des laies dans une forêt, ou qui marque le bois qu' on veut layer.

LAZARET. s. m.

LAZARET. s. m. Lieu préparé dans quelques ports, principalement dans ceux de la Méditerranée, pour y faire passer la quarantaine aux personnes, aux effets et aux marchandises, qui viennent des pays infectés ou soupçonnés d' être infectés d' une maladie contagieuse. Le lazaret de Marseille. Entrer au lazaret. Sortir du lazaret.

LAZULI

LAZULI Voyez LAPIS.

LAZZI. s. m.

LAZZI. s. m. Mot emprunté de l' italien, qui signifie, Action, mouvement, geste bouffon dans la représentation des comédies. Les comédies italiennes sont pleines de lazzi. Les lazzi d' Arlequin.

Il se dit, par extension, de Mauvaises plaisanteries et de bouffonneries faites ailleurs qu' au théâtre. Il s' en est tiré par des lazzi. Quelques-uns écrivent au pluriel, Lazzis.

LE, LA, LES

LE, LA, LES Le premier de ces trois mots est l' article du nom masculin, au singulier: Le jour. Le second est l' article du nom féminin, au singulier: La nuit. Le troisième est l' article du pluriel, et il est commun aux deux genres: Les jours. Les nuits.

Si les prépositions de ou à se trouvent devant l' article masculin au singulier, et que le nom suivant commence par une consonne ou par une h aspirée, on change de le en du, et à le en au: Du mois. Au mois. Du héros. Au héros. Si le nom commence par une voyelle ou par une h non aspirée, la préposition et l' article n' éprouvent aucun changement; mais l' article, soit masculin, soit féminin, s' élide: De l' enfant. À l' enfant. De l' honneur. À l' honneur. De l' amitié. À l' amitié.

Quant à l' article du pluriel, la même contraction a lieu, quelle que soit la lettre qui commence le mot suivant. Pour de les, on dit des, et pour à les, on dit aux: Des héros. Aux héros. Des enfants. Aux enfants. Des femmes. Aux femmes.

LE, LA, LES. Pronoms relatifs

LE, LA, LES. Pronoms relatifs dont le premier est pour le genre masculin, le second pour le féminin, le troisième pour les deux genres au pluriel. Ils accompagnent toujours un verbe, et ils remplacent un substantif déjà exprimé. Voilà un bon livre, je vous engage à le lire. Vous avez mon chapeau, rendez-le-moi. Dès que ma soeur sera arrivée, j' irai la voir. Il avait mille francs, et il les a dépensés. Quand vous aurez des nouvelles, faites-les-moi savoir. Je me regarde comme la mère de cet enfant; je la suis de coeur, je la suis par ma tendresse pour lui. Le livre que vous cherchez, le voici. Dans cette phrase, le voici est l' équivalent de vous le voyez.

LE

LE tient quelquefois la place, soit d' un adjectif, soit d' un verbe, ou plutôt d' une proposition; alors il signifie Cela, et il est invariable. Cette femme est belle et le sera longtemps. Je n' ai pas été enrhumée de l' hiver, et je le suis depuis les chaleurs. Si j' étais mère, je le serais avec toute la tendresse imaginable. Ils ne sont pas encore habiles, mais ils le deviendront. Nous devons défendre l' honneur et l' intérêt de nos parents, quand nous le pouvons sans injustice.

LE et LA

LE et LA toutes les fois qu' ils sont devant un verbe qui commence par une voyelle, s' élident dans l' écriture et dans la prononciation: Je le vis, je l' aimai. Je la reconnus, je l' appelai. Je dois l' aimer, et je l' aime. Quand Le est après le verbe, s' il est suivi d' une voyelle, il ne s' élide point en écrivant, mais il s' élide en prononçant: Voyez-le à son retour. (On prononce Voyez-l' à son retour.) Dans le même cas, La ne souffre pas d' élision: Ramenez-la à son devoir.

LÉ. s. m.

LÉ. s. m. Largeur d' une étoffe entre ses deux lisières. Un lé de velours, de satin, de taffetas, de toile, de percale. Draps de lit de deux lés, de trois lés. Cette toile est assez large pour qu' on puisse faire deux mouchoirs au lé, dans le lé. J' ai brûlé ma robe, je suis obligée d' y mettre un lé. Cette robe a cinq lés de tour. Ces rideaux ont trois lés et demi de large.

Demi-lé, La moitié de la largeur d' un lé. C' est assez d' un demi-lé pour cela.

LÈCHE. s. f.

LÈCHE. s. f. Tranche fort mince de quelque chose qui se mange. Une lèche de pain, de jambon. On ne lui en a donné qu' une lèche. Il est familier.

LÈCHEFRITE. s. f.

LÈCHEFRITE. s. f. Ustensile de cuisine, ordinairement de fer, qu' on met sous la broche pour recevoir la graisse et le jus de la viande que l' on fait rôtir. Grande, petite lèchefrite. Mettre la lèchefrite sous le rôti.

LÉCHER. v. a.

LÉCHER. v. a. Passer la langue sur quelque chose. Lécher un plat. Lécher la sauce qui reste sur une assiette. Quand les chats ont mangé quelque chose qu' ils trouvent bon, ils se lèchent les barbes, ils s' en lèchent les barbes. Les chiens guérissent leurs plaies en les léchant. On dit que les ours lèchent leurs petits pour achever de les former. On l' emploie quelquefois avec le pronom personnel. Un chat qui se lèche.

Prov. et pop., Il n' a qu' à s' en lécher les barbes, se dit Pour faire entendre qu' un homme n' aura point ce qu' il voudrait avoir.

Fam., On s' en lèche les doigts, c' est à s' en lécher les doigts, Cela est excellent à manger.

LÉCHER

LÉCHER en termes de Peinture, figurément, Finir son ouvrage avec un soin excessif et minutieux. Ce peintre a le tort de lécher, de trop lécher ses ouvrages. Ce tableau est léché, trop léché.

Il se dit, quelquefois, en parlant Des ouvrages d' esprit. Il lèche ses écrits au point de les rendre secs et froids. Cet ouvrage est trop léché. Dans cette acception, il est familier.

À LÈCHE-DOIGTS. loc. adv. et fam.

À LÈCHE-DOIGTS. loc. adv. et fam. On l' emploie en parlant De choses qui se mangent, et qui sont données en trop petite quantité. Il nous a fait servir d' assez bonnes choses, mais il n' y en avait qu' à lèche-doigts.

LÉCHÉ, ÉE. participe. Fig. et fam

LÉCHÉ, ÉE. participe. Fig. et fam Un ours mal léché, Un homme mal fait, difforme, ou Un homme mal élevé, grossier.

LEÇON. s. f.

LEÇON. s. f. Instruction qu' on donne, ordinairement dans une classe et du haut d' une chaire, à ceux qui veulent apprendre quelque science, quelque langue. Leçon de droit, de théologie, de médecine, de chimie, de botanique, de littérature, d' arabe, de latin, de grec. Ce professeur a commencé, a repris hier ses leçons. Il a fait aujourd' hui une belle leçon, une savante leçon. Faire des leçons publiques. Suivre les leçons, aller entendre les leçons d' un professeur. Je suis arrivé au commencement, au milieu, à la fin de la leçon.

Il se dit aussi en parlant De toutes sortes d' arts, d' exercices, et de sciences, qu' on enseigne en particulier à un seul élève ou à peu d' élèves à la fois. Donner, prendre des leçons de dessin, de musique, de danse, d' équitation, d' escrime, de géographie, d' histoire, de grammaire Donner des leçons d' écriture en ville. Mes enfants ont pris ce matin leur leçon d' italien. Il a pris, il a eu des leçons de chant d' un excellent maître. Il sait assez d' arithmétique; il n' a plus besoin de leçons.

LEÇON

LEÇON se dit, par extension, Des instructions, des conseils donnés à une personne relativement à sa conduite dans la vie ou dans quelque affaire. Un ami sage lui avait donné de bonnes leçons, dont il a mal profité. Je me passerai bien de vos leçons. Il a eu de mauvaises leçons. Avant de l' envoyer traiter pour moi de cette affaire, je lui ai fait sa leçon. Je lui ai bien fait sa leçon. Il a bien retenu, mal retenu sa leçon.

Faire à quelqu' un sa leçon, signifie aussi quelquefois, Faire une réprimande. Il me parlait malhonnêtement; mais je lui ai bien fait sa leçon. On dit dans le même sens, Donner une leçon, une bonne leçon à quelqu' un.

LEÇON

LEÇON se dit figurément Des enseignements, des avertissements utiles que l' on reçoit des choses. Les leçons de l' expérience sont perdues pour la plupart des hommes. Cet événement a été pour moi une bonne, une excellente leçon. Mettre à profit la leçon du malheur. Les leçons de l' histoire. Le théâtre peut offrir des leçons profitables. Le silence du peuple est la leçon des rois.

Prov., Il en ferait leçon, des leçons, se dit D' un homme qui possède parfaitement une science, qui connaît bien une chose.

LEÇON

LEÇON signifie aussi, Ce que le maître donne à l' écolier à apprendre par coeur. Cet écolier apprend, étudie, récite sa leçon. Il sait sa leçon, il sait sa leçon par coeur. Retenir bien sa leçon. Dites votre leçon, vos leçons.

LEÇON

LEÇON se dit aussi Du texte d' un auteur, par comparaison à une ou plusieurs autres copies du même texte. Il y a deux diverses leçons de ce texte. Voici la bonne leçon. Confronter les différentes leçons d' un passage.

Il se dit, figurément et familièrement, d' Un récit qui diffère d' un autre relatif au même fait. Vous racontez ainsi l' aventure; mais il y a une autre leçon, une leçon différente.

LEÇON

LEÇON se dit, dans la Liturgie catholique, de Certains petits chapitres de l' Écriture ou des Pères, qui font partie du bréviaire, et que l' on récite ou que l' on chante à matines. Il y a trois leçons à chaque nocturne.

LECTEUR, TRICE. s.

LECTEUR, TRICE. s. Celui, celle qui lit à haute voix et devant d' autres personnes. C' est un bon lecteur, un fort bon lecteur, un lecteur infatigable. C' est un mauvais lecteur, sa voix est monotone. Vous êtes une excellente lectrice.

Il signifie aussi, Celui, celle dont la fonction est de lire. Lecteur du roi. Lectrice de la reine. Dans les maisons d' éducation, il y a ordinairement un lecteur ou une lectrice de semaine, pour lire au réfectoire.

LECTEUR

LECTEUR se dit, particulièrement, de Celui qui lit seul et des yeux quelque ouvrage; et, en ce sens il n' est guère usité qu' au masculin. L' essentiel pour un écrivain est de plaire à son lecteur, à ses lecteurs. Cet ouvrage a peu de lecteurs, a beaucoup de lecteurs. Le lecteur français veut de la clarté dans tous les écrits. Cet homme est un grand lecteur.

Avis au lecteur, Espèce de petite préface, dans laquelle l' auteur disait ordinairement, Ami lecteur.

Prov. et fig., Avis au lecteur, c' est un avis au lecteur, se dit D' un conseil ou d' un reproche, exprimé d' une manière indirecte et générale, avec dessein que telle personne s' en fasse l' application. Vous entendez bien ce qu' il vient de dire, c' est un avis au lecteur. Il se dit aussi D' un événement, d' un malheur qui peut servir d' instruction à quelqu' un, et l' avertir de prendre garde à lui. Ne vous hasardez pas dans cette affaire; plusieurs s' y sont ruinés, c' est un avis au lecteur.

LECTEUR

LECTEUR se disait autrefois, chez quelques Religieux, Des régents, des docteurs qui enseignaient la philosophie, la théologie. Un tel, lecteur en théologie, lecteur en philosophie.

Lecteurs royaux, Les professeurs du collége royal de France. Lecteur royal en philosophie, en mathématiques, en arabe, en hébreu, etc.

LECTEUR

LECTEUR est, dans l' Église romaine, Un des quatre ordres qu' on appelle Les quatre mineurs.

LECTURE. s. f.

LECTURE. s. f. Action d' une personne qui lit à haute voix. On fit la lecture du contrat de mariage en présence de tous les parents. Lecture faite des articles, on signa. J' ai assisté hier à la lecture d' une belle pièce. Il y a eu une lecture, on a fait une lecture chez moi. Qui est-ce qui fait la lecture ce soir?

Il signifie aussi, L' action, l' habitude de lire seul et des yeux, pour son instruction ou pour son plaisir. La lecture de cet ouvrage est très-attachante. Il aime beaucoup la lecture. Il s' est fort attaché, fort adonné à la lecture. Il s' est rendu savant par la lecture des bons auteurs, par une lecture continuelle. La lecture forme l' esprit.

Il s' emploie quelquefois au pluriel. Il a bien profité de ses lectures.

Il signifie encore, L' instruction qui résulte de la lecture. C' est un homme qui n' a point de lecture, qui n' a aucune lecture, qui a beaucoup de lecture, qui est d' une prodigieuse lecture. Il est rempli, nourri de la lecture des anciens.

Il signifie quelquefois, L' art de lire. Il enseigne la lecture et l' écriture aux enfants. Maître de lecture et d' écriture.

LECTURE

LECTURE se dit souvent par opposition à Représentation, en parlant D' une pièce de théâtre. Cette pièce a réussi à la représentation, mais je doute qu' elle se soutienne à la lecture.

Comité de lecture, jury de lecture, Assemblée devant laquelle on lit les ouvrages destinés à un théâtre, et qui juge s' ils méritent d' être représentés.

Cabinet de lecture, Lieu où, moyennant une rétribution, on lit des journaux et des livres.

LÉGAL, ALE. adj.

LÉGAL, ALE. adj. Qui est établi par la loi, qui est selon la loi, qui résulte de la loi. Des formes légales. Voie légale. Moyens légaux. Intérêt légal. Incapacité légale.

Médecine légale, Application des connaissances médicales à différentes questions de droit, pour les éclaircir et en faciliter la décision. Traité de médecine légale.

LÉGAL

LÉGAL se dit, particulièrement, De ce qui concerne la loi de Dieu donnée par Moïse. Les cérémonies légales. Les viandes légales. Observations légales. Impureté légale.

LÉGALEMENT. adv.

LÉGALEMENT. adv. D' une manière légale. Procéder légalement. Cela n' est pas fait légalement.

LÉGALISATION. s. f.

LÉGALISATION. s. f. Attestation par laquelle un fonctionnaire public compétent certifie qu' un acte est authentique et que foi doit y être ajoutée. Un acte qui manque de légalisation.

Il se dit aussi de L' action de légaliser. Ce magistrat est chargé de la légalisation de tels et tels actes. Bureau de légalisation.

LÉGALISER. v. a.

LÉGALISER. v. a. Attester, certifier l' authenticité d' un acte public, afin qu' il puisse faire foi hors du ressort où il a été passé. Faire légaliser une procuration, un acte de naissance, de décès, un passe-port pour l' étranger.

LÉGALISÉ, ÉE. participe

LÉGALISÉ, ÉE. participe Un acte bien et dûment légalisé.

LÉGALITÉ. s. f.

LÉGALITÉ. s. f. Caractère, qualité de ce qui est légal. La légalité d' un acte. On a contesté la légalité de ces formes, de ces moyens, de ces mesures.

LÉGAT. s. m.

LÉGAT. s. m. Cardinal préposé par le pape pour gouverner quelque province de l' État ecclésiastique. Légat de Bologne. Légat de Ferrare.

Légat à latere (on prononce latéré), ou simplement Légat, Cardinal envoyé avec des pouvoirs extraordinaires, par le pape, auprès de quelqu' un des princes chrétiens, à un concile, etc. Le légat à latere présenta ses lettres. Les légats du pape présidèrent au concile de Trente.

Légat-né du saint-siége. Qualité que prennent quelques prélats. L' archevêque duc de Reims se qualifiait de légat-né du saint-siége.

LÉGATAIRE. s. des deux genres

LÉGATAIRE. s. des deux genres T. de Jurispr. Celui ou celle à qui on fait un legs. Légataire particulier. Légataire universel. On ne peut être légataire et héritier tout ensemble. Elle est légataire universelle. Être légataire de quelqu' un. Un des légataires. Sa mère l' a fait son légataire, l' a faite sa légataire.

LÉGATION. s. f.

LÉGATION. s. f. La charge, l' office, l' emploi du légat. Le pape a donné la légation de cette province à tel cardinal. Les légats à latere ne pouvaient exercer leur légation en France sans permission du roi, et sans avoir fait vérifier au parlement leurs lettres de légation.

Il signifie également, L' étendue du gouvernement d' un légat dans l' État ecclésiastique. En ce sens, on n' applique guère ce mot qu' au Bolonais et au Ferrarais. Dans toute la légation de Bologne. Dans toute l' étendue de la légation de Ferrare. Dans les deux légations.

Il signifie aussi, Le temps que durent les fonctions d' un légat. Cela se passa pendant sa légation.

LÉGATION

LÉGATION en termes de Diplomatie, Commission que quelques puissances donnent à une ou plusieurs personnes, pour aller négocier auprès d' une puissance étrangère. Il y a des conseillers et des secrétaires de légation.

Il se dit aussi collectivement, non-seulement de L' ambassadeur, de l' envoyé ou du ministre plénipotentiaire, mais encore Des conseillers, des secrétaires employés sous lui et payés par le gouvernement. La légation anglaise. La légation de Russie.

Il se dit encore de L' hôtel que ces personnes habitent. Je suis allé à la légation de Suède.

LÉGATOIRE. adj.

LÉGATOIRE. adj. Terme d' Hist. anc., qui n' est usité que dans cette locution, Province légatoire, Province gouvernée par un lieutenant, sous les empereurs romains.

LÉGE. adj. des deux genres

LÉGE. adj. des deux genres T. de Marine. Il se dit D' un bâtiment qui n' a pas sa charge complète, et dont la carène n' entre pas assez dans l' eau. Ce vaisseau est lége et n' a pas de stabilité.

Bâtiment qui fait son retour lége, Bâtiment qui revient sans charge, à vide, bâtiment sur son lest.

LÉGENDAIRE. s. m.

LÉGENDAIRE. s. m. Auteur de légendes. On reproche a la plupart des anciens légendaires d' avoir été trop crédules.

LÉGENDE. s. f.

LÉGENDE. s. f. Ouvrage contenant le récit de la vie des saints. Une vieille légende. Les anciennes légendes sont remplies de fables plus propres à scandaliser qu' à édifier. Lire la légende. Ce saint-là n' est pas dans la légende.

Légende dorée, Compilation de vies des saints, composée vers la fin du treizième siècle.

LÉGENDE

LÉGENDE se dit aussi, par dénigrement, d' Un écrit long et ennuyeux par ses détails, d' une longue suite de choses fastidieuses. Il nous a apporté une grande légende des actions de ses ancêtres. Cet avocat a produit une légende d' autorités qui ne finissait pas.

LÉGENDE

LÉGENDE se dit encore d' Une inscription gravée circulairement près des bords et quelquefois sur la tranche d' une pièce de monnaie, d' un jeton, d' une médaille. Les anciens écus de six francs avaient pour légende, SIT NOMEN DOMINI BENEDICTUM.

LÉGER, ÈRE. adj.

LÉGER, ÈRE. adj. Qui ne pèse guère. Un corps léger. L' air est plus léger que l' eau. Léger comme une plume. Léger comme l' air. Un habit léger. Une étoffe légère. Voilà de la vaisselle d' argent trop légère. Une armure légère. Une voiture légère.

Pièce de monnaie légère, Pièce qui ne pèse pas ce qu' elle doit peser. Des espèces légères. Ce louis d' or est léger d' un grain, de deux grains.

Terre légère, Terre meuble, qu' on remue aisément.

Troupes légères, Troupes qu' on emploie hors de ligne pour reconnaître, harceler, poursuivre l' ennemi. Cavalerie légère, se dit par opposition à La cavalerie pesamment armée. Infanterie légère, Les corps de chasseurs à pied. Artillerie légère, Celle dont les canonniers sont à cheval.

En termes de Manége, Ce cheval est léger à la main, Il a la bouche bonne, les jarrets bons, il ne s' appuie pas sur le mors.

Avoir la main légère, se dit D' un cavalier qui se sert bien des aides de la main; D' un chirurgien qui opère facilement et adroitement; D' un joueur d' instruments qui exécute avec aisance et prestesse; D' une personne qui met de la liberté et de la rapidité dans son écriture.

Par extension et fam., Avoir la main légère, Être prompt à frapper. Il a la main légère. Dans le même sens, Il est léger de la main. Il se dit aussi D' un filou qui dérobe adroitement.

Fig., Avoir la main légère, User de son pouvoir, de son autorité avec modération. Pour bien gouverner, il faut avoir la main légère.

Prov., Être léger d' argent, N' en avoir guère.

Fig., Avoir le sommeil léger, Se réveiller au moindre bruit.

LÉGER

LÉGER en parlant Des aliments, signifie, Facile à digérer. Il y a des viandes plus légères que d' autres à l' estomac.

Il s' applique À certaines boissons qui ont peu de force. Un vin léger. Une infusion légère. Du thé fort léger.

Prendre un léger repas, un repas léger, Prendre un repas frugal, où l' on mange peu.

LÉGER

LÉGER signifie aussi, Dispos et agile. Je me sens aujourd' hui plus léger qu' à l' ordinaire. Marcher d' un pied léger, d' un pas léger. Être léger à la course. Plus léger que le vent.

Fam., Je suis allé là de mon pied léger, J' y suis allé à pied.

Avoir la voix légère, Chanter aisément les passages difficiles.

LÉGER

LÉGER dans les Arts du dessin, se dit De ce qui est l' opposé de Lourd, de massif, de ce qui porte un caractère de délicatesse et de facilité. En Peinture: Contours légers. Draperie légère. Tableau léger de touche, léger de pinceau. Pinceau léger. En Architecture, en Sculpture, en Ciselure, etc.: Ouvrages légers, ornements légers, Cette broderie est légère, est d' un dessin léger.

LÉGER

LÉGER s' emploie aussi par opposition à Grossier, opaque. Une vapeur légère.

En Peinture, Couleur légère, Couleur aérienne et transparente.

LÉGER

LÉGER signifie figurément, Peu important, peu considérable. Raisons légères. Un sujet bien léger. Une légère dispute. Une injure légère. Une faute légère. Une peine, une pénitence légère. Une légère blessure. Une douleur légère.

Il signifie quelquefois, au moral, Superficiel. Prendre une légère teinture de quelque science. N' avoir qu' une légère notion de quelque chose. Pour vous en donner une légère idée.

LÉGER

LÉGER signifie aussi figurément, Volage, inconstant dans ses sentiments ou dans ses opinions. Un peuple léger. Un esprit léger. Avoir le coeur léger. C' est un homme léger.

Cet homme a la tête légère, le cerveau léger, l' esprit léger, c' est une tête légère, Il est peu sage, peu sensé.

LÉGER

LÉGER signifie en outre figurément, Inconsidéré. Cette femme est bien légère dans sa conduite et dans ses discours. Propos léger.

LÉGER

LÉGER en parlant du style, s' emploie quelquefois dans le sens d' Agréable et facile. Cet auteur a le style léger.

Poésie légère, Poésie dont les sujets sont peu importants, et dont le principal caractère est la facilité, l' abandon. Il a réussi dans la poésie légère. Il se dit, au pluriel, Des pièces de vers qui appartiennent à ce genre de poésie. On a réuni en un volume toutes ses poésies légères.

À LA LÉGÈRE. loc. adv.

À LA LÉGÈRE. loc. adv. Il ne se dit guère, au propre, qu' en parlant Des armes et des habits qui pèsent peu. Être armé à la légère. Être vêtu à la légère.

Il signifie au figuré, Inconsidérément, sans beaucoup de réflexion. Entreprendre quelque chose à la légère. Vous y allez bien à la légère.

LÉGÈREMENT. adv.

LÉGÈREMENT. adv. D' une manière légère, par opposition à pesante. Être vêtu, armé légèrement. Marcher, courir, sauter légèrement.

Il signifie aussi, Peu, au sens physique et au sens moral. Souper légèrement. Blessé légèrement. Il est fort légèrement touché de sa faute. Il a été puni bien légèrement pour une faute si grave. Il a traité ce point trop légèrement.

Il signifie encore, Inconsidérément, avec irréflexion. Il se conduit, il parle fort légèrement. Il ne faut pas croire si légèrement. Vous avez pris cette résolution un peu trop légèrement. Vous n' avez pas examiné ce passage, cette raison; vous avez passé dessus trop légèrement.

Il signifie quelquefois, Avec facilité et délicatesse. Ce tableau est légèrement touché. Ce dessin est légèrement fait. Ce musicien joue, exécute bien légèrement.

LÉGÈRETÉ. s. f.

LÉGÈRETÉ. s. f. Qualité de ce qui est léger, peu pesant. La légèreté de l' air. La légèreté des vapeurs.

Il signifie aussi, Agilité, vitesse. Marcher, courir avec légèreté. La légèreté des oiseaux. La légèreté d' un cerf. La légèreté d' un danseur. La légèreté de sa marche, de sa danse, de sa course.

Il a une grande légèreté de main, se dit D' un homme qui écrit avec aisance et célérité, et D' un joueur d' instruments dont le jeu est facile et brillant. Il a une grande légèreté de pinceau, se dit D' un peintre dont la touche est légère. Il a beaucoup de légèreté dans la voix, se dit D' un chanteur qui fait aisément les passages difficiles.

LÉGÈRETÉ

LÉGÈRETÉ signifie figurément, Inconstance, instabilité. Je crains la légèreté de son esprit, de son caractère. Il a dans le caractère une légèreté qui l' empêche de se fixer à aucun parti.

Il signifie aussi, Irréflexion, imprudence. La légèreté de sa conduite, de ses discours, lui a causé beaucoup de désagréments.

Il se dit quelquefois d' Une faute commise par légèreté, d' un tort peu grave. Cette légèreté ne méritait pas une si grande punition. Ce ne sont que des légèretés qui tiennent à son âge.

LÉGÈRETÉ

LÉGÈRETÉ se prend quelquefois pour Agrément, facilité, en parlant De style et de conversation. Il a de la légèreté dans la conversation, dans le style.

LÉGION. s. f.

LÉGION. s. f. T. d' Antiquité romaine. Corps de gens de guerre composé d' infanterie et de cavalerie. La première légion; la deuxième, la quatorzième légion, etc. La légion fulminante. La légion thébaine. Les légions des Gaules, de l' Illyrie, etc. Les légions romaines. Les vieilles légions. Commander une légion. Le tribun d' une légion. Chaque légion était divisée en dix cohortes.

Il s' est dit autrefois, en France, de Certains corps d' infanterie, et il se disait encore récemment Des régiments d' infanterie de ligne. Chaque légion portait le nom d' un des départements de la France. La légion d' Indre-et-Loire, de la Corrèze, du Rhône.

Il se dit encore aujourd' hui Des régiments de garde nationale, de ceux de la gendarmerie, etc. La première, la seconde, la troisième légion. Le colonel d' une légion.

Légion d' honneur, Ordre institué en France pour récompenser les services et les talents distingués. Grand chancelier, grand officier, commandant, officier, chevalier, membre de la Légion d' honneur. Il a obtenu, il a reçu, il porte la décoration de la Légion d' honneur. Être dégradé de la Légion d' honneur par suite d' un jugement infamant.

LÉGION

LÉGION signifie, figurément et familièrement, Un grand nombre de personnes. Une légion de parents, de neveux, de cousins. Ils étaient une légion. Dans le style de l' Écriture: Des légions d' anges. Des légions de démons.

LÉGIONNAIRE. s. m.

LÉGIONNAIRE. s. m. Soldat dans une légion romaine. Les légionnaires firent des merveilles en cette occasion.

Il signifie aussi, Membre de la Légion d' honneur. Il était simple légionnaire, il a été nommé officier.

LÉGIONNAIRE

LÉGIONNAIRE est quelquefois adjectif. Soldat légionnaire.

Épées légionnaires, Épées qui étaient à l' usage des légions romaines, et dont quelques-unes se voient encore dans les cabinets d' antiquités. Dans cette locution, Légionnaire est féminin.

LÉGISLATEUR, TRICE. s.

LÉGISLATEUR, TRICE. s. Celui, celle qui donne des lois à un peuple. Moïse fut le législateur des Hébreux. Lycurgue et Solon sont des législateurs célèbres. Catherine II fut la législatrice de son peuple.

Il se dit aussi en parlant Des lois religieuses. JÉSUS-CHRIST, le législateur des chrétiens. Notre divin législateur. Confucius, législateur des Chinois.

Il se dit, par extension, de Celui, de celle qui établit les principes d' un art, d' une science. Boileau est le législateur de la poésie française, du Parnasse français.

Il se dit quelquefois, absolument, Du pouvoir qui fait les lois. C' est au législateur qu' il appartient d' expliquer la loi. Telle n' est point l' intention du législateur.

LÉGISLATEUR

LÉGISLATEUR s' emploie quelquefois adjectivement. Un roi législateur. Ce prince, guerrier et législateur, poliça les nations qu' il avait soumises. Sémiramis, à la fois guerrière et législatrice, étonna l' Asie.

LÉGISLATIF, IVE. adj.

LÉGISLATIF, IVE. adj. Qui fait les lois. Pouvoir législatif. Puissance, autorité législative. En France, le concours du roi et des deux chambres forme le pouvoir législatif. Corps législatif. Assemblée législative.

Il signifie aussi, Qui est de la nature des lois, qui porte le caractère des lois. Acte législatif. Mesures, dispositions législatives.

LÉGISLATION. s. f.

LÉGISLATION. s. f. Droit de faire les lois. Dans lés gouvernements absolus, la législation n' appartient qu' au monarque.

Il se dit aussi Du corps même des lois. Bonne législation. Législation vicieuse, défectueuse. Réformer la législation. Corriger les vices, remplir les lacunes de la législation.

Il se dit encore de La science, de la connaissance des lois. Un cours de législation. Il est habile en législation.

LÉGISLATURE. s. f.

LÉGISLATURE. s. f. Les trois pouvoirs qui concourent à la confection des lois. La législature vient de décider une grande question.

Il s' emploie, souvent, dans le sens d' Assemblée législative. Législature nombreuse, complète.

Il signifie aussi, La période de temps qui s' écoule depuis l' installation d' une assemblée législative, jusqu' à l' expiration de ses pouvoirs. Pendant la première, pendant la seconde législature.

LÉGISTE. s. m.

LÉGISTE. s. m. Celui qui connaît ou qui étudie les lois. Tous les légistes sont du même avis sur cette question. Un jeune légiste.

LÉGITIMAIRE. adj. des deux genres

LÉGITIMAIRE. adj. des deux genres T. de Jurisprud. Qui appartient à la légitime. Portion légitimaire. Droits légitimaires. Héritiers légitimaires.

LÉGITIMATION. s. f.

LÉGITIMATION. s. f. Changement d' état d' un enfant naturel que ses père et mère reconnaissent par mariage subséquent, et qui acquiert par là les droits des enfants nés en légitime mariage. Autrefois la légitimation pouvait s' opérer par lettres de chancellerie.

Il signifie aussi, Reconnaissance authentique et juridique des pouvoirs d' un envoyé, d' un député, etc. Après la légitimation de ses pouvoirs auprès de la diète, il est entré en fonctions.

LÉGITIME. adj. des deux genres

LÉGITIME. adj. des deux genres Qui a les conditions, les qualités requises par la loi. Pouvoir légitime. Autorité légitime. Mariage légitime.

Enfant légitime, Enfant né durant le mariage, ou après la mort du père, dans le délai que fixe la loi.

Intérêt légitime, Intérêt de l' argent au taux fixé par la loi.

LÉGITIME

LÉGITIME signifie aussi, Juste, équitable, fondé sur la raison, ou conforme à des règles établies. Ses voeux sont légitimes. Il a un sujet fort légitime de se plaindre de vous. Sa douleur est légitime. Y a-t-il rien de plus légitime? Il a des prétentions fort légitimes. Son droit est très-légitime. Conséquence légitime.

LÉGITIME. s. f.

LÉGITIME. s. f. T. de Jurisprud. La portion assurée par la loi à certains héritiers sur la part héréditaire qu' ils auraient eue en entier, si le défunt n' en avait disposé, totalement ou partiellement, par donations entre-vifs ou testamentaires. Un père ne peut pas ôter la légitime à son fils. La légitime des ascendants. Son père lui a donné sa légitime. Un fils qui a eu, qui a reçu sa légitime. Demander sa légitime. Il a été réduit à sa légitime.

LÉGITIMEMENT. adv.

LÉGITIMEMENT. adv. Conformément à la loi, à l' équité, à la raison, aux règles établies. Un bien légitimement acquis. Cette somme lui est légitimement due.

LÉGITIMER. v. a.

LÉGITIMER. v. a. Donner à un enfant naturel les droits des enfants nés en légitime mariage. Son mariage a légitimé deux enfants qu' il avait eus auparavant. Ce prince fit légitimer deux de ses enfants naturels.

Il signifie aussi, Faire reconnaître son titre, son pouvoir, pour authentique et juridique. Il a fait légitimer ses pouvoirs, sa commission.

Il signifie encore, Justifier, rendre excusable. La dureté des parents ne légitime point l' ingratitude des enfants. L' ivresse ne légitime aucune mauvaise action.

LÉGITIMÉ, ÉE. participe

LÉGITIMÉ, ÉE. participe Les enfants légitimés. Des pouvoirs légitimés.

LÉGITIMITÉ. s. f.

LÉGITIMITÉ. s. f. La qualité de ce qui est conforme à la loi, à la justice, à la raison, ou aux règles établies. On attaqua la légitimité de son mariage. La légitimité d' un droit, d' une action, d' une prétention, d' une demande.

Il signifie particulièrement, L' état, la qualité d' un enfant légitime. On lui dispute sa légitimité. Il s' agit de sa légitimité.

LEGS. s. m.

LEGS. s. m. (Le G ne se prononce pas.) Don fait par testament ou par autre acte de dernière volonté. Legs universel, particulier. Legs pieux. Faire, laisser, accepter, recevoir, refuser un legs, des legs. Un legs de dix mille francs, de cent mille francs. Acquitter, payer les legs. Il n' y a pas de fonds, où prendra-t-on les legs? Un legs caduc.

LÉGUER. v. a.

LÉGUER. v. a. Donner par testament ou par autre acte de dernière volonté. Il lui a légué dix mille écus par son testament, par son codicille. Je léguerai tous mes biens. Cela lui a été légué. Je donne et lègue ma ferme à un tel.

Il signifie figurément, Transmettre. Il a légué son talent, sa probité, son courage à son fils. Le dernier siècle a légué au nôtre plusieurs découvertes précieuses.

LÉGUÉ, ÉE. participe

LÉGUÉ, ÉE. participe

LÉGUME. s. m.

LÉGUME. s. m. Il se dit, proprement, de Certaines graines qui viennent dans des gousses, comme les pois, les fèves, etc. Légumes nourrissants, savoureux. Légumes verts. Légumes secs. Les haricots sont un légume dont les estomacs faibles doivent s' abstenir.

Il se dit, généralement, de Toute sorte d' herbes potagères, de plantes, de racines bonnes à manger. Les épinards, les artichauts, les salsifis sont d' excellents légumes. Je ne connais pas de meilleur légume que la pomme de terre. C' est un homme qui ne vit que de légumes, qui ne mange que des légumes.

Il se dit quelquefois, en termes de Botanique, pour Gousse. Le fruit de cette plante est un légume.

LÉGUMINEUX, EUSE. adj.

LÉGUMINEUX, EUSE. adj. T. de Botan. Il ne s' emploie guère qu' au féminin, et se dit De certaines plantes dont la fleur est irrégulière, et dont le fruit est une gousse, comme le pois, la fève, le haricot, l' acacia, le genêt, etc. Plante légumineuse.

Il s' emploie aussi comme substantif. Le trèfle est une légumineuse. La famille des légumineuses comprend un grand nombre de genres.

LEMME. s. m.

LEMME. s. m. T. de Mathém. Proposition dont la démonstration est nécessaire pour une autre proposition qui doit la suivre.

LÉMURES. s. f. plur.

LÉMURES. s. f. plur. Voyez LARVES.

LENDEMAIN. s. m.

LENDEMAIN. s. m. Le jour qui a suivi ou qui suivra celui dont on parle. Ils partirent le lendemain. On l' a remis au lendemain. Différer jusqu' au lendemain. Le lendemain de ses noces. Le lendemain des fêtes. Il ne faut jamais remettre une bonne action au lendemain. Il arrivera pour chacun de nous un jour qui n' aura pas de lendemain. Personne n' est assuré du lendemain. Ne songer, ne penser jamais au lendemain.

Prov., Il n' y a pas de bonne fête sans lendemain, se dit Lorsque, après s' être diverti un jour, on propose de se divertir encore le jour suivant.

LENDORE. s. des deux genres

LENDORE. s. des deux genres Personne lente et paresseuse, qui semble toujours assoupie. C' est un lendore, une grande lendore. Il est populaire.

LÉNIFIER. v. a.

LÉNIFIER. v. a. T. de Médec. Adoucir au moyen d' un lénitif.

LÉNIFIÉ, ÉE. participe

LÉNIFIÉ, ÉE. participe

LÉNITIF, IVE. adj.

LÉNITIF, IVE. adj. T. de Médec. Qui adoucit les humeurs, et qui calme les douleurs, ou Qui purge doucement. Remède lénitif. Potion lénitive. Électuaire lénitif.

Il s' emploie aussi substantivement, au masculin. Le miel est un bon lénitif.

Il signifie quelquefois au figuré, Adoucissement, soulagement, consolation. Cette agréable nouvelle fut un grand lénitif à sa douleur.

LENT, ENTE. adj.

LENT, ENTE. adj. Tardif, qui n' est pas vite dans ses mouvements, dans ses actions, qui n' agit pas avec promptitude. L' âne est un animal lent et pesant. Que cet homme est lent! Il est lent dans tout ce qu' il fait, à tout ce qu' il fait. Il est lent dans tous ses mouvements. Lent à parler, à écrire. Il est lent à punir, prompt à récompenser. C' est un esprit lent.

Il se dit aussi De certaines facultés et de certaines choses dont l' action ou l' effet manque de promptitude. Avoir un esprit lent, une imagination lente. Le mouvement d' Uranus paraît plus lent que celui des autres planètes. Avoir le pouls lent. Une eau lente. Un poison lent. Une fièvre lente. Des remèdes lents. Un feu lent. Une démarche lente. Sa convalescence est bien lente. Avoir la parole lente. L' action lente du temps détruit les corps les plus solides.

LENTE. s. f.

LENTE. s. f. OEuf de pou. Avoir des lentes à la tête, dans les cheveux. Des lentes vives.

LENTEMENT. adv.

LENTEMENT. adv. Avec lenteur. Marcher, se mouvoir, agir, parler, manger lentement. Il chante lentement. Il va lentement en besogne. Cette rivière coule lentement. Dans les travaux de l' esprit, il faut se hâter lentement.

LENTEUR. s. f.

LENTEUR. s. f. Manque d' activité et de célérité dans le mouvement et dans l' action. Grande lenteur. Lenteur insupportable. La lenteur de la tortue. La lenteur de sa prononciation m' impatiente. Il met beaucoup de lenteur à tout ce qu' il fait, dans tout ce qu' il fait. Agir, parler avec lenteur. Les plaideurs sont sujets à essuyer des lenteurs. Les lenteurs de la procédure. Lenteurs affectées.

Il se dit, figurément, De l' imagination, de l' esprit, comme dans cette phrase, Avoir une grande lenteur d' imagination, une grande lenteur d' esprit, Imaginer, concevoir difficilement et avec peine.

Il se dit aussi en parlant De l' action d' une pièce de théâtre, d' un roman. Il y a trop de lenteur dans la marche, dans l' action de cette pièce de théâtre, de ce roman.

LENTICULAIRE. adj. des deux genres

LENTICULAIRE. adj. des deux genres Qui a la forme d' une lentille. Verre lenticulaire. Pierre lenticulaire. Corps lenticulaire. Corps de figure, de forme lenticulaire. En termes d' Anatomie et de Médecine, on dit, dans le même sens, Lenticulé, ée, et Lentiforme.

LENTICULÉ, ÉE et LENTIFORME. adj.

LENTICULÉ, ÉE et LENTIFORME. adj. Voyez LENTICULAIRE.

LENTILLE. s. f.

LENTILLE. s. f. Plante légumineuse dont la graine, petite, plate, ronde, amincie par les bords, et de couleur roussâtre, est employée comme aliment. Semer des lentilles.

Il se dit également Des graines de lentille. Manger des lentilles. Une soupe aux lentilles. Des lentilles fricassées. Une purée de lentilles. Il faut prendre de cet onguent, de cet opiat gros comme une lentille.

Lentille d' eau, ou Lentille de marais, Plante qui flotte sur les eaux stagnantes, et dont la feuille a la forme d' une lentille.

LENTILLE

LENTILLE se dit aussi, surtout au pluriel, de Certaines taches rousses qui viennent sur la peau, ordinairement au visage et aux mains, et qui ressemblent aux lentilles, soit pour la couleur, soit pour la figure. Ces taches se nomment vulgairement Taches de rousseur, et dans le langage médical Éphélides. Elle a le visage plein de lentilles.

LENTILLE

LENTILLE en termes de Dioptrique, se dit d' Un verre taillé en forme de lentille. Lire de petits caractères avec une lentille. Le foyer d' une lentille.

En Horlogerie, Lentille de pendule, Poids de cuivre, de forme lenticulaire, qui est attaché à l' extrémité du pendule ou balancier.

LENTISQUE. s. m.

LENTISQUE. s. m. Espèce de pistachier que l' on cultive dans l' Orient pour en tirer la résine connue sous le nom de Mastic.

LÉONIN, INE. adj.

LÉONIN, INE. adj. Qui appartient au lion, qui est propre au lion. Il est principalement usité dans cette locution, Société léonine, Société où tous les avantages sont pour un ou pour quelques-uns des associés, au détriment des autres. On dit, dans le même sens: Une maxime léonine. Une politique léonine. Un contrat, un partage léonin.

LÉONIN, INE. adj.

LÉONIN, INE. adj. Il se dit De certains vers latins dont les deux hémistiches riment ensemble. On n' est pas bien assuré du temps où les vers léonins ont commencé.

LÉOPARD. s. m.

LÉOPARD. s. m. Quadrupède carnassier qui a la peau tavelée, tachetée, marquetée. Le léopard est un animal fort vite.

Fig., en poésie et dans le style oratoire, Les léopards, ou Le léopard, L' Angleterre, par allusion aux léopards qui figurent dans ses armoiries.

LÉPAS. s. m.

LÉPAS. s. m. (On prononce l' S.) T. d' Hist. nat. Coquillage univalve, qu' on nomme aussi Patelle.

LÉPIDOPTÈRE. s. m.

LÉPIDOPTÈRE. s. m. T. d' Hist. nat. Il se dit Des insectes qui ont quatre ailes couvertes d' une poussière écailleuse, et une trompe roulée en spirale. Les papillons sont des lépidoptères, appartiennent à l' ordre des lépidoptères.

Il s' emploie quelquefois adjectivement. Les insectes lépidoptères.

LÈPRE. s. f.

LÈPRE. s. f. Ladrerie, maladie qui couvre la peau de pustules et d' écailles. Chez les Juifs, ceux qui avaient la lèpre étaient séparés du reste du peuple. Il est tout couvert, tout blanc de lèpre. Il fut frappé, il fut guéri de la lèpre.

Il s' emploie quelquefois figurément. La lèpre du péché. La lèpre des mauvaises moeurs, de la cupidité, menaçait de s' étendre sur la société tout entière. La lèpre héréditaire des préjugés.

LÉPREUX, EUSE. adj.

LÉPREUX, EUSE. adj. Qui a la lèpre. Un homme lépreux. Une femme lépreuse.

Il est aussi substantif. Les dix lépreux de l' Évangile. Un hôpital pour les lépreux.

LÉPROSERIE. s. f.

LÉPROSERIE. s. f. Hôpital pour les lépreux. Il fonda une léproserie.

LEQUEL, LAQUELLE. Adj. relatif et conjonctif

LEQUEL, LAQUELLE. Adj. relatif et conjonctif composé de l' article Le, la, et de l' adjectif Quel, quelle. Il est synonyme de Qui. Duquel, de laquelle; auquel, à laquelle. Pluriel, Lesquels, lesquelles; desquels, desquelles; auxquels, auxquelles.

Il s' emploie en parlant Des personnes et des choses, et presque toujours avec du, de la, des, au, à la, aux; alors il n' est point sujet de la proposition qu' il joint à l' antécédent. C' est un homme duquel je vous réponds. C' est une condition de laquelle je ne puis me départir, à laquelle je ne puis renoncer, sans laquelle je ne consentirai à rien. Il m' a tenu un discours auquel je n' ai rien compris. Vous avez des habitudes auxquelles il faut renoncer.

Il s' emploie quelquefois comme sujet de la proposition qu' il joint à son antécédent, lorsque l' emploi de Qui pourrait produire une équivoque. Un homme s' est levé au milieu de l' assemblée, lequel a parlé d' une manière extravagante. Il y a une édition de ce livre, laquelle se vend fort bon marché.

Il s' emploie aussi comme sujet, en style de Pratique et d' Administration. On a entendu trois témoins, lesquels ont dit... On a lu le mémoire de la réclamante, laquelle sollicite un dégrèvement.

LEQUEL, LAQUELLE

LEQUEL, LAQUELLE signifie quelquefois, Quel est celui, quelle est celle, etc. En ce sens, il est toujours interrogatif. Lequel aimez-vous le mieux de ces deux tableaux-là? Lequel vous plaît le plus? Duquel des deux voulez-vous vous défaire? Par lequel des deux chemins irons-nous? Lequel aimez-vous le mieux de vos deux cousins? Auquel avez-vous parlé?

LEQUEL, LAQUELLE

LEQUEL, LAQUELLE signifie aussi, Celui, celle qui, etc. Parmi ces étoffes, voyez laquelle vous plairait le plus. Choisissez laquelle vous voudrez. Choisissez entre nous lequel vous voulez pour compagnon.

LÉROT. s. m.

LÉROT. s. m. Espèce de petit loir gris, à taches noires sur l' oeil et derrière l' oreille. On le nomme aussi Liron.

LES. Pluriel des articles

LES. Pluriel des articles Le et La, ainsi que du pronom relatif de la troisième personne. Voyez LE.

LÈSE

LÈSE Mot emprunté d' un participe latin, et signifiant, Blessé, violé. Il s' emploie principalement avec le mot de Majesté. Crime de lèse-majesté humaine, de lèse-majesté divine. Criminel de lèse-majesté.

Il se joint quelquefois, par allusion, à d' autres substantifs féminins. Crime de lèse-humanité, de lèse-nation. En désobéissant à l' ordonnance du médecin, vous commettez un crime de lèse-faculté. Cette dernière phrase est familière.

LÉSER. v. a.

LÉSER. v. a. Faire tort. Je craindrais de vous léser. Être lésé d' outre moitié du juste prix.

Il signifie, en termes de Chirurgie, Blesser. Le coup a lésé les parties nobles. La poitrine a été profondément lésée.

LÉSÉ, ÉE. participe

LÉSÉ, ÉE. participe Je suis la seule partie lésée. Il n' y a personne de lésé dans cette affaire.

LÉSINE. s. f.

LÉSINE. s. f. Épargne sordide et raffinée jusque dans les moindres choses. Il est d' une lésine qui passe toute croyance. Faire quelque chose par lésine. Il n' y avait que lui qui fût capable de tant de lésine, d' une lésine si honteuse. On a fait mille contes de sa lésine. Sa lésine s' exerce sur les moindres objets de sa dépense.

LÉSINER. v. n.

LÉSINER. v. n. User de lésine. Il lésine sur tout.

LÉSINERIE. s. f.

LÉSINERIE. s. f. Acte de lésine. Il a fait une grande lésinerie. Faire des lésineries.

Il signifie aussi, Le vice de caractère qui porte à lésiner. Cet homme est d' une lésinerie incroyable.

LÉSION. s. f.

LÉSION. s. f. Dommage, préjudice qu' on souffre dans quelque transaction, dans quelque marché, dans quelque contrat. Le vendeur est reçu à revenir contre la vente, quand il y a lésion d' outre moitié du juste prix. Montrez-moi en quoi il y a lésion, où est la lésion.

Il signifie, en termes de Chirurgie, Blessure. Ce coup de feu lui a fait une lésion légère, une lésion profonde, considérable aux intestins.

Lésion organique du coeur, du poumon, Altération du coeur, du poumon, produite par quelque cause interne.

LESSE. s. f.

LESSE. s. f. Voyez LAISSE.

LESSIVE. s. f.

LESSIVE. s. f. Eau chaude que l' on verse sur du linge à blanchir, qui est entassé dans un cuvier, et sur lequel on a mis un lit de soude ou de cendre de bois neuf. Bonne lessive. Forte lessive. Mettre du linge à la lessive. Couler la lessive.

Il se dit aussi de L' action de lessiver, de couler la lessive. Faire la lessive. Du linge blanc de lessive. Ce linge ne sera tout à fait blanc qu' après plusieurs lessives.

Il se dit encore Du linge qui doit être mis à la lessive, qui doit être lessivé. Toute ma lessive est écrite, donnée. J' ai donné ma lessive à laver.

LESSIVE

LESSIVE se dit aussi de Toute sorte d' eau détersive, rendue telle par de la cendre, ou par quelque autre matière convenable. Faire une lessive pour dégraisser les cheveux. On fait une sorte de lessive aux olives pour en ôter l' amertume.

Prov. et fig., À laver la tête d' un More, la tête d' un âne, on perd sa lessive, Inutilement on se donne beaucoup de soin et de peine pour faire comprendre quelque chose à un homme qui n' en est pas capable, ou pour corriger un homme incorrigible.

Fig. et fam., Il a fait une lessive, une forte, une furieuse lessive, Il a fait une perte considérable au jeu.

LESSIVE

LESSIVE en termes de Chimie, Opération qui consiste à verser plusieurs fois de l' eau chaude ou froide sur des matières terreuses ou autres, pour en extraire les parties solubles qu' elles contiennent.

LESSIVER. v. a.

LESSIVER. v. a. Nettoyer, blanchir au moyen de la lessive; faire la lessive. Il faut lessiver deux fois ces draps de lit, pour qu' ils redeviennent blancs.

Il signifie, en termes de Chimie, Verser à plusieurs reprises de l' eau chaude ou froide sur des matières terreuses ou autres, pour en extraire les parties solubles qu' elles contiennent. On a lessivé ces terres, afin d' en tirer du salpêtre.

LESSIVÉ, ÉE. participe

LESSIVÉ, ÉE. participe

LEST. s. m.

LEST. s. m. (Le T se prononce.) T. de Marine. Pierres, sable ou autres matières pesantes, dont on charge le fond d' un bâtiment pour lui faire prendre la quantité d' eau convenable, et pour lui donner de la stabilité. Ils prirent des carreaux de marbre pour servir de lest. Le lest le plus pesant est le meilleur.

Le navire est parti, est retourné sur son lest, Il est parti, retourné, sans prendre de chargement.

LESTAGE. s. m.

LESTAGE. s. m. T. de Marine. Action de lester un bâtiment.

LESTE. adj. des deux genres

LESTE. adj. des deux genres Qui a de la facilité, de la légèreté dans ses mouvements. Ce vieillard est encore fort leste. Il marche d' un pas leste.

Il signifie aussi, Qui est équipé de manière à exécuter avec facilité tous ses mouvements. On est bien leste avec cette sorte de vêtement. Ces troupes sont bien lestes. Tout son cortége était leste et brillant.

Un équipage leste, Une voiture attelée de chevaux vifs et légers.

LESTE

LESTE se dit aussi Des vêtements légers et dégagés qui laissent aux mouvements toute leur liberté. Un habillement, un vêtement leste. Cet uniforme est plus leste que l' ancien.

LESTE

LESTE se dit figurément D' une personne adroite, prompte à trouver des expédients, et à les mettre en usage. C' est un homme leste en affaires.

Il se dit aussi, figurément et en mauvaise part, D' une personne légère, peu scrupuleuse sur les principes, les égards et les convenances. C' est un homme leste en procédés, leste dans ses propos. Cette femme est fort leste, fort leste dans ses actions et dans ses discours.

Il se dit également Des choses, et signifie, Léger, inconsidéré, inconvenant. Un propos leste. Une réponse leste. Une conduite leste.

LESTEMENT. adv.

LESTEMENT. adv. D' une manière leste. Il marche fort lestement. Il était lestement vêtu.

Il signifie figurément, Avec dextérité et promptitude. Il s' est lestement tiré de ce mauvais pas.

Il signifie aussi, Avec une légèreté répréhensible. Cette femme agit, parle, se conduit bien lestement. Il m' a répondu fort lestement.

LESTER. v. a.

LESTER. v. a. T. de Marine. Mettre du lest dans un bâtiment. Lester un navire. Le vaisseau manqua de périr dans la tempête, parce qu' on ne l' avait pas bien lesté.

Fig. et fam., Se lester l' estomac, ou, absolument, Se lester, Prendre de la nourriture. Je me suis bien lesté l' estomac, je me suis bien lesté avant de me mettre en route.

LESTÉ, ÉE. participe

LESTÉ, ÉE. participe

LESTEUR. s. m.

LESTEUR. s. m. T. de Marine. Bateau qui sert à transporter le lest. On dit aussi quelquefois adjectivement, Bateau lesteur.

LÉTHARGIE. s. f.

LÉTHARGIE. s. f. Sommeil profond, et maladif, qui ôte l' usage de tous les sens. Être en léthargie. Tomber en léthargie. On le croyait mort, il n' était qu' en léthargie.

Il signifie figurément, Grande insensibilité, extrême nonchalance. Il est plongé dans une léthargie honteuse. Sortir d' une profonde léthargie. Tirer quelqu' un de sa léthargie.

LÉTHARGIQUE. adj. des deux genres

LÉTHARGIQUE. adj. des deux genres Qui tient de la léthargie. État, repos, sommeil léthargique.

Il signifie au figuré, Nonchalant, indolent, insensible. Âme léthargique. Indolence léthargique.

LÉTHIFÈRE. adj. des deux genres

LÉTHIFÈRE. adj. des deux genres Qui cause la mort. Le suc de cet arbrisseau est léthifère.

LETTRE. s. f.

LETTRE. s. f. On appelle ainsi Chaque caractère de l' alphabet. Un enfant qui commence à connaître ses lettres, à assembler ses lettres. L' A est la première lettre de l' alphabet. Les Français, les Italiens, etc., se servent des mêmes lettres, quoiqu' ils les prononcent différemment. Lettre hébraïque, grecque, arabe.

Écrire un mot en toutes lettres, L' écrire sans abréviation. Écrire un nombre en toutes lettres, L' écrire, non en chiffres, mais avec des mots.

Fig. et fam., Dire, écrire une chose en toutes lettres, La dire, l' écrire sans rien taire, sans rien dissimuler. Je ne lui ai rien caché de cette aventure, je la lui ai dite, je la lui ai écrite en toutes lettres.

Prov. et fig., Cet homme est écrit sur mon livre en lettres rouges, Il a des torts, des vices, des défauts que je n' oublierai jamais.

Fig. et fam., Cela devrait être écrit, imprimé, gravé en lettres d' or, se dit D' une belle sentence, d' une parole remarquable, etc.

Fig., Ses actions sont écrites en lettres de sang dans l' histoire, se dit D' un personnage cruel et sanguinaire.

Fig. et fam., C' est un sot en trois lettres, Il est extrêmement sot.

Lettres numérales, Les lettres dont les Romains se servaient pour représenter les nombres, et que nous avons prises d' eux. Il y a sept lettres numérales, C, D, I, L, M, V, X.

Lettre dominicale, La lettre qui marque le dimanche dans l' almanach perpétuel. Le cycle des lettres dominicales est de vingt-huit ans.

Lettres hiéroglyphiques, se dit improprement de Certaines figures, de certains caractères dont se servaient les anciens Égyptiens.

Estampe, gravure avant la lettre, Épreuve tirée avant qu' on ait gravé au bas de la planche l' inscription qui en indique le sujet. Estampe avec la lettre grise, Épreuve tirée lorsque l' inscription n' est encore gravée qu' au trait. Estampe après la lettre, Épreuve tirée avec l' inscription au bas.

LETTRE

LETTRE signifie aussi, Chaque caractère de l' alphabet sous le rapport de sa forme dans les diverses écritures. Grande, petite lettre. Lettre gothique, italienne. Lettre financière, bâtarde, ronde ou française. Lettre anglaise. Lettre cursive ou courante. Lettre tremblée. Lettre menue, maigre. Lettre bien nourrie. Le plein, le délié, les jambages, le corps, la queue d' une lettre. Bien former, mal former ses lettres.

LETTRE

LETTRE en termes d' Imprimerie, se dit d' Un caractère de fonte représentant en relief une des lettres de l' alphabet. Lettre majuscule, minuscule. Lettre capitale. Lettre du bas de casse. Lettre italique. L' oeil de cette lettre est trop petit, est trop gros.

Lever la lettre, Prendre les lettres les unes après les autres dans les cassetins et les arranger sur le composteur, pour en faire des mots et des lignes. Cet ouvrier lève bien la lettre.

Lettre grise ou historiée, Grande lettre capitale ornée de certaines figures, et ordinairement gravée sur du bois ou sur du cuivre.

Lettre moulée, Lettre imprimée. Cet écrivain imite parfaitement la lettre moulée. Il se dit, par extension, d' Une lettre dont la forme ressemble à la lettre imprimée. Écrire en lettres moulées.

Lettre initiale, Lettre qui commence un mot ou un nom propre. Dans le même sens, on dit souvent, Initiale. Il n' a signé que les lettres initiales, que les initiales de son nom.

LETTRE

LETTRE signifie aussi absolument, dans le même Art, L' ensemble des caractères dont on se sert pour la composition d' un ouvrage. Nous n' avons plus de lettre, tout a été employé. La lettre manque.

LETTRE

LETTRE signifie en outre, Le son ou l' articulation même que chaque caractère de l' alphabet représente. On divise les lettres en voyelles et en consonnes. Lettre sifflante, liquide, mouillée. Lettre linguale, labiale, gutturale, dentale, nasale, palatale. Il y a des lettres que certaines personnes ont peine à prononcer. Il y a des gens qui affectent à tort de faire sentir toutes les lettres finales. L' usage a admis certaines lettres euphoniques qui sont contraires à la règle grammaticale. Notre orthographe admet beaucoup de lettres étymologiques que plusieurs grammairiens regardent comme inutiles, parce qu' elles ne se prononcent pas.

LETTRE

LETTRE en parlant D' un texte, se dit Du sens littéral, par opposition Au sens figuré ou extensif. La lettre tue, mais l' esprit vivifie. Juger suivant la lettre de la loi. S' en tenir à la lettre. Il s' arrête trop à la lettre.

À la lettre, au pied de la lettre, Selon le sens littéral, selon le propre sens des paroles. Il ne faut pas prendre cette phrase, cette expression à la lettre, au pied de la lettre. Il ne faut pas expliquer cela à la lettre. Cela doit s' entendre à la lettre. Traduire à la lettre. Il traduit trop à la lettre. Rendre un texte à la lettre.

Fig., À la lettre, Exactement, ponctuellement. Cela est vrai à la lettre. Vos intentions seront remplies à la lettre. Exécuter un ordre à la lettre.

Aider à la lettre, Suppléer à ce qui manque à quelque passage obscur ou défectueux.

Fig., Aider à la lettre, Entrer dans l' intention de celui qui parle ou qui écrit, en expliquant ce qu' il a dit ou écrit d' une manière obscure. Ce qu' il veut dire n' est pas clair, il faut aider à la lettre. Il se dit aussi, familièrement, D' une personne qui altère un peu la vérité, soit pour tromper, soit pour amuser ceux qui l' écoutent.

LETTRE

LETTRE signifie encore, Une épître, une missive, une dépêche. Longue lettre, grande lettre. Le dessus, l' enveloppe, la suscription d' une lettre. J' ai reçu votre lettre, vos lettres. Que disait, que portait sa lettre? Écrire une lettre, des lettres. Porter, rendre des lettres. Entretenir un commerce de lettres avec quelqu' un. Dater une lettre. Cacheter, fermer, ouvrir, décacheter une lettre. Dicter, signer, contre-signer une lettre. Faire une lettre. Intercepter des lettres. Violer le secret des lettres. Lettres d' affaires, de galanterie, d' amour, de compliment, de condoléance. Lettre anonyme. Lettre de faveur, de recommandation, d' avis. Un bout, un mot de lettre.

Lettre en chiffres, Lettre écrite en caractères de convention, dont la valeur n' est connue que des correspondants.

Lettre circulaire, se dit de Plusieurs lettres écrites dans les mêmes termes, et adressées à différentes personnes pour le même sujet. Le ministre a écrit, a envoyé une lettre circulaire à tous les préfets. Cette maison de commerce a écrit une lettre circulaire à tous ses correspondants. On dit absolument, dans le même sens, Une circulaire. Sa circulaire est partie.

Lettre de change, en termes de Commerce, se dit d' Une traite faite de place en place, par laquelle un banquier ou un négociant tire sur son correspondant une somme d' argent au profit ou à l' ordre d' un tiers, qui en a fourni la valeur par lui-même ou par un autre. Les lettres de change sont d' une grande utilité dans le commerce. Tirer, négocier, endosser, accepter, faire protester, acquitter, payer une lettre de change. Tirer, payer à lettre vue. Dans cette dernière phrase, lettre est pour lettre de change.

Lettre de crédit, Lettre dont le porteur est autorisé à toucher de l' argent du correspondant à qui elle est adressée. Donner, porter, présenter une lettre de crédit.

Lettre de marque, Commission dont tout capitaine ou patron d' un navire armé en course doit être pourvu.

Lettre de voiture, Lettre qui contient l' indication des objets dont un voiturier est chargé, et sur la présentation de laquelle il est payé de son salaire.

Lettre close, Lettre du roi, contre-signée par un secrétaire d' État, et cachetée du sceau de Sa Majesté. Envoyer une lettre close. Il a reçu une lettre close pour se rendre à l' assemblée. Autrefois les lettres closes s' appelaient aussi Lettres de cachet. Envoyer en exil ou enfermer par lettre de cachet. Solliciter, obtenir une lettre de cachet.

Fig. et fam., Lettres closes, se dit d' Un secret qu' on ne peut ou qu' on ne doit pas pénétrer. Je n' y comprends rien, c' est pour moi lettres closes. Je respecte ses secrets, ce sont lettres closes pour moi.

Lettre de service, Lettre par laquelle le ministre de la guerre annonce à un officier qu' il est appelé à exercer les fonctions de son grade. On dit quelquefois, Lettres de service, au pluriel, quoiqu' il n' y en ait qu' une. Ce lieutenant général a reçu ses lettres de service.

Lettre de passe, Lettre en vertu de laquelle un militaire passe d' un corps à un autre. Ce capitaine vient d' obtenir la lettre de passe, les lettres de passe qu' il demandait.

Lettre de créance, Lettre qui porte qu' on doit donner confiance à celui qui la remet. L' ambassadeur présenta ses lettres de créance.

Lettre de créance, se dit aussi de La lettre qu' un banquier ou un négociant donne à un voyageur, comme lettre de change ou de crédit, pour toucher de l' argent quand il en aura besoin. Il a des lettres de créance sur Hambourg.

Lettre de récréance, Lettre qu' un prince envoie à son ambassadeur ou ministre, pour la présenter au prince d' auprès duquel il le rappelle; ou Lettre qu' un prince donne à l' ambassadeur ou ministre rappelé d' auprès de lui, pour la remettre au prince qui le rappelle.

LETTRES au pluriel

LETTRES au pluriel se dit de Certains actes expédiés en chancellerie au nom du prince, et dont plusieurs sont abolis par nos lois nouvelles. Lettres patentes. Lettres de grâce, d' abolition, de rémission, de rescision, d' attache, de naturalité, de grande naturalisation, de légitimation, de committimus, de noblesse, de répit, de représailles, etc. Lettres du grand sceau, du petit sceau. Mettre des lettres au sceau. Sceller, expédier, donner des lettres. Lettres subreptices, obreptices. Ces lettres de chancellerie s' appelaient généralement Lettres royaux, l' usage ayant autorisé cette façon de parler, quoique ces deux mots soient de genre différent.

Il se dit pareillement de Certains actes qui s' expédient sous le sceau de quelque autorité, ou de quelque communauté ou compagnie ecclésiastique ou séculière. Lettres de tonsure, de prêtrise, etc. Lettres de maître ès arts. Lettres de bourgeoisie. Etc.

Lettres apostoliques, Lettres des papes, nommées plus communément, depuis plusieurs siècles, Rescrits, Brefs, etc.

LETTRES

LETTRES se dit aussi, au pluriel, Des connaissances que procure l' étude en général, et, en particulier, celle de la littérature proprement dite. Un homme de lettres. Les gens de lettres. La république des lettres. Le roi François Ier a été appelé le Père des lettres. Les lettres adoucissent les moeurs et font la gloire des peuples. Ce prince aime, cultive, favorise, protége, fait fleurir les lettres. Cet homme a beaucoup d' esprit, mais il n' a point de lettres. Un homme sans lettres.

Les belles-lettres, La grammaire, l' éloquence et la poésie. On dit aussi, mais rarement, dans le même sens, Les lettres humaines.

Par excellence, Les saintes lettres, L' Écriture sainte.